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Full text of "Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc"

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NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE, 

APPLIQUÉE  AUX  ARTS, 

A  l'Agriculture,  à  l'Economie  rurale  et  domestique, 
à  la  ISIédecine  ,  etc. 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  NATURALISTES 
ET    D'AGRICULTEURS. 

Nouvelle  Edition  presqu'entièrement  refoudue  et  considé- 
rablement augmentée  ; 

AVEC  DES  FIGURES  TIREES  DES  TROIS  RÈG^'ES  DE  LA  NATURE. 

TOME     IIL 


TE  L'IMPRIMERIE  D'ABEL  lANOK,  HUE  DE  LA  HAUPE. 

A  PARIS, 

ChÇZ  DETERVILLE  ,  LIBRAIRE,  RtJE  HAUTEFEUILLE,  K«  Si 


M  DCCC  XVI, 


Indication  des  Pages  ou  doivent  être  placées  les 
Planches  du  Tome  III,  avec  la  note  de  ce 
qu'elles  représentent. 


A  i5.  Plantes Pag.  33 

Arec  oléifère.  —  Aristoloche  serpentaire.  —  Astra- 
gale adragant.  — Avicène  cotoneux. 

A  iG.   Animaux     mammifères I19 

Alouate  Coaita.  — Aye-Aye.  —Axis  (cerf.) 

A  17.   Oiseaux 1^9 

Balbuzard.  — Bec-ouvert.  —Grand-Barbu. 

A  18.  Mammifères  et   Poissons 2o3 

Baleine  franche.  — Baliste  vieille.  — Baliste  chinois. 
— Baliste  tacheté.  — Baliste  cuivré.  — Blennie  lièvre. 
—  Blennie  gattorugine.  —Blennie  ovipare.  — Bo— 
dian  Bloch.  — Bodian  Bœnac. 

A  19.   Plantes 220 

Badian  anis.  — Bambou  arondinacé.  —Bananier  cul- 
tivé.  — BaUamier  de  la  Mecque. 

A  25.  Anijnaux    mammifères 344 

Bec  d'Oiseau  (ornithorinque).  — Bonnet  chinois  (ma- 
caque). —  Blanc-nez  (guenon). 

A  20.   Coquilles 367 

Baculite  Fatfjas.  — Balanite  courbé. — Bélemnite  cône- 
goutière.  — Bélemnite  cône-aigu.  — Bucarde  exo- 
tique. —Buccin  ivoire.  — Bulle  ampoule.  — BuHe 
rayée. 

A  21.  Oiseaux 38a 

Bengali  enflammé.  —Bec  à  fourreau.  — ^Bec  en  ciseaujt,. 


A  9.4.  Insectes /j^ 

Bembex  à  tec.  —  Bibion  noir,  —  Bombille  ponctué- 
— Bombix  feuille  morte.  ■— Bomblx  processionnaire.' 
—Blapsmortissage.— Blatte  ame'riraine.—  Bouclier 
à  quatre  points.  —  Bostricbe  capucin.  —  Brenfe 
anchorago.  — Brucbe  des  pois.  — Bupreste  à  bandes 
dorées. 

A  ?-2.  Animaux  mammifères ^63 

Bûbalt  (marmotte).       Bizaam  (cîvelle).  — Babiroussa 
(cochon). 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE, 

A  s  I 


A  SILE ,  Asilus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  diptères  , 
famille  des  asiliques ,  et  distingue  de  ceux  qu'elle  comprend, 
par  les  caractères  sulvans  :  Antennes  de  la  longueur  de  la  tête, 
séparées  jusqu'à  leur  naissance,  dont  le  premier  article  est 
plus  long  que  le  second,  et  le  troisième  ou  le  dernier  en 
cône  allongé  ou  presque  cylindrique ,  pointu  au  bout ,  ter- 
miné par  un  stylet  très-distinct,  en  forme  de  soie ,  avec  une 
articulation  à  sa  base. 

Ces  diptères  ont  l'abdomen  en  cône  allongé  ,  très-pointu 
dans  les  femelles,  avec  les  pieds  robustes.  Ils  paroissent  or- 
dinairement vers  la  fin  de  Tété  ou  en  automne.  Les  uns  se 
tiennent  à  terre  ,  dans  les  lieux  secs  et  sablonneux;  les  autres 
se  posent  sur  les  troncs  des  arbres  ou  sur  les  bois  coupés.  Leur 
vol  est,  en  général,  très-prompt.  Frisch  a  observé  les  méta- 
morphoses de  l'A.  frelon  et  de  l'A.  cendré.  Degéer  nous  a 
donné  des  détails  sur  celles  de  la  dernière  espèce.  Sa  larve 
vit  dans  la  terre.  Son  corps  est  allongé,  un  peu  aplati,  aminci 
aux  deux  bouts,  sans  pattes,  et  divisé  en  douze  anneaux,  avec 
une  tête  écailleuse  ,  armée  de  deux  crochets  mobiles ,  cour- 
bés en  dessous  et  garnie  de  quelques  poils.  Sa  peau  est  rase 
et  luisante.  Elle  offre  quatre  stigmates  :  deux  sont  antérieurs, 
et  forment  autant  de  points,  d'un  brun  jaunâtre ,  et  situéa,  un 
de  chaque  côté  ,  sur  le  premier  anneau  ;  les  deux  autres  sont 
placés  sur  le  pénultième ,  et  consistent  en  deux  petits  tuyaux, 
cylindriques  et  inclinés  vers  le  derrière.  C'est  aussi  dans  la 
terre  que  la  larve  se  transforme  en  nymphe,  en  quittant  sa 


A   S  I 

peau,  à  la  manière  des  larves  des  tîpulaires,  cl  sans  se  faire 
de  coque. 

La  nymphe  a  une  forme  presque  cylindrique,  amincie  eu 
cône  vers  son  exlrémilé  postérieure.  Elle  est  composée  de 
trois  parties  :  i."  d'une  tête  grosse,  arrondie  ,  sur  laquelle  on 
ne  distingue  ni  yeux  ni  antennes  ,  mais  ayant  en  devant  deux 
pointes  écailleuses,  rapprochées  à  leur  base,  et  de  chaque 
côlé  trois  autres  crochets  un  peu  plus  courts,  et  qui  ont 
une  origine  commune  ;  a."  d'un  corselet  où  sont  appliqués 
les  fourreaux  des  ailes  et  des  pattes  ;  son  dos  est  arrondi ,  et 
ses  côtés  ont  quelques  pointes  très-courtes;  on  remarque 
près  de  la  tête  deux  petites  éminences  qui  paroissent  être  des 
conduits  aériens  ;  3.°  d'un  abdomen  à  forme  conique  ,  com- 
posé de  neuf  anneaux,  garnis,  tant  en  dessus  qu'en  dessous  , 
d'un  rang  d'épines  écailleuses,  courbées  en  arrière,  et  de  plu- 
sieurs poils  ;  son  extrémité  est  terminée  par  quatre  épines 
assez  longues. 

Les  métamorphoses  de  l'asile //y/o«  diffèrent  peu  de  celles 
que  je  viens  d'exposer.  La  nymphe  paroît  avoir  un  plus  grand 
nombre  de  crochets  à  la  tète.  L'extrémité  postérieure  de  l'ab- 
domen en  offre  cinq  dans  la  figure  que  Frisch  a  donnée  de 
cette  nymphe. 

Asile  frelon  ,  Asllus  crahroniformis ,  Linn.  ;  Y  asile  hnin  ,  à 
ventre  de  deux  couleurs^  Geoff  insect.  tom.  2,  pi.  17,^^.  3; 
Frisch,  insect.  tom.  3,  pi.  3,  tiih.  8.  Long  d'un  pouce.  Tête 
couverte  de  poils  fauves;  corselet  d'un  brun  jaunâtre,  avec 
deux  petites  lignes  brunes  ;  les  trois  premiers  anneaux  de 
l'abdomen  noirs,  les  autres  fauves  ;  ailes  jaunâtres,  tachetées 
de  brun  à  leur  extrémité  ;  pattes  jaunes ,  à  cuisses  brunes.  Il 
ressemble  à  xm  frelon. 

Asile  cendré,  Jsilus fordpafus ,  Linn.;  Beg.  inscr/.  tom.  6, 
pi.  i4i7î(?-  5-1 1;  Frisch,  ibid.  tah.  7.  Langueur,  sept  lignes. 
D'un  gris  cendré  ,  avec  une  bande  longitudinale  sur  le  cor- 
selet; les  antennes,  la  trompe  et  l'extrémité  de  Tabdomen  , 
noires;  balanciers  jaunes  ;  ailes  obscures;  pieds  d'un  brun 
obscur,  mêlé  de  fauve.  Très-commun  dans  les  jardins  et  dans 
les  bois.  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Fabricius,  Meigen, 
et  mon  Gêner,  cmst.  et  insect. ,  tom.  3,  pag.  298.  (l.) 

^SILIQUES,  Asilici,  Lat.  Famille  d'insectes  de  l'ordre 
des  diptères,  et  qui  a  pour  caractères  :  Antennes  presque  cylin- 
driques, de  trois  articles,  dont  le  dernier  sans  anneau,  avec 
un  «tilct  ou  une  soie  au  bout  dans  la  plupart;  trompe  écail- 
leuse,  presque  conique,  avancée  en  forme  de  bec,  sans  lèvres 
saillantes  ,  renfermant  un  suçoir  de  quatre  soies  ;  palpes  ex- 
térieurs et  relevés;  corps  allongé;  balanciers  nus;  ailes  cou- 
chées sur  le  corps;  tête  transverse. 


A  s  I  3 

{jCltè  famille  embrasse  le  genre  Asile  {Jsîlus)  de  Lin- 
hœus.  Les  diplères,  dont  elle  se  compose ,  ont  la  têlo  arron- 
die; les  yeux  grands,  ovales;  trois  petits  yeux  lisses  sur  le 
sommet  de  la  tête  ;  le  corselet  ovale,  renflé  ,  comme  bossu; 
l'abdomen  allongé,  souvent  conique ,  terminé  en  pointe  dans 
les  femelles, cylindrique  et  fmissanten  massue  dans  les  mâles, 
avec  deux  crochets  i.-.obiles,  écailleux,  à  l'extrémité;  les  ailes 
étroites,  presque  de  la  longueur  du  corps,  couchées  hori- 
zontalement sur  l'abdomen ,  dans  l'inaction  ;  les  balanciers 
très-apparens ,  tenninés  par  un  bouton  arrondi,  tronqué  à 
Textrémité;  les  pattes  longues,  assez  grosses,  souvent  garnies 
de  poils  fins  et  serrés,  quelquefois  lisses;  les  tarses  à  cinq 
articles,  terminés  ordinairement  par  deux  crochets  aigus  et 
deux  pelottes  ;  le  corps  est  plus  ou  moins  velu  ou  lisse. 

On  trouve  les  asiliques  dans  les  champs,  les  jardins  et  les 
prairies,  surtout  ver?  la  fin  de  l'été  et  en  automne.  Ils  volent 
avec  rapidité ,  particulièrement  quand  le  soleil  est  très- 
chaud;  ils  font  entendre,  en  volant,  un  bourdonnement  assez 
fort.  Tous  sont  carnassiers,  et  se  nourrissent  uniquement 
d'insectes  qu'ils  attrapent  dans  leur  vol.  Ils  saisissent,  avec 
leurs  pattes  antérieures,  des  bourdons,  des  tipules,  des  mou- 
ches, et  même  des  coléoptères;  ils  les  tuent  en  les  piquant 
avec  une  des  quatre  pièces  de  leur  suçoir,  qui  est  un  véritable 
aiguillon  en  forme  de  stilet,  très-pointu  à  l'extrémité,  et  les 
sucent  ensuite. 

Nous  parlons  de  leurs  métamorphoses  à  l'article  Asile. 

Les  uns  ont  les  tarses  terminés  par  deux  crochets  et  deux- 
pelottes,  et  composent  les  genres  Laphrie,  Asile  ,  Basypo- 
GON,  où  les  antennes  ne  sont  guère  plus  longues  que  la  îéte  , 
sans  pédicule  commun,  et  celui  de  Dioctrie  ,  dont  les  an- 
tennes, partant  d'un  pédicule  commun,  sont  plus  longues 
que  la  tète. 

Les  autres  ont  les  tarses  terminés  par  trois  crochets  ,  sans 
pelottes ,  et  forment  le  genre  Goisype.  F.  ces  mots,  (l.) 

ASINDULE,  Àsmdulum,  Lat.  Genre  d'insectes,  de  l'ordre 
des  diplères,  et  distinct  de  tous  ceux  de  la  famille  des  tipu- 
lalres,  à  laquelle  il  appartient  par  les  caractères  suivans  :  des 
petits  yeux  lisses;  trompe  longue ,  dirigée  en  arrière  le  long 
de  la  poitrine  ,  et  terminée  par  deux  lèvres  allongées  qui  la 
font  paroître  bifide. 

Les  Asindules  font  partie  de  cette  section  des  tipulaires  que 
j'ai  nommée  ficngii}ores.  Leurs  antennes  sont  simples,  sétacées 
et  composées  de  seize  articles ,  la  plupart  cylindriques.  Les 
palpes  sont  allongés ,  courbés  ,  avec  plusieurs  articles  dis-^ 


^  A  s  K  ^ 

llncts.  Les  yeux  sont  échancrcs  postérieurement,  au  côté 
interne. 

On  dislingue  trois  petits  yeux  lisses  ;  mais  ils  ne  sont  point 
{tories  sur  une  clévalion.  Les  ailes  se  couchent  horizontale- 
ment sur  le  corps.  Les  pieds  sont  allongés,  avec  les  jambes 
terminées  par  deux  épines.  L'abdomen  est  aplati. 

AsiNDULE  NOIR ,  Ashuliilujn  uignim ,  Lat.  Gêner,  crust.  et  in- 
ssct. ,  tcm.  I ,  tah.  i^,Jig.  i ,  et  tom.  4- ,  p.  261.  Long  d'un  peu 
plus  de  trois  lignes,  noir,  avec  les  pieds  d'un  brun  foncé  et  les 
ailes  obscures.  Trouvé,  mais  rarement,  dans  les  lieux  aqua- 
tiques, aux  environs  de  Paris. 

Le  port  de  cet  insecte  est  le  même  que  celui  des  platyures 
de  M.  Meigen;  mais,  comme  cet  entomologiste  se  lait  sur  la 
forme  el  la  composition  de  sa  bouche ,  je  ne  puis  prononcer 
à  l'égard  de  Tidentilé  de  ces  deux  genres,  (l.) 

ASiRAQUE,  Astraca.1  Lat.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  hémiptères,  section  des  homoplères,  famille  des  cica- 
daires,  et  distingué  des  autres  genres  qu'elle  renferme  par  les 
caractères  suivans  :  Antennes  de  trois  articles,  insérées  dans 
une  échancrurc  inférieure  des  yeux,  aussi  longues  au  moins 
que  la  tcte  el  le  corselet  :  le  premier  article  allongé. 

Je  conserve  à  ce  genre  le  nom  que  je  lui  avois  donné  lors 
de  son  institution  {Préc.  des  caract.  gêner,  des  insect.'),  et  que  Fa- 
bricius  a  changé  en  celui  de  delphax.  Plusieurs  des  espèces 
qu'ily rapporte,  présentant  deux  différences  assez  notables 
dans  les  proportions  des  antennes,  on  peut,  d'après  cette 
considération  ,  établir  une  nouvelle  coupe  générique  ,  et  lui 
conserver  la  dénomination  de  Je//9/taa;:  c'est  ce  que  j'ai  fait  dans 
mon  Gêner,  crust.  et  insect.,  tom.  3,  pag.  167.  Les  asiraques  ont 
iles  rapports  avec  les  fulgores ,  el  se  tiennent ,  ainsi  que  la 
plupart  des  autres  cicadaires ,  sur  les  végétaux ,  dont  elles 
extraient  le  suc ,  au  moyen  du  suçoir  de  leur  trompe.  Ces 
hémiptères  sont  petits. 

AsiR\QU£  CLAVICORNE  ,  Asiraca  clavicornîs.,  Lat.  ;  delphax 
cla^Hcomis.Fah.;  Coqnch.  lUust.  icon.  insect.  dec.  i.,iab.  8,Jig.  7. 
Corps  varié  de  noir  cl  de  brun  obscur;  premier  article  des 
antennes  beaucoup  plus  long  que  le  second ,  comprimé  , 
à  trois  côtés  ;  celui-ci  cylindrique  ,  graveleux  ;  pieds  anté- 
rieurs très-comprimés  :  extrémités  des  quatre  premières 
jambes  blanches  ;  étuis  demi-transparens  ,  avec  une  bande 
noirâtre  à  leur  extrémité  ;  nervures  ponctuées  de  la  même 
couleur.  En  France  et  en  Allemagne,  (l.) 

ASJAGAN  ou  ASJOGAM.  C'est  le  Jonèse.  (b.) 
ASK.  Nom  écossais  de  la  Salamandre  aquatique,  (b.) 
ASKALABOTES.  C'est  TAgame  galéote.  (b.) 
ASMENL  V.  le  mot  Iris,  (b.) 


ASP  5 

ASMODÉE.  Serpent  du  Japon  dont  on  ne  coiinoît  pas 
l'espèce,  (b.) 

ASMONICH.  Espèce  de  Quinquina,  (b.) 

ASNE.  V.  Ane.  (s.) 

ASOISATOU.  On  donne  ce  nom  au  Figuier  de  l'Inde. 

(B.) 

ASOTAS.  En  portugais,  c'est  le  Courondi. 

ASOTE.  Nom  de  pays  du  Courondi,  et  d'un  poisson  du 
genre  Silure,  (b.) 

ASPouATT.  Nom  persan  du  cheval,  selon  Fouché  d'Ob- 
sonvilie.  (s.) 

ASPALAT ,  Jspalaihus.  Genre  de  plantes  de  la  diadel- 
phie  monogynie,  et  de  la  famille  des  légumineuses,  qui  a 
pour  caractères  :  un  calice  monophylle,  campanule,  divisé  en 
cinq  découpures,  dont  les  deux  supérieures  sont  plus  longues  ; 
une  corolle  papilionacée  ,  dont  l'étendard  est  relevé  ,  les 
ailes  courtes  et  la  carène  obtuse;  dix  étamines,  toutes  mo- 
nadelphes  à  leur  base;  un  ovaire  supérieur  ovale,  qui  se 
termine  en  un  style  courbé  comme  les  étamines  :  une  gousse 
ovale ,  petite,  ordinairement  velue ,  qui  renferme  une  à  trois 
semences  réniformes. 

Les  aspalals  diffèrent  peu  des  Genêts  par  leurs  caractères 
génériques;  mais  leurs  feuilles  fasciculées  les  en  distinguent 
aisément.  Jussieu  et  Ventenat  pensent  que  les  espèces  qui 
ont  les  feuilles  planes  comme  I'Aspalat  ébène,  et  ternées 
comme  I'Aspalaï  oriental  ,  ont  été  mal  à  propos  introduites 
par  Linnseus  dans  ce  genre  ;  aussi  en  a-t-on  fait  un  genre  sous 
le  nom  d'ALDiNE. 

Les  véritables  aspalatlis  sont  des  sous-arbrisseaux  dont  les 
feuilles  sont  simples,  linéaires,  convergent  plusieurs  en- 
semble au  même  point,  et  dont  les  Heurs  sont  sesslles,  sou- 
vent latérales,  quelquefois  terminales,  ou  disposées  en  épis 
de  couleur  jaune.  La  plus  grande  partie  vient  du  Cap  de 
Bonne-Espérance.  Ils  ne  présentent  rien  de  remarquable. 

Lamarck  leur  a  réuni  le  lotus  doiycldnum^  Linn.  V.  LoTlER. 

L'espèce  citée  plus  haut  sous  le  nom  d'AsPALAT  ébène, 
vient  des  Antilles  ,  et  son  bois  noir  est  employé  par  les  ébé- 
nistes. Il  ne  faut  pas  le  confondre  ni  avec  le  véritable  ébène 
qui  est  fourni  par  un  Plaqueminier  ,  ni  avec  I'Ébénier  de 
Crète,  qui  fournit  aussi  un  bois  noir  aux  arts,  (b.) 

ASPALAX  ou  SPALAX.  Noms  grecs  de  la  Taupe. 
M.  Olivier  pense  que  celui  à'aspalax  doit  être  rapporté  à 
l'espèce  du  Rat-taupe  Zemmi  qu'il  a  décrit  avec  soin  dans 
son  Voyage  dans  l'Empire  ottoman,  (desm.) 

ASPARAGOÏDES^ouASPARAGINÉES,^5y9ara^-i,Jus^ 
sieu.  Famille  de  plantes  de  la  troisième  classe  de  Ventenat , 


6  ASP 

c'est-à-dire ,  des  Mo>rocoTYLÉDONES  à  étamines  pe'rigynes  , 
donlles  caractères  soiil  d'avoir  :  une  corolle  lisse,  comiiiuné- 
ment  divisée  en  six  parties  égales;  six  étamines  insérées  à  la 
l»ase  et  quelquefois  sur  le  milieu  du  calice  ;  un  ovaire  libre  , 
simple,  portant  un  ou  trois  styles,  avec  autant  de  stigmates, 
ou  un  style  à  stigmate  simple  "ou  Irilide;  pour  fruit,  une  baie 
triloculaire  à  loges  monospermes,  rarement  polyspermes,  où 
les  semences  sont  attachées  à  l'angle  interne  des  loges;  le  pé- 
risperme  charnu  ou  cartilagineux  ;  l'embryon  droit.  Voy.  pi.  3, 
fig.  5  du  Tableau  du  règne  végétal .,  parVentcnat,  où  ces  carac- 
tères sont  représentés,  et  où  l'on  en  a  pris  le  développement. 

Les  aspamgdides  ont  rarement  une  tige  fruliculcuse.  Leurs 
feuilles  sont  alternes  ou  verticillées,  quelquefois  terminales. 
Leurs  Heurs  ,  munies  chacune  d'une  spathe,  affectent  diffé- 
rentes dispositions:  tantôt  elles  forment  une  panicule  ter- 
minale, très-rameuse;  tantôt  elles  sont  disposées  en  une 
grappe  simple  et  terminale  ;  quelquefois  elles  sont  solitaires 
et  axlUaires  ou  terminales. 

Cette  famille  comprend  les  genres  suivans  ;  savoir  :  le  Dra- 
r.OMiLR  ,  r Asperge,  la  Médéole  ,  la  Parisette  ,  le  Muguet, 
la  Diatselle,  le  Kipogone  ,  le  Floscope  ,  la  Flagellaire, 
la  Callixètse,  la  Philésie,  I'Echmée,  I'Herrerie,  et 
le  'Irillion.  V.  ces  mots. 

A  celle  famille,  selon  Lamarck  ,  doivent  encore  être  réu- 
nis les  genres  qui  composent  celle  que  Yenlenat  a  appelée 
les  Smilacées.  (b.) 

ASPARAGOLITHE  ou  PIERRE  D'ASPERGE. 
1^.  Chaux  phosphatée,  (luc.) 

ASPE.  Poison  du  genre  Cyprin,  (b.) 

ASPERCETTE.  C'est  le  Sainfoin  dans  quelques  can- 
tons, (b.) 

ASPERÈLE.  Synonyme  de  Presle.  (b.) 

ASPERELLE  ou  ASPRELLE  ,  Leersia.  Genre  de  plan, 
les  de  la  Iriandrie  digynie  et  de  la  famille  des  graminées , 
qui  a  pour  caractères  :  une  balle,  deux  valves  fermées,  sans 
calice  ;  trois  étamines;  un  ovaire  supérieur,  ovale,  surmonté 
de  deux  styles  à  stigmates  velus;  une  semence  presque  ovale 
et  très-aplatie ,  renfermée  dans  la  balle. 

Ce  genre  a  été  formé  sur  une  plante  que  Linna^us  avoit 
placée  parmi  les  Alpistes  ,  sous  le  nom  de  phalaris  or^  zdidcs , 
mais  que  Haller,  sous  le  nom  àhomalocenchrus ,  et  \^  iggers 
sous  celui  de  elirhartie  ^  en  avoient  déjà  séparée. 

Aujourd'hui  il  renferme  cinq  espèces  connues,  dontfait  par- 
lie  celle  que  j"ai  rapportée  de  la  Caroline  ,  et  qui  est  fort  re- 
marquable par  la  grandeur  de  ses  fleurs.  Ce  sont  des  plantes 
yivaces  qui  croissent  dans  les  lieux  humides ,  parmi  le  t'vl  ,  et 


ASP  7 

5ont  les  fleurs  sont  plus  ou  moins  carénées  et  ciliées.  La  plus 
commune,  la  Léersie  orysoïde,  a  la  panicule  écartée,  les 
épiilets  séparés  et  la  carène  ciliée.  Elle  se  trouve  en  Europe-, 
en  Asie  et  en  Amérique  ,  dans  les  marais  ,  sur  le  bord  des 
rivières- 

Parmi  les  autres  il  en  est  une  qui  est  monandre,  et  une  qui 
est  hexandre.  (b.) 

ASPERGE  ,  Asparagus.  Genre  de  plantes  de  l'hexandrie 
monog}nie  et  de  la  famille  de  son  nom,  dans  lequel  se  réu- 
nissent plus  de  vingt  espèces  ,  les  unes  herbacées  ,  les  autres 
frutescentes  ,  parmi  lesquelles  il  en  est  une  qui  se  cultive  pour 
la  nourriture  de  l'homme. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  une  corolle  divisée  en  sixpar- 
ties,  dont  les  trois  intérieures  sont  recourbées  à  leur  extré- 
mité ;  une  baie  supérieure  à  trois  loges  polyspermes. 

L'espèce  dont  il  vient  detre  question  est  TAsPERGE  OFFI- 
CINALE ,  dont  les  tiges  sont  herbacées,  hautes  de  deux  ou  trois 
pieds;  les  feuilles  sétacées,  fasciculées,  et  les  fleurs  dioïques. 
Elle  est  originaire  du  midi  de  TEurope.  On  la  cultive  ,  de 
temps  immémorial ,  dans  les  jardins  de  toutes  les  parties  de 
la  France.  La  nature  l'a  destinée  à  croître  principalement  sur 
le  bord  des  grandes  rivières  sujettes  à  inondations,  et  pour 
cela,  sa  racine  a  été  pourvue  de  la  faculté  de  s'élever  chaque 
année  pour  qu'elle  fut  hors  du  danger  de  périr  par  suite  des 
iVLLUYioîss  amenées  par  ces  rivières.  D'après  cela  on  doit 
juger  qu'il  lui  faut  un  terrain  frais  ,  léger ,  fort  riche  en  prin- 
cipes végétatifs,  et  qu'on  doit  la  disposer  de  manière  à  ce 
qu'elle  puisse  être  chaque  année  recouverte  d'une  épaisseur 
nouvelle  de  terre. 

Les  asperges  paroissent  sur  nos  tables  au  retour  du  prin- 
temps et  pendant  plusieurs  mois  ;  la  consommation  qui  s'en 
fait  dans  les  villes  un  peu  peuplées  est  si  considérable  ,  qu'aux 
environs  de  Paris  elles  couvrent  des  plaines  entières. 

Les  asperges  cultivées  se  distinguent  en  trois  sortes  :  i."  celles 
à  tige  blanchâtre  et  bouton  gris  ;  2."  celles  à  tige  nuancée  de 
vert,  d'un  blanc  grisâtre  et  violet,  et  à  bouton  tout  violet; 
3.°  celles  à  tige  et  à  bouton  tout  verts. 

La  première ,  qu'on  nomme  asperge  blanche^  est  la  plus  hâ- 
tive ;  elle  a  une  saveur  douce  ,  un  goût  très-agréable,  quand 
elle  est  mangée  bien  fraîche  ;  mais  elle  offre  un  Irès-petit 
bout  à  manger  :  c'étoit  autrefois  Vasperge  renomm.ée  de  Mar- 
c] tiennes  ^  de  la.  Belgique  et  de  Hollande.  Elle  a  le  mérite  de 
pousser  plus  de  tiges  sur  une  môme  racine  que  les  autres. 

La  seconde  ,  connue  sous  la  dénomination  à' asperge  violette^ 
est  celle  qui  devient  la  plus  grosse.  On  peut  manger  au 
moins  deux  tiers  de  sa  tige  de  plus  que  de  celle  de  la  blanche. 


8  ASP 

C'est  l'espèce  par  excellence  d''Ulm,  de  Darmstadt,  de  Po- 
lognc^  et  autres  contrées  où  cette  plante  est  renommée. 

La  toute  verte  se  trouve  presque  toujours  mélangée  avec  la 
violette;  eWa  prend  moins  de  grosseur,  mais  sa  tige  est  si 
tendre,  que,  coupée  à  propos,  on  la  mange  dans  presque 
toute  sa  longueur. 

De  ce  qui  vient  d'être  dit,  on  peut  conclure  que  V asperge 
violette  mérite  la  préférence  pour  les  cultures  étendues ,  et 
que  les  propriétaires  qui  ne  regarderoient  pas  à  quelques  dé- 
penses ,  et  qui  désircroient  jouir  des  primejirs,  trouveroient 
do  l'avantage  à  cultiver  la  blanche  en  concurrence. 

On  ne  peut  se  dissimuler  ,  que  ce  ne  soit  avancer  sa  jouis- 
sance que  de  mettre  en  terre  un  plant  déjà  formé.  Cepen- 
dant ,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'on  doive  rejeter  la  méthode  de 
semer  en  place  lorsqu'on  n'est  pas  pressé  de  jouir.  Cette 
méthode  diminue  la  dépense  et  augmente  la  beauté  du  produit. 

Il  faut  toujours  réserver  les  plus  beaux  sujets  pour  les 
porte-graines;  c'est  au  mois  d'octobre  qu'on  coupe  les  tiges  : 
on  les  bal  légèrement  avec  un  fléau  -,  on  ramasse  les  baies,  et 
on  les  écrase  dans  l'eau  en  les  frollanl  avec  les  mains  ;  la 
graine  va  au  fond  et  les  enveloppes  surnagent  ;  on  décante 
l'eau  ,  qui  emporte  avec  elle  les  graines  qui  ne  valent  rien 
et  leurs  enveloppes  ;  on  les  fait  sécher  au  soleil  ou  à  l'air  : 
elles  conservent  pendant  trois  à  quatre  années  leur  faculté 
germinative.  On  les  sème  en  planche  et  par  rayons.  jS.\i 
surplus ,  on  prépare  la  terre  comme  pour  planter  des  griffes  , 
et  on  place  trois  à  quatre  graines,  espacées  d'un  pouce  en- 
viron, dans  l'endroit  où  on  auroit  posé  une  griffe;  on  re- 
couvre d'un  bon  pouce  de  terre  très-douce  et  dun  lit  d'en- 
grais consommé.  Au  sarclage  qu'on  fera  après  le  développe- 
ment des  jeunes  plants  ,  on  ne  laissera  dans  chaque  place 
que  le  plus  vigoureux.  La  multiplication  des  asperges  par  voie 
de  semis  a  lieu  au  printemps;  c'est  aussi  assez  ordinairement 
la  saison  de  multiplier  par  œi//etons  ou  griffes  avant  Thiver, 
Le  meilleur  engrais  est  celui  des  voiries,  la  terre  des  routes, 
le  terreau  ,  le  fumier  de  couche  mêlé  avec  du  sable.  On  doit 
surtout  faire  choix  d'une  bonne  exposition ,  et  qu'elle  ne  soit 
point  abritée  au  levant  et  au  couchant.  Il  faut  que  le  plant 
ail  deux  ans ,  et  soit  récemment  tiré  de  terre  ;  que  les  ra- 
cines soient  presque  égales  en  grosseur  ,  en  longueur  ,  bien 
nourries,  bien  entières  et  sans  tache.  Leur  couleur  doit  être 
d'un  gris  blanc  ,  l'œil  gros  et  vigoureux  :  c'est  à  ces  signes 
qu'on  reconnoit  les  bonnes  griffes  d^asperges. 

Pour  effectuer  la  plantation,  on  creuse  dans  le  terrain 
dont  on  fait  choix  ,  une  fosse  de  six  pieds  de  largeur  et  de 
dix-huit  pouces  de  profondeur  :  on  y  met  du  fumier  bien  foulé 


ASP  9 

aux  pieds ,  qu'on  recouvre  ensulie  de  quatre  pouces  de  teroî 
légère,  sur  laquelle  on  tire  deux  lignes  sur  la  longueur  de  la 
fosse,  à  un  pied  de  distance  de  chaque  bord  de  la  fosse  ,  et 
une  autre  entre  les  deux  premières.  On  place  sur  ces  lignes 
les  griffes  d'asperges^  à  deux  pieds  de  distance  les  unes  dos 
autres ,  et  en  échiquier  :  après  quoi  le  plant  est  recouvert  de 
quatre  pouces  de  terre  ou  de  sable,  et  on  bine  de  temps  en 
temps  pour  détruire  les  mauvaises  herbes.  Il  ne  faut  que  neuf 
pieds  à^asperges  par  toise. 

Il  est  à  observer  que  quand  le  terrain  est  humide,  il  faut 
avoir  la  précaution  de  mettre  au  fond  de  la  fosse  des  fagots 
ou  des  bruyères,  pour  former,  à  un  pied  de  hauteur,  une 
sorte  de  massif;  des  écorces  de  vieux  bois,  des  cornes,  des  os, 
peuvent  se  placer  sur  les  fagots  ;  on  recouvre  le  tout  de  quinze 
a  dix  huit  pouces  de  bonne  terre  mêlée  d'engrais;  la  racine 
A' asperge  perce  très-bien  toutes  ces  substances  rapportées,  à 
travers  même  le  bois  le  plus  compacte.  Vers  la  fin  de  mars 
on  donne  un  léger  binage ,  et  on  répand  sur  la  fosse  deux  ou 
trois  pouces  de  fumier  qu'on  recouvre  de  quatre  pouces  de 
terre  oude  sable,  ayant  soin  de  faire  biner  comme  l'année  pré- 
cédente :  on  peut  commencer  dès  cette  année  à  couper  les 
plus  grosses  asperges. 

A  la  troisième  année,  au  mois  de  mars  ,  il  faut  donner  en- 
core un  binage  plus  profond,  et  répandre  par-dessus  quatre 
pouces  de  terre  ou  de  sable  ;  la  couronne  des  asperges  se 
trouve  alors  couverte  de  douze  pouces  de  terre  ,  et  cette 
troisième  année  on  est  en  pleine  jouissance  de  sa  plantation  : 
on  peut  couper  partout,  en  observant  de  laisser  les  petites, 
et  sur  chaque  pied  ,  au  moins  une  asperge  de  moyenne  gros- 
seur pour  porter  graine,  et  de  ne  point  altérer  la  couronne, 
en  faisant  leur  récolte. 

A  la  quatrième  année,  il  est  nécessaire ,  vers  le  milieu  de 
mars  ,  d'enlever  toute  la  terre  de  la  fosse  à  deux  ou  trois 
pouces  près  de  la  couronne  ,  de  répandre  quatre  ou  cinq 
pouces  de  fumier  à  moitié  consommé ,  sur  toute  l'étendue 
de  la  fosse,  et  de  la  recouvrir  de  la  même  terre.  Il  faut  réitérer 
cette  opération  tous  les  trois  ans,  et,  si  l'on  veut  entretenir  le 
plant  dans  toute  sa  vigueur,  c'est-à-dire  en  plein  rapport, 
labourer  une  fois  tous  les  ans,  à  la  fin  de  mars;  ilestpossible, 
par  celte  méthode,  de  cultiver  V asperge  commune,  en  la  plan- 
tant seulement  à  un  pied  de  distance.  La  culture  de  Vasper- 
gerie  est,  pour  tout  le  temps  de  sa  durée,  la  même  que  celle 
de  la  seconde  année  ;  celle-ci  passée  ,  on  ne  fume  plus  que 
trois  ans  après  ,  et  ensuite  à  volonté.  Il  faudra  chaque  année, 
au  mois  de  septembre  ou  d'octobre  ,  couper  les  monfans  à 
deux  pouces  de  la  superficie  des  fosses  ;  ôler  une  partie  de 


ASP 

la  terre,  afin  que  les  asperges  aient  moins  d'humidité  en 
hiver;  les  découvrir  lout-à-fait  au  printemps  pour  les  recou- 
vrir de  fumier  et  de  trois  pouces  de  terre  ;  et  enfin  les  sar- 
cler plusieurs  fois  en  été.  Il  est  bon  de  les  recouvrir  lorsque 
le  froid  approche  de  sept  degrés ,  parce  qu'il  endommage 
les  racines: 

La  méthode  pratiquée  dans  ie  pays  Ivlessin  ,  pour  avoir 
des  asperges  d  uu  volume  énorme,  est  de  les  semer  dans  les 
lieux  mêmes  où  elles  doivent  rester.  L'expérience  y  a  appris 
qu'une  terre  sablonneuse  ,  légèreincnt  ocrée  ,  est  celle  qui 
co\y\'\v^Xï\.  a.  ï asperge;  et  on  l'y  cnlave  en  plein  champ,  en 
choisissant  toujours  le  terrain  le  plus  élevé  et  le  plus  sablon- 
neux. Le  semis  doit  être  fait  dans  le  cou.anl  de  mars  ,  et  l'on 
met  deux  oa  trois  grains  au  plus,  dans  uu  irou  d'un  pied 
carré  sur  huit  pouces  de  profondeur.  La  première  année,  on 
recouvre  d'un  peu  de  terre  la  petite  asperge  qui  paroit  ;  la  se- 
conde ,  on  lui  donne  du  terreau  mélangé  avec  autant  de 
lerre  ;  et  la  troisième,  avant  que  les  asperges  commencent  à 
pousser,  on  remet  la  terre  au  niveau  du  sol;  l'on  coupe  les  plus 
grosses,  ayant  toujours  grand  soin  de  laisser  croître  les  plus 
foibles,  pour  fortifier  leurs  racines. 

M.  Beville  cultive  à  Saint-Denis  prè.«  Paris,  depuis  plu- 
sieurs années,  avec  le  plus  étonnani  succès ,  des  asperges  qui 
égalent,  pour  la  beauté  et  pour  le  goilt ,  celles  de  Hollande. 
Les  moindres  ont  un  pouce  de  circonférence,  et  beaucoup 
en  ont  deux  et  trois.  Son  procédé  fort  simple  se  réduit  , 
I."  à  creuser  d'un  fer  de  bêche  ,  ou  de  dix-huit  pouces  ,  le 
terrain  ;  i.°  à  réserver  un  sixième  de  la  terre  enlevée;  3."  à 
étendre  douze  ou  quinze  pouces  de  fuuïier,  et  le  tasser; 
4.-°  enfin  à  couvrir  ce  fumier  de  neuf  pouces  d'un  mélange  de 
la  terre  réservée  ,  de  terreau,  et  de  lerre  de  route;  enfin,  à 
planter  les  griffes  et  les  recouvrir  de  paille.  On  ne  doit 
couper  que  les  asperges  qui  ont  atteint  la  grosseur  et  la  hau- 
teur convenables  ;  ces  tiges  doivenlélre  retranchées  aussi  près 
de  la  couronne  qu'il  sera  possible,  et  sans  l'endommager. 

On  convient  assez  généralement  que  quand  on  a  mis  en 
terre  du  plant  de  deux  ans  ,  il  faut  le  laisser  monter  la  pre- 
mière et  la  seconde  année  ,  et  ne  couper  à  la  troisième  que 
pendant  les  quinze  premiers  jours  de  la  saison  ,  en  ne  tou- 
chant pas  aux  tiges  foibles. 

Les  vignerons  des  environs  d'Orléans  cultivent  les  asperges 
dans  les  vignes  avec  un  grand  succès;  ils  prétendent  que  cette 
plantation  dure  autant  que  la  vigne  ,  c'est-à-dire  ,  de  vingt  à 
vingt-cinq  ans.  Les  cultivateurs  d'Aubervilliers,  dans  le  voi- 
sinage de  Paris  ,  ont  remarqué  que  quand  l'aspergcrie  a  été 
bien  conduite ,  et  que  pour  en  hâter  le  produit  on  n'a  cm- 


ASP  „ 

pioyé  aucun  moyen  forcé  ,  elle  peut  subsister  dix  à  douze 
ans  en  bon  état.  Vasperge^  qui  exige  une  terre  légère  et  bien 
fumée  ,  doit  attirer  les  insectes  plus  qu  aucune  autre  plante  « 
et  les  faire  accourir  de  toutes  parts.  Le  ver  du  hanneton  ,  si 
destructeur  des  racines  ,  y  trouve  une  retraite  commode 
«ovir  s'y  enterrer  ;  v^iès  qu'on  s'apei'çoit  que  la  plante  est  lan- 
guissante ,  il  faut  déchaujsser  la  racine  et  tuer  le  ver.  La  cour-' 
tilière  s'empresse  également  d'y  venir  déposer  ses  œufs.  L'huile, 
mise  dans  les  trous  pratiqués  par  ces  insectes,  chassée  par 
l'eau,  les  fait  périr;  Toute  espèce  de  limace  et  de  limaçon  se. 
jette  avec  avidité  sur  la  jeune  tige  de  V asperge ,  surtout  dans 
les  terrains  humides  et  dans  les  années  pluvieuses.  Le  soir  à 
Ja  lumière,  et  de  grand  matin,  on  les  verra  chercher  leur 
nourriture  ;  c'est  le  temps  de  les  prendre.  Dans  les  années 
sèches,  ce  sont  les  Pucerons,  les  larves  des  Criocères,  dont 
on  se  débarrasse  en  secouant  les  tiges  sur  du  linge  et  en  les 
écrasant. 

Il  arrive  souvent  que  la  saison  presse  la  coupe  des  asperges; 
or,  lorsqu'on  ne  peut  consommer  sur-le-champ  toutes  celles 
qui  sont  au  point  de  maturité  convenable  ,  il  faut  ou  les  met- 
tre ,  par  le  gros  bout,  dans  un  vaisseau  au  fond  duquel  il  y 
ait  deux  pouces  d'eau ,  ou  bien  les  enfoncer  à  demi  dans  da 
sable  frais  :  au  moyen  de  ces  précautions  ,  elles  se  conservent 
plusieurs  jours ,  mais  elles  ne  sont  jamais  aussi  bonnes  que  si 
elles  étoient  nouvellement  coupées. 

On  fait  usage  ,  dans  quelques  cantons  ,  des  baies  à'aspej-ges 
pour  jaunir  le  beurre  en  hiver;  à  cet  effet,  on  les  enferme 
dans  un  nouet  qu'on  trempe  dans  l'eau  chaude ,  et  qu'on  met 
ensuite  dans  la  baratle  avec  la  crème. 

Quand  on  a  mangé  des  asperges,  les  urines  contractent  une 
odeur  désagréable ,  que  l'on  fait  disparoître  en  versant  quel- 
ques gouttes  d'essence  de  térébenthine  dans  les  vases  de 
nuit,  (parm.) 

Parmi  les  autres  espèces  à' asperges,  je  citerai  :  l^I'Asperge 
BLANCHE  qui  est  ligneuse,  s'élève  à  un  ou  deux  pieds,  croît 
en  Italie  dans  les  lieux  les  plus  arides,  et  peut  avantageuse- 
ment être  employée  à  consolider  les  haies  à  raison  du  nom- 
bre de  ses  rameaux  et  de  la  quantité  d'épines  dont  ils  sont 
armés.  2.°  Les  Asperges  sarmenteuse  et  distorte  ,  origi- 
naires du  Cap  de  Bonne-Espérance,  dont  les  fleurs  sont 
odorantes.  Ces  trois  espèces  exigent  l'orangerie  dans  le  climat 
de  Paris,  (b.) 

ASPERGILLE ,  Aspergillus.  Genre  de  plantes  établi  par 
Lamarck ,  aux  dépens  des  Moisissures.  Il  est  formé  des  ca- 
pèces  de  la  première  division  de  Bulliard ,  c'est-à-dire  ,  des 


ASP 

moisissures  dont  les  semences  sont  nues  et  isole'es.  F.  Mo- 
KILIE.  (B.) 

ASPEPiOCOQUE  ,  Asperococcus.  Genre  de  plantes 
ëlabli  par  Lamouroux  aux  dépens  des  Ulves  de  Linn^eus. 
Ses  caractères  sont  :  tiges  fistuleuses  ;  graines  isolées  , 
éparses,  d'abord  enfoncées  dans  les  feuilles ,  et  ensuite  deve- 
nant saillantes. 

Les  espèces  connues  de  ce  genre  sont  au  nombre  de 
cinq,  dont  une  est  TUlve  rugueuse  de  Linna?us,  qu'on 
trouve  fréquemment  sur  les  côtes  de  l'Océan.  Une  autre, 
originaire  de  la  Méditerranée ,  est  l'AsPÉROCOQUE  BUL- 
LEUX,  figuré  pi.  12  du  Mémoire,  de  l'auteur  précité  ,  sur 
les  TiiALASSioPHYTES  ,  et  inséré  dans  les  Annales  du  Mu- 
séum, (b.) 

ASPERULE  ,  Aspenila.  Genre  de  plantes  de  la  tétran- 
drie  monogynie  et  de  la  famille  des  rubiacées ,  dont  les 
caractères  sont  d'avoir  :  un  calice  très-petit,  supérieur  et  à 
quatre  dents;  une  corolle  monopétale  dont  le  tube  est  cylin- 
drique ,  et  le  limbe  divise  en  quatre  parties  réfléchies  en 
debors  ;  quatre  étamines  ;  un  ovaire  inférieur  didyme  ,  d'où 
part  un  style  fendu  à  son  sommet  ;  deux  semences  ou  cap- 
sules globuleuses ,  réunies ,  qui  renferment  chacune  une 
graine  presque  sphérique. 

Ce  genre  comprend  une  quinzaine  d'espèces  toutes  pro- 
pres à  l'Europe  ;  leurs  feuilles  sont  verticillées ,  et  leurs 
fleurs  en  corymbes  axillaires  ou  terminaux  :  leurs  racines 
sont  traçantes ,  et  toutes  plus  ou  moins  susceptibles  de 
fournir  une  couleur  rouge. 

Parmi  ces  espèces  on  distingue  : 

îi'AsPÉRULE  ODORANTE  ,  qui  a  chaque  verticille  composé 
de  huit  feuilles  lancéolées  ,  et  le  faisceau  des  fleurs  pédon- 
cule. Elle  croît  dans  les  bois  montagneux.  A  moitié  dessé- 
chée, elle  a  une  odeur  agréable.  On  l'appelle  le  petit  muguet  ou 
Vhepafif/iie  ctoilée.  Elle  est  tonique,  vulnéraire,  apéritive , 
eminénagogue  :  c'est  comme  propre  à  dissiper  les  obstructions 
du  foie ,  «ju'elle  est  principalement  recommandée. 

L'AspÉRULE  DES  CHAMPS  a  les  verticilles  des  feuilles  com- 
poses de  six  folioles,  et  les  fleurs  terminales  sessiles  et  rap- 
prochées :  elle  se  trouve  partout  dans  les  champs  ;  sa  racine 
sert  à  teindre  en  rouge. 

L'A.SPÉRULE  RUBÉOLE  renferme  les  aspenila  tinrtoria  et 
cynanchica  de  Linn?eus.  Elle  croît  dans  les  prés  secs,  sur  les  col- 
lines arides  :  les  verticilles  de  ses  feuilles  varient  de  quatre 
à  six;  les  découpures  de  sa  corolle  ne  sont  quelquefois  qu'au 


ASP  ,3 

nombre  de  trois ,  mais  ses  feuilles  sont  toujours  linéaires  , 
iVuu  vert  blanc  ,  et  ses  fleurs  disposées  en  petits  faisceaux 
pédoncules  :  on  emploie  ses  feuilles  contre  l'esquinancie  ,  et 
ses  racines  à  teindre  en  rouge.  • 

L'AspÉRULE  DE  Calabre  a  les  feuilles  linéaires,  lancéo- 
lées, et  la  tige  frutescente  :  elle  se  trouve  dans  la  Calabre  et 
la  Syrie.  Elle  a  été  placée  d'abord  parmi  les  Shérardes,  et 
ensuite  parmi  les  Pavets  ,  par  Cyriilo ,  qui  en  a  donné  une 
figure  dans  ses  plantes  de  Naples  :  elle  est  remarquable  par 
l'odeur  fétide  qu'elle  répand,  (b.) 

ASPÉRULE.  Nom  ancien  de  deux  espèces  de  Dipte- 
RODONS.    (b.) 

ASPHALTE  ou  BITUME  DE  JUDÉE.  Voyez  Bi- 
tume. (LUC.) 

ASPHODÈLE,  Asphodehis.  Genre  de  plantes  del'hexan- 
drie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  liliacées ,  dont  le  ca- 
ractère consiste  à  avoir  la  corolle  divisée  en  six  parties  ;  six 
étamines  ,  dont  les  filamens,  courbés  et  arqués,  sont  élargis 
à  leur  base  de  manière  qu'ils  semblent  portés  sur  des  écailles; 
un  ovaire  supérieur ,  arrondi ,  duquel  s'élève  un  style  ter- 
miné par  un  stigmate  simple  ;  une  capsule  globuleuse  ,  tri- 
gone ,  charnue  ,  à  trois  loges  qui  contiennent  des  semences 
triangulaires. 

Ce  genre  est  composé  de  huit  à  dix  espèces ,  dont  la  plu- 
part se  trouvent  en  France.  Deux  sont  cultivées  dans  les 
jardins  ,  à  raison  de  la  beauté  de  leurs  fleurs. 

La  première ,  I'Asphodèle  jaune  ,  est  vulgairement  ap- 
pelée Verge  de  Jacob.  Ses  caractères  sont  d'avoir  la  tige  sim- 
ple, feuillée,  les  feuilles  triangulaires  et  striées.  Elle  s'élève 
à  la  hauteur  de  plus  de  trois  pieds  ,  et  donne  de  longs  épis 
de  fleurs  jaunes  qui  épanouissent  les  unes  après  les  autres  , 
et  qui  produisent  un  effet  fort  agréable.  Ses  racines  sont 
chai-nues  ,  cylindriques  et  jaunes.  Elle  est  originaire  de  l'Italie 
et  de  la  Sicile. 

La  seconde  est  I'Asphodèle  rameuse.  Ses  caractères  sont  i 
la  tige  rameuse  et  sans  feuilles  ;  les  feuilles  radicales,  apla- 
ties ,  carénées  et  unies.  Elle  s'élève  à  la  même  hauteur  que  la 
précédente,  et  donne  despanicules  de  fleursblanches,  striées  de 
brun,  qui,  de  même,  épanouissent  successivement,  etsont  très- 
propres  à  orner  les  parterres.  Ses  racines  sont  charnues  , 
cylindriques  ,  et  ressemblent  à  une  botte  de  navets.  Elle  est 
originaire  des  parties  méridionales  de  l'Europe.  Yillars  ob- 
serve qu'on  la  trouve  sur  le  bord  de  la  mer  à  Montpellier, 
où  il  ne  gèle  presque  jamais  ,  et  sur  le  Champsaur,  dans  les 
environs  de  Grenoble  ,  où  il  y  a  de  la  neige  pendant  six  moi.. 


li  ASP 

de  l'année,  sans  que  celte  grande  dlCfe'rence  de  température 
influe  sur  sa  grandeur. 

Les  feuilles  et  les  rameaux  florifères  de  cette  plante  sont 
incisifs,  apéritifs,  détersifs  et  ennnénagogues.  Sa  racine  est 
nourrissante  ,  et  on  en  tire  une  pulpe  qui,  mêlée  avec  la  fa- 
rine ,  fait  un  pain  passable.  Pour  employer  cette  pulpe  ,  il 
faut  faire  bouillir  et  tremper  la  racine  dans  plusieurs  eaux, 
afai  d'enlever  Tâcreté  qui  lui  est  naturelle. 

Les  anciens  mettolent  cette  plante  autour  des  tombeaux, 
comme  fournissant  une  nourriture  agréable  aux  morts,  (b.) 

ASPHODÉLOÏDES  ou  ASPHODÉLÉES,  ^5;>/We/t. 
C'est  le  nom  Imposé  par  Jussieu ,  à  une  famille  de  plantes , 
dont  les  caractères  seront  développés  à  l'article  Lcliacée. 

Les  asphodéluides  servent  de  type  à  une  sous-division  de 
cette  famille,  qui  comprend  les  genres  A^stherig,  Phalats- 
cÈRE,  Asphodèle,  Basile,  Cyanelle,  Albuqle,  Scille, 
Ormïiiogale  et  Ail,  V.  ces  mots,  tous,  genres  de  la  pre- 
mière division  des  liliacécs  de  Laraarck.  (c.) 

ASPIC.  Espèce  de  serpent  venimeux,  dont  les  anciens 
ont  beaucoup  parlé.  On  a  cru  long-temps  que  c'élolt  le  co- 
luber  vîpera  de  Llnnœus,  que  l'on  apporlolt  en  grande  quan- 
tité d'Egypte  à  Venise,  pourle  faire  entrer  dans  la  thériaque  ï 
mais  Geoffroy  s'est  assuré,  dans  le  pays  même,  que  cette  es- 
pèce n'étolt  pas  venimeuse.  Il  est  persuadé  que  Vaspic  des 
anciens  est  le  coluber  haje  de  Forskael,  autre  espèce  de  vipère 
très-dangereuse. 

L'histoire  rapporte  que  Cléopâtre ,  accoutumée  à  la  mol- 
lesse, en  fit  usage,  comme  le  moyen  le  plus  doux  qu'elle  put 
imaginer  pour  termliler  ses  jours  ,  attendu  que  sa  morsure 
est  si  légère  qu'on  ne  la  sent  pas  ,  et  que  le  poison  qu'elle 
verse  dans  les  veines,  cause  une  agréable  lassitude,  ensuite 
le  sommeil ,  et  enfin  la  mort.  Voyez  Létiiifères. 

On  donne  aussi  en  France  assez  communément  le  nom 
à'aspic ,  à  une  variété  de  la  vipère  commune. 
Vaspic  cornu  est  la  YiPÈRE  ammodyte.  (b.) 
ASPIC.  Espèce  de  Lavande  etd'ALPisTE.  (b.) 
ASPIC  APvPON,  Aspicarpon.  Genre  de  planles  de  la  mo- 
nandrle  triandrie  et  de  la  famille  des  orties,  qui  ne  renferme 
qu'une  espèce  à  feuilles  en  cœur,  opposées,  piquantes,  et  à 
fleurs  axillaires  très-petites  ,  réunies  en  un  paquet ,  les  unes 
mâles,  les  autres  femelles.  Cette  plante  se  cultive  dans  nos 
jardins,  (b.) 

ASPIDION,  Aspidium.  Genre  de  fougères  établi  par 
Swartz  aux  dépens  des  Polypodes.  Il  a  pour  caractères  : 
fructifications  arrondies  etéparses;  enveloppe  pourvue  d'un 
ombilic  ou  s'ouvranl  laléralemcnt. 


ASP 

Il  y  a  dans  ce  genre,  qui  renferme  plus  de  cent  cinquante 
espèces,  des  espèces  à  feuilles  simples,  le  Polypode  moueux; 
à  feuilles  ternées,  les  PoLYFODES  TRESOLIÉ,  cicutaire  ,  etc.  ;  à 
feuilles  pinnées,  le  Polypode  lo:âchite;  àfeulllesbipinnées, 
les  PoLYFODES  THÉLOi^TÈRE  et  RÉOPTÈRE;  à  feuiUes  Iripin- 
nées  ,    les    Polypobes    aiguilonxé  ,    épineux  ,    fougère 

MALE,  DILATÉ,  des  FONTAINES,  FOUGÈRE  FEMELLE,  FRAGILE, 

des  /Vlpes,  etc. 

Ce  genre  a  été  app-îlé  Néfhrodîon  par  Michaux ,  GyathéE 
par  Smith;  Atyrio^  et  Polystique  par  Rolh ,  et  Tec- 
tarie  par  -Gavanilles. 

Le  genre  Oléandre  de  ce  dernier  botaniste  ne  paroît 
pas  en  différer,  (b.)    ^^ 

ASPIDIOÏES  ,  Asjilt.''^cta.  Nom  que  j'avois  donné  à  une 
division  des  crustacés  b^ncaiopodes  ou  des  entonioslracés 
dont  le  corps  est  couvert  d'un  test ,  en  forme  de  bouclier, 
comme  dans  les  genres  limule  ^  apus  ^  calice  ^  etc.  V.  Bra>"- 
chiopodes.  (l.) 

ASPIDOPHORE,  Aspidophorus.  Genre  de  poissons  établi 
par  Lacépè^bî  aux  dépens  des  Cottes  de  Linnteus. 

Ce  genre,  qui  avoit  été  appelé  Ago^te  par  Schneider,  et 
Phalangiste  ^:ar  Pallas,  présente  pour  caractères:  une  sorte 
de  cuirasse  écailleuse  ,  couvrant  le  corps  et  la  queue  ;  deu?; 
nageoires  sur  le  dos  ;  moins  de  quatre  rayons  aux  nageoires 
ventrales. 

Les  deux  espèces  qu'il  renferme  sont  TAspidophore  armé, 
Cottus  caiaphracius,  et  T  AsPlDOPHORE  LISIZA  ,  Cothisjaponicus, 
Linn.  éd.  Gmel. 

La  première  a  plusieurs  barbillons  à  la  mâchoire  infé- 
rieure ;  une  cuirasse  à  huit  pans  ;  deux  verrues  échancrées 
sur  le  museau ,  et  six  rayons  à  la  membrane  des  ouïes. 
V.  pi.  A.  7,  où  elle  est  figurée. 

La  forme  de  ce  poisson  et  celle  des  boucliers  qui  le  cou- 
vrent, le  rendent  très-remarquable. 

Il  ne  parvient  qu'à  la  longueur  de  six  pouces ,  et  se  trouve 
dans  les  mers  du  Nord,  surtout  à  Tembouchme  des  grands 
fleuves.  Il  se  nourrit  de  crustacés  et  de  coquillages.  On  le 
prend  au  filet  et  à  l'hameçon.  On  le  mange  après  lui  avoir 
coupé  la  tète  et  enlevé  la  cuirasse.  Il  est  connu  sur  les  côtes 
de  France  et  d'Angleterre  ,  sous  le  nom  de  pogge. 

L'Aspidophore  lisiza  n'a  point  de  barbillons  à  la  mâchoire 
inférieure  ,  et  sa  cuirasse  octogone  a  des  boucliers  épineux. 
Il  se  trouve  dans  les  mers  du  Japon,  (b.) 

ASPIDOPHOPxOÏDE  ,  Aspidophordides.  C'est  le  nom 
donné  par  Lacépède  à  un  genre  de  poissons  qu'il  a  établi, 


,G  A  S  S 

comme  le  précédent ,  aux  dépens  des  Cottes  de  Linnceus. 
Celui-ci  ne  renferme  qu'une  espèce  dont  le  corps  est  cou- 
vert d'une  sorte  de  cuirasse  écailleuse  ,  qui  a  une  seule  na- 
geoire sur  le  dos,  et  moins  de  quatre  rayons  aux  nageoires 
ventrales.  Ainsi ,  elle  ne  s'écarte  fortement  des  aspidophores 
que  par  l'unité  de  la  nageoire  dorsale.  Son  organisation  exté- 
rieure et  intérieure  est  la  même,  c'est-à-dire  que  le  corps 
est  octogone  ,  la  mâchoire  supérieure  plus  longue  que  l'infé- 
rieure ,  et  armée  de  deux  piquans  recourbés  en  arrière.  Elle 
est  brune  en  dessus  ;  grise  ,  ponctuée  ,  et  fasciée  de  brun  en 
dessous.  Elle  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes ,  aux  environs 
de  Tranquebar,  où  elle  vit  de  crustacés  et  de  coquillages. 
V.  pi.  A.  7.,  où  elle  est  figurée,  (b.) 

ASPILIE  ,  Aspilia.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie  su- 
perilue  ,  et  de  la  famille  des  corymbifères ,  fort  voisin  desBl- 
DEKTS  et  des  SPILA^'TS  ,  découvert  par  M.  du  Petit-Thouars 
à  Madagascar,  et  auquel  il  a  donné  pour  caractères  :  un  ca- 
lice double  ,  l'extérieur  formé  de  cinq  écailles  recourbées  ; 
semences  oblongues,  comprimées,  velues,  élargies  à  leur 
sommet  et  couronnées  par  dix  petites  dents,  (b.) 

ASPINALSACH.  C'est  I'ArmariîsTE  du  Liban,  (b.) 

ASPISURE,  Aspisunis.  Poisson  de  la  mer  Rouge  que 
Forskaelaréuni  aux  Chétodons  de  Linnreus,  mais  dont  La- 
cépède  a  formé  un  genre  particulier.  Le  caractère  de  ce  genre 
consiste  à  avoir  un  corps  très-comprimé  ,  plus  haut  que  large  ; 
l'ouverture  de  la  bouche  petite  ;  le  museau  saillant  ;  une  na- 
geoire dorsale  couverte  de  très-petites  écailles  ;  une  plaque 
dure  en  forme  de  petit  bouclier  de  chaque  côté  de  la  queue. 

Uaspisure  panaient  à  une  grandeur  assez  considérable  ;  sa 
couleur  est  brune  avec  des  raies  longitudinales  et  les  nageoires 
violettes,  (b.) 

ASPLENION.  F.  Doradille.  (b.) 

ASPREDE,  Aspredo.  Genre  de  poissons,  voisin  desSiLU- 
RXS,  qui  rentre  complètement  dans  celui  appelé  Platysta- 
QUE  par  Rloch.  (B.) 

ASPRÈLE.  C'est  la  Prêle. 

ASPRELLE  ,  Asprella.  Genre  établi  par  Willdenow, 
pour  placer  I'Élyme  hérisson^e  qui  n'a  point  de  valves  ca- 
licinales.  Voyez  ce  mot  et  celui  Asperelle.  (b.) 

ASSAD.  Nom  arabe  du  Lion,  (s.) 

ASSADOUX.  C'est  le  nom  de  la  résine  Benjoin,  (b.) 

ASSA-FOËTIDA.  Gomme-résine  compacte  ,  molle  ,  en 
partie  jaune  et  rousse  ,  souvent  blanche  dans  son  intérieur  , 
d'une  odeur  très-désagréable  ,  qui  se  tire  par  incision  de  la 
racine  d'une  espèce  de  FÉRULE  ,  Ferula  assa-fœtida ,  Linn. 

(]elte  substance,  qui  nous  paroît  si  repoussante  par  stn 


A  s  s  ,7 

odeur,  étoit  extrêmement  estimée  des  Romains,  et  l'est  en- 
core également  des  habltans  de  la  Perse  et  de  l'Inde  ,  qui  en 
tnâchent  conlinucUement  et  lui  trouvent  une  bonne  odeur  et 
un  goût  exquis.  D'après  Carthcuser  ,  elle  contient  un- tiers  de 
résine  pure  et  -deux  tiers  de  matière  exlractive. 

La  plante  qui  la  produit  croît  principalement  dans  les  pro- 
rinces méridionales  de  la  Perse,  et  c'est  là  que  Ksempfer  l'a 
vu  récoller. 

Pourcetteopération.lesliaLitansdevillages  entiers  quittent 
leurs  demeures  vers  le  milieu  du  printemps,  et  vont  sur  les 
montagnes  pour  arracher  les  feuilles  fanées  des  fendes  rési'nijères , 
et  débarrasser  le  collet  des  racines.,  qui  sont  grosses  comme 
la  cuisse  et  fusiformes,  de  la  terre  qui  les  recouvre,  et  qu'on 
remplace  par  «ne  poignée  d'herbe.  Au  bout  de  quarante 
jours,  ils  reviennent  tous  aux  mêmes  endroits  qui  ont  été 
bornés  ,  et  chacun  se  partage  le  travail.  Ce  travail  consiste  à 
couper  le  sommet  de  la  racine  transversalement ,  et  à  la  cou- 
vrir d'une  petite  botte  d'herbe  qui  ne  la  louche  pas.  Une 
liqueur  blanchâtre  transsude  de  cette  blessure ,  et  tous  les 
deux  jours  on  va  la  récolter  et  rafraîchir  la  coupure  ,  jus- 
qu'à ce  que  la  racine  soit  épuisée.  Lorsque  la  récolte  est  bien 
en  train ,  on  met  le  résultat  des  premières  tournées  sur  des 
feuilles  ,  pour  le  faire  sécher  au  soleil. 

Lé' assa-fœiida  est  employé  comme  remède  en  Europe  ;  il 
excite  puissamment  la  transpiration  et  est  très-utile  dans  les 
maladies  de  nerfs,  surtout  dans  celles  qui  ont  des  causes  hys- 
tériques :  on  l'eniploie  aussi  dans  l'art  vétérinaire,  (b.) 

ASSA  PANICK.  Selon  quelques  voyageurs ,  ce  seroit", 
dans  la  "V  irginie  ,  le  nom  du  petit  Polatquche  ,  Sciurus 
yolans,    Linn.  (desm.) 

ASSASl.  Espèce  de  Baliste.  (b.) 

ASSAZO'É.  Plante  d'Abyssinie,  dont  l'ombrage  seul  en- 
gourdit les  serpens ,  selon  quelques  anciens  voyageurs,  (s.) 

ASSEE.  V.  AcÉE  et  Becas.se.  (s.) 

ASSENTIMENT. (f'V/ime.jC'est  la  sensation  que  le  chim 
éprouve  par  l'action  des  émanations  du  gibier  sur  l'organe  de 
l'odorat,  (s.) 

ASSI.  C'est  le  DragoxNieb  ombraculifère.  (b.) 

ASSIENNE  (Pierre)  ou  Pierre  d'Assos  ,  Asslm  lapis. 
Les  anciens  naturalistes  font  mention  de  cette  pierte  qui 
prenoit  son  nom  d'Assos  ,  ville  de  la  Troade  ,  dans  l'Asie 
mineure ,  d'où  on  la  liroit.  Sa  substance  étoit  spongieuse  , 
légère  ,■  friable  et  recouverte  d'une  poudre  farineuse  que  Ton 
a^^eloit  Jleiir  de  pierre  d'Assos  ,  et  à  laquelle  Galien  prête  des 
propriétés  aussi  douteuses  que  celles  que  l'on  attribuoil  à  la 
pierre  elle-même.  Pline  l'appelle  sarcophagus ,  parce  qu'elle 


,8  A  S  S 

possède  ,  dit-il ,  la  propriété  de  consumer  en  quarante  jours 
la  chair  et  les  os  des  animaux  ,  les  dents  ex^ptées.  Suivant 
Mucatianus ,  cité  par  Hill,  la  pierre  d'Assos ,  placée  dans  un 
tombeau,  convertissoit  en  pierre  les  objets  que  le  mort 
avoit  le  mieux  aimés  et  qu'on  avoit  coutume  d'enterrer  avec 
lui.  On  ne  sait  encore  à  quelle  substance  rapporter  la  pierre 
dont  il  s'agit.  M.  Sonnini  croit  que  c'est  une  pierre  ponce, 
Ne  seroit-ce  pas  plutôt  un  alun  de  plume  ?  (luc.) 

ASSILIS.  Il  paroît  que  c'est  le  Selin  silvestre.  (b.) 

ASSIMILATION  MINÉRALE  (i).  Propriété  que  pos- 
sèdent les  minéraux ,  dans  le  sein  de  la  terre  ,  de  s'appro- 
prier et  de  rendre  semblables  à  eux,  les  substances  avec  les- 
quelles ils  se  trouvent  réunis  ,  dans  des  circonstances  favo- 
rables. 

Quoique  la  connoissance  de  cette  propriété  semble  être 
la  véritable  base  de.  l'histoire  naturelle  de  la  terre  et  de  ses 
productions  minérales ,  néanmoins  Buffon ,  et  avec  lui  la 
plupart  des  naturalistes,  ont  borné  cette  faculté  aux  animaux 
€t  aux  végétaux  :  ils  ont  dit  que  ce  sont  là  les  seuls  êtres  qui 
soient  formés  de  matière  vivante ,  et  que  les  substances  miné- 
rales ne  sont  composées  que  de  matière  morte. 

Mais  si  l'on  considère  que  ,  d'après  les  analyses  de  la  chi- 
mie moderne  ,  les  êtres  organisés  finissent  par  se  résoudre 
en  élémens  parfaitement  semblables  à  ceux  du  règne  mi- 
néral ,  et  que  ,  dans  les  uns  comme  dans  les  autres ,  c'est 
toujours  de  l'hydrogène  ,  de  l'azote  ,  du  carbone  et  de  l'oxy- 
gène, combinés  avec  des  terres  simples  et  des  molécules 
métalliques ,  on  reconnoîlra  sans  doute  que  rien  de  tout  cela 
n'est  mort  ;  car  un  être  mort  ne  sauroit  rei>ii>re.  Or,  mille  faits 
nous  prouvent  que  les  êtres  organisés  ne  prennent  d'accrois-  , 
sèment  qu'en  s'assimilant  ces  mêmes  substances  élémen- 
taires qu'on  fait  passer  pour  mortes ,  et  qui  néanmoins  pa- 
roissent  vivantes  après  leur  assimilation  ,  c'est-à-dire ,  dès 
qu'elles  sont  combinées  avec  celles  qui  composoient  déjà  le 
tout  organisé. 

Les  végétaux ,  par  exemple  ,  qu'on  a  nourris  dans  de  l'eau  «. 


(i)  Chargé  de  revoir  et  de  compléter  dans  ce  Diclionnaîre  les 
■articles  minéralogiqaes  de  feu  Patriii ,  nous  avons  apporté  tous  nos 
soins  à  en  faire  disparoilrc  ce  qui  nous  sembloit  inexact  ou  incertain  ; 
mais  noui^vons  conservé  tels  qu'ils  étoient  ses  articles  généraux  et  Ja 
plus  grande  partie  de  ceux  qui  ont  rapport  à  la  géologie  ,  parce  qu'ils 
se  rattachent  à  un  système  sur  l'organisation  de  la  matière  et  lastruc- 
■ture  du  globe  dont  il  est  l'inventeur  et  dont  nous  lui  laissons  la  res- 
ponsabilité. L'arùclg  que  l'on  va  lire  est  de  ce  nombre,  (luc) 


A  S  S  ,5 

distillée,  où  Us  ont  pris  un  accroissement  considérable  ;  ceux 
qui  naissent  sur  des  roches  arides  ou  dans  les  sables,  comme 
les  plantes  grasses  ,  d'oé  tireroient-ils  leur  nourriture,  si  ce 
n'est  des  fluides  de  l'atmosphère ,  qui  n'ont  sans  doute  rien 
de  vimnt  en  apparence,  mais  qui  manifestent  leur  vitalité 
dès  que  leurs  molécules  sont  combinées  de  manière  à  former 
un  ensemble  qui  ait  de  l'accord  ? 

On  pourroit ,  en  quelque  sorte ,  comparer  ces  molécules 
élémentaires  à  des  caractères  d'imprimerie  :  tant  qu'ils  sont 
entassés  sans  ordre,  ils  n'expriment  rien,  ils  sont  moiis;  mais 
dès  qu'on  les  dispose  dans  un  ordre  convenable  ,  il  s'établit 
entre  eux  des  rapports  dont  l'ensen'.ble  présente  des  idées  et 
des  sentimens  :  ils  ont  acquis  une  sorte  de  vie  inlellecluelle. 

On  pourroit  dire  encore  ,  avec  plus  de  justesse  ,  que  ces 
molécules  élémentaires  inordonnées ,  sont  comme  une  multi- 
tude de  soldats  confusément  rassemblés  dans  une  cam- 
pagne :  ce  n'est  encore  qu'uneyôw/ie  d'hommes;  mais,  aussitôt 
que  chacun  a  pris  son  poste  ,  c'est  une  armée ,  t'^est  un  tout 
orgam'sé. 

S'il  survient  de  nouveaux  individus,  ils  choisissent  le  corps 
qui  leur  plaît;  ils  y  sont  enrôlés  ;  ils  en  prennent  l'esprit; 
ils  en  suivent  tous  les  mouvemens  ;  ils  y  sont  assimilés. 

C'est  à  peu  près  ainsi  que  les  molécules  de  ce  que  noVis 
nommons  matière' ou  substance,  s'assimilent  et  s'identifient 
avec  une  agrégation  d'autres  molécules  déjà  organisées  ;  elles 
deviennent  partie  constituante  de  cette  agrégation ,  et  parti- 
cipent à  toutes  les  propriétés  de.  l'ensemble. 

On  ne  sauroit  nier  que  les  molécules  qui  composent  les 
substances  minérales  ne  soient  animées  par  un  principe  actif 
qui  n'est  point  aveugle  ;  leurs  affinités  ,  qu'on  a  si  bien  nom- 
mées attractions  électives ,  ne  laissent  aucun  doute  à  cet 
égard  ,  et  leurs  répulsions  récipixxjues  démontrent  une  sorte 
à'antipaihie  ,  comme  les  attractions  supposent  une  sorte  de 
STf'mpathie. 

Toute  explication  que  l'on  tenteroit  de  donner  de  ces 
phénomènes,  en  refusant  à  ces  molécules  toute  espèce  de 
perception  et  de  volonté  ,  sembleroit  supposer  des  effets  sans 
cause;  et  je  crois  qu'on  seroit  enfin  forcé  d'abandonner  ce 
système  ,  comme  on  a  rejeté  celui  des  Cartésiens,  qui  pré- 
tendoient  expliquer  les  témoignages  d'attachement  ou  d'a- 
version que  donnent  les  animaux,  par  un  jeu  de  ressorts,  qui 
les  feroit  mouvoir  comme  des  pièces  de  mécanique.      • 

Et  pourquoi  refuseroit-on  d'admettre ,  dans  les  molécules 
de  la  matière^  une  sorte  à^insiinct ,  plus  obscur  si  Ton  veut, 
mais  çnfm  de  la  même  nature  que  celui  qu'on  est  forcé  de  re* 


A  S  S 
connoître  <lans  ces  êtres  que  leur  excessive  ténuité  permet  à 
peine  d'apercevoir  avec  les  meilleurs  microscopes  i^ 

Personne  ne  doute  que  les  mouvIÉnens  qu'ils  exécutent  ne 
soient  spontanés  ,  quoique  plusieurs  de  ces  petits  êtres  n'offrent 
que  des  formes  organiques  très-équivoques  ;  mais  t'analogie  a 
fait  reconnoître  en  eux'  le  même  principe  qui  dirige  les  mou- 
vemens  de  ceux  dont  Torganisation-est  mieux  caractérisée.  Et 
comme  ces  petits  êtres  sont  composés  d'une  infinité  de  molé- 
cules vivantes ,  nous  pouvons  ,  de  proche  en  proche  ,  sans 
sortir  du  domaine  de  la  vie  ,  arriver  jusqu'aux  molécules 
•  qu'on  nomme  élémentaires^  quoiqu'elles  soient  elles-mêmes 
couiposées  d'un  nombre  de  parties  indéfini. 

Et  d'ailleurs,  quoique  ces  molécules  échappent  à  nos  yeux 
dans  leur  état  d'isolement,  nous  voyons  par  les  masses  régu- 
lières ,  ou  du  moins  d'une  forme  constante;  qui  résultent  de 
leur  réunion ,  que  tous  leurs  mouvemens  ont  été  dirigés  par 
une  sorte  à^instinct ,  comme  ceux  de  ces  animalcules  ,  nom- 
més baccillaires  ,  qui  se  groupent  fréquemment  sous  des  formes 
géométriques. 

Je  remarquerai  ,  à  cette  occasion,  qne  ces  formes  régu- 
lières ne  se  présentent  nulle,  part  aussi  fréquemment  que 
dans  les  êtres  où  l'organisation  est  la  plus  simple  ,  et  qui 
Sont  ,  en  quelque  sorte  ,  les  premiers  essais  de  la  matière 
passant  de  J'état  d'engourdissement  à  l'état  d'activité.  Les 
productions  marines  ,  surtout ,  en  présentent  une  foule 
d'exemples  ,  soit  dans  leurs  formes  extérieures,  soit  dans  le 
tissu  même  de  leur  substance.  C'est  probablement  ce  qui  a 
fait  dire  à  de  fort  habiles  naturalistes  ,  que  V organisation  n'é- 
toit  qu'une  cristallisatioû  plus  ou  moins  compliquée  ,  et  qui 
devient  d'autant  moins  reconnoissable  ,  que  l'organisation 
est  plus  perfectionnée. 

D'après  ces  différentes  considérations  ,  il  pacoît  qu'il  n'y 
a  véritablement  nulle  différence  entre  les  molécules  élémen- 
taires des  corps  organisés  et  celles  qui  composent  les  subs- 
tances minérales,  qui  sont  elles-mêmes  organisées  à  leur 
manière  ,  depuis  la  pierre  que  nous  appelons  hmte  (parce 
que  nous  n'apercevons  plus  les  rapports  qui  la  lioient  avec 
l'ensemble  dont  elle  esi  détaché'e)  ,  jusqu'à  cette  belle  végé- 
tation pierreuse  ^  connue  sous  le  nom  de  Jïus  ferri ,  qui  se 
rapproche   de   beaucoup    des  productions  marines  ,  et   qui 

fjaroit  être  un  de  ces  intermédiaires  que  la  nature  place  sur 
es  limites  de  ses  dlfférens  règnes,  pour  les  lier  entre  eux  , 
et  conserver  Vunitéde  son  domaine.  * 

Xous  ceux  qui  ont  fréquenté  lintérleur  de  la  terre  ,  ont  pu 
remarquer  que  les  corps  minéraux  les  plus  d«rs  ,  les  plus 
compactes  ,  sont  pénétrés  d'un  tluide  fugace  qui  paroît  y  cir- 


A  s  s  « 

culer  sans  relâche  ;  et  l'analogie  porte  à  croire  que  les  molé- 
cules de  ce  fluide  ,  ou  celles  dont  il  est  chargé  ,  se  comhinent 
et  s'identifient  avec  les  corps  où  il  circule  ;  et  qu'enfin  Vassi- 
viilation  minérale  ne  diffère  point  essentiellement  de  celle 
qu'on  reconnoit  dans  les  autres  règnes. 

Celle  opinion  me  semble  d'autant  plus  probable  ,  qu'aussi- 
tôt qu'on  l'admet ,  tous  les  phénomènes  s'expliquent  avec  fa- 
cilité ,  et  l'on  n'est  pkis  forcé  de  faire  à  chaque  pas  de  nou- 
velles suppositions  ,  et  d'entasser  hypothèse  sur  hypothèse  : 
on  sent  enfin  qu'on  est  dans  le  vrai  sentier  de  la  nature. 

Pour  expliquer  ,  par  exemple  ,  la  formation  des  filons  mé- 
talliques ,  combien  n'a-t-on  pas  imaginé  de  systèmes  qui  se 
sont  renversés  successivement ,  sans  que  le  dernier  fiit  plus 
satisfaisant  que  les  autr^es  ,  tandis  qu'au  moyen  de  Vassimila- 
iion,  rien  n'est  si  simple  ?  Le  géologue  explique,  soit  là  fonda- 
tion d'un  filon  dans  une  montagne  ,  soit  tout  autre  accident 
qui  se  présente  dans  Técorce  de  la  terre  ,  de  la  même  ma- 
nière que  le  physiologiste  explique  la  formation  d'une  glande  , 
d'un  abcès  ou  d'un  ulcère  dans  un  corps  \ivant. 

Dès  qu'une  fois  deux  ou  trois  molécules  d'un  radical  mé- 
tallique se  sont  accidentellement  réunies  dans  le  sein  d'une, 
roche  disposée  à  les  retenir  ,  elles  modifient  ,  par  leur  in- 
fluence ,  les  molécules  voisines  ,  et  se  les  assimilent ,  de  même 
que  le  virus  varlolique  s'assimile  les  humeurs  du  corps  où  on 
l  introduit,  si  ce  corps  est  disposé  d'une  maijière  conve- 
nable ,  car  autrement  il  seroit  sans  influence  ;  et  de  même 
les  fluides  propres  à  former  les  métaux  n'en  peuvent  créer 
que  dans  les  montagnes  qui  ont  déjà  éprouvé  certaines  mO' 
difications  :  aussi  ,  dans  le  voisinage  d'une  mine ,  est  -  on 
presque  toujours  assuré  d'en  trouver  d'autres.  V.  FiLOiNS  et 
Métaux. 

Il  en  est  de  même  de  la  formation  des  sels  ;  leurs  élémens 
sont  dans  l'atmosphère  :  lorsqu'ils  rencontrent  une  terre  ou 
autre  base  qui  leur  convient  ,  ils  se  combinent  avec  elle  ,  et 
finissent  par  convenir  en  matière  saline  des  masses  quelque- 
fois d'une  étendue  prodigieuse. 

De  là,  l'origine  des  couches  de  sel  gemme  ,  de  gypse  ,  de 
phosphate  calcaire  ,  etc.  De  là,  les  sources  salées  de  diffé- 
rentes sortes,  et  ces  efflorescencés  éternellement  renaissantes 
de  nitre  ,  de  sel d'epsom ,  de  natron,  à' alun ^  àe.  sel  marin  ,  etc., 
qui ,  sans  cesse  enlevées  par  les  hommes  ,  ou  dissoutes  et  en- 
traînées par  les  eaux,  se  montrent  toujours  avec  une  égale 
abondance.  V.  Sel  gemme  ,  Nitre  ,  etc. 

C'est  encore  par  l'effet  de  V assimilation  que  les  laves  dçs 
différens  volcans  paroissent  de  nature  différente  ,  quoiqu'elles 
soient  composées  des  mêmes  élémens.  Elles  imitent  ici  le 


3a  .    A   S   S 

trapp,  là  le  porphyre,  plus  loin  le  granîle,  ailleurs  le  pétro- 
silex  ,  le  pech-slein  ,  etc. 

On  a  dit  jusqu'ici  que  ces  différentes  laves  étoient  formées 
des  roches  mêmes  dont  elles  ont  Tapparence  :  on  a  supposé 
que  ces  roches  avoient  été  fondues  dans  le  sein  de  la  terre  , 
et  que  la  matière  en  fusion  avoit  été  soulevée^  du  fond  des 
abîmes  jusqu'au  sommet  des  volcans,  à  dix-huit  ou  vingt  mille 
pieds  perpendiculaires ,  comme  dans  les  Cordilières  du 
Pérou. 

Je  ferai  voir  ,  dans  l'article  Volcan  ,  qu'on  ne  sauroit  ad- 
mettre cette  supposition,  non  plus  que  •  d'autres  qu'on  a 
faites  pour  expliquer  les  phénomènes  volcaniques  ,  et  j'éta- 
blirai que  les  laves  ne  sont  autre  chose  que  des  tluides  gazeux 
fixés  et  rendus  solides.  • 

•Ces  fluides  qui  circulent  perpétuellement  dans  les  couches 
primitives  de  la  terre  ,  comme  la  sève  dans  les  végétaux ,  s'y 
modifient  d'une  manière  analogue  à  la  nature  de  ces  mêmes 
couches  ;  et  les  laves  qu'ils  forment  sont  différentes  entre  elles, 
de  même  que  les  sucs  des  végétaux  ,  quoique  formés  de  fluides 
semblables  ,  sontgommeux  ou  résineux,  acres  ou  fades  ,  doux 
t)u  amers  ,  bénins  ou  corrosifs  ,  suivant  la  nature  des  fermens 
qui  les  ont  modifiés  en  se  les  assimilant. 

En  un  seul  mot,  si  Ton  vient  enfin  à  reconnoître  que  la 
marche  de  la  nature  est  absolument  la  même  dans  les  trois 
règnes  ,  je  ^nse  qu'on  aura  fait  un  grand  pas  dans  la  roule 
qui  conduit  a  son  sa'nctuaire.  (pat.) 

ASSIMINE,  Desv.  Sorte  de  Fruit.  Le  Corossolier  en 
offre  un  exemple,  (b.) 

ASSIMINIER.  Nom  d'une  espèce  de  Corossolier. 
On  en  a  fait  un  genre  sous  les  noms  d'  Assimine  et  d'Oi'iCiii- 
DOCARPE.  V.  ce  dernier  mot.  (b.) 

ASSONIE  ,  Assonia.  Genre  de  plantes  de  la  monadelphie 
monogynie  ,  et  de  la  famille  des  Malvacées,  dont  les  carac- 
tères sont  d'avoir:  le  calice  double  ,  l'intérieur  divisé  en  cinq 
parties,  l'extérieur  bractéiforme,  monophylle  et  trilobé; 
la  corolle  à  cinq  pétales  obliques  ou  falciformes  ;  les  éta- 
mines  réunies  à  leur  base  ,  au  nombre  de  vingt ,  dont  cinq 
stériles  plus  courtes  ;  un  ovaire  supérieur  ,  arrondi ,  velu  ,  à 
cinq  styles,  à  stigmates  épais  ;  cinq  capsules  conniventes  ,  à 
une  loge  et  à  deux  semences. 

Ce  genre  a  été  formé  par  Cavanîlles ,  sur  un  arbrisseau  de 
l'île  de  la  Réunion ,  connu  des  habitans  sous  le  nom  de  bois. 
de  senteur  bleu ,  dont  les  feuilles  sont  alternes  ,  cordiformes  ,  et 
les  Heurs  en  corymbes  terminaux,  (b.) 

ASSOUKOU.  C'est  un  Myrte  des  Antilles,  (desm.) 


A  s  T     .  2^ 

ASSURANCE  (  Vénerie).  Fermeté  et  tranquillité  dans  la  dé- 
marche. 

AssuRAisCE,  en  fauconnerie ,  se  dit' d'un  oiseau  qui  n'est 
plus  attaché  par  le  pied,  ce  que  Ton  appelle  hors  de  filière,  (s.) 

ASSY.  A  Madagascar,  c'est  un  Dragonier.  (desm.) 

ASTACITES  ou  ASTACOLITHES.  C'est  le  nom 
qu'on  donne  aux  écreoisses  pétrifiées;  et  on  l'étend  ordinaire- 
ment aux  pétrifications  des  autres  crustacés.  On  dit  aussi  can- 
crites  et  crabites  on  gaiumarolithes ,  en  parlant  des  cancres  et- des 
crabes  fossiles. 

Parmi  les  nombreuses  pétrifications  de  la  montagne  de 
Saint-Pierre  de  Maestricht ,  qui  ont  été  si  bien  décrites  par 
Faujas,  on  trouve  un  grand  nombre*  de  pattes  de  crustacés 
marins  ;  elles  sont  d'une  couleur  blanche  ou  légèrement  rous- 
sâtre  ,  comme  la  pierre  sableuse  qui  les  contient;  elles  sont 
parfaitement  conservées ,  et  l'on  y  voit  jusqu'à  leurs  moindres 
aspérités. 

Les  -ardoises  d'Angers  présentent  un  phénomène  tout 
différent  et  assez  singulier  ;  ce  sont  des  corps  de  crustacés  , 
qui  ont  jusqu'à  un  pied  de  large,  sur  quatorze  à  quinze  pouces 
de  longueur,  et  l'on  compte  neuf  à  dix  anneaux  à  la  queue  : 
mais  ,  au  lieu  d'offrir  les  formes  saillantes  et  tout  le  relief  que 
devroient  avoir  des  crustacés  de  cette  taille  ,  ils  n'en  ont  ab- 
solument point,  quoiqu'ils  ne  paroissent  nullement  avoir 
été  écrasés  ni  comprimés;  c'est  simplement  un  dessin  pyri- 
teux  tracé  sur  une  ardoise ,  et  qui  représente ,  d'une  manière 
très  -  distincte ,  le  corps  et  la  queue  d'un  crustacé  gigan- 
tesque. La  situation  presque  verticale  où  ils  se  trouvent 
dans  la  carrière  ,  ajoute  encore  à  cette  singularité.  Voyez 
Ardoise  et  Ogygie. 

On  voit,  dans  toutes  les  collections,  de  petits  crabes  pétri- 
fiés tout  entiers,  qui  se  trouvent  en  abondance  sur  les  côtes 
de  Coromandel.  On  en  trouve  aussi  dans  l'île  de  Shepey, 
près  de  l'embouchure  de  la  Tamise ,  et  dans  d'autres  contrées 
d'Angleterre  :  quelquefois  ce  ne  sont  que  des  parties  de  crabes^ 
et  surtout  leurs  queues. 

Saussure  (§  359)  parle  d'un  crabe  fossile  qu'on  voit  dans 
une  collection  à  Bâlc ,  dont  les  œufs ,  qui  sont  attachés  à  sa 
queue ,  sont  pétrifiés  comme  le^reste  de  l'animal.  Ce  fait  est 
intéressant  pour  l'histoire  ^t  la  pétrification;  il  prouve  qu'elle 
s'opère  presque  subitement ,  puisque  des  corps  aussi  faciles  à 
s'altérer  que  des  œufs  de  crustacés ,  qui  ne  sont  enveloppés 
que  d'une*  membrane  ,  ont  pu  être  pétrifiés  avant  leur  dé- 
composition. Il  y  a  d'ailleurs  beaucoup  d'autres  faits  sem- 
blables. V.  Pétrification,  (pat.) 

ASTAGOÏDES,  Astaco'fdea,  Diunéril.  Ordre  de  unt-) 


24  •  ^     A  S  T 

tacés ,  formé  ilu  genre  cancer  de  Linnœus  ,  comprenant  notre 
cfrdre  des  décapodes  et  ceux  des  sfomapodes  et  des  amphipodes. 
K.  ces  mois  et  l'article  Crustacés,  (l.) 

ASTACOLE,  Astacohis.  Genre  de  Coquille  établi  par 
Denys  Montfort.  Caractères  :  coquille  libre,  univalve  ,  cloison- 
née, droite,  à  sommet  en  spii"e;  renflée,  arquée;  dos  arrondi; 
ouverture  lancéolée  ,  recouverte  par  un  diaphragme  bombé , 
percé  à  l'angle  extérieur  par  un  siphon  étoile  ;  cloisons  unies. 

Une  des  espèces  de  ce  genre  a  été  trouvée  sur  les  rivages 
de  la  Toscane.  Sa  longueur  est  d'une  ligne  ;  on  l'a  citée  dans 
quelques  auteurs  sous  le  nom  de  Nautile  lituite.  (b".) 

ASTACOLITHES.  F.AsTACITESetCRUSTACITES.(DESM.) 

'  ASTACOPODIUM.  Pétrification  d'écrevisses  ou  de  cra- 
bes ,  qui  présentent  principalement  des  fragmens  de  pattes  ou 
de  pinces  de  ces  animaux.  V.  Chustacites.  (desm.) 

ASTAQUE  ,  Astacus.  V.  ÉcREvissE.  (b.) 

ASTATE ,  Astatus.  Nom  sous  lequel  M.  Kliig  désigne 
les  insectes  de  notre  genre  Céphus.  V.  ce  mot. 

ASTATE,  Aslata^  Lai.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
hyménoptères,  section  des  porte  -  aiguillons ,  famille  des 
fouisseurs,  très-voisin  du  genre  des  larres,  quant  à  la  forme 
générale  du  corps ,  mais  en  étant  distinct  par  ses  mandibules 
bidentées  au  bout,  et  dont  le  côté  inférieur  n'tstpas  échan— 
cré  ;  par  sa  languette  ,  dont  les  trois  divisions  sont  presque 
égales,  et  par  ses  palpes  maxillaires  plus  longs,  et  dont  le 
troisième  article  est  beaucoup  plus  épais  que  les  autres.  Les 
yeux  des  mâles  sont  fort  allongés  et  contigus  postérieurement; 
caractère  qui  fait  aisément  reconnoître  ces  insectes. 

M.  Jurine  donne  à  ce  genre  le  nom  de  Dimorphe  (i/Z/no/p/ia). 
Les  ailes  supérieures  ressemblent  à  celles  des  larres,  quant 
au  nombre  des  cellules  radiales  et  cubitales;  la  seconde  de 
celles-ci  reçoit  également  les  deux  nervures  récurrentes  ;  mais 
la  dernière  est  presque  /carrée  ,  au  lieu  qu'elle  est  presque  en 
forme  de  croissant  dans  les  larres. 

Les  asiates ,  ainsi  nommées  de  ce  qu'elles  sont  toujours  en 
mouvement,  ont  les  antennes  filiformes,  rapprochées,  in- 
sérées à  la  base  du  chaperon  ,  avec  le  premier  article  gros,  le 
second  très-petit,  et  les  autres  presque  égaux  et  cylindriques. 
Leurs  mandibules  sont  arquées  et  unidcntées  sous  la  pointe. 
Les  palpes  maxillaires  sont  îbngs ,  avec  le  troisième  article 
plus  gr.os  :  le  second  des  labiaux  est  fort  dilaté.  La  languette 
est  large  et  divisée  en  trois  lobes  presque  égaux.  Leur  corps 
est  assez  court ,  avec  la  tête  large  ;  les  yeux  grands  ;  le 
premier  segment  du  corselet  très-cu3urf ,  droit ,  en  forme  de 
rebord  ;  l'abdomen  court  et  conique  ;  les  pattes  courtes  et  un 
peu  épineuses. 


A  s  T         .  25 

On  trouve  ces  insectes  dans  les  lieux  sablonneux,  en 
France ,  en  Italie  et  en  Espagne  ,  etc. 

\STATE  ABDOMmALE,  Asiata  ahdominalis ,  Lat.  Gêner.  cnisU 
eHmect.,  tom.  l, ,■  pag.  69;  tiphia  abdominaKs.  Panz.  Faun.  ia- 
sect.  gemi.fasc.  53,  iah.  5.  La  femelle  a  environ  quatre  a  cinq 
lienes  de  longueur;  le  corns.est noir,  assez  luisant:  l  abdomen 
est  fauve ,  avec  Textrémite  de  la  couleur  du  corps,  (l) 

ASTELIE,  Astelia.  Plante  de  la  Nouvelle-Hollande,- 
croissant  sur  les  arbres  morts ,  dont  les  feuilles  sont  toutes 
radicales  et  imbriquées  ,  la  tige  presqpe  nulle  ,  les  fleurs  en 
grappes  très  courtes  :  laquelle  constitue  seule  un  genre  dans 
U  polygamie  monoécie  et  la  famille  des  asphodèles  ,  fort  voi- 
sin des  Caragates.  .... 

Les  caractères  de  ce  genre  soiit  :  calice  a  six  divisions  glu- 
macées  ;  six  étamines  insérées  au  calice  ;  un  ovaire  supérieur, 
à  trois  styles  sessiles  et  obtus  ;  une  baie  à  une  ,  deux  ou  trois 
loges  polvsperraes. 

La  polygamie  de  ce  genre  résulte  de  l'avortement  d'un 
des  sexes,  (b.) 

ASTERE  ,  Aster.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie  po- 
lygamie superflue,  et  de  la  famille  des  corymbifères  ,  dont 
les  caractères  sont  :  un  calice  commun  imbriqué  d'écaillés 
nombreuses ,  dont  les  inférieures  sont  un  peu  lâches  ;  un  ré- 
ceptale  nu  ;  des  ilemons  hermaphrodites  ,  lubulés  ,  quinqué- 
fides  dans  le  disque  ,  et  des  demi-fleurons  femelles  dans  la 
circonférence  ;  plusieurs  semences  oblongues  ,  garnies  d'une 
aigrette  sessile.  V.  OléairF. 

L'AsTÈREGLUTiNEUSE  constitue  aujourd'hui  le  genre  Donie. 
Ce  genre  se  distingue  des  Inules  ,  avec  lesquels  il  a  beau- 
coup de  rapports  ,  principalement  par  la  couleur  bleue  de  ses 
fleurs  ,  qui  ne  se  change  jamais  en  jaune ,  quelque  altération 
qu'elles  éprouvent  par  la  culture.  Ces  fleurs  sont  disposées  en 
panicules  ou  en  corymbes  ,  et  produisent  un  très-bel  effet  en 
automne ,  époque  de  la  floraison  de  la  plus  grande  partie 
des  espèces.  On  les  cultive  fréquemment  dans  les  jardins. 

On  connoît  plus  de  cent  cinquante  espèces  A'asières  qui 
se  divisent  en  astères  à  tiges  ligneuses  et  en  astères  à  tiges  herbacées. 
Ces  dernières  se  subdivisent  en  astères  à  feuilles  irès-entières  et  à 
feuilles  dentées  en  leurs  bords.  On  subdivise  encore  quelquefois 
ces  deux  sections  en  astères  qui  ont  des  écailles  sur  les  pédoncules 
et  en  astères  qui  n'en  ont  point. 

Parmi  les  premières ,  toutes  venant  du  Cap  de  Bonne-Es- 
pérance ,  on  ne  cultive  dans  nos  jardins  que  I'Astère  fruti- 
CULEUSE ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  les  feuilles  linéaires 
ponctuées  et  les  fleurs  solitaires.  C'est  une  belle  plante  ^  maiâ 
qui  ne  peut  passer  l'hiver  en  pleine  terre. 


>6  A  S  T 

Parmi  les  secondes ,  il  faut  noter  I'Astère  des  Alpes  , 
plante  dont  les  feuilles  sont  spalhulées,  les  tiges  uniflores  ,  et 
qu'on  trouve  sur  les  montagnes  élevées  de  la  France  ;  TAstère 
AMELLE  ,  dont  les  îeuilles  sont  lancéolées  ^  obtuses  ,  rudes  , 
dont  les  pédoncules  sont  nus  et  les  écailles  calicinales  ob- 
tuses. On  rappelle  vulgairement  œii  de  Chnst,  et  on  la  cultive 
dans  quelques  jardins.  C'est  elle  que  Virgile  a  mentionnée 
dans  ce  vers  : 

Est  etiam  flos  in  praiis  cui  nomen  nmello. 

Géorg.  liv.  IV. 

Les  AsTÈRES  d'Aragon,  maritime  et  acre,  toutes  d'Eu- 
rope ,  mais  moins  remarquables  que  la  précédente. 

C'est  encore  dans  cette  division  que  se  trouvent  I'Astère 
GÉANTE  ,  A^ier  noi^œ  Jngliœ,  Linn.,  dont  les  feuilles  sont  lan- 
céolées, demi-amplexicaules,  la  tige  hérissée  et  les  Heurs 
ramassées  et  terminales  ;  I'Astère  amplexicaule,  qui  ne 
diffère  de  la  précédente  que  parce  qu'elle  a  les  fleurs  plus 
écartées  ;  I'Astère  À  grandes  fleurs  ,  dont  les  feuilles  sont 
étroites  ,  amplexicaules  ,  les  rameaux  uniflores  et  les  écailles 
calicinales  recourbées  ;  I'Astère  à  tiges  rouges  ,  dont  les 
feuilles  sont  amplexicaules,  lancéolées,  les  écailles  du  calice 
variées  de  blanc  et  de  vert  :  toutes  ,  ainsi  que  la  plus  grande 
partie  de  celles  que  je  ne  cite  pas,  originaires  de  l'Amérique 
septentrionale ,  qui  font  l'ornement  de  nos  jardins ,  où  elles 
sont  très-multipliées.  Leur  culture  ne  demande  aUcun  soin, 
attendu  qu'elles  sont  vivaces  ,  tracent  beaucoup  ,  et  surmon- 
tent toutes  les  mauvaises  herbes.  Elles  se  multiplient  prin- 
cipalement par  le  déchirement  des  vieux  pieds  en  hiver. 

Dans  la  seconde  division  ,  il  y  a  I'Astère  À  feuilles  en 
CŒUR ,  I'Astère  à  fleurs  tardives  ,  et  une  ou  deux  autres , 
auxquelles  les  observations  ci-dessus  conviennent  complè- 
tement et  qu'on  cultive  comme  les  précédentes;  mais  l'impor- 
tance de  toutes  est  absorbée  par  I'Astère  de  la  Chine  ,  vul- 
gairement appelée  la  grande  marguerite  des  jardins,  plante  an- 
nuelle ,  qui  passe  pour  être  originaire  de  la  Chine  ,  et  qui , 
f>ar  la  grandeur  de  ses  fleurs  et  l'immense  variété  de  leurs  cou- 
eurs ,  fait  le  principal  ornement-  de  nos  parterres  en  au- 
tomne, (b.) 

L'Astère  de  la  Chine.  C'est  une  des  plus  belles  plantes 
d'ornement  qui  nous  soient  venues  des  pays  étrangers.  Elle 
est  recherchée  dans  les  jardins  pour  la  beauté  et  la  variété  de 
ses  fleurs  ,  qui  sont  simples  ou  doubles  ,  blanches ,  gris  de 
lin,  violettes,  panachées,  ou  couleur  de  chair  ;  il  n'y  en  a  ja- 
mais de  jaunes.  La  plus  belle  des  variétés  que  cette  espèce 
a  produites ,  est  la  reine  marguerite  anémone ,  ainsi  appelée  y 


A  s  T  27 

parce  qu'elle  forme  des  peluches  comme  cette  plante.  Cette 
asûre  étant  annuelle  ,  on  ne  peut  la  multiplier  que  par  sa 
graine.  On  la  sème  au  printemps  sur  couche  ,  ou  simplement 
dans  une  terre  mêlée  de  terreau.  Quand  les  jeunes  plantes 
sont  assez  fortes ,  on  les  enlève  avec  précaution ,  et  on  les 
place  dans  une  terre  riche  ,  à  une  petite  distance  les  unes  des 
autres  -,  il  faut  avoir  soin  de  les  tenir  à  l'abri  du  soleil ,  jus- 
qu'à ce  qu'elles  aient  formé  de  nouvelles  racines  t  et  de  les 
arroser  souvent ,  si  la  saison  est  sèche.  Au  bout  d'un  mois  et 
demi ,  et  vers  le  milieu  de  Tété ,  on  les  transplante  une  se- 
conde fois ,  et  on  les  met  dans  le  lieu  où  elles  doivent  rester. 
Quand  cette  plante  est  reprise  ,  elle  ne  demande  pas  de  grands 
arrosemens.  11  est  bon  de  lui  mettre  des  tuteurs  lorsqu'elle 
commence  à  fleurir ,  parce  qu'elle  a  dç  la  peine  à  se  soute- 
nir, (d.) 

AsTÈRE  D'AFRiQTJE.C'estla  Cinéraire  A.FLEURSBLEUES.  (b.) 

ASTERELLE  ,  Asterella.  Genre  de  plantes*établi  parPa- 
lisotBeauvois,  aux  dépens  des  Marchai<îtes  de  Linnaeus.  Les 
fleurs  mâles  offrent  une  ombelle  arrondie,  pédonculée,  à  plu- 
sieurs fleurettes  sessiles,  de  six  à  dix  divisions,  renfermant  la 
poussière  fécondante.  Les  fleurs  femelles  sont  sessiles,  mem- 
braneuses, capsuliformes  et  contiennent  des  semences  rondes, 
aplaties  et  éch.incrées.  Ce  genre  contient  deux  espèces,  l'As- 
TERELLE  petite  ,  et  I'Asterelle  hémisphérique.  On  les 
trouve  sur  la  terre,  dansies  bois  humides,  (b.) 

ASTERIAS  à' AldroQande.  C'est  I'Autour.  Lçs  italiens  le 
nomment  astore  ,  d'où  l'on  a  fait-,  en  latin  moderne,  le  nom 
astur.  (s.)' 

ASTÉRIE.  Les  lapidaires  donnent  ce  nom  à  certaines 
variétés  de  corindon  hyalin ,  remarquables  par  une  étoile  à 
six  rayons  ,  qui  se  développe  à  la  surface  de  la  pierre  lors- 
qu'on la  fait  mouvoir  à  la  lumière ,  et  qui  s'observe  égale- 
ment dans  les  variétés  de  cette  pierre  ,  connues  de  tout  le 
monde,  sous  les  noms  de  saphir  et  àe  rubis  d'Orient^  mais 
bien  plus  rarement  dans  le  dernier. 

Les  saphirs  étoiles  ou  saphirs  de  chat^  comme  on  les  appelle 
aussi  quelquefois  ,  sont  très-recherchés  ,  surtout  ceux  qui 
présentent  une  étoile  brillant  d'un  vif  éclat  et  en  quelque 
sorte  mobile ,  et  non  pas  de  simples  rayons  blanchâtres 
ternes ,  ou  dont  la  teinte  seulement  plus  pâle  tranche  sur 
le  fond  de  la  pierre.  La  manière  de  les  tailler  la  plus  favo- 
rable au  développement  de  leurs  reflets ,  est  celle  que  l'on 
désigne  par  le  nom  de  goutte  de  suif  ou  de  cabochon.  Les 
reflets  ont  lieu  dans  le  sens  d'un  plan  perpendiculaire  à 
l'axe  du  cristal. 

U'asiérie  de  Pline 'est,  suivant  IVL  Dclaunay  (Minéralog. 


38  A   s  T 

des  Anciens,  t.  i,  pag.  ii4),  une  varie'té  chatoyante  de  feld- 
spath; cependant,  d'après  ce  que  le  naturaliste  romain  rap- 
porte de  la  difficulté  qu'on  éprouvoit  à  travailler  cette  pierre , 
il  est  plus  proliable  que  c 'et oit  un  corindon.  Quant  à  Vastrios 
du  même  auteur  ,  qui  réfléchissoit  simplement  la  lumière 
de^  astres,  il  paroît  que  c'est  notre  girasol,  lequel  est  un 
quarz  agate. 

Les  plus  beaux  corindons  étoiles  viennent  de  l'Inde  et  de 
l'île  de  Ceylan.  Le  Roi  possède  un  des  plus  beaux  saphirs 
étoiles  qui  soit  connu.  V.  Corindon,  (luc.) 

ASTERIE,  Asteilas.  Genre  de  la  famille  des  vers  Echi- 
NODERMES ,  dont  les  caractères  sont  :  un  corps  suborbi- 
culaire  ,  déprimé,  à  peau  coriace  ,  anguleux  ou  disposé  en 
lobes  ou  en  rayons,  ^oit  simples,  soit  composés,  avec  ou 
sans  gouttière  eu  dessous  ,  le  plus  souvent  garnis  d'épines 
mobiles  et  de  tentacules  tubuleux  et  rétracliles  ;  la  bouche 
inférieure  et  c'entrale. 

Les  espèces  de  ce  genre ,  autrement  appelées  étoiles  de 
mer,  doivent  leur  nom  à  la  forme  étoilée  qu'elles  ont  toutes 
plus  ou  moins.  Ce  sont  des  animaux  d'une  structure  fort  re- 
îuarquable,  qui  n'ont  de  rapports  qu'avec  les  oursins ^àonï 
ils  diffèrent  principalement,  en  ce  que  leur  enveloppe,  au 
lieu  d'être  une  croûte  testacée  ,  est  une  peau  coriace  ,  dans 
laquelle  sont  implantées  des  épines,  ou  des  tubercules,  ou 
des  écailles. 

La  bouche  des  astéries  est  toujours  placée  au  centre  info- 
rieur  de  leurs  rayons  :  c'est  un  suçoir;  il  est  accompagné  de 
cinq  fourchettes  latérales  et  horizontales  ,  uniquement  des- 
tinées à  fixer  les  animaux  dont  elles  se  nourrissent  ;  leur  anus 
est  dans  un  tubercule  osseux  et  labyrinthiforme,  qui  se  re- 
marque sur  la  partie  opposée  à  la  bouche  et  un  peu  sur  le 
cfité.  Comme  les  astéries  ne  mangent  point  de  substances 
solides  ,  cette  espèce  de  filtre  leur  suffit  pour  se  débarrasser 
du  superflu  de  leur  digestion.  Quelques  naturalistes  doutent 
pourtant  de  cet  usage  du  tubercule  en  question.  M.  Toraca, 
dans  un  Mémoire  inséré  dans  le  sixième  volume  de  ceux 
de  l'Académie  de  Turin  ,  établit ,  par  des  expériences  posir 
tives  ,  que  chaque  rayon  des  astéries  peut  se  nourrir  et  vivre 
indépendamment  des  autres,  et  que  dès  qu'il  en  reste  ua 
entier,  les  autres  peuvent  se  reproduire. 

Lamarck  a  divisé  les  astéries  en  deux  genres ,  qui  sont  fort 
naturels,  et  dont  les  animaux  qui  les  composent  ont  des 
mœurs  fort  différentes. 

Le  premier  auquel  ce  naturaliste  a  conservé  le  nom  d'As- 

TfcRIE 


A  s  T  ,3 

SOUS ,  d'une  gouttière  longitudinale ,  et  épineuses  ou  tuber- 
culeuses en  dessus. 

Le  second,  auquel  il  a  donné  le  nom  d'OPHiURE  ,  com- 
prend celles  dont  les  rayons  n'ont  point  de  sillons  en  des- 
sous ,  et  sont  écailleux  sur  toute  leur  surface.  V.  au  mot 
Ophiure. 

Ces  deux  genres  font  des  divisions  dans  tous  les  ouvrages 
qui  ont  été  publiés  sur  les  asténes. 

Les  astéries  de  la  première  division  ont,  comme  on  l'a  dit, 
les  rayons  garnis,  en  dessus,  d'une  multitude  d'épines  ou  de 
tubercules  analogues  à  ceux  des  oursins  ,  mais  implantés  di- 
rectement dans  la  peau  ,  et  n'y  tenant  que  très-foiblement. 
Ces  épines,  ou  ces  tubercules,  sont  encore  plus  nombreux 
en  dessous  ,  sur  les  bords;  mais  le  milieu,  depuis  la  bouche 
jusqu'à  l'extrémité  ,  est  un  sillon  plus  ou  moins  profond , 
garni  seulement  d'une  peau  mince  et  unie.  C'est  de  cette 
partie  percée  de  plusieurs  rangées  de  trous ,  que  sortent  des 
tentacules  de  même  nature  que  ceux  des  oursins  ,  c'est-à- 
dire  ,  susceptibles  de  se  contracter,  de^s'allonger,  et  de  s'ap- 
pliquer contre  les  corps  durs  par  leur  faculté  suçante  ;  et  ce 
n'est  que  lorsque  l'astérie  marche  ,  qu'on  les  voit  dans  tout 
leur  développement.  Belon  en  a  compté  cinq  mille  dans  une 
espèce  ,  et  Réaumur  mille  cinq  cent  vingt  dans  une  autre. 

Le  même  Réaumur  rapporte  que ,  lorsque  les  astéries 
veulent  marcher,  elles  allongent  une  partie  de  leurs  tenta- 
cules, du  rayon  le  plus  près  de  l'endroit  où  elles  veulent  aller, 
se  cramponnent  avec  ces  tentacules ,  et  attirent  ensuite  leur 
corps  ;  et  qu'elles  répètent  cette  manœuvre  jusqu'à  ce  qu'elles 
soient  parvenues  au  but  où  elles  s'étoient  proposé  d'arriver. 
Cette  manière  de  marcher  est ,  comme  on  peut  bien  le  croire, 
extrêmement  lente  ;  aussi  faut  -  il  des  journées  aux  astéries 
pour  parcourir  de  très-petits  espaces.  Réaumur  ne  parle  pas 
de  l'actio^pdes  épines  dans  cette  opération  ;  mais  il  est  ce- 
pendant probable  qu'elle  n'est  pas  nulle.  Peut-être  ces  épines 
servent-elles  de  point  d'appui  pour  empêcher  le  recul ,  lors- 
que l'animal  détache  ses  tentacules  les  plus  éloignés. 

Les  astéries  de  la  seconde  division ,  ou  les  ophiures  de  La- 
marck  ,  ont  une  manière  d'être  fort  différente  ;  leurs  rayons 
sont  écailleux,  rarement  arnlés  de  quelques  épines,  et  ti'ont 
jamais  de  gouttières  ,  et  par  conséquent  de  tentacules  en 
dessous.  Ces  rayons  ressemblent  parfaitement  à  des  queues 
de  lézards  ,  et  sont  encore  plus  fragiles  qu'elles  :  ils  serv  ent 
directement  de  jambes  à  l'animal.  Comme  ils  sont  régulière- 
ment placés,  il  peut  indifféremmeut  aller  du  côté  qu'il  lui 
plaît.  Pour  approcher  de  l'endroit  vers  lequel  une  astérie 
de  cette  division  est  déterminée  à  se  rendre  ,  elle  se  sert  de^ 


3o  A  S  T 

deux  rayons  qui  en  sont  les  plus  proches  et  de  celui  qui  en 
est  le  plus  éloigne  :  ces  trois  rayons  concourent  différem- 
ment à  son  mouvement.  Les  deux  premiers  ,  en  se  courbant 
à  leur  extrémité,  fornlent  deux  crochets  dirigés  en  dehors, 
qui ,  en  s'appliquant  sur  le  sable  ,  tirent  le  corps  en  avant , 
tandis  que  le  rayon  postérieur  s'est  recourbé  verticalement 
et  fait  l'office  de  levier  reponssoir.  Cette  manière  de  marcher 
est  au  moins  aussi  lente  que  celle  des  astéries  de  la  première 
division;  mais  elles  peuvent  l'accélérer,  au  risque  de  casser 
leurs  rayons ,  qui  sont  si  fragiles  ,  qu\î  la  moindre  fausse 
direction ,  au  moindre  mouvement  un  peu  trop  brusque  , 
ils  se  brisent. 

A  la  jonction  des  écailles  supérieures  avec  les  inférieures  , 
les  astéries  de  cette  division  font  sortir  des  tentacules  si  courts, 
qu'on  n'en  peut  pas  deviner  l'us^fge.  Elles  vivent  presque 
exclusivement  sur  les  côtes  sablonneuses  ,  et  s'enfoncent  dans 
le  sable  au  moindre  danger. 

Toutes  les  espèces  à'asléiies  se  soutiennent  dans  l'eau  ,  en 
formant  avec  leurs  rayons  de  légères  ondulations  ;  mais  elles 
ne  peuvent  pas  y  resrer  suspendues  long-temps  de  suite.  Elles 
se  laissent  plutôt  entraîner  par  le  flot  qu'elles  ne  nagent. 

Lorsqu'elles  perdent  leurs  rayons  ,  ce  qui  arrive  souvent 
à  celles  de  la  seconde  division  surtout,  il  en  repousse  bientôt 
de  nouveaux.  Pendant  l'été  ,  il  ne  faut  que  quelques  jours 
pour  rétablir  leurs  pertes  ;  il  faut  plus  long-temps  en  hiver  ; 
mais  comme,  dans  celte  saison,  elles  se  tiennent  dans  les  pro- 
fondeurs de  la  mer,  elles  sont  exposées  à  moins  de  dangers. 

Celles  qui  ont  des  épines  ,  sont  encore  plus  sujettes  à 
perdre  ces  épines ,  et  en  conséquence  il  y  en  a  toujours  une 
quantité  de  petites  prêtes  à  sortir  pour  remplacer  celles  qui 
tombent.  Ces  épines,  comme  on  l'a  dit,  sont  implantées 
dans  la  peau.  Leurs  formes  varient  dans  chaque  espèce;  mais 
comme  en  général  elles  sont  très-petites  ,  on  les  ^  peu  ob- 
sei-vées.  Dans  quelques  espèces  ,  elles  jsont  rangées  régulière- 
ment ;  dans  d'autres  ,  elles  n'affectent  aucun  ordre  ;  souvent 
une  ou  trois  rangées  sont  plus  grandes  que  les  autres. 

Quelques  astéries  sont  rondes  ou  pentagones ,  et  leurs 
rayons  ne  se  reconnoissent  que  parles  gouttières  de  leur  côté 
inférieur;  mais  le  plus  grand  nombre  a  cinq  rayons  distincts. 
On  en  trouve  cependant  qui  ont  plus  de  cinq  rayons ,  et  même 
deux  rangs  de  rayons  ;  et  d'autres  ,  surtout  parmi  les  espèces 
de  la  seconde  division  ,  dont  les  rayons  se  bifurquent  une  , 
deux,  trois,  et  un  plus  grand  nombre  de  fois,  deviennent 
branchus  au  point  qu'on  ne  peut  compter  le  nombre  de  leurs 
bras.  Ces  dernières  sont  connues  sous  le  nom  de  tête  de  Mé- 
duse.D^ns  quelques-unes,  les  rayons  sont  très-grands  relati- 


A  s  T  3i 

veraent  au  diamètre  du  corps  ;  dans  d'autres  ils  sont  très- 
petits. 

C'est  principalement  de  jeunes  coquillages  dont  vivent  les 
astéries  ;  elles  les  sucent  avec  leur  trompe  ,  soit  par  l'ouver- 
ture de  la  coquille,  soit  en  l'écrasant.  Elles  se  nourrissent 
aussi  de  crustacés  ,  et  sans  doute  de  plusieurs  autres  animaux 
marins.  Il  est  probable  que  les  astéries  à  tête  de  Méduse  ne 
sont  pourvues  d'un  aussi  grand  nombre  de  bras  que  pour  saisir 
leur  proie  ;  mais  on  n'a  aucune  observation  sur  ce  qui  les 
concerne  particulièrement. 

On  ne  sait  rien  de  positif  sur  la  génération  des  astéries;  ce- 
pendant il  est  certain  qu'elles  sont  ovipares.  Elles  jettent  leur 
frai ,  qui  ressemble  à  une  gelée ,  vers  le  milieu  du  printemps , 
et  on  le  voit  sur  les  côtes  nager  sur  l'eau  jusqu'au  milieu  de 
l'été.  Il  est  si  venimeux,  dit  Breynius,  qu'il  fait  enfler  la  main 
de  celui  qui  le  touche  ,  et  cause  la  mort  des  quadrupèdes  qui 
en  mangent.  Le§  moules  qui  "s'en  nourrissent,  ainsi  que  beau- 
coup d'autres  coquillages  et  poissons,  deviennent,  à  l'époque 
de  sa  présence  ,  dangereux  à  l'homme.  Le  vinaigre  est.  l'an-; 
tidote  de  leur  poison.  V.  au  mot  Moule. 

Afin  de  bien  disposer  les  astéries  pour  les  collections  d'his- 
toire naturelle  ,  il  faut ,  après  les  avoir  pèchées  ,  les  laver 
dans  l'eau  douce ,  et  les  mettre  ensuite  dans  un  esprit-de-vin 
affoibli ,  non  pour  Ips  y  laisser,  quoique  cela  vaille  sans  doute 
mieux  ,  mais  pour  les  en  tirer  au  bout  de  quelqiaes  jours  et 
les  faire  sécher.  Cette  opération  affermit  leurs  chairs  ,  et  fa- 
vorise beaucoup  leur  conservation. 

Parmi  les  astéries  presque  rondes ,  il  faut  citer  I'A-STÉrie 
OREILLER,  Asterias puhillus  de  Linnseus,  qui  se  trouve  sur  nos 
côtes  ,  et  dont  les  caractères  sont  d'être  unie  et  d'avoir  le 
bord  entier  et  sans  épines.  V.  pi.  A.  14.. 

L'Astérie  granulaire  est  pentagone  (  à  bord  articulé  ), 
sans  épines ,  granulée  en  mosaïque.  Elle  vit  dans  les  mers 
de  l'Amérique  méridionale.  V.  pi.  A.  i^,  où  elle  est  figurée. 

Parmi  les  astéries  à  cin^ rayons  à  gouttières  en  dessous  , 
on  citera  l'AsTÉRiE  ROUG^  Asterias  nibens  de  Linn. ,  la  plus 
commune  de  toutes  dans  nos  mers  ,  et  dont  le  caractère  est 
d'avoir  les  rayons  écartés  ,  convexes  ,  avec  des  séries  soli- 
taires d'épines  en  dessus.  Sa  couleur  est  d'un  rouge  de  brique. 
On  la  voit  fréquemment ,  aux  basses  marées,  sur  les  rochers 
des  côtes  de  France. 

L'Astérie  glaciale  a  les  rayons  anguleux,  les  angles  avec 
des  verrues  épineuses.  Elle  se  trouve  dans  la  mer  du  Nord. 
V.  sa  figure  ,  pi.  A.  i^. 

Enfin  ,  parmi  les  astéries  à  rayons  sans  gouttières.,  il  faut 
distinguer  l'AsTÉRiE  TÊTE  DE  MÉDUSE ,  dont  on  a  déjà  parlé, 


32  A  s  T        1^ 

et  dont  les  caractères  sont  d'avoir  les  rayons  dichotomes  ,  le 
disque  et  les  rayons  granuleux,  la  bouche  aplatie.  Elle  se 
trouve  dans  toutes  les  mers.  Plusieurs  espèces  ont  été  con- 
fondues avec  elle. 

L'Astérie  coudifère  a  les  rayons  presque  cylindriques, 
le  disque  écallleux,et  les  écailles  dos  «tngles  cordil'onnes.  Elle 
vil  sur  les  côtes  de  la  Caroline,  où  je  l'ai  observée  et  dessinée. 
Sa  description  complète  se  trouve  dans  le  Buffon  de  Deter- 
ville  ,  partie  des  vers,  vol.  2  ,  pag.  ii3.  F.  pi.  A.,  i4,  ov 
elle  est  figurée. 

Ce  genre  est  probablement  très -nombreux  ;  mais  il  est 
encore  peu  connu  des  naturalistes  ,  malgré  les  travaux  de 
Seba,  de  Linck  et  de  Bruguières,  qui  en  ont  figuré  un  grand 
nombre  d'espèces,  (b.) 

ASTERIES  ou  ASTÉRITES.  On  donne  ce  nom  à  des 
pétrifications  en  forme  d'étoiles  ,  sur  la  nature  desquelles  on 
a  été- long-temps  dans  Tincertitude.  Aujourd'hui  on  sait  po- 
sitivement que  ce  sont  les  articulations  détachées  des  En- 
CRJNiTES ,  genre  de  po/ypier  marin  ,  dont  on  ne  connoît  en- 
core qu'une  espèce  vivante  ,  mais  qui  fournit  considérable- 
ment d'espèces  pétrifiées.  V.  le  mot  Encrinite.  (b.) 

ASTÉRISQUE.  Genre  de  plantes  réuni  avec  les  Bupn- 

THALMES.  (b.) 

ASTÉROÏDE.  V.  au  mot  BuPHTHALME.  (b.) 

AS  TÉROME  ,  Asteruma.  Genre  établi  par  DecandoUe 
aux  dépens  des  Xylomes  de  Persoon ,  et  contenant  cinq 
espèces,  toutes  se  trouvant  sur  les  feuilles  vivantes.  Il  a  pour 
type  le  Xylome  de  la  Raiponce. 

Ses  caractères  sont  :  filamens  byssoïdes ,  rameux,  dicho- 
tomes, rayonnans  ,  cl  portant  dans  leur  vieillesse  de  très- 
petites  protubérances.  V.  Champignons  parasites,  (b.) 

ASTEROPE,  Astcropia.  Arbrisseau  de  Madagascar,  em- 
ployé par  Dupetil-Thouars  à  l'établissement  d'un  genre  dans 
îa  monadelpliie  décandrie  ,  et  dans  la  famille  des  rosacées.  * 

Les  caractères  de  ce  genre  confient  :  en  un  calice  à  cinq 
divisions  ;  cinq  pétales  ;  la  moitié  des  étamines  alternativement 
jplus  courtes  ;  un  ovaire  supérieur  à  style  terminé  par  trois 
stigmates  ;  une  capsule  entourée  du  calice  qui  s'est  agrandi, 
à  trois  loges  ,  contenant  chacune  plusieurs  semences,  (b.) 

ASTEROPTÈRE  ,  ylsteropiems.  Genre  de  plantes  établi 
par  Gscrtner,  pour  placer  la  Leysère  callicorne  de  Lin- 
n£eu;>,"  qui  ne  lui  a^pas  paru  convenir  aux  autres  espèces  par 
la  tot.^lité  de  ses  rapports.  Il  a  un  calice  presque  rond  ,  im- 
briqué vd'écailles  oblongucs  ,  scarieuses  ,  inégales ,  les  inté- 
rieures appendiculées  à  leur  extrémité  ;  un  réceptacle  élevé, 
garni  de  paillettes  sur  SvCS  bords  et  ponctué  à  son  centre.  Les 


2,.     .  //i.i'/o/or/ic    .fCfyn'/i/trfrc 


A  s  T  p,^ 

fleurons  du  disque  sont  hermaphrodite^,  et  les  demi-fleurons 
de  la  circonférence  ,  femelles  fertiles.  Les  fruits  ont  des 
rayons  simples  ,  et  ceux  du  centre  les  ont  à  aigrettes  plu- 
meuses.  (b.) 

ASTOME ,  Astoma  ,  Lat.  Gem-e  d'animaux  de  la  classe 
des  arachnides ,  ordre  des  trachéennes,  famille  des  holètres, 
et  qui  a  pour  caractères  :  Six  pieds  ;  point  de  suçoir  ni  de 
palpes  visibles;  bouche  ne  consistant  qu'en  une  simple  ou- 
verture pectorale. 

J'ai  formé  ce  genre  d'après  la  miile  parasite  de  Degeer. 

Le  corps  de  cet  insecte  n'est  pas  plus  grand  qu'une  graine 
de  pavot  ;  sa  forme  est  celle  d'une  boule  allongée,  et  sa  cou- 
leur celle  d'un  rouge  de  sang  très-vif.  11  n'a  que  six  pattes,  et 
je  ne  crois  pas  qu'il  en  acquière  deux  autres,  comme  il  arrive 
à  quelques  mittes. 

On  trouve  ce  très-petit  animal  sur  des  mouches  et  d'autres 
insectes,  occupé  à  les  sucer,  contractant  et  renflant  sa  peau, 
ou  lui  donnant  divers  mouvemens  ondulatoires,  (l.) 

ASTOMELLE  ,  Astoviella.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  diptères,  famille  des  vésiculeux,  établi  par  M.  Léon 
Dufour,  médecin,  sur  une  seule  espèce,  et  qu'il  a  trouvée  en 
Espagne.  La  bouche  n'offre  ,  à  l'extérieur,  ni  suçoir  ni 
trompe ,  ainsi  que  celle  des  aavcères  et  des  ogcodcs.  Mais  les 
antennes  des  astomellés  sont  un  peu  plus  longues  que  la  tête , 
de  trois  articles,  et  dont  le  dernier  est  en  forme  de  bouton  al- 
longe ,  comprimé  et  sans  soie,  hes  panops ,  genre  propre  à  la 
Nouvelle-Hollande  ,  sont  les  seuls  de  cette  famille  où  ces  ox- 
ganes  ont  une  figure  analogue. 

L'AsTOMELLE  CLAVicoRîJE  est  noirâtre  ,  pubescente ,  avec 
des  bandes  jaunes  et  transverses  sur  l'abdomen,  (l.) 

ASTOKE.  Nom  de  I'Autolr  en  Italie,  (v.) 

ASTOUKES.  Nom  du  fruit  des  Molènes  noire  et 
Lychnite,  qui  sert  à  enivrer  le  Poisson,  (b.) 

ASTOURON.  Nom  caraïbe  du  Myrte  piment  ou  d'une 
espèce  très-voisine.  (B.) 

ASTRAGALE  ,  Astragalus.  Genre  de  plante  de  la  dia- 
delphie  décandrie  ,  et  de  la  famille  des  légumineuses  ,  dont 
les  caractères  consistent  :  en  un  calice  monophylle,  tubulé,  à 
cinq  dents;  une  corolle  papilionacée,  dont  l'étendard  est  plus 
long  que  les  ailes  et  la  carène;  dix  étamines  dont  neuf  sont 
réunies  par  la  base  ;  un  ovaire,  supérieur,  ovale,  surmonté 
d'un  style  qui  est  légèrement  courbé  vers  son  sommet  ;  une 
gousse  divisée  intérieurement,  en  deux  loges  plus  ou  moins 
parfaites  ,  par  une  cloison  double  ,  parallèle  aux  valves. 
Cette  gousse  est  tantôt  courte  et-  renflée,  tantôt  allongée  et 
un  peu  grêle ,  courbée  ou  crochue. 


3^  A  S  T 

Le  genre  des  astragales  est  composé  d'un  très-grand  nom- 
bre d'espèces,  près  de  deux  cents,  la  plupart  venant  des  par- 
ties méridionales  de  l'Europe  et  de  la  Turquie  d'Asie.  Elles 
sont  généralement  herbacées  ;  leurs  feuilles  sont  ailées 
avec  ou  sans  impaire  ,  stipulées  par  des  folioles  géminées  ; 
leurs  fleurs  sont  rapprochées  en  tète ,  ou  disposées  en  grappes 
ou  en  épis  ,  avec  des  bractées  à  leur  base. 

Tournefort  avoit  séparé  quelques  espèces  de  ce  genre 
pour  former  celui  qu'il  avoit  appelé  Tragacanthe. 

Lamarck  ,  au  contraire  ,  lui  avoit  réuni  les  Phacas. 

Dec-indolle  ,  qui  dernièrement ,  a  fait  leur  monographie  , 
a  formé  ,    à  leurs  dépens  ,  le  genre  Oxytrope. 

Lamarck  divise  leurs  espèces  en  trois  sections:celles  dont 
les  pétioles  des  feuilles  ne  sont  point  pii/itans ,  et  qui  ont  une  tige  ; 
celles  dont  les  pétioles  ne  sont  point  piqua ns  et  qui  nont  point  de 
tige;  celles  dont  les  pétioles  des  feuilles  sont  piquans  et  persistent 
après  la  chute  des  folioles.  La  première  division  se  subdivise  en- 
core à  raison  de  la  couleur  de  la  fleur,  de  la  nature  ligneuse 
ou  herbacée  de  la  tige  ,  et  de  sa  direction  droite  ou  couchée. 

La  plupart  des  astragales  fournissent  un  bon  fourrage  pour 
les  bestiaux,  et  les  graines  de  plusieurs  sont  ou  peuvent  être 
employées  à  la  nourriture  des  hommes  et  des  volailles.  Quel- 
ques-unes ,  par  leur  grandeur,  la  beauté  de  leurs  fleurs  et  de 
leur  feuillage  ,  servent  à  Tornement  des  parterres  ;  d'autres 
sont  employées  en  médecine,  enfin  quelques-unes  fournissent 
la  Gomme  adragante.  V.  ce  mot. 

Parmi  les  astragales  de  la  première  division  ,  et  dont  les 
fleurs  sont  jaunes,  il  faut  distinguer  T  Astragale  queue  de 
renard,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  :  de  gros  épis  cylin- 
driques, sesslles;  le  calice  et  le  légume  lanugineux.  C'est  une 
Irès-belle  plante  qui  s'élève  de  trois  à  quatre  pieds  ,  qui  vient 
dans  les  montagnes  des  parties  méridionales  de  l'Europe  , 
et  qu'on  cultive  dans  quelques  jardins  pour  l'ornement.  Elle 
est  vivace. 

L'Astragale  axillaire  ,  Astragalus  christianus ,  Llnn.  , 
beaucoup  plus  grande  dans  toutes  ses  parties ,  mais  ,  du 
reste  ,  fort  voisine  de  la  précédente  ;  elle  fait ,  au  rapport 
de  Lablllardlère ,  l'ornement  des  champs  de  la  Syrie. 

L'Astragale  a  boursette,  Astragalus galet^ifomii s  .,  Llnn.  , 
est  une  des  plus  élevées  de  ce  genre  ;  ses  fleurs  sont  pen- 
dantes le  long  de  nombreux  éplllels  axillaires.  Elle  vient 
aussi  de  l'Orient,  et  est  fréquemment  employée  à  l'ornement 
des  jardins  ,  ce  à  quoi  elle  est  très-propre.  Elle  sert  de  type 
au  genre  Swainsonie. 

L'Astragale  réglisse  ,  Astragalus  glycyphyllos ,  Linn.  , 
plante  commune  d^ni  toute  l'Euiope  ,  et  qui  est  connue  en 


A  s  T  35 

France  sous  le  nom  de  réglisse  sauoage^  à  cause  de  sa  ra- 
cine ,  qui  est  un  peu  sucrée  ,  et  qui  ressemble  ,  ainsi  que  ses 
feuilles,  à  celle  de  la  véritable  Reglisse.  Ses  caractères  sont 
d'avoir  les  tiges  couchées  ,  les  légumes  presque  triangulaires 
recourbés  ,  et  les  folioles  ovales,  plus  longues  que  le  pédon- 
cule. Quoiqu'elle  semble  devoir  faire  un  bon  fourrage  ,  les 
animaux  ne  la  mangent  point.  On  en  emploie  les  feuilles 
contre  les  rétentions  d'urine,  et  des  gens  de  la  campagne  subs- 
slituent  ses  racines  à  celles  de  la  réglisse  dans  leurs  tisanes. 

Parmi  \qs  astragales  de  la  seconde  division ,  on  ne  remarque 
ici  que  I'Astragale  À  GOUSSES  -velues,  Astragahis  exscapusy 
dont  le  caractère  est  d'avoir  le  légume  recourbé  en  hameçon 
plus  long  que  les  folioles  des  feuilles  ,  ces  dernières  un  peu 
en  cœur.  La  racine  de  cette  plante  ,  qui  croît  naturellement 
dans  la  Hongrie,  est  très-estimée  en  Allemagne  dans  le  traite- 
ment des  maladies  vénériennes. 

Enfin,  la  troisième  division  comprend  les  plantes  qui  don- 
nent la  gomme  adragante  ,  celles  qui  ont  été,  en  consé- 
quence, appelées  tragacanthœ  par  Tournefort.  Parmi  elles  il 
faut  distinguer  I'Astragale  de  Marseille  ,  Astragahis  tra^ra- 
cantha^  Linn.,  qui  ne  donne  point  de  gomme  adragante,  mais 
qui  ressemble  beaucoup  aux  espèces  qui  en  donnent.  Ses 
caractères  sont  d'être  fruticuleuse  ,  rameuse,  blanche  •  d'a- 
voir les  fleurs  en  tête  pédonculée  et  les  dents  calicinales 
très-courtes.  Elle  croît  aux  (environs  de  Marseille  ,  où  elle 
est  appelée  barbe  de  renard  et  épine  de  bouc. 

L'Astragale  de  Crète,  dont  les  caractères  sont  d'avoir 
les  tiges  ligneuses  ,  très-rameuses  ,  les  feuilles  courtes  les 
folioles  velues.  C'est  de  cette  espèce  que  Tournefort  a  vu 
sortir  la  gomme  adragante. 

L'Astragale  Gummifère,  qui  a  été  figurée  par  Labillar- 
dière  dans  le  Journal  de  Physique  ^  année  1790  ,  et  dont  les 
caractères  sont  d'être  frutescente  ,  d'avoir  les  folioles  ovales 
lancéolées,  glabres,  les  fieursen  épis  sessiles,  et  qu'il  indique 
aussi  comme  fournissant  de  la  gomme  adragante  :  elle  croît 
naturellement  sur  le  Liban.  V.  pi.  A.  i5,  où  elle  est  figurée. 

Enfin,  une  troisième  espèce  qui  n'est  pas  encore  connue, 
mais  qui  se  distingue  des  deux  autres  :  Olivier  l'a  rapportée 
des  frontières  de  t*erse  ,  et  il  assure  qu'elle  est  la  seule  dont 
on  mette  la  gomme  dans  le  commerce,  (b.) 

ASTRAGALOÏDE.  C'est  le  Phaca.  (b.) 

ASïRANCE  ,  Astranlia.  Genre  de  plantes  de  la  pentan- 
dric  digynie,  et  de  la  famille  des  ombellifères,  dont  le  ca- 
ractère consiste  à  avoir  la  collerette  universelle  composée  d& 
deux  ou  trois  feuilles  presque  semblables  à  celles  de  la  tige, 
et  les  collerettes  partielles  forméCiS  de  folioles  nombreuses  \  ' 


36  A  S  T 

lancéolés ,  colorées ,  imitant  une  couronne  ;  un  calice  à 
cinq  dents  ,  persistant  ;  une  corolle  à  cinq  pétales  bifides  ; 
un  i'ruit  ovoïde  ,  couronné  par  le  calice  ,  composé  de  deux 
semences  nues  ,  oblongues  ,  striées  et  hérissées  d'aspérités. 

Ce  genre  est  composé  de  cinq  à  six  plantes ,  dont  deux 
sont  plus  communes  et  plus  remarquables  que  les   autres. 

L'AsTRANCE  À  FEUILLES  LARGES ,  Astrantia  major^  Linn., 
qui  croît  dans  les  hautes  montagnes  de  France  et  d'Alle- 
magne ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles  à  cinq 
lobes  et  les  lobes  trifurqués.  C'est  une  assez  belle  plante,  dont 
la  racine  est  acre  et  purgative. 

L'AsTRANCE  À  FEUILLES  ÉTROITES  ,  Astrantia  minor^  Linn., 
qui  se  trouve  dans  les  mêmes  endroits,  et  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  les  feuillesàseptouneufdigitations  profondément 
dentées.  Celle-ci  est  moins  belle  que  la  précédente  ,  mais 
elle  est  bien  plus  élégante.  On  les  cultive  toutes  les  deux 
dans  nos  écoles  de  botanique,  (b.) 

ASTRANTE  ,  Astranthus.  Arbre  de  la  Cochinchine ,  dont 
Loureiro  a  fait  un  genre  nouveau.  Il  a  les  feuilles  alternes  , 
ovales  ,  dentées  ,  lanugineuses  ;  les  fleurs  disposées  en  épis 
axillaires.  Chacune  de  ces  fleurs  est  composée  d'une  corolle 
hypocratériforme  ,  divisée  en  quatorze  parties  ;  de  sept  éta- 
mines,  et  d'un  ovaire  supérieur  ,  surmonté  de  quatre  styles. 

Le  fruit  est  une  petite  semence ,  enveloppée  dans  le  tube 
de  la  corolle  qui  subsiste,  (b.) 

ASTRAPÉE,  Astrapœiis^  Grav,  Genre  d'insectes  de  l'or- 
dre des  coléoptères ,  section  des  pentamères  ,  famille  des 
Lrachélytres ,  séparé  du  genre  des  staphyllns ,  à  raison  de 
ses  palpes,  qui  sont  terminés  par  un  article  plus  gros  ;  le  der- 
nier des  labiaux  est  même  presque  en  forme  de  hache. 

M.  Gravenhorst,  qui  l'avoit  établi,  vient  de  le  supprimer, 
dans  la  nouvelle  édition  de  sa  Monographie  des  coléoptères, 
de  celte  famille.  Nous  croyons  cependant  qu'on  peut  le  con- 
server. 

AsTRAPÉE  DE  l'orme  ,  Astrapœiis  ulmi,  Panz.  Faun.  insect. 
germ.  fasc.  88,  tah.  4;  staphylinus  iibnineus  ^  Fab.  Noir,  lui- 
sant ,  avec  la  base  des  antennes,  la  bouche  ,  les  étuis,  l'avant- 
dernier  segment  de  l'abdomen  ,  d'un  fauve  marron  ;  corselet 
très-lisse  ;  quelques  points  rangés  en  série  sur  le  disque  des 
étuis.  Sous  les  écorces  des  ormes ,  en  France  et  en  Italie. 

J'en  ai  trouvé  ,  aux  environs  de  Paris ,  une  autre  espèce ,  et 
qui  est  très-voisine  du  staphylin  hmnnîpes  de  Fabriclus.  (l.) 

ASTRAPIE,  Astrapia.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux  Syl- 
VAINS  et  de  la  famille  des  Coraces.  {V.  ces  mots).  Caractères: 
bec  nu  à  la  base,  très-comprimé  par  les  côtés,  pointu; 
mandibule  supérieure  étroite  en  dessus  ,  entaillée  et  fléchie 


A   s   T  3; 

à  la  peinte  ;  narines  rondes  et  glabres  ;  tarses  et  doigts  ro- 
bustes ;  ongles  forts,  très-crochus;  queue  très-longue  ,  très- 
élagée. 

tatham  et  tous  les  ornithologistes  ont  classé  cet  oiseau 
dans  le  genre  des  oiseaux  de  paradis  ,  seulement  à  cause  de  la 
richesse  de  ses  plumes.  M.  Cuvier  (  règne  animal  )  en  fait 
un  merle  ^  et  M.  Levaillant  le  rapproche  de  X^ipie. 

L'iVsTRAPlE  À  GORGE  d'or,  Aslrapia  gularis^  Vieil,  \paradisea 
gularis,  Lath.,  Ois.  dorés,  pi.  8  et  9,  sous  le  nom  de  Paradis 
à  gorge  d'or.  La  grosseur  de  ce  bel  oiseau  est  celle  du 
choucas^  et  sa  longueur  de  28  pouces,  dont  la  queue  ea 
a  21  ;  elle  est  composée  de  12  pennes  très-étagées  ;  la  plus 
extérieure  de  chaque  côté  n'a  que  5  pouces  de  long  ;  deux 
touffes  de  plumes  longues  et  soyeuses  partent  du  dessus  des 
yeux ,  s'étendent  sur  les  côtés  du  cou  ,  et  forment  dans  l'oi- 
seau parfait  une  double  huppe  qui  dépasse  la  tête  ;  celle-ci 
est  d'un  noir  à  reflets  ;  les  plumes  de  l'occiput ,  du  dessus 
du  cou  ,  du  haut  du  dos ,  sont  d'un  vert  doré  changeant  en 
violet ,  selon  la  direction  du  jour;  ces  plumes  étroites  à  la 
base  ,  larges  et  arrondies  à  leur  extrémité  ,  sont  couchées 
les  unes  sur  les  autres  comme  des  écailles  de  poisson  ;  celles 
de  la  gorge  et  des  côtés  ont  la  même  conformité,  présentent 
sous  divers  aspects  des  reflets  dorés  et  de  couleur  de  cuivré 
de  rosette ,  et  forment  sur  le  bas  de  la  gorge  une  espèce  de 
hausse -col  très-éclatanl  ;  un  très-beau  vert  couvre  les  côtés 
du  ventre  et  de  la  poitrine;  les  pennes  primaires  des  ailes 
sont  noires  ;  cette  couleur  se  change  en  violet  sur  les  secon- 
daires ;  les  pennes  de  la  queue  ont  les  barbes  extérieures 
noires  ,  et  les  intérieures  violettes  ;  les  intermédiaires  sont 
d'un  beau  violet  velouté  ;  vues  de  face  ,  elles  prennent  une 
belle  teinte  noire  ,  ondée  vers  leur  extrémité  ,  et  offrent  à 
l'œil  cette  fleur  chatoyante  des  couleurs  de  diverses  prunes 
violettes  à  l'époque  de  leur  maturité  ;  toutes  sont  en  des- 
sous d'un  beau  marron.  La  femelle ,  dont  M.  Levaillant  a 
publié  la  figure ,  est  noire,  plus  petite,  et  est  privée  du  luxe 
et  de  la  magnificence  que  présente  le  plumage  du  mâle.  On 
les  trouve  à  la  Nouvelle-Guinée,  (v.) 

ASTRE.  Ce  mot  sert  à  désigner  en  général  les  corps  cé- 
lestes ,  c'est-à-dire ,  le  soleil ,  la  lune  ,  les  planètes  ,  les 
comètes  et  les  étoiles.  Tous  ces  corps  sont  à  des  distances  si 
considérables  de  notre  globe  ,  que  tous  ,  excepté  le  soleil  et 
la  lune  ,  étant  regardés  à  la  vue  simple  ,  ne  paroissent  que 
comme  des  points  ;  mais,  à  l'aide  du  télescope,  on  distingue 
dans  un  certain  nombre  un  disque  d'une  dimension  sensible. 
Les  étoiles  seules  paroissent  encore  comme  des  points,  même 
dans  ces  instrunaens ,  ce  qui  montre  qu'elles  doivent  être  à; 


38  A  S  T 

une  prodigieuse  distance  de  la  terre,  puisqu'un  f^rossiatement 
deccntoude  deux  cents  fois, ne  produitaucunedifférence sen- 
sible dans  leur  aspect.  Le  soleil  et  les  étoiles  sont  les  seuls 
corps  célestes  lumineux  par  eux-mêmes,  les  autres  ne  le 
sont  que  par  la  lueur  qu'ils  reçoivent  des  premiers.  Le 
groupe  de  planètes  qui  est  éclairé  par  notre  soleil ,  forme 
le  système  planétaire  dont  nous  faisons  partie.  La  rondeur  de 
ces  corps  et  leur  opacité  montrent  qu'ils  sont  solides  comme 
Ja  terre.  On  a  reconnu  aussi  dans  leurs  mouvemens  les  effets 
d'une  attraction  réciproque  (  F.  Attraction)  ,  et  l'on  juge 
de  leur  masse  par  l'énergie  des  attractions  qu'ils  exercent. 
En  comparant  cette  masse  à  leur  volume  conclu  de  la  gran- 
deur sous  laquelle  leur  disque  paroît  à  la  distance  où  ils  se 
trouvent  ,  on  peut  calculer  la  densité  moyenne  des  subs- 
tances qui  les  composent.  On  sait  ainsi  que  les  uns  sont 
plus  denses  que  notre  globe,  et  les  autres  moins  denses.  On 
peut  aussi  présumer  quils  sont  formés  de  substances  analo- 
gues à  la  terre  ;  car  par  intervalles  il  tombe  ici  bas  des  masses 
solides  qui ,  probablement ,  ne  sont  que  de  petits  astres  ar- 
rêtés dans  leur  cours  et  engagés  dans  l'atmosplière  de  la 
terre;  or,  ces  corps  ne  contiennent  que  des  substances  que  l'on 
trouve  aussi  sur  notre  globe.  Quant  aux  dimensions  des 
astres,  elles  sont  extrêmement  inégales.  Notre  terre  ,  con- 
sidérée comme  un  de  ces  astres  ,  est  un  des  plus  petits  ;  et 
le  soleil  est  incomparablement  le  plus  gros  de  tous  ceux  qui 
composent  notre  système  planétaire.  Si  le  centre  du  soleil 
étoit  supposé  placé  au  point  où  se  trouve  le  centre  de  la 
terre  ,  la  surface  de  cet  astre  s'étendroit  une  fois  au-delà  de 
l'orbe  de  la  lune  ,  c'est-à-dire  ,  à   cent  vingt  mille  lieues. 

(biot.) 

ASTRKE  ,  Astrca.  Genre  de  polypier  pierreux  ,  établi 
par  Lamarck  aux  dépens  des  madrépores  de  Linnseus.  Son 
caractère  est  d'être  crustacé  ,  en  masse  glomérulée  ,  ou  en 
expansion  lobée  ,  subfoliacée  ,  ayant  sa  surface  supérieure 
parsemée  d'étoiles  lamelleuses  et  sessiles. 

Ce  genre  se  divise  en  deux  sections. 

La  première  renferme  les  asirées  qui  ont  les  étoiles  sépa- 
rées ;  elle  a  pour  type  le  Madrépore  rotuleux  ,  figuré  pi. 
55  de  l'ouvrage  posthume  publié  par  Ellis,  de  Solander. 

La  seconde  renferme  les  asirées  dont  les  étoiles  sont  conti- 
guës  ;  elle  a  pour  type  le  Madrépore  galaxe  ,  figuré  pi.  ^9? 
lig.  2  ,  du  même  ouvrage.  V.  au  mot  Madrépore. 

On  appelle  Astroïtes  les  astrées  fossiles.  V.  ce  mot.  (b.) 

ASTKEPHIE  ,  AstrepJiia.  Genre  établi  aux  dépens  des 
Valéria>'ES  ,  mais  qui  n'a  pas  été  adopté  par  tous  les  bota- 
nistes, (b.) 


A  s  T  39 

ASTRÎLD.   V.  SÉNÉGALI,  auinOtFRI!<fGILLE. 

ASTROBLEPE  ,  AstroUepus.  Poisson  de  la  rivière  de 
Cauca  ,  près  Popayan  ,  dans  l'Amérique  méridionale  ,  ob. 
il  a  été  observé  par  Humboldt,  qui  seul  constitue  ,  selon  lui 
(Observations  de  zoologie,  faisant  suite  à  son  important 
voyage  dans  cette  contrée  )  ,  un  genre  dans  l'ordre  des 
Apodes. 

Les  caractères  de  ce  nouveau  genre  sont  :  corps  aplati  , 
s' amincissant  vers  la  queue  ;  tête  grosse  ,  obtuse  ;  deux  bar- 
billons à  la  lèvre  supérieure  ,  qui  est  plus  grosse  et  forme  un 
pli  ;  point  de  dents  ni  de  langue  -,  narines  grandes  ,  à  bords 
membraneux  ;  yeux  placés  au-dessus  de  la  tête  et  fort  petits  ; 
membre  des  ouïes  à  quatre  rayons  ;  deux  rayons  dentelés  à 
toutes  les  nageoires  ;  la  nageoire  anale  plus  rapprochée  de 
la  tête  que  de  la  queue. 

Ce  poisson ,  dont  on  mange  beaucoup  à  Popayan  ,  est 
d'un  vert  noir.  Il  ne  se  trouve  que  dans  la  partie  de  la  ri- 
vière Picite  ,  la  plus  voisine  de  cette  ville ,  parce  qu  il  se 
mêle  plus  haut  dans  ses  eaux,  celles  d'un  ruisseau  chargées 
d'acide  sulfurlque ,  descendant  du  volcan  de  Purau  ,  qui  fait 
mourir  tous  les  êtres  vivans.  (b.) 

ASTROIN  ,  Asironium.  C'est  un  arbre  de  moyenne  gran- 
deur, qui  laisse  fluer  un  suc  glutineux  ,  d'une  odeur  désa- 
gréable ;  ses  feuilles  sont  ailées  avec  une  impaire  et  compo- 
sées de  sept  folioles  ovales,  oblongues;  ses  fleurs  naissent  en 
panicules  éparses  vers  le  sommet  des  rameaux  ;  elles  sont 
petites  ,  rougeâtres  et  dioïques  ;  leur  calice  est  composé  de 
cinq  petites  folioles  ovales;  leur  corolle  de  cinq  pétales.  Elles 
ont  cinq  étamines  dans  les  pieds  mâles  ,  et  un  ovaire  supé- 
rieur ,  ovale ,  chargé  de  trois  styles  courts  et  réfléchis  , 
dans  les  pieds  femelles. 

Le  fruit  consiste  en  une  seule  semence  renfermée  dans  le 
calice,  qui  grossit  avec  elle  ;  cette  semence  est  laiteuse.  C'est 
à  Jacquin  qu'on  doit  la  découverte  de  cet  arbre  ,  qu'il  a 
trouvé  dans  les  bois  du  Mexique,  (b.) 

ASTROÏTES  ou  ASÏRÉES  FOSSILES.  Ce  madré- 
pore est  un  de  ceux  qu'on  trouve  le  plus  fréquemment  pétri- 
fiés. La  plupart  de  nos  marbres  en  contiennent ,  et  l'on  en 
trouve  beaucoup  dans  les  pierres  calcaires  tendres  ,  d'où  il 
est  possible  de  les  dégager.  Le  marbre  de  Rance ,  dans  le  Hai- 
naut ,  en  est  rempli  ,  de  même  que  le  marbre  gris  de  Cham- 
pagne. Les  marbriers  appellent  les  petites  étoiles  de  ce  fos- 
sile des  yeux  de  perdrix. 

Les  astrées  convertis  en  silex  ou  en  agate  ne  se  rencon- 
trent pas  dans  beaucoup  d'endroits  ;  on  n'en  connoît  guère 


4o  A  S  T 

en  Fiance  qu'aux  environs  de  Besançon  et  de  Gray  ,  à  Novi 
près  de  Kelhel ,  à  Touque  et  à  Laigie  en  Normandie.  Les 
environs  de  Baie  en  offrent  aussi  quelques-uns. 

Les  astrdiles  calcaires  sont  beaucoup  plus  fréquens  ,  et  l'on 
en  trouve  dans  diverses  contrées  de  la  France  ,  notamment 
à  Rethei ,  à  Chaumont  en  Champagne  ,  à  Lisy  près  de 
Meaux  ,  à  l'Abbaye-du-Val  près  de  TIle-Adam  ,  à  Gri- 
gnon  près  de  \ersailles,  à  Molesne  près  de  Ton- 
nerre ,  etc. 

On  en  trouve  aussi  assez  abondamment  dans  les  carrières 
de  la  montagne  de  Saint-Pierre  de  Maeslricht. 

Ceux  de  Molesne  se  présentent  avec  une  singularité  remar- 
quable. Ils  ne  sont  point  comme  à  l'ordinaire  noyés  dans  la 
pierre  ;  au  contraire  ,  la  pierre  offre  des  cavités  d'une  forme 
sphériquc  ou  ovoïde  de  quelques  pouces,  et  jusqu'à  un  pied 
de  diamètre  :  ces  cavités  sont  comme  de  petites  grottes  dé- 
corées à'astru'Ues  et  de  plusieurs  autres  zoophytes.  Ou  cerne 
la  pierre  tout  autour  de  ces  cavités  ,  de  manière  à  leur  lais- 
ser Hne  espèce  de  coque  d'un  doigt  d'épaisseur  :  ce  sont  ces 
géodes  qu'on  nomme  œufs  de  Molesne. 

On  trouve  aussi  des  astruùes  dans  la  pierre  calcaire  de 
Laferrière-Larron  ,  dans  la  Touraine  ,  à  douze  lieues  au 
sud-sud-est  de  Tours  ;  en  Bourgogne  ,  aux  environs  de  Dijon, 
de  Fontaine-Française  et  de  Màcon  ;  à  Mortagne  ,  dans  le 
Perche  ;  à  Dun  et  à  Saint-Michel  dans  le  Barrois  ,  de 
même  qu'aux  environs  de  ïoul  et  de  Verdun  ,  où  ils  sont 
prodigieusement  abondans. 

La  partie  méridionale  de  la  France  en  offre  également 
dans  plusieurs  endroits  ,  notamment  aux  environs  de  Dnx  , 
dans  les  Landes;  à  Châtillon-sur-Dordognc  ;  à  Gabian, 
près  de  Béziers  ,  etc.  (pat.) 

ASTROLE.  Nom  français  donné  par  Lamarck  au 
genre  PoLYCLiNON  de  Savigny.  (b.) 

ASTROLEPAS.  Nom  d'une  espèce  de  Patelle,  (b.) 

ASTROLOGUE.  Poisson  du  genre  Uranoscope.  (b.) 

ASTROLOME  ,  Astroloma.  Genre  établi  par  R.  Brown, 
mais  qui  ne  paroît  pas  suffisamment  distinct  des  StyphÉlies, 
et  encore  moins  des  Yenteisaties  de  Cavan^les.  (b.) 

ASTROLOPODION  ,  Astrohpodmm.  Genre  établi  par 
R.  Brown  ,  pour  placer  I'Antiiéric  réticulé  d' Andrews  , 
et  trois  autres  espèces  de  plantes  également  originaires  de  la 
Nouvelle-Hollande.  11  lui  donne  pour  caractères  :  corolle  de 
six  parties,  dont  trois  intérieures  frangées  et  caduques  ;  six 
élamines  à  filamcos  barbus  ;  ovaire  supérieur  à  style  hispidei 


A    .S    1  ^, 

capsule  globuleuse  à  trois  loges  et  à  trois  valves  contenant  un 
petit  nombre  de  semences  anguleuses,  (b.) 

ASTROPHYTE.  F.  Eî^CRI^E  (b.) 

ASTROPHYTON,  Astrophyton.  Genre  établi  par  Lînck , 
pour  placer  toutes  les  Astéries  très-branchues.  Lamarck  Ta 
appelé  EuRiALE.  (b.) 

AS T URINE,  Asturina.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux 
AcciPiTRES  et  de  la  famille  des  Accipitrins.  V.  ces  mots. 
Ca7fl6/è/fi  :  bec  grand  ,  très-robuste,  presque  droit  et  garni 
d'une  cire  à  la  base  ,  comprimé  latéralement  ,  convexe  en 
dessus  ;  mandibule  supérieure  à  bords  dilatés  en  forme  de 
dent  vers  le  bout,  très-crochue,  très-aiguë;  l'inférieure  plus 
courte  ,  droite ,  émoussée  ;  narines  lunulées  ;  tarses  courts  , 
un  peu  grêles  ;  doigts  extérieurs  unis  à  !a  base  par  une  mem- 
brane -,  ongles  allongés,  très  -  crochus  ,  acuminés  ;  ailes 
moyennes  ;  la  première  rémige  courte  ;  les  quatrième  et 
cinquième  les  plus. longues. 

L'AsTURiNE  CENDRÉE  ,  Astunim  cinerea  ,  Yieill.  (  Analyse 
d'une  nouvelle  Ornith.  élémenia.'re).  Rst  d'un  gris  cendré  en 
dessus  et  en  dessous,  avec  des  raies  blanches  fines  et  trans- 
versales sur  toutes  les  parties  inférieures  ;  les  grandes  pennes 
des  ailes  sont  barrées  de  cendré  foncé  ei  de  noirâtre;  les 
couvertures  inférieures  de  la  queue  blanrhes  en  dedans  et  à 
l'extrémité;  les  supérieures  terminées  «■■  Manc  ;  les  pennes 
cendrées  à  l'extérieur  ,  blanches  du  cit  •  interne  et  à  la 
pointe  ,  et  coupées  en  travers  par  deux  ï  i.-ges  bandes  noires. 
Le  bec  est  bleuâtre  en  dessus  et  jaunâtre  «ui  dessous  ;  la  cire 
bleue  ;  les  pieds  sont  jaunes  et  les  ongles  noirs.  Longueur 
totale  ,  quinze  pouces. 

La  femelle  a  cinq  pouces  de  plus.  Le  dessus  des  pennes 
alaires,  avec  de  grandes  taches,  en  forme  de  raies  d'un  gris 
foncé  ,  et  noires  :  ces  mêmes  taches  sont  d'un  gris-blanc  en 
dessous  ,  et  étroites  sur  les  pennes  secondaires  ,  dont  le  des- 
sous est  gris  et  rayé  transversalement  de  noirâire  ;  la  queue 
est  traversée  par  six  larges  bandes  ,  dont  trois  noires  et  trois 
grises  ,  et  est  terminée  de  gris  blanc- 

On  trouve  ces  oiseaux  à  Cayenne. 

L'AsTURINE  A  PIEDS  BLEUS^  ,  Asturina  cyanopus,  Vieill.  , 
Falco  cayanensis ,  Lath.  ,  pi.  enl.  de  Buff  ,  n.°  l^.']'^  ,  sous  le 
nom  de  petit  Autour  de  Cayeune  ,  a  des  rapports  avec  la  précé- 
dente ;  cependant  je  crois  que  c'est  une  espèce  dis^-nf ie  Elle 
a  seize  pouces  de  long  ;  la  tête  et  le  rou  d'un  giis  LJ;  Ure  ; 
le  dos,  les  couvertures  des  ailes  dan  cendré  obsci  i  ,  les 
grandes  pennes  noires ,  les  moyennes  avec  .les  rai.  •  de 
cette  même  teinte;  la  gorge  et  toutes  les  parties  postérituies 
blanches  ;  la  queue  traversée  par  plusieurs  bandeS  ,  alterna- 


42  ATI 

tivement  noires  et  blanclies  ;  le  bec  et  les  pieds  Lleus ,  les 
oogles  noirs. 

Je  rapproche  de  cette  asiuiine  les  trois  individus  suivans  , 
comme  variétés  d'âge  ou  de  sexe.  Peut-être  me  trompé-je  ; 
car  je  ne  les  juge  que  d'après  leur  dépouille. 

Le  premier  est  gris  sur  la  tête  et  sur  la  nuque ,  brun  sur 
les  autres  parties  supérieures  ,  et  blanc  sur  toutes  les  infé- 
rieures ;  la  queue  est  traversée  par  quatre  bandes  alternati- 
vement brunes  et  blanches. 

Le  second  ne  diffère  qu'en  ce  que  la  teinte  brune  est  pres- 
que noire. 

Le  troisième  me  semble  être  un  jeune.  Il  a  la  tête  grise  , 
le  corps  blanc  ,  varié  en  dessus  de  grandes  taches  brunes , 
qui ,  en  dessous  ,  sont  remplacées  par  de  larges  bandes  trans- 
versales de  la  même  couleur. 

Ces  oiseaux  se  trouvent  à  Cayenne.  (v.) 

ASWANA.  Espèce  de  Spermacoce.  (b.) 

ATACAMITE.  Les  minéralogistes  étrangers  ont  donné 
ce  nom  au  cuivre  murlaié  piihérulent.  Il  est  tiré  du  désert  d'A- 
tacama ,    au  Chili.  V.  Cuivre  muriaté.  (luc.) 

ATAGAS  ,  ATTAGEN.  Nom  du  Lagopède  en  habit 
d'été  ,  selon  Mauduit  ;  mais  c'est  une  espèce  particulière , 
suivant  Buffon.  (v.) 

ATACiOouATTAGAS.  Noms  corrompus  de  celui  A' alla- 
genne,  que  Ton  donne  à  Vatfagos  oulaf^opède.  Il  en  est  de  même 
des  dénominatioiis  atacnigi  et  aricmigi.  V.  Lagopèdes,  (v.) 

ATAJA.  C'est  un  Holacantiie.  (b.) 

ATAK.  C'est,  au  Groenland,  l'un  des  noms  du  Phoque  À 

CROISSATST.  (DESM.) 

ATALANTE.  V.  Nymprale. 

ATALANTIE  ,  Atalantia.  Genre  de  plantes  de  la  famille 
des  Hespéridées.  (b.) 

ATAPALGATL.  Nom  mexicain  d'une  espèce  do  sar- 
celle, (s.) 

■  ATALAPHE,  Atalapha.  Genre  de  mammifères  de  l'ordre 
des  chéiroptères  et  de  la  famille  des  chauve-souris,  fondé  par 
M.  Raffinesque-Schmalz  ,  naturaliste  sicilien. 

Les  atalapJies  paroissent  avoir  beaucoup  de  rapports  avec 
les  chauve-souris  proprement  dites  ,  ou  vesperliUons ,  ainsi 
qu'avec  les  molosses  et  les  iiYcUnomes.  Leur  face  est ,  c/>mme 
celle  de  toutes  les  espèces  comprises  dans  les  trois  genres 
que  nous  venons  de  citer  ,  dépourvue  de  ces  crêtes  ou  pro- 
ductions membraneuses  ,  qui  se  font  principalement  remar- 
quer dans  les  phyllostomes  et  les  rliinoloplies. 

Leurs  molaires  à  tubercules  aigus  les  font  ressembler  éga- 


A  T  E  43 

lement  aux  unes  et  aux  autres  ,  et  les  séparent  tics  roxissettes. 

Leur  queue  ,  dont  l'extrémité  dépasse  la  membrane  inter- 
fémorale qui  l'enveloppe  à  sa  base  ,  est  en  cela  semblable  à 
celle  des  nyciinomes  et  des  molosses. 

C'est  donc  de  ces  deux  genres  que  les  atalaplies  se  rappro- 
chent davantage  ;  mais  ils  en  diffèrent  cependant,  ainsi  que 
de  tous  ceux  qui  composent  la  famille  des  chéiroptères  ,  par 
r absence  totale  d'incishes  dans  les  deux  mâchoires. 

Néanmoins  ,  avant  d'admettre  pour  toujours  l'existence  du 
genre  atalapha ,  il  sera  nécessaire  d'avoir  quelques  observa- 
tions précises  sur  la  composition  du  système  dentaire  des 
animaux  qu'on  y  place.  On  sait ,  par  exemple  ,  que  dans  les 
vespeHilions ,  les  incisives  supérieures  tombent  quelquefois. 
N'est-il  pas  possible  que  pareil  accident  soit  arrivé  aux  indi- 
vidus qui  ont  servi  aux  descriptions  des  deux  espèces  d^atala- 
phes  que  M.  Raffinesque  admet ,  et  dont  il  n'a  vu  qu'une  seule? 

1.^^  Espèce.  —  Atalaphe  de  Sicile,  Atalapha  sicula.i'KvLÏi.., 
a  les  oreilles  de  la  longueur  de  la  tcte  ,  et  munies  d'un  oreil- 
lon  la  lèvre  inférieure  ;  supportant  une  verrue  ;;  le  corps 
roux,  brunâtre  en  dessus  ,  roux  cendré  en  dessous  ;  les  ailes 
et  le  museau  noirâtres  ;  la  queue  saillante  par  une  pointe 
obtuse. 

Cette  espèce  ,  trouvée  en  Sicile  ,  nous  paroît  certaine- 
ment nouvelle  ,  quand  même  elle  n'apparliendroit  pas  au 
genre  atalaphe. 

2.^  Espèce.  —  Atalaphe  d'Amérique,  Atalapha  amencana , 
Raff  ,  Vespertilio  noi'eboracensis  ,  Linu.  —  PennanT  ,  syn. 
quadr.  p.  867  ,  pi.  3i  ,  fig.  2. 

Cette  chauve-souris,  placée  par  M.  Geoffroy  dans  le 
genre  des  vespertilions  ,  a  les  oreilles  courtes  ,  larges  et  ar- 
rondies ;  la  queue  longue  et  pointue  ,  en  entier  comprise  dans 
la  membrane  inter-fémorale  ,  qui  est  velue  en  dessus ,  et 
brune  comme  le  dos  et  le  cou  ;  le  ventre  est  pâle  ,  et  l'on 
remarque  une  tache  blanche  à  1»  base  de  chaque  aile. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  du  nord  ,  et  particulière- 
ment à  New-Yorck.  (desm.) 

ATAMARAM.   F.  Corossolier  à  fruits  écailleux. 

(B.) 

ATAX.  V.  Hydrachne.  (l.) 

ATCHAR.  Nom  qui  se  donne,  dans  l'Inde  ,  à  tous  les 
fruits  verts  et  bourgeons  de  plantes  confits  dans  le  vinaigre  » 
et  mêlés  de  piment,  d'ail,  de  gingembre  ,  etc. 

Les  atchars  ne  diffèrent  donc  des  Cornichons  que  par  l'es- 
pèce de  fruits  qui  entrent  dans  leur  composition,  (b.) 

ATE    ou   ATAS.    Fruit  du  corossolier  à  fniils    écailleux. 

(B.) 


4^1  A  T  E 

ATEGOCUDO.   Nom  du  Laurose   antidyssentéri- 

^UE.  (B.) 

AÏEIRA.  C'est  le  fruit  du  Corossolier  À  fruits  écail- 

IJEUX.  (b.) 

ATÈLE ,  Ateles  ,  Geoff.  Genre  de  mammifères  de  l'ordre 
des  quadrumanes  et  de  la  famille  des  Sièges,  renfermant 
plusieurs  espèces ,  toutes  de  l'Amérique  méridionale. 

Ce  genre  ,  établi  par  M.  Geoffroy  {Atm.  mus.^  tom.  7)  ,a 
été  adopté  par  IlHger  {ProJr.  s^st.  mavim.  el av.). 

Tontes  les  espèces  qu'il  renferme  présentent  les  caractères 
suivans  :  leurs  formes  générales  sont  à  peu  près  celles  des  sa- 
pajous ,  à  cela  près  que  leurs  membres  sont  beaucoup  plus 
effilés  et  leur  corps  plus  mince  que  celui  de  ces  singes  ; 
leur  tête  est  ronde  ,  sans  crêtes  occipitales  ou  surcilières 
sensibles;  leur  visage  d'aplomb  et  nu;  leur  angle  facial 
d'enrv'iron  soixante  degrés  ;  leurs  molaires  au  nombre  de  six 
de  chaque  côté,  à  l'une  et  à  l'autre  mâclioire  ,  et  tuber- 
culeuses ;  leurs  narines  écartées  ;  leur  bouche  sans  abajoues  ; 
leurs  fesses  velues,  etc. 

Mais  ce  qui  les  distingue  particulièrement ,  outre  leur  mai- 
greur naturelle ,  c'est  que  le.urs  mains  antérieures  sont  dépourvues 
de  pouce,  et  n'ont  que  quatre  doigts  très-grêles  ;  de  plus,  leur 
queue  excessivement  longue,  qui  est  très-mohile ,  est  éminemment 
prenante  :  elle  a  son  extrémité  tout-à-fait  dépourvue  de  poil 
on  dessous,  et  couverte  d'une  peau  en  tout  semblable  à  celle 
de  la  face  interne  des  doigts  de  l'homme. 

Par  ce  dernier  caractère  ils  se  rapprochent  des  Alouates 
ou  singes  hurleurs  ;  mais  ceux-ci  s'en  éloignent  beaucoup  d'ail- 
leurs par  la  forme  pyramidale  de  leur  tête  ,  le  peu  d'ouver- 
ture de  leur  angle  facial,  qui  n'est  que  de  trente  degrés  ,  la 
hauteur  démesurée  de  leur  mâchoire  inférieure  et  le  volume 
énorme  du  coi-ps  de  leur  os  hyoïde  ,  qui  est  ossifié  et  creux 
comme  un  tambour.  Les  aièles  n'ont  point  cet  os  apparent  au 
dehors ,  mais  ,  toutefois  ,  i\  est  un  peu  rentlé  et  demi-caver- 
neux. 

La  tête  osseuse  de  ces  singes ,  est  assez  semblable,  pour  ses 
fonnes  générales,  à  celle  des  orang-outangs  cependant  l'oc- 
ciput présente  un  méplat  assez  sensible.  L'os  de  la  pommette 
otfre  ,  dans  son  milieu  ,  un  trou  assez  large  ;  les  yeux  sont 
grands,  el  les  oreilles,  assez  semblables  à  celles  de  l'homme, 
sont  arrondies  et  bien  bordées  dans  leur  contour  supérieur  ; 
les  bras  et  lesmains  atteignent  presque  auj,chevillcs  des  pieds 
lorsque  l'animal  est  dans  une  position  droite  ;  le  pouce  est 
remplacé  sous  la  peau  par  une  fort  petite  phalange  qui  fait 
au  dehors  une  très-légère  saillie  ;  les  jambes  sont  un  peu  plus 
tourtes  que  les  exlréniilcs  anlérieures  ;  la  queue  ,  Irès-mo- 


A  T  E  45 

bile  ,  est  formée  d'un  très-grand  nombre  de  vertèbres  (3o  ou 
Sa),  et  ces  vertèbres  ont  cbacune,  à  leur  face  inférieure  et  à 
la  base  de  leur  corps,  deux  petites  proéminences  entre  les- 
<juelles  passent  les  tendons  des  muscles  fléchisseurs. 

Les  formes  grêles  des  aûles  leur  ont  valu  le  nom  de  singes- 
araignées.  Ils  habitent  tous  l'Amérique  méridionale ,  où  ils 
vivent  à  la  manière  des  sapajous,  c'est-à-dire,  qu'ils  se  tiennent 
en  troupes  sur  les  arbres  ,  aux  branches  desquels  ils  s'accro- 
chent avec  leur  queue ,  qui  leur  sert  comme  de  cinquième 
main.  Ils  sont  d'un  naturel  doux  et  moins  pétulant  que  celui 
de  la  plupart  des  autres  espèces  de  singes;  ils  sont,  en  appa- 
rence ,  plus  lents  et  moins  adroits.  Ils  vivent  de  fruits  de  pal- 
mier, et  quelquefois  de  racines,  et  même  de  vers  et  d'in- 
sectes. 

On  a  prétendu  qu'ils  alloient  chercher  les  petits  crustacés 
sous  les  pierres  et  les  rochers  du  bord  de  la  mer  ,  à  l'aide  de 
leur  queue  ,  et  qu'ils  portoient  leurs  alimcns  à  leur  bouche 
avec  cette  même  queue.  On  a  dit  aussi  {Darosia)  que  lorsqu'ils 
vouloient  traverser  un  ruisseau  un  peu  large  ,  ils  choisissoient 
un  point  où  se  trouvoient  deux  arbres  assez  élevés,  l'un  placé 
d'un  côté,  l'autre  du  côté  opposé;  qu'ils  forxnolent  une  chaîne 
en  s'accrochant  par  leur  queue  les  uns  aux  autres  ,  le  premier 
étant  fixé  sur  une  branche  haute  ,  assez  forte  pour  les  porter 
tous  ;  qu'ensuite  le  dernier  donnoit  à  toute  la  chaîne  un  mou- 
vement de  balancement  qui  devenoit  progressivement  plus 
considérable,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  atteint  une  des  branches  de 
l'arbre  de  la  rive  opposée  ,  et  qu'alors  celui-ci  attiroit  à  lui 
toute  la  troupe.  Tous  ces  faits  sont  loin  d'être  constatés  suffi- 
samment pour  qu'on  doive  y  ajouter  une  gi'ande  foi. 

En  domesticité,  ces  animaux  s'attachent  assez  volontiers 
à  leurs  maîtres.  Ils  sont  frileux  ,  et  cherchent  à  se  réchauffer 
en  se  mettant  dans  les  bras  les  uns  des  autres  et  en  s'entouranC 
réciproquement  de  leur  longue  queue  ,  qui  s'enroule  autour 
d'eux,  d'autant  plus  que  leur  corps,  et  surtout  leur  ventre,  est 
très-mince.  Lorsqu'ils  sont  assis  ,  leur  queue  est  presque  tou- 
jours en  mouvement,  et  recourbée  en  spirale  à  son  extrémité. 
Sa  longueur  excessive  semble  ,  en  quelque  façon  ,  les  gêner. 
Les  naturalistes  et  les  voyageurs  modernes  ne  leur  ont  ja- 
mais vu  porter  leur  nourriture  à  la  bouche  qu'avec  leurs 
mains.  Une  voix  foible  et  flùtée  ,  leur  a  fait  quelquefois  don- 
ner le  nom  de  singes  sifjleurs. 

Le  type  de  ce  genre  est  le  codiia  (  simia  paniscus ,  Linn.  ), 
auquel  M.  Geoffroy  a  joint  quelques  espèces  nouvelles,  dont 
plusieurs  ont  été  observées  en  Amérique  par  M.  de  Humboîdt. 

Première  Espèce.  —  L'AtÈLE  chamek,  Ateles  penladactyhis  , 
GeofT.,  Ann.  du  Mus.  Il  est  de  la  taille  du  coaïta  ,  c'est-à-dire  , 


46  AT  E 

qu'il  a  un  pied  et  demi  environ  de  longueur.  Son  poil  est  gros- 
sier ,  long,  assez  rare  ,  et  d'un  noir  très-foncé.  Celui  du  der- 
rière de  la  tête  est  dirige  vers  la  face,  qui  est  nue  et  brunâtre  ; 
celui  des  avant-bras  se  porte  vers  la  main. 

Son  caractère  principal  consiste  en  ce  qu'il  a  un  petit  ru- 
diment de  pouce  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  les  autres  espè- 
ces. Dans  le  coaïta  surtout ,  dont  il  est  le  plus  voisin  ,  l'os 
métacarpien  du  pouce  est  de  moitié  moins  long  que  celui  de 
l'indicateur  ou  premier  doigt  après  le  pouce  ,  et  la  phalange 
qui  le  suit  n'a  pas  le  cinquième  de  sa  longueur  :  ces  deux  os 
sont  d'ailleurs  assez  grcles.  Dans  le  chamek ,  le  métatarsien 
n'est  pas  plus  allongé,  mais  il  est  plus  épais  :  la  phalange  ,  au 
contraire  ,  est  plus  longue  ,  et  son  extrémité  beaucoup  plus 
large  que  celle  du  coaïta. 

M.  Geoffroy  a  trouvé  aussi  quelques  différences  ostéologi- 
ques  entre  les  têtes  du  codîta  et  du  chamek. 

Buffon  regardoit  ces  animaux  comme  étant  de  même  espèce , 
bien  qu'il  se  fût  aperçu  néanmoins  de  la  différence  que  pré- 
sentent leurs  pouces  antérieurs.  Le  chamek  dont  il  donne  une 
description,  provenolt  de  la  côte  de  Bancet,  au  Pérou;  celui 
que  décrit  M.  Geoffroy  ,  est  de  la  Guyane. 

On  ne  sait  rien  de  particulier  sur  les  habitudes  naturelles 
de  cette  espèce. 

Deuxième  Espèce. — L'AtÈle  COAïTA,  Ailles paniscus^  Geoff.; 
Coa'i'ta,  Buff.,  tom.  iS, pi.  i.  F.  pi.  B.  i6  de  ce  Dict.  Très-voisin 
du  précédent,  en  diffère  cependant  par  les  caractères  que  nous 
avons  rapportés.  Il  est  entièrement  noir;  son  poil  est  sec  et 
rude  ;  sa  face  cuivrée.  Il  n'a  point  de  pouce  aux  mains  antéiieures. 

Les  coditas  habitent  à  la  Guyane  ,  à  Cayenne,  à  Surinam , 
au  Pérou  ,  etc.  Ils  vivent ,  comme  les  sapajous  ,  en  troupes 
assez  considérables.  Les  naturalistes  ont ,  jusqu'à  présent  , 
rapporté  à  leur  espèce  les  notes  que  les  voyageurs  ont  four- 
nies, le  plus  souvent  peut-être,  sur  des  espèces  voisines  ; 
ainsi  nous  ne  saurions  affirmer  si  les  rapports  de  Dampierre 
ont  pour  objet  le  codita  plutôt  que  tout  ^Ire  atèle.  (desm.) 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  voyageur  assure  que,  dans  l'état  sau- 
vage ,  ces  singes  vont  en  grandes  troupes.  Ils  sont ,  dit-il  ^ 
fort  drôles  ,  font  mille  postures  grotesques  ,  sautent  de  bran- 
che en  branche,  leurs  petits  sur  le  dos  ,  font  des  grimaces  aux 
passans  ,  et  cherchent  l'occasion  de  pisser  sur  eux.  Quat>d  ils 
veulent  sauter  d'un  arbre  à  l'autre,  ils  s'attachent  à  la  queue  les 
uns  des  autres  ,  se  brandillent  ainsi  pour  s'élancer  plus  forte- 
ment. Leurs  intestins  sont  remplis  de  vers.  {Voyages  de  Dam- 
pierre ,  t.  4-  ,  p-  225.)  Leur  inielligence  est  assez  étendue  ;  ils 
savent  s'entr'aider ,  et  vivent  en  troupes.  Pour  manger  les 
huîtres  ,  qu'ils  vont  ramasser  sur    les  bords  de  la  mer ,   ils 


A  T  E  47 

écrasent  la  coquille  en  la  frappant  d'une  pierre.  Des  fruits  , 
àes  Insectes,  des  vers,  et,  dit-on  aussi,  des  poissons,  font  leur 
nourriture  ordinaire.  Lorsque  leurs  alimens  sont  abondans, 
ils  deviennent  fort  gras  et  sontbons  à  manger.  Acosta  prétend 
aussi  qu'ils  se  suspendent  à  la  queue  les  uns  des  autres  pour 
traverser  les  rivières.  Ils  mettent  bas  un  ou  deux  petits,  qui  se 
cramponnent  fort  bien  sur  le  dos  de  leur  mère.  Les  coa'iias 
sont  assez  courageux,  attaquent  Ihomme  à  coups  de  branches 
ou  en  lui  jetant  des  fruits.  Ils  arrachent  les  flèches  qu'on  leur 
lance  ;  mais  les  armes  à  feu  les  mettent  bientôt  en  fuite  :  les 
chiens  leur  font  aussi  beaucoup  de  peur.  Si  l'on  jette  une 
pierre  à  ces  singes ,  ils  portent  la  main  à  leur  tête  pour  se  ga- 
rantir du  coup.  (Buffon,  ib.  p.  i53.)  Suivant  Stedmann  (Fb/i^c 
à  Surinam  ,  t.  2  ,  p.  i4-9  •>  trad.  franc.)  ,  lorsqu'on  les  blesse  , 
ils  portent  leur  main  à  la  plaie ,  regardent  couler  leur  sang  , 
et  poussent  des  cris  lamentables  en  appelant  leurs  compa- 
gnons. 

Les  codilas  préfèrent  les  forêts  à  tout  autre  lieu.  On  en  voit 
assez  rarement  en  Europe  ;  cependant  ils  s'apprivoisent  avec 
facilité  ,  et  apprennent  presque  tout  ce  qu'on  leur  enseigne. 

(vire  Y.) 
Troisième  Espèce. —  L'Atèle  belzébuth  ou  beelzébuth  , 
de  Brisson  ;  Aie/es  beelzehiUh,  Geoff.  ,  Ann.  du  Mus.  ,  tom.  7  , 
pi.  16;  marimonda  .,  Humboldt.  Il  faut  se  garder  de  confondre 
ce  singe  avec  le  beelzébuth  de  Gmelin,  qui  n'estque  I'Alouatte 
GUARIBA. ,  ou  l'ouarine.  Quant  à  lui,  il  a  des  caractères  pro- 
pres qui  le  distinguent  des  autres  atèles.  Son  pelage ,  rude 
et  grossier  comme  celui  du  coaïta,  n'est  pas  totalement  noir. 
Dans  les  mâles,  le  ventre  est  jaune  :  dans  les  femelles  et  dans 
les  jeunes  ,  il  est  blanchâtre.  Ses  mains  sont  dépourvues  de 
pouce  ,  comme  celles  du  coaïta  ;  en  quoi  il  diffère  encore 
plus  du  chamek  i|ue  de  ce  dernier  singe.  En  outre  ,  les  poils 
qui  couvrent  la  tête  affectent  une  direction  particulière  :  ceux 
du  front  se  portent  en  arrière  ,  ceux  de  l'occiput  viennent  en 
avant;  ce  qui  forme,  entre  ces  deux  régions,  une  petite 
touffe  relevée.  La  figure  est  nue ,  d'un  brun  rouge  ou  noirâtre, 
à  l'exception  des  paupières  et  du  tour  des  yeux,  qui  sont  cou- 
leur de  chair.  Les  yeux  sont  noirs  :  Toreille  n'a  point  de  tra- 
gus.  Ce  singe  a  quinze  pouces  de  longueur  ,  mesuré  depuis  le 
museau  jusqu'à  l'origine  de  la  queue  :  cette  dernière  partie 
en  a  dix-neuf,   à  elle  seule. 

hes  marîmondas  de  rOrénoque,  qui  appartiennent  à  cette 
espèce  ,  sont ,  selon  M.  de  Humboldt ,  des  animaux  lenis 
dans  leurs  mouvemens  ,  d'un  caractère  doux  ,  mélancolique 
et  craintif ,  mordant  cependant  lorsqu'ils  éprouvent  des  accès 
de  peur ,  et  faisant  alors  la  moue  en  rapprochant  les  commis- 


48  A  TE 

sures  de  leurs  lèvres.  Ils  vivent  en  troupes ,  s'entrelacent 
deux  à  deux  pour  se  réchauffer,  .et  forment  ainsi  des  groupes 
bizarres,  etc. 

C'est  sans  doute  la  couleur  noire  de  ces  animaux  qui  leur 
a  valu  le  nom  de  beelzébuth. 

Quatrième  Espèce.  —  L'AtÈle  CHUVA  ,  Ateles  marginatus  , 
Geoff.  ,  Ann.  du  Mus.  ,  t.  i3  ,  pi.  lo  ,  ou  Atèle  à  face  encadrée  ^ 
du  même;  Chuva,  Humboldt.  Ce  singe  est  aussi  d'un  noir  très- 
foncé;  mais  son  ventre,  au  lieu  (r.'Uj  jaune  ou  blanchâtre  , 
comme  celui  du  bclzébulh  ,  esi  (  du  moins  dans  les  individus 
adultes  )  noir  ,  ainsi  que  le  reste  du  corps.  Son  caractère  dis- 
tinctif  le  plus  remarquable  réside  dans  l'eTcisience  de  poils 
blancs  qui  entourent  la  face  ,  dont  les  plus  petits  et  les  moins 
nombreux  se  trouvent  sur  le  menton  et  les  bords  de  la  bouche, 
et  dont  les  plus  longs  forment  des  touffes  sur  les  côtés  du  vi- 
sage ,  et  un  large  bandeau  sur  le  front ,  qui  se  prolonge  jusque 
vers  le  sommet  de  la  tête.  La  face  est  cendrée  et  presque  sans 
poil. 

M.  de  Humboldt ,  en  décrivant  le  chuoa  ,  dit  que,  dans  le 
mâle  ,  la  moustache  et  le  toupet  sont  jaunâtres  ,  tandis  que 
ces  parties  sont  blanches  dans  la  femelle.  11  dit  aussi  que  le 
chum  a  des  poils  blanchâtres  sur  les  cuisses  et  sur  la  poitrine  ; 
ce  qui  est  un  caractère  dont  M.  Geoffroy  ne  fait  pas  men- 
tion. 

Ce  célèbre  voyageur  a  rencontré  le  chum  dans  la  province 
âe  Jaen  et  de  Bracamoros  ,  sur  les  rives  du  Rio  San-Jago  et 
de  la  rivière  des  Amazones  ,  entre  les  cataractes  d'Yariquisa 
et  de  Patorumi.  Ses  habitudes  ne  diffèrent  pas  de  celles  de  la 
marimonda  ou  hehéhuih  :  il  est  seulement  plus  méciiant.  11 
siffle  en  faisant  la  moue.  Lorsqu'il  est  assis  ,  il  relève  per- 
pendiculairement sa  queue,  dont  il  roule  la  pointe  en  spirale. 
(  Kec.  d'ohs.  zool.  ,  p.  34-1.  ) 

Q'nrjuième  Espèce. — L'AtÈLE  ARACHNOÏDE,  Ateles  arachnoïdes, 
GeoK.,  Ann. duMus.,  t.  i3,  pi.  g. — Edwards  (Gleanures  222). 
Cet  atèle  a  le  poil  assez  généralement  court  et  moelleux  , 
iépais  sur  le  dos  ,  et  d'un  brun  fauve  ou  châtain  ;  plus  long  , 
plus  sec  ,  moins  fourni ,  et  d'un  blanc  sale  ,  légèrement  lavé 
de  jaunâtre  en  dessous  ,  à  l'exception  du  bas  ventre  ,  lequel  , 
ainsi  que  les  fesses,  l'intérieur  des  cuisses  et  des  jambes  de 
derrière  ,  et  le  dessous  de  la  queue  ,  sont  d'un  roux  vif. 

Tels  sont  les  principaux  traits  de  la  description  que  donne 
M.  Geoffroy  ,  d'un  singe  qu'il  a  eu  l'occasion  d'observer  dans 
la  collection  d'Ajuda,  près  de  Lisbonne,  laquelle  se  rapporte 
assez  bien  à  celle  qu'Edwards  a  publiée  d'un  quadrumane 
qu'on  faisoit  voir  à  Londres  sous  le  nom  de  singe-araignée  ,  et 


A    T    E  ^g 

aussi  à  la  notice  que  Brown  {Histoire  de  la  Jamaïque')  nous  a 
transmise  sur  un  singe  à  mains  dépourvues  de  pouce  et  à  pe- 
lage brun  ,  qui  existe  en  Amérique  ,  et  dont  la  chair  est  re- 
cherchée par  les  naturels. 

Dans  son  premier  mémoire  sur  les  aièles ,  M.Geoffroy 
(^Ann.,  t.  7)  admet  avec  doute  dans  ce  genre  qu'il  établit  , 
\e  fuil-botiom  de  Pennant ,  ou  guenon  à  camail  de  Buffon  ,  roi 
des  singes  des  nègres  de  Guinée  ,  on  simia  polycomos  de  Bod- 
daert.  11  se  fonde  sur  ce  que  ce  deniier  naturaliste  dit  que  ca 
singe  ,  qui  habite  Sierra-Leone  en  Afrique  ,  a  les  mains  an- 
térieures dépourvues  de  pouce  et  la  queue  prenante.  Néan- 
moins ,  dans  son  tableau  des  quadrumanes  (  Ann.,  t.  19  )  , 
M.  Geoffroy ,  renonçant  à  cette  première  détermination  , 
adopte  le  genre  Colobe  ,  colobus  ,  d'IUiger  qui  réunit  cette 
espèce  au  simia  femiginea  de  Shaw.    V.  CoLOBE.   (desm.) 

ATÉLÉCYCLE  ,  Atelecydus,  Leach.  Genre  de  crustacés 
de  l'ordre  des  décapodes,  famille  des  brachyures,  section  des 
orbiculaires ,  et  qui  a  pour  caractères  :  Test  presque  orbi- 
culaire  ;  antennes  extérieures  avancées  ,  grosses  et  velues  ; 
seconde  paire  de  pieds  aussi  longue  que  la  suivante  ;  second 
article  des  pieds-mâchoires  extérieurs ,  rétréci  et  prolongé 
en  pointe  au-dessus  de  l'échancrure  ,  servant  d'insertion  à 
l'article  suivant. 

Les  atélécycles  ont  des  rapports  avec  les  crabes  ,  les  ca- 
lappes,  et  surtout  avec  les  ihies.  Ils  ont  le  test  presque  rond, 
dentelé  sur  les  bords,  avec  les  yeux  écartés  ;  les  pinces  anté- 
rieures très-fortes  ,  comprimées  et  velues;  et  la  queue  com- 
posée de  cinq  tablettes  dans  le  mâle  et  de  sept  dans  la  fe- 
melle. Ils  se  tiennent  dans  nos  mers  ,  à  des  profondeurs 
assez  grandes. 

On  en  connoît  deux  espèces  :  la  première  se  trouve  sur  les 
eAtes  d'Angleterre  ;  c'est  rAxÉLÉCYCLE  À  sept  dents  ,  Aiele- 
cyclus  septemdentatus  ,  Leach.  Malac.  podoph.  Brit.  ,  n.°  6 
tab.  II,  cancer  hippa^  Montagu.  L'autre,  l'A.  ensanglanté, 
A.cmentatus^  a  été  observée  à  NoirmoutiersparM.  d'Orbigny, 
qui  me  l'a  communiquée  avec  plusieurs  autres  crustacés  cu- 
rieux de  ces  parages.  Son  test  est  plus  large  ou  moins  circu- 
laire que  celui  de  la  précédente.  Le  cancer  rotundatus  d'Olivi 
iool.  tab.  ^ifig.  2  ,  udriat. ,  est  probablement  le  même  animal. 

,        .  •  (L.) 

ATELEOPODES ,  Ateleopodes.  Nom  de  la  seconde  tribu 
de  l'ordre  des  oiseaux  nageurs.  Caractères  :  trois  doigts  dirigés 
en  avant ,  pouce  nul.  (v.) 

ATÉRINE.  V.  Athérine.  (b.) 

ATERLUSI.  Espèce  d' Aristoloche  de  l'Inde,  (b.) 

m.  4 


5o         .  A  T  E 

ATETERÉ.  Espèce  d'EuPAToiRE.  (l.) 

ATEUCIiUS,  Ateuchus.  Genre  d'insectes  de  Tordre  des 
coléoptères,  section  des  penlamères  ,  famille  des  lamellicor- 
nes, tribu  des  scarabéides,  ne  différant  dugenre  des  bousiers  ^ 
dont  il  a  été  séparé,  que  parla  forme  de  ses  deux  ou  quatre  jam- 
bes postérieures,  qui  sont  longues,  grêles,  presque  cylindri- 
ques, et  peu  ou  point  dilatées  àleurextrémité.  Leurs  antennes 
ont  neuf  articles,  ce  qui  les  dislingue  des  sisyphes.  Tous  leurs 
pieds  ont  des  tarses,  et  par- là  cesinsectes  s'éloignent  àftsoniUs. 

On  ne  voit  point  sur  le  chaperon  des  insectes  de  ce  genre  , 
les  cornes  que  Ton  observe  en  cette  partie  dans  les  autres 
coprophages;  et  c'est  à  ce  caractère  qu'a  fait  allusion  31.  Wé- 
ber,  fondateur  de  ce  genre,  et  que  Sturm  a  aussi  désigné  sous 
le  nom  (ïactinophore.  Ateuchus  est  tiré  du  grec,  et  signifie 
sans  armes  ou  sans  défense. 

Les  ateuchus  faisoicnt  partie  des  scarabées  de  LInnseus  , 
des  bousiers  de  Geoffroy  ,  de  Fabricius  et  d'Olivier.  Ces 
insectes  ont  le  corps  large  ,  ovale  ,  arrondi  ;  le  chaperon 
demi-circulaire  et  souvent  denté ,  crénelé,  ou  du  moins 
■échancré.L'écusson  manque  ou  n'est  pas  apparent;  les  jambes 
antérieures  sont  grandes,  avancéeset  dentées  le  long  du  côté 
extérieur. 

Ces  insectes  ne  se  trouvent  guère  en  Europe  au-delà  du 
'  cinquantième  degré  de  latitude.  Ils  paroissent  propres  aux 
pays  chauds,  à  l'Afrique  spécialement.  Ils  vivent  dans  les 
ordures,  les  excrémens  et  les  fientes  des  animaux.  Aris- 
tote  et  Pline  en  ont  parlé  et  les  Mil  désignés  sous  le  nom 
de  PiLULAiRES ,  parce  qu'ils  forment,  avec  la  fiente  des 
animaux,  une  boule  assez  grosse ,  qu'ils  roulent  avec  leurs 
pattes  postérieures;  cette  boule,  qui  renferme  leurs  œufs, 
est  d'abord  de  consistance  molle  et  de  figure  irrégulière  ; 
mais  à  force  d'être  roulée  ,  elle  se  durcit  et  devient  ronde. 
Lorsqu'elle  a  acquis  assez  de  solidité  ,  l'insecte  la  pousse 
avec  ses  pattes  postérieures  jusqu'au  trou  qu'H  a  creusé 
à  l'aide  de  ses  pattes  antérieures  ,  dont  les  jambes  sont 
fortes  et  armées  de  trois  ou  quatre  dentelures  ,  et  l'y  en- 
fonce ;  elle  sert  de  logement  et  de  nourriture  à  la  larve  qui 
sort  de  l'œuf  C'est  au  commencement  du  printemps  que  l'on 
voit  ces  insectes  occupés  à  rouler  leurs  pilules  ;  quelquefois 
plusieurs  se  réunissent  pour  la  rouler  en  commun  ;  il  arrive 
assez  souvent  que  ,  pendant  ce  travail,  l'un  d'eux  perd  l'équi- 
libre ,  roule  d'un  côté  et  la  boule  de  l'autre  :  et  pendant  le 
temps  qu'il  met  à  se  relever,  elle  devient  la  propriété  du 
premier  qui  s'en  empare.  Dès  qu'il  est  parvenu  à  se  remettre 
sur  ses  pattes,  il  va  à  la  recherche  d'une  autre  pilule  ,  pour 
remplacer  celle  qu'il  a  perdue  ;  et  s'il  n'en  trouve  pas ,  il  tra- 


A  T  H  S, 

vaille  de  nouveau  avec  une  ardeur  infatigable  ,  pour  en  for- 
mer une  autre.  Ces  insectes  sont  peu  fermes  sur  leurs  quatre 
pattes  antérieures  ,  et  lorsqu'ils  sont  sur  le  dos,  ils  ont  beau- 
coup de  peine  à  se  relever;  mais  ils- volent  assez  bien. 

Ce  genre  se  divise  ainsi": 

*  Elytres  sam  élranglement  au  côté  extérieur ,  près  de  leur  base. 

Ateuchus  SACRÉ,  .i.  5fl^er,  Fab.;  Ollv. ,  co/. ,  tom.  i, 
n.o  3  ,  pi.  8 ,  fig.  Sg.  Il  est  noir ,  avec  le  corselet  et  les 
élytres  lisses  ,  et  les  bords  du  chaperon  découpés  en  six 
dents.  Ses  jambes  antérieures  ont  quatre  dents  au  côté  exté- 
rieur, une  polnle  au  bout ,  et  de  très-petites  dents  au  côté 
interne.  Il  se  trouve  au  midi  de  la  France  ,  en  Espagne,  en 
Italie  ,  en  Afrique. 

Cet  Insecte  a  été  nommé  sacré  parce  qu'il  faisolt  partie  du 
culte  religieux  des  anciens  habitans  de  l'Egypte.  Ils  le  ren- 
fermoient  quelquefois  dans  le  cercueil  de  leurs  momies.  Il 
est  représenté  sur  plusieurs  de  leurs  monumens  et  sur  des 
pierres  antiques. 

Ateuchus  large  col,  Aieuchus  IdticolUs,  Fab.  ;  Oliy.  Ibid. 
pi.  ^  ifig.  68.  Il  est  un  peu  plus  petit  que  le  précédent,  et 
n'en  diffère  que  par  ses  étuis  sillonnés.  11  se  trouve  dans  les 
mêmes  lieux. 

Ateuchus  pilulaire  ,  Ateuchus  pilidarius ,  Fab.;  OJiv. 
Ibid.  pi.  lo.,  Jig.  91  :  plus  petit,  noir;  chaperon  échancré  ; 
trois  lignes  élevées  sur  la  tête ,  dont  les  deux  latérales  for- 
mant un  angle  ;  corselet  uni,  avec  un  point  enfoncé  de  cha- 
que côté  ;  élytres  lisses  ;  trois  dents  au  côté  extérieur  des  pre- 
mières jambes  ;  celles  des  espèces  précédentes  en  ont  quatre. 

Dans  les  départ emens  méridionaux  de  la  France,  en  Es- 
pagne ,  en  Italie  ;  mais  remontant  plus  au  nord  que  les  es- 
pèces déjà  mentionnées.  Rare  aux  environs  de  Paris. 

**  Elytres  étranglées  près  de  leur  base,  au  coté  extérieur.,  ou  pres- 
que triangulaires.  (  Gymnopleures  d'IlHger). 

A.  ELAGEfLLÉ  ,  A.  flagella tus ,  Ollv.  Ibid.  pi.  7  ,  jjo-.  5i.  Il  est 
noir ,  avec  le  chaperon  un  peu  échancré  au  milieu  du  bord 
antérieur ,  et  tout  le  dessus  du  corps  raboteux.  Il  se  trouve 
aux  environs  de  Paris,  malsplus  fréquemment  dans  le  midi  de  la 
France,  et  presque  toujours  dans  les  excrémens  humains,  (l.) 

ATHAD.  Nom  hébreu  du  Lyciet  d'Afrique,  (b.)  . 

ATHAMANTE  ,  Athamanta.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrle  digynie  et  de  la  famille  des  Ombellifères  ,  dont  le 
caractère  est  d'avoir  une  collerette  universelle  à  plusieurs 
folioles  simples  ,  étroites  et  membraneuses  ;  des  collerettes 
partielles  à  plusieurs  folioles  linéaires  ;  une  corolle  à  cinq 
pétales  échancrés  ,  ouverts  et  un  peu  inégaux  ;  cinq  étamines 
de  la  longueur  des  pétales  ;  un  ovaire  Inférieur  chargé  de  deux 


5a  A  T  H 

styles  écartes  ;  fruit  ovale  ou  oblong,  légèrement  strié  ,  cou- 
vert  de  poils  mous ,  et  composé  de  deux  semences  réunies. 

Lamarck  a  séparé  trois  espèces  de  ce  genre  ,  pour  les  réunir 
aux  genres  des  Selins  et  des  Livèches. 

Toutes  les  athamanies  ont  des  tiges  élevées  ,  des  feuilles 
composées  ,  et  des  ombelles  très-garnies  d'ombellules;  elles 
habitent  les  montagnes  découvertes  des  parties  méridionales 
de  l'Europe.  Toutes  sont  vivaces,  et  plusieurs  odorantes. 
On  les  distingue  difiîcilement  les  unes  des  autres  par  la  simple 
description  ,  tant  leurs  caractères  sont  peu  saiilans.  On  en 
compte  une  douzaine  d'espèces. 

La  seule,  véritablement  de  ce  genre,  qu'on  emploie  en 
médecine  ,  est  I'Athamante  de  Crète  ,  dont  le  caractère 
est  d'avoir  les  folioles  des  feuilles  linéaires  ,  planes  ,  hérissées, 
et  la  semence  allongée  ;  elle  se  trouve  en  Crète  et  dans  les  au- 
tres parties  méridionales  de  l'Europe.  Elle  passe  pour  incisive, 
apérilive  ,  carminative  et  emménagogue  ;  sa  saveur  est  acre  et 
aromatique.  Sa  semence  a  une  odeur  agréable  :  les  anciens 
l'estimoient  beaucoup  et  l'employoient  contre  la  pierre. 

L'Athamante  libanote  forme  le  genre  Libanote  de 
Gœrtner.  Voy.  ce  mot.  (b.) 

ATHAME,  Atliamus.  Genre  de  plantes  établi  par  Nec- 
ker ,  mais  qui  ne  diffère  pas  de  celui  appelé  Carlovize  par 
Mœnch.  (b.) 

ATHAMOS.  Nom  grec  du  Chiche,  (b.) 

AT  H  AN  AS,  Athanas,  Léach.  Genre  de  crustacés  de 
Tordre  des  décapodes,  de  la  famille  des  macroures ,  section 
des  salicoques,  ne  différant  du  genre  des  palémons  qu'en  ce 
que  les  deux  pieds  antérieurs  sont  plus  grands  que  les  deux 
suivans ,  et  que  le  dernier  article  des  pieds-mâchoire» 
extérieurs  est  plus  long  que  le  pénultième. 

M.  Léach  ne  cite  qu'une  espèce  ,  Vathanas  nitesrens,  (  Lin. 
Soc.  trans. ,  tom.  1 1  ,  pag.  34-9  ,  et  qui  a  été  trouvée  par  Mon- 
lagu  ,  srtr  les  cotes  de  la  Grande-Bretagne,  (l.) 

ATHANASE,  Athanasia.  Genre  déplantes  de  la  syngé- 
nésie  polygamie  égale  et  de  la  famille  des  CorymbifèRES  , 
dont  le  caractère  consiste  en  un  calice  commun  ovale,  imbri- 
qué d'écaillés  lancéolées;  un  réceptacle  chargé  de  paillettes, 
et  couvert  de  fleurons  infundibuliformes,  quinquéfides  ,  tous 
hermaphrodites. 

Le  fruit  est  composé  de  plusieurs  semences  oblongues , 
couronnées  chacune  d'une  aigrette  de  paillettes  très-courtes. 

Ce  genre  renferme  une  vingtaine  d'herbes  ou  de  sous-ar- 
brisseaux dont  les  feuilles  sont  entières  ou  multifides  ,  les 
fleurs  disposées  en  corymbe  simple  ou  composé. 

Une  espèce,  I'AtuaîhASE MARITIME,  aétéséparéedeccgenre 


A  T  H  53 

par  Laraarck,  qui  Ta  rapportée  aiLx  Santolines.  (Desfon- 
taines en  à  fait  nn  genre  nouveau  sous  le  nom  de  Diotis.  ) 
et  Venlenat  l'a  employée  pour  rétablir  le  genre  Gnaphalion 
de  Tournefort ,  qui  avoit  été  fait  sur  elle. 

Des  plantes  qui  ont  les  fleurs  à  rayons  semiflosculcux  , 
avoient  été  réunies  aux  athanases  par  Linnaeus  fils  ;  l'Hé- 
ritier les  a  placées  dans  un  nouveau  genre  de  son  sedhum  an- 
glicuvriy  sous  le  nom  de  RELHA^■IE  ,  genre  composé  de  seize 
espèces ,  toutes  du  Cap  ,  et  dont  treize  sont  absolument  nou- 
velles. 

Adanson  ,  et  après  lui  Grertner  ,  ont  encore  séparé  de  ce. 
genre  une  espèce  ,  I'Athanase  annuelle  ,  pour  en  former 
un  genre  sous  le  nom  de  Lonas.  D'un  autre  côté  ,  Persoon 
lui  a  réuni  le  genre  Pentzie  de  Thunberg. 

ATHÉCIE,  Athecia.  Genre  de  plantes  établi  par  Gsertner, 
mais  encore  imparfaitement  connu.  11  a  un  calice  à  cinq  di- 
visions ;  une  baie  inférieure  ,  uniloculaire  ,  monospex'me  ;  la 
semence  allongée  en  bec,  ^t  à  embryon  excentrique.  Il  avoit 
d'abord  été  ^T^^eVéforsière. 

La  plante  sur  le  fruit  de  laquelle  il  a  été  fait,  croît  dans  les 
îles  de  la  mer  du  Sud.  (b.) 

ATHENAEE  ,  Athemza.  Genre  de  plantes  :  c'est  le 
même  que  I'Anavincue.  V.  ce  mot.  (b.) 

ATHÉRINE  ,  Aiherina.  Genre  de  poissons  de  la  division 
des  abdominaux  ,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  deux 
nageoires  au  dos,  une  raie  argentine  aux  côtés ,  la  tête  aplatie 
en  dessus  dans  sa  partie  antérieure  ,  et  six  rayons  à  la  mem- 
brane branchiostège. 

Ce  genre  renferme  cinq  espèces ,  dont  les  plus  remar- 
quables sont  : 

L'AthÉrine  JOÈLE  ,  Atherina  hepsehis ,  Linn.,  qui  a  douze 
ou  treize  rayons  à  la  nageoire  anale.  Elle  se  trouve  dans  les 
mers  d'Europe  et  dans  la  mer  Rouge,  fraye  au  milieu  du  prin- 
temps, et  atteint  rarement  plus  de  quatre  pouces  de  longueur  : 
elle  est  presque  diaphane  ,  brunâtre  en  dessus  ,  argentine  en 
dessous  ,  et  grise  sur  les  côtés. 

Elle  se  prend  souvent  en  immense  quantité  au  filet ,  se 
mange  principalement  frite  ,  el  fournil  un  très  -bon  appât 
pour  la  pêche  à  la  ligne  des  poissons  voraces.  On  l'appelle 
aussi  prester  on  prêtre  dans  quelques  ports  de  mer;  F.  pi.  A.  7, 
où  elle  est  figurée. 

L'AthÉrine  poisson  iVargent  ,  qui  a  vingt-quatre  rayons 
à  la  nageoire  anale  ;  elle  se  trouve  à  l'embouchure  des  riviè- 
res en  Caroline.  Elle  ressemble  complètement  à  la  précédente 
en  forme  ,  en  grandeur  ,  eh  mœurs  et  en  qualités.  J'en  ai  vu 
pêcher  d'immenses  quantités  en  mars  ,  époque  où  elle  vient 


54  A  T  H 

frayer  dans  les  eaux  saumâtres  :  on  la  mange  frite  ,  et  on  s'en 
sert  pour  appât  :  c'est  le  Siber  fish  des  Américains. 

Les  Atherinesboyer,  marbrée,  ivaine,  sont  trois  espèces 
nouvelles  que  nous  a  fait  connoitrc  Risso  dans  son  Ichtyologie 
de  Nice.  La  dernière  est  un  des  plus  petits  poissons  connus  , 
sa  plus  grande  longueur  étant  de  quarante  millimètres.  Toutes 
sont  excellentes  à  manger. 

L'Athérine  du  Japon  forme  aujourd'hui  le  genre  Stolé- 
PHORE.  (b.) 

ATHERIX,  Àtherix^  Meig.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  tliptères ,  famille  des  rhagionides,  et  qui  ne  diffère  du 
genre  Leptis  de  Fabricius  ou  de  celui  qu'il  nommoit  aupara- 
vant RJiagio^  que  par  l'insertion  de  la  soie  du  dernier  article  ; 
elle  est  terminale  dans  ceux-ci  et  latérale  dans  les  athérix. 
On  peut  ajouter  que  les  palpes  des  derniers  sont  relevés  ,  et 
qu'ils  se  dirigent  en  avant  dans  les  rhagions. 

M.  Meigen  mentionne  deux  espèces  :  I'Athékix  tacheté  , 
aÛierix  maculatus^  Dipt.  tah.  -xl^,  fig.  3o.  Ses  ailes  ont  des 
bandes  noirâtres, et  ^ATIIÉRIXSA^'S taches,  atherix  immacula- 
his,  où  ces  organes  sont  entièrement  transparens  et  incolores. 
Le  même  genre ,  dans  le  système  des  antliates  de  Fabri- 
cius, est  composé  de  dix  espèces,  mais  dont  le  plus  grand 
nombre  paroîl  devoir  se  rapporter  au  genre  rhagio  de  M.  Mei- 
gen, d'après  les  caractères  distinctifs  qu'il  leur  assigne.  Telle 
est  notamment  Vaiherix  atrata.  (l.) 

ATHEROPOGON  ,  Athempogon.  Plante  de  l'Amérique 
septentrionale ,  qui  seule  constitue ,  selon  Willdenow  ,  un 
genre  dans  fa  polygamie  triandrie  et  dans  la  famille  des 
Graminées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  une  balle  callcinalc  univalve 
à  deux  fleurs  ,  l'une  hermaphrodite  ,  l'autre  stérile.  Dans 
la  première,  une  corolle  à  deux  valves,  l'extérieure  sur- 
montée de  trois  arêtes. 

Il  ne  renferme  qu'une  espèce,  l'Atheropoc.on  apuxoïde, 
formant  également  le  genre  Routelouée.  (b.) 

ATHÉROSPERME  ,  Atherospeima.  Arbre  à  feuilles  op- 
posées ,  légèrement  pétiolées,  ovales,  lancéolées,  entières  ou 
dentées  ,  luisantes  en  dessus ,  velues  en  dessous  ,  à  fleurs 
grandes  ,  solitaires  sur  des  pédoncules  axillaires  tétragones 
et  recourbés  ,  qui  fonne  un  genre  dans  la  monoécie  mona- 
delphie  et  dans  la  famille  de  son  nom. 

Ce  genre,  établi  par  Labillardlère  (Plantes  de  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  tab.  224.),  offre  pour  caractères  un  involucre  à 
deux  folioles  caduques  et  uncalice  oihuit  divisions  campanulées. 
Dans  les  fleurs  mâles,  un  grand  nombre  d'étamines,  et  dans 
les  fleurs  femelles  ,  \in  grand  nombre  d'ovaires  à  styles  sim- 


ATM  55 

pics.  Le  fruit  est  composé  de  beaucoup  de  capsules,  sur- 
montées chacune  d'un  style  qui  est  devenu  plumeux,  et 
insérées  sur  un  réceptacle  velu  ,  en  forme  de  cupule.  Il  se 
rapproche  du  Pa\  ONE  de  la  Flore  du  Pérou. 

Toutes  les  parties  de  TAthérosperme  musqué  exhalent 
une  odeur  agréable  comparable  à  celle  de  la  badiane,  (b.) 

ATHÉROSPERMEES.  Famille  établie  par  R.  Broun 
pour  séparer  les  genres  Parome  et  Athérosperme  de  celle 
des  MoNiMiÉES  de  Jussieu.  (b.) 
ATHIN.  C'est  la  Linaire  élatine.  (b.) 
ATHON.  F.  le  mot  Thon,  (b.) 

ATHRODACTYLE.  Genre  établi  par  Forsler  sur  le 
Baquois  odorant,  (b.) 

ATHRUPHYLLE ,  ^///n/pV/wm.  Grand  arbre  de  la  Co- 
chinchine,  dont  Loureiro  a  fait  un  genre  qui,  depuis,  a  été 
réuni  aux  Ardisies.  (b.) 

ATHYRION,  Athyrium.   Genre   de  fougères  établi  aux 
dépens  des  Polypodes.  Il  renferme  deux  espèces,  dont  la  plus 
connue  est  le  Polypode  fougère  femelle.  Ses  caractères 
consistent  en  des  capsules  formant  des  groupes  épars  sous  la 
feuille  et  recouvertes  par  un  seul  tégument  en  forme  de  crois- 
sant, naissant  de  la  nervure,  et  s'ou'vrant  au  dehors.  Il  rentre 
dans  celui  appelé  Aspidion  par  Swartz,  etc.  (b.) 
ATICK.  V.  Gros-bec  Atick.  (v.) 
ATIMOUTA.  C'est  une  espèce  de  Bauhine.  (b.) 
ATINCiA.  Poisson  du  genre  DiODON.  (b.) 
ATINGACU  et  ATTINGACU-CAMUCU.  C'est  le 
CouLicou  Cornu,  (v.) 

ATIPOLO.  Grand  arbre  des  Philippines,  qui  paroît  ap- 
partenir au  genre  Jaquier,  (b.) 

ATITARA.  Arbrisseau  du  Brésil,  qui  paroît  être  le  Faga- 
rier  hétérophylle.  (b.) 
ATLAS.  V.  BoMBix.  (l.) 

ATLE.  Espèce  de  Tamarisc  qui  croît  en  Egypte ,  et  qui 
est  figurée  pi.  9  du  Voy.  de  Sonnini  dans  cette  contrée  ;  c'est  le 
tamarix  orientalis  de  Forskaël:  elle  esl  précieuse  aux  Egyptiens, 
à  qui  elle  sert  presque  exclusivement  de  bois  à  brûler,  (b.) 
ATMOSPHÈRE.  On  appelle  ainsi  la  masse  entière  de 
ce  fluide  rare  et  transparent  que  Ton  nomme  l'a/r,  et  qui  en- 
vironne le  globe  terrestre.  La  constitution  de  l'atmosphère  est 
un  résultat  nécessaire  des  propriétés  physiques  de  l'air.  L'air 
est  pesant  comme  tous  les  corps.  Ainsi ,  les  couches  infé- 
rieures de  l'atmosphère  sont  plus  comprimées  que  les  supé- 
rieures dont  elles  supportent  le  poids.  Mais,  en  outre,  l'air 
est  compressible,  c'est-à-dire,  susceptible  d'être  réduit,  par 
a  pression,  dans  un  plus  petit  espace  ,  et  il  est  élastique  . 


S6  A  T  M 

c'est-à-dire ,  qu'il  résiste  à  cette  pression.  Consequemment , 
l'air  des  couches  inférieures  doit  être  plus  condensé  que  celui 
des  hautes  régions ,  et  il  doit  faire  un  effort  continuel  pour 
s  étendre,  en  soulevant  le  poids  qui  le  presse.  Il  y  a  un  moyen 
pien  simple  de  vérifier  ce  fait.  C'est  de  prendre  une  vessie  à 
demi-pleine  d'air  à  la  surface  de  la  terre ,  de  la  fermer  avec 
soin ,  et  de  la  porter  sur  le  sommet  d'une  haute  montagne. 
Si  les  couches  de  l'atmosphère  sont  réellement  moins  denses 
à  mesure  qu'on  s'élève,  l'air  renfermé  dans  la  vessie  devra  se 
dilater,  jusqu'à  ce  qu'enfin,  à  force  de  monter,  elle  paroisse 
remplie  entièrement.  Au  contraire,  en  la  redescendant,  elle 
se  désenflera,  et,  rapportée  au  point  de  départ,  elle  rede- 
viendra flasque  comme  auparavant.  Cette  expérience  a  été 
réellement  faite  en  Auvergne  sur  la  montagne  du  Puy-de- 
Dôme  ,  d'après  les  indications  de  Pascal ,  et  elle  a  eu  le  ré- 
sultat que  nous  venons  de  prévoir. 

La  loi  du  décroissement  de  densité  des  couches  d'air,  et 
l'effet  de  leur  pression  totale,  se  mesurent  à  l'aide  d'un  ins- 
trument appelé  baromètre.  (  Voyez  ce  mot.  )  L'atmosphère  , 
outre  cet  effort  mécanique,  produit  encore  beaucoup  d'autres 
phénomènes  qui  résultent  de  sa  composition  chimique  ; 
ils  ont  été  décrits  au  mot  AiR;  il  ne  nous  reste  plus  ici  qu'à 
considérer  quelques  conséquences  général,es  qui  résultent  de 
son  existence,  comme  enveloppe  universelle  du  globe  terrestre. 

L'air  atmosphérique  ,  malgré  sa  transparence ,  intercepte 
sensiblement  la  lumière ,  et  la  réfléchit  comme  tous  les  autres 
corps.  Mais  les  particules  qui  le  composent  étant  extrême- 
ment petites  et  très-écartées  les  unes  des  autres ,  on  ne  peut 
îes  apercevoir  que  lorsqu'elles  sont  réunies  en  grande  masse. 
Alors  la  multitude  des  rayons  lumineux  qu'elles  nous  envoient, 
produit  sur  nos  yeux  une  impression  sensible  ,  et  nous  voyons 
que  leur  couleur  est  bleue;  en  effet,  l'air  donne  une  teinte 
bleuâtre  aux  objets  entre  lesquels  il  s'interpose.  Cotte  teinte 
colore  très-sensiblement  les  montagnes  éloignées  ,  et  elle  est 
d'autant  plus  forte ,  qu'elles  sont  plus  distantes  de  nous.  Aussi, 
pour  peindre  les  objets  éloignés,  faut-il  diminuer  leur  éclat, 
ou,  suivant  l'expression  reçue,  les  éteindre  et  affoiblir  leurs 
couleurs  propres  par  une  teinte  générale  de  bleu  plus  ou 
moins  foncée.  C'est  encore  la  couleur  propre  de  l'air  qui 
forme  l'azur  céleste,  cette  voûte  bleue  qui  paroît  nous  envi- 
ronner de  toutes  parts,  et  que  le  vulgaire  appelle  le  ciel ,  et  à 
laquelle  tous  les  astres  paroissent  attachés.  A  mesure  que  l'on 
s'élève  dans  l'atmosphère,  cette  couleur  devient  plus  som- 
bre. La  clarté  qu'elle  répand  diminue  avec  la  densité  de 
l'air  qui  la  réfléchit;  et  sur  le  sommet  d'une  haute  montagne  , 
ou  dans  un  aérostat  élevé ,  le  ciel  paroît  presque  noir. 


ATM  5; 

L'air  n'est  pas  lumineux  par  lui-même ,  car  il  ne  nous 
éclaire  point  pendant  l'obscurité.  La  lumière  qu'ilnous  envoie 
lai  vient  du  soleil  et  des  astres.  Sa  couleur  bleue  prouve  qu'il 
réfléchit  les  rayons  bleus  en  plus  grande  quantité  que  les  au- 
tres ;  car  on  sait,  par  expérience,  que  la  lumière  est  composée 
de  rayons  différens,  qui  produisent  sur  nos  yeux  la  sensation 
de  plusieurs  couleurs  ;  et  ce  que  Ton  nomme  la  couleur  d'un 
corps,  n'est  que  celle  des  rayons  qu'il  nous  réfléchit  :  l'air  est 
donc  autour  de  la  terre  comme  une  sorte  de  voile  brillant , 
qui  multiplie  et  propage  la  lumière  du  soleil  par  une  infinité 
de  répercussions.  C'est  par  lui  que  nous  avons  le  jour,  lorsque 
le  soleil  ne  paroît  pas  encore  sur  l'horizon.  Après  le  lever  de 
cet  astre ,  il  n'y  a  pas  de  lieu  si  retiré ,  pourvu  que  l'air 

Îiuisse  s'y  introduire,  qui  n'en  reçoive  de  la  lumière,  quoique 
es  rayons  du  soleil  n'y  arrivent  pas  directement.  Si  l'atmos- 
phère n'existoit  pas,  chaque  point  de  la  surface  terrestre  ne 
recevroit  de  lumière  que  celle  qui  lui  viendroit  directement 
du  soleil.  Quand  cet  astre  cesseroit  d'éclairer  directement  une 
portion  de  la  terre,  elle  se  trouveroit  aussitôt  dans  lesténèbres. 
L«s  rayons  solaires,  réfléchis  par  la  surface  du  sol,  iroient 
se  perdre  dans  l'espace,  et  l'on  cprouveroit  toujours  un  froid 
excessif.  Le  soleil,  quoique  très-près  de  l'horizon,  brilleroit 
de  toute  sa  lumière  ,  et  immédiatement  après  son  coucher  , 
tout  seroit  plongé  dans  une  obscurité  absolue.  Le  matin, 
lorsque  cet  astre  reparoîtroit  sur  l'horizon ,  le  jour  succéderoit 
à  la  nuit  avec  la  même  rapidité. 

On  peut  juger  de  ces  conséquences  par  ce  que  l'on  éprouve 
déjà  sur  les  hautes  montagnes,  où  l'air  est  d'une  rareté  ex- 
trême. Il  y  règne  un  froid  insupportable.  A  peine  y  reçoit-on 
d'autre  lumière  que  celle  qui  vient  directement  du  soleil  et 
des  asires.  La  clarté  que  l'air  peut  réfléchir  à  ces  hauteurs 
est  si  foible ,  que ,  lorsqu'on  est  placé  à  l'ombre ,  on  voit  les 
étoiles  en  plein  jour. 

Au  contraire ,  par  l'effet  de  l'atmosphère ,  les  rayons  du 
soleil  éclairebt  tout  le  ciel ,  et  se  répandent  dans  tous  les 
sens  par  des  réflexions  multipliées.  Le  soir,  lorsque  le  soleil  a 
quitté  Thorizon  ,  les  régions  élevées  de  l'atmosphère  nous 
renvoient  encore  sa  lumière  ;  et  par  suite  de  ce  phénomène  , 
que  l'on  nomme  crépuscule  du  soir,  nous  ne  passons  que  peu  à 
peu,  et  par  une  gradation  sensible  ,  du  jour  à  l'obscurité.  La 
même  chose  a  lieu  le  matin,  vers  l'orient,  lorsque  le  soleil 
est  encore  sous  l'horizon  :  sa  lumière  réfléchie  et  répandue 
par  l'atmosphère,  forme  Vaurore^  ou  le  crépuscule  du  matin. 

La  durée  de  ces  phénomènes  dépend  donc  de  la  hauteur  de 
Tatmosphcrc,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  de  celle  des 
parties  de  l'air  dont  la  densité  est  encore  assez  grande  pour 


58  AT  M 

renvoyer  une  lumière  senslule.  Aussi  ceUe  durée  varie-î-elle 
avec  l'état  de  l'air;  elle  est,  en  général ,  plus  grande,  lorsque 
l'atmosphère  a  été  plus  dilatée  par  la  clialcur.  C'est  poiu'cela 
que  le  crépuscule  du  soir  est  plus  long  que  celui  du  matin. 
L'observation  de  ces  phénomènes  a  donné  quelques  notions 
sur  l'épaisseur  de  la  couche  d'air  qui  nous  environne  ,  et  il 
en  résulte  qu'elle  est  très-petite ,  par  comparaison  avec  les 
.  dimensions  de  la  terre. 

On  déduit  aussi  la  même  conséquence  de  l'abaissement 
progressif  que  le  mercure  éprouve  dans  le  baromètre  à  me- 
sure qu'on  s'élève  ;  car  il  en  résulte  qu'à  environ  douze  lieues 
de  hauteur  au-dessus  de  la  surface  terrestre  ,  l'air  doit  être 
aussi  rare  que  sous  les  récipiens  de  nos  meilleures  machines 
pneumatiques ,  lorsque  nous  y  avons  fait  le  vide  aussi  bien 
qu'il  nous  est  possible.  Le  rayon  du  globe  terrestre  étant 
d'environ  douze  cents  lieues,  on  voit,  en  le  comparant  à  ce 
résultat ,  que  l'épaisseur  de  l'atmosphère  sensible  e»î  est  tout 
au  plus  la  centième  partie. 

Les  rayons  de  lumière  qui  ,  venant  des  astres  ,  traversent 
cette  masse  d'air,  sont,  comme  nous  venons  de  le  dire,  en 
partie  éteints  et  absorbés  par  elle.  Le  reste  se  transmettant 
jusqu'à  nos  yeux  .  y  produit  la  vision  ;  mais  l'inégale  densité 
des  couches  atmosphériques  ,  fait  qu'ils  ne  parcourent  point 
ce  trajet  en  ligne  droite  ;  ils  décrivent  une  courbe  concave  vers 
la  surface  terrestre  ;  et  comme  nous  apercevons  les  objets  sur 
la  dernière  direction  des  rayons  lumineux  qui  nous  les  ren- 
dent sensibles  ,  il  en  résulte  que  nous  voyons  les  astres  sur 
le  prolongement  de  la  tangente  de  cette  courbe  au  point  où 
elle  aboutit  dans  notre  œil  ,  ce  qui  nous  les  fait  voir  hors  de 
leur  véritable  place  ,  et  en  général  plus  élevés  sur  l'horizon 
qu  ils  ne  le  sont  réellement.  Ce  phénomène  se  nomme  la  ré- 
fraction atmosphérique  ;  les  astronomes  ont  grand  soin  d'en 
corriger  les  effets  par  le  calcul  pour  avoir  les  lieux  vrais  des 
astres  qu'ils  observent. 

C'est  dans  le  sein  de  l'atmosphère  que  se  forment  la  foudre, 
les  vents,  les  nuages,  la  pluie,  les  brouillards,  la  neige,  la  grêle 
tllp.sanlresmefeores.  On  s'est  assuré  que  la  foudre  estunphéno- 
mène  électrique  dont  on  se  préserve  par  les  paratonnerres, 
(K  ce  mot.)  quoique  l'on  ne  sache  pas  avec  certitude  d'où  vient, 
dans  les  hautes  régions  de  l'atmosphère,  l'accumulation  d'é- 
lectricité qui  le  produit.  On  sait  seulement,  par  l'expérience  , 
que  les  couches  atmosphériques  sont  constamment  dans  un 
état  électrique  qui  varie  avec  la  hauteur  au-dessus  du  sol.  On 
conçoit  que  dans  un  IHuide  si  mobile ,  les  moindres  agita- 
tions peuvent ,  en  se  propageant,  causer  des  changemens 
d'équilibre  considérables.    Telle  est,  eu  général,  rorigine 


ATM  59 

des  venls  ,  qui  consistent  dans  un  mouvement  continu  de 
l'air  ,  qui  se  déplace  avec  plus  ou  moins  de  vitesse.  Les 
nuages  sont  des  amas  de  vapeurs  humides  ,  prêles  à  se  ré- 
soudre en  eau  :  leur  élévation  au-dessus  de  la  surface  de  la 
terre  est  ordinairement  peu  considérable  ,  et  le  sommet  des 
hautes  montagnes  en  est  souvent  enveloppé.  En  se  plaçant 
sur  ces  montagnes ,  ou  s'élevant  dans  un  aérostat ,  on  se 
trouve  quelquefois  plongé  dans  les  nuages.  Cest  ainsi  qu'on 
a  reconnu  qu'ils  sont  formés  de  vapeurs  aqueuses ,  et  très- 
probablement  de  petites  vésicules  creuses  dont  l'enveloppe 
est  extraordinairement  mince;  c'est  du  moins  ce  qu'indiquent 
quelques  observations  faites  par  Saussure  sur  les  mouvemens 
des  petites  gouttelettes  semblables  qui  forment  le  brouillard 
exhalé  d'un  vase  d'eau  chaude. Quoi  qu'il  en  soit,  ces  globules 
nageant  dans  l'air  par  un  excès  de  légèreté  spécifique ,  ils 
doivent  monter  plus  haut  quand  l'air  est  plus  dense  ,  et  des- 
cendre quand  il  devient  plus  rare.  On  remarque ,  en  effet , 
que  leur  hauteur  augmente  ou  diminue ,  selon  que  le  baro- 
mètre monte  ou  descend.  Si,  par  une  cause  quelconque  ,  un 
nuage  vient  à  éprouver  un  refroidissement  très-rapide  ,  les 
vapeurs  aqueuses  qui  le  composent  se  condensent ,  non  pas 
alors  en  eau  liquide  ,  mais  en  neige  ,  en  grêle  ou  en  frimas. 

Ces  amas  de  vapeurs  étant  éclairés  par  le  soleil,  nous  ré- 
fléchissent sa  lumière  plus  fortement  que  l'air  qui  les  en- 
vironne ,  quoiqu'ils  soient  moins  denses  que  lui.  Cet  astre  les 
éclaire  encore ,  lorsqu'il  est  déjà  pour  nous  sous  l'horizon  ;  le 
matin  ils  reçoivent  ses  rayons  ,  avant  que  nous  puissions  l'a- 
percevoir. Alors,  la  lumière  qui  les  colore  est  rougeâlre 
comme  celle  que  nous  recevons  du  soleil  couchant ,  et  elle 
doit  nous  le  paroître  encore  davantage  ,  parce  que  nous  la 
comparons  avec  la  kpnière  bleue  du  foiid  du  ciel ,  sur  lequel 
les  nuages  se  projettent.  Voilà  pourquoi  ils  nous  paraissent 
alors  d  un  rouge  rose.  Les  sommets  des  hautes  montagnes 
couvertes  de  neiges  éternelles ,  présentent  un  phénomène 
analogue,  résultantde  lamême  cause.  Ils paroissent aussi  colo- 
rés en  rose  le  matin  et  le  soir  ,  lorsque  le  ciel  est  serein.  Par 
exemple,  toutes  les  personnes  qui  ont  voyagé  dans  les  Alpes, 
ont  pu  voir  ce  phénomène  sur  le  sommet  du  Mont-Blanc. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  des  neiges  éternelles,  nous 
conduit  à  parler  d'une  autre  propriété  bien  importante  de 
l'atmosphère  :  c'est  que  ,  dans  tous  les  p*)"S,  lorsque  l'on  s'é- 
lève .au-dessus  de  la  surface  de  la  terre,  on  voit  la  température 
de  l'air  décroître  continuellement,  jusqu'à  atteindre  et  dé- 
passer enfin  le  terme  de  la  glace  ;  d'où  Ton  peut  conclure  que, 
si  ons'élevoit  davantage  ,  cllecontinueroit  à  décroître  encore 
jusqu'à  une  limite  qui  nous  est  inconnue.  C'est  pour  cela  que , 


6o  A  T  0 

dans  tous  les  pays  où  il  y  a  de  hautes  montagnes,  leur  cime 
est  couverte  de  neiges  qui  ne  se  fondent  jamais,  l'eau  ne  pou- 
vant pas  rester  liquide  à  celte  élévation.  La  limite  de  hauteur 
à  laquelle  les  neiges  étemelles  commencent,  est  la  plus  haute 
sous  l'équateur  où  elle  s'élève  jusqu'à  4-8oo  mètres ,  ou  envi- 
ron 2400  toises,  c'est-à-dire,  à  la  hauteur  du  sommet  du  Mont- 
Blanc.  Elle  s'abaisse  vers  la  terre  à  mesure  que  l'on  s'avance 
vers  les  pôles  ;    enfin  elle  coïncide  avec  la  surface  du  sol , 
vers  65  di-grés  de  latitude  ;  en  outre,  dans  chaque  lieu,  quand 
les  hauteurs  sont  peu  considérables,  le  décroissement  de  la 
température  se  fait  sensiblement  en  progression  arithmétique, 
proportionnellement  aux  différences  des  hauteurs  ;  mais  à  de 
grandes  élévations,  il  paroît  qu'il  suit  d'autres  lois  plus  ra- 
pides. Cette  variation  fait  que  les  mêmes  plantes  existent  dans 
différens  climats  à  des  hauteurs  diverses,  chaque  espèce  étant 
limitée  à  la  zone  où  elle  trouve  la  température  convenable  à 
son  existence;  de  sorte  qu'il  devient  nécessaire  au  naturaliste 
qui  voyage ,  de  désigner  la  hauteur  où  il  trouve  les  pkntes 
qu'il  récolte  :  ce  qu'il  peut  faire  à  l'aide  du  baromètre.  (  F.  ce 
mot.  )  C'est  là  une  des  causes  principales  de  la  grande  variété 
de  la  végétation  entre  les  tropiques;  car  ces  climats  contenant 
les  plus  hautes  montagnes  du  globe  ,   dont  le  pied  est  dans  la 
zone  lorride  et  le  sommet  dans  les  neiges  éternelles ,  il  en  ré- 
sulte que  le  seul  changement  de  hauteur  y  produit  toutes  les 
différences  de  végétation  qui  résulteroient  du  changement  de 
climat  en  allant  de  l'équateur  aux  pôles,  (biot.) 
ATOA.  Nom  du  Corossolier  épineux,  (b.) 
ATOCA.  C'est  1' Airelle  camneberge.  (b.) 
ATOCALT.    Aranéide   inconnue  du  IMexique ,  qui  vit, 
dit-on  ,  près  de  l'eau ,  qui  n'est  pas  venimeuse ,  et  dont  les 
ouvrages  présentent  différentes  couleuin  agréables,  (l.) 
ATOCHADOS.  C'est  la  Lavande  stœcuas.  (b.) 
ATOK.  C'est  le  nom  que  porte,  dans  la  province  de  Quito, 
un  animal  qui  paroîtapparteniraugenre  des  Glouton.s.(desm.) 
ATOMAIRE  ,  Atomaria.    Genre    de   plantes  établi  par 
Stackhouse  ,  dans  sa  Néréide  hritanniqxie^  aux  dépens  des  Va- 
RECS  de Linnspus.  Ses  caractères  sont:  fronde  membraneuse, 
grêle,  rameuse,  à  rameaux  alternes,  à  découpures  courtes, 
dentées  à  leur  extrémité  ;  fructification  en  grappes  de  formes 
diverses. 

Ce  genre  rentre«dans  la  seconde  section  de  celui  appelé 
Delesserie  par  Lamouroux ,  qui  l'avoit  préjugé.  11  renferme 
deux  espèces ,  les  Atomaires  denté  et  À  feuilles  aiguës, 
figurées  ni.  i5  du  grand  ouvrage  du  même  auteur,  (b.) 

ATOME.  Ce  mot  signifie  une  chose  qui  ne  peut  pas  se  di- 
viser, qui  est  insécable.  Plusieurs  anciens  philosophes,  tels  que 


A  T   R  G, 

Pythagore ,  Leucippe ,  Démocrlte ,  Épicure ,  ont  pensé  que  les 
parties  élémentaires  des  corps  étoient  des  atomes  insécables. 
Aujourd'hui  on  ne  s'enquiert  pas  de  ces  questions,  qui  sont 
impossibles  à  résoudre  par  l'expérience.  On  se  borne  à  con- 
sidérer les  corps  comme  réductibles  en  parties  extrêmement 
petites  ,  de  môme  nature  que  leur  ensemble  ;  c'est  ce  qu'où 
appelle  les  molécules  intégrantes  des  corps  ;  et  une  foule 
d'expériences  prouvent  que  l'on  peut  ainsi  arriver,  sans  chan- 
ger la  nature  des  corps  ,  à  des  molécules  d'une  extrême  té- 
nuité. Il  y  a  de  ces  molécules  qui  sont  composées  de  subs- 
tances diverses  ;  d'autres  sont  jusqu'ici  indécomposables ,  et 
peuvent  en  conséquence  être  conditionnellement  regardées 
comme-simples.  La  constance  des  propriétés  des  corps  simples 
montre  que  leurs  particules  doivent  être,  sinon  insécables,  du 
moins  assez  dures,  ou  assez  distantes  les  unes  des  autres  dans 
les  corps  les  plus  denses  ,  pour  ne  pas  être  rompues  par  les 
chocs ,  ou  altérées  par  les  forces  d'attraction  de  toute  espèce 
auxquelles  elles  peuvent  être  soumises  dans  le  cours  des 
phénomènes  naturels,  (biot.) 

ATOME,  Atomus.  Genre  d' Arachnides.  V.  Astome.  (l.) 
AÏOPE  ,  Atopa.  PaykuU  et  Fabricius,  en  adoptant  le 
genre  Dascille  établi  par  Latreille,  en  ont  changé  le  nom 
en  celui  d' Atopa.  V.  Dascille.  (o.) 
ATOPO.  Espèce  d'EuPHORBE.  (b.) 
ATOTOTL.  Nom  mexicain  du  Pélican,  appliqué  mal 
à  propos  ,  par  Séba  ,  à  un  grimpereau.  (v.) 
ATOULLY.  C'est  le  Muge  plumier,  (b.) 
ATRACTOBOLE ,  Atractobolus.  (ienre  de  la  famille  de 
champignons,  établi  par  Tode.  C'est  une  substance  sessile  , 
cupuliforme,  operculée,  d'où  sortent,  par  explosion,  desvési- 
cules séminifères.  (b.) 

ATRAGTOCERE  ,  Atractocems.  Genre  d'insectes  de 
l'ordre  des  coléoptères,  section  des  pentamères,  famille  des 
serricornes,  tribu  des  lime-bois,  et  distingué  du  genre  des 
lymexylons ,  dont  il  est  voisin,  par  ses  antennes  simples ,  en 
forme  de  fuseau  ou  de  râpe ,  et  par  ses  étuis  très-courts- 
Linnœus  avoit  placé  dans  la  seconde  division  de  son  genre 
Nécydale  ,  sous  le  nom  de  necydalis  breoicornis  ,  cet  insecte, 
dont  M.  Palisot-Beauvois  a  cru  devoir  former  un  genre, 
sous  celui  à" atractocère ^  formé  de  deux  mots  grecs  qui  signi- 
fient antenne  en  fuseau. 

Le  genre  atraciocère  se  distingue  desnécydales  par  le  nombre 
des  articles  des  tarses,  et  la  forme  du  corps.  Il  se  rapproche 
davantage  de  celui  des  staphylins  ;  mais  il  en  diffère  par  les 
antennes  et  les  parties  de  la  bouche.  Il  a  cinq  articles  à 
tous  les  tarses  ,  et  appartient  à  la  première  section  de  l'ordre 


62  A  T  R 

des  Coléoptères.  La  tête  est  ovale  ;  les  anlennes  sont  eu 
fuseau  et  insérées  au  devant  des  yeux.  Les  palpes  maxillaires 
sont  longs,  composés  de  quatre  articles  ;  ils  sont  pectines 
et  barbus  sur  les  côtés;  les  palpes  postérieurs  sont  plus  courts 
et  composés  de  trois  articles  ,  dont  le  dernier  est  très-grand, 
ovale,  arqué  et  velu  en  dedans  ;  les  mâchoires  sont  très- 
courtes  et  terminées  par  un  lobe  arrondi ,  velu  ;  les  yeux 
sont  très-grands  et  occupent  presque  toute  la  tête  ;  le  corse- 
let est  oblong,  convexe  ;  les  élylres  sont  très-courtes,  et  ont 
une  forte  échancrure  en  dedans.  Les  ailes  sont  ordinairement 
déployées  ;  l'abdomen  est  allongé  et  linéaire  ;  les  pattes  sont 
longues  ,  avec  les  tarses  filiformes,  simples  et  terminés  par 
deux  petits  crochets.  Tout  le  corps  est  roussâtre  ,  avec  une 
ligne  enfoncée  jaune  sur  le  corselet. 

Il  vit  dans  le  bois  qu'il  ronge,  au  royaume  d'Ovvare  en 
Afrique,  (o.  L.) 

ATRACïOCÈRE,  ^/rac/ô/:cra,Meigen.  V.  Simulie.  (l.) 

ATRACTOSOMES.  Famille  de  poissons  osseux  thora- 
chlques,  établie  par  Duméril,  et  qui  renferme  ceux  qui  ont  les 
branchies  complètes  ,  le  corps  épais ,  arrondi  en  fuseau. 

Les  genres  qui  constituent  cette   famille   sont  :  ScoMBÉ- 

ROÏDE,  SCOMBÉROMORE,  TrACHINOTE,  ScOMBRE  ,  GaSTÉROS- 
TÉE ,  CiïSION  ,  CeNTRONOïE  ,  CjESIOMORE  ,  Lépisacanthe 
CePHALACANTHE,  CaRAMX03I0RE  ,  CARA.NX.,  POMATOME,  CeN- 
TROPODE  ,  TSTIOPHORE.  (b.) 

ATHACTYLIDE,  Aimctylis.  Genre  de  plantes  de  la  syn- 
génésic  polygamie  égale,  et  de  la  famille  des  cynarocéphales  , 
dont  les  caractères  sont  d'avoir  :  un  calice  double,  lexlérieur 
composé  de  folioles  lâches  ,  pinnatifides  ,  épineuses  ;  l'in- 
térieur formé  d'écaillés  iuibriquées,  connivenles,  mutiques 
ou  acuminées;  les  fleurs  du  disque  tubuleuses  ,  à  cinq  dénis , 
hermaphrodites  ;  et  celles  de  la  circonférence  lingulées  ,  le 
plus  souvent  femelles  etfertiles;  le  réceptacle  garni  de  paillettes 
ou  de  soies  roides  ;  les  aigrettes  des  semences  plumeuses. 

Ce  génie  renferme  huit  à  dix  espèces  ,  dont  la  plupart  ont 
été  observées  par  Desfontaines  sur  les  côtes  de  Barbarie.  Les 
plus  remarquables  sont  : 

L'Atractylidegummifère,  dont  les  caractères  sont  d'être 
sans  tiges  ;  d'avoir  les  feuilles  sinuées,  presque  pinnatifides  , 
inégalement  dentées  ;  les  folioles  du  calice  extérieur  à  trois 
pointes.  Cette  espèce  croît  dans  le  Levant ,  en  Afrique  et  en 
Espagne.  Il  découle,  deson  réceptacle  et  du  collet  de  sa  racine, 
une  gomme  inodore ,  sans  saveur  ,  d'une  couleur  blanche  , 
tirant  sur  le  jaune  ,  qui  paroît  sous  la  forme  de  petits  globules 
irréguliers  de  la  grosseur  d'un  pois.  Les  habitans  de  l'Afrique 
recueiileutcette  substance,  dont  ils  font  de  laglupour  prendre 


A  T  R  63 

les  oiseaux,  La  racine  el  le  réceptacle  delà  même  plante,  cuits 
dans  Teau  bouillante  et  assaisonnés  avec  du  beurre  ou  de 
l'huile  ,  offrent  un  aliment  agréable  et  nourrissant,  au  rap- 
port de  Desfonlaines. 

L' Atractyllde  PRISO^"NlÈRE  ,  Atraciylis  cancellata,  Linn. , 
dont  les  caractères  sont  d'avoir  les  folioles  inférieures  du  ca- 
lice très-allongées  ,  ventrues,  linéaires  ,  dentées  ,  et  les  fleurs 
toutes  flosQuleuses.  On  l'appelle  en  français  ,  chardon  prison- 
nier ,  parce  que  sa  fleur  paroît  renfermée  dans  une  cage.  Elle 
se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe.  On  a 
fait  avec  ces  deux  espèces  un  genre  sous  les  noms  de  Cirsel 

et  d  ACARNE. 

Parmi  les  autres  espèces  ,  il  en  est  plusieurs  qui  sont  en- 
core remarquables  ;  mais  elles  sont  peu  communes.  V.  le  mot 
Onosère  ,  genre  établi  avec  I'Atractylide  pourprée,  (b.) 

ATRAGÈNE  ,  Atragene.  Genre  de  plantes  de  la  polyan- 
drie polygynie  ,  et  de  la  famille  des  renonculacées  ,  dont  les 
caractères  consistent  à  avoir  un  calice  de  quatre  folioles  ;  une 
corolle  à  douze  pétales  ;  un  grand  nombre  d'étamines  très- 
courtes  ;  un  grand  nombre  d'ovaires  supérieurs  qui  ont  un 
style  velu  et  un  stigmate  simple  ;  des  semences  nombreuses, 
et  surmontées  d'une  queue  plumeuse. 

lualragène  ne  diffère  des  Clématites  que  par*la  présence 
du  calice  et  le  nombre  des  pétales  ;  mais  ce  calice  peut  être 
considéré  comme  des  bractées,  et  sous  ce  point  de  vue  ,  ces 
deux  genres  doivent  être  réunis  ,  et  l'ont  été  par  plusieurs  bo- 
tanistes ,  entre  autres  Lamarck. 

L'Atragè^îe  des  Alpes  se  trouve  en  Suisse  et  en  Piémont, 
parmi  les  rochers.  C'est  une  très-belle  plan^>  qui  peut  or- 
ner les  bosquets  ,  aussi  bien  et  mieux  que  c^aines  cléma- 
tites qu'on  y  emploie  souvent.  Elle  est  sarmenteuse  ,  et  fleurit 
de  bonne  heure.  On  1^  multiplie  de  graines  et  de  marcottes  , 
mais  plus  communément  par  ce  dernier  moyen  ,  qui  donne 
des  pieds  susceptibles  de  fleurir  dès  la  seconde  année,  (b.) 

AÏRAKIOS.  Les  Grecs  se  servoïent  de  ce  mot  pour  dé- 
signer I'Ane.  (desm.)  \ 

ATRAPH  ACE,y^/r«p/iaa;js.  Genre  déplantes  de  l'hexandrie 
digynie,  et  de  la  famille  des  polygonées,  dont  les  caractères 
sont  d'être  composées  d'un  calice  divisé  profondément  en 
quatre ,  parties  dont  deux  plus  grandes  et  colorées  ;  de  six  éta- 
mines  ;  d'un  ovaire  supérieur  oblong,  un  peu  comprimé  surles 
côtés  et  surmonté  de  deux  stigmates  globuleux;  d'une  semence 
ovale,  aplatie,  renfermée  entre  les  deux  grandes  divisions 
du  calice  qui  sont  appliquées  alors  l'une  contre  l'autre. 

Ce  genre  comprend  quatre  plantes  très  -  petites  ,  fruticu- 
leuses  ,  dont  les  fleurs  sont  axillaires  el  terminales,  et  les 


64  ATT 

feuilles  alternes  et  ovales.  L'une  vient  àe  l'Asie  boréale  ,  c'esl 
I'Atraphace  épineux  ;  l'autre  de  l'Ethiopie ,  c'est  I'Atra- 

PHACE  ONDULÉ,  (b.) 

ATRICHIE,  Atricliium.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
mousses,  établi  par  Palisot  Beauvois  pour  placer  la  Rrye  on- 
dulée de  Linnseus.  DecandoUe  l'a  appelé  Oligotriche.  Il 
a  pour  caractères:  une  coiffe  simple,  garnie  de  poils  très-rares; 
un  péristome  garni  de  dents  repliées  en  dedans  et  sup- 
portant une  membrane  percée  à  jour  ;  un  opercule  mamil-' 
laire.  (r.) 

ATRIPLETTE ,  ATRIPLOTTE.  Nom  vulgaire  de  la 
petite  fauvette  rousse  ou  du  Pouillot  COLLYBITE.  (v.) 

ATRIPLICÉES.  F.  Chehopodées.  (b.) 

ATROPE ,  Atropus.  Poisson  que  Schneider  avoit  placé 
parmi  les  Brèmes  ,  mais  que  Cuvier  regarde  comme  devant 
former  seul  un  genre  voisin  des  Chrysostoses. 

Ses  caractères  sont  :  corps  comprimé  ;  museau  très-court , 
dépassé  par  la  mâchoire  inférieure  ;  une  seule  dorsale  à  deux 
ou  trois  épines  ,  et  dont  ufle  partie  des  rayons  mous  se  pro- 
longe en  fils  ;  une  ligne  latérale  carénée,  (b.) 

ATROPOS.  V.  Vipère  d' Amérique,  (b.)  Shinx.  (desm.) 

ATSCHI.  C'est  le  piment,  (b.) 

ATT,  ASP,  ABECHA.  Noms  du  cheval  dans  divers 
dialectes  persans,  (desm.) 

ATT/VGAS.  Oiseau  dont  les  anciens  ont  beaucoup  parlé , 
€t  au  sujet  duquel  les  modernes  n'ont  pas  moins  disserté ,  sans 
que  ni  les  uns  ni  les  autres  l'aient  désigné  assez  clairement 
pour  le  distinguer  d'une  manière  assez  précise.  Cette  incer- 
titude a  enfin  Jfeparu  ,  grâce  aux  recherches  d'un  savant  ob- 
servateur de  la  Tiature.  V.  le  tome  I.*""  des  Mémoires  de  l'aca- 
démie de  Toulouse ,  dans  lequel  Picot-Lapeyrouse  a  prouvé 
que  Vattagas  des  anciens  et  des  modernes  est  le  même  oi- 
seau que  le  Lagopède.  V.  ce  mot.  (s.) 

ATTAGAS  BLANC.  V.  Lagopède,  (s.) 

ATTAGEN.  V.  Lagopède,  (s.) 

ATTAGENE,  AUagenus^  Lat.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  coléoptères,  section  des  pentamères ,  famille  des  clavi- 
cornes  ,  et  qui  diffère  du  genre  des  dermestes^  dont  il  a  été 
distrait,  par  les  antennes  dont  la  massue  est  allongée  ,  avec 
le  derni'^r  article  fort  long,  dans  les  mâles;  par  les  palpes 
maxillaires  ])lus  allongés  et  plus  grêles,  et  par  l'absence  d'une 
dent  cornée  au  <  ôlé  interne  des  mâchoires. 

Je  rapporte  à  ce  genre  les  dermesles  :  pellio  undatus,viginii~ 
punrtatus,  trijasciaius^  macellarius^  de  Fabricius. 

L'AttagÈNE  ONDÉ,  Dermestes  undatus ,  Oliv.,  coL  tom.  2, 


ATT  03 

ii.o  II,  /ai.  I  .fig.  4  ,  est  obloilg,  uoir,  avec  une  laclie  blanche 
de  chaque  côté  du  corselet,  une  troisième  au  milieu  de  son 
bord  postérieur,  et  doux  raies  Iransverses  sur  les  étuis,  de  la 
même  couleur,  et  formées  aussi  par  un  duvet.  Gommuu  aux 
environs  de  Paris  ,  sur  les  arbres,  (l.) 
ATTAGOS.  V.  Atagos.  (s.) 
ATTALÉE  ,  Attalea.  Genre  de  Palmier,  (b.) 
ATTALERIE.  Nom  indien  de  la  Coutarde  de  Cey- 

LAN.  (B.) 

ATTARAK.  Au  Groenland,  c'est  le  Puoque  À  croissant 
dans  sa  première  année.  11  est  blanchâtre,  (desm.) 

ATÏARSOAK.  Nom  groënlandais  du  Phoque  À  crois- 
sant lorsqu'il  atteint  sa  cinquième  année  ,  époque  à  laquelle 
il  est  dans  toute  sa  force,  (s.) 

ATTE,yi//i«.  M.  Walckenaernomme  ainsi  les  arachnides 
qui  sont  connues  sous  le  nom  à.' araignées  sauteuses^  qui  apparu 
tiennent  à  mon  genre  Saltique.  V.  ce  mot  et  les  articles 
Aranéides  et  Araignée,  (l.) 

ATTEIKSIAK.  Phoque  à  croissant  dans  îa  seconde 
année  de  son  âge  ;  il  est  gris,  (desm.) 

ATTELA.be,  Altelabus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
coléoptères  ,  section  des  tétramères ,  famille  des  rhincho- 
phores  ou  porte-bec,  et  qui  se  distingue  des  autres  de  la 
même  famille,  parles  caractères  suivans  :  point  de  labre  appa- 
rent ;  palpes  très-petits,  coniques;  antennes  droites,  de 
onze  articles,  dont  les  trois  derniers  forment  une  massue  per- 
foliée  ;  trompe  courte,  large,  dilatée  au  bout;  point  de  cou 
apparent  ;  mandibules  fendues  à  leur  extrémité  ;  jambes  ter- 
minées par  deux  forts  crochets. 

Le  genre  A^?,  attelabes  ,  dans  la  méthode  de  Linnœus ,  est 
composé  de  coléoptères  très-diiîérens  quant  à  leur  organisa-^ 
tion  età  leurs  habitudes,  et  ne  comprend  qu'une  seule  espèce 
du  genre  qui  porte  aujourd  hui  ce  nom.  Geoffroy  désigne  dà 
la  même  manière  les  lihtcr  ou  Escarbots  de  ce  naturaliste, 
et  forme  avec  V uttëîabe  du  coudrier  de  celui-ci,  et  quelques- 
autres  insectes  très-analogues,  un  genre  fort  naturel  ,  celui 
des  Eecmares  ou  rlnnomucer.  Eabricius,  en  l'adoptant,  lui  a 
conservé  la  dénomination  linnéenne  A''uitdabe.  Ce  genre  a 
subi  depuis,  par  lés  travaux  d'Hcrbst,  de  Clairville  et  d'Oli- 
vier, plusieurs  changemens,  de  sorte  que  le  genre  des  atte- 
labes, propremerit  dit,  esl  maintenant  reslrelhtauxespèces  qui 
offrent  les  caractères  exposés  ci-dessus;  mais,  en  général,  les 
coléoptères  compris  dans  le  genre  primitif  des  becmares  ou 
atlelabes,  vivent  à  peu  près  de  la  même  manière,  et  se  res- 
semblent beaucoup  dans  leur  prcmitr  cial.  Leurs  larves  sont 


66  ATT 

4es  vers  mous,  blanchâtres,  sans  pattes,  dont  le  corps  est 
assez  gros  et  Composé  de  douze  anneaux  peu  distincts,  et 
dont  la  tête  est  dure ,  écailleuse  et  armée  de  deux  mâchoires 
assez  solides.  Elles  vivent  toutes  de  substance  végétale  ;  elles 
attaquent  les  feuilles ,  les  fleurs  ,  les  fruits  et  les  tiges  des 
plantes.  Elles  se  nourrissent  dans  leur  substance,  ou  elles 
roulent  les  feuilles  et  en  rongent  le  parenchyme.  Elles  chan- 
gent plusieurs  fois  de  peau,  et,  parvenues  à  toute  leur  gros- 
seur, elles  filent  une  coque  de  soie,  ou  la  construisent  d'une 
espèce  de  matière  résineuse  ,  assez  solide ,  et  s'y  transfor- 
ment en  nymphes,  d'où  elles  sortent  au  bout  de  quelque 
temps  sous  la  forme  d'insectes  parfaits. 

Lorsque  ces  larves  sont  nombreuses ,  elles  font  beaucoup 
de  tort  aux  végétaux  ,  soit  en  les  privant  de  leurs  feuilles ,  soit 
en  attaquant  les  jeunes  pousses ,  soit  enfin  en  rongeant  les 
fleurs  et  les  fruits  ;  et  il  est  d'autant  plus  difficile  de  s'en  ga- 
rantir, qu  elles  ne  se  montrent  que  par  les  ravages  qu'elles 
font.  Elles  ne  travaillent  point  à  découvert,  mais  enfermées 
au  milieu  d'une  lige  ou  au  centre  d'un  fruit,  qu'elles  rongent 
insensiblement  ;  on  n'est  averti  de  leur  présence  que  lorsque 
le  mal  est  sans  remède. 

C'est  ordinairement  sur  les  plantes  qui  ont  nourri  les  larves, 
que  l'on  trouve  les  insectes  parfaits.  Us  sont  quelquefois  sur 
différentes  fleurs,  dont  ils  retirent  la  liqueur  mielleuse;  quel- 
ques-uns aussi  se  nourrissent  du  parenchyme  des  feuilles  ; 
mais,  moins  dangereux  et  moins  voraces  que  leurs  larves,  les 
torts  qu'ils  causent  aux  végétaux  sont  bien  moins  considé- 
rables. Leur  grandeur  s'étend  depuis  une  jusqu'à  quatre  et  six 
lignes. 

AttelabE  FÉMORAL,  Atlelabus  femoralis^  OWs.  ^  ro/.  n.^Si, 
pi.  I,  fig.  12  :  noir,  luisant;  corselet  arrondi  ;  élytres  pu- 
bescentes  ,  avec  des  stries  pointillées;  cuisses  postérieures 
très-renflées  dans  l'un  des  sexes. 

Sur  différens  arbres  ,  et  particulièrement  sur  le  bouleau. 

Attelabe  laque  ,  Aitelabus  curcuUon9ides  ,  Linn.  ;  Oliv. , 
ihid. ,  pi.  I  ifig.  I  :  noir;  corselet  et  élytres  rouges.  Sur  diffé- 
rens arbres,  sur  le  chêne  spécialement. 

Attelabe  loîsgimaîsE,  Attelabus  longimanus  ^  Oliv.  ibid. 
pi.  I  ,  fig.  4  •  brun  ;  pattes  antérieures  très-longues  ;  cuisses 
renflées,  épineuses.  A  Cayenne.  (l.) 

ATTERRISSEMENT.  Amas  de  limon,  de  sable  et  de 
pierres  roulées  que  les  fleuves  entraînent  dans  la  mer ,  et  qu'ils 
accumulent  à  leur  embouchure.  Comme  ils  furent  jadis  in- 
comparablement plus  considérables  qu'aujourd'hui ,  à  cause 
dt:  la  grande  élévation  primordiale  des  monlagnes ,  leurs  al~ 


ATT  67 

ienissemens  furent  immenses.  Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  les 
contrées  situées  près  de  l'embouchure  des  fleuves ,  pour  re- 
connoîlre  que  leur  sol  est  entièrement  composé  de  déblais  , 
que  ces  fleuves  ont  entraînés  dans  leur  cours. 

La  Basse-Egypte  est  si  évidemment  un  alterrissement  du 
Nil ,  que  les  anciens  mêmes  Tavoient  déjà  reconnu.  La  Hol- 
lande et  toutes  les  côtes  jusqu'à  l'Elbe  ,  sont  des  alterrissemens 
des  fleuves  qui  se  jettent  dans  la  mer  d'Allemagne.  Le  sol  de 
Pétersbourg  est  un  atterrissement  de  la  Neva ,  qui  nest  pas 
même  encore  consolidé  ;  il  n'est  composé  que  de  limon  jus- 
qu'à plusieurs  toises  de  profondeur,  et  l'on  ne  peut  y  cons- 
truire que  sur  pilotis. 

Les  atteirisseviens ,  en  général ,  m'ont  fourni  une  preuve  de 
la  diminution  graduelle  de  la  mer  ,  qui  a  paru  ,  à  d'excel- 
lens  esprits  ,  portée  jusqu'à  l'évidence.  En  effet ,  puisqu  il  y  a 
des  milliers  de  rivières  qui  charrient  journellement  à  la  mer 
les  bancs  de  sable  et  de  gravier  qu'on  voit  se  former  à  chaque 
crue ,  et  que  la  crue  suivante  entraîne  ,  la  mer  devroit  bientôt 
refluer  sur  le  continent  ,  si  aile  n'éprouvoit  pas  une  diminu- 
tion proportionnée.  (  V.  mon  Hist.  nat.  des  Minéraux ,  inirod. 
p.  X.  )  V.  Terra  IIS  d'Alluvion.  (pat.) 

ATTHIS,  Gracida  atthis ,  Lath,  Oiseau  du  genre  des  Mai- 
nates de  cet  auteur  et  de  Gmelin. 

Il  suffit  de  lire  la  description  de  cet  oiseau  pour  voir  que 
ce  n'est  point  un  mainate,  ni  un  corbeau  ,  comme  le  dit  lias- 
se! quilz  imiter ^  pag.  i4o)>  ni  un  étoumeau ,  à  la  suite  des- 
quels Sonnini  l'a  placé  dans  ses  additions  à  VHist.  nat.  de  Buf- 
fon  ;  ni  enfin  un  merle.,  comme  le  disent  quelques  ornitholo- 
gistes ,  mais  bien ,  comme  l'assure  M.  Savigny,  notre  Martin 
PÉcuEUR.  V.  ce  mot.  (v.) 

Le  même  nom  à'aiihis  a  été  donné ,  par  quelques  natura- 
listes ,  à  d'autres  oiseaux  d'espèce  différente  de  celui  de  cet 
arlicle.  Aldrovande  l'a  appliqué  au  rossignol .,  et  les  anciens 
poètes  en  faisoient  le  nom  de  ['hirondelle ,  tandis  qu'ils  dési- 
gnoient  quelquefois  le  rossignol  par  la  dénomination  â^atUca 
aies.  (s.  V.) 

ATTI-ALU.  C'est  le  Figuier  à  grappes,  (b.) 

ATTICUS.  Nom  de  I'Esturgeon.  (b.) 

ATTIER.  Nom  vulgaire,  dans  nos  colonies ,  du  Corossol 
'  À  fruit  écailleux.  (b.) 

ATTIGBRO.  On  a  dit  que  les  Iroquois  donnoient  ce  nom 
au  Raton  ?  (desm.) 

ATTI-MEER-ALON.  Espèce  de  figuier  de  l'Inde,  (b.) 

ATTOMBISSEUR(FoHcon«me).C'est  aipsi  que  l'on  ap- 
pelle les  oiseaux  de  proie  dressés  à  la  chasse  du  héron,  (desm.) 


68  AT  T 

ATTRACTION.  Ce  mot  désigne,  en  général,  toute  force 
qui  tend  à  pousser  les  uns  vers  les  autres  divers  corps  ou  di- 
verses parties  d'un  même  corps.  On  en  reconnoît  dans  la 
nature  de  plusieurs  espèces,  qui  se  distinguent  soit  par  la  na- 
ture des  circonstances  dans  lesquelles  elles  s'exercent ,  soit 
par  les  lois  suivant  lesquelles  leur  intensité  croît  ou  décroît 
quand  la  distance  des  corps  attirés  varie. 

\J attraction  céleste^  appelée  aussi  giu^itation  universelle ^  est 
celle  qui  s'exerce  entre  les  grands  corps  de  notre  système 
planétaire  ,  et  qui  sollicite  toutes  les  parties  les  plus  intimes 
de  leur  masse.  Son  intensité  est  proportionnelle  à  la  masse 
attirante,  et  réciproque  au  carré  de  la  distance  du  point  attiré  : 
c'est-à-dire  qu'à  une  distance  double ,  elle  est  quatre  fois 
"iiioindre  ,  à  une  distance  triple,  neuf  fois,  et  ainsi  de  suite. 
Newton ,  qui  a  établi  le  premier  les  lois  de  cette  force  uni- 
verselle ,  en  a  fait  connoître  aussi  l'immense  influence  dans 
les  grands  phénomènes  de  la  nature.  Combinée  avec  une  im- 
pulsion primitive  ,  elle  fait  décrire  à  la  terre  et  aux  autres 
planètes  des  orbites  elliptiques  dont  le  soleil  est  un  des  foyers, 
€t  qui ,  en  s'allongeant  indéfiniment ,  deviennent  les  orbites 
paraboliques  des  comètes.  C'est  elle  qui  fixe  de  même  les  di- 
vers systèmes  de  satellites  autour  de  leur  planète,  et  qui  règle 
leur  cours.  C'est  encore  elle  qui  produit  la  pesanteur  à  la  sur- 
face de  la  terre  et  des  autres  corps  célestes  ,  le  poids  n'étant 
que  l'effort  total  des  forces  attractives.  C'est  elle  qui ,  com- 
binée avec  la  force  centrifuge  du  mouvement  de  rotation  , 
et  agissant  sur  des  masses  encore  fluides,  a  élevé  l'cquateur 
des  planètes  et  aplati  leurs  pôles  ;  c'est  elle  qui  produit  la 
nutation  de  Taxe  terrestre,  la  précession  des  équinoxes,  ainsi 
que  le  flux  et  le  reflux  des  mers.  Tous  ces  phénomènes  sont 
autant  de  conséquences  nécessaires  et  calculables  du  principe 
cle  la  gravitation  universelle  ;  principe  qui  se  déduit  lui-même 
rigoureusement  des  lois  générales  découvertes  par  Kepler 
tîans  les  mouvemens  célestes ,  à  l'aide  d'une  immense  série 
d'observations  habilement  combinées. 

Outre  l'espèce  d'attraction  que  nous  venons  de  considérer, 
il  existe  encore  d'autres  forces  dont  la  ten/lance  est  pareifli' , 
mais  qui  se  développent  seulement  lorsque  les  molécules  de 
la  matière  sont  rapprochées  les  unes  des  autres  à  de  très-pe- 
lites  dislances.  Ce  n'est  pas  pour  cela  que  leur  action  soit 
réellement  limitée  :  au  contraire  ,  elle  s'étend  aussi  indéfini- 
ment dans  l'espace;  mais  son  intensité  décroît  avec  Téloi- 
gnement  d'une  manière  si  excessivement  rapide  ,  qu'elle  ne 
peut,  pour  ainsi  dire,  produire  d'effets  sensibles  que  tout 
près  du  contact.  Ce  sont  ces  forces  qui  produisent  tous  les 
phénomènes  chimiques  j  la  réfracliyo  dç  i^  lumicx«i  cl  l'as- 


A  T  U  C^ 

censîon  ou  la  dépression  des  liquides  hors  de  leur  niveau  na- 
turel dans  des  tubes  très-étroits.  11  est  vraisemblable  qu'elles 
sont  des  résultats  d'une  loi  d'attraction  générale  ,  modifiée 
par  la  figure  des  particules  matérielles,  de  même  que  la 
précession  des  équinoxes  et  la  nulation  de  l'axe  terrestre  ré- 
sultent de  la  seule  force  d'attraction  universelle  modifiée  par 
l'aplatissement  de  la  lune  f^  de  la  terre.  Ces  modifications , 
dépendantes  de  la  figure,  disparoissent  avec  l'éloigncment;  et 
il  ne  reste  de  sensible  que  la  loi  générale  de  l'attraction  réci- 
proque au  carré  de  la  distance. 

On  observe  encore  dans  la  nature  des  forces  attractives 
d'une. autre  nature,  qui  s'exercent  seulement  entre  certains 
corps,  ou  entre  des  corps  modifiés  d'une  certaine  manière. 
Telles  sont  les  attractions  magnétiques  et  électriques  ,  les 
premières  ayant  lieu  seulement  entre  les  métaux  susceptibles 
d'aimantation ,  et  les  dernières  seulement  entre  les  corps 
amenés  à  l'état  électrique  par  la  communication  ou  le  frot- 
tement. Il  se  produit  aussi  dans  ces  différens  cas  des  forces 
répulsives.  Coulomb  a  fait  voir  que  les  unes  et  les  autres  sui- 
vent les  lois  de  Pattraction  céleste  ,  proportionnelle  aux 
masses  et  réciproque  au  carré  des  distances,  (biot.) 

ATTRAPE-MOUCHE.  Nom  vulgaire  du  Gobe-mou- 
che, (v.)  » 

ATTRAPE-MOUCFÎE.  Plante  de  la  Caroline  ,  dont  le^ 
fouilles  se  ferment  lorsqu'une  mouche  se  pose  sur  leur  disque. 
F.  au  mot  Dionée. 

Oji  donne  aussi  ce  nom  à  deux  ou. trois  espèces  de  Lych- 
SIDES,  qui  sont  plus  visqueuses  que  les  autres  ,  et  à  la  tige 
desquelles  les  petites  mouches  collent  leurs  pattes  ou  leurs 
ailes,  de  manière  à  ne  pouvoir  plus  se  dépêtrer  ;  ainsi  qu'a 
I'Apocin  anduosème  ,  dont  les  étamines  sont  si  irritables  , 
que  les  mouches  qui  se  posent  dessus  les  font  contracter  de 
î|ianière  qu'elles  se  trouvent  prises  par  les  pattes  ,  et  que  les 
efforts  qu'elles  font  pour  s'en  aller  ne  servent  qu'à  les  faire 
resserrer  davantage.  V.  aux  mots  Lychnide  et  7\rociN.  (b.) 

ATUCO.  Dans  l'Am^irique  méridionale,  c'est  !e  Tatoip 
cachicame.  (desm.) 

ATUN.  Arbre  dont  les  feuilles  sont  alternes  et  lancéo- 
lées ;  les  fleurs,  en  grappes  terminales,  composées  de 
cinq  pétales,  de  plusieurs  étamines  et  d'un  ovaire  supé- 
rieur; son  fruit  est  une  noix  uniloculaire  ,  dont  le  brou 
est  très-épais,  et  recouvre  un  noyau  oblong,  de  la  grosseur 
d'un  œuf  de  poule,  que  les  Malais  râpent  pour  s'en  sei-vir 
comme  d'épices,  dans  le  bat  d'exciter  Tappétit. 


yo  A    T    Y 

Cet  arbre  croît  dans  les  Moluques,  et  se  rapproche  du 
MoLAVi.  Son  bois  est  dur,  mais  cassant  et  peu  durable,  (b.) 

ATY.  TSom  du  Piment,  f  s.) 

AT7CHIE,  AiyrMa.  Hjffm.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  lépidoptères,  famille  des  zygénides,  ayant  pour  ca- 
ractères :  antennes  bipectinées  dans  les  mâles,  simples  dans 
les  femelles  :  palpes  extérieurs  ou  labiaux  ,  s'élevant  notable- 
ment au-rlelà  du  chap.'ron  ,  très-velus  ;  ailes  courtes  ;  des 
épines  fortes  à  l'extrémité  des  jambes  postérieures. 

Ce  genre  est  formé  avec  le  sphinx  appendiailafaà''Esi^er,  îepid. 
iom.  2  ,  fah.  ?>'rt^Jis;.  5.  6,  la  fem.;  o\x\c sphinx  chimera  ^A^WvA)- 
ner,  lepi/I.  sphinx,  tab.i.^g.  i.  la  femelle,  qu'il  a  ensuite  placé» 
avec  les  noctuelles,  pi.  64- ,   3i4.  et  3i5.  (l.) 

ATYE,  Alya,  Leach.  Genre  de  crustacés  de  l'ordre  Ac% 
décapodes  ,  ifamille  des  macroures  ,  section  des  salicoques  , 
ayant  pour  caractères  :  les  quatre  pieds  antérieurs  égaux  , 
avec  le  dernier  article  fendu  ;  la  troisième  paire  plus  grande, 
inégale,  sans  doigts,  terminée  par  un  simple  crochet, 
ainsi  que  les  suivantes  ;  queue  large  avec  le  feuillet  du  milieu' 
de  sa  nageoire  terminé  un  peu  en  pointe  et  arrondi. 

Atye  raboteuse,  ^/jflscrt/vra,  hedich.  Lin. Soc.  tmtis.  tom'S.l ^ 
pag.  34.5.  Bec  caréné  ,  trifide  :  dent  du  milieu  plus  longue  ; 
les  six  pieds  postérieurs  ayant  des  aspérités  :  le  dernier  article 
des  quatre  premiers  très-poilu. 

Du  Musée  britannique.  Patrie  inconnue,  (l.) 

ATYLE,  y^/j/iw,  Leach.  Genre  de  crustacés,  de  l'ordre 
des  amphipodes ,  très-voisin  du  genre  des  talitres  et  de  celui 
des  dexamines  du  même  auteur.  Les  antennes  supérieures 
sont  simplement  un  peu  plus  courtes  que  les  inférieures  ;  les 
yeux  sont  insérés  de  chaque  côté,  près  d'un  avancement 
antérieur  du  test  en  forme  de  bec. 

L'Atyle  caréné  ,  Aiylns  cnrinatns ,  Leach.  Zool.  miscell. 
II.  12.  iab.  69.  Bec  incliné  ;  les  derniers  segmens  carénés 
et  prolongés  postérieurement  en  pointe  aiguë.  Patrie  in- 
connue. 

Le  gammanis  nugax  de  Fabricius ,  figuré  par  Phipps , 
dans  .son  A  oyage  au  Pôle  boréal,  pi.  \2.^ji-g.  2,  est  peut-être 
du  même  genre.  (  L.  ) 

ATYOUARAGLE.  C'est  la  Parthénie  hystérophore. 

ATYPE,  Atypus,  Lat.  Genre  d'arachnides,  de  l'ordre  des 
pulmonaires,  famille  des  aranéides  ,  section  dés  territèles  , 
cl  qui  a  pour  caractères  :  lèvre  très-petite,  recouverte  parla 
base  des  mâchoires  ;  palpes  insérés  sur  une  dilatation  in- 
férieure du  bord  extérieur  de  ces  dernières  parties. 


A  T  Y  71 

L'araignëe  nommée  ^^ic^a  par  Sulzer,  qu'il  avoit  décou- 
verte en  Suisse  ,  et  que  M.  Bosc  a  trouvée  le  premier  dans 
les  environs  de  Paris ,  m'a  servi  de  type  à  l'établissement  de 
ce  genre  (  Hisf.  nat.  des  crustacés  el  des  insectes,  tom.  7  ,  pag. 
168  ).  M.  "Walckenaer  a  depuis  substitué  au  nom  d'ATYPE  , 
Atypiis  (  difforme  )  que  je  lui  avois  imposé ,  celui  d'oletère  , 
oletera.  Par  la  petitesse  de  la  lèvre  ,  la  forme  et  la  direction 
des  mandibules,  la  disposition  des  yeux,  les  atypes  ont 
évidemment  de  grands  rapports  avec  les  mygales;  mais  leurs 
palpes,  ainsi  que  dans  toutes  les  aranéides  suivantes  ,  sont 
insérés  un  peu  au-dessus  de  la  base  extérieure  des  mâ- 
choires, et  sur  une  dilatation  ou  espèce  d'oreillette  de  leur 
côté  extérieur  ,  comme  dans  les  ségestries  ,  les  dysdères  et 
quelques  autres  genres  de  celte  section. 

La  peau  de  la  partie  antérieure  et  supérieure  de  l'abdo- 
men est,  dans  les  mâles,  seulement  d'une  nature  plus  ferme 
et  plus  solide  ;  elle  y  forme  une  plaque  écailleuse  et  luisante. 
Telles  sont  les  différences  que  l'on  remarque  entre  les  atypes 
et  les  mygales. 

Les  palpes  de  la  femelle  sont  terminés  par  un  crochet 
pectine.  Dans  les  mâles  ,  le  dernier  article  est  en  forme 
de  cône  allongé  et  un  peu  courbé  ;  il  offre ,  en  dessous  , 
près  de  sa  base  ,  un  corps  saillant,  corné  ,  luisant  ,  et  qui 
paroît  composé  de  deux  articles  ,  dont  le  premier  ,  ou  celui 
de  la  base,  transversal  ;  le  second  plus  grand  ,  globuleux  , 
creux  en  dessous,  et  portant  à  son  extrémité  une  petite 
pièce  comprimée,  un  peu  transparente  et  un  peu  contournée 
en  forme  d'un  demi-entonnoir  irrégulier  et  unidenté.  Ce  sont 
les  organes  sexuels  :  par  la  forme  du  dernier  article  de  ces 
palpes ,  par  l'insertion  des  organes  sexuels ,  on  voit  que  les 
atypes  s'éloignent  des  mygales. 

Les  pattes  sont  allongées,  et  ont ,  au  bout ,  deux  petits  cro- 
chets pectines  ;  la  première  paire  et  la  quatrième  sont  les 
plus  longues  et  presque  égales  entre  elles  ;  la  troisième  est 
la  plus  courte. 

L'extrémité  postérieure  de  l'abdomen  présente  deux  fi- 
lières plus  longues ,  cylindracées  et  composées  de  quatre  ar- 
ticles, dont  le  dernier  plus  long  et  cylindrique;  quatre  autres 
mamelons  inférieurs  ,  mais  d'une  seule  pièce ,  et  dont 
les  deux  extérieurs  à  peine  sensibles. 

L'atype  de  Sulzer  a  été  retrouvé  plusieurs  fois  autour  de 
Paris  ,  et  dans  cette  ville  même  ,  depuis  la  première  décou- 
verte qu'en  avoit  faite  M.  Bosc.  Je  l'ai  vu  en  grande  quantité, 
au  mois  de  juillet ,  dans  un  terrain  couvert  de  gazon  et  en- 


7=  A  T  Y 

iremclé  tie  monssc  ,  faisant  partie  d\m  «iclos  sîlu»?  au  î)as 

an  coteau  de  Belle-Yue. 

Chaque  individu  se  creuse  une  galerie  cylindrique  ,  d'a- 
bord horizonlalc  ,  s'inclinant  ensuite  ,  et  profonde  d'environ 
deux  à  trois  déciinèires.  Un  tuyau  d'une  soie  très-serrée, 
blanche  ,  un  peu  couvert  de  terr€  ,  et  construit  sur  le  même 
modèle,  en  occupe  Tintérieur,  et  sert,  à  l'animal,  de  domi- 
cile proprcmenl  dit.  C'est  au  fond  de  ce  tuyau  que  la  femelle 
place  ses  œufs  ,  formant  un  paquet  ovoïde  enveloppé  d'un€ 
toile  blanche  et  fixé  aux  deux  boufts  avec  de  la  soie.  Ces  ara- 
néides  parois?t'nl  être  noclurufs.  M.  Alexandre  Brongniart^ 
directeur  de  la  manufacture  des  porcelaines  de  Sèvres  ,  nt'a 
mis  à  portée  de  recueillir  ces  observation^,  en  me  conduisant 
sur  lé  lieu  mémo  où  cette  espèce  avoit  été  trouvée.  M.  de  Jîa- 
soche ,  habile  naturaliste ,  a  découvert  dans  les  environs  de 
Séez,  un  atype  qui  diffère,  du  moins  comme  variété,  de 
l'espèce  précédente.  Il  est  brun,  et  son  nid  est  proportion- 
nellement plus  grand. 

Atype  de  Sulzer,  Atypus  Suhrri ,  Latr.  Gen.  misf.  et 
inser.t.  iom.  i,  pi.  S^Jîg.  2,  md/e;  nlélèrc  dlffonne^  Walck,  Uhi. 
desaran.fig.  i^faJi.^.h  mule; (iranea picea ^  Sulzer,  Gen.  iuscrl..^ 
pi.  3o,  fis;.  2.  11  est  noir  ou  noirâtre,  luisant,  peu  velu, 
et  long  de  près  de  deux  centimètres.  Les  crochets  des 
mandibules  sont  d'un  brun  foncé.  L'abdomen  est  obscur  , 
et  a  ,  dans  le  mâle  ,  une  plaque  coriace  ,  luisante  ,  située 
à  sa  partie  supérieure,  près  la  base.  Les  jointures  des  pâlies 
paroissent  blanch.^lres  ,  à  raison  de  la  couleur  de  la  mem- 
brane qui  réunit  les  arlicles.  La  poitrine  a  tout  autour  de 
petites  impressions  arrondies. 

Celte  espèce  se  trouve  en  Snisso  cl  dans  toute  la  France. 

(E.) 

ATYRION,  Àthyriitm.  Genre  de  FouGÈRE.s  établi  par 
Ixoth  ,  mais  qui  rentre  dans  le  genre  Aspidion  de  Swartz. 

ATYS  ,  Sim'in  nfys .,  And.  Yolci  un  singe  qui  éloit  déjà 
connu,  .à  ce  qu'il  paroît ,  du  temps  d'Albert  Séba,  qui  l'a  fi- 
guré dan«;  son  T/'iesaimis  ver.  naiur. ,  t.  i ,  pi.  /^8  ,  fig.  3,  sous 
le  nom  de  grand  singe,  hianc  des  Indes  orientales.  Audebert  en  a 
donné  une  nouvelle  figure  dans  sou  Histoire  des  Singes  (^  fum.  ^, 
fecf.  2,  nddit.  V.  aussi  Biiffov  (Edit.  Sonn.  ,  t.  3G,p.  jjj, 
pi.  58,^0-.  8,  par  Ldtreille.)  Cet  animal  appartient  au  genre 
des  GuENOTîS.  J'.  ce  mot.  On  suppose  que  c'est  le  rercopi- 
ihecvs  senex  d  Erxleben  ,  Syst.  reg.  anim. ,  p.  24.  fvinEY.) 

ATYS ,  Alys.  Genre  de  Coquille  établi  par  Deuvs  Monl- 
ort ,  aux  dépens  des  Bulles  de  Linnrcus.  Ses  caractères  sont  î 


A  U  B  73 

coquille  libre,  «nivalve ,  h  spire  intérieure  roule'e  sur  elle-* 
înème,  formant  la  navette;  le  dernier  tour  de  spire  ren- 
fermant tous  les  autres;  ouverture  arrondie,  irès-évasée  ; 
lèvre  extérieure  arrondie. 

L'espèce  qui  sert  de  type  à  ce  genre  est  la  gondole  papy- 
racée  ou  la  grande  goiuhle  ■  Aq  Dargenville,  coquille  de  près 
de  deux  pouces  de  diamètre  ,  grise ,  et  originaire  des  cotes 
d'Afrique. 

11  est  probable  que  ce  mollusque  recouvre  toute  sa  co- 
quille par  des  tégumens ,  ou  par  son  manteau  ;  car  elle  est 
constamment  lisse  et  dépourvue  d'épiderme  ou  de  drap  ma- 
rin ;  elle  est  extrêmement  légère  et  presque  papyracée. 

Le  genre  Jtys  renferme  encore  deux  ou  trois  autres  es- 
pèces, (b.) 

AUAK  ou  AUEK.  Au  Groenland,  c'est  le  Morse,  (desm.) 
AUBÉPIN,  ou  AUBÉPINE,  ou  ÉPINE  BLANCHE, 
f»u  NOBLE-EPINE ,'  Crotœgv.s  oxyarantha^  Linn.  Cet  arbris- 
seau très-épineux  ,  du  genre  des  Néfliers  ,  est  propre  à  en- 
tourer et  à  défendre  les  plantations,  c'est-à-dire,  à  faire 
d'excellentes  haies  :  on  le  taille  aisément.  Quoiqu'il  affecte 
assez  naturellement  la  forme  de  buisson  ,  cependant  ,  aidé 
par  la  culture  ,  il  s'-élève  ,  dans  quelques  terrains  ,  à  la  hau- 
teur d'un  arbre  de   médiocre  grandeur.   Il  n'est  pas  moins 
agréable   qîi'utile  ;    ses  fleurs  i-assemblées   en  bouquets  of- 
frent un  joli  coup   d'œil  ,  et  parfument  l'air  au  printemps  ; 
ses  feuilles  plaisent  à  toute  espèce  de  bétail  ;  et  ses  fruits , 
attachés  long-temps  aux  branches,  attirent,  pendant  l'hiver, 
par  leur  éclat,  les  oiseaux  qui  s'en  nourrissent  :  on  en  fait 
une  boisson   fermentée  ;  enfin  ,    son  bois  ,  tràs-dur  et  très- 
égal,  est,  après  le  buis,  un  de  ceux  qu'on  recherche  le  plus  pour 
les  ouvrages  de  tour. 

Ces  avantages  ont  dd  porter  à  cultiver  particulièrement 
\ aubépine  :  aussi ,  à  force  de  soins ,  en  a-t-on  obtenu  de  jo- 
lies variétés.  Les  plus  connues  sont  V épine  a  jleur  double  ;  \é~ 
pi  ne  à  fleur  rose  ^  double;  V  épine  ii  fruit  jaune  ;  V  épine  à  petites 
feuilles;  celte  dernière  est  préférée  pour  les  haies,  parce  que 
ses  branches  croissent  plus  serrées  et  plus  rapprochées  les 
unes  des  autres. 

Toutes  ces  variétés  se  greffent  sur  l'espèce,  le  plus  sou-* 
vent  à  œil  dormant.  Comme  on  les  recherche  beaucoup , 
elles  se  trouvent  dans  toutes  les  pépinières. 

Pour  former  des  haies  ^aubépine  ,  on  en  sème  la  graine  eïi 
place  ou  dans  une  pépinière  ,  ou  on  plante  des  pieds  arra- 
chés dans  les  forints.  Le  semis  est  plus  long,  mais  plus  sAr. 
La  graine  ne  levant  que   deux  ans  après  sa  récoke,  \S 


7^  A  U  B 

est  avantageux  de  la  de'poser  ,  en  attendant ,  en  masse  , 
dans  un  trou  creusé  à  deux  pieds  de  profondeur  dans  une 
terre  sèche  ,  ce  qu'on  appelle  mettre  au  germoîr.  Alors  elle 
lève  de  suite.  Les  plants  venus  dans  les  pépinières  peuvent 
être  mis  en  place  à  leur  seconde  année.  Deux  ans  après  , 
il  est  bon  de  recéper  le  plant,  s'il  est  disposé  en  haie,  pour 
lui  faire  pousser  de  nouvelles  tiges  plus  nombreuses  et  mieux 
garnies  de  branches. 

Toutes  les  espèces  étrangères  de  Néfliers,  dont  quelques- 
unes  sont  très-belles,  tous  les  Poiriers,  les  Sorbiers,  les 
Pommiers  ,  peuvent  se  greffer  avec  succès  sur  Ymibépine  ; 
mais  comme  ses  racines  sont  moins  fortes  et  moins  nom- 
breuses ,  les  arbres  qui  résultent  de  ces  greffes  ,  lorsqu'ils 
appartiennent  aux  grands  poiriers  ou  aux  sorbiers  ,  restent 
plus  foibles  ,  ce  qui  est  souvent  un  avantage. 

Quelques  personnes  croyoient  que  les  fleurs  odorantes  de 
Vépine  blanche  corrompoient  le  poisson  :  les  expériences  que 
Parmentier  a  faites  à  ce  sujet,  ont  détruit  ce  préjugé,  (d.) 

AUBEPiGlNE.  Espèce  de  Morelle.  (b.) 

AUBERTIE  ,  yluhertia.  Arbre  à  feuilles  opposées  ,  en- 
tières ou  émarginées  ;  à  (leurs  jaunâtres  ,  très-petites  ,  dispo- 
sées en  grappes  axillaires,  qui  croit  sur  les  montagnes  les  plus 
élevées  de  Tile  de  la  Réunion  ,  et  qui ,  selon  Bory-Saint- 
Vincent ,  Voyage  aux  îles  d'Africjue  ^  pi.  i8  ,  forme  un  genre 
dans  la  tétrandrie  tétragynie» 

Ce  genre  offre  pour  caractères:  un  calice  à  quatre  divisions; 
quatre  pétales  ;  quatre  étamines  ;  un  ovaire  supérieur,  sur- 
monté de  quatre  styles  ;  quatre  capsules  oblongues,  carénées, 
sujettes  à  avUrter ,  uniloculaires  ,  s'ouvrant  latéralement  et 
contenant  une  à  trois  semences. 

Les  Ampacs  de  Fvumphius  rentrent  dans  le  même  genre,  (b.) 

AUBIER,y4/iM/w/m.  Partie  deTarbre  placée  entre  Técorce 
et  le  bois.  V.  Arbre,  (tol.) 

AUBIER.  V.  Obier  et  Saule,  (b.) 

AUBIFOIN.  C'est  le  Bleuet,  (b.) 

AUBITON.  C'est  encore  le  Bleuet,  (b.) 

AUBLETIE.  C'est  la  même  chose  que  l'ApÉlBA  ,  ou  une 
espèce  de  Verveine  (  Verbena  longifiora  ). 

Gœrtner  a  aussi  donné  ce  nom  à  un  genre  qu'il  a  établi 
pour  placer  quelques  espèces  de  Palétuviers  ,  Rhizophora , 
Linn.  ,  qui  ont ,  ou  paroissent  avoir  la  corolle  polypétale. 
C'est  le  Blatti  ,  Sonnerada. 

Loureiro  a  encore  donné  le  même  nom  à  un  genre  de  sa 
façon ,  qui  ne  paroît  pas  différer  des  Paliùres.  (b.) 


A  U  C  75 

AUBOUR.  La  Vior>^e  aubour  et  le  Cytise  des  Al- 
pes s'appellent  ainsi  dans  quelques  lieux,  (b.) 

AUBKEGUE.  On  donne  ce  nom,  dans  le  département  de 
l'Aveyron ,  à  une  terre  argileuse  qui  contient  des  Bélem- 
KiTES  ,  des  CoRîSES  d'Ammon  ,  et  autres  coquilles  antédilu- 
viennes. C'est  une  véritable  Marne  de  fort  mauvaise  nature 
sous  les  rapports  agricoles,  (b.) 

AUBRESSIN.  Synonyme  d' Aubépine,  (b.) 

AUBRiER.  F.  Hobreau.  (s.) 

AUBUSSEAU.  On  donne  ce  nom  ,  à  la  Rochelle  et  sur 
toute  la  côte  voisine  ,  à  un  petit  poisson  argenté  ,  qui  est  bleu 
sur  le  dos.  Sa  mâchoire  inférieure  est  plus  longue  que  la  su- 
périeure ,  et  se  recourbe.  Ces  caractères  convenant  à  plu- 
sieurs poissons ,  il  est  difficile  d'indiquer  le  genre  de  celui-ci 
avec  certitude. 

La  chair  de  Vaubusseau  est  très-bonne  à  manger  lorsqu'elle 
est  frite.  On  le  pêche  avec  un  filet ,  qu'on  tend  en  courtine 
sur  la  vase  lors  de  la  retraite  de  la  mer.  (b.) 

AUCHA.  INiéreinberg  dit  que  ce  nom  est  attribué  par 
quelques  auteurs  aux  Sarigues,  (s.) 

AUCHENIE  ,  Aiichenia.  Illiger ,  dans  son  Prodrome  , 
change  ainsi  le  nom  de  Lama  donné  à  un  genre  de  mammi- 
fères de  l'ordre  des  ruminans  et  voisin  de  celui  des  chameaux, 
parce  qu'il  a  adopté  pour  principe  de  ne  laisser  à  aucun  genre 
les  noms  triviaux  ou  de  pays,  que  les  naturalistes  ont  souvent 
adoptés  pour  les  désigner.  Nous  pensons  au  contraire  qu'il  est 
convenable  de  conserver,  autant  qu'il  est  possible  de  le  faire , 
les  premières  dénominations  en  usage  ,  afin  d'éviter  la  con- 
fusion dans  la  synonymie.  C'est  pourquoi  nous  renvoyons  au 
genre  Lama,  (desm.) 

AUCHENOPTERES.  Synonyme  de  Jugulaires,  (b.) 
AUCHENORINGUES  ou  COLLIROSTRES,  Dumé- 
ril.  Famille  d'insectes  composée  des  g^tnircs  fu/gore  et  dga/e  de 
Linnseus.  V.  Hémiptères  et  Cicadaires.  (l.) 

AUCUBE,  ylucuha.  Genre  de  plantes  de  la  monoécle  té^ 
trandrie  et  de  la  famille  des  rhamnoïdcs  ,  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  :  un  calice  urcéolé,  à  quatre  dents,  et  persistant; 
quatre  pétales  caducs  ,  insérés  au  sommet  du  calice  ;  une  fleur 
mâle  ayant  quatre  étamines  attachées  au-dessous  des  péta- 
les ,  et  alternes  avec  eux  ;  une  fleur  femelle  ayant  un  ovaire 
inférieur  surmonté  d'un  style  épais  ,  couit  et  persistant ,  à 
stigmate  siujple  et  capilé  ;  une  baie  presque  charnue  et  mo- 
nosperme. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce,  qui  est  un  petit  arbuste 
du  Japon  ,  dont  les  feuilles  sonl  rapprochées  au  sommet  Ji-s 


7^  A  U  G 

rameaux,  pcliok'cs  ,  opposées,  d'urt  rcrf  souvent  tacîié  de 

jaune.  Les  fleurs  sont  disposées  en  panicules  terminales. 

Cet  arbuste  se  cultive  à  Paris  dans  les  orangeries  ,  et  s'y 
multiplie  de  boutures  avec  la  plus  grande  facilité.  11  n'est  re- 
marquable qu'à  raison  de  la  marbrure  de  ses  feuilles,  (b.) 

AUDIAN-TÎOULOHA.  Espèce  de  Pithone.  (b.) 

AUGEE ,  yiugea.  Genre  de  plantes  dont  les  caractères  sont 
d'avoir  ;  un  calice  divisé  en  cinq  parties:  point  de  corolle, 
i.'iais  un  nectaire  à  dix  dents ,  qui  en  tient  lieu  ;  dix  étamines  ; 
im  pistil  ;  une  capsule  à  dix  loges.  • 

Ce  genre  ne  comprend  qu'une  espèce,  qui  croît  an  Cap-dc 
Bonne-Espérance  ,  où  elle  a  été  observée  par  Thunberg. 
Elle  n'a  encore  été  i\i  figurée  ni  uiêuie  décrite  complète- 
ment, (b.) 

AUGIE,  Aiif;}a.  Arbre  k  feuilles  pinnées  avec  impaire,  à 
folioles  lancéolées,  très-entières,  petites,  au  nombre  de  cinq 
de  chaque  coté  ;  à  ileurs  pâles,  disposées  en  panicules  pt'es— 
que  terminales ,  qui  forme  un  genre  dims  la  polyandrie  mo- 
tiogynie  et  dans  la  famille  des  guttiers. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  très-petit,  tron- 
qué; une  corolle  à  cinq  pétales  oblongs;  une  centaine  d'é- 
lamines  ;  un  ovaire  supérieur  comprimé  ,  surmonté  d'un  slyl^ 
h  stigmate  obtus;  une  drupe  presque  lenticulaire,  fort  petite, 
renfermant  une  noix  monosperme. 

Uaiigie  se  trouve  dans  les  forets  de  la  Chine ,,  de  la  Co- 
chinchine  et  des  pays  voisins.  Il  découle  de  son  écorce  une 
liqueur  résineuse  ,  qui  est  le  véritable  vernis  de  la  Chine  ,  et 
qui  fournit,  par  sa  seule  exposition  au  soleil,  le  beau  laque 
noir  qui  couvre  les  petits  meubles  qu'on  apporte  de  ce  pays, 
et  qui  sont  si  estimés  à  raison  du  brillant  et  de  la  solidité  de 
leur  couleur. 

On  doit  à  Loureiro  de  nous  avoir  fait  connoître  botanique- 
mcnt  cet  arbre,  qui,  quoique  mentionné  par  plusieurs  voya-^ 
geurs  anciens,  et  même  f;guré  dans  Kempfçr  et  Charlevoix, 
cloit  confondu  avec  le  remis  du  Japon,  qui  est  un  Sumac. 

Outre  son  emploi  comme  vernis ,  emploi  qui  se  varie  de 
mille  manières  en  le  mélangeant  avec  des  couleurs  ou  avec 
d'autres  substances,  le  suc  de  Vaugic  sert  encore  à  la  méde- 
cine. On  le  regarde  comme  échauffant,  résolutif,  emména- 
gogne  et  anlljclininîiquc.  Ses  qualités  acres  s'affoiblissent  par 
rébullilion;  el  c'est  ordinairement  après  cette  opération 
préliminaire  qu'on  l'ordonne,  soit  en  décoction,  soit  en  pi- 
lules. 

1/âcreté  du  vernis  de  Vaugie  est  si  forte,  qiie  son  extraction 
fn  devient  dangereuse.  Aussi  cxistc-1-il  en  Chine  de?  rè:;le-i 


A  U  L  7^ 

mens  de  police,  qui  ordonnent  que  ceux  qui  le  recueillent 
se  frottent  d'huile  avant  et  après  leur  travail,  aient  des  bottes, 
des  gants  et  un  masque.  On  ne  fait  que  trois  à  quatre  incisions 
à  chaque  arbre,  et  on  place,  au  bas  de  chacune,  une  coquille 
destinée  à  recevoir  le  vernis  qui  en  sort.  Il  ne  faut  que  trois 
heures  pour  épuiser  un  arbre  au  moyen  de  ces  entailles  ;  mais 
on  peut  les  renouveler  jusqu'à  trois  fois  ,  dans  le  cours  d'uu 
été,  sans  inconvénient  pour  l'arbre. 

Les  Chinois  distinguent  plusieurs  espèces  de  vernis  quî 
tirent  leurs  noms  des  divers  cantons  d'où  on  les  retire.  Le 
plus  estimé  est  le  nicn-tsl.  11  est  très-noir  et  rare.  Celui  qui 
vient  ensuite  est  le  roaanf;-si ,  qui  tire  sur  le  jaune.  On  le  mêle 
ordinairement  avec  l'huile  du  Tongchu  pour  remplo)ier  avec 
plus  d'avantage. 

L'application  de  ce  vernis  demande  de  l'habileté  ;  car  il 
faut  que  les  couches  soient  extrêmement  minces  ,  qu'elles  se 
sèchent  promptement ,  et  qu'il  ne  s'y  mêle  aucun  objet 
étranger.  On  polit  chaque  couche  avant  d'appliquer  la  sui- 
vante. Ce  sont  les  difficultés  et  la  longueur  de  ces  opérations 
qui  rendent  les  ouvrages  de  vernis  assez  chers  ,  même  en 
Chine. 

ISaugie  n'a  pas  encore  été  introduit  dans  les  jardins  d'Eu- 
rope ;  il  y  a  cependant  lieu  de  croire  qu'il  s'y  conserveroit , 
et  même  se  multiplieroit  en  pleine  terre,  au  moins  dans  les 
parties  méridionales. 

Quoique  cet  arbre  ait  quelques  rapports  avec  les  Bada- 
MiERS,  il  ne  peut  pas  leur  être  réuni,  à  raison  de  son  ovaire 
mpérieur,  de  sa  corolle  et  du  nombre  de  ses  étamines.  (e.) 

AUGITE,  V.  Pyroxène.  (luc.) 

AUGUENILLA.  C'est  une  Jovellane.  (b.) 

AUGUO.  C'est  la  ZosTÈRE.  Voyez  ce  mot  et  celui 
ÇioÉMON.  (b.) 

AUJON.  Altération  du  mot  Ajoisc.  (b.) 

AUKEB.  Nom  arabe  d'un  Aigle,  (y.) 

AUKPALLARTOLIK.  Nom  groënlandais  du  Coq.  (v.) 

AULACIE  ,  Aulacia.  Petit  arbre  à  feuilles  alternes,  pé- 
tiolées,  lancéolées,  en  faulx ,  presque  crénelées,  glabres;  à 
fleurs  d'un  blanc  verdâtre ,  disposées  en  grappes  lâches  et  ter- 
minales ,  qui  forme ,  dans  la  decandrie  monogynie ,  un  genre 
gui  diffère  à  peine  du  Vampi  de  Sonnerat. 

Il  offre  pour  caractères:  un  calice  à  cinq  dents;, une  corolle 
à  cinq  pétales  oblongs ,  droits  ,  épais ,  à  quatre  sillons  inté- 
rieurs ;  dix  étamines ,  dont  cinq  alternes  plus  longues  ;  m) 
ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  épais,  à  stigmate  cou- 
rexc  ;  une  petite  baie  ovale  à  çiiiq  loges  dispermcs. 


78  A  U  L 

Vaulacie  croît  dans  les  forêts  de  la  Cochinchine  ;  se» 
feuilles,  en  décoction  ,  passent  pour  emménagogues.  (b.) 

AULAQUE,  Julacus,  Jur.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  hyménoptères  ,  section  des  porte-tarières,  famille  des 
pupivores  ,  tribu  des  ichneumonides ,  et  qui  a  pour  carac- 
tères :  antennes  sélacées  de  treize  articles  dans  les  mâles,  et 
de  quatorze  dans  les  femelles;  abdomen  ellipsoïde,  com- 
primé ,  aminci  insensiblement  vers  sa  base ,  en  forme  de 
pédicule ,  et  inséré  à  Textrémité  d'une  élévation  pyramidale 
du  bout  postérieur  du  corselet;  pattes  grêles. 

Les  aulaques  ont  la  tête  arrondie  el  portée  sur  un  cou  ;  les 
mandibules  courtes ,  épaisses  et  dentées  au  côté  intérieur  ; 
les  paljes  maxillaires  beaucoup  plus  longs  que  les  labiaux , 
sétacés  et  de  six  articles ,  dont  les  derniers  plus  allongés  et 
plus  grêles;  les  palpes  labiaux  à  quatre  articles,  dont  le  der- 
nier un  peu  plus  gros  ,  presque  triangulaire;  la  languette  en- 
tière; une  cellule  radiale,  et  trois  cellules  cubitales,  dont 
les  deux  premières  reçoivent  chacune  une  nervure  récurrente, 
et  dont  la  troisième  atteint  le  bout  de  l'aile  ;  le  tronc  com- 
primé ,  un  peu  élevé  sur  le  dos;  et  l'abdomen  formé  de  six  à 
sept  segmens  :  celui  de  la  femelle  est  pourvu  d'une  tarière 
saillante,  presque  aussi  longue  que  le  corps,  et  de  trois  filets 
égaux. 

Ces  insectes  font  le  passage  des  fœnes  aux  ichneumonides. 

AuLAQUE  STRIÉ  ,  yliilacus  stiiatus^  Jur.  Hymen,  pi.  7,  genr.  3. 
ISoir,  avec  une  grande  partie  des  pieds  et  l'abdomen,  à  l'ex- 
ception de  sa  base,  fauves  ;  dos  du  corselet  strié. 

Dans  les  bois  de  pin,  au  midi  de  la  France,  et  aux  environs 
de  Gènes.  Il  m'a  été  communiqué  par  MM.  Léon  Dufour  et 
Maximilien  Spinola.  (l.) 

WLSK^  Aulax.  Genre  de  plantes  de  la  dloécie  tétrandrie 
et  de  la  famille  des  protées  ,  établi  par  R.  Brown  ,  qui  lui 
donne  pour  caractères  :  fleurs  mâles  en  grappes,  à  calice  de 
quatre  folioles,  portant  les  anthères  sur  leur  face  intérieure. 
Fleurs  femelles  à  stigmate  oblique,  en  massue,  hérissées  et 
émarginées.  Noix  saillante,  ventrue,  barbue,  surmontée  d'é- 
cailles  subulées. 

Le  Protée  à  feuilles  de  pin  ,  dont  le  Protée  À  bractée 
est  la  femelle ,  ainsi  que  le  Protée  À  fleurs  en  ombelle  , 
constituent  ce  genre,  (b.) 

AULIQUE.  Espèce  de  Couleuvre,  (r.) 

AULOPE,  Aulopus.  Sous-genre  établi  par  Cuvier  pour 

f)Iacer  le  Salmone  filamenteux  de  Bloch,  qui  vit  dans 
a  Méditerranée.  Il  réunit  les  caractères  des  Gades  à  ceiii 
des  Salmones.  (b.) 


A  U  N  79 

AULOSTOME,  Aulostomus.  Genre  de  poisson  établi 
par  Lacépède  aux  dépens  des  Fistulaires  de  Linnœus.  Il 
présente  pour  caractères  :  des  mâchoires  étroites ,  très-allon- 
gées en  forme  de  tube  ;  un  corps  très-allonge  ;  une  seule  na- 
geoire dorsale,  située  au-delà  de  l'anale;  une  rangée  d'aiguil- 
lons réunis  par  une  petite  membrane  tenant  lieu  de  première 
dorsale. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce ,  I'Aulostome  chi- 
nois, Fistularia  chinensis^  Linn.,  qui  est  connu  sous  les  noms  de 
trompette^  à' aiguille  tachetée ^  et  qui  se  trouve  dans  la  mer  des 
Indes  et  dans  celle  d'Amérique,  où  il  vit  d'œufs  de  poissons 
et  de  vers.  On  a  retrouvé  sa  dépouille  dans  les  couches  volca- 
niques du  Mont-Bolca,  près  Vérone.  Il  parvient  à  plus  de 
trois  pieds  de  long.  Sa  chair  est  dure  et  coriace,  (b.) 

AULX.  V.  Ail.  (b.) 

AUMAïLLE.  Jeune  Vache  dans  les  environs  de  Charle- 
viUe.  (B.) 

AUMARINO.  V.  Amarinée.  (b.) 

AUMUSSE.  Coquille  du  genre  Cône,  (b.) 

AUNE  ,  Alnus.  Genre  de  plantes  de  la  monoécie  tétran- 
drie,  et  de  la  famille  des  Amentacées ,  long-temp^confondu 
par  les  botanistes  avec  celui  des  Bouleaux  ,  mais  qui  s'en 
éloigne  suffisamment  par  le  nombre  de  ses  étamines ,  qui 
«st  de  plus  de  douze  dans  ces  derniers ,  et  encore  plus  par 
l'aspect.  Il  fait  aujourd'hui  partie  de  la  famille  des  Salici- 
WÉes.  Jusqu'à  présent  les  espèces  qui  le  composent ,  au  nom- 
bre de  dix  à  douze,  ont  été  mal  connues  ;  mais  elles  n'en  sont 
pas  moins  distinctes  ,  comme  on  peut  s'en  assurer  chez  Noi- 
sette ,  pépiniériste  à  Paris  ,  qui  en  possède  la  collection  vi- 
vante. 

L'Aune  commun  ,  Betula alnus,  Linn. ,  croît  promptemcnt, 
cl  son  tronc  s'élève  quelquefois  à  une  très-grande  hauteur. 
Planté  sur  le  bord  des  eaux  ,  il  retient  les  terres  ;  dans  les 
prairies,  il  ne  nuit  point  à  la  végétation.  Il  peut  être  d'une 
grande  ressource  pour  faire  des  échalas  dans  les  pays  vigno- 
bles qui  manquent  d'autre  bois  :  il  ne  vaut  pas  l'échalas 
de  châtaignier ,  de  chêne ,  ni  même  celui  de  saule-marsault  ; 
mais  il  est  supérieur  à  ceux  àç.  peuplier  et  de  saule.  Il  se  mul- 
tiplie facilement  et  de  plusieurs  manières.  S-i  graine  se  sème 
d'elle-même  quand  elle  n'est  pas  entraînée  par  des  débor- 
demens  ,  et  les  jeunes  plantes  qu'elle  donne  peuvent  être 
levées  après  la  première  ou  la  seconde  année  :  ses  boutures 
réussissent  aussi  bien  que  celles  des  peupliers  et  des  saules. 


^o  A  î'  N 

Ses  racines,  arrachées  de  terre  et  replantées,  reprennent, 
pourvu  qu'on  en  laisse  une  petite  partie  à  découvert  :  ses 
grosses  souches  m(îme  ,  partagées  par  la  cognée  en  cinq  ou 
six  morceaux  ,  fournissent  autant  de  pieds  nouveaux.  Un 
moyen  encore  bien  simple  de  le  multiplier  ,  c'est  de  cou-^ 
per  une  branche  jeune  ,  forte  et  bien  nourrie ,  et  de  l'en- 
terrer sur  toute  sa  longueur  ;  des  bourgeons  percent  alors 
l'écorce  de  distance  en  distance  ,  traversent  la  terre  qui 
les  recouvre,  et  forment  plusieurs  nouveaux  pieds. 

On  peut  faire  des  pépinières  en  pratiquant  l'une  ou  l'auUe 
de  ces  méthodes  ,  et  tout  possesseur  d'un  grand  terrain  hu- 
mide doit  en  avoir  une.  Lorsque  cet  arbre  a  trois  ans  de  pé- 
pinière ,  c'est  le  vrai  temps  de  l'arracher.  L'année  révolue 
après  la  plantation  ,  on  peut  recéper  la  tige  pour  former  par 
la  suite  un  taillis  ,  ou  bien  supprimer  toutes  les  branches  sur- 
numéraires, à  l'exception  de  la  plus  vigoureuse,  si  on  est  dans 
l'intention  de  former  un  arbre.  ISaune  en  cépée  pousse  avec 
vigueur  ,  et  au  bout  de  six  ou  sept  ans  ses  longues  tiges  sont 
bonnes  à  couper. 

Le  bois  de  Vanne  se  conservant  très -long- temps  dans 
l'eau  ou  dans  une  glaise  humide,  est,  par  cette  raison,  très- 
propre  aux  travaux  souterrains  :  il  sert  au  boisage  des  gale- 
ries, et  <fts  puits  des  mines  :  on  en  fait  aussi  d'exCellens  pi- 
lotis et  des  tuyaux  pour  la  conduite  des  eaux.  Ce  bois  est 
blanc  ,  tendre  et  facile  à  teindre  ,  surtout  en  noir  ;  aussi  les 
ébénistes  l'emploient-ils  à  la  place  de  l'ébène  ,  dont  il  offre 
l'apparence  lorsqu'il  a  été  mis  dans  une  dissolution  de  sulfate 
de  fer  (couperose  verte).  Comme  il  est  lisse  et  d'une  coupe 
nette  sous  le  ciseau  ,  les  sculpteurs  et  les  tourneurs  l'estiment 
beaucoup.  On  en  fait  des  échelles  légères  ,  des  chaises  com- 
munes ,  des  pelles  ,  des  perches  ,  des  sabots  qui  ne  valent 
pas  ceux  de  hèlre,  des  talons  de  galoches,  etc.  Quoiqu'il  soit 
mis  par  quelques  ordonnances  au  nombre  des  bois  morts  ,  les 
pâtissiers  ,  les  boulangers  et  les  verriers  le  préfèrent  à  tous 
autres  pour  chauffer  le  four.  Son  charbon  entre  dans  la  com- 
position de  la  poudre  à  canon.  L'écorce  à'aime  sert  à  tanner 
les  cuirs  ,  à  teindre  les  étoffes  ,  ainsi  que  les  filets  des  pê- 
cheurs en  couleur  fauve  ;  elle  peut  suppléer  ,  pour  le  noir  , 
à  la  noix  de  galle.  Comme  la  verdure  de  cet  arbre  est  agréa- 
ble ,  et  son  ombre  épaisse ,  on  doit  le  placer  dans  les  bos- 
quets humides.  Il  élève  par  ses  racines  traînantes  et  nom- 
breuses le  sol  des  marais  sujets  à  inondation.  Quand  on  veut 
l'employer  aux  bAtimens  légers  de  la  campagne  ,  tels  que 
poulaillers,  étables,  elc.  ,  on  attend  qu'il  ait  dix  ou  quii.^e 
ans  de  crue.  Ses  feuilles  j  fraiçi^çs  ou  sqvfc.es  ,  scrvuU  Je 
nourriture  aux  Oiiiuiiiui, 


A  U  R  8. 

Cet  arbre  fournit  une  variété  très-remarquable  par  la  pro- 
fondeur des  dentelures  de  ses  feuilles. 

On  trouve  encore  en  Europe  un  aune  dont  les  feuilles  sont 
velues  en  dessus  ;  quelques  cultivateurs  le  regardent  comme 
«ne  espèce  ,  d'autres  comme  une  simple  variété.  Il  en  est  de 
même  des  aunes  d'Amérique  y  qui  ne  croissent  jamais  à  plus 
de  dix  à  douze  pieds  ,  et  qui  cependant  ressemblent  on  ne 
peut  plus  à  celui  dont  il  vient  d'être  question,  (d.) 
AUNE  NOIR.  C'est  la  Bourdène.  (b.) 
AUNÉE.  Espèce  de  plante  du  genre  Inule.  (b.) 
AUQUE.  C'est  l'OiE  femelle  dans  quelques  cantons,  (b.) 
AURA  ou  OUROUA.  Les  Indiens  de  la  Guyane  fran- 
«jaise  appellent  de  ce  nom  un  vautour.  V.  Gallimaze.  (v.) 
AURADE.  C'est  le  Zée  gal  et  le  Spare  Dorade,  (b.) 
AURADO.  Nom  vulgaire  du  Spare  Dorade,  (b.) 
AURANNE.   C'est  I'Holacanthe  de  deux  couleurs. 

AURANTIACEES.  Famille  de  plantes.  Ce  n'est  pas 
tout-à-fait  la  même  que  celle  des  Hespérides  de  Ventenat, 
d'après  les  démembremens  opérés  par  Correaet  Mirbel.  (b.) 

AURA  SEMINALIS.  Nom  latin  employé  par  quelques 
physiologistes  ,  pour  indiquer  le  principe  fécondant  de  la 
Semence  des  animaux  et  du  Pollen  des  végétaux.  V.  ces  mots 
et  Fécondation,  (b.) 

AUREILLETOS.  C'est  la  Renoncule  ficaire,  (b.) 

AURELIE  ,  Aurélia.  On  a  désigné  par  ce  mot  les  nym- 
phes de  la  plupart  des  insectes  ,  et  pbis  ordinairement  celles 
des  lépidoptères  diurnes  ,  à  cause  de  leurs  couleurs  brillantes  et 
dorées.  V.  Nymphe  ,  Chrysalide,  (o.) 

AURELIE  ,  Aurella.  Genre  établi  par  Péron  ,  aux  dé- 
pens des  Méduses  de  Linnœus.  Ses  caractères  sont  :  corps 
orbiculaire,  transparent ,  muni  de  bras  sous  l'ombrelle  et  de 
tentacules  à  ses  bords  ;  point  de  pédoncules  ;  quatre  bouches 
au  disque  inférieur. 

Ce  genre  renferme  huit  espèces  ,  parmi  lesquelles  plu- 
sieurs sont  anciennement  connues  .,  comme  les  Méduses 
AURiTE  de  Muller  et  Aurite  de  Battch  ,  qui  forment  deux 
espèces  distinctes  ;  les  Méduses  phosphorée  de  Spallan- 
zani ,  Cruciate  de  Forskal ,  et  Radiolée  de  Borlasch.  (b.) 

AURELIE  ,  Aurella.  Genre  établiparM.  Henry  Cassini, 
pour  placer  I'Inule  glutineuse  ,  qui  n'a  pas  les  caractères 
des  autres.  F.  Donie  ,  Astère  et  Inule.  (b.) 

AURÉOLE.  V.  Passerine  auréole,  (v.) 
^  AUREOLES,  yi«7ro//.  Troisième  famille  de  Tordre  des  oi- 
seaux Sylvains,  et  delà  tribudcsZYGODACTYLES.r  F.  ces  mots.) 
m.  6 


s.  A  TT  R 

•Caractères  :  pieds  courts  ,  tarses  annelés ,  emplum^s  par  de»-, 
vant  ;  doigts  antérieurs  étroitement  réunis  jusqu'au-delà  du 
milieu  ;  bec  allongé  ,  tétragone  ,  presque  droit ,  pointu  ; 
douze  rectrices.  Cette  famille  ne  renferme  qu'un  seul  genre  , 
celui  du  Jacamar.  V  ce  mot.  (v.) 

AUPJCULAIRE  ,  Jun'cularia.  Genre  de  plantes  de  la 
cryptogamie  et  de  la  famille  des  Champignons  ,  éta}>li  par 
Bulliard.  On  le  définit  :  substance  ordinairement  membra- 
neuse ou  coriace  ,  d'abord  appliquée  ,  par  tous  les  points 
de  sa  surface  inférieure  ,  sur  des  troncs  d'arbres  ou  sur  la 
terre,  se  renversant  ensuite  ,  à  mesure  qu'elle  se  développe, 
pour  la  dispersion  des  bourgeons  séminiformes  qui  sont  sur 
cette  surface  inférieure. 

Le  nom  à'auriculaire  a  été  donné  à  ce  genre  ,  parce  que 
quelques-unes  des  espèces  qui  le  composent  sont  épaisses  eï 
plissées  ,  à-peu-près  comme  Voreille  dt  l'homme. 

Bulliard  compte  sept  espèces  de  ce  {^enre  aux  environs  de 
Paris ,  et  Gmelin  en  mentionne  dix-hui.  en  Allemagne  ,  sous 
le  nom  de  Thelepuore.  V.  ce  mot. 

Les  espèces  les  plus  corcmu;ic*sont  : 

L'Auriculaire  tréméloïde  ,  qui  est  vivace  ,  gélatînoso- 
cartilagineuse  ,  ciliée  par  zones  en  dessus  ,  et  creusée  de 
fossettes  en  dessous.  Elle  croît  sur  les  vieilles  souches  d'ar- 
bres. C'est  principalement  au  printemps  qu'on  la  remarque. 

L'Auriculaire  réfléchie  ,  qui  est  vivace  ,  coriace  et  fort 
mince  ;  sa  surface  supérieure  est  zonée  et  velue  ,  sa  surface 
inférieure  est  unie  et  quelquefois  légèrement  veinée.  Cette 
espèce  se  trouve  très-communément  sur  les  vieux  bois  ;  elle 
varie  extraordlnairement  dans  ses  couleurs  ,  dans  ses  dimen- 
slons  ,  et  est  souvent  imbriquée. 

L'Auriculaire  corticale  est  vivace  ,  coriace  ,  mince  el 
glabre,  jamais  latérale;  sa  surface  inférieure  ,  d'abord  d'un 
i)lanc  roussâtre  ,  prend  à  la  longue  une  teinte  rembrunie.  Ce 
n'est  jamais  qu'à  la  surface  inférieure  des  branches  d'arbres 
mortes,  et  le  plus  souvent  sur  celles  qui  sont  tombées  depuis 
long-temps ,  qu'on  la  rencontre,  (b.) 

AURICULE.  V.  Primevère,  (b.) 

AURICULE  t  Auricula.  Genre  de  testacés  de  la  classe  de$ 
"Univalves  ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  :  une  coquille 
ovale  ou  oblongue  ,  à  spire  peu  saillante  ,  à  ouverture  en- 
tière ,  plus  longue  que  large  ,  rétrécie  supérieurement  ;  un 
ou  plusieurs  plis  sur  la  columelle  ,  indépendans  de  la  décur- 
rence  du  bord  droit  sur  la  base  du  bord  gauche.  Il  a  aussi  été 
appelé  Melanopside. 

Lamarck  a  établi  ce  genre  sur  des  coquilles  que  Liunajus 


A  tJ  R  83 

Aroît  placées  parmi  les  Volutes  ,  et  Bruguîères  parmi  les 
BuLiMES.  Elles  diffèrent  bien  peu  de  celles  qui  restent  dans 
ce  dernier  genre. 

La  plus  remarquable  ou  la  plus  connue  des  espèces  qui  le 
composent ,  est  l'AuRicuLE  de  Midâs,  vulgairement  appelé 
oreille  de  Midas  ,  coquille  terrestre  de  quatre  à  cinq  pouces 
de  long  ,  qui  nous  vient  de  Tlnde  ou  des  îles  qui  en  dépen- 
dent. Elle  est  conique  ,  ridée  ;  sa  lèvre  extérieure  est  épaisse, 
et  offre  dans  son  milieu  un  renflement  remarquable.  La  lèvre 
gauche  est  d'autant  plus  épaisse  que  la  coquille  est  plus 
vieille  ,  et  forme  une  saillie  sur  les  parois  internes  de  l'ou- 
verture contre  lesquelles  elle  est  collée.  La  columelle  a  deux 
gros  plis  dont  la  direction  est  différente. 

Lamarck  a  décrit  sept  espèces  fossiles  de  ce  genre  daçs 
les  Annales  du  Muséum ,  lesquelles  se  trouvent  presque 
toutes  aux  environs  de  Paris. 

Le  genre  Scarabe  lui  a  enlevé  quelques  espèces,  (s.) 

AURICULIÏE.  Nom  de  la  Griphite.  (b.) 

AURIOL.  C'est  le  Maquereau,  (b.) 

AURIOLE.  V.  Lauréole.  (b.) 

AURION  ou  AURIOL.  Nom  français  du  Loriot,  (s.) 

AURIPEAU.  V.  Oripeau.  (s.) 

AURITE.  Poisson  du  genre  des  Labres,  (b.) 

AUROCHS.  On  a  regardé  long-temps  V aurochs  ou  bœuf 
de  montagne  des  Allemands ,  unis  des  Latins ,  comme  la 
souche  primitive  de  notre  bœuf  domestique.  Il  paroît  néan- 
moins devoir  constituer  une  espèce  particulière.  V.  Bœuf. 

(desm.  et  s.) 

AURON.  Nom  spécifique  d'une  Couleuvre  d'Amérique. 

(B.) 

AURONE  DES  CHAMPS.  On  donne  ce  nom  à  1' Ar- 
moise CHAMPÊTRE.  (B.) 

AURONE  MALE.  C'est  l' Armoise  aurone.  (b.) 

AITrONE  femelle.  C'est  la  Santoline  a  feuilles 
DE  Cyprès,  (b.) 

AURORAS.  Nom  d'une  Quamoclite  du  Pérou,  Spomea 
glandulifera.  (b.) 

AURORE  BORÉALE  ou  AUSTRALE.  On  se  sert  de 
ce  nom  pour  désigner  un  phénomène  lumineux  qui  paroît 
quelquefois  dans  l'atmosphère  du  côté  des  pôles  de  la  terre , 
soit  au  nord  ,  soit  au  sud.  C'est  une  grande  lumière  rougeâtre 
et  diffuse  ,  qui  s'élève  vers  le  ciel  comme  feroit  la  lueur  d'un 
grand  incendie.  Chaque  contrée  de  la  terre  ne  peut  voir  que 
les  aurores  émanées  du  pôle  dont  elle  est  la  plus  proche. 
Elles  semblent  d'autant  plus  vives  et  sont  d'autant  plus  faci- 
lement observables, que  l'on  est  moins  éloigné  de  ce  pôle. 


«4  A  U  T 

Ainsi,  nos  contrées  d'Europe  ne  peuvent  voir  que  des  au- 
rores boréales  ,  et  elles  sont  beaucoup  plus  belles  en  Lapo— 
nie  et  en  Russie  qu'en  Italie  ou  en  France.  Cook  a  vu  des 
aurores  australes  dans  les  mers  du  Sud.  D'après  cela ,  on 
voit  que  la  convexité  de  la  terre  peut  cacher  ce  météore,  et 
en  conséquence ,  on  peut  affirmer  qu'il  ne  se  forme  ni  ne  s'é- 
lève à  des  distances  bien  considérables  de  la  surface  ter- 
restre. On  a  observé  que  son  apparition  occasionoit  pres- 
que toujours  des  agitations  irrégclières  dans  la  direction  de 
l'aiguille  aimantée.  Des  personnes,  qui  ont  voyagé  dans  le 
Nord,  prétendent,  Gmelin  entre  autres,  que  les  aurores  bo- 
réales excitent  dans  l'air  un  pétillement  sensible  :  mais  ce 
fait  n'est  pas  suffisamment  constaté.  La  cause  qui  produit 
ces  phénomènes  est  tout  à  fait  inconnue  ,  et  il  ne  faut  pas  s'en 
étonner  quand  on  voit  qu'on  a  si  peu  d'observations  détail- 
lées et  précises  sur  leurs  particularités  les  plus  impor- 
tantes. (BIOT.) 

AURORE.  Nom  donné  par  Geoffroi  à  un  papillon 
(  P.  cardamines ,  Lin.  )  ,  qui  se  rapporte  maintenant  au  genre 
des  Piérides.  V.  ce  mot.  (l.) 

AURORE.  Espèce  de  couleuvre,  (b.) 
AURUELO.  C'est  la  Centaurée  solsticiale.  (b.) 
AU  RU  OU.  Nom  provençal  du  Loriot,  (v.) 
AUSERDA.  La  Luzerke  porte  ce  nom  aux  environs  de 
Perpignan  (b.) 

AUiSQUOY.  Selon  quelques  auteurs ,  c'est  le  nom  que  les 
Hurons  donnent  au  renne  d' yimérique  ou  caribou.  V.  Cerf,  (s.) 
AUSTRALITE  ou  AUSTRALSAND  ,  sable  grisâtre, 
composé  de  silice  d'alumine  et  d'un  peu  de  fer  ,  trouvé   à 
Sidney-Cove  à  la  Nouvelle-Hollande. 
AUTA  o-i  AUTAN.  Vent  du  Sud.  (b.) 
AUTOM  ALITE.  Nom  donné  par  M.  Eckeberg  à  un  mi- 
néral trouvé  par  lui  à  Falhun  en  Suède,  et  qui  a  de  grandvS 
rapports  avec  le  Spinelle^  d'après  l'opinion  de  M.  Berzelius. 

V.  SpI>ELLE  I  NC1FÈRE.   (L.) 

AUTOMNAL.  V.  Fringille  automnale,  (v.) 
AUTOUR.  Espèce  d'écorce  que  l'on  fait  entrer,  dit-on, 
dans  la  composition  du  carmin  ,  et  qui  nous  vient  du  Levant 
par  la  vole  de  Marseille.  Elle  est  assez  semblable  à  la  can- 
nelle ,  mais  plus  pâle,  avec  des  points  brillans  en  dedans.  On 
ignore  quel  est  l'arbre  qui  la  produit.  (B.) 

AUTOURS.  Oiseaux  du  genre  Epervier.  T.  ce  mot.  Cv.) 
AUTOURSIER,  AUTÔURSERIE.  Voyez,  à  l'article 
Epervier,  l'espèce  de  TAu tour,   (desm.) 

AUTRU  CHE,  Stnithio.  Linncpus  a  rangé  les  autruches  dans 
5on  ordre  àcs  sallinacés  ;  eu  effet  jces  oiseaux  ont  aveclesgalli- 


A  TT  T  8,^ 

«acés  de  grands  rapports  dans  le  bec  elle  régime.  Lstham 
les  a  classés  dans  un  ordre  particulier,  intermédiaire  des  gal- 
linacés et  des  grallœ.  M.  Cuvier  en  fait  la  première  famille  des 
«•V;/îa.s5/«rj, probablement  d'après  la  nuditédubasdelajambeet 
la  longueur  des  pieds.  Du  moins  c'est  ce  qui  m'a  déterminé  à  me 
conduire  de  même  dans  ma  nouvelle  ornithologie  élémentaire. 

AUTRUCHE,  Slruthio.  Genre  de  Tordre  des  £chas- 
SIERS,  et  de  la  famille  des  Mégistanes.  {Voyez  ces  mots.)  fa- 
racières  :hec  àvoii^  médiocre  ,  déprimé  ,  à  pointe  arrondie 
et  onguiculée;  mandibules  égales;narioesobIongaes,  couvertes 
d'une  membrane,  ouvertes  vers  le  milieu  du  bec;  langue 
courte  ,  épaisse ,  charnue  ,  un  peu  échancrée  à  la  pointe  ; 
tête  un  peu  aplatie  ;  chauve  ;  calleuse  en  dessus  ;  pieds 
robustes  et  très-longs  ;  jambes  charnues  jusqu'au  genou;  deux 
doigts  dirigés  en  avant ,  point  derrière  ;  l'externe  a  cinq 
phalanges  et  point  d'ongle ,  l'interne  a  quatre  phalanges, 
avec  un  ongle  large  ,  obtus  et  oblong  ;  ailes  à  double 
éperon  ,  et  privées  de  rémiges.  Ajoutons  à  ces  caractères,  que 
les  autruches  ont  ,  dit  M.  Guvier  {Règne  animal  disti-ilnié 
d'après  son  organisation^^  un  énorme  jabot,  un  ventricule  con- 
sidérable entre  le  jabot  et  le  gésier ,  des  intestins  volumi- 
neux, de  longs  cœcums  et  un  vaste  cloaque  où  l'urine  s'accu- 
mule comme  dans  une  vessie  ;  aussi  ce  sont  les  seuls  oi- 
seaux qui  urinent.  Leurs  muscles  pectoraux  sont  fort  minces, 
mais  leurs  postérieurs  ont  repris  en  force  ce  que  leurs 
ailes  ont  perdu  ;  les  muscles  de  leurs  cuisses  et  surtout  de 
leurs  jambes  ,  ont  une  épaisseur  énorme. 

L'Autruche  ,  Slruthio  camelus,  Lath.  Si  l'on  considéroit 
la  faculté  de  voler  comme  un  attribut  essentiel  des  oiseaux  , 
il  faudroit  rayer  Vaiitmrhe  du  catalogue  des  animaux  de  cette 
classe.  Elle  ne  vole  point ,  et  ni  ses  ailes  ni  sa  queue  n'ont 
la  mécanique  nécessaire  pour  le  vol.  Les  plumes  qui  les  com- 
posent sont  molles  ,  effilées  et  très-flexibles  ;  leurs  barbes 
sont  des  filets  détachés ,  sans  consistance  ni  adhérence  ré- 
ciproques ,  n'ayant  même  aucune  disposition  à  s'accrocher;  en 
sorte  que  ,  par  cette  conformation  particulière  des  grandes 
plumes  qui  servent  au  mouvement  des  oiseaux,  autant  que 
par  sa  pesanteur,  Vautniche  ne  peut  s'élever  dans  les  airs. 
Elle  reste  attachée  à  la  terre  comme  les  quadrupèdes  ,  avec 
lesquels  ont  lui  reconnoît  encore  d'autres  points  d'analogie. 
Du  poil  au  lieu  de  duvet  ,  couvre  la  plus  grande  partie  de 
son  corps  ;  sa  tête  aplatie  et  fort  petite  ,  si  on  la  compare 
au  volume  du  corps ,  est  presque  nue  ,  de  même  que  la  pbis 
grande  partie  de  son  cou  mince  et  long  de  trois  pieds  ;  l'o- 
rifice de  ses  oreilles  est  à  découvert ,  et  seulement  garni  de 
poils  dans  le  canal  auditif;  sa  paupière  supérieure  est  mobile , 


85  A  U  T 

et  bordée  de  longs  cils  ;  ses  yeux  sont  grands  et  vifs  ; 
leur  forme  totale,  disent  les  anatomistes  de  l'académie  des 
sciences,  a  plus  de  rapports  avec  les  yeux  humains  qu'avec 
ceux  des  oiseaux;  et  ils  sont  disposés  de  manière  qu'ils 
peuvent  voir  tous  deux  à  la  fois  le  même  objet.  Ses  jam- 
bes ,  dénuées  de  plumes,  sont  très  -  grosses  ;  ses  grands 
pieds  nerveux  ,  charnus  et  renforcés  en  devant  par  un 
rang  de  grosses  écailles  épaisses ,  qui  s'étendent  jusqu'à 
l'ongle  du  grand  doigt  ,  ont  beaucoup  de  ressemblance 
avec  les  pieds  du  chameau.  La  forme  des  pieds  n'est  pas  la 
seule  conformité  que  Vautniche  ait  avec  le  chameau  ;  elle  a, 
comme  ce  quadrupède  ,  une  callosité  à  la  poitrine  et  une 
autre  à  l'endroit  des  os  pubis  ;  son  sternum  n'est  pas  sail- 
lant, comme  celui  des  autres  oiseaux,  mais  il  est  aplati 
et  arrondi  en  forme  de  bouclier  ;  son  dos  est  arqué  ,  mais 
non  pas  néanmoins  chargé  dune  bosse  ;  et  lorsqu'elle  veut 
se  coucher,  elle  le  fait  en  trois  temps  ,  à  la  manière  du  cha- 
meau ,  en  pliant  d'abord  le  genou  ,  et  s'appuyant  ensuite 
sur  le  sternum,  enfin  ,  sur  toute  la  partie  inférieure  du  corps. 
Et  il  faut  que  ces  rapports  de  ressemblance  entre  deux  ani- 
maux, qu'au  premier  coup  d'œil  on  juge  fort  éloignés  Tun 
de  l'autre ,  soient  bien  frappans ,  puisque  tous  les  peuples 
delOrienl  qui  conncnssaniVautniche  ,  la  nomment ,  chacun 
dans  leur  langue  ,  oiseau-chameatt. 

Son  bec,  mousse  à  son  bout,  aplati  surl'arcte,  et  ayant 
une  large  ouverture,  n'a  guère  plus  de  longueur  que  sa  petite 
tête  ;  celle-ci  porte  à  son  sommet  une  plaque  cornée.  Les 
ouvertures  des  narines  placées  près  de  la  base  du  bec  ,  ont 
dans  le  milieu  une  protubérance  cartilagineuse,  revêlued'une 
membrane  très-fine.  La  langue  est  sans  aucun  vestige  de 
papilles  nerveuses.  L'organe  de  la  génération  dans  le  mâle 
est  assez  considérable  et  composé  de  deux  ligamens  blancs  , 
solides  et  nerveux ,  ayant  quatre  lignes  de  diamètie  ,  re- 
vêtus d'une  membrane  épaisse  ,  et  qui  ne  s'unissent  qu'à 
deux  dr>igts  près  de  l'extréînité.  Le  tout  est  renfermé  dans  une 
menibrane  commune  ,  de  môme  substance  que  les  ligamens, 
quoique  cependant  m(  ins  épaisse  et  moins  dure.  Cette  verge 
n'a  ni  gland,  ni  prépuce  ;  elle  sort  de  plusieurs  pouces 
lorsque  l'animal  fienle  ;  et  dans  l'érection  ,  elle  a  la  forme 
d'une  langue  de  bœuf.  La  femelle  a  aussi  une  sorte  de 
clitoris. 

Ij'aiitruche  est  un  géant  dans  la  classe  des  oiseaux  ;  c'est 
le  plus  grand  de  tous  ;  elle  atteint  jusqu'à  sept  ou  huit  pieds 
de  hauteur  ,  et  a  environ  quatre-vingts  livres  de  poids.  Son 
plumage  est  noir  ,  avec  quelques  plumes  grises  et  blanches 
sur  le  corps  :  les  grandes  plumes  des  ailes  et  celles  de  la  queue 


AU  T  S7 

sont  blanches  ;  lap«au  presque  nue  de  son  cou  ,  est  couleur 
de  chair  ,  et  elle  prend ,  de  même  que  celle  des  cuisses  , 
tine  teinte  de  rouge  vif,  dans  le  temps  du  rut  ;•  J'iris  des  yeux 
est  de  couleur  de  noisette.  La  femelle  est  brune  et  d'un  gris 
cendré,  partout  où  le  mâle  est  d'un  noir  éclatant,  et  elie 
n'a  de  plumes  noires  qu'à  la  queue  et  aux  ailes.  Les  jeunes 
sont  d'un  gris  cendré  la  première  année  ;  ils  ont  aussi  de» 
plumes  sur  le  cou  ^  la  tôte  et  les  cuisses  ,  mais  elles  tombent 
bientôt  d'elles-mêmes  pour  ne  plus  revenir  sur  ce-s  parties. 
Deux  piquans  semblables  à  ceux  à\i  porc-épic ,  arment  chaque 
aile. 

Cet  oiseau  ,  purement  terrestre ,  court  avec  beaucoup 
de  rapidité  ;  il  déploie  dans  sa  course  les  plumes  de  ses  ailes 
et  de  sa  queue  ;  non  pas  qu'il  en  lire  aucun  secours  pour  aller 
plus  vite,  comme  on  le  croit  communément,  mais  par  un 
effet  tiès-ordinaire  de  la  correspondance  des  muscles.  Et 
suivant  la  remarque  de  Guenau-de-Montbeillard  ,  la  preuve 
sans  réplique  que  ce  n'est  point  pour  accélérer  son  mouve- 
ment que  Vuuli-HchevGXëvQ  ainsi  ses  ailes  ,  c'est  qu'elle  les  re- 
lève lors  même  qu'elle  va  contre  lèvent,  quoique  dans  ce  cas 
elles  ne  puissent  être  qu'un  obstacle.  Les  lieux  les  plus  arides 
de  la  terre,  mais  en  même  temps  les  moins  limités,  les  plus, 
déserts,  et  par  conséquent  les  plus  libres,  sont  ceux  qu'elle 
habite  et  qu'elle  parcourt  en  tous  sens  avec  une  vitesse  in- 
concevable. On  la  trouve  dans  les  sables  et  les  solitudes  de 
l'Afrique  ^  depuis  TEgvpie  et  la  Barbarie  ,  jusqu'au  Cap  de 
Bonne-Espérance ,  dans  les  îles  voisines  et  les  parties  de 
l'Asie  qui  conGnent  à  ce  continent;  elle  est  moins  commune 
aux  environs  de  Goa  qu'en  Arabie  ,  et  elle  ne  paroît  plus 
au-delà  du  Gange ,  quoiqu'au  rapport  des  anciens  ,  elle  y 
ait  existé  autrefois.  L'on  voit  souvent  des  autniches  réunies 
en  grandes  troupes  ;  c'est  ce  qui  a  fait  croire  qu'elles  ne 
s'assortissoient  point  par  paires.  Cependant ,  il  paroît  cer- 
tain que  chaque  mâle  n'a  qu'une  femelle  ,  et  les  faits  con- 
traires rapportés  dans  les  récits  des  voyageurs  ,  ne  semblent 
point  réels.  Lt'autruclie  connoît  donc  l'amour  et  la  constance  : 
c'est  transformer  les  déserts  en  des  lieux  de  délices. 

Ajoutez  que  cet  animal  a  la  puissance  de  multiplier  ses 
jouissances,  et  de  répéter  fréquemment,  et  avec  la  même 
ardeur ,,  l'acte  de  sa  reproduction.  Le  mode  de  son  accou- 
plemeat  n'a  rien  de  particulier  ;  le  mâle  ,  un  pied  sur  la 
terre  ,  pose  l'autre  sur  le  dos  de  la  femelle  accroupie  ,  dont 
il  saisit,  de  son  bec,  quelques  plumes  pour  se  soutenir.  Tous 
deux ,  par  des  sons  sourds  et  entrecoupés  ,  des  murmures  , 
des  mouvemens  de  leur  tête  et  de  leur  cou  qu'ils  avancent 
et  retirent  successivement ,  ainsi  que  par  de  fréquentes  tié-. 


88  A  TT  T 

pklations  ,  annoncent  les  sensations  les  plus  vîv^s.  T)'aprè5 
ce  que  j'ai  dit  de  la  conformation  de«  parties  sexuelles, 
on  concevra  aue  ces  accouplemens  ne  se  passent  point  en 
simples  compressions,  comme  dans  presque  tous  les  oiseaux  ; 
aussi  durent-ils  beaucoup  plus  long-temps. 

La  ponte  des  autniches  se  compose  ordinairement  de  quinze 
œufs  environ  ,  dont  elles  couvent  ordinairement  dix  ,  les 
autres  étant  épars  à  quelque  distance  ;  vraisemblablement 
parce  que  le  nid  en  contient  plus  qu'elles  n'en  peuvent  couver. 
Ce  nid  n'est,  à  bien  dire,  qu'un  enfoncement  formé  par 
l'oiseau  engratantdans  le  sable  fin  ;  mais  il  le  cache  soigneuse- 
nientdansles  lieuxlcsplussolilaireset  lesplusretirés;  ilaquel- 
ques  pouces  d'élévation  et  trois  pieds  de  diamètre  ;  à  l'entour 
règne  une  rigole ,  dans  laquelle  l'eau  de  la  pluie  se  rassemble. 
La  durée  ordinaire  de  l'incubation,  est  de  six  semaines.  C'est, 
du  moins  ,  ce  qui  a  lieu  dans  les  contrées  où  les  autruches 
couvent  à  la  manière  des  autres  oiseaux,  et  particulièrement 
dans  les  terres  méridionales  de  l'Afrique.  Sous  la  zone  tor- 
ride  ,  elles  se  contentent  de  déposer  leurs  œufs  dans  le  sable. 
Pendant  le  jour  ,  la  seule  chaleur  du  soleil  suffit  pour  les 
faire  éclore  ,  et  la  mère  les  couve  pendant  la  nuit  :  cela  même 
n'est  pas  nécessaire,  puisqu'on  en  a  vu  éclore,  qui  n'avoient 
point  été  couvés  par  la  mère  ,  ni  même  exposés  aux  rayons 
du  soleil.  Claude  Jannequin  ,  sieur  de  Rochefort,  Châlon- 
nois  ,  qui  fit  un  voyage  au  Sénégal  en  i638  ,  raconte  qu'un 
nègre  lui  ayant  fait  présent  de  deux  œufs  à'autniche  pour 
apporter  en  France  ,  il  les  enveloppa  d'étoupes  et  les  mit 
dans  un  coffre.  Quelque  temps  après  ,  le  voyageur  ouvrant 
ce  coffre,  fut  Irès-surpris  de  trouver  un  des  œufs  cassé, 
et  une  petite  autniche  y  remuer  ;  il  la  conserva  pendant  huit 
jours  en  lui  donnant  la  béquée  avec  des  herbes  hachées. 
Mais  dans  les  climats  où  les  autruches  ne  couvent  point  ou 
que  très-peu  leurs  œufs  ,  ils  s'en  faut  beaucoup  qu'elles  les 
abandonnent  ;  au  contraire ,  elles  veillent  assidûment  à  leur 
conservation,  et  ne  les  perdent  guère  de  vue.  Alors,  quoique 
surprises  par  les  hommes  ,  elles  ne  s'éloignent  pas  de  l'objet 
de  leur  sollicitude  ;  elles  se  contentent  de  courir  en  faisant 
des  circuits  et  déployant  leurs  grandes  plumes.  Cette  allure 
est  un  indice  que  leur  nid  est  dans  le  voisinage  ;  car  quand 
elles  n'en  ont  point,  elles  fuyent  quelque  temps  en  ligne 
directe.  Malgré  la  grande  différence  du  climat ,  on  a  vu  des 
autruches  pondre  en  France  ;  mais  on  a  essayé  en  vain  de 
faire  éclore  leurs  œufs. 

Ils  sont  très-durs  ,  très-pesans  et  très-gros;  leur  poids 
s'élève  jusqu'à- trois  livres.  Leur  fond  est  blanc  sale  ,  marbré 
de  jaune  clair  ;  ils  sont  bons  à  manger  ;   on  les  recherche 


A  TT  T  Sg. 

en  Afrique  comme  une  friandise  ,  et  on  les  y  appvcte  de 
différentes  manières.  La  plus  ordinaire  et  ïa  meilleure ,  est 
de  les  brouiller  en  les  faisant  cuire  avec  beaucoup  de  beurre. 
I!s  sont  assez  gros ,  pour  qu'un  seul  suffise  au  repas  d'un 
homme.  On  fait ,  avec  la  coque  de  ces  œufs ,  des  espèces 
de  coupes  qui  durcissent  avec  le  temps  ,  et  ressemblent  ,  en 
quelque  sorte  ,  à  de  l'ivoire  légèrement  Jaunâtre  ;  on  s'en 
sert  comme  de  vases  de  porcelaine.  Les  œufs  entiers,  sus- 
pendus aux  voûtes,  sont  une  des  décorations  les  plus  ordi- 
naires dans  les  mosquées  des  Musulmans ,  comme  dans  les 
églises  des  chrétiens  d'Orient,  et  ils  servent  de  panxre  aux 
Hottentots.  Aussitôt  que  les  ']eune s  aidnicJies  sont  écloses, 
elles  peuvent  marcher  et  chercher  leur  nourriture. 

Ib'mdmche  a  l'ouïe  fine  et  la  vue  perçante  ;  mais  ,  en  même 
temps  ,  les  sens  du  goût  et  de  l'odorat  extrêmement  obtus  »  et 
presque  nuls.  C'est  à  cette  oblitération  de  ces  deux  sens  ,  au- 
tant qu'à  son  excessive  voracité  ,  qu'il  faut  attribuer  le  peu  de 
discernement  qu'elle  apporte  dans  le  choix  de  sa  nourriture. 
En  effet  ;  quoiqvie  Vaidriiche  soit ,  à  proprement  parler  ,  her- 
bivore ,  et  qu'on  la  voie  souvent ,  au  midi  de  l'Afrique ,  paître 
de  compagnie  avec  le  zèbre  et  le  couaggha  ,  elle  avale  néan- 
moins, non-seulement  toutes  les  substances  végétales  et  ani- 
males ,  mais  encore  les  matières  minérales  ,  celles  même  qui 
sont  les  plus  pernicieuses  ,  du  fer  ,  du  cuivre  ,  du  plomb  ,  des 
pierres  ,  de  la  chaux,  du  plâtre,  du  verre ,  du  bois,  enfin  tout 
ce  qui  se  présente ,  jusqu'à  ce  que  ses  grands  estomacs  soient 
entièrement  pleins.  Quelques  auteurs  ont  avancé  qu'elle  ava- 
loit  impunément  du  fer  rouge.  Sa  digestion  est  aussi  facile  que 
prompte  ;  de  là  vient  qu'en  parlant  d'une  personne  qu'aucun 
aliment  n'incommode  ,  l'on  dit  qu'elle  a  un  estomac  d'au— 
tniche.  Il  est  certain  que  l'estomac  de  Vaidniche  digère  ou  dis- 
sout en  partie  les  corps  durs  ,  principalement  par  l'action  d'un 
suc  dissolvant  et  par  celle  des  chocs  et  frottemens  qui  peuvent 
aider  à  cette  action  principale.  Mais  ces  animaux  sont  souvent 
victimes  de  leur  aveugle  et  insatiable  gloutonnerie.  On  en  a 
vu  périr  pour  avoir  dévoré  une  grande  quantité  de  chaux  vive  ; 
d'autres,  empoisonnés  par  une  trop  grande  quantité  de  cuivre, 
et  d'autres  dont  les  intestins  etoient  percés  par  des  clous  ava- 
lés ,  etc.,  etc. 

Les  Arabes  disent  que  les  autruches  ne  boivent  point  ;  elles 
doivent  au  moins  boire  rarement  ,  puisqu'elles  vivent ,  pour 
la  phipart ,  dans  des  pays  brûlans  et  arides  ,  où  il  ne  pleut 
point ,  ou  que  très-peu  ,  et  dans  lesquels  les  amas  d'eaux  sont 
fort  éloignes  les  uns  des  autres  ;  et  je  ne  pense  pas  que  le  fait 
particulier  à  l'autruche  dernièrement  nourrie  à  la  ménagerie 
de  Paris  ,  suffise  pour  détruire  l'opinion  commune  chez,  les 


9,  ^       A  UT 

peuples  accoutumés  à  voir  les  autruches  dans  l'état  naturel 
ou  de  liberté  ,  opinion  que  le  raisonnement  et  l'analogie- 
rendent  encore  plus  vraisemblable.  Il  ne  peut  manquer  ,  en 
«ffet ,  d'arriver  de  grands  changemens  dans  la  constitution 
physique  ,  et  par  conséquent  dans  les  habitudes  d'un  animal 
destiné  par  la  nature  à  la  liberté  la  plus  illimitée  ,  et  que  Ton 
emprisonne  dans  une  loge  étroite  ,  où  il  languit  dans  la  priva- 
tion de  plusieurs  de  ses  facultés  ,  et  particulièrement  de  celle 
de  courir  ,  qui  lui  est  si  familière,  lu'autruche  prisonnière  à 
Paris,  buvoit  en  été  quatre  pintes  d'eau  par  jour,  et  cnliiver,où 
•on  la  tenoit  encore  plus  exactement  renfermée ,  elle  en  buvoit 
plus  de  six  pintes.  Cette  différence  dans  la  quantité  df  boisson, 
proportionnée  au  plus  ou  moins  de  gêne  que  l'animal  ressent ,. 
ne  montre-t-elle  pas  clairement  que  la  soif  qu'il  éprouve 
vient,  en  plus  grande  partie  ,  de  son  état  de  contrainte  .'* 

Malgré  l'amour  inouï  que  les  autruches  ont  pour  la  liberté,, 
elles  supportent  l'esclavage  avec  assez  de  tranquillité.  En 
quelques  lieux  de  l'Afrique  ,  on  en  élève  des  troupeaux  et  on 
parvient  à  les  apprivoist>r  et  même  à  les  dresser  ,  jusqu'à  s'en 
servir  comme  de  montures  ,  à  la  vérité  fort  Indociles.  On  les 
dit  très-slupldes  ;  mais  il  y  a  ,  suivant  toute  apparence  ,  de 
l'exagération  sur  ce  point  de  leur  histoire.  Quoique  douées 
d'une  grande  force  ,  elles  conservent  les  mœurs  paisibles  des 
granivores  ;  elles  n'attaquent  point  les  animaux  plus  foibles  ; 
rarement  même  se  mettent-elles  en  défense  contre  ceux  qui 
les  attaquent.  La  rapidité  d'une  prompte  fuite  est  le  seul  moyen 
quelles  emploient  pour  se  soustraire  aux  plus  pressans  dan- 
gers ;  et  celle  douceur  de  caractère  ,  cette  sorte  de  timidité^ 
auront  donné  lieu  aux  fables  que,  dès  le  temps  de  Pline,  l'on  a 
débitées  au  sujet  de  leur  naturel  stupide.  Dans  les  pays  cul- 
tivés ,  ces  animaux  dévastent  les  nmissons  ;  ils  viennent  par 
Landes  dévorer  les  épis  ,  et  ne  laissent  que  la  tige.  Leur  corps 
étant  à  peu  près  de  niveau  avec  l'épi ,  ils  baissent  le  cou  pour 
manger  ,  en  sorte  qu'on  ne  les  aperçoit  pas  ;  mais  au  moindre 
bruit  ils  lèvent  la  tête ,  et  prennent  la  fuite  avant  que  le  chas- 
»eur  soit  à  portée  de  les  tirer. 

Les  Orientaux  parlent  très-souvent  du  cri  de  V autruche  ^ 
dont  les  Grecs  ne  font  aucune  mention;  les  écrivains  sacrés 
le  comparent  à  un  gémissement ,  et  le  nom  de  iœnath,  qu'ils 
donnent  à  l'oiseau  ,  est  formé  à'ianuth  ,  qui ,  en  hébreu  , 
•Ignifie  le  cri  plaintif  et  entrecoupé  que  les  Latins  nommolenfc 
ulidatus,  et  que  les  feinmes  d'Kgypte  ont  conservé  lorsqu'elles 
suivent  un  convoi  funèbre.  La  voix  du  mâle  est  plus  forte 
que  celle  de  la  femelle  ,  et  tous  deux  soutient  comme  les 
•ies  quand  on  les  irrite. 

On  peut  voir  ,  dans  le  livre  de  Job  ,  une  description  vrai- 


A  U  T  eji 

ment  poétique  de  Vautruche.  Cependant  Moïse  avolt  interdit 
aux  Juifs  la  chair  de  cet  oiseau  comme  une  nourriture  im- 
monde. Les  Mahométans  ont  adopté  la  même  interdiction  , 
et  les  Arabes  ,  grands  chasseurs  d'autruches ,  n'en  mangent 
point.  Cette  viande  étoit  eu  usage  chez  les  Romains  ;  Apicius 
prescrit  la  manière  de  la  préparer  ;  et  Héliogabale  ,    aussi 
glouton  que  les  autruches ,  eut  la  fantaisie  de  se  faire  servir 
la  cervelle  de  six  cents  de  ces  animaux  dans  un  seul  repas. 
Des  nations  entières  de  l'Arabie  méritèrent  le  nom  de  stru- 
ijiophages ,  par  l'usage  où  elles  étoienl  de  manger  ces  oiseaux  , 
et  plusieurs  peuples  de  l'Afrique  s'en  nourrissent  encore  au- 
jourd'hui. Les  jeunes  passent  pour  être  meilleures  que  les 
femelles  ,  et  celles-ci  pour  être  préférables  aux  mâles.   En 
tout ,  ce  n'est  pas  un  très-bon  mets.  Les  autruches  deviennent 
fort  grasses  ,   et  leur  graisse  forme  quelquefois  une  couche 
épaisse  de  plusieurs  doigts  et  même  de  plusieurs  pouces,  sur 
les  intestins.  Lorsque  les  arabes  ont  tué  un  de  ces  oiseaux  , 
ils  lui  ouvrent  la  gorge ,  font  une  ligature  au-dessous  de  l'ou- 
verture ,  et  le  prennent  ensuite  à  trois  ou  quatre  ;  ils  le  se- 
couent et  le  ressassent ,   comme  on  ressasseroit  une  outre 
pour  la  rincer,   après  quoi  la  ligature  étant  défaite,  il  sort , 
parle  trou  fait  à  la  gorge  ,  une  quantité  considérable  d'une 
substance  grasse ,  mélangée  de  sang  et  de  graisse  ,  et  de  là 
consistance  d'huile  figée  ;  ils  en  tirent  jusqu'à  vingt  livres  d'une 
seule  autruche  ,  et  ils  s'en  servent  pour  la  préparation  de  leurs 
mets  ,   et  contre  les  douleurs  de  rhumatisme ,  les  humeurs 
froides  ,  la  paralysie.  Pline  dit  que  les  Romains  employoient 
cette  graisse  aux  mêmes  usages ,  et  qu'ils  l'estimoient  fort 
cher. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  pour  la  chair  et  pour  la  graisse 
que,  dans  tous  les  temps ,  les  peuples  de  l'Afrique  et  de  l'Asie 
ont  fait  la  chasse  aux  autruches  ;  leurs  dépouilles  ont  fourni 
aussi  à  ces  mêmes  peuples  des  objets  d'utilité  et  de  commerce. 
Quand  les  Nasamones  ,  habitans  de  la  Lybie  ,  alloient  à  la 
guerre  ,  ils  portoient  pour  armes  défensives  des  peaux  d'au- 
iruche ,  et  quelques  tribus  d'Arabes  se  servent  encore  de  ces 
sortes  de  cuirasses.  Les  caravanes  de  Nubie  apportent  au 
Caire  une  grande  quantité  de  peaux  à'' autruches  tout  emplu- 
mées  ,  dont  le  cuir  est  très-épais.  Les  longues  plumes  blanches 
des  ailes  et  de  la  queue ,  inutiles  pour  le  vol  de  Vautr-uche  , 
et  qui  ne  lui  servent  que  de  parure  ,  deviennent  aussi ,  par 
leur  mollesse  et  leur  jeu  ,  un  ornement  que  notre  luxe  recher- 
che. U  s'en  fait  une  grande  consommation  en  Europe  ;  on  les 
voit  ombrager  la  tête  des  guerriers  ,  flotter  mollement  sur  la 
chevelure  des  femmes  ,  et  fonner  des  touffes  aussi  riches 
qu'élégantes  au-dessus  des  plus  beaux  ameublemens  ,  des 


g.  A   IJ    T 

dais ,  des  catafalques  ,  etc.  L'on  en  fait  de  très-beaux  éven- 
tails à  Constanlinople.  Les  Nègres  de  Congo  les  mêlent  avec 
les  plumes  du  paon  ,  pour  en  faire  des  enseignes  militaires. 
On  les  apprête  ,  on  les  tord  de  différentes  manières  ,  et  on 
les  teint  en  diverses  couleurs  ;  celles  des  mâles  sont  plus 
susceptibles  de  retenir  les  teintures  que  celles  des  femelles; 
elles  sont  aussi  plus  larges  ,  mieux  fournies  et  plus  fines.  Il 
est  bon  de  savoir  encore  que  les  plumes  dont  on  fait  le  plus 
de  cas  ,  s'arracbent  à  l'animal  viva^iit ,  et  on  les  reconnoît  en 
ce  que  leur  tuyau  ,  étant  pressé  dans  les  doigts ,  donne  un  suc 
sanguinolent  ;  celles  ,  au  contraire  ,'  qui  ont  été  arrachées 
après  la  mort ,  sont  sèches  ,  légères  et  fort  sujettes  aux  vers. 
On  emploie  les  plumes  grises  qui  sont  sous  le  ventre  de  Vau- 
iniche,  à  diverses  garnitures,  après  qu'on  les  a  frisées  avec  le 
couteau.  Toutes  ces  plumes  ,  que  notre  luxe  a  su  découvrir 
au  milieu  des  solitudes  les  plus  sauvages  et  les  plus  stériles  ,. 
nous  viennent ,  par  la  voie  du  commerce  ,  du  Levant ,  de 
Barbarie  et  de  la  côte  occidentale  de  l'Afrique.  Il  s'en  char- 
gcoit  chaque  année  ,  pour  Marseille  ,  dans  le  seul  port  d'Ale- 
xandrie ,  pour  4.0  ou  00,000  francs. 

Chasse  de  l'Autruche.  —  Les  strulhophages  chassoient  les 
autruches  avec  l'arc.  Quelquefois  ils  se  couvroient  de  leurs 
peaux  en  passant  la  main  droite  dans  le  cou,  et  lui  donnant 
les  mêmes  mouvemens  que  si  l'animal  eût  été  vivant  ;  de 
Tautre  main  ,  ils  répandoient  du  grain  ,  afin  d'attirer  les  au- 
truches dans  les  pièges  qu'ils  leur  avoient  préparés.  On  leur 
lendoit  aussi  des  filets  ;  mais  ces  deux  manières  de  prendre 
les  autruches  ,  la  première  décrite  par  Slrabon  ,  et  la  se- 
conde par  Oppien  ,  ne  sont  plus  en  usage  »  et  les  peuples 
modernes  ne  se  servent  plus  guère  que  de  chiens  et  de  che- 
vaux ,  comme  cela  se  pratiquoit  au  temps  de  Xénophon. 
C'est  avec  ses  coursiers  si  renommés  que  l'Arabe  fait  la 
chasse  à  Vautmche  ;  c'est  un  des  exercices  dans  lequel  il  <lé- 
ploie  le  plus  d'adresse  et  d'industrie  ,  comme  son  ch(ival  le 
plus  d'impétuosité  ;  et  si  l'oiseau  apporloit  plus  d'intelligence 
dans  sa  fuite  ,  sa  course  ,  plus  rapide  que  celle  du  cheval  le 
plus  léger,  l'auroit  bientôt  mis  hors  des  atteintes  et  même 
hors  de  la  vue  de  ses  ennemis.  Mais  V autruche  décrit  presque 
toujours  un  cercle  plus  ou  moins  étendu,  que  l'Arabe  sait 
couper  à  propos.  Il  parvient  ainsi  ,  à  force  de  patience  ,  et 
souvent  après  huit  à  dix  heures  de  fatigues  ,  à  dompter  l'oi- 
seau et  à  l'arrêter,  en  lui  lançant  un  bdton  entre  les  jambes. 
S'il  a  des  chiens  lévriers  ,  il  en  vient  plus  tôt  et  plus  aisément 
à  bout.  Quelques  Arabes  plus  patiens  se  tiennent  à  l'afftit 
derrière  des  buissons  ,  et  attendent  que  leur  proie  passe  à 
leur  portée  pour  la  tirer  à  coups  de  fusil. 


A  U  T  93 

Les  autres  peuples  d'Afrique  se  servent ,  pour  courir  l'au- 
truche ,  de  chevaux  barkes  ,  qui,  après  les  chevaux  arabes, 
sont  les  premiers  du  monde  pour  la  vitesse  ;  ils  y  joignent 
aussi  des  lévriers  qui  achèvent  de  la  harasser.  Dans  les  pays 
entrecoupés  de  montagnes  ,  tels  que  le  Cap  de  Bonne-Espé.» 
rance  ,  le  chasseur  mén;ige  son  cheval  et  l'empêche  de  ga- 
ioper  trop  vite  ,  jusqu'à  ce  qu'il  puisse  apercevoir  encore  l'au- 
truche du  sommet  de  quelque  montagne  ;  alors  l'oiseau  ,  qui 
l'a  descendue  en  courant  ,  se  refroidit  lorsqu'il  est  au  bas , 
ses  articulations  se  roidissent ,  et  il  manque  rarement,  au 
moins  à  la  troisième  course  ,  de  se  laisser  prendre  en  vie  ,  ou 
de  rester  sous  le  fusil  du  chasseur.  Mais  Ton  conçoit  combien 
il  y  a  de  risques  à  descendre  au  galop  des  hauteurs  aussi 
rudes  qu'escarpées. 

L'AUTRUCHE.À  CAPUCHON  OU  ENCAPUCHONNÉE.  V.  DrONTE, 

L'Autruche  bâtarde.  V.  Nandou. 

L'Autruche  de  la  Guyane.  Dénomination  donnée  mal 
à  propos  à  Vaidnuhe  de  Magellan^  qui  n'aime  que  les  contrées 
les  plus  froides  de  l'Amérique  méridionale ,  et  qui  n'existe 
point  à  la  Guyane.  F. Nandou. 

L'Autruche  de  Magellan.  V.  Nandou. 

L'Autruche  d'Occident  V.  Nandou. 

L'Autruche  volante.  F. Outarde  d'Afrique,  (s.  etv.) 

AUTUKSSIER.  La  même  chose  <\\x  auloursier.  Voy.  le 
genre  Épervier,  espèce  de  l'AuTOUR.  (desm.) 

AUZUBE,  Auzuba.  Arbre  de  Saint-Domingue  indiqué 
incomplètement  par  Plumier.  Il  paroît  devoir  former  un  genre 
voisin  des  Argans  ,  ou  être  réuni  à  ce  genre,  (b.) 

A  VA.  Liqueur  enivrante  que  les  habitans  d'Otahiti  et  au- 
tres îles  de  la  mer  du  Sud  préparent  avec  la  racine  du  Poi- 
vrier d'Otahiti  {piper methyslicum^  Forster),  en  la  mâchant, 
et  en  la  laissant  fermenter.  L'usage  de  cette  liqueur  hébète  , 
amaigrit ,  rend  les  yeux  rouges  et  la  peau  écailleuse.  V.  Poi- 
vrier, (b.) 

AVACARL  C'est  un  Myrte  de  l'Inde,  (b.) 
AVAGNON.    Nom   d'une    coquille    bivalve ,   du   genre 
Came,  que  l'on  mange  comme  les  moules,  (b.) 

AVALANCHES  ou  LAVANGES   et  LAUVINES. 

C'est  le  nom  qu'on  donne  à  des  masses  de  neige  qui  se  déta^ 
chent,  surtout  à  la  fm  de  l'hiver,  du  sommet  des  hautes  mon- 
tagnes, et  qui  s'augmentent  en  roulant,  à  un  tel  point,  que 
lorsqu'elles  arrivent  dans  les  vallées,  elles  y  ensevelissent  lus 
habitations  et  y  causent  d'autres  grands  ravages. 

Les  avalanches  renversent  et  détruisent  tout  ce  qui  se  ren- 


94  ^  ^'  ^ 

conlrc  sur  leur  passage  ;  elles  s'élancent ,  dit  l'historien  des 
Alpes,  avec  une  rapidité  comparable  à  celle  de  la  foudre, 
traversent  et  sillonnent  des  forêts  en  fauchant  les  plus  grands 
arbres  à  ileur  de  terre,  avec  un  fracas  plus  terrible  que  celui 
du  tonnerre. 

On  se  prémunit  contre  ces  événemens ,  soit  en  laissant 
subsister  quelque  portion  de  forêt  au-dessus  des  villages  ,  soit 
en  construisant  de  fortes  murailles,  situées  de  manière  à  pou- 
voir briser  l'effort  des  avalanches. 

C'est  ainsi  qu'à  Andermatl^  chef-lieu  de  la  vallée  d'Ur- 
scren  ,  sur  la  pente  septentrionale  du  mont  Saint-Gothard, 
on  a  réservé  un  bois  de  mélèzes  qui  est  vis-à-vis  de  ce  bourg, 
pour  garantir  la  vallée  de  semblables  désastres  (  Saus- 
sure^ §.  i855).  On  a  fait  la  même  chose  à  Saint-Remi,  au 
pied  du  grand  Saint-Bernard,  du  côté  du  Piémont,  et  dans 
beaucoup  d'autres  lieux  des  Alpes. 

A  Barège  dans  les  Pyrénées,  on  a  construit  sur  le  penchant 
de  la  montagne,  une  forte  digue  en  pierres  sèches,  en  forme 
d'éperon  ,  qui  met  à  couvert  les  bains  et  les  maisons  voisines 
de  la  chute  de  ces  masses  de  neige  et  des  torreiis  de  pierre 
qu'elles  entraînent  avec  elles.  Les  autres  parties  du  bourg  sont 
garanties  par  une  foret  que  l'on  consei've  soigneusement. 
{Pasuinot,  Pyren.  p.  i85  et  218.)  En  Suisse  et  en  Savoie,  on 
se  sert  du  mot  a\?alanc.hc  ;  axix  Pyrénées  on  dit  lavanchcy  ou 
lydts  en  patois  du  pays.  (PAT.  et  Luc.) 

Nous  empruntons  à  Bomare  l'article  suivant  : 
On  appelle  en  Suisse  lamnnes  ou  la^anrhe  une  quantité  de 
neige  qui  se  pelotonne  en  roulant  du  haut  en  bas  des  Alpes. 
On  en  distingue  deux  espèces  :  celles  qu'on  appelle  venteuses, 
sont  ordinairement  accompagnées  d'un  grand  vent  qu'elles 
augmentent  encore  par  leur  chute ,  au  point  qu'il  brise  le» 
arbres,  qu'il  étouffe  les  hommes  et  les  animaux,  et  qu'il 
renverse  les  maisons.  La  rapidité  surprenante  avec  laquelle 
ces  lauvines  roulent  jusqu'au  bas  des  vallons  où  elles  s'en- 
caissent dans  les  enfoncemens  et  cavités  qui  s'y  trouvent , 
met  les  voyageurs  dans  le  plus  grand  danger  ;  cependant , 
comme  elles  ont  peu  d'épaisseur,  on  n'est  pas  toujours 
étouffé;  en  quoi  elles  sont  beaucoup  moins  dangereuses  que 
ia  seconde  espèce,  que  l'on  appelle /m/i'mgs/o/îaè/w ,  parce 
qu'elles  détruisent  complètement  tout  ce  qu'elles  rencon- 
trent. Formées  par  une  neige  beaucoup  plus  compacte  ,  elles 
sont  infiniment  plus  pesantes;  elles  s'étendent  par  consé- 
quent moins  que  les  premières  ,  mais  elles  entraînent  avec 
elles  les  arbres,  les  pierres  et  les  morceaux  de  roc  qu'elles 
trouvent  dans  la  direction  de  leur  chute.  Comme  elles  cau- 
sent dans  les  montagnes  et  les  vallons  un  tremblement  ac- 


A  V  A  q5 

«ompagnë  d'un  bruit  égal  k  celui  du  tonnerre  ,  e41es  donnent 
ordinairement  au  voyageur  averti,  le  temps  de  se  soustraire 
au  péril  par  la  fuite. 

Les  avalanches  proprement  dites ,  sont  dclerminées  ou  par 
l'agitation  de  Tair,  ou  par  la  fonte  d'une  partie  des  masses 
de  neige  qui  composent  les  glaciers  ,  et  par  tout  ce  qui  peut 
contribuer  à  faire  glisser  les  neiges,  soit  anciennement,  soit 
récemment  entassées  aux  sommets  des  montagnes.  Une  très- 
petite  pelote  s'accroît  si  fort  en  roulant ,  qu'avant  d'arriver 
au  v?Uon  elle  peut  acquérir  la  grosseur  d'une  maison  ,  quel- 
quci"'>is  cf^lle  d'une  colline,  et  couvrir  ensuite  plusieurs  ar— 
pens  de  terre.  On  pense  bien  que  les  babiians  des  Alpe» 
n'ont  négligé  aucun  moyen  de  se  garantir  de  ces  ravages  :  ils 
évitent  d'abord  de  bâtir  au  pied  d'une  montagne  qui  s'élève 
rapidement  ;  ils  construisent  leurs  maisons  derrière  quel- 
que petite  colline  capable  d'arrêter  ou  de  rompre  la  masse 
des  avalanches.  Pour  passer  le  mont  Saint-Gothard ,  on  tra- 
•rerse  la  vallée  d'Urseren,  et  l'on  voit  au-dessous  dun  village 
un  bois  qui  forme  un  trfangle,  dans  lequel  il  est  défendu, 
sous  des  peines  très-rigoureuses  ,  de  couper  des  arbres,  parce 
qu'ils  mettent  ce  village  à  l'abri  des  lauvines.  En  plusieurs  en- 
droits où  elles  sont  à  craindre  ,  on  a  bâti  des  murs  triangu- 
laires, dont  l'angle  aigu  est  tourné  vers  le  côté  le  plus  dan- 
gereux de  la  montagne.  Quant  aux  voyageurs  ,  on  leur  re- 
commande en  Suisse  de  prendre  avec  eux  des  guides  qui  con- 
noissent  les  endroits  les  plus  redoutables,  de  faire  leur  voyage 
sans  bruit,  et  de  ne  pas  même  parler  haut.  Enfin  ,  pour  der- 
nière sûreté,  on  tire  au  milieu  des  vallons  quelques  coups  de 
pistolet  pour  ébranler  et  mettre  en  mouvement  les  pelotes 
qui  pourroient  être  sur  le  point  de  tomber.  Dans  les  passages 
étroits  ,  on  pousse  ,  en  hiver  et  au  printemps  ,  la  précaution 
jusqu'à  remplir  les  sonnettes  et  les  grelots  des  chevaux  et  des 
mulets ,  craignant  que  leur  son  n'excite  dans  l'air  un  ébran- 
lement capable  de  déterminer  le  choc  de  quelque  lauvine.  En 
plusieurs  endroits,  surtout  dans  le  pays  des  Grisons ,  on  voit 
au  pied  des  montagnes  des  voûtes  maçonnées  et  des  cavités 
pratiquées  dans  le  roc  ,  où  l'on  peut ,  en  apercevant  une  lau" 
vtne  en  mouvement ,  se  retirer  pour  la  laisser  passer  par- 
dessus. On  avertit  aussi  les  voyageurs  de  ne  pas  regarder 
long-temps  les  lauvines ,  quand  même  leur  direction  ne  pà- 
roîtroit  pas  dangereuse,  parce  qu'elles  causent  un  vent  si 
violent ,  que  les  hommes  et  les  animaux  en  sont  étouffés. 
Quelquefois  les  lavanches  sont  réduites  en  poussière  à  l'instant 
de  leur  chute,  et  cette  poussière  glacée  s'élève  assez  haut  et 
*e  répand  à  une  assez  grande  distance.  C'est  un  spectacle  des 
plus  beaux  et  des  plus  terribles  qu'où  puisse  voir  ;  il  faut  en 


y6  AVE 

avoir  été  témoin  pour  s'en  faire  une  idée  précise.  V.  Neige  ce 
Glaciers,  (luc.) 

AVALEUR  d'OS.  Nom  donné  par  les  Anglais  établis 
dans  rinde,  à  VArgala^  à  cause  de  la  gloutonnerie  et  delà 
force  de  son  bec  cl  de  son  estomac,  qui  lui  permettent  de 
briser  les  os  et  de  les  digérer.  V.  le  genre  Jabiru.  (v.) 
AVANACU.  Nom  malabare  du  Ricin,  (b.) 
AVANCARÉ.  Espèce  de  Haricot  des  Antilles,  (b.) 
AVANGOULE.  C'est  la  Lentille  dans  quelques  lieux. 

(B.) 

AVAOU.  Nom  othaïtien  d'une  Gobie.  (b.) 

AVAOUSSÈS.  On  appelle  ainsi,  sur  les  bords  de  la  Mé- 
diterranée ,  le  Chêne  kermès,  (b.) 

AVARAMO.  Espèce  d'AcACiE  du  Rrésil,  dont  on  em- 
ploie la  décoction  contre  les  ulcères,  (b.) 

AVARA  PALU.  Haricot  de  Ceylan.  (b.) 

AYARU.  C'est  I'Indigo.  (b.) 

A\AUX.  Le  Chêne  kermès  porte  ce  nom  dans  le  dé- 
partement du  Gard,  (b.) 

AVAZ.  Nom  arabe  de  l'OiE.  (s.) 

AVEKONG.  C'est  la  Tadorne  au  Groenland,  (v.) 

AVELANEDE.  C'est  en  général  la  cupule  du  gland  de 
chêne  ,  que  l'on  emploie  dans  quelques  contrées  pour  le  tan- 
nage des  cuirs  ;  mais  c'est  plus  particulièrement  celle  du 
Chêne  vÉLANi ,  Quercus  œgylops,  Liim. ,  si  bien  figuré  par 
Olivier,  pi.  i3  de  son  Voyage  dans  l'empire  Ottoman,  (b.) 

AVELINE.  Nom  d'une  coquille  terrestre  d'Amboine. 
C'est  Vhelix  scarabœus  de  Linnseus  ,  dont  Rruguières  a  fait 
unRuLiME,  et  Denys  Montfort,  son  genre  Scarabe.  (b.) 

AVELINIER.  Espèce  ou  variété  du  Noisetier  ,  dont  le 
fruit  est  connu  sous  le  nom  à' Aveline,  (b.) 

AVENAT.  Synonyme  d'AvoiNE.  (b.) 

AVENKA.  Nom  d'une  Adiante.  (b.) 

AVENERON  ou  AVERON.  Espèce  d' Avoine.  V.  ce 
.mot.  (B.) 

AVENTURINE.  On  donne  ce  nom  à  des  pierres  de  la 
nature  du  quarz  ou  de  celle  du  feldspath,  qui ,  sur  un  fond 
coloré  et  demi-transparent ,  offrent  une  multitude  de  petits 
points  brillans  ordinairement  de  couleur  jaune  ou  argentée  , 
qui  sont  dus,  soit  à  de  petites  lames  glareuses  de  la  pierre  elle- 
même,  soit  à  quelques  paillettes  de  mica  ou  autre  substance 
lamelleuse ,  dont  l'extrême  ténuité  empêche  souvent  de  re- 
connoilre  la  nature. 

JJ' aventun'ne  la  plus  connue  est  celle  d'Espagne ,  dont  le 
fond  est  un  quarz  rougeâlre,  parsemé  de  points  brillans,  de 


AVE  57 

on  a  pu  faire  de  petites  tables  d'une  seule  pièce  ;  mais  de  pa- 
reils blocs  de  cette  pierre  sont  extrêmement  rares. 

On  trouve  en  Sibérie  une  belle  variété  à' aoentiiririe  dans 
quelques  échantillons  de  ce  feldspath  vert ,  où  Yauquelin  a 
découvert  de  la  potasse.  11  forme  quelques  petits  filons  dans 
une  colline  de  schistes  primitifs  de  la  partie  méridionale  des 
monts  Oural ,  près  de  la  forteresse  de  Tro'itzk^  sur  la  rivière 
Oiii.  Les  lames  de  ce  feldspath  sont  quelquefois  parsemées 
de  petites  parcelles  micacées,  d'un  blanc  argentin;  mais  cet 
accident  n'est  pas  commun  :  j'en  ai  rapporté  des  échantillons. 
Quelques  auteurs  ont  supposé  que  les  variétés  aventurinées 
et  non  aventurinées  de  ce  feldspath  vert  étoient  deux  subs- 
tances distinctes,  et  ils  les  ont  placées  dans  trois  localités 
différentes;  l'une  sur  ks  bords  de  la  mer  Blanche,  et  les 
autres  en  Sibérie  et  ailleurs;  et  comme,  dans  l'histoire  des 
minéraux,  le  lieu  natal  est  une  des  circonstances  les  plus  im- 
portantes ,  surtout  à  l'égard  de  ceux  dont  la  rareté  fait  pré- 
sumer qu'ils  sont  dus  à  quelque  cause  particulière  ,  je  crois 
devoir  faire  observer  que  ce  feldspath  vert  n'a  été  jusqu'ici 
trouvé  que  dans  le  seul  endroiC  que  je  viens  de  désigner,  qui 
est  à  plus  de  cinq  cents  lieues  de  la  mer  Elanche.  J'ai  parlé 
de  cette    pierre   dans  mon   Hisl.  nat.   des  Miner,  t.  i^  p.  68. 

Le  naturaliste  Rome  avoit  trouvé  un  autre  feldspath  aven- 
turiné  dans  l'île  Cedlopaidi\  près  d'Archangel.  Il  étoit  de  cou- 
leur d'hyacinthe,  demi-transparent,  et  parsemé  de  petits 
points  brillans  de  couleur  d'or.  Cette  variété  est  connue  des 
joailliers,  qui  la  prisent  fort,  et  la  nomment  pierre  du  soleil. 
V.  QuARZ  et  Feldspath  aventurinés.  (pat.  et  luc.) 

AVENTURINE  NATURELLE.   V.  QuARZ  AVENTURINÉ.    (LUC.) 
AVEÎSTURINE  VRAIE.    V.  FELDSPATH  AVCNTURINÉ.  (LUC  ) 

AYEPxANO.  V.  CoTiNGA.  (desm.) 

AVERNE.  Les  anciens  appeloient  cwernes  les  grottes  ou 

autres  lieux  souterrains  d'où  sortent  des  vapeurs  méphitioucs  ; 

tels  sont  la  grotte  du  chien  ,    en  Italie  ;    le  pago  di  tripargola  , 

dans  la  Campanie,  etc.  (s.) 

AVERON  ou  AYENERON.  C'est  L'AvoI^E  folle  et 

quelques  Bromes,  (desm.) 
AVERRHOA.  V.  Carambolièr.  (desm.) 
AY'ERNO.  C'est  I'Aune  commun  en  Provence,  (b.) 
AVETTE  ou  APETTE.  Nom  de  Vabeille  domestique,  en 

vieux  français.   Il  est  en  usage  dans  quelques  parties  de  la 

France,  (s.) 
AVET,  AVETTE,  ABETE.NomsdepaysduSArm.(B.) 
AVE  VERANO.  Nom  que  les  Portugais  donnent  à  un 

CoTiNGA  que  Buffon  a  décrit  sous  le  nom  d'AvERANO.   (v.) 
AVEUGLE.  Poisson  qui  forme  seul  un  genre  voisin  des 
m.  n 


98  AVI 

Lamproies  ,  genre  que  Bloch  a  appelé  Gastrobranche,  (b.) 

AVEUGLE.  Nom  vulgaire  de  I'Anguis  orvet,  (b.) 

AVICENNE,  Adcennia.  Genre  de  plantes  de  la  didyna- 
mie  anglospermie,  et  delà  famille  des  Gatiliers  ,  dont  les  ca- 
ractères sont  d'avoir:  un  calice  persistant,  divisé  en  cinq  par- 
ties munies  à  leur  base  de  trois  écailles  pointues  ;  une  corolle 
monopétale,  dont  le  tube  est  campanule,  court ,  et  le  limbe 
presque  labié  ,  c'est-à-dire  ,  partagé  en  quatre  divisions  iné- 
gales, l'une  supérieure,  plane,  un  peu  échancrée  et  pres- 
que carrée;  les  trois  autres  ovales,  entières  et  ouvertes;  qua- 
trje  étamines ,  dont  deux  ,  plus  longues,  insérées  dans  le  tube 
de  la  corolle  ;  un  ovaire  supérieur,  ovale,  surmonté  d'un 
style  bifide  dont  la  division  inférieure  est  courbée  en  bas; 
une  capsule  coriice,  ovale,  rhomboïdale,  un  peu  compri- 
mée sur  les  côtés,  uniloculaire,  bivalve  et  monosperme;  une 
semence  grosse ,  composée  de  quatre  lames  charnues  réu- 
nies par  un  de  leurs  côtés,  desquelles  il  sort  une  radicule 
oblongue  ,  velue  ,  qui  germe  dans  le  péricarpe  môme. 

Ce  genre  comprend  trois  arbres  qui  tous  sont  dans  le  cas 
d'être  mentionnés  ici. 

Le  premier  est  l'AvicEXNE  cotonneux  ,  dont  Forskaël  a 
fait  un  genre  sous  le  nom  de  sceura  ,  qui  croît  dans  les  Indes 
et  en  Amérique ,  et  dont  on  trouve  le  fruit  chez  les  apothi- 
caires, sous  le  nom  à' anacarde  orientale;  c'est  un  très-grand 
et  très-bel  arbre  qui  a  les  feuilles  opposées ,  oblongues ,  lisses, 
vertes  en  dessus  ,  cotonneuses  et  blanches  en  dessous.  Les 
fleurs,  d'une  odeur  agréable,  disposées  en  panicules  cour- 
tes à  l'extrémité  des  rameaux.  Son  bois  est  employé  à  beau- 
coup d'usages  économiques.  On  se  sert  de  sou  brou  comme 
caustique  ,  et  ses  amandes  se  mangent  ,  ou  servent  à  faire 
de  l'huile,  j^.  Anacardier  et  pi.  A.  iSdeceDict. ,  où  il  est  figuré. 

Le  second  est  l'AviCENNE  luisant  ,  qui  s'élève  à  quarante 
pieds  de  hauteur,  et  dont  les  habitans  de  la  Martinique, 
où  il  croît  sur  le  bord  de  la  mer,  font  un  grand  usage  ,  sous 
le  nom  de  palétimer  gris ,  pour  leurs  constructions.  Ses  ca- 
ractères sont  d'avoir  les  feuilles  opposées  ,  lancéolées  ,  lui- 
santes des  deux  côtés,  et  d«s  fleurs  en  grappes  terminales. 

La  troisième  est  I'Avicenne  résinifère,  qui  croît  à  la 
Nouvelle-Hollande.  Ses  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles 
larges  ,  lancéolées  et  velues  en  dessous.  11  transsude  de  son 
tronc  une  gomme  de  couleur  verte  ,  dont  les  naturels  se 
nourrissent  et  qu'ils  trouvent  très-bonne  :  on  la  croit  cepen- 
dant échauffante. 

Les  genres  Gu  APiREet  Halodendron  se  rapprochent  beau- 
coup de  celui-ci.  (b.)  , 

AVIGEPÏOLOGIJE.  C'est  la  chasse  aux  oi^eaiw.  (desm.) 


A  V  I  59 

AVICULE,  Avîcula.  Genre  de  testacés  de  la  classe  des 
Bivalves  ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  ;  une  coquille 
irrégulière ,  libre  ,  un  peu  bâillante  par  ses  crochets ,  se 
fixant  par  un  byssus  ,  ayant  ses  valves  d'inégale  grandeur , 
la  charnière  calleuse  et  sans  dents  ,  la  fossette  du  ligament 
oblongue  ,  marginale  et  parallèle  au  bord  qui  la  soutient. 

Ce  genre,  fort  voisin  des  Crénatules  de  Lamarck,  faisoit 
partie  de  celui  des  Moules  de  Linnaeus,  et  a  élé  établi  par 
liruguières  sous  le  nom  à'kironde.  Il  renferme  une  douzaine 
d'espèces  dont  les  plus  importantes  à  connoître  sont  l'Avi- 
CULE  HIRONDE  ,  qui  se  trouve  dans  les  mers  d'Europe  ,  et 
l'AvicuLE  PERUÈRE  ,  qu'on  pêche  dans  celles  des  Indes  et  de 
l'Amérique. 

L'AvicuLE  HIRONDE  est  peu  épaisse ,  plate,  arrondie,  et 
porte  dans  la  direction  de  ses  charnières  deux  prolongemens 
inégaux  en  forme  d'ailes,  qui  augmentent  sa  longueur,  au 
point  de  la  rendre  double  de  sa  largeur.  La  petite  aile  est 
arrondie,  et  l'autre  pointue  ;  la  surface  extérieure  est  lisse  , 
jaune  ou  brune;  l'intérieure  est  nacrée,  et  offre  souvent  des 
tubercules  de  perle.  Si  on  la  voit,  dans  les  cabinets ,  entière- 
ment nacrée,  c'est  parce  qu'on  l'y  dépouille  de  sa  surface 
extérieure. 

L'AvicuLE  PERLIÈRE  ,  OU  la  THOule  mère-perle,  est  aplatie, 
presque  orbiculaire  ,  ridée  ,  grisâtre  en  dessus  et  nacrée  en 
dedans.  Elle  acquiert  un  demi-pied  de  diamètre  sur  un  à 
deux  pouces  d'épaisseur.  C'est  principalement  dans  son  in- 
térieur qu'on  trouve  ces  tubercules  d'un  blanc  argentin,  tan- 
tôt isolés  ,  tantôt  adhérens  ,  qu'on  connoît  sous  le  nom  de 
perles ,  que  le  luxe  recherche  comme  ornement ,  et  que  les  ri- 
ches ont  toujours  pavés  fort  cher.  V.  pi.  A.  6,  où  elle  est  figurée. 

La  pêche  des  perles  étoit  autrefois  beaucoup  plus  en  faveur 
qu'aujourd'hui  ;  cependant  il  y  a  encore  plusieurs  endroits  A»x\s. 
rinde  oùl'on  s'en  occupe  spécialement,  savoir  :  dans  le  golfe 
Persique,  autour  de  l'île  de  Ceylan,  et  sur  les  côles  du  Japon. 
Pour  avoir  les  aoicules  qui  sont  attachées  aux  rochers  au  fond 
de  la  mer  ,  des  plongeurs,  stylés  à  ce  seul  objet  ,  y  des- 
cendent dans  une  corbeille  lestée  d'une  pierre,  et  lorsqu'ils 
ont  détaché  une  certaine  quantité  de  coquilles  ,  ou  qu'ils  ne 
peuvent  plus  se  passer  d'air ,  ils  font  remuer  les  cordes 
qui  les  tiennent  suspendus,  et  on  les  tire  en  haut.  On  dit  qu'il 
est  de  ces  plongeurs  qui  restent  une  demi-heure  sous  l'eau  , 
mais  que  le  plus  grand  nombre  ne  peut  y  travailler  plus  d'un 
demi-quart  d'heure.  Ce  sont  généralement  des  jeunes  gens 
que  le  despotisme  force,  dès  leur  bas  âge,  à  se  consacrer  à 
ce  dangereux  métier;  car  la  pêche  des  perles  n'est  pas  per- 
mise à  tout  le  monde  :   c'est  un  droit  que  se  rései-vent  par- 


loo  A  V  O 

tout  les  tyrans  de  ces  contrées  ,  mais  qu'ils  afferment  plus 
souvent  qu'ils  ne  l'exercent  directement,  à  raison  des  chance» 
souvent  infructueuses  de  ces  résultats. 

Lorsque  ces  coquilles  sont  tirées  de  la  mer ,  on  les  étend 
au  soleil ,  où  elles  ne  tardent  pas  à  s'ouvrir  et  à  permettre  la 
recherche  des  perles  qu'elles  peuvent  contenir.  On  n'en 
trouve  que  dans  un  petit  nombre  ,  et  rarement  de  bien  for- 
mées :  c'est  ce  qui  fait  que  celles  d'un  certain  volume  se  sou- 
tiennent toujours  à  une  grande  valeur.  Il  est  des  années  où  la 
dépense  de  la  pèche  est  plus  considérable  que  son  produit. 
La  quantité  de  coquilles  qu'on  sort  ainsi  de  la  mer,  est  si  considé- 
rable ,  que  l'infection  qu'elles  répandent  est  meurtrière  pour 
les  ouvriers  et  les  habitans  aune  certaine  distance  des  côtes. 
La  coquille  de  ïaoicule  perlière  a  phis  d'épaisseur  nacrée 
que  la  plupart  des  autres  coquilles  ,  et  fournit  au  commerce 
ce  an  on  a^^eWe  \a  nacre  de  perle ,  matière  que  les  joailliers  et 
les  tablctiers  transforment  en  meubles  d'agrément  et  en  bi- 
joux de  plusieurs  sortes. 

On  a  attribué  en  médecine  de  grandes  vertus  aux  perle» 
et  à  la  nacre  de  leur  coquille  ;  mais  elles  se  réduisent ,  en 
réalité ,  uniquement  à  celle  de  la  terre  absorbante  ou  cal- 
caire, si  commune  dans  la  nature,  et  par  conséquent  sans  va- 
leur. V.  au  mot  Perle. 

Les  AvicuLES  noire  et  de  la  Chine  sont  figurées  pi.  38  des 
Mélanges  de  Zoologie  de  Léach. 

L'animal  de  l'avicule  a  été  nommé  Glaucus  par  Poli  qui  l'a 
figuré  avec  des  détails  analomiques,  pi.  3i,  n."'  17  et  21  de 
son  ouvrage  sur  les  testacés  des  mers  des  Dcux-Siciles.  (b.) 
AVIGNON.  F.'AvAGNON.  (desm.) 
AVI-HI-AVI.  Arbre  du  genre  Dillenie.  (b.) 
AVILA.  Fruit  de  la  Feuillée  à  feuilles  en  cœur,  (b.) 
AVILLONS  {Fauconnerie).  Doigts  postérieurs  des  oiseaux 
de  proie,  (s.) 

AVIOSA.  Nom  du  Boa  devin,  (b.) 
AVIRON.  Nom  donné  aux  pattes  de  quelques  insectes 
aquatiques,  tels  que  la  notonccte,  la  corise  ^  etc.  (o.) 
AVOCATIER.  Arbre  du  genre  des  Lauriers,  (b.) 
AVOCETTA.  Nom  italien  de  I'Avocette.  (s.) 
AVOCETTE ,    Recurvirusira.    Genre     de     l'ordre     des 
ÉcHASSiERS  et  de  la  famille  des  palmipèdes.    V.  ces  mots. 
(M.  Cuvier  place  les  a^ocetles  dans  le  même  ordre,   et  La- 
tham  en  fait  la  section  de  ses  palmipèdes  à  longs  pieds  ). 
Caractères  :    bec   long ,   subulé  ,   un   peu   aplati  en   dessus  , 
comprimé  latéralement,  retroussé,  à  pointe  flexible  et  mem- 
braneuse; très-aigu;  mandibule  supérieure  sillonnée  à  la  base 
sur  chaque  côté;  aarines  éiroitçs,  iQngimdÎB^iles,  ouvertes, 


A  V  0 

situées  dans  un  sillon  ;  langue  courte ,  entière  ;  doigts  an- 
térieurs réunis  psfr  une  membrane  échancrée  dans  le  mi- 
lieu ;  le  postérieur  très-court  et  élevé  de  terre  ;  ongles  courts, 
en  forme  de  faux  ;  la  première  rénaige  la  plus  longue  de 
toutes. 

Les  avocetles  ont  les  jambes  fort  longues  et  la  queue  fort 
courte  ,  en  comparaison  du  volume  du  corps  ;  un  tubercule 
charnu  s'élève  sous  la  peau  près  de  l'œil  ;  mais  la  forme 
très-singiilièrc  et  unique  de  leur  bec  ,  les  fait  distinguer  au 
premier  abord.  Sa  forte  courbure  est  tournée  en  haut ,  de 
sorte  que  le  dessus  du  bec  présente  une  profonde  concavité 
en  arc  de  cercle  relevé ,  dont  le  centre  est  au-dessus  de  la 
tête  ,  et  la  pointe  revient  en  avant. 

L'on  ne  connott  pas  bien  encore  le  parti  que  peuvent 
tirer  les  aooceties  d'un  instrument  aussi  folble,  qui  n'a  pas  la 
force  de  béqueter  ni  de  saisir  des  corps  un  peu  durs.  Bâil- 
lon ,  observateur  judicieux ,  n'a  presque  jamais  trouvé  dans 
leurs  viscères  qu'une  matière  glulineuse ,  grasse  au  toucher, 
d'une  couleur  tirant  sur  le  jaune  orangé  ,  dans  lacjuelle  oa 
reconnoît  encore  le  frai  du  poisson  et  des  débris  d'insectes 
aquatiques.  Celte  substance  gélatineuse  est  toujours  mêlée, 
dans  le  ventricule  ,  de  petites  pierres  blanches  et  cristal- 
lisées ;  et  quelquefois ,  il  y  a  dans  les  intestins  une  matière 
grise ,  ou  d'un  vert  terreux ,  qui  paroît  être  ce  sédiment  li- 
moneux ,  que  les  eaux  douces  ,  entraînées  par  les  pluies , 
déposent  sur  leur  lit.  Les  avocettes  sillonnent  et  retoum<!nl 
de  leur  bec  flexible  la  vase  la  plus  molle  et  l'écume  des  flots  , 
pour  y  chercher  quelque  proie  sans  consistance  ,  telle  que  le 
frai  des  poissons,  les  vers  aquatiques,  etc.,  qu'elles  avalent 
avec  de  petites  pierres  qui  s'y  trouvent  mêlées. 

Mais  si  le  bec  des  avocettes  n'a  en  solidité  qu'à  peu  près  ce 
qu'il  faut  pour  ne  pas  être  absolument  inutile  à  la  recher- 
che de  leurs  alimens ,  il  ne  peut  leur  servir  en  rien  pour 
leur  propre  défense  ,  et  encore  moins  pour  attaquer.  Aussi , 
connoissant  toute  leur  foiblesse,  ces  oiseaux  n'ont  pour  leur 
sûreté  que  la  triste  ressource  d'une  défiance  continuelle  , 
partage  ordinaire  du  manque  absolu  de  tout  moyen  de  résis- 
tance :  leur  vie  est  sans  cesse  agitée  par  les  inquiétudes  qui 
les  tiennent  dans  une  surveillance  très-active.  Ils  ne  restent 
pas  long-temps  dans  le  même  lieu ,  et  il  est  fort  difficile  de 
les  approcher  ,  plus  encore  de  les  surprendre.  Tourmentés 
par  des  craintes  toujours  renaissantes ,  habitués  à  fuir  à  la 
moindre  apparence  du  danger,  Ils  ont  acquis  une  grande  vi- 
vacité ,  et  beaucoup  de  prestesse  dans  leurs  mouvemens  ;  ils 
courent  avec  légèreté  sur  les  rivages,  et  même,  à  la  faveur» 
de  leurs  longues  jambes  ,  sur  des  fonds  couverts  de  cinq  à  sis/ 


I02  A  V  O 

pouces  d'eau.  Dans  des  eaux  pins  profondes  ,  ils  nagent  aussi 
vivement  et  avec  une  égaie  agilité.  * 

Dans  les  deux  continens,  les  avocettes  préfèrent  les  pays 
froids  aux  tempérés;  elles  ne  se  montrent  pas  dans  les  cli- 
mats trop  cljauds  ,  et  elles  voyagent  d'une  contrée  à  une  autre. 
On  les  trouve  plutôt  sur  les  plages  de  la  mer  que  près  des 
eaux  de  l'inlérieurdes  terres  ,  et  de  préférence  aux  embou- 
chures des  fleuves  et  des  rivières. 

L'AvocETTE  PROPREMENT  DITE  {Reciirpirostraavoceita,  Lalh. 
fig.  3,  pi.  A.  3  de  ce  Dictionnaire).  Elle  est  de  la  grosseur  du 
vanneau,  mais  elle  est  plus  grande.  Sa  longueur  est  de  quinze 
à  dix-huit  pouces  ;  son  vol  a  près  de  quatre  pouces  ;  ses  jambes 
sont  hautes  de  sept  à  huit  ;  et  son  bec,  qui  est  trois  fois  plvis  long 
que  la  tête  ,  en  a  près  de  trois  et  demi.  Elle  a  du  noir  à  la 
partie  supérieure  de  la  tôle  et  du  cou,  aussi  bien  que  sur 
chaque  aile  ,  où  il  forme  une  large  bande  lustrée;  il  y  en  a  aussi 
sur  les  pennes  des  ailes  et  le  long  de  son  grand  bec.  Le 
reste  du  plumage  a  la  blancheur  éclatante  de  la  neige  ;  l'iris 
de  l'œil  est  couleur  de  noisette  ,  et  les  pieds  sont  bleuâtres. 

Uavocelte  est,  dans  le  premier  âge,  d'un  blanc  pur,  mais  la 
couleur  noire  est  nuancée  de  brun  ,  et  ces  couleurs  ne  s'a- 
vancent pas  sur  la  têle  au-delà  de  l'occiput  ;  les  plumes  sca- 
pnlaires  sont  bordées  de  roux  ,  et  leur  extrémité  est  d'un  roux 
cendré  ;  les  pieds  sont  cendrés  ,  et  plus  l'oiseau  vieillit,  plus 
il  a  de  noir  sur  son  plumage.  La  femelle  est  un  peu  plus  petite 
que  le  mâle  ;  celui-ci  a  la  tête  plus  ronde ,  et  le  tubercule  , 
qui  est  près  des  yeux  ,  plus  renflé. 

Les  ai^ocetles  de  notre  continent  préfèrent  les  contrées  du 
Nord  ,  qu'elles  quittent  aux  approches  de  l'hiver  pour  des- 
cendre plus  au  Midi;  et  y  retourner  au  printemps.  Dans  leurs 
fréquens  voyages,  elles  ne  vont  guère,  vers  le  Sud,  au-delà 
des  régions  tempérées.  On  les  voit  rarement  en  Italie  ,  et 
plus  rarement  encore  en  Sardaigne  ,  où  ,  suivant  Cetti  , 
elles  arrivent  en  mars  ,  et  fréquentent  les  bords  des  marais 
salins.  Elles  se  rendent  en  grand  nombre  deux  fois  l'année  , 
au  printemps  et  à  la  fin  de  l'automne,  sur  une  partie  de  nos 
côtes  de  l'Océan  et  de  celles  d'Angleterre  ;  elles  y  font  leurs 
nichées.  Quelques-uns  de  ces  oiseaux  remontent  fort  haut 
dans  les  terres,  en  suivant  le  bord  des  eaux;  ils  pondent 
deux  œufs  ,  et  rarement  trois ,  dans  un  petit  trou  entouré 
d'herbe ,  ou  seulement  dans  le  sable  ;  ces  œufs  sont  d'un 
cendré  verdâtre ,  couverts  de  taches  noirâtres. 

On  voit  communément  les  a\>ocettes  en  Zélande ,  en  Da- 
nemarck ,  en  Suède  ,  en  Russie  ,  en  Sibérie  ,  sur  les  bords 
de  la  mer  Caspienne  ,  et  dans  les  parties  boréales  de  l'Ame- 


A  V  O  ,o3 

rique  septentrionale ,  d'où  elles  s'avancent  jusqu'à  la  Nou- 
velle-Ecosse ,  où  Vieillot  les  a  trouvées. 

Quoique  Vavocette  proprement  dite  remonte  (quelquefois  les 
fleuves  et  les  rivières,  on  voit  néanmoins  ,  par  l'énumération 
précédente  des  lieux  où  l'on  observe  cette  espèce,  que  les  eaux 
salées  l'attirent  davantage  ,  parce  qu'elle  peut  apparemment 
y  fouiller  avec  plus  de  facilité  une  nourriture  plus  abondante. 
Son  cri  s'exprime  bien,  dit -on,  par  les  deux  syllabes /(vz^,  iwif. 
M.  Salerne  dit  que,  quand  on  la  fait  lever  de  dessus  son  nid  , 
elle  contrefait  l'estropiée  ,  autant  et  plus  que  tout  autre  oi- 
seau. L'on  ignore  la  durée  de  son  incubation,  aussi  bien  que 
quelques  autres  traits  de  sa  manière  de  vivre  ;  il  est  en  effet 
très-difficile  d'observer  des  oiseaux  aussi  sauvages  ,  aussi  vifs 
et  aussi  .inconstans. 

L'AvocETTE  d'Amérique.  V.  Gratsde  Avocette. 

La  Grande  Avocette  (^Recurvirosira  americana^  Lath.)  ç^?,t 
d'un  tiers  environ  plus  grande  que  V avocette  proprement  dite  , 
et  le  dessus  de  sa  tête  et  de  son  cou,  au  lieu  d'être  noir,  a 
une  teinte  roussâtre  claire  aussi  bien  que  la  poitrine.  On  la 
îrouve  au  nord  de  l'Amérique. 

Mauduyt  a  reçu  la  même  espèce  de  la  Louisiane  ;  mais 
les  individus  qui  lui  ont  été  envoyés  avoient  du  blanc  sali 
de  grisâtre  ,  et  non  de  roux ,  sur  le  derrière  de  la  tête  et 
toute  la  longueur  du  cou.  (  Encyclopédie  méthodique.  )  Ces  in- 
dividus étoient  deS  jeunes.  . 

L'Avocette  blanche  de  la  baie  d'Hudson  est  une  va- 
riété accidentelle  de  la  Barge.  V.  ce  mot.'' 

L'Avocette  à  tète  blanche  ,  Recuroirostra  leucocephala  , 
Vieill.  Cette  espèce,  qu'on  a  trouvée  aux  terres  australes,  a 
la  taille  de  l'afoce//*?  d'Europe  ,  et  est  entièrement  blanche  , 
à  l'exception  des  ailes  qui  sont  noires;  le  bec  est  de  cette 
couleur,  et  les  pieds  sont  bruns. 

L'Avocette  de  la  Nouvelle-Hollande,  Recuroirostra 
Nooœ-Hollandiœ ^  Vieill.  C'est  cette  espèce  et  non  la  grande 
avocette ,  comme  le  croient  les  ornithologistes  ,  d'après  une 
description  imparfaite  de  Dampier ,  qu'on  trouve  à  la  Nou- 
velle-Hollande. Elle  a  la  tête  et  la  moitié  du  cou  d'un  roux 
très-foncé  ;  une  partie  des  couvertures  supérieures  des  ailes 
et  les  pennes  noires  ;  le  reste  du  plumage  blanc  ;  le  bec  et 
les  pieds  noirs.  Sa  taille  égale  celle  de  ïavocéfte  d'Amérique. 

(s.  et  V.) 

xWOINE  ,  Avena.  Genre  de  plante  de  la  triandrie  di- 
gynie  et  de  la  famille  des  graminées  ,  dont  quelques  espèces 
sont  d'un  grand  intérêt  pour  le  nord  de  l'Europe,  sous  les 
rapports  de  la  nourriture  des  bestiaux. 


.o4  A  V  O 

Les  caractères  du  genre  consistent  en  une  balle  calicinale 
rie  deux  valves,  renfermant  deux  ou  un  plus  grand  nombre  de 
fleurs  ;  en  une  arête  articulée  ,  plus  ou  moins  torse  ,  placée 
sur  le  dos  de  la  valve  extérieure  de  la  balle  florale. 

Depuis  peu  on  a  séparé  quelques  espèces  de  ce  genre  pour 
en  former  les  genres  Trisetaire,  Damthonie,  Ventenatïe  , 
Arrhenathère  et  Gaudinie. 

Malgré  ce  retranchement,  le  genre  des  avoines  contient 
encore  plus  de  cinquante  espèces  ,  dont  les  plus  communes 
ou  les  plus  importantes  à  citer  sont  : 

L'AvoiME  follette  ,  Aoenafatua,  Linn. ,  qui  a  trois  fleurs 
dans  chaque  balle  calicinale  ,  et  les  semences  velues  à  leur 
base.  Elle  est  annuelle,  et  croît  dans  les  champs  de  presque 
toute  la  France.  C'est  une  pcsie  pour  les  cultivateurs  qui 
ne  peuvent  la  détruire.  On  l'appelle  vulgairement  aileron. 

L'Avol^"E  FROMETSTALE ,  yhena  elatior,  Linn.  Elle  a  deux 
(leurs  dans  chaque  balle  calicinale  ,  et  Tarête  du  fleuron  her- 
maphrodile  à  peine  visible.  Elle  est  annuelle  ;  on  la  trouve 
dans  les  champs ,  les  prés  ,  partout  où  la  terre  est  grasse  et 
fraîche  ;  sa  hauteur  surpasse  quelquefois  deux  ou  trois  pieds. 
C'est  un  des  plus  excellens  et  des  plus  abondans  fourrages 
indigènes.  Les  cultivateurs,  qui  la  connoisscnt  sous  le  nom 
àe  fromcntale^   ne  peiivcnt  trop  la  multiplier. 

L'Avoine  bulbeuse,  Avena  precaton'a ,  Thuil. ,  se  rappro- 
che infiniment  de  la  précédente  ,  cl  se  confond  généralement 
avec  elle,  quoiqu'elle  soit  vivacc ,  qu'elle  ait  les  racines  bul- 
beuses et  en  chafelet,  les  nœuds  glabres.  Elle  croît  dans  les 
champs,  où  la  charrue  la  muliiplie  par  le  déchirement  de  ses 
racines.  Les  bestiaux  en  sont  très-friands. 

Les  Avoines  pubescente,jaunAtre  et  des  prés,  croissent 
dans  les  prés  secs ,  et  concourent  puissamment  à  leur  supé- 
riorité sur  les  prés  bas.  On  ne  peut  trop  chercher  à  les  mul- 
tiplier, attendu  qu'à  leur  excellente  qualité  comme  fourrage 
elles  joignent  l'avantage  d'être  vivaces.  (b.) 

L'Avoine  cultivée  dont  les  épis  sont  en  panlcule,  les 
fleurs  ,  au  nombre  de  deux  dans  chaque  calice  ,  les  semences 
glabres.  Elle  est  annuelle,  originaire  de  Perse  ,  ainsi  que  l'a 
observé  Olivier  pendant  son  voyage  dans  cette  contrée. 
C'est  le  principal  objet  de  cultine  dans  quelques  crntons 
de  la  France.  La  commune  et  la  nue  sont  celles  que  l'on  cul- 
tive :  la  première  donne  plusieurs  variétés ,  Vaooine  blanche 
ordinaire  ,  V avoine  blanche  de  Hongrie  ou  du  Nord,  ou  unilaté- 
rale ,  V avoine  brune  ,  V avoine  anglaise  ou  potaloe  oats  ,  et  Vaçoine 
rouge  foncé.  Ce  sont  autant  de  variétés  estimées  par  les  agri- 
culteurs et  qui  se  perpétuent  sans  altération. 


A  V  O  ,o5 

Ua^oine  nue  est  regardée  comme  une  espèce,  parce  que 
ses  semences  tombent  dépouillées  de  leur  balle  et  entièrement 
nues.  On  la  préfère  quelquefois  ,  par  cette  raison  ,  à  Vmoine 
commune  ,  surtout  pour  faire  des  gruaux  ;  elle  est  plus  fari- 
neuse ,  et  plus  alimentaire  par  conséquent  :  mais  on  a  remar- 
qué que  Vavoine  noire  est  celle  qui  résiste  le  mieux  aux  effets 
du  froid;  que  l'avoine  de  Hongrie  grène  davantage,  et 
que  l'avoine  anglaise  fournit  plus  de  nourriture  sous  le  même 
volume. 

On  dislingue  encore  les  avoines  en  avoine  d'automne ,  et  en 
avoine  de  printemps ,  parce  qu'en  effet  ce  grain  se  sème  à  ces 
deux  époques  ;  mais  ce  n'est  pas  une  variété  différente ,  car  l'a- 
l'oirie  d'hiver  peut  devenir  insensiblement  acome  deprintemps, 
en  la  semantplusieurs  années  de  suite  ou  en  février  ou  en  mars , 
et  vire  versa  ;  mais  les  cultivateurs  qui  veulent  semer  avant 
l'hiver  doivent  prendre  la  précaution  d'acheter  de  Vavoine  qui 
y  est  déjà  habituée.  Les  racines  de  cette  plante  tallent  beau- 
coup ;  dès-lors  une  terre  dure  et  argileuse  lui  convient  moins 
bien  qu'une  terre  ameublie  et  suffisamment  amendée.  Ce- 
pendant c'est  en  général  sur  les  défrlchemens  qu'elle  pros- 
père le  mieux,  et  qu'on  doit  la  semer.  \J avoine  semée  après 
une  récolte  de  légumes  est  d'un  bon  rapport.  On  peut  aussi 
la  semer  avec  du  trèfle.  Le  temps  de  la  semer  est  ordinaire- 
ment depuis  février  jusqu'au  milieu  d'avril  ;  mais  on  peut  la  se- 
mer sans  risques  avant  l'hiver  ,  dans  les  pays  chauds  ou  tem- 
pérés. Toutes  choses  égales  d'ailleurs  ,  Vavoine  d'hiver,  quand 
elle  réussit ,  donne  une  plus  belle  récolte  que  les  avoines  prin- 
tanières.  On  ne  sauroil  trop  tôt  semer  ,  selon  ce  proverbe  , 
avoine  de  février.,  remplit  le  grenier  ;  et  c'est  une  loi  générale, 
que  plus  un  grain  demeure  en  terre  et  a  une  végétation  pro- 
longée ,  plus  la  moisson  est  abondante. 

\J avoine  n'est  pas  sujette  à  la  carie ,  mais  le  charbon  l'af- 
fecte fréquemment.  11  faut  donc  semer  plus  dru  en  hiver  qu'au 
printemps. 

Comme  Vavoine  s'égrène  aisément,  on  a  cru  que,  pour  en 
perdre  moin»  en  la  récoltant ,  il  falloit  la  couper  avant  sa  ma- 
turité ;  mais  c'est  une  erreur.  Une  autre  erreur,  malheureuse- 
ment trop  accréditée  ,  c'est  que  presque  partout ,  après  avoir 
coupé  Vavoine ,  on  la  laisse  sur  le  champ  (  ce  qu'on  appelle 
javeler)  oans  l'intention  de  faire  noircir  et  grossir  le  grain.  Ce 
grain  ,  surchargé  alors  d'une  humidité  étrangère  ,  se  gonfle  , 
paroît  pesant  et  bien  nourri ,  et  ne  contient  que  de  l'eau.  En 
récoltant  les  avoines  à  leur  point  de  maturité  ,  en  les  battant , 
si  cela  se  peut,  ou  mettant  en  gerbier  les  javelles ,  lorsqu'elles 
ont  bien  ressué  ,  on  obvie  à  tous  les  inconvéniens  ;  on  pré- 


To6  A  V  Ô 

vient  surtout  les  accidéfis  du  feu ,  qui  prend  quelquefois,  par 
le  seul  effet  de  la  fermentation  ,  dans  les  tas  à^avoine  serrée 
trop  humide  ;  enfin  ,  lorsqu'on  renferme  ce  grain  ,  il  faut 
qu'il  soit  entièrement  sec  ,  net ,  et  pur  comme  le  froment. 

iJapoine  est ,  de  toutes  les  céréales ,  la  plante  à  laquelle  on 
a  attribué  le  plus  de  propriétés  médicinales.  Mais  ce  grain 
n'est  cultivé  que  pour  fournir  à  la  nourriture  de  l'homme  et 
des  animaux.  Uaooine  noire  est  abondante  en  écorce  et  peu 
en  Hirine ,  laquelle  étant  plus  mucilagineuse  qu'amilacée, 
n'absorbe  pas  une  grande  quantité  d'eau  ,  pèse  moitié  moins 
que  celle  àc  froment ,  et  ne  pourroit  être  employée  avec  avan- 
tage que  par  lés  amidonniers.  Comme  ïwoine  contient  du 
sucre  ,  de  l'amidon  et  de  l'extractif ,  il  n'est  pas  douteux  qu'on 
ne  puisse  en  faire  de  très-bonne  bière  ;  mais  nous  ne  pen- 
sons pas  qu'elle  s'oit  préférable  à  celle  qu'on  prépare  avec 
Vorge.  Il  suffit ,  pour  développer  l'odeur  de  vanille  dans  Vavoine 
noire  ,  de  laver  ce  grain  ,  de  le  faire  bouillir  un  moment  dans 
l'eau,  et  d'en  employer  la  décoction  comme  véhicule  de  la  fé- 
cule des  pommes  de  terre  et  des  œufs  ,  pour  former  des  crèmes 
excellentes.  La  halle  d'aooine  est  utilement  employée  à  faire 
des  paillasses  pour  les  enfans,  et  d£s  matelas  pour  les  habi- 
lans  des  campagnes ,  étant  douce  ,  souple  ,  peu  susceptible 
d'humidité. 

Quels  que  soient  les  efforts  de  l'industrie  de  ceux  qui  con- 
vertissent \\n?oine  en  faiine  et  en  pain  ,  ils  ne  viendront  ja- 
mais à  bout  d'affoiblir  la  couleur  foncée  et  l'amertume  nau- 
séabonde qui  la  caractérisent.  Ces  mauvaises  qualités  sont  in- 
hérentes à  la  nature.  Cependant  on  a  droit  d'«\tre  étonné  que 
de  graves  auteurs  aient  fait  l'éloge  le  plus  pompeux  du  pain  d'«- 
voinc.  Sans  doute  l'usage  d'un  pareil  aliment  peut  être  sain  , 
puisqu'il  y  a  des  cantons  où  il  est  la  principale  ressource  de 
leurs  habitans;  mais  ce  pain  est  noir,  gras,  compacte  et  de 
mauvais  goût  ;  il  revient  plus  cher  aux  malheureux  qui  s'en 
alimentent,  que  le  meilleur  pain  d'orbe  et  de  seigle. 

Dans  la  Normandie  et  la  Basse-Bretagne  ,  les  habitans  des 
campagnes  font,  avec  le  gruau  à'aooine ,  de  fort  bons  potages  ; 
les  Geimains  en  faisoient  la  base  de  leur  nourriture.  Voici  de 
quelle  manière  on  obtient  ce  gruau.  On  prend  ordinairement 
de  V  avoine  hlanrhe ,  qu'on  fait  sécher  au  four;  lorsqu'elle  est 
suffisamment  sèche  ,  on  la  vanne ,  on  la  nettoie ,  et  onja  porte 
à  un  moulin  dont  les  meules  sont  fraîchement  piquées.  Le 
meunier  a  soin  de  les  tenir  un  peu  éloignées ,  afin  qu'elles 
n'écrasent  pas  le  grain ,  et  que  celui-ci  conserve  la  forme  de 
riz.  Par  ce  moyen,  elles  enlèvent  la  totalité  de  la  pellicule- 
Ce  grain  fie  donne  guère  au-delà  de  la  moitié  de  son  poids 
tle  gruau. 


A  V  O  ,07 

Uaooine  en  grain ,  est  recherche'e  par  tous  les  animaux  ,  qui 
en  sont  extrêmement  friands  ;  mais  les  chevaux  sont  ceux  qui 
en  font  la  plus  grande  consommation ,  et  c'est  pour  eux  qu'elle 
est  spécialement  cultivée.  Les  moutons  qu'on  engraisse ,  les 
agneaux  nouvellement  sevrés  ,  les  oiseaux  de  basse  -  cour  , 
avalent  Vapoine  avec  avidité.  Il  faut  éviter  seulement  de  la 
leur  donner  trop  nouvelle  ou  pénétrée  d'une  humidité  étran- 
gère ,  dans  la  crainte  que  son  usage  ne  cause  des  dévoiemens , 
des  Indigestions  ou  des  tympanltes  dangereuses. 

Il  paroît  que  la  cavalerie  romaine  ne  consommolt  point 
Ya\?oine  comme  nourriture  ,  c'étolt  Vorge;  et  cependant ,  dans 
les  climats  où  ce  dernier  grain  est  administré  aux  chevaux,  ces 
animaux  ont  de  la  réputation.  Tous  les  voyageurs  rapportent 
qu'en  Espagne  ,  en  Andalousie  ,  en  Mauritanie  ,  en  Arabie, 
en  Tartarie  ,  on  ne  leur  donne  que  de  Vorge  au  lieu  ù'aooine; 
et  ce  sont  les  meilleurs  ch^aux  que  Ton  connoisse.  Mais  une 
remarque  à  laquelle  on  n'a  peut-être  pas  fait  assez  d'atten- 
tion jusqu'à  présent ,  c'est  que  souvent  on  attribue  à  Vapoine 
ce  qui  n'est  dû  absolument  qu'à  la  trop  grande  quantité  qu'on 
en  donne  ,  et  que  si  on  rationnolt  les  animaux ,  on  leur  épar- 
gnerolt  beaucoup  d'accidens  qui  résultent  éviflemnaent  de  la 
surabondance  d'allmens. 

Au  reste  ,  tant  qu'on  sera  persuadé  que  l'ocomc  est  le  seul 
grain  qui  convienne  aux  chevaux  ,  nous  doutons  que  les  fer- 
miers se  déterminent  à  en  circonscrire  la  culture  ,  parce  que 
le  bénéfice  qu'ils  retirent  les  arrêtera  toujours  ;  mais  nous 
déclarons  que  la  masse  de  la  subsistance  publique  gagnera  in- 
finiment à  la  substitution  de  ïorge  à  l'at^oioe ,  et  qu'une  pa- 
reille révolution  dans  la  manière  de  se  nourrir ,  deviendra 
pour  la  France  une  richesse  incalculable.  Cependant ,  tout 
en  applaudissant  aux  vues  de  ceux  qui  désirerolent  qu'on  re- 
nonçât tout-à-fait  à  l'opome ,  nous  sommes  bien  éloignés  de 
partager  leur  opinion  ,  et  de  repousser  entièrement  cette  cul- 
ture ,  pulsqu'encore  une  fois,  elle  prospère  sur  des  défriche- 
mens  où  l'orge  n'aurolt  aucun  succès ,  et  qu'elle  les  prépare 
à  rapporter  d'autres  productions  ;  d'ailleurs,  sa  paille  est  re- 
cherchée avidement  par  tous  les  animaux,  (parm.) 

AVOINE  DES  CHIENS. C'estlePHARELAPPULACÉ.'(B.) 

AVOIRA  ,  E/ais.  Genre  de  plante  de  la  monoécle  hexan- 
drîe  et  de  la  famille  des  palmiers,  dont  les  caractères  sont  d'a- 
voir: un  calice  de  trois  ou  de  six  pièces  ,  et  une  corolle  à  six 
divisions  ;  six  étamines  dans  les  fleurs  mâles  ;  un  ovaire  su- 
périeur, surmonté  d'un  style  épais ,  et  terminé  par  trois  stig- 
mates, dans  les  femelles;  une  noix  ovale,  un  peu  trlgone  , 
enveloppée  d'un  brou  fibreux,  uniloculaire  et  marqué  de  trois 
irous,  peu  apparens  à  sa  base. 


io8  A  V  0 

On  compte  dans  ce  genre  plusieurs  espèces  qui  ont  él6 
dnumérées  par  Aublet  ;  mais  il  nous  manque  encore  le  déve- 
loppement de  leurs  caractères  botaniques.  L'espèce  la  plus 
commune  est  TAvoira  ou  Aouara  de  Guinée,  qui  se  trouve 
actuellement  dans  toutes  les  colonies  françaises  de  l'Amé- 
rique ,  où  elle  a  été  portée  ,  à  raison  de  son  utilité. 

C'est  ,  dit  Aublet ,  le  palmier  le  plus  élevé  qui  croisse  à 
la  Guyane.  Ses  feuilles  ,  toujours  terminales  ,  ont  jusqu'à  dix 
pieds  de  long;  elles  sont  ailées  ,  et  leur  pétiole  est  garni  d'é- 
pines longues  et  aiguës.  Ces  pétioles  subsistent ,  et  rendent 
les  approches  du  tronc  impossibles.  Les  fruits  sont  de  la  gros- 
seur d  un  œuf  de  pigeon  ,  de  couleur  jaune  et  velus.  Dans  Le 
brou ,  qu'on  appelle  caire ,  est  une  substance  jaune  et  onc- 
tueuse ,  que  les  singes  ,  les  vaches  et  autres  animaux  mangent. 
On  en  tire  ,  après  l'avoir  laissé  macérer  quelque  temps  ,  une 
huile  par  expression  ,  dont  on  sqg^rt  pour  l'apprêt  des  ali- 
mens  ,  pour  l'usage  de  la  médecine  et  pour  brûler.  De  l'a- 
mande contenue  dans  ce  brou  ,  on  extrait  une  espèce  de 
beurre  d'un  très-bon  goût,  qui  est  fort  adoucissant;  ce  beurre 
est  appelé  qnioguio  ou  thîolhio  ,  et  l'huile,  huile  de  palmier. 

Les  fnyts  de  Vaooira  ont  été  confondus,  par  les  auteurs, 
avec  ceux  du  cocotier^  parce  qu'on  les  appelle  aussi  cocos;  mais, 
par  contre-coup,  on  a  aussi  confondu  les  cocos  avec  les  aooira; 
car,  on  appelle  ,  à  Cayenne  ,  le  cocotier  de  Guinée,  avoira 
canne.  V.  au  mot  Cocotier,  (b.) 

AVONG-AVONG.  Espèce  de  Gastoke  qui  croît  à  Ma- 
dagascar, (b.) 

AVORTEMENT  {^Économie  rurale-).  On  appelle  a^^or- 
lement.,  dans  les  animaux  domestiques,  le  part  prématuré  , 
c'est-à-dire,  la  sortie  du  foetus  hors  de  l'antre  utérin,  avant 
l'époque  fixée  généralement  par  la  nature  pour  chaque 
espèce. 

Outre  les  causes  maladives  et  les  défectuosités  qui  oc- 
casionent  souvent  cet  accident  ,  telles  que  la  disposition 
vicieuse  des  organes  de  la  génération,  la  chute  du  vagin  ou 
de  la  matrice,  un  trop  grand  relâchement  ou  une  trop 
grande  irritabilité  dans  cette  partie  ;  Je  peu  d'adhérence- 
des  vaisseaux  du  placenta  à  cet  organe  ,  la  disproportion 
du  mâle  et  de  la  femelle,  surtout  lorsque  le  premier  est 
plus  volumineux  que  la  dernière ,  et  des  fouillemens  im- 
prudens  dans  le  rectum;  un  très-grand  nombre  d'autres 
causes  peuvent  encore  y  donner  lieu  dans  les  animaux. 
Les  principales  sont  :  tout  exercice  violent  ,  comme  les 
courses,  les  marches,  et  tous  les  travaux  forcés  et  très- 
fatigans;  les  fardeaux  trop  pesans  ou  mal  placés ,  imposés, 


A   V   0  tog 

aux  bêtes  de  somme  ;  les  chutes  et  les  écarts  ;  les  froisse- 
mens  ,  les  coups  et  les  heurts ,  surtout  sur  les  reins ,  les 
flancs  et  le  ventre  ;  la  frayeur  ;  les  variations  promptes  et 
fortes  de  l'atmosphère  ,  et  toutes  les  commotions  violentes  , 
comme  celle  du  tonnerre  ;  les  météorisations ,  les  indiges- 
tions ,  et  les  boissons  trop  froides  ,  crues  et  indigestes ,  ad- 
ministrées surtout  à  des  animaux  échauffés  ;  le  voisinage  , 
les  provocations  et  les  attaques  des  mâles  ;  la  construction 
vicieuse  des  logemens  ;  un  séjour  habituel  très-humide  ;  un 
long  séjour  sur  le  fumier  en  état  de  putréfaction  ,  et  dans 
une  atmosphère  viciée  par  toute  autre  cause;  toute  fausse 
position  prolongée  ,  et  particulièrement  celle  qui  élève  trop 
le  devant  ;  un  repos  outré  ,  spécialement  chez  les  animaux 
d'un  tempérament  lâche  et  mou  ;  l'excès  de  vigueur  et  d'em- 
bonpoint ,  ou  la  débilité  et  l'émaciation  ;  l'exposition  brusque 
ou  continuée  aux  intempéries  des  saisons  ,  surtout  aux  brouil- 
lards épais  ;  une  mauvaise  nourriture  ,  et  notamment  pour  le* 
herbivores,  la  pâture  de  l'herbe  rouillée  ,  vasée  ,  ou  couverte 
de  frimas  ;  le  passage  subit  de  la  nourriture  verte  à  la  nour- 
riture sèche,  ou  de  la  dernière  à  la  première  ;  celui  de  "la 
disette  à  l'abondance  ,  ou  de  l'abondance  à  la  disette  ;  et 
enfin  ,  toute  transition  précipitée  d'un  état  à  un  autre  ,  filt- 
il  meilleur,  et  toutes  les  indispositions  qui  sont  ordinaire- 
ment la  suite  de  ces  mauvais  traitemens. 

Aristote  indique  aussi  (  1.  8 ,  c.  24.,  D^  anim.  Mst.)  l'odeur 
d'une  lampe  éteinte  comme  une  cause  suffisante  pour  faire 
avorter  les  jumens  ;  il  ajoute  même  qu'il  y  a  des  femmes 
sur  lesquelles  elle  produit  cet  effet  ;  et  cette  cause  ,  agissant 
comme  toutes  celles  qui  vicient  l'air  considérablement,  nous 
paroît  encore  mériter  qu'on  y  fasse  attention. 

On  remarque  assez  gériéralement  que  l'avortement  est 
plus  fréquent  au  commencement  et  à  la  fin  de  la  gestation , 
que  vers  le  milieu;  et  l'on  doit  redoubler  d'attention,  à  ces 
époques  ,  afin  de  le  prévenir. 

Il  est  des  femelles  chez  lesquelles  l'avortement  n'est  nî 
précédé,  ni  accompagné  ,  ni  suivi  de  symptômes  maladifs, 
et  il  arrive  sans  avoir  été  annoncé.  Elles  expulsent  ordi- 
nairement le  fœtus  et  l'arrière-fais  ou  le  délwre,  sans  en  pa- 
roître  incommodées. 

Dans  ce-  cas  ,  le  repos,  une  bonne  nourriture,  et  un 
simple  breuvage  d'une  liqueur  spiritueuse  tiède  ,  comme  du 
vin  coupé  avec  moitié  d'eau ,  du  cidre ,  du  poiré  ou  de  la 
bière  ,  suffisent  pour  les  rétablir. 

Dans  le  cas  contraire  ,  c'est-à-dire  ,  lorsque  ,  avant  le 
terme  païufçl  de  la  gestaliou  ,  le  goaHement  de  la  valve;  et 


A  V  O 

du  fondement ,  l'inquiétude  avec  laquelle  la  femelle  se  lève 
et  se  couche  itérativement ,  sa  marche  extraordinairement 
pesante  ,  jointe  à  la  chute  subite  du  ventre  qui  -.anonce  ua 
prompt  affaissement,  la  position  basse  et  penchée  de  sa 
tête  ,  sa  tristesse,  la  blancheur  et  la  sécheresse  de  sa  langue  , 
le  frisson  et  la  fièvre ,  viennent  indiquer  un  part  préma- 
turé ,  annoncé  également  par  l'évacuation  spontanée  d'une 
liqueur  séreuse  par  les  mamelles  ,  l'écoulement  d'une  hu- 
meur glaireuse  ,  quelquefois  sanieuse  et  sanguinolente  ,  par 
le  vagin  ,  et  les  mouvemens  désordonnés  du  fœtus  ,  quand  il 
vit  et  qu'il  est  assez  avancé  en  âge  ;  diverses  précautions  et 
opérations  peuvent  être  indiquées. 

Dans  ce  cas  ,  on  doit  d'abord  placer  la  femelle  à  couvert , 
lorsqu'elle  ne  l'est  pas  ,  dans  un  endroit  sain,  qui  ne  pèche 
pas  par  trop  de  chaleur  ,  et  encore  moins  par  trop  d'humi- 
dité ou  de  fraîcheur  ;  et  l'on  doit  ensuite  l'observer  ,  afin 
qu'elle  puisse  être  traitée  ,  suivant  les  occurrences  ,  dans  les 
circonstances  graves,  sous  le  rapport  des  médicamens  ,  dont 
nous  ne  parlerons  pas  ici ,  leur  administration  devant  tou- 
jours être  scrupuleusement  réservée  aux  gens  de  l'art ,  ainsi 
que  les  opérations  délicates  ,  sous  peine  d'éprouver  des  ac- 
cidens  ,  et  même  des  perles  qui  ne  sont  que  trop  fréquentes 
lorsqu'on  manque  à  cette  attention.  Nous  nous  bornerons 
donc  aux  indications  les  plus  simples  et  les  plus  faciles  ,  que 
tout  homme  intelligent  et  adroit  peut  remplir  en  l'absence 
des  artistes. 

Une  des  premières  Indications  à  mettre  en  usage  ,  con- 
siste à  débarrasser  le  canal  intestinal  par  des  lavemens  et 
des  boissons  délayantes.  Lorsque  le  fœtus  ou  les  membranes 
qui  l'enveloppent  se  présentent  à  l'extérieur  de  la  vulve  , 
dans  un  état  statlonnaire  prolongé,  on  peut,  sans  inconvénient 
et  souvent  avec  beaucoup  d'avantage,  en  faciliter  la  sortie 
en  se  frottant  la  main  et  le  bras  avec  une  substance  grasse , 
qui  ne  soit  pas  rance,  comme  de  Thulle  nouvelle,  du  beurre 
frais  ,  ou  ,  à  leur  défaut ,  avec  une  substance  mucilagineuse  , 
telle  que  l'eau  de  graine  de  lin  ,  de  mauve  ou  de  guimauve  ; 
et,  en  cherchant  à  dilater  insensiblement  l'orifice  avec  les 
dbigts ,  ayant  soin  de  se  bien  rogner  les  ongles  auparavant, 
on  peut  aussi  tirer  doucement  ce  qui  se  présente  ,  et  par- 
venir fnême  jusqu'à  l'orifice  de  la  matrice,  qui  est  quelquefois 
resserrée  et  s'oppose  à  la  sortie;  mais  ,  dans  ce*  cas  ,  il  est 
de  la  plus  haute  importance  d'agir  lentement  et  doucement, 
car  des  tentatives  brusques  et  violentes  pourroient  entraîner 
la  chute  de  la  matrice. 

Lorsque  la  matrice  est  encore  entièrement  fermée  ,  son 
orifice  n'ayant  pas  commencé  à  se  dilater  (ce  dont  on  peut 


A  V   O  ,„ 

s'asWer  en  fouillant  prudemment  avec  les  précautions  que 
nous  venons  d'indiquer),  il  faut  bien  se  garder  de  chercher, 
comme  on  le  fait  quelquefois  ,  à  hâter  la  délivrance ,  en  fa- 
tigant la  femelle  par  des  tentatives  inutiles  et  souvent  dan- 
gereuses. 

Dès  que  cet  orffice  commence  à  se  dilater,  on  peut,  en 
y  insérant  insensiblement  les  doigts  ,  puis  la  main  ,  aug- 
menter la  dilatation,  percer  doucement  les  membranes,  lors- 
qu'elles ne  l'ont  pas  encore  été  naturellement  (  ce  qui 
s'aperçoit  aisément  quand  on  touche  une  sorte  de  vessie 
ballonnée  )  ,  puis  se  saisir  du  foetus  et  l'attirer  par  degrés  au 
dehors ,  lors  toutefois  que  la  nature  qui  exécute  bien  mieux 
que  l'homme  toutes  ces  opérations ,  ne  donne  pas  à  la  mère 
assez  de  force  pour  expulser  elle-même  son  fruit  prématuré. 

On  parvient  encore  quelquefois  à  l'aider  à  se  débarrasser 
elle-même  ,  ce  qui  vaut  toujours  mieux ,  en  lui  serrant  à  di- 
verses reprises  les  naseaux,  pour  suspendre  un  peu  sa  respira- 
tion ,  ou  en  lui  administrant  quelque  sternulatoire ,  ou  quel- 
que lacement  rendu  irritant  par  le  tabac,  le  sel  et  quelque 
autre  moyen  équivalent. 

On  prend  quelquefois  les  enveloppes  du  fœtus  pbur  une 
chute  du  vagin  ou  de  la  matrice  ,  et  on  se  hâte  de  les  faire 
rentrer  et  d'essayer  de  les  assujettir.  On  contrarie  ainsi  la 
nature  ,  dont  les  moyens  triomphent  ordinairement  de  cet 
obstacle  que  lui  opposent  l'erreur  et  l'ignorance  ;  mais  on 
doit  se  défier  des  charlatans  qui  ,  sous  le  prétexte  de  l'aider , 
retardent  ainsi  souvent  sa  marche  ,  qu'ils  cherchent  fré- 
quemment encore  à  précipiter. 

Quelquefois  aussi  le  fœtus  a  cessé  de  vivre,  long-temps 
avant  qu'il  se  montre  ,  ce  qui  peut  s'annoncer  par  son  dé- 
faut de  mouvement ,  quand  il  est  assez  avancé  pour  en  faire 
de  bien  sensibles  ;  et  quelquefois  encore  ,  il  a  contracté  un 
degré  de  putrldllé  plus  ou  moins  prononcé ,  ce  qui  s'an- 
nonce également  par  les  douleurs  vives  que  ressent  et  té- 
moigne la  mère,  par  ses  frissons  ,  par  l'odeur  Infecte  et  cada- 
véreuse de  son  haleine  ,  par  le  fiétrissement  des  mamelles  , 
et  par  la  fétidité  de  ses  évacuations  diverses ,  surtout  celles 
du  vagin.  Dans  ce  cas  ,  indépendamment  des  boissons  spi- 
ritueuses  indiquées ,  il  convient  de  faire  doucement ,  dans 
la  vulve,  des  injections  d'une  infusion  de  plantes  aroma- 
tiques ,  aiguisée  d'un  peu  d'eau-de-vie  ou  de  vinaigre. 

Lorsque  l'avortement  a  lieu  à  une  époque  de  la  gestation 
assez  avancée  pour  que  les  mamelles  renferment  une  quan- 
tité de  lait  qui  puisse  faire  craindre  que  sa  suppression  su- 
bite ne  devienne  nuisible  ,  quand  le  fœtus  est  mort  depuis 
peu,  ou  doit  traire  alors  la  femelle  pendant  quelque  temps  , 


A  V  O 

et  l'on  peut  donner  ,  sans  inconvénient ,  le  lait  aui  porcs  « 
ou  à  d'autres  animaux  qui  peuvent  s'en  nourrir. 

On  a  remarqué  que,  pour  faire  dissiper  le  lait  dans  ce 
cas  ,  il  suffisoit  quelquefois  de  traire  la  femelle  sur  une  pelle 
rougie  au  feu ,  et  que  la  vapeur  qui  s'en  élevoit ,  produisoit 
cet  effet  en  agissant  sur  les  mamelles. 

Lorsque  le  foetus  n'est  pas  mort ,  et  qu'il  est  assez  déve- 
loppé pour  qu'on  puisse  l'élever,  il  y  a  généralement  de 
l'avantage  à  le  faire ,  surtout  pour  la  mère  qui  s'en  trouve 
mieux  toutes  les  fois  qu'elle  a  la  force  nécessaire  pour  l'en- 
treprendre. Il  est  rare  cependant  que  les  sujets  provenans 
de  fœtus  avortés  vivent  long-temps  ;  mais  quand  ils  donnent 
quelque  espérance  de  vie  et  qu'on  désire  en  profiter,  il  est 
souvent  utile  de  les  laver  dans  l'eau  tiède,  aiguisée  d'une  li- 
queur spiritueuse  ,  et  de  les  sécher  ensuite  ,  si  la  mère  ne  les 
lèche  pas ,  de  leur"  faire  avaler  ,  après  ,  un  œuf  frais , 
sans  coque  ,  et  de  leur  donner  de  l'eau  d'orge  miellée  ,  et 
du  lait  tiède  coupé,  quand  la  mère  ne  peut  pas  les  faire  téter 
à  temps. 

Il  est  très-important  d'user  de  précautions  envers  toutes 
les  femelles  qui  ont  avorté  ,  de  les  tenir  chaudement ,  de 
les  bien  couvrir  ,  dans  quelques  cas ,  de  les  soumettre  à  un 
régime  austère  ,  et  d'éviter  scrupuleusement  tous  les  abus 
dans  le  régime  qui  leur  convient. 

Quelle  que  soit  la  cause  qui  donne  lieu  à  un  avortement, 
il  est  d'observation  que  les  femelles  qui  l'ont  une  fois  éprouvé, 
V  deviennent,  par  cela  même,  plus  sujettes,  et  en  quelque 
sorte  prédisposées.  On  obsei've  encore  que  plusieurs  con- 
çoivent difficilement  ,  et  que  d'autres  en  deviennent  totale- 
ment infécondes  ,  quoiqu'elles  soient  fréquemment  en  cha- 
leur. Ces  faits  sont  de  nouveaux  motifs  très-puissans  pour 
porter  à  éviter  soigneusement  tout  ce  qui  doit  donner  lieu  k 
un  accident  qui  peut  avoir  des  suites  aussi  fâcheuses,  et 
pour  réformer  les  femelles  qui  l'ont  éprouvé. 

Les  vaches  y  paroissent  plus  sujettes  que  les  femelles  de 
toutes  les  autres  espèces  d'animaux  domestiques  ,  sans  doute 
parce  que  la  domesticité  pèse  davantage  sur  elles  que  sur  les 
autres.  Il  devient  quelquefois  enzootique ,  et  paroît  même 
contagieux  chez  elles  ,  dans  quelques  localités  ,  sans  qu'on 
puisse  en  découvrir  la  cause  réelle.  Les  jumens  y  sont  en- 
core assez  sujettes  ,  puis  les  brebis  :  les  truies  le  sont  moins  , 
quoiqu'on  accuse  le  trèfle  vert  de  l'occasioner  quelquefois 
dans  ces  animaux  ;  les  chèvres  l'éprouvent  très-rarement 
ainsi  que  les  chattes,  même  après  des  chutes  ;  et  les  chiennes 
bien  tenues  et  en  bon  état ,  y  sont  également  très-peu 
sujettes. 


AXE  ii3 

L'avortement  a  lieu  aussi  dans  les  oiseaux  ;  et  les  œufs 
dont  la  coque  est  molle ,  qu'on  appelle  ordinairement  œuf$ 
hardés  ,  ne  sont  autre  chose  que  tles  germes  avortés  ,  dont  on 
ne  peut  espérer  aucune  production  en  les  soumettant  à  l'in- 
cubation. 

On  prévient  quelquefois  l'avortement,  comme  on  facilite 
la  conception  ,  par  une  saignée  faite  à  propos  ,  dans  les  fe- 
melles pléthoriques. 

Les  femelles  qui  avortent  ne  délivrent  pas  toujours  ,  ou 
elles  le  font  souvent  très-difficilement.  Quelquefois  aussi  ellea 
éprouvent  de  fréquentes  ardeurs  utérines ,  et  elles  tombent 
ordinairement  dans  fatrophie  et  le  marasme  ;  on  doit  donc  , 
d'après  ces  motifs  etles  précédens,  se  défaire  le  plus  promp- 
tenient  possible  de  celles  qui  sont  sujettes  à  cet  accident , 
qu'on  doit  encore  s'attacher  fortement  à  prévenir,  à  cause  des 
suites  fâcheuses  qu'il  entraine  presque  toujours.  V.  Accou- 
plement ,  Gestatioîh  et  Part,  (yvart.)  , 

AWATCHA.  Espèce  de  figuier  du  Kamlschatka.  Voyez 
Fauvette,  (v.) 
AWAOU.  V.  AvAou.  (s.) 

AWAYU.  C'est  une  espèce  de  poisson  du  genre  des  Go- 
BIES,  et  qui  a  été  obseiTée  dans  les  petites  rivières  de  lîle 
d'Otahili,  la  principale  des  îles  de  la  société,  dans  lOcéan 
pacifique,  (b.) 

AXE  DES  CRISTAUX.  C'est,  pour  chaque  cristal,  un© 
ligne  droite  menée  dans  une  direction  telle,  qu'elle  soit  symé- 
triquement placée  relativement  aux  faces  de  la  molécule  pri- 
mitive. Par  exemple,  toutes  les  diagonales  d'un  cube  sont  des 
axes,  parce  qu'elles  jouissent  de  celte  propriété  de  symétrie. 
Ainsi  un  cube  a  huit  axes  :  il  y  a  des  solides  qui  ne  peuvent 
en  avoir  qu'un  seul.  Tel  est,  par  exemple,  le  rhomboïde  obtus 
qui  sert  de  forme  primitive  à  la  chaux  carbonatéc  rhomboï- 
dale.  L'axe  est  la  diagonale  qui  joint  les  sommets  des  angles 
solides  obtus.  M.  Laplace  a  fait  voir  que,  dans  les  cristaux 
qui  réfractent  doublement  la  lumière  ,  les  forces  qui  produi- 
sent la  réfraction  extraordinaire  émanent  toujours  de  leur 
axe  ;  et  j'ai  prouvé  qu'il  en  est  de  même  pour  les  forces  qui 
produisent  la  polarisation.  J'ai  découvert  également  que  ces 
forces  doivent  être  distinguées  en  deux  espèces,  les  unes  at- 
tractives, les  autres  répulsives;  ce  qui  produit  deux  sortes  de 
double  réfraction ,  l'une  dans  laquelle  le  rayon  extraordinaire 
est  attiré  vers  l'axe,  comme  dans  le  cristal  de  roche ,  la  chaux 
sulfatée,  etc. ,  et  l'autre  dans  laquelle  ce  même  rayon  est  au 
contraire  repoussé,  comme  dans  la  chaux  carbonalée  rhom- 
boïdale,  l'arragonite,  le  béril,  etc.  Enfin  il  y  a  des  cristaux 

m.  8 


ii4  A  X  I 

où  il  ne  se  forme  pas  du  tout  de  rayon  extraordinaire,  et  qui 
par  conséquent  n'exercent  pas  la  double  réfraction  :  ce  sont 
ceux  qui  ont ,  pour  forme  primitive,  un  octaèdre  régulier  ou 
un  cube.  Alors  ces  cristaux  ont  plusieurs  axes  symétriquement 
placés ,  et  l'on  pourroit  conjecturer  qu'ils  n'ont  pas  la  double 
réfraction,  parce  quil  émane  de  ces  divers  axes  des  forces  qui 
s'entre-détruisent.  Cbiot.) 

AXE  FLORIFÈRE.  Partie  qui  supporte  les  fleurs ,  soit 
inédiatement ,  soit  immédiatement.  V.  Fleurs. 

Palisot  Beauvois,  dans  son  important  ouvrage  intitulé  £5- 
sai  d'une  nomelle  Agrostographie ,  a  divisé  l'axe  des  Graminées, 
dont  il  tire,  pour  la  distinction  des  espèces  et  des  genres,  un 
plus  grand  parti  que  les  autres  botanistes ,  en  axe  simple  ou 
entier,  el  en  axe  articulé  ou  denté,  (b.) 

AXERAS.  Nom  arabe  de  I'Asphodèle.  (b.) 
AXIE  ,  Axius ,  Léach.  Genre  de  crustacés  de  l'ordre  des 
décapodes  ,  famille  îles  macroures  ,  section  des  homards.  Les 
thalassines,  les  gébics  ^  les  callianasses  et  les  axies  ont  une 
grande  affinité  avec  les  écrevisses;  mais  ils  en  diffèrent  par 
leurs  antennes  extérieures,  dont  le  pédoncule  n'est  pas  écail- 
leux  ,  et  par  les  deux  feuillets  latéraux  de  la  nageoire  du  bout 
de  la  queue,  qui  ne  sont  que  d'une  seule  pièce.  Les  axies  et 
les  callianasses  ont  les  quatre  pieds  antérieurs  terminés  en 
pince  didactyle ,  ce  qui  les  distingue  des  thalassines  et  des 
gébies.  Les  pieds  suivons  sont  onguiculés  dans  les  axies,  tan- 
dis que  les  deux  dernières  paires  n'ont  point  de  crochet  au 
bout  dans  les  callianasses. 

L'AxiE  STIRYNQUE,  Axius stirynchus ^  Léach  ;  imn.  5'oc.  irans., 
tom.  1 1,  pag.  343;  pointe  antérieure  du  test  bordée  ,  carénée 
dans  son  milieu  ;  dfeux  lignes  élevées  et  courtes  par  derrière; 
extrémité  postérieure  du  test  échancrée.  Sur  les  côtes  mari- 
times de  l'Angleterre,  (l.) 

AXIE  ,  Axia.  Arbrisseau  rampant ,  à  feuilles  ovales  ,  lan- 
céolées ,  crénelées,  velues,  inégales,  opposées;  à  fleurs  d'un 
blanc  rougeâtre,  très-petites ,  presque  terminales  ,  qui  forme 
un  genre  dans  la  triandrie  monogynie ,  intermédiaire  entre 
les  Tassols  et  les  Valéria>'£S.  F.  ces  mots. 

Ce  genre  ,  établi  par  Loureiro,  offre  pour  caractères: un  ca- 
lice de  trois  folioles  Inégales  et  caduques  ;  une  corolle  mono- 
pétale à  dix  divisions  arrondies;  trois  étamines;  un  ovaire 
inférieur,  ovale,  sillonné,  surmonté  d'un  style  à  stigmate 
lîpals. 

Le  fruit  est  une  semence  ovale,  sillonnée  et  hérissée. 
Loureiro  rapporte  que  Vaxia  est  aussi  recherché  à  la  Co- 
chlnchlne  que  le.  gin-seng  k  la  Chine.  On  l'estime  foillfiant, 
sudorifique ,  propre  à  guérir  les  fièvres  intermittentes ,  les  obs-z 


A  X  I  m5 

Iruclions  de  la  matrice  ;  à  chasser  les  crudités  de  rcstortiac  et 
les  humeurs  visqueuses  du  poumon. 

Il  est  douteux  qu'il  doive  être  sépare  des  Tassols,  Boer-^ 
haos-na^  Lînn.  (b.) 

AX1>{EE  ,  Axineœ.  Genre  de  mollusques  établi  par  Poli, 
dans  son  Histoire  des  Testarés  des  Deux-Siciles ,  parmi  les  ani- 
maux des  Arches  de  Linnœus  ,  qui  ont  été  divisés  en  trois 
genres  par  Lamarck, 

Ses  caractères  consistent  à  être  privé  de  siphon  ,  à  avoir  un 
pied  creusé  dans  son  milieu  et  transversalement  fendu;  les 
branchies  séparées  et  libres  dans  leur  partie  supérieure. 

lu  arche  velue  ^  figurée  avec  des  détails 'analomiques  très- 
précieux,  pi.  26,  n."='  2  et  3  de  Touvragc  précité,  sert  de  type 
à  ce  genre.  V.  au  mot  Arche  et  au  mot  PÉTo^CLE.  (b.) 

AXINEE  ,  Axinea.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie  mo- 
nogynie  et  de  la  famille  des  mélastomes.  Il  offre  pour  carac- 
tères :  un  calice  persistant,  en  entonnoir,  à  limbe  à  six  dents 
ou  entier  ;  une  corolle  de  six  pétales ,  en  forme  de  doloire  , 
insérés  sur  un  disque;  douze  étamlnes  déclinées,  compri- 
mées, insérées  sur  le  disque,  et  alternativement  grandes  et 
petites;  un  ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  style  recourbé 
et  d'un  stigmate  obtus;  une  capsule  oblongue ,  tronquée  ,  lé- 
gèrement hexagone,  ombiliquée,  couronnée  par  douze  courtes 
cornes  ,  enveloppée  par  le  calice  j  à  six  loges  ,  à  six  valves ,  et 
contenant  plusieurs  semences  cunéiformes,  insérées  à  un 
réceptacle  oblong. 

Ce  genre  est  constitué  par  deux  arbres  du  Pérou ,  fort  voi- 
sins des  Valdé.sies  et  des  Blakées.  (b.) 

AXINITE.  Minéral  de  la  classe  des  pierres,  qui  doit  sou 
nom  à  la  manière  particulière  dont  se  présentent  ses  cristaux 
ordinairement  minces  et  à  arêtes  vives  ,  que  l'on  a  comparés 
au  fer  et  au  tranchant  d'une  haclie.  La  couleur  presque  tou- 
jours violette  de  ses  cristaux  l'avoit  fait  nommer  d'abord 
schorl  violet ,  puis  yanolithe.  ÏJaxùiife  se  présente  en  cris- 
taux implantés  de  champ  sur  leur  gangue,  ou  groupés  entre 
eux;  ils  dérivent  d'un  prisme  droit  dont  les' bases  sont  des 
parallélogrammes  obliquangles  de  101  deg.  82  min.  et  38  deg. 
ii8  min.  \uaxiniie  n'offre  jamais  cette  fonne  ,  qui  ne  s'obtient 
même  pas  par  le  clivage.  Les  formes  secondaires  sont  d'a- 
bord le  prisme  quadrangulaire  oblique,  à  bases  obliquangles, 
comme  celles  de  la  fonne  primitive '(tette  fonne  secondaire 
pourroit  être  prise  pour  un  rhomboïde);  d'autres  fois  les  arêtes 
du  prisme  qui  aboutissent  aux  angles  aigus  des  bases,  sont 
remplacées  par  une  face  et  l'extrémité  recoupée  par  une  ou 
deux  facettes  trapézoïdales.  Ces  diverses  formes,  et  plusieurs 
autres,  se  Irouveul  presque  toujours  dan^  les  mêmes  groupes 


. 

oxydé, 
oxydé. 

\î 


.,6  A  X  I 

de  cristaux,  eldistînguent  complètement  l'axînîte  de  toutes  les 
substances  minérales  cristallisées,  et  notamment  du  sphène. 

L'axinite  raye  le  verre  et  le  feldspath;  elle  fait  feu  au 
fcriquet ,  en  répandant  l'odeur  de  pierre  à  fusil  ;  sa  cassure 
est  raboteuse  et  ritreuse.  Des  fragmens  exposés  à  la  flamme 
du  chalumeau  fondent  en  bouillonnant  et  en  un  verre  gris. 
M.  Brard  a  remarqué  que  les  cristaux  violets  qui  n'éloient 
point  symétriques  dans  leurs  formes,  étoient  électriques  par 
chaleur.  La  pesanteur  spécifique  de  Taxinite  est  de  3,2  à  3,3, 
c'est-à-dire  ,  un  peu  plus  foible  que  celle  du  titane-silicéo^ 
calcaire,  qu'on  avoit  d'abord  nommé  5/?//^//^,  et  avec  lequel  on 
pourroit  quelquefois  confondre  l'axinite.  On  a  deux  analyse» 
de  cette  substance  ;  toutes  les  deux  offrent  les  mêmes  princi- 
pes ,  mais  dans  des  proportions  différentes. 

Analyse  de  raxinite  par. . .  .     Klaprolh.  Vauquelin, 

Silice 55  .....  44 

Alumine a6 i8 

Chaux 9 

Fer 9 

Manganèse i  oxydé.     .     .  4 

Perte o  .     ....  i 

lOO  ICQ 

L'axinite  gît  dans  les  fentes  et  les  gerçures  des  rochea 
primitives ,  qu'elle  tapisse  de  ses  brillans  cristaux,  conjoint 
lement  arec  le  quarz  limpide,  le  feldspath,  l'épidote ,  la 
préhnite,  l'amiante  et  la  chaux  carbonatée.  Elle  est  quel- 
quefois saupoudrée  de  chlorite ,  et  souvent  alors  les  cristaux 
5ont  plus  réguliers ,  de  formes  très-simples  et  renferment 
une  telle  quantité  de  chlorite,  qu'ils  sont  verts  et  opaques, 
et  qu'on  a  lieu  d'être  étonné  que  leur  régularité  n'en  ait  point 
été  altérée.  «  Les  cristaux  d'axinite ,  dit  M.  Patrin ,  forment , 
«  par  leur  assemblage  sur  les  parois  de  ces  roches ,  des 
•  croûtes  d'un  travers  de  doigt  d'épaisseur ,  et  dont  on  peut 
«  détacher  des  morceaux  de  la  largeur  de  la  main  et  au-delà... 
«  La  partie  voisine  du  rocher  n'offre  ordinairement  qu'une 
«  cristallisation  confuse  ;  le  côté  opposé  présente  des  cris- 
«  taux  presque  toujours  placés  de  champ.  Quelquefois  la 
«  partie  postérieure  a  pour  support  la  chlorite  terreuse,  et 
«  cette  matière  molle  a  permis  aux  cristaux  d'axinite  de 
«  prendre  leur  forme  ordinaire  ;  mais  elle  s'est  mêlée  dans 
«  leur  substance  de  manière  à  leur  donner  sa  couleur ,  de 
«  sorte  qu'on  voit  des  échantillons  dont  une  face  est  coû- 
te rerte  de  cristaux  violets,  et  l'autre  de  cristaux  verdâtres.  » 

Ce  que  nous  venons  de  dire  s'applique  spécialement  à 
l'axinite  du  Dauphiné ,  contrée  daoi  laquelle  ou  a  d'abord 


€^couvert  cette  substance.  Elle  se  trouve  dans  les  environs 
du  bourg  d'Oisans  (département  de  l'Isère).  A  la  Balme 
d'Auris,  près  les  Rampes,  elle  est  accompagnée  d'asbeste, 
et  dans  une  roche  à  base  de  serpentine,  ou  dans  une  roche 
fissile  composée  de  feldspath  et  d'amphibole  vert  en  petits 
grains.  A  l'Inferney  du  mont  de  Lans ,  en  Oisans,  à  l'en- 
trée de  la  gorge  de  la  Romanche,  près  du  pont  de  Saint- 
Guillerme,  l'axinite  violette  et  verte  se  montre  accompa* 
gnée  de  feldspath  en  petits  cristaux  blancs  hémitropes,  et 
d'oxyde  de  fer.  Les  anciennes  fouilles  ont  donné  des  groupes 
de  la  plus  grande  beauté  pour  la  grandeur  et  la  conservation 
descristaux;  ceux-ci ontjusqu'àdeuxpouces  dans  leurs  dimen- 
sions. M.  le  comte  de  Bournon  cite  un  cristal  isolé  de  deux 
pouces  en  carré ,  qui  vient  probablement  de  ce  lieu  ou  de» 
roches  de  l'Armentière ,  localité  autrefois  très-riche  en  cette 
substance,  sur  la  rive  droite  de  la  Romanche,  vis-à-vis  le  bourg 
d'Oisans;  c'est  un  lieupresque  inaccessible.  L'axinite  violette, 
verte  ou  chloritée ,  y  est  en  veines  ou  dans  des  cavités  ou  po- 
ches, avec  le  quarz,  le  feldspath,  l'épidote,  lapréhnite,  etc. 
Enfin  l'axinite  se  retrouve  enDauphiné,aupied  de  lamonta- 
gne  des  Chalanches,  età  peude  distance  de  la  cascade  deBaton. 
L'axinite  des  Pyrénées  existe  au  pic  d'Arbesson,  vallée 
d'Aure  ,  et  dans  les  éboulis  du  cirque  du  mont  Aroc ,  dans 
la  même  vallée  ;  au  pic  d'Ereslitz  près  de  Barèges.  Elle  est 
d'un  violet  moins  brillant  que  l'axinite  du  Dauphiné,  en 
plus  petits  cristaux,  tapissant  les  fentes  des  mêmes  roches, 
et  accompagnée  surtout  de  grandes  masses  de  chaux  carbo- 
natée   lamellaire  ,  dans  laquelle  ses  cristaux  sont  souvent 
plongés  avec  de  longs  prismes   d'épidote  ,  et  de  longs  fila- 
mens  d'amianthe ,  moins  soyeuse  et  moins  délicate  que  celle 
de   r Oisans.  Dans  la  même  montagne ,    on    trouve  de  la 
préhnite  en  petites  lames  très-minces  avec  de  l'épidote. 

Dans  les  granités  d'Alençon,  on  voit  de  jolies  cristal- 
lisations d'axinite  violet-brillant.  Les  mêmes  granités  re- 
cèlent de  l'aigue-marine.  On  n'y  a  point  trouvé  d'épidote  ni 
de  chaux  carbonatée. 

Dans  la  vallée  de  Chamouni ,  au  dôme  du  Goûté,  l'un  d« 
ceux  qui  constituent  le  groupe  des  Monts-Blancs,  l'axi- 
nite a  été  découverte  en  petits  cristaux ,  dans  une  roche  , 
avec  le  quarz ,  le  feldspath  ,  et  surtout  la  préhnite  en  petites 
lames,  comme  celle  des  Pyrénées.  Ce  gisement  ne  donne 
pas  la  chaux  carbonatée.  L'épidote  se  trouve  dans  plusieurs 
endroits  de  la  vallée. 

En  Saxe ,  à  Thum,  près  d'Ehrenfriedersdorf,  et  dans  le 
Eelbertal,  l'axinite  se  rencontreavec  la  chlorite  et  la  chaux  car- 
bonatée, daus  une  roche  ischiiïteu«€  avec  pyrite  ethornblendes 


ti8  A  X  N 

Elle  est  d'un  violet  gris ,  rarement  cristallisée  et  trAnspa- 
rente.  Elle  y  est  plus  souvent  en  masses  lamelleuses,  comme 
laxinite  de  "Tresbourg  ,  près  de  Blankenbourg  ;  au  Hartz  , 
aussi  accompagnées  de  chaux  carbonatée  et  d'asbeste  ,  et  de 
même  sans  épidote.  31.  Werner  avoit  donné  le  nom  de  iliu- 
vicrsiein^  changé  en  iumile  par  Napione,  à  l'axlnile  de  Thum, 
la  première  qu'il  ail  connue. 

Bans  la  Norwége,  près  de  Kongsberg,  Taxinite  en  petits 
cristaux,  d'un  vioîet  léger  et  éclatant,  forme  des  veines  dans 
de  la  chaux  carbonatée  blanche  laminaire,  qui  contient  de 
ranihracite,  du  mica  noir,  du  quarz ,  de  l'argent  natif,  et 
quelquefois  des  cristaux  de  prchnile  flabelliformcs  d'un  beau 
vert.  A  Arendal,  dans  la  mine  de  Torbions-Busgrubc,  l'axi- 
nite  se  montre  avec  l'épidote,  le  feldspath,  la  chlorite  ,  etc. 

Dans  les  granités  du  comté  de  Cornouailles ,  en  Angle- 
terre, on  trouve  de  i'axinife  en  petits  cristaux  bruns  ou  d'un 
violet  très-foncé ,  et  peu  éclatant.  Ces  cristaux  sont  accom- 
pagnés d'amiante  et  remarquables  par  la  multiplicité  de  leurs 
facettes,  et  comme  au  gisement  d'Alençon,  on  n'a  pas  ob- 
servé, dans  ce  granité  du  Cornouailles,  l'épidote  et  la  chaux 
carbonatée,  mais  on  v  indique  l'anatase.  Enfin,  l'axlnile  en 
beaux  cristaux  violets  a  été  découverlepar  le  célèbre  boIani.>:te 
voyageur  Michaux,  dans  les  monts  AUéghanis  dans  l'Amérique 
septentrionale  ,  et  dans  le  mont  Allas  en  Afri«|ue,  par  M.Des- 
fonlaines.  On  l'a  retrouvée  aussi  dans  les  montagnes  qui  avoi- 
sincnt  le  Cap  de  J>onne-Espérancc  et  en  flspagne. 

lucgîass-siein  ou glass-srhorl  de  VYidenman,  n'est  autre  chose 
que  ïi/xini/cSa  cassure  vitreuse  lui  a  fait  donner  ces  noms.  La 
bijouterie  n'a  pu  tirer  aucun  parti  de  cette  pierre. 

iVXlRIS,  ylxyri's.  Genre  de  plantes  de  la  monoécic  trian- 
drie  ,  et  de  la  famille  des  CiiÉ^oroDÉES,  dont  les  caractères 
sont:  d'avoir  un  calice  à  trois  divisions,  et  trois  étaminesdans 
les  fleurs  mâles;  un  calice  àdedsoucinq  folioles,  et  uji  ovaire 
supérieur  arrondi,  cliargé  de  deuxslyles  dans  les  fleurs  femelles. 

Le  fruit  est  une  semence  globuleuse,  un  peu  aplatie,  en- 
fermée dans  les  folioles  du  calice. 

C'est  dans  les  déserts  de  l'Vsie  boréale  que  croissent  les 
quatre  espèces  d'aa;i'm.  Une  est  fruliculeuse;  les  autres  sont 
annuelles.  Leurs  feuilles  sont  alternes,  plus  ou  moins  ovoïdes, 
ou  n>ieux,  spathulacées.Ces  espèces,  dont  deux  sont  cultivées 
dans  le  jardin  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  ne 
présentent  rie«  de  remarquable.  Persoon  a  établi  le  genre. 
CÉrxATOSPF.R>TE  aux  dépens  de  celui-ci.  V.  le  mot  DiOTis.  (b.) 

AXIS,  Mammifère  ruminant  du  genre  des  Ceiifs.  (desm.) 

AXIS.  C'est  le  Chanvre  cultivé  pour  la  pipe,  (b.) 

AXiSEC,  Nom  arabe  des  Mousses,  (b.) 


A.  ib 


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J/oïKi/e 


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A  Y  E  „, 

AXOLOTL.  Larve  d'une  grande  salamandre  qui  vit  dai.s 
les  lacs  du  Mexique ,  et  qui  appartient  probablement  (  au  dire 
de  Cuvier  auquel  on  doit  une  excellente  dissertation  sur  ce 
qui  la  concerne ,  dans  les  Mémoires  zoologiques  de  M.  de 
Humboldt ,  faisant  suite  à  son  Voyage  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale), à  la  salamandre  des  monts  AUéghanys  de  Mi- 
chaux. 

On  mange  Vaxolotl  dans  son  pays  natal,  (b.) 

AXON(tE.  Partie  la  plus  blanche  et  la  plus  solide  de  la 
graisse  des  animaux.  \S axonge  au  porc  ^  ou  sain-doux,  est  fort 
délicate  et  recherchée  pour  les  usages  domestiques.  C'est  la 
même  sorte  de  graisse  qui  se  nomme  ««//"dans  les  l/œufs ,  le^ 
moutons ,  etc.  (s.) 

AXONOPE,  Axonopus.  Genre  établi  par  Palisot  Beau- 
vois  dans  la  famille  des  graminées,  qui  ne  diffère  àes  Pas- 
Pales,  que  parce  que  son  axe  est  digité,  ses  épillets  simples 
et  unilatéraux.  Il  renferme  cinq  espèces,  toutes  étrangères,  (b.) 

AYA,  Poisson  du  genre  Bodian.  (b.) 

AYACA.  Dans  V Histoire  des  voyages  ,  tome  4-®,  p.  3o.3  ,  il 
est  question  de  la  spatule  d'Amérique  ^  sous  le  nom  à''aycca. 
V.  Spatule. 

AYALLA.  Arbre  des  M'oluques,  menlionnépar  Rumphius, 
sous  le  nom  à'arbor  versirolor,  à  cause  des  couleurs  dont  son 
bois  est  orné.  Ses  fleurs  et  ses  fruits  ressemblent  à  ceux  du 
giroflier  ,  et  ses  feuilles  sont  opposées  et  lancéolées. 

Les  Malais  enlèvent  son  écorce  pour  la  mâcher  avec  l'a- 
rec et  le  bétel ,  et  se  ranimer  lorsqu'ils  sont  languissans. 

Il  est  probable  que  cet  arbre  est  du  genre  des  Myrtes  ; 
mais  Rumphius  n'entre  pas  dans  d'assez  grands  détails  sur  sa 
fructification  ,  pour  en  être  certain,  (b.) 

AYALLY.  Graminée  de  Saint-Domingue,  dont  on  ne 
connoît  pas  le  genre,  (b.) 

AYAMAC A.  Nom  de  pays  de  I'Iguane.  (b.) 

AYAIVLVLAS.  Nom  qu'on  donne,  dans  Vile  de  Java,  à  un- 
coq  sauvage.  F.  CoQ.  (v.) 

AYA  PANA.  Plante  du  genre  des  Eupatoires,  porlée  du 
Brésil  à  l'Ile-de-France  ,  comme  une  panacée  universelle  , 
et  de  là  en  France  y  où  ses  vertus  ont  été  un  moment  égale- 
ment vantées.  Aujourd'hui  on  est  partout  extrêmement  re- 
froidi sur  son  compte  ,  et  on  ne  lui.  accorde  plus  que  les 
propriétés  des  autres  eupatoires.  Elle  a  été  figurée  dans  le 
superbe  ouvrage  sur  les  plantes  de  la  Malmaison,  (b.) 

AYFj-AYF^  {Che'iromy s),  Cuvier;  Dauhentonia  ,  Geoffr. 
Genre  de  mammifères,  placés  jusqu'à  présent  parmi  les 
rongeurs  et  à  côté  des  écureuils ,  mais  qui ,  d'après  les  ob- 
servations de  M.  dc^Blainville  ,  paroît  devoir  êlre  rapporté 


,2ô  A  Y  E 

à  l'ordre  des  quadrumanes,  et  à  la  famille  des  makis,  dans 
laquelle  il  devroit  être  rapproché  jparticulièrement  de«  genres 
Tarsier  et  Galago, 

'Vaye-aye  est  un  animal  de  la  taille  du  chat ,  dont  la  ti^te 
est  grosse  ,  sphérique  et  large  en  arrière,  comme  celles  des 
quadrumanes  que  no«s  venons  de  nommer.  Son  museau 
est  court  et  pointu ,  et  non  arqué  comme  celui  de  la  plupart 
des  rongeurs  ;  ses  narines  sont  terminales  ;  sa  lèvre  supé- 
rieure est  entière  ;  ses  yeux  très-grands  sont  dirigés  en  avant, 
et  non  latéralement  comme  ceuxd^s  écureuils  ;  ses  paupières 
sont  très-fendues  ,  comme  dans  les  animaux  nocturnes  ;  ses 
oreilles  grandes  et  nues  sont  moins  reculées  que  celles  des 
rongeurs.  Comme  dans  iestarsiers  et  dansles galagos,  la  bouche 
est  grande.  La  coupe  longitudinale  de  la  tête  fait  voir  que 
i'aire  du  cerveau  est  plusieurs  fois  aussi  considérable  que 
l'aire  de  la  face,  tandis  que  dans  les  rongeurs,  et  notamment 
dans  le  castor  ,  auquel  on  attribue  des  facultés  intellectuelles 
très-déveioppées,  l'aire  de  la  face  est  plusieurs  fois  aussi 
considérable  que  celle  du  crâne.  Les  orbites  ont  leur  cadre 
complet  ;  ce  qui  n'existe  pas  dans  les  rongeurs.  Les  cornets 
inférieurs  du  nez  sont  simples ,  comme  dans  les  quaikuma- 
nes  ,  et  les  corne is  clhmoïdaux  sont  irès-développés. 

Les  membres  antérieurs  sont  fort  courts  ,  proportion  gar~- 
dée  avec  les  postérieurs  ;  ce  qui  est  commun  à  la  plupart 
des  rongeurs  et  aux  maicis.  Les  divers  os  qui  composent  le 
bras  et  la  main  sont  semblables  à  ceux  des  pattes  antérieures 
de  ces  derniers  animaux.  Les  quatre  pieds  ont  cinq  doigts. 
Les  mains  ont  la  paume  nue  ,  le  pouce  assez  court  et  libre  ; 
les  autres  doigts  sont  très-allongés  ;  le  médius  est  excessive- 
ment grêle  ,  l'index  entièrement  nu,  et  le  quatrième  ou  l'an- 
nulaire plus  long  que  tous  les  autres.  Ses  pieds  de  derrière 
sont  formés  en  main  ;  le  pouce  y  est  court ,  opposable  et 
muni  d'un  ongle  plat  ;  leurs  doigts  assez  allongés  sont  égaux 
en  grosseur;  finjjicateur,  comme  celui  des  makis  ,  est  le  plus 
court  ,  et  il  est  armé  d'un  ongle  siibulé,  plus  droit  et  plus 
aigu  que  ceux  des  autres  doigts. 

La  bouche  est  munie  d'un  appareil  dentaire  qui  a  la  plus 
grande  analogie  ,  il  est  vrai ,  avec  ce  qu'on  observe  dans  les 
rongeurs.  Chaque  mâchoire  supporte  deux  incisives  très-fortes, 
excessivement  comprimées ,  et  ressemblant  à  des  socs  de 
charrue  situés  en  avant,  et  se  correspondant  parfaitement, 
îl  y  a  une  barre  ou  espace  interdentaire  ;  point  de  canines  , 
et  quatre  molaires  de  chaque  côté  à  la  mâchoire  supérieure, 
et  trois  seulement  à  l'inférieure.  Ces  molaires  sont  à  couronne 
plate,  ce  qui  provient  peut-être  de  l'âge  avancé  de  l'animai 
unique  sur  lequel  ou  a  fait  ces  observations. 


A  Y  E 

Cette  conformation  des  dents  paroît  avoir  été  le  mo(if 
principal  qui  a  engagé  les  premiers  naturalistes  qui  ont  parlé 
de  Vaye-aye,  à  le  placer  dans  l'ordre  des  rongeurs.  Mais  si 
Ton  considère  que  dans  les  tarsiers,  les  incisives  intermé- 
diaires supérieures  sont  très-grandes,  et  répondent  à  deux 
incisives  inférieures,  on  trouve  un  rapport  de  plus  entre  ces 
animaux  et  Vaye-aye.  En  outre  ,  les  tarsiers  et  les  ga/agos,  ainsi 
que  les  loris^  sont,  comme  ce  dernier,  des  animaux  excessive- 
ment lents. 

Toutefois ,  Vaye-aye  doit  être  considéré  comme  intermé- 
diaire entre  les  rongeurs  et  les  quadrumanes;  mais  par  l'en- 
semble de  son  organisation,  il  paroît  plus  rapproché  de  ceux 
ci  :  aussi  M.  de  lîlainviile  n'hésite-t-il  pas  à  le  placer  dans 
la  famille  des  makis. 

Uaye-aye  a  le  fond  du  pelage  formé  d'un  duvet  fauve  clair 
ou  jaunâtre ,  traversé  sur  le  dos  par  de  longues  soies  rudes  et 
brunes ,  dont  quelques-unes  sont  terminées  de  blanc.  Ces 
soies  donnent  à  cette  partie  une  teinte  foncée  ;  les  membres 
sont  bruns  ,  la  queue  noire  ,  non  distique  comme  celle  des 
écureuils  ,  mais  également  couverte  sur  toutes  ses  faces  de 
longs  poils  roides.   La  femelle  a  deux  mamelles  inguinales. 

L'Aye-Aye  MadéGASSE,  ChéîrumysMadagascaricnsis^  est  la 
seule  espèce  connue  de  ce  genre,  La  découverte  en  est  due  à 
feu  M.  Sonnerat,  naturaliste  très-distingué  (^Voyage  aux  Indes 
Orientales^  tom.  2  ,  p.  iSy).  Aye~aye  est  une  exclamation  des 
habitans  de  Madagascar,  et  M.  Sonnerai  l'a  appliquée  à  cet 
animal ,  qui  se  trouve  dans  la  partie  occidentale  de  cette  île. 

Ces  animaux,  dit  ce  voyageur,  sont  très-paresseux  et  très- 
doux;  ils  ne  voient  pas  pendant  le  jour,  et  leurs  yeux,  couleur 
d'ocre  de  rue  ,  sont  comiric  ceux  du  chai-huant.  Leur  nourri- 
ture ordinaire  se  compose  d'insectes  et  de  vers ,  qu'ils  tirent 
des  trous  d'arbres  ,  et  qu'ils  poussent  dans  leur  gosier  avec 
leur  très-long  doigt  du  milieu  des  pieds  de  devant  ;  ce  doigt 
paroît  leur  être  utile  pour  s'accrocher  aux  arbres.  Ceux  que 
M.  Sonnerat  a  élevés  ,  n'avoient  pour  toute  nourriture  que 
du  riz  cuit  ;  ils  se  servoient ,  pour  le  manger ,  de  leurs  doigts , 
comme  les  Chinois  de  leurs  baguettes.  Au  lieu  de  relever 
leur  queue  sur  le  dos  comme  le  font  les  écureuils,  ils  la  te- 
noient  traînante. 

Tu'aye  -  aye.,  d'abord  placé  parmi  les  écureuils ,  sous  le 
nom  de  Srimiis  Madagascariensis  (Gmel.)  ,  en  a  été  séparé  par 
M,  Geoffroy  ,  qui  en  a  formé  un  genre  particulier  ,  sous  le 
nom  de  Bauhentonia.  Schreber  et  Schaw  le  rapprochèrent  des 
makis  y  en  prenant  sans  doute  en  considération  la  forme  de 
ses  mains  et  de  ses  pieds  ,  et  le  nommèrent  lemur  psilodady- 
hs.  M.Cuvier  jugea  ensuite  nçcessaire  de  changer  ie  nom  de 


13:^  A  y  o 

Dauhenfoma  tn  cpluî  fie  Chéiromys ,  que  cet  animal  a  conservé 
jusqu'à  ce  jour,  (desm.) 

A.YENE ,  Jyenia.  Genre  de  plantes  de  lapentandrie  mo- 
îiogynie  et  de  la  famille  des  Malvacées,  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  :  un  calice  à  cinq  folioles  lancéolées  ;  cinq  pétales 
qui  s'insèrent ,  parle  moyen  d'un  onglet  filiforme  ,  long  et 
courbé  en  arc  .,  à  la  base  de  l'ovaire  ,  et  qui  convergent  en 
une  étoile  plane,  surmontée  dans  leur  partie  moyenne  d'une 
glande  pédicellée;  un  tube  cylindrique  ,  et  dont  le  limbe  est 
à  cinq  lobes  ;  cinq  élamincs,  dont  les  anthères  sont  cachées 
sous  les  pétales  ;  un  ovaire  stipilé  ,  enfermé  dans  le  tube  et 
Surmonté  d'un  style  ,  dont  le  stigmate  est  pentagone  ;  cinq 
capsules  réunies ,  monospermes ,  extérieurement  hérissées 
de  petites  pointes. 

On  compte  quatre  espèces  à^oyènes  ^  toutes  de  l'Amérique 
méridionale  ,  et  dont  une  est  annuelle.  La  structure  singn- 
iicre  de  leur  corolle  est  tout  ce  qui  les  distingue  ;  mais  elle 
mérite  d'être  étudiée,  (b.) 

AYER.  C'est  un  arbuste  sarmenteux  ,  dont  les  rameaux 
gont  cylindriques.  Ses  feuilles  sont  alternes  et  ovales  ;  ses 
Heurs  naissent  sur  les  cotés  des  rameaux  el  sont  disposées  en 
corymbes.  Elles  produisent  des  baies  roiigeAtres  ,  bonnes  à 
manger.  Cette  plante  ,  qui  semble  avoir  avec  les  lieiTcs  des 
rapports  marqués  ,  croît  à  Amboinc,  près  des  rivières.  Lors- 
qu'on fait  des  incisions  à  ses  rameaux,  il  en  découle  un  suç 
limpide  ,  propre  à  désaltérer  les  voyageurs,  (b..) 

AYEZ.  Synonyme  d'AiL.  (b.) 

AYIRAMPO.  Espèce  de  Cacte.  (b.) 

AYLANTIIE.    V.  Langit.  (b.) 

AYiMIRT-yVMlRL  C'est  I'Hernandier  sonore,  (b.) 

AYMOUTAROU.  V.  Moutajîié.   (b.) 

AYNITU.  Arbrisseau  à  feuilles  alternes  ,  ovales  ,  an- 
guleuses et  dentées,  chargées  d'une  poussière  épaisse,  blanche 
et  caustique  ,  qui  s'attache  aux  mains  lorsqtx'on  les  touche. 
Ses  fleurs  naissent  en  longues  grappes  aux  aisselles  des  feuilles 
supérieures  ,  et  produisent  des  capsules  à  deux  ou  trois  loges, 
qui  renferment  chacune  une  semence.  Cet  arbrisseau  croit 
dans  les  Moluques  ;  son  bois  est  un  peu  odorant ,  et  sert  à 
faire  des  fumigations,  (c.) 

AYON.  Jeune  Cocon  ,  dans  les  environs  de  Charle- 
ville.  (b.) 

AYOQUANTOTOTL.  Fernandez  dit  que  c'est  u» 
oiseau  du  Mexique,  à  peu  près  de  la  grosseur  de  notre  moi- 
neau ,  dont  le  plumage  est  varié  de  jaune  ,  de  noir  et  de 
blanchâtre  ;  il  se  tient  dans  les  montagnes.  Sa  chair  est  ma. 


A  Z  A  ,.S 

bon  meis  ;  maïs  comme  son  chant  est  oxirêmement  foible  , 
on  ne  le  nourrit  point  en  cage.  (  Hîst.  Noo.  Hisp.  tract.  2  ,  cap. 
20.  )  Brisson  croit  que  cet  oiseau  est  le  même  que  le  petit, 
nil'jaune  de  Cayeiine.  Cependant  le  peu   que    Fernandez    dit 
de  son  ayoguantoiotl ,  indique  un  oiseau  différent,  puisque, 
indépendamment  des  couleurs  dont  Fernandez  ne  donne  pas 
la  distribution,    il  y  a  une    grande  disparité   dans  l'intensité 
de  la  voix ,  le  petit  cul-jaune  l'ayant  aussi  forte  que  celle   du 
loriot ,  au  lieu  que  le  gazouillement  de  l'oiseau  du  Mexique 
se  fait  à  peine  entendre.  V.  Cul-jaune,  (s.) 
AYOS.   Nom  espagnol  de  l'AiL.  (lî.) 
AYOUALALl.  V.  Ochroxylie.  (b.) 
AYOUINITOBOU  et  AYOULIBA.  Noms  caraïbes  de 
I'Agnanthe  et  d'une  Eupatoire.  (b.) 

AYPAR.hu.  Arbre  de  moyenne  grandeur ,  qui  quitte 
ses  feuilles  tous  les  ans  ,  ce  qui  est  rare  dans  les  Moluques  où 
on  le  trouve.  Ses  feuilles  sont  alfernes  ,  lancéolées  ,  cré- 
nelées. Ses  fleurs  sont  petites  ,  blanchâtres  ,  en  grappes 
asillaires  ;  elles  ont  un  calice  à  cinq  folioles  ,  cinq  pétales  , 
un  pistil  qui  se  change  en  une  noix  noirâtre  ,  tachée  de  blanc , 
et  dont  le  noyau  se  divise  en  trois  valves ,  et  contient  une 
seule   semence,  (b.) 

AYPI.  Espèce  de  Cy?îanque  du  Brésil,  (b.) 

AYRA.  Espèce  de  RE^^\^lD  de  la  Guyane.  V.   Chien. 

(desm.) 
AYRI.  Palmier  du  Brésil ,  qui  paroît  être   une  espèce 
d'AvoiRA.   (  V.  ce  nom.  )  Son  bois  est  si  dur,  que  les  sau- 
vages en  arment  leurs  flèches,  et  en  font  des  massues,  (b.) 
AYRIMIX1Z\.  C'est  le  Bodian  bloch.  (b.) 
AYTIMUL.  Arbre  de  moyenne  grandeur,  dont  les  feuilles 
sont  alternes  et  ovales;  les  fleurs   petites  et  axillaires;   les 
capsules  ovoïdes ,  bivalves  et  monospermes.  Cet  arbre  croît 
dans  les  Moluques.  Il  rend  un  suc  laiteux.  Les  habitans  en 
font  des  carquois  et  des  peignes,  (b.) 
AYTONE.   V.  RupiNiE.  (b.) 

AYUN.  Arbre  d'Amboine,  dont  les  fruits  sont  aigrelets, 
se  mangent,  et  peuvent  être  employés  à  teindre  les  toiles. 
On  ne  connoît  pas  son  genre,  (b.) 

AYYAL.  Arbrisseau  à  feuilles  simples  ,  alternes  ,  ovales,, 
lancéolées  ,  qui  paroît  être  dioïque  ,  et  dont  les  fruits  sont 
formés  de  petites  baies  réunies  comme  dans  la  ronce.  Il  rend 
un  suc  laiteux  lorsqu'on  l'entame.  Ses  jeunes  pousses  se  man- 
gent cuites  ,  en  guise  de  légumes.  Il  croît  dans  les  Molu- 
ques. (b.) 

AZALA.  C'est  le  nom  turc  ou  arabe  de  la  Garance,  (b.) 
AZx\LEE  j   Azaiœa.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 


t2^  A  Z  A 

jnonogynle  et  de  la  famille  des  rhodoracées.  Ses  caractères 
sont  :  calice  très-petit,  à  cinq  dents;  corolle  monopétale, 
lubulce  ,  à  trois  ou  cinq  découpures  irrégulières  ;  cinq  éta- 
mines  insérées  sous  le  pistil  ;  ovaire  supérieur ,  arrondi  , 
surmonté  d'un  style  à  stigmate  arrondi  ;  capsule  cylindri- 
que ,  divisée  en  cinq  loges  ,  qui  renferment  beaucoup  de  pe- 
tites semences. 

Une  douzaine  d'arbustes  ou  plantes  fruticuleuses  ,  remar- 
quables par  la  beauté  et  quelquefois  la  bonne  odeur  de  leurs 
fleurs  ,  sont  compris  sous  ce  nom.  Les  uns  conservent  leurs 
feuilles  pendant  l'hiver  ,  les  autres  les  perdent. 

Parmi  les  premières  se  trouvent: 

L'Azalée  PONTiQUE  ,  Azalea  pontica^  Linn. ,  qui  est  sou- 
vent confondue  avec  le  rosace  du  môme  nom ,  Bliododendron 
ponlicum,  Linn.,  mais  qui  s'en  distingue  parle  nombre  de 
ses  étamines  ,  et  la  couleur  jaune  de  ses  (leurs.  Ses  carac- 
tères sont  d'avoir  les  fimilles  luisantes  ,  lancéolées,  et  les 
grappes  de  fleurs  terminales.  Elle  croît  naturellement  dans 
le  voisinage  de  la  mer  Noire.  On  prétend  quele  miel  cueilli 
danssafleur  par  les  abeilles,  rendfurieux  ceux  qui  en  mangent, 
comme  il  arriva  à  l'armée  des  dix  mille,  à  l'approche  de  Tré- 
bizonde ,  au  rapport  de  Xénophon. 

L'Azalée  de  l'Inde,  arbuste  admirable  par  la4)eautc  da 
ses  fleurs,  et  que  l'on  cultive  généralement  dans  l'Inde  ,  a 
la  Chine  et  au  Japon.  Ses  caractères  sont  d'avoir  les  fleurs 
presque  solitaires  et  le  calice  velu.  Ses  fleurs  sont  grandes  et 
d'un  rouge  écarlate  très-éclatant. 

Les  Azalées  de  Laponie  et  couchée,  très-petites  plantes 
des  montagnes  froides  ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  les 
feuilles  parsemées  de  points  enfoncés  pour  l'une  ,  et  les  ra- 
meaux rampans  pour  l'autre. 

Parmi  les  secondes ,  on  remarque  les  Azalées  À  fleurs 
NUES,  À  fleurs  rouges,  et  À  feuilles  visqueuses,  et  leurs 
nombreuses  vaiiétés.  Ce  sont  des  arbustes  de  quelques  pieds 
de  haut ,  et  qui  croissent  naturellement  dans  les  bois  hu- 
mides de  l'Amérique  septentrionale,  dont  ils  font  l'or- 
nement au  premier  printemps,  tant  par  la  position  de  leurs 
(leurs,  qui  forment  un  bouquet  au  sommet  des  rameaux,  que 
parleur  couleur  d'un  rose  tendre,  et  par  l'odeur  douce  qu'elles 
répandent.  Les  feuilles  ne  paroissent  qu'après  les  fleurs  dans 
la  première  de  ces  espèces,  et  en  même  temps  qu'elles  dans 
la  seoonde  et  la  troisième.  On  les  cultive  toutes  dans  les  jar- 
dins d'ornement.  J'ai  vli  ces  azalées  sur  leur  sol  natal ,  où  elled 
fleurissent  à  des  époques  différentes. 

Lorsqu'on  veut  jouir,  dans  les  jardins,  de  tous  les  agré- 
meas  des  azalées ,  il  faut  les  planter  à  l'exposition  du  nord 


A  Z  E  125 

ou  au  levant,  dans  une  terre  légère ,  fraîche  et  substantielle  , 
et  ne  jamais  leur  faire  sentir  le  tranchant  de  la  serpette  que 
pour  les  dégager  de  leur  bois  mort.  On  les  multiplie  très- 
aisément  de  marcottes-  L'effet  qu'elles  produisent ,  lors- 
qu'elles sont  en  fleur ,  est  très-agréable  et  se  prolonge  pen- 
dant près  d'un  mois. 

M.  Desvaux  a  établi  le  genre  Loiseleurie  aux  dépens  de 
celui-ci.  (b.) 

AZAMICOS.  Avicenne  désigne  sous  ce  nom  le  Char- 
donneret, (s.) 

AZARA ,  Azara.  Genre  de  plantes  de  la  polyandrie  mo- 
nogynie,  dont  le  caractère  consiste  en  un  calice  persistant^ 
divisé  en  plusieurs  découpures  ovales,  aiguè's  ;  point  de  co- 
rolle ;  plusieurs  filameus  capillaires  plus  courts  que  les  éla- 
mines,  insérés  entre  le  réceptacle  et  le  calice  ;  une  trentaine 
d'étamines;  un  ovaire  supérieur,  pentagone,  à  style  subulé  et 
à  stigmate  obtus;  une  baie  presque  ronde,  uniloculaire ,  sur- 
montée du  style  qui  persiste,  et  renfermant  un  grand  nombre 
de  semences  ovales,  attachées  à  des  réceptacles  décurrens 
sur  le  péricarpe. 

Ce  genre  renferme  trois  arbrisseaux  du  Pérou ,  qui  parois- 
sent  avoir  quelques  rapports  avec  le  Prokia.  (e.) 

AZAPvÉRO.  V.  Cerisier  de  Portugal,  (b.) 

AZE.  L'Ane  dans  le  midi  de  la  France,  (s.) 

AZÈBRE.  V.  Cheval  ou  Zèbre,  (s.) 

AZEDARAC ,  Melia.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  Méliacées  ,  dont  le  caractère 
est  d'avoir  un  calice  très-petit,  à  cinq  divisions;  cinq  pétale^ 
lancéolés;  dix  étamines ,  dont  les  filamens  sont  réunis  et 
portent  les  anthères  au-dessous  de  leur  sommet ,  en  dedans  ; 
un  ovaire  supérieur  conique ,  qui  se  termine  en  un  style  de 
la  longueur  du  tube  des  étamines  ,  et  un  stigmate  capité 
et  pentagone  ;  une  noix  globuleuse  ,  charnue  ,  qui  contient  un 
novaudont  la  superficie  est  à  cinq  cannelures,  et  l'intérieur 
divisé  en  cinq  loges  monospermes. 

Ce  genre  est  composé  de  deux  arbres,  très-intéressans  par 
la  beauté  de  leur  feuillage  et  de  leurs  bouquets  de  fleurs  ,  et 
par  l'odeur  suave,  quoique  foible ,  que  répandent  ces  der- 
nières. 

L'un,  l'AzÉDARAC  Bivi'sst^  Melia  azedamch,  Linn.,  est  cul- 
tivé dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe  ,  dans  toute 
TAsie,  et  dans  presque  tous  les  établissemens  des  Européens 
en  Afrique  et  en  Amérique.  J'en  ai  vu  de  grandes  quantités  en 
Caroline ,  où  les  habitans  sont  dans  l'usage  d'en  planter 
quelques  pied$  devant  leur»  maisons.  C'est  un  arbre  de  la 


laG  A  Z   E 

grandeur  d'un  poirier,  dont  les  feuilles  sont  altei'ncs  ,  mais 
rassemblées  au  sommet  des  rameaux.  Elles  sont  deux  fois 
ailées  et  fort  larges  ;  leurs  folioles  sont  ovales ,  incisées  ou 
lobées.  Les  fleurs  sont  disposées  en  grappes  axillaires  ,  et 
souvent  fort  nombreuses.  Elles  sont  d'un  violet  tendre  aux 
pétales,  et  d'un  violet  foncé  au  tube  des  étamines. 

Rien  de  plus  agréable  que  cet  azédarac,  lorsqu'il  commence 
à  entrerenfleurs.  Aussi  les  AmérlcalnsTappellcnt-Ils,  dans  leur 
langue  ,  ï orgueil  de  l'Inde.  Ces  fleurs  se  succèdent  pendant 
trois  ou  quatre  mois;  mais  elles  diminuent  d'odeur  et  même 
de  beauté  à  mesure  que  la  chaleur  augmente  et  que  les  feuilles 
grandissent.  11  leur  succède  des  grappes  de  fruits,  qui  sub- 
sistent d'une  année  à  l'autre.  On  dit  que  la  pulpe  des  fruits 
est  mortelle  pour  les  hommes  et  les  chiens;  ce  que  j'ai  de  la 
peine  à  croire  ,  car  elle  est  peu  désagréable  au  goût ,  ainsi 
que  je  ni'en  suis  assuré,  et  elle  est  fort  lecherchée  par  un 
grand  nombre  d'oiseaux,  entre  autres,  en  Amérique,  par 
la  grive  émigrante. 

J'ai  également  peine  à  croire  qu'on  puisse  faire ,  comme  on 
l'a  annoncé,  de  la  bougie  avec  cette  pulpe;  car  elle  ne  m'a 
pas  paru  avoir  les  qualités  propres  à  cet  objet.  11  n'en  est 
pas  de  même  de  Thulle  des  amandes,  qull  doit  être  très- 
facile  d'en  retirer  par  tous  les  moyens  connus. 

Cet  azédarac  se  cultive  dans  quelques  jardins  de  Paris  ; 
mais  il  a  besoin  d'être  garanti  de  la  gelée,  qu'il  craint  beau- 
coup ;  et  il  n'y  est  jamais  qu'un  arbrisseau  peu  garni  de  feuilles 
et  de  fleurs.  On  le  multiplie  de  graines  qu'on  sème  sur  couche 
au  printemps.  Il  vient  également  de  racines. 

L'autre  espèce  tï azédarac ,  l'AzÉûVRAC  AILÉ,  Mclia  aza- 
dirachta  ^  Linn.,  s'élève  davantage  que  le  précédent  dans  son 
pays  natal,  l'Inde;  ses  feuilles  sont  simplement  allées  et  com- 
posées de  six  à  huit  paires  de  folioles  oblongues,  lancéolées, 
dentées  et  courbées  en  faucille;  ses  fleurs  sont  plus  petites 
el  jaunâtres ,  mais  disposées  comme  celles  de  l'autre  espèce. 
On  tire  par  expression  ,  de  son  fruit,  une  huile  dont  les  ha- 
bitans  du  Malabar  se  servent  pour  guérir  les  piqûres  et  les 
contractions  de  nerfs.  Ses  feuilles,  infusées  dans  du  suc  de 
limon,  passent  pour  vulnéraires  et  vermifuges,  (b.) 

AZER-ALSACMEL.  Nom  arabe  de  I'Hépatique  des 

FOÎsTAIÎ^ES.  (B.) 

AZERRES.  Nom  des  Muscades  sauvages,  (b.) 

AZEROLIER    ou    POMMETTE,    Qatœgus   azarolus, 

Linn.  Cet  arbre,  de  la  troisième  grandeur,  est  une  espèce  de 

Néflier,  qui  croît  spontanément  en  Italie  et  dans  le  Levant: 

il  çst  cultivé  principaicmenl  ^an5  le  niiji  de  la  France.  Ses 


A  Z  T  tajr 

fleurs  ornent  ies  bosquets  de  printemps,  et  ceux  d'automne 
sont  embellis  par  ses  fruits,  qui  ont  une  jolie  couleur  rouge  ^ 
et  qui  se  nSangent  en  Italie  et  même  dans  le  Midi  de  la  France; 
ils  ont  un  goût  aigrelet  légèrement  sucré,  et  sont  rafraîchissans. 
On  en  fait  une  confiture  qui  approcbe  de  celle  A^éplnevineite. 
IWazerolier  se  greffe  sur  l'aubépine ,  le  néflier,  le  coignas- 
sier,  et  peut,  à  son  tour,  recevoir  des  greffes  de  ces  mêmes 
arbres.  Il  croît  plus  vite  que  l'aubépine,  et  quoiqu'il  soit 
moins  épineux ,  on  peut  en  faire  des  baies  ;  mais  il  ne  vaut  pas 
la  peine  d'être  cultivé  dans  le  Nord,  où  il  demande  une  ex- 
position particulière  ,  et  où  son  fruit  n'acquiert  jamais  une 
parfaite  maturité.  Il  offre  des  variétés  à  fruit  jaune  ,  à  fruit 
ayant  la  forme  d'une  poire,  à  fleurs  toutes  blanches,  à  feuilles 
cotonneuses  en  dessous. 

L'AZEROLIER  DE  ViRGiME  Cratœgus  Coccinca^  Linn.,  est 
une  autre  espèce  qui ,  par  le  brillant  de  stts  feuilles  et  l'é- 
clat de  son  fruit,  mérite  aussi  une  place  dans  les  bosquets. 

Voyez  au  mot  Néfljer  ,  les  caractères  génériques  et  spé-^ 
cifiques  des  azeroUers.  (d.) 

AZIER,  Nonatelia.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
monogynie,  et  de  la  famille  des  rubiacées,  dont  les  caractères 
sont  d'avoir: un  calice  à  cinq  dents;  une  corolle  monopétale, 
tubulée,  à  cinq  divisions;  cinq  étamines,  dont  les  filamens 
sont  insérés  au  tube  de  la  fleur  ;  un  ovaire  inférieur  qui  fait 
corps  avec  la  base  du  calice,,  et  porte  un  style  bifide;  une 
baie  sphérique  à  cinq  loges,  qui  renferment  chacune  une  se- 
mence osseuse. 

Ce  genre  comprend  six  espèces  de  plantes  ,  toutes  propres 
à  la  Guyane,  toutes  figurées  par  Aublet,  dont  les  unes  sont 
herbacées,  et  les  autres  fruliculeuses,  mais  qui  se  ressemblent 
beaucoup  par  l'ensemble  de  leurs  parties. 

La  phis  importante  à  connoître  est  l'AziER  À  l'asthme  ^ 
Nonatelia  officiiuilis  ^  Aublet,  dont  les  caractères  sont  d'avoir 
ies  feuilles  opposées,  lancéolées ,  stipulées  à  leur  base,  et  les 
fleurs  disposées  en  panicules  courts.  Elle  est  employée  ,  en 
infusion,  pour  guérir  l'asthme.  Cette  plante  est  herbacée,  et 
se  trouve  à  Cayenne,  le  long  des  sentiers,  dans  les  bois. 

La  plupart  des  autres  espèces  entrent,  suivant  Willdenow, 
dans  le  genre  des  Psychotres  de  Linnœus.  V.  ce  mot.  (b.) 
AZEZ-ALSACMEL.  En  Arabe,  c'est  I'Hépatique  des 

FONTAI^ES. 

AZÏER  MACAQUE.  Espèce  de  Mélastome.  (b.) 
AZIME ,  Azîma.  Arbuste  de  l'Inde  ,  formant  un  genre , 
qui  a  pour  caractères  :  calice  à  trois  ou  quatre  divisions  ex- 
térieures; coroHe  de  quatre  pétales  verdâtres  ;  quatre  éta- 
^iiines  iasarées  au  i^éceptacld^  ovaire  à  quatre  côtés,  conique 


128  A  Z  O 

et  se  terminant  par  un  style  simple  ;  fruit  capsulaire  ,  unilo- 

culaire  et  monosperme. 

Ce  genre  a  été  décrit  et  figuré,  premièrement;  par  La- 
marck,  pi.  807  de  ses  Illustrations ,  et  ensuite  par  l'Héritier, 
pi.  I  de  sesStirpes,  sons  le  nomdeMoNÉTiE.Willdenow  a  pré- 
féré ce  dernier  nom.  Ici  on  conserve  celui  de  Lamarck,  comme 
antérieur.  Cet  arbuste  forme,  dans  nos  serres,  un  buisson 
toujours  vert  et  fort  touffu.  Ses  rameaux  sont  carrés  ;  ses 
feuilles  ovales ,  aiguës ,  opposées  ;  et  de  leur  aisselle  sortent 
deux  épines  moins  longues  qu'elles ,  et  divergentes.  Il  fait 
partie  de  la  famille  des  Kubiacées.  (b.) 

AZIMÈNE.  Nom  d'un  arbrisseau  de  Madagascar,  que 
Jussieu  rapporte  aux  Volkamères  ,  mais  qui  peut-être  doit 
former  un  genre  particulier,  (b.) 

AZIMUT.  On  donne  ce  nom  à  l'arc  de  l'horizon  com- 
pris entre  le  point  du  midi  et  le  point  de  Thorizon  auquel 
répond  un  cercle  vertical  qui  passe  par  le  centre  de  l'astre 
dont  on  veut  connoître  la  hauteur,  (pat.) 

AZIO.  C'est  le  Squale  aiguillât,  (e.) 

AZOLLE ,  Azolla.  Petite  plante  aquatique  flottante  qui 
se  rapproche  des  Salvinies  et  des  Hydrocotiles.  Elle  est 
formée  de  quantité  de  petites  feuilles  ovoïdes  ,  ponctuées  , 
vésiculeuses,  imbriquées,  et  formant  de  petites  rosettes  sous 
lesquelles  on  remarque  de  longues  racines  simples. 

Cette  plante  ,  qui  vient  du  détroit  de  Magellan,  constitue 
nn  genre,  dont  les  caractères  sont  figurés,  avec  tous  les 
développcmens  convenables,  pi.  10  des  Remarques  sur  les 
plantes  des  terres  australes,  par  Vk.  Brown.  (b.) 

AZORELLE ,  Azorella.  Genre  établi  sur  une  petite  plante 
ombellifère,  rapportée  par  Commerson  du  détroit  de  Ma- 
gellan ,  et  que  Lamarck  a  figurée  avec  deux  autres ,  pi.  189 
de  ses  Illustrations. 

Les  feuilles  de  ces  plantes  sont  remarquables  par  leur  forme 
simple  et  concave ,  leurs  ombelles  peu  garnies  de  rayons,  et 
une  collerette  de  deux  ou  trois  folioles. 

Le  fruit  est  presque  en  cœur,  et  composé  de  deux  semences 
réunies. 

Ce  genre  renferme  aujourd'hui  une  douzaine  d'espèces 
parmi  lesquelles  se  trouve  I'Azorelle  chamitis  ,  qui  a  servi 
pour  établir  un  genre  appelé  Chamitis  par  Gœrtner,  Bolax 
par  Jussieu,  et  Fragose  dans  la  Flore  du  Pérou,  (b.) 

AZOTE.  Principe  qui  est  la  base  du  gaz  azote ,  et  qui  ne  se 
trouve  jamais  autrement  que  dans  l'état  de  fluide  aériforme, 
lorsqu'il  est  pur  et  seulement  joint  au  calorique.  Il  peut  passer 


A  Z  U  x,g 

à  l'état  solide,  de  même  que  les  autres  substances  gazeuses, 
par  sa  combinaison  avec  quelque  autre  matière. 

Vazote  est  un  des  principes  constituans  du  corps  des  ani- 
maux ,  où  il  entre  en  quantité  tVès-considérable ,  amsi  qu'on 
le  reconnoît  par  l'analyse  surtout  de  leurs  parties  muscu- 
laires. 

Fourcroy  a  découvert  que  le  fluide  qui  remplit  la  vessie  na- 
tatoire des  poissons,  est  le  gaz  azoie  pur;  on  peut  le  recueillir 
facilement ,  en  crevant  ces  vessies  sous  la  cloche  d'un  appa- 
reil pneumato-chimique  à  l'eau. 

Le  gaz  azole  est  un  des  deux  élémens  qui  constituent  l'air 
atmosphérique,  où  il  entre  dans  la  proportion  de  76  à  77 
parties  sur  cent,  avec  le  gaz  oxygène,  et  quelquefois  une  petite 
quantité  de  gaz  acide  carbonique. 

Il  est  puissamment  attiré  par  les  végétaux,  qui  l'absor- 
bent, surtout  avec  le  concours  de  la  lumière,  et  le  conver- 
tissent en  leur  propre  substance  ;  ce  qui  fait  que  la  végétation 
rend  l'air  plus  pur,  et  vivifie  en  quelque  sorte  l'atmosphère , 
en  augmentant  la  quantité  proportionnelle  du  gaz  oxygène  , 
qui  est  proprement  l'air  vital. 

Le  gaz  azote  est  un  peu  plus  légét-  que  l'air  atmosphérique 
(dans  la  proportion  de  96  à  100). 

L'azote  est  un  des  principes  constituans  de  l'alcali  volatil 
Q\x  ammoniaque.  Il  résulte  des  belles  expériences  de  Berthollet, 
que  l'ammoniaque  est  formée  de  six  parties  d'azote  et  d'une 
partie  d  hydrogène.  • 

Il  est  aussi  le  radical  de  \ acide  nitrique^  d'après  les  expé- 
riences de  Cavendish  :  ce  célèbre  physicien  ayant  introduit 
dans  un  tube  de  verre  sept  parties  de  gaz  oxygène  et  trois  par- 
ties de  gaz  azote,  et  tiré  l  étincelle  électrique  un  grand  nom- 
bre de  fois  au  milieu  de  ce  mélange ,  iâ  est  parvenu  à  le  con- 
vertir en  acide  nitrique,  (pat.) 

AZOU.  Nom  des  arbres  à  Madagascar  :  azou  mainthi, 
c'est  un  MÉ^isperme  ;  azouampe,  une  Tragie  ;  azou  aurai, 
un  Éléocarpe  ;  azou  minti-bé,  un  autre  Ménisperme; 
azou-minti-bé,  un  Plaqueminier.  (b.) 

AZOUFA  du  voyageur  \  incent  Leblanc.  C'est  un  qua- 
drupède carnassier  des  royaumes  de  Fez  ,  de  Maroc  et  de 
Cambi ,  et  qui  paroît  être  ï' Hyène,  (s.) 

AZTATL.  Nom  mexicain  du  Héron  blanc,  (s.) 

AZULAN.  V.  Gros  bec  azulan.  (v.) 

AZULHIHA.  C'est  le  Iîengali  cordon  bleu,  (s.) 

AZUL-LEXOS.  C'est  le  nom  espagnoldu  Ministre!  (v.) 

AZUR-DU-CIEL.  C'est  la  couleur  bleue  que  présente 
la  masse  des  divers  fluides  qui  composent  notre  atmosphère. 

C'est  u»  fail  comiu  de  tous  ceux  qui  ont  gravi  de  hautes 

III.  9 


x3o  B  A  A 

montagnes  ,  que  la  couleur  du  ciel  paroît  d'autant  plus  fon- 
cée  ,  qu'on  se  trouve  à  une  plus  grande  élévation. 

Saussure  a  observé  sur  le  Mont-Blanc,  que  la  couleur 
bleue  du  ciel  étolt  ,  à  fort  peu  de  chose  près  ,  de  la  même 
nuance  que  le  bleu-de-roi  le  plus  foncé.  Il  a  inventé  un  ins- 
trument qu'il  a  nommé  cyanomètre^  pour  mesurer  les  diffé- 
rens  degrés  d'intensité  de  celte  couleur.  (  Voyages  dans  les 
Alpes  ,  §  2009  et  2o83.  ) 

Pendant  le  cours  de  mes  longs  voyages  en  Sibérie  ,  je 
n'ai  jamais  vu  une  seule  fois  le  ciel  d'une  couleur  qu'on 
pût  appeler  bleue  ,  excepté  sur  les  montagnes  les  plus  éle- 
vées; mais  jusqu'à  la  hauteur  de  trois  mille  pieds,  il  pa- 
roissoit  plutôt  grisâtre  que  bleu,  quoique  d'ailleurs  l'air  fût 
exempt  de  nébulosités  proprement  dites  ;  et  la  voûte  du  ciel 
étoit  considérablement  plus  surbaissée  que  dans  nos  cli- 
mats. 

Tous  les  fluides  transparens  ,  quoique  parfaitement  in»- 
colores  quand  on  les  observe  en  petite  quantité  ,  sont  colo- 
rés quand  ils  sont  rassemblés  en  grandes  masses  ;  et  cette 
couleur  est  d'autant  plus  décidée,  que  les  fluides  sont  plus 
purs.  L'eau  du  Rhône  ,  é.  sa  sortie  du  lac  de  Genève  ,  res- 
semble à  une  forte  teinture  d'indigo.  La  Saône  ,  quand  elle 
est  parfaitement  tranquille  ,  a  la  couleur  verte  de  l'éme- 
raude.  La  Neva,  quoique  très-limpide,  paroît  presque  noire. 
La  mer,  quand  elle  est  calme ,  réfléchit  une  teinte  bleue  mê- 
lée de  v«rt.  (pat.) 

AZUR  DE  CUIVRE.  V.  Cuivre,  Cuivre  carbonate 

BLEU,   (LUC.) 

AZUR  (  PIERRE  d'  ).   V.  LaZULITE.  (LUC.) 

AZUR  pu  PETIT  AZUR.  V  Moucherolle  azur,  (v.) 
AZURÉ.  Poisson  du  genre  Cyprin,  (b.) 
AZURI  ou  ZARATER.  Nom  latin  de  l'étourneau,  formé 
de  l'arabe,  (s.) 
AZURIN.  V.  Brève-azurin.  (v.) 
AZUROR.  Espèce  de  C^sio.  (b) 
AZUROUGE.  V.  Fringille  AZUROUGE.  (v.) 
AZUROUX.  V.  Passerine  bleue,  (v.) 
AZUVERT.  V.  Fringille  azuverte.  (v.) 
AZUZENO.  Nom  du  Quinquina  à  grandes  feuilles. 

(b.) 

B 

BAAK  ROOSEN.  C'est  un  Lagerstrome.  (b  ) 
BAALA-PALETL  V.  Canang  de  Ceylan.  (b) 
BAARS.  Nom  de  la  Perche,  (b.) 


BAART-MANTMETJE.  F.  Mulle  surmulet,  (b.) 
BABA.  Nom  sibérien  du  Pélican,  (v.) 
BABAN.  A  ^ice  ,  on  donne  ce  nom  à  un  insecte  qui  nuit 
beaucoup  aux  olives.  C'est  le  Thrips  de  Geoffroy  ,  que  quel- 
ques personnes  appellent  Punaise  staphylin.  (b.) 

BABATAMIBI.  C'est  le  Trioptère  de  la  Jamaïque,  (b.) 
BABELA.  Espèce  d'acacie.  Elle  est  du  nombre  des  arbres 
qui  nourrissent  Tinsecte  produisant  la  Laque,  (b.) 

BABIANE,  Bahiana.  Genre établiparCiawler, auxdépens 
des  Antholyzes  ,  des  Glayeuls  et  des  Ixies.  Ses  caractères 
sont:spathede  deux  valves,  l'inlérieur  bipartite;  corolle  tubu- 
ieuse,  divisée  en  six  parties;  trois  stigmates  ouverts  ;  une  baie. 
L'Antholyze  plissée  ,  les  Glayeuls  tubiflore  ,  Spa- 
THACÉ,  Sulfuré  et  I'Ixie  velue  ,  peuvent  être  considérés 
comme  les  types  de  ce  genre  ,  dont  on  cultive  dix  espèces 
dans  le  jardin  de  Kew  près  de  Londres.  L'avant  dernière  est 
figurée  pi.  io53  du  Botanical  magazine  de  Curtis.  (B.) 

BABIL  {Vénerie  ).  C'est  un  défaut  du  limier ,  qui  doit  être 
secret,  (s.) 

BABILLARD.  On  a  donné  ce  nom  à  un  poisson  du  genre 
Pleuronecte  ,  fort  voisin  de  Xa^  petite  suie  ^  parce  qu'il  fait 
continuellement  un  bruit  qu'on  peut  comparer  à  une  per- 
sonne qui  parle  vile.  V.  au  mot  Pleuronecte.  (b.) 
BABILLARDE.  V.  Fauvette  babillarde.  (v.) 
BABIROESSA  ,  Babironsa,  Babirosa,  Babirosea, 
Barbiroussa.  V.  Babiroussa.  (desm.) 

BABIROUSSA.  Sus  hahyrmsa ,  Mammifère  du  genre 
des  Cochons  {V.  ce  mot.) ,  remarquable  par  la  légèreté  et  la 
finesse  de  ses  jambes  ,  et  surtout  par  ses  longues  défenses  re- 
levées et  recourbées  en  arrière  à  l'extrémité.  Il  habite  les  îles 
de  la  mer  des  Indes.  Le  Babyroussa  est  figuré  pi.  A.  22  , 
fig.  3  ,  de  ce  Dict.  (desm.) 

BABOON.  V.  Babouin,  (desm.) 

BABOUCARD.  Nom  générique  des  martin-pêcheurs  en 
langue  jolofe.  Buffon  l'a  appliqué  à  un  oiseau  de  ce  genre  7 
assez  commun  en  Afrique,  (s.) 

BABORA.  V.  Courge  ,  Giraumont.  (b.) 
BABOSA  QUINADO.  Espèce  d'AcHiT.  (b.) 
BABOUIN  ouPAPlON  ,  Papio.  Ce  nom  est  celui  d'un 
genre  ,  selon  M.  Geoffroy  (  Ann.  du  Mus.  )  ,  et  d'une  sous- 
famille,  suivant  M.  Cuvier  {Reg.  anim.)  ,  de  mammifères, 
appartenant  à  l'ordre  des  Quadrumanes  ,  et  renfermant 
plusieurs  singes  de  l'ancien  continent,  remarquables  par 
leur  férocité,  leur  lasciveté  extrême,  la  forme  très-prolongée 
de  leur  museau ,  la  force  de  leurs  dents  canines , leurs  fesses 
nues ,  etc. 


,33  B  A  B 

C'est  à  Bfisson  (^Reg.  anîm.)  qu'est  due  la  première  dis-, 
tinction  du  papion  ou  babouin  ,  comme  devant  former  ua 
genre  particulier  dans  la  famille  des  singes.  Exleben,  en 
adoptant  ce  genre  ,  y  place  les  mandrills  ,  que  Brissôn  ap- 
ne\o\i  cynocéphales.  MM.  Geoffroy,  Saint-Hilaire  et  Cuvier  , 
dans  leur  Mémoire  inséré  auJoum.  dephys. ,  tom.  3,  réser- 
vèrent ensuite  le  nom  de  babouin  pour  le  genre  où  ils  placè- 
rent le  mandrill  et  le  pongo  de  Eornéo  ;  et  le  babouin  de 
Brisson  {simia  sphinx  ,  Linn.)  passa  dans  leur  genre  magot, 
auquel  ils  donnèrent  le  nom  latin  de  cynocephahis. 

Depuis  ce  temps  ,  dans  son  Tableau  élémentaire  des  ani- 
maux,  M.  Cuvier  ayant  partagé  le  genre  des  magots  en  deux  , 
^savoir  :  i."  les  magots  proprement  dits,  et  2.° les  macaques,  le 
papion  ou  le  babouin  de  Buffon  et  de  Brisson  ,  appartient 
à  la  division  des  macaques. 

M.  Lacépède  ,  ensuite  ,  dans  son  Tableau  des  mammifères^' 
appela  macoyi/e ,  le  magot,  sépara  le  pongo  de  Bornéo 
pour  en  former  un  genre  particulier  ,  et  laissa  sous  là  déno- 
mination de  babouin.^  le  mandrill  et  le  papion  sphinx. 

Dans  son  ouvrage  sur  les  singes  ,  Audebert  place  dans  sa 
troisième  famille,  les  singes  qui  correspondent  aux  babouins 
de  M,  Cuvier. 

Blumenbach  (^Élem.  d'Hist.  nat.)  réunit  les  papions  au.K 
mandrills  ,  sous  le  nom  générique  de  babouins. 

Dans  notre  Tableau  des  mammifères  (  i."^*"  édition  de  ce 
Dictionnaire)  ,  nous  avions  réservé  cette  dénomination  pour 
le  grand  papion  (^S.  sphinx)  ,  le  petit  papion  Ç^S.  porc  aria  ^ 
Linn.),  l'ouanderou  {S.  silenus) ,  l'hamadryas  ou  singe  de 
Moco  (^S.  hamadiyas).,  et  pour  le  mandrill  {S.  maimon  et  mor- 
mon)., dontjnous  formions  un  sous-genre.  Nous  réunissions  les 
macaques  proprement  dits  ,  comme  :  l'aigrette  ,  le  bonnet 
cbinois  ,  le  rhésus  ,  etc. ,  au  genre  des  guenons  ,  en  en  for- 
mant néanmoins  un  sous-genre  caractérisé  par  la  brièveté  de 
la  queue.  Nous  reconnoissions  aussi  les  genres  magot  et  pongo, 
tels  qu'ils  avoient  été  établis  précédemment. 

Depuis  peu,  M.  Geoffroy,  (  Tabl.  des  quadrumanes ,  Ann. 
duMus.,  tom.  19),  sépare  des  j^Hfno«5 et  autres  genres  voisins, 
les  singes  qu'il  nomme  jCercocÈbes,  ce  sont  :  le  mangabey, 
le  mangabey  à  collier  ,  le  singe  vert  ou  callitriche,  la  toque 
(  Esp.  nouv.  )  ,  le  bonnet  chinois  ,  Tatys  ,  Taigrette  et  le  ma- 
caque proprement  dit.  Son  genre  Magot  contient  le  magot 
f»roprement  dit ,  le  rhésus ,  et  le  maimon  ou  babouin  à 
ongues  jambes  de  Pennant  et  de  Buffon.  Ses  Babouins 
sont  :  l'ouanderou,  le  cynocéphale  {S.  cynocephalos  ,  Linn.  )  , 
lepapion-porc  oubabouin  des  bois,  de  Pennant  et  de  Buffon, 


B  A  B  ,33 

(^simiaporcan'a)  des  auteurs  ;  le  vrai  papioîi  {papîo  sphinx') y 
l'hamadryas;  le  hahomn  che\ela{ S.  sphingiola  ,  Schreb.  )  ^ 
et  le  mandrill  (5.  mormon). 

Enfin  ,  M.  Cuvier  (^Reg.  anim.)  sépare  les  singes  de  l'an- 
cien conlinent  en  trois  groupes  distincts  ;  savoir  :  i."  les 
orangs  ;  2."  les  guenons  ,  auxquelles  il  réunit  les  cercocèbes 
de  M.  Geoffroy  ;  et  3.°  les  hahoidns. 

Ces  babouins ,  il  les  subdivise  ainsi  :  i."  les  Magots  ;  2.°  les 
Macaques  ,  tels  que  l'ouanderou  ,  le  bonnet  chinois  ,  l'ai- 
grette ,  le  macaque  proprement  dit,  le  maimon  ,  et  le  rhé- 
sus d'Audebert  qu'il  réunit  au  patas  à  queue  courte  de 
Buffon  ;  3."  les  Cynocéphales  {cynocepJmlï) ,  qui  sont  :  le  pa- 
pion  (.9.  sphinx)  ,  le  papion  noir  ou  porc  {S.  porcaria  )  ,  l'ha- 
madryas et  le  papion  à  queue  courte  ou  papion  des  bois  de 
Pennant  ;  4-°  les  Mandrills  ;  et  5."  le  Pongo. 

ISous  adopterons  celte  dernière  classification,  parcequ'elle 
nous  paroît  fondée  sur  des  bases  plus  certaines  que  toutes 
celles  dont  nous  venons  de  faire  mention.  En  effet ,  on  voit 
que  dans  ces  classifications,  la  plupart  des  espèces  dont  nous 
avons  rapporté  les  noms  ,  ont  passé  successivement  d'un 
genre  à  l'autre;  ce  qui  démontre  suffisamment  que  ces  genres 
étoient  pour  la  plupart  fondés  sur  des  caractères  peu  impor- 
tans  et  difficiles  à  observer. 

Le  genre  Cercocèbe  de  M.  Geoffroy  surtout ,  nous  paroît 
renfermer  des  espèces  qui  se  rattachent  plutôt  aux  genres 
d'où  elles  ont  été  tirées ,  qu'elles  n'ont  de  rapports  communs 
entre  elles.  Ce  seroit  tout  au  plus  l'angle  facial  moins  ouvert 
de  5  degrés  que  celui  des  guenons  (  cercopitheci)  ,  et  la  pré- 
sence des  crêtes  surciliaircs  qui  les  feroient  séparer  de  ces 
singes.  Ce  genre  comprend  les  espèces  qui  avoient  reçu  le 
nom  de  macaques  ,  et  quelques  guenons  proprement  dites. 

En  suivant  la  subdivision  des  singes  de  l'ancien  continent 
telle  que  l'a  proposée  M.  Cuvier,  nous  n'y  apporterons  au- 
cuns changemens,  si  ce  n'est  que  nous  considérerons  comme 
genresles  dernières  coupesqu'il  établit,  et  quenous  conserve- 
rons le  nom  de  babouin  à  celle  qui  comprend  ses  cynocéphales. 

BApOUIN,  Papioy  Brisson,  Erxleb,  Geoffr.;  Cynocepha- 
his  ,  Cuvier  ,  Regn.  anim.  Genre  de  quadrumanes  ,  de  la 
famille  des  SiNGES  de  l'ancien  continent ,  dont  les  espèces 
offrent  les  caractères  suivans  :  angle  facial  de  35  à  3o  degrés  ; 
museau  allongé  et  comme  tronqué  au  bout ,  où  sont  percées 
les  narines ,  ce  qui  le  fait  ressembler  à  celui  d'un  chien  plus 
que  ceux  des  autres  singes  ;  nez  relevé  et  prolongé  au-deli 
des  lèvres  ;  narines  très-rapprochées  ;  de  grandes  abajoues  ; 
fesses  calleuses  ;  canines  fortes  ;  molaires  à  quatre  tuber- 
cules,  la  dernière  eu  ayant  de  cinq  à  sept;  corps  trapu ^ 


134  B  A  B 

membres  forts  ;  queue  plus  ou  moins  longue  ,  selon  les  es- 
pèces ;  bord  orbitaire  échancré  pour  le  passage  du  nerf 
frontal. 

Les  bahouins  sont  tous  d'Afrique  ,  à  l'exception  d'une  es- 
pèce qui  vit  en  Arabie,  (desm.) 

Ils  se  nourrissent  de  fruits,  semences,  feuilles  ,  insectes,' 
comme  la  plupart  des  singes;  ils  sont  médians,  robustes  et  pil- 
lards. On  les  tient  en  captivité;  jamais  on  ne  les  apprivoise; 
ils  mordent  très-fort.  On  en  a  vu  qui  buvoient  du  vin  ,  de  la 
bière  ,  de  Teau-de-vie  ,  jusqu'à  s'enivrer.  Les  femelles  haïs- 
sent les  femmes  et  aiment  les  hommes  ,  les  mâles  font  tout 
le  contraire,  (virey.) 

Première  espèce.  —  Le  Papion  ou  Babouin  proprement  dit 
{Papiu  sphinx).,  Buffon,  tom.  i4-  •,  pi-  i3  et  i4;  5.  cjnocepha-- 
lus  ,  Brongn.  ,  Mém.  de  la  Soc.  d  Hist.  nai.  pi.  ;  Schreib.  pi. 
i3  ;  Audebert ,  fam.  3  ,  sect.  i  ,  fig.    i  ;  Simia  sphinx,  Linn. 

Son  pelage  est  d'un  brun  verdâtre  ,  plus  ou  moins  foncé  ; 
ses  poils  sont  très-longs  et  flexibles  ;  sa  face  est  noire  ;  ses 
mains  ont  la  même  teinte  que  le  dessus  du  corps;  sa  queue 
est  très-longue  ;  sa  taille  est  assez  considérable  lorsqu'il  est 
adulte,  (desm.) 

Les  singes  qui  ont  le  museau  plus  allongé  que  les  autres  , 
ont  la  face  hideuse  ,  et  sont  aussi  les  plus  méchans  ,  les  plus 
féroces  ;  c'est  ce  que  l'on  rcconnoxt  dans  le  papion.  Sa  forme 
trapue  ,  nerveuse  ,  son  aspect  farouche  ,  le  distinguent  assez 
des  autres  singes.  On  ne  trouve  plus  en  lui  la  douceur  ,  la 
gentillesse,  l'amabilité  des  espèces  de  guenons  et  de  sapajous  ; 
c'est  plutôt  une  brute  d'un  naturel  ardent ,  colère,  et  d'une 
odieuse  lubricité.  Il  grince  des  dents  au  moindre  sujet  ;  il  fait 
des  gestes  d'une  lasciveté  révoltante  devant  les  femmes  ;  sa 
jalouse  fureur  ne  peut  se  contenir  à  leur  aspect.  D'ailleurs  , 
robuste  et  bmtal ,  s'il  n'étoit  pas  enchaîné  ,  il  seroit  à  crain- 
dre ,  même  pour  un  homme  armé.  Cet  animal ,  tourmenté 
sans  cesse  par  la  passion  de  la  jouissance  ,  se  masturbe  sou- 
vent ,  et  en  présence  du  sexe  ,  avec  la  plus  dégoûtante  lubri- 
cité. Il  découvre  avec  une  révoltante  impudeur  toutes  ses 
parties  naturelles  ,  qui  sont  d'un  rouge  vif,  et  que  la  nature 
n'a  voilées  d'aucun  poil  ;  ses  fesses  nues  et  calleuses  ont  aussi 
une  couleur  de  vermillon.  Il  semble  qu'il  se  plaise  à  faire 
parade  de  sa  nudité ,  et  à  montrer  avec  complaisance  ce  que 
îa^ature  a  voulu  dérober  aux  regards  des  hommes.  Les  au- 
tres animaux  semblent  avoir  quelque  pudeur  ;  mais  \e  papion 
ou  babouin  se  plaît  à  la  blesser.  Il  montre  son  derrière  rouge, 
nu    et  pelé  ,  plus  souvent  que  sa  face  ,  aux  spectateurs. 

(VIREY.) 


B  A  B  ,35 

Cette  espèce  est  d'Afrique  ,  et  se  trouve  prlucipalemeni 
sur  la  côte  de  Guinée,  (desm.) 

Deuxième  espèce.  —  Le  Papion  PORC  ou  Babouin  koir 
(  Papio  porcarius)  ,  Simîa  porcaria ,  Boddaert ,  naturf.  22  ,  pi. 
I  et  2  ;  S.  ursina ,  Pennant  ;  S.  sphingiola  ^  Hermann.  ; 
guenon  à  museau  allongé  de  Pennant  et  de  Buffon  ,  suppl. 
lom.  7  ,  pi.  i5;  singe  noir  de  Levaillant ,  etc. 

Il  est  d'un  brun-olivâtre  foncé  sur  le  corps  et  jaunâtre  sur 
le  front  ;  sa  face  et  ses  mains  sont  noires  et  ses  poils  touffus  et 
roides  ;  sa  queue  est  très-longue  ;  sa  taille  est  moyenne.  La 
guenon  à  museau  al/onge  de  Pennant ,  que  M.  Cuvier  rapporte 
à  cette  espèce  ,  avoit ,  au  dire  du  naturaliste  anglais ,  deux 
pieds  de  hauteur  lorsqu'elle  étoit  assise. 

Cette  espèce  ,  ainsi  que  la  précédente  ,  avec  laquelle  elle 
a  beaucoup  de  ressemblance  ,  présente  plusieurs  variétés  , 
qui  ne  sont  vraisemblablement  que  des  différences  d'âge  ,  et 
qui  ont  donné  lieu  à  plusieurs  descriptions  d'espèces  factices, 
que  M.  Cuvier  a  détruites  dans  son  dernier  ouvrage. 

Troisième  espèce.  —  L'Hamadryas  ou  Tartarin  de  Pros- 
per  Alpin  et  de  Brisson  ;  Papio  hamadrj'as  ,  Papion  à  per- 
ruque ;  Simia  hamadryas  ,  Linn.  ;  Papion  à  museau  de  chien  , 
Penn.  ;  Singe  de  Moco  ,  Buff, ,  suppl.  lom.  7,  pi.  10. 

Son  pelage  est  gris-cendré  ;  et  les  poils  qui  le  composent, 
beaucoup  plus  longs  sur  la  tête  ,  sur  le  dos  et  sur  les  épaules 
qiie  sur  le  reste  du  corps ,  forment  comme  une  vaste  penuque. 
(chacun  d'eux  est  d'un  gris  très-clair  ,  annelé  de  gris  plus 
foncé;  la  barbe  estlongue;  la  facecouleurde  chair,à  l'excep- 
tion du  nez  etde  la  bouche  qui  sont  noirs,  ainsi  que  lesmains; 
la  queue  est  de  médiocre  longueur  ,  bien  fournie  de  poils. 

Ce  singe,  que  Buffon  confond  à  tort  avec  le  macaque  ouan- 
derou,  atteint  la  taille  d'un  enfant  de  dix  ans,  est  d'une 
lubricité  extrême  ,  et  lorsqu'on  le  contrarie ,  il  entre 
dans  de  violens  accès  de  fureur.  Celui  qu'Edwards  dessina 
en  Angleterre  ,  venoit  de  Moco  ,  sur  les  bords  du  golfe  Per- 
sique.  On  dit  que  l'espèce  est  répandue  en  Arabie. 

Quatrième  espèce.  —  Le  Babouin  À  queue  courte  {Papio 
siloestris  ;  Babouin  des  bois  ,  Buff  suppl,  tom.  7  ,  pi-  7  5  Simia 
sibicolUf  Schavv  ,  quadr.  tom.  i  ,  part,  i  ,  pi.  12  ;  Simia  sil- 
vestris ,  Schreb  ,  fig.  18  ,  c.  ) 

Cette  espèce  ,  décrite  par  Pennant  sous  le  nom  de  ba- 
bouin des  bois ,  est  bien  caractérisée  par  la  brièveté  de  sa 
queue  ,  qui  est  d'ailleurs  très-mince  ,  et  par  la  teinte  d'un 
gris-jaunâtre-clair  de  son  pelage.  Sa  face  est  couverte  d'une 
peau  noire  et  peu  luisante  ;  ses  pieds  et  ses  mains  sont  unis, 
et  noirs  comme  la  face  ;  mais  les  ongles  sont  blanchâtres. 
Lnndividu  décrit  par  Pennant  étoit  haut  de  trois  pieds; 


ir.6  BAC 

sa  queue  n'avoit  que  trois  pouces  de  long  ,  et  le  dessus  pn 
élolt  très-garni  de  poils.  C'est  à  cette  espèce  que  M.  G.  Cu- 
vier  rapporte ,  dans  son  Règne  animal ^\q  singe  appelé  par  son 
frère,  simia  leucophœa  ,  et  décrit  dans  les  Annales  du  Muséum^ 
tom.  9  ,  fig.  37.  M.  Geoffroy  pense  que  ce  même  singe  ap- 
partient à  l'espèce  du  Mandrill. 

Cinquième  espère.  —  Le  lÎABOUIN  CHEVELU  ,  Papio  romains, 
(xeoff  Ànn.  du  Mus.  M.  Geoffroy  établit  cette  espèce  sur  le 
simia  sphingiola  de  Schreber  ,  fig.  6,  B,  auquel  il  rapporte  la 
variété  de  papion,  figurée  par  Audebert  {^Singes  ^  fam.  d. 
sect.  I ,  fig  3  ). 

Ce  singe  a  le  pelage  brun-noir  ;  deux  touffes  de  longs  poils 
descendent  de  son  occiput  ;  ses  joues  sont  noires  et  marquées 
de  rides  ou  de  stries.  L'individu  représenté  par  Audebert  étoit 
défectueux. 

11  habile  le  Cap  de  Bonne-Espérance,  (desm.) 
BABOULI  CANTL  C'est  le  Ramontciii  sépiaire.  (b.) 
BABUK.  Nom  russe  des  Gerbosies.  (desm.) 
BABY-ROUSSA,  BABYRUSA  ou  BABY-RUSSA. 
F.  l'article  Cochon,  (desm.) 

BACA  ou  BAEA  ,  Baca.  Genre  de  plantes  de  la  diandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  Personnées.  Il  offre  pour 
raraclères  :  un  calice  divisé  en  cinq  parties  ;  une  corolle 
bilabiée  ,  dont  la  lèvre  supérieure  esta  trois  lobes,  et  l'infé- 
rieure à  deux;  deux  étamines  ;  une  capsule  corniculée  ,  con- 
tournée et  quadrivalve. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce  ,  qui  a  été  rapportée 
de  l'île  de  France  par  Commerson.  (b.) 

BACASIE  ,  Bacasia.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie 
polygamie  frustranée,  et  de  la  famille  des  Corymbifères.  Il 
offre  pour  caractères  :  un  calice  commun  ovale,  imbriqué 
d'écaillés  scaricuses,  les  extérieures  ovales,  lancéolées,  et  les 
intérieures  linéaires;  un  réceptacle  velu,  contenant,  à  sa  cir- 
conférence, huit  demi-fleurons  quadridentés,  hermaphrodites, 
fertiles  ,  porteurs  d'une  longue  soie  ,  et  dans  son  centre  un 
seul  fleuron  ,  très-grand,  labié  ,  à  cinq  dents  ,  stérile  et  in- 
séré sur  un  gros  corps  fongueux  ;  semences  ovales  ,  angu- 
leuses, velues,  surmontées  d'aigrettes plumcuses.  * 
Ce  genre  renferme  deux  arbrisseaux  du  Pérou,  (b.) 
BACAU,  BACHAO,  BACAUVAN,  BUCHAU.  Es- 
pèce de  Manglier,  voisin  du  Bruguière.  (b.) 

BACByVKIRI.  C'est  ainsi  que  l'on  appelle,  au  Cap  de 
Bonne  -  Espérance  ,  un  oiseau  que  des  auteurs  indiquent 
comme  un  merle,  et  d'autres  comme  une pie-grièche.  Son  nom 
est  tiré  de  son  cri  d'appel  qui  exprime  les  syllabes  l^ac  ba  lf.i 
ri.   V.   G0NOLEK  À  PLASTRON  NOIR.  (V.) 


BAC  ,3; 

BACCAREOS.  Gemelll  Carrerl  dit  que  les  montagnes 
des  environs  de  Damms  ,  dans  Tlndostan  ,  sont  remplies  de 
Baccareos  ^  qui  ressemblent  à  des  daims,  et  dont  la  chair  a 
le  goût  de  celle  du  porc.  Ces  animaux  pourroient  bien  ap- 
partenir à  Tespèce  du  Cerf  Axis,  (s.) 

BACCAULAIRE,  Desv.  Sorte  de  Fruit.  Le  Clavelier 
en  offre  im  exernple.  (b.) 

BACCAURÉE,  Baccaurea.  Genre  de  plantes  de  la  poly- 
gamie dioécie,  qui  offre  pour  caractères  ;  un  calice  divisé 
en  cinq  parties,  ovales  ,  charnues,  persistantes;  point  de  co- 
rolle ;  six  ou  huit  et  aminés;  un  ovaire  supérieur  à  stigmate 
sessile  ,  concave  et  découpé. 

Les  fleurs  femelles  diffèrent  peu  des  hermaphrodites. 

Le  fruit  est  une  baie  presque  ronde  ,  triloculaire  ,  bi- 
sperme  et  d'un  jaune-rouge  doré. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces  toutes  propres  à  la  Co- 
chinchine.  Ce  sont  des  arbres  médiocres,  à  feuilles  éparses, 
ovales,  entières  ,  et  à  fleurs  disposées  en  grappes,  dont  deux, 
la  Baccaurée  ramiflore,  et  la  Baccaurée  cauliflore  , 
sont  cultivées  à  raison  de  leurs  fruits  qui,  outre  leur  beauté 
et  leur  grosseur,  supérieure  à  celle  du  coing  ,  sont  acides  et 
très-agréables  à  manger. 

La  troisième  ,  la  Baccaurée  sauvage  ,  a  des  baies  velues 
et  acerbes  ,  que  Tonne  mange  pas.  (b.) 

BACCHANTE,  jBa^67/ûm.  Genre  de  plantes  de  la  syngé- 
nésie  polygamie  superflue,  et  de  la  famille  des  corymbifères, 
dont  le  caractère  offre  un  calice  commun  ,  cylindrique  , 
imbriqué  d'écaillés  étroites  et  pointues  ;  un  réceptacle  nu , 
supportant ,  dans  son  lymbe ,  des  fleurons  hermaphrodites  , 
tubulés  ,  et  à  sa  circonférence,  des  fleurons  femelles  à 
lymbe  entier  ;  semences  à  aigrette  sessile. 

Ce  genre,  dont  celui  appelé  Molina  par  Ruiz  et  Pavon,  ne 
paroît  pas  différer,  renferme  des  arbres  ou  arbustes  à  feuilles 
alternes  ,  et  à  fleurs  disposées  en  corymbes  axillaires  et  ter- 
minaux. On  en  compte  une  vingtaine  d'espèces  ;  dont  les  plus 
remarquables  sont  : 

La  BACCHA^TE  d^Y Irgit^ie,  Baccharis  halimifolia,  qui  a  les 
fouilles  presque  ovales  et  dentées  dans  leur  partie  supérieure. 
Elle  se  trouve  dans  l'Amérique  septentrionale,  sur  le  bord  des 
eaux,  où  je  l'ai  fréquemment  observée.  Cette  espèce  qui  s'é- 
lève à  dix  ouîdouze  pieds,  et  qui  jette  beaucoup  débranches  est 
très-propre  à  la  décoration  des  bosquets  d'automne,  où  on  la 
voitfréquemment,  d'abord  par  ses  fleurs  et  ensuite  par  ses  fruits 
aigrettes  qui  se  conservent  sur  l'arbre  une  partie  de  l'hiver, 
et  lui  donnent  une  apparence  singulière.  Les  terrains  gras  et 
un  peu  humides  lui  conviennent  Te  mieux.  Elle  se  multiplie 


i38  BAC 

de  drageons  enracinés.  Elle  craint  les  hivers  rigoureux ,  et 

le  mieux  est  de  rempailler  aux  premières  gelées. 

La  Bacchâ^îte  à  feuilles  d'Iva,  qui  vient  du  Pérou  et 
qu'on  cultive  dans  quelques  jardins.  Les  habitans  des  pays 
où  elle  croît  s'en  servent  en  décoction  pour  fortifier  l'es- 
tomac Elle  a  les  feuilles  lancéolées  et  dentées  latérale- 
ment. 

La  Bacchante  du  Brésil,  dont  les  feuilles  sont  ovales, 
entières,  rudes,  sessiles  et  veinées  en  dessous.  Elle  vient  du 
Brésil,  où  on  emploie  ses  feuilles  pour  dissiper  la  rougeur  et  la 
douleur  des  yeux. 

La  Bacchante  À  odeur  de  sauge  a  les  feuilles  lancéo- 
lées ,  dentées  ,  velues  ,  appendiculées  k  leur  base  ,  etlespa- 
nicules  lâches  et  terminales.  Elle  croît  dans  l'Inde  ainsi  qu'à 
la  Chine.  C'est  la  conyze  bahamifère  de  Linnseus.  Elle  est 
frutescente.  Ses  feuilles  sont  grandes  et  passent  pour  toni- 
ques ,  stomachiques  et  antispasmodiques.  On  les  emploie  , 
tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur,  contre  la  paralysie  et  la  ' 
foiblesse  des  membres. 

La  Bacchante  \  feuilles  d'épervière  ,  dont  les  feuilles 
sont  lancéolées,  dentées,  à  demi-amplexicaules,  et  les  fleurs 
disposées  en  corymbe  terminal  aggloméré.  Elle  est  annuelle, 
ft\  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe;  c'est 
Verygeroii  govaui  de  Linnseus. 

Celte  dernière  espèce  a  ,  par  l'ensemble  de  ses  carac- 
tères ,  plus  de  rapports  avec  les  Conyzes  et  les  Vergeret- 
TES,  qu'avec  ce  genre,  V.  ces  mots,  (b.) 

BACCILLA.IRE  ,  Baccillan'a.  Genre  d'animalcules  in- 
fusoires,  dont  le  caractère  est  d'être  quadrlgones,  semblables 
à  de  petits  cristaux.  11  comprend  plusieurs  espèces  qu'on 
Irouve  ,  les  unes  dans  les  eaux  delà  mer,  les  autres  dans  les 
eaux  douces.  Rolhe  en  a  décrit  et  figuré  une  dans  son  Cata- 
logue botanique  ,  tab,  l^.^fig.  5  ,  sous  le  nom  de  conferve  baccil- 
laire.  V.  Animalcule,  (b.) 

BACCIVORES  ,  Barxborî.  Non»  de  la  seizième  fa- 
mille de  l'ordre  des  oiseaux  sylvalns  et  de  la  tribu  des  Ani- 
SODACTYLES.  V.  ces  mols. 

Caractères  :  pieds  médiocres  et  un  peu  forts;  tarses  anne- 
lés,  nus;  doigts  extérieur  et  intermédiaire  réunis  jusqu'an 
milieu  ou  seulement  à  l'origine  ;  pouce  épaté  ;  bec  à  large 
ouverture  ,  à  base  rarement  ciliée  ,  glabre  ou  emplumée  , 
dilatée  ,  à  dos  un  peu  caréné  et  à  pointe  courbée  ,  entière 
chez  les  uns,  échancrée  chez  les  autres;  reclrices,  douze, 
quelquefois  dix.  Cette  famille  est  composée  de  six  genres  ; 


BAC  i39 

toutes  les  espèces  qu'elle  renferme  se  nourrissent  principa- 
lement de  baies.  V.  Ormthologie.  (v.) 

BACCOUCOUHAKECHA.  Nom  caraïbe  du  Bana- 
nier, (b.) 

BACEIQ.  Nom  arabe  et  égyptien  de  I'Épervier.  (v.) 

BACELLO.  C'est,  en  italien,  le  Hobereau,  (s.) 

BACHA.  V.  Tarticle  des  Bu.sES  et  Busards,  (v.) 

BACHA  DE  MER.  C'est  le  Triure  Bougainville.  (b.) 

BACHALA.  Nom  arabe  de  IAmaranthe  oléracée.  (b.) 

BACHE.  C'est  le  nom  d'un  palmier  de  la  (iuyane,  qui 
paroît  se  rapprocher  du  Raphia  de  Madagascar.  Ses  fruits , 
qui  se  mangent ,  sont  portés  sur  un  très-grand  régime  ,  et 
sont  gros  comme  une  pomme.  Leur  surface  est  comme  écail- 
leuse. 

Le  bois  de  ce  palmier  est  très-dur  ,  et  est  employé,  ainsi 
que  ses  feuilles  ,  à  plusieurs  usages  domestiques  par  les  sau- 
vages, (b.) 

BACHEBO.  Nom  vulgaire  du  Pic-vert,  (v.) 

BACHFORE.  V.  Truite,  (b.) 

BACHI-BACHL  Espèce  de  Muscadier  de  Madagas- 
car, (b.) 

BACILE  ,  Crkhmum.  Plante  vivace  à  feuilles  trois  fois 
ternées,  à  folioles  lancéolées,  linéaires  et  courtes  ,  qui  forme 
un  genre  dans  la  pentandrie  digynie  et  dans  la  famille  des 
Ombellifères. 

Ce  genre  offre  pour  caractères:  des  ombelles  et  des  ombel- 
lules hémisphériques,  à  involucres  polyphylles  ;  un  calice  en- 
tier ;  une  corolle  de  cinq  pétales  entiers,  courbés  au  som- 
met ,  presque  égaux  ;  cinq  et  aminés  ;  un  ovaire  inférieur  sur- 
monté de  deux  styles  ;  un  fruit  comprimé  ,  composé  de  deux 
semences  striées  ,  ovoïdes ,  à  écorce  fongueuse. 

On  cueille  les  feuilles  de  la  bacile  ,  vulgairement  appelée 
perce-pieire ,  ou  passe-pierre  ,  ou  criste-marine  ,  parce  qu'elle 
croît  dans  les  fentes  des  rochers  des  bords  de  la  mer  au  midi 
de  l'Europe  ,  à  mesure  qu'elles  se  développent ,  et  on  les 
met  dans  une  saumure  composée  de  sel ,  de  vinaigre,  et  quel- 
quefois de  piment.  Ainsi  confites  ,  elles  s'envoient  au  loin 
et  servent  à  relever  les  sauces.  Elles  remplissent  le  même  ob- 
jet que  les  Câpres  et  les  Cornichons.  On  les  regarde 
comme  antiscorbutiques.  La  consommation  en  est  considé- 
rable. 

La  bacile  ne  s'élève  qu'à  quelques  pouces ,  et  se  cultive 
difficilement,  (b.) 

BACINET.  V.  Bassinet,  (b.) 

BACKELYS  ou  BAKELEYS.  Race  de  bœufs  à  bosse 
employée  parles  Hottentots,  qui  s'en  servent,  dit-on,  dans 


x^o  BAC 

^  leurs  combats,  et  pour  veiller  à  la  sûreté  de  leurs  besiîaux. 

(desm.) 
BACKER  ou  BÉQUETEUR.  Hirondelle  de  mer  du 
Gothland.  (s.) 

BACKLANI.  Nom  que  le  Cormoran  porte  dans  le  pays 
des  Kirguis.  (v.) 

BACKRA.  C'est  la  Truite,  (b.) 
BACLAN.  ]\om  sibérien  du  Cormoran,  (v.) 
BACONE,  Baconia.  Arbuste  de  Sierra-Le«ne,  qui,  selon 
JJecandolle,  n."  5i  des  Annales  du  Muséum  ,  forme  im  genre 
dans  la  tétrandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des  Rubia- 
cÉES.  Il  présente  pour  caractères  :  un  calice  à  quatre  divisions 
ohtuses  ;  quatre  étamines  à  anthères  linéaires;  un  ovaire  supé- 
rieur à  style  simple  ;  une  baie  sèche  à  deux  loges  dispermes. 

Ce  genre  s'écarte,  en  raison  de  son  germe  supérieur,  de  la 
plupart  de  ceux  de  cette  f;unille  ;  mais  il  ne  peut  en  être 
séparé  au  dire  de  l'auteur  précité,  (b.) 

BAC  OPE  ,  Bacopa.  Plante  de  la  famille  des  portulacées, 
c;ui  forme  un  genre  dont  les  caractères  sont  :  un  calice 
d  une  seule  pièce,  profoiîdément  divisé  en  cinq  parties  iné- 
É^ales  ;  une  corolle  monopétale  régulière  ,  dont  le  tube  est 
<ourt ,  évasé  à  son  orifice,  et  terminé  par  un  limbe  à  cinq 
découpures  ov  aies  ;  cinq  étamines  insérées  presque  sous  le 
limbe  de  la  corolle  ;  un  ovaire  à  demi-supérieur ,  se  termi- 
nant en  un  style  court  ,  dont  le  stigmate  est  arrondi  et  con- 
vexe; une  capsule  membraneuse,  uniloculaire  ,  remplie  de 
5('mences  très-menues. 

Cette  plante  croît  sur  les  bords  des  ruisseaux  de  la  Guyane. 
Ses  tiges  sont  couchées  sur  terre  :  ses  feuilles  opposées,  ses- 
siles  ,  amplexicaules  ,  linéaires  ,  un  peu  épaisses  et  glabres; 
SCS  fleurs  axillaires  ,  solitaires  et  bleues.  On  l'emploie  contre 
les  brûlures  :  de  là  son  nom  vulgaire  A'herbc  aux  brûlures.  (B.) 
BACOVE.  Fruit  d'une  variété  de  Bananier,  (b.) 
BACTRIS,  Baciris.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
palmiers,  dont  le  caractère  est  d'avoir  les  flems  distinctes 
«lans  la  même  spalhe  ,  et  composées  d'un  calice  de  six  fo- 
lioles, de  six  étamines  et  d'un  pistil  supérieur. 

Le  fruit  est  une  noix  à  une  seule  loge  ,  et  percée  de  trois 
trous  au-dessus  de  sa  base. 

Ce  palmier  diffère  fort  peu  du  coco^  avec  lequel  il  est  gé- 
néralement confondu.  Il  vient  des  îles  de  l'Amérique,  (b.) 

BACULITE  ,  Baculites.  Genre  de  coquille  ,  dont  le  ca- 
ractère est  d'être  droite ,  cylindracée  ,  un  peu  conique  ;  d'a- 
voir les  parois  internes  articulées  par  des  sutures  sinueuses  , 
et  les  cloisons  transverses,  traversées  par  un  syphon  latéral, 
lobées  et  découpées  dans  leur  contour. 


B  A  D  i;i 

Ce  genre  a  été  formé  par  Lamarck  sur  une  coquille  fossile, 
trouvée  par  Faujas  auprès  de  Maeslrichl,  qui  a  la  même  or- 
ganisation que  les  cornes  d'Ammon  ,  mais  qui  est  droite.  On 
ne  corinoît  encore  que  cette  espèce,  qu'on  peut  voir  figurée 
dans  l'ouvrage  de  Faujas  sur  les  fossiles  de  la  montagne  de 
Saint-Pierre  de  Maestricht ,  pi.  21  ^fig.  2  et  3,  et  pi.  A.  20  de 
cet  ouvrage.  Lamarck  soupçonne  que  les  pétrifications  ap- 
pelées spondylolites  on  fausses  vertèbres^  n'en  sont  que  les  mou* 
les  intérieurs.    V.  au  mot  Ammonite,  (b.) 

BADA,  BADASou  ABADA.  Suivant  Dapper,  ce  sc- 
roient  les  noms  que  les  Nègres  de  la  côte  d'Angole  donne- 
roient  à  un  quadrupède  du  genre  des  Rhinocéros,  V.  Tar- 
ticle  Abada.  (desm.) 

BADALWANASSA.  Espèce  de  LYCOPODEdeCeylan.(B.) 

BADAMIER ,  Tervnnalia  (^polygamie  monoécie^.  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Eléagîsoïdes  ,  dont  les  carac- 
tères sont  d'avoir  :  un  calice  d'une  seule  pièce,  à  demi-divisé 
en  cinq  parties  ovales  ,  pointues  et  ouvertes  ;  point  de  co- 
rolle ;  dix  étamines  ;  un  ovaire  inférieur  ,  duquel  s'élève  un 
style  ,  souvent  courbe  ,  terminé  par  un  stigmate  simple.  Le 
fruit  est  une  espèce  de  noix  ovale ,  un  peu  comprimée ,  et 
entourée  d'un  feuillet  ou  rebord  mince  qui ,  se  relevant 
d'un  côté  ,  rend  cette  noix  concave.  Elle  contient  un  noyau 
osseux  ,  uniloculaire  et  monospemae.  Ces  caractères  sont 
figurés  pi,  848  des  Illustrations  de  Lamarck, 

Ce  genre  contient  une  douzaine  d'arbres  d'une  très-grande 
utilité  pour  les  habitans  de  l'Inde  ,  où  ils  croissent  naturel- 
lement. 

Le  Badamier  du  Malabar,  Tenninalia  catappa,  Linn., 
dont  les  feuilles  sont  ovales  ,  crénelées  et  velues  en  dessous, 
est  cultivé  dans  les  jardins  de  ce  pays.  Les  amandes  de  son 
fruit  sont  servies  sur  les  meilleures  tables  de  l'Inde  ;  on  les 
mange  crues;  on  en  retire  aiissi,  par  expression,  une  huile 
semblable  à  celle  de  l'olive  ,  et  qui  ne  rancit  jamais. 

Le  Badamier  des  Moluques  ,  Terminalia  Moluccana  , 
Linn.  Ses  amandes  sont  aussi  très-bonnes;  maison  n'en  re- 
tire point  d'huile.  Cette  espèce  est  très-commune  à  Batavia, 
où  on  en  fait  des  plantations  régulières  dans  les  jardins  et 
dans  les  places  publiques  ,  pour  jouir  de  son  ombrage. 
Son  caractère  est  d'avoir  les  feuilles  ovales ,  très-  entières  et 
glabres. 

Le  Badamier  des  îles  de  France  et  de  Bourbon,  ap- 
pelé Faux-Benjoin  ,  Terminalia  mauritiana  ,  Lam, ,  est  em- 
ployé par  l&s  habitans  de  ces  îles  pour  faire  des  pirogues. 
On  le   croit  très-résineux  ;  il  a  des  feuilles  elabres ,  oblcn- 


i^a  B   A  D 

gucs  ,  lancéolées  ,  et  les  étamines  plus  longues  que  le  calice. 

Le  Badamier  au  Benjoiîs,  Tenninalia  bcnzoin^  Llnn.  C'est 
lui  qui  produit  la  véritable  résine  connue  sous  le  nom  de 
benjoin.  On  sait,  dit  Lamarck  ,  que  le  benjoin  est  une  résine 
sèche,  dure,  fragile,  inflammable,  d'une  odeur  suave  et 
pénétrante ,  surtout  lorsqu'on  la  brûle,  et  qui  découle ,  na- 
turellement ou  par  incision,  d'un  arbre  qui  croit  dans  les 
Indes  orientales.  Quand  cet  arbre  a  cinq  ou  six  ans  ,  on  fait 
des  incisions  eri  longueur  et  un  peu  obliquement  à  la  cou- 
ronne du  tronc;  c'est  de  là  que  découle  celte  excellente  ré- 
sine ,  qui  est  d'abord  blanche,  ténue  ,  glutineuse  et  trans- 
parente,  et  qui  se  fige  et  se  durcit  peu  à  peu  à  l'air  ,  et  de- 
vient jaune  et  rougeâtre.  Si  on  la  sépare  dans  le  temps 
convenable  ,  elle  est  belle  et  brillante  ;  mais  si  elle  reste  trop 
long-temps  à  l'arbre  ,  elle  devient  grossière  et  un  peu  brune, 
et  il  s'y  mêle  des  ordures.  On  ne  retire  pas  plus  de  trois 
livres  de  benjoin  du  même  arbre.  Les  habitans  ne  laissent 
pas  croître  ces  arbres  au-delà  de  dix  ans  ;  mais  aussitôt  qu'ils 
ont  enlevé  toute  la  résine  qui  y  étoit  attachée ,  ils  les  arra- 
chent comme  inutiles,  pour  faire  place  à  des  plantations  plus 
jeunes  ;  car  les  jeunçs  arbres  donnent  beaucoup  plus  et  de 
meilleure  résine. 

Le  benjoin  se  sublime  en  fleurs  argentées,  lorsqu'on  le 
tient  sur  le  feu  dans  une  cucurbite  couverte  d'un  cornet  de 
papier  :  les  fleurs  de  benjoin  sont  employées  dans  les  par- 
fums ,  et  en  médecine  pour  les  maladies  du  poumon.  On 
prétend  qu'elles  enlèvent  les  taches  de  rousseur  ;  c'est  pour- 
quoi l'on  forme  une  teinture  de  cette  résine  en  la  faisant  dis- 
soudre dans  de  l'esprit-de-vin  ;  et  queUjues  gouttes  jetées  dans 
de  l'eau  la  rendent  trouble  et  laiteuse;  c'est  ce  qu'on  appelle 
lail  virginal;  on  en  fait  usage  comme  dun  cosmétique.  Encycl. 
rnélhod. 

L'Arbre  du  verms  delà  Chine  ,  appelé  par  les  Chinois 
Tsi-chu,  est,  selon  Lamarck,  une  espèce  de  badamier  {Ter- 
niinalia  vernix ,  Lain.)  ,  qui  a  les  feuilles  lancéolées ,  linéaires 
et  glabres.  Par  les  fentes  naturelles  à  son  écorce,  ou  par  les 
blessures  qu'on  y  fait  ,  il  s'écoule  un  suc  laiteux ,  d'un  blanc 
sale,  épais  et  visqueux,  qui  se  condense  bientôt,  devient  d'un 
jaune  brun  et  se  réduit  enfin  en  une  résine  noire  comme 
de  la  poix,  dure,  luisante,  et  friable  comme  le  mastic 
ou  la  sandaraque.  Lorsque  cette  résine  est  encore  liquide , 
c'est-à-dire  ,  lorsqu'elle  sort  du  tronc  sous  la  forme  d'un  suc 
laiteux,  elle  est  si  caustique,  qu'elle  brûle  et  ulcère  la  peau; 
ses  vapeurs  mêmes  sont  nuisibles.  Aussi  les  hommes  qui  la 
recueillent  ont -ils  des  gants,  des  bottines,  un  plastron  sur 
l'estomac  ,  et  un  masque ,  pour  se  garantir  d'en  être  atteints. 


B  A  D  ,^3 

Malgré  ces  précautions ,  peu  d'entre  eux  sont  exempts  d'ê- 
tre attaqués,  au  moins  une  fois,  de  la  maladie  des  clous  de  ver- 
nis., ou  ipustuXes  sut  là  peau.  Cette  maladie  n'est  pourtant  que 
douloureuse etpointmortelle.  Quand  cette  résine  est  sèche, 
elle  n'a  plus  de  mauvaise  qualité  ;  on  peut  boire  sans  aucun 
danger  dans  les  vases  qui  en  sont  enduits  ou  vernissés.  On  ne 
court  aucun  risque  non  plus  à  manger  les  amandes  que  donne 
le  fruit  de  ce  badamier,  quand  on  leur  a  fait  perdre,  par  Tex- 
siccation ,  le  suc  laiteux  qu'elles  contiennent. 

C'est  avec  ce  vernis  que  se  recouvrent  les  petits  meubles 
qu'on  appellede  la^ue^  etnon  avec  la  véritable  Laque.  Voy.  ce 
mot.  V.  aussi  ceux  Sumac,  Augie  et  Ver>issier.  (b.) 

BADARINGI.  C'est  le  nom  de  la  Meliùse  en  arabe,  (b  ) 

BADASE.  C'est  la  Lavande,  (b.) 

BADASSO.  F.  Plantain  frutescent,  (b.) 

BADE.  Nom  du  Pleuronecte  argus,  (b.) 

BADGER.  Nom  anglais  du  blaireau,  (s.) 

BADHAINIU.  Millet  de  Ceyian.  (b.) 

BADIANE  ^  lUiciuvi.  Genre  de  plantes  de  la  polyandrie 
polygynie  ,  et  de  la  famille  des  lulipifères  ,  dont  les  carac- 
tères sont  d'avoir  :  un  calice  de  six  folioles  ,  dont  trois  infé- 
rieures plus  étroites  et  pétaliformes  ;  dix  à  trente  pétales 
disposés  sur  trois  rangs;  dix  à  trente  étaminesplus  courtes  que 
les  pétales  ,  et  dont  les  filamens  sont  comprimés  ;  dix  à  vingt 
ovaires,  supérieurs ,  pointus ,  redressés  et  ramassés  en  un 
faisceau  conique  ,  laissant  un  vide  dans  leur  milieu  et  se  ter- 
minant, chacun,  par  un  style  très-court,  au  sommet  duquel  est 
un  stigmate  oblong  et  latéral. 

Le  fruit  est  composé  de  plusieurs  capsules  ovales ,  com-< 
primées  ,  bivalves ,  monospermes ,  et  disposées  en  une  étoile 
orbiculaire.  Les  graines  sont  lenticulaires  ,  luisantes  ,  et  su- 
jettes à  avorter.  V.  pi.  A.  19,  où  il  est  figuré. 

Ce  genre  comprend  trois  arbustes  ,  dont  le  port  ressemble 
à  celui  du  laurier,  et  qui  sont  aromatiques  dans  toutes  leurs 
parties  ,  mais  surtout  dans  leurs  capsules. 

La  première  espèce  et  la  plus  connue,  est  la  Badiane  de 
LA  Cbihîe ,  Illicium anisa/um.,  Linn. ,  dont  les  capsules  sont  ap- 
pelées anîs  éLoilé  de  la  Chine.  Ses  caractères  sont  d'avoir  la 
fleur  jaunâtre  et  les  pétales  intérieurs  linéaires.  Elle  croit 
naturellement  à  la  Chine.  Les  Chinois  font  un  grand  usage 
de  ses  capsules  ,  qu'ils  mâchent  après  les  repas  pour  faciliter 
la  digestion  et  se  parfumer  la  bouche  ;  ils  les  regardent  comme 
un  puissant  dluiétique.  Ils  les  mêlent  avec  le  thé  ,  le  café  et 
autres  boissons ,  pour  les  rendre  plus  agréables.  On  en  fait , 
en  Europe ,  d'excellentes  liqueurs  ,  dont  une  est  fameuse  , 
sous  le  nom  à'anisMe  de  Hollande,  de  ratafiat  ds  Boulogne. 


îU  B  A  D 

Le  bois  de  l'arbre  a  aussi  une  odeur  d'anis  ,  ce  qui  lui  a 
tait  donner  le  nom  de  bois  d'anis.  On  l'emploie  à  des  petits 
meubles  de  tour  et  de  marqueterie.  Les  feuilles  et  Técorce 
ont  également  cette  odeur,  et  on  peut  les  employer  à  défaut 
des  capsules. 

La  seconde  espèce  est  la  Badiatse  de  la  Floride.  Ses 
caractères  sont  d'avoir  la  corolle  rouge  et  les  pétales  inté- 
rieurs lancéolés.  Klle  a  la  même  odeur  que  la  précédente. 

La  troisième  ,  est  la  Badiaise  À  petites  fleurs  ,  trouvée 
par  A.  Michaux  dans  la  Floride.  Celle-ci  diffère  beaucoup 
des  autres  par  ses  fleurs  ,  dont  les  pétales  sont  peu  nom- 
breux ,  ovales  et  recourbés  en  dedans. 

J'ai  cultivé  un  grand  nombre  de  pieds  de  cette  dernière  , 
dans  le  jardin  de  France  en  Caroline  ,  où  elle  s'élève  à  deux 
ou  trois  toises  ,  et  forme  des  touffes  du  plus  bel  aspect  et  de 
l'odeur  la  plus  suave  pendant  la  chaleur.  Les  parties  de  sa 
fructification  varient  en  nombre  sur  le  même  pied  comme 
dans  les  autres  espèces.  Elle  fleurit  pendant  cinq  à  six  mois 
de  l'année  ,  et  fournit  une  immense  quantité  de  capsules 
aussi  grandes  que  celles  de  l'anis  étoile  de  la  Chine  ,  mais 
peut-être  un  peu  moins  odorantes.  On  pourroit  très-cer- 
tainement la  cultiver  dans  les  parties  méridionales  de  la 
France  ,  l'y  rendre  un  objet  de  commerce  ,  soit  pour  les  li- 
quoristes,  soit  pour  les  parfumeurs.  Elle  vienttrès-rapidemcnt 
ettrès-aisémeni,  soit  de  semences,  soit  de  marcottes.  Elle  a 
été  figurée  par  \entenat  dans  son  superbe  ouvrage  intitulé  , 
Description  des  plantes  du  jardin  de  Ce/s,  pi.  22.  On  en  cul- 
tive dans  presque  toutes  les  pépinières  des  environs  de  Paris, 
quelques  pieds  qui  fournissent  chaque  annéedesmarcottes.  (b.) 

BADINAGE.  Nom  d'une  chasse  qu'on  fait  aux  Canards. 

BADINDJAN.  Nom  arabe  de  la  MéloîsXÈne  et  de  la 
Pomme-d' Amour,  (b.) 

BADISÏE ,  Badister.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
coléoptères,  famille  des  carnassiers  ,  tribu  des  carabiques  , 
qui  a  été  détaché  ,  par  M.  Clairville  ,  de  celui  de  Urine.  Dans 
ce  dernier  genre  ,  les  quatre  palpes  extérieurs  sont  terminés 
par  un  article  plus  grand  ,  presque  en  forme  de  hache  ;  les 
palpes  maxillaires  des  badistes  sont  filiformes  ;  le  dernier 
article  des  labiaux  est  plus  gros,  en  ovoïde  court. 

Badiste  BIPUSTULÉ,  Carabus  bipusiulatus .,  Fab.  ;  Clair, 
entom.  heh. ,  tom.  2  ,  p.  92  ,  tab.  i3.  A.  B.  Petit ,  noir,  avec 
la  base  des  antennes  ,  les  pieds  ,  le  corselet  et  les  élytres 
rouges  ;  une  tache  noire  en  fer  à  cheval  commune  aux  deux 
élytres  ,  et  située  vers  leur  extrémité  ;  assez  commun  sous 
les  pierres  ,  aux  environs  dç  Paris. 


B    A    G  j/r 

On  rapportera  au  même  genre  le  carahis  pellatus  d'illlger, 
figuré  par  Panzer,  Faiin.  insect'.  gei-m.  pap.  87  ,  //,^^  20  (l.) 

BADJARKITA.  AuEengale,  on  donne  ce  nom,  qui  s\- 
^mûc  reptile  de  pierre  ^  aux  fourmilliers  écailleux  du^ genre  des 
Pangolins,  (desm.) 

BADOK-jBANKON.  V.  Ballote  dist'ique.  (b.) 

BADULAIN.  C'est  I'Ardisie  naine,  (b.) 

BiSiiKEB-KjffiPvAES.  Nom  que  le  voyageur  le  Bruyn 
donne  à  des  oiseaux  qui  ressemblent  à  la  perdrix  grise  ,  mais 
d'une  taille  plus  grande  ;  ils  volent  de  compagnie  et  se 
tiennent  dans  les  terres  labourées  ;  ils  ont  le  ventre  et  les 
ailes  blanchâtres,  (v.) 

BAEB.  Nom  allemand  de  l'OuRS,  (desm.) 

BAENAK.  Espèce  de  Bodian.  (b.) 

BAETOEN.  Vipère  d'Arabie  ,  imparfaitement  connue. 

BAEVILLA.  Guimauve  de  Ceylan.  (b.) 

BAF.  On  a  donné  le  nom  de  jumars  aux  produits  de  l'ac- 
couplement de  l'espèce  du  bœuf  avec  celle  du  cheval  ;  mais 
l'existence  de  ces  produits  n'est  nullement  constatée. 

Les  jumars,  que  l'on  suppose  provenir  de  l'union  du  tau- 
reau et  de  la  jument ,  sont  particulièrement  désignés  par  le 
nom  de  bafs.  On  appelle  blfs  ceux  qu'on  dit  résulter  du  che- 
val et  de  la  vache.  V.  Jumars.  (desm.) 

BAGABATE.  Nom  de  pays  du  BLA'fri.  (b.) 

BAGADAI.  Sorte  de  Pigeon  mondain,  (s.) 

BAGADAIS ,  Prlonops.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux 
Sylvains  et  de  la  famille  des  Collurions.  V.  ces  mots. 
Caractères  :  bec  à  base  large ,  aplatie  en  dessous  et  gar- 
nie en  dessus  de  plumes  dirigées  en  avant ,  tendu  ,  très- 
comprimé  par  les  côtés  ;  mandibule  supérieure  échancrée 
et  crochue  vers  le  bout;  l'inférieure  retroussée  et  amincie 
à  la  pointe  ;  narines  oblongues  ,  couvertes  par  les  plumes  ; 
paupières  bordées  de  plumes ,  disposées  en  forme  de  den- 
telure; ailes  à  penne  bâtarde  courte;  la  deuxième  rémige 
la  plus  longue  de  toutes  ;  trois  doigts  devant,  un  derrière. 

Ce  genre  n'est  composé  que  d'une  seule  espèce,  dont  on 
ne^  connoît  guère  que  la  dépouille  ;  on  sait  seulement 
qu'elle  habite  le  Sénégal ,  qu'elle  mange  des  vers  et  des 
insectes,  et  l'on  soupçonne  qu'elle  les  cherche  dans  les  terres 
humides. 

Le  Bagadais-Geoffroy,  Prlonops  Geofroil,  pi.  80  des 
oiseaux  d'Afrique  de  Levaillant.  A  les  plumes  du  capis- 
trum  ,  la  huppe  et  les  joues  d'un  blanc  pur;  la  tête  et  les 
plumes  des  oreilles  d'un  noir  qui  approche  de  la  couleur 
gns  de  fer;  le  dessus  et  le  devant  du  cou,  la  gorge',  la  poi- 

ill.  it, 


UG  B  A  G 

trine  el  les  parties  poslérîeuresj  d'un  blanc  de  neige;  le  man- 
teau ,  les  scapulaireset  les  ailes  d'un  noir  à  rcHels  bleuâtres, 
sous  un  certain  aspect  ;  le  bord  des  grandes  couvertu- 
res alaires ,  des  plus  longues  scapulaires  el  des  dernières 
pennes  secondaires,  blanc  ;  les  deux  pennes  les  plus  exté- 
rieures de  la  queue,  de  cette  couleur;  les  autres  ont,  en  outre, 
plus  ou  moins  de  noir  ;  les  paupières,  les  pieds  et  les  ongles 
eont  jaunes  ;  le  bec  est  noir  :  taille  de  la  grive. 

M.  Levaillant  est  le  premier  qui  ait  décrit  cet  oiseau , 
auquel  il  a  donné  le  nom  de  M.  Geoffroi  de  Villeneuve  qui 
l'a  rapporté  du  Sénégal,  (v.) 

BA(iASSEouBA(iAU.  Nom  donné,  à  Saint-Domingue, 
aux  restes  des  cannes  à  sucre  qui  ont  passé  au  moulin ,  et  dont 
on  se  sert  pour  brûler  après  les  avoir  sécliées  au  soleil.  On 
en  nourrit  aussi  les  bestiaux.  V.  au  mot  Sucre. 

Les  restes  de  la  fermentation  de  Vludigo  portent  aussi  le 
nom  de  bagasse  à  l'île  de  France,  (b.) 

BAGASSIER,  Bagassa.  Très-grand  arbre  dont  on  fait 
des  pirogues  dans  TAmérique  méridionale  ;  ses  feuilles  sont 
opposées  ,  pétiolécs  ,  à  demi-divisées  en  trois  lobes  pointus  ; 
ses  fruits ,  que  l'on  mange  ,  ont  la  forme  et  la  grosseur 
d'une  orange  moyenne ,  et  ils  renferment  un  grand  nombre 
de  semences.  Cet  arbre  laisse  couler,  lorsqu'on  l'entame  , 
un  suc  laiteux  et  très-aqueux,  (b.) 

BAGATBAT.  Synonyme  de  Pagapate.  (b.) 

BAGLAFECHT.  V.  Gros-bec  baglafecht.  (v.) 

BxVGNAUDlER  ,  Colutea.  Genre  de  plantes  de  la  diadel- 
phie  décandrie  ,  et  de  la  famille  des  légumineuses  ,  qui  a 
pour  caractères: un  calice  campanule  à  cinq  divisions  et  per- 
sistant ;  une  corolle  papilionacée  ,  composée  d'un  étendard 
relevé ,  de  deux  ailes  lancéolées  et  d'une  carène  redressée  en 
devant  ;  dix  étamines  ,  dont  neuf  sont  réunies  à  leur  base  ;  un 
ovaire  supérieur  ,  oblong  ,  comprimé  ,  surmonté  d'un  style 
qui  est  terminé  par  un  stigmate  en  crochet ,  et  velu  en  des- 
sous ;  une  gousse  membraneuse  ,  demi-transparente  ,  com- 
iimnément  enfice  ,  uniloculaire  ,  et  contenant  de  petites  se- 
mences réniformes. 

Les  hagnaiidicrs  sontextrêmement  voisins  des  Astragales  ; 
et  encore  plus  des  Pkaca  de  Linnœus.  Les  genres  Suther- 
LANI>E  e!  LtSîiERTiE  Ont  été  établis  à  leurs  dépens;  on  en 
compte  uns,'  vingtaine  d'espèces,  dont  font  partie  les  quatre 
suivantes. 

Le  ii.^VvNAuniER  ARBORESCENT,  ainsi  que  ceux  du  Levant  et 
^'ÂLEP  sont  des  arbrisseaux  fort  durs,  qui  profitent  très- 
bien  en  plein  air  ;  on  les  élève  communément  dans  les  pépi- 
nières pour  les  vendre.  Le  premier  ,   qui  a  une  variété  à 


B  A  G  i47 

gousses  purpurines,  fleurit  souvent  deux  fois  par  an,  au 
printemps  et  au  mois  d'août  ;  les  deux  autres  donnent  des 
îleurs  ,  sans  interruption  ,  pendant  une  partie  de  l'été  ;  ainsi 
tous  les  trois  sont  propres  à  orner  les  bosquets.  Toute  sorte 
de  terre  leur  convient;  on  peut  les  multiplier  avec  profit  pour 
leurs  bois,  leur  repousse  étant  rapide ,  et  pour  leurs  feuilles 
ainsi  que  pour  leurs  fruits,  que  les  brebis  aiment  beaucoup. 

Le  nom  àefmix  séné ,  qu'ils  portent ,  est  fondé  sur  ce  que 
leurs  feuilles  et  leurs  gousses  sont  purgatives. 

Le  Baginaudier  d' Ethiopie  ,  Colutea  fnUescens  ,  Linn,  , 
est  plus  délicat  -,  il  craint  le  grand  froid.  Cependant  on  peut, 
dans  les  hivers  doux  ,  le  laisser  dehors,  pourvu  qu'il  soit  plan- 
té dans  une  terre  sèche  ,  et  aune  exposition  chaude.  Il  en  sera 
plus  vigoureux  au  printemps  ,  et  fleurira  mieux,  (d.) 

BAGRE ,  Bagrus.  Espèce  du  genre  Silure  ,  que  Cuvier 
regarde  comme  devant  former  un  sous-genre  ,  à  raison  de  ce 
qu'elle  a  deux  rangées  de  dents  à  la  mâchoire  supérieure, 
une  intermaxillaire  et  une  vomérienne  ;  son  crâne  est  aussi 
plus  lisse ,  et  sa  plaque  de  la  nuque  plus  petite,  (b.) 

BAGUARL  Nom  que  porte,  au  Paraguay,  la  Cigogîsîe 
MAGUAKi.  V.  l'article  des  Cigogne,  (v.) 

BAGUE  ou  BOGUE.  Nom  d'un  Spare.  (b.) 

BAGUE.  Nom  que  les  jardiniers  donnent  aux  œufs  du 
BoMBiCE  LIVRÉE,  qui  entourent  les  branches  des  arbres  frui- 
tiers, (b.) 

BAGUENAUDIER.  V.  Bagnaudier.  (s.) 

BAGUETTE  DIVINATOIRE.  C'est  une  petite  ba- 
guette de  coudrier  ou  de  tout  autre  bois  flexible,  un  peu  cour- 
be ,  et  qui ,  étant  posée  par  ses  deux  bouts  sur  les  index  de 
certains  individus  ,  est  supposée  se  mettre  en  mouvement  et 
tourner  rapidement  sur  elle-même ,  lorsqu'ils  se  trouvent  dans 
le  voisinage  d'une  source,  ou,  en  général,  d'une  eau  courante, 
ou  même  des  métaux  enfouis,  dont  les  impressions,  disent-ils, 
leur  causenfcune  agitation  involontaire. 

Comme  toutes  les  choses  que  l'on  veut  rendre  merveil- 
leuses le  deviennent  davantage  étant  habillées  d'un  nom 
scientifique  ,  on  a  donné  à  ces  indi/idus  privilégiés  le  nom  de 
Rabdomanlhes ,  et  on  a  appelé  leur  faculté  la  rabdomaucie , 
mot  grec,  qui  signifie  dhinaiion  par  la  baguette. 

Si  nous  considérons  cette  assertion  en  elle-même  ,  nous 
n'y  trouverons  rien  qui  soit  mathématiquement  impossible  , 
puisque  nous  sommes  très-éloignés  de  connoître  tous  les 
modes  d'action  qui  peuvent  exister  dans  la  nature  :  ainsi ,  il  se 
pourroit  que  ,  dans  certains  individus  ,  le  système  nerveux 
fût  susceptible  d'être  influencé  sensiblement  par  des  causes 
qui  n'agiroient  pas  sur  d'autres  persoD'^-es  ;  et  la  présence 


,48  B  A  G 

même  inconnue  d'un  courant  d'eau  ou  d'un  métal,  pourrojt 
avoir  de  pareils  effets.  Mais  la  même  philosophie  qui  nous  dé- 
fend de  rejeter// ^nor/ de  semblables  annonces,  exige  que  nous 
ne  les  adoptions  pas  non  plus  sans  un  mûr  examen  ,  et  sans  les 
avoir  vérifiées  par  des  expériences  méthodiques  et  rigoureuses. 
Or  ,  ici  le  mode  d'expérience  est  bien  simple  :  c'est  de  choi- 
sir un  individu  doué  de  la  propriété  supposée  au  plus  haut  de- 
gré possible  ;   de  le  mettre  à  la  campagne  ,  près  d'un  bassin 
dont  les  conduits  communiquent  à  quelque  réservoir  distanl 
et  caché,  où  l'on  puisse,  à  volonté,  déterminer  l'écoule- 
ment de  ses  eaux,  en  tournant  un  robinet.  Placez  là  un  ob- 
servateur sûr,  muni  d'une  bonne  montre,  lequel,  de  temps 
en  temps,  à  des  époques  arbitraires,  ouvrira  le  robinet, 
ou  le  fermera,  en  tenant  note  de  l'heure  sur  un  registre.  Puis, 
près  du  bassin ,  placez  le  rabdomanthe  ,  et ,  à  côté  de  lui , 
«m  autre  observateur,  pareillement  sûr,  muni  aussi  d'um.' 
montre  également  bonne  ,  et  chargez-le  d'écrire  fidèlemeitl 
ce  que  le  rabdomanthe  lui  indiquera  ,  c'est-à-dire ,  s'il  n'é- 
prouve pas  d'impression  ou  s'il  en  éprouve  ,  et  à  quelle  heurt'. 
Après  que  cette  double  épreuve  aura  été  continuée  pendant 
un  certain  temps  ,  par  exemple  pendant  une  demi-journée  , 
rapprochez  vos  deux  registres  ,  confrontez  les  indications  du 
rabdomanthe  avec  les  époques  connues  où  l'eau  a  été  mise  en 
mouvement ,  et ,  par  leur  opposition  ou  leur  accord  ,   vous 
pourrez  apprécier   la  justesse  de  la  faculté  qu'il  dit  avoir. 
Même  ,  pour  que  cette  faculté  soit  réelle  ,  il  n'est  pas  néces- 
saire qu'elle  ne  le  trompe  jamais  ;  car  il  seroit  possible  ,  par 
exemple  ,  qu'elle  consistât  dans  une  impression  assez  foible 
pour  que  le  rabdomanthe  pût  quelquefois  la  laisser  échapper 
sans  y  faire  attention  ;  mais  ,   pourvu  que  cette  impression 
existe  ,  si  l'on  a  multiplié  les  épreuves  ,  le  rabdomanthe  de- 
vra avoir  plus  souvent  rencontré  juste  que  s'être  mépris  ,  et , 
d'après  le  nombre  de  ses  accords  et  de  ses  discordances  , 
comparés  au  nombre  total  des  coups  ,  vous  pouqrez  ,  par  le 
calcul  des  probabilités  ,    apprécier  la  vraisemblance  de  la  fa- 
culté r;»bdomanthique.  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  soumis  aucun 
rabdomanthe  aux  épreuves  rigoureuses  dont  je  viens  de  parler, 
et  j'avoue  franchement  qu'à  juger  par  ceux  qu'on  a  déjà  ob- 
servés ,  je   doute  qu'aucun  d'eux  voulût  s'y  soumettre.  Ceux 
dont  on  a  raconté  le  plus  de  merveilles  ,  ont  toujours  fini 
par  être  convaincus  de  charlatanerie  et  d'imposture  ,   lors- 
qu'ils ont  été  étudiés  par  des  physiciens  véritablement  ins- 
truits. Le  fameux  Bleton  ,  qui  a  eu  à  Paris  tant  de  célébrité  , 
et  qui  a  coûté  tant  d'argent  à  ceux  qui  ont  voulu  le  croire  , 
mentoît  tvidemmenl  et  sciemment,  comme  le  célèbre  physicien 
M.  Charles  s'en  est  assuré  par  des  épreuves  non  douteuses. 


BAI  1^9 

Un  autre  rabdomanlhe ,  nommé  Pcnnet ,  dont  on  a  aussi 
beaucoup  vanté  les  prédictions  presque  miraculeuses  ,  a  été 
surpris,  à  Florence,  escaladant  une  enceinte  où  Ton  avoit 
déposé  diverses  pièces  métalliques  pour  l'éprouver  le  lende- 
main :  car  la  faculté  des  rabdomanthes  s'étend  aussi  à  décou- 
vrir les  trésors  cachés,  et  celui-ci  se  croyoit  probablement  plus 
sûr  de  son  fait,  s'il  commençoit  par  s'aider  d'abord  des  indi- 
cations ordinaires  de  la  vue  et  du  tact.  Un  autre  rabdomanthe, 
plus  ancien,  nommé  Jacques  Aymar,  qui  fît  aussi  beaucoup 
de  bruit  dans  le  monde  du  temps  de  Leibnitz ,  finit  par  avouer 
lui-même  sa  friponnerie  quand  il  se  vit  pressé  d'une  manière 
un  peu  vive  par  des  hommes  éclairés.  Leibnitz  ,  que  l'on  peut 
assurément  mettre  de  ce  nombre,  raconte  cette  aventure  dans 
une  de  ses  lettres,}d 'après  des  renseignemens  indubitables.  En- 
fin ,  le  mouvement  même  de  rotation  que  prend  la  baguette 
posée  entre  les  mains  des  rabdomanthes  ,  est  encore  un  effet 
très-naturel  et  très-simple  desa  courbure  etd'un  petit  trémous- 
sement qu'ils  donnent  à  leurs  bras;  tout  le  monde  peut  aisé- 
ment y  réussir  avec  un  peu  de  pratique,  et  M.  Charles  étoit 
même  parvenu  à  construire  un  automate  qui  faisoit  tourner  la 
baguette  aussi  bien  que  Bleton  lui-même,  au  grand  scandale 
de  ses  admirateurs.  11  faut  avouer  que  toutes  ces  épreuves  ne 
sont  guère  favorables  aux  rabdomanthes  ,  et  qu'elles  peuvent 
bien  inspirer  quelque  doute  aux  personnes  qui  seroient  tentées 
d'entreprendre  desfouillesdispendieuses  sur  leurs  prédictions. 
J'engage  ces  personnes  à  essayer  auparavant  sur  leur  rab- 
domanthe  l'épreuve  que  j'ai  plus  haut  proposée  ,  si  toute- 
fois il  consent  à  la  subir,  (biot.) 

BAGUETTE  D'OR.  Une  variété  du  Violier  jaune 
porte  ce  nom.  (b.) 

BAHACOCEA.  Variété  d'ABRicoTiER.  (b.) 
BAHASE.  Nom  turc  de  la  petite  Mouette  cendrée,  (v.) 
BAHEL-SCHULLI.   C'est  la  Bârrelière  à  longues 

FEUILLES,  (b.) 

BAHEL-TSJULLI.  C'est  I'Achimène  sésamoïde.  (b.) 
BAHO.  Variété  du  Manguier,  (b.) 
BAHOBAB.  V.  Baobab,  (b.) 

BAI.  Couleur  d'un  rouge  brun,  de  la  robe  du /://«'«/.  (s.) 
BAIAPUA.  Il  paroît  que  c'est  la  couleuvre  Boïga.  (b.) 
BAIBAI.  Nom  caraïbe  de  la  Malpigiiie  en  épis,  (b.) 
BAIE ,  Bacca.  On  appelle  ainsi  tout  fruit  succulent  et  mou, 
qui  contient  une  ou  plusieurs  semences  éparses  dans  sa  pulpe. 
Ainsi,  Xa  framboise^  les  fruits  du  solaniim,  ceux  du  laurier,  du 
genévrier  sont  des  baies.  La  fraise  est  aussi  une  baie,  mais  d'une 
espèce  particulière  ;  car  elle  a  ses  graines  placées  à  sa  surface. 
Lorsque  les  baies  sont  petites  et  réunies  en  grappes  ou  de 


i5o  BAI 

toute  autre  manière'^  sur  un  réceptacle  ou  pédicule  commun» 
on  leur  donne  alors  le  nom  de  graim;  par  exemple,  on  dit  des 
grains  de  groseille,  un  grain  de  raisin,  etc.  Les  plantes  qui  por- 
tent des  baies  sont  appelées  AûcrZ/^res.  Quelquefois  on  considère 
le  nombre  des  semences  renfermées  dans  une  èû/V;  alors,  on 
appelle  haie  vionosperme^  celle  qui  n'en  a  qu'une;  disppwie^  tri- 
sperme,  celle  qui  en  a  deux  ou  trois;  polysperme ,  celle  qui  en 
contient  un  nombre  indéterminé.  Voyez  le  mot  Fruit,  (d.) 
BAIE  À  ONDES.  C'est  ,  selon  Tussac  ,  une  Acacie  à 

FLEURS  EN  CHATONS  PENDANS.  (B.) 

BAIGNOIRE.  Nom  vulgaire  du  Rocher  lotoire  ,  ser- 
vant aujourd'liui  de  type  au  genre  Lotoire.  (b.) 

BAlIvAL.  Pallas  a  ainsi  nommé  un  poisson  qui  vit  dans 
le  lac  Baïkal ,  et  qu'il  a  rapporté  aux  Callionymes  de  Lin- 
nœus.  Lacépède  en  a  fait  un  genre  particulier  ,  auquel  il  a 
donné  le  no.  i  de  Coméphore.  V.  ce  mot.  (b.) 

BAÏKALITE.  Le  minéral  désigné  en  Russie  sous  ce  nom, 
appartient  à  l'espèce  dupyroxène  et  non  pas  à  celle  de  l'am- 
phibole ,  comme  on  le  croyoit  en  France  ,  où  il  n'est  connu, 
il  est  vrai ,  que  depuis  peu  de  temps  ;  celte  erreur  étoit  d'au- 
tant plus  facile  à  commettre  ,  que  l'on  trouve  également,  sur 
les  bords  du  lac  Baïkal ,  l'amphibole  blanc  ,  ditgiammatile  , 
auquel  on  l'avoit  rapporté  d'abord. 

M.  ïlaay  s'est  assuré  que  ce  minéral  a  tous  les  caractères 
du  pyroxène  ;  il  lui  en  a  offert ,  en  outre  ,  une  nouvelle  va- 
riété de  forme  déterminable.    V.  PyroxÈne. 

M.  Lowitz  en  ayant  fait  l'analyse  ,  y  a  trouvé  : 

Magnésie 3o 

Silice. 4^4 

Chaux 20 

Oxyde  de  fer 6 

100 

La  riche  collection  de  minéraux  de  l'Ecole  royale  des 
Mines  ,  possède  un  très-beau  morceau  de  cette  variété  ,  jus- 
qu'ici assez  rare.  (LUC.) 

BAILLARD  ou  BAILLyVRGE.  Variété  d'ORGE.  (b.) 
BvVILLERE,  Trixis.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie 
polygamie  nécessaire,  dontles  caractères  sont  d'avoir:  un  calice 
commun  presque  simple  ,  formé  de  quatre  à  cinq  écailles 
arrondies  ,  pointues  ,  un  peu  velues  et  persistantes;  sept  fleu- 
rons mâles  ou  hermaphrodites ,  placés  au  centre  ,  et  un  pa- 
reil nombre  de  fleurons  femelles  ,  situés  .1  la  circonférence 
d'un  réceptacle  commun  ,  charge  de  paillettes  arrondies  et 
charnues.  Ces  fleurons  sont  réguliers,  et  ont  leur  limbe  par- 
tagé en  cinq  découpures. 


B  A  J  ,5i 

Le  fruit  consiste  en  plusieurs  semences  solitaires ,  aplaties 
d'un  côté ,  et  garnies  d'un  rebord  membraneux  qui  se  ter- 
mine par  deux  petites  pointes. 

Ce  genre  est  composé  de  cinq  à  six  espèces,  toutes  her- 
bacées et  vivaces ,  ayant  les  feuilles  opposées ,  et  les  fleurs 
disposées  en  panicule  au  sommet  des  branches.  Une  de  ces 
espèces  ,  la  Baillère  franche  ,  sert  à  enivrer  le  poisson  des 
rivières  ,  de  manière  qu'on  peut  le  prendre  ensuite  très-aisé- 
ment. On  appelle  lesiÎAiLLÈRES,  conania.  Cayenne. 

Swarlz  a  augmenté  ce  genre  de  deux  nouvelles  espèces , 
qu'il  a  trouvées  à  la  Jamaïque,  (b.) 

BAILLET.  On  appelle  ainsi  le  poil  du  chemi ,  quand  il 
est  d'un  brun  roussâlre  ,  ou  plutôt  d'un  roux  tirant  sur  le 
blanc.  (DE.SM.) 

BAILLON.  Espèce  de  C^siomore.  (b.) 

BAIO,  BAHOO.Nomsmalabaresde  la  Casse  des  bou- 
tiques, (b.) 

BAI-SONGE  ou  BAD-ZENGE.  F.  Puceron,  (l.) 
iBx\ITARIE  ,  Baitarla.  Plante  herbacée  du  Pérou,  qui 
forme  un  genre  dans  la  dodécandrie  monogynie.  Ses  carac- 
tères consistent:  en  un  calice  persistant  à  quatre  folioles,  dont 
deux  inférieures  subulées  ,  et  deux  supérieures  lancéolées  , 
bien  plus  larges  ;  une  corolle  tubuleuse  ,  à  limbe  divisé  en 
cinq  parties  lancéolées  ;  dix-huit  étamines  alternativement 
grandes  et  petites  ,  et  insérées  à  la  base  du  tube  *,  un  ovaire 
supérieur,  à  style  subulé  et  à  stigmate  trifide  ;  une  capsule 
ovale,  aigiie  ,  triangulaire,  trivalve  ,  triloculaire  ,  et  conte- 
nant plusieurs  semences  lenticulaires  attachées  h  des  récep- 
tacles adnés  aux  valves,  (b.) 

BAITRE  ou  BERTHE.  C'est  le  Grèbe,  dans  le  dépar- 
tement de  l'Ain,  (v.) 

Celte  plante  a  les  plus  grands  rapports  avec  les  Liserons, 
mais  ses  vrilles  font  supposer  qu'elle  doit  être  d'un  genre  dif- 
férent, (b.)       • 

BAJAD.  Poisson  du  genre  Silure  ,  ou  mieux  de  celui 

PlMELODE.  (b.) 

BAJANG.  Nom  d'une  espèce  de  Bessy.  (b.) 
BAJASAJO.  Plante  de  l'Inde,  figurée  par  Rheedeàlapl,  27 
duhuitième  volume  de  son  Horius  malaban'cus.  C'estuneherbc 
vivace  dont  les  tiges  sont  grimpantes  et  les  feuilles  alternes  , 
à  cinq  lobes,  accompagnées  de  vrilles.  Les  fleurs  sont  axil- 
laircs  ,  ont  un  calice  monophylle  ,  une  corolle  monopétale , 
campanulée  ,  crénelée  en  son  bord  ,  et  un  ovaire  supérieur 
terminé  par  un  style  bifide.  Le  fruit  est  une  capsule  à  quatre 
angles  ,  divisée  en  quatre  loges  dispermes. 


i52  BAL 

BAJET.  Nom  donné  par  Adanson  à  la  Plicatule,  (b.) 

BAK  ou  BAK-CUDZOZIEMSKI.  Nom  polonais  du 
Pélican.  Les  Polonais  donnent  encore  le  nom  de  bak  ou  de 
bunk  au  Butor,  (s.) 

BAKELEYS  ou  BAKKELEYERS.  Voyez  Backelys. 

(desm.) 

BAKKA.  C'est  une  variété  du  chanvre  que  l'on  cultive 
dans  l'Inde  ,  principalement  pour  en  fumer  les  feuilles  et  en 
manger  les  graines,  (s.) 

BAKKAMUNA.  Nom  chingalais  d'un  Chat-huant  figu- 
ré pi.  3  ,    dans  la  Zoologie  Indienne  de  Rheinhold  Forster. 

BAKRANG.  Lianne  inconnue  ,  de  Madagascar,  (b.) 

BALADOR.  Nom  arabe  de  I'Anacarde.  (te.) 

BALAKZEL.  Nom  turc  du  Héron,  (s.) 

BALAI  (  Terme  de  fauconnerie^.  C'est  la  queue  à^nn  oi- 
seau de  proie,  (desjm.) 

BALAI  DOUX.   C'est  la  Scopaire.  (b.) 

BALAIS -RUBIS.  On  croit  que  ce  nom  est  emprunté 
de  celui  de  Balassia  ,  ville  de  l'Inde  ,  d'où  l'on  rapporte  cette 
variété  de  Spinelle.    V.  Spinelle.  (luc.) 

BALA.M  PULLI,  On  appelle  ainsi  le  Tamarin,  sur  la 
côte  de  Malabar,  (b.) 

BALANABONE.    Nom  caraïbe  de  la  Sensitive.   (b.) 

BALANCE  FISH.  Nom  Anglais  du  Squale  marteau. 

(B.) 

BALANCIERS,  Haltcres.  Nom  donné  à  deux  petits  filets 
mobiles  ,  très-minces  ,  plus  ou  moins  longs  ,  terminés  par 
une  espèce  de  bouton  arrondi ,  ovale  ,  tronqué  ,  souvent 
eomprluié  ,  et  placé  sous  l'origine  des  ailes  de  tous  les  insoctes 
diplfres  ,  un  de  chaque  côté. 

Les  balanciers  sont  placés  ,  dans  quelques  genres  ,  au- 
dessous  des  ailerons ,  espèces  de  petites  écailles  en  forme 
de  coquille  ,  qu'on  voit  au-dessous  de  l'origine  des  ailes  ; 
mais  les  ailerons  manquent  à  plusieurs  genres  ,  et  alors  les 
balanciers  se  trouvent  à  nu. 

Le  véritable  usage  des  balanciers  n'est  pas  encore  assez 
connu.  Quelques  naturalistes  ont  cru  qu'il  servoit  de  contre- 
poids à  l'insecte  lorsqu'il  voloit,  à  peu  près  comme  les  bâtons 
armés  de  poids  par  les  deux  bouJs  ,  servent  de  contre-poids 
aux  danseurs  de  corde  ,  pour  se  soutenir  et  garder  l'équi- 
libre. Mais  leur  petitesse  ne  permet  pas  de  s'arrêter  à  celte 
opinion.  D'autres  ,  comparant  l'aileron  à  une  espèce  de  tam- 
bour ,  et  le  balancier  à  une  sorte  de  baguette  ,  ont  cru  qu'ils 
servoient  à  produire  le  bourdonnement  que  la  plupart  des 
iuseclcs  font  entendre  en  volant  ;  mais  ii  est  facile  de  se  cun- 


BAL  i53 

vaincre  du  contraire.  La  plupart  des  insectes  qui  n'ont  ni  ba- 
lanciers ni  ailerons ,  tels  que  les  abeilles  ,  les  guêpes ,  et 
ceux  qui  ont  des  lalancîers  sans  ailerons  ,  tels  que  les  asiles  , 
les  lomhilles  ,  bourdonnent  et  font  entendre  un  bruit  plus 
fort  que  la  plupart  de  ceux  qui  ont  ces  deux  parties.  Quel- 
ques mouches  pourvues  de  balanciers  et  d'ailerons  ,  ne  bour- 
donnent que  très-peu  ,  et  quelques-unes  même  ne  bour- 
donnent pas  du  tout.  Enfin ,  si  on  coupe  les  balanciers  aux 
diptères  ,  on  les  entendra  bourdonner  comme  auparavant  ; 
le  son  qu'ils  feront  entendre  ,  sera  exactement  le  même. 
On  peut  donc  regarder  le  balancier  comme  concourant 
avec  les  ailerons  à  faciliter  le  vol  de  ces  insectes  ,  et  avec 
d'autant  plus  de  fondement ,  que  ceux  qui  manquent  d'ai- 
lerons ont  leurs  bahaiciers  beaucoup  plus  grands  que  ceux 
qui  sont  en  même  temps  pourvus  de  ces  deux  parties. 

L'insecte  met  souvent  en  action  les  balanciers ,  et  il  les 
agite  avec  beaucoup  de  vitesse.  Lorsqu'il  vole  ,  on  les  voit 
dans  un  mouvement  très-vif  et  très-rapide  ;  ils  sont  d'une 
longueur  assez  considérable  dans  les  tipules  ,  les  cousins  et 
les  asiles  ;  ils  sont  moins  grands  dans  les  mouches  ,  les  syr- 
phcs  ;  enfin  ,  ils  sont  à  peine  apparens  dans  la  plupart  des 
mouches.  Ils  sont  recouverts  de  l'aileron  dans  les  syrphes  , 
les  mouches  ;  ils  sont  à  nu  dans  les  asiles  ,  les  cousins  ,  les 
bombilles. 

Linnseus  a  fait  entrer  les  balanciers  comme  un  des  carac- 
tères de  Tordre  des  diptères  ,  avec  d'autant  plus  de  raison  , 
que  ces  parties  n'existent  que  dans  les  insectes  de  cet  ordre, 
et  qu'elles  semblent  leur  tenir  lieu  des  deux  ailes  qui  leur 
manquent.  (  O.  ) 

BALANE.   V.  Balanite.  (b.) 

Bx\LA]NGUE,  5f//«7i^«.  Genre  établi  par  Gaertner  sur 
im  fruit  de  Madagascar.  C'est  une  baie  à  deux  loges  et  à 
deux  semences  cordiformes   et   arillées,  (b.) 

BALANITE,  Bnlanus.  Genre  detestacés  de  la  classe  des 
multivalves  ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  une  coquille 
conique,  fixée  par  sa  base,  composée  de  six  valves  articulées, 
et  dont  l'ouverture  est  fermée  par  un  opercule  de  quatre 
valves. 

Les  espèces  de  ce  genre  ,  appelées  en  français  glands  de 
mer,  faisoient  partie  des  LÉPAS  de  Linnœus.  Elles  en  ont 
été  séparées  par  Bruguières  ;  ou  mieux,  ce  naturaliste  a 
supprimé  le  genre  lépas^  et  a  formé  à  ses  dépens,  les  geni'es 
BALA^'ITE  et  Anatif. 

Ltp.s  balaniiss  varient  beaucoup,  non-seulement  entre  les 
espèces  ,  mais  entre  les  individus  de  chaque  espèce.  Ceux 
qui'  se  groupent ,  surtout ,  étant  gcncs  dans  leurs  dévelop- 


iS4  B  A  L 

pemens,  ne  préscnlent  jamais  dcuxcoquilles semblables.  Elle* 
sont  ordinaircuieiit  formées  par  la  réunion  de  six  valves 
triangulaires,  dont  les  sommets  sont  écartés  ,  dont  les  bases 
se  touchent ,  et  dont  rinlei-valle  est  rempli  par  un  têt  de 
nature  semblable  ,  mais  de  contexture  différente  de  celui  des 
valves.  Leur  base  prend  la  forme  des  corps  sur  lesquels  elle 
est  fixée.  Quelquefois  ,  cette  base  est  membraneuse,  d'autres 
fois  elle  est  incomplète,  ou  mieux,  n'existe  que  par  le  pourtour 
de  la  coquille.  Ces  dernières  espèces,  qui  vivent  sur  des  ani- 
rnaux,  sont  toujours  isolées,  par  conséquent  moins  irrégu- 
lières que  les  autres,  et  présentent  quelques  différences  dans 
leur  organisation.  Il  en  est  de  même  dans  le  balaniic  des  gor- 
gones ,  qui  s'attache  aux  tiges  de  ce  polypier,  et  les  embrasse 
par  le  recourbement  de  sa  base  ;  et  dans  le  halanîie  des  ma- 
drépores ,  qui  se  loge  dans  rinlérieur  de  leur  substance. 

Les  six  valves  des  halanites  ,  quoiqu'à  peu  près  égales  dans 
leur  hauteur,  ne  le  sont  pas  dans  leurs  autres  proportions; 
eHes  ont  presque  toujours  une  forme  et  une  largeur  différentes. 
Elles  sont  fixées  les  unes  contre  les  autres  par  de  vraies  su- 
tures écailleuses ,  recouvertes  en  dedans  par  un  feuillet 
testa ce. 

L'évascment  qui  résulte  ,  au  haut  du  cône  ,  de  l'écarte- 
ment  des  valves,  forme  Vouveriiire  de  la  coquille  ,  qui  est 
fermée  par  un  opercule  mobile,  composé  de  quatre  pièces 
testacées  ,  articulées  les  unes  aux  autres  par  une  suture  en 
croix ,  et  fixées  contre  les  parois  internes  de  la  coquille  par 
un  ligament  circulaire  qui  se  proie  à  leur  mouvement ,  et 
les  fait  bailler  vers  le  haut  quand  Tanimal  veut  développer 
ses  tentacules  ou  les  étendre  dans  l'eau.  Le  balanile  des  tor- 
tues forme  exception;  son  opercule  n'est  que  de  deux  valves 
qui  s'ouvrent  sur  le  devant. 

La  formation  de  la  coquille  des  halanites  est  différente 
de  celle  des  autres  coquilles  ;  elle  s'accroît  par  juxtaposition 
de  molécules  calcaires  sur  ses  bords  ,  et  pour  cela  les  arti- 
culations s'ouvrent,  à  certaines  époques,  par  le  bas  seu- 
lement; car  le  bord  de  l'ouverture  reste  ,  à  tous  les  âges, 
tel  qu'il  étoit  à  la  naissance.  J'ai  confirmé  ce  mode  d'accrois- 
sement par  mes  observations  sur  le  haJardie  des  madrépores. 

Quoique  tous  les  auteurs  qui  ont  parlé  des  halanites  aient 
mentionné  les  animaux  qui  les  habitent,  on  ne  savolt  encore 
rien  de  positif  sur  leur  organisation  ,  lorsque  j'en  ai  donné 
une  description  détaillée  et  une  figure  exacte  dans  {'Histoire 
naturelle  des  Coquillages  ,  faisant  suite  au  Buffon  ,  édition  de 
Deterville. 

C'est  ime  espèce  de  tnlon  qui  a  vingt-quatre  tentacules  dis- 
posées en  deini-ccrcîe  ,  une  trompe  rétractile,  et  une  bouche 


B  A  L  i55 

operculée.  Ces  tentacules  sont  tle  deux  sortes ,  maïs  toutes 
articulées  et  ciliées.  Il  y  en  a  douze  grandes  semblables,  mais 
inégales  par  paires,  placées  au-dessus  ;  et  douze  petites  dis- 
semblables et  inégales  par  paires ,  placées  plus  bas.  Deux 
de  celles-ci  sont  beaucoup  plus  larges. 

La  boucbe  est  située  un  peu  en  avant,  entre  les  racines 
des  tentacules  inférieures ,  en  dessous  de  la  trompe  ,  et  est 
fermée  par  un  opercule  écailleux  ,  et  garnie  de  mâchoires. 
L'anus  est  un  peu  plus  bas. 

Le  corps  est  ovale  ,  échancré,  et  s'attache  à  Topercule  par 
un  manteau  qui  sort  des  environs  de  l'anus  ;  il  est  libre  dans 
ce  manteau  et  dans  le  bas  de  la  coquille. 

Depuis  ,  Poli  ,  pi.  [^  de  son  Histoire  des  Testacés  des  mers 
des  Deux-Sîciles ,  a  donne  une  très-belle  figr-re,  accompagnée 
de  l'anatomie,  d'une  autre  espèce  de  balanite;  elle  offre  quel- 
ques différences  qui,  ne  tenant  qu'à  Tespècc  ne  sont  pas 
dans  le  cas  d'être  mentionnées  ici  avec  détail. 

Lorsque  les  balaniles  sont  dans  l'eau  ,  ils  font  continuelle- 
ment agir  toutes  leurs  tentacules  et  leur  trompe.  Le  mouve- 
ment des  grandes  est  spiral ,  et  sert  à  arrêter,  par  le  moyen 
des  poils  dont  elles  sont  garnies,  les  petits  animaux  marins  qui 
se  trouvent  dans  leur  direction  ;  les  petites  paroissent,  parleur 
force  ,  devoir  empêcher  la  proie  de  s'échapper. 

Très-probablement,  les  halaniles  sont  herm.aphrodites  , 
et  n'ont  point  besoin  du  concours  d'un  autre  individu  pour 
produire  ;  ils  pondent  des  œufs  ovales  plus  ou  moins  allongés. 
La  plupart ,  comme  on  l'a  déjà  dit ,  vivent  en  famille  ,  ou 
groupés  les  uns  contre  les  autres.  On  les  mange  sur  plu- 
sieurs côtes  ;  mais,  en  général ,  ils  fournissent  si  peu  de  nour- 
riture qu'ils  ne  méritent  pas  la  peine  d'être  détachés  des 
rochers,  où  ils  tiennent  toujours  très-fortement. 

On  en  connoît  une  vingtaine  d'espèces  ,  dont  la  plupart 
vivent  dans  les  mers  d'Europe.  Celui  qui  est  le  plus  commun 
sur  les  côtes  de  France  ,  est  le  Balanite  tulipe  ,  Balanus 
liiitinnabulum^  Linn.  ,  dont  le  caractère  est  d'être  ventru , 
marqué  de  stries  longitudinales  violettes  ;  les  deux  valves 
postérieures  de  l'opercule  pointues;  les  rayons  striés  trans- 
versalement. 

Ensuite  vient  le  Balats^te  glaind  ,  dont  la  coquille  est 
conique,  à  six  valves  striées  longitudinalement  et  transver- 
salement ,  dont  l'opercule  est  term.iné  en  pointe  crochue. 
11  se  trouve  principalement  dans  la  Méditerranée,  attaché 
aux  rochers  ,  aux  coquilles ,  aux  madrépores,  aux  plantes 
marines  ,  etc.  L'animal  qui  l'habite  est  rouge.  Poli  a  donné 
son   anatomie  avec  tous  les  détails  désirables. 

Le    Balaîsite   balakoïde  a  une  coquille  de    six  vaiv©* 


ly 


56  BAL 


coniques-trontiuées  ,  glabres  ,  colorées  de  lignes  longitudi- 
nales pourpres  ,  striées  transversalement  ;  son  ouverture  est 
presque  tétragone  ,  et  son  opercule  obtus.  11  se  trouve  avec 
les  précédons. 

Le  Balanite  courbé  ,  a  une  coquille  à  six  valves  ,  plus 
gonflée  d'un  côté  ;  les  rayons  larges  et  finement  striés  en  sau- 
toir. Je  l'ai  observé  dans  les  mers  d'Amérique  et  je  l'ai  dé- 
crit et  figuré.  F.  pi.  A.  20  ,  où  il  est  figuré. 

Le  Bala>'ITE  épineux  est  presque  cylindrique  ,  a  les  valves 
inégales  ,  garnies  partout  d'épines  disposées  sur  quatre  rangs. 
Il  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Balanite  des  tortues  a  une  coquille  presque  orbi- 
culaire  ,  plane-convexe  ,  à  six  valves  creusées  de  sillons 
hérissés  et  profonds,  avec  un  opercule  ovale  ,  caréné,  et  une 
base  membraneuse.  Il  se  rencontre  dans  les  mers  d'Europe , 
sur  le  tèt  des  tortues  ,  des  grands  crustacés,  sur  la  peau  des 
baleines  ,  et  même  sur  les  pierres.  Il  est  remarquable  en  ce 
que  sa  base  n'est  pas  calcaire  comme  celle  des  autres  jus- 
qu'ici mentionnés ,  mais  coriace. 

Le  Balatsite  aplati  a  une  coquille  plane  ,  convexe  , 
presque  orbiculaire  et  à  six  valve^ ,  glabre  ,  à  ouverture 
presque  tétragone  ,  à  opercule  obtus  >  et  à  base  nulle.  Il  se 
trouve  dans  la  Méditerranée.  Il  est  immédiatement  fixé 
sur  les  pierres. 

Le  Balamte  en  étoile  a  une  coquille  presque  conique 
à  six  valves,  avec  des  saillies  longitudinales,  et  point  de 
base ,   ainsi  que  le  précédent  avec  lequel  il  se  trouve. 

Le  Balanite  des  madrépores  a  :  i.»une  coquille  à  deux 
valves,  dont  une,  inférieure,  offre  un  cône  renverse,  et  l'autre, 
presque  plate  ,  est  posée  sur  la  base  de  la  première  ;  2.°  un 
opercule  de  quatre  pièces ,  dont  deux  très-étroites  et  très-lon- 
gues. Il  se  fixe  dans  les  madrépores,  principalement  sur  le 
Pavone  en  crête,  de  Lamarck.  Sa  valve  inférieure  est  com- 
plètement enfoncée  dans  la  substance  de  ce  madrépore.  Il  a 
été  décrit  et  figuré  par  moi  dans  le  n."  Sj  du  Bulletin  des 
Sciences  por  la  Société  Phllomatique.  Cette  espèce  est  très- 
remarquable  ,  et  confirme  la  théorie  de  Bruguières  sur  la  for- 
mation de  ces  sortes  de  coquilles.  En  effet,  on  voit  évidem- 
ment ,  lorsqu'on  en  observe  un  certain  nombre  ,  que  c'est  la 
valve  supérieure  qui  se  soulève  lors  de  l'accroissement  de 
l'animal  ,  parce  que  celui  du  madrépore  tend  toujours  à 
recouvrir  la  suture  de  son  suc  lapidifique  ,  et  que  celui  du 
balanitc  est  obligé  de  rompre  continuellement  cet  obstacle. 

Le  Balanite  des  gorgones  est  oblique,  conique,  a  la 
base   recourbée  pour  embrasser  les  tiges  des  gorgones  sur 


BAL  iS; 

lesquelles  il  s'attache.  On  le  trouve  dans  la  Méditerranée  et 
les  mers  4' Amérique,  où  je  V  ai  ohsevvé  sur  la  gorgone  jonc. 

Le  Balanite  verrue  ,  qui  vient  du  détroit  de  Magellan, 
n'a  que  trois  valves  et  un  opercule  de  deux  pièces. 

On  trouve  assez  fréquemment  des  halanites  fossiles  ;  mais 
ils  n'ont  pas  encore  été  suffisamment  étudiés. 

Ainsi  que  je  viens  de  le  f;iire  voir,  les  halanites  qui  vivent 
sur  les  corps  solides  ,  ont  des  coquilles  de  trois  à  six  valves 
articulées,  sans  compter  celles  de  l'opercule  ;  ceux  qui  vivent 
dans  les  corps  durs  ,  tels  que  le  balunlte  des  madrépores  ,  les 
ont  à  deux  valves  ,  dont  une  est  conique  ,  et  l'autre  presque 
plate.  Dans  le  Balanite  digital  ,  dont  lime  reste  à  parler, 
elle  n'est  composée  que  d'une  seule  pièce,  et  n'a  pas  besoin 
d'en  avoir  davantage  ,  puisque  l'animal  qui  la  forme  est  des- 
tiné  à  vivre   dans  un  corps  mou. 

Voici  ce  que  j'ai  remarqué  sur  plusieurs  exemplaires,  pris 
dans  le  lard  d'un  marsouin ,  et  rapportés  d'Angleterre  par 
Dufresne. 

La  coquille  est  un  cône  tronqué  de  trois  ou  quatre  lignes 
de  diamètre  ,  sur  lequel  on  remarque,  extérieurement,  des 
Louri'elets  circulaires  qui  indiquent  les  accroissemens  an- 
nuels ,  faits  probablement  sous  la  peau  du  célacé ;  cette  peau 
recouvre,  sans  doute,  en  partie,  les  quatres  valves  de  l'o- 
percule; ou  mieux  l'animal  conserve  dans  cette  peau  un  trou 
proportionné  à  la  grosseur  de  ses  tentacules  ,  pour  pouvoir 
communiquer  avec  Teau  ,  et  absorber  les  animalcules  ma- 
rins nécessaires  à  sa  nourriture  :  ainsi  cette   peau  fait  l'of- 
fice de  la  seconde  valve  observée  dans  le  balanite  des  madrépores. 
Il  est  probable  que   ce  balanite  à  une  seule  valve  a  com- 
mencé par  un  point;  mais,  à  mesure  qu'il  grandit,  les  parties 
inférieures  de  sa  coquille   sont  brisées  par  l'effet  de    l'ac- 
croissement du  cétacé;  aussi  les  exemplaires  que  j'ai  vusétoient- 
ils  tous  tronqués  ,   comme  je  l'ai  déjà  observé  ,  et  la  tron- 
cattfre  étoit-elle  fermée  par  une  simple  membrane.    Leur 
longueur  ne  surpassoitpas  sept  à  huit  lignes  ,  épaisseur  ordi- 
naire du  lard  des  marsouins  sur  lesquels  ils  avoient  été  trouvés. 
Il  eût  sans  doute  été  à  désirer  que  j'eusse  des  observations 
plus  précises  sur  cet  intéressant  coquillage  ;   mais  ce  qu'on 
vient  de  lire  mettra  suffisamment  sur  la  voie  ceux  qui  seront 
à  portée  de  le  voir  vivant,  (b.) 

BALANITES  ,  Balanites.  Genre  de  plante.  C'est  le  Xr- 
MÉNiE  de  Linn:eus  ,  le  Myrobolax  chebule  de  Yesllug  ; 
il  a  été  réuni  à  THeimassoli  d'Aublet.  On  voit  une  superbe 
figure  d'une  de  ses  espèces  ,  pi.  28  du  grand  ouvrage  sur  TE- 
g)pte  ,  publié  par  la  Commission  de  rinstitut  de  celte  con- 
trée. (B.) 


i58  B  A  L 

BALANOPHORE.  Genre  de  plante  imparfaitement  ob- 
servé par  Forster ,  dans  les  îles  de  la  mer  du  Sud  ,  et  qui  pa- 
roît  avoir  beaucoup  d  affinilé  avec  le  Cynomoire.  (b.) 

B  ALANOPTÈRE ,  Balanopteris.  Nom  donné  au  Mollavi 
par  Gsertner.  (b.) 

BALANTI.  Il  est  probable  que  c'est  une  espèce  de  Ri- 
CITV.  (b.) 

BALANTANA.  Les  Caraïbes  appellentainsiles  Bananes. 

BALANTIA.  Iliiger  ,  dans  sou  Prodromiis  Syst.  mamma- 
llum  ^  donne  ce  nom,  qui  vient  du  mot  grec  ^uXocitiov  ^ 
marsupium^  ou  bourse,  aux  mammifères  du  genre  des  Pha- 
LANGERS  proprement  dits.  Ce  même  genre  ,  formé  par 
Storr  ,  avoit  été  nommé  coes  coes  ou  cuscus  par  Lacépède  , 
Duméril ,  Tiedmann  ,  etc.  et  c^s  naturalistes  avoient  ré- 
servé le  nom  de  phalangers  pour  les  espèces  dont  la  peau 
des  (lancs  est  prolongée  entre  les  membres,  et  dont  la  queue 
est  lâche  et  iloconneuse  comme  celle  des  écureuils. 

M.  Cuvier  ,  dans  son  Règne  animal  ^  restitue  le  nom  de 
phalangers  aux  animaux  ainsi  nommés  par  Storr.  (desm.) 

BALANUS.G'eslleBENetlenomlatindesBALANiTES.(B.) 

EALAOBOUCOUVOU.  Nom  caraïbe  du  Mancenil- 

LIER.  (li.) 

BALAON.  C'est l'EsocE  espadon,  (b.) 

BALAOU.  Poisson  de  la  Martinique  ,  qu'on  croit  être  le 
Centrisque  Bécasse,  (b.) 

BALARINA ,  Balarina  verda.  Nom  des  Bergeronnetes 
DE  pruntemps  et  Jaune  ,  à  Turin,  (v.) 

BALARINA  DEL  COULAR ,  Balarina  Defournel. 
Noms  piémontais  de  la  Lavandière,  (v.) 

BALASBAS.  V.  Antolang.  (e.) 

BALASSEN  ,  Balessan.  Nom  égyptien  du  Baume  de 
Judée,  (b.) 

BxVLATAS.  Arbres  qui  croissent  en  Amérique ,  et  surtout 
à  Cayenne.  On  dislingue  le  rouge  ,  le  blanc  et  celui  à  grosse 
crorre.  Les  deux  premiers  fournissent  un  excellent  bois  de 
charpente  ,  et  paroissent  appartenir  au  genre  Couratari. 
Le  dernier  n'est  bon  que  pour  de  gros  ouvrages,  et  doit  faire 
partie  des  Sapotilliers.  (b.) 

BALATE.  Production  de  la  mer  des  Philippines  ,  qui  est 
robjel  d'un  commerce  de  quelque  importance  avec  la  Chine. 
C'est  une  espèce  du  genre  des  Holoturies  ,  probablement 
inconnue  des  naturalistes  d'Europe,  Quand  elle  est  cuite  , 
elle  ressemble  à  un  pied  de  cochon  sans  os.  (b.) 

BALAUSTE  ,  Dcsv.  Sorte  de  Fruit  ;  tel  est  celui  du 
Grenadier,  (b.) 

UALAUSTl£il.  C'est  le  gi-madier saunage  Les  apolhicai- 


/'fi/ .  J  .    Jiii//u/\,i/-i/ .  /'/,/.   :î   .    /ire     otnu'// 

/■'„/.  :S  .    ('>,;r,>J  /la/Au  . 


B  A  L  ,59 

tes  appellentia/arwfesdesileurs  de  toutes  sortes  de  grenadiers. 
BALBISIE  ,  Balbisia.  Plante  annuelle,  à  tiges  rameuses, 
hispldes  ;  à  feuilles  opposées  ,  péliolées,  grossièrement  den- 
tées et  hispides  ;  à  fleurs  jaunes  ,  solitaires  à  l'extrémité  des 
rameaux,  qui  forme  un  genre  dans  la  syngénésie  superflue  et 
dont  les  caractères  sont  :  un  calice  simple  à  huit  folioles  ;  un 
réceptacle  garni  de  paillettes  ;  les  demi-fleurons  divisés  en 
trois  parties  ;  des  semences  surmontées  d'une  aigrette  sessile 
et  plumeuse. 

Cette  plante  est  fort  voisine  des  Amelles,  avec  lesquelles 
même  elle  avoit  été  confondue  par  Ortega  ,  sous  le  nom  à'A- 
mellus  pedunculatus.  Elle  croît  au  Mexique,  (b.) 

BALbOUL,  Nom  égyptien  du  Canard  à  longue  queue. 
Suivant  Forskaël,  c'est  la  dénomination  arabe  d'une  sarcelle 
que  les  uns  donnent  pour  une  variété  de  la  Sarcelle  d'été  , 
et  d'autres  pour  une  espèce  distincte,  (v.) 

BALBUL.  Nom  arabe  de  l'OiE  domestique,  (v.) 
BALBUZARD,  Pandion,  Yieill.  ;  Falco ,  Lath.  Genre 
de  l'ordre  des  oiseaux  AcciPiTRES  ,  et  de  la  famille  des  Acci- 
PITRINS.  Voy.  ces  mots.  Caractères  :  bec  grand  ,  presque 
droit  et  garni  d'une  cire  poilue  à  la  base  ,  robuste  ,  arrondi 
en  dessus  ,  comprimé  latéralement  ;  mandibule  supérieure 
dilatée  sur  les  bords  ,  crochue  ,  acuminée  ;  l'inférieure  plus 
courte  ,  droite  ,  obtuse  ;  narines  lunuiées  ,  obliques  ;  langue 
charnue ,  épaisse ,  obtuse  ;  bouche  à  peine  fendue  jusqu'à 
i 'angle  antérieur  des  yeux  ;  cuisses  et  jambes  vêtues  de  plumes 
courtes  ,  mais  serrées  et  lustrées  chez  des  espèces  ,  particu- 
lièrement celles  d'Europe  et  de  l'Aniérique  septentrionale  ; 
tarses  nus  ,  courts ,  très-épais  ,  couverts  d'écaillés  nom- 
breuses et  raboteuses  ;  doigts  épais  ,  rudes  ,  totalement  sé- 
parés ;  l'externe  versatile  ;  ongles  égaux  ,  longs  ,  très-cro- 
chus,  très-ai,jis,  ronds  en  dessous,  l'intermédiaire  sans 
dentelures  ;  les  ailes  longues  ,  la  première  rémige  un  peu 
plus  longue  que  la  cinquième  ;  les  deuxième  et  troisième  les 
plus  prolongées  de  toutes. 

Le  nom  de  pandion,  que  j'ai  adopté  pour  ce  genre,  est  celui 
que  M.  Savigny  lui  a  imposé  dans  ses  Oiseaux  de  l'Egypte  et 
de  la  Syrie,  (v.) 

Si  l'aigle  est  le  tyran  des  airs  ,  le  balbuzard  est  un  puissant 
destructeur  des  habitans  des  eaux  ;  il  ne  vit  guère  que  de 
poissons  qu'il  prend  dan^  l'eau  ,  même  à  queKjues  pieds  de 
profondeur.  Sa  vue  est  très-perçante.  Contre  l'ordinaire  des 
tyrans  ,  celui-ci  a  beaucoup  de  patience  ;  il  passe  des  heures 
entières ,  immobile  sur  un  arbre  à  portée  d'un  étang  ou 
d'une  rivière  ,  à  épier  sa  proie.  Son  genre  de  nourriture  l'em- 
pêche de  quitter  le  voisinage  des  eaux  ;  il  fréquente  les  côiqs 


i6o  BAL 

de  la  mer,  et  le  plus  souvent  les  Lords  des  lacs,  des  étangs  et 
des  rivières  :  il  se  retire  de  préférence  dans  les  bois  maréca- 
geux ;  mais  lorsqu'il  veut  nicher  ,  il  gagne  ordinairement  les 
plus  hautes  montagnes  ,  et  y  établit  son  aire  dans  les  cre- 
vasses des  rochers  escarpés,  ou  sur  de  très-hauts  arbres  dans 
les  foreîs  les  plus  épaisses.  La  ponte  est  souvent  de  quatre 
œufs  ,  quelquefois  de  trois ,  et  rarement  de  deux  ;  ils  sont 
blancs  et  tachés  de  rougeâtre  clair. 

L'on  a  observé  que  les  balbuzards  de  la  zone  tempérée  se 
tiennent  presque  toujours  par  paires  ;  mais,  pendant  les  ge- 
lées ,  ils  se  séparent ,  et  vont  au  loin  chercher  des  climats 
plus  doux  et  une  nourriture  plus  facile.  Ils  sont  ordinairement 
très-gras  ;  mais  leur  chair  contracte  une  très-forte  odeur  de 
poisson.  Ils  sont  moins  fiers  et  même  moins  féroces  que  Vaigle, 
quoiqu'ils  ne  vivent  également  que  de  proie.  C'est  à  la  nature 
même  de  cette  proie  qu'est  due  cette  sorte  d'adoucissement 
dans  le  naturel.  Les  larges  blessures  faites  aux  poissons  ne 
laissent  échapper  qu'une  petite  quantité  de  sang  ;  ils  ne  pous- 
sent ni  cris  ,  ni  gémissemens  ,  et  le  sang  ,  comme  les  sons 
lamentables  ,  forment  l'aliment ,  et ,  pour  ainsi  dire  ,  le 
passe-temps  chéri  de  la  férocité.  11  faut  être  cruel  pour  verser 
le  sang  d'un  être  foible  et  innocent ,  qui  n'a  d'autre  défense 
que  ses  plaintes.  On  paroît  l'être  moins  en  détruisant  l'animal 
qui  n'a  qu'une  légère  apparence  de  sensibilité  ;  de  là  vient 
que  beaucoup  de  personnes  qui  souffrent  en  donnant  la  mort 
à  un  oiseau  ,  semblent  n'éprouver  aucune  sensation  pénible 
en  coupant  par  tronçons  uu  poisson  plein  de  vie  ,  ou  en  le 
plongeant  dans  l'huile  ou  la  graisse  bouillante. 

L'espèce  du  balbuzard  appartient  aux  deux  continens  ;  elle 
est  généralement  répandue  en  Europe.  On  la  trouve  dans 
plusieurs  contrées  de  l'Afrique  et  de  l'Asie  ,  et  elle  n'est  point 
étrangère  aux  parties  septentrionales  de  l'Amérique.  Cette 
espèce  a  été  le  sujet  de  presque  autant  de  fables  que  celle  du 
grand  aigle.  Lorsque  ces  fables  n'ont  pas  quelque  fait  vrai, 
'mais  défiguré  ,  pour  base  ,  elles  doivent  être  rejetées  de 
rhistoire.  Buffon  en  a  réfuté  quelques-unes.  Je  ne  sais  s'il  ne 
fautpas  reléguer  au  même  rang,  ce  que,  au  rapport  de  M.  Pal- 
las  ,  les  peuples  de  la  Sibérie  ,  où  les  balbuzards  sont  com- 
muns ,  disent  et  croient  de  ces  oiseaux.  L'opinion  générale  , 
dans  ces  contrées  ,  est  qu'ils  ont  dans  leurs  serres  un  venin 
qui  donne  la  mort  par  l'égratignure  la  plus  légère  ,  en  sorte 
que  ce  sont  des  animaux  fort  redoulÉ^  par  les  liommes.  L'on 
y  prétend  encore  que  le  balbuzard  se  charge  souvent  de  nour- 
rir plusieurs  espèces  d'aigles  ,  et  particulièrement  Xcspygar- 
gues,  qui  sont  en  quantité  prodigieuse  près  du  "V  olga.  Lorsque 
le  balbuzard ,  dit-on ,  est  rassasié ,  et  qu'il  prend  un  poisson  , 


BAL  ,6, 

il  s'élève  en  l'air  et  pousse  de  grands  cris  ;  à  l'înslant  les  aîeles 
arrivent  à  tire-d'ailes  ,  et  partagent  sa  proie  qu'il  laisse  tom- 
ber aussitôt. 

Buffon  a  pensé  ,  comme  les  anatomisles  de  l'Académie 
des  sciences  qui  ont  fait  la  description  du  balbuzard  (  Mém. 
pourseivirà  l'histoire  des  animaux^  ,  que  cet  oiseau  est  celui 
qu'Aristote  a  nommé  haliœtos  {Hist.  animal.  ).  Mais  ce  rap- 
prochement ,  tout  vraisemblable  qu'il  est ,  n'est  point  assez 
prouvé  ;  car  il  est  impossible  de  concilier  plusieurs  points  de 
l'histoire  Au  balbuzard ,  avec  ce  qu'Aristote  dit  de  son  ha- 
liœtos.  En  effet ,  r/m/Ztc/o^d'Arislote  est ,  comme  le  dit  M.  Sa- 
vigny,  notre  pygargue  ou  notre  grand  aigle  de  mer,  et  non  pas 
notre  balbuzard.,  qui  vit  simplement  des  poissons  qu'il  pêche 
dans  les  eaux  douces  des  fleuves  et  des  lacs  ;  tandis  que  17/a- 
liœlos  est  devenu  célèbre  dans  la  fable  même  ,  par  l'ardeur 
qu'il  metloil  à  poursuivre  les  oiseaux  de  la  mer.  (s.  v.) 

Le  Balbuzard  proprement  dit  {Pandionflmialis ,  Savig.  ; 
Fako  haliœtos,  Lath.  ,  pi.  17  ,  fig.  i  de  ce  Dictionnaire  )  ,  a 
le  manteau  brun ,  la  tête  plus  ou  moins  variée  de  blanc;  cette 
couleur  occupe  le  bord  des  plumes  ;  une  bande  brune  des- 
cend de  l'angle  du  bec  sur  les  côtés  du  cou  ;  les  parties  infé- 
rieures sont  blanches  avec  des  taches  bnmes  ou  d'un  fauve 
clair  sur  la  poitrine  ;  les  pennes  primaires  d'un  bnm-noirâtre  ; 
les  moyennes  brunes;  toutes  rayées  de  blanc  à  l'intérieur  ; 
les  reclrices  intermédiaires  d'un  brun  uniforme  ;  les  autres 
rayées  transversalement  de  blanc  en  dedans  ;  le  bec  et  les 
ongles  noirs:  la  cire  et  les  pieds  bleus;  l'iris  est  jaune  :  lon- 
gueur totale  du  mâle ,  un  pied  dix  pouces  ;  de  la  femelle  deux 
pieds. 

Cette  espèce  se  trouve  en  Europe  ,  niche  sur  les  arbres 
ou  dans  les  rochers  ;  sa  ponte  est  de  trois  ou  quatre  œufs 
blancs  et  tachetés  de  roussâtre. 

On  donne  pour  variétés  de  cette  espèce  : 

I.»  Le  Balbuzard  des  roseaux,  Falco  arundmareus , 
Lath. ,  que  S.  G.  Gmelin  a  obsei-vé  dans  son  voyage  en  Si- 
bérie ;  lequel  se  tient  habituellement  dans  les  roseaux.  Il  a 
le  dessus  du  corps  gris  ,  le  dessous  blanchâtre  ;  la  membrane 
du  bec  cendrée  ;  les  pieds  d'une  teinte  pâle,  et  les  pennes  de 
la  queue  sans  nuance  de  blanc.  Si  réellement  cet  oiseau  de 
proie  est  tel  qu'on  le  décrit ,  c'est  certainement  une  espèce 
distincte  ,   et  peut-être  n'est-ce  pas  un  balbuzard. 

2.»  Le  Balbuzard  de  Caye^ne,  Fako  cayennensis,  Lath.  ' 
dont  le  plumage  est  brun  rougeâtre  ,  avec  un  trait  blanc  qui 
part  de  la  mandibule  supérieure ,  passe  par  les  yeux  ,  et 
descend  jusqu'à  l  occiput.  Il  est  encore  fort  douteux  que 'cet 
oiseau  soit  un  balbuzard  et  une  simple  variété  du  nôtre. 

m.  n 


î6>  BAL 

3."  Le  Balbuzard  de  la  Caroline,  que  j'ai  observé  A:nii 
les  Etats-Unis  ,  et  dont  j'ai  fait  une  espèce  particulière  dans 
THistoire  des  oiseaux  de  l'Amérique  septentrionale  ,  pi.  ^9  i 
fious  le  nom  â' aigle  pécheur,  dénomination  qui  ne  lui  convient 
pas  ,  puisque  ce  n'est  point  un  aigle.  11  a  réellement  des  rap- 
ports avec  le  hulbiizard  d'Europe;  mais  il  en  diffère  par  la  lon- 
gueur de  ses  ailes  qui ,  en  repos  ,  dépassent  la  queue  de  près 
de  deux  pouces  ,  par  sa  taille  plus  svelte,  par  ses  tarses  cons- 
tamment jaunes  ,  et  par  une  partie  de  son  plumage  autre- 
ment nuancé  ,  dans  l'état  parfait.  Cet  oiseau  a  le  bec  noir  ;, 
la  cire  bleue  ;  l'iris  et  les  pieds  jaunes  ;  les  plumes  du  som- 
met de  la  tête  ,  du  manteau  ,  des  ailes  et  de  la  queue  d'uu 
brun  très-sombre  dans  le  milieu  ,  et  d'une  nuance  plus  claire 
sur  les  bords  ;  les  pennes  caudales  traversées  par  cinq  bandes 
de  même  nuance;  une  bande  noirâtre  qui  part  du  coin  de 
l'œil,  s'étend  vers  l'occiput,  descend  sur  les  côtés  du  cou  et  se 
perd  sur  les  épaules  ;  le  front ,  les  côtés  de  la  tcte  ,  la  gorge 
et  toutes  les  parties  postérieures  sont  d'un  beau  blanc  , 
avec  quelques  taches  d'un  brun  sombre  sur  la  poitrine  :  lon- 
gueur totale  ,  vingt-trois  pouces.  Le  même  oiseau ,  à  l'âge 
d'un  an  ,  est  brun  en  dessus  et  sur  la  bande  des  côtés  de  la 
têle  et  du  cou.  11  porte  ,  dans  sa  première  année  ,  un  vête- 
ment assez  analogue  à  celui  de  notre  balbuzard;  car  il  est 
alors  d'un  brun  clair  sur  les  parties  supérieures  ,  dont  les 
plumes  sont  bordées  de  blanc  sale  ,  ainsi  que  celles  de  la 
bande  da  cou  ;  le  blanc  domine  plus  sur  la  tête  que  le  brun  ; 
les  taches  de  la  poitrine  sont  plus  nombreuses  et  se  trouvent 
aussi  sur  le  devant  du  cou.  Tel  est  le  fako  Lei>erianus  de  La-* 
tham,  dont  on  a  fait  une  espèce  distincte  ,  sous  le  nom  de 
faucon  Lcocrien.  Ce  balbuzard  fait  son  nid  à  la  cime  des  plus 
grands  arbres  ou  dans  les  rochers  les  plus  élevés.  Sa  ponte 
est  de  trois  ou  quatre  œufs  blancs  et  tachetés  de  brun. 

Si  l'on  en  croit  Jonatham  Calver  ,  cet  oiseau  a  une  pro-^ 
priété  bien  extraordinaire.  11  est ,  dit-il  ,  doué  d'un  pouvoir 
attractif,  lequel  réside  dans  vme  huile  que  contient  un  petit 
sac  situé  dans  son  corps  ,  et  dont  la  nature  l'a  pourvu  pour 
cet  objet.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ajoute-t-il ,  il  est  certain  qu'une 
amorce  touchée  par  une  goutte  de  l'huile  qu'on  tire  de  cet 
piseau  ,  est  un  leurre  irrésistible  pour  le  poisson  ,  et  assm"e 
au  pêcheur  le  plus  grand  succès. 

On  trouve  ce  balbuzard  dans  toute  l'Amérique  septentrio- 
nale ;  mais  il  ne  reste  dans  le  nord  que  pendant  l'été.  C'est 
alors  qu'on  le  voit  dans  l'état  de  New-Yorck  ,  où  il  habile 
ordinairement  les  montagnes  appelées  Nigh-Land  ,  et  sur 
les  côtes  de  Tappan  ,  qui  bordent  la  rivière  d'Hudron  ou  du 
Nord.  Le  pysar^uc  y  passe  aussi  I*  belle  saison.  Ces  deux 


É  A  L  i63 

éiseaux  procurent  par  leur  lutte  un  spectacle  amusant  à  ceux 
qui  naviguent  sur  celte  rivière  ,  à  l'époque  où  les  poissons 
nouinnés  ôasses  ,  la  remontent  pour  frayer. 

Le  bùlbxiznrd^  quoiqu  élevé  à  une  très-grande  hauteur,  les 
aperçoit  aisëinenl  ,  t.uil  il  a  la  vue  perçante  ,  lorsqu'ils  se 
jouent  sous  les  eaux  ;  il  plane  au-dessus  pendant  quelques 
minutes  ,  comme  pour  clioisir  sa  victime.  Son  choix  fait  ,  il 
descend  avec  la  rapidité  de  la  foudre  ,  plonge  ,  disparoït  un 
instant,  et  reparojl  à  la  surface  de  l'eau  avec  une  basse  entre 
ses  serres.  Le  pygargue  qui  ne  pi-rd  jamais  de  vue  tous  les 
mouvemens  du  pêcheur  ,  tant  (ju  il  en  a  besoin  ,  quitte  son 
rocher  ,  sélance  après  le  baibuzurd  ^  1  épouvante  par  ses  nje- 
naces  et  ses  cris  ,  soit  eri  planant  au  dessus  ,  soit  en  le  pres- 
sant de  près  ,  et  l'oblige  de  se  dessaisir  de  sa  proie  ,  pour 
échapper  à  son  ennemi.  Alors  le  pys^argue  se  précipite  aussi- 
tôt sur  le  poisson  ,  le  saisit  avant  qu'il  soit  tombe  dans  1  eau  , 
et  le  porte  à  son  aire.  Cependant,  lorsque  les  besoins  du  ra- 
visseur sont  satisfaits  ,  ou  que  la  proie  ne  lui  semble  pas 
mériter  d'èlre  disputée  ,  il  permet  à  son  pourvoyeur  de  pé- 
cher pour  son  compte.  Je  rapproche  de  cette  espèce  \ aigle 
pêcheur  An  père  Du  Tertre  ,  dont  Buffon  fait  mention  à  l'ar- 
ticle du  balbuzard  de  la  Caroline  ^  lequel  fait  plus  la  chasse  aux 
poissons  qu'aux  animaux  terrestres,  et  le  balbuzard  de  la  Loui- 
si  une  ^  dont  parle  Mauduyt  {^Encyclop.  méthod.')  ^  mais  seule- 
ment comme  un  jeune  oiseau. 

Le  Balbuzard  blagre  ,  Pandlon  blagnis ,  Vieill.  ;  Fclco 
llagnis ,  Lalh.  ,  pi.  5  des  oiseaux  d  Afrique  de  Levaillant. 
Cet  accipitre  ,  pêcheur  de  l'Afrique  ,  a  le  port,  la  taille 
et  les  habitudes  de  notre  balbuzard;  mais  un  vêtement 
différent.  11  a  la  tête  ,  le  cou  ,  toutes  les  parties  antérieures 
du  corps  et  les  inférieures  d'un  très-beau  blanc  ;  des  lignes 
brunâtres  se  font  remarquer  sur  les  tiges  des  plumes  de  la  tête 
et  du  derrière  du  cou  ;  les  pi-tites  couvertures  deâ  ailes,  les 
scapulaires  ,  les  pennes  de  la  queue  ,  dont  Textrémilé  est 
blanche  ,  sont  d'un  gris  brun  ;  les  pennes  alaires  noirâtres  j 
niais  le  côté  extérieur  des  moyennes  est  dvm  gris-brun  léger; 
le  bec  brunâtre  ;  l'iris  d'un  brun  foncé  ;  les  pieds  sont  jaunes 
et  les  ongles  noirs.  On  trouve  cette  espèce  en  Afrique. 

Le  Balbuzard  de  Montevideo  ,  Pandionfubus^  Yieill. 

Cet  oiseau ,  décrit  et  figuré  pi.  8  ,  dans  l'édition  de  Buffon, 
par  Sonnini ,  sous  le  nom  d  Aigle  de  Montevideo  ,  est  ^ 
selon  Commerson  ,  un  aigle  pêcheur  ou  crabier  ^  que  Sonnini 
dit  se  rapprocher  beaucoup  du  balbuzard  par  ses  formes  ,  et 
particulièrement  par  ses  tarses  nus;  motifs  qui  m'ont  décidé  à 
le  classer  dans  ce  genre.  11  a  seize  ou  di.x-,sept  pouces  de  lon- 
gueur ;  le  plumage  ,  en  général ,  d'une  couleur  feuye  x  X**^ 


i64  ^   ^  T- 

côtés  de  la  tête  gris  ;  la  poitrine  parsemée  de  taches  en  forme 
de  larmes  ,  et  la  queue  blanche  en  dessous  ,  avec  des  bandes 
étroites  et  transversales  ;  les  ongles  fort  longs  et  crochus  .(v.) 

BALDOGÉE.  Nom  donné  par  de  Saussure  à  une  ma- 
tière terreuse  ,  verdàtre ,  difficilement  fusible  en  un  verre 
noir  et  brillant ,  trouvée  par  lui  dans  des  roches  porphyriques 
aux  environs  de  Minelle  ,  sur  la  route  de  Nice  à  Fréjus,  C'est 
évidemment ,  dit-il ,  la  Gmnerde  de  Werner  ,  ou  terre  verte  de 
Monte-Baldo.  Cette  substance  est  une  variété  du  tale-cldo- 
rite.  V.  ce  mot.  (luc.) 

BALE  ou  BALLE.  Nom  des  parties  qui  servent  d'enve- 
loppe à  celles  de  la  fructification  dans  les  Graminées  ,  c'est- 
à-dire  qui  remplacent  le  Calice  et  la  Cokolle.  Ainsi ,  il  y 
a  une  balle  calicinale  etune  balle  florale  ,  chacune  ordinaire- 
menlcomposée  de  deux  pièces  ou  Valves.  Palisot-Beauvois, 
dans  son  important  ouvrage  intitulé  Essai  dune  noiweUe 
Agrostographie  ,  restreint  ce  nom  Ao.  balle  ,  à  la  calicinale  ou 
feg'm^n, c'est-à-dire,  à  celle  extérieure  qui  renferme  la  fleur  ou 
les  fleurs,  (b.) 

BALEINAS  o*u  BALENAS.  On  donne  ce  nom  au  pénis 
ou  membre  du  mâle  des  BaleiîsES  et  de  tous  les  grands  Cé- 
tacés, (desm.) 

BALEINE ,  Balœna.  Genre  de  mammifères  de  Tordre 
des  Cétacés.  S'il  est  quelque  objet  sur  la  terre  qui  mé- 
rite d'attacher  les  regards  de  l'homme  ,  c'est  l'aspect  de  ces 
monstrueux  animaux  que  nourrit  l'Océan.  La  baleine  est  la 
reine  et  la  dominatrice  des  mers ,  comme  l'indique  l'étymo- 
logie  de  son  nom,  suivant  Bochart  {Oper.  1.  III,  p.  347.  Baal^ 
nan ,  roi  des  poissons  ,  en  phénicien.  ).  Elle  règne  en  souve- 
raine sur  les  peuples  innombrables  que  la  nature  a  nmltipliés 
dans  l'empire  des  ondes  ;  et  voguant  avec  majesté  à  leur  sur- 
face ,  elle  imprime  à  tous  le  respect  et  la  crainte  par  sa  masse 
énorme  et  sa  force  invincible.  Les  plus  fiers  tyrans  de  l'élé*- 
ment  liquide  se  réfugient,  à  son  aspect,  dans  des  profondeurs 
inaccessibles,  et  la  vague  gémit  sous  le  poids  de  son  corps. 

De  même  que  la  nature  a  établi  sur  la  terre  des  arbitres  su* 
premes  pour  maintenir  l'équilibre  entre  les  espèces  vivantes, 
elle  a  voulu  accorder  aussi  le  sceptre  des  ondes  à  des  races  ca- 
pables d  y  faire  régner  la  subordination ,  afin  que  les  espèces 
les  plus  puissantes  ne  pussent  pas  envahir  le  domaine  des  plus 
folbles  ,  et  que  l'égalité  des  droits  y  filt  maintenue.  Ainsi ,  la 
nature  a  été  obligée  de  créer  des  espèces  carnivores  et  dépré- 
datrices pour  retrancher  l'exubérance  excessive  des  espèces 
douces  et  paisibles  ;  comme  elle  a  formé  des  animaux  herbi- 
vores pour  modérer  l'excessive  multiplication  des  végétaux, 
11  y  a  donc  une  gradation  successive  d  êtres  qui  se  contiea^ 


BAL  î65 

nent  réciproquement  dans  des  limites  naturelles  ;  il  y  a  une 
hiérarchie  de  pouvoir  et  une  sorte  de  gouvernement  dans  le 
vaste  empire  des  corps  organisés.  Les  végétaux  en  sont  comme 
le  peuple,  la  classe  indigente  et  laborieuse,  qui  fournit  l'ali- 
ment à  tout  le  corps  social.  Les  animaux  herbivores  et  frugi- 
vores représentent  en  quelque  sorte  les  magistrats  particuliers , 
les  nobles  et  les  juges  subalternes  du  peuple  végétal.  Les  ani- 
maux carnivores  sont  les  chefs  ,  les  grands  et  les  princes  du 
règne  animal.  Enfin  ,  l'homme  est  le  roi  et  le  souverain  de 
tous  les  êtres  vivans.  Indépendamment  de  cette  organisation 
générale  ,  il  existe  dans  la  nature  diverses  provinces  qui  sont 
régies  par  des  chefs  inférieurs  à  l'homme.  Le  lion ,  le  tigre , 
l'ours  et  le  loup,  sont,  pour  ainsi  dire,  lesmaîtres des  animaux 
terrestres  ;  l'aigle  ,  le  vautour  ,  le  faucon  ,  le  duc  ,  comman- 
dent dans  les  provinces  de  l'air  ,  et  les  baleines  et  les  requins 
ont  été  délégués  dans  l'empire  des  ondes.  Chaque  être  a  ses 
fonctions  déterminées  :  il  y  a  dans  toutes  les  classes  des  em- 
plois d'autant  mieux  remplis  ,  qu'ils  sont  fondés  sur  les  be- 
soins naturels  de  manger  et  de  propager.  Comme  tous  ces  êtres 
n'exercent  entre  eux  que  des  fonctions  répressives  ;  comme  ils 
pèsent  les  uns  sur  les  autres  par  la  destruction ,  et  se  main- 
tiennent en  équilibre  par  la  quantité  de  nourriture  qu'ils  dé- 
vorent et  le  nombre  des  individus  qu'ils  engendrent ,  l'instinct 
du  besoin  ou  l'aiguillon  du  plaisir  sont  les  seules  rétributions 
que  la  nature  accorde  à  chaque  être  pour  remplir  la  tâche  qui 
lui  est  imposée. 

Ainsi ,  la  nature  a  placé  aux  deux  pôles  les  espèces  colos- 
sales des  cétacés  comme  deux  puissances  de  compression, 
pour  diminuer  la  quantité  trop  nombreuse  des  animaux  qui 
fourmillent  dans  les  mers  glacées  ;  car  sous  les  zones  chaudes 
de  l'Océan  ,  il  existe  un  nombre  infini  de  poissons  dépréda- 
teurs qui  suffisent  pour  maintenir  l'équilibre  entre  les  races 
vivantes.  Au  Nord,  un  seul  cachalot  tient  lieu  de  vingt  mille 
brochets ,  et  exerce  la  même  destruction.  La  nature  a  voulu 
placer  les  plus  grandes  espèces  de  cétacés  ,  surtout  dans  les 
climats  froids  ;  la  chaleur  des  mers  des  tropiques  eût  abattu 
toute  la  force  de  ces  grosses  masses  vivantes,  fondu  leur  graisse, 
et  les  eût  livrées  sans  défense  à  la  rapacité  des  habitans  de» 
ondes  ;  tandis  que  la  froidure  des  pôles  durcit  leurs  fibres  et 
raffermit  leur  graisse.  Celle-ci  tient  lieu  de  fourrure  et  em- 
pêche le  froid  de  pénétrer  dans  les  viscères  de  ces  animaux  et 
de  les  détruire  par  sa  violence.  (Consultez  l'article  Cétacés.) 

La  plus  grande  marque  du  pouvoir  de  l'homme  ,  est  sans 
doute  celui  qu'il  obtient  sur  la  baleine.  Quand  on  considère 
que  les  plus  grands  et  les  plus  puissans  des  animaux  viennent 
e^xpirer  aux  pieds  d'viii  pêcheur  basque  ou  d'un  matelot  ho!^ 


,66  B  A  L 

landais  ;  qu'une  poignée  de  misérables  pécheurs  met  en  fuil^ 
des  milliers  de  cétacés  ;  que  ni  leur  force  prodigieuse  et  leur 
natation  rapide,  ni  le  froid  ,  ni  les  tempêtes  de  TOcéan  et 
Jes  glaces  des  pôles  ne  peuvent  les  soustraire  à  la  main  de 
J'homrne  ,  il  est ,  sans  contredit,  le  roi  de  la  terre  ,  et  l'em- 
pire lui  a  élé  donné  sur  tout  ce  qui  existe.  Ce  n'est  plus  la 
violence  ,  c'est  Thabilelé  et  l'industrie  qui  commandent  dans 
l'univers  ;  la  masse  du  corps  n'est  rien  ,  l'intelligence  ,  1  âme 
fait  tout.  Telle  est  la  distance  immense  que  la  nature  a  mise 
entre  nous  et  la  brute  ;  l'un  commande  et  règne  ,  l'autre  ne 
peut  qu'obéir  et  ramper;  et  ce  nest  pas  un  vain  titre  que 
l'Etre  suprême  nous  attribue  sur  tous  les  animaux  ;  les  mar- 
ques en  sont  empreirïtes  sur  la  baleine  gigantesque  et  surl'é- 
Jéphant  colossal.  Ils  sont  devenus  nos  esclaves  ,  et  nous  ap- 
portent le  tribut  de  leurs  riches  dépouilles. 

Du  genre  des  baleines.  —  On  applique  le  nom  de  Caleine 
à  un  animal  célacé  ,  vivipare  ,  qui  respire  par  des  poumons  , 
qui  a  le  sang  chaud  ,  deux  ventricules  au  cœur  ,  des  évents  sé- 
parés ,  placés  vers  le  milieu  du  front ,  et  des  fanons  ou  lames 
de  corne  à  la  mâchoire  supérieure,  en  place  de  dénis.  Ce  der- 
nier caractère  distingue  éminemment  les  vraies  baleines  des 
autres  espèces  de  cétacés,  comme  les  cachalots  ,  les  dauphins 
et  les  narwhals. 

Les  vraies  baleines  à  fanons  se  distinguent  :  i.»  en  celr 
les  qui  ne  portent  aucune  nageoire  sur  le  dos  ,  telles  sont  lesba-r 
leines  franches  ,  le  nord-caper  ,  et  les  deux  baleines  bossues  , 
décrites  d'abord  par  Dudlev,  Philos.  Trtins. ,  n."  387;  savoir  la 
baleine  tampon  el  la  baleine  k  plusieurs  bosses  ;  mais  ces  deux 
dernières  espèces  ou  variétés  sont  imparfaitement  connues, 

2.°  Les  baleinoptères ^  dont  il  sera  fait  une  description  exacte 
à  leur  article  ,  sont  aussi  des  baleines  à  fanons  ;  mais  elles 
portent  une  nageoire  sur  le  dos.  Telles  sont  le  gibbar  ,  la  ju-i 
Larte  ,  le  rorqual  et  le  mus^'au  pointu. 

Les  baleines  sont  en  général  des  animaux  d'une  taille  mons- 
trueuse ,  d'une  forme  elliptique  ,  à  peau  nue  et  de  couleur 
noirâtre  ou  brune.  Leur  tète  ,  qui  est  fort  longue  et  aplatie 
sur  les  côtés,  finit  en  pente  vers  le  museau;  pr^is  du  front, 
sont  deux  évenls  ou  trous  qui  pénètrent  dans  l'arrière-bouche 
et  près  de  la  trachée-artère  de  l'animal  :  c'est  par-là  qu'il  reçoit 
l'air  qui  s  insinue  dans  ses  poumons  ,  lorscju'il  vient  respirer 
à  la  surface  des  eaux;  et  il  rejette  avec  force,  par  ces  orifices  , 
l'eau  qui  pénètre  dans  sa  goige  et  sa  bouche  lorsqu'il  se  plonge 
dans  la  mer.  Ces  jets  d'eau  qu'on  observe  quelquefois  d'un 
peu  loin  en  mer  ,  sont  produits  par  des  souffleurs  ou  des  cé- 
tacés ;  les  baleines  lancent  deux  jets  à  la  fois,  parce  qu'elles 
ont  deux  trous ,  tandis  que  les  autres  espèces  n'ont  qu'un  seul 


B  A  L  ,67 

orifice  pour  leurs  narines ,  et  ne  lancent  qu'un  jet  d'eau  à  cha- 
que expiration. 

Tl  n'y  a  jamais  de  dents  chez  les  véritables  baleines  ,  mais 
bien  dans  les  cachalots ,  les  narwhals  et  les  espèces  diverses  de 
dauphins  ;  on  trouve  en  place  ,  de  grandes  lames  longues  de 
neuf  à  dix  pieds  ,  composées  de  fibres  cornées  que  Ton  con- 
noil  sous  le  nom  de  haleine  ou  busqué  ;  on  les  appelle /a«o«5  : 
ils  sont  disposés  transversalement,  et  dans  une  direction  obli- 
que ,  sur  les  côtés  de  la  mâchoire  supérieure.  Leur  base  est 
appuyée  sur  l'os  du  palais.  Ces  fanons  sont  échancrés  en  faux, 
ol  leur  bord  est  frangé  ,  un  peu  coupant  ;  ils  sont  d'une  cou- 
leur noirâtre  dans  la  baleine  franche  et  hjuba/ie  ;  d'une  nuance 
bleuâtre  chez  le  gibhar^  et  bianchâlre  dans  la  baleine  bossue. 
On  assure  que  chaque  animal  en  porte  de  8  à  900  de  chaque 
coté  du  palais  ;  mais  ces  fanons  ne  sont  pas  tous  de  même 
longueur.  La  mâchoire  inférieure  de  ces  baleines  n'a  ni  dents 
«1  fanons  ,  mais  un  sillon  ,  une  rainure  ou  gouttière  sur  sou 
bord  ,  pour  recevoir  les  fanons  et  broyer  les  animaux  mollas^ 
ses  dont  se  nourrissent  les  baleines.  Toutes  ont  des  yeux  très- 
petits  à  proportion  de  leur  taille  ,  car  ils  surpassent  à  peine 
la  grandeur  de  ceux  du  bœuf;  ils  ont  des  paupières  et  sont 
placés  très-bas  ,  presque  à  l'angle  des  mâchoires.  Derrière 
eux  est  le  conduit  auditif  qui  est  fort  étroit  et  sans  conque  ex- 
térieure. Il  y  a  deux  nageoires  pectorales  qui  tiennent  lieu 
des  pattes  de  devant  des  quadrupèdes  ,  et  qui  contiennent  le 
même  nombre  d'os  ,  mais  plus  raccourcis  à  proportion.  Il 
n'existe  aucun  vestige  extérieur  de  pieds  de  derrière.  La  queue 
est  aplatie  horizontalement ,  au  contraire  des  poissons  chez 
lesquels  la  nageoire  caudale  est  toujours  placée  verticalement. 

De  même  que  les  autres  cétacés ,  les  baleines  respirent 
l'air  par  des  poumons ,  s'accouplent ,  produisent  des  petits 
vlvans,  et  les  allaitent.  Ces  animaux  sont  assez  doux  et  tran- 
quilles ;  leur  ouïe  est ,  dit-on  ,  excellente  ,  ipais  leur  vue  est 
folble  :  il  paroît  que  leur  toucher  ,  leur  goût  et  leur  odorat 
sont  presque  entièrement  oblitérés.  Les  baleinoptères  ,  telles 
que  la  jubarte  ,  le  rorqual  et  le  museau  pointu  ont  des  plis 
nombreux  sur  la  gorge  et  la  poitrine  ;  ce  qu'on  ne  remarque 
point  chez  d'autres.  L'usage  de  ces  plis  est  Ignoré.  La  verge 
du  mâle  ,  qu'on  nomme  baleinas  ,  est  renfermée  dans  une  sorte 
de  fourreau.  Près  des  organes  de  la  génération  ou  de  la  vulve 
des  femelles,  sont  placées  deux  mamelles ,  non  loin  de  l'anus. 
I^e  baleinas  dans  les  baleines  est  long  de  plus  de  dix  pieds , 
épais  de  huit  pouces  de  diamètre  à  sa  racine.  Les  testicules 
sont  renfermés  sous  la  peau ,  près  des  muscles  abdominaux. 
On  remarque  chez  les  femelles,  le  clitoris  ,  le  méat  urinaire 


i68  BAT. 

et  le  vagîn.  Une  odeur  musquée  et  rance  paroît  imprégner 
fortement  ces  organes. 

Des  espèces  de  haleines.  —  Dans  le  genre  des  baleines  propre- 
ment dites,  dont  nous  venons  de  parler,  on  connoît  aujour- 
d'hui quatre  espèces  distinctes ,  qui  sont  la  Baleine  franche  , 
ou  la  Baleine  de  Groenland  ,  Balœna  mystlrelus  de  Linn.  et 
deBonnaterre;  le  Nord-Caper,  Balœna gïacialis ^  Klein  (c'est 
\^  baleine  d'Irlande)  ^  Lacep.,  pi.  2  Gi'^  ;  la  Baleine  \  bosses, 
Balœna  gihbosa ,  Linn.  et  Bonn.  ;  la  Baleine  tampon,  Ba- 
lœna nodosa ,  Bonn.  Nous  traiterons  de  ces  espèces,  et 
quoique  nous  renvoyions  la  description  spéciale  des  Balei- 
WOPTères  à  leur  article  ,  nous  exposerons  ici  les  mœurs  ,  les 
combats,  les  amours,  les  nourritures  et  la  pèche  de  tous  ces 
animaux.  Nous  ferons  aussi  mention  de  leur  huile  ,  de  leurs 
fanons  ou  barbes ,  et  de  tous  les  avantages  qu'on  en  retire. 
On  pourra  consulter  l'article  des  Cachalots  pour  le  blanc 
de  baleine  ou  sperma  r.elî ,  et  pour  l'ambre  gris  ,  parce  que  ces 
productions  leur  appartiennent  plutôt  qu'aux  véritables  es- 
pèces de  baleines. 

Première  espèce. — BaLEINE  FRANCHE,  ou  du  (iROENLAND  ;  en 
irlandais  slellbakr  ;  en  danois  ,  slirlitehack  ,  c'est-à-dire  dos  uni  ^ 
ou  sandliual  ;  en  anglais,  whale  ;  en  allemand  ,  a>hid/Jisch  ;  en 
hollandais,  whalhisch;  en  norwégien  ,  huafisch  ;  slirlitehack .,  en 
danois  ;  vallena  en  espagnol.  Les  Iloltentots  la  connoissent 
sous  le  nom  de  tkakœ  ,  car  elle  se  trouve  aussi  dans  l'Océan 
austral.  Balœna  nuixillis  subœf/ualihus  ;  inferiurc  oi>atd  ,  in  medio 
latiore  :  durso  impinni ,  nigro  alhoque  maculatu  ^  de  Bnnnalerre. 
Balœna  mysficelus ,  Linn.,  baleine  franche  de  Lacépède ,  crlac.  i , 
fig.  I  ;  c'est  la  haleine  ordinaire  ,  la  vraie  haleine  du  Groëidand 
des  auteurs.  V.  pi.  2 ,  fig.  i  ,  Encyclop.  méth.  Célologie. 

On  ne  connoît  sur  la  terre  aucun  animal  aussi  monstrueux 
que  la  haleine  du  Groenland  ;  car  ce  qu'on  rapporte  de  la  taille 
démesurée  du  kraken  ou  du  pnWendu  poulpe  giganfcsffue  ,  est  si 
dénué  de  vraisemblance  ,  qu'il  n'est  pas  permis  d'y  croire. 
(F".  Kraken.)  La  baleine  doit  donc  »;tre  considérée  comme 
le  plus  énorme  et  le  plus  vaste  des  animaux.  Le  règne  végétal 
ne  fournit  pas  d'exemple  d'arbres  dont  on  puisse  comparer  la 
masse  ou  l'élévation  à  celle  de  la  reine  des  mers.  Le  chêne 
le  plus  gros  et  le  plus  élevé  n'a  pas  une  masse  égale  à  celle 
de  la  baleine ,  et  le  seul  haohah  (arbre  de  la  famille  des  Mal- 
VacÉES  ,  Adansonia  digitata  ^  Linn.)  est  capable  de  l'égaler. 
{Consultez  l'article  Baobab.  )  On  a  vu  souvent  des  baleines 
de  cent  et  cent  vingt  pieds.  On  ne  peut  guère  se  refuser 
à  croire  qu'il  en  existoit  jadis  de  deux  cents  et  mèuje  de  trois 
cents  pieds  de  longueur  ,  et  massives  à  proportion  ;  mais  «lu- 
jourd'hui  que  les  Européens  en  détruisent  chaque  année  un 


BAL  169 

grand  nombre  ,  elles  n'ont  plus  le  temps  tle  parvenir  à  la 
môme  taille.  Si  l'on  considère  en  effet  que  ces  grands  céta- 
cés vcnoient  jusque  dans  la  Méditerranée  au  temps  de  Pline 
le  naturaliste  ,  pour  faire  leurs  petits  {Hist.  nal. ,  1.  IX  ,  c.  6.  ), 
et  que  ^ii'abon  l'assure  aussi  (Géogr. ,  l.  III  )  ;  qu'elles  étoient 
abondantes  dans  le  golfe  Canlabriquc  ou  de  Gascogne  ,  la 
Manche  et  les  mers  Britanniques  ,  selon  Juvénal ,  qui  dit , 
sut.  X,  V.  14.  : 

Quanta  delpliinis  balœna  Briiannica  major  : 

on  peut  croire  que  ces  animaux  peuploient  en  liberté  par- 
tout ,  et  arrivoient  à  un  long  âge.  On  n'étoit  point  encore  as- 
sez habile  ou  assez  assuré  dans  la  navigation  pour  suivre  et 
attaquer  au  loin  ces  monstres  marins  (  TSoëi  de  la  Morinière , 
hist.  des  pêches^  Paris,  in-4..°,  i8i5  ,  tome  V,  chap.  7.).  Il 
y  eut  une  longue  interruption  dans  le  inoyen  âge  ;  cependant 
les  Basques  faisoient  déjà  la  pêche  de  la  baleine  dès  le  corn' 
menrement  du  douzième  siècle  ;  les  Holiandois  et  les  autres 
peuples  commencèrent  à  s'en  occuper  vers  la  fin  du  seizième 
siècle  jusqu'à  ce  jour  ;  on  ne  sera  donc  point  surpris  si  le  nom- 
bre des  baleines  diminue  tant ,  et  si  les  jeunes  n'ont  pas  assez 
de  temps  pour  acquérir  toutes  leurs  dimensions.  Elles  sont 
d'ailleurs  obligées  de  se  réfugier  aujourd'hui  jusque  sous  les 
glaces  des  pôles ,  où  le  froid  extrême  qu'elles  y  éprouvent 
peut  arrêter  leur  développement  ,  tandis  qu'une  température 
plus  douce  le  favoriseroit.  Les  baleines  qu'on  prenoit  il  y  a 
trois  siècles  ,  étoient  bien  plus  grosses  que  celles  d'aujour- 
d'hui ,  parce  qu'elles  étoient  plus  vieilles  et  vivoient  plus 
tranquilles.  En  1620,  une  baleine  échoua  dans  l'île  de  Corse; 
elle  étoit  longue  de  plus  de  cent  pieds  :  un  homme  à  cheval 
pouvoit  entrer  dans  son  énorme  gueule.  Pour  retirer  le  grand 
intestin  de  son  ventre  ,  il  fallut  plus  de  dix-sept  hommes  ;  elle 
fournit  cent  trente-cinq  mille  livres  de  lard  :  c'étoit  une  fe- 
melle pleine  ;  son  fœtus  avoit  déjà  trente  pieds  de  longueur, 
e!  pesoit  quinze  cents  livres  :  la  mère  devoit  peser  plus  de  cinq 
cents  mille  livres.  Une  baleine  de  soixante- douze  pieds  seule- 
ment ,  échouée  en  1726  dans  la  baie  de  la  Somme ,  avoit  une 
gueule  si  vaste,  que  deux  hommes  y  entroient  à  l'aise  sans  se 
b,-.isser.  La  force  des  muscles  doit  être  proportionnée  à  celte 
masse  gigantesque  ;  et  quels  efforts  prodigieux  ne  faut-il  pas 
à  l.T  baleine  ,  pour  remuer  avec  vitesse  un  corps  de  cette  taille  ^ 
lui  faire  fendre  les  ondes  ,  le  fléchir  ,  le  faire  bondir  à  la  sur- 
face des  vagues  écumantes  ,  l'opposer  aux  flots  tumultueux  de 
la  tempî'te  ,  soulever  des  dômes  énormes  de  glaces  sur  soit 
dos,  et  parcourir  comme  un  trait  la  vaste  plaine  des  mers? 
Les  anciens ,  iimis  du  merveilleux  ,  avoicnl  adiwis  i'exis- 


I70  BAL 

icnce  de  baleines  loneoes  de  neuf  cent  soixante  pieds.  Selon 
Pline  (^Nat.  hislor.,  1.  XXXII.),  il  étoit  fait  mention,  dans  les 
r<;lations  adressées  à  Gaïus  César  par  Juba,  de  cétacés  longs 
de  six  cents  pieds  ,  et  qui  avoient  trois  cent  soixante  pieds  de 
circonférence  :  on  les  trouvoit  à  l'embouchure  des  fleuves 
d'  \rabie.  Néarque  ,  amiral  d'Alexandre-le-Grand ,  assura 
que  des  baleines  avoient  vingt-trois  pas  de  longueur  ,  et  qu'il 
f  n  vit  une  échouée  sur  les  îlots  qui  sont  à  l'embouchure  de 
TEuphrale  :  elle  avoit  cent  cinquante  coudées  de  longueur. 

Des  modernes  ont  renouvelé  ces  fables:  Jacques  Ziegler 
(^Bescript.  schoundice)  prétend  qu'auprès  de  W  ard-Huys ,  le 
rivage  est  couvert,  au  printemps  ,  de  baleines  énormes  ,  dont 
quelques-unes  ont  cent  coudées  de  long.  Des  voyageurs  assu- 
rent avoir  vu  dans  les  mers  de  la  Chine  ,  des  baleines  de  neuf 
cents  pieds  ;  selon  d'autres  ,  elles  ressembloient  à  des  îles  ,  à 
des  écueils  ,  à  des  montagnes.  Quelques  pêcheurs  du  nord 
parlent  d'un  poisson-montagne  ou  kraken  ,  qui  s'élève  comme 
une  île  (lollante  du  fond  des  abîmes  des  mers ,  et  qiii  attirç 
par  sa  présence  une  foule  d'animaux  ,  d'oiseaux  qui  viennent 
se  reposer  sur  son  dos,  et  se  nourrir  des  coquillages  dont  il 
est  chargé.  On  raconte  même  que  des  pêcheurs  ayant  une  fois 
débarcjué  sur  un  de  ces  aniuiaux  comme  sur  une  île  ,  y  allu- 
mèrent du  feu  ;  mais  l'animal  se  sentant  brûler ,  plongea  tout 
à  coup ,  produisit  un  immense  tourbillonnement  dans  les 
eaux  ,  et  submergea  les  pêcheurs  :  à  peine  le  navire  et  ceux 
qui  y  étoient  demeurés  ,  purent  éviter  le  naufrage  (  F.  Vliist. 
nul.  des  mollusques  ,  par  Donys  Montfort ,  tome  2  *,  on  y  trouve 
plusieurs  reclierches  à  cet  égard).  On  sent  bien  que  nous 
ne  croyons  point  à  ces  fables  ,  et  qu'il  seroit  bon  d'en  purger 
l'Histoire  naturelle  ,  puisque  celle-ci  ne  doit  être  que  l'ex- 
pression de  la  simple  vérité. 

La  haleine  doit  vivre  très-long-temps  ,  de  même  que  les 
poissons,  et  il  paroît  que  c'est  une  propriété  commune  à  tous 
les  animaux  aquatiques  ;  car  la  vieillesse  et  la  mort  naturelle 
dépendent  principalement  de  la  rigidité  que  les  différens 
organes  acquièrent ,  ce  qui  ne  leur  permet  plus  de  remplir 
leurs  fonctions  accoutumées;  et  leur  durcissement  les  empê- 
chant de  recevoir  la  nourriture  ,  ils  se  détruisent  sans  se  ré- 
j)arer.  Dans  l'animal  aquatique,  au  contraire,  tous  les  or- 
ganes étant  perpétuellement  relâchés  par  l'eau  ,  deviennent 
moins  rigides,  et  n'éprouvant  jamais  de  durcissement ,  ils 
peuvent  se  réparer  plus  facilement;  d'où  il  suit  que  le  terme 
de  la  vie  peut  se  reculer  indéfiniment  dans  ces  animaux.  On 
a  des  exemples  de  carpes  ,  de  brochets  qui  ont  vécu  de 
cent  à  deux  cents  ans;  il  n'est  donc  pas  étonnant  (jue  la  ba- 
leine paisse  exister  plus  long-temps  ;   cl  si  elle  a  déjà  vingt 


B  A  L  171 

on  irenie  pieds  à  sa  naissance  ,  à  quelle  taille  ne  peut-elle 
point  parvenir  dans  l'espace  de  trois  à  quatre  siècles  ?  Mais 
doit-on  en  conclure  avec  Bufïbn  et  M.  Lacépède  que  la  ba- 
leine peut  vivre  mille  ans?  La  comparaison  de  la  durée  de  sa 
vie  avec  celle  des  poissons  n'est  pas  en  tout  exacte.  Le  pois- 
son ne  respirant  quel  air  battu  dans  l'eau  par  ses  ouïes  oubran- 
chies,  alesangfroid,  une  vie  languissante  ou  qui  consume  peu 
sesforces  ,  comme celledesreptiles.  Aucontraire,  lesanimaux 
à  sang  chaud  et  respirant  par  des  poumons  vastes  et  celluleux, 
l'air  en  nature,  étantvivipares,  plus  vifs,  plus  sensibles  ,  consu- 
menlplusrapidement  leurs  forces  vitales.  Aussidegrosquadru- 
pèdes  vivent  bien  moins  de  temps  que  les  petits  poissons  ;  le 
bœuf,  L- cheval,  malgré  leurforte  corpulence,  viventmoins  que 
l'homme.  Ainsi,  ni  la  taille ,  ni  la  vie  aquatique,  ne  parois- 
sent  suffisantes  pour  prolonger  l'existence  des  baleines  si 
loin.  Elle  doit  être  proportionnée  au  temps  de  leur  accroisse- 
inenl.| 

On  ne  trouve  guère  à  présent  que  des  baleines  de  cinquante 
à  quatre-vingts  pieds  au  plus  ;  on  dit  que  les  femelles  sont 
plus  grosses  que  les  mâles  ,  contre  l'ordinaire  des  mammi- 
fères ;  elles  se  tiennent  dans  les  mers  polaires,  et  s'enfoncent 
très-avant  entre  les  glaces  ,  où  les  navires  pécheurs  ne  les 
poursuivent  qu'avec  beaucoup  de  périls  et  de  peine  ;  c<ti'  il 
faut  une  intrépidité  extraordinaire  pour  oser  atta([uer,  sur  une 
frêle  chaloupe  ,  un  monstrueux  animal  qui ,  d'un  coup  de  sa 
queue  ,  peut  la  faire  voler  en  éclats  ,  et  ébranler  les  plus 
gros  vaisseaux.  Il  faut  pénétrer  sous  un  affreux  climat,  au 
milieu  des  glaces  amoncelées  qui  se  pressent,  qui  arrêtent  les 
bâtimens,  les  brisent  ou  les  emprisonnent  sans  espoir  d'être 
dégagés.  Il  faut  savoir  braver  le  froid  ,  les  peines  et  la  mort 
à  chaque  instant.  L'adresse ,  le  courage,  la  force,  doivent  être 
employés  tour  à  tour  ,  et  l'on  ne  sait  s'il  faut  plus  admirer 
l'industrie  de  l'homme  dans  une  si  audacieuse  entreprise , 
que  le  plaindre  de  la  cupidité  et  de  la  soif  du  gain  qui  la  lui 
fait  tenter. 

Le  corps  de  la  baleine  peut  être  comparé  à  une  forme  de 
cordonnier  renversée  -,  sa  tête  ,  d'une  taille  énorme,  fait  en- 
viron le  tiers  de  la  longueur  totale  ;  son  sommet  est  incliné 
comme  un  toit  ;  au  milieu ,  les  deux  évents  sont  placés  sur 
une  éminence.  L'ouverture  de  la  gueule  est  extrêmement 
vaste  ,  et  a  la  figure  d'une  S.  Chaque  mâchoire  a  la  même 
longueur,  mais  l'inférieure  est  la  plus  large,  surtout  dans 
son  milieu  ;  elle  a  des  lèvres  charnues  et  creusées  en  gout- 
tière large  et  profonde  pour  emboîter  les  barbes  ou  fanons 
de  la  mâclioire  supérieure. 

Ces  fauons  ,  ces  barbes  sont  en  lames  fibreuses  de  diverse 


172  BAL 

longueur  ;  les  plus  petits  ont  trois  ou  quatre  pieds  de  long ,  et 
les  plus  granfls  en  ont  quinze  ;  ils  sont  places  transversalement 
et  dans  une  direction  o]>lique  <[ui  tourne  du  côté  de  la  gorge  ; 
leur  grandeur  va  en  décroissant  successivement  ,  et  leurs 
bords  sont  effilés,  larges  vers  lune  de  leurs  exirémités  ;  ils 
s'amincissent  à  leur  autre  bout.  Vers  les  deux  extrémités  de 
ces  rangs  de  fanons ,  se  trouvent  des  lames  carrées  ,  petites 
comme  des  tuyaux  de  plume  ,  et  de  quatre  pouces  de  lon- 
gueur ;  leur  substance  est  plus  tendre  ;  elles  sont  moins  rap- 
Î)rochées  aussi.  Le  tranchant  effilé  des  fanons  pose  vertica- 
ement  sur  la  langue  et  sur  la  mâchoire  inférieure. 

Les  lames  ou  fanons  occupent  tout  le  palais  et  la  gueule  des 
baleines  ;  ils  sont  épais  d'un  pouce  ou  même  moins  ,  et  tran- 
chans  à  leur  bord  ,  avec  des  fibres  effilées.  Cette  réunion 
touffue  de  fanons  placés  en  ordre  ,  fait  paroitre  la  surface  du 
palais  des  baleines  comme  la  peau  d'un  animal  couverte  de 
crins  ou  de  soies  très-rudes  :  l'accroissement  de  ces  fanons 
est  analogue  à  celui  des  cheveux  ou  de  la  corne  des  animaux. 

Chaque  fanon  est  composé  de  fibres  longitudinales  de  la 
nature  de  la  soie  du  cochon  ;  ces  fibres  sont  collées  ensemble , 
mais  peuvent  se  séparer.  Lorsque  les  pêcheurs  ont  détaché  ces 
barbes  de  la  mâchoire  des  baleines  ,  ils  les  fendent  et  les  dé- 
bilèntpour  en  faire  des  busqués.,  des  rayons  de  parapluie  ,etc. 
Celte  matière  est  très-flexible ,  et  de  la  nature  de  la  corne  ; 
car  elle  se  ramollit  dans  l'eau  chaude  ,  mais  elle'ne  s'y  dis- 
sout pas.  Les  alcalis  ,  les  acides  la  détruisent  ;  le  feu  la  crispe 
et  la  décompose  à  la  manière  des  crins  et  des  poils  des  qua- 
drupèdes. On  appelle  cette  matière,  de  la  baleine  ;  elle  sert 
dans  plusieurs  arts  ,  et  forme  des  ressorts  doux  et  très-élas- 
tiques ;  on  en  faisoit  des  corps,  espèces  de  cuirasses  avec  les- 
quelles on  déformoit ,  il  y  a  plusieurs  années  ,  la  taille  du 
beau  sexe  ,  et  qui  lui  ont  procuré  plus  de  maux  qu  ils  n'ont 
augmenté  ses  charmes. 

Comme  la  figure  des  baleines  et  l'élément  qu'elles  habi- 
tent ont  beaucoup  de  rapport  avec  ceux  des  poissons,  elles 
ont  été  regardées  comme  appartenant  à  la  même  classe  ; 
mais  nous  ferons  voir  à  l'article  des  Cétacés  ,  combien  ces 
animaux  sont  différens.  D'ailleurs  ,  la  baleine  respirant  l'air 
à  la  surface  de  l'eau  ,  comme  les  antres  cétacés,  a  ses  deux 
cvents  ou  ses  ouvertures  nasales  placées  au  sommet  de  la 
tête  pour  plus  de  commodité;  le  diamètre  de  chaque  évent 
est  d'environ  le  centième  de  la  taille  de  l'animal.  C'est 
par-là  que  la  baleine  rejette  l'eau  qui  entre  dans  sa  gueule  , 
et  qu'elle  inspire  l'air. 

Lorsque  la  baleine  veut  rejeter  l'eau  qui  a  pénétré  dans 
sa  vaste  gueyle ,  elle  ferme  lej  mâchoire»  et  son  larynx^ 


B  A  L  ,73 

L'eau  comprimée  par  la  langue,  par  les  muscles  pliaryngiens 
de  l'animal  et  des  bourses  musculeuses  aux  évents  ,  est  forcée 
de  sortir  par  les  deux  conduits  da  nez  ou  les  évents  et  ceux- 
ci  étant  dans  une  direction  verticale  ,  Teau  est  lancée  en  jet 
énorme  jusqu'à  3o  ou  4-o  pieds  de  haut,  avec  un- bruit  ef- 
frayant comme  celui  d'un  tonnerre  lointain;  la  baleine  lance 
assez  d'eau  pour  remplir  et  submerger  des  barques  ,  et  cause 
un  remous  si  considérable  par  son  mouvement  sur  la  mer, 
qu'on  s'en  aperçoit  à  plus  d  une  lieue  à  la  ronde. 

La  peau  de  la  baleine  est  épaisse  d'un  pouce  environ  ; 
elle  est  brune  ou  noire  en  dessus  ,  et  blanchâtre  en  dessous 
du  corps.  Son  épiderme  est  analogue  à  celui  de  la  plante 
des  pieds  dans  l'homme  ,  et  son  tissu  est  composé  de  cou- 
ches successives.  Le  tissu  de  la  peau  se  confond  presque  avec 
le  tissu  cellulaire  graisseux  ,  sous  -  cutané  dans  la  baleine 
franche.  Communément  la  peau  de  cet  animal  est  très-lisse  , 
sans  écailles  ,  polie  et  brillante  ,  parce  qu'elle  est  huileuse  : 
souvent  on  y  remarque  des  marbrures  de  diverses  couleurs. 

Dans  tous  les  cétacés,  la  langue  est  courte  ,  attachée  à  la 
mâchoire  inférieure,  et  d'unenature  graisseuse  comme  tout  le 
corps  :  on  en  tire  plus  de  six  tonneaux  d'huile.  Celle  des  balei- 
nes franches  est  une  masse  de  chair  molle»  spongieuse  et  pres- 
que sans  mouvement,  parce  qu'elles  ont  seulementbesoin  d'ou- 
vrir leur  gueule  pour  écraser  avec  leurs  fanons  les  petits  ani- 
maux dont  elles  se  nourrissent.  La  langue  est  presque  la  seule 
partie  du  corps  que  les  matelots  puissent  manger  ,  et  elle  est 
passable  après  avoir  été  salée  ,  car  la  chair  de  la  baleine  est 
très-dure  et  cornée  :  ses  fibres  sont  extrêmement  grossières 
et  imbibées  d'une  huile  dégoûtante.  On  observe  des  marque» 
noirâtres  sur  les  côtés  de  la  langue  de  ces  animaux ,  qui  a 
une  forme  arrondie,  et  souvent  dix-huit  pieds  de  longueur 
sur  dix  de  large  :  on  en  peut  remplir  plusieurs  tonneaux.  11  y 
a  des  paupières  et  des  sourcils  aux  yeux  qui  sont  placés  très- 
tas  ,  et  ne  surpassent  pas  en  grosseur  ceux  du  bœuf.  Leur 
cristallin  ,  blanc  et  transparent ,  est  petit  comme  un  pois  et 
presque  sphérique  comme  celui  des  poissons  ,  pour  voir  au 
travers  de  l'eau  et  non  dans  un  milieu  plus  rare.  (  Cuvier, 
leç.  anat.  comp.  il  ,  pag.  Syo.  )  Derrière  les  yeux,  sont  placés 
les  tuyaux  des  oreilles,  sans  pavillon  extérieur  :  c'est  par  ces 
trous  que  les  pêcheurs  adroits  lancent  le  harpon ,  afm  que  pé- 
nétrant l'os  pierreux  des  oreilles  ,  il  y  adhère  plus  fortement. 
L'os  de  l'oreille  intérieure  est  en  efîFet  très-dur  dans  la  ba- 
leine ;  il  a  la  forme  d'une  coquille  univalve  ;  les  parties  qui 
«servent  à  l'ouïe  sont  renfermées  dans  cet  os  ,  de  mC-me  que 
chez  les  quadrupèdes  ;  car  l'oreille  intérieure  des  cétacés  ne 
diffère  poiut  esseuliellcment  de  la  nôtre  :  aussi  leur  ouïe  est 


174  BAL 

très-délicate.  La  nalure  leur  a  donné  cet  avantage,  afin  qu'il*} 
puissent  reconnoître  de  loin  leurs  nombreux  ennemis.  Ordi- 
nairement l'os  de  l'oreille  est  enfoncé  de  Irois  à  quatre  pieds 
sous  les  chairs  ,  le  lard  et  la  peau;  il  est  d'une  substance  ex- 
trêmement compacte,  et  fait  feu  avec  l'acier  :  on  l'employoit 
jadis  en  médecine  ,  comnie  absorbant ,  sous  les  noms  très- 
impropres  de  pierre  de  tiburon  (  qui  est  une  espèce  de  chien 
de  mer),  ou  de  manali  (espèce  d'animal  amphibie)  ,  ou  de 
loup-marin  (qui  est  un  phoque).  Les  baleines  ou  les  cétacés 
en  général  manquent  de  nerfs  olfactifs  ou  de  la  première 
paire  ;  mais  dans  la  trompe  d'eustache  des  dauphins,  il  y  a  des 
sinus  olfactifs,  où  se  ramifient  des  nerfs  de  la  cinquième  paire 
qui  peuvent  bien  avoir  pour  objet  de  ressentir  les  odeurs  ;  en 
effet  ,  l'eau  infecte  des  poissons  pouris  éloigne  les  baloines. 
Les  nageoires  pectorales  de  la  baleine  sont  deux  larges 
membres  Ai  forme  ovale  ,  aplatie  ,  échanerée.  Dans  leur  in- 
térieur, on  ne  trouve  pas  des  rayons  comme  chez  les  pois- 
sons ,  mais  tous  les  os  de  l'épaule ,  du  bras  et  de  la  main  , 
comme  l'omoplate  ,  l'humérus,  le  cubitus  et  le  radius,  les  os 
du  carpe,  du  métacarpe  et  ceux  des  doigts  ou  phalanges; 
seulement  ils  sont  tous  raccourcis  >  couverts  d'une  chair 
tendineuse,  ou  demi  -  cartilagineuse  ,  et  revelus  d'une 
peau  épaisse.  La  haleine  franche  n'a  point  de  nageoire 
sur  le  dos  ;  celle  de  la  queue  est  formée  de  deux  lobes 
échancrés  et  posés  horizontalement.  Dans  son  intérieur  , 
on  trouve  les  rudiniens  des  os  du  bassin.  Avec  ses  seules 
nageoires  et  surtout  sa  puissante  queue ,  la  baleine  fend 
l'onde  avec  la  plus  grande  vitesse  ;  sa  graisse  abondante  al- 
lège son  corps  ,  le  fait  surnager,  et  la  plus  légère  impulsion 
lui  suffit  pour  glisser  rapidement  sur  la  [daine  des  mers.  Si 
elle  veut  plonger,  elle  resserre  son  corps;  pour  remontef 
sur  l'eau  ,  elle  s'étend.  Les  cétacés  ne  sont  pas  des  animaux 
véritablement  aquatiques;  ils  ne  vivent  pas  au  .sein  des  eaux, 
mais  seulement  à  leur  surface  ;  ils  sont  plutôt  habitans  dé 
lair,  puisqu'ilsle  respirent  par  des  poumons.  On  voitsouvent 
les  pesantes  baleines  se  jouer  au  milieu  des  flots  irrités  , 
sauter  de  joie  sur  les  vagues  blanchies  d'écume  ,  lancer  au 
loin  des  jets  de  l'onde  amère  ,  et  se  disputer  entre  elles  de 
vitesse  et  de  dextérité  dans  leurs  évolutions.  Elles  s'amusent 
innocemment  autour  dos  vaisseaux  pêcheurs  ,  et  ne  voient 
pas  le  matelot  qui  apprête  le  fatal  harpon  ;  l'animal  pai- 
sible laisse  ,  avec  indifférence  ,  lancer  l'instrument  de  mort  ; 
il  ignore  combien  Ihomme  ,  cet  être  si  foible  à  ses  yeux,  est 
redoutable  et  cruel;  il  ne  songe  qu'aux  plaisirs  de  la  vie  et  va  • 
recevoir  la  mort.  Les  baleines  et  les  autres  cétacés  n'ont  pour 
voix  qu'une  sorte  de  mugissement  assez  fort  ou  de  grognement, 


BAL  i~5 

«u'ils  font  entendre  lorsqu'ils  sont  dans  les  souffrances  de 
l'agonie. 

11  y  a ,  dans  les  baleines  et  les  cétacés  ,  les  mêmes  os  que 
dans  la  charpente  des  quadrupèdes  ,  à  l'exception  de  ceux  du 
bassin  et  des  exlrémilés  inférieures  qui  manquent  dans  tous. 
On  a  compté  63  vertèbres  dans  une  baleine  échouée  eu 
Islande  en  1763  ,  selon  Olafsen.  Quoique  la  cavité  du  cer- 
veau soit  considérable  ,  la  cervelle  ne  fait  guère  que  le 
25  millième  du  poids  total  de  la  baleine  franche  ,  tandis 
qu'il  est  le  cinq  centième  dans  l'éléphant.  Chez  rhomnie  , 
le  cerveau  et  le  cervelet  font  le  4^o.=  du  poids  total  du  corps 
à  peu  près.  V.  Cerve\u.  Mais  chez  les  oiseaux  ,  tels  que  i« 
serein  ,  le  moineau ,  il  est  le  20  ou  le  3o.'=  du  corps  ,  ou  plus 
considérable  à  proportion  que  dans  notre  espèce.  Chez  les 
baleines  ,  les  muscles  sont  comme  ceux  des  quadrupèdes , 
et  leur  substance  est  coriace  ,  très-fibreuse  ,  rougeâlre,  dure  ; 
ils  sont  environnés  d'un  tissu  cellulaire  extrêmement  abon- 
dant ,  dont  les  cellules  sont  remplies  de  graisse  liquide;  leur 
surface  extérieure  est  enveloppée  d'un  lard  très-épais  ,  et  en 
plusieurs  couches  ;  au-dessus  du  lard ,  et  immédiatement 
sous  la  peau ,  se  trouve  une  couche  d'huile  renfermée  dans 
une  membrane  réticulaire.  On  trouve  cinq  grandes  poches 
dans  l'estomac  des  baleines  ,  presque  comme  dans  les  rumi- 
nans  ;  elles  ont  aussi  un  cœcum  et  de  très-longs  intestins  , 
parce  qu'elles  vivent  de  nourritures  moins  animalisées  que 
les  cétacés  pourvus  de  dents.  Ces  animaux  ont  beaucoup  plus 
de  sang  à  proportion  que  les  quadrupèdes  ;  on  a  dit  qu»j  le 
trou  de  botal  étoit  ouvert  à  leur  cœur  et  permettoit  le  pas- 
sage du  sang  veineux  dans  le  cœur  gauche  ou  ventricule  aor- 
tique  ,  sans  passer  toujours  par  les  poumons  quand  la  ba- 
leine plonge.  Cependant  elle  est  forcée  de  venir  respirer 
l'air  ,  sans  quoi  elle  périroit. 

De  la  nourriture  de  la  baleine  et  de  ses  excréniens.  —  On  seroit 
tenté  de  croire  d'abord  qu'un  aussi  puissant  animal  dévore 
les  plus  gros  poissons ,  et  fait  sa  pâture  ordinaire  des  plus 
fiers  habitans  des  ondes  ;  mais  en  considérant  que  la  baleine 
n'a  point  de  dents  ,  que  ses  fanons  sont  de  nature  assez 
flexible  ,  que  les  muscles  de  ses  mâchoires  sont  très-foibles  , 
on  reconnoîtra  qu'elle  ne  peut  se  nourrir  que  des  plus  petitj 
animaux.  Ses  aliinens  ordinaires  sont  composés  de  vers , 
de  mollusques,  de  zoophytes ,  tels  que  les  radiaires,  l'argo- 
naute arctique  ,  la  clio  boréale,  les  petits  crabes  (^pedatu, 
et  oculatus^  Linnseus  ),  les  méduses ,  etc.,  etc.,  etc.  Comme 
ces  petits  animaux  sont  en  nombre  infini  dans  les  mers  po- 
laires ,  la  baleine  n'a  ,  pour  ainsi  dire ,  qu'à  ouvrir  sa  gueule 
pour  le*  .engloutir  par  miJiliers  ;  elle  les  brise  facilement  sous 


176  BAL 

ses  fanons  tranchans  ,  tandis  qu'une  proie  plus  dure  et  plus 
osseuse  résisteroit  à  leur  compression.  Les  zoophytes  que  dé- 
vorent les  baleines  ,  ont  Tinstinct  de  se  jouer  avec  les  barbes 
effilées  de  leurs  fanons  qu'ils  prennent  pour  une  proie  ;  ils 
viennent  eux-mêmes  se  faire  prendre  entre  ces  barbes  ;  le 
vaste  animal  fermant  sa  gueule  et  rejetant  l'eau  en  soufflant , 
écrase  ces  frêles  nourritures  vivantes  et  les  engloutit  dans 
l'énorme  caverne  de  son  estomac.  On  nomme  walfisr.h-uas , 
amorce  de  baleine  ,  ces  zoopbytes,  qui  sont  gros  comme  des 
fèves  ,  et  ont  l'odeur  de  la  mélasse. 

La  nature  a  très-bien  proportionné  la  quantité  des  ali- 
nïens  et  leur  nature  avec  la  conformation  de  ces  animaux 
gigantesques.  Ce  n'est  point  aux  poissons  que  les  vraies  ba- 
leines font  la  guerre ,  elles  se  contentent  de  leur  menue  nour- 
riture ,  comme  le  bœuf  se  contente  de  l'herbe  des  champs. 
Ce  sont  des  animaux  doux  et  paisibles  ,  qui  n'ont  rien  d'im- 
pétueux et  de  féroce  dans  le  caractère.  On  a  trouvé  des  ba- 
leines dans  les  mers  de  la  zone  torride  (James  Colnett  a 
yoyageto  tlie^  Soulit  atlantic^  etc.  Lond.  1798.  )  Mais  comme 
elles  n'y  trouvent  pas  de  nourritures  convenables  de  même 
qu'au  Nord  ,   elles  sont  très-maigres. 

Les  excrémens  des  baleines  sont  un  peu  solides ,  d'une 
couleur  jaune-rougeâtre  et  comme  safranée  ;  ils  n'ont  point 
de  mauvaise  odeur.  Les  pêcheurs  en  amassent ,  et  on  en  fait 
usage  pour  teindre  la  toile  en  rouge.  Cette  couleur  est  de  bon 
teint  et  assez  agréable  ;  elle  paroît  dépendre  de  la  nature 
mêtne  des  alimens  de  ces  cétacés. 

Des  amours  ,  de  l'accouplement  et  de  la  génération  des  ba- 
leines. —  11  n'y  a  point  d  exception  pour  l'amour  dans  toute 
la  nature  ;  ie  gigantesque  cctacé  ,  dans  les  mers  glacées  des 
pôles  ,  éprouve  ses  ardeurs  comme  l'animalcule  et  l'habitant 
de  la  torride.  Le  mâle  de  la  baleine  a  un  membre  génital 
long  de  dix  à  douze  pieds  ;  on  l'appelle  baleinas;  il  est  ren- 
fermé dans  un  double  prépuce  comme  un  couteau  dans  une 
gaîne.  On  trouve   vm  os  dans  cette  longue  verge  qui  a  sept 

fouccs  de  diamètre  à  sa  racine.  Les  testicules  paroissent  à 
extérieur  dans  le  temps  du  rut  seulement,  mais  rentrent 
ensuite  dans  la  cavité  abdominale.  Toutes  ses  parties  géni- 
tales sont  à  peu  près  conformées  comme  celles  des  quadru- 
pèdes ruminans.  On  observe  ,  dans  la  femelle  ,  une  vulve 
placée  près  de  l'anus  et  pourvue  d'un  clitoris,  des  grandes 
lèvres  et  des  nymphes.  De  chaque  côté  du  vagin  ,  on  voit 
une  mamelle  enfoncée  dans  un  sillon  de  la  peau.  A  l'époque 
de  l'alaitement,  les  deux  mamelles  sont  gonflées  de  lait  ;  elles 
ont  alors    un  pied  de  largeur  et  à  peu  près  autant  de  Ion- 


♦BAL  ,77 

gueur  ;  maïs  elles  diminuent  et  se  rident  lorsque  le  baleineau 
ne  tette  plus. 

Lorsque  les  baleines  veulent  s'accoupler  ,  elles  s'apparient , 
voyagent  de  compagnie  vers  quelque  rlv^e  déserte.  Le  mâle  et 
la  femelle  s'approchent ,  se  laissent  tomber  perpendiculaire- 
ment sur  leur  queue  ,  et  n'ayant  que  leur  tête  hors  de  leau  , 
ils  se  pressent  amoureusement  et  s'embrassent  étroitement 
en  entrelaçant  leurs  nageoires  :  alors  s'accomplit  l'acte  de  la 
génération.  Selon  Dudley,  la  femelle  se  couche  sur  le  dos  et 
reçoit  le  mâle  entre  ses  nageoires  latérales  ;  c'est  de  celte  ma- 
nière aussi  que  s'accouplent  les  marsouins.  On  prétend  que 
l'union  sexuelle  n'a  lieu  que  tous  les  deux  ans  chez  les  ba- 
leines. Le  couple  demeure  fidèle,  et  les  différentes  espèces 
ne  se  mélangent  jamais.  La  femelle  porte  seulement  neuf  ou 
dix  mois  son  fœtus  ;  rarement  elle  accouche  de  deux  balei- 
neaux ;  c'est  vers  le  mois  d'avril  qu'elle  met  bas  son  petit  , 
qui  a  déjà  quinze  à  vingt  pieds  de  longueur.  Lorsque  le  ba- 
leineau veut  téter,  la  mère  se  place  sur  le  côté  ,  et  présente 
sa  mamelle  à  l'air ,  afin  que  le  petit  puisse  respirer.  On  as- 
sure que  le  lait  des  baleines  est  gras  et  nourrissant  ;  celui  de  la 
femelle  du  Dauphin  nésanark  ressemble  au  lait  de  vache,  au- 
quel on  auroit  ajoutéde  la  crème.  Lesbaleineauxsont  très-gras 
pendant  l'allaitement,  et  donnent  près  de  cinquante  tonneaux 
de  graisse  ,  tandis  que  les  mères  maigrissent  beaucoup.  Ils 
tettent  pendant  un  an ,  et  on  les  nomme  alors  shoiieads  ou 
coiirtes-téles  en  anglais.  A  deux  ans ,  ils  sont  comme  hébétés 
après  avoir  été  sevrés  ,  et  sont  appelés  siants  (bêtes)  ;  leur 
graisse  est  moins  abondante  à  cette  époque ,  car  ils  n'en 
fournissent  qu'environ  vingt-quatre  tonneaux. 

On  observe  que  les  baleines  ont  le  plus  grand  attachement 
pour  leurs  petits  ,  et  ne  les  quittent  jamais  de  vue  :  c'est  une 
règle  que  la  sage  nature  a  établie  pour  conserver  les  espèces 
vivantes  pendant  la  foiblesse  de  l'âge.  Avant  que  de  songer  à 
sa  sûreté  ,  la  baleine  n'a  soin  que  de  son  petit  ;  elle  le  pro- 
tège ,  le  défend  de  ses  ennemis  en  exposant  sa  propre  vie. 
Cet  animal  si  timide  ,  quoique  si  puissant,  devient  terrible 
pour  défendre  son  baleineau.  S'il  échoue  sur  les  rivages,  la 
mère  s'expose  à  échouer  pour  le  remettre  à  flot ,  comme 
on  en  a  vu  un  exemple  dans  la  femelle  d'un  butz-kopf  échoué 
sur  les  côtes  de  ISormandie.  l^a  Jnba/ie ,  ^eu  courageuse, 
devient  furieuse  lorsqu'il  s'agit  de  défendre  son  petit  -,  elle  se 
retourne  avec  intrépidité  vers  les  pêcheurs  qui  la  poursui- 
vent ,  les  écarte  à  grands  coups  de  queue  ,  renverse  leurs 
canots  ,  et  saisissant  son  petit  entre  ses  nageoires  ,  le  sous- 
trait à  la  fureur  des  hommes.  Lorsqu'on  prend  le  baleineau  , 
la  mère  ne  le  quitte  pas ,  et  se  laisse  souvent  tuer  en  voulant 


,78  BAL 

le  sauver;  souvent  la  mère  transporte  son  petit  sur  son  do«, 
lorsqu'il  est  fatigué  de  nager. 

La  couleur  des  baleineaux  est  brune  et  quelquefois  pana- 
chée de  blanchâtre,  tandis  que  celle  des  baleines  est  com- 
munément d'un  beau  noir  ;  on  y  voit  quelques  raies  blan- 
châtres et  comme  marbrées  ou  veinées.  De  loin  ,  et  lorsque 
le  soleil  brille,  ces  ondulations  de  couleurs  sont  assez  agréa- 
bles ;  le  dessous  du  corps  est  d'un  très-beau  blanc  argenté. 
Dans  les  mers  du  nord-ouest,  on  rencontre  des  baleines 
toutes  blanches,  suivant  Ellis,  et  les  vieilles  portent  quel- 
quefois une  bande  transversale  d'un  blanc  sale  sur  le  dos.  Les 
cicatrices  des  blessures  des  baleines  restent  blanches. 

Des  lieux  où  se  trou\>ent  les  baleines  ,  et  de  leurs  voyages.  —  Au- 
trefois les  baleines  se  répandoient  sur  presque  tout  l'Océan  , 
et  descendoient  des  mers  glaciales  jusque  dans  les  plages 
tempérées ,  avant  que  l'audace  et  la  cupidité  des  hommes  eus- 
sent porté  le  ravage  et  la  mort  parmi  ces  animaux  tranquilles. 
Les  baleines  aiment  le  repos  et  la  paix  ;  elles  venoient  se 
jouer  dans  les  ondes  qui  baignent  les  côtes  de  l'Europe  mé- 
ridionale. Plusieurs  fois,  elles  ont  pénétré  dans  la  Médi- 
terranée ;  elles  entroient  même  dans  les  ports.  Leur  pré- 
sence près  de  Saint-Jçan  de  Luz  avoit  excité  les  Basques  à 
en  faire  la  pêche  avant  le  douzième  siècle  ;  car  Guillaume 
Breton  ,  poëte  qui  vivoit  vers  l'an  ii4-Oi  en  fait  mention. 
Poursuivies  dans  nos  mers,  les  baleines  se  sont  réfugiées 
peu  à  peu  vers  le  nord ,  leur  patrie  naturelle.  On  les  trouve 
dans  la  mer  Baltique,  mais  principalement  dans  la  mer 
Glaciale  sur  les  côtes  d'Islande  et  du  Groenland  ,  au  dé- 
troit de  Davis,  auprès  du  Spitzberg,  de  l'île  de  Mayen, 
à  Terre-Neuve  ,  etc.  Elles  se  retirent  de  plus  en  plus  vers 
le  pôle  et  entre  les  glaces  inaccessibles  qui  encombrent  les 
mers  du  Nord.  On  en  rencontre  aussi  dans  la  mer  qui  sépare 
l'Asie  de  l'Amérique  septentrionale.  Mendès  Pinlo  en  vit 
tuer  une  sur  les  côtes  d'une  île  du  Japon.  L'océan  austral 
nourrit  aussi  un  grand  nombre  de  baleines  qui  viennent  quel-f 
quefois  échouer  sur  les  côtes  du  Cap  de  Bonne-Espérance. 
Les  Hottentols  nomment  la  baleine  Tkakœ  ;  ils  ne  savent 
pas  la  pêcher,  car  ils  ne  se  confient  jamais  à  la  mer.  Aujour- 
d'hui la  haleine  franche  se  pêche  entre  le  soixanle-dix-septième 
et  le  soixante  -  dix  -  neuvième  degré  de  latitude  nord  ;  il  est 
dangereux  de  les  poursuivre  plus  près  du  pôle ,  à  cause  de 
l'abondance  des  glaces.  Les  Cachalots  se  tiennent  dans  des 
régions  plus  tempérées  ,  et  s'avancent  en  troupes  jusque* 
dans  les  mers  les  plus  chaudes.  On  en  rencontre  dans  les 
mers  de  l'Inde  ,  dans  le  golfe  d'Arabie  ,  aux  Philippines  , 
vers  Ceylan,  etc.  ;  ce  sont  des  espèces  très-vagabondes ,  qui 


BAL  ,73 

parcourent  l'Océan  par  troupes  nombreuses.  Us  se  trouvent 
en  grande  quantité  aux  environs  du  Cap  de  Bonne-Kspérance. 
Les  autres  espèces  de  cétacés  du  genre  des  dauphins,  comme 
les  marsouins,  les  épauïards,  se  voient  dans  toutes  les  mers. 

Au  temps  de  l'accouplement,  les  baleines  ^migrent.  Selon 
quelques  marins ,  vers  le  mois  de  novembre,  les  baleines 
franches  quittent  les  mers  du  pôle  et  entrent  dans  le  fleuve 
Saint-Laurent  vers  Québec,  pour  y  faire  leurs  petits.  Au 
mois  de  mars,  elles  retournent  dans  leurs  glaces.  La  faim, 
les  tempêtes,  la  poursuite  acharnée  des  pécheurs,  les  déter- 
minent aussi  à  changer  de  demeure  ;  cependant  ce  sont  des 
animaux  assez  stalionnaires  ,  tandis  que  les  cachalots  se  ré- 
pandent dans  toutes  les  mers.  En  1670  ,  trois  cents  de  ces 
animaux  échouèrent  sur  les  côtes  de  file  ïireia  :  on  en  vit, 
en  1690 ,  cent  deux  à  sec  dans  le  port  de  Kairston  ;  et  la 
baie  d'Audierne  ,  en  Basse-Bretagne  ,  en  reçut  trente  -  un 
en  1784. 

Mœurs,  habitudes,  et  combats  des  baleines  contre  leurs  ennemis.  — 
Tous  les  animaux  cétacés  ont  un  caractère  assez  pacifique,  et 
plutôt  grossier  que  méchant;  ils  ne  deviennent  méchans  qu'à 
force  d'être  tourmentés.  Les  baleines  surtout,  étant  privées  de 
dents ,  et  n'ayant  aucune  arme  défensive  ,  et  embarrassées  le 
plus  souvent  de  la  masse  énorme  de  leur  corps,  ne  sont  point 
capables  de  se  défendre  avec  succès  contre  des  ennemis  ro- 
bustes, et  agiles.  Cette  conscience  de  leur  folblesse  les  rend 
timides  et  craintives  ;  cependant  l'amour  maternel,  le  déses- 
poir, les  rendent  furieuses,  et  leur  font  employer  toute  leur 
force  pour  se  défendre  ou  pour  échapper  à  leurs  implacables 
persécuteurs. 

Dans  l'état  tranquille ,  la  baleine  se  promène  avec  assu- 
rance au  milieu  des  mers,  se  joue  au  milieu  des  tempêtes, 
cherche  sa  nourriture  au  fond  des  abîmes  et  se  livre  à  l'a- 
mour. C'est  un  animal  assez  voraceet  qui  mange  presque 
continuellement.  Sa  vue  est  foible  ,  mais  son  ouïe  est  excel- 
lente, et  il  fuit  aussitôt  qu'il  entend  quelque  bruit  inquiétant. 
Sa  natation  est  extrêmement  rapide,  et  lorsqu'il  frappe  de 
la  queue  sur  l'eau ,  il  produit  un  fracas  épouvantable.  La 
baleine  nage  ordinairement  en  droite  ligne;  quelquefois  elle 
caracole  autour  des  vaisseaux  qu'elle  paroît  prendre  pour 
certains  animaux  d'une  taille  extraordinaire.  Elle  souffle 
très-fort,  et  rejette  souvent  l'eau  qui  entre  dans  sa  gueule 
avec  tant  de  violence,  qu'elle  retombe  en  pluie  fine  ou  en 
brouillard.  Elle  se  meut  avec  vitesse,  mais  se  tourne  assez 
dilficilement ,  ce  qui  lui  donne  beaucoup  de  désavantage 
vis-à-vis  d'un  ennemi  agile. 


i8o  BAL 

C'est  une  prévoyance  assez  remarquable  de  la  nature 
d'avoir  rendu  pacifiques  et  timides  les  plus  grands. animaux  , 
et  de  les  avoir  mal  annés ,  de  crainte  qu'ils  ne  détruisissent 
trop  d'espèces  et  ne  devinssent  redoutables  à  tous  les  êtres 
vivans.  Si  la  baleine,  l'éléphant,  le  rhinocéros,  l'hippopo- 
tame, eussent  joint  à  leur  masse  imposante  le  courage  du  lion, 
la  férocité  du  tigre,   l'agilité   du  léopard,  la  hardiesse  de 
l'hyène  ,  quel  être  auroit  pu  leur  résister  dans  l'univers?  Mais 
la  nature  a  sagement  compensé  toutes  choses  et  tempéré  la 
force  énorme  des  grands  quadrupèdes  et  des  cétacés  par  un 
instinct  de  douceur  et  de  timidité  qui  leur  ôte  une  supériorité 
dont  ils  pourroient  aljuser.  Tous  les  quadrupèdes  herbivores 
sont  moins  courageux  et  moins  armés  que  les  espèces  carni- 
vores ;  et  les  cétacés,  vivant  de  zoophytes,  pour  la  plupart,  se 
rapprochent  davantage  des  races  herbivores  que  de  toute  autre. 
La  matière  nutritive  des  zoophytes  est  autant  végétale  qu'a- 
nimale, et  ne  peut  donner  aux  espèces  qui  s'en  repaissent,  ce 
feu  du  courage,  cette  vigueur  de  corps,  et  cette  ardeur  vio- 
lente du  caractère  que  les  nourritures  animales  donnent  aux 
carnivores.  D'ailleurs,  les  cétacés  n'ont  presque  aucune  arme 
offensive;  leur  gueule  est  folblement  garnie  de  dents  ;  et  les 
nmscles  de  leurs  mâchoires  n'ont  pas  une  grande  force  à  pro- 
portion de  h'ur  taille.  Malgré  ces  désavantages,  les  baleines 
sont ,  par  leur  seule  masse  et  la  viplence*  de  leurs  chocs  ,  des 
adversaires  redoutables;  elles  se  défendent  avec  une  vigueur 
impétueuse  contre  les  attaques  de  leurs  ennemis.  Ces  gigan- 
tesques animaux  n'effraient  point  les  monstres  de  la  mer  par 
leur  taille;  et  si  ceux-ci  sont  plus  foibles,  ils  ont,  en  re- 
vanche,  plus  d'adresse  et  de  courage.  Cependant,  si  l'on  con- 
sidère  le  volume  énorme  d'une  baleine  franche  pesant  plus 
de  trois  cents  milliers  (c'est-à-dire,  qu'elle  égale  cent  éle- 
phans  ou  trois  ou  quatre  cents  gros  bœufs ,  ou  quinze  cents 
millions  de  souris  ),  on  concevra  tout  ce  qu'un  pareil  colosse 
peut  faire  d'un  seul  choc  de  ses  flancs.  La  baleine  peut  donc 
soulever  des  bâtlmens  et  les  fracasser  en  mille  morceaux  d'un 
coup  de  sa  queue  ou  de  ses  nageoires.  Si  sa  propre  masse 
n'étolt  pas  un  obstacle  à  sa  force  et  à  sa  vigueur,  ce  seroit 
l'être  le  plus  redoutable  de  la  nature.  Quelque  lourde  que  soit 
sa  démarche ,  le  poids  de  ses   coups   et  de  ses  mouvemens 
doit  néanmoins  écraser  les  frêles  embarcations  des  pêcheurs 
qui  se  trouvent  à  sa  portée. 

Un  grand  nombre  de  poissons  déclarent  guerre  à  la  ba- 
leine et  se  préparent  fièrement  à  livrer  bataille  à  cette  reine 
des  mers. De  tous  sesennemis,  il  n'en  estpolnt  de  plus  acharné 
et  de  plus  cruel  que  la  vwelle^  qu'on  nomme  aussi  poisson 
soie;  c'est  une  grande  espèce  de  chien  de  mer,  dput  le  mur- 


BAL  i8i 

seau  est  prolongé  en  lame  plate,  garnie  de  chaque  côté  de 
ferles  dents  {Squalus  piistis ,  Linn.  ),  En  hollandais   on  la 
nomme  Zaag-vich.  Lorsqu'une  vioelle  aperçoit  une  baleine  , 
elle  court  dessus  et  l'attaque  avec  une  grande  vigueur  ;  la  ba- 
leine ,  à  l'aspect  de  son  implacable  ennemi ,  saute  de  furie  , 
mugit ,  frappe  les  ondes,  s'agite  avec  des  mouvemens  extraor- 
dinaires et  cherche  à  atteindre  la  vivelle  d'un  coup  de  queue. 
Si  elle  peut  lui  en  assener  un  seul  coup,  elle  l'écrase  ;  mais 
la  vivelle  est  agile  ,  adroite  ;  elle  se  retourne ,  prend  la  ba- 
leine par  derrière,  fond  sur  elle,  bondit,  s'élance  sur  son 
dos,  le  déchire  de  ses  dents;  le  sang  ruisselle  ,  l'onde  blan- 
chit d'écume,  la  mer  retentit  deniugissemens  et  du  fracas  des 
combatlans  ;  la  baleine  souffle  avec  impétuosité  ,  se  débat  et 
rejette  en  brouillards  l'onde  salée  ,  mêlée  de  sang.  A  chaque 
coup  que  lui  porte  la  vivelle  ,  la  baleine  plonge  ;  mais  elle  est 
poursuivie  jusque   dans  les  abîmes  par  son  redoutable  en- 
nemi. Obligée  de  venir  respirer,  la  baleine  remonte';  c'esl 
alors  que  le  combat  redouble  avec  une  nouvelle  fureur;  ter- 
rible ,  ensanglantée  ,  la  baleine  frappe  des  coups  de  queue 
redoublés  qui  font  jaillir  les  eaux  en  brouillards  et  qui  as- 
sourdissent comme  le  bruit  du  canon  ;  c'est  alors  que  la  vi- 
velle a  besoin  de  tout  son  courage  çt  de  son  adresse  ;  elle 
va  ,  revient ,  saute  ,  évite  ,  plonge  ;   plus  de  quartier,  il  faut 
vaincre  ou  périr,  car  la  vivelle  ne  lâche  jamais  prise  :  si  la 
baleine  peut  échapper,  elle  fuit  avec  l'impétuosité  de  l'éclair; 
mais  si  elle  est  arrêtée  ,  elle  entre  dans  une  rage  effroyable  , 
se  bat  en  désespérée ,  et  atteignant  son  ennemi ,  le  brise ,  Té- 
crase   d'un  coup  de  queue,  oi  la  vivelle  sait  échapper  à  ce 
danger,  elle  fond  avec  impétuosité  sur  le  dos  de  la  baleine  , 
lui  enfonce  à  grands  coups  sa  lame  dentelée  dans  les  flancs  , 
se  rassassie  de  graisse  et  de  chair  toute  fumante.  Lorsque  la 
baleine  est  grosse  et  forte  ,  deux  vivelles  se  joignent  ensem- 
ble pour  l'attaquer.  Car  ce  sont  toujours  elles  qui  commen- 
cent le  combat ,  et  chargent  avec  le  plus  d'ardeur.  Tant  que- 
les  blessures  de  la  haleine  ne  pénètrent  pas  au-delà  du  lard  , 
elles  ne  sont  pas  mortelles  et  ne  font  que  l'irriter  davantage. 
Lorsqu'elle  est  tuée  ,  le  poisson-scie  se  contente  ,  dit-on  ,  d  en 
manger  la  langue,  et  abandonne  le  reste.  Martens  a  vu,  der- 
rière la  Hitlande  ,  une  de  ces  batailles  entre  une  vivelle,  et 
un  nord-caper. 

On  dit  aussi  que  le  nanvhal  ei  labaleine  ont  beaucoup  d'anJ 
iipathie  entre  eux;  aussitôt  que  le  premier  aperçoit  la  ba- 
leine ,  il  lui  porte  de  rudes  coups  avec  sa  dent,  longue  de  huit 
à  dix  pieds  ,  qui  sort  en  avant  et  toute  droite  de  sa  mâchoire 
supérieure.  (  Voyez  Narwhal.  )  Cet  animal  s'appelle  aussi 
licorne  de  mer.  Lorsqu'il  rencontre  des  vaisseaux ,  les  prenant 


B  A  L 


pour  des  baleines  ,  il  fond  quelquefois  sur  eux  et  enfonce  sa 
dent  d'un  grand  coup  dans  la  quille  du  bâtiment.  On  a  trouvé 
plusieurs  fois  de  ces  dents  de  narvvhal  cassées ,  et  qui  pé- 
nétroient  profondement  dans  les  planches  et  les  poutres  du 
vaisseau  ;  ce  qufnous  montre  avec  quelle  roideur  cet  animal 
doit  attaquer  une  baleine  et  lui  plonger  sa  longue  dent  au 
ventre  jusqu'à  la  racine.  Au  reste ,  on  a  vu  des  narwhals  vi- 
vre paisiblement  avec  les  baleines  ;  et  le  plus  souvent,  ces  ani- 
maux paroissent  amis. 

Mais  il  est  un  autre  ennemi  plus  redoutable  et  plus  cruel, 
c'est  le  cachalot  microps ,  espèce  de  cétacé  dont  la  gueule  est 
armée  de  dents  pointues  et  crochues.  (  V.  son  article  au  mot 
Cachalot. )Araspect  des  baleines  et  des  autres  cétacés,  sur- 
tout de  la  jubarte ,  de  la  baleinoptère  à  bec,  des  bélugas, 
des  marsouins  et  des  phoques,  il  entre  en  fureur,  s'approche 
la  gueule  béante  ,  s'acharne  à  sa  proie  ,  la  déchire  toute  vi- 
vante en  lambeaux  qu'il  arrache,  et  dont  il  fait  sa  nourriture. 

Le  dauphin  gladiateur  au  Vépée  de  mer  (  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  le  xiphias  gludius  ^  Linn.  ou  VEmpereur),  est  une 
espèce  de  dauphin  long  de  vingt  à  trente  pieds,  dont  la  gueule 
est  armée  de  dents  aiguës,  et  qui  porte,  sur  le  dos  une  nageoire 
longue  de  trois  ou  quatre  pieds  ,  semblable  à  un  sabre  re- 
courbé. Il  n'y  a  point  d'ennemi  plus  féroce  et  plus  acharné 
contre  les  baleines.  Anderson  assure  que  «  c'est  plut  At  parla 
«  gueule  que  ces  animaux  sont  dangereux  ;  et  comme  ils  mar- 
«  chent  ordinairement  par  petites  troupes  {de  cinq  ou  six},  ils 
«  attaquent  la  baleine  tous  à  la  fois  et  emportent  de  gros  mor- 
"  ceaux  de  son  corps,  jusqu'à  ce  qu'étant  échauffée  à  un  cer- 
>'  tain  point,  elle  ouvre  la  gueule  et  en  fait  sortir  sa  langue. 
"  Ils  se  jettent  aussitôt  sur  cet  organe  ,  qui  est  la  seule  partie 
«  qu'ils  mangent;  et  s'étant  introduits  dans  la  gueule,  ils  l'ar- 
"  rachent  toute  entière.  »  A  la  vue  de  ces  animaux  voraces  et 
très-forts  ,  la  baleine  fuit  avec  une  grande  vitesse  ;  mais  ils 
la  poursuivent ,  et  lui  font  de  larges  entailles  avec  leurs  sabres. 
On  les  nomme  killœrs,  c'est-à-dire,  assassins. 

Il  est  encore  un  autre  ennemi  des  baleines  :  Vours  blanc  du 
Spitzbcrg  et  du  Groenland  est  très-friand  de  leur  graisse  et 
de  leur  chair.  Ce  quadrupède  guette  sa  proie ,  en  se  tenant  en 
sentinelle  sur  des  bancs  de  glace.  A  la  première  vue  du  ce  lacé, 
il  se  jette  à  la  nage,  déterminé  à  tenter  la  fortune  des  com- 
bats ;  il  approche,  saute  sur  la  baleine,  enfonce  ses  griffes 
dans  sa  chair  graisseuse  et  la  dévore  toute  vivante,  malgré  ses 
mugissemens  et  sa  fureur,  qui  cessent  bientôt  à  mesure  que 
ce  vaste  cétacé  perd  ses  forces  avec  son  sang. 

Une  multitude  d'autres  animaux  vivent  aux  dépens  de  la 
baleine  ;  sa  force  ,  inutile  contre  eux ,  ne  la  soustrait  pas  à 


BAL  i83 

une  foule  de  petites  espèces  qui  l'attaquent  sourdement.  Il 
s'attache  sur  elle  des  vers  qui  la  rongent;  des  animalcules  se 
logent  dans  ses  chairs ,  sans  qu'elle  puisse  les  détruire  ;  les 
oiseaux  de  mer  les  plus  voraces  fondent  sur  son  dos  et  enlè- 
vent des  lambeaux  de  sa  graisse  sans  pouvoir  être  atteints.  Les 
goélands,  les  lummes ,  les  albatros,  les  grands  pétrels,  les 
puffins  ou  fulmars  ,  accourent  en  nuées  et  poussent  d'hor- 
ribles clameurs,  s'attachent  comme  des  harpies  insatiables 
sur  la  baleine  échouée  ou  mourante,  se  gorgent  de  sa  chair, 
et  la  vomissent  pour  en  dévorer  encore.  Rien  n'égale  l'au- 
dace et  la  rapacité  de  ces  oiseaux  ;  ils  viennent  jusque  sous 
la  main  des  pêcheurs  leur  disputer  le  lard  de  la  baleine,  et 
l'on  a  mille  peines  à  les  chasser  ou  à  les  tuer,  car  ils  se  dé- 
fendent avec  les  griffes  et  le  bec ,  et  dégorgent  sur  les  assail- 
lans  des  flots  d'huile  rance  et  fétide.  Leur  nombre  imrhense 
obscurcit  les  airs ,  couvre  les  monts  de  glaces ,  et  leurs  cris 
importuns  assourdissent  l'oreille  comme  le  fracas  des  vagues, 
le  sifflement  des  vents  froids  et  les  rugissemens  lointains  des 
ours  et  des  phoques. 

Divers  coquillages  s'attachent  sur  le  dos  des  baleines  , 
comme  le  lepas  balcenaris^  Linn.  (V.  Balanites);  des  Ghitons 
ou  OscABRiONS,  des  espèccs  de  Cymothoés  s'enfoncent  et  se 
cramponnent  dans  la  peau  des  lèvres  ,  des  organes  de  la 
génération  et  de  toutes  les  parties  où  l'animal  ne  peut  pas  se 
frotter  ;  ces  petits  êtres  fatiguent ,  tourmentent  horriblement 
ces  monstres  des  mers,  et  sont  souvent  capables  de  les  mettre 
en  fureur.  Mais,  de  môme  que  les  oiseaux  pique-bœufs  déli- 
vrent le  dos  des  bestiaux  de  larves  d'oestres  et  d'autres  in- 
sectes ,  on  a  vu  des  pétrels  bleus  et  d'autres  oiseaux  marins 
suivre  les  troupes  de  baleines  et  venir  sur  leur  dos  les  débar- 
rasser de  ces  chitons,  de  ces  crustacés  si  fatigans.  (  Colnett , 
Voyage  south  Allant.  ) 

Deuxième  espèce.— ^IjC  Nord-CAPER  ,  Balc&na  glacialis.,  Bon- 
naterre  ,  Célologie,  p.  3;  balana  islandica  deBrisson,  Reg.  Ani. 
p.  35o  ,  n.°  2,  est  la  baleine  sarde  des  Basques  ,  le  sildqual  des 
Norwégiens,  ou  la  baïtine  d'Islande.  Son  caractère  particulier 
estd'avoirune  taille  moins  grande  que  la  baleine  du  Groenland^ 
et  une  couleur  blanchâtre  sur  le  dos.  Ses  fanons  ne  sont  ni 
aussi  forts  ni  aussi  longs  que  ceux  de  la  première  espèce. 
Sa  mâchoire  inférieure  égale  en  longueur  la  supérieure ,  est 
arrondie  à  son  extrémité ,  et  large  vers  son  milieu.  Ce  mot 
de  nord-caper  vient  du  nom  du  promontoire  le  plus  septen- 
trional de  la  Norwége  ,  parce  qu'on  a  commencé  à  pêcher 
cette  baleine  dans  ces  parages.  Sa  tête  est  plus  petite  et  son 
corps  plus  mince  que  celui  de  la  baleine  franche. 

On  distingue  deux  variétés  de  nurd-caper:  celui  des  mers 


i84  BAL 

du  pôle  austral ,  qui  a  le  dos  très-aplati ,  et  celui  du  Nord, 
qui  l'a  beaucoup  moins.  Cette  baleine  est  très-commune  sur 
les  côtes  d'Islande ,  et  les  habitans  en  tirent  de  grands  avan- 
tages. Elle  est  la  plus  agile  de  toutes  ,  et  elle  nage  avec  une 
rapidité  extrême.  Elle  tient  toujours  sa  queue  relevée  sur 
l'eau,  et  la  remue  avec  une  force,  et  une  activité  inconcevables. 
Quoiqu'on  ne  l'approche  qu'en  tremblant  pour  la  harponner, 
elle  n'est  cependant  ni  courageuse  ni  hardie  ;  un  seul  homme 
en  nacelle  suffit  pour  la  mettre  en  fuite  de  toutes  ses  forces; 
jamais  elle  n'attaque  sans  être  provoquée  ,  mais  les  dangers 
la  mettent  dans  une  grande  fureur,  et  la  nécessité  de  se 
défendre  la  rend  farouche  et  cruelle.  Aussitôt  qu'elle  est  har- 
ponnée ,  elle  plonge  et  fuit  avec  tant  de  roideur  ,  qu'elle 
entraîne  jusqu'à  mille  brasses  de  ligne.  Son  excessive  ra- 
pidité fait  voler  la  chaloupe  sur  la  mer  avec  tant  de  vitesse, 
que  la  respiration  manque  aux  pêcheurs  ,  et  qu'ils  ne  peu- 
vent se  tenir  debout. 

Le  nord-caper  ne  produit  d'ordinaire  que  vingt  à  trente 
tonneaux  de  graisse.  Le  P.  Feuillée  (  Jouni.  des  Obsew.  phy- 
siques faites  en  Amériq.  ^  t.  i ,  p.  SgS  )  pense  que  les  femelles 
de  cette  baleine  rejettent  chaque  mois  par  la  vulve  une  grande 
quantité  de  sang  mêlé  à  une  liqueur  infecte  ;  le  nord-caper  a 
beaucoup  d'horreur  pour  le  sang,  et  Anderson  rapporte  que 
les  Islandais  tirent  partie  de  celte  crainte  pour  faire  échouer 
cet  animal.  «  Lorsqu'ils  s'aperçoivent,  dit-il ,  que  cette  ba- 
♦f  leine  donne  la  chasse  aux  harengs,  ils  se  jettent  prompte- 
«<  ment  dans  leurs  canots,  munis  de  harpons,  de  lances,  de 
«  couteaux  et  autres  ustensiles  nécessaires  :  ils  la  poursuivent 
«  par  derrière  à  force  de  rames,  en  l'approchant  autant  qu'il 
«  est  possible.  Si  le  vent  souffle  vers  la  côte  ,  ils  versent  dans 
«  la  mer,  devant  leurs  canots,  quantité  de  sang  dont  ils  ont 

«  toujours  bonne  provision Le  nord-caper  veut  regagner 

«  la  haute  mer,  mais  apercevant  le  sang,  il  s'effraie,  et, 
«f  plutôt  que  de  nager  à  travers  ,  il  fuit  vers  les  côtes  ,  où  11 
«  échoue  bientôt  sur  les  rochers.  »  Un  autre  auteur,  Hor- 
rebovvs  ,  contredit  ce  fait.  «  Les  Islandais  ,  assure-t-il , 
«  ne  sont  ni  assez  hardis  pour  attaquer  la  baleine  de  cette 
n  façon ,  ni  assez  heureux  et  assez  habiles  pour  la  prendre 
«  si  aisément.  L'unique  moyen  dont  on  fait  usage  ,  con- 
«  siste  en  ce  qu'une  barque  s 'approchant  de  la  baleine  , 
«  un  harponneur  lui  darde  un  grand  harpon  de  fer,  et  se 
«  retire  promptement.  Le  harpon  porte  la  marque  de  celui 
«  qui  l'a  lancé.  Au  cas  que  le  coup  ait  bien  porté  ,  et  que 
«c  la  baleine  périsse  sur  les  côtes ,  où  elle  vient  échouer 
«  assez  souvent ,  celui  à  qui  est  le  harpon  a  ,  suivant  la 
«  loi  d'Islande  ,  une  certaine  portion  de  la  baleine ,  et  le 


BAL  ,85 

«  reste  appartient  à  celui  sur  le  fonds  duquel  elle  a  échoué.  » 

Le  nord-caper  est  un  grand  destructeur  de  harengs.  Il  se 
nourrit  aussi  de  mollusques  et  de  radiaires,  tels  que  des 
méduses.  La  grande  avidité  avec  laquelle  il  poursuit  les  fuirengs 
jusque  dans  les  golfes  ,  le  fait  souvent  échouer  sur  les 
bas-fonds.  On  découpe  alors  son  lard,  et  les  Islandais  man- 
gent sa  chair.  Ses  fanons  sont  petits  et  peu  esiimés.  On 
trouve  cet  animal  sur  les  côtes  de  Norwége,  d'Islande  ,  et 
dans  les  mers  du  pôle  austral. 

Troisième  espèce.  —  Baleine  A  BOSSES  ,  Balœna  gibbosa  de 
Linn.  et  de  Bonnat.,  Cétol.  p.  5;  Lacépède ,  Cétac.  p.  ii3; 
Klein,  miss.  pisc.  2.  p.  i3  ,  se  distingue  de  la  baleine  franche 
par  les  cinq  ou  six  bosses  qu'elle  porte  sur  le  dos  près  de 
la  queue,  et  par  la  couleur  blaijche  de  ses  fanons.  Du  reste , 
sa  couleur  est  la  même  ;  elle  donne  à  peu  près  autant  d'huile, 
proportionnellement  à  sa  taille  ,  qui  est  moins  considérable 
que  celle  de  la  grande  baleine.  Ses  barbes,  toutes  blanches  , 
se  fendent  plus  difficilement.  Quelquefois  cette  espèce  est  mai- 
gre ;  on  la  trouve  dans  les  mers  qui  baignent  les  côtes  des 
Etats-Unis  d'Amérique.  Les  Anglais  la  nomment  Scrag-ivhalcy 
et  les  Hollandais  ,  Knobbel-visrh  ;  il  paroît  que  cet  animal  est 
peu  différent  de  la  baleine  franche. 

Qiiairième  espère.  —  La  Baleine  TAMPON  ,  le  Bunrh  ,  ou 
îîumback-whcde  des  Anglais  ,  le  Pens\>ich  des  Hollandais  ,  ou 
le  Pflockjisch  ,  est  une  autre  espèce  de  baleine  ,  Balœna  no- 
dosa  de  Bonnaterre  (  Cétol.  p.  5  );  Baleine  noueuse  ?le  Lacé- 
pède, Célac.  p.  III.  D'après  Dudley,  P/h/.  Trans.  n.o  887,  p. 
256.  art.  2,  on  la  rencontre  aussi  dans  les  mers  de  la  iNou- 
velle-Angleterre.  Elle  diffère  de  la  précédente  par  une  bosse 
de  la  grosseur  de  la  tête ,  qu'elle  porte  près  de  la  queue ,  sur 
le  dos.  Les  nageoires  de  la  poitrine  sont  longues  de  dix-huit 
pieds  et  de  couleur  blanche.  Comme  la  tête  de  cet  animal 
est  longue  de  près  du  tiers  de  tout  sont  coi-ps  ,  ces  nageoires 
sont  situées  presque  au  milieu  du  corps.  On  estime  peu  ses 
fanons  ,  quoique  meilleurs  que  ceux  de  la  BaleiîsoptÈre 
CIBBAR.  Sa  graisse  ressemble  au  lard  de  cette  dernière. 
Sa  bosse  a  la  figure  d'un  pal  penché  en  arrière.  Ce  cétacé 
a  été  vu  aussi  près  de  l'Islande  ,  et  entre  le  Groenland  et  le 
Labrador.  Les  pêcheurs  en  font  peu  d'estime  ,  car  il  donne 
peu  d'huile. 

Nous  renvoyons  la  description  des  baleinoptères  en  leur 
lieu.  On  trouvera  les  autres  cétacés,  tels  que  les  cachalots ,  les 
physétères^  les  nartvhals,  les  hypéroodons  et  les  dauphins  y  décrits 
à  la  place  qui  leur  convient. 

On  connoît,  dans  les  arts,  une  substance  blanche ,  bril- 
lante ,  savonneuse  ,  molle  et  demi-çristviUine  ,  qu'on  appelle 


,86  BAL 

blanc  de  baleine,  ou  plus  împropremefit ,  sperma  ceti.  C'est 
une  huile  concrète  et  figée  qui  se  trouve  liquide  dans  la  cavité 
du  crâne  des  cachalots  et  dans  leur  moelle  épinière  ,  mais  sé- 
parée, du  cerveau  et  de  la  moelle.  Toutesles  huiles  des  cétacés 
déposent  à  la  longue  des  cristaux  de  cette  matière  lamelleuse 
d'une  odeur  fade.  Elle  se  fond  plus  aisément  que  la  cire , 
brûle  avec  une  flamme  vive  et  claire  ;  c'est  pourquoi  on  en 
prépare  de  la  bougie.  Le  blanc  de  baleine  fondu  ne  tache 
jamais  le  linge  ou  l'étoffe  ,  car  il  s'en  sépare  en  écailles  par  le 
frottement  seul  ;  il  jaunit  et  se  rancit  à  l'air.  On  en  peut  fa- 
briquer ,  avec  les  alcalis  ,  un  savon  sec  et  friable ,  qui  se 
dissout  moins  également  dans  Teau  que  le  savon  ordinaire. 
On  peut  dissoudre  le  blanc  de  baleine  dans  l'esprit-de-vin 
chauffé  et  dans  l'éther.  Il  s'emploie  en  médecine  comme 
pectoral;  mais  c'est  un  mauvais  médicament  lorsqu'on  s'en 
sert  à  l'intérieur,  parce  qu'il  est  souvent  rance  et  acre,  au  lieu 
d'agir  comme  un  adoucissant.  Les  calculs  biliaires,  espèces 
de  bczoards,  les  chairs  transformées  en  matière  blanchâtre 
graisseuse  par  la  putréfaction,  sous  l'eau  ou  la  terre  humide, 
contiennent  une  shbstance  très-analogue  au  blanc  de  baleine, 
et  fpii  se  nomme  adlpo-cive  par  les  chimistes  modernes.  (  V. 
Fourcroy  ,  Syst.  des  Conn.  chiniiq.  p.  3o2,  tom.  lo.  )  Consulter  le 
mot  Cachalot. 

DE    LA    PÊCHE    DE    LA    BALEINE. 

Le  premier  qui,  se  commettant  aux  vagues  de  l'Océan  sur 
un  foible  navire  ,  s'avança  entre  desmonJs  de  glace  ,  méprisa 
tous  les  dangers,  et,  seul,  osa  déclarer  la  guerre  aux  monstres 
des  mers  ;  celui-là  futun  héros.  Un  conquérant  peut,  à  la  face 
des  nations,  exposer  ses  jours  dans  un  combat  glorieux  dont 
retentira  la  postérité,  l'admiration  des  hommes  le  dédom- 
mage ;  mais  le  matelot  qui  s'enfonce  dans  les  mers  glacées, 
dans  des  régions  presque  inaccessibles,  n'a  pour  témoins  de 
son  intrépidité  que  les  déserts  et  des  rives  sauvages ,  et  sa 
mort  n'est  point  suivie  d'une  gloire  immortelle;  à  peine  est- 
elle  connue  de  quelques  hommes  qui  laissent  ensevelir  sa  mé- 
moire dans  un  oubli  éternel. 

Les  Basques  furent  les  premiers  et  les  plus  intrépides  navi- 
gateurs dans  les  mers  du  Nord  ,  pour  y  harponner  les  ba- 
leines, y  braver  avec  constance  les  périls,  les  tempêtes  ,  les 
glaces,  et,  le  harpon  à  la  main,  porter  le  ravage  et  la  des- 
truction parmi  d'immenses  peuplades  d'animaux.  Mais,  né- 
gligés ,  ou  même  entravés  par  le  gouvernement ,  ils  aban- 
nèrent  peu  à  peu  cette  pêche  lucrative,  et  se  bornèrent  à 
leurs  côtes  maritimes.  Ce  n'est  plus  aujourd'hui  celte  na- 
tion entreprenante  et  laborieuse  ,  qui  mettoit  en  mer,  cha- 


BAL  ,87 

que  année  ,  des  flottilles  de  cinquante  à  soixante  vaisseaux 

Ïêcheurs  ;  qui ,  toujours  active  et  brave ,  s'altachoit  les 
slandais  ,  enétoit  favorisée  ,  et  distribuoit  à  l'Europe  l'huile 
des  baleines  qu'elle  avoit  été  combattre  et  vaincre  au  sein 
même  de  leurs  retraites  glacées.  Il  ne  manque  rien  en- 
core aux  Basqu«s  de  l'audace  et  de  l'activité  de  leurs  an- 
cêtres ;  mais  ils  ont  à  redouter  la  concurrence  de  plusieurs 
nations. 

Il  est  un  peuple  infatigable  ,  patient,  économe,  opiniâtre, 
capable  de  tout  à  force  d'application  et  de  persévérance  ; 
c'est  le  Hollandais.  Il  devint  bientôt  l'émule  ,  puis  le  rival 
des  Basques  ,  et  s'ouvrant  aussi  le  chemin  de  la  raer  Glaciale, 
il  acquit  la  supériorité  dans  la  pêche  delà  baleine.  En  1612  , 
les  Hollandais  équipèrent  des  navires  pêcheurs.  Le  Spitz- 
berg  avoit  été  découvert  par  eux  dès  iSgG.  En  i6i4,  ils 
établirent  une  compagnie  de  pêcheurs  avec  un  privilège  ex- 
clusif, s'occupèrent  avec  ardeur  de  cette  entreprise  ,  et  la 
firent  fleurir  avec  une  activité  extraordinaire. 

Bientôt  s'éleva  sur  l'Océan  celte  nation  fière  et  jalouse, 
que  les  succès  de  ses  voisins  irritent ,  et  qui ,  remplie  d'or- 
gueil et  d'esprit  dominateur,  ne  peut  supporter  ni  maître 
ni  concurrent.  Entourée  des  mers  ,  elle  est  née  pour  en  dis- 
puter le  sceptre  à  toutes  les  nations  rivales  de  sa  puissance. 
L'Angleterre  ne  put  souffrir  que  le  Hollandais  s'enrichît  par 
la  pêche  de  la  baleine  sans  en  pai'tager  le  fruit  ;  enfin  elle 
employa  la  violence  pour  usurper  seule  cette  branche  de 
commerce  et  pour  rendre  l'Europe  tributaire  de  son  in- 
dustrie. 

Tous  les  peuples  du  Nord ,  attirés  par  les  succès  de  la 
pêche  de  la  baleine,  entrèrent  en  concurrence  ;  les  Basques 
eux-mêmes  sentirent  rallumer  leur  ancienne  audace  ;  les 
Danois  ,  les  Brémois  ,  les  Hambourgeois  ,  accoururent  avec 
ardeur  dans  les  mers  Glaciales  ,  et  portèrent  le  carnage  et 
la  mort  dans  ces  immenses  familles  de  cétacés  ,  qui  vivoient 
paisibles  avant  que  la  cupidité  des  Européens  ne  fut  venue 
les  chercher  au  sein  de  leurs  froides  demeures.  La  discorde 
et  la  jalousie  de  tous  ces  peuples ,  les  intérêts  froissés  ,  al- 
lumèrent des  guerres  ,  fomentèrent  ^s  haines  qu'enve- 
nimoit  l'avidité  ;  le  sang  humain  coula  et  rougit  les  mers  du 
INord,  qui  n'avoient  été  teintes  que  du  sang  des  innocentes 
et  timides  baleines.  Un  accomodement  succéda  enfin  à  ces 
inimitiés  ruineuses.  On  se  partagea  les  baies  ,  les  côtes  qui 
servoient  à  la  pêche  ;  les  Anglais  choisirent  les  premiers; 
les  Hollandais  prirent  ensuite  ,  puis  les  Danois  et  les  autres 
palions.  A  mesure  que  la  pêche  devint  plus  abondante  ,  on 
sentit  le  besoin  de  fondre  le  lard  de  la  baleine  sur  les  lieux  , 


i88  BAL 

ce  qui  diminua  la  masse,  et  rendit  les  cargaisons  plus  riches, 

puisque  le  profit  étoit  plus  considérable. 

Poursuivies  dans  des  mers  immenses,  et  exposées  à  des 
dangers  qui  se  renouveloient  chaque  année  ,  les  baleines 
cherchèrent  de  nouveaux  asiles  sous  les  glaces  du  pôle,  et 
abandonnèrent  insensiblement  les  baies  qu'elles  avoient 
ciioisies  pour  leur  séjour  habituel  depuis  tant  de  siècles  ; 
trouvant  dans  1  honnne  un  implacable  ennemi  ,  dont  la  ruse 
et  Thabileté  triomphoient  delà  force,  ellessurentse  soustraire 
à  ces  barbares  déprédateurs.  La  pêche  n'est  plus  aujourd'hui 
aussi  abondante  qu'elle  le  fut  autrefois  ;  elle  devient  chaque  jour 
plus  difficile  et  plus  périlleuse  :  la  quantité  des  baleines  di- 
minua par  1  extrême  destruction  qu'on  en  fit  dans  les  premiers 
temps  ;  les  navires  furent  plus  exposés  en  poursuivant  ces 
animaux  entre  les  glaces  ,  à  se  briser  en  éclats  et  à  se  perdre 
sans  retour.  Malgré  ces  difficultés  et  de  fréquens  désastres  , 
cette  pêche  s'est  soutenue;  car  ,  en  1697  ,  c  est-à-dire  ,  plus 
de  80  ans  sprès  la  première  pêche  du  Groenland,  on  prit 
encore  mille  neuf  cent  cinquante -neuf  baleines,  avec 
cent'  quatre-vingt-huit  balimens  pêcheurs.  En  1677  ,  les 
Hollandais  envoyèrent  cent  vingt-neuf  vaisseaux  pêcheurs, 
qui  ,  réunis  à  ceux  des  autres  nations  ,  composèrent  un  total 
de  deux  cent  un  batimcns.  On  prit  cette  année  neuf  cent 
soixante-huit  baleines,  dont  on  relira  soixante-sept  mille 
huit  cent  quatre-vingt-tr«is  tonneaux  d  huile  (le  tonneau 
ordinaire  est  de  trente  -  deux  galons  ou  cent  trente  six 
pintes  de  Paris;  mais  il  y  a  aussi  des  tonneaux  du  double). 
Cette  quantité  d  huile  vendue  ,  avec  les  fanons  ,  produisit 
3,784,490  florins.  Depuis  cette  époque  ,  la  pêche  a  été 
moins  abondante  et  moins  lucrative;  cependant,  chaque 
année,  elle  rapporte  aux  Hollandais  un  million  de  florins 
depuis  plus  d'un  siècle.  Voilà  donc  une  grande  source  de 
richesse  et  de  prospérité,  sans  compter  les  matelots  intré- 
pides, les  marins  habiles,  les  navigateurs  hardis  et  inlelligens 
qu'elle  forme  ,  et  le  nombre  des  hommes  qu'elle  occupe  et 
nourrit. 

Nous  avons  dit  que  les  Basques  pêchoient  les  baleines 
avant  le  douzième  ^cle  ;  à  cette  époque  ces  animaux  rem- 
plissoicnt  nos  mers  ,  et  s'approchoient  des  côtes  de  Biscaye  , 
du  golfe  de  (Gascogne ,  et  de  Saint  -  Jean  -  de  -  Luz.  Les  pre- 
miers succès  de  cette  pêche  encouragèrent  les  marins  ,  et 
l'habitude  les  enhardit  bientôt  ;  ils  poursuivirent  la  baleine 
jusque  sur  les  côtes  du  Groenland;  ils  s'établirent  ensuite 
vers  l'île  de  Finlande,  au  lieu  nommé  Sarde  ^  puis  dans  le 
détroit  de  Davis. 

C'éloit  alors  la  seule  nation  familiarisée  avec  cette  pêche  ,' 


BAL  ,8g 

,el,  selon  les  historiens  anglais  (Kaclcluyt's,  Coll.  Voyez  t.  i, 
p.  414)7  en  iSyS,  on  faisait  venir  de  la  Biscaye,  en  Au^ielerre  y 
des  hommes  capables  de  prendre  les  baleines  ,  d  en  extraire  l  huile  , 
et  même  des  tonneliers  pour  radouber  les  tonneaux.   Le  gouverue- 
nieiil  anglais  accorda  une  prime  pour  cette  pèche  ,  el  en  iv}<j7, 
il  créa  une  compagnie.  Les  Basques  redoublèrent  leur  acti- 
vité et  leur  zèle  pour  soutenir  la  concurrence  ;  mais  n'étant 
pas  encouragés  par  leur  gouvernement,  ils  furent  obligés 
d'abandonner  cette  source  de  prospérité  :  la  guerre  de  1744 
ruina  entièrement  cette  pèche  parmi  eux.  L  Angleterre  paye 
une  fois  plus  que  le  produit  net  de  la  pèche  de  la  baleine  :. 
mais   ces  récompenses^  dit  un   écrit  publié   ert    1766,   ne  sont 
point  une  perle  pour  Vétat.  Celle  de  f  argent  (fiion  por'croil  à  l'é- 
tranger pour  acheter  les  produits  de  la  baleine  ,  celle  des  matelots  les 
plus  courageux  ,  formés  par  cette  pèche ^  en  serait  une  réel'e.  Les 
Anglo-Américains  ont  suivi  cette  politique  négligée  en  France. 
Les  Hollandais  ont  soutenu  la  concurrence  des  autres  peuples 
par  leur  esprit  a'économie  et  leur  patriotisuie.  Hambourg  et 
les  habitans  des  bords  de  l'Elbe  ,  qui  forment  les  marins  les 
plus  robustes  et  les  plus  sobres  du  Nord ,  se  livrèrent  avec 
ardeur  à  cette  pêche.  En   1784  et  1786,  le  gouvernement 
français  tenta  de  rétablir  cette  branche  importante  de  com- 
merce ,  et  protégea  ceux  qui  s'y  livroient.   La  révolution  a 
interrompu  ce  genre  de  spéculation,  qu  il  seroit  utile  de  re- 
nouveler parmi  nous  ,  à  cause  de  ses  avantages. 

Pour  pêcher  la  baleine  ,  on  frète  des  navires  de  cent  à  cent 
dix-huit  pieds  de  longueur  sur  trente  de  largeur,  douze  de 
profondeur,  et  on  leur  donne  sept  pieds  de  hauteur  pour  le 
tillac.  On  les  double  en  chêne  ,  afin  qu'ils  résistent  mieux  au 
choc  des  glaces.  Chaque  bâtiment  est  pourvu  de  six  ou  sept 
chaloupes  ,  et  porte  quarante  à  cinquante  hommes  d  équi- 
page. On  prend  des  vivres  pour  huit  mois  ,  quoiqu'on  de- 
meure moins  de  temps  :  mais  on  mange  beaucoup  plus  dans 
le  Nord  que  dans  le  Midi.  Dès  le  mois  de  mars  on  met  à 
Ja  voih;  pour  le  détroit  de  Davis  ;  on  ne  part  qu'en  avril  pour 
les  côtes  du  Groenland.  Les  Hollandais  seuls  y  envoient 
près  de  deux  cents  bâtimens  chaque  année.  Les  chaloupes 
ont  vingt-cinq  pieds  de  longueur,  six  de  largeur  et  trois  de 
profondeur;  elles  sont  montées  de  quatre  rameurs,  un  har- 
ponneur  et  un  patron.  Leur  équipement  consiste  en  sept 

Eièces  de  lignes  ou  cordage  fait  de  bon  chanvre  ,  de  cent  vingt 
rasses  chacune,  en  trois  harpons,  six  lances  pour  achever  la 
baleine  ,  un  pieu  de  fer,  un  épiloir,  un  bachot  à  marteau  ,  ime 
boussole  et  un  pavillon. 

Arrivés  au  soixante-cinquième  degré  de  latitude  nord  ,  les 
bâtimens  se  préparent  à  la  pêche  ;  on  distribue  les  foactioa^s , 


igo  BAL 

et  chacun  fait  le  guet  à  son  tour.  On  avance  jusqu'au  soixante- 
quinzième  ou  soixanle-dix-neuvièine  degré,  où  sont  lesglaces. 
l)e  loin  ,  les  jets  d'eau  des  baleines  ressemblent  à  la  fumée 
des  cheminées  d'une  ville.  Aussitôt  que  le  matelot ,  placé  en 
vedette  sur  la  dunette  ,  donne  le  signal  d'une  baleine  ,  en 
criant  :  Val  !  val!  eo  basque ,  c'est  balia  !  halia  !  tout  s'anime  ; 
on  descend  en  chaloupe  ,  on  force  de  rames  vers  la  baleine. 
Debout ,  à  la  queue  de  la  chaloupe ,  un  hardi  et  robuste 
harponneur  saisit  la  ligne  de  la  main  gauche  et  prend  le  har- 
pon de  la  droite  ;  celui-ci  est  un  instrument  de  fer  fait  en 
tlèche ,  long  de  trente-trois  pouces ,  emmanché  d'un  gros 
bâton  ,  long  de" sept  à  huit  pieds,  mais  qui  peut  se  séparer 
quand  on  lance  le  harpon.  Il  faut  un  fer  doux,  bien  corroyé  , 
très-affilé  à  la  pointe,  tranchant  et  même  barbelé  sur  ses 
bords  ;  un  anneau  attaché  à  une  corde  de  bon  chanvre  le 
retient.  On  se  met  à  portée;  un  vigoureux  harponneur  lance 
l'arme  meurtrière.  Aujourd'hui  on  emploie  un  mousquet  , 
qui  darde  plus  loin  et  plus  fort  le  harpon.  Les  Basques  sont 
les  plus  habiles  et  les  plus  adroits  harponneurs.  On  évite  de 
lancer  l'arme  à  la  tête  ,  qui  est  trop  dure  ,  excepté  vers  les 
évents  ;  mais  on  vise  à  l'oreille  ,  au  dos,  ou  aux  parties  gé- 
nitales. 

La  baleine  frappée  ,  fuit  avec  une  violence  inconcevable  ; 
on  file  la  ligne  au  milieu  de  la  chaloupe  ,  en  la  mouillant  sans 
cesse  ,  de  crainte  qu'elle  ne  prenne  feu  par  son  mouvement 
rapide.  Si  l'on  n'a  pas  le  plus  grand  soin  de  la  larguer  par  le 
milieu  de  la  chaloupe  ,  on  chavire  dans  un  instant  et  l'on  est 
submergé.  La  baleine  ,  après  avoir  plongé  sous  les  glaçons  , 
est  obligée  de  revenir  sur  l'eau  pour  respirer  et  rendre  du 
sang  ;  alors  on  retire  le  câble.  Les  autres  chaloupes  s'ap- 
prochent de  l'animal  pour  harponner  de  nouveau  ;  on  l'en- 
toure ,  on  l'approche  ,  la  lance  en  main ,  on  la  perce  de 
coups.  La  baleine  entre  en  fureur ,  se  roule  et  nage  en  di- 
vers sens;  ses  nageoires,  sa  queue,  battent  l'eau  avec  une 
telle  violence ,  qu'elles  la  font  jaillir  en  épais  brouillard. 
Les  coups  de  sa  queue  font  un  fracas  horrible  ,  brisent 
les  nacelles  en  éclats  ;  des  hommes  sont  souvent  noyés  , 
écrasés  ;  la  mer  est  teinte  de  sang  ;  la  baleine  pousse  des 
mugissemens  effroyables  ;  elle  rejette  une  eau  salée  et 
sanglante  avec  un  grand  bruit.  Les  cris  des  assaillans,  le  fracas 
de  la  mer,  la  rage  de  l'animal  blessé  ,  le  carnage  ,  le  sang, 
ies  blessures ,  le  brouillard ,  les  clameurs  des  oiseaux  marins, 
font  une  scène  d'horreur  et  de  mort ,  digne  de  ces  climats 
meurtriers  couverts  de  glaces  éternelles.  Bientôt  l'animai 
s'épuise,  son  sang  coule  à  grands  flots  dans  l'onde;  il  languit , 
il  pousse  son  dernier  soupir  en  couvrant  les  chaloupes  et  les 


BAL  ,gi 

pêcheurs  de  flots  ensanglantés  et  fumans,  avec  une  huile  que 
mille  oiseaux  voraces  accourent  avaler  avidement. 

Aussitôt  que  l'animal  est  tué  ,  on  l'amarre  aux  chaloupes  , 
on  lui  coupe  la  queue  ,  on  le  remorque  vers  le  bâtiment  en  le 
traînant  par  la  queue,  parce  que  la  gueule  de  la  baleine  res- 
tant toujours  ouverte  ,  offriroit  trop  de  résistance  pour  la  tirer 
en  un  autre  sens.  Le  bâtiment  à  la  voile  suit  ses  chaloupes. 
On  attache  la  baleine  avec  des  câbles  sur  le  flanc  du  vais- 
seau ;  alors  on  se  livre  à  la  joie  ;  le  capitaine  fait  distribuer 
de  l'eau-de-vie.  Les  matelots  dépeceurs  s'habillent  de  vête- 
mens  de  cuir  ,  mettent  des  bottes  armées  de  crampons,  s'at- 
tachent une  corde  par  le  milieu  du  corps ,  et ,  la  hache  à  la 
main  ,  descendent  sur  la  baleine  ;  des  barques  sont  placées 
au  bas  de  la  baleine  ,  avec  des  hommes  qui  aident  aux  dé- 
peceurs ,  et  sont  occupés  sans  cesse  k  chasser  et  à  tuer, 
avec  des  bâtons ,  les  mallemuks ,  pétrels ,  puffins  et  autres  oi- 
seaux marins  très-importuns,  qui  fondent  en  nuées  épaisses 
sur  la  baleine  malgré  les  pêcheurs.  On  taille  le  lard  par 
grosse^ tranches,  et  on  le  jette  dans  le  bâtiment.  L'épaisseur 
du  lard  est  ordinairement  de  douze  à  quinze  pouces  sur  le 
dos  des  baleines  franches  ;  la  portion  la  plus  voisine  de  la 
peau  est  très-liquide,  et  le  seul  poids  des  dépeceurs  fait  en- 
foncer l'endroit  où  ils  se  tiennent  sur  le  corps  de  l'animal. 
On  a  soin  de  s'éloigner  un  peu  loin  de  la  graisse  en  la  tail- 
lant, car  on  assure  qu'elle  cause  des  contractions  de  nerfs  à 
ceux  qui  s'en  tiennent  trop  près,  et  qu'elle  les  rend  perclus  ; 
il  paroît  qu'il  s'en  exhale  du  gaz  hydrogène  phosphore.  Le 
lard  jaune  est  le  meilleur;  celui  qui  est  rouge  produit  le 
moins  d'huile  ,  parce  qu'il  contient  une  grande  quantité  de 
tissu  cellulaire  ;  le  lard  blanc  est  d'une  qualité  médiocre. 
Halée  sur  le  vaisseau ,  la  graisse  est  subdivisée  par  petites 
tranches,  et  entassée  dans  des  tonnes  par  le  matelot  le  moins 
habile ,  qu'on  nomme  le  roidu lard (speck-koning).  Les  Basques 
fondoient  jadis  le  lard  de  la  baleine  sur  le  vaisseau  même  , 
dans  des  fourneaux  de  briques ,  et  Thuile  qu'on  en  retiroit 
étoit  douce  et  agréable  ,  parce  qu'elle  étoit  fraîchement  ex- 
traite ;  mais  la  crainte  des  incendies  ayant  rendu  les  Hol- 
landais et  les  autres  peuples  plus  circonspects  ,  ils  préfèrent 
aujourd'hui  d'apporter  le  lard  à  terre  pour  le  fondre.  Comme 
il  est  déjà  un  peu  rance  ,  les  huiles  qu'on  en  extrait  prennent 
par  ce  moyen  une  odeur  infecte  et  une  mauvaise  qualité. 

Le  lard  ,  divisé  par  coins  d'un  pied  et  demi  en  carré  ,  est 
débarrassé  de  sa  couenne  ,  des  filamens  charnus,  et  coupé  en 
languettes  de  quatre  à  cinq  pouces  de  long  sur  trois  ou  quatre 
d'épaisseur;  on  les  jette  dans  un  baquet,  et ,  avec  des  pelles, 
©n  les  pousse  dans  l'entonnoir  des  barriques  ;  la  graisse  ,  un 


•9»  ^  ^   ^^  . 

peu  fondue  par  le  travail  ^  s'arrime  facilement.  Arrives  à 

terre  ,  les  Hollandais  préparent  des  chaudières  de  cuivre 
rouge  ou  de  fonte ,  larges  de  cinquante  à  soixante  pieds  de 
diamètre  ;  on  met  de  l'eau  au  fond  ,  pour  que  la  graisse  ne  se 
Lrûle  pas  ;  on  y  verse  ensuite  cinq  tonneaux  de  lard  ,  qu'on 
remue  sans  cesse  pendant  la  cuisson  ,  qui  dure  trois  heures. 
L'huile  se  coule  sur  des  châssis  et  un  treillage  qui  retient  les 
lardons  frits.  C'est  dans  de  grands  baquets  d'eau  que  l'huile 
est  reçue  ,  afm  qu'elle  se  débarrasse  de  ses  impuretés  ;  on  la 
verse  ainsi  sur  plusieurs  eaux  pour  la  purifier  de  plus  en  plus. 
Les  lardons  se  vendent  à  part  ;  on  en  extrait  encore  de  la 
colle,  et  on  nourrit  les  chiens  avec  le  reste.  Il  y  a  vingt  pour 
cent  de  perte  dans  la  fonte  du  lard ,  à  cause  du  tissu  cellulaire 
des  lardons.  Une  baleine  produit  aujourd  hui  quarante  ton- 
neaux d'huile  de  trente-deux  galons  chacun  ,  ou  de  cent 
trente-six  pintes  ;  autrefois  les  baleines  en  produisoient  jus- 
qu'à soixante  ou  quatre-vingts  tonneaux.  Cette  huile  est  em- 
ployée très-utilement,  soità  brûler,  soit  à  préparer  du  savon, 
soit  pour  corroyer  les  cuirs ,  pour  enduire  les  vaisseaux  de 
brai ,  pour  détremper  les  couleurs ,  et  pour  une  foule  d'autres 
usages  de  la  vie  sociale. 

On  coupe  toute  la  gencive  supérieure  de  la  baleine  qui 
contient  les  fanons  ,  et  on  l'embarque.  Avec  des  coins,  on  la 
brise  facilement  sur  le  pont,  et  on  en  sépare  les  barbes,  qui 
pèsent  environ  deux  mille  livres.  La  carcasse  de  la  baleine 
est  abandonnée;  rarement  on  mange  de  sa  chair,  qui  est 
filandreuse  ,  dure  et  dégoûtante  par  l'huile  dont  elle  est  im- 
bibée :  seulement  il  y  a  quelques  parties  de  la  queue  et  de 
la  langue  que  les  matelots  affamés  trouvent  mangeables  ,  et 
que  le  besoin  fait  employer  en  nourriture. 

Les  nations  barbares  du  Nord  tirent  plus  de  profit  que  nous 
de  la  baleine.  Au  printemps,  les  Kamtschadals  commencent 
à  préparer  leurs  filets  ,  avec  de  grandes  fêtes  et  mille  céré- 
monies superstitieuses.  On  frappe  sur  des  tambours  ,  on  tue 
des  chiens  ,  on  fait  des  offrandes  aux  esprits  qui  président  à 
la  pêche.  Les  sorciers  ou  schamans  ,  espèces  de  prêtres  , 
mènent  en  procession  une  baleine  de  bois ,  dans  la  iourte 
ou  maison  souterraine  ,  où  sont  rassemblés  les  pêcheurs  ;  les 
hommes  et  les  femmes  s'écrient ,  en  chantant  :  La  baleines  est 
enfuie  dam  la  mer.  Ensuite  on  monte  en  canots,  et  l'on  va 
tendre  des  filets  à  l'embouchure  d'une  baie  où  se  rendent  les 
baleines  ;  on  s'approche  d'elles  ,  on  les  cerne  en  canots,  on 
les  entortille  de  courroies  à  nœuds  coulans  ;  cependant  les 
enfans  et  les  femmes  pougsent  des  cris  de  joie  et  dansent  sur 
le  rivage  en  félicitant  les  pêcheurs.  Pour  tirer  la  baleine  à 
terre ,  il»  mettent  tous  leurs  beauxhablts,  font  ensuite  échouer 


B  A    L  ,93 

ia  baleine ,  puis  la  dépècent ,  se  gorgent  de  son  lard  tout 
chaud,  boivent  à  grands  flots  son  huile,  et  mangent  pendant 
long-temps  de  sa  chair ,  même  crue  et  à  demi  -  pourie.  Les 
habilans  des  îles  Kouriles  vont,  en  autoKino,  surprendre  les 
baleines  pendant  leur  sommeil,  s'approchent  d'elles  en 
canot,  sans  bruit,  et  les  frappent  de  dards  empoisonnés. 
Quoique  légère  pour  cet  animal  gigantesque  ,  celte  blessure 
s'envenime,  lui  cause  des  douleurs  insupportables;  bientôt 
il  s'agite  ,  il  pousse  des  hurlemens  effroyables  ,  s'ei.fie  énor- 
mément, meurt,  et,  en  périssant,  fournit  une  abondante 
subsistance  à  ces  infortunes  insulaires. 

A  rapproche  des  lunes  du  printemps  ,  les  (iroënlandais  se 
parent  de  leur  belle  et  grande  jaquette  de  peau  de  chien 
marin,  qui  est  bien  cousue,  et  qu'on  peut  remplir  d'air  en 
soufflant  dedans.  L'honmie  est  renfermé  dans  cette  jaquette 
enflée  comme  dans  une  vessie  ;  mais  ses  jambes  et  ses  bras 
sont  libres.  Il  pend  à  son  côté  un  grand  couteau ,  une  pierre  à 
aiguiser  ;  il  s'arme  de  grands  harpons ,  de  lances  ,  de  flèches  , 
et  après  s'être  purifié  et  sanctifie  ,  après  avoir  reçu  la  béné- 
diction des  devins,  il  entre  dans  son  canot,  qui  est  formé 
de  peaux  de  phoques  ou  veaux  marins ,  bien  cousues  et  reni- 
plies  d'air  ;  il  embarque  sa  femme  et  ses  enfans  avec  lui ,  et 
leur  fait  courir  tous  les  dangers  de  cette  pêche.  Sur  cette 
frêle  embarcation  ,  il  glisse  légèrement  sur  les  eaux  ,  s'ap- 
proche de  la  baleine  avec  une  hardiesse  étonnante,  l'attaque 
avec  intrépidité  ,  et  lui  enfonce  des  harpons  attachés  à  des 
peaux  enflées  comme  des  ballons.  Celles-ci  empêchent 
la  baleine  de  plonger  à  cause  de  leur  grande  légèreté  spé- 
cifique. Ce  gros  animal,  arrêté  sur  l'eau ,  est  entouré  des 
canots  des  Groënlandais  ,  qui ,  la  lance  à  la  main  ,  le  per- 
cent de  coups.  Quand  la  baleine  est  morte  ,  les  Groënlan- 
dais  se  jettent  à  ia  nage  avec  leur  jaquette  qui  les  soutient 
dans  l'eau;  ils  s'approchent ,  et,  flottant  d'eux-mêmes  sur 
la  mer,  ils  dépècent  le  vaste  animal  avec  leurs  couteaux  ,  en 
jetant  la  graisse  dans  leurs  canots  :  m;.lgré  leurs  mauvais 
outils  ,  ils  savent  détacher  les  fanons  de  sa  g'jcule.  Leur 
nourriture  ordinaire  est  composée  de  cette  graisse  et  de  la 
chair  toute  crue. 

Opp'ien  {Halieuticon ,  liv.  v,  vers  177  )  nous  apprend  que 
les  pêcheurs  de  l'Océan  Atlantique,  attachoient  aussi,  de 
son  temps,  des  peaux  enflées  aux  baleines  pour  les  empêcher 
de  plonger. 

Les  sauvages  de  la  Floride  sont  encore  plus  hardis  que 
tous  ces  peuples.  En  apercevant  une  baleine  ,  ils  se  jettent 
à  la  nage  avec  un  maillet  et  deux  tampons  de  bois  attach-ii 
à  leur  ceinture  ,  vont  droit  à  l'aiùmal ,  sautent  sur  son  cou , 


^^  B  A  L 

en  évitant  sa  queue  el  ses  nageoires,  enfoncent  un  tampon 
à  coups  de  niailliit  dans  un  évent.  La  baleine  plonge  ,  le  sau- 
vage se  cramponne  sur  elle  sans  la  quitter  :  elle  revient  sur 
Teau  reprendre  vent;  le  Floridien  saisit  ce  temps  pour  en- 
foncer le  second  tampon  dans  l'autre  e'vent,  et  fait  étouffer 
la  baleine,  qui  reparoit  sans  mouvement  sur  Teau  ;  alors  on 
la  dépèce  à  loisir. 

Les  Groënlandais  font  des  portes  et  des  fenêtres  à  leurs 
habitations  avec  les  intestins  de  baleine  ;  ses  tendons  leur 
servent  de  fil  et  de  ficelle  pour  leurs  habits  ,  leurs  filets  ;  les 
os  sont  employés  en  place  de  bois  deconstrucîiorî  pour  leurs 
demeures;  les  côtes  senent  de  poutres,  et  on  en  fabrique 
divers  ustensiles  ;  les  poils  des  fanons  forment  les  meilleures 
lignes  pour  la  pèche  :  ainsi  tout  sert  dans  cet  animal,  devenu  la 

Sroie  de  Ihommc  et  le  pain  journaiier  du  sauvage  habitant  du 
ford.  F-Baleinoptère,  Cétacés,  Cachalots,  etc.  (virey.) 
BALEINE  AMÉlllCAIiXE.  Cet  animai  paroît  être  la 
Balei>;ovtère  GIBEAR.  (DtS-f.) 

BALEINE  A  BEC.  C  est  la   Baleinoptère  museat> 

POINTU.  (DESM.) 

BALEINE  À  BOSSE,  Baleine  à  six  bosses.  V.  Ba- 

LEI>"E  BOSSUE.  (BESM.) 

BALEINE  DE  GRANDE  liAIE.  Dans  certains  para- 
ges, on  donne  ce  nom  .\  la  iîALEiNE  franche,  (desm.) 
BALEINE  DE  SAr\DE  ou  SARDE.  On  désigne  ainsi 

laBALEîKE  NORD-CArf  "..  (rESM.) 

BALEÏNON  ou  EALENEAU.  Jeune  Baleine,  (s.) 
BALEINOPTERE,  Balœnoptera.  Genre  de  mammifères 
de  Tordre  des  Cétacés  ,  étiLli  par  M.  Lacépède,  et  renfer- 
mant les  espèces  de  Baleines  dont  le  dos  présente  une  na- 
geoire vers  sa  partie  postérieure. 

Ce  seul  caractère  distingue  les  haleinoptères  des  baleines  ^ 
puisqu'elles  ont ,  comme  ces  dernières  ,  la  mâchoire  supé^ 
lieure  garnie  de  fanons  ou  de  lames  de  cornes  ,  el  les  ori- 
fices des  évents  séparés  et  placés  vers  le  milieu  de  la  partie 
eupérieure  de  la  tête. 

Les  unes  ,  telles  que  les  haleinoptères  juharle  ,  rorqual  et 
museau  poinfu,  ont  des  plis  longitudinaux  sous  la  gorge  et  sous 
ie  ventre.    La  baleinopière  gibbar  en  est  seule  dépourvue. 

On  a  d'abord  désigné  sous  le  nom  générique  de  Baleines 
lous  les  grands  cétacés,  dont  la  mâchoire  supérieure,  au  lieu 
de  présenter  des  dents  enchâssées,  étoit  garnie  de  lames  de 
cornes,  que  l'on  a  appelées  /àoor^.  IM.  Lacépède,  ainsi  que 
âious  venons  de  le  dire  ,  a  divisé  ce  genre  ,  et  a  formé  celui 
des  bcdeinoplères  ^  des  espèces  pourvues  d'une  nag<!oire  dor- 
sale. M.  Daméril  (Zoo/og«e  unal/iique) ^  et  M.  Guvier  {Rè§ne 


BAL  t^B 

anûnal),  admettent  cette  distinction ,  tandis  que  lUiger  {Prod. 
sysi.  mamm.  )  n'y  a  point  égard. 

Les  baleinoptères ^  habitant  ,  comme  les  baleines  propre^, 
ment  dites ,  les  mers  qui  avoisincnt  le  pôle  septentrional , 
leur  manière  de  vivre  étant  à  peu  près  la  même  ,  les  hom- 
mes leur  faisant  également  la  guerre  et  en  tirant  les  mêmes 
produits,  nous  croyons  devoir  renvoyerpour  tous  ces  points 
de  leur  histoire  à  Tarliclc  des  baleines  ,  où  ils  sont  exposés 
avec  beaucoup  de  détails. 

]M.  Lacépède  forme  deux  sous-genres  dans  son  genre  des 
ïaleinoptères. 

Le  premier  comprend  celles  qui  n'ont  point  de  plis  sous 
la  gorge  ni  sous  le  ventre. 

Première  Espèce.  —  La  BaleinoptÈre  GIBBAR,  Balœnopiera 
^bhar  y  hacép.;  halœna  physalus,  Gmel.  ;  baleine gibl/ar ,  iion-^ 
ïiaterre  ,  Encycl.  cétolog. ,  pi.  2  ,  fig.  1  ;  finnfisch  des  Alle- 
mands et  des  Suédois;  et  vinfisch^  à.&%  Hollandais;  gibbar ^ 
des  Basques. 

Cette  espèce  ,  la  plus  commune  de  toutes  ,  acquiert, 
comme  la  baleine,  une  longueur  totale  de  cent  pieds,  et  même 
davantage  ;  mais  son  corps  est  bien  moins  épais.  wSes  mâ- 
choires sont  pointues  et  d'égale  longueur,  sa  gorge  et  son 
ventre  sont  unis  ,  ses  fanons  sont  courts,  (desm.) 

Sa  tête,  qui  a  la  forme  d'un  cône  la  gueule  étant  fermée  , 
â  presque  le  tiers  de  la  longueur  de  tout  le  corps.  Ses  évenls 
sont  fendus  en  long,  et  l'animal  en  rejette  des  Ilots  d'eau 
avec  plus  de  violence  que  la  baleine.  Ses  fanons  ou  les  barbes 
de  corne  de  sa  gueule  sont  placés  à  sa  mâchoire  supérieure 
et  frangés  à  leurs  bords;  leur  siibstance  est  de  couleur  bleue 
dans  les  jeunes  et  brune  bordée  de  jaune  dans  les  vieux  in-i 
dividus  ;  ils  sont  moins  longs  que  dans  la  baleine  'franche^ 
aussi  sont -ils  moins  recherchés  des  pêcheurs.  Le  lard  de 
cet  animal  est  peu  épais  ,  et  son  corps  ,  quoique  aussi  long 
que  celui  de  la  baleine^  est  bien  moins  gros  ;  il  n'est  guère  que 
le  tiers,  ou  même  le  quart  d'une  baleine  ordinaire  du  Groen- 
land ,  et  ne  fournit  qu'environ  dix  à  douze  tonneaux  de 
graisse.  La  nageoire  de  son  dos  est  triangulaire  et  s'élève  de 
trois  à  quatre  pieds;  son  sommet  se  recourbe  en  arrière.  Le 
dos  est  de  couleur  brune  luisante  ;  mais  le  ventre  et  le  des- 
sous de  la  poitrine  ont  une  blancheur  très-vive.  Cet  animal 
a  des  yeux  très-petits  et  placés  fort  bas  vers  l'angle  des  mâ- 
choires ;  ses  nageoires  pectorales  ont  une  forme  ovale , 
et  sont  longues  de  plus  de  sept  pieds.  La  chair  du  giobar  a  , 
dit-on  ,  le  même  goût  que  celle  de  Vesturgeon,  mais  elle  est 
beaucoup  plus  coriace  et  plus  huileuse  ;  ce  qui  n'empêche 
point  les  Groënlandais  de  la  nianger  avec  avidité  ,  aussi  biea 


jgS  T5    A   L 

que  la  peau  et  les  tendons.    Les  os  mêmes  de  cet  animal 

servent  de  poutres  pour  bâtir  les  cabanes  de  ces  peuplades 

eauvages. 

Le  gibbar  vit  de  maquereaux ,  de  harengs  et  de  petits  sau- 
mons du  Nord  {salmo  arclicus  ,  Linn.  ),  Il  habite  non-seule- 
ment dans  les  mers  du  Nord  de  l'Europe  et  de  l'Amérique, 
mais  encore  dans  celles  de  l'Inde.  En  1678,  au  mois  de 
mars ,  on  en  vit  au  détroit  de  Gibraltar.  Aussitôt  que  le 
g^/TiZ'ûr  paroît  dans  les  parages  du  Spitzberg,  on  n'y  rencontre 
plus  de  baleines  franches,  selon  la  remarque  des  pêcheurs.  An 
reste  ,  c'est  un  cétacé  très-agile  et  très-fort.  Martens  (  V. 
de  Spitzberg^  part,  iv,  ch.  3)  rapporte  que  des  pêcheurs  ayant 
harponné  un  gibbar^  furent  entraînés  tout  à  coup  avec  lem' 
chaloupe  sous  des  glaçons,  et  y  furent  noyés.  Cet  animal  de- 
vient furieux  lorsqu'on  l'a  blessé;  sa  fuite  est  si  rapide  et  si 
soutenue,  qu'on  a  beaucoup  de  peine  à  le  fatiguer.  Il  est 
dangereux  de  l'approcher ,  à  cause  de  ses  violens  coups  de 
queue  et  de  nageoires ,  aVec  lesquelles  il  extermine  les  pê- 
ciieurs  et  fait  voler  leurs  barques  en  éclals.  Sa  gueule  est 
aussi  très-effrayante  et  beaucoup  plus  grande  que  celle  de  la 
haleine.  Ses  fanons  bleus  sont  remplis  de  nœuds  et  peu  esti- 
més. (VIREY.) 

Le  second  sous-genre  des  baleinoptères  de  M.  Lacépède 
comprend  les  espèces  dont  le  ventre  et  la  gorge  présentent 
des  plis  longitudinaux  très  -  profonds,  qui  permettent  une 
grande  extension  de  la  peau. 

Deuxième  Espèce.  —  La  Baleinoptère  jubarte  ,  Balœnop- 
fera  jubartcs  ,  Lac;  balœna  buops  ,  Gmel.  ;  baleine  jubaiie , 
Bonnatcrre,  cétol.  Enc,  pi.  3,  fig.  2  ;  Jupiter fisch ,  d'Anderson^ 
fieporkak  ,  des  Groënlandais  \  jubarte  ,  des  Basques. 

Outre  les  plis  que  Ton  remarque  sous  le  ventre  et  la  gorge 
de  la  jubarte  ,  on  la  distingue  encore  des  autres  espèces  du. 
même  genre  ,  par  sa  nuque  élevée  et  arrondie,  son  mu- 
seau avancé  ,  lai'ge  et  un  peu  arrondi,  les  tubérosités  pres- 
que demi-sphériques  qui  sonl  situées  en  avant  des  évents  ; 
\à  nageoire  dorsale  courbée  en  arrière,  etc.  (desm.) 

Il  paroîtque  le  mol  jubarte  est  une  corruption  de  nom  du 
gibbar.  Les  pêcheurs  biscavens  et  saintongeois  appellent  ainsi 
ces  baleines  ,  à  cause  de  la  bosse  élevée  qu'elles  portent  sm- 
le  dos  dans  le  voisinage  de  la  queue.  Vacant  gibbar  ,  a  gib- 
bero  dursu  ,  id  est  in  tumurem  elato  ,  dit  Rondelet  ,  de  Piscibus  , 
liv.  16 ,  ch.  12. 

Ce  Ite  baieinoptère  est  presque  aussi  grande  que  les  vraies  balei- 
nes., mais  elle  est  moins  grasse  et  moins  épaisse  ;  son  bec  est 
pluspointu  et  plus  allongé;  sa  mâchoire  inférieure  est  aussi  plus 
courls  et  plus  niince  que  la  supérieure.  Ses  fanons,  larges  en 


BAL  ïg^ 

bas,  noirâtres  ou  blanchâtres,  très-fragiles,  rie  forme  trbn- 
gulaire,  n'ont  seulement  que  deux  pieds  de  longueur.  Suivant 
'Otho  Fabrlclus,  qui  a  vu  pêcher  cet  animal,  son  corps  est 
rond  ,  épais  vers  les  nageoires  des  côt^s,  mais  si  aminci  ver» 
la  queue,  qu'un  homme  peut  l'embrasser.  Le  museau  est  large; 
la  tête  porte  deux  évents  très-rapprochés  et  entourés  de  trois 
rangs  d'émlnences  circulaires.  Derrière  les  yeux ,  qui  sont 
placés  fort  bas,  et  de  la  grosseur  de  ceux  du  bœuf ,  on  trouve 
les  orifices  des  oreilles,  qui  sont  très-étroits.  La  langue,  dont 
la  couleur  approche  de  celle  du  foie  ,  est  longue  de  plus  de 
cinq  pieds  ;  c'est  un  grand  morceau  de  chair  graSse  et  spon- 
gieuse. A  chaque  extrémité  du  corps,  les  plis  qu'on  remarque 
en  dessous  se  réunissent.  Les  nageoires  pectorales  sont  de 
figure  ovale,  ronde,  échancrée  par-devant;  celle  delà  queue 
est  en  forme  de  croissant.  Toute  la  peau  du  dos  et  des  flancs 
est  d'un  noir  bleuâtre ,  qui  se  blanchit  à  mesure  qu'il  s'ap- 
proche  du  ventre  ;  cette  coloration   se  rencontre  dans  tous 
les  cétacés  de  la  même  manière.  Ij^jubarte   peut  dilater  les 
plis  ou  les  rides  de  son  ventre  ,  lorsqu'elle  prend  beaucoup 
de  nourriture  ;    elle  peut  avoir  plus  de  vingt  pieds  de  cir- 
conférence dans  sa  grande  épaisseur,  et  cinquante  à  soixante 
dans  sa  longueur.  Sous  la  peau  se  trouve  le  lard,   dont  la 
couche    est   assez   mince   et  rend  peu  d'huile  ;   aussi  cette 
espèce  est  moins  recherchée  que  celle  de  la  ba/eme  franche. 
On  en  retire  environ  quatorze  à  quinze  tonneaux  d'une  hullo 
claire  et  aqueuse,    qui  s'évapore  presque    toute  lorsqu'on 
l'expose  au  feu.  Ce  gros  animal  est  assez  curieux  à  voir  loi'S- 
que,  ouvrant  une  gueule  énorme  et  spacieuse,  il  semble  vou- 
loir boire  la  mer ,  en  avalant  des  poissons  par  tonnes  ;  alors 
les  plis  de  son  ventre  s'élargissent,  et  laissen^t  voir  leur  sillon 
d'un  beau  rouge  de  vermillon,  qui  éclate  sur  le  fond  blanc  du 
ventre  et  tranche  avec  le  noir  du  dos  et  des  fanons.  Laya- 
iarte  souffle  l'eau  de  ses  évents  avec  un  effort  prodigieux,  et 
s'engloutit  ensuite  dans  la  mer  ,  la  tête  la  première  ,  et  la 
queue  relevée  comme  les  tritons  de  la  Fable.  Elle  plonge 
pendant  long-temps.  Lorsque  la  mer  est  calme ,  elle  s'étend 
à  la  surface  des  ondes  et  s'y  endort  mollement  comme  sur  un 
grand  lit.  Quand  elle  est  éveillée  ,  on  la  voit  bondir  et  fen- 
dre les  vagues  écumantes  avec  une  grande  vigueur  et  une  agi- 
lité extraordinaire.  Tantôt  elle  frappe  l'eau  avec  force  et  se 
jette  sur  le   dos;   tantôt,  d'un  saut  rapide,  elle  s'élève  en 
pirouettant  dans  l'air  ,  et  retombe  bien  loin ,  avec  une  mer- 
veilleuse habileté  ,  en  faisant  rejaillir  l'onde  amère  et  réson- 
ner les  vagues  sous  le  poids  de  sa  masse.   Un  moyen  sûr  de 
la  tuer,  est  de  la  frapper  à  coups  de  lance  derrière  les  na- 
geoires pectorales  ;  lorsque  ses  inlt^tins  sont  percés  ,  elle 


igS  BAL 

plonge  sur-le-champ  dans  la  mer;  quand  elle  se  voit  prise,; 
elle  pousse  des  hurlemens  affreux  ,  comme  un  cochon  qu'on 
égorge,  et  lance  des  flots  d'eau  ensanglantée.  Celte  haleine 
est  furieuse  dans  l'attaque  ;  elle  ne  fuit  pas  comme  les  autres 
espèces  ,  mais  s'avance  droit  aux  chaloupes  et  les  brise  d'un 
coup  de  queue.  Une  de  ces  baleines  enleva  d'un  seul  coup 
trois  hommes ,  qui  tombèrent  meurtris  et  écrasés  dans  la 
mer.  Le  mâle  accompagne  souvent  la  femelle ,  et  lorsque 
l'un  d'eux  est  tvié,  l'autre  ne  veut  pas  le  quitter,  et  s'étend 
sur  le  mort  en  poussant  des  cris  terribles.  Les  vieux  indivi- 
dus de  cette  espèce  portent  souvent  attachés  à  leur  peau  deâ 
glands  de  mer  (  lepas  halœnaris  ou  diuderna^  Linn. ,  BalaNI- 
TES  ).  Ces  coquillages  multivalves  entrent  profondément  dans 
la  peau,  et  s'enfoncent  jusque  dans  la  graisse.  Selon  les  In- 
diens de  l'Amérique  septentrionale,  ces  balanites  marquent  la 
vieillesse  des  baleines  ,  dont  la  peau  dure  leur  sert  de  support. 

La  juharle  ,  qu'Anderson  appelle  aussi  poisson  de  Jupiter 
(^Jupiter  Jisch.^^  que  les  Groënlandais  connoissent  sous  le 
nom  de  keporkak,  el  les  Islandais  sous  celui  de  hra/u-reydus  ^ 
se  nourrit  de  coquillages,  qui  couvrent  la  mer  par  leur  im- 
mense multitude.  Elle  vit  aussi  d'une  petite  espèce  de  saumon 
et  de  l'appât  de  vase  (  Ammodites  tobiunus  ,  Linn.).  Elle  habite 
dans  les  mers  du  Nord  près  du  Groenland,  et  plus  rarement 
dans  les  autres  parages.  On  en  a  pris  quelquefois  dans  la  Mé- 
diterranée. En  hiver,  elle  demeure  en  pleine  mer  entre  le  65 
et  le  61."=  degrés  de  latitude  boréale.  Elle  vient  en  été  et  en 
automne  sur  les  cotes;  elle  entre  dans  les  grandes  anses  vers 
Pamiuk  et  Pissukblk.  Il  paroît  qu'on  la  rencontre  aussi  dans 
les  parages  des  Bermudes.  Les  baleine atxx  y  sont  appelés 
cuhs  {Phil.  Trans.^  n.°  i ,  p.  12  ).  Leur  force  est  aussi  éton- 
nante que  leur  agilité.  Ils  suivent  leur  mère  ,  (jui  n'en  produit 
qu'un  seul  à  cbaque  portée,  jusqu'à  une  nouvelle  gestation; 
ce  qui  n'arrive  pas  toujours  chaque  année.  Lorscjue  ces  balei- 
neaux sont  blessés,  ils  jettent  des  cris  affreux;  la  plus  petite 
plaie  suffit  pour  faire  périr  ces  animaux,  car  elle  se  gangrène 
aussitôt,  et  ils  vont  périr  au  loin  dans  les  solitudes  de  l'O- 
céan. (VIREY.) 

Troisième  Espèce.  — Le  RoRQUAL  ou  RoR-QuAL,  Balœnop- 
tcra  rorqual  y  Lac,  pi.  S  ^  Jig.  i;  Balœna  muscalus^  (imel.  ; 
Baleine  rorqual ,    Bonnaterre  ;    Cétol.  Enryd.  ,   pi.  3,^^.  i. 

M.  Lacépede  donne  pour  caractères  à  cette  espèce  ,  dont 
la  t  tille  est  moins  considérable  que  celle  de  la  jubarte  :  la 
mâchoire  inférieure  arrondie  ,  plus  avancée  et  beaucoup 
plus  large  que  celle  d  en  haut;  la  tête  courte  à  proportion 
du  corps  et  de  la  queue,  (desm.) 

Leaum  de  rorqual^  appliqué  assez:  vaguement  à  celte  espèce. 


J3  A  L  199 

est  groënlandais  ;  en  Islande  ,    cet  animal  s'appelle  ^tf:iper- 
reydus  ;  les  Italiens  le   connoissent  sous  le  nom  de  rapiddio  , 
nu  rapport  de  Bolon,  qui  la  décrit.  11  0  une  tête  ér.  ;rnie  et 
une  gueule  d  une^iargeur  épouvantable.  Sibijalb  {Phaloc.  nov., 
p,  76.  )  a  vu  lui-même  une  chaloupe  avec  tout  le  tiionde  de  son 
équipage  entrer  ded.ius  fort  à  1  aise.  Quatorze  hommes  pour- 
voient se  tenir  debout  et  ensemble  dans  la  gueule  caverneuse 
decelaninial,  qui  échoua  eu  Ecosse  sur  le  rivage,  près  du  châ- 
teau d'Abercorn  ,  en  1692.  Ce  vaste  cétacé  avoit  soixante- 
^is-hult  pieds  de   longueur  cl  plus  de  trenle-six  de  circonfé- 
rence ;  il  ressembloit  de  loin  à  la  carcasse  énorme  de  quelque 
vaisseau  jeté  suv  la    côte   après  une  tempête.    On  a  vu  à 
Paris,  il  y  a  quelques  années,  les  os  de  la  tête  d'un  grand 
cétacé  qu'on  rapportoit  à  Tespèce  du  rorqual.  Celui  de  Sib- 
bald  avoit  une  langue  large  de  quinze  pieds,    et  encore  plus 
loogue  -,  sa  mâchoire  d'en  bas  avoit  plus  de  treize  pieds  de 
longueur  ;  dans  cette  espèce  y  elle  est  arrondie  ,   ce  qui  la 
dislingue  àcs  juLartes.  La  longueur  de  la  partie  sexuelle  du 
rorqual  mâle   est  de  cinq  pieds  ;  sa  queue  est  élargie  ,  à  son 
extrémité,  de  dix-!mit  pieds  et  demi. 

Le  museau  de  ce  cétacé  est  arrondi  ;  sa  mâchoire  infé- 
rieure est  plus  allongée  et  plus  large  que  la  supérieure,  qu'elle 
emboîte.  JJe  chaque  côté  de  la  langue  est  un  gros  tampon  d'une 
chair  rouge  et  mollasse  qui  ferme  l'ouverture  de  la  gorge  de 
telle  sorte  que  les  petits  poissons  peuvent  seuls  y  entrer; 
ainsi  un  si  gros  animal  ne  peut  se  nourrir  que  des  plus  chétives 
espèces  de  poissons. 

Les  fanons  sont  bien  moins  longs  que  ceux  des  baleines  fran- 
ches; car,  dans  l'espèce  du  rorqual,  les  plus  grands  n'ont  guère 
que  trois  pieds  de  long  et  un  pied  de  large. 

Les  yeux  du  rorqual  ne  sont  pas  plus  gros  que  ceux  du  bœuf; 
ils  sont  placés  vers  l'angle  des  mâchoires.  Derrière  eux  se 
trouve  le  conduit  de  l'oreille  ,  qui  n'a  point  de  pavillon  exté- 
rieur, comme  chez  tous  les  autres  cétacés.  Au-dessus  des 
yeux  se  rencontrent  les  deux  évents  ou  trous  par  lesquels 
l'animal  respire.  Leur  figure  est  pyramidale.  Vers  le  milieu 
du  dos  ,  et  parallèlement  à  l'anus,  on  observe  une  nageoire 
triangulaire  et  recourbée  en  arrière.  Les  nageoires  pectorales 
sont  ovales  et  échancrées  comme  un  fer  de  lance.  Chaque 
pli  ou  sillon  du  ventre  a  plus  de  deux  pouces  de  largeur. 
Toute  la  peau  du  dos  est  d'un  brun  noir  ;  celle  du  ventre  est 
blanchâtre  ;  lorsqu'on  lève  ce  cuir,  épais  de  plus  d'un  pouce, 
on  trouve  une  couche  de  lard  profonde  d'un  pied  sur  le  dos  , 
et  de  plus  de  quatre  pouces  sur  le  ventre. 

Cet  animal  fait  sa  nourriture  ordinaire  de  harengs,  qu'il  en- 
gloutit par  tonnes,  et  qu'il  poursuit  au  travers  des  mers|^ 


300  BAL 

lorsqu'il  mord  dans  les  bancs  épais  de  ces  poissons,  il  les 
écrase  en  bouillie  sous  ses  fanons,  et  en  remplit  son  énorme 
estomac.  Celui  que  décrit  Sibbald  avoit  été  aperçu,  pendant 
près  de  vingt  ans ,  vers  les  mers  d'Ecosse ,  où  il  donnoit  la 
chasse  aux  harengs.  Il  fut  reconnu  à  un  trou  fait  d'outre  en 
outre  dans  sa  nageoire  du  dos,  par  une  balle  dont  les  pêcheurs 
l'avoient  autrefois  atteint.  F.  Baleine,  (virey.) 

Quatrième  Espère.  —  La  Baleinoptère  museau -pointu, 
Balœnoptera  acuto-rostraia  ^  Lac. ,  pi.  l^.^fig.  2  ;  Baleina  rostrata, 
Gmel.  ;  Baleine  à  bec.,  Bonnaterre,  Cet.  EncycL,  pi.  4- » 
•fig.  I. 

Elle  est  moins  connue  que  les  autres  ,  et  surtout  que 
la  Baleinoptère  gibbar  ,  et  est  ainsi  caractérisée  par 
M.  Lacépède  :  les  deux  mâchoires  pointues  ,  celle  d'en 
haut  plus  courte  et  beaucoup  plus  étroite  que  celle  d  en  bas. 

(desm.) 

Celte  espèce  ressemble  beaucoup  à  Xdijubarte.  Vu  de  côté, 
son  corps  est  ovale,  très-allongé;  sa  tête  conique  fait  à  peu 
près  le  quart  de  la  longueur  totale  du  corps  ;  ses  mâchoires 
sont  longues ,  étroites  et  amincies  en  forme  de  bec.  On  lui 
trouve  de  petits  yeux  placés  aux  angles  des  mâchoires,  avec 
les  deu-v  é vents  au  sammet  du  crâne.  Ses  fanons  sont  très- 
courts  et  de  couleur  blanche  ;  ses  nageoires  pectorales  ont 
une  figure  ovale,  aplatie.  La  nageoire  du  dos  est  arrondie  et 
penchée  vers  la  queue.  La  position  de  cette  nageoire  sur  le 
dos  correspond  à  celle  de  Tanus.  Toute  la  poitrine  est  cou- 
verte de  plis  parallèles  et  longitudinaux  ;  la  couleur  du  dos 
est  d'un  brun  noir,  qui  s'éclaircit  sur  les  flancs  et  devient 
un  blanc  marbré  de  rougeâtre  sur  le  ventre.  Ce  cétacé  nage 
avec  une  vitesse  extraordinaire  ,  et  sa  forme  est  très-avan- 
tageuse pour  cela:  son  lard,  épais  et  dur,  produit  peu  d'huile  ; 
aussi  les  pêcheurs  donnent  rarement  la  chasse  à  cette  es- 
pèce; mais  les  Groè'nlandais,  qui  trouvent  sa  chair  très-déli- 
cate, l'attaquent  fréquemment,  etla  tuent  à  grands  coups  de 
flèches  sans  Tapprocher.  Cette  bakinoptère  mange  des  sau- 
mons d'une  petite  espèce  (^salmo  arclicus^  Linn.,  )  communs 
vers  le  pôle  arctique. 

La  baleinoptère  museau-pointu  ne  devient  jamais  très-grande; 
elle  se  répand  quelquefois  dans  nos  mers  d'Europe.  Il  en 
échoua  une,  en  1786,  sur  les  côtes  d'Angleterre;  sa  taille 
étoit  de  dix-sept  pieds  seulement.  C'est,  au  reste  ,  un  animal 
fort  avide ,  et  qui  poursuit  avec  tant  d'ardeur  le  menu  pois- 
son, qu'il  le  fait  sauter  hors  de  l'eau,  (virey.) 

La  Baleine  tampon,  B.  nodosa.,  Bonnaterre,  et  la  Ba- 
leine A  BOSSES  ,  B.  gibhosa,  parolssent  être  les  espèces  du 
genre  Baleine  proprement  dit  ,  qui  se  rapprochent  le  plus 


BAL  201 

des  BaleINOPTÈRES  par  la  présence  des  Losses  ou  des  tu- 
bercules sur  la  place  correspondanJe  h  celle  où  est  située  la 
nageoire  dorsale  dans  ces  derniers  cétacés,  (desm.) 

BALERI.  Nom  vulgaire  de  la  Cresserelle,  aux  environs 
de  Niort,  (v.) 

BALFOUR,  Balfouria.  Arbrisseau  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande ,  qui  seul ,  selon  R.  Brown  ,  constitue  un  genre  dans  la 
tétrandrie  monogynie,  et  dans  la  famille  des  apocinées. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  pourvu  de  dix  pe- 
tites écailles  à  sa  base  interne  ;  corolle  en  entonnoir,  à  ori- 
fice couronné  par  un  tube  crénelé  ,  à  découpures  du  limbe 
droites,  cquilatérales;  anthères  sagittées,  mucronées,  rap- 
prochées contre  le  stigmate  ;  style  dilaté  à  son  sommet ,  à 
stigmate  anguleux,  (b.) 

BALGORENA.  V.  Grimpereau.  (s.) 

BALI.  On  a  ainsi  appelé  la  Couleuvre  plicatile,  (b.) 

BALICASSE.  Nom  d'un  oiseau  des  Philippines  ,  dont 
on  a  foit  mal  à  propos  un  corbeau  ,  et  qui ,  d'après  ses  carac- 
tères ,  doit  être  rangé  dans  le  genre  Drongo-  V.  ce  mot.  (v.) 

BALIGARAB  ou BUYONG.  Espèce  deMussAENDE.  (b.) 

BALIGOULE.  C'est  .le  nom  vulgaire  de  TAgaric  du 
Panicaut  ,  qui  se  mange,  (b.) 

BALIMBA.  Nom  du  Carameolier.  (b.) 

BALIMBAGO.  On  croit  que  c'est  la  Ketmie  popul^ 

NÉE.  (b.) 

BALINGASAN.  Petit  arbre  du  genre  Stravade.  (b.) 
BALISE.  Nom  vulgaire  du  Télescope  bouée,  (b.) 
BALISIER,  Canna.  Genre  de  plantes  de  la  monandric 
monogynie  ,  et  de  la  famille  des  drymyrrhisées,  dont  les  ca- 
ractères consistent  en  une  espèce  de  calice  spathacé,  membra- 
neux, composé  de  trois  folioles  lancéolées,  droites  et  per- 
sistantes; une  corolle  monopétale,  un  peu  longue,  tubulée 
à  sa  base  ,  et  divisée  profondément  en  six  découpures  lancéo- 
lées et  irrégulières,  dont  cinq  sont  presque  droites,  et  la 
sixième  est  réfléchie  et  roulée  en  dehors;  une  seule  étamlne, 
dont  le  filament  est  une  languette  pétaliforme  et  bifide ,  qui 
soutient  une  anthère  adnée  au  bord  de  sa  découpure  supé- 
rieure :  un  ovaire  inférieur ,  d'où  s'élève  un  style  ensi- 
forme,  membraneux  comme  un  pétale,  adhérent  à  la  corolle, 
et  mijnl  d  aa  stigmate  linéaire  et  adné  en  son  bord;  une 
capsule  ovale,  h  tiois  côtés,  hérissée  d'aspérités,  couronnée 
par  les  trois  folioles  du  calice  ,  et  divisée  intérieurement  en 
trois  loges  qui  contiennent  des  semences  globuleuses. 

Ce  genre  comprend  huit  à  dix  espèces  dont  les  différences 
sont  peu  tranchées,  et  dont  la  plus  commune  ,  qu'on  a^ppelle 


202  BAL 

en  français  CaNne  d''Inde  ,  a  des  feuilles  ovales,  aiguës  aux 
deuxhoLits,  avec  une  grosse  côte  :  elle  vient  dans  l'Inde  et 
en  Amérique. 

La  plupart  des  Lalisiers  croissant  naturellement  dans  les 
contrées  chaudes  des  deux  Lides ,  ne  peuvent  être  élevés  en 
France  qu'en  serre.  Cependant  ils  subsistent  quelquefois  en 
pleine  terre ,  à  une  bonne  exposition ,  même  dans  les  envi- 
rons de  Paris.  On  les  mulliplie  par  la  séparation  de  leurs 
racines.  On  peut  aussi  en  semer  la  graine ,  mali.  ce  moyen 
est  fort  long;  cependant  ces  plantes,  venues  de  semences, 
fleurissent  plus  sûrement  que  l-.'s  rejetons.  Il  leur  faut  une 
bonne  terre  franche  ,  sans  mélauge  Je  fumier  ni  de  terreau. 
Vers  le  milieu  de  septembre,  on  cesse  de  les  arroser,  et  on 
ies  met  à  couvert  de  la  pluie.  Aussitôt  que  le  froid  se  fait 
sentir,  on  place  chaque  pot  de  balisier  dans  un  endroit  très- 
sec  et  à  l'abri  de  la  gelée;  la  moindre  humidité  feroit  périr 
la  racine  pendant  l'hiver  :  ainsi,  point  d'arrosement  dans  cette 
saison.  A  la  fin  d'avril,  on  vide  les  pots,  pour  séparer  les- 
racines,  qu'on  nettoie,  en  coupant  jusqu'au  vif  tout  ce  qui 
peut  être  pouri.  On  met  un ,  deux  ou  trois  tubercules  dans 
un  pot,  suivant  sa  grandeur  ;  on  donne  un  léger  arrosement, 
et  on  continue  de  même  jusqu'à  ce  que  les  feuilles  parois- 
sent  :  on  les  traite  après  comme  les  autres  plantes  exotiques. 

C'est  sur  les  feuilles  de  balisierqu' on  étend  le  Cacao  en  Amé- 
rique, quand  on  le  fait  sécher:  elles  servent  quelquefois  à  en- 
velopper la  GoMME-ÉLÉMi,  et  à  faire  des  cabas.  A  Cayenne  , 
on  en  couvre  les  cases,  en  les  fendant  par  le  milieu  le  long 
de  la  côte  ,  et  les  rangeant  ensuite  successivement  sur  le 
toit.  Pour  qu'elles  ne  soient  pas  enlevées  par  le  vent ,  on 
les  coud  de  pied  en  pied ,  ou  on  les  attache  côte  à  côte  :  de 
cette  dernière  manière,  les  couvertures  durent  plus  long- 
temps. Sa  racine  est  regardée  comme  diurétique  et  détersive. 
On  la  mange  cuite  ou  crue  dans  quelques  pays,  et  on  en 
lire  une  fécule  abondante.  Divers  oiseaux,  les  ramiers  sur- 
tout, sont  très-friands  de  sa  graine,  qui  rend  leur  chair 
amère  ,  dans  la  saison  où  ils  en  mangent.  Lorsqu'on  fend  une 
tige  de  balisier ,  on  trouve  des  fils  extrê^nement  fins ,  qui  ser- 
vent, aux  Philippines  et  dans  les  autres  parties  de  l'Inde,  à 
fabriquer  des  toiles  couleur  nankin,  aussi  fines  que  les  toiles 
de  batiste,  qu'on  emploie  pour  faire  des  chemises,  mais  qui 
conservent  toujours  la  couleur  et. .la  roideur  qui  leur  sont 
propres.  On  les  appelle  NiPPls  aux  Philippines. 

On  appelle  aussi  haUsier^  dans  les  xoionles,  les  diverses 
espèces  de  BiiiAi ,  I'Amone  zérumbet,  1  Alpinie  rameuse 

«t  le    COSTUS  ARABIQUE,   (fl.)  i,  , 

BALISOÏDES.  Famille  de  plantes  appelées  Drymyk- 


A  .  18 


J}ej-n'f    Jf/. 


f^ai^ard  Jcu/p 


y>r///,i-/i'       f/l/'ni>/\i-i' 

/iir/i.i/)>     r///i>/u'r  ■ 


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It .       /'>/,-///itt'  i>/>//',//r   . 


BAL  2oS 

RHisÉES  par  Ventenat  :  ce  sont  les  Amomées  de  Jussleu.  (b.) 

BALISTE,  Balistes.  Genre  de  poisson  de  la  division  des 
Branchiostèges,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  une 
nageoire  sous  le  corps,  placée  au-dessous  ou  presque  au- 
dessous  des  nageoires  pectorales  ;  la  télé  et  le  corps  com- 
primés latéralement  ;  huit  dents  au  moins  à  chaque  mâchoire; 
rouverture  des  branchies  très-étroite;  les  écailles  ou  tu- 
bercules qui  revêtent  la  peau ,  réunies  par  une  forte  mem- 
brane. Cuvier  Ta  divisé  en  trois  sous  -  genres  ;  savoir  : 
MoNACANTUE,  Alutère  et  Triacanthe.  11  renferme  des 
poissons  aplatis,  et  souvent  carénés  en  dessus  et  en  dessous; 
couverts,  en  place  d'écaillés,  de  tubercules  très-durs,  réunis 
par  groupes,  distribués  en  comparlimens  plus  ou  moins  régu- 
liers, et  fortement  attachés  à  un  cuir  épais  :  ils  sont  aussi 
remarquables  par  leurs  belles  couleurs  et  par  leurs  armes 
défensives.  Ils  ont  deux  nageoires  dorsales,  dont  la  première 
offre  toujours  un  rayon  très-fort  et  souvent  garni  d'épines, 
qui,  couché  dans  une  fossette  creusée  dans  le  dos  ,  peut  se 
relever  à  la  volonté  de  l'animal,  avec  autant  de  vivacité  que 
la  corde  d'une  arbalète  qui  se  détend  ;  ce  qui  ne  permet  pas 
aux  poissons  voraces  de  les  saisir,  ou  leur  blesse  gravement 
le  palais  lorsqu'ils  les  ont  avalés. 

Le  ventre  des  balistes  présente  une  conformation  égale- 
ment digne  d'attention,  en  ce  qu'il  n'y  a  qu'une  seule 
nageoire,  au  lieu  de  deux,  comme  dans  la  plupart  des  pois- 
sons ,  et  que  môme  cette  nageoire  n'est  souvent  composée 
que  d'un  seul  rayon,  que  Lacépède  appelle  j-ayun  iJiorachique, 
presque  toujours  caché  sous  la  peau ,  et  quelquefois  cepen- 
dant garni  d'épines.  L'ouverture  des  branchies  est  étroite, 
située  au-dessus  et  très-près  des  nageoires  pectorales;  elle 
est  garnie  d'une  membrane  qui  est  ordinairement  soutenue 
par  deux  rayons.  La  bouche  est  peu  large,  et  les  mâchoires 
sont  garnies  au  moins  de  huit  dents,  dont  les  deux  anté^ 
rieures  sont  plus  longues ,  et  ressemblent ,  par  leur  apla- 
tissement, aux  incisives  de  l'homme.  Souvent  il  y  en  a  mî 
second  rang,  appliqué  à  l'intérieur,  contre  les  intervalles  des 
extérieures  :  aussi  ces  poissons  brisent-ils  avec  la  plus  grande 
facilité  les  crustacés  et  les  coquillages,  et  même,  dit  — on, 
les  polypiers ,  dont  les  habitans  servent  à  leur  nourriture. 

Malgré  la  grandeur  des  nageoires  dorsale ,  postérieure , 
caudale  et  anale  ,  malgré  une  vessie  qu'ils  ont  près  du  dos, 
et  la  cavité  de  leur  ventre ,  où  ils  peuvent  introduire  à  volonté 
de  l'air  ,  les  ba/istcs  nagent  avec  difficulté  ,  parce  que  la  roi- 
deur  de  leur  peau  ne  permet  pas  à  leur  queue  des  mouvemens 
aussi  rapides  qu'aux  autres  poissons.  C'est  cet  air,  accumulé 
dans  leur  ventre,  qui,  en  sortant  avec  vitesse,  piodint  ce 


aol  B   A   L 

son,  celle  espèce  Ae  slfllemcnl  que  plusieurs  Ijalîstcs,  et  peut- 
être  tous  ,  font  cnlcndre  assez  fréquemment. 

Ces  poissons  sont  ovipares  ;  mais  on  ne  sait  rien  de  plu* 
sur  le  mode  de  leur  génération. 

Lacépède ,  dans  son  ouvrage  sur  les  poissons,  a  porté  k 
vingt-huit  le  nombre  des  espèces  connues  de  batistes^  et  les  a 
divisées  en  quatre  sections. 

Dans  la  première  ,  sont  compris  les  halistes  qui  ont  plus 
d'un  rayon  à  la  nageoire  inférieure  ou  ventrale  ,  et  à  la 
première  nageoire  dorsale  ;  elle  renferme  quatre  espèces , 
savoir  : 

Le  Baliste  vieille  ,  Balisles  vetula  ,  Linn, ,  qui  a  don-  e 
rayons  ou  plus  à  la  nageoire  dite  ventrale^  et  point  d'aiguillon 
sur  les  côtés  de  la  queue.  (  V.  pi.  A.  i8  ,  où  il  est  figuré.  ) 

Il  se  trouve  dans  toutes  les  mers  entre  les  tropiques,  et 
parvient  jusqu'à  trois  pieds  de  long.  Son  dos  est  d'un  jaune 
foncé  ,  rayé  de  bl^u ,  son  ventre  est  gris.  De  chaque  œil  par- 
tent ,  comme  d'un  centre  ,  sept  ou  huit  petites  raies  d'un  beau 
bleu;  cette  même  couleur  borde  les  lèvres  ,  les  nageoires,  et 
s'étend  sur  la  queue  en  bandes  transversales  plus  claires  :  cette 
queue  est  terminée  par  une  nageoire  en  croissant. 

Le  nom  de  vieille,  attribue  à  ce  poisson ,  vient  de  ce  que  , 
lorsqu'il  est  pris  ,  il  semble  grogner  entre  ses  dents  comme 
une  vieille  femme. 

On  le  pêche  à  l'hameçon  et  à  la  fouenne  ;  on  le  mange 
grillé  ,  après  l'avoir  écorché.  Il  est  fort  bien  défendu  sur  le 
devant  du  corps,  mais  il  ne  Test  pas  autant  sur  le  derrière  : 
aussi  est-ce  par-là  que  les  gros  poissons  voraces  le  saisissent 
lorsqu'ils  en  veulent  faire  leur  proie. 

Le  B  ALiSTE  ÉTOILE ,  qui  a  de  très-petites  taches  semées  sur  la 
partie  supérieure  du  corps ,  huit  ou  dix  rayons  contenus  par 
une  membrane  épaisse  à  la  nageoire  ventrale^  et  point  d'ai- 
guillon sur  les  côtés  de  la  queue.  Il  est  figuré  dans  l'ou- 
vrage de  Lacépède,  pi.  i5,  vol.  i  ,  et  a  été  trouvé  par  Com- 
merçondans  les  mers  de  l'Inde.  Le  halistes  pimrtatus  de  Gme- 
lin,  qui  se  trouve  également  dans  l'Inde,  doit  lui  être  rap- 
porté ,  à  ce  que  croit  Lacépède. 

LcBaliste  écharpe,  qui  aune  longue  bande  noire,  étendue 
obliquement  depuis  les  yeux  jusqu'à  là  nageoire  de  l'anus  ; 
huit  ou  dix  rayons,  contenus  par  une  membrane  épaisse,  à  la 
nageoire  ventrale -,  quatre  rangs  d'aiguillons  sur  les  côtés  de 
la  queue.  Il  est  figuré  pi.  i6,  vol.  i,  de  l'ouvrage  précité,  et 
a  été  trouvé,  par  le  même  Commen^on,  dans  les  mêmes 
mers. 

Le  Baliste  double  aiguillon,  qui  a  quatre  rayons  à  la 
première  nageoire  dorsale  ,  et  deux  grands  rayons  à  la  thora- 


B  A   L  2o5 

chique.  Il  est  figuré  dans  Bloch  ,  tab.  48  ,  dans  le  Buffon  de 
Deterville,  vol.  7 ,  pag.  260,  et  dans  plusieurs  autres  ouvrages. 
Il  se  trouve  dans  les  mers  de  Tlnde. 

La  seconde  division  des  lalisf es  ne  renferme  qu'une  espèce, 
qui  a  douze  rayons  et  plus  à  la  nageoire  ventrale,  et  un  seul 
à  la  première  dorsale  :  c'est  le  Baliste  chinois  ,  figuré  dans 
Bloch,   pi.  i52  ,  et  dans  le  Buffon  de  Deterville,  vol.  8, 

Îag.  II.  Il  se  trouve  dans  les  mers  de  la  Chine  et  du  Brésil. 
1  est  gris ,  parsemé  de  points  dorés  :  sa  chair  est  à  peine 
mangeable.  K.  pi.  A.  18,  où  il  est  figuré. 

La  troisième  division  comprend  ceux  des  balisies  qui  ont 
un  seul  rayon  à  la  nageoire  thorachique  ou  ventrale,  et  plus 
d'un  rayon  à  la  nageoire  dorsale.  On  y  compte  vingt-trois 
espèces  ,  dont  les  plus  importantes  à  connoître  sont  : 

Le  Baliste  velu  ,  qui  a  deux  rayons  à  la  première  na- 
geoire dorsale,  trente  à  la  seconde,  et  la  queue  hérissée  de 
piquans.  Il  est  figuré  dans  Bloch,  pi.  14.8  ,  et  dans  le  Buffon 
de  Deterville  ,  vol.  7  ,  pag.  260 ,  sous  le  nom  de  petite  licorne. 
11  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Baliste  mamelonné,  qui  a  deux  rayons  à  la  première 
nageoire  du  dos,  et  un  grand  nombre  de  taches  sur  tout  le 
corps.  Il  est  figuré  dans  le  Voyage  de  JVith ,  pi.  89,  n,"  2.  Ou 
le  trouve  autour  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Le  Baliste  tacheté  ,  qui  a  deux  rayons  à  la  première  na- 
geoire du  dos ,  et  un  grand  nombre  de  taches  sur  le  corps.  Il 
est  figuré  dans  Bloch,  pi.  i5i  ,  dans  le  Buffon  de  Deterville , 
vol.  8  ,  pag.  1 1 ,  et  dans  quelques  autres  ouvrages.  Il  se  trouve 
dans  toutes  les  mers  des  pays  chauds.  Il  est  violet  dans  si 
partie  supérieure  ,  d'un  blanc  jaunâtre  dans  l'inférieure,  et 
presque  partout  parsemé  de  taches  bleues.  V.  pi.  A.  18,  où  ii 
est  figuré. 

Le  Balisteprahn  qui  a  deux  rayons  à  la  première  nageoire 
du  dos ,  vingt-cinq  à  la  seconde  ;  la  tête  très-grande  ;  trois 
ou  quatre  rangs  d'aiguillons  sur  chaque  côlé  de  la  queue  ;  plu- 
sieurs raies  sur  le  devant  du  corps ,  une  grande  tache  noire 
de  chaque  côté.  Il  se  trouve  autour  des  îles  de  Pralin.  11  est 
vert  sur  le  dos  et  blanc  sous  le  ventre.  Il  se  défend  en  mor- 
dant ceux  qui  veulent  le  prendre.  Sa  chair  est  agréable  et 
saine  ,  au  rapport  de  Commerson  ,  qui  l'a  fait  coùnoître. 

Le  Baliste  kleinien,  qui  a  deux  rayons  à  la  première  na- 
geoire du  dos  ;  le  museau  avancé  ;  l'ouverture  de  la  bouche 
très-petite  et  garnie  de  barbillons  ;  quarante-cinq  rayons  au 
moins  à  la  seconde  nageoire  du  dos  et  à  celle  de  l'anus.  H 
est  figuré  dans  Klein ,  vol.  3  ,  tab.  3 ,  n.»  11.  Il  se  trouve  dans 
l.û  mer  des  Indes. 

Le  Balist£  curassavien,  qui  a  deux  r.nyons  à  )a  premiè.rft 


2oe  BAL 

nagfeolre  du  dos,  le  museau  arrondi,  la  nageoire  de  la  queue 
non  échancrée.  Il  se  trouve  dans  le  golfe  du  Mexique. 

Le  Baliste  ÉPI^'EUX  ,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  na- 
geoire du  dos,  depuis  deux  jusqu'à  six  rangs  d'aiguillons  de 
ctiaque  côté  de  la  queue  ,  le  rayon  de  la  nageoire  ventrale 
fort  dentelé  et  placé  au-devant  d'une  rangée  d'aiguillons.  Il 
est  figuré  dans  Eloch  ,  pi.  149;  dans  le  Btifïon  de  Deterville  ^ 
roi.  8  ,  pag.  I  ,  sous  le  nom  de  halisie  à  pointes  ;  et  dans  Lacé- 
pède,  vol.  I ,  pi.  17.  Ce  dernier  lui  rapporte  le  halistes  verni- 
cosus  de  Gmclin.  ïl  se  trouve  dans  la  mer  Rouge  et  dans  celle 
des  Indes.  Sa  chair  est  très-bonne  à  manger. 

Le  Bauste  sillonné  ,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  na- 
geoire dorsale;  la  queue  sillonnée  et  la  nageoire  caudale  en 
croissant.  Il  est  figuré  dans  Bloch,  pi.  i52,  et  dans  Lacépède, 
vol.  I  ,  pi.  18.  Il  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Baliste  caprisque  ,  qui  a  trois  rayons  à  la  première 
ifltageoire  dorsale;  point  de  grands  aiguillons  auprès  du  rayon 
de  la  nageoire  ventrale  ;  la  nageoire  de  la  queue  arrondie  , 
et  les  couleurs  du  corps  brillantes  et  variées.  Il  est  figuré 
dans  Séba  ,  vol.  3,  pi.  24 ,  n."  16  ;  dans  Willugby  ,  lab.  i  , 
n."  19,  et  dans  plusieurs  autres  auteurs.  11  se  trouve  dans 
toutes  les  mers  des  pays  chauds,  même  dans  la  Méditerranée. 
31  est  connu  à  IMarscllle  sous  le  nom  de  porc  y  nom  qui  lui 
a  été  imposé  à  raison  de  son  grognement ,  semblable  h  celui 
des  cochons.  Dans  d'autres  endroits  on  l'appelle  souris  et 
poupon  noble.  Pline  et  la  plupart  des  naturalistes  de  l'anti- 
quité l'ont  mentionné. 

Le  Baliste  queue  fourchue,  qui  a  trois  rayons  cà  la  pre- 
mière nageoire  du  dos  ;  des  taches  sur  la  seconde  ;  la  nageoire 
de  la  queue  fourchue.  11  est  figuré  dans  Willugby,  app.  tab.  i, 
n.o  22.  On  ignore  la  mer  qu  il  habile. 

Le  Baliste  BOURSE,  qui  a  trois  rayons  h  lapremière  nageoire 
du  dos  ;  celle  de  la  queue  non  fourchue  ;  une  tache  noire  ,  en 
■croissant ,  au-dessous  des  yeux.  Il  se  trouve  à  l'Ile  de  France, 
où  Sonnerat  l'a  observé. 

Le  Baliste  américain,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  na- 
geoire dorsale  ;  celle  de  la  queue  légèrement  arrondie  ;  des 
taches  blanches  sur  la  partie  inférieure  du  corps.  11  se  trouve 
dans  les  mers  qui  avoisinent  l'Amérique,  et  est  figuré  pi.  iG 
du  premier  vol.  de  l'ouvrage  de  Lacépède. 

Le  Baliste  verdÂtre,  qui  a  trois  rayons  à  la  première 
nageoire  dorsale;  quatre  rangs  d'aiguillons  de  chaque  côté  de 
la  queue  ,  dont  la  nageoire  est  arrondie  ;  de  très-petites  taches 
noires  sur  le  corps.  Il  se  voit  figuré  dans  Lacépède  ,  vol.  i , 
pi.  16.  Ou  le  trouve  dans  Jcs  mers  voisines  de  l'Ile  de  France  ; 


BAL  ^ 

c'est  une  des  plus  grandes  espèces  du  genre.  La  couleur  verle 
domine  sur  son  corps. 

Le  B  ALISTE  GRANDE  TACHE,  qui  a  trois  rayons  à  la  première 
nageoire  dorsale;  six  rangs  de  verrues  de  chaque  côlé  de  la 
tête;  la  queue  sans  aiguillons  ;  la  nageoire  caudale  en  forme 
de  croissant  ;  une  grande  tache  blanche  de  chaque  côté  du 
corps.  Il  se  trouve  avec  le  précédent.  Sa  couleur  est  d'un  brun 
clair. 

Le  Baliste  noir,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  nageoire 
du  dos  ;  plus  de  trente  rayons  à  la  seconde  et  à  celle  de  l'anus  ; 
la  nageoire  caudale  en  forme  de  croissant  ;  point  d'aiguillons 
sur  la  queue  ;  tout  le  corps  d'une  couleur  noire.  Il  se  trouve 
avec  les  précédens  ,  et  est  figuré  dans  Lacépède  ,  pi.  i5  , 
vol.  I. 

Le  Baliste  bridé,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  nageoire 
dorsale  ;  celle  de  la  queue  en  forme  de  croissant  ;  point  d'ai- 
guillons sur  la  queue  ;  un  anneau  de  couleur  très-claire  au- 
tour du  museau  ;  un  demi-anneau  ,  de  la  même  teinte  ,  au- 
dessus  de  l'ouverture  de  la  bouche  ,  et  une  raie  longitudinale 
de  chaque  côté.  Il  se  trouve  avec  les  précédens ,  et  est  figuré 
dans  la  même  planche  du  même  ouvrage. 

Le  Baliste  armé,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  nageoire 
du  dos  ;  celle  de  la  queue  un  peu  en  forme  de  croissant  et  bor- 
dée de  blanc  ;  six  rangées  d'aiguillons  de  chaque  côté  de  la 
queue.  Il  se  trouve  encore  avec  les  précédens. 

Le  Baliste  cendré,  qui  a  quatre  rayons  à  la  première  na- 
geoire du  dos  ;  trois  bandes  bleues  ,  étroites  et  courbes  sur 
la  queue.  Il  se  trouve  avec  les  précédens  ,  et  a  été  ,  comme 
eux,  observé  par  Commcrçou. 

Le  Baliste  assasi,  qui  a  plusieurs  rangées  de  verrues  sur 
le  corps,  et  trois  rangs  sur  la  queue.  Forskël  Ta  observé  dans 
la  mer  Rouge. 

Le  Baliste  Mungo-park,  quiatroîsrayonsàlapremièrena- 
geoire  dorsale  ,  vingt-sept  à  la  seconde  ;  sept  rangées  d'aiguil- 
lons pe'iits  et  recourbés  de  chaque  côté  de  la  queue  ;  le  corps 
noir ,  garni  de  papilles  :  la  caudale  à  peine  échancrée.  II  a  été 
observé  autour  de  Sumatra,  par  Mungo-Park,  qui  Ta  décrit 
sous  le  nom  de  haUstes  nigra  ,  que  porte  une  autre  espèce. 

Le  Baliste  ondulé  ,  qui  a  trois  rayons  à  la  première  na- 
geoire du  dos,  vingt-six  à  la  seconde;  des  piquans  très-forts 
de  chaque  côté  de  la  queue;  des  tubercules  au-devant  de  ces 
piquans;  la  caudale  à  peine  échancrée  ;  la  couleur  générale 
noire  ,  avec  onze  ou  douze  raies  longitudinales  rouges  ondées. 
Jl  se  trouve  avec  le  précédent. 

Knfin  ,  la  quatrième  division  des  halistes  renferme  quatre 


2o8  BAL 

espèces,  qui  n'ont  qu'un  rayon  à  la  première  nageoire  dor- 
sale ,  et  un  à  la  thorachlque. 

Le  Baliste  monocéros,  qui  a  environ  cinquante  rayons  à  la 
nageoire  de  l'anus.  11  est  connu  sous  le  nom  de  licorne  de  mer  y 
et  figuré  dans  Willugby.  Il  se  trouve  dans  les  niL-rs  d'Asie 
et  d  Amérique.  11  parvient  ordinairement  à  un  pied  de  long. 
Sa  couleur  est  cendrée  ,  variée  ou  tachée  irrégulièrement  de 
brun.    F.  pi.  R.  17  ,  où  il  est  figuré. 

J'ai  découvert ,  pendant  ma  traversée  d  Europe  en  Amé- 
rique ,  deux  espèces  nouvelles  de  cette  division. 

Le  Baliste  varié  ,  qui  a  le  museau  très-allongé  ,  le  corps 
tacheté  de  brun  ,  et  environ  trente-deux  rayons  à  la  nageoire 
de  l'anus.  11  se  trouve  dans  la  mer  Atlantique  ,  sur  les  varecs 
flottans,  et  vit  de  crustacés.  Sa  longueur  est  de  quatre  pouces, 
et  sa  largeur  de  deux  ;  son  corps  est  fort  aplati  ,  ovale  ,  cen- 
dré ,  régulièrement  et  irrégulièrement  taché  de  brun  et  de 
blanc  dans  sa  partie  supérieure.  L'épine  de  son  dos  est  un  peu 
recourbée  en  arrière,  très-robuste,  aussi  longue  que  la  moitié 
de  la  distance  des  yeux  à  la  bouche  ,  avec  deux  rangées  pos- 
térieures de  dents  recourbées.  Nageoires  D.  i.  82.  P.  14.  A. 
32,  V.  I.,  C.  12. 

Le  Baliste  cuivré,  qui  a  le  museau  allongé,  le  corps  cui- 
vré, avec  sept  rangées  longitudinales  de  points  bruns,  el  vingt- 
huit  rayons  à  la  nageoire  anale.  Il  se  trouve  avec  le  précé- 
dent. Il  a  trois  pouces  de  long  sur  quinze  lignes  de  large. 
Son  corps  est  ovale  ,  allongé  ,  comprimé.  Les  deux  premières 
séries  de  points  sont  de  dix  ,  et  les  autres  de  neuf,  trois  ,  dix 
et  trois.  Son  épine  dorsale  est  quadrangulaire  et  épineuse  sur 
chaque  angle  ;  celles  du  ba^  sont  les  plus  longues.  On  re- 
marque deux  taches  blanches  sur  la  partie  antérieure. 

Nageoires  D.  i.  82.  P.  i5.  A.  28.  Y.  i.  C.  12.  Voyez  sa 
figure  à  la  pi.  A.  18.  (b.) 

BALISTE.  C'est  le  Squale  marteau,  (b.) 

BALISTE  NOIR.  On  a  donné  ce  nom  aux  Balistes  sil- 
lonné ,  AMÉRICAIN  et  MUNGO-PARK.  (b.) 

BALIVEAUX.  Arbres  de  la  meilleure  espèce  et  de  la  plus 
belle  venue  ,  que  l'on  réserve  dans  la  coupe  des  futaies  ou  des 
taillis  ,  et  qui  sont  destinés  à  peupler  le  bois  par  leurs  ra- 
cines et  leurs  graines.  On  distingue  les  baliveaux  en  halweau'X 
de  brin  (  ce  sont  ceux  qui  viennent  seuls  sur  un  pird  :  ils 
sont  les  plus  estimés  ),  et  en  baliveaux  de  souche;  (  on  appelle 
ainsi  le  brin  principal  qu'on  réserve  entre  ceux  qui  sortent 
d'une  même  souche.  )  Les  baliveaux  de  l'âge  du  taillis  qu'on 
coupe,  s'appellent  communément  étalons;  ceux  qui  ont  été  ré- 
fcervés  lors  de  deux  ou  trois  coupes  précédentes ,  baliveaux. 


BAL  209 

inodemes;  et  ceux  des  coupes  plus  reculées  ,  baîweaux  anciens. 
V.  le  mot  Bois,  (d.) 
BALIVIS.  Nom  du  Canard  à  l'île  de  Luçon.  (s.) 
BALLAN.  Poisson  du  genre  des  Labres,  (b.) 
BALLE.  V.  BÀLE.  (DESM.) 
BALLERUS.  C  est  le  Cyprin  large,  (b.) 
BALLOTE  ,  Balloia.  Genre  de  plantes  de  la  didynamie 
gymnospermie  et  de  la  famille  des  labiées,  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  :  un  calice  monophylle  ,  tubulé,  à  dix  stries  et  à 
cinq  dents  très-ouvertes  au  sommet  ;  une  corolle  monopétale 
labiée  ,  à  tube  cylindrique  ,   ayant  la  lèvre  supérieure  droite  , 
un  peu  concave  ,  et  légèrement  crénelée  ,  et  l'inférieure  plus 
grande  ,   à  trois  lobes  ,  dont  celui  du  milieu  ,  plus  large  ,  est 
plus  ou  moins  échancré  ;  quatre  étamines  inégales  ,  deux  par 
deux;  quatre  ovaires  supérieurs,  d'entre  lesquels  s'élève  un 
style  filiforme  terminé  parun  stigmate  bifide  ;  quatre  semences 
nues,    ovales  et  attachées  au  fond  du  calice. 

Ce  genre  est  composé  de  cinq  à  six  espèces ,  qui  sont  des 
herbes  vivaces,  à  tiges  carrées»  à  fleurs  verticillées,  à  feuilles 
opposées.  Elles  répandent  une  odeur  forte,  La  plus  com- 
mune s'appelle  laBALLOTE  fétide  ,  Ballota  nigra  ,  Linn.,  vul- 
gairement le  marrube  noir.  Son  caractère  est  d'avoir  les  feuilles 
entières,  en  cœur,  dentelées;  les  dents  du  calice  aigué's.  Elle 
se  trouve  par  toute  l'Europe,  le  long  des  chemins,  autour  des 
villages.  Elle  passe  pour  antihystérique,  résolutive  etdétersive. 
Il  en  est  une  autre  qui  vient  de  Sibérie  ,  et  qui  est  remar- 
quable par  le  long  duvet  blanc  dont  elle  est  couverte,  et  par 
ses  feuilles  palmées.  C'est  la  Ballote  laineuse,  (b.) 

BALLOTE.  Nom  vulgaire  d'un  Chêne  dont  on  mange  les 
glands  sur  la  côte  d'Afrique  et  en  Espagne,  (b.) 

BALLOTULA,  Nom  italien  de  la  Belette  ,  espèce  de 
quadrupède  du  genre  Marte,  (desm.) 

BALONOPHORE,  Balonophora.  Genre  de  plante*  de 
la  monoécie  monandrie  ,  dont  les  [leurs  sont  en  tète.  Les 
fleurs  femelles  ,  qui  sont  les  plus  petites  ,  forment  la  par- 
tie supérieure  de  la  tête  ;  et  les  mâles  ,  qui  sont  assez  grandes 
forment ,  à  la  base  de  cette  tête,  un  double  rang  en  manière 
de  collerette. 

Les  mâles  consistent  en  quatre  pétales  et  en  une  seule  éta-> 
mine.Lesfemellesn'ontnicaliceni  corolle,  et  leur  ovaire  est  un 
très-petit  globule  ,  qui  est  muni  d'un  style  capillaire  dont  le 
stigmate  est  simple. 

Ce  genre  a  depuis  été  réuni  auxCYNOMOiRES.  (b.) 
BALOTA.  Nom  piémontais  de  la  Guignette.  (v.) 
BALOULOU.  Bananier  à  petits  fruits,  (b.) 
BALOURÏNHA.  Espèce  d'ABUTiLON.  (b.) 

1".  i4 


3IO  JJ     A.     1j 

B  ALSAM  ARIE ,  jBa/5amana.  Genre  établi  par  Loureiro^ 
mais  qui  rentre  dans  les  Calaba.  (b.) 

BALSAMIER ,  Amyiis.  Genre  de  plantes  de  roqlandrie 
monogynie  ,  et  de  la  famille  des  térébinthacées,dont  les  ca- 
ractères consistent  en  un  calice  quadridenté  ,  persistant  ; 
quatre  pétales  ouverts  ;  huit  étamines  de  la  longueur  de  la 
corolle  ;  un  ovaire  supérieur  ,  ovale ,  surmonté  d'un  style 
court  et  d'un  stigmate  en  tête  ;  une  baie  drupacée  ,  ovale  , 
arrondie  ,  qui  ne  renferme  qu'un  seul  noyau. 

Ce  genre  renferme  une  vingtaine  d'espèces  d'arbres  ou 
d'arbrisseaux,  dont  les  feuilles  sont  ternées  ou  ailées,  avec 
une  impaire  ,  et  dont  les  (leurs  sont  disposées  en  panicules 
axillaires  et  terminales. 

Les  plus  importantes  à  connoître  sont  : 

Le  Balsamier  élémifère  ,  qui  a  les  feuilles  ternées  o 
quinnées,  et  velues  en  dessous.  Il  vient  de  l'Amérique  méri- 
dionale. 

C'est  de  lui  qu'on  retire  la  plus  grande  partie  de  la  résine 
Élémi  ,  qui  vient  en  Europe ,  et  qui  s'emploie  si  fréquemment 
en  médecine  conrme  fondante  et  antigangreneuse. 

Le  Balsamier  DE  Ceylan  ,  qui  a  les  feuilles  plnnécs,  pé- 
tiolées,  glabres  ;  les  fleurs  hexandres  ,  involucrées  et  dis- 
posées en  grappes  axillaires. 

C'est  lui  qui  fournil  la  seconde  sorte  d'ÉLÉMi  qui  se  trouve 
dans  le  commerce. 

Le  Balsamier  de  Giléad,  dont  le  caractère  est  d'avoir 
les  feuilles  ternées  ,  très-entières  ;  le  pédoncule  uniflore  et 
latéral.  Il  croît  en  Arabie. 

Le  Balsamier  de  la  Mecque,  Amyris opobalsamum,  Linn., 
qui  se  reconnoît  à  ses  feuilles  pinnées  et  à  ses  folioles  se§siles. 
11  croit  en  Arabie.   V.  pi.  A.  19 ,  où  il  est  figuré. 

Le  Balsamier  de  la  Jamaïque  ,  Amyris  balsamifera ,  Linn., 
dont  le  caractère  est  d'avoir  les  feuilles  deux  fois  ailées.  Il  se 
prouve  dans  les  Antilles  ,  et  fournit  un  de  ces  bois  connus 
Éous  le  nom  de  Bois  de  Rhodes. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  c'est  d'une  espèce  de  ce  genre 
qu'on  tire ,  en  Arabie  ,  la  résine  qui  est  connue  sous  le  nom 
de  Styrax  liquide.  V.  ce  mot. 

Les  IciQUiERS  d'Aubletont  été  réunis  à  ce  genre,  (b.) 

Ce  sont  le  Balsamier  de  Giléad  ,  et  principalement 
Je  Balsamier  de  la  Mecque,  qui  donnent  cette  résine  si 
précieuse  pour  son  usage  tant  interne  qu'externe  ,  connue 
dans  le  commerce  sous  le  nom  de  baume  de  Judée ,  de  la 
Mecque  f  d'Egypte  ,  de  Syrie  ,  ou  baume  blanc,  en  latin  opobal- 
samum,\ 

lu  opobalsamum  ,  seloa  P.  Alpin  |  çst  blanc  lorsqu'on  vient 


,  B  A  L 

de  le  tirer;  d'une  odeur  excellente  et  très-péne'trante  , 
qui  approche  de  celle  de  la  térébenthine  ,  mais  plus  suave  et 
plus  vive  ,  d'un  goût  amer  ,  acre  et  astringent.  Quand  ce 
Laurtie  est  récent ,  si  Ton  en  verse  dans  de  l'eau  ,  il  ne  va  pas 
au  fond  à  cause  de  sa  grande  légèreté  ;  mais  il  s'étend  sur 
toute  la  superficie  de  l'eau,  y  forme  une  pellicule  qui,  peu  de 
temps  après,  se  coagule  ,  et  on  l'en  retire  en  entier  et  très- 
blanc.  Comme  ce  baume  est  moins  bon  lorsqu'il  est  vieux  ,  on 
le  distingue  alors  du  nouveau  par  sa  pesanleur  ;  il  va  tout  de 
suite  au  fond  de  l'eau  ,  quand  on  l'y  jette. 

«  Les  anciens  ne  recueilloient  que  le  baume  qui  décou- 
loit  de  lui-même,  ou  par  incision  ,  de  l'arbrisseau  qui 
le  produit  :  mais  aujourd'hui  on  en  recueille  de  trois  espèces. 
Celui  qui  découle  des  arbres  est  très-rare  en  Europe  ,  parce 
qu'il  est  employé  parles  grands  de  la  Mecque  et  de  Constan- 
linople.  L'autre  espèce  est  celle  que  l'on  retire  à  la  première 
ébuUition  ,  et  qui  nage  sur  l'eau  ,  dans  laquelle  on  fait 
bouillir  les  rameaux  et  les  feuilles  du  balsamîer.  Celte  seconde 
espèce  est  comme  une  huile  limpide  et  subtile  ;  elle  est  réser- 
vée pour  l'usage  des  dames  turques  ,  qui  s'en  servent  pour 
adoucir  la  peau  et  pour  oindre  les  cheveux  ;  aussi  ne  nous  par- 
vient-elle que  par  le  moyen  des  grands  qui  en  font  des  pré- 
sens. L'huile  qui  surnage  après  la  première  ébullition  est  plus 
épaisse,  moins  odorante;  elle  est  apportée  par  les  caravanes- 
C'est  ce  baume  qui  est  le  plus  commun  ,  et  qu'on  nomme  en 
Europe  baume  de  la  Mecque  ou  de  Judée.  »  Encyd.  méth. 

Comme  la  grande  vertu  de  ce  baume  pour  Tusage  intérieur 
dépend  des  parties  volatiles  qu'il  renferme  ,  il  a  d  autant  plus 
d'efficacité  qu'il  est  plus  nouveau.  Appliqué  extérieurement  , 
il  en  a  toujours  été  fait  usage  avec  succès  dans  les  abcès  du 
poumon ,  du  foie  et  des  reins  ;  il  excite  la  transpiration  ,  et  soit 
qu'on  le  prenne  intérieurement,  soitqu'on  en  frotte  l'extérieur 
ducorps,  ilestutile  à  ceux  qui  ont  été  morduspar  des  serpens , 
ou  blessés  par  des  scorpions.  Les  Egyptiens  l'emploient  fré- 
quemment en  médecine;  ils  en  prennent  tous  les  joursun  peu  , 
comme  le  remède  le  plus  efficace  dans  la  contagion  de  la  peste. 
On  prétend  que  les  femmes  d'Egypte  font  cesser  la  stérilité, 
soit  en  l'avalant,  soit  en  l'employant  en  suppositoire  ou  en 
fumigation.  Célèbre  pour  guérir  les  plaies  .,  il  a  été  regardé  de 
tout  temps  comme  si  efficace  ,  qu'on  a  donné  son  nom  aux 
onguens  et  aux  huiles  vulnéraires  les  plus  précieuses.  Aussi 
les  empiriques  et  les  charlatans  ,  pour  rendre  leurs  drogues 
plus  estimables  parmi  le  peuple  ,  les  ont-ils  honorées  du  nona 
de  baume. 

On  falsifie  souvent  cette  résine  avec  le  baume  du  Canada  et 


lia  B  A   xj 

l'huile  essentielle  dô  citron ,  ou  avec  de  la  térébenthine  fine  otf 
autres  drogues. 

On  trouve  dans  les  boutiques  des  droguistes  le  fruit  du 
halsamier  de  la  Mecque  ,  sous  le  nom  de  carpobalsamiim  ;  et 
le  bois  ,  ou  plutôt  les  petites  branches  de  ce  balsamier  ,  sous 
celui  de  xylobalsamum.  Quoique  ces  productions  soient  du 
même  arbrisseau  qui  produit  le  baume  dont  il  vient  d'être 
question ,  leurs  vertus  sont  bien  inférieures  à  celles  de  ce 
baume  précieux.  Nous  ne  cultivons  aucun  de  ces  deux  arbres 
dans  nos  jardins.  (D.) 

BALSAMINE,  Impatiens.  Genre  de  plantes  de  la  syngé- 
nésie  monogamie  ,  et  de  la  famille  des  géranoïdes ,  dont  les 
caractères  sont  d'avoir  :  un  calice  de  deux  folioles,  fort  petites  et 
caduques  ;  une  corolle  irrégulière,  formée  de  cinq  pétales  iné- 
gaux ,  reçus  ,  ainsi  que  les  étamines  et  le  pistil ,  dans  une 
espèce  de  capuchon  membraneux ,  coloré  et  pétallforme  , 
tronqué  obliquement  en  son  bord  ,  et  qui  se  termine  ,  posté- 
rieurement ,  en  un  éperon  ou  une  corne  plus  ou  moins  longue  ; 
cinq  étamines  monadelphes  à  leur  sommet  ;  un  ovaire  supé- 
rieur, ovale,  dépourvu  de  style,  et  terminé  par  un  stigmate 
simple. 

Le  fruit  est  une  capsule  uniloculaîre  ,  à  cinq  valves  qui , 
dans  la  maturité  ,  s'ouvrent  avec  élasticité,  en  se  roulant  eu 
gpirale.  Cette  capsule  renferme  plusieurs  semences  arron-r 
dies ,  attachées  autour  d'un  placenta  linéaire. 

Ce  genre  comprend  plusieurs  espèces  originaires  de  l'Inde, 
dont  deux  seules  importantes  à  connoître  ,  sont  i."  la  Balsa* 
MINE  DES  JARDINS.  Ses  caractères  sont  d'avoir  :  les  pédoncules 
uniflores,  réunis  en  bouquets  ;  les  feuilles  lancéolées,  les  su- 
périeures alternes  ;  le  nectaire  plus  court  que  la  jfleur.  On  la 
cultive  comme  plante  d'ornement. 

Elle  offre  de  nombreuses  variétés  à  fleurs  simples  et  doubles, 
roses,  rouges  ,  blanches,  carnées,  violettes  ou  panachées, 
Toutes  ces  variétés  sont  cultivées  en  pleine  terre  ,  et 
quand  on  leur  donne  le  temps  de  répandre  leurs  semences, 
elles  poussent  au  printemps  suivant  ;  mais  celles  qui  crois- 
sent ainsi  d'elles-mêmes,  ne  fleurissent  pas  aussitôt  que  celles 
qu'on  élève  sur  une  couche  chaude  :  cependant  elles  sont 
ordinairement  plus  vigoureuses ,  et  continuent  à  fleurir  plus 
tard  en  automne. 

2.0  La  Balsamine  des  bois  ,  /m/jaftcns  nolimetangere^  Linn,, 
se  trouve  dans  les  bois  ombragés  ethumides  de  l'Europe.  Elle  a 
les  pédoncules  multiflores  et  solitaires  ,  les  feuilles  ovales  et 
les  genoux  de  la  tige  renflés.  Ses  feuilles  et  ses  fleurs  peuvent 
servir  à  teindre  la  laine  en  jaune.  Dans  le  nord  de  l'Europe  et 


BAL  2i5 

dans  le  continent  de  TAmérlque  ,  on  mange  ses  feuilles 
comme  celles  des  épinards.  (b.) 

On  sème  la  graine  de  balsamine  en  mars  ,  sur  couche  ,  ou 
un  mois  après  en  pleine  terre  bien  labourée  et  bien  ameu- 
blie. Quand  elle  a  pris  un  bon  chevelu  ,  on  la  transplante 
soit  sur  une  couche  douce  ,  soit  dans  un  lieu  disposé  pour 
achever  de  l'élever.  Les  jeunes  plantes  sont  mises  à  quelques 
pouces  de  distance  Tune  de  l'autre  ;  on  les  garantit  de  la  trop 
grande  ardeur  du  soleil ,  et  on  les  arrose  souvent,  mais  légè- 
rement :  c'est  ainsi  qu'on  se  procure  de  beaux  pieds  pour 
garnir  des  parterres  ou  des  vases  vers  le  mois  d'août.  Quanti 
la  balsamine  se  trouve  dans  un  bon  sol ,  elle  s'élève  souvent 
à  la  hauteur  de  deux  pieds.  Elle  est  sujette  à  une  maladie  qui 
annonce  sa  destruction  :  c'est  une  tache  noire  qui  s'étend 
insensiblement.  Il  faut  de  l'attention  pour  récolter  ses  grai- 
nes ,  parce  qu'à  Tépoque  de  leur  maturité,  les  capsules  qui 
les  renferment,  les  lancent  au  loin ,  en  se  contractant.  Les 
balsamines  ne  dégénéreront  jamais,  et  l'on  en  aura  toujours 
de  belles,  si  on  arrache  celles  à  fleurs  simples  et  de  couleurs 
communes ,  et  si  on  ne  conserve  pour  semences  que  les  dou- 
bles ayant  une  couleur  agréable.  (r>.) 

BALSAMINE  MALE.  C'est  la  Momordique  lisse,  (b.) 

BALSAMITE  ,  Bahamita.  Genre  de  plantes  à  fleurs  com- 
posées ,  de  la  syngénésie  polygamie  égale ,  et  de  la  famille 
des  corymbifères  ,  qui  a  été  établi  par  Desfontaincs  ,  dans  sa 
Flore  atlantique  ,  pour  placer  quelques  espèces  des  genres 
Chrysaisthème  et  Tanésie  de  Linnœus,  qui  n'offrent  pas 
les  caractères  des  autres. 

Celui  des  balsamites  est  d'avoir  un  calice  commun,  imbri- 
qué d'écaillés  linéaires,  serrées;  les  fleurs  toutes  flosculeuses, 
hermaphrodites ,  et  à  cinq  dents  ,  portées  sur  un  réceptacle 
nu;  des  semences  couronnées  par  ime  membrane  marginale. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces  ,  dont  la  Balsamite  À 
grande  fleur  est  la  plus  belle  et  la  plus  intéressante.  C'est 
une  plante  à  feuilles  radicales  ovales  et  spathulées  ,  les  cauli- 
naires,  lancéolées,  sessiles  ,  toutes  dentées.  Sa  tige  est  haute 
de  deux  pieds  ,  nue  dans  la  partie  supérieure  ,  et  porte  ,  à 
son  sommet,  une  seule  fleur  large  de  deux  à  trois  pouces. 
Cette  plante  est  annuelle  ,  et  se  trouve  parmi  les  blés  sur 
la  côte  de  Barbarie  :  on  la  cultive  dans  quelques  jardins  de 
Paris,  (b.) 

BALSAMONE.  Genre  établi  par  Vandeli ,  sur  une  es- 
pèce de  CuPHÉE.  (b.) 

BALSANNE.  V.  Balzanne.  (desm.) 

BALSEM.  Nom  arabe  duBALSAMiER  de  la  Mecque,  (b.) 


2i4  BAL 

BALTIMORE ,  Yphantes.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux 
Sylvains  ,  et  de  la  famille  des  Tisserands.  V.  ces  mots. 

Caractères  :  bec  droit ,  polyèdre  ,  entier  ,  un  peu  grêle  ,  co- 
nique, pointu;  mandibule  supérieure  formant  dans  les  plumes 
du  front  un  angle  aigu  ;  narines  amples  ,  couvertes  d'une 
membrane  ;  langue  cartilagineuse  ,  frangée  à  la  pointe  ;  la 
première  rémige  plus  prolongée  que  la  cinquième  ;  les 
deuxième  et  troisième  les  plus  longues  de  toutes.  Ce  genre 
n'est  composé  que  de  deux  espèces  ,  qui  se  trouvent  dans  l'A- 
mérique septentrionale. 

Le  Baltimore  proprement  dit,  Yphantes  Baltimore, 
Vieill.  ;  OrîolusBalL,  Lath. ,  pi.  enl.  de  Buff. ,  n.°  5o6  ,  fig.  i. 

Le  mâle  de  cette  espèce  a  le  bec  couleur  de  plomb  foncée  ; 
la  tête,  le  cou,  le  haut  du  dos,  noirs  ;  le  bas  du  dos ,  le  crou- 
pion ,  les  petites  couvertures  des  ailes,  la  poitrine  ,  le  ventre 
et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un  jaune  orangé  , 
d'autant  plus  vif  que  l'oiseau  est  plus  avancé  en  âge  ;  les 
grandes  couvertures  des  ailes  sont  frangées  de  jaune-clair  à 
l'extérieur ,  les  pennes  le  sont  de  blanc  ;  toutes  sont  noires, 
ainsi  que  les  deux  reclrices  intermédiaires;  celles  qui  suivent 
sont  de  la  même  couleur,  presque  jusqu'à  l'extrémité  ,  qui  est 
jaune  des  deux  côtés  :  les  autres  ont  du  jaune  ,  d'autant  plus 
*|u'clles  s'éloignent  davantage  des  deux  pennes  du  milieu  ;  les 
cuisses  sont  de  cette  dernière  teinte  ,  et  les  pieds  noirâtres. 
Longueur  totale,  six  pouces  et  demi, 

La  femelle  diffère  en  ce  qu'elle  a  la  tête ,  le  cou ,  les 
épaules  et  le  dos  variés  de  vert-olive  et  de  brun  ;  la  gorge ,  la 
poitrine  ,  le  ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
jaunes  ;  les  petites  couvertures  des  ailes  noires  et  bordées 
d'un  vert-olive  foncé  à  l'extérieur  ;  les  grandes  et  les  pennes 
frangées  de  blanc  ;  la  queue  d'un  gris  vert-olive  ;  les  pieds 
noirs. 

Les  jeunes  ressemblent  aux  femelles  ,  et  ne  diffèrent  que 
par  des  nuances  plus  foibles. 

La  femelle  est  décrite  d'après  un  individu  que  je  me  suis 
procuré  en  Amérique,  avec  ses  petitsetson  nid.  Celle  désignée 
parBuffon,  Histoire  des  Oiseaux,  est  un  individu  d'une  autre  es- 
pèce ;  ce  n'est  pas  non  plus  ,  comme  le  dit  Sonnini ,  dans  son 
édition  du  même  ouvrage  ,  l'oiseau  figuré  pi.  enl.  5o6  ,  fig.  2  , 
sousle  nom  itballimore-ùâiard.  Cette  figure  est  celle  d'un  jeune 
mâle  en  mue  ,  ou  d'un  vieux  sous  son  habit  d'hiver  ,  qui ,  à 
celte  époque  ,  est  mélangé  de  jaune  sur  les  parties  du  corps 
qui  sont  totalement  noires  pendant  l'été  ;  alors  la  belle  cou- 
leur jaune  orangée  est  disparue  ,  et  est  remplacée  par  la 
nuance  vert-olive  qui  distingue  la  fcniellc.    Celle  que  dé- 


BAL  a, 5 

signe  Brlsson  est ,  comme  le  dit  fort  bien  Sonnlni ,  un  oi- 
seau d'une  autre  espèce. 

Le  baliimore  habite  ,  pendant  l'été  ,  l'Amérique  septen- 
trionale ,  depuis  la  Caroline  jusqu'au  Canada.  11  fréquente 
les  bosquets  et  les  vergers ,  place  son  nid  sur  les  grands  ar- 
bres, l'attache  et  le  suspend  aux  branches,  de  la  même  ma- 
nière que  le  loriot.  Ce  nid  est  composé  de  filamens  tirés  de 
certaines  plantes  coriaces  ,  de  laine  et  de  crin  :  l'ouverture 
est  au  sommet,  et  on  y  voit  aussi  un  petit  trou  rond  sur  le  côté, 
à  peu  près  vers  le  milieu  du  nid.  C'est  par  ce  trou  que  les 
petits  reçoivent  la  nourriture,  et  jettent  leurs  excrémens  pen- 
dant tout  le  temps  qu'ils  ne  peuvent  s'élever  jusqu'au  som- 
met. Les  œufs,  •^n  nombre  de  quatre  ou  cinq,  sont  blancs 
et  tachetés  de  rouge. 

D'après  la  position  de  ce  nid ,  et  son  plumage  jaune  et 
îioir ,  les  Français  donnent  à  cet  oiseau  le  nom  de  loriot  ;  des 
Américains  le  désignent  par  celui  d'oiseau  de  jeu  {Jire  bîrd')  , 
d'après  ses  couleurs  brillantes  ,  d'autres ,  par  celui  à^oiseau 
de  feu  au  nid  pendant  (^Jîeiy  hangs-nest)  ,  pour  le  distinguer  du 
tangara  du  Canada  ,  auquel  on  donne  aussi  le  nom  de  fire- 
hird. 

Le  Baltimore  bâtard  mAle  de  Catesby  est  mon  carouge 
à  gorge  noire;  celui  de  Brisson  ,  de  BulTon  et  de  Latham 
est  un  mâle  en  mue  de  l'espèce  du  baliimore.  Le  baltimore 
bâtard  mâle  de  Pennant  et  de  Gmelin  est  mon  baltimore  soli- 
taire^ ainsi  que  la  femelle  du  ^a///more  proprement  dit  deBuf- 
fon,  et  celle  du  baltimore  bâtard  àç:  Brisson, 

Le  Baltimore  solitaire  ,  Yphantes  soUtaria ,  a  la  tôte,  le 
cou  ,  le  haut  du  dos  ,  les  couvertures  supérieures  des  ailes  , 
les  pennes  et  la  queue  d'un  beau  noir  lustré  ,  qui  se  termine 
en  pointe  sur  la  poitrine ,  dont  les  côtés  et  les  parties  posté- 
rieures sont  d'un  brun  brillant  ;  cette  dernière  couleur  se 
trouve  encore  sur  le  croupion  et  sur  la  partie  antérieure  de 
l'aile  ,  dont  les  pennes  et  les  rectrices  sont  bordées  de  blanc 
à  l'extérieur  ;  Tiris  et  les  pieds  sont  noirs.  Longueur  totale  » 
six  pouces  environ.  Le  jeune  a  la  tête  ,  la  gorge  ,  le  devant 
du  corps,  les  ailes  et  la  queue  d'un  brun  noir ,  et  le  reste  du 
plumage  d'un  brun  roussâtre  ,  avec  du  gris  au  bas-ventre.  Des 
individus  ont  la  tête  et  le  dessus  du  cou  mêlés  de  verdâtre,  et 
de  noir  seulement  sur  le  haut  de  la  gorge. 

Catesby  s'est  mépris  en  donnant  cet  oiseau  pour  la  femelle 
de  son  baltimore  bâlai-d  ;  car  c'est  une  espèce  très-distincte  ; 
ce  dont  je  me  suis  assuré  en  l'observant  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale ;  son  plumage  est  très-analogue  à  celui  du  carouge 
de  Cayenne  des  pi.  enl.  de  Buffon,  n.°  607  ,  fig.  i  {Oriolus 
vaiius  y  Linn.,  Gmel.  )  ;  et  comme  il  n'en  diffère  qu'en  ce 


2i6  B  A  M 

qu  il  n'a  pas  de  taches  blanches  sur  les  côtés  du  cou  ,  et 
des  petites  mouchetures  rougeâtres  sur  le  dos ,  je  crois  ,  avec 
Daudin  et  Latham  ,  que  celui-ci  n'est  pas  une  espèce  parti- 
culière. 

L'épithète  5o//Vm7«  ,  que  j'ai  appliquée  à  ce  Aa///ffiorff ,  in- 
dique son  genre  de  vie  ;  en  effet ,  on  le  rencontre  toujours 
seulouuniquementavecsafemelle;  encore  ce  n'est  que  dans,le 
temps  des  amours.  On  le  trouve  dans  le  nord  de  l'Amérique, 
depuis  les  Florides  jusqu'au  Canada  ;  mais  il  en  émigré  à 
l'automne  ,  et  n'y  revienl  qu'au  printemps.  Il  construit  son 
Tiid  sur  les  arbres  ,  et  le  suspend  à  l'extrémité  des  rameaux 
les  plus  foibles  ;  des  tiges  d'herbes  sont  à  l'extérieur  ,  et  des 
matières  plus  mollettes  forment  la  couche  sur  laquelle  la  fe- 
melle dépose  quatre  ou  cinq  œufs  d'un  bleu  très-pàle  ,  mar- 
qués et  rayés  de  noir  vers  le  gros  bout. 

Le  Baltimore  vert  n'est  point  une  espèce  particulière  ; 
c'est  un  jeune  carouge  de  Saint-Domingue.  Voy.  Carouge  es- 
clave, (v.) 

BALTIMORE  ,  BalUmora.  Genre  ^e  plantes  de  la  syn- 
génésie  polygamie  nécessaire  ,  et  de  la  famille  des  corymbi- 
fères  ,  dont  les  caractères  consistent  en  un  calice  commun, 
simple  ,  polyphylle  ,  cylindrique  ;  en  dix  à  douze  fleurons 
hermaphrodites,  stériles;  en  cinq  demi-fleurons  tridentés,  fe- 
melles fertiles;  en  un  réceptacle  garni  de  paillettes:  en  des  se- 
mences triangulaires,  nues  ou  dépourvues  d'aigrettes. 

Celte  plante  a  la  tige  tétragone  ;  les  feuilles  opposées  , 
péliolées ,  ovales ,  dentées  ;  les  fleurs  terminales  ou  axillaires  ; 
toutes  ses  parties  sont  velues  et  rudes  au  loiicher  :  elle  est  an- 
nuelle ,   et  croît  naturellement  dans  le  Maryland.  (b.) 

BALTRACAN.  Plante  de  Tartarie,  dont  le  fruit  est  une 
capsule  qui  exhale  une  odeur  semblable  à  celle  de  l'orange  , 
et  qui  renferme  des  semences  analogues,  pour  la  figure  et  l'o- 
deur, à  celles  de  Tanls.  On  ignore  à  quel  genre  appartient 
cette  plante  ,  qu'aucun  botaniste  n'a  été  à  portée  d'observer. 

(B.) 

BALUCANAD.  Il  paroît  que  c'est  le  Bancoul.  (b.) 
BALUCBALUC.  Arbre  des  Philippines,  voisin  de   la 
Dalbergie  ou  de  TAngelin.  (b.) 

BALUNA.  C'est  le  Muge  céphale.  (b.) 
BALYRY.  Nom  caraïbe  d'un  Balisier.  (R.) 
BALZANNE  ou  BALSANNE.  On  donne  ce  nom  aux 
taches  blanches  qui  se  voient  souvent   aux  pieds  des  che- 
vaux, auprès  des  sabots  ,  et  qui  y  forment  comme  un  anneau 
plus  ou  moins  complet. 

BAMATA.  V.  Bignone  à  ci>q  feuilles,  (b.) 
BAMBAGIAeiBOMBACE.  Noms  italiens  du  Cqton.(b.) 


B  A  M  ,,7 

BAMBAGIO  des  Indes.  C'est  ie  Bombax. 

Bx\MBIAYA.  Oiseau  fort  commun  à  Cuba  ,  suivant  De 
Laët.  Il  effleure  plutôt  la  terre  quïl  ne  vole  ,  de  sorte  que 
les  Indiens  le  chassent  comme  les  bêtes  sauvages.  Sa  chair  , 
en  cuisant,  teint  le  brouet  comme  ie  safran  ;  elle  est  d'un 
goût  assez  agréable  et  qui  approche  de  celle  du.  faisan.  (  Voyag. 
lib.  I,  p.  i5.)  Brisson  applique  ce  passage  de  De  Laët  au  ka- 
miclii ,  mais  sans  fondement,  puisque  cet  oiseau  n'effleure 
pas  seulement  la  terre  ,  et  qu'il  vole  au  contraire  fort  bien. 

(s.) 

BAMBLA.  V.  Fourmilier  bambla.  (v.) 

BAMBOCHES.  Cannes  faites  avec  les  jeunes  tiges  du 
Bambou,  (b.) 

BAMBOU,  Bambusa.  Les  plantes  de  ce  genre  faisoient 
partie  de  celui  des  Roseaux  :  on  a  reconnu  qu'elles  dévoient 
en  former  un  particulier ,  dont  les  caractères  sont  :  fleurs 
renfermées  entre  des  écailles  et  composées  chacune  d'une  balle 
à  deux  valves;  de  six  étamines  ;  d'un  ovaire  supérieur  terminé 
par  un  style  bifide  ;  une  seule  semence. 

Le  genre  Stemmatosperme  a  été  établi  aux  dépens  de 
celui-ci. 

Il  est  nécessaire  d'observer  qu'on  donne  dans  l'Inde  le 
nom  de  bambou  à  toutes  les  plantes  qui  ressemblent  aux  ro- 
seaux; ainsi  le  panis  arborescent  est  le  bambou  des  haies. 

Je  ne  citerai  ici  que  le  Bambou  arondinacé,  figuré  pi.  A.  19 
de  ce  Dict. ,  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  panicules  rameuses 
et  divariquées  ,  le  BABfBou  verticillé  ,  dont  lépi  est  ter- 
minal ,  simple  et  verticillé.  Tous  deux  viennent  de  l'Inde  , 
et  sont  les  mieux  connus.  Tous  les  voyageurs  s'accordent  à 
dire  que  le  genre  bambou  est  très-nombreux  en  espèces. 

Rumphius,  qui  a  plus  travaillé  qu'aucun  autre  botaniste  à 
définir  toutes  les  espèces  de  bambous^  les  divise  en  trois 
classes.  Dans  la  première  ,  il  comprend  ceux  dont  la  tige  est 
pleine  et  solide  ,  c'esi-à-dire  entièrement  ligneuse  ;  tel  est  le 
bambou  appelé  an/«</oy?/7<'to.  La  seconde  renferme  ceux  qui 
ont  leur  tige  creuse  au  centre  ,  mais  avec  une  très-petite  ca- 
vité. Les  bambous  dont  la  cavité  intérieure  est  plus  considé- 
rable que  la  partie  ligneuse ,  appartiennent  à  la  troisième 
classe  ,  qui  est  la  plus  nombreuse  et  la  plus  utile.  Adanson, 
en  suivant  Rumphius,  a  donné  ,  dans  l'ancienne  Encyclopédie^ 
la  description  de  vingt-neuf  espèces  ou  variétés  de  celte  plante, 
et  a  mentionné  leurs  divers  usages.  Nous  allons  ,  d'après  ces 
auteurs ,  faire  connoitre  celles  qui  sont  les  plus  remarquables 
par  le  parti  qu'en  tirent  les  Indiens ,  soit  pour  leur  nourriture, 
soit  pour  la  composition  de  leur  papier,  ou  la  fabrication 
d'une  foule  d'ustensiles  commodes. 


îi8  B  A  M 

De  toutes  les  plantes  de  la  famille  des  Graminées,  Iei5 
ia/?ièoi«sontlesseulsqui  s'élèvent  à  la  hauteur  d'un  arbre,  avec 
une  grosseur  proportionnée.  Cette  hauteur  varie  selon  l'es- 
pèce et  le  site. 

Le  plus  grand  des  bambous  est  le  Sammat.  Sa  hauteur  dé- 
passe quatre-vingts  pieds ,  et  son  diamètre  est  de  douze  à  dix- 
nuit  pouces.  x\vec  ses  tiges  on  fait  des  coffrets  ,  des  boîtes  et 
des  mesures  pour  le  riz. 

Le  Bambou  illy,  qu'on  trouve  dans  les  sables  du  Mala- 
bar ,  croît  jusqu'à  soixante-dix  pieds  de  haut.  Il  ne  fleu- 
rit qu'une  fois  dans  sa  vie  ,  à  l'âge  de  soixante  ans  ;  il  se 
multiplie  de  drageons.  L'espèce  de  chaux  qui  se  forme  dans 
ses  vieilles  tiges  ,  est  souveraine  dans  les  stranguries  ou  pis- 
semens  de  sang  ;  mais  cette  chaux  n'a  aucune  saveur  sucrée  , 
et  n'est  point ,  comme  on  l'a  cru  ,  le  tahaxir  des  Arabes, 

Le  Bamkou  telin,  naturel  à  Java  et  à  Amboine  ,  pai-vient 
à  cinquante  pieds  de  hauteur.  Les  Malais  et  les  Macassares 
se  servent  de  ses  articulations  pour  porter  de  l'eau.  Leurs 
maisons  sont  construites  de  son  bois  ;  ils  en  font  des  cloi- 
sons ,  des  sièges ,  des  bancs.  Pour  cela ,  ils  fendent  les 
moyennes  liges  en  quatre  ou  six  lattes  ,  qu'ils  cousent  en- 
semble. Les  tiges  entières  servent  de  montans  d'échelle  ,  de 
vergues  pour  les  petits  navires  ,  et  de  tuyaux  propres  à  con- 
duire les  eaux  ;  les  très-grosses  sont  employées  en  poutres  et 
en  solives.  Celle  manière  de  construire  les  charpentes  a  des 
inconvénlens  dans  le  cas  d'incendie  ,  parce  que  l'air  contenu 
dans  les  cavités  de  ce  roseau  venant  alors  à  se  raréfier  ,  pro- 
duit des  détonations  fortes  et  très-dangereuses.  Les  jeunes 
bourgeons  et  rejetons  du  telin  se  mangent ,  ainsi  que  ceux 
du  potong  et  de  plusieurs  autres  bambous.  On  les  coupe  de  la 
longueur  d'un  pied  vers  la  pointe  ;  et  après  les  avoir  fait  ma- 
cérer dans  l'eau,  les  avoir  fait  bouillir  légèrement,  on  les 
partage  en  rouelles  que  l'on  confit  dans  le  vinaigre.  Ces 
rouelles  sont  séchées  au  soleil,  remises  dans  du  vinaigre  salé, 
et  lorsqu'on  veut  s'en  servir  ,  on  les  cuit  dans  le  jus  de  viand(? 
comme  les  choux.  Ce  mets  passe  pour  antiscorbutique.  Il  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  celui  qu'on  appelle  Atcuar. 

Celui  qu'on  nomme  Ampel  est  commun  dans  toute 
l'Inde.  îl  V  eu  a  plusieurs  variétés.  On  le  multiplie  par 
boutures  de  deux  ou  trois  nœuds  enterrées  obliquement  ;  le 
nœud  supérieur  est  rempli  de  vase  et  d'eau,  puis  bouché 
cxacte.^ient.  Le  bois  de  cette  espèce  ,  comme  celui  de 
quelqîies  autres,  quoique  très-léger ,  est  extrêmement  fort; 
il  pénètre  tous  les  bois  mous;  on  en  fait  des  lattes,  avec 
lesquelles  on  tisse  les  claies  dont  sont  formés  lesmurs  de  clô- 
ture et  ics  clolûons.  Ses  tiges  ,  dont  le  diamètre  est  d'environ 


B  A  M  ,,9 

cinq  pouces  ,  servent  de  leviers  pour  porter  les  palanquins 
et  toutes  sortes  de  fardeaux  ;  les  tissadors ,  qui  recueillent 
le  vin  de  palmier  ,  en  forment  des  ponts  pour  passer , 
sans  descendie  ,  d'un  palmier  à  l'autre.  L'asperge  ou  la 
jeune  pousse  de  Vampel  se  marine  et  se  mange  comme  celle 
du  telin.  Elle  a  encore  un  autre  emploi.  Les  Chinois  la 
font  cuire  jusqu'à  consistance  de  bouillie  ,  et  en  composent 
une  espèce  de  papier  fin ,  d'usage  pour  la  peinture  et  pour 
des  parasols.  Le  rtiême  peuple  fabrique  de  jolis  meubles  et 
les  ouvrages  de  vannerie  avec  le  Bambou  chooutsjo,  dont 
il  fend  ,  à  cet  effet ,  les  tiges  en  petites  lanières.  Celles 
du  Teba  ,  autre  espèce  du  même  genre  ,  ont  une  destination 
différente.  Comme  elles  sont  très-grosses  (  d'un  pied  environ 
de  diamètre  )  et  hérissées  d'épines  ,  leurs  articulations  supé- 
rieures ,  qui  sont  creuses  ,  servent  à  mesurer  les  liqueurs  ;  et 
les  articulations  inférieures  étant  pleines  ,  très-solides  et  se 
pourissant  difficilement ,  sont  employées  en  pieux  ,  dont  les 
Macassares  forment  des  haies  défensives  qui  tiennent  lieu  de 
remparts.  Leur  roi  étant  en  guerre  avec  les  Hollandais  ,  en 
i65i  ,  pour  se  retrancher ,  fit  planter  deux  rangées  parallèles 
de  ces  pieux  à  trois  pieds  de  distance  l'un  de  l'autre  ;  ils 
éloient  unis  ensemble  par  des  liens,  et  fermés  par  des  claies 
•du  même  bambou  ;  le  milieu  étoit  rempli  de  ses  branches 
épineuses ,  de  terre  et  de  sable.  Ce  massif  étoit  à  l'abri  du 
canon  européen. 

Le  Bambou  tallam  est  plus  propre  qu'aucun  autre  à  for- 
mer des  claies  ou  des  cloisons ,  parce  que  s&s  branches  ou 
tiges  ou  rejets  ,  qui  ne  passent  pas  un  pouce  de  grosseur , 
ont  la  facilité  de  se  fendre  longitudinalement  en  deux  parties 
égales ,  même  à  l'endroit  des  nœuds.  Aussi  en  fait-on  des 
parcs  pour  prendre  le  poisson.  Avec  ses  bourgeons  et  ceux 
du  terln  et  de  Vampel  ^  on  fabrique  des  chausse-trapes  ,  dont 
les  pointes  pénètrent  le  cuir  des  souliers  et  la  corne  des  che- 
vaux. 

Le  BuLU-TUY,  qui  est  abondam  dans  les  îles  Moluques  , 
ressemble  à  un  arbrisseau  très-épais.  Son  bois  est  si  dur  , 
que  lorsqu'on  le  coupe  il  rend  des  étincelles.  Ses  articula- 
tions sont  couvertes  de  gaines  ridées,  comme  une  peau  de 
requin  ou  de  chien  de  mer;  elles  servent  à  polir  le  fer 
et  les  os.  Les  habitans  des  Moluques  et  de  Java  font ,  avec 
les  tiges  de  ce  bambou ,  des  flûtes ,  des  bâtons  de  perro- 
quets, des  baguettes  de  pêche  ,  des  pipes  à  tabac  ,  des  cannes 
de  promenade  ,  des  javelots  empoisonnés  ,  et  d'excellentes 
piques  ou  zagayes  ,  dont  l'extrémité  ,  taillée  en  pointe  et 
brûlée  légèrement  au  feu  ,  perce  de  part  en  part  le  corps  des 
hommes  contre  lesjjuels  on  les  lance. 


aao  B   A    N 

Le  Bâmbocbeesha,  arbrisseau  de  seize  pieds  de  haut,  four- 
nit,  entre  autres  choses,  des  plumes  à  écrire.  C'est  Varundo 
sciiptoria  de  G.  Bauhin. 

Dans  l'ouTiCK,  les  articulations  des  tiges  sont-  longues 
d'un  demi-pied ,  lisses ,  luisantes ,  d'un  beau  noir,  et  presque 
entièrement  ligneuses.  On  en  fait  des  placages  d'annoires, 
des  tablettes  d'écritoires ,  et  autres  semblables  ouvrages. 

On  fabrique  à  la  Chine  beaucoup  de  papier  avec  la  seconde 
écorce  et  la  substance  ligneuse  d'une  espèce  de  bambou  creux, 

(D.) 

BAMBOURS.  On  a  donné  ce  nom  à  des  abeilles  de  Cey- 
lan ,  plus  grandes  que  les  nôtres,  qui  placent  leurs  nids  au 
haut  des  arbres ,  et  qui  déposent  dans  leurs  rayons  un  miel 
très-limpide,  (l.) 

BAMIE.   C'est ,   dans  le  Levant ,  la  Ketmie  gombo.  (b.) 

BAN.  Synonyme  de  Calaf.  (b.) 

BANAlîA.  Nom  de  la  Munchausie  et  du  Mabolo.  (b.) 

BANANA.  Dénomination  appliquée ,  par  Albin ,  à  un 
irnupiale  qui  se  perche  ordinairement  sur  un  arbre  que  l'on 
dit  s'appeler  banana  ou  bonana.  (v.) 

BANANA.  V.  BoNA>A.  (b.) 

BANANE.   V.  BuTYRiN.  (b.) 

BANANE.  V.  Clupé  macrocéphale  (b.) 

BANANE.  Fruit  du  Bananier,  (b.) 

BANANE-SERPENT.  C'esfc»»  à  la  Guadeloupe,  la  Ba^ 
nane  ensanglantée,  (b.) 

BANANIER  ,  Musa.  Genre  de  plantes  de  la  polygamie 
monoécie  ,  et  de  la  famille  de  scitaminées.  Ses  caractères 
consistent  en  une  corolle  profondément  divisée  en  deuxpartics, 
dont  l'exlérieure  ,  plus  grande  ,  et  à  cinq  dents  à  son  som- 
met, dont  l'inlérleure,  plus  courte,  est  entière  ctcunéifonne  ; 
en  six  étamines  ,  dont  les  anthères  sont  adnées  dans  la  moitié 
.••Tipérieure  des  filamens  ;  en  un  ovaire  inférieur,  oblong,  trian- 
gulaire ,  un  peu  courbe  ,  d'où  s'élève  un  style  droit,  ter- 
miné par  un  stigmate  un  peu  épais,  à  trois  ou  six  angles  ;  une 
baie  oblongue  ,  prismatique  ,  triangulaire  ,  un  peu  courbée  , 
à  trois  loges.  V.  pi.  A.  19  ,  où  il  est  figuré. 

II  est  à  remarquer  que  cinq  des  anthères  avortent  presque 
toujours  dans  les  fleurs  inférieures  qui  sont  fertiles,  tandis 
qu'il  n'y  en  a  qu'une  qui  avorte  dans  les  fleurs  supérieures 
qui  sont  stériles.  Ce  sont  ces  avortemens  qui  ont  fait  placer 
cette  plante  dans  la  polygamie,  (b.) 

Le  Bananier  À  fruit  long,  le  Bananier  à  fruit  court, 
Musa  paradis/ara,  musasapientum,  Linn.  Ces  deux  arbres  produi- 
sent un  des  fruits  les  meilleurs  et  les  plus  utiles  de  l'Inde  ;  ils  y 
sont  cnllivés  partout  avec  soin.  Ou  les  cultive  aussi  en  Amé- 


J>ed-eve  i/e/. 


2<u-<iieu   iJ\^u/f? 


2.  J!(r//ioo//   ir/'o//i///tirC(' 


3.  Ji<r/t<r/i{('/-    Cf////t)c  . 


BAN  :»3î 

tique,  principalement  dans  les  Antilles  ,  où  ils  sont  d  un u 
très-grande  ressource  pour  la  nourriture  des  Nègres ,  qui 
aiment  beaucoup  les  bananes.  Elles  ne  sont  pas  moins  re- 
cherchées par  les  colons ,  qui  les  font  servir  habituelle- 
ment sur  leurs  tables,  et  qui  les  mangent  crues  ou  cuites, 
selon  l'espèce. 

ludi  banane  proprement  dite  ,  que  donne  \g  bananier  à  fruit 
long^  appelé  planlanier  par  les  Espagnols  ,  se  mange  ordinai- 
rement cuite  sous  la  cendre  ou  au  four,  ou  bouillie  dans  leau 
avec  de  la  viande  salée.  Elle  est  douce  ,  très-nourrissante,  et 
se  digère  facilement  quand  on  n'en  fait  point  excès.  Il  y  en  a 
plusieurs  variétés  :  la  musquée  est  la  meilleure.  La  figue  ba- 
Ttane ,  qu'on  nomme  aussi  bacove  ,  se  mange  toujours  crue. 
Sa  chair  est  fraîche  ,  délicate  et  fondante.  Quand  on  la  coupe 
en  travers  on  aperçoit  une  espèce  de  croix  empreinte  dans 
son  intérieur. 

Les  bananiers  se  plaisent  dans  un  sol  humide  et  frais ,  et 
dans  les  endroits  ombragés,  le  long  des  petites  rivières  et  des 
ruisseaux.  Ce  sont  aussi  des  lieux  qu'on  choisit  communé- 
ment pour  établir  une  bananerie.  Lorsqu'elle  est  plantée  ,  elle 
n'exige  d'autres  soins  que  d'être  sarclée  deux  ou  trois  fois 
i'année.  Ces  plantes  singulières  ne  fructifient  jamais  qu'une 
seule  fois.  Quand  elles  ont  donné  leur  fruit ,  si  leur  tige  alors 
n'a  pas  été  coupée ,  elle  se  flétrit  peu  à  peu ,  se  sèche  et  tombe. 
Mais  à  peine  un  bananier  a-t-il  été  abattu  ,  qu'il  est  aussitôt 
remplacé  par  ses  rejetons.  Le  premier  d'entre  eux,  c'est- à-dire, 
le  plus  élevé,  croît  alors  rapidement,  et  ne  tarde  pas  à  donner 
à  son  tour  des  fruits.  Ainsi,  les  bananiers  se  multiplient  d'eux- 
mêmes  très-facilement ,  et  forment  une  génération  non  in- 
terrompue d'individus  de  la  même  espèce,  qui  offrent  à  l'hom- 
me des  fruits  délicieux,  qu'il  n'a,  pour  ainsi  dire,  que  la 
peine  de  cueillir.  On  coupe  le  plus  souvent  ces  fniits  avant 
leur  parfaite  maturité  ;  ils  achèvent  de  mûrir  détachés  de  la 
plante. 

Les  tiges  de  bananier  étant  herbacées  et  épaisses  ,  conser- 
vent long-temps  leur  fraîcheur  après  avoir  été  abattues.  On 
les  donne  à  manger  aux  bœufs  et  aux  moutons,  qui  les  aiment 
beaucoup-,  et  quelquefois  on  en  fait  une  petite  provision  sur 
les  vaisseaux  en  guise  de  fourrage  ,  pour  en  nourrir  ces  ani- 
maux dans  les  voyages  de  long  cours.  On  peut  retirer  de  ces 
tiges  une  espèce  de  filasse  en  leur  donnant  certaines  prépara- 
tions. Hapel  Lachenaye  a  envoyéàl'Institut  une  assezgrande 
quantité  de  cette  filasse ,  comme  propre  à  tisser  des  étoffes 
supérieures  en  finesse  aux  mousselines  et  aux  batistes.  Il  igno- 
roit  que  depuis  des  siècles,  les  habitans  des  Philippines  et 
autresîiesde  l'Iade  fabriquoient,  de  ces  étoffes,  qu'ils  appellent 


222  BAN 

NiPPis,  et  dont  ils  font  des  chemises.  On  les  travaille""  sou» 
l'eau.  Mais  ces  étoffes  ,  dont  j'ai  vu  des  pièces ,  sont  de 
couleur  nankin  et  n'ont  aucun  moelleux. 

Les  plantations  en  bananiers  ont  deux  désavantages.  Elles 
sont  sujettes  à  être  détruites  parles  ouragans^  malheureuse- 
ment trop  fréqueiis  dans  les  colonies  ;  et  les  fruits  qu'elles 
donnent  abondamment  dans  certains  mois  de  l'année  ,  ne 
pouvant  pas  se  conserver  long-temps ,  il  s'en  perd  nécessaire- 
ment beaucoup  ,  surtout  dans  l'éloignement  des  villes.  11 
seroit  donc  utile  de  sécher  ces  fruits  ,  comme  on  sèche  les 
dattes  dansl'Orient,  et  les  figues  ou  les  prunes  parmi  nous.  On 
ne  perdroit  point  alors  autant  de  bananes;  elles  seroient  plus 
transportables,  se  garderoient  plusieurs  années  ,  et  on  prc- 
viendroit  ainsi  les  disettes  causées  parla  violence  des  vents  ou 
par  les  inondations.  Yoici  deux  moyens  de  les  conserver  , 
indiqués  par  M.  Badier ,  de  la  Guadeloupe ,  qui  en  a  fait  lui- 
même  un  heureux  essai. 

Le  premier  consiste  à  prendre  les  bananes  milres  sans  être 
jaunes  ,  à  les  dépouiller  de  leur  peau  ,  et  à  les  fendre  ensuite 
en  quatre  sur  la  longueur.  On  met  ces  tranches  longitudinales 
les  unes  à  côté  des  autres ,  sur  des  planches  ,  un  glacis  ,  dt-s 
tiroirs  à  café  ,  un  plancher  quelconque  où  le  soleil  donne. 
Elles  y  sont  laissées  plusieurs  jours,  pendant  lesquels  on  a 
soin  de  les  garantir  de  la  pluie  ;r  la  dessiccation  s'en  fait  com- 
plètement ,  et  en  cet  état ,  elles  se  conservent  plusieurs  an- 
nées ;  au  bout  de  cinq  ans  elles  sont  encore  très-bonnes.  Si 
la  saison  est  pluvieuse  ,  au  lieu  de  les  exposer  au  soleil  , 
on  les  fait  sécher  dans  un  poêle  sur  un  feu  très-doux ,  ou 
dans  une  étuve.  Ces  tranches  de  bananes ,  ainsi  séchées  , 
cuites  dans  du  bouillon ,  peuvent  remplacer  en  tout  temps  , 
comme  nourriture  ,  les  bananes  prises  sur  pied. 

L'autre  manière  de  les  conserver  est  celle-ci  :  Après  les 
avoir  dépouillées  de  leur  peau  ,  on  les  lave  ,  on  les  râpe  ,  on 
les  met  à  la  presse  ,  et  on  les  fait  cuire  ensuite  dans  un  poêle 
de  cuivre  comme  la  farine  de  magnoc.  Par  ce  procédé  très- 
simple  ,  on  convertit  les  bananes  en  une  poudre  nutritive, 
qui  se  conserve  saine  et  bonne  aussi  long-temps  que  les  tran- 
ches séchées  à  l'étuve  ou  au  soleil.  Si  on  fait  cuire  un  morceau 
de  viande  gros  comme  une  petite  orange,  avec  deux  ou  trois 
onces  de  cette  poudre  et  dans  huit  onces  d'eau,  on  obtiendra 
deux  grandes  assiettes  d'une  bouillie  très-agréable  et  bien 
nourrissante. 

Dans  le  grand  nombre  d'espèces  ou  variétés  de  bananier 
qui  croissent  aux  Indes  ,  il  y  en  a  quelques-unes  non-seule- 
ment utiles  par  leurs  fruits,  mais  dont  les  feuilles  sont  encore 
employées  à  divers  usages.  Les  feuilles  du  bananier  appelé 


BAN  a,5 

tundo ,  qui  est  le  bananier  cochon  d'Amèiique  ,  servent  aux  ba- 
Lltans  des  Moluques  de  nappes  et  de  serviettes  dans  leurs 
repas.  Lorsqu'elles  sont  sèches  sans  être  déchirées  ,  on  les 
polit ,  et  on  les  rend  lisses  et  unis  ,  comme  un  papier  brun 
et  fin.  Les  Malais  font  avec  ce  papier  de  petits  rouleaux  dans 
lesquels  Ils  enferment  du  tabac  ;  ils  mettent  le  feu  à  une 
extrémité  ,  et  ils  introduisent  l'autre  bout  dans  la  bouche 
pour  fumer.  Ils  en  enveloppent  aussi  diverses  choses  ,  'sur- 
tout des  tablettes  de  sucre  ,  qu'on  envoie  quelquefois  de 
cette  façon  en  Europe.  On  peut  écrire  des  lettres  sur  ce 
papier ,  mais  elles  ne  se  conservent  pas  long-temps  sans  se 
briser.  Le  cœur  de  la  tige  à  (leurs  de  ce  bananier  se  coupe 
en  morceaux,  se  cuit  et  sert  de  nourriture  aux  cochons. 

Les  gaînes  des  feuilles  àncoffo  ,  autre  espèce  de  bananier, 
sont  d'une  grande  utilité  aux  habitans  de  quelques  parties  de 
l'Inde.  Ils  ont  l'art  d'en  tirer  des  fils  dont  ils  font  deux  sortes 
de  toiles  ,  d'une  couleur  jaunâtre  ,  à  peu  près  comme  celle 
de  la  toile  du  chanvre  écru.  La  plus  commune  est  formée  de 
fils  grossiers  teints  en  noir ,  en  rouge  ou  en  jaune  ;  on  en  fait 
des  vêtemens.  L'autre  est  fine  et  luisante  comme  de  la  soie  ; 
on  la  teint  en  noir ,  ou  bien  on  la  peint  de  diverses  figures  d'a- 
nimaux et  de  fleurs;  elle  sert  à  garnir  les  lits,  les  canapés  et 
les  appartemens  des  riches  ,  et  à  faire  des  robes  légères  aux 
dames  du  pays.  L'écorce  extérieure  la  plus  épaisse  de  ces 
gaînes  de  feuilles,  fournit  des  fils  grossiers  pour  des  câbles 
ou  des  cordages.  Les  habitans  de  Mandado  en  forment  des 
espèces  de  sacs  ou  des  hamacs  dans  lesquels  ils  dorment.  Les 
civettes  aiment  beaucoup  les  fruits  du  coffo  ;  on  s'en  sert 
comme  d'appât  pour  les  prendre.  L'axe  du  régime  ,  pilé  ,  ou 
concassé  légèrement  ,  ou  macéré  dans  l'eau  pendant  une 
nuit ,  est  un  puissant  sudorifique. 

Suivant  Adanson  (Encyclopédie)^  le  bananier  qu'on  nomme 
coffo  ^  est  la  plante  là  plus  utile  de  toutes  celles  qui  se  cul- 
tivent dans  les  Indes  ,  plus  utile  même  que  le  cocotier ^  parce 
qu'elle  y  est  répandue  plus  généralement.  C'est  elle  qui 
fournit  la  première  nourriture  à  l'homme ,  au  moins  dans 
toute  l'Inde  montueuse,  où  le  riz  est  plus  rare.  Pour  nourrir 
les  enfans  avec  son  fruit ,  on  le  fait  rôtir  sous  la  cendre  ;  la 
mère  le  mâche  et  le  transmet  dans  la  bouche  de  l'enfant 
comme  une  bouillie. 

Les  botanistes  soupçonnent  que  YensétéfivLi  vient  à  Gondar, 
sur  les  confins  de  l'Abyssinie  et  de  la  Haute-Egypte  ,  est  une 
espèce  de  bananier.  Binice  dit  qu'on  mange  sa  tige  bouillie  , 
et  qu'elle  a  le  goût  de  pain  de  froment,  (d.) 

BANANIERS.  Famille  de  plantes  ,  aussi  connue  sous 
le  nom  de  jMusacées.  (b.) 


2îi  BAN 

BANANISTE,  Syhia  bananÎQora^  Lath.  Cet  oiseau  est  eit 
double  emploi  dans  les  ouvrages  d'ornithologie ,  étant  de  la 
même  espèce  que  le  sucrier  de  Saint-Domingue.  V.  Guix- 
GUIT   SUCRIER,  (v.) 

B ANARE  ,  Banara.  Petit  arbre  de  la  Guyane ,  dont  les 
feuilles  sont  alternes  ,  ovales ,  dentelées  ,  stipulées  à  leur 
base;  les  fleurs  jaunes,  en  grappes  axillaires  et  terminales. 
Chacune  de  ces  fleurs  a  un  calice  d'une  seule  pièce  divisée 
en  six  parties;  six  pétales,  arrondis  ;  quinze  étamines  et  plus  ; 
un  ovaire  supérieur  ,  surmonté  d'un  style  terminé  par  un 
Stigmate  en  tête. 

Le  fruit  est  une  baie  globuleuse  ,  uniloculaire ,  et  rempli 
de  semences  menues,   (b.) 

BANAWILL-WILL.  V.  Merle  ban\will.  (v.) 

BANC.  C'est  le  Thon,  (b.) 

BANC-DE-POISSON.  On  appelle  ainsi  les  poissons 
réunis  en  grande  quantité  ,  soit  dans  la  mer,  lorsqu'ils  vien- 
nent frayer  sur  les  côtes  ;  soit  dans  les  rivières  ,  lorsqu'ils  les 
remontent  dans   le  même  but.  V.  PorssON.  (b.) 

BANCA.  Palmier  des  Philippines,  fort  voisin  du  Dat- 
tier, (b.) 

BANC  ALUS.  Arbre  figuré  dans  Rumphius  ,  et  qui  pa- 
roît  être  le  Nauclé  d'Orient,  (b.) 

BANCHE.  Nom  qu'on  donne  ,  sur  quelques-unes  de 
nos  côtes ,  à  des  couches  de  glaise  ou  de  marne  qui  se 
trouvent  au  bord  de  la  mer,  et  qui  pétant  alternativement 
humectées  par  les  flots  et  desséchées  au  soleil ,  finissent  par 
prendre  la  consistance  d'une  pierre  feuilletée  médiocre- 
ment dure,  (pat.) 

BANCHROFT.  Nom  donné  à  un  Oiseau-mouche  de  la 
Guyane  ,  parce  que  le  voyageur  de  ce  nom,  est  le  premier 
qui  l'ait  fait  connoître.  (v.) 

BANCHUS,  Banchus.  Genre  d'insectes  que  M.  Fabricius 
vient  d'établir,  et  qui  appartient  à  son  ordre  des  Piézates  j 
celui  des  Hyménoptères  de  Linnseus.  11  lui  donne  pour 
caractères  :  quatre  palpes  allongés  ,  à  articles  cylindri- 
ques ;  une  lèvre  inférieure  cylindrique  et  cornée  à  la  base, 
membraneuse  ,  arrondie  et  entière  à  son  extrémité  ;  les 
antennes  sétacées.  Tous  ces  caractères  ,  en  général  ,  con- 
viennent à  la  plus  grande  partie  des  îrhneumons ,  desquels 
M.  Fabricius  a  séparé  ceux  dont  il  compose  ce  genre  :  j'ai 
dit  en  général ,  parce  que  la  lèvre  inférieure  n'est  pas  en- 
tière ,  comme  a  cru  l'avoir  observé  cet  illustre  naturaliste, 
mais  échrancrée. 

Le  seul  caractère  essenlielqui  écarte  les  banchus  des  ichneu» 


BAN  3,5 

mons,  doit  se  prendre  des  palpes  maxillaires.  L'avant-dernier 
article  de  ceux  des  banchus  est  court  et  dilaté. 

Ces  insectes  se  rapprochent  des  ophiuns^  autre  nouveau 
genre  de  M.  Fabricius,  par  leur  abdlinen  très-comprimé  ,  et 
dont  la  hauteur  surpasse  plusieurs  fois  l'épaisseur  :  ils  s'en 
éloignent ,  en  ce  que  cette  partie  de  leur  corps  nesl  point  pé- 
diculée  à  sa  base  ,  ou  n'a  qu'un  pédicule  très-courf  ;  que  son 
extrémité  est  pointue  »  ou  simplement  obtuse,  non  tronquée 
obliquement,  et  que  la  tarière  des  femelles  est  ordinairement 
cachée. 

Nous  citerons  deux  espèces  qui  sont  indigènes  : 

1,0  Banchus  chasseur,  Jchneumon  venator^  Linn.  Il  est 
noir;  son  abdomen  est  presque  en  faulx,  et  d'un  rouge  de  sang 
à  sa  base  et  en  dessous  ;  ses  pattes  sont  fauves. 

2.°  Banchus  peint,  Banchus  pkius ^  Fabr.  Il  est  d'un  noir 
mélangé  de  jaune;  son  écusson  avance  un  peu  en  pointe. 

On  ignore  la  manière  de  vivre  de  ces  insectes.  J'en  ai  sou- 
vent trouvé  dans  les  champs,  à  terre,  ou  peuélevés  au-dessus, 
entre  les  luzernes.  V.  Ichneumon.  (l.) 

BANCOC.  Nom  madégasse  de  I'Indigotier  argenté,  (b.) 

BANCOUL  (Noix  de).  Fruit  du  Bancoulier.  (b.) 

BANCOULIEB,  Ahurites.  Genre  de  plantes  de  la  mo- 
noécie  monadelphie  et  de  la  famille  des  tithymaloïdes  ,  dont 
les  caractères  sont  :  un  calice  très-petit  et  trifide  ;  une  corolle 
à  cinq  divisions  ,  écailleuses  à  leur  base  ;  la  fleur  mâle  avec 
des  étamines  nombreuses  à  filamens  soudés  ensemble  ;  la  fleur 
femelle,  avec  un  ovaire  conique  ,  sans  style,  et  à  deux  stig- 
mates très-courts. 

Le  fruit  est  une  baie  ,  grande ,  globuleuse ,  contenant  deux 
coques  monospermes,  et  des  semences  globuleuses,  couvertes 
de  deux  tuniques. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces ,  qui  sont  de  grands  ar- 
bres, dont  les  différentes  parties  sont  comme  saupoudrées  de 
farine,  dont  les  feuilles  sont  alternes,  et  les  fleurs  disposées 
en  panicules.  L'un  est  le  Bancoulier  À  trois  lobes  ,  qui 
vient  de  la  mer  du  Sud;  les  autres  le  Bancoulier  porte- 
laque  et  le  Bancoulier  ambinux,  qui  viennent  des  îles  de 
rïnde.  Ce  dernier  est  cultivé  à  1  île  de  la  Réunion  pour  sa 
noix,  appelée  noix  de  hancoul^  dont  on  retire  une  huile  d'un 
débit  avantageux  dans  le  commerce.  V.  Croton.  (d.) 

BANCS  DE  PIERRE  ou  DE  ROCHE.  V.  Couche; 

BANCS  DE  SABLE.  Grands  amas  de  graviers  que  les 
rivières  rapides  forment  dans  leur  lit  ,  à  chaque  crue  ,  et 
qu  elles  entraînent  successivement  à  la  mer  ,  où  ces  atter- 
rissemens  accumulés  forment,  à  la  longue ,  d'autres  hanrs 
infiniment  plus  considérables  ,  qu'on  observe  au-devant  des 


%:iS  BAN 

embouchures  tle  tous  les  grands  fleuves.  Tel  est  le  banc  âé 
Terre-Neuve,  devant  rembouchure  du  fleuve  Saint-Laurent^ 
ceux  du  golfe  du  Mexique ,  devant  l'embouchure  du  Missis- 
sipi  ;  ceux  de  la  mer  d'Allemagne  ,  formés  d'un  côté  par  le 
Rhin,  le  AVeser  ,  FElbé  ,  etc.  ;  et  de  l'autre  ,  par  les  rivières 
d'Angleterre  ;  car  chaque  jour,  chaque  instant ,  amène  dans 
le  sein  de  l'Océan  d'innombrables  débris  des  continens,  qui 
tendent  perpétuellement  à  le  combler;  et  sans  la  décomposi- 
tion journalière  des  eaux ,  la  mer  reflueroit  nécessairement 
sur  ses  rivages  ,  puisqu'il  est  évident  que  son  lit  s'élève  con- 
tinuellement, r.  Atierrissement. 

Tous  les  bancs  de  sable  de  la  mer  ont  été  jadis  une  con- 
tinuation non  interrompue  des  atterrissemens  qui  sont 
aujourd'hui  à  découvert.  Le  banc  de  Terre-Neuve  n'étoit 
que  la  prolongation  sous-marine  de  l'île  de  Terre-Neuve, 
qui  est  elle-même  un  atterrissement  :  les  bancs  qui  bordent 
les  côtes  de  la  Hollande  ,  n'en  sont  également  que  la  simple 
prolongation  ;  mais ,  pour  l'ordinaire  ,  les  hancs  sont  séparés 
ides  coies  par  des  canaux  ou  vallées  sous-marines,  qui  sont  l'ou- 
vrage des  courans  qui  ont  rongé  les  côtes  ,  quand  la  mer 
s'est  trouvée  abaissée  à  leur  niveau,  (pat.) 

BANCUDUS.   C'est,   dans  Rumphius,   une  espèce  de 

MORIIVDE.    (B.) 

BANDA.    F.   riÉMIPTÉRONOTE  CIKQ  TACHES.  (B.) 

BANDASCHE.  C'est,   à  Amboine,  I'Hémiptéronote 

Cinq  taches,  (b.) 

BANDE  BLANCHE.  C'est  la  Tortue  vermillon,  (b.) 
BANDE  D'ARGENT.  Nom  du  Clupé  athérinoïde  et 

ûe  THolocentre  bande  blanche,  (b.) 

BANDE  ESQUISSÉE n 

BANDE  INEGALE /  Noms  spécifiques 

BANDE  A  L'ENVERS f    donnés  par  Geof- 

BANDE  NOIRE (    froy  à  des  lépi- 

BANDE  A  POINT  MARGINAL.  \    doptères.  (l.) 

BANDE  ROUGE J 

BANDE  NOIRE.  On  a  ainsi  nommé  la  Couleuvre 

Esculape  de  Linnseus,  pour  la  distinguer  de  la  Couleuvre 

EscuLAPE  de  Lacépède.  F.  au  mot  Couleuvre,  (b.) 
BANDELETTE.  C'est  le  Cépole  ténia,  (b.) 
BANDINA.  Nom  languedocien  du  Sarrasin,  (b.) 
BANDOULIÈRE.  On  appelle  ainsi,  sur  les  côtes  de 

France,  deux  espèces  At  labre,  savoir  :  le  Labre  neustrien, 

qui  est  la  Bandoulière  marbrée,  et  le  Labre  calops,  qui 

est  la  Bandoulière  brune. 
C'est  aussi  le  nom  qu'a  donne  Bloch,  en  français,  aux 

poissons  du  genre  Cuétodon.  (b.) 


BAN  227 

BANDUKKA.  Espèce  de  Câprier  de  l'Inde  »  qu'on  cul- 
tive dans  ce  pays  à  raison  de  la  beauté  de  ses  fleurs.  C'est  le 
Capparis  baduca  de  Linnaeus.  (b.) 

BANDURA.  C'est  le  Népenthe.  (b.) 

BANÉ.  Espèce  de  Mormyre.  (b.) 

BANEÏTE.  Nom  vulgaire  duDoLic  oîs^guiculé.  (b.) 

BANGA.  Palmier  des  Philippines,  fort  voisin  du  Dattier. 

(B.) 

BANGADA  VALLI.  Les  Brames  appellent  ainsi  le  Lise- 

ÏION  PIED  DE  CHÈVRE.  (B.) 

BANGHÉTS.  Les  Madégasses  donnent  ce  nom  aux  In- 
digotiers, (b.) 

B  ANGI.  Arbrisseau  des  Philippines  ,  dont  le  suc  est  lai- 
teux ,  et  dont  le  fruit  se  mange ,  quoique  ses  graines  enivrent, 
et  même  empoisonnent,  (b.) 

BANGUE.  C'est  le  nom  indien  d'une  variété  du  chanvre, 
qui  s'élève  à  une  très-grande  hauteur,  et  dont  les  feuilles  sont 
constamment  alternes  :  on  ne  la  cultive  que  pour  mâcher  et 
fumer  ses  feuilles.  Lorsqu'on  veut,  dans  l'Inde,  s'étourdir 
le  cerveau,  calmer  ses  maux,  et  dormir  sans  inquiétude  ,  on 
pulvérise  du  bangue  avec  de  l'opium ,  de  l'arec  et  du  sucre  , 
et  on  avale  le  résultat  du  mélange.  Lorsqu'on  veut  être  joyeux 
et  facétieux ,  on  en  mêle  avec  du  musc  ,  de  l'ambre  et  du 
sucre  ,  et  on  en  use  de  même  :  c'est  cette  dernière  préparation 
que  les  Indiens  appellent  majuh^  et  qui  est  peut-être  analogue 
k  celle  que  les  Turcs  appellent  massac  ou  malach.  (b.) 

BANGUILING.  C'est  le  Chéramelier  ou  Cicca  dis- 
tique, (b.) 

BANIAHBOU.  F.  Merle  baniaheou.  (v.) 

BANISTÈRE ,  Banisteria.  Genre  de  plantes  de  la  décan- 
drie  trigynie ,  et  de  la  famille  des  malpighiacées ,  dont  les  ca- 
ractères sont  d'avoir:  un  calice  de  cinq  parties,  muni  de  glandes 
à  sa  base  ;  cinq  pétales  arrondis  ,  onguiculés ,  crénelés  ou 
frangés  en  leurs  bords ,  plus  grands  que  le  calice  ;  dix  éta- 
mines  ;  un  ovaire  supérieur  à  trois  styles  terminés  par  un 
stigmate  simple;  trois  capsules  monospermes,  divergentes j 
et  terminées  chacune  par  une  aile  membraneuse. 

Ce  genre  contient  une  trentaine  d'espèces  ,  dont  la  plu- 
part ont  été  figurées  par  Cavanilles.  Ce  sont ,  en  général,  des 
arbrisseaux  d'un  aspect  agréable  ,  dont  beaucoup  sont  sar- 
menteux  et  ont  les  feuilles  opposées. 

La  plus  importante  à  connoître  est  la  Banistère  angu- 
leuse, qui  a  les  feuilles  sinuées  et  anguleuses  :  elle  croît  dans 
les  Antilles  et  au  Brésil.  C'est  le  caapeba  des  Brasiliens,  qui 
passe  pour  un  puissant  sudorifique,  et  qu'on  emploie  fréqucni- 


.a8  BAN 

ment  contre  les  morsures  des  serpens ,  la  pierre  ^  les  poi- 
sons ,  etc.  :  elle  jouit  de  la  plus  grande  célébrité. 

On  a  fait  aux  dépens  des  banistères  un  genre  nouveau,  ap- 
pelé par  Schreiber,  G^RlTNER,  et  par  Cavanilles,  Molina.  (b.) 

BANKARET TI.  C'est  le  Bonduc.  (b.) 

BANKSIE,  Banksia.  Genre  de  plantes  de  la  tétrandrie 
monogynie,  et  de  la  famille  des  protéoïdes,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  une  corolle  de  quatre  pétales  à  onglets 
fort  longs  et  linéaires  ;  en  quatre  élamirîes  à  anthères  sessiles  et 
insérées  dans  la  concavité  des  lames  des  pétales  ;  en  un  ovaire 
supérieur  ,  très-petit ,  muni  d'un  style  filiforme  ,  courbé  dans 
sa  partie  supérieure  ,  et  terminé  par  un  stigmate  simple  plus 
épais  que  le  style  ;  en  une  capsule  ligneuse,  bivalve  et  uni- 
loculaire  ,  renfermant  deux  semences  qui  se  divisent  en  deux 
parties. 

Ce  genre  ,  qui  se  rapproche  des  globulaires  et  des  protées^ 
renferme  une  trentaine  de  très-belles  plantes  qui  n'ont  été 
trouvées  jusqu'à  présent  qu'à  la  Nouvelle-Hollande.  Leurs 
fleurs  présentent  des  cônes  formés  d'écaillés  coriaces  ,  entre 
lesquels  sont  placés  les  fleurs  et  les  fruits  ;  la  plus  belle  de 
ces  espèces*  est  la  Banksie  serrée  ,  que  Gœrtner  a  appelée 
porte-cuquille ^  parce  que  ses  capsules  ont,  en  effet,  l'ap- 
parence d'une  coquille  bivalve.  Ses  caractères  sont  d'avoir 
les  feuilles  linéaires  ,  dentelées  ,  tronquées  à  leur  sommet , 
et  mucronées  :  son  cône  est  très-gros  ,  cylindrique  et  velu. 

Cavanilles  a  fait,  aux  dépens  des  banksies^  deux  nouveaux 
genres,  qu'il  a  appelés  Haké  et  Lambertie;  Smith,  un  troi- 
sième, qu  il  a  nommé  CoNCHiON;  et  R.  Brovvn,  un  quatrième 
dont  le  nom  est  Dryandre.  V.  ces  mots. 

Bruce ,  dans  son  Voyage  en  Abyssinie^  avoit  donné  le  nom 
de  banksia  à  I'Hagénie,  et  Forster  à  des  PiMELÉES.  (b.) 

BANKSIENNE.  Nom  spécifique  d'une  Raie,  (b.) 

BANITAN.  Racine  des  Philippines  employée  contre  les 
fièvres  et  l'asthme.  On  ignore  la  plante  à  laquelle  elle  appar- 
tient, (b.) 

BANNANIVORE  ou  mieux  B ANANIYORE.  Nom 
imposé  aux  oiseaux  qui  vivent  de  bananes,  (v.) 

BANNISTEROÏDE.  Plante  de  Ceylan  ,  qui  paroît  ap- 
partenir aux  Pella.  (b.) 

BANSLICKLE.  Nom  anglais  du  Gastéroste  épinoche. 

(b.) 

BANTAJAM.  Nom  que  les  naturels  de  Pontiana  don- 
nent au  Kahau  ou  Gueno>(  nasique.  (dessï.) 

BANTAME  ou  BAN TAM.  F.  Coq  et  Poule,  (s.) 

BANTIALE  ,  Bantiala.  C'est  une  plante  parasite  de 
l'Inde,  dont  on  distingue  deux  variétés  :  la  noire  et  la  rouge. 


B  A  O  229 

Celte  plante  est  une  tubérosité  arrondie  ,  percée  de  cavi- 
tés ,  et  suspendue  aux  branches  des  arbres  par  de  petites  ra- 
cines. De  son  sommet  partent  quelques  branches  chargées  de 
quelques  feuilles  alternes ,  ovales ,  épaisses ,  à  pétiole  am- 
plexicaule,  et  d'une  fleur  solitaire  terminale,  composée  de 
quatre  pétales  et  de  quatre  étamines  ;  on  remarque  sur  ses 
côtés  divers  corps  arrondis  qu'on  peut  regarder  comme  les 
ovaires  des  fleurs  femelles. 

On  n'en  sait  pas  davantage  sur  cette  plante  ,  dont  les  ca- 
vités sont  toujours  habitées  par  une  grande  quantité  de  four- 
mis, (b.) 

BANU  CURUNDU.   C'est,  à    Ceylan,   le   Laurier 

CANELLIER.  (b.) 

Bx\NULAC.  On  croit  que  cette  plante ,  qui  croît  aui 
Philippines ,  appartient  aux  Pavettes.  (b.) 

BANWAL.  Arbrisseau  de  Ceylan  ,  avec  les  tiges  duquel 
on  attache  lesbœufs.  On  ignore  k  quel  genre  il  appartient,  (b.) 

BANYO.  Il  paroît  que  c'est  une  espèce  de  Payette.  (b.) 

BAOBAB  ,  Adansom'a.  Genre  de  plantes  de  la  monadel- 
phie  polyandrie,  et  de  la  famille  des  malvacées,  dont  les  ca- 
ractères sont  :  un  calice  d'une  seule  pièce,  à  cinq  divisions,  et 
caduque  ;  une  corolle  composée  de  cinq  pétales ,  qui  adhè- 
rent, par  leurs  onglets,  à  la  base  de  la  colonne  des  étamines; 
un  grand  nombre  d'étamines  réunies  dans  leur  moitié  infé- 
rieure ;  un  ovaire  supérieur  conique,  velu,  surmonté  d'un 
style  contourné  et  couronné  par  dix  stigmates  velus  ;  une  , 
grosse  capsule  ovale  ,  allongée,  velue,  partagée  en  dix  loges 
qui  renferment  un  grand  nombre  de  semences. 

Le  baobab  se  plaît  particulièrement  dans  les  terrains  sa- 
blonneux et  humides.  11  ne  renferme  qu'une  espèce  qui  croît 
sur  la  côte  occidentale  d'Afrique.  V.  sa  figure,  pi.  A.  23.  D 
acquiert,  avec  lâge  et  le  temps,  une  grosseur  prodigieuse. 
Ceux  qu'Adanson  a  vus  au  Sénégal ,  avoient  vingt-sept  pieds 
de  diamètre.  Ray  dit  qu'entre  les  fleuves  Niger  et  Gambie , 
on  en  a  mesuré  de  si  monstrueux,  que  dix-sept  hommes 
avoient  de  la  peine  à  les  embrasser;  ce  qui  donneroit  à  ces 
arbres  environ  quatre-vingt-cinq  pieds  de  circonférence  ,  et 
près  de  trente  pieds  de  diamètre.  Quoique  le  baobab  ait  un 
Lois  très-tendre,  il  vit  très-long-temps,  et  peut-être  plus 
qu'aucun  autre  arbre  connu,  à  cause  du  long  accroissement 
qu'exige  son  énorme  grosseur. 

Golberry,  auquel  on  doit  un  nouveau  voyage  en  Afrique  > 
a  vu  un  baobab  de  trente-quatre  pieds  de  diamètre  dans  la 
vallée  des  deux  Gagnacs,  près  le  Cap  Vert;  ainsi,  si, d'après, 
les  calculs  d'Adanson,  un  de  ces  arbres  de  vingt-cinq  pieds  a 
déjà  vécu  trois  raille  sept  cent  cinquante  ans ,  celui-ci ,  abs- 


23o  B  A  O 

traction  faite  du  ralentissement  progressif  de  sa  croissance, 
auroit  cinq  mille  cinq  cents  ans  d'âge. 

Il  est  bon  d'ajouter  ,  pour  correctif  à  ce  calcul ,  que  le 
même  Golberry,  qui  a  mesuré  un  des  baobabs  mentionnés  par 
Adanson,  trente-six  ans  après  ce  célèbre  naturaliste,  ne  l'a 
trouvé  accru  que  d'un  pied  et  quelques  pouces  de  circonfé- 
rence ,  c'est-à-dire  ,  de  sept  à  huit  lignes  de  diamètre. 

Toutes  les  parties  du  baobab  contiennent  une  grande  quan- 
tité de  mucilage  ou  de  matière  gorameuse  ,  qui  a  une  légère 
acidité.  Lorsqu'on  met  ses  feuilles  en  infusion  ou  en  décoc- 
tion dans  l'eau,  leur  mucilage  se  développe  et  rend  cette  eau 
légèrement  visqueuse.  La  chair  fongueuse  et  blanche  qui  en- 
veloppe les  graines  ,  a  une  saveur  aigrelette  assez  agréable  ; 
mais  le  temps  lui  fait  perdre  beaucoup  de  sa  première  bonté. 

C'est  l'arbre  le  plus  utile  de  tous  ceux  qui  croissent  au  Sé- 
négal. Ses  feuilles  sont  les  parties  dont  les  Nègres  font  le  plus 
d'usage.  Ils  les  font  sécher  à  l'ombre ,  et  les  réduisent  en  une 
poudre  verte ,  qu'ils  appellent  lalo.  Cette  poudre  se  conserve 
parfaitement  dans  des  sachets  de  toile  de  coton,  pourvu 
qu'elle  soit  tenue  dans  un  lieu  sec.  Us  emploient  journelle-' 
ment  cette  poudre,  et  en  mettent  deux  ou  trois  pincées  dans 
leur  couscou  ou  autres  mets  ,  non  pour  leur  donner  du  goût , 
car  elle  n'en  a  aucun ,  mais  pour  modérer  l'excès  de  la  trans- 
piration et  pour  tempérer  la  trop  grande  ardeur  du  sang.  On 
fait,  avec  ces  mêmes  feuilles,  une  tisane  qui  préserve  des 
fièvres  chaudes,  communes  dans  ces  pays  ;  on  en  corrige  la 
fadeur  avec  un  peu  de  sucre  ou  de  racine  de  réglisse. 

Le  fruit  du  baohah  n'a  pas  moins  d'utilité  que  ses  feuilles  ; 
on  en  mange  ,  soit  seule  ,  soit  dans  le  lait,  la  chair  fongueuse 
qui  enveloppe  les  semences.  Ce  finjit  est  un  objet  de  com- 
merce. Les  Mandinges  le  portent  dans  la  partie  orientale  et 
méridionale  de  l  Afrique,  tandis  que  les  Maures  ou  Arabes 
le  font  passer  dans  le  pays  de  Maroc ,  d'où  il  se  répand  en- 
suite en  Egypte  et  dans  toute  la  partie  orientale  de  la  Médi- 
terranée. C'est  dans  ces  derniers  pays  qu'on  en  réduit  la  pulpe 
en  une  poudre  qu'on  apporte  ici  du  Levant,  et  qu'on  connoit 
depuis  long-temps  sous  le  nom  très-impropre  de  terre  sigillée  de 
Lemnos.  Prosper  Alpin  est  le  premier  qui  ait  reconnu  que 
cette  poudre  ,  regardée  jusqu'à  lui  comme  une  terre  de  l'Ar- 
chipel, et  oit  une  substance  purement  végétale  et  originaire 
de  î'Etliiopie  ou  du  centre  de  l'Afrique. 

Les  Nègres  font  encore  un  usage  bien  singulier  de  ce  mons- 
trueux arbre.  Ils  agrandissent  les  cavités  de  ceux  qui  sont 
cariés,  et  y  pratiquent  des  espèces  de  chambres,  ou  plutôt 
de  vastes  cavernes,  où  ils  suspendent  les  cadavres  de  c 
auxquels  ils  ne  veulent  pas  accorder  les  honneurs  de  la  scpul 


nx 


B  A  Q  ,3, 

turc  :  ces  cadavres  s'y  dessèchent  parfaitement,  et  y  deviennent 
de  véritables  momies ,  sans  aucune  autre  préparation. 

On  ne  cultive  que  très-difficilement  le  baobab  en  Europe, 
et  il  y  vit  un  petit  nombre  d'années.  La  serre  lui  est  indis- 
pensable en  toutes  saisons. 

Loureiro  a  établi ,  sous  le  nom  d'ORPHÈLE,  un  genre  qui 
ne  diffère  pas  assez  de  celui-ci  pour  en  être  distingué  ;  mais 
la  seule  espèce  qui  le  compose  a  les  feuilles  simples,  (b.) 

BAPTISIE  ,  Bupiisia.  Genre  de  plantes  établi  aux  dé- 
pens des  Crotalaires  et  des  Podalyres,  et  qui  rentre  en 
partie  dans  celui  appelé  Rafnia  par  Willdenow.  Ses  ca- 
ractères sont  :  calice  bil^bié  à  demi  -  divisé  en  quatre  ou 
cinq  lobes;  corolle  à  pétales  d'égales  longueurs,  dont  l'éten- 
dard est  recourbé  latéralement;  étamines  caduques  ;  légume 
pédicellé,  renflé,  polysperme. 

La  Crotalaire  perfoliée  ,  les  Podalyres  austral  , 
noircissant  ,  BLANC ,  etc.   rentrent  dans  ce  genre,  (b.) 

BAQUEBO,  V,  BiCQUEBo.  (desm.) 

BAQUOIS  ,  Pandanus.  Genre  de  plantes  de  la  dioécie 
monandrie,  dont  les  caractères  sont  :  fleur  mâle  consistant 
seulement  en  une  anthère  sessile  qui  termine  les  ramifica- 
tions du  chaton  commun,  et  fleur  femelle  uniquement  for-' 
niée  par  la  réunion  d'un  grand  nombre  d'ovaires  ramassés  en 
paquets  ovales  ou  globuleux,  sessiles  sur  leur  réceptacle  com- 
mun, et  chargés  de  deux  ou  trois  stigmates  sessiles  et  en  cœur; 
une  grosse  tête  ovoïde  résultant  de  la  réunion  de  plusieurs 
noix  anguleuses  ,  cunéiformes  à  leur  base  et  renfermant  une 
seule  semence. 

Ce  genre  comprend  une  vingtaine  d'espèces,  dont  les  plus 
dignes  d'être  citées,  sont: 

Le  Baquois  odorant,  Pandanus  odorantissimus,  Linn.,rA- 
THRODACTYUSdeForster,  estcultivé  dans  l'Indeeten  Egypte, 
à  cause  de  l'odeur  suave  de  ses  fleurs  mâles,  diposées  en  épis 
pendans.  Il  ne  pousse  de  feuilles  et  de  fleurs  qu'à  son  sommet. 
Les  premières  sont  très-longues,  bordées  de  cils  piquans, 
et  regardées  comme  un  puissant  vulnéraire  ;  on  les  emploie 
partout  pour  faire  des  nattes,  des  paniers,  des  cordes,  etc.; 
les  secondes  forment  une  panicule  très-rameuse. 

Le  Baquois  candélabre,  dont  les  épis  de  fleurs  sont  re- 
levées. II  a  été  observé  par  Palisot  Beauvois,  en  Afrique.  On 
en  voit  une  superbe  figure  dans  sa  Flore  d'Oware  et  de  Bénin. 
Ses  fleurs  sont  très-odorantes. 

Aubert  Dupelit-Thouars  a  publié  le  prodrome  d'un  tra- 
vail fort  étendu  qu'il  a  fait  sur  ce  genre  aux  îles  de  France  » 
de  Bourbon  et  de  Madagascar.  Les  espèces  les  plus  impor» 
lautes  à  con»oî.tr«  j  parmi  les  vingt  qu  il  cite,  sont  ; 


233  BAR 

Le  Baquois  édule.  Sa  tête  est  en  grappe  oblongue,  droi- 
te ;  les  noix  monospermes.  Il  est  commun  à  Madagascar , 
où  les  habitans  mangent  généralement  la  pulpe  de  ses  fruits. 

Le  Baquois  MALICON,  des  îles  Nicobar,  dont  les  fruits 
servent  de  base  à  la  nourriture  des  habitans.  On  en  voit 
la  figure  dans  le  troisième  volume  des  Transactions  de  la 
Société  de  Calcutta. 

Ce  genre  se  rapproche  du  Palmier,  et  semble  devoir  for- 
mer une  famille  propre,  (b.) 

BAQUOUC.  Nom  vulgaire  de  la  Lavandière,  dans  le 
Poitou.  (V.) 

BAR.  Nom  vulgaire  du  Centropome  loup,  perça  punc- 
iota ,  Linn.  (b.) 

BâRADA.  Nom  italien  du  Traquet.  (s.) 

EARAICE.  C'est  la  Veraire  blanche,  aux  environs  de 
Rhodes,  (b.) 

BAKALOU.  Nom  caraïbe  du  Balisier.  F.  ce  mot.  (b.) 

BARAMARECA.  Nom  indien  du  Dolic  en  sabre,  (b.) 

BARASSA.  Nom  de  1 'Engoulevent  dans  quelques  can- 
tons du  Piémont,  (v.) 

BARBACARIC.  Nom  proposé  par  Levaillant  pour  dé- 
signer son  gnnd  Barbu  ,  à  cause  des  rapports  qu'il  lui  trouve 
avec  les  Toucans  aracaris.  (v.) 

BARBACÉNIA  ,  Barhaceiùa.  Genre  de  plantes  établi  par 
Vandelli  sur  une  seule  espèce  ,  qui  vient  du  Brésil ,  et  qui  a 
beaucoup  daffinités  avec  la  JussiEUiE.  Ses  caractères  sont: 
calice  à  six  dents  ;  corolle  à  six  pétales  ;  six  étamines  dont 
les  filamens  sont  pétaliformes  et  dentés  ;  ovaire  inférieur 
terminé  par  un  style  simple  ;  capsule  glanduleuse  à  trois 
valves  et  à  plusieurs  semences,  (b.) 

BARBACOU.  Nom  générique  composé  de  Barbu  et 
Coucou  ,  imposé  par  ]\1.  Levaillant  aux  coucous  noirs  de 
Cayemie^  et  qui  correspond  à  celui  de  MoNASE  que  j'ai  donné 
au  même  genre,  (v.) 

BARBAGIANI.  Nom  donné  au  Grand-Duc  par  desPié- 
montais  et  des  Italiens  .   (v.) 

BARBAÏAN.  C'est  le  Duc  en  quelques  endroits  de  la 
France,  (s.) 

BARliAJOU.  C'est  la  Joubarbe  à  Montpellier,  (b.) 

BARBAN.  On  appelle  ainsi  ,  aux  environs  de  Nice  ,  un 
insecte  du  genre  TuRiPS,  qui  nuit  beaucoup  aux  Oliviers  , 
dont  il  souîire  la  sève.  (B.) 

BARBARÉE  ,  Barbarea.  Genre  de  plantes  établi  sur  le 


BAR  ,33 

Velar  des  boutiques.  Il  offre  pour  caractères  :  un  calice  à 
folioles  droites  ;  une  glande  entre  les  étamines  les  plus  cour- 
tes ;  une  silique  aplatie  et  tétragone  ;  des  semences  sur  un 
seul  rang. 

La  harbarée^  erysimum  barberea,  Linn.  qui  porte  vulgaire- 
ment les  noms  à  herbe  de  Sainte  Barbe  et  de  rondoUCy  a  des 
tiges  hautes  d'un  pied  environ.  Ses  fleurs  sont  disposées  à 
l'extrémité  des  rameaiLx  et  des  tiges  en  épis,  serrés,  rappro- 
chés, formant  presque,  par  leur  ensemble,  une  panicule 
étalée. 

Elle  croît  dans  les  lieux  humides,  en  Europe.  On  en 
cultive  dans  les  jardins,  comme  fleur  d'agrément,  une  variété 
à  fleurs  doubles,  connue  sous  le  nom  impropre  de  baguette  d'or. 

La  barharée  est  amère,  nauséabonde,  détertive,  antiscor- 
butique, diurétique,  etc.  On  mange  ses  feuilles  en  salade  dans 
quelques  pays  :  les  vaches,  les  chèvres  et  les  moutons  s'en 
nourrissent,  (b.) 

BARBARESQUE;  Petit  mammifère  de  l'ordre  des  ron- 
geurs et  du  genre  des  Ecureuils,  (desm.) 

BARBARIN.  On  appelle  ainsi  un  poisson  du  genre  Si- 
lure, SUurus  daiias ^  Linn.,  et  les  petits  des  barbeaux.  V.  aux 
mots  PiMELODE  et  Barbeau,  (b.) 

BARBARINE.  Espèce  de  Courge,  (b.) 

BARBARO.  Nom  du  Guêpier  en  Italie,  (s.) 

BARBAROTTI.   C'est,  à  Gènes  ,  le  Martinet  noir. 

BARBASCO.  Nom  qu'on  donne  au  Pérou  à  une  plante 
avec  laquelle  on  enivre  le  poisson.  Il  y  a  quelques  motifs  de 
croire  que  c'est  une  Molène.  (b.) 

BARBASTELLE  ou  BARBASTELLO.  Noms  d'une 
espèce  de  chauve-souris  du  genre  Vespertilion.  V.  ce  mot. 

Cdesm.) 

BARBATULE.  Synonyme  de  Barbeau,  (b.) 

BARBE.  Race  particulière  dans  l'espèce   du  Cheval. 

(desm.) 

BARBE.  C'est  le  nom  que  l'on  donne  aux  poils  qui  crois- 
sent sur  le  menton  de  l'homme,  (desm.) 

BARBE  {Mammifères).  On  donne  ce  nom  à  des  poils  plus 
longs  que  les  autres  qui  recouvrent  le  dessous  de  la  mâ- 
choire inférieure  de  quelques  mammifères ,  tels  que  des  sin- 
ges (notamment  le  Mandrill)  et  les  ruminans  du  genre  des 
chèvres.  On  appelle  aussi  barbes  les  longs  crins  qui  dépassent 
les  fanons  des  Baleines  et  des  Baleinoptères  et  qui  sont 
apparens  au  dehors,  même  lorsque  ces  cétacés  ont  la  bouche 
fermée,  (desm.) 


23il  BAR 

BARBE.  Ce  mot ,  en  botanique ,  est  synonyme  d'ARÊTft, 
V.  ce  mot.  (b.) 
BARBE.  Espèce  du  genre  Syngnathe,  (b.) 
BARBE  (herbe  de  Sainte).  V.  Barbarée.  (b.) 
BARBE  DE  BOUC.  C'est  le  Salsffis  sauvage,  et  aussi 
la  Clavaire  coralloïde.  V.  ces  mots,  (b.) 

BARBE  DE  CAPUCIN.  Nom  trivial  de  la  Nigelle  de 
Damas  et  de  la  Chicorée  sauvage  qui  a  poussé  dans  une 
cave.  K  ce  mot,  (b.) 

BARBE  DE  CHÈVRE.  Espèce  de  Spirée,  Spirea  amn~ 
eus ,  liinn.  (b.) 

BARBE  DE  DIEU.  C'est  le  Barbon.  V.  ce  mot.  (b.) 
BARBE  ESPAGNOLE.  Espèce  de  Caragate.  C'est  le 
tillandsia  usneoïdes.  (b.) 

BARBE  DE  JUPITER.  V.  Joubarbe,  (b.) 
BARBE  DE  MOINE.  C'est  la  Cuscute,  (b.) 
BARBE  DE  RENARD.  Espèce  d' Astragale  épineuse 
qui  croît  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe,  et  que 
Linneeus  a  cru  être  celle  qui  fournissoit  la  gomme  adragante. 
Par  suite,  on  a  donné  le  nom  de  barhe  de  renard  de  Crète  à 
une  autre  espèce  de  ce  genre  qui  donne  réellement  de  la 
gomme ,  et  qui  croît  en  Crète,  (b.) 

BARBEAU,  Barbus.  Espèce  du  genre  Cyprin,  que  Cu- 
vier  regarde  comme  le  type  d'un  sous-genre  qui  auroit  pour 
caractères  :  nageoire  dorsale  et  anale  courtes  ;  une  forte  épine 
à  la  dorsale;  quatre  barbillons,  dont  deux  sur  le  bout,  et 
deux  aux  angles  de  la  mâchoire  supérieure. 

Ce  poisson,  qu'on  appelle  aussi  barbot,  barbiaux^  barblait 
^K  barbet  y  a  le  corps  allongé  et  arrondi  comme  le  brochet., 
olivâtre  en  dessus,  bleuâtre  sur  les  côtés.  Ses  nageoires  sont 
rougeâtres  ,  et  celle  de  la  queue  ,  qui  est  fourchue  ,  est  bor- 
dée de  noir.  Sa  mâchoire  supérieure  aVance  beaucoup  sur 
l'inférieure.  Elles  ont  chacune  deux  rangées  de  cinq  dents. 

Cepoisson,  qu'on  trouve  dans  toutes  les  rivières  d'Europe, 
parvient  communément  à  un  pied  et  demi  de  long,  mais  on  en 
trouve  qui  ont  jusqu'à  trois  pieds  ,  et  qui  pèsent  six  à  huit 
livres.  On  dit  même  en  avoir  vu  de  dix-huit  livres.  11  craint 
également  le  froid  et  le  chaud;  aussi  n'en  irouvc-t-on  que 
dans  les  parties  tempérées  de  l'Europe  et  de  l'Asie.  Il  se 
plaît  dans  les  rivières  dont  le  cours  est  rapide  et  le  fond  ro- 
cailleux ,  et  il  peut  vivre  un  très-grand  nombre  d'années. 

Le  barbeau  se  nourrit  de  petits  poissons  ,  de  coquillages  ,■ 
de  vers,  d'insectes  ,  et  même  des  cadavres  qui  sont  jetés  dans 
l'eau,  et  de  la  matière  extractive  des  plantes  qui  s'y  dccom; 


BAR  h35 

posent.  11  n'est  apte  à  la  reproduction  de  son  espèce  que 
vers  la  quatrième  et  même  la  cinquième  année  de  son  âge. 
Il  fraie  au  milieu  du  printemps  ,  sur  les  pierres  du  fond  des 
rivières,  dans  les  endroits  où  le  courant  est  le  plus  rapide.  On 
a  compté  plus  de  huit  mille  œufs  dans  une  femelle.  Sa  crois- 
sance est  aussi  accélérée  que  celle  des  carpes  dans  les  en- 
droits où  il  trouve  une  nourriture  abondante. 

Les  barbeaux  d'étang  ont  la  chair  molle  et  flasque  ;  mais 
ceux  de  rivière  l'ont  ferme  ,  blanche  ,  délicate  et  de  bon 
goût.  On  dit  que  leurs  œufs  sont  un  purgatif  très-dange- 
reux; mais  c'est  une  erreur.  Bloch  s'est  assuré  qu'ils  étoient 
aussi  bons  que  ceux  de  la  carpe  :  j'en  ai  aussi  mangé  sans 
inconvénient  ;  peut-être  y  a-t-il  des  temps  ou  des  circons- 
tances où  ils  prennent  un  caractère  nuisible. 

La  pêche  an  barbeau  n'a  rien  de  particulier.  On  le  prend 
à  la  seine  ,  à  l'épervier,  à  la  truble,  à  l'échiquier  et  autres 
engins ,  comme  les  autres  poissons  de  rivière.  On  le  prend 
aussi  très-facilement  à  la  ligne,  car  il  est  vorace  et  hardi,  sur- 
tout'pendant  l'été.  On  indique  pour  appât  propre  à  les  atti- 
rer, un  mélange  de  vieux  fromage  de  gruyère,  de  jaunes  d'œufs 
et  d'un  peu  de  camphre  mis  dans  un  petit  sachet  de  toile,  et 
placé  dans  l'eau  à  lendroit  où  sont  posées  des  lignes  amor- 
cées de  vers  de  terre ,  de  sangsues  ou  de  petits  poissons.  J'ai 
l'expérience  que  ce  poisson  mord  mieiLx  sur  les  appâts  faits 
arec  des  insectes  vivans.  Ce  sont  principalement  les  bombi- 
ees,  les  noctuelles,  les  achètes,  les  grillons  et  les  sauterelles 
que  j'ai  employés  avec  le  plus  de  succès.  Le  bombice  du  saule 
qui  est  blanc  et  se  voit  de  loin,  qui  se  trouve  sur  le  bord 
des  eaux,  et  auquel  les  barbeaux  sont.accoutumés ,  m'a  paru 
devoir  être  préféré  à  tous  les  autres,  pendant  le  peu  de  jours 
de  son  existence,  (b.) 

BARBEAU.  Plante  du  genre  Centaurée.  Voy.  au  mot 
Bleuet.  C'est  aussi  la  Punaise  grise  et  I'Attelabe  de  la 
VIGNE,  (b.) 

BARBEAU^AUNE.  C'est  la  variété  jaune  de  la  Cen- 
taurée odorante  que  l'on  cultive  dans  les  jardins,  (b.) 

BARBEAU  DE  MER.  C'est  la  Mulle  rouget,  (b.) 

BARBEBON.  C'est  le  Salsifis  dans  le  département  du 
Var.  (b.) 

BARBENIE,  Barbenia.  Genre  de  plantes  de  la  polyan- 
drie, établi  par  Dupetit-Thouars  sur  des  arbustes  sarmen- 
teux  de  Madagascar. 

Il  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  découpures  pro- 
fondes, une  d'elles  concave  et  membraneuse;  point  de  co- 
rolle; des  étamines  nombreuses  insérées  au  fond  du  calice; 
wn  ovaire  supérieur  surmonté  de  deux  styles  hérissés;  ana 


a36  BAR 

capsule  à  deux  lobes,  à  deux  loges,  à  deux  semences  à  demi- 

arillées,  (b.) 

BARBERÏN.  Espèce  de  Mulle.  (b.) 

BARBES.  Nom  arabe  du  Chene  vert.  (b.) 

B^\RBEr  ou  CANICHE.  Race  de  Chien  dont  le  poil 

«si  long  et  frisé  sur  tout  le  corps,  (s.) 

BARBET.  C'est  le  Cypriî^  barueau  et  le  Mulle  rouget. 

(B.) 

BARBICAN,  Po^onJa.  (ienre  de  Tordre  des  oiseaux  Syl- 
vâINS  et  de  la  tribu  des  ZygodaCïYLES.  Voyez  ces  mots. 
Caractères  :  Bec  garni  à  la  base  de  longues  soies  dirigées  en 
avant,  robuste  ,  épais;  mandibule  supérieure  bidentée  sur 
chaque  bord,  cannelée  longitudinalement,  fléchie  à  la  pointe; 
l'inférieure  droite  ,  sillonnée  en  travers;  narines  petites,  or- 
biculaires ,  situées  à  la  base  du  bec  ,  en  partie  cachées  par  les 
soies;  langue  épaisse  ,  entière  ;  les  2.'  et  3.*  rémiges  les  plus 
longues  de  toutes  ;  deux  doigts  devant ,  deux  derrière.  On  ne 
connoît  que  la  dépouille  de  Tespèce  dont  se  compose  ce  genre. 
Elle  se  trouve  en  Afrique. 

Le  Barbican  de  Barbarie, Po^oma  erythrome/as,  Vieil.;  Buc- 
co  dubiiis,  Lath.  pi.  enl.  de  Buff ,  n.°  603  ,  a  tout  le  dessus  du 
corps  ,  le  haut  de  la  poitrine  et  le  ventre  noirs;  le  reste  da 
plumage  rouge  ;  le  bec  rougeâtre  et  neuf  pouces  de  longueur 
totale. 

Le  petit  Barbican.  V.  Barbu  Levaillant.  (v.) 
ByVRlilCHE.  Nom  trivial  de  la  NiGELLE  DE  Damas,  (b.) 
BARIUCHON.  V.  le  genre  Moucherolle.  (v.) 
BARBIER.  Labre  ,  dont  Bloch  a  fait  un  genre  sous  le 
nom  d' Anthi  AS ,  et  que  Lacépède  a  réuni  aux  Lutjans.  (b.) 
BARBIFERE.  Synonyme  de  Barbule.  (b.) 
BARBILLON.  Nom  des  poiiis  Barbeaux.  C'est  aussi  le 
nom  spécifique  d'un  autre  poisson  du  genre  des  Squales.  (B.) 
BARBILLON  ,  Vulpus.  {Entomologie.)  On  donne  ce  nom 
à  des  filets  articulés  ,  de  forme  et  de  consistance  différentes  , 
qui  accompagne  ut  la  bouche  de  presque  tousles  insectes.  Ces 
parties  sont  plus  ordinairement  désignées  sous  le  nomd'anien- 
nulesoii  Ae  palpes.  V.  Bouche  {Entomologie),  {o.) 

BARBILLONS.  Filamens  qui  se  trouvent  autour  de  la 
bouche  de  beaucoup  de  poissons.  Il  est  probable  qu'ils  servent 
à  la  plupart  pour  le  sens  du  toucher,  et  à  quelques-uns,  comme 
d'appât  pour  attirer  les  autres  poissons  dont  ils  se  nourrissent. 
V.  Poissox.  (b.) 
BARBISA.  Un  des  noms  piémoniais  du  Bruant  fou. 

(V.) 
BARBON,  y^miro/jog^ow.  Genre  de  plantes  de  la  polygamie 
monoécie,  et  de  la  iamilie  des  GnAMiNEiiS  ,  dont  les  carac- 


BAR  33; 

tères  sont  d'avoir  lès  fleurs  velues  à  leur  base ,  et  composées 
de  deux  valves  extérieures,  el  de  deux  valves  Intérieures,  iné- 
gales ;  les  mâles  pédonculées  et  mutiques  ;  les  hermaphrodites 
sessiles«l  armées  sur  le  dos  de  la  plus  grande  valve  inté- 
rieure, d'une  longue  arête  tortillée  et  courbée  ;  une  semence 
oblongue,  enveloppée  dans  les  valves  de  la  (leur. 

Ce  genre  comprend  une  cinquantaine  d'espèces  qui  crois- 
sent dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe  ,  et  dans  les 
trois  autres  parties  du  monde  ,  et  qui,  en  général ,  poussent 
un  fanage  dédaigné  par  les  bestiaux ,  soit  à  raison  de  sa  du- 
reté et  de  son  insipidité  ,  soit  à  raison  de  son  odeur  forte. 

Les  Barbons  se  divisent  en  deux  sections  ;  les  premiers  ont 
leurs  fleurs  en  un  seul  épi,  ou  en  panicule  ;  et  les  seconds  le» 
ont  sur  plusieurs  épis  fascicules  ou  digilés. 

Dans  la  première,  il  faut  distinguer  le  Barbon  nard, 
Andropogon  nardus  ^  Linn. ,  qui  a  la  panicule  composée  de 
plusieurs  épis  qui  semblent  naître  les  uns  des  autres.  C'est 
une  plante  dont  la  racine  ,  d'un  goût  amer,  et  d'une  couleur 
agréable  ,  est  très-employée  dans  l'Inde  pour  assaisonner  les 
poissons  et  les  viandes,  et  qui  passe  pour  incisive,  stoma- 
chique et  apéritive  ;  on  l'appelle  nard  indien  :  elle  vient  des 
îles  de  Ceylan,  de  Java  ,  des  Moluques ,  etc. 

Dans  la  seconde,  on  trouve  le  Barbon  odorant  ,  Andro- 
pogon schœnanthus,  Linn,,  dont  les  épis  sont  géminés,  ovales 
et  oblongs  ;  l'axe  velu,  et  l'arête  des  fleurs  très-contournée. 
Il  vient  de  l'Inde  et  de  l'Arabie,  et  passe  pour  incisif,  vulné- 
raire et  détersif,  propre  à  lever  les  obstructions  des  viscères, 
et  exciter  les  urines  et  les  règles.  Il  a  une  odeur  douce,  aro- 
matique, qui  approche  de  celle  de  la  rose.  Son  goût  est  pi- 
quant ,  pénétrant  et  très-aromatique.  On  en  prépare  dans 
l'Inde  ,  par  la  distillation ,  une  huile  d'une  odeur  et  d'une 
saveur  très-agréables,  dont  on  se  sert  pour  fortifier  l'esto- 
mac et  conserver  le  vin  du  palmier  sagou. 

On  cultive  dans  les  jardins  de  botanique  de  Paris,  un  autre 
barbon^  qu'on  croit  venir  aussi  de  l'Inde,  mais  dont  on  ne 
peut  pas  déterminer  l'espèce,  parce  qu'il  n'a  pas  encore 
fleuri.  Il  a  les  feuilles  beaucoup  plus  larges  et  plus  longues  que 
celles  du  Barbon  odorant;  il  répand,  quand  on  le  froisse,  une 
odeur  de  citron  très-agréable,  et  fournit  en  infusion  théiforme 
une  liqueur  qui  l'est  encore  davantage  :  il  sera  peut-être  pos- 
sible d'en  tirer  un  jour  un  parti  avantageux. 

On  trouve  encore  dans  cette  section  ,  le  BaRBON  DIGITÉ  , 
Andropogon  Isrhœmum,  Linn.,  dont  les  caractères  sont  d'avoir 
plusieurs  épis  digités  ,  les  fleurs  sessiles  ,  alternes  ,  tantôt 
chargées  d  une  arête ,  tantôt  n'en  ayant  pas  :  c'est  une  plante 
qui  croît  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe.  On  em- 


«as  BAR 

ploie  ses  racines  ,  sous  le  nom  de  racines  de  chiendent;  dans 
l'art  du  vergetier,  pour  faire  les  brosses  ,  les  vergettes ,  les 
balais,  etc. ,  dont  on  fait  une  si  grande  consommation  à  Paris. 

Quinze  espèces  nouvelles,  ou  mal  connues ,  de  ce  e^nre,  se 
trouvent  décrites  dans  le  bel  ouvrage  de  MM.  de  Humboldt, 
Bonpland  et  Kunlh ,  sur  les  plantes  de  l'Amérique  méri- 
dionale. 

Les  genres  Anthitirie,  Chlore,  Gymnopogon,  Diec- 
ÏOMis  et  Hétérofogon,  ont  été  établis  aux  dépens  de  celui- 
ci.  Les  CiNNA  de  Walter  lui  ont  été  réunis,  quoiqu'ils'n' aient 
que  deux  étamines.  (b.) 

BARBONI.  Nom  du  Mullet  rouge  en  Italie,  (b.) 

BARBOT  (petit).  C'est  la  Cobite  loche,  (b.) 

BARBOTEUR,  BARBOTEUX.  Noms  vulgaires  appli- 
qués aux  canards  domestiques.  Le  premier  a  été  imposé  parti- 
culièrement au  Canard  chipeau.  (v.) 

BARBOTINE.  On  donne  ce  nom ,  dans  le  commerce  y 
au  semen  contra  ,  c'est-à-dire  ,  aux  sommités  des  absinthes  de 
Judée  et  Contra  ,  qu'on  emploie  comme  vermifuges.  (b.)« 

BARBOTTÉ.  Poisson  du  genre  Cobite,  Cobilis  barha- 
tula.,  Linn. 

On  appelle  aussi  quelquefois  de  ce  nom  ,  un  poisson  du 
genre  Cvprin  ,  cyprinus  jeses ,  Linn.  (b.) 

BARBOÏTE.  Un  des  noms  de  la  Vesce.  (b.) 

BARBOTTEAU.  V.  Cyprin  jese.  (b.) 

BARBOUQUET.  Maladie  des  brebis  (s.) 

BARBOUTOUBA.  C'est  I'Épidendre  bifide,  aux  An- 
tilles, (b.) 

BARBU  Bucco.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux  Sylvains  , 
de  la  tribu  des  Zygodactyles  et  de  la  famille  des  Barbus. 
V.  ces  mots.  Caractères  ;  bec  lisse  ,  garni  à  la  base  de  soies 
dirigées  en  avant,  comprimé  latéralement,  médiocre,  épais, 
convexe  en  dessus  ;  mandibule  supérieure  dentée  vers  le  mi- 
lieu et  fléchie  à  la  pointe,  ou  édentée,  crochue  et  crénelée 
sur  le  bout  ;  l'inférieure  retroussée  à  l'extrémité  ;  narines 
orbiculaires  couvertes  par  les  soies  ;  bouche  fendue  jus-' 
qu'au-dessous  de  l'œil;  ailes  à  penne  bâtarde  très-courte; 
les  troisième  ,  quatrième  et  cinquième  rémiges  les  plus 
longues  :  dix  rcctrices  ;  deux  doigts  devant ,  deux  der- 
rière. Ce  genre  est  divisé  en  deux  sections  :  la  première  est 
composée  des  espèces  qui  ont  la  mandibule  supérieure  munie 
d'une  ou  de  deux  dents  sur  chaque  bord  ;  la  deuxième ,  de 
celles  qui  l'ont  crénelée  sur  le  bout.  Buffon  a  divisé  ces  oiseaux 
nominativement  en  appelant  barbus  ceux  de  l'ancien  conti- 
nent, et  tamaiia  cea\  de  l'Amérique. 

Levaillant  a  aussi  employé  les  mêmes  dénominations; 


BAR  ^59 

hiais  ses  iamatias  ne  sont  pas  uniquement  ceux  de  Buffon  ; 
îl  a  imposé  ce  nom  aux  seuls  barbus  dont  le  demi-bec  supé- 
rieur est  fendu  sur  le  bout.  Enfin  j'ai  extrait  des  barbus  ie» 
espèces  qui  ont  le  bec  entier ,  c'est-à-dire ,  sans  échancrure 
et  sans  dents  ,  et  je  les  ai  classées  dans  un  nouveau  genre 
nommé  Cabézon.  (  V.  ce  mot.)  Les  barbus  de  la  premicra 
section  appartiennent  tous  à  la  partie  méridionale  de  i'Amé* 
rique ,  et  ceux  de  la  deuxième  à  l'Afrique. 

Tous  ont  les  mêmes  habitudes ,  les  mêmes  mœurs,  la  con- 
tenance triste ,  sombre  et  sérieuse ,  la  figure  massive ,  un 
ensemble  assez  mal  fait;  le  naturel  stupide  ,  silencieux,  so- 
litaire et  paresseux.  Us  se  tiennent  dans  les  endroits  couverts, 
jamais  dans  les  plaines  ;  ne  vont  ni  par  troupes  ,  ni  par  paires. 
Leur  vol  est  pesant  et  court;  ils  ne  se  posent  que  sur  le» 
branches  basses,  et  ont  beaucoup  de  peine  à  se  mettre  e» 
mouvement  ;  une  fois  posés  ,  c'est  pour  long-temps  :  aussi  le« 
approche-t-on  facilement.  Ces  oiseaux  se  nourrissent  d» 
fruits  ,  de  scarabés  et  d'autres  gros  insectes.  Us  font  leur  nid 
dans  un  arbre  creux  ,  et  leur  ponte  est  de  deux  à  quatre  œufs. 

A.  Mandibule  supérieure  fendue  sur  la  pointe.  —  Le  Barbu 
ÊRUN,  Bucco fusais,  Lath.  Sa  taille  est  celle  de  V alouette^  et 
sa  longueur  de  six  pouces  et  demi.  Tout  son  plumage  est  brun, 
mais  chaque  plume  a  la  tige  jaunâtre  ;  une  grande  tache  trian- 
gulaire blanchâtre  se  fait  remarquer  sur  la  poitrine  ;  le  bec 
est  d'un  noir  brunâtre,  et  jaunâtre  à  la  base  ;  les  pieds  sont 
Lruns.  Latham,  qui  a  fait  connoître  cet  oiseau,  soupçonne 
qu'il  habite  la  Guyane.  Levaillant  le  rapporte  au  barbu  à  collier. 

Le  Barbu  bussen-buddoo.  V.  Cabézon  bussen-buddoo. 

Le  Barbu  à  ceinture  rouge.  V.  Cabézon  a  cei^^ture 

fiOUGE. 

Le  Barbu  chacuru  ,  Bucco  chacuru ,  Vieill, ,  se  trouve  au 
Paraguay,  Il  a  la  gorge  ,  le  devant  du  cou ,  le  dessous  du 
corps  et  les  couvertures  inférieures  des  ailes  blanchâtres , 
avec  des  lignes  noirâtres  et  transversales  sur  les  côtés  du 
corps;  une  sorte  de  cravate  blanche  sur  la  nuque,  et  une 
bandelette  de  la  même  couleur,  qui  part  des  narines  ,  en- 
toure l'œil  et  presque  toute  l'oreille  ;  les  côtés  de  la  tête  d'un 
noir  profond,  et  le  dessus  rayé  transversalement  de  noirâtre 
sur  un  fond  roux ,  ainsi  que  la  partie  postérieure  du  cou  ,  le 
dos ,  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes  , 
dont  les  plumes  les  plus  extérieures  sont  noirâtres,  de  même 
que  les  pennes  et  celles  de  la  queue  ;  celles-ci  sont  en  outre 
rayées  de  roux;  les  pieds  verdâtres  ;  le  bec  est  noir  à  sa 
pointe  et  de  couleur  de  chair  sur  le  reste  :  longueur  totale,  huit 
pouces.  Dans  la  Traduction  de  VHist.  nat.  des  Oiseaux.,  de 
d'Azzara,  Sonninî  rappQrle  ce  barbu  au  tamatia  proprement 


24o  BAR 

dit  de  Buffon;  mais  je  pense  que  c'est  une  espèce  particulière 
et  nouvelle. 

Le  Barbu  a  collier,  Bilcco  col'aris,  Lath.,  pi.  enl.  SgS, 
se  trouve  à  la  Guyane  ,  où  il  est  rare.  Il  a  le  dessus  de  la  tête 
et  du  corps  rayé  transversalement  de  noir  sur  un  fond  roux; 
les  couvertures  supérieures  des  ailes  et  de  la  queue  colorées 
comme  le  dessus  du  corps  ;  une  bande  transversale  fauve  sur 
le  haut  du  dos ,  laquelle  descend  sur  les  côtés  de  la  poitrine  ; 
une  autre  bande  noire  et  beaucoup  plus  étroite  sur  le  dessus 
du  cou;  les  joues  rousses;  la  gorge  et  le  devant  du  cou  d'un 
blanc  sale  ;  les  parties  postérieures  d'un  roussâtre  qui  devient 
plus  foncé  vers  la  queue  ;  un  collier  noir  assez  large  sur  la 
poitrine;  les  pennes  primaires  des  ailes  brunes,  les  secon- 
daires bordées  de  roux  à  l'extérieur;  les  plus  proches  du  corps 
variées  comme  le  dos  ;  la  queue  rousse  et  rayée  transversa- 
lement; noir;  la  mandibule  supérieure  noirâtre  et  l'inférieure 
couleur  de  corne  ;  les  pieds  et  les  ongles  cendrés  ;  grosseur  de 
la  pie-grièche  rousse  :  c'est  le  tamatia  à  collier  de  Buffon, 

Barbu  à  cou.'ît^nne  rouge.  V.  Cabézon  à  collier  rouge. 

Le  Barbu  élf.'xAIst.  V.  Cabézon  élégant. 

Le  BARîil*CÉRiNi,  Bitcco  Geriiiî,  Lath.  Cet  oiseau,  figuré 
dans  l'Ornitnologic  de  Gérini,  tab.  i8i,  sous  le  nom  de  Pic 
des  Indes ^  Ficus  indiens^  a  été  donné  par  Latham  pour  un 
barbu,  d'après  la  forme  de  son  bec  ,  qui  est,  dit-il ,  un  peu 
plus  épais  que  ne  l'ont  ordinairement  les  pics.  Comme  cet 
auteur  n'a  eu  pour  guide  qu'une  figure  très-incorrecte  ,  ainsi 
que  le  sont  toutes  celles  publiées  par  Gérini ,  j'ai  cru  devoir 
exclure  cet  oiseau  de  la  nomenclature  des  barbus^  et  le  placer 
parmi  les  pics^  cependant  comme  une  espèce  douteuse.  Voyez. 
Pic  des  Indes. 

Le  Barbu  à  gorge  bleue.  V.  Cabézon  à  gorge  bleue. 

Le  Barbu  à  gorge  jaune.  V.  Cabézon  à  gorge  jaune 

ET  À  POITRINE  rouge. 

Le  GRAND  Barbu.  V.  Grand  Cabézon. 

Le  Barbu  à  gros  bec,  Bucco  macrorhymhos ,  Lath.,  pi.  enl. 
n."  69,  a  sept  pouces  environ  de  longueur,  et  est  remarquable 
par  la  grosseur  de  son  bec  ;  une  calotte  noire  couvre  le  sommet 
de  la  tête;  le  front,les  côtés, Tocciput,  la  gorge  et  le  devant  du  cou 
sont  blancs  ;  cette  couleur  remonte  derrière  le  cou  et  y  forme 
un  demi-collier;  une  bande  noire  traverse  la  poitrine;  le  reste 
du  dessous  du  corps  est  pareil  à  la  gorge  ,  et  les  plumes  des 
flancs  sont  terminées  de  noir;  cette  teinte  domine  sur  tout  le 
dessus  du  corps  ,  les  couvertures  supérieures  ,  les  pennes  des 
ailes  et  de  la  queue;  l'on  aperçoit  un  filet  blanc  qui  termine 
les  secondaires  les  plus  proches  du  dos  et  les  pennes  caudales  ; 
le  bec  est  noir,  et  les  pieds  noirâtres.  On  rencontre  ce  barbu 


BAR  24i 

à  la  Guyane.  C'est  le  tamatia  noir  et  blanc  du  texte  de  Buffon, 
et  le  tanialia  à  plastron  de  Levaillant, 

Le  Barûu  de  la  Guyane.  V.  CabÉZON  A  FRO^^T  ET  A  GORGE 

ROUGES. 

Le  Barbu  kottorea.  V.  Cabézots  kottorea. 

Le  Barbu  a  masque  roux.  V.  Cabézon  kottorea. 

Le  Barbu  de  Moynos.  V.  Cabezon  élégant. 

Le  Barbu  orange.  V.  Cabezon  orangé. 

Le  PETIT  Barbu  noir  et  blanc,  Bucco  melanoleucos^  Latli., 
pi.  enl.  n."  68.  Le  front  de  cet  oiseau  est  noir  et  piqueté  de 
blanc;  le  reste  du  plumage  despartiessupérieures  est  de  la  pre- 
mière teinte  ;  les  pennes  de  la  queue  ont  une  tache  bl;»nche 
à  leur  extrémité  ;  une. ligne  de  la  même  couleur  va  de  Tœil  à 
l'occiput  ;  une  tache  noire  plus  large  est  en  dessus  de  cette 
ligne  et  s'étend  de  même  ;  elle  part  du  bec  et  passe  sous  Tooil  ; 
la  gorge  ,  le  haut  du  cou  en  devant,  le  ventre  et  le  bas-ventre 
sont  blancs  ;  le  devant  du  cou  ,  dans  sa  partie  inférieure  ,  la 
poitrine  et  les  flancs  sont  noirs;  mais  cette  couleur  est ,  sur 
ces  derniers  ,  coupée  de  lignes  blanrfies  et  transversales  ;  bec 
noirâtre  ainsi  que  les  pieds;  longueur  cinq  pouces  ;  grosseur, 
à  peu  près,  celle  du  moineau.  On  le  trouve  à  la  Guyane. 
C'est  le  petit  tamatia  de  Buffon. 

Le  Barbu  des  Philippines  deBrisson.  V.  Cabézon  a  plas- 
tron rouge. 

Le  Barbu  a  plastron  noir  de  Buffon,  est  un  individu  de 
Tespèce  de  sonT^ARBU  A  gorge  noire.  V.  ce  mot. 

Le  Barbu  a  plastron  noir  de  Levaillant.  V.  Cabézon; 
A  plastron  noir. 

Le  Barbu  a  plastron  rouge.  V.  Cabézon  a  plastron 
rouge. 

Le  Barbu  de  Saint-Domingue.  V.  Cabézon  a  front  et 

A  GORGE  rouges. 

Le  Barbu  tamatia,  Bucco  tamatia^  Lalh. ,  pi.  enl.  de 
Buff.  n.°  746,  f •  I  ,  se  trouve  à  Cayenne.  Il  a  «ix  pouces  et 
demi  de  longueur;  le  dessus  de  la  tête  et  le  front  roussâ- 
tres  ;  un  demi-collier,  varié  de  noir  et  de  roux,  sur  le  bas  du 
cou  ;  un  brun  nuancé  de  cette  dernière  couleur  couvre  e» 
dessus  le  reste  de  son  plumage  ;  on  remarque  derrière  l'œil  une 
assez  grande  tache  noire  ;  la  gorge  est  orangée  et  le  dessous 
du  corps  tacheté  de  noir  sur  un  fond  blanc-roussâtre  ;  le  bec 
et  les  pieds  sont  noirs. 

Le  Barbu  at;rt.  V.  Les  Cabézons  kottorea  et  vert. 
B.  Mandibule  supérieure  avec  une  ou  deux  dents  sur  chaque  bord. 

Le  Barbu  brunâtre,  Bucco fucescens^WitWÏ.  Cet  oiseau, 
qu'on  trouve  en  Afrique,  est  figuré  dans  les  Miscel.  de  l^each, 
pi.  97 ,  tab.  2  j  sous  le  nom  de  Pogonia  Vieillotii  II  a  la  mandlbul^ 
111.  16 


a42.,  BAR 

supérieure  Lîdentée  sur  chaque  bord;  le  corps  brunâtre  en 
dessus,  blanchâtre  en  dessous;  la  gorge  et  des  taches  sur  la 
poitrine  d'un  rouge  orangé;  la  tête,  le  cou,  les  pennes  in- 
termédiaires de  la  queue  bordées  d'une  teinte  pâle  à  l'extérieur. 

Le  Barbu  à  dos  blanc,  Burco leuconotus,  Vieill.  ;  Bucco  du- 
lius  ^  var. ,  Lath.  Cet  oiseau  est  plus  petit  que  le  barbican  ; 
il  a  toutes  les  parties  supérieures  d'un  noir  bleuâtre  ,  mé- 
langé de  rouge  sur  le  sommet  de  la  tcte  ,  avec  une  tache 
blanche  sur  le  milieu  du  dos ,  au-dessous  de  laquelle  on  re- 
marque une  petite  touffe  de  plumes  soyeuses  ,  argentées  ,  et 
dont  le  bout  est  coupé  carrément.  Le  menton  est  noir  ;  un 
trait  rouge  forme  r,ne  espèce  de  croissant  derrière  l'œil;  tout 
le  dessous  du  corps  est  de  cette  mêmf  couleur  ,  ainsi  que 
l'extrémité  des  grandes  couvertures  alaires  ;  les  pennes  sont 
brunes  ;  le  bec  est  d'un  jaune  pâle  et  muni  de  deux  dents  sur 
chaque  bord  de  sa  partie  supérieure  :  il  est  figuré  dans  les 
Miscel.  de  Leach. ,  t.  a  ,  p.  47  ?  pl-  77  ?  sous  le  nom  de  Fogo- 
nius  lœiHrostris  ;  on  trouve  cette  espèce  en  Afrique. 

Le  Barbu  à  gorge  ts'<»ire  ,  Burro  niger ,  Lath. ,  pi.  29  des 
barbus  de  Levaillant.  Cet  oiseau  est  un  peu  plus  gros  que  le 
gros-bec  d'Europe,  et  d'une  taille  plus  allongée.  Il  a  le  front 
rouge  ;  le  dessus  de  la  têle  ,  l'occiput ,  la  gorge ,  le  cou  et  le 
milieu  du  dos  noirs  ;  une  raie  jaune  en  dessus  de  l'œil ,  d'a- 
bord demi-circulaire  ,  ensuite  droite  et  blanche  ,  laquelle 
descend  sur  les  côtés  du  cou  ;  une  seconde,  verticale,  noire, 
entre  celle-ci  et  la  gorge  ;  une  troisième,  longitudinale, blan- 
che, lui  succède  et  se  termine  sur  la  poitrine,  qui  est  aussi  de 
cette  couleur  ,  ainsi  que  les  parties  postérieures.  On  remar- 
que une  tache  javme  sur  les  côtés  entre  le  cou  et  le  dos  ;  les 
couverturessupérieures  et  les  pennes  des  ailes,  ainsi  que  celles 
de  la  queue  sont  noires  ;  quelques-unes  des  plumes  des  petites 
couverluresalaires  sont  frangées  deblanc  ,  les  autresde  jaune  , 
ce  qui  forme  une  bande  transversale  sur  le  haut  de  l'aile  ;  la 
même  couleuf  borde  les  rémiges  et  les  rectrices  à  l'extérieur;^ 
les  pieds  sont  noirs  ,  le  bec  est  de  la  même  teinte  et  muni 
d'une  seule  dent  sur  chaque  bord  de  sa  partie  supérieure. 
Lalham  fait  mention  d'une  variété  qu'on  trouve  au  Cap  de 
Bonne-Espérance  ;  la  seule  différence  consiste  en  ce  qu'elle 
a  le  croupion  jaune.  Levaillant  rapproche  de  cette  espèce  ,  et 
Latham  regarde  comme  un  jeune  ou  une  femelle  le  Barbu  À 
PLASTRON  'NOIR  de  Buff. ,  pi.  enl. ,  n."  688.  H  diffère  en  ce 
que  les  couleurs  sont  plus  variées  sur  le  corps  ,  et  que  les 
taches  ne  sont  pas  aussi  distinctes.  INI.  Leach  ,  dans  ses  Mé- 
langes d'histoire  naturelle  ,  en  fait  une  espèce  distincte  ,  la 
place  dans  son  genre  Pogonia  ,  t.  2  ,  p.  i45,  pi.  116.  Il  lui 
donne  le  nom  de  pogonia  stephensis. 


B  A  11  .43 

Le  Barbu  Levaîllânt  ,  Bmco  Lemillanih ,  pi.  A.  ,  des  bar- 
bus de  Levaillant ,  sous  le  nom  de  Petit  barbican  ,  est  beau- 
coup plus  pelit  que  le  harhican.  II  a  deux  dents  sur  chaque 
bord  de  sa  mandibule  supérieure  ;  le  front  depuis  les  narines 
jusqu'aux  yeux  est  d'un  rouge  vif;  le  reste  de  la  tête  ,  le  dessus 
et  les  côtés  du  cou  d'un  brun  roussâtre,plus  foncé  sur  le  man- 
teau et  sur  les  scapulaires  ;  le  bas  du  dos  ,  les  couvertures  su- 
périeures et  les  pennes  des  ailes  bruns  ;  le  croupion  ,  les 
couvertures  supérieures  et  les  pennes  de  la  queue  noirs  ;  le 
dessous  du  corps  d'un  blanc  sale  ;  le  milieu  du  sternum  et  le 
bas-ventre  d'un  rouge  rosacé  terne  ;  les  jambes  noires  ,  les 
pieds  rougeâtres  et  le  bec  blafard.  11  se  trouve  en  Afrique. 

BARBU.  Nom  spécifique  de  poissons  des  genres  Squale, 
AcHiRE,  Ophidie,  Cyclôptère  et  Urosperme.  (b.) 

BARBUE.  Nom  qu'on  donne  à  la  Mésange  moustache. 
V.  ce  mot.  (v.) 

BARBUE.  C'est  le  Pleuronecte  carrelet  ,  Pleuronectes 
rhomhus  ^  Linn.  ,  et  la  Donzelle  ,  Ophidium  harbatum  ;  un 
SCORPÈNE  et  un  PlMÉLODE.  (b.) 

B  ARBULE  Barbula.  Arbrisseau  à  feuilles  opposées ,  ova- 
les ,  oblongues  ,  obtuses  ,  dentées  ,  velues  ,  à  (leurs  blanches  , 
axillaires  ,  disposées  en  verlicilles,  qui  forme  un  genre  dans 
la  didynamie  gynmospermie  ,  et  dans  la  famille  des  labiées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divisions 
aiguës  ;  une  corolle  bilabiée  ,  à  lèvre  supérieure  quadrifide  ,  à 
lèvre  inférieure  grande  ,  recourbée ,  terminée  par  une  longue 
frange  capillaire  ;  quatre  étamines  ,  dont  deux  plus  longues  ; 
un  ovaire  supérieur  à  quatre  sillons  ,  surmonté  d'un  style  bi- 
fide ,  à  stigmate  simple  ;  quatre  semences  placées  au  fond  du 
calice. 

La  harhule  se  trouve  à  la  Chine  ;  toutes  ses  parties  ,  lors- 
qu'on les  froisse  ,  répandent  une  odeur  agréable. 

Bridel ,  dans  son  ouvrage  sur  les  mousses ,  a  donné  le  même 
nom  à  un  genre  qu'il  a  établi  aux  dépens  des  Bryes  de 
Linnceus.  Il  a  pour  caractères  ;  point  de  péristome  ;  coiffe 
cuculiforme  ;  opercule  subulé  ;  cils  tordus  et  rapprochés  à 
leur  base  ;  des  fleurs  dioïques,  dont  les  mâles  sont  en  tête.  Il 
a  pour  type  le  biyum  rurale.  Le  genre  Tortule  en  diffère  à 
peine.   On  le  divise  en  Barbules  À  TIGES  simples  et  en 

BaRBULES  a  TIGES  RUMEUSES.  (B.) 

BARBUS ,  Barbati.  Nom  que  j'ai  donné  à  une  division  de 
la  famille  descarabiques,  insectes  de  l'ordre  des  coléoptères, 
et  composée  des  genres  :  Nébrie  ,  Pogonophore,  Loricère 
et  Omopuron.  Le  côté  extérieur  de  leurs  mâchoires  est  dilaté 


244  BAR 

et  cUié  h  sa  base  ;  telle  est  l'origine  du  nom  de  cette  division. 
y.  Carnassiers,  famille  dinsecles.  (l.) 
BARBUS.  Synonyme  de  Barreau.  (b.) 
BARBYLE,  Barbylus.  Arbre  de  la  Jamaïque  ,  que  Bro\yn 
regardoit  comme  devant  former  un  genre  particulier  ,  mais 
qui  depuis  a  été  réuni  aux  Trichilies.  (b.) 
BARCA.  C'est  le  Jacquier,  (b.) 
BARCAMAN.  C'est  le  Turbith  des  Arabes,  (b.) 
BARCKAUSIE  ,  Barckmisia.  Genre  de  plantes  établi  par 
Moencbe,  aux  dépens  des  CréPIDES  de  Linnaus.  Ses  carac- 
tères consistent  en  un  calice  canaliculé  ,    oblong ,     à  côtes 
et  sillonné  à  sa  base  à  l'époque  de  la  maturité  ;  les  folioles  in- 
térieures allongées  ;  celles  extérieures  courtes  et  lâches  ;  le 
réceptacle  alvéolaire  et  nu;  les  aigrettes  simples,  pédicellées 
par  le  prolongement  filiforme  des  semences. 

Les  Crépides  des  Alpes  ,  rouge  et  fétide  ,  entrent  dans 
ce  genre,  (b.) 

BARDANE,y^/r//wm,L.  Zo/)pfl,  Juss.  Genre  de  plantes  de 
la  syngénésie  polygamie  égale  ,  el  de  la  famille  des  cynarocé- 
pliales,dontlescaractèressonl:calicecommun,  globuleux,  im- 
briqué d'écaillés  nombreuses ,  étroites,  lancéolées,  terminées 
chacune  par  unpetitcrochet;  tleuronsnombreux,  tousherma— 
phrodites,  tubulés  ,  quinquéfides  ,  réguliers  ,  posés  sur  un  ré- 
ceptacle chargé  de  paillettes  sétacées  ;  plusieurs  >}emences 
ovales,  anguleuses,  couronnées  d'une  aigrette  courte  et  sessile. 
Les  hardanes  sont  des  plantes  bisannuelles,  propres  à  l'Eu- 
rope ,  dont  la  plus  commune  ,  la  Bardane  a  tètes  glabres, 
ylrciiiim  lappa  ^  plus  connue  sous  le  nom  de  gloutewn,  a  leS 
feuilles  pétiolées  ,  en  cœur  ,  les  écailles  du  calice  peu  velues. 
Sa  racine  passe  pour  sudorifique  ,  diurétique  et  fébrifuge  ;  ses 
feuilles  ,  pour  vulnéraires  et  résolutives  ;  ses  semence^s  sont 
diurétiques.  Cette  plante  croît  dans  tous  les  bons  ter-, 
rains,  autour  deS  villages.  Elle  s'empare  aisément  de  ceux  qui 
lui  conviennent,  et  il  est  quelquefois  difficile  de  l'extii-per.  Ses 
têtes  s'attachent  aux  habits  des  passans.  (b.) 

BARDANE  PETITE.  C'est  la  Lampourde.  (b.) 
BARDEAU.  Mulet  produit  par  le  cheval  et  l'ânesse.  (s.) 
BARDEAULT.  C'est,  en  Guienne  ,  le  Bruant,  (s.) 
BARDHVALIR.  En  îNorwége  ,  c'est  le  nom  du  Cacha- 
lot MACROCÉPHALE.  (DESM.) 

BARDIGLIONE  de  Bournon.  V.  Chaux  sulfatée  en 

HYDRE.  (LUC.) 

BARDOT.  V.  Bardeau,  (desm.) 

BARDOI'TIER,  Imhruana.  (ienre  de  plantes  de  l'oc- 
taiidriemonogynie,etde  la  famille  d€shilospermes,doutlesca- 


BAR  2.;5 

ractères  consistent  en  un  calice  à  huit  divisions  coriaces,  dis- 
posées sur  deux  rangs;  une  corolle  en  roue  à  huit  divisions 
mullifides,  avec  huit  appendices  filiformes  courbés  ;  huit  éla- 
mines  ;  un  seul  pistil  ;  une  pomme  à  huit  loges  et  à  huit  germes, 
dont  plusieurs  avortent;  des  semences  irrégulières. 

Ce  genre  renferme  deux  arbres  dont  les  feuilles  sont  ovales, 
pétlolées,  et  placées  à  l'extrémité  des  rameaux,  ainsi  que  les 
fleurs  qui  sont  solitaires  et  longuement  pétlolées. 

L'un,  le  Bardottier  a  gros  fruits,  croît  naturellement 
à  l'île  Bourbon ,  où  il  sert  à  faire  des  lattes  ou  bardeaux  pour 
couvrir  les  malsons  ;  ce  à  quoi  la  nature  de  son  bols  le  rend 
très-propre. 

L'autre,  le  Bardottier  du  Malabar,  ou  à  fruits  ovales  et 
croît  dans  l'içde;  sa  racine  est  acre  et  jaunâtre  ;  son  écorce 
rend ,  par  Incision ,  une  liqueur  onctueuse ,  Insipide  ;  ses  (leurs 
répandent  une  odeur  agréable  ;  ses  fruits  sont  d'une  saveur 
acide  ,  et  douce  lorsqu'ils  sont  mûrs.  Ces  derniers  sq  mangent 
pour  exciter  l'appétit  et  faciliter  la  digestion. 

Ces  arbres  s'appellent  encore  nattier  on  bois  à  natte.  Quel- 
ques botanistes  les  réunissent  aux  Mimusopes.  (b.) 

BARETIE.  Genre  de  Commerçon  appelé  Quivi  par 
Gavanllles.  (b.) 

BARETINO.  C'est  ïe  Geai  en  italien,  (s.) 
BARGE,  Limicula,  Vlelll.  ;  scolopajc ,  Latham.  Genre  d«; 
Tordre  des  Echassiers  et  de  la  famille  des  Hél6nomes.  F. 
ces  mots.  Caractères  :  bec  épais  à  la  base,  très-long,  flexible, 
presque  rond,  un  peu  retroussé ,  un  peu  grêle ,  obtus  et  lisse 
à  la  pointe;  mandibule  supérieure  sillonnée  latéralement, 
terminée  par  un  bourrelet  interne  ,  et  plus  longue  que  l'infé- 
rleure;  narines  linéaires,  couvertes  d'une  membrane,  situées 
dans  une  rainure;  langue  médiocre,  filiforme,  pointue;  quatre 
doigts,  trois  devant,  un  derrière;  les  antérieurs  un  peu  ra- 
boteux en  dessous  ;  les  extérieurs  unis  à  la  base  par  une  mem- 
brane ,  l'Interne  libre  ;  le  postérieur  mince  ,  portant  à  terre 
surle  bout.  Ongles  falculaires,  l'intermédiaire  avecune  tranche 
saillante,  creusée  en  dessous  sur  le  bord  Interne.  La  première 
rémige  la  plus  longue  de  toutes.  Llnnaeuset  Lathairi  ont  classé 
les  barges  avec  les  bécasses;  mais  ,  leur  ayant  trouvé  des  ca- 
ractères très-dlstlncts ,  j'ai  cru  devoir  les  Isoler  générlque- 
ment ,  ainsi  que  l'ont  fait  Brlsson  et  des  auteurs  allemands. 
Il  n'existe  en  Europe  que  trois  espèces  de  barges,  encore 
l'une  d'elles  n'a  été  découverte  que  depuis  peu  de  temps.  Les 
ornithologistes  en  comptent  un  plus  grand  nombre ,  parce 
qu'ils  ont  pris  des  variétés  de  saison  pour  des  espèces,  ces 
ois.eauj^  portant  en  été  un  plumage  très-différent  de  celui  qui 


246  B  A  R 

les  revêt  en  hiver;  de  plus  ils  ont  donné  des  Chevaliers 
pour  des  hars;es  :  ce  que  je  prouverai  par  la  suite. 

Une  observation  qu'on  n'a  pas  encore  faite  ,  et  que  je  dois 
à  M.  Bâillon  ,  consiste  en  ce  que  le  mâle  est  constamment 
plus  petit  que  la  femelle  ;  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  les  cheva- 
liers: c'est  la  seule  différence  qui  distingue  les  sexes  ;  mais  les 
femelles  prennent  plus  tard  leur  livrée  d'été  ;  en  effet,  celles 
qu'on  prend  en  France,  au  passage  du  printemps,  sont  tou- 
jours moins  rousses  que  les  mâles. 

Les  barges  se  plaisent  à  l'entour  des  marécages  ,  des  terres 
fangeuses,  sur  les  grèves  limoneuses  de  la  mer;  elles  aiment 
la  boue,  y  plongent  continuellerhent  leur  long  bec  pour  y 
chercher  des  vermisseaux  et  les  petites  plantes  qu'elle  con- 
tient ;  et  comme  elles  ne  pourroient  pas  apercevoir  leur  proie 
dans  la  fange  épaisse ,  la  natm-e  a  donné  à  leur  bec  une  sen- 
sibilité particulière  ,  une  faculté  de  goûter  tout  ce  qu'il  sa^isit. 
Les  barges  ont ,  pour  ainsi  dire ,  la  langue  au  bout  de  leur 
bec  ;  des  rameaux  nerveux  viennent  s'y  distribuer  et  y  ap- 
porter le  sentiment.  On  trouve  dans  leur  gésier,  du  gravier  et 
de  petites  pierres  qui  servent,  comme  dans  les  oiseaux  galli- 
nacés, à  la  trituration  de  leurs  alimens.  Leur  voix  est  remar- 
quable; elle  est  grélc  et  chevrotante  comme  le  bêlement 
étouffé  d'une  chèvre,  suivant  Belon.  Ce  sont ,  au  reste,  des 
oiseaux  timides  et  soupçonneux  ,  qui  ne  se  laissent  point  ap- 
procher, gui  prennent  rapidement  la  fuite  au  travers  des  ro- 
seaux dans  les  clarières  des  bois  marécageux.  Pendant  le  jour, 
les  barges  se  tiennent  tranquilles  et  cachées  dans  les  herbes 
humides;  elles  ne  peuvent  pas  supporter  le  grand  jour,  et  ne 
sortent  que  dans  le  crépuscule  du  soir,  ou  vers  l'aube  mati- 
nale. On  ne  les  rencontre  qu'en  bande  ,  et  seulement  dans 
nos  pays  ,  en  automne  et  au  printemps  ;  car  ce  sont  des  oi- 
seaux (ic  passage  que  les  chaleurs  de  l'été  chassent  dans  des 
contrées  froides  et  humides,  et  que  les  rigueurs  de  l'hiver  ra- 
mènent dans  les  régions  tempérées.  Tristes  et  mélan.^oliques, 
on  ne  voit  jamais  les  barges  se  percher  sur  les  arbres,  se  jouer 
dans  la  feuillée  avec  grâce  comme  les  gais  habitans  des  bo- 
cages ;  leur  vue  est  foible  et  basse  ;  elles  patrouillent  dans  la 
fange  avec  leurs  pattes  longues  comme  des  cchasses  ;  le 
moindre  bruit  les  déconcerte ,  elles  parlent  avec  des  cris  de 
frayeur ,  elles  s'élèvent  dans  les  airs ,  surtout  pendant  les  nuits 
d'automne  ;  on  les  entend  ,  au  clair  de  la  lune,  s'abattre  en 
troupes  autour  des  froids  marécages.  Lorsqu'elles  sont  fati- 
guées, leur  vol  est  plus  lourd;  mais  elles  courent  avec  vitesse 
comme  des  perdrix.  Rarement  elles  séjournent  long-temps 
dans  le  même  lieu  ;  elles  ne  quittent  pas  le  bord  de  la  mer 
pour  s'avancer  dans  l'intérieur  des  terres.  Les  barges  sont  des 


BAR  2^7 

oiseaux  de  passage ,  en  France,  dans  les  mois  de  septembre 
et  d'octobre;  elles  ne  nichent  pas  chez  nous.  On  en  connoît 
trois  espèces  en  Europe.  Toutes  ont  une  queue  courte  ;  mais 
elles  ne  pourroient  pas  diriger  leur  vol,  si  leurs  longues  pattes, 
qu'elles  étendent  en  arrière ,  ne  leur  en  tenoient  lieu.  Tous  ces 
oiseaux  ont  unplumagegrivelé  et  tacheté  ;enhivervoientmieux 
pendantle  crépuscule  que  dans  le  grand  jour,  et  fuient  la  grande 
chaleur  comme  l'extrême  froidure  ;  ils  vivent  sur  les  confins 
de  la  terre  et  de  l'eau ,  sans  appartenir  en  propre  à  Tune  ou 
à  l'autre;  ils  cherchent  perpétuellement  l'automne  humide, 
le  brouillard  et  les  premiers  froids  ;  les  brumes  les  engraissent 
très-promptement. 

La  Barge  aboyeuse  de  Buffon,  Scolopax  ioiamis  ^  Lath., 
est  la  Barge  rousse  À  queue  rayée,  sous  son  plumage 
«Vhiver  ou  du  jeune  âge;  et  la  barge  aboyeuse  de  M.  Cuvier 
(^Reg.  anim.)  est  le  même  oiseau  sous  son  habit  d'été. 

La  Barge  blanchâtre,  Scolopax  canesceiis,  Lath. ,  est 
une  de  ces  larges  qu'il  faut  voir  en  nature  pour  cer- 
tifier qu'elle  fait  partie  de  ce  genre,  et  que  .c'est  une  espèce 
particulière.  Elle  a,  suivant  Latham ,  la  taille  de  la  barge 
grise  ,  mais  le  bec  plus  épais  que  celle-ci  ;  la  tête ,  le  cou  et 
le  dos  variés  de  cendré  et  de  blanc  :  la  queue  avec  des  lignes 
transversales  couleur  de  cendre  ;  la  gorge  et  la  poitrine 
blanches  ,  cette  dernière  avec  quelques  taches  cendrées  ;  les 
pieds  longs ,  grêles  et  gris. 

La  B  ARGE  blanche.  Les  ornithologistes ,  ayant  remarqué  que 
le  bec  de  cette  barge  est  fléchi  en  haut  comme  celui  de  l'acoceZ/e, 
l'ont  rangée  dans  ce  dernier  genre,  et  l'ont  appelée /-^cMmrosùa 
alba  (Linn.  et  Latham  ,  gen.  72  ,  sp,  3.)  ;  mais  elle  n'a  pas  les 
pieds  palmés  comme  Yaoorette  ,  et  Buffon  l'a  placée,  avec  rai- 
son, parmi  les  barges.  Elle  a  la  taille  d'une  barge  rousse;  son 
bec  orangé  est  noir  à  l'extrémité;  son  pennage  blanc  est 
teint  légèrement  de  jaune  sur  les  ailes  et  la  queue.  Edwards 
pense  que  cet  oiseau  prend  une  livrée  brune  en  été.  Elle  ha- 
bite la  baie  d'IIudson.  • 

La  Barge  brune  n'est  point  une  véritable  barge ,  mais 
c'est  le  Chevalier  aux  pieds  verts  sous  son  habit  d'été. 
V.  ce  mot, 

La  Barge  de  Cambridge,  Scolopax  Cantabrigiensis ^  Lath. 
M.  Themminck  rapporte  cet  oiseau  à  son  chei>alier  arlequin , 
la  barge  brune  de  Buff.  Cependant  il  est  beaucoup  plus  grand,^ 
puisque  Latham  lui  donne  une  taille  supérieure  à  celle  de  la 
grande  barge  rousse.  Au  reste  ,  c'est  tncore  une  de  ces  barges 
dont  l'espèce  ne  me  semble  pas  déterminée  ;  elle  a  la  tête  , 
le  dessus  du  cou  et  le  dos  d'un  brun  cendré  ;  les  petites  cou- 


3^8  BAR 

vcrtures  des  ailes  brunes  ,  bordées  d\in  blanc  sale,  et  rayées 
àc  noir  erilravers;  les  pennes  primaires  noirâtres  et  blan- 
chàires  à  Tinlérieur;  les  secondaires  barrées  de  brun  sombre 
et  de  blanc  ;  celle  dernière  couleur  prend  une  nuance  s  ;Ie 
sur  le  devant  du  cou  et  sur  la  poitrine  ,  et  est  pure  sur  les 
parties  postérieures  ;  la  queue  est  rayée  en  travers  de  cendré 
et  de  njir;  les  pieds  sont  orangés. 

La  Barge  communk,  Sœ/opav  totanus,  Lath.  ,  qu'on  a 
donnée  jnsqî  à  p.esent  pour  une  espèce  distincte,  est  la 
GRANDE  Barge  rousse  ou  la  Barge  rousse  à  queue  noire 
sous  son  babit  d  hiver. 

Il  règne  une  telle  confusion  dans  les  synonymies  et  les  des- 
criptions de  L'ttham  et  de  Gmclin,  qu  on  éprouve  beaucoup 
de  difficulté  pour  reconnoitre  les  espèces;  en  effet,  des  va- 
riétés d'âge  ou  de  s  ùson  sont  données  comme  le  type  dugenre, 
et  1  oiseau,  sous  son  piuinage  d'été,  est  indiqué  comme  une 
vaneté;  et  il  en  est  d'autres  qui  sont  isolées  spécifiquement  y 
etfjui  appTriiennent  à  des  espèces  déjà  décrites. 

La  oaRGE  fkdo\  ,  Llmicnla  /i'rioa ,  Vie ill.  Srolopax  fedoa^ 
L'^th  pi.  1^7,  des  oiseux  d  Edwards,  a  plus  de  i6  pouces 
de  longueur  totale  ;  le  bec  long  <le  six,  jaune  et  noir  vers  le 
bout  ;  les  sourcils  l-.l:»ncs  ;  une  ligne  d'une  teinte  sombre 
entre  le  bec  et  1  œil  ;  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  ,  le  dos , 
les  sc,*»pul:.ires  d'un  brun  roussâtre ,  rayé  transversalement 
de  noir;  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue 
rayés  de  même  sur  un  fond  roux;  la  gorge  blancbe  ;  le  de- 
vant du  cou  et  la  poitrine  roussâtres  avec  des  raies  trans- 
versales noires  et  brunes  ;  le  ventre  et  les  plumes  des  jambes 
du  même  roux  ,  mais  sans  raies  ;  les  couvertures  des  ailes 
variées  dt?  brun  roussâtre  et  de  noir  ;  les  grandes  pennes 
noirâtres  ,  les  secondaires  d'un  roux  bai  et  d'un  brun  rous- 
sâtre avec  des  petits  points  noirs  ,  la  queue  rousse  et  traver- 
sée de  noir;  enfin  les  pieds  noirs.  La  femelle  ou  le  mâle,  en 
babitd'hiver,  est  décrit  ci -après,  sous  le  nom  de  barge  marbrée. 
La  Barge  griène.  V.   Chevalier  brun. 

^La  Barge  grise  ,  Sco/opav  g/ofli's,  Lath.  ,  est  le  Che- 
valieiv  aux  pieds  verts,  sous  son  plumage  d'hiver.  T. ce 
mot. 

La  Grande  Barge  grise  de  Brisson,  à  laquelle  Buffon 
a  imposé  le  nom  (V aboyeiise ,  n'est  point  l'individu  figuré 
sur  la  pi.  enl.  876  ,  sous  la  dénomination  de  barge  grise  : 
celle-ci  n'est  point  une  barge  ,  mais  le  Chevalier  aux  pieds 
VERTS  dans  son  jeime  âge  ou  d'hiver.  V.  l'article  Chevalier. 
La  grat:de  barge  giise  {Scolgpax  leurophœa^  Lath.),  est  la  Barge 
rousse  \  QUEUE  RAYÉEsous  son habit  d'hiver  ou  de  jeune  âge. 
La  Barge  marrréE  ,  Limicula  marmorata ,  Yieill.  ;  Sco- 


BAR  2^'g 

lopaxmarm.  Lalli,  a  dix-sept  pouces  et  demi  de  longueur  totale; 
le  bec  long  d'environ  quatre  pouces  ;  toutes  les  parties  supé- 
rieures brunes,  plus  ou  moins  striées  et  tachetées  de  roussâ- 
tre  ;  le  lorum  et  le  menton  blancs  ;  le  dos  tacheté  de  roux 
pâle  ;  chaque  plume  a  cinq  ou  six  bandes  transversales  de 
«ette  teinte  sur  les  bords  ;  les  couvertures  supérieures  des 
ailes  brunes  ;  les  pennes  de  couleur  de  crème  avec  de  petites 
taches  brunes  ;  les  quatre  premières  d'un  noir  sombre  à  l'ex- 
térieur-, les  couvertures  inférieures  d'un  roux  clair;  la  poi- 
trine et  les  côtés  d'une  nuance  plus  pâle  et  rayés  transversa*- 
lemenl  de  noirâtre  ;  le  milieu  du  ventre  cl  les  plumes  des 
jambes  d'un  roux  uniforme  ;  le  bas-ventre  presque  blanc  ;  la 
queue  rousse  avec  six  ou  sept  barres  brunes  sur  chaque 
plume  ,  et  irrégulières  sur  les  trois  les  plus  extérieures  ;  les 
pieds  noirs.  Cette  barge  se  trouve  dans  la  partie  boréale  de 
l'Amérique,  et  n'est  autre  que  la  femelle  ou  le  mâle  en  ha- 
bit d'hiver  de  la  harge  fedoa. 

LaB  ARGE  deMeyer  ,  LimiculaMeyerif  Vîeill.  La  description 
de  cette  espèce  est  extraite  du  Manuel  d'ornithologie  de 
M.  Themminck ,  et  le  nom  qu'elle  porte  lui  a  été  imposé 
par  M.  Leisler ,  un  des  meilleurs  ornithologistes  allemands. 
Cette  barge  a,  pendant  l'été  ,  le  haut  de  la  tête ,  le  dos  et  les 
gcapulaires  d'un  brun  noirâtre  ,  avec  des  taches  jaunâtres  ; 
les  parties  inférieures  d'un  jaune  roussâtre,  varié  de  traits  noirs 
sur  les  côtés  de  la  poitrine ,  sur  les  flancs  et  sur  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  ;  le  milieu  du  ventre  blanc  ;  les 
rémiges  noires  et  marbrées,  à  l'extérieur ,  de  blanc  ;  les  deux 
pennes  intermédiaires  de  la  queue  et  la  première  de  chaque 
côté  avec  des  raies  longitudinales  blanches  et  noirâtres ,  les 
autres  avec  des  bandes  transversales  présentant  les  mêmes 
couleurs  ;  le  bec  long  de  quatre  pouces ,  d'un  brun-jaunâtre 
à  la  base  ,  noir  vers  le  bout  ;  les  pieds  de  cette  dernière 
couleur  :  longueur ,  quinze  pouces  six  à  huit  lignes. 

Son  plumage  d'hiver  a  toutes  les  parties  supérieures  d'un 
gris  brun,  tirant  au  cendré  sur  la  tête  et  sur  le  cou,  dont  le 
devant  est,  ainsi  que  la  poitrine,  cendré,  avec  des  raies  tranS" 
versalesnoirâtres  ;  les  flancs  rayés  en  travers  de  brun  sur  un  fond 
blanc;  les  autres  parties  inférieures,  de  cette  dernière  couleur; 
les  rémiges  noires ,  et  les  rectrices rayées  de  blanc  et  de  noi- 
râtre. Cette  barg#se  trouve  dans  le  nord  de  l'Europe  ,  et  est 
quelquefois  de  passage  en  Allemagne.  Les  auteurs  allemands 
donnent  cet  oiseau  pour  une  espèce  distincte. 

La  Barge  aux  pieds  rouges.  Sonninl,  édition  de  Bufibn , 
a,  d'après  Picot  de  la  Peyrouse,  donné  cet  oiseau  pour  une 
espèce  particulière  de  harge\  mais  c'est  un  CHEVALIER,  sous 
son  plumage  d'hiver. 


25o  BAR 

La  Barge  a  queue  noire  et  bl kmuE ,  Limicula  Hudso^ 
mca,  Vieil.;  scuîoponica  Huds,  Lath.,  a  i6  pouces  de  longueur; 
le  bec  long  de  3  pouces  au  plus ,  pâle  à  la  base ,  et  noir  dans  le 
reste;  le  sommet  de  la  tête  noirâtre,  tacbeté  et  strié  de  blanc 
sombre  ;  les  cotés  et  le  dessus  du  cou  pareils  ;  le  lotiim  brun  ; 
les  sourcils  blancs  ;  le  menton  presque  de  cette  couleur  , 
le  dos  et  les  scapulaircs  d'un  brun  sombre  ,  tacheté  de  rous- 
satre  ;  les  couvertures  des  ailes  brunes,  avec  quelques  taches 
blanches;  les  grandes  d'un  cendré  uniforme;  les  pennes 
noires  ,  à  tige  blanche  et  de  cette  couleur  à  la  base  dans 
un  tiers  de  leur  longueur;  le  croupion  et  les  couvertures 
supérieures  de  la  queue  blancs;  toutes  les  parties  inférieures 
d'un  roux  marron ,  avec  des  lignes  noirâtres  ;  la  queue 
blanche  à  la  base,  noire  dans  le  reste  ;  les  pieds  de  cette  même 
teinte.  On  trouve  cette  barge  à  la  baie  d'Hudson  et  dans 
les  Etals-Unis.  Je  soupçonne  que  c'est  la  Barge  fédoa  , 
sous  son  plumage  d'hiver. 

La  Barge  rousse  à  queue  noire  ,  Limicula  melanura^ 
\ieill.;  Scolopax  œgocephala,  Lath.,  pi.  cnl.  de  B«ff.  n.«  giG, 
a,  pendant  Télé,  une  bande  d'un  roux  blanchâtre  ,  depuis 
le  bec  supérieur  jusqu'à  l'œil  ;  le  lonim  brun  ;  les  plumes  An 
sommet  de  la  têle  noires  et  bordées  de  roux  ;  la  gorge  ,  le 
cou,  la  poitrine  et  les  flancs  de  cette  dernière  couleur  avec 
des  petits  poinls  bruns  sur  les  deux  dernières  parties  ,  et  des 
raies  transversales  noires  et  ert  zigzags,  sur  les  deux  autres  ; 
le  haut  du  dos  et  les  scapulaires  noirs ,  avec  du  roux  sur  le 
bord  des  plumes;  les  couvertures  des  ailes  cendrées  ;  le 
reste  du  dos  ,  le  croupion  et  la  queue  noirs  ;  le  milieu  du 
ventre  ,  les  parties  postérieures,  les  bases  des  pennes  cau- 
dales et  des  rémiges,  blanches;  le  bec  d'un  orangé  vif  à  l'o- 
rigine ,  ensuite  noir  ;  les  pieds  d'un  brun  noirâtre.  Longueur 
totale,  i5  pouces  6  lignes;  son  plumage  étant  différent  pen- 
dant l'hiver ,  a  donné  lieu  d'en  faire  une  espèce  particu- 
lière sous  le  nom  de  barge  commune  (  Scolopax  limosa  ,  Lath. 
pi.  enl.  de  Jîuffon,  n.°874).  Elle  est  alors  d'un  brun  cendré  en 
dessus,  avec  une  teinte  plus  foncée  le  long  de  la  tige  des  plumes; 
d'un  gris  clair  sur  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  et  la  poitrine; 
et  d  un  blanc  sale  sur  les  parties  postérieures  ;  noire  sur 
une  grande  partie  de  la  queue  ;  blanche  à  l'extrémité  des  pen- 
nes intermédiaires.  Cette  espèce  ne  s'avAce  pas  aussi  loin 
dans  le  ISord  que  la  barge  rousse;  elle  niche  dans  les  prairies  ; 
sa  ponte  est  de  quatre  œufs  ,  d'un  olivâtre  foncé  ,  varié  de 
grandes  taches  d'un  brun  clair.  Cette  barge  se  trouve  dans 
toutes  les  parties   du  monde. 

La  Barge  rousse  à  queue  rayée  {^Limicula  lapponka  y 
Vieill.  Scolopax  lapponica^  Lath.  pi.  enl.  de  Buff.  n."  900)  a^ 


13  A  R  25 


dans  son  plumage  d'été  ,  le  haut  de  la  tête  et  la  nuque  d'un 
roux  clair  et  rayés  longitudinalement  de  brun  ;  les  sourcils  , 
la  gorge  elles  parties  inférieures,  d'un  roux  ardent  avec  des 
raies  étroites  et  longitudinales  sur  les  côtés  de  la  poitrine  , 
et  sur  les  couvertures  inférieures  de  la  queue;  le  dos,  les 
scapulaires  et  les  pennes  secondaires  des  ailes,  d'un  noir  pro- 
fond avec  des  taches  ovales  d'un  roux  vif  sur  les  bords  ;  les 
couvertures  alaires  cendrées  et  bordées  de  blanc;  les  ré- 
miges noires  et  marquées  de  blanc  en  dedans  ;  la  queue 
rayée  de  blanc  et  de  brun.  Cette  Large  porte  dans  son  pre- 
mier âge  un  plumage  différent  ;  alors  elle  a  la  tête  ,  la  nuque, 
le  haut  du  dos  et  les  scapulaires,  d'un  brun  foncé  et  d'un  blanc 
jaunâtre  ;  les  couvertures  des  ailes  entourées  de  blanchâtre; 
les  sourcils,  les  parties  inférieures  et  le  croupion,  blancs; 
des  taches  brunes  sur  les  couvertures  de  la  queue  ;  du 
roussàtre  sur  le  devant  du  cou  et  sur  les  côtés  de  la  poitrine, 
avec  des  petits  traits  longitudinaux  bruns  ;  le  bec  d'une  cou- 
leur noire  rembrunie  ;  les  pieds  noirs  et  i3  pouces  3  ou  4 
lignes  de  longueur.  Cette  barge  n'est  que  de  passage  dans  nos 
contrées;  elle  niche  dans  le  Nord.  On  la  rencontre  aussi 
dans  l'Amérique  septentrionale ,  et  même  à  la  Nouvelle-Hol- 
lande, d'où  a  été  apporté  un  individu  en  halnt  d'hiver,  lequel 
fait  partie  de  la  riche  et  belle  collection  de  M.  Dufresne. 
La  Barge  rousse  de  la  baie  d'Hudsois.  Voyez  Barge 

FEDOA. 

La  Grande  barge  rousse.  V.  Barge  rousse  1  queue 

KOIRE. 

La  Barge  ^gocéphale.  F.  Barge  rousse  à  queue  noire. 

La  Barge  variée  n'est  point  une  espèce  particulière  , 
ni  même  une  harge  ;  c'est  le  Chevalier  aux  pieds  verts  , 
dans  son  plumage  d'hiver  ou  de  jeune  âge  ;  d'où  il  résulte 
que  le  scolopax  glottis  de  Latham  et  de  Gmelin  doit  être  rayé 
delà  nomenclature.  V.  Chevalier  aux  pieds  verts,  (s.  et  v.) 

BARGELACH.  Oiseau  de  Tartarie  ,  de  la  grosseur  du 
faucon  ,  à  pieds  de  perroquet ,  à  queue  àHiirondelle  ,  et  à  vol 
très-rapide.  C'est,  en  substance,  ce  que  Ramusio  en  rapporte 
(^Syn.am.  p.  io5  );  à  ces  traits  on  seroit  fort  embarrassé  de 
déterminer  l'ordre ,  le  genre  ,  et  surtout  l'espèce  du  Barge- 
lach.  (s.  et  DESM.) 

BARHARHA.  Arbre  de  Madagascar ,  qui  paroît  fort 
voisin  des  Sialites.  (b.) 

BARILLE.  C'est  un  des  noms  de  la  Soude,  (b.) 

BARILLET,  GRAND  et  PETIT.  Nom  donné,  par 
Geoffroy ,  à  deux  coquilles  univalves  terrestres,  liC  Grand 
est  le  bulimus  dolium  de  Bruguières;  le  Petit,  le  bulimiismus- 


252  BAR 

conimAa  même  auteur.  Ce  sont  des  Hélix  de  Linnœns  et  des 
Maillots  de  Lamarck.  F.  ce  dernier  mot.  (b.) 

BARIN.  Espèce  de  Baquois.  (b.) 

BARIOSAIE,  Bariosma.  Genre  de  planies  établi  par 
Gœrtner,  dont  le  fruit  situl  est  connu;  c'est  une  drupe 
supérieure  ,  baccifornie  ,  hispide,  uniloculaire  et  mouosper- 
me  :  il  vient  des  Moluques.  Il  a  été  depuis  reconnu  qu'il 
appartenoit   au   Coumarou.  (b.) 

BARITE.  Nom  queion  a  donné  à  un  oiseau  de  T  Amé- 
rique septentrionale,  et  que  Ton  a  mal  à  propos  classé  dans 
le  genre  Mainate.  V.  Quisale  barite.  (v.) 

BARJEL/VDE.  Mélange  de  Froment,  d' Avoine,  de  Fèves 
de  marais,  de  Pois  gris,  de  Vesce  ,  de  Gesse  ,  qui  se 
sème  pour  être  coupé  en  août  à  l'effet  d'en  nourrir  les  bes- 
tiaux, (b.) 

BARKER.  Nom  que  les  Anglais  donnent  au  Chevalier 
A  PIEDS  verts.  F.  ce  mot.  (  v.  ) 

BARME.  Nom  hollandais  du  Barbeau,  (b.) 

BARNACLE,  BARNAQUE  ,  BERNICLE.  Noms 
vulgaires  de  l'oie  Bernache*.  (s.) 

BARNADÈSE  ,  Barnadesia.  Genre  de  plantes  de  la  syn- 
génésie  polygamie  égale,  et  de  la  famille  deslabiatiflores,  qui 
présente  pour  caractères  :  des  fleurs  composées ,  dont  le  calice 
est  un  peu  ventru  et  imbriqué  d'écaillés  aiguës  et  piquantes  ; 
des  fleurons  au  centre  ,  hermaphrodites  ,  peu  nombreux , 
velus  en  leurs  bords,  bilabiés,  à  lèvre  extérieure  grande, 
plane,  à  «fbalre  dents;  à  lèvre  intérieure  filiforme-,  des  demi- 
Ileurons  en  la  circonférence,  aussi  hermaphrodites,  très- 
velus  ,  et  bifides  ;  un  réceptacle  velu;  des  semences  ovales, 
et  couronnées  d'une  aigrette,  qui,  dans  celles  du  centre, 
est  simple,  et  dans  celles  du  bord  ,  est  plumeuse. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce  ,  qui  vient  de  l'Amé- 
rique méridionale.  C'est  un  arbrisseau  dont  les  feuilles  sont 
alternes  ,  ovales ,  très  -pointues  ,  un  peu  velues  ,  et  les  fleurs 
disposées  en  panicules  terminales,  (b.) 

BARNET.  Nom  donné,  par  Adanson,  à  une  coquille  uni- 
valve  du  Sénégal,  qu'il  a  figurée  pi.  lo.  fig.  i  de  son  ouvrage  sur 
celle  contrée,  et  surlaqueîleil  a  établi  son  genre  BucciN;  genre 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  «r<:m  des  autres  auteurs,  (b.) 

BARNFIARD.  Oiseau  aquatique  dont  parle  Oviédo , 
(  Hist.  des  Indes  ),  et  qu  il  n'est  pas  possible  de  reconnoître  , 
au  peu  que  cet  auteur  en  dit.  (s.) 

BARNICLE.  Les  navigateurs  hollandais  ont  donné  ce 
nom  à  la  Bernache.  (b.) 

BARNUF.  Nom  arabe  de  la  Conyse  odorante,  (b.) 

BAROLE.  Synonyme  4e  Barbyle.  (b.) 


BAR  353 

BAROLÏTHE.  F.  Baryte  carbonatée.  (luc  ) 
BAIiOMETRE.  Inslmment  de  physique  qui  sert  parti- 
culièrement à  mesurer  la  pression  exercée  sur  les  corps  par 
la  masse  d'air  qui  compose  Talmosphère  terrestre.  11  indique 
aussi  avec  assez  de  probabilité  les  changemens  d'état  du  ciel, 
c'est-à-dire,  le  passage  du  beau  temps  au  mauvais.  La  cons- 
truction et  les  usages  du  baromètre  sont  indiqués  par  l'his- 
torique même  de  sa  découverte ,  et  je  ne  puis  mieux  faire 
que  de  suivre  cette  marche  pour  les  exposer  ici. 

Avant  que  la  physique  fût  devenue  une  science  d'expé- 
rience ,  c'est-à-dire  ,  jusqu'au  temps  de  (ialilée  ,  on  s'ima- 
ginoit  qu'aucune  partie  de  l'espace  ne  pouvoit  être  vide  de 
matière,  et  l'on  exprimoit  cette  impossibilité,  en  disant  que 
la  nature  a  horreur  du  vide.  Ainsi ,  lorsqu'on  Voyoit  l'eaa 
monter  dans  des  pompes ,  à  l'instant  où  l'on  élevoit  le  pis- 
ton, on  disoit  que  le  piston,  en  s'élevant,  tendoit  à  faire  un 
vide  dans  les  tuyaux  de  la  pompe  ;  mais  que  la  nature  ,  qui 
avolt  horreur  du  vide ,  s'empressoit  d'y  faire  monter  l'eaij 
pour  le  remplir.  Personne  ne  s'avisoit  de  demander  comment 
la  nature  ,  qui  n'est  que  l'ensemble  des  phénomènes,  pou- 
voit ainsi  se  personnifier  et  se  transformer  en  un  être  suscep- 
lible  de  passions.  A  cette  époque  le  doute  n'étoit  pas  inventé. 
Un  jour ,  des  fontainiers  de  Florence  ,  ayant  construit  une 
pompe  très-longue ,  dans  le  dessein  d'élever  l'eau  à  une  hau- 
teur plus  grande  qu'ils  n'avoient  coutume  de  le  faire ,  trou- 
vèrent qu'elle  montoit  dans  le  corps  de  pompe  jusqu'à  trente- 
deux  pieds  environ ,  mais  qu'elle  ne  vouhit  pas  absolument 
monter  plus  haut,  quoique  l'on  continuât  de  faire  marcher 
le  piston.  Fort  étonnés  de  cet  accident,  ils  allèrent  consulter 
Galilée,  qui  leur  dit,  en  se  moquant  d'eux,  qu'apparemment 
ia  nature  n'avoit  horreur  du  vide  que  jusqu'à  la  hauteur  de 
Irente-deux  pieds.  Déjà  ce  philosophe  avoit  entrevu  que  ce 
phénomène,  et  d'autres  semblables,  étoient  de  simples  ré- 
sultats mécaniques  produits  par  la  pesanteur  de  l'air  qui  en- 
vironne et  presse  tous  les  corps  terrestres  ;  mais  il  n'avoit 
probablement  pas  arrêté  ses  idées  sur  un  sujet  si  nouveau , 
et  il  aima  mieux  donner  aux  fontainiers  une  défaite  que  de 
hasarder  son  secret.  11  mourut  sans  l'avoir  fait  connoître  ;  et 
ce  fut  Torricelli,  son  disciple,  qui,  par  une  expérience  ex- 
trêmement frappante  et  ingénieuse,  mit  cette  découverte  dans 
tout  son  jour.  Il  remplit  de  mercure  un  tube  de  verre  long  de 
trois  pieds,  et  fermé  par  un  de  ses  bouts;  puis,  bouchani: 
l'autre  bout  avec  le  doigt,  il  renversa  le  tube,  et  le  plongea  , 
par  cette  extrémité ,  dans  un  vase  ouvert  où  il  y  avoit  aussi 
du  mercure  ;  alors  ,  retirant  le  doigt ,  il  cessa  de  soutenir  la 
colonne  de  mercure  contenue  dans  le  tube.  Aussitôt  on  la  vit 


254:  B  A  R 

tomber,  laissant  le  haut  clu  tube  vide  ;  mais  elle  s'arrcta  bien- 
tôt, et,  après  plusieurs  oscillations,  elle  resta  suspendue  en 
équilibre ,  n'ayant  plus  qu'environ  vingt-huit  pouces  de  lon- 
gueur ;  ce  qui ,  dans  nos  divisions  métriques ,  répond  à  peu 
près  à  G""  76.  D'après  cela,  il  étoit  évident  que,  si,  dans  les 
pompes,  la  nature  n'avoit  horreur  du  vide  que  jusqu'à  trente- 
deux  pieds  ,  elle  n'en  avoit  horreur,  dans  les  tubes  pleins  de 
mercure  ,  que  jusqu'à  la  hauteur  de  vingt-huit  pouces.  Cette 
conclusion  étoit  si  ridicule ,  qu'il  fallut  bien  enfin  douter  du 
principe,  et  renoncer  à  ce  grand  axiome  :  non  dalur vacuum 
in  rerum  naturâ. 

La  cause  réelle  de  ces  phénomènes  est  simple  et  facile  à 
découvrir  ;  mais  11  faut  la  déduire  des  propriétés  mécaniques 
de  l'air,  c'est-à-dire,  qu'après  avoir  établi  les  propriétés  de  ce 
fluide  ,  telles  que  l'expérience  nous  les  fait  connoître  ,  il  faut 
montrer  que  les  phénomènes  dont  nous  venons  de  parler  en 
sont  des  conséquences  inévitables.  \  oilà  la  marche  de  la 
bonne  physique. 

Le  fluide  rare  et  transparent  qui  nous  environne  de  toutes 
parts,  et  que  nous  nommons  l'air,  est  un  corps  qui  jouit, 
comme  tous  les  autres ,  des  propriétés  générales  de  la  ma- 
tière :  il  est  résistant ,  il  est  pesant  :  sa  résistance  se  fait  sentir 
lorsque  nous  le  pressons  dans  un  espace  fermé,  dans  une 
vessie ,  par  exemple.  Il  est  si  bien  un  corps ,  que  son  choc 
mécanique  met  en  mouvement  une  infinité  de  machines  : 
c'est  lui  qui  pousse  les  ailes  des  moulins  et  qui  gonfle  les  voiles 
des  vaisseaux.  On  peut  même  s'assurer  de  son  poids  en  le 
pesant  à  la  balance  ;  car ,  si  on  l'extrait  de  l'intérieur  d'un 
ballon  de  verre ,  comme  on  peut  le  faire  à  l'aide  d'un  appareil 
connu  sous  le  nom  de  machine  pneumatique ^  ce  ballon,  fermé 
ensuite  et  pesé  ,  se  trouve  plus  léger  qu'auparavant.  D'après 
cela,  quand  la  surface  d'un  liquide,  tel  que  l'eau  ou  le  mer- 
cure ,  se  trouve  librement  exposée  à  l'air,  elle  est  réellement 
pressée  par  tout  le  poids  de  la  colonne  d'air  qui  repose  sur 
file.  Comme  cette  pression  est  égale  sur  tous  les  points  de  la 
surface  liquide ,  elle  n'y  produit  aucun  mouvement  ;  mais , 
supposez  qu'ayant  plongé  dans  le  liquide  l'extrémité  inférieure 
d'un  tuyau  de  pompe ,  on  vienne  à  tirer  en  haut  le  piston  , 
ou ,  pour  prendre  un  exemple  encore  plus  simple ,  supposez 
qu'ayant  plongé  ainsi  le  bout  Inférieur  d'un  chalumeau  de 
paille ,  on  aspire  par  l'autre  bout  l'air  qu'il  contient  :  dans 
l'un  et  l'autre  cas  ,  les  molécules  de  la  surface  liquide ,  qui 
se  trouvent  dans  l'intérieur  du  tube  ,  sont  évidemment  dé- 
chargées d'une  partie  du  poids  de  l'air  qui  pesoit  sur  elles, 
tandis  que  les  parties  de  la  surface  qui  sont  hors  du  tube  sont 
encore  pressées  aussi  fort  qu'auparavant;  alors  le  liquide  doit 


r.  A  R  255 

Ji^cessairement  céder  par  le  côté  où  la  pression  est  moindre, 
c'est-à-dire,  qu'il  doit  monter  dans  le  tube  jusqu'à  ce  que  le 
poids  de  la  colonne  de  liquide  élevée,  joint  à  lélasticité  de 
l'air  qui  y  étoit  resté ,  forme  une  pression  égale  à  celle  de 
l'air  extérieur.  Quand  cette  égalité  a  lieu ,  tous  les  points  si- 
tués à  la  surface  du  liquide  sont  pressés  également  ;  il  n'y  a 
pas  de  raison  pour  qu'ils  se  mettent  en  mouvement  d'un  côté 
ou  d'un  autre  ,  et ,  par  conséquent,  l'équilibre  doit  subsister. 

On  voit  donc  que,  s'il  étoit  possible  d'ôter  tout  l'air  con- 
tenu dans  rintérie«r  d'un  tube,  le  liquide  monteroit  jusqu'à 
ce  que  son  poids  seul  fît  équilibre  avec  le  poids  de  l'atmo- 
sphère. C'est  le  cas  de  l'eau  dans  les  pompes;  c'est  le  cas  de 
l'expérience  de  Torricelli. 

Quoique  cette  conclusion  soit  de  toute  évidence  ,  nous 
avons  un  moyen  de  la  vérifier ,  et  il  ne  faut  pas  le  négliger  ; 
car  c'est  en  marchant  ainsi  des  faits  à  leurs  conséquences,  et 
des  conséquences  à  de  nouveaux  faits  ,  que  l'on  avance  avec 
sûreté  dans  l'élude  de  la  nature.  Je  dis  donc  que,  si  l'ascension 
de  l'eau  et  du  mercure  est  réellement  déterminée  par  la  pres- 
sion de  l'air,  il  faut  que  le  poids  de  la  colonne  d'eau  de  trente- 
deux  pieds ,  élevée  dans  les  pompes ,  soit  égal  à  celui  de  la 
colonne  de  mercure  de  vingt-huit  pouces,  qui  se  soutient 
dans  le  tube  de  Torricelli,  en  supposant  toutefois  que  les 
bases  de  ces  deux  colonnes  soient  égales.  Or,  il  est  bien  aisé 
de  voir  si  cela  est  vrai  ou  non.  En  effet,  en  pesant,  dans  des 
balances  très-exactes ,  des  volumes  égaux  d'eau  et  de  mer- 
cure ,  à  des  températures  égales,  par  exemple  ,  des  ballons 
de  verre  remplis  successivement  de  ces  deux  liquides  ,  on 
trouve  que  le  mercure  pèse  ,  à  fort  peu  de  chose  près,  treize 
fois  et  demi  autant  que  l'eau.  Ainsi ,  selon  notre  raisonne- 
ment, la  colonne  de  mercure,  élevée  dans  le  tube  de  Tor- 
ricelli^ doit  être  treize  fois  et  demi  moins  longue  que  la  co- 
lonne d'eau  des  fontainiers.  Or,  celle-ci  étoit  de  trente-deux 
pieds ,  qui  font  trois  cent  quatre-vingt-quatre  pouces  ;  si  vous 
divisez  ce  nombre  par  treize  et  demi ,  vous  trouverez  pour 
quotient  vingt-huit  pouces  ;  c'est  en  effet  la  longueur  de  la  co- 
lonne de  mercure  dans  l'expérience  de  Torricelli  ;  et  l'accord 
est  si  juste,  qu'on  auroit  pu  prévoir  cette  longueur,  par  notre 
calcul,  tout  aussi  exactement  qu'on  la  détermine  par  l'expé- 
rience même.  Cette  possibilité  de  prédire  les  phénomènes, 
est  le  caractère  de  la  certitude.  Admettons  donc  que  l'air  est 
pesant,  et  que  la  pression  de  l'atmosphère  est  la  véritable 
cause  des  phénomènes  que  nous  venons  d'examiner;  mais 
cherchons  à  soumettre  encore  notre  conclusion  à  d'autres 
épreuves;  examinons  tous  les  autres  effets  que  cette  pression 
peut  produire,  et  voyons  si  l'expérience  les  confirme. 


a5G  B  A  R 

La  pression  de  l'air,  comme  celle  de  tous  les  antres  fluides 
pesans,  ne  doit  pas  s'exercer  seulement  de  haut  en  bas  ;  elle 
doit  comprimer  dans  tous  les  sens  les  surfaces  des  corps 
que  l'air  touche.  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'un  navire  <[ui 
flotte  sur  Teau  est  soutenu  et  soulevé,  de  bas  en  haut ,  par  la 
pression  de  Teau  qui  l'environne.  De  là  il  résulte  que , 
lorsqu'un  corps  est  exposé  à  l'air,  chaque  point  de  sa  sur- 
face est  pressé  par  cet  air,  comme  il  le  seroit  par  le  poids 
d'une  colonne  d'eau  qui  auroit  trente-deux  pieds  de  hauteur, 
ou  par  une  colonne  de  mercure  haute  de  vingt-huit  pouces. 
On  a  calculé  à  quoi  pouvoit  monter  la  totalité  de  cette  pres- 
jsion  sur  toute  la  surface  du  corps  d'un  homme  de  moyenne 
grandeur,  et  on  a  trouvé  qu'elle  surpassoit  trente-trois  mil- 
liers de  livres,  ou  environ  seize  mille  kilogrammes. 

On  trouvera  peut-être  ce  résultat  bien  incroyable  ,  et  l'on 
pensera  qu'une  pression  si  considérable  devroit  gêner  beau- 
coup, ou  même  empêcher  tout-à-fait  nos  mouvemens  ;  mais, 
en  général ,  dans  les  sciences  ,  il  faut  raisonner  avant  de 
juger,  et  ne  point  se  hâter  de  rejeter  un  résultat  comma 
absurde,  uniquement  parce  qu'il  nous  étonne.  Voici  un  autr» 
exemple  bien  plus  fort.  Il  y  a  dans  la  mer  des  poissons  qui 
vivent  habituellement  à  de  très-grandes  profondeurs.  Les 
pêcheurs  en  retirent  quelquefois  de  deux  ou  trois  mille  pieds 
au-dessous  de  la  surface -de  l'eau.  Ces  poissons  se  trouvent 
donc  chargés ,  pendant  toute  leur  vie  ,  du  poids  d'une  colonne 
d'eau  de  deux  ou  trois  mille  pieds  ,  c'est-à-dire ,  soixante-dix- 
huit  ou  quatre-vingts  fois  plus  lourde  que  le  poids  de  l'atmos- 
phère. Cependant  ils  ne  sont  pas  écrasés  par  cet  énoruie 
poids  :  non-seulement  ils  vivent,  mais  ils  se  meuvent  en  tous 
sens  avec  la  plus  grande  agilité.  Cela  est  encore  bien  plus 
extraordinaire  que  de  nous  voir  supporter  si  aisément  la 
pression  de  l'air.  Mais  tout  le  merveilleux  disparoît ,  si  l'on 
fait  attention  que  les  poissons  dont  nous  venons  de  parler, 
sont  intérieurement  remplis  et  pénétrés  de  liquides  qui  résis- 
tent à  la  pression  de  l'eau  extérieure  en  vertu  de  leur  impé- 
nétrabilité ;  de  sorte  que  les  membranes  de  l'animal  n'en 
sont  pas  plus  altérées  que  ne  le  seroit  la  pellicule  la  plus 
mince  que  l'on  descendroit  à  une  pareille  profondeur. Quant  à 
la  facilité  desmouvemens,  elle  tient  à  ce  que  le  corps  du  poisson 
est  également  pressé  par-dessus  et  par-dessous,  à  droite  et  à 
gauche,  de  sorte  que  la  pression  se  contre-balance  d'elle- 
même  ,  et  ainsi  il  lui  est  aussi  aisé  de  se  déplacer,  que  s'il 
nageoit  à  la  surface  même  de  l'eau.  Semblablement,  pour 
nous  qui  supportons  le  poids  de  l'atmosphère  ,  l'intérieur  de 
notre  corps  et  nos  os  mêmes  sont  remplis ,  ou  de  liquides 
incompressibles  7  capables  de  supporter  toutes  les  pressions, 


B  A  R  2S7 

ou  d'air  aussi  élastique  que  l'air  du  dehors,  et  qui  contre- 
balance son  poids  :  voilà  pourquoi  nous  n^en  sommes  pas 
incommodés  ;  et  nous  n'éprouvons  non  plus  aucune  difficulté 
à  nous  mouvoir,  parce  que  la  pression  de  l'air  se  contre- 
balance de  toutes  parts  sur  les  diverses  parties  de  notre  corps, 
comme  celle  de  l'eau  sur  le  corps  des  poissons.  ISous  ne  pour- 
rions être  écrasés  par  l'air  extérieur,  que  si  on  détruisoit  en 
nous  l'air  intérieur  qui  lui  fait  équilibre;  et,  au  contraire, 
nous  souffririons  beaucoup  ,  si  l'on  nous  déchargeolt  tout  à 
coup  de  cette  pression,  en  nous  plaçant  dans  le  vide  ;  car  alors 
l'air  intérieur,  n'ayant  plus  rien  qui  lai  résistât,  se  dilaleroit, 
nous  gonfleroit  et  nous  feroit  périr  infailliblement.  Cela  arrive 
à  un  grand  nombre  de  poissons,  quand  on  les  retire  du  fond 
des  abîmes  de  la  mer,  et  même  seulement  d'une  profondeur 
de  vingt  ou  trente  mètres  ainsi  que  je  l'ai  observé.  La  plupart 
d'entre  eux  orrt,  dans  l'intérieur  de  leur  corps,  une  vessie  rem- 
plie d'air,  non  pas  atmosphérique  ,mais  d'une  espèce  particu- 
lière degazqui  se  trouve  produite  et  sécrétée  par  un  résultat  de 
leur  organisation.  Tant  que  ces  animaux  restent  à  la  profon- 
deur où  ils  vivent  d'ordinaire,  l'air  contenu  dans  leur  vessie  aie 
degré  de  compression  et  d'élasticité  nécessaire  pour  supporter 
le  poids  de  l'eau  qui  pèse  sur  eux  ;  mais  ,  si  tout  à  coup  on  les 
tire  hors  de  l'eau ,  comme  ils  n'ont  pas  tous  des  conduits  assez 
larges  pour  chasser  promptement  cet  air,  et  comme  quelques- 
uns  môme  n'en  ont  pas  ■du  tout,  il  arrive  que  leur  vessie  se 
gonfle,  se  crève,  et  l'air  qu'elle  contenoit ,  occupant  un  vo- 
lume quatre-vingt  ou  cent  fois  plus  considérable ,  remplit 
leur  corps,  renverse  leur  estomac  en  dehors,  le  force  même  à 
sortir  par  la  gueule  ,  et  les  fait  périr.  Alors  on  peut  les  laisser 
sur  l'eau,  ils  ne  vont  pas  à  fond  ;  leur  corps  flotte  sur  la  sur- 
face ,  soutenu  par  cet  estomac  rempli  d'air,  comme  par  un 
ballon. 

L'appareil  de  Torricelli  a  reçu  des  physiciens  le  nom  de 
baromètre^  qui  signifie  mesureur  de  la  pesanteur,  parce  qu'en 
effet  il  mesure  la  pression  exercée  par  l'atmosphère ,  dans  le 
lieu  où  il  est  placé.  Son  usage  est  indispensable  dans  une 
infinité  d'expériences,  et  l'on  peut  aisément  prévoir  cette  né- 
cessité :  car  la  pression  exercée  par  l'atmosphère,  étant  une 
force  comprimante  qui  se  combine  presque  toujours  avec  les 
autres  forces  dont  nous  pouvons  disposer,  on  conçoit  qu'il 
est  indispensable  d'y  avoir  égard  pour  obtcny  des  résultats 
exacts.  Aussi  les  physiciens  ont-ils  employé  beaucoup  de  soins 
et  de  précautions  pour  perfectionner  le  baromètre  ,  en  fai- 
sant un  vide  exact  dans  l'intérieur  du  tube  ,  et  imaginant  des 
procédés  très-exacts  pour  mesurei'  la  longueur  de  la  colonne 
soulevée.  On  peut  voir  ces  détails  dans  mon  Traité  de  Phy- 


258  BAR 

sique.  Je  dirai  seulement  ici  que  l'on  peut  aussi  former  des 
baromèires  sans  cuvette  ,  au  moyen  d'un  tube  de  verre , 
fermé  d'un  côté ,  recourbé  en  siphon  ,  et  que  l'on  remplit 
en  partie  de  mercure.  Il  est  clair  que  si  l'atmosphère  ne  pres- 
soit  poi:it  sur  le  bout  ouvert,  le  mercure  se  tlendrolt  à  la 
même  hauteur  dans  les  deux  branches  quand  le  tube  seroit 
redressé  ;  mais  en  vertu  de  cette  pression  il  se  soutient  plus 
haut  dans labranche  fermée,  que  l'on  a  soin  pour  cela  de  faire 
plus  longue  que  l'autre.  Alors,  en  mesurant  la  différence  de 
niveau  dans  les  deux  branches  ,  on  connoît  la  longueur  de  la 
colonne  de  mercure  que  l'atmosphère  soutient.  Cet  appareil 
se  nomme  un  baromètre  à  siphon.  M.  Gay  Lussac  lui  a  donné 
une  forme  portative  qui  est  très-utile  pour  les  voyageurs ,  et 
que  j'ai  décrite  dans  l'ouvrage  cité  plus  haut. 

En  observant  pendant  long-temps  dans  un  même  lieu  la 
lt)ngueur  de  la  colonne  barométrique ,  ou  ce  qu'on  appelle 
ordinairement  la  hauteur  du  baromètre,  on  s'aperçoit  qu'elle 
ne  reste  pas  constamment  la  même.  Dans  les  premiers  temps 
qui  suivirent  l'invention  du  baromètre  ,  on  croyoit  que  le 
mercure  se  tient  plus  haut  quand  le  temps  est  à  la  pluie  ,  et 
qu'au  contraire  il  baisse  par  le  beau  temps  ,  et  l'on  trouvoit 
même  des  raisonnemenspour  appuyer  cette  prétendue  obser- 
vation ;  car,  disoit-on  ,  lorsqu'il  doit  pleuvoir,  l'air  est 
chargé  d'eau  ;  par  conséquent  le  poids  de  l'atmosphère  est 
plus  considérable ,  et ,  au  contraire ,  ce  poids  doitêtre  moindre 
dans  les  beaux  temps  ,  parce  qu'alors  l'atmosphère  s'est  dé- 
chargée de  l'humidité  qu'elle  contenoit.  Malheureusement 
pour  ce  système  ,  on  a  trouvé  depuis  que  la  quantité  d'eau 
que  l'air  peut  contenir,  augmente  à  mesure  qu'on  l'échauffé, 
de  sorte  qu'en  été  ,  par  exemple  ,  il  contient  généralement 
beaucoup  plus  d'eau  qu'en  hiver,  quoique  cependant  il  fasse 
moins  beau  en  hiver  qu'en  été.  On  a  trouvé  aussi  que  la  va- 
peur d'eau  est  plus  légère  que  l'air  à  volume  égal ,  lorsqu'elle 
devient  capable  d'exercer  la  même  force  élastique;  c'est-à- 
dire,  par  exemple ,  que  si  l'on  remplaçoit  un  centimètre  cube 
de  vapeur  d'eau  à  la  même  température  ,  et  ayant  la  même 
élasticité  ,  cette  vapeur  peseroit  moins  que  le  volume  d'air 
qu'elle  remplaceroit ,  et  par  conséquent  elle  produiroit  sur 
le  baromètre  une  moindre  pression.  De  là  on  a  conclu  le  con- 
traire de  ce  qu'on  avoit  pensé  d'abord ,  c'est-à-dire  que  lors- 
que le  baromètre  s'élève  ,  il  doit  faire  beau  temps  ,  et  qu'au 
contraire ,  lorsqu'il  s'abaisse ,  il  doit  pleuvoir. 

C'est  en  effet  ce  que  l'expérience  indique  dans  les  cas  les 
plus  ordinaires  ;  mais  ,  à  dire  vrai ,  la  raison  que  l'on  en 
donne  ne  vaut  guère  mieux  que  celle  que  l'on  a  abandonnée  ; 
le  parti  le  plus  sage  est  de  coAidérercefait  comme  un  résultat 


BAR  259 

d'observation  dont  on  ne  peut  jusqu'à  pre'senl  donner  aucune 
explication  satisfaisante.  L'étendue  de  ces  variations  acci- 
denlelles  n'est  pas  partout  la  même  ;  elles  sont  presque  nulles 
sur  les  hautes  montagnes,  et  entre  les  tropiques.  Dans 
les  zones  tempérées ,  elles  ne  sont  jamais  très-considérables 
par  les  temps  calmes;  mais  presque  toujours  le  baromètre 
descend  rapidement  avec  les  tempêtes,  et  il  éprouve  de 
grandes  oscillations  en  quelques  heures  quand  elles  ont 
lieu  ,  ce  qui  en  fait  un  instrument  très-utile  a  la  mer  pour  les 
navigateurs  instruits.  La  hauteur  moyenne  du  mercure  dans 
le  baromètre  au  niveau  des  mers,  est  partout,  à  fort  peu 
près,  la  mc'me  ;  cependant  on  croit  y  avoir  reconnu  de  légères 
différences.  Au  niveau  de  l'Océan,  cette  hauteur  moyenne  est 
de  o"'  7G29  (28  pouces  2  -,2)  ,  la  température  étant  à  12',  8 
du  thermomètre  centigrade  ;  à  Paris,  au  niveau  de  la  Seine  , 
elle  est  de  o™  76  (28  p.  0,9),  et  suivant  les  observations  de 
Rohault,  continuées  pendant  quinze  années  consécutives, 
elle  varie  entre  o"",  766981  (28  p.  4-')  et  o""  7^9610(26  p. 
7  •  )  La  température  moyenne  étant  de  12°  centésimaux. 

Les  baromètres  à  cadran  ,  que  l'on  voit  quelquefois  dans 
les  appartemens  ,  et  qui  sont  devenus  presque  un  meuble  de 
luxe  dans  quelques  provinces  ,  sont  construits  de  manière  à 
rendre  très-sensibles  les  variations  accidentelles  de  la  colonne 
barométrique  et  leurs  rapports  avec  les  changemens  de 
temps.  Ils  sont  essentiellement  composés  d'un  baromètre  à 
siphon  placé  derrière  le  cadran.  Lorsque  le  poids  de  l'atmo- 
sphère diminue,  le  mercure  s'abaisse  dans  la  longue  branche 
du  siphon  ,  et  par  compensation  ,  Il  s'élève  dans  la  petite  ;  le 
contraire  arrive  lorsque  la  pression  de  l'atmosphère  augmente. 
Pour  marquer  ces  mouvemens  ,  on  place  dans  la  branche  la 
plus  courte  un  petit  corps  qui  (lotte  à  la  surface  du  mercure  ? 
ce  flotteur  est  attaché  a  un  fil  de  soie  ;  le  fil  de  soie  passe  sur 
une  poulie,  et  cette  poulie  fait  marcher  l'aiguille  du  cadran. 
Quand  le  baromètre  baisse  ,  le  petit  flotteur  s'élève  ;  le  fil  de 
soie,  qui  est  toujours  tendu  par  un  contre-poids;  glisse  sur  la 
poulie  ,  la  fait  tourner  ,  et  l'aiguille  marche  vers  le  mauvais 
temps  :  c'est  le  contraire  quand  le  baromètre  monte  ;  le  pe- 
tit flotteur  descend  ;  il  tire  à  lui  le  fil  de  soie  et  le  contre- 
poids ;  ce  mouvement  fait  tourner  la  poulie  en  sens  opposé , 
et  raiguille  marche  vers  le  beau  temps.  On  conçoit  que  cette 
machine  doit  être  imparfaite  à  cause  de  l'inertie  et  du  frot- 
tement de  la  poulie  et  du  fil  de  soie  ;  car  il  faut  que  la  force 
qui  fait  monter  ou  descendre  le  mercure  dans  la  petite  bran- 
che ,  surmonte  d  abord  toutes  ces  résistances  avant  que  l'ai- 
guille se  mette  en  mouvement  ;  c'est  pourquoi ,  lorsqu'on 
veut  coujuiter  ces  baromètres ,  il  est  bon  de  les  frapp.-r  dou- 


aCo  BAR 

cément  h  petits  coups ,  pour  vaincre  tous  les  froltemens  qui 
empêchent  l'aiguille  de  marcher  ;  encore  ,  avec  celte  pré- 
caution ,  ne  peuvent-ils  servir  que  pour  des  observations  qui 
n'exigent  aucune  exactitude. 

Le  tracé  graphique  est  la  manière  la  plus  commode  pour 
rassembler  comparativement  de  longues  suites  d'observalions 
barométriques  ;  on  se  sert  pour  cela  dune  longue  bande  de 
papier  ,  au  milieu  de  laquelle  on  trace  une  ligne  droite  qui  la 
traverse  d'un  bout  à  l'autre  ;  cette  ligne  est  destinée  à  repré- 
senter la  haulèur  moyenne  du  baromètre  dr.ns  le  lieu  de  1  ob- 
servation. On  la  divise  en  un  certain  nombre  de  parties 
égales,  qui  sont  destinées  à  représenter  des  jours;  puis, 
parallèlement  à  cette  ligne ,  et  tant  au-dessus  d'elle  qu'au- 
dessous,  on  en  trace  plusieurs  autres  à  des  distances  égales, 
comme  ,  par  exemple  ,  d'un  millimèlre.  Cela  fait ,  lors- 
qu'on a  observé  le  baromètre  un  tel  jour,  si  la  hauteur 
est  la  moyenne  ,  on  marque  d'un  «rail  le  point  de  la  ligne 
principale  qui  correspond  à  ce  jour-là  ;  s'il  est  plus  haut  d  un 
millimètre  ,  on  porte  l'observation  sur  la  première  parallèle  , 
au-dessus  de  la  ligne  moyenne  ;  s'il  est  plus  bas ,  on  porte 
l'observation  au-dessous  de  la  ligne  ,  sur  la  parallèle  qui  lui 
correspond;  on  porte  ainsi  successivement  les  observations 
de  tous  les  jours  chacune  au  rang  et  à  la  hauteur  qui  leur  con- 
vient ;  on  peut  même  ,  et  cela  est  plus  exact,  répéter  les  ob- 
servations plusieurs  fois  par  jour  ,  et  les  porter  de  même 
chacune  à  leur  place  ,  en  divisant  en  parties  égales  l'inter- 
valle qui  correspond  à  un  jour  ;  et  si ,  par  tous  les  points  ainsi 
détei-minés,  on  fait  passer  une  ligne  qui  les  unisse  ,  et  qui  en 
suive  toutes  les  inégalités.,  cette  ligne,  par  ses  ondulations, 
représentera  fidèlement  l'état  du  baromètre  dans  les  époques 
successives  où  l'on  aura  observé. 

Je  connois  en  Suisse  un  propriétaire  fort  instruit ,  qui 
lient  ainsi ,  depuis  plusieurs  années  ,  lui  tableau  exact  d'ob- 
servations barométriques,  faites  trois  fois  par  jour  avec  un 
très-bon  baromètre.  Il  a  eu  soin  de  noter  l'état  de  Tatmo— 
sphère  près  de  chaque  observation;  or,  à  l'inspection  de 
ce  tableau  ,  on  voit  que  dans  le  plus  grand  nombre  de  cas  , 
lorsque  le  baromètre  a  baissé  ,  il  est  tombé  de  la  pluie  ;  et 
au  contraire  ,  lorsqu'il  s'est  élevé  ,  le  temps  est  devenu  se- 
rein, surtout  si  son  élévation  a  été  lente  et  progressive. 
On  aperçoit  par  intervalles  des  exceptions  à  celle  règle; 
mais  elles  sont  beaucoup  moins  nombreuses  que  les  cas  dans 
lesquels  elle  se  vérifie.  Cette  connoissance  peut  être  fort  utile 
à  Tagriculture  ,  et  la  personne  dont  je  parle  en  tiroit  elle- 
même  un  très-grand  parti. 

En  observant  ainsi  constamment  les  hauteurs  du  baroraè- 


BAR  261 

fre  dans  un  même  lieu ,  on  s'aperçoit  qu'à  travers  toutes  les 
irrégularités  accidentelles  de  leur  marche  ,  elles  ont  cepen- 
dant une  tendance  générale  qui  les  fait  périodiquement  mon- 
ter ou  descendre  à  différentes  heures  du  jour.  Ainsi  ,  par  une 
longue  suite  d'observations  de  ce  genre  ,  M.  Ramond  a  re- 
connu quen  France,  le  baromètre  a  son  maximum  de  hau- 
teur vers  neuf  heures  du  matin  ;  après  quoi  11  descend  vers 
quatre  heures  du  soir,  où  il  atteint  son  miin'mum.De  là  il  monte 
de  nouveau  jusqu'à  onze  heures  du  soir,  où  il  atteint  son  viaxi- 
mum  ;  ensuite  il  descend  jusque  vers  quatre  heures  du  matin, 
pour  revenir  à  son  maximum  vers  neuf  heures.  Cette  marche 
est  souvent  dérangée  dans  nos  climats  d'Europe,  où  l'état  de 
l'atmosphère  est  si  variable;  mais  sous  les  tropiques,  où  les 
causes  qui  agissent  sur  l'atmosphère  sont  plus  constantes,  la 
période  l'est  aussi,  et  à  un  tel  degré  que  ,  suivant  M.  de 
Humboldt,  on  parviendroit  presque  à  prédire  l'heure  à  chaque 
instant  du  jour  et  de  la  nuit,  d'après  la  seule  observation  de 
la  hauteur  du  baromètre;  et,  ce  qui  est  extrêmement  remar- 
quable, comme  l'a  également  constaté  le  même  voyageur, 
c'est  qu'aucune  circonstance  atmosphérique,  ni  la  pluie,  ni 
le  beau  temps,  ni  le  vent,  ni  les  tempêtes  n'altèrent  la  par- 
faite régularité  de  cette  oscillation  qui  se  maintient  la  même 
en  tout  temps  et  dans  toutes  les  saisons. 

En  transportant  un  même  baromètre  à  diverses  hauteurs  au- 
dessus  du  niveau  des  mers,  on  voit  le  mercure  s'abaisser  pro- 
gressivement dans  le  tube  à  mesure  qu'on  s'élève.  Ainsi,  lalon- 
gueur  moyenne  de  la  colonne  barométrique  que  nous  avons  vu 
être  de  76  centimètres,  ou  de  28  pouces  au  niveau  de  la  mer, 
n'est  plus  guère  que  de  38  centimètres  ou  i4  ponces  au  som- 
met du  Grand-Saint -Rernard;  elle  est  plus  petite  au  som- 
met du  Mont-Blanc,  parce  qu'il  est  plus  élevé;  et  on  l'ob- 
serve moindre  encore  quand  on  s'élève  à  des  hauteurs  plus 
grandes  dans  les  voyages  aériens.  Cela  vient  de  ce  que  ,  à  me- 
sure qu'on  s'élève  ,  le  baromètre  se  trouve  déchargé  du  poids 
des  couches  d'air  inférieures.  La  surface  libre  du  mercure  de 
la  cuvette  ,  ou  de  la  branche  la  plus  courte  ,  si  le  baro- 
mètre est  à  syphon  ,  ne  supportant  plus  que  le  poids  des 
couches  d'air  qui  sont  au-dessus  d'elle,  se  trouve  moins  pres- 
sée qu'auparavant  ;  par  conséquent  le  mercure  qui  contre- 
balance cette  pression  dans  le  tube  vide  du  baromètre ,  doit 
s'y  élever  à  une  moindre  hauteur.  Si  la  densité  de  l'air  étoit 
la  même  à  toutes  les  élévations,  c'est-à-dire,  siTair  contenoit 
toujours,  sous  le  même  volume  ,  la  même  quantité  de  matière 
pesante,  il  seroit  facile  de  calculer  la  loi  suivant  laquelle  la 
colonne  de  mercure  devroit  diminuer  à  mesure  qu'on  s'élève; 
car,    lorsque  le   baromètre  est  à  C",  760,  et  la  tempéra- 


262  BAR 

tiire  (le  Tair  à  o" ,  on  trowe  par  expérience  qu'il  fout  s'é- 
lever de  io"',5  pouf  faire  baisser  le  mercure  de  i  millimètre  ; 
de  sorte  que  ,  dans  ces  circonstances ,  un  cylindre  de  mercure 
d'un  millimètre  de  hauteur  pèse  autant  qu'un  cylindre  d'air 
de  même  hase  ,  et  dont  la  hauteur  seroit  io5  millimètres; 
c'est  en  effet  ce  que  l'on  confirme  en  pesant  comparative- 
ment des  volumes  égaux  d'air  et  de  mercure.  Par  consé- 
quent ,  si  les  mêmes  circonstances  régnoient  dans  l'atmo- 
sphère à  toutes  les  élévations,  chaque  millimètre  contenu  dans 
la  colonne  barométrique  o"",  760  ,  répondroit  à  une  hauteur 
d'air  de  lo^iS,  et  la  hauteur  totale  de  l'atmosphère  seroit 
égale  à  760  fois  10"', 5, ou  7980'",  environ  4ooo  toises  :  mais 
cette  élévation  est  fort  au-dessous  de  la  réalité  ;  car  il  y  a  sur 
la  terre  des  montagnes  presque  aussi  hautes  que  cette  limite  ; 
par  exemple,  le  Chimboraco  en  Amérique;  et  il  s'en  faut 
Lien  qu'elles  atteignent  les  confins  de  l'atmosphère  ,  puisque 
l'on  voit  souvent  des  nuages  et  même  des  oiseaux  s'élever 
fort  au-dessus  de  leurs  sommets.  L'erreur  de  notre  calcul 
vient  de  ce  que  nous  n'avons  pas  eu  égard  à  une  des  propriétés 
physiques  de  l'air  ,  qui  est  sa  compressibilité.  L'air  est  com- 
pressible ,  c'est-à-dire  ,  qu'en  pressant  une  masse  d'air,  on 
lui  fait  occuper  des  espaces  successivement  moindres  ;  de 
plus,  ilest  élastique,  c'est-à-dire,  qu'il  tend  à  reprendre  son  vo- 
lume primitif  lorsqu'il  a  été  comprimé.  Lescouches inférieures 
de  l'atmosphère  doivent  donc  être  plus  comprimées  que  lessu- 
périeures,  dont  elles  supportent  Iepoids;mais  en  vertu  de  leur 
élasticité  ,  elles  doivcntrésister  àcelle pression,  et  faire  effort 
pours'élendre.  De  là,  il  résulte  que  leur  densité  doit  surpasser 
de  beaucoup  celle  des  couches  supérieures.  Cela  devient  sen- 
sible surleshautes  montagnes;  et  lorsqu'on  s'élève  en  aérostat  à 
de  grandes  hauteurs,  l'air  devient  si  rare  que  l'on  a  beaucoup 
■  de  peine  à  respirer.  Aussi,  pour  faire  baisser  le  mercure  d'un 
millimètre  ,  il  ne  suffit  plus  alors  de  s'élever  de  io"',5  ;  il  faut 
une  différence  de  niveau  bien  plus  considérable  ,  parce  qirun 
cylindre  dair  de  cette  hauteur  a  réellement  alors  beaucoup 
moins  de  masse  qu'il  n'en  auroit,  pris  à  la  surface  de  la 
terre.  On  a  d'abord  employé  l'observation  directe  pourrecon- 
noître  la  loi  suivant  laquelle  s'opéroit  celte  variation  de 
poids.  En  portant  successivement  un  même  baromètre  à  des 
élévations  connues  ,  on  a  pu  en  tirer  une  règle  assez  sûre 
pour  conclure,  d'après  les  seules  observations  du  baromètre 
et  du  thermomètre  ,  la  différence  du  niveau  de  deux  stations. 
Mais  ce  résultat ,  très-utile  à  la  géographie  et  à  Ihistoife 
naturelle  ,  n'a  pu  être  établi  avec  certitude  que  lorsqu'on  a 
connu  par  l'expérience  toutes  les  causes  physiques  qui  peu-, 
vent  influer  sur  la  pression  de  l'air  à  diverses  hauteurs.  On 


BAR  263 

le  trouve  ,  avec  détail ,  dans  le  3."=  volume  de  mon  Aslronomie. 

Le  baromètre  ,  rendu  portatif  comme  il  Test  aujourd'hui , 
est  indispensable  au  naturaliste  voyageur,  pour  fixer  la  hau- 
teur à  laquelle  existent  les  plantes,  les  animaux  ou  les  miné- 
raux qu'il  observe.  Car  ,  pour  les  animaux  et  les  plantes  ,  le 
décroissement  de  chaleur  qui  se  fait  de  bas  en  haut  dans  Tat- 
mosphère,  limite  chaque  espèce,  dans  chaque  climat,  entre 
certaines  zones  de  hauteur  où  elle  trouve  la  température  qui 
lui  convient  ;  et  quant  aux  minéraux  ,  la  connoissance  de  la 
hauteur  absolue  où  ils  existent ,  est  le  moyen  le  plus  sûr  de 
déterminer  Tordre  de  superposition  de  leurs  couches ,  et 
de  remonter  ainsi  à  l'ordre  dans  lequel  ils  ont  été  successive- 
ment formés,  (biot.) 

BAROMÈTRE  ANIMÉ.    On  a  donné  ce  nom   à  la 

MiSGURXE  FOSSILE,  (b.) 

BAROMETZ.  Racine  d'une  espèce  de  Polypode  de 
Tartarie  {^Polypodium  baromett  ^  Linn.  )  ,  qui  est  très-lanugi- 
neuse ,  à  laquelle  on  donne  la  forme  d'un  petit  agneau ,  et 
sur  laquelle  on  fait  des  contes  qui  ne  méritent  pas  d'être 
rapportés.  Elle  porte  aussi  le  nom  d' Agneau  de  Tartarie 

ou  de  SCYTHIE.  (b.) 

BAROSÉLÉNITE.  V.  Baryte  sulfatée. 
BAROULOU.  On  donne  ce  nom  au  Bihai.  (b.) 
BAROUTOUS.  Nom  d'une  Tourterelle  DE  Caye^ne. 
B AROUTOUTOBANNA.  Nom  caraïbe  du  Polygala 

PAMCULÉ.  (b.) 

BARRACOL.  Nom  vénitien  de  la  Raie  miralet.  (b.) 

BARRALDÈJE,  Ban-aldeja.  Arbrisseaux  de  Madagascar 
à  rameaux  et  à  feuilles  opposées  ,  ces  dernières  parsemées 
de  points  transparens  ,  qui,  selon  M.  Dupetit-Thouars, 
forment  un  genre  dans  la  décandrie  monogynie  ,  et  dans  la 
famille  des  nerpruns. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  urcéolé,  à  cinq  dé- 
coupures; cinq  pétales  onguiculés;  cinq  àes  dix  étamines 
opposées  aux  pétales  et  plus  longues  que  les  autres  ;  ovaire 
inférieur  à  style  plus  long  que  les  étamines.  (b.) 

BARRALET.On  appelle  ainsi  la  Jacinthe  à  toupet  dans 
le  midi  de  la  France,  (b.) 

BARRAS.  C'est  le  ^a/i)9o/,   ou  résine  du  ptn  maritime,  (b.) 

BARRE.  Ancien  nom  indien  de  I'Éléphatst.  C'est  vrai- 
semblablement de  ce  mot  qu'est  dérivé  le  nom  de  Barms  que 
les  Latins  ont  ensuite  donné  à  cet  animal.  V.  Éléphant,  (s.) 

BARRE.  Poisson  du  genre  Silure,  (b.) 

BARRE.  C'est  le  nom  qu'on  donne,  en  Normandie,  à 
l'impulsion  du  flux  qui  fait  remonter  la  Seine  au-dessus  de 
Rouen,  (pat.) 


264  BAR 

BARRE  DE  MER.  Amoncèlcment  de  graviers  en  forme 
île  (ligue  ,  qui  se  trouve  à  T embouchure  de  quelques  rivières, 
et  qui  est  occasioné  par  les  mouvcmens  opposés  du  courant  de 
la  rivière  et  des  vagues  de  la  mer,  qui  repoussent  dans  le  lit  de 
larivière  une  partie  des  sablesetgravicrsqu'ellerouleavecelle. 

C'est  une  barre  de  celte  espèce  qui  empêche  les  gros  vais- 
seaux d'arriver  à  Pétersbourg ,  et  les  force  de  s'arrêter  dans  le 
port  de  Cronstadt.  On  construit  néanmoins  des  vaisseaux  de 
ligne  dans  l'arsenal  de  Pétersbourg;  mais  quand  une  fois  ils 
en  sont  sortis  ,  ils  n'y  rentrent  plus.  Pour  leur  faire  passer  la 
barre ^  on  se  sert  d'un  chameau  :  c'est  une  construction  d'une 
grandeur  immense,  à  fond  horizontal,  et  tirant  fort  peu 
d'eau,  à  cause  de  sa  vaste  étendue.  Elle  estfiile  de  deux  par- 
ties ,  qu'on  réunit,  et  qui  embrassent  le  bâliment;  et  en  vi- 
dant leau  qu'on  a  introduite  dans  sa  capacité,  on  rend  le 
tout  flottable  sur  une  eau  peu  profonde,  (pat.) 

T5ARRELIÈRE  ,  Barreliera.  Genre  de  plantes  de  la  didy- 
namic  angiospermie ,  et  de  la  famille  des  acanthoïdes ,  dont 
les  caractères  consistent:  en  un  calice  divisé  en  quatre  parties; 
en  une  corolle  nionopétale,  infundibuliforme,  divisée  en  quatre 
parties  inégales,  dont  une  un  peu  échancrée  ;  en  quatre  éta— 
mines  ,  dont  deux  plus  grandes;  en  un  ovaire  supérieur,  sur- 
monté d'un  style  filiforme  ,  et  d'un  stigmate  bifide  ;  en  une 
cap.sule  ovale-oblongue  ,  biloculaire,  qui  s'ouvre  avec  élas- 
ticité en  deux  parties,  et  renferme  deux  ou  trois  semences 
dans  chaque  loge. 

Ce  genre  comprend  des  sous-arbrlsseaux  et  des  herbes  qui 
ont  de  grands  rapports  avec  les  Carmamines  ,  les  Ruellies 
et  les  Acanthes,  et  qui  sont  naturels  aux  parties  chaudes  de 
l'Amérique  et  de  l'Inde.  On  en  connoît  une  vingtaine  d'espèces. 

La  plus  remarquable  de  ces  espèces  est  la  Rarrelière  À 
LONGUES  FEUILLES ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  les  feuilles 
opposées,  ensiformes  ,  très-longues,  rudes  et  armées  de  trois 
épines  à  leur  aisselle.  Elle  passe  pour  un  puissant  diuré- 
tique, (b.) 

RARRÉRIE.  Synonyme  de  Poraquèbe.  (b.) 

BARRES.On  nomme  ainsi  la  partie  du  bord  des  mâchoi- 
res qui  est  dépourvue  de  dents  dans  le  Cheval  et  les  animaux 
du  même  genre  ,  ainsi  que  dans  les  rumlnans.  Les  rongeurs 
ont  également  des  barres  entre  les  incisives  et  les  molaires. 

Les  barres  sont  aussi  no^nmées  espaces  interdentaircs.  (dESM.) 

BARRES  {Faiiconnene).  Bandes  noires  de  la  queue  de 
TÉpervier.  (s.) 

B/VRRl.  C'est  un  jeune  Cochon  mâle  ,  dans  le  déparle- 
ment de  Lot-et-Garonne,  (b.) 

BARRIS,  Quelques  vovageurs  indiquent,  sous  ce  nom, 


B   \  R  2G5 

un  singe  de  la  côte  de  Guinée  en  Afrique  ,  et  qui  paroît 
être  le  Mandrill  ,  quoique  cependant  plusieurs  naturalistes 
l'aient  rapporté  à  l'espèce  de  I'Orang  chimpanzé,  (desm.) 

BARROS,  BUCAROS  ou  BOUCARO.  Terre  bolaire 
dont  on  fait  en  Portugal  et  en  Espagne,  des  vases  à  rafraî- 
chir. V.  Argile,  (pat.) 

BARRUS  des  Latins.  V.  Barre,  (desm.) 

BARS  ou  BARSCH.  Nom  allemand  de  la  Perche,  (b.) 

BARTALAI.  On  donne  ce  nom  au  Chardon  féroce 
{cniais  ferux  ^  Linn.)  dans  le  midi  de  la  France.  (B.) 

BARTAVELLE.  F.  Perdrix,  (v.) 

BARTHOLINE,  Barlhollna.  Genre  établi  par  R.Brown 
pour  placer  I'Orchis  pectine  de  Willdenow.  Ses  carac- 
tères sont  :  corolle  en  casque  ;  le  pétale  intérieur  réuni  au 
nectaire  ;  nectaire  pourvu  d'un  éperon  au  -  dessus  de  sa 
base  ;  l'étamine  portant  deux  glandes  qui  recouvrent  en 
partie  extérieurement  les  lobes  de  l'anthère. 

Adanson  avoit  d)»nné  ce  même  nom  au  genre  depuis  ap- 
pelé Tridax.  (b.) 

BARTONIE  ,  Bartonia.  Plante  bisannuelle  de  l'Améri- 
que septentrionale,  à  feuilles  alternes,  à  demi  amplexicaules, 
à  fleurs  blanches ,  grandes ,  solitaires  dans  les  aisselles  des 
feuilles,  qui  seule  constitue ,  selon  Purch  (Flore  de  l'Amé- 
rique septentrionale),  un  genre  dans  l'icosandriemonogynie. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  à  cinq  divisions  ; 
corolle  polypétale;  réceptacle  portant  un  double  rang  de 
semences  ;  capsule  cylindrique  à  une  loge,  fermée  par  un 
opercule  de  trois  ou  de  cinq  valves. 

Cette  plante  est  figurée  pi.  i/^^'j  du  Boianical  Magazine 
de  Curtis.  (b.) 

BARTONIE,  Bartonia.  Plante  de  Pensylvanie,  qui,  en 
apparence,  se  rapproche  du  BuffoNe,  mais  qui  forme  un 
genre  dans  la  tétrandrie  monogynie.Elle  offre  pour  caractères: 
un  calice  à  quatre  folioles  ;  une  corolle  campanulée  à  quatre 
divisions  persistantes  ;  quatre  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  à 
style  ;  une  capsule  aune  loge ,  et  deux  valves  polyspermes.  (b.) 
BARTRAME,  Barimmia.  Genre  de  plantes  de  la  dodé- 
candrie  monogynle  ,  d'abord  constitué  par  Llnna^us,  mais  qui 
avoit  été  ensuite  réuni  aux  Lappuliers.  Gsertner  l'a  rétabli, 
sous  la  considération  que  le  fruit  est  formé  de  trois  à  quatre 
petites  coques  biloculaires ,  et  que  les  semencessont  adnées 
aux  parois  des  coques. 

C'est  une  plante  annuelle  de  l'Inde,  qui  a  les  feuille»  al- 
ternes, entières  ou  lobées  ,  dentelées,  et  les  fleurs  axillaires 
et  terminales.  Toutes  ses  parties  sont  couvertes  de  poils  ,  et 
ses  fruits  hérissés  d'épines  recourbées. 


266  BAR 

Bridcl  a  donné  le  même  nom  à  un  genre  qu'il  a  éJaLli  dans 
la  famille  des  Mousses,  et  dont  lescaraclères  consistent  :  à  avoir 
un  pcritosme  externe  ,  à  seize  dents,'  en  forme  de  coin  -,  un 
péristome  interne  formé  d'une  membrane  plissée;  des  fleurs 
hermaphrodites.  11  a  pour  type  le  Bry  pommiforme.  V.  CÉ- 

PHALOXIS.   (B.) 

BARTSIE,  Bartsia.  Genre  déplantes  établi  par  Linnseus, 
mais  réuni  par  Lamarck  et  autres  botanistes  français  ,  avec 
les  CoCRÈTES  {Rhinuuthus^  Linn.).  11  a  pour  caractères:  un  ca^ 
lice  bilobé  ,  émarginé,  coloré  ;  une  corolle  ,  moins  colorée 
que  le  calice,  .Mèvre  supérieure  très-longue;  une  capsule  à  deux 
loges. 

Willdenow  rapporte  aux  baiisies  cinq  espèces  ,  parmi  les- 
quelles on  remarque: 

La  Bartsie  rouge  ,  qui  a  les  feuilles  alternes ,  linéaires  , 
Lidentées  de  chaque  côté;  elle  est  vivace ,  et  se  trouve  dan» 
rVmérique  septentrionale,  où  je  l'ai  observée  croissant  dans 
les  lieux  les  plus  arides.  C'est  la  Gérarde  pédiculaire  de 
^V aller,  Flora  Curoliniana. 

La  Bartsie  visqueuse,  qui  a  les  feuilles  caulinaires,  al- 
ternes ,  lancéolées ,  dentées ,  et  les  feuilles  florales  latérales  et 
écart ées.  Elle  est  annuelle  ,  et  se  trouve  dans  les  marais  des 
parties  froides  de  l'Europe. 

La  Bartsie  pâle  ,  qui  a  les  feuilles  alternes  ,  lancéolées  , 
très-entières,  et  les  fleurs  ovales,  dentées.  Elle  se  trouve  en 
Sibérie  et  à  la  baie  d'Hudson. 

La  Bartsie  GYMNANDRE,  qui  est  diandre,  dont  les  feuilles 
radicales  sont  doubles  ;  la  tige  ,  souvent  bifeuille  ,  a  un  seul 
épi  linéaire,  obtus,  composé  de  verticilles  serrés,  accom- 
pagnés de  bractées.  Elle  se  trouve  dans  le  nord  de  l'Europe 
et  de  l'Amérique.  C'est  le  genre  Gymnandre  de  Pallas,  et 
Lagotis  de  Ga?rlner.  V.  ces  mots. 

Quant  à  la  barisie  des  Alpes ,  V.  au  mot  CocrÈte.  (b.) 

BARTUMBER.  Nom  allemand  de  la  Persegue  umbre. 

(B.) 

BARU  ou  DAim  BARU.  C'est  à  Madagascar  la  Ketmie 
À  feuilles  de  tilleul,  dont  l'écorce  sert  à  faire  des  cor- 
des, (b.) 

BARU  CE.  C'est  dans  Clusîus  le  fruit  du  Sablier,  (b.) 

BARYASCO.  Nom  du  Jacquinier  armillaire  dans  les 
Antilles,  (b.) 

BARYOSMA  TONGO.  C'est  dans  Gœrtner  le  fruit  du 
COUMAROU  d'Aublet.  (b.) 

BARYTE  ou  Terre  pesante.  Cette  substance  ,  consi- 
dérée comme  un  corps  simple  jusqu'à  la  découverte  du 
putassiiun  cl  du  sodium  ,   avoil  clé  regardée  d'abord  comme 


BAR  267 

une  modification  de  la  chaux.  Bergman,  ayant  reconnu  que 
c'étoit  une  terre  d'une  nature  particulière ,  lui  donna  le  nom 
de  terre  pesante^  que  Kirwan  a  traduit  par  celui  de  baiyte^  qui 
signifie  la  même  chose,  et  qui  a  été  depuis  adopté  par  tous 
les  chimistes.  C'étoit  la  cinquième  de  celles  que  l'on  connois- 
soit  alors.  I.e  nombre  s'en  est  beaucoup  accru.  Voyez  Terres. 

La  grande  pesanteur  de  la  baryte  avoit  fait  soupçonner  à 
Lavoisier  qu'elle  pouvoit  être  un  oxyde  métallique.  La  con- 
jecture de  cet  homme  de  génie ,  qui  a  fait  faire  de  si  grands 
pas  à  la  science ,  encore  en  deuil  de  sa  perte,  a  été  réalisée 
par  un  savant,  sir  HumphryDary,  qui  a  reculé  de  nou- 
veau les  bornes  de  nos  connoissances.Le  barium  est  suscep- 
tible de  deux  degrés  d'oxygénation  ;  le  protoxyde  ou  premier 
degré,  est  le  seul  sous  lequel  ou  le  trouve  dans  la  nature,  en 
combinaison  soit  avec  l'acide  carbonique  ,  soit  avec  l'acide 
sulfurique.   F.  Baryte  carbonatée  et  Baryte  sulfatée. 

MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  sont  les  premiers  qui  aient 
obtenu  cet  oxyde  à  l'état  de  pureté.  Il  est  blanc-gris  ,  plus 
caustique  que  la  strontiane,  verdit  le  sirop  de  violettes  et 
rougit  la  couleur  de  curcuma  :  mis  en  contact  avec  l'oxygène 
à  une  température  voisine  de  la  chaleur  rouge  ,  il  absorbe 
une  grande  quantité  de  ce  gaz,  il  est  infusible  ,  se  combine 
avec  le  soufre,  absorbe  facilement  l'acide  carbonique  et 
l'eau  contenus  dans  l'air.  Ce  liquide  en  dissout  à  la  tempéra- 
ture de  dix  degrés  environ  un  quarantième  de  son  poids. 
Il  a  une  si  grande  affinité  avec  l'acide  carbonique,  que  si 
on  souffle  sur  de  l'eau  de  baryte ,  il  s'y  forme  sur-le-champ 
une  pellicule  de  carbonate. 

Avec  l'acide  sulfurique ,  il  forme  à  l'instant  un  sel  inso- 
luble ,  ce  qui  rend  l'eau  de  baryte  un  excellent  réactif  pour 
reconnoître  la  présence  de  cet  acide  dans  les  eaux  minérales; 
car  la  moindre  quantité  qu'elles  en  contiennent ,  produit  un 
précipité  sensible. 

On  l'obtient  dans  les  laboratoires  en  décomposant  par  le 
feu,  dans  un  creusetde  platine  ou  de  terre,  le  nitrate  de  baryte. 

Le  deuioxyâe  de  hariiim  est  d'un  gris-verdatrc,  et  n'a  pas 
d'action  sur  l'oxygène  ;  la  plupart  des  corps  combustibles  le 
font  repasser  à  l'état  de  protoxyde,  et  le  soufre  forme  avec 
lui  un  protosuîfate.   V.  la  Chimie  de  Thenard. 

Les  propriétés  du  barium  sont  presque  inconnues.  On  sait 
seulement  qu'il  est  solide  à  la  température  ordinaire  et  plus 
j>esant  que  l'eau ,  qu'il  s'amalgame  avec  le  mercure ,  etc. 
Son  affinité  pour  l'oxygène  est  si  grande,  qu'exposé  au  con- 
tact de  l'air ,  il  s'y  réduit  en  poudre  immédiatement.  V.  la 
Chimie  de  Thenard. 

BAHYTE  CARBONATÉE,  CARBO^\vTE  de  baryte  ou 


2^8  B  A  B 

Protoxyde  DEBARIU3I,  Thenard;  Baryte  aérée,  Spath  pesant 
aéré,  De  Born  ;  Wiihenl^  ^Verner;  Wilhérite,  Brochant; 
BarotUe^  Kirwan). 

Cette  substance,  dont  la  pesanteur  spécifique  et  la  dureté 
sont  à  peu  près  les  mêmes  que  dans  la  baryte  sulfatée  ,  en 
diffère  par  sa  structure  et  par  son  infusibilité  ,  indépendam- 
ment de  sa  composition.  Elle  est  de  plus  soluble  dans  l'acide 
Jîitrique  affoibli ,  en  y  formant  d'abord  un  dépôt  blanc. 

Elle  a  pour  forme  primitive  un  rhomboïde  obtus  (Haiiy); 
sa  cassure  transversale  est  écailleuse ,  et  légèrement  ondu- 
lée, avec  un  aspect  un  peu  gras.  Sa  poussière,  jetée  sur  un 
charbon  ardent ,  devient  luisante  dans  l'obscurité. 

On  en  connoît  plusieurs  variétés  de  formesdéterminables; 
mais  elle  se  rencontre  plus  ordinairement  sous  celle  de  masses 
concrétionnées,  oumamelonnées,  à  tissu  fibreux,  translucides 
et  d'une  couleur  blonde  ,  analogue  à  celle  de  la  corne. 

M.  Haiiy  en  décrit  trois  des  premières,  qui  sont: 

i.°  La  baryte  carhonalèe  prîsmée  ;  prisme  hexaèdre  régulier, 
tcrminépardeuxpyramides  droites, du mêmenombrede  faces; 

2.°  La  Lniyie  carhonalèe  annulaire  ;  le  même  prisme  hexaè- 
dre ,  sans  pyramides  ,  dans  lequel  les  arêtes  ,  au  contour 
de  chaque  base  ,  sont  remplacées  chacune  par  une  facette; 

3."  Enfin,  le  baryte  carbonatée  tiionmilaire ,  qui  n'est  qu'une 
modification  de  la  précédente,  et  dans  laquelle  les  deux  bords 
horizontaux  des  facettes  disposées  en  anneaux  sont  remplacés 
par  de  nouvelles  facettes. 

La  baryte  carhonalèe  d'y\ngleterre  contient ,  suivant  une 
analyse  de  M.  Vauquelin  :  baryte,  ']l^^S\  aci^lc  carbonique, 
22,5  ;  et  point  d'eau. 

D'après  l'analyse  faite  par  feu  Pelletier,  d'une  variété  du 
même  minéral ,  que  M.  Patrin  croit  être  un  fragment  de  celle 
«{u'il  a  rapportée  de  Sibérie  ,  elle  contiendroit  :  baryte  ,  62  ; 
iuide  carbonique,  12  ,  et  eau,  16. 

La  baryte  carbonatée  a  été  trouvée  d'abord  en  Angleterre  , 
à  yVnglesarck,  près  de  Chorlet ,  dans  le  Lancashire  ,  où  elle 
occupe  la  partie  supérieure  d'un  filon  d'une  montagne  com- 
posée de  couches  de  grès  ,  de  schiste  argileux  et  de  houille. 
Elle  y  est  accompagnée  de  baryte  sulfatée  ,  de  plomb  sulfuré, 
de  zinc  oxydé  et  de  zinc  sulfuré.  (Watt,  Ann.  de  Ch. ,  t.  11, 
pag.  321.  )  M.  Patrin  en  a  rapporté  un  échantillon  de  la  mine 
d'or  de  Zmeof  en  Sibérie.  On  en  a  rencontré  depuis  dans  le 
fer  spathique  de  lamine  de  Stcinbaucr,  près  de  Neuberg, 
dans  la  Haute-Slyrie;  dans  un  filon  de  plomb  sulfuré,  h 
Sainl-Asaph,  dans  le  pays  de  Galles.  Elle  existe  également 
danslesveinesde  plomb  qui  traversent  la  pierre  calcaire  slra- 
fjforme ,  reposant  sur  le  grès  rouge  ,  à  Abton    dans  le  Cura- 


B  A  R  269 

herland,  et  à  Welhope,  Arkendal  et  Dufton  dans  le  comté 
de  Durham,  ainsi  qu'à  JVIerton  Fell  dans  le  Wcslmoreland, 
et  à  Snailback  ,  dans  le  Sliropshlre  (^Jameson').  On  en  in- 
dique aussi  à  Léogang  ,  pays  de  Salzbourg. 

Le  docteur  Witliering  est  le  premier  qui  ait  fait  connoître 
le  minéral  d'Anglesarck,  et  indiqué  sa  véritable  nature;  et 
c'est  pour  cette  raison  que  le  célèbre  Werner  l'a  nommé 
Wilherit. 

Pris  Intérieurement,  le  carbonate  de  baryte  est  un  poison 
très-actif.  Dans  plusieurs  districts  de  l'Angleterre,  et  notam- 
ment dans  le  Cumbcrland,  on  s'eiî  sert  pour  déiruire  les  rais. 
La  dissolution  du  muriate  de  baryte  a  été  employée  en  mé- 
decine dans  le  scrophule. 

BARYTE  SULFATÉE  ,  Sulfate  de  baryte  ou  Proto 
SULFATEDEBARIUM  ,  Thénard;  anciennement  nommé  Gypse 
pesant^  et  Spath  séléniteux  ,  par  Romé-Delisle  ,  vulgairement 
Spath  pesant;  Schwerspaht,  Werner  ;  Barosélénile  ,  KIrvan  ; 
Barytite^  Delamétlierie. 

Le  caractère  essentiel  de  la  baryte  sulfatée,  celui  qui  la  disr 
tingue  en  particulier  de  la  stronliane  sulfatée  ,  avec  laquelle 
elle  a  des  rapports  si  nombreux  ,  est  tiré  de  sa  forme  primi- 
tive qui  est  un  prisme  droit  rhomboïdal ,  dont  les  pans  font 
entre  eux  des  angles  de  toi"  82'  i3"  et  78"  27  4.7".  On  l'ob- 
tient facilement  des  masses  laminaires  de  cette  substance. 

Le  grand  angle  du  prisme  droit  de  la  strontiane  sulfatée  est 
de  io4"4-^'  '1  ce  qui  donne  Heu  à  des  formes  secondaires, 
dont  les  angles  sont  très-différens,  malgré  l'analogie  qu'elles 
conservent  avec  celles  de  la  baryte  sulfatée. 

Sa  pesanteur  spécifique  varie  de  4,2984.  à  4^4712;  elle 
raye  la  chaux  carbonatée ,  mais  elle  est  rayée  par  la  chaux 
fluatée  :  sa  réfraction  est  double  en  regardant  à  travers  d'une 
des  bases  et  d'une  face  oblique  à  l'axe  du  prisme. 

Soumise  à  l'action  du  feu  du  chalumeau  ,  elle  s'y  fond 
en  un  émail  blanc  ,  solide ,  mais  qui  tombe  en  poudre  au 
bout  de  quelques  heures. 

Réduite  en  poudre  par  la  calcination  et  exposée  à  une 
vive  lumière,  elle  devient phosphorique  dans  l'obscurité.  V. 
plus  bas  baryte  sulfatée  radiée  ou  pierre  de  Bologne. 

Les  couleurs  de  la  baryte  sulfatée  sont  peu  variées;  ses 
cristaux  sont  quelquefois  limpides,  etplus  ordinairement  blan- 
châtres et  jaunâtres  ou  d'un  gris- verdâtre  et  translucides  ; 
les  masses  lamelleuses  et  les  variétés  crêtées  ,  concrétion-* 
nées  et  compactes ,  sont  blanchâtres ,  ou  grises  ,  ou  jaunâtres, 
ou  rougeâtres. 

On  reconnoît  communément  ce  minéral  à  sa  grande  pe- 
santeur, propriélé  à   laquelle  il  doif  le  nom  de  spath  pesant 


270  '    BAR 

qu'il  porte  dans  la  plupart  des  traités  de  minéralogie,  mais 
qui  ne  suffit  cependant  pas  seul  pour  le  faire  distinguer  de 
la  strontiane  sulfatée,  du  srheelin  ferruginé,  de  certaines  va- 
riétés de  plomb  carbonate,  etc. 

Suivant  M,  Chenevix,  100  parties  de  sulfate  de  baryle  pur 
contiennent  :  baryte  ,  76;  acide  sulfurique,  24- 

Le  docteur  A'S'ithering  a  trouvé  dans  une  variété  de  ce  mi^ 
néral  67,2  de  barvte,  et  33,8  d'acide  sulfurique  ,  et  I\ï.  Kla- 
proth  a  retiré  de  la  variété  granulaire  de  Pegau,  en  Slyrie  : 
60  de  baryte  ,  3o  d'acide  et  10  de  silice,  résultat  très-voi- 
sin du  précédent ,  surtout  en  faisant  abstraction  de  la  silice 
qui  n'est  pas  esseniielle  à  la  composition. 

La  baryte  sulfatée  renferme  quelquefois  une  petite  quan- 
tité de  strontiane.  M.  Klaproth  en  a  trouvé  environ  un  cen- 
tième dans  la  baryte  sulfatée  laminaire  de  Freyberg. 

Variétés  de  formes.  La  baryte  sulfatée  semble  vouloir  rivali- 
ser pour  l'abondance  des  formes  avec  la  cbaux  carbonatée. 
Le  nombre  des  formes  cristallines  connues  de  cette  subs- 
tance,  n'étoit  que  de  treize  à  l'époque  de  la  publication  du 
Traité  de  Minéralogie  de  M.  Haiiy  ;  il  s'élève  aujourd'hui  à 
plus  de  soixante. 

La  plus  grande  partie  de  ces  nouvelles  variétés  vient  d'y^u- 
vergne  ,  et  elles  sont  le  résultat  des  recherches  de  MM.  Ma- 
bruetDelaizer;  elles  ont  cela  de  remarquable,  qu'en  général 
elles  se  présentent  plus  communément  sous  la  forme  de  pris- 
mes, comme  les  cristaux  de  strontiane  sulfatée,  que  sous 
celle  de  solides  aplatis  ou  de  tables  ,  comme  les  variétés  de 
baryte  sulfatée  provenant  des  mines  de  la  Saxe  ,  de  celles  du 
Hartz  ,  etc.  On  en  rencontre  cependant  aussi  d'analogues  à 
ces  dernières  dans  le  même  pays. 

Le  volume  des  cristaux  de  baryte  sulfatée  varie  beaucoup. 
On  en  trouve  en  Angleterre  dans  les  mines  de  plomb  du 
Cumbcrland,  de  Durham  et  de  Westmoreland,  qui  sont  éga- 
lement remarquables  par  la  netteté  de  leurs  formes,  leur 
belle  transparence  et  leur  grosseur;  plusieurs  d'entre  eux 
ont  jusqu'à  six  pouces  de  longueur,  sur  environ  deux  pouces 
d'épaisseur.  Il  en  existe  de  très-beaux  dans  la  superbe  col- 
lection de  M.  le  marquis  de  Drée. 

Les  variétés  déterminables  que  l'on  rencontre  le  plus  fré- 
quemment dans  les  cabinets,  sont  les  suivantes  : 

I.  Barvte  sulfatée /wpé'z/V/me,  vnX^sàTenxcnX  spath  pesant  en 
table;  prisme  rectangulaire  très-aplati  ,  déprimé  ,  dont  les 
pans  latéraux  sont  remplacés  par  des  biseaux. 

On  Ta  comparée  aussi  quelquefois  à  un  octaèdre  rectan- 
gulaire ,  dont  les  deux  sommets  auroient  été  tronqués  paral- 
lèlement à  la  base. 


BAR  ,7, 

2.  Baryte  sulfatée  epointèe;  la  variété  précédente,  dont  les 
angles  solides  sont  tronqués. 

3.  Baryte  sulfatée  «/JOyoAawe;  le  prisme  droit  rhomboïdal  de 
la  forme  primitive  ,  avec  des  facettes  triangulaires  à  la  place 
des  angles  solides  obtus. 

4.  Baryte  sulfatée  rétrécie;  la  forme  primitive  augmentée 
de  deux  facettes  verticales  qui  remplacent  les  deux  arêtes 
longitudinales  du  prisme  les  plus  voisines. 

5.  Baryte  sulfatée  raccourcie;  dans  celle-ci  ce  sont  les  arêtes 
les  plus  éloignées  qui  sont  remplacées  par  des  facettes  ver- 
ticales. 

6.  Baryte  sulfatée  binaire;  octaèdre  cunéiforme  très- 
allongé. 

La  baryte  sulfatée /?nmiV/W  s'y  rencontre  également ,  mais 
plus  rarement  que  les  précédentes. 

Les  cristaux  et  la  variété  laminaire  appartiennent  au  Spath 
pesant  commun  des  minéralogistes  étrangers;  Geradschaaliger 
Schwerspath^  spath  pesant  testacé ,  à  lames  droites  ,  Wer- 
ner  ;  Gemeiner  Baryt ,  Karsten  ;  Barosélénite  feuilletée  de 
Kirwan. 

Les  autres  variétés  de  baryte  sulfatée  non  déterminables 
géométriquement ,  sont  : 

1.  Baryte  sulfatée  crêtèe^  que  l'on  a  nommée  aussi  spath  sé- 
lèniteux  lenticulaire  ^  ou  en  crêtes  de  coq  {Krummschaaliger 
sch(verspath ,  W.)  ;  c'est  une  des  plus  communes  :  elle  est  com- 
posée de  cristaux  déformés  ou  de  lames  arrondies ,  placées 
de  champ,  et  qui  forment  des  masses  quelquefois  assez  con- 
sidérables ,  dont  la  couleur  varie,  du  blanc  à  l'incarnat,  au 
rouge  et  au  brun  ;  quelquefois  cette  dernière  couleur  n'est 
que  superficielle. 

2.  Baryte  sulfatée  bacillaire  (  Slangenspath  ,  W.  )  ;  en 
prismes  arrondis,  d'un  blanc-nacré  ou  jaunâtre,  et  sillonnés 
dans  le  sens  de  leur  longueur  par  des  stries  ou  des  canne- 
lures plus  ou  moins  profondes. 

Cette  variété  ,  qui  est  rare  ,  se  trouve  en  Saxe  ,  près  de 
Freyberg  ,  dans  la  mine  de  Lorenzgegautrum ,  et  en  Angle- 
terre ,  dans  le  Derbyshire.  On  l'a  souvent  confondue  avec  le 
plomb  carbonate  bacillaire  ;  mais  elle  est  sensiblement  plus 
dure ,  insoluble  dans  l'acide  nitrique ,  et  ne  noircit  pas  à 
l'approclie  d'un  sulfure  aikalin.  V.  Plomb  carbonate. 

3.  Baryte  sulfatée  radiée  ou  pierre  de  Bologne ,  Bologneser 
spath  ,    VV'^erner. 

Cette  pierre  jouissoit  autrefois  d'une  grande  célébrité,  à 
cause  de  la  propriété  qu'elle  a  de  paroître  lumineuse  dans  les 
ténèbres,  après  avoir  été  calcinée  :  propriété  qui  lai  est  com- 


272  B  7V  R 

mune  avec  beaucoup   d' autres  substances  minérales ,  maïs 
qu'on  croyoit  alors  lui  être  particulière. 

On  trouve  cette  pierre  en  petits  rognons  ovoïdes,  dans  les 
coucbes  d'argile  et  «le  marne  du  monte  Paiemo,  à  une  lieue  de 
Bologne.  Ils  sont  ordinairement  couverts  d'une  croûte  grise 
et  argileuse  ;  mais  l'intérieur  est  vitreux ,  et  communément 
il  offre  des  stries  qui  vont  du  centre  à  la  circonférence  , 
comme  on  l'observe  dans  les  pyrites  des  couches  de  craie,  et, 
en  général ,  dans  les  autres  minéraux  cristallisés  sous  une 
forme  globuleuse.  La  même  montagne  et  les  collines  voisines 
contiennent  d'autres  rognons  qui  sont  de  nature  gypseuse ,  et 
dont  on  fait  du  plâtre. 

Yoici  comment  on  raconte  la  découverte  de  sa  phospho- 
rescence. Vers  le  commencement  du  siècle  dernier  (en  i63a) 
un  cordonnier  de  Eologne  ,  nommé  \incent  Carraciolo  , 
quisoupçonnoit,  d'après  la  grande  pesanleuret  Téclat  de  cette 
pierre,  qu'elle  contenoit  de  l'argent,  la  soumit  à  l'épreuve  du 
îcu  ;  mais,  au  lieu  du  brillant  métallique  qu'il  cbercboit,  il 
n'obtint  qu'une  lueur  rougeâtre  ,  que  la  pierre  calcinée  ré- 
pandoit  dans  les  ténèbres.  Il  en  fut  moins  réservé  à  publier 
le  résultat  de  son  expérience  ,  que  les  physiciens  s'empressè- 
r.nt  de  répéter. 

Quand  le  célèbre  minéralogiste  Ferber  se  trouvoit  à  Bo- 
logne ,  en  177I1  un  particulier  avoit  imaginé  de  pulvériser 
cette  pierre  et  d'en  faire,  avec  du  mucilage  de  gomme  adra- 
ganle,  une  pâte  dont  il  formoit  des  étoiles.  Il  les  faisoit  en- 
suite calciner  ,  et  ces  étoiles ,  qui  étoient  lumineuses  dans 
l'obscurité  ,  étoient  regardées  comme  de  petites  mei-veillcs. 
L'on  a  donne  à  cette  préparation  le  nom  de  phosphore  de 
Bologne. 

La  pierre  de  Bologne  calcinée  ,  conserve  ,  dit-on  ,  pen- 
dant des  années  entières,  la  propriété  de  devenir  lumineuse; 
il  suffit,  pour  cela  ,  de  la  présenter  un  instant  au  soleil.  Mais 
si  l'on  répète  cette  opération  trop  souvent ,  le  même  effet  n'a 
plus  lieu,  pour  lui  rendre  celte  propriété  ,  il  faut  la  faire  cal- 
ciner de  nouveau. 

4..  Baryte  sulfatée  concrètionnêe-fibreiise  {  Fasriger  Schwer~ 
spath^^W.^\  en  masses  arrondies,  tuberculeuses  et  com- 
posées de  mamelons,  à  tissu  fibreux  et  radié,  dont  la  couleur 
varie  du  blanc  jaunâtre  au  roussâlre  et  au  brun  :  se  trouve  à 
Qiaud-Fontaine ,  près  de  Lullich  ,  pays  de  Liège  ;  et  à 
Neu-Leinengen  ,  dans  le  Palatinat. 

5.  Baryte  sulfatée  lamellaire  ;  en  petites  lames  droites  for- 
mant,  par  leur  assemblage,  des  masses  dont  la  cassure  c;:t 
analogue  à  celle  des  marbres  primitifs. 

C'est  à  cette  apparence  ,  jointe  à  sa  grande  pesanlcur  et  à 


BAR  273 

ises  rapports  avec  les  substances  métalliques  dans  le  sein  de 
la  terre  ,  qu'elle  a  du  le  nom  de  viamior metallkum  ,  quilui 
a  été  donne  par  Cronstedt  et  par  \  allerius. 

6.  Barvle  syAid^Xéç.  granulaire  {Komigcr  Srhwerspath  ^  W.); 
en  masses  blanchâtres  composc^'S  de  grains  plus  ou  moins 
fins,  ressemblant  à  certains  grès  et  faciles  à  séparer,  fria- 
bles. Elle  est  en  lits  ,  avec  la  galène  ,  la  blende  ,  la  pyrite 
de  fer  et  de  cuivre,  à  Pégau  en  Styrie,  et  au  liarlz  ;  avec  la 
galène  ,  à  Pesey  en  Savoie,  et  en  Sibérie. 

Celle  de  Pégau  contient  dix  cenlièmes  de  silice. 

7.  Baryte  sulfatée  compacte  (^Bi<hter  Scliœerspaih  ^  ^^Oî 
sa  cassure  est  terreuse  ,  terne  ;  elle  est  opaque  ou  foible- 
menl  translucide  et  de  couleur  variée  ;  ordinairement  blan- 
châtre ,  ou  grisâtre,  quelquefois  jaune  d  ocre  et  rougeâtre. 
Elle  se  trouve  à  Pesey  et  à  Servoz  en  Savoie  ;  en  Saxe  et 
en  Angleterre. 

8.  Baryte  sulfatée  terreuse  {^ScJiwerspath  Erde,  W.  );  fria- 
ble ou  pulvérulente  ,   d  un  blanc  mat ,  âpre  au  toucher. 

Les  mineurs  du  Derbvshire  nomment  Caivk  une  variété 
terreuse  compacte  ,  blanche  ,  à  grain  fin  et  qui  se  coupe 
comme  la  craie  :  les  vernis  de  plomb  du  Staffordshire  en 
renferment.  Il  en  vient  également  de  Freyberg  en  Saxe, 
de  Miez  en  Bohème,  et  de  Constein  en  AYestphalie. 

On  prépare  avec  cette  substance  une  couleur  blanche  qui 
ne  noircit  pas  quand  elle  est  exposée  à  des  émanations  sul- 
fureuses, comme  le  fait  le  blanc  de  plomb;  elle  sert  aussi, 
dans  les  laboratoires  des  chimistes,  à  la  préparation  de  la 
baryte.  On  dit  que  les  Chinois  la  font  entrer  dans  la  compo- 
sition de  leur  porcelaine,  et  que  la  variété  qu  ils  emploient  à 
Cet  usage,  sous  le  nom  de  chekao,  est  semblable  à  la  pierre 
de  Bologne. 

La  baryte  sulfatée  ,  quoique  répandue  assez  abondam- 
ment ,  ne  forme  point  de  montagnes ,  et  ne  se  trouve  que 
très-rarement  en  couches  (  Brongniafi).  C'est  une  des  subs- 
tances que  Ton  rencontre  le  plus  communément  dans  les 
veines  métalliques,  011  elle  est  associée  au  quarz,  à  la  chaux 
carbonatée  ou  fluatée  ,  au  plomb,  au  zinc,  au  cuivre,  au 
fer  et  à  lantimoine  sulfuré,  au  cuivre  gris,  etc.  Oq  la  trouve 
aussi  seule,  en  filons  ou  en  veines,  dans  des  roches  de 
première  formation  ,  comme  en  Auvergne  ,  non  loin  de 
Clermont-Fenand,  et  notamment  à  Royat,  aux  environs  de 
Ghampeix ,  près  du  village  de  Coude,  à  la  Courtade  et  dans 
plusieurs  autres  endroits  de  la  même  province  et  aux  envi- 
ronsde  Nantes.  D'autres  fois  elle  estengagéedansl'argile,  etc. 
La  France,  1  Allemagne  ,  1  Angleterre  ,  et  en  général  tous 
les  pays  à  mines  ,  renferment  des  cristaux  ou  des  masses 

III.  18 


^74  BAR 

de  cette  substance.  Les  plus  limpides  viennent  d'Angleten'e; 
ceux  d'Auvergne  sont  communément  jaunâtres.  M.  Rozière 
en  a  trouvé  en  Egypte  ,  dans  le  Mokattan.  On  la  rencontre 
également  dans  les  déserts  de  la  Lybie.  (Lur.) 

Les  mines  où  elle  est  la  plus  abondante,  sont  celles  de  Saxe, 
du  Hartz  ,  de  Hongrie  ,  de  Transylvanie  ,  la  mine  d'argent 
aurifère  de  Zméof  en  Sibérie  ;  les  mines  de  mercure  d'Al- 
raaden  en  Espagne,  celles  du  pays  de  Deux-Ponts,  du  Pala- 
tinat  ,  etc.  (luc.) 

Elle  est  communément  en  masses  irrégulières;  mais  on 
la  trouve  aussi  cristallisée  ,  soit  en  octaèdres  très-allongés  , 
soit  en  lames  ou  tables  plus  ou  moins  épaisses  ,  quelquefois 
rhoraboïdales  ,  plus  souvent  hexagones  et  octogones ,  avec 
les  bords  en  biseau.  (F.  plus  haut.)  Ses  cristaux  présentent 
quelquefois  des  accidens  singxiliers. 

Dans  les  échantillons,  par  exemple  ,  qui  viennent  de  Saxe, 
on  en  voit  en  tables  hexagones  ,  dont  la  bordure  est  blanche, 
et  dont  le  milieu  présente  un  rhombe  de  couleur  noirâtre  : 
quelquefois  c'est  l'inverse. 

La  même  chose  se  voit  dans  les  échantillons  qui  viennent 
des  mines  de  mercure  ;  les  tables  ont  une  bordure  blanc  de 
lait ,  et  le  centre  est  d'un  beau  rouge  de  cinabre  :  c'est  aussi 
quelquefois  l'irrverse. 

Ces  cristaux  sont  ordinairement  posés  de  champ ,  et  leur 
grandeur  varie  depuis  quelques  lignes  jusqu'à  deux  pouces  de 
diamètre  ;  mais  les  cristaux  du  même  groupe  ,  et  en  général 
du  même  gîte  ,  sont  d'une  grandeur  à  peu  près  égale. 

A  Schemnitz  en  Hongrie,  ce  sont  des  lames  rhomboïdales 
dont  le  centre  est  diaphane  et  d'une  couleur  bleuâtre  ,  tandis 
que  la  bordure  est  opaque  et  d'un  blanc  mat. 

En  Transylvanie  ,  ce  soni  des  lames  hexagones  qui  ren- 
ferment des  rhombes  concentriques  :  leur  centre  est  plus  dia- 
phane que  les  bords  ;  leur  couleur  est  blanchâtre  ;  on  en  a 
aussi  trouvé  de  bleues  à  Offcnbanya. 

A  Freyberg  en  Saxe  ,  et  au  Ramelsberg  dans  le  Hartz,  ce 
sont  des  groupes  de  tables  rectangulaires  posées  de  champ  , 
et  très-serrées  les  unes  contre  les  autres;  leur  couleur  est  le 
blanc  d'ivoire.  Elles  sont  ordinairement  parsemées  de  py- 
rites; on  en  a  trouvé,  dans  les  anwens  travaux,  des  gï^upes 
de  cinq  à  six  livres  de  la  plus  grande  beauté. 

Le  Hartz  en  a  fourni  aussi  en  cristaux  plus  distincts,  qui 
avoient  jusqu'à  six  pouces  de  longueur. 

La  mine  d'antimoine  de  Massiac  en  Auvergne,  en  produit 
aussi  d  un  volume  très-considérable  ;  ils  sont  demi-transpa- 
rens  et  d'une  couleur  fauve;   ils  servent  de  gangue  à  de  Ion- 


B  A  R  ,75 

gués  aiguilles  de  sulfure  d'antimoine.  Ceux  de  Royat,  près 
de  Clermont,  sont  aussi  très-grands  et  d'une  forme  très-ré- 
gulière. 

La  mine  d'argent  aurifère  de  Zmeof  ^  ou  Schlangenberg  , 
dans  les  monts  vVltaï  en  Sibérie,  contient  beaucoup  de  spatli 
pesant,  ordinairement  informe;  et  il  ser-tde  gangue  très-sou^ 
vent  à  Tor  et  à  l'argent  natifs  ;  il  est  d'un  blanc  de  porce- 
laine et  quelquefois  gris  d'ardoise ,  confusément  cristallisé 
comme  les  marbres  salins.  Il  se  présente  très-rarement  en 
cristaux  réguliers;  les  échantillons  que  j'en  ai  vus  dans  plu- 
sieurs voyages  que  j'ai  faits  à  cette  mine,  ne  m'ont  offert 
que  de  petites  lames  blanchâtres  de  cinq  à  six  lignes  de  dia- 
mètre, parfaitement  planes,  et  sans  biseau  sur  les  bords, 
qui  sont  coupés  net  ;  les  unes  sont  rhomboïdales ,  les  autres 
ont  leurs  angles  tronqués. 

Je  n'ai  trouvé  le  spath  pesant  dans  aucun  autre  lieu  de  la 
Sibérie  ,  quoique  j'y  aie  voyagé  pendant  plus  de  buit  ans  , 
depuis  les  monts  Oural  jusqu'au  ileuve  Amuur. 

Le  spath  pesant  en  végétation  {spathum  entcaforme  )  ,  se 
trouve  dans  le  Northumberland  ;  ce  sont  de  petites  ramifi- 
cations analogues  à  celle  Au  Jlos  feni.  V.  Arragomte. 

Dans  le  comté  de  Sommerset,  on  trouve  du  spath  pesant 
en  boules  dont  l'intérieur  est  lamclleux,  et  la  surface  hérissée 
par  les  angles  des  lames  dont  elles  sont  composées. 

C'est  également  sous  une  forme  globuleuse  que  se  trouve  la 
fameuse  pierre  de  Bologne.  V.  plus  haut.  (PAT.) 

Baryte  sulfatée  fétide  {Lapis hepatiais  ou  pierre  puante, 
Cronstedt;  Baryte  hépatique  ,.])e  Born  ;  lîepufit,  Karsten). 

Elle  exhale,  par  la  percussion  ou  la  raclure,  une  odeur  fé- 
tide ,  semblable  à  celle  de  la  chaux  carbonatée  à  laquelle 
elle  est  analogue  ;  ses  autres  caractères  sont  les  mêmes  que 
ceux  de  la  baryte  sulfatée  ordinaire. 

La  Baryte  sulfatée  fétide  est  lamellaire  et  granulaire  ,  oii 
semi-compacte. 

Elle  constitue  des  filons  entiers,  dans  les  Alpes.  M.  Ké- 
ricarl  de  Thury  l'a  trouvée  associée  au  plomb  sulfuré,  sur 
la  niontagne  du  Labyrinthe  ,  dans  les  travaux  faits  par  les 
Romains,  au  pied  du  mont  Saint-Bernard.  On  en  trouve 
aussi  à  Buxion  dans  le  Dcrbysbirc,  à  Konsberg  en  Norwé^e, 
à  Andrarum  en  Suède  ,  et  à  Lubiin  en  Gallicie.  (LUC.) 

BARYTITE,  Delamétherie.  V.  Baryte  sulfatée. 

BARYTO-CALCITE.  ]\om  donné  par  Kirwan  à  une 
cbaux  carbonatée  grise  ,  en  niasses  sphtriqiies  tt  à  tissu 
fibreux,  qui,  d'après  une  analyse  de  Ber-^man ,  coiitiendroit 
huit  centièmes  de  baryte  caibouatée. 


376  BAS 

M.  ScTiutnacher  a  décrit  sous  le  même  nom  un  mînéraî 
fclanc-bleuâtre  ,  assez  éclatant  ,  faisant  effervescence  avec 
l'acide  nitrique  et  susceptible  de  fournir  des  fragmens  rhom- 
Loïdaux  ,  qu'il  a  observé  à  Konsberg,  dans  la  mine  de  Ju- 
liane-Haab. 

Il  pense  que  ce  pourroil  bien  être  une  variété  de  stron— 
tlane  carbonatée;  et  cependant  les  caractères  qu'il  lui  accorde 
ne  paroissent  pas  motiver  ce  rapprochement,  (luc.) 

BARYXYLE,  Baryxylum.  Grand  arbre  à  feuilles  pin- 
tiées  ,  à  folioles  petites  ,  oblongues,  obtuses,  très-entières,, 
glabres;  à  fleurs  jaunes,  disposées  en  grappes  terminales, 
qui  forme  un  genre  dans  la  décandrie  monogynie  et  dans  la 
famille  des  légumineuses. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  cinq  folioles 
Ovales,  (fblongues  et  caduques;  cinq  pétales  plissés,  rugueux, 
à  onglets  charnus  et  velus;  un  ovaire  supérieur,  surmonté 
d'un  style  à  stigmate  horizontal  et  concave  ;  un  légume  épais  , 
obtus  ,  un  peu  courbe  ,  glabre  et  polysperme. 

Le  baryxyle  se  trouve  sur  les  hautes  montagnes  de  la  Co- 
chinchine.  Son  bois  est  droit  et  très-solide  ;  il  est  roux  et  si 
dur,  qu'on  lui  donne  ordinairement,  dans  le  pays,  le  nom  de 
bois  de  fer.  Ces  qualités  sont  exprimées  par  le  nom  de  cet  arbre, 
haryxylon^  signifiant  en  grec  buis  pesant.  On  l'emploie  à  la 
construction  des  ponts  et  des  colonnes  destinés  à  supporter 
de  grands  poids. 

BASACARAGUAY.  Nom  que  porte  ,  au  Paraguay,  le 
Troglodyte  de  Buenos-Ayres.  F.  l'article  des  Troglodytes. 

(v.) 

BASAL.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie  monogynie  , 
dont  les  caractères  sont  d'avoir:  un  calice  à  cinq  divisions;  cinq 
pétales  ;  cinq  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un 
elylc  très -petit  ;  une  baie  ronde  ,  contenant  un  noyau  à  amau- 
»de  blanche. 

Ce  genre  contient  deux  espèces ,  figurées  par  Piheed  , 
'/fort.  mal.  5,  tab.  n  et  12  ,  qui  se  distinguent  en  ce  que  la 
première  a  les  pétales  arrondis,  et  que  la  seconde  les  a  poin- 
lus.  Ce  sont  des  arbustes  toujours  verts  ,  dont  les  feuilles  sont 
alternes  ,  les  (leurs  en  grappes  latérales  et  très-odorantes;  les 
fruits  sont  utiles  dans  la  frénésie  ,  contre  les  vers  ,  etc.  :  ils 
croissent  dans  les  terres  sabloneuscs  de  la  côte  de  Malabar. 
La  décoction  des  feuilles  de  la  première  espèce  ,  melee  de 
gingembre  ,  soulage  les  maux  dégorge  :  ses  amandes  tuent 
les  vers.  Les  feuilles  de  la  seconde  ,  ainsi  en  décoction  ,  raf- 
lermissent  les  gencives,  et  son  écorcc  bouillie  avec  la  graine 


■RAS  277 

Se  cumin  ,  dans  le  petit  lait ,  fournit  un  gargarisme  qui  guérit 
les  aphtes  et  autres  ulcères  de  la  bouche,   (b.) 

BASALTE.  Les  anciens  ont  donné  ce  nom  à  une  pierre 
dont  la  couleur  noire  et  la  dureté  approchoient  de  celle  da 
fer;  ils  en  fabriquoient  des  poids  ,  des  vases ,  des  statues  et 
d\iutrcs  ouvrages  précieux.  Suivant  Pline  ,  on  admiroit  sur- 
tout la  figure  dui\7/,  beaucoup  plus  grande  que  nature,  accom- 
pagnée de  seize  petits  enfans  qui  jouolent  autour  d'elle. 

On  ne  sait  ce  qu'est  devenue  la  statue  originale  ;  mais  il 
en  existe  une  belle  copie  ancienne  ,  en  marbre  blanc  ,  dans 
les  jardius  du  Vafican  ,  d'après  laquelle  un  habile  artiste  lyon- 
nais ,  nommé  Bourdict ,  fit  à  Rome  ,  en  1690,  celle  qu'on 
voit  aux  Tuileries  ,  qui  fait  pendant  avec  celle  du  Tibre  par 
le  même  artiste. 

C'est  aussi  de  basalte  qu'est  faite  la  fameuse  statue  colossale 
de  Memnon  ,    qu'on  voit  encore  à  Thèbes. 

Slrabon  rapporte  que  l'on  en  trouvoit  en  colonnes  dans  la 
Haute-Egypte;  d'où  les  naturalistes,  qui  regardent  comme 
des  laves  (es  masses  prismatiques  auxquelles  les  modernes 
donnent  le  nom  de  basaltes-,  ont  conclu  que  le  basalte  des  an- 
ciens étoit  un  produit  du  feu.  Mais  nous  verrons  bientôt  que 
le  basalte  antique  n'est  pas  le  même  que  notre  basalte.  Il  a  bien 
quelques  rapports  avec  lui  par  sa  couleur  ;  mais  il  est  moins 
aigre  et  plus  fiicile  à  travailler  que  ce  dernier  ,  plus  doux  au 
toucher,  et  même  à  l'œil.  Quand  bien  même  il  seroit  prouvé 
que  les  substances  travaillées  anciennement  sous  le  nom  de 
basaltes  seroient  divisées  en  prismes  ,  cela  ne  prouveroit  pas 
encore  l'identité  des  substances  dont  il  s'agit. 

On  sait  que  plusieurs  minéraux  partagent  cette  propriété. 
Il  existe  ,  en  Suède  et  ailleurs  ,  des  masses  prismatiques  d'une 
pierre  noire  à  laquelle  les  Suédois  donnent  le  nom  de  trapp  , 
et  qui  se  trouve  dans  des  circonstances  géologiques  propres 
à  éloigner  toute  idée  de  volcanicité.  Elle  appartient,  au 
contraire,  aux  terrains  de  première  formation  ,  et  est  prin- 
cipalement composée  d'amphibole. 

Dolomieu  rapporte  le  basalte  antique  à  l'amphibole  en 
masse,  qui  passe  au  granité  dans  certains  morceaux.  (  V^oyez 
Journ.  de  PL,  t.  Sy.)  M.  Faujas  est  du  même  avis  dans  sou 
Histoire  naturelle  des  roches  de  trapp. 

»  On  a  classé ,  dit-il,  sans  raison  parmi  les  trapps  une  pierre 
noire,  dure,  àpàteplus  ou  moins  fuie,  employée  depréference 
parles  anciens  Egyptiens  pourformer  les  statuesde  leurs  nom- 
breuses divinités.  La  couleur  sonibre  et  égale  de  la  pierre  , 
la  sévérité  des  formes,  convenoient  à  l'austérité  de  leur  culte; 
et  la  grande  dureté  de  cette  pierre  la  rendoit ,  en  quelque 
sorte  ;  impérissable  :  la  cupidité  des  con^uérans  u'avoit  pas 


278  BAS 

d'intérêt  à  la  détruire ,  puisqu'on  ne  pouvoit  tirer  aucun  parti 
de  la  valeur  de  la  matière  ,   qui  «iloit  nulle. 

"  Cette  pierre,  dont  Pline  el  Strahon  ont  fait  mention,  et 
que  le  célèbre  naturaliste  romain  désigna,  d'après  les  Egyp- 
tiens ,  sous  le  nom  de  basalte  ,  a  donné  lieu  à  de  grandes  dis- 
cussions parmi  les  antiquaires,  et  plus  particulièrement  parmi 
les  minéralogistes.  Ces  derniers  ayant  cru  reconnoitre  ,  en 
raison  de  la  couleur  et  de  la  dureté  ,  cette  même  pierre  ,  en 
voyant  les  laves  compactes  si  abondamment  répandues  dans 
la  Sicile  et  dans  une  grande  partie  de  Tltalie  ,  donnèrent  à 
ces  laves  le  même  nom  de  basalte  ;  l'habifude  prévalut  ,  et 
l'on  finit  par  regarder  ces  deux  genres  de  pierre  comme  étant 
de  la  même  nature,  c'est-à-dire  ,  qu'on  les  considéra  comme 
le  produit  des  volcans  ,  quoique  le  basalte  d'Egypte  eût  une 
origine  bien  différente. 

j'  Une  des  causes  qui  contribua  long-temps  à  maintenir 
cette  erreur,  c'est  qu'après  la  conquête  de  l'Egypte  par  les  Ro- 
mains, beaucoup  de  statues  égyptiennes  ,  de  vasesel  autresmo- 
iiumens  en  basalte,  ayant  été  transportés  à  Pxome,  ce  genre  de 
£uriositéful  très-reclierché  et  devint ,  sous  Tempereur  yVdrien, 
«ne  sorte  de  passion  ,  qui  porta  ces  objets  d  art  à  un  prix 
très-élevé  ;  on  restaura  tout  ce  qui  avoit  éprouvé  desaccidens, 
avec  de  véritables  basaltes  volcaniques  ,  que  les  sculpteurs 
anciens  avoient  la  facilité  de  se  procurer  à  peu  de  frais,  dans 
les  environs  mêmes  de  Rome;  de  sorte  que  ,  dans  les  temps 
postérieurs  ,  lorsque  des  savans  versés  dans  la  connrtissance 
des  pierres  porloient  leurs  regards  sur  ces  parties  réparées, 
sans  y  regarder  de  plus  près,  ils  éioient  induits  en  erreur,  et, 
trompés  par  ces  restaurations,  bien  postérieures  au  temps  des 
Egyptiens,  ils  ne  manquoient  pas  d  affirmer  que  ces  peuples 
avoient  employé,  dans  leurs  ouvrages  d'art,  de  véritables  /yo- 
5û//e5  volcaniques  ;  et  de  là,  peut-être  ,  la  fausse  tradition  que 
les  Egyptiens  et  même  les  Romains  avoient  employé  des  pierres 
qu'ils  pouvoient  fon/ire  et  couler  en  moule. 

»  En  dernière  analyse,  le  basalte  égyptien  ,  le  basalte  de 
Pline  et  de  Sirabon  n'appartiennent  ni  aux  laves  ni  aux  trapps, 
mais  à  un  véritable  granité ,  dont  les  grains,  très-fins  et  très- 
atténués  ,  sont  masqués  par  des  molécules  très-abondantes 
d'iiornblende.  (  Ow.-a^e  cité ,  p.  61  et  suiv.  ) 

En  effet  ,  l'on  remarque  sur  plusieurs  monumens  un  peu 
volumineux  ,  le  passage  de  la  rocbe  amphibolique  et  feldspa- 
thique  que  les  Italiens  nomment  granito  nero  ebianco,  au  ba- 
salte à  grain  f  n  et  compacte.  La  même  transition  s'observe  , 
quoique  plus  rarement  ,  du  basalte  vert  à  la  roche  d'amphibole 
vert  lamelleux  et  de  feldspath  ,  qu'ils  nomment  .o'mw'/o  verde. 
M..  Wad,  qui  a  décrit  avec  beaucoup  de  soin  la  matière  des 


B  A  S  ,,, 

monumens  égyptiens  en  hasalte ,  conservés  dans  le  Mmeunt 
Borglanum,  à  Velletri,  pense  qu'il  y  en  a  de  deux  sortes  :  l'une 
d'elles  appartient ,  dit-il ,  aux  montagnes  primitives  ,  et  est 
composée,  en  grande  partie,  d'hornblende  noire  (amphibole), 
avec  feldspath  et  quarz  disséminés  ,  et  peut  être  rapportée  à 
la  syénite  de  Werner  ;  l'autre  ,  de  formation  plus  récente  , 
ressemble  en  tout  au  basalte  ou  lave  basaltine  des  Italiens  , 
et  à  la  substance  nommée  basalte  par  M.  AVerner.  (  Voyez 
sa  Dissertation,  irriprimée  à  \  elletri  en  lyg^--  )  Nous  ajoute- 
rons que  le  basalte  vert  antique  est,  pour  le  célèbre  professeur 
de  Freyberg  ,  une  variété  de  grunstein  de  première  forma- 
tion ;  d'où  il  résulte  que  l'on  a  évidemment  applique  le  nom 
de  basalte  à  des  substances  très-différentes.  On  a  été  même 
jusqu'à  le  donner  à  certaines  variétés  de  marbre  noir  ,  dont 
furent  faits  ,  du  temps  d'Adrien ,  divers  monumens  dans  le 
style  égyptien. 

Agricola  est  le  premier ,  parmi  les  modernes  ,  qui  ait  nom- 
mé basaltes  des  pierres  noires  en  forme  de  colonnes  polygones, 
observées  par  lui  à  Stolpen  et  dans  d'autres  lieux  de  la  Saxe. 
Ce  sont  principalement  ces  colonnes  qui  ont  donné  lieu  aux 
discussions  qui  existent  depuis  si  long-temps  entre  les  miné- 
ralogistes ,  sur  la  question  de  savoir  si  les  matières  noires 
prismatiques  qui  recouvrent  des  sommités  en  Saxe  et  en  Au- 
vergne ,  et  qui  composent  des  masses  si  considérables  en 
Irlande  et  dans  d'autres  pays  ,  sont  d'origine  volcanique. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  l'examen  de  toutes  les  opinions 
qui  ont  été  émises  à  ce  sujet  par  les  naturalistes,  parlagés  à 
cet  égard  en  deux  partis  ,  sous  le  nom  de  vokanistes  et  de 
neptuniens  ,  et  à  la  tête  desquels  on  voit ,  des  deux  cotés  ,  des 
noms  également  célèbres.  On' les  trouvera  analysées  dans  la 
seconde  partie  de  cet  article,  dont  M.  Patrin  est  l'auteur. 

Nous  devons  seulement  avertir  ici  que  ,  jusqu'à  ces  derniers 
temps,  tous  lesminéralogistes  regardoient  l'amphibole  comme 
la  base  de  cette  roche  ,  susceptible  de  se  diviser  en  prismips , 
quelle  que  soit  son  origine  ,  à  laquelle  ils  donnent  le  nom  de 
basalte  ;  mais  que  des  observations  récentes  de  M.  Cordier 
lai  ont  fourni  la  preuve  que  c'est  le  pyi'oxène  et  non  pas  l'am- 
phibole, qui  forme  ,  avec  le  feldspath  et  le  fer  titane,  la  base 
de  ces  substances  ,  ainsi  que  celle  des  laves  compactes  ou  po- 
reuses; que  les  laves  prismatiques  d'une  couleur  noire  ,  sont 
presque  entièrement  composées  de  pyroxène  et  de  fer  titane, 
avec  très-peu  de  feldspath  ;  le  péridot  y  est  simplement  dissé- 
miné ;  les  laves  ,  d'une  couleur  plus  claire  ,  contiennent  da- 
vantage de  ce  dernier;  et  enfin,  il  y  a  des  laves  entièrement 
feldspathiques.  V.  Laves.  Les  basaltes  de  la  Saxe  ,  examiné.'», 
sous  ce  rapport  ,    lui  ont  offert  les  mêmes  résultats  ,  ainsi 


s8o  B  \  S 

que  ceux  de  l'Auvergne  et  des  autres  parties  de  l'Europe; 

L'on  peut  consulter  ,  relativement  à  cette  discussion  ,  le 
savant  Mémoire  de  M.  Daubuisson  sur  les  basaltes  de  la 
"Saxe  (Paris,  Courcier,  i8o3),  quin  avoit  pas  vu,  il  est  vrai, 
l'Auvergne  à  cette  époque,  et  qui  partage  actuellement  Popi- 
nion  répandue  en  France  sur  la  volcanicité  des  basaltes  de  ce 
pays ,  mais  qui  a  rassemblé  dans  son  ouvrage  toutes  les  rai- 
sons apportées  ,  encore  aujourd'hui,  en  Allemagne  ,  conti-e 
cette  même  origine. 

Nous  devons  avertir  aussi  que  les  formes  prismatiques  du 
basalte  ,  que  M.  Patrin  regarde  comme  le  produit  d'une  véri- 
table cristallisation,  analogue  ,  suivant  lui,  à  celle  des  espèces 
minérales  ,  ne  sont  considérées  ,  par  le  plus  grand  nombre 
des  minéralogistes  et  des  géologues  ,  que  comme  l'effet  d'un 
retrait  que  le  basalte  auroit  éprouvé,  soit  en  se  desséchant,, 
s'il  est  le  produit  de  l'eau  ,  soit  en  se  refroidissant ,  sïi  est  le 
résultat  de  la  fusion. 

Caractères  du  basalte  (Mémoire  de  M.  Daubuisson,  p-  7  à  9). 
—  La  couleur  du  basalte  est  le  noir-grisâtre  plus  ou  moins 
foncé  ;  lorsqu  il  est  poli  et  mouillé  ,  il  a  un  aspect  bleuâtre. 
Dans  quelques  variétés,  la  couleur  prend  une  teinte  de  vert  ; 
dans  d'autres  ,  de  brun  ou  de  rouge  ;  dans  le  premier  cas  , 
le  basalte  se  rapproche  de  la  wacke  ou  du  ^m/w/mz  ;  dans  le 
second  ,  de  la  mine  de  fer  argileuse. 

11  se  trouve  en  masses  ,  en  couches  recouvrant  des  mon- 
tagnes dont  il  forme  ordinairement  la  cime;  le  plus  souvent, 
ses  masses  ou  couches  sont  divisées  en  prismes  plus  ou  moins 
réguliers  et  qui  ont  plusieurs  mètres  de  long  (  les  plus  beaux 
que  nous  connoissions  sont  ceux  <pii  forment  le  monticule 
au  pied  duquel  est  bâtie  la  petite  ville  de  Murât,  en  Auvergne, 
sur  la  route  d'Auriliac  à  Saint-Flour[L.]  ):  quelquefois  elles 
sont  divisées  en  plaques,  ou  en  boules  à  couches  concen- 
triques. Quelques  variétés  présentent  des  cavités  huileuses  , 
en  plus  ou  moins  grand  nombre. 

Sa  cassure  est  ordinairement  mate  et  presque  terreuse 
(quelquefois  foiblement  brillante  )  ,  mais  à  grains  fins  ,  pas- 
sant à  la  conchoïde  évasée  ,  d'autres  fois  à  l'inégale  à  gros 
grains.  Il  présente  souvent  des  pièces  séparée^  grenues.  Il  est 
difficile  à  casser  lorsqu'il  n'est  pas  fendillé.  Les  prismes,  sur- 
tout lorsqu'ils  sont  petits,  résonnent  sous  le  marteau  comme 
une  enclume.  Les  fragmens  détachés  ont  les  bords  d'autant 
plus  aigus  ,  que  la  cassure  des  prismes  approche  plus  de  la 
conchoïde  ;  ce  sont  les  plus  durs  et  les  plus  compactes. 

Sa  dureté  varie  ;  les  variétés  dans  lesquelles  la  cassure  est 
conchoïde ,  donnent  quelques  étincelles  au  briquet  ;  les  autres 
^c  laissent  attaquer  au  couteau  :  celles  qui  sont  criblées  de 


BAS  i8i 

cavités  huileuses  ^  ont  souvent  quelque  chose  de  sec  et  d'aigre 
au  toucher. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  environ  trois  fois  (  3,o65  sui- 
vant Klaproth)  plus  considérahle  que  celle  de  l'eau.  Les  va- 
riétés poreuses  sont  plus  légères. 

Presque  tous  les  basaltes  agissent  sur  Taigullle  aimantée. 
D'après  Tobservation  de  M.  Haiiy  ,  plusieurs  possèdent  la 
vertu  poL-îire. 

Expose  à  l'action  des  élémens  atmosphériques,  il  se  dé- 
compose, plus  ou  moins  facilement,  en  une  terre  grasse, 
de  couleur  noirâtre  ,  et  très-propre  à  la  végétation.  Les  va- 
riétés les  plus  compactes  ,  ces  prismes  semblables  à  du  fer  , 
paroissenl  résister  à  toute  décomposition  :  celles  qui  sont 
criblées  de  cavités  se  décomposent  souvent  en  une  espèce  de 
matière  terreuse  grisâtre,  qui  ressemble  quelquefois  à  de 
la  cendre  et  à  une  véritable  argile  d'un  gris  cendré ,  du 
moins  en  AuveVgne  [l.].  Soumis  à  l'action  du  feu  des  four- 
neaux de  nos  laboratoires  ,  il  se  fond  à  environ  38  degrés  du 
pyromelre  de  Wedgewood,  d'après  l'estimation  de  sir  Hall  : 
il  s'y  convertit  en  un  verre  d'un  noir  brunâtre  ou  verdâtre  , 
et  un  peu  translucide  sur  les  bords.  Ce  verre  ,  refondu  et  re- 
froidi très-lentement ,  redonne  une  substance  d'un  aspect 
pierreux.  Exposé  au  feu  dans  un  creuset  revêtu  de  poussier 
de  charbon ,  le  basalte  se  change  en  une  masse  grise  ,  mate  , 
criblée  de  petits  trous  et  remplie  de  globules  de  fer. 

MM.  Klaproth  et  le  docteur  Kennedl  ont  analysé  lebasalte, 
et  ils  ont  trouve  que  sur  cent  parties  il  contenoit  : 

Klaproth.  Kennedy. 

Silice .  4-4i5o  ...  4-6 

Alumine 16,75  ...  16 

Oxyde  de  fer   ....  20,00  '.     .     .  16 

Chaux Qï^o  ...  9 

^Magnésie 2,25  ...  o 

Soude 2,60  ...  4- 

Eau 2,00  ...  5 

Oxyde  de  manganèse     .  0,12  .     .     .  o' 

Acide  murlallque.     .     .  o,o5  ...  i 

Perte 2,28  ...  3 

100,00  100 

M.  Klaproth  a  en  outre  trouvé  un  peu  de  carbone  ;  et  dans 

les  cinq  parties  A' eau  de  1  analyse  du  docteur  Kennedy,  sont 

comprises  les  substances  gazeuzes. 

Nous  ajoutons  ici ,  d  après  le  même  auteur,  quelquesmots 

sur  la  structure  du  basalte^  et  sur  sa  situation  géologique. 
La  structure  d«  basalte  est  quelquefois  simple  ,  c'est-à- 


^33  BAS 

dire,  d'apparence  homogène;  mais  le  plus  souvent  elle  est 
poj-phyrique,  et  même  assez  fréquemment  yoor^/îyn'yMe  et  amyg- 
daldide  tout  à  la  fois.  Elle  est  porpliyrique  ,  parce  qu'au  milieu 
de  la  masse  ou  pâte  basaltique  ,  on  trouve  des  cristaux  ou  des 
grains  d'amphibole  ,  de  péridot ,  de  pyroxène  ,  de  mica  ,  de 
feldspath  ,  de  fer  magnétique  ,  etc.  Ces  cristaux  ou  grains  ont 
été  formés  en  même  temps  que  la  masse  basaltique  ;  ils  rem- 
plissent très-exactement  la  petite  cellule  qu'ils  occupent  ;  ils 
adhèrent  à  ses  parois:  ils  sont  assez  régulièrement  dispersés 
dans  la  masse  ,  et  presque  jamais  groupés.  La  structure  de 
certains  basaltes  est  amygdaldide^  quand  il  se  trouve  dans  leur 
masse  de  petites  cavités  ,  tantôt  tortueuses  ,  tantôt  sphériques 
ou  ovoïdes  ,  et  quelquefois  en  si  grande  quantité  que  cette 
masse  a  l'air  d'une  éponge  :  ces  cavités  sont  tantôt  vides  , 
tantôt  remplies  ,  soit  en  totalité  ,  soit  en  partie  ,  de  diverses 
substances  qui  ,  suivant  les  uns  ,  y  ont  été  déposées  par  une 
dissolution  qui  y  aura  pénétré  vraisemblablement  par  infil- 
tration ,  et ,  suivant  les  autres  ,  sont  produites  par  la  cristal- 
lisation ,  dans  le  temps  de  la  consolidation  de  la  masse  ). 
Quelquefois  ces  substances  tapissent ,  sous  la  forme  d'un 
simple  enduit ,  les  parois  des  cavités  ;  d'autres  fois,  plusieurs 
couches  ,  de  nature  souveni  différente  ,  s'y  déposent  les  unes 
sur  les  autres,  cJ  forment  des  géodes  et  des  agates  ;  d'autres 
fols  elles  les  remplissent  entièrement  :  celles  qu'on  trouve  le 
plus  fréquemment  dans  les  basaltes  amvgdaloïdes  ,  sont  des 
stéatites,  de  la  terre  verte  ,  du  spath  calcaire  ,  des  zéolithes, 
du  quarz  ,  des  calcédoines  ,  etc. 

Le  basalte  ,  considéré  en  grandes  masses  ,  se  trouve  divisé 
en  grandes  couches,  qui  se  subdivisent  en  prismes ,  en  tables, 
en  boules,  etc.  Le  nombre  des  faces  de  ces  prismes  est  très- 
variable,  de  même  que  leur  situation;  cette  dernière  s'ap- 
proche le  plus  souvent  de  la  direction  verticale  ;  il  y  en  a 
aussi  de  très-inclinés  et  même  d'horir.ontaus  ;  d'autres  qui 
vont  en  divergeant  d'un  centre  commun.  Ils  sont  aussi  assez 
souveni  partagés  de  distance  en  distance  par  des  fissures  per- 
pendiculaires à  l'axe  ,  qui  les  divisent  en  tronçons ,  dont  une 
face  est  concave  et  l'autre  convexe  ,  et  sont  alors  ce  qu'on 
appelle  atiicidés.  Ces  prismes  ,  en  .se  décomposant ,  donnent 
naissance  à  des  boules  composées  de  couches  concentriques, 
au  moins  dans  la  partie  voisine  de  la  surface  ,  etc. 

Les  couches  ou  masses  de  basalte  sont  souvent  accompa- 
gnées de  couches  ou  de  masses  de  wacke  ,  de  grunstein  et  de 
porphyrscliiefer.  Ces  substances  minérales  ,  prises  ensemble, 
composent  des  montagnes  ,  et  ne  se  trouvent  que  dans  le  voi- 
sinage les  unes  des  autres  ;  de  plus,  elles  passent  les  unes  dans 
les  autres  par  une  série  progressive  denuances  intermédiaires, 


BAS  .  a83 

et  sont  ainsi  de  même  formation.  La  wac\e  est  en  couches 
minces  sous  le  basalte ,  et  le  grunsteinbasall,  ordlnairenieal 
par-dessusi 

Enfin  ,  considéré  par  rapport  aux  autres  roches  ,  le  basalte 
les  recouvre  presque  toujours  et  n  en  est  point  recouvert  :  sa 
formation  esl  donc  moins  ancienne  ;  il  se  trouve  ,  le  plus 
souvent,  sur  la  soumiité  dos  raonlagnes  coniques  et  isolées. 
Tels  sont  les  faits  relatifs  aux  caractères  <lu  basalte  et  à  sa 
situation  géologique  ,  abstraction  faite  de  tout  système  sur  son 
origine.  jSous  verrons  plus  bas  le  par  i  que  les  neptuniens  et 
les  volcanistes  en  ont  tiré  ,  pour  attribuer  sa  formation,  soil  à 
l'eau,  soit  au  feu. 

Ce  qui  suit  est  de  M.  Patrin  :  nous  n'avons  pas  cru  de- 
voir en  retrancher  ce  qui  regarde  la  cristallisation  du  basalte, 
ayant  averti  plus  haut  que  nous  ne  partagions  pas  les  opinions 
de  1  auteur  à  ce  sujet;  cette  discussion,  d'ailleurs,  pouvant  à 
plusieurs  égards  intéresser  les  naturalistes,  quoiqu'elle  ren- 
ferme beaucoup  d'assertions  erronées  relativement  à  la  cris- 
tallographie. (LUC.)  • 

La  ressemblance  du  basalte  avec  certains  trapps  est  si 
grande,  qu  il  est  très-diffu  ile  de  les  distinguer  d  après  les 
échantillons  de  cabinet  ;  mais  quand  on  les  observe  en  grand 
dans  la  nature  ,  on  voit  qu  ils  se  trouvent  dans  des  circons- 
tances géologiques  absolument  différentes.  Il  est  aisé  de  re- 
connoître  que  le  tmpp  est  une  roche  prindtioe,  contemporaine 
du  granité;  tandis  que  le  basalte,  disposé  par  couches  à  peu 
près  horizontales  ,  comme  les  couches  coquillères  sur  les- 
quelles il  n'est  pas  rare  de  le  voir  reposer,  est  évidemment 
une  matière  secondaire. 

Les  couches  de  basalte  sont  à  peu  près  horizmlales ,  et 
souvent  formées  d'un  assemblage  de  prismes  polygones  , 
accolés  les  uns  anx  autres  ,  et ,  pour  l'ordinaire  ,  dans  une 
situation  verticale.  Plusieurs  de  ces  couches  sont  quelquefois 
entassées  les  unes  au-dessus  des  autres  ,  avec  plus  ou  moins 
de  régularité  ;  et  il  n'est  pas  rare  de  voir  entre  ces  couches  , 
composées  de  colonnes  verticales  et  régulières,  d'autres 
couches  en  désordre,  et  qui  contiennent  des  matières  étran- 
gères. Ou  reconnoit  que  le  massif  qui  résulte  de  cet  assem- 
blage de  couches  ,  a  élé  formé  à  plusieurs  reprises. 

On  donne  à  ces  grands  amas  de  basalte.,  qui  ont  quelquefois 
plusieurs  lieues  détendue,  le  nom  de  chaussées  basaltiques. 

Nous  avons  en  France  un  grand  nombre  de  ces  chaussées 
basaltiques  ,  surtout  en  Auvergne  et  dans  le  Velay  et  le  Viva- 
rais.  Nous  devonsla  connoissance  des  premières  à  Desmarets, 
et  les  secondes  sont  décrites  et  figurées  dans  le  bel  ouvrage 
de  Faujas  de  Saint-Fond. 


281  .  BAS 

Mais  les  plus  célèbres  monumens  de  la  nature  en  cegenre^ 
sont  la  Chaussée  des  Gains,  sur  la  côte  seplenirionale  cVlr- 
lande,  et  la  Grotte  de  Hngal^  dans  Tiie  de  Siaffa,  l'une  des 
Hébrides  ,  à  trente  lieues  au  nord  de  la  Chaussée  des  (^éans. 
Je  donnerai  cl-apn''s  la  description  de  1  une  et  de  1" autre  , 
d  après  les  plus  célèbres  observateurs  modernes. 

Les  diverses  circonstances  qui  accompagnent  le  basalte  , 
ont  fait  naître  sur  son  origine  une  grande  question  qui  divise 
les  naturalistes.  Les  uns  prétendent  que  c'est  un  produit  des 
volcans  ,  et  les  autres  soutiennent  qu  il  a  élé  fonné  par  la 
voie  bumide.  On  donne  aux  premiers  le  nom  de  vohanistes  , 
et  aux  seconds  celui  de  neptunlens.  Les  uns  et  les  autres  éta- 
blissent leur  opinion  sur  des  faits  et  des  ralsonnemens  qui  pa- 
roissent  également  concluans  ;  et  je  n'en  suis  nullement  sur- 
pris ,  car  je  pense  que  les  uns  et  les  autres  ont  également 
raison. 

Les  neptumeus  disent  :  «Les  lasaltes  ne  sont  pas  des  laves, 
«  car  ils  sont  disposés  par  couches  à  peu  près  horizontales  et 
<f  régulières,  elftes  courans  de  laves  ne  sauroient  offrir  une 
«  semblable  régularité  ;  il  est  donc  évident  (ju'il  n'a  pas  été 
«  roulé  sur  le  terrain  comme  une  matière  fondue  ,  mais  dé- 
«  posé  comme  une  matière  qui  se  trouvoit  délavée  dans  les 
«  eaux.  »  Ils  rapportent  d'ailleurs  des  faits  bien  constatés, 
qui  prouvent  que  ,  lorsque  les  cou(  hes  de  hasahe  ont  été  for- 
mées ,  elles  étoient  bien  loin  d  être  dans  un  état  de  fusion 
ignée,  puisqu'elles  n'ont  pas  laissé  la  plus  légère  em{treinle 
de  l'action  du  feu  sur  les  corps  combustibles  avec  lesqui-ls 
elles  se  sont  trouvées  en  contact.  On  voit  à.ft<>  masses  de  La- 
salle  (\\n  reposent  immédiatement  sur  des  couches  de  houille, 
qui  n'en  ont  pas  élé  le  moins  du  monde  altérées  ;  etles  schistes 
ferrugineux  n'ont  point  changé  de  couleur. 

Quand  le  basalte  repose  sur  un  banc  de  pierre  calcaire  , 
ou  qu'il  en  est  recouvert,  ces  deux  substances  adhèrent  for- 
tement l'une  à  l'autre;  mais  la  pierre  calcaire  est  dans  son 
état  naturel  et. sans  la  moindre  altération  ,  tandis  que  celle 
qui  se  trouve  en  co.itact  avec  la  lave  ,  est  toujours  calcinée , 
et  dans  un  état  pulvérulent.  Enfin  ,  l'on  trouve  dans  l'inté- 
rieur même  du  ba^nl'e ,  des  corps  combustibles  ou  calcl- 
nables  ,  comme  des  rognons  de  houille  ,  des  coquilles  ,  etc. 
qui  n'offrent  aucun  indice  de  l'action  du  calorique  :  donc  le 
basalte  n'est  pas  une  lave. 

Les  volcanisles  ,  de  leur  côté  ,  disent  que  le  bisalte  se  trou- 
vant toujours  au  pied  des  volcans  ,  soit  éteints  ,  soit  en 
activité  ,  et  jamais  ailleurs  que  dans  les  contrées  volcanisees, 
il  est  plus  que  probable  que  c  est  de  ces  volcans  mêmes  qu  il 
lire  $0»  origine,  lis  ajoutent  que  le  basalte  offre  des  accideo& 


B  A  S  585 

qiiï  éê  rencotllreftt  fréquemment  dans  les  matières  volca- 
niques ,  généralement  reconnues  pour  telles  ,  et  qu'on  n'a 
point  encore  rencontrées  dans  des  matières  qui  soient  in- 
contestablement formées  par  la  voie  humide.  Ou  voit ,  par 
exemple  ,  du  basalte  qui ,  de  l'aveu  même  des  ncplunicns  ^ 
offre  dans  son  intérieur  des  alvéoles  ,  ou  sphériques ,  ou 
ovoïdes,  parfaitement  semblables  aux  soufflures  de  la  lave  : 
et  l'on  ne  connoit  ni  trapp  ,  ni  cornéenne  des  montagne» 
primitives  ,   qui  présente  rien  de  semblable. 

Le  basalte  couiio^nv  des  globules  calcaires  ,  des  globules  de 
zéolite rayonnante,  desgeodesde calcédoine,  toutes  matières 
qui  se  trouvent  bien  fréquemment  dans  les  produits  volca- 
niques,  et  dont  on  n'a  point  d  exemple  dans  les  roches  pri- 
mitives ,  ni  dans  aucunes  autres  couches  secondaires  que 
dans  les  basaltes ,  qui  ont  d'ailleurs  une  ressemblance  parfaite 
avec  les  laves  compactes. 

Les  j;^/^^//^^  font  observer  encore  qu'iln'estpas  rare  de  voir 
des  laves  poreuses  ,  et  même  des  tufs,  des  pouzzolanes,  des 
pierres  ponces,  etc.,  affecter  une  forme  prismatique  sem- 
blable à  celle  du  basalte  ;  tandis  qu'aucune  autre  pierre  ,  soit 
primitive  ,  soit  secondaire  ,  ne  se  présente  sous  cette  forme, 
qui  paroît  être  spécialement  affectée  aux  matières  volca- 
niques. 

Ils  disent  enfin  que ,  d'après  les  observations  de  Dolomieu , 
l'on  volt  des  colonnes  de  basalte  qui ,  suivant  son  expression  , 
forment  une  ceinture  tout  autour  de  l'Etna ,  jusqu'à  la  hau- 
teur de  deux  ou  trois  cents  toises  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  et  que  ce  basalte  ofù'e  absolument  les  mêmes  variétés  qne 
les  laves  poreuses  ;  ce  qui  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'idenlllé 
de  leur  origine.  Tout  semble  donc  se  réunir  pour  prouver  que 
le  basalte  est  un  produit  des  volcans. 

On  poarrolt  ajouter  encore  une  autre  considération ,  qui 
seroit,  ce  me  semble  ,  d'un  grand  poids.  On  pourrolt  dire 
que  plusieurs  naturalistes  ont  donné  des  explications  plus 
ou  moins  satisfaisantes  de  la  formation  des  autres  couches  se- 
condaires :  ils  ont  dit,  par  exemple,  que  les  couches  calcaires 
étoienl  formées  de  débris  d'animaux  marins  ;  que  les  couches 
de  grès  provenolent  àudetiitus  des  montagnes  de  granité;  que  les 
couches  de  glaise  étolent  dues  à  la  décomposition  des  schistes 
argileux  ,  etc.  ;  mais  aucun  neptiinien ^  à  ma  connoissance  ,  n'a 
tenté  d'expliquer  la  formation  des  couches  basaltiques,  et  n'a 
pu  nous  apprendre  d'où  la  nature  avolt  tiré  les  matériaux  dont 
elle  a  construit  ces  amas  prodigieux  de  basalte  qui  couvrent 
les  côtes  d'Ecosse,  les  îles  Hébrides  et  tout  le  nord  de  l'Ir- 
lande, jusqu'à  six  ou  sept  lieues  dans  l'Intérieiir  des  terres^ 
s\xr  une  épaisseur  de  plusieurs  centaines  de  pieds. 


a86  B  A  S 

Il  faut  remarquer  que  ces  amas  de  hasalles  reposent  sur  la 
pierre  calcaire  coquillère,  et  qu'ils  sont,  par  conséquent, 
d'une  formation  récente. 

11  faut  remarquer  aussi  que  quelques-unes  des  couclies  qui 
forment  ces  énormes  entassemens,  ont  jusqu'à  cinquante 
pieds  d'épaisseur,  et  que  la  matière  dont  elles  sont  composées 
est  si  parfaitement  homogène  ,  qu'elle  est  toute  cristallisée  en 
colonnes  de  cinquante  pieds  de  hauteur,  de  la  plus  admirable 
régularité.  Il  faut  donc  que  ce  vaste  dépôt  ait  été  fait,  pour 
ainsi  dire  ,  au  même  instant  ;  de  sorte  qu'à  moins  de  supposer 
qu'il  est  le  produit  d'une  opération  de  la  nature,  fort  semblable 
à  une  éruption  volcanique,  il  seroil  impossible  de  lui  supposer 
uue  origine  vraisemblable;  aucune  analogie,  au  moins,  ne 
pourrolt  en  faire  soupçonner  quelque  autre. 

D'après  ces  diverses  considérations  et  beaucoup  d'autres , 
qui  peuvent  servir  de  fondement  aux  deux  opinions  des  nep~ 
iuniens  et  des  volrunistes ,  il  me  semble  qu'il  est  facile  de  les 
concilier,  ou  plutôt  de  les  réunir  et  de  les  fondre  en  une  seule 
et  même  opinion  ,  en  disant  que  la  matière  des  basaltes  a  été 
véritablement  fournie  par  des  volcans,  mais  par  des  volcans 
sous -marins^  dont  les  éjections  élolent  de  la  même  nature  que 
celles  qui  produisent  les  courans  de  lave  àas  vo/rans  déruwrris; 
mais  leurs  molécules  n'avoient  point  entre  elles  la  cohérence 
des  matières  en  fusion,  de  sorte  «[u'elles  ont  pu  se  délayer 
dans  les  eaux  de  la  mer,  qui  les  ont  déposées  par  couches  ré- 
gulières, comme  les  matières  calcaires. 

Cette  opinion  doit  paroître  d'autant  moins  extraordinaire, 
qu'aujourd'hui  même  il  arrive  aux  volcans  de  vomir,  au  Heu 
de  laves,  des  torrens  de  matière  fangeuse  capables  d'ense- 
velir des  villes  entières;  et  l'on  connoit  une  espèce  particu- 
lière de  volcans  qui  n'ont  jamais  que  des  éruptions  de  celle 
nature.  F.  Volc.\>s  vaseux. 

D'ailleurs  comme  il  est  prouvé,  par  l'observation,  que  plus 
la  lave  est  en  contact  avec  l'atmosphère,  et  plus  sa  fusion  est 
complète,  il  est  permis  de  conclure,  par  la  raison  contraire, 
que  le  défaut  total  de  ce  contact  empêche  complètement  la 
matière  de  la  lave  do  passer  à  l'état  de  fusion  ,  et  laisse  ses 
molécules  dans  un  état  d'incohérence  qui  les  rend  miscibles 
à  leau. 

D'après  les  descriptions  des  chaussées  basaltiques  données 
par  les  neptuniens  eux-mêmes ,  on  voit  que  le  basalte  passe 
insensiblement  à  l'état  de  lave  poreuse  ,  puisque  celui  qui 
forme  les  parties  supérieures  de  la  chaussée ,  présente  des 
alvéoles  dans  sa  contexture  intérieure  ,  tandis  que  celui  des 
assises  inférieures  est  parfaitement  compacte.  Cette  circons- 
tance paroil  indiquer  qu'il  est  le  produit  d'une  éruption  qui 


B  A  S  :»87 

a  eu  lieu  dans  le  temps  où  la  mer  se  trouvoit  au  niveau  de  la 
source  même  d'où  émanoit  la  matière  du  basaJle^  qui ,  par  u;i 
léger  contact  avec  Tatmosphère,  commençoit  à  se  modifier  en 
lave  poreuse. 

Les  mêmes  observateurs  disent  qu'entre  les  couches  ou 
assises  composées  de  prismes  basaltiques  réguliers,  on  voit  des 
couches  de  matières  ocracées,  et  des  couches  qui  contiennent 
des  matières  terreuses  en  désordre;  d'autres  enfin  qui  sont 
formées  de  hasaJte^  mais  dont  les  prismes  sont  beaucoup  plus 
minces  et  diversement  inclinés.  Voici  comment  on  pourroil , 
ce  me  semble,  rendre  compte  de  ces  faits,  qui  dépendent  de 
l'état  où  se  trouvoient  et  la  mer  et  le  volcan ,  dans  l'instant 
de  la  formation  de  ces  différentes  couches. 

On  sait  que  les  matières  que  vomissent  les  volcans  ne  sont 
pas  toujours  les  mêmes,  et  qu'elles  varient  suivant  les  phases 
de  chaque  éruption.  Avant  la  sortie  de  la  lave  ,  le  volcan 
vomit ,  pendant  plusieurs  jours,  d'épais  torrens  d'une  fumée 
noire  ,  chargée  d'une  prodigieuse  quantité  de  sable  ferru- 
gineux. 

Dans  les  éruptions  sous-marines^  ces  matières  ferrugineuses, 
entraînées  par  leur  poids,  se  sont  précipitées  les  premières  , 
et  ont  formé  ces  couches  ocracées  qui  servent  de  lit  aus 
couches  basaltiques,  lesquelles  sont  le  produit  de  l'éruption 
proprement  dite,  qui,  dans  les  volcans  découverts  y  forme  les 
coulées  de  lave. 

A  l'égard  des  couches  désordonnées  de  matières  terreuses, 
mêlées  de  fragmens  de  basalte  ^  pour  en  concevoir  l'origine  , 
on  peut  se  représenter  un  cône  volcanique  qu'une  éruption 
sous-marine  élève  subitement  à  la  surface  de  la  mer,  comme 
nous  en  avons  vu  de  nos  jours  (et  il  ne  faut  pas  croire  que  ces 
îles  volcaniques  soient  le  fond  même  de  la  mer  qui  a  été  sou- 
levé -,  ce  n'est  autre  chose  qu'un  amas  de  matières  sableuses 
vomies  par  le  volcan  ;  ces  îles  se  forment  de  la  même  façon 
qu'une  taupinière  ).  Cette  bouche  volcanique  vomira  de  la 
lave;  mais  celle-ci,  se  trouvant  bientôt  en  contact  avec  l'eau, 
se  figera  et  formera  un  bourrelet  que  son  poids  entraînera  au 
fond  de  la  mer.  A  ce  bourrelet  en  succédera  un  autre  qui 
éprouvera  le  même  sort  ;  et  enfin  le  cône  lui-même,  entière- 
ment formé  de  sables  volcaniques,  ne  tardera  pas  à  céder  à 
l'impétuosité  des  flots  :  dès  la  première  tempête  ,  il  sera  ren- 
versé ,  culbuté  (  comme  nous  avons  vu  disparoître  plusieurs 
îles  pareilles  ),  et  ses  débris  terreux ,  confondus  avec  les  frag- 
mens de  laves,  formeront  les  couches  dont  il  s'agit. 

Dès  ce  moment,  le  volcan  ,  parla  destruction  de  son  cône, 
n'ayant  plus  de  communication  directe  avec  l'atmosphère , 
YtàQy'itni  volcan  sous-marin  ;  et  l'éruption  suivante,  qui  peut 


a88  BAS 

«e  trouver  moins  féconde  en  m.ilières  sableuses  que  ta  précé- 
dente, ne  formera  point  un  cône  qui  s'élève  jusqu'à  la  surface 
des  eaux;  la  matière  basaltique  se  d  ^posera  sur  les  débris  de 
l'éruption  précédente  ,  et  pourra  former  une  couciie  régu- 
lière, dont  la  cristallisation  paisible  produira  les  prismes  que 
nous  admirons. 

Quant  aux  courbes  de  basalte  formées  de  prismes  beaucoup 
plus  minces  et  diversement  inclinés,  il  est  probable  que  leur 
désordre  provient  uniquement  de  ce  que  la  cristallisation  de 
ces  basaltes  s'est  opérée  dans  le  temps  des  grandes  marées ,  où 
les  eaux  de  l'Océan  ,  remuées  avec  violence  jusque  dans  les 
plus  grandes  profondeurs,  ont  donné  à  cette  masse,  encore 
mal  consolidée ,  des  secousses  qui  en  ont  troublé  la  cristal- 
lisation. 

Ecoutons  maintenant  le  célèbre  professeur  Pictet,  dans  la 
belle  description  qu'il  nous  donne  de  la  Chaussée  ou  Paoé 
des  Géans^  dans  une  de  ses  lettres  si  intéressantes  et  si  instruc- 
tives, qui  contiennent  la  relation  de  son  voyage  dans  les  trois 
royaumes  britanniques.  Celle-ci  est  datée  de  Dublin  ,  le  28 
juillet  180 1.  {Bibliot.  bril.  n.»  14.4.) 

Chaussée  des   Géans.,    sur  la    cote  septentrionale  d'Irlande. 

Pour  aller  de  Port-Rusb  an  Pa^é  des  GéanSy  on  cbemine,  eii 
général,  parallèlement  à  la  côte  ,  c'est-à-dire,  de  l'ouest  à 
l'est.  On  traverse  toujours  un  sol  basaltique  ,  mais  qui  cepen- 
dant repose  ,  dans  la  première  partie  de  l'espace  qu'on  par- 
court ,  sur  des  coucbes  de  pierre  calcaire  très-blanche 

Ces  couches  plongent  vers  le  sud.  . . . 

Pictet  observe  que,  chemin  faisant,  on  voit  à  droite  de 
la  route  un  sommet  basaliù/ue ,  composé  de  colonnes  verti- 
cales. 

Plus  loin  ,  au  village  de  Bushmills  ,  on  passe  un  pont  de 
pierre ,  dont  l'une  des  culées  repose  sur  une  rangée  de  piliers 
iiasaltiques. 

A  un  mille  au-delà  de  Bushmills,  on  trouve  un  hameau 
où  l'on  prend  des  guides. 

Arrivés,  après  quelques  minutes  de  chemin,  au  bord  d'une 
falaise  assez  élevée ,  nous  descendons  vers  la  mer  par  un 
chemin  qui  coupe  en  pente  douce  l'escarpement  que  nous 
avons  à  droite.  Ce  chemin  nous  mène  à  l'entrée  du  fameux 
Pavé  des  Géans  ,  Giant's  Causeivay. 

C'est  une  sorte  de  promontoire,  ou  plutôt  de  jetée,  qui 
descend  vers  la  mer  en  pente  douce  ,  et  se  termine  par  une 
p  >inte  sar  laquelle  les  vagues  venoient  écumer  avec  violence. 
jCvtte  jetée  formt  la  corne  occidentale  d'une  baie  en  forme 


BAS 


89 


àe  croissant,  ceinte  d'une  côte  élevée  et  abrupte,  doçt  l'en- 
semble offre  les  plus  beaux  phénomènes  hasalli(fues. 

On  ne  voit  de  toutes  paris  que  colonnes  groupées  et  tou- 
jours verticales^  sauf  une  seule  exception,  dont  je  parlerai 
tout  à  l'heure.  Les  guides  ont  donné  à  ces  groupes  des  noms 
relatifs  à  des  objets  connus ,  dont  ils  offrent  de  loin  l'ap'pa- 
rence  :  ainsi,  Tun  qu'on  voit  vers  le  fond  de  la  baie,  se  nomme 
V  Orgue  ;  un  autre,  le  Métier  du  Tisserand^  etc. 

La  Chaussée  des  Géans  est  elle-même  un  de  ces  groupes, 
assez  enfoncé  au-dessous  des  autres  pour  amener  près  du 
niveau  de  la  mer  les  extrémités  supérieures  de  tous  les 
prismes  dont  il  est  composé  ;  tandis  qu'on  n'aperçoit  des 
autres  groupes  que  leurs  faces  latérales. 

L'ensemble  des  sections  horizontales  des  milliers  de 
prismes  qui  composent  cette  chaussée,  lui  donne  de  loin 
l'apparence  d'un  pavé  de  pierres  polygones.  De  plus  près  , 
ces  sections  ne  sont  p|us  au  même  niveau  ;  et  en  parcourant 
la  chaussée  ,  on  monte  et  descend  continuellement  comme 
des  marches  d'escalier. 

Tous  les  prismes  dont  cette  jetée  naturelle  est  composée, 
sont  en  contact  à  peu  près  parfait  les  uns  avec  les  autres  , 
sans  substance  intermédiaire ,  à  la  différence  du  faisceau 
basaltique  de  Dumbar ,  dont  les  intervalles  sont  remplis 
d'uMe  sorte  de  jaspe  grossier. 

Ils  diffèrent  peu  en  grosseur,  et  leur  diamètre  moyen  est  de 
douze  à  quinze  pouces.  Le  nombre  de  leurs  faces  n'est  pas 
uniforme  :  j'en  ai  vu  de  quatre  et  de  huit;  mais  la  iiès-grande 
pluralité  des  sections  offre  des  hexagones. 

On  sait  que  les  prismes  basaltiifues  sont  ordinairement 
composés  d'assises  à  peu  près  égales  ,  superposées  les  unes 
aux  autres  ,  avec  un  joint  intermédiaire,  dans  lequel  la  con- 
tinuité du  prisme  est  décidément  interrompue.  Quand  on 
sépare  ces  assises  ,  on  trouve  que  leur  articulation  présente 
presque  toujours  une  face  convexe,  et  l'autre  concave.  Il  ne 
m'a  pas  paru  que  la  convexité  fût  plus  fréquemment  en  des- 
sous qu  en  dessus  ;  mais  j'ai  fait  sur  la  structure  de  ces,  prismes 
deux  observations  qui  me  semblent  avoir  échappé  aux  auteurs 
qui  ont  écrit  sur  ce  sujet.  L'une  est  que ,  dans  les  faisceaux 
prismatiques  partiels  dont  l'ensemble  de  la  chaussée  est  com- 
posé, quand  le  faisceau  offre  à  l'extérieur  une  certaine  ré- 
gularité, les  assises  qui  composent  des  prismes  contigus  ont 
la  même  hauteur  ;  en  sor.te  que  les  joints  se  correspondent 
exactement  d'un  prisme  à  l'autre. 

Le  second  fait  m'a  paru  plus  singulier.  .  .  .Non-seulement 
la  section  d'une  assise  présente  ou  une  convexité  ,  ou  une 
concavité  ;  mais  tous  ses  angles  se  relè\>ent  en  pointe  pour  emhrasicx 

LU.  19 


290  ^  A  S 

les  angles  de  l'assise  sumintc,  qui  est  convenablement  entaîll<fe 
pour  loger  cette  pointe  ,  laquelle  fait  partie  de  i'arele  du 
prisme. 

Dans  quelques-uns  des  prismes  ,  ces  pointes  sont  toules 
enlevées.  11  paroît  que  la  pierre  est  moins  cohérente  là  qu'ail- 
leurs, et  que  ces  parties  saillantes  de  la  section  horizontale 
ont,  avec  le  reste  de  l'assise,  quelque  joint  iniperceptihle, 
par  lequel  elles  s'en  détachent  avec  le  temps,  par  relïel  des 
influences  atmosphériques. 

Le  basalte  dont  tous  ces  prismes  sont  composés ,  est  une 
|)ierre  assez  dure  pour  faire  feu  ,  quoique  imparfaitement, 
avec  l'acier;  de  couleur  noirâtre  dans  sa  cassure  récente, 
et  grisâtre  dans  les  surfaces  qui  ont  reçu  l'action  des  élé- 
nicns.  Son  grain  est  serré  ;  elle  agit  sur  l'aiguille  aimantée  ; 
sa  pesanteur  spécifique  est  d'environ  2,9,  dans  les  échan- 
tillons qui  sont  sans  cavités. 

Ces  cavités,  qui  se  trouvent  plus  comjj^unrrnenl  dans  la  partie 
svpérieurc  des  assises  qu  ailleurs^  sont  quelquefois  vides;  d'autres 
fois  elles  contiennent  de  l'eau  douce,  à  ce  que  m'a  appris  le 
docteur  Richardson  :  je  n'en  ai  pas  vu  qui  offrissent  cette 
dernière  particularité. 

On  trouve  dans  le  tissu  même  du  basalte  quelques  subs- 
tances étrangères;  savoir,  des  zéolites  ,  ordinairement  ar- 
rondies à  l'extérieur,  et  rayonnantes  dans  leur  cassure,  quel- 
quefois aussi  formées  en  petites  géodes.  Il  y  en  a  de  toutes 
grosseurs,  depuis  un  grain  à  peine  perceptible ,  jusque  ,  dit- 
on,  au  poids  d'une  livre.  Je  n'en  ai  pas  vu  de  celte  taille ,  ni 
près  de  là. 

On  y  trouve  des  préhnites  ,  et  quelques  petites  veines  de 
calcédoine ,  de  stéatite  et  de  mine  de  fer.  A  en  juger  par  les 
vastes  couches  d'ocre  rouge  qui ,  à  diverses  hauteurs,  séparent 
les  rangées  de  colonnes  basaltiques,  ce  métal,  à  l'état  doxyde, 
abonde  dans  ces  régions.  On  découvre  déjà,  à  l'aspect  de 
l'amphithéâtre  qui  environne  la  baie ,  un  phénomène  qui  est 
plus  frappant  dans  d'autres  sections  verticales  de  la  même 
côte,  plus  à  l'est;  savoir,  des  couches  alternantes  de  bas  en 
haut  de  cette  ocre  ,  de  basaltes  prismatiques  en  colonnades 
régulières,  et  d'autres  basaltes  très-confusément  agglomérés 
et  mélangés  de  terre.  Ces  alternatives  se  répètent  à  plusieurs 
reprises  ;  mais  les  couches  d'ocre  occupent  plus  particu- 
iièremcnl  les  parties  inférieures  de  cet  énorme  entassement, 
dont  la  hauteur  peut  ôtre  estimé*  environ  trois  cent  cin- 
quante pieds. 

A  peu  près  vis-à-vis  de  l'entrée  du  Pavé  des  Géans,  toutes 
ces  couches  sont  coupées  par  un  filon  vertical  d  une  matière 
tasaltique  différente  du  reste.  L'auteur  a  parlé  de  ces  filons 


BAS  ,g, 

dans  une  lettre  précédente;  on  les  nomme  gaiv  ou  dyke.  «  Ce 
basalte  est  d'un  grain  plus  fin  que  Tautre,  et,  sous  le  marteau, 
il  se  divise  en  petits  prismes,  dont  la  grosseur  et  le  nombre 
des  faces  varient  indéfiniment,  mais  avec  celle  particularité,  *■ 
que  les  faces  des  fractures  ,  ou  celles  des  prismes  qu'elles 
produisent,  sont  comme  enduites  d'une  couche  mince  de  matière 
verdàtre  demi- transparente 

Tout  auprès  de  ce  filon  singulier,  et  vers  sa  face  orientale, 
le  docteur  Richardson  me  fit  remarquer  un  faisceau  considé- 
rable de  colonnes  prismatiques  ,  couchées  toutes  ensemble 
en  avant,  sous  une  inclinaison  considérable.  C'est  là  lex- 
ception  dont  je  parlois  tout-à-l'heure  ,  à  la  situation  verti- 
cale commune  à  tous  les  prismes,  quand  ils  forment  des  as- 
semblages. 

Le  temps  s'écouloit ,  et  notre  bienveillant  et  actif  conduc- 
teur avoil  encore  d'autres  faits  à  nous  montrer  plus  à  l'est  ; 
mais  comme  on  ne  peut  suivre  là  le  bord  de  la  mer,  surtout 
quand  elle  est  houleuse  ,  nous  remontâmes  par  le  même'  che- 
min par  lequel  nous  étions  descendus,  et  nous  nous  mîmes  à 
suivre,  pendant  environ  deux  milles,  toutes  les  dentelures 
de  cette  côte  escarpée ,  en  nous  approchant  de  temps  en  temps 
du  bord  ,  mais  avec  précaution  ,  pour  jouir  du  spectacle 
qu'offroient  ces  baies  inaccessibles ,  au  fond  desquelles  la 
mer  venoit  couvrir  avec  fureur  de  son  écume  blanche  les 
noirs  rochers  entassés  sur  leurs  rives.  Ces  baies  étoient  toutes 
revelues  de  basaltes  columnaires  ,  disposés  par  étages ,  of- 
frant comme  des  ordres  d'architecture  superposés  les  uns  aux 
autres,  et  arrivant  à  peu  près  jusqu'à  nous. 

Au  fond  de  Tune  de  ces  baies ,  je  découvi is  un  de  ces 
graivs  ou  filons  dont  j'ai  parlé,  qui  se  projetoit  jusque  sous  la 
mer.  11  devoit  probablement  continuer  dans  la  face  verticale; 
mais  nous  étions  précisément  sur  son  prolongement,  et  nous 
ne  pouvions  pas  1  observer.  L'infatigable  docteur  Pvichardson 
est  retourné  sur  les  lieux  pour  l'examiner  depuis  le  bas,  et  il 
a  vérifié  notre  conjecture. 

En  continuant  de  suivre  cette  côte  si  remarquable  ,  nous 
arrivons  à  l'extrémité  d'un  promontoire ,  qui  s'élevoit  à  me- 
sure qu'il  s'avan(joit  vers  la  mer,  formant  comme  la  pointe 
d'un  gigantesque  bastion ,  élevé  de  trois  cent  vingt-deux  pieds, 
et  à  peu  près  verticalement  au-dessus  du  rivage  :  on  le  nomme 
pleskin. 

Ici,  les  expressions  me  manquent  pour  vous  peindre  le 
spectacle  à  la  fois  sublime  et  effrayant  qui  s'offroit  à  nous 
quand  nous  osions  le  fixer.  Le  Pai^é  des  Géans  et  ses  entours, 
qui  nous  avoient  tant  frappés  naguère  ,  n'étoient  plus  qu'ua 
jeu  d'enfans,  une  miniature,  comparés  à  l'abîme  que  no^ 


*» 


aga  BAS 

yeux  conlemploient  avec  une  ci'riosité  tllfficile  à  rassasier.  Ce 
poste  avancé  nous  permetloit  de  jouir  d'un  ensemble  dont 
nous  n'avions  pu  jusqu'alors  saisir  que  des  échappées.  On 
ipouvoit  étudier  à  son  aise  la  magique  superposition  de  ces 
immenses  colonnades  ,  admirer  la  régularité  dcsfiUs  de  trente  à 
quarante  pieth ,  dont  quelques-unes* étoient  composées  ,  et  es- 
sayer de  réfléchir  sur  les  causes  qui  ont  pu,  dans  l'un  des 
périodes  de  l'existence  du  globe,  produire  des  effets  aussi 
remarquables.  » 

Plus  loin,  à  Port-Moon,  on  annonçoit  encore  aux  savans 
voyageurs  qu'ils  aurolent  un  spectacle  semblable  ;  mais  les 
circonstances  ne  leur  permirent  pas  d'aller  en  jouir. 

Le  docteur  Richardson ,  qui  habite  dans  le  voisinage  de  la 
Chaussée  des  Géans ^  et  qui  la  visite  souvent,  a  écrit  à  Pictet 
une  lettre  datée  de  Poii-Rush,  le  29  juillet  1801 ,  imprimée  à 
la  suite  de  la  précédente ,  et  qui  contient  des  observations 
intéressantes.  Il  nous  apprend  que  la  région  basaltique  s'é- 
tend jusqu'à  vingt  milles  de  la  côté  (environ  sept  lieues),  en 
avant  dans  les  terres,  et  que  les  couchés  de  basalte  prisma- 
tique abondent  dans  toute  cette  étendue,  et  à  toute  hauteur, 
jusqu'au  sommet  des  montagnes ,  à  plus  de  mille  pieds  au- 
dessus  des  couches  coquillères. 

Il  ajoute  qu'à  Port-Rush^  on  voit  alterner  des  couches  basal- 
tiques avec  des  couches  calcaires  remplies  d'empreintes  de  co- 
quilles :  le  même  fait  s'observe  également  à  Kerbann. 

Une  autre  observation  curieuse  du  docteur  Richardson  , 
c'est  que  la  matière  basaltique  qui  forme  les  gaw  ou  filons  qui 
traversent  les  chaussées,  au  lieu  d'être  divisée  en  prismes  ver- 
ticaux ,  est ,  au  contraire ,  disposée  en  prismes,  dont  la  situation: 
est  horizontale. 

Quand  je  parlerai  ci-après  de  la  cristallisation  du  basalte,  je 
doimerai  la  raison  de  cette  différence;  je  me  contente  ,  pour 
le  moment,  d'observer  que  cette  circonstance  prouve  que  la 
matière  basaltique  des  filons  est  différente  de  celle  de  la  masse 
totale,  et  qu'elle  a  rempli  postérieurement  une  fente  qui  s'étoll 
formée  dans  cette  masse ,  par  l'affaissement  d'une  de  ses  par- 
ties, ainsi  que  l'atteste  la  situation  inclinée  du  groupe  de  co- 
lonnes qui  touche  un  des  côtés  du  filon  ,  et  qui  fait  exception 
à  la  situation  verticale  de  tous  les  autres  groupes,  suivant  la 
remarque  de  Pictet. 

Dolomieu  a  observé  dans  les  îles  Ponces  et  ailleurs ,  de 
semblables  filons  ou  encaissemens  de  lave  basaltique,  dont  les 
prismes  étoient  constamment  </«/«  une  situation  horizontale  ;  ce 
qu'il  attribuoit  au  refroidissement  occasioné  par  le  contact 
des  parois  de  la  fissure.  Mais  il  semble  que,  dans  celle  suppo- 


BAS  293 

fîtion,  le  retrait  aurolt  dû  s'opérer  parallèlement  à  ces  parois; 
et  c'est  tout  le  contraire  qui  est  arrivé. 

Le  docteur  Richardson  ajoute  que  les  prismes  qui  com- 
posent ces  filons  sont  d'un  très-gros  volume  ,  mais  qu'ils  se 
divisent  en  peti/s  prismes  trapézo'idcs.  Sur  quoi ,  j'observerai 
que  les  prismes  qui  présentent  cette  forme  ne  sont  autre 
chose  que  des  sections  verticales  d'un  prisme  hexaèdre.  Je 
possède  plusieurs  prismes  trapézoïdaux  d'aigues-marlnes  de 
Daourle  ,  qui  ont  naturellement  celte  forme  ;  et  quand  on 
en  réunit  deux  ensemble ,  ils  forment  un  prisme  hexaèdre 
parfait. 

Le  docteur  Richardson  rapporte  qu'il  a  fait ,  en  bateau  ,  le 
tour  de  l'île  de  Ralhlin,  qui  est  à  une  lieue  en  mer  à  TE.  N. 
E.  de  la  Chaussée  des  Géans  ,  entre  les  caps  de  Rangore 
et  de  Fair-Head  ,  qui  sont  les  deux  saillies  les  plus  marquées 
de  cette  côte  basaltùpie.  La  face  septentrionale  de  cette  île  , 
quia  trois  milles  d'étendue,  est  plus  élevée  de  cent  pieds 
qu'aucune  autre  partie  de  la  cote.  Celte  face  présente  un 
entassement  de  huit  à  neuf  couches  basaltiques  ,  vioins  ré- 
gulières que  celles  de  la  chaussée  ,  néanmoins  parallèles 
entre  elles. 

On  a  vu  dans  la  relation  de  Plctet,  que  le  promontoire  de 
P/«A/n  est  plus  élevé  que  les  autres  parties  de  la  côte  qui  sont 
en  arrière  ;  on  voit  ici  que  l'île  de  Raihlin^  qui  est  encore  plus 
en  avant ,  est  aussi  plus  élevée  de  cent  pieds  que  ce  promon- 
toire. Tout  cela  prouve  que  c'est  l'île  de  Rathlin  elle-même 
qui  étoit  le  foyer  d'où  sont  sorties  les  matières  basaltiques  qui 
ont  formé  les  chaussées  des  environs. 

L'entassement  moins  régulier  des  couches  basaltiques  de 
cette  île  est  une  preuve  de  plus  que  c'étolt  là  le  point  d'où 
ces  matières  émanolent  en  abondance  ,  et  s'accumuloient  un 
peu  en  désordre,  tandis  que  celles  qui  se  délayolcnt  plus 
complètement  dans  les  eaux ,  cl  qui  étolent  transportées 
à  de  plus  grandes  distances  ,  se  déposolent  avec  plus  de 
régularité. 

Quant  aux  montagnes  de  l'intérieur  des  terres  ,  que  le  doc- 
teur Richardson  dit  être  couvertes  de  prismes  basaltiques,  à 
mille  pieds  d'élévation,  il  paroît  qu'elles  étolent  elles-mêmes 
autant  de  foyers  particuliers  ;  et  comme  ,  d'après  les  observa- 
tions de  Ranks  ,  de  Troïl,  de  Pennant  et  de  plusieurs  autres 
naturalistes,  toutes  les  îles  Hébrides  offrent  des  matières  vol- 
caniques non  équivoques ,  et  que ,   suivant  les  observations  ré- 
centes du  célèbre  Faujas,  les  côtes  occidentales  d'Ecosse  sont 
également  volcanisées,  il  ne  paroît  pas  qu'on  puisse  se  refuser 
à  considérer  toutes  les  chaussées  basahlques  de  ces  contrées 


294  ^  A.  s 

comme  des  produits  des  mêmes  volcans  ,  lorsqu'ils   élolent 

sous-marins. 

L'ile  de  Staffa ,  qui  n'est  toute  entière  qu'un  amas  prodi- 
gieux de  colonnes  basaltiques  ,  où  les  ravages  du  temps  et  les 
attaques  continuelles  d'une  mer  orageuse  ont  creusé  plu- 
sieurs cavernes ,  et  entre  autres  la  fameuse  Grotle  de  Finga/ , 
étoit  sans  doute  un  des  principaux  foyers  de  celte  contrée 
volcanique. 

Grotle  de  Fingal.  —  «  L'entrée  de  ce  beau  monument,  dit 
Faujas,  a  irente-cinq  pieds  d'ouverture,  sa  hauteur  cinquante- 
cinq  ,  et  sa  profondeur  cent  quarante. 

Les  colonnes  verticales  qui  composent  sa  façade  sont 
de  la  phis,parfaite  régulante  ;  elles  ont  quarante-cinq  pieds 
d'élévation  jusqu'à  la  naissance  de  la  voûte. 

Le  cintre  est  composé  de  deux  demi-courbes  inégales  ,  et 
qui  forment  une  espèce  de  fronton  naturel. 

Le  massif  qui  couronne  le  toit,  ou  plutôt  qui  le  forme,  a 
vingt  pieds  dans  sa  moindre  épaisseur;  c'est  un  composé  de 
prismes  d'un  petit  calihre  ,  plus  ou  moins  réguliers  ,  affec- 
tant toutes  sortes  de  directions,  étroitement  réunis  et  ci- 
mentés en  dessous  et  dans  les  joints  par  de  la  matière 
calcaire  d'un  blanc  jaunâtre  ,  et  par  des  infiltrations  zéo- 
litiques  ,  qui  donnent  à  ce  beau  plafond  l'aspect  d'une 
mosaïque. 

La  mer  pénètre  jusqu'à  l'extrémité  de  la  grotte  ;  elle  a 
quinze  pieds  de  profondeur  à  l'entrée,  et,  sans  cesse  agitée  , 
ses  vagues  se  brisent  et  se  divisent  en  écume  ,  en  frappant 
avec  fracds  contre  le  fond  et  les  parois  de  la  caverne.  Le  jour 
pénètre  ,  en  se  dégradant  ,  dans  toute  sa  profondeur  ,  avec 
des  accidens  de  lumière  d'un  effet  merveilleux. 

Le  côté  droit  de  l'entrée  présente  à  sa  partie  extérieure  un 
amphithéâtre  assez  vaste,  formé  par  divers  rangs  de  gros 
prismes  tronqués  ,  sv  lesquels  on  peut  facilement  marcher; 
plusieurs  de  ces  prismes  sont  ft7-//r«/^5  ,  c'est-à-dire,  concaves 
dun  côté  et  convexes  de  l'autre;  d'autres  sont  divisés  par  de 
simples  coupures  transversales. 

Les  prismes,  d'un  basalte  noir  extrêmement  pur  et  d'une 
grande  dureté ,  ont  depuis  un  pied  jusqu'à  trois  pieds  de  dia- 
mètre :  on  en  distingue  de  triangulaires,  de  tétraèdres,  de 
pentagones  ,  d'hexagones  ;  quelques-uns  sont  à  sept  et  à  huit 
pans.  J'ai  remarqué  plusieurs  gros  prismes,  sur  la  troncature 
desquels  on  reconnoît  très-bien  des  ébauches  de  petits  prismes  ; 
c'est-à-dire,  que  ces  prismes  sont  formés  d'un  basalte  qui  aune 
tendance  à  se  diviser  lui-même  en  prismes;  de  manière  qu'un 
gros  prisme  est  composé  d'ébauches  de  plusieurs  petits.  J'a~ 


BAS  295 

vois  déjà  fait  la  même  observation  sur  les  basaltes  prisma- 
tiques du  Vivarals. 

On  peut  entrer  dans  la  grotte  par  le  côté  droit  seulement, 
en  suivant  la  plate-forme  dont  j'ai  parlé  ;  mais  la  voie  se  ré- 
trécit, et  la  route  devient  bien  difficile... 

A  mesure  qu'on  approche  du  fond  de  la  grotte  ,  l'espèce 
de  balcon  hardi  sur  lequel  on  acheminé  ,  s'agrandit ,  et  pré- 
sente un  emplacement  assez  vaste  ,  disposé  en  plan  incliné  , 
formé  par  des  milliers  de  colonnes  verticales  tronquées. 

On  arrive  ainsi  à  l'extrémité  de  la  grotte ,  terminée  par  un 
mKr  de  colonnes  d'un  seul  jet ,  et  d'inégale  grandeur ,  qui 
imitent  un  buffet  d'orgue. 

Un  fait  digne  de  remarque  ,  ajoute  Faujas ,  c'est  que  lors- 
que M.  de  Troil  visita  la  grotte  ,  la  mer,  par  un  de  ces  cas 
extraordinaires  qui  n'arrivent  pas  tous  les  dix  ans  ,  éloit  si 
calme  ,  qu'elle  lui  permit  d'y  entrer  en  bateau.  Tout  au  fond 
de  la  grotte  ,  dit  M.  de  Troïl ,  il  y  a  un  peu  au-dessous  de  la 
surface  de  l'eau,  une  espèce  d'antre  d'où  il  sort  un  bruit  fort 
agréable  ,  à  chaque  fois  que  le  gouffre  absorbe  l'eau. 

Sur  quoi  Faujas  observe  que  le  véritable  nom  de  cette 
caverne  est  celui  de  Grotte  mélodieuse  ,  et  non  de  Grotte  de 
Fingal  ;  c'est  une  équivoque  de  mots  qui  a  donné  lieu  à  cette 
erreur.  On  la  nomme  dans  le  pays  An-oua-vine  ,  ce  qui  si- 
gnifie ,  en  effet  ,  la  Grotte  mélodieuse  ;  mais  les  premiers  ob- 
servateurs qui  l'ont  visitée,  ont  entendu, yfn^,  au  lieu  àcvincy 
et  ce  mo\  Jine^  en  langue  erse,  est  le  génitif  du  nom  de  Fingal; 
tandis  que  yine  ne  signifie  que  mélodieux.  (  IMais  comme  le 
nom  de  cet  homme  extraordinaire  cadre  fort  bien  avec  les 
merveilles  de  la  grotte ,  il  est  probable  qu'il  lui  est  imposé 
pour  toujours.  ) 

Il  existe  une  seconde  grotte  ,  en  allant  vers  la  pointe  sep- 
tentrionale de  l'île ,  au  milieu  d'une  belle  colonnade  ;  mais 
elle  est  bien  moins  considérable  que  la  première,  (i) 

De  très-belles  colonnades  occupent  plus  de  la  moitié  de 
la  circonférence  de  l'île ,  et  sont  absolument  à  découvert  du 
côté  de  la  mer;  elles  reposent,  en  général,  sur  un  courant 
de  laoe  groi^eleiise  ,  qui  leur  sert  de  base  et  de  support  ;  elles 
ont  suivi  la  direction  plus  ou  moins  inclinée  ,  plus  ou  moins 
horizontale  de  ce  courant.  Toutes  ces  chaussées  prismati- 
ques sont  couvertes  par  une  énorme  coulée  de  lave  plus 
ou  moins  compacte  ,  tendant  plus  ou  moins  à  la  forme 
prismatique.... 

(i)  Celte  grotte  porte  un  nom  ce'Ièbre  et  honoré  dans  nos  fast-'S 
militaires,  celui  de  Macdonald.  Elle  est  digne  de  l'atlention  des 
naturalistes  ,   mais  ,  en  geuéral ,   peu  connue- 


296  BAS 

Une  des  chaussées  au  nord  de  la  grande  grotte  ,  mérite 
Tattention  du  naturaliste  ,  par  la  disposition ,  la  masse ,  la 
pureté  et  ■l'élé(>aiion  des  prismes ,  qui  ont  plus  de  quarante-huit 
pieds  de  hauteur^  et  sont  placés  verticalement  comme  des 
tuyaux  d'orgue.  Cette  magnifique  colonnade  est  recouverte 
par  un  courant  de  lave  compacte  de  plus  de  cinquante  pieds 
d'épaisseur,  composé  d'innombrables  petits  prismes  qui  di- 
vergent dans  toutes  les  directions.  Elle  repose  surun  courant 
de  neuf  pieds  d'épaisseur  ,  de  laoe  graveleuse  noire  ,  dont  la  pâte 
est  un  mélange  de  diverses  autres  laves  divisées  en  petits  fragmens 
irrégidiers ,  et  qui  ont  été  réunies  par  un  ciment  naturel 
composé  de  terre  calcaire ,  de  zéolite  et  de  substance  cal- 
cédonieuse.  «Enfin  ,  ajoute  Faujas,  tout  me  porte  à  consi- 
dérer ce  courant  comme  le  résultat  d'une  éruption  volcanique  , 
dans  laquelle  l'eau,  entrant  en  concours  avec  le  feu,  a 
empâté  toutes  ces  matières  ;  une  partie  de  ce  courant  de  lave 
est  soiis  les  eaux  de  la  mer.  » 

On  voit  que  les  observations  du  célèbre  Faujas  tendent 
à  confirmer  l'explication  que  j'ai  donnée  ci-dessus  de  la  for- 
mation des  couches  alternativement  régulières  et  confuses  des  pro- 
duits volcaniques  sous-marins.  A  l'égard  de  la  couche  graveleuse 
formée  de  débris  agglutinés  ,  qui  rappelle  si  bien  la  des- 
truction du  cône  dont  j'ai  parlé  ,  et  que  Faujas  nomme  un 
courant  de  lave.,  j'observerai  qu'il  n'est  guère  possible  d'ad- 
mettre que  la  lave  forme  des  courans  au  fond  de  la  mer.  On 
sait  trop  bien  qu'aussitôt  qu'elle  se  trouve  en  contact  avec 
l'eau,  elle  se  fige  ,  et  forme ,  au  bord  de  la  mer,  des  promon- 
toires élevées  ,  et  coupés  d'une  manier^  abrupte  du  côté  des 
flots  ,  ainsi  qu'on  l'observe  dans  les  éruplionsles  plus  récentes 
du  Vésuve  et  de  l'Etna. 

Si  l'on  supposoit  que  les  éjections  volcaniquessous-niarines 
sont  composées  de  matières  dans  un  état  de  fusion  ignée,  elles 
ne  pourroient  former  qu'un  mamelon  autour  de  la  bouche 
qui  les  vomirolt,  et  jamais  un  courant  de  la  moindre  étendue. 
]\Iais  toutes  CCS  idées  de  fournaises  sous-marines,  et  de  torrens 
embrasés  au  fond  des  eaux,  me  paroissent  peu  conformes 
à  ce  qui  se  passe  en  effet  dans  la  nature  ;  et  l'on  peut  voir 
dans  les  articles  Lave  et  Volcan  ,  les  raisons  que  je  donne 
pour  écarter  cette  ancienne  opinion,  et  pour  établir  que  les 
éjections  volcaniques  ne  sont  que  le  résultat  de  la  circulation 
de  divers  fluides  gazeux  qui  s'échappent  à  travers  les  inters- 
tices des  roches  schisteuses  primitives  ,  et  qui  ,  par  leur  con- 
tact  avec  l'eau  de  la  mer  ou  avec  les  vapeurs  de  l'atmo- 
sphère ,  prennent  une  forme  terreuse. 

Les  émanations  sous-marines  demeurent  dans  l'étalterreux, 
tt   leurs  molécules    uacquièreut    d'adhcrence  cuire    elle» 


BAS  297 

qu'avec  le  temps,  et  par  le  jeu  des  affinités  qui  en  opèrent  la 
aistalUsation  plus  ou  moins  régulière  ou  confuse  ,  suivant  les 
circonslances. 

H  en  est  tout  autrement  à  l'égard  des  émanations  des 
volcans  découverts  ;  leur  combinaison  subite  avec  l'oxygène 
de  l'atmosphère  occasione  un  dég.tgement  de  calorique  qui 
opère  la.  fusion  plus  ou  moins  complète  de  ces  mêmes  molé- 
cules terreuses  ,  et  qui  forme  la /m-e  proprement  dite. 

Elle  a  souvent,  avec  le  ha  salle  ^  une  très-grande  ressem- 
blance; et,  en  effet ,  elle  est  composée  des  mêmes  élémens: 
ces  deux  substances  ne  diffèrent  donc  que  par  le  mode  de 
leur  consolidation.  On  pourroit  dire  que  le  basalle  est  à  la 
lave  ,  ce  qu'est  le  cristal  de  roche  à  un  verre  volcanique  par- 
faitement limpide. 

Crislallisation  du  Basalte.  —  Les  formes  que  présente  le  ba- 
salte prismatique  portent  un  caractère  de  régularité  si 
frappant,  que  les  hommes  qui  ont  le  mieux  connu  la  marche 
de  la  nature  n'ont  pas  hésité  de  les  regarder  comme  le  ré- 
sultat d'une  cristallisation  proprement  dite.  11  y  a  plus  :  ils 
ont  décoré  du  nom  de  basaltes  ou  de  cristaux,  basaltiques .,  les 
substances  minérales  dont  la  forme  est  ordinairement  pris- 
matique. C'est  ainsi  que  Linna'us ,  Cronsled,  Wallerius, 
De  Born  ,  Kirwan  ,  etc.,  donnent  le  nom  de  basalte  au  schorl 
blanc ,  au  schorl  rouge ,  au  schorl  violet ,  au  schorl  noir,  à  la 
mâcle,  à  lapierre-dc-croix,  à  la  tourmaline,  etc.  ,  auxquels 
personne,  même  aujourd'hui,  n'ose  dénier  la  qualité  de 
cristaux  ,  quoique  la  plupart  se  présenlenlbien  rarement  sous 
des  formes  aussi  pures ,  aussi  décidées  que  les  colonnes 
basaltiques. 

Romé-Delisle  lui  même  ,  cédant  à  la  voix  de  la  nature  et 
à  la  force  de  l'évidence  ,  avoit  admis  au  nombre  des  cristaux 
les  grands  prismes  de  basalte.,  dans  son  Essai  de  Cristallographie; 
mais  malheureusement  son  système  se  trouvant  dérangé  par 
les  anomalies  que  les  formes  de  ces  basaltes  lui  sembloient 
présenter,  il  imagina  un  mode  d'agrégation  mitoyen  entre 
\  agglomération  confuse  et  la  cristallisation  proprement  dite  ;  et 
il  nous  apprit  que  les  formes  prismatiques  du  basalte.,  ses  faces 
si  planes  ,  ses  arêtes  si  vives  ,  prolongées  sans  défaut  sur  une 
longueur  de  cinquante  pieds  ;  ces  milliers  de  colonnes  d'un 
volume  égal ,  et  dont  l'immense  majorité  présente  le  même 
nombre  de  faces  ;  il  nous  apprit,  dis-je,  que  tout  cela  étoit 
l'effet  d'un  retrait  régulier. 

Mais  comme  les  formes  polygones  que  prennent  les  parties 
d'un  métal  fondu ,  en  se  refroidissant ,  sont  aussi  un  retrait , 
c'est-à-dire  ,  un  rapprochement  plus  ou  moins  régulier  de  ses 
molécules  ,  et  que  cette  opération  de  la  nature  est  décorée 


298  B  A  S 

incontestablement  du  nom  de  cristalUsation  ,  on  voit  que  cette 
distlnclion  n'est  qu'un  jou  de  mots  imaginé  pour  sauver  l'hon- 
neur  de  la  cristallographie, 

Dolomieu  ,  qui  a  tant  vu  et  si  bien  vu  ,  comme  le  dit  un 
auteur  modepie  ,  et  qui  a  surtout  l>eanroup  vu  de /yoW/^  , 
fait ,  à  cet  égard  ,  des  observai  ions  importantes.  I.es  laves|, 
dif-il  ,  (  et  il  comprend  sous  ce  nom  les  basaltes  ) ,  les  laves 
ont  trop  souvent  des  Jormes  régulières  ,  pour  (pi'on  puisse  rc- 
gard.M- If^in's  confiJ^arations  comme  des  accidens  particuliers 
dus  au  hasard.  Un  effet  aussi  souvent  répété  doit  avoir  ses 
causes;  mais,  puisqu'il  ne  se  rencontre  pas  dans  toutes  les 
lavs,  il  dépend  de  circonstances  particulières,  beaucoup  plus 
fréquentes  dans  les  premiers  âges  de  notre  globe  que  dans 
les  temps  présens.  (  I/rs  Ponces,  p.  4-44-) 

On  voit  qu»  Dolomieu  avoit  très-bien  observé  la  régularité 
habituelle  de  ces  formes  basaltiques  ;  aussi ,  pour  écarter  l'idée 
de  ce  prétendu  n'trait ,  et  nous  ramener  à  des  opinions  plus 
justes  ,  il  ajoute  :  Il  est  des  circonstances  où  ce  retrait  produit 
de^  roi-ps  prisnuit'jjues  rê^diers  ,  qui  ont,  par  leur  forme  ,  un  si 
gruàd  rapport  a^^ec  celles  que  donne  la  cristallisation^  que  l'on  a 
appliqué  l'épithète  de  cristallisées  à  ces   laves  prismatiques. 

(  ùid.  p.  445.  ) 

Lui-même  ne  leur  a  jamais  donné  d'autre  nom  ,  et  il  rap- 
porte une  multitude  de  faits  qui  justifient  pteinement  celte 
dénomination. 

Il  suffiroit  de  citer  ce  qu'il  dit  des  basaltes  d'une  couleur 
blanchâtre  ,  qui  se  trouvent  dans  l'île  Ponce  ,  pour  voie  clai- 
rement qu'il  s'agit  d'une  cristallisation  proprement  dite.  (  Il 
désigne  toujours  la  matière  par  le  mot  de  laoe  ,  et  la  forme 
cristalline  par  le  mot  de  basalte.)  Cette  lave  ,  dit-il  ,  très- 
commune  dans  toutes  les  parties  de  l'île  Ponce  ,  y  est  pres- 
que toujours  cristallisée  en  prismes;  ces  prismes ,  très-réguliers  , 
sont  d'ailleurs  des  miniatures  ,  si  on  les  compare  avec  les 
grands  basaltes  des  laves  noires.  Ils   n'ont  jamais    plus  de 

deux  ou  trois  pouces  de  grosseur Ces  prismes   ont  la 

propriété  de  se  rompre  obliquement Cetie  direction  de  la 

cassure  est  souvent  indiquée  par  des  lignes  Iransoersales.... 

La  forme  la  plus  commune  de  ces  prismes  est  la  penta~ 
gone,  ensuite  la  carrée  ;  on  en  trouve  plus  de  cent  de  la  pre- 
mière forme  ,  et  trente  de  quadrilatères ,  sur  un  d'une  autre 
espèce.  {Iles  Ponces,  p.  96.) 

Il  me  semble  que  ces  prismes  pentagones  ou  quadrilatères 
très-régidiers ,  et  dont  la  cassure  oblique  est  indiquée  par  des 
lignes  sensibles,  ne  s'accordent  nullement  avec  l'idée  d'un 
retrait,  et  que  la  cristallisation  s^  montre  d'une  manière  évi- 
dente. 


BAS  299 

Si  j'osois  proposer  mon  opinion  sur  la  cause  de  ces  formes , 
tantôt  pentagones  et  tantôt  quadrilatères,  je  remarquerois 
d'abord  que  Dolomieu  ,  en  parlant  de  ces  basaltes^  a  dit  (Jbid. 
p.  90)  que  leur  pâte  est  de  la  même  nature  qu'une  roche  qui 
est  intermédiaire  entre  le  granité  et  le  porphyre  ;  elle  contient,, 
par  conséquent ,  beaucoup  de  quarz  et  de  feldspath  ;  et  je 
serois  porté  à  penser  que ,  dans  les  parties  du  basalte  où  la 
matière  du  feld-spaih  s'est  trouvée  dominante  ,  soit  par  sa 
quantité  ,  soit  par  son  activité  ,  elle  a  imprimé  au  basalte  la 
forme  qui  lui  est  propre  ,  c'est-à-dire  ,  celle  d'un  prisme 
tétraèdre  rhomboidal. 

C'est  ce  qui  est  arrivé  de  la  manière  la  plus  marquée  aux 
/>i<^/5a/to  porphyriques  du  Tyrol ,  dont  Ferber  nous  a  donné 
la  description.  (^Lett.  xxvi ,  p.  4.88.) 

«  .En  général ,  dit-il ,  la  ressemblance  de  ces  espèces  de 
porphyre  avec  les  différentes  laves  du  Vésuve ,  etc. ,  est  si 
grande  ,  que  l'œil  le  plus  habile  ne  sauroit  les  distinguer;  et 
je  n'hésite  plus  d'avancer  que  les  montagnes  de  porphyre  qui 
sont  derrière  Neumark,  sont  de  vraies  laves....  Toutes  ces 
montagnes  de  porphyre  sont  composées  de  colonnes  qiiadran- 
gulaires ,  pour  la  plupart  rhombdidales....  Ce  porphyre  a  donc 
la  qualité  d'adopter  cette  figure...,  comme  différentes  laves 
ont  la  propriété  de  se  cristalliser  en  colonnes  de  basalte....  Ce 
porphyre  s'est  partout  séparé  en  grandes  ou  petites  colonnes 
généralement  quadrangulaires ,  à  sommet  tronqué  et  uni  ; 
les  faces  qui  touchent  d'autres  colonnes  sont  lisses;  leur 
figure  ,  enfin  ,  est  si  régulière  et  si  exacte  ,  que  personne  ne  sauroit 
la  regarder  comme  accidentelle;  il  faut  nécessairement  com-enir  que 
ces  colonnes  sont  dues  à  une  cristallisation.  Les  angles  dos  som- 
mets tronqués  sont  pour  la  plupart  inclinés  ,  et  le  diamètre 
des  colonnes  est  communément  rhomboïdal.  » 

Or,  comme  cette  forme  est  précisément  celle  qui  est 
propre  au  feldspath ,  on  ne  sauroit  douter  qu'elle  ne  soit 
due  à  sa  prépondérance  dans  la  pâte  du  porphyre. 

Quand,  au  contraire,  c'est  le  quarz  qrd  s'est  trouvé  la 
matière  dominante  ,  il  a  communiqué  au  basalte  la  forme 
d'un  prisme  hexaèdre,  comme  on  le  voit  dans  la  Chaussée 
des  Géans;  et  si  ces  prismes  n'ont  pas  la  pyramide  du  cristal 
de  roche  ,  c'est  que  la  matière  quarzeuse  s'est  trouvée  inti- 
mement combinée  ,  soit  avec  l'alumine ,  soit  peut-être  avec 
la  glucine  ;  d'où  a  résulté  une  forme  parfaitement  semblable 
à  celle  des  aigues-marines,  c'est-à-dire,  un  prisme  droit  hexaè- 
dre ,  tronqué  net ,  et  souvent  divisé  dans  sa  longueur  par  des 
sections  transversales  ,  quelquefois  articulées. 

J'observerai  qu'il  y  a  des  substances  terreuses  où  la  ma- 
tière quarzeuse  est  prédominante  ,  et  qui  prennent  constam- 


3oo  BAS 

incnt  la  forme  de  prismes  hoxnèdros  semblables  à  ceux  du 
basalte.  On  voit  dans  plusieurs  cabinets,  notamment  dans 
celui  de  Lelièvre  ,  membre  du  conseil  des  mines,  de  petits 
groupes  de  cristaux  hexaèdres  parfaitement  prononcés,  qui 
se  sont  formés  au  fond  des  pots  de  verrerie  qu  on  laisse  re- 
froidir lentement.  Ils  sont  d'un  émail  blanchâtre  et  opaque; 
el  comme  ils  sont  beaucoup  moins  fusibles  que  le  verre  même 
qui  les  contient ,  on  peut  les  en  retirer  en  le  faisant  fondre 
de  nouveau,  et  on  les  obtient  parfaitement  conservés. 

J'ai  vu,  dans  la  collection  de  Dolomieu,  une  plaque  d'é- 
mail antique  ,  d'une  couleur  rouge  ,  dont  la  surface  offre  , 
dans  toute  son  étendue ,  des  formes  hexagones  qui  repré- 
sentent en  miniature  la  section  horizontale  d'une  chaussée 
basaltique  :  Dolomieu  disoit  (en  souriant)  que  c'étoit  l'effet 
d'un  retrait  régulier. 

Quand  enfin  la  matière  quarzeuse  et  la  matière  du  feld- 
spath se  sont  trouvées  à  peu  près  en  même  proportion  de 
puissance ,  il  est  arrivé  dans  les  formes  cristallines  qui  ont 
résulté  de  leur  combinaison  ,  une  modification  semblable  à 
celle  qu'opère  le  mélange  des  liqueurs  séminales  dans  les  ani- 
maux ,  et  du  pollen  des  étamines  dans  les  végétaux  ;  il  en  est 
provenu:  des  êtres  mi-paiiis  ^  qui  tiennent  de  la  conformation 
des  êtres  différcns  auxquels  ils  doivent  leur  existerfte. 

Et  puisqu'il  y  a  des  mulels  dans  le  règne  animal ,  et  des 
hybrides  dans  l'empire  de  Flore,  la  supposition  que  je  fais, 
bien  loin  d'être  contraire  aux  lois  de  la  nature  ,  en  est  bien 
plutôt  une  suite  nécessaire. 

Quant  au  mécanisnie  de  la  cristallisation  du  basalte.,  la  di- 
rection que  ses  prismes  affectent  suivant  les  circonstances  , 
peut  nous  fournir  quelques  lumières  à  cet  égard. 

Dolomieu  a  remarqué  que,  dans  l'île  Ponce  ,  les  basaltes 
des  grandes  chaussées  sont,  en  général,  dans  une  situation 
verticale  ;  mais  que  sur  les  pentes  des  montagnes  ,  ils  sont 
dans  une  situation  Inclinée  ;  et  (jue  les  petits  basaltes  si  réguliè- 
rement cristallisés  ,  qu'il  a  décrits  ,  sont  empilés  horizontale- 
ment comme  les  bûches  dans  un  chantier ,  et  forment  des 
espèces  de  murs  dont  l'épaisseur  résulte  de  la  longueur  de  ces 
petits  prismes.  Il  a  vu  de  semblables  murs  sur  le  mont  Somma, 
près  du  \ésuve  ;  et  il  a  observé  une  disposition  toute  pareille 
dans  les  petits  basaltes  qui  remplissent  les  fentes  des  tufs  vol- 
caniques de  Palagonia  en  Sicile;  d'où  il  conclut,  avec  beati- 
coup  de  vraisemblance,  que  les  espèces  de  murs  formés  de 
petits  basaltes,  avolent  été  également  enfermés  dans  les  fis- 
sures de  quelques  tufs  ou  autres  matières  que  le  temps  a  dé- 
truits. 

Le  professeur  Pictet  et  le  docteur  Rlchardson  ont  pareil- 


BAS  3oi 

lement  observé  que  les  prismes  qui  remplissent  les  gaw  ou 
fentes  verlicales  des  chaussées  d'Irlande  ,  sont  dans  une  situa- 
tion horizontale ,  quoique  les  prismes  qui  forment  les  parois 
de  la  fonte  soient  verticaux. 

Il  sembleroit  donc  ,  d'après  ces  observations ,  que  la  cris- 
tallisation des  basaltes  s'est  opérée  par  l'effet  des  attractions 
€t  des  répulsions,  dont  le  jeu  s'exécutoit toujours  dans  le  sens 
où  la  masse  totale  avoit  le  plus  d'étendue.  Quand  cette  masse, 
à  demi-fluide ,  se  trouvoit  déposée  sur  un  plan  à  peu  près 
horizontal ,  les  affinités  et  les  répulsions  agissoient  parallèle- 
ment à  Thorizon  ;  et  les  molécules  ,  en  s'agglomérant  à  droite 
et  à  gauche  autour  des  foyers  d'activité  ,  dont  la  série  formoit 
l'axe  de  chaque  prisme  ,  laissoient  par  leur  rapprochement  le 
vide  qui  fait  aujourd'hui  la  séparation  verticale  de  ces  prismes. 
C'est  sans  doute  dans  ce  sens  qu'on  a  entendu  le  mot  de  re- 
trait; mais  on  voit  bien  que  son  mécanisme  est  précisément 
le  même  que  celui  de  la  cristallisation. 

Quand,  au  contraire,  la  matière  basaltique  s'est  trouvée 
encaissée  verticalement  dans  une  fissure,  le  jeu  des  affinités 
et  des  répulsions  sexerçoit  dans  le  sens  vertical,  et  opéroit  la 
division  horizontale  des  prismes. 

Quand  la  masse  étoit  étendue  sur  le  penchant  d'une  mon- 
tagne ,  les  prismes  se  formoient  dans  une  situation  inclinée  , 
communément  à  angles  droits  avec  le  sol  qui  leur  servoit  de 
support.  (  L'on  peut  faire  la  même  observation  sur  diverses 
substances  qui  cristallisent  en  prismes  parallèles  ,  comme 
l'amiante  ,  le  gypse  soyeux  ,  etc. ,  dont  les  petits  prismes  sont 
constannnent  dans  une' direction  perpendiculaire,  relative- 
ment aux  parois  de  la  fissure  qui  les  contient ,  quelle  que  soit 
sa  situation.) 

Quand ,  enfin ,  la  masse  basaltique  se  trouvoit  réunie  dans 
un  espace  très-borné  de  toutes  parts  ,  alors  les  foyers  d'at- 
traction agissoient  en  tous  sens,  et  rassembloient  autour  d'eux 
les  molécules  sous  une  forme  sphérique.  C'est  ce  qu'on  re- 
marque dans  beaucoup  de  masses  de  basalte,  et  notamment 
dans  le  monticule  sur  lequel  est  bâti  le  château  d'Oban  en 
Ecosse,  qui,  suivant  l'observation  deFaujas,  est  entièrement 
formé  de  basalte  en  petites  boules. 

Cette  cristallisation  globuleuse  a  quelquefois  lieu  ,  même 
dans  les  prismes  ;  c'est  ce  qui  produit  les  articulations,  qui  ne 
sont  autre  chose  qu'une  portion  du  globule  entier ,  qui  est 
noyé  dans  le  prisme.  C'est  ce  qu'on  observe  ,  d'une  manière 
évidente,  dans  les  aigues-marines,  où  c'est  toujours  la  matière 
la  plus  limpide  ,  la  plus  homogène  ,  qui  forme  l'articulation  ; 
et  l'on  peut  parvenir  ,  avec  un  peu  d'attention  ,  à  dégager  le 
globule  entier. 


3oa  BAS 

Les  basaltes  qui  se  d(?composent,  présentent  également  dans 
leur  intérieur  des  masses  Sphériqucs  ,  qu'on  a  regardées 
comme  un  produit  immédiat  de  la  décomposition  ;  mais  elle 
n'a  servi  qu'à  mettre  en  évidence  ces  boules  qui  existoient 
déjà  toutes  formées  dans  l'intérieur  du  prisme  :  et  si  elles  ne 
cèdent  pas  aussi  facilement  à  la  décomposition  que  la  matière 
qui  les  environne  ,  c'est  qu'elles  sont  formées ,  comme  dans 
les  aigues-marines  ,  d'une  matière  plus  homogène  et  plus 
dense  que  le  reste  du  prisme.  Il  est  arrivé  ici  la  même  chose 
que  Saussure  a  observée  dans  la  Montagne  des  Oiseaux  ,  près 
d'Hyères.  Cette  montagne  est  formée  de  couches  talcaires,  où 
l'on  voit  une  infinité  de  boules  de  spath  calcaire  dont  l'inté- 
rieur présente  en  même  temps  des  couchée  concentriques  et 
des  stries  qui  vont  du  centre  à  la  circonférence  ;  et  la  matière, 
qui  se  trouve  dans  l'intervalle  des  boules  ,  est  bien  de  la  même 
rature  ,  mais  d'un  tissu  lâche  et  poreux,  attendu  que  le  jeu 
des  affinités  a  enlevé  à  cette  matière  une  partie  de  ses  molé- 
cules ,  qui  sont  entrées  dans  la  composition  des  boules. 

J'ajouterai,  relativement  aux  articulations àe.s  basaltes,  que 
le  professeur  Pictet  a  fait  sur  ceux  de  l'Irlande  une  remarque 
qui  avoit  échappé  aux  autres  observateurs  ;  c'est  que  dans  cer- 
tains prismes  ,  les  articulations  sont  configurées  de  manière 
que  la  ligne  qui  divise  deux  tronçons,  décrit  sur  chaque  face 
du  prisme  un  segment  de  cercle  qui  s'étend  d'une  arête  à 
l'autre  ,  de  sorte  que  les  extrémités  de  deux  courbes  voisines 
forment,  parleur  réunion  à  chaque  arête,  une  pointe  qui  s'en- 
grène dans  l'arête  de  l'autre  tronçon. 

Or,  cette  configuration  singulière  se  retrouve  exactement 
dans  mes  aigues-marines  articulées  :  je  l'ai  fait  remarquer  à 
Delamétherle  ,  au  P.  Pini  et  à  d'autres  célèbres  naturalistes. 

Si,  malgré  toutes  ces  considérations  d'analogie,  et  si, 
malgré  l'évidence  même,  les  cristallographes  ont  cru  devoir 
refuser  à  la  configuration  du  basalte  le  nom  de  cristallisation  , 
il  paroît  que  c'est  uniquement  parce  que  le  nombre  de  ses 
facesn'est  pas  toujours  constant  ;  mais  plusieurs  substances, 
que  ces  auteurs  regardent  eux-mêmes,  sans  difficulté ,  comme 
des  produits  d'une  cristallisation  proprement  dite  , «ne  sont 
guère  plus  constantes  à  cet  égard. 

Dans  la  description  que  Faujas  nous  a  donnée  de  diverses 

substances  volcaniques  que  Dolomieu  lui  avoit  envoyées  de 

Portugal ,  il  cite  plusieurs  exemples  de  cette  inconstance.  Le 

.  n.o  2  est  «  un  basalte...  contenant  quelques  petits  globules  ronds 

«  de  schorl  noir.  » 

Le  n.°  3  est ,  dit-il ,  im  basalte  remarquable  par  une  multi- 
tude de  gros  cristaux  de  schorl  noir  vitreux ,  disposés  ,  en  gé- 


BAS  3o3 

néral ,  en  rhomhes....  quelques-uns  crîslallîsés  en  prismes  à 
cinq  pans....  d'autres  hexagones^. 

Idem,  avec  des  aiguilles  prismatiques  quadrangulaires  de 
schorl  noir  vitreux.  • 

Idem ,  avec  un  beau  cristal(de  schorl)  à  sept  pans  Lien  ca- 
raclériscs.  »  (^Vwarals  .,  p.  447- 

Voilà  donc  une  substance  indubitablement  cnstalllsée  qui 
se  présente  ,  tanlôt  sous  une  forme  globuleuse ,  tantôt  en  pris- 
mes à  quatre  ,  cinq  ,  six  et  sept  faces  bien  caractérisées  ,  sans 
compter  les  prismes  où  le  nombre  des  faces  est  indéfini;  ce 
qui  arrive  fréquemment  dans  le  schorl  et  dans  la  tourmaline. 

11  en  est  de  même  des  émeraudes  et  de  la  plupart  des  subs- 
tances qui  cristallisent  en  prismes  droits  ,  d  une  longueur  un 
peu  considérable  relativement  à  leur  diamètre.  Néanmoins 
ce  défaut  de  constance  dans  le  nombre  des  faces  n'a  jamais 
tenté  personne  de  dire  que  ces  substances  ne  fussent  pas  cris- 
tallisées. Ce  n'est  donc  que  la  grandeur  gigantesque  des  ba- 
saltes, qui,  rendant  leurs  irrégularités  plus  sensibles,  les  a 
fait  reléguer  parmi  les  produits  fortuits  au  retrait  :  mais,  aux 
yeux  de  la  nature  ,  un  prisme  de  basalte  et  un  fdet  d'asbesle 
sont  égaux  ;  et  si  l'on  ose  refuser  à  celui-ci  les  honneurs  de  la 
nisfallisaiiun  ,  quoique  le  nombre  de  ses  faces  soit  incertain  , 
pourquoi  ne  les  accorderoit-on  pas  au  basalte? 

Je  remarquerai ,  à  l'égard  des  petits  prismes  basaltiques  des 
gaco  ou  filons  de  la  Chaussée  des  Géans,  qui ,  suivant  l'obser- 
vation du  docteur  Richardson  ,  ont  une  enveloppe  vitreuse  , 
que  ces  enveloppes  me  paroissent  être  elles-mêmes  un  pro- 
duit innnédiat  de  la  cristallisation  :  elles  se  sont  formées  par 
un  mécanisme  pareil  à  celui  qui  a  produit  les  carcasses  de 
cristaux  de  quarz  du  granité  giaphique.,  qui  sont  remplies  de 
feldspath ,  comme  ces  enveloppes  vitreuses  (  et  probablement 
qunrxeuses  )  sont  remplies  de  la  matière  du  basalte. 

Il  me  reste  à  parler  d'un  fait  qui  me  paroît  absolument  dé- 
cisif pour  prouver  que  le  basalte  CT^ronve.  une  cristallisation 
proprement  dite  ;  c'est  qu'il  se  présente  en  faisceaux  de  rayons 
dlvergens,  et  même  en  boules  entières  ,  toutes  composées  de 
rayons  qui  partent  d'un  centre  commun  ,  et  vont  aboutir  à  la  ' 
circonférence. 

«  Quelquefois,  (dit  Dolomieu,  en  parlant  des  basaltes  à^ 
l'F.tna,  les  colonnes  sont  placées  perpendiculairemejit  à  côté 
les  unes  des  autres  ,  et  forment  des  murs  verticaux  qui  ,  sur 
une  hauteur  de  plus  de  cent  pieds  ,  ont  quelquefois  une  lieue 
de  longueiir...  Ailleurs  elles  forment  des Jaisreaux  pyramidaux., 
en  partant  d  un  rentre  commun.  Enfin  ,  il  en  est  dont  la  réunion 
foi  me  de  grosses  boules.  Ces  rayons  ,  plutôt  pyramidaux  que 
prismatiques ,  ressemblent  à  ceux  des  pyrites  globuleuses 


3o4  B  A  S 

striées  du  centre  h  la  circonférence....  L'Etna  fournit  dans  ce 
genre  les  groupes  les  plus  singuliers....  Aupied  de  la  montagne 
dii  château  d'iaci  ,  il  y  a  différens  groupes  de  colonnes  pyra- 
midales divergentes;  dans  le  corps  de  la  montagne,  il  y  a 
de  grosses  houlrs  de  deux  h  quatre  pieds  de  diamètre  ,  scmijlables  , 
pour  Informe  ,  aux  grosses  pyrites  des  craies  de  Champagne.  Ces 
boules  de  lave  sont  formées  de  colonnes  pyramidales  réunies 
par  leur  pointe  dans  un  centre  commun..»  (^Iles  Ponces ,  p.  4-54 
et  suiv.  ) 

Je  ne  pense  pas  qu'on  puisse  rien  trouver  qui  caractérise 
mieux  la  cristallisation  proprement  dite  ,  qu'une  semblable 
configuration;  et  si  on  lui  donne  le  nom  de  retrait,  il  faut 
donc  se  servir  de  la  même  expression  à  l'égard  des  pyrites 
globuleuses  et  de  toutes  les  autres  substances  rayonnantes  :  ce 
qui  comprendroit  la  majeure  partie  du  règne  minéral  ;  car  il 
est  peu  de  substances  cristallisables  qui  ne  prennent  quelque- 
fois cette  forme. 

Je  pourrois  rapporter  une  infinité  d'exemples  de  prismes 
basaltiques  disposés  en  immenses  faisceaux  de  rayons  diver- 
gens  ,  dans  les  iles  Hébrides,  en  Ecosse  ,  en  Portugal,  en 
Auvergne  ,  en  ^  ivarais  ,  etc.  ;  mais  ce  que  j'ai  dit  me  paroît 
plus  que  suffisant  pour  prouver  que  les  diverses  configurations 
du  basalte  sont  indubitablement  l'effet  d'une  cristallisation 
proprement  dite.  V.  Femes  ,  Lave  et  Volca:^*.  (pat.) 

BASALTINE.  Nom  donné  par  Kirvan  aux  cristaux  noirs 
à'amplti/jole  et  de  pyroxène  qu'il  confond  sous  une  même 
dénomination.  (LUC.) 

BASANITE.  Les  anciens  ont  donné  ce  nom  à  une  pierre 
qu'ils  eniployolent  à  peu  près  aux  mêmes  usages  que  le  ba- 
salte ,  notamment  pour  la  fabrication  des  mortiers  ;  elle 
servoit  aussi  de  pierre  de  touche.  C'est  à  cette  dernière  que 
35oëce  de  Bootet  plusii-'urs  autres  rapportent  \cùasanitc;  mais 
il  est  Irès-incerlaln  si  ce  minéral  appartient  en  effet  au  Ly~ 
discherstein  de  Werner,  ou  si  c'est  une  roche  amphlbolujue 
de  la  nature  du  basalte,  antique.  Bruckman  avance,  sans  hé- 
siter ,  que  le  hasanite  et  le  basalte  de  Pline  étolent  une 
*  même  pierre  ,  ce  que  nous  sommes  aussi  portés  à  croire  ; 
mais  il  se  trompe  en  les  regardant  tous  deux  comme  un  jaspe 
noir.  V.  au  sujet  du  basalte  et  du  basanite,  la  minéralogie  des 
anciens,  de  jNt.  Delaunay,  t.  i  ,  p.  34-8  et  suiv.  (  Luc.) 

BASAB.  Nom  des  plantes  bulbeuses  en.  Arable,   (b.) 

BASCONETTE.  Nom  vulgaire  de  la  mésaiîge  nonelîe 
dans  les  environs  de  Niort,  (v.) 

BASE.  Nom  anglais  du  Spare  sargue.  (b.) 

BASELLE,  Uasella.  Genre  de  plante  de  lapentandrie  Iri- 
gynie  et  de  la  famille  des  chenopodées  ,  dont  le  caractère  est: 


B  A   S  o  . 

calice  persistant  à  cinq  ou  sept  divisions  inégales  ;  point  de  co- 
rolle ;  un  ovaire  supérieur,  globuleux  ,  surmonté  dun  style  à 
stigmate  adné  du  côté  interne;  semence  recouverte  par  le 
calice  qui  a  grossi  et  acquis  la  consistance  et  la  forme  d'une 
baie. 

Les  espèces  de  ce  genre  ,  dont  celui  appelé^NREDÈRE  se 
rapproche  beaucoup,  sont  des  plantes  annuelles,  gihn- 
pantes  ,  a  feuilles  alternes,  charnues,  à  fleurs  disposées  en 
épis  axillairês,  qui  croissent  dans  les  parties  chaudes  de  llnde 
et  de  r  Amérique.  On  en  compte  six  à  huit  espèces ,  dom  celle 
qui  est  rouge,  basella  ritbra,  Linn.,  est  la  plus  commune,  parce 
que  c'est  la  seule  qui  se  cultive  ;  ses  feuilles  se  mangent  en 
guise  d'épindrds.  On  la  voit  dans  toutes  les  écoles  de  botani- 
que, où  elle  s'obtient  en  semant  ses  graines  sur  couche  , 
et  se  conserve  en  plaçant  les  jeunes  pieds  contre  un  mur  ex- 
posé au  midi.  Ses  baies  ,  d'un  rouge  très-vif,  et  dont  il  seroit 
à  désirer  quon  pût  fixer  la  couleur ,  sont  regardées  comme 
utdes  pour  faire  tomber  les  boutons  de  la  petite  vérole,  (b.) 

Ji AS-FOND.  On  donne  ce  nom  aux  endroits  où  la  mer  a 
peu  de  profondeur;  et  c'est  une  observation  constante  que  les 
bas-fonds  se  trouvent  dans  le  voisinage  des  côtes  basses,  dont 
ils  ne  sont  que  le  prolongement;  les  côtes  escarpées,  au  con- 
traire ,  sont  bordées  d  une  mer  profonde.  C'est  ce  qu'on  re- 
marque d'une  manière  frappante  en  Amérique,  dont  la  partie 
orientale  est  composée  de  vastes  plaines  ,  et  ou  la  mer  est 
remplie  de  bas-fonds,  tandis  que  le  long  des  côtes  du  Chili 
et  du  Pérou,  qui  sont  élevées  et  abruptes,  la  mer  est  d'une 
profondeur  extrême  ,  à  très-peu  de  distance  du  rivage,  (pat.) 

B  ASIATRAH  AGI.  On  appelle  ainsi  la  Renouee,  Polygo- 
num,  aoirulari'a,  Linn.  ,  en  Arabie,  (b.) 

BASILEE,  Basilœa.  Genre  de  plantes  de  l'hexandriemo- 
nogynie,  et  de  la  famille  des  Liliacees,  ou  mieux  des  Aspho^ 
DELEES,  dont  les  caractères  sont  :  corolle  campanulée,  di- 
visée profondément  en  six  découpures  oblonî^ues?  six' éta- 
mines,  dont  les  filamens  sont  dilatés  et  connivens  à  leur  base  • 
ovaire  supérieur,  court ,  trigone,  chargé  d'un  style  en  alêne,' 
dont  le  stigmate  est  très-simple  :  capsule  à  trois  loges. 

Ce  genre  ,  qui  faisoit  partie  des  Frîtillaires  deLinnœus,  a 
ete  figuré  pari  Héritiersouslenomd'Euco^iis.  Il  contient  cinq 
espèces,  dont  la  racine  est  bulbeuse.  Les  feuilles  sont  radicale! 
un  peu  charnues,  les  hampes  peu  nombreuses,  peu  élevées, 
épaisses,  chargées,  vers  leur  sommet,  de  beaucoup  de  netites 
Heurs,  surmontées  par  un  bouquet  de  feuilles  semblables, 
mais  plus  petites  que  celles  du  bas. 

Les  BasUées  viennent  toutes  du  Cap-de-Bonne-Espérance 
La  plus  connue  est  celle  qu'on  appelle  Easilee  REINe  ,  i?^*/-' 

20 


3o6  T,  A  S 

Lra  rcgia  ,  qu'on  trouve  dans  tous  les  jardins  de  botanique ,' 
et  quelquefois  dans  ceux  des  amateurs,  (b.) 

13.VSÎLIC.  N(tni  spécifique  d'un  lézard  du  genre  InuAKE  , 
qui  se  trouve  dans  TAniérique  méridionale. 

Daudin  a  fait  de  celte  espèce  et  de  riGUA>'E  d'AMBOlNE  , 
un  genre  auquel  II  a  donné  pour  caractères  :  corp*  gros,  al- 
longé, enlièremeut  couvert  de  petites  écailles  rhomboïdales, 
carénées  ,  et  presque  réticulées  entre  elles  ;  cou  pouvant  s'en- 
fler, en  dessous,  en  forme  de  goitre;  langue  épaisse,  courte  et 
non  fendue  à  son  extrémité  ;  tète  grosse  ,  arrondie  ,  à  quatre 
côtés,  calleuse  en  dessus,  et  couverte  de  petites  écailles 
connue  celles  du  corps;  queue  longue  ,  con)priniée  sur  les 
côtés,  surmontée  par  une  membrane  écailleuse  et  radiée  ; 
quatre  pieds  ro.busles  ,  allongés,  k  cinq  doigts  séparés  ,  forts 
et  onguiculés.  J'.  le  mot  Iguane. 

On  appelle  aussi  Z'<j.s-/7/V',  un  animal  fabuleux  qu'on  dit  pro- 
venir d  un  œuf  de  coq ,  et  donner  la  mort  par  son  seul  regard. 
Beaucoup  de  personnes  en  parlent,  et  jamais  aucune  ne  l'a 
vu. Des  charlatans  relèvent  la  tète  d'une  petite  raie  en  cassant 
l'épine  dorsixle,  coupent  ses  nageoires  en  forme  d'ailes,  con- 
tournent sa  queue  ,  et  le  montrent  dans  les  rues  comme 
étant  le  basilic,  ou  le  grand  dragon  aspic.  La  forme  hideuse  de- 
cette  préparation,  lorsqu'elle  est  desséchée  ,  en  impose  à  la 
crédule  ignorance  ,  et  dispose  en  faveur  d'un  homme  capa- 
ble de  vaincre  un  monstre  aussi  terrible,  (b.) 

BASILIC  ,  Otyrmim.  (ienre  de  plantes  de  la  didynamie 
gymnospermie,  et  de  la  famille  des  Labiées,  dont  lescaractères 
sont  d'avoir  :  le  calice  d'une  seule  pièce  ,  à  lèvre  supérieure 
large  et  orbiculairc  ,  à  lèvre  inférieure  quadrifide  ;  la  corolle 
nionopétale  ,  retournée  sens  dessus  dessous  ,  de  sorte  que  la 
lèvre  supérieure  est  à  quatre  divisions  ,  et  1  inférieure  entière 
pu  légèrement  crénelée  ;  quatre  étamines  ,  dont  deux  plus 
com'les  et  munies  d  un  petit  appendice  à  leur  base  ;  un 
ovaire  supérieur  ,  divisé  en  quatre  parties  ,  et  chargé  d'un 
style  filiforme  ,  terminé  par  un  stigmate  bifide  ;  quatre  se- 
inences  nues ,   ovales ,   attachées   au  fond   du  calice. 

Ce  genre  renferme  des  herbes  et  des  sous -arbrisseaux 
d'une  odi.'ur  plus  ou  moins  agréable,  à  Heurs  en  verticIUes 
ptu  serres  ,  disposés  en  épis  terminaux  ou  axillalres.  On 
en  connoît  une  quarantaine  d'espèces,  presque  toutes  origi- 
naires de  rinde. 

Les  deux  espèces  les  plus  communes  sont  le  Basilic 
COMMUN,  Orjmum  ùasilirum.,  Linn. ,  qui  a  les  feuilles  ovales» 
glabres  ,  et  le  calice  cilié;  et  le  Basilic  a  petites  feiilles, 
Orynium  miiiiniurn ,  Liun. ,  dont  les  feuilles  sont  ovales  et 
très-entières. 


]i  A  S  3o^ 

On  cuUîVe  «Icpuis  long-temps  ces  deux  basilics  dans  lea 
jardins  ;  leur  forme  élégante ,  leur  feuillage  touffu  et  leur 
odeur  suave  ,  les  font  rechercher  de  tous  les  amateurs.  Ils 
demandent  une  terre  substantielle  et  très-atténuée ,  le  soleil 
et  l'eau.  On  peut  les  semer  depuis  le  mois  de  février  jusqu'à 
la  fin  de  juin,  surtout  dans  le  iriidi  de  la  France.  Celui  qu'on 
sème  à  la  fin  de  l'hiver,  exige  des  couches,  et  veut  être  ga- 
ranti par  des  paillassons  ,  dans  les  nuits  et  les  jours  froids  ; 
dans  le  nord ,  les  châssis  sont  indispensables.  Mais  si  on  le 
sème  au  printemps  dans  les  pays  chauds  ,  ou  en  mai  dans  les 
climats  tempérés,  on  peut  alors  le  confier  tout  de  suite  à  la 
pleine  terre,  pourvu  qu'elle  soit  préparée  et  bien  exposée. 

Le  basilic  sec  conserve  son  odeur  aromatique  ;  réduit  en, 
poudre  ,  il  peut  tenir  lieu  de  tabac.  Il  entre  comme  assaison- 
nement dans  quelques  alimens  :  c'est  la  première  espèce  qui 
est  ordinairement  employée  dans  la  cuisine  ;  il  faut ,  pour 
cet  usage,  qu'elle  soit  cueillie  à  l'époque  de  sa  pleine  fleur,  et 
parfaitement  desséchée.  Les  abeilles  aiment  beaucoup  cette 
plante;  :  elle  donne  une  huile  essentielle,  (d.) 

Le  Basilic  salin  a  les  feuilles  ovales  ,  glabres,  et  la  tige 
géniculée.  11  se  trouve  au  Chili.  Il  n'est  pas  certain  qu'il  ap- 
partienne au  genre,  attendu  qu'il  est  privé  d'odeur;  mais 
on  n'a  pas  pu  se  refuser  de  le  noter,  pour  parler  de  sa  singu- 
lière propriété.  Molina  rapporte  que  depuis  le  printemps 
jusqu'en  automne  ,  quoiqu'il  croisse  à  soixante  milles  de  la 
mer,  il  se  trouve  tous  les  matins  couvert  de  cristaux  de 
sel.  Chaque  plante  fournit  environ  une  demi-once  par  jour 
de  ce  sel ,  que  les  habitans  emploient ,  comme  le  sel  com- 
mun ,  à  l'assaisonnement  de  leurs  mets,  (b.) 

BASILIC  SAUVAGE.  C'est  le  Cunopode,  le  Thym. 
A  Cayenne  ,  c'est  le  Matouri  des  prés,  (b.) 

BASNAGILLI.  Nom  de  la  Bryone  laciniée  à  Ceylan.' 

(B.) 

BASSAL.L'OIG^ON  CULTIVÉ  porte  ce  nom  en  Arabie,  (c.) 
BASSE.  Nom  anglais  d'une  espèce   de  poisson  ,  Perça 

ocellaia,L\iin. ,  qu'on  trouve  sur  les  côtes  d'Anjérique.  C'est 

un  Cemropo.me  de  Lacépède.  (b.) 

BASSET.  R^ace  de  chiens  très-estimés pour  la  chasse;  les 
uns  sont  k  Jambes  droites ,  et  les  autres  à  jambes  torses.  Voyez 
Chien,  (s.) 

BA!^SIE,  Bassia.  Genre  établi  par  Allioni  sur  la  SounE 
MURIQUÉE.  Il  n'a  pas  été  adf>pté.  Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  le  genre  Illipé,  qui  porte  aussi  le  nom  de  Bassia  en 
latin,  (b.) 


3o8  BAT 

BASSINET.  C'est  le  nom  vulgaire  de  la  Renoncule 
BULBEUSE,  (b.) 

BASSOMBE.  C'est  I'Acore.  (b.) 
BASSON.  Nom  vulgaire  de  la  Foulque,  (v.) 
BASSOVE  ,  Bassooia.  Plante  herbacée,  dont  les  feuilles 
sont  alternes,  ovales  et  péliolées;  les  (leurs  très-petiles, 
verdâtres  ,  disposées  en  petits  bouquets  dans  les  aisselles  des 
feuilles.  Chacune  de  ces  fleurs  a  un  calice  d'une  seule  pièce  , 
divisé  en  cinq  parties  ;  une  corolle  monopétale,  en  roue  ,  à 
tube  très  court ,  à  limbe  divisé  en  cinq  lobes;  cinq  étamines  ; 
un  ovaire  supérieur  arrondi ,  surmonté  d'un  style  court ,  que 
termine  un  stigmate  renflé  et  obtus  ;  une  baie  succulente  , 
qui  contient  des  semences  menues  et  réniformes. 

Cette  plante  croît  dans  les  forêts  humides  de"  la  Guyane. 
Elle  se  rapproche  infiniment  des  Morelles.  (b.) 

Bx\SSXJS,  J5a5i7/.t.  (ienre  d'insectes  de  l'ordre  des  hymé- 
noptères ,  famille  des  pupivores,  établi  par  Fabricius  aux 
dépens  du  genre  ichneumon  de  Linnseus.  V.  ce  dernier  mot. 

(l.) 
B.ASTANGO,  C'est  la  Baie  pastenaque.  (b.) 
BASTERx\,  Adanson   avoit  appelé  ainsi  le  Calycant, 

(B.) 

BASTERIE,    Bastena.   C'est  le  genre   appelé  RoiiRiE. 

BAT.  En  anglais  ,  ce  sont  les  mammifères  de  l'ordre  des 
chéiroptères,  ou  les  Chauve-Souris,  (desm.) 

BATAJASSE.  C'est,  en  Saintonge  ,  la  Lavandière,  (s.) 

BATAN.  M.  de  Jussieu  pense  que  l'arbre  de  l'Inde  , 
ainsi  nommé  par  le  voyageur  Linscol  ,  est  probablement 
la  dmion  ,  et  qu'il  n'est  pas  probable  que  ce  soit  un  J«^- 
f^ider.  Linscol  uonm\Q  buaa  la  (leur  de  cet  arbre,  et  son 
fruit  dujyaen.  Celui-ci  a  la  grosseur  du  melon ,  et  il  est  hé- 
rissé, (b.) 

BAT  ARA,  Thamnophi/us  ^Yieill.;  Lanius  turdus .  Lalb. 
(ienrc  de  l'ordre  des  oiseaux  Sylvains,  et  de  la  famille  à^s 
Collurions.  (  V.  ces  mots.)  Caractères  :  bec  convexe,  tendu, 
seulement  crochu  à  la  pointe;  mandibule  supérieure  com- 
primée sur  les  côtés,  dentée  ou  cchancrée  vers  le  bout  ;  l'in- 
férieure souvent  renliéc  en  dessous  ,  entaillée,  retroussée  et 
aiguë'  à  l'extrémité;  narines  ovales,  ouvertes,  situées  près  du 
front;  langue  un  peu  épaisse  ,  bifide  à  la  pointe  ;  bouche  ci- 
liée ;  ailes  courtes,  arrondies,  à  penne  bàlarde  courte; 
les  deuxième ,  troisième  ,  quatrième  et  cinquième  rémiges  à 
peu  près  égales  entre  elles  ,  et  les  plus  longues  de  toutes  ; 
quatre   doigts,   trois   devant,  un  derrière;    l'intermédiaire 


r»  A  T  3,g 

comme  soudé   avec    l'externe  presque  jusqu'au  milieu,  et 
souvent  avec  l'interne  à  la  base. 

Le  bec  des  bataras  n'est  pas  dans  tous  de  la  même  force  ; 
il  est  chez  plusieurs  très-robuste  et  très-renflé  en  dessous  ; 
chez  d'autres  il  est  moins  fortet  peu  bombé  ,  et  chez  d'autres  à 
peu  près  grêle.  C'est  parmi  ceux-ci  que  se  trouvent  tous  les 
bataras  que  j'indique  par  une  étoile,  afin  de  ne  pas  déranger 
l'ordre  alphabétique. 

Le  nom  que  j'ai  donné  à  ce  genre,  est  celui  que  la  plupart 
des  espèces,  dont  il  se  compose,  portent  au  Paraguay,  il  ta 
est,  parmi  les  autres,  qu'on  a  rangées  jusqu'à  présent  avec 
les  pics-grièches,  d'autres  avec  les  fyraiis  et  les  fourmiliers  ; 
mais  elles  m'ont  paru  mieux  classées  ici ,  puisqu'elles  offrent 
les  caractères  indiqués  ci-dessus. 

Le  plus  grand  nombre  des  baioras  se  trouve  en  Am.érique, 
mais  seuleme«t  depuis  les  Florides  jusqu'au  Paraguay;  le  reste 
habite  l'Afrique,  et  partout  ils  ont  le  même  genre  de  vie. 

Tous  se  plaisent  dans  les  halliers  les  plus  épais  et  les  plus 
fourrés  ,  où  ne  pénètrent  jamais  directement  les  rayons  du 
soleil  ni  les  eaux  de  la  pluie.  On  ne  les  rencontre  point  dans 
les  buissons  desséchés  ou  isolés  ,  et  ils  ne  sortent  jamais  de 
leur  retraite  que  le  soir  et  le  matin  ;  alors  même  ils  ne  se 
posent  que  sur  des  branches  basses  ;  de  sorte  qu'à  peine  ils 
s'élèvent  quelques  pieds  au-dessus  du  sol.  Ils  n'entrent  point 
non  plus  dans  les  grandes  forêts ,  à  moins  qu'ils  ne  trouvent 
des  broussailles  épaisses  ;  et  ils  évitent  également  les  cam- 
pagnes et  les  lieux  découverts.  Ils  ne  se  réunissent  que  par 
paires,  et  ne  se.nourrissent  que  d'insectes  qu'ils  saisissent 
sur  les  buissons  ou  sur  la  terre.  Ces  oiseaux  sédentaires  volent 
peu,  et  seulement  pour  passer  d'un  buisson  à  un  autre.  Ils  ne 
sont  point  farouches ,  et  ils  se  tiennent  communément  dans 
les  broussailles  des  cantons  cultivés  et  des  enclos.  Le  cri  de  la 
plupart  est  fort  et  s'entend  de  fort  loin  ;  mais  ils  se  taisent 
dans  toute  saison  qui  n'est  pas  celle  des  amours. 

Les  bataras  ont  de  grands  rapports  avec  les  fourmiliers  dans 
leurs  mœurs  et  dans  leurs  habitudes  ;  aussi  M.  d'Azara  ,  à 
qui  nous  devons  des  détails  intéressans  sur  ces  oiseaux,  me 
paroît  très-fondé  à  les  rapprocher  les  uns  des  autres.  Tous  , 
ou  presque  tous,  ont  les  plumes  du  sommet  de  la  tête  lon- 
gues, et  ils  les  redressent  souvent  en  forme  de  huppe  ;  la  queue 
est,  chez  tous  ,  plus  ou  moins  étagée. 

Je  décris  ci-après  trente  ^ofo/a^/  mais  je  ne  puis  assurer  que 
tous  constituent  des  espèces  distinctes,  attendu  que,  d'un 
côté  ,  je  n'ai  eu  pour  guide  que  des  peaux  desséchées  ,  et,  de 
l'autre,  que  peu  de  dessins  fidèles  et  que  des  descriptions.  Quoi- 
que j'en  aie  réuni  plusieurs,  que  des  auteurs  ont  divisés  spécifi- 


3xo  BAT 

qucmcnf ,  peut-être  sVn  trouve-1-il  encore  parmi  les  autres 
qui  sont  dans  le  même  cas  ;  car  il  en  est  des  lialums  comme 
des  fourmiliers,  dont  les  couleurs  et  les  dimensions  varient 
dans  les  individus  de  In  même  espèce. 

Le  BaTARA  agripennk,  Thamuuphilus  anuhailus^  Vieill. , 
.1  le  bec  brun  en  dessus ,  blanc  en  dessous  à  la  base  ;  le  plu- 
mage d'un  roux  verdâlre  ,  plus  clair  sur  le  cou  ;  les  pennes  de 
la  queue  d'un  brun  noirâtre ,  avec  la  tige  aiguë  et  comme 
usée  vers  le  bout.  Longueur  totale,  sept  pouces  et  demi.  11  se 
trouve  à  la  Guyane.  (  Espère  nouvelle.  ) 

Le  Catara  a  ailes  vertes  ,  TJtamnopJiilus  rhioroptcnis  , 
Vieill.,  a  la  grosseur  de  Y élouiucnu  ,  et  buil  pouces  de  lon- 
gueur totale;  le  haut  de  la  tête  d'un  roux  rembruni;  le  dessus 
du  cou  et  du  corps  de  lam<?me  teinte,  mais  plus  claire  sur  le 
croupion;  les  petites  couvertures  des  ailes  d"un  roux  pale,  avec 
«ne  zone  noire  vers  le  bout;  les  pennes  vertes  en  dehors,  et 
brunes  en  dedans;  les  cotés  du  cou  et  toutes  les  parties  infé- 
rieures rayéstransversalementdebruneldenoir:  la  queue  lon- 
gue, arrondie  et  rayée  de  noir  ,  de  blanc  et  de  gris  ;  les  pieds  et 
les  doigts  bleus.  Celle  espèce  nouvelle  se  trouve  à  la  Gnvane. 

*  Le  Batara  ALAPI,  Thamnophihis  alupi .  Vieill.:  Turdiis 
al  api ,  Lath. ,  pi.  enl.  d.°  701,  fig.  2  de  Vllisi.  iiai.  dcEiiffun. 
Cet  oiseau  vit  ,  ainsi  que  le  roraya  ,  en  troupe  dans  les  forets 
de  la  Guyane  ;  on  le  rencontre  le  plus  souvent  à  terre  ou  per- 
clié  sur  les  branches  peu  élevées,  mais  jamais  en  plein  air.  Sa 
nourriture  se  compose  de  fourmis  et  d'autres  petits  insectes  : 
il  est  d'une  grande  agilité,  et  fait  entendre  ,  en  sautillant,  une 
espèce  de  fredonnement  suivi  d'un  petit  cri'aigu  que  ces  oi- 
seaux répètent  plusieurs  fois  de  suite  lorsqu'ils  se  rappellent. 

Le  nom  H'alapi  qu'on  lui  a  imposé  ,  vient  de  ce  que  les 
couvertures  supérieures  des  ailes  sont  piquetées  de  blanc  ; 
leur  couleur  dominante  est  un  brun  foncé  q'.ii  s'étend  en  dessus 
des  pennes,  dont  le  dessous  est  noiri\tre;  ce  brun  prend  un 
ton  olivâtre  sur  la  ti^te,  le  cou  et  le  dos,  au  milieu  duquel  on 
remarque  une  tache  blanclie  ;  le  reste  du  dessus  du  corps  est 
cendré  ;  cette  teinte  paroît  plus  foncée  sur  le  ventre  ;  la 
gorge  ,  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  sont  noirs  ;  les  pennes 
«le  la  queue  sont  noirâtres ,  un  peu  élagées  ,  et  dépassent  les 
ailes  en  repos  d'un  pouce  et  demi.  Taille  un  peu  au-dessus 
de  celle  du  rorayn.  Longueur,  six  pouces. 

La  femelle  diffère  en  ce  qu'i  lie  n'a  pas  la  tache  l)lanche 
sur  le  dos  ;  sa  gorge  est  de  celle  couleur,  et  le  reste  du  dessous 
du  corps,  roussâtre  ,  avec  des  plumas  grises  cendrées  sur  les 
côtés  du  bas-ventre  et  sur  celles  qui  recouvrent  la  queue  en 
dessous;  les  points  des  couvertures  des  ailes  sont  roussâtres  ; 
enfin  la  couleur  brune  des  parties  supérieures  est  moins  foncée 


BA  T  3,1 

«luedansleTnâle.Ccsdc.scriptlonsnepeuvenlconvcniren  entier 
à  tous  les  individus;  car  les  teintes  elles  couleurs  elles-mêmes 
sont  sujettes  à  varier  comme  dans  toutes  les  espèces  de  ce  genre. 

Buffon  voyant  quon  ne  pouvoit  classer  ValapieA  le  coraya 
parmi  les  vrais  fourmiliers ,  les  on  a  séparés  et  les  a  nommés 
founniliers  rossignols. 

Le  Batara  BLEUATRE,  Thamnophilus  cœrulescens ^\Wv\. 
Trois  couleurs  sonl  répandues  sur  le  plumage  de  cet  oiseau. 
Il  a  les  côtés  de  la  tête  ,  le  dessus  du  cou  et  du  corps  d'un 
plombé  noirâtre  ;  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  bleuâtres  ; 
le  sommet  de  la  tête,  les  ailes  et  la  queue  noirs;  celles-ci 
terminées  et  bordées  de  blanc;  une  tache  de  la  même  cou- 
leur sur  le  haut  du  dos;  le  reste  des  parties  inférieures  d'un 
blanc  bleuâtre;  les  pieds  couleur  de  plomb  ;  le  bec  noiç  en 
dessus  et  bleu  céleste  sur  le  reste.  Longueur  totale  ,  cinq 
pouces  trois  quarts.  Ce  halura  du  Paraguay  est  dans  la  tra- 
tluction  de  l'ouvrage  de  M.  de  Azara ,  sous  le  nom  de  haiara 
voir  et  plombé. 

*  Le  lÎATARA  À  CALOTTE  >'OlRE,  Thamnopldlus  atricapillus  y 
A  ieill.;  Lcinius  aier.,  Lalli.,  n'estpas  plus  gros  que  le  chardonneret., 
et  a  cinq  pouces  de  longueur  totale  ;  le  sommet  de  la  tête 
noir  ;  le  dessus  du  corps  d'un  gris  de  souris  ;  le  dessous  d'un 
cendré  bleuâtre  ;  les  ailes  noires  ;  les  couvertures  et  les  pennes 
secondaires  bordées  de  blanc;  les  pennes  de  la  queue  noires 
et  terminées  par  du  blanc.  Cet  oiseau  est  figuré  dans  les  Fas- 
cicules de  Merrent,  pi.  lo,  et  a  été  décrit  par  Sonnini,  édit. 
de  Buffon  ,  pour  une  pie-grièchc. 

La  femelle  a  le  sommet  de  la  tête  d'un  roux  sale  ,  le  dessus 
du  corps,  des  ailes  et  de  la  quQue  ,  brun  ;  les  pennes  alaires 
et  caudales,  bordée  de  roux  en  dehors  et  tachetées  de  blanc 
à  l'extrémité;  ces  taches  se  trouvent  aussi  sur  les  scapulaires; 
la  gorge  et  toutes  les  parties  postérieures  sont  d'un  cendré 
sale,  plus  foncé  sur  les  flancs.  C'est  à  tort  que  j'ai  donné, 
dans  mon  Histoire  des  oiseaux  de  l'Amérique  septentrionale, 
le  mâle  pour  la  femelle  du  tyran  à  huppe  noire  ,  et  la  fe- 
melle pour  celle  du  tyran  à  huppe  rousse.  Celte  espèce  se 
trouve  dans  la  Guyane  et  dans  les  Florides. 

*  Le  Batara  CORAYA,  Tïiamnophilus  coraya,  Vieill.  ; 
Turdus  coraya ,  Lath. ,  fig.  ,  pi.  cnl.  de  Buffon,  n.°  701  ;  a  la 
tête  noire  ,  le  dessus  du  corps  d'un  brun  roux  ,  la  gorge  et  le 
devant  du  cou  d'un  blanc  qui  prend  une  teinte  cendrée  sur 
la  poitrine,  et  qui  devient  légèrement  roussâtre  sur  les  plumes 
du  ventre  et  des  jambes  ;  la  queue  rayée  transversalement  de 
noirâtre.  Longueur  totale,  cinq  pouces  et  demi.  On  le  trouve 
dans  les  grandes  forêts  de  l'intérieur  de  la  Guyane. 


3i2  B  A  T 

*  Le  Batara  à  cravate  noire,  Thamnophilus a'nnamomnis ^ 
Vieill.  ;  Tiirdus  cinnamomeiis^  Lath. ,  pi.  enl.  de  BuCf.,  5Go,  f.  2. 
Cet  oiseau  ,  que  Montbeillard  avoit  d'abord  donné  pour  un 
merle,  a  été  rapporte  depuis  par  ce  naturaliste  su  foumn'/icr 
palikour.  En  effet,  Tun  et  Taulre  ont  un  plumage  très-ana- 
logue ;  mais  si  la  figure  du  palikour  est  exacte,  celui-ci  est 
d'une  taille  beaucoup  plus  ramassée  et  porte  une  queue  très- 
courte  et  égale  à  son  extrémité  ;  tandis  que  le  merle  a  une 
taille  svelte  et  une  queue  allongée,  cependant  un  peu  trop 
dans  la  figure,  et  de  plus  arrondie  dans  les  individus  que  j'ai 
eu  occasion  d'examiner  en  nature  -,  ce  qui  m^a  détcnniné  à 
le  présenter  comme  un  batara^  avec  d'autant  plus  de  motifs 
qu'il  a  le  bec  conformé  de  même;  bec  qui  est  bien  aussi  ce- 
lui de  mes  fourmiliers.  Mais  tous  ceux-ci  ont  une  queue  très- 
courte  et  égale. 

Ce  batara  a  une  cravate  noire  bordée  de  blanc  ,  laquelle 
s'étend  depuis  le  bec  jusque  sur  la  partie  moyenne  de  la  poi- 
trine ,  où  la  bordure  blancbe  est  rayée  transversalement  de 
noir,  et  remonte  jusqu'aux  yeux  en  embrassant  les  trois 
quarts  de  la  circonférence  du  cou,  et  finissant  par  couvrir 
totalement  les  joues  ;  le  dessus  des  ailes  est  du  même  noir  , 
avec  de  petites  moucliefures  blanches  ;  les  grandes  couver- 
tures sont  terminées  de  fauve  ;  le  reste  du  plumage  est  can- 
neUe  ,  et  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs.  Longueur,  cinq  pouces. 
Cet  oiseau  a  de  tt'ls  rapports  avec  celui  à  goige  noire  de 
M.  d'Azara  ,  que  je  me  range  de  son  sentinient  lorsqu'il  rap- 
proche ces  deux  oiseaux  comme  des  individus  de  la  même 
espèce.  Ce  naturaliste  croit  qu'il  n'y  a  point  de  différence 
entre  le  mâle  et  la  femelle. 

Le  Batara  doré,  Thamnophilus  auraius  ^  Yieill. ,  a  le 
sommet  de  la  tête  mordoré;  le  dessus  *du  cou  et  du  corps 
d'un  brun  plombé,  nuancé  de  couleur  d'or;  les  couver- 
tures supérieures  des  aib-s  ,  dont  les  deuxième  et  troisième 
rangées  sont  blanches  à  la  pointe,  et  le  bord  extérieur  des 
pennes  sont  des  mêmes  teintes  ,  .mais  plus  sombres  ;  toutes 
les  pennes  latérales  de  la  queue  noirâtres  et  terminées  de 
blanc  ;  les  cotés  de  la  tête  pointillés  de  bleuâtre  e1  de  blan- 
châtre ;  la  gorge  couleur  de  perle  ;  le  devant  du  cou  mordoré, 
«t  lé  dcssoiJs  du  corps  d'un  roux  mêlé  d'or;  le  bec  noir  et 
bleu;  les  pieds  plombés  ,  et  cinq  pouces  trois  quarts  environ 
de  longueur  totale.  M.  d'Azara  l'appelle  pardo  dorado.  Il  se 
trouve  au  Paraguay. 

*  Le  Batar\  à  front  roux,  Thamnophilus  riififrons,  Vieill.  ; 
Tiirdus  nififwns  ^  Lath.,  pi.  enl.  de  Buffon ,  n."  G4.4  1  f-  i^  a  le 
front,  les  côtés  de  la  tête  ,  la  gorge  ,  tout  le  devant  du  cou  et 
le  ventre  roux;  le  sommet  de  la  tête ,  tout  le  dessus  du  corps, 


B  xV  T  3,3 

les  couvertures  supérieures  de  la  queue  et  les  pennes  des  ailes 
bruns;  les  couvertures  supérieures  des  ailes  noires  et  bordées 
d'un  jaune  vif;  cette  couleur  termine  chaque  rang  de  ces  cou- 
vertures; lescouverturesinfërieuresdelaqueueblanches;  celle- 
ci,  le  bec  et  les  pieds  cendrés.  Longueur,  huit  pouces  et  demi. 
Montbeillard  rapproche  cet  oiseau  du/ourm//i>ry9û/?'/coHr;  et  l'ob- 
servation que  j'ai  faite  à  l'article  du  balara  à  cravate  est  com- 
mune à  celui-ci,  quant  aux  proporlions  du  corps  et  de  la  queue. 
J'y  ajouterai  que  celui-ci  a  un  plumage  totalement  différent 
des  deux  autres  ;  ce  qui  indique  plutôt  une  espèce  particu- 
lière qu'une  variété ,  à  moins  que  ce  ne  soit  une  femelle. 

Le  B  ATARA  FERRUGINEUX,  Thamnophilus nifjigùiosiis ,  Vieill.; 
Laniiis  nibiginosus^  Lalh.  L^ne  couleur  de  rouille  couvre  toutes 
les  parties  supérieures  ,  et  un  rouge  jaunâtre  est  sur  les  infé- 
rieures; latête  esthuppée.  Cet  oiseauhabiteCayenne.  Latham 
le  décrit  pour  une  espèce  particulière. 

Le  B  ATARA  À  GORGE  BLANCHE  ,  Thomnophilus  alLi(:ollis,\iei\h 
Cet  oiseau  de  la  Guyane  est  brun  sur  les  parties  supérieures, 
blanc  sur  la  gorge  ,  noir  sur  la  poitrine  et  sur  les  joues.  Le 
devant  du  cou  a  sur  chaque  côté  une  bordure  noire  et  blanche  , 
qui  remonte  jusqu'aux  joues  ;  les  couvertures  des  ailes  sont 
noires  et  parsemées  de  petites  marques  blanches  ;  le  ventre 
est  de  cette  dernière  couleur  vers  le  milieu  ,  et  roux  sur  les 
flancs  ;  les  pennes  alaires  et  caudales  sont  noires  ,  ainsi  que 
le  bec  ;  les  pieds. bruns.  Cet  oiseau  ne  seroit-il  pas  une  variété 
du  batara  à  cravate  noire?  car  ces  deux  oiseaux  sont  de  la  même 
taille  et  ont  de  grands  rapports  dans  leurs  couleurs. 

Le  Grand  batara,  Thamuopldlus  mnjor,  Yieill.,  a  toutle  des- 
sus du  corps  d'un  noir  profond,  avec  une  bordure  blanche  aux 
couvertures  supérieures  et  aux  pennes  des  ailes  ;  cinq  bandes 
transversales  sur  les  deux  pennes  extérieures  de  la  queue  ,  et 
quelques  points  de  la  même  couleur  sur  les  trois  suivantes, 
laquelle  règne  sur  toutes  les  parties  inférieures  ,  et  est  seule- 
ment mélangée  de  noir  sur  les  jambes  ;  les  pieds  sont  d'une 
teinte  de  plomb  claire  ;  le  bec  est  bleu  de  ciel  à  sa  base  ,  et 
noir  dans  le  reste  ;  l'iris  d'un  rouge  pur.  Longueur  totale,  huit 
pouces  deux  lignes.  La  femelle  est  un  peu  plus  petite  que  le 
mâle  ,  et  en  diffère  en  ce  qu'elle  est  d'une  couleur  rousse  en 
dessus,  et  qu'elle  a  dubrun  mêlé  sur  la  poitrine  et  sur  les  côtés; 
les  couvertures  inférieures  de  la  queue ,  coulcyr  de  tabac  d'Es- 
pagne ,  et  le  bec  entièrement  d'un  bleu  de  ciel.  Longueur  to- 
tale ,  huit  pouces  deux  lignes.  Sa  ponte  est  de  deux  œufs  blancs 
et  marbrés  de  violet  obscur.  Elle  construit  son  nid  dans  les 
buissons  ,  à  trois  pieds  au-dessus  du  sol ,  et  le  compose  de 
beauconpdepetitesbranches(';pineuses.  Celte  espèce  se  trouve 


3i4  BAT 

au  Paraguay,  el  est  décrite  par  M.  de  Azzara  sous  le  nom  de 

batara  mayor. 

*  Le  Batara  grisin  ,  Thamnophîlus  griseus ,  Vieill.  ;  syhia 
grisea,  Lath.,  pi.  en!,  de  Buffon,  n."  64-3,  fig.  i  et  2.  Mont- 
beillard  a  d'abord  placé  cette  espèce  à  la  suite  des  merles ,  et 
depuis ,  il  l'a  indiquée  comme  une  variété  de  son  foiimiiiier 
huppé  {^le  hatfara  huppé')  \  c'est  en  quoi  je  ne  suis  pas  de 
son  avis.  Ces  deux  oiseaux,  que  j'ai  comparés  en  nature,  ont, 
il  est  vrai  ,  dos  rapports  dans  leurs  couleurs;  mais  leur  lon- 
gueur, leur  grosseur  et  généralement  toutes  leurs  dimensions 
offrent  des  dissemblances  assez  grandes  pour  s'opposer  à  une 
telle  réunion.  Le  grisin  a  quatre  pouces  et  demi  environ  de 
longueur  totale,  et  n'est  pas  plus  gros  que  lafum'elie  ù  iéle 
noire.  Le  dessus  de  la  tête  du  mâle  est  noirâtre  ;  les  sourcils 
sont  blancs ,  ainsi  que  les  couvertures  inférieures  des  ailes  y 
le  ventre  et  les  parties  postérieures  ;  tout  le  dessus  du  corps 
«st  d'un  joli  gris  cendré  qui  tire  au  noir  sur  les  pennes  des 
ailes  et  de  la  queue,  lesquelles  sont  terminées  de  blanc  ;  cette 
couleur  entoure  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  elungris 
clair  la  remplace  sur  le  bord  extérieur  des  rémiges  ;  la  gorge  , 
le  devant  du  cou  ,  la  poitrine  et  le  bec  sont  noirs  ;  les  flancs 
sont  blancs  et  les  pieds  cendrés.  La  femelle  diffère  en  ce  que  le 
dessus  de  la  tête  est  du  même  gris  que  le  dessus  du  corps  ,  et 
que  ce  qui  est  noir  riiez  le  mâle  est  noirâtre  cbez  elle.  J'ai  rangé 
cette  espèce  parmi  les  hutaras ,  parce  qu'elle  a  les  mandibu- 
les, les  ailes  ,  la  queue,  conformées  de  même  ;  mais  le  bec 
est  plutôt  grêle  qu'épais. 

Le  Batara  HUPPÉ,  Thamnophîlus drrhatus ^Yieïll.  :  Turdus 
f//r//o/i«,Lalh.Unepetite  huppe  noire,  que  cet  oiseau  baisse  et 
relève  à  volonté  ,  le  distingue  des  autresc'spèces  ;  sa  gorge  est 
noire  et  blanche  ;  le  devant  du  cou ,  la  poitrine  ,  les  couver- 
tures supérieures  des  ailes,  aussi  bien  que  l'iris,  sont  noirs;  un 
liseré  blanc  entoure  les  pennes  de  la  queue  ;  le  reste  du  plu- 
mage est  cendré. 

Quelques  individus  ont  du  roux  sur  les  couvertures  du  des- 
sus des  ailes.  La  femelle  a  les  plumes  du  sommet  de  la  tête 
aussi  longues  que  celles  de  la  tête  du  mâle  ;  mais  elles  sont 
rousses  ,  et  une  teinte  de  la  même  couleur  se  niêle  au  gris- 
cendré  de  son  plumage.  La  ponte  est  ordinairement  de  trois 
œufs  ,  et  a  lieu  dans  le  mois  de  décembre. 

Le  cri  du  batara  huppé  ressemble  au  piaulement  d'un  petit 
poulet.  Sa  longueur  moyenne  est  de  prés  de  six  pouces. 

Je  rapproche  de  cette  espèce,  comme  mâles,  le  iyranàhuppe. 
noire  ,  pi.  ^8  des  Oiseaux  de  l'Amérique  septentrionale  ,  et  le 
tachet  de  Levaillant  ;  et,  comme  femelles,  i."  la  pie-giieche 
huppée  du  Canada ,  qui  ne  se  trouve  poiul  dans  celte  colonie; 


BAT  3i5 

fet  qui  est  le  même  oiseau  que  le  tyran  à  huppe  rousse ,  pi.  4^9 
des  Oiseaux  de  rAmérique  septenlrionale  ;  2."  l(;  rousset  de 
Levaillant,  pi.  77  de  rOrnitliologie  d'Afrique,  lequel  ne  se 
trouve  qu'à  Cayenne.  Tous  ont  la  queue  dtagée  ;  mais  leur 
taille  varie  de  six  à  huit  lignes,  ce  qui  me  fait  soupçonner  que 
cette  espèce  est  composée  de  plusieurs  races.  Quant  aux  ta- 
ches blanches  plus  ou  moins  nombreuses ,  la  couleur  noire 
plus  ou  moins  étendue  ,  sur  les  mâles ,  je  l'attribue  aux  di- 
verses époques  de  l'âge.  Enfin  le  hatara  à  calotte  noire ,  dont  on 
a  fait  une  pie-grièche  ,  a  encore  de  grands  rapports  avec  le 
mâle  ;  mais  comme  il  n'en  a  point  la  huppe  ,  ou  plutôt  que 
les  plumes  du  sommet  de  la  tête  sont  plus  courtes,  je  l'ai 
isolé  spécifiquement ,  d'autant  plus  que  sa  femelle  présente  le 
même  caractère ,  elle  a  cependant  une  grande  ressemblance 
dans  les  couleurs  avec  celles  dont  il  a  été  question  ci-des- 
sus. Le  batara  huppé  est  le  fourmilier  huppé  de  Buffon. 

Le  Batara  à  longue  queue,  Thamnophihis  iongirauclus , 
Vieill.,  est  totalcmentnoir,  avec  de  petites  mouchetures  blan- 
ches sur  la  gorge  et  sur  les  pennes  de  la  queue  ;  bec  et  pieds 
noirs  ;  taille  de  la  pie-grièche  rousse  ,  mais  plus  allongée  ,  vu  la 
longueurdela queue. Use trouve-dans l'Amérique  méridionale. 

Le  Batara  moucheté,  Thamnophilus  guttatus ^  Vieill.,  est 
blanc ,  avec  des  taches  noires  en  forme  de  larmes  sur  toutes 
les  parties  supérieures  ;  d'un  blanc  pur  en  dessous  chez  la 
femelle  ;  noir  et  moucheté  de  blanc  sur  les  côtés  de  la  poi- 
trine du  mâle.  Taille  de  la  pie-grièche  rousse  ;  bec  couleur  de 
corne  ;  pieds  brunâtres.  Il  habite  l'Amérique  méridionale. 

Le  Batara  rayé  de  Cayenne  ,  Tliamnophilus  doUatus , 
Vieill.; io7z/j«<fo/.,Lath., pi.  enl.  de  Buff.,  x\.°  297,  fig.  i,  sous 
le  nom  de  pie-grièche  rayée  ,  est  de  la  grosseur  du  moineau  ; 
il  a  six  pouces  et  demi  de  longueur;  le  bec  noirâtre  ;  la  tête 
un  peu  huppée,  rayée  longitudinalement,  et  tout  le  plinnage 
rayé  transversalement  de  noir  et  de  blanc  ;  chaque  plume 
ayant  deux  bandes  de  chaque  couleur  ;  la  teinte  du  dessous 
du  corps  est  plus  claire  ;  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue 
sont  noires,  avec  des  taches  transversales  blanches  ;  les  pieds 
et  le  bec  noirâtres.  On  le  trouve  à  Cayenne. 

Le  Batara  rayé  du  Paraguay  ,  Thamnophilus  i-adiatus^ 
Vieill. ,  porte  une  huppe  longue  de  huit  lignes  et  d'un  beau 
noir  ;  les  plumes  de  la  base  du  bec ,  du  reste  de  la  tête  et  àxi 
cou  sont  marbrées  de  noir  et  de  blanc  ;  ces  deux  couleurs 
forment  des  raies  transversales  sur  le  dos  et  sur  les  couver- 
tures des  ailes  ;  les  pennes  sont  noires  et  tachetées  de  blanc  ; 
la  queue  est  de  la  première  teinte  avec  des  bandes  transver- 
sales interrompues  de  la  deuxième  ;  le  devant  du  cou  et  la 
poitrine  sont  rayés  de  noir  sur  un  fond  blanchâtre  ;  les  par- 


3iG  B  A  T 

tles  postérieures  blanches  ;  les  pieds  d'un  plombé  clair  ;  le 

bec  est  noirâtre  à  sa  base  et  d'un  bleu  céleste  dans  le  reste  ; 

riris  d'un  jaune  paille  brillant;  longueur  totale,  six  pouces  et 

demi. 

La  femelle  a  une  huppe  pareille  à  celle  du  mâle  ,  mais  elle 
est  rousse  ;  elle  en  diflere  encore  en  ce  que  les  cotés  et  le 
derrière  de  la  tête  sont  d'un  brun  mêlé  de  blanchâtre  ,  de 
roux,  av.ec  des  raies  noires  :  le  dessus  du  cou  est  couleur  de 
tabac  d'Espagne,  et  tout  le  dessous  d'un  roux  blanchâtre. Cette 
espèce  construit  son  nid  sur  les  petites  branches  horizontales 
des  buissons  épais,  et  le  compose  à  l'extérieur  de  filamens 
fortement  attachés  à  deux  rameaux  qui  forment  la  fourche 
à  l'extrémité  d'une  branche  menue.  L'intérieur  est  tapissé  de 
crins  et  de  tiges  de  plantes  aussi  déliées.  La  ponte  est  de 
deux  œufs  blancs  et  rayés  de  rougcâlre.  C'est  le  batara  listado 
de  M.  d'Azara. 

J'ai  sous  les  yeux  deux  hularas  du  Brésil^  dont  un  a  les  plumes 
dusommet  de  la  tête  noires  ,  et  l'autre  les  a  rousses,  ce  qui  me  pa- 
roit  indiquer  les  différences  sexuelles  ;  ils  ont  l'un  et  l'autre 
toutes  les  parties  inférieures  et  la  queue  rayées  transversale- 
ment de  noir  et  de  blanc  ,  et  le  manteau  vert.  Leur  taille  est 
celle  du  précédent. 

Le  Batara  rayé  a  tête  rousse,  Thawnophitus  Uneatus  ^ 
Vieill.,  a  la  tête  rousse  en  dessus  et  le  reste  du  plumage  rayé 
transversalement  de  noir  et  de  blanc  roussâlre.  Taille  du  ha- 
iara  huppé. 

Le  Batara  ROlTGEATRE,  Thamnophîkis  mhicus,  Vieill.;  des- 
sus de  la  tête  d'un  gris  cendré  ;  joues  blanches  et  tachetées 
de  brun  ;  dessus  du  corps  d'un  roux  rembruni  ;  dessous  rou- 
geâtre  ;  menton  blanc  ;  ailes  et  queue  noirâtres  ,  celle-ci  ter- 
minée de  blanc;  bec  noir;  pieds  bruns.  Taille  de  la pic-grlèche 
grise.  Il  habite  l'Amérique  méridionale. 

Le  Batara  roux  ,  Tlunnnophilus  m/us  ,  Yieill.  Tout  le  plu" 
mage  supérieur  de  cet  oiseau  est  couleur  de  tabac  d'Espagne  ; 
le  dessous  du  corps  d'un  blanc  jaunâtre  ;  les  couvertures  ex- 
térieures du  dessus  de  Taile  ,  ainsi  que  les  cotés  intérieurs  des 
pennes,  sont  noirâtres  ;  les  pieds  couleur  de  plojub  ;  le  bec  est 
noirâtre  en  dessus  et  à  la  pointe  ;  le  ventre  est  d'un  blanc  sale. 
Longueur,  sept  pouces.  C'est  \cbatara  mxode  M.  d'Azara.  On 
le  trouve  au  Paraguay  ;  il  diffère  des  ^utres  en  ce  qu'il  a 
l'aile  plus  forte  ,  le  tarse  et  les  doigts  plus  courts ,  le  bec 
moins  crochu  à  la  pointe  ,  et  moins  comprimé  sur  les  côtés  ; 
mais  il  a  le  même  genre  de  vie. 

Le  Batara  tacheté  ,  Thamnophilus  mzolus  ,  Vieill. ,  La- 


BAT  3,7 

mus nceinus,  Lath.,  aie  bec  noir, ainsi  que  toutes  les  parties  su- 
périeures du  corps  ;  les  plumes  de  laparlie  antérieure  du  dos  , 
ainsi  que  celles  qui  recouvrent  les  ailes ,  sont  terminées  de 
blanc  ;  cette  môme  couleur  borde  les  pennes  secondaires  ,  et 
forme  une  tache  oblongue  à  l'extérieur  et  vers  le  milieu  de 
chaque  penne  de  la  queue  ,  qui  est  noire  ,  de  même  que  les 
ailes  ;  le  dessous  du  corps  est  d'un  cendré  uniforme  ;  les  pieds 
sont  noirs  :  sa  taille  est  un  peu  inférieure  à  celle  du  hataru 
rayé  de  Cayenne  ;  il  se  trouve  au  Brésil. 

Le  B  ATARA  SCHET-BÉ  ,  Thamnophilus  rulilus,  Yieill.  ;  Lanius 
rufus ,  Lath.  Il  a  sept  pouces  trois  quarts  de  longueur;  ia 
tête ,  la  gorge  et  le  cou  d'un  noir  verdâlre  ;  tout  le  dessus  du 
corps  roux  ;  le  dessous  gris  blanchâtre  ;  la  queue  rousse  ;  les 
pennes  des  ailes  brunes  ;  le  bec ,  les  pieds  et  les  ongles  couleur 
de  plomb.  La  femelle  a  des  couleurs  moins  vives  ,  la  gorge  et 
le  devant  du  cou  d'un  gris  blanc.  On  le  trouve  à  Madagascar. 
Le  B  ATARA  TCHAGRA,  Thiiiniiophilustchagra,  Vieill.  ;  Lanius 
5'^«f^a/M5,Lath.,pl.  enl.de  Buff,  n.^^yg.Cetoiseau,  indiqué  par 
Buffon  sous  le  nom  de  pie-grièche  rousse  à  tête  noire  du  Sénégal , 
et  comme  une  simple  variété  de  la  nôtre  ,  a  été  donné  par  Le- 
vaillant  sous  le  nom  àetchagra  ,  mot  qu'il  prononce  sans  cesse, 
et  qu'il  exprime  très-bien  par  les  syll^hes  tcha-tcJia-trha-gra. 

On  le  trouve  non-seulement  au  Sénégal  ,  mais  encore  vers 
la  pointe  de  l'Afrique  jusque  chez  les  Cafres. 

Le  mâle  est  à  peu  près  de  la  taille  de  notre  pie-grièche  grise; 
la  partie  supérieure  de  la  tête  est  d'un  noir  bruni,  légèrement 
teint  d'olivâtre  ;  le  derrière  du  cou  et  le  dessous  du  corps  sont 
d'un  brun  tanné  ;  la  gorge  est  blanchâtre  ;  uns  bande  blanche 
prend  naissance  au  coin  de  l'œil  et  se  prolonge  au-delà  ,  avec 
une  ligne  noire  par-dessous  qui  lui  est  parallèle  :  le  <;ou  par- 
devant  et  tout  le  dessous  du  corps  sont  cendrés  ;  les  grandes 
couvertures  des  ailes  et  les  bords  extérieurs  des  pennes  sont 
d'un  roux  ferrugineux  ;  le  reste  en  est  brun ,  avec  une  teinte 
verdàtre  par-dessus  ;  en  dessous,  elles  sont  toutes  cendrées; 
les  deux  pennes  intermédlairesde  la  queue  sont  d'un  gris  brun", 
.  rayé  imperceptiblement  d'une  couleur  plus  foncée  ;  les  autres 
sont  noirâtres  et  toutes  terminées  de  blanc  ;  le  bec  et  les  pieds 
sont  d'un  noir  de  corne  ,  et  l'iris  est  brun. 

La  femelle  est  un  peu  plus  petite  que  le  mâle  ;  elle  n'a 
point  le  dessus  de  la  tête  noir,  et  a  les  teintes  du  manteau 
moins  foncées.  La  tête  du  jeune  mâle  ne  prend  sa  couleur 
noire  qu'à  un  certain  âge  ;  le  dessus  du  corps  est  d'un  brun 
cendré,  et  le  blanc  des  parties  inférieures  est  roussâtre.  Il 
fait  son  nid  dans  les  broussailles  ;  la  ponte  est  de  cinq  œufs 
tachés  de  brun  ;  son  vol  est  lent ,  court  et  pénible. 


3i8  BAT 

Le  Bat  ARA  A  TÊTE  BLEUE  ,  Thamnophihis  cyanocephaîus  ^ 
Vicill.,  a  six  pouces  quatre  lignes  de  longueur  totale  ;  la 
gorge  et  les  parties  postérieures  d'une  teinte  sombre ,  qui 
tire  au  noir  sur  le  dessus  du  corps  jusqu'à  la  queue  et  au- 
dessous  des  yeux  ,  sur  les  côtés  de  la  tête  qui ,  dans  le  reste  , 
est  d'un  bleu  lurquin  brillant ,  séparé  sur  le  milieu  du  som- 
met par  ufte  raie  blanche  ;  la  nuque  et  le  dessus  du  cou  sont 
noirs,  ainsi  que  les  scapulaires  et  les  ailes ,  dont  les  cou- 
vertures ont  quelques  taches  blanches ,  et  sont  bordées  en 
dehors  de  cette  couleur  ;  la  bordure  extérieure  des  pennes 
est  pareille ,  mais  moins  sensible  ;  les  deux  pennes  in- 
termédiaires de  la  queue  sont  totalement  noires  ,  et  les 
autres  ont  l'extrémité  blanche;  le  bec  est  d'un  bleu  obscur, 
et  le  tarse  noirâtre- 
La  femelle  diffère  en  ce  qu'elle  a  un  demi-pouce  de 
moins  ;  en  ce  que  le  dos ,  le  ventre  et  les  parties  inférieures 
sont  glacés  de  verdâtrc  ,  et  qu'elle  n'a  point  de  raie  blanche 
sur  le  haut  de  la  tête. 

Ces  oiseaux  se  trouvent  au  Paraguay,  et  sont  décrits  par 
M.  d'Azara  sous  le  nom  Del  ohscuro  y  negru. 

Le  Batara  à  tête  rousse,  Thamnophihis  ruficapilluSyWeWl. 
a  le  dessus  de  ia  tête  couleur  de  cannelle  ;  les  côtés  d'un 
brun  blanchâtre  ;  le  devant ,  les  côtés  du  cou  et  le  haut  de  la 
poitrine  rayés  transversalement  de  blanc  et  de  noir  ;  le 
reste  de  la  poitrine  et  les  parties  postérieures  blanchâtres  ;  le 
dessous  des  ailes  d'un  blanc  roussâtre  ;  les  couvertures  supé- 
rieures, les  dernières  pennes,  la  bordure  extérieure  de  toutes 
les  autres  et  le  derrière  du  cou ,  mordorés  ;  le  dos  d'un  brun 
mêlé  de  bleu  ;  les  pennes  intermédiaires  de  la  queue  noi- 
râtres,  les  autres  noires,  bordées  à  l'extérieur  et  terminées 
de  blanc  ;  le  tarse  de  couleur  de  plomb  ;  le  bec  noir  en 
dessus  et  d'un  bleu  clair  en  dessous  ;  six  pouces  un  quart  de 
longueur  totale.  Le  mâle ,  la  femelle  et  les  jeunes  sont  pareils. 
Le  nid  est  constniit  comme  celui  du  batara  rayé  du  Paraguay, 
et  la  ponte  est  de  deux  œufs  blancs  foiblement  piquetés  de 
rouge.  M.  d'Azara  appelle  cet  oiseau  halura  acaneludo. 

Le  Batara  vert,  ThanmophUus  r/«y/5 ,  Vieill. ,  a  le 
front ,  toutes  les  parties  inférieures  et  le  dessus  de  la  queue 
rayés  en  travers  de  noir  cl  de  blanc ,  le  reste  du  plumage 
vert.  Longueur  totale  ,  six  pouces  huit  à  dix  lignes.  Il  ha- 
bite l'Amérique  méridionale. 

Le  B  atar  a  varié,  Thamnophilm  vanus,\ici\l.;Lamusvariusj 
Lath.  Bec  noir;  dessus  du  corps  brun  cendré  ;  front  et  joues 
tachetés  d'une  couleur  plus  pâle  ;  gorge  et  poitrine  d'un  jaune 
<îe  buflle  ;  ventre  ,  cuisses  cl  bas-ventre  d'un  blanc  brunâtre  ; 


BAT  3,3 

scapulaîres  blanches  ;  ailes  et  queue  brunes  ;  pieds  noirs.  Ce 
hutara  se  trouve  au  Brésil. 

Le  Bat  ARA  VERdAtre,  Thamnophîlus  virescem  ^  Vieil]., 
a  la  tête  d'un  gris  verdâtre  et  tachetée  de  noir  en  dessus  • 
les  ailes  de  la  dernière  couleur,  et  poinliliées  de  blanc  ;  le 
dessus  du  corps  verdâtre  ;  le  dessous  d'un  gris  roussâtre  chez 
le  mâle  ,  et  d'un  gris  pur  chez  la  femelle;  la  queue  noire  et 
terminée  de  blanc  ;  le  bec  brun  et  les  pieds  gris.  Il  se  trouve 
dans  l'Amérique  méridionale,  (v.) 

BATARD.  Les  pêclipurs  donnent  ce  nom  à  des  vers 
rouges  qu'ils  prennent  entre  les  fissures  des  rochers  qui  bor- 
dent les  côtes  de  la  mer,  et  dont  ils  se  servent  pour  amorcer 
leurs  lignes.  On  ignore  à  quel  genre  appartiennent  ces  vers. 

(B.) 

BATATE.  C'est  le  nom  que  l'on  donne  ,  en  Amérique , 
à  plusieurs  racines  tubéreuses  ,  employées  à  la  nourriture 
de  l'homme.  On  l'appelle  encore  Patate.  V.  au  mot  Lise- 
ron et  QuAMOCLiT  pour  la  baiate  qui  suit ,  ainsi  qu'au  mot 
MoRELLE  pour  la  pomme  de  teire^  et  au  mot  Hélianthe  pour 
le  topinambour,  (b.) 

BATATE  ou  PATATE,  Conooh'ulus  batafas.  Cette  plante 
vivace  ,  originaire  de  l'Inde  ,  se  cultive  entre  les  tro- 
piques et  même  un  peu  au-delà.  Elle  offre  beaucoup  de  va- 
riétés, produites  parla  culture,  dans  U  forme  et  la  gi'an- 
deur  des  feuilles,  dans  la  direction  et  la  couleur  des  tiges, 
dans  la  grosseur  ,  la  forme,  la  couleur  ,  la  saveur,  l'époque 
de  la  maturité  des  racines,  leur  plus  ou  moins  facile  con- 
servation après  qu'elles  ont  été  arrachées,  etc. 

Nulle  part  la  patate.,  telle  que  nous  la  connoissons,  ne 
croît  sans  culture  ;  abandonnée  à  elle-même,  elle  ne  pou»— 
seroit  que  des  branches  et  des  racines  fibreuses.  On  a  deux 
objets  en  vue  en  la  cultivant ,  la  récolte  des  racines  pour  la 
nourriture  des  hommes ,  et  celle  du  fanage  pour  celle  des 
bestiaux. 

Dans  nos  colonies  on  fait,  par  an,  deux  plantations  de  pa- 
tates ;  la  première ,  à  la  fin  de  l'hiver  en  plantant  les  tubercules 
réservés  de  la  dernière  récolte;  la  seconde,  deux  mois  après 
en  plantant  les  tiges  fournies  par  ces  tubercules.  Celle-ci  est 
la  plus  considérable.  Une  terre  légère,  un  peu  fraîche  et 
bien  labourée ,  est  celle  où  elles  prospèrent  le  mieux.  Ordi- 
nairement c'est  au  sommet  de  billons  hauts  et  larges  d'un 
pied  qu'on  les  plante.  Deux  binages  au  moins  leur  sont  donnés 
dans  le  courant  de  Tété  ,  binages  par.lesquels  la  terre  des- 
cendue des  billons  est  remontée  à  leur  sommet.  La  pre- 
mière récolle  se  mange  de  suite,  parce  qu'elle  uc  pourroit 


3.0  BAT 

pas  se  garder  pendant  les  chaleurs;  la  seconde  est  réservéer 
pour  l'hiver.  Avant  de  faire  l'une  et  l'autre  ,  on  coupe  les 
ti^es  rez  terre  pour  les  donner  aux  bestiaux  qui  les  aiment 
beaucoup,  et  qu'elles  engraissent  rapidenienl.  Ceux  qui  cou- 
pent plusieurs  fois  ces  tiges,  qu'on  appelle  bois  patate  3l  Saint- 
Domingue  ,  et  il  est  des  cultivateurs  qui  le  font  jusqu'à  trois 
fois,  éprouvent  une  diminution  proporliounelle  dans  la  quan- 
tité, la  grosseur  et  la  saveur  des  tubercules,  objet  principal  de 
leur  culture  en  tous  pays. 

Rarement  la  culture  de  la  ^ato^e  manque  de  remplir  son  but; 
mais  dans  les  terrains  et  dans  les  années  sèches  ,  elle  ne 
fournit  que  de  petits  tubercules;  et  dans  les  terrains  et  les 
années  humides,  que  des  tubercules  de  peu  de  saveur  et  de 
peu  de  garde. 

]u-A  patate  c?,i  de  différentes  couleurs  ,  mais  ordinairement 
rouge  ,  blanche  ou  jaune.  Elle  est  sèche  ,  flexible  ,  et  d'autant 
moins  bonne,  que  sa  chair  ^  une  consistance  plus  grasse  et  plus 
filandreuse.  En  l'ouvrant  on  remarque  des  points  blancs  etbril- 
lans.  Elle  pèse  communément  depuis  une  demi-livre  jusqu'à 
vingt  onces.  On  en  a  vu  du  poids  de  huit  à  dix  livres. 

La  saveur  très-sucrée  de  la  patate,  la  dispose  à  fermenter; 
aussi  l'emploie-t-on  à  faire  des  boissons  vineuses,  et  par  suite 
des  boissons  alcoholiques;  mais  cette  même  disposition  rend 
sa  conservai  ion  très-difficile,  surtout  lorsqu'elle  a  été  cueillie 
avant  sa  complèle  n»alurité. 

Les  moyens  dont  on  se  sert  pour  conserver  la  pa/ate , 
sont  do  deux  sortes  :  le  premier  consiste  à  laisser  les  tuber- 
cules en  terre  sans  les  déraciner;  il  s'agit,  pour  le  second, 
de  les  tirer  de  terre  et  de  les  porter  dans  un  endroit  sec  et 
frais  ,  à  l'abri  d«'  l'air  extérieur.  Dans  nos  climats,  les  pa- 
tates se  gardent  difficilement  à  cause  des  longs  hivers,  souvent 
plus  humides  que  froids;  il  faut  les  étendre  sur  des  planches 
couvertes  de  deux  pouces  de  sable  fm  dans  un  endroit  inac- 
cessible à  la  gelée  ,  et  les  recouvrir  d'un  autre  lit  de  sable 
de  même  épaisseur,  en  les  arrangeant  de  manière  à  ce  qu'elles 
ne  se  louchent  point.  On  apporte  continuellement  de  l'A- 
mérique dans  nos  ports  ,  des  patates  bien  conservées  ,  mises 
avec  des  cendres  le  jour  qu'elles  ont  été  récoltées,  dans  des 
tonneaux  ,  au  fond  desquels  on  pratique  plusieurs  trous 
de  tarière  pour  y  établir  un  courant  d'air.  Les  patates  réu- 
nissent tant  de  bonnes  qualités  en  nature,  qu'il  n'est  pas  né- 
cessaire de  les  déconiposer  à  grands  frais  poyr  les  soumettre 
ensuite  aux  tortures  de  la  boulangerie  :  ce  sont  bien  les  racines 
les  plus  exquises  que  l'on  connoissc.  Dans  les  colonies,  on 
mange  la  patate  bouillie  simplement  avec  du  sel  ou  avec  un 
peu  de  viande  salée  :  on  la  rôtit  sous  la  cendre  et  au  four; 


BAT  3.1 

pour  en  faire  ,  avec  du  beurre  ou  du  sain-doux  ,  une  espèce 
de  purée  très-épaisse,  appelée  miquun^  dont  on  fait  des 
boulettes.  Quelquefois,  lorsqu'elles  sont  nouvelltmenl  ré- 
coltées ,  on  les  confit  dans  du  sucre  pour  s'en  servir  au  be- 
soin ;  souvent  aussi  on  les  fait  sécher  à  Tair  libre  avant 
qu'elles  connnencent  à  se  gâter,  lues  patates ,  en  un  ntot , 
peuvent  se  prêtera  toutes  les  formes  que  le  luxe  de  nos  tables 
a  imaginées.  En  Espagne,  on  consomme  une  partie  des 
patates  qu'on  récolte  ,  et  on  vend  l'autre  aux  capitaines  des 
vaisseaux  marchands  des  provinces  maritimes,  qui  les  ex- 
portent dans  les  autres  ports  voisins ,  même  dans  le  Nord. 
Les  plus  estimées  sont  celles  que  l'on  cultive  sur  une  des 
côtes  de  Malaga  ;  elles  sont  d'un  si  grand  rapport ,  que  dans 
un  seul  petit  endroit  voisin  de  la  ville  de  ce  nom  ,  il  s'en 
débite  pour  5o,ooo  livres. 

Tous  les  animaux  domestiques  aiment  les  feuilles  de  la  pa- 
tate,etelleleurserten  partie  denourriture  pendantl'été, époque 
où  les  pâturages  sont  brûlés  par  la  chaleur.  Il  seroit  difficile  de 
les  remplacer  sous  ce  rapport ,  dans  beaucoup  de  quartiers 
de  Saint-Domingue. 

La  yofir/o^e  peut  prospérer  dans  plusieurs  de  nos  pays  mé- 
ridionaux ,  tels  que  la  Corse,  la  Provence  et  le  Roussillon, 
où  il  règne  assez  ordinairement  une  continuité  de  chaleur 
non  interrompue  ,  de  quinze  degrés  ,  pendant  six  mois  , 
qu'il  seroit  difficile  d'avoir  dans  toute  la  France  :  mais  peut- 
être  parviendra-t-on  à  la  rendre  moins  sensible  au  froid, 
en  choisissant  des  abris  ,  en  préférant  d'abord  pour  la  plan- 
tation des  racines  déjà  acclimatées  dans  le  royaume  de  Va- 
lence ,  parce  que  la  température  de  cette  contrée  est  moins 
différente  de  la  nôtre  que  celle  des  autres  parties  du  Midi  de 
l'Espagne. 

Il  y  a  trente  à  quarante  ans,  que  Thouin  a  essayé  la  cul- 
ture de  la  patate  en  pleine  terre  au  Jardin  des  plantes  de 
Paris  ,  en  mettant  des  tubercules  dans  des  pots  ,  en  serre  ,  et 
les  transplantant  dans  le  courant  du  mois  de  juin  ,  à  des  ex- 
positions chaudes  ;  garantis  pendant  quinze  ou  vingt  jours  ,  ils 
ont  parfaitement  repris  et  poussé  avec  vigueur  jusqu'à  l'au- 
tomne. Depuis  lui,  plusieurspersonnes  oni  tenté  la  même  chose 
par  des  procédés  différens  ,  et  ont  également  réussi  ;  mais 
les  frais  de  cette  culture  sont  rarement  couverts  par  les  béné- 
fices ,  et  jamais  les  Datâtes  obtenues  ne  sont  arrivées  à  leur 
complète  maturité.  Cette  culture,  à  Paris,  ne  peut  donc  être 
regardée  que  comme  un  pur  objet  d'amusement,  (par.) 

BATAULE.  C'est  le  Beurre  de  bambouc.  (^s.) 

BATEAU.  Nom  vulgaire  d'une  espèce  de  Patelle,  (e.) 

BATELÉ.  Espèce  d'EuPAXOiRE.  (b.) 
III.  Il 


3^3  "^      B  A  T 

BATELEUR.  V.  l'article  Pygargue.    (V.) 
BATHAENDA.  Il  y  a  lieu  de  soupçonner  que  c'est  une 
Retmie.  (b.) 

BATHEC.  C'est  le  Melon  d'eau  en  Arabie,  (b.) 
BATHELION,    BatheHum.  Lichen  découvert  parAfze- 
lius  sur  la  côte  d'Afrique  ,  qui   en   a   fait  un  genre  ,    dont 
le  caractère   est  :  crustacé,   uniforme;  fructiiicaiion   sessile , 
presque  globuleuse  ,  couverte  de  papilles  en  forme  d'oper- 
cule. V.  Achard,  tab.  8  ,   fig.  3.  (b.) 
BAÏHLESGHAIN.  Synonyme  de  Badindiaîn.  (b.) 
BATHYERGUS,  lllig.Gcnrc  de  mammifères  de  l'ordre  des 
rongeurs  ,    qui  correspond  à  celui  nommé    Oryctère  par 
M.  Frédéric  Cuvier,  etqui renferme  les  Rats-taupes  du  Cap. 
Ces  animaux,  long-temps  confondus  avec  les  dlfferens  mam- 
mifères qui  composent  la  famille  des  Rats  ,  en  ont  élc  séparés 
par  INLGeorgcs  Cuvier  dans  son  dernier  ouvrage.  lUiger  y  qui 
en  avolt  distingué  une  espèce  comme  devant  former  le  genre 
BaLhyergus  ,  n'en  avoit  pas  moins  laissé  ce  genre  dans  sa  fa- 
mille des  iniirina.  11  plaroit  d'ailleurs  une  seconde  espèce  dans 
son  genre  geoiychus ,  qui  comprend  le  zemni  ou  aspalax,  genre 
qu'il  mettoil  à  la  tète  de  sa  famille  des  cuniculuria. 

Las  ùathyergus  ou  oryctères^  ont  le  corps  cylindrique  et'ra- 
massé  ;  ce  sont  des  animaux  de  petite  taille  ,  dont  les  pieds 
sont  tous  munis  de  cinq  doigts  courts,  et  de  cinq  ongles  plats 
et  menus  ;  leur  nez  est  court  et  comme  tronqué  ;  leurs  yeux 
sont  très-petits;  ils  n'ont  point  d'abajoues  ni  d'oreilles  ex- 
ternes ;  leur  queue  est  très-courte. 

Leurs  incisivessonltrès-forles,  cl  si  longues  qu'elles  ne  peu- 
vent être  recouvertes  parleslèvres;  lesinlericures  sont  en  coin 
ft  plaies  en  devant  comme  les  supérieures;  les  molaires  sont  au 
nombre  de  quatre  de  cbaque  côté  àl'une  etàl'autremâchoires: 
elles  sont  simples  comme  celles  des  rais ,  des  écureuils , 
«les  marmottes,  des  bamsters,  des  loirs,  des  bydromys  et  des 
rats-taupes  proprementdits  :  elles  se  ressemblent  toutes,  ainsi 
que  l'a  observé  M.  Fréd.  Cuvier ,  en  ce  que,  dans  le  jeune  âge, 
elles  sont  séparées  en  deux  par  un  sillon.  Lorsqu'elles  com- 
mencent à  s'user  ,  le  sillon  s'interrompt  au  milieu  de  la  dent, 
et  il  en  résulte  deux  écbancrures ,  une  à  la  face  interne  et 
l'autre  à  la  face  externe.  Lorsque  l'usure  se  continue  davan- 
tage ,  le  sillon  interne  s'efface  entièrement,  et  bientôt  l'ex- 
terne ayant  disparu ,  la  dent  n'offre  plus  qu'un  disque 
osseux  entouré  d'émail.  Les  postérieures  présentent  cette 
échancrure  externe  beaucoup  plus  forte  que  les  antérieures. 
Les'deux  espèces  que  renferme  ce  genre  ,  habitent  les  en- 
virons du  Cap   de  Bonne-Espérance  ,  où  elles   sont  très- 


1^'  '^  T  3,3 

multipliées  ;  elles  creusent  la  terre  ,  et  se  nourrissent  de 
racines. 

Première  espère.  —  Le  BatiiYERGUS  DES  DUNES  (  Balhyergus 
/wanV/V/2?«;  grande  taupe  du  Cap,  BufTon  ,  suppl.  lonj.  6,  pi. 
38);  Piat-laupe  des  dunes,  Arctuniys  af ricana^  Lamarck.  Voy. 
de  'J'iiunberg. 

Cet  animal  est  long  d'un  pied;  sa  circonférence,  prise 
derrière  les  jambes  de  devant,  eslde  lopouces,  et  de  g  dcv.int 
les  jambes  de  derrière.  Sa  tdte  est  plus  allongée  à  propf)rlion 
que  celle  de  Tespèce  suivante,  el  se  termine  par  un  museau 
plat  en  forme  de  boutoir;  ses  yeux  sont  Irès-pel ils.  Les  in- 
cisives supérieures  sont  marquées  dans  leur  milieu  d'un  sil- 
lon longitudinal,  qui  les  fait  paroître  comme  doubles.  La 
<|ueue  est  plate  et  longue  de  2  pouces  et  demi  :  elle  est  cou- 
verte  de  longs  poils   roides. 

Il  vit  sous  terre  ,  y  fait  de  vastes  souterrains  ,  forme  des 
taupinièrescomme  les  taupes  d'Europe;  ce  qui  rend  dangereux 
pour  les  chevaux  les  lieux  où  il  est  commun  ,  parce  que 
ces   animaux  y  enfoncent   jusqu'aux  genoux. 

Le  hatliycrgm  des  dunes  ne  court  pas  vite  ;  mais  il  est  très- 
alerte  à  creuser  la  terre.  11  est  méchant,  et  mord  très-fort 
lorsqu'on  l'irrite.  Sa  nourriture  consiste  eu  plantes  et  eu 
oignons.  Sa  chair  est ,  dit-on  ,  fort  bonne. 

Deuxième  espèce. — Le  li  ATHYERGUS  CRICET,  Baihyergns  ca- 
pensis;  Georyrhus^  Ulig  ;  petit  rat-taupe  du  Cap,  Buffon,  suppl. 
lom.  II  ,  pi.  36;  mus  rapensis ,  Pallas,  glir.  pi.  7,  pag.  172,  et 
pi.  26,  fig.  17  ;  rat-taupe,  de  la  première  édit.  de  ce  l)ict. ; 
6ks  moll.  au  Cap. 

Le  cricet  est  de  la  taille  an  zemni  ;  sa  longueur  totale  est 
de  7  pouces  environ  ;  celle  de  sa  tête  est  d'un  peu  plus  de 
deux  pouces:  il  est  très-bas  sur  pattes  ,  et  son  corps  est  cy- 
lindrique ;  il  manque  d'oreilles  externes  ,  mais  il  est  pourvu 
d'yeux  ,  très-petits  à  la  vérité  ,  qui  ne  sont  pas  cachés  sou» 
la  peau ,  et  qui  par  conséquent  lui  sont  utiles  pour  la  per- 
ception des  objets  qui  l'entourent  ;  son  corps  est  terminé 
postérieurement  par  une  petite  queue  de  neuf  lignes  de  lon- 
gueur. En  général  ,  le  poil  du  crir.et  est  doux,  épais  et  ardoisé 
près  de  la  peau  ;  il  est  brun  roussâtre  sur  le  dos  ,  plus  foncé 
sur  la  tête,  plus  pâle  sur  les  côtés,  et  d'un  blanc  sale  en 
dessous  ;  son  museau  est  blanc  ,  et  cette  couleur  se  termine 
vers  les  joues  en  une  pointe  noire  ;  le  tour  des  oreilles  et  des 
yeux  ,  une  petite  tache  sur  le  sommet  de  la  tête  ,  ainsi  que 
les  mains  et  les  pieds,  sont  aussi  de  couleur  blanche  ;  les  dents 
ne  sont  point  orangées  comme  celles  de  la  plupart  des  ron- 
geurs ;  la  queue  est  couverte  de  poils  longs  et  épais  :  ils  for- 


3,4  15  A  T  • 

ment  un  pinceau  à  son  exlrcmilé.Les  ongles  sont  de  longueur 
médiocre. 

Le  r/ïVe' habite  au  Cap  de  Bonne-Espcrance,  dans  lesterres 
sablonneuses;  il  creuse  la  terre  comme  la  iaiipe^  c'est  pourquoi 
on  rappelle  dans  ce  pays  la  taupe  dusahle.  11  se  nourrit  prin- 
cipalement de  racines  de  glaïeul  ,  d'iris  ,  etc.  (desm.) 

BATiS.  Poisson  du  genre  des  Pvaies.  V.  ce  mot.  (b.) 

BATIS,  Balh.  C'est  un  petit  arbrisseau  dont  les  feuilles 
sont  demi-cylindriques  ,  succulentes  ,  sessilcs  ,  opposées  ;  les 
fleurs  sans  calice  ni  corolle  ,  dioïques  ,  disposées  en  chatons 
axillaires. 

Les  [leurs  mâles  implantées  sur  des  chatons  pyramidaux, 
imbriqués  d'écaillés  situées  sur  quatre  faces  distinctes  ;  cha- 
que écaille  recouvre  quatre  étamincs. 

Les  femelles  venant  sur  des  chatons  ovales  ,  charnus ,  à 
involucre  dlphylle  ;  elles  consistent  en  un  ovaire  ovale  , 
adné  au  chaton  ,  surmonté  d'un  stigmate  sessile  ,  velu  ,  et  à 
deux  lobes. 

Les  fruits  sont  des  baies  unlloculaires,  cjui  renferment  cha-^ 
çune  quatre  semences  triangulaires  et  ponitues. 

Cet  arbrisseau  croît  aux  Antilles,  sur  le  bord  de  la  mer; 
toutes  ses  parties  ont  une  saveur  très-salée,  (b.) 

BATO.  Fruit   du  BoNDUc.  (b.) 

BATOLITE ,  Batoliles.  Genre  de  Coquilles  établi  pai^ 
Denys  Montfort,  aux  dépens  des  Ortiiocératites  de  la 
Peyrouse  ,  et  des  Hippurites  de  Lamarck.  Ses  caractères 
sont:  coquille  libre,  adhérente  ou  vivant  en  famille,  univalve  , 
cloisonnée  ,  droite    et  fistuleuse  ;   ouverture    arrondie  ,  peu 

f profonde,  horizontale;  cloisons  criblées,  et  de  plus  percées 
atéralement  de  deux  grands  stigmates  répondantà  deux  arêtes 
parallèles  ou  divergentes  qui  percent  toutes  ces  cloisons. 

Ce  genre  paroît  contenir  plusieurs  espèces  ,  qui  toutes 
se  trouvent  dans  des  roches  calcaires  ,  qu'elles  constituent 
quelquefois  en  entier.  Denys  Montfort  en  a  vu  de  trois  pieds 
de  long  et  elles  n'étoient  pas  entières.  Il  calcule  qu'il  a  pu 
en  exister  de  plus  de  cinquante  pieds.  On  les  confond  quel- 
quefois avec  les  MadrÉporites  dans  les  cabinets  mal  étur 
diés.  Knorr  en  a  figuré,  (b.) 

BATON  DE  JACOB.  C'est  I'A.sp-iodèle  jaune,  (b.) 
BATON  ROYAL.  C'est r Asphodèle  blanc,  (b.) 
BATON  DE  SAINT  JEAN.  Nom  vulgaire  de  la  Per- 

SICAIRE   orientale.  (B.) 

BATONNET.  Coquille  du  genre  CoNE.  (b.) 
BATRACHION.  On  a  donné  ce  nom  à  la  Renoncule 

BULBEUSE,  (b.) 

JIATRACHITE  OU  BRONTiAS,  Plioe  dQone  ces  noms 


à  une  des  substances  qu'on  croit  être  la  pyn/e  ffhLulcuse,  striée 
du  centre  à  la  circonférence  ;  on  la  croyoit  tombée  du  ciel. 
C'est  la  même  pyrite  qu'on  nommoit  autrefois  en  France 
pierre  de  tonnerre  ou  pierre  de  foudre ,  et  dont  on  se  servoit  au 
lieu  de  pierre  à  fusil,  (pat.) 

BATKACHOIDE  ,  Batrachdidcs.  Genre  de  poissons  de  la 
division  des  Jugulaires,  établi  par  Laccpcde  pour  placer 
deux  espèces,  dont  Tune  faisoit  partie  des  GADESde  Linneeus, 
et  l'autre  des  Bletsmes.  V.  ces  mots. 

Los  caractères  des  balrachdides  consistent  en  une  tête  très- 
déprimée  et  très-large  ;  une  bouche  à  ouverture  très- 
grande;  un  ou  plusieurs  barbillons  attachés  autour  ou  au- 
dessous  de  la  mâchoire  inférieure. 

Ce  genre  tire  son  nom  de  la  ressemblance  vague  qu'ont 
ses  espèces  avec  les  grenouilles;  ressemblance  qui  avoit  déjà 
fait  donner  à  l'une  d'elles  le  nom  de  blennius  raninus  par 
Linnseus. 

La  première  de  ces  espèces,  le  Batrachoïbe  tau,  Gadus 
tan  ,  Linn.,  a  un  grand  nombre  de  filamens  à  la  mâchoire  in- 
férieure ;  trois  aiguillons  à  la  première  nageoire  dorsale  et  à 
chaque  opercule.  C'est  un  habitant  de  l'Atlantique. 

Le  BatraciioÏdE  BLElSNlOïDE  ,  Blennius  raninus,  Linn.,  a 
un  ou  plusieurs  barbillons  à  la  mâchoire  d'en  bas  ;  les  deux 
premiers  rayons  de  chaque  nageoire  jugulaire  tenninés  par 
xm  long  filament.  Il  se  trouve  dans  les  lacs  de  la  Suède  ,  et 
n'est  pas  bon  à  manger.  On  l'a  appelé  grenouillère  en  français. 

Le  Batrachoj-de  Gûielin observé  par  Risso  dans  la  merde 
Nice,  a  été  figuré  par  lui  dans  l'Ichtyologie  de  cette  mer. (b.) 

BATRACHOSPERME ,  Batrachospermum.  Genre  de 
plantes  établi  par  Vaucher  aux  dépens  des  Conferves.  11 
renferme  une  douzaine  d'espèces,  caractérisées  par  leur  con- 
sistance gélatineuse ,  en  rapport  avec  celle  du  frai  de  gre- 
nouille ,  ou  avec  les  TréMELLES  lorsqu  elles  sont  très-char- 
gées  d'eau.  J'en  ai  décrit  et  figuré  une  nouvelle  espèce  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  philomalique. 

Bory-Saint- Vincent ,  auquel  on  doit  une  très-belle  Mo- 
nographie de  ce  genre,  y  rapporte  six  espèces  qui  sont  figu- 
rées pi.  29,  3o  et  3i  du  12.^  vol.  des  Annales  du  Muséunx 
d'Histoire  naturelle  de  Paris.  Les  autres  sont  des  ThqRÉes  , 
des  Draparn  aldies  et  des  Rivulaires.  (b.) 

BATRACFîUS.  T.  Ba^rachion,  Baudroie  et  Silure,  (b.) 

BATRACIENS.  Alexandre  Brongniart,  dans  sa  Méthode 
d erpétologie  ^  a  ainsi' appelé  l'ordre  qui  comprend  les  genres. 
Grenouille,  Crapaud,  Rainette  et  Salamandre;  ordre 
qui  faisoit  partie  des  reptiles  de  Llunaeus  et  des^ouadrup.èdes^ 
ovipares  de  Lacépède.  Ft>j'e5  IçiiTyoXDKS.  (b  } 


3.6  BAT 

Les  caraclcres  de  cet  ordre  sont  d'avoir  la  peau  nue ,  et 
des  pattes. 

La  tête  des  Batraciens  est  aplatie,  assez  grande  en  comparai- 
son ducorps;  leur  bouche  est  très-large;  ils  n'ont  quelquefois 
point  de  dents,  et  quand  elles  existent,  elles  sont  à  peine  visibles; 
leur  langue  est  charnue  ,  enduite  de  mucosité  ;  leur  mâchoire 
inférieure  est  composée  de  deux  branches  réunies  antérieu- 
rement par  une  siùilie  ligamenteuse  ;  et  leurs  os  n'ont  que  la 
consistance  cartilagineuse  des  arêtes  des  poissons:  ils  n'ont 
point  de  cotes,  ou  seulement  de  simples  rudimens  de  ces  os, 
et  ils  sont  droits;  leurs  doigts  sont  réunis  par  une  membrane, 
et  n'ont  souvent  point  d'ongles.  Une  humeur  visqueuse  en- 
duit leur  corps.  Ils  n'ont  point  de  trachée-artère  ;  leurs  bron- 
ches membraneuses  sortent  immédiatement  du  larynx;  leur 
cœur  a  une  seule  oreillette  :cc  sont  desamphibiesselon  toute 
la  force  du  terme.  Le  mâle  n'offre  aucun  organe  extérieur  de 
la  génération;  il  n'y  a  pas  d'accouplement  ïféel;  les  œufs  sont 
fécondés  hors  de  l'animal,  nombreux  ,  pondus  dans  l'eau  et 
composés  d'un  point  coloré  ,  entourés  d'une  matière  vis- 
queuse ,  sans  coquille  qui  les  enveloppe.  Les  petits  qui  en 
sortent  sont  d'abord  dilTérens,  par  leur  forme  et  par  plusieurs 
de  leurs  fonctions  vitales  ,  des  animaux  qui  les  ont  produits. 
Ils  respirent  par  des  branchies  ,  se  nourrissent  de  matières 
végétales,  ont  un  canal  intestinal  plus  étendu,  vivent  dans 
l'eau  et  dans  les  lieux  humides.  V.  au  nmt  Reptile,  (b.) 

BATSCHIK  ,  Batschia.  Nom  donné  au  genre  de  plantes, 
appelé  depuisHrMEOLDTiE.il  a  aussi  été  appliqué  par  Thun- 
berg  à  un  genre  qui  ne  diffère  pas  de  I'Abuta  d'Aublct.  V. 
Ménlsperme;  et  par  Michaux  ,  a  un  autre  genre  peu  distingué 
des  Gremils  ,  c'est-à-dire,  qui  n'offre  pour  différence  qu'un 
anneau  barbu  à  la  base  du  tube  de  la  corolle.  Ce  dernier  ren- 
ferme deux  espèces  originaires  de  l'Amérique  sepientrion<ale, 
dont  une  est  figurée  dans  la  l'Iore  de  ce  pays,  (b.) 

BATT.  Nom  égyptien  de  TOlE  du  NiL.  (v.) 

BATTA.  Fruitdu  Nopal,  (b.) 

BATT  AN  S.  On  donne  souvent  ce  nom  aux  valves  des 
Coquilles  bivalves,  et  aux  parties  mobiles  du  plastron  des 
ToilTUES.  (b.) 

BATTARÉE ,  BaUarea.  Genre  de  plantes  établi  aux  dé- 
pens des  Vesseloups.  Son  caractère  est  :  chapeau  campa- 
nule, velu,  contenant  ime  poussière  attachée  à  des  filamens, 
et  sortant  d'une  double  enveloppe ,  dont  les  restes  lui  sont 
adhérens  ;  il  ne  comprend  qu'une  espèce,  (b.) 

BATTE-LESSIVE.  Nom  vulgaire  de  la  Lavandière,  (n.) 

BATTEMA1\E.   Nom  vulgaire  de  la  Lavandière  et  de 

riltRONDELLE  DE  RIVAGE.   (V.) 


B  A  U  327 

BATTE-QUEUE,  Battiquoue  en  Gascogne.  F.  Hoche- 
queue LAVA^DIÈRE.  Cette  dénominatibn  vulgaire  se  donne 
aussi  en  quelques  lieux  à  T Hirondelle  de  rivage,  (s.) 

BATTEUR  D'AILES.  Nom  que  des  marins  donnent 
à  des  oiseaux  qu'on  rencontre  en  mer  ,  et  que  Fleurieu 
(Voyage  de  Marchand)  applique  mal  à  propos  aux  Alouet- 
tes de  mer  ,  puisque  ces  oiseaux  ne  se  tiennent  que  sur  les 
rivages,  (v.) 

BATTEUR  DE  FAUX.  Oiseau  du  nord  du  Canada  , 
indiqué  ,  mais  non  décrit  par  les  voyageurs,  (s.) 

BATTI  SCHORIGENAM.  C'est  dans  Rlieed  I'Ortie 
interrompue,  (b.) 

BATTUE.  Chasse  qui  se  fait  au  bois  ou  en  plaine  ,  avec 
des  gens  qui  battent  un  espace  de  terrain  ,  en  poussant  le  gi- 
bier vers  les  chasseurs  armés  de  fusils,  (desm.) 

BAUBIS.  Race  de  Chiens  courans  ,  que  l'on  appelle 
aussi  chiens  normands.  Ils  ont  le  corsage  plus  épais ,  la  tête 
plus  courte  ,  et  les  oreilles  moins  longues  que  les  chiens  fran- 
çais, (s.) 

B  AUD.  Chiens  originaires  de  Barbarie ,  propres  h  la 
chasse  du  cerf.  On  les  appelle  aussi  chiens-cerfs  et  chiens- 
muets,  (s.)  .  • 

BAUDET.  Nom  vulgaire  de  I'Ane.  (s.) 

BAUDIR  LES  CHIENS  (r^«mO-  C'est  les  exciter  du 
cor  et  de  la  voix  :  on  bandit  aussi  les  oiseaux  au  vol.  (s.) 

BAUDISSÉRITE.  Nom  donné  par  M.  Delamélherie  à 
la  magnésie  carbonatée  de  Baudiffère  en  Piémont.  (LUC.) 

BAUDRIER.  Les  Varecs  à  feuilles  longues  et  larges 
portent  vulgairement  ce  nom.  (r.) 

BAUDROIE.  Nom  d'un  poisson  du  genre  LoPHiE  ,  que 
quelques  auteurs  ont  étendu  à  tout  ce  genre,  (b.) 

BAUDRUCHE.  Pellicule  d'un  boyau  de  bœuf  apprêtée» 
qui  sert  aux  batteurs  d'or  pour  réduire  l'or  en  feuilles. 

On  fait  aussi  avec  la  baudruche  de  petits  ballons  ou  aéros- 
tats extrêmement  légers  ,  et  qu'on  remplit  de  gaz  hydrogène. 

(s.  et  desm.) 

B  AUHINE ,  Bauhinia.  Genre  de  plantes  de  la  décandric 
monogynie,  et  de  la  famille  des  légumineuses  :  ses  caractères 
sont  :  calice  irrégulier,  à  cinq  divisions  et  caduc  ;  cinq  pétales 
oblongs  ,  onguiculés  ,  insérés  sur  le  calice  ,  situés  irréguliè- 
rement ;  dix  étamines  inégales,  déclinées,  dont  neuf  plus 
courtes  et  quelquefois  stériles  ,  et  la  dixième  plus  longue  et 
toujours  fertile  ;  les  premières ,  quelquefois  réunies  à  leur 
base  ;  un  ovaire  supérieur,  oblong,  pédicule,  surmonté  d'un 
style  décliné  et  terminé  par  un  stigmate  obtus  ;  une  gousse 
assez  longue ,  communément  comprimée  ,  uniioculaire  ,  et 


328  B  A  U 

qui  renferme  plusieurs  semences  réniformes  ou  ellipfrques. 

Ce  genre  comprend  une  trentaine  d'espèces,  qui  sonl  des 
arbres  ou  des  arbrisseaux  ,  dont  les  feuilles  sont  simples  , 
mais  divisées  en  deux  lobes  fort  profonds,  les  fleurs  disposées 
en  grappes  axillaires  ou  terminales  ;  quelques-unes  sonl  pur- 
gatives :  elles  croissent  naturellement  dans  les  parties  les 
plus  chaudes  de  Tlnde  et  de  l'Amérique. 

La  Bauhine  grimpante  forme  le  genre  Phanère  de  Lou- 
leiro.  (b.) 

BAUME  ,  Balsamum.  Il  y  a  deux  sortes  de  baumes  ,  sa- 
voir :  ceux  qui  sont  préparés  par  la  seule  main  de  la  nature  , 
et  que  ,  par  cette  raison  ,  on  appelle  baumes  naturels  ;  et  ceux 
qui  sont  composés  par  les  pharmaciens  ou  les  charlatans, 
^ous  ne  devons  point  parler  de  ces  derniers  ,  dont  on  peut 
voir  la  nouienclature  et  les  préparations  dans  les  ouvrages 
pharmaceutiques. 

Les  baumes  naturels  sont  des  matières  huileuses ,  aroma- 
tiques ,  d'une  consistance  liquide  et  un  peu  épaisse  ,  qui  dé- 
coulent d'elles-mêmes  ou  par  incision,  de  certains  arbres. 
Celui  qu'on  relire  des  balsamiers  de  Gilead  et  de  la  IMecque 
(  V.  Balsamier  )  ,  portoit  autrefois  le  simple  nom  de  baume., 
en  latin,  opubalsamum  o\x%alsamum  judakum  :  il  est  le  plus  an- 
ciennement connu,  et  passe  pour  le  meilleur.  Yoilàpourquoi, 
sans  doute  ,  on  a  donné  ,  depuis  ,  ce  nom  à  tous  les  sucs  ré- 
sineux et  balsamiques ,  liquides  ou  desséchés  ,  qui  approchent, 
par  leur  odeur  ou  par  leur  vertu  ,  du  baume  de  Judée  :  tels  sont 
les  baumes  de  (hpahu ,  de  Tolu  ,  du  Pérou  ^  du  Cajiada^  etc. 

La  nature  des  baumes  approche  beaucoup  de  celle  des 
résines  :  ces  deux  suMtances  ont  à  peu  près  les- mêmes  pro- 
priétés :  elles  sont  inflammables  ,  insolubles  par  l'eau  ,  solu- 
Lles  «lans  les  huiles  et  dans  l'alcohol ,  et  coulent  fluides  des 
arbres  qui  les  produisent  ;  elles  paroissent  être  des  huiles  de- 
venues épaisses  ou  concrètes  par  l'exposition  à  l'air. 

Les  baumes  ne  sont  d'usage  qu'en  médecine  ;  la  nature 
jiemble  les  avoir  uniquement  destinés  à  adoucir  nos  maux  : 
aussi  employons-nous  quelquefois  le  mot  baume  ^  dans  un  sens 
moral  et  figuré  pour  exprimer  ,  ou  ce  qui  tempère  nos  cha- 
grins ,  ou  ce  qui  nous  fait  éprouver  un  plaisir  inattendu.  Les 
consolations  données  au  malheur  par  la  vertu  bienfaisante  ou 
par  l'amitié  ,  sont  un  véritable  baume ^  qui  guérit  insensible- 
ment les  plaies  du  cœur  ,  et  qui  est  cent  fois  plus  efficace  et 
plus  doux,  que  ne  le  sont,  pour  soulager  nos  do^ileurs  phy- 
siques, tous  les  ^jaumes  les  plus  précieux  de  l'Orient.  V.  le 
mot  Résine,  (d.) 

BauiME.  On  donne  aussi  ce  nom  à  une  espèce  de  Tanaisie. 

(B.) 


B  A  U  3^9 

Baume  de  l'Amérique  ou  Baume   de   C.vnTirAGÈNE. 
V.  Baume  de  Tolu.  (d.) 
Baume  aquatique.  F".  Menthe  aquatique,  (b.) 
Baume  blakc.  Synonyme  de  Baume  de  Judée,  (b.) 
Baume  du  Brésil.  F.  Baume  de  Copahu.  (d.) 
Baume  brun.  V.  Baume  du  Pérou,  (b.) 
Baume  de  Calaba.  V.  à  Tarticle  Baume  vert,  (d.) 
Baume  du  Canada  ,   Bahaminn  canadense.  Suc   plus  ou 
moins  liquide  ,  ou  sorte  de  térébenthine  qui  découle  naturel- 
lement et  par  incision  d'une  espèce  de  sapin ,  oi'iginaire  du 
Canada.  (  V.  Sapin.  )  Ce  suc  ou  baume  est  transparent ,  un  peu 
jaunâtre  ,  d'une  odeur  et  d'une  saveur  approchant  de  la  téré- 
jjcnihine  de  Chypre  ,  mais  plus  agréable  et  plus  douce.  (D.) 
Baume  de  Carpathie.  Nom  de  la  résine  du  Pin  cembro  , 
qui  croît  sur  les  Alpes  ,  les  monts  Krapach  et  autres  mon- 
tagnes élevées  de  l'Europe,  (b.) 

Baume  de  Carthagene.  V.  Baume  de  Tolu.  (b.) 
Baume  des  chasseurs.   Le  Poivre  À  feuilles  ronde.^ 
porte  ce  nom  à  Saint-Domingue,  (b.) 

Baume  à  cochon.  V.  Baume  sucrier,  (d.) 
Baume  de  Constantinople.    C'est  celui  du  Balsamier 
de  la  Mecque,  (b.) 

Baume  de  copahu  ou  Huile  copahu. Il  est  produit  par  un 
arbre  du  Brésil,  appelé  Copaïer.  V.  ce  mot.  C'est  un  suc  ré- 
sineux qui  a  la  consistance  de  l'huile  quand  il  est  récent ,  et 
qui ,  en  vieillissant ,  devient  tenace.  Il  est  combustible ,  se 
dissout  dans  le  miel  et  dans  Tesprit-de-vin ,  a  une  couleur 
jaune  blanchâtre,  une  odeur  aromatique  ,  douce;  une  saveur 
acre  et  médiocrement  amère  :  il  découle  par  incision  du  tronc 
et  des  branches  du  copdicr.  (d.) 

Baume  DE  copalme.  V.  Liquidambar.  (d.) 
Baume  en  coque.  On  appelle  ainsi,  dans  lesboutiques  des 
droguistes,  le  Baume  DU  Pérou,  (b.) 

Baume  d'Egypte  ou  du  Grand  Caire.  V.  Baume  de  Ju- 
dée, (d.) 

Baume  dur.  Ce  nom  se  donne  quelquefois  aux^AUMES 
du  Pérou  et  de  Tolu.  (b.) 

Baume  eaux  du  Pérou.  Quelques  jardiniers  appellent 
ainsi  le  Mélilot  bleu,  (b.) 

Baume  focot  ou  Faux  tacamaca.  V.  à  l'article  Bésike 
tacamaque.  (d.) 
Baume  de  Galaad  ou  de  Gilead.  V.  Baume  de  Judée. 

Baume  du  grand  Caire,  V.  Baume  d'Egypte,  (b.) 
Baume  de  la  grande  terre.  C'est  le  Montjoli  invo- 

LUCRÉ.  (B.) 


33o  B  A  IT 

Baume  de  Hongrie.  Piésine  du  Pin  sylvestre  ,  qu'on 
tire  de  la  Hongrie,  (b.) 

Baume  ou  Huile  d'ambre  liquide.  J^.  Liquidambar.  (d.) 
Baume  d'incision.  F.  Baume  du  Pérou,  (d.) 
Baume  des  jardins.  On  donne  ce  nom  à  la  menthe  domes- 
tique ,  ou  des  jardins.  V.  MeNTHE.  (d.) 

Baume  de  Judée,  d'Egypte,  du  grand  Caire,  de  l\ 
Mecque,  de  Syrie,  de  Constantinople ,  ou  Baume  blanc, 
!Nous  avons  parlé  de  ce  baume,  si  justement  célèbre ,  à  Tar- 
ticle  Balsamier.  V.  ce  mot.  (d.) 

Baume  de  lotion.  Un  des  noms  du  Baume  de  Judée,  (b.) 

Baume  Marie.  B'ésine  liquide,  employée  à  la  guérlson  des 

plaies  à  la  Cochinchine.  Elle   se  relire  du  Calaba  balsa- 

MARIE,  (b.) 

Baume  de  la  Mecque.  C'est  la  même  chose  que  Baume 
DE  Judée,  (b.) 

B  vume  de  MOMIES.  On  a  donne  ce  nom  et  ceux  de  Gomme 
des  funérailles  ,  de  Bitume  de  Judée.,  d'Asphalte  ,  de  Karahé  de 
Sodome  ,  etc. ,  à  une  variété  de  bitume  que  les  anciens  Egyp- 
tiens cmployoient  à  la  conservation  des  corps.   V.  Bitume. 

(LUC.) 

Baume  du  Pérou  ,  Balsamum  pemvlanum.  Suc  résineux 
que  fournit  un  arbre  de  l'Amérique  méridionale,  connu  des 
botanistes  sous  le  nom  de  Mirosperme  sessile.  V.  ce  mol. 
On  retire  de  cet  arbre,  ou  arbrisseau,  quatre  sortes  de 
baumes  qui  ont  tous  une  saveur  acre,  un  peu  amère,  et  qui 
diffèrent  peu  de  la  térébenthine  pour  leurs  effets  et  leurs 
vertus  ;  ils  peuvent  être  prescrits  dans  les  mêmes  espèces  de 
maladies,  (d.) 

Baume  du  Pérou.  Le  Mélilot  bleu  porte  ce  nom,  (b.) 

Baume  (Petit).  On  donne  ce  nom  au  Croton  balsa- 
W1FÈRE.  V.  ce  mot.  (d.) 

Baume  de  Rakasira.  On  croit  qu'il  est  le  produit  de  l'art, 
et  qu'il  provient  du  suc  de  courges  qui  croissent  dans  l'Inde. 
11  s'em^jie  dans  les  gonorrhées.  (b.) 

Baume  sec.  Synonyme  de  Baume  du  Pérou,  de  Baume 
de  ToLU.  (u.) 

Baume  de  soufre.  Préparation  pharmaceutique,  c'est-à- 
dire,  dissolution  du  Soufre  dans  une  Huile  es.sentielle.(b.) 

Baume  sucrier.  C'est  une  liqueur  résineuse  qui  découle 
par  incision  d'un  arbre  de  l'Amérique  appelé  dans  le  pays, 
sucrier  de  montagne.,  et  que  Lamarck  a  décrit  sous  le  nom  de 
(ioMAUT.  F.  ce  mot.  Ce  baume  a  la  couleur  et  la  consis- 
tance du  baume  de  Copahu;  en  vieillissant ,  il  rougit  un  peu  ; 
son  odeur  est  douce  et  aromatique  :  sa  saveur  légèrement 


B  A  U  33. 

acre  et  amèrc.  On  remploie  comme  vulnéraire  pour  la  gué- 
rison  des  plaies.  Les  cochons  marrons  ,  blessés  par  les  clias- 
seurs,  vont  se  frotter  contre  l'arbre  qui  le  produit,  d'où  lui 
est  venu  le  nom  de  baume  à  rorhon.  (d.) 

Baume  de  Syrie.  V.  Baume  de  Judée,  (b.) 
Baume  de  Tolu,  appelé  aussi  haume  de  l  Amérique  chaume 
de  Carihugène  ^  baume  dur,  baume  sec  (^ba/samum  tulufamim.). 
On  le  retire  de  l'arbre  Tolu,  To/uifera  bahamum.  V.  ce  mot. 
Linn.  Il  est  très-rare  dans  le  connuerce.  C'est  un  suc  rési- 
neux,  d'un  jaune  verdàtre  ,  à  demi  -  liquide  et  sec  ,  indam- 
luabie  ,  d'une  odeur  de  benjoin ,  plus  vive  que  celle  du  baume 
noir  du  Pérou  ;  d'un  goût  doux  et  agréable  ,  ce  qui  le  dis- 
lingue des  autres  baumes,  qui,  presque  tous  ,  ont  une  saveur 
ûcre  et  amère;  il  est  fragile  et  cassant  lorsqu  il  est  bien  sec. 

(D.) 
Baume   vert,   ou  Baume   de  Calaba,    ou  Baume  de 
Marie.   11  y  a  deux  sortes  de   baumes  verts  ;  l'un  découle 
du   calaba  à  fiuits  ronds  ,    arbre  des  Indes    {V.  Calaba); 
il  est  d  un  jaune  verdàtre  ,  d'une  odeur  suave,  et  passe  pour 
vulnéraire,  résolutif,  et  anodin;  c'est  la  résnie  facamaque  des 
iles  de  Madagascar  et  de  Bourbon.  L'autre  est  produit  par 
une  variété  du  calaba^  qui  croit  à  Sainl-Domingne  ;  c'est  un 
suc  gommeux  ,  verdàtre,   qui  s'épaissit  et  devient  d'un  vert 
très-foncé.  Les  Espagnols  ,  dit  Pouppé-Desportes  ,  en  font 
un  si  grand  cas,  qu'ils  l'ont  appelé  balsamum  de  l  Maria  ;  ils  le 
préfèrent  au  baume  du  Pérou  et  à  celui  de  Copahu.  (d.) 
Baume  vrai.    C'est  encore  le  Baume  de  Judée,  (b.) 
BAIIMGANS.   C'est  en  allemand  le  Cravant,  et  quel- 
quefois la  Bernache  ,  espèces  de  Catnards.  (s.) 

BAUMCàARTlE,  Baumgartia.  Genre  établi  par  IMoench  , 
et  qui  ne  paroît  pas  différer  de  I'Epibatherion  et  du  Limacie. 

(B.) 

BAUMIER.  Nom  du  Mélilot  bleu,  du  Balsamier  et 
d'un  Phuplier.  (b.) 

BAL'QUE.  C'est  le  nom  qu'on  donne ,  sur  les  bords  de 
la  Méditerranée,  aux  feuilles  «le  Zostère,  qu'on  retire  des 
étangs  salés  pour  fumer  les  terres  ou  servir  à  l'emballage  des 
marchandises.  V.  au  mol  Algue,  (b.) 

BAURD-MANNETJES.  Nom  que  les  Hollandais  ont. 
donné  à  une  espèce  de  singe,  que  l'on  a  rapporté  quelquefois 
à  l'espèce  du  Talapoin  (guenon),  mais  qui  paroît  plutôt 
devoir  l'être  à  celle  du  Macaque  ouanderou  ou  Macaque  à 
r.  Inière.  (desm.) 

BAUGE.  C'est  le  lieu  où  le  Sanglier  se  couche  pendant 
toute  la  journée  ;  l'animal  choisit  ordinairement  l'endroit  le 
plus  touffu  et  le  plus  bourbeux  de  la  forêt. 


332  B  A  Y 

On  donne  aussi  le  nom  de  bauge  au  nid  des  écureuils. 

(s.  et  DESM.) 

BAVA  ou  BAVASTNGA.  Espèce  de  Casse,  (b.) 

BAVAY-BAVAY.  On  donne  ce  nom  au  Quisquale  de 
l'ItsDE  aux  Philippines,  (b.) 

BAYEOLE.  Synonyme  de  Bleuet,  (b.) 

BAVÈRE ,  Bavera.  Arbrisseau  de  la  Nouvelle-Hollande , 
à  feuilles  verticillées  au  nombre  de  six,  ovales,  lancéolées, 
dentées  au  sommet ,  presque  sessiles  ;  à  fleurs  rouges  ,  soli- 
taires, axillaires,  pédonculées,  pendantes,  qui  forme  un  genre 
dans  la  polyandrie  digynie  ,  et  qui  est  figuré  pi.  96  du  Jardin 
de  la  Malmaison. 

Ce  genre,  qui  a  été  établi  par  Banks,  offre  pour  caractères  : 
nn  calice  à  six  ou  huit  divisions;  une  corolle  de  six  à  huit  pé- 
tales; un  grand  nombre  délamines  insérées  sur  un  disque  ; 
lin  ovaire  supérieur  surmonté  de  deux  styles  ;  une  capsule  à 
deux  loges,  à  deux  valves,  renfermant  plusieurs  semences  in- 
sérées sur  un  placenta  central  aplati  et  opposé  aux  valves,  (b.) 

BAVEUSE.  Poisson  du  genre  Blenme.  (b.) 

BAVOON.  Nom    anglais   des   Papions    ou  Babouins. 

(desm.) 

BAVYON.  Nom  allemand  du  papion  ou  hahouin  propre- 
ment dit,  espèce  de  singe.  V.  Babouin,  (desm.) 

BAVYANG  A  ODEUR  BAIL.  Grand  arbre  dont  les 
feuilles  sont  alternes,  et  les  fruits,  des  noix  qui  renferment  un 
noyau  dont  l'amande  peut  se  diviser  en  trois  ou  cinq  parties. 
Ces  fruits  onl  tellement  l'odeur  d'ail,  qu'on  s'en  servoit  autre- 
fois à  Amboine  pour  assaisonner  les  alimens.  (b.) 

BAXANA.  C'est  un  arbre  de  l'Inde  dont  on  ne  connoît 
pas  les  caractères.  Il  passe  dans  quelques  endroits  pour  four- 
nir un  antidote  contre  toute  espèce  de  poison,  tandis  que  dans 
d'autres  on  prétend  que  son  ombre  seule  est  mortelle  (b.) 

BAYA.  V.  Gros-bec  Toucnam-courvi.  (s.) 

BAYA.  Nom  du  Calebassier  dans  les  îles  Caraïbes,  (b.) 

BAYAD  ,  Porrus.  Genre  de  poisson  établi  par  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  dans  le  grand  ouvrage  de  la  commission  de 
l'Institut  d'Egypte,  aux  dépens  des  Silures  de  Linnseus.  Il 
renferme  deux  espèces:  les  Bayads  fitile  et  DOCMAC,  qui 
soi'.t  figurés  dans  cet  ouvrage,  (b.) 

BAYADE.  Variété  d'OacE  qui  se  sème  au  printemps,  (b.) 

BAYATTE.  Poisson  du  genre  Silure  ,  observé  dans  le 
ÎSîlpar  Sonnini,  etfigurépl.  27  de  son  Voyageai  Egypte.Cest  le 
silwus  bajad  de  Forskaël.  Il  atteint  la  grandeur  d'un  homme, 
mais  sa  chair  est  peu  estimée.  V.  Pimelode  et  Bayad.  (b.) 

BAY-ROUA.  Nom  du  fruit  de  I'Acacie  à  fruit  sucré, 
mimosa  inga  j^  Linn.  (b.) 


BEA  333 

ÎÎAZ,  BAZY.  Noms  arabes  de  I'Autour.  (v.) 

BAZAN.  En  Perse,  c'est  le  nom  d'un  quadrupède  rumi- 
nant, qui  paroît  être  le  paseng  ou  Chèvre  sauvage,  et  non  le 
pasan  de  Buffon,  qui  est  1' Amtilope  ORYX.  (pESM.) 

BAZ ARA.  Nom  arabe  du  Pi.aistain  puucaire.  (b.) 

BAZARI  CHICHEN.  Nom  Arabe  du  Lm.  (b.) 

BDELLA.  L'un  des  noms  de  la  Sangsue.  L'arbre  qui 
donne  le  Bdellium  a  reçu  quelquefois  la  même  dénomina- 
tion, (s.) 

BDELLE  ,  Bdella,  Latr.  Genre  d'animaux  de  la  classe  des 
arachnides,  ordre  des  trachéennes,  famille  des  holètres  , 
tribu  des  acarides  ,  et  qui  a  pour  caractères  :  huit  pieds  ,  uni- 
quement propres  à  marcher  ;  bouche  consistant  en  un  suçoir 
avancé  ,  en  forme  de  bec  conique  ;  palpes  allongés,  coudés, 
avec  des  soies  au  bout;  quatre  yeux;  pieds  postérieurs  plus 
longs. 

Leur  corps  est  très-mou,  et  ordinairement  de  couleur 
rouge.  On  trouve  ces  acarides  sous  les  pierres ,  les  écorces 
d'arbres  ,  sur  les  murs,  ou  dans  la  mousse. 

Bdelle  longicorne  ,  Accrus  longicomis ,  Linn.  ;  la  pînr» 
rouge  ^  Geoff;  drus  vulgans,  Yienn.  ;  Mem.  apterol.  ^  tab.  3  , 
f,g.  9  ,  et  tab.  9  ,  S.  ;  longue  à  peine  d'une  demi-ligne  ;  d'ua 
rouge  écarlate  ,  avec  les  pieds  plus  pâles  ;  suçoir  en  forme  d(; 
bec  allongé  et  pointu  ;  palpes  à  quatre  articles  ,  dont  le  pre- 
mier et  le  dernier  plus  longs  ;  celui-ci  un  peu  plus  court ,  et 
terminé  par  deux  soies.  Commune  aux  environs  de  Paris. 
Voyez  encore  les  espèces  décrites  par  Hermann,  sousles 
noms  de  longirosiris  ,  latirostiis ,  setirostris.  (l.) 

BDELLIUM.  C'est  une  gomme-résine  qu'on  apporte  de 
l'Arabie  et  des  Indes,  et  qu'on  emploie  extérieurement  pour 
résoudre  les  tumeurs  et  déterger  les  plaies  ;  intérieurement , 
dans  les  maladies  de  la  poitrine,  et  pour  exciter  les  urines  et 
les  règles. 

Lamarck  pense  que  l'arbre  qui  produit  cette  résine,  qui 
est  d'un  brun  roussâtre  ,  d'un  goût  amer  et  d'une  odeur 
agréable  ,  est  une  espèce  de  Balsamier  ,  ce  qui  est  probable  ; 
car  l'opinion  de  Daléchamps,  qui  la  croit  produite  par  le 
DouME,  ne  peut  être  admise,  aucun  palmierne  donnant  de  la 
résine,  (b.) 

BEAFFTER,  En  suédois,  c'est  le  Castor,  (desm.) 
BEAR.  Nom  anglais  de  l'OuRS.  (desm.) 
BEARFICH.  On  a  donné  ce  nom  ,  dans  VHistoire  natu- 
relle de  Norwége  ^  à  un  animal  qui  s'attache  à  différentes  es- 
pèces de  poissons,  à  la  morue  particulièrement,  et  qui  les  suce 
ou  les  ronge.  La  description  qu'on  en  a  publiée  est  trop  im- 


334  T^  E  G 

parfaite  pour  savoir  à  quel  genre  il  appartient.  On  dit  qu'il  a 
douze  pattes,  que  son  corps  est  recouvert  d'une  écaille  blan- 
châtre ,  dure  ,  brillante  et  cornée;  d'où  je  conjecture  que  c'est 
une  espèce  de  Cymothoé    V.  ce  mot.  (l.) 

litAU-CHASSEUR  {Vénerie).  Chien  courant  qui 
donne  bien  de  la  voix  en  suivant  le  gibier,  et  qui  a  toujours, 
en  chassant  ,  le  fouet  ou  la  queue  retroussée  sur  les  reins,  (s.) 

BEAUFORTÎE,LVa?//br//a.  Arbrisseau  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  à  feuilles  ovales,  roides .  recourbées;  à  fleurs  réu- 
nies en  grand  nombre  dans  les  aisselles  des  feuilles,  au  som- 
met des  tiges  de  l'année  précédente. 

Cet  arbrisseau  constitue  seul,  selon  R.  Brovvn  ,  un  genre 
dins  la  polyadelphie  icosandrie  ,  dont  les  caractères  sont  : 
élamines  réunies  en  cinq  paquets  portés  sur  de  longs  pé- 
dicules; anthères  bifides  ;  capsule  à  trois  loges  monospermes, 
caciiée   dans  le  calice  qui  persiste  (b.) 

REAUrlARNOlSÊ,  Beauhuriioisia.  Arbrisseau  du  Pérou 
qui  seul  constitue  un  genre  dans  la  polyandrie  tétragynie  et 
probablement  dans  la  famille  des  guttifèrcs.  11  présente  pour 
caractères  :  un  calice  à  deux  folioles  ;  une  corolle  à  quatre 
pétales;  les  anthères  sessiles;  une  pomme  à  quatre  semences. 

(B.) 

BEAUMXRTS-SHARK.  Pennant  (  Zool.   brii.)  donne 
ce  nom  au  SQUAi.E-NEzde  Broussonnet.  (s.) 
BEAU-MARQUET.  Voyez  Gros-bec  beau-marquet. 

(VIEILL.) 

BEAU  REVOIR  {Vénerie).  C'est  voir  facilement  l'em- 
preinte du  pied  d'un  animal  sur  le  terrain  humide.  Lorsque 
le  sol  est  sec  ,  il  fait  m(nn>ais  revoir.  (dESM.) 

BEAUVOTTE.  Synonyme  de   Charançon  du  blé  ,  et 

d'ALUCITE  DES  GRAINS,   (b.) 

BE/VVER.  En  anglais,  c'est  le  Castor,  (desm.) 

BEBE.  Nom  malais  du  Canard,  (s.) 

BÉBÉ.  Nom  d'un  Mormyre  du  Nil.  (b.) 

BEC,  Rostnim.  C'est  une  matière  dure,  cornée,  à  bords 
tranchans  ,  qui  sert  de  mâchoires  aux  oiseaux.  La  forme  du 
bec  varie  dans  les  différentes  espèces  d'oiseaux  en  raison  de 
leur  genre  de  vie  et  de  leurs  besoins  naturels;  ou  plutôt  leurs 
besoins  et  leurs  mœurs  dépendent  de  la  conformation  des 
organes  dont  ils  se  seiTcnt. 

11  existe  un  rapport  entre  le  hcc  et  les  autres  organes  du 
corps  ;  car  il  est  évident  que  le  bec  crochu  de  l'aigle  ne  con- 
viendroit  point  à  cet  oiseau  dont  le  vol  seroit  lourd  ,  comme 
celui  du  dindon  ,  et  dont  les  pieds  n'auroient  pas  des  griffes 
acérées  pour  déclùrer  une  proie.  Les  corps  vivans  ont  ainsi 
chacune  de  leurs  parties  en  harmonie  avec  toutes  les  autres. 


BEC  335 

La  mandibule  supérieure  du  bec  des  oiseaux,  et  qui  tient 
lieu  de  la  face  des  quadrupèdes ,  se  compose  aussi  des  deux 
os  intermaxillaires  ,  principalement.  La  portion  externe  re- 
présente les  os  maxillaires  et  zygomaliques  des  quadrupèdes; 
la  partie  interne  esl  formée  des  os  palatins.  Cette  mandibule 
est  surtout  articulée  avec  l'os  carré  un  peu  mobile,  et  avec  le 
frontal  et  lesphénoïde,pardeslames élastiques  qui  permettent 
un  léger  mouvement.  La  mandibule  inférieure  s'articule  d'une 
manière  analogue  àlamâcboire  inférieure  des  quadrupèdes. 
C'est  vers  lesbordsque  le  bec  offre  plus  de  solidité  pour  tenir 
lieu  de  dents. 

Ijclec  des  oiseaux  de  proie  est  crochu  et  fait  pour  arracher» 
déchirer  des  lambeaux  de  chair.  La  mandibule  supérieure 
est  ordinairement  pointue  à  son  extrémité  ;  ensuite  elle  a 
une  espèce  de  dent  de  chaque  côté  ,  ou  plutôt  une  dila- 
tation. L'ouverture  de  leurs  narines  est  large.  La  base  de 
leur  bec  est  couverte  d'une  membrane  quelquefois  colorée 
en  jaune  ,  en  bleu  ,  en  blanc  ou  vcrdâtre.  On  l'appelle  cire. 

hes  perroquets  ont  aussi  un  bec  recourbé ,  large  et  arrondi. 
Leurs  deux  mandibules  sont  mobiles  ,  puisque  ,  dans  tons 
les  oiseaux,  la  mandibule  supérieure  a  quelque  mobilité.  Le 
bec  des  perroquets  leur  sert  aussi  à  grimper  ,  et  leur  tient 
lieu  de  mains  pour  s'accrocher  aux  branches  d'arbres.  Les 
oiseaux-mouches  ,  les  colibris  ont  un  bec  long  ,  mince  ,  un 
peu  recourbé  ,  et  dont  ils  se  servent  pour  sucer  le  nectar 
des  fleurs  ou  saisir  adoitement  de  petits  insectes  entre  les 
pétales.  Dans  les  pique-bœufs  (  biipliaga  )  ,  le  bec  est  droit  , 
quadrangulaire.  Celui  des  pics  et  autres  oiseaux  grimpeurs, 
est  en  forme  de  coin  destiné  à  percer  les  insectes ,  à  fouiller 
dans  les  fentes  des  écorces  d'arbres;  sa  mandibule  supérieure 
a  une  carène  un  peu  tranchante.  La  langue  de  ces  oiseaux  est 
quelquefois  aiguisée  comme  un  dard;  celle  des  toucans  res- 
semble à  une  plume  ;  celle  des  perroquets  est  large  et  épaisse- 
Le  bec  des  toucans  est  d'une  grosseur  démesurée  ;  son  iiité- 
rieur  est  rempli  de  cellulositésqui  le  rendent  léger;  ses  bords 
sont  crénelés  en  scie.  Les  calaos  ont  un  bec  denté  ,  qui  porte  , 
près  du  front ,  une  dilatation  cornée  ,  ressemblant  à  un  autre 
bec.  Celui  de  l'alcyon  est  en  forme  de  pyramide  triangulaire. 
Les  petits  oiseaux  granivores  ont  des  becs  de  figure  conique 
et  pointus  ;  ceux  des  petits  insectivores  ,  tels  que  les  bec- 
figues,  sont  plus  petits  et  plus  aigus,  ce  qui  donne  à  leur 
voix  un  son  plus  doux  et  plus  (lûté.  Dans  les  merles,  le  bec  a 
une  espèce  de  rebord  ;  celui  des  oiseaux  gallinacés  est  un  peu 
crochu  ,  et  semble  formé  pour  ramasser  les  semences  ,  tandis 
que  celui  des  petits  granivores  est  fait  pour  briser  les  enve- 
loppes des  graines,  comme  chez  le  moineau,  le  gros-bec  et 


33G  B  E  C 

surtout  le  bec-croisé  ;  car,  dans  cet  oiseau  ,  les  deux  mandi- 
bules se  croisent  comme  les  branches  des  ciseaux.  Dans  les 
bruans,  les  ortolans,  le  dedans  de  la  mandibule  supérieure 
est  garni  d'une  éminence  dure  pour  briser  les  semences.  Le 
bec  des  choucas  est  formé  pour  extraire  les  semences  des 
pommes  de  pin  ,  et  en  ôter  les  écorces.  Dans  l'autruche  ,  le 
bec  est  aplati  et  arrondi. 

Parmi  les  oiseaux  de  rivage  ,  il  n'est  point  de  bec  au.ssi 
singulier  que  celui  du  flammant;  il  a  1  air  d'être  cassé  par  le 
milieu  et  recourbé  en  bas.  La  spatule  a  un  bec  dont  la  forme 
lui  a  fait  donner  ce  nom.  Les  ibis  ont  un  bec  long,  arqué  ; 
celui  du  jabiru  est  comprimé  latéralement,  recourbé  eu 
haut,  et  la  mandibule  inférieure  ,  contre  l'ordinaire,  est  la 
plus  grosse.  Dans  l'avocetle  ,  le  bec  est  grêle  ,  allongé  ,  et 
relevé  en  haut  par  le  bout.  On  connoît  les  longs  becs  des  bé- 
casses ,  des  courlis  et  autres  scolopaces.  Celui  du  savacou  a 
la  forme  d'une  cuiller. 

C'est  surtout  dans  les  oiseaux  d'eau  qu'on  rencontre  des 
becs  d'une  figure  singulière.  Tout  le  monde  connoit  ceux  des 
oies  et  des  canards,  qui  sont  larges  ,  plats,  arrondis,  avec  des 
dentelures  cartilagineuses  sur  les  bords.  Dans  les  pélicans  , 
la  mandibule  inférieure  du  bec  porte  entre  ses  branches 
jine  poche  large,  membraneuse,  dans  laquelle  ces  animaux 
déposent  du  poisson.  La  mandibule  supérieure  est  munie,  à 
•Son  extrémité  ,  d'un  crochet  mobile  pour  soutenir  la  man- 
dibule inférieure  lorsqu'elle  est  chargée.  Le  coupeur  d'eau  , 
ou  bec-en-ciseaux,  rhynchops,  a  le  bec  droit,  très-comprimé, 
comme  une  lame  tranchante  ,  et  sa  mandibule  supérieure  est 
fort  courte  ;  elle  croise  l'inférieure  comme  les  lames  des 
.ciseaux.  Dans  l'albatros  ,  la  mandibule  inférieure  est  tron- 
quée et  la  supérieure  crochue.  Le  bec  des  pingouins  et  des 
ananchots  est  très-aplati  par  les  cotés  ,  court  et  pointu.  Les 
plongeons  sont  armés  d'un  bec  dentelé  ,  qui  empêche  les 
poissons  glissans  et  écaîlleux  de  s'échapper  lorsqu'ils  sont 
pris.  Enfin ,  on  peut  deviner  le  genre  de  nourriture  d  un  oiseau 
à  la  vue  de  son  bec  ,  de  même  qu'on  reconnoît  l'aliment  qui 
convient  à  un  quadrupède  en  considérant  ses  dents.  La 
forme  de  ces  organes  influe  sur  les  mœurs  et  les  habitudes  de 
ces  animaux. 

On  appelle  encore  bec ,  les  mâchoires  allongées  de  quelques 
poissons,  et  les  mandibules  cornées  des  sèches  et  des  poulpes 
qui  ressemblent  à  celles  des  perroquets.  Consultez  le  mot 
Bouche  ,  l'article  Oiseau  ,  etc.  (virey.) 

BEC  (^Entomologie).  V.  BouCHE.  (l.) 

BEC  ALLONGE.  Poisson  du  genre  Chétodon  ,  Cheto^ 
don  roslratus ,  Lima.  (c). 


B  E  C  337 

BEC-AN-CROUS.  Nom  du  Bec  CROISÉ  dans  le  Piémont. 

^^•^ 
BEC-D'ARGENT.  Nom  du  Tangara  jacapa.  Voyez  ce 

dernier  mot.  Le  même  nom  a  été  imposé  par  M.   d'Azara  , 
au  Traquet  à  lunette  ou  le  Clionot.  (v.) 
BEC  D'ASSE.  Dans  Cotgrave,  c'est  la  Bécasse,  (s.) 
BEC  DE  CANARD.  Nom  vulgaire  de  la  Lingule.  (b.) 
BEC  DE  CIGOGNE,  DE  HERON,  DE  PIGEON, 
DE  GRUE.  Noms  vulgaires  des  Géranions.  (b.) 

BEC  DE  CIRE  ,  en  anglais  IVax-hiU.  Nom  donné  par 
Edwards,  au  Sénégali  rayé  ^  dont  le  bec  est  d'un  rouge  de 
laque  ,  en  sorte  que  pour  rendre  la  dénomination  exacte  , 
il  eût  fallu  dire  bec-de-rire  d'Espagne,  (s.) 

BEC-EN-CIS  EAUX,  Wiyncops,  Lath.  Genre  de  l'ordre  des 
oiseaux  Nageurs  ou  Palmipèdes  et  de  la  famille  des  Péla- 
GIENS.  Voyez  ces  mots.  Caractères  :  bec  droit ,  aplati  sur  les 
côtés,  plus  long  que  la  tête,  tronqué  et  en  forme  de  lame; 
mandibule  supérieure  à  bords  très-rapprochés ,  creusée  en 
gouttière  ;  Tinférieure  plus  longue  ,  à  bords  distincts  seule- 
ment à  la  base  ,  ensuite  taillée  en  une  seule  lame  tombant 
dans  les  bords  de  la  supérieure  ,  à  peu  près  comme  le  rasoir 
tombe  sur  son  manche;  narines  longitudinales,  étroites  ,  con- 
caves, ouvertes  ,  situées  à  la  base  du  bec  -,  langue  trè's-courte  ^ 
étroite,  pointue;  quatre  doigts,  trois  devant,  unis  par  une 
membrane  échancrée  dansle  milieu;  un  derrière,  lisse,  portant 
à  terre  sur  le  bout;  la  première  rémige  la  plus  longue  de  toutes. 
Avec  un  bec  aussi  défectueux  ,  ces  oiseaux  sont  contraints 
de  raser  en  volant  la  surface  de  la  mer  ,  et  de  tenir  pres- 
que toujours  dans  l'eau  la  pièce  inférieure  de  leur  bec  ,  afin 
d'attraper  en  dessous  le  poi.5son  ,  ainsi  que  différens  vers 
marins  ,  et  les  serrer  entre  les  deux  lames  de  leur  espèce 
de  ciseaux  ;  aussi  les  voil-on  sans  cesse  au  vol  qu'ils  ralen- 
tissent beaucoup,  afin  d'avoir  le  temps  de  découvrir  leur  proie 
qu  ils  ne  peuvent  attraper  qu'en  passant.  C'est  de  cette  habi- 
tude singulière ,  mais  forcée  ,  qu'on  les  a  nommés  coupeurs 
d'eau.  Ils  fréquentent  les  côtes  de  l'Amérique  ,  depuis  la  Nou- 
velle-Angleterre jusqu'à  Buenos-Ayres,  et  peut-être  au-delà, 
et  ils  font  leur  nichée  sur  les  écueils  qui  avoisinent  ces  côtes. 
Deux  espèces  composent  ce  genre.  Le  Bec-en-ciseaux /j/û- 
prement  dit;  Wiyncops  nigra.,  Lath.  ,  fig.  3,  pi.  4-4-r  a  environ 
dix-huit  pouces  de  longueur  totale  ;  son  plumage  est  noir  sur 
les  parties  supérieures,  et  blanc  sur  les  inférieures  et  sur  ie 
front.  Il  y  a  un  trait  blanc  sur  l'cfile  ,  dont  quelques  pennes  , 
ainsi  que  les  latérales  de  la  queue  ,  sont  en  partie  blanches  ; 
le  bec  est  rouge  près  de  la  tête  et  noir  vers  son  extrémité  ; 
les  pieds  sont  rouges. 


338  BEC 

Le  mâle  et  la  femelle  ne  diffèrent  point  par  les  nuances 
de  leurs  couleurs.  L'on  rencontre  des  individus  qui  ont  du 
fauve  partout  où  les  autres  sont  noirâtres ,  et  dont  le  bec  est 
entièrement  noir;  c'est,  suivant  toute  apparence,  une  va- 
riété d'âge,  (s.) 

Le  Bec  en  ciseaux  ou  le  Rhyncops  À  bec  jaune,  RJiynrops 
_/7a(uros/m ,  Vieill.  Cette  nouvelle  espèce,  qui  se  trouve  dans 
TAustralasie  ,  a  le  front ,  la  gorge  et  toutes  les  parties  pos- 
térieures ,  le  bout  des  couvertures  des  ailes  et  des  penne» 
secondaires  blancs  ;  le  reste  du  plumage  d'un  gris  un  peu 
rembruni  ;  les  pieds  bruns  ;  la  taille  du  précédent. 

Je  dois  indiquer  une  erreur  échappée  à  Buflbn  et  copiée 
dans  plusieurs  ouvrages  d'ornithologie.  Il  dit  que  la  man- 
dibule inférieure,  creusée  en  gouttière  et  relevée  de  deux 
bords  tranchans,  reçoit  celle  d'en  haut  qui  est  taillée  en 
lame  ;  mais  c'est  tout  le  contraire  dans  la  nature.  J'ajou- 
terai à  ce  que  dit  Sonnini  des  habitudes  des  becs-en~ci- 
scau'X  ,  qu'il  tient  la  bouche  ouverte  lorsqu'il  pèche  ,  et  qu'il 
la  ferme  quand  quelque  petit  poisson  vient  toucher  la  man- 
dibule inférieure  qui  plonge  toujours  dans  l'eau  ,  et  qu'il  fait  la 
même  chose  lorsqu'il  vole  à  ileur  d'eau ,  en  battant  molle- 
ment les  ailes;  son  cou,  peu  allongé,  le  force  de  voler  la 
tctc  baissée  vers  l'eau.  On  trouve  cet  oiseau ,  tantôt  seul, 
tantôt  par  couples,  tantôt  en  petites  troupes;  il  se  repose 
sur  les  bords  des  rivières  et  des  lagunes,  et  il  y  marche  de 
mauvaise  grâce  ;  il  entre  un  peu  dans  l'eau,  mais  on  ne  l'a 
foint  vu  nager  ;  il  porte  son  coqîs  horizontalement  ;  son  cri 
exprime  gaa  d'une  voix  désagréable.  Les  Espagnols  l'ap- 
pellent rnyaJor  (coupeur),  et  les  naturels  du  Paraguay, 
liaii  giiazu^  parce  qu'on  le  voit  souvent  sur  le  bord  de  la  mer 
avec  les  hirondelles  de  mer  qu'ils  nomment  hatis.  (v.) 
BEC  DE  CORNE.  Dénomination  donnée  aux  Calaos, 

(s.) 
BEC  DE  CORNE  bâtard.  Oiseau  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, dont  Latham  a  fait  un  genre  sous  le  nom  de  Scytrops. 
V.  ce  mot. 

BEC-CROCHE.  Nom  que  Lepage-Duprat  (  Hist.  de  la 
Louisiane  )  donne  à  un  oiseau  qui  vit  d'écrevisses ,  dont  la 
grosseur  est  celle  d'un  chupun ,  et  le  plumage  gris-blanc. 
Cet  oiseau  est  le  Courlis  à  front  rouge  de  Bufîon,  Tontalus 
fuscus  de  Gmelin.  (^\') 

BEC-CROlSÉ,  Loxia.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux 
SvLVAiNS  et  de  la  famille  des  Granivores.  V.  ces  mots.  Ca- 
ractères :  bec  fort,  comprimé  latéralement,  épais,  croisé; 
mandibules  crochues  en  sens  inverse;  narines  petites,  rondes, 
couvertes  par  des  plumes  dirigées  en  avant  ;  langue  courte  , 


BEC  339 

eiiilère;  trois  doigts  devant,  un  derrière;  l'ongle  postérieur 
plus  long  que  les  antérieurs,  très-crochu;  les  première  et 
«louxlèmerémigeslespluslonguesde  toutes. LinnaeusetLalham 
oui  classé  les  becs-croisés  dans  le  même  genre  que  les  gros- 
Lecs  ;  mais  leur  bec  étant  autrement  conformé  ,  Je  les  en  ai 
retirés  ,  à  l'exemple  de  Brisson  ,  pour  en  faire  un  particulier. 

Les  becs-croisés  se  trouvent  dans  les  contrées  boréales  de 
l'Europe  et  de  l'Amérique,  et  se  plaisent  de  préférence  dans 
les  forêts  de  pins ,  dont  le  grain  est  leur  principale  nourriture  ; 
ils  émigrerit  quelquefois  et  pénètrent  alors  dans  nos  contrées 
septentrionales.  Ces  oiseaux  nichent  dans  la  saison  la  plus 
rigoureuse  de  l'année  ,  et  portent  un  plumage  très-variable. 
On  en  connoît  trois  espèces,  dont  une  habite  le  nord  de 
l'Amérique.  Quant  à  la  quatrième,  elle  se  trouve  dans  la  Si- 
bérie ,  et  a  été  rangée  par  les  auteurs  avec  les  gws-becs ;  mais, 
comme  Pallas ,  qui  le  premier  l'a  décrite,  lui  donne,  si  l'on 
s'en  rapporte  à  la  traduction  française  ,  le  nom  de  bec-croisé^ 
j'ai  cru  qu'elle  seroit  placée  ici  plus  convenablement. 

Le  Bec-croisé  comaiun  ou  des  Pins,  Loxia  curtifos- 
ira  ^  Lath. ,  pi.  enl.  de  Buffou ,  n.°  218,  La  teinte  gé- 
nérale du  corps  est  verdâlre ,  tirant  sur  le  rouge  dans  les 
mâles ,  et  sur  l'olivâtre  dans  les  femelles.  Les  jeunes  ont  le 
dessous  du  corps  d'un  gris  blanchâtre  et  tacheté  de  brun- 
clair.  Les  ailes  et  la  queue  sont  brunes  ;  le  bec  et  les  pieds 
noirs    Longueur,  six  pouces. 

Celte  espèce  est  répandue  dans  le  nord  de  l'Europe  jus- 
qu'au Groenland.  Il  en  a  paru,  il  y  a  quelques  années,  aux 
environs  du  Havre,  des  troupes  très-nombreuses.  Us  firent 
beaucoup  de  tort  aux  pommes ,  qu'ils  mettoient  en  pièces  poui' 
en  manger  les  pépins.  Le  bec-croisé  est  peu  méfiant  et  se  laisse 
approcher  facilement;  on  peut  même  le  prendre  à  la  main 
lorsqu'il  est  fatigué,  et  il  ne  marque  aucune  impatience  en  cap- 
tivité. On  le  nourrit  alors  de  chènevls,  mais  il  vit,  dans  l'état 
de  liberté  ,  de  la  graine  du  pin.  11  fait  son  nid  dès  le  mois  de 
janvier,  le  construit  de  mousse,  de  lichen,  l'attache  aux 
branches  avec  la  résine  du  pin,  et  l'enduit  de  celte  matière. 
Sa  ponte  est  de  quatre  ou  cinq  œufs  blanchâtres,  piquetés  , 
tachetés  et  raves  sur  le  gros  bout  d'un  roupie  ensanglanté. 

Le  Bec-croisé  leucoptère  ,  Loxia  hucoptera^  Vieill.  ; 
FaJciroslra ,  Latham;  se  trouve  dans  l'Amérique  septen- 
trionale ,  depuis  l  état  de  New-Yorck  jusqu'à  la  baie  de  iiud- 
son.  Il  a  cinq  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ;  le  bec  noi- 
râtre ;  le  plumage  d'un  rouge-clair ,  inclinant  au  rose  sur  le 
croupion  et  mélangé  de  gris  sur  le  bas-ventre;  les  ailes  et 
la  queue  noires  ;  deux  bandes  blanches  transversales  sur  cha- 
que aile;  les  pieds  bruns. 


3/0  BEC 

Le  Bec-croisé  des  sapins,  Loxia  pytiopsUtaciis ^  Bechst. 
diffère  particulièrement  du  hec- croisé  des  pins^  en  ce  qu'il  a 
le  bec  plus  fort,  plus  courbé,  moins  long  ,  et  en  ce  que  la 
pointe  de  la  mandibule  inférieure  n'outre-passe  point  le  bord 
de  la  supérieure  ;  tandis  que  chez  l'autre  cette  pointe  le  dé- 

Easse  ,  et  qu'en  outre  il  est  plus  long  d'un  pouce,  et  plus  gros. 
,e  vieux  mâle  a  les  joues,  la  gorge  et  les  côtés  du  cou  cendrés; 
des  taches  brunes  bordées  de  cendré-verdâtre  sur  la  tête  ;  le 
croupion  d'un  jaune  vert  ;  la  poitrine  et  le  ventre  de  cette 
couleur,  nuancée  de  grisâtre  ;  quelques  taches  longitudinales 
d'un  cendré  foncé  sur  les  flancs  ;  les  pennes  des  ailes  et  de  la 
queue  d'un  brun  noirâtre  et  bordées  de  cendré  olivâtre  ;  l'iris 
d'un  brun  foncé;  le  bec  couleur  de  corne  sombre  ;  les  pieds 
bruns,  sa  longueur  totale  est  de  sept  pouces. 

Cet  oiseau ,  suivant  la  description  qu'en  fait  M.  Them- 
mlnck,  porte  un  plumage  plus  beau  jusqu'à  l'âge  d'un  an; 
car  11  est  alors  d'un  rouge  ponceau  en  dessus  et  en  dessous  du 
corps;  les  ailes  et  la  queue  sont  noirâtres  et  bordées  de  rous- 
sâtmi;  les  jeunes  sont  d'un  cendré  brun  sur  les  parties  su- 
périeures ,  avec  des  taches  d'un  brun  foncé  sur  la  tète  et  sur 
le  dos  ;  d'un  gris  blanchâtre  ,  tacheté  longitudinalement  de 
brun  sur  les  inférieures;  d'un  cendré  jaunâtre  sur  le  croupion 
et  sur  les  couvertures  de  la  queue.  La  femelle  est  en  dessus 
d'un  cendré  verdâtre  avec  des  taches  brunes  ;  la  gorge  et  le 
cou  sont  d'un  gris  brun  ;  le  reste  du  dessous  du  corps  est 
nuancé  de  jaune  verdâtre;  le  bas-ventre  est  blanchâtre  et  le 
croupion  jaunâtre.  / 

Cette  espèce  se  trouve  aussi  dans  l'Amérique  septen- 
trionale ,  et  ne  se  plaît  que  dans  les  régions  glaciales.  Elle 
niche  sur  les  branches  du  sapin.  Sa  ponte  est  de  quatre 
ou  cinq  œufs  cendrés,  avec  de  grandes  taches  irrégulières  d'im 
rouge  de  sang  sur  le  gros  bout,  et  le  reste  avec  quelques  points 
de  la  même  teinte.  JEllc  n"a  pas  encore  été  décrite  dans  nos 
auteurs  français.  * 

Le  Bec -CROISÉ  de  Sibérie,  Loxla  Sibivica  ^  Latham. 
Cette  très-belle  espèce  ne  se  rencontre  que  dans  la  Sibérie  , 
où  elle  habite  le  voisinage  des  torrens  et  des  ruisseaux,  au 
milieu  des  bosquets  les  plus  épais  et  les  plus  ombragés.  Elle 
se  nourrit  de  diverses  graines,  telles  que  celles  de  Cannoise 
bleue  et  de  Y  armoise  à  feuilles  entières-  Pendant  l'hiver,  ces  oi- 
seaux se  réunissent  en  petites  bandes  ,  et  se  retirent  dans  des 
lieux  plus  tempérés ,  tels  que  les  parties  méridionales  de  la 
Sibérie.  Leur  chant  est  enroué  ,  glapissant ,  et  n'est  com- 
posé que  de  sons  rauques. 

Sa  taille  est  celle  de  la  linotte;  mais  il  paroît  plus  gros, 
parce  qu'il  est  plus  fourni  de  plumes.  La  base  du  bec  est  en- 


B  E  C  3^ 

tourée  d'un  rouge  pourpre  ;  le  dessus  de  la  l(^tc  et  le  dos  sont 
d'un  vermillon  foncé.  Quelques  individus  ont  ces  parties  d'une 
teinte  rose  ,  tachetées  de  brun  comme  les  linottes  ;  le  dessous 
du  corps  offre  la  même  teinte,  mais  plus  pâle,  et  sans  la  moin- 
dre tache.  Les  plumes,  autour  de  la  tête,  ont  l'extrémité  d'un 
blanc  lustré.  Cette  couleur  règne  à  la  base  ,  sur  le  bord  ex- 
térieur des  pennes  alaires,  et  sur  les  petites  couvertures  des 
ailes  qui  sont  terminées  de  noir  ;  ce  qui  donne  lieu  à  deux 
raies  qui  les  traversent  obliquement.  La  queue  ,  plus  longue 
que  le  corps,  est  presque  carrée  à  son  extrémité;  les  deux 

f»cnnes  latérales  sont  blanches,  et  les  autres  noires  ,  avec  un 
iseré  blanchâtre. 

La  femelle  et  les  jeunes  ont  les  couleurs  de  la  linotte^  avec 
des  nuances  rouges  sur  le  ventre  et  le  croupion. 

Cet  oiseau  est  décrit  dans  l'édition  de  Buffon,  par  Son- 
nini,  sous  le  nom  de  Cardinal  de  Sibérie. 

BEC  A  CUILLER.  Nom  vulgaire  de  la  Spatule,  (v.) 

BEC-EN-CUILLER.  V.  Savacou.  Albin  adonné  cette 
même  dénomination  à  la  Spatule  blanche,  (s.) 

BEC-DUR.  Nom  du  gros-bec  dans  le  Piémont,  (v.) 

BEC  DE  FER.   V.  Sparacte.  (v.) 

BEC  À  FIGUE.  C'est,  dans  Albin,  la  Fauvette  tachetée.(s.) 

BEC-FIGUE ,  Fkedula.  L'oiseau  auquel  on  a  imposé 
ce  nom,  a  été  présenté  comme  une  espèce  particulière  par 
Brisson,  Buffon  et  tous  les  auteurs;  mais  celte  espèce  n'est 
qu'imaginaire  ,  parce  que  ce  hec-figuevi'eii  autre  qu'un  jeune 
ou  une  femelle  du  Gobe-mouche  noir.  (  V.  ce  mot.)  Le  nom 
de  bec-figue  a  été  généralisé  à  un  certain  nombre  d'espèces 
étrangères  à  l'Europe  ;  et  comme  réellement  ce  ne  sont  que 
des  fauQettes ,  j'ai  dû  les  classer  avec  celles-ci  :  ainsi  donc 
tous  les  oiseaux  qui  se  trouvent  dans  la  première  édition 
de  ce  dictionnaire,  sous  cette  dénomination,  sont,  dans 
celle-ci,  à  l'article  Fauvette. 

Dans  nos  pays  méridionaux  et  en  Italie  ,  l'on  appelle  con- 
fusément hec-figue^  toutes  les  différentes  espèces  de  fauvettes, 
et  presque  tous  les  oiseaux  à  bec  menu  et  effile  ,  parce  qu'à 
Tautomne  ils  attaquent  et  mangent  les  figues ,  et  que  leur 
chair  devient  alors  grasse  et  exquise;  mais  celle  de  l'oi- 
seau appelé  communément  bec-figue ,  se  dislingue  par  sa  dé- 
licatesse ;  aussi  de  tout  temps  a-t-il  été  recherché  comme 
un  excellent  manger.  C'est  un  petit  peloton  d'une  graisse  légère, 
savoureuse,  fondante,  aisée  à  digérer;  c'est  un  extrait  du  suc 
des  excellens  fruits  dont  il  vit. 

Cet  oiseau  et  divers  autres,  fauvettes  et  rossignols,  n'ac- 
quéreroient  pas  celte  graisse,  si  ,  à  Tautomne,  ils  ne  vivoient 
que  d'insectes;  ils  seroient  alors  aussi  maigres  qu'au  prin- 


342  BEC 

temps;  mais  ils  préfèrent,  à  cette  e'poque,  les  fruits  ,  soit  qoe 
ces  alimens  soient  plus  de  leur  goût ,  soit  que  les  insectes 
dont  ils  se  nourrissent  soient  plus  rares,  ou  que  ceux-ci,  ayant 
quitté  leur  état  de  larve ,  aient  alors  subi  leur  dernière  nié- 
tamorphose,  sous  laquelle  ils  n'offrent  pas  une  substance  aussi 
nourrissante  que  pendant  leur  premier  âge.  Il  est  certain  que 
ce  ne  sont  pas  les  fourmis  ,  les  mouches ,  les  moucherons 
qu'ils  cherchent  sur  les  fruits  mûrs  et  entamés ,  mais  bien 
le  fruit  lui-même.  C'est  d'après  l'expérience,  que  j'émets  ici 
une  opinion  contraire  à  celle  qui  a  été  publiée  par  des  natu- 
ralistes. Ce  n'est  point  à  une  distance  de  quelques  pas  que 
j'ai  examiné  ces  oiseaux  ,  c'est  chez  moi,  dans  mes  volières. 
Mes  différentes  espèces  de  fauvettes  ,  mes  rossignols  ,  man- 
geoient  les  raisins  ,  le  fruit  du  sureau  ,  et  béquetoient  les 
figues ,  les  mûres  que  je  leur  présenlois.  Ils  leur  donnoient 
la  préférence  sur  les  mouches ,  les  fourmis  ,  et  même  sur  leur 
nourriture  favorite  :  si  je  leur  prodiguois  ces  fruits  ,  ils  ne 
prenoient  pas  d'autres  alimens,  et  devenoieut  extrêmement 
gras.  Celtegraissc  devenoit si  abondante,  que  quelquefois  elle 
leur  occationoil  la  mort. 

Oiasse  des  Bec-figues.  —  Les  hec-figues  étant  très-recherchés 
par  la  délicatesse  de  leur  chair,  l'on  a  employé  divers  moyens 
pour  les  prendre.  La  saison  favorable  pour  les  chasser  est 
l'automne  ,  où  ils  sont  communs  dans  les  vignobles.  On  les 
prend  de  diverses  manières  :  d'abord  avec  les  filets,  ou  nappes 
qui  servent  à  ht  chasse  des  alouettes  (F.  ce  mol);  mais  les  mail- 
les doivent  être  pluspetitcs.  Les  mêmes  appeauxservent  aussi, 
car  i!s  contrefont  assez  bien  le  cri  des  her-figues.  L'endroit 
que  Ton  doit  préférer  pour  y  placer  les  filets  est  entre  deux 
coteaux  de  vignes  ;  plus  l'on  a  de  moquettes  ou  appelans  , 
plus  Ton  prend  de  bec-figues  qui  aiment  la  compagnie  ;  au 
défaut  d'oiseaux  de  la  même  espèce  ,  l'on  se  sert  d'abord 
de  ceux  que  l'on  a  pour  en  prendre  d'autres  ,  et  les  premiers 
pris  sei'vent  de  moquettes. 

La  deuxième  chasse  se  fait  avec  des  collets  que  l'on  attache 
aux  branches  des  haiesetdes  vignes  dans  les  petites  clairières 
qui  se  trouvent  entre  elles;  l'on  met  un  appât  à  chaque  collet, 
(  V.  la  manière  de  les  faire  et  do  les  poser,  à  l'article  Fau- 
vette )  :  enfin  ,  la  troisième  se  fait  avec  le  filet  nommé  araigne 
ou  toile  d'araignée.  L'araigne  a  sept  ou  huit  pieds  de  hauteur 
sur  neuf  ou  dix  de  large  ;  il  est  composé  de  trois  filets  :  celui 
du  milieu  se  noinme  Jilet  serré  ,  et  les  deux  autres  armures.  Le 
premier  est  le  plus  grand  ,  et  ses  mailles  sont  p.irtillcs  à  cel- 
les àuretz  saillant;  il  est  ordinairement  de  soie  ou  d(;  fil,  ni;:is 
la  soie  est  meilh'ure.Lesarmures  sont  déficelle,  et  les  mailles 
sont  carrées.  Ce  filet  est  quelquefois  ramassé  d'un  nœud  à  l'au- 


BEC  343 

tre  de  la  hauteur  d'un  pied,  et  quelquefois  il  est  tendu.  Clia- 
que  carré  a  la  grandeur  de  deux  pieds,  c'est-à-dire,  que  dun 
nœud  à  l'autre  il  se  trouve  toujours  la  mesure  de  six  pouces.  Ce 
même  filet  est  garni  à  son  sommet  d'anneaux  de  corne  ou  de 
fer,  de  manière  qu'ils  vont  et  viennent  aisément.  On  ramasse 
au  milieu  le  filet  serré,  qui  est  tout  étendu  par  le  haut  aussi 
bien  que  l'armure  ,  parce  que  ,  quand  on  hisse  ,  on  l'ajuste 
avec  l'autre.  Il  y  a  pour  cet  effet  deux  petites  cordes  au  bout 
du  filet,  que  l'on  nomme  maîtresses  cordes^  parce  qu'elles  le 
soutiennent  par  le  moyen  des  anneaux.  On  tend  son  araigne 
dans  le  milieu  d'une  haie  ;  on  l'attache  à  deux  perches  lé- 
gères ,  de  neuf  à  dix  pieds  de  haut,  pointues  et  ferrées  du  gros 
bout ,  au  haut  desquelles  il  y  a  une  poulie  pour  le  hisser  avec 
plus  de  facilité  et  l'étendre.  Une  fois  tendu  ,  on  le  lie  par  en 
bas  vers  la  terre,  à  différens  coins  de  bois  que  l'on  nomme 
triquets^  avec  les  ficelles  qui  pendent  et  qui  sont  à  environ 
deux  pieds  de  distance  les  unes  des  autres.  Alors  le  filet  du 
milieu  se  trouve  détendu  et  ramassé  en  tas;  on  l'attire  avec 
un  bâton  parles  carrés  de  l'armure  ,  surtout  vers  le  milieu. 
Pour  que  les  oiseaux  puissent  s'y  embarrasser  plus  qu'ail- 
leurs ,  on  fait  à  chaque  carré  une  espèce  de  bourse  quand 
on  soulève  le  filet  ;  et  lorsque  tout  ce  travail  est  fait ,  l'on  se 
rend  à  l'extrémité  de  la  haie;  et  pour  les  bec-figues  ,  l'on  fait 
du  bruit  en  frappant  avec  un  bâton  sur  les  broussailles  ,  et 
en  y  jetant  des  pierres  et  des  mottes  de  terre  ,  afin  de  les 
amener  au  piège  ,  ces  oiseaux  ne  la  quittant  ordinairement 
qu'à  son  extrémité.  L'on  observera  de  ne  se  montrer  et  de 
ne  battre  que  du  côté  opposé  au  filet  :  l'on  doit  choisir 
un  temps  couvert,  et  on  ne  doit  pas  faire  cette  chasse 
lorsqu'il  fait  du  vent.  Elle  se  fait  ordinairement  de  grand 
matin  et  le  soir  vers  les  quatre  heures,  époque  du  jour  où 
les  oiseaux  sont  dans  les  haies.  Je  crois  que  la  petite  araigne 
ou  pinsonnîère  seroit  aussi  avantageuse  dans  les  vignobles . 
{F.  cette  chasse  au  mot  Pinson.)  Enfin ,  l'on  en  prend  encore 
beaucoup  avec  la  chouette.  Voyez  cette  chasse  au  mot  Verdier. 

Les  BEC-FIGUES  ,  BRUN  CANELLE  ,  CAFRE 
NOIRATRE,  OLIVE  ET  PATAGON,  V.  les  Fauvettes 
qui  sont  sous  ces  dénominations,  (v.) 

BEC -FI  GUE  D'HIVER.  Alouette  pipi.  En  Provence, 
c'est  la  Linotte,  (s.) 

BEC  A  FOURREAU.  Nom  que  Sonnini  a  donné  (édit. 
de  Buffon)  à  un  oiseau  de  TAustralasie,  et  que  Forsler  a 
nommé  CuiONis.  V.  ce  mot.  (v.) 

Bec-en-fourreau,  pi.  31,  f."  2  de  ce  Dictionnaire. 
V.  Chionis.  (v.) 

BEC-FINS.  Nom  imposé  par  des  ornithologises  à  une 


314  BEC 

famille  d'oiseaux  très-nombreuse  ,  dans  laquelle  se  trouvent 
ics  traquets^  motteux^  fam>cUes,  roitelets  et  généralement  tous 
ceux  qui  ont  le  bec  droit ,  menu  et  semblable  à  un  poinçon. 

BEC  DE  HACHE.  Nom  que  porte  àla  Louisiane  l'Huî- 
TRIER,  et  non  le  hec-en-ciseaux^  comme  l'a  pensé  Sonnini.On 
l'appelle  aussi  Pieds  rouges,  (v.) 

BEC  D'OIE.  On  a  quelquefois  donné  ce  nom  au  Dauphin 
COMMUN  ,  Delphinus  vulgarls.  (desm.) 

BEC-D'OISEAUouORNITHORINQUE.  Mammifère 
de  la  Nouvelle-Hollande  ,  très-remarquable  par  sa  tête  ter- 
minée en  un  bec  corné,  large,  aplati,  arrondi  au  bout  ;  par 
le  manque  de  dents  proprement  dites;  par  ses  pattes  palmées 
d'une  f.içon  toute  particulière  ;  par  sa  queue  courte  ,  grosse  , 
ajplatieet  couverte ,  comme  tout  le  corps  ,  d'un  poil  très-serré. 
Ce  singulier  animal  est  figuré  pi.  A.  aS.  V.  Ornithorinque. 

(desm.) 

BEC-OUVERT.  V.  Anastome  (v.) 

BEC-EN  PALETTE.  V.  Spatule,  (s.) 

BEC  DE  PERROOUET.  Poisson  du  genre  Scare.  (b.) 

BEC  DE  PERROQUET.  Coquille  du  genre  Terébra- 
tule.  (b.) 

BEC  PL\T.  C'est  le  Canard  souchet,  sur  les  bords 
de  la  Saône,  (v.) 

BEC-EN  POINÇON.  Nom  que  M.  d" Azara ( 0/W//:c  ^« 
Paraguay')  a  iujposé  à  une  famille  de  petits  oiseaux,  qui,  dit-il, 
ont  le  bec  affilé  ,  pointu  et  conique  ;  la  queue  plus  étroite  et 
inoins  carrée  ,  le  corps  plus  allongé ,  la  tète  plus  petite  ,  la 
physionomie  plus  animée,  la  taille  moins  longue,  le  bec  plus 
court  que  les  lliuios  (  tangviras  ).  Celle  famille  contient 
onze  descriptions,  parmi  lesquelles  j'ai  cru  reconnoître  celles 
dcstuiigaras  à  gorge  noire ^  syarou  et  à  coiffe  noire,  d'un  ma- 
nakin  nouveau  et  de  deux  fauvcUcs,  dont  le  bec  à  des  rapports 
avec  celui  àespifdsàe  Buffon.  Quant  aux  autres,  ne  pouvant 
déterminer  leur  genre,  je  vais  les  décrire  ici.  Tous  ces 
oiseaux,  dit  M.  d'yVzara,  ne  sorti'nt  point  des  forêts,  ne 
«lescendent  pas  plus  bas  que  la  moitié  des  arbres,  et  cher- 
chent leur  nourriture  jusqu'à  la  cime  des  plus  grands  ;  ils  se 
glissent  en  tous  sens,  comme  de  petits  serpens ,  sur  les 
branches  les  plus  déliées  ,  sans  s'arrêter  un  instant ,  cher- 
chant les  insectes  ,  dont  ils  se  nourrissent. 

Le  BE^,-E^-POINÇO^f  bleu  a  toutes  les  parties  supé- 
rieures bleues;  les  couvertures  du  milieu  de  l'aile  termi- 
nées de  blanc;  les  pennés  alaires  et  caudales  noirâtres  ,  les 
«lernières  bordées  de  bleu  avec  une  tache  blanche  près  du 
bout  des  deux  extérieures;  les  plumes  de  la  poitrine  ,  .et  des 


A.  2.S 


BEC  3^5 

cAtës  du  corps  d'un  hleu  lerreux  et  terminées  de  blanchâtre; 
lé  ventre,  les  couvertures  inférieures  et  le  dessous  des  pennes 
de  la  queue  blancs  -,  les  pieds  olivâtres  ;  le  bec  noir  en  dessus 
cl  jaunâtre  en  dessous;  longueur  totale,  ^pouces  alignes.  Cet 
oiseau  étoit  en  mue  quand  d'Azara  l'a  décrit  ;  conséquem- 
ment  on  ne  peut  assurer  que  ce  soit  une  espèce  particulière. 

Le  Bec-en-poinçon  bleu  et  blanc  est  blanchâtre  sur 
les  joues  et  le  menton ,  roussâtre  sur  la  gorge  ;  blanc  sur 
les  parties  postérieures  ;  d'un  bleu  pur  sur  les  supérieures 
et  sur  le  bord  des  pennes  alalres  et  caudales,  dont  le 
reste  est  noirâtre;  les  pieds  sont  d'un  jaune  pâle,  le  reste 
est  d'un  bel  orangé  ;  le  bec  noir  en  dessus  et  jaune  en  dessous. 
I^ongueur  totale ,  5  pouces  4-  lignes. 

Le  Bec-en-poinçon  bleu  et  bleuâtre  a  le  dessus  de  la 
tête ,  du  cou ,  du  corps  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes 
bleues;  plusieurs  pennes  des  ailes  bordées  de  la  même  cou- 
leur, d'autres  de  vert,  et  d'autres  tachetées  de  blanc  à 
Torigine;  toutes  sont  noirâtres  ,  ainsi  que  celles  de  la  queue 
qui  ont  une  bordure  bleue  ;  cette  teinte  est  mélangée  de 
blanc  sur  les  côtés  de  la  tête,  la  gorge  et  la  poitrine  ;  le  reste 
du  dessous  du  corps  et  les  couvertures  inférieures  des  ailes 
sont  blancs;  les  pieds  d'un  gros  bleu;  le  bec  est  noir  en 
dessus,  d'un  bleu  de  ciel  clair  en  dessous.  Longueur  totale, 
4-  pouces. 

Le  Bec- en-poinçon  bleu  et  roux  a  le  bec 
presque  droit  ,  assez  fort,  très-pointu  ,  avec  la  base  de  sa 
partie  supérieure  bien  distincte;  noirâtre  en  dessus  et  blan- 
châtre en  dessous;  le  front  et  les  côtés  de  la  tête  d'un  noir 
velouté  ;  le  dessus  et  Toccipul,  le  croupion  et  les  petites 
couvertures  supérieures  de  l'aile  d'un  très-beau  bleu  de  ciel  ; 
les  plus  grandes  rectrices,  les  pennes  alalres  et  caudales  de 
la  même  couleur  sur  les  bords,  et  brunes  dans  le  reste  ;  le 
dessus  du  cou  et  le  dos  bleus;  toutes  les  parties  inférieures 
rousses;  les  pieds  d'une  couleur  de  plomb  noirâtre,  et  5 
pouces  et  demi  de  longueur  totale. 

Cet  oiseau  a  de  grands  rapports  avec  le  tangara  dlable-en- 
rhume. 

Le  Bec-en-poinçon  roux-cendré,  longueur  totale,  ^pouces 
8  lignes;  tout  le  plumage  d'un  roux-cendré  ou  d'une  couleur 
de  plomb  foncée  ,  plus  rembrunie  en  dessus  qu'en  dessous  ; 
couvertures  supérieures  ,  pennes  des  ailes  et  de  la  queue 
])ordées  de  la  même  teinte,  et  noirâtres  dans  le  reste;  bec 
noir ,  robuste  et  très-pointu  ,  presque  droit ,  et  à  base  ar- 
rondie ;  iris  brun.  Sonnini  (  traduction  française  )  croit 
q;xe  cet  oiseau  est  de  la  même  espèce  que  le  manakin  cendré  ; 


346  BEC 

cependant  celui-ci  a  un  plumage  un  peu  différent,  et  le  som- 
met de  la  tête  noir,  (v.) 

BEC-ROND.  Nom  appliqué  par,  Buffon,  à  des  Bou- 
vreuils et  à  des  Gros-becs, 

Le  Bec-rond  bleu.  V.  Gros-beg  azuré. 

Le  Bec-rond  à  gorge  et  sourcils  rouges.  V.  Bou- 
vreuil À  sourcils  roux-orangé. 

Le  Bec  -  rond  noir  et  blanc.  Voyez  Bouvreuil  À  bec 

ÉC  H  ANC  RÉ. 

Le  Bec-rond  à  ventre  roux.  V.  Bouvreuil  A.  ventre 
roux. 

Le  Bec -rond  violet  de  la  Caroline.  V.  Bouvreuil 
violet,  (v.) 

BEC  DE  SCIE  ou  en  SCIE.  Nom  que  l'on  donne ,  dan.s^ 
le  Canada,  au  Harle.  (v.) 

BEC  EN  SPATULE.  V.  Spatule,  (s.) 

BEC  TRANCHANT.  V.  Pingouin,  (v.) 

BEC  AD  E.  C'est,  en  Guienne  ,  la  Bécasse,  (s.) 

BECAFIG.  Nom  pîémontais  du  Bec-figue,  et  un  df 
ceux  du  loriot,  qui  s'appelle  aussi  en  Italie  Becafiga  et 
Becquafiga.  (v.) 

BECAFIGA.  V.  Bec-figue. 

BECAFIGULO.  Une  petite  Fauvette  dans  les  environ.? 
de  Marseille,  (s.) 

BECAFIGO  ORDINARIO.  Olina  désigne,  par  cette  dé- 
nomination ,  le  Bec-figue  ;  et  par  celle  de  becajigo  canapino^ 
la  Fauvette  hnhWorâe.  (s.) 

BÉCARD.  Nom  du  Harle  sur  les  bords  de  la  Saône  , 
sans  doute  à  cause  de  sooi  grand  bec  recourbé  à  l'extrémité. 
Cet  oiseau  y  est  très-rare,  (v.) 

BÉCARDE  ,  Tityra,'\\t\\\.\Lanius,  Lalb.  Genre  de 
l'ordre  des  oiseaux  sylvains  et  de  la  famille  des  Myiothères. 
(  V,  ces  mots.)  Caractères  :  bec  rond  et  glabre  à  la  base,  ro- 
buste, épais,  droit,  peu  déprimé ,  convexe  dessus  et  des- 
sous; mandibule  supérieure  écbancrée  et  un  peu  courbée 
vers  le  bout;  l'inférieure  entaillée  ,  retroussée  et  acuminée  à 
la  pointe;  narines  ovales  ;  langue  large  ,- courte  ,  lacérée  à 
l'extrémité  ;  boucbc  ample  ,  ciliée  ;  les  i.'^  et  2.'""^  rémiges 
lesplus  longues  ;  quatre   doigts  ,  trois  devant  ,  un  derrière. 

Les  Regardes  ont  des  rapports  avec  les  pies-grlèches  et  les 
tyrans^  et  c'est  parmi  les  premières  que  les  ailleurs  les  ont 
classées;  mais  elles  n'en  ont  pas  les  caractères  génériques;  ce 
dont  on  peut  s'assurer  en  les  comparant  les  uns  aux  autres. 
Le  nom  de  bérardelcuv  a  été  imposé  par  Buffon  ,  et  il  est  tiré 
de  la  grosseur  et  de  la  longueur  du  bec;  elles  diffèrent  encore 
àts pîes-§rièches  par  un  corps  plus  trapu,  plus  épais  et  plus 


BEC  3^7 

long;  ce  qui  les  rapproche  àestyraus,  avec  lesquels  leurs  ha- 
bitudes et  leurs  mœurs  offrent  beaucoup  d'analogie.  Parmi 
les  bécardes  de  Buffon  ,  il  y  a  deux  espèces  auxquelles  ce 
nom  ne  peut  convenir,  savoir:  i."  la  bécarde  à  ventre  jaune, 
qui  est  un  tyran  et  en  double  emploi  sous  le  nom  de  garlu  ; 
2..°  la  bécarde  à  ventre  blanc  ou  le  vanga  ,  dont  j'ai  fait  un  genre 
particulier,  puisque  son  bec  présente  une  forme  différente. 

La  BÉCARDE  GRISE,  Tityra  cinerea ,  Vieill.;  Lanius  cayanus 
Lath. ,  Jig.  pi.  enlum.  ,  n.»  3o4.  de  VHist.  natur.  de  Buffon. 
Cette  espèce,  qui  se  trouve  à  Cayenne  ,  a  huit  pouces  cinq 
lignes  de  longueur;  la  tête  et  la  queue  noires;  le  dos,  le 
croupion  et  tout  le  dessous  du  corps  d'un  cendré  clair  ;  les 
ailes  noires  en  dessus  ,  cendrées  en  dessous  ;  le  bec  rouge  à 
son  origine  ,  et  noir  à  son  bout;  les  pieds  cendrés,  et  les 
ongles  noirâtres.  La  race  qui  habite  le  Paraguay  a  toutes  les 
parties  inférieures  d'un  blanc  de  neige. 

La  BÉCARDE  TACHETÉE  ,  Lanius  nœi>iiis,  Lath.  ,7?^.  planche 
enl. ,  n.°  ojy  de  VHist.  nat.  de  Buffon^  est  un  jeune ,  ou  la  fe- 
melle de  la  précédente  ;  elle  n'en  diffère  que  par  un  trait 
longitudinal  noir  sur  le  milieu  de  chaque  plume. 

La  BÉCARDE  À  VENTRE  BLANC.   V.  \  AKGA. 

La  BÉCARDE  À  VENTRE  JAUNE  est  un  tyran.  V.  le  Tyran 

TICTIVIE. 

Je  range  à  la  suite  de  ces  oiseaux  et  sous  le  même  nom 
générique  les  caractcivzados  de  d'Azzara  (  Hist.  des  Oiseaux  du 
Paraguay)^  ou  les  distingués  de  la  traduction  franç^aise  par 
Sonnlni,  vu  qu'ils  m'ont  paru  y  être  plus  convenablement 
qu'ailleurs,  d'après  les  descriptions  qu'en  fait  rornithologisle 
espagnol, 

La  BÉCARDE  CANNELLE,  Tityra  nifa^  Vieill.,  a  sept  pou- 
ces un  quart  de  long  ;  la  tête  couleur  d'ardoise  ;  le  dessus 
du  cou  et  du  corps ,  les  couvertures  inférieures  des  ailes  , 
le  bord  extérieur  des  pennes  et  la  queue  de  couleur  de  can- 
nelle ;  les  couvertures  supérieures  des  ailes  ,  le  bord  interne 
des  rémiges  d'un  brun  noirâtre;  toutes  les  parties  inférieures 
d'un  roux  clair;  l'iris  et  la  mandibule  supérieure  noirs;  l'infé- 
rieure d'un  bleu  violet  ;  les  pieds  couleur  de  plomb.  C'est  le 
caractenizados  canella  corona  de  pizzara  de  d'Azzara. 

La  Bécarde  rousse  a  tète  noire  ,  Tityra  atricapilla  y 
Vieill.,  est  d'un  noir  profond  sur  le  milieu  de  la  tête,  et  d'un 
brun  foncé  sur  les  côtés  ;  rousse  sur  la  nuque  et  sur  le  crou- 
pion ;  d'un  brun  roussâtre  sur  le  dessus  du  cou  et  sur  le 
dos  ;  d'un  brun  noirâtre  sur  les  couvertures  supérieures  des 
ailes  ;  quelques-unes  sont  rousses  ;  les  pennes  noirâtres  ,  à 
l'exception  des  i4'^ ,  iS.*^  et  i6.«  qui  sont  rousses  ;  six  des  au- 
tres ont  sur  leur  côlc  intérieur  une  tache  blanche,  et  cette  la- 


348  BEC 

che  est  rousse  sur  le  reste  ;  la  penne  extérieure  de  la  queue 
est  de  cette  couleur  du  côté  interne  ;  la  seconde  Test  entiè- 
rement ,  et  les  autres  sont  noirâtres  ;  la  gorge  et  les  parties 
inférieures  mélangées  de  brun  ,  de  roux  et  de  blanchâtre  ; 
le  bas-ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  rous- 
sâtres  ;  les  pieds  couleur  de  plomb  ;  le  bec  est  noir  en  des- 
sus ,  bleu  de  ciel  en  dessous  ;  taille  de  la  précédente  à  peu 
près.  C'est  le  caracteruziidos  cnndla  y  cabeza  nigra  de  d'Azara , 
qui  présume  que  cet  oiseau  est  un  jeune  en  mue  de  Tespèce 
précédente. 

•  La  BÉCARDE  VERTE  ,  Tityra  vindis  ,  Vieill.  ,  a  six  pou- 
ces et  une  ligne  de  longueur  ;  le  dessus  de  la  tête  d'un  noir 
de  jais  ;  le  front  blanc  ;  les  côtés  et  le  derrière  de  la  tête  de 
la  même  couleur  avec  un  mélange  de  bleu;  le  dessous  du 
cou  et  du  corps  ,  les  couvertures  supérieures  des  ailes  ,  le 
bord  des  plumes  et  la  queue  d'un  vertfoncé;  les  rémiges  bru- 
'nes;  la  gorge,  le  devant  du  cou  et  les  couvertures  inférieures 
des  ailes  d'un  beau  jaune  ;  le  dessous  du  corps  d'un  blanc  foi- 
blement  lavé  de  roux  ;  les  pieds  couleur  de  plomb  ;  le  bord 
de  la  paupière  d'un  jaune  vif;  le  bec  noir  à  la  pointe  ,  et 
bleu  de  ciel  dans  le  reste.  Cet  oiseau  est  le  caract enisadus.  y 
corona  w'gra  de  d'Azara.  (v.) 

BECASS A.  Nom  piémontais  de  la  bécasse,  (v.) 
BÉCASSE,  Ruslicola  ^  Yieill.;  Sculopax,  Latb.  Genre 
de  l'ordre  des  Échassiers  etde  la  famille  des  Hélonomes.  (  V. 
ces  mots.)  Caractères  :  bec  pbis  long  que  la  tête,  droit,  à 
pointe  ridée  latéralement  chez  l'oiseau  mort ,  lisse  en  dessus 
et  arrondie  ;  mandibule  supérieure  sillonnée  sur  les  côtés , 
et  terminée  par  un  bourrelet  intérieur;  l'inférieure  plus 
courte,  sillonnée  dans  le  milieu,  canaliculée  et  tronquée  à  l'ex- 
trémité; narines  linéaires,  situées  à  la  base  du  bec,  dans  une 
rainure;  langue  médiocre,  filiforme,  pointue;  tête  un  peu  an- 
gulaire ;  jambes  totalement  emplumées  ;  quatre  doigts,  trois 
devant ,  un  derrière;  les  antérieurs  raboteux  en  dessous,  sé- 
parés dès  la  base;  le  pouce  grêle,  ne  portant  à  terre  que  sur 
lei)Out;  ongles  antérieurs,  falculaires;  l'intermédiaire  creusé 
en  dessous  ;  le  postérieur  arrondi  à  la  pointe  et  ne  débor- 
dant pas  le  doigt;  première  rémige  la  plus  longue  de  toutes. 
La  BÉCASSE  cOftlMUNE,  Rusticola  vu/garî.Sy  Vieill.  ;  Siolopax 
msL,  Lath.,  pi.  enl.,  n.»  884.  de  VHist.  de  Buffon.  Cet  habitant 
des  hautes  montagnes  les  quitte  dès  les  premiers  frimas , 
pour  venir  habiter  nos  bois,  où  il  arrive,  vers  le  milieu 
d'octobre ,  la  nuit ,  et  quelquefois  le  jour  ,  par  un  temps 
sombre  ,  presque  toujours  un  à  un  ,  ou  tout  au  plus  deux  en- 
semble ,  mais  très-rarement  en  troupe.  Les  hàasscs  préfè- 
rent les  bois  et  les  lieux  où  il  y  a  beaucoup  de  terreau  et 


BEC  34g 

de  feuilles  tombées  ;  elles  s'y  tiennent  cachées  tout  le  jour, 
et  tellement ,  qu'il  faut  des  chiens  pour  les  faire  lever  ;  sou- 
vent elles  partent  sous  les  pieds  du  chasseur.  Elles  quittent 
leur  retraite  à  l'entrée  de  la  nuit,  pour  chercher  leur  nour- 
riture dans  les  clairières  ,  en  suivant  les  sentiers  ;  elles  pré- 
fèrent les  terres  molles  et  les  petites  mares,  où  elles  vont 
pour  se  laver  le  bec  et  les  pieds,  qu'elles  se  sont  remplis  de 
terre  en  cherchant  leur  nourriture.  Ct^t  oiseau  bat  des  allts 
en  partant  ;  il  file  droit  dans  une  futaie  ;  mais  dans  les  taillis, 
il  paroît  forcé  de  faire  le  crochet;  il  plonge,  en  volant,  der- 
rière les  buissons  ,  pour  se  dérober  à  son  ennemi.  Son  vol , 
quoique  rapide,  n'est  ni  élevé,  ni  long-lemps  soutenu  :  il 
s'abat  avec  tant  de  promptitude,  qu'il  semble  tomber  comme 
une  masse  abandonnée  à  toute  sa  pesanteur  ;  dès  qu'il  est 
posé  à  terre,  il  court  avec  vitesse  ;  c'est  pourquoi  l'on  ne  le 
trouve  pas  où  il  s'est  abattu. 

11  paroît  que  la  bécasse  ne  voit  bien  qu'au  crépuscule ,  et 
qu'une  lumière  plus  forte  offense  sa  vue  ;  c'est  de  quoi  l'on 
juge  d'après  ses  allures  et  ses  mouvemeus ,  qui  sont  plus  vifs 
après  le  coucher  et  avant  le  lever  du  soleil.  Elle  cherche  aussi 
sa  nourriture  au  clair  de  la  lune,  surtout  à  la  pleine  lune  de 
novembre,  que  les  chasseurs  nomment  la  lune  des  bécasses  ; 
c'est  l'époque  où  l'on  en  prend  le  plus.  On  reconnoît  les 
lieux  qu'elle  fréquente ,  à  ses  fientes  ,  qui  sont  de  larges  fé- 
cules blanches  et  sans  odeur,  qu'en  terme  d'olselerie  l'on 
nomme  miroirs.  Elle  est  d'un  caractère  peu  méfiant,  et  se 
laisse  approcher  aisément.  Elle  cherche  sa  nourriture  en 
fouillant  dans  la  terre  molle  des  petits  marais ,  des  fossés , 
dans  les  prés  humides  qui  bordent  les  bols  ;  elle  retourne 
et  écarte  les  feuilles  sèches  pour  prendre  les  vers  qui  sont 
dessous. 

Le  corps  de  cet  oiseau  est  fort  charnu  et  très-gras ,  depuis 
novembre  jusqu'en  février  ;  mais  à  son  arrivée,  et  depuis  la 
fin  de  février,  il  l'est  beaucoup  moins.  J'ai  vu  que  toutes 
celles  que  l'on  prend  en  mars  sont  maigres  ;  ce  qu'on  doit 
attribuer  à  l'amour  où  elles  commencent  à  entrer  jusqu'à  leur 
départ.  La  chair  est  fei-me,  noire  ,  et  n'est  pas  fort  tendre  ; 
mais  comme  chair  ferme,  elle  se  conserve  long-temps;  il 
faut  même  qu'elle  le  soll  pendant  quelque  temps  pour  qu'elle 
prenne  le  fumet  qui  la  fait  rechercher.  Les  gourmets  ont 
une  manière  de  connaître  le  point  où  cette  chair  est  parvenue 
au  degré  qui  lui  convient  :  on  suspend  l'oiseau  par  une  penne 
du  milieu  de  sa  queue;  lorsque  le  corps  s'en  détache  et  tombe, 
c'est  le  moment  de  le  manger.  On  la  cuit  sans  ôter  les  en- 
trailles, qui ,  broyées  avec  ce  qu'elles  contiennent,  font  son 
meilleur  assaisonnement.  L'on  obsene  que  les  chiens  n'eu 


35o  BEC 

itiangen!  point.  La  chair  des  jeunes  a  moins  cle  fumet ,  mais 
elle  est  plus  tendre  et  plus  blanche  que  celle  des  vieilles. 
Celles  qui  restent  en  été  sont,  dans  cette  saison,  dures  ,  sè- 
ches ,  et  d'un  fumet  très-fort;  mais  il  est  très-rare  d'en  ren- 
contrer dans  nos  bois  ;  elles  les  quittent  au  mois  de  mars  , 
pour  retourner  sur  les  montagnes.  Elles  partent  ordinaire- 
ment appariées  ,  volent  alors  rapidement ,  et  sans  s'arrêter 
pendant  la  nuit  ;  le  matin  ,  elles  se  cachent  dans  les  bois 
pour  y  passer  la  journée  ,  et  en  partent  le  soir  pour  conti- 
imer  leur  route.  Arrivées  à  leur  destination  ,  elles  se  fixent 
dans  les  endroits  les  plus  solitaires  et  les  plus  élevés  des  mon- 
tagnes, où  elles  nichent.  La  femelle  fait  son  nid  par  terre,  et 
le  compose  de  feuilles  et  d'herbes  sèches,  entremêlées  de  pe- 
tits brins  de  bois,  le  tout  rassemblé  sans  art,  et  am.oncelé  con- 
tre un  tronc  d'arbre  ou  sous  une  grosse  racine  ;  elle  y  dépose 
quatre  ou  cinq  œufs,  oblongs  ,  un  peu  plus  gros  que  ceux  du 
pigeon  commun,  d'un  gris  roussâtre,  et  marbrés  d'ondes  plus 
foncées  et  noirâtres.  L'on  dit  que  ces  œufs  sont  un  mets  très- 
friand.  Lorsque  les  petits  sont  éclos  ,  ils  quittent  le  nid  et 
courent ,  couverts  seulement  de  poil  follet  :  les  premières 
plumes  qui  paroissent ,  sont  celles  des  ailes,  et  ils  commen- 
cent à  voler  sans  en  avoir  d'autres;  c'est  ainsi  qu'en  volant  et 
courant,  ils  fuient ,  quand  ils  sont  découverts,  lorsqu'ils  sont 
trop  folbles.  On  a  vu  la  mère  ou  le  père  en  prendre  un  sous 
leur  gorge  ,  et  l'emporter  ainsi  à  plus  de  mille  pas.  J'ai  véri- 
fié ce  fait  dans  les  bécasses  d'Amérique  ;  ce  n'est  point  sous  la 
gorge  que  le  petit  est  placé,  mais  il  se  cramponne  sur  le  dos; 
d'autres  disent  avoir  vu  des  bécasses  porter  leurs  petits  par  les 
pieds.  Le  mâle  ne  quitte  pas  la  femelle,  tant  que  les  petits 
ont  besoin  de  leur  secours  :  il  ne  fait  entendre  sa  voix  que 
dans  le  temps  de  leur  éducation  et  de  ses  amours  ;  car  il  est 
muet,  ainsi  que  la  femelle,  pendant  le  reste  de  l'année.  Ses 
cris  ont  des  tons  différens  ,  passant  du  grave  à  l'aigu  ,  go ,  go, 
go,  go;  pidi ,  pidi ;  pidi;  cri ,  cri,  cri ,  cri;  ces  derniers  semblent 
être  de  colère  entre  plusieurs  mâles  rassemblés.  Ils  ont  aussi 
une  espèce  de  croassement  ,  couan ,  couan  ,  et  un  certain 
grondement ,  froû  ,  froû  ,  froû  ,  lorsqu'ils  se  poursuivent. 
Quand  la  femelle  couve  ,  le  mâle  est  presque  toujours  cou- 
ché près  d'elle  ,  et  ils  reposent  mutuellement  leur  bec  sur  le 
dos  l'un  de  l'autre.  Les  mâles  ,  d'un  caractère  jaloux  ,  dispu- 
tent une  femelle  en  se  battant  jusqu'à  se  jeter  à  terre  et  se 
piquer  à  coups  de  bec.  L'on  a  remarqué  que  ces  oiseaux 
blessés  versent  des  larmes. 

L'espèce  de  la  A^'casse  est  universellement  répandue  dans 
l'ancien  continent,  au  nord  et  au  sud;  mais  ce  n'est  pas  la 
auêrne  race  que  l'on  trouve  dans  l'Amérique  septentrionale  ; 


BEC  35. 

elle  forme  une  espèce  séparée,  comme  celle  de  Cayenne. 

Cet  oiseau  a  de  treize  a  quatorze  pouces  de  longueur  ;  le 
bec  long  de  deux  et  demi;  la  grosseur  à  peu  près  de  \?i per- 
diix grise;  le  haut  de  la  tête  ,  le  cou,  le  dos  ,  les  couvertures 
des  ailes  variés  de  marron,  de  noir,  et  d'un  peudegris;  quatre 
larges  bandes  sur  le  cou,  transversales  et  noires  ;  de  chaque 
côté  de  la  tête  une  petite  bande  de  la  même  couleur ,  qui 
s'étend  depuis  les  coins  de  la  bouche  jusqu'aux  yeux  ;  la  par- 
tie inférieure  du  dos  ,  le  croupion ,  les  couvertures  du  dessus 
delà  (jueue  ,  la  gorge,  la  poitrine,  le  ventre,  d'un  blanc 
sale  cl  rayés  transversalement  ;  le  devant  du  cou  jaunâtre  ; 
les  pennes  des  ailes  brunes  ,  avec  des  taches  triangulaires 
rousses  ;  la  queue  arrondie  ,  bordée  de  roux,  et  terminée 
de  cendré  ;  les  pieds  et  le  bec  couleur  de  chair,  ombrée  de 
gris  ;  chez  les  premiers  l'iris  brun.  La  femelle  est  un  peu 
plus  grosse  que  le  mâle  ;  elle  en  diffère  encore  par  àcs 
couleurs  plus  ternes,  et  en  ce  qu  elle  a  un  plus  grand  nombre 
de  taches  blanches  sur  les  couvertures  des  ailes. 

Les  chasseurs  distinguent  trois  sortes  de  bécasses  ;  celle-ci , 
une  plus  petite  ,  et  une  troisième  plus  grande.  La  plus  petite, 
que  Ton  nomme  en  Picardie  mariinci ,  a  le  bec  plus  long ,  le 
plumage  roussâtre,  elles  pieds  de  couleur  bleue  :  ceitebécasse 
arrive  après  les  autres.  La  grosse  l'est  d'un  tiers  plus  que  la 
bécasse  ordinaire  ,  et  son  plumage  est  plus  rembruni  :  elle 
hante  peu  les  bois  ,  et  habite,  par  préférence,  les  grosses 
haies  doubles  dans  les  pays  couverts.  Outre  celle-ci ,  l'on 
trouve  dans  cette  espèce  plusieurs  variétés  accidentelles; 
telle  est  la  bécasse  blanche  ou  mélangée  de  blanc  ,  avec  le  bec- 
ct  les  pieds  d'un  jaune  pâle.  La  bécasse  rousse  ;  le  fond  de  son 
plumage  est  roux;  et  les  ondes  d'un  roux  clair.  La  bécasse 
isabelle  est  totalement  d'une  couleur  jaune ,  très-légère.  La 
bécasse  à  tête  rouge;  tout  son  corps  est  blanc  ,  ses  ailes  sont 
brunes  ,  et  sa  tête  est  ro.ugeâtre.  La  bécasse  aux  ailes  blanches; 
celle-ci  ne  diffère  de  la  bécasse  ordinaire  qu'en  ce  que  ses 
ailes  sont  blanches. 

La  Bécasse  de  Cayenne.  V.  Bécassine  des  Savanes. 

La  (petite)  Bécasse  d'Amérique,  F.  Bécasse  des  États- 
Unis. 

La  Bécasse  des  États-Unis,  Rusticola  nu'nor;  scolopax  min., 
Lath. ,  a  le  bec  brun  ;  la  tête ,  le  dessus  du  corps  et  le  dos 
gris  ,  avec  des  bandes  transversales  sur  l'occiput  et  çur  la 
nuque  ;  de  grandes  taches  longitudinales  de  cette  même  cou- 
leur et  terminées  de  jaune  sale  sur  le  manteau;  le  croupion 
et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue,  roux;  les  rectrices 
noires,  rousses  et  terminées  de  blanc  ;  la  gorge  blanche;  les 
côtés  elle  devant  du  cou,  la  poitrine  et  lesparties  postérieures 


353  BEC 

•  pareilles  au  croupion  ;  \e  dessus  des  ailes  et  les  pennes  se- 
condaires bruns  et  traversés  de  petites  lignes  d'une  nuance 
plus  foncée  ;  les  primaires  d'un  blanc  tirant  au  violet  ;  les 
pieds  jaunâtres  et  Tiris  couleur  de  noisette;  longueur  totale , 
neuf  pouces  et  demi.  La  femelle  ressemble  au  mâle  :  elle  fait 
son  nid  au  pied  d'un  arbre  ou  sous  une  grosse  racine  ;  sa 
ponte  est  de  six  à  huit  œufs ,  d'un  gris  roux  et  tachetés  de 
brun. 

La  BÉCASSE  DES  Savaî^es.  F.  l'article  des  Bécassines. 

On  chasse  la  bécasse  au  fusîl^  à  la  passée,  à  la  pantiére,  aux 
coUeis  ou  aux  simples  lacets. 

Aufitsil.  On  peut  l'attendre  pour  la  tirer  au  passage  le  soir 
à  la  sortie,  et  le  matin  à  la  rentrée,  au  bord  du  bois,  au  dé- 
bouché de  quelque  grande  route,  dans  une  gorge  ou  vallon 
étroit,  à  portée  d'une  forêt  aboutissant  à  quelque  mare,  fon- 
taine ou  queue  d'étang.  On  attend  encore  les  bécasses  au  bord 
de  ces  mares  ou  fontaines,  lorsque  vers  la  brune  elles  vien- 
nent s'y  abattre  pour  boire  et  se  laver  le  bec  et  les  pieds. 

A  la  passée.  Cette  chasse  se  fait  à  la  brune,  n'occupe 
qu'une  demi-heure  ,  et  est  si  favorable,  qu'on  peut  y  pren- 
dre jusqu'à  huit  cents  bécasses^ar  année.  Yoici  cojiMne  on  s'y 
prend  :  quand  oïl  aperçoit  qu'il  y  a  des  bécasses  dans  un  bois 
taillis  ,  on  fait  une  enceinte  de  quarante  à  cinquante  pas  en 
forme  de  petite  haie  ,  haute  d'un  demi-pied,  en  liant  les  sou- 
ches entre  elles  avec  des  brins  de  genêt;  on  y  laisse  différcns 
petits  passages  pour  une  bécasse  seule  ;  on  pratique  autant  de 
voies  qui  y  conduisent;  on  tend  à  chaque  passage  un  lacet 
ouvert  on  rond,  et  couché  à  plate  terre  :  l'oiseau  cherchant  à 
manger,  s'engage  dans  la  voie,  qu'il  suit  jusqu'au  passage  où 
il  se  prend  au  lacet. 

A  la  pantiére.  On  tend  aux  bécasses  la  pautlèrc  simple  et  la 
pçniiàie  conlre-maillée.  La  simple  est  un  lUel  composé  d'une 
seule  nappe  fort  longue  ,  et  haute  de  vingt-quatre  à  trente 
pieds.  Les  mailles  de  cette  nappe  on\  deux  pouces  et  demi  de 
large,  faites  d'un  fil  fort.  Elle  est  attachée  aux  quatre  coins 
par  quatre  forts  cordeaux  :  ceux  du  haut  sont  longs,  et  ceux 
du  bas  sont  courts  ,  et  tiennent  la  pantiére  attachée  à  deux 
piquets  solidement  fichés  en  terre.  Deux  fortes  perches  atta- 
chées aux  arbres  voisins,  servent  à  tendre  la  pantiére  au 
moyen  de  deux  anneaux  de  fer,  par  où  l'on  passe  les  cor-^ 
deaux  du  haut;  et  ces  deux  cordeaux  se  réunissent  dans  une 
loge  que  le  chasseur  a  pratiquée  en  terre  à  une  petite  dis- 
tance du  filet,  et  au  milieu  du  vallon  où  il  est  tendu.  Il  faut 
encore  observer  que  la  nappe  doit  être  tendue  de  manière 
qu'elle  penche  vers  le  côté  opposé  à  la  loge  du  chasseur  , 
vers  celui  d'où  les  bécasses  doivent  arriver ,  suivant,  les  remar- 


BEC  353 

(•lies  que  le  chasseur  aura  dû  faire  avant  de  tendre.  Il  aura 
icconnu  les  endroits  favorables  ,  par  le  moyen  des  ini'roi'rs  ou 
fientes  de  bécasses  ^  (ju'on  trouve  eu  aboiulr.nce  près  des  ma- 
rais, fontaines,  petits  vallons  entourés  de  bois,  et  ([ui  sont 
aussi  les  lieux  préférables  pour  y  dresser  des  pantières  :  on 
les  tend  aussi  sur  un  buisson  voisin  d'un  élang,  ou  dans  l'allée 
d'un  parc. 

La  pantière  conlre.-maillée  se  nomme  ainsi ,  parce  qu'elle 
est  faite  de  trois  nappes,  dont  deux  ,  qui  se  nomuicut  aumpesy 
sont  à  grandes  mailles;  et  l'autre  à  petites  mailles  en  losange, 
qui  n'ont  que  deux  pouces  de  large,  s'appelle  simplement 
nappe  ou  ioile.  Aux  df  rnlèi-es  mailles  du  haut  de  chacun  A^x 
ces  filets  ,  sont  attachées  des  bouclettes  qui  font  l'ofîice  des 
anneaux  d'un  rideau  :  elles  sonttOLiles  enfilées  dans  le  cor- 
deau tendu  entre  les  deux  perches.  Ce  cord>au,  qui  fait  l'of- 
fice de  tringle,  doit  êtr-"  bien  savonné,  pour  faciliter  le  jeu 
des  bouclettes  :  ce  jeu  a  lieu  parle  mouvement  précipité  delà 
bécasse  qui  donne  dans  le  filet;  et  presque  dans  le  niémtî 
moment,  le  chasseur  laisse  échapper  une  forte  ficelle  qui, 
attachée  aune  extrémité  du  haut  du  filet,  sert  à  le  tenir 
étendu  sur  toute  la  longueur  du  cordeau  entre  les  deux  per- 
ches. Les  nappes  se  plient  alors  ,  et  commencent  à  embar- 
rasser l'animal,  dont  la  capture  est  bientôt  assurée  ,  parce 
que  le  chasseur  détend  aussitôt  après  tout  le  piège  ,  de  la 
mC-me  manière  qu'il  le  fait  dans  celui  de  la  panllère  simple. 

Le  moment  favorable  pour  cette  chasse,  qui  commence 
une  demi-heure  après  le  coucher  du  soleil,  et  ne  dure  qu'une 
heure ,  est  assez  court  pour  que  !e  chasseur  cherche  à  éviter 
tous  les  obstacles  qui  peuvent  s'opposer  à  une  prompte  dé- 
tente ,  et  à  la  retenue  du  filet ,  et  pour  que  le  filet  soit  bien 
tendu  avant  l'heure  propice.  Les  mois  de  novembre ,  décem- 
bre et  janvier  ,  sont  ceux  les  plus  propres  à  celte  chasse,  et 
ceux  où  l'on  trouve  les  bécasses  les  plus  grasses  :  les  jours  de 
brouillards  sont  les  meilleurs, 

ylu  collet.  Le  collet  est  fait  de  six  brins  de  crins  de  cheval , 
longs  et  cordés  avec  une  boucle  coulante  à  un  bout ,  et  un 
gros  nœud  à  l'autre,  près  duquel  il  est  attaché  solidement  à 
un  bâton  de  la  grosseur  du  petit  doigt,  long  d'un  pied,  et 
pointu  par  un  bout  qu'on  fiche  en  terre.  Les  taillis  les  plus 
feuilles  sont  les  plus  avantageux  pour  celte  chasse,  et  l'on  re- 
connoit  par  les  fientes  quels  sont  les  endroits  du  taillis  les 
plus  fréquentés;  ensuite,  pour  placer  les  collets.,  on  use  des 
mêmes  soins  et  des  mêmes  ruses  indiqués  pour  la  passée. 

Au  bord  de  Veau.  Comme  la  bécasse  va  la  nuit  \xi  long  des 
fontaines  et  des  mares,  cet  instinct  a  donné  l'idée  d'une 
chasse  très-arausantc.  Pour  cela  ou  ferme  Routes  les  avenues 

III.  '  23 


354  E  E  C 

de  la  pièce  d'eau  avec  des  genêts  entrelacés;  on  laisse  à  cette 
haie  artilicielle  des  espaces  ou  passées  y  éloignées  les  unes  des 
autres  d'environ  six  pieds,  et  on  y  tend  des  lacets  ainsi  ar- 
rangés :  on  pique  sur  le  Lord  de  la  passée  un  bâton  gros 
comme  le  petit  doigt,  et  de  la  hauteur  de  cinq  pouces;  à  l'au- 
tre bord  ,  à  demi-pied  d'espace  ,  on  élève  un  petit  arçon  de 
trois  ou  quatre  doigts,  qui  fait  comme  une  porte  ronde  vis-à- 
vis  le  bâton  ;  on  prend  ensuite  un  crochet  de  bois  plat,  long  de 
sept  ou  huit  pouces,  avec  une  coche  au  bout;  le  crochet  se 
met  au  bâton  ,  et  l'autre  bout  passe  sous  l'arçon.  On  a  en- 
core une  verge  de  bois  de  coudrier  ou  de  quelque  autre  bois 
élastique;  cette  verge,  de  la  grosseur  du  doigt,  et  longue  de 
trois  pieds,  doit  être  piquée  dans  la  petite  haie,  à  deux  ou  trois 
pieds  de  la  passée  ;  on  attache  au  petit  bout  une  ficelle  de 
demi-pied,  au  bout  de  laquelle  est  noué  un  lacet  de  crin  de 
cheval  avec  un  petit  bâton  coupé  par  les  deux  bouts,  et  fait  en 
coin  à  fendre  du  bois  :  le  chasseur  fait  plier  la  baguette  élas- 
tique, passe  le  lacet  sous  l'arçon,  et  levant  le  crochet,  cache 
le  petit  bâton  attaché  à  la  baguette  d'un  bout  dans  le  crochet, 
et  de  l'autre  dans  le  petit  arçon  ;  puis  il  étend  en  long  le  la- 
cet par-dessus  le  crochet,  qui  doit  tenir  très -peu,  afin  que  la 
bécasse  venant  à  passer,  fasse  détendre  la  baguette  élastique, 
et  que  le  lacet  la  retienne  par  le  pied.  On  prend  aussi  des  per- 
drix à  cette  chasse  ingénieuse  et  lucrative. 

On  peut  aussi  tendre  dans  les  passées  des  collets  et  de  sim- 
ples lacets,  de  la  manière  indiquée  pour  la  passée,  (s.) 

BÉCASSE  A  BEC  D'IVOIRE.  Oiseau  méconnoissable 
dans  V Histoire  de  Kentucke.  (s.) 

BECASSE  D'ARBRE.  Frisch  prétend  que  ce  nom  con- 
vient à  la  Huppe,  (s.) 

BÉCASSE  DE  MER.  V.  HuÎtrier.  Sur  quelques-unes 
de  nos  côtes,  on  donne  la  même  dénomination  au  Courlis. 

(s.) 
BECASSE.  Nom  donné  par  les  marchands  à  plusieurs 
coquilles  du  genre  Rocher  ,  à  raison  de  la  longueur  du  pro- 
longement de  la  partie  antérieure  de  leurs  lèvres;  la  princi- 
pale est  la  BÉCASSE  épineuse,  qui  est  le  Rocher  Bécasse. 

BECASSE.  On  donne  aussi  ce  nom  à  des  poissons  des 
genres  Centrisque  ,  Scombresou  ,  Histphore  et  Phy- 
rèîîe.  (b.) 

BÉCASSEAU.  Oiseau  de  rivage  du  genre  Tringa.  Voyez 
ce  mot.  (v.) 

BÉCASSIN.  Nom  généralisé  par  Salerne  au  Bécasseau 
et  à  d'autres  oiseaux  du  genre  Tringa.  C'est,  en  Piémont,  le 
nom  de  la  Bécassine;  et  à  Genève,  celui  de  la  Guignette^ 


B  E  C  355 

BÉCASSINE ,  Sc.oîopax.  Genre  de  Tordre  des  oiseaux 
ÉcHASSiERS  et  de  la  famille  des  Hélonomes.  {V.  ces  mots.  ) 
Caractères  :  bec  plus  long  que  la  lêle,  droit,  un  peu  grêle  , 
presque  rond  ,  à  pointe  obtuse  ,  dilatée  ,  ridée  dessus  et  des- 
sous ,  cbez  Toiseau  mort  ;  mandibule  supérieure  sillonnée 
latéralement;  Tinférieure  un  peu  jilus  courte,  avec  un  sillon 
en  dessons;  narines  linéaires,  situées  dans  une  rainure  à  la 
base  du  bec,  couvertes  d'une  membrane;  langue  médiocre, 
filiforme  ,  pointue  ;  tête  un  peu  angulaire  ;  tarses  allongés  ; 
jambes  à  demi-nues  ;  quatre  doigts,  trois  devant,  un  derrière  ; 
les  extérieurs  unis  à  la  base  par  une  très-petite  membrane , 
presque  imperceptible  dans  les  espèces  d'Europe  ;  le  pouce 
mince,  portant  à  terre  sur  le  bout;  l'ongle  postérieur  plus 
long  que  le  doigt  ;  la  première  rémige  la  plus  longue  de 
toutes. 

Les  bécassines  diffèrent  des  bécasses^  non-seulement  par  leur 
genre  de  vie,  mais  encore  en  ce  qu'elles  ont  près  de  la  moitié 
de  la  jambe  dénuée  de  plumes  ,  et  l'ongle  postérieur  plus 
long  ,  moins  aplati  et  presque  pointu.  On  ne  trouvera  ci-après 
que  les  bécassines  proprement  dites.  Quant  aux  autres  oi- 
seaux qu'on  a  classés  dans  le  même  groupe,  voyez  les  genres 
BÉCASSE,  Barge,  Chevalier,  Courlis  et  CHORLrrTE.(v.) 

La  BÉcassi  iSE  proprement  dite  ,  Scolopax  galUnago ,  Lath. , 
pi.  enl.  n."  883  de  VHist.  nat.  de  Buffon.  Cet  oiseau  est  rép^'andu 
dans  l'ancien  continent,  depuis  l'extrémité  du  Nord  jusqu'au 
Japon,  et  dans  le  nouveau,  depuis  la  terre  de  Labrador  jusqu'à 
Cayenne,  et  probablement  encore  plus  au  Nord  et  au  Sud. 
Enfin ,  c'est  celui  de  tous  qui  se  trouve  dans  le  plus  de  pays 
du  monde. 

La  bécassine  se  tient  dans  les. prairies  marécageuses,  dans 
les  herbages  et  les  osiers  qui  sont  sur  le  bord  des  rivières  ; 
elle  s'élève  si  haut  en  volant ,  qu'on  l'entend  encore  lorsqu'on 
l'a  perdue  de  vue.  Son  cri  peut  s'exprimer  par  les  sy!l;;bes 
mée  ^  mée^  mée  ^  qui  paroit  avoir  du  rapport  avec  celui  de 
la  chèvre,  puisque  quelques  persiannes  l'appellent  chèvre 
vohinte ;  elle  jette  aussi,  en  prenant  son  essor,  un  petit  cri 
court  et  siftlé.  En  France  ,  les  bécassines  paroissent  en  au- 
tomne ;  on  les  trouve  presque  toujours  seules ,  quelquefois 
doux  ou  trois  ensemble  ;  elles  partent  de  loin  d'un  vol  très- 
preste  ;  et  api-ès  trois  crochets,  elles  filent  deux  ou  trois  cents 
pas,  ou  pointent  en  s'élevant  à  perte  de  vue.  Elles  s'éloignent 
de  la  France  dans  les  grands  froids,  mais  il  en  reste  dans 
les  marais  abrités  ;  elles  reviennent  au  printemps  en  grand 
nombre,  et  nous  quittent  pendant  l'été;  cependant,  quelques- 
unes  nichent  dans  les  marécages  ;  il  en  reste  un  grand  nombre 
dans    ceux  de  l'Auvergne.   Le  nid  est  placé  à  terre,  sous 


356  BEC 

quelque  grosse  racine  d'orme  ou  de  saule,  dans  les  endroits 
où  le  bélail  ne  peut  parvenir;  il  est  fait  d'herbes  sèches 
et  de  plumes;  il  contient  quatre  ou  cinq  œufs  d'un  ver- 
dâlre  très-clair  et  tachetés  de  centlré  et  de  brun.  Les  petits 
quittent  le  nid  aussitôt  qu'ils  sont  éclos,  et  la  mère  ne  les 
abandonne  que  lorsqu'ils  peuvent  se  suffire  à  eux-mêmes.  Si 
on  la  trouble  pendant  Tincubalion  ,  elle  s'élève  droit  en  l'air 
à  une  grande  hauteur,  en  jetant  un  cri  particulier,  et  elle  des- 
cend ensuite  avec  beaucoup  de  rapidité.  Souvent  le  mâle  , 
tandis  qu'elle  couve,  voltige  autour  d'elle  en  siftlant  ou  jetant 
un  cri,  qu'il  ne  fait  entendre  que  dans  cet  instant.  Elle  donne 
à  sa  tele  un  balancement  horizontal  ,  et  à  sa  queue  un  mou- 
vement de  haut  en  bas;  quand  elle  marche,  elle  porte  la 
lèlc  haute  ,  sans  sautiller  ni  voltiger.  Cette  bécassine  est  ordi- 
nairement fort  grasse  dans  nos  pays  et  dans  le  nord  de 
l'Amérique  ,  mais  beaucoup  moins  dans  les  pays  chauds.  Sa 
graisse  est  d'une  saveur  fine  et  délicate,  qu'elle  n'acquiert 
qu'après  les  premières  gelées.  On  la  cuit  comme  la  bécasse  , 
sans  la  vider,  et  partout  on  la  recherche  comme  un  gibier 
exquis.  Elle  a  environ  dix  pouces  de  longueur,  y  couq^ris  le 
bec  qui  en  a  trois;  la  tcte  est  divisée  par  deux  raies  longitu- 
dinales noires  et  trois  rougeàlres,  dont  une  passe  sur  le  som- 
met et  deux  au-dessus  des  yeux;  le  menton  est  blanc;  le  cou 
varié  de  brun  et  de  rougeAire;  les  scapulaires  sont  agréable- 
ment tachetées  de  noir  et  de  jaune  ;  les  pennes  des  ailes  sont 
noirâtres ,  avec  les  bords  des  premières  et  l'extrémité  des 
secondaires  blancs  ;  ces  dernières  et  le  dos  sont  rayés  de  noir 
et  de  rouge  pâle  ;  la  poitrine  et  le  ventre  blancs  ;  les  couver- 
tures de  la  queue  sont  longues ,  d'un  brun  rougeâtre ,  et  la 
couvrent  presque  en  entier  lorsqu'elle  est  pliée;  celle-ci  est 
composée  de  quatorze  pennes  (la  petite  bécassine  n'en  a  que 
douze  )  noires ,  avec  des  raies  tiansversales ,  d'un  orangé 
foncé  ,  et  quelques-unes  sont  terminées  de  cette  couleur  ou  de 
J)lanc  ;  le  bas-ventre  est  dun  jaune  terne,  et  les  pieds  sonl 
d  un  vert  pâle.  La  femelle  diffère  en  ce  qu'elle  n'a  que  trois 
traits  sur  la  tète.  On  connoil  plusieurs  variétés  ;  les  unes  d'ua 
blanc  pur,  ou  d'un  blanc  roussâlre  ;  d'autres  ne  sont  blanches 
que  sur  quelques  parties;  d'autres  ont  seulement  la  tète  grise 
et  les  pieds  jaunâtres  ;  telle  est  la  scutupnx  galllnaria  de 
Latham  ;  enfin  la  sculopax  belgica  est  encore  de  ce  nombre  j 
elle  a  la  tète,  le  cou  et  la  poitrine  roussâlres;  le  ventre  blanc  j 
le  dos,  les  ailes,  la  queue,  les  pieds  et  le  bec  noirs. 

La  Bécassine  aguatère,  Scolopax  Paragimiiv,  Vieillot,.! 
trois  traits  longitudinaux  et  blanchâtres  sur  la  tête  :  l'un  sur 
le  sommet,  et  les  deux  autres  sur  les  côtés,  au-dessus  des 
yeux  :  re.:pace  qui  les  sépare  est  noir;  une  li^nc  de  wiâuic 


B  E  C  357 

eouleur,  commune  à  l'œil,  s'étend  jusqu'à  la  nuque  ;  une 
autre  traverse  le  luriim^  et  une  troisième,  mais  plus  petite  , 
se  trouve  sur  l'oreille  ;  le  reste  des  côtés  de  la  tele  est  blan- 
châtre -,  le  devant  du  cou  marbré  de  la  mcmc  teinte  et  de 
brun;  la  poitrine  et  le  ventre  blancs;  et  les  côtés,  ainsi 
que  les  couvertures  inférieures  de  la  queue,  sont  variés  de 
brua  et  de  roussâtre  ;  cependant  ces  parties  sont  blanches 
chez  quelques  individus.  I>es  veines  brunes  et  rougeâtres  se 
font  remarquer  sur  Tocciput  ;  le  dessus  du  cou  est  mélangé  de 
noirâtre  et  de  blanchâtre;  les  rectrices  supérieures  des  ailes 
ont  des  raies  transversales  rousses  et  noirâtres  ,  et  sont  ter- 
minées de  blanc  ;  le  dos  présente  un  mélange  de  brun  ,  de 
noir  et  de  blanc  ;  les  pennes  alaires  sont  noirâtres;  les  sca- 
pulaires  noires  et  bordées  de  blanc  roussâtre;  les  huit  pennes 
intermédiaires  de  la  queue  sont  noires  et  variées  de  blanc  et 
de  noirâtre  vers  le  bout;  les  autres  sont  entièrement  cou- 
vertes de  bandes  blanches  et  noires;  la  partie  nue  des  jambes 
et  les  tarses  sont  d'un  vert  flétri;  le  bec  est  noir.  Longueur 
totale,  dix  pouces  deux  lignes.  Cette  bécassine  du  Paraguay  crie 
hère,  hère,,  en  s'élevant  presque  verticalement  à  une  grande 
hauteur,  et  prononce  ku\  ka ,,  lorsqu'elle  est  effrayée.  Son- 
nini  (  traduction  française  de  l'ouvrage  de  M.  d'Azara  )  a 
cru  reconnoitre  la  petite  bécasse  de  l Aniérujue  dans  cette  es- 
pèce ;  mais  celle-ci  a  le  bas  des  jambes  nu,  et  la  bécasse  l'a 
couvert  de  plumes  ;  ce  qui  suffit  pour  ne  pas  les  réunir  ;  en 
outre ,  leur  plumage  n'est  pas  le  même.  V.  BÉCASSE  DES 
États-Unis. 

M.  d'Azara  décrit  une  seconde  bécassine  du  même  pays, 
laquelle  lui  paroît  constituer  une  espèce  distincte  de  la  pré- 
cédente :  en  effet,  il  me  paroît  fondé  ;  car  elle  n'a  que  qua- 
torze pennes  à  la  queue  ,  tandis  que  l'autre  en  a  seize  ;  de 
plus,  elle  a  la  queue  ,  le  vol ,  les  jambes,  la  taille,  le  tarse  et 
le  bec  plus  courts.  Sonnini  l'a  présentée  comme  le  même  oi- 
seau que  la  bécassine  des  savanes.  Les  deux  pennes  du  milieu  de 
la  queue  sont  noires;  les  trois  ou  quatre  suivantes  moitié  de 
cette  couleur  et  moitié  rousses,  avec  un  Irait  régulier  et  noi- 
râtre vers  le  bout  qui  est  blanchâtre  ;  les  autres  sont  cou- 
vertes de  bandelettes  blanches  et  noirâtres  :  le  reste  du  plu- 
mage est  comme  dans  l'espèce  précédente. 

Les  Bécassines  blanches  des  Indes  ,  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  de  la  Chine  et  de  Madagascar.  Ces  oiseau» 
ayant  des  caractères  constans  et  distincts  de  ceux  des  bécas- 
sines, je  les  ai  classés  dans  un  nouveau  genre  ,  sous  le  nom 
de  Chorlitte.  V.  ce  mot. 

La  Bécassine  brune  ,  Scolopax  grisea,  Lath.  J'ai  soi»- 
vcnt  rencontré   cette  espèce  dans  les  Etais-Unisj  où  elle 


358  BEC 

se  tient  sur  les  bords  marécageux  Je  la  mer,  à  l'embouchure 
Jes  rivières  et  dans  les  marais  salés.  Elle  a  le  dessus  de  la  tête 
et  du  cou,  les  plumes  scapulaires,  les  couvertures  supérieures 
des  ailes,  et  les  pennes  secondaires,  d'un  cendré  rembruni 
uniforme;  les  primaires  brunes;  les  intermédiaires  bordées 
et  terminées  de  blanc;  le  dos,  le  croupion,  les  couvertures 
supérieures  de  la  queue  blancs  et  mouchetés  de  noir  ;  les  rcc- 
trices  intermédiaires  grises,  les  autres  blanches  avec  des  ta- 
ches noires  ;  les  sourcils ,  la  gorge ,  le  devant  du  cou  variés 
de  blanc  et  de  brun  effacé  ;  la  poitrine  et  les  parties  posté- 
rieures blanches,  avec  quelques  taches  grises  sur  les  flancs,  et 
des  raies  transversales  brunes  sur  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue;  le  bec  brun  et  noir  à  la  pointe  ,  long  de  vingt- 
trois  lignes  ;  les  pieds  d'un  brun  rougeâtre  ;  les  ongles  noirs; 
le  doigt  intermédiaire  uni  à  l'extérieur  par  une  membrane 
plus  prononcée  que  dans  nos  hérassines^  chez  lesquelles  elle  est 
piesque  nulle  et  nullement  apparente  chez  l'oiseau ,  quelque 
temps  après  sa  mort.  Longueur  totale ,  dix  pouces.  Comme 
l'indiviJu  décrit  par  Latham  et  Pennant  offre  dans  son  plu- 
mage quelques  différences,  il  est  probable  qu'elles  sont  l'effet 
de  l'âge  ou  des  sexes. 

La  Bécassine  à  cul  blanc.  C'est  le  Bécasseau  en  Lor- 
raine. 

La  DOUBLE  Bécassine  ,  Scolopax  média.  Quoique  cet  oiseau 
ait  été  regardé  comme  une  variété  accidentelle  de  la  bécassine^ 
il  me  parojt,  d'après  ses  habiludes,  une  grosseur  de  près 
du  double,  son  cri,  son  vol,  quelques  nuances  même  dans  le 
plumage,  constituer  une  espèce  particulière.  11  part  avec 
peine,  se  fait  suivre  par  les  chiens  comme  le  râle;  son  vol 
est  droit,  assez  mou  et  sans  crochets;  il  ne  se  plaît  que 
dans  les  endroits  où  il  y  a  un  peu  d  eau  claire  et  non  fangeuse. 
.11  est  bien  connu  dans  les  marais  de  la  Picardie;  il  y  arrive 
vers  la  fin  d'aoïlt  et  disparoît  avant  la  Toussaint.  11  est  plus 
commun  en  Provence  et  en  Italie,  où  il  fait  deux  passages, 
le  premier  en  mars  et  avril,  et  le  second  en  septembre  ou 
octobre. 

La  Bécassine  grise,  Scolopax  Içucophœa  ^  \ieill. ,  est 
très-commune  dans  l'état  de  ISew-York.  Son  bec  est  noir 
et  long  de  deux  pouces  trois  lignes;  le  dessus  de  la  tête  et  du 
cou,  le  haut  du  dos,  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  les 
scapulaires  sont  d'un  gris  blanc  tacheté  de  noirâtre;  les  taches 
.sont  petites  sur  la  tête,  peu  prononcées  sur  le  cou  ,  larges  sur 
le  dos  et  sur  les  grandes  rectriccs  ;  le  haut  de  l'aile  est  d'un 
roux  rembruni  ;  les  pennes  sont  noirâtres;  du  blanc  moucheté 
lie  noir  occupe  le  bas  du  dos  et  le  croupion  ;  la  queue  est 
blanche  et  tachetée  de  brun;  la  gorge ,  les  sourcils,  le  devant 


BEC  359 

du  cou  et  la  poitrine  sont  d'un  roux  très-clair,  parsemé  de  pe-' 
tites  taches  noirâtres  sur  les  deux  dernières  parties  ,  sur  les 
ilancs  et  sur  les  couvertures  inférieures  de  la  queue;  le  ventre 
est  blanc  ;  les  pieds  sont  bruns  :  longueur  totale ,  neuf  pouces 
et  demi.  Cette  bécassine  diffère  de  toutes  les  autres  en  ce 
qu'elle  a  le  doigt  intermédiaire  uni  à  l'extérieur  par  une  mem- 
brane qui  se  prolonge  jusqu'au  tiers  de  leur  longueur ,  et  uni 
au  doigt  intérieur  par  une  autre,  mais  seulement  à  la  base. 
La  PETITE  BÉCASSINE  ,  Scolopax  gallimila  ,  Latham ,  pi. 
enl.  884 ,  de  VHist.  nul.  de  Bitffon.  Cette  espèce  se  trouve  en 
Europe  et  dans  le  nord  de  TAmétique,  où  elle  habite  les  ma- 
rais ;  elle  se  cache  dans  les  roseaux  des  étangs  ,  sous  les  joncs 
secs  et  les  glaïeuls  tombés  au  bord  de  l'eau.  11  est  très-difficile 
delà  faire  lever,  il  faut  presque  marcher  dessus;  ce  qui  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  sourde.  Son  vol  est  moins  rapide  et  plus  di- 
rect que  celui  de  la  bécassine  commune;  il  a  moins  de  durée  ,  et 
elle  ne  se  remet  jamais  loin.  Sa  chair  passe  pour  un  manger 
plus  délicat.  Sou  bec  est  long  d'environ  quinze  lignes  ,  d'un 
jaune  sale  à  la  base  ,  ensuite  bleuâtre  et  noirâtre  à  la  pointe; 
le  dessus  de  la  tête  est  noir,  mélangé  de  couleur  de  rouille  ; 
une  raie  jaune  passe  au-dessus  de  l'œil  ;  le  cou  est  varié  de 
blanc,  de  brun  et  de  rouge  pâle  ;  les  plumes  des  côtés  du  dos 
sont  longues,  soyeuses,  brunes  et  bordées  de  jaune  ;  le  crou- 
pion est  d'un  pourpre  bleuâtre  brillant  ;  le  ventre  blanc  ;  les 
grandes  pennes  des  ailes  sont  noirâtres  ;  la  queue  est  com- 
posée de  douze  pennes  brunes  avec  une  teinte  jaune  sur  les 
bords;  les  pieds  sont  d'une  couleur  de  chair  verdâtre.  Le  plu- 
mage des  deux  sexes  est  le  môme.  On  trouve  son  nid  dans 
les  marais.  Sa  ponte  est  de  quatre  ou  cinq  œufs  oblongs  , 
blanchâtres  et  semés  de  taches  roussâtres.  Cette  espèce  habite 
l'Europe  et  l'Amérique  septentrionale. 

La  iJÉCASSliSE  SAKHALINE  ,  Scolopax  saklialina  ^  Vieill. ,  pi. 
85  d'un  ouvrage  russe  publié  par  Sakhalin  ) ,  ^  trouve  en 
Russie.  Elle  a  le  dessus  de  la  tête  ,  du  cou  ,  des  ailes  et  de  la 
queue  d'un  fauve  rougeâtre  varié  d'un  grand  nombre  de  taches 
brunes  ;  le  tour  du  bec  et  la  gorge  blancs  et  bruns  ;  la  poitrine 
*1e  cette  dernière  couleur,  mais  uniforme  ;  les  côtés  du  ventre, 
les  plumes  de  l'anus  et  le  bord  des  grandes  pennes  alaires 
blancs  ;  le  bec  et  les  pieds  bruns. 

La  BÉCASSINE  DES  SAVA^'ES,  Scolopax  paludosa^  Lath. ,  pL 
enl.  de  Buffon,  n.°  8g5,  a  treize  pouces  de  longueur  totale,  et 
est  un  quart  moins  grosse  que  la  bécasse  commune.  Elle  a  le  bec 
long  de  quatre  pouces  environ ,  rougeâtre  dans  les  deux  tiers 
de  sa  longueur,  et  noirâtre  dans  le  reste.  Deux  bandes  noires 
sont  sur  la  tète  et  séparées  sur  le  sommet  par  une  couleur 
1  ou&se  ;  une  troisième  noirâtre  est  soi'  le  lomm  -,  le  dessus  du 


3Go  BEC 

(OU,  les  scapulaircs  et  les  couvertures  des  ailes  sont  varies  <ïe 
roux  et  (le  noir;  les  parties  inférieures  d'un  blanc  roussâtre 
avec  (les  raies  transversales  noires  ,  longitudinales  sur  le  de- 
vant du  cou,  transversales  sur  la  poitrine,  le  ventre  et  les 
flancs  ;  le  haut  de  la  gorge  et  les  plumes  de  Tanus  d'un  blanc 
roussâtre  uniforme  ;  le  dos  et  le  croupion  rayés  en  travers  de 
noirâtre  sur  un  fond  roux  ;  les  couvertures  des  ailes  pareilles; 
les  pennes  primaires  brunes  et  taclielées  de  roux;  les  secon- 
daires rayées  de  noir,  ainsi  (pie  les  rectrices ,  sur  un  fon»I 
roux;  les  deux  intermédiaires  sont  noires  sur  le  bord  exté- 
rieur; les  pieds  bmns.  Cette  espèce  se  trouve  à  Cayenne  ,  où 
elle  fVetjuenle  les  savanes.  Elle  s'y  tient  dans  la  vase  et  dans 
les  herbes  épaisses  et  hautes;  mais  dans  la  saison  des  pluies  y 
elle  se  retire  sur  les  hauteurs  et  y  niche  sur  de  petites  éléva- 
li,)ns,  dans  des  trous  tapissés  d'herbes  sèches.  Sa  ponte  est  de 
deux  eeafs.  Atix  approches  de  la  nuit ,  ces  bécassines  se  rap- 
pellent par  un  cri  de  ralliement  un  peu  rauque  et  assez  sem  - 
Jilable  à  cette  voix  basse  lia,  ka ,  ko,  ka  ,  que  fait  souvent  en- 
tendre la  poule  domestique.  On  m'a  assuré  que  ces  oiseaux 
avoient  la  faculté  de  se  percher  ;  ce  que  je  crois  très-possible, 
vu  qu'ils  ont  le  doigt  posiérieur  Ion;;  de  près  d'un  pouce  et 
Tongle  annié  ;  attribut  ([ul ,  joint  à  la  grosseur  et  à  la  longueur 
tl'i  bec,  ne  permet  pas  de  réunir,  comme  individus  de  la  même 
espèce,  cette  bécassine  et  la  double  /yfWj.w«e  d'Europe,  ainsi 
que  l'a  fait  IM.  Themmincl,  dans  sou  3I,anuel  d'Ornithologie, 
(|:iclques  rapports  que  ces  deux  oiseaux  aient  dans  leurs  cou- 
li'urs,  (pii  néanuu>ins  présentent  encore  des  différences  dans 
la  manier»'  dont  elles  sont  distribuées,  (v.) 

Chasse  (U's  hèrassines. —  La  cliasse  des  bénissines  an  fusil  exige 
quelque  habitude  à  raison  des  détours  et  des  crochets  que  ces 
oiseaux  font  en  s'elevant;  il  faut  les  laisser  filer  sans  se  presser, 
alors  ils  ne^sont  pas  plus  difticiles  à  tirer  que  les  cailles:  ou 
peut ,  d'ailleurs,  k-ur  donner  le  temps  de  hier  loin  ;  car,  pour 
p«'u  qu'un  grain  de  plou>b  les  atteigne,  ils  tombent  aussitôt. 

On  tend  aux  hèrassines,  dans  les  marais  et  les  qTieues  d'é- 
tangs ,  les  pantihcs  et  les  collets.  Le  chasseur  attire  ces  oiseaux 
près  de  lui  en  imitant  leur  voix.  On  emploie  encore,  pour  les 
prendre ,  un  iraiiirau  (ju'un  homme  seul  peut  porter  commo- 
dément, et  avec  lequel  il  parcourt  les  marais  où  il  sait  qu'il  y 
a  des  bccasslncs,  en  portant  sur  le  bras  le  traîneau  à  la  hauteur 
de  trois  pieds;  Ton  bat  de  temps  en  temps  les  broussailles  et 
les  herbages  ;  les  bécassines  s'enlevant  le  bec  en  l'air,  s'eujpé- 
trent  dans  le  filet  qu'on  laisse  tomber,  (s.) 

i3ÉCASSlNE-CUBL\]NE.  Nom  picmoniais  du  Bé- 
casseau, (v.) 

EECASSÎNE  DE  MER.  L'on  trouve  désignées  sous  ce 


BEC  3Gi 

mm,  dans  les  ouvrages  des  navigateurs,  plusieurs  espèces 
d'oiseaux  de  rivage,  tels  que  les  Chevaliers  ou  Pluviers  À 
COLLIER  ,  etc.  (s.) 

15KCASS1SE  DE  MER.  C'est  I'Orphie  espadon,  (b.) 
BÉCASSON.  ISom  vulgaire  que  l'on  donne  en  Provence 
à  In  DOUBLE  JîÉCASSiNE ,  et  en  Normandie  au  Bécasseau.  Sa- 
Icrne  en  fait  aussi  Tapplication  au  Chevalier  À  pieds  rouges. 
C'est,  dans  le  déparlement  de  l'Ain,  le  BÉCASSEAU  ou  CuL- 
BLA>c,  qu'on  appelle  Bécassin  sur  les  rives  de  la   Saône. 

BECASSON  (petit).  On  appelle  souvent  de  ce  nom  la 
GuiGNETTE  dans  le  département  de  l'Ain,  (v.) 

BECASSOUN.  Nom  piémontais  du  Courlis. 

BE(L\SSOUNAT.  Nom  piémontais  du  CoURLiEU.  (v.) 

BECCABUNGA.  Espèce  du  genre  Véronique,  qui  cfoît 
dans  l'eau,  (b.)  . 

BECCACIA.  C'est  la  Bécasse  en  Italie,  (s.) 

BECCA-FICO.  Nom  donné  en  Italie  à  plusieurs  espèces 
d'oiseaux  ,  différentes  du  vrai  Bec-figue.  (s.) 

BECCARD.  Variété  du  Saumon,  (b.) 

BECHARA.  Nom  que  Pallas  donne,  dans  ses  voyages,  au 
r hélicoptère,  (v.) 

BECH\RU.  C'est  ainsi  que  l'on  appeloit  autrefois,  en 
France,  Xc.flummant  o\i  phnnicuplère ^  par  contraction  de  hec  de 
charrue,  à  cause  de  la  forme  du  bec  de  cet  oiseau,  courbé 
comme  le  soc  de  la  charrue,  fs.) 

B  ECHE  ,  PIQUE  -  BROTS  ou  COUPE  BOUR- 
GEONS.  C'est  rÉuilOLPE  de  LA  VIGNE.  (DESM.) 

]>  EC  FI  ET.  Nom  du  B  roch  et.  (b.) 
liECmON.  Synonyme  de  Tussilage.  (B.) 
BECHOT.  Nom  vulgaire  du  Bécasseau  et  de  la  petite 
Bécassine,  (v.) 

BECKEE  ,  Bœckea.  Genre  de  plantes  de  l'octandrie  mo- 
nogynie  etdela  famille  des  cpilobiennes,  dont  les  caraclères 
sont  :  calice  infundibuliforme  à  cinq  dents  ;  corolle  à  cinq 
pétales;  huit  étamines  fort  petites;  ovaire  supérieur  sur- 
monté d'un  style  terminé  par  un  stigmate  en  tète;  capsule  à 
trois  ou  quatre  loges,  contenant  plusieurs  semences,  et 
cachée  dans  le   calice  qui  grossit. 

Ce  genre  est  composé  de  deux  espèces ,  dont  l'une  vient 
de  la^hinc  etl  autre  de  la  Nouvelle-Hollande,  Ce  sont  des 
arbrisseaux  à  feuilles  très-petites,  linéaires,  opposées,  et  à 
{leurs  axjllaires  et   solitaires,  (b.) 

BECKiMANNE  ,  Beckmunnia.  (ienre  de  graminées  établi 
par  Host ,  pour  placer  quelques  Piialarides  et  quelques 
Cretelles  qui  s'écartent  des  autres  ;  se*  caraclères  sont  : 


363  B  E  D 

épillets  unilatéraux,  réunis  trois  par  trois,  dans  les  dents  du 
rachis;  balle  calicinale  à  deux  valves,  inégales  ,  naviculaires, 
onguiculées  à  leur  base  ,  spatulées  à  leur  sommet  ,  assez 
longues  ;  balle  (iorale  à  deux  valves  presque  égales  ;  écailles 
lancéolées,  entières  ,  glabres. 

La  Phalaride  érucoïde  sert  de  type  à  ce  genre,  (b.) 

BECMAPiE.  Geoffroy  a  établi  un  genre  d'insectes  sous  le 
nom  de  hecmare  en  français  ,  et  de  rhinomacer  en  latin ,  au- 
quel il  assigne  pour  caractères  génériques  ,  des  antennes  en 
masse  toutes  droites ,  posées  sur  une  longue  trompe.  Ce  genre 
avoit  élé  confondu  auparavant  avec  celui  de  charanson  et 
celui  àesatic/ahes.  11  a  été  ensuite  séparé  du  premier  genre,  et 
donné  par  presque  tous  les  auteurs  ,  sous  le  nom  dîcUtelahe. 
V.  Attelabe.  (o.) 

BECO.  Nom  picard  de  la  Guignette.  (v.) 

BECO-DE-Pl\ATO.  Nom  portugais  du  Pinson  FRISÉ,  (s.) 

BECONGUILLE.  Racine  qui  vient  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  et  qui  sert  ,  comme  l'ipécacuanha ,  à  exciter  le 
vomissement.  On  ne  sait  pas  positivement  à  quel  genre  de 
plante  elle  appartient,  (b.) 

BECOT.  C'est  \ji petite  bécassine  dans  V Ornithologie  de  Sa- 
Icme.  V.  Bécassine. 

BECQUABOouBICQUEBO. Noms  vulgairesque  porte 
en  Picardie  et  en  Espagne ,  le  Pic  vert.  En  Lorraine,  toutes 
les  espèces  de  pics  se  nomment  hecque-hois  ou  baqucho.  (s.) 

BECOUEBOJS.  V.  Becquabo.(desm.) 

BECQUE  FLEUR.  V.  Colibri.  Cs.) 

BECQUEROLLE,  ou  BOURIÔLLE.  Dénomination 
vulgaire  de  la  petite  bécassine ,  ou  la  sourde  ,  dans  l'Orléanais , 
-suivant  Salerne.  V.  Bécassine,  (s.) 

BECQUETEUR.  V.  Backer.  (s.) 

BECQUILLON.  En  fauconnerie  ,  le  bec  des  jeunes  oi- 
seaux de  proie,  (s.) 

BECTSCHUTSCH.  Les  Kamlschadals  appellent  ainsi 
le  Hareng,  (b.) 

BECUIBA.  Synonyme  de  Ibicuiba.  (f.) 

BECUNE.  Nom  donné  à  un  poisson  qu'on  croit  être 
TEspadon  ,  ou  une  autre  espèce  de  Squ^LÉ  fort  voisine  de 
celle-ci.  (b.) 

BEDARINGL  Nom  arabe  de  la  Mét.isse.  (b.) 

BÉDAUDE.  En  quelques  endroits  de  la  France  ,  on 
donne  ce  nom  à  la  corneille  mantelée.  (s.) 

BEDE.  C'est  une  Génisse  dans  les  dépajteracns  de  l'Ouest. 

(B.) 

BEDEATTD.  Nom  trivial  donné  à  quelques  insectes,  (l.) 


B  E  G  363 

BEDEGUAR.  C'est  une  galle  chevelue ^  qui  est  produite 
sur  les  jeunes  branches  des  rosiers.  Voy.  au  mot  Rosier  ,  au 
mot  Cynips  et  au  mot  Galle,  (b.) 

BEDILLE.  On  appelle  ainsi  le  Liseron  des  champs 
dans  le  Médoc.  (b.) 

BEDOIN.  Le  Mélampyre  des  champs  s'appelle  ainsi 
dans  quelques  lieux,  (b.) 

BEDOUÏDE.  En  Provence,  c'est  la F^r/oi^e.  (s.) 

BEDOUSL  C'est  un  arbrisseau  du  Malabar ,  dont  les 
feuilles  sont  alternes  ,  ovales  ,  épaisses,  et  ont  une  odeur  et 
une  saveur  aromatiques.  Les  fleurs  sont  fort  petites,  inodores  , 
et  viennent  en  bouquets  axillaires.  Elles  ont  un  calice  à  six 
divisions;  six  pétales  ;  beaucoup  d'étamines  ;  un  ovaire  supé- 
rieur, surmonté  d'un  style  simple. 

Les  fruits  sont  des  baies  ovoïdes  à  une  loge ,  qui  renfer- 
ment trois  semences  dures  et  sphériques.  (b.) 

BEDURU.  C'est  le  Polypode  à  feuilles  de  chêne  à 
Ceylan.  (b.) 

BEE-BOCK  ouBEEKBOK  ou  CHEVRE  PALE. Les 
Hollandais  du  Cap  de  Bonne-Espérance  donnent  ce  nom  à 
une  variété  de  l'espèce  de  1' Antilope  nanguer,  dont  le  pe- 
lage est  de  couleur  fauve  claire,  (desm.) 

BEEDELSNOEREN.  Nom  flamand  du  Stravadion. 

(B-) 

BEELZEBUTH.  Singe  d'Amérique  ,  décrit  par  Brisson, 
qui  appartient  au  genre  Atèle.  Ce  n'est  pas  celui  de  Linnœus, 
qui  est  le  giiariba,  et  qui  appartient  au  genre  des  Alouates 
ou  singes  hurleurs.  (DESM.) 

BEEMERLE.  Petit  oiseau  de  la  grosseur  du  chardonneret 
qui  se  trouve  aux  environs  de  Nuremberg  ,  et  qui  est  regardé 
par  le  peuple  comme  un  précurseur  de  la  peste.  Brisson 
soupçonne  que  c'est  le  Jaseur.  (s.) 

BEENA.  Les  Grisons  appellent  de  ce  nom  le  Choucas. 

(s.) 

BEENEL.  Arbre  de  l'Inde,  que  Burmann  rapporte  aux 
Crotons  (Croton  mce/wosj<m),  quoiqu'il  ait  un  fruit  à  quatre 
coques.  On  emploie  ses  racines  ,  cuites  daijs  l'huile  ,  contre 
les  douleurs  de  tête,  (b.) 

BEESHA.  Espèce  de  Bambou,  (b.) 

BEETKLIM.  C'est  la  Baselle.  (b.) 

BÉFARIA.  F.  Bejar.  (b.) 

BEFBASE.  Nom  de  la  Muscade  dans  Avice»ne.  (c.) 

BEFFROI  et  PETIT  BEFFROI.  Noms  sous  lesquels 
on  a  décrit  deux  Fourmiliers.  F.  ce  mot.  (v.) 

BÉGASSE  DES  HAIES  ou  DES  BOIS.  Nom  vulgaire 
de  la  Bécasse  aux  environs  de  Niort,  (v.) 


364  î^  ^^  Tï 

BEGONE  ,  Bégonia.  Genre  de  plantes  à  fleurs  polypéla- 
lées  ,  do  la  monoécie  polyandrie  ,  dont  les  caractères  sont  : 
corolle  à  quatre  pétales  inégaux  ;  beaucoup  d'étamines  dans 
la  fleur  mâle ,  un  ovaire  inférieur ,  à  trois  angles  membra- 
neux ,  dont  un  plus  saillant ,  surmonté  de  trois  styles  bifides 
à  stigmates  globuleux  dans  la  fleur  femelle  ;  capsule  triangu- 
laire ,  à  angles  membraneux,  ailés  et  inégaux,  divisée  inté- 
rieurementen  trois  loges  qui  s'ouvrcnl  par  trois  valves,  cbaque 
loge  renfermant  des  semences  nombreuses,  portées  sur  un 
placcnîa  placé  dans  l'angle. 

Ce  genre  paroit  avoir  des  rapports  avec  les  Sésitves  et  les 
Téïragonelles.  Ilrenferme  trente  à  quarante  espèces,  toutes 
des  parties  les  plus  chaudes  de  l'Inde  et  de  l'Amérique  :  elles 
sont  herbacées  ou  un  peu  frutescentes;  ont  une  tige  plus 
souvent  nue  que  feuIUée  ;  des  feuilles  radicales  ou  caulinaires 
alternes  ,  munies  de  deux  stipules  ,  souvent  obliques 
ou  prolongées  sur  un  des  côtés  de  leur  base  ;  des  pédon- 
cules dichotomes  ,  muUiflores ,  terminaux  dans  les  tiges 
nues  ,  quelquefois  axillaires  dans  les  tiges  feuillées  ,  à  divi- 
sions garnies  de  deux  bractées  souvent  caduques. 

La  plupart  des  be^ones  croissent  dans  les  uïarais  ,  et  leurs 
feuilles  ont  une  acidité  agréable  :  on  les  mange  soit  dans 
l'Inde  ,  soit  en  Amérique  ,  en  guise  d'oseille  :  on  les  appelle 
même  osei//e  sauvage  ,  dans  les  colonies  françaises,  (b.) 

BEGUAN.  Nom  donné,  par  les  habitans  des  pays  où  se 
trouve  I'Iguane  vulgaire,  aux  bézoards  qu'on  trouve  quel- 
quefois dans  leur  estomac,  (b.) 

B  EGUE.  Nom  que  Ton  donnoit  autrefois  à  la  Mouette 
CENnilr.E.  (v.) 

BEGUIL.  Fruit  d' /Afrique  qji'on  croit  appartenir  à  une 
nouv(;lle  espèce  d'ARBOUsiER.  (b.) 

BEIiE3I{)TH.  Les  curieux  ont  long-temps  disputé  pour 
savoir  quel  animal  Job  avoit  voulu  désigner  par  ce  terme. 
"  Yoici ,  est- il  dit  {rJiap.  XL,  v.  lo  cf  serj.)^  le  béhémolb 
•'  que  j'ai  créé  avec  toi  ;  il  vivra  de  foin  comme  le  bœuf;  sa 
«  vigueur  est  dans  ses  reins  ,  et  sa  force  repose  dans  le  nom- 
«  bril  de  son  ventre.  Il  durcit  sa  queue  comme  un  cèdre  :  les 
«  nerfs  de  ses  testicules  sont  entrelacés.  Ses  os  sont  comme 
«  des  tuyaux  d'airain,  et  ses  cartilages  ressemblent  à  des 

«  lames  de  fer Il  dort  à  l'ombre  ,  caché  entre  les  roseaux 

n  et  dans  les  lieux  humides.  Les  ombresfavorisent  sa  retraite, 
f<  elles  saules  du  torrent  l'environneront.  Levoilà  qui  boira  le 
<f  fleuve  ,  et  n'en  sera  point  étonné  :  il  espère  que  le  Jourdain 
"  s'engloutira  dans  sa  gueule  ,  etc.  »  Dans  le  même  chapitre, 
il  est  parlé  d'une  autre  béte  aquatique  terrible  ,  appelée  lé~ 
vioilmn. 


B  E  I  36â 

On  a  cru  retrouver  Vliippoputame  dans  le  hclièmoth;  telle 
a  été  ropinloii  de  Bochart,  de  Scheuclizer ,  de  Franzius  ,  et 
d'autres  auteurs  qui  ont  essayé  de  reconnoîlre  les  objets  d'his- 
toire naturelle  dont  parle  TAnclen  Testament. 

On  rencontre  en  effet  Vliippoputame  dans  les  fleuves  de 
l'Afrique  ,  et  11  a  probableracnt  fréquenté  les  rivières  de  Tldu- 
niée,  lorsque  ce  pays  conîonoit  peu  d'habilans.  On  sait  que 
ce  quadrupède  colossal  vit  d'herbes  cl  de  joncs ,  qu'il  se  lient 
caché  dans  les  lieux  aquatiques  entre  les  roseaux.  Ses  dcnls 
sont  grandes  et  fortes  ;  leur  dureté  et  leur  blancheur  les  ren- 
dent plus  précieuses  que  l'ivoire.  Cet  animal  est  doux  et  tran- 
quille ;  il  se  tient  en  troupes  ou  plutôt  en  familles  ,  et  sort 
pendant  la  nuit  pour  chercher  sa  pâture.  Sa  taille  est  un  peu 
moindre  que  celle  de  l'éléphant  ;  sa  queue  n'a  guère  qu'un 
pied  de  longueur  ,  ce  qui  ne  se  rapporte  pas  trop  avec  le  récit 
de  Job.  Au  reste,  une  description  poétique  ne  doit  pas  res- 
sembler à  l'exact  et  laborieux  examen  d'un  zoologiste.  Peut- 
être  le  béhémolh  désigne-t-il  aussi  le  rhinocéros ,  puisque  Job 
semble  désigner  les  replis  de  la  peau  du  ventre,  f.  ii.  Ou 
est  convenu  que  le  lé^iathan  étoit  un  crocodile  ;  cependant  o]^ 
peut  tout  aussi  bien  le  rapporter  à  la  baleine. 

Voyez  Tariicle  Hippopotame.  D'autres  ont  pensé  que  le 
béhénioth  étoil  la  vache  marine  ou  le  morse  ;  mais  cet  animal  ne 
se  trouve  que  dans  le  Nord,  (vihey.) 

JBEHEN.  C'est  le  nom  de  plusieurs  racines  ,  que  l'on  dit 
propres  à  fortifier,  à  engraisser,  à  augmenter  la  semence. 
Tournefort  a  rapporté  du  Levant  les  graines  d'une  des  plantes 
qui  fournissent  le  hehen ,  et  elles  ont  produit  à  Paris  la  Cets"- 
TAUREE  BEHEN".  flyde  ,  dans  son  ouvrage  sur  la  religion  des 
Perses  ,  donne  la  figure  d'une  autre  espèce  ,  qui  est  la  Yalé- 
'RIA^'E  TyOUGE  ,  ou  du  moins  une  plante  fort  voisine. 

On   appelle   aussi  Beheî^-  blanc  ,  le  cucubalus  behen  ,   et 
Behen  «ouge,  le  sfaflce  llmonliim ,  Linn.  (b.) 
BEHMEN,  BEHEN  BLANC,  r.  Cucubale.  (b.) 
BEHMEN  ACKMAR,  BEHEN  BOUGE.  V.  Staticé 

(B.) 

BEHORS.  C'est,  dans  l'Orléanais,  le  nom  du  Butor. (v.) 

BEHBEE.  Nom  d'un  oiseau  deproie  desIndes  Orientales, 
que  Latham  a  classé  parmi  les  Fauco>;s.  V.  ce  mot.  (v.) 

BEL\HALALEN.  Daléchamps  nous  apprend  que  c'est 
le  nom  de  la  Joubarbe  des  toits  en  Arabie,  (b.) 

BEIDELSARouBEID  EL  OSSAR.  Espèce  d'AscLÉ^ 
PIADE,  dont  on  fait  beaucoup  d'usage  en  Afrique  contre  la 
iiè vvif  j_  ç'.  ïurlo'-it  çoîit;;e  la  morsiirt;  dçs  bêtf.s  veninieuses.  Les 


366  B  E  J 

nègres  emploient  aussi  le  suc  caustique  qui  découle  des  bles- 
sures que  l'on  fait  à  sa  racine  ,  pour  ronger  leurs  boulons  ga- 
leux ou  vénériens.  Les  aigrettes  de  ses  semences  servent  à 
faire  des  matelas  et  se  substituent  à  l'amadou.  On  ne  sait 
pas  bien  positivement  si  cette  espèce  est  connue  des  bota- 
nistes :  seroit-ce  l'Asclépiade  géante  ?  (b.) 

BEIL3TEIN,  de  Werner,  ou  Pierre  de  hache.  Foy: 
Jade.  ;pat.) 

BEJAR  ,  Bejatia.  Genre  de  plantes  de  la  dodécandrie  mo- 
nogynie  ,  et  de  la  famille  des  Rhodorac.ées,  dont  les  carac- 
tères consistent  en  un  calice  d'une  seule  pièce  ,  divisée  en 
sept  parties  ;  sept  pétales  oblongs,  insérés  entre  l'ovaire  et  le 
calice  ;  quatorze  étamines,  dont  sept  alternes  ,  plus  courtes  , 
velues  dans  la  partie  Inférieure  de  leurs  filamens  ;  un  ovaire 
supérieur  ,  arrondi,  chargé  d'un  style  persistant ,  décliné, 
à  stigmate  en  tête  ,  à  sept  lobes  ;  une  capsule  globuleuse  à 
sept  valves,  à  sept  loges  formées  par  le  rebord  rentrant  des 
valves,  et  qui  ont  à  leur  centre  un  axe  dilaté  à  son  sommet , 
et  divisé  en  sept  lobes. 

Ce  genre  comprend  plusieurs  espèces  ,  dont  une  ,  le  Bejar 
À  grappes,  figuré  dans  les  Plantes  des  jardins  de  Cels,  de  Vente- 
nat,  tab.  5i  ,  et  dont  j'ai  cultivé  un  grand  nombre  de  pieds 
en  Caroline,  se  trouve  actuellement  dans  les  jardins  de  Paris. 
C'est  un  arbrisseau  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  grappes 
terminales  fort  longues  ,  '  à  fleurs  d'un  blanc  rougeàtre  , 
d'une  odeur  foible  mais  suave,  et  qui  se  succèdent  pendant 
une  partie  de  l'été  ;  les  feuilles  sont  alternes,  éparses  ,  ovales, 
velues  en-dessous  ;  leurs  pédoncules  sont  très-longs  et  velus. 
Cet  arbuste  est  amer  dans  toutes  ses  parties  ,  et  peut  servir 
à  orner  les  bosquets  dans  lés  parties  méridionales  de  la 
France.  On  le  trouve  dans  la  Floride  et  le  Mexique.  C'est 
par  erreur  d  Impression  que  ce  genre  a  été  appelé  jusqu'ici 
Béfaria.  (B.) 

BEJAUNE  {Fauconnerie).  Oiseau  niais,  ou  sortant  du 
nid,  qui  ne  sait  encore  rien  faire  :  ce  terme  vient  de  ce  que 
les  très-jeunes  oiseaux  de  proie  ont  le  bec  Jaune  ;  il  est  au 
figuré  le  synonyme  dé  l'ignorance,  (s.) 

BEJUCO,  Hippocrafea.  Genre  de  plantes  de  la  thandrie 
monogynie  ,  et  de  la  famille  des  hippocraticées  ,  dont  les 
caractères  sont  :  un  calice  d'une  seule  pièce  ,  coloré  ,  caduc  , 
divisé  en  cinq  parties;  cinq  pétales  plus  petits  que  le  calice, 
concaves  à  leur  sommet  ;  trois  élamiues  delà  longueur  de  la 
corolle  ,  et  dont  les  filamens  sont  élargis  à  leur  base  ;  un 
ovaire  supérieur  ,  ovale  ,  surmonté  par  un  style  simple  et  nn 
stigmate  obtus;  trois  capsules  obtuses,  ou  un  pou  en  cœur  , 


A.  zo  . 


j  .  Hnrit/if,-     y:,„/,r,r  . 

■j.  /\,r /„„,/,''    r.'.nr/'.-  . 

,'5.  /\ff<'//ui//<'   i'i>/i,'  -i/o/iZ/r/- 

^.  /')i-/c/n/i/7i'     it>//<'  ■irii/ii  ■ 


(>' .      /tiii-i'/'/t     //><>//•('  ■ 
7.       /'.„//.■     ,u„,.,.a/.-  . 


s  K  L  3^7 

comprimées,  uniloculalres  et  bivalves,  renfermant  environ 
cinq  semences ,  munies  chacune  cl'une  aile  membraneuse. 

Ce  genre  contient  six  à  huit  espèces.  La  plus  connue  est 
le  Bejuco  grimpatst  ,  dont  les  tiges  sont  sarmcntouses  ,  les 
feuilles  opposées  ,  ovales  ,  lancéolé  es ,  dentées  en  leurs  Lords, 
et  les  Heurs  petites ,  disposées  en  corymbes  axillaires.  On 
n'en  tire  aucune  utilité. 

L' AîSTHODON  de  la  Flore  du  Pérou  s'en  rapproche  beaucoup, 

(B.) 

BEKKER-EL-WASH  ou  Bœuf  samage.  Nom  arabe  de 

l'A NTILOPE  BUBALE.   V.  ce  mOt.  (DESM.) 

BELA-AYE  ou  BELAHE.  Arbre  dioïque  à  feuilles  tri- 
foliées ,  naturel  à  Madagascar ,  et  dont  l'écorce ,  en  même 
temps  aromatique  et  amère,  est  d'mi  grand  usage  en  méde- 
cine. On  l'emploie  aussi  en  place  de  Houblon,  (b.) 

BEL-ADAMBOE.   On  croit  que  c'est  le  Munchausie. 

(B.) 

BELA-MODAGAM.  On  croit  que  c'est  une  espèce  de 
Sc^VOLE.  (b.) 

BELA  POLA.  Plante  du  Malabar,  qui  paroît  fort  voi- 
sine de  I'Angrec  écrit,  (b.) 

BELA  SCHORA.  Il  est  probable  que  c'est  une  variété 
de  la  Calebasse,  (b.) 

BELAM-CANDA.  Nom  malabar  de  la  Morée  de  la 
Ciii>;e.  (b.) 

BELAME.  Espèce  de  Clupée  À  bec  de  la  mer  Rougé.  (b.) 
BELBUS.  En  latin  moderne  ,  c'est  la  Hyètsîe.  (s.) 
BELÉM-CANDA.  Voyez  MoRÉE  de  la  Chine  et  Par- 
danthe.  (b.) 

BÊLEMENT.  C'est  le  cri  des  Moutons  et  des  Chèvres. 

BELEMNITE ,  Beîemnites.  Genre  de  coquille ,  dont  les 
caractères  sont  d'être  mulliloculaire,  droite  ,  en  cône  allongé, 
pointue,  pleine  au  sommet,  et  munie  d'une  gouttière  latérale; 
d'avoir  une  seule  loge  apparente  dans  la  plupart  des  espèces  , 
les  anciennes  ayant  été  successivement  effacées  par  la  conti- 
guïté et  l'empilement  des  cloisons.  V.  pi.  A.  20,  la  fig.  de  deux 
espèces. 

Les  coquilles  de  ce  genre  s'appellent  aussi  orthocératites  ^ 
et  ne  se  sont  encore  trouvées  que  fossiles.  C'est  dans  les  rnon- 
tagnes ,  qu'on  appelle  de  seconde  formation  ,  qu'on  les  ren- 
contre le  plus  fréquemment  ;  mais  elles  se  trouvent  ausii 
pans  les  pays  à  couches  ,  même  daxis  les  craies. 


368  *         B  E  L 

Presque  toute» les  Bélemnîtes  sont  coniques,  et  ont  à  leur 
base  une  cavité  également  conique  ,  accompagnée  d'une  fente 
plus  ou  moias  longue  ,  plus  ou  moins  large  ,  et  souvent  obli- 
térée, de  manière  à  être  réduite  à  une  simple  gouttière  longi- 
tudinale ;  quelquefois  elles  sont  partagées  intérieurement  en 
un  grand  nombre  de  cavités  par  des  diaphragmes  parallèles  , 
et  traversées  par  une  tubulure  qui  va  jusqu'à  leur  pointe  ; 
quelquefois  elles  n'ont  pas  celte  tubulure  ,  et  alors  elles  Sont 
appelées  TulaxoJe  par  Guetlard. 

On  a  beaucoup  disserté  sur  les  BélemnHcs;  aujourd'hui  on 
convient  généralement  qu'elles  ont  eu  la  même  organisation 
que  les  ammow'/« ,  mais  que  l'animal ,  au  lieu  d'augmenter 
sa  coquille  à  des  époques  déterminées  ,  et  de  former  des 
chambres  destinées  à  rester  successivement  vides,  remplissolt 
le  fond  de  la  cavité  où  il  étolt  logé  ,  en  même  temps  qu'il  Tal- 
longeolt  par  son  bord  supérieur.  Cette  explication  satisfait 
assez  bien  aux  données  que  fournit  l'observation.  Quant  aux 
bélemnites  qui  'ont  des  chambres  ,  leur  formation  est  absolu- 
ment la  même  que  celle  des  Ammonites.  V.  ce  mot, 

lîeudant  a  fait  imprimer,  dans  les  Annales  du  Muséum  ,  un 
Mémoire  où  il  cherche  à  reproduire  l'opinion  que  les  bélem- 
nites sont  des  pointes  d'oursins  ;  il  in«llque  des  espèces  qui 
semblent  le  prouver  par  la  disposition  en  cône,  ravonnée  dans 
la  partie  opposée  à  la  pointe,  ou  par  la  disposition  obtuse 
et  pllssée  de  la  pointe.  La  question  ne  m'a  pas  paru  ré- 
solue par  ce  mémoire. 

Quelques  personnes  ont  prétendu  que  les  bélemnUcs  n'é- 
toleut  que  le  .moule  intérieur  de  la  coquille;  mais  on  peut 
opposer  à  leur  opinion  ,  que  souvent  on  trouve  des  vermis- 
seaux marins,  et  d'autres  coquilles  attachées  à  leur  surface  : 
il  est  peu  de  cabinets  qui  ne  mettent  ce  fait  en  évidence. 

Comme  on  ne  connoît  pas  encore  de  vérilabh.'S  bélemnites 
yii'unels,  il  est  difficile  d'établir,  même  des  conjectures  ,  sur  la 
forme  de  l'animal  qui  les  habltoit.  Il  devolt  avoir  un  prolon- 
gement qui,  passant  dans  la  tubulure,  s'attachoit  au  fond 
de  la  coquille  ;  la  fonte  de  la  partie  antérieure  indiquequelques 
rapports  avec  la Jlssurelle.  Quel  que  fût  cet  animal,  il  fallolt 
qu  il  eût  une  grande  masse  ou  une  grande  force  pour  traîner 
une  coquille  aussi  pesante  que  la  sienne,  ou  qu'il  restât  à 
la  place  où  il  élolt  né,  ou  du  moins  s'écartât  peu.  11  n'est 
donc  pas  étonnant  que  ,  vivant ,  comme  on  le  suppose  , 
dans  la  profondeur  des  mers  ,  il  ne  soit  pas  encore  tombé 
entre  les  mains  des  naturalistes,  Uorthorère  radis ,  trouvé 
dans  la  Méditerranée ,  qui  en  approche ,  est  déjà  un  achemi- 
nement pour  espérer  de  le  connoitre  un  jour. 


]^  K  L  363 

Les  bèhmnites  se  rencontrent  dans  un  très -grand  nombre 
de  contrées  de  l'Europe  et  des  autres  parties  du  monde  ;  elles 
sont  ordinairement  entbuies  dans  des  schistes ,  dans  des  ar- 
giles, dans  des  ocres,  ou  engagées  dans  des  marbres,  des 
pierres  calcaires  argileuses.  On  en  voit  souvent  qui  sont  trans- 
formées en  fer  ou  en  pyrite,  et  même  en  agate.  Leur  volnme 
varie  infiniment  ;  on  en  connoît  depuis  quelque^  pouces  jus- 
qu'à une  demi-toise  de  long. 

Knorr  ,  dans  son  bel  ouvrage  sur  les  fossiles ,  en  a  décrit 
douze  espèces  ,  et  Sage,  pareil  nombre  ,  dans  un  mémoire 
inséré  dans  le  Joi/mo/  de  F/iysiçue.  Les  oryctographes  en  ont 
fait  figurer  une  bien  plus  grande  quantité,  qu'il  est  impossible 
-de  caractériser  faute  de  descriptions  méthodiques.  Les  genres 
Thalamule  ,  Pac'lite,  Amîmo>e  ,  AcAME,  Ceto- 
<:iNE,  HiBOLiTE,  Pouodhagxje",  avoicnt  été  confondus 
avec  celui-ci ,  et  en  ont  été  séparés  parDenys  Montfort.  (b.) 

BEL-ERtCU.  Nom  malabar  de  ry\scLÉPiADE  géante, 
dont  on  mange  les  feuilles,  (b.) 

BELETTE.  Petit  mammifère  carnassier,  de  l'ordre  des 
carnivores  digitigrades  et  du  genre  des  Martes.   F.  ce  mol. 

BELETTE  DU  BRÉSIL.  On  a  quelquefois^^désigné 
sous  ce  nom  ,  l'espèce  de  Glouton  de  l'Amérique  méridio- 
nale, que  l'on  a  long-temps  placé  dans  le  genre  des  Martes 
sous  le  nom  de  GiJera  ou  Tûlm  {Mustcfa  Earhara^  (iniel.)! 
Buffon  l'a  décrit  sous  le  nom  de  grande  marie  de  la  Guyane^ 
et  d'Azara  sous  celui  de  grand  Furet,  (^desm.) 

BELETTE  D'EAU.  Nom  que  Ton  donne  quelquefois  au 
mink  ou  putois  des  rivières  du  Nord,  Mustela lutreola ,  Linn.) 
V.  Martes,  (desm.) 

BELETTE  DE  JAVA.  Petit  quadrupède  carnassier,  du 
genre  des  Martes  ,  qui  habite  lîle  de  Java  ,  où  il  porte  , 
selon  Séba,  le  nom  de  Ruger-Angan.  11  est  brun  en  dessus, 
plus  foncé  sur  la  tête;  le  bout  de  sa  queue  est  noirâtre.  Buf- 
fon ayoit  cru  pouvoir  rapprocher  celte  espèce  de  celle  du 
\ansire.  M.  Frédéric  Cuvier  pense,  au  contraire,  qu'il  con- 
viendrolt  mieux  de  la  regarder  comme  ne  différant  pas  de 
celle  de  l'hermine,  (desm.) 

BELETTE.  C'est  ainsi  que  les  Espagnols  du  Paraguay  et 
de  Montevideo  appellent  le  Sarigue  à  longs  poils  ,  suivant 
d'Azara.  (s.) 
BELETTE.  Poisson  du  genre  Blennie.  (b.) 
BELIER.  Mâle  de  la  breUs.  V.  Mouton,  (desm.) 
BELIER  DE  ÎMONTAGNE,  Om  cemna.  Quadrupède 
très -remarquable,   découvert  depuis  peu    de  temps  dans 
m.  a  'î 


370  B  K  L 

l'Amérique  septerUrionale,  et  qulréunîtlatêteelles  cornes  du 

bélier  au  corps  élevé  et  svelie  du  cerf.  V.  Mouton,  (de.sm.) 

BELIGANA,  C'est  la  Yigne  sauvage  aux  environs  de 
Montpellier,  (b.) 

BELILLA.  Arbrisseau  figuré  par  Rheed,  et  qui  appartient 
au  genre  des  Gardènes.  (b.) 

ÉELINGÈLE.  Un  des  noms  de  I'Aubergine.  (b.) 

BELIPATH^GAS.  Les  habitans  de  Ceylan  appellent 
ainsi  la  Ketmie  a  feuilles  de  peuplier,  (b.) 

BELÏS,  Belis.  Genre  établi  par  R.  Brown ,  mais  qui  ne 
paroît  pas  suffisamment  distinct  des  CELAC^;ÉES.  (b.) 

BELLADONE  ,  Atmpa.  Genre  de  plantes  de  la  pentan-r 
drie  monogynie ,  et  de  la  famille  des  solanécs,  dont  les  ca^ 
ractères  consisten  ent  :  un  calice  d'une  seule  pièce,  persistant, 
à  demi-divisé  en  cinq  découpures  pointues;  une  corolle  cam- 
panulée  ,  à  limbe  ventru ,  et  partagé  en  cinq  lobes  presque 
égaux:  cinq  étamines;  un  ovaire  supérieur,  ovoïde  ,  surmonté 
d'un  style  un  peu  incliné  ,  terminé  par  un  stigmate  en  tcle  ; 
une  baie  globuleuse ,  entourée  à  sa  base  j>ar  le  calice  ,  et 
divisée  intérieurement  en  deux  loges ,  renfermant  cbacune 
plusieurs  semences  ovales  ou  réniformes  ,  attachées  à  un 
placenta  charnu  ,  ou  simplement  nichées  dans  la  pulpe. 

Ce  genre  est  composé  d'une  douzaine  d'espèces,  dont  trois 
d'Europe.Deux  de  celles  de  ces dernièressontcélèbres;  savoir: 
la  Belladone  sans  tiges  ,  ou  la  Mandragore  ,  yltropa 
mandragora,  Linn.  (F.  ce  mot.),  et  la  Belladone  vulgaire, 
ladona,  Linn, 

Les  caractères  de  la  première  sont  d'être  sans  tiges  ,  et; 
d'avoir  les  pédoncules  uniflores.  Ceux  de  la  seconde  sont 
d'avoir  la  tige  herbacée  et  les  feuilles  ovales  et  entières. 

Quelques  botanistes,  d'après  la  considération  du  fruit  et 
du  calice,  tirent  trois  autres  genres  de  celui-ci,  sous  les  "noms 
de  Mandragore  ,  de  Nicandre  et  de  Saraquiek.  F.  ces 
mots,  (b.) 

La  Belladone  baccifère  ou  vulgaire  ,  qii'oh  appelle 
aussi  morelle  mortelle ,  est  une  plante  qui  a  des  propriétés  per- 
nicieuses. Ses  baies  sont  un  violent  narcotique  qui  cause  le 
délire  ,  l'assoupissement  et  la  mort.  Plusieurs  personnes , 
et  particulièrement  des  enfans  ,  en  ont  été  empoisonnées.  11 
.ne  faut  donc  jamais  admettre  cette  plante  dans  les  jardins,  ni 
même  la  souffrir  dans  le  voisinage  des  habitations.  IJno 
multitude  d'exemples  funestes  que  nous  pourrions  rap- 
porter, ne  laissent  aucun  doute  sur  les  dangers  de  la  hella- 
done.  Les  symptômes  qu'elle  occasione  dans  ceux  qui  ont 
imprudemment  goûté  de  ses  fruits,  sont  d'abord  une  ivresse 
complète,  un  délire  profond,  une   soif  inextinguible,  aes 


B  F.  r.  3^, 

efforts  considérables  pour  vomir,  auxquels  succèdent  des  ac- 
cès de  fureur,  des  serremens  de  dénis,  accompagnés  de 
convulsion  dans  les  muscles  de  la  mâchoire  ;  les  paupières 
restent,  ouvertes  ,  et  l'ouverture  de  la  pupille  n'est  plus  sus- 
ceptible de  dilatation  ni  de  contraction  ;  après  ces  premiers 
symptômes ,  on  voit  bientôt  se  manifester  des  convulsions  gé  - 
nérales  dans  tous  les  muscles  du  corps;  la  face  devient  rouge 
et  gonflée  ,  la  déglutition  ne  peut  plus  se  faire  ;  il  survient 
une  agitation  extrême  qui  se  termine  bientôt  par  un  som- 
meil profond  et  léthargique  ,  accompagné  de  soubresauts 
dans  les  tendons  ;  le  visage  pâlit ,  les  extrémités  se  refroi- 
dissent ,  le  pouls  devient  petit ,  dur  et  prompt ,  et  enfin  le 
malade  périt.  L'ouverture  des  cadavres  a  fait  voir  des  in- 
flammations et  des  érosions  dans  l'estomac  et  les  intestins  ; 
le  foie  et  le  mésentère  endatiimés;  tous  les  viscères  de  l'ab- 
domen complètement  gangrenés;  un  sang  noir  et  putride  dans 
les  gros  vaisseaux  ;  des  épanchemens  d'une  humeur  séreuse 
et  acre  dans  les  cavités  ,  etc. 

Après  avoir  donné  une  idée  des  funestes  effets  de  ce  ter- 
rible poison ,  il  convient  d'indiquer  le  traitement  qui  a  été 
employé  avec  le  plus  de  succès  pour  le  combattre.  La  pre- 
mière Indication  à  remplir,  est  de  vider  l'estomac  autant 
qu'il  est  possible,  au  moyen  de  trois  ou  quatre  grains  de  tartre 
émétique  ;  mais  comme  un  des  effets  de  ce  poison  est  d'en- 
gourdir l'estomac  au  point  de  le  rendre  insensible  à  l'action 
de  tout  remède ,  on  ne  pourra  y  réussir  qu'en  chatouillant 
en  même  temps  le  gosier  avec  les  barbes  d'une  plume  trem- 
pée dans  l'huile.  Aussitôt  que  le  vomissement  paroît,  on  fait 
avaler  au  malade  nne  grande  quantité  d'eau,  à  laquelle  on 
ajoute  un  quart  de  vinaigre  et  quelques  cuillerées  de  miel,  et 
on  continue  de  lui  en  donner  jusqu'à  ce  que  tous  les  accidens 
aient  absolument  disparu.  On  joint  à  ces  secours,  des  lave- 
mens  faits  avec  une  décoction  de  plantes  émollientes ,  et  on 
les  rapproche  le  plus  qu'il  est  possible,  (d.) 

Les  feuilles  de  helladone,  écrasées  et  appliquées  extérieure- 
ment en  cataplasme,  sont,  dit-on,  calmantes  et  résolutives. 
On  ne  doit  pourtant  en  faire  usage  qu'avec  beaucoup  de  pré- 
caution. Malgré  le  poison  qu'elles  renferment,  on  en  retire 
un  suc  ou  une  eau  distillée  ,  dont  les  dames  ,  en  Italie  ,  se 
servent  pour  blanchir  la  peau.  C'est  ce  qui  lui  a  fait  donner 
le  nom  de  belladone  ou  belle- dame.\Oix  extrait  aussi  de  ses  fruits, 
avant  leur  maturité,  par  la  macération,  une  très-belle  cou- 
leur verte,  qui  est  employée  par  les  peintres  en  miniature. 

Le  docteur  Himly  vient  de  publier  une  brochure,  dans  la- 
quelle il  recommande  l'extrait  de  belladone  pour  faciliter, 
par  la  paralysie  qu'il  procure,  l'opération  de  la  cataracte.  11 


372  BEL 

rindlque  comme fournîssani  unmoycn  sAr<îe  voir  si  latacî;e  cS't 
adhérente  ou  non  à  l'iris,  et  de  juger  de  sa  qualité.  Ce  remède 
produit  des  effets  qui  peuvent  passer  comme  miraculeux;  car 
dans  quelques  cas  d  obscurcissement  de  la  cornée,  il  rétablit 
la  vision  ,  par  la  dilatation  souvent  considérable  de  la  pupille: 
mais  il  est  dangereux  dans  son  emploi,  et  son  application  doit 
être  dirigée  par  des  gens  de  larl.  (b.) 

BELLADONE.  Nom  spécifique  de  TAmaryllis  a 

FLEURS    ROSES.  (B  ) 

BELLAN.  C'est  la  Pimprenelle  épi>;euse.  (b.) 
BELLAN-PATSLV.   Plante  figurée  par  Rhced,  et  que 
Llnnœus  rapporte  au  Lycopode  penche,  (b.) 

BELLAKDIE  ,  Bellardiu.  Genre  de  plantes  établi  par 
AHionl ,  pour  placer  la  (^ocrète  trixage  ,  qu'il  a  trouvée 
différer  des  autres.  11  lui  donne  pour  caractères  :  un  calice 
bilabié  ,  à  lèvre  supérieure  bifide  et  Inférieure  entière  ;  une 
corolle  à  lèvre  Inférieure  Irlfide  avec  la  division  intermédiaire 
plus  grande  ;  une  capsule  ovale,  biloculalre  ,  bivalve  et  poly- 
sperme. 

Ce  nom  a  aussi  été  donné  au  I'ontaîje.  (b.) 
BELLE-DA:ME.  On  a  ainsi  nommé  le  Papillon  du  char- 
don ,  P.  cardui ,   Linn. ,  à  cause  de  l'élégance  de  sa  parure. 

V.    ISyMPHALE  du  CiLXRDON.   (L.) 

BELLE-DAME.  C  est  la  Belladone  vulgaire  et  TAb- 

ROCIIE  DES  JARDINS.  (B.) 

BELLE-DAxMEDES  ITALIENS.  C'estrAMARYLLLSÀ 

FLEURS  ROSES.  (B.) 

BELLE-DE- JOUR.  C'est,  pour  les  jardiniers,  le  Lise- 
ron À  TROIS  COULEURS.  (B.) 

BELLE  D'UN  JOUR.  Nom  vulgaire  de  riîÉMÉROCALLL 
et  de  l'AsPUODÈLE  ,  dans  quelques  cantons,  (b.) 

BELLE-DE-NUrr.  Dans  plusieurs  cantons  de  France, 
c'est  la  RoussEROLE.  (s.) 

BELLE-DE-NUIT.  Nom  vulgaire  des  Nictages.  (b.) 
BELLK  DE  VITRY.  Variété  de  Pèche,  (b.) 
BELLENDÈNE  ,  Bellendenci.  Genre  de  plantes  établi  par 
R.  Brown  ,  mais  qui  ne  paroit  pas  suffisamment  distingué  des 

PROTÉS.  (b.) 

BELLE  PUCELLE.  Nom  vulgaire  de  la  Renoncule  des 
champs,  (b.) 

BELLÈQUE.  L'une  des  dénominations  vulgaires  de  la 
Foulque  en  France  ,  suivant  Belon. 

Cet  oiseau  porte  le  même  nom  en  Suisse  ,  ainsi  que  ceux 
de  belrh  et  de  helrhinen.   F.FoULQUE.  (s.) 
^    BELLERIS  ou    BELLEREGL    Sorte  de  Mirobolan. 

(B.) 


B  E  T,  373 

BELLÉROPHE,  Bellerophus.  (icnre  de  Coquille  établi 
par  Dcnys  Monlfort  aux  dépens  des  Nautiles,  dont  il  diffère 
par  une  ouverture  très-évasée  sur  les  côtés. 

La  coquille  qui  sert  de  type  à  ce  genre  avoit  d'abord  été 
appelée  Â'asulite  par  l'auteur.  Elle  a  jusqu'à  trois  pouces 
de  large.  On  la  trouve  dans  les  marbres  du  duché  de  Ju- 
lie rs.  (b.) 

BELLEVALIE,  Belleonlla.  Genre  établi  par  Lapeyrouse, 
dans  le  Journal  de  P/iys/r^ue,  année  1808.  11  diffère  des  ja.- 
CIÎSITHES  par  ses  élaniines  monadelphes  à  L'ur  base.  Decan- 
dolle  pense  que  Tespèce  sur  laquelle  il  est  établi  est  la  Jacim- 
THE  ROMAINE  de  LinUcOus  ,  et  il  a  fait  figurer  la  plante  de 
Lapeyrouse  sous  ce  nom,  dans  les  Lillacées  de  Redouté  ;  mais 
Lapeyrouse  persiste  ,  dans  sa  Flore  des  Pyrénées  ,  à  croire 
qu'elle  est  distincte.  On  la  trouve  à  foison  aux  environs  de 
Cordoue  et  dans  les  Pyrénées.  Elle  se  cultive  dans  les  jardins 
de  Paris,  (b.) 

BELL] GANT.  Nom  de  la  Trigle  guhnau.  (b.) 

BELLIE  ,  Rclliiim.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie  po- 
lygamie superflue  ,  et  de  la  famille  des  corymbifères  ,  dont 
le  caractère  consiste  en  un  calice  simple  ,  polyphylle,  à  folioles 
égales  et  ouvertes;  en  ileurons  du  disque  quadrifidcs  et  her- 
maphrodites ,  et  en  demi- Ileurons  du  bord  elliptiques, 
échancrés  ,  femelles  fertiles,  au  nombre  de  dix  à  douze  ;  en 
semences  à  aigrettes  doiibles  ,  les  extérieures  octophylles,  les 
intérieures  à  huit  arêtes. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces,  qui  sont  de  petites  plantes 
à  feuilles  radicales  ,  à  hampes  unitiores,  annuelles,  et  venant 
naiurelleuient  dans  les  pn'ties  méridionales  de  l'Europe. 
L'une  ,  la  Bellie  bellldioïde  ,  a  les  hampes  nues  ;  l'autre  , 
laBELLlEPETiTEa  les  hampes  feuillécs;  elles  ressemblejitbeau- 
coup  à  la  Pâquerette,  (p..) 

BELLON,  BeUuniu.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  rubiacées  ,  dont  le  caractère 
offre  un  calice  d'une  seule  pièce,  persistant,  et  divisé  en  cinq 
parties  ;  une  corolle  monopétale  ,  en  roue  ,  partagée  en  cinq 
lobes  ovales  ()])tus  ;  cinq  élamines  à  anthères  conniventes  ; 
un  ovaire  inférieur  chargé  d'un  style  en  alêne  et  à  stigmate 
aigu  ;  une  capsule  en  toupie  ,  couronnée  par  le  calice  ,  à  une 
seule  loge  ,  renfermant  beaucoup  de  semences. 

Ce  genre  comprend  deux  arbrisseaux  qui  croissent  aux  An- 
tilles, et  dont  les  fleurs  sont  en  corymbes  dans  l'un  et  soli- 
taires dans  1  autre.  Leurs  feuilles  sont  opposées  ,  ovales  et 
plus  ou  moins  dentées.  L'un  d'eux  est  épineux  et  se  trouve 
figuré  pi.  3o  de  la  Flore  des  Antilles  ,  par  Tussac.  (b.) 

BELLOUGA  ou  BELLUGE.  V.  Béluga,  (desm.) 


374  B  E  L 

BELLOUGA.  Nom  du  grand  Esturgeon,  (c.) 
BELLUGE.  Nom  de  pays  du  grand  Esturgeon,  (b.) 
BELMUSE.  Synonyme  d'AsELMOscH.   Voyiez  Ketmie. 

BELO.  Arbre  des  Moluques ,  dont  on  distingue  trois  es- 
pèces. Leurs  caractères  sont  imparfaitement  connus.  On  les 
appelle  aussi  buisde pieux.  Deux  d'entre  eux  peuvent,  à  raison 
de  leur  principal  usage,  appartenir  aux  Mélicoques  ou  aux 
Pourétie.s  ,  (b.) 

BELOÈRE.  C'est  I'Abutilon  à  feuilles  de  peuplier. 

(B.)    ^ 

BELON.  Le  Chevreau  s'appelle  ainsi  dans  le  midi  de 
la  France,  (b.) 

BELONE.  Nom  spécifique  d'un  Ésoce.  Voyez  Orphie. 

(B-) 
BELONE  TACHETE.  Poisson  de  la  Chine.  C'est  l'Au- 
lostome  de  Lacépède.  (b.) 

BELOSTOME,  Belusfoma  ,  Lat.  Genre  d'insectes  de 
l'ordre  des  hémiptères  ,  section  deshétcroptères,  famille  des 
hvdrocorises  ou  des  punaises  d'eau.  11  diffère  de  celui  des 
iièpes  ,  dont  il  a  été  séparé,  par  ses  quatre  tarses  postérieurs, 
qui  ont  deux  articles  distincts,  et  ses  antennes  en  demi-peigne; 
leur  second  article  ,  ainsi  que  les  suivans  ,  étant  prolongés 
sur  un  côte  en  une  dent  longue  et  linéaire.'  Le  corps  est  moins 
allongé  et  plus  large  que  dans  les  nèpes. 

Ce  genre  se  compose  des  nèpes  suivantes  de  Fabricius  : 
grandis,  annulata  ,  nistica.  11  faut  y  ajouter  l'espèce  que  j'ai  dé- 
crite sous  le  nom  de  iestaceo  -  pallidum  (  Gen.  a-usi.  et  insect. , 
iom.  3,  p.  i4.5.)  (l.) 

BELOU.  Nom  brachmane  de  I'Églé.  (b.) 
BELSORY.  Nom  que  I'Ibis  porte  en  Egypte,  (v.) 
BÉLLTGA.  Mammifère  de  l'ordre  des  cétacés  et  du  genre 
Delphinaptère.  V.  ce  mot,  (desm.) 

BÉLUGE.  On  donne  ce  nom  à  la  Trigle  milan  ,  Trigla 
lucema  .  Linn.  (b.) 

BELUTTA  ADECA-MANSJEN.  Nom  malabar  du 
Passe-velours  argenté,  (b.) 

BELUTTA  AMEL-PODL  Arbuste  dont  la  décoction 
des  feuilles  guérit  'de  la  morsure  des  serpens.  On  croit  qu'il 
est  de  la  famille  des  Apocinées.  (b.) 
BELUTTA  ARELI.  C'est  le  Laurose  des  Indes,  (b.) 
BELUTTA  KAKA  KODL  On  croit  que  c'est  un  Échite. 

(B) 

BELUTTA  KANELLL  Arbre  qui  a  quelques  rapports 
avec  le  Caliptrante.  (b.) 


BEL  375 

BELUTTA  MODELA  MITCU.  Espèce  du  genre  Re- 
louée, (b.) 

BELUTTA  ONAPU.  Espèce  de  Balsaotne  fort  voi- 
sine de  la  Fasciculée.  (b.) 
BELUTTA  POLA  TALI.  V.  Amaryllis  d'Asie,  (b.) 
BELUTTA  TSJAMPAKAM.   C'est  un  des  arbres  qui 
portent  le  nom  de  Bois  de  fer,  le  Naghas.  (b.) 

BELUTTA  TSJOKl-YALLL  C'est  I'Achit  pédiaire. 

BELVEDERE.  Nom  vulcraire  de  I'Anserine  à  balais. 

(B.) 

BELVISIE  ,  Behhid.  Genre  de  fougères  introduit  par 
Mirbel  ,  et  dont  le  caractère  consiste  à  avoir  la  fructification 
en  ligne  complète  de  l'un  et  l'autre  côté  de  la  nervure  prin- 
cipale ;  la  follicule  partant  du  bord  de  la  feuille  et  s'ouvrant 
du  côté  de  la  nervure. 

Ce  genre  ,  fort  voisin  des  BLECHî^'0^s  ,  renferme  quelques 
espèces  appartenant  aux  Acrostiques,  telle  que  l'acroi/i^wg 
septentrionale.  Selon  M.  Desvaux,  il  n'est  pas  dans  le  cas  d'être 
adopté  ;  en  conséquence  ,  il  a  transporté  son  nom  à  un  autre, 
qui  avoit  été  appelé  Napoleone,  iVû/?o/eoniVz ,  par  Palisot 
Beauvois  dans  sa  Flore  d'Oware  et  de  Bénin. 

Ce.dernier  a  pour  caractère  :  un  calice  à  cinq  divisions  ccail- 
leuses  à  leur  base  ;  une  corolle  double  ,  monopétale  ,  insé- 
rée au  calice ,  l'intérieure  lacinlée  ;  cinq  étamines  à  filamens 
pétaloïdcs  réunis;  un  ovaire  simple,  terminé  par  un  sligmate 
pelté  à  cinq  angles  ;  une  baie  à  une  seule  loge  polysperme. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  ,  qui  est  un  arbuste 
grimpant  dont  les  fleurs  sont  grandes  et  d'un  bleu  éclatant.  H 
se  rapprocbe  beaucoup  des  Passiflores,  (b.) 

BELYTE  ,  Belyta.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  hymé- 
noptères, section  des  térébrans,  famille  des  puplvores,  tribu 
des  oxyures  ,  et  très  -  voisin  de  celui  des  diapris.  Suivant 
M.  Jurine  ,  il  a  pour  caractères  :  antennes  perfoliées ,  de 
quinze  articles  \  dont  le  premier  allongé  ;  mandibules  très- 
pelites,  légèrement  bldentées  ;  une  cellule  radiale  ,  petite  , 
ovale  -,  point  de  cellules  cubitales.  Le  corps  a  la  forme  de  celui 
des  Diapris  ,  qui  sont  mieux  connues  (  V.  ce  mot.  )  ;  leur 
corselet  est  guillocbé  en-dessus  ,  et  se  termine  postérieure- 
ment par  deux  épines.  Le  second  anneau  de  leur  abdomen  est 
îrès-grand,  et  sillonné  longitudlnalement. 

M.  Jurine  compose  ce  genre  de  deux  espèces  :  l'une ,  qu'il 
appelle  bicolor ,  et  qu'il  a  représentée  pi.  i/f  de  son  ouvrage 
sur  les  hyménoptères  ,  est  noire  ,  avec  les  antennes  ,  les  pieds 
et  l'abdomen  fauves;  l'autre  est  plus  petite  ,  a  l'abdomen  noli 
et  moins  profondéjncnl  sillonné,  (l.) 


SjG  B  E  M 

BELZÉBUTH.  V.  Béelzébuth.  (desm.) 
BELZOINUM.  r.  Benjoin.  (B.) 

B  E3IBECID ES,  7?<?/7îim(^«.  Famille  d'insectes  de  l'ordre 
des  hyménoptères,  section  des  portc-aiç^uillon,  et  composée 
des  genres  bemhex  ,  monedula  el  stizus  ;  elle  ne  forme  mainte- 
nant qu'une  division  de  la  famille  des  hyménoptères  fouisseurs. 
V.  ces  deux  articles,  (l.) 

BEMBEX  ,  Bemhex  .,  Fab.  Genre  d'insccles  de  l'ordre 
des  hyménoptères  ,  section  des  porte-aiguillon  ,  famille  des 
fouisseurs  ,  ayant  pour  caractères  :  premier  segment  du  cor- 
selet très-court ,  en  forme  de  rebord  transversal  ,  et  dont  les 
deux  extrémités  n'atteignent  point  lorigine  des  ailes  ;  pieds 
de  longueur  moyenne  ;  tête,  vue  en  dessus,  paroissant  trans- 
versc  ;  antennes  un  peu  plus  grosses  vers  leur  extrémité  ; 
labre  entièrement  saillant ,  allongé,  triangulaire  ;  mâchoires 
el  lèvre  longues  ,  formant  une  sorte  de  trompe  fléchie  en 
dessous  ;  palpes  très-courts  ;  les  maxillaires  de  quatre  articles 
et  les  labiaux  de  deux. 

Parmi  les  hyménoptères  armés  d'un  aiguillon  el  fouisseurs, 
les  bembex  el  les  monédules  sont  les  seuls  dont  le  labre  soit 
aussi  saillant  el  aussi  long.  Ils  se  rapprochent  des  sphex  ou  des 
f(uéprs-irJinrumoiis  quant  à  leurs  habitudes,  et  des  guêpes,  sous 
le  rapport  de  leurs  couleurs  dominantes  et  de  quelque  simili- 
tude de  formes  ;  la  tète  est  triangulaire  ,  comprimée  ,  verti- 
cale, de  la  largeur  du  corselet,  avec  les  yeux  grands,  ovales 
cl  entiers,  et  trois  yeux  lisses,  disposés  en  triangle  sur  le  ver- 
tex  ;  leurs  antennes  sont  insérées  au  devant  de  la  tcte  ,  entre 
les  yeux  ,  de  la  longueur  environ  de  la  moitié  du  corps  ,  un 
peu  coudées  ou  rejetées  en  dehors  au  second  article ,  et  gros- 
sissent insensiblement  vers  la  pointe  ,  qui  est  un  peu  arquée 
et  comme  dentelée  dans  plusieurs  mâles  ;  leur  labre  est  co- 
riace, et  se  dirige  inférieurcment  au-dessus  delà  fausse  trompe; 
les  mandibules  sont  cornées  ,  étroites,  allongées,  pointues  , 
avec  une  dent  au  côté  interne  ;  les  mâchoires  et  la  lèvre  sont 
fortlougues;  la  lèvre  estdiviséeenqualrepièces,  dont  les  deux 
latérales  sont  plus  petites,  en  forme  de  soie  ,  et  dont  la  mi- 
toyenne est  bifide  ou  échancréeaubout;lespalpessontgrèleset 
très-courts:  on  compte  quatre  articles  aux  maxillaires  et  deux 
aux  labiaux;  le  corselet  est  presque  cylindrique  et  tronqué 
postérieurement;  les  ailes  supérieures  ont  une  celluh;  radiale, 
allongée,  arrondicàson  cxtrémilé,  et  trois  cellules  cubitales, 
dont  la  première  grande  ,  la  seconde  plus  petite  ,  presque 
carrée  ,  ayant  une  inlicxion  à  son  angle  interne  ,  recevant  les 
deux  nervu;-es  récurrentes,  et  dont  la  troisième  éloignée  du 
bout  de  l'aile  ;  l'abdomen  a  la  forme  d'un  cône  allongé,  con- 
vexe ou  arrondi  en  dessus  ,  plane  en  dessous  ,  el  très-pointw 


B  E  M  377 

au  bout  ;  les  second  et  sixième  demi-segmens  inférieurs  ont 
souvent,  dans  les  mâles  ,  une  saillie  en  forme  de  dent  ou  de 
crochet  ;  Torgane  sexuel  des  mêmes  individus  est  très-grand 
et  présente,  en  dehors,  l  apparence  dun  aiguillon  ;  les  jambes 
et  les  tarses  sont  garnis  de  petites  épines  ou  de  cils  -,  les  deux 
tarses  antérieurs  des  femelles  ont  une  rangée  d'épines  plus 
longues  ,  ou  de  petites  lames  étroites  et  allongées,  disposées 
en  manière  de  peigne  ,  et  qui  leur  servent  à  creuser  des  trous 
profonds  dans  le  sable  ,  et  où  elles  déposent  leurs  œufs  ;  elles 
y  empilent  des  cadavres  de  mouches  ,  de  bombilles,  mais  plus 

Ï>articulièrement  de  syrphes  ,  pour  la  nourriture  de  leurs 
arves.  Le  painopès  incurniit  (  pornopes  canica  )  fait  sa  ponte 
dans  le  nid  du  bembex  à  bec  (jvs/rata).  On  le  voit  roder  autour 
dePhabitation  et  guetter  le  moment  où  celui-ci  s'en  éloignera; 
mais  le  bembex  le  découvre  quelquefois  ,  se  met  aussitôt  à  sa 
poursuite  ,  fond  sur  lui  et  s'efforce  de  le  percer  de  son  dard. 
Linsecte  parasite  se  met  en  boule  et  lui  oppose  la  peau  dure 
et  très-solide  qui  protège  son  corps. 

Les  bembex  ont  un  vol  très-rapide  et  s^ arrêtent  peu  sur  la 
même  fleur.  Ils  font  entendre  un  bourdonnement  aigu  elcoupé. 
On  les  trouve  dans  les  lieux  sablonneux  et  qui  sont  exposés  au 
soleil.  Ils  commencent  à  paroitrc,  dans  notre  climat,  au  mois 
de  juillet.  Le  nord  de  l'Europe  n'en  fournil  quunc  ou  deux 
espèces  ;  mais  les  pays  chauds  des  deuxcontinens  en  donnent 
plusieurs,  etqui,  en  général,  sont  toutes  de  taille  assez  grande, 
relativement  aux  insectes  du  même  ordre.  Les  antennes  et  le 
devant  de  la  tête  présentent  souvent  des  différences  de  taches 
ou  de  couleurs  ,  dans  les  deux  sexes  de  la  même  espèce. 

Les  bembex  de  Fabricius  ,  propres  à  l'Amérique,  ont  six 
articles  aux  palpes  maxillaires,  et  quelques  dentelures  de  plus 
aux  mandibules  ;  j'en  ai  formé  un  genre  sous  le  nom  de  Mo- 
NÉDULE  {voyez  ce  mot).  La  réticulation  de  leurs  ailes  étant 
presque  semblable  à  celle  des  ailes  des  bembex  ,  IM.  Jurine 
conserve  ce  dernier  genre  dans  son  intégrité. 

Les  deux  espèces  suivantes  sont  communes  aux  environs  de 
Paris. 

BE3IBEX  À  BEC  ,  Bembex  rostvata  ,  Fab.  ;  f^ovo.  Bicl.  dllist. 
nat. ,  i.^"^*^  éd. ,  pi.  A.  24  ,  fig-  i  ;  Panz.  ,  Faun,  insecl.  Cenn., 
fuse.  I  ,  tab.  10  ;  le  mâle.  Long  d'environ  huit  lignes  ,  noir, 
avec  des  bandes  transverses  ,  d'un  jaune  citron  sur  le  dessus 
de  l'abdomen  ;  la  seconde  et  les  trois  suivantes  formant  deux 
arcs  danslcurmilieu  ;  épaulesnoires,  bordées  de  jaune;  tarses 
sans  taches  dans  les  deux  sexes  ;  base  des  ailes  obscure.  Le 
îîiâle  a  la  totalité  du  chaperon  et  le  dessous  des  antennes 
jaunes  ;  le  second  et  le  sixième  segmens  de  l'abdomen  ont 
ciiacun  en  dessous  une  dent   comprimée  ,    triangulaire    et 


pointue.  Dansla  femelle,  la  base  du  chaperon  et  les  antennes, 
depuis  le  second  article  ,  sont  noirs. 

Bembex  tarsier  ,  Bembex  tarsata ,  Lat, ,  Gen.  cnist.  et 
iris. ,  tom.  IV,  p.  78  ;  un  peu  plus  petit ,  noir  ;  des  bandes  d'un 
jaune  citron  sur  l'abdomen  ,  comme  dans  le  précédent,  mais 
rétrécies  et  droites  au  milieu  ;  épaules  entièrement  jaunes  ; 
extrémités  des  quatre  premiers  articles  des  deux  tarses  anté- 
rieurs noirâtres.  Le  mâle  a  la  base  du  chaperon  et  les  antennes 
entièrement  noires  :  le  dessous  de  l'abdomen  offre  aussi  deux 
dents  ;  mais  celle  du  second  anneau  est  beaucoup  plus  forte. 
Son  bourdonnement  est  plus  foible  et  plus  aigu.  L'insecte  a 
«ne  odeur  de  rose.  J'ai  trouvé  des  bombilles  dans  son  nid. 
Voyez  y  pour  quelques  autres  espèces  du  midi  de  la  France  , 
l'ouvrage  ci-dessus  et  les  articles  Monédule  et  Stize.  (l.) 
BEN  AFOULL  Variété  deRiz  très-estimée  auBengale.(B.) 
BEMBL  C'est  I'Acore  odoraîst.  (b.) 
BEMBICE  ,  Bembîx.  Arbrisseau  grimpant,  sans  vrilles, 
à  feuilles  opposées,  pétiolées,  cunéiformes,  grandes,  glabres 
et  dures  ;  à  fleurs  pâles  ,  disposées  en  grappes  presque  termi- 
nales ,  lequel  forme  ,  selon  Loureiro  ,  un  genre  dans  la  dé- 
candrie  trigynie  et  dans  la  famille  des  caryophyllées. 

Cegenrc  offre  pourcaractèrcs:un calice  divisé  en  troispar- 
ties  ovales,  concaves  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  ovales;  dix 
étamines  ,  dont  cinq  alternes  plus  grandes  ;  un  ovaire  supé- 
rieur ovale  ,  surmonté  de  trois  styles  turbines  ,  oblongs,  sil- 
lonnés, à  stigmates  comprimés  et  émarginés  ;  unebaic  ovale, 
petite  et  triloculaire. 

Le  hembice  croix  à  la  Cochinchine,  où  on  emploie  ses  feuilles 
à  couvrir  les  maisons.  Cette  couverture  est  très-légère  et  dure 
fort  long-temps,  (b.) 

BEMBIDION  ,  Bembidion  ,  Lat.  ;  Orydmmus  ,  Frohl. 
Clairv.  Genre  d'insecfcs  de  l'ordre  des  coléoptères  ,  section 
despentamères,  famille  descarnassiers,  tribu  descarabiques, 
et  qui  a  pour  caractères  :  pénultième  article  despalpes  maxil- 
laires extérieurs  et  des  labiaux  plus  grand  ,  renflé  ,  en  fonne 
de  poire  ;  le  dernier  de  ces  palpes  très-menu  et  fort  court,  ou 
en  forme  d'alêne. 

Lès  bembidions  sont  de  petits  coléoptères  qui  ont  de  grands 
rapports  avec  les  élaphrcs  ,  et  qui  fréquentent  comme  eux  les 
bords  sablonneux  des  eaux  ,  où  ils  courent  très-vite  ;  mais  ils 
en  diffèrent  par  la  manière  dont  leurs  palpes  sont  terminés, 
lis  ont  des  antennes  filiformes  ,  courtes,  et  dont  le  second 
article  plus  petit  ;  les  mandibules  avancées  ,  pointues  ,  sans 
dentelures  ;  la  languette  divisée  en  trois  parties  ,  dont  les  la^ 
térales  très-petites  ,  et  celle  du  milieu  s'qlevant  un  peu  en 
pointe  .lu  milieu  de  son  bord  supérieur  ;  lès  veux  assez  gros  ; 


B  E  M  379 

le  corselet  presque  en  forme  de  cœur  tronqué  ;  les  élytres 
entières  ,  et  les  jambes  antérieures  échancrées  au  côté  in- 
terne. 

Leur  corps  est  oblong  ,  luisant ,  et  souvent  tacheté  ou  mou- 
cheté ,  sur  les  élytres  ,  de  jaunâtre.  On  n'a  pas  encore  ob- 
servé leurs  métamorphoses. 

Ce  genre  est  nombreux.  Presque  toutes  les  espèces  décrites 
jusqu'à  ce  jour  sont  d'Europe.  Fabricius  et  Olivier  les  ont 
rangées  parmi  les  élaphres  et  les  carabes. 

Bembidioîs  pieds  jau>'ES  ,  Bemhidionjlaoipes  ;  élaphre  flain- 
pcde  ,  Oliv. ,  Col. ,  iom.  2  ,  n."  34  ,  pi- 1  ,  fig-  2  >  ^•^-  Corps 
bronzé  en  dessus  ,  d'un  vert  noirâtre  en  dessous  ;  élytres 
marbrées  de  cuivreux ,  avec  deux  points  enfoncés  sur  chaque  , 
près  de  la  suture  ;  palpes  ,  base  des  antennes  et  pieds  jaunâ- 
tres ;  corselet  un  peu  plus  étroit  que  la  tète  ,  presque  aussi 
long  que  large  ,  en  forme  de  cœur  tronqué  :  cette  espèce  a  le 
port  des  élaphres. 

Bembidion  littoral,  Bemhidion  littorale,  Lat.,  Gêner,  cntst. 
etinserd.  ,  tom.  i."",  iab\  6  fjig.  10  ;  elaphnis  nipesliis  ,  Fab.  , 
ejiisdem  carabus  andreœ ,  Var.  Corps  d'un  bronzé  noirâtre  ; 
corselet  un  peu  plus  large  que  la  tête ,  en  forme  de  cœur  tron- 
qué ,  pointillé  postérieurement ,  avec  un  enfoncement  près 
des  angles  latéraux  ;  étuis  à  stries  ponctuées  -,  une  tache  à 
leur  base  ,  une  autre  à  leur  extrémité  ,  et  pieds  fauves. 

Bembidion  riverain  ,  Bemhidion  riparium.  Lat.  ;  Carahe 
riverain,  Oliv.,  ilndem  ,  n."  35  ,  pLil^^Jî^.  162;  corselet 
un  peu  plus  large  que  la  tête  ,  en  forme  de  carré  arrondi ,  un 
peu  plus  large  que  long  ;  élytres  d'un  noir  brun  ,  avec  des 
stries  pointillées  et  une  tache  pâle  et  transparente  à  leur  extré- 
mité ;  pieds  roussâtres. 

Bembidion  mélangé  ,  Bemhidion  varium  ,  Lat.  ;  Carabe  va- 
rié, Oliv.  ibid. ,  n.°  35  ,  pi.  l!^. ,  fig.  i65  ,  a  ,  b  ,  c  ,  d  ;  Çara- 
bus  ustulatus ,  Fab.  Corps  bronzé  ;  corselet  un  peu  plus  large 
que  la  tête  ,  avec  un  enfoncement  aux  angles  postérieurs  ; 
élytres  ayant  des  stries  pointillées  ,  avec  plusieurs  taches  iné- 
gales jaunâtres  ;  pieds  noirâtres,  (l.) 

BEM-CURINL  C'est  la  Caramantine  bétoine  de 
Bheed. 

BEM-xSOSL   C'est  le  Gattilieh  a  trois  feuilles,  (b.) 

BEM  PAYEE.  On  présume  que  c'est  une  Momordique.  (b.) 

BE^l-PUL.  V.  Tric.ope.  (b.) 

BEM-SCHETTL  C'est  I'Ixore  écarlate  dans  l'Inde. 

(B.) 

BEMTÈRE.  V.  Tyran  bentavço.  (s.) 
B'EM-TUUMARU.  V.  Nélumbo  a  fleurs  roses,  (b.) 


38o  BEN 

BENA-PATSJA.  Nom  fie  THéliotrope  des  ï^dès.  (b.) 
BENARIS  ou  BENARRIE.  Nom  vulgaire  de  TOrto- 
LAN  ,  en  Languedoc,  (v.) 

BElSiCARO.  C'est  le  ToNGCHU  Balanghas.  (b.) 
BENDAK.  F.  Baquois  odoraint.  (b.) 
BENDARLl.  Cinq  plan  tes  différentes  portent  ce  nom  dan* 
Rheed;  savoir  :  le  Grevier  oriental,  le  Pothos  grimpant, 
une  espèce  de  Cussone  ,  et  une  espèce  de  Lycopode.  (b.) 
BEN  DE  JUDÉE.  C'est  le  Benjoin,  (b.) 
BENBURU.  Fougère  de  Ce)  lan ,  du  genre  Ramondie.  (b.) 
'    BENEFEFIGI.  Violette  odorante  en  Arabie,  (b.) 

BENET.  Surnom  donné  an  fou ,  à  cause  de  la  stupidité 
de  cet  oiseau.  F.  Fou.  (s.) 

BENGALE.  Synonyme  de  Cassumuniar.  (b.) 
BENG  ALL  Nom  qu'on  a  imposé  à  une  pelite  famille  d'oi- 
seaux granivores  ,  parce  que  les  premiers  qu'on  a  connu  ve- 
iioient  du  Bengale.  F.  l'article  des  Fringilles.  (v.) 

BENGALI  ENFLAMMÉ ,  pi.  A.  21  de  ceDirt.  Cet  oi- 
seau eist  de  la  taille  de  la  linuUc.  Le  bec  est  noirâtre  et  jaunâtre 
à  sa  base.  La  couleur  générale  de  son  plumage  est  d'un  rouge 
bleuâtre  éclatant,  mais  sombre  sur  le  bas-ventre;  les  pennes 
des  ailes  et  de  la  queue  sont  noirâtres;  celle-ci  est  cunéiforme; 
les  pieds  de  couleur  de  cbair.   F.  le  genre  Fringille.  (v.) 
BENGL  Nom  de  la  Ju.squiame  cbez  les  Arabes,  (b.) 
BENGIECHEST.  Nom  arabe  du  Gatilier.  (b.) 
BENGIRL  Espèce  de  Glutier  de  l'Inde,  (b.) 
]îi:NGUELINH A  d'Edwards.  C'est  la  Yengoline.  (s.) 
BENIAHBOU.  F.  le  Merle  Baniaiibou.  (v.) 
BEN  ISS  A.  Plante  de  l'Inde  ,  de  la  famille  des  cupborbes  , 
qui  a  quelques  rapports  avec  les  Ricins,  (b.) 

BÉNITIER  (grand).  Coquille  bivalve  qui  acquiert  un 
très-^ros  volume  ,  et  dont  on  se  sert  pour  faire  des  bénitiers 
dans  quelques  églises.  C'est  la  Tridacne.  (b.) 

BENITIER,  (petit).  Coquille  du  genre  Peigne,  (b.) 
BENITIERS.  Famille  de  mollusques  acéphales  pourvus 
d'une  coquille.  Elle  ne  renferme  que  le  genre  Tridacne.  (b.) 
BENJAOY.  Synonyme  de  Benjoin,  (b.) 
BENJENI.  Synonyme  de  Benjoin,  (b.) 
BENJOENIL  ou  BENZOENIL.   F.  Vanille  et  Ben- 
join, (b.) 

BENJOIN.  C'est  une  résine  sèche,  d'une  odeur  suave  et 
pénétrante  ,  surtout  lorsqu'on  la  brûle ,  qui  découle  natu- 
rellement,  ou  par  incision,   d'une  espèce  d'ALlROUFiER. 

Une  espèce  de  Badamier  donne  une  résine  fort  appro- 
chante de  celle  du  benjoin  ;  on  l'appelle  /2/j/i;  if/?/a//j.. 

C'est  par  erreur  que  Linnteus  a  donné  le  nom  de  benjoin 


A.iiA 


^>V/ .  j 


Zfe^ret'e    iM . 


/?  7!rr,//t'/f    r  iru/v 


/'/</.  .>,  /x'f'   l'/i    r/\i'fr//.r 


BEN  38. 

à  un  Laurier  <îe  rAmérîque  septentrionale;  cet  arbuste  a 
bien  l'oileur  d'un  benjoin  ;  mais  il  ne  rend  jamais  de  résine 
par  incision  ,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  dans  le  pays. 

Le  hcnjuln  de  l'de  de  Bourbon  est  fourni  par  le  Résinairk 
DE  CoMMEHSOX.  11  cst  très-rare.  (B.) 

B£x\ivADALÎ.C'eStleMELASTOMEMARLABATHROÏDE.(B.) 

BEN-KALESJAM.  Arbre  de  Tlnde,    que,    d'après  ce 
que  nous  en  savons,  on  ne  peut  rapportera  aucun  genre. (b.) 
BEN-M\CERJA.Arbre  de  Tlnde,  dont  les  partiesde  la 
frucllficalion  ne  sont  point  connues,  (b.) 

B  EN ,  iVor/rt^a.  Genre  de  plantes  de  la  décandrîe  mo- 
nogynie  el  de. la  famille  des  légumineuses,  qui  avoit  été 
confondu  par  Linnéeus  avec  les  BoNDucs,  mais  que  Yalh  en 
a  séparé  sous  le  nom  d  Iiypérunilière.  Il  offre  pour  carac- 
tères :  un  calice  à  cinq  divisions  ;  cinq  pétales  inégaux  insérés 
au  calice  ;  dix  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  à  style  fili- 
forme, courbé,  velu;  un  légume  très-allongé,  étranglé,  à 
trois  valves,  el  renfermant  des  semences  ailées.  11  contient 
deux  espèces,  le  Ben  oléifère  et  le  Ben  arabique. 

Les  tieurs  du  Ben  oléifère,  GuilandUia  moringa^  Linn., 
ont,  surtout  le  soir  ,  une  odeur  douce  fort  agréable.  Sa  noix 
contient  une  amande  blancbâtre  et  assez  grosse  ,  dout  on  re- 
tire, par  expression,  une  buile  inodore,  et  qui  ne  rancit 
point  en  vieillissant.  Ces  deux  propriétés  font  recliercber 
cette  huile  parles  parfumeurs,  qui  l'emploient  à  retirer  et  à 
conserver  Farome  des  tieurs.  Pour  cet  effet ,  on  prend  un 
vaisseau  de  verre  ou  de  terre  ,  large  en  haut,  étroit  par  le 
bas;  de  petits  tamis  de  crin  y  sont  disposés  par  étage;  sur 
ces  tamis  on  met  alternativement  des  lits  de  fleurs  et  de 
coton  fin  imbibé  X huile  de  hen.  Cette  huile  se  charge  de  Tes- 
prit-recleur  des  fleurs  qui  constitue  l'odeur.  Le  même  coton 
est  remis  sur  de  nouvelles  fleurs;  on  exprime  ensuite  Ihuile 
du  coton.  Nous  devons  dire  que  dans  le  commerce  on  subs- 
titue souvent  à  \  huile  de  ben^  celle  de  sésame. 

Les  Indiens  cultivent  cet  arbre  dans  leurs  jardins,  pour 
en  vendre  les  semences.  Ils  en  raclent  aussi  les  racines  ,  et 
s'en  servent  comme  du  raifort,  donr elles  ont  le  goût  acre 
et  piquant.  Ils  font  cuire  ses  siliques  encore  vertes  et  tendres  , 
et  en  font  usage  pour  relever  le  goût  de  leurs  alimens.  Ils  pré- 
parent des  pilules  antispasmodiques  avec  les  feuilles,  les  fruits 
et  Técorce  de  la  racine. 

Cet  arbre  ne  pouvant  résister  au  froid  de  nos  hiv'ers, 'de- 
mande à  être  élevé  en  serre  chaude  :  on  le  multiplie  de  se- 
mences. Il  est  figuré,  pi.  A.  23  de  ce  Dictionnaire.  On  peut, 
quand  il  est  jeune  ,  le  transplanter  d'un  pot  dans  un  autre , 
mais  cette  traxisplajiitalion  est   difficile  ;    ses  racines   étant 


382  BEN 

grosses ,  charnues  et  très-peu  fournies  de  fibres ,  laissent 
échapper  la  terre  avec  la  plus  grande  facilité,  lorsqu'on  n'y 
apporte  pas  beaucoup  d'attention.  Quand  cet  accident  ar- 
rive, les  tiges  périssent  souvent  jusqu'à  la  racine  ,  et  quel- 
quefois même  la  plante  entière  est  détruite.  Elle  veut  être 
arrosée  très-Iégèrenient,  surtout  dans  les  temps  froids,  parce 
qu'alors  l'humidité  la  feroit  pourir  en  peu  de  temps,  (d.) 

BENNI.  Poisson  du  Nil,  observé  par  Sonnini,  et  figuré 
pi.  27  de  son  Voyage  en  Egypte;  c'est  le  cyprlnus  bynni  de 
Forskaël  :  il  diffère  peu  du  harbeuu.  {V.  au  mot  Cyprunî.)  Il  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  un  autre  poisson  fig^iré  par  Bruce, 
sous  le  même  nom,  mais  qui  est  d'un  arutre  genre. 

Le  ùenni  de  Soûnini  devient  gros ,  et  sa  chair  est  assez  dé- 
licate. Le  brillant  de  ses  écailles  fait  soupçonner  à  ce  voya- 
geur que  c'est  le  lepidoton^  qui  fut  honoré  dans  l'ancienne 
Egypte,  et  qui  avoit  donné  son  nom  à  une  ville  et  à  un  dis- 
Irict.  (B.) 

BENOÎTE,  Geum.  Genre  de  plantes  de  l'icosaridrie  po- 
lygynle,  et  de  la  famille  des  rosacées,  dont  le  caractère  est  : 
calice  d'aune  seule  pièce  divisé  en  dix  parties  dont  cinq 
alternes  plus  petites;  cinq  pétales  arrondis  et  attachés  à  la 
paroi  interne  du  calice  ;  un  grand  nombre  d'élamines,  moins 
longues  que  les  pétales ,  et  iiisérées  sur  le  calice  ;  de  nom- 
breux ovaires  supérieurs,  ayant  chacun  un  style  latéral  long 
çt  velu;  quantité  de  semences,  ramassées  en  tête,  et 
terminées  par  des  arêtes  longues-,  géniculées,  crochues  à 
leur  sommet. 

Les  benoîtes  renferment  quinze  à  vingt  espèces,  la  plupart 
propres  aux  montagnes  froides  de  l'Europe.  Toutes  sont  des 
herbes  vivaces  ;  leurs  feuilles  sont  ailées  ,  avec  une  impaire 
plus  grande  et  des  stipules  adnées  au  pétiole  ;  leurs  fleurs  sont 
ordinairement  peu  nombreuses ,  et  portées  sur  des,  pédon- 
cules terminaux  et  axillaires. 

Parmi  les  espèces  d' Europe ,  on  doit  remarquer  la  Benoîte 
COMMU>'E,  Geum  urbanum^  Linn. ,  qui  se  trouve  dans  les  bois, 
le  long  des  haies,  et  qu'on  emploie  comme  sudorifique  ,  vul- 
néraire ,  astringente  ,  tonique.  Elle  a  été  mise  en  concur- 
rence avec  le  quinquina ,  et  lui  a  paru  quelquefois  supérieure. 
Elle  e^t  vivace  ,  et  offre  pour  caractère  des  fleurs  relevées  , 
l'arête  des  semences  nue,  les  feuilles  delà  tige  ternées ,  et 
celles  de  la  racine  pinnées  et  en  lyre. 

La  Benoîte  des  rivages  ,  Geum  rioale^  Linn. ,  qui  a  les 
fleurs  penchées ,  l'arête  des  semences  velue.  Elle  se  trouve  le 
long  des  ruisseaux  ,  dans  les  bois  humides  ;  elle  a  les  mêmes 
propriétés  que  la  précédente. 


B  E  0  3,« 

La  Benoîte  atsémonoïde  constitue  aujourd'hui  le  genre 

SiEVERSIE.  (b.) 

BEN-PALA.  Espèce  d'EuPHORBE  de  l'Inde,  (b.) 

BENSIPONETOS.  Nom  de  la  Verge  d'or  dans  le  midi 
de  la  France,  (b.) 

BENTAVEO.  K  l'artîcle  des  Tyrans,  (v.) 

BENTÈQUE,  Benteka.  C'est  un  arbre  élevé,  dont  les 
feuilles  sont  alternes  ,  ovales  ,  velues  en  dessous  ;  les  fleurs 
petites,  d'un  vert  blanchâtre,  d'une  odeur  agréable  ,  extrê- 
mement nombreuses,  disposées  sur  de  longues  grappes  com- 
posées et  terminales.  Ces  Heurs  consistent  en  un  calice  d'une 
seule  pièce  à  cinq  dents;  en  une  corolle  monopétale  à  cinq 
divisions  ;  en  cinq  étamlnes;  en  un  ovaire  supérieur,  chargé 
d'un  style  droit  que  termine  un  stigmate  globuleux. 

Les  fruits  sont  des  baies  sèches  ,  oblongues  ,  partagées  par 
une  cloison  membraneuse  en  deux  logés  ,  qui  contiennent 
chacune  plusieurs  graines  ovoïdes ,  dures ,  et  disposées  sur 
deux  rangs. 

Cet  arbre  croît  sur  la  côte  de  Malabdr.;ilest  toujours  vert. 
La  décoction  de  ses  feuilles  passe  pour  sudorifique.  (b.) 

BENTIRN  TALL  Espèce  de  Liseron.. (b.) 
,    BEN-TSJAPO.  Nom  brame  de  la  Zédoaire.  (b.) 

BEOBOÏRYS  ,  Beobotrys.  Genre  ^le  plantes  établi  par 
Forster,  mais  qui  ne  paroît  pas  différer. du  Moese.  (b.) 

BEOLE  ,  Bœa.  Petite  plante  à  feuilles  radicales  ,  lan- 
céolées,  molles  ,  pubescentes,  dentées  à  leur  sommet,  à 
hampes  grêles,  pubescentes ^  chargées  de  deux  à  trois  fleurs 
bleues  Irrégulières. 

Chacune  de  ces  fleurs  consiste  en  un  calice  divisé  en  cinq 
parties  presque  égales  ,  et  velues  en  dehors  ;  en  une  corolle 
monopétale  ,  labiée  ,  ayant  sa  lèvre  .  supérieure  large  ,  ar- 
rondie ,  imparfaitementtrllobéeet  relevée;  sa  lèvre  inférieure 
réfléchie  en  arrière  et  à  deux  divisions;  deux  étamlnes  ,  dont 
les  filamens  sont  épais  et  courts  ;  un  ovaire  supérieur,  chargé 
d'un  style  court  que  termine  un  stigmate  simple. 

Le  fruit  est  une  capsule  oblohgue ,  à  4eux  loges ,  qui  s'ouvre 
en  quatre  valves. 

Ce  genre  a  quelques  rapports  avec  les  ÇalcÉolâires  ,  et 
encore  plus  avec  les  Jovellanes.  Cetl'è  plante  croît  sur  les 
rochers  humides  du  détroit  de  Magellan  ,  oi^  elle  à  été  ob- 
servée par  Commerçoh.  (b.) 

BEON.  Synonyme  de  Bœuf,  (b.) 

BEON-HOLL  Nom  provençal  de  l'effraie,  (v.) 

BEO-QUEBO.  Nom  picard  du  Pic-vert,  (v.) 

BEORI.  C'est  le  nom  qu'on  dbnne!aù  TÀPlk  âansia  Nou; 
velle-Espagne.  (desm.) 


384-  B  E  R 

BEPOU.  r.  AviÀ  BEPOu.  (B.) 

BEQUAÏ  IGA.  r.  Bec-figue. 

BEQUASSE.  Nom  ancien  de  la  Bécasse,  (s.) 

BÉQUEBOIS  CENDRÉ.  Nom  vulgaire  de  la  Sittelle 
dans  quelques  cantons  de  la  France,  (s.) 

BEQUILLON.  Pétales  étroits  qui  se  remarquent  dans 
les  Anémones  des  Jardins,  à  fleurs  doubles,  (b.) 

BER.  C'est  le  Jujubier,  (b.) 

BERARDE,  Berardia.Vlanlc  vivace  à  racines  très- longues , 
à  tige  très-courte,  à  feuilles  radicales  en  cœur,  cotonneuses  , 
un  peu  dentées  ou  ondulées  à  leur  base  ;  à  fleurs  très-grosses, 
solitaires  ,  blanchâtres  ,  qui  forme  un  genre  dans  la  syngéné- 
sie  polygamie  égale,  et  dans  la  famille  des  cynarocéphales. 

Ce  genre  ,  qui  a  été  connu  de  Daléchamps,  n'a  été  réelle- 
ment établi  que  parYillars.Il  offre  pour  caractères:  un  calice, 
composé  d'écaillés  linéaires  ;  un  réceptacle  nu,  garni  de  fleu- 
rons ,  tous  hermaphrodites  ;  des  semences  couvertes  d'une 
double  enveloppe  ,  l'extérieure  membraneuse  et  contiguë  à 
l'aigrette  ,  qui  est  sessilc  ,  l'intérieure  lisse  et  cartilagineuse. 

La  berarde  a  ,  par  son  port ,  quelques  rapports  avec  les 
Onopordes  ,  parmi  lesquelles  elle  a  été  placée  par  Allioni , 
et  avec  les  Carunes  ,  par  la  double  enveloppe  de  ses  semen- 
ces. Elle  se  trouve  sur  les  montagnes  subalpines  des  envi- 
rons de  Grenoble  et  de  Gap.  Sa  germination  offre  une  sin- 
gularité remarquable.  Sa  plumulc  ,  au  lieu  de  sortir  d'entre 
ses  cotylédons ,  pousse  sur  un  des  cotés  ,  et  va  sous  terre  pa- 
roître  à  <leux  pouces  de  dislance,  (b.) 

BEPtBE  de  Bosmann.  Quadrupède  d'Afrique  très-vague- 
ment indiqué  par  ce  voyageur  ,  et  rapporté  un  peu  légère-^ 
ment,  par  Buffon  ,  à  l'espèce  de  la  Civette  Eossane.  Son 
pelage  seroit  marqué  de  bandes  foncées  comme  celui  de. la 
civette  ;  sa  taille  seroit  m  '  -ndre  que  celle  du  chat,  et  sa  tête 
beaucoup  plus  effilée,  (desm.) 

BERBENA.  C'est  la  Verveine,  (b.) 

BERBÉRIDÉES.  Famille  de  plantes,  dont  la  fructificjv- 
tion  est  composée  d'un  calice  polyphylle  ,  en  nombre  déter- 
miné ou  divisé  ;  de  pétales  en  même  nombre  que  les  folioles 
du  calice ,  et  leur  éla^U  souvent  opposés ,  tantôt  simples,  tantôt 
munis  à  leur  base  d'un  pétale  intérieur;  d'étamines  en  nombre 
égal  à  celui  des  pétales  ,  et  opposées  à  ces  parties  ;  d'anthères 
adnées  auxfilamens,  s'ouvrant  par. une  petite  valve  de  la  base 
au  sommet  ;  d'un  style  unique  ou  nul ,  à  stigmate  presque 
toujours  simple  ;  d'un  fruit  uniloculaire  ,  ordinairement  po- 
lysperme  ;  de  semences  insérées  au  fond  de  la  loge  ,  à  pért- 


B  E  K  38.i 

sperme  charnu,  à  embryon  droit,  à  cotylédons  planes,  à  ra- 
dicule inférieure. 

Celle  famille  renferme  des  plantes  qui ,  par  la  déhisçence 
de  leurs  anthères  ,  présentent  un  caractère  simple  ,  facile  it 
saisir,  et  propre  à  les  dlsliiigner  de  tous  les  végétaux  dicotvlé- 
dones ,  dont  la  corolle  (îst  polypctale,  et  dont  les  étair.ines 
sont  hypogynes.  Leur  tige  frutescente  ou  herbacée  ,  souvent 
droite  ,  rarement  épineuse,  est  quehiuefois garnie  ,  dans  louîe 
sa  longueur  ,  de  rameaux  alternes;  les  feuilles,  «'.ont  la  situa- 
tion est  la  même  que  celle  des  rameaux,  sont  presque  toujours 
solitaires,  et  rarement  fasciculées,  simples  et  composées,  or- 
dinairement nues  ,  quelquefois  garnies  de  stipules  ;  les  fleurs, 
ciî  général ,  petites  et  peu  éclatantes  ,  affectent  différentes 
dispositions. 

Dans  celle  famille,  qui  est  la  cinquième  de  la  treizième 
classe  du  Tableau  du  r€[;iie  végéUd ,  par  \  en{enat,*et  dont  les 
caractères  sont  figurés  pi.  \l^..,  n."  .4.  du  même  ouvrage,  sont 
renfermés  les  genres  suivans:  VlîSEïiER,  Leomice  ,  EpimÈde 
et  JÏAM\MELrs.  («.) 

BEKlîFJAIS.  Nom  latin  du  Vi^etier.  (s.) 

BEUUOUISSET.  C'est  le  Fragon  dans  le  Midi  de  la 
France,  (b.) 

BERCE,  Heradeum.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
dlgynie,  et  delà  famille  des  ombe'ilifères,  don!  les  caractères 
sontd'avolr  lesinvolucres  polypliylles,  caducs,  rarement  nuls; 
les  ombellules  planes,  portant  des  Heurs  ,  donl  les  extérieures 
sont  beaucoup  plus  grandes  et  plus  irrégulières  que  les  autres; 
cinq  pétales  inégaux  ,  plus  ou  moins  écl\ancrés,  selon  la  po- 
sition de  la  (leur;  cin([  étamines  ;  un  ovaire  inférieur  chargé 
de  deux  styles  courts  ;  un  fruit  elliptique  ,  plane  ,  strié  ,  lé- 
gèrement échancré  au  sommet ,  et  formé  de  deux  semences 
appliquées  l'une  contre  Tautre. 

Les  berces  sont  toutes  des  plantes  vivaces  ou  bisannuelles  , 
la  plupart  propres  à  l'Europe  ,  'P'm?"  juables  par  la  largeur 
de  leurs  feuilles  ou  la  grosseur  de  leurs  ombelles.  Parmi  les 
douze  espèces  connues  ,  on  doit  remarquer  la  Berce  lraKc- 
URSINE  ,  Heradeum  spoticlylium ,  Linn. ,  la  plus  comnmne  de 
toutes  ,  qui  croît  dans  les  prés  ,  sur  le  bord  des  bois  humides  ., 
et  dont  les  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles  pinnées,  les  folioles 
qulnnées  ,  oblongues  ,  aiguës,  dentées.  Ses  feuilles  passent 
pour  émollientes,  et  ses  graines  pour  incisives  etcarminallves. 

Celte  plante ,  dont  les  feuilles  et  les  racines  ont  une  grancfb 
étendue  ,  nuit  considérablement  aux  prairies  ,  lorsqu'elle  s'y 
multiplie.  Pour  la  délrulre,  il  suffit  de  li  couper  près  de  terre 
au  moment  de  sa  floraison  ,  et  de  la  donner  aux  vaches  ,  qui 
i'ainicnt  beaucoup.  Gomme  elle  ne  vit  que  deux  ans,  on  l'em- 

lU,  25 


386  B  E  R 

pèche  ainsi  de  se  propager;  si  on  la  coupoit  plus  lot,  elle  re-r 
pousseroit  de  nouvelles  tiges,  et  on  ne  remplnoitpas  son  but. 

Les  habitâns  du  nord  de  l'Europe  en  tirent  un  meilleur 
parti  que  nous.  Les  Polonais  et  les  Lithuaniens  font ,  avec 
ses  feuilles  et  sa  semence  ,  une  boisson  qui  sert  de  bière  aux 
pauvres  ;  au  Kamtschalka  ,  on  la  regarde  comme  une  des 
plantes  les  plus  précieuses  pour  Ihomme.  On  trouve  à  ses 
pétioles  une  saveur  douce  et  agréable  ;  on  les  ratisse  avec 
une  coquille  ;  on  les  enferme  dans  un  sac  ,  pour  déterminer 
la  production  d'une  poussière  douce  ,  qui  est  probablement 
du  sucre.  Ce  sont  les  fenunes  qui  font  cette  récolte  ,  et  elles 
la  font  avec  des  gants  ;  car  la  sève  de  cette  plante  est  si  acre, 
qu'elle  produit  des  ampoules  sur  les  mains  ,  et  qu'on  s'en  seft 
journellement  pour  faire  mourir  les  poux.  On  en  tire  aussi 
de  i'eau-de-vie  :  pour  cela ,  on  met  une  certaine  quantité  de 
ses  pétioles  dans  un  vase  ,  qu'on  place  dans  un  lieu  chaud. 
La  fermentation  s'établit  au  bout  de  vingt -quatre  heures, 
^après  qu<»i  on  distille.  La  première  liqueur  qui  sort ,  a  la  force 
de  l'eau-de-vie  ;  on  la  rectifie  pour  les  riches  :  le  marc  sert  à 
engraisser  les  bestiaux.  Steller  observe  que  cette  eau-de-vie 
jette  dans  la  mélancolie  ceux  qui  en  boivent,  surtout  lors- 
qu'elle est  faite  avec  de  la  berce  qui  n'a  pas  été  bien  ratissée. 
11  suffit  d'en  boire  quelques  gouttes,  lorsqu'on  n'y  est  pas  ha- 
bitué ,  pour  être  malade  ,.  avoir  des  songes  affligeans  ,  et  une 
grande  foiblesse.  il  a  vu  des  personnes,  pour  avoir  bu  de  Teau 
froide  le  lendemain  du  jour  où  elles  s'etoient  enivrées  avec 
cette  eau-  de-vie ,  retomber  dans  l'ivresse  el  éprouver  les  mêmes 
syn^ptonies. 

On  dit  que  c'est  d'une  plante  de  ce  genre  qu'on  tire  ,  dans 
l'Orient ,  la  gomme-résine  appelée  opupoiiax. 

h''opuponax  est  acre  ,  fort  amer  ,  excite  des  nausées  ,  s'en- 
flamme el  se  dissout  en  partie  dans  l'eau  :  pris  intérieure- 
ment ,  il  divise  les  humeurs  ,  dissipe  les  vents  ,  et  purge  dou- 
temenl.  il  convient  dans  les  maladies  des  nerfs  ,  les  obstruc- 
tions ,  les  suppressions  des  règles.  Exiérieurement ,  il  amollit 
les  tumeurs,  résout  les  squirrhes,  etc.  11  est  rare  et  cher  ;  c'est 
un  des  iugiédiens  de  la  grande  thériaque. 

La  Berce  tubéreuse  a  les  racines  composées  de  plusieurs 
bulbes,  qui  ont  souvent  six  pouces  de  long  sur  trois  de  dia- 
mètre. Elle  se  trouve  au  Chili ,  dans  les  lieux  sablonneux.  Ses 
b|^lbes  se  mangent  cuits  sous  la  cendre  ou  dans  l'eau  ,  et  Mo- 
lina  assuré  que  leur  goilt  est  fort  agréable,  (b.) 

CEKCEAU  DE  LA  VIERGE.  Nom  vulgaire  de  la 
Clé.matite.  (b.) 

RERCKUEYE,  Berckhera.  Genre  de  plantes  établi  par 


B  E   R  387 

Sclireber,  et  qui  ne  diffère  pas  deTAcRiPHYLLE  de  Jussieu  , 
de  l  Apuléie  de  Osertoer  et  du  Kohrie  de  Yalil,  (a.) 
liERCLAN.  INoni  picard  du  Canard  tadorne,  (v.) 
BERDA.  Nom  spécifique  d'un  Spare.  (b.) 
EERDIN  ou  REKLIN.  Coquille  du  genre  Patelle,  (b.) 
B  ÈRE  AU.  C'est  le  Beher  dans  le  département  des  Ar- 
dennes.  Qjs.) 

BEREE.  (^esl,  en  Normandie,  le  Rougè-gorge.  (v.) 
BERELIE.  Synonyme  de  (]ariobole.  (b.) 
BERENDAROS.  Nom  de  pays  du  Basilic,  (b.) 
BÉRENIX,  Berenix.   Genre  établi  par  Péron  dans  la  fa- 
mille des  Méduses  ,    mais  depuis  réuni  aux  Équorées  du 
même  auteur,  par  Lamarck.  (b.) 

BERGAMOTE.  Espèce  de  Citroknier.  (b.) 
BERGE.  Ce  nom  se  donne  ordinairement  aux  bords  es- 
carpés des  rivières  ;  mais  on  l'applique  aussi  quelquefois  aux 
rochers  à  pic  qui  s'élèvent  dans  la  mer,  près  des  côtes,  (s.) 

BERGÈRE,  Bergera.  Arbre  de  linde  à  feuilles  alternes, 
pinnées  avec  une  impaire,  à  folioles  alternes,  pétiolées, 
rhomboïdalos  ,  dont  un  des  côtés  est  plus  aigu  et  l'autre  den- 
telé ;  à  (leurs  disposées  en  corymbes  terminaux,  acconipagnes 
de  bractées  lancéolées  et  persistantes  ,  lequel  forme  un  genre 
dans  la  décandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des  HespÉ- 

RIDEES. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  un  calice  à  cinq  divisions; 
une  corolle  de  cinq  pétales  ;  dix  étamines  ;  un  ovaire  surmonté 
d'un  style  à  stigmate  turbiné  ;  une  baie  à  deux  semences,  (c.) 

BERGERETTE,  BERGERONNETTE.  V.  Hoche- 
queue Jaune  et  de  Printemps,  (v.) 

BERGFORELLE.  Nom  du  Salmone  alpin  (b.) 

BERGHOLZ,ouBoisDE  montagne.  V.  Asbeste.  (pat.) 

BERGIE,  Bergia.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie  pen- 
tagynie ,  dont  les  caractères  sont  :  calice  à  cinq  divisions  p  er- 
sistantes;  cinq  pétales  oblongs,  ouverts,  et  de  la  longuciir 
du  calice  ;  dix  étamines  ;  ovaire  supérieur  terminé  par  cinq 
styles  à  stigmates  simples;  capsule  globuleuse  à  cinq  côtes, 
à  cinq  loges,  et  qui  s'ouvre  en  cinq  valves  semblables  à  des 
pétales.  Chaque  loge  contient  des  semences  petites  et  nom- 
breuses. 

Ce  genre  contient  deux  espèces  venant  de  ITnde  et  du  Cap. 
Ce  sont  de  petites  plantes  à  tiges  simples,  à  feuilles  opposées, 
lancéolées,  à  fleurs  verticillees  et  très-rapprochées.  On  ne 
leur  connoït  aucune  propriété,  (b.) 

BERGLAX.  Poisson  du  genre  Macrourë.  (b.) 

BERGKIAS.  V.  Bergkie. 

BERGMANITE.    Le    minéral  dont  il  s'agit,   et  que 


388  B  E  R 

M.  Schumacher  a  décoré  du  nom  de  Bcrgmann,  n'est  encore 
connu  que  d'une  manière  très-imparfaile  ;  ce  n'est  peut-être 
même  qu'un  mélange.  Il  paroît  composé  de  trois  substances 
différentes.  La  première  ,  qui  forme  le  fond  de  la  masse  ,  est 
granuleuse  et  de  couleur  gris-cendré  ;  la  seconde  est  en  lames 
grisâtres  et  éclatantes,  disséminées  dans  la  première;  et  la 
troisième,  enfin,  est  en  grains  rougeâtres  empâtés  dans  le  fond, 
et  n'est  pas  de  la  mèrne  nature  que  lui. 

La  pesanteur  du  hergmanite  est  2,3;  il  est  assez  dur  pour 
rave:-  le  verre,  et  se  fond  au  chalumeau  en  un  émail  blanc, 
demi-transparent.  Un  petit  fragment  présenté  à  la  flamme 
d'une  bougie ,  ou  placé  sur  le  charbon  ardent ,  blanchit  et  de- 
vient friable. 

11  exhale  l'odeur  argileuse  par  l'injection  de  l'haleine. 

Son  tissu  est  fibreux  et  serré  ;  on  dislingue  dans  la  masse 
quelques  lames  plus  éclatantes  ;  mais  son  éclat  général  est 
gras,  et  sa  cassure  un  peu  Inégale  ou  écalUeuse  :  il  c»t  assez 
difficile  à  casser. 

Le  bergmanlte  a  été  découvert  à  Frlederischwern  en 
!Norvvége  ,  par  M.  Schumacher,  qui  l'a  décrit  le  premier.  H 
est  engagé  dans  un  feldspath  laminaire  jaunâtre  ou  incarnat, 
et  quelquefois  associé  au  fettstein.  C'est  un  minéral  jusqu'ici 
très-rare,  (luc.) 

BERGSEIFE.  V.  S. won  de, montagne,  (pat.) 

BERGSNYTRE.  Nom  d'un  poisson  du  genre  LaiîKe  , 
Luhnis  suillns.  (B.) 

BER(iUE.  C'est  I'Ai^ne  dans  le  département  de  Lot  et 
Garonne,  (b.) 

RERGYLTE.  Poisson  du  genre  Labre,  (b.) 

BÉRICHON  ouBÉRICHOT.  EuAnjou,  c'eslleTno- 
<;lodvte.  (s.) 

BERIL,  V.  Béryl. 

BERINGÈNE.  C'est  la  Mélongène.  V.  au  mot  Morelle. 

BERIS  ,  Beris.  Genre  d'Insectes  ,  de  l'ordre  des  diptères, 
famille  des  Notacanthes,  ayant  pour  caractères  :  antenties 
presque  cylindriques  ,  de  trois  articles,  dont  le  dernier  divisé 
transversalement  en  huit  anneaux  ,  sans  soie  ni  stylet  ;  palpes 
Jrès-pelils  ,  ou  tout  au  plus  de  la  longueur  de  la  trompe  ; 
écusson  épineux. 

Les  héris  sont  distingués  des  stratiomes ,  avec  lesquels 
Fabrlcius  les  réunit,  parle  nombre  plus  considérable  des 
anneaux  ou  des  articulations  de  la  dernière  pièce  de  leurs 
antennes ,  qui  n'a  pas  d'ailleurs  la  forme  d'un  fuseau  ,  mais 
relie  d'un  cylindre  grêle  et  allongé,  se  terminant  en  pointe. 
•Ib  se  rapprochent  davantage  des  xylophages,  Ccvu-ci  ont  le 


B  E  R  38î) 

corps  elles  antennesplus  longs,  lespalpcsplus  grands,  etn'ont 
poiiilles  quatre  ou  six  épinesque  1  on  voit  àl  écusson  des  Leris. 

Ces  diptères  ont  les  antennes  un  peu  plus  longues  que  la 
têle  ;  la  trompe  saillante  ;  le  corps  oblong  et  déprimé;  les 
ailes  couchées  sur  le  corps ,  avec  le  point  ou  le  carpe  très- 
prononcé  ;  Técusson  saillant,  arrondi,  terminé  par  des 
épines  ,  dont  le  nombre  estcommunément  de  six -,  Tabdomen 
très-aplali ,  ovale  ,  et  dont  l'exlrémité  a  ,  dans  les  maies  ,  deux 
pointes  ,  avec  deux  crochets  courbés  en  dedans  ;  les  pieds 
courts  ,  et  le  premier  article  des  tarses  postérieurs  grand  , 
surtout  dans  les  mâles.  Les  yeux  de  ces  individus  ont  plus 
d'étendue  que  ceux  des  femelles,  et  occupent  presque  toule 
la  surface  de  la  tête.  Les  trois  petits  yeux  lisses  sont  situés  , 
dans  les  deux  sexes  ,  sur  une  petite  élévation  au  milieu  du 
bord  supérieur  et  postérieur  de  la  tète. 

Ces  insectes  sont  petits  et  paroissent  au  printemps.  Les 
uns  habitent  les  bois  ,  et  paroissent  déposer  leurs  œufs  dans 
la  carie  humide  des  arbres  ;  les  autres  habitent  les  marais  , 
et  leurs  larves  sont  probablement  aquatiques. 

M.  Meigen  a  donné  le  nom  à'ariine  (^actitia)  à  ce  genre. 

J'ai  décrit,  dans  mon  Histoire  Naturelle  des  crustacés  et 
des  insectes,  tom.  i^.,  p.  34-0  et  34-1  ,  les  deux  espèces  que 
Ton  trouve  aux  environs  de  Paris. 

L'une,  le  BÉRis  À  tarses  koirs,  Ben's  nigri/arsis  ,  est  le 
straliomys  c/ai'7y*«deFabricius(Panz.  Faun.  insect.  Germ.  fasc.  c). 
iab.  ig).  Son  corps  est  noir,  avec  Tabdomen  et  les  pieds 
d'un  jaune  roussâtre  :  elle  habite  les  lieux  aquatiques. 

L'autre  est  le  BÉRis  brillant  ,  Bens  nilens  ,  Wicfina  cha~ 
lyhea  de  Meigen,  et  dont  le  straliome  à  sbo  dents  (sex dentaia') , 
de  Fabricius  ,  n'en  diffère  peut-être  que  comme  variété.  Son 
corps  est  d'un  beau  vert  doré,  luisant,  avec  les  pieds  jau- 
nâtres à  leur  base  et  noirs  pour  le  reste.  Les  ailes  sont  jau- 
nâtres. Je  l'ai  pris  dans  la  forêt  de  Saint-Germain. 

Ces  deux  espèces  ont  six  épines  à  l'écusson.  (l.) 

BERKIE  DU  CAP,  ou  Bergkias.  Genre  de  plantes  établi 
par  Sonnerat.  On  l'a  depuis  réuni  aux  Gaudènes.  (b.) 

BEPiKOUT.  Nom  de  I'Aigle  doré  aux  environs  de 
l'Iraïk  en  Russie,  (v.) 

BERLE,  Sium.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie  digynie 
etdela  famille  des  ombellifères,  dont  les  caractères  sont:  om- 
belles universelle  et  partielles,  garnies  de  collerettes  de  dix 
et  quatre  folioles  ;  cinq  pétales  un  peu  en  cœur  ;  cinq  éla- 
mincs  ;  ovaire  inférieur  chargé  de  deux  styles  courts  ;  finit 
ovoïde  ou  oblong,  strié,  quelquefois  couronné  par  de  petites 
dents  calicinales,  et  composé  de  deux  semences  appliquées, 
l'une  contre  l'autre. 


390  B  E   R 

Ce  genre  ,  si  on  y  rëanit  celui  appelé  SisoN  par  Linnseus , 
ainsi  que  l'ont  fait  Lamarck,  Jursieu  et  Ventenat,  comprend 
une  trentaine  d  espèces,  dont  la  moitié  d'Europe,  et  le  reste, 
de  l'Amérique  septentrionale,  de  la  Chine  et  du  Cap  de 
Bonne- Espérance. 

Les  principales  de  ces  espèces  sont  : 

La  Berle  à  feuilles  larges  ,  dont  le  caractère  est  d'avoir 
les  feuilles  pinnées  et  les  ombelles  terminales.  C'est  une  plante 
vivace  qui  se  trouve  dans  les  fossés  pleins  d'eau ,  sur  le  bord 
des  étangs,  où  elle  se  fait  remarquer  par  son  abondance  et  le 
beau  vert  de  ses  feuilles.  Elle  passe  pour  apéritive  et  anti- 
scorbutique ;  mais  quelques  personnes  la  regardent  comme 
vénéneuse  :  et,  en  en  effet,  il  paroît  qu'elle  produit,  prin- 
cipalement sa  racine  ,  des  effets  dangereux  sur  l'homme  et  sur 
les  animaux,  surtout  en  clé.  Il  est  cependant  de  fait  que  les 
vaches  en  mangent  sans  inconvénient,  au  printemps,  des 
quantités  très-considérables.  J'en  ai  connu  qui  l'aimoient 
avec  tant  de  fureur,  que  dès  qu'elles  éloienl  libres  elles  y 
couroieni,  et  qu'on  fut  obligé  de  s'en  défaire  à  cause  des 
inconvéniens  qui  étoient  la  suite  de  ce  goût. 

La  Berle  à  feuilles  étroites  qui  a  les  feuilles  pinnées , 
les  ombelles  axillaires,  pédonculées  ,  et  l'involucre  universel 
pinné.  Elle  se  trouve  dans  les  mêmes  lieux  que  la  précédente, 
et  possède  les  mêmes  qualités. 

La  Berle  des  potagers,  ou  le  Che^x is  ^  Sinm  sisanim, 
Linn. ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  les  feuilles  pinnées  à  la 
base  et  ternées  au  sommet.  Elle  est  originaire  de  la  Chine  et 
du  Japon  ,  où  elle  est  célèbre  sous  le  nom  de  NiîSSiN.  On  la 
cultive  dans  les  jardîHs  en  Europe,  pour  ses  racines  que  l'on 
mange  comme  celles  du  céleri.  Elles  passent  pour  vulnéraires 
et  apéritives.  Boerhaave  les  regardoit  comme  le  meilleur  re- 
mède qu'on  pût  employer  contre  le  crachement  et  le  pisse- 
ment  de  sang.  Margraff  en  a  retiré  du  sucre. 

Cette  plante  exige  un  sol  trés-défoncé  et  léger  ;  elle  se 
sème  à  la  volée  ou  en  rayons  ;  elle  demande  à  être  arrosée 
souvent,  et  n'aime  point  la  transplantation.  Elle  monte  en 
graine  dès  la  première  année  :  aussi  il  faut  avoir  soin  d'en 
couper  les  tiges  à  mesure  qu'elles  se  développent ,  si  on  veut 
en  conserver  pour  l'hiver.  Il  est  des  cantons  en  France  où 
l'on  voit  beaucoup  de  chetvis  ;  aux  environs  de  Paris  il  passe 
pour  fade. 

La  Berle  aromatique  ,  Sison  amomum  ,  Linn.  ,  qui  a  ïei 
feuilles  pinnées;  les  ombelles  droites,  au  nombre  de  quatre 
à  six.  Elle  se  trouve  ,  comme  les  deux  premières ,  dans  le 
voisinage  des  eaux;  mais  elle  est  beaucoup  plus  rare.  Ses  se- 


B  E  R  3g, 

menées  sont  brunes  et  ont  une  odeur  aromatique  ,  ainsi  que 
ses  racines  qui  passent  pour  cannlnalives  et  <liurétiques. 

La  Berle  faucilliere  ,  Sium  falcaria  ,  Lion.  On  ne  cite 
cette  espèce  qu'à  cause  de  son  aspect  singulier.  On  la  trouve 
dans  les  lieux  Incultes  et  pierreux.  Elle  séléve  plus  que  les 
autres.  Ses  caractères  sont  d'avoir  les  folioles  des  feuilles  in- 
férieures linéaires,  longues,  finement  dentées  en  leurs  bords  ; 
la  terminale  souvent  trifide.  (b.) 

BERMUDIENNE,  Sisymu-hium.  Genre  de  plantes  de  la 
monadelphie  triandrie ,  et  de  la  famille  des  iridées,  dont  les  ca- 
rarlères  consistent  en  une  fleur  de  sixpétales,  ovales,  oblongs; 
trois  étamines  réunies  en  un  ovaire  oblong,  d'où  s'élève,  à 
travers  la  gaîne  des  étamines  ,  un  style  terminé  par  un  stig- 
mate trifide  ;  en  une  capsule  ovale ,  trigone ,  divisée  en  trois 
loges  qui  renferment  deux  rangées  de  semences ,  et  (jui  s'ou- 
vrent en  trois  valves.  Ces  fleurs  sortent  de  deux  écailles  spa- 
tulacées  ,  oblongues  ,  plissées  ,  dont  l'une  enveloppe  l'autre. 
Elles  sont  terminales  ou  axillaires  ,  peu  nombreuses,  et  se 
développent  les  unes  après  les  autres,  une  par  jour. 

Les  espèces  de  ce  genre,  qui  sont  au  nombre  de  dix  à  douze, 
sont  fort  peu  différentes  les  unes  des  autres.  Elles  ont  toutes 
des  racines  fibreuses,  des  tiges  comprimées  (ougladiées),  ra- 
meuses ,  des  feuilles  plus  ou  moins  linéaires  ,  engaînées  à 
leur  base  les  unes  dans  les  autres  ,  comme  celles  des  iris. 
Elles  viennent  de  l'Amérique  ou  du  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance. J'ai  vu  dans  son  pays  natal  l'espèce  la  plus  connue  , 
la  Bermudienne  graminÉE,  Sisyrincliium  henmidiana  ^  Linn. 
Elle  forme  dans  les  terrains  humectés  pendant  1  hiver,  et  secs 
pendant  lété  ,  des  gazons  qui  sont  extrêmement  élëgans  lors- 
qu'elle est  en  fleur,  mais  que  les  bestiaux  ne  mangent  point. 
Ses  fleurs  sont  bleues  et  ont  les  pétales  nriucronés. 

La  BermudienTsE  bulbeuse  a  les  tiges  rameuses  et  la  ra- 
cine bulbeuse.  Elle  croît  au  Chili ,  et  est  figurée  sous  le  nom 
à'illinu  dans  le  Voyage  de  Feuillée.  Ses  bulbes  cuites  sont 
dun  goût  exquis,  au  rapport  de  Moiina. 

LaBERMUDiENNE  ENS1FEUILLE,  décrite  et  figurée  par  Smith, 
a  les  fleurs  très-grandes  et  disposées  en  épis.  On  la  cultive 
dans  les  jardins  de  Paris.  Son  aspect  semble  l'éloigner  de  ce 
genre. 

Les  BERMUiiiETWES  STRIÉE,  NORTHiQUE  et  quelques  autres 
entrent  aujourd'hui  dans  le  genre  Marique.  (b.) 

BERNACHE.  V.  Oie  bernache.  (v.) 

BERNA CHE.  Nom  vulgaire  de  TAnatife  lisse,  (b.) 

BERNACLE.  C'est  la  hemache  dans  Clusius  et  dans  les 
T^saclions  philosophiques.  V.  Oie  p.erîsachc.  (s.) 


392  B  E  R 

BEPvNAGE.  Mélange  de  graines  céréales  et  de  graines 
Icfgumineuses  ,  qui  se  sème  en  automne ,  pour  donner  du 
fourrage  au  printemps,  (b.) 

BERNARD  L  HERMITE.  Nom  vulgaire  des  Pagures. 

(B.) 

BERNARDET.  Nom  vulgaire  du   Squale  hujiaîstin. 

BERNARDIE ,  Bemardia.  Genre  de  plantes  établi  par 
Houston.  11  a  élé  réuni  aux  Adélies  par  Linnseus.  Il  vient 
d'être  recréé  de  nouveau  par  Willdenow,  sous  le  nom  de 
BoRYE  ,  et  par  Poiret,  sous  celui  de  Forestière,  (b.) 

BERNICLE.  On  donne  ce  nom  aux  Patelles,  à  l'Ile- 
de-France,  (ij.) 

BERGE  ,  Bcroe.  Genre  de  vers  marins,  de  la  classe  des 
Radi AIRES,  dont  le  caractère  est  d'avoir  le  corps  libre  ,  géla- 
tineux, ovale  ou  globuleux,  garni  extérieurement  de  côtes 
longiludinalos,  ciliées,  avec  une  ouverture  ronde  à  la  base  , 
servant  de  bouche. 

Les  animaux  de  ce  genre  furent  d'abord  placés  par  Lin- 
nœus  ,  avec  les  \oLVocES ,  vers  infusoires  de  même  forme  , 
^•nsuile  réimis  aux  Mp:duses  ,  desquelles  ils  se  rapprochent 
davantage  ;  mais  Bruguières  en  a  fait,  et  avcjc  juste  raison,  un 
genre  particulier. 

Ces  -animaux  ont  une  organisation  des  plus  simples  et  des 
plus  délicates  ;  ils  se  résolvent  en  eau  pour  peu  qu'on  les 
blesse ,  et  on  ne  peut  les  toucber  sans  les  blesser.  Ils  sont 
émineumient  phosphoriques ,  se  nourrissent  sans  doute  des 
animalcules  qu'ils  absorbent ,  avec  l'eau,  dans  leurs  inspira- 
tions, et  nagent  dans  la  mer  par  des  mouvemens  combinés 
de  rotation  ,  de  contraction  et  de  dilatation.  J'en  ai  vu  des 
millions  que  je  dislinguois  à  peine  ,  pendant  le  jour  ,  de  l'eau 
dans  laquelle  ils  vivoient,  à  raison  de  leur  transparence;  mais 
qui  me  procuroient  ,  dans  les  nuits  chaudes  et  calmes,  uu 
spectacle  des  plus  brillans.  Ils  scmbloient  alors  des  globes  de 
feu  qui  rouloient  sur  la  surface  de  la  mer.  Ils  répandent  d'au- 
tant plus  de  lumière  ,  qu'ils  nagent  plus  rapidement  ;  leurs 
cules  en  fournissent  toujours  plus  que  leur  corps. 

On  ne  connoit  pas  encore  la  manière  dont  les  béroe's  se 
propagent  ;  mais  il  paroît  que  leur  multiplication  est  facile 
et  prompte  ,  car  on  en  voit  dans  la  mer  de  toute  grandeur, 
depuis  une  ligne  jusqu'à  près  dun  demi-pied  de  diamètre.  Ils 
servent  de  nourriture  à  un  grand  nombre  de  poissons;  les 
baleines  mêmes  ne  les  dédaignent  point;  elles  en  font,  dit-on, 
une  énorme  consommation. 

Bruguières  observe  qu'il  est  très-remarquable  que  les />(?ro<% 
vivont  é£;.>lement  sous  le  cercle  polaire  et  sous  Téqualil^i-, 


B  F.  R  393 

cVst  une  particularité  qu'ils  partagent  avec  les  vers  infu- 
soires. 

Il  est  très-difficile  de  conserver  les  hèroés  pour  les  collec- 
tions. Le  moyen  d'y  parvenir,  est  de  les  mettre  d.jns  un  es- 
S)ril-de-vin  affoibli ,  que  l'on  change  deux  à  trois  fois  de  suite. 
I  est  égalemetit  très-difficile  de  les  étudier  sur  le  vivant  ;  car 
on  ne  peut  les  garder  en  vie  une  journée  entière  dans  l'eau 
de  mer  ,  lorsqu'elle  est  renfermée  dans  un  vase. 

Les  cirrhes  du  corps  des /'('/•o«  doivent  être  distingués  de  leur» 
tentacules  ;  les  premiers  ne  sont  pas  susceptibles  de  contrac- 
tion ;  ils  paroissent  bornés  à  faire  la  fonction  de  rames. 

On  ne  connoit  encore  que  trois  espères  de  Mo<?a',  dans 
nos  mers  ;  c'est  le  Béroé  ovale  ,  qu'on  peut  voir  figuré 
pi.  A.  28.  Une  autre  espèce  ,  qu'on  voit  également  figu- 
rée dans  la  même  planche  ,  est  remarquable  ,  en  ce  que 
deux  de  ses  cirrhes  sont  démesurément  longs,  (b.) 

BERSAUSAN.  Nom  arabe  du  Cxpillaire  de  Montpel- 
lier. V.  DORVDILLE.  (b.) 

BERSCHIK.  C'est,  chez  les  Calmouks,  le  Diptérodon 

APRON.   (b.) 

BERSTLING.  La  Perche  se  nomme  ainsi  en  Allema- 
gne, (b.) 

B  ERTA.  Nom  piémontais  de  la  Pie.  (v.) 

B  ERTAVELA  d'OUSTA.  Nom  de  la  Bartavelle  dans 
le  Piémont,  (v.) 

BERTAVELA.  Berta  della  LANGA.Nom  piémontais  de 
la  Perdrix  rouge,  (v.) 

BERTHE  ou  BAITRE.  On  nomme  ainsi  le  grèbe  dans  le 
département  de  l'Ain,  où  cet  oiseau  n'est  pas  commun.  (V.) 

BERTHIÈRE,  Bertlnera.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des  rubiacées  ,  dont  les 
caractères  consistent  en  un  calice  turbiné  à  cinq  dents  ;  une 
corolle  tubuleuse  ,  à  orifice  velu  ,  à  limbe  quinquéfide;  cinq 
étamines  à  anthères  presque  sessiles;  un  ovaire  supérieur, 
à  style  simple  ,  surmonté  d  un  stigmate  bifide  ;  une  baie  cou- 
ronnée ,  à  deux  loges. 

Ce  genre  renferme  deux  arbrisseaux  de  Cayenne,  dont  les 
feuilles  sont  ovales,  lancéolées,  opposées,  et  les  fleurs  dispo- 
sées en  grappes  tern.inales,  munies  de  petites  bractées.  L'un 
a  la  tige  glabre,  et  Tautre  l'a  velue.  Ils  se  rapprochent  beau- 
coup des  HiGGINSIES. 

Le  genre  Zaluzania  de  Commerson  a  été  réuni  à  celui-ci. 

(b.) 

BERTHOLLETIE,  BerihoîMa.  Grand  arbre  du  Bré- 
sil qui,  selon  Humboîdt  et  Bonpland,  constitue  un  genre  dont 
les  ffuiis  seuls  sonl  counus. 


394-  B  E  S 

Ces  fruits  sont  des  drupes  spheriques  de  la  grosseur  de  la 

tête,  divisées  en  quatre  loges,  contenant  cliacune  six  à  huit 

noix  evcellentps  à  manger,  et  dont  on  relire  abondamment 

une  huile  très-propre  à  brûler. 

l      On  fait  un  grand  commerce  de   ces  noix;  mais  elles  se 

'rancissenf  irès-j»romplement.  (b.) 

BÈRTO:\>^E\U.  C'est  un  des  noms  du  Turbot,  (b.) 
BERTOU.  Nom  du  Geai  dans  dés  cantons  du  Piémont. 

BFK\  ISCH.  Les  Hollandais  donnent  ce  nom  à  la  Cy- 

CIOPTFÎ^E  LOMPE.  (B.) 

BÎ'.UYL.  Ondonnequelquefois,  dans  le  commerce,  le  nom 
de  Ijeryl  ou  iS! algue- marine  uiicntale  ^  à  une  aigue-marine  d'un 
beau  bleu,  sans  m<';lange  de  vert;  ïai^iie-manne  ocridentxile 
offre  un  mélange  de  vert  et  de  bleu.  V.  Aigue-m  VRINE  et  ÉmÉ- 
RAurE.  Certaines  variélés  de  quarz  et  de  topaze  ont  aussi  été 
nommées  Béryls. 

Béryl  feuilleté.  M.  Sage  a  donné  ce  nom  au  minéral  que 
Saussure  désigne  sous  celuide5«/?yDare,et  que  M.Haiiy  appelle 
dls'Jiène.  V.  ce  mot. 

Béryl  de  Saxe.  V.  Acustite. 

Béryl  schorlacé  ou  scuorlifoeme  ,  Srhorlarliger  Be- 
ryU^  Werner.  C'est  un  des  noms  du  minéral  connu  d'abord 
sous  la  désignation  de  srhurl  Llanr  d'Alicml/erg  et  de  leucolilhe  ^ 
puis  ensuite  sous  celle  de  pyaùte ,  et  que  M.«  Hauy  place 
actuellement  parmi  les  variétés  de  la  topaze.  V.  Silice  fluatée 
alumineuse.  (luc.) 

BERYTE,  Berytiis.  Genre  d'insectes  deFabricius,  et  le 
même  que  celui  que  nous  nommons  NÈlBE.  V.  ce  mot.  (l.) 

BESCHE-BOIS  ou  BECQUE-BOIS.  Nom  vulgaire  du 

PiC-VERT.  (V.) 

BESCHENAJARYBA.  Nom  russe  de  fa  Clupée  alose. 

(B.) 

BESENGE  ou  BEZENGE.  C'est,  enProvence,  la  grosse 

Mésange,  (s.) 

BESLMEME.  Nom  donné  par  Necker  aux  corps  repro- 
ducteurs des  plantes  qui  ne  présentent  ni  élamines  ,  ni  pistil. 
Il  est  donc  synonyme  d'OvuLE  et  de  Bourgeon  sémini- 

FORME.  (b.) 

BESLERE,  Besh'ria.  Genre  de  plantes  de  la  didynamie  an- 
giosperinle,  et  de  la  famille  des  personnées,  dont,  les  carac- 
tères prést-nlent  un  calice  divisé  en  cinq  parties  inégales;  une 
torolle  nionopélale ,  à  tube  ventru  ,  à  limbe  divisé  en  cinq 
parties  inégab^.s  et  arrondies;  quatre  élamines,  dont  deux  plus 
grandes,  iosérCv.':.  à  la  base  delà  corolle;  un  ovaire  supé- 


15  F,  T  S95 

rieur,  globuleux,  porté  sur  un  disque  charau,  qui  se  pro- 
longe un  peu  d'un  côte  ,  et  est  surmonté  d'un  style  ,  dont  le 
stigmate  est  épais  ,  obtus ,  ou  légèrement  bifide  ;  une  baie 
presque  spbérique  ,  qui  contient  beaucoup  de  semences. 

Les  espèces  de  ce  genre  ,  au  nombre  de  sept  à  buit ,  sont 
toutes  propres  à  TAmérique  méridionale.  Ce  sont  des  arbris- 
seaux à  feuilles  opposées,  à  fleurs  en  bouquets  axillaires.  Les 
baies  d'une  espèce,  la  Beslère  incarnate,  dont  les  ca- 
ractères sont  d'avoir  les  feuilles  ovales,  crénelées,  velues 
des  deux  côtés  ,  et  qui  croît  à  la  Guyane  ,  sont  acides  et 
bonnes  à  manger.  Les  baies  dune  autre  ,  la  Beslère  vio- 
lette ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  la  tige  grimpante,  les 
feuilles  ovales,  aiguës  et  très-entières,  les  fleurs  en  épis, 
et  qui  vient  du  même  pays,  seM  aux  habitans  à  teindre  leurs, 
étoffî's  de  coton  en  violet.  • 

Une  hesVere  a  servi  à  éfablir  le  genre  Cyrtandre.  (b.) 

BESOLVT.  Espèce  de  Corégone.  (b.) 

BESONS.  Nom  du  <://fiVfo«  en  Provence,  (s.) 

B  ESS  \.  Synonyme  de  Yesce.  (b.) 

BESSl.  C'est  un  grand  arbre,  dont  les  feuilles  sont  al- 
ternes, ailées  ,  sans  impaire  ,  et  composées  de  deux  ou  trois 
couples  de  folioles  ovales  et  entières,  les  fleurs  jaunes  et 
eu  grappes  terminales.  Ces  fleurs  ont  cinq  pétales  ,  dont 
quatre  sont  arrondis  et  le  cinquièirie  oblong  et  obtus;  dix 
étaniines  ,  dont  trois  sont  beaucoup  plus  longues  que  les  au- 
tres et  que  les  pétales  ;  un  ovaire  supérieur,  conique,  qui  se 
termine  par  un  style  filiforme. 

Les  fruits  sont  des  gousses  aplaties  ,  longues  de  près  d'ua 
pied,   et  qui  renferment  quatre  à  six  semences. 

Le  hesd  forme  le  principal  et  le  meilleur  des  bois  de  char- 
pente des  Moluques;  il.  sert  aussi  à  faire  de  très-jolis  meu- 
bles. Lorsqu'on  entame  la  substance  de  cet  arbre  un  peu  pro- 
fondément, il  eu  découle  un  suc  d'un  rouge  de  sang,  très-vif, 
qui  fait  sur  le  linge  des  tacbes  presque  ineffaçables,  (fi.) 

BESTEG  ou  BESTIEG.  Nom  que  quelques  mineurs  al- 
lemands donnent  à  des  veines  de  terre  argileuse  ou  de  rorhe 
pourie  ,  qu'ils  regardent  comme  un  indice  de  filons  mé- 
talliques. V.  FiLOîss.  (pat.) 

BESTIAL  ou  BESTIAUX.  T.  Bétail,  (desm.) 

BESTRA3L  Nom  brame  d'wne  espèce  d'ANTiDESME.  (b.) 

BETAIL.  On  comprend  sous  ce  nom,  en  économie  ru- 
rale ,  tous  les  quadrupèdes  domestiques  dont  nous  nous  ser- 
vons pour  cultiver  les  terres  et  pour  notre  nourriture.  Le 
hrlail  se  divise  en  hêles  rheoaïines,  ce  sont  les  r/?^i'a?7.T,  les  mu- 
lets y  les  àucs;  en  hèles  à  ccmes^  ce  sont  les  laufs  et  les  vaches; 


396  B  E  T 

et  en  bêles  à  laîme^  c'est-à-dire  ,  les  mouiunset  les  chèvres.  Il  y 
a  encore  le  cochon,  (s.) 

BETAULE.  C'est  la  même  chose  que  le  beurre  de  ham- 
bùuc,   c'est-à-dire  ,  une  huile  concrète  que  l'on  tire  du  fruit 
d'un   arbre  d'Afrique,  qui  n'est  qu  imparfaitement   connu 
des  botanistes  ,  quoiqu'il  ait  été  figuré  par  Mungo-Park  dans 
la  relation  de  son  voyage.  F.  Illipé.  (s.) 
BÈTE  ADIEU.  F.  Coccinelle,  (l.) 
BÈTE  A  FEU.  F.  Lampyre  et  Taupiî^.  (l.) 
BÈTE  A  LA  GRANDE  DENT.  F.  Morse,  (desm.) 
BETE  DE  LA  MORT.  Nom  vulgaire  des  chouettes,  et 
parliçulièremenl  de  la  Fresaie.  (v.) 

BETE  FRIANDE.  Fausse  interprétation  donnée  par 
Thevet  du  mot  brasilien  siirigeviou .,  d'où  Buffon  a  tiré  le 
nom  de  la  Loutre  saricovienne.  Cette  expression  est  cor- 
rompue de  Sarigonerembiou ,  qui  veut  dire  aliment  ou  manger 
des  Sarlgones  ,  Indiens  non  soumis  des  bords  de  la  rivière 
du  P.Traguay.  (s.  et  desm.) 

BETE  (grande).  Les  anciens  voyageurs  espagnols  et 
portugais  ont  désigné  ,  par  cette  dénomination  ,  le  Tapir  ; 
mais  la  plupart  ont  mêlé  de  particularités  fabuleuses  la 
description  qu'ils  prétendoient  donner  de  ce  mammifère. 
Le  P.  Gumilla ,  par  exemple ,  dit  que  la  grande  bête  coupe 
aisément  les  arbres  avec  un  gros  os  qui  lui  sort  entre  les 
deux  yeux  {orinoc.  i/hdrad).  L'on  voit  que  l'imagination  du 
jésuite  preloit  faussement  au  tapir  la  corne  du  rhinocéros. 

BETE  NOIRE  DES  BOULANGERS.  F.  Blaps   et 

Ténébrion.  (l.) 

BÈTE  PUANTE.  F.  Moufette,  (s.) 

BÉTEL  ou  TEMBOUL,  Piper  hetel.  On  donne  ce  nom 
à  une  plante  du  genre  Poivre  (F.  ce  mot),  qui  rampe  et 
grimpe  comme  le  lierre.,  et  dont  les  feuilles  sont  assez  sem- 
blables à  celles  du  citronnier.,  quoique  plus  longues  et  plus 
étroites  à  l'extrémité  ;  elles  ont,  comme  celles  du  plantain , 
de  petites  côtes  longitudinales. 

Celle  plante  croît  dans  toutes  les  Indes  orientales  , 
surtout  sur  les  bords  de  la  mer.  Elle  a  besoin  d'appai 
comme  la  vigne  ,  et  on  la  cultive  de  même.  Les  Indiens 
en  mâchent  continuellement  les  feuilles  pour  parfumer  leur 
haleine  ;  et  comme  elles  soni  amères,  ils  en  corrigent  1  a- 
merlume  en  les  mêlant  avec  de  l'arec  et  un  peu  de  chaux. 

On  ne  peut  se  présenter  chez  personne  sans  avoir  mâché 
du  bétel.,  et  on  n'oseroit  parler  à  un  homme  élevé  en  dignité , 
si  l'on  n'en  avoil  la  bouche  parfumée.  Les  femmes,  et  surtout 
les  femmes  galantes  ,  eu  fout  un  grand  usage  ,  et  le  regardent 


B  E  T  3^7 

comme  un  puissant  attrait  pour  l'amour.  On  prend  du  bétd 
aprèf  le  repas,  pourôterrodcur  des  viandes  ;  on  le  mâche  tant 
que  durent  les  visites  ;  on  en  tient  à  sa  main  ;  on  s'en  présente 
lorsqu'on  se  salue  ;  et  l'on  ne  se  quitte  point,  pour  quelque 
temps,  sans  se  faire  présent  de  hétel^  qu'on  offre  alors  daus 
une  bourse  de  soie.  {Extr.  de  Vanc.  Encyd.'). 

G  est  par  erreur  que  Ijinn-neus  a  donné  le  nom  de  hélel  It 
une  espèce  de  Strxmoink.  F.  ce  mot.  (d.) 

BETES  ou  BRUTES.  Si  nous  ne  voulions  pas  compter 
notre  âme,  je  ne  sais  pas  ce  qui  nous  dislingueroit  de  la  brute. 
Les  philosophes  qui  ont  voulu  examiner  la  nature  des  ani- 
maux,  se  sont  trouvés  embarrassés  pour  établir  les  limites 
entre  la  matière  et  rintelligence  ,  le  corps  et  Tesprit,  la  béte 
et  Thomme.  Les  Cartésiens  ont  refusé  toute  espèce  d'âme  y 
de  sensibilité  aux  animaux,  et  les  ont  regardés  comme  de 
purs  automates:  mais  l'évidence  crie  contre  celle  décision  ; 
elle  nous  montre  la  béte  capable  de  douleur,  de  plaisir,  d'at- 
tachement, d  instinct ,  et  d  un  certain  degré  de  connoissance. 
(  V.  Ame  des  bètes.)  Buffon  n'accorde  guère  aux  bétes  que 
les  facultés  de  T  Instinct.  (  F.  ce  mot.)  Nous  voyons  ce- 
pendant qu'elles  ont  une  espèce  de  raisonnement  dans  beau- 
coup de  circonstances;  et  Condillac  n'a  pas  balancé  à  leur 
accorder  quelque  raison.  Mais  on  lui  demandera  :  quelle  dif- 
férence établissez-vous  entre  1  homme  et  la  brute  i'  n'est-ellt; 
que  du  plus  au  moins  ?  Sa  réponse  à  cette  objection  est  un 
subterfuge  visible.  (.Traité (ks  Animaux ^  chap.  iv,  vers  la  fia.  ) 

Quand  on  veut  examiner  la  nature  intime  de  l'animal , 
considéré  sous  le  point  de  vue  moral,  il  faut  se  dépouiller  de 
tous  ses  préjugés  ,  et  commencer  par  un  doute  universel.  En 
mettant  à  part  1  intérêt  de  la  religion ,  ou  plutôt  l'orgueil  de 
l'espèce  humaine  ,  et  en  approchant  de  cette  étude  avec  le 
désir  sincère  de  connoître  la  vérité  ,  sans  s'agréger  d'avance 
à  un  système  philosophique  ,  on  pourra  parvenir  à  quelque 
connoissance  importante.  Mais  il  est  peu  d'hommes  que  celte 
étude  n'éblouisse,  ou  même  n'épouvante  quelquefois,  lors- 
qu'il ne  s'est  point  affermi  d'abord.  \ 

Il  me  semble  que  nous  devons  nous  défier  également  de 
deux  opinions  extrêmes ,  celle  qui  regarde  la  brute  comme 
un  simple  automate,  et  celle  qui  nous  assiuille  à  elle  ;  mais 
la  difficulté  principale  consiste  à  tracer  les  limites  précises 
auxquelles  on  doit  s'arrêter.  D'ailleurs,  les  animaux  ont  dif- 
férens  degrés  de  connoissances  ,  selon  leur  conformation  et 
leurs  espèces.  Mais  je  crois  que  l'instinct  est  également  puis- 
sant dans- tous,  quoique  les  uns  en  montrent  plus  que  les 
autres.  L'instinct  n'est  pas  susceptible  de  plus  ou  de  moins 
<lans  les  mêines  espèces,  car  il  résulte  de  la  conformation. 


398  B  E  T 

et  il  est  inné  ;  ce  n'est  pas  une  connoissance  ,  mais  un  senti- 
ment  nOM  raisonne  ,  coiiune  le  besoin  de  manger,  i»  désir 
d'engendrer,  1  altachenieut  des  mères  pour  leurs  petits , 
rindustrie  mécanique  des  abeilles,  etc.  (^  f^>  le  mot  .^Mr.iAL  ) 

La  counoisscince  ,  au  contraire  ,  est  londée  sur  la  percv,p- 
tion,  la  mémoire  et  le  ju^.'iiu'ut.  Son  siège  est  daui  ie  cer- 
veau ,  tandis  que  1  instiuci  est  une  lacullé  vitale  qui  se  irouve 
dans  toutes  les  parties  du  corps  anime.  Jf  uisque  ia  connois- 
sance est  fondée  sur  le  rapport  des  sens  ei  sur  la  compa- 
raison des  idées  ,  elle  n  a  iicu  que  dans  les  org:mes  des  sens 
et  du  cerveau.  Les  animaux  sans  cerveau  ne  peuvent  donc 
pas  avoir  des  connoissances  et  du  raisonnement,  mais  seule- 
ment de  1  instinct. 

11  n  y  a  donc  que  les  animaux  à  double  système  nerveux 
qui  aient  des  connoissances  d'acquisition  et  une  sorte  de  rai- 
sonnement. Leur  degré  d  intelligence  est  d'autant  plus  élevé  , 
qu'ils  sont  plus  voisins  de  l'homme  dans  léchelie  des  corps 
organisés.  Ainsi,  les  facultés  morales  augmentent  sensible- 
ment depuis  les  poissons  aux  reptiles,  de  ceux-ci  aux  céta- 
cés ,  ensuite  aux  oiseaux  et  enfin  aux  quadrupèdes.  On  trouve 
même  des  diiTércncos  remarquables  entre  ces  derniers.  Les 
quadrupèdes  aquatiques  sont  plus  stupides  que  les  ruminans, 
ceux-ci  le  sont  plus  que  les  rongeurs,  qui  sont  inférieurs,  en 
général,  aux  carnivores  ,  ceu.x-ci  aux  singes  ;  et  enfin  les 
singes  et  même  l'orang-outang  sont  encore  excessivement 
au-dessous  de  riiomme  le  moins  éclairé. 

Cependant  l'homme  est  sujet  à  descendre  presque  au  rang 
de  la  brute,  en  perdant  ia  raison,  il  est  certain  que  1  état 
d'imbécillité,  le  crélinisme  ,  diverses  maladies,  l'excès  de 
l'ivresse  ,  l'opium  ,  otent  l'usage  de  la  raison  à  l'homme  ,  mais 
ne  le  privent  pas  de  son  àme.  r.  l'article  Instinct,  (mrjlv.) 

BETES.  Expression  dont  se  serveTit  les  chasseurs  pour 
distinguer  les  quadrupèdes  de  nospays.  Les  betes  fauves  sont 
les  cerfs  ^  les  dainis  et  les  chei>ieuits;  les  bétes  noires  sont  les 
sangliers;  et  les  BETES  rousses  ou  carnassières  sont  le  luup^  le 
rent/nl,  le  blaireau  ,  le  putois,  etc.  (s.) 

BÈÏES  A  C()K^^ES.  Ou  appelle  ainsi  les  animaux  du 
genre  du  bœuf,  (desm.) 

BÈTES  A  LAliSÉ.  On  donne  ce  nom  aux  diverse, 
races  de  moutons.  (DE^M.) 

BETES  A  POIL.  On  désigne  sous  ce  nom  les  chèvres  , 
les  boucs,  les  chevreaux  ou  les  chevrettes ,  les  verrats,  les  co- 
chons ,  les  traies  et  les  cochons  de  lait.  (DEsm.) 

BÈTES  ASINES.  {Agiicullure.^  L'âne,  l'ànesse,  l'ànon 
mâle  ou  femelle,  (desm.) 

BÈTES   BOVIDES.  Ce  sont  le  taureau,  le  bœuf,  la 


^^^■'  399 

yache,  ia  génisse,   le  veau,  le  buffle  entier  ou  châtré,  la 
bulïlesse  ,  le  buftlon  et  la  bufflone. 

BÊTES  CHEVALINES.  Dans  plusieurs  ouvrages  sur 
Tagriculture ,  on  appelle  de  ce  nom  commun  ,  le  cheval  en- 
tier, le  cheval  hongre  ,  la  jument,  le  poulain  et  la  pouliche  ; 
l'âne,   Tânesse  et  Tànon  ;  le  mulet,  la  mule  et  le  muleton. 

(des  M.) 

BETES  OVINES.  Le  bélier ,  le  mouton ,  la  brebis , 
Tagnepu  et  Tagnelette.  (DESM.) 

BETES  ROUGES.  Des  voyageurs  appellent  ainsi  un 
insecte  du  genre  Acarus  de  Linnopus  ,  qui  incommode  beau- 
coup les  habitans  des  iles  de  l'Amérique.  Cette  espèce  de 
chique  est  d'une  belle  couleur  rouge  ,  luisante  ,  et  de  la  gros- 
seur d'une  pointe  d'épingle.  On  la  trouve  en  grande  quantité 
sur  la  terre  nue,  lesplr.ntes,  et  surtout  dans  les  prairies  et 
les  savanes.  On  y  est  assailli  par  ces  petits  animaux  qui  sui- 
vent tout  le  corps  jusqu'à  la  tête  ,  et  dont  les  piqAres  excitent 
des  démangeaisons  cuisantes  ;  si  on  se  gratte,  il  en  résulte 
souvent  des  ulcères  dangereu.t  et  longs  à  guérir.  Ces  insectes 
malfaisans  tourmentent  aussi  les  animaux  :  on  s'en  délivre 
avec  de  l'eau,  dans  laquelle  on  a  répandu  du  jus  de  citron  , 
de  Teau-de-vie  ou  du  tafia.  Il  paroîlroit  qu'ils  n'habitent  point 
les  bois.  V.  Mite  et-TiQUE.  (l.) 

BETHYLE.  Nom  grec  d'un  oiseau  inconnu  ,  que  M.  Cu- 
vier  a  imposé  à  une  division  de  sa  famille  des  oiseaux  dcnti- 
rosfres ,  laquelle  correspond  à  mon  genre  Pillurion.  V.  ce 
mot.  (v.) 

BÉTHYLE.  F.  BETTHYLE. 

BETINA.  C'est  le  Chétodon  cornu,  (b.) 

BETIS.  Arbre  des  Philippines  ,  qui  paroît  appartenir  aux 
sapotilliers  ,  et  dont  le  bois  passe  pour  exciter  l'eternuement 
et  chasser  les  vers,  (b.) 

BÉTOINE,  Belonka.  Genre  de  plantes  de  la  didynamie 
gymnospermie,  et  de  la  famille  des  labiées,  dont  les  caractères 
consistent  en  un  calice  d'une  seule  pièce,  tobulé,  persistant, 
à  bord  divisé  en  cinq  dents  aiguës  ;  une  corolle  monopétale, 
à  tube  cylindrique  ou  en  entonnoir,  et  à  limbe  partagé  en 
deuxlèvres  ,  la  supérieure  droite  et  presque  plane,  Tinférienre 
plus  large  et  à  trois  lobes  ,  dont  celui  du  milieu  est  un  peu 
échancré  ;  quatre  étamines  ,  dont  deux  plus  longues  que  les 
autres;  un  ovaire  supérieur,  partagé  en  quatre  parties  ,  du 
milieu  duquel  s'élève  un  style  .filiforme  ,  terminé  par  un 
stigmate  fendu  en  deux  ;  un  fruit  couiposé  de  quatre  semences 
nues ,  ovoïdes  ,  situées  au  fond  du  calice. 

Les  béloinei  sont  des  plantes  propres  à  l'Europe   et  à  la 


/,oo  B  -E  T 

Turquie  asiatique.  Leurs  feuilles  sont  souvent  simples  ,  oppo- 
sées ,  la  plupart  radicales ,  et  leurs  fleurs  disposées  en  ver- 
licilles  sur  des  épis  terminaux.  On  en  compte  une  dixaine 
d'espèces  ,  dont  la  plus  connue  est  la  Bétoine  officinaï.e  , 
qui  a  Tépi  interrompu  ,  la  lèvre  supérieure  entière  ,  la  divi- 
sion intermédiaire  de  la  lèvre  inférieure  émarginée,le  calice 
glabre.  Cette  plante  croît  dans  tous  les  bois  secs  et  les  lieux 
ombragés.  Elle  passe  pour  céphalique  ,  apéritive,  vulnéraire 
et  sternutatoire.  Sa  décoction  est  utile  dans  les  maladies  de 
la  tête  ,  lengourdlssement  des  membres,  la  sciatique  et  la 
goutte.  Elle  répand,  lorsqu'il  fait  cbaud  ,  des  émanations  qui 
agissent  fortement  sur  les  personnes  nerveuses.  On  ne  doit 
en  faire  usage  qu'avec  beaucoup  de  prudence,  (b.) 

BÉTOINE  D'EAU.  V.  Scrophulaire  aquatique,  (b.) 

BÉTOINE  DES  MONTAGjNES.  C'est  le  Doronic  et 
TArniquie.  (b.) 

BETOIRS.  Trous  creusés  d'espace  en  espace  dans  les 
campagnes  ,  pour  servir  à  l'écoulement  des  eaux  stagnantes 
et  autres,  et  les  perdre  dans  les  terres,  (s.) 

BETONICA.  On  a  donné  ce  nom  à  des  Véroniques  , 
à  des  ScROPHULAiRES,  à  des  Œillets  et  à  des  Stachides. 

BETRE.  Synonyme  de  Bétel.  F.  Poivre,  (b.) 

BETTE  ,  Be/a.  (àenre  de  plantes  de  la  pentandrie  digy- 
nie,  et  de  la  famille  des  clienopodées,  dont  les  caractères  sont  : 
un  calice  persistant ,  divisé  profondément  en  cinq  pièces  ; 
point  de  corolle  ;  cinq  étamines  courtes  ;  un  ovaire  à  demi- 
enfoncé  dans  la  base  du  calice  ,  surmonté  de  deux  styles  fort 
courts  ,  que  terminent  des  stigmates  simples  et  aigus  ;  une 
semence  rcniforme  ,  renferm.ée  dans  la  substance  de  la  base 
du  calice  ,  qui  lui  tient  lieu  de  capsule. 

Ce  genre  confient  quatre  espèces,  dont  l'une,  la  Bette 
vulgaire  ,  est  très-connue  dans  ses  deux  principales  variétés,, 
sous  le  nom  de  belterave  et  de  poiree.  La  hetterm^e  se  reconnoit 
à  sa  racine  fusiforme  ,  à  ses  feuilles  radicales  ovales,  et  à  ses 
fleurs  réunies  en  petits  paquets. 

Les  parties  méridionales  de  l'Europe  paroissent  être  le 
pays  originaire  de  la  betlera^'e ;  mais  on  ne  la  retrouve  plus 
dans  l'état  sauvage.  On  la  cultive  depuis  plusieurs  siècles 
pour  la  nourriture  de  l'homme.  Olivier  de  Serres  est  le  pre- 
mier de  nos  agronomes  qui  en  ait  parlé  ,  et  il  n'en  dit  qu'un 
mot.  Depuis  lui ,  elle  a  successivement  pris  de  la  faveur  ,  et 
en  ce  moment  elle  est  d  une  importance  majeure  aux  yeux  des 
amis  de  la  prospérité  de  1  Europe.  D  abord,  on  n'a  con- 
nu que  la  rouge  ;  ensuite  ,  que  la  rouge  et  la  jaune  :  puis 
des  sous-variétés  de  saveur ,  de  précocité ,  de  grosseur  de 


B  E  T  ,    4ot 

Tune  et  de  Taulre  ,  et  des  sous-variétés  qui  tiennent  k  toutes 
ies  deux ,  parmi  lesquelles  celle  appelée  racine  de  disette  ,  a 
long-temps  été  préconisée  à  raison  de  sa  grosseur  et  de  la 
facilité  de  sa  culture.  En  ce  moment ,  il  y  en  a  peut-être  plus 
de  vingt  variétés  citées  dans  les  ouvrages  allemands  et  fran- 
çais, et  si  on  continue  à  la  cultiver  avec  autant  de  soin  qu  on 
l'a  fait  dans  ces  dernières  années,  elles  s'élèveront  peut-être 
à  cinquante  ;  car  il  suffit  d'en  chercher  pour  en  trouver. 

Aujourd'hui,  on  doit  considérer  la  betterave  sous  quatre 
rapports  d'utilité  :  pour  la  nourriture  de  l'homme,  pour  celle 
des  bestiaux,  pour  extraire  du  sucre  de  ses  racines,  et  de  la 
potasse  de  ses  feuilles  et  de  ses  tiges. 

Relativement  à  la  nourriture  de  l'homme  ,  la  culture  de  la 
hctteraoe  est  peu  étendue,  et,  excepté  autour  des  grandes  villes, 
n'est  pas  dans  le  cas  de  sortir  de  l'enceinte  des  jardins  ; 
il  s'en  faut  beaucoup  qu'elle  soit  en  France  au  point  où 
il  seroit  bon  qu'elle  fut.  Quand  on  considère  l'excellence  et 
l'abondance  de  la  subsistance  qu'elle  fournit,  ainsi  que  la 
.  facilité  de  sa  culture  ,  on  a  lieu  de  regretter  que  tant  de  cul- 
tivateurs pauvres  se  dispensent  d'en  semer  pour  leur  usage. 
En  effet ,  il  est  des  départemens  entiers  où  ils  ne  la  connois- 
sent  nullement. 

La  culture  de  la  betterave  dans  les  jardins  s'exécute  de  deu\ 
manières  :  ou  on  la  sème  en  planche,  ou  on  la  sème  en 
plants  à  une  exposition  chaude ,  pour  la  repiquer. 

Comme  plante  à  racines  pivotantes  ,  la  betterave  exige  un 
sol  bien  ameubli.  Elle  acquiert  plus  de  grosseur  dans  les 
terres  humides  et  fumées  ;  mais  c'est  aux  dépens  de  sa  sa- 
veur; on  doit  donc  la  placer  de  préférence  dans  les  terrains 
secs  et  se  dispenser  de  lui  donner  des  engrais.  Ainsi ,  au 
commencement  d'avril ,  dans  le  climat  de  Paris  ,  c'est-à- 
dire  après  que  les  gelées  ne  sont  plus  à  craindre  ,  car  son 
jeune  plant  y  est  très-sensible  ,  on  sème  la  betterave  à  deux 
ou  trois  pouces  de  distance  ,  sait  à  la  volée  ,  soit  en  rayon  , 
en  pépinière ,  dans  une  planche  à  l'exposition  du  midi  ; 
à  la  fin  du  même  mois,  on  la  sème  en  place,  également  à  la 
volée  ou  en  rayons  ,  à  la  distance  de  deux  pieds.  Dans  ces 
deux  cas  ,  on  donne  un  binage  lorsque  le  plant  a  acquis 
quatre  à  cinq  feuilles ,  et  dans  le  premier  on  le  repique ,  lors- 
qu'il en  a  acquis  le  double,  dans  le  terrain  qui  a  été  préparé 
pour  le  recevoir  définitivement.  Là,  il  reçoit,  ainsi  que  celui 
qui  a  été  semé  en  place ,  deux  ou  trois  binages  jusqu'à  la  ré- 
colte des  racines,  récolte  qui  a  lieu  immédiatement  après 
les  premières  gelées  blanches. 

Enlever  Içs  f§uiUe§  dçs  ètf/^eraf«  à  quelque  époque  que  ce 
m.  26 


4o2     ^  B  E  T 

soit,  excepté  quelques  jours  avant  la  récolta  ,  pour  les  man- 
ger en  guise  de  poirée  ,  ou  pour  les  donner  aux  bestiaux  ,  est 
nuire  et  à  la  grosseur  et  à  la  saveur  des  racines  ;  ainsi ,  il  ne 
faut  le  faire  que  lorsqu'on  est  déterminé  par  des  considéra- 
lions  majeures.  Cependant,  dans  l'opération  des  binages, 
il  est  bon  de  détacher  les  feuilles  inférieures  qui  jaunissent 
parce  qu  elles  peuvent  altérer  ,  en  pourissant ,  la  saveur  des 
racines. 

Plusieurs  maladies  sont  dans  le  cas  de  se  développer  sur 
la  letter.Me  pendant  le  cours  de  sa  végétation  ;  mais  je  n'en  ai 
observé  qu'une  qui  lui  soit  particulière  :  c'est  le  rachitisme 
qui  se  reconnoît  à  la  petitesse  et  à  la  contorsion  des  feuilles, 
à  la  décoloration  de  l'intérieur  des  racines  et  au  manque 
complet  de  saveur  de  leur  chair.  Les  pieds  qui  en  sont  affectés 
doivent  être  ifttipitoyablement  arrachés.  Le  dommage  que  lui 
causent  les  Insectes  est  rarement  sensible. 

On  conserve  les  ^<?//€rap<r5  après  les  avoir  débarrassées.de  la 
totalité  de  leurs  feuilles  et  de  la  terre  qui  leur  est  resiée  unie, 
dans  des  serres  à  légumes,  des  caves  sèches,  même  dans 
des  fosses  recouvertes  de  terre,  en  les  stralifiant  dans  leur 
longueur  avec  du  sable.  Elles  se  gardent  ainsi  jusqu'au  mois 
de  mai  suivant. 

On  mange  les  racines  de  betteraves  cuites  sous  la  cendre  ou 
dans  l'eau,  et  assaisonnées  de  diverses  manières;  elles 
sont  excellentes  en  salade  ,  soit  seules  ,  soit  mêlées  avec  des 
chicorées  ,  des  pissenlits,  etc.  C'est  un  aliment  très-nourris- 
sant et  de  facile  digestion. 

Quoique  les  feuilles  aient  peu  de  saveur,  on  les  mange, 
comme  la  poirée,  en  beaucoup  de  lieux,  et  on  devroit  les 
manger  partout. 

Une  quantité  de /6e//<?ra('f5  proportionnée  aux  besoins,  et 
choisie  parmi  les  plus  belles  ,  est  réservée  pour  graine  ,  dès 
le  moment  de  la  récolle  ,  et  stratifiée  comme  les  autres  , 
mais  séparément.  Chacune  devant  donner,  si  les  circons- 
tances sont  favorables ,  au  moins  une  livre  de  graine , 
et  une  livre  de  graine  suffisant  pour  ensemencer  un  arpent , 
un  seul  pied  doit  en  produire  assez  pour  l'usage  du  jardin  le 
plus  étendu.  On  doit  cependant  en  planter  trois,  un  de  rouge, 
Un  de  jaune  et  un  d'une  autre  variété.  Les  pieds  de  betteraves 
pour  graines  seront  placés  à  une  bonne  exposition ,  écartés 
de  trois  pieds  au  moins  ,  binés  comme  les  autres  ;  et  lorsque 
la  tige  sera  parvenue  à  toute  sa  hauteur  ,  elle  sera  attachée  à 
un  fort  tuteur  ,  pour  mettre  obstacle  à  l'effort  des  vents.  On 
cotipp  les  tiges  aux  approches  des  eelées^  on  les  suspend  dans 
un  grenier,  à  l'abri  de  la  voracité  dés  rats,  et  lorsqu'elles  sont 
dessécl»ées,  on-e»  d«tâçh«  la- graine  aveeuffMton,  et  on  la 


B  E  T  4„3 

consente  dans  des  sacs  ou  dans  des  boîtes,  dans  un  lieu  sec  et 
aéré.  Il  n'y  a  guère  que  la  moitié  de  celte  graine  qui  soit 
bonne  ,  parce  que  celle  des  extrémités  des  branches  n'est  pas 
parvenue  à  maturité.  On  sépare  la  mauvaise  par  le  vannao^e. 
Il  y  a  pi'ès  d'un  siècle  que  les  Allemands  cultivent  la  bette— 
7-apepour  la  nourriture  des  bestiaux.  C'est,  comme  je  Tai  déjà 
observé,  une  variété  très-grosse,  très-rustique,  d  un  rouge 
pâle  ,  marbré  dans  Tintérieur  ,  sélevant  beaucoup  au-dessus 
du  sol  qu'ils  préfèrent.  Commerel,  qui  avoit  vu  les  grands 
avantages  de  cette  culture  ,  apporta  des  graines  de  cette  va- 
riété ,  qu'il  sema  aux  environs  de  Nancy,  et  qu'il  préconisa 
vers  l'année  1784- ,  sous  les  noms  de  betterave  champêtre  et  de 
racine  de  disette.  Depuis  lors  ,  on  n'a  pas  cessé  de  la  semer  an- 
nuellement chez  quelques  propriétaires  éclairés ,  jusqu'à  la 
grande  extension  qu'a  eue  sa  culture  il  y  a  quelques  années. 

Ce  n'est  pas  seulement  comme  fournissant  une  nour- 
riture d'automne  et  d  hiver  pour  tous  les  bestiaux  ,  prin- 
cipalement les  vaches  et  les  moutons  ,  que  la  betterave  mérite 
tous  les  soins  des  cultivateurs  ;  c'est  comme  donnant  moyen 
de  reculer  le  retour  des  mêmes  cultures  dans  la  série  des  asso- 
lemens  ;  c'est  comme  excellente  préparation  aux  semis  du 
froment  et  autres  céréales.  Sous  ce  rapport  seul ,  elle  peut 
considérablement  améliorer  les  produits  généraux  de  nos  ré- 
coltes. 

Toutes  les  sortes  de  terres  ,  pourvu  qu'elles  ne  soient  pas 
arides  ou  marécageuses  ,  peuvent  être  disposées  pour  la  cul- 
ture de  la  betterave  champêtre.  Il  suffit  de  leur  donner  des  la- 
bours profonds  ,  et  d'autant  plus  nombreux,  qu'elles  sont 
plus  argileuses  et  plus  humides. 

Le  semis  des  betteraves  pour  la  culture  en  plein  champ  se 
fait  ,  comme  dans  les  jardins  ou  dans  les  planches  ,  dans 
l'intention  de  repiquer  le  plant ,  ou  dans  la  place  où  ce  plant 
doit  croître  pendant  toute  la  durée  de  la  saison.  Il  n'y  a  point 
de  différence  dans  la  pratique  ci-dessus  indiquée ,  sinon 
qu'on  opère  plus  en  grand  et  qu'on  donne  moins  de  binages. 

Les  semis  en  rayons  sont  les  plus  avantageux  à  raison  de  la 
facilité  qu'ils  donnent  pour  les  sarclages  à  la  houe ,  à  cheval 
ou  à  la  charrue. 

Les  opinions  surles  avantages  et  les  inconvénien  s  de  la  trans- 
plantation de  la  betterave  sont  partagées.  Il  y  a  lieu  de  croire, 
d'après  les  calculs  de  plusieurs  agronomes  également  dignes 
de  foi,  qu'on  peut  indifféremment  employer  ces  deux  moyens. 

Dans  le  sarclage  à  la  houe  ,  il  est  plus  nuisible' qu'utile  de 
ramasser  la  terre  autour  dès  racines,  qui  profitent  mieux, 
ainsi  que  l'expérience  le  prouve,  lorsque  leur  partie  supé- 
rieure jo!:!t  de  l'action  directe  de  l'air  et  des  rayons  du  soleil 


4o4  15  K  T 

L'objet  fie  la  culture  étant  en  partie  la  nourriture  <îes  bes- 
tiaux, on  peut  sacrifier  la  grosseur  et  la  saveur  des  racines 
au  besoin  de  tirer  parti  des  feuilles  en  automne.  Ainsi  cou- 
per deux  fois  ces  dernières  avant  d'arracher  les  premières,  ne 
peulpastoujoursêtreregardécomnie  ime  opération  blâmable. 

Ou  donne  les  feuilles  de  hetlenwe  aux  bestiaux  avec  de  la 
paille;  car  comme  elles  sont  très-aqueuses,  il  pourroit  ré- 
sulter quelques  inconvcniens  de  les  leur  donner  seules.  Quoi- 
que quelques  uns  les  rebutent  d'abord,  ils  s'y  accoutument 
bientôt  et  finissent  par  les  aimer  avec  passion.  Si  elles  ne  les 
engraissent  pas  comme  les  racines,  elles  donnent  beaucoup 
de  lait  aux  femelles,  et  les  entretiennent  tous  en  bon  état  de 
sanlé. 

La  récolte  des  betteraves  doit  être  faite,  autant  que  possible, 
par  un  temps  sec.  On  les  laisse  se  ressuyer  pendant  quelques 
jours  sur  le  terrain  après  qu'on  a  enlevé  leurs  feuilles  ,  on  les 
débarrasse  de  leur  surabondance  de  terre,  puis  on  les  trans- 
porte à  la  maison. 

Pour  que  les  chevaux  et  les  botes  à  cornes  ,  puissent  man- 
ger les  racines  de  beUeruK<es  ,  il  faut  qu'elles  soient  divisées  en 
petits  morceaux,  après  avoir  été  lavées  aussi  bien  que  pos- 
sible. Les  bêtes  à  laine  et  les  cochons  peuvent  se  passer 
de  cette  division,  mais  il  n'est  pas  moins  avantageux  de 
l'employer  aussi  à  leur  égard.  On  a  imaginé  des  couteaux  à 
plusieurs  lames  qui  agissent  en  forme  de  leviers,  et  même  des 
uKichines  plus  expéditives  pour  remplir  cet  objet  avec  beau- 
coup d  éconouïie  de  main-d'œuvre. 

Oiielques  personnes  pensent,  avec  raison,  que  les  racines 
de  ^<'//fmi't',>-  cuites,  profilent  davantage  aux  bestiaux  ;  mais 
elles  ont  l'inconvénient  d'afloiblir  leur  estomac  et  d'augmen- 
ter la  dépense. 

Les  racines  de  betteraves^  pour  la  nourriture  des  bestiaux,  se 
consei-vent  pendant  l'hiver,  soit  dans  des  bàtimens  bien  clos , 
où  elles  sont  couvertes  de  terre  ,  de  sable  ,  ou  simplement 
de  menues  pailles  ,  soit  dans  des  trous  de  six  pieds  de  pro- 
fondeur, creusés  en  terre  sèche,  garnis  de  paille,  et  recou- 
verts de  la  terre  qu'on  en  a  retirée. 

L'objet  le  plus  important  ,  pour  lequel  on  puisse  culti- 
ver les  betteraves  en  grand,  est  certainement  l'extraction  du 
sucre  qu  elles  contiennent.  Je  dois  donc  entrer  dans  quelques 
détails  sur  les  considérations  qu'elles  présentent  relativement 
à  cet  objet ,  renvoyant  au  mot  SucaE  l'exposé  des  procédés 
employés  pour  l'en  retirer. 

Il  a  été  publié  (dans  les  dix  dernières  années )  un  grand 
nombre  d'écrits  sur  la  culture  de  la.  betterave  à.  sucre,  dans 
çl>acun  Jeiqucls  il  se  trouve  quelques  faits  nouveaux,  quel- 


B  E  T  4o5 

ques  considérations  propres  à  conduire  au  but,  jointes  à  quel- 
ques erreurs  de  pratique  ou  à  quelques  conseils  laufifs. 
La  plupart  de  ces  écrits,  au  premier  rang  desquels  il  fnut 
placer  le  Mémoire  de  mon  collaborateur  Chaptai  (vol.  53  ), 
sont  insérés  en  entier  ou  par  extrait  daîïs  les  Annales  d'Agri- 
culture, qui  s'impriment  chez  M."'«  Huzard  ,  rue  de  1  Epe- 
ron ,  à  Paris  ;  et  je  renvoie  à  cette  collection  ceux  ^ui  vdu- 
droient  de  plus  grands  détails  que  ceux  dans  lesquels  je  suis 
dans  le  cas  d'entrer  ici. 

11  étoit  naturel  de  croire  que  les  helteraoes,  donnant  d'autant 
plus  de  sucre  que  l'année  avoit  été  plus  chaude  ,  il  scroit 
beaucoup  plus  avantageux  de  les  cultiver,  pour  l'extraire, 
dans  les  parties  méridionales  de  la  France  ,  en  Italie  et  en 
Espagne;  mais  l'expérience  a  prouvé  qu'il  n'en  étoit  rien. 
En  effet,  quoique  les  helicraoes  cultivées  à  Montpellier,  par 
exemple  ,  paroissent  plus  sucrées  quand  on  les  inange  que 
celles  cultivées  à  Paris  ;  elles  ne  fournissent  que  du  mucosc- 
sucrc  ,  ou  sucre  incristallisable  ;  ou,  du  moins,  le  sucre 
cristalîisable  ne  s'y  trouve  que  pendant  peu  de  jours  après 
leur  maturité.  La  réaction  de  ces  principes  sur  eux-mêmes 
s'effectue  en  elles  avec  d'autant  plus  de  rapidité  qu'elles 
sont  exposées  à  une  plus  haute  température.  Le  quarante- 
cinquième  degré  paroît  être  la  limite  où  il  faut  cesser.de  les 
cultiver  sous  le  rapport  de  la  production  du  sucre. 

On  a  cru  également  que  les  variétés  de  betleraoes\e.?,  plus, 
sucrées augoût,  comme layaune de  Castelnaudary,  fourniroier.t 
plus  de  sucre  ;  et  les  résultats  de  l'expérience  n'ont  pas  en- 
core été  ici  d'accord  avec  la  fausse  théorie  sur  laquelle  ou 
s'étoit  fondé. 

Lorsqu'on  a  commencé  à  cultiver  la  betterave,  on  met- 
toit  beaucoup  d'importance  à  la  variété,  parce  que  chocuu 
vantoit,  comme  préférable,  celle  qui  lui  avoit  donné  les  pro- 
duits les  plus  avantageux.  Aujourd'hui  qu'il  est  reconnu  que  la 
variété  ne  se  reproduit  pas  constamment,  et  que  la  quantité 
du  sucre  dépend  principalement  du  sol ,  des  circonstances 
atmosphériques  et  de  la  culture  ,  on  sème  indifféremment 
toutes  les  variétés  ;  cependant  les  rouges  donnant  un  sucre 
plus  difficile  à  blanchir  ,  et  les  très-grosses,  celles  qui  acquiè- 
rent constamment  plus  de  six  Vwvcs,  (^la  betterave  rliumpelre) y 
contenant  beaucoup  plus  de  principes  aqueux  ,  doivent  être 
repoussées  autant  que  possible. 

Les  betteraves  sont  plus  petites  et  plus  chargées  de  sucre 
dans  les  terrains  secs  et  maigres  ;  mais  la  proportion  de  ce 
dernier  ne  dédommage  pas  de  leur  moindre  abondance. 

Les  letteraves  sont  très-garnies  de  feuilles  dans  les  terrains 
humides  et  gras  ;  mais  leurs  racines  y  sont  souvent  dune 


ioG  B  E  T 

médiocre  grosseur  ,  et  toujours  fort  peu  chargées  de  sucre. 
D'ailleurs,  la  graine  et  les  jeunes  plantes  y  pourissent  sou- 
vent. 

C'est  donc  dans  les  terres  franches  ,  fertiles  ,  meuhles  et 
profondes  ,  dans  ce  qu'on  appelle  donnes  terre  à  blé  ^  dans  les 
prairies  d'alhioion  défrichées  depuis  quelques  années  ,  qu'il 
est  plus"  profitable  de  semer  la  betterave  ,  dont  on  est  dans 
l'intention  de  tirer  le  sucre. 

Les  beticraoes  qui  ont  crû  dans  les  terres  voisines  de  la  mer, 
celles  qui  ont  reçu  des  engrais  animauxtropabondans,  contien- 
nent des  nitrates,  des  muriates  et  des  sulfates  qui  en  rendent  la 
moscouade  presque  impossible  à  purifier.  On  ne  doit  donc  pas 
cultiver  cette  pUnte  dans  les  terrains  salés,  ni  améliorer  tous 
les  autres  avec  des  fumiers  ,  avec  des  boues  de  villes  ,  avec 
des  matières  animales. 

C'est  après  l;i  culture  d'une  céréale,  et  sans  nouvel  en- 
grais ,  qu'il  convient  de  cultiver  la  betterave.  Cependant  on 
peut  ,  au  contraire,  semer  une  céréale  sur  le  terrain  qui  a 
fourni  une  récolte  de  betteraves,  lorsqu'on  a  des  motifs  par- 
ticuliers pour  le  faire.  On  prépare  le  terrain  par  deux  ou 
trois  labours  profonds,  et  s'il  est  nécessaire  de  lui  donner  des 
engrais ,  ce  doit  être  du  fumier  peu  consommé  ,  des  vases 
de  rivière  ou  d'étang,  des  terres  neuves,  etc. 

L'expérience  prouve  qu'un  bon  terrain  peut  fournir  jus- 
qu'à cinquante  milliers  de  i<'//<'rm)CT  par  arpent;  mais  le  pro- 
duit ordinaire  n'est  que  la  moitié  de  cette  quantité. 

Avant  de  semer  la  hetlerai^e  ,  il  faut  émotter  et  herser  , 
afin  de  rendre  le  terrain  aussi  uni  que  possible. 

J'ai  déjà  parlé  des  différentes  manières  de  semer;  mais  il 
faut  ici  ajouter  que  le  semis  en  rayon  se  pratique  de  deux 
manières  :  ou  par  le  moyen  de  femmes  qui  placent,  l'une 
après  l'autre,  les  graines  de  betteraufe  ,  de  distance  en  distance, 
dans  les  sillons  de  herse  ;  ou  au  moyen  d'un  semoir  qui  produit 
le  mt:me  effet.  Celui  de  M.  Hayot,  décrit  dans  le  recueil 
précité  ,   est  préférable. 

Pour  donner  plus  d'action  aux  rayons  du  soleil ,  et  par 
conséquent  pour  favoriser  la  production  du  sucre  ,  il  con- 
vient de  diriger  les  rayons  du  levant  et  du  couchant  ,  et  de 
les  espacer  au  moins  de  quinze  pouces. 

C'est  dans  le  courant  d'avril  que  l'on  sème  les  betteraves 
en  France  ;  cependant  on  peut  le  faire  dès  le  20  mars  ,  lors- 
qu'on veut  les  repiquer;  parce  que  si  le  plant  gèle  peu  après 
être  levé  ,  on  peut  ,  sans  presque  aucune  dépense  ,  regarnir 
la  planche  de  graines. 

Le  semis  à  la  volée  consomme  plus  du  double  de  gvaines 
que  celui  en  rayon;  mais  il  est  si  simple  et  si  économique, 


B  E  T  .407 

que  la  plupart  des  cultivateurs  le  préfèrent.  Coirtme  îl  irfe 
peut  être  rigoureusement  égal  ,  on  est  obligé ,  lorsque  le 
plant  a  acquis  cinq  à  six  feuilles ,  c^est-à-dire  ,  au  moment 
du  premier  binage  ,  d'éclaircir  les  places  où  il  est  trop  rap- 
procbé ,  et  de  regarnir  celles  où  il  est  trop  éloigné.  Pour 
faire  cette  transplantation,  il  faut  choisir  un  temps  pluvieu's, 
afin  d'assurer  d'autant  plus  la  reprise. 

Malgré  l'augmentation  de  la  dépense  et  les  inconvéniens 
de  la  transplantation  totale  des  hettera^^es  ,  beaucoup  de  cul- 
tivateurs préfèrent  ce  mode ,  prétendant  que  cette  méthode 
augmente  les  produits  en  racine  et  en  suct'e. 

Deux  sarclages  sont  indispensables  à  la  belle  croissance  de 
la  hetterme;  et  si  même  on  n'en  conseille  pas  trois,  c'est  uni- 
quement par  économie. 

Lorsque  l'année  a  été  favorable  à  la  croissance  des  helte- 
raves  ^  c'est-à-dire,  qu'il  y  a  eu  une  alternative  convenable 
de  jours  chauds  et  de  jours  pluvieux  ,  on  arrache  les  belle- 
raves  dès  les  premiers  jours  d'octobre;  mais  si  le  mois  de  sep- 
tembre a  été  froid  et  pluvieux  ,  il  faut  attendre  quinze  jours 
plus  tard  ,  car  le  sucre  se  formant  par  suite  des  progrès  de 
la  végétation,  si  on  les  arrache  avant,  il  n'y  en  a  pas,  ou 
peu  à  espérer;  de  même  si  on  tarde  trop  ,  il  n'y  en  a  plus.  Ce 
dernier  cas  n'arrive  pas  dans  le  Kord,  parce  que  les  froids 
commencent  au  moment  même  que  le  sucre  est  formé  ; 
mais  il  a  toujours  lieu  dans  le  Midi ,  et  il  est  la  cause  , 
ainsi  que  je  l'ai  cité  plus  haut  ,  qu'on  ne  peut  y  établir  de  fa- 
brique de  sucre  de  betterave. 

A  mesure  qu'on  arrache  les  hetleraoes^  on  en  sépare  les 
feuilles  parla  torsion  ,  soit  pour  les  employer  à  la  nourriture 
des  bestiaux  ,  soit  pour  servir  d'engrais  au  terrain  qui  les  a 
fournies. 

On  laisse  les  betteraoes  se  ressuyer  sur  le  sol  pendant  quel- 
ques jours  ,  puis  on  les  transporte  dans  des  enclos  voisins  des 
fabriques,  où  on  les  empile  pour  les  conserver  pendant  l'hiver; 
la  gelée,  la  chaleur  et  l'Immidilé  peuvent  également  leur  nuire, 
il  faut  les  garantir  de  leurs  effets,  par  des  couvertures  qu'on 
puisse  ôter  facilement  ;  ce  sont  des  feuilles  sèches  ou  de  la  fou- 
gère qui  remplissent  le  mieux  les  indications,  et  elles  doivent  en 
conséquence  être  préférées.  On  ôte  ces  couvertures  dans  des 
jours  secs  et  foids  pour  les  faire  sécher,  ainsi  que  les  racines 
entre  lesquelles  l'air  doit  pouvoir  circuler  avec  facilité. 

C'est  dans  ces  tas  qu'on  prend  chaque  jour  les  racines 
sur  lesquelles  on  veut  opérer  ,  ainsi  que  je  le  dirai  au  mot 
Sucre. 

Les  porte-graines  des  hellenwes  à  sucre  se  planlent  et  s<'^ 


4o8  B  E  T 

conduisent  comme  ceux  de  la  betterave  cultivée  dans  les  jardins. 

(B.) 

BETTHYLE,Be/%/»5,  Lat.  Genre  d'insectes,  de  Tordre 
des  hyménoptères,  section  des  porte-tarières,  famille  des  pu- 
pivores  ,  tribu  des  oxyures  ,  et  qui  a  pour  caractères  :  ta- 
rière très-pointue  ,  en  forme  d'aiguillon  rétractile  ;  pre- 
mier segment  du  corselet  grand,  presque  en  carré  long;  an- 
tennes filiformes ,  brisées,  de  treize  articles  dans  les  deux 
sexes,  dont  le  second  et  le  troisième  presque  de  la  même 
longueur;  mandibules  bidentées  à  la  pointe. 

Les  betthyles ,  que  M,  Jurine  nomme  omales^  ressemblent 
à  de  petites  tiphies  ;  mais  il  est  aisé  de  les  en  distinguer 
par  l'inspection  de  leurs  ailes  inférieures  qui  n'ont  point  de 
nervures  ;  caractère  propre  aux  clialcis ,  aux  dnips  et  à  d'au- 
tres genres  analogues  de  la  môme  famille.  Suivant  ce  natura- 
liste ,  les  antennes  des  femelles  n'ont  que  douze  articles  ; 
mais  j'en  ai  compté  treize  ,  ainsi  qu'à  celles  des  mâles  ;  et 
dans  la  figure  qu'il  donne  de  V onule  fuscîcome ,  femelle,  ce 
ynènie  nombre  y  est  très  -  bien  exprimé.  La  tête  des  bct~ 
ihyles  est  ovale  et  aplatie ,  avec  les  yeux  entiers  ;  leurs  palpes 
sont  filifonnes;  les  maxillaires  ont  six  articles,  dont  les 
deux  premiers  courts,  et  ceux  du  milieu  presque  en  cône  ren- 
versé ;  la  languette  est  entière;  le  corselet  est  allongé  et 
tronqué  postérieurement;  l'abdomen  est  ovoïdo-conique  et 
pointu  au  bout  ;  les  pieds  sont  courts  ,  épais  et  semblables 
entre  eux;  les  ailes  supérieures  ont  des  cellules  radicales  et 
nne  cellule  radiale  assez  grande ,  ovale  et  ouverte  à  son 
extrémité;  les  autres  manquent. 

Les  bcUhyhs  sont  des  hyménoptères  fortpetits,  très-agiles  et 
presque  tous  de  couleur  noire.  On  les  trouve  à  terre,  sur  le 
sable ,  ou  sur  les  écorces  des  arbres ,  dans  les  fissures  des- 
«{uelles  ils  aiment  à  se  cacher.  Quelques  espèces  ont  les  ailes 
très-courtes;  d'autres  en  sont  privées. 

Betthyle  HÉMlPTÈRE,  Belthylus  hemipterus ,  Fab.  ;  Panz., 
Faun.  insert.  Germ.  fasc,  77,  tab.  i4;  noir,  glabre;  ailes  très- 
courtes.  Environs  de  Paris. 

Betthyle  cÉNOPTÈre  ,  Betthyhiscenoptenis^  Panz.  U)id.,fasc. 
81  ,  tab.  14.;  noir;  antennes  ,  jambes  et  tarses  d'un  brun 
clair.  Avec  le  précédent. 

Le  Betihylus  LatreillU,  de  Fab.,  appartient  au  genre  Mérie. 
V.  ce  mot.  (l.) 

BETYS.  Arbrisseau  du  Brésil  mentionné  par  Pison  » 
comme  employé  en  médecine.  On  ignore  le  genre  auquel 
il  appartient  ,  quoiqu'il  y  ait  quelques  motifs  de  croire  uuo 
c'est  un  Poivre,  (b.) 

BEUBBE.  V.  les  «nitk-s  Bœuf  et  Lait. 


B  E  U  ^09 

BEURRE  DE  BAMBOUC.  C'est  une  huile  concrète 
que  les  Nègres  et  les  Maures  à  l'est  du  Sénégal  tirent  des  fruits 
d'un  arbre  qui  croît  dans  leur  pays.  Cet  arhre  est  encore 
imparfaitement  connu  des  botanistes,  quoique  Mungo-Park 
en  ait  donné  la  figure  dans  la  relation  de  son  voyage  dans 
Tintérieur  de  l'Afrique.  Il  est  d'une  grosseur  médiocre;  ses 
feuilles  sont  ovales,  alternes;  ses  fruits  sont  ronds,  de  la 
grosseur  d'une  noix,  huileux,  d'une  odeur  aromatique,  et 
contiennent  un  noyau  dans  lequel  est  une  amande  de  la 
grosseur  dun  gland.  V.  Illipé. 

Les  Nègres  mangent  ces  fruits,  et  en  tirent,  en  les  fai- 
sant bouillir  dans  l'eau  ,  après  les  avoir  piles  ,  une  graisse 
d'un  blanc  sale  ,  qui  tient  lieu  de  beurre.  Les  Européens 
qui  font  usage  de  cette  substance  ,  ne  la  distinguent  du  lard 
que  par  une  petite  àcrefé  qui  n'est  pas  désagréable.  On  en 
fait  aussi  un  grand  usage  en  Uniment  pour  guérir  la  sciatique, 
et,  à  plus  forte  raison,  les  rhumatismes.  J'en  ai  vu  des  effets 
presque  incroyables;  mais  tous  les  huileux,  dans  les  pays 
chauds  ,  en  produisent  de  semblables,  (b.) 

BEURRE  DE  GALAM.  Synonyme  de  Beurre  de  Bam- 
BHuc.  C'est  mal  à  propos  qu'Aubiet  a  dit  qu'il  provenoit 
du  fruit  de  l'AvoiRA.  (B.) 

BEURRE  DE  MONTAGNE  ou  DE  PIERRE,  Berg- 
iz/Z/^r  des  Allemands.  Matière  onctueuse  de  couleur  Jaunâtre  , 
qui  forme  de  petits  amas  et  quelquefois  des  espèces  de  stalac- 
tites dans  les  cavités  des  montagnes  schisteuses  de  Sibérie. 
Cette  matière ,  que  les  Russes  appelent  kamcnnoié maslo  {beurre 
de  roche')  ^  est  un  mélange  d'argile,  d'alun,  de  couperose  ou 
sulfate  de  fer,  et  de  pétrole,  qu'il  est  aisé  de  reconnoître  à 
son  odeur  pénétrante  ;  quelquefois  cette  matière  est  d'une  cou- 
leur ^lanchâtre  ,  et  le  bitume  y  est  plus  subtil  et  presque  à 
l'état  de  n aphte. 

Les  élans  et  les  chevreuils  sont  singulièrement  friands  de 
celte  substance  ,  et  les  chasseurs  sont  assurés  d'en  trouver  un 
grand  nombre  dans  le  voisinage  des  montagnes  qui  la  pro- 
duisent. On  la  transporte  dans  les  contrées  qui  en  sont  dé- 
pourvues, pour  servir  d'appât  aux  pièges  qu'on  tend  à  ces  ani- 
maux; ce  sont  ordinairement  des  fosses  profondes,  couvertes 
d'une  espèce  de  bascule  qui  les  fait  trébucher  dans  le  trou  , 
dont  le  fond  est  hérissé  de  pieux  pointus;  et  il  arrive  quelque- 
fois que  d  autres  chasseurs  y  tombent  eux-mêmes. 

Le  kamcnnoié  mcislo  est  surtout  abondant  aux  environs  de 
Krasnoîarsk  ,  sur  le  fleuve  Yenissel.  J'en  al  trouvé  aussi  dans 
quelque;:  montagnes  voisines  du  fleuve  Amour.  (PAT.) 

BEURRERiE  ,  Beiurena.  Arbre  de  la  Jamaïque,  servant 


4io  B  E  Z 

de  type  à  un  genre  de  lirown  ,  qui  a  été  ensuite  réuni  au  Ca- 

BRILLET.  (b.) 

BE  VAI\().  En  espagnol ,  c'est  le  Castor,  (desm.) 
BEXUGO.  Racine  employée  au  Pérou  pour  purger.  On 
ignore  de  quel  arbre  elle  provient,  (b.) 

BEZAAN TJE-KLIPVISCH.  Nom  indien  des  Chéto- 

DONS  CORNU  ET  À  GRANDES  ÉCAILLES.  (B.) 

BEZERCHETAN.  Le  Lin  s'appelle  ainsi  en  Arabie,  (b.) 

BEZEKGOTliUME.  La  Pulicaire  porte  ce  nom  dans 
rOrienf.  (b.) 

BEZETTvV.  C'est,  dans  le  commerce  du  Levant,  du  crépon 
fin,  teint  avec  la  Cochenille  ,  et  que  l'on  tire  de  Consian- 
tinople.  (s.) 

B  EZETTA.Nomdepays  du  Tournesol,  croton  tinctorium^ 
Linn.  (b.) 

BÉZOARD.  Ce  nom  arabe  a  été  donné  à  certaines  con- 
crétions calculeuses  qui  se  forment  dans  le  corps  des  animaux , 
la  plupart  berbivores ,  et  principalement  dans  leurs  intestins  ; 
il  est  même  rare  de  trouver  quelque  quadrupède  sans  hézoard 
ou  calcul.  On  en  trouve  souvent  chez  les  chevaux ,  qui  en  ont 
ordinairement  de  très-gros.  Les  bezuards  peuvent  se  former 
dans  toutes  les  parties  du  corps,  mais  surtout  dans  les  intes- 
tins ,  la  vésicule  du  fiel ,  le  conduit  salivaire  ,  l'estomac  ,  la 
glande  pinéale  ,  etc.  On  donne  plus  particulièrement  le  nom 
de  calcul  à  la  pierre  de  la  vessie  ,  au  gravier  des  rfeins ,  aux 
concrétions  pulmonaires ,  etc.  (  V.  le  mot  Calcul.)  Certaines 
pelotes  de  poils  entrelacés  se  forment  aussi  dans  l'estomac  de 
plusieurs  quadrupèdes  ruminans  ;  on  les  appelle  des  Egagro-i 
PILES.  Consultez  cet  article. 

Les  Léioards  des  intestins  du  cheval  deviennent  très-volu- 
mineux ,  et  pèsent  quelquefois  njcme  plusieurs  livres.  Ceux 
d" éléphant,  d'hippopotame  et  de  rhinocéros,  sont  d'une  taille 
énorme  ,  et  on  en  conserve  dans  les  Muséum  dhisloire  natu- 
relle. 

A  l'époque  du  moyen  âge,  la  médecine  arabe  importa  dans 
l'Europe  les  médicamens,  avec  les  idées  superstitieuses  et 
exagérées  de  l'Orient.  Elle  attribua  des  propriétés  merveil- 
leuses aux  bézoardi .,  comme  celles  de  chasser  les  venins  ,  de 
combattre  les  poisons  ,  de  raniiuor  la  vie  ,  etc.  Ces  prestiges 
de  la  médecine  sont  évanouis  depuis  long-temps,  et  le  héiuard 
n'est  plus  que  magni  itomims  umhra  ,  une  concrétion  ,  une  ma- 
ladie particulière,  qui  n'a  pas  la  vertu  de  guérir  celui  qui  l'a, 
d'autres  maladies. 

On  a  distingué  les  hézonrds  en  orientaux  et  en  occidentaux. 
Les  premiers  ,  prônés  par  les  Arabes  comme  des  médlca- 
meas  merveilleux  ,  ont  é!é  jadis  d'un  très-grand  prix  ,  tandis» 


B  E  Z  /„ 

quo  les  hézoarun  orddenlavx  ont  clé  discrédités.  Le  h éioard orient 
tal  le  plus  ordinaire  se  trouve  dans  la/gazel du  Buffon  (anti- 
lope gaze/la ,  Linn.)  ;  surtout  chez  les  mâles  adultes.  Il  est  formé 
dans  la  dernière  poche  de  Testomac  quadruple  de  ce  rumi- 
nant. On  en  rencontre  aussi  dans  Vantilope  ceivicapra  de  Linn,, 
ou  Vantilope  des  Indes  ,  et  dans  la  rhèore  sawagc  {^rapra  œgagrus  , 
Linn.)  ;  enfin  dans  tous  les  ruminans  à  cornes  creuses  ,  qui 
vivent  du  feuillage  et  des  boutons  des  arbrisseaux,  qui  se  plai- 
sent sur  les  montagnes  et  fréquentent  les  roches  solitaires.  La 
chair  de  ces  animaux  a  souvent  une  odeur  musquée  qui  se  com- 
munique à  CCS  concrétions  pierreuses  de  l'estomac,  et  qui  dé- 
pend probablement  de  leur  bile.  Celle-ci  devient  musquée 
en  passant  à  un  certain  état  de  décomposition,  comme  on 
l'observe  dans  le  fiel  de  bœuf  dont  on  dégraisse  les  vêtemens. 

Le  bézoard  du  porc-épic,  appelé  par  les  Portugais  piedra 
deî  porco  ,  est  l'un  des  plus  recherchés.  Il  paroît  savonneux  , 
et  gras  au  toucher  et  à  la  vue  ;  sa  couleur  est  d'un  vert  noi- 
râtre ou  olivâtre  jaune.  Je  pense  qu'il  se  forme  dans  la  vési- 
cule du  fiel  du  porc-épic  ;  car  il  porte  tous  les  caractères  d'une 
concrétion  biliaire  et  savonneuse.  On  porte  ce  hézoard&n  amu- 
lette ,  pour  se  préserver  de  la  conlagion  ,  quand  on  ajoute  foi 
à  la  vertu  de  ce  remède.  En  Portugal,  on  les  loue  jusqu'à 
lo  à  12  francs  par  jour;  en  Hollande  ,  on  les  a  en  grande 
estime  aussi ,  et  on  les  porte  sur  soi  dans  quelque  boîte  d'or 
ou  d'argent ,  ou  bien  on  les  entoure  dans  des  sphères  de  fi- 
ligrane d'argent,  comme  on  en  voit  dans  les  cabinets  des 
curieux  et  des  naturalistes.  Aujourd'hui  encore  ,  beaucoup 
d  hommes  croient  à  la  vertu  de  ces  pierres,  soit  en  pre- 
n.int  intérieurement  ([uelque  parcelle  de  ce  remède,  soit  en 
le  portant  en  amulcllc,  comme  en  Espagne  on  porte  une 
pierre  de  jade  contre  la  gravelle ,  en  France  un  aimant 
contre  la  fièvre  ,  en  Allemagne,  une  pierre  d'aigle  (mor- 
ceau do  mine  de  fer  limoneuse)  pour  faciliter  Taccouche- 
ment.  Voilà  l'homme  ! 

Les  hézoards  oriidcnirux  viennent  du  chamois  ou  ysard 
des  Alpes  (^antilope  nipirtipra  ,  Linn.)  ,  du  bouquetin  {rapra 
ihex  ,  Linn.)  ,  de  la  chèvre  d'Amérique  ,  qui  est  une  espèce 
da  chèvre  ordinaire.  Mais  ces  bézoar<ls  sont  peu  estimés, 
j<arce  qu'ils  n'ont  pas  été  aussi  vantés,  n'ont  été  connus  que 
dans  des  temps  moins  crédules,  et  parce  qu'on  a  pu  s'en  pro- 
curer à  peu  de  frais. 

On  retire  aussi  des  hézoards  du  c?'iman  ou  crocodile  d'A- 
mérique,  du  sanglier,  du  mulet,  de  la  \\^e>^ç.  {camelus  vi- 
aigna,  Linn.  ),  du  chien  ,  de  la  guenon-douc  (  simia  nemœus  , 
Linn.  )  ,  du  castor ,  du  bœuf,  de  tous  les  antilopes  ou  gazel- 
les ,  des  chèvres  el  même  de  l'homme.  Les  faux  hézoards  s'î 


4i3  B  E  Z 

préparent  nvec  tles  coquilles  «rhuîtres  ou  des  veux  d'e'crevis  - 
ses  pulvérisés  et  niis  en  pâle  avec  de  l'eau  gommée  et  un  peu 
de  musc  ou  d'ambre  gris  -,  ensuite  on  les  forme  eu  boule  et 
on  les  fait  sécher;  mais  on  les  distingue  des  vrais  bézoards  , 
en  ce  qu'ils  n'ont  pas  de  couches  concculriques  el  feuilletées, 
ni  des  stries  cristallines  dans  leur  fracture  ;  et  ils  ne  donnent 
pas  de  trace  olivâtre  en  les  frottant  sur  du  papier  enduit  de 
chauK  ou  de  craie. 

Suivant  une  analyse  de  bézoards  faite  par  Fourcroy  et 
A'auquclin  {Annules  du  Muséum^  tom.  IV,  33|),  les  bé- 
zoards d'un  vert  pâle  ,  se  volatilisant  au  feu ,  se  dissolvant 
dans  lalcohol  bouillant,  duquel  se  précipitent  de  petits  cris- 
taux ,  par  le  refroidissement,  sont  formés  de  bîle  et  de  la 
résine  qu  elle  contient.  Une  autre  sorte  de  bezoard  .  brun  ou 
violet,  insoluble  à  lalcohol,  se  dissout  dans  les  alcalis,  et 
donne,  à  l'air  libre,  une  liqueur  rouge  pourpre.  Cette  ma- 
tière fournit  à  la  distillation  un  sublimé  jaune  d'odeur  empy- 
reumalique.  M.  Bertliollet  (  il/c/n.  suc.  d'Jrcueil ,  tom.  2  , 
p.  4-+8  )  à  trouvé  aussi  une  matière  ligneuse  en  quelques  bé- 
zoards. 

Lorsqu'on  chauffe  ,  qu'on  pulvérise  ou  qu'on  frotte  les  bé- 
zoards ,  ils  exhalent  une  odeur  de  parfum.  En  les  sciant  par  le 
milieu,  on  trouve  dans  leur  centre  quelque  matière  végétale 
qui  sert  de  noyau  ou  de  base ,  et  qui  a  été  successivement  re- 
couverte par  du  phosphate  ammouiaco-niagnésien  ,  mélangé 
d'une  matière  exlractive  végétale  colorante  et  d  humeurs  ani- 
males, de  la  nature  de  la  bile.  Celle-ci  communique  aux  bé- 
zoards celte  couleur  olivàlre  ou  verte,  et  cette  odeur  de  musc 
qui  les  font  reconnoilre.  Il  y  a  sur  les  molaires  des  ruminans  , 
un  enduih  d'une  couleur  brune  dorée  qui  se  remarque  aussi 
sur  les  bézoards  de  ces  animaux.  Les  bézoards  formés  de  phos- 
phate de  chaux,  sont  des  calculs  urinaires;  souvent  ils  sont 
usés  et  ont  des  formes  triangulaires. 

Les  yeux  décrevisses  sont  des  espèces  de  bézoards  ou  cal- 
culs. Les  faux  bézoards  s'appellent  pierres  de  Goa  ou  de  Mu~ 
taca  ;  ils  font  elfei'vescence  avec  les  acides.  La  saveur  des 
vrais  bézoards  est  urineuse  el  glutineuse ,  el  ils  colorent  la  sa- 
live. V.  les  articles  Calcul  et  Égagrovile. 

Le  bezoard  minéral  des  anciens  chimistes  n'est  autre  clîose 
que  l'oxvde  blanc  d'antimoine  ,  précipité  de  sa  dissoluliou 
dans  l'acide  nitrique  ,  par  un  alcali,  il  est  analogue  à  l'anll- 
moine  diaphorétique  (deutoxyde  d'antimoine)  préparé  par  sa 
détlagralion  avec  le  nitrc  (  T'.  notre  Traité  de  pharmacie,  loni.  2, 
p.  379.  ) 

Eniin  quelques  pharmacologistes  ont  ausr.i  nommé  lézourd 
de  vipère,  le  Ijie  dj^ceché  cl  p'ilvcrisé  de  ce  scrpenl.  On  le 


B  T  A  4i3 

donnoit  comme  dîaphoréllque  et  alcxitèr^' ,  vertus  atlribuécs 
à  tous  les  bézoards  de  chasser  les  venins  par  la  sueur,  (mrey.) 

BEZOARD.  Coquille  du  genre  des  Casques,  Euccinum 
gtaucum  de  Linnîeus.  (b.) 

BÉZOA.I\D  FOSSILE.  On  a  quelquefois  donné  ce  nom 
à  des  masses  globuleuses  de  chaux  carbonatéc  ,  composées 
de  couches  concentriques,  comme  les  calculs  qui  se  forment 
dans  le  corps  de  1  homme  et  des  animaux  ,  avec  lesquels  elles 
n\mi  que  cette  seule  analogie.  V.  Chaux  carbonatée  con- 

CUF/riON>ÉE.  (LUC.) 

BEZOARD  (chà're  (lu).  On  a  regarde  long-temps  l'ÀN- 
'liLOPE  ORYX ,  comme  élant  l'animal  dont  les  intestins  ren- 
ferment les  hézoards.  Il  paroîl  que  c'esl  plutôt  le  Paseng  ou 
CuEVRE  SAUVAGE.  V.  cti  dernier  article,  (desm.) 

BEZO(X).  Nom  que  les  Basques  donnent  à  un  poisson  de 
leurs  côtes,  dont  la  pèche  leur  est  très-avantageuse.  On  le 
mange  frais  et  confit.  C'est  le  Spare  pagre,  (c.) 

BEZOLE.  Nom  d'un  poisson  de  Rondelet  ;  on  croit  que 
•c'est  le  Salmonk  lavaret  ,  ou  le  Corécone  war tmann.  (b.) 

BHAIRA.    Les    Indous    donnent    ce  nom    au  Bélier. 

(desm.) 

BIA,  Les  Siamois  nomment  bisa  le  petit  coquillage  qui 
sert  de  monnoie  aux  Indes,  et  que  l'on  y  appelle  Coris  ou 
Cal- RIS.  (s.) 

BIAL.  En  hongrois  ,  c'est  le  Buffle,  (desm.) 

BIANCHET.  Nom  de  la  Fauvette  grise  en  Piémont. 

(v.) 

BIARATACA  ou  MARITACACA.  Pison  désigne  sous 
CCS  noms  ,  une  espèce  de  Sarigue  ,  qui  est  probablement  le 
Crabier.  (desm.) 

BIASLIE,  Biaslla.  Genre  de  plantes  établi  parVandeli, 
mais  qui  rentre  dans  celui  appelé  Mayaque  par  Aublet.  (b.) 

BIATORE,  Biatora.  Nouveau  genre  de  plantes  de  la  fa- 
mille des  LlcnE>'S  ,  proposé  par  Acharius  dans  sa  Lkfteno- 
graphie  universelle.  Il  ne  contient  qu'une  seule  espèce,  décou- 
verte par  Schleicher  dans  les  montagnes  de  la  Suisse.  Sa  base 
Çrhallus)  est  une  membrane  crustacée,  uniforme,  portant  des 
écussons  orbiculaires,  enfoncés  ,  nus  et  concaves  au  centre  , 
entourés  et  ceints  parun  petit  bourreletmarginal.  Le  caractère 
différentiel  est  entièrement  microscopique,  et  consiste  dans 
l'organisation  intérieure  oùl'onvoit  des  lignes  de  petits  grains 
disposés  en  stries  presque  semblables.  A  juger  de  ce  genre 

Ïarla  forme  visible  des  écussons,  on  le  placeroit  avec  les 
Jrcéolaires, 


4i4  B  T  B 

.  La  seule  espèce  connue  de  ce  genre  est  la  hiulora  hir- 
gida.  (P.-B.) 

BIATU.  Nom  vulgaire  de  1' Ortolan  aux  environs  de 
Niort,  (v.) 

BIAU.  C'est  le  Bœuf  dans  plusieurs  départemens  de  la 
France  méridionale  ,  et  notamment  dans  celui  de  1  Aude. 

(desm.) 

BIBARO,   BIVARO.  En  espagnol,  c'est  le  Castor. 

(desm.) 

BIBASSIER.  On  donne  ce  nom,  à  l'Isle-de-France,  au 
Néflier  du  Japon,  (b.) 

B1B6Y.  Sorte  de  palnner  qui  paroît  être  du' genre  Aa^oira 
et  qui  fournit  ,  par  incision,  une  liqueur  de  même  nom, 
qu'on  laisse  aigrir,  et  qu'on  boit  ensuite.  Les  fruits  donnent 
une  huile  très-claire,  (c.) 

BIBE.  Poisson  du  genre  Gade  ,  Gadus  hisnts  ,  Linn.  (c.) 

BIBER.  Nom  allemand  du  Castor,  (desm.) 

BIBERRATZE  ou  RAT  CASTOR.  Quelques  auteurs 
ont  donné  ce  nom  au  Desman.  (desm.) 

BIBION  {OrnithoL).  Nom  que  Ton  donne  à  la  DeinoiseUe 
de  Numidie.  (v.) 

BIBION,  Bibio  ^  (ieoff.  Genre  d'insectes  de  Tordre  des 
diptères,  famille  des  némocères,  et  distingué  parles  carac- 
tères suivans  :  antennes  courtes,  épaisses,  cylindriques, 
perfoliées,  de  neuf  articles  insérés  devant  les  yeux;  palpes 
filiformes  ,  courbés  ,  de  quatre  à  cinq  articles  distincts  ; 
trois  petits  yeux  lisses  ;  segment  antérieur  du  corselet  sans 
épines;  jambes  antérieures  prolongées,  à  leur  extrémité  ,  en 
une  pointe  forte,  en  forme  d'épine. 

Linnseus,  Degeer  et  d'autres  auteurs  placent  ces  diptères 
avec  les  tipules,  qu'ils  avoisinent  en  effet  sous  plusieurs  rap- 
ports naturels.  Geoffroy  les  en  a  ,  le  premier,  séparés  sous 
le  nom  générique  de  bibion.  Fabricius,  n'ayant  point  d'abord 
admis  ce  genre  ,  crut  devoir  ,  néanmoins ,  faire  usage  de  la 
même  dénomination  pour  distinguer  un  autre  genre  de  dip- 
tères (  V.  ThÉRÈve).  Un  nouvel  examen  l'ayant  engagé  à  se 
rapprocher  de  l'opinion  du  naturaliste  français,  il  appela  ses 
bibions /«/■/<?fl ,  dénomination  encore  vicieuse  ,  puisque  Sco- 
poli  Ta  consacrée  à  un  ^«tregenre  de  diptères,  les  stratiomes. 
(  S.  shigata.  ) 

Le  genre  bibion  de  GeoffVoy ,  depuis  qôc  M.  Mcigen  en 
a  détaché  celui  àes  di/ophes ,  a  un  peu  moins  d'étendue.  Ce^ 
insectes  ont  de  la  ressemblance  avec  les  tipules;  mais  ils  en 
diffèrent  en  plusieurs  points. 

Ils  ont  les  antennes  de  neuf  articles,  aplatis  parlée  deux 
bouts,  et  comme  enfilés  les  uns  dans  les  auires  ,  insérés  à  la 


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B  I  B  4,5 

partie  antérieure  de  lat«*te,  assez  près  de  la  trompe;  la  tête 
grosse  et  arrondie  dans  les  mâles  ,  plus  petite  et  aplatie  dans 
les  femelles,  différence  qui  paroît  due  à  la  conformation  des 
yeux,  qui,  dans  les  mâles,  sont  très-grands,  arrondis  et  réunis, 
et  qui  sont  beaucoup  plus  petits,  ovales  et  saillans  dans  les 
femelles;  trois  petits  yeux  lisses  à  la  partie  postérieure  de  la 
têle,  sur  une  éminence,  entre  les  yeux  à  réseau;  le  corselet 
Irès-convexe,  surtout  dans  les  femelles;  l'abdomen  allongé, 
presque  cylindrique  dans  les  mâles ,  un  peu  renflé  dans  les 
femelles;  les  pattes  de  moyenne  longueur;  les  antérieures  à- 
cuisses  renflées ,  et  à  jambes  terminées  par  une  forte  pointe  ; 
les  postérieures  plus  longues;  les  tarses  de  cinq  articles,  avec 
deux  crochets,  et  trois  petites  pelotes  spongieuses  au  bout; 
les  ailes  nues,  membraneuses,  de  la  longueur  de  Tabdomcn, 
horizontales. 

Ces  insectes  sont  connus  sous  des  noms  qui  indiquent  les 
époques  où  ils  paroissent.  On  en  voit  au  printemps,  qu'on 
appelle  mouches  de  Saint-Marc  ;  on  nomme  ceux  qui  parois- 
sent plus  tard,  mouches  de  Saint- Jean.  Us  se  posent  ordinai- 
rement sur  les  arbres  fruitiers,  ce  qui  a  fait  croire  à  quelques 
paysans  quils  faisoient  du  tort  à  ces  arbres,  en  rongeant 
Textrémité  des  boutons  ,  et  en  faisant  périr  les  fleurs  ;  mais 
ils  sont  incapables  de  nuire  :  la  conformation  de  leur  trompe 
les  empêche  de  faire  le  moindre  mal. 

Leur  accouplement  n'offre  rien  de  bien  remarquable  :  pla- 
cés sur  la  même  ligne,  ayant. les  têtes  opposées  ,  ils  demeu- 
rent unis  des  heures  entières  dans  cette  position  ;  le  mâle  re- 
tient safemelle  avec  deux  crochets,  qu'il  a  à  l'extrémité  de  l'ab- 
domen ;  quelquefois  celle-ci  l'emporte  en  l'air  ,  lorsqu'il  ne 
veut  pas  la  quitter ,  et  on  les  prend  souvent  accouplés,  sans 
qu'ils  fassent  aucun  effort  pour  se  séparer.  Après  l'accouple- 
ment ,  la  femelle  fait  sa  ponte. 

11  paroît  que  les  femelles  déposent  leurs  œufs  dans  la 
terre,  et  que,  quand  les  petites  larves  en  sortent,  elles 
cherchent  les  bouses  de  vache  pour  s'en  nourrir.  Les  larves 
sont  sans  pattes,  et  ont  le  corps  hérissé  de  poils,  dirigés  en 
arrière  et  plus  gros  que  ceux  des  chenilles  velues;  leur  tête  est 
écailleuse,  dure,  et  la  bouche  a  deux  petites  màchoiref.  Elles 
diffèrent  des  larves  de  plusieurs  aulvcs diptères^  en  ce  qu'elles 
changent  de  peau,  et  la  quittent  enlièremen'.  pour  se  méta- 
morphoser en  nymphes  :  le  plus  grand  nombre  de  celles  des 
^<)y/^r^5  sont  renfermées  ,  dans  cet  état ,  sous  la  peau  ,  qui 
s'est  durcie  ,  et  leur  sert  de  coque.  Les  larves  des  bibions  se 
convertissent  enn\nnphes  vers  la  fin  de  Thiver  ,  restent  envi- 
ron quarante  jours  sous  cette  forme  avant  de  devenir  insecte» 
parfaits;   comme  b«iaucoup  d'autres,  ces  insectes  périsient 


4i6  B  I  B 

peu  de  temps  après  s'être  accouplés  :  leur  démarche  est 
lourde. 

Ce  genre  ne  contrent  que  douze  à  quinze  espèces,  dont  la 
plus  grande  partie  se  trouve  en  Europe. 

BlBION  PRINTANIER,  Bibio  hrevicurnîs ;  hiriea  biwicomis^ 
Fab.  Le  màli;  a  environ  trois  lignes  de  longueur  ;  le  corps 
lioir  ,  point  luisant,  peu  velu;  les  antennes  noires,  plus 
courtes  que  les  anlennules  ;  la  tête  grosse  ,  arrondie  ;  Tab- 
domen  presque  cylindrique  ;  les  ailes  transparentes  ,  d'un 
i>run  obscur  le  long  du  bord  extérieur ,  avec  un  point  noi- 
lâtre  vers  le  milieu  ;  les  jambes  brunes  et  les  cuisses  fer- 
rugineuses, 

La  femelle  diffère  du  mAle  en  ce  qu'elle  a  la  tête  petite  , 
aplalie  ;  l  abdomen  renflé  ,  dune  couleur  ferrugineuse,  avec 
une  ligne  longitudinale  ,  noirâtre  sur  le  milieu  ;  les  pattes 
moins  brunes  que  celles  du  mâle  :  dans  les  deux  sexes  ,  les 
cuisses  sont  un  peu  renflées,  et  les  jambes  antérieures  sont 
terminées  par  un  onglet  assez  fort. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  sur  les  fleurs  et  sur  les  arbres 
fruitiers,  vers  le  milieu  du  printemps. 

BiBION  PRECOCE,  Bibio  horhilanus ;  hirtea  hoiin/ana,  T ah.  ; 
le  bibion  de  Saint  -  Mure ,  rouge.,  Geoff. ,  inscft..,  t.  2  ,  pi.  ig, 
ftg.  3  :  très-commun  au  printemps  ,  et  remarquable  par  ia 
différence  des  couleurs  des  deux  sexes.  Le  mâle  est  tout  noir; 
avec  les  ailes  blanches  et  bordées  extérieurement  de  noi- 
râtre ;  la  hnieUc  {  iipii/a /lorlu/ana  ,  Linn.  )  a  la  lêle  noire, 
le  corselet  dun  rouge  cerise  ;  Tabdomen  d'un  rouge  plus 
pâle  ,  un  peu  jaunâtre  ;  la  poitrine  et  les  pattes  noires  ;  les 
iiiles  ont  aussi  plus  de  noir. 

BiBlON  DE  Saint -Marc,  Bibio  Marri;  hirtea  Marri., 
Fabricius;  bibion  noir,  t.  3,  pi.  A.  24,  ftg-  2  ,  de  ce  Diction- 
naire, un  peu  plus  grand  que  le  précédent;  très-noir,  velu; 
ailes  bordées  extérieurement  de  noir;  blanches  dans  le  mâle, 
noirâtres  dans  la  femelle. 

BliilON  CANICULAIRE,  Bibio  Johannls ,  Tipula  Johannis , 
Linn.;  est  noir,  glabre,  avec  les  pattes  rousses,  les  ailes 
blanches  et  marquées  d'un  point  noir.  Sa  larve  vit  dans  le 
fumier;  les  anneaux  de  son  corps  sont  garnis  de  quelques 
filets  courts ,  membraneux  et  coniques  ,  dirigés  vers  le  der- 
rière; ceux  du  dernier  anneau  sont  plus  longs  et  plus  nom- 
breux. On  distingue  à  cette  partie  deux  stigmates;  le  premier 
anneau  en  a  deux  autres. 

Cette  larve  semble  s'aider  dans  sa  marche  de  deux  sortes  de 
mamelons  coniques  et  membraneux,  qu'elle  pousse  hors  du 
derrière. 

Sa  nymphe   est   d'un  blanc  sale;  50n  corps  est  allongé  ,. 


B  I  C  ^17 

presque  cylindiique,  courbé  en  dessous,  avec  la  tête  ronde, 
et  le  corselet  gros  et  bossu. 

Olivier  réunit,  avec  les  bihions^  les  scatopses  de  Geoffroy,  la 
lipide  phulénuide  de  Linnieus  ;   voyez  les  genres  Scatopse, 

PSYCHODE.  (L.) 

BIBLIOLITE,  Phytuhiblia,  LylhobMa,  c'est-à-dire,  li- 
vre pétrifié.  Quelques  naturalistes  ont  donné  ce  nom  à  de» 
pierres  schisteuses,  ordinairement  calcaires,  etquiprésenlent 
entre  leurs  feuillets  des  empreintes  de  feuilles  ou  quelquefois 
même  de  simples  dendrites,  analogues  à  celles  desenvirons  de 
Pappenhcim  enBavière,  d'OEningen  et  de  Moûte-Bolca.  On 
l'a  également  donné  à  des  incrustations  de  chaux  carbona- 
tée  qui  s'étoient  formées  sur  des  feuilles.  F.  Chaux  CARBONA- 

TÉE  CONCRÉTIONNÉE.  (LUC.) 

BIBBEUIL.  La  Berce  branc-ursine  porte  ce  nom  dans 
le  Boulonais.  (b.) 

BICARËNÉ.  Nom  spécifique  d'un  Tupinambis.  (b.) 

BICHE.  C'est  la  femelle  du  Cerf  d'Europe.  A  Cayenne, 
on  appelle  indifféremment  bichsle  mâle  et  la  femelle  de  quel- 
ques espèces  du  même  genre  ,  voisines  du  che^>reidl.  (s.) 

BICHE  DES  BARALOUS.  V.  Biche  des  Palétu- 
viers, (desm.) 

BICHE  DES  BOIS.  V.  Biche  des  grands  bois,  (desm.) 

BICHE  DES  GRANDS  BOIS.  Espèce  de  Cerf  qui  vil 
dans  les  forêts  de  la  Guyane  et  ne  fréquente  que  les  terrains 
secs  et  élevés.  Sa  taille  est  à  peu  près  la  même  que  celle  dé 
notre  biche.  Son  pelage  est  roux,  son  bois  très-court  et  sa 
chair  peu  savoureuse.  On  donne  aussi  à  cette  espèce  le  nom 
de  grande  biche.  D'Azara  lui  rapporte  son  gouazou-pita  ,  et 
Buffon  la  confond,  ainsi  que  la  biclie  des  palétuviers ,  avec  l'es- 
pèce  du  cheoreuil.  V.  Cerf,  (desm.) 

BICHE  (grande).  V.  Biche  des  grands  bois,  (desm.) 

BICHE  DE  LA  GUYANE  ou  Cheorvtain  de  Surinam,  de 
Séba.  Ce  n'est  point  un  véritable  chevrotain,  mais,  selon 
M.Cuvier,un  jeune  individu,  ouune femelle  d'une  des  espèces 
de  Cerfs  de  la  Guyane,  (desm.) 

BICHE  DES  PALETUVIERS  ou  DES  BARALOUS. 
Petit  cerf  de  la  Guyane  ,  dont  les  bois  sont  très-courts  , 
mais  dont  l'axe  osseux  qui  les  supporte  est  au  conirair,e  très- 
allongé.  Sa  demeure  ordinaire  est  dans  les  endroits  couverts 
depalétuviers,  et  baignés  par  le  flux  de  la  mer.  On  le  voit  sou- 
vent en  troupes.  Quand  la  mer  monte,  ces  animaux  se  tien- 
nent immobiles  sur  les  racines  Irès-élevées  des  palétuviers  , 
jusqu'à  ce  que  la  mer ,  en  se  retirant ,  laisse  les  terres  à  dé- 
*;ouvert  ;  ils  nagent  et  plongent  très-bien, 

D'Azara  leconnoît  le  quadrupède  nommé  au  Paraguay 
lii.  un 


4i8  B  I  C 

gouazou  lira  ^  dans  la  hiche  des  palétuviers  f   que  Buffon  ne 
croyoit  pas  différer  du  chevreuil  d'Europe.  V.  Cerf,  (desm.) 

ËICHE  (  petite).  V.  Biche  des  palétuviers  ,  et  Tarticle 
Cerf,  (desm.) 

BICHE  ROUSSE.  V.  à  l'article  Cerf  l'histoire  du  Ca-  '• 
rjacou.  (desm.) 

BICHE  DE  SARDAIGNE.  C'est  ainsi  que  le  Cerf  axis 
a  été  dtisigné  par  les  anatomistes  de  l'académie  des  sciences. 

(s.) 

BICHE  DES  SAVANES.  V.  Cerfmazame.  (desm.) 

BICHE.  Ppisson  du  genre  Scombre  de  Linnœus  ,  {Scom- 
berghtucus)  ,  que  Lacépède  a  placé  parmi  ses  Caranx.  C'est 
aussi  le  Squale  glauque  ,  dont  on  emploie  la  peau  pour  po- 
lir les  ouvrages  en  bois,  (b.) 

BICHE  (la  grande).  Geoffroy  appelle  ainsi  la  femelle 
du  cerf-volant.  Cet  auteur  ayant  cru  voir  plusieurs  fois  des 
biches  accouplées  ensemble,  a  fait  une  espèce  particulière  de 
cet  insecte;  mais  des  observations  récentes  ont  prouvé  que  la 
biche  n'est  autre  chose  que  la  femelle  du  cerf-volant.  V.  Lu- 
cane, (o.) 

BICHE  (petite).  Nom  donné  par  Geoffroy  au  Lucane, 
parallélépipède,  (o.) 

BICHIR.  Nom  de  pays  d'un  poisson  du  Nil ,  observé  , 
décrit  et  dessiné  par  Geoffroy  de  Saint-Hilaire ,  sous  celui 
de  POLYPTÈRE.  (b.) 

BICHON.  Petite  et  jolie  race  de  chiens .,  à  nez  court  et  à 
poil  long ,  blanc  et  très-fin.  Elle  a  toujours  été  rare  ;  mais  de- 
puis quelque  temps  on  ne  la  voit  presque  plus  ,  du  moins  en 
France.  La  femelle  s'appelle  bichone.  Les  livres  d'Histoire  na- 
turelle ne  distinguent  pas  le  bichon  du  chien  de  Malte  ,  quoique 
celui-ci  soit  un  petit  épugneul ,  au  lieu  que  le  bichon  provient 
Au  petit  épagneul  ai  an  petit  barbet.  V.  Chien,  (s.) 

BICHON  DE  MER.  Synonyme  de  Balaté.  (b.) 

BICLE.  V.  Bigle,  (desm.) 

BICORNE,  Ditrachyceros.  Genre  de  vers  intestins  établi 
par'Sulzer.  Ses  caractères  sont  :  vésicule  ovale  ,  comprimée , 
ayant  en  avant  une  corne  dure  ,  profondément  bifurquée  , 
couverte  d'aspérités  filamenteuses. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce  qui  a  un  peu  plus  de 
diîux  lignes  de  long  :  elle  a  été  rendue  par  l'anus,  en  immense 
quantité,  à  la  suite  d'une  purgalion,  par  une  jeune  fille  de 
Strasbourg. 

Aucun  rapport  n'existe  entre  ce  ver  intestin  et  ceux  connus. 
Un  fluide  très- limpide  remplit  son  corps.  On  ne  peut  qu'éta- 
blir des  conjectures  sur  sa  manière  d'être,  quoique  son  orga- 
nisation ait  été  fort  bien  observée  par  Sulzer,  qui  a  publié  , 


sur  ce  qui  le  concerne ,  une  très-inte'ressanle  dissertation  à  la 
suite  de  laquelle  il  Ta  fait  figurer,  (b.) 

BICORNES  ,  Erlcœ  ,  Jussieu.  Famille  de  plantes  dont  la 
fructification  est  composée  d'un  calice  monophylle  ,  persis- 
tant ,  ordinairement  libre  ,  et  profondément  divisé  ;  d'une 
corolle  monopétalc  ,  quelquefois  aussi  très-divisée  ,  rare- 
ment insérée  au  sommet  du  calice ,  plus  souvent  attaclj^ée  à  sa 
base ,  ou  portée  sur  une  glande  calicinale ,  communément 
marcescente  et  persistante  ;  d'étamines  en  nombre  déter- 
miné ,  dislincles  ,  ayant  la  même  insertion  que  la  corolle  , 
quelquefois  ,  mais  très-rarement  ,  attachées  à  sa  partie  infé- 
rieure ,  à  anthères  souvent  échancrées  ou  bifides  à  leur  base  , 
comme  fourchues  ou  à  deux  cornes  ;  d'un  ovaire  simple  , 
libre,  ou  rarement  inférieur  ,  à  style  conique,  à  stigmate  or- 
dinairement simple  ;  d'un  fruit  supéiieur  ou  inférieur,  mul- 
tiloculaire  ,  polysperme  ,  presque  toujours  capsulaire  et  mul- 
tivalve  ;  à  valves  septifères  sur  leur  milieu ,  et  attachées  par 
leur  base  à  l'axe  ou  placenta  central  ;  semences ,  en  général 
très-petites,  à  périsperme  charnu,  à  embryon  droit,  à  coty- 
lédons semi- cylindriques  ,  quelquefois  presque  foliacés  ;  ra- 
dicule souvent  inférieure. 

Les  plantes  de  cetle  famille  ont  été  appelées  bicornes,  à 
cause  de  leurs  anthères  ,  ordinairement  surmontées  de  deux 
pointes.  Leur  tige ,  rarement  herbacée  ,  plus  souvent  ligneuse^ 
forme  ,  dans  la  plupart ,  des  touffes  basses  ,  ou  des  arbrisseaux 
très-rameux  ;  leurs  feuilles ,  toujours  simples ,  sont  ou  alternes , 
ou  opposées  ,  ou  rassemblées  trois  à  quatre  à  chaque  nœud  , 
en  manière  de  verticilles  ;  les  fleurs  ,  quelquefois  munies  de 
bractées ,  et  souvent  de  couleur  de  chair  ,  ou  blanchâtres  , 
avec  une  teinte  de  rouge  plus  ou  moins  vif,  affectent  diffé- 
rentes dispositions. 

Dans  cette  famille ,  qui  est  la  troisième  de  la  neuvième  classe 
du  Tableau  du  règne  végétal ,  par  Ventenat ,  et  dont  les  carac- 
tères se  voient  figurés  pi,  12  ,  n."  1  du  même  ouvrage ,  d'où  on 
a  tiré  les  déveioppemens  ci-dessus  ,  on  trouve  neuf  genres  , 
savoir  :  ceux  qui  ont  l'ovaire  supérieur,  Blaérie  ,  Bruyère  , 
Andromède,  Arbousier,  Clethra,  Pyrole  et  Palom- 
MIER  ;  ceux  qui  ont  l'ovaire  inférieur  ,  ou  presque  inférieur  , 
l'AiRELLE.  Jussieu  y  a  ajouté  ,  depuis,  les  genres  Epacris  , 
PoiRETiE.et  Styphelie,  et  avec  doute,  Pyxidanthère , 
EsCALLONE,  et  Camarine  ;  et  d'autres,  les  genres  Calluné  , 
Salaxis  ,  L01SELEURIE  ,  Deîsdrion,  Mairanie. 

La  famille  des  Vacciniées  a  été  proposée  pour  séparer 
quelques  genres  de  celle-ci,  que  plusieurs  botanistes  pensent 
n'être  pas  suffisamment  distincte  de  celle  des  Khodoracées. 

(cj 


/,3o  B  I  D 

BICQUËEO.   r.  BECQtJABO.  (DESM.) 

BIDACTYLE.  Oiseau  qui  n'a  que  deux  doigts.  Jusqu'à 
présent  on  ne  connoît  que  1  Autruche  à  qui  on  puisse  appli- 
quer ce  nom.  (v.) 

BIDENT,  Bidens.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie  po- 
lygamie égale,  et  de  la  famille  des  Corymbifères,  dont  les 
cara^ères  sont:  un  calice  commun,  presque  simple,  composé 
d'un  a  deux  rangs  de  folioles  droites  ,  et  jamais  véritablement 
imbriquées  ;  quantité  de  fleurons  tous  hermaphrodites  ,  lu- 
bulés,  quadrifîdcs  ou  quinquéfides  ,  tous  posés  sur  un  ré- 
ceptacle chargé  de  paillettes. 

Le  fruit  consiste  en  plusieurs  semences  oblongues ,  ter- 
minées chacune  par  deux  dents  (  quelquefois  quatre  )  ,  ou 
deux  pointes  roides  et  droites  ,  qui  ont  souvent  de  petites 
aspérités  tournées  en  bas. 

Ce  genre,  auxdépens  duquel  DecandoUe  a  établi  celui  des 
SalméeS  ,  comprend  une  trentaine  d'espèces,  la  plupart 
propres  à  l'Europe  et  à  l'Amérique.  Ce  sont,  en  général,  des 
herbes  annuelles  ,  dont  les  feuilles  sont  presque  toujours  op- 
posées, et  tantôt  simples,  tantôt  ailées,  et  dont  les  fleurs 
sont  axillaires  ou  terminales. 

Les  espèces  d'Europe  sont  : 

Le  BiDElST  À  CALICE  FEUILLE  ,  Bidens  tripaHila^  Linn.,  qui 
a  les  feuilles  trifides  et  pinnées,  et  le  calice  feuille.  Cette 
plante,  commune  le  long  des  fossés,  et  dans  les  lieux  aqua- 
tiques, est  mondificalive,  résolutive,  sternutatoire,  et  donne 
une  teinture  jaune.  Ses  semences  s'attachent  souvent,  pen- 
dant l'hiver,  aux  habillemens  des  passans  ,  parle  moyen  de 
leurs  dents  ,  qui  se  recourbent  à  leur  pointe. 

BiDENT  PENCHÉ,  Bidens  cemua,  Linn.  Celte  plante  croît 
dans  l'eau,  dans  les  marais  et  les  fontaines  boueuses.  Elle  a 
une  saveur  acre,  et  donne  une  teinture  jaune.  Ses  caractères 
sont  d'avoir  les  feuilles  lancéolées  ,  amplexicaules  ,  les  fleurs 
penchées,  et  les  calices  feuilles  :  elle  s'élève  beaucoup  moins 
que  la  précédente. 

Les  espèces  étrangères  ne  présentent  rien  qui  soit  dans  le 
cas  d  une  mention  particulière. 

Lr.marck  avoil  réuni  les  Spilantes  auxBiDENTS  ;  mais  il 
trst  revenu,  dans  ses  Illustratiuns  ^  à  l'opinion  de  Limueus. 
y  oyez  pi.  668  de  cet  ouvrage  ,  où  les  caractères  de  ces 
doux  genres  sont  figurés.  11  a  aussi  rapporté  quelques  espèces 
de  CoTTjLES  de  Linnœus  à  ces  genres  réunis,  (b.) 

BIDET,  cheval  de  la  plus  petite  taille,  et  qtii  ne  passe 
guère  trois  pieds  et  demi  de  haut.  Un  double  hidei  est  un 
cheval  entre  le  hidet  et  la  taille  ordinaire.  Les  meilleurs  Lide^-i 
ce  trouveut  en  Fraoce  ,  et  particuliùreuicnl  eu  Bretagne.  Le 


bi'det  de  poste  ne  s'altèlc   point,    et  sert  à  courir   à  franc 
étrier.  (s.) 

BIDI-BIDI.  V.  l'article  Porzatîe.  (v.) 

BIDZJAM.  C'est  le  Sésame  d'Orient,  à  Malaca  (b  ) 

BIEBER  ou  BIBER.  F.  Castor,  (desm.) 

BIEFFE.  On  donne  ce  nom  dans  quelques  lieux  à  une 
terre  noirâtre.,  tirant  sur  le  jaune,  peu  propre  à  la  cul- 
ture, (b.) 

BÎEGGUSB.  Nom  lapon  d'un  Phalarope,  (v.) 

BIELLOUGE.  F.  Delphinaptère  béiuga.  (desm.) 

BIELOKVOST,  Nom  que  le  Pygargue  porte  sur  la 
rive  drolle  du  Volga,  (v.) 

BIENGHEVILLE.  Les  anciens  veneurs  se  servolent  de 
cette  expression  pour  de'slgner  un  rerf,  un  daim  ou  un  rheoreuily 
dont  la  tête  est  chargée  d  un  grand  nombre  à  aîiduuîUers.  (s.) 

BI ENJOINT.  Nom  d'un  arbre  des  îles  de  France  et  de 
Bourbon  ,  dont  le  bois  est  très-tenace.  C'est  un  Badamier, 
selon  Lamarck.  Il  forme  le  genre  RÉSINAIRE,  selon  Com- 
merson.  F.  Benjoin,  (b.) 

BIERKNE  ou  BIERNK  Nom  spécifique  d'un  Cy- 
prin, (b.) 

BIEUSSON.  Poire  sauvage  devenue  blette,  (b.) 

BIEVRE,  Nos  ancêtres  appeloient  ainsi,  et  quelquefois 
Bifre,  le  Castor  de  France,  (s.) 

BIÈVRE  ,  BiÈvRE-oisEAU.  C'est  la  femelle  du  Harle 
proprement  dit.  (v.) 

BIF.  On  a  donné  ce  nom  au  prétendu  produit,  ou  Jumar 
{voyez  ce  mot),  résultant  de  l'accouplement  du  taureau  avec 
l'ânesse  ou  la  jument  :  comme  on  a  appelé  Baf  le  mulet 
qu'on  dit  provenir  de  l'âne  ou  du  cheval  et  de  la  vache. 

Quelques  auteurs  ont  appliqué  la  dénomination  de  Bifa 
I'Orfraie,  espèce  de  Chouette,  (desm.) 

BIFEUILLE.  Dicquemarre  a  donné  ce  nom  à  un  animai 
marin  quil  a  observé  au  Havre,  et  qu'il  a  figuré  dans  le 
Journal  de  Physique  ,  i.^''  vol.  de  l'année  1786.  Il  forme  pro- 
bablement un  genre  nouveau,  voisin  des  Serpules.  Les  ca- 
ractères de  ce  genre  sont  de  vivre  en  société,  attaché  à  un 
point  commun ,  chaque  animal  étant  renfermé  dans  un  tuyau 
particulier,  cylindrique ,  blanc ,  un  peu  rétréci  à  son  extré- 
mité ,  et  duquel  sort  un  organe  en  entonnoir,  membraneux, 
d'un  vert  foncé ,  et  de  temps  en  temps  de  son  centre  un  autre 
organe  de  même  nature ,  très-allongé ,  très-grêle  ,  terminé 
par  un  bouton  ovale  qui  se  divise  en  deux  parties  aplaties  , 
ressemblant  à  deux  feuilles  de  thym.  Le  tout  est  presque  mi- 
croscopique. 

Si  Dicquemarre  eût  mieux  développé  sa  description;  qu'i\ 


422  B  T  G 

eût  élé  plus  rigoureux  flans  ses  figures,  j'aurais  ici  ét<nbli  cr 
genre;  mais,  pour  le  faire  d'une  manière  satisfaisante,  il  faut 
attendre  que  le  bifeuille  ait  été  observé  de  nouveau,  (b.) 

BIFRE.   V.  BiÈVKE.  (DESM.) 

BIFURQUE.  Nom  français  du  Bicranum  ,  genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Mousses.  Ses  caractères  sont  :  coiffe 
cuculllforme  ;  opercule  plus  ou  moins  subulé  ;  péristome  ex- 
terne, simple,  garni  de  seize  dents  fendues  jusque  vers  le 
milieu  de  leur  longueur  ;  les  dents  un  peu  lancéolées  ;  urne 
droite  ,  toujours  plus  courte  que  son  tube  ;  point  de  pé- 
richèse. 

Ce  genre  est  très  -  nombreux  en  espèces.  Les  Brys 
FLEXVEUX  et  POURPRE  lui  servent  de  type.  (p.  -  B.) 

BIG.  En  Belgique,   c'est  le   nom  du  Cochon  de   lait. 

(desm.) 

BIGARADE.  Variété  de  I'Oranger.  (b.) 

BIGARRÉ.  Poisson  du  genre  Chétodon;  et  reptile  du 
genre  Tupinambis.  (b.) 

BIGARREAU  ou  BIGARREAUX  1ER.  V.  r article  Ce- 
risier, (b.) 

BIGARRURES  {Fauconnerie^.  Ce  sont  les  moucbetures, 
ou  taches  de  couleur  foncée ,  du  pennage  des  oiseaux  de 
proie,  (s.) 

BIGGEL.  Mammifère  ruminant,  du  Bengale  ,  qui  a  cinq 
pieds  de  haut ,  le  corps  cendré  en  dessus  ,  blanc  en  dessous  ; 
une  tache  noire  rhomboïdale  sur  le  front.  Il  a  été  décrit  par 
Parsons  (  Tr.  Phi/,  tom.  4-3  )•  Pallas  et  Gmelin  en  ont  fait 
ime  espèce  particulière  d'antilope,  sous  le  nom  de  Trago 
rame/us,  que  M.  Cuvier  croit  devoir  rapporter  à  celle  de 
l'Antilope  Nyl-Gaut  (Juti/opepir/n).  Qdesm.) 

BIGGETJE  GUINEESCH,  ou  petit  cochon  de  Guinée. 
C'est,  en  Belgique,  le  Cobaye  cocho>^  d'Inde,  (desm.) 

BKtLE  ou  BICLE.  Race  de  Chiens  d'Angleterre, 
propre  à  la  chasse  du  lièvre  et  du  h/pin.  (s.) 

BIGNEASSU.  Arbrisseau  des  Philippines,  qui  appar- 
tient peut-être  au  Phytolacca.  (b.) 

BIGNI.  Coquille  du  genre  Buccin,  (b.) 

BIGNONE,  Bignonia,  Linn.  (didynamie  angiospermie.) 
Genre  de  plante,  de  la  famille  de  son  nom,  qui  a  pour  caract  ères: 
un  calice  d'une  seule  pièce  ,  court,  à  deux  ou  cinq  divisions; 
une  corolle  monopétale  ,  et  dont  le  tube,  légèrement  courbé 
à  sa  base  et  un  peu  ventru  dans  sa  partie  supérieure  ,  est 
terminé  par  un  limbe  évasé  ,  partagé  en  cinq  lobes  arrondis  , 
ouverts  et  un  peu  inégaux;  quatre  étamines  ,  dont  deux  plus 
grandes  (  quelquefois  il  y  a  un  cinquième  filament  dépourvu 
d'authère  ,  et   d'autres   fois  seulement  deux  étamines  fer- 


B  T  n  ^,3 

liles);  un  ovaîre  supérieur  et  oblong,  surmonté  d'un  long 
style,  terminé  par  un  stiguiale  entête  ou  à  deux  lames  épaisses 
et  connivenles.  Le  fruit  est  une  capsule  dont  la  forme  varie  , 
mais  qui  est  toujours  partagée  en  deux  loges  ,  s'ouvre  par 
deux  battans  ,  et  renferme  des  semences  nombreuses,  apla- 
ties ,  munies  de  chaque  côté  d'une  aile  membraneuse  ,  et 
disposées  les  unes  sur  les  autres. 

Jussieu  et  Ventenat  ont  divisé  les  bigtiones  en  cinq  genres , 
dont  les  caractères  sont  tirés  du  nombre  desétamines  et  de 
la  disposition  des  cloisons  par  rapport  aux  valves.  Ces  genres 
sont  la  BiGNO^E  proprement  dite  ,  qui  renferme  toutes  les 
espèces  dont  les  cloisons  sont  parallèles  aux  valves;  le  Gel- 
SEMiuM  qui  est  sans  cloison ,  et  les  genres  Catalpa,  Técome 
et  Jacaran'de,  qui  ont  les  leurs  opposées  aux  valves.  Le  Ca- 
talpa n'a  que  deux  étamines  fertiles,  et  elles  sont  au  nombre 
de  quatre  dans  le  Técome  et  le  Jacarande.  Ce  dernier  genre 
a  d'ailleurs  ses  valves  orbiculaires. 

Palisot  de  Beauvois  a  établi  aux  dépens  de  ce  genre  celui 
qu'il  a  appelé  SpathodÉ  :  genre  qui  a  pour  type  la  Bignone 
Spathodée  de  Linnseus ,  dont  on  voit  trois  espèces  nou- 
velles ,  figurées  dans  la  Flore  d'Oware  et  de  Bénin,  et  dans 
le  choix  des  plantes  de  Ventenat. 

Les  bignones  sont  des  arbres  ou  des  arbustes  à  feuilles 
opposées,  simples  ou  ailées  avec  impaire,  ou  tenninées  en 
vrilles.  Sur  environ  soixante  espèces  connues ,  il  n'y  en  a  que 
dix  qui  appartiennent  à  l'Asie  ,  et  trois  à  l'Afrique  ;  les 
autres  sont  toutes  des  parties  chaudes  de  l'Amérique.  Beau- 
coup d'espèces  se  font  remarquer  par  la  beauté  de  leurs  fleurs, 
et  peuvent  être  employées  à  la  décoration  des  jardins;  telles 
sont  la  BIG]so^E  catalpa  ou  À  feuilles  eis^  cœur,  la  Bi- 
cno>;e  toujours  verte  ,  celle  de  YIRGI^'lE  ,  celle  de  la 
Chine  ,  celle  À  feuilles  de  frêne  ,  et  la  BI6^oNE  À  fruits 
tors.  D'autres  fournissent  un  bois  précieux  et  utile  :  ce  sont 
les  Bignones  à  feuilles  ondées  ,  À  cinq  feuilles  ,  À  égène 
et  a  spathe.  Plusieurs  ont  des  liges  sarmenteuses  et  grim- 
pantes ;  on  fait  avec  celles-ci  des  liens  qui  tiennent  lieu  de 
cordes  ,  des  paniers  ,  et  divers  meubles  de  vannerie.  Celles 
dont  on  tire  communément  ce  parti,  sont  la  Bignone  griffe 

DE  CEIAT  ,  la  BIGNONE  ÉQUIN0XIALE  ,    I'InCARNATE  ,  et  la  Bl- 
GNONE  À  LIENS. 

Le  Catalpa  au  la  BïGNONE  CATALPA  ,  est  un  arbre  dan 
port  agréable  ,  qu'on  distingue  aisément  à  la  fraîcheur  de  son 
feuillage  et  à  ses  belles  grappes  de  fleurs  blanches  et  pour- 
pres :  elles  paroissent  en  juillet ,  c'est-à-dire  ^  dans  un  mo- 
ment où  presque  tous  les  autres  arbres  soûl  déOeuris.  Avec 
cet  avantage,  le  cfl/«//>a  a  celui  de  pouvoir  "croître  en  pb.'iue- 


{.-x!,  B  I  G 

terre  dans  nos  climats  ;  il  est  cependant  prudent  de  ne  l'y 
mettre  que  lorsqu'il  a  atteint  Tâge  de  deux  ans  :  jusqu'à  ce 
temps  on  peut  l'élever  dans  de  grands  pots.  Quand  on  l'ex- 
pose à  l'air,  il  faut  l'envelopper  de  paille  pendant  les  grandes 
gelées,  lise  plaît  dans  un  sol  humide  et  frais  :  on  doit  avoir  soin 
de  le  placer  dans  un  lieu  où  il  puisse  être  garanti  de  la  vio- 
lence des  vents.  Multiplié  de  graines,  il  ne  lleurit  qu'au  bout 
de  six  ou  huit  ans;  il  vaut  mieux  le  marcotter  ou  le  propager  de 
boutures  ,  que  l'on  plante  au  retour  de  la  belle  saison  :  cet 
arbre  est  très-propre  à  figurer  dans  les  bosquets  d'été.  11 
est  parfaitement  acclimaté  en  France,  puisque  la  graine  qu'il 
Y  produit  est  féconde  ,  et  qu'il  a  résisté  à  l'hiver  de  1789. 
Thouin  le  range  parmi  les  arbres  de  la  seconde  grandeur, 
c'est-à-dire  ,  parmi  ceux  qui  s'élèvent  de  trente  à  soixante 
pieds  -,  son  bois,  suivant  M.  de  Feuille,  n'est  point  à  mépriser. 
Comme  l'arbre  grossit  rapidement,  les  veines  y  sont  large- 
ment prononcées  ;  mais  il  est  poreux  ,  le  grain  n'est  pas  fin  , 
ni  le  poli  lustré.  Lorsqu'il  est  fraîchement  coupé  ,  sa  couleur 
est  verdâtre  \  le  contact  de  l'air  fait  disparoître  le  vert  :  le 
bois  paroît  alors  d'un  brun  un  peu  clair. 

La  BI^,NO^E  toujours  alerte  porte  le  nom  àt  jasmin  odo- 
rant de  la  Caroline  ,  parce  que  ses  fleurs  ,  qui  sont  jaunes  , 
répandent  un  parfum  très-suave.  On  la  multiplie  par  ses  se- 
mences. Elle  est  très-sensible  au  froid  dans  sa  jeunesse  ;  on 
doit  la  placer  contre  une  muraille  à  l'exposition  du  midi ,  et 
Ja  couvrir  de  nattes  pendant  les  fortes  gelées. 

La  Bir.NONE  ou  le  Jasmin  de  Virginie  ,  dont  les  fleurs 
sont  grandes  et  d'un  rouge  éclatant  ,  est  une  espèce  dure  qui 
profite  très-bien  en  plein  air,  pourvu  qu'elle  ait  un  appui. 
Elle  peut  être  employée  à  couvrir  des  berceaux,  à  orner  des 
treillages  ,  et  à  garnir  la  tige  de  quelques  arbres.  On  l'élève 
rarement  de  graine ,  parce  qu'elle  est  alors  trop  long-temps 
à  fleurir;  au,  lieu  qu'étant  multipliée  par  marcottes  ou  par 
boutures  ,  elle  fleurit  dès  la  seconde  ou  la  troisième  année. 

Les  fleurs  de  la  Bignone  À  fruits  tors  étant  jetées  fraî- 
ches dans  l'eau  ,  lui  communiquent  une  odeur  agréable  :  on 
se  sert  de  cette  eau  dans  les  Indes  pour  arroser  les  temples, 
et  en  purifier  l'air. 

Les  habitans  de  Saint-Domingue  donnent  le  nom  de 
chêne  à  la  Bignone  À  feuilles  ondées  ,  à  cause  de  la  bonté 
et  de  la  solidité  de  son  bois  ,  qui  n'est  jamais  attaqué  parles 
vers.  Cette  espèce ,  qui  est  un  catalpa  ,  est  aussi  appelée 
rhêne  noir  d'Amérique.  Le  bois  de  la  BiGNONE  À  CINQ 
FEUILLES,  ou  Poirier  des  Antilles  ^  a  le  même  avantage. 
Celui  que  donne  la  Bignone  spathacée  ,  est  moins  dur , 


B  I  G  42-; 

et  très-facile  à  travailler;  on  en  forme  divers  ustensiles  com- 
modes. 

La  BiGNONE  X  ÉBÈNE  est  un  arbre  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  qui  fournit  Véhène  vert  du  commerce,  et  dont  une  variété 
donne  Véhène  jaune. 

Ces  quatre  espèces  étant  originaires  des  contrées  chaudes 
de  l'Amérique  ,  ne  peuvent  subsister  dans  nos  climats  sans 
le  secours  des  serres:  on  les  multiplie  par  leurs  semences. 

La   BlGNONE  GRIFFE  DE  CHAT  et  la  BlG>0>ÎE  ÉQUINOXIALE 

ont  besoin  de  soutiens  ;  celle-ci  est  appelée  vulgairement 
liane  a  crabes  ,  /Jane  à  paniers.  Toutes  deux  se  multiplient  par 
leurs  graines,  qui  doivent  être  semées  sur  une  couche  modéré- 
ment chaude  ;  Tune  et  l'autre  réussiront  très-bien  en  plein 
air,  si  elles  sont  exposées  au  midi ,  et  placées  contre  une  mu- 
raille ou  une  terrasse,  (d.) 

La  BiGNONE  GÉANTE,  Bignonia  prarera.,  Willd.  a  les  feuilles 
bipinnées,  les  folioles  obbingues,  obtuses  ;  les  fleurs  disposées 
enpanicuie  terminale.  Elle  croît  dans  les  forets  de  la  Guyane, 
où  elle  est  connue  sous  les  noms  de  ropdia  et  d'onguent  pian. 
Son  écorce  est  purgative  et  émétique  ;  on  en  fait  une  tisane 
qui  est  employée  avec  succès  contre  les  diarrhées  etlesdys- 
senteries.  (b.)  ^ 

BKiNONÉES,  Bignoniœ,  Jussieu.  Famille  déplantes, 
dont  la  fructification  est  composée  :  d'un  calice  divisé  :  d'une 
corolle  presque  toujours  irrégulière,  quadri  ou  quinquélobée; 
d'étamines  au  nombre  de  cinq,  dont  une  souvent  stérile  ou 
sujette  à  avorter  ;  d'un  ovaire  simple  ,  à  style  unique  ,  à  stig- 
mate simple  ou  bilobé  ;  d'un  fruit  biloculaire  ,  tantôt  capsu- 
laire  ,  polysperme ,  entièrement  bivalve  ,  ayant  une  cloison 
séminifère  opposée  ou  parallèle  aux  valves  et  s'en  détachant, 
c'est-à-dire  simplement  contiguë  ;  tantôt  coriace  ,  ligneuse, 
s'ouvrant  seulement  au  sommet,  oligosperme,  ayant  une  cloi- 
son séminifère ,  contiguë  aux  valves  ,  et  munie  presque  par- 
tout, sur  les  côtés  ,  d'ailes  saillantes  ,  qui  divisent  les  loges  ; 
à  périspenne  nul  ;  à  embryon  droit  ;  à  cotylédons  planes  ;  à 
radicule  inférieure. 

Les  plantes  de  cette  famille  sont,  en  général,  remarquables 
par  la  grandeur  et  par  la  beauté  des  fleurs  qu'elles  produisent. 
Leur  tige  quelquefois  herbacée  ,  plus  souvent  frutescente ,  et 
même  arborescente,  porte  des  feuilles  simples  ou  conjuguées, 
ou  temées  ,  ou  deux  fois  ailées  avec  une  impaire  ,  fréquem- 
ment opposées  et  rarement  alternes.  Les  fleurs,  quelquefois 
solitaires  et  axillaires  ,  plus  souvent  disposées  en  panicule 
terminale  ,  ont  la  forme  d'une  cloche  ,  d'un  tube  ou  d'un 
entonnoir. 

Dans  cette  famille ,  qui  est  la  quinzième   de  la  huitième 


426  B  I  H 

classe  du  Tableau  du  règne  végétal^  par  Ventenat,  et  dont 
les  caractères  sont  figurés  pi.  lo  ,  n."  4-  <lu  même  ouvrage  ^ 
d'où  on  a  emprunte  l'expression  caractéristique  précédente  , 
se  trouvent  huit  genres  sons  deux  divisions  ,  savoir  :  ceux  dont  le 
fruit  est  capsulaire  et  bivalve:  Sésame,  BIGNo^E,  Galane,  I^- 
cARviLLE,  MILLI^r^.TON  ,  Jacarande,  Catalpa  et  Técome, 
faisant  partie  de  ce  dernier  ,  selon  Linnseus  ;  et  ceux  dont  le 
fruit  est  coriace,  ligneux,  et  s'ouvre  au  sommet  :  ïourret  et 
Pédalie.  (b.) 

BIGOURNEAU.  Nom  vulgaire  d'une  coquille  du  genre 
Sabot.  Belon  donne  aussi  ce  nom  aux  Nérites.  (b.) 

BIHAI ,  lifUronia.  Genre  de  plantes  de  lapentandrie  mo- 
nogynie,  etde  la  famille  des  scitaminées,  dont  les  caractères 
consistent  en  une  corolle  composée  de  deux  pièces  Inégales  , 
oblongues  ,  membraneuses  ,  canaliculées  ,  dont  Tinférieure 
est  simple  et  étroite  ,  et  la  supérieure  plus  large  ,  bifide  à 
son  sommet  ,  et  munie  d'une  languette  adnée  à  sa  partie 
interne  ;  cinq  ctamines  aussi  longues  que  la  corolle  ;  un  ovaire 
inférieur  oblong  ,  d'où  s'élève  un  slyle  filiforme,  terminé 
par  un  stigmate  pointu  ;  une  capsule  oblongue  ,  à  trois  cotés 
arrondis,  obtuse  ou  tronquée  à  son  sommet,  et  divisée, 
intérieurement ,  en  trois  loges ,  qui  ,  chacune  ,  contiennent 
une  seule  semence  dure  et  oblongue. 

Ce  genre  renferme  de  très-belles  plantes,  propres  aux 
parties  les  plus  chaudes  de  l'Amérique.  Ce  sont  des  herbes 
vivaces  dont  les  feuilles  sont  simples  et  engaînces  à  leur  base, 
et  dont  les  fleurs  viennent  dans  des  spathes  distiques  ,  con- 
caves ou  cymblformes.  Elles  ressemblent  beaucoup  aux  ba~ 
tianiers  ,  et  portent  aux  Antilles  le  nom  de  balisier.  Les  nègres 
emploient  leurs  feuilles  ,  quelquefois  longues  de  plus  d'une 
toise  ,  pour  couvrir  leurs  cases  et  pour  les  autres  objets  aux- 
quels on  peut  employer  celles  du  bananier. 

Les  hiha'îs  croissent  dans  les  lieux  marécageux,  et  renfer- 
ment cinq  espèces  encore  peu  connues  des  botanistes.  Celle 
qui  est  la  plus  anciennement  mentionnée  par  les  voyageurs, 
est  le  BlHAï  À  FEUILLES  pointues  ,  heliconia  bihdi^  Linn.  Ses 
caractères  sont  d'avoir  les  feuilles  aiguës  à  la  base  et  à  la 
pointe  ,  le  spadix  droit  et  radical ,  le  spathe  distique  et  mul- 
tlflore  ,  et  la  languette  trifide. 

Il  ne  faut  pas  confondre  avec  ce  genre  les  StrÉlitzs  , 
plantes  du  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  qui  leur  étolent  autre- 
fois réunies,  (b.) 

BIHAR.  Nom  arabe  de  la  Camomille  des  teinturiers. 

(B.) 

BIHAT.  Nom  éthiopien  de  I'Hippopotame.  (desm.) 


B  I  L  i,^ 

BIHIMITROU.  C'est  la  même  chose  que  le  Bois  d'A- 

NISETTE.  (B.) 

BIHOR  ,  BIHOUR.  Noms  vulgaires  du  Butor,  (v.) 
BÏHOREAU.    Oiseau  du  genre  du  Héron.  V.  ce  mot 

(V.) 
BIJON.   La  tévébenlhine  du  pin  porte  ce  nom  lorsqu'elle 
est  très-pure,  V.  Pm.  (b.) 

BIKA.  En  Hongrie ,  c'est  le  Taureau,  (desm.) 
BîL.  C'est  à  Amboine  ie  Basilic  porte-crête,  (b.) 
BiLAC.  On  trouve  sous  ce  nom,  dansRumphius,  le  genre 
Aéglé  de  Commerson.  (b.) 

BILBIL.  Nom  turc  du  Troglodyte,  (v.) 
BILDSTEIN  ,  c'est-à-dire  ,  Pierre  à  sculpture.  C'est  le 
nom  que  les  Allemands  donnent  à  la  Pierre  de  lard ,  dont 
sont  faits  certains  magots  de  la  Chine.  11  y  en  a  de  blanche  , 
de  rougeâtre  et  d'une  couleur  grise  tirant  sur  le  vert.  M.  Kla- 
proth  la  nomme  Arnalgadtalile ,  et  M.  Delamétherie ,  Ptigo- 
dile.  V.  Talc  graphique,  (luc.) 

EILIMBI.  Nom  du  fruit  du  Carambolier  cylindrique^ 

(B.) 

BiLLARDIERE  ,  Billardiera.  Genre  de  plantes  de  la 
pcHiandrie  monogynie  et  de  la  famille  des  pitosporées  de 
Brown  ,  établi  par  Smith  ,  dans  son  ouvrage  sur  les  plantes 
de  la  Nouvelle-Hollande,  ou  Australasie.  \\  offre  pour  carac- 
tères :  un  calice  a  cinq  folioles;  cinq  pétales  alternes  avec  les 
folioles  du  calice  ;  cinq  élamines  ;  un  ovaire  supérieur,  sur- 
nionlé  d'un  style  à  stigmate  simple  ;  une  baie  oblopgue ,  à  un 
grand  nombre  de  semences  lentiformes. 

Ce  genre  ne  renferme  encore  que  trois  espèces  :  ce  sont  des 
plantes  vivaces  d'un  pied  de  haut,  à  tiges  grimpantes,  à  feuilles 
alternes,  ovales,  lancéolées  ,  velues,  légèrement  péliolées  ; 
à  fleurs  jaunes  et  solitaires  dans  les  aisselles  des  feuilles  supé- 
rieures. On  les  cultive  dans  nos  jardins.  Ce  qui  les  rend  prin- 
cipalement intéressantes ,  c'est  qu'elles  sont  les  seules  encore 
découvertes  dans  leur  pays  natal ,  dont  les  fruits  soient  bons 
à  manger.  J'ai  goûté  de  celui  de  l'une  d'elles,  et  l'ai  trouvé 
fort  agréable.  La  pulpe  qu'il  contient  a  la  consistance  et  le 
goût  d'une  crème  d'entremets. 

Yahl  avoit  donné  le  même  nom  au  genre  que  Willdenowa 
;;ppelé  Froéliche.  (b.) 

BILLED'lVOIRE.C'eslla  Venus pensyhanica  deLinnaeus. 

(B.) 

BÏLLON.  Nom  qu'on  donne  dans  le  commerce  aux  plus 
petites  racines,  c'est-à-dire,  au  chevelu  des  racines  de  la  ga- 
rance ,  et  qui  se  vendent  meilleur  marche,  (b.) 


/,28  B  I  N 

BILLON.  C'est  le  nom  de  la  Vesce  dans  le  Mîdl  de  la 
France,  (b.) 

BILLONNEB.  C'est  raction  de  châtrer  les  animaux  do- 
mestiques. V.  Castration,  (desm.) 

BILOROT.  Nom  vulgaire  du  Loriot.     Voyez  ce  mot. 

(y-) 

BILULO.  Espèce  de  Manguier,  (b.) 

BIMACULÉ.  Lézard  due;cnre  des  Iguanes,  (b.) 

BIMACULÉ.  Nom  spécifique  d'un  Chétodon  et  d'un 
Cycloptére,  (b.) 

BIMANE  ,  Chirotes.  Genre  de  reptile  saurien  étabU 
par  Cuvier  ,  pour  placer  le  Bipedl  cannelé  de  Lacépède  , 
qui  manque  de  pieds  de  derrière,  (b.) 

BIMANES.  Ordre  de  mammifères  qui  ne  comprend  que 
le  genre  Homme  ,  Homo,  (desm.) 

BIMAREGALY.  C'est  une  Eupatoire  ,  selon  Nlr.holson. 

(B.) 

BIMBELE,  Oiseau  du  genre  Fauvette.  Voyez  ce  mot. 

(v.) 
BINECTARIE.  Genre  de  plantes  établi  par  Forskaël. 
Quelques  botanistes  pensent  que  c'est  le  MiMUSOPS  kauki. 

(B.) 

BINERIL  ,  BINERY.  Noms  que  Ton  donne,  dans  1  Or- 
léanais ,  au  Bruant  commun  et  à  TOrtolan.  (v.) 

BINKOHUMBA.  On  appelle  ainsi,  à  Ceylan,  le  Phyl- 

LANTHE   URINAIRE.  (B.) 

BINNI.  Espèce  de  Cyprin  qui  se  pêche  dans  le  Nil.  (b.) 
BINOCLE,  jB//io/:z////5.  GcnredecrnstacésétabliparGeof- 
froy ,  et  composé  de  nos  branchiopodes  ,  qui  ont  deux  yeux 
séparés  ;  ceux  où  l'on  n'en  distingue  qu'un  ,  soit  solitaire ,  soit 
composé  des  deux  réunis ,  forment  son  genre  des  monocles 
(^monoculiis).  Son  binocle  à  queue  en  Jilet  csi  Y apus  ronrriforme. 
de  cet  ouvrage.  Sa  seconde  espèce  ,  le  B.  à  queue  en  plumet  y 
pi.  A.  26  ,  fig.  5  ,  nous  est  inconnue  et  paroît  devoir  former 
un  nouveau  genre ,  voisin  de  celui  (Vargule  :  ces  deux  espèces  y 
sont  figurées.  11  en  mentionne  une  troisième,  celle  Au goste- 
rostée.  V.  Argule.  Il  rapporte  encore  au  genre  des  binocles, 
une  espèce  de  llmule,  que  les  amateurs  nomment  communé- 
ment crahe  des  Moluques.  V.  LiMULE.  (L.) 

BINTAL.  C'est  la  Baselle  ,  à  Ceylan.  (b.) 
BINTAMBARU.    C  est    le   Liseron  pied  de  chèvre. 

BINTOCO.  Petit  arbre  de  Manilles  ,  qui  fournit  de  U 
résine  ,  et  qui  appartient  à  la  famille  des  térébinthacées.  (b.) 
BINUNGA,  Espèce  de  Ricin,  (b.) 


B  T  P  429 

BIONDELLA.  Espèce  de  Centaurée.  Le  Bois  gemii. 
porte  aussi  le  même  nom.  (b.) 

BIORN.  Nom  suédois  ,  norwégien  et  danois  de  l'OuRS. 

(DESM.) 

BIOURKOUT.  Nom  que  les  Tartares,  près  la  forteresse 
de  Tozkaia ,  en  Sibérie  ,  ont  imposé  à  T A1GLE.DORÉ.  Cet 
•oiseau  de  proie  y  est  très-commun  et  très-recherché  par  les 
Kirguis  ,  qui  le  dressent  pour  la  chasse  du  loup,  du  renard  et 
de  la  gazelle,  (v.) 

BIOUTÉ.  Le  Peuplier  s'appelle  ainsi  dans  le  départe- 
ment de  Lot  et  Garonne,  (b.) 

BIPAPILLAIRE  ,  BlpapUlaria.  Genre  établi  par  Péron, 
dans  le  voisinage  des  Ascidies  et  des  MaSiaires  ,  et  adopté 
par  Lamarck ,  pour  placer  un  animal  des  mers  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Ses  caractères  sont  :  corps  libre  ,  uni,  ovale,  glo- 
buleux ,  terminé  en  queue  postérieurement  ,  ayant ,  à  son 
extrémité  supérieure  ,  deux  papilles  coniques  égales  ,  perfo- 
rées et  tentaculifères  ;  trois  tentacules  à  chaque  oscule. 

Péron  étant  mort  avant  d'avoir  rédigé  ce  qu'il  avoit  ob- 
servé relativement  à  cet  animal ,  dont  il  n'a  laissé  que  la 
description  et  la  figure,  on  n'a  aucune  notion  sur  ses  mœurs.(B.) 

BIPÈDE ,  animal  à  deux  pieds  ,  Bipes.  L'homme  et  les  oi- 
seaux sont  bipèdes.  Platon  ayant  défini  l'homme,  un  animal  à 
deux  pieds  et  sans  plumes .,  Diogène  pluma  un  coq  ,  et  le  jetant 
au  milieu  de  l'école  académicienne ,  s'écria  que  c'éloit 
ïhomme  de  Platon;  celui-ci  fut  oblige  de  changer  sa  définition. 

Les  animaux  à  vertèbres  ou  à  deux  systèmes  nerveux  ont 
ordinairement  quatre  extrémités ,  deux  antérieures  et  deux 
postérieures,  excepté  les  serpens  qui  n'ont  pas  de  membres, 
quelques  espèces  de  reptiles  qui  n'ont  que  deux  pattes  ,  et  les 
poissons  apodes  qui  manquent  de  nageoires  ventrales  ;  celles- 
ci  représentent  les  pieds,  comme  les  nageoires  pectorales  re- 
présentent les  mauis,  ou  plutôt  des  ailes.  Les  deux  pattes  des 
reptiles  bipèdes  sont  très-petites,  et  aident  ces  animaux  à 
ramper. 

Quoique  les  gerboises.,  les  kanguroos  soient  des  quadrupèdes 
vivipares,  leurs  pattes  antérieures  sont  si  courtes,  si  foibles  , 
qu'elles  ne  leur  servent  point  pour  marcher.  Les  pattes  de 
derrière  sont  longues  et  fortes  dans  ces  animaux,  et  ils  ne 
s'appuient  que  sur  elles  et  sur  leur  queue  forte  et  roide,  qui 
leur  sert  d'un  troisième  pied.  Comme  ces  animaux  ne  peuvent 
pas  avoir  une  démarche  graduée  et  réglée  par  ce  moyen,  ils 
sont  réduits  à  sauter.  Ce  sont  aussi  de  très-habiles  sauteurs, 
de  même  que  les  puces.,  les  sauterelles.,  les  grillons.,  les  altises  et 
autres  insectes,  qui  ont  de  fortes  et  longues  jambes  de  derrière. 

On  ne  peut  pas  dire  que  les  sirt§es  soient  bipèdes.,  car  leurs 


43o  BIP 

pieds  ne  posent  point  exactement  à  terre  (  F.  Tarticle  Singe), 
et  ils  sont  conformés  pour  grimper.  Ces  animaux  reçoivent 
plutôt  le  nom  de  quadmnianes ,  parce  qu'en  effet  ils  semblent 
avoir  quatre  mains. 

Les  oiseaux  et  l'homme  sont  les  seuls  destinés  à  se  tenir 
debout  sur  deux  pieds  seulement.  Celte  position  exige  un  plus 
grand  équilibre  que  la  station  des  quadrupèdes.  DansThomme 
et  l'oiseau,  il  faut  que  le  carré  de  la  sustentation  reçoive  , 
dans  son  milieu,  tout  le  poids  du  centre  de  gravité;  l'équilibre 
ne  pourroit  pas  se  maintenir  sans  cette  condition,  et  l'individu 
seroit  exposé  alors  à  des  chutes  continuelles.  V.  Mouvemens 

DES  AT^IMAUX  ou  LOCOMOTION. 

Il  résulte  de  la  station  droite  de  l'homme  et  de  sa  dé- 
marche bipède^  une  conformation  de  la  plus  haute  importance 
pour  le  développement  de  notre  industrie  et  la  perfection  de 
notre  intelligence.  En  effet,  tandis  que  les  pattes  antérieures 
des  quadrupèdes  ou  les  ailes  des  oiseaux  servent  à  transporter 
ces  animaux ,  l'homme  se  levant  droit  sur  la  terre  ,  ne  la 
touchant  que  par  ses  deux  extrémités  les  plus  éloignées,  porte 
un  front  redressé  vers  le  ciel,  et  jouit  de  toute  la  liberté  de 
ses  mains.  Ces  instrumens  merveilleux,  doués  d'un  tact  si 
délicat,  ne  sont  point  rendus  calleux  et  insensibles  par  la 
progression  sur  le  sol;  l  homme  peut  donc  soccuper  de  tra- 
vaux particuliers  et  manuels,  sans  que  sa  marche  soit  arrêtée  ; 
ce  qui  n'est  donné  à  nul  autre  des  animaux.  Cet  avantage  im- 
mense le  met  d'abord  au-dessus  d  eux  tous.  On  a  vu  des  loups 
affamés  et  furieux  qui  s'alloient  précipiter  sur  un  homme 
couché  à  terre,  s'arrêter  tout  à  coup  de  crainte  et  s'éloigner 
en  baissant  la  queue,  aussitôt  que  cet  homme  s'est  levé.  Je 
ne  sais  quel  instinct  leur  apprend  alors  qu'il  a  toute  la  puis- 
sance de  ses  bras  et  tout  Tascendant  de  ses  armes. 

11  a  donc  suffi  à  la  nature  de  nous  relever  de  terre  pour 
nous  mettre  hors  du  rang  des  autres  créatures.  La  main  une 
fois  libre  a  réalisé  les  conceptions  de  la  tête.  Celle-ci  a  tout 
inventé  ,  celle-là  tout  fabriqué,  et  l'homme  est  devenu  le 
premier  ministre  de  la  nature  dans  cet  univers. 

Aussi,  pour  nous  faire  retourner  au  rang  de  la  brute,  il 
suffiroit  de  nous  réduire  à  marcher  à  quatre  pattes  ;  ce  que 
quelques  philosophes  ont  prétendu  être  notre  démarche  ori- 
ginelle :  tels  sont  J.-4,.  Rousseau,  les  comtes  Moscati,  Mon- 
boddo  ,  etc.  lyiais  s'il  falloit  sérieusement  combattre  une  er- 
reur aussi  manifeste  (  Voyez  l'article  Homme),  les  moindres 
notions  d'anatomie  suffiroient  pour  cette  réfutation.  Ces  au- 
teurs n'auroient  pas  eu  assez  d'intelligence  pour  écrire  leurs 
ouvrages,  s'ils  eussent  été  astreints  à  mettre  en  pratique  leur 
opinion;  car  leur  lête  courbée  vers  le  soi,  et  bientôt  remplie 


B  I  P  43i 

<lu  sang  qui  s'y  serolt  accumule ,  eût  été  foudroyée  par  l'apo- 
plexie. Cet  accident  n'arrive  point  aux  quadrupèdes  et  aux 
autres  animaux  horizontaux,  par  la  précaution  que  la  nature 
a  prise  de  diminuer  et  retarder  l'afllux  du  sang  dans  leur  cer- 
veau, en  subdivisant  beaucoup  les  ramifications  artérielles, 
principalement  au  réseau  admirable ,  rets  mirabîle.  D'autres, 
motifs  font  encore  de  la  station  droite  un  besoin  naturel  à 
Vhomme,  (Voyez  son  article.)  (virey.) 

BIPÈDE,  Bipes.  Genre  de  reptiles  de  la  famille  des  lé- 
zards, qui  offre  pour  caractères  un  corps  très-allongé,  couvert 
d'écaillés,  et  seulement  deux  pattes  antérieures  très-petites  et 
garnies  de  doigts  onguiculés. 

Ce  genre,  établi  par  Lacépède,  ne  renferme  que  deux  espèces: 
l'une ,  qui  a  été  trouvée  au  Mexique  et  qui  fait  partie  de  la 
collection  du  Muséum  de  Paris,  est  le  Bipède  cannelé,  dont 
Cuvier  a  fait  un  genre  particulier  sous  le  nom  de  Bimaîse. 
V.  pi.  B.  6.  Sa  tête  est  courte,  arrondie  en  devant,  chargée  de 
quatre  écailles;  ses  yeux  sont  presque  imperceptibles:  on  ne 
lui  voit  pas  de  trous  auditifs:  son  corps  est.cylindrique  et  re- 
vêtu d'écaillés  presque  carrées,  disposées  en  demi-anneaiîx  ; 
un  sillon  s'étend  depuis  la  têle  jusqu'à  l'anus  dans  Tintervalle 
qui  sépare  les  rangées  de  ces  demi-anneaux.  Les  écailles  de 
la  queue  forment  des  anneaux  entiers.  La  réunion  de  toutes 
les  écailles  produit  des  cannelures  qui  ont  déterminé  Lacé- 
pède à  lui  donner  le  surnom  de  cannelé.  Il  a  cent  cinquante 
rangées  d'écaillés  sous  le  ventre  et  trente-une  à  la-queue.  Les 
deux  pattes  sont  situées  très-près  de  la  tête  ,  munies  d'ongles 
longs,  crochus,  et  accompagnées  du  rudiment  d'un  cin- 
quième doigt. 

Pallas  a  décrit,  dans  les  Nonoeaux  commentaires  de  S.  Péters-- 
bourg,  t.  9,  pag.  ^35,  l'autre  espèce  qui  n'a  que  des  pattes 
postérieures. 

Ce  dernier,  qu'on  pourroit  regarder  au  premier  coup  d'oeil 
comme  le  complément  du  précédent ,  n'est  pas,  à  beaucoup 
près  ,  aussi  décidément  de  la  famille  des  Lézards  ;  il  se  rap- 
proche davantage  du  genre  Akguis.  (  V.  ce  mot.  )  Latreille, 
d'après  Daudin,  observe,  avec  raison,  que  des  prétendues 
pattes  qui  n'ont  point  d'ongles  et  qui  sont  extrêmement  cour- 
tes, peuvent  être  regardées  comme  une  proéminence  ou 
comme  les  organes  de  la  génération  ;  qu'ainsi  on  doit  sus- 
pendre son  jugement  sur  cet  animal ,  jusqu'à  ce  que  de  nou- 
velles observanons  ,  faites  sur  le  vivant  et  sur  plusieurs  indi- 
vidus ,  fixent  ce  que  nous  devons  en  penser. 

Le  lézard  apode  se  trouve  dans  la  Sibérie  méridionale.  V.  au 
mot  Sheltopusik,  nom  que  porte  cet  animal  dans  son  pays 
natal,  (b.) 


^32  B  I  P 

BIPHORE,  SaJpa.  Genre  d'animaux  marins  delà  classr" 
des  V  ERS,  qui  n'a  encore  été  observé  que  par  Torskacl,  par 
moi,  par  Bory-Saint-\  incent  et  par  Péron.  Ses  carac- 
tères sont:  corps  libre,  oblong,  creux ,  gélatineux ,  constitué 
par  le  manteau  qui  est  ouvert  aux  deux  bouts,  et  qui  enveloppe 
les  organes. 

Les  animaux  de  ce  genre  satisfont  au  vœu  de  quelques  an- 
ciens philosophes  ;  car  ils  sont  si  transparens,  que  tous  leurs 
organes,  les  mouvemens  de  leurs  organes,  et  même  tout  ce  qui 
se  trouve  d'étranger  dans  leurs  viscères,  s'observe  aussi  bien 
qu'on  peut  le  désirer.  Leur  nature  est  gélatineuse  comme 
celle  des  méduses  et  des  béroès^  et  dès  qu'ils  sont  blessés,  ils  se 
résolvent ,  comme  eux ,  en  eau. 

Les  biphores  sont  tantôt  solitaires ,  tantôt  réunis  en  grand 
nombre.  Les  uns  et  les  autres  sont  percés,  d'outre  en  outre, 
]>ar  un  canal,  dont  l'ouverture  antérieure  est  formée  par  une 
fente  horizontale,  cl  la  postérieure  par  une  troncature.  La 
première  est  doue  susceptible  de  s'ouvrir  ou  de  se  fermer  à 
volonté ,  et  la  postérieure  reste  toujours  la  même. 

De  la  partie  postérieure  du  canal ,  au  quart  de  sa  longueur, 
sort  un  vaisseau  aérien  qui  se  dirige  obliquement  de  l'avant  à 
l'arrière.  Ce  canal  semble  fait  en  spirale,  et  est  toujours  dis- 
tinct du  reste  du  corps  :  il  aboutit  tantôt  à  un  réservoir  co- 
clœriforme,  tantôt  à  deux  autres  canaux  qui  constituent  l'es- 
tomac. Il  y  a  de  plus,  encore  plus  haut ,  un  autre  canal  qui 
s'étend  dans  toute  la  longueur  de  l'animal ,  en  faisant  des 
courbures  :  je  n'ai  pu  en  déterminer  l'usage.  Du  réservoir,  ou 
des  deux  canaux  de  l'estomac ,  part  un  autre  vaisseau  qui  va 
sortir  à  la  partie  postérieure  au-dessus  de  l'ouverture  tron- 
quée ;  c'est  le  canal  intestinal  :  son  extrémité  est  l'anus. 

Les  biphores  ahsorbent  perpétuellement  l'eau  par  le  simple 
mouvement  de  roulement  et  de  déroulement  des  parties  supé- 
rieure et  inférieure  de  la  fente  antérieure,  c'est-à-dire,  de 
leurs  lèvres.  Cette  eau  sort  sur-le-champ  par  l'ouverture  pos- 
térieure, mais  dans  son  passage  elle  a  laissé  une  partie  de  l'air 
et  les  animaux  marins  qu'elle  contenoit.  J'ai  plusieurs  fois  vu 
de  petits  vermisseaux  marins  qui  étoienl  passés  dans  les  ca- 
naux intestinaux,  mais  je  n'ai  jamais  pu  voir  comment  ils  y 
passoient.  Cette  opération  est  instantanée ,  et  paroît  difficile 
à  comprendre. 

Le  mouvement  de  dilatation  et  de  contraction  dont  jouis- 
sent les  biphores^  suffit  pour  les  soutenir  dans  le  liquide.  En 
général,  ils  suivent,  entre  deux  eaux,  la  direction  des  vagues; 
mai  .  dans  les  jours  calmes  et  chauds,  ils  aiment  à  se  tenir 
tx  mplétv'Jûitiil  à  la  surface.  Ou  les  voit  assez  aisément  ilàns  la 


BIP  ^33 

mer,  quoique  aussi  iransparens  que  Teau ,  soit  parce  que  leur 
substance  étant  plus  solide,  reilèle  la  lumière  sous  un  autre 
angle,  soit  parle  moyen  de  leurs  organes,  ordinairement 
colorés  en  bleu  ou  en  jaune  ;  mais  lorsqu'ils  sont  pris  et  mis 
dans  un  vase  ,  ceux  qui  n'ont  point  ces  organes  colorés  ,  ttls 
que  le  biphorc  confédéré^  deviennent  invisibles.  J'avois  pris 
beaucoup  de  ces  derniers,  j'élois  sûr  qu'ils  étoient  dans  mon 
bocal;  mais  il  me  fallut  plusieurs  minutes  d'observation  pour 
en  distinguer  un  seul.  Tous  les  bi'phoves  sont  phosphoriques 
pendant  la  nuit ,  et  présentent  un  spectacle  fort  agréable  à 
celui  qui  les  regarde  lorsque  la  mer  est  calme. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  singulier  dans  les  biphores^  ce  qui 
ne  se  voit  de  la  même  manière  dans  aucun  autre  genre  du 
règne  animal  ,  c'est  la  propriété  qu'ont  certaines  de  leurs 
espèces,  de  se  réunir,  non,  comme  quelques  personnes  lont 
avancé,  fortuitement  et  irrégulièrement,  mais  par  nais- 
sance et  dans  un  ordre  constant.  Ainsi  des  centaines  de  ces 
animaux  n'en  font  réellement  qu'un. 

Forskaël  désigne  trois  modes  de  réunion  parmi  les  b/phores; 
savoir,  ceux  réunis  autour  d'un  centre  commun,  comme  le 
BiPHORE  PiNNÉ;  ceux  réunis  longitudinalement ,  comme  le 
BiPHORE  POLYCR.\TiQUE;  enfin,  ceux  réunis  transversalement, 
comme  le  Biphore  co^FÉDERÉ. 

Je  n'en  ai  observé  de  réunis  que  dans  ce  dernier  mode  ; 
mais  leur  vue  a  toujours  été  pour  moi  un  sujet  d'adjniration. 
Chaque  mdividu ,  dans  le  cas  précité,  est  attaché  par  les 
côtés  avec  deux  autres  dont  la  bouche  est  tournée  du  même 
côté  ,  et  par  le  dos  ,  encore  avec  deux  autres  dont  la  bouche 
est  tournée  du  côté  opposé.  Cette  réunion  est  opérée  au 
moyen  de  huit  pédicules,  de  nature  parfaitement  semblable  à 
celle  du  corps.  Elle  est  parfaitement  régulière,  c'est-à-dire, 
que  tous  les  individus  sont  à  la  même  distance  et  à  la  même 
hauteur,  toutes  les  têtes  d'une  rangée  sont  tournées  du  même 
côté ,  et  celles  de  l'autre  du  côté  opposé.  Ces  rangées  sont 
ordinairement  de  quarante  à  cinquante  individus,  et  sont  en- 
traînées par  les  vagues  ,  tantôt  en  ligne  droite,  tantôt  en 
ligne  courbe,  tantôt  en  spirale.  Elles  semblent  dans  la  mer 
desrubansblancspendantlejour,  et  des  rubans  de  feu  pendant 
la  Quit,  lesquels  se  roulent  et  se  déroulent  alternativement,  en 
tout  ou  en  partie,  par  l'effet  du  mouvement  des  eaux,  ou  de 
la  volonté  des  animaux  qui  les  composent. 

On  ne  trouve  les  bi phares  ^  dans  l'Océan  ,  qu'à  une  grande 
distance  des  terres.  Tous  ceux  qui  sont  portés  sur  les  côtes 
sont  bientôt  écrasés  sur  les  rochers  ou  sur  les  dunes  ;  car,  on 
le  répète,  ils  sont  extrêmement  tendres  ,  et  ils  n'ont  pas  de 
movens  de  prévoir  et  de  fuir  l'approche  du  danger. 

III.  28 


^34  BIP 

II  reste  actuellement  à  savoir  si  les  rangées  de  brphores  sont 
pourvues  d'une  vie  commune  à  tous  les  individus  qui  les 
composent  :  je  n'ai  pu  prendre  une  opinion  à  cet  égard  ;  je 
nie  suis  seulement  assuré  que  lorsqu'on  coupoit  une  rangée 
en  deux  ,  trois  ou  quatre  parties  ;  lorsqu'on  séparoit  même 
tous  les  individus ,  aucun  de  ces  individus  ne  parol'^soit  souf- 
frir, (jaoique  leurs  pédicules  fussent  très  -  courts  et  fissent 
réellement  partie  intégrante  de  leur  corps. 

Les  deux  espèces  les  plus  remarquables  de  biphores  que  j'aie 
observées,  sont  : 

Le  liiPHORE  SOCIAL  qui  a  cinq  côtés  ,  et  les  extrémités  cou- 
leur de  rouille.  11  s'unit  sur  deux  rangées  comme  il  a  été  dit 
plus  haut.  Il  est  représenté  réuni  de  grandeur  naturelle  et 
séparé  ,  grossi  en  dessus  et  en  dessous  ,  pi.  A.  28. 

Le  BiPHORE  BOSSU  a  le  front  saillant,  le  dos  relevé,  et 
la  queue  cylindrique.  Il  vit  toujours  solitaire.  Il  est  figuré 
pi.  A.  28,  au  quart  de  sa  grandeur  naturelle. 

Cuvier  a  publié,  dans  le  28.^  cahier  des  Annales  du  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle,  une  dissertation  sur  ce  genre,  et 
en  a  figuré  six  espèces  nouvelles  q^ui  ont  été  rapportées  par 
Pérou  et  Le  Sueur.  On  trouve  des  observations  anato- 
miques  fort  intéressantes  dans  cette  dissertation;  mais  l'au-. 
teur  s'est,  selon  moi,  grandeuient  trompé  sur  la  boucîie 
et  l'anus.  J'ai  vu  un  trop  grand  nombre  de  biphores  vivans 
pour  ne  pas  être  sur  de  mon  fait  à  cet  égard;  car  le  mouve- 
ment alternatif  de  roulement  et  de  déroulement  du  bout  des 
deux  lèvres  est  perpétuel^  et  on  aperçoit  très-fréquemment, 
ainsi  que  je  lai  dit  plus  haut,  des  animaux  marins  s'englober  , 
parce  que  j'appelle  la  bouche,  tandis  que  ce  que  Cuvier 
appelle  ainsi  n'a  jamais  de  mouvement  propre.  L'analogie 
seule  devoit,  ce  me  semble,  garantir  Cuvier  de  cette  erreur, 
puisqu'il  convient  que  l'eau  entre  par  l'ouverture  que  j'ap- 
pelle la  bouche  ;  car  quel  autre  mollusque  reçoit  l'eau  par  son 
anusi^  Dira-l-il  que  ce  sont  les  AscmiES  .''  V.  ce  mot. 

Plusieurs  Biphores  fort  remarquables  sont  figurés  dans  le 
Voyage  autour  du  Monde  du  capitaine  russe  Krusenstern  ; 
mais,  faute  de  pouvoir  lire  ce  texte ,  je  ne  fais  que  les  indi- 
quer ici. 

Le  genre  Dagyse  de  Banks  se  réunit  à  celui-ci ,  au  rstp- 
port  de  Cuvier.  (b.) 

BIPICAA.  V.  Cytise  des  Indes,  (b.) 

BIPINNULA.  V.  Aréthuse.  (b.) 

BIPIRA.  C  est  la  Glycine  phaséolide  de  Swartz,  (b.) 

BIPOREIE  ^Biporeia.  Genre  établi  par  Dupetit-Thouars," 
mais  qui  ue  diffère  pas  du  Niote.  (b.) 


"C  I  s  435 

BIQUE.  C'est,  en  langage  vulgaire,  le  nom  de  la  Chèvre. 

BIPiAGO.  C'est  rivRAiE  dans  le  département  du  Gers. 

(B.) 

BIRANT.  Espèce  de  Figuier  de  Mada{;ascar.  (b.) 
BIRASOUREL.  Nom  languedocien  delHÉUAisTHE  an- 
nuel, (b.) 

BIRCH  -  TRÉE.  Nom  anglais  du  Gomart  h  la  Ja- 
maïque, (b.) 

BIRCKHAHN.  Nom  allemand  du  Coq  de  bruyères  à 
queue  fowvhue  ^  *)\x  petit  tétras.  Ce  mot  signifie  coq  de  bouleau  y 
les  feuilles  el  les  boutons  du  bouleau  étant  la  nourriture  prin- 
cipale de  ce  petit  tétras,  (s.) 

BIRD-GRASS.  Plante  fourrageuse  importée  de  TAmé- 
rique  septentrionale  en  Angleterre.  Une  mauvaise  figure  qui 
se  voit  dans  the  Complète  Farmer^  semble  faire  croire  que  c'est 
un  Paturin.  (b.) 

BIRGUE,  Dirgiis.  M.  Léach  désigne  sous  ce  nom  un  genre 
de  crustacés  qui  a  pour  type  le  pagure  voleur  {  pagunis  latro  ) 
de  Fabricius,  et  qui  ne  formera  pour  nous  qu  une  division 
dans  le  genre  Pagure.  Voyez  ce  mot.  (l.) 

BIRIBIN.  Un  des  noms  piémontais  du  Dindon,  (v.) 

BIRIBOY.  C'est  la  Lobélie  conglouée.  (b.) 

BIRIIDRUS.  L'Épigée  À  FEUILLES  EN  CŒUR  porte  ce  nom 
d.ms  les  Antilles,  (b.) 

BIROLË  ,  Birola.  Plante  aquatique  ,  à  racines  annuelles  , 
à  ijqes  grêles,  rameuses;  à  feuilles  opposées,  sessik-s,  ovales, 
épaisses;  à  fleurs  solitaires  sur  des  pédoncules  axillaires  , 
qui  seule,  selon  Bellardi,  vol.  4  des  Mémoires  de  l'Académie 
de  Turin  ,  constitue  un  genre  dans  1  hexandrie  trigynie  et  dans 
la  famille  des  portulacées.  Les  caractères  de  ce  genre  sont  ; 
calice  à  trois  divisions  ;  corolle  à  trois  pétales  ;  ovaire  supé- 
rieur ;  capsule  à  trois  loges,  renfermant  chacune  deux  ou 
quatre  semences  réniformes. 

Cette  plante,  qui  estlÉLATiNE  hexaèdre  de  Decandolle , 
se  trouve  dans  les  mares  de  la  foret  de  Fontainebleau,  (b.) 

BIROU.  Un  des  noms  piémontais  du  Dindon,  (v.) 

BIR-RÉAGEL.  Nom  d  un  Engoulevent  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  décrit  par  Latham.  V.  le  genre  Engoulevent,  (v.) 

BIRRHE,  Byrrhus.  Voyez  Byrrhe.  (l) 

BIRVACH.  V.  Buvar.  (b.) 

BISAAIM.  V.  BiZAAM.  (desm.) 

BISAGO  ou  MISAGO.  Kœmpfer  dit  que  c'est  un  oiseau 
semblable  à  \épen>ier,  qui  vit  principalement  de  poissons ,  et 
dont  il  fait  provision  en  les  mettant  en  réserve  dans  quelque 
jrou  de  rocher  sur  les  côtes.  L  on  a  remarqué,  ajoute  Ka:mp- 


436  B  T  S 

fer,  que  le  poisson  ainsi  caclié  se  conserve  aussi  parfaileiuent 
que  le  poisson  mariné  ou  ValtUir;  et  c'est  la  raison  pourquoi 
on  appelle  cet  oiseau  bisagonohusl  ou  ïalliar  de  bisago.  (  HisL 
nat.  du  Japon ^  t.  i,  pag.  9  et  10.)  Buffon  a  j?jigé  que  ce  bisago 
devoit  être  rangé  parmi  les  oiseaux  aquatiques  ;  mais  il  me 
paroît  plus  vraisemblable  que  c'est  un  oiseau  de  proie  pê- 
cheur, (s.) 

BISAILLE.  Mélange  de  Pois  gris  et  de  Vesce.  (b.) 

BISAMAFFE  {Singe musqué).  Plusieurs  auteurs  nom- 
ment ainsi  l'OuisTiLi ,  petit  singe  d'Amérique,  (desm.) 

BISAM  MAUS ,  BISEM-MUS  (ou  ml  musqué).  C'est  le 
nom  allemand  des  Musaraignes,  (desm.) 

BISAM  SCHWEIN  (^cochon musqué).  C'est  le  pécari, 
espèce  du  genre  Cochon,  (desm.) 

BIS AMT HIER.  Nom  allemand  du  Chevrotain  porte- 
musc,  (desm.) 

BISBEPiii.  Nom  arabe  du  Polypode  commun,  (b.) 

BISCACHO.  F.  Viscaque.  Mammifère  rongeur,  men- 
tionné  par   Molina,   et  qui  n'est  pas  encore  bien  connu. 

(desm.) 

BISCU TELLE.  F.  Lunetière.  (s) 

BISEM-MUS.  F.  BisAM  maus.  (desm.) 

BIS-ERGOT.  Oiseau  du  genre  des  Perdrix.  F.  ce  mot. 

BISET.  Nom  du  Pigeon  sauvage.  F.  l'article  des  Pi- 
geons, (v.) 

BiSETTE.  C'est,  selon  Salerne,  le  nom  vulgaire  de  la 
Macreuse  commune  femelle,  (v.) 

BISIPHITE,  Bisiphytes.  Genre  de  Coquille  établi  aux 
dépens  des  Nautiles,  dont  il  diffère  par  une  ouverture  plus 
élargie  latéralement,  et  par  deux  trous  ,  placés  en  ligne,  aux 
cloisons,  l'un  près  le  bord,  et  l'autre  près  le  refour  de  la  spire, 

La  coquille  qui  sert  de  type  à  ce  genre  a  été  trouvée  fos- 
sile à  Sombernon,  près  Dijon,  et  ailleurs;  mais  il  y  a  dans 
les  collections  des  espèces  qui  proviennent  des  mers  de  l'Asie, 
telles  que  le  grand  nautile  épais  à  deux  siphons  de  Favanes.  (fi.) 

BISLINGUE.  F.  Fragon  hypophylle.  (b.) 

BISMALYA.  C'est  la  Guimauve,  (b.) 

BISMU'I'H,  JVismulli ,  W.  Ancieitnement  nommé  jEtom 
de  glace  et  Etain  bâtard;  Marcassite  par  excellence ,  des  alchi- 
mistes ,  etc.  (^estun  métal  de  couleur  blanche  ,  tirant  sur  le 
jaune,  dont  le  tissu  est  très-lamelleux;  et  l'on  en  extrait  fa- 
cilement des  octaèdres  réguliers  par  la  division  mécanique. 

(Quoiqu'il  reçoive  l'impression  du  marteau,  il  n'est  point 
ductile  ;  on  peut  même  le  pulvériser;  ce  qui  le  faisoit  ranger 
autrefois  parmi  les  demi-métaux.  F.  Métaux. 


B  I  S  437 

Sa  pcsanicur  spécifique  est  assez  considérable ,  et  presque 
égale  à  celle  de  Targcnt  :  elle  est,  suivant  Brisson,  de  9,8227. 

Lorsqu'il  a  été,  pendant  quelque  temps,  exposé  à  1  action 
de  l'air,  sa  surface  prend  une  couleur  rouge âtrc  irisée  ,  et  se 
couvre  même  ,  à  la  longue,  d'une  légère  couche  d'oxyde  gris. 
Il  n'a  pas  néanmoins  une  très-grande  affinité  avec  Toxygènc  ; 
il  n'en  absorbe  qu'environ  le  dixième  de  son  poids;  l'eau  pure 
ne  paroît  pas  l'altérer  sensiblement. 

C'est  un  des  métaux  les  plus  fusibles,  et  il  augmente  sin- 
gulièrement la  fusibilité  de  ceux  auxquels  on  l'allie.  On  a  re- 
connu depuis  long-temps  qu'un  alliage  de  plomb,  de  bismuth 
et  d'étain  se  fondoit  dans  l'eau  bouillante  ;  Homberg  même 
nous  apprend  que,  de  son  temps,  les  anatomistes  se  servoient 
de  cet  alliage  pour  faire  des  injections  dans  certains  vaisseaux. 

Il  existe ,  dans  plusieurs  cabinets  d'analomie ,  en  -France 
et  en  Allemagne,  des  espèces  d'arbres  métalliques,  dont  les 
branches  sont  ramifiées  dune  manière  admirable,  et  qui  sont 
le  résultat  d'injections  faites  dans  le  poumon  avec  cet  alliage. 
On  laisse  ensuite  décomposer  dans  l'eau  froide  toute  la  ma- 
tière animale,  et  l'on  obtient  un  bel  arbre  de  métal,  dont  le 
tronc  a  été  figuré  par  la  trachée,  et  les  rameaux  par  les  vais- 
seaux qui  se  distribuent  dans  le  poumon. 

Le  célèbre  chimiste  Darcet,  qui  s'est  occupé  à  chercher 
la  proportion  des  trois  métaux  qui  pouvoit  produire  l'alliage 
le  plus  fusible,  a  trouvé  que  c'étoit  un  mélange  de  huit  parties 
de  bismuth,  cinq  parties  de  plomb  et  trois  d'élain.  Cet  alliage 
fond  dans  l'eau  échauffée  seulement  jusqu'au  67.*  degré  du 
thermomètre  de  Réaumur;  c'est-à-dire  ,  bien  avant  le  terme 
de  l'ébullition. 

Cette  action  des  métaux  les  uns  sur  les  autres  est  un  fait 
très-digne  d'attention  ;  et  ce  n'est  pas  le  seul  exemple  qu'en 
fournisse  le  bismuth  :  quand  on  le  fait  entrer  dans  un  amal- 
game de  mercure,  avec  le  plomb  ou  l'élain,  ou  même  l'ar- 
gent, il  atténue  tellement  les  molécules  de  ces  métaux,  qu'ils 
passent  avec  le  mercure  à  travers  la  peau  de  chamois  :  et  l'on 
Ji  vu  des  marchands  de  mauvaise  foi  employer  cet  expédient 
pour  falsifier  le  mercure  avec  une  certaine  quantité  de  plomb, 
sans  qu'il  fût  possible  de  le  reconnoître  autrement  que  par 
la  distillation. 

Le  bismuth  entre  dans  plusieurs  alliages  employéi  dans  les 
arts.  Les  potiers  d'étain  en  mettent  une  petite  quantité  dans 
leur  métal,  auquel  il  donne  de  la  fermeté  et  un  éclat  qui  ap- 
proche de  celui  de  l'argent,  lorsque  le  mélange  est  fait  dans 
de  justes  proportions, 

11  entre  aussi  dans  l'alliage  de  plomb  et  d'antimoine,  dont 


CB  B  I  S 

on  fait  les  caractères  d'imprimerie  ;  il  les  rend  et  plus  nets  et 

plus  durables. 

On  se  sert,  pour  étamcr  intérieurement  les  globes  de  verre, 
d'un  alliage  composé  de  quatre  parties  de  mercure  et  d'une 
de  bismuth.  On  chauffe  les  globes  pour  les  faire  sécher,  et 
l'on  verse  dans  leur  intérieur  l'alliage  en  parfaite  fusion.  On 
le  fait  passer  ensuite  sur  toute  la  surface  interne  du  vase;  une 
partie  y  adhèce  sous  la  forme  d'une  pellicule  très-mince, 
ayant  un  vif  éclat  métallique,  analogue  à  l'étamage  des 
glaces. 

Il  possède  la  plupart  des  propriétés  du  plomb,  et  Geoffroy 
le  jeune  avoit  même  reconnu  qu'on  pouvoit  très-bien  rem- 
ployer à  la  place  de  ce  métal  pour  la  coupellation  de  l'or  et 
de  ï'argenl;  il  produit  absolument  les  mêmes  effets. 

IjC  bismuth  est  le  métal  qui  cristallise  le  mieux  et  le  plus  fa- 
cilement par  le  refroidissement;  la  forme  qu'il  affecte  est 
celle  de  prismes  rectangulaires,  sans  pyramide,  qui  sont  ou 
isolés ,  ou  réunis  de  manière  à  former  des  espèces  d'ornemens 
à  la  grecque  ou  en  bâtons  rompus.  Il  prend  aussi  celle  de  tré- 
mies analogues  à  celles  de  la  soude  muriatée. 

Lorsqu'on  fait  fondre  ensemble  trois  parties  de  plomb  et 
une  partie  de  bismuth,  et  qu'on  fait  un  peu  rougir  cet  alliage  , 
aussitôt  il  s'enflamme  et  brûle  avec  activité,  en  offrant  les 
mêmes  phénomènes  que  l'alliage  de  plomb  et  d'étain  ,  et  il  se 
convertit  en  un  oxyde  d'un  blanc  jaunâtre. 

Les  acides  sulfurique  et  muriatique  attaquent  difficilement 
le  bismuth;  mais  l'acide  nitrique  (l'eau  forte)  le  dissout  avec 
ia  plus  grande  rapidité  et  un  dégagement  prodigieux  de  gaz 
nitreux.  Quand  la  dissolution  est  achevée,  si  on  la  noie  d'une 
grande  quantité  d'eau,  une  grande  partie  de  l'oxyde  métal- 
lique se  précipite  sous  la  forme  d'une  poudre  blanche  très- 
fme, légèrement  teinte  de  rose.  C'est  ce  qu'on  appelle  mugisihe 
de  bismuth  ,  ou  bidnc  de  fard  et  b/onc  d'Espagne.  Quelques 
femmes  en  font  usage  pour  s'embellir;  mais  bientôt  il  gâte  la 
peau  sans  retour,  et  lui  donne  une  couleur  livide  et  tannée. 
D'ailleurs,  toutes  les  mauvaises  odeurs  le  noircissent  à  l'ins- 
tant; et  une  femme  fardée  avec  ce  blanc,  qui  se  trouveroit 
exposée  pendant  une  minute  à  l'odeur  des  latrines  ou  des  eaux 
niinérales  sulfureuses,  verroit  subitement  l'éclat  factice  de  sa 
peau  disparoître  comme  une  ombre,  et  faire  place  aux  teintes 
affreuses  d'un  cadavre  en  putréfaction.  On  l'emploie  aussi 
pour  teindre  les  cheveux,  auxquels  il  communique  une  couleur 
d'un  blond  grisâtre. 

On  a  tiré  parti  de  celte  propriété  qu'a  l'oxyde  de  bismuth 
de  noircir  par  le  plus  léger  contact  de  l'hydrogène  sulfuré  ,. 
pour  en  faire  une  encre  de  sympathie,  dont  les  effets  sur- 


prennent  beaucoup  ceux  qui  n'en  connoissent  pas  la  cause. 
On  écrit  ce  qu'on  veut  sur  un  papier,  avec  de  la  dissolution 
de  bismuth  par  Tacide  nitrique  ,  et  les  caractères  ne  paroissent 
point  quand  ils  sont  secs.  Mais  si  on  les  expose  un  instant  à 
l'odeur  de  l'hydrogène  sulfuré,  ils  paroissent  subitement  sous 
une  couleur  noirâtre.  C'est  par  ce  moyen  que  les  diseurs  de 
bonne  aventure  trompent  la  crédulité  du  peuple.  Ils  présentent 
à  ceux  qui  les  consultent,  des  morceaux  de  papier  qui  parois- 
sent blancs,  et  qui  semblent  être  pris  au  hasard  ;  mais  ils  ont 
l'adresse  de  faire  tomber  à  chaque  curieux  le  bulletin  qui  ren- 
ferme un  oracle  qui  peut  lui  convenir.  Us  prennent  ensuite 
le  bulletin  au  bout  d'une  pince,  le  plongent  dans  un  grand 
bocal  de  verre  qu'ils  ont  soin  de  tenir  couvert,  et  qui  paroit 
absolument  vide;  et  à  1  instant  1  oracle  se  trouve  écrit  sur  le 
bulletin  d'une  manière  lisible.  Tout  le  merveilleux  de  cette 
opération  vient  de  ce  qu'on  a  mis  dans  le  bocal  deux  ou  trois 
gouttes  de  dissolution  de  foie  de  soufre  (sulfure  alcalin),  qu'on 
a  fait  étendre  sur  ses  parois,  et  dont  l'odeur  pénétrante  rem- 
plit toute  sa  capacité,  et  noircit  les  caractères  invisibles. 

On  peut  faire,  avec  celte  même  encre  sympathique,  une 
autre  expérience  également  curieuse ,  dont  nous  donnerons 
l'explication,  d'après  M.  Haiiy. 

«  L'on  trace  des  caractères  sur  le  premier  feuillet  d'un 
livre.  On  imbibe  ensuite  le  dernier  feuillet  d'un  peu  de  sul- 
fure alcalin  liquide,  et,  un  instant  après,  on  trouve,  en  ou- 
vrant le  livre,  à  la  première  feuille,  que  les  caractères  ont 
pris  une  teinte  d'un  noir  foncé.  On  avoit  cru  que ,  dans  cette 
expérience  ,  le  gaz  hépatique  pénétroit  à  travers  les  feuilles 
pour  aller  se  mêler  avec  la  dissolution  du  bismuth.  Mais 
M.  Monge  a  rendu  le  phénomène  nul,  en  employant  un  livre 
dont  tous  les  feuillets  étoient  collés  par  les  bords  ;  ce  qui 
prouve  que  ,  dans  le  cas  ordinaire  ,  ce  sont  les  lamelles  d'air 
enfermées  entre  les  feuillets  du  livre,  qui,  établissant  une  sorte 
de  circulation  du  gaz  hépatique  ,  lui  servent  de  véhicule. 
Ainsi,  cette  expérience  ne  doit  pas  être  admise  au  nombre 
de  celles  qui  servent  à  prouver  la  porosité  des  corps.  »  {^Traité 
de  minéralogie,  t.  4-i  p-  ^^g-) 

L'oxyde  de  bismuth  communique  aux  émaux  et  au  verre 
une  couleur  jaune  analogue  à  celle  qui  est  produite  par  le 
plomb  ;  ce  qui  le  rend  propre  à  être  employé  pour  la  couverte 
de  certaines  faïences  de  cette  couleur.  On  s'en  sert  également 
dans  la  dorure  sur  porcelaine  -,  en  le  mêlant  à  l'or  dans  la 
proportion  d'un  quinzième  ;  il  lui  sert  de  fondant  et  le  fixe  sur 
la  couverte  (^Brongniarl.  ) 

Mines  de  bismuth.  —  Le  bismudi  est  un  des  métaux  dont  les 
mines  sç  rencontrent  le  plus  rarement,  ou  plutôt  on  n'en 


44o  BIS 

trouve  point  de  mines  proprement  dites;  il  accompagne  or- 
dinairement les  mines  de  cobalt ,  en  Saxe ,  en  Bohème  et  dans 
le  comte  de  Cornouailles  en  Angleterre.  Nous  en  avons  en 
France  dans  les  mines  de  Bretagne  et  de  Saint-Sauveur. 

Diétrich  en  a  trouvé  quelque  peu  dans  les  Pyréne'es  ,  près 
de  la  vallée  d  Ossau;  le  filon  contient  de  la  galène  et  de  la 
blende  ;  il  est  presque  vertical  et  encaissé  dans  une  roche  cal- 
caire; sa  direction  est  sur  onze  heures. 

Le  même  minéralogiste  en  a  trouvé  des  échantillons  dans 
les  déblais  de  la  mine  d'argent  et  de  cuivre  de  Lubine  ,  près  de 
Saint-Diez  en  Lorraine.  Il  a  pour  gangue  un  spath  pesant, 
mêlé  de  schiste  et  de  quarz. 

La  grande  fusibilité  du  bismuth  en  rend  l'extraction  très- 
facile  ;  il  suffit,  en  général,  après  avoir  concassé  la  mine  et 
trié  les  morceaux  qui  renferment  le  plus  de  minerai,  de  les 
jeter  au  milieu  d'un  foyer  formé  de  bûches  croisées  et  placées 
au-dessus  d'une  espèce  de  bassin  destiné  à  servir  de  réservoir 
au  métal  fondu.  On  l'obtient  même  assez  pur  par  ce  moyen. 
Quand  il  contient  de  l'arsenic,  on  l'en  sépare  à  l'aide  de  la 
chaleur.  Son  prix  est  peu  élevé  ,  malgré  sa  rareté  plus  grande 
que  celle  de  l'or;  ce  qui  tient  au  petit  nombre  d'usages  aux- 
quels il  est  employé.  Une  livre  de  ce  métal  vaut  de  trois  à 
quatre  francs  ,  suivant  les  circonstances. 

Le  bismuth  se  trouve  presque  toujours  à  l'état  natif;  on  le 
rencontre  aussi  quelquefois  à  l'état  de  sulfure  et  sous  celui 
A^ oxyde,  (pat.  et  Luc.) 

Bismuth  argentifère  de  Klaproth.  V.  Argent  sulfuré 

BISMUTHIFÈRE. 

Bismuth  natif  ,  Gedief;en  Wismuih  ,  "Wern.  Il  est  com- 
munément d'un  blanc-jaunâtre ,  quelquefois  irisé  ,  écla- 
tant ,  fusible  à  la  simple  (lamme  d'une  bougie ,  et  soluble 
avec  effervescence  dans  l'acide  nitrique  ,  ce  que  ne  fait  pas 
Tanlimoine  natif ,  avec  lequel  il  a  quelques  rapports  exté- 
rieurs. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  moindre  que  celle  du  Bis- 
muth fondu  ;  elle  est  de  9,0202  ;  celle  de  ce  dernier  est 
9,8227. 

On  le  trouve  rarement  cnstallhè,  il  est  plus  ordinairement 
en  masses  laminaires  \  cependant  IM.  Fourcroy  a  cité  des  cris- 
taux octaèdres  de  ce  minéral  qui  faisoient  partie  de  la  collec- 
tion de  Bucquet  ,  et  qui  venolent  de  Bastnaes  en  Suède. 

AVallerius  ,  Cronsledt  et  Emmerling  l'ont  aussi  observé 
sous  la  forme  de  petits  cristaux  cubiques  ;  et  plus  récem- 
ment M.  Léonhard ,  savant  minéralogiste ,  a  adressé  à 
M-  Haiiy  de  beaux  échantillons   de  bismuth ,    de   Bieber 


B   I    S  Ur 

en  llanâu,  qui  offiolenl  cette  substance  en  cristaux  jrhom- 
boïdaux  aigus  ,  dont  les  angles  étoient  de  60°  et  120°, 

La  surface  de  ces  cristaux  dont  les  plus  gros  ont  environ 
12  millimètres  (5  lignes)  dans  le  sens  de  leur  axe  ,  est  d'un 
gris-cendré,  et  ils  ont  pour  gangue  la  baryte  sulf;tlée  cris-» 
tallisée.  Ils  sont  surtout  remarquables  en  ce  qu'ils  offrent 
une  modification  de  Toctaèdre  régulier  dont  on  ne  connoissoit 
encore  aucun  exemple  ,  et  qui  présente  la  forme  de  la  molé- 
cule soustractive  de  cette  espèce. 

Une  autre  variété  fort  intéressante  du  même  minéral,  et  qui 
se  rencontre  dans  la  plupart  des  collections  ,  est  le  bismuth 
n:it\(  ramuleux-àendiitirpie .,  ayant  pour  gangue  un  quarz  jaspe, 
d'un  rouge-bi-unâtre,  dans  la  masse  duquel  il  est  disséminé. 
Elle  vient  de  la  mine  du  Cerf-Blanc  ,  à  Schneeberg  en 
Saxe.  On  taille  cette  malière  en  forme  de  plaques,  aux- 
quelles on  donne  un  poli  qui  fait  ressortir  agréablement 
les  dcndrites  métalliques  sur  la  couleur  brune  ou  rougeâlre 
du  fond. 

Le  Bismuth  natif,  la  plus  commune  des  espèces  de  ce 
genre  ,  accompagne  ordinairement  les  mines  de  cobalt,  et 
en  particulier  celles  de  cobalt  arsenical ,  dans  des  filons  de 
montagnes  primordiales ,  comme  le  gneiss  ,  le  schiste  mi- 
cacé ,  le  schiste  argileux.  Il  y  est  associé  à  plusieurs  autres 
substances  métalliqu'.-s,  telles  que  le  nickel  arsenical  ou  oxydé, 
Tarsenic,  quelquefois  le  plomb,  le  fer  et  le  zinc  sulfuré  , 
l'oxyde  et  plus  rarement  l'argent  natif  La  chaux  carbo- 
natéc  ,  la  baryte  sulfnléc  ,  le  quarz  commun  ou  jaspoïde,  lui 
servent  de  gangues.  On  trouve  ce  minéral ,  qui  est  assez  rare 
dans  la  nature,  en  assez  grande  quantité  à  Joachimsthal  en 
Bohème,  à  Johanngeorgenstadt,  à  Schneeberg  en  3axe  , 
à  Saint-Colomb  et  à  Botallack,  dans  le  Cornouailles.  Il  y 
en  a  aussi  en  France  ,  à  Saint-Sauveur,  dans  les  Pyrénées 
et  dans  la  ci-devant  Bretagne  ;  en  Suède  ,  en  Hongrie  ,  en 
Transylvanie  et  ailleurs. 

Bismuth  oxydé.  Mine  de  bismuth  calciforme  ;  Ochre 
ou  Chaux  de  bismuth  native  ,  de  Rome  de  l'Isle  ;  Oxyde 
de  Bismuth  ,  de  Bom  ;  Wismuthorher^  W. 

Ce  minéral ,  qui  est  très-rare,  se  rencontre  ordinairement 
dans  le  voisinage  des  autres  mines  de  bismuth,  sous  la  forme 
d'un  enduit  pulvérulent,  de  couleur  jaune  pâle,  ou  jaune  nuancé 
de  verdatre,  et  quelquefois  sous  celle  de  petites  masses  com- 
pactes ou  stratiformes  ,  de  couleur  grise  ou  jaunâtre  et  nuan- 
cées de  verdatre  ,  luisantes  dans  leur  fracture,  et  d'une  pe- 
santeur spécifique  égale  à  l^.^?^'J\l. 

Celte  dernière  variété,  qui  se  trouve  à  Schneeberg  en  Saxe 
et  à  Looz  en  Suède  ,    contient  de   70  à  80  pour  100   de 


U^.  B  I  S 

métal.  Le  bismuth  oxydé  pulvérulent  ou  terreux ,  a  été 
trouvé  encore  à  Saint-Agnès  en  C orn ouailles  (Jrt//îe5o«);  à 
Johanngeorgenstadt  en  Saxe  ,  et  à  Joachimslhal  en  Bohème. 
On  a  souvent  confondu  le  bismuth  oxydé  terreux  avec  le 
fer  oxydé  terreux  d'un  jaune  verdâtre  (notamment  avec  celui 
qui  se  trouve  à  Bieber  en  Hanau,  sur  le  bismuth  natif);  mais 
l'essai  au  chalumeau  suffit  pour  distinguer  ces  deux  subs- 
tances ;  la  première  se  réduit  très-facilement ,  tandis  que  la 
seconde  brunit  sans  se  fondre  ,  et  devient  attirable  à  l'ai- 
mant. 

Bismuth  sulfuré.  Mine  de  bismuth  sulfuré  ,  R.  D.  ;  bis- 
muth minéralisé  par  le  soufre  ,  Bergman  ;  B.  sulfuré  , 
de  B.  ;  Jf-^ismuth-Glanz  ^  W.  ;  Galène  de  bismuth  ,  Brochant. 
La  couleur  de  ce  minéral,  récemment  cassé,  est  le  gris  de 
plomb  clair,  quelquefois  avec  une  petite  teinte  de  jaune  ;  sa 
surface  est  assez  ordinairement  grisâtre,  et  quelquefois  irisée. 
Il  est  facile  à  entamer  avec  le  couteau,  mais  plus  dur  que 
le  bismuth  natif;  sa  texture  est  feuilletée  ,  éclatante  ,  et  il  est 
divisible  par  des  coupes  parallèles  aux  pans  d'un  prisme  qua- 
drangulaire  ,  qui  se  sous-divise  dans  le  sens  d'une  des  diago- 
nales de  ses  bases. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  6,4.672  d'après  Brisson  ,  et 
seulement  6,  i3i  selon  Kirwan  ;  l'antimoine  sulfuré  ne  pèse 
que  4,5  environ. 

Le  bisinulh  sulfuré  ne  fait  point  d'effervescence  dans 
l'acide  nitrique  à  froid,  ce  qui  le  distingue  du  bismuth  et  de 
ranlimoine  natif;  et  sa  dissolution  en  oxvde  blanchâtre 
s'y  opère  lentement,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  l'antimoine 
sulfuré. 

II  est  fusible  à  la  simple  flamme  d'une  bougie  ;  exposé 
au  feu  du  chalumeau  sur  le  charbon  ,  il  le  recouvre  d'un 
enduit  jaune-roussâtre  qui  passe  au  blanc  par  le  refroidis- 
sement. 

H  est  composé,  d'après  l'analyse  qu'en  a  faite  M.  Sage, 
de  60  parties  de  bismuth  et  de  ^o  de  soufre. 

(  Le  bismuth  sulfureux  est  un  bismuth  natif  qui  contient  ac- 
cidentellement un  peu  de  soufre  ,  Hai/'y.) 

Le  bismuth  sulfuré  se  trouve  avec  le  bismuth  natif,  à 
Schneeberg  et  à  Johanngeorgenstadt,  en  Saxe  ;  et  à  Joa- 
chlmsthal  ,  en  Bohème.  Il  a  ordinairement  le  quarz  pour 
gangue.  Il  accompagne  le  cériuin  oxydé  silicifère  dans  la 
mine  de  Bastnaës  ,  à  Kyddarhyta  en  Suède  ,  et  la  mine  de 
fer  spathique  blanche  ,  à  Bieber,  en  H  esse  {Rome  de  fls/e). 
On  en  a  trouvé  aussi  dans  la  mine  de  Herland  en  Cor- 
nouallles.  {Jameson.  ) 

Bismuth  sulfuré  cuprifère,  KupferWismutJi^  Karsten; 


B  I  S  4P 

M,   Klaproth;  Bismuth  et  cuivre  sulfures,  Delamétherie. 
La  couleur  de  ce  minéral ,   dans  sa  fracture  récente  ,   est 
le  gris  d'acier  ;  mais  Tactlon  de  l'air  le  colore  prompte- 
ment  en  rougeâlre  ou  en  bleuâtre. 

Il  est  tendre  ,  semi-ductile  ,  ou ,  comme  disent  les  Al- 
lemands,  traitable;  sa  cassure  est  inégale  et  à  petits  grains. 
C'est  probablement  un  mélange  de  bismuth  sulfuré  et 
de  cuivre  sulfuré.  D'après  l'analyse  de  M.  Klaproth,  il 
contient  sur  ico  parties,  bismuth,  ^7^  ^4;  cuivre,  34,66  ; 
soufre,  12,58;  avec  une  perte  de  5,52. 

Le  bismuth  sulfuré  cuprifère  n'a  encore  été  trouvé  qu'en 
Souabe  dans  le  Furstemberg ,    où  il    a    été  découvert  par 
M.    Selb   dans  les  mines  de  Neugliick  ,    de   Daniel  et   de 
Gallenbach,  près  de  Wittichen  :  il  y  accompagnoit  le  bis- 
muth natif,  le  cuivre  pyriteux  et  la  baryte  sulfatée. 
Bismuth  sulfuré  plumbo-cuprifère,  Nudeterz  ,  W. 
Ce  minéral,  que  M.  Patrin  avoit  reconnusur  le  lleumême, 
lors  de  sa  découverte  en   1786  ,  pour  un  iî/Z/i/rc  de  bismuth^ 
étoit  regardé  en  Russie    comme   un  nickel  aurifère.  11  a  été 
rangé  ensuite  par   M.   Werner  et  par  plusieurs  minéralo-* 
gistes  ,  à  son  exemple  ,   parmi  les  mines  de  chrome  ;  mais  il 
est  bien  reconnu   aujourd'hui  ,   d'après  les   expériences  de 
r>ï,   John ,     qu'il  n'appartient  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  de   ces 
métaux. 

Sa  couleur  est  le  gris  d'acier  tirant  au  jaune  ,  et  quel- 
quefois au  rougeâtre  ;  sa  cassure  longitudinale  est  feuilletée 
et  très-brillante;  la  transversale  est  inégale. 

Il  est  fusible  au  chalumeau,  en  donnant  une  petite  flamme 
et  avec  bouillonnement,  en  un  globule  métallique  d'un  gris 
d'acier,  et  soluble  avec  dégagement  abondant  de  gaz  nitreui 
dans  l'acide  nitrique. 

D'après  l'analyse  qu'en  a  donnée  M.  John  de  Berlin  , 
cent  parties  de  ce  minéral  contiennent ,  en  regardant  l'or 
qu'il  renferme  quelquefois ,  et  le  quarz,  comme  mélangés 
accidentellement  : 

Bismuth 43»  20 

Plomb.    . 24,  32 

Cuivre 12,   10 

Soufre. II,  58 

Nickel I,  58 

Tellure 1»  ^a 

Or 

p^rte  (Soufre brûlé?) 5,  90 

100,  00 
On  ne  l'a  encore  trouvé  que  dans  les  mines  de  Pysch- 


4«  BIT 

minskoï  el  de  Kllnizcfkoï,  près  do.  Tîerosof,  en  Sibérie,  où 
il  a  le  quarz  pour  gangue.  11  est  ordinairement  en  aiguilles 
recouvertes  d'un  enduit  jaune-verdâtre  et  de  bismuth  oxydé 
cuprifère  que  l'on  avoit  pris  d'abord  pour  l'oxyde  de  chromée. 

JBlSMUTH  SULFtTRFAlX.  F.  BiSMUTH  SULFURÉ.  (LUC.) 

BlSNA(iO.  ISom  vulgaire  de  la  Carotte  À  curedents  , 
Daiicùs  visnagn  ,  Linn.  (b,) 

BISON  ,  Bos  americamis.  Espèce  de  mammifère  de  l'ordre 
des  RuMI^A^'S  et  du  genre  des   Bœufs.  F.  ce  dernier  mot. 

(desm.) 

BISON  MUSQUÉ,  Bos  mosclmtus.  Autre  espèce  de 
Bœuf  ,  habitant  également  l'Amérique  méridionale  ,  et 
dont  M,  de  Blainville  forme  le  genre  OviBOS.  (desm.) 

BISON  ou  URUS  DES  AîsciENS.  C'est  VAuwchson  Zubr 
des  Polonais.  Espèce  de  Bœuf,  (desm.) 

BISPÉNIENS.  Disns  sa  nouvelle  distribution  métho- 
dique du  règne  animal ,  M.  de  Blainville  donne  ce  nom  a 
son  troisième  ordre  des  Reptiles,  qui  comprend  les  ophidiens 
et  les  sauriens  des  auteurs ,  à  l'exception  des  crocodiles  dont 
il  fait  un  ordre  à  part  sous  le  nom  d'fwy^/o  sauriens. 

11  pense  que  ,  d'après  l'examen  anatomique  ,  il  est  im- 
possible de  séparer  neltemcnt  les  sauriens  des  ophidiens ,  puis- 
qu'en  effet  il  y  a  de  véritables  serpens  qui  ont  des  pattes  ,  et 
de  vrais  lézards  qui  n'en  ont  point  ,  comme  les  oroets.  Le 
nom  qu'il  donne  à  cet  ordre  indique  la  singulière  disposition 
de  Torgane  excitateur  mâle  dont  les  deux  parties  paires  ne 
sont  pas  réunies,  (desm.) 

BISSE.  Un  des  noms  vulgaires  du  Rouge-Gorge,  (v.) 

BISSE-MORELLE.  La  Fauvette  d  hiver  dans  quel- 
ques cantons  de  la  France,  (s.) 

BISSERULE.  F.  Pélicine.  (b.) 

B  ISSU  S.  V.  Byssus.  (s.) 

BISSOURDET.  Nom. du  Roitelet  dans  l'Orléanais. 

(s.) 

BISSOUS.  Nom  du  Lapin  dans  quelques  parties  du  midi 
de  la  France,  (b.) 

BISTARDE.  Nom  de  I'Outarde  en  vieux  français,  (s.) 

BISTORTE.  Plante  du  genre  de  la  Re>ouee.  (b.) 

RISTOURNÉE.  Nom  d'une  coquille  du  genre  de  I'Ar- 

CHÉ.  (b.) 

BISULCE,  Bisulcus.  Désignation  générale  des  mammi- 
fères à  pieds  fourchus,  (s.) 

BISULQUES  ou  RuMINA^'S.  M.  Duméril,  dans  sa  Zoo- 
logie analyti<[ue ,  donne  ce  nom  à  la  onzième  des  familles 
qu'il  dislingue  dans  la  classe  des  mammifères,  (desm.) 

BITAFRES.  Oiseaux  de  proie  d'Afrique,  dont  le  père 


BIT  445 

Labat  parle  trop  confusément  pour  que  l'on  sache  à  quelle 
espèce  il  appartient,  (s.) 

BITANGOR.  Espèce  de  Calaba.  (b.) 

BlïARDE.  Nom  vulgaire  de  I'Outarde  aux  environs  de 
Niort.  (V.) 

BITI.  Arbre  de  Tlnde,  dont  le  bois  est  très-estimé.  Il  y 
a  lieu  de  croire  que  c'est  un  Sophora.  (b.) 

BITl-MARAxM-iVIARAYARA.  Plante  parasite  de  larbre 
précédent  et  qui  paroît  appartenir  au  genre  Épidendre.  (b.) 

BITIN.  Gronovius  donne  ce  nom  à  plusieurs  serpcns , 
qu'on  ne  peut  rapporter  à  aucun  genre  connu,  (b.) 

BITIÏENl.  C'est  le  nom  du  «/V/nm,  espèce  de  Sagoui:^ 
chez  les  Indiens  Maravitains  de  la  Guyane  espagnole,  (desm.) 

BIT03IE ,  Bitoma.  Genre  de  coléoptères ,  étalDli  par 
Herbst ,  et  qui  répond  à  celui  de  Lycte  de  Fabricius.  V.  ce 
mot  et  celui  de  Ditome.  (o.  et  l.) 

BITOME,  Bitomus.  Genre  de  Coquilles  établi  par 
Denys  Montfort,  dans  le  voisinage  des  Neriïes.  Ses  carac- 
tères sont  :  coquille  libre ,  univalve ,  à  spire  régulière  ,  écra- 
sée ;  un  ombilic  ;  ouverture  arrondie ,  séparée  en  deux  par 
un  prolongement  de  la  lèvre  inférieure  ,  mais  sans  canal  et 
entière  ;  lèvres  tranchantes  et  réunies.  La  seule  espèce  qui 
constitue  ce  genre  se  trouve  dans  la  Méditerranée  ,  et  a  été 
figurée  par  Soldani.  Son  diamètre  est  d'environ  une  ligne. 

(b.) 

BITON.  Nom  vulgaire  de  la  Porcelaine  pou.  (b.) 

BITOR.  Nom  vulgaire  du  Butor  aux  environs  de  Niort. 

(V.) 

BITOUR.  Nom  vulgaire  du  Butor,  (y.) 

BITSCHËTSCHI.  Les  Indiens  des  Maypures,  dans  la 
(iuyane  espagnole,  donnent  ce  nom  au  Titi  de  V Orénoque  ou 
Siiîmiri.  V.  Sagouin,  (desm.) 

BITTAQUE,  fi///af?w,  Lat.  Genre  d'insectes  de  Tordre 
des  névroptères  ,  famille  des  planipennes  ,  tribu  des  panor- 
pates  ,  qui  diffère  du  genre  des  panorpes  ,  dont  il  a  été  dé- 
membré ,  en  ce  que  l'abdomen  est  presque  terminé  de  la 
même  manière  dans  les  deux  sexes  ,  ou  ne  forme  pas ,  dans 
les  mâles  ,  une  sorte  de  queue  articulée  ,  avec  une  pince  au 
bout ,  comme  le  fait  celui  des  mâles  des  panorpes  ordinaires  ; 
les  tarses  n'ont  qu'un  seul  crochet  distinct  à  l'extrémité  de 
leur  dernier  article.  Les  blllaques  ont  d'ailleurs  quatre  ailes 
égales  ,  couchées  horizontalement  sur  le  corps  ,  et  trois  petits 
yeux  lisses ,  ce  qui  les  distingue  des  némoptères  et  des  bo- 
rées ,  autres  genres  de  la  même  division. 

BiTTAQUE  TlPULAfRE,  5iV/acH5 /i/>M/a/7'M5,  Lat.  Gcn.  crust. 
el  insect. ,  tom.  3,  pag.  189;  Panurpa  tipularia ,  Fab.  ;  \ii!.. 


446  B  I  T 

Entom.,  tom.  3,  tab.  7 ,  fig.  11.  Corps  roussâtre  ;  ailes  sans 
taches  ,  avec  le  bord  extérieur  cilié.  Dans  les  départemens 
méridionaux  de  la  France  et  en  Espagne,  (l.) 

BITTERSPATH  ou  Spath  magnésien.  Les  Allemands 
lui  ont  donné  le  nom  de  biUerspath,  qui  signifie  littéralement 
Spath  amer^  parce  que  la  magnésie  qui  entre  dans  sa  compo- 
sition ,  a  été  extraite  d'abord  du  sulfate  de  magnésie  ,  ancien- 
nement nommé  Seld'Epsom  ou  Sel  amer.  Ce  minéral  n'a  d'ail- 
leurs aucune  amertume.  V.  Chaux  carbonatée  magnési- 
FÈRE  (pat.) 

BITTERLING.  Nom  allemand  du  Cyprin  bouvière. 

(B.) 

BITUME.  On  comprenoit  autrefois  sous  le  nom  commun 
de  bitume ,  dans  la  minéralogie  ancienne  ,  la  plupart  des 
corps  que  nous  plaçons  aujourd'hui  dans  la  classe  des  subs- 
tances combustibles  ,  tels  que  la  houille  ,  le  jayet ,  le  suc- 
cin  ,  etc.  ;  ce  nom  étoit  synonyme  d'inflammable.  L'appli- 
cation en  est  actuellement  restreinte  à  des  substances  qui 
présentent  des  caractères  assez  tranchés  pour  que  les  miné- 
ralogistes étrangers  les  considèrent  encore  comme  des  espèces 
distinctes  ,  si  toutefois  l'on  doit  donner  ce  nom  à  des  ma- 
tières entre  lesquelles  il  est  si  difficile  d'établir  une  ligne 
nette  de  démarcation  et  d'espèces,  qui ,  suivant  le  plus  grand 
nombre  des  naturalistes  ,  tirent  leur  origine  des  êtres  orga- 
nisés ,  et  notamment  des  végétaux.  Ces  substances,  qui  n'en- 
troient  pas  originairement  dans  la  composition  de  la  masse 
solide  du  globe  ,  mais  se  trouvoient  simplement  placées  à  sa 
surface  ,  en  font  maintenant  partie  ;  et  sous  ce  rapport,  elles 
appartiennent  à  la  minéralogie. 

Les  variétés  de  l'espèce  bitume  sont  caractérisées  en  général 
par  la  propriété  qu'elles  ont  de  brûler  avec  flamme  ,  en 
répandant  une  fumée  épaisse  ,  accompagnée  d'une  odeur 
particulière  qui  ,  jusqu'à  un  certain  point ,  n'est  pas  désa- 
gréable-, et  est  connue  sous  le  nom  à  odeur  bitumineuse; 
elle  a  de  l'analogie  avec  celle  qu'exhale  dans  le  même  cas  la 
houille  ou  charbon  de  terre  ,  mais  est  beaucoup  moins  acre  ; 
le  résidu  de  leur  combustion  est  peu  considérable  ,  et  elles  ne 
donnent  pas  non  plus  d'ammoniaque  par  distillation  ;  ce  qui 
les  distingue  encore  de  la  houille  ,  qui  n'acquiert  pas  en 
outre  l'électricité  résineuse  par  le  frottement ,  sans  avoir  éié 
isolée  auparavant ,  comme  le  fait  le  bitume  solide. 

La  pesanteur  spécifique  des  diverses  variétés  de  bitume  est 
très-peu  considérable,  comme  nous  le  verrons  pour  cha- 
cune d'elles  ,  et  même  la  plupart  surnagent  l'eau  :  elle  est 
de  0,7,  à  i,io44  ;  leur  consistance  varie  beaucoup  plus.  Il  y 
en  a  de  liquide  et  d'oléagineux ,   de  glutineux ,  d'élastique  , 


BIT  i4, 

<îe  terreux  et  de  solide  ;  mais  le  plus  compacte  est  ordinaire^ 
ir>enl  facile  à  briser  entre  les  doigts. 

Tous  exhalent ,  par  le  frottement ,  ou  à  Taide  d'une  légère 
chaleur,  une  odeur  qui  a  du  rapport  k  celle  de  la  poix  :  ce 
qui  n'a  lieu  ni  pour  le  javet,  ni  pour  la  houille. 

Le  carbone  et  Ihydrogène  ,  unis  à  une  certaine  proportion 
d'oxygène  ,  forment  la  base  principale  du  bitume ,  et  en  géné- 
ral celle  de  toutes  les  substances  combustibles  ,  non  compris 
le  soufre  ;  il  s'y  joint  aussi  de  lazote,  du  fer  et  quelques  subs- 
tances terreuses  ,  mais  en  petite  quantité. 

Nous  verrons  dans  la  description  des  diverses  variétés  de 
hUume  ^  qu'elles  ne  sont,  pour  ainsi  dire  ,  que  de  simples 
modifications  d'une  même  substance  ,  et  qu'elles  passent  l'une 
à  l'autre  par  des  nuances,  pour  ainsi  dire,  insensibles  ;  il  faut 
en  excepter  cependant  le  bitume  élastique. 

i.°  Bitume  liquide  ou  Naphlc;  B.  liquide  blanchî\tre  ,  Haily  ; 
Pétrole  fluide  très-pur,  Naphte,  De  Born;  Naphla  ,  Wer- 
ner  ;  Liquides  Bergol,  Karsten  ;  l'Huile  minérale  naphte, 
Brochant. 

Sa  couleur  est  le  jaune  pâle  ;  il  est  très-fluide  et  surnage 
l'eau.  Sa  pesanteur  spécifique  est  o,yo8  â  0,732.  Il  est  trans- 
parent; sa  réfraction  est  très-forte  ,  et  il  a  un  éclat  gras  :  il 
réfléchit  quelquefois  à  sa  surface  la  couleur  bleue  ;  ce  qui  lut 
donne  alors  un  aspect  différent  de  celui  qu'il"  a  quand  on  le 
regarde  à  travers  le  vase  de  verre  qui  le  renferme  ;  il  est 
jaune  dans  ce  dernier  cas.  11  s'enflamme  à  l'approche  d'un 
corps  embrasé ,  même  à  une  certaine  distance  ,  et  brûle 
avec  une  flamme  bleuâtre  ,  sans  laisser  de  résidu.  Exposé  à 
l'action  de  l'air  ,  il  brunit  et  perd  son  odeur  en  s'épaississant. 
Il  est  très-rare  et  ne  se  rencontre  que  dans  un  petit  nombre 
d'endroits.  On  l'extrait  communément  de  la  variété  suivante, 
à  l'aide  de  la  distillation. 

Le  naphte  naturel  le  plus  pur  ,  est  celui  qu'on  trouve  près 
de  Bakou,  sur  le  rivage  nord-ouest  de  la  mer  Caspienne,  dans 
une  presqu'île  nommée  Apchéronn  ,  dont  le  sol  aride  est  une 
terre  roussâtre,  marneuse  ,  mclée  de  sable. 

Dans  différentes  parties  de  ce  terrain,  il  s'élève  des  va- 

f»eurs  de  naphte^  qu'on  peut  enflammer  facilement,  en  grattant 
a  terre  de  quelquespouces,  et  en  approchant  un  tison  embrasé. 
La  flamme  est  d'une  couleur  jaune-bleuâtre  :  elle  donne  une 
odeur  désagréable,  acre  et  pénétrante,  qui  picote  la  poitrine. 
Quand  le  temps  est  calme,  elle  s'élève  de  deux  ou  trois  pieds. 
Quand  on  veut  l'éteindre  ,  il  suffit  d'agiter  l'air  ,  ou  de  jeter 
do  la  terre  dessus. 

Les  gens  du  pays  se  servent  de  ce  feu  naturel  pour  leurs 
usages  domestiques.  Us  enfoncent  dans  I4  terre  un  tuyau  d'ua 


448  BIT 

pied  de  long  ;  ils  meltent  le  feu  à  la  vapeui'  qui  cri  sorl ,  et 
font  cuire  leurs  alimens  sur  cette  flamme  ;  ils  remploient 
même  à  faire  de  la  chaux.  Tous  les  environs  do  Bakou  sont 
calcaires  ,  et  on  en  transporte  les  pierres  sur  les  places  d  où 
s'échappe  la  vapeur:  on  l'allume,  et  au  bout  de  deux  ou  trois 
jours  les  pierres  se  trouvent  calcinées. 

La  (lamme  ne  cause  néanmoins  aucun  changement  au  sol 
sur  lequel  elle  se  montre  ,  elle  ne  fait  que  Téchauffer  ;  et  bien 
loin  de  se  durcir  ,  comme  il  arrive  à  la  marne  qu'on  expose 
à  un  feu  ordinaire  ,  on  trouve  qu'à  deux  pieds  de  profondeur 
elle  est  beaucoup  plus  douce  à  la  main,  et  ne  contient  plus 
de  sable.  Cette  terre  renferme  des  rognons  de  bitume  noir, 
qui  est  le  pétrole  dépouillé  de  sa  partie  spiritueuse  ,  et  qui 
passe  à  l'état  de  maltha. 

Gmelin  dit  qu'il  est  venu  ,  du  fond  de  l'Inde  ,  des  Guthres 
s'établir  auprès  de  ces  feux,  qu'ils  regardent  comme  un  pré- 
sent du  ciel  pour  favoriser  leur  culte. 

Les  puits  d'où  l'on  tire  le  iiaphle ,  sont  à  deux  ou  trois 
cents  toises  au  sud- ouest  de  ces  feux  perpétuels,  comme 
on  les  appelle  dans  le  pays  :  ils  sont  au  bas  d'une  petite 
colline  -,  ils  ont  environ  trente  pieds  de  profondeur.  Le 
naphle  qui  suinte  par  les  parois  de  ces  puits ,  se  rassemble 
au  fond  ,  et  quand  il  s'en  trouve  une  quantité  suffisante,  on 
l'enlève. 

On  lui  donne  le  nom  de  naphte  blanc,  quoiqu'il  soit  d'une 
couleur  ambrée;  mais  il  est  limpide,  et  c'est  pour  le  distin- 
guer de  celui  qui  passe  à  l'état  de  pétrole  commun,  de  couleur 
noirâtre.  C'est  ce  dernier  que  le  peuple  de  Perse  emploie 
pour  s'éclairer,  au  lieu  d'huile  végétale. 

Le  batmann,  de  sept  à  huit  livres  de  nuphte  blanc,  se  vend 
dans  le  pays  un  abas  et  demi,  ou  environ  trente  sous.  Le  noir 
ne   vaut  que  la  dixième  partie. 

On  fait  distiller  le  naplite  blanc  pour  l'avoir  en  effet  blanc 
et  pur ,  et  les  Persans  le  regardent  comme  un  excellent 
remède  dans  les  rhumatismes  et  les  paralysies  :  ils  en  font 
usage  tant  intérieurement  qu'en  frictions;  mais  en  ce  cas,  il 
faut  singulièrement  prendre  garde  au  feu,  car  le  malade 
courroit  grand  risque  d  être   brûlé  vif. 

Il  y  a  encore  une  autre  presqu'île  voisine,  nommée  Bail, 
où  l'on  trouve  Au  pétrole,  et  l'on  y  a  creusé  plus  de  soixante 
puits,  d'environ  dix  toises  de  profondeur;  mais  il  est  plus 
grossier,  plus  épais  que  celui  d'Apchéronn,  qui  est  le  seul 
qu'on  transporte   dans  l'intérieur  de  la  Perse. 

Le  Khan  de  Bakou  retire  de  la  vente  An  pétrole  deux  cent 
mille  francs  par  an. 

Le  naphle  est  plus  abondant  en  Sicile  que  \q  pétrole.  On  en 


BIT  U-j 

trouve  en  plusieurs  endroits,  et  principalement  à  Leonforte, 
k  Bivon3,sur  une  fontaine  aux  environs  de  Girgcnti,  dans 
le  fleuve  Symèle,  à  Polizzi  et  à  Canalotto.  Le  pétrole  se 
trouve  dans  les  deux  Pélraglies,  à  la  superficie  de  plusieurs 
pierres  qui  le  renferment,  ou  en  gouttelettes  surnageant 
l'eau.  (De  Broch,  Min.  sicil.  p.  i8i.)  On  en  trouve  également 
en  Calabre;  sur  le  mont  Zibio,  près  de  IModène  ;  sur  les 
bords  de  la  mer  Caspienne;  dans  le  GaUcase;  au  Japon 
et  dans  plusieurs  autres  lieux. 

M.  Héron  de  Yillefosse  parle  d'une  source  qui  existoit 
dans  le  quinzième  siècle  à  Waldsbruun,^rès  de  Bilsche  , 
département  de  la  Moselle,  et  qui  fournissoit  une  assez  grande 
quantité  de  naphte  ou  pétrole  blanc. 

On  a  découvert  en  1802  ,  près  du  village  d'Amiano  ,  dans 
le  duché  de  Panne  ,  une  source  de  ce  bitume  qui  en  fournit 
annuellement  une  assez  grande  quantité  pour  qu'on  ait  pu 
iemploycr,  au  lieu  d  huile,  à  1  éclairage  de  la  ville  de  Parme. 

M.  Ménard  delà  Groye,  dont  nous  aurons  plus  d'une 
occasion  encore  de  citer  les  observations ,  nous  a  avertis 
qu'on  ne  Temployoit  pas  à  cet  usage,  dans  la  cité  de  Gènes  , 
comme  on  le  croit  communément.  L'emploi  du  naphle  pour 
l'éclairage  demande  beaucoup  de  précaution  ;  il  faut  avoir 
bien  soin  de  tenir  exactement  fermé  le  réservoir  qui  le  con- 
tient, et  que  la   flamme  en  soit  un  peu  éloignée. 

Les  anciens  ont  employé  ce  hitume  comme  vermifuge.  Il 
sert  dans  l'Inde  à  faire  des  vernis. 

2.  B.  oléagineux  on  pétrole  ;  B.  liquide  brun  ou  noirâtre  ,  H. 
Huile  de  Gabian ,  du  commerce  ;  Pétrole  gras  brun ,  de 
B.;  gemeinrs  erdoel ^  W.  ;  Verdicies  hergol ^  Karst  ;  l'huile  mi- 
nérale -commune ,  Broch. 

Il  est  ordinairement  brun,  ou  d'un  brun  roussâtre,  ou 
noirâtre;  d'une  consistance  onctueuse  et  grasse,  quelquefois 
iiiéme  visqueuse;  il  devient  aussi  glutineux,  par  le  contact 
«le  l'air,  et  finit  môme  par  sy  solidifier.  Sa  pesanteur  spéci- 
fique varie  de  0,84.75  à  0,8783.  Il  est  aussi  très-combustible, 
en  répandant  une  épaisse  fumée  noire;  on  en  retire  beaucoup 
de   naphte  T^AV  la  distillation. 

Le  pétrole  est  beaucoup  plus  commun  que  le  naphte.  On 
en  trouve  assez  abondamment  en  France  ,  surtout  dans  le 
département  de  l'Hérault.  La  source  de  pétrole  ,  située  aux 
environs  de  Gabian,  et  à  peu  de  distance  de  Pezenas  ,  est 
depuis  long-temps  célèbre;  c'est  une  des  plus  intéressantesi 
de  ce  genre.  Depuis  l'époque  de  sa  découverte,  qui  date  de 
1618,  jusqu'en  1776,  elle  a  fourni,  année  commune,  envi- 
ron trente-six  quintaux  de  cette  espèce  d'huile  minérale  ;  mais, 

m.  29 


/,5d  BIT 

depuis  1776,  eîle  n'en  fournit  pin*;,    suivant  M.  Marcel   de 

Serres,  que  quatre  quintaux  environ. 

Lés  sources  les  plus  importantes  aujourd'hui,  sont  celles 
d'Ainiano,  à  douze  lieues  de  Parme.  On  les  exploite  à  Taide 
de  puits  "creusés  dans  le  sol ,  qui  en  est  imprégné  jusqu'à 
une  profondeur  assez  considérable.  Les  ouvriers  qui  le  re- 
cherchent, ont  remarqué  qu'on  en  trouvoit  davantage  dans 
une  argile  verdàtre  ,  dure  et  compacte ,  que  dans  lés  autres 
parties  du  terrain  ;  mais  ils  se  laissent,  en  général,  drriger 
par  Todeur  àxxbitiwie.  A  mesure  que  Ton  creuse,  elle  se  fait 
sentir  ,  et  quelqucrols  devient  assez  forte  pour  que  les  ouvriers 
en  soient  incommodés.  L'on  creuse  les  pulls  jusqu'à  60  mè- 
tres, environ  3o  toises  de  profondeur;  on  atteint  les  sources 
de  pétrole  ;  on  donne  au  fond  du  puits  là  fornie  d'un  en- 
tonnoir ;  le  pétrole  se  rassemble  au  fond  de  ces  cônes  ,  et 
on  le  puise  tous  les  deux  jours  avec  des  seaux.  L'odeur  qu'il 
exhale  est  tellement  forte,  que  les  ouvriers  ne  peuvent  là 
supporte!^  plus  d'une  demi-heure  sans  courir  le  risque  de 
s'évanouir.  On  a  remarqué  que  les  sources  de  pétrole  sont 
presque  toujours  accompagnées  de  sources  salées.  (  Bron- 
^niarl.  ) 

On  en  trouve  en  Transylvanie  ,  dans  toutes  les  nilnes  de 
sel  gemme  ;  en  Gallicie,  en  Moldavie  ,  en  Grèce,  en  Suède, 
au  royaume  d'Ava,  dans  l'Inde,  où  il  découle  de  la  houille  ; 
au  Japon,  en  Amérique,  dansie  voisinage  de  Carthagène,  etc. 

Il  est  employé  comme  combustible,  après  avoir  été  pu- 
rifié -,  il  peut  aussi  remplacer  le  goudron,  pour  les  usages  de 
la  marine  ;  et  même  il  paroît  lui  être  préférable  pour  les  cor- 
dages. En  Angleterre,  on  extrait  ce  biiumede  la  houille  grasse, 
qui  en  renferme  une  grande  quantité,  par  une  sorte  de  distilla- 
tion dont  le  résultat  fournit  à  la  fois  l'ammoniaque  liquide , 
du  noir  de  famée,  an  ùitume  Viqmde  ou  goadron  ,  et  le  coak 
ou  charbon  purifié,  employé  dans  le  traitement  du  fer  et 
dans   celui  des  mines  d'étain.  . 

Les  fontaines  de  pétrole  dûment  Zibioprès  deModène,sonl 
situées  au  fond  d'un  vallon,  à  environ  un  demi-mille  de  dis- 
tance de  la  salse  de  Sassuolo.  (  On  nomme  Salse  dans  le  Mo- 
dénois  ,  des  tertres  en  forme  de  cône,  dont  le  sommet  pré- 
sente une  sorte  de  cratère  d'où  jaillit  une  fange  demi-fluide 
et  salée,  qui ,  retombant  sur  les  flancs  du  cône  ,  en  augmente 
aussi  les  dimensions.  )  L'une  d'elles  s'appelle  le  bain  blanc ^ 
l'autre  le  bainnoir ,  de  la  couleur  du  naplUe  ou  du  pétrole  qui 
en  découle  ,  et  dont  la  quantité  est  d'environ  13  onces  (Sj 
décag.  )  par  jour  en  été,  et  de  la  moitié  en  hiver.  Quand  la 
salse  de  Sassuolo  éprouve  de  violentes  convulsions,  la  quan- 
tité de  pétrole  qui  coule  avec  l'eau  de  ces  fontaines  diminue  , 


BIT  ^5, 

etc.  (  Spallanzani ,  t.  5,  p.  263  et  suîv.  )  Le  terrain  dans  le- 
quel ces  sources  jaillissent ,  est  composé  d'une  roche  assez 
friable  ,  mêlée  d'argile  ,  de  chaux  carbonatée  et  de  sable. 

En  Pukutie ,  près  des  monts  Krapac ,  on  voit  couler  le 
pétrole  dans  un  vallon;  il  sort  de  la  montagne  Berghœl ^  près 
d'une  source  salée. 

Les  saAfi  du  Modénois,  ainsi  que  les  volcans  vaseux  de  la 
Crimée,  et  de  ïmiccalouba  en  Sicile,  abondent  également  en 
pétrole  et  en  sel  matin. 

On  trouve  du  pétrole  dans  plusieurs  autres  contrées  :  il  n'est 
pas  rare  surtout  d'en  voir  à  la  surface  de  la  mer,  dans  le 
voisinage  des  volcans;  et  je  pense  qu'il  est  la  cause  princi- 
pale ,  ou  peut-être  unique,  de  l'amertume  des  eaux  de  l'O- 
céan. Flaccourt  {  Histoire  de  Madagascar  )  dit  qu'en  passant 
près  des  îles  du  Cap  Vert ,  qui  sont  toutes  volcaniques,  il  vit 
Fa  mer  couverte  àe  pétrole. 

Le  savant  observatem-  Breislak  ait  qu'au  pied  du  Vésuve, 
près  du  fort  de  Pietra  Bianca,  se  trouve  au  fond  Ô£  la  mer 
une  source  de  pétrole ,  dont  les  gouttes  s'élèvent  à*a  surface 
de  l'eau. 

Quand  il  donna  l'édition  italienne  de  sa  Topogi-aphie  phy- 
sique delà  Campanie,  il  pensoit  qu'il  y  avoit  sous  le  Vésuve  un 
'immense  réservoir  de  ce  bitume,  et  il  le  regmrdoit  comme 
l'unique  cause   des  phénomènes  de  ce  volcan. 

Mais  dans  l'édition  française  du  même  ouvrage,  qu'il  a 
donnée  en  i8oi ,  un  an  après  que  j'eus  publié  mes  Recherches 
sur  les  Volcans  ,  dans  le  Journal  de  Physique  (  germinal  an 
8,  ou  mars  iSoo),  et  dans  d'autres  journaux  du  même  teivps, 
on  voit  que  ce  savant  a  adopté  (  dans  son  chap.  vu  )  ,  sur  l'o- 
rigine des  feux  volcaniques,  une  opinion  qui  rentre  tout-à-fait 
dans  la  mienne ,  ou  plutôt  qui  est  proprement  la  mienne ,  pré- 
sentée d'une  manière  plus  vague.   V.  Volcan. 

3.  B.  résinoïde  noir  ,  ou  Asphalte  ;'B.  solide ,  friable ^  H  ;  As- 
phalte ou  Bitume  de  Judée  ,  aussi  nommé  Gomme  des  funé- 
railles ,  Karabé  de  Sodome,  etc.,  R.D.;  Pétrole  solide, 
cassant  et  luisant,  De  Born;  Schlakiges  Ei-dpech  ,  W.  ;  Poix 
minérale  scoriacée,  Broch. 

La  poix  minérale  terreuse  (  Erdiges  Erdpech  ,  W.  )  est  une 
variété  de  bitume  solide,  dont  la  cassure  est  terne  ,  et  la  cou- 
leur d  un  brun  noirâtre ,  par  le  mélange  des  matières  terreuses 
auxquelles  elle  est  communément  unie.  Elle  accompagne 
presque  toujours  le  bitume  glutineux. 

Le  bitume  aut[ne\  on  donne  communément  le  nom  A" asphalte 
ou  de  bitumede  Judée  ,  est  d'une  couleur  noire  quand  il  est  en 
masse  ,  et  il  paroît  alors  parfaitement  opaque  ;  mais  ses  fr.-'g  - 
mens,  quand  ils  sont  très-minces,  sont  translucides  quelque- 


452  B  T  T 

fois  vers  les  Lords,  et  paroissent  d'une  couleur  rouge  obscurci 
Il  est  très- fragile  ,  et  sa  cassure  ressemble  à  celle  du  verre. 
Sa  pesanteur  spécifique  est  moindre  que  celle  de  l'eau  du  lac 
Aaphallîqxie ,  puisqu'il  la  surnage  ;  mais  le  savant  Brisson  a 
trouvé  qu'elle  est  à  celle  de  l'eau  pure  comme  ii,o4.4  est  à 
10,000,  II  est  très-facile  à  électriser  par  le  frottement. 

Ce  hilume  a  été  ,  de  même  que  le  précédent ,  dans  un  état 
fluide  ,  c'est-à-dire  ,  un  vrai  pétrole  ;  mais  il  est  devenu  con- 
cret ,  soit  par  Tévaporalion  de  sa  partie  la  plus  subtile  ,  soit 
surtout  par  l'action  des  acides  minéraux. 

Il  se  trouve  en  abondance  sur  les  bords  Au  lac  de  Judée  , 
qu'on  nomme  aussi,  pour  cette  raison,  lac  Asphaldque.  II 
provient  des  sources  bitumineuses  dont  parle  l'éloquent  Vol- 
ney  dans  son  Voyage  en  Syrie  (t.  i  ,  p.  274.)-  Il  est  long-temps 
ballotté  par  les  eaux  de  ce  lac ,  qui  sont  tellement  salées  qu'on 
lui  a  donné  le  nom  de  merde  sel.  Peu  à  peu  il  acquiert  de  la 
solidité  ,  et  il  est  poussé  et  accumulé  par  les  vents  ,  dans  les 
anses  et  Us  golfes,  où  les  gens  du  pays  le  recueillent. 

Toute  cette  contrée  a  été  volcanisée,  ainsi  que  nous  l'ap- 
prend le  même  voyageur  ;  et  les  volcans ,  quoique  éteints  en 
apparence ,  y  conservent  encore  la  propriété  de  produire  du 
bitume,  de  nfl^inc  que  ceux  d'Auvergue ,  de  Languedoc  et 
de  tant  d'autres  contrées  ;  et  si  le  bitume  qu'ils  fournissent 
rencontroit  une  eau  aussi  chargée  de  matières  salines  que 
celle  du  lac  Asphaltique  ,  il  est  probable  qu'il  acquerroit  la 
même  solidité  que  le  bitume  de  Judée. 

Mais  quoique  ce  bitume  conserve  de  la  mollesse  ,  on  donne 
néanmoins  le  nom  à' asphalte  à  celui  dont  certaines  couches 
terreuses  sont  imprégnées  ,  comgie  celle  qui  se  prolonge 
depuis  Seyssel  jusqu'à  X^pertedu  Rhône,  sur  les  deux  bords  de  ce 
fleuve.  C'est  une  couche  de  sable  quarz(»uxet  ^/'/H/7î/««/.T;,quia 
trois  pieds  d'épaisseur  dans  un  espace  d'environ  cinq  cents 
toises  ,  près  de  la  commune  de  Surjoux  :  elle  est  entre  deux 
couches  dargile  ;  le  tout  repose  sur  une  couche  de  pierre  cal- 
caire ,  et  se  trouve  à  une  élévation  de  trois  cents  pieds  au- 
dessus  du  Rhône. 

On  fait  bouillir  ce  sable  dans  de  grandes  chaudières ,  et  l'on 
recueille  le  bitume  qui  nage  sur  l'eau.  Le  produit  est  d'environ 
douze  pour  cent  du  sable  qu'on  a  employé.  Ce  bitume  est 
propre  à  faire  du  ciment  pour  la  maçonnerie  des  ouvrages 
exposés  à  l'action  de  leau.  On  peut  le  faire  entrer  avantageu- 
sement dans  la  composition  des  vernis  noirs  ;  et  en  le  mêlant 
à  des  matières  grasses  ,  on  peut  en  oindre  les  rouages  des 
gr<kndes  machines.  Il  peut  également  servir  de  goudron  pour 


B  I  T  453 

les  embarcations  de  toute  espèce.  Voyez  le  Journ.  des  Min. , 
M."  XXIII ,  p.  45. 

Aux  environs  de  TVeissemhout^  ,  en  Alsace  ,  il  y  a  plusieurs 
ateliers  ,  notamment  a  Beckelbwon  ^  où  l'on  traite  également 
«n  sable  imprégné  d'asphalle  ,  dont  la  couche  est  à  cent 
vingt-huit  pieds  de  profondeur  ,  et  dont  on  retire  ,  par  diffé- 
rens  procédés,  environ  dix  pour  cent  de  bitumes  liquides  et 
solides.  Le  produit  annuel  est  de  quinze  cents  quintaux  ;  mais 
il  pourrolt  être  porté  jusqu'à  quatre  mille.  {Ihid.,  n.°  xiii  , 
p.?>Z.) 

On  en  trouve  également  dans  beaucoup  d'autres  lieux ,  no- 
tamment près  àcDax,  dans  les  Landes;  près  dOrlhès  ,  pn 
Béarn  ;  aux  environs  de  Neuchâtel,  etc.  DeBorn  parle  d'un 
asphalte  qui  a  été  trouvé  dans  une  mine  de  mercure  du  pays 
de  Deux-Ponts  ;  il  étoit  avec  du  cinabre  ,  dans  une  argile 
martiale.  Il  accompagne  aussi  la  bai-)'te  sulfatée  cretée  ,  au 
Harlz  ,  sous  la  forme  de  globules. noirs  etbrillans  ;  la  chaux 
carbonatée  laminaire  enNorwége,  etc. 

Parmi  les  usages  auxquels  on  a  employé  V asphalte ,  l'un  des 
plus  remarquables  est  celui  qu'en  faisoient  les  anciens  Égyp- 
tiens, pour  embaumer  les  corps  et  en  former  ce  que  nous  ap- 
pelons des  momies.  Il  est  probable  qu'ils  le  faisoient  fondre 
avec  du  naphte  ,  afin  de  lui  donner  assez  de  fluidité  pour  exi 
faire  des  injections  ,  et  que  c'est  le  temps  et  sa  combinaison 
avec  les  substances  animales  qui  lui  ont  donné  la  dureté  qu'on 
lui  connoit. 

Si  1  on  en  croit  le  péruvien  Garcias  Lasso  de  laVega^ 
le  même  usage  étoit  établi  dans  son  pays. 

4.  B.  Glutlneux  ou  piciforme.,  H.  ;  Poix  minérale  ou  Malthe, 
Rome  -Delisle  ;  Pétrole  tenace,  De  B.;  Pissasphalte  ,  Dau- 
benton  ;  Bergtheer.^  ^VV.  ;  Zahes  Erdpech^  Karst.  ;  Goudron 
minéral,  Broch. 

Il  est  noir,  et,  comme  son  nom  l'indique,  d'une  consistance 
semblable  à  celle  de  la  poix  ;  il  est  solide  dans  les  temps 
froids;  léger,  surnageant  l'eau,  combustible,  avec  fumée 
noire  ,  etc. 

On  le  trouve  ordinairement  dans  les  mêmes  lieux  que  le 
pétrole;  mais  cela  n'est  pas  réciproque,  et  il  y  a  beaucoup  d'en- 
droits où  l'on  voit  du  bitume  glutineux  ,  mais  point  de  pétrole. 

De  même  que  \e pétrole.,  il  se  rencontre  très-souvent  dans  le 
voisinage  des  sources  Sîilées  et  des  couches  de  sel  gemme. 
Nous  en  avons  dans  plusieurs  contrées  delà  France,  notam- 
ment dans  l'Auvergne,  au  Puy-de-la-Pége ;  ce  qui  signifie, 
dans  le  langage  du  pays,  la  Montagne  de  la  Poix.  C'est  un  petit 
tertre  ou  rocher  qui  se  trouve  à  une  lieue  de  Clcrmont.  Le 
iitume  suinte  par  les  fijssures  de  ce  rocher,  d'où  découle  cis 


môme  temps  une  eau  saurnâtre.  Toute  la  contrée  onviron- 
naiitc  a  été  volcanisée  ;  et  la  plupart  des  tufs  qu'on  y  voit 
présentent  tlans  leurs  fissures  des  mamelons  de  calcédoine  et 
des  cristaux  de  quarz  ,  encroûtés  en  tout  ou  en  partie  de  la 
même  suljstance,  et  recouverts  d'une  couche  de  bitume.  C'est 
surtout  aux  environs  du  Pont-du-Château,  non  loin  du  Puy 
de  la  Pège ,  que  l'on  remarque  cette  association. 

J'ai  trouvé  de  la  maJiha  dans  un  gîte  à  peu  près  semblable  , 
mais  avec  des  circonstances  particulières.  Il  y  a,  sur  la  rive 
droite  de  la  Chilra^  qui  est  une  branche  du  fleuve  Ainoiir^  une 
ancienne  lave  décomposée  ,  qui  renferme  de  nombreuses 
géodes  de  calcédoine.  L'intérieur  de  ces  géodes  est  rempli , 
en  tout  ou  en  partie,  tantôt  de  spalh  calcaire,  et  tantôt  de 
inaltha.  Souvent  ces  deux  substances  s'y  trouvent  réunies  ; 
alors  le  spath  calcaire ,  qui  est  en  grands  cristaux  à  peu  près 
rhomboïdaux,  mais  à  faces  convexes  et  striées,  est  entière- 
ment pénétré  de  bitume^  qiii  lui  donne  une  teinte  obscure.  Il 
y  a  4f  petits  cristaux  en  crête  de  coq,  qui  sont  absolument 
n(»irs,  et  la  première  fois  que  je  rompis  une  de  ces  géodes, 
je  fus  tenté  de  croire  qiie  c'étoit  la  mallha  elle-même  qui  étoit 
cristallisée;  mais  le  tô/mz*? n'adhère,  au  contraire,  en  aucune 
façon  aux  cristaux  quarzeux  qui  tapissent  l'intérieur  des 
géodes. 

Et  ce  qu'il  y  a  de  singulier,  c'est  que  la  lave,  qui  sert  de 
matrice  à  ces  géodes  ,  ne  contient  pas  un  atome  de  bitume , 
et  que  les  géodes  elles-mêmes  n'en  offrent  pas  la  moindre 
apparence  à  l'extérieur;  elles  n'ont  d'ailleurs  aucune  fissure. 
Ce  fait  remarquable  me  semble  fournir  une  preuve  de  ce  que 
j'ai  dit ,  que  les  bitumes  sont  formés  par  une  simple  combi- 
naison de  fluides  gazeux  ;  et  l'on  ne  soupçonnera  pas  ,  je 
pense  ,  que  cette  maltha  puisse  tirer  son  origine  des  corps 
organisés. 

J'ai  rapporté  différens  échantillons  de  ces  géodes  bitumi- 
neuses ^  avec  la  lave  où  elles  se  trouvent.  La  maltha  qu'elles 
contiennent  a  la  consistance  de  la  cire  molle  ;  lorsqu'on  la 
coupe,  elle  s  attache  au  couteau.  Après  avoir  été  exposée 
pend'intplus  de  quinze  ans  au  contact  de  l'air,  elle  ne  change 
point  de  consistance,  mais  elle  n'a  plus  aucune  odeur.  Quand  on 
la  présente  à  la  flamme  d'une  bougie  ,  elle  se  fond  et  tombe 
par  gouttes,  qui  sont  luisantes  comme  un  beau  vernis  noir: 
mise  sur  des  charbons,  elle  s'enflamme,  mais  avec  peu  d'ac- 
tivité, et  répand  à  peu  près  la  même  odeur  que  la  cire. 

Cette  variété  se  trouve  aussi  en  Perse,  sur  la  route  de 
Schiras  à  Bcnder-Congo,  dans  une  montagne  appelée  Darap. 
Elle  est  recueillie  avec  soin  comme  un  baume  efficace  pour 
la  guérison  des  blessures,  et  envoyée  au  roi  de  Pe!<e. 


B  I  T  455 

Elle  est  employée  clans.la  ft^bricj^tlpn  de  la  cire  à  cacheter 
tî.oire  et  dans  celle  de  certains  vernis  q.ui  servent  à  préserver 
le  fer  de  la  rouille;  on  s'en  sert  aussi  en  Suisse  pour  le^ 
charrettes,  çt  elle  petit,  comme  la  précédente,  lemplacer  le 
goudron. 

5.  B.  Solide  ^  brun. 

Cette  variété  ,  qui  accoinpagne  le  bitume  élastique  dans 
les  mines  de  plomb  du  Derbyshire  (  V.  plus  bas),  est  beau- 
coup plus  dure  que  l'asphalic,  et  en  même  temps  plus  légère  ; 
;sa  couleur  est  aussi  très-différente  :  elle  est  opaque  et  d'un 
brufj  jaunâtrie  ,  nuancé  de  yerdàtre.  Sa  cassure  est  vitreuse, 
comme  la  précédente.  Elle  bmle  aussi,  comme  l'asphalte,  en 
répandant  une  fumée  noire  et  une  odeur  bitumineuse  ;  mais 
elle  ne  se  ramollit  pas  comme  lui  par  l'action  de  la  chaleur. 
Elle  en  diffère  encore  en  ce  que  sa  poussière  ,  obtenue  par 
la  trituration,  ne  s'attache  point  aux'  doigts  et  ne  devient  pas 
glulineuse  par  le  ramollissement.  On  voit  qu'ejle  est  très- 
dislinguée  du  bitume  solide  ordinaire. 

M.  Hatchett  a  décrit,  sous  le  nom  de  Métinasphalte ^  une 
substance  combustible  ,  qui  se  trouve  en  petites  masses  dissé- 
minées dans  le  bois  bitumineux  à  Bovey,  dans  le  Pevon^hyre, 
en  Angleterre,  et  qui  a  beaucoup  d'analogie,  par  sa  couleur 
d'un  jaune  roussâtre  ,  sa  friabilité  et  sa  cassure  vitreuse  , 
avec  une  autre  substance  bitumineuse  du  Mansfeld.  Elle  res- 
semble beaucoup  à  certaines  variétés  de  succin  ,  blanchâtres 
€t  lestacées  ;  mais  elles  n'ont  pas  donné  d'acide  succiniq^ue. 
ï^fous  nous  contenions  de  les  indiquer  ici,  sans  les  rapporter 
à  une  variété  particulière. 

B.  élastique,  H.  Cahout-Chou  fossile,  Dçlaniélherie  \ffias- 
tisches Erdpech  ,  W. ;  la  poix  minérale  élastique, ,Broch. 

En  masse  ,  il  est  opaque  et  d  un  brun  nuancé  de  verdâtre  ^ 
surtout  à  l'intérieur  ;  il  est  luisant  et  translucide  vers  les  bords  ; 
inou  ,  facilement  compressible  entre  les  doigts  ,  et  élastique  ; 
facile  à  couper  et  à  déchirer  ,  à  peu  près  comme,  la  gomme 
élastique  ,  avec  laquelle  il  a  beaucoup  de  rapports ,  et  brûle 
en  répandant  une  flamme  claire  et  une  odeur  bitumineuse. 
Il  enlève  aussi  les  traces  de  la  plombagine  ,  mais  eu  salissant 
le  papier. 

il  est  quelquefois  mélangé  de  si^bslances  terreuses  ,  et  res- 
semble alors  à  certains  champignons  desséchés  :  son  tissu  e§t 
alors  moins  compacte.  11  varie  aussi, dans  son  degré  de  mollesse 
et  d'élasticité.  Le  bitume  solide  brun  qui  raccomjXjiigne  ,  que 
nous  avons  décrit  plus  haut ,  doit  en  être  regardé  comme  une 
modification,  suivant  M.  Haiiy.  M.  Hatchett  part ;)ge  cette 
opinion  dans  son  savant  mémoire  sur  le  changement  des  prin- 
cipes prochains  des  végétaux  en  bitume.  (  V.^BibLBrit.  t.  J^o.  ) 


^56  *B  T  T 

11  se  trouve  avec  celuî-ci  en  morceaux  sépare's  ,  qui  n'ont  pas 
ordinairement  de  liaison  ni  d  adhérence  avec  la  masse  ,  et 
dont  le  volume  n'est  pas  <  onsidérable. 

Cette  variété ,  déjà  très-remarquable  par  ses  propriétés  , 
Test  encore  par  son  gisement.  La  première  dissertation  sur 
le  bitume  élastique  a  été  publiée  parle  docteur  Lister,  dans 
les  Transactions  philosophiques  de  1673.  Elle  a  fait,  depuis, 
lesujet  debeaucoupd'aulres,elnotammentcelles  de  MM.  De- 
lamétherie,  Faujaset  Hatchett.  M.  Mawe  en  a  soigneusement 
décrit  toutes  les  variétés  et  les  associations  ,  dans  sa  Minéra- 
logie du  Derbyshire,  publiée  en  anglais,  à  Lontîres,  en  1802, 

Le  bitume  élastique  n'a  encore  été  trouvé  que  dans  les  ca- 
vités d  une  veine,  dans  lamine  de  plomb  d  Odin,  laquelle  est 
située  à  la  base  du  Mamtor  ,  au  nord  de  Castlcton  ,  dans  le 
Derbyshire.  Le  filoa  de  plo.nb  sulfuré  qui  le  renferme  traverse 
la  pierre  calcaire  stratiforme  ,  et  contient  la  galène  en  asso- 
ciation avec  la  chaux  Huatée  ,  la  baryte  sulfatée,  le  zinc  sul- 
furé, le  zinc  carbonate  et  le  bitume  élastique.  Les  échantil- 
lons en  sont  devenus  rares  ,  même  en  x\ngleterre. 

Nous  avons  vu  plus  haut,  page  4-4i  Tq"^  ^^"^  naturalistes 
s'accordoient  à  regarder  les  diverses  variétés  de  hitumes 
comme  des  produits  de  lorganisation ,  et  en  particulier  des 
végétaux.  M.  Patrin  ne  partage  pas  cette  opinion  Les  bilumes 
sont  dus  ,  suivant  lui,  à  la  combinaison  de  certains  gaz  qui 
ont  donné  naissance  à  une  matière  huileuse  ,  laquelle  a  été 
modifiée  ensuit-  dans  le  sein  de  la  terre,  par  les  acides  mi- 
néraux, et  a  fourni  à  son  tour  les  différentes  variétés  de  ce 
minéral  que  nous  conuoissons.  L'on  a  pensé  aussi  que  le 
naphte  et  le  pétrole  étoient  des  p'-oduits  de  la  distillation  de 
^a  houille  ,  par  les  feux  souterrains  «les  houilles  elles-mêmes, 
des  pyrites  en  décomposition  ,  et  même  des  volcans  ;  mais 
rien  de  tout  cela  n'est  prouvé  :  seulement  on  sait  que  ces 
substances  se  trouvent  également  dans  le  voisin-nge  de  la  houille 
et  dans  celui  des  volcans  ,  soit  éteints  ,  soit  enflammés. 

Les  substances  minérales  avec  lesquelles  le  bitimie  a  les 
rapports  les  plus  constans  et  les  plus  remarquables  dans  le 
sein  de  la  terre  ,  sont  la  soude  muriatée  ,  l'argile  et  la  chaux 
sulfatée  qui  appartient  à  cette  formation.  La  chaux  carbo- 
natée  des  montagnes  à  couches,  renfermant  des  débris  plus 
ou  moins  nombreux  de  madrépores  et  de  coquilles,  en  est 
souvent  imprégnée,  de  même  que  le  tuf  dans  plusieurs  pays 
autrefois  ▼olcanisés,  comme  l'Auvergne,  et  de  la  masse  des- 
quels il  suinte  par  la  seule  action  du  soleil.  l^Lnfin  ,  le  sable 
même  de  certains  pays  en  renferme  ,  comme  n(»\is  l'avons 
déjà  vu.  Les  anciens  ont  employé  le  bitume  liquide  naphte , 
comme  vermifuge. 


B  I  V  457 

Les  historiens  s'accordent  à  dire  que  les  briques  dont 
furent  construits  les  murs  de  Babylone ,  étoient  liées  entre 
elles  par  du  bitume  chaud.  Les  Egyptiens  Teniployoient 
à  la  conservation  des  corps,  en  le  mélangeant  avec  une  li- 
queur extraite  du  cèdre;  et  quant  aux  usages  auxquels  ses  di- 
verses variétés  sont  appliquées  aujourd'hui,  nous  les  avons 
en  grande  partie  indiqués  en  parlant  du  pétrole  et  de  l'as- 
phalte. Nous  reviendrons  sur  son  origine  en  traitant  de  la 
Houille,  et  à  Tarticle  Volcans,  (luc.  et  pat.) 

Bitume  des  Arabes.  V.  Bitume  glutineux, 

BlllR.  En  ,  c'est  le  Castor,  (desm.) 

BIVAI.  Le  Pivert,  d;ms  quelques  parties  de  la  France. 

(s.) 

BIVALVES,  On  nomme  ainsi  les  coquillages  dont  les  co- 
quilles sont  composées  de  deux  pièces  jointes  ensemble  par 
un  ligament  et  une  charnière. 

Ils  offrent  dans  leur  organisation  des  différences  très-con- 
sidérables, soit  relativement  à  leur  forme,  soit  relativement 
aux  animaux  qui  les  habitent. 

Les  caractères  de  leurs  genres  se  tirent  principalement  de 
leur  charnière  ,  qui  est  avec  ou  sans  dents  ,  et  dont  les  dénis 
varient  en  nombre  et  en  position. 

On  partage  cette  classe  de  coquilles  en-deux  sections: l'une 
comprend  les  coquilles  équivalves,  c'est-à-dire,  compo- 
sées de  deux  valves  égales  et  régulières;  et  l'autre,  les  co- 
quilles inéquivalves  ,  c'est-à-dire  ,  composées  de  deux  valves 
inégales. 

On  pourroit  aussiles  diviser  en  coquilles  complètement  fer- 
mées et  en  coquilles  bâillantes,  et  subdiviser  ces  dernières 
en  coquilles  qui  s'attachent,  au  moyen  d'un  Byssus,  et  en 
<:oquilles  qui  ne  s'attachent  pas;  ces  dernières  vivent  presque; 
toutes  dans  le  sable,  même  dans  l'intérieur  des  pierres. 

Les  animaux  des  coquilles  bivalves  sont  appelés  Mollus- 
ques ACEPHALES  par  Cuvier  et  Lamarck,  parce  qu'ils  n'ont 
point  de  tête.  Ils  se  divisent,  en  général ,  en  deux  sections  , 
dont  l'une  appartient  aux  coquillages  qui  changent  de  place  , 
soit  qu  ils  soient  ou  ne  soient  pas  pourvus  d'un  byssus  propre 
à  les  fixer,  el  l'autre  aux  coquillages  qui  sont  fixés  à  leur  nais 
sance  pour  toute  leur  vie  ,  par  le  moyen  d'une  soudure 
crlcaire. 

Tous  sont  enfermés  dans  une  membrane  qui  tapisse  les 
parois  internes  de  leurs  coquilles,  et  qui  est  percée  d'un  ou 
deux  trous  pour  le  passage  des  organes  de  la  bouche  ou  de 
la  locomotion.  Tous  ont  quatre  branchies  ,  qui  servent 
à  séparer,  de  l'eau,  l'air  nécessaire  à  leur  existence.  Ces 
branchies  recouvrent  eutièremenl  l'animal ,  sur  les  côtés  da^ 


458  B  I  V 

.quel  elles  sont  attache'es  deux  à  deux,  vers  le  dos  de  la  co- 
quille ,  dont  elles  égalent  à  peu  près  la  longueur.  Leurs  feuiU 
lels  sont  membraneux,  exlrëmement  minces  ,  forn\»s  par  de 
petits  tuyaux  transversaux,  fort  serrés,  et  unis  ios  uns  aux 
autres.  On  voit  sur  le  dos  de  .ces  feuillets  un  rang  de  petits 
trous  ovales  ,  par  lesquels  Teau  entre  dans  les  tuyaux  ,  et  les 
fait  gonfler.  Dans  quelques  genres  ,  ces  mêmes  feuillets  sont 
frangés  en  leurs  bords. 

Le  corps  de  l'animal  varie  dans  sa  forme  et  dans  celle  de 
ses  organes.  Quoique  toujours  très-simple,  il  est  plus  com- 
pliqué dans  les  coquillages  qui  sont  destinés  à  marcher,  que 
dans  ceux  qui  sont  fixés  dès  leur  naissance  pour  toujours. 

Jjans  les  premiers,  la  bouche  est  formée  par  deux  tuyaux 
plus  ou  moins  longs  ,  ordinairement  égaux  en  hauteur  et 
inégaux  en  largeur,  toujours  parallèles  et  se  louchant.  Ces 
tuyaux,  ou  trompes,  ou  siphons,  sont  susceptibles  de  dila- 
tation et  de  contraction,  et  servent  k  attirer  1  eau  et  les  ani- 
malcules qu'elle  contient,  pour  la  nourriture  de  lanimal.  Le 
plus  petit  de  ces  tuyaux,  celui  qui  est  postérieur,  sert  aussi 
d'anus.  Souvent  l'un  et  l'autre  ,  ou  tous  les  deux  ,  sont  gai'nis 
de  tentacules  à  leur  ouverture. 

Dans  les  mômes,  on  trouve  à  la  partie  directement  op- 
posée aux  trompes,  c'est-à-dire,  à  la  partie  inférieure  ^  un 
gros  muscle  ou  appendice  musculeux ,  que  les  animaux  font 
sortir  et  rentrer  à  volonté  de  leur  coquille  ,  et  avec  lequel  ils 
se  traînent  et  s'accrochent  sur  le  sable  :  c'est  ce  qu'on  appelle 
le  pied.  Dans  quelques  genres,  ce  pied  ne  sert  point,  ou  peu, 
à  marcher,  mais  à  filer;  on  en  voit  un  de  cette  espèce  dans 
la  Moule  et  dans'  la  Pin  ne.  F.  ces  mots. 

Un  des  pieds  ,  le  plus  simple  ,  est  celui  de  Yanodontc  des 
étangs.  Il  est  placé  au  devant  du  corps  vers  le  bord  des  val- 
ves ;  sa  forme  est  oblongue  et  comprimée.  On  remarque  à 
chaque  côté  ,  et  extérieurement ,  une  couche  de  fibres  venant 
du  fond  do  la  coquille,  et  intérieurement  il  y  en  a  d'autres, 
dont  les  unes  croisent  les  premières  à  angles  droits,  et  d'au- 
tres unissent  les  deux  couches  extérieures,  en  s'y  attachant 
circulairement.  Par  cette  disposition  on  conçoit  aisément  que 
l'animal  peut  changer  à  son  gré  les  trois  dimensions  de  ce 
pied  ou  de  l'une  de  ses  parties.  Il  parvient,  par  son  .moyen , 
à  placer  de  champ  sa  coquille,  et  à  ramper  sur  la  boue,  en 
y  faisant  un  sillon  de  quelques  lignes  de  profondeur. 

Le  pied  de  la  moule  commune  ,  qui  ,  comme  on  l'a  déjà 
dit,  est  destiné  à  filer,  est  le  mieux  organisé  de  tous.  11  res- 
semble à  une  petite  langue,  marquée  d'un  sillon:  longitudinal, 
susceptible  de  s'allonger  beaucoup. en  se  rétrécissant,  et  de  se 
raccourcir  jusqu'à  avoir  la  forme  d'un  cœur.  Cinq  muscles  de 


B  I  y  45^ 

chaque  côté  meuvent  cet  organe  ;  deux  viennent  «les  extré- 
mités de  la  coquille,  d'auprès  de  ceux  qui  servent  à  la  fermer; 
les  trois  autres  viennent  de  son  fond  et  du  creux  des  sommels. 
Tous  entrent  dans  le  pied ,  et  s'y  entrelacent  avec  ses  fibrejS 
propres.  Le  pied  sert  à  marcher  et  à  filer.  Ce  dernier  office 
se  fait  en  saisissant ,  avec  la  pointe  ,  le  gluten  que  fournil  la 
glande  située  sous  sa  base,  et  en  le  tirant  en  longueur  dans 
le  sillon  mentionné  plus  haut. 

:Les  animaux  des  coquilles  qui  se  fixent,  dès  leur  naissance, 
par  la  matière  calcaire  de  leurs  coquilles,  n'ont  point  de 
tuyaux  ni  de  pieds.  Leur  bouche  et  leur  anus  sont  dans  un 
trou  ,  et  cachés  sous  leurs  branchies.  Tous  leurs  mouvemens 
se  bornent  à  entr'ouvrir  une  des  valves  de  leurs  coquilles  ,  et 
à  la  refermer  :  du  reste  ,  leur  conformation  interne  est  la 
même. 

Les  animaux  acéphales  sont  attachés  aux  valves  de  leur 
co(juille  par  uYi,  deux,  ou  même  quelquefois  un  plus  grand 
nombre  de  muscles  très-gros  ,  qui  les  traversent  de  pari  en 
part ,  et  qui  laissent  sijr  la  partie  intéri^re  des  valves  ,  des 
impressions  qui  ne  doivent  pas  être  négligées  dans  leur  des- 
cnpîion. 

Le  ligament  qui  se  voit  à  la  charnière  des  coquilles  bivalves 
est  élastique  ,  et  tend  continuellement  à  ouvrir  les  valves,  de 
sorte  que  ce  sont  les  muscles  précédens  qui  les  ferment  par 
la  volonté  de  l'animal  ;  aussi ,  dès  qu'il  est  mort ,  s'ouvrent- 
é\ics ,  comme  tout  le  monde  a  pu  s'en  apercevoir  :  ce  liga- 
ment élastique  varie  dans  sa  forme  et  dans  sa  position  ,  selon 
les-  genres. 

L'anatomle  de  quelques  acéphales  avoit  été  entreprise  par 
d'anciens  naturalistes  ;  mais  ce  qu'ils  nous  en  ont  appris  nest 
rien  moins  que  satisfaisant.  Il  étoit  réservé  à  Cuvier  d'éclai- 
rer cette  importante  partie  de  l'histoire  des  animaux,  et  il 
Ta  fait  avec  cette  supériorité  qu'on  lui  connoît.  Il  a  consigné 
nue  partie  de  ses  observations  dans  son  excellent  ouvTage, 
intitulé  :  Leçons (TAnatovne.  fom/^cr/^,  dans  celui  qui  est  intitulé: 
Histoire  naturelle  des  coijuillages ,  faisant  suite  au  Birffon  ,  édi- 
tion de  Deterville ,  et  dans  quelques  mémoires  particuliers 
répandus  dans  des  recueils  ou  des  journaux.  On  sç  conten- 
tera ici  d'énumérer  les  parties  internes  des  animaux  acé- 
phales, et  on  renverra  aux  ouvrages  ci-dessus,  ceux  qui  dési- 
reroient  des  notions  plus  détaillées  sur  co  qui  les  concerne. 

Dans  Wmodonte  ou  moule  d'élans;,  par  exemple,  le  cerveau 
est  situé  sur  le  bord  antérieur  de  la  bouche.  11  est  de  forme 
transversalement  oblongue  ,  et  fournit  six  ou  huit  filets  de 
nerfs,  qui  se  distribuent  partout  le  corps. 

Le  cœur  est  très  grand,  et  a  deux  appendices,  dans  les^- 


iSo  B  I  V 

quels  le  sang  passe  à  chaque  mouvement  de  systole.  Comme 
toutes  ces  parties  sont  aussi  transparentes  que  du  verre,  il  n'y 
a  rien  de  si  agréable  que  de  voir,  à  chaque  battement,  les  valvules 
s'ouvrirpour  laisserpasscr  le  sang  dans  les  appendices.  On  en 
découvre  parfaitement  le  jeu  ,  à  la  vue  simple ,  lorsqu'on  a 
ouvert  le  péricarde  ;  ce  qu'il  y  a  de  plus  singulier  dans  le  cœur 
de  ïanodonte,  c'est  que  le  rectum  passe  à  travers.  Cela  se  re- 
trouve dans  la  bucarde  et  autres  hbabes  ^  mais  non  dans 
l'huître.  Le  cœur  de  celte  dernière  est  dans  une  cavité  par- 
ticulière entre  le  foie  et  le  muscle  transverse,  derrière  les 
branchies. 

Les  organes  de  la  nutrition  n'ont  ni  dents  ni  langue  :  l'esto- 
mac est  creusé  dans  un  foie  glanduleux  et  sans  lobes  ,  et  se 
transforme  en  un  intestin  faisant  ses  circonvolutions  en  partie 
dans  ce  foie  ,  en  partie  dans  la  masse  du  pied  ,  et  se  terminant 
à  l'anus.  On  observe,  dans  les  autres  genres  ,  quelques  dif- 
férences ;  par  exemple  ,  Ihuilre  a  un  second  estomac,  à  pa- 
rois épaisses,  à  forme  conique;  mais  tous  ces  détails  appar- 
tiennent à  l'anatomie  proprement  dite. 

Les  acéphales  ioTmeni  le  seul  ordre  d'animaux  dans  lequel 
l'organe  pulmonaire  serve  en  même  temps  de  matrice.  Ce  fait,^ 
si  remarquable,  est  très-peu  connu,  quoiqu'il  ait  été  an- 
noncé, il  y  a  plus  de  cent  ans,  par  Poupart, 

Lorsqu'on  ouvre,  dit  Cuvier ,  une  anodonte  au  printemps, 
avant  l'époque  de  son  frai,  on  trouve  dans  l'épaisseur  de  ses 
branchies ,  ou  mieux  dans  Tintervalle  des  deux  lames  qui  les 
composent,  non  pas  des  œufs,  comme  l'a  dit  Poupart,  mais 
de  petites  anodontes  toutes  édoses  et  bien  rivantes  ,  et  re- 
couvertes de  leurs  deux  valves  :  chaque  individu  en  contient 
bien  des  milliers. 

Ainsi  donc  cette  anodonte  est  vivipare  ;  il  en  est  de  même 
de  presque  tous  les  mollusques  acéphales  :  on  dit  presque  » 
parce  qu'il  y  en  a  beaucoup  dont  on  n'a  pas  encore  observé 
la  génération. 

11  est  très-probable  que  la  plupart  des  acéphales  sont  her- 
maphrodites ,  et  que  chaque  individu  se  féconde  de  lui-même. 
On  dit  probable,  par  la  raison  citée  plus  haut.  11  est  cepen- 
dant des  coquilles  hùmhes ,  telles  que  les  huîtres  ,  qui  sont 
nécessairement  hermaphrodites  dans  ce  sens ,  puisque  les 
individus  sont  fixés  à  demeure  pour  toute  leur  vie. 

C'est  ordinairement  au  commencement  de  l'été  que  tous 
ces  coquillages  jettent  leur  frai.  Si  tous  les  petits  réussissoient, 
la  mer  même  seroit  déjà  comblée  ;  mais  il  n'en  est  peut-être 
pas  un  sur  mille  qui  arrive  à  un  an  d'âge  ;  tant  est  grand  le- 
nombre  de  leurs  ennemis,  tant  sont  fréquentes  les  causes  de 
leur  destruction. 


B  I  V  46t 

On  verra  au  mot  Coquille  le  mode  de  formation  des  co- 
quilles bwabes  ,  et  le  nom  des  différentes  parties  qui  les  com- 
posent; ainsi  il  ne  reste  plus  qu'à  donner  un  aperçu  de  la 
division  de  leurs  genres;  et  c'est  ce  que  l'on  trouvera  dans  le 
tableau  ci-après ,  où  l'on  a  porté  les  noms  des  principaux 
d'entre  eux  dont  quelques-uns  ont  été  récemment  subdivisés. 
(  V.  leurs  articles.  ) 


COQUILLES  BIVALVES  EQUIVALVES. 


A     CHARNIÈRE      GARNIE     DE       DENTS. 


Piune.                   AD.-ÏEDENT.                  A       DEC!        UBNTS. 

Moule. 

°   '°  *"'       MuJelte.            SimijUi.                 Avec   des    sur- 
Anodonle.    c.^ssatelle.       Trigooie.                   numéraires. 
Paphie.              Tridatne.                    Isocarde. 
Mactre.             Hippope.                  Donace. 
Carditr.                      Cjclade* 
Lutraire.   .                Telline. 
Pétricole.                  Venu* 
Vénéricarde. 
Solen. 
Capse. 
ISanguinoIaire. 

DENTS.                 DE    DENTS. 

Bucarde.           Nucule. 
Méretrice.         Pétoncle. 
Lucine.             Arche. 

Cucullée. 

CO.QUILLES  BIVALVES  INÉQUIVALVES. 

A  CHARNIÈRE  SAMSDEKTS.    ADNEDENT,    A  DEUX  DENTS. 


A    PLUSIEURS 


Acarde. 

Eadiolite. 

Vulselle. 

Marteau. 

Huître. 

Avicule. 

Peigue. 

Lime. 

Houlette. 

Craaie. 

Hyale. 

Linsule. 


Came. 
Çorbule. 


Spondyle. 

Plicatule. 

Placune.  , 

Pandore. 

Térebratulc. 

Calcéole., 


Perne. 


46.  B  I  V 

Lamarck  qui,  dans  ses  premiers  ouvrages,  avoit  adopté 
cette  division,  a  prouvé  ,  dans  un  mémoire  inséré  n."  60  des 
Annales  du  Muséum,  qu'elle  étoit  inccrlaine  et  fautive,  il  a 
proposé  delà  remplacer  par  celle  tirée  de  l'endroit  de  la  par- 
tie intei'ne  de  la  coquille,  où  s  attachent; les  muscles  destines 
à  la  fermer,  muscles  tantôt  écartés,  l«nt(^t  presque  centraux, 
et  de  la  disposition  du  ligament  des  valves,  tantôt  extérieur , 
tantôt  intérieur. 

Je  renverrai  à  son  mémoire,  qui  n'est  encore  q«'un  aperçu, 
ceux  qui  voudront  de  plus  grands  éclaircissemeus  à  cet  égard. 

Cuvier,  dans  son  nouvel  ouvrage  ,  iwtittilé  le  Règne  auiimd^ 
tUstiibiié d'après  son  organisation,  a  divisé  les  bioubes  eu  cinq 
famiihs  ;  savoir  : 

i."  Les  OsTRACÉES  contenant  les  genres  :  Huître  (auquel 
il  réunii  les  AcaRdes,  les  Gryphées,  les  Peignes,  les  Lime.s 
et  les  Houlettes  )  ;  Anomie,  P'^acune,  Spondyle  (  auquel 
H  réunit  les  Pucatules);  Marteau,  Yueselle  ,  Perne  , 
Aro>,de,  Crénatule,  Jambont^eau,  Arche  (auquel  il  réu- 
nit les  Pétoncles  et  les  Nucules)  ;  Trigome. 

2."  Les  Mvtilacees  offrant  les  genres  Moule  (auquel  se 
^ignent   les  IMgdioles  et    les  LiThoï)Omes  )  ;  Anodonte  , 

MULETTE,  VeNERICARDE. 

3.°  Les  BÉNITIERS,  oit  ne  se  tronve  que  le  genre  Tri- 

DACNE. 

4..°  Les  Cardiacées,  qui  réunissent  les  genres  Came  (du- 
quel il  ne  faut  pas  séparer  les  Isocardes),  Bugard£^  Do- 
Nace,  Cyclade,  Corbeille, Telmne,  Loripède,  Lucine, 
Vénus  (auquel  il  faut  joindre  les  genres  Capse  et  Petricole)  ; 
Corbule,Mactre,  dontilnefautpas  séparer  les  Lavi&nons. 
5."  Les  Enfermes,  dans  lesquels  se  placent  les  genres  Mvl 
(auxquels  se  joignent  les  Lutraires,  les  AnaTines,  les  Gly  - 
CYMÈRES,  les  Panopes  et  les  Pandores);  Gastrochene, 
Byssomie,  Hiatelle  ,  SoLEN  (auquel  doivent  se  réunir  les 
SaNGUINOLAIRES);  PhOLADE  ,  TaRET  et  FlSTULANE.  F.  tous 
ces  mots. 

C'est  de  cette  classe  de  coquillages  dont  nous  retirons  le 
|»lus  d'utilité  ,  soit  pour  notre  nourriture  ,  soit  pour  des  objets 
à'arîs  :  c'est  elle  par  conséquent  que  nous  devons  le  plus  étu- 
dier; mais  elle  est  encore  bien  loin  d'être  connue,  (b.) 

BIVALY  {BiivaJ) ,  ou  BIAL.  Noms  hongrois  du  Buffle. 

(desm.) 
Bl  VARO  ou  BIVERO.  Noms  italiens  du  Castor,  (desm.) 
BlYERONNE.  Nom  donné  à  la  Vénus  clonisse.(b.) 
BIVET.  Adanson  appelle  ainsi  la  Cancellaire.  (b.) 
BIYIT.  Le  Martinet  koiê  eti  Piémont,  (s.) 
BIX  A.  F.  Roucou.  (b.) 


A  .    2^ 


to>u..-- 


B  T  V  463 

BTZAyVM  ou  CHAT-BTZAAM  de  Yosmaer,  n'est,  selon 
M.  Cuvier  (Règne  animal),  qu'une  variété  de  la  genelie  ^ 
mammifère  carnassier  du  genre  des  Civettes. 

Sa  grandeur  est  à  peu  près  celle  d'un  chat  domestique  ;  la 
couleur  dominante  par  tout  le  corps  est  le  gris  cendr'é  clair, 
rehaussé  de  taches  brunes  :  au  milieu  du  dos  règne  mie  raie 
noire  jusqu'à  la  queue,  à  bandes  noires  et  blanches.  V.  à 
l'arllcle  CnETTES,  la  description  détaillée  de  ce  joli  animal 
figuré  pi.  A.  22,  de  ce  Dict.  (desm.) 

BlZAPvDA.  Nom  que  les  Italiens  donnent  à  des  citrons 
produits  par  la  fécondation  de  deux  variétés  de  l'oranger.  C(* 
sont  de  véritables  fruits  Hybrides.  V.  ce  motet  ORA^GER.  (b.) 
BIZE.  Rondelet  donne  ce  nom  au  Scomere  sarde,  (b.) 
BIZHIUÏZH.  Nom  lapon  du  Pluvier  doré,  (v.) 
BJÉLRAouWJEKSCHA.Noms  russes  des  EctJRiiuiLS. 

(DESM.) 

BJORKNA.  Nom  de  pays  du  Cyprin  large,  (b.) 

BLA.  S)Tionyme  de  Blé.  (b.) 

BLAAFOT.  Nom  norvvégien  du  Balbuzard,  (v.) 

BLAA-HALS,  BLAA-NAKK.  Noms  norwégiens  du  Ca- 
nard SAUVAGE,  (v.) 

BLAA-KRAÀiCE.  Nom  norwégien  du  Rollier.  (v.) 

BLAA-ROUGE.  Nom  que  la  corneille  commune  porte 
en  Norwége.  (v) 

BLAA-àlLD.  Nom  ïiorwégien  du  Hareng,  (b.) 

BLAA-STAAL.  F.  Blemstack.  (b.) 

BLAC.  Nom  que  Levaillant  a  imposé  à  un  oiseau  dé 
proie,  r.  CouHYEH.  (v.) 

BLACKBURNIE,  Blackhumia.  Arbuste  de  l'île  de  Nor- 
folk ,  qui  forme,  dans  la  tétrandrie  monogynie,  un  genre  fort 
voisin  des  PtelÉes.  H  offre  pour  caractères  :  un  calice  di- 
visé en  quatre  parties  ;  une  corolle  à  quatte  pétales  ;  quatre 
étamines  ;  un  ovaire  surmonté  d'un  stylé  simple  ;  une  taie 
ihonosperme.  (b.) 

BLACKFISH.  C'est,  en  Caroline  ,  le  Lutjannoir;  et  à 

Alép  ,  le  MACKOPTÉRONbTE  CHARMUTH.  (b.) 

BLACÏC-UMBER.  Nom  anglais  de  la  Scite  ombre.(b.) 
BLACOUEL.  r.BLÂKouEL.(B.) 
BLAIJ.  En  Languedoc,  c'est  le  Blé.  (desm.) 
BLADIE  ,  Bladlna.   (ienre  de  plantes  de  la  pientandrie 
monogynie,    dont  les  caractères   sont  :  un  calice  divisé  en 
cinq  parties  ;  une  corolle  monopétale,  en  roue,  divisée  en 
cinq  parties:    cinq  étamines;  un  germe  supérieur  à   stvle 
simple  ;  une  baie  à  une  seule  semence. 

H  renferme  quatre  plantes  vivaces,  qui  n'ont  rien  de  re- 
marquable, excepté  que  les  fleurs  de  Tune,  de  celle  qu'on 


464  '  B  L  A 

appelle  Bladie  du  Japom,  du  lieu  où  elle  croît  naturelle- 
ment ,  sont  Irès-odorantes. 

Les  genres  Pyrgue  et  OIjakite  s'en  rapprochent  beau- 
coup, 

R.  Brovvn  pense  qu'il  doit  être  téum  aux  MiRSiNÉs.  (b.) 

BLAGRE.  F.  Balbuzard,  (desm.) 

BLAGYLTA.  Nom  norwégien  d'un  Labre,  (b.) 

BLAIREAU,  Me/es,  Storr  ;  Taxus ,  Ceoiï.  Genre  de 
mammifères  carnassiers  et  plantigrades  établi  par  Storr  sur 
une  espèce  qui  avoit  été  long- temps  placée  dans  le  gein-e 
Ours  (  ursus)  et  qui  méritoit  d'en  être  retirée  par  les  diffé- 
rences qu'elle  présente  avec  ces  animaux. 

Comme  les  ours,  les  blaireaux  appuient  en  entier  la  plante 
de  leurs  pieds  de  derrière  sur  le  sol.  Leur  corps  est  presque 
aussi  épais;  leurs  extrémités  sont  aussi  divisées  en  cinq  doigts, 
armés  de  fortes  griffes  ;  leur  queue  peii  longue  ,  etc. 

Néanmoins  les  blaiveaiix  ont  les  jambes  très-courtes,  ce 
qui  semble  allonger  leur  corps  ;  leur  ventre  touche  presque 
à  terre;  leurs  doigts  sont  engagés  dans  la  peau  et  armés  de 
griffes  très-solides  et  propres  à  fouiller  la  terre  ,  etc.  Ils  se 
distinguent  principalement  des  ours  par  la  poche  remplie 
d'une  humeur  onctueuse  et  très-puante  ,  dont  1  ouverture  se 
remarque  près  de  leur  anus.  Leur  poil  est  long  et  rude, 
leurs  oreilles  sont  cour'.es,  etc. 

Les  ^/o«/o7js ,  qui  forment  un  genre  très-voisin  de  celui- 
ci,  et  qui  a  été  également  institué  par  Storr,  ont  une 
taille  un  peu  plus  légère  que  celle  des  blaireaux  ,  une  queue 
un  peu  plus  longue  ,  et  ne  présentent  en  dessous  de  la  queue 
qu'un  simple  pli  de  la  peau  ,  au  lieu  dune  poche  remplie 
d'une  humeur  fétide.  D'ailleurs  leurs  dents  les  rapprochent  des 
Martes,  tandis  que  celles  Aca  blaireaux  ont  plus  de  rapports 
avec  les  dents  des  .ours.  M.  Cuvler  les  décrit  ainsi.  Elles  for- 
ment une  série  non  interrompue.  «  Il  y  a  une  très-petite 
dent  derrière  la  canine,  puis  deux  molaires  pointues,  sui- 
vies en  haut  d'une  que  l'on  commence  à  reconnoîlre  pour 
carnassière  au  vestige  de  tranchant  qui  se  montre  sur  son 
coté  externe  ;  derrière  elle  est  une  tuberculeuse  carrée  ,  la 
plus  grande  de  toutes;  en  bas,  la  pénultième  commence  aussi 
à  montrer  de  la  ressemblance  avec  les  carnassières  infé- 
rieures ;  mais  comme  elle  a  à  son  bord  inlerne  deux  tuber- 
cules aussi  élevés  que  son  tranchant,  elle  remplit  les  fonc- 
tions d'une  dent  tuberculeuse;  la  dernière  est  très-petite. 
(  Règne  unim.  )  Les  incisives  sont  au  nombre  de  six  à  chaque 
mâciiojre.  On  compte  en  tout  quatre  canines  assez  fortes. 
Toutes  ce<  dents  se  correspondent  parfaitement  ,  et  la  mâ- 
choire inférieure  est  très-solidement  articulée  par  ses  con- 


B  L  A  ^65 

dyles  qui  sont  très-resserrés  dans  la  cavité  glénoïde  ,  ce  qui 
ne  permet  à  cette  mâchoire  de  se  mouvoir  que  dans  un  seul 
sens,  comme  les  deux  tranchans  d'une  paire  de  ciseaux.  Dans 
les  blaireaux,  adultes  ,  il  est  même  difficile  de  séparer  la  mâ- 
choire inférieure  sans  en  rompre  les  branches,  ou  sans  frac- 
turer les  bords  de  la  cavité  glénoïde. 

Storr  avoit  distingué  les  gloutons  sous  le  nom  de  mcll'wora.  , 
des  blaireaux  qu'il  appeloit  mêles.  Depuis,  on  a  réuni  ces  deux 
genres  ,  tantôt  sous  ce  dernier  nom ,  tantôt  sous  celui  de 
iaxus.  C'est  llliger  qui,  le  premier,  a  reproduit  la  division 
proposée  par  Storr;  et  M.  Cuvier  a  suivi  son  exemple. 

Les  blaireaux  sont  de  l'ancien  continent.  Ce  sont  des  ani- 
maux lents,  solitaires,  nocturnes,  fouilleurs,  etc.  On  les 
trouve  dans  les  grandes  forêts. 

Espèce  unique.  — Le  B  LAI  RE  AU  d'Europe,  Mêles  europœus^ 
Ursusmelesy  Linn.  ;  Taxus  mêles,  Geoff.  ;  le  Blaireau,  Buff.  , 
tom.  7,  pi.  7,  vulgairement  Taisson. 

Le  blaireau  a  deux  ou  trois  pieds  de  longueur;  sa  tête  est 
médiocrement  pointue;  ses  yeux  sont  petits;  ses  oreilles 
courtes  et  arrondies;  son  cou  est  court  et  épais.  Des  poils 
longs  et  serrés  couvrent  le  corps  et  la  queue,  qui  est  médio- 
crement longue  ;  les  jambes  sont  si  courtes  ,  que  le  ventre 
semble  loucher  à  terre  ;  chaque  pied  est  divisé  en  cinq  doigts 
armés  d'ongles ,  dont  ceux  de  devant  ont  plus  de  longueur 
et  de  force  que  ceux  de  derrière.  Le  blaireau  a  six  mame- 
lons,  et  sous  la  queue  une  espèce  de  poche  remplie  d'une 
liqueur  grasse  et  fétide ,  qui  fournit  un  des  caractères  les  plus 
saillans  de  ce  genre.  Son  pelage  rude  est  presque  blanc  en 
dessus  et  presque  noir  en  dessous  (singularité  remarquable 
qui  ne  s'observe  que  dans  quelques  mammifères  de  la  fa- 
mille des  ours)  ;  sa  tête  est  grisâtre  ,  avec  une  bande  de  cou- 
leur noire  sur  chaque  œil. 

Le  blaireau  est  un  animal  paresseux,  défiant,  solitaire  ,  qui 
se  retire  dans  les  lieux  les  plus  écartés ,  dans  les  bois  les  plus 
sombres,  et  s'y  creuse  une  demeure  souterraine  ;  passe  les 
trois  quarts  de  sa  vie  dans  ce  séjour  ténébreux,  dont  il  ne 
sort  que  pour  chercher  sa  subsistance.  Comme  il  a  le  corps 
allongé,  les  jambes  courtes,  les  ongles  très-longs  et  très- 
fermes  ,  il^  plus  de  facilité  qu'un  autre  pour  ouvrir  la  terre, 
y  fouiller,  y  pénétrer  et  jeter  derrière  lui  les  déblais  de  son 
excavation,  qu'il  rend  tortueuse,  oblique,  et  qu'il  pousse 
quelquefois  fort  loin.  Le  renard.,  qui  n'a  pas  la  même  facilité 
pour  creuser  la  terre  ,  profite  de  ses  travaux  :  ne  pouvant  le 
contraindre  par  la  force ,  il  l'oblige  par  adresse  à  quitter  son 
domicile,  en  l'inqniétant ,  en  faisant  sentinelle  à  l'entrée  , 
en  l'infectant  mcme  de  ses  9rdures  î  ensuite  il  s'en  empare  , 

m.  3o 


les  B  L  A 

l'élargit ,  l'approprie ,  et  en  fait  son  terrier.  Le  llaireati  j 
forcé  à  changer  de  manoir,  ne  change  pas  de  pays  ;  il  ne  va 
qu'à  peu  de  distance  travailler  sur  nouveaux  frais,  et  se 
pratiquer  un  autre  gîte ,  dont  il  ne  sort  que  la  nuit ,  dont  il 
ne  s'écarte  guère  ,  et  où  il  revient  dès  qu'il  sent  le  danger. 
Il  n'a  que  ce  moyen  de  se  mettre  en  sûreté,  car  il  ne  peut 
échapper  par  la  fuite  ;  il  a  les  jambes  trop  courtes  pour  pou- 
voir bien  courir.  Les  cliiens  l'atteignent  promptement  lors— 
qu'ils  le  surprennent  à  quelque  distance  de  son  trou  :  cepen- 
dant il  est  rare  qu'ils  l'arrêtent  tout- à- fait.  Le  blaireau  a 
le  poil  très-épais;  les  mâchoires  et  les  dents  très-fortes,  aussi 
Lien  que  les  ongles;  il  se  couche  sur  le  dos  et  se  sert  de  toutes 
ses  armes  avec  beaucoup  d'avantage;  d'ailleurs,  il  a  la  vie 
très-dure;  il  combat  long-temps,  se  défend  courageusement 
et  jusqu'à  la  dernière  extrémité. 

'Lits  blaireaux  tiennent  leur  domicile  propre;  ils  n'y  font 
jamais  d'ordures.  On  trouve  rarement  le  maie  avec  la  femelle  : 
lorsque  celle-ci  est  prête  à  mettre  bas,  elle  coupe  de  l'herbe, 
en  fait  une  espèce  de  botte,  qu'elle  traîne  entre  ses  jambes 
jusqu'au  fond  du  terrier,  où  elle  fait  un  lit  commode  pour  elle 
et  sa  progéniture.  C'est  en  été  qu'elle  met  bas  ,  et  sa  portée 
fisl  ordinairement  de  trois  ou  quatre  petits.  Lorsqu'ils  sont 
|in  peu  grands  ,  elle  leur  apporte  à  manger  ;  elle  ne  sort  que 
la  nuit,  va  plus  au  loin  que  dans  les  autres  temps  ;  elle  dé- 
terre les  nids  di' abeilles-bourdons  (J)ombus)^  en  emporte  le  miel , 
j)ercc  les  rembouillières  des  lapins^  prend  les  jeunes  lape- 
reaux, saisit  aussi  les  mw/o/i,  les  serpens  ^  les  sauierellcs ,  les 
(jeufs  des  oiseaux,  et  porte  tout  à  ses  petits,  qu'elle  fait  sortir 
souveni  sur  le  bord  du  terrier,  soit  pour  les  alaiter,  soit 
pour  leur  donner  à  manger. 

Les  blaireaux  sonlic'ileux;  ceux  qu'on  élève  dans  les  mai- 
sons ne  veulent  point  quitter  le  coin  du  feu  ,  et  souvent  s'en 
approchent  de  si  près  qu'ils  se  brillent  les  pieds,  et  ne  guéris- 
sent pas  aisément.  Us  sont  aussi  fort  sujets  à  la  gale  ;  les 
chiens  qui  entrent  dans  leurs  terriers  prennent  le  même 
mal,  à  moins  qu'on  n'ait  grand  soin  de  les  laver.  Le  blaireau  a 
Je  poil  gras  et  malpropre.  Sa  chair  n'est  pas  absolument 
mauvaise  à  manger,  et  l'on  fait  avec  sa  peau  des  fourrures 
grossières,  des  colliers  pour  les  chiens,  des  couvertures 
pour  les  chevaux ,  et  avec  son  poil  des  brosses  pour  les 
peintres  en  bâtimens  et  pour  la  barbe.  Ce  poil  a  la  propriété 
singulière  de  ne  point  se  feutrer. 

L'espèce  du  blaireau  est  répandue  en  Espagne,  en  France, 
en  Italie,  en  Allemagne,  en  Angleterre,  en  Pologne,  en 
Suède  ,  en  Norwége  ,  dans  les  terres  montueuses  qui  bor- 
dent le  \olga,  en  Bulgarie  ,  ainsi  que  sur  les  bords  duOaïk  ; 


B  L  A  isj 

çlle  est  partout  assez  rave  ,  surtout  dans  les  premières  de  ces 
contrées,  (desm.) 

La  chasse  du  blaireau^  qui  n'est  pas  aussi  commun  qu'il 
1  eloit  4utrefois  ,  se  fait  au  fusil.  S  il  arrive  qu'on  le  ren- 
contre hors  de  son  terrier,  ou  si  on  se  nx't  à  laffùf  pour 
1  attendre  lorsquUl  en  sort,  oniuiaircmenf  vers  la  fm  dit  jour, 
ou  au  clair  de  la  lune,  on  cnipl;  i,  pour  le  prendre  les 
pièges  à  ressorts  ou  les  lacs  de  fd  de  laiton  que  l'on  lond  à 
l'enlrcede  son  trou  ,  et  les  chiens  bassets  à  jambes  torses 
qu'on  introduit  dans  les  terriers  avec  des  sonnettes  au  cou  , 
qui  servent  toul-à-la-fois  à  faire  fuir  le  blulrcuu  au  fond  de 
^A  demeure ,  et  encore  pour  faire  connoitre  au  chasseur  la 
marche  des  bassets  ,  et  l'endroit  où  ils  s'arrêtent  après  avoir 
acculé  le  blaireau.  Alors  on  a  les  instrumens  nécessaires  pour 
fouiller  la  terre,  ouvrir  le  terrier  par  le  dessus,  et  saisir 
le  blaireau  avec  précaution  ;  car  cet  animal  devient  danf^e- 
reux  pour  les  hommes  sur  lesquels  il  se  jette  aussi  avec  fu- 
reur, (s.) 

BL A IREAIT  BLANC.  Cet  animal,  décrit  parBrisson,  pas- 
soit  pour  avoir  été  apporté  de  la  Nouvelle-Yorck  à  Béaumur. 
11  éloil  plus  petit  et  avoit  le  nez  plus  court  que  notre  blaireau. 
Sa  fourrure  ,  très-épaisse  ,  étoit  enlièremenl  d'un  blanc  pur 
sur  les  parties  supérieures  du  corps  ,  et  mêlé  de  jaunâtre  sur 
les  inférieures.  Ce  n'est  qu'un  ratun  attaqué  de  la  maladie  al- 
blne .,  ainsi  que  s'en  est  assuré  M.  Frédéric  Cuvier  ,  sur  l'in- 
dividu même  décrit  par  Brisson  ,  et  qui  est  conservé  dans  les 
galeries  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  (desm.) 

BLAlREAU-CHIÈN  et  Blaireau-cochon.  Les  chas- 
seurs prétendent  avoir  distingué  parmi  \çs  blaireaux,  d'Europe 
deux  variétés  qu'ils  fondent  sur  les  différences  qu'ils  disent 
avoir  observées  dans  la  forme  du  museau,  qui  se  rapproche- 
roit  de  cefui  du  cochon  ou  de  celui  du  chien. 

On  a  voulu  établir  la  même  distinction  entre  les  hérissons 
de  notre  pavs;  mais  quelques  recherches  que  divers  naturalis- 
tes aient  faites  pour  constater  ces  différences  ,  ils  n'ont  pu  en- 
core y  réussir,  (desm.) 

BLAIREAU-COCHON.  V.  Blaireau-chien,  (desm.) 
BLAIREAU  PUANT  DU  CAP  DE  BONNE-ESPË- 
RANCE.  Kolbe  ,  et  après  lui  l'abbé  de  la  Cciille  ,  ont  assez 
mal  décrit ,  sous  cette  dénomination  ,  un  petit  quadrupède  du 
midi  dé  l'Afrique,  qui  exhale  une  odeur  insupportable  ,  et  qui 
paroit  être  la  Zorille  ,  espèce  de  marte  ou  de  moufette. 

(desm.  et  s.) 
BLAIREAU  DES  ROCHERS;  en  hollandais,  Klip-das. 
C'est  le  Daman  du  Cap  {byrax  rapensls).  (desm.) 
BLAIREAU  DE  SURINAM,  de  Bri.sson.C  est  le  même 


468  B  L  A 

animal  que  le  Coati  noirâtre  ,  qui  semble  ne  pas  différer 
àuvii'erra  quasje  de  Linn.  ou  l'yzqulepati  de  Scba.  On  l'a  rap- 
porté ,  mais  à  tort,  auCoASE  ,  mammifère  placé  jusqu'ici  dans 
le  genre  des  Moufettes,  (desm.) 

BLAIRIE,  Blueria.  Genre  de  plantes  de  la  tétrandrie  mo- 
nogynie,  etde  la  famille  de^bicomes,  fortvoi^n  des  Bruyères, 
dont  les  caractères  consistent  en  un  calice  à  quatre  divisions 
linéaires  ,  droites  ,  un  peu  plus  courtes  que  la  corolle  et  per- 
sistantes ;  une  corolle  monopétale ,  campanulée ,  ayant  son 
limbe  divisé  en  quatre  petites  découpures  réfléchies  ;  quatre 
étaminos  ,  dont  les  filamens  sont  insérés  sur  le  réceptacle  ; 
un  ovaire  supérieur  ,  létragonc  ,  surmonté  d'un  style  plus 
long  (jue  la  corolle  ,  et  dont  le  stigmate  est  obtus  ;  une  cap- 
sule obtuse  ,  quadrangulaire ,  s'ouvrant  par  les  angles  ,  et  di- 
visée en  quatre  loges  qui  contiennent  plusieurs  semences  ar- 
rondies. 

Les  douze  espèces  de  ce  genre  sont  toutes  originaires  du 
Cap  de  Bonne-Espérance.  Ce  sont  des  sous-arbrisseaux  qui 
ont  le  port  des  bruyères,  dont  les  feuilles  sont  petites,  verti- 
cillées,  au  nombre  de  quatre,  et  les  fleurs  en  tête  ,  terminales 
ou  éparses.  Aucune  de  ces  espèces  n'est  particulièrement 
remarquable. 

On  a  aussi  donné  ce  nom  à  des  plantes  du  genre  des  Ver- 
veines ,  dont  on  a  fait  un  genre  nouveau  ;  mais  il  a  été  changé 
en  celui  de  Zapane.  (b.) 

BLAKÉE.  V.  Melier.  (b.) 

BLAKOUEL  ,  Blakweïia.  Genre  de  plantes  de  la  dodé- 
candrie  pentagynie ,  et  de  la  famille  des  Rosacées  ,  dont  les 
caractères  sont  :  un  calice  monophylle  ,  turbiné  ,  persistant , 
profondément  divisé  en  quinze  parties  ciliées  en  leurs  bords; 
quinze  petites  écailles  ,  situées  à  la  base  interne  des  divisions 
du  calice  et  qui  tiennent  lieu  de  pétales  ;  quinze  étamines  ; 
un  ovaire  conique ,  barbu  de  toutes  parts ,  et  dont  le  sommet 
est  terminé  par  cinq  styles  filiformes,  à  stigmates  simples  ;  une 
petite  capsule  uniloculaire  ,  polysperme ,  environnée  inférieu- 
rement  du  calice  auquel  elle  adhère. 

Ce  genre  comprend  six  espèces  d'arbustes  de  l'ile  de  France, 
de  Java  et  de  Madagascar ,  dont  les  feuilles  sont  alternes  et 
ovales,  les  fleurs  en  panicules  et  terminales,  ou  axillaires  et 
en  grappes.  Ils  ne  présentent  rien  d'important  à  connoîlre. 

Gsertner  a  établi ,  sous  le  même  nom  ,  un  genre  nouveau  , 
que  Lamarck  a  appelé  Palladie.  (b.) 

BLAKWITE ,  Coivus  melanoleurus. ,  Latham.  Nom  que 
les  Anglais  ont  imposé  à  un  oiseau  de  la  Nouvelle -Galle  du 
Sud.  V.  Cassican  noir  et  blanc,  (v.) 


B  L  A  469 

BLAMARÉ.  Nom  du  Maïs  dans  le  Midi  de  la  France,  (b.) 
BLANC.  Nom  vulgaire  du  Tétrodon  lagocéphale.  (b.) 
BLANC.  Deux  sortes  d'altération  dans  les  végétaux  por- 
tent ce  nom. 

La  plus  nuisible  s'appelle  aussi  Meunier.  C'est  une  pous- 
sière blanche  qui  se  développe  sur  les  jeunes  pousses  des  ar- 
bres ,  vers  le  milieu  de  Tété  ,  et  qui  paroît  être  un  champi- 
gnon parasite  ,  voisin  des  genres  ErÉsyphÉ  et  UrÉdo  ;  je  dis 
paroît  être,  car  jcn'ai  jamaispuy  découvrir  d'organisation. Les 
jeunes  épines  blanches  en  offrent  presque  tous  les  ans,  ce  qui 
nuit  beaucoup  à  leur  accroissement  dans  les  pépinières.  Re- 
trancher les  bourgeons  et  les  feuilles  malades  m'a  toujours 
paru  avoir  des  résultats  avantageux  sur  les  arbres  précieux  qui 
e.n  étoient  affectés  ;  mais ,  opérer  en  grand ,  devient  impos- 
sible ,  comme  on  peut  l^ien  le  penser. 

L'autre  sorte  est  prodàite  par  l'altération  que  causent  à  l'é- 
piderme  des  feuilles  et  des  jeunes  pousses,  les  gouttes  d'eau 
qui  y  sont  frappées  par  le  soleil.  Elle  retarde  nécessairement 
la  végétation,  puisque  le  bon  état  des  feuilles  concourt  à  la  for- 
mation de  lasève-,  maisilfautquetouteslesfeuillesensoientfor- 
tement  affectées  pour  que  la  plante  périsse.  La  preuve  que  cette 
explication  estlavraie,  c'est  quelesplantes,  au  nord  ou  à  l'om- 
bre, n'y  sont  pas  sujettes,  et  que  celles  dont  l'épiderme  est 
plus  mince,  y  sont  plus  exposées.  V.  Brûlure  et  Arbre,  (b.) 
BLx\NC  AUNE.  On  donne  ce  nom  à  1' Alisier  commu>', 
aux  environs  de  Boulogne,  (b.) 

BLANC  DE  BALEINE,  improprement  appelé  sperma 
r.eti.  C'est  une  matière  qui  participe  à  la  fois  de  la  nature  de 
la  cire  et  de  celle  de  la  graisse.  Elle  est  contenue  abondam- 
ment dans  un  tissu  cellulaire  interposé  entre  les  membranes 
du  cerveau  de  plusieurs  espèces  de  Cachalots  ,  et  elle  est 
mêlée  d'une  certaine  quantité  d'huile  ou  de  graisse  liquide 
qu'on  en  sépare  en  la  pressant.  Fourcroy  s'est  assuré  que  le 
blanc  de  baleine  est  en  dissolution  dans  la  graisse  de  ces  ani- 
maux. 

Purifié  ,  le  blanc  de  baleine  présente  des  lames  cristallines 
d'un  beau  blanc,  qui,  en  devenant  rances,  prennent  une  teinte 
jaune.  Cette  substance  entre  dans  la  composition  de  la  bougie. 
Elle  étoit  autrefois  en  usage  en  médecine  contre  les  affections 
du  poumon  et  des  reins ,  etc.  (desm.) 

BLANC  BOIS.  Nom  collectif  des  Peupliers  et  des  Sau- 
les ,  dont  le  bois  est  blanc  et  n'offre  pas  d'aubier,  (b.) 
BLANC  DE  CÉRUSE  ou  Blanc  de  plomb.  V.  Céruse. 

(LUC.) 


470  T.  L  A 

BLANC  DE  CRAIE.  V.  Blakc  d  Espagne,  (desm.) 
BLANC-CUL.  Nom  du  Bouvreuil  daus  Bclon,  du  mor 
asprocolos,  que  cet  oiseau  porte  en  grec  moderne,  (s.) 

BLANCULET.  C'est  un  des  noms  de  pays  du  Motteux. 

(desm.) 
BLANC  D'EAU.  Nom  vulgaire  du  Nénuphar  blanc,  (b.) 
BLANC-D'ESPAGNE.  C'est  le  nom  qu'on  donne  à  la 
craie,  lavée  et  façonnée  en  pains  cylindriques,  dont  on  fait 
usage  pour  nettoyer  les  métaux,  les  carreaux  de  vitres  et  les 
glaces.  Il  fait  la  base  du  mastic  qui  sert  à  fixer  les  vitres  sur 
les  châssis  des  croisées  ,  et  celle  des  peintures  en  détrempe  , 
blanches  ou  grise.*;  ,  etc.  Mais,  pour  être  employée  à  ces  di- 
vers usages,  la  craie  doit  cire  pure,  c'est-à-dire,  qu'il  en 
faut  séparer  avec  soin  les  corps  étrangers ,  et  surtout  les 
grains  de  sable  qu'elle  contient.   jÉÉ^ 

Yoici ,  en  général ,  de  quelle  fl^ikière  on  procède  à  cette 
fabrication.  La  craie  qui  est  employée  à  la  confection  du 
blanc-d'Espagne  ,  comme  à  Bougival  près  de  Marly-la- 
Machine,  à  quatre  lieues  de  Paris,  et  auBas-Meudon  près 
de  Sèvres,  s'exploite  par  galeries.  On  concasse  par  mor- 
ceaux les  masses  extraites,  à  l'aide  d'une  masse  de  fer;  puis 
on  les  jette  dans  une  quantité  d'eau  d  abord  petite  ,  que  l'on 
augmente  ensuite  ,  et  dans  laquelle  la  craie  se  délaye  par 
l'agilalion.  On  laisse  reposer  pendant  deux  heures  environ, 
temps  qui  est  reconnu  suffisant  pour  le  dépôt  du  sable  , 
l'on  décante  avec  des  seaux  ,  sans  remuer  le  forid ,  l'eau  lai- 
teuse qui  la  couvre  ,  et  on  la  transporte  dans  des  tonneaux 
où  on  la  laisse  déposer.  Quand  l'eau  qui  surnage  est  devenue 
claire  ,  on  l'enlève  ;  puis  on  laisse  cette  bouillie  de  craie 
prendre  assez  de  consistance  pour  qu'on  en  puisse  former  des 
masses  que  l'on  applique  conli'e  les  parois  de  la  carrière  ou  sur 
des  moellons  poreux,  qui  absorbent  en  peu  de  temps  une 
grande  partie  de  leau  qu'elle  contenoit  encore.  Lorsqu'elle 
est  devenue  suffisamment  compacte  ,  on  en  fabrique  des  cy- 
lindres en  la  roulant  entre  les  mains.  Pour  faciliter  la  dessic- 
cation de  ces  pains  de  blanc,  on  les  place  les  uns  sur  les  au- 
tres dans  des  intervalles  de  murailles  à  claire-voie  ,  construites 
en  planches  pour  cet  usage  ,  et  formant  une  espèce  de  han- 
gar, que  Ton  couvre  soit  en  chaume  ,  soit  en  tuiles  Quand 
ils  sont  bien  secs,  on  les  livre  au  commerce.  On  en  fabrique 
beaucoup  en  Champagne. 

On  a  aussi  donné  le  nom  de  h/anc-d' Espagne  à  une  prépa- 
ration de  bismuth  dont  on  fait  quohjuefois  usage  pour  la  toi- 
lette ,  et  qui  est  connu  dans  les  pharmacies  sous  le  nom  de 
Magiatère  de  Bismuth.  (LUC.)j 


T^'   T.  A  .<7, 

BLANC  DE  HOLLANDE.  Espèce  de  Peuplier,  (b.) 
BLANC-JAUNE.  Nom  d'un  poisson  du  genre  Salmone, 

ïe  SiiJmo  nîlotkus  1  Linn.  (b.) 

iîLANC-NEZ.  C'est  le  nom  d'un  singe  de  l'ancien  conli- 

nrnt,    et  du  genre  des  Guesoms  :  Vascagiie    appartient  à  la 

mèîne  espèce,  (desm.) 

BL\NC-PENDARD.  Nom  vulgairede  la  Pie-grièciie 

crise,  (v.) 

BLANC -DE -PLOMB.  C'est  un  acétate  de  Plomb. 
V.  Cénise.  (desm.) 

BLANC-DE-ZINC,  C'est  un  oxyde  de  Zi^c   ariiflciel. 

(desm.) 

BLANC  DE  CHAMPKiNON.  Racines  de  Champi- 
gnons qui,  étant  mêlées  des  bourgeons  séminiformes  des  pieds 
qui  les  ont  produits,  sont  très-propres  à  les  multiplier,  (b.) 

BLANCHAILLE.  Les  pêcheurs  donnent  ce  nom  à  tous 
les  petits  poissons  d'étang,  dont  ils  ne  peuvent  ou  ne  veulent 
pas  distinguer  lespèce,  qui  se  rapprochent  des  Ables  pour  la 
grosseur  et  la  couleur,  et  qu'on  emploie  pour  faire  des  appâts 
propres  à  prendre  les  poissons  voraces,  (b.) 

BLANCHARD,  Oiseau  de  proie  du  genre  Spizaète.  V.  ce 
mot.  (v.) 

BLANCHE.  Oiseau  du  genre  Sterne  ou  Hirondelle  de 
MER.  V.  ces  mots,  (v.) 

BLANCHE-COIFFE.  Oiseau  du  genre  Geai.  V.  ce 
mot.  (v.) 

BLANCHE-QUEUE.  Nom  vulgaire  des  Motteux  et 

du  Je  AN- LE-BLANC,  (v.) 

BLANCHE-RAIE.  Oiseau  du  genre  Stournelle.  V.  ce 
mot.  (v.) 

BLANCHET.  Nom  spécifique  d'unAMPHiSBÈNE.  (b.) 

BLANCHET.  Nom  d'un  poisson  du  genre  Salmdne  , 
Salrno  fœfetis ,  Linn.  C'est  par  erreur  qu'on  a  dit  qu'il  s'ap- 
pliquoit  à  un  Silure,  (b.) 

BLANC HETTE.  C'est  la  Mâche,  C'est  aussi  I'Ansérine 

MARITIME,  (b.) 

BLANDE.  On  nomme  ainsi  la  Salamandre  terrestre 
dans  le  midi  de  la  France,  (b.) 

BLfVNDFORDIE,  Blandfordia.  (ienre  de  plantes  qui  est 
le  même  que  le  Galax  de  Linnseus,  I'Erythrorhize  de  Mi- 
chaud  ,  le  Viticelle  de  Micheli.  (b.) 

BLANDRUSELR.  En  Islande,  c'est  le  nom  du  Phoque 
À  cni^lÈRE  (Phocajnbaki).  (desm.) 

BLANGLAX.  Nom  suédois  du  Saumon,  (b.) 

BL\NKARA.  Adanson  a  donné  ce  nom  au  genre  appelé 
d'jpuis  Orthotric.  (b.) 


472  B  L  A 

BLANOVE.  C'est  le  Muge  céphale  dans  l'Inde,  (b.) 
B1.A1NQUETTE.  Nom  vulgaire  de  TAnsérine  maritime. 

(B.) 

RLx\PS.  Genre  d'insectes  de  la  seconde  section  de  l'ordre 
des  coléoptères,  section  des  hétéromères,  famille  des  méla- 
somcs. 

Les  blaps  ont  les  antennes  filiformes,  plus  courtes  que  la 
moitié  du  corps ,  avec  le  troisième  article  long,  et  les  derniers 
globuleux  ;  leur  bouche  est  munie  de  deux  lèvres,  de  mandi- 
bules à  peine  dentelées,  de  mâchoires  bifides,  et  de  quatre 
antennules  terminées  par  un  article  triangulaire  -,  enfin ,  les 
tarses  des  quatre  pattes  antérieures  sont  composés  de  cinq  ar- 
ticles, et  les  postérieurs  de  quatre.  La  plupart  de  ces  insectes 
manquent  d  ailes  ;  et  alors  les  étuis  durs,  coriaces  et  convexes , 
sont  réunis  l'un  à  l'autre  par  leur  suture. 

Les  èlaps  ont  les  plus  grands  rapports  avec  les  pimélies^  les 
hélops  et  les  ténébrions.  Ils  sont  distingués  des  premiers  par  le 
dernier  article  des  antennules,  qui  est  presque  filiforme  dans 
ies  pimélies^  et  plus  gros  que  les  autres  dans  les  hlaps.  Ils  sont 
distingués  des  hélops^  en  ce  que  le  dernier  article  de  teux-ci 
est  large,  comprimé  ,  figuré  en  croissant;  les  antennes  ,  d'ail- 
leurs, sont  composées  d'articles  presque  coniques.  Les /^'«e- 
brions  se  distinguent  des,  hlaps  en  ce  que  le  troisième  article  des 
antennes  n'est  pas  si  long  que  le  troisième  article  de  celles 
des  blaps ,  les  antennules  d'ailleurs  sont  presque  filiformes. 

Fabricius  vient  de  diviser  ce  genre  en  deux  :  il  conserve  le 
nom  de  blaps  au  lisse^  3l\i sillonné ^  au  mucroné^  etc.,  et  donne 
celui  de  platynuius  au  pondue^  au  dilaté^  etc. 

Ces  insectes  n'ont,  en  général,  point  d'ailes,  et  ils  ne  cou- 
rent pas  avec  beaucoup  de  célérité.  La  plupart  se  tiennent 
cachés,  pendant  le  jour,  sous  des  pierres  ou  dans  des  trous; 
ils  en  sortent  la  nuit  pour  courir  çà  et  là ,  et  chercher  leur 
nourriture  :  on  les  trouve  quelquefois  dans  des  caves ,  dans 
des  endroits  humides  et  inhabités.  Ils  répandent  une  odeur 
très-fétide,  beaucoup  plus  forte,  mais  à  peu  près  la  même  que 
celle  de  la  plupart  des  carabes  ou  des  blattes  des  cuisines  ; 
ce  qui  les  avoit  fait  ranger  parmi  ces  derniers  insectes  par 
quelques  naturalistes  anciens. 

On  ne  connoît  point  les  larves  des  blaps;  il  est  probable 
qu'elles  sont  cachées  dans  la  terre ,  et  qu'elles  diffèrent  peu 
de  celles  des  ténébrions. 

Parmi  les  espèces  d'Europe,  le  blaps  le  plus  commun  et  le 
plus  connu,  c'est  le  MucronÉ,  Blaps  moiiisaga^  Oliv.  Co/. 
tout.  3,  n,"  60,  pi.  I,  fig.  2.  B.  ;  blaps  mortisage.  Nouv.  Dût. 
d'iîist.  nat.^  i.'«  édit. ,  tom.  3,  pi.  A.  24  1  %•  6.  Il  est  entiè- 


R  T.  A  4,3 

rement  noir,  lisse  et  un  peu  luisant ,  sans  ailes;  sa  grandeur 
varie  depuis  dix  jusqu'à  douze  et  treize  lignes  de  long. 

Le  Blaps  sillo>î;é,  Blaps  sulcata ,  FaL.,  est  semblable  au 
précédent  pour  la  forme  el  la  couleur  ;  mais  il  est  presque  une 
fois  plus  grand  :  il  se  trouve  en  Egypte,  dans  les  jardins  et 
dans  les  champs.  Fabricius  rapporte  que  les  fenmies  turques 
mangent  cet  insecte  cuit  avec  du  beun^e ,  dans  l'inleulion 
d'engraisser;  ce  qui  n>st  ni  vrai  ni  vraisemblable  :  il  dit  a«ssi 
qu'on  s'en  sert  en  Egvptc  et  dans  le  Levant,  contre  les  dou- 
leurs d  oreilles  el  la  morsure  des  scorpions,  (o.) 

BLAQTJET.  On  appelle  de  ce  nom,  sur  quelques  côtes  , 
les  petits  poissons  de  mer  qu'on  trouve  dans  les  filets,  et  qui 
ne  servent  qu'à  amorcer  les  lignes  destinées  à  la  pêche  des 
poissons  voraces.  Souvent  ils  sont  du  genre  Clupe.  On  les 
distingue  an  franc  hluquel  et  faux  bluquct  ;  mais  il  est  difficile 
de  faire  sentir  la  différence  des  uns  et  des  autres,  d'après  la 
description  des  auteurs,  (b.) 

BLARAF.  INom  suédois  de  TIsatis  ,  ou  Renard b/cu,  dans 
son  pelage  d'été,  (desm.) 

BLASIE,  j&Vas/a.  Petite  plante  cryptogame,  monoïque  ou 
dioïque,  qui,  seule,  forme  un  genre  dans  la  famille  des  Hé- 
patiques, et  qu'on  trouve  sur  le  bord  des  fossés  et  dans  les 
bois  humides  de  l'Europe.  C'est  une  expansion  plane  ,  ordi- 
nairement lobée,  dont  les  lobes  sont  disposés  en  fonne  de 
rayons  ,  souvent  plus  larges  à  leur  extrémité,  et  traversés  par 
une  nervure.  Les  fleurs  mâles,  marginales,  sont  un  petit  cône 
saillant,  sessile ,  tronqué,  ouvert  au  sommet  et  rempli  d'une 
masse  granuleuse.  Les  fleurs  femelles,  centrales,  forment  une 
capsule  sphérique,  à  demi  plongée  dans  l'expansion  des  feuil- 
les ,  et  surmontée  d'une  pointe  courte  et  polysperme.  (b.) 

BLA  SPOL.  C'est,  en  ISorwége,  le  Cyprin  aspe.  (b.) 

BLASS-ENT.  Nom  du  Canard  sauvage  sur  le  lac  de 
Constance,  (s.) 

BLASTE,  Blastus.  Petit  arbre  à  feuilles  opposées,  lan- 
céolées, très-nerveuses,  entières,  et  longuement  acuminées; 
à  fleurs  blanches,  portées  en  assez  grand  nombre  sur  des  pé- 
doncules épars  ;  lequel  forme  un  genre  dans  la  gynandrie 
télrandrie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères: un  calice  tubuleux,  à  quatre 
angles  ,  à  quatre  dents  ,  et  persistant  ;  une  corolle  à  quatre 
pétales  subulés,  attachés  aux  dents  du  calice;  quatre  éta- 
mines  à  filamens  courts,  insérées  au  fond  du  calice,  à  anthères 
linéaires,  grandes,  courbées;  environ  vingt  ovaires,  ovales, 
unis,  glanduliformes  ,  épais  ,  attachés  au  dos  des  anthères  , 
ayant  un  style  suKulé  ,  épais  ,  presque  tétragone  ,  el  un  slig- 
mate  peu  apparent. 


4-1  :n  L  A 

Le  fiuît  est  composé  d'une  vingtaine  de  graines  ovales, 
oLiongues,  nues,  adliérentes  aux  anthères  qui  persistent,  et 
renfermées  dans  le  calice  qui  s'est  accru. 

le  hhisle  croît  dans  les  fori^is  de  la  Cochinchine.  Il  offre 
l'exemple  unique  d'ovaires  attachés  aux  anthères,  (b.) 

BLASTÈMK.  Une  des  parties  de  I'Embryon  des  graines 
qui  comprend  la  Radicule  et  la  Plumule.  (b.) 

BLAT.  En  Provence,  c'est  le  Blé.  (desm.) 

BLATTAIRE,  Blattaria.  Genre  de  planles  établi  par 
Tournefort ,  mais  qui  a  été  réuni  aux  Molènes  par  Linnceus. 

(B.) 

BLyVTTE,  Efaf/a,  Linn. ,  Fab.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  orthoptères  ,  famille  des  coureurs,  et  qui  a  pour  carac- 
tères :  antennes  longues  ,  sétacées ,  insérées  près  du  bord 
interne  des  y»*ux  ,  qui  environnent  en  partie  leur  base  :  ar- 
ticles nonvbreux  ,  très-courts  ,  peu  distincts  ;  quatre  anten- 
nules  fort  longues,  filiformes;  les  antérieures  un  peu  plus 
longues  ,  de  cinq  articles  ,  les  postérieures  de  trois  ;  cinq 
articles  à  tous  les  tarses  ;  pattes  propres  à  la  course  ;  abdo- 
men terminé  par  deujç  courts  appendices  ;  élytres  hori- 
zontales. 

Ces  insectes  ont  la  télc  presque  triangulaire  ,  inclinée  , 
courbée  au-dessous  du  corselet;  les  antennes  minces,  plus 
longues  que  le  corps  ;  les  veux  étroits  ,  allongés  ,  un  peu  en 
rein  ,  placés  de  chaque  coté  des  bords  latéraux  de  la  tcie  ; 
le  corselet  court,-  recouvert  en  dessus  par  une  grande  plaque 
aplatie ,  presque  circulaire,  qui  déborde  le  corps  de  cha- 
que côté  ;  l'abdomen  ovale  ,  plat  en  dessus ,  un  peu  convexe 
en  dessous;  le  dernier  anneau  arrondi  ou  conique,  tei-miné 
dans  les  deux  sexes  par  deux  petits  appendices  articulés  , 
coniques  ,  pointus  à  l'extrémité  (  outre  ces  appendices  ,  les 
maies  ont  encore  deux  petites  pointes  cylindriques  ,  placées 
à  l'extrémité  du  dernier  anneau,  d'entre  lesquelles  sortent 
les  parties  de  la  génération  )  ;  les  pattes  très -longues  ,  sur- 
tout les  postérieures;  les  hanches  et  les  cuisses  larges, 
aplaties  ;  les  jambes  garnies  d'un  grand  nombre  d'épines  ;  les 
tarses  terminés  par  deux  crochets:  les  élytres  coriaces,  un  peu 
en  recouvrement,  horizontales,  terminés  en  pointe  arrondie  à 
l'extrémité,  plus  courtes  (jue  l'abdonien  dans  quelques  es- 
pèces, plus  longues  dans  d'autres,  recouvrant,  dans  le  plus 
grand  nombre  ,  deux  ailes  membraneuses  de  la  longueur 
des  élytres,  mais  plus  larges,  pliées  longitudinalement  en 
deux  ou  peu  en  éventail  :  quelques  espèces  n'ont  que  des 
moignons  d'ailes. 

Les  hlaiies  Ont  été  nommées  par  les  anciens  ,  lucifiis^œ , 
insectes  qui  fuient  la  lumière  ,   parce  qu'elles  ne  paroissent 


B  L  A  47> 

f;uère  que  la  nuit.  Quelques  espèces  vivent  «lans  les  maisons; 
elles  y  sont  très-incommodes  ,  en  ce  qu'elles  puent  et  qu'elles 
mangent  et  rongent  tous  les  comestibles  ,  les  cuirs,  les  ha- 
bits, les  laines.  Pendant  le  jour,  elles  se  réfugient  dans  les 
trous  des  murs  et  les  fentes  des  planches,  d'où  elles  sortent 
la  nuit  pour  aller  butiner:  dès  qu  elles  aperçoivent  la  moindre 
lumière  ,  elles  rentrent  dans  leurs  trous  ;  elles  sont  très- 
agiles ,  et  courent  très-vite.  On  les  trouve  principolement 
dans  les  moulins  et  les  boulangeries  ;  la  farine  ,  qu'elles  ai- 
ment beaucoup,  les  y  attire.  Quelques  espèces  habitent  Us 
bois  :  il  paroi' roit  qu'elles  se  nourrissent  d  insectes. 

Les  femelles  pondent  un  ou  deux  corps  capsulalres  ,  pres- 
que aussi  gros  que  la  moitié  de  leur  ventre ,  et  de  forme  à 
peu  près  ovale  ,  qui  renferment  chacun  seize  œufs.  Selon 
Frisch  ,  celle  qu'on  trouve  dans  les  cuisines,  garde  ,  pen- 
dant six  à  sept  jours  ,  à  l'orifice  de  la  partie  qui  caractérise 
son  sexe,  le  corps  qu'elle  doit  pofïdre.  Les  larves  ne  diffè- 
rent de  l'insecte  parfait ,  que  parce  qu'elles  n'ont  ni  ailes  , 
ri  clytres.  Les  nymphes  ont,  entre  le  corselet  et  l'abdomen, 
deux  anneaux  larges  et  plats,  qui  débordent  de  beaucoup  la 
poitrine  ;  et  c'est  de  cet  endroit  que  sortent  les  ailes. 

On  connoît  près  de  quarante  espèces  de  ces  insectes,  dont 
quelques-unes  ont  plus  d'un  pouce  de  long  ;  on  en  trouve 
cinq  ou  six  en  Europe  ,  paraii  lesquelles  on  distingue  celle 
des  cuisines. 

Blatte  Kakkerlac,  Blatla  americnna^  L\i\n.( Dhif/e  amen- 
/.wV,Nouv.  Dict.  d'Hist,  nat.tom.pl.  A.  a^-  fig-  J-)-  Elle  a  plus 
d'un  pouce  de  long;  tout  le  corps  ,  tant  en  dessus  qu'en  des- 
sous, de  couleur  ferrugineuse;  et  le  corselet  presque  ovale,  d'i*n 
jaune  d'ocre  foncé ,  avec  des  taches  au  milieu  plus  obscures. 

Cette  espèce  n'est  que  trop  commune  en  Amérique  ,  où 
elle  est  connue  sous  le  nom  de  kakkerlac  :  on  la  trouve  quel- 
quefois vivante  en  Europe  ;  elle  y  est  apportée  par  des  vais- 
seaux. Dans  l'Amérique  et  à  Surinam,  elle  cause  les  plus 
grands  dégâts  dans  les  maisons,  en  rongeant  toutes  les  étoffes 
et  gâtant  toutes  les  provisions  de  bouche.  Elle  a  ime  odeur 
infecte  ,  et  il  est  très-difficile  de  se  garantir  de  ses  ravages. 

Blatte  DES  cuISI^"ES,  BhiUaovientulis,  Linn.  Tica^.Itiser,t.,t.  3, 
iah.  aS.  fig.  i  ,  2.  Cette  espèce,  originaire  du  LL'vant,  a  en- 
viron dix  lignes  de  long;  le  corps  d'un  brun  foncé  en  dessus  , 
plus  pâle  en  dessous;  les  antennes  composées  d'un  grand 
nombre  d'articles  ;  la  tète  petite  ,  presque  entièrement  ca- 
chée par  le  corselet;  celui-ci  un  peu  arrondi  sur  les  cotés; 
les  élytres  et  les  ailes  un  peu  moins  longues  que  le  corps 
ries  femelles  sont  dépourvues  d'ailes ,  et  n'ont  que  des  moi- 
gnons d'éiytres)  ;  \qs  pâlies  épineuses,  les  postérieures  beau- 


476  B  L  A 

coup  plus  longues  que  les  autres;   i'ahdomen  terminé  par 

deux  appendices. 

Cette  espèce  se  sert  très-rarement  de  ses  ailes  ;  mais  elle 
court  très-vite.  On  la  trouve  dans  les  maisons  ,  surtout  dans 
les  cuisines,  les  boulangeries  et  les  moulins.  Voyez  les  géné- 
ralités. 

Elle  habite  presque  toute  l'Europe;  (uî  la  trouve  aussi  , 
selon  M.  Kalm,  dans  TAmérique  septentrionale  ;  mais  est- 
ce  bien  la  même  espèce!' 

Blatte  lapone  ,  Blatta  Inponim^  Linn.  Deg.  Insect. ,  ibid. , 
lab.  25  ,  fig.  8,  9.  CeJle  espèce  n'a  guère  qu'un  peu  plus  du 
tiers  de  la  grandeur  de  la  précédente  ;  elle  est  jaunâtre  ,  et 
'  ses  élylres  sont  taciietées  de  noir. 

On  la  trouve  en  Europe  ,  mais  particulièrement  dans  les 
cases  des  habitans  de  la  Laponic  ,  où  elle  ronge  les  poissons 
qu'ils  conservent  desséchés,  (l.) 

BLATTE  DE  BYSANCE.  C'est  le  nom  que  les  anciens 
médecins  donnoient  à  l'opercule  du  Strombe  pesatst,  oper- 
cule qu'ils  faisoient  entrer  dans  leurs  préparations  pharma- 
ceutiques ,  comme  un  puissant  secours  contre  les  vapeurs  et 
l'épilepsie.  llondciel  dit  qu'on  en  reconnoissoit  deux  espèces, 
l'un  venant  de  la  mer  Kougc ,  et  l'autre  de  la  Babylonie  ;  et 
que  de  son  temps  on  appeloit  aussi  de  ce  nom  tous  les  oper- 
cules des  pourpres.  Aujourd'hui  on  confond  tous  ces  opercules 
sous  le  même  nom  ,  et  il  n'y  a  pas  grand  danger,  parce  qu'ils 
ont  tous  les  mêmes  vertus ,  quoique  de  formes  très-diffé- 
rentes. Au  reste,  on  n'en  fait  presque  plus  d'usage,  la  pierre 
calcaire  la  plus  commune  produisant  les  mômes  effets  médi- 
cinaux, (b.) 

BLy^TTI.  C'est  la  Pagapate  de  Sonnerat ,  I'Aubletie 
de  Gsertner.  (b.) 

BLAUFELCHEN.  Nom  allemand  des  vieux  Core- 
gone  Wartma>'n.  (b.) 

BLAUFISCH.  C'est  ainsi  qu'on   appelle,  en   anglais, 

l'HoLOCENTRE  NOIR.  (B.) 

BLAUKOPF.  Synonyme  de  Lutjan  écureuil,  (b.) 
BLAUSTACK.   Le  Labre   bleu  se    nomme  ainsi  en 
danois,  (b.) 
BLAVELLE.  V.  Bluet.  (desm.) 
BLAYÉOLE.  V.  Bluet.  (desm.) 
BLAYEROLE.  C'est  la  Ceîstaurée  bleue  ,  ou  Bluet. 

BLAVET.  Synonyme  de  Bluet.  (b.) 
BLAVET.  C'est  I'Agaricpalomet^  qu'on  mange  dans  les 
landes  de  Bordeaux,  (b.)  ^ 


B  L  E  ^,7 

BLAVETTE.  Nom  vulgaire  du  Bluet.  (b.) 

BLÉ  ou  BLED.  Nom  collectif  et  générique  ,  donne  soit 
aux  plantes  qui  produisent  les  grains  dont  on  fait  du  pain  , 
soit  aux  grains  mêmes  ou  semences  de  ces  plantes,  après 
qu'ils  ont  été  sépares  de  l'épi.  C'est  ainsi  qu'on  dit  un  champ 
de  blé  en  parlant  de  la  plante  ,  et  un  grenier  plein  de  blé  eu 
parlant  du  grain.  V.  le  mot  Grains. 

Dans  le  commerce  des  blés  ^  on  n'en  dislingue  que  de  trois 
sortes;  le  blé  proprement  dit,  qu'on  nomme  autrement 
Froment  ;  le  Seigle  ,  qui  est  une  espèce  de  graminée  très- 
inférieure  en  qualité  au  froment  ;  et  un  troisième  blé  ^  qui 
résulte  du  mélange  des  deux  autres  ,  qu'on  appelle  Méteil. 

Les  laboureurs  nomment  encore  blés  ,  plusieurs  des  grains 
semés  en  mars  ,  tels  que  I'Orge  ,  l'AvoiNE  ,  etc. ,  et  ils  les 
distinguent  en  les  qualifiant  At  petits  blés. 

Le  Maïs  et  le  Sarrasin  sont  aussi  des  grains  auxquels  on 
donne  le  nom  de  blé  :  l'un  s'appelle  blé  de  Turquie  et  blé  d'Inde^ 
et  l'autre  blé  noir. 

En  général ,  le  mot  blé  exprime  plus  particulièrement  le 
Froment  dans  la  majeure  partie  de  la  France. 

L'Europe,  quelques  cantons  du  nord  de  l'Asie  et  de  l'Afri- 
que ,  et  une  partie  des  Etats-Unis  de  l'Amcrlque,  sont  les 
seuls  pays  qui  produisent  du  blé.  On  en  récoltoit  autrefois 
une  très  -  grande  quantité  en  Egypte  ,  qui  étoit  regardée 
comme  lamère  nourrice  de  Rome  et  de  l'Italie.  Aujourd'hui 
les  pays  qui  en  fournissent  le  plus,  sont  la  France  ,  la  Po- 
logne, l'Angleterre  et  les  Etats-Unis  de  l'Amérique.  Dans 
l'Asie  méridionale  c'est  le  RiZ  qui  supplée  au  blé  ;  la  plus 
grande  partie  de  l'Afrique  préfère  le  Sorgho  à  tout  autre 
grain;  les  habitans  de  l'Amérique  trouvent  que  le  Maïs  est  le 
plus  productif.  En  Europe ,  même  partout  où  ce  dernier  peut 
croître,  il  fait,  parla  même  raison,  abandonner  le  froment 
et  le  sorgho. 

Parmi  les  substances  végétales  qui  servent  à  la  nourriture 
de  l'homme  ,  le  blé  tient ,  en  Europe  ,  le  premier  rang. 
Il  s'en  fait,  dans  cette  partie  du' monde,  un  très-grand 
commerce  et  une  consommation  prodigieuse.  Il  est  donc 
très-utile  de  connoître  les  diverses  espèces  de  blé,  et  leurs  qua- 
lités bonnes  ou  mauvaises.  Cette  connoissance  intéresse  en 
même  temps  les  propriétaires  de  fonds ,  dont  les  revenus  sont 
en  grains  ;  les  pères  de  famille  qui  ont  un  grand  nombre  d'en- 
fans,  de  domestiques  ou  d'ouvriers  à^nourrir  ;  les  directeurs 
des  grandes  manufactures,  les  économes  des  hôpitaux,  les  en- 
trepreneurs de  vivres  ,  les  armateurs  de  navires  et  négocians 
de  blés ,  etc. 


4;8  E  L  E 

Le  blé  peut  être  considère'  sur  pied  ,  en  gerbe  ou  en  grain 

C'est  ordinairement  entre  le  i5  mai  et  le  i5  juin  qu'on 
voit  le  sort  des  blés.  La  feuille  «t  la  tige  de  la  plante  doivent 
êlrc  alors  d'un  beau  vert  plein.  Leur  couleur  jaune  ,  à  cette 
époque  ,  ne  promet  pas  de  beaux  épis  ,  et  annonce  que  le 
grain  a  souffeit  par  la  trop  gr;.nde  rigueur  des  frimas,  par 
trop  de  sécheresse  ou  trop  d  humidité.  Quand  le  A/e  est  d'un 
jaune  rouge,  la  plante  n'a  pas  pris  assez  de  nourriture  et  se 
fournit  mal  en  grains.  Lorsque  la  tige  forme  dans  sa  partie 
inférieure  le  pied  d'oeillet ,  et  que  d'un  même  grain  ou  d'une 
même  touffe,  il  sort  plusieurs  tuyaux  ,  c'est  une  marqtie  que 
le  sol  est  bon  ,  qu'il  a  été  bien  cultivé  ,  et  que  la  récolte  sera 
abondante. 

On  doit  faire  attention  aux  mauvaises  herbes  qui  croissent 
avec  le  blé  ;  comme  leurs  semences  se  mêlent  à  celles  du  fro- 
ment ou  du  seigle  ,  elles  altèrent  plus  ou  moins  la  qualité  de 
la  farine.  L'Ivraie,  dans  le  pain  ,  cause  une  sorte  d'ivresse  ; 
le  blé  de  vache  ou  Melampyre  rend  le  pain  rouge,  connne  s'il 
avoit  été  trempé  dans  du  vin.  La  Vesce  nuit  à  sa  mouture 
en  empâtant  les  meules,  rend  la  farine  bise  et  amère  ,  et 
l'empêche  de  ferniênter  et  de  lever  promptement.  luarréle- 
bauf\  les  rharduus  et  beaucoup  d'autres  mauvaises  plantes , 
préjndicient  à  la  coupe.  Quand  on  voit  les  moissons  chargées 
de  Coquelicots  ,  de  Gesses  ,  de  Bluets  ,  de  Prèles  ,  etc., 
on  doit  s'attendre  à  une  médiocre  récolte. 

On  distingue  trois  sortes  dépiation  dans  le  i/<?'.  Dans  la  pre-j 
mièrc, l'épi  leplusbeau  est  gros,  nourri,  bien  renflé,  d'un  jaune 
roux;  ilsortbien  de  son  fourreau.  La  seconde  sorte  offre  un  épi 
plus  maigre,  etquineparoît  pas  avoir  là  force  de  se  développer. 
Celui  de  la  troisième  ne  présente  qu'un  épion  ,  et  dénote  une 
grenaison  médiocre  en  quantité  et  en  qualité.  Lors(iue  le  blé 
est  prêt  à  mûrir  ,  on  compte  les  grains  dont  l'épi  est  chargé. 
L'épi  de  première  sorte  produit  cinquante  à  soixante  grains  ; 
celui  de  la  seconde  ,  de  trente  à  cinquante  ;  celui  de  la  troi- 
sième, de  dix  à  trente.  L'épi  chargé  de  grains  et  de  bonne 
qualité  est  lourd  et  pencbé.  L'épi  stérile  ou  coulé  est  plat  et 
léger -,11  ne  donne  que  de  la  paille.  L'épi  avorté  a  les  balles 
ouvertes  ;  il  produit  des  grains  petits  ,  ridés  ,  durs  comme  la 
pierre  ;  ce  sont  les  blés  retriiiis.  L'épr  carié  ou  charbonne  ne 
conserve  plus  que  son  enveloppe  :  enfin  l'épi  ergoté  fournit, 
au  lieu  de  grains  ,  des  espèces  d'ergots  allongés.  Ces  alté- 
rations sont,  pour  1  homme,  la  cause  première  de  beaucoup 
de  maladies  ,  dont  quelques-unes  sont  très-graves. 

Dans  la  saison  de  la  niaturité  ,  le  ^/é'' mûrit  bien  quand  il 
fait  beau ,  et  que  l'air  est  serein  ,  sens  être  trop  chaud.  L.-? 


BLE  /,;9 

grain  est  alors  ferme  et  sec  inlérleurement  ;  il  a  une  sort" 
de  transparence  ,  et  sa  surface  est  colorée  d'un  jaune  gris. 
Au  contraire,  quand,  à  la  même  époque,  les  pluies  sont  fré- 
quentes et  fortes  ,  ou  accompagnées  de  grands  venis  ,  les  l/lés 
versent,  prennent  peu  de  nourriture  ,  miirisscnt  inégalement, 
et  donnent  un  grain  étique  et  ridé  ,  qui  n'a  que  du  son  et  peu 
de  farine.  Si  les  pluies  sont  douces  et  continuelles ,  elles 
pénètrent  peu  à  peu  l'épi  et  enllent  le  grain  :  sa  couleur  de- 
vient d'un  gris  sale;  sa  consistance  est  peu  ferme,  et  sa  farine 
est  lâche  et  molle.  La  continuité  des  pluies  au  commence- 
ment de  l'été  fait  avorter  les  grains  ;  plus  tard  ,  elle  les  prive 
de  toute  saveur  et  de  toute  possibilité  de  conservation ,  et 
les  fait  germer  :  cet  état  malheureux  double  le  prix  du  blé. 
Quand,  après  une  grande  humidité  ,  il  survient  tout  à  coup 
de  fortes  chaleurs  ,  la  paille  et  le  grain  mûrissent  alors  trop 
vite  ,  et  avant  ([ue  celui-ci  ait  pu  se  remplir  de  farine,  c'est 
ce  qu'on  appelle  des  hiés  cc/iaudés ,  des  b/és  retrails.  Si  trop 
de  pluie  nuit  au  blé.,  un  peu  de  pluie  qui  tombe  quelque  temps 
avant  la  récolte  ,  contribue  à  lui  faire  produire  une  farine 
plus  belle  et  plus  fine. 

Le  blé  conservé  en  gerbes  dans  des  granges  ou  dans  des 
meules  ,  se  perfectionne  et  acquiert  toujours  de  la  qualité  , 
pourvu  qu'il  ait  été  récollé  sec.  Il  n'en  est  pas  ainsi  lorsqu'il 
a  été  récolté  humide  ;  au  contraire,  si  l'on  ne  veut  point 
alors  qu'il  se  convertisse  en  fumier  ,  on  doit  le  battre  promp 
tement,  et,  quand  il  est  battu  et  vanné,  le  faire  sécher  au 
soleil,  le  cribler  et  le  remuer  souvent  à  la  pelle  dans  le  gre- 
nier. C'est  dans  ces  circonstances  que  l'usage  de  l  etuve  seroit 
avantageux. 

Il  existe  un  abus  dans  la  récolte  des  grains  ,  qui  ne  doit  pis 
échapper  à  la  surveillance  de  l'acheteur.  Dans  une  saison 
humide  ,  le  laboureur  moissonne  souvent  son  blé  avant  sa 
parfaite  maturité  ,  et  il  l'enferme  aussitôt.  Qu'arrive-t-il  ?  1;? 
grain  fermente  dans  la  grange;  il  commence  par  y  rougir  ; 
l'écorce  seule  est  d'abord  attaquée,  le  corps  du  bien  est  point 
encore  vicié  et  corrompu;  mais  peu  à  peu  ia  corruption  ga- 
gne ,  et  le  grain  ,  quoiqu  ayant  de  l'apparence  au-deho^s  ,  se 
gâte  au  point  que  la  farine  devient  couleur  de  tabac  ,  et  peu 
propre  à  faire  du  pain. 

Considérons  maintenant  le  bié  en  grains. 

Il  y  a,  dans  le  commerce  ,  trois  qualités  de  blé  ou  froment , 
qu'on  désigne  par  les  noms  suivans,  savoir  :  i."  le  blé  de  latJle 
ou  de  qualité  supérieure  ;  2."  le  blé  du  milieu.,  dit  blé  marrh  and; 
3.°  Xeblécomnninoxxàe  dernière  qualité.  Ces  trois  sortes  de  blé.; 
se  distinguent  par  la  couleur  ,  par  la  forme  ,  par  le  poids ,  à 
la  iuain  ,  à  la  netteté  ,  à  l'odeur  et  au  goût. 


^8o  B  L  F. 

Chacune  de  ces  trois  qualités  peut  être  produite  par 
toutes  les  variélés  du  Froment  ,  variétés  dont  les  principales 
ont  été  nieniionnées  à  son  article  ;  mais  elles  se  rapuortent 
principalement  au  froment  commun  ,  sans  barbes  ,  qui  est 
celui  qui  se  cultive  le  plus  généralement  aux  environs  de 
Paris. 

Le  premier  blé  est  d'un  beau  jaune  ,  m«;lé  de  blond  clair  ; 
le  second  est  d'un  jaune  plus  brun  ;  le  troisième  d'un  blanc 
terne  ou  g'is  cendré. 

Le  bU  de  la  tête  est  petit ,  ramassé  ,  presque  rond  et  plein 
sans  être  bouffi  ;  la  forme  du  blé  marchand  est  plus  longue 
que  ronde  ,  et  il  est  un  peu  bouffi;  le  blé  de  la  dernière  qua- 
lité est  d'une  forme  lonj^ue  ,  mince  et  desséchée  ;  il  s'y  trouve 
desgrains  étiques  et  rides,  ainsi  que  d'autres  bouffis  et  germes, 
qui  donnent  moins  de  farine  et  beaucoup  de  son.  En  général  , 
la  bouffissure  du  grain  est  due  au  dessèchement  qui  a  suivi  le 
renflement  occasioné  par  1  humidité. 

Phis  le  b/écst  pcSoiil  à  mesure  égale  ,  mieux  il  vaut ,  parce 
que  plus  il  pèse  ,  plus  if  a  de  farine  ,  et  plus  celle-ci  a  de  qua- 
lité. Un  setier  de  b/é  delà  léle  ,  mesure  de  Paris  ,  pèse  ,  année 
commune  ,  deux  cent  quarante  livres  ;  celui  de  la  seconde 
classe  ,  deux  cent  trente  livres  ;  et  celui  de  la  troisième  ,  deux 
cent  vingt  livres. 

Le  bon  A/c' étant  sec  ,  dur  ,  pesant ,  lisse  et  presque  rond  , 
doit  sonner  dans  la  main;  et  quand  on  la  ferme  ,  après  en 
avoir  pris  une  poignée  ,  les  grains  doivent  s'en  échapper 
proinptemenl.  Par  la  raison  contraire  ,  on  doit  trouver  rude 
et  moins  coulant  tout  blé  de  qualité  inférieure ,  humide , 
ou  ayant  une  forme  mince  et  ridée.  Quoique  sec  ,  le  bon 
blé  conserve  une  certaine  fraîcheur,  due  à  la  densité  de  la 
farine. 

La  netteté  du  grain  ajoute  beaucoup  à  son  prix  et  à  sa  qua- 
lité. On  appelle,,i7mm  «e/ celui  quin'estpoinlmoucheté,  auquel 
ne  se  mêle  ni  seigle  ,  ni  orge  ,  ni  aucune  graine  étrangère  , 
qui  a  été  bien  vanné  et  criblé  ,  et  dans  lequel  on  ne  trouve 
ni  balles  ,  ni  terre  ,  ni  petites  pierres. 

La*mauvaise  odeur  du  blé  décèle  ses  mauvaises  qualités  ; 
elle  annonce  qu'il  a  été  moissonné  vert ,  et  qu'il  a  fermente 
dans  la  grange ,  ou  qu'il  s'est  échauffé  dans  le  tas  pour  n'avoir 
pas  été  remué  ,  ou  qu  il  a  été  attaqué  du  charbon  ou  de  la 
carie  ,  ou  enfin  qu'il  est  rongé  par  les  vers  et  les  charansons. 
Lorsqu'on  le  serre  dans  des  lieux  humides  ,  au-dessus  des 
celliers  ,  des  élables  ou  des  écuries  ,  il  acquiert  pareillement 
une  odeur  désagréable  ,  connue  dans  le  commerce  sous  lé 
nom  de  relent. 

En  gotitant  el  en  mâchant  le  blé ,  on  peut  encore  distinguer 


J3  L  E  4,81 

celui  qui  est  de  bonne  ,  «lennétliocrc  ou  de  mauvaise  qualité. 
On  trouve  le  bon  blé  un  peu  sucré  et  fort  abondant  en  ma- 
tière glulineuse,  lorsqu'on  le  mâche  long-temps.  Celui  qui 
a  été  échauffé  ,  a  un  goTit  de  moisi.  Quand  il  a  été  lavé  et 
humecté  par  fraude,  il  est  insipide  et  ne  se  casse  point  net  sous 
la  dent. 

Les  trois  classes  de  blé  dont  il  vient  d'être  parlé,  tirent 
leurs  qualités:  i."  de  la  variété  semée  ;  2."  du  clioix  des  se- 
nieuces  ;  3."  de  la  préparation  de  la  terre;  4-"  des  diverses 
espèces  de  sol  qui  les  ont  produits;  5.".dc  la  différence  des 
climats. 

Un  blé  trop  vieux ,  ou  qui  a  fermenté  dans  le  tas ,  ne  lève 
point.  Les  semences  cliques  et  altérées  produisent  un  blé 
inférieur  en  qualité  à  elles-mêmes.  Celles  qui  ont  été  mal 
criblées  ou  nettoyées ,  se  trouvant  mêlées  à  de  mauvaises 
graines  ,  et  étant  semées  avec  elles,  sont  privées  du  suc  nour- 
ricier que  celles-ci  leur  dérobent.  Uu /'/f' blanc-terne  ,  et  qui 
commence  à  dégénérer ,  n'enfante  que  des  avortons  ;  celui 
qui  est  attaqué  de  la  carie,  du  charbon  ,  ne  peut  donner  qu'un 
grain  de  la  dernière  classe,  et  en  petite  quantité  :  ainsi,  sans 
le  choix  de  la  semence ,  on  ne  peut  espérer  une  bonne 
récolte. 

11  faut  encore,  pour  l'obtenir ,  préparer  la  terre  par  de 
bons  engrais  ,  par  des  labours  profonds  ;  les  semailles  doi- 
vent être  hâtives  ,  les  semences  également  espacées,  et  les 
sarclages  fréquens.  Dans  un  sol  aride  et  non  fumé  ,  le  fro- 
ment ne  peut  être  plein  et  bien  nourri  ;  un  terrain  labouré 
superficiellement  est  impénétrable  aux  racines  et  aux  in- 
fluences de  Tair;  le  blé^  ne  pouvant  tracer,  sera  brûlé  par  les 
premières  chaleurs,  qui  ne  donneront  pas  le  temps  aux  épis 
de  croître  ,  et  aux  grains  de  grossir.  Si  Ton  sème  trop  tard  , 
les  racines  ne  peuvent  passe  fortifier  avant  1  hiver;  si  ou 
sème  trop  épais,  les  chaumes  qui  sélèvent  ,  se  nuisent  réci- 
proquement par  leur  nombre  ,  et  ne  produisent  qu'un  petit 
nombre  d'épis  ,  grêles  et  peu  grenus.  Le  défaut  de  sarcla(^e 
endurcit  la  terre  ,  la  rend  moins  perméable  à  la  rosée  et  à  la 
pluie  ,  et  favorise  la  croissance  et  la  multiplication  des  mau- 
vaises herbes. 

La  nature  des  diveifj^sols  produit  aussi  des  différences 
dans  les  qualités  de  grains  que  l'on  y  récolte. 

On  distingue  les  blés  de  fonds  pierreux ,  les  blés  de  terres 
fortes,  et  les  blés  déterres  à  jardins. Les  meilleurs /i^-'i croissent 
ordinairement  dans  des  fonds  bons  et  substantiels  ,  quoique 
secs  et  pierreux  ;  le  grain  f  st  d'une  moyenne  grosseur  ,  mais 
dur  et  ferme  ,  d'une  belle  couleur,  se  conservant  bien,  est, 
par  cette  raison,  bon  pour  l'exportation  ,   et  excellcnl  à  iJne 

m.  3i 


^8 


BLE 


(lu  pain.  Son  produit  en  farine  est  considérable  relativement 
à  la  mesure  et  au  poids.  Les  terres  fortes  et  argileuses  des 
coteaux  ou  des  plaines  donnent  un  blé  de  seconde  qualité  , 
d  un  jaune  pâle  ,  moins  ferme  ,  et  plus  léger  que  le  précé- 
dent. Dans  les  bas-fonds  et  dans  tous  les  sols  de  la  nature 
de  ceux  des  jardins  ,  le  blé  est  gros  et  plein  en  apparence  ;  il 
aie  coup  d  œil  d'un  A/^' fort  et  nourri  ;  mais  il  n  est  pas  sec 
dans  le  cœur,  et  a  moins  de  corps  que  dans  les  qualités  ci-des- 
sus. En  général,  les  blés  qui  viennent  de  lieux  bumides,  ou  de 
terres  crasses  qui  retiennent  l'eau  ,  ne  valent  pas  ceux  des 
plaines  élevées  ou  des  coteaux.  Enfin  ,  la  nature  et  la  qualité 
du  terroir  influent  beaucoup  sur  celles  du  blé;  on  peut  en 
iu^erpar  le  blé  manié.  On  appelle  ainsi  celui  qui  a  crû  dans  1rs 
t<.'rres  nouvellement  marnées.  Il  a  toutes  les  apparences  da 
meilleur  blé.,  mais  il  n'est  pas  aisé  à  moudre  ;  le  son  se  sépare 
avec  peine  de  la  farine  ;  la  farine,  au  sortir  de  la  meule  ,  est 
très-altérée,  et  boit  beaucoup  d'eau  (en  quoi  elle  tient  de  la 
terre  marnée  dans  laquelle  le  blé  est  venu  );  à  l'emploi ,  elle 
se  lie  mal,  la  pâte  en  est  peu  ductile;  pour  lever,  elle  de- 
mande un  quart  de  levain  plus  qu'à  l'ordinaire  ;  enfin  ,  le 
pain  qui  en  provient  bouffe  difficilement  dans  le  four,  est 
dur  à  mâcber  ,  et  offre  un  coup  d  œil  plus  gris  et  moins  blanc 
que  celui  dun  autre  blé. 

Les  terres  les  plus  fertiles  donnent  trente  quintaux  de  blé 
par  arpent;  il  faut  en  retrancher  deux  pour  la  semence  :1e 
produit  est  donc  de  quinze  pour  un.  Ces  espèces  de  terres 
sont  fort  rares  ;  à  peine  y  en  a-t-il  en  France  un  centième 
d  aussi  productives.  Les  bonnes  terres  ordinaires  ,  comme 
quelques  cantons  delà  Picardie  et  de  T Ile-de-France,  rendent 
vingt  quintaux  ;  et  les  moins  fertiles  ,  environ  dix.  Les  terres 
à  seigle  sont  très-abondantes  en  France  ;  on  retire  à  peu  près 
vingt  quintaux  des  bonnes  ,  quatorze  des  moyennes  ,  et  huit 
des  petites  terres.  Quand  les  printemps  sont  humides,  les 
terrains  semés  en  orge  produisent  beaucoup.  Deux  cents 
livres  d'orge  par  arpent  ,  rendent  depuis  dix  jusqu'à  trente 
quintaux. 

Les  diverses  qualités  des  grains  résultent  aussi  du  climat 
et  de  la  température  des  pays  où  ibsont  recueillis,  hes  blés 
du  Languedoc,  de  la  Provence  et  dlB)auphiné,  sont  réputés 
supérieurs  à  tous  ceux  qu'on  connoît.  Les  blés  de  Sicile  , 
d'Italie  et  du  Levant ,  offrent  un  grand  produit  en  pain  ;  ils 
sont  de  couleur  d'or  en  dedans  comme  en  dehors  ;  on  les 
emploie  par  préférence  aux  blés  qui  sont  blancs  dans  lintérieur, 
pour  faire  les  pâtes  ,  les  vermlcels  ,  etc.  Les  blés  de  Barbarie 
e'ont  plus  bruns  que  ceux  d'Europe  ,  mais  plus  pesans  et  plus 
substantiels;  ceux  de  Pologne,  ciu  contraire ,  sont  très-blancs, 


BLE  4aj 

beaux  à  l'œil  et  à  la  main  :  ils  procurent  une  nourriture  dé- 
licate ,  mais  leur  farine  est  légère  et  moins  abondante.  Le 
seigle  et  Vépaiitre  viennent  plus  hauts  dans  le  Nord  que  dans 
les  climats  tempérés  et  chauds  ;  ils  y  donnent  aussi  une  farin<i 
meilleure  et  plus  belle  :  voilà  pourquoi  on  cultive  peu  ces 
plantes  en  Italie  ,  excepté  au  pied  Ads  Alpes.  Elles  réassissent 
parfaitement  en  Allemagne  et  dans  les  pays  froids  et  mon  - 
tueuxde  la  Savoie.  Les  moulagnards  se  nourrissent  ordinaire- 
ment de  seigle. 

Le  blé  est  sujet  h  des  maladies  proprement  dites,  et  à  plu- 
sieurs accidens.  Les  maladies  du  blést  manifestent  à  l'instaiir 
même  où  le  grain  se  développe;  elles  attaquent  et  d.étruisent 
le  germe  et  la  substance  farineuse.  Les  accidens  du  Wc' ,  au 
contraire,  n'ont  lieu  que  lorsque  Tépi  est  sorti  du  fourreau; 
le  grain  est  moins  abondant;  mais,  n'ayant  point  été  altéré, 
il  est  propre  à  la  nutrition  et  à  la  geruwnation. 

Les  causes  les  plus  constantes  et  les  mieux  connues  des  ma- 
ladies An  blé  ^  sont:  i."  une  nourriture  surabondante;  2."  un<' 
nourriture  maigre  et  insuffisante  par  la  faute  des  engrais  ,  du 
terroir  ou  d'un  mauvais  labour  ;  3."  la  présence  de  certaines 
espèces  de  champignons  parasites  internes,  du  genre  ureclu  ; 
4..°  les  circonstances  atmosphériques ,  indépendantes  de  la 
terre. 

On  doit  attribuer  à  la  première  cause  l'accroissement  et 
la  foliation  trop  rapide  du  blé.  Sa  tige  alors  se  prolonge  beau 
coup  ;  il  en  pousse  môme  un  grand  nombre  ,  mais  à  peine 
fructifient-elles.  Les  anciens  désignoient  cette  maladie  par  les 
mots  caulescence  et  pléthore  suffocunte  des  grains.  C'est  la  luxu- 
riation  la  plus  nuisible  ;  elle  a  lieu  surtout  quand  ,  avec  les 
autres  conditions  ,  il  survient  des  pluies  chaudes  ou  abon- 
dantes. Les  blés  qui  ont  ainsi  crii  donnent  fort  peu  de  grains, 
et  des  grains  petits  et  retraits.  La  coupe  des  feuilles  , 
en  affoiblissant  l'action  de  la  végétation  ,  diminue  les  effets 
de  ces  causes;  aussi  TexécuteM-on  partout  où  les  cultivateurs 
sont  éclairés  parles  principes  d'une  saine  physique. 

Il  en  est  ime  autre  qu'on  dit,  mal  à  propos,  provenir  aussi 
de  trop  de  nourriture  ;  c'est  le  Miel.\t.  Cette  maladie  s'an- 
nonce par  de  petits  tubercules  sucrés  et  brillans  qu'on  re- 
marque le  long  de  la  tige  ,  et  qui -ne  sont  que  l'excrétion  dt; 
la  sève  surabondante.  Si  cette  excrétion  n'est  pas  trop  épaisse 
et  trop  gélatineuse,  elle  se  volatilise;  dans  le  cas  contraire, 
elle  obstrue  les  pores  de  la  plante  ,  forme  un  enduit  visqueux 
tout  autour,  et  la  fait  périr,  à  moins  qu'une  pluie  ne  l'en 
débarrasse. 

La  seconde  cause  ,   c'est-à-dire  le  défaut  de  nourriture  , 


484  B  L  E 

produit  trois  maladies  très-dislinctiîs,  quoique  confondues, 
au  moins  en  partie  ,  par  d'habiles  agronomes  ;  ce  sont  :  la 
siclémtlon  ,  ainsi  nommée  par  les  anciens ,  le  rachitisme  et 
V  atrophie. 

La  sidération  a  lieu  quand  les  grains  de  blé  ont  été  semés  et 
ont  crû,  ou  trop  près  les  uns  des  autres,  ou  dans  un  terrain  sa- 
blonneux, ou  pendant  un  été  sec.  Ils  ne  poussent  alors  que  des 
tiges  maigres,  foibles,  et  des  épis  miHces,  ou  qui  ne  renferment 
que  des  grains  retraits  ou  ridés.  La  même  chose  arrive  lors- 
que le  blé  est  venu  dan^  un  sol  argileux  ,  susceptible  d'intu- 
mescence ,  et  qui  se  resserre  après  l'écoulement  des  eaux. 
La  terre ^  en  se  ressuyant,  tiraille  en  tous  sens,  et  comprime 
les  racines  de  la  plante ,  qui  ne  produit  que  des  tuyaux  des- 
séches. 

Le  rachitisme  est  une  maladie  particulière  ,  plus  commune 
en  Italie  qu'ailleurs  ,  qui  heureusement  ne  s'élend  pas  beau- 
coup, et  par  cette  raison  n'est  pas  très-préjudiciable  aux  cul- 
tivateurs. Ses  symptômes  sont  sensibles  ;  l'épi  qui  en  est  af- 
fecté est  très-bas,  courbé  en  différens  sens;  il  présente  des 
bosses  et  des  nodosités  contre  nature  ;  sa  gaine  est  comme 
recoqulllée  ,  et  ne  contient  presque  rien  pour  la  formation 
de  la  fleur  et  du  fruit ,  dans  lequel  on  trouve  souvent  un 
amas  d'insectes  ,  au  lieu  d'une  matière  végétale  :  les  feuilles 
et  les  barbes  sont  aussi  contournées.  Une  configuration  si 
singulière  peut  provenir  d'un  défaut  de  sève  nutritive  ;  mais 
elle  a  vraisemblablement  d'autres  causes  inconnues  jusqu'à 
présent. 

\Satrophie  est  une  espèce  de  marasme  qui  frappe  les  épis 
lorsque  les  chaleurs  de  l'été  dominent.  Leur  tcte  commence 
à  maigrir  et  devient  pâle  ;  la  tige  se  dessèche  ensuite,  et  perd 
sa  verdeur  jusqu'à  la  racina  ;  les  feuilles  tombent  ;  enfin  tou6 
l'épi  pâlit,  sèche  et  meurt.  Dans  ses  effets,  Vutrophie  a  quel- 
que rapport  avec  la  sidéraiiun  ;  mais  sts  premières  causes  ne 
sont  pas  les  mêmes.  Des  terres  fortes ,  non  ou  peu  ameu- 
blies,  des  terres  légères  manquant  d'engrais  et  de  fumier, 
un  sol  même  bon  ,  mais  élevé ,  et  sujet  à  être  desséché  par 
les  vents,  des  semences  trop  enfoncées  :  voilà  les  causes  pre- 
mières de  cette  maladie,  dont  elles  indiquent  en  même  temps 
les  remèdes.  / 

Les  autres  maladies  prmcipales  du  blé  sont  la  rarie .,  le 
charbon.,  la  rouille.,  la  maladie  fuligineuse .,  la  coulure  et  V ergot. 

La  carie  des  blés.,  qu'on  nomme,  selon  les  pays,  cloque, 
bosse.,  cliamburle .,  noir.,  pouriture.,  etc. ,  est  la  plus  dangereuse 
des  maladies  du  froment,  soit  sous  les  rapports  du  produit , 
soit  sous  ceux  de  la  salubrité.  Elle  est  due,  selon  la  plupart 
desbolanisles,  à  I'UrÉDO  CARif.  (DecandoUe  ,  Flore  franc  aise). 


BLE  ^85 

C'est  à  Tessier  qu'on  doil  la  cnnnoivssnncp  <lc  sescflets  et  tics 
moyens  âe.  s'en  garanîir.  C'est  Bcnédict  Prévost  qui  nous  a 
appris  comment  elle  se  reproduisoit. 

Quand  l'épi  Au  froment  sort  du  fourreau  ,  on  reconnoil  déjà 
la  carie  à  la  couleur  blanche  des  feuilles  ,  et  aux  points  blancs 
dont  les  balles  sont  tachées.  Le  grain  alors  acquiert  un  vo- 
lume plus  considérable  que  dans  l'état  naturel  ;  sa  couleur 
est  d'un  gris  sale ,  tirant  un  peu  sur  le  brun  -,  l'enveloppe  est 
mince  et  le  germe  est  déiruit.  On  ne  trouve,  à  la  place  d'une 
pulpe  blanche  et  farineuse  ,  'qu'une  poussière  noire  ,  légère  , 
fine,  grasse  au  toucher,  exhalant  une  odeur  fétide  de  marée, 
inflammable  au  feu,  insoluble  dans  l'eau,  privée  enfin  de 
toute  organisation. 

Quelque  foiblement  entachée  de  carie  que  soit  la  semence, 
elle  produit  au  moins  un  quart  d'épis  malades ,  et  diminue 
dans  le  commerce  et  dans  l'emploi  la  valeur  des  autres.  La 

f>oussière  de  can'e^  quand  on  bat  le  blé,  s'attache  au  Wc'sain, 
e  salit,  et  lui  donne  le  nom  de  fjlé  moucheté.  Cette  poussière 
incommode  les  batteurs  ;  elle  provoque  la  toux  ,  picote  les 
yeux,  et  est  malfaisante.  Si,  pour  rendre  plus  commer- 
çable  le  grain  infecté  de  carie,  on  le  lave,  cette  opération  lui 
enlève  le  coulant  ou  ce  qu'on  appelle  la  main  ;  ce  qui  le 
déprécie  par  les  raisons  suivantes.  Les  hlés  mouchetés  engrais- 
sent les  meules,  graissent  les  bluteaux ,  et  rendent  défec- 
tueuse la  moulure  du  i/<?sain  qui  leur  succède  au  moulin;  le 
pain  fait  avec  de  la  farine  de  blé  moucheté  a  une  teinte  violette, 
une  sorte  d'âcreté  (pii  peut  préjudicicr  à  la  santé. 

Cette  maladie  ,  semblable  à  la  petite  vérole  ou  à  la  peste  ? 
se  comnmnique  et  se  propage  par  voie  de  contagion.  IjC  fro- 
ment est  la  seule  graminée  qui  en  soit  affectée,  celui  du  Nord 
plus  que  celui  du  Midi.  Les  blés  durs  ou  glacés  n'y  paroissent 
pas  sujels  ;  mais ,  dans  le  nombre  ,  aucun  ne  résiste  à  la  ma- 
ladie, si  on  la  lui  inocule  ,  c'est-à-dire  si  on  frotte  toutes  les 
variétés  àe  froment  avec  la  poudre  de  carie. 

Si  on  sème  le  blé  moucheté,  sans  T avoir  soumis  à  une  pré- 
paration qui  va  être  indiquée  ,  la  maladie  se  transmet  au 
nouveau  grain.  La  paille  des  épis  cariés  qui  déplaît  aux  bes- 
tiaux ,  les  criblurcs  des  granges  ou  des  greniers  ,  l'eau  des 
lavages  et  la  lessive  qui  a  servi  à  la  préparation  du  blé  ?nou- 
cfielé ;  toutes  ces  matièi^^jetées  sur  le  fumier  qu'on  se  pro- 
pose de  répandre  sur  les  terres  à  blé ,  communiquent  la  ma- 
ladie comme  le  feroit  la  poussière,  à  moins  qu'on  n'ait 
laissé  consommer  ce  fumier. 

Le  seul  moyen  de  prévenir  les  effets  de  la  carie,  est  le  lavage 
il  l'eau  j  suivi  d'un  chaulage  convenable.  Presque  tous  les  la-- 


/;8o  B  L  E 

boiireurs  chaulent  leur  blé  de  semence  ;  mais  ceux  qui  onl  du 

Lie  carié,  chaulent  mal. 

Quand  on  le  peut ,  on  doit  laver  son  grain  de  semence  à 
l'eau  courante.  On  le  met  dans  des  paniers  d'osier,  et  on  le 
remue  jusqu'à  ce  qu'il  ne  salisse  plus  l'eau.  On  agite  et  trotte 
le  grain  dans  tous  les  sens,  pour  en  détacher  la  poussière  de 
rarie^  et  faciliter  la  rejection  de  celui  qui  est  vicié  et  qui 
surnage.  Quand  le  grain  est  bien  lavé  ,  on  le  soumet  alors  à 
l'action  du  chaulage  ,  après  l'avoir  fait  égoutter. 

On  prépare  un  lait  de  chaux, «n  éteignant  de  la  chaux  vive, 
d'abord  dans  une  petite  quantité  d'eau,  qu'on  étend  ensuite 
dr.ns  un  plus  grand  volume.  La  proportion  est  de  six  livres  de 
chaux  et  de  trente  livres  d'eau  sur  un  setier  de  grains,  mesure 
de  Paris.  La  quantité  de  chaux  vive  dépend  de  sa  qualité  : 
celle  qui  est  récemment  éteinle  à  l'air  n'est  pas  moins  bonne  ; 
mais  il  faut,  après  un  certain  temps,  en  employer  un  sixième 
de  plus.  On  verse  le  grain  par  portions  dans  un  cuvier  qui 
contient  une  quantité  de  lait  de  chaux  suffisante  pour  surnager, 
de  deux  travers  de  doigt.  On  remue  bien  exactement  le  grain, 
avant  l'attention  d'enlever  les  grains  légers:  on  le  laisse  ainsi 
infuser  et  macérer  pendant  un  quart  d'heure  ,  c'est-à-dire  , 
jusqu'à  ce  que  le  lait  de  chaux  ait  pu  exercer  son  action  sur 
tous  les  points  de  la  surface:  on  le  retire  pour  le  faire  égoutter. 
A  cet  effet,  on  le  met  dans  des  paniers  placés  sur  d'autres 
petits  cuviers,  et  on  l'y  laisse  à  peu  prèsun  autre  quart  dheure; 
on  l'étend  alors  sur  l'aire  de  la  grai>ge  pour  l'y  faire  sécher. 
En  cet  élat ,  il  peut  être  semé  le  lendemain  ;  mais  il  y  a  tou- 
jours de  l'avantage  à  en  différer  l'ensemencement,  en  ayant 
la  précaution  de  le  retourner,  dans  la  crainte  qu'il  ne  s'é- 
chauffe. Par  ce  procédé  simple  ,  une  seule  personne  peut , 
même  à  défaut  d'eau  courante  ,  en  se  servant  d'un  cuvier  qui 
contient  un  demi-sac  ordinaire  de  grain,  en  chauler  douze 
seliers  par  jour. 

Si  l'on  manque  de  chaux  ,  on  peut  lui  substituer  une  les- 
sive de  cendres  de  bois  neuf  faite  exprès  :  une  lessive  de  sou^e, 
de  potasse  ou  de  cendres  gravelées  ,  et  surtout  du  sulfate  de 
cuivre  (vitriol  bleu),  qui,  à  très-petite  dose,  produit  cer- 
tainement les  effets  désirés  ;  mais  comme  c'est  un  poison,  il 
faut  n'y  avoir  recours,  à  raison  des  accidens  à  craindre  ,  qu'à 
la  dernière  extrémité.  ^ 

Le  chaulage  assure  en  outre  la  ^rmination  du  grain  ,  par 
l'humidité  dont  il  est  pénétré,  et  favorise  conséquemment  la 
végétation  ,  surtout  si  les  semailles  se  font  par  un  temps  sec. 

Le  charbon  attaque  surtout  Vépautre ,  Vorge  et  Vaooine: 
c'est  une  poussière  fine,  noire,  sèche,  légère,  que  le  vent 
emporte,  et  qui  ne  laisse  que  le  .«squelette  de  l'épi.  Si,  sur  cet 


BLE  ^8^ 

<f pi ,  quelques  grains  échappent  à  la  corruption  totale,  et 
qu'on  les  sème,  ils  végètenl  a  peine;  et  si  on  les  mêle  avec 
du  blé  sain ,  ils  Tinfeclent  au  point  de  répandre  la  maladie 
dans  tout  un  champ  ensemencé.  Les  grains  qui  sont  parvenus 
à  leur  fructification  complète  parmi  des  épis  atteints  du  char- 
bon ,  offrent  la  plupart  un  petit  point  putride  ;  et  si  on  en 
sème  et  qu'ils  végètent,  ils  ne  produisent  que  des  épis  char- 
bonnés.  Ainsi,  Ton  a  eu  tort  d'avancer  qu'il  n'étoil  pas  Lierl 
certain  que  le  blé  charbonné  fût  contagieux  pour  les  grains. 

C'est  encore  à  un  champignon  du  genre  précédent,  i'U- 
RÉDO  CHARBON  (DccandoUe  ,  Flore  française')  ,  qu'est  due 
cette  maladie.  On  le  distingue  de  la  carie  ,  parce  qu'il  est 
plus  noir,  plus  sec,  et  n'a  point  de  mauvaise  odeur.  L'usage 
des  grains  qui  en  contiennent  est  aussi  moins  dangereux.  Pour 
désinfecter  le  blé  qui  en  est  attaqué  ,  on  le  lave  à  plusieurs 
eaux  ,  jusqu'à  ce  que  la  dernière  sorte  claire  ,  en  le  remuant 
bien  et  en  le  frottant  avec  les  mains.  Le  grain  vicié  surnage  , 
et  on  l'enlève  :  celui  qui  est  sain  reste  au  fond.  Si  on  le  des- 
tine au«emis,  on  le  chaule,  comme  il  a  été  dit  plus  haut. 

On  a  observé  que  le  charbon  n'infestoit  les  blés  que  dans 
les  années  où  la  fin  de  février  et  le  commencement  de  mars 
étoient  pluvieux  et  humides;  et  qu'au  contraire  à  peine  en 
trouve-t-on  quelques  grains  viciés  ,  quand  le  commencement 
du  printemps  est  sec  et  froid. 

La  rouille  est  une  substance  pulvérulente  qui  naît  sous  l'épi^ 
derme  des  feuilles,  des  tuyaux  et  des  épis  du  blé^  et  l'ern- 
pêche  de  croître.  Cette  maladie  est  encore  due  à  un  cham- 
pignon parasite ,  à  I'Urédo  rouille  (DecandoUe  ,  Flont 
française).  Elle  s'annonce  d'abord  par  quelques  petits 
points  d'un  blanc  terne  ,  qui  prennent  peu  à  peu  une  teinte 
d'un  jaune  brun  ,  et  deviennent  enfin  de  couleur  de  rouille  , 
puis  crèvent  l'épiderme  et  se  dispersent  en  forme  de  pous- 
sière ;  ces  points  paroissent  d'abord  uniquement  sur  la 
feuille ,  et  se  propagent  ensuite  sur  la  tige  de  l'épi  ;  quelquefois 
toute  la  plante  en  est  déjà  couverte  lorsque  l'epi  sort  de  son 
fourreau.  Cependant  tous  les  grains  de  l'épine  sont  pas  ,  en 
général,  attaqués  de  la  contagion;  dans  l'orge,  particulière- 
ment ,  on  ne  voit  que  çà  et  là  quelques  grains  corrompus  ; 
les  autres  sont  pleins  d'une  très-bonne  farine. 

Les  chaleurs  humides  favorisent  singulièrement  la  mulll- 
plicatlon  de  la  rouille.  Elle  est  principalement  plus  abon- 
dante ,  et  par  conséquent  plus  nuisible,  dans  les  champs 
places  au  milieu  des  bois,  au  bord  des  marais,  dnns  les 
vallées  profondes.  Ce  sont  les  plaines  où  le  soleil  et  les  vents 
jouissent  de  toute  leur  influence ,  qui  en  sont  constamment  le 
moins  infestées.  On  croit,  dans  beaucoup  de  lieux,  que  le  vols-- 


m  B  T.  E 

nage  de  I'Epiwe  vinette  est  favorable  à  sa  multiplication. 

Comme  la  poussière  de  la  rouille  est  dispersée  lors  de  la 
récolte  ,  il  s'en  attache  fort  peu  sur  les  grains  ,  et  le  chaulage 
n'en  détruit  pas  les  germes.  Le  seul  moyen  de  s'opposer  à  sa 
multiplication  ,  c'est  de  faucher  les  blés  avant  leur  montée  en 
épi  ,  et  de  donner  la  fane  aux  bestiaux  -,  mais  on  n'y  gagne 
que  la  diminution  de  la  rouille  pour  les  années  suivantes  , 
la  récolte  en  grain  et  en  paille  étant  moindre  par  cette  opé- 
ration. 

La  maladie  des  grains,  que  nous  nommons  fuligineuse  ^ 
n'étoit  pas  vraisemblablement  connue  des  anciens  Romains. 
On  ne  voit  dans  leurs  «erits  aucun  mot  qui  la  puisse  désigner. 
Elle  consiste  en  une  poussière  fine  ,  noire  et  grumeleuse  à 
peu  près  comme  la  suie  (  en  latin  ,  fnligo  )  ,  qui  s'attache  le 
plus  souvent  aux  feuilles  et  au  fourreau  de  l'épi  ,  lorsque 
celui-ci  commence  à  poindre  en  dehors;  elle  y  adhère  pour- 
tant si  peu,  qu'elle  est  aisément  lavée  par  la  pluie,  ou  em- 
portée parle  vent.  Cette  maladie  ,  qui  attaque  à  la  f^n  l'épi , 
que  quelques  agriculteurs  croient  contagieuse  pour  les  grains  , 
se  manifeste  surtout  lorsque  le  printemps  •est  froid  et  suivi 
d'un  été  pluvieux. Aussi  n'exlste-t-cllc  point  en  Egypte  ,  et  est- 
elle  fort  rare  en  Italie.  Les  agronomes  anglais  se  plaignent,  au 
contraire,  qu'elle  est  comnuine  chez  eux,  particulièrement 
aux  environs  des  grandes  villes,  où  le  fumier  est  abondant. 
Cela  porteroit  à  croire  qu'elle  est  due  en  partie  à  des  terres 
trop  engraissées  :  c'est  l'opinion  de  Mortimer.  Blagrave  l'at- 
tribue à  la  maigreur  du  sol.  LTn  autre  Anglais  en  rejette  la 
cause  sur  l'emploi  des  fumiers  qui  ne  sont  point  assez  faits. 
D'autres  ont  n^gardé  cette  maladie  comme  une  espèce  de 
moisissure.  Munchausen  ,  célèbre  cultivateur  allemand  ,  et 
Linuieus  après  lui ,  pensent  que  c'est  une  poussière  fon- 
gueuse ,  formée ,  sur  la  plante  malade ,  par  des  animalcules 
imperceptibles. 

L^er^of  est  une  maladie  qui  attaque  plus  particulièrement 
le  seigle.  Cependant  \e  froment  n'en  est  pas  toujours  exempt  ; 
quand  il  en  est  atteint ,  on  le  nomme  blé  romu. 

Les  grains  ergotes  se  font  aisément  reconnoître  ;  ils  sont 
beaucoup  plus  longs  et  plus  gros  que  les  grains  ordinaires  , 
et  ils  offrent  une  sorte  de  prolongement  courbe  qu'on  nomme 
er^ot ,  par  la  ressemblance  qu'il  a  avec  l'ergot  d'un  coq.  La 
surface  du  grain  est  noire  ou  d'un  brun  noirâtre  ,  et  l'inté- 
rieur présente  une  farine  jaune  ou  blanchâtre  ,  sans  germe 
et  sans  substance  nutritive.  Jetés  dans  l'eau,  ces  grains  sur- 
nagent lorsqu'ils  sont  secs  ,  et  quelque  temps  après  ils 
tQUibent  au  fond.  Leur  saveur  est  acre  et  comme  austère  ; 


BLE  /^89 

leur  emploi ,  co:n;ne  .''.liiîient ,  n'en  est  pas  moins  dangereux 
pour  les  lioinuies  et  les  aniinaux. 

Il  n'est  guère  possible  tle  prévenir  ïergot  des  seigles  se- 
més dans  des  terres  basses  où  les  épis  sont  toujours  dans 
un  air  peu  balayé  par  les  vents ,  et  où  la  sève  ,  vu  la  crudité 
du  sol,  reste  pareillement  dans  un  état  de  crudité.  Le  véritable 
ergot  paroît  h  cet  égard  analogue  au.  goitre  ^  dû  principale- 
ment à  la  crudité  des  eaux  et  à  un  air  trop  resserré  par  des 
monls  et  des  bois.  x\ussi  est-il  plus  particulier  à  certaines  con- 
trées «ju'à  d'autres.  Les  terrains  élevés  et  où  il  ne  peut  croître 
de  froment,  devroient  toujours  ôtrc  destinés  aux  seigles,  lors- 
qu'on le  peut;  au  moins  lui  faut-il  un  terrain  bien  découvert. 

C'est  encore  à  un  champignon  parasite  au  SclÉrote  er- 
GOr  (jn'est  dA  l'ergot,  selon  Recandolle,  Flore  française  ;  mais 
quelqiies  botanistes  et  tous  les  agriculteurs  n'en  conviennent 
pas.  Le  chaulage  ne  paroît  pas  être  dans  le  cas  de  l'empô- 
cher  de  n'ulre.  Couper  les  seigles  qui  en  sont  très-infectés 
avant  leur  maturité,  pour  les  employer  à  la  nourriture  des 
bestiaux  après  en  avoir  séparé  les  épis  ,  paroît  le  seul  moyen 
d'en  prévenir  les  retours. 

L'ergot  est  le  plus  dangereux  des  champignons  parasites 
pour  l  hoitime  qui  n'a  pas  soin  d'en  purger  le  Z>/^' qu'il  destine 
à  sa  nourriture.  11  occasione,  ain.si  que  Tessier  l'a  prouvé 
par  des  expériences  directes,  l'affreuse  maladie  appelée 
gangrène  sèche ,  maladie  dont  les  suites  sont  la  chute  succes- 
sive du  nez,  des  oreilles,  des  doigts,  des  bras  et  des  jambes. 

La  coulure  est  une  maladie  des  blés^  qui  est  produite  par  le 
défaut  de  fécondation  des  gennes  ,  et  qui  présente  plusieurs 
causes,  dont  les  principales  sont  les  froids  et  les  sécheresses 
qui  s'opposent  au  développement  des  anthères  ;  les  pluies 
qui  empêchent  la  poussière  fécondante  de  se  répandre  sur  les 
pistils ,  et  les  grands  vents  qui  la  dispersent  au  loin. 

Les  blés  ,  pendant  leur  croissance,  sont  exposés  à  beau- 
coup d'accidens,  dont  tous  les  travaux  et  tous  les  soins  de 
l'homme  ne  sauroient  les  garantir.  Tels  sont  la  gelée  ,  la 
grêle  ,  les  vents  violeris  ,  les  inondations  subites,  les  grandes 
sécheresses  ou  les  pluies  trop  abondantes.  Quand  ces  acci- 
dens  arrivent,  le  dispensateur  des  moissons  peut  seul  dé- 
dommager le  laboureur  par  des  récoltes  plus  abondantes 
dans  les  années  qui  suivent.  Un  agronome  industrieux  trou- 
vera cependant  le  moyen  d'atténuer  quelques  effets  des  sé- 
"cheresses  ,  par  un  mélange  bien  combiné  de  terres  propres  à 
être  moins  affectées  des  chaleurs  ,  en  faisant  en  sorte  que  la 
glèbe  ne  soit  point  trop  maigre  ,  poreuse  et  déliée.  Mais  com- 
ment prévieudra-t-il  les  maux  causés  par  des  pluies  exces- 
sives et  continuelles  ,  surtout  si  elles  ont  lieu  à  l'époque  de  la 


/,î,o  B  T.  E 

floraison?  Une  partie  de  ses  espérances  s" évanouit  alors  avec 
la  fleur  qui  tombe  prématurément  de  Tépi ,  et  il  ne  peut  éviter 
la  perte  dont  il  est  menacé.  Lorsque  les  pluies  surviennent  au 
moment  de  la  récolte  ,  elles  sont  pareillement  très  -  nuisibles 
aux  blés,  qu'elles  surcbargent  d'bumidité  et  qu'elles  font  quel- 
quefois germer.  Si  le  cultivateur  ne  prend  alors  toutes  sortes 
de  précautions  pour  bien  sécher  son  grain  ,  avant  de  le  serrer, 
il  court  risque  d'en  perdre  une  partie,  ou  d'en  voir  même  la 
totalité  se  détériorer  en  peu  de  temps. 

Le  /v/^' germé  se  conserve  très-difficilement  ;  il  est  plus  dis- 
posé qu'un  autre  à  fermenter  et  h  s'échauffer  ;  il  favorise  da- 
vantage la  ponte  des  insectes.  Abandonné  à  lui-môme ,  il  con- 
tracte bientôt  de  l'odeur  et  de  la  couleur;  il  a  un  goût  détes- 
table et  une  saveur  piquante  qu'on  retrouve  dans  la  farine  et 
dans  le  pain  qui  en  proviennent.  Enfin,  il  devient  quelque- 
fois si  mauvais,  que  les  animaux  le  rebutent,  et  qu'il  peut  tout 
au  plus  servir  à  faire  de  l'amidon.  Ces  inconvéniens  étant 
l'effet  d'un  excès  d'humidité  ,  on  doit  tâcher  d'anéantir  celte 
cause  ,  ou  du  moins  d'en  diminuer  l'intensité. 

Ainsi ,  il  ne  faut  point  garder  le  i/<?'germé  en  meule ,  mais 
le  mettre  dans  une  grange  bien  aérée  ,  ou  seul ,  ou  à  l'écart 
des  blés  secs  qui  peuvent  s'y  trouver.  Si  la  grange  n'est  pas 
bien  aérée  ,  il  vaut  mieux  le  battre  sur-le-champ  ,  au  risque 
de  laisser  du  grain  dans  l'épi.  Etant  battu  ,  on  l'expose  au- 
dessus  d'un  four,  ou  dans  le  four  môme ,  après  que  le  pain  en 
a  été  retiré  ,  ou  dans  une  éluve  faite  exprès  ,  et  on  le  remue 
souvent  avec  des  râteaux  ou  de  longues  pelles  pour  faciliter 
l'évaporation  de  l'eau.  On  le  retire  avant  qu'il  soit  parfaite- 
ment sec  ;  car  le  blé\e  plus  sec  contient  toujours  une  portion 
d'humidité  nécessaire.  On  le  crible  ;  et  lorsqu'il  est  bien  re- 
froidi ,  on  le  met  en  tas  ou  en  sacs.  S'il  a  été  convenablement 
desséché  ,  il  se  conserve  autant  que  le  blé  ordinaire  ;  il  se 
moud  bien,  et  donne  une  farine  plus  abondante  et  plus  sèche, 
qui ,  au  pétrissage  ,  absorbe  beaucoup  d  eau.  Ainsi,  la  portion 
de  poids  qu'il  a  perdue  par  la  dessiccation  ,  lui  est  restituée 
lorsqu'il  est  converti  en  pain.  De  cett^manière  ,  il  n'y  a  rien 
de  perdu  pour  le  consommateur  ni  pour  le  commerçant. 

Les  levains  faits  avec  la  farine  du  blé  germé  doivent  être 
plus  jeunes  et  plus  fermes  que  les  levains  ordinaires  :  on  ne 
doit  pas  les  placer  dans  un  lieu  trop  chaud.  Au  lieu  de  moitié, 
il  faut  en  employer  deux  tiers,  c'esl-à-dire  ,  que  sur  quatre- 
vingt-seize  livres  de  farine  destinée  à  la  fournée  ,  il  faut  en 
mettre  environ  soixante-quatre  en  levain.  La  pâte  demande 
à  ôtre  travaillée  légèrement ,  promptement ,  et  avec  une  eau 
modérément  chaude.  Pour  lui  donner  du  corps  et  en  corriger 
la  fadeur,  on  peut  y  mettre  un  peu  de  sel  (une  demi-livre  sur 


BLE  491 

cent  livres  de  farine  ).  Le  four  deStînd  à  sa  cuisson  doit  être 
un  peu  plus  chaud  qu'à  l'ordinaire  ;  sans  quoi  le  pain  lâche- 
roit  son  apprêt  et  s  y  aplaliroit.  On  le  fait  ressuer  quand  il  est 
ruit ,  parce  que  l«;s  farines  du  ^/e  germé  retiennent  davantage 
1  humidité.  Ces  blés  donneront  un  pain  bon  et  salutaire  ,  si 
•Ton  pratique  ce  qui  vi«nt  d'être  dit. 

On  obtiendra  le  même  pain  des  blés  trop  tendres  et  trop 
mous  ,  en  les  faisant  sécher  pareillement  sur  l  âlre  d'un  four, 
et  en  ne  les  retirant  que  lorsque  le  four  sera  refroidi. 

Il  est,  en  général,  prudent  àc  ne  point  employer  les  blés  trop 
nouveaux  :  quelque  secs  que  puissent  être  les  grains  quand 
on  les  rentre  ,  ils  contiennent  encore  une  eau  de  végétation  , 
qui  les  rend  pernicieux  si  Ton  en  fait  du  pain  tout  de  suite. 
C'est  cette  eau  qui  fit  périr  en  partie  l'armée  prussienne  en 
Champagne,  dans  l'année  1792.  • 

Pour  conserver  le  blé^  il  faut  le  bien  faire  sécher  et  le  tenir 
net.  On  le  travaille  à  cet  effet  tous  les  quinze  jours,  pendant 
les  six  premiers  mois  ;  il  suffit  ensuite  de  le  cribler  tous  les 
mois.  Après  deux  ans  il  ne  s'échauffe  plus.  Le  grenier  doit  être 
ouvert  au  nord  et  au  couchant,  et  avoir  des  soupiraux  dans  sa 
partie  supérieure. 

Si  on  veut  conserver  le  blé  très-long-temps  ,  on  choisit  le 
plus  beau  et  du  meilleur  crû.  Après  l'avoir  travaillé,  on  en 
fait  un  tas  aussi  gros  que  le  plancher  peut  le  permettre.  On 
met  ensuite  dessus  un  lit  de  chaux  vive  en  poudre  de  trois 
pouces  d'épaisseur;  puis,  avec  des  arrosoirs,  on  humecte  cette 
chaux,  quiformeune  croûte  avec  le  blé.  Les  grains  de  la  super- 
ficie germent  et  poussent  une  tige  que  l'hiver  fait  périr.  On 
ne  touche  à  ce  blé  que  lorsque  la  nécessité  y  oblige.  On  a  vu 
à  Sedan  un  magasin  taillé  dans  le  roc  et  assez  humide  ,  dans 
lequel  il  y  avoit  un  tas  de  blé  très -considérable  depuis  cent 
dix  ans  ;  il  étoit  revêtu  d'-une  forte  croûte  épaisse  d'un  pied  , 
sur  laquelle  on  pouvoit  marcher  sans  qu'elle  obéît. 

On  lit  dans  le  Traité  de  la  conservation  des  grains  ,  par  Duha- 
mel ,  la  description  d'une  sorte  de  machine  que  ce  célèbre 
physicien  a  imaginée  ,  et  qu'il  appelle  un  grenier  de  conseiva- 
tion.  On  peut  donner  à  cette  machine  ,  selon  le  besoin  ,  les 
dimensions  qu'on  veut;  elle  empêche  le  grain  de  s'échauffer; 
elle  le  garantit  des  atteintes  des  rats  ,  des  insectes  et  de  tous 
les  animaux  destructeurs,  et  elle  a  l'avantage  de  contenir  une 
très-grande  quantité  de  blé  dans  le  plus  petit  espace  possible. 
Voici  quelle  est  saconstruclion,  en  la  supposant  d'une  moyenne 
grandeur,  et  propre  à  contenir  mille  pieds  cubes  de  froment. 
On  observera  que  ,  pour  en  conserver  la  même  quantité,  sui- 
vant l'usage  ordinaire,  il  faudroitungrenier  d'environ  soixante 
pieds  de  long  sur  vingt  de  large. 


4o2  B  Tj  F. 

Imagine/,  une  espèce  de  gr<in<lc  cAisse  ayant  Ircize  pieds  en 
carré  et  six  de  hauteur,  dont  les  côtes  et  le  fond  sont  fails 
avec  de  fortes  planches.  Elle  doit  être  posée  sur  un  chantier. 
A  quatre  pouces  de  ce  premier  fond,  il  s'y  en  trouve  un  autre, 
composé  de  deux  rangs  de  tringles  qui  se  croisent  à  angles 
droits,  et  recouvert  dune  forte  toile  de  crin,  laqueUe,ien  empê- 
chant le  grain  de  s'échapper,  laisse  à  lair  un  passage  libre. 
Au  haut  de  la  caisse  est  un  couvercle  plein,  qui  s'oppose  à 
l'entrée  des  soui'is  et  d'autres  animaux.  Cependant  on  y  pra- 
tique quelques  trous  qui  s'ouvrent  et  se  ferment  à  volonté.  On 
met  le  blé  dans  cette  grande  caisse  ;  et  quand  on  veut  lui  don- 
ner de  l'air  pour  le  conserver  en  bon  état ,  on  fait  jouer  des 
soufliets  ou  ventilateurs  imaginés  par  Haies.  Un  homme  ,  à 
l'aide  d'un  levier,  peut  en  faire  jouer  deux. 

Dans  quelques  pays,  colnme  en  Russie  ,  on  fait  des  gre- 
niers souterrains.  On  creuse  pour  cela  des  puits  profonds, 
larges  dans  le  fond ,  e1  étroits  à  leur  embouchure,  en  forme  de 
pain  de  sucre.  Leurs  parois  sont  enduites  de  plâtre  ,  et  l  ou- 
verture est  très- exactement  fermée  avec  des  pierres  de  taille. 
Les  cultivateurs  de  ces  contrées  sont  très -attentifs  à  bien 
sécher  le  blé  avant  de  le  serrer  dans  ces  greniers.  Lorsque 
la  saison  n'est  pas  propre  a  lui  donner  le  degré  de  siccité 
requis ,  ils  le  sèchent  dans  les  granges  ,  au  moyen  de  grands 
fourneaux.  Dans  toute  1  Afrique  ,  on  conserve  les  hlés  dans 
de  pareils  souterrains  ,  auxquels  les  Arabes  donnent  le  nom 
de  mattamore. 

A  Dantzick  ,  les  greniers  ont  communément  sept  et  quel- 
quefois neuf  étages  d'élévation.  A  chaque  étage  est  adapté 
un  entonnoir,  par  lequel  on  fait  couler  le  blé  Ag.  l  un  à  l'autre, 
ce  qui  épargne  la  peine  de  le  descendre.  Ces  greniers  sont 
onlourés  d'eau,  de  manière  que  les  vaisseaux  peuvent  s'en 
approcher  assez  près  pour  recevoir  immédiatement  leur 
chargement  de  blé. 

Dans  certains  endroits  de  l'Angleterre  ,  on  met  dans  lin- 
térieur  des  greniers,  jusqu'à  deux  ou  trois  pieds  de  hauteur, 
des  réseaux  de  fil  d'archal  à  mailles  si  étroites,  que  les  rats  ni 
les  souris  ne  peuvent  passer  à  travers.  Dans  le  comté  de 
Kent ,  afin  de  mieux  aérer  et  sécher  le  blé ,  on  fait  deux  trous 
aux  deux  extrémités  du  plancher,  et  un  au  milieu.  On  jette  le 
grain  par  ces  ouvertures,  des  pièces  supérieures  dans  celles 
du  dessous  ;  il  s'y  trouve  des  cribles  à  deux  cloisons  qui  sé- 
parent et  nettoient  le  blé  de  la  poussière:  il  est  reçu  dans 
un  sac.  On  a  gardé  du  blé  dans  les  greniers  de  Londres  pen- 
dant trente-deux  ans  :  à  Zurich,  dit  le  docteur  Pell,  on 
le  garde  pendant  quatre-vingts  ans. 

L'usage  des  sacs  pour  la  conservation  des  grains ,  comme 


BLE  ^^3 

pour  celle  des  farines  ,  présente  une  foule  d'avantages  que  ne 
peuvent  avoir  les  greniers  les  mieux  entendus. On  peut  placer 
dans  le  môme  endroit,  sans  confusion  ni  mélange  ,  les  grains 
et  les  farines  de  différentes  qualités,  provenant  de  deux  ré- 
coltes. Un  seul  magasin,  quelle  que  soit  sa  construction,  suffit 
pour  serrer  le  hlé  et  la  farine.  Les  particuliers  étroitement 
logés  ont  la  faculté  de  conserver  à  peu  de  frais  leur  provision, 
et  ne  sont  exposés  à  aucun  risque  de  la  part  du  local.  On  peut 
entrer  à  toute  heure  dans  le  grenier ,  sans  gâter  le  grain  en 
marchant  dessus.  On  visite  et  on  déplace  les  sacs  quand  on 
veut  ,  sans  occasioner  de  déchet.  Toutes  les  réparations  que 
le  grenier  exige  peuvent  être  faites  sans  qu'on  soit  obligé  d'eu 
retirer  les  grains,  et  sans  qu'ils  en  souffrent.  SI  les  rats  et  I<".s 
souris  percent  un  sac  ,  ils  ne  peuvent  s'y  retrancher  long- 
temps ,  sont  bientôt  aperçus  ;  et  Ton  peut  se  senlr,  pour  les 
exterminer,  de  tous  les  moyens  connus,  sans  aucun  danger 
pour  la  denrée  :  ces  animaux  ne  peuvent  plus  déposer  leurs 
sécrétions  dans  les  grains,  ni  leur  communiquer  celte  odeur 
et  ce  golit  désagréable  qu'il  est  souvent  très-difficile  de  dé- 
truire entièrement..  L'énorme  déchet  occasioné  dans  les  blés 
et  les  farines ,  soit  par  les  insectes  ,  soit  par  la  fermentation  , 
soit  par  le  remuage;  tous  les  accidens  qui  en  diminuent  la  qua- 
lité et  le  prix,  sont  anéantis  par  le  moyen  des  sacs.  Lorsqu'un 
grain  gâté  menace  de  la  contagion  ceux  qu  11  enloure,  on  n'a 
qu'un  sac  à  séparer  et  à  travailler,  tandis  que  si  le  même  grain 
se  trouvolt  dans  un  tas  de  blé^  il  jetteroit  la  C(irruption  dans  de 
grandesmasses,etll  seroit  difficile  d'en  arrêter  les  effets.  Si  un 
sac  placé  au  fond  d'un  bateau,  ou  resté  un  certain  temps  près 
du  mur,  a  déjà  contracté  une  disposition  à  s'échauffer  et  à  fer- 
menter, on  peut  l'éloigner  des  autres  sacs  ,  le  remplacer  ou 
l'employer.  Enfin  ,  les  grains  et  les  farines  se  trouvant  en  pe- 
tites masses ,  ne  peuvent  jamais  se  nuire  par  leurs  qualités 
différentes. 

Tous  les  soins  pris  pour  conserveries  hlésA^ns,  les  magasins 
éeroient  inutiles,  si,  lorsque  ces  grains  sont  livrés  à  la  circula- 
tion ,  leur  transport  devoit  en  altérer  la  qualité.  Pour  préve- 
nir cet  Inconvénient ,  il  est  bon  de  les  faire  cribler  et  nettoyer 
avant  de  les  voiturer.  Tout  transport ,  surtout  quand  il  est  fait 
par  eau,  ou  dans  un  temps  humide,  enfle  le  grain;  et  lorsqu'il 
est  arrivé  à  l'endroit  du  dépôt  ou  de  la  destination  ,  11  est  plus 
difficile  de  le  nettoyer.  Un  avantage  sensible» résulte  d'ailleurs 
de  son  nettoiement  dans  le  lieu  de  lâchât  ;  on  ne  paye  point 
alors  les  frais  de  voiture  pour  des  pailles  ,  des  poussières  et 
des  graines  étrangères ,  qui  peuvent  occasioner  des  déchets 
depuis  un  huitième  jusqu'à  un  seizième  sur  la  totalité. 

On  doit  aussi,  pendant  le  transport,  garantir  les  grains  de 


494  B  I^  K 

toute  humidité  ;  il  est  plus  sûr  de  les  transporter  en  sacs  quo« 
greniers  ;  ils  sont  alors  moins  exposés  aux  diverses  injures  du 
temps.  Les  grains  humides  rendent  souvent  plus  d'un  dixième 
de  moins  en  farine,  et  cette  farine  sent  presque  toujours  l'é- 
chauffé ;  elle  fait  moins  de  pain;  le  son  même  qui  a  souffert 
de  l'humidité  a  un  mauvais  goût,  les  chevaux  ne  le  mangent 
qu'avec  répugnance.  La  pluie  fait  encore  un  plus  grand  tort 
aux  grains.  Un  We  mouille,  queUfue  bien  qu'on  le  fasse  sécher, 
ne  reprend  jauiais  le  poids  qu  il  avoit  avant  la  mouillure  ;  et 
la  farine  qui  en  provient  n'absorbe  jamais  autant  d'eau  dr.ns 
le  pétrissage  ,  qu'elle  en  auroit  pris  si  le  grain  n'eût  pas  elc 
avarié  par  Ihuuiidilé.  En  général ,  il  y  a  perte  d'un  dixiénie 
dans  le  produit  en  pain. 

VI.  Prix  du  Blé.  —  hc  froment.,  le  seii(Ie  et  l'orge  étant  desti  - 
nés  à  la  nourriture  de  1  homme  ,  leur  prix  dans  le  comnierce 
dépend  de  deux  choses:  premièrement ,  des  demandes  ou  de  la 
consommation  qu'on  en  fait  soit  dans  Tinté  rieur,  soit  au  dehors; 
secondement,  de  la  quantité  de  pain  que  ces  espèces  de  grains 
doivent  fournir,  chacun  suivant  sa  qualité.  C'est  sous  ce  der- 
nier point  de  vue  seulement  que  nous  considérerons  le  prix 
du  f)/é.  Celui  qu  il  acquiert  par  les  spéculations  commerciales 
ne  doit  pas  nous  occuper  dans  cet  ouvrage;  on  peut  lire  sur  cela 
les  livres  d'économie  politique  ,  où  il  est  parlé  du  commerce 
des  grains  ,  et  notamment  1  excellent  Traité  du  commerce  ,  par 
M.  Àrnould  ,  qu'on  trouve  à  Paris  ,  chez  Buisson. 

«  Les  fromens  de  la  première  classe  ,  dit  Beguillet  (  ««/ . 
«  Encycl.).,  sont  rares  dans  les  marchés;  leur  prix  est  toujours 
«  plus  haut  que  la  différence  de  leur  poids  ne  le  demanderoit 
t<  proportionnellement  ;  car  si  le  Ijlé  de  la  dernière  classe,  pe  - 
«  sant  220  livres,  se  vend  i8  liv.,  et  celui  de  la  seconde,  pesant 
«  aSo  livres,  19  liv.;  celui  de  la  première  classe,  pesant  24.0 
«  livres,  devroit  se  vendre  20  liv.  :  mais  comme,  à  mesure  de  la 
.(  pesanteur  du  /»/<"',  la  densité  et  la  sécheresse  de  la  farine  rcn- 
«  dent  plus  de  pain,  le  prix  des  ùlés  de  la  première  classe  est 
«  beaucoup  plus  cher  en  proportion  que  la  différence  de  leur 
u  poids  ne  semble  le  comporter.  Ainsi,  conmie  le  blé  de  la 
«  dernière  classe,  pesant  220  livres,  rendra  à  peine  200  livres 
«  de  pain  de  toute  farine,  et  que  celui  de  la  première  classe  en 
.<  rendra  jusqu'à  25o  livres,  plus  beau  et  meilleur,  la  diffé- 
«  rence  du  prix  du  blé  ne  sera  plus  comme  de  220  à  2|o,  mais 
«  comme  de  200  à  25o.  Il  y  a  plus;  comme  cette  qualité  de  blé 
ix  est  rare  au  marché,  elle  augmente  encore  de  prix  par  sa  ra- 
«  reté ,  et  elle  se  vendra  jusqu'à  22  et  28  livres^,  ce  qui  fait  20 
«  à  25  pour  100  de  plus  que  le  blé  de  la  dernière  classe,  quoi- 
M  que  sa  différence  enpoidsavcc  lui  soit  aupîusde  lopour  100. 

«  Les  blés  barbus  et  les  blés  de  mars  (  qui  sont  aussi  barbus)  , 


BLE  43^ 

«  se  distinguent  des  hlês  d'hioer  ^^v  la  sécheresse  ou  la  rigidité 
«  de  leur  écorcc.  Ils  sont  plus  difficiles  à  moudre,  et  plus  char- 
<'  gés  de  grains  étrangers;  leur  farine  est  aussi  plus  bise  et 
«  moins  aisée  à  travailler,  mais  elle  boit  un  dixième  d'eau  de 
«  plus;  et  par  celte  raison  ,  cdl  blés  sont  recherchés  dans  la 
rt  campagne  ;'ils  ont  pour  eux  la  quantité  du  produit.  Les  blés 
tt  d'hioer  ont  la  délicatesse,  la  blancheur,  la  finesse.  Toutes 
«  cixoses  égales,  ces  derniers  se  vendent  toujours  un  dixième 
"  de  plus  que  les  autres. 

«  Le  seigle ,  dans  le  travail  de  sa  farine  ,  offre  les  m<*me3 
«  difficultés  que  le  /;^' barbu.  Labonne  mouture  de  seigle  coûte 
«  un  quart  plus  cher  que  celle  du  froment,  ])arce  que  ce  grain 
«  est  plus  dur  à  broyer,  et  qu'il  est  plus  difficile  de  l'écurer  du 
«  son;  il  donne  communément  les  trois  quarts  de  son  poids  en 
"  farine ,  le  reste  est  son  et  déchet.  La  fariné  de  seigle  boit  un 
«  bon  dixième  d'eau  de  plus  que  celle  de  froment;  mais  cet 
«  excédent,  pour  le  produit  en  pain,  n'est  que  d'un  douzième, 
«  parce  que  le  pain  de  seigle  étant  plus  difficile  à  cuire,  il  faut 
«  le  laisser  plus  long-temps  au  four,  et  il  y  perd  davantage  de 
«'  son  poids.  Cependant  un  setier  de  seigle  pesant  220  livres, 
«  doit  toujours  rendre  24.0  livres  de  pain.  Compensation  faite 
«  des  avantages  de  ce  produit  avec  les  désavantages  et  la  dif- 
"  ficulté  de  la  mouture  de  la  fabrication  et  de  la  qualité  du 
'"  pain  ,  le  prix  du  seigle  suit  le  prix  du  froment  dans  une  pro- 
«  portion  singulière  ;  c'est-à-dire,  qu'à  mesure  que  le  prix  du 
"  froment  augmente ,  le  prix  du  seigle  se  rapproche  de  lui.  Par 
<*  exemple,  quand  le  froment  est  à  i5  livres  le  setier,  celui 
"  du  seigle  est  à  6  liv.,  qui  sont  les  deux  cinquièmes  du  prix 
«  du  froment;  quand  celui-ci  monte  à  ao  livres,  le  prix  du 
«  seigle  est  à  la  moitié ,  et  vaut  10  liv.  ;  mais  quand  le  froment 
«  se  paye  24  livres ,  le  seigle  vaut  les  deux  tiers  de  ce  prix, 
"  ou  iD  livres;  enfin  quand  le  prix  du  froment  est  porté, 
"  comme  dans  certaines  années ,  à  3o  livres,  le  seigle  se  vend 
«  34- livres  :  d'où  Ton  voit  qu'à  mesure  que  les  subsistances 
"  deviennent  rares,  les  rapports  de  leur  valeur  entre  la  qua- 
*  lité  et  la  quantité  des  blés  changent. 

«  On  fait  assez  rarement  du  pain  d'orge  ;  la  bière  ,  la  tan- 
«  nerie  et  les  basses-cours  en  consomment  presque  toutes  les 

V  récoltes,  sans  compter  celui  qu'on  coupe  en  vert  pour  les 

V  chevauï.  Cependant  la  récolte  des  orges  influe  sur  le  prix 

V  des  blés ,  et  le  prix  de  ce  grain  conserve  toujours  une  pro- 
«f  portion  avec  le  froment  et  le  seigle. 

«  Le  poids  commun  d'un  setier  d'orge,  mesure  de  Paris, 
«  est  de  180  livres  ;  ce  grain  ne  rend  en  farine  que  les  deux 
«  tiers  de  son  poids  ;  mais  cette  farine  est  plus  compacte  et 
(^  plus  sttche  quQ  celle  du  seigle;  elle  boit  un  huitième  d'eau 


496  BLE 

"  de  plus,  et ,  toui  compensé,  i8o  livres  J'orge  produlsenl 
«  i8o  livres  de  pain. 

«  Dans  les  provinces  où  Ton  fait  beaucoup  de  bière,  le  prix 
u  du  vin  influe  sur  celui  de  Torge  ;  car  si  le  vin  est  rare,  la  con- 
«  sommation  de  la  bière  vieq^  à  doubler,  et  alors  ie  prix  de 
«  Torge  ne  garde  plus  de  proportion  avec  le  prix  des  liés.  Mais 
«  en  temps  ordinaire  ,  l'orge  commun  se  vcr.d  un  tiers  au-des- 
«  sous  du  prix  du  sàgk;  ainsi,  quand  le  scigh  vaut  i3  livres 
«  lo  sous  le  setier,  Tor^e  peut  valoir  entre  9  et  10  livres,  sui- 
«  vaut  les  circonstances.» 

On  trouvera  aux  articles  Fromeist,  Seigle  et  Orge,  tout 
ce  qui  est  relatif  à  leur  cullure.  Voyez  ces  mots;  voyez  aussi 
les  mots  Farine  ,  Pain  et  Graiiss. 

Un  citoyen  français,. recommandable  par  ses  vertus  et  ses 
vues  patriotiques,  Larocbefoucauld-Liancourl,  vient  de  f.àre 
un  nouvel  essai  de  la  mélhode  de  planter  le  hlè;  il  s'est  con- 
vaincu qu  elle  est  préférable  à  Tusage  de  le  semer.  Ensuivant 
la  méthode  du  plantage  ,  une  pièce  de  cent  soixante-quinze 
verges  d'un  terrain  ordinaire,  a  produit  sept  cent  six  gerbes 
d'un  hlé  reconnu  pour  être  un  des  plus  beaux  du  canton.  Elle 
avoitété  plantée  avec  vingt-quatre  pintes  de  froment. D'autres 
terres  ont  rapporté  à  proportion ,  et  dans  le  rapport  de  quatre- 
vingts  à  cent,  cent  trente  pour  un.  Mais  ce  n'est  pas  encore  là 
le  principal  avantage duplantagc:parcelte  méthode, M. Lian- 
court  a  épargné  au  moins  dix  setiers  de  hlè.  Elle  ajoute  donc 
aux  njoyens  de  cousounnation.  La  main-d'œuvre  n'en  est  pas 
plus  chère  ,  puisqu'on  peut  y  employer  des  cnfans;  par  ce 
moyen,  le  plantage  dune  verge  ne  coûte  pas  tout- à -fait  un 
sou.  Elle  n'est  pas  plus  longue,  puisqu'on  voit  des  fermiers,  eu 
Angleterre,  qui  plantent  ainsi  deux  cent  cinquante  acres  dans 
une  année.  M.  Liancourt  a  substitué  aux  plantoirs  de  bois 
des  plantoirs  de  fer,  appesantis  par  du  plomb  ;  ce  qui  fatigue 
moins  l'ouvrier,  et  rend  les  trous  plus  uniformes. 

On  a  proposé  ,  il  y  a  quelques  années,  d'après  le  maréchal 
de  Vauban  ,  de  manger  le  hU  en  soupe  ,  sans  être  moulu,  en 
le  faisant  bouillir  pendant  deux  ou  trois  lieures  dans  l'eau  ,  et 
en  y  ajoutant ,  lorsqu'il  est  crevé  ,  un  peu  de  sel  ,  de  beurre 
ou  de  lait.  Cet  aliment  est  assez  bon,  n'est  point  malsain,  et 
peut  être  employé  lorsqu'il  y  a  disette  de  farine,  ou  lorsqu'elles 
sont  échauffées  et  à  demi-pouries  ;  mais  il  ras.sasie  plus  qu'il 
ne  nourrit,  et  la  soupe  ordinaire  lui  est  préférable.  Le  />/^' n'est 
devenu  aliment  privilégié  que  du  moment  où ,  par  la  fermen- 
tation ,  c'est-à-dire,  à  l'aide  du  levain,  on  est  parvenu  à  lui 
donner  l'état  panaire  ;  <lans  l'état  de  blé ^  de  farine,  ce  n'est 
point  une  nourriture  saine,  (d.) 

iiLÉ   D'ABOjNDANCE.  Variété   de   FKOMiLNi  ,   dont 


B  î.  E  ^3, 

î'épl  est  fort  gros,  fortjong  et  accompagné  de  plusieurs  au- 
tres ,  mais  dont  le  grain  est  sujet  à  avorter,  petit  et  peu  pourvu 
(le  farine.  On  Ta  beaucoup  vanté  ,  mais  rarement  cultivé 
plusieurs  années  de  suite,  (b.) 

BLÉ  AVRILLET.  Synonyme  de  Froment  de  mars,  (b.) 
BLÉ  BARBU.  Froment  pourvu  de  Barbes  ou  Arêtes. 

(B.) 

BLE  DE  CANARIE.  On  donne  ce  nom  à  TAlpiste. 
Il  en  est  de  beaucoup  de  sortes,  (b.) 

BLÉ  CARIE.  Fromeist  dont  le  grain  est  altéré  par  la 
Carie.  F.  ces  mots  ,  ainsi  que  ceux  lii.É  et  LTrédo.  (b.) 

BLÉ  CHARBONNÉ.  Froment  dont  le  Charbon,  Utedu 
segelum  ,  a  détruit  les  grains  en  tout  ou  en  partie.  V.  les 
i>u)ts  Blé  et  Uredo.  (b.) 

BLÉ  CORNU.  Synonyme  de  Seigle  ergoté.  F.  ce  mot. 

BLE  ERGOTE.  Seigle  dont  une  partie  des  grains  est 
transformée  en  un  Champignon  parasite  du  genre  des 
Sclérotes.  V.  ces  mots  et  Blé  (b.) 

BLE  D'ESPAGNE.  Nom  vulgaire  du  Maïs  dans  beau- 
coup de  lieux,  (b.) 

BLÉ  DE  GUINÉE.  Le  Sorgho  s'appelle  ainsi  dans 
quelques  cantons,  (b.) 

BLÉ  D'HIVER.  C'est  le  Froment  qui  se  sème  en  au- 
tonnie.  (b.) 

BLÉ  D'INDE.  Quelques  personnes  appellent  ainsi  le 
Maïs,  ^(b.) 

BLÉ  LOCULAR.  Nom  vulgaire  du  froment  à  une  seule 
graine  (trUirum  monococcum  )  ,  Linn.  (c.) 

BLE  DE  MARS.  C'est  le  froment  que  l'on  a  semé  dans 
le  courant  de  ce  mois,  (desm.) 

BLÉ  MARCEL  ou  MARCET.  Synonyme  de  Blé  be 
mars.  ,(b.) 

BLÉ  MÉTEÏL.  Seigle  et  Froment  semés  ensemble.  Ce 
mélange,  jadis  fort  en  faveur,  est  aujourd'hui  repoussé  par 
tous  les  cultivateurs  éclairés,  (b.) 

BLÉ  DE  MIRACLE.  C'est  la  même  chose  que  le  Blé 
d'abondance,  (b.) 

BLÉ  DE  NAGBOUR.  Variété  de  froment  que  Cossi- 
gny  regarde  comme  la  plus  parfaite,  attendu  qu'elle  ne  re:;te  , 
dans  rinde,  que  quatre  mois  en  terre.  Son  grain,  fort  gros, 
ne  conlienl  presque  pas  de  son,  et  fournit  un  excellent  pain. 

BLE  NOIR.  Synonyme  de  Sarrasin,  (b.) 
BLÉ  DE  PROVIDENCE.  Variété  de  Froment  sur 
laquelle  les  cuUIvalcurs  ne  sont  pas  d'accord,  (b.) 


49»  s  ^  î^ 

BLÉ  DE  ROME.  F.  Maïs.(b.) 

BLÉ  ROUGE.  Le  Sarrasin  porte  ce  nom  dans  quelques 
lieux;  dans  d'autres,  c'est  le  Mélampyre  des  champs,  (b.) 

BLÉ  DE  LA  SAINT-JEAN.  Variété  de  seigle  qui  se 
sème  au  milieu  de  l'été,  et  qui  se  coupe  plusieurs  fois  pouf 
fourrage,  (b.) 

BLÉ  DE  SMYRNE.  Synonyme  deBLÉD'ABOîniANCE.(B.) 

BLÉ  DE  TARTARIE  ou  BLÉ  NOIR  DE  BAR- 
BARIE, y.  Sarrasin,  (desm.) 

BLÉ  TREMOIS.  Le  Froment  qui  se  sème  en  marfe 
s'appelle  assez  généralement  ainsi ,  parce  qu'il  n'est  que 
trois  mois  en  terre.  (B.) 

BLÉ  DE  TURQUIE.  C'est  le  nom  sous  lequel  le  Maïs 
est  le  plus  généralement  connu  dans  le  Midi  de  la  France,  (b.) 

BLÉ  DE  VACHE.  Nom  vulgaire  du  Mélampyre  des 
CHAMPS.  La  Saponaire  et  le  Sarrasin  le  portent  quelque- 
fois. (B.) 

BLE\K  et  BLIKKE.  C'est  le  Cyprin  able.  (b.) 

BLECCA.  F.  Blicca.  (b.) 

BLÈCHE,  Blechum.  Genre  de  plantes  établi  par  Jussieu  , 
Annales  du  Muséum,  pour  placer  trois  espèces  que  Liunœus 
avoit  rangées  parmi  les  crustolles  (  rue//ui  ).  Ces  espèces  dif- 
fèrent par  deux  appendices  qui  accompagnent  la  graine.  La 
Crlstolle  BLÈCHE  sert  de  type  à  ce  genre,  (b.) 

BLEC'vE.  Nom  norwégil-n  du  Merlan,  (b.) 

BLÉDA.  On  appelle  ainsi  la  Bette  poirée,  dans  le  Midi 
de  la  France,  (b.) 

BLÈGNE.  Le  Corégone  marénule  porte  ce  nom  dans  le. 
Nord.  ,(b.) 

BLÈGNE,  Blerhnum.  Genre  de  plantes  de  la  cryptogamie, 
et  de  la  famille  des  Fougères  ,  dont  la  fruciificiiiion  est  dis- 
posée en  deux  lignes  longitudinales,  parallèles,  rapprochées 
de  la  côte  ou  nervure  moyenne  des  feuilles  ,  et  dont  les  folli- 
cules sont  entourées  d'un  anneau  élastique. 

Ce  genre  est  composé  d'une  vingtaine  d'espèces,  venant 
de  TAmérique  ,  de  l'Afrique  et  de  la  partie  orientale  de 
l'Asie.  Toutes  ont  les  feuilles  pinnées  ou  bipinnées  ,  et  s'élè- 
vent peu,  excepté  celle  du  Japon,  qui ,  d  après  Thunberg , 
est  une  des  plus  grandes  fougères  connues. 

Smith  a  fait ,  à  ses  dépens  ,  son  genre  Voodwardie.  (b.) 

BLEiCKE.  Nom  que  donnent  les  Allemands  au  Cyprin 

LARGE,  (b.) 

BLEIGLANTZ ,  Plomb  éclatant.  Nom  allemand  du 
plomb  sulfuré    ou   galène  à  larges   facettes.    Voyez.  Plomb 

SULFURÉ.    (LUC.) 


BLE  4gg 

BLEINDE  LÉGÈRE  ou  Bleinde  véritable,  M.  Mon- 
net a  décril  le  premier,  et  fait  connoître  sous  ce  nom  ,  mi  mi- 
néral ferrugineux  des  environs  de  FreyLerg  ,  que  nous  décri- 
rons à  rarticle  de  ce  métal.  V.  Fer  oxyde  resimoïde,  (luc.) 

BLEISCHWEIF.  Nom  donné  par  les  Allemands  au 
plomb  sulfuré  compacte,  ou  à  grains  extrêmement  fins,  (luc.) 

BLEISPATH  (Spath  de  plomb),  communément  P/omi 
blanc ^  Axissi  Plûmb  spalhiqiie.  V.  Plomb  CARBONATE,  (llc.) 

BLEITZEN,  On  appelle  ainsi  la  Brème  dans  quelques 
cantons  de  l'Allemagne,  (b.) 

BLEINDE  ou  SULFURE  DE  ZINC.  Ce  mot  signifie 
substance  qui  trompe  ,  parce  qu  elle  ressemble  quelquefois  à 
la  galène  ou  plomb  sulfuré;  on  Tappelle  aMSÛ  fausse  galène. 
V.  Zinc  sulfuré,  (pat.) 

BLENDE  CHARBONNEUSE  ou  KOHLEN- 
BLENDE.  Nom  donné  par  De  Born  à  T Anthracite.  V.  ce 
mot. 

BLENNE  ou  BLENNIE,  Blennius.  Genre  de  poissons 
de  la  division  des  Jugulaires,  dont  le  caractère  est  :  corps 
et  queue  allongés  et  comprimés  ;  deux  rayons  au  moins  ,  et 
quatre  au  plus  ,  à  chacune  des  nageoires  jugulaires. 

Les  sous-gcnres  suivans  ont  été  établis  par  Cuvier  aux 
dépens  de  celui-ci  :  Cline  ,  PuoLis  ,  Salarias  ,  Gonnelle 
et  Opistognatiie. 

La  première  division  des  hlennies  comprend  celles  qui 
ont  deux  nageoires  sur  le  dos  ,  et  des  filamens  ou  appendices 
&\XT  la  îéte.  On  y  compte  deux  espèces  ,  savoir  : 

Le  Blenme  lièvre,  Blennius  ocellaris ,  Linn. ,  qui  a  un 
appendice  non  palmé  au  -  dessus  de  chaque  œil  ,  et  une 
grande  tache  œillée  sur  la  première  nageoire  du  dos.  Il  se 
trouve  dans  la  Méditerranée  ,  où  il  atteint  rarement  un  pied 
de  long.  C'est  le  lihre  de  mer,  ou  hlennîe  à  mouche  des  Fran- 
çais. 11  est  verdâtre  ,  avec  des  bandes  irrégulières  plus  fon- 
cées; son  corps  est  toujours  enduit  d  une  mucosité  très-abon- 
dante ;  ses  écailles  sont  très-petites  ;  ses  mâchoires  sont 
armées  d'un  seul  rang  de  dents  ;  sa  chair  est  médiocre. 
V.  pi.  A.  18  ,  où  il  est  figuré.  • 

Le  Blennie  phycis  a  un  appendice  auprès  de  chaque  na- 
rine ,  et  un  barbillon  à  la  lèvre  inférieure.  Il  se  trouve  éga- 
lement dans  la  Méditerranée.  C'est  la  plus  grande  espèce 
de  ce  genre ,  puisqu'elle  atteint  plus  de  deux  pieds  de  lon- 
geur.  Les  pêcheurs  l'appellent  molle.  Ses  couleurs  varient  sui- 
vant les  saisons ,  mais  le  rouge  en  fait  toujours  le  fond  ;  sa 
forme  le  rapproche  àesgades. 

La  seconde  diyisioa  comprend  les  llcnnies  qui  ont  uu^ 


aoo  BLE 

seule  nageoire  dorsale  ,  et  des  filamens  ou  appendices  sur  la 
tcte.  Klle  renferme  dix  espèces;  savoir  : 

Le  Ble>>me  MÉDlTEiiRA>'ÉEN ,  qui  a  deux  barbillons  à  la 
niâchoire  supérieure  et  un  à  rinférieure.  C'était  un  Gade 
pour  Linnaeus.  Son  nom  indique  la  mer  qu'il  habite. 

Le  Blennie  gattorugine  a  un  appendice  palmé  au- 
dessus  de  c'naque  œil ,  et  deux  appendices  semblables  auprès 
de  la  nuque.  Il  habite  l'Océan  atlantique  et  la  Méditer- 
ranée. V.  pi-  A.  i8  ,  où  il  est  figuré.  Sa  chair  est  agréable 
au  goût. 

Le  Blennie  sourcilleux  a  un  appendice  palmé  au- 
dessus  de  chaque  œil ,  et  la  ligne  latérale  courbe.  11  est 
figuré  dans  Bloch,  pi.  i68,  et  dans  plusieurs  autres  ouvrages. 
Il  habite  les  mers  de  l'Inde.  Le  fond  de  sa  couleur  est  un  jaune 
d'or  brillaait ,  parsemé  de  taches  rouges,  qui  produisent  l'effet 
de  rubis  ,  de  diamans  et  de  topazes,  lorsqu'on  les  considère 
sous  un  certain  jour.  Il  est  vivipare. 

Le  Blennie  cornu  a  un  appendice  non  palmé  au-dessus 
de  chaque  œil.  Il  vil  dans  les  mers  de  l'Inde. 

Le  Blennie  tentacule  a  un  appendice  non  palmé  au- 
dessus  de  chaque  œil ,  cT  une  tache  œillée  sur  la  nageoire  du 
dos.  On  le  pèche  dans  la  Méditerranée  ;  il  se  rapproche 
beaucoup  du  précédent. 

Le  Blennie  sujéfien  a  un  très-petit  appendice  non  palmé 
au-dessus  de  chaque  œil  ;  la  ligne  dorsale  courbe;  la  nageoire 
du  dos  réunie  à  celle  de  la  queue.  C'est  le  hlcnnius  simm  de 
Linn:eus.  Il  a  été  figuré  par  Sujef,  dans  les  Actes  de  l'Aca- 
démie de  Scnni-Pélersbourg  ^  année  1779,  tab.  6.  On  ignore 
quel  est  son  pays  natal. 

Le  Blennie  fascié  a  deux  appendices  non  palniés  entre 
les  y«ux ,  et  quatre  à  cinq  bandes  transversales.  Il  est  figuré 
dans  Bloch  ,  tab.  162  ,  et  vit  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Blennie  coquillade  ,  Blcnnius  gcdcrita  ,  Linn. ,  a  un, 
appendice  cutané  et  transversal.  Il  se  trouve  dans  les  mers 
d'Europe  ,  et  principalement  dans  la  Méditerranée.  II  est 
figuré  dans  Rondelet,  liv.  G,  chap.  21.  Sa  couleur  est  brune, 
mouchetée  en  dessus,  et  d'un  vert  foncé  en  dessous.  11 
n'atteint  jama*  un  pied  de  longueur  :  sa  chair  est  molle  et 
huileuse. 

Le  Blennie  sauteur  a  un  appendice  cartilagineux  et  lon- 
gitudinal ;  les  nageoires  pectorales  presque  aussi  longues  que 
le  corps  proprement  dit  ;  deux  rayons  seulement  à  chacune 
des  nageoires  jugulaires.  11  a  été  découvert  par  Commerson, 
dans  la  mer  du  Sud.  Il  préfère  les  lieux  parsemés  de  rochers. 
Il  est  à  peine  long  de  quatre  pouces.  Il  semble  voler  ou  sau- 
ter sur  la  surface  des  eaux ,  tant  ses  mouvemcns  sont  rapides. 


B  1.  E  5ot 

Aussi  SCS  nageoires  peclorales  sont-elles  très-grandes,  pres- 
que aussi  longues  que  son  corps,  comme  celles  des  poissons 
volans. 

Le  Rlennie  pinaru,  Blennms  crislatus^  Linn. ,  a  un  appen- 
<lice  filamenteux  et  longitudinal,  et  trois  rayons  à  chacune 
des  nageoires  jugulaires.  On  le  trouve  dans  les  mers  des 
Indes  et  d'Amérique. 

La  troisième  division  renferme  les  blennies  qui  ont  deux 
nageoires  dorsales  ,  et  point  de  barbillons  ni  d'appendice  sur 
ia  tête,  c'est-à-dire,  trois  espèces. 

Le  Ble^N[egadoÏde,  Gadus  albidus  ^  Linn.,  a  un  filament 
au-dessous  de  l'extrémité  antérieure  de  la  mâchoire  d'en  bas; 
deux  rayons  seulement  à  chacune  des  jugulaires.  Il  habite  la 
Méditerranée,  et  rarement  a  un  pied  de  long.  11  est  blan- 
châtre ,  avec  la  Icte  rouge  :  sa  chaire  est  molle.  11  forme  le 
passage  entre  les  gades  et  les  blennies. 

Le  Blen>'ie  BELETTE,  qui  n'a  point  de  filament  à  la  mâchoire 
inférieure;  trois  rayons  à  la  première  nageoire  du  dos;  deux 
rayons  seulement  à  chacune  des  nageoires  jugulaires.  Il  a  été 
découvert  dans  les  mers  des  Indes. 

Le  BLENMETRlDACTyi.E,qui-a  un  filament  au-dessous  de  l'ex- 
trémité antérieure  de  la  mâchoire  inférieure,  et  trois  rayons 
à  chacune  des  nageoires  jugulaires.  C'est  le  gade  trident  de 
quelques  auteurs.  Il  est  l)run,  avec  les  lèvres  et  le  bord  de  la 
membrane  branchiale  d'un  blanc  éclatant.  Il  se  trouve  dans 
les  mers  d'Angleterre. 

Enfin  ,  la  quatrième  division  réunit  les  blennies  qui  ont 
une  seule  nageoire  dorsale ,  point  de  barbillons  ni  d'ap- 
pendices sur  la  tète.  On  y  compte  huit  espèces. 

LcBlennie  pholis,  qui  a  les  ouvertures  des  narines  tubercu- 
leuses et  frangées ,  et  la  ligne  latérale  courbe.  11  habite  l'Océan 
et  la  Méditerranée;  sacouleurest  olivâtre, parsemée  détaches 
blanches  et  brunes.  Il  se  plaitparnii  les  varecs  ,  dans  la  vase, 
et  même  dans  les  trous  de  rochers;  de  là  le  nom  de  perce- 
pieire  ^  qu'on  lui  donne  dans  quelques  endroits.  Son  corps  est 
enduit  d'une  humeur  ou  bave  très-abondante  et  très-visqueuse, 
d'où  lui  vient  le  nom  de  bax'euse^  qu'il  porte  dans  quelques 
autres.  Il  se  nourrit  de  petits  poissons,  de  petits  crabes  et  de 
petits  coquillages.  Saint- Amand  en  a  trouvé  un  jeune  qui  étoit 
renfermé  dans  une  coquille  d  huître.  11  a  la  vie  très-dure, 
cl  se  défend,  en  mordant,  contre  ceux  qui  veulent  le  prendre. 
Sa  chair  est  peu  estimée,  parce  qu'elle  est  dure  et  sèche. 
Aristote  l'a  connu. 

Le  Bleisnie  boscien  ,  qui  a  la  mâchoire   inférieure    plus 


r>02  B  L  E 

avancée  que  la  supérieure ,  l'ouverture  de  l'anus  à  la  moitié 
du  ventre,  la  nageoire  de  Tanus  réunie  à  celle  de  la  queue, 
et  composée  d'environ  dix-huit  rayons.  Il  est  figuré  pi.  i3 
du  second  vol.  AeV Histoire  naturelle  des  Poissons ^  par  Lacé- 
pède.  Il  se  trouve  sur  les  côtes  de  l'Amérique  septentrionale 
où  je  Tai  observé,  décrit  et  dessiné.  Il  atteint  rarement  quatre 
pouces  de  long  :  son  corps  est,  en  apparence ,  dénué  d'écail- 
lés :  sa  couleur  est  d'un  vert  foncé  ,  tacheté  de  brun  et  fascié 
de  blanc. 

Le  B  LENNiE  OVOVIVIPARE,  Blennius  vivipanis,  Linn. ,  qui  a  leS 
ouvertures  des  narines  tuberculeuses,  mais  non  frangées,  la 
ligne  latérale  droite,  la  nageoire  de  l'anus  réunie  à  celle  de 
la  queue,  et  composée  de  plus  de  soixante  rayons.  Il  habite 
dans  l'Océan  atlantique  septentrional ,  et  principalement 
auprès  des  côtes  européennes,  où  il  est  connu  sous  le  nom 
de  loie  vioipare.  Voyez  pi.  A.  i8,  où  il  est  figuré.  C'est  le 
plus  célèbre  du  genre  ,  non  à  cause  de  sa  grandeur  ,  qui 
surpasse  rarement  deux  pieds,  non  à  cause  de  sa  chair,  qui 
est  peu  agréable  au  goilt,  mais  parce  qu'il  est  le  premier  pois- 
son vivipare  sur  lequel  on  a  fait  des  observations  précises. 

On  dit  viiûpare,  pour  se  conformer  à  l'usage  ;  car  aucun 
poisson  ne  Test  véritablement  :  les  œufs  de  tous  ceux  qu'on 
a  appelés  vi\>ipares  éclosenl  dans  le  ventre  de  leur  mère. 
(  r.  au  mot  PoissOM  ).  Aussi  Lacépède  a-t-il  altéré  le  nom 
spécifique  de  celui-ci ,  en  l'appelant  oQOiwipare.  On  le  connoît 
également  sous  le  nom  de  mustel/e  vii'ipare. 

L'ouverture  de  la  bouche  de  ce  blennie  est  petite  ;  ses  lèvres 
sont  épaisses,  sa  mâchoire  supérieure  plus  avancée  cl  garnie  , 
ainsi  que  l'inférieure ,  d'un  grand  nombre  de  petites  dents. 
L'orifice  de  ses  narines  est  placé  sur  un  petit  tube  non  frangé; 
ses  écailles  sont  petites,  ovales  ,  blanches  ou  jaunâtres,  bor- 
dées de  noir;  sa  gorge,  ses  nageoires  anale  et  dorsale  sont 
jaunâtres;  cette  dernière  est  tachée  de  noir.  Une  humeur 
visqueuse  abondante  recouvre  son  corps  et  le  pénètre  même 
entièrement.  Il  a  environ  cinq  pouces  de  long. 

Le  mâle  de  ce  poisson  doit  féconder  sa  femelle  par  un  ac- 
couplement réel;  mais  on  n'a  pas  d'observation  qui  en  in- 
dique le  mode.  Toutes  cellesqui  ont  été  faites,  ne  concernent 
que  le  développement  des  œufs  et  l'accouchement  de  la  fe- 
melle. C'est  au  milieu  du  printemps  qu'on  commence  à 
voir  des  œufs  dans  les  ovaires  de  cette  dernière;  ils  sont  alors 
blanchâtres  et  extrêmement  petits.  Au  milieu  de  juin,  ils  sont 
devenus  rouges  et  ont  acquis  une  grosseur  plus  considérable. 
Dans  le  mois  suivant,  ils  s'allongent  ctprésentent,àun  deleurs 
bouts,  deux  points  noirâtres  qui  sont  les  yeux  du  fœtus.  Bien- 


15  T.  E  5,3 

tôt  l'œuf  se  crève,  et  le  fœtus  fait  sortir  successivement  toutes 
les  parties  (le  son  corps,  qui  reste  cependant  revêtu  d'une 
membrane  transparente. 

Cependant  Tovaire  s'étend  pour  se  prêter  au  développe- 
ment des  fœtus;  il  se  remplit  d'une  liqueur  épaisse,  blan- 
châtre, un  peu  sanguinolente,  insipide,  et  doYil  la  substance 
présente  des  fibres  nombreuses,  disposées  autour  du  fœtus 
comme  un  léger  duvet,  et  propres  à  les  empêcher  de  se  froisser 
mutuellement.  Quelques  auteurs  ont  écrit  que  ces  filets  étoient 
des  cordons  ombilicaux;  mais  le  simple  raisonnement  suffi! 
pour  convaincre  qu'un  embryon  qui  a  été  isolé  dans  un  œuf, 
ne  peut  pas  s'attacher  ensuite  à  sa  mère  à  la  manière  de  ceux 
<les  quadrupèdes.  En  effet ,  la  liqueur  qui  est  destinée  à  la 
nourriture  des  embryons,  s'éclaircit,  et  les  filets  disparois- 
sent  avant  la  sortie  des  petits  du  ventre  de  la  mère,  sortie 
qui  n'a  lieu  qu'au  bout  de  plusieurs  mois ,  et  qui  s'effectue 
presque  toujours  dans  la  grande  mer,  le  blennie  ovoowipare,  au 
contraire  des  autres  poissons,  s'éloignant  des  côtes  à  cette 
époque. 

On  a  compté  jusqu'à  trois  cents  petits  dans  le  ventre  d'une 
femelle  de  cette  espèce,  et  la  plupart  avoient  un  pouce  de 
long. 

Le  BLE>nviE  ouîîNEL,  qui  a  le  corps  très-allongé;  lesnageoires 
du  dos  ,  de  la  queue  et  de  l'anus,  distinctes  1  une  de  l'autre  ; 
celle  du  dos  très-longue  et  très-basse;  neuf  à  dix  taches 
rondes,  placées  chacune,  à  demi,  sur  la  base  de  la  nageoire 
dorsale ,  et  à  demi  sur  le  dos  de  l'animal.  On  le  trouve  dans 
les  mers  d'Europe ,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  papillon 
de  mer.  Il  est  très-remarquable  par  sa  forme  comprimée 
et  allongée  comme  celle  de  la  murène^  et  par  sa  couleur  d'un 
gris  jaunâtre  en  dessus  et  blanche  en  dessous.  Les  nageoires 
dorsale  et  caudale  sont  jaunes;  les  pectorales  et  l'anale  sont 
orangées.  Sa  chair  est  dure  et  ne  sert  guère  que  pour  faire 
des  appâts. 

Le  Blennie  pointillé,  qui  a  lesnageoires  jugulaires  presque 
aussi  longues  que  les  pectorales;  une  grande  quantité  de  points 
autour  des  yeux,  sur  la  nuque  et  sur  les  opercules.  Il  estfiguré 
dans  V Histoire  naturelle  dès  Poissons,  par  Lacépède,  pi.  12, 
vol.  2. 

Le  Blennie  garamit  a  quelques  dents,  placées  vers  le 
bout  du  museau,  plus  crochues  et  plus  longues  que  les  autres. 
11  habite  la  mer  Bouge,  où  il  a  été  observé  par  Forskaè'l,  qui 
l'a  placé  parmi  les  gades ,  sous  le  nom  de  gadus  salarias. 

Le  Blennie  lumpène,  quiadestachestransversales  et  trois 


so4  n  T.  E 

rayons  .^  chaque  nngeoirc  jugulaire.  ()n  le  trouve  dans  les 
mers  d  ILurope;  il  se  plaît  parmi  les  varees  des  rivages. 

Le  IÎLE>NiE  TORsK,  qui  a  un  barbillon  à  la  mâchoire  infe'- 
rieure;  les  nageoirj's  jugulaires  charnues  et  divisées  chacune 
en  quatre  lobes.  H  habile  les  nters  <lu  nord  de  l'Europe. 

Les  BLE>'iNfES  BRÉA ,  Paon  ,  Etoile  ,  Tripteronote  , 
AuDiFREDi.  yVHr.FNTÉ,  sont  des  espèces  nouvelles  de  la 
merde  iSice,  observées  par  Risso.  (lî.) 

BLEN^OÏDE.  iNom  spécifique  d  un  Gade  et  d'un  Mu- 

RE>^OÙ)E.  (B.) 

BLEPHARE,  Blepharis.  Genre  de  plante  établi  par  Jus- 
sieu ,  pour  séparer  des  Acantes  quelques  espèces  qui  ont 
un  calice  double,  linlérieur  a  cpialre  divisions,  donl  deux 
plus  grandes  ,  l'extérieur  a  quatre  folioles  ciliées  ;  trois  brac- 
tées également  ciliées;  un  stigmate  entier. 

Les  espèces  qui  forment  ce  nouveau  genre  sont  petites, 
rameuses;  leurs  feuilles  sont  verliclllées  quatre  par  quatre, 
et  leurs  fleurs  solitaires  ou  terminales. 

Une  de  ces  espèces,  TAcante  comestible,  se  mange 
en  guise  d'épinards  en  Egvple  et  en  Arabie,  (b.) 

BLEREAU.  /.Blaireau.  (DESM.) 

BLEUIE,  BLERY.  iNoms  picards  de  la  Foulque,  (v.)   . 

BLET.  Nom  vulgaire  de  TArrocue  de  Tartarie,  ^l'em- 
bouchure  (hi  Rhône.  (B.) 

Bl^ETE,  Blituni.  (ieure  de  plantes  de  la  monandrie  di- 
gvnie,  et  de  la  famille  des  chénopodées,  donl  les  caractères 
sont  :  un  calice  persistant ,  ouvert  et  divisé  en  trois  par- 
ties; une  étamine  plus  longue  que  le  calice;  un  ovaire  su- 
périeur, ovale,  pointu,  surmonté  de  deux  styles  dont  les 
stigmates  sont  simples;  une  semence  globuleuse,  compri- 
mée,  recouverte  par  le  calice  qui  est  devenu  succulent  et 
bacciforme. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces  propres  à  TEurope  et  à 
l'Asie  tempérée:  leurs  feuilles  sont  alternes,  triangulaires, 
péliolées;  leurs  lleurs  disposées  engroupes  sessiles,  axillaires 
ou  terminaux;  leurs  fruits  semblables  à  des  fraises,  mais 
insipides.  Elles  sont  annuelles.  (B.) 

BLETTE.  C'est  laBETTERAVEPOIRÉE.  (B.) 

BLÉTIE,  Blelia.  riante  du  Pérou,  qui  forme  ,  dans  la 
gynandrie  diandrie,  et  dans  la  famille  des  orchidées,  un 
genre  donl  les  caractères  consistent  en  une  corolle  renversée, 
composée  de  cinq  pétales,  dont  trois  extérieurs  lancéolés 
et  deux  intérieurs  ovales,  deux  fois  plus  larges;  en  un  nectaire 
à  lèvre  inférieure  carénée,  à  trois  lobes  ,  dont  l'intermédiaire 
est  presque  encœur  et  très  grand;  à  lèvre  supérieure  oblouguc, 


B  L  T  So 

îincaîrc,  un  peu  courbée,  canallculée;  on  un  operculecon- 
cavc,  à  huit  loges  ,  recouvrant  l'étamine  ;  en  une  étamine  Irès- 
courtc,  à  huit  anthères  dont  quatre  plus  pclilcs;  en  un  ovaire 
inférieur,  attaché  à  la  lèvre  supérieure  du  nectaire  ,  à  stig- 
mate concave;  en  une  capsule  ohlongue,  uniioculaire  ,  tn- 
valvc,  cl  contenant  un  grand  nombre  de  semences. 

Ce  genre  renferme  huit  espèces,  dont  une  est  le  LlMO- 
DOUE  do  Tankervillc  ,  qui  se  cultive  dans  nos  jardins.  Il 
n'est  pas  adopté  par  tous  les  botanistes,  (b.) 

ELKIJ.  Poisson  du  genre  S(^UAI,E.  (u.) 

BLEU   D'AZUR  ou  D  OU ITvEMER.  V.  Lazuliie. 

(LUC.) 

BLEU  DE  COBALT  ou  de  TIIENARD.  On  connoîi 
sous  ce  nom,  dans  le  commerce  une  couleur  bleue,  qui  riva- 
lise, par  sa  solidité  et  l'éclat  de  ses  nuances,  avec  celle  qui 
est  connue  depuis  long-Icmps  sons  le  nom  dV;M//Yv?/^r.  Elle  a^ 
sur  cette  deiTiière,  l'avantage  de  <;o(^ter  beaucoup  moins,  et 
elle  peut  être  employée,  comme  elle,  dans  la  peinture  à 
l'aquarelle  et  dans  la  peinture  à  l'huile;  de  plus,  on 
l'applique  sur  la  porcelaine.  M.  Thenard,  à  qui  les  arts  en 
sont  redevables,  l'a  obtenue  en  traitant  par  la  calcination  un 
phosphate  de  cobalt  mêlé  d'alnmine. 

Ce  métal  fournit  encore  le  snialt  et  le  safre^  qui  sont  em- 
ployés <à  la  coloration  du  verre  en  bleu,  et  à  celle  de  l'em- 
pois d<'  la  même  couleur.  V.  Cobalt,  (luc.) 

BLEU  DE  MONTACNE.  V.  Cuivre  carbonate,  (luc.) 
BLEU  DE  PRUSSH:  NATIF.  V.  Fer  phosphaté,  (luc.) 
BLLU  D'INDE.  V.  Indigo. 
BLEU  DORÉ.  Nom  spécifique  du  Harpe,  (b.) 
BLEU  D'OUTRE  MER.  V.  Lazulite.(s.) 
BLEU-MANTEAU.  Nom  picard  du  Goéland  cendré. 

BLEU  MARTIAL  FOSSILE.  T.  Fer  phosphaté,  (luc.) 
liLEUET..  Nom  vulgaire  de  l'AlRELLE.  (s.) 
BLEUET.  C'est,  en  Provence,  le  nom'du  Martin-pê- 
cheur, (v.) 

BLEU-VERT.  Oiseau  que  Lalham  a  classé  dans  le  genre 
Gui>PiER.  V.  ce  mot.(v.) 

BLEY.  Nom  hollandais  du  Cyprin  large,  (b.) 
BLEYBLICKE.  C'est  encore  le  Cyprin  large,  (b.) 
BLEYE.  Nom  de  la  Brème  en  Saxe,  (b.) 
BLICCA.  On  donne  ce  nom,  en  Suède,  à  plusieurs  Cy- 
prins, (b.) 

BLICTA.  Le  Corégone  able  porte  ce  nom  en  Suède. 


So6  B  L  IJ 

BLIECKE.  V.  Cyprin  large,  (b.) 

BLIGHIE,  BUghia.  (ienre  établi  par  Koenig,  mais  qui 
ne  diffère  pas  de  TAkéésie  de  Tussac.  (b.) 

BLIKEN.  Nom  que  les  Irlandais  donnent  à  TEider  mâle. 

(V.) 
BLIMBING.  Synonyme  de  BiLiMBl.  (b.) 

BLINDS.  Le  Gade  bib  porte  ce  nom  en  Angleterre,  (b.) 

BL1XE  ,  BUxa.  Genre  de  plante  établi  par  Richard,  dans 
ies  Mémoires  de  Tlnstltut,  pour  Tannée  1811.  Il  renferme 
^eux  espèces  :  le  Blixed'Aubert,  qui  esttriandreel  vient  de 
Madagascar;  le  Blixe  de  Roxburg,  qui  est  octandre,  etvient 
de  rinde.  Ce  sont  depetites  plantes  aquatiques  ,  de  la  dioé- 
cie  et  de  la  famille  des  Hydrocharidées,  dont  la  fructifica- 
tion s'opère  comme  dans  les  YalisnÈres,  dont  la  dernière 
faisoit  ci -devant  partie. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  spathe  multiflore  dans 
les  fleurs  mâles,  et  uniflore  dans  les  fleurs  femelles  ;  corolle 
à  six  divisions  ,  dont  les  trois  intérieures  plus  longues  ;  trois 
ou  huilétamines  dans  les  mâles;  un  ovaire  inférieur  surmonté 
d'un  long  style,  terminé  par  trois  stigmates  dans  les  femelles. 

Le  fruit  n'est  pas  connu,  (b.) 

BLOC  (Faj/ronnm«).  Perche  couverte  de  drap,  sur  la- 
quelle on  met  Toiseau  de  proie.  Le  mot  bloquer  a  deux  accep- 
tions :  la  première  ,  lorsque  l'oiseau  a  remis  la  perdrix  et  la 
lient  à  son  avantage  ;  la  seconde  ,  lorsqu'il  reste  comme  sus- 
pendu dans  les  airs,  sans  battre  de  l'aile,  ce  qui  s'appelle 
iiussi  planer,  (s.) 

BLOCHIEN.  Nom  spécifique  d'un  Kurte.  (b.) 
BLONGIOS,  Oiseau  du  genre  Héron.  V.  ce  mot.  (v.) 
BLONTAS  CHINA. Le  Séneçon  biflore  s'appelle  ainsi 
à  Ceylan.  (b.) 

BLUET.  V.  le  genre  Tangara.  (v.) 

BLUET.  Dans  Edwards,  c'est  la  Poule  sultane.  Voy. 

PORPHYRION.  (\ .) 

BLUET,  BARBEAU,  AUBIFOIN,  Cyamis,  Juss. , 

Tourn.  ;  Centaiirea  ^  Linn.  (^Syngénésie  polyganne  Jrusfrance.^ 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Cynarocéphales,  qui  a 
beaucoup  de  rapports  avec  les  Jacées  et  les  Centaurées,  et. 
qui  comprend  des  herbes  à  feuilles  simples  et  à  fleurs  com- 
posées flosculeuses.  Chaque  fleur  a  les  fleurons  de  son  disque 
liermaphrodites.  Autour  d'eux  sont  placés  d'autres  fleurons 
femelles  et  stériles,  plus  longs  ,  irréguliers,  et  se  terminant 
en  entonnoir ,  avec  un  limbe  découpé  en  plusieurs  parties. 
liC  réceptacle  de  la  fleur  est  garni  de  soies  roidep ,   et  de  se- 


u  u   V  5^7 

menées  à  aigrettes  courtes ,  légèrement  ciliées  ;  et  son  calice 
est  formé  d'écailles  cartilagineuses  qui  se  recouvrent  les 
unes  les  autres  ,  et  qui  sont  bordées  de  cils  à  leur  sommet. 

DecandoUe  réunit  les  genres  Leptera^the  et  Zoegé  à 
celui-ci.  Le  genre  bluel  ne  comprend  qu'un  très-petit  nombre 
d'espèces.  Une  seule  est  intéressante  C'est  le  Bluet  des 
BLES,  Centmirea  ryanus ,  Linn.  ,  qu'on  cultive  dans  les  jar- 
dins ;  il  y  double ,  et  y  offre  beaucoup  de  variétés  de  toutes 
les  couleurs  ,  la  jaune  exceptée.  Tout  le  monde  connoît  cette 
plante;  ellevient avec  facilité,  mais  elle  souffre  difficilement 
la  transplantation.  Sa  racine  périt  tous  les  ans.  Sa  tige , 
haute  d'un  à  deux  pieds  ,  est  anguleuse  ,  creuse  ,  un  peu  co- 
tonneuse et  branchue  ;  elle  a  des  feuilles  linéaires,  longues» 
blanchâtres  ,  velues  et  très-entières ,  à  l'exception  des  infé-^ 
rieures  qui  sont  dentelées.  Les  fleurs  naissent  à  l'extrémité 
des  rameaux ,  et  se  font  remarquer  par  leurs  fleurons  sté- 
riles ,  fort  grands  ,  et  disposés  en  couronne.  Elles  sont 
communément  bleues  ;  mais  il  y  a  des  blnets  à  fleurs 
roses ,  blanches ,  purpurines ,  couleur  de  chair ,  pana- 
chées ,  etc.  Cette  diversité  de  couleurs  produit  un  bel  effet 
dans  les  plates-bandes  des  parterres  ,  et  rend  cette  plante 
propre  à  former  des  massifs  dans  les  jardins  paysagistes.  Sa 
culture  n'est  pas  difficile.  On  en  sème  la  graine  en  automne 
ou  au  printemps  ;  quand  elle  est  levée  ,  et  lorsque  les  jeunes 
plantes  commencent  à  être  fortes ,  on  les  éclaircit  ;  elles 
n'exigent ,  après,  d'autres  soins  que  d'être  tenues  nettes  de 
mauvaises  herbes.  Celles  qui  ont  été  semées  en  automne 
réussissent  mieux  ,  et  fleurissent  plus  fortement. 

Le  hluel  a  eu  quelque  célébrité  dans  l'ancienne  médecine  : 
on  faisolt  usage  de  toutes  ses  parties ,  et  on  leur  attribuoil 
beaucoup  de  propriétés.  Aujourd'hui  on  ne  se  sert  que  du  suc 
de  ses  fleurs,  dans  les  légères  ophthalmies,  pour  appaiser  l'in- 
flammation des  yeux.  Ce  même  suc  sert  à  colorer  les  crèmes 
et  différentes  sucreries.  On  retire  des  fleurs  du  hbiet  une  belle 
couleur  violette  ,  qui  devient  rouge  avec  les  acides  ,  et  bleue 
avec  l'alun,  et  qu'on  emploie  pour  peindre  en  miniature  et 
dans  l'écriture.  Les  bestiaux  mangent  cette  plante,  à  l'excep- 
lion  des  chevaux  et  des  cochons,  (d.) 

BLUET  DU  CANADx\.  Espèce  d' Airelle  ,  du  fruit  de 
laquelle  on  fait  une  grande  consommation  dans  le  pays  ,  et 
même  à  Londres,  (b.) 

BLUETTE.  On  a  quelquefois  donné  ce  nom  à  la  Pein 
tade.  (s.) 

BLUMENBACIÎIE,    Blumenbachia.  (ienre   établi    par 


5o8  BOA 

Relier  ,  pour  placer  la  Houque  d' Alep  ,  qui  diffère  légère- 
ment <1es  autres.  Il  n"a  pas  été  adopté,  (b.) 

liLUND-HEADED  de  Pennant.  C'est  le  Cachalot- 

TRUMPO.  (DESM.) 

BLUT-HENFFLING.  La  Linotte  dansFrisch.  (s.) 

BOA,  Boa.  Genre  de  reptiles  de  la  famille  des  Serpens  , 
dont  le  caractère  consiste  à  avoir,  dessous  le  corps  et  dessous 
la  queue,  une  suite  de  plaques  ou  de  bandes  transversales. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Linnaeus  ;  mais  il  ne  renferme 
pas  ici  toutes  les  espèces  que  lui  a  rapportées  ce  célèbre 
naturaliste.  On  en  a  ôté  celles  qui  ont  des  crochets  à  venin  , 
pojjr  (d'après  Latreille)  les  réunir  sous  le  nom  de  Scytale. 
(  r.  ce  mot  et  celui  d'AcANTiiOPHls.  )  Ainsi,  il  diffère  de 
celui  des  Crotales,  non-seulement  par  la  privation  des  ar- 
ticulations mobiles  du  bout  de  la  queue  ou  des  sonnettes, 
mais  encore  par  la  privation  des  crochets  à  venin.  Depuis, 
îjaudin  a  établi  ses  genres  Eryx  ,  Clothonje,  Huruiah, 
CoRALE  et  Python  ,  à  ses  dépens ,  mais  sur  des  espèces 
rares  et  peu  communes. 

Si  la  nature  a  refusé  aux  bous  les  crochets  à  venin,  cette  arme 
si  redoutable  ,  elle  leur  a  donné  une  puissance  telle,  qu'ils 
peuvent  vaincre  sans  elle  les  animaux  propres  à  leur  servir  de 
nourriture,  c'est-à-dire,  tous  ,  à  trois  ou  quatre  près.  Ou  en  cite 
de  plus  de  trente  pieds  de  long,  et  de  la  grosseur  d'un  honmie, 
pour  qui  un  bœuf  sauvage,  quelles  que  soient  sa  grandeur  et  sa 
force,  est  une  victime  facile^  à  immoler.  D'après  l'obser- 
vation de  Blainville,  les  espèces  de  ce  geiu'e  ont  les  vertèbres 
biL'u  plus  nombreuses  que  celles  des  autres  reptiles;  ce  qui 
explique  leur  force  de  compression,  et  la  facilité,  avec  la- 
quelle ils  montent  sur  les  arbres. 

La  taille  gigantesque  des  boas  leur  a  donné  une  grande 
célébrité;  mais  elle  lésa  rendus  en  même  temps  l'objet  de 
la  terreur  des  honnnes,  qui  leur  font  en  conséquence  une 
guerre  perpétuelle.  Cette  circonstance,  jointe  <à  l'impossibilité 
où  ils  sont  de  vivre  i)hisieurs  dans  le  même  canton,  les  a 
rendus  rares,  au  point  qu'aucun  naturaliste  moderne  n'a 
été  à  portée  de  les  étudier.  Aussi  la  plus  grande  confusion 
règne-t-elle  dans  la  détermination  des  espèces  de  ce  genre  , 
et  par  suite,  les  plus  grandes  incertitudes  dans  l'applicaliou 
-à  it'lle  ou  telle  espèce,  défaits  tenant  à  leur  histoire,  rap- 
portés par  les  voyageurs. 

La  plus  connue  de  ces  espèces  est  celle  du  Boa  devin  , 
Jion  constiirlor^  Linnœus  ,  espèce  qui  est  l'objet  d'un  culte 
religieux  dans  les  contrées  qu'elle  habile.  Ce  Nqu'on  dipà 
de  lui  pourra,  plus  ou  moins,  s'appliquer  aux  autres,  jus- 
qu'à   ce    que    àcs    observations    positives  nous   instruisent 


P^  0   A  5,^ 

<les  différences  qui  existent  entre  elles.  F.  pi.  B.  6  ,  où  il 
est  figuré. 

Lacépède  entre  ainsi  en  niallère  dans  son  hislolrc  de  ce 
genre  de  serpens. 

Les  koas  sont  les  plus  grands  et  les  plus  forts  des  ser- 
pens; ils  ne  contiennnenl  aucun  venin  ;  ils  n'attaquent  qae 
par  besoin,  ne  combattent  qu'avec  audace,  ne  domptent 
que  par  leur  puissance  ;  on  peut  leur  opposer  des  armes 
aux  armes,  du  courage  au  courage  ,  de  la  force  à  la  force  , 
sans  craindre  de  recevoir,  par  une  piqûre  insensible,  ime 
mort  aussi  cruelle  qu'imprévue. 

Parmi  ces  premières  espèces,  parmi  ce  genre  distingué 
dans  l'ordre  des  Serpens  ,  le  deoin  occupe  la  première 
place.  La  nature  l'en  a  fait  roi  par  la  supériorité  des  dons 
qu'elle  lui  a  prodigués.  Elle  lui  a  accordé  la  beauté  ,  la 
grandeur,  l'agilité,  la  force,  l'industrie;  elle  lui  a,  en 
quelque  sorte,  tout  donné,  hors  ce  funeste  poison  départi  à 
certaines  espèces  de  serpens,  presque  toujours  aux  plus  pe- 
tites, et  qui  fait  regarder  l'ordre  entier  de  ces  animaux 
comme  des  objets  d'une  grande  terreur.  » 

l^edei>in  csl  donc,  parmi  les  serpens,  ce  que  sont  l'éléphant 
et  le  lion  parmi  les  quadrupèdes.  Il  surpasse  les  animaux  de 
son  ordre  par  sa  grandeur  comme  le  premier,  et  par  sa  force 
comme  le  second. 

C'est  sans  doute  à  lui  qu'il  faut  rapporter  ces  serpens  gigan- 
tesques dont  parlent  tous  les  voyageurs,  serpens  qui  avalent 
des  hommes  plus  facilement  que  les  couleuvres  de  ce  p;'ys 
n'avalent  des  souris.  C'est  sans  doute  à  lui  qu'il  faut  encore 
rapporter  ce  serpent  qui  arrêta ,  sur  les  côtes  d'Afrique  , 
l'armée  romaine  commandée  par  Régulus,  et  contre  lequel 
ce  général  fut  obligé  d'organiser  une  attaque  régulière  ,  qui 
coûta  la  vie  à  un  grand  nombre  de  soldats. 

Le  boa  dcQÛi  a  été  appelé  empereur,  roi  des  serpens ,  mer* 
de  Veau.  Sa  tête  est  arrondie  à  son  sommet,  et  couverJe 
d'écaillés  semblables  à  celles  du  dos  en  forme  et  en  gran- 
deur ;  son  front  est  élevé ,  divisé  par  un  sillon  dans  sa  lon- 
gueur ;  ses  yeux  sont  très-gros  ;  son  museau  est  allongé  ,  et  au 
bout  est  une  grande  écaille  blanchâtre,  tachetée  de  jauiie  et 
échancrée  inférieurement  pour  le  passage  de  la  langue.  L'ou- 
verture de  la  gueule  est  fort  grande  ;  les  dents  sont  aussi  fortes 
que  celles  d'un  gros  chien.  Le  nombre  des  plaques  du  ventre 
est  de  deux  cent  quarante-six;  deux  l'angées  de  gTand<;s 
écailles  hexagones  les  bordent  de  chaque  côté.  Celles  du  dos 
sont  de  même  forme ,  mais  pjus  régulières  et  très-petites. 
La  queue  ,  qui  ne  fait  guère  que  le   dixième  de  la  longueur 


Sio  BOA 

totale,  est  très-dure  et  très-forte;  elle  a  cinquante-quatre 

plaques  en  dessous. 

Les  couleurs  du  boa  sont  très-varices  et  très-agréablement 
disposées.  Sa  tête  offre  une  grande  tache  noire  ou  rousse , 
souvent  en  forme  de  croix  ;  on  voit  sur  le  dos  d'autres  taches 
disposées  avec  symétrie,  dont  les  unes  sont  ovales,  d'un  jaune 
doré,  quelquefois  noires  ou  rouges,  bordées  de  blanc  ;  et 
dont  les  autres  sont  d'un  châtain  plus  ou  moins  clair,  ou  d'un 
rouge  très-vif,  avec  des  points,  par  intervalles,  entourés  d'un 
cercle  plus  clair  et  imitant  des  yeux.  Le  dessous  du  corps  est 
d'un  cendré  jaunâtre ,  marbré  ou  tacheté  de  noir.  Ces  cou- 
leurs paroisscnt  varier  beaucoup  ;  car  on  ne  les  trouve  pas 
les  mêmes,  ni  semblablement  disposées  dans  tous  les  in- 
dividus ;  mais  on  ignore  si  c'est  l'effet  de  lâge  ou  celui  de 
la  réaction  des  liqueurs  dans  lesquelles  on  les  apporte,  ou 
de  la  dessiccation  qu'on  leur  fait  subir;  car,  on  le  répète,  au- 
cun naturaliste  moderne  n'a  décrit  le  boa  demi  sur  le  vivant. 
On  doute  encore  si  \csboas  d'Afrique,  d'Asie  et  d'Amérique, 
sont  les  mêmes.  Cependant  il  est  plus  que  probable  qu'ils 
appartiennent  à  des  espèces  différentes;  même  que,  dans 
chacun  de  ces  pays,  plusieurs  espèces  ont  été  confondues 
sous  le  même  nom.  On  ignore  d'où  vient  le  boa  que  Lacé- 
pède  a  figuré  dans  son  Hist.  nat.  des  serpens  ;  mais  il  est  cer- 
tainement différent  de  celui  figuré  pi.  17  du  premier  volume 
des  Amcni'lés  académiques  de  Linnseus,  que  ce  naturaliste  a 
reçu  de  Surinam,  et  qui  doit  sei'vir  de  type  à  cette  espèce. 

Latreille  en  cite  six  variétés,  qui  sont  figurées  dans  Séba, 
et  qu'on  peut,  qu'on  doit  même,  avec  Laurenti,  regarder 
comme  des  espèces. 

On  a  prétendu  avoir  trouvé  aussi  des  boas  en  Europe  ;  ou 
mieux,  on  a  donné  ce  nom,  qui  ,  dans  la  langue  latine,  ap- 
partenoità  tout  serpent  monstrueux,  à  plusieurs  gros  serpens 
tués  dans  l'Italie,  l'Espagne,  et  même  les  parties  méridio- 
nales de  la  France  :  mais  il  est  à  croire,  comme  l'observe 
fort  judicieusement  Latreille,  que  ces  serpens  appartenoient 
au  genre  Couleuvre  ,  et  étoient  la  couleuvre  esculape  ou  la 
verte  et  jaune  ou  la  quatre  raies ,  qui  parviennent  souvent 
à  une  toise  de  longueur,  et  que  l'âge  ou  des  circonstances 
favorables,  peuvent  avoir  amenées  à  une  grandeur  démesurée. 

Le  boa  deoîn  fait  sa  proie  des  grands  quadrupèdes,  comme 
cerfs,  gazelles,  taureaux,  quelquefois  même  du  tigre  et  du 
lion.  Cleyrius  rapporte  avoir  ouvert  dans  les  Indes  trois  de 
ces  serpens,  et  d'avoir  trouvé  dans  l'un  un  cerf,  dans  l'autre 
un  bouc  avec  ses  grandes  cornes,  et  dans  le  troisième  un 
porc- épie  avec  ses  piquans.  Le  même  décrit  le  terrible 
combat  d'uo  boa  contre  ua  bufjîc.  On  pouvoit  entendre  ,  ^ 


BOA  5,, 

*ine  portée  de  canon  ,  le  craquement  des  os  de  cet  animal 
brisés  par  les  efforts  Au  boa.  «c  Comment,  en  effet,  observe 
Latreille  ,  résister  à  un  animal  qui  ,  ayant  trente  pieds  de 
long,  se  rouie  autour  de  vous,  applique  si  intimement  la 
surface  de  son  corps  contre  le  vôtre ,  vous  presse  avec 
des  muscles  si  roides  sur  tant  de  points,  paralyse  toutes  vos 
forces  en  empêchant  l'action  de  vos  bras,  de  vos  mains, 
de  vos  pieds,  et,  par  conséquent,  des  armes  que  la  nature 
ou  l'art  vous  donnent  ?  comment  ne  pas  être  étouffé  ,• 
écrasé ,  moulu  par  la  puissance  de  tant  de  leviers  qui 
agissent  à  la  fois  sur  toutes  les  parties  de  votre  corps  i' 
Ajoutez  à  cela  que  vous  êtes  au  milieu  d'une  atmosphère 
pestilentielle,  l'haleine  de  ce  sei'pcnt  corrompant,  à  une 
grande  distance,  l'air  qui  l'environne  ;  que  votre  imagination, 
effrayée  à  la  vue  de  ce  monstre,  dont  la  gueule  est  béante, 
qui  vous  montre  ses  grandes  dents,  qui  répand  sur  vous 
une  bave  écumante  et  fétide,  vous  prive  des  ressources 
que  la  réflexion  pourroit  vous  fournir  ;  et ,  comme  si  ce 
terrible  agresseur  n'avoit  pas  assez  de  force  par  lui-même 
pour  vous  détruire,  il  se  sert  des  arbres,  des  blocs  de 
pierre  qui  sont  à  sa  portée  ,  comme  de  point  d'appui , 
pour  vous  écraser  plus  facilement  entre  eux  et  ses  replis. 

Le  boa  dei>in  se  tient  ordinairement  caché  dans  de  grandes 
herbes,  sous  des  buissons  épais,  dans  une  caverne.  Là,  il 
attend  patiemment  sa  proie,  sur  laquelle  il  s'élance  avec  la 
rapidité  d'un  trait.  La manquc-t-il  du  premier  bond,  rien  ne 
peut  l'arrêter  dans  sa  poursuite  ;  il  rampe  avec  la  plus  grande 
vitesse,  franchit  d'un  saut  un  espace  considérable,  nage 
comme  un  poisson  ,  grimpe  au  sommet  des  plus  grands  ar- 
bres. Ce  n'est  qu'en  faisant  de  fréqucns  et  brusques  détours, 
en  se  cachant  derrière  des  arbres  ,  des  buissons  ,  etc. ,  etc.  , 
qu'on  peut  lui  échapper.  Les  singes  le  comptent  parmi  leurs 
plus  dangereux  ennemis.  Les  hommes  mêmes  ,  surtout  les 
^Nègres  ,  sont  très-fréquemment  les  objets  de  sa  convoitise; 
il  les  avale  les  uns  et  les  autres,  tout  entiers,  et  même  sou- 
vent tout  en  vie.  il  vit  aussi  de  poissons,  et  pour  cela,  il  a  l'art 
d'attirer  sa  proie  en  dégorgeant  dans  l'eau  une  petite  partie 
des  alimens  à  moitié  digères  qui  sont  dans  son  estomac  :  les 
poissons  accourent  pour  s'en  nourrir ,  et  il  les  englobe  dans 
son  vasle  gosier. 

Les  animaux  d'un  très-gros  volume ,  tels  que  des  buffles 
ou  des  cerfs ,  ne  peuvent  souvent  pas  être  avalés  par  le  boa 
deoin^  quelle  que  soit  la  dilats:tion  dont  son  gosier  est  suscep- 
tible. Dans  ce  cas,  après  qu'il  les  a  tués,  il  répand  sur  eux 
une  partie  de  la  liqueur  fétide  qui  est  dans  son  estomac  ;  il  le» 
prcise ,  il  les  allonge ,  les  avale  insensiblement,  et  les  digère 


5xa  B  O  A 

par  parties.  Dans  celte  circonstance,  il  doit  perdre,  cl  il 
perd  en  effel  son  agilité  ;  il  dort  presque  conlinuellenit'nt 
pendant  plusieurs  jours.  Les  îSègres,  qui,  soil  en  Afrique  , 
soil  en  Amérique  ,  eu  recherchent  beaucoup  la  chair,  sai- 
sissent ce  niomenl  pour  le  tuer  sans  danger. 

Comme  les  autres  serpens,  le  boa  a<v/n  change  de  peau 
tous  les  ans  (  l-  au  mot  Serpent  )  ,  et  on  recherche  partout 
sa  dépouille  comme  un  objet  précieux,  sous  des  rapports 
«le  simple  curiosité  ou  de  religion;  car  ce  serpent ,  qui  étoll 
;vdorc  des  anciens  Mexicains,  est  encore  vénéré  des  Nègres. 
C'est  un  de  leurs  fétiches.  Il  doit  vivre  fort  long-temps  ;  mais 
on  na  aucune  donnée  sur  la  durée  de  son  existence.  Il  ne 
paroîl  pas  qu'il  s'engourdisse  à  aucune  époque  de  l'année, 
puisque  les  pays  qu  il  habite  n'ont  poiiit  d'hiver.  Il  s'ac- 
couple et  pond  comme  les  autres  serpens  ovipares  ;  mais 
on  a  remarqué  que  ses  œufs  étoient  très-petits  relativement 
à  son  volume;  ils  n'ont  que  deux  à  trois  pouces  dans  leur 
grand  diamètre. 

Latreille,  dans  son  Hist.  nal.  des  reptiles^  faisant  suite  au 
Buffun^  édition  deDeterville,  mentionne  dix  espèces  de  ioa 
après  celui-ci  ;  savoir  ; 

Le  Boa  géant  ,  qui  a  deux  cent  cinquante  plaques  abdo- 
minales, et  soixante  àsoixanlt;-dix-huit  à  la  queue;  des  écailles 
carrées;  une  suite  de  grandes  taclies  ovales  d'un  brun  noi- 
râtre, disposées  transversalement,  deux  à  deux  le  long  du 
dos.  Il  avoit  élé  confondu  avec  le  !>oa  ilevin,  et  c'est  à  La- 
treille qu'on  doit  le  développement  de  ses  caractères  spéci- 
fiques. 11  est  probablement  celui  qui  parvient  à  la  plus  énorme 
grandeur  ,  puisqu'on  en  trouve  dans  les  collections  qui  ont 
plus  de  trente  pieds  de  long.  On  croit  qu'il  vient  de  la  Guyane, 
et  que  c'est  à  lui  qu'on  doit  rapporter  tout  ce  qu'on  a  dit  des 
serpens  monstrueux  de  ce  pays,  il  n'a  pas  été  figuré. 

Le  lîOA  COJOBI,  iioaram'/w,  a  deux  cent  trois  i)laques  ab- 
dominales ,  soixante -dix -sept  caudales;  le  corps  vert  ou 
orangé  ,  avec  des  taches  allongées,  blanches  ou  d'un  jaune 
clair,  sur  les  flancs,  il  paroît  que  deux  espèces  sont  confondues 
sous  ce  nom  :  lune  vient  des  Indes,  et  est  figurée  dans  le  se- 
cond volume  de  Séba  ,  pi.  8i,  fig.  i;  l'autre  du  Brésil  y 
et  est  figurée  pi.  g6  ,  fig.  2  du  même  voluine.  Celui  que  La- 
cépède  a  figuré,  avoit  trois  pieds  de  long,  y  compris  sa 
queue  ,  qui  avoit  un  peu  plus  de  sept  pouces. 

Le  Boa  hypnale  ,  qui  a  cent  soixante-dix-iieuf  plaques 
abdominales,  et  cent  vingt  caudales;  le  dessus  du  corps  dnii 
blanc  jaunâtre,  varié  de  petites  taches  blanchâtres  bordées 
de  brun  foncé.  Il  se  trouve  dans  le  royaume  de  Siam.  il  n'al- 
tcim  que  deux  à  trois  pieds  de  longueur. 


BOA  5,3 


Le  Boa  cenchris  a  deux  cent  soixante-cinq  plaques  abdo- 
minales ,  et  cinquante-sept  caudales  ,  des  taches  blanchâtres 
imitant  des  yeux.  11  vient  de  Surinam.  Sa  longiieur  est  de  vingt 
pouces.  ° 

Le  Boa  OHYDRE  a  cent  soixante-dix  plaqut;s  abdominales 
et  cent  quinze  caudales.  Sa  couleur  est  d'un  gris  mélaneé. 

Le  Boa  ophrias,  qui  a  deux  cent  cinquante  plaques  abdo- 
minales, et  soixante-quatre  caudales;  destachesnoires  le  loT\<y 
du  dos  ;  d'autres  taches  latérales  blanches  ,  bordées  de  brun! 

Le  Boa  scytale  a  deux  cent  cinquante  plaques  abdomi  * 
nales,  et  soixante-dix  caudales;  des  taches  noires  et  arrondies 
le  long  du  dos,  d'autres  taches  blanches,  bordées  de  brun  sur 
les  côtés.  Il  se  trouve  en  Amérique,  et  est  assez  gros  pour 
avaler  des  brebis  ou  des  chèvres.  Il  est  figuré  pi.  737  de  la 
Physique  sacrée  Ae.  Scheuzcher. 

Le  Boa  brodé,  Boa  hoHulana  ,  figuré  pi.  B.  6,  a  deux 
cent  quatre-vingt-dix  plaques  abdominales,  et  cent  vi«gt-huit 
caudales;  son  dos  est  varié  de  brun  foncé  ,  de  bai  pourpre  et 
de  blanchâtre  ;  le  dessous  de  son  corps  est  tacheté.  H  vient  de 
l'Amérique  méridionale.  11  se  nourrit  de  rats  et  autres  petits 
quadrupèdes.  Sa  longueur  est  de  deux  pieds  trois  pouces 
sur  laquelle  il  faut  ôter  sept  pouces  pour  la  queue.  ' 

Le  Boa  RATivoRE  a  deux  cent  cinquante-quatre  plaques  ab- 
dominales, et  soixante-six  caudales;  il  est  dun  brun  foncé 
avec  des  taches  noires  rondes,  éparses,  et  dont  plusieurs  des 
latérales  ont  du  blanc  au  milieu.  Il  vient  de  l'Amérique  mé- 
ridionale*. 

Lacépède  ^décrit  un  boa  venant  de  Ternate ,  qu'il  rapporte 
à  cette  espèce,  mais  qui  présente  des  caractères  suffisans  pour 
en  être  séparé. 

Le  Boa  turc  ,  d'Olivier ,  fait  aujourd'hui  partie  du  genre 
JLryx. 

Le  Boa  de  merem  constitue  le  genre  Coralle. 

Le  Boa  a>-guifo%m^  servi  pour  former  le  genre  Clo- 
thome.  ^  ^ 

Le  Boa  à  grosses  Paupières  entre  aujourd'hui  dans  le 
genre  Acanthophis.  (b.) 

BOA.  Un  des  noms  du  Litchy.  (b.) 

BOA  ouVOA.  Eu  Malais,  c'estlenomgénéral  desFRUlTS. 

BOAAID  ,  BOITA.  Nom  lapon  d'un  mammifère  quipa- 
roit  être  le  Putois.  La  femelle  se  nomme  gaa-fe.  (desm.) 
BOABAB.  Synonyme  de  Baobab,  (b.) 
BOADSCHIE,    Boadschia.   Nom  donné   au  genre   de 


5i4  r>  O  B 

plantes  appelé  Peltaire  par  Linnseus.  Aujourd'hui  ce  genre 
fait  partie  des  Clypéoles  de  Lamarck  et  de  Jussieu,  (b.) 
BOAJA-HOETAN.  L  Igua>e  porte  ce  nom  à  Malaca. 

(B.) 

BOA  KELOOR.  Nom  de  pays  du  Ben.  (b.) 
BOA  MASSI.  C'est  le  Jujubier  à  lignes,  (b.) 
BOAR,  En  anglais,  c'est  le  verrat.  V.  Cochon,  (desm.) 
BOARINA  ,   BOAROLA.  Aldrovande  a  fait  figurer  et 
a  décrit  sous  ce  nom  ,  un  oiseau  que  tous  les  ornithologistes 
ont  donne  ,  jusqu'à  ce  jour  ,  pour  une fawelte  tachef^e  ,  et  cela 
en  se  copiant  les  uns  les  aulres  ,  sans  aucune  vérification. 
En  effet ,  s'ils  avoient  examiné  avec  attention  dans  Aldro- 
vande, la  figure  et  la  description  de  la  boarina  ^  ils  auroient 
vu  que  cet   oiseau  n'est   autre  que  la   bergeronnette  de  prin- 
temps ,  dans    son  premier  âge.   Boarina  ou   boarola  sont  les 
noms  que  les  Italiens  donnent  à  celte  bergeronnette ,  comme 
c'elui  de  bwarina  à  la  lavandière  ,  et  de  boarula   à  la  ber- 
geronnette jaune,  parce  que  ces  oiseaux  ont  l'habitude  de 
suivre  les  troupeaux  de  bœufs  dans  les  prairies  et  les  pdtu 
rages  ,  habitude  totalement  étrangère  aux  fauvettes.  On  trou- 
vera ,  à  l'article  de  la  Fauvette  tachetée  ,  les  détails  qui 
viennent  à  l'appui  de  ce  que  j  ai  avancé  ci-  dessus  pour  la 
boarina.  (v.) 
BOARINO  DELLA  STELLA.  Le  Roitelet,  à  Gênes. 

(s.) 
BOAROLA.  V.  Boarina.  (s.) 

BOARULA.  C'est  la  Bergeronnette  jaune  de 
Schwenckfeld  et  de  Klein,  (s.) 

BOBA.  Arbre  des  Moluques  ,  dont  les  parties  de  la  fruc- 
tification ne  sont  pas  complètement  connues.  Ses  feuilles  sont 
alternes  et  lancéolées  ;  ses  fruits  ,  des  noix  oblongues  qui  con- 
tiennent une  amande  d'un  mauvais  goût.  (B.) 

BOBAK  ,  BOBAC  ou  BOBUK.  Mammifère  de  l'ordre 
des  rongeurs  et  du  geifre  des  MâRMOITES.  (desm.) 

BOBAQUE.    r.  BOBAK.  (DESMfF 

BOBARA.  Synonyme  de  Courge,  (b.) 
BOBART  ,  Bobartîa.  Genre  de  plantes  établi  par  Plucke- 
net,  d'après  de  fausses  observations,  sur  la  MoRÉE  spatua- 

CÉE.  (b.) 

BOBI.  Coquille  du  genre  Volute  de  Linnseus,  etdugenre 
Marginelle  de  Lamarck.  (b.) 

BOBOS.  Nom  d'un  Boa  des  Philippines,  qui  a  quelque- 
fois plus  de  cinquante  pieds  de  long,  et  que  cinq  buffles  peuvent 
^  peine  porter,  (b.) 

£OBR>  Nom  polonais  du  Castor,  C'est  aussi  celui  que 


B  O  G  5i5 

les  Russes   qui   demeurent   au  Kamtschalka  donnent   aux 
Loutres,  (desm.) 

BOBU.  Adiante  de  Ceylan:  arbre  dont  les  feuilles  sont 
employées  dans  la  teinture,  (b.) 

BOBUK.   r.  BOBAK.  (DESM.) 

BOCA.  Nom  qu'Aristote  donne  au  Spare  bogue,  (b.) 
BOCAMELE.  Espèce  de  belette  qui  paroît  particulière 

à  l'île  de  Sardaignc,  et  qui  est  Tanimal  décrit  par  Aristote 

sous  le  nom  d'IcTis.  (s.) 

BOCCA  IN  CAPO.  C'est,    en  Italie  ,  I'Uranoscopi: 

RAT.  (B.) 

BOCCA  D'INFERNO.  Météore  qui  paroît  souvent  aux 
environs  de  Bologne  en  Italie ,  et  sur  lequel  le  peuple  fait 
les  mêmes  contes  qui  se  débitent  dans  nos  campagnes  au  su- 
jet des  feux-fu/lels.  (s.) 

BOCCAS.  Poisson  du  genre  Scombre.  (b.) 

BOCCONE  ,  Boccunia.  Petit  arbrisseau  des  Antilies  ,  qui 
seul  forme  un  genre  dans  la  dodécandrie  monogynie  ,  et  dans 
la  famille  des  papavéracées.  Ses  caractères  sont  :  calice  de 
deux  pièces  ,  concaves  et  caduques  ;  douze  à  seize  étamines 
dont  les  filamens  sont  courts  ;  ovaire  supérieur  pédicule  , 
surmonté  d'un  style  épais  et  presque  bifide  ,  ayant  deux  stig- 
mates ouverts  ou  rédéchis;  capsule  siliqiieuse,  elliptique, 
comprimée,  bivalve  et  monosperme,  et  s'ouvrant  par  la  base. 

Les  feuilles  de  cet  arbuste  sont  alternes,  oblongues,  presque 
pinnées,  à  découpures  dentelées.  Les  fleurs  sont  petites  ,  ver- 
dâtres  ,  disposées  en  panicule  pyramidale  ,  au  sommet  des 
rameaux. 

Toutes  les  parties  du  hoccone  rendent ,  lorsqu'on  les  blesse, 
une  liqueur  jaune  semblable  à  celle  de  la  Chélidoine  ,  plante 
avec  laquelle  il  a  de  grands  rapports  ;  Nicolson  dit  qu'on  s'en 
sert  pour  teindre  en  jaune.  Deux  autres  espèces  ont  été  ,  de- 
puis peu,  ajoutées  à  ce  genre,  (b.) 

BOCHIR.  Serpent  tiguré  par  Séba  comme  originaire 
d'Egypte,  et  qui  paroît  être  une'  Couleuvre,  (b.) 

liOCHTAY.  Espèce  d'EuPATOiRE  de  Saint-Domingue. 

(b.) 

BOCK.  En  allemand  ,  c'est  le  Bouc,  (desm.) 

BOCKSHOORN.  C'est  la  Bignoke  spathacée.  (b.) 

BOCO.  Nom  d'un  grand  arbre  de  la;  Guyane,  dont  on 
ne  connoît  pas  les  parties  de  la  fructification.  Ses  feuilles  sont 
alternes  et  stipulées  à  leur  base.  Son  bois  est  dur ,  et  d'un  vert 
mêlé  de  brun,  (b.) 

BOCULA  CERVINA.  Plusieurs  auteurs  latins  donnent 
ce  nom  au  Bubale  ,  espèce  d' Antilope,  (desjw.) 


5i6  B  O  D 

BODBAERT.  Nom  spécifique  d'un  poisson  du  genre 
GoBiE  ,  qui  vit  dans  la  mer  des  Indes.  Foyez  au  mot  Gobie. 

(B.) 

BODEREAU.  Nom  que  les  pêcheurs  donnent,  dansquelr 
qucs  cantons,  aux  jeunes  \  1V£S.  Voyez  ce  mot,  (b.) 

BODIAN,  Bodlanus.  Genre  de  poissons  établi  par  Èloch  , 
dans  la  division  des  Tuoraciques  ,  pour  placer  quelques 
espèces  du  genre  des  Spares  et  de  celui  des  Perches  de 
Linnœus ,  qui  ont  des  caractères  communs  suffisamment 
importans  pour  en  être  sépares.  Lacépède  ,  en  l'adoptant, 
lui  a  donné  pour  caractères  :  un  ou  plusieurs  aiguillons  ,  et 
point  de  dentelures  aux  opercules  des  ouïes  ;  un  seul  ou 
point  de  barbillon  aux  mâchoires  ;  une  seule  nageoire  dorsale. 

Cuvier  ne  laisse  dans  ce  genre  que  les  espèces  dont  le 
préopercule  n'est  point  denté,  et  dont  l'opercule  a  des  pi- 
quans.  Il  forme,  avec  les  autres,  les  genres  Serran,  Stel- 
i^iFÈRE  et  Plectropome.  V.  Holoc.entre. 

Les  bodians  de  la  première  division  ont  la  nageoire  caudale 
fourchue  ou  en  croissant.  Ils  sont  au  nombre  de  quatorze. 
Voici  leurs  noms  et  leurs  caractères  : 

Le  BoDiAN*  ŒILLÈRE,  Bodianus  palpebratus  ^  qui  a  deux 
rayons  aiguillonnés  et  vingt  articulés  à  la  nageoire  du  dos  ; 
seize  rayons  à  celle  de  l'anus  ;  une  sorte  de  valvule  au-dessus 
de  chaque  œil.  H  se  trouve  dans  les  mers  de  la  zone  torride. 
Jl  est  remarquable  par  la  pièce  membraneuse,  ovale  et  mo- 
bile qu'il  a  au-dessus  de  chaque  œil ,  et  qui  sert  à  le  couvrir  à 
sa  volonté  ,  pour  le  défendre  ,  soit  des  corps  étrangers,  soit 
de  la  trop  vive  lumière. 

Le  BoDiAN  LOUTi  a  rteuf  rayons  aiguillonnés  et  quinze 
articulés  à  la  dorsale  ;  trois  rayons  aiguillonnés  et  neuf  rayons 
articulés  à  Tanale;  des  dents  fortes,  coniques  et  séparées  ; 
un  grand  nombre  d'autres  dents  très-déliées,  très-serrées  et 
flexibles  ;  trois  aiguillons  sur  la  dernière  pièce  de  chaque 
opercule-,  la  couleur  générale  d'un  rouge  foncé,  avec  de 
petites  taches  violettes.  H  se  trouve  dans  la  mer  Rouge  ,  où 
il  a  été  observé  par  Forskaël,  et  où  il  atteint  cinq  à  six  pieds 
de  long. 

Le  BoDiAN  JAGDAR,  qui  a  onze  rayons  aiguillonnés  et  dix- 
sept  rayons  articulés  à  la  nageoire  dorsale;  deux  rayons  ai- 
guillonnés et  dix  rayons  articulés  à  la  nageoire  de  l'anus  ; 
cinq  aiguillons  à  la  pièce  antérieure  de  chaque  opercule  ;  tout 
le  corps  d'un  rouge  vif,  excepté  la  partie  antérieure  de  la 
nageoire  du  dos  qui  est  jaune.  Il  se  trouve  dans  les  mers  du 
Brésil,  et  est  figuré  dans  Bloch,  pi.  225,  sous  le  nom  de. 
bodiaHu$  peiUacaiUlius.  Il  est  aussi  figuré ,  page  i5o  du  troi- 


B  O  D  5r7 

siènM^  vol.  âe  VWsfor're  naturelle  des  Poissons  ,   faisant  suite   au 
Buffon  ,  édition  de  Deterville. 

Le  BoDiAN  MACROLÉPinoTE  a  quatorze  rayons  aiguillonnés 
et  huit  rayons  articulés  à  la  dorsale  ;  deux  rayons  aiguillonnés 
et  neuf  rayons  articulés  à  l'anale  ;  un  ou  deux  aiguillons  à  la 
pièce  postérieure  de  chaque  opercule  ;  les  écailles  grandes  , 
striées  en  rayons  ,  dentelées  et  bordées  de  gris.  On  croit  qu'il 
vit  dans  la  mer  des  Indes.  Il  est  figuré  dans  Bloch  ,  tab.  23o. 

Le  BoDiAN  ARGE^iTÉ  a  neuf  rayons  aiguillonnés ,  et 
quinze  articulés  à  la  dorsale  ;  trois  rayons  aiguillonnés  et  onze 
rayons  articulés  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  la  tête  allongée  et 
«comprimée  ;  de  petites  dents  à  chaque  mâchoire;  la  mâchoire 
inférieure  plus  allongée  :  un  ou  deux  aiguillons  aplatis  à  la 
pièce  postérieure  de  chaque  opercule;  les  écailles  petites  , 
molles  et  argentées.  Il  est  figuré  dans  Bloch,  pi.  aSi  ,  n.»  2, 
et  se  trouve ,  dît-on ,  dans  la  Méditerranée. 

Le  BoDiAN  Bloch  a  douze  rayons  aiguillonnés  et  dix 
rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  chaque  mâchoire  gar- 
nie de  plusieurs  rangs  de  dents;  les  antérieures  plus  grandes  ; 
un  aiguillon  à  la  dernière  pièce  de  chaque  opercule  ;  les  na- 
geoires pointues  ;  les  écailles  très-douces  au  toucher  ,  dorées 
et  bordées  de  rouge  ,  celles  du  dos  poui-pres  et  bordées  de 
bleu.  Il  vi^dans  la  mer  du  Brésil,  et  est  figuré  ,  pi,  A.  18. 
Sa  chair  est  très-bonne  à  manger. 

Le  BoDiAN  AYA  a  neuf  rayons  aiguillonnes  et  dix-huit  ar- 
ticulés à  la  nageoire  du  dos;  un  rayon  aiguillonné  et  huit 
rayons  articulés  à  celle  de  l'anus  ;  la  caudale  en  croissant  ; 
chaque  opercule  terminé  par  un  aiguillon  long  et  aplati  ;  la 
couleur  générale  rouge  ;  le  dos  couleur  de  sang;  le  ventre 
argenté.  Il  est  figuré  dans  Bloch,  pi.  227.  Il  se  trouve  dans 
les  lacs  du  Brésil ,  où  il  parvient  à  la  longueur  de  trois  pieds. 
Il  y  est  si  abondant  qu'on  l'exporte  salé  ou  séché  au  soleil. 

Le  BoDIA^^  tacheté  a  sept  rayons  aiguillonnés  et  douze 
rayons  articulés  à  la  dorsale  ;  deux  rayons  aiguillonnés  et 
huit  articulés  à  l'anale  ;  la  caudale  en  croissant  ;  la  tête 
courte  et  grosse;  trois  aiguillons  grands,  et  recourbés  vers  le 
museau,  à  la  seconde  pièce  de  chaque  opercule  ;  deux  aiguil- 
lons aplatis  à  la  troisième;  la  couleur  générale  jaune,  par- 
semée de  taches  bleues.  11  est  figuré  dans  Bloch ,  pi.  228  ,  et 
vit  dans  les  eaux  du  Japon. 

Le  BoDiAN  YiVAiSET  a  onze  rayons  aiguillonnés  et  neuf 
rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos,  quatre  rayons  aiguil- 
lonnés et  huit  rayons  articulés  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  la 
caudale  en  croissant;  l'œil  gros;  les  lèvres  épaisses  ;  deux  ai- 
guillons aplatis  et  larges  à  la  dernière  pièce  de  chaque  opcr- 


5i8  B  O  T) 

cule  ;  la  couleur  générale  jaune  ;  le  dos  violet.  Il  habite  les 

eaux  (le  la  Martinique,  où  il  a  été  observé  et  dessiné  par 

]^lumier. 

Le  BoDiAN  FISCHER  a  neuf  rayons  aiguillonnés  et  neuf 
rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  trois  rayons  aiguil- 
lonnés et  six  rayons  articulés  à  celle  de  l'anus  ;  quatre  à  six 
<lents ,  plus  grandes  que  les  autres ,  à  l'extrémité  de  la  mâ- 
choire supérieure;  un  seul  aiguillon  à  la  dernière  pièce  de 
chaque  opercule;  les  écailles  rhomboïdales,  dentelées  et  pla- 
cées obliquement.  On  ignore  où  il  vit. 

Le  BoDiAîï  DEC  ACANTHE  a  dix  rayons  aiguillonnés  et  sept 
articulés  à  la  dorsale  ;  trois  rayons  aiguillonnés  et  six  articulés 
à  l'anale  ;  un  seul  aiguillon  à  la  dernière  pièce  de  chaque 
opercule  ;  le  museau  un  peu  pointu.  On  ne  sait  pas  dans 
^juelle  mer  il  a  été  péché. 

Le  BoDiAN  LUTJAN,  qui  a  dix  rayons  aiguillonnés  et  huit 
articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  trois  rayons  aiguillonnés  et 
huit  articulés  à  celle  de  l'anus  ;  les  dents  fortes  ;  deux  aiguil- 
lons à  la  dernière  pièce  de  chaque  opercule.  On  ne  connoît 
pas  son  pays  natal. 

Le  BoDiAN  GROSSE  TETE  a  dix  rayons  aiguillonnés  et  seize 
rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  dix  rayons  à  celle  de 
l'anus;  la  caudale  en  croissant;  ia  tête  grosse;  la  nuque 
élevée  et  arrondie:  les  dents  des  mâchoires  égales%t  menues  ; 
un  aiguillon  aplati  à  la  dernière  pièce  de  chaque  opercule  , 
qui  se  termine  par  une  prolongation  anguleuse  ;  les  écailles 
petites  ;  la  partie  postérieure  de  la  queue  d'une  couleur  plus 
claire  que  le  corps  proprement  dit.  Sa  patrie  est  inconnue.  Il 
est  figuré  dans  Lacépède  ,  vol.  3 ,  pi.  20. 

Le  BoDiAN  CYCLOSTOME  a  huit  rayons  aiguillonnés  et  huit 
articulés  à  la  dorsale  ;  deux  rayons  aiguillonnés  et  neuf  rayons 
articulés  à  l'anale  ;  la  caudale  en  croissant;  la  mâchoire  su- 
périeure beaucoup  plus  courte  que  l'inférieure  ,  conformée 
de  manière  à  rr:présenter  une  très-grande  portion  de  cercle  , 
et  garnie  de  chaque  coté  de  deux  dents  longues  ,  pointues  et 
tournées  en  avant  ;  la  mâchoire  inférieure  armée  de  plusieurs 
dents  fortes  ,  longues  et  crochues  ;  un  aiguillou  aplati  à  la 
dernière  pièce  de  chaque  opercule,  qui  se  termine  par  une 
prolongation  anguleuse  ;  quatre  à  cinq  bandes  transversales» 
irrégulières  et  très-inégales  en  longueur  ainsi  qu'en  largeur. 
On  ne  sait  quelle  est  la  nier  qu'il  habite.  Il  est  figuré  pi.  20  du 
troisième  vol.  de  V Histoire  naturelle  des  Poissons,  par  Lacépède, 

]ucs  bodians  de  la  seconde  division  ont  la  nageoire  caudale 
entière  ;  ils  sont  au  nombre  de  dix,  savoir  : 

Le  BoDiAN  ROGAA,  dont  la  nageoire  du  dos  a  neuf  rayons 
aiguillonnés  et  di.\-neuf  articulés;  celle  de  l'anus,  trois  rayons 


B  O  D  519 

aiguillonnés  et  dix  articulés;  qui  a  les  thoraciques  arrondies; 
les  denJs  très-nombreuses,  très-délices,  ilcxibles  et  mobiles; 
la  mâchoire  supérieure  plus  courte  que  Tlnférienre;  trois 
aiguillons  à  la  dernière  pièce  de  chaque  opercule;  point  de 
ligne  latérale  apparente;  la  couleur  générale  d'un  roux  noi- 
râtre; les  nageoires  noires.  Il  se  trouve  dans  la  mer  Rouge. 
C'est  le  perra  rogata  de  Forslcaël. 

Le  lîODiAN  LUMAIRE  a  neuf  rayons  aiguillonnés  et  dix-neuf 
articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  trois  aiguillonnés  et  dix  arti- 
culés à  l'anale;  les  thoraciques  triangulaires;  la  couleur  gé- 
nérale noirâtre  ;  les  pectorales  noires  à  la  base  et  jaunes 
au  bout  ;  une  raie  longitudinale  rouge  sur  la  dorsale  et 
l'anale  ;  le  bord  postérieur  de  la  dorsale  blanc  et  transpa- 
rent; un  croissant  blanc  et  transparent  sur  la  caudale  qui  est 
roussâtre  et  rectlligne.  On  le  pêche  dans  la  mer  Rouge. 
C'est  le  perça  lunaria  de  Forskaël. 

Le  BoDiAN  MÉLANOLEUQUE  a  huî^frayons  aiguillonnés  et 
douze  rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  un  rayon  aiguil- 
lonné et  neuf  articulés  à  l'anale  ;  la  mâchoire  inférieure  plus 
avancée  que  la  supérieure;  deux  orifices  à  chaque  narine; 
deux  pièces  à  chaque  opercule  ;  trois  aiguillons  placés  vers  le 
bas  de  la  première  pièce  ,  et  deux  autres  aiguillons  au  bord 
postérieur  de  la  seconde;  la  couleur  générale  d'un  blanc  d'ar- 
gent; six  ou  sept  bandes  transversales,  irrégiilières  et  noires. 
11  a  été  rapporté  par  Commerson  de  son  Voyage  autour  du 
blonde.  Il  l'a  péché  à  TUe-de-France. 

Le  BoDiAN  JACOB  ÉVERTSEN  a  neuf  rayons  aiguillonnés  et 
seize  rayons  articulés  à  la  dorsale  ;  trois  rayons  aiguillonnés 
et  huit  rayons  articulés  à  l'anale  ;  la  caudale  arrondie  ;  deux 
grandes  dents  et  un  grand  nombre  de  petites  à  chaque  mâ- 
choire ;  la  mâchoire  d'en  bas  plus  avancée  que  celle  d'en 
haut;  trois  aiguillons  à  la  dernière  pièce  de  chaque  opercule; 
la  couleur  générale  d'un  brun  jaunâtre  ;  un  grand  nombre 
de  taches  brunes,  petites  ,  rondes  ;  plusieurs  de  ces  taches 
blanches  dans  le  centre.  Il  se  trouve  dans  les  mers  de  l'Inde 
et  de  l'Amérique  méridionale.  Sa  chair  est  un  manger  très- 
délicat. 

Le  BoDiAN  BŒNAC  a  neuf  rayons  aiguillonnés  et  seize 
rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  treize  rayons  aiguil- 
lonnés et  huit  articulés  à  l'anale;  la  caudale  arrondie  ;  cliaque 
mâchoire  garnie  de  dents  pointues  ,  dont  les  deux  antérieures 
sont  plus  longues  ;  la  mâclioire  d'en  bas  plus  avancée  ;  un 
seul  orifice  à  chaque  narine  ;  trois  aiguillons  aplatis  à  la 
dernière  pièce  de  chaque  opercule;  les  écailles  petites  et 
dentelées;  la  couleur  générale  d'un  roux  foncé;  sept  à  huit 
bandes  transversales,  brunes,  étroites,  et  .dont  quelques- 


$20  B     O     P 

unes  se   divisent  en   deux  ou  trois.   II  habite  les  mers   da 
Japon,  et  est  figuré,  pi.  A.  i8. 

Le  BoDiAN  HIATULE  a  la  tête  allongée  ;  le  museau  pointu  ; 
la  mâchoire  inférieure  un  peu  plus  longue  que  la  supérieure  ; 
les  dents  pointues,  égales,  et  un  peu  séparées  les  unes  des 
autres;  la 'caudale  arrondie  ;  deiLx  aiguillons  au  bord  posté- 
rieur de  chaque  opercule;  le  ventre  gros;  des  raies  longi- 
tudinales rousses  sur  le  dos,  qui  est  d'un  rouge  foncé;  la 
dorsale  jaune  et  tachetée  de  roux.  Il  se  trouve  dans  la  Mé- 
diterranée. 

Le  lîODiAN  APUA  a  sept  rayons  aiguillonnés  et  seize 
articulés  à  la  nageoire  du  dos;  trois  rayons  aiguillonnés  et 
seize  articulés  à  l'anale  ;  la  mâchoire  inférieure  plus  longue 
que  la  supérieure,  et  garnie,  comme  cette  dernière,  de 
dénis  pointues  qui  s'engrènent  avec  celles  qui  leur  sont  op- 
posées ,  et  dont  les  ^|x  anlérieurét  sont  plus  grandes  ;  im 
aiguillon  à  la  pièce  p^érieure  de  chaque  opercule  ;  la  cou- 
leur générale  rouge  ,  avec  un  grand  nombre  de  points  noirs; 
des  taches  noires  sur  le  dos;  une  bordure  noire ,  liserée  de 
blanc,  à  l'extrémité  de  la  caudale,  à  l'anale,  aux  thoraciques 
et  à  la  partie  postérieure  de  la  dorsale.  Il  se  trouve  à  Tem-/ 
bouchure  des  rivières  du  Brésil,  qu'il  remonte  pendant 
ï  hiver.  Son  poids  est  souvent  de  quatre  à  cinq  livres  ,  et  sa 
chair  d'un  goût  exquis.  On  en  fait  une  pèche  très-consi- 
dérable. 

Le  BoDiAN  ÉTOILE  a  douze  rayons  aiguillonnés  et  vingt- 
un  articulés  à  la  dorsale  ;  deux  rayons  aiguillonnés  et 
huit  articulés  à  l'anale  ;  la  caudale  arrondie  ;  la  tête  courte  ; 
le  museau  plus  avancé  que  l'ouverture  de  la  bouche;  trois  ou 
quatre  aiguillons  à  la  première  et  à  la  seconde  pièce  de  chaque 
opercule  ;  six  ou  sept  aiguillons  disposés  en  rayons  le  long  du 
çontolir  inférieur  et  postérieur  de  l'œil;  la  couleur  générale 
dorée.  Il  est  figuré  dans  Bloch ,  pi.  23i.  Il  se  trouve  au  Cap 
de  Bonne-Espérance. 

Le  BoDiAN  TÉTRACANTOE  a  quatre  rayons  aiguillonnés  et 
vingt-un  articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  dix-sept  h  la  na- 
geoire de  l'anus  ;  deux  aiguillons  à  la  pièce  postérieure  de 
chaque  opercule. 

Le  BoDiAN  SIX  RAIES  a  sept  rayons  aiguillonnés  et  qua- 
torze rayons  articulés  à  la  dorsale  ;  neuf  rayons  à  l'anale  ; 
la  caudale  arrondie  ;  deux  aiguillons  à  la  pièce  postérieure 
de  chaque  opercule  ;  trois  raies  longitudinales  et  blanches  de 
chaque  coté  du  corps. 

Ces  deux  dernières  espèces  ne  sont  point  figurées,  et  on 
ignore  de  quel  pays  elles  vienneut.  (u.) 


F,  n  F,  tj3, 

BOBIANO  VERMELHO.  C'est,  au  Brésil,  le  Bodias 

Bl.OCHÉ.  (b.) 

BOEBERE,  Bœbera.  Genre  de  plantes  établi  par  Will- 
denow  pour  placer  le  Tacete  pappeux  de  Ventenat,  qui 
diffère  des  autres  par  ses  aigrettes  velues  et  son  calice  dou- 
ble. H  avoit  été  appelé  Dysode  par  Cavacilles.  (b.) 

BOEFIjSER.  Les  Norwégiens  donnent  ce  nom  et  celui  de 
Bafmr  à  un   oiseaii  d'eau  qui  paroît  être  le  Peut  Guil-^ 

LEMOT.  (DESM.) 

BOEHMERE,  Bohemerîa.  Genre  de  plantes  de  la  monoé^ 
cic  triaudrie  et  de  la  famille  des  Urticées,  dont  les  carac- 
tères consistent  à  avoir  le  calice  de  la  fleur  mâle  trifide, 
et  renfermant  trois  étamines  ;  le  calice  de  la  fleur  femelle 
entier,  et  renfermant  un  ovaire  à  style  subulé ,  droit,  hé- 
rissé, terminé  par  un  stigmate  simple  et  aigu. 

Le  fruit  est  une  semence  très-petite  ,  renfermée  dans  le 
calice  ,    qui  est  persistant. 

Ce  genre  contient  cinq  espèces  ,  qui  sont  des  arbustes  ou 
des  plantes  des  îles  de  TAtTiérique ,  dont  les  feuilles  sont 
alternes  ou  opposées  ,  munies  de  stipules  ,  et  souvent  irrégu- 
lières; dont  les  fleurs  sont  très -petites,  sessiles ,  agrégées, 
axillaires ,  séparées  par  des  bractées  ;  les  femelles  placées 
dans  la  partie  supérieure  des  jeunes  rameaux ,  les  mâles 
dans  la  partie  inférieure  des  anciens. 

Los  hœhnières  sont  très-voisines  des  Orties  et  des  Procris., 
Le  genre  \  anie  de  Loureiro  paroît  devoir  leur  être  réuni. 

(B.) 

BOEHMERL.  V.  Beemerle.  (s.) 

BOELON-BAWANS.  Nom  du  Gluttier  à  Java,  (b.) 

BOEMIN.  Le  Piment  s'appelle  ainsi  à  1  île  de  Saint-Vin- 
cent, (b.) 

BOEMYCE,  Bœmyres.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Lichens.  Il  étoit  très-nombreux  en  espèces.  Acharius,  l'a  ré- 
duit à  quatre  espèces  seulement,  dont  les  écussons  sont 
orbiculaires,  convexes,  en  têtes,  solides,  sessiles  et  sans 
rebords.  Les  autres  espèces  composent  le  nouveau  genre 
Cœnomyce.  V.  ce  mot. 

Parmi  les  espèces  de  bœmyces,  on  distingue  le  Bœmyce 
couleur  de  rose,  petit  lichen  très -commun  dans  les  lieux 
secs  ;  il  forme  sur  la  terre  une  croûte  blanche  surmontée 
de  petits  boutons  d'une  jolie  couleur  rose,  (b.) 

BŒNAC.  Nom  spécifique  d'un  poisson  du  genre  BODIAN. 

(B.) 

BŒNGLO.  Espèce  ae  Bignone  de  l'Inde,  (b.) 


522  B  O  E 

BOETSOI.  C'est  le  nom  du  renne  en  Laponie.  V.  Cerf. 

(s.) 

BOEUF,  Bas.  Genre  de  msinmifères  de  l'ordre  des  Ru- 
MOA^'s  et  de  la  section  qui  renferme  ceux  dont  les  cornes 
sont  persistantes  ,  supportées  par  drs  protubérances  en 
forme  de  chevilles  et  dépendantes  de  lOs  frontal. 

Ces  animaux,  d'abord  très-remarquables  par  la  grandeur 
de  leur  taille  et  l'épaisseur  de  leurs  membres  ,  le  sont  égale- 
ntent  par  le  fanon  ou  large  repli  de  la  peau  qui  pend  sous 
leur  cou  ;  par  leur  nmfle  large  ;  leurs  cornes  simples ,  coni- 
ques, lisses,  à  coupe  ronde  ,  existant  dans  les  deux  sexes, 
et  prenant  différentes  directions,  mais  se  dirigeant  toujours 
latéralement  à  leur  base. 

Quoique  plus  voisins  des  antilopes  que  de  tout  auti^e  genre 
de  ruminans  ,  les  Lœufsse  distinguent  encore  de  la  plupart  de 
ces  animaux  en  ce  qu'ils  n'ont  jamais  de  larmiers  sous  les 
yeux ,  de  brosses  aux  genoux  ou  plutôt  au  poignet  des  jambes 
de  déviant,  ni  de  pores  inguinaux  ou  replis  de  la  peau  des 
aines. 

Tous  ont  quatre  mamelles  inguinales  et  la  queue  longue, 
terminée  par  un  flocon  de  longs  poils  ,  ou  couverte  de  crins 
dans  toute  son  étendue. 

Ce  geiu'e  se  compose  de  six  espèces  vivantes,  savoir: 
I.''  le  buffle;  2.»  le  buffle  du  Cap;  .3.o  le  bison  d'Amérique  ; 
4."  le  bujjle  à  (jueue  de  cheval  ou  yak;  S.°  Vaurochs  ,  et  6.°  le 
/itrj//  proprement  dit. 

On  y  joignoit  aussi  le  bison  ou  buffle  musqué  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  dont  M.  de  Blainville  vient  déformer  un 
genre  particulier  sous  le  nom  d'OviBOS  (  V.  ce  mot.  ),  et 
qui  diffère  principalement  des  animaux  du  genre  des  bœufs, 
en  ce  qu'il  n'a  que  deux  mamelles,  quil  n'a  point  de  mufle, 
que  sa  queue  est  courte  ,  que  son  poil  est  laineux,  etc. 

Les  bœufs  sont  essentiellement  herbivores;  mais  sentant 
leur  force  ,  dans  l'état  de  nature,  loin  d'être  timides  et  fugi- 
tifs comme  les  antilopes  ,  qui  n'ont  aucun  moyen  d'attaque 
ou  de  résistance  ,"  ils  se  défendent  contre  les  animaux  car- 
nassiers de  la  plus  grande  taille,  et  même  attaquent  l'homme 
qui  se  présente  à  leur  vue  ,  en  le  perçant  de  leurs  cornes  et 
le  foulant  aux  pieds. 

Sauvages,  ils  vont  en  troupes;  il» sont  polygames  et  ne 
produisent  qu'un  seul  petit;  ce  qui  d'ailleurs  est  ordinaire 
aux  grandes  espèces  de  mammifères. 

Une  espèce  seulement  habite,  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, à  peu  près  les  mêmes  contrées  que  l'OviBOS  mus- 
qué. Une  seconde  est  particulière  à  l'Afrique  méridionale. 
Deux  autres  semblent  cire  propres  au  climat  de  l'Europe  ; 


B  O  E  523 

tandis  que  les  deux  dernières  sont  originaires  de  l'Inde ,  du 
Thibet  et  des  autres  provinces  de  l'Asie  australe. 

Les  bœufs  semblent  appartenir  de  préférence  aux  climats 
chauds  et  tempérés.  Cependant  on  trouve  dans  la  Sibérie, 
avec  les  osseraens  des  cléphans  et  des  rhinocéros,  des  débris 
fossiles  de  deux  grandes  espèces  de  hœufs^  dont  une  peut  être 
comparée,  plus  particulièrement  à  \\irnio\x  buffle  des  Indes, 
et  l'autre  à  I  Ovibos.  Ce  dernier  animal  paroît  être  celui  des 
animaux  les  plus  voisins  des  bœufs,  le  mieux  constitué  pour 
habiter  les  régions  septentrionales;  son  poil  touffu  et  laineux 
l'indiqueroit  assez,  si  Ion  ne  remarquoit  encore,  ainsi  que 
l'a  fait  M.  de  Blainville,  que  ,  comme  dans  tous  les  ruminans 
des  pays  froids,  son  mufle,  si  large  dans  les  bœufs  proprement 
dits,  n'existe  point,  ou  du  moins  est  presque  réduit  à  rien. 

L'Amérique  méridionale  et  la  ÎNouvelle-Hollande ,  avant 
leur  découverte  parles  Européens,  n'avoient  aucune  espèce 
de  ce  genre. 

Première  espèce.  — Le  ^VTl'L^^  Bos  buhalus,  L.  ;  Boshu- 
bali's  ^  Erxleb.  ;  Buff.  ,  ressemble  beaucoup  au  bœuf  par  la 
figure  et  la  stature;  cependant  sa  tête  est  plus  grosse  ,  son 
front  plus  bombé  ;  le  chanfrein  est  plus  élevé  et  le  mufle  plus 
long ,  en  même  temps  plus  large  et  moins  relevé.  Ses  cornes, 
m  particulier ,  ont  une  forme  et  une  courbure  toutes  diffé- 
rentes de  celles  du  taureau;  elles  sont  plus  penchées  en  ar- 
rière, plus  courtes  et  moins  arquées  que  celles  des  bœufs, 
aplaties  sur  deux  faces  ,  striées  circulairement  et  semblables 
sur  tous  les  individus.  Le  buffle  n'a  presque  point  de  fanon; 
sa  queue  est  mince  et  sans  vertèbres  vers  son  extrémité  ; 
ses  oreilles  sont  longues  et  pointues  ;  son  corps ,  très-large 
par  devant,  se  rétrécit  par  derrière  ;  sesjam1>es  sont  courtes 
et  épaisses  ,  et  ses  mamelles  ne  sont  pas  rangées ,  comme 
dans  les  autres  animaux  ,sur  deux  files  longitudinales  et  paral- 
lèles; mais  elles  sont  placées  sur  une  seule  ligne  transversale. 

L'épaisseur  du  corps,  la  grosseur  des  membres,  la  saillie 
des  muscles,  tout  annonce  dans  le  buffle  la  force  et  la  vi- 
gueur ;  tandis  que  la  grosseur  de  la  tête  ,  le  front  convexe  et 
de  petits  yeux  enfoncés  dans  des  orbites  rondes,  signes  ordi- 
naires de  la  grossière  stupidité  ,  lui  donnent  une  physionomie 
dure  et  ignoble  ,  que  rend  encore  plus  sombre  le  bouquet  de 
poils  frisés  qu'il  porte  sur  le  front. 

Les  buffles  sont  ordinairement ,  en  entier,  d'une  couleur 
noirâtre,  à  l'exception  du  toupet  et  de  la  toulTe  de  poils 
qui  est  à  l'extrémité  de  la  queue,  lesquels  sont  d'un  blanc 
jaunâtre.   Ces    animaux  n'éloient  pas   connus   des  anciens 


5^1  B  O  E 

Grcrs  et  des  Romains.  Natifs  des  pays  les  plus  chauds  de 
rAfiiqno  et  des  Indes,  ils  ne  furent  transportés  cl  natura- 
lisais en  Italie  que  vers  le  septième  siècle. 

Le  buflle  est  d'un  naturel  plus  dur  et  moins  trailable  que 
le  bœuf;  il  obéit  pins  difficilement;  il  est  plus  violent  ;  il  a 
des  fantaisies  plus  brusques  et  plus  fréquentes  ;  toutes  ses  ha- 
bitudes sont  grossières  et  brutes  :  il  est  ,  après  le  rot  bon  , 
le  plus  sale  des  animaux  domestiques  ,  par  la  difficulté  qu  il 
met  à  se  laisser  nettoyer  et  panser;  sa  fii;ure  est  grosse  et  re- 
poussante; son  regard  stupidement  farouche;  il  avance  igno- 
blement son  cou  et  porte  mal  sa  tête  ,  presque  toujours 
penchée  vers  la  terre  ;  sa  voix  est  un  mugissement  épou- 
vantable ,  d'un  ton  beaucoup  plus  fort  et  plus  grave  que  ce- 
lui du  imireau.  Sa  chair  noire  et  dure  est  non-seulement 
désagréable  au  goût  ,  mais  répugnante  par  son  odeur  de 
musc.  Le  lait  de  la  femelle  buflle  n'est  pas  si  bon  que  celui 
de  la  vache;  mais  elle  en  fournit  en  bien  plus  grande 
quantité  ;  il  a  un  petit  goût  musqué  auquel  on  saccoutume 
bientôt. 

Le  petit  buflle  a  une  manière  de  téler  qui  diffère  de  celle 
des  veaux  ;  au  lieu  de  se  mettre  h  c('>lé  de  la  mère,  il  se 
place  par  derrière  entre  ses  jambes,  quelle  a  soin  d'écarter  ;  Il 
ne  donne  point  de  coups  de  tète  comme  le  veau  ;  mais  il  la 
lève  et  la  baisse  continuellement  avec  la  régularité  d  un  ba- 
lancier ,  pendant  tout  le  temps  qu'il  est  occupé  à  téler. 

La  chair  des  jeunes  but^les  encore  nourris  de  lait,  n'est 
guère  meilleure  que  celle  des  vieux  :  le  cuir  seul  vaut  mieux 
que  le  reste  de  la  bête ,  dont  il  n'y  a  que  la  langue  qui  soit 
Lonue  h  manger;  ee  cuir  est  solide,  léger  et  presque  im- 
pénétrable. Comme  ces  animaux  sont,  en  général,  plus 
grands  et  plus  forts  que  les  bœufs,  on  s'en  sert  utilement  au 
labourage  ;  on  leur  fait  traîner  et  non  pas  porter  les  far- 
deaux ;  en  les  dirige  et  on  les  contient  au  moyen  d'un  an- 
neau qu'on  leur  passe  dans  le  nez.  Deux  buflles  attelés  ,  ou 
plutôt  enchaînés  à  un  chariot,  tirent  aulact  que  quatre  forts 
chevaux  ;  comme  leur  cou  et  leur  tête  se  portent  naturelle- 
ment en  bas,  ils  emploient  en  tirant  tout  le  poids  de  leuf 
corps  ;  ils  sont  moins  difficiles  sur  le  choix  et  la  qualité  de  la 
nourriture  que  les  bœufs;  ils  résistent  davantage  à  la  fatigue, 
et  ils  sont  itioins  sujets  aux  maladies,  par  cela  même  qu'ils 
sont  plus  robustes. 

Le  buflle  et  le  bœuf,  quoique  assez  ressemblans  entre  eux^ 
quoique  domestiques,  souvent  souslemême  toit  et  nourris  dans 
les  mêmes  pâturages,  quoiqu'.à  portée  de  se  joindre,  et  même 
excités  par  leurs  conducteurs,  ont  toujours  refusé  de  s^unir^ 


B  O  E  k.î; 

ils  ne  produisent  ni  ne  s'accouplent  ensemb'e;  leur  nature 
est  plus  éloignée  que  celle  de  Varie  ne  l'est  du  cheml ;  elle  pa- 
roît  mt^aie  antipathique  ,  car  on  assure  que  les  vaclies  ne 
veulent  pas  nourrir  les  petits  buflles,  et  que  les  mères  hufTlcs 
refusent  de  se  laisser  téter  par  des  veaux  :  la  femelle  ne  fail 
qu'un  petit,  et  le  porte  plus  de  dix  mois,  ce  qui  prouve  en- 
core la  différence  de  cette  espèce  à  celle  de  la  vache  ^  qui  ne 
porte  que  neuf  mois. 

Les  buffles  sont  très-nombreux  dans  tous  les  climats  chauds, 
surtout  dans  les  contrées  marécageuses  et  voisines  des  (!(;;> 
ves  :  l'eau  ou  rhuniidité  du  terrain  paroissent  leur  être  plus 
nécessaires  que  la  chaleur  du  climat.  (Jeux  d'Italie  ont  1« 
poil  plus  long  que  ceux  d'Egypte,  et  ceux-ci  plus  que  ceux 
des  Indes  ;  leur  fourrure  n.'est  jamais  fournie ,  parce  qu'il» 
sont  originaires  des  pays  chauds,  et  qu'en  général  les  gros 
animaux  de  ce  climat  n'ont  que  très-peu  de  poil. 

Il  y  a  une  grande  quantité  de  buffles  sauvages  dans  les  coit^ 
trées  de  l'Afrique  et  des  Indes  qui  sont  arrosées  de  rivières, 
et  où  il  se  trouve  de  grandes  prairies:  ces  Imffles  sauvages,  qui 
forment  une  race  distincte  que  l'on  nomme  arni  (ùos  ami) 
Shaw ,  et  dont  la  taille  est  gigantesque  et  les  cornes  en 
croissant,  démesurément  longues,  vont  en  troupeaux,  et 
font  de  grands  dégâts  dans  les  terres  cultivées;  ils  sontineni^ 
très-dangereux  pour  les  hommes  ,  et  on  ne  les  chasse  qu'avec 
grande  précaution;  cependant  ils  craignent  beaucoup  l'aspect 
du  feu;  la  couleur  rouge  leur  déplaît  et  les  met  en  furenr. 
Au  Mogol  ,  on  fait  combattre  les  buflles  contre  les  lions  e^ 
les  tigres  ;  ils  ne  se  servent  pas  de  leurs  cornes  de  la  même 
manière  que  nos  bœufs  ;  ils  s'avancent ,  la  tête  la  première  , 
contre  leur  ennemi,  et  le  foulent  aux  pieds  ;  puis  ils  plient 
les  genoux  et  s'efforcent  de  placer  leurs  cornes  dételle  sorte 
qu'ils  parviennent  à  le  percer. 

Dans  les  îles  de  la  mer  des  Indes  ,  l'on  trouve  un  grr.nd 
nombre  de  buflles  qui  vivent  dans  un  état  à  demi-sauvage  , 
quoiqu'ils  y  soient  la  propriété  des  habitans  ;  ils  sont  farouches 
et  méchans.  Leurs  cornes  s'allongent  extraordinairement  ;  on 
en  voit  de  plus  de  cinq  pieds  de  long. 

Les  Marais  Pontius  et  les  Maremmes  de  Sienne  sont,  en 
Italie  ,  les  endroits  les  plus  favorables  aux  buflles  ;  aussi  en 
élève-t-on  beaucoup  dans  ces  deux  cantons.  Quoique  le  buffle 
y  naisse  et  y  soit  élevé  en  troupeau  ,  il  y  conserve  cepen- 
dant sa  férocité  naturelle  ;  en  sorte  qu'on  ne  peut  s'en  servir 
à  rien,  tant  qu'il  n'est  pas  dompté.  On  commence  à  marquer, 
à  l'âge  de  (juatre  ans ,  ces  animaux  avec  un  fer  chaud  ,  afin 
de  pouvoir  distinguer  les  buIÏJes  d'un  troupeau  de  ceux  d'un 


526  B  O  E 

autre.  La  mafque  esl  suivie  de  la  castration  ,  qui  se  fait  à  l'âge 
dequatreans;  peude  temps  après  leur caslralion  on  leur  passe 
un  anneau  de  fer  dans  les  narines.  On  les  conduit  avec  une 
corde  ,  que  l'on  attache  à  cet  anneau ,  qui  tombe  de  lui-même 
par  la  suite  ,  au  moyen  de  Teffort  continuel  des  conducteurs  , 
en  tirant  la  corde  ;  mais  alors  lanneau  est  inutile  ,  car  les 
animaux  ,  déjà  vieux,  ne  se  refusent  plus  à  leur  devoir. 

Le  buffle  paroît  encore  plus  propre  que  le  taureau  à  ces 
chasses,  dont  on  fait  des  divertisseniens  publics  ,  surtout  en 
Espagne.  Aussi  les  grands  seigneurs  d'Italie  ,  qui  tiennent  des 
buffles  dans  leurs  terres,  n'y  emploient  que  ces  animaux.  La 
férocité  du  buffle  augmente  lorsqu'elle  est  excitée ,  et  rend 
cette  joule  aussi  animée  qu'elle  est  périlleuse.  En  effet ,  cet 
animal  poursuit  Thonmie  avec  acharnement  jusque  dans  les 
maisons,  dont  il  njonte  les  escaliers  avec  une  facilité  particu- 
lière ;  il  se  présente  aux  fenêtres  ,  d'où  il  saute  dans  l'arène  , 
franchissant  même  les  murs  ,  lorsque  les  cris  redoublés  du 
peuple  sont  parvenus  à  le  rendre  furieux. 

Les  buffles  ont  une  mémoire  qui  surpasse  celle  de  beaucoup 
d'autres  animaux.  Rien  n'est  si  commun  que  de  les  voir  re- 
tourner seuls  et  d'eux  -  mêmes  à  leurs  troupeaux  ,  quoique 
à* une  distance  de  quarante  à  cinquante  milles,  comme  de 
Rome  aux  Marais  Pontins.  Les  gardiens  des  jeunes  buffles 
leur  donnent  à  chacun  un  nom  ;  et  pour  leur  apprendre  à  con- 
noître  ce  nom,  ils  le  répètent  souvent  d'une  manière  qui  lient 
du  chant ,  en  les  caressant  en  même  temps  sous  le  mentoy- 
Ces  jeunes  buffles  s'instruisent  ainsi  en  peu  de  temps,  et 
n'oublient  jamais  ce  nom,  auquel  ils  répondent  exactement  en 
s'arrêtant ,  quoiqu'ils  se  trouvent  mêlés  parmi  un  troupeau  de 
deux  ou  trois  mille  buffles.  L'habitude  du  buffle  d'entendre 
ce  nom  cadencé,  est  telle,  que,  sans  cette  espèce  de  chant,  il 
ne  se  laisse  point  approcher  étant  grand,  siwfout  la  femelle 
pour  se  laisser  traire  ;  et  sa  férocité  naturelle  ne  lui  permettant 
pas  de  se  prêter  à  cette  extraction  artificielle  de  son  lait ,  le 
gardien  qui  veut  traire  la  bufllessc,  est  obligé  de  tenir  son  petit 
auprès  d'elle ,  ou  ,  s'il  est  mort ,  de  la  tromper  en  couvrant  de 
sa  peau  un  autre  petit  buffle  quelconque.  On  a  l'usage  dans 
quelques  parties  de  l'Orient ,  lorsque  Ton  trait  la  femelle  du 
buffle  ,  de  lui  fourrer  l'avant-bras  dans  la  vulve  ,  parce  que 
l'expérience  a  appris  que  cela  lui  faisoit  donnerplusdelait.  Le 
beurre  que  fournit  ce  lait  est  très-bon,  mais  il  est  toujours  blanc- 
Ce  qu'on  appelle  communément  œufs  de  buffles  ,  sont  des 
espèces  de  petits  fromages ,  auxquels  on  donne  la  forme 
d'œufs,  qui  sont  d'un  manger  très-délicat.  Il  y  a  une  autre 
espèce  de  fromage  que  les  Italiens  nomment  promfum  ,  qui 


B  O  E  5.7 

est  aussi  fait  de  lait  de  Luffle  ;  il  est  d'une  qualité  inférieure 
au  premier  ;  le  même  peuple  en  fait  grand  usage ,  et  les  gar- 
diens des  bufdes  ne  vivent  presque  qu'avec  le  laitage  de  ces 
animaux. 

Le  buffle  est  très-ardent  en  amour  ;  il  combat  avec  fureur 
pour  la  femelle  ,  el  quand  la  victoire  la  lui  a  assurée  ,  il 
chercbe  à  en  jouir  à  Técarl.  La  femelle  ne  met  bas  qu'au 
printemps ,  et  une  seule  fois  Tannée  ;  elle  produit  deux  an- 
nées de  suite  ,  et  se  repose  la  troisième  ,  pendant  laquelle 
elle  demeure  stérile  ,  quoiqu'elle  re«joive  le  mâle.  Sa  f(MOn- 
djté  commence  à  l'âge  de  quatre  ans  ,  et  finit  à  douze.  Quand 
elle  entre  en  chaleur ,  elle  appelle  le  mâle  par  un  mugisse- 
ment particulier,  et  le  reçoit  étant  arrêtée,  au  lieu  que  la 
vache  le  reçoit  quelquefois  en  marchant. 

Le  terme  de  la  vie  du  buflle  est  à  peu  près  le  même  que 
celui  de  la  vie  du  bœuf,  cest-à-dire  ,  à  dix-huit  ans  ,  quoi- 
qu'il y  en  ait  qui  vivent  jusqu'à  vingt-cinq  ans  ;  les  dents  lui 
tombent  assez  communément  quelque  temps  avant  de  mou- 
rir. En  Italie  ,  il  est  rare  qu'on  leur  laisse  terminer  leur  car- 
rière ;  après  l'âge  de  douze  ans ,  on  est  dans  l'usage  de  les 
engraisser  ,  et  de  les  vendre  ensuite  aux  juifs  de  liome  :  quel- 
ques habitans  de  la  campagne  ,  forcés  par  la  misère  ,  s'en 
nourrissent  aussi.  Les  cornes  du  buffle  sont  recherchées  et 
fort  estimées  ;  la  peau  sert  à  faire  des  liens  pour  les  charrues  , 
des  cribles  et  des  couvertures  de  coffres  et  de  malles  .  des  se- 
melles de  souliers  ,  qui  durent  deux  ou  trois  fois  plus  que  celles 
des  meilleurs  cuirs  de  bœuf  11  arrivoit  annuellement  à  Mar- 
seille cinq  à  six  mille  cuirs  de  buffle  salés  du  Levant ,  et  on 
les  tannoit  à  Grasse.  Les  langues  de  buffle  fumées  et  préparées 
dans  laRoniélie  ,  faisoient  aussi  un  petit  article  du  commerce 
de  Marseille  ;  il  s'en  exportoit  beaucoup  plus  en  Italie. 

Quoique  le  buffle  souffre  de  l'excès  de  la  chaleur,  pendant 
laquelle  on  le  voit  chercher  l'ombre  et  l'eau ,  il  est  encore 
plus  sensible  au  froid.  Il  ne  pourroit  supporter  les  hivers  de 
nos  contrées  septentrionales  ;  et  quoique  la  propagation  de 
cette  espèce  fût  très-profitable  à  l'agriculture  et  à  l'économie 
domestique  dansles  cantonsmarécageux,  nouspensons  qu'elle 
y  dégénéreroit  bientôt ,  faute  d'une  chaleur  assez  soutenue. 

Deuxième  espèce.  — Le  Buffle  du  Cap  ,  Bos  cafer^  Spar- 
mann,  Schreber,  Saeugth,  pi.  3oi.  Dans  les  terres  des 
environs  du  Cap  de  Bonne-Espérance  et  dans  la  Cafrerie, 
il  existe  une  espèce  de  buffles  dont  le  corps  est  plus  gros, 
plus  massif  que  celui  du  buffle' ordinaire.  Les  jambes  sont 
plus  courtes  et  plus  épaisses  ;  le  fanon  est  plus  apparent  : 
les  cornes  sont  fort  singulières,  tanl  dans  leurs  formes   qu'i 


saa  B  O  E 

dans  leur  position  ;  leurs  liases  sont  larges  de  treize  pOuccs  / 
et  ne  sont  qu  à  un  pouce  1  une  de  1  autre  ;  elles  forment 
ainsi  à  Tintervalle  qui  les  sépare,  un  espace  triangulaire, 
étroit,  dégarni  de  poil,  et  dont  la  partie  la  plus  large  est  en 
bas.  En  les  mesurant  dans  cette  cannelure,  elles  s'élèvent 
4ans  une  forme  sphérique  ,  à  la  hauteur  de  trois  pouces  tout 
au  plus.  Elles  s  étendent  aussi  latéralement  sur  une  grande 
pariie  de  la  tête  ;  c'est-à-dire,  depuis  la  nuque  jusqu'à  trois 
pouces  et  demi  de  distance  des  yeux  ;  de  là ,  se  recourbant 
en  bas  des  deux  côtés  du  cou  ,  et  devenant  par  degrés  plus 
cylindriques,  chacunes  délies  forme  un  arc  ,  dont  la  partie 
convexe  est  vers  la  terre ,  et  la  partie  concave  en  dessus. 
La  distance  d'une  pointe  des  cornes  à  l'autre  est  ordinaire- 
ment de  plus  de  cinq  pieds.  Elles  sont  noires  et  très-ra- 
boteuses à  leur   base. 

Ces  biiflles  du  Cap  de  Bonne-Espérance  sont  très-nom- 
breux dans  la  partie  tnéridionale  de  l'Afrique;  ils  s  étendent 
jusqu'en  Guinée.  Ces  animaux  se  tiennent  ordinairement 
dans  les  forêts;  on  les  rencontre  quelquefois  en  grandes 
troupes,  elle  chasseur  qui  vent  les  attaquer,  doit  agir  de 
beaucoup  de  précautions  ;  souvent  il  en  est  poursuivi.  Le 
moyen  le  plus  sûr  de  leur  échapper,  c'est  de  monter  quel- 
que colline;  alors  le  buffle,  retardé  par  le  poids  de  sa  masse, 
n'est  plus  en  état  de  courir  aussi  vite  que  le  cheval  ;  mais 
aussi,  en  descendant,  il  court  beaucoup  plus  vile  que  lui. 
Malheur  au  voyageur  qui  le  rencontre  dans  les  sentiers 
étroits  qu'il  s'est  lui-même  frayés  et  hattus,  et  que,  par  cette 
raison,  l'on  appelle  chemin  de  buffle.  Il  le  renverse,  le 
foule  sous  ses  pieds  ,  le  froisse  de  ses  genoux ,  le  déchire 
de  ses  cornes  et  de  ses  dents,  et  le  dépouille  de  sa  peau,  à 
force  de  le  lécher.  Le  cuir  des  animaux  de  cette  espèce  est 
à  très-peu  près  aussi  fort  et  aussi  épais  que  celui  du»rhino- 
çéros.  Les  colons  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  le  préfèrent 
à  tout  autre  pour  faire  des  traits  et  des  harnois.  Un  attribut 
fort  extraordinaire  qui  lui  est  particulier,  c  est  que  ses  dents 
sont  si  peu  solidement  implantées  dans  leurs  alvéoles,  que, 
pendant  toute  la  durée  de  la  vie  de  l'animal,  elles  branlent 
çt  se  froissent  avec  bruit,  (desm.) 


Trulsiètne  espèce.  —  Le  BuFFLE  À  QUEUE  DE    CREVAT 


ou 


Y.\€,  Bas  grn/miens ,  Schreber,  Saeuth,  pi.  299. —  Turner, 
Voyage  au  Thibet ,  Allas ,  pi.  Vache  de  Tartarie  ,  vache 
grognante  ,  etc. 

lj>uoique  ,  de  temps  immémorial ,  cette  espèce  de  quadru- 
pède soit  soumise  à  la  domesticité,  et  élevée  en  troupeaux 
considérables  dans  quelques  contrées  de  l'Asie,  elle  e«t  a 


.     B  O  E  .       5=9 

peine  connue  en  Europe.  J.  G.  Gmelln  est  le  premier  na- 
turaliste qui  ait  décrit  la  femelle  dans  les  Nouoeaux  Commen- 
laires  de  l'Académie  de  Pélersbuurg ;  mais  la  description  qu'il 
en  a  donnée  est  tellement  incomplète ,  que  Buffon  a  cm 
qu'elle  appartenoit  à  une  espèce  bien  connue  ,  et  qu'il  a 
pris  \^  vache  de  Tarlarie  ou  vache  grognante  de  Gmelin,  pour 
la  femelle  de  son  hison  ,  qui  ne  paroît  pas  différer  spécifique- 
ment de  l'aurochs.  Pallas  eut  depuis  occasion  d'observer 
plusieurs  yaks  nourris  à  Irkoutzh,  et  il  les  désigna  sous  la 
dénomination  composée  ,  mais  assez  juste,  de  buffle  à  queue 
de  cheval.  M.  Samuel  Turner  (  Ambassade  au  1  hihet  et  au 
Boulan  )  les  nomme  bœufs  du  Thibet  à  queue  touffue^  Dans  la 
langue  du  Thibet,  les  màlcs  s'appellent  jo/c ,  et  les  femelles 
dhé;  chez  les  Indous,.  ils  sont  désignés  par  le  mot  souragoï ; 
chez  les  Calmouques,  par  celui  de  sarlouck;  et  chez  les  Chi- 
nois ,  par  l'expression  si-nijou .,  c'est-à-dire,  bœuf  qui  se 
lave. 

Il  est  de  la  taille  du  taureau  commun  ;  sa  tête  est  courte  , 
son  mufle  arqué,  son  front  proéminent,  et  couvert  d'une 
touffe  de  poil  grossier  et  crépu  ;  ses  narines  sont  obliques  et 
presque  transversales ,  ses  lèvres  épaisses  et  pendantes , 
ses  yeux  très-gros,  ses  oreilles  peu  longues  et  dirigées  ho- 
rizontalement en  arrière,  ses  cornes  rondes,  bien  unies  , 
se  terminant  en  pointe  fort  aiguë,  et  manquant  dans  quel- 
ques individus.  Kntre  les  épaules  s'élève  une  bosse  fjui  ne 
paroît  considérable  que  parce  qu'elle  est  recouverte  d'un 
poil  plus  long  et  plus  épais  que  celui  du  dos.  Le  cou  est 
court,  et  il  décrit  en  dessus  une  ligne  presque  aussi  courbe 
<ju'en  d<j^sous;  les  épaules  sont  hautes  et  arrondies;  la  croupe 
est  basse,  et  les  jambes  sont  très-courtes.  Les  épaules  ,  les 
r^ins  et  la  croupe  sont  couverts  d'une  sorte  de  laine  épaisse 
et  douce;  mais  l/cs  flancs  et  le  dessous  du  corps  fournissent 
des  poils  très- droits  qui  descendent  jusqu'au  jarret  de  l'a- 
nimal et  quelquefois  jusqu'à  terre.  Du  milieu  de  la  poitrine 
sort  une  grosse  touffe  de  poils  qui  pendent  jusqu'à  mi-jambes, 
et  forment  sous  le  cou  une  sorte  de  longue  barbe.  Mais  lat- 
Iribut  le  plus  remarquable  de  cette  espèce  de  bœuf,  est  la 
queue,  dont  le  tronçon  n'est  visible  qu'à  sa  base,  et  qui 
est  garnie  dun  bouta  l'autre  d'un  poil  très-long,  très-luisant, 
et  si  touffu  ,  qu'on  croiroit  qu'il  y  a  été  attaché  par  artifice. 

La  couleur  de  ces  animaux  varie,  comme  dans  toutes  les 
espèces  domestiques.  Les  noirs  sont  les  plus  communs  ;  Ton 
«n  voit  souvent  qui  ont  les  épaules,  le  milieu  du  dos,  la. 
touffe  de  la  poitrine  et  la  moitié  des  jambes,  d'un  beau 
blanc,  tandis  que  le  reste  de  leur  corps  est  d'un  noir  de  jais. 
Il  y  en  a  aussi  de  roux;  quelques-uns  ont  les  cornes  d'un 

34 


53o  B  O  E 

Liane  d'ivoire.  D'après  ce  que  Gmelin  rapporte  de  cette 
espèce  ,  elle  présente  encore  des  variétés  de  grandeur.  La 
race  la  plus  grande  est  connue  sous  le  nom  de  f;ha'inouk  parmi 
les  Mongoux  et  les  Calmouques.  Les  veaux  ,  eu  naissant ,  ont 
le  poil  crépu,  rude  et  semblable  à  la  toison  d'un  chien  barbet, 
A  trois  mois,  il  leur  vient  de  longs  poils  à  la  barbe,  à  la 
queue  et  sous  le  corps. 

Les  yaks  paroissent  fort  gros;  mais  cette  apparence  vient 
de  l'énorme  quantité  de  poils  dont  ils  sont  revêtus.  L'enco- 
lure des  mâles  est  beaucoup  plus  forte  que  celle  des  femelles; 
ils  ont  le  regard  sombre  et  farouche  ,  le  naturel  défiant  et 
très-irascible.  L'approche  d'un  étranger,  une  couleur  écla- 
tante sur  les  vêtemens  ,  les  rendent  furieux;  ils  secouent  leur 
corps  ,  relèvent  et  agitent  la  queue,  et  lancent  des  regards 
menaçans.  Leurs  mouvemens  sont  brusques,  et  ils  courent 
avec  assez  de  vitesse.  Leur  cri  n'est  point  un  mugissement 
comme  celui  du  bœuf,  c'est  une  sorte  de  grognement  assez 
semblable  à  celui  du  cochon,  mais  grave  et  monotone,  que 
l'on  entend  à  peine  ,  et  qui  n'a  guère  lieu  que  lorsqu'ils  sont 
inquiets  ou  irrités.  Quand  ces  animaux  se  couchent,  ilsploient 
les  genoux,  et  se  jettent  rudement  du  train  de  derrière  sur 
le  coté  gauche.  Ils  n'aiment  point  à  rester  exposés  à  la 
grande  chaleur,  et  ils  l'évitent  en  cherchant  l'ombre  et  se 
vautrant  dans  les  mares  qui  sont  à  leur  portée  ,  et  dans  les- 
quelles ils  restent  des  heures  entières  ,  comme  les  buffles.  Ils 
sont  aussi  bons  nageurs  que  les  buffles,  et  lorsqu'ils  sortent 
de  Teau ,  ils  se  frottent  et  se  secouent  à  plusieurs  reprises. 
Les  mâles  approchent  des  femelles  la  tête  avancée,  la  bouche 
béante  et  la  queue  relevée  ;  mais  ils  sont  lourds  ^  lents  à 
s'accoupler. 

Ces  animaux  font  la  richesse  de  plusieurs  peuples  de  l'Asie^ 
comme  les  Mongoux,  les  Calmouques  des  monts  Altaïques, 
les  diverses  tribus  de  Douktas  qui  habitent  sous  des  tentes  , 
aux  confms  du  Thibet  et  du  Boutan,  etc.  Les  yaks  ne  servent 
point  à  la  culture  des  terres;  mais  ce  sont  d'excellentes  bêtes 
de  somme,  qui  peuvent  porter  de  très-lourds  fardeaux,  et  qui 
ont  le  pied  très-sûlr.  Les  femelles  donnent  une  grande  quan- 
tité de  lait,  avec  lequel  on  fait  un  beurre  fort  bon  qui  se  trans- 
porte dans  toute  la  Tartarie.  Les  Tartares  mettent  ce  beurre 
dans  des  sacs  de  peau  impénétrables  à  l'air,  et  le  conservent 
ainsi  dans  leurs  froides  montagnes  pendant  des  années  en- 
tières sans  qu'il  se  gâte.  Ils  le  chargent  sur  le  dos  de  leurs 
yaks,  et  le  transportent  aux  marchés.  Ils  emploient  le  poil 
des  yaks  à  la  fabrication  des  tentes  et  des  cordes  ,  et  la 
peau  à  faire  des  casaques,  ainsi  que  des  bonnets.  Les  houpes 
des  bonnets  d'été  des  Chinois  sont  de  crin  blanc  d'yak,   teint 


B  O  E  53i 

en  beau  rouge.  Mais  le  long  poil  de  la  queue  de  ces  animaux, 
qui  joint  à  la  finesse  et  au  lustre  de  la  plus  belle  soie,  la  roi- 
deur  élasli^e  du  crin  de  cheval,  est  ce  qu'il  y  a  de  plus  pré- 
cieux dans  leur  dépouille.  Les  Orientaux  anachent  un  ^rand 
prix  à  ces  queues;  celles  dont  la  longueur  est  au-dessus  d'une 
aune,  sont  les  plus  estimées.  Elles  forment  les  étendards 
communs  aux  Persans  et  aux  Turcs,  et  que  nous  nommons 
improprement  ^M«M^5  de  cheoal.  L'on  en  pare,  dans  l'Inde,  la 
tête  des  chevaux  et  des  éléphans,  et  l'on  en  fait  des  chasse- 
mouches. 

Dans  l'état  de  liberté,  les  yaks  habitent  les  montagnes  du 
Thibet.  La  partie  de  cette  contrée  qu'ils  préfèrent,  est  la 
chaîne  située  entre  le  ay.'^  et  le  28.^  degré  de  latitude,  qui  sé- 
pare le  Thibet  duBoutan,  et  dont  les  sommets  sont  presque 
toujours  couverts  de  neige. 

Il  n'est  point  d'espèce  qui  paroisse  plus  intéressante, 
et  en  même  temps  plus  facile  à  acquérir  pour  l'Europe,  que 
celle  de  l'yak.  Assujetlle  de  longue  main  à  l'obéissance  ,  elle 
est  toute  préparée  à  nous  rendre  les  services  que  plusieurs 
nations  de  l'Asie  en  retirent,  soit  pour  le  transport  des  far- 
deaux, surtout  dans  les  pays  de  montagnes,  soit  par  l'abon^s 
dance  du  lait  qu'elle  fournit^  soit  par  la  beauté  de  sa  toison  , 
dont  nos  arts  tireroient  sans  doute  un  parti  avantageux.  Les 
contrées  du  nord  de  la  France,  montueuses ,  boisées  et  ra- 
fraîchies par  des  amas  d'eau  ,  seroient  les  plus  convenables  à 
l'acclimatement  et  à  la  multiplication  des  yaks.  Un  de  ces  ani- 
maux, envoyé  du  Thibet  à  M.  Hastings  par  M.  Turner,  et 
transporté  du  Bengale  en  Angleterre  ,  s'accoutuma  bientôt 
au  climat  de  ce  dernier  pays  ;  et  quoiqu'il  eût  été  fort  mal- 
traité pendant  la  traversée  ,  il  reprit  bientôt  ses  forces  et  sa 
vigueur.  On  lui  a  fait  couvrir  plusieurs  vaches  communes,  qui 
ont  produit  des  métis,  (s.) 

Quatrième  Espèce.  — Le  BiSOls  d' AMÉRIQUE,  Bos  Americamis  , 
Gmel.  Buffon,  supplément,  t.  3,  pi.  5. — Le  Buffalo  des  Anglo- 
Américains, 

C'est  un  animal  particulier  à  l'Amérique  méridionale,  et 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  bison  d'Europe,  que  Buf- 
fon  considère  comme  étant  le  bonasus  des  Latins  et  le  même 
animal  que  l'aurochs.  L'existence  de  ce  bison  d'Europe  n'est 
rien  moins  que  constatée  ,  et  nous  voyons  avec  Buffon  ,  dans 
cet  animal,  une  variété  tout  au  plus  dans  l'espèce  de  VaurocJis. 
Mais  on  ne  sauroit  partager  l'opinion  de  ce  célèbre  natura- 
liste, quanta  l'identité  d'espèce  qu'il  croit  encore  reconnoître 
entre  Vaurochs  ,  le  bison  d'Europe  et  le  bison  d' Amèique. 

Celui-ci  çoûSUtue  une  espèce  bien  dljsùncte,  caractériséç 


532  B  O  E      . 

par  la  très-forte  loupe  qu'il  porte  sur  ses  épaules  ;  sa  taille  in- 
termédiaire entre  celle  de  l'aurochs  et  celle  du  bœ||f;  son  poil, 
qui  est  noirâtre,  touffu,  laineux  et  onde,  plus  abondant  sur 
le  poitrail ,  les  épaules,  la  tête ,  où  il  forme  une  houpe  com- 
parable à  la  calotte  de  laine  qu'on  remarque  sur  la  tête  des 
moutons  de  race  espagnole;  sa  barbe  qui  pend  sous  son  men- 
ton; la  foiblesse  de  son  train  de  derrière  qui  n'est  re- 
couvert, aussi  bien  que  la  croupe  et  les  flancs,  que  d'un  poil 
ras  ;  la  brièveté  de  sa  queue  et  la  forme  de  ses  cornes  qui 
sont  petites,  courtes  et  placées  latéralement  comme  celles  du 
buffle. 

En  hiver,  toutes  les  parties  du  corps  sont  également  cou- 
vertes d'une  laine  frisée,  très-fine  et  très-serrée,  sans  la- 
quelle la  peau  paroît  d'un  binjn  couleur  de  suie;  au  lieu  que 
sur  la  bosse  et  sur  les  autres  parties  également  couvertes  d'une 
laine  plus  longue  ,  la  peau  est  de  couleur  tannée  :  cette  bosse 
ou  loupe,  qui  est  toute  de  chair,  varie  comme  l'embonpoint 
de  l'animal. 

Ces  bisons  n'habitent  que  la  partie  septentrionale  de  l'A- 
mérique, jusqu'à laVirginie,  la  Floride,  le  pays  des  Illinois, 
la  Louisiane,  etc.  Quoique  Hernandès  les  ail  appelés te/r^«?/a; 
du  Mexique  ^  ils  ne  se  trouvent  pas  au  Mexique ,  et  n'ont  ja- 
mais passé  l'isthme  de  Panama. 

Des  troupeaux  considérables  de  bisons  errent  en  liberté 
dans  le  nord  de  l'Amérique;  les  bords  de  l'Ohio,  depuis  le 
Gren-Rivier  jusqu'au  Mississipi,  en  étoient  peuplés;  leur 
nombre  y  étoit  si  considérable,  qu'on  les  rencontroit  par 
bandes  de  cent  cinquante  à  deux  cents.  Les  chasseurs  dont 
l'approche  ne  les  efi'arouchoit  pas  ,  les  tuoient  quelquefois 
uniquement  pour  avoir  la  langue  et  le  suif,  et  ils  abandon- 
noient  l'animal  aux  bêtes  carnassières.  Mais  depuis  quelque 
temps,  les  bisons  se  sont  retirés  presque  tous  sur  la  rive 
droite  du  Mississipi  encore  inhabitée,  jusqu'à  ce  que  les 
hommes  viennent  encore  les  en  chasser,  et  peu  à  peu  les  dé- 
truire totalement. 

Ces  animaux  aiment  la  société  ;.ils  sont  dociles,  alertes  et 
d'une  force  surprenante;  leur  chair  donne  un  excellent  ali- 
ment ;  leurs  cornes,  qui  sont  solides  et  noires  comme  du 
jayet,  fournissent  ime  matière  susceptible  de  prendre  le  plus 
beau  poli  ;  elles  sont  propres  à  faire  toutes  sortes  d'ouvrages 
d'utilité  et  d'agrément. 

Dans  les  vastes  plaines  humides  de  l'Amérique,  oii  ces 
animaux  sont  encore  nombreux ,  ils  se  nourrissent  de»grands 
rose"aux ,  de  pois  sauvages ,  etc. ,  et  ils  aiment  à  lécher  la 
terre  imprégnée  de  sel.  Si  l'on  tue  une  femelle  qui  soit  accom- 
pagnée de  son  petit ,  celui-ci  ne  quitte  point  les  lambeaux  du 


B  O  E  •  533 

cadavre  de  sa  mère  ,  dont  le  chasseur  charge  son  cheval,  et 
les  suit.  L'on  a  vu  un  chasseur  arriver  ainsi  à  la  ville  de  Cin- 
cinnati, suivi  de  trois  jeunes  bisons  que  sa  main  cruelle  avoit 
privés  de  leur  mère. 

A  quatre  ans,  les  bisons  pèsent  de  douze  à  quatorze  cents 
livres.  Leur  force  est  beaucoup  plus  grandfque  celle  du  bœuf, 
et  l'agriculture  s'enrichiroit  de  l'acquisition  de  cette  espèce. 

Les  bisom  d'Amérique  produisent  avec  les  taureaux,  et  les 
vQches  d'Europe.  Leijf  bosse  diminue  dès  la.première  géné- 
ration ,  et  disparoît  à  la  secon<}e  ou  à  la  troisième. 

Leur  loupe  et  leur  langue  sont  des  mets  très-délicats  et  re- 
cherchés ;  leur  laine  s'emploie  à  différens  usages  ;  leur  cuir 
est  épais  et  fort,  etc.  (des3I.) 

Cinquième  Espèce.  —  L'AuROClIS  ,  Bos  unis  férus  ,  (imeL 
Urus  ou  bison  des  anciens;  Bœuf  sauvas;e  Ae  Pologne,  Suor 
ou  Zubr  des  Polonais  ;  Bonasus  d'Aristote  ,  ou  Bœuf  de 
Pœonie. 

C'est  le  plus  fort  de  tous  les  bœufs,  et  même  ,  selon 
M.  Cuvier  ,  le  plus  grand  des  quadrupèdes  après  le  rhinocé- 
ros et  léléphant.  Sa  longueur,  mesurée  depuis  le  bout  du 
mufle  jusqu'à  la  naissance  de  la  queue  ,  n'est  pas  moindre 
de  dix  pieds  et  quelques  pouces;  le  tronçon  de  la  queue  a 
deux  pieds  ;  un  bouquet  de  poils  de  seize  pouces  la  termine. 
'  La  hauteur  du  train  de  devant  est  de  sis:  pieds  ;  celle  du  train 
de  derrière  est  la  même  ,  à  cause  de  la  plus  grande  longueur 
des  jambes  postérieures.  Les  cornes  n'ont  qu'un  pied  de  lon- 
gueur. Sous  la  gorge  jusqu'au  poitrail ,  le  crin  forme  une 
barbe  pendante  de  plus  d'un  pied  de  long.  Tout  lavant-train 
jusqu'aux  épaules  est  hérissé  de  longs  poils  ,  doux  et  laineux 
près  de  la  peau ,  mais  durs  et  grossiers  à  l'extérieur  ;  ces 
poils  sont  bruns  ;  le  tronc  depuis  les  épaules ,  de  même  que 
les  quatre  jambes  ,  sont  garnis  d'un  poil  fort  court  et  lisse  , 
d'un  brun  noirâtre.  Le  mude  et  le  tour  des  yeux  sont  nus.  La 
femelle  a  le  poil  de  devant  plus  court ,  la  tête  moins  grosse  , 
le  corps  moins  robuste  et  la  barbe  de  dessous  le  cou  moins 
longue  ,  quoiqu'elle  paroisse  d'autant  plus  grande ,  que  le 
reste  de  l' avant-train  est  moins  hérissé. 

Cette  espèce  d'aurochs  ou  de  l^œufs  sauvages  de  l'ancien 
continent,  est  beaucoup  moins  nombreuse  et  moins  répan- 
due qu'elle  ne  létoit  autrefois.  On  ne  la  trouve  guère 
actuellement  qu'en  Moscovie,  dans  quelques  parties  des 
raonts  Crapaks  ,  et  peut-être  dans  le  Caucase.  Les  aurochs , 
qui  vivoient  en  Prusse  ,  en  Livonie ,  en  Hongrie  et  dans  les 
vastes  forêts  de  la  Lilhuanie  ,  ont  péri  pendant  les  dernières 
guerres  qui  ont  ravagé  ces  contrées.  Ils  ont  quelque  chose 


534  •  B  O  E 

tVliorrible  tlaiis  la  physionomie  ,   cl  leur  force  égale  leur  fé- 
rocité. 

L'on  a  souvent  vu  en  Prusse  des  combats  de  ces  animaux 
contre  des  ours,  àes  sangliers  ,  des  chiens  ;  et  le  docteur  Ro- 
bert Townsoii  vit  encore,  en  i/gB,  un  aurochs  privé  ,  qui 
servoit  k  Vienne  pour  les  combats  des  animaux.  «  Il  entra  , 
«  dit  le  voyageur  anglais  ,  dans  Tarène  avec  dignité  ,  mais 
<f  avec  l'air  calme  ;  on  lui  lâcha  environ  huit  à  dix  chiens  ;  il 
«  lie  bougea  point  de  sa  place;  il  baissf>it  son  mufle  à  terre  » 
«  et,  avec  ses  courtes  cornes,  il  se  débarrassoit  facilement 
«  de  tous  ses  adversaires ,  ahattant  d'un  coup  de  pied  ceux 
«  qui  l'attaquoient  par  derrière.  Il  étoit  majestueux,  mais 
«  point  féroce.  On  l'avoit  pris  très-jeune  dans  la  Pologne, 
«  et  il  ctoit  tout-à-fait  apprivoisé.  »  (  Voy.  en  Hongrie ,  etc. 
traduct.  franc.,  tom.  i,  pag.  22.) 

En  Ecosse,  il  subsiste  encore  dafts  les  parcs  de  plusieurs 
seigneurs ,  une  race  de  bœufs  blancs  ,  avec  les  oreilles  et 
le  museau  noirs  ;  leur  grandeur  est  celle  d'un  bœuf  com- 
mun ,  de  mov'tnne  taille  ;  mais  ils  ont  les  jambes  plus 
longues  et  les  cornes  plus  belles  ;  les  mâles  pèsent  environ 
cinq  cent  trente  livres,  et  les  femelles  près  de  quatre  cents. 
On  a  regardé  ces  animaux  comme  des  bisons  d' Amérique 
qui  auroientperdu,  par  la  durée  de  leur  domesticité,  les  lon^s 
poils  qu'ils  portoient  autrefois,  et  qui,  par-là,  seroient  deve- 
nus différens  de  tous  les  bisons  connus.  ' 

Ils  sont  excessivement  farouches,  et  même  féroces.  On  est 
obligé  de  les  tuer  à  coups  de  fusil;  ils  s'accouplent  entre 
eux ,  etc. 

M.  Cuvier  (  Ménagerie  du  Muséum)  ne  voit  dans  ces 
bœufs  d'Ecosse  ,  qui  sont  sans  bosses ,  qu'une  simple 
variété  de  V aurochs. 

On  est  fort  peu  instruit  des  habitudes  naturelles  des 
aurochs;  aucun  auteur  ,  que  je  sache  ,  n'en  a  parlé  ,  et 
Ton  est  réduit  à  juger  de  leurs  mœurs  par  celles  des  bisons 
d'Amérique  ,  qui  ont  été  mieux  observées.  Le  long  poil  de 
l'aurochs  n'est  propre  à  rien  ,  au  lieu  que  le  poil  ou  la  laine 
du  bison  s'emploie  utilement  à  différens  usages.  Du  temps 
de  \égèce,  qui  vivoit  sons  l'empereur  Valentinien  ,  les  PiO- 
niains  se  servoient  d'une  sorte  de  trompette  qu'ils  faisoient 
avec  la  corne  de  l'urus  ou  atirochs.  Cette  coi  ne  ,  garnie  d'ar- 
gent à  son  embouchure,  donnoif,  dit  cet  auteur,  un  son 
aussi  distinct  et  aussi  éclatant  que  celui  de  toute  autre  trom- 
pette. 

L'animal  que  Buffon  regarde  comme  étant  le  bison  de 
^an(■i^n  continent,  ne  semble  être  que  l'aurochs  dans  un  âge 
avancé  ,  et  lorsque  la  saillie  du  garrot  devenant  plus  considé 


B  O  E  535 

raLle,  a  quelque  ressemblance  avec  la  loupe  graisseuse  qu'on 
observe  constamment  sur  le  garrot  du  bison  d'Amérique. 

L'aurochs  a  été  regardé  pendant  long -temps  comme  la 
souche  de  nos  bœufs  domestiques  ;  mais  il  en  diffère  émi- 
n^nmenl,  non-seulement  par  des  caractères  extérieurs,  mais 
encore  par  des  caractères  anatomiques,  tirés  de  la  forme  du 
front  et  du  nombre  des  côtes,  (s.  et  desm.) 

Sixième  Espèce.  —  Le  Bœuf  DOMESTIQUE,  Bos  taunis  domes- 
ûcus ,  Linn.  ;  Buff. ,  tom.  4-,  pi-  i4-  Celte  espèce  a  été  long- 
temps regardée  comme  ayant  pour  souche  ou  race  primitive , 
ï aurochs ,  qui,  ainsi  que  Ta  prouvé  M.  Cuvier  ,  appartient  à 
une  espèce  bien  distincte.  Le  bœuf  diffère  principalement  de 
Vaurochs  ,  par  son  front  plat ,  plus  long  que  large  ,  au  lieu 
d'être  plus  large  que  long  ;  par  la  crête  transversale  du  crâne, 
qui  est  placée  en  arrière  des  cornes  ,. tandis  qu  elle  les  joint 
dans  le  bœuf;  par  le  nombre  de  côtes,  dont  le  bœuf  n'a  que 
treize  paires ,  tandis  que  Taurochs  en  présente  quatorze  ;  enfm 
par  la  taille  ,  beaucoup  plus  considérable  dans  ce  dernier. 

Ces  caractères  ,  purement  anatomiques  ,  sont  les  seuls 
qu'on  puisse  faire  valoir  pour  séparer  ces  animaux  ;  car  le 
bœuf,  dans  l'état  de  domesticité  ,  n'a  point  de  caractères 
constans.  Ses  formes  varient  tellement,  que  différentes 
races  de  l'Inde  ont  tout  au  plus  deux  cents  livres  en  poids  , 
tandis  que  d'autres  de  nos  contrées  pèsent  constamment  entre 
mille  et  douze  cents  livres.  Les  cornes,  courbées  et  dirigées 
de  diverses  manières,  sont  tantôt  très-longues  et  très-fortes, 
et  d'autres  fois  comme  rudimentaires  ;  les  axes  osseux  qui 
doivent  les  supporter,  subissent  les  mêmes  variations  :  dans 
quelques  bœufs,  ce  sont  de  grands  prolongemens  de  l'os  fron- 
tal ;  dans  d'autres,  ce  sont  de  simples  tubercules.  Quelque- 
fois même,  les  cornes  ne  tiennent  qu'à  la  peau  et  sont  mobiles 
avec  elle.  La  couleur  ne  peut  non  plus  fournir  un  caractère 
susceptible  d'être  recueilli  :  les  bœufs  ,  sous  ce  point  de  vue  , 
varientcomme  tous  les  animaux  domestiques.  Enfm,  parmi  les 
bœufs,  on  en  distingue  quelques  races  qui  ont  des  loupes  grals- 
.seuses  au  garrot,  tantôt  deux,  tantôt  une  seule,  tomme  le  bison 
d'Amérique ,   lorsque  le  plus  grand  nombe  en  est  dépouurvu. 

Ce  que  nous  appelons  museau  dans  la  plupart  des  autres  . 
mammifères,  se  nomme  mufle  dans  les  bœufs  ;  il  est  large  et 
épais  ;  leurs  mâchoires  ont  chacune  douze  dents  molaires  , 
six  de  chaque  côté  ;  il  n'y  a  point  de  dents  canines ,  et  la  mâ- 
choire Inférieure  seulement  a  huit  dents  Incisives ,  dont  celles 
du  milieu  ,  plus  grandes  que  les  autres  ,  sont  minces  et  tran- 
chantes. De  grosses  éminences  couvrent  les  yeux;  les  oreilles 
sont  basses  cl  dans  une  dircclinn  liorlzonlale  ;  le  front ,  vasle 


53G  B  O  E 

et  plat,  est  garni  d'un  poil  crépu,  et  porte  un  épi  à  son  mi- 
lieu. Le  rou  es\  gros  et  court,  he  fanon  pend  sous  le  cou  et 
descend  jusqu'aux  genoux,  entre  les  jambes  de  devant.  Le 
corps  est  massif,  et  les  jambes  sont  courtes,  si  on  les  compare 
à  la  grosseur  du  corps;  chacune  a  deux  ergots,  et  les  pie<ls  o»t 
leurs  dernières  phalanges  enveloppées  de  deux  ongles  formés 
de  la  même  malière  de  corne  ,  mais  moins  épaisse  et  moins 
dure  que  celle  du  cheval.  On  voit  aux  pieds  une  couronne  de 
poil  semblable  à  celle  qui  est  au  bas  du  paturon  du  cheval.  La 
croupe  n'est  point  arrondie  ;  les  hanches  sont  plates,  larges, 
et  terminées  par  de  grosses  élévations. 

On  distingue  quatre  estomacs  dans  le  bœuf.  Le  premier , 
et  le  plus  ample  de  tous,  s'appelle  le  rumen,  \<i  panse,  Vherhier, 
ou  la  double;  il  est  tapissé  par  une  membrane  brune  el  mince. 
Le  réseau  ou  le  bonnet ii'ust,  à  proprement  parler,  que  la  con- 
tinuation de  la  panse  ou  du  premier  estomac.  Son  nom  de  ré- 
seau lui  vient  des  cloisons  minces  et  cannelées  qui  s'y  croisent 
en  tous  sens  comme  un  réseau  ;  elles  sont  recouvertes  par 
une  membrane  déliée  et  brune ,  comme  celle  de  la  panse.  Une 
gouttière,  que  l'on  regarde  comme  une  continuation  de  l'œso- 
phage ,  et  qui  est  susceptible  de  contraction  ,  s'étend  sur  la 
partie  interne  et  supérieure  du  réseau  ou  bonnet  jasqu  a  l'ori- 
fice du  troisième  estomac.  Celui-ci  se  nomnwfeui7/el,  et  quel- 
quefois mellier  ou  pseautier;  sa  capacité  ,  plus  grande  que  celle 
du  réseau,  est  divisée  par  des  lames  de  différentes  longueurs 
et  largeurs  en  forme  de  croissant,  que  l'on  a  comparées  aux 
feuillets  d'un  livre.  Enfin  le  quatrième  ou  le  véritable  estomac, 
appelé  caillette,  et  quelquefois //Y/72f/<^-mM//e^  a  aussi  dans  son 
intérieur  des  replis  sinueux  et  de  grandeur  inégale  ,  mais  en 
moindre  quantité  ,  moins  saillans  et  moins  fermes  que  ceux 
du  feuillet;  une  membrane  veloutée  en  revêt  toute  la  capacité, 
qu'humecte  une  liqueur  onctueuse  qui  suinte  de  toutes  ses 
parties.        j 

Le  canalintestlnal  est  d'une  longueur  considérable  ;  le  colon 
et  le  cœcum  ont  surtout  une  grande  capacité.  Le  foie  est  parta- 
gé en  trois  lobes  ,  deuk  grands  et  un  petit,  tous  de  couleur 
noirâtre.  Une  longue  poche  forme  la  vésicule  ,  qui  contient 
beaucoup  de  fiel  d'un  jaune  foncé  ;  trois  lobes  composent  le 
poumon  droit,  et  deux  seulement  le  poumon  gauche.  Les  deux 
exlréinllés  de  1^  raie  soni  arrondies  et  à  peu  près  égales  ;  grise 
à  l'exiérleur,  elle  est  intérieurement  d'un  rouge  noirâtre. 

La  langue  du  bœuf  est  toute  hérissée  de  petits  crochets  plus 
ou  moins  ferrnes*  pointus  ,  dirigés  en  arrière  ,  et  qui  la  ren- 
dent très-rude.  La  verge  du  taureau  est  aplatie  sur  sa  lon- 
gueur; les  testicules  sont  ovoïdes  ,  et  la  vessie  a  une  forme 
ovale.  Cet  animal  a  quatre  mamelons  correspondans  aux  ma- 


B  O  E  5.17 

mellcs  de  la  vache.  Celle-ci  a  la  vessie  presque  ronde  ,  le 
clitoris  peu  saillant  ,  la  matrice  peu  ample,  arrondie  à  sou 
orifice  et  assez  large  à  son  col.  Ses  pis  ou  mamelons  sont  au 
nombre  de  quatre.  Quelques  vaches  ontun  cinquième  et  même 
un  sixième  mamelon  ;  mais  ces  parties  surabondantes  sont 
inutiles,  et  elles  n'ont  ni  conduit  ni  ouverture, 

11  paroît  que  la  couleur  naturelle  à  l'espèce  du  bœuf  est 
la  fauve  ;  c'est  encore  la  plus  commune  parmi  les  boeufs 
domestiques;  mais  elle  apris  différentesnuaocesplusoumoins 
vives  ;  il  y  a  des  bœufs  rouges  et  bais  ;  il  y  en  a  aussi  de  noirs , 
de  bruns,  de  blancs,  de  gris  ,  de  pommelés  et  de  pies. 

Les  végétaux  forment  le  fond  de  la  subsistance  des  bœufs  ; 
ces  animaux  mangent  vite,  et  prennent  en  assez  peu  de  temps 
toute  la  nourriture  qu'il  leur  faut;  après  quoi  iis  cessent  de 
manger  ,  et  se  couchent  pour  ruminer  et  digérer  à  loisir.  (^V. 
à  l'article  P\UMI1SATI0n,  lé  mécanisme  de  celle  opération.  ) 
Ils  se  couchent  ordinairement  sur  le  coté  gauche  ,  et  le  rein 
ou  rognon  de  ce  côté  gauche  est  toujours  plus  gros  et  plus 
chargé  de  graisse  que  le  rognon  du  côté  droit.  Us  dorment 
peu  et  d  un  sommail  court  et  léger;  ils  se  réveillent  au 
moindre  bruit.  De  même  que  les  chevaux ,  ils  boivent  en  hu- 
mant l'eau. 

On  appelle  mugissemenila.  voix  de  ces  animaux.  Ces  mugis- 
semens  sont  plus  forts  dans  les  mâles  entiers  ,  ou  taureaiuK, 
que  dans  les  autres  individus  de  l'espèce.  «  Le  taureaft  ne  mu- 
git que  d'amour  ;  la  vache  mugit  plus  souvent  de  peur  et  d'hor- 
reur que  d'amour ,  et  le  veau  mugit  de  douleur  ,  de  besoin 
de  nourriture  et  de  désir  de  sa  mère.  »  Buffon. 

Dans  nos  climats  ,  la  chaleur  de  la  vache  commence  au 
printemps  ;  mais  elle  n'a  point  d'époque  constante  ,  et  l'on 
voit  des  vaches  dont  la  chaleur  tardive  n'a  lieu  qu'en  juillet. 
Toutes  sont  en  état  de  produire  à  l'âge  de  dix-huit  mois  ,  au 
lieu  que  le  taureau  ne  peut  guère  engendrer  qu'à  deux  ans.  La 
violence  de  leurs  désirs  est  extrême  au  temps  de  la  chaleur  ; 
alors  leurs mugissemensrépétésannoncentles  feux  de  l'amour 
allumés  dansleur  sein.  La  femelle  saute  sur  les  autres  femelles, 
.sur  les  bœufs  et  même  sur  les  taureaux  ;  sa  vulve  est  gonflée 
et  proéminente-,  les  mâles  se  battent  avec  fureur;  le  vain- 
queur devient  aussi  l'amant  heureux  ;  il  saillit  avec  pétulance 
la  femelle  ,  obj;.'t  de  combats  entre  des  rivaux  et  prix  de  la 
victoire  ;  il  la  presse  avec  ardeur,  et ,  par  l'impétuosité  de  ses 
mouvemens,  la  force  de  plier  sous  le  poids  de  son  corps.  Dès 
que  la  vache  est  pleine  ,  le  taureau  refuse  de  la  couvrir  ,  et 
elle  cesse  presque  toujours  elle-même  de  le  rechercher.  Elle 
porte  neuf  mois,  et  met  bas  au  commencement  du  dixième. 

La  plus  grande  force  des  bœufs  est  de  cinq  à  neuf  ans ,  et 


538  B  O  E 

les  iaureaux,  comme  les  vaches,  vivent  communément  quinze 
années.  On  reconnnoît  l'âge  des  bœufs  par  les  dents  et  les 
cornes.  Les  premières  dénis  de  devant  tombent  à  dix  mois  , 
et  sont  remplacées  par  d'autres  ,  qui  sont  moins  blanches  et 
plus  larges  ;  à  seize  mois  les  dents  voisines  de  celles  du  milieu 
tombent,  et  sont  aussi  remplacées  par  d  autres,  et  à  trois  ans 
toutes  les  dents  incisives  sont  renouvelées  ;  elles  sont  alors 
égales,  longues  et  assez  blanches;  à  mesure  que  le  bœuf  avance 
en  âge  ,  elles  s'usent  et  deviennent  inégales  et  noires.  Les 
cornes  du  bœuf  croissent  tant  que  l'animal  vit  ;  on  y  distingue 
aisément  des  bourrelets  ou  nœuds  annulaires  qui  indiquent 
les  années  de  croissance,  et  par  lesquels  l'âge  se  peut  compter 
en  prenant  pour  trois  ans  la  pointe  de  la  corne  jusqu'au  pre- 
mier nœud ,  et  pour  un  an  de  plus  chacun  des  intervalles 
entre  les  autres  nœuds.  Du  reste  ,  les  cornes  du  bœuf,  dont  la 
couleur  est  ordinairement  livide  ou  noirâtre ,  sont  perma- 
nentes ;  elles  ne  tombent  jamais,  et  si  elles  se  cassent  par 
quelque  accident ,  ou  tombent  à  la  suite  d'urte  tumeur  sur- 
venue à  leur  racine  ,  elles  ne  croissent  jamais  plus.  Elles  ne 
sont  point  remplacées  par  d'autres,  comme  plusieurs  natu- 
ralistes l'ont  écrit;  mais,  ainsi  que  l'a  observé  Forster,  à  l'âge 
de  trois  ans,  une  lame  très-mince  se  sépare  de  la  corne.; 
cette  lame ,  qui  n'a  pas  plus  d'épaisseur  qu'une  feuille  de  bon 
papier  commun  ,  se  gerce  flans  toute  sa  longueur,  et ,  au 
moindre  frollement ,  elle  tombe  ;  mais  la  corne  subsiste,  ne 
tombe  pas  en  entier,  et  n'est  pas  remplacée  par  une  autre  : 
c'est  une  simple  exfoliation  ,  d'où  se  forme  cette  espèce  de 
bourrelet  qui  se  trouve  depuis  1  âge  de  trois  ans  au  bas  des 
cornes  des  taureaux^  des  buciifs  et  des  varhes;  et  chaque  année 
suivante  un  nouveau  bourrelet  est  produit  par  l'accroissement 
et  l'addition  d'une  nouvelle  lame  conique  de  corne,  formée 
dans  lintérieur  de  la  corne,  immédiatement  sur  l'os  qu'elle 
enveK>ppe  ,  et  qui  pousse  le  cône  corné  de  trois  ans  ,  un  peu 
plus  avant.  Le  premier  bourrelet  formé  ,  les  lames  intérieu- 
res suivent  dannée  en  année  ,  et  poussent  toujours  la  corne 
triennale  encore  plus  en  avant. 

Les  bœufs  aiment  à  frotter  leurs  cornes  sur  les  corps  durs, 
et  c'est  sans  doute  en  se  frottant  ainsi  qu'ils  font  tomber  la 
petite  lame  de  corne  qui  se  détache  à  l'âge  de  trois  ans. 

Il  se  trouve  des  bœufs  dont  les  cornes  adhèrent  seulement 
à  la  peau.  Aristote  (H/si.  animal..,  lib.  3,  cap.  g)  assure 
qu'il  existe  en  Phrygie  et  ailleurs  des  bœufs  qui  remuent 
les  cornes  comme  leurs  oreilles.  jf\Elien  (lib.  2,  cap. 
20  )  dit  la  même  chose  des  bœufs  érylhréens.  L'on  voit 
encore  dans  l'Inde  de5  bœufs  qui  ont  des  cornes  foibles  ,  ou 
même  pendantes,  et  ne  tenant  qu'au  cuir;  cle  sorte  qu'elles 


B  O  E  539 

tombent  au  bout  de  quelque  temps,  soit  naturellement ,  soit 
par  art,  pour  ne  plus  repousser.  M.  d'Azara(H/V.  nat.  des 
Quadrupèdes  du  Faragiiay)  a  observé  au  Paraguay  quelques 
taureaux  à  cornes  pelites,  attachées  uniquement  à  la  peau,  et 
tombantes,  en  sorte  qu  elles  remuent  lorsque  Tanimal  mar- 
che, comme  si  elles  avoient  été  arrachées;  elles  croissent 
quelquefois  et  se  fixent ,  avec  les  années  ,  par  leur  racine  , 
jusqu'à  acquérir  assez  de  force  pour  faire  entrer  leur  pointe, 
tournée  en  dedans,  comme  les  cornes  de  certains  béliers^  dans 
les  mâchoires  du  taureau. 

Les  cornes  des  bœufs  sont  pour  ces  animaux  des  armes  puis- 
santes et  redoutables;  lorsqu'ils  veulent  en  faire  usage,  ils 
baissent  la  tête ,  présentent  à  leurs  adversaires  la  pointe  de 
leurs  cornes,  le  déchirent,  et,  s'il  n'est  pas  de  trop  grande 
taille  ,  le  lancent  en  l'air  après  l'avoir  percé.  Les  bœufs  don- 
nent aussi  de  violens  coups  de  pied.  Ces  animaux  ont  une 
grande  force  dans  la  tête  et  dans  les  épaules;  ils  sont  coura- 
geux, et  leur  colère  est  furieuse.  Parmi  les  taureaux  domes- 
tiques ,  il  en  est  quelques-uns  qui  ne  laissent  pas  d'être  à 
craindre.  Si  un  loup  vient  à  rôder  autour  d'un  troupeau  de 
3;«r/?f5  paissant  dans  quelque  lieu  écarté,  elles  forment  une 
enceinte  ,  au-dedans  de  laquelle  se  tiennent  les  veaux  et  les 
jeunes. dont  la  tête  n'est  point  encore  armée;  l'animal  féroce 
n'ose  approcher  de  ce  rempart  hérissé  de  cornes  ,  et  s'il  ne 
s'éloigne  pas  ,  on  voit  souvent  un  taureau  sortir  des  rangs,  lui 
donner  la  chasse,  et  le  poursuivre  long-temps.  Quoique  mas- 
sifs ,  les  bœufs  courent  assez  vite  ;  ils  nagent  aussi,  mais  moins 
bien  que  les  bulles.  Leur  naturel  grossier  ne  les  empêche  pas 
d'être  susceptibles  d'une  sorte  d'attachement  ;  ils  reconnois- 
sent  très-bien  l'habitation  où  on  les  nourrit,  et  les  personnes 
qui  en  prennent  soin. 

Ces  animaux  sont  fort  sujets  à  se  lécher;  ils  enlèvent  leur 
poil  avec  la  langue ,  et  l'avalent  en  grande  quantité.  Ce  poil 
forme  dans  leur  panse  ou  premier  estomac,  des  pelotes 
rondes ,  que  l'on  a  appelées  égagropiles;  elles  se  revêtent 
avec  le  temps  d'une  croiite  brune  assez  solide ,  qui  n'est  ce- 
pendant qu'un  mucilage  épaissi,  mais  qui,  par  le  frottement  et 
la  coction,  devient  dur  el  luisant.  Comme  l'on  croit  que  ces 
égagropiles  empêchent  les  bœufs  d'engraisser,  on  laisse  aux  en- 
droits de  leur  corps  où  ils  peuvent  atteindre  ,  la  fiente  qui 
s'y  aitache  quand  ils  sont  couchés.  Mais  ce  remède  est  assu- 
rément plus  nuisible  que  le  mal.  Cette  couche  de  fiente  des- 
séchée arrêtant  la  transpiration  ,  peut  devenir  très-préjudi- 
ciable aux  animaux  ,  et  le  vrai  moyen  de  les  empêcher  de  se 
lécher,  est  de  les  entretenir  irès-proprcs,  parce  qu'alors  Us 
n'éprouvent  plus  de  démangeaisons. 


5^0  B  O  E 

Les  variétés  ou  les  races  de  l'espèce  du  bœuf  sont  nom- 
breuses; on  peut  les  partager  en  deux  sections  principales  : 

i.°  Les  unes  n'ont  point  de  bosses  sur  le  garrot,  ce  sont 
principalement  nos  races  européennes.  Nous  nous  réservons 
d'en  détailler  les  cariicières  en  traitant  du  Ac««/sous  le  rapport 
de  l'économie  rurale  ; 

2."  Les  autres  sont  généralement  petites  ,  et  portent  une 
ou  deux  loupes  gmisseuses  sur  le  garrot.  Elles  sont  toutes 
de  rinde  ou  de  l'Afrique  méridionale,  cl  sont  connues  sous 
le  nom  de  Zébu  (^Bos  tatirus  indïcus),  Linn. 

On  ne  sauroit  donner  de  ces  zébus  une  idée  plus  juste  , 
qu'en  disant  que  ce  sont  de  vrais  bœufs  en  miniature.  Cepen- 
dant tous  les  animaux  de  celle  race  n'ont  pas  la  même 
stature  ;  il  y  en  a  d'aussi  grands  que  des  bœufs  ,  ce  sont 
les  plus  rares  ;  et  entre  cette  grande  variété  et  la  plus  petite  , 
qui  est  la  plus  nombreuse  ,  il  existe  encore  une  troisième 
race  intermédiaire  :  ces  trois  variétés  semblent  appartenir 
à  des  contrées  différentes.  Elles  portent  toules  trois  ,  sur  les 
épaules  ,  une  bosse  ou  'loupe  entièrement  cliarnue  ,  qui  est 
du  double  plus  grosse  sur  le  mâle  que  sur  la  femelle  ;  leur 
corps  est  trapu,  et  leur  croupe  mal  conformée. 

Los  couleurs  du  poil  ne  sont  pas  les  mêmies  sur  tous  les 
individus  :  l'on  en  voit  de  fauves ,  de  roux  ,  de  noirâtres  , 
de  bleu  d'ardoise,  de  pies,  etc.  Quelques-uns  ont  les  cornes 
noires  ;  mais  le  plus  grand  nombre  les  a  de  la  même  couleur 
que  les  cornes  de  nos  bœufs.  Parmi  les  animaux  vivans  de  la 
ménagerie  du  Muséum,  l'on  a  vumi  zébu  femelle  de  la  petite 
race  ,  qui  avoit  été  amené  en  France  par  les  ambassadeurs 
de  Typoo-Saïb.  Sa  grosseur ctsahauteurne  surpassoientguère 
celles  d'un  dogue  de  forte  race  ,  et  satêten'étoit  armée  que  de 
rudimens  de  cornes;  son  poil  étoit  couleur  d'ardoise ,  <à  l'ex- 
ception du  d<îssous  du  corps  qui  étoit  d'un  blanc  sale  ;  cet 
animal  étoit  fort  doux  et  en  même  temps  fort  gras.  Il  y  avoit 
res  années  dernières  dans  la  même  ménagerie  une  autre  fe- 
melle zéfju.,  mais  de  la  grande  variété  ;  elle  avoit  aussi  la  poi- 
trine ,  le  ventre  et  la  face  interne  des  jambes  d'un  blanc  sale  , 
et  le  corps  bleu  ardoisé ,  mais  rayé  de  noirâtre  ;  ses  cornes 
éloient  d'un  assez  beau  noir. 

A  Surate  on  connoît  des  zébus  à  deux  bosses. 

Ces  animaux  sont  fort  communs  dans  l'Inde ,  la  Perse , 
l'Arabie  ,  les  parties  méridionales  de  l'Afrique  ;  Us  y  pgrtcnt 
les  noms  de  dani  et  de  lumpt.  Quoique  massifs  ,  les  zébus  sau- 
vages courent  avec  beaucoup  de  vitesse  ;  aucun  animal  ne 
peut  les  atteindre  ,  si  ce  n'est  peut-être  le  cheml  barbe.  Leurs 
peaux  servent  aux  Maures  à  faire  de  belles  rondacbes  à  l'é- 
preuve des  flèches  :  aussi  sont-elles  fort  chères  :  on  Icsblan- 


B  O  F.  54» 

ciiit  avec  du  lait  aigri.  Aux  Indes  orientales ,  les  bramines 
ont  pour  les  zébus  une  grande  vénération  ;  dans  ces  contrées, 
ainsi  qu'en  Afrique ,  on  les  a  soumis  à  la  domesticité.  Us  sont 
doux  et  dociles,  leur  vgix  est  une  sorte  de  grognement,  et 
on  les  emploie  comme  montures  et  comme  bétes  de  somme. 
On  «lange  encore  leur  viande  ,  qui  seroit  aussi  bonne  que 
celle  de  nos  bœufs  ^  si  Ton  prenoit  la  peine  de  les  engraisser 
avant  de  les  tuer. 

LeszffZizw,  quoique  originaires  de  pays  très-chauds,  peu- 
vent non- seulement  vivre  ,  mais  encore  produire  dans  nos 
Fays  tempérés.  Us  se  sont  multipliés  dans  plusieurs  parcs  de 
Angleterre  ;  Ton  a  seulement  remarqué  que  le  lait  des  fe- 
melles qui  ont  mis  bas,  tarit  beaucoup  dans  nos  climats,  en 
sorte  que  l'on  est  forcé  de  nourrir  les  veaux  avec  d'autre  lait 
que  celui  de  leur  mère.  (s.  et  desm.) 

Bœufs  fossiles.  M.  Cuvier  a  déterminé ,  parmi  diffé- 
rentes têtes  fossiles  d'animaux  du  genre  des  bœufs,  qu'il  .a  pu 
examiner,  quatre  espèces  distinctes. 

Première  Espèce.  —  Celui-ci  ne  diffère  presque  en  rien  de 
l'AuROCHS  ;  il  est  plus  grand  ^  ses  dépouilles  ont  été  rencon- 
tréesdansdifférens  endroits,  et  notamment  en  Europe,  sur  les 
bords  du  Rhin  près  de  Bonn,  en  Hollande,  en  Bohème,  etc., 
et  en  Amérique  septentrionale,  dans  la  province  de  Ken- 
tuckey.  Le  contour  du  noyau  de  la  corne  de  ce  dernier 
avoit  plus  de  28  pouces  de  circonférence  à  la  base. 

Deuxième  Espèce.  —  Les  crânes  de  cette  espèce  paroissent 
appartenir  à  l'espèce  du  bœuf  ordinaire;  mais  ils  surpassent 
beaucoup  en  grandeur  ceux  de  ces  mêmes  bœufs;  seulement 
les  cornes  ,  au  lieu  de  se  diriger  en  dehors  et  se  recourber 
plus  ou  moins  en  haut  et  en  avant ,  se  dirigent  laussi  en 
deliors  ,  mais  se  recourbent  un  peu  en  avant  et  en  bas.  La 
circonférence  du  noyau  de  la  corne  est  de  douze  pouces. 
Ces  crânes  ne  sont  pas  rares  dans  Jes  tourbières  de  la  vallée 
de  la  Somme.  On  en  a  trouvé  aussi  dans  des  dépôts  de 
tourbes  près  de  Stutigard.  M.  Cuvier  ne  doute  pas  que  ces 
bœufs  n'aient  appartenu  à  une  race  sauvage  ,  très-diffé- 
rente de  l'aurochs  ,  et  qui  a  été  la  véritable  souche  de  nos 
bœufs  domestiques  ;  et  il  rappelle  que  les  anciens  distin- 
guoient  en  Gaule  et  en  Germanie  deux  sortes  de  bœufs  sau- 
vages, Vunis  et  le  bison.  L'une  d'elles,  l'aurochs,  n'ayant  pu 
être  domptée  ,  se  seroit  reléguée  dans  les  forêts  de  la  Pologne; 
tandis  que  l'autre  auroit  été  entièrement  soumise  parlhomme. 

Troisième  Espèce.  —  Les  crânes  fossiles  de   celle-ci  trouvés 
fréquemment  en  Sibérie  ,  ont  la  plus  grande  analogie  avet 


542  B  O  K 

ceux  des  arnis  ou  arne'es  ,  grands  buffles  sauvages  de  Tînde; 
remarquables  par  Texcessif  développement  de  leurs  cornes. 
Le  front  est  entre  autres  semblable  à  celui  du  buffle  ;  mais 
la  largeur  de  la  tête  est  moindre  ji  proportion  de  sa  lon- 
gueur. Les  cornes ,  au  lieu  d'être  toul-à-fait  dirigées  en  ar- 
rière ,  reviennent  un  peu  en  avant. 

Qiiatnème  Esphe.  —  Celle-ci,  aussi  trouvée  en  Sibérie  sur 
les  bords  de  FOb,  a  les  cornes  rapprochées  à  la  base  comme 
celles  de  rOvitiOS  ou  Buffle  musqué  du  Canada,  à  l'espèce 
duquel  elle  pourroitbien  appartenir. 

Nous  croyons  devoir  faire  remarquer  que  tous  les  dé- 
bris des  mammifères  du  genre  des  bœufs  recueillis  jusqu'ici  ^ 
l'ont  été  dans  des  terrains  d'alluvion,  tels  que  des  tour- 
bières et  les  sables  des  lits  des  rivières  ou  des  fleuves,  (desm.) 

BOEUF  ,  Bos  taurus  dumesficus.  (  Economie  rurale.  )  Le 
taureau  est  le  maie  de  celte  espèce  :  la  femelle  est  connue  sous 
le  nom  de  vache  ,  et  le  joune  s'appelle  veau.  Dans  l'état  de 
nature  ,  les  mâles  sont  tous  des  taureaux  ;  mais  nous  n'en 
conservons  autour  de  nous  qu'un  très-petit  nombre,  et 
seulement  pour  la  propagation  de  l'espèce.  Nous  nmtilons 
les  autres,  afin  d'en  retirer  dé  plus  grands  avantages  ,  soit 
pendant  leur  vie  ,  soit  après  leur  mort.  Nous  donnons  le 
nom  de  bœufs  à  ces  individus  privés  de  La  faculté  d'engen- 
drer ;  et  comme  ils  couvrent  nos  campagnes  et  sont  les  agens 
les  plus  actifs  de  notre  agriculture ,  ainsi  qu'mie  des  res- 
sources les  plus  assurées  de  notre  subsistance,  nous  nous 
sommes  accoutumés  à  voir  en  eux  toute  l'espèce  ,  et  leur 
nom  est  devenu  celui  du  genre  entier. 

Ici  nous  traiterons  seulement  des  rapports  que  présentent 
Les  bœufs  ,  les  vaches  et  les  veaux  ,  avec  l'économie  publique 
Nous  renvoyons  à  l'article  Bœuf  (  Hist.  nat.  )  loutce  qui  est 
relatif  à  l'histoire  de  l'espèce,  considérée  en  général,  et  indé- 
pendamment des  soins  que  1  homme  prend  pour  la  pro- 
pager et  Taméliorer,  et  des  produits  qu'il  en  retire. 

Première  partie. — Du  Bœuf  et  de  ses  produits. 

Variétés  dans  l'espèce  du  Bœuf  domestique.  —  Une  espèce 
d'animaux  qui  a  été  transportée  sous  tous  les  climats,  que 
l'on  a  cherché  à  multiplier  sur  les  montagnes  comme  dans  les 
plaines ,  dans  les  lieux  secs  comme  au  bord  des  eaux  et 
sur  un  sol  humide  ,  dans  des  contrées  fertiles  comme  sur 
des  terres  ingrates  ,  et  dont  l'éducation  et  la  nourriture  ne 
sont  pas  les  mêmes  dans  tous  les  pays  ;  cette  espèce,  disons 
nous,  a  dû  éprouver  des  changemens  remarquables,  soit  dans  la 
grandeur  et  quelques  formes ,  soit  dans  les  couleurs ,  golt 


B  O  E  5|3 

encore  clans  les  qualités.  Aussi  peut-on  dire  que  les  variétés 
du  bœuf  sont  innombrables  ,  et  devons-nous  nous  borner  à 
ne  présenter  que  les  plus  saillantes.  Cependant  nous  pensons 
qu'on  nous  saura  gré  de  nous  être  étendu  davantage  au 
sujet  des  races  propres  au  sol  de  la  France.  Cette  partie  de 
notre  économie  publique  est  d'un  intérêt  trop  général,  pour 
ne  lui  pas  donner  quelque  développement. 

A  commencer  par  la  France,  nous  trouvons,  en  différens 
cantons,  des  races  plus  ou  moins  distinctement  séparées,  et 
que  ceux  qui  font  le  commerce  des  bœufs  savent  bien  re- 
connoître  et  dénommer. 

Un  mémoire  de  M.  Francourt ,  inséré  dans  la  feuille  du 
Culli\^ateur^  1792  ,  n."  71  et  suivans  ,  nous  fournit  les  notions 
suivantes  sur  les  diverses  races  de  bœufs  de  la  France. 

On  appelle  bœufs  de  haut  cru  ceux  dont  le  cuir  est  plus 
fort,  le  fanon  plus  considérable  ,  et  qui  donnent  moins  de 
suif;  ce  sont  les  bœufs  limosins  ,  saintongeois  ,  angoumois  , 
marcbois,  bemcbons,  gascons,  auvergnats  vulgairement  ap- 
pelés bourrets.,  bourJ)onnois ,  charolois,  ceux  du  Morvan,  de 
la  Bourgogne ,  etc. 

On  donne  le  nom  de  bœufs  de  nature  à  ceux  qui  ont  la 
propriété  de  s'engraisser  facilement  et  abondamment.  Cette 
propriété  se  distingue  par  la  blancheur  et  l  homogénéité  des 
cornes  ,  par  le  potelé  de  la  tête  et  de  toutes  les  parties  du 
corps  ,  par  la  souplesse  et  le  moelleux  du  poil ,  par  la  finesse 
des  narines  et  des  ore^les  ,  par  la  douceur  du  regard ,  etc. 
Les  bœufs  qui  appartiennent  à  cette  classe  sont  les  cholets , 
les  nantais ,  les  angevins,  ceux  de  marais,  les  bretons, 
les  manceaux ,  les  hollandais  ou  bœufs  de  pays,  les  cotentins, 
les  comtois,  etc. 

Bœufs  Limosins  ,  Angoumois  ,  Saintongeois.  Ces  trois 
races  diffèrent  si  peu,  qu'elles  auront  une  description  com- 
mune. Les  limosins  sont  les  plus  petits  et  leur  nature  est 
la  plus  douce.  Les  saintongeois  sont  les  plus  gros  et  les  plus 
durs.  Les  angoumois  tiennent  assez  le  milieu  à  tous  égar4s. 
La  population  du  limosin  est  plus  forte  à  elle  seule  que 
les  deux  autres.  La  couleur  de  ces  trois  ^sortes  de  bœufs  est  or- 
dinairement blonde  ou  d'un  rouge  couleur  de  paille.  Leur 
conformation  est  forte  ,  leur  taille  allongée.  Ils  ont  la  tête 
grosse  et  d'une  belle  proportion  ,  les  cornes  longuet  j  grosses 
et  pointues  ,  quelquefois  relevées  également  ,  quelquefois 
descendant  la  pointe  en  bas.  Les  cornes  basses  se  trouvent  as- 
sez fréquemment  en  Saintonge  ;  elles  sont  mênïe  souvent  re- 
courbées Tune  en  haut  et  l'autre  en  bas,  dans  le  même  in- 
dividu (  dans  ce  cas  ,  on  coupe  une  des  deux  pour  pouvoir 
les  adapter  au  joug). 


544-  B  0  E 

Ces  bœufs  ont  ordinairement  le  fanon  lâche,  la  queue  ua 
peu  élevée  ,  Tépauie  épaisse  ;  le  garrot  ne  la  surpasse  pas  ; 
les  reins  s'abaissent  un  peu  ,  de  manière  qu'à  prendre  de 
Tépaule  à  la  queue  ,  qui  est  ,  comme  on  l'a  dit ,  élevée  , 
on  trouve  sur  le  dos  une  légère  courbure  :  cette  forme  est  com- 
mune à  tous  les  bœufs  de  haut  crû. 

Ces  trois  races  font  beaucoup  de  chair;  la  viande  est  très- 
couverte  ,  mais  il  y  a  peu  de  suif;  leur  poids  en  viande 
morte  peut  s'élever  depuis  600  jusqu'à  85o  livres  ;  il  y  a 
peu  de  différence  en  plus  ou  en  moins.  A  Tàge  de  trois 
ans ,  ces  bœufs  sont  employés  à  la  culture  dans  le  Limo- 
sin  ,  dans  l'Angoumois ,  dans  la  Saintonge  ,  le  Périgord 
etle  Haut-Poitou.  Tous  les  ans,  chaque  paire  de  bœufs  change 
de  propriétaire  et  de  canton  ,  et  enfin  à  l'âge  de  maturité  , 
ils  reviennent  en  Limosin  ,  ou  passent  en  Normandie  pour 
être   engraissés. 

Bœufs  Marchois  et  Berrichons.  Les  marchois  et  les  ber- 
richons ayant  beaucoup  de  rapports  entre  eux  ,  auront  aussi 
un  article  conmiun.  Le  plus  grand  notnbre  naît  dans  la 
Marche  ,  dans  les  parties  du  Berry  voisines  du  Limosin  , 
et  dans  le  Limosin  ;  plus  ils  tiennent  de  cette  dernière 
province,  plus  ils  sont  gros.  Il  est  remarquable  que,  quoi- 
que la  race  du  Limosin  soit  la  meilleure  ,  les  laboureurs 
de  la  Marche  et  du  Berry  préfèrent  les  bœufs  qnî  ont  le 
plus  de  rapport  à  la  race  de  leur  pays  ;  les  limosins  natu- 
ralisés en  Marche  et  en  Berry,  porteiA  aussi  les  noms  de  mar- 
chois et  de  berrichons. 

Tous  ces  bœufs  sont  ordinairen^ent  d'un  blond  pale  et 
sale  \  leur  conformation  et  leur  taille  approchent  beaucoup 
de  celle  des  bœufs  limosins,  gasconvS  et  saintongeois  ;  cepen- 
dant elle  est  plus  courte  ;  iU  sont  aussi  plus  petits.  Ils  ont 
leâ  cornes  grosses,  longues,  verdàlres  et  relevées  en  pointe, 
un  poil  très-long,  très-gros,  très -dur  sur  le  front  ; 'ou 
trouve  souvent  dans  ce  poil  du  front ,  plus  ou  moins  de 
blanc ,  occasioné  par  une  plaque  de  bois  qu'on  leur  met  au 
f{*'6nt  lorsqu'on  les  atlèle.  Leur  poids  .  est  ordinairement 
dé'  5ôo  jusqii'^  700  livres.  Les  plus  .petits  de  cette  race, 
qui  sont  employés  en  Touraine,  pèsent  communément  de- 
puis 356jusqû"à  55o. 

Ces  bœufs  sont  .peu  recherches  par  les  engraisseurs  et 
par  les  bouchers.  Us  donnent  d'assez  bon  cuir,  mais  très- 
4)eu  de  suif;  on  les  engraisse  dans  le  pays  soit  aux  herbages  , 
soit  ,au  sec,  à  la  manière  du  Limosin;  mais  la  plus  grande 
partie  passe  en  Normandie  pour  être  engraissés. 

Bœufs*  Gascons,  i^cs  bœufs  sont   la  plus  grosse   race  de 


B  O  E  5^3 

la  classe  de  haut  crû ,  il  n'est  pas  rare  qu'elle  four- 
nisse des  bœufs  d'un  mille.  Leur  taille  est  beaucoup  plus 
longue  que  celle  des  sainlongeois  ,  mais  ils  ont  moins  d« 
ventre  ;  la  tête  et  les  cornes  sont  beaucoup  plus  grosses 
et  le  cuir  plus  fort.  Au  reste  ,  ces  deux  variétés  se  rappro- 
chent le  plus  ;  leur  couleur  est  ordinairement  d'un  blanc 
sale  ,  quelquefois  rendjruni  par  une  teinte  de  suie  qui  s(i 
montre  le  plus  souvent  sur  la  tête.  Les  plus  beaux  se  con- 
somment à  liordeaux  ,  les  inférieurs  servent  aux  salaisons 
de  la  marine;  quelques-uns,  engraissés  en  Limosin,  vien-^ 
nent  à  Paris. 

Bœufs  Auvergnats  ou  Bourrets.  —  Les  auvergnats 
constituent  la  plus  précieuse  race  de  la  classe  de  haut  ml  : 
leur  conformation  est  courte  et  très-large.  Ils  ne  sont  pas 
grands  ;  mais  ils  ont  les  os  très-gros ,  le  ventre  descend  beau- 
coup, et  leur  forme  est  pesante  dans  toutes  ses  parties,  lis 
sont  ordinairement  d'un  rouge  vif,  avec  quelques  taches 
plus  ou  moins  grandes  de  blanc,  ou  à  la  tête,  ou  à  la  queue  , 
ou  sur  le  dos.  Ils  ont  la  tête  courte  et  large  ,  le  mufle  gros  , 
les  conies  courtes,  blanches  ,  relevées  en  pointe  et  un  peu 
torses. 

Leur  nature  est  très-estiraée  :  ils  font  autant  et  beaucoup 
plus  de  suif  que  les  races  dont  on  a  déjà  fait  mention,  excepté 
les  Ijœufs  gascotis  ;  leur  viande  est  belle  ,  compacte  ,  bien 
couverte  dégraisse  et  d'une  qualité  supérieure:  leur  poids  est 
depuis  cin([  cent  cinquante  jusqu'à  huit  cent  cinquante  livres. 
Mais  on  observe  qu  à  grosseur  égale,  ils  sont  beaucoup  plus 
pesans  que  les  bœufs  des  races  décrites  jusqu'à  présent.  A 
l'âge  de  troisans,  les  hourrets  descendent  des  montagnes  pour 
passer  dans  les  plaines  du  Haut-Poitou  ,  où  ils  changent  tous 
les  ans  de  propriétaires,  et  de  là  ils  passent  aux  pâturages 
delà  Normandie.  11  en  reste  cependant  une  petite  partie  ea 
Poitou,  qu'on  engraisse  au  foin  aux  environs  de  Héraïe-St.- 
Maixentet  de  la  ]Vlolte-St.-Héra"ie;  ils  sont  connus  aux  mar- 
ches dans  la  saison  de  Pâques ,  sous  le  nom  de  mottois  ;  c'est 
une  très-belle  race. 

Bœufs  Bourbonnois.  —  On  engraisse  au  sec  beaucoup  de 
bœufs  en  Bourbonnois  ;  mais  ceux  qui  ont  pris  naissance  dans 
ce  pays  sont  en  petit  nombre  ,  quoi<|u  ils  passent  tous  dans 
les  marchés  sous  le  nom  de  bourbonnois.  11  y  a  cependant 
une  race  de  petits  bœufs  dans  cette  province,  qui  sont  d'un 
rouge  vif,  avec  plus  ou  moins  de  blanc.  Ils  ont  la  tête  et  le 
cou  menus  ,  les  cornes  longues  et  pointues.  Ce  sont  les  plus 
petits  et  les  moins  prisés  de  tous  les  autres  bœujs  qui  nous 
viennent  du  Bourbonnois. 

Bœufs  GiiAKOLOiii.  —  L.CS  pixufs  ^charokis  sont  d'une  très^ 

ni.  "  35 


546  B  O  E 

belle  race  ;  ils  sont  presque  tous  blancs  comme  du  lait ,  quel- 
quefois avec  (les  taches  rouges.  Quoiqu'ils  appartiennent  à  la 
classe  des  banfs  de  haut  crû  ,  Ils  se  rapprocln;nt  ])caucoup  de 
celle  des  bœufs  de  nalure.  On  les  vend  à  Tàge  de  quatre  à 
cinq  ans;  el,  quoiquà  cet  âge  ils  ne  puissent  avoir  acquis  leur 
accroissement  el  leur  supériorilé,  ils  ont  pourtant  beaucoup 
de  qualité  en  viande,  en  cuir  elensuif.  Leur  conformation  est 
courte  ,  large  et  massive  ;  ils  n'ont  point  cette  courbure  de 
reins  si  conuuune  aux  bœufs  de  haut-crù.  Quoique  jeunes,  ils 
ont  beaucoup  de  ventre  •,  la  tête  est  d'uu€  belle  proportion  et 
d'une  nature  douce  ;  les  cornes  sont  courtes  et  fines  ,  et  ce- 
pendant un  peu  vertes.  On  les  engraisse  aux  pâturages  du 
pays  ;  mais  leur  nombre  ne  suffit  pas,  et  on  y  supplée  par  des 
bœufs  duISivernois,  qui  en  fournit  une  bieh  plus  grande  quan- 
tité. Tous  les  bœufs  engraissés  dans  le  Charolois  se  ven- 
dent à  Lyon  et  à  Paris,  à  peu  près  à  nombre  égal.  Leur  poids 
commun  est  depuis  six  cents  jusqu'à  huit  cent  cinquante  livres. 
11  est  fâcheux  qu'ils  ne  soient  pas  plus  abondans  et  qu'ils  ne 
travaillent  pas  trois  ans  de  plus. 

Bœli  s  IS  ivERKûis.  —  Les  bœufs  du  xSivernois  ont  beaucoup 
de  ressemblance  avec  les  buurrels  ou  bœufs  d  Auvergne  ;  ce- 

Ïcndant  leur  nature  est  plus  douce  et  ils  sont  moins  massifs. 
1  faut  même  que  leur  chair  soit  bien  moins  compacte ,  puis- 
qu'àgiV)sscurégale,  ilssontmoinspesans. lisse sépandeulhors 
du  !Nivernois,  soit  pour  travailler  ,  soit  pour  être  engraissés  ; 
les  plus  beaux  passent  dans  le  Monan  ,  et  fournissent  dans 
les  marchés  de  très-beaux  bœufs  ,  dont  quelques-uns  pèsent 
de  huit  a  neuf  cents.  Leur  viande  a  beaucoup  de  qualité,  lis 
font  même  beaucoup  de  suif  pour  des  bœufs  de  haut  crû  ; 
mais  leurs  cuirs  ne  sont  pas  forts. 

On  dira  peu  de  chose  des  bœufs  que  fournil  la  Bourgogne , 
parce  que  la  race  de  cette  province  est  peu  estimée.  Ces 
bœufs  sont  un  peu  plus  blonds  que  les  ISivernois,  leur  na- 
ture est  bien  plus  rude  cl  on  les  garde  plus  vieux  avant  de 
les  engraisser.  Ils  font  plus  de  cuir  et  moins  de  suif.  La  qua- 
lité de  leur  \  lande  est  inférieure.  A  la  couleur  près ,  ils  se 
rapprochent  de  la  race  des  berrichons.  Ils  sont  petits  ,  et  le 
poids  des  plus  gros  s  élevé  rarement  à  six  cents  livres. 

Bœufs  Êhollts,  iSamais  et  Angevins,  —  Lts  bœufs  cho- 
lets ,  nantais  et  angevins  peuvent  être  considérés  comme 
étant  de  I même  race,  quoiqu'on  dislingue  dans  les  uns  et 
d^us  les  autres  des  nuances  du  plus  ou  moins  de  nature,  qui 
servent  à  guider  le  praticien,  pour  reconuoître  en  quel  can- 
ton a  été  eleve  et  a  vécu  tel  ou  tel  individu.  Le  plus  grand 
nombre  croît  dans  les  bora.^es  du  Bas-Poitou.  Les  uns  reslehl 
d  'US  le  pa^  s  où  on  K-s  engraisse  avec  du  foin  et  des  choux, 
au  plus  tard  jusqu'à  six  ou  sept  ans:  ceux-là  sont  connus  sous  le 


B  O  E  547 

nom  de  chohis;  ils  nourrissent  plusieurs  provinces  depuis 
Pâques  jusqu'en  juillet,  et  font  dans  le  même  ttimps  la  léte 
de  la  provision  de  Paris. 

L'autre  partie  passe  d;uis  les  environs  de  Nantes  ;  c'est  ce 
qui  leur  a  fait  donner  ie  nom  de  nauUiis.  Ils  servent  à  cultiver 
et  engraisser  un  grand  espace  de  terrain  ,  qui  comprend  tout 
le  pays  de  P\e(z  ,  une  grande  partie  de  la  Bretagne  et  de 
l'Anjou,  et  surtout  les  deux  bords  de  la  Loire  jusqu'à  Angers: 
ces  bœufs  prennent  un  extérieur  bien  aise  à  distinguer  de  leur 
race  primitive.  On  les  garde  plus  vieux  que  les  cholets  ,  et  ili 
ne  sont  pas  moins  estimés  ;  ils  passent  presque  tous  en  Nor- 
mandie. 

On  comprend  encore  sous  le  nom  de  nantais  une  race 
dans  I4  partie  de  Test  de  la  l>reta|gne  ;  elle  ressemble  beau- 
coup à  celle  des  bœufs  poitevins  ,  imais  elle  est  beaucoup  plus 
petite  et  a  la  tète  plus  menue.  Elle  sert  à  la  culture  des  envi- 
rons de  Rennes  et  de  Fougères  ,  el  passe  enfin  dans  les  pâtu- 
rages de  Noimandie. 

Les  angevins  ressemblent  aussi  beaucoup  aux  poitevins  ; 
mais  ils  ont  la  nature  plus  dure  et  sont  d  une  conformation 
moins  parfaite  :  on  les  emploie  du  côté  de  Saumur,  Loudun 
et  Chinon.  On  les  garde  vieux  ,  ce  qui  les  rend  plus  difficiles 
à  engraisser.  Ils  passent  aussi  en  Norn^andie. 
"  On  doit  dire  que  toutes  ces  race;-  ,  malgré  les  différences 
exposées  ci-dessus  ^  passent  commi;mement  pour  une  seule  , 
connue  sous  le  nom  de  bœufs  nantiis.  Ils  sont  gris,  noirs, 
bruns  ou  marrons.  Ils  ont  la  tête  courte  et  large ,  les  cornes 
longues  et  noirâtres,  c  est-à-dire ,  quelles  sont  blanches 
contre  la  léte  ,  et  se  brunissent  peu  à  peu  jusqu  à  la  pointe 
qui  finit  par  être  noire.  Ces  bœufs  ont  la  poitrine  fort  des- 
cendue ,  quoiqu  avec  peu  de  fanon.  Leur  corps  et  toute  leur 
confonnation  sont  d  une  belle  proportion.  Ils  ont  Tépaule  , 
les  reins  et  le  cimier  sur  la  nîême  ligne  ,  disposition  qui  dif- 
fère de  ce  qu'on  observe,  ainsi  qiu'on  l'a  dit,  sur  les  bœufs  de 
haut  crû,  et  la  queue  est  enfoncée.  Cette  race  est  extrême- 
ment prisée  par  les  engraisseurs:  et  parles  bouchers.  Elle  fait 
beaucoup  de  viande  excellente  «et  beaucoup  de  suif,  mais 
donne  peu  de  cuir.Les  bœufs  «lie  cette  race  sont  de  taille  très- 
variable  ;  il  y  en  a  de  très-petits  et  il  y  en  a  qui  pèsent  jus- 
qu à  neuf  cents  livres. 

Bœufs  M,\RAicaAiys,  —Q^sbœufs  pourrolent  être  com- 
pris dans  les  variétés  d'e  la  ra«*e  nantaise  ,  puisqu'ils  sont  de 
la  même  couleur  et  du  même  pioil.  Cependant  ils  en  diffèrent 
par  des  caractères  remarquabi  es.  Ils  sont  plus  graiids,  plus 
longs  et  d  une  conformation  moins  parfaite  dans  leur  taille  ; 
ils  ont  la  tête  plus  longue  ,  les  cornes  plus.grandes,  et  la  na- 
ture ,  en  un  mol,  plus  loide.  Il  s  ne  sortent  poiut  du  pavs  où 


548  B  0  E 

ils  sont  nés  ,  ce  qui  les  rend  sauvages  ;  et  îl  n'est  pas  rare 
d'en  voir  d'épouvantés  dans  les  foires  où  on  les  rassemble. 

Ce  qu'on  appelle  lesniarais,  est  un  espace  de  terrain  assez 
étroit ,  qui  s'étend  dans  le  voisinage  de  la  côte  ,  depuis  Ma- 
checoul  jusqu'à  Rochefort.  11  y  a  dans  cette  distance,  qui  est 
fort  longue,  des  intervalles  où  les  marais  sont  peu  considéra- 
bles ,  et  d'autres  où  ils  s'élargissent  et  présentent  une  assez 
grande  superficie  ,  notamment  depuis  Luçon  jusquà  Roche- 
fort.  C'est  dans  ces  marais  que  se  trouvent  les  bœufs  de  Fon- 
tenai  ou  les  callots  ;  ceux  qu'on  élève  au  nord  de  Luçon 
sont  les  plus  beaux  ;  on  les  appelle  bœufs  du  grand  marais  , 
quoique  dans  cette  partie  les  marais  soient  le  moins  étendus. 
C'est  la  taille  des  bœufs  qui  y  paissent ,  qui  a  donné  lieu  i 
fette  dénomination  vulgaire.  • 

Cette  race  naît  donc  et  travaille  dans  les  marais  ;  et  comme 
les  fermiers,  que  1  on  nomme  cabanniers  ,  ont  un  très-grand 
nombre  de  bestiSux  de  plus  qu'il  n'en  faut  pour  le  travail  de 
leurs  fermes  ,  ils  ont  peu  d'ouvrage  à  faire.  Ils  s'engraissent 
en  travaillant,  soit  dans  les  herbages  ,  soit  à  l'étable  pendant 
l'hiver.  Dans  cette  dernière  saison  ,  les  terres  sont  peu  ac- 
cessibles ;  aussi  les  bœufs  nourris  au  foin  abondamment ,  sont 
déjà  tout  gras  quand  ils  reprennent  les  herbes  au  printemps. 

Ceux  que  l'on  destine  à  la  vente,  quittent  le  pays  depuis  la 
Saint-Jean  jusqu'au  mois  d'août;  mais  si  le  cabannier,  qui 
ne  va  jamais  chercher  le  débit  de  ses  bœufs  au-delà  de  ses 
foires ,  n'y  voit  pas  venir  des  marchands  pour  les  acheter  au 
prix  qu'il  leur  assigne  ,  il  les  garde  une  année  de  plus  et  les 
remet  avec  les  autres  à  leu*  genre  de  vie  ordinaire  ,  qui  est 
toujours  le  même  pour  les  jeunes  comme  pour  les  vieux.  De 
là  il  suit  que  la  graisse  de  ces  bœufs  étant  d'ancienne  date, 
ils  font  plus  de  suif  que  les  autres.  Mais  le  suif  étant  trop 
vieux  est  plus  huileux  ;  la  chair  se  ressent  aussi  de  cette  pro- 
priété huileuse  ,  et  est  peu  agréable. 

Autrefois  les  cabanniers  gardoient  leurs  bœufs  plus  vieux ^ 
et  ce  défaut  étoit  plus  remarquable.  S'il  survenoit  des  cha- 
leurs ,  leur  chair  se  corrompoit  très-facilement  dans  les  bou- 
cheries ;  et  ,  quoique  les  bouchers  leur  trouvassent  exlraor- 
dinairement  de  suif,  ils  ne  s'en  chargeoient  pas  en  grande 
quantité ,  crainte  de  perdre  la  viande.  Depuis  que  la  cherté 
est  devenue  universelle  ,  l'occasion  de  vendre  plus  souvent  a 
donné  de  l'industrie  aux  cabanniers.  Leurs  boeufs  se  vendent 
actuellement  plus  jeunes.  Ils  font  moins  de  suif;  mais  la 
viande  est  d'une  qualité  supérieure.  Malgré  cela,  ce  ne  sera 
jamais  une  race  que  l'on  proposera  de  multiplier,  quoi- 
qu'elle soit  fort  grosse  ,  puisque  son  poids  esi  depuis  sept 
cents  jusqu'à  mille  livres. 

Les  vaches  que  l'on  nomxac  Jlandrin€s  en  Poitou ,  en  Aunis 


B  O   E  5^9 

cl  dans  les  marais  de  Charente  ,  viennent  originairement 
d'une  race  de  bêtes  à  cornes  transportée  de  la  Flandre  ou  de 
la  Hollande  ,  et  dont  nous  parlerons  lorsque  nous  ferons  l'é- 
numération  des  principales  races  de  bœufs  étrangers.  Celte 
race,  croisée  avec  celle  du  pays,  en  a  produit  une  troi- 
sième que  Ton  nomme  bâtarde  dans  les  mêmes  cantons. 

Bœufs  Bretoks. — Les  bœufs  bretons  sont  d'une  race  fort 
petite.  Ils  naissent,  travaillent,  s'engraissent  et  se  débitent 
dans  la  Basse-Bretagne;  cependant  il  en  passe  qnelques-uns 
en  Normandie  ,  et  quelques  autres  sortent  gras  du  pays  pour 
aller  à  Paris.  La  plus  grande  partie  est  consommée  par  la 
marine.  Le  poids  commun  de  ces  bœufs  est  depuis  trois  cent 
cinquante  jusqu'à  cinq  cents  livres.  On  dit  que  leBas-Breton, 
«on  chien  ,  son  cheval ,  son  cochon ,  sa  vache  et  ses  deux 
bœufs  vivent  et  couchent  ensemble.  Cette  exagération  Indique 
le  caractère  de  cette  nation  ,  qu'il  sera  bien  difficile  d'arra- 
cher à  rinertie  où  la  plonge  l'habitude.  En  général ,  le 
solde  la  Bretagne  n'est  pas  mauvais  ,.  et  est  très-favora- 
ble à  la  multiplication  des  bestiaux.  Ses  débouchés  sont 
on  ne  peut  plus  faciles  par  le  voisinage  de  la  Normandie  ,  et 
par  la  consommation  des  villes  maritimes  qu'elle  devroit  ail- 
ïnenter  exclusivement  ;  mais  il  faudroit  des  prairies  mieux 
entretenues. 

Les  bœufs  bretons  sont  très-petits  ,  rouges  et  blancs ,  on 
noirs  et  blancs.  Ils  ont  les  membres  et  la  tête  menus  ;  les 
cornes  fort  longues  et  noires  par  le  bout.  Cette  race  fait  peu 
de  suif  et  fournit  très-peu  de  cuir,  et  quoiqu'elle  donne  de  la 
viande  d'assez  bonne  qualité  ,  elle  n'a  guère  de  considéra- 
lion. 

Bœufs  Manceaux. —  Cette  race  est  petite,  mais  pré- 
cieuse et  abondante.  Ces  bœufs  ne  sortent  guère  de  leur  pays 
natal  que  pour  passer  dans  les  pâturages  de  Normandie. 
Comme  on  ne  les  expatrie  pas  ,  et  que  les  travaux  de  ce 
pays  ne  sont  pas  proportionnés  au  grand  nombre  de  ces 
animaux  ,  Us  ne  travaillent  guère  qu'à  six  à  sept  ans ,  âge  où 
ils  ne  peuvent  avoir  atteint  toutes  les  qualités  qui  convien- 
nent à  ce  commerce  ;  cela  n'empêche  pas  qu'on  ne  les  re- 
garde, à  juste  titre  ,  comme  une  des  meilleures  races  qui 
existe  en  France.  Leur  nature  est  la  plus  douce  qui  soit 
connue;  leur  poids,  la  qualité  de  leur  viande,  la  quantité 
de  suif  et  le  cuir  les  font  rechercher. 

Ils  sont  tous  rouges  ou  blonds ,  mais  d'une  nuance  plus 
douce  et  plus  claire  que  celle  des  bœufs  de  haut  cru  dont  on 
a  fait  mention.  Ils  ont  la  tête  et  le  cou  menus.  Le  fauoa 
manque  presque  à  tous ,  cl  ceux  qui  en  ont  beaucoup  sont 


55o  B  0  E 

peu  prises.  Leurs  formes  sont  très-aUongées.  Ils  n'ont  pas  or- 
dinairement une  certaine  épaisseur  sur  le  dos  ,  en  sorte 
que  la  supériorité  de  cette  race  sur  les  autres  est  bien  plus 
dans  sa  nature  que  rians  ses  formes  extérieures.  Ces  bœufs 
ont  le  cimier  plat  et  la  queue  enfoncée,  les  cornes  courtes  , 
fines  et  blanches;  ils  sont  de  toute  grosseur  suivant  les  can- 
tons où  les  vaches  sont  plus  ou  moins  grosses ,  et  suivant 
le  goût  des  nourrisseurs.  Cependant  il  paroît  que  toute  la 
province  du  Maine  pourroil  avoir  de  beaux  bestiaux. 

11  y  a  cinquante  ans  ,  M.  Boreau  de  la  Besnardière  ,  né- 
gociant à  Angers  ,  fit  acheter  en  Normandie  un  taureau  et 
quelques  vaches  de  la  race  hollandaise.  Il  en  a  résulté  une 
race  bâtarde,  qui  a  beaucoup  grossi  celle  des  environs  de 
Château-Gontier.  Malheureusement  on  lui  avoit  choisi  un 
taureau  qui  avoit  peu  de  tête  et  de  cou  ,  et  cette  nouvelle 
race,  qui  s'est  multipliée  avec  beaucoup  de  succès,  manque 
en  cette  partie,  défaut  qui  est  bien  peu  de  chose  dans  un 
individu,  mais  qui  est  cependant  essentiel  dans  une  race. 

Bœufs  Hollandais  ou  Bœufs  de  pays.  —  En  général , 
la  Normandie  n'est  point ,  par  la  nature  de  son  sol ,  propre 
à  faire  des  élèves.  Ses  plainas  sont  trop  ferliles,  et  ses 
pâturages  trop  gras,  pour  qu'on  puisse  y  entretenir  une 
race  ;  cependant  il  y  a  quelques  vaches  pour  les  besoins  du 
pays.  11  y  a  environ  quatre-vingts  ans,  M.  de  la  Roque  , 
herbager,  chargé  d"une  mission  ministérielle,  fit  passer  dans 
la  vallée  d'Auge,  une  rare  qu'il  alla  chercher  en  Hollande. 
Elle  s'est  perpétuée  en  petite  quantité,  par  les  raisons  que 
nous  avons  diies;  mais  elle  n'a  pas  dégénéré.  Il  semble 
même  que,  par  le  choix  qu'on  a  fait  des  sujets  destinés  à 
donner  race  ,  l'espèce  soit  devenue  graduellement,  non  pas 
plus  grosse  ,  mais  d'une  conformation  plus  parfaite  et  d'une 
nature  plus  douce.  C'est  la  plus  belle  race  qui  soit  en 
France,  et  elle  fournit  communément  des  bœufs  de  mille  à 
douze  cents. 

Ces  bœufs  sont  ordinairement  d'un  rouge  foncé  ;  ils  ont  le 
poil  gros  et  la  tête  blanche  ou  variée  de  rouge  et  de  blanc, 
il  y  en  a  aussi  de  noirs  et  de  bruns  ,  et  leur  couleur  a  tou- 
jours plus  ou  moins  de  blanc.  Leur  conformation  el  leur 
taille  sont  dans  de  belles  proportions.  La  tele  est  courte  et 
large  ;  les  cornes  grosses,  courtes  et  rondes  par  le  bout,  et 
bl;>nches  ;  la  queue  est  enfoncée  ;  leur  viande  est  aboii- 
danlc  et  délicieuse  ;  la  graisse  est  un  peu  jaune ,  mais  ils  ont 
beaucoup  de  suif  et  de  cuir.  Cependant  toutes  ces  qualités  ne 
se  trouvent  complètes  que  dans  le  bœuf  i\ni  a  sept  à  huit  ans, 
et  qui  en  a  travaillé  quatre  à  cinq  ;  et  on  ne  peut  guère  leur 
procyrer  cet  avantage  en  Normandie  ,  parce  que'  tous  les 


B  O  E  55i 

travaux  de  la  culture  se  font  presque  partout  avec  des  che- 
vaux. Les  bœufs ,  en  séjournant  jusqu'à  huit  ans  dans  les  pâtu- 
rages, dépenseroient  trop  de  nourriture.  On  les  vend  pour 
la  boucherie  à  trois  ou  quatre  ans,  ce  qui  fait  qu'ils  n'ont 
pas  encore  acquis  tpule  leur  qualité. 

Cette  race,  qu^n'a  pas  dégénéré  en  Normandie,  pourroit 
être  introduite  dans  les  provinces  propres  aux  élèves  ;  et  si 
elle  y  réussissoit ,  on  pourroit  alors  la  multiplier  dans  toute 
la  France.  On  doit  dire  qu'elle  se  soutiendrolt  difficilement 
dans  le  même  genre  de  beauté  dans  des  sols  d'un  médiocre 
produit;  cependant  le  succès  qu  elle  a  eu  du  côté  de  Châ- 
teau-Gontier  indique  qu'elle  en  aurolt  aussi  dans  tous  les 
bons  pays  d'élèves. 

Bœufs  Cotentins.  —  Le  Cotentin  est  un  canton  de  la 
Normandie  ,  situé  à  son  extrémité  ouest  et  nord.  C'est  le 
seul  de  cette  province  où  Ton  élève  beaucoup  de  jeunes 
bœufs.  Cette  race  a  des  caractères  qui  la  font  différer  abso- 
lument des  races  précédentes  ;  tels  sont  ceux  de  la  couleur, 
de  la  conformation  et  de  la  physionomie.  Sa  couleur  est  ordi- 
nairement bi'onzée  ,  c'est-à-dire  ,  brune ,   chinée  de  noir. 

Les  bœufs  cotenlins  ont  la  tête  longue  et  peu  grosse ,  les 
cornes  longues  ,  menues  et  pointues-,  le  dos  élevé  en  cime  , 
les  fesses  minces,  beaucoup  de  ventre,  la  queue  enfoncée,  les 
membres  menus;  enfin,  toute  leur  conformation  est  peu  mas- 
sive. Leur  viande  est  peu  courte  ,  et  la  graisse,  par  celte  rai- 
son ,  s'insinuaiit  dans  les  chairs,  la  rend  très-succulente  et 
délicieuse:  cette  graisse  est  jaune.  Ils  font  beaucoup  de  suif, 
mais  très-peu  de  cuir.  Voilà  l'ancienne  race. 

Depuis  quarante-cinq  ans  ,  les  nourrisseurs  se  sont  mis 
dans  l'usage  d'acheter  au  pays  d'Auge  des  taureaux  hollan- 
dais, et  il  est  étonnant  comme  ils  sont  parvenus  à  grossir 
la  race,  sans  avoir  changé  les  vaches.  Ils  ont  à  présent  des 
bœufs  d'un  volume  extraordinaire ,  et  fournissent  des  sujets 
de  treize  à  quatorze  cents,  plus  communément  que  dans  le 
pays  d'Auge;  ce  qui  prouve  que,  sans  réformer  la  race  d'un 
pays  quelconque,  il  suffirolt  d'y  introduire  quelques  tau- 
reaux d'une  espèce  supérieure.  La  seule  attention  qu'il  fau- 
droil  avoir,  seroit  de  choisir  les  races  qu'on  intioduirolt  par 
les  mâles  ,  et  qu'il  faudrolt  assortir  au  pays  et  à  sa  constitu- 
tion. 

Cette  introduction  de  taureaux  étrangers  dans  le  Coten- 
tin opère  insensiblement  un  changenfient  dans  le  poil  et  la 
conformation  de  la  race  du  pays.  On  y  trouve,  bien  pins  sou- 
vent qu'autrefois,  des  bœufs  rouges  marqués  de  blanc  ,  el^is 
ont  les  os  bien  plus  gros. 

Bœufs  Comtois.  —  Les  bœufs  comtois  sont  d'une  race 
moyenne.  Leur  conformation  ressemble  assez  à  celle  des 


55a  B  0   E 

coteniins  de  rancienne  race.  Ils  ont  les  cornes  plus  torses; 
ils  sont  ordinairement  blonds  ou  bruns  avec  la  tcle  blanche  ; 
couleur  ((ui  se  trouve  communément  dans  le  Cotenlin  , 
quoique  la  dominante,  y  soit  le  bronzé.  Il  s'en  faut  de  beau- 
coup qu'ils  valent  les  coteniins ,  et  si  on  indique  ici  des 
caractères  de  ressemblance  ,  ils  ne  passent  pas  l'extérieur. 
Leur  poids  ne  va  guère  au-delà  de  cinq  cent  cinquante ,  et 
ils  sont  peu  estimés. 

lÎŒUFS  DE  LA  Camarcue.  —  De  toutes  les  races  de  bœufs 
qui  se  trouvent  en  France,  il  n'en  est  pas  de  plus  remarquable 
que  celle  des  îles  de  [a  Camargue,  formées  par  le  Rhône  à 
son  embouchure.  Ces  animaux  liennent  du  buffle  par  leur 
couleur  noire  ,  par  leur  ventre  qui  descend  foii  bas  ,  et  sur- 
tout par  leur  air  farouche  et  menaçant  :  leurs  cornes,  qui 
sont  courtes,  forment  un  croissant  parfait,  dont  les  pointes  se 
rapprochent;  un  cuir  épais  les  meta  l'abri  des  attaques  des 
rousins  ^  très-nmltipliés  dans  ces  marais.  Un  autre  rapport 
que  ces  bœufs  ont  avec  le  buffle  ,  c'est  que  leur  viande  est 
toujours  de  mauvaise  qualité,  toujours  rouge  ,  dure  et  filan- 
dreuse ;  celle  des  veaux  est  presque  aussi  mauvaise.  La  peau 
de  leur  tête  est  noire  ,  même  après  la  cuisson  ;  cependant  le 
>euple  se  contente  de  cette  viande  à  cause  du  Lon  marché  : 
'été  est  la  saison  où  elle  est  la  moins  mauvaise,  parce  qu'alors 
ces  animaux  ont  plus  de  repos  et  une  nourriture  plus  abon- 
dante. Ces  bœufs  ne  savent  pas  aller  lentement;  ils  sont  très- 
agiles  et  très-vites  à  la  course,  et  leur  allure  ordinaire  est  un 
grand  trot.  Jamais  ils  n'entrent  dans  l'élable,  et  dès  qu'ils 
quittent  la  charrue ,  ils  retournent  dans  leurs  pâturages;  des 
ïionnncs  à  cheval  les  gardent  en  troupeau  et  les  amènent  au 
travail.  Ils  entrent  quelquefois  en  fureur  et  courent  sur  les 
hommes.  11  est  dangereux  pour  les  voyageurs  de  passer  trop 
près  d'eux  ,  surtout  dans  la  partie  méridionale  de  la  Ca- 
margue ,  où  ils  voient  rarement  du  monde.  Pour  éviter  leurs 
coups,  on  est  obligé  de  monter  sur  un  arbre  ou  de  se  jeter 
ventre  à  terre,  les  bras  étendus;  le  bœuf  ilaire  et  passe  outre 
quand  il  voit  l'homme  sans  mouvement.  Les  vaches  ne  sont 
pas  moins  dangereuses  que  les  bœufs,  §'irtout  quand  elles 
ont  des  veaux;  on  les  garde  en  troupeaux  sépares. 

\oilà  à  peu  près  (  à  lexception  de  la  dernière  )  les  prin- 
cipales races  de  France,  qui  viennent  à  Sceaux  et  <à  Poissy. 
Il  en  vient  aussi  de  l'étranger  ;  mais  nous  croyons  devoir 
laisser  de  côté  celles  que  l'on  n'y  voit  q?j'accldenlelleincnt, 
et  nous  borner  à  parler  de  celles  qui  forment  une  partie  ré- 
gulière de  l'approvisionnement  de  "Paris,  qu'on  y  attend  ,  et 
qâi  y  viennent  dansleurssaisons  ordinaires. Ce  sont  les  suisses, 
les  franconiens  et  les  flamands  appelés  aussi  hollandais. 

Bœufs  Suisses.  —  La  conformation  des  bœufs  suisses  res- 


f 


B  0  E  553 

semble  beaucoup  à  celle  des  hourrets  onbteufi  awergnats,  mais 
dans  une  plus  grande  proportion  :  ils  ont  plus  de  fanon  , 
plus  de  cuir,  et  leur  nature  est  plus  rude.  Les  bourrels  sont 
Ums.  rouges,  et  parmi  les  bœufs  suisses  il  y  a  presque  autant 
de  bruns  que  de  rouges.  Ils  ont  presque  tous  la  tête  blanche. 
La  Suisse  produit  des  bœufs  d'un  mille  pesant;  ils  font  très- 
peu  de  suif  Leur  viande  est  peu  compacte ,  et  de  médiocre 
qualité  :  ils  passent  jeunes  à  la  boucherie  ;  ils  donnent  les 
plus  gros  cuirs  qu"on  connoissc ,  car  il  y  en  a  du  poids  de 
cent  quarante  livres.  Us  sont  peu  nombreux  et  de  haut  crû- 

Les  vaches  suisses  sont  Irès-renommées  par  leur  grande 
taille,  l'abondance  du  lait  qu'elles  fournissent ,  et  la  beauté 
des  veaux  qu'elles  produisent.  Bien  des  gens  s'imaginent 
que,  pour  se  procurer  tous  ces  avantages  ^  il  suffit  de  faire 
venir  des  vaches  de  la  Suisse  ;  mais  ils  ne  tardent  pas  à 
s'apercevoir  de  leur  fausse  spéculation  :  ces  vaches ,  ame- 
nées à  grands  frais,  dépérissent  dans  leur  nouvelle  demeure; 
le  lait  tarit  au  point  d'être  en  moindre  quantité  que  celui  des 
vaches  du  pays  ;  elles  consomment  plus  et  rapportent  moins. 
La  cause  de  cette  d  'génération  est  dans  la  différence  des  pâtu- 
rages. De  même  qu'un  arbre  transplanté  d'un  sol  riche  dans 
im  terrain  de  mauvaise  qualité  ,  meurt  en  peu  d'années 
nprès  une  végétation  languissante  ;  ainsi  un  animal  que  Ton 
retire  de  gras  pâturages  pour  l'amener  sur  des  prairies  tapis- 
sées d'herbes  cqurles  et  peu  substantielles  ,  perd  bientôt  sa 
vigueur  et  tous  les  avantages  qui  l'avoient  fait  rechercher. 
Avant  de  tirer  de  la  Suisse  des  bœufs» et  des  vaches,  il  est 
nécessaire  d'avoir  à  leur  présenter  des  alimens  aussi  succu- 
Icns  que  ceux  auxquels  ils  sont  accoutumés;  ce  qui  n'est  pas 
facile  à  rencontrer  dans  nos  pays. 

Bœufs  Franconiens.  —  Les  bœufs  de  cette  race  sont  très- 
estimés  ;  leur  nature  est  très-douce  ;  ils  n'ont  pas  une  taille 
massive,  car  leurs  cuisses  sont  minces  et  leurs  membres  me- 
nus. Ils  sont  d'un  rouge  très-vif,  avec  la  tête  blanche  ;  les 
cornes  mêmes  sont  blanches,  fines,  relevées  et  pointues, 
le  flanc  est  un  peu  descendu.  Ils  ont  une  viande  abondante  , 
fort  peu  de  suif  et  de  cuir.  La  viande  qui  a  grande  appa- 
rence a  peu  de  poids  et  de  saveur.  Ce  défaut  vient  apparem- 
ment de  la  manière  dont  on  les  engraisse.  On  les  nourrit 
toujours  au  sec,  et  ils  ir^ivaillent  pendant  qu'on  les  engraisse 
avec  lavoine.  Leur  poids  est  depuis  quatre  cent  cinquante 
jusqu'à  sept  cents. 

Bœufs  Flamands  ou  Hollandais.  —  Cette  race  de 
bœufs  a  quelque  rapport  avec  nos  bœufs  de  pays  ;  mais  il 
ô'cu  faut  de  beaucoup  qu'elle  soit  d'une  aussi  belle  propojr* 


5.>4  B  O  E 

tion  et  d'une  aussi  bonne  nature.  Ces  bœufs  sont  Irès- 
grands  ,  très-longs  ,  très-minces,  et  ont  peu  de  ventre.  Leur 
tète  est  longue,  les  cornes  sont  noires  et  fort  grandes.  11  ne 
paroît  pas  qu  on  les  garde  vieux  dans  le  pays,  ni  qu'on  les 
y  fasse  travailler;  car  c^iux  qui  viennent  à  Poissy  n'ont  pas 
plus  de  quatre  à  cinq  ans.  Leur  chair  est  assez  lourde,  ce 
qui  est  ordinaire  quand  on  lue  les  animaux  jeunes,  mais 
quoi(juc  grasse  elle  a  peu  de  qualité  ;  leurs  cuirs  sont  assez 
forts;  teur  poids  est  communément  depuis  six  cents  jusqu'à 
huit  cents  livres.  Quoique  ces  bœufs  soient  de  nature  douce, 
ils  ne  sont  pas  assez  bons  pour  être  multipliés  de  préférence 
à  ceux  de  plusieurs  autres  races. 

Les  vaches  hollandaises,  toujours  maigres,  donnent  une 
grande  quantité  de  lait  ,  et  on  peut  les  traire  toute  Tannée, 
à  l'exception  de  quelques  jours  avant  qu'elles  mettent  bas  : 
elles  font  une  partie  des  richesses  de  la  Hollande,  d'où  il 
sort  tous  les  ans  pour  des  sommes  considérables  de  beurre 
cl  de  fromage  ;  mais  il  faut  pour  ces  vaches ,  comme  pour 
celles  de  la  Suisse,  des  pâturages  excellens. 

Ces  notions,  tout  incomplètes  qu'elles  sont,  ont  été  ré- 
digées avec  le  plus  grand  soin  et  le  plus  d'exactitude  qu'il  a 
été  possible  :  il  eîtl  été  peut-être  plus  convenable  d'y  join- 
dre la  manière  dont  chaque  canton  engraisse  ses  bestiaux; 
mais  on  n'a  pas  cru  que  ce  tableau ,  qui  auroit  été  assez 
varié  ,  pAl  avoir  une  grande  utilité.  La  viande  que  l'on 
consomme  en  grand  est  généralement  d'une  bonne  qualité; 
cl  à  juger  de  la  cause  par  l'effet,  il  en  résulte  que  tous  ces 
moyens  d'engrais  sont  bons ,  quoiqu'ils  diffèrent  beaucoup. 

D'ailleurs,  quand  on  connoîtroil  les  pratiques  qui  doivent 
efre  préférées,  il  n'est  pas  sûr  que  les  circonstances  locales 
te  prélassent  à  ce  qu'on  les  .suivit  dans  tous  les  cantons.  En 
fait  de  culture  ,  il  n'est  pas  de  procédé  universel,  et  la  cons- 
titution du  sol  doit   être  consultée  avant  tout. 

Quant  à  l'amélior.-îtion  des  races,  il  est  utile  de  s'en 
occuper,  et  déjà  les  vues  générales  que  l'on  a  présentées 
peuvent  contribuer  à  détruire  de  vieux  préjugés  ;  en  con- 
séquence, on  pourroit  s'occuper  de  plusieurs  essais,  dont 
les  succès  décideroient  les  nourrisscurs  à  les  continuer,  à 
les  modifier  ou  à  les  rejeter  absolument. 

Parmi  les  races  toul-à-fait  étrangères  à  la  France,  on  re- 
n>arque  principalement  celles  qu'onélè'/een  Angleterre.  Les 
comtés  de  Devonshirc  cl  de  Susscx  nourrissent  des  bêtes  à 
cornes  qui  remportent  sur  les  races  de  la  côte  méridionale. 
Le  rapport  entre  les  races  de  ces  deux  contrées  est  frappani; 
mais  celle  de  Devonshirc  paroit  mériter  la  préférence  par  la 
piîUtcsse  de  la  tctc  et  du  cou.  C'est,  au   reste,  aux  races 


B  o  E  sr.s 

françaises  que  celles  de  plusieurs  contrées  d'Angleterre  doi- 
vent leurs  avantages.  Les  taureaux  et  les  vaches  de  Norman- 
die,  transportés  d'abord  à  Guernesey  ,  ensuite  en  Angle- 
terre ,  par  leur  croisement  avec  des  races  de  relie  dernière 
île,  ont  produit  des  animaux  de  plus  belles  formes,  plus 
vigoureux  dans  le  travail,  moins  lourds  dans  la  marche  ,  plus 
doux  dans  le  naturel  ,  moins  difficiles  sur  le  choix  de  la 
nourriture,  et  plus  susceptibles  d'acquérir  promptement  une 
graisse  de  meilleure  qualité. 

La  race  actuelle  du  district  de  Norfolk  n'est  pas  moins  par- 
ticulière à  ce  pays  que  son  ancienne  race  de  chevaux^  et  elle 
a  des  rapports  dans  leurs  principaux  traits  et  leurs  qualités. 
Mais  les  bœufs  de  Norfolk  sont  de  petite  taille  ;  cependant  les 
bouchers  de  Londres  les  estiment  plus  que  ceux  de  toute 
autre  race.  Les  bœufs  de  Hereford-Shire  et  de  Wiltshire  sont 
de  très-grande  taille,  de  même  que  ceux  du  comté  de  Suffolk. 
L'on  y  lua,  il  y  a  environ  dix-huit  ans,  un  veau  de  quatre 
mois  et  demi,  qui  pesoit  4-47  livres;  et,  quelques  années 
auparavant,  l'on  avoit  présenté  au  roi  un  bœuf  ^vme  grosseur 
pfodigieuse ,  dont  les  cornes  n'avoient  pas  moins  de  cinq 
pieds  de  long,  et  qui  pesoit  8920  de  nos  livres. 

Il  existe  encore  dans  ce  même  comté  de  vSnffolk  une  race 
de  bœufs  sans  cornes  ;  l'on  assure  que  les  vaches  de  cette  race 
sont  meilleures  que  celles  dont  la  tête  est  armée  de  cornes. 
Elle  est  originaire  d'Ecosse,  où  elle  vit  dans  un  état  presque 
sativago  sur  les  montagnes  el  les  rochers,  et  où  on  lui  fait  la 
chasse.  Cas  bœufs  à  demi-sauvages  des  montagnes  de  l'Ecosse 
sont  de  très-peiite  stature ,  mais  bien  proportionnés  dans 
toutes  leurs  parties;  les  F.cossàh  les  nomn\ci\[  bœufs  humbles; 
dénomination  qui  se  rapporte  vraisemblablement  à  leur  taille 
rapetissée  plutôt  qu'au  défaut  de  cornes.  Les  bœufs  el  le.svarhes 
des  parties  méridionales  et  des  contrées  maritimes  de  l'Ir- 
lande manquent  souvent  de  cornes.  La  race  de  ces  animaux 
qui  subsistent  en  Irlande  en  est  également  dépourvue. 

Dans  rinde  on  voit  aussi  plusieurs  Afcz//.f  sans  cornes;  les 
uns  en  sont  privés  naturellement ,  d'autres  par  artifice.  Ces 
derniers  portent  en  place  de  cornes  une  protubérance  sail- 
lante, ronde  et  fort  dure,  espèce  de  stigmate  de  lopération 
qu'ils  ont  subie.  En  effet ,  pour  empêcher  la  croissance  des 
cornes,  les  Indiens  font,  sur  la  tête  du  jeune  animal,  une 
incision  à  l'endroit  où  elles  doivent  pousser;  ils  y  appliquent 
le  feu,  t't  cette  cautérisation  les  empêche  de  croître. 

M.  {YAzavA  {Histoire des  Quadrupèdes  du  Paraguay)  nous  ap- 
prend qu'au  Coin  de  la  Lune ,  habitation  des  jésuites  dans  le 
district  des  Carrienîes,  à  environ  quarante-cinq  lieues  de  l'As- 
sompliou ,  au  Paraguay  ,  naquit  en   1770  un  taureau  sans 


S:,6  B  O  K 

cornes.  Cet  animal  a  propagé  sa  race  dans  le  pays,  et  M.  d'A-. 
zara  remarque  à  ce  sujet  que  les  produits  d'un  taureau  sans 
rornes  en  sont  privés  ,  quoique  la  mère  en  soit  armée,  et  que 
les  veaux  nés  d'un  taureau  à  cornes  en  ont  aussi,  quoique  la 
mère  en  soit  privée.  Le  même  auteur  contredit  Topiniou  de 
Uuffon  ,  qui  ne  voyoit  dans  les  cornes  des  animaux  que  des 
|)arties  excédantes,  produites  par  la  surabon>lance  do  la  nour- 
aiture,  et  M.  d'Azara  appuie  sa  réfutation  de  deux  faits  qu'il 
a  observés  au  Paraguay  :  c'est  que  dans  les  mêmes  cantons  où 
la  race  des  bœufs  sans  cornes  s'est  multipliée  ,  il  existe  aussi 
une  grande  quantité  de  ces  animaux  cornus ,  et  que  la  pâture 
y  est  également  bonne  et  abondante. 

Si  Ton  continue  à  parcourir  les  différentes  contrées  de 
l'Europe  où  les  races  des  bœufs  présentent  quelque  attribut- 
remarquable ,  Ton  trouvera,  en  s'avançant  vers  le  ISord,  de 
<rès-grands  bœufs  en  Danemarck.  Les  Hollandais  ont  souvent 
fait  venir  de  ce  pavs  des  vacbes  maigres,  qui  prennent  de 
l'embonpoint  dans  leurs  prairies-,  elles  rendent  coiumiméuient 
par  jour  cliacune  dix-buit  à  vingt  pintes  de  lait  (  mesure  de 
Paris  ). 

En  Ukraine  ,  le  bétail  surpasse  en  grandeur  celui  de  toute 
l'Europe.  Pour  pouvoir  porter  la  main  sur  le  milieu  du  dos 
^lun  bœuf,  il  faut  être  d'une  taille  au-dessus  de  la  médiocre. 
Les  bœufs  de  Hongrie,  de  Podolie  et  de  la  Tartarie  qu'ba- 
bitent  les  Calmoucks,  sont,  avec  ceux  de  l'Ukraine,  les  plus 
grands  du  monde. 

Les  bœufs  de  Hongrie  amenés  en  France  par  les  ennemis 
rn  1814. ,  éloient  de  très-grande  taille.  Leurs  cornes  avoicnt 
beaucoup  de  longueur  et  éloient  bien  placées.  Leur  poil  étoit 
d'un  gris  cendré  et  distribué  par  mèches. 

Les  bœufs  et  les  vaches  de  Norwége  sont,  dit  Pontoppidan, 
de  même  que  les  chevaux,  presque  tous  jaunes  et  petits.  Ils 
sont  un  peu  plus  grands  dans  les  iles  qui  bordent  les  cotes  de 
JSorwége  ;  ce  qui ,  selon  le  même  auteur,  vient  autant  des 
rxcellens  pâturages  que  de  la  liberté  qu'on  leur  donne  ;  car 
on  les  laisse  aller  à  leur  gré  ,  en  prenant  seulement  la  précau- 
tion de  les  faire  accompagner  par  quelques  béliers  accoutumés 
à  chercher  eux-mêmes  leur  nourriture  pendant  l'hiver.  Quand 
ceux-ci  ont  découvert  avec  leurs  pieds  l'herbe  qui  se  trouve 
.«^ous  la  neige  ,  les  bœufs  ne  leur  permettent  d'y  touclier 
qu'après  qu  ils  sont  rassasiés.  Ces  bœufs  ainsi  abandonnés, 
deviennent  avec  le  temps  si  farouches,  que  pour  les  avoir  il 
laut  les  prendre  avec  des  lacs  ou  les  tuer  à  coups  de  fusil.  Les 
vaches  de  Norwége  donnent  fort  peu  de  lait ,  et  les  habitans 
des  campagnes  sont  obligés  d'en  entretenir  un  grand  nombre. 

Les  bœufs  sont  répandus  dans  tout  l'empire  de  Kiisiie  ,  et 


B  O  E  -557 

îî  y  en  a  de  tris-gros,  qui  ont  autant  de  force  que  de  beauté. 
Les  Kirguis  élèvent  une  grande  quantité  de  gros  bétail  ;  on 
volt  chez  eux  des  taureaux  dune  beauté  et  d'une  grosseur 
extraordinaires. 

Au  Midi,  l'Espagne  et  l'Italie  nourrissent  de  fort  beaux, 
bœufs.  En  quelques  endroits  de  l'Italie  ,  Us  sont  souvent  gris  , 
à  tète  blanche  et  très-grands.  Les  bœufs,  qui  sont  nombreux 
en  Sicile  ,  ont  des  cornes  remarquables  par  leur  grandeur  et 
la  régularité  de  leur  figure  ;  ces  cornes  n'ont  qu'une  légère 
courbure ,  et  leur  longueur  ordinaire  ,  mesurée  en  ligne 
droite,  est  de  trois  pieds,  et  quelquefois  de  trois  pieds  efc 
demi  ;  elles  sont  toutes  très-régulièrement  contournées  et 
d'une  forme  absolument  semblable.  Elles  sont  encore  plua 
grandes  sur  la  tête  des  bœufs  qui  vivent  dans  les  pâturages  de 
l'Etna  ,  et  qui  sont  aussi  plus  gros  et  plus  vigoureux  que  ceux 
des  autres  parties  de  l'île.  Plusieurs  cabinets  conservent  de 
ces  longues  cornes  comme  des  curiosités  naturelles. 

Cette  race  de  bœufs  de  la  Sicile  ,  transporléc  aux  îles  voi- 
sines et  volcaniques  de  Liparl ,  dégénère  au  point  de  devenir 
Tnéconnoissable.  Ils  ne  sont  ni  plus  beaux  ni  plus  nombreux 
dans  l'île  de  Malte.  En  Sardaigne  ,  ces  animaux  sont,  en  gé- 
néral, petits  et  maigres.  On  y  comptoit  en  1771,  suivant 
Cetti,  trois  cent  cinquante-quatre  mille  cent  soixante  têtes  de 
gros  bétail ,    en  y  comprenant  les  vaches  et  les  veaux. 

De  beaux  et  nombreux  troupeaux  de  bœufs  animent  de 
beautés  vivantes  les  grands  traits  de  la  nature,  si  belle,mais  eu 
même  temps  si  outragée  par  l'ignorance  et  le  despotisme , 
dans  la  Turquie  d'Europe. 

Les  anciens  distlnguoient ,  parmi  les  bœufs  d'Epîre  ,  ceux 
que  l'on  appeloh pyrrhiques.  «  Nous  les  devons,  dit  Pline,  aux 
V  soins  du  roi  Pyrrhus.  Ce  prince  réussit  à  en  perfectionner 
<?  l'espèce  ,  en  ne  leur  permettant  pas  de  s'accoupler  avant 
«  la  quatrième  année  ;  par  ce  moyen  ,  il  obtint  des  bœufs  de 
«  la  plus  riche  taille  ;  la  race  en  est  encore  subsistante.  »  Les. 
vaches  pyrrhiques  ,  suivant  Aristote  ,  n'étolent  qu'au  nombre 
de  quatre  cents  environ  ;  elles  étolent  réservées  pour  le  roi  , 
et  ce  n'étoit  que  lorsqu'elles  avoient  neuf  années  accomplies 
qu'on  permettoit  au  taureau  de  les  approcher.  Tant  qu'elles 
prenolent  de  l'accroissement ,  on  les  appeloit  vierges. 

Les  hêtes  à  cornes  sont  plus  petites  dans  les  plaines  de  la 
Crimée  que  dans  l'Ukraine  ;  elles  ressemblent  à  celles  de 
la  Hongrie  ,  et  ont  souvent  aussi  la  même  couleur  grise  ou 
noire,  et  rarement  brune  ;  elles  sont  plus  lentes,  et  d'une 
marche  plus  pesante  que  dans  les  montagnes ,  où  la  race  , 
quoique  petite  ,  est  forte ,  et  a  une  allure  plus  vive.  Dans  le 
no.mbre  des  bœufs  de  montagne,  ou  ea  voit  beaucoup  qui  ont 


558  B  O   E 

!a  couleur  des  gazelles^  el  ceux-là  onl  communément  les  mein- 
Lres  et  une  forme  plus  agréables.  (  P;i!las,  Aout>.  Voy.  daiis  les 
Gom>ernemens  mérid.  de  thinp.  de  Russie  ).  , 

Dans  la  plupart  des  parties  de  rvVrrIque,  principalement 
dans  celles  où  les  hommes  s'adonnent  à  la  culture  des  ierres, 
les  bêtes  à  cornes  ne  sont  point  rares.  VA\e  sont  en  nombre 
assez  considérable  en  E£;ypte  ;  mais  quoiqu'elles  y  soient  en- 
core assez  belles,  elles  y  ont  beaucoup  dégénéré  de  la  per- 
fection qui  les  faisoit  admirer  autrefois  comme  une  race  dis- 
tinguée. Leur  couleur  est  généralement  d  un  fauve  plus  ou 
moins  foncé,  et  leurs  cornes  sont  petites.  On  voit  sur  le  garrot 
des  bœufs  d'Egypte  une  grosseur  moins  élevée  que  celle  des 
zebus  ou  bœufs  à  bosse^  mais  qui,  si  elle  est  naturelle  ,  les  rap- 
proche de  ces  animaux. 

Indépendamment  des  bœufs  à  bosse,  dont  la  race  est  com- 
mune en  Afrique  ,  celle  des  bœufs  sans  bosse,  la  seule  dont 
il  soit  question  dans  cet  article  ^  s'y  trouve  également.  On 
voit  en  Abyssinie  d'innombrables  troupeaux  de  bœufs  ;  \cs 
uns  diffèrent  par  la  taille ,  les  autres  par  la  grandeur  ou  par 
la  coqformallou  de  leurs  cornes;  d'autres  n'ont  point  du 
tout  de  cornes  ;  etlouseufm  sont  de  couleur  diverse  ,  et  ont 
le  poil  long  ou  ras  ,  suivant  le  climat  où  ils  paissent.  Aux  en- 
virons de  Sennaar  en  Nubie,  les  bœufs  sont  les  plus  gros, 
les  plus  gras  el  les  plus  beaux  du  monde  entier.  (|iuel- 
ques-uns  de  ces  bœufs  de  xSubie  et  d' Abyssinie  ont  des  cornes 
d'une  grandeur  démesurée,  quoiqu'ils  soient  eux-mêmes  d'une 
assez  petite  taille  ;  mais  cette  croissance  vraiment  njons- 
trueuse  des  oorues  est,  dil-mi,  l'effet  d'une  maladie  qui  de- 
vient toujours  fatale  aux  aniuuux  qui  en  sont  atteints.  D'au- 
'tres  de  ces  bœuTs  ont  leurs  cornes  lâches  et  tombantes. 
Knfin  l(»ules  les  races  de  bœufs  connues  paroissent  exister 
eu  plus  ou  moins  grand  nombre  dans  les  diverses  contrées 
de  l'Afrique  ,  depuis  la  Barbarie  jusqu'au  Cap  de  Bonne- 
Espérance. 

Vers  la  pointe  méridionale  de  cette  partie  du  monde  ,  vit 
un  peuple  pasteur  doux  et  courageux ,  qui  fait  sa  principale 
occupation  de  l'éducation  des  bestiaux.  Les  Cafres  ont  beau- 
coup de  soins  de  leurs  bœufs,  en  général  plus  petits  que  le§ 
nôtres,  et  ils  réussissent  parfaitement  à  s'en  faire  comprendre. 
Ils  découpent  en  larges  pièces  circulaires  le  fanon  de  ceux 
qu'ils  aflécliounent  le  plus,  ou  ils  le  façonnent  en  petites  la- 
nières comme  une  frange.  Ils  soumettent  aussi  les  cornes  à 
différentes  ionnes.  Cette  opération  se  fait  en  les  chauffant 
avec  un  fer  ardent,  jusqu'à  ce  que  la  chaleur  les  ail  assez 
amollies  pour  se  prêter  à  la  direction  qu'on  veut  leur  donner  ; 


B  O  E  559 

on  en  voit  qui  sont  couchées  des  deux  côtés  sur  le  cou  du 
bœuf,  et  aboulissenl  précisément  aux  épaules;  d'autres,  dont 
les  poinl  es  se  rencontrent  sous  la  gorge ,  ou  bien  se  prolongent 
horizon laleincnt,  etc.  ,  etc. 

LesGafres,aurapporldeLevaillant,  ne  se  contentent  pas  de 
faire  prendre  aux  cornes  de  leurs  bœufs  une  infunié  de  con- 
tours différens  -,  ils  ont  encore  Tart  de  multiplier  coj  cornes  ; 
de  sorte  qu'elles  ont  ra!>pecl  de  ces  lilhophytes  marins  connus 
sous  le  nom  de  bois  de  cerf.  Le  procédé  qails  emploient  con- 
siste à  donner  sur  la  corne  qui  commence  à  se  montrer,  un  ou 
plusieurs  petits  traits  de  scie  ,  ou  d'un  autre  outil.  Ces  divi- 
sions ,  qui  sont  encore  tendres,  s'isolent  d'elles-mi^mes  ;  de 
façon  qu'avec  le  temps,  l'animal  porte  autant  de  cornes  bien 
distinctes.  Ils  forcent  à  volonté  l'une  de  ces  divisions  ,  ou  ta 
corne  entière,  à  former,  par  exemple,  un  cercle  parfait,  en 
enlevant ,  à  côté  de  la  pointe  qu'il  ne  faut  pas  offenser,  une 
partie  légère  de  son  épaisseui-;  celte  amputation,  renouvelée 
souvent  et  avec  beaucoup  de  patience,  conduit  la  conie  à  se 
courber  dans  un  sens  contraire,  et  sa  pointe,  venant  se 
joindre  à  la  racine  ,  ofire  un  cercle  parfaitement  égal. 

Parmi  les  bétes  à  cornes  élevées  par  les  Cafres,  quelques- 
unes  portent  des  cornes  peu  hautes  ,  presque  partout  de  la 
même  grosseur,  et  dont  l'extrémité  se  dirige  vers  les  oreilles; 
ces  cornes  ne  sont  point  adhérentes  au  crâne,  elles  ne  tien- 
nent qu'à  la  peau,  et  sont  si  peu  fermes,  qu'on  peut  les  tour- 
ner en  tout  sens  ;  et  quand  elles  ont  acquis  leur  plus  grande 
longueur,  elles  retombent  par  leur  propre  poids  sur  la  face  de 
l'animal,  et  la  frappent  lorsqu'il  marche.  Ces  bœufs  à  cornes 
lâches  passent  pour  être  très-bons  et  très-vigoureux. 

Une  autre  remarque  très-curieuse  que  l'on  doit  à  M.  Bar- 
row ,  Voy.  dans  la  part,  m.'îrid.  de  V Afrique .,  et  dont  on  ignore 
la  cause,  c'est  qu'en  général  les  bœufs  de  la  colonie  du  Cap 
et  de  plusieurs  autres  parties  de  l'Afrique  ont  l'haleine  in- 
fecte, tandis  que  celle  des  bœufs  d'Europe  est  fort  douce. 

Si  l'on  promène  ses  regards  sur  l'immense  étendue  de 
l'Asie ,  on  voit  ses  collines  et  ses  plaines  animées  de  nom- 
breux troupeaux  de  bœufs  bossus  ou  non  bossus;  ils  ne  sont 
point  étrangers  aux  âpres  régions  qui  avoisinent  la  mer  Gla- 
ciale, et  l'espèce  se  multipliant  à  mesure  que  la  température 
est  plus  douce  ,  elle  se  propage  vers  le  midi  jusqu'à  la  pointe 
de  la  presqu'île  de  Malacca  ,  et  en  longitude  depuis  l'Arabie 
jusqu'aux  îles  du  Japon. 

L'espèce  du  bœuf  étoit  absolument  inconnue  dans  l'Amén',- 
que  méridionale  avant  la  conquête  qu'en  firent  les  Européens; 
mais  les  contrées  dunordde  ce  continent  étoient  habitées  par 
nuegrande quantité  do i/io/wet de iz/;(/?«mu5y?*«jquiu'ont jamais 


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passé  le  Mexique.  Cependant  la  race  du  bœuf  sans  Lossc  y 
étoit  étrangère ,  et  ce  sont  les  Européens  qui  l'y  ont  transi- 
portée.  Sa  nature  s'est  très-bien  prêtée  à  cette  transmigra- " 
tion ,  et  elle  s'est  extrêmement  multipliée  dans  plusieurs  pays 
méridionaux  du  Nouveau-Monde.  On  nourrit  du  gros  bétail 
auPérou,  auBrésil,  au  Paraguay,  et  dans  toutes  les  colonies 
européennes  ;  il  y  couvre  de  vastes  plaines ,  et  vit  en  plu- 
sieurs endroits  dans  une  pleine  liberté.  Ces  bœufs  ont  même 
formé  des  races  distinctes  et  qui  se  perpétuent.  Par  exemple, 
les  bœufs  de  Montevideo  sont  plus  grands  que  ceux  de  Sala- 
manque,  lesquels  sont  les  plus  grands  de  l'Espagne.  Ceux  des 
Corrientes  au  Paraguay,  sont,  au  contraire ,  très-bas  sur 
jambes,  et  l'on  en  voit  qui  sont  dépourvus  de  cornes. 

Le  bœuf  de  Fernanbouc  est  ordinairement  rouge,  c'est-à- 
dire,  bai  clair  et  taché  de  noir.  Il  y  en  a  aussi  qui  ont  des 
taches  jaunes  et  couleur  marron.  Ce  bœuf,  à  en  juger  par  les 
dépouilles  que  le  commerce  apporte  en  Europe  ,  doit  res- 
sembler au  bœuf  nantais,  pour  la  taille  et  pour  la  qualité  des 
peaux  qu'il  fournit  à  la  tannerie. 

Les  peaux  de  Fernanbouc  nous  viennent  d'Amérique  ,  sa- 
lées et  alunées  ;  ce  qui  en  rend  le  premier  travail  difficile. 
Elles  produisent  un  cuir  de  première  qualité,  parce  qu'il  est 
également  fort  et  serré  dans  toutes  ses  parties  ,  et  qu'il  prend 
bien  les  apprêts. 

Pour  faire  la  chasse  aux  bœufs  devenus  sauvages  en  Amé- 
rique ,  on  leur  jette  une  corde  formant  un  nœud  coulant ,  et 
on  les  enlace  par  les  cornes  ou  par  la  tête  ;  d'autres  fois  on 
leur  coupe  les  jarrets  avec  un  fer  taillé  en  croissant ,  bien  ai- 
guisé et  attaché  à  un  long  bâion.  Cette  chasse  ,  qui  n'est  pas 
sans  danger,  se  fait  avec  beaucoup  de  légèreté  et  d'adresse  par 
'les  habitans  du  Pérou  et  des  autres  pays  voisins.  Elle  n'a  la 
plupart  du  temps  pour  but  que  de  se  procurer  les  cuirs  et  le 
suif,  qui  font  une  branche  considérable  de  commerce  ;  les 
chasseurs  abandonnent  les  bœufs  tués  aux  animaux  carnas- 
siers ,  après  en  avoir  pris  seulement  la  langue,  (s.  et  desm.) 


FIN    DU    TROISIÈME   VOLUME.