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NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE,
APPLIQUÉE AUX ARTS,
A l'Agriculture, à l'Economie rurale et domestique,
à la ISIédecine , etc.
PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES
ET D'AGRICULTEURS.
Nouvelle Edition presqu'entièrement refoudue et considé-
rablement augmentée ;
AVEC DES FIGURES TIREES DES TROIS RÈG^'ES DE LA NATURE.
TOME IIL
TE L'IMPRIMERIE D'ABEL lANOK, HUE DE LA HAUPE.
A PARIS,
ChÇZ DETERVILLE , LIBRAIRE, RtJE HAUTEFEUILLE, K« Si
M DCCC XVI,
Indication des Pages ou doivent être placées les
Planches du Tome III, avec la note de ce
qu'elles représentent.
A i5. Plantes Pag. 33
Arec oléifère. — Aristoloche serpentaire. — Astra-
gale adragant. — Avicène cotoneux.
A iG. Animaux mammifères I19
Alouate Coaita. — Aye-Aye. —Axis (cerf.)
A 17. Oiseaux 1^9
Balbuzard. — Bec-ouvert. —Grand-Barbu.
A 18. Mammifères et Poissons 2o3
Baleine franche. — Baliste vieille. — Baliste chinois.
— Baliste tacheté. — Baliste cuivré. — Blennie lièvre.
— Blennie gattorugine. —Blennie ovipare. — Bo—
dian Bloch. — Bodian Bœnac.
A 19. Plantes 220
Badian anis. — Bambou arondinacé. —Bananier cul-
tivé. — BaUamier de la Mecque.
A 25. Anijnaux mammifères 344
Bec d'Oiseau (ornithorinque). — Bonnet chinois (ma-
caque). — Blanc-nez (guenon).
A 20. Coquilles 367
Baculite Fatfjas. — Balanite courbé. — Bélemnite cône-
goutière. — Bélemnite cône-aigu. — Bucarde exo-
tique. —Buccin ivoire. — Bulle ampoule. — BuHe
rayée.
A 21. Oiseaux 38a
Bengali enflammé. —Bec à fourreau. — ^Bec en ciseaujt,.
A 9.4. Insectes /j^
Bembex à tec. — Bibion noir, — Bombille ponctué-
— Bombix feuille morte. ■— Bomblx processionnaire.'
—Blapsmortissage.— Blatte ame'riraine.— Bouclier
à quatre points. — Bostricbe capucin. — Brenfe
anchorago. — Brucbe des pois. — Bupreste à bandes
dorées.
A ?-2. Animaux mammifères ^63
Bûbalt (marmotte). Bizaam (cîvelle). — Babiroussa
(cochon).
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE,
A s I
A SILE , Asilus. Genre d'insectes de l'ordre des diptères ,
famille des asiliques , et distingue de ceux qu'elle comprend,
par les caractères sulvans : Antennes de la longueur de la tête,
séparées jusqu'à leur naissance, dont le premier article est
plus long que le second, et le troisième ou le dernier en
cône allongé ou presque cylindrique , pointu au bout , ter-
miné par un stylet très-distinct, en forme de soie , avec une
articulation à sa base.
Ces diptères ont l'abdomen en cône allongé , très-pointu
dans les femelles, avec les pieds robustes. Ils paroissent or-
dinairement vers la fin de Tété ou en automne. Les uns se
tiennent à terre , dans les lieux secs et sablonneux; les autres
se posent sur les troncs des arbres ou sur les bois coupés. Leur
vol est, en général, très-prompt. Frisch a observé les méta-
morphoses de l'A. frelon et de l'A. cendré. Degéer nous a
donné des détails sur celles de la dernière espèce. Sa larve
vit dans la terre. Son corps est allongé, un peu aplati, aminci
aux deux bouts, sans pattes, et divisé en douze anneaux, avec
une tête écailleuse , armée de deux crochets mobiles , cour-
bés en dessous et garnie de quelques poils. Sa peau est rase
et luisante. Elle offre quatre stigmates : deux sont antérieurs,
et forment autant de points, d'un brun jaunâtre , et situéa, un
de chaque côté , sur le premier anneau ; les deux autres sont
placés sur le pénultième , et consistent en deux petits tuyaux,
cylindriques et inclinés vers le derrière. C'est aussi dans la
terre que la larve se transforme en nymphe, en quittant sa
A S I
peau, à la manière des larves des tîpulaires, cl sans se faire
de coque.
La nymphe a une forme presque cylindrique, amincie eu
cône vers son exlrémilé postérieure. Elle est composée de
trois parties : i." d'une tête grosse, arrondie , sur laquelle on
ne distingue ni yeux ni antennes , mais ayant en devant deux
pointes écailleuses, rapprochées à leur base, et de chaque
côlé trois autres crochets un peu plus courts, et qui ont
une origine commune ; a." d'un corselet où sont appliqués
les fourreaux des ailes et des pattes ; son dos est arrondi , et
ses côtés ont quelques pointes très-courtes; on remarque
près de la tête deux petites éminences qui paroissent être des
conduits aériens ; 3.° d'un abdomen à forme conique , com-
posé de neuf anneaux, garnis, tant en dessus qu'en dessous ,
d'un rang d'épines écailleuses, courbées en arrière, et de plu-
sieurs poils ; son extrémité est terminée par quatre épines
assez longues.
Les métamorphoses de l'asile //y/o« diffèrent peu de celles
que je viens d'exposer. La nymphe paroît avoir un plus grand
nombre de crochets à la tète. L'extrémité postérieure de l'ab-
domen en offre cinq dans la figure que Frisch a donnée de
cette nymphe.
Asile frelon , Asllus crahroniformis , Linn. ; Y asile hnin , à
ventre de deux couleurs^ Geoff insect. tom. 2, pi. 17,^^. 3;
Frisch, insect. tom. 3, pi. 3, tiih. 8. Long d'un pouce. Tête
couverte de poils fauves; corselet d'un brun jaunâtre, avec
deux petites lignes brunes ; les trois premiers anneaux de
l'abdomen noirs, les autres fauves ; ailes jaunâtres, tachetées
de brun à leur extrémité ; pattes jaunes , à cuisses brunes. Il
ressemble à xm frelon.
Asile cendré, Jsilus fordpafus , Linn.; Beg. inscr/. tom. 6,
pi. i4i7î(?- 5-1 1; Frisch, ibid. tah. 7. Langueur, sept lignes.
D'un gris cendré , avec une bande longitudinale sur le cor-
selet; les antennes, la trompe et l'extrémité de Tabdomen ,
noires; balanciers jaunes ; ailes obscures; pieds d'un brun
obscur, mêlé de fauve. Très-commun dans les jardins et dans
les bois. Voyez, pour les autres espèces, Fabricius, Meigen,
et mon Gêner, cmst. et insect. , tom. 3, pag. 298. (l.)
^SILIQUES, Asilici, Lat. Famille d'insectes de l'ordre
des diptères, et qui a pour caractères : Antennes presque cylin-
driques, de trois articles, dont le dernier sans anneau, avec
un «tilct ou une soie au bout dans la plupart; trompe écail-
leuse, presque conique, avancée en forme de bec, sans lèvres
saillantes , renfermant un suçoir de quatre soies ; palpes ex-
térieurs et relevés; corps allongé; balanciers nus; ailes cou-
chées sur le corps; tête transverse.
A s I 3
{jCltè famille embrasse le genre Asile {Jsîlus) de Lin-
hœus. Les diplères, dont elle se compose , ont la têlo arron-
die; les yeux grands, ovales; trois petits yeux lisses sur le
sommet de la tête ; le corselet ovale, renflé , comme bossu;
l'abdomen allongé, souvent conique , terminé en pointe dans
les femelles, cylindrique et fmissanten massue dans les mâles,
avec deux crochets i.-.obiles, écailleux, à l'extrémité; les ailes
étroites, presque de la longueur du corps, couchées hori-
zontalement sur l'abdomen , dans l'inaction ; les balanciers
très-apparens , tenninés par un bouton arrondi, tronqué à
Textrémité; les pattes longues, assez grosses, souvent garnies
de poils fins et serrés, quelquefois lisses; les tarses à cinq
articles, terminés ordinairement par deux crochets aigus et
deux pelottes ; le corps est plus ou moins velu ou lisse.
On trouve les asiliques dans les champs, les jardins et les
prairies, surtout ver? la fin de l'été et en automne. Ils volent
avec rapidité , particulièrement quand le soleil est très-
chaud; ils font entendre, en volant, un bourdonnement assez
fort. Tous sont carnassiers, et se nourrissent uniquement
d'insectes qu'ils attrapent dans leur vol. Ils saisissent, avec
leurs pattes antérieures, des bourdons, des tipules, des mou-
ches, et même des coléoptères; ils les tuent en les piquant
avec une des quatre pièces de leur suçoir, qui est un véritable
aiguillon en forme de stilet, très-pointu à l'extrémité, et les
sucent ensuite.
Nous parlons de leurs métamorphoses à l'article Asile.
Les uns ont les tarses terminés par deux crochets et deux-
pelottes, et composent les genres Laphrie, Asile , Basypo-
GON, où les antennes ne sont guère plus longues que la îéte ,
sans pédicule commun, et celui de Dioctrie , dont les an-
tennes, partant d'un pédicule commun, sont plus longues
que la tète.
Les autres ont les tarses terminés par trois crochets , sans
pelottes , et forment le genre Goisype. F. ces mots, (l.)
ASINDULE, Àsmdulum, Lat. Genre d'insectes, de l'ordre
des diplères, et distinct de tous ceux de la famille des tipu-
lalres, à laquelle il appartient par les caractères suivans : des
petits yeux lisses; trompe longue , dirigée en arrière le long
de la poitrine , et terminée par deux lèvres allongées qui la
font paroître bifide.
Les Asindules font partie de cette section des tipulaires que
j'ai nommée ficngii}ores. Leurs antennes sont simples, sétacées
et composées de seize articles , la plupart cylindriques. Les
palpes sont allongés , courbés , avec plusieurs articles dis-^
^ A s K ^
llncts. Les yeux sont échancrcs postérieurement, au côté
interne.
On dislingue trois petits yeux lisses ; mais ils ne sont point
{tories sur une clévalion. Les ailes se couchent horizontale-
ment sur le corps. Les pieds sont allongés, avec les jambes
terminées par deux épines. L'abdomen est aplati.
AsiNDULE NOIR , Ashuliilujn uignim , Lat. Gêner, crust. et in-
ssct. , tcm. I , tah. i^,Jig. i , et tom. 4- , p. 261. Long d'un peu
plus de trois lignes, noir, avec les pieds d'un brun foncé et les
ailes obscures. Trouvé, mais rarement, dans les lieux aqua-
tiques, aux environs de Paris.
Le port de cet insecte est le même que celui des platyures
de M. Meigen; mais, comme cet entomologiste se lait sur la
forme el la composition de sa bouche , je ne puis prononcer
à l'égard de Tidentilé de ces deux genres, (l.)
ASiRAQUE, Astraca.1 Lat. Genre d'insectes de l'ordre
des hémiptères, section des homoplères, famille des cica-
daires, et distingué des autres genres qu'elle renferme par les
caractères suivans : Antennes de trois articles, insérées dans
une échancrurc inférieure des yeux, aussi longues au moins
que la tcte el le corselet : le premier article allongé.
Je conserve à ce genre le nom que je lui avois donné lors
de son institution {Préc. des caract. gêner, des insect.'), et que Fa-
bricius a changé en celui de delphax. Plusieurs des espèces
qu'ily rapporte, présentant deux différences assez notables
dans les proportions des antennes, on peut, d'après cette
considération , établir une nouvelle coupe générique , et lui
conserver la dénomination de Je//9/taa;: c'est ce que j'ai fait dans
mon Gêner, crust. et insect., tom. 3, pag. 167. Les asiraques ont
iles rapports avec les fulgores , el se tiennent , ainsi que la
plupart des autres cicadaires , sur les végétaux , dont elles
extraient le suc , au moyen du suçoir de leur trompe. Ces
hémiptères sont petits.
AsiR\QU£ CLAVICORNE , Asiraca clavicornîs., Lat. ; delphax
cla^Hcomis.Fah.; Coqnch. lUust. icon. insect. dec. i.,iab. 8,Jig. 7.
Corps varié de noir cl de brun obscur; premier article des
antennes beaucoup plus long que le second , comprimé ,
à trois côtés ; celui-ci cylindrique , graveleux ; pieds anté-
rieurs très-comprimés : extrémités des quatre premières
jambes blanches ; étuis demi-transparens , avec une bande
noirâtre à leur extrémité ; nervures ponctuées de la même
couleur. En France et en Allemagne, (l.)
ASJAGAN ou ASJOGAM. C'est le Jonèse. (b.)
ASK. Nom écossais de la Salamandre aquatique, (b.)
ASKALABOTES. C'est TAgame galéote. (b.)
ASMENL V. le mot Iris, (b.)
ASP 5
ASMODÉE. Serpent du Japon dont on ne coiinoît pas
l'espèce, (b.)
ASMONICH. Espèce de Quinquina, (b.)
ASNE. V. Ane. (s.)
ASOISATOU. On donne ce nom au Figuier de l'Inde.
(B.)
ASOTAS. En portugais, c'est le Courondi.
ASOTE. Nom de pays du Courondi, et d'un poisson du
genre Silure, (b.)
ASPouATT. Nom persan du cheval, selon Fouché d'Ob-
sonvilie. (s.)
ASPALAT , Jspalaihus. Genre de plantes de la diadel-
phie monogynie, et de la famille des légumineuses, qui a
pour caractères : un calice monophylle, campanule, divisé en
cinq découpures, dont les deux supérieures sont plus longues ;
une corolle papilionacée , dont l'étendard est relevé , les
ailes courtes et la carène obtuse; dix étamines, toutes mo-
nadelphes à leur base; un ovaire supérieur ovale, qui se
termine en un style courbé comme les étamines : une gousse
ovale , petite, ordinairement velue , qui renferme une à trois
semences réniformes.
Les aspalals diffèrent peu des Genêts par leurs caractères
génériques; mais leurs feuilles fasciculées les en distinguent
aisément. Jussieu et Ventenat pensent que les espèces qui
ont les feuilles planes comme I'Aspalat ébène, et ternées
comme I'Aspalaï oriental , ont été mal à propos introduites
par Linnseus dans ce genre ; aussi en a-t-on fait un genre sous
le nom d'ALDiNE.
Les véritables aspalatlis sont des sous-arbrisseaux dont les
feuilles sont simples, linéaires, convergent plusieurs en-
semble au même point, et dont les Heurs sont sesslles, sou-
vent latérales, quelquefois terminales, ou disposées en épis
de couleur jaune. La plus grande partie vient du Cap de
Bonne-Espérance. Ils ne présentent rien de remarquable.
Lamarck leur a réuni le lotus doiycldnum^ Linn. V. LoTlER.
L'espèce citée plus haut sous le nom d'AsPALAT ébène,
vient des Antilles , et son bois noir est employé par les ébé-
nistes. Il ne faut pas le confondre ni avec le véritable ébène
qui est fourni par un Plaqueminier , ni avec I'Ébénier de
Crète, qui fournit aussi un bois noir aux arts, (b.)
ASPALAX ou SPALAX. Noms grecs de la Taupe.
M. Olivier pense que celui à'aspalax doit être rapporté à
l'espèce du Rat-taupe Zemmi qu'il a décrit avec soin dans
son Voyage dans l'Empire ottoman, (desm.)
ASPARAGOÏDES^ouASPARAGINÉES,^5y9ara^-i,Jus^
sieu. Famille de plantes de la troisième classe de Ventenat ,
6 ASP
c'est-à-dire , des Mo>rocoTYLÉDONES à étamines pe'rigynes ,
donlles caractères soiil d'avoir : une corolle lisse, comiiiuné-
ment divisée en six parties égales; six étamines insérées à la
l»ase et quelquefois sur le milieu du calice ; un ovaire libre ,
simple, portant un ou trois styles, avec autant de stigmates,
ou un style à stigmate simple "ou Irilide; pour fruit, une baie
triloculaire à loges monospermes, rarement polyspermes, où
les semences sont attachées à l'angle interne des loges; le pé-
risperme charnu ou cartilagineux ; l'embryon droit. Voy. pi. 3,
fig. 5 du Tableau du règne végétal ., parVentcnat, où ces carac-
tères sont représentés, et où l'on en a pris le développement.
Les aspamgdides ont rarement une tige fruliculcuse. Leurs
feuilles sont alternes ou verticillées, quelquefois terminales.
Leurs Heurs , munies chacune d'une spathe, affectent diffé-
rentes dispositions: tantôt elles forment une panicule ter-
minale, très-rameuse; tantôt elles sont disposées en une
grappe simple et terminale ; quelquefois elles sont solitaires
et axlUaires ou terminales.
Cette famille comprend les genres suivans ; savoir : le Dra-
r.OMiLR , r Asperge, la Médéole , la Parisette , le Muguet,
la Diatselle, le Kipogone , le Floscope , la Flagellaire,
la Callixètse, la Philésie, I'Echmée, I'Herrerie, et
le 'Irillion. V. ces mots.
A celle famille, selon Lamarck , doivent encore être réu-
nis les genres qui composent celle que Yenlenat a appelée
les Smilacées. (b.)
ASPARAGOLITHE ou PIERRE D'ASPERGE.
1^. Chaux phosphatée, (luc.)
ASPE. Poison du genre Cyprin, (b.)
ASPERCETTE. C'est le Sainfoin dans quelques can-
tons, (b.)
ASPERÈLE. Synonyme de Presle. (b.)
ASPERELLE ou ASPRELLE , Leersia. Genre de plan,
les de la Iriandrie digynie et de la famille des graminées ,
qui a pour caractères : une balle, deux valves fermées, sans
calice ; trois étamines; un ovaire supérieur, ovale, surmonté
de deux styles à stigmates velus; une semence presque ovale
et très-aplatie , renfermée dans la balle.
Ce genre a été formé sur une plante que Linna^us avoit
placée parmi les Alpistes , sous le nom de phalaris or^ zdidcs ,
mais que Haller, sous le nom àhomalocenchrus , et \^ iggers
sous celui de elirhartie ^ en avoient déjà séparée.
Aujourd'hui il renferme cinq espèces connues, dontfait par-
lie celle que j"ai rapportée de la Caroline , et qui est fort re-
marquable par la grandeur de ses fleurs. Ce sont des plantes
yivaces qui croissent dans les lieux humides , parmi le t'vl , et
ASP 7
5ont les fleurs sont plus ou moins carénées et ciliées. La plus
commune, la Léersie orysoïde, a la panicule écartée, les
épiilets séparés et la carène ciliée. Elle se trouve en Europe-,
en Asie et en Amérique , dans les marais , sur le bord des
rivières-
Parmi les autres il en est une qui est monandre, et une qui
est hexandre. (b.)
ASPERGE , Asparagus. Genre de plantes de l'hexandrie
monog}nie et de la famille de son nom, dans lequel se réu-
nissent plus de vingt espèces , les unes herbacées , les autres
frutescentes , parmi lesquelles il en est une qui se cultive pour
la nourriture de l'homme.
Ce genre offre pour caractères : une corolle divisée en sixpar-
ties, dont les trois intérieures sont recourbées à leur extré-
mité ; une baie supérieure à trois loges polyspermes.
L'espèce dont il vient detre question est TAsPERGE OFFI-
CINALE , dont les tiges sont herbacées, hautes de deux ou trois
pieds; les feuilles sétacées, fasciculées, et les fleurs dioïques.
Elle est originaire du midi de TEurope. On la cultive , de
temps immémorial , dans les jardins de toutes les parties de
la France. La nature l'a destinée à croître principalement sur
le bord des grandes rivières sujettes à inondations, et pour
cela, sa racine a été pourvue de la faculté de s'élever chaque
année pour qu'elle fut hors du danger de périr par suite des
iVLLUYioîss amenées par ces rivières. D'après cela on doit
juger qu'il lui faut un terrain frais , léger , fort riche en prin-
cipes végétatifs, et qu'on doit la disposer de manière à ce
qu'elle puisse être chaque année recouverte d'une épaisseur
nouvelle de terre.
Les asperges paroissent sur nos tables au retour du prin-
temps et pendant plusieurs mois ; la consommation qui s'en
fait dans les villes un peu peuplées est si considérable , qu'aux
environs de Paris elles couvrent des plaines entières.
Les asperges cultivées se distinguent en trois sortes : i." celles
à tige blanchâtre et bouton gris ; 2." celles à tige nuancée de
vert, d'un blanc grisâtre et violet, et à bouton tout violet;
3.° celles à tige et à bouton tout verts.
La première , qu'on nomme asperge blanche^ est la plus hâ-
tive ; elle a une saveur douce , un goût très-agréable, quand
elle est mangée bien fraîche ; mais elle offre un Irès-petit
bout à manger : c'étoit autrefois Vasperge renomm.ée de Mar-
c] tiennes ^ de la. Belgique et de Hollande. Elle a le mérite de
pousser plus de tiges sur une môme racine que les autres.
La seconde , connue sous la dénomination à' asperge violette^
est celle qui devient la plus grosse. On peut manger au
moins deux tiers de sa tige de plus que de celle de la blanche.
8 ASP
C'est l'espèce par excellence d''Ulm, de Darmstadt, de Po-
lognc^ et autres contrées où cette plante est renommée.
La toute verte se trouve presque toujours mélangée avec la
violette; eWa prend moins de grosseur, mais sa tige est si
tendre, que, coupée à propos, on la mange dans presque
toute sa longueur.
De ce qui vient d'être dit, on peut conclure que V asperge
violette mérite la préférence pour les cultures étendues , et
que les propriétaires qui ne regarderoient pas à quelques dé-
penses , et qui désircroient jouir des primejirs, trouveroient
do l'avantage à cultiver la blanche en concurrence.
On ne peut se dissimuler , que ce ne soit avancer sa jouis-
sance que de mettre en terre un plant déjà formé. Cepen-
dant , il ne s'ensuit pas qu'on doive rejeter la méthode de
semer en place lorsqu'on n'est pas pressé de jouir. Cette
méthode diminue la dépense et augmente la beauté du produit.
Il faut toujours réserver les plus beaux sujets pour les
porte-graines; c'est au mois d'octobre qu'on coupe les tiges :
on les bal légèrement avec un fléau -, on ramasse les baies, et
on les écrase dans l'eau en les frollanl avec les mains ; la
graine va au fond et les enveloppes surnagent ; on décante
l'eau , qui emporte avec elle les graines qui ne valent rien
et leurs enveloppes ; on les fait sécher au soleil ou à l'air :
elles conservent pendant trois à quatre années leur faculté
germinative. On les sème en planche et par rayons. jS.\i
surplus , on prépare la terre comme pour planter des griffes ,
et on place trois à quatre graines, espacées d'un pouce en-
viron, dans l'endroit où on auroit posé une griffe; on re-
couvre d'un bon pouce de terre très-douce et dun lit d'en-
grais consommé. Au sarclage qu'on fera après le développe-
ment des jeunes plants , on ne laissera dans chaque place
que le plus vigoureux. La multiplication des asperges par voie
de semis a lieu au printemps; c'est aussi assez ordinairement
la saison de multiplier par œi//etons ou griffes avant Thiver,
Le meilleur engrais est celui des voiries, la terre des routes,
le terreau , le fumier de couche mêlé avec du sable. On doit
surtout faire choix d'une bonne exposition , et qu'elle ne soit
point abritée au levant et au couchant. Il faut que le plant
ail deux ans , et soit récemment tiré de terre ; que les ra-
cines soient presque égales en grosseur , en longueur , bien
nourries, bien entières et sans tache. Leur couleur doit être
d'un gris blanc , l'œil gros et vigoureux : c'est à ces signes
qu'on reconnoit les bonnes griffes d^asperges.
Pour effectuer la plantation, on creuse dans le terrain
dont on fait choix , une fosse de six pieds de largeur et de
dix-huit pouces de profondeur : on y met du fumier bien foulé
ASP 9
aux pieds , qu'on recouvre ensulie de quatre pouces de teroî
légère, sur laquelle on tire deux lignes sur la longueur de la
fosse, à un pied de distance de chaque bord de la fosse , et
une autre entre les deux premières. On place sur ces lignes
les griffes d'asperges^ à deux pieds de distance les unes dos
autres , et en échiquier : après quoi le plant est recouvert de
quatre pouces de terre ou de sable, et on bine de temps en
temps pour détruire les mauvaises herbes. Il ne faut que neuf
pieds à^asperges par toise.
Il est à observer que quand le terrain est humide, il faut
avoir la précaution de mettre au fond de la fosse des fagots
ou des bruyères, pour former, à un pied de hauteur, une
sorte de massif; des écorces de vieux bois, des cornes, des os,
peuvent se placer sur les fagots ; on recouvre le tout de quinze
a dix huit pouces de bonne terre mêlée d'engrais; la racine
A' asperge perce très-bien toutes ces substances rapportées, à
travers même le bois le plus compacte. Vers la fin de mars
on donne un léger binage , et on répand sur la fosse deux ou
trois pouces de fumier qu'on recouvre de quatre pouces de
terre oude sable, ayant soin de faire biner comme l'année pré-
cédente : on peut commencer dès cette année à couper les
plus grosses asperges.
A la troisième année, au mois de mars , il faut donner en-
core un binage plus profond, et répandre par-dessus quatre
pouces de terre ou de sable ; la couronne des asperges se
trouve alors couverte de douze pouces de terre , et cette
troisième année on est en pleine jouissance de sa plantation :
on peut couper partout, en observant de laisser les petites,
et sur chaque pied , au moins une asperge de moyenne gros-
seur pour porter graine, et de ne point altérer la couronne,
en faisant leur récolte.
A la quatrième année, il est nécessaire , vers le milieu de
mars , d'enlever toute la terre de la fosse à deux ou trois
pouces près de la couronne , de répandre quatre ou cinq
pouces de fumier à moitié consommé , sur toute l'étendue
de la fosse, et de la recouvrir de la même terre. Il faut réitérer
cette opération tous les trois ans, et, si l'on veut entretenir le
plant dans toute sa vigueur, c'est-à-dire en plein rapport,
labourer une fois tous les ans, à la fin de mars; ilestpossible,
par celte méthode, de cultiver V asperge commune, en la plan-
tant seulement à un pied de distance. La culture de Vasper-
gerie est, pour tout le temps de sa durée, la même que celle
de la seconde année ; celle-ci passée , on ne fume plus que
trois ans après , et ensuite à volonté. Il faudra chaque année,
au mois de septembre ou d'octobre , couper les monfans à
deux pouces de la superficie des fosses ; ôler une partie de
ASP
la terre, afin que les asperges aient moins d'humidité en
hiver; les découvrir lout-à-fait au printemps pour les recou-
vrir de fumier et de trois pouces de terre ; et enfin les sar-
cler plusieurs fois en été. Il est bon de les recouvrir lorsque
le froid approche de sept degrés , parce qu'il endommage
les racines:
La méthode pratiquée dans ie pays Ivlessin , pour avoir
des asperges d uu volume énorme, est de les semer dans les
lieux mêmes où elles doivent rester. L'expérience y a appris
qu'une terre sablonneuse , légèreincnt ocrée , est celle qui
co\y\'\v^Xï\. a. ï asperge; et on l'y cnlave en plein champ, en
choisissant toujours le terrain le plus élevé et le plus sablon-
neux. Le semis doit être fait dans le cou.anl de mars , et l'on
met deux oa trois grains au plus, dans uu irou d'un pied
carré sur huit pouces de profondeur. La première année, on
recouvre d'un peu de terre la petite asperge qui paroit ; la se-
conde , on lui donne du terreau mélangé avec autant de
lerre ; et la troisième, avant que les asperges commencent à
pousser, on remet la terre au niveau du sol; l'on coupe les plus
grosses, ayant toujours grand soin de laisser croître les plus
foibles, pour fortifier leurs racines.
M. Beville cultive à Saint-Denis prè.« Paris, depuis plu-
sieurs années, avec le plus étonnani succès , des asperges qui
égalent, pour la beauté et pour le goilt , celles de Hollande.
Les moindres ont un pouce de circonférence, et beaucoup
en ont deux et trois. Son procédé fort simple se réduit ,
I." à creuser d'un fer de bêche , ou de dix-huit pouces , le
terrain ; i.° à réserver un sixième de la terre enlevée; 3." à
étendre douze ou quinze pouces de fuuïier, et le tasser;
4.-° enfin à couvrir ce fumier de neuf pouces d'un mélange de
la terre réservée , de terreau, et de lerre de route; enfin, à
planter les griffes et les recouvrir de paille. On ne doit
couper que les asperges qui ont atteint la grosseur et la hau-
teur convenables ; ces tiges doivenlélre retranchées aussi près
de la couronne qu'il sera possible, et sans l'endommager.
On convient assez généralement que quand on a mis en
terre du plant de deux ans , il faut le laisser monter la pre-
mière et la seconde année , et ne couper à la troisième que
pendant les quinze premiers jours de la saison , en ne tou-
chant pas aux tiges foibles.
Les vignerons des environs d'Orléans cultivent les asperges
dans les vignes avec un grand succès; ils prétendent que cette
plantation dure autant que la vigne , c'est-à-dire , de vingt à
vingt-cinq ans. Les cultivateurs d'Aubervilliers, dans le voi-
sinage de Paris , ont remarqué que quand l'aspergcrie a été
bien conduite , et que pour en hâter le produit on n'a cm-
ASP „
pioyé aucun moyen forcé , elle peut subsister dix à douze
ans en bon état. Vasperge^ qui exige une terre légère et bien
fumée , doit attirer les insectes plus qu aucune autre plante «
et les faire accourir de toutes parts. Le ver du hanneton , si
destructeur des racines , y trouve une retraite commode
«ovir s'y enterrer ; v^iès qu'on s'apei'çoit que la plante est lan-
guissante , il faut déchaujsser la racine et tuer le ver. La cour-'
tilière s'empresse également d'y venir déposer ses œufs. L'huile,
mise dans les trous pratiqués par ces insectes, chassée par
l'eau, les fait périr; Toute espèce de limace et de limaçon se.
jette avec avidité sur la jeune tige de V asperge , surtout dans
les terrains humides et dans les années pluvieuses. Le soir à
Ja lumière, et de grand matin, on les verra chercher leur
nourriture ; c'est le temps de les prendre. Dans les années
sèches, ce sont les Pucerons, les larves des Criocères, dont
on se débarrasse en secouant les tiges sur du linge et en les
écrasant.
Il arrive souvent que la saison presse la coupe des asperges;
or, lorsqu'on ne peut consommer sur-le-champ toutes celles
qui sont au point de maturité convenable , il faut ou les met-
tre , par le gros bout, dans un vaisseau au fond duquel il y
ait deux pouces d'eau , ou bien les enfoncer à demi dans da
sable frais : au moyen de ces précautions , elles se conservent
plusieurs jours , mais elles ne sont jamais aussi bonnes que si
elles étoient nouvellement coupées.
On fait usage , dans quelques cantons , des baies à'aspej-ges
pour jaunir le beurre en hiver; à cet effet, on les enferme
dans un nouet qu'on trempe dans l'eau chaude , et qu'on met
ensuite dans la baratle avec la crème.
Quand on a mangé des asperges, les urines contractent une
odeur désagréable , que l'on fait disparoître en versant quel-
ques gouttes d'essence de térébenthine dans les vases de
nuit, (parm.)
Parmi les autres espèces à' asperges, je citerai : l^I'Asperge
BLANCHE qui est ligneuse, s'élève à un ou deux pieds, croît
en Italie dans les lieux les plus arides, et peut avantageuse-
ment être employée à consolider les haies à raison du nom-
bre de ses rameaux et de la quantité d'épines dont ils sont
armés. 2.° Les Asperges sarmenteuse et distorte , origi-
naires du Cap de Bonne-Espérance, dont les fleurs sont
odorantes. Ces trois espèces exigent l'orangerie dans le climat
de Paris, (b.)
ASPERGILLE , Aspergillus. Genre de plantes établi par
Lamarck , aux dépens des Moisissures. Il est formé des ca-
pèces de la première division de Bulliard , c'est-à-dire , des
ASP
moisissures dont les semences sont nues et isole'es. F. Mo-
KILIE. (B.)
ASPEPiOCOQUE , Asperococcus. Genre de plantes
ëlabli par Lamouroux aux dépens des Ulves de Linn^eus.
Ses caractères sont : tiges fistuleuses ; graines isolées ,
éparses, d'abord enfoncées dans les feuilles , et ensuite deve-
nant saillantes.
Les espèces connues de ce genre sont au nombre de
cinq, dont une est TUlve rugueuse de Linna?us, qu'on
trouve fréquemment sur les côtes de l'Océan. Une autre,
originaire de la Méditerranée , est l'AsPÉROCOQUE BUL-
LEUX, figuré pi. 12 du Mémoire, de l'auteur précité , sur
les TiiALASSioPHYTES , et inséré dans les Annales du Mu-
séum, (b.)
ASPERULE , Aspenila. Genre de plantes de la tétran-
drie monogynie et de la famille des rubiacées , dont les
caractères sont d'avoir : un calice très-petit, supérieur et à
quatre dents; une corolle monopétale dont le tube est cylin-
drique , et le limbe divise en quatre parties réfléchies en
debors ; quatre étamines ; un ovaire inférieur didyme , d'où
part un style fendu à son sommet ; deux semences ou cap-
sules globuleuses , réunies , qui renferment chacune une
graine presque sphérique.
Ce genre comprend une quinzaine d'espèces toutes pro-
pres à l'Europe ; leurs feuilles sont verticillées , et leurs
fleurs en corymbes axillaires ou terminaux : leurs racines
sont traçantes , et toutes plus ou moins susceptibles de
fournir une couleur rouge.
Parmi ces espèces on distingue :
îi'AsPÉRULE ODORANTE , qui a chaque verticille composé
de huit feuilles lancéolées , et le faisceau des fleurs pédon-
cule. Elle croît dans les bois montagneux. A moitié dessé-
chée, elle a une odeur agréable. On l'appelle le petit muguet ou
Vhepafif/iie ctoilée. Elle est tonique, vulnéraire, apéritive ,
eminénagogue : c'est comme propre à dissiper les obstructions
du foie , «ju'elle est principalement recommandée.
L'AspÉRULE DES CHAMPS a les verticilles des feuilles com-
poses de six folioles, et les fleurs terminales sessiles et rap-
prochées : elle se trouve partout dans les champs ; sa racine
sert à teindre en rouge.
L'A.SPÉRULE RUBÉOLE renferme les aspenila tinrtoria et
cynanchica de Linn?eus. Elle croît dans les prés secs, sur les col-
lines arides : les verticilles de ses feuilles varient de quatre
à six; les découpures de sa corolle ne sont quelquefois qu'au
ASP ,3
nombre de trois , mais ses feuilles sont toujours linéaires ,
iVuu vert blanc , et ses fleurs disposées en petits faisceaux
pédoncules : on emploie ses feuilles contre l'esquinancie , et
ses racines à teindre en rouge. •
L'AspÉRULE DE Calabre a les feuilles linéaires, lancéo-
lées, et la tige frutescente : elle se trouve dans la Calabre et
la Syrie. Elle a été placée d'abord parmi les Shérardes, et
ensuite parmi les Pavets , par Cyriilo , qui en a donné une
figure dans ses plantes de Naples : elle est remarquable par
l'odeur fétide qu'elle répand, (b.)
ASPÉRULE. Nom ancien de deux espèces de Dipte-
RODONS. (b.)
ASPHALTE ou BITUME DE JUDÉE. Voyez Bi-
tume. (LUC.)
ASPHODÈLE, Asphodehis. Genre de plantes del'hexan-
drie monogynie , et de la famille des liliacées , dont le ca-
ractère consiste à avoir la corolle divisée en six parties ; six
étamines , dont les filamens, courbés et arqués, sont élargis
à leur base de manière qu'ils semblent portés sur des écailles;
un ovaire supérieur , arrondi , duquel s'élève un style ter-
miné par un stigmate simple ; une capsule globuleuse , tri-
gone , charnue , à trois loges qui contiennent des semences
triangulaires.
Ce genre est composé de huit à dix espèces , dont la plu-
part se trouvent en France. Deux sont cultivées dans les
jardins , à raison de la beauté de leurs fleurs.
La première , I'Asphodèle jaune , est vulgairement ap-
pelée Verge de Jacob. Ses caractères sont d'avoir la tige sim-
ple, feuillée, les feuilles triangulaires et striées. Elle s'élève
à la hauteur de plus de trois pieds , et donne de longs épis
de fleurs jaunes qui épanouissent les unes après les autres ,
et qui produisent un effet fort agréable. Ses racines sont
chai-nues , cylindriques et jaunes. Elle est originaire de l'Italie
et de la Sicile.
La seconde est I'Asphodèle rameuse. Ses caractères sont i
la tige rameuse et sans feuilles ; les feuilles radicales, apla-
ties , carénées et unies. Elle s'élève à la même hauteur que la
précédente, et donne despanicules de fleursblanches, striées de
brun, qui, de même, épanouissent successivement, etsont très-
propres à orner les parterres. Ses racines sont charnues ,
cylindriques , et ressemblent à une botte de navets. Elle est
originaire des parties méridionales de l'Europe. Yillars ob-
serve qu'on la trouve sur le bord de la mer à Montpellier,
où il ne gèle presque jamais , et sur le Champsaur, dans les
environs de Grenoble , où il y a de la neige pendant six moi..
li ASP
de l'année, sans que celte grande dlCfe'rence de température
influe sur sa grandeur.
Les feuilles et les rameaux florifères de cette plante sont
incisifs, apéritifs, détersifs et ennnénagogues. Sa racine est
nourrissante , et on en tire une pulpe qui, mêlée avec la fa-
rine , fait un pain passable. Pour employer cette pulpe , il
faut faire bouillir et tremper la racine dans plusieurs eaux,
afai d'enlever Tâcreté qui lui est naturelle.
Les anciens mettolent cette plante autour des tombeaux,
comme fournissant une nourriture agréable aux morts, (b.)
ASPHODÉLOÏDES ou ASPHODÉLÉES, ^5;>/We/t.
C'est le nom Imposé par Jussieu , à une famille de plantes ,
dont les caractères seront développés à l'article Lcliacée.
Les asphodéluides servent de type à une sous-division de
cette famille, qui comprend les genres A^stherig, Phalats-
cÈRE, Asphodèle, Basile, Cyanelle, Albuqle, Scille,
Ormïiiogale et Ail, V. ces mots, tous, genres de la pre-
mière division des liliacécs de Laraarck. (c.)
ASPIC. Espèce de serpent venimeux, dont les anciens
ont beaucoup parlé. On a cru long-temps que c'élolt le co-
luber vîpera de Llnnœus, que l'on apporlolt en grande quan-
tité d'Egypte à Venise, pourle faire entrer dans la thériaque ï
mais Geoffroy s'est assuré, dans le pays même, que cette es-
pèce n'étolt pas venimeuse. Il est persuadé que Vaspic des
anciens est le coluber haje de Forskael, autre espèce de vipère
très-dangereuse.
L'histoire rapporte que Cléopâtre , accoutumée à la mol-
lesse, en fit usage, comme le moyen le plus doux qu'elle put
imaginer pour termliler ses jours , attendu que sa morsure
est si légère qu'on ne la sent pas , et que le poison qu'elle
verse dans les veines, cause une agréable lassitude, ensuite
le sommeil , et enfin la mort. Voyez Létiiifères.
On donne aussi en France assez communément le nom
à'aspic , à une variété de la vipère commune.
Vaspic cornu est la YiPÈRE ammodyte. (b.)
ASPIC. Espèce de Lavande etd'ALPisTE. (b.)
ASPIC APvPON, Aspicarpon. Genre de planles de la mo-
nandrle triandrie et de la famille des orties, qui ne renferme
qu'une espèce à feuilles en cœur, opposées, piquantes, et à
fleurs axillaires très-petites , réunies en un paquet , les unes
mâles, les autres femelles. Cette plante se cultive dans nos
jardins, (b.)
ASPIDION, Aspidium. Genre de fougères établi par
Swartz aux dépens des Polypodes. Il a pour caractères :
fructifications arrondies etéparses; enveloppe pourvue d'un
ombilic ou s'ouvranl laléralemcnt.
ASP
Il y a dans ce genre, qui renferme plus de cent cinquante
espèces, des espèces à feuilles simples, le Polypode moueux;
à feuilles ternées, les PoLYFODES TRESOLIÉ, cicutaire , etc. ; à
feuilles pinnées, le Polypode lo:âchite; àfeulllesbipinnées,
les PoLYFODES THÉLOi^TÈRE et RÉOPTÈRE; à feuiUes Iripin-
nées , les Polypobes aiguilonxé , épineux , fougère
MALE, DILATÉ, des FONTAINES, FOUGÈRE FEMELLE, FRAGILE,
des /Vlpes, etc.
Ce genre a été app-îlé Néfhrodîon par Michaux , GyathéE
par Smith; Atyrio^ et Polystique par Rolh , et Tec-
tarie par -Gavanilles.
Le genre Oléandre de ce dernier botaniste ne paroît
pas en différer, (b.) ^^
ASPIDIOÏES , Asjilt.''^cta. Nom que j'avois donné à une
division des crustacés b^ncaiopodes ou des entonioslracés
dont le corps est couvert d'un test , en forme de bouclier,
comme dans les genres limule ^ apus ^ calice ^ etc. V. Bra>"-
chiopodes. (l.)
ASPIDOPHORE, Aspidophorus. Genre de poissons établi
par Lacépè^bî aux dépens des Cottes de Linnteus.
Ce genre, qui avoit été appelé Ago^te par Schneider, et
Phalangiste ^:ar Pallas, présente pour caractères: une sorte
de cuirasse écailleuse , couvrant le corps et la queue ; deu?;
nageoires sur le dos ; moins de quatre rayons aux nageoires
ventrales.
Les deux espèces qu'il renferme sont TAspidophore armé,
Cottus caiaphracius, et T AsPlDOPHORE LISIZA , Cothisjaponicus,
Linn. éd. Gmel.
La première a plusieurs barbillons à la mâchoire infé-
rieure ; une cuirasse à huit pans ; deux verrues échancrées
sur le museau , et six rayons à la membrane des ouïes.
V. pi. A. 7, où elle est figurée.
La forme de ce poisson et celle des boucliers qui le cou-
vrent, le rendent très-remarquable.
Il ne parvient qu'à la longueur de six pouces , et se trouve
dans les mers du Nord, surtout à Tembouchme des grands
fleuves. Il se nourrit de crustacés et de coquillages. On le
prend au filet et à l'hameçon. On le mange après lui avoir
coupé la tète et enlevé la cuirasse. Il est connu sur les côtes
de France et d'Angleterre , sous le nom de pogge.
L'Aspidophore lisiza n'a point de barbillons à la mâchoire
inférieure , et sa cuirasse octogone a des boucliers épineux.
Il se trouve dans les mers du Japon, (b.)
ASPIDOPHOPxOÏDE , Aspidophordides. C'est le nom
donné par Lacépède à un genre de poissons qu'il a établi,
,G A S S
comme le précédent , aux dépens des Cottes de Linnceus.
Celui-ci ne renferme qu'une espèce dont le corps est cou-
vert d'une sorte de cuirasse écailleuse , qui a une seule na-
geoire sur le dos, et moins de quatre rayons aux nageoires
ventrales. Ainsi , elle ne s'écarte fortement des aspidophores
que par l'unité de la nageoire dorsale. Son organisation exté-
rieure et intérieure est la même, c'est-à-dire que le corps
est octogone , la mâchoire supérieure plus longue que l'infé-
rieure , et armée de deux piquans recourbés en arrière. Elle
est brune en dessus ; grise , ponctuée , et fasciée de brun en
dessous. Elle se trouve dans la mer des Indes , aux environs
de Tranquebar, où elle vit de crustacés et de coquillages.
V. pi. A. 7., où elle est figurée, (b.)
ASPILIE , Aspilia. Genre de plantes de la syngénésie su-
perilue , et de la famille des corymbifères , fort voisin desBl-
DEKTS et des SPILA^'TS , découvert par M. du Petit-Thouars
à Madagascar, et auquel il a donné pour caractères : un ca-
lice double , l'extérieur formé de cinq écailles recourbées ;
semences oblongues, comprimées, velues, élargies à leur
sommet et couronnées par dix petites dents, (b.)
ASPINALSACH. C'est I'ArmariîsTE du Liban, (b.)
ASPISURE, Aspisunis. Poisson de la mer Rouge que
Forskaelaréuni aux Chétodons de Linnreus, mais dont La-
cépède a formé un genre particulier. Le caractère de ce genre
consiste à avoir un corps très-comprimé , plus haut que large ;
l'ouverture de la bouche petite ; le museau saillant ; une na-
geoire dorsale couverte de très-petites écailles ; une plaque
dure en forme de petit bouclier de chaque côté de la queue.
Uaspisure panaient à une grandeur assez considérable ; sa
couleur est brune avec des raies longitudinales et les nageoires
violettes, (b.)
ASPLENION. F. Doradille. (b.)
ASPREDE, Aspredo. Genre de poissons, voisin desSiLU-
RXS, qui rentre complètement dans celui appelé Platysta-
QUE par Rloch. (B.)
ASPRÈLE. C'est la Prêle.
ASPRELLE , Asprella. Genre établi par Willdenow,
pour placer I'Élyme hérisson^e qui n'a point de valves ca-
licinales. Voyez ce mot et celui Asperelle. (b.)
ASSAD. Nom arabe du Lion, (s.)
ASSADOUX. C'est le nom de la résine Benjoin, (b.)
ASSA-FOËTIDA. Gomme-résine compacte , molle , en
partie jaune et rousse , souvent blanche dans son intérieur ,
d'une odeur très-désagréable , qui se tire par incision de la
racine d'une espèce de FÉRULE , Ferula assa-fœtida , Linn.
(]elte substance, qui nous paroît si repoussante par stn
A s s ,7
odeur, étoit extrêmement estimée des Romains, et l'est en-
core également des habltans de la Perse et de l'Inde , qui en
tnâchent conlinucUement et lui trouvent une bonne odeur et
un goût exquis. D'après Carthcuser , elle contient un- tiers de
résine pure et -deux tiers de matière exlractive.
La plante qui la produit croît principalement dans les pro-
rinces méridionales de la Perse, et c'est là que Ksempfer l'a
vu récoller.
Pourcetteopération.lesliaLitansdevillages entiers quittent
leurs demeures vers le milieu du printemps, et vont sur les
montagnes pour arracher les feuilles fanées des fendes rési'nijères ,
et débarrasser le collet des racines., qui sont grosses comme
la cuisse et fusiformes, de la terre qui les recouvre, et qu'on
remplace par «ne poignée d'herbe. Au bout de quarante
jours, ils reviennent tous aux mêmes endroits qui ont été
bornés , et chacun se partage le travail. Ce travail consiste à
couper le sommet de la racine transversalement , et à la cou-
vrir d'une petite botte d'herbe qui ne la louche pas. Une
liqueur blanchâtre transsude de cette blessure , et tous les
deux jours on va la récolter et rafraîchir la coupure , jus-
qu'à ce que la racine soit épuisée. Lorsque la récolte est bien
en train , on met le résultat des premières tournées sur des
feuilles , pour le faire sécher au soleil.
Lé' assa-fœiida est employé comme remède en Europe ; il
excite puissamment la transpiration et est très-utile dans les
maladies de nerfs, surtout dans celles qui ont des causes hys-
tériques : on l'eniploie aussi dans l'art vétérinaire, (b.)
ASSA PANICK. Selon quelques voyageurs , ce seroit",
dans la "V irginie , le nom du petit Polatquche , Sciurus
yolans, Linn. (desm.)
ASSASl. Espèce de Baliste. (b.)
ASSAZO'É. Plante d'Abyssinie, dont l'ombrage seul en-
gourdit les serpens , selon quelques anciens voyageurs, (s.)
ASSEE. V. AcÉE et Becas.se. (s.)
ASSENTIMENT. (f'V/ime.jC'est la sensation que le chim
éprouve par l'action des émanations du gibier sur l'organe de
l'odorat, (s.)
ASSI. C'est le DragoxNieb ombraculifère. (b.)
ASSIENNE (Pierre) ou Pierre d'Assos , Asslm lapis.
Les anciens naturalistes font mention de cette pierte qui
prenoit son nom d'Assos , ville de la Troade , dans l'Asie
mineure , d'où on la liroit. Sa substance étoit spongieuse ,
légère ,■ friable et recouverte d'une poudre farineuse que Ton
a^^eloit Jleiir de pierre d'Assos , et à laquelle Galien prête des
propriétés aussi douteuses que celles que l'on attribuoil à la
pierre elle-même. Pline l'appelle sarcophagus , parce qu'elle
,8 A S S
possède , dit-il , la propriété de consumer en quarante jours
la chair et les os des animaux , les dents ex^ptées. Suivant
Mucatianus , cité par Hill, la pierre d'Assos , placée dans un
tombeau, convertissoit en pierre les objets que le mort
avoit le mieux aimés et qu'on avoit coutume d'enterrer avec
lui. On ne sait encore à quelle substance rapporter la pierre
dont il s'agit. M. Sonnini croit que c'est une pierre ponce,
Ne seroit-ce pas plutôt un alun de plume ? (luc.)
ASSILIS. Il paroît que c'est le Selin silvestre. (b.)
ASSIMILATION MINÉRALE (i). Propriété que pos-
sèdent les minéraux , dans le sein de la terre , de s'appro-
prier et de rendre semblables à eux, les substances avec les-
quelles ils se trouvent réunis , dans des circonstances favo-
rables.
Quoique la connoissance de cette propriété semble être
la véritable base de. l'histoire naturelle de la terre et de ses
productions minérales , néanmoins Buffon , et avec lui la
plupart des naturalistes, ont borné cette faculté aux animaux
€t aux végétaux : ils ont dit que ce sont là les seuls êtres qui
soient formés de matière vivante , et que les substances miné-
rales ne sont composées que de matière morte.
Mais si l'on considère que , d'après les analyses de la chi-
mie moderne , les êtres organisés finissent par se résoudre
en élémens parfaitement semblables à ceux du règne mi-
néral , et que , dans les uns comme dans les autres , c'est
toujours de l'hydrogène , de l'azote , du carbone et de l'oxy-
gène, combinés avec des terres simples et des molécules
métalliques , on reconnoîlra sans doute que rien de tout cela
n'est mort ; car un être mort ne sauroit rei>ii>re. Or, mille faits
nous prouvent que les êtres organisés ne prennent d'accrois- ,
sèment qu'en s'assimilant ces mêmes substances élémen-
taires qu'on fait passer pour mortes , et qui néanmoins pa-
roissent vivantes après leur assimilation , c'est-à-dire , dès
qu'elles sont combinées avec celles qui composoient déjà le
tout organisé.
Les végétaux , par exemple , qu'on a nourris dans de l'eau «.
(i) Chargé de revoir et de compléter dans ce Diclionnaîre les
■articles minéralogiqaes de feu Patriii , nous avons apporté tous nos
soins à en faire disparoilrc ce qui nous sembloit inexact ou incertain ;
mais noui^vons conservé tels qu'ils étoient ses articles généraux et Ja
plus grande partie de ceux qui ont rapport à la géologie , parce qu'ils
se rattachent à un système sur l'organisation de la matière et lastruc-
■ture du globe dont il est l'inventeur et dont nous lui laissons la res-
ponsabilité. L'arùclg que l'on va lire est de ce nombre, (luc)
A S S ,5
distillée, où Us ont pris un accroissement considérable ; ceux
qui naissent sur des roches arides ou dans les sables, comme
les plantes grasses , d'oé tireroient-ils leur nourriture, si ce
n'est des fluides de l'atmosphère , qui n'ont sans doute rien
de vimnt en apparence, mais qui manifestent leur vitalité
dès que leurs molécules sont combinées de manière à former
un ensemble qui ait de l'accord ?
On pourroit , en quelque sorte , comparer ces molécules
élémentaires à des caractères d'imprimerie : tant qu'ils sont
entassés sans ordre, ils n'expriment rien, ils sont moiis; mais
dès qu'on les dispose dans un ordre convenable , il s'établit
entre eux des rapports dont l'ensen'.ble présente des idées et
des sentimens : ils ont acquis une sorte de vie inlellecluelle.
On pourroit dire encore , avec plus de justesse , que ces
molécules élémentaires inordonnées , sont comme une multi-
tude de soldats confusément rassemblés dans une cam-
pagne : ce n'est encore qu'uneyôw/ie d'hommes; mais, aussitôt
que chacun a pris son poste , c'est une armée , t'^est un tout
orgam'sé.
S'il survient de nouveaux individus, ils choisissent le corps
qui leur plaît; ils y sont enrôlés ; ils en prennent l'esprit;
ils en suivent tous les mouvemens ; ils y sont assimilés.
C'est à peu près ainsi que les molécules de ce que noVis
nommons matière' ou substance, s'assimilent et s'identifient
avec une agrégation d'autres molécules déjà organisées ; elles
deviennent partie constituante de cette agrégation , et parti-
cipent à toutes les propriétés de. l'ensemble.
On ne sauroit nier que les molécules qui composent les
substances minérales ne soient animées par un principe actif
qui n'est point aveugle ; leurs affinités , qu'on a si bien nom-
mées attractions électives , ne laissent aucun doute à cet
égard , et leurs répulsions récipixxjues démontrent une sorte
à'antipaihie , comme les attractions supposent une sorte de
STf'mpathie.
Toute explication que l'on tenteroit de donner de ces
phénomènes, en refusant à ces molécules toute espèce de
perception et de volonté , sembleroit supposer des effets sans
cause; et je crois qu'on seroit enfin forcé d'abandonner ce
système , comme on a rejeté celui des Cartésiens, qui pré-
tendoient expliquer les témoignages d'attachement ou d'a-
version que donnent les animaux, par un jeu de ressorts, qui
les feroit mouvoir comme des pièces de mécanique. •
Et pourquoi refuseroit-on d'admettre , dans les molécules
de la matière^ une sorte à^insiinct , plus obscur si Ton veut,
mais çnfm de la même nature que celui qu'on est forcé de re*
A S S
connoître <lans ces êtres que leur excessive ténuité permet à
peine d'apercevoir avec les meilleurs microscopes i^
Personne ne doute que les mouvIÉnens qu'ils exécutent ne
soient spontanés , quoique plusieurs de ces petits êtres n'offrent
que des formes organiques très-équivoques ; mais t'analogie a
fait reconnoître en eux' le même principe qui dirige les mou-
vemens de ceux dont Torganisation-est mieux caractérisée. Et
comme ces petits êtres sont composés d'une infinité de molé-
cules vivantes , nous pouvons , de proche en proche , sans
sortir du domaine de la vie , arriver jusqu'aux molécules
• qu'on nomme élémentaires^ quoiqu'elles soient elles-mêmes
couiposées d'un nombre de parties indéfini.
Et d'ailleurs, quoique ces molécules échappent à nos yeux
dans leur état d'isolement, nous voyons par les masses régu-
lières , ou du moins d'une forme constante; qui résultent de
leur réunion , que tous leurs mouvemens ont été dirigés par
une sorte à^instinct , comme ceux de ces animalcules , nom-
més baccillaires , qui se groupent fréquemment sous des formes
géométriques.
Je remarquerai , à cette occasion, qne ces formes régu-
lières ne se présentent nulle, part aussi fréquemment que
dans les êtres où l'organisation est la plus simple , et qui
Sont , en quelque sorte , les premiers essais de la matière
passant de J'état d'engourdissement à l'état d'activité. Les
productions marines , surtout , en présentent une foule
d'exemples , soit dans leurs formes extérieures, soit dans le
tissu même de leur substance. C'est probablement ce qui a
fait dire à de fort habiles naturalistes , que V organisation n'é-
toit qu'une cristallisatioû plus ou moins compliquée , et qui
devient d'autant moins reconnoissable , que l'organisation
est plus perfectionnée.
D'après ces différentes considérations , il pacoît qu'il n'y
a véritablement nulle différence entre les molécules élémen-
taires des corps organisés et celles qui composent les subs-
tances minérales, qui sont elles-mêmes organisées à leur
manière , depuis la pierre que nous appelons hmte (parce
que nous n'apercevons plus les rapports qui la lioient avec
l'ensemble dont elle esi détaché'e) , jusqu'à cette belle végé-
tation pierreuse ^ connue sous le nom de Jïus ferri , qui se
rapproche de beaucoup des productions marines , et qui
fjaroit être un de ces intermédiaires que la nature place sur
es limites de ses dlfférens règnes, pour les lier entre eux ,
et conserver Vunitéde son domaine. *
Xous ceux qui ont fréquenté lintérleur de la terre , ont pu
remarquer que les corps minéraux les plus d«rs , les plus
compactes , sont pénétrés d'un tluide fugace qui paroît y cir-
A s s «
culer sans relâche ; et l'analogie porte à croire que les molé-
cules de ce fluide , ou celles dont il est chargé , se comhinent
et s'identifient avec les corps où il circule ; et qu'enfin Vassi-
viilation minérale ne diffère point essentiellement de celle
qu'on reconnoit dans les autres règnes.
Celle opinion me semble d'autant plus probable , qu'aussi-
tôt qu'on l'admet , tous les phénomènes s'expliquent avec fa-
cilité , et l'on n'est pkis forcé de faire à chaque pas de nou-
velles suppositions , et d'entasser hypothèse sur hypothèse :
on sent enfin qu'on est dans le vrai sentier de la nature.
Pour expliquer , par exemple , la formation des filons mé-
talliques , combien n'a-t-on pas imaginé de systèmes qui se
sont renversés successivement , sans que le dernier fiit plus
satisfaisant que les autr^es , tandis qu'au moyen de Vassimila-
iion, rien n'est si simple ? Le géologue explique, soit là fonda-
tion d'un filon dans une montagne , soit tout autre accident
qui se présente dans Técorce de la terre , de la même ma-
nière que le physiologiste explique la formation d'une glande ,
d'un abcès ou d'un ulcère dans un corps \ivant.
Dès qu'une fois deux ou trois molécules d'un radical mé-
tallique se sont accidentellement réunies dans le sein d'une,
roche disposée à les retenir , elles modifient , par leur in-
fluence , les molécules voisines , et se les assimilent , de même
que le virus varlolique s'assimile les humeurs du corps où on
l introduit, si ce corps est disposé d'une maijière conve-
nable , car autrement il seroit sans influence ; et de même
les fluides propres à former les métaux n'en peuvent créer
que dans les montagnes qui ont déjà éprouvé certaines mO'
difications : aussi , dans le voisinage d'une mine , est - on
presque toujours assuré d'en trouver d'autres. V. FiLOiNS et
Métaux.
Il en est de même de la formation des sels ; leurs élémens
sont dans l'atmosphère : lorsqu'ils rencontrent une terre ou
autre base qui leur convient , ils se combinent avec elle , et
finissent par convenir en matière saline des masses quelque-
fois d'une étendue prodigieuse.
De là, l'origine des couches de sel gemme , de gypse , de
phosphate calcaire , etc. De là, les sources salées de diffé-
rentes sortes, et ces efflorescencés éternellement renaissantes
de nitre , de sel d'epsom , de natron, à' alun ^ àe. sel marin , etc.,
qui , sans cesse enlevées par les hommes , ou dissoutes et en-
traînées par les eaux, se montrent toujours avec une égale
abondance. V. Sel gemme , Nitre , etc.
C'est encore par l'effet de V assimilation que les laves dçs
différens volcans paroissent de nature différente , quoiqu'elles
soient composées des mêmes élémens. Elles imitent ici le
3a . A S S
trapp, là le porphyre, plus loin le granîle, ailleurs le pétro-
silex , le pech-slein , etc.
On a dit jusqu'ici que ces différentes laves étoient formées
des roches mêmes dont elles ont Tapparence : on a supposé
que ces roches avoient été fondues dans le sein de la terre ,
et que la matière en fusion avoit été soulevée^ du fond des
abîmes jusqu'au sommet des volcans, à dix-huit ou vingt mille
pieds perpendiculaires , comme dans les Cordilières du
Pérou.
Je ferai voir , dans l'article Volcan , qu'on ne sauroit ad-
mettre cette supposition, non plus que • d'autres qu'on a
faites pour expliquer les phénomènes volcaniques , et j'éta-
blirai que les laves ne sont autre chose que des tluides gazeux
fixés et rendus solides. •
•Ces fluides qui circulent perpétuellement dans les couches
primitives de la terre , comme la sève dans les végétaux , s'y
modifient d'une manière analogue à la nature de ces mêmes
couches ; et les laves qu'ils forment sont différentes entre elles,
de même que les sucs des végétaux , quoique formés de fluides
semblables , sontgommeux ou résineux, acres ou fades , doux
t)u amers , bénins ou corrosifs , suivant la nature des fermens
qui les ont modifiés en se les assimilant.
En un seul mot, si Ton vient enfin à reconnoître que la
marche de la nature est absolument la même dans les trois
règnes , je ^nse qu'on aura fait un grand pas dans la roule
qui conduit a son sa'nctuaire. (pat.)
ASSIMINE, Desv. Sorte de Fruit. Le Corossolier en
offre un exemple, (b.)
ASSIMINIER. Nom d'une espèce de Corossolier.
On en a fait un genre sous les noms d' Assimine et d'Oi'iCiii-
DOCARPE. V. ce dernier mot. (b.)
ASSONIE , Assonia. Genre de plantes de la monadelphie
monogynie , et de la famille des Malvacées, dont les carac-
tères sont d'avoir: le calice double , l'intérieur divisé en cinq
parties, l'extérieur bractéiforme, monophylle et trilobé;
la corolle à cinq pétales obliques ou falciformes ; les éta-
mines réunies à leur base , au nombre de vingt , dont cinq
stériles plus courtes ; un ovaire supérieur , arrondi , velu , à
cinq styles, à stigmates épais ; cinq capsules conniventes , à
une loge et à deux semences.
Ce genre a été formé par Cavanîlles , sur un arbrisseau de
l'île de la Réunion , connu des habitans sous le nom de bois.
de senteur bleu , dont les feuilles sont alternes , cordiformes , et
les Heurs en corymbes terminaux, (b.)
ASSOUKOU. C'est un Myrte des Antilles, (desm.)
A s T . 2^
ASSURANCE ( Vénerie). Fermeté et tranquillité dans la dé-
marche.
AssuRAisCE, en fauconnerie , se dit' d'un oiseau qui n'est
plus attaché par le pied, ce que Ton appelle hors de filière, (s.)
ASSY. A Madagascar, c'est un Dragonier. (desm.)
ASTACITES ou ASTACOLITHES. C'est le nom
qu'on donne aux écreoisses pétrifiées; et on l'étend ordinaire-
ment aux pétrifications des autres crustacés. On dit aussi can-
crites et crabites on gaiumarolithes , en parlant des cancres et- des
crabes fossiles.
Parmi les nombreuses pétrifications de la montagne de
Saint-Pierre de Maestricht , qui ont été si bien décrites par
Faujas, on trouve un grand nombre* de pattes de crustacés
marins ; elles sont d'une couleur blanche ou légèrement rous-
sâtre , comme la pierre sableuse qui les contient; elles sont
parfaitement conservées , et l'on y voit jusqu'à leurs moindres
aspérités.
Les -ardoises d'Angers présentent un phénomène tout
différent et assez singulier ; ce sont des corps de crustacés ,
qui ont jusqu'à un pied de large, sur quatorze à quinze pouces
de longueur, et l'on compte neuf à dix anneaux à la queue :
mais , au lieu d'offrir les formes saillantes et tout le relief que
devroient avoir des crustacés de cette taille , ils n'en ont ab-
solument point, quoiqu'ils ne paroissent nullement avoir
été écrasés ni comprimés; c'est simplement un dessin pyri-
teux tracé sur une ardoise , et qui représente , d'une manière
très - distincte , le corps et la queue d'un crustacé gigan-
tesque. La situation presque verticale où ils se trouvent
dans la carrière , ajoute encore à cette singularité. Voyez
Ardoise et Ogygie.
On voit, dans toutes les collections, de petits crabes pétri-
fiés tout entiers, qui se trouvent en abondance sur les côtes
de Coromandel. On en trouve aussi dans l'île de Shepey,
près de l'embouchure de la Tamise , et dans d'autres contrées
d'Angleterre : quelquefois ce ne sont que des parties de crabes^
et surtout leurs queues.
Saussure (§ 359) parle d'un crabe fossile qu'on voit dans
une collection à Bâlc , dont les œufs , qui sont attachés à sa
queue , sont pétrifiés comme le^reste de l'animal. Ce fait est
intéressant pour l'histoire ^t la pétrification; il prouve qu'elle
s'opère presque subitement , puisque des corps aussi faciles à
s'altérer que des œufs de crustacés , qui ne sont enveloppés
que d'une* membrane , ont pu être pétrifiés avant leur dé-
composition. Il y a d'ailleurs beaucoup d'autres faits sem-
blables. V. Pétrification, (pat.)
ASTAGOÏDES, Astaco'fdea, Diunéril. Ordre de unt-)
24 • ^ A S T
tacés , formé ilu genre cancer de Linnœus , comprenant notre
cfrdre des décapodes et ceux des sfomapodes et des amphipodes.
K. ces mois et l'article Crustacés, (l.)
ASTACOLE, Astacohis. Genre de Coquille établi par
Denys Montfort. Caractères : coquille libre, univalve , cloison-
née, droite, à sommet en spii"e; renflée, arquée; dos arrondi;
ouverture lancéolée , recouverte par un diaphragme bombé ,
percé à l'angle extérieur par un siphon étoile ; cloisons unies.
Une des espèces de ce genre a été trouvée sur les rivages
de la Toscane. Sa longueur est d'une ligne ; on l'a citée dans
quelques auteurs sous le nom de Nautile lituite. (b".)
ASTACOLITHES. F.AsTACITESetCRUSTACITES.(DESM.)
' ASTACOPODIUM. Pétrification d'écrevisses ou de cra-
bes , qui présentent principalement des fragmens de pattes ou
de pinces de ces animaux. V. Chustacites. (desm.)
ASTAQUE , Astacus. V. ÉcREvissE. (b.)
ASTATE , Astatus. Nom sous lequel M. Kliig désigne
les insectes de notre genre Céphus. V. ce mot.
ASTATE, Aslata^ Lai. Genre d'insectes de l'ordre des
hyménoptères, section des porte - aiguillons , famille des
fouisseurs, très-voisin du genre des larres, quant à la forme
générale du corps , mais en étant distinct par ses mandibules
bidentées au bout, et dont le côté inférieur n'tstpas échan—
cré ; par sa languette , dont les trois divisions sont presque
égales, et par ses palpes maxillaires plus longs, et dont le
troisième article est beaucoup plus épais que les autres. Les
yeux des mâles sont fort allongés et contigus postérieurement;
caractère qui fait aisément reconnoître ces insectes.
M. Jurine donne à ce genre le nom de Dimorphe (i/Z/no/p/ia).
Les ailes supérieures ressemblent à celles des larres, quant
au nombre des cellules radiales et cubitales; la seconde de
celles-ci reçoit également les deux nervures récurrentes ; mais
la dernière est presque /carrée , au lieu qu'elle est presque en
forme de croissant dans les larres.
Les asiates , ainsi nommées de ce qu'elles sont toujours en
mouvement, ont les antennes filiformes, rapprochées, in-
sérées à la base du chaperon , avec le premier article gros, le
second très-petit, et les autres presque égaux et cylindriques.
Leurs mandibules sont arquées et unidcntées sous la pointe.
Les palpes maxillaires sont îbngs , avec le troisième article
plus gr.os : le second des labiaux est fort dilaté. La languette
est large et divisée en trois lobes presque égaux. Leur corps
est assez court , avec la tête large ; les yeux grands ; le
premier segment du corselet très-cu3urf , droit , en forme de
rebord ; l'abdomen court et conique ; les pattes courtes et un
peu épineuses.
A s T . 25
On trouve ces insectes dans les lieux sablonneux, en
France , en Italie et en Espagne , etc.
\STATE ABDOMmALE, Asiata ahdominalis , Lat. Gêner. cnisU
eHmect., tom. l, ,■ pag. 69; tiphia abdominaKs. Panz. Faun. ia-
sect. gemi.fasc. 53, iah. 5. La femelle a environ quatre a cinq
lienes de longueur; le corns.est noir, assez luisant: l abdomen
est fauve , avec Textrémite de la couleur du corps, (l)
ASTELIE, Astelia. Plante de la Nouvelle-Hollande,-
croissant sur les arbres morts , dont les feuilles sont toutes
radicales et imbriquées , la tige presqpe nulle , les fleurs en
grappes très courtes : laquelle constitue seule un genre dans
U polygamie monoécie et la famille des asphodèles , fort voi-
sin des Caragates. ....
Les caractères de ce genre soiit : calice a six divisions glu-
macées ; six étamines insérées au calice ; un ovaire supérieur,
à trois styles sessiles et obtus ; une baie à une , deux ou trois
loges polvsperraes.
La polygamie de ce genre résulte de l'avortement d'un
des sexes, (b.)
ASTERE , Aster. Genre de plantes de la syngénésie po-
lygamie superflue, et de la famille des corymbifères , dont
les caractères sont : un calice commun imbriqué d'écaillés
nombreuses , dont les inférieures sont un peu lâches ; un ré-
ceptale nu ; des ilemons hermaphrodites , lubulés , quinqué-
fides dans le disque , et des demi-fleurons femelles dans la
circonférence ; plusieurs semences oblongues , garnies d'une
aigrette sessile. V. OléairF.
L'AsTÈREGLUTiNEUSE constitue aujourd'hui le genre Donie.
Ce genre se distingue des Inules , avec lesquels il a beau-
coup de rapports , principalement par la couleur bleue de ses
fleurs , qui ne se change jamais en jaune , quelque altération
qu'elles éprouvent par la culture. Ces fleurs sont disposées en
panicules ou en corymbes , et produisent un très-bel effet en
automne , époque de la floraison de la plus grande partie
des espèces. On les cultive fréquemment dans les jardins.
On connoît plus de cent cinquante espèces A'asières qui
se divisent en astères à tiges ligneuses et en astères à tiges herbacées.
Ces dernières se subdivisent en astères à feuilles irès-entières et à
feuilles dentées en leurs bords. On subdivise encore quelquefois
ces deux sections en astères qui ont des écailles sur les pédoncules
et en astères qui n'en ont point.
Parmi les premières , toutes venant du Cap de Bonne-Es-
pérance , on ne cultive dans nos jardins que I'Astère fruti-
CULEUSE , dont le caractère est d'avoir les feuilles linéaires
ponctuées et les fleurs solitaires. C'est une belle plante ^ maiâ
qui ne peut passer l'hiver en pleine terre.
>6 A S T
Parmi les secondes , il faut noter I'Astère des Alpes ,
plante dont les feuilles sont spalhulées, les tiges uniflores , et
qu'on trouve sur les montagnes élevées de la France ; TAstère
AMELLE , dont les îeuilles sont lancéolées ^ obtuses , rudes ,
dont les pédoncules sont nus et les écailles calicinales ob-
tuses. On rappelle vulgairement œii de Chnst, et on la cultive
dans quelques jardins. C'est elle que Virgile a mentionnée
dans ce vers :
Est etiam flos in praiis cui nomen nmello.
Géorg. liv. IV.
Les AsTÈRES d'Aragon, maritime et acre, toutes d'Eu-
rope , mais moins remarquables que la précédente.
C'est encore dans cette division que se trouvent I'Astère
GÉANTE , A^ier noi^œ Jngliœ, Linn., dont les feuilles sont lan-
céolées, demi-amplexicaules, la tige hérissée et les Heurs
ramassées et terminales ; I'Astère amplexicaule, qui ne
diffère de la précédente que parce qu'elle a les fleurs plus
écartées ; I'Astère À grandes fleurs , dont les feuilles sont
étroites , amplexicaules , les rameaux uniflores et les écailles
calicinales recourbées ; I'Astère à tiges rouges , dont les
feuilles sont amplexicaules, lancéolées, les écailles du calice
variées de blanc et de vert : toutes , ainsi que la plus grande
partie de celles que je ne cite pas, originaires de l'Amérique
septentrionale , qui font l'ornement de nos jardins , où elles
sont très-multipliées. Leur culture ne demande aUcun soin,
attendu qu'elles sont vivaces , tracent beaucoup , et surmon-
tent toutes les mauvaises herbes. Elles se multiplient prin-
cipalement par le déchirement des vieux pieds en hiver.
Dans la seconde division , il y a I'Astère À feuilles en
CŒUR , I'Astère à fleurs tardives , et une ou deux autres ,
auxquelles les observations ci-dessus conviennent complè-
tement et qu'on cultive comme les précédentes; mais l'impor-
tance de toutes est absorbée par I'Astère de la Chine , vul-
gairement appelée la grande marguerite des jardins, plante an-
nuelle , qui passe pour être originaire de la Chine , et qui ,
f>ar la grandeur de ses fleurs et l'immense variété de leurs cou-
eurs , fait le principal ornement- de nos parterres en au-
tomne, (b.)
L'Astère de la Chine. C'est une des plus belles plantes
d'ornement qui nous soient venues des pays étrangers. Elle
est recherchée dans les jardins pour la beauté et la variété de
ses fleurs , qui sont simples ou doubles , blanches , gris de
lin, violettes, panachées, ou couleur de chair ; il n'y en a ja-
mais de jaunes. La plus belle des variétés que cette espèce
a produites , est la reine marguerite anémone , ainsi appelée y
A s T 27
parce qu'elle forme des peluches comme cette plante. Cette
asûre étant annuelle , on ne peut la multiplier que par sa
graine. On la sème au printemps sur couche , ou simplement
dans une terre mêlée de terreau. Quand les jeunes plantes
sont assez fortes , on les enlève avec précaution , et on les
place dans une terre riche , à une petite distance les unes des
autres -, il faut avoir soin de les tenir à l'abri du soleil , jus-
qu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines t et de les
arroser souvent , si la saison est sèche. Au bout d'un mois et
demi , et vers le milieu de Tété , on les transplante une se-
conde fois , et on les met dans le lieu où elles doivent rester.
Quand cette plante est reprise , elle ne demande pas de grands
arrosemens. 11 est bon de lui mettre des tuteurs lorsqu'elle
commence à fleurir , parce qu'elle a dç la peine à se soute-
nir, (d.)
AsTÈRE D'AFRiQTJE.C'estla Cinéraire A.FLEURSBLEUES. (b.)
ASTERELLE , Asterella. Genre de plantes*établi parPa-
lisotBeauvois, aux dépens des Marchai<îtes de Linnaeus. Les
fleurs mâles offrent une ombelle arrondie, pédonculée, à plu-
sieurs fleurettes sessiles, de six à dix divisions, renfermant la
poussière fécondante. Les fleurs femelles sont sessiles, mem-
braneuses, capsuliformes et contiennent des semences rondes,
aplaties et éch.incrées. Ce genre contient deux espèces, l'As-
TERELLE petite , et I'Asterelle hémisphérique. On les
trouve sur la terre, dansies bois humides, (b.)
ASTERIAS à' AldroQande. C'est I'Autour. Lçs italiens le
nomment astore , d'où l'on a fait-, en latin moderne, le nom
astur. (s.)'
ASTÉRIE. Les lapidaires donnent ce nom à certaines
variétés de corindon hyalin , remarquables par une étoile à
six rayons , qui se développe à la surface de la pierre lors-
qu'on la fait mouvoir à la lumière , et qui s'observe égale-
ment dans les variétés de cette pierre , connues de tout le
monde, sous les noms de saphir et àe rubis d'Orient^ mais
bien plus rarement dans le dernier.
Les saphirs étoiles ou saphirs de chat^ comme on les appelle
aussi quelquefois , sont très-recherchés , surtout ceux qui
présentent une étoile brillant d'un vif éclat et en quelque
sorte mobile , et non pas de simples rayons blanchâtres
ternes , ou dont la teinte seulement plus pâle tranche sur
le fond de la pierre. La manière de les tailler la plus favo-
rable au développement de leurs reflets , est celle que l'on
désigne par le nom de goutte de suif ou de cabochon. Les
reflets ont lieu dans le sens d'un plan perpendiculaire à
l'axe du cristal.
U'asiérie de Pline 'est, suivant IVL Dclaunay (Minéralog.
38 A s T
des Anciens, t. i, pag. ii4), une varie'té chatoyante de feld-
spath; cependant, d'après ce que le naturaliste romain rap-
porte de la difficulté qu'on éprouvoit à travailler cette pierre ,
il est plus proliable que c 'et oit un corindon. Quant à Vastrios
du même auteur , qui réfléchissoit simplement la lumière
de^ astres, il paroît que c'est notre girasol, lequel est un
quarz agate.
Les plus beaux corindons étoiles viennent de l'Inde et de
l'île de Ceylan. Le Roi possède un des plus beaux saphirs
étoiles qui soit connu. V. Corindon, (luc.)
ASTERIE, Asteilas. Genre de la famille des vers Echi-
NODERMES , dont les caractères sont : un corps suborbi-
culaire , déprimé, à peau coriace , anguleux ou disposé en
lobes ou en rayons, ^oit simples, soit composés, avec ou
sans gouttière eu dessous , le plus souvent garnis d'épines
mobiles et de tentacules tubuleux et rétracliles ; la bouche
inférieure et c'entrale.
Les espèces de ce genre , autrement appelées étoiles de
mer, doivent leur nom à la forme étoilée qu'elles ont toutes
plus ou moins. Ce sont des animaux d'une structure fort re-
îuarquable, qui n'ont de rapports qu'avec les oursins ^àonï
ils diffèrent principalement, en ce que leur enveloppe, au
lieu d'être une croûte testacée , est une peau coriace , dans
laquelle sont implantées des épines, ou des tubercules, ou
des écailles.
La bouche des astéries est toujours placée au centre info-
rieur de leurs rayons : c'est un suçoir; il est accompagné de
cinq fourchettes latérales et horizontales , uniquement des-
tinées à fixer les animaux dont elles se nourrissent ; leur anus
est dans un tubercule osseux et labyrinthiforme, qui se re-
marque sur la partie opposée à la bouche et un peu sur le
cfité. Comme les astéries ne mangent point de substances
solides , cette espèce de filtre leur suffit pour se débarrasser
du superflu de leur digestion. Quelques naturalistes doutent
pourtant de cet usage du tubercule en question. M. Toraca,
dans un Mémoire inséré dans le sixième volume de ceux
de l'Académie de Turin , établit , par des expériences posir
tives , que chaque rayon des astéries peut se nourrir et vivre
indépendamment des autres, et que dès qu'il en reste ua
entier, les autres peuvent se reproduire.
Lamarck a divisé les astéries en deux genres , qui sont fort
naturels, et dont les animaux qui les composent ont des
mœurs fort différentes.
Le premier auquel ce naturaliste a conservé le nom d'As-
TfcRIE
A s T ,3
SOUS , d'une gouttière longitudinale , et épineuses ou tuber-
culeuses en dessus.
Le second, auquel il a donné le nom d'OPHiURE , com-
prend celles dont les rayons n'ont point de sillons en des-
sous , et sont écailleux sur toute leur surface. V. au mot
Ophiure.
Ces deux genres font des divisions dans tous les ouvrages
qui ont été publiés sur les asténes.
Les astéries de la première division ont, comme on l'a dit,
les rayons garnis, en dessus, d'une multitude d'épines ou de
tubercules analogues à ceux des oursins , mais implantés di-
rectement dans la peau , et n'y tenant que très-foiblement.
Ces épines, ou ces tubercules, sont encore plus nombreux
en dessous , sur les bords; mais le milieu, depuis la bouche
jusqu'à l'extrémité , est un sillon plus ou moins profond ,
garni seulement d'une peau mince et unie. C'est de cette
partie percée de plusieurs rangées de trous , que sortent des
tentacules de même nature que ceux des oursins , c'est-à-
dire , susceptibles de se contracter, de^s'allonger, et de s'ap-
pliquer contre les corps durs par leur faculté suçante ; et ce
n'est que lorsque l'astérie marche , qu'on les voit dans tout
leur développement. Belon en a compté cinq mille dans une
espèce , et Réaumur mille cinq cent vingt dans une autre.
Le même Réaumur rapporte que , lorsque les astéries
veulent marcher, elles allongent une partie de leurs tenta-
cules, du rayon le plus près de l'endroit où elles veulent aller,
se cramponnent avec ces tentacules , et attirent ensuite leur
corps ; et qu'elles répètent cette manœuvre jusqu'à ce qu'elles
soient parvenues au but où elles s'étoient proposé d'arriver.
Cette manière de marcher est , comme on peut bien le croire,
extrêmement lente ; aussi faut - il des journées aux astéries
pour parcourir de très-petits espaces. Réaumur ne parle pas
de l'actio^pdes épines dans cette opération ; mais il est ce-
pendant probable qu'elle n'est pas nulle. Peut-être ces épines
servent-elles de point d'appui pour empêcher le recul , lors-
que l'animal détache ses tentacules les plus éloignés.
Les astéries de la seconde division , ou les ophiures de La-
marck , ont une manière d'être fort différente ; leurs rayons
sont écailleux, rarement arnlés de quelques épines, et ti'ont
jamais de gouttières , et par conséquent de tentacules en
dessous. Ces rayons ressemblent parfaitement à des queues
de lézards , et sont encore plus fragiles qu'elles : ils serv ent
directement de jambes à l'animal. Comme ils sont régulière-
ment placés, il peut indifféremmeut aller du côté qu'il lui
plaît. Pour approcher de l'endroit vers lequel une astérie
de cette division est déterminée à se rendre , elle se sert de^
3o A S T
deux rayons qui en sont les plus proches et de celui qui en
est le plus éloigne : ces trois rayons concourent différem-
ment à son mouvement. Les deux premiers , en se courbant
à leur extrémité, fornlent deux crochets dirigés en dehors,
qui , en s'appliquant sur le sable , tirent le corps en avant ,
tandis que le rayon postérieur s'est recourbé verticalement
et fait l'office de levier reponssoir. Cette manière de marcher
est au moins aussi lente que celle des astéries de la première
division; mais elles peuvent l'accélérer, au risque de casser
leurs rayons , qui sont si fragiles , qu\î la moindre fausse
direction , au moindre mouvement un peu trop brusque ,
ils se brisent.
A la jonction des écailles supérieures avec les inférieures ,
les astéries de cette division font sortir des tentacules si courts,
qu'on n'en peut pas deviner l'us^fge. Elles vivent presque
exclusivement sur les côtes sablonneuses , et s'enfoncent dans
le sable au moindre danger.
Toutes les espèces à'asléiies se soutiennent dans l'eau , en
formant avec leurs rayons de légères ondulations ; mais elles
ne peuvent pas y resrer suspendues long-temps de suite. Elles
se laissent plutôt entraîner par le flot qu'elles ne nagent.
Lorsqu'elles perdent leurs rayons , ce qui arrive souvent
à celles de la seconde division surtout, il en repousse bientôt
de nouveaux. Pendant l'été , il ne faut que quelques jours
pour rétablir leurs pertes ; il faut plus long-temps en hiver ;
mais comme, dans celte saison, elles se tiennent dans les pro-
fondeurs de la mer, elles sont exposées à moins de dangers.
Celles qui ont des épines , sont encore plus sujettes à
perdre ces épines , et en conséquence il y en a toujours une
quantité de petites prêtes à sortir pour remplacer celles qui
tombent. Ces épines, comme on l'a dit, sont implantées
dans la peau. Leurs formes varient dans chaque espèce; mais
comme en général elles sont très-petites , on les ^ peu ob-
sei-vées. Dans quelques espèces , elles jsont rangées régulière-
ment ; dans d'autres , elles n'affectent aucun ordre ; souvent
une ou trois rangées sont plus grandes que les autres.
Quelques astéries sont rondes ou pentagones , et leurs
rayons ne se reconnoissent que parles gouttières de leur côté
inférieur; mais le plus grand nombre a cinq rayons distincts.
On en trouve cependant qui ont plus de cinq rayons , et même
deux rangs de rayons ; et d'autres , surtout parmi les espèces
de la seconde division , dont les rayons se bifurquent une ,
deux, trois, et un plus grand nombre de fois, deviennent
branchus au point qu'on ne peut compter le nombre de leurs
bras. Ces dernières sont connues sous le nom de tête de Mé-
duse.D^ns quelques-unes, les rayons sont très-grands relati-
A s T 3i
veraent au diamètre du corps ; dans d'autres ils sont très-
petits.
C'est principalement de jeunes coquillages dont vivent les
astéries ; elles les sucent avec leur trompe , soit par l'ouver-
ture de la coquille, soit en l'écrasant. Elles se nourrissent
aussi de crustacés , et sans doute de plusieurs autres animaux
marins. Il est probable que les astéries à tête de Méduse ne
sont pourvues d'un aussi grand nombre de bras que pour saisir
leur proie ; mais on n'a aucune observation sur ce qui les
concerne particulièrement.
On ne sait rien de positif sur la génération des astéries; ce-
pendant il est certain qu'elles sont ovipares. Elles jettent leur
frai , qui ressemble à une gelée , vers le milieu du printemps ,
et on le voit sur les côtes nager sur l'eau jusqu'au milieu de
l'été. Il est si venimeux, dit Breynius, qu'il fait enfler la main
de celui qui le touche , et cause la mort des quadrupèdes qui
en mangent. Le§ moules qui "s'en nourrissent, ainsi que beau-
coup d'autres coquillages et poissons, deviennent, à l'époque
de sa présence , dangereux à l'homme. Le vinaigre est. l'an-;
tidote de leur poison. V. au mot Moule.
Afin de bien disposer les astéries pour les collections d'his-
toire naturelle , il faut , après les avoir pèchées , les laver
dans l'eau douce , et les mettre ensuite dans un esprit-de-vin
affoibli , non pour Ips y laisser, quoique cela vaille sans doute
mieux , mais pour les en tirer au bout de quelqiaes jours et
les faire sécher. Cette opération affermit leurs chairs , et fa-
vorise beaucoup leur conservation.
Parmi les astéries presque rondes , il faut citer I'A-STÉrie
OREILLER, Asterias puhillus de Linnseus, qui se trouve sur nos
côtes , et dont les caractères sont d'être unie et d'avoir le
bord entier et sans épines. V. pi. A. 14..
L'Astérie granulaire est pentagone ( à bord articulé ),
sans épines , granulée en mosaïque. Elle vit dans les mers
de l'Amérique méridionale. V. pi. A. i^, où elle est figurée.
Parmi les astéries à cin^ rayons à gouttières en dessous ,
on citera l'AsTÉRiE ROUG^ Asterias nibens de Linn. , la plus
commune de toutes dans nos mers , et dont le caractère est
d'avoir les rayons écartés , convexes , avec des séries soli-
taires d'épines en dessus. Sa couleur est d'un rouge de brique.
On la voit fréquemment , aux basses marées, sur les rochers
des côtes de France.
L'Astérie glaciale a les rayons anguleux, les angles avec
des verrues épineuses. Elle se trouve dans la mer du Nord.
V. sa figure , pi. A. i^.
Enfin , parmi les astéries à rayons sans gouttières., il faut
distinguer l'AsTÉRiE TÊTE DE MÉDUSE , dont on a déjà parlé,
32 A s T 1^
et dont les caractères sont d'avoir les rayons dichotomes , le
disque et les rayons granuleux, la bouche aplatie. Elle se
trouve dans toutes les mers. Plusieurs espèces ont été con-
fondues avec elle.
L'Astérie coudifère a les rayons presque cylindriques,
le disque écallleux,et les écailles dos «tngles cordil'onnes. Elle
vil sur les côtes de la Caroline, où je l'ai observée et dessinée.
Sa description complète se trouve dans le Buffon de Deter-
ville , partie des vers, vol. 2 , pag. ii3. F. pi. A., i4, ov
elle est figurée.
Ce genre est probablement très -nombreux ; mais il est
encore peu connu des naturalistes , malgré les travaux de
Seba, de Linck et de Bruguières, qui en ont figuré un grand
nombre d'espèces, (b.)
ASTERIES ou ASTÉRITES. On donne ce nom à des
pétrifications en forme d'étoiles , sur la nature desquelles on
a été- long-temps dans Tincertitude. Aujourd'hui on sait po-
sitivement que ce sont les articulations détachées des En-
CRJNiTES , genre de po/ypier marin , dont on ne connoît en-
core qu'une espèce vivante , mais qui fournit considérable-
ment d'espèces pétrifiées. V. le mot Encrinite. (b.)
ASTÉRISQUE. Genre de plantes réuni avec les Bupn-
THALMES. (b.)
ASTÉROÏDE. V. au mot BuPHTHALME. (b.)
AS TÉROME , Asteruma. Genre établi par DecandoUe
aux dépens des Xylomes de Persoon , et contenant cinq
espèces, toutes se trouvant sur les feuilles vivantes. Il a pour
type le Xylome de la Raiponce.
Ses caractères sont : filamens byssoïdes , rameux, dicho-
tomes, rayonnans , cl portant dans leur vieillesse de très-
petites protubérances. V. Champignons parasites, (b.)
ASTEROPE, Astcropia. Arbrisseau de Madagascar, em-
ployé par Dupetil-Thouars à l'établissement d'un genre dans
îa monadelpliie décandrie , et dans la famille des rosacées. *
Les caractères de ce genre confient : en un calice à cinq
divisions ; cinq pétales ; la moitié des étamines alternativement
jplus courtes ; un ovaire supérieur à style terminé par trois
stigmates ; une capsule entourée du calice qui s'est agrandi,
à trois loges , contenant chacune plusieurs semences, (b.)
ASTEROPTÈRE , ylsteropiems. Genre de plantes établi
par Gscrtner, pour placer la Leysère callicorne de Lin-
n£eu;>," qui ne lui a^pas paru convenir aux autres espèces par
la tot.^lité de ses rapports. Il a un calice presque rond , im-
briqué vd'écailles oblongucs , scarieuses , inégales , les inté-
rieures appendiculées à leur extrémité ; un réceptacle élevé,
garni de paillettes sur SvCS bords et ponctué à son centre. Les
2,. . //i.i'/o/or/ic .fCfyn'/i/trfrc
A s T p,^
fleurons du disque sont hermaphrodite^, et les demi-fleurons
de la circonférence , femelles fertiles. Les fruits ont des
rayons simples , et ceux du centre les ont à aigrettes plu-
meuses. (b.)
ASTOME , Astoma , Lat. Gem-e d'animaux de la classe
des arachnides , ordre des trachéennes, famille des holètres,
et qui a pour caractères : Six pieds ; point de suçoir ni de
palpes visibles; bouche ne consistant qu'en une simple ou-
verture pectorale.
J'ai formé ce genre d'après la miile parasite de Degeer.
Le corps de cet insecte n'est pas plus grand qu'une graine
de pavot ; sa forme est celle d'une boule allongée, et sa cou-
leur celle d'un rouge de sang très-vif. 11 n'a que six pattes, et
je ne crois pas qu'il en acquière deux autres, comme il arrive
à quelques mittes.
On trouve ce très-petit animal sur des mouches et d'autres
insectes, occupé à les sucer, contractant et renflant sa peau,
ou lui donnant divers mouvemens ondulatoires, (l.)
ASTOMELLE , Astoviella. Genre d'insectes de l'ordre
des diptères, famille des vésiculeux, établi par M. Léon
Dufour, médecin, sur une seule espèce, et qu'il a trouvée en
Espagne. La bouche n'offre , à l'extérieur, ni suçoir ni
trompe , ainsi que celle des aavcères et des ogcodcs. Mais les
antennes des astomellés sont un peu plus longues que la tête ,
de trois articles, et dont le dernier est en forme de bouton al-
longe , comprimé et sans soie, hes panops , genre propre à la
Nouvelle-Hollande , sont les seuls de cette famille où ces ox-
ganes ont une figure analogue.
L'AsTOMELLE CLAVicoRîJE est noirâtre , pubescente , avec
des bandes jaunes et transverses sur l'abdomen, (l.)
ASTOKE. Nom de I'Autolr en Italie, (v.)
ASTOUKES. Nom du fruit des Molènes noire et
Lychnite, qui sert à enivrer le Poisson, (b.)
ASTOURON. Nom caraïbe du Myrte piment ou d'une
espèce très-voisine. (B.)
ASTRAGALE , Astragalus. Genre de plante de la dia-
delphie décandrie , et de la famille des légumineuses , dont
les caractères consistent : en un calice monophylle, tubulé, à
cinq dents; une corolle papilionacée, dont l'étendard est plus
long que les ailes et la carène; dix étamines dont neuf sont
réunies par la base ; un ovaire, supérieur, ovale, surmonté
d'un style qui est légèrement courbé vers son sommet ; une
gousse divisée intérieurement, en deux loges plus ou moins
parfaites , par une cloison double , parallèle aux valves.
Cette gousse est tantôt courte et- renflée, tantôt allongée et
un peu grêle , courbée ou crochue.
3^ A S T
Le genre des astragales est composé d'un très-grand nom-
bre d'espèces, près de deux cents, la plupart venant des par-
ties méridionales de l'Europe et de la Turquie d'Asie. Elles
sont généralement herbacées ; leurs feuilles sont ailées
avec ou sans impaire , stipulées par des folioles géminées ;
leurs fleurs sont rapprochées en tète , ou disposées en grappes
ou en épis , avec des bractées à leur base.
Tournefort avoit séparé quelques espèces de ce genre
pour former celui qu'il avoit appelé Tragacanthe.
Lamarck , au contraire , lui avoit réuni les Phacas.
Dec-indolle , qui dernièrement , a fait leur monographie ,
a formé , à leurs dépens , le genre Oxytrope.
Lamarck divise leurs espèces en trois sections:celles dont
les pétioles des feuilles ne sont point pii/itans , et qui ont une tige ;
celles dont les pétioles ne sont point piqua ns et qui nont point de
tige; celles dont les pétioles des feuilles sont piquans et persistent
après la chute des folioles. La première division se subdivise en-
core à raison de la couleur de la fleur, de la nature ligneuse
ou herbacée de la tige , et de sa direction droite ou couchée.
La plupart des astragales fournissent un bon fourrage pour
les bestiaux, et les graines de plusieurs sont ou peuvent être
employées à la nourriture des hommes et des volailles. Quel-
ques-unes , par leur grandeur, la beauté de leurs fleurs et de
leur feuillage , servent à Tornement des parterres ; d'autres
sont employées en médecine, enfin quelques-unes fournissent
la Gomme adragante. V. ce mot.
Parmi les astragales de la première division , et dont les
fleurs sont jaunes, il faut distinguer T Astragale queue de
renard, dont les caractères sont d'avoir : de gros épis cylin-
driques, sesslles; le calice et le légume lanugineux. C'est une
Irès-belle plante qui s'élève de trois à quatre pieds , qui vient
dans les montagnes des parties méridionales de l'Europe ,
et qu'on cultive dans quelques jardins pour l'ornement. Elle
est vivace.
L'Astragale axillaire , Astragalus christianus , Llnn. ,
beaucoup plus grande dans toutes ses parties , mais , du
reste , fort voisine de la précédente ; elle fait , au rapport
de Lablllardlère , l'ornement des champs de la Syrie.
L'Astragale a boursette, Astragalus galet^ifomii s ., Llnn. ,
est une des plus élevées de ce genre ; ses fleurs sont pen-
dantes le long de nombreux éplllels axillaires. Elle vient
aussi de l'Orient, et est fréquemment employée à l'ornement
des jardins , ce à quoi elle est très-propre. Elle sert de type
au genre Swainsonie.
L'Astragale réglisse , Astragalus glycyphyllos , Linn. ,
plante commune d^ni toute l'Euiope , et qui est connue en
A s T 35
France sous le nom de réglisse sauoage^ à cause de sa ra-
cine , qui est un peu sucrée , et qui ressemble , ainsi que ses
feuilles, à celle de la véritable Reglisse. Ses caractères sont
d'avoir les tiges couchées , les légumes presque triangulaires
recourbés , et les folioles ovales, plus longues que le pédon-
cule. Quoiqu'elle semble devoir faire un bon fourrage , les
animaux ne la mangent point. On en emploie les feuilles
contre les rétentions d'urine, et des gens de la campagne subs-
slituent ses racines à celles de la réglisse dans leurs tisanes.
Parmi \qs astragales de la seconde division , on ne remarque
ici que I'Astragale À GOUSSES -velues, Astragahis exscapusy
dont le caractère est d'avoir le légume recourbé en hameçon
plus long que les folioles des feuilles , ces dernières un peu
en cœur. La racine de cette plante , qui croît naturellement
dans la Hongrie, est très-estimée en Allemagne dans le traite-
ment des maladies vénériennes.
Enfin, la troisième division comprend les plantes qui don-
nent la gomme adragante , celles qui ont été, en consé-
quence, appelées tragacanthœ par Tournefort. Parmi elles il
faut distinguer I'Astragale de Marseille , Astragahis tra^ra-
cantha^ Linn., qui ne donne point de gomme adragante, mais
qui ressemble beaucoup aux espèces qui en donnent. Ses
caractères sont d'être fruticuleuse , rameuse, blanche • d'a-
voir les fleurs en tête pédonculée et les dents calicinales
très-courtes. Elle croît aux (environs de Marseille , où elle
est appelée barbe de renard et épine de bouc.
L'Astragale de Crète, dont les caractères sont d'avoir
les tiges ligneuses , très-rameuses , les feuilles courtes les
folioles velues. C'est de cette espèce que Tournefort a vu
sortir la gomme adragante.
L'Astragale Gummifère, qui a été figurée par Labillar-
dière dans le Journal de Physique ^ année 1790 , et dont les
caractères sont d'être frutescente , d'avoir les folioles ovales
lancéolées, glabres, les fieursen épis sessiles, et qu'il indique
aussi comme fournissant de la gomme adragante : elle croît
naturellement sur le Liban. V. pi. A. i5, où elle est figurée.
Enfin, une troisième espèce qui n'est pas encore connue,
mais qui se distingue des deux autres : Olivier l'a rapportée
des frontières de t*erse , et il assure qu'elle est la seule dont
on mette la gomme dans le commerce, (b.)
ASTRAGALOÏDE. C'est le Phaca. (b.)
ASïRANCE , Astranlia. Genre de plantes de la pentan-
dric digynie, et de la famille des ombellifères, dont le ca-
ractère consiste à avoir la collerette universelle composée d&
deux ou trois feuilles presque semblables à celles de la tige,
et les collerettes partielles forméCiS de folioles nombreuses \ '
36 A S T
lancéolés , colorées , imitant une couronne ; un calice à
cinq dents , persistant ; une corolle à cinq pétales bifides ;
un i'ruit ovoïde , couronné par le calice , composé de deux
semences nues , oblongues , striées et hérissées d'aspérités.
Ce genre est composé de cinq à six plantes , dont deux
sont plus communes et plus remarquables que les autres.
L'AsTRANCE À FEUILLES LARGES , Astrantia major^ Linn.,
qui croît dans les hautes montagnes de France et d'Alle-
magne , dont les caractères sont d'avoir les feuilles à cinq
lobes et les lobes trifurqués. C'est une assez belle plante, dont
la racine est acre et purgative.
L'AsTRANCE À FEUILLES ÉTROITES , Astrantia minor^ Linn.,
qui se trouve dans les mêmes endroits, et dont les caractères
sont d'avoir les feuillesàseptouneufdigitations profondément
dentées. Celle-ci est moins belle que la précédente , mais
elle est bien plus élégante. On les cultive toutes les deux
dans nos écoles de botanique, (b.)
ASTRANTE , Astranthus. Arbre de la Cochinchine , dont
Loureiro a fait un genre nouveau. Il a les feuilles alternes ,
ovales , dentées , lanugineuses ; les fleurs disposées en épis
axillaires. Chacune de ces fleurs est composée d'une corolle
hypocratériforme , divisée en quatorze parties ; de sept éta-
mines, et d'un ovaire supérieur , surmonté de quatre styles.
Le fruit est une petite semence , enveloppée dans le tube
de la corolle qui subsiste, (b.)
ASTRAPÉE, Astrapœiis^ Grav, Genre d'insectes de l'or-
dre des coléoptères , section des pentamères , famille des
Lrachélytres , séparé du genre des staphyllns , à raison de
ses palpes, qui sont terminés par un article plus gros ; le der-
nier des labiaux est même presque en forme de hache.
M. Gravenhorst, qui l'avoit établi, vient de le supprimer,
dans la nouvelle édition de sa Monographie des coléoptères,
de celte famille. Nous croyons cependant qu'on peut le con-
server.
AsTRAPÉE DE l'orme , Astrapœiis ulmi, Panz. Faun. insect.
germ. fasc. 88, tah. 4; staphylinus iibnineus ^ Fab. Noir, lui-
sant , avec la base des antennes, la bouche , les étuis, l'avant-
dernier segment de l'abdomen , d'un fauve marron ; corselet
très-lisse ; quelques points rangés en série sur le disque des
étuis. Sous les écorces des ormes , en France et en Italie.
J'en ai trouvé , aux environs de Paris , une autre espèce , et
qui est très-voisine du staphylin hmnnîpes de Fabriclus. (l.)
ASTRAPIE, Astrapia. Genre de l'ordre des oiseaux Syl-
VAINS et de la famille des Coraces. {V. ces mots). Caractères:
bec nu à la base, très-comprimé par les côtés, pointu;
mandibule supérieure étroite en dessus , entaillée et fléchie
A s T 3;
à la peinte ; narines rondes et glabres ; tarses et doigts ro-
bustes ; ongles forts, très-crochus; queue très-longue , très-
élagée.
tatham et tous les ornithologistes ont classé cet oiseau
dans le genre des oiseaux de paradis , seulement à cause de la
richesse de ses plumes. M. Cuvier ( règne animal ) en fait
un merle ^ et M. Levaillant le rapproche de X^ipie.
L'iVsTRAPlE À GORGE d'or, Aslrapia gularis^ Vieil, \paradisea
gularis, Lath., Ois. dorés, pi. 8 et 9, sous le nom de Paradis
à gorge d'or. La grosseur de ce bel oiseau est celle du
choucas^ et sa longueur de 28 pouces, dont la queue ea
a 21 ; elle est composée de 12 pennes très-étagées ; la plus
extérieure de chaque côté n'a que 5 pouces de long ; deux
touffes de plumes longues et soyeuses partent du dessus des
yeux , s'étendent sur les côtés du cou , et forment dans l'oi-
seau parfait une double huppe qui dépasse la tête ; celle-ci
est d'un noir à reflets ; les plumes de l'occiput , du dessus
du cou , du haut du dos , sont d'un vert doré changeant en
violet , selon la direction du jour; ces plumes étroites à la
base , larges et arrondies à leur extrémité , sont couchées
les unes sur les autres comme des écailles de poisson ; celles
de la gorge et des côtés ont la même conformité, présentent
sous divers aspects des reflets dorés et de couleur de cuivré
de rosette , et forment sur le bas de la gorge une espèce de
hausse -col très-éclatanl ; un très-beau vert couvre les côtés
du ventre et de la poitrine; les pennes primaires des ailes
sont noires ; cette couleur se change en violet sur les secon-
daires ; les pennes de la queue ont les barbes extérieures
noires , et les intérieures violettes ; les intermédiaires sont
d'un beau violet velouté ; vues de face , elles prennent une
belle teinte noire , ondée vers leur extrémité , et offrent à
l'œil cette fleur chatoyante des couleurs de diverses prunes
violettes à l'époque de leur maturité ; toutes sont en des-
sous d'un beau marron. La femelle , dont M. Levaillant a
publié la figure , est noire, plus petite, et est privée du luxe
et de la magnificence que présente le plumage du mâle. On
les trouve à la Nouvelle-Guinée, (v.)
ASTRE. Ce mot sert à désigner en général les corps cé-
lestes , c'est-à-dire , le soleil , la lune , les planètes , les
comètes et les étoiles. Tous ces corps sont à des distances si
considérables de notre globe , que tous , excepté le soleil et
la lune , étant regardés à la vue simple , ne paroissent que
comme des points ; mais, à l'aide du télescope, on distingue
dans un certain nombre un disque d'une dimension sensible.
Les étoiles seules paroissent encore comme des points, même
dans ces instrunaens , ce qui montre qu'elles doivent être à;
38 A S T
une prodigieuse distance de la terre, puisqu'un f^rossiatement
deccntoude deux cents fois, ne produitaucunedifférence sen-
sible dans leur aspect. Le soleil et les étoiles sont les seuls
corps célestes lumineux par eux-mêmes, les autres ne le
sont que par la lueur qu'ils reçoivent des premiers. Le
groupe de planètes qui est éclairé par notre soleil , forme
le système planétaire dont nous faisons partie. La rondeur de
ces corps et leur opacité montrent qu'ils sont solides comme
Ja terre. On a reconnu aussi dans leurs mouvemens les effets
d'une attraction réciproque ( F. Attraction) , et l'on juge
de leur masse par l'énergie des attractions qu'ils exercent.
En comparant cette masse à leur volume conclu de la gran-
deur sous laquelle leur disque paroît à la distance où ils se
trouvent , on peut calculer la densité moyenne des subs-
tances qui les composent. On sait ainsi que les uns sont
plus denses que notre globe, et les autres moins denses. On
peut aussi présumer quils sont formés de substances analo-
gues à la terre ; car par intervalles il tombe ici bas des masses
solides qui , probablement , ne sont que de petits astres ar-
rêtés dans leur cours et engagés dans l'atmosplière de la
terre; or, ces corps ne contiennent que des substances que l'on
trouve aussi sur notre globe. Quant aux dimensions des
astres, elles sont extrêmement inégales. Notre terre , con-
sidérée comme un de ces astres , est un des plus petits ; et
le soleil est incomparablement le plus gros de tous ceux qui
composent notre système planétaire. Si le centre du soleil
étoit supposé placé au point où se trouve le centre de la
terre , la surface de cet astre s'étendroit une fois au-delà de
l'orbe de la lune , c'est-à-dire , à cent vingt mille lieues.
(biot.)
ASTRKE , Astrca. Genre de polypier pierreux , établi
par Lamarck aux dépens des madrépores de Linnseus. Son
caractère est d'être crustacé , en masse glomérulée , ou en
expansion lobée , subfoliacée , ayant sa surface supérieure
parsemée d'étoiles lamelleuses et sessiles.
Ce genre se divise en deux sections.
La première renferme les asirées qui ont les étoiles sépa-
rées ; elle a pour type le Madrépore rotuleux , figuré pi.
55 de l'ouvrage posthume publié par Ellis, de Solander.
La seconde renferme les asirées dont les étoiles sont conti-
guës ; elle a pour type le Madrépore galaxe , figuré pi. ^9?
lig. 2 , du même ouvrage. V. au mot Madrépore.
On appelle Astroïtes les astrées fossiles. V. ce mot. (b.)
ASTKEPHIE , AstrepJiia. Genre établi aux dépens des
Valéria>'ES , mais qui n'a pas été adopté par tous les bota-
nistes, (b.)
A s T 39
ASTRÎLD. V. SÉNÉGALI, auinOtFRI!<fGILLE.
ASTROBLEPE , AstroUepus. Poisson de la rivière de
Cauca , près Popayan , dans l'Amérique méridionale , ob.
il a été observé par Humboldt, qui seul constitue , selon lui
(Observations de zoologie, faisant suite à son important
voyage dans cette contrée ) , un genre dans l'ordre des
Apodes.
Les caractères de ce nouveau genre sont : corps aplati ,
s' amincissant vers la queue ; tête grosse , obtuse ; deux bar-
billons à la lèvre supérieure , qui est plus grosse et forme un
pli ; point de dents ni de langue -, narines grandes , à bords
membraneux ; yeux placés au-dessus de la tête et fort petits ;
membre des ouïes à quatre rayons ; deux rayons dentelés à
toutes les nageoires ; la nageoire anale plus rapprochée de
la tête que de la queue.
Ce poisson , dont on mange beaucoup à Popayan , est
d'un vert noir. Il ne se trouve que dans la partie de la ri-
vière Picite , la plus voisine de cette ville , parce qu il se
mêle plus haut dans ses eaux, celles d'un ruisseau chargées
d'acide sulfurlque , descendant du volcan de Purau , qui fait
mourir tous les êtres vivans. (b.)
ASTROIN , Asironium. C'est un arbre de moyenne gran-
deur, qui laisse fluer un suc glutineux , d'une odeur désa-
gréable ; ses feuilles sont ailées avec une impaire et compo-
sées de sept folioles ovales, oblongues; ses fleurs naissent en
panicules éparses vers le sommet des rameaux ; elles sont
petites , rougeâtres et dioïques ; leur calice est composé de
cinq petites folioles ovales; leur corolle de cinq pétales. Elles
ont cinq étamines dans les pieds mâles , et un ovaire supé-
rieur , ovale , chargé de trois styles courts et réfléchis ,
dans les pieds femelles.
Le fruit consiste en une seule semence renfermée dans le
calice, qui grossit avec elle ; cette semence est laiteuse. C'est
à Jacquin qu'on doit la découverte de cet arbre , qu'il a
trouvé dans les bois du Mexique, (b.)
ASTROÏTES ou ASÏRÉES FOSSILES. Ce madré-
pore est un de ceux qu'on trouve le plus fréquemment pétri-
fiés. La plupart de nos marbres en contiennent , et l'on en
trouve beaucoup dans les pierres calcaires tendres , d'où il
est possible de les dégager. Le marbre de Rance , dans le Hai-
naut , en est rempli , de même que le marbre gris de Cham-
pagne. Les marbriers appellent les petites étoiles de ce fos-
sile des yeux de perdrix.
Les astrées convertis en silex ou en agate ne se rencon-
trent pas dans beaucoup d'endroits ; on n'en connoît guère
4o A S T
en Fiance qu'aux environs de Besançon et de Gray , à Novi
près de Kelhel , à Touque et à Laigie en Normandie. Les
environs de Baie en offrent aussi quelques-uns.
Les astrdiles calcaires sont beaucoup plus fréquens , et l'on
en trouve dans diverses contrées de la France , notamment
à Rethei , à Chaumont en Champagne , à Lisy près de
Meaux , à l'Abbaye-du-Val près de TIle-Adam , à Gri-
gnon près de \ersailles, à Molesne près de Ton-
nerre , etc.
On en trouve aussi assez abondamment dans les carrières
de la montagne de Saint-Pierre de Maeslricht.
Ceux de Molesne se présentent avec une singularité remar-
quable. Ils ne sont point comme à l'ordinaire noyés dans la
pierre ; au contraire , la pierre offre des cavités d'une forme
sphériquc ou ovoïde de quelques pouces, et jusqu'à un pied
de diamètre : ces cavités sont comme de petites grottes dé-
corées à'astru'Ues et de plusieurs autres zoophytes. Ou cerne
la pierre tout autour de ces cavités , de manière à leur lais-
ser Hne espèce de coque d'un doigt d'épaisseur : ce sont ces
géodes qu'on nomme œufs de Molesne.
On trouve aussi des astruùes dans la pierre calcaire de
Laferrière-Larron , dans la Touraine , à douze lieues au
sud-sud-est de Tours ; en Bourgogne , aux environs de Dijon,
de Fontaine-Française et de Màcon ; à Mortagne , dans le
Perche ; à Dun et à Saint-Michel dans le Barrois , de
même qu'aux environs de ïoul et de Verdun , où ils sont
prodigieusement abondans.
La partie méridionale de la France en offre également
dans plusieurs endroits , notamment aux environs de Dnx ,
dans les Landes; à Châtillon-sur-Dordognc ; à Gabian,
près de Béziers , etc. (pat.)
ASTROLE. Nom français donné par Lamarck au
genre PoLYCLiNON de Savigny. (b.)
ASTROLEPAS. Nom d'une espèce de Patelle, (b.)
ASTROLOGUE. Poisson du genre Uranoscope. (b.)
ASTROLOME , Astroloma. Genre établi par R. Brown,
mais qui ne paroît pas suffisamment distinct des StyphÉlies,
et encore moins des Yenteisaties de Cavan^les. (b.)
ASTROLOPODION , Astrohpodmm. Genre établi par
R. Brown , pour placer I'Antiiéric réticulé d' Andrews ,
et trois autres espèces de plantes également originaires de la
Nouvelle-Hollande. 11 lui donne pour caractères : corolle de
six parties, dont trois intérieures frangées et caduques ; six
élamines à filamcos barbus ; ovaire supérieur à style hispidei
A .S 1 ^,
capsule globuleuse à trois loges et à trois valves contenant un
petit nombre de semences anguleuses, (b.)
ASTROPHYTE. F. Eî^CRI^E (b.)
ASTROPHYTON, Astrophyton. Genre établi par Lînck ,
pour placer toutes les Astéries très-branchues. Lamarck Ta
appelé EuRiALE. (b.)
AS T URINE, Asturina. Genre de l'ordre des oiseaux
AcciPiTRES et de la famille des Accipitrins. V. ces mots.
Ca7fl6/è/fi : bec grand , très-robuste, presque droit et garni
d'une cire à la base , comprimé latéralement , convexe en
dessus ; mandibule supérieure à bords dilatés en forme de
dent vers le bout, très-crochue, très-aiguë; l'inférieure plus
courte , droite , émoussée ; narines lunulées ; tarses courts ,
un peu grêles ; doigts extérieurs unis à !a base par une mem-
brane -, ongles allongés, très - crochus , acuminés ; ailes
moyennes ; la première rémige courte ; les quatrième et
cinquième les plus. longues.
L'AsTURiNE CENDRÉE , Astunim cinerea , Yieill. ( Analyse
d'une nouvelle Ornith. élémenia.'re). Rst d'un gris cendré en
dessus et en dessous, avec des raies blanches fines et trans-
versales sur toutes les parties inférieures ; les grandes pennes
des ailes sont barrées de cendré foncé ei de noirâtre; les
couvertures inférieures de la queue blanrhes en dedans et à
l'extrémité; les supérieures terminées «■■ Manc ; les pennes
cendrées à l'extérieur , blanches du cit • interne et à la
pointe , et coupées en travers par deux ï i.-ges bandes noires.
Le bec est bleuâtre en dessus et jaunâtre «ui dessous ; la cire
bleue ; les pieds sont jaunes et les ongles noirs. Longueur
totale , quinze pouces.
La femelle a cinq pouces de plus. Le dessus des pennes
alaires, avec de grandes taches, en forme de raies d'un gris
foncé , et noires : ces mêmes taches sont d'un gris-blanc en
dessous , et étroites sur les pennes secondaires , dont le des-
sous est gris et rayé transversalement de noirâire ; la queue
est traversée par six larges bandes , dont trois noires et trois
grises , et est terminée de gris blanc-
On trouve ces oiseaux à Cayenne.
L'AsTURINE A PIEDS BLEUS^ , Asturina cyanopus, Vieill. ,
Falco cayanensis , Lath. , pi. enl. de Buff , n.° l^.']'^ , sous le
nom de petit Autour de Cayeune , a des rapports avec la précé-
dente ; cependant je crois que c'est une espèce dis^-nf ie Elle
a seize pouces de long ; la tête et le rou d'un giis LJ; Ure ;
le dos, les couvertures des ailes dan cendré obsci i , les
grandes pennes noires , les moyennes avec .les rai. • de
cette même teinte; la gorge et toutes les parties postérituies
blanches ; la queue traversée par plusieurs bandeS , alterna-
42 ATI
tivement noires et blanclies ; le bec et les pieds Lleus , les
oogles noirs.
Je rapproche de cette asiuiine les trois individus suivans ,
comme variétés d'âge ou de sexe. Peut-être me trompé-je ;
car je ne les juge que d'après leur dépouille.
Le premier est gris sur la tête et sur la nuque , brun sur
les autres parties supérieures , et blanc sur toutes les infé-
rieures ; la queue est traversée par quatre bandes alternati-
vement brunes et blanches.
Le second ne diffère qu'en ce que la teinte brune est pres-
que noire.
Le troisième me semble être un jeune. Il a la tête grise ,
le corps blanc , varié en dessus de grandes taches brunes ,
qui , en dessous , sont remplacées par de larges bandes trans-
versales de la même couleur.
Ces oiseaux se trouvent à Cayenne. (v.)
ASWANA. Espèce de Spermacoce. (b.)
ATACAMITE. Les minéralogistes étrangers ont donné
ce nom au cuivre murlaié piihérulent. Il est tiré du désert d'A-
tacama , au Chili. V. Cuivre muriaté. (luc.)
ATAGAS , ATTAGEN. Nom du Lagopède en habit
d'été , selon Mauduit ; mais c'est une espèce particulière ,
suivant Buffon. (v.)
ATACiOouATTAGAS. Noms corrompus de celui A' alla-
genne, que Ton donne à Vatfagos oulaf^opède. Il en est de même
des dénominatioiis atacnigi et aricmigi. V. Lagopèdes, (v.)
ATAJA. C'est un Holacantiie. (b.)
ATAK. C'est, au Groenland, l'un des noms du Phoque À
CROISSATST. (DESM.)
ATALANTE. V. Nymprale.
ATALANTIE , Atalantia. Genre de plantes de la famille
des Hespéridées. (b.)
ATAPALGATL. Nom mexicain d'une espèce do sar-
celle, (s.)
■ ATALAPHE, Atalapha. Genre de mammifères de l'ordre
des chéiroptères et de la famille des chauve-souris, fondé par
M. Raffinesque-Schmalz , naturaliste sicilien.
Les atalapJies paroissent avoir beaucoup de rapports avec
les chauve-souris proprement dites , ou vesperliUons , ainsi
qu'avec les molosses et les iiYcUnomes. Leur face est , c/>mme
celle de toutes les espèces comprises dans les trois genres
que nous venons de citer , dépourvue de ces crêtes ou pro-
ductions membraneuses , qui se font principalement remar-
quer dans les phyllostomes et les rliinoloplies.
Leurs molaires à tubercules aigus les font ressembler éga-
A T E 43
lement aux unes et aux autres , et les séparent tics roxissettes.
Leur queue , dont l'extrémité dépasse la membrane inter-
fémorale qui l'enveloppe à sa base , est en cela semblable à
celle des nyciinomes et des molosses.
C'est donc de ces deux genres que les atalaplies se rappro-
chent davantage ; mais ils en diffèrent cependant, ainsi que
de tous ceux qui composent la famille des chéiroptères , par
r absence totale d'incishes dans les deux mâchoires.
Néanmoins , avant d'admettre pour toujours l'existence du
genre atalapha , il sera nécessaire d'avoir quelques observa-
tions précises sur la composition du système dentaire des
animaux qu'on y place. On sait , par exemple , que dans les
vespeHilions , les incisives supérieures tombent quelquefois.
N'est-il pas possible que pareil accident soit arrivé aux indi-
vidus qui ont servi aux descriptions des deux espèces d^atala-
phes que M. Raffinesque admet , et dont il n'a vu qu'une seule?
1.^^ Espèce. — Atalaphe de Sicile, Atalapha sicula.i'KvLÏi..,
a les oreilles de la longueur de la tcte , et munies d'un oreil-
lon la lèvre inférieure ; supportant une verrue ;; le corps
roux, brunâtre en dessus , roux cendré en dessous ; les ailes
et le museau noirâtres ; la queue saillante par une pointe
obtuse.
Cette espèce , trouvée en Sicile , nous paroît certaine-
ment nouvelle , quand même elle n'apparliendroit pas au
genre atalaphe.
2.^ Espèce. — Atalaphe d'Amérique, Atalapha amencana ,
Raff , Vespertilio noi'eboracensis , Linu. — PennanT , syn.
quadr. p. 867 , pi. 3i , fig. 2.
Cette chauve-souris, placée par M. Geoffroy dans le
genre des vespertilions , a les oreilles courtes , larges et ar-
rondies ; la queue longue et pointue , en entier comprise dans
la membrane inter-fémorale , qui est velue en dessus , et
brune comme le dos et le cou ; le ventre est pâle , et l'on
remarque une tache blanche à 1» base de chaque aile.
On la trouve dans l'Amérique du nord , et particulière-
ment à New-Yorck. (desm.)
ATAMARAM. F. Corossolier à fruits écailleux.
(B.)
ATAX. V. Hydrachne. (l.)
ATCHAR. Nom qui se donne, dans l'Inde , à tous les
fruits verts et bourgeons de plantes confits dans le vinaigre »
et mêlés de piment, d'ail, de gingembre , etc.
Les atchars ne diffèrent donc des Cornichons que par l'es-
pèce de fruits qui entrent dans leur composition, (b.)
ATE ou ATAS. Fruit du corossolier à fniils écailleux.
(B.)
4^1 A T E
ATEGOCUDO. Nom du Laurose antidyssentéri-
^UE. (B.)
AÏEIRA. C'est le fruit du Corossolier À fruits écail-
IJEUX. (b.)
ATÈLE , Ateles , Geoff. Genre de mammifères de l'ordre
des quadrumanes et de la famille des Sièges, renfermant
plusieurs espèces , toutes de l'Amérique méridionale.
Ce genre , établi par M. Geoffroy {Atm. mus.^ tom. 7) ,a
été adopté par IlHger {ProJr. s^st. mavim. el av.).
Tontes les espèces qu'il renferme présentent les caractères
suivans : leurs formes générales sont à peu près celles des sa-
pajous , à cela près que leurs membres sont beaucoup plus
effilés et leur corps plus mince que celui de ces singes ;
leur tête est ronde , sans crêtes occipitales ou surcilières
sensibles; leur visage d'aplomb et nu; leur angle facial
d'enrv'iron soixante degrés ; leurs molaires au nombre de six
de chaque côté, à l'une et à l'autre mâclioire , et tuber-
culeuses ; leurs narines écartées ; leur bouche sans abajoues ;
leurs fesses velues, etc.
Mais ce qui les distingue particulièrement , outre leur mai-
greur naturelle , c'est que le.urs mains antérieures sont dépourvues
de pouce, et n'ont que quatre doigts très-grêles ; de plus, leur
queue excessivement longue, qui est très-mohile , est éminemment
prenante : elle a son extrémité tout-à-fait dépourvue de poil
on dessous, et couverte d'une peau en tout semblable à celle
de la face interne des doigts de l'homme.
Par ce dernier caractère ils se rapprochent des Alouates
ou singes hurleurs ; mais ceux-ci s'en éloignent beaucoup d'ail-
leurs par la forme pyramidale de leur tête , le peu d'ouver-
ture de leur angle facial, qui n'est que de trente degrés , la
hauteur démesurée de leur mâchoire inférieure et le volume
énorme du coi-ps de leur os hyoïde , qui est ossifié et creux
comme un tambour. Les aièles n'ont point cet os apparent au
dehors , mais , toutefois , i\ est un peu rentlé et demi-caver-
neux.
La tête osseuse de ces singes , est assez semblable, pour ses
fonnes générales, à celle des orang-outangs cependant l'oc-
ciput présente un méplat assez sensible. L'os de la pommette
otfre , dans son milieu , un trou assez large ; les yeux sont
grands, el les oreilles, assez semblables à celles de l'homme,
sont arrondies et bien bordées dans leur contour supérieur ;
les bras et lesmains atteignent presque auj,chevillcs des pieds
lorsque l'animal est dans une position droite ; le pouce est
remplacé sous la peau par une fort petite phalange qui fait
au dehors une très-légère saillie ; les jambes sont un peu plus
tourtes que les exlréniilcs anlérieures ; la queue , Irès-mo-
A T E 45
bile , est formée d'un très-grand nombre de vertèbres (3o ou
Sa), et ces vertèbres ont cbacune, à leur face inférieure et à
la base de leur corps, deux petites proéminences entre les-
<juelles passent les tendons des muscles fléchisseurs.
Les formes grêles des aûles leur ont valu le nom de singes-
araignées. Ils habitent tous l'Amérique méridionale , où ils
vivent à la manière des sapajous, c'est-à-dire, qu'ils se tiennent
en troupes sur les arbres , aux branches desquels ils s'accro-
chent avec leur queue , qui leur sert comme de cinquième
main. Ils sont d'un naturel doux et moins pétulant que celui
de la plupart des autres espèces de singes; ils sont, en appa-
rence , plus lents et moins adroits. Ils vivent de fruits de pal-
mier, et quelquefois de racines, et même de vers et d'in-
sectes.
On a prétendu qu'ils alloient chercher les petits crustacés
sous les pierres et les rochers du bord de la mer , à l'aide de
leur queue , et qu'ils portoient leurs alimcns à leur bouche
avec cette même queue. On a dit aussi {Darosia) que lorsqu'ils
vouloient traverser un ruisseau un peu large , ils choisissoient
un point où se trouvoient deux arbres assez élevés, l'un placé
d'un côté, l'autre du côté opposé; qu'ils forxnolent une chaîne
en s'accrochant par leur queue les uns aux autres , le premier
étant fixé sur une branche haute , assez forte pour les porter
tous ; qu'ensuite le dernier donnoit à toute la chaîne un mou-
vement de balancement qui devenoit progressivement plus
considérable, jusqu'à ce qu'il eût atteint une des branches de
l'arbre de la rive opposée , et qu'alors celui-ci attiroit à lui
toute la troupe. Tous ces faits sont loin d'être constatés suffi-
samment pour qu'on doive y ajouter une gi'ande foi.
En domesticité, ces animaux s'attachent assez volontiers
à leurs maîtres. Ils sont frileux , et cherchent à se réchauffer
en se mettant dans les bras les uns des autres et en s'entouranC
réciproquement de leur longue queue , qui s'enroule autour
d'eux, d'autant plus que leur corps, et surtout leur ventre, est
très-mince. Lorsqu'ils sont assis , leur queue est presque tou-
jours en mouvement, et recourbée en spirale à son extrémité.
Sa longueur excessive semble , en quelque façon , les gêner.
Les naturalistes et les voyageurs modernes ne leur ont ja-
mais vu porter leur nourriture à la bouche qu'avec leurs
mains. Une voix foible et flùtée , leur a fait quelquefois don-
ner le nom de singes sifjleurs.
Le type de ce genre est le codiia ( simia paniscus , Linn. ),
auquel M. Geoffroy a joint quelques espèces nouvelles, dont
plusieurs ont été observées en Amérique par M. de Humboîdt.
Première Espèce. — L'AtÈLE chamek, Ateles penladactyhis ,
GeofT., Ann. du Mus. Il est de la taille du coaïta , c'est-à-dire ,
46 AT E
qu'il a un pied et demi environ de longueur. Son poil est gros-
sier , long, assez rare , et d'un noir très-foncé. Celui du der-
rière de la tête est dirige vers la face, qui est nue et brunâtre ;
celui des avant-bras se porte vers la main.
Son caractère principal consiste en ce qu'il a un petit ru-
diment de pouce qu'on ne retrouve pas dans les autres espè-
ces. Dans le coaïta surtout , dont il est le plus voisin , l'os
métacarpien du pouce est de moitié moins long que celui de
l'indicateur ou premier doigt après le pouce , et la phalange
qui le suit n'a pas le cinquième de sa longueur : ces deux os
sont d'ailleurs assez grcles. Dans le chamek , le métatarsien
n'est pas plus allongé, mais il est plus épais : la phalange , au
contraire , est plus longue , et son extrémité beaucoup plus
large que celle du coaïta.
M. Geoffroy a trouvé aussi quelques différences ostéologi-
ques entre les têtes du codîta et du chamek.
Buffon regardoit ces animaux comme étant de même espèce ,
bien qu'il se fût aperçu néanmoins de la différence que pré-
sentent leurs pouces antérieurs. Le chamek dont il donne une
description, provenolt de la côte de Bancet, au Pérou; celui
que décrit M. Geoffroy , est de la Guyane.
On ne sait rien de particulier sur les habitudes naturelles
de cette espèce.
Deuxième Espèce. — L'AtÈle COAïTA, Ailles paniscus^ Geoff.;
Coa'i'ta, Buff., tom. iS, pi. i. F. pi. B. i6 de ce Dict. Très-voisin
du précédent, en diffère cependant par les caractères que nous
avons rapportés. Il est entièrement noir; son poil est sec et
rude ; sa face cuivrée. Il n'a point de pouce aux mains antéiieures.
Les coditas habitent à la Guyane , à Cayenne, à Surinam ,
au Pérou , etc. Ils vivent , comme les sapajous , en troupes
assez considérables. Les naturalistes ont , jusqu'à présent ,
rapporté à leur espèce les notes que les voyageurs ont four-
nies, le plus souvent peut-être, sur des espèces voisines ;
ainsi nous ne saurions affirmer si les rapports de Dampierre
ont pour objet le codita plutôt que tout ^Ire atèle. (desm.)
Quoi qu'il en soit, ce voyageur assure que, dans l'état sau-
vage , ces singes vont en grandes troupes. Ils sont , dit-il ^
fort drôles , font mille postures grotesques , sautent de bran-
che en branche, leurs petits sur le dos , font des grimaces aux
passans , et cherchent l'occasion de pisser sur eux. Quat>d ils
veulent sauter d'un arbre à l'autre, ils s'attachent à la queue les
uns des autres , se brandillent ainsi pour s'élancer plus forte-
ment. Leurs intestins sont remplis de vers. {Voyages de Dam-
pierre , t. 4- , p- 225.) Leur inielligence est assez étendue ; ils
savent s'entr'aider , et vivent en troupes. Pour manger les
huîtres , qu'ils vont ramasser sur les bords de la mer , ils
A T E 47
écrasent la coquille en la frappant d'une pierre. Des fruits ,
àes Insectes, des vers, et, dit-on aussi, des poissons, font leur
nourriture ordinaire. Lorsque leurs alimens sont abondans,
ils deviennent fort gras et sontbons à manger. Acosta prétend
aussi qu'ils se suspendent à la queue les uns des autres pour
traverser les rivières. Ils mettent bas un ou deux petits, qui se
cramponnent fort bien sur le dos de leur mère. Les coa'iias
sont assez courageux, attaquent Ihomme à coups de branches
ou en lui jetant des fruits. Ils arrachent les flèches qu'on leur
lance ; mais les armes à feu les mettent bientôt en fuite : les
chiens leur font aussi beaucoup de peur. Si l'on jette une
pierre à ces singes , ils portent la main à leur tête pour se ga-
rantir du coup. (Buffon, ib. p. i53.) Suivant Stedmann (Fb/i^c
à Surinam , t. 2 , p. i4-9 •> trad. franc.) , lorsqu'on les blesse ,
ils portent leur main à la plaie , regardent couler leur sang ,
et poussent des cris lamentables en appelant leurs compa-
gnons.
Les codilas préfèrent les forêts à tout autre lieu. On en voit
assez rarement en Europe ; cependant ils s'apprivoisent avec
facilité , et apprennent presque tout ce qu'on leur enseigne.
(vire Y.)
Troisième Espèce. — L'Atèle belzébuth ou beelzébuth ,
de Brisson ; Aie/es beelzehiUh, Geoff. , Ann. du Mus. , tom. 7 ,
pi. 16; marimonda ., Humboldt. Il faut se garder de confondre
ce singe avec le beelzébuth de Gmelin, qui n'estque I'Alouatte
GUARIBA. , ou l'ouarine. Quant à lui, il a des caractères pro-
pres qui le distinguent des autres atèles. Son pelage , rude
et grossier comme celui du coaïta, n'est pas totalement noir.
Dans les mâles, le ventre est jaune : dans les femelles et dans
les jeunes , il est blanchâtre. Ses mains sont dépourvues de
pouce , comme celles du coaïta ; en quoi il diffère encore
plus du chamek i|ue de ce dernier singe. En outre , les poils
qui couvrent la tête affectent une direction particulière : ceux
du front se portent en arrière , ceux de l'occiput viennent en
avant; ce qui forme, entre ces deux régions, une petite
touffe relevée. La figure est nue , d'un brun rouge ou noirâtre,
à l'exception des paupières et du tour des yeux, qui sont cou-
leur de chair. Les yeux sont noirs : Toreille n'a point de tra-
gus. Ce singe a quinze pouces de longueur , mesuré depuis le
museau jusqu'à l'origine de la queue : cette dernière partie
en a dix-neuf, à elle seule.
hes marîmondas de rOrénoque, qui appartiennent à cette
espèce , sont , selon M. de Humboldt , des animaux lenis
dans leurs mouvemens , d'un caractère doux , mélancolique
et craintif , mordant cependant lorsqu'ils éprouvent des accès
de peur , et faisant alors la moue en rapprochant les commis-
48 A TE
sures de leurs lèvres. Ils vivent en troupes , s'entrelacent
deux à deux pour se réchauffer, .et forment ainsi des groupes
bizarres, etc.
C'est sans doute la couleur noire de ces animaux qui leur
a valu le nom de beelzébuth.
Quatrième Espèce. — L'AtÈle CHUVA , Ateles marginatus ,
Geoff. , Ann. du Mus. , t. i3 , pi. lo , ou Atèle à face encadrée ^
du même; Chuva, Humboldt. Ce singe est aussi d'un noir très-
foncé; mais son ventre, au lieu (r.'Uj jaune ou blanchâtre ,
comme celui du bclzébulh , esi ( du moins dans les individus
adultes ) noir , ainsi que le reste du corps. Son caractère dis-
tinctif le plus remarquable réside dans l'eTcisience de poils
blancs qui entourent la face , dont les plus petits et les moins
nombreux se trouvent sur le menton et les bords de la bouche,
et dont les plus longs forment des touffes sur les côtés du vi-
sage , et un large bandeau sur le front , qui se prolonge jusque
vers le sommet de la tête. La face est cendrée et presque sans
poil.
M. de Humboldt , en décrivant le chuoa , dit que, dans le
mâle , la moustache et le toupet sont jaunâtres , tandis que
ces parties sont blanches dans la femelle. 11 dit aussi que le
chum a des poils blanchâtres sur les cuisses et sur la poitrine ;
ce qui est un caractère dont M. Geoffroy ne fait pas men-
tion.
Ce célèbre voyageur a rencontré le chum dans la province
âe Jaen et de Bracamoros , sur les rives du Rio San-Jago et
de la rivière des Amazones , entre les cataractes d'Yariquisa
et de Patorumi. Ses habitudes ne diffèrent pas de celles de la
marimonda ou hehéhuih : il est seulement plus méciiant. 11
siffle en faisant la moue. Lorsqu'il est assis , il relève per-
pendiculairement sa queue, dont il roule la pointe en spirale.
( Kec. d'ohs. zool. , p. 34-1. )
Q'nrjuième Espèce. — L'AtÈLE ARACHNOÏDE, Ateles arachnoïdes,
GeoK., Ann. duMus., t. i3, pi. g. — Edwards (Gleanures 222).
Cet atèle a le poil assez généralement court et moelleux ,
iépais sur le dos , et d'un brun fauve ou châtain ; plus long ,
plus sec , moins fourni , et d'un blanc sale , légèrement lavé
de jaunâtre en dessous , à l'exception du bas ventre , lequel ,
ainsi que les fesses, l'intérieur des cuisses et des jambes de
derrière , et le dessous de la queue , sont d'un roux vif.
Tels sont les principaux traits de la description que donne
M. Geoffroy , d'un singe qu'il a eu l'occasion d'observer dans
la collection d'Ajuda, près de Lisbonne, laquelle se rapporte
assez bien à celle qu'Edwards a publiée d'un quadrumane
qu'on faisoit voir à Londres sous le nom de singe-araignée , et
A T E ^g
aussi à la notice que Brown {Histoire de la Jamaïque') nous a
transmise sur un singe à mains dépourvues de pouce et à pe-
lage brun , qui existe en Amérique , et dont la chair est re-
cherchée par les naturels.
Dans son premier mémoire sur les aièles , M.Geoffroy
(^Ann., t. 7) admet avec doute dans ce genre qu'il établit ,
\e fuil-botiom de Pennant , ou guenon à camail de Buffon , roi
des singes des nègres de Guinée , on simia polycomos de Bod-
daert. 11 se fonde sur ce que ce deniier naturaliste dit que ca
singe , qui habite Sierra-Leone en Afrique , a les mains an-
térieures dépourvues de pouce et la queue prenante. Néan-
moins , dans son tableau des quadrumanes ( Ann., t. 19 ) ,
M. Geoffroy , renonçant à cette première détermination ,
adopte le genre Colobe , colobus , d'IUiger qui réunit cette
espèce au simia femiginea de Shaw. V. CoLOBE. (desm.)
ATÉLÉCYCLE , Atelecydus, Leach. Genre de crustacés
de l'ordre des décapodes, famille des brachyures, section des
orbiculaires , et qui a pour caractères : Test presque orbi-
culaire ; antennes extérieures avancées , grosses et velues ;
seconde paire de pieds aussi longue que la suivante ; second
article des pieds-mâchoires extérieurs , rétréci et prolongé
en pointe au-dessus de l'échancrure , servant d'insertion à
l'article suivant.
Les atélécycles ont des rapports avec les crabes , les ca-
lappes, et surtout avec les ihies. Ils ont le test presque rond,
dentelé sur les bords, avec les yeux écartés ; les pinces anté-
rieures très-fortes , comprimées et velues; et la queue com-
posée de cinq tablettes dans le mâle et de sept dans la fe-
melle. Ils se tiennent dans nos mers , à des profondeurs
assez grandes.
On en connoît deux espèces : la première se trouve sur les
eAtes d'Angleterre ; c'est rAxÉLÉCYCLE À sept dents , Aiele-
cyclus septemdentatus , Leach. Malac. podoph. Brit. , n.° 6
tab. II, cancer hippa^ Montagu. L'autre, l'A. ensanglanté,
A.cmentatus^ a été observée à NoirmoutiersparM. d'Orbigny,
qui me l'a communiquée avec plusieurs autres crustacés cu-
rieux de ces parages. Son test est plus large ou moins circu-
laire que celui de la précédente. Le cancer rotundatus d'Olivi
iool. tab. ^ifig. 2 , udriat. , est probablement le même animal.
, . • (L.)
ATELEOPODES , Ateleopodes. Nom de la seconde tribu
de l'ordre des oiseaux nageurs. Caractères : trois doigts dirigés
en avant , pouce nul. (v.)
ATÉRINE. V. Athérine. (b.)
ATERLUSI. Espèce d' Aristoloche de l'Inde, (b.)
m. 4
5o . A T E
ATETERÉ. Espèce d'EuPAToiRE. (l.)
ATEUCIiUS, Ateuchus. Genre d'insectes de Tordre des
coléoptères, section des penlamères , famille des lamellicor-
nes, tribu des scarabéides, ne différant dugenre des bousiers ^
dont il a été séparé, que parla forme de ses deux ou quatre jam-
bes postérieures, qui sont longues, grêles, presque cylindri-
ques, et peu ou point dilatées àleurextrémité. Leurs antennes
ont neuf articles, ce qui les dislingue des sisyphes. Tous leurs
pieds ont des tarses, et par- là cesinsectes s'éloignent àftsoniUs.
On ne voit point sur le chaperon des insectes de ce genre ,
les cornes que Ton observe en cette partie dans les autres
coprophages; et c'est à ce caractère qu'a fait allusion 31. Wé-
ber, fondateur de ce genre, et que Sturm a aussi désigné sous
le nom (ïactinophore. Ateuchus est tiré du grec, et signifie
sans armes ou sans défense.
Les ateuchus faisoicnt partie des scarabées de LInnseus ,
des bousiers de Geoffroy , de Fabricius et d'Olivier. Ces
insectes ont le corps large , ovale , arrondi ; le chaperon
demi-circulaire et souvent denté , crénelé, ou du moins
■échancré.L'écusson manque ou n'est pas apparent; les jambes
antérieures sont grandes, avancéeset dentées le long du côté
extérieur.
Ces insectes ne se trouvent guère en Europe au-delà du
' cinquantième degré de latitude. Ils paroissent propres aux
pays chauds, à l'Afrique spécialement. Ils vivent dans les
ordures, les excrémens et les fientes des animaux. Aris-
tote et Pline en ont parlé et les Mil désignés sous le nom
de PiLULAiRES , parce qu'ils forment, avec la fiente des
animaux, une boule assez grosse , qu'ils roulent avec leurs
pattes postérieures; cette boule, qui renferme leurs œufs,
est d'abord de consistance molle et de figure irrégulière ;
mais à force d'être roulée , elle se durcit et devient ronde.
Lorsqu'elle a acquis assez de solidité , l'insecte la pousse
avec ses pattes postérieures jusqu'au trou qu'H a creusé
à l'aide de ses pattes antérieures , dont les jambes sont
fortes et armées de trois ou quatre dentelures , et l'y en-
fonce ; elle sert de logement et de nourriture à la larve qui
sort de l'œuf C'est au commencement du printemps que l'on
voit ces insectes occupés à rouler leurs pilules ; quelquefois
plusieurs se réunissent pour la rouler en commun ; il arrive
assez souvent que , pendant ce travail, l'un d'eux perd l'équi-
libre , roule d'un côté et la boule de l'autre : et pendant le
temps qu'il met à se relever, elle devient la propriété du
premier qui s'en empare. Dès qu'il est parvenu à se remettre
sur ses pattes, il va à la recherche d'une autre pilule , pour
remplacer celle qu'il a perdue ; et s'il n'en trouve pas , il tra-
A T H S,
vaille de nouveau avec une ardeur infatigable , pour en for-
mer une autre. Ces insectes sont peu fermes sur leurs quatre
pattes antérieures , et lorsqu'ils sont sur le dos, ils ont beau-
coup de peine à se relever; mais ils- volent assez bien.
Ce genre se divise ainsi":
* Elytres sam élranglement au côté extérieur , près de leur base.
Ateuchus SACRÉ, .i. 5fl^er, Fab.; Ollv. , co/. , tom. i,
n.o 3 , pi. 8 , fig. Sg. Il est noir , avec le corselet et les
élytres lisses , et les bords du chaperon découpés en six
dents. Ses jambes antérieures ont quatre dents au côté exté-
rieur, une polnle au bout , et de très-petites dents au côté
interne. Il se trouve au midi de la France , en Espagne, en
Italie , en Afrique.
Cet Insecte a été nommé sacré parce qu'il faisolt partie du
culte religieux des anciens habitans de l'Egypte. Ils le ren-
fermoient quelquefois dans le cercueil de leurs momies. Il
est représenté sur plusieurs de leurs monumens et sur des
pierres antiques.
Ateuchus large col, Aieuchus IdticolUs, Fab. ; Oliy. Ibid.
pi. ^ ifig. 68. Il est un peu plus petit que le précédent, et
n'en diffère que par ses étuis sillonnés. 11 se trouve dans les
mêmes lieux.
Ateuchus pilulaire , Ateuchus pilidarius , Fab.; OJiv.
Ibid. pi. lo., Jig. 91 : plus petit, noir; chaperon échancré ;
trois lignes élevées sur la tête , dont les deux latérales for-
mant un angle ; corselet uni, avec un point enfoncé de cha-
que côté ; élytres lisses ; trois dents au côté extérieur des pre-
mières jambes ; celles des espèces précédentes en ont quatre.
Dans les départ emens méridionaux de la France, en Es-
pagne , en Italie ; mais remontant plus au nord que les es-
pèces déjà mentionnées. Rare aux environs de Paris.
** Elytres étranglées près de leur base, au coté extérieur., ou pres-
que triangulaires. ( Gymnopleures d'IlHger).
A. ELAGEfLLÉ , A. flagella tus , Ollv. Ibid. pi. 7 , jjo-. 5i. Il est
noir , avec le chaperon un peu échancré au milieu du bord
antérieur , et tout le dessus du corps raboteux. Il se trouve
aux environs de Paris, malsplus fréquemment dans le midi de la
France, et presque toujours dans les excrémens humains, (l.)
ATHAD. Nom hébreu du Lyciet d'Afrique, (b.) .
ATHAMANTE , Athamanta. Genre de plantes de la pen-
tandrle digynie et de la famille des Ombellifères , dont le
caractère est d'avoir une collerette universelle à plusieurs
folioles simples , étroites et membraneuses ; des collerettes
partielles à plusieurs folioles linéaires ; une corolle à cinq
pétales échancrés , ouverts et un peu inégaux ; cinq étamines
de la longueur des pétales ; un ovaire Inférieur chargé de deux
5a A T H
styles écartes ; fruit ovale ou oblong, légèrement strié , cou-
vert de poils mous , et composé de deux semences réunies.
Lamarck a séparé trois espèces de ce genre , pour les réunir
aux genres des Selins et des Livèches.
Toutes les athamanies ont des tiges élevées , des feuilles
composées , et des ombelles très-garnies d'ombellules; elles
habitent les montagnes découvertes des parties méridionales
de l'Europe. Toutes sont vivaces, et plusieurs odorantes.
On les distingue difiîcilement les unes des autres par la simple
description , tant leurs caractères sont peu saiilans. On en
compte une douzaine d'espèces.
La seule, véritablement de ce genre, qu'on emploie en
médecine , est I'Athamante de Crète , dont le caractère
est d'avoir les folioles des feuilles linéaires , planes , hérissées,
et la semence allongée ; elle se trouve en Crète et dans les au-
tres parties méridionales de l'Europe. Elle passe pour incisive,
apérilive , carminative et emménagogue ; sa saveur est acre et
aromatique. Sa semence a une odeur agréable : les anciens
l'estimoient beaucoup et l'employoient contre la pierre.
L'Athamante libanote forme le genre Libanote de
Gœrtner. Voy. ce mot. (b.)
ATHAME, Atliamus. Genre de plantes établi par Nec-
ker , mais qui ne diffère pas de celui appelé Carlovize par
Mœnch. (b.)
ATHAMOS. Nom grec du Chiche, (b.)
AT H AN AS, Athanas, Léach. Genre de crustacés de
Tordre des décapodes, de la famille des macroures , section
des salicoques, ne différant du genre des palémons qu'en ce
que les deux pieds antérieurs sont plus grands que les deux
suivans , et que le dernier article des pieds-mâchoire»
extérieurs est plus long que le pénultième.
M. Léach ne cite qu'une espèce , Vathanas nitesrens, ( Lin.
Soc. trans. , tom. 1 1 , pag. 34-9 , et qui a été trouvée par Mon-
lagu , srtr les cotes de la Grande-Bretagne, (l.)
ATHANASE, Athanasia. Genre déplantes de la syngé-
nésie polygamie égale et de la famille des CorymbifèRES ,
dont le caractère consiste en un calice commun ovale, imbri-
qué d'écaillés lancéolées; un réceptacle chargé de paillettes,
et couvert de fleurons infundibuliformes, quinquéfides , tous
hermaphrodites.
Le fruit est composé de plusieurs semences oblongues ,
couronnées chacune d'une aigrette de paillettes très-courtes.
Ce genre renferme une vingtaine d'herbes ou de sous-ar-
brisseaux dont les feuilles sont entières ou multifides , les
fleurs disposées en corymbe simple ou composé.
Une espèce, I'AtuaîhASE MARITIME, aétéséparéedeccgenre
A T H 53
par Laraarck, qui Ta rapportée aiLx Santolines. (Desfon-
taines en à fait nn genre nouveau sous le nom de Diotis. )
et Venlenat l'a employée pour rétablir le genre Gnaphalion
de Tournefort , qui avoit été fait sur elle.
Des plantes qui ont les fleurs à rayons semiflosculcux ,
avoient été réunies aux athanases par Linnaeus fils ; l'Hé-
ritier les a placées dans un nouveau genre de son sedhum an-
glicuvriy sous le nom de RELHA^■IE , genre composé de seize
espèces , toutes du Cap , et dont treize sont absolument nou-
velles.
Adanson , et après lui Grertner , ont encore séparé de ce.
genre une espèce , I'Athanase annuelle , pour en former
un genre sous le nom de Lonas. D'un autre côté , Persoon
lui a réuni le genre Pentzie de Thunberg.
ATHÉCIE, Athecia. Genre de plantes établi par Gsertner,
mais encore imparfaitement connu. 11 a un calice à cinq di-
visions ; une baie inférieure , uniloculaire , monospex'me ; la
semence allongée en bec, ^t à embryon excentrique. Il avoit
d'abord été ^T^^eVéforsière.
La plante sur le fruit de laquelle il a été fait, croît dans les
îles de la mer du Sud. (b.)
ATHENAEE , Athemza. Genre de plantes : c'est le
même que I'Anavincue. V. ce mot. (b.)
ATHÉRINE , Aiherina. Genre de poissons de la division
des abdominaux , dont les caractères consistent à avoir deux
nageoires au dos, une raie argentine aux côtés , la tête aplatie
en dessus dans sa partie antérieure , et six rayons à la mem-
brane branchiostège.
Ce genre renferme cinq espèces , dont les plus remar-
quables sont :
L'AthÉrine JOÈLE , Atherina hepsehis , Linn., qui a douze
ou treize rayons à la nageoire anale. Elle se trouve dans les
mers d'Europe et dans la mer Rouge, fraye au milieu du prin-
temps, et atteint rarement plus de quatre pouces de longueur :
elle est presque diaphane , brunâtre en dessus , argentine en
dessous , et grise sur les côtés.
Elle se prend souvent en immense quantité au filet , se
mange principalement frite , el fournil un très -bon appât
pour la pêche à la ligne des poissons voraces. On l'appelle
aussi prester on prêtre dans quelques ports de mer; F. pi. A. 7,
où elle est figurée.
L'AthÉrine poisson iVargent , qui a vingt-quatre rayons
à la nageoire anale ; elle se trouve à l'embouchure des riviè-
res en Caroline. Elle ressemble complètement à la précédente
en forme , en grandeur , eh mœurs et en qualités. J'en ai vu
pêcher d'immenses quantités en mars , époque où elle vient
54 A T H
frayer dans les eaux saumâtres : on la mange frite , et on s'en
sert pour appât : c'est le Siber fish des Américains.
Les Atherinesboyer, marbrée, ivaine, sont trois espèces
nouvelles que nous a fait connoitrc Risso dans son Ichtyologie
de Nice. La dernière est un des plus petits poissons connus ,
sa plus grande longueur étant de quarante millimètres. Toutes
sont excellentes à manger.
L'Athérine du Japon forme aujourd'hui le genre Stolé-
PHORE. (b.)
ATHERIX, Àtherix^ Meig. Genre d'insectes de l'ordre
des tliptères , famille des rhagionides, et qui ne diffère du
genre Leptis de Fabricius ou de celui qu'il nommoit aupara-
vant RJiagio^ que par l'insertion de la soie du dernier article ;
elle est terminale dans ceux-ci et latérale dans les athérix.
On peut ajouter que les palpes des derniers sont relevés , et
qu'ils se dirigent en avant dans les rhagions.
M. Meigen mentionne deux espèces : I'Athékix tacheté ,
aÛierix maculatus^ Dipt. tah. -xl^, fig. 3o. Ses ailes ont des
bandes noirâtres, et ^ATIIÉRIXSA^'S taches, atherix immacula-
his, où ces organes sont entièrement transparens et incolores.
Le même genre , dans le système des antliates de Fabri-
cius, est composé de dix espèces, mais dont le plus grand
nombre paroîl devoir se rapporter au genre rhagio de M. Mei-
gen, d'après les caractères distinctifs qu'il leur assigne. Telle
est notamment Vaiherix atrata. (l.)
ATHEROPOGON , Athempogon. Plante de l'Amérique
septentrionale , qui seule constitue , selon Willdenow , un
genre dans fa polygamie triandrie et dans la famille des
Graminées.
Ce genre offre pour caractères une balle callcinalc univalve
à deux fleurs , l'une hermaphrodite , l'autre stérile. Dans
la première, une corolle à deux valves, l'extérieure sur-
montée de trois arêtes.
Il ne renferme qu'une espèce, l'Atheropoc.on apuxoïde,
formant également le genre Routelouée. (b.)
ATHÉROSPERME , Atherospeima. Arbre à feuilles op-
posées , légèrement pétiolées, ovales, lancéolées, entières ou
dentées , luisantes en dessus , velues en dessous , à fleurs
grandes , solitaires sur des pédoncules axillaires tétragones
et recourbés , qui fonne un genre dans la monoécie mona-
delphie et dans la famille de son nom.
Ce genre, établi par Labillardlère (Plantes de la Nouvelle-
Hollande , tab. 224.), offre pour caractères un involucre à
deux folioles caduques et uncalice oihuit divisions campanulées.
Dans les fleurs mâles, un grand nombre d'étamines, et dans
les fleurs femelles , \in grand nombre d'ovaires à styles sim-
ATM 55
pics. Le fruit est composé de beaucoup de capsules, sur-
montées chacune d'un style qui est devenu plumeux, et
insérées sur un réceptacle velu , en forme de cupule. Il se
rapproche du Pa\ ONE de la Flore du Pérou.
Toutes les parties de TAthérosperme musqué exhalent
une odeur agréable comparable à celle de la badiane, (b.)
ATHÉROSPERMEES. Famille établie par R. Broun
pour séparer les genres Parome et Athérosperme de celle
des MoNiMiÉES de Jussieu. (b.)
ATHIN. C'est la Linaire élatine. (b.)
ATHON. F. le mot Thon, (b.)
ATHRODACTYLE. Genre établi par Forsler sur le
Baquois odorant, (b.)
ATHRUPHYLLE , ^///n/pV/wm. Grand arbre de la Co-
chinchine, dont Loureiro a fait un genre qui, depuis, a été
réuni aux Ardisies. (b.)
ATHYRION, Athyrium. Genre de fougères établi aux
dépens des Polypodes. Il renferme deux espèces, dont la plus
connue est le Polypode fougère femelle. Ses caractères
consistent en des capsules formant des groupes épars sous la
feuille et recouvertes par un seul tégument en forme de crois-
sant, naissant de la nervure, et s'ou'vrant au dehors. Il rentre
dans celui appelé Aspidion par Swartz, etc. (b.)
ATICK. V. Gros-bec Atick. (v.)
ATIMOUTA. C'est une espèce de Bauhine. (b.)
ATINCiA. Poisson du genre DiODON. (b.)
ATINGACU et ATTINGACU-CAMUCU. C'est le
CouLicou Cornu, (v.)
ATIPOLO. Grand arbre des Philippines, qui paroît ap-
partenir au genre Jaquier, (b.)
ATITARA. Arbrisseau du Brésil, qui paroît être le Faga-
rier hétérophylle. (b.)
ATLAS. V. BoMBix. (l.)
ATLE. Espèce de Tamarisc qui croît en Egypte , et qui
est figurée pi. 9 du Voy. de Sonnini dans cette contrée ; c'est le
tamarix orientalis de Forskaël: elle esl précieuse aux Egyptiens,
à qui elle sert presque exclusivement de bois à brûler, (b.)
ATMOSPHÈRE. On appelle ainsi la masse entière de
ce fluide rare et transparent que Ton nomme l'a/r, et qui en-
vironne le globe terrestre. La constitution de l'atmosphère est
un résultat nécessaire des propriétés physiques de l'air. L'air
est pesant comme tous les corps. Ainsi , les couches infé-
rieures de l'atmosphère sont plus comprimées que les supé-
rieures dont elles supportent le poids. Mais, en outre, l'air
est compressible, c'est-à-dire, susceptible d'être réduit, par
a pression, dans un plus petit espace , et il est élastique .
S6 A T M
c'est-à-dire , qu'il résiste à cette pression. Consequemment ,
l'air des couches inférieures doit être plus condensé que celui
des hautes régions , et il doit faire un effort continuel pour
s étendre, en soulevant le poids qui le presse. Il y a un moyen
pien simple de vérifier ce fait. C'est de prendre une vessie à
demi-pleine d'air à la surface de la terre , de la fermer avec
soin , et de la porter sur le sommet d'une haute montagne.
Si les couches de l'atmosphère sont réellement moins denses
à mesure qu'on s'élève, l'air renfermé dans la vessie devra se
dilater, jusqu'à ce qu'enfin, à force de monter, elle paroisse
remplie entièrement. Au contraire, en la redescendant, elle
se désenflera, et, rapportée au point de départ, elle rede-
viendra flasque comme auparavant. Cette expérience a été
réellement faite en Auvergne sur la montagne du Puy-de-
Dôme , d'après les indications de Pascal , et elle a eu le ré-
sultat que nous venons de prévoir.
La loi du décroissement de densité des couches d'air, et
l'effet de leur pression totale, se mesurent à l'aide d'un ins-
trument appelé baromètre. ( Voyez ce mot. ) L'atmosphère ,
outre cet effort mécanique, produit encore beaucoup d'autres
phénomènes qui résultent de sa composition chimique ;
ils ont été décrits au mot AiR; il ne nous reste plus ici qu'à
considérer quelques conséquences général,es qui résultent de
son existence, comme enveloppe universelle du globe terrestre.
L'air atmosphérique , malgré sa transparence , intercepte
sensiblement la lumière , et la réfléchit comme tous les autres
corps. Mais les particules qui le composent étant extrême-
ment petites et très-écartées les unes des autres , on ne peut
îes apercevoir que lorsqu'elles sont réunies en grande masse.
Alors la multitude des rayons lumineux qu'elles nous envoient,
produit sur nos yeux une impression sensible , et nous voyons
que leur couleur est bleue; en effet, l'air donne une teinte
bleuâtre aux objets entre lesquels il s'interpose. Cotte teinte
colore très-sensiblement les montagnes éloignées , et elle est
d'autant plus forte , qu'elles sont plus distantes de nous. Aussi,
pour peindre les objets éloignés, faut-il diminuer leur éclat,
ou, suivant l'expression reçue, les éteindre et affoiblir leurs
couleurs propres par une teinte générale de bleu plus ou
moins foncée. C'est encore la couleur propre de l'air qui
forme l'azur céleste, cette voûte bleue qui paroît nous envi-
ronner de toutes parts, et que le vulgaire appelle le ciel , et à
laquelle tous les astres paroissent attachés. A mesure que l'on
s'élève dans l'atmosphère, cette couleur devient plus som-
bre. La clarté qu'elle répand diminue avec la densité de
l'air qui la réfléchit; et sur le sommet d'une haute montagne ,
ou dans un aérostat élevé , le ciel paroît presque noir.
ATM 5;
L'air n'est pas lumineux par lui-même , car il ne nous
éclaire point pendant l'obscurité. La lumière qu'ilnous envoie
lai vient du soleil et des astres. Sa couleur bleue prouve qu'il
réfléchit les rayons bleus en plus grande quantité que les au-
tres ; car on sait, par expérience, que la lumière est composée
de rayons différens, qui produisent sur nos yeux la sensation
de plusieurs couleurs ; et ce que Ton nomme la couleur d'un
corps, n'est que celle des rayons qu'il nous réfléchit : l'air est
donc autour de la terre comme une sorte de voile brillant ,
qui multiplie et propage la lumière du soleil par une infinité
de répercussions. C'est par lui que nous avons le jour, lorsque
le soleil ne paroît pas encore sur l'horizon. Après le lever de
cet astre , il n'y a pas de lieu si retiré , pourvu que l'air
Îiuisse s'y introduire, qui n'en reçoive de la lumière, quoique
es rayons du soleil n'y arrivent pas directement. Si l'atmos-
phère n'existoit pas, chaque point de la surface terrestre ne
recevroit de lumière que celle qui lui viendroit directement
du soleil. Quand cet astre cesseroit d'éclairer directement une
portion de la terre, elle se trouveroit aussitôt dans lesténèbres.
L«s rayons solaires, réfléchis par la surface du sol, iroient
se perdre dans l'espace, et l'on cprouveroit toujours un froid
excessif. Le soleil, quoique très-près de l'horizon, brilleroit
de toute sa lumière , et immédiatement après son coucher ,
tout seroit plongé dans une obscurité absolue. Le matin,
lorsque cet astre reparoîtroit sur l'horizon , le jour succéderoit
à la nuit avec la même rapidité.
On peut juger de ces conséquences par ce que l'on éprouve
déjà sur les hautes montagnes, où l'air est d'une rareté ex-
trême. Il y règne un froid insupportable. A peine y reçoit-on
d'autre lumière que celle qui vient directement du soleil et
des asires. La clarté que l'air peut réfléchir à ces hauteurs
est si foible , que , lorsqu'on est placé à l'ombre , on voit les
étoiles en plein jour.
Au contraire , par l'effet de l'atmosphère , les rayons du
soleil éclairebt tout le ciel , et se répandent dans tous les
sens par des réflexions multipliées. Le soir, lorsque le soleil a
quitté Thorizon , les régions élevées de l'atmosphère nous
renvoient encore sa lumière ; et par suite de ce phénomène ,
que l'on nomme crépuscule du soir, nous ne passons que peu à
peu, et par une gradation sensible , du jour à l'obscurité. La
même chose a lieu le matin, vers l'orient, lorsque le soleil
est encore sous l'horizon : sa lumière réfléchie et répandue
par l'atmosphère, forme Vaurore^ ou le crépuscule du matin.
La durée de ces phénomènes dépend donc de la hauteur de
Tatmosphcrc, ou, pour parler plus exactement, de celle des
parties de l'air dont la densité est encore assez grande pour
58 AT M
renvoyer une lumière senslule. Aussi ceUe durée varie-î-elle
avec l'état de l'air; elle est, en général , plus grande, lorsque
l'atmosphère a été plus dilatée par la clialcur. C'est poiu'cela
que le crépuscule du soir est plus long que celui du matin.
L'observation de ces phénomènes a donné quelques notions
sur l'épaisseur de la couche d'air qui nous environne , et il
en résulte qu'elle est très-petite , par comparaison avec les
. dimensions de la terre.
On déduit aussi la même conséquence de l'abaissement
progressif que le mercure éprouve dans le baromètre à me-
sure qu'on s'élève ; car il en résulte qu'à environ douze lieues
de hauteur au-dessus de la surface terrestre , l'air doit être
aussi rare que sous les récipiens de nos meilleures machines
pneumatiques , lorsque nous y avons fait le vide aussi bien
qu'il nous est possible. Le rayon du globe terrestre étant
d'environ douze cents lieues, on voit, en le comparant à ce
résultat , que l'épaisseur de l'atmosphère sensible e»î est tout
au plus la centième partie.
Les rayons de lumière qui , venant des astres , traversent
cette masse d'air, sont, comme nous venons de le dire, en
partie éteints et absorbés par elle. Le reste se transmettant
jusqu'à nos yeux . y produit la vision ; mais l'inégale densité
des couches atmosphériques , fait qu'ils ne parcourent point
ce trajet en ligne droite ; ils décrivent une courbe concave vers
la surface terrestre ; et comme nous apercevons les objets sur
la dernière direction des rayons lumineux qui nous les ren-
dent sensibles , il en résulte que nous voyons les astres sur
le prolongement de la tangente de cette courbe au point où
elle aboutit dans notre œil , ce qui nous les fait voir hors de
leur véritable place , et en général plus élevés sur l'horizon
qu ils ne le sont réellement. Ce phénomène se nomme la ré-
fraction atmosphérique ; les astronomes ont grand soin d'en
corriger les effets par le calcul pour avoir les lieux vrais des
astres qu'ils observent.
C'est dans le sein de l'atmosphère que se forment la foudre,
les vents, les nuages, la pluie, les brouillards, la neige, la grêle
tllp.sanlresmefeores. On s'est assuré que la foudre estunphéno-
mène électrique dont on se préserve par les paratonnerres,
(K ce mot.) quoique l'on ne sache pas avec certitude d'où vient,
dans les hautes régions de l'atmosphère, l'accumulation d'é-
lectricité qui le produit. On sait seulement, par l'expérience ,
que les couches atmosphériques sont constamment dans un
état électrique qui varie avec la hauteur au-dessus du sol. On
conçoit que dans un IHuide si mobile , les moindres agita-
tions peuvent , en se propageant, causer des changemens
d'équilibre considérables. Telle est, eu général, rorigine
ATM 59
des venls , qui consistent dans un mouvement continu de
l'air , qui se déplace avec plus ou moins de vitesse. Les
nuages sont des amas de vapeurs humides , prêles à se ré-
soudre en eau : leur élévation au-dessus de la surface de la
terre est ordinairement peu considérable , et le sommet des
hautes montagnes en est souvent enveloppé. En se plaçant
sur ces montagnes , ou s'élevant dans un aérostat , on se
trouve quelquefois plongé dans les nuages. Cest ainsi qu'on
a reconnu qu'ils sont formés de vapeurs aqueuses , et très-
probablement de petites vésicules creuses dont l'enveloppe
est extraordinairement mince; c'est du moins ce qu'indiquent
quelques observations faites par Saussure sur les mouvemens
des petites gouttelettes semblables qui forment le brouillard
exhalé d'un vase d'eau chaude. Quoi qu'il en soit, ces globules
nageant dans l'air par un excès de légèreté spécifique , ils
doivent monter plus haut quand l'air est plus dense , et des-
cendre quand il devient plus rare. On remarque , en effet ,
que leur hauteur augmente ou diminue , selon que le baro-
mètre monte ou descend. Si, par une cause quelconque , un
nuage vient à éprouver un refroidissement très-rapide , les
vapeurs aqueuses qui le composent se condensent , non pas
alors en eau liquide , mais en neige , en grêle ou en frimas.
Ces amas de vapeurs étant éclairés par le soleil, nous ré-
fléchissent sa lumière plus fortement que l'air qui les en-
vironne , quoiqu'ils soient moins denses que lui. Cet astre les
éclaire encore , lorsqu'il est déjà pour nous sous l'horizon ; le
matin ils reçoivent ses rayons , avant que nous puissions l'a-
percevoir. Alors, la lumière qui les colore est rougeâlre
comme celle que nous recevons du soleil couchant , et elle
doit nous le paroître encore davantage , parce que nous la
comparons avec la kpnière bleue du foiid du ciel , sur lequel
les nuages se projettent. Voilà pourquoi ils nous paraissent
alors d un rouge rose. Les sommets des hautes montagnes
couvertes de neiges éternelles , présentent un phénomène
analogue, résultantde lamême cause. Ils paroissent aussi colo-
rés en rose le matin et le soir , lorsque le ciel est serein. Par
exemple, toutes les personnes qui ont voyagé dans les Alpes,
ont pu voir ce phénomène sur le sommet du Mont-Blanc.
Ce que nous venons de dire des neiges éternelles, nous
conduit à parler d'une autre propriété bien importante de
l'atmosphère : c'est que , dans tous les p*)"S, lorsque l'on s'é-
lève .au-dessus de la surface de la terre, on voit la température
de l'air décroître continuellement, jusqu'à atteindre et dé-
passer enfin le terme de la glace ; d'où Ton peut conclure que,
si ons'élevoit davantage , cllecontinueroit à décroître encore
jusqu'à une limite qui nous est inconnue. C'est pour cela que ,
6o A T 0
dans tous les pays où il y a de hautes montagnes, leur cime
est couverte de neiges qui ne se fondent jamais, l'eau ne pou-
vant pas rester liquide à celte élévation. La limite de hauteur
à laquelle les neiges étemelles commencent, est la plus haute
sous l'équateur où elle s'élève jusqu'à 4-8oo mètres , ou envi-
ron 2400 toises, c'est-à-dire, à la hauteur du sommet du Mont-
Blanc. Elle s'abaisse vers la terre à mesure que l'on s'avance
vers les pôles ; enfin elle coïncide avec la surface du sol ,
vers 65 di-grés de latitude ; en outre, dans chaque lieu, quand
les hauteurs sont peu considérables, le décroissement de la
température se fait sensiblement en progression arithmétique,
proportionnellement aux différences des hauteurs ; mais à de
grandes élévations, il paroît qu'il suit d'autres lois plus ra-
pides. Cette variation fait que les mêmes plantes existent dans
différens climats à des hauteurs diverses, chaque espèce étant
limitée à la zone où elle trouve la température convenable à
son existence; de sorte qu'il devient nécessaire au naturaliste
qui voyage , de désigner la hauteur où il trouve les pkntes
qu'il récolte : ce qu'il peut faire à l'aide du baromètre. ( F. ce
mot. ) C'est là une des causes principales de la grande variété
de la végétation entre les tropiques; car ces climats contenant
les plus hautes montagnes du globe , dont le pied est dans la
zone lorride et le sommet dans les neiges éternelles , il en ré-
sulte que le seul changement de hauteur y produit toutes les
différences de végétation qui résulteroient du changement de
climat en allant de l'équateur aux pôles, (biot.)
ATOA. Nom du Corossolier épineux, (b.)
ATOCA. C'est 1' Airelle camneberge. (b.)
ATOCALT. Aranéide inconnue du IMexique , qui vit,
dit-on , près de l'eau , qui n'est pas venimeuse , et dont les
ouvrages présentent différentes couleuin agréables, (l.)
ATOCHADOS. C'est la Lavande stœcuas. (b.)
ATOK. C'est le nom que porte, dans la province de Quito,
un animal qui paroîtapparteniraugenre des Glouton.s.(desm.)
ATOMAIRE , Atomaria. Genre de plantes établi par
Stackhouse , dans sa Néréide hritanniqxie^ aux dépens des Va-
RECS de Linnspus. Ses caractères sont: fronde membraneuse,
grêle, rameuse, à rameaux alternes, à découpures courtes,
dentées à leur extrémité ; fructification en grappes de formes
diverses.
Ce genre rentre«dans la seconde section de celui appelé
Delesserie par Lamouroux , qui l'avoit préjugé. 11 renferme
deux espèces , les Atomaires denté et À feuilles aiguës,
figurées ni. i5 du grand ouvrage du même auteur, (b.)
ATOME. Ce mot signifie une chose qui ne peut pas se di-
viser, qui est insécable. Plusieurs anciens philosophes, tels que
A T R G,
Pythagore , Leucippe , Démocrlte , Épicure , ont pensé que les
parties élémentaires des corps étoient des atomes insécables.
Aujourd'hui on ne s'enquiert pas de ces questions, qui sont
impossibles à résoudre par l'expérience. On se borne à con-
sidérer les corps comme réductibles en parties extrêmement
petites , de môme nature que leur ensemble ; c'est ce qu'où
appelle les molécules intégrantes des corps ; et une foule
d'expériences prouvent que l'on peut ainsi arriver, sans chan-
ger la nature des corps , à des molécules d'une extrême té-
nuité. Il y a de ces molécules qui sont composées de subs-
tances diverses ; d'autres sont jusqu'ici indécomposables , et
peuvent en conséquence être conditionnellement regardées
comme-simples. La constance des propriétés des corps simples
montre que leurs particules doivent être, sinon insécables, du
moins assez dures, ou assez distantes les unes des autres dans
les corps les plus denses , pour ne pas être rompues par les
chocs , ou altérées par les forces d'attraction de toute espèce
auxquelles elles peuvent être soumises dans le cours des
phénomènes naturels, (biot.)
ATOME, Atomus. Genre d' Arachnides. V. Astome. (l.)
AÏOPE , Atopa. PaykuU et Fabricius, en adoptant le
genre Dascille établi par Latreille, en ont changé le nom
en celui d' Atopa. V. Dascille. (o.)
ATOPO. Espèce d'EuPHORBE. (b.)
ATOTOTL. Nom mexicain du Pélican, appliqué mal
à propos , par Séba , à un grimpereau. (v.)
ATOULLY. C'est le Muge plumier, (b.)
ATRACTOBOLE , Atractobolus. (ienre de la famille de
champignons, établi par Tode. C'est une substance sessile ,
cupuliforme, operculée, d'où sortent, par explosion, desvési-
cules séminifères. (b.)
ATRAGTOCERE , Atractocems. Genre d'insectes de
l'ordre des coléoptères, section des pentamères, famille des
serricornes, tribu des lime-bois, et distingué du genre des
lymexylons , dont il est voisin, par ses antennes simples , en
forme de fuseau ou de râpe , et par ses étuis très-courts-
Linnœus avoit placé dans la seconde division de son genre
Nécydale , sous le nom de necydalis breoicornis , cet insecte,
dont M. Palisot-Beauvois a cru devoir former un genre,
sous celui à" atractocère ^ formé de deux mots grecs qui signi-
fient antenne en fuseau.
Le genre atraciocère se distingue desnécydales par le nombre
des articles des tarses, et la forme du corps. Il se rapproche
davantage de celui des staphylins ; mais il en diffère par les
antennes et les parties de la bouche. Il a cinq articles à
tous les tarses , et appartient à la première section de l'ordre
62 A T R
des Coléoptères. La tête est ovale ; les anlennes sont eu
fuseau et insérées au devant des yeux. Les palpes maxillaires
sont longs, composés de quatre articles ; ils sont pectines
et barbus sur les côtés; les palpes postérieurs sont plus courts
et composés de trois articles , dont le dernier est très-grand,
ovale, arqué et velu en dedans ; les mâchoires sont très-
courtes et terminées par un lobe arrondi , velu ; les yeux
sont très-grands et occupent presque toute la tête ; le corse-
let est oblong, convexe ; les élylres sont très-courtes, et ont
une forte échancrure en dedans. Les ailes sont ordinairement
déployées ; l'abdomen est allongé et linéaire ; les pattes sont
longues , avec les tarses filiformes, simples et terminés par
deux petits crochets. Tout le corps est roussâtre , avec une
ligne enfoncée jaune sur le corselet.
Il vit dans le bois qu'il ronge, au royaume d'Ovvare en
Afrique, (o. L.)
ATRACïOCÈRE, ^/rac/ô/:cra,Meigen. V. Simulie. (l.)
ATRACTOSOMES. Famille de poissons osseux thora-
chlques, établie par Duméril, et qui renferme ceux qui ont les
branchies complètes , le corps épais , arrondi en fuseau.
Les genres qui constituent cette famille sont : ScoMBÉ-
ROÏDE, SCOMBÉROMORE, TrACHINOTE, ScOMBRE , GaSTÉROS-
TÉE , CiïSION , CeNTRONOïE , CjESIOMORE , Lépisacanthe
CePHALACANTHE, CaRAMX03I0RE , CARA.NX., POMATOME, CeN-
TROPODE , TSTIOPHORE. (b.)
ATHACTYLIDE, Aimctylis. Genre de plantes de la syn-
génésic polygamie égale, et de la famille des cynarocéphales ,
dont les caractères sont d'avoir : un calice double, lexlérieur
composé de folioles lâches , pinnatifides , épineuses ; l'in-
térieur formé d'écaillés iuibriquées, connivenles, mutiques
ou acuminées; les fleurs du disque tubuleuses , à cinq dénis ,
hermaphrodites ; et celles de la circonférence lingulées , le
plus souvent femelles etfertiles; le réceptacle garni de paillettes
ou de soies roides ; les aigrettes des semences plumeuses.
Ce génie renferme huit à dix espèces , dont la plupart ont
été observées par Desfontaines sur les côtes de Barbarie. Les
plus remarquables sont :
L'Atractylidegummifère, dont les caractères sont d'être
sans tiges ; d'avoir les feuilles sinuées, presque pinnatifides ,
inégalement dentées ; les folioles du calice extérieur à trois
pointes. Cette espèce croît dans le Levant , en Afrique et en
Espagne. Il découle, deson réceptacle et du collet de sa racine,
une gomme inodore , sans saveur , d'une couleur blanche ,
tirant sur le jaune , qui paroît sous la forme de petits globules
irréguliers de la grosseur d'un pois. Les habitans de l'Afrique
recueiileutcette substance, dont ils font de laglupour prendre
A T R 63
les oiseaux, La racine el le réceptacle delà même plante, cuits
dans Teau bouillante et assaisonnés avec du beurre ou de
l'huile , offrent un aliment agréable et nourrissant, au rap-
port de Desfonlaines.
L' Atractyllde PRISO^"NlÈRE , Atraciylis cancellata, Linn. ,
dont les caractères sont d'avoir les folioles inférieures du ca-
lice très-allongées , ventrues, linéaires , dentées , et les fleurs
toutes flosQuleuses. On l'appelle en français , chardon prison-
nier , parce que sa fleur paroît renfermée dans une cage. Elle
se trouve dans les parties méridionales de l'Europe. On a
fait avec ces deux espèces un genre sous les noms de Cirsel
et d ACARNE.
Parmi les autres espèces , il en est plusieurs qui sont en-
core remarquables ; mais elles sont peu communes. V. le mot
Onosère , genre établi avec I'Atractylide pourprée, (b.)
ATRAGÈNE , Atragene. Genre de plantes de la polyan-
drie polygynie , et de la famille des renonculacées , dont les
caractères consistent à avoir un calice de quatre folioles ; une
corolle à douze pétales ; un grand nombre d'étamines très-
courtes ; un grand nombre d'ovaires supérieurs qui ont un
style velu et un stigmate simple ; des semences nombreuses,
et surmontées d'une queue plumeuse.
lualragène ne diffère des Clématites que par*la présence
du calice et le nombre des pétales ; mais ce calice peut être
considéré comme des bractées, et sous ce point de vue , ces
deux genres doivent être réunis , et l'ont été par plusieurs bo-
tanistes , entre autres Lamarck.
L'Atragè^îe des Alpes se trouve en Suisse et en Piémont,
parmi les rochers. C'est une très-belle plan^> qui peut or-
ner les bosquets , aussi bien et mieux que c^aines cléma-
tites qu'on y emploie souvent. Elle est sarmenteuse , et fleurit
de bonne heure. On 1^ multiplie de graines et de marcottes ,
mais plus communément par ce dernier moyen , qui donne
des pieds susceptibles de fleurir dès la seconde année, (b.)
AÏRAKIOS. Les Grecs se servoïent de ce mot pour dé-
signer I'Ane. (desm.) \
ATRAPH ACE,y^/r«p/iaa;js. Genre déplantes de l'hexandrie
digynie, et de la famille des polygonées, dont les caractères
sont d'être composées d'un calice divisé profondément en
quatre , parties dont deux plus grandes et colorées ; de six éta-
mines ; d'un ovaire supérieur oblong, un peu comprimé surles
côtés et surmonté de deux stigmates globuleux; d'une semence
ovale, aplatie, renfermée entre les deux grandes divisions
du calice qui sont appliquées alors l'une contre l'autre.
Ce genre comprend quatre plantes très - petites , fruticu-
leuses , dont les fleurs sont axillaires el terminales, et les
64 ATT
feuilles alternes et ovales. L'une vient àe l'Asie boréale , c'esl
I'Atraphace épineux ; l'autre de l'Ethiopie , c'est I'Atra-
PHACE ONDULÉ, (b.)
ATRICHIE, Atricliium. Genre de plantes de la famille des
mousses, établi par Palisot Beauvois pour placer la Rrye on-
dulée de Linnseus. DecandoUe l'a appelé Oligotriche. Il
a pour caractères: une coiffe simple, garnie de poils très-rares;
un péristome garni de dents repliées en dedans et sup-
portant une membrane percée à jour ; un opercule mamil-'
laire. (r.)
ATRIPLETTE , ATRIPLOTTE. Nom vulgaire de la
petite fauvette rousse ou du Pouillot COLLYBITE. (v.)
ATRIPLICÉES. F. Chehopodées. (b.)
ATROPE , Atropus. Poisson que Schneider avoit placé
parmi les Brèmes , mais que Cuvier regarde comme devant
former seul un genre voisin des Chrysostoses.
Ses caractères sont : corps comprimé ; museau très-court ,
dépassé par la mâchoire inférieure ; une seule dorsale à deux
ou trois épines , et dont ufle partie des rayons mous se pro-
longe en fils ; une ligne latérale carénée, (b.)
ATROPOS. V. Vipère d' Amérique, (b.) Shinx. (desm.)
ATSCHI. C'est le piment, (b.)
ATT, ASP, ABECHA. Noms du cheval dans divers
dialectes persans, (desm.)
ATT/VGAS. Oiseau dont les anciens ont beaucoup parlé ,
€t au sujet duquel les modernes n'ont pas moins disserté , sans
que ni les uns ni les autres l'aient désigné assez clairement
pour le distinguer d'une manière assez précise. Cette incer-
titude a enfin Jfeparu , grâce aux recherches d'un savant ob-
servateur de la Tiature. V. le tome I.*"" des Mémoires de l'aca-
démie de Toulouse , dans lequel Picot-Lapeyrouse a prouvé
que Vattagas des anciens et des modernes est le même oi-
seau que le Lagopède. V. ce mot. (s.)
ATTAGAS BLANC. V. Lagopède, (s.)
ATTAGEN. V. Lagopède, (s.)
ATTAGENE, AUagenus^ Lat. Genre d'insectes de l'ordre
des coléoptères, section des pentamères , famille des clavi-
cornes , et qui diffère du genre des dermestes^ dont il a été
distrait, par les antennes dont la massue est allongée , avec
le derni'^r article fort long, dans les mâles; par les palpes
maxillaires ])lus allongés et plus grêles, et par l'absence d'une
dent cornée au < ôlé interne des mâchoires.
Je rapporte à ce genre les dermesles : pellio undatus,viginii~
punrtatus, trijasciaius^ macellarius^ de Fabricius.
L'AttagÈNE ONDÉ, Dermestes undatus , Oliv., coL tom. 2,
ATT 03
ii.o II, /ai. I .fig. 4 , est obloilg, uoir, avec une laclie blanche
de chaque côté du corselet, une troisième au milieu de son
bord postérieur, et doux raies Iransverses sur les étuis, de la
même couleur, et formées aussi par un duvet. Gommuu aux
environs de Paris , sur les arbres, (l.)
ATTAGOS. V. Atagos. (s.)
ATTALÉE , Attalea. Genre de Palmier, (b.)
ATTALERIE. Nom indien de la Coutarde de Cey-
LAN. (B.)
ATTARAK. Au Groenland, c'est le Puoque À croissant
dans sa première année. 11 est blanchâtre, (desm.)
ATÏARSOAK. Nom groënlandais du Phoque À crois-
sant lorsqu'il atteint sa cinquième année , époque à laquelle
il est dans toute sa force, (s.)
ATTE,yi//i«. M. Walckenaernomme ainsi les arachnides
qui sont connues sous le nom à.' araignées sauteuses^ qui apparu
tiennent à mon genre Saltique. V. ce mot et les articles
Aranéides et Araignée, (l.)
ATTEIKSIAK. Phoque à croissant dans îa seconde
année de son âge ; il est gris, (desm.)
ATTELA.be, Altelabus. Genre d'insectes de l'ordre des
coléoptères , section des tétramères , famille des rhincho-
phores ou porte-bec, et qui se distingue des autres de la
même famille, parles caractères suivans : point de labre appa-
rent ; palpes très-petits, coniques; antennes droites, de
onze articles, dont les trois derniers forment une massue per-
foliée ; trompe courte, large, dilatée au bout; point de cou
apparent ; mandibules fendues à leur extrémité ; jambes ter-
minées par deux forts crochets.
Le genre A^?, attelabes , dans la méthode de Linnœus , est
composé de coléoptères très-diiîérens quant à leur organisa-^
tion età leurs habitudes, et ne comprend qu'une seule espèce
du genre qui porte aujourd hui ce nom. Geoffroy désigne dà
la même manière les lihtcr ou Escarbots de ce naturaliste,
et forme avec V uttëîabe du coudrier de celui-ci, et quelques-
autres insectes très-analogues, un genre fort naturel , celui
des Eecmares ou rlnnomucer. Eabricius, en l'adoptant, lui a
conservé la dénomination linnéenne A''uitdabe. Ce genre a
subi depuis, par lés travaux d'Hcrbst, de Clairville et d'Oli-
vier, plusieurs changemens, de sorte que le genre des atte-
labes, propremerit dit, esl maintenant reslrelhtauxespèces qui
offrent les caractères exposés ci-dessus; mais, en général, les
coléoptères compris dans le genre primitif des becmares ou
atlelabes, vivent à peu près de la même manière, et se res-
semblent beaucoup dans leur prcmitr cial. Leurs larves sont
66 ATT
4es vers mous, blanchâtres, sans pattes, dont le corps est
assez gros et Composé de douze anneaux peu distincts, et
dont la tête est dure , écailleuse et armée de deux mâchoires
assez solides. Elles vivent toutes de substance végétale ; elles
attaquent les feuilles , les fleurs , les fruits et les tiges des
plantes. Elles se nourrissent dans leur substance, ou elles
roulent les feuilles et en rongent le parenchyme. Elles chan-
gent plusieurs fois de peau, et, parvenues à toute leur gros-
seur, elles filent une coque de soie, ou la construisent d'une
espèce de matière résineuse , assez solide , et s'y transfor-
ment en nymphes, d'où elles sortent au bout de quelque
temps sous la forme d'insectes parfaits.
Lorsque ces larves sont nombreuses , elles font beaucoup
de tort aux végétaux , soit en les privant de leurs feuilles , soit
en attaquant les jeunes pousses , soit enfin en rongeant les
fleurs et les fruits ; et il est d'autant plus difficile de s'en ga-
rantir, qu elles ne se montrent que par les ravages qu'elles
font. Elles ne travaillent point à découvert, mais enfermées
au milieu d'une lige ou au centre d'un fruit, qu'elles rongent
insensiblement ; on n'est averti de leur présence que lorsque
le mal est sans remède.
C'est ordinairement sur les plantes qui ont nourri les larves,
que l'on trouve les insectes parfaits. Us sont quelquefois sur
différentes fleurs, dont ils retirent la liqueur mielleuse; quel-
ques-uns aussi se nourrissent du parenchyme des feuilles ;
mais, moins dangereux et moins voraces que leurs larves, les
torts qu'ils causent aux végétaux sont bien moins considé-
rables. Leur grandeur s'étend depuis une jusqu'à quatre et six
lignes.
AttelabE FÉMORAL, Atlelabus femoralis^ OWs. ^ ro/. n.^Si,
pi. I, fig. 12 : noir, luisant; corselet arrondi ; élytres pu-
bescentes , avec des stries pointillées; cuisses postérieures
très-renflées dans l'un des sexes.
Sur différens arbres , et particulièrement sur le bouleau.
Attelabe laque , Aitelabus curcuUon9ides , Linn. ; Oliv. ,
ihid. , pi. I ifig. I : noir; corselet et élytres rouges. Sur diffé-
rens arbres, sur le chêne spécialement.
Attelabe loîsgimaîsE, Attelabus longimanus ^ Oliv. ibid.
pi. I , fig. 4 • brun ; pattes antérieures très-longues ; cuisses
renflées, épineuses. A Cayenne. (l.)
ATTERRISSEMENT. Amas de limon, de sable et de
pierres roulées que les fleuves entraînent dans la mer , et qu'ils
accumulent à leur embouchure. Comme ils furent jadis in-
comparablement plus considérables qu'aujourd'hui , à cause
dt: la grande élévation primordiale des monlagnes , leurs al~
ATT 67
ienissemens furent immenses. Il suffit de jeter les yeux sur les
contrées situées près de l'embouchure des fleuves , pour re-
connoîlre que leur sol est entièrement composé de déblais ,
que ces fleuves ont entraînés dans leur cours.
La Basse-Egypte est si évidemment un alterrissement du
Nil , que les anciens mêmes Tavoient déjà reconnu. La Hol-
lande et toutes les côtes jusqu'à l'Elbe , sont des alterrissemens
des fleuves qui se jettent dans la mer d'Allemagne. Le sol de
Pétersbourg est un atterrissement de la Neva , qui nest pas
même encore consolidé ; il n'est composé que de limon jus-
qu'à plusieurs toises de profondeur, et l'on ne peut y cons-
truire que sur pilotis.
Les atteirisseviens , en général , m'ont fourni une preuve de
la diminution graduelle de la mer , qui a paru , à d'excel-
lens esprits , portée jusqu'à l'évidence. En effet , puisqu il y a
des milliers de rivières qui charrient journellement à la mer
les bancs de sable et de gravier qu'on voit se former à chaque
crue , et que la crue suivante entraîne , la mer devroit bientôt
refluer sur le continent , si aile n'éprouvoit pas une diminu-
tion proportionnée. ( V. mon Hist. nat. des Minéraux , inirod.
p. X. ) V. Terra IIS d'Alluvion. (pat.)
ATTHIS, Gracida atthis , Lath, Oiseau du genre des Mai-
nates de cet auteur et de Gmelin.
Il suffit de lire la description de cet oiseau pour voir que
ce n'est point un mainate, ni un corbeau , comme le dit lias-
se! quilz imiter ^ pag. i4o)> ni un étoumeau , à la suite des-
quels Sonnini l'a placé dans ses additions à VHist. nat. de Buf-
fon ; ni enfin un merle., comme le disent quelques ornitholo-
gistes , mais bien , comme l'assure M. Savigny, notre Martin
PÉcuEUR. V. ce mot. (v.)
Le même nom à'aiihis a été donné , par quelques natura-
listes , à d'autres oiseaux d'espèce différente de celui de cet
arlicle. Aldrovande l'a appliqué au rossignol ., et les anciens
poètes en faisoient le nom de ['hirondelle , tandis qu'ils dési-
gnoient quelquefois le rossignol par la dénomination â^atUca
aies. (s. V.)
ATTI-ALU. C'est le Figuier à grappes, (b.)
ATTICUS. Nom de I'Esturgeon. (b.)
ATTIER. Nom vulgaire, dans nos colonies , du Corossol
' À fruit écailleux. (b.)
ATTIGBRO. On a dit que les Iroquois donnoient ce nom
au Raton ? (desm.)
ATTI-MEER-ALON. Espèce de figuier de l'Inde, (b.)
ATTOMBISSEUR(FoHcon«me).C'est aipsi que l'on ap-
pelle les oiseaux de proie dressés à la chasse du héron, (desm.)
68 AT T
ATTRACTION. Ce mot désigne, en général, toute force
qui tend à pousser les uns vers les autres divers corps ou di-
verses parties d'un même corps. On en reconnoît dans la
nature de plusieurs espèces, qui se distinguent soit par la na-
ture des circonstances dans lesquelles elles s'exercent , soit
par les lois suivant lesquelles leur intensité croît ou décroît
quand la distance des corps attirés varie.
\J attraction céleste^ appelée aussi giu^itation universelle ^ est
celle qui s'exerce entre les grands corps de notre système
planétaire , et qui sollicite toutes les parties les plus intimes
de leur masse. Son intensité est proportionnelle à la masse
attirante, et réciproque au carré de la distance du point attiré :
c'est-à-dire qu'à une distance double , elle est quatre fois
"iiioindre , à une distance triple, neuf fois, et ainsi de suite.
Newton , qui a établi le premier les lois de cette force uni-
verselle , en a fait connoître aussi l'immense influence dans
les grands phénomènes de la nature. Combinée avec une im-
pulsion primitive , elle fait décrire à la terre et aux autres
planètes des orbites elliptiques dont le soleil est un des foyers,
€t qui , en s'allongeant indéfiniment , deviennent les orbites
paraboliques des comètes. C'est elle qui fixe de même les di-
vers systèmes de satellites autour de leur planète, et qui règle
leur cours. C'est encore elle qui produit la pesanteur à la sur-
face de la terre et des autres corps célestes , le poids n'étant
que l'effort total des forces attractives. C'est elle qui , com-
binée avec la force centrifuge du mouvement de rotation ,
et agissant sur des masses encore fluides, a élevé l'cquateur
des planètes et aplati leurs pôles ; c'est elle qui produit la
nutation de Taxe terrestre, la précession des équinoxes, ainsi
que le flux et le reflux des mers. Tous ces phénomènes sont
autant de conséquences nécessaires et calculables du principe
cle la gravitation universelle ; principe qui se déduit lui-même
rigoureusement des lois générales découvertes par Kepler
tîans les mouvemens célestes , à l'aide d'une immense série
d'observations habilement combinées.
Outre l'espèce d'attraction que nous venons de considérer,
il existe encore d'autres forces dont la ten/lance est pareifli' ,
mais qui se développent seulement lorsque les molécules de
la matière sont rapprochées les unes des autres à de très-pe-
lites dislances. Ce n'est pas pour cela que leur action soit
réellement limitée : au contraire , elle s'étend aussi indéfini-
ment dans l'espace; mais son intensité décroît avec Téloi-
gnement d'une manière si excessivement rapide , qu'elle ne
peut, pour ainsi dire, produire d'effets sensibles que tout
près du contact. Ce sont ces forces qui produisent tous les
phénomènes chimiques j la réfracliyo dç i^ lumicx«i cl l'as-
A T U C^
censîon ou la dépression des liquides hors de leur niveau na-
turel dans des tubes très-étroits. 11 est vraisemblable qu'elles
sont des résultats d'une loi d'attraction générale , modifiée
par la figure des particules matérielles, de même que la
précession des équinoxes et la nulation de l'axe terrestre ré-
sultent de la seule force d'attraction universelle modifiée par
l'aplatissement de la lune f^ de la terre. Ces modifications ,
dépendantes de la figure, disparoissent avec l'éloigncment; et
il ne reste de sensible que la loi générale de l'attraction réci-
proque au carré de la distance.
On observe encore dans la nature des forces attractives
d'une. autre nature, qui s'exercent seulement entre certains
corps, ou entre des corps modifiés d'une certaine manière.
Telles sont les attractions magnétiques et électriques , les
premières ayant lieu seulement entre les métaux susceptibles
d'aimantation , et les dernières seulement entre les corps
amenés à l'état électrique par la communication ou le frot-
tement. Il se produit aussi dans ces différens cas des forces
répulsives. Coulomb a fait voir que les unes et les autres sui-
vent les lois de Pattraction céleste , proportionnelle aux
masses et réciproque au carré des distances, (biot.)
ATTRAPE-MOUCHE. Nom vulgaire du Gobe-mou-
che, (v.) »
ATTRAPE-MOUCFÎE. Plante de la Caroline , dont le^
fouilles se ferment lorsqu'une mouche se pose sur leur disque.
F. au mot Dionée.
Oji donne aussi ce nom à deux ou. trois espèces de Lych-
SIDES, qui sont plus visqueuses que les autres , et à la tige
desquelles les petites mouches collent leurs pattes ou leurs
ailes, de manière à ne pouvoir plus se dépêtrer ; ainsi qu'a
I'Apocin anduosème , dont les étamines sont si irritables ,
que les mouches qui se posent dessus les font contracter de
î|ianière qu'elles se trouvent prises par les pattes , et que les
efforts qu'elles font pour s'en aller ne servent qu'à les faire
resserrer davantage. V. aux mots Lychnide et 7\rociN. (b.)
ATUCO. Dans l'Am^irique méridionale, c'est !e Tatoip
cachicame. (desm.)
ATUN. Arbre dont les feuilles sont alternes et lancéo-
lées ; les fleurs, en grappes terminales, composées de
cinq pétales, de plusieurs étamines et d'un ovaire supé-
rieur; son fruit est une noix uniloculaire , dont le brou
est très-épais, et recouvre un noyau oblong, de la grosseur
d'un œuf de poule, que les Malais râpent pour s'en sei-vir
comme d'épices, dans le bat d'exciter Tappétit.
yo A T Y
Cet arbre croît dans les Moluques, et se rapproche du
MoLAVi. Son bois est dur, mais cassant et peu durable, (b.)
ATY. TSom du Piment, f s.)
AT7CHIE, AiyrMa. Hjffm. Genre d'insectes de l'ordre
des lépidoptères, famille des zygénides, ayant pour ca-
ractères : antennes bipectinées dans les mâles, simples dans
les femelles : palpes extérieurs ou labiaux , s'élevant notable-
ment au-rlelà du chap.'ron , très-velus ; ailes courtes ; des
épines fortes à l'extrémité des jambes postérieures.
Ce genre est formé avec le sphinx appendiailafaà''Esi^er, îepid.
iom. 2 , fah. ?>'rt^Jis;. 5. 6, la fem.; o\x\c sphinx chimera ^A^WvA)-
ner, lepi/I. sphinx, tab.i.^g. i. la femelle, qu'il a ensuite placé»
avec les noctuelles, pi. 64- , 3i4. et 3i5. (l.)
ATYE, Alya, Leach. Genre de crustacés de l'ordre Ac%
décapodes , ifamille des macroures , section des salicoques ,
ayant pour caractères : les quatre pieds antérieurs égaux ,
avec le dernier article fendu ; la troisième paire plus grande,
inégale, sans doigts, terminée par un simple crochet,
ainsi que les suivantes ; queue large avec le feuillet du milieu'
de sa nageoire terminé un peu en pointe et arrondi.
Atye raboteuse, ^/jflscrt/vra, hedich. Lin. Soc. tmtis. tom'S.l ^
pag. 34.5. Bec caréné , trifide : dent du milieu plus longue ;
les six pieds postérieurs ayant des aspérités : le dernier article
des quatre premiers très-poilu.
Du Musée britannique. Patrie inconnue, (l.)
ATYLE, y^/j/iw, Leach. Genre de crustacés, de l'ordre
des amphipodes , très-voisin du genre des talitres et de celui
des dexamines du même auteur. Les antennes supérieures
sont simplement un peu plus courtes que les inférieures ; les
yeux sont insérés de chaque côté, près d'un avancement
antérieur du test en forme de bec.
L'Atyle caréné , Aiylns cnrinatns , Leach. Zool. miscell.
II. 12. iab. 69. Bec incliné ; les derniers segmens carénés
et prolongés postérieurement en pointe aiguë. Patrie in-
connue.
Le gammanis nugax de Fabricius , figuré par Phipps ,
dans .son A oyage au Pôle boréal, pi. \2.^ji-g. 2, est peut-être
du même genre. ( L. )
ATYOUARAGLE. C'est la Parthénie hystérophore.
ATYPE, Atypus, Lat. Genre d'arachnides, de l'ordre des
pulmonaires, famille des aranéides , section dés territèles ,
cl qui a pour caractères : lèvre très-petite, recouverte parla
base des mâchoires ; palpes insérés sur une dilatation in-
férieure du bord extérieur de ces dernières parties.
A T Y 71
L'araignëe nommée ^^ic^a par Sulzer, qu'il avoit décou-
verte en Suisse , et que M. Bosc a trouvée le premier dans
les environs de Paris , m'a servi de type à l'établissement de
ce genre ( Hisf. nat. des crustacés el des insectes, tom. 7 , pag.
168 ). M. "Walckenaer a depuis substitué au nom d'ATYPE ,
Atypiis ( difforme ) que je lui avois imposé , celui d'oletère ,
oletera. Par la petitesse de la lèvre , la forme et la direction
des mandibules, la disposition des yeux, les atypes ont
évidemment de grands rapports avec les mygales; mais leurs
palpes, ainsi que dans toutes les aranéides suivantes , sont
insérés un peu au-dessus de la base extérieure des mâ-
choires, et sur une dilatation ou espèce d'oreillette de leur
côté extérieur , comme dans les ségestries , les dysdères et
quelques autres genres de celte section.
La peau de la partie antérieure et supérieure de l'abdo-
men est, dans les mâles, seulement d'une nature plus ferme
et plus solide ; elle y forme une plaque écailleuse et luisante.
Telles sont les différences que l'on remarque entre les atypes
et les mygales.
Les palpes de la femelle sont terminés par un crochet
pectine. Dans les mâles , le dernier article est en forme
de cône allongé et un peu courbé ; il offre , en dessous ,
près de sa base , un corps saillant, corné , luisant , et qui
paroît composé de deux articles , dont le premier , ou celui
de la base, transversal ; le second plus grand , globuleux ,
creux en dessous, et portant à son extrémité une petite
pièce comprimée, un peu transparente et un peu contournée
en forme d'un demi-entonnoir irrégulier et unidenté. Ce sont
les organes sexuels : par la forme du dernier article de ces
palpes , par l'insertion des organes sexuels , on voit que les
atypes s'éloignent des mygales.
Les pattes sont allongées, et ont , au bout , deux petits cro-
chets pectines ; la première paire et la quatrième sont les
plus longues et presque égales entre elles ; la troisième est
la plus courte.
L'extrémité postérieure de l'abdomen présente deux fi-
lières plus longues , cylindracées et composées de quatre ar-
ticles, dont le dernier plus long et cylindrique; quatre autres
mamelons inférieurs , mais d'une seule pièce , et dont
les deux extérieurs à peine sensibles.
L'atype de Sulzer a été retrouvé plusieurs fois autour de
Paris , et dans cette ville même , depuis la première décou-
verte qu'en avoit faite M. Bosc. Je l'ai vu en grande quantité,
au mois de juillet , dans un terrain couvert de gazon et en-
7= A T Y
iremclé tie monssc , faisant partie d\m «iclos sîlu»? au î)as
an coteau de Belle-Yue.
Chaque individu se creuse une galerie cylindrique , d'a-
bord horizonlalc , s'inclinant ensuite , et profonde d'environ
deux à trois déciinèires. Un tuyau d'une soie très-serrée,
blanche , un peu couvert de terr€ , et construit sur le même
modèle, en occupe Tintérieur, et sert, à l'animal, de domi-
cile proprcmenl dit. C'est au fond de ce tuyau que la femelle
place ses œufs , formant un paquet ovoïde enveloppé d'un€
toile blanche et fixé aux deux boufts avec de la soie. Ces ara-
néides parois?t'nl être noclurufs. M. Alexandre Brongniart^
directeur de la manufacture des porcelaines de Sèvres , nt'a
mis à portée de recueillir ces observation^, en me conduisant
sur lé lieu mémo où cette espèce avoit été trouvée. M. de Jîa-
soche , habile naturaliste , a découvert dans les environs de
Séez, un atype qui diffère, du moins comme variété, de
l'espèce précédente. Il est brun, et son nid est proportion-
nellement plus grand.
Atype de Sulzer, Atypus Suhrri , Latr. Gen. misf. et
inser.t. iom. i, pi. S^Jîg. 2, md/e; nlélèrc dlffonne^ Walck, Uhi.
desaran.fig. i^faJi.^.h mule; (iranea picea ^ Sulzer, Gen. iuscrl..^
pi. 3o, fis;. 2. 11 est noir ou noirâtre, luisant, peu velu,
et long de près de deux centimètres. Les crochets des
mandibules sont d'un brun foncé. L'abdomen est obscur ,
et a , dans le mâle , une plaque coriace , luisante , située
à sa partie supérieure, près la base. Les jointures des pâlies
paroissent blanch.^lres , à raison de la couleur de la mem-
brane qui réunit les arlicles. La poitrine a tout autour de
petites impressions arrondies.
Celte espèce se trouve en Snisso cl dans toute la France.
(E.)
ATYRION, Àthyriitm. Genre de FouGÈRE.s établi par
Ixoth , mais qui rentre dans le genre Aspidion de Swartz.
ATYS , Sim'in nfys ., And. Yolci un singe qui éloit déjà
connu, .à ce qu'il paroît , du temps d'Albert Séba, qui l'a fi-
guré dan«; son T/'iesaimis ver. naiur. , t. i , pi. /^8 , fig. 3, sous
le nom de grand singe, hianc des Indes orientales. Audebert en a
donné une nouvelle figure dans sou Histoire des Singes (^ fum. ^,
fecf. 2, nddit. V. aussi Biiffov (Edit. Sonn. , t. 3G,p. jjj,
pi. 58,^0-. 8, par Ldtreille.) Cet animal appartient au genre
des GuENOTîS. J'. ce mot. On suppose que c'est le rercopi-
ihecvs senex d Erxleben , Syst. reg. anim. , p. 24. fvinEY.)
ATYS , Alys. Genre de Coquille établi par Deuvs Monl-
ort , aux dépens des Bulles de Linnrcus. Ses caractères sont î
A U B 73
coquille libre, «nivalve , h spire intérieure roule'e sur elle-*
înème, formant la navette; le dernier tour de spire ren-
fermant tous les autres; ouverture arrondie, irès-évasée ;
lèvre extérieure arrondie.
L'espèce qui sert de type à ce genre est la gondole papy-
racée ou la grande goiuhle ■ Aq Dargenville, coquille de près
de deux pouces de diamètre , grise , et originaire des cotes
d'Afrique.
11 est probable que ce mollusque recouvre toute sa co-
quille par des tégumens , ou par son manteau ; car elle est
constamment lisse et dépourvue d'épiderme ou de drap ma-
rin ; elle est extrêmement légère et presque papyracée.
Le genre Jtys renferme encore deux ou trois autres es-
pèces, (b.)
AUAK ou AUEK. Au Groenland, c'est le Morse, (desm.)
AUBÉPIN, ou AUBÉPINE, ou ÉPINE BLANCHE,
f»u NOBLE-EPINE ,' Crotœgv.s oxyarantha^ Linn. Cet arbris-
seau très-épineux , du genre des Néfliers , est propre à en-
tourer et à défendre les plantations, c'est-à-dire, à faire
d'excellentes haies : on le taille aisément. Quoiqu'il affecte
assez naturellement la forme de buisson , cependant , aidé
par la culture , il s'-élève , dans quelques terrains , à la hau-
teur d'un arbre de médiocre grandeur. Il n'est pas moins
agréable qîi'utile ; ses fleurs i-assemblées en bouquets of-
frent un joli coup d'œil , et parfument l'air au printemps ;
ses feuilles plaisent à toute espèce de bétail ; et ses fruits ,
attachés long-temps aux branches, attirent, pendant l'hiver,
par leur éclat, les oiseaux qui s'en nourrissent : on en fait
une boisson fermentée ; enfin , son bois , tràs-dur et très-
égal, est, après le buis, un de ceux qu'on recherche le plus pour
les ouvrages de tour.
Ces avantages ont dd porter à cultiver particulièrement
\ aubépine : aussi , à force de soins , en a-t-on obtenu de jo-
lies variétés. Les plus connues sont V épine a jleur double ; \é~
pi ne à fleur rose ^ double; V épine ii fruit jaune ; V épine à petites
feuilles; celte dernière est préférée pour les haies, parce que
ses branches croissent plus serrées et plus rapprochées les
unes des autres.
Toutes ces variétés se greffent sur l'espèce, le plus sou-*
vent à œil dormant. Comme on les recherche beaucoup ,
elles se trouvent dans toutes les pépinières.
Pour former des haies ^aubépine , on en sème la graine eïi
place ou dans une pépinière , ou on plante des pieds arra-
chés dans les forints. Le semis est plus long, mais plus sAr.
La graine ne levant que deux ans après sa récoke, \S
7^ A U B
est avantageux de la de'poser , en attendant , en masse ,
dans un trou creusé à deux pieds de profondeur dans une
terre sèche , ce qu'on appelle mettre au germoîr. Alors elle
lève de suite. Les plants venus dans les pépinières peuvent
être mis en place à leur seconde année. Deux ans après ,
il est bon de recéper le plant, s'il est disposé en haie, pour
lui faire pousser de nouvelles tiges plus nombreuses et mieux
garnies de branches.
Toutes les espèces étrangères de Néfliers, dont quelques-
unes sont très-belles, tous les Poiriers, les Sorbiers, les
Pommiers , peuvent se greffer avec succès sur Ymibépine ;
mais comme ses racines sont moins fortes et moins nom-
breuses , les arbres qui résultent de ces greffes , lorsqu'ils
appartiennent aux grands poiriers ou aux sorbiers , restent
plus foibles , ce qui est souvent un avantage.
Quelques personnes croyoient que les fleurs odorantes de
Vépine blanche corrompoient le poisson : les expériences que
Parmentier a faites à ce sujet, ont détruit ce préjugé, (d.)
AUBEPiGlNE. Espèce de Morelle. (b.)
AUBERTIE , yluhertia. Arbre à feuilles opposées , en-
tières ou émarginées ; à (leurs jaunâtres , très-petites , dispo-
sées en grappes axillaires, qui croit sur les montagnes les plus
élevées de Tile de la Réunion , et qui , selon Bory-Saint-
Vincent , Voyage aux îles d'Africjue ^ pi. i8 , forme un genre
dans la tétrandrie tétragynie»
Ce genre offre pour caractères: un calice à quatre divisions;
quatre pétales ; quatre étamines ; un ovaire supérieur, sur-
monté de quatre styles ; quatre capsules oblongues, carénées,
sujettes à avUrter , uniloculaires , s'ouvrant latéralement et
contenant une à trois semences.
Les Ampacs de Fvumphius rentrent dans le même genre, (b.)
AUBIER,y4/iM/w/m. Partie deTarbre placée entre Técorce
et le bois. V. Arbre, (tol.)
AUBIER. V. Obier et Saule, (b.)
AUBIFOIN. C'est le Bleuet, (b.)
AUBITON. C'est encore le Bleuet, (b.)
AUBLETIE. C'est la même chose que l'ApÉlBA , ou une
espèce de Verveine ( Verbena longifiora ).
Gœrtner a aussi donné ce nom à un genre qu'il a établi
pour placer quelques espèces de Palétuviers , Rhizophora ,
Linn. , qui ont , ou paroissent avoir la corolle polypétale.
C'est le Blatti , Sonnerada.
Loureiro a encore donné le même nom à un genre de sa
façon , qui ne paroît pas différer des Paliùres. (b.)
A U C 75
AUBOUR. La Vior>^e aubour et le Cytise des Al-
pes s'appellent ainsi dans quelques lieux, (b.)
AUBKEGUE. On donne ce nom, dans le département de
l'Aveyron , à une terre argileuse qui contient des Bélem-
KiTES , des CoRîSES d'Ammon , et autres coquilles antédilu-
viennes. C'est une véritable Marne de fort mauvaise nature
sous les rapports agricoles, (b.)
AUBRESSIN. Synonyme d' Aubépine, (b.)
AUBRiER. F. Hobreau. (s.)
AUBUSSEAU. On donne ce nom , à la Rochelle et sur
toute la côte voisine , à un petit poisson argenté , qui est bleu
sur le dos. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la su-
périeure , et se recourbe. Ces caractères convenant à plu-
sieurs poissons , il est difficile d'indiquer le genre de celui-ci
avec certitude.
La chair de Vaubusseau est très-bonne à manger lorsqu'elle
est frite. On le pêche avec un filet , qu'on tend en courtine
sur la vase lors de la retraite de la mer. (b.)
AUCHA. INiéreinberg dit que ce nom est attribué par
quelques auteurs aux Sarigues, (s.)
AUCHENIE , Aiichenia. Illiger , dans son Prodrome ,
change ainsi le nom de Lama donné à un genre de mammi-
fères de l'ordre des ruminans et voisin de celui des chameaux,
parce qu'il a adopté pour principe de ne laisser à aucun genre
les noms triviaux ou de pays, que les naturalistes ont souvent
adoptés pour les désigner. Nous pensons au contraire qu'il est
convenable de conserver, autant qu'il est possible de le faire ,
les premières dénominations en usage , afin d'éviter la con-
fusion dans la synonymie. C'est pourquoi nous renvoyons au
genre Lama, (desm.)
AUCHENOPTERES. Synonyme de Jugulaires, (b.)
AUCHENORINGUES ou COLLIROSTRES, Dumé-
ril. Famille d'insectes composée des g^tnircs fu/gore et dga/e de
Linnseus. V. Hémiptères et Cicadaires. (l.)
AUCUBE, ylucuha. Genre de plantes de la monoécle té^
trandrie et de la famille des rhamnoïdcs , dont les caractères
sont d'avoir : un calice urcéolé, à quatre dents, et persistant;
quatre pétales caducs , insérés au sommet du calice ; une fleur
mâle ayant quatre étamines attachées au-dessous des péta-
les , et alternes avec eux ; une fleur femelle ayant un ovaire
inférieur surmonté d'un style épais , couit et persistant , à
stigmate siujple et capilé ; une baie presque charnue et mo-
nosperme.
Ce genre ne contient qu'une espèce, qui est un petit arbuste
du Japon , dont les feuilles sonl rapprochées au sommet Ji-s
7^ A U G
rameaux, pcliok'cs , opposées, d'urt rcrf souvent tacîié de
jaune. Les fleurs sont disposées en panicules terminales.
Cet arbuste se cultive à Paris dans les orangeries , et s'y
multiplie de boutures avec la plus grande facilité. 11 n'est re-
marquable qu'à raison de la marbrure de ses feuilles, (b.)
AUDIAN-TÎOULOHA. Espèce de Pithone. (b.)
AUGEE , yiugea. Genre de plantes dont les caractères sont
d'avoir ; un calice divisé en cinq parties: point de corolle,
i.'iais un nectaire à dix dents , qui en tient lieu ; dix étamines ;
im pistil ; une capsule à dix loges. •
Ce genre ne comprend qu'une espèce, qui croît an Cap-dc
Bonne-Espérance , où elle a été observée par Thunberg.
Elle n'a encore été i\i figurée ni uiêuie décrite complète-
ment, (b.)
AUGIE, Aiif;}a. Arbre k feuilles pinnées avec impaire, à
folioles lancéolées, très-entières, petites, au nombre de cinq
de chaque coté ; à ileurs pâles, disposées en panicules pt'es—
que terminales , qui forme un genre dims la polyandrie mo-
tiogynie et dans la famille des guttiers.
Ce genre offre pour caractères : un calice très-petit, tron-
qué; une corolle à cinq pétales oblongs; une centaine d'é-
lamines ; un ovaire supérieur comprimé , surmonté d'un slyl^
h stigmate obtus; une drupe presque lenticulaire, fort petite,
renfermant une noix monosperme.
Uaiigie se trouve dans les forets de la Chine ,, de la Co-
chinchine et des pays voisins. Il découle de son écorce une
liqueur résineuse , qui est le véritable vernis de la Chine , et
qui fournit, par sa seule exposition au soleil, le beau laque
noir qui couvre les petits meubles qu'on apporte de ce pays,
et qui sont si estimés à raison du brillant et de la solidité de
leur couleur.
On doit à Loureiro de nous avoir fait connoître botanique-
mcnt cet arbre, qui, quoique mentionné par plusieurs voya-^
geurs anciens, et même f;guré dans Kempfçr et Charlevoix,
cloit confondu avec le remis du Japon, qui est un Sumac.
Outre son emploi comme vernis , emploi qui se varie de
mille manières en le mélangeant avec des couleurs ou avec
d'autres substances, le suc de Vaugic sert encore à la méde-
cine. On le regarde comme échauffant, résolutif, emména-
gogne et anlljclininîiquc. Ses qualités acres s'affoiblissent par
rébullilion; el c'est ordinairement après cette opération
préliminaire qu'on l'ordonne, soit en décoction, soit en pi-
lules.
1/âcreté du vernis de Vaugie est si forte, qiie son extraction
fn devient dangereuse. Aussi cxistc-1-il en Chine de? rè:;le-i
A U L 7^
mens de police, qui ordonnent que ceux qui le recueillent
se frottent d'huile avant et après leur travail, aient des bottes,
des gants et un masque. On ne fait que trois à quatre incisions
à chaque arbre, et on place, au bas de chacune, une coquille
destinée à recevoir le vernis qui en sort. Il ne faut que trois
heures pour épuiser un arbre au moyen de ces entailles ; mais
on peut les renouveler jusqu'à trois fois , dans le cours d'uu
été, sans inconvénient pour l'arbre.
Les Chinois distinguent plusieurs espèces de vernis quî
tirent leurs noms des divers cantons d'où on les retire. Le
plus estimé est le nicn-tsl. 11 est très-noir et rare. Celui qui
vient ensuite est le roaanf;-si , qui tire sur le jaune. On le mêle
ordinairement avec l'huile du Tongchu pour remplo)ier avec
plus d'avantage.
L'application de ce vernis demande de l'habileté ; car il
faut que les couches soient extrêmement minces , qu'elles se
sèchent promptement , et qu'il ne s'y mêle aucun objet
étranger. On polit chaque couche avant d'appliquer la sui-
vante. Ce sont les difficultés et la longueur de ces opérations
qui rendent les ouvrages de vernis assez chers , même en
Chine.
ISaugie n'a pas encore été introduit dans les jardins d'Eu-
rope ; il y a cependant lieu de croire qu'il s'y conserveroit ,
et même se multiplieroit en pleine terre, au moins dans les
parties méridionales.
Quoique cet arbre ait quelques rapports avec les Bada-
MiERS, il ne peut pas leur être réuni, à raison de son ovaire
mpérieur, de sa corolle et du nombre de ses étamines. (e.)
AUGITE, V. Pyroxène. (luc.)
AUGUENILLA. C'est une Jovellane. (b.)
AUGUO. C'est la ZosTÈRE. Voyez ce mot et celui
ÇioÉMON. (b.)
AUJON. Altération du mot Ajoisc. (b.)
AUKEB. Nom arabe d'un Aigle, (y.)
AUKPALLARTOLIK. Nom groënlandais du Coq. (v.)
AULACIE , Aulacia. Petit arbre à feuilles alternes, pé-
tiolées, lancéolées, en faulx , presque crénelées, glabres; à
fleurs d'un blanc verdâtre , disposées en grappes lâches et ter-
minales , qui forme , dans la decandrie monogynie , un genre
gui diffère à peine du Vampi de Sonnerat.
Il offre pour caractères: un calice à cinq dents;, une corolle
à cinq pétales oblongs , droits , épais , à quatre sillons inté-
rieurs ; dix étamines , dont cinq alternes plus longues ; m)
ovaire supérieur surmonté d'un style épais, à stigmate cou-
rexc ; une petite baie ovale à çiiiq loges dispermcs.
78 A U L
Vaulacie croît dans les forêts de la Cochinchine ; se»
feuilles, en décoction , passent pour emménagogues. (b.)
AULAQUE, Julacus, Jur. Genre d'insectes de l'ordre
des hyménoptères , section des porte-tarières, famille des
pupivores , tribu des ichneumonides , et qui a pour carac-
tères : antennes sélacées de treize articles dans les mâles, et
de quatorze dans les femelles; abdomen ellipsoïde, com-
primé , aminci insensiblement vers sa base , en forme de
pédicule , et inséré à Textrémité d'une élévation pyramidale
du bout postérieur du corselet; pattes grêles.
Les aulaques ont la tête arrondie el portée sur un cou ; les
mandibules courtes , épaisses et dentées au côté intérieur ;
les paljes maxillaires beaucoup plus longs que les labiaux ,
sétacés et de six articles , dont les derniers plus allongés et
plus grêles; les palpes labiaux à quatre articles, dont le der-
nier un peu plus gros , presque triangulaire; la languette en-
tière; une cellule radiale, et trois cellules cubitales, dont
les deux premières reçoivent chacune une nervure récurrente,
et dont la troisième atteint le bout de l'aile ; le tronc com-
primé , un peu élevé sur le dos; et l'abdomen formé de six à
sept segmens : celui de la femelle est pourvu d'une tarière
saillante, presque aussi longue que le corps, et de trois filets
égaux.
Ces insectes font le passage des fœnes aux ichneumonides.
AuLAQUE STRIÉ , yliilacus stiiatus^ Jur. Hymen, pi. 7, genr. 3.
ISoir, avec une grande partie des pieds et l'abdomen, à l'ex-
ception de sa base, fauves ; dos du corselet strié.
Dans les bois de pin, au midi de la France, et aux environs
de Gènes. Il m'a été communiqué par MM. Léon Dufour et
Maximilien Spinola. (l.)
WLSK^ Aulax. Genre de plantes de la dloécie tétrandrie
et de la famille des protées , établi par R. Brown , qui lui
donne pour caractères : fleurs mâles en grappes, à calice de
quatre folioles, portant les anthères sur leur face intérieure.
Fleurs femelles à stigmate oblique, en massue, hérissées et
émarginées. Noix saillante, ventrue, barbue, surmontée d'é-
cailles subulées.
Le Protée à feuilles de pin , dont le Protée À bractée
est la femelle , ainsi que le Protée À fleurs en ombelle ,
constituent ce genre, (b.)
AULIQUE. Espèce de Couleuvre, (r.)
AULOPE, Aulopus. Sous-genre établi par Cuvier pour
f)Iacer le Salmone filamenteux de Bloch, qui vit dans
a Méditerranée. Il réunit les caractères des Gades à ceiii
des Salmones. (b.)
A U N 79
AULOSTOME, Aulostomus. Genre de poisson établi
par Lacépède aux dépens des Fistulaires de Linnœus. Il
présente pour caractères : des mâchoires étroites , très-allon-
gées en forme de tube ; un corps très-allonge ; une seule na-
geoire dorsale, située au-delà de l'anale; une rangée d'aiguil-
lons réunis par une petite membrane tenant lieu de première
dorsale.
Ce genre ne renferme qu'une espèce , I'Aulostome chi-
nois, Fistularia chinensis^ Linn., qui est connu sous les noms de
trompette^ à' aiguille tachetée ^ et qui se trouve dans la mer des
Indes et dans celle d'Amérique, où il vit d'œufs de poissons
et de vers. On a retrouvé sa dépouille dans les couches volca-
niques du Mont-Bolca, près Vérone. Il parvient à plus de
trois pieds de long. Sa chair est dure et coriace, (b.)
AULX. V. Ail. (b.)
AUMAïLLE. Jeune Vache dans les environs de Charle-
viUe. (B.)
AUMARINO. V. Amarinée. (b.)
AUMUSSE. Coquille du genre Cône, (b.)
AUNE , Alnus. Genre de plantes de la monoécie tétran-
drie, et de la famille des Amentacées , long-temp^confondu
par les botanistes avec celui des Bouleaux , mais qui s'en
éloigne suffisamment par le nombre de ses étamines , qui
«st de plus de douze dans ces derniers , et encore plus par
l'aspect. Il fait aujourd'hui partie de la famille des Salici-
WÉes. Jusqu'à présent les espèces qui le composent , au nom-
bre de dix à douze, ont été mal connues ; mais elles n'en sont
pas moins distinctes , comme on peut s'en assurer chez Noi-
sette , pépiniériste à Paris , qui en possède la collection vi-
vante.
L'Aune commun , Betula alnus, Linn. , croît promptemcnt,
cl son tronc s'élève quelquefois à une très-grande hauteur.
Planté sur le bord des eaux , il retient les terres ; dans les
prairies, il ne nuit point à la végétation. Il peut être d'une
grande ressource pour faire des échalas dans les pays vigno-
bles qui manquent d'autre bois : il ne vaut pas l'échalas
de châtaignier , de chêne , ni même celui de saule-marsault ;
mais il est supérieur à ceux àç. peuplier et de saule. Il se mul-
tiplie facilement et de plusieurs manières. S-i graine se sème
d'elle-même quand elle n'est pas entraînée par des débor-
demens , et les jeunes plantes qu'elle donne peuvent être
levées après la première ou la seconde année : ses boutures
réussissent aussi bien que celles des peupliers et des saules.
^o A î' N
Ses racines, arrachées de terre et replantées, reprennent,
pourvu qu'on en laisse une petite partie à découvert : ses
grosses souches m(îme , partagées par la cognée en cinq ou
six morceaux , fournissent autant de pieds nouveaux. Un
moyen encore bien simple de le multiplier , c'est de cou-^
per une branche jeune , forte et bien nourrie , et de l'en-
terrer sur toute sa longueur ; des bourgeons percent alors
l'écorce de distance en distance , traversent la terre qui
les recouvre, et forment plusieurs nouveaux pieds.
On peut faire des pépinières en pratiquant l'une ou l'auUe
de ces méthodes , et tout possesseur d'un grand terrain hu-
mide doit en avoir une. Lorsque cet arbre a trois ans de pé-
pinière , c'est le vrai temps de l'arracher. L'année révolue
après la plantation , on peut recéper la tige pour former par
la suite un taillis , ou bien supprimer toutes les branches sur-
numéraires, à l'exception de la plus vigoureuse, si on est dans
l'intention de former un arbre. ISaune en cépée pousse avec
vigueur , et au bout de six ou sept ans ses longues tiges sont
bonnes à couper.
Le bois de Vanne se conservant très -long- temps dans
l'eau ou dans une glaise humide, est, par cette raison, très-
propre aux travaux souterrains : il sert au boisage des gale-
ries, et <fts puits des mines : on en fait aussi d'exCellens pi-
lotis et des tuyaux pour la conduite des eaux. Ce bois est
blanc , tendre et facile à teindre , surtout en noir ; aussi les
ébénistes l'emploient-ils à la place de l'ébène , dont il offre
l'apparence lorsqu'il a été mis dans une dissolution de sulfate
de fer (couperose verte). Comme il est lisse et d'une coupe
nette sous le ciseau , les sculpteurs et les tourneurs l'estiment
beaucoup. On en fait des échelles légères , des chaises com-
munes , des pelles , des perches , des sabots qui ne valent
pas ceux de hèlre, des talons de galoches, etc. Quoiqu'il soit
mis par quelques ordonnances au nombre des bois morts , les
pâtissiers , les boulangers et les verriers le préfèrent à tous
autres pour chauffer le four. Son charbon entre dans la com-
position de la poudre à canon. L'écorce à'aime sert à tanner
les cuirs , à teindre les étoffes , ainsi que les filets des pê-
cheurs en couleur fauve ; elle peut suppléer , pour le noir ,
à la noix de galle. Comme la verdure de cet arbre est agréa-
ble , et son ombre épaisse , on doit le placer dans les bos-
quets humides. Il élève par ses racines traînantes et nom-
breuses le sol des marais sujets à inondation. Quand on veut
l'employer aux bAtimens légers de la campagne , tels que
poulaillers, étables, elc. , on attend qu'il ait dix ou quii.^e
ans de crue. Ses feuilles j fraiçi^çs ou sqvfc.es , scrvuU Je
nourriture aux Oiiiuiiiui,
A U R 8.
Cet arbre fournit une variété très-remarquable par la pro-
fondeur des dentelures de ses feuilles.
On trouve encore en Europe un aune dont les feuilles sont
velues en dessus ; quelques cultivateurs le regardent comme
«ne espèce , d'autres comme une simple variété. Il en est de
même des aunes d'Amérique y qui ne croissent jamais à plus
de dix à douze pieds , et qui cependant ressemblent on ne
peut plus à celui dont il vient d'être question, (d.)
AUNE NOIR. C'est la Bourdène. (b.)
AUNÉE. Espèce de plante du genre Inule. (b.)
AUQUE. C'est l'OiE femelle dans quelques cantons, (b.)
AURA ou OUROUA. Les Indiens de la Guyane fran-
«jaise appellent de ce nom un vautour. V. Gallimaze. (v.)
AURADE. C'est le Zée gal et le Spare Dorade, (b.)
AURADO. Nom vulgaire du Spare Dorade, (b.)
AURANNE. C'est I'Holacanthe de deux couleurs.
AURANTIACEES. Famille de plantes. Ce n'est pas
tout-à-fait la même que celle des Hespérides de Ventenat,
d'après les démembremens opérés par Correaet Mirbel. (b.)
AURA SEMINALIS. Nom latin employé par quelques
physiologistes , pour indiquer le principe fécondant de la
Semence des animaux et du Pollen des végétaux. V. ces mots
et Fécondation, (b.)
AUREILLETOS. C'est la Renoncule ficaire, (b.)
AURELIE , Aurélia. On a désigné par ce mot les nym-
phes de la plupart des insectes , et pbis ordinairement celles
des lépidoptères diurnes , à cause de leurs couleurs brillantes et
dorées. V. Nymphe , Chrysalide, (o.)
AURELIE , Aurella. Genre établi par Péron , aux dé-
pens des Méduses de Linnœus. Ses caractères sont : corps
orbiculaire, transparent , muni de bras sous l'ombrelle et de
tentacules à ses bords ; point de pédoncules ; quatre bouches
au disque inférieur.
Ce genre renferme huit espèces , parmi lesquelles plu-
sieurs sont anciennement connues ., comme les Méduses
AURiTE de Muller et Aurite de Battch , qui forment deux
espèces distinctes ; les Méduses phosphorée de Spallan-
zani , Cruciate de Forskal , et Radiolée de Borlasch. (b.)
AURELIE , Aurella. Genre établiparM. Henry Cassini,
pour placer I'Inule glutineuse , qui n'a pas les caractères
des autres. F. Donie , Astère et Inule. (b.)
AURÉOLE. V. Passerine auréole, (v.)
^ AUREOLES, yi«7ro//. Troisième famille de Tordre des oi-
seaux Sylvains, et delà tribudcsZYGODACTYLES.r F. ces mots.)
m. 6
s. A TT R
•Caractères : pieds courts , tarses annelés , emplum^s par de»-,
vant ; doigts antérieurs étroitement réunis jusqu'au-delà du
milieu ; bec allongé , tétragone , presque droit , pointu ;
douze rectrices. Cette famille ne renferme qu'un seul genre ,
celui du Jacamar. V ce mot. (v.)
AUPJCULAIRE , Jun'cularia. Genre de plantes de la
cryptogamie et de la famille des Champignons , éta}>li par
Bulliard. On le définit : substance ordinairement membra-
neuse ou coriace , d'abord appliquée , par tous les points
de sa surface inférieure , sur des troncs d'arbres ou sur la
terre, se renversant ensuite , à mesure qu'elle se développe,
pour la dispersion des bourgeons séminiformes qui sont sur
cette surface inférieure.
Le nom à'auriculaire a été donné à ce genre , parce que
quelques-unes des espèces qui le composent sont épaisses eï
plissées , à-peu-près comme Voreille dt l'homme.
Bulliard compte sept espèces de ce {^enre aux environs de
Paris , et Gmelin en mentionne dix-hui. en Allemagne , sous
le nom de Thelepuore. V. ce mot.
Les espèces les plus corcmu;ic*sont :
L'Auriculaire tréméloïde , qui est vivace , gélatînoso-
cartilagineuse , ciliée par zones en dessus , et creusée de
fossettes en dessous. Elle croît sur les vieilles souches d'ar-
bres. C'est principalement au printemps qu'on la remarque.
L'Auriculaire réfléchie , qui est vivace , coriace et fort
mince ; sa surface supérieure est zonée et velue , sa surface
inférieure est unie et quelquefois légèrement veinée. Cette
espèce se trouve très-communément sur les vieux bois ; elle
varie extraordlnairement dans ses couleurs , dans ses dimen-
slons , et est souvent imbriquée.
L'Auriculaire corticale est vivace , coriace , mince el
glabre, jamais latérale; sa surface inférieure , d'abord d'un
i)lanc roussâtre , prend à la longue une teinte rembrunie. Ce
n'est jamais qu'à la surface inférieure des branches d'arbres
mortes, et le plus souvent sur celles qui sont tombées depuis
long-temps , qu'on la rencontre, (b.)
AURICULE. V. Primevère, (b.)
AURICULE t Auricula. Genre de testacés de la classe de$
"Univalves , dont les caractères sont d'avoir : une coquille
ovale ou oblongue , à spire peu saillante , à ouverture en-
tière , plus longue que large , rétrécie supérieurement ; un
ou plusieurs plis sur la columelle , indépendans de la décur-
rence du bord droit sur la base du bord gauche. Il a aussi été
appelé Melanopside.
Lamarck a établi ce genre sur des coquilles que Liunajus
A tJ R 83
Aroît placées parmi les Volutes , et Bruguîères parmi les
BuLiMES. Elles diffèrent bien peu de celles qui restent dans
ce dernier genre.
La plus remarquable ou la plus connue des espèces qui le
composent , est l'AuRicuLE de Midâs, vulgairement appelé
oreille de Midas , coquille terrestre de quatre à cinq pouces
de long , qui nous vient de Tlnde ou des îles qui en dépen-
dent. Elle est conique , ridée ; sa lèvre extérieure est épaisse,
et offre dans son milieu un renflement remarquable. La lèvre
gauche est d'autant plus épaisse que la coquille est plus
vieille , et forme une saillie sur les parois internes de l'ou-
verture contre lesquelles elle est collée. La columelle a deux
gros plis dont la direction est différente.
Lamarck a décrit sept espèces fossiles de ce genre daçs
les Annales du Muséum , lesquelles se trouvent presque
toutes aux environs de Paris.
Le genre Scarabe lui a enlevé quelques espèces, (s.)
AURICULIÏE. Nom de la Griphite. (b.)
AURIOL. C'est le Maquereau, (b.)
AURIOLE. V. Lauréole. (b.)
AURION ou AURIOL. Nom français du Loriot, (s.)
AURIPEAU. V. Oripeau. (s.)
AURITE. Poisson du genre des Labres, (b.)
AUROCHS. On a regardé long-temps V aurochs ou bœuf
de montagne des Allemands , unis des Latins , comme la
souche primitive de notre bœuf domestique. Il paroît néan-
moins devoir constituer une espèce particulière. V. Bœuf.
(desm. et s.)
AURON. Nom spécifique d'une Couleuvre d'Amérique.
(B.)
AURONE DES CHAMPS. On donne ce nom à 1' Ar-
moise CHAMPÊTRE. (B.)
AURONE MALE. C'est l' Armoise aurone. (b.)
AITrONE femelle. C'est la Santoline a feuilles
DE Cyprès, (b.)
AURORAS. Nom d'une Quamoclite du Pérou, Spomea
glandulifera. (b.)
AURORE BORÉALE ou AUSTRALE. On se sert de
ce nom pour désigner un phénomène lumineux qui paroît
quelquefois dans l'atmosphère du côté des pôles de la terre ,
soit au nord , soit au sud. C'est une grande lumière rougeâtre
et diffuse , qui s'élève vers le ciel comme feroit la lueur d'un
grand incendie. Chaque contrée de la terre ne peut voir que
les aurores émanées du pôle dont elle est la plus proche.
Elles semblent d'autant plus vives et sont d'autant plus faci-
lement observables, que l'on est moins éloigné de ce pôle.
«4 A U T
Ainsi, nos contrées d'Europe ne peuvent voir que des au-
rores boréales , et elles sont beaucoup plus belles en Lapo—
nie et en Russie qu'en Italie ou en France. Cook a vu des
aurores australes dans les mers du Sud. D'après cela , on
voit que la convexité de la terre peut cacher ce météore, et
en conséquence , on peut affirmer qu'il ne se forme ni ne s'é-
lève à des distances bien considérables de la surface ter-
restre. On a observé que son apparition occasionoit pres-
que toujours des agitations irrégclières dans la direction de
l'aiguille aimantée. Des personnes, qui ont voyagé dans le
Nord, prétendent, Gmelin entre autres, que les aurores bo-
réales excitent dans l'air un pétillement sensible : mais ce
fait n'est pas suffisamment constaté. La cause qui produit
ces phénomènes est tout à fait inconnue , et il ne faut pas s'en
étonner quand on voit qu'on a si peu d'observations détail-
lées et précises sur leurs particularités les plus impor-
tantes. (BIOT.)
AURORE. Nom donné par Geoffroi à un papillon
( P. cardamines , Lin. ) , qui se rapporte maintenant au genre
des Piérides. V. ce mot. (l.)
AURORE. Espèce de couleuvre, (b.)
AURUELO. C'est la Centaurée solsticiale. (b.)
AU RU OU. Nom provençal du Loriot, (v.)
AUSERDA. La Luzerke porte ce nom aux environs de
Perpignan (b.)
AUiSQUOY. Selon quelques auteurs , c'est le nom que les
Hurons donnent au renne d' yimérique ou caribou. V. Cerf, (s.)
AUSTRALITE ou AUSTRALSAND , sable grisâtre,
composé de silice d'alumine et d'un peu de fer , trouvé à
Sidney-Cove à la Nouvelle-Hollande.
AUTA o-i AUTAN. Vent du Sud. (b.)
AUTOM ALITE. Nom donné par M. Eckeberg à un mi-
néral trouvé par lui à Falhun en Suède, et qui a de grandvS
rapports avec le Spinelle^ d'après l'opinion de M. Berzelius.
V. SpI>ELLE I NC1FÈRE. (L.)
AUTOMNAL. V. Fringille automnale, (v.)
AUTOUR. Espèce d'écorce que l'on fait entrer, dit-on,
dans la composition du carmin , et qui nous vient du Levant
par la vole de Marseille. Elle est assez semblable à la can-
nelle , mais plus pâle, avec des points brillans en dedans. On
ignore quel est l'arbre qui la produit. (B.)
AUTOURS. Oiseaux du genre Epervier. T. ce mot. Cv.)
AUTOURSIER, AUTÔURSERIE. Voyez, à l'article
Epervier, l'espèce de TAu tour, (desm.)
AUTRU CHE, Stnithio. Linncpus a rangé les autruches dans
5on ordre àcs sallinacés ; eu effet jces oiseaux ont aveclesgalli-
A TT T 8,^
«acés de grands rapports dans le bec elle régime. Lstham
les a classés dans un ordre particulier, intermédiaire des gal-
linacés et des grallœ. M. Cuvier en fait la première famille des
«•V;/îa.s5/«rj, probablement d'après la nuditédubasdelajambeet
la longueur des pieds. Du moins c'est ce qui m'a déterminé à me
conduire de même dans ma nouvelle ornithologie élémentaire.
AUTRUCHE, Slruthio. Genre de Tordre des £chas-
SIERS, et de la famille des Mégistanes. {Voyez ces mots.) fa-
racières :hec àvoii^ médiocre , déprimé , à pointe arrondie
et onguiculée; mandibules égales;narioesobIongaes, couvertes
d'une membrane, ouvertes vers le milieu du bec; langue
courte , épaisse , charnue , un peu échancrée à la pointe ;
tête un peu aplatie ; chauve ; calleuse en dessus ; pieds
robustes et très-longs ; jambes charnues jusqu'au genou; deux
doigts dirigés en avant , point derrière ; l'externe a cinq
phalanges et point d'ongle , l'interne a quatre phalanges,
avec un ongle large , obtus et oblong ; ailes à double
éperon , et privées de rémiges. Ajoutons à ces caractères, que
les autruches ont , dit M. Guvier {Règne animal disti-ilnié
d'après son organisation^^ un énorme jabot, un ventricule con-
sidérable entre le jabot et le gésier , des intestins volumi-
neux, de longs cœcums et un vaste cloaque où l'urine s'accu-
mule comme dans une vessie ; aussi ce sont les seuls oi-
seaux qui urinent. Leurs muscles pectoraux sont fort minces,
mais leurs postérieurs ont repris en force ce que leurs
ailes ont perdu ; les muscles de leurs cuisses et surtout de
leurs jambes , ont une épaisseur énorme.
L'Autruche , Slruthio camelus, Lath. Si l'on considéroit
la faculté de voler comme un attribut essentiel des oiseaux ,
il faudroit rayer Vaiitmrhe du catalogue des animaux de cette
classe. Elle ne vole point , et ni ses ailes ni sa queue n'ont
la mécanique nécessaire pour le vol. Les plumes qui les com-
posent sont molles , effilées et très-flexibles ; leurs barbes
sont des filets détachés , sans consistance ni adhérence ré-
ciproques , n'ayant même aucune disposition à s'accrocher; en
sorte que , par cette conformation particulière des grandes
plumes qui servent au mouvement des oiseaux, autant que
par sa pesanteur, Vautniche ne peut s'élever dans les airs.
Elle reste attachée à la terre comme les quadrupèdes , avec
lesquels ont lui reconnoît encore d'autres points d'analogie.
Du poil au lieu de duvet , couvre la plus grande partie de
son corps ; sa tête aplatie et fort petite , si on la compare
au volume du corps , est presque nue , de même que la pbis
grande partie de son cou mince et long de trois pieds ; l'o-
rifice de ses oreilles est à découvert , et seulement garni de
poils dans le canal auditif; sa paupière supérieure est mobile ,
85 A U T
et bordée de longs cils ; ses yeux sont grands et vifs ;
leur forme totale, disent les anatomistes de l'académie des
sciences, a plus de rapports avec les yeux humains qu'avec
ceux des oiseaux; et ils sont disposés de manière qu'ils
peuvent voir tous deux à la fois le même objet. Ses jam-
bes , dénuées de plumes, sont très - grosses ; ses grands
pieds nerveux , charnus et renforcés en devant par un
rang de grosses écailles épaisses , qui s'étendent jusqu'à
l'ongle du grand doigt , ont beaucoup de ressemblance
avec les pieds du chameau. La forme des pieds n'est pas la
seule conformité que Vautniche ait avec le chameau ; elle a,
comme ce quadrupède , une callosité à la poitrine et une
autre à l'endroit des os pubis ; son sternum n'est pas sail-
lant, comme celui des autres oiseaux, mais il est aplati
et arrondi en forme de bouclier ; son dos est arqué , mais
non pas néanmoins chargé dune bosse ; et lorsqu'elle veut
se coucher, elle le fait en trois temps , à la manière du cha-
meau , en pliant d'abord le genou , et s'appuyant ensuite
sur le sternum, enfin , sur toute la partie inférieure du corps.
Et il faut que ces rapports de ressemblance entre deux ani-
maux, qu'au premier coup d'œil on juge fort éloignés Tun
de l'autre , soient bien frappans , puisque tous les peuples
delOrienl qui conncnssaniVautniche , la nomment , chacun
dans leur langue , oiseau-chameatt.
Son bec, mousse à son bout, aplati surl'arcte, et ayant
une large ouverture, n'a guère plus de longueur que sa petite
tête ; celle-ci porte à son sommet une plaque cornée. Les
ouvertures des narines placées près de la base du bec , ont
dans le milieu une protubérance cartilagineuse, revêlued'une
membrane très-fine. La langue est sans aucun vestige de
papilles nerveuses. L'organe de la génération dans le mâle
est assez considérable et composé de deux ligamens blancs ,
solides et nerveux , ayant quatre lignes de diamètie , re-
vêtus d'une membrane épaisse , et qui ne s'unissent qu'à
deux dr>igts près de l'extréînité. Le tout est renfermé dans une
menibrane commune , de môme substance que les ligamens,
quoique cependant m( ins épaisse et moins dure. Cette verge
n'a ni gland, ni prépuce ; elle sort de plusieurs pouces
lorsque l'animal fienle ; et dans l'érection , elle a la forme
d'une langue de bœuf. La femelle a aussi une sorte de
clitoris.
Ij'aiitruche est un géant dans la classe des oiseaux ; c'est
le plus grand de tous ; elle atteint jusqu'à sept ou huit pieds
de hauteur , et a environ quatre-vingts livres de poids. Son
plumage est noir , avec quelques plumes grises et blanches
sur le corps : les grandes plumes des ailes et celles de la queue
AU T S7
sont blanches ; lap«au presque nue de son cou , est couleur
de chair , et elle prend , de même que celle des cuisses ,
tine teinte de rouge vif, dans le temps du rut ;• J'iris des yeux
est de couleur de noisette. La femelle est brune et d'un gris
cendré, partout où le mâle est d'un noir éclatant, et elie
n'a de plumes noires qu'à la queue et aux ailes. Les jeunes
sont d'un gris cendré la première année ; ils ont aussi de»
plumes sur le cou ^ la tôte et les cuisses , mais elles tombent
bientôt d'elles-mêmes pour ne plus revenir sur ce-s parties.
Deux piquans semblables à ceux à\i porc-épic , arment chaque
aile.
Cet oiseau , purement terrestre , court avec beaucoup
de rapidité ; il déploie dans sa course les plumes de ses ailes
et de sa queue ; non pas qu'il en lire aucun secours pour aller
plus vite, comme on le croit communément, mais par un
effet tiès-ordinaire de la correspondance des muscles. Et
suivant la remarque de Guenau-de-Montbeillard , la preuve
sans réplique que ce n'est point pour accélérer son mouve-
ment que Vuuli-HchevGXëvQ ainsi ses ailes , c'est qu'elle les re-
lève lors même qu'elle va contre lèvent, quoique dans ce cas
elles ne puissent être qu'un obstacle. Les lieux les plus arides
de la terre, mais en même temps les moins limités, les plus,
déserts, et par conséquent les plus libres, sont ceux qu'elle
habite et qu'elle parcourt en tous sens avec une vitesse in-
concevable. On la trouve dans les sables et les solitudes de
l'Afrique ^ depuis TEgvpie et la Barbarie , jusqu'au Cap de
Bonne-Espérance , dans les îles voisines et les parties de
l'Asie qui conGnent à ce continent; elle est moins commune
aux environs de Goa qu'en Arabie , et elle ne paroît plus
au-delà du Gange , quoiqu'au rapport des anciens , elle y
ait existé autrefois. L'on voit souvent des autniches réunies
en grandes troupes ; c'est ce qui a fait croire qu'elles ne
s'assortissoient point par paires. Cependant , il paroît cer-
tain que chaque mâle n'a qu'une femelle , et les faits con-
traires rapportés dans les récits des voyageurs , ne semblent
point réels. Lt'autruclie connoît donc l'amour et la constance :
c'est transformer les déserts en des lieux de délices.
Ajoutez que cet animal a la puissance de multiplier ses
jouissances, et de répéter fréquemment, et avec la même
ardeur ,, l'acte de sa reproduction. Le mode de son accou-
plemeat n'a rien de particulier ; le mâle , un pied sur la
terre , pose l'autre sur le dos de la femelle accroupie , dont
il saisit, de son bec, quelques plumes pour se soutenir. Tous
deux , par des sons sourds et entrecoupés , des murmures ,
des mouvemens de leur tête et de leur cou qu'ils avancent
et retirent successivement , ainsi que par de fréquentes tié-.
88 A TT T
pklations , annoncent les sensations les plus vîv^s. T)'aprè5
ce que j'ai dit de la conformation de« parties sexuelles,
on concevra aue ces accouplemens ne se passent point en
simples compressions, comme dans presque tous les oiseaux ;
aussi durent-ils beaucoup plus long-temps.
La ponte des autniches se compose ordinairement de quinze
œufs environ , dont elles couvent ordinairement dix , les
autres étant épars à quelque distance ; vraisemblablement
parce que le nid en contient plus qu'elles n'en peuvent couver.
Ce nid n'est, à bien dire, qu'un enfoncement formé par
l'oiseau engratantdans le sable fin ; mais il le cache soigneuse-
nientdansles lieuxlcsplussolilaireset lesplusretirés; ilaquel-
ques pouces d'élévation et trois pieds de diamètre ; à l'entour
règne une rigole , dans laquelle l'eau de la pluie se rassemble.
La durée ordinaire de l'incubation, est de six semaines. C'est,
du moins , ce qui a lieu dans les contrées où les autruches
couvent à la manière des autres oiseaux, et particulièrement
dans les terres méridionales de l'Afrique. Sous la zone tor-
ride , elles se contentent de déposer leurs œufs dans le sable.
Pendant le jour , la seule chaleur du soleil suffit pour les
faire éclore , et la mère les couve pendant la nuit : cela même
n'est pas nécessaire, puisqu'on en a vu éclore, qui n'avoient
point été couvés par la mère , ni même exposés aux rayons
du soleil. Claude Jannequin , sieur de Rochefort, Châlon-
nois , qui fit un voyage au Sénégal en i638 , raconte qu'un
nègre lui ayant fait présent de deux œufs à'autniche pour
apporter en France , il les enveloppa d'étoupes et les mit
dans un coffre. Quelque temps après , le voyageur ouvrant
ce coffre, fut Irès-surpris de trouver un des œufs cassé,
et une petite autniche y remuer ; il la conserva pendant huit
jours en lui donnant la béquée avec des herbes hachées.
Mais dans les climats où les autruches ne couvent point ou
que très-peu leurs œufs , ils s'en faut beaucoup qu'elles les
abandonnent ; au contraire , elles veillent assidûment à leur
conservation, et ne les perdent guère de vue. Alors, quoique
surprises par les hommes , elles ne s'éloignent pas de l'objet
de leur sollicitude ; elles se contentent de courir en faisant
des circuits et déployant leurs grandes plumes. Cette allure
est un indice que leur nid est dans le voisinage ; car quand
elles n'en ont point, elles fuyent quelque temps en ligne
directe. Malgré la grande différence du climat , on a vu des
autruches pondre en France ; mais on a essayé en vain de
faire éclore leurs œufs.
Ils sont très-durs , très-pesans et très-gros; leur poids
s'élève jusqu'à- trois livres. Leur fond est blanc sale , marbré
de jaune clair ; ils sont bons à manger ; on les recherche
A TT T Sg.
en Afrique comme une friandise , et on les y appvcte de
différentes manières. La plus ordinaire et ïa meilleure , est
de les brouiller en les faisant cuire avec beaucoup de beurre.
I!s sont assez gros , pour qu'un seul suffise au repas d'un
homme. On fait , avec la coque de ces œufs , des espèces
de coupes qui durcissent avec le temps , et ressemblent , en
quelque sorte , à de l'ivoire légèrement Jaunâtre ; on s'en
sert comme de vases de porcelaine. Les œufs entiers, sus-
pendus aux voûtes, sont une des décorations les plus ordi-
naires dans les mosquées des Musulmans , comme dans les
églises des chrétiens d'Orient, et ils servent de panxre aux
Hottentots. Aussitôt que les ']eune s aidnicJies sont écloses,
elles peuvent marcher et chercher leur nourriture.
Ib'mdmche a l'ouïe fine et la vue perçante ; mais , en même
temps , les sens du goût et de l'odorat extrêmement obtus » et
presque nuls. C'est à cette oblitération de ces deux sens , au-
tant qu'à son excessive voracité , qu'il faut attribuer le peu de
discernement qu'elle apporte dans le choix de sa nourriture.
En effet ; quoiqvie Vaidriiche soit , à proprement parler , her-
bivore , et qu'on la voie souvent , au midi de l'Afrique , paître
de compagnie avec le zèbre et le couaggha , elle avale néan-
moins, non-seulement toutes les substances végétales et ani-
males , mais encore les matières minérales , celles même qui
sont les plus pernicieuses , du fer , du cuivre , du plomb , des
pierres , de la chaux, du plâtre, du verre , du bois, enfin tout
ce qui se présente , jusqu'à ce que ses grands estomacs soient
entièrement pleins. Quelques auteurs ont avancé qu'elle ava-
loit impunément du fer rouge. Sa digestion est aussi facile que
prompte ; de là vient qu'en parlant d'une personne qu'aucun
aliment n'incommode , l'on dit qu'elle a un estomac d'au—
tniche. Il est certain que l'estomac de Vaidniche digère ou dis-
sout en partie les corps durs , principalement par l'action d'un
suc dissolvant et par celle des chocs et frottemens qui peuvent
aider à cette action principale. Mais ces animaux sont souvent
victimes de leur aveugle et insatiable gloutonnerie. On en a
vu périr pour avoir dévoré une grande quantité de chaux vive ;
d'autres, empoisonnés par une trop grande quantité de cuivre,
et d'autres dont les intestins etoient percés par des clous ava-
lés , etc., etc.
Les Arabes disent que les autruches ne boivent point ; elles
doivent au moins boire rarement , puisqu'elles vivent , pour
la phipart , dans des pays brûlans et arides , où il ne pleut
point , ou que très-peu , et dans lesquels les amas d'eaux sont
fort éloignes les uns des autres ; et je ne pense pas que le fait
particulier à l'autruche dernièrement nourrie à la ménagerie
de Paris , suffise pour détruire l'opinion commune chez, les
9, ^ A UT
peuples accoutumés à voir les autruches dans l'état naturel
ou de liberté , opinion que le raisonnement et l'analogie-
rendent encore plus vraisemblable. Il ne peut manquer , en
«ffet , d'arriver de grands changemens dans la constitution
physique , et par conséquent dans les habitudes d'un animal
destiné par la nature à la liberté la plus illimitée , et que Ton
emprisonne dans une loge étroite , où il languit dans la priva-
tion de plusieurs de ses facultés , et particulièrement de celle
de courir , qui lui est si familière, lu'autruche prisonnière à
Paris, buvoit en été quatre pintes d'eau par jour, et cnliiver,où
•on la tenoit encore plus exactement renfermée , elle en buvoit
plus de six pintes. Cette différence dans la quantité df boisson,
proportionnée au plus ou moins de gêne que l'animal ressent ,.
ne montre-t-elle pas clairement que la soif qu'il éprouve
vient, en plus grande partie , de son état de contrainte .'*
Malgré l'amour inouï que les autruches ont pour la liberté,,
elles supportent l'esclavage avec assez de tranquillité. En
quelques lieux de l'Afrique , on en élève des troupeaux et on
parvient à les apprivoist>r et même à les dresser , jusqu'à s'en
servir comme de montures , à la vérité fort Indociles. On les
dit très-slupldes ; mais il y a , suivant toute apparence , de
l'exagération sur ce point de leur histoire. Quoique douées
d'une grande force , elles conservent les mœurs paisibles des
granivores ; elles n'attaquent point les animaux plus foibles ;
rarement même se mettent-elles en défense contre ceux qui
les attaquent. La rapidité d'une prompte fuite est le seul moyen
quelles emploient pour se soustraire aux plus pressans dan-
gers ; et celle douceur de caractère , cette sorte de timidité^
auront donné lieu aux fables que, dès le temps de Pline, l'on a
débitées au sujet de leur naturel stupide. Dans les pays cul-
tivés , ces animaux dévastent les nmissons ; ils viennent par
Landes dévorer les épis , et ne laissent que la tige. Leur corps
étant à peu près de niveau avec l'épi , ils baissent le cou pour
manger , en sorte qu'on ne les aperçoit pas ; mais au moindre
bruit ils lèvent la tête , et prennent la fuite avant que le chas-
»eur soit à portée de les tirer.
Les Orientaux parlent très-souvent du cri de V autruche ^
dont les Grecs ne font aucune mention; les écrivains sacrés
le comparent à un gémissement , et le nom de iœnath, qu'ils
donnent à l'oiseau , est formé à'ianuth , qui , en hébreu ,
•Ignifie le cri plaintif et entrecoupé que les Latins nommolenfc
ulidatus, et que les feinmes d'Kgypte ont conservé lorsqu'elles
suivent un convoi funèbre. La voix du mâle est plus forte
que celle de la femelle , et tous deux soutient comme les
•ies quand on les irrite.
On peut voir , dans le livre de Job , une description vrai-
A U T eji
ment poétique de Vautruche. Cependant Moïse avolt interdit
aux Juifs la chair de cet oiseau comme une nourriture im-
monde. Les Mahométans ont adopté la même interdiction ,
et les Arabes , grands chasseurs d'autruches , n'en mangent
point. Cette viande étoit eu usage chez les Romains ; Apicius
prescrit la manière de la préparer ; et Héliogabale , aussi
glouton que les autruches , eut la fantaisie de se faire servir
la cervelle de six cents de ces animaux dans un seul repas.
Des nations entières de l'Arabie méritèrent le nom de stru-
ijiophages , par l'usage où elles étoienl de manger ces oiseaux ,
et plusieurs peuples de l'Afrique s'en nourrissent encore au-
jourd'hui. Les jeunes passent pour être meilleures que les
femelles , et celles-ci pour être préférables aux mâles. En
tout , ce n'est pas un très-bon mets. Les autruches deviennent
fort grasses , et leur graisse forme quelquefois une couche
épaisse de plusieurs doigts et même de plusieurs pouces, sur
les intestins. Lorsque les arabes ont tué un de ces oiseaux ,
ils lui ouvrent la gorge , font une ligature au-dessous de l'ou-
verture , et le prennent ensuite à trois ou quatre ; ils le se-
couent et le ressassent , comme on ressasseroit une outre
pour la rincer, après quoi la ligature étant défaite, il sort ,
parle trou fait à la gorge , une quantité considérable d'une
substance grasse , mélangée de sang et de graisse , et de là
consistance d'huile figée ; ils en tirent jusqu'à vingt livres d'une
seule autruche , et ils s'en servent pour la préparation de leurs
mets , et contre les douleurs de rhumatisme , les humeurs
froides , la paralysie. Pline dit que les Romains employoient
cette graisse aux mêmes usages , et qu'ils l'estimoient fort
cher.
Mais ce n'est pas seulement pour la chair et pour la graisse
que, dans tous les temps , les peuples de l'Afrique et de l'Asie
ont fait la chasse aux autruches ; leurs dépouilles ont fourni
aussi à ces mêmes peuples des objets d'utilité et de commerce.
Quand les Nasamones , habitans de la Lybie , alloient à la
guerre , ils portoient pour armes défensives des peaux d'au-
iruche , et quelques tribus d'Arabes se servent encore de ces
sortes de cuirasses. Les caravanes de Nubie apportent au
Caire une grande quantité de peaux à'' autruches tout emplu-
mées , dont le cuir est très-épais. Les longues plumes blanches
des ailes et de la queue , inutiles pour le vol de Vautr-uche ,
et qui ne lui servent que de parure , deviennent aussi , par
leur mollesse et leur jeu , un ornement que notre luxe recher-
che. U s'en fait une grande consommation en Europe ; on les
voit ombrager la tête des guerriers , flotter mollement sur la
chevelure des femmes , et fonner des touffes aussi riches
qu'élégantes au-dessus des plus beaux ameublemens , des
g. A IJ T
dais , des catafalques , etc. L'on en fait de très-beaux éven-
tails à Constanlinople. Les Nègres de Congo les mêlent avec
les plumes du paon , pour en faire des enseignes militaires.
On les apprête , on les tord de différentes manières , et on
les teint en diverses couleurs ; celles des mâles sont plus
susceptibles de retenir les teintures que celles des femelles;
elles sont aussi plus larges , mieux fournies et plus fines. Il
est bon de savoir encore que les plumes dont on fait le plus
de cas , s'arracbent à l'animal viva^iit , et on les reconnoît en
ce que leur tuyau , étant pressé dans les doigts , donne un suc
sanguinolent ; celles , au contraire ,' qui ont été arrachées
après la mort , sont sèches , légères et fort sujettes aux vers.
On emploie les plumes grises qui sont sous le ventre de Vau-
iniche, à diverses garnitures, après qu'on les a frisées avec le
couteau. Toutes ces plumes , que notre luxe a su découvrir
au milieu des solitudes les plus sauvages et les plus stériles ,.
nous viennent , par la voie du commerce , du Levant , de
Barbarie et de la côte occidentale de l'Afrique. Il s'en char-
gcoit chaque année , pour Marseille , dans le seul port d'Ale-
xandrie , pour 4.0 ou 00,000 francs.
Chasse de l'Autruche. — Les strulhophages chassoient les
autruches avec l'arc. Quelquefois ils se couvroient de leurs
peaux en passant la main droite dans le cou, et lui donnant
les mêmes mouvemens que si l'animal eût été vivant ; de
Tautre main , ils répandoient du grain , afin d'attirer les au-
truches dans les pièges qu'ils leur avoient préparés. On leur
lendoit aussi des filets ; mais ces deux manières de prendre
les autruches , la première décrite par Slrabon , et la se-
conde par Oppien , ne sont plus en usage » et les peuples
modernes ne se servent plus guère que de chiens et de che-
vaux , comme cela se pratiquoit au temps de Xénophon.
C'est avec ses coursiers si renommés que l'Arabe fait la
chasse à Vautmche ; c'est un des exercices dans lequel il <lé-
ploie le plus d'adresse et d'industrie , comme son ch(ival le
plus d'impétuosité ; et si l'oiseau apporloit plus d'intelligence
dans sa fuite , sa course , plus rapide que celle du cheval le
plus léger, l'auroit bientôt mis hors des atteintes et même
hors de la vue de ses ennemis. Mais V autruche décrit presque
toujours un cercle plus ou moins étendu, que l'Arabe sait
couper à propos. Il parvient ainsi , à force de patience , et
souvent après huit à dix heures de fatigues , à dompter l'oi-
seau et à l'arrêter, en lui lançant un bdton entre les jambes.
S'il a des chiens lévriers , il en vient plus tôt et plus aisément
à bout. Quelques Arabes plus patiens se tiennent à l'afftit
derrière des buissons , et attendent que leur proie passe à
leur portée pour la tirer à coups de fusil.
A U T 93
Les autres peuples d'Afrique se servent , pour courir l'au-
truche , de chevaux barkes , qui, après les chevaux arabes,
sont les premiers du monde pour la vitesse ; ils y joignent
aussi des lévriers qui achèvent de la harasser. Dans les pays
entrecoupés de montagnes , tels que le Cap de Bonne-Espé.»
rance , le chasseur mén;ige son cheval et l'empêche de ga-
ioper trop vite , jusqu'à ce qu'il puisse apercevoir encore l'au-
truche du sommet de quelque montagne ; alors l'oiseau , qui
l'a descendue en courant , se refroidit lorsqu'il est au bas ,
ses articulations se roidissent , et il manque rarement, au
moins à la troisième course , de se laisser prendre en vie , ou
de rester sous le fusil du chasseur. Mais Ton conçoit combien
il y a de risques à descendre au galop des hauteurs aussi
rudes qu'escarpées.
L'AUTRUCHE.À CAPUCHON OU ENCAPUCHONNÉE. V. DrONTE,
L'Autruche bâtarde. V. Nandou.
L'Autruche de la Guyane. Dénomination donnée mal
à propos à Vaidnuhe de Magellan^ qui n'aime que les contrées
les plus froides de l'Amérique méridionale , et qui n'existe
point à la Guyane. F. Nandou.
L'Autruche de Magellan. V. Nandou.
L'Autruche d'Occident V. Nandou.
L'Autruche volante. F. Outarde d'Afrique, (s. etv.)
AUTUKSSIER. La même chose <\\x auloursier. Voy. le
genre Épervier, espèce de l'AuTOUR. (desm.)
AUZUBE, Auzuba. Arbre de Saint-Domingue indiqué
incomplètement par Plumier. Il paroît devoir former un genre
voisin des Argans , ou être réuni à ce genre, (b.)
A VA. Liqueur enivrante que les habitans d'Otahiti et au-
tres îles de la mer du Sud préparent avec la racine du Poi-
vrier d'Otahiti {piper methyslicum^ Forster), en la mâchant,
et en la laissant fermenter. L'usage de cette liqueur hébète ,
amaigrit , rend les yeux rouges et la peau écailleuse. V. Poi-
vrier, (b.)
AVACARL C'est un Myrte de l'Inde, (b.)
AVAGNON. Nom d'une coquille bivalve , du genre
Came, que l'on mange comme les moules, (b.)
AVALANCHES ou LAVANGES et LAUVINES.
C'est le nom qu'on donne à des masses de neige qui se déta^
chent, surtout à la fm de l'hiver, du sommet des hautes mon-
tagnes, et qui s'augmentent en roulant, à un tel point, que
lorsqu'elles arrivent dans les vallées, elles y ensevelissent lus
habitations et y causent d'autres grands ravages.
Les avalanches renversent et détruisent tout ce qui se ren-
94 ^ ^' ^
conlrc sur leur passage ; elles s'élancent , dit l'historien des
Alpes, avec une rapidité comparable à celle de la foudre,
traversent et sillonnent des forêts en fauchant les plus grands
arbres à ileur de terre, avec un fracas plus terrible que celui
du tonnerre.
On se prémunit contre ces événemens , soit en laissant
subsister quelque portion de forêt au-dessus des villages , soit
en construisant de fortes murailles, situées de manière à pou-
voir briser l'effort des avalanches.
C'est ainsi qu'à Andermatl^ chef-lieu de la vallée d'Ur-
scren , sur la pente septentrionale du mont Saint-Gothard,
on a réservé un bois de mélèzes qui est vis-à-vis de ce bourg,
pour garantir la vallée de semblables désastres ( Saus-
sure^ §. i855). On a fait la même chose à Saint-Remi, au
pied du grand Saint-Bernard, du côté du Piémont, et dans
beaucoup d'autres lieux des Alpes.
A Barège dans les Pyrénées, on a construit sur le penchant
de la montagne, une forte digue en pierres sèches, en forme
d'éperon , qui met à couvert les bains et les maisons voisines
de la chute de ces masses de neige et des torreiis de pierre
qu'elles entraînent avec elles. Les autres parties du bourg sont
garanties par une foret que l'on consei've soigneusement.
{Pasuinot, Pyren. p. i85 et 218.) En Suisse et en Savoie, on
se sert du mot a\?alanc.hc ; axix Pyrénées on dit lavanchcy ou
lydts en patois du pays. (PAT. et Luc.)
Nous empruntons à Bomare l'article suivant :
On appelle en Suisse lamnnes ou la^anrhe une quantité de
neige qui se pelotonne en roulant du haut en bas des Alpes.
On en distingue deux espèces : celles qu'on appelle venteuses,
sont ordinairement accompagnées d'un grand vent qu'elles
augmentent encore par leur chute , au point qu'il brise le»
arbres, qu'il étouffe les hommes et les animaux, et qu'il
renverse les maisons. La rapidité surprenante avec laquelle
ces lauvines roulent jusqu'au bas des vallons où elles s'en-
caissent dans les enfoncemens et cavités qui s'y trouvent ,
met les voyageurs dans le plus grand danger ; cependant ,
comme elles ont peu d'épaisseur, on n'est pas toujours
étouffé; en quoi elles sont beaucoup moins dangereuses que
ia seconde espèce, que l'on appelle /m/i'mgs/o/îaè/w , parce
qu'elles détruisent complètement tout ce qu'elles rencon-
trent. Formées par une neige beaucoup plus compacte , elles
sont infiniment plus pesantes; elles s'étendent par consé-
quent moins que les premières , mais elles entraînent avec
elles les arbres, les pierres et les morceaux de roc qu'elles
trouvent dans la direction de leur chute. Comme elles cau-
sent dans les montagnes et les vallons un tremblement ac-
A V A q5
«ompagnë d'un bruit égal k celui du tonnerre , e41es donnent
ordinairement au voyageur averti, le temps de se soustraire
au péril par la fuite.
Les avalanches proprement dites , sont dclerminées ou par
l'agitation de Tair, ou par la fonte d'une partie des masses
de neige qui composent les glaciers , et par tout ce qui peut
contribuer à faire glisser les neiges, soit anciennement, soit
récemment entassées aux sommets des montagnes. Une très-
petite pelote s'accroît si fort en roulant , qu'avant d'arriver
au v?Uon elle peut acquérir la grosseur d'une maison , quel-
quci"'>is cf^lle d'une colline, et couvrir ensuite plusieurs ar—
pens de terre. On pense bien que les babiians des Alpe»
n'ont négligé aucun moyen de se garantir de ces ravages : ils
évitent d'abord de bâtir au pied d'une montagne qui s'élève
rapidement ; ils construisent leurs maisons derrière quel-
que petite colline capable d'arrêter ou de rompre la masse
des avalanches. Pour passer le mont Saint-Gothard , on tra-
•rerse la vallée d'Urseren, et l'on voit au-dessous dun village
un bois qui forme un trfangle, dans lequel il est défendu,
sous des peines très-rigoureuses , de couper des arbres, parce
qu'ils mettent ce village à l'abri des lauvines. En plusieurs en-
droits où elles sont à craindre , on a bâti des murs triangu-
laires, dont l'angle aigu est tourné vers le côté le plus dan-
gereux de la montagne. Quant aux voyageurs , on leur re-
commande en Suisse de prendre avec eux des guides qui con-
noissent les endroits les plus redoutables, de faire leur voyage
sans bruit, et de ne pas même parler haut. Enfin , pour der-
nière sûreté, on tire au milieu des vallons quelques coups de
pistolet pour ébranler et mettre en mouvement les pelotes
qui pourroient être sur le point de tomber. Dans les passages
étroits , on pousse , en hiver et au printemps , la précaution
jusqu'à remplir les sonnettes et les grelots des chevaux et des
mulets , craignant que leur son n'excite dans l'air un ébran-
lement capable de déterminer le choc de quelque lauvine. En
plusieurs endroits, surtout dans le pays des Grisons , on voit
au pied des montagnes des voûtes maçonnées et des cavités
pratiquées dans le roc , où l'on peut , en apercevant une lau"
vtne en mouvement , se retirer pour la laisser passer par-
dessus. On avertit aussi les voyageurs de ne pas regarder
long-temps les lauvines , quand même leur direction ne pà-
roîtroit pas dangereuse, parce qu'elles causent un vent si
violent , que les hommes et les animaux en sont étouffés.
Quelquefois les lavanches sont réduites en poussière à l'instant
de leur chute, et cette poussière glacée s'élève assez haut et
*e répand à une assez grande distance. C'est un spectacle des
plus beaux et des plus terribles qu'où puisse voir ; il faut en
y6 AVE
avoir été témoin pour s'en faire une idée précise. V. Neige ce
Glaciers, (luc.)
AVALEUR d'OS. Nom donné par les Anglais établis
dans rinde, à VArgala^ à cause de la gloutonnerie et delà
force de son bec cl de son estomac, qui lui permettent de
briser les os et de les digérer. V. le genre Jabiru. (v.)
AVANACU. Nom malabare du Ricin, (b.)
AVANCARÉ. Espèce de Haricot des Antilles, (b.)
AVANGOULE. C'est la Lentille dans quelques lieux.
(B.)
AVAOU. Nom othaïtien d'une Gobie. (b.)
AVAOUSSÈS. On appelle ainsi, sur les bords de la Mé-
diterranée , le Chêne kermès, (b.)
AVARAMO. Espèce d'AcACiE du Rrésil, dont on em-
ploie la décoction contre les ulcères, (b.)
AVARA PALU. Haricot de Ceylan. (b.)
AYARU. C'est I'Indigo. (b.)
A\AUX. Le Chêne kermès porte ce nom dans le dé-
partement du Gard, (b.)
AVAZ. Nom arabe de l'OiE. (s.)
AVEKONG. C'est la Tadorne au Groenland, (v.)
AVELANEDE. C'est en général la cupule du gland de
chêne , que l'on emploie dans quelques contrées pour le tan-
nage des cuirs ; mais c'est plus particulièrement celle du
Chêne vÉLANi , Quercus œgylops, Liim. , si bien figuré par
Olivier, pi. i3 de son Voyage dans l'empire Ottoman, (b.)
AVELINE. Nom d'une coquille terrestre d'Amboine.
C'est Vhelix scarabœus de Linnseus , dont Rruguières a fait
unRuLiME, et Denys Montfort, son genre Scarabe. (b.)
AVELINIER. Espèce ou variété du Noisetier , dont le
fruit est connu sous le nom à' Aveline, (b.)
AVENAT. Synonyme d'AvoiNE. (b.)
AVENKA. Nom d'une Adiante. (b.)
AVENERON ou AVERON. Espèce d' Avoine. V. ce
.mot. (B.)
AVENTURINE. On donne ce nom à des pierres de la
nature du quarz ou de celle du feldspath, qui , sur un fond
coloré et demi-transparent , offrent une multitude de petits
points brillans ordinairement de couleur jaune ou argentée ,
qui sont dus, soit à de petites lames glareuses de la pierre elle-
même, soit à quelques paillettes de mica ou autre substance
lamelleuse , dont l'extrême ténuité empêche souvent de re-
connoilre la nature.
JJ' aventun'ne la plus connue est celle d'Espagne , dont le
fond est un quarz rougeâlre, parsemé de points brillans, de
AVE 57
on a pu faire de petites tables d'une seule pièce ; mais de pa-
reils blocs de cette pierre sont extrêmement rares.
On trouve en Sibérie une belle variété à' aoentiiririe dans
quelques échantillons de ce feldspath vert , où Yauquelin a
découvert de la potasse. 11 forme quelques petits filons dans
une colline de schistes primitifs de la partie méridionale des
monts Oural , près de la forteresse de Tro'itzk^ sur la rivière
Oiii. Les lames de ce feldspath sont quelquefois parsemées
de petites parcelles micacées, d'un blanc argentin; mais cet
accident n'est pas commun : j'en ai rapporté des échantillons.
Quelques auteurs ont supposé que les variétés aventurinées
et non aventurinées de ce feldspath vert étoient deux subs-
tances distinctes, et ils les ont placées dans trois localités
différentes; l'une sur ks bords de la mer Blanche, et les
autres en Sibérie et ailleurs; et comme, dans l'histoire des
minéraux, le lieu natal est une des circonstances les plus im-
portantes , surtout à l'égard de ceux dont la rareté fait pré-
sumer qu'ils sont dus à quelque cause particulière , je crois
devoir faire observer que ce feldspath vert n'a été jusqu'ici
trouvé que dans le seul endroiC que je viens de désigner, qui
est à plus de cinq cents lieues de la mer Elanche. J'ai parlé
de cette pierre dans mon Hisl. nat. des Miner, t. i^ p. 68.
Le naturaliste Rome avoit trouvé un autre feldspath aven-
turiné dans l'île Cedlopaidi\ près d'Archangel. Il étoit de cou-
leur d'hyacinthe, demi-transparent, et parsemé de petits
points brillans de couleur d'or. Cette variété est connue des
joailliers, qui la prisent fort, et la nomment pierre du soleil.
V. QuARZ et Feldspath aventurinés. (pat. et luc.)
AVENTURINE NATURELLE. V. QuARZ AVENTURINÉ. (LUC.)
AVEÎSTURINE VRAIE. V. FELDSPATH AVCNTURINÉ. (LUC )
AYEPxANO. V. CoTiNGA. (desm.)
AVERNE. Les anciens appeloient cwernes les grottes ou
autres lieux souterrains d'où sortent des vapeurs méphitioucs ;
tels sont la grotte du chien , en Italie ; le pago di tripargola ,
dans la Campanie, etc. (s.)
AVERON ou AYENERON. C'est L'AvoI^E folle et
quelques Bromes, (desm.)
AVERRHOA. V. Carambolièr. (desm.)
AY'ERNO. C'est I'Aune commun en Provence, (b.)
AVETTE ou APETTE. Nom de Vabeille domestique, en
vieux français. Il est en usage dans quelques parties de la
France, (s.)
AVET, AVETTE, ABETE.NomsdepaysduSArm.(B.)
AVE VERANO. Nom que les Portugais donnent à un
CoTiNGA que Buffon a décrit sous le nom d'AvERANO. (v.)
AVEUGLE. Poisson qui forme seul un genre voisin des
m. n
98 AVI
Lamproies , genre que Bloch a appelé Gastrobranche, (b.)
AVEUGLE. Nom vulgaire de I'Anguis orvet, (b.)
AVICENNE, Adcennia. Genre de plantes de la didyna-
mie anglospermie, et delà famille des Gatiliers , dont les ca-
ractères sont d'avoir: un calice persistant, divisé en cinq par-
ties munies à leur base de trois écailles pointues ; une corolle
monopétale, dont le tube est campanule, court , et le limbe
presque labié , c'est-à-dire , partagé en quatre divisions iné-
gales, l'une supérieure, plane, un peu échancrée et pres-
que carrée; les trois autres ovales, entières et ouvertes; qua-
trje étamines , dont deux , plus longues, insérées dans le tube
de la corolle ; un ovaire supérieur, ovale, surmonté d'un
style bifide dont la division inférieure est courbée en bas;
une capsule coriice, ovale, rhomboïdale, un peu compri-
mée sur les côtés, uniloculaire, bivalve et monosperme; une
semence grosse , composée de quatre lames charnues réu-
nies par un de leurs côtés, desquelles il sort une radicule
oblongue , velue , qui germe dans le péricarpe môme.
Ce genre comprend trois arbres qui tous sont dans le cas
d'être mentionnés ici.
Le premier est l'AvicEXNE cotonneux , dont Forskaël a
fait un genre sous le nom de sceura , qui croît dans les Indes
et en Amérique , et dont on trouve le fruit chez les apothi-
caires, sous le nom à' anacarde orientale; c'est un très-grand
et très-bel arbre qui a les feuilles opposées , oblongues , lisses,
vertes en dessus , cotonneuses et blanches en dessous. Les
fleurs, d'une odeur agréable, disposées en panicules cour-
tes à l'extrémité des rameaux. Son bois est employé à beau-
coup d'usages économiques. On se sert de sou brou comme
caustique , et ses amandes se mangent , ou servent à faire
de l'huile, j^. Anacardier et pi. A. iSdeceDict. , où il est figuré.
Le second est l'AviCENNE luisant , qui s'élève à quarante
pieds de hauteur, et dont les habitans de la Martinique,
où il croît sur le bord de la mer, font un grand usage , sous
le nom de palétimer gris , pour leurs constructions. Ses ca-
ractères sont d'avoir les feuilles opposées , lancéolées , lui-
santes des deux côtés, et d«s fleurs en grappes terminales.
La troisième est I'Avicenne résinifère, qui croît à la
Nouvelle-Hollande. Ses caractères sont d'avoir les feuilles
larges , lancéolées et velues en dessous. 11 transsude de son
tronc une gomme de couleur verte , dont les naturels se
nourrissent et qu'ils trouvent très-bonne : on la croit cepen-
dant échauffante.
Les genres Gu APiREet Halodendron se rapprochent beau-
coup de celui-ci. (b.) ,
AVIGEPÏOLOGIJE. C'est la chasse aux oi^eaiw. (desm.)
A V I 59
AVICULE, Avîcula. Genre de testacés de la classe des
Bivalves , dont les caractères sont d'avoir ; une coquille
irrégulière , libre , un peu bâillante par ses crochets , se
fixant par un byssus , ayant ses valves d'inégale grandeur ,
la charnière calleuse et sans dents , la fossette du ligament
oblongue , marginale et parallèle au bord qui la soutient.
Ce genre, fort voisin des Crénatules de Lamarck, faisoit
partie de celui des Moules de Linnaeus, et a élé établi par
liruguières sous le nom à'kironde. Il renferme une douzaine
d'espèces dont les plus importantes à connoître sont l'Avi-
CULE HIRONDE , qui se trouve dans les mers d'Europe , et
l'AvicuLE PERUÈRE , qu'on pêche dans celles des Indes et de
l'Amérique.
L'AvicuLE HIRONDE est peu épaisse , plate, arrondie, et
porte dans la direction de ses charnières deux prolongemens
inégaux en forme d'ailes, qui augmentent sa longueur, au
point de la rendre double de sa largeur. La petite aile est
arrondie, et l'autre pointue ; la surface extérieure est lisse ,
jaune ou brune; l'intérieure est nacrée, et offre souvent des
tubercules de perle. Si on la voit, dans les cabinets , entière-
ment nacrée, c'est parce qu'on l'y dépouille de sa surface
extérieure.
L'AvicuLE PERLIÈRE , OU la THOule mère-perle, est aplatie,
presque orbiculaire , ridée , grisâtre en dessus et nacrée en
dedans. Elle acquiert un demi-pied de diamètre sur un à
deux pouces d'épaisseur. C'est principalement dans son in-
térieur qu'on trouve ces tubercules d'un blanc argentin, tan-
tôt isolés , tantôt adhérens , qu'on connoît sous le nom de
perles , que le luxe recherche comme ornement , et que les ri-
ches ont toujours pavés fort cher. V. pi. A. 6, où elle est figurée.
La pêche des perles étoit autrefois beaucoup plus en faveur
qu'aujourd'hui ; cependant il y a encore plusieurs endroits A»x\s.
rinde oùl'on s'en occupe spécialement, savoir : dans le golfe
Persique, autour de l'île de Ceylan, et sur les côles du Japon.
Pour avoir les aoicules qui sont attachées aux rochers au fond
de la mer , des plongeurs, stylés à ce seul objet , y des-
cendent dans une corbeille lestée d'une pierre, et lorsqu'ils
ont détaché une certaine quantité de coquilles , ou qu'ils ne
peuvent plus se passer d'air , ils font remuer les cordes
qui les tiennent suspendus, et on les tire en haut. On dit qu'il
est de ces plongeurs qui restent une demi-heure sous l'eau ,
mais que le plus grand nombre ne peut y travailler plus d'un
demi-quart d'heure. Ce sont généralement des jeunes gens
que le despotisme force, dès leur bas âge, à se consacrer à
ce dangereux métier; car la pêche des perles n'est pas per-
mise à tout le monde : c'est un droit que se rései-vent par-
loo A V O
tout les tyrans de ces contrées , mais qu'ils afferment plus
souvent qu'ils ne l'exercent directement, à raison des chance»
souvent infructueuses de ces résultats.
Lorsque ces coquilles sont tirées de la mer , on les étend
au soleil , où elles ne tardent pas à s'ouvrir et à permettre la
recherche des perles qu'elles peuvent contenir. On n'en
trouve que dans un petit nombre , et rarement de bien for-
mées : c'est ce qui fait que celles d'un certain volume se sou-
tiennent toujours à une grande valeur. Il est des années où la
dépense de la pèche est plus considérable que son produit.
La quantité de coquilles qu'on sort ainsi de la mer, est si considé-
rable , que l'infection qu'elles répandent est meurtrière pour
les ouvriers et les habitans aune certaine distance des côtes.
La coquille de ïaoicule perlière a phis d'épaisseur nacrée
que la plupart des autres coquilles , et fournit au commerce
ce an on a^^eWe \a nacre de perle , matière que les joailliers et
les tablctiers transforment en meubles d'agrément et en bi-
joux de plusieurs sortes.
On a attribué en médecine de grandes vertus aux perle»
et à la nacre de leur coquille ; mais elles se réduisent , en
réalité , uniquement à celle de la terre absorbante ou cal-
caire, si commune dans la nature, et par conséquent sans va-
leur. V. au mot Perle.
Les AvicuLES noire et de la Chine sont figurées pi. 38 des
Mélanges de Zoologie de Léach.
L'animal de l'avicule a été nommé Glaucus par Poli qui l'a
figuré avec des détails analomiques, pi. 3i, n."' 17 et 21 de
son ouvrage sur les testacés des mers des Dcux-Siciles. (b.)
AVIGNON. F.'AvAGNON. (desm.)
AVI-HI-AVI. Arbre du genre Dillenie. (b.)
AVILA. Fruit de la Feuillée à feuilles en cœur, (b.)
AVILLONS {Fauconnerie). Doigts postérieurs des oiseaux
de proie, (s.)
AVIOSA. Nom du Boa devin, (b.)
AVIRON. Nom donné aux pattes de quelques insectes
aquatiques, tels que la notonccte, la corise ^ etc. (o.)
AVOCATIER. Arbre du genre des Lauriers, (b.)
AVOCETTA. Nom italien de I'Avocette. (s.)
AVOCETTE , Recurvirusira. Genre de l'ordre des
ÉcHASSiERS et de la famille des palmipèdes. V. ces mots.
(M. Cuvier place les a^ocetles dans le même ordre, et La-
tham en fait la section de ses palmipèdes à longs pieds ).
Caractères : bec long , subulé , un peu aplati en dessus ,
comprimé latéralement, retroussé, à pointe flexible et mem-
braneuse; très-aigu; mandibule supérieure sillonnée à la base
sur chaque côté; aarines éiroitçs, iQngimdÎB^iles, ouvertes,
A V 0
situées dans un sillon ; langue courte , entière ; doigts an-
térieurs réunis psfr une membrane échancrée dans le mi-
lieu ; le postérieur très-court et élevé de terre ; ongles courts,
en forme de faux ; la première rénaige la plus longue de
toutes.
Les avocetles ont les jambes fort longues et la queue fort
courte , en comparaison du volume du corps ; un tubercule
charnu s'élève sous la peau près de l'œil ; mais la forme
très-singiilièrc et unique de leur bec , les fait distinguer au
premier abord. Sa forte courbure est tournée en haut , de
sorte que le dessus du bec présente une profonde concavité
en arc de cercle relevé , dont le centre est au-dessus de la
tête , et la pointe revient en avant.
L'on ne connott pas bien encore le parti que peuvent
tirer les aooceties d'un instrument aussi folble, qui n'a pas la
force de béqueter ni de saisir des corps un peu durs. Bâil-
lon , observateur judicieux , n'a presque jamais trouvé dans
leurs viscères qu'une matière glulineuse , grasse au toucher,
d'une couleur tirant sur le jaune orangé , dans lacjuelle oa
reconnoît encore le frai du poisson et des débris d'insectes
aquatiques. Celte substance gélatineuse est toujours mêlée,
dans le ventricule , de petites pierres blanches et cristal-
lisées ; et quelquefois , il y a dans les intestins une matière
grise , ou d'un vert terreux , qui paroît être ce sédiment li-
moneux , que les eaux douces , entraînées par les pluies ,
déposent sur leur lit. Les avocettes sillonnent et retoum<!nl
de leur bec flexible la vase la plus molle et l'écume des flots ,
pour y chercher quelque proie sans consistance , telle que le
frai des poissons, les vers aquatiques, etc., qu'elles avalent
avec de petites pierres qui s'y trouvent mêlées.
Mais si le bec des avocettes n'a en solidité qu'à peu près ce
qu'il faut pour ne pas être absolument inutile à la recher-
che de leurs alimens , il ne peut leur servir en rien pour
leur propre défense , et encore moins pour attaquer. Aussi ,
connoissant toute leur foiblesse, ces oiseaux n'ont pour leur
sûreté que la triste ressource d'une défiance continuelle ,
partage ordinaire du manque absolu de tout moyen de résis-
tance : leur vie est sans cesse agitée par les inquiétudes qui
les tiennent dans une surveillance très-active. Ils ne restent
pas long-temps dans le même lieu , et il est fort difficile de
les approcher , plus encore de les surprendre. Tourmentés
par des craintes toujours renaissantes , habitués à fuir à la
moindre apparence du danger, Ils ont acquis une grande vi-
vacité , et beaucoup de prestesse dans leurs mouvemens ; ils
courent avec légèreté sur les rivages, et même, à la faveur»
de leurs longues jambes , sur des fonds couverts de cinq à sis/
I02 A V O
pouces d'eau. Dans des eaux pins profondes , ils nagent aussi
vivement et avec une égaie agilité. *
Dans les deux continens, les avocettes préfèrent les pays
froids aux tempérés; elles ne se montrent pas dans les cli-
mats trop cljauds , et elles voyagent d'une contrée à une autre.
On les trouve plutôt sur les plages de la mer que près des
eaux de l'inlérieurdes terres , et de préférence aux embou-
chures des fleuves et des rivières.
L'AvocETTE PROPREMENT DITE {Reciirpirostraavoceita, Lalh.
fig. 3, pi. A. 3 de ce Dictionnaire). Elle est de la grosseur du
vanneau, mais elle est plus grande. Sa longueur est de quinze
à dix-huit pouces ; son vol a près de quatre pouces ; ses jambes
sont hautes de sept à huit ; et son bec, qui est trois fois plvis long
que la tête , en a près de trois et demi. Elle a du noir à la
partie supérieure de la tôle et du cou, aussi bien que sur
chaque aile , où il forme une large bande lustrée; il y en a aussi
sur les pennes des ailes et le long de son grand bec. Le
reste du plumage a la blancheur éclatante de la neige ; l'iris
de l'œil est couleur de noisette , et les pieds sont bleuâtres.
Uavocelte est, dans le premier âge, d'un blanc pur, mais la
couleur noire est nuancée de brun , et ces couleurs ne s'a-
vancent pas sur la têle au-delà de l'occiput ; les plumes sca-
pnlaires sont bordées de roux , et leur extrémité est d'un roux
cendré ; les pieds sont cendrés , et plus l'oiseau vieillit, plus
il a de noir sur son plumage. La femelle est un peu plus petite
que le mâle ; celui-ci a la tête plus ronde , et le tubercule ,
qui est près des yeux , plus renflé.
Les ai^ocetles de notre continent préfèrent les contrées du
Nord , qu'elles quittent aux approches de l'hiver pour des-
cendre plus au Midi; et y retourner au printemps. Dans leurs
fréquens voyages, elles ne vont guère, vers le Sud, au-delà
des régions tempérées. On les voit rarement en Italie , et
plus rarement encore en Sardaigne , où , suivant Cetti ,
elles arrivent en mars , et fréquentent les bords des marais
salins. Elles se rendent en grand nombre deux fois l'année ,
au printemps et à la fin de l'automne, sur une partie de nos
côtes de l'Océan et de celles d'Angleterre ; elles y font leurs
nichées. Quelques-uns de ces oiseaux remontent fort haut
dans les terres, en suivant le bord des eaux; ils pondent
deux œufs , et rarement trois , dans un petit trou entouré
d'herbe , ou seulement dans le sable ; ces œufs sont d'un
cendré verdâtre , couverts de taches noirâtres.
On voit communément les a\>ocettes en Zélande , en Da-
nemarck , en Suède , en Russie , en Sibérie , sur les bords
de la mer Caspienne , et dans les parties boréales de l'Ame-
A V O ,o3
rique septentrionale , d'où elles s'avancent jusqu'à la Nou-
velle-Ecosse , où Vieillot les a trouvées.
Quoique Vavocette proprement dite remonte (quelquefois les
fleuves et les rivières, on voit néanmoins , par l'énumération
précédente des lieux où l'on observe cette espèce, que les eaux
salées l'attirent davantage , parce qu'elle peut apparemment
y fouiller avec plus de facilité une nourriture plus abondante.
Son cri s'exprime bien, dit -on, par les deux syllabes /(vz^, iwif.
M. Salerne dit que, quand on la fait lever de dessus son nid ,
elle contrefait l'estropiée , autant et plus que tout autre oi-
seau. L'on ignore la durée de son incubation, aussi bien que
quelques autres traits de sa manière de vivre ; il est en effet
très-difficile d'observer des oiseaux aussi sauvages , aussi vifs
et aussi .inconstans.
L'AvocETTE d'Amérique. V. Gratsde Avocette.
La Grande Avocette (^Recurvirosira americana^ Lath.) ç^?,t
d'un tiers environ plus grande que V avocette proprement dite ,
et le dessus de sa tête et de son cou, au lieu d'être noir, a
une teinte roussâtre claire aussi bien que la poitrine. On la
îrouve au nord de l'Amérique.
Mauduyt a reçu la même espèce de la Louisiane ; mais
les individus qui lui ont été envoyés avoient du blanc sali
de grisâtre , et non de roux , sur le derrière de la tête et
toute la longueur du cou. ( Encyclopédie méthodique. ) Ces in-
dividus étoient deS jeunes. .
L'Avocette blanche de la baie d'Hudson est une va-
riété accidentelle de la Barge. V. ce mot.''
L'Avocette à tète blanche , Recuroirostra leucocephala ,
Vieill. Cette espèce, qu'on a trouvée aux terres australes, a
la taille de l'afoce//*? d'Europe , et est entièrement blanche ,
à l'exception des ailes qui sont noires; le bec est de cette
couleur, et les pieds sont bruns.
L'Avocette de la Nouvelle-Hollande, Recuroirostra
Nooœ-Hollandiœ ^ Vieill. C'est cette espèce et non la grande
avocette , comme le croient les ornithologistes , d'après une
description imparfaite de Dampier , qu'on trouve à la Nou-
velle-Hollande. Elle a la tête et la moitié du cou d'un roux
très-foncé ; une partie des couvertures supérieures des ailes
et les pennes noires ; le reste du plumage blanc ; le bec et
les pieds noirs. Sa taille égale celle de ïavocéfte d'Amérique.
(s. et V.)
xWOINE , Avena. Genre de plante de la triandrie di-
gynie et de la famille des graminées , dont quelques espèces
sont d'un grand intérêt pour le nord de l'Europe, sous les
rapports de la nourriture des bestiaux.
.o4 A V O
Les caractères du genre consistent en une balle calicinale
rie deux valves, renfermant deux ou un plus grand nombre de
fleurs ; en une arête articulée , plus ou moins torse , placée
sur le dos de la valve extérieure de la balle florale.
Depuis peu on a séparé quelques espèces de ce genre pour
en former les genres Trisetaire, Damthonie, Ventenatïe ,
Arrhenathère et Gaudinie.
Malgré ce retranchement, le genre des avoines contient
encore plus de cinquante espèces , dont les plus communes
ou les plus importantes à citer sont :
L'AvoiME follette , Aoenafatua, Linn. , qui a trois fleurs
dans chaque balle calicinale , et les semences velues à leur
base. Elle est annuelle, et croît dans les champs de presque
toute la France. C'est une pcsie pour les cultivateurs qui
ne peuvent la détruire. On l'appelle vulgairement aileron.
L'Avol^"E FROMETSTALE , yhena elatior, Linn. Elle a deux
(leurs dans chaque balle calicinale , et Tarête du fleuron her-
maphrodile à peine visible. Elle est annuelle ; on la trouve
dans les champs , les prés , partout où la terre est grasse et
fraîche ; sa hauteur surpasse quelquefois deux ou trois pieds.
C'est un des plus excellens et des plus abondans fourrages
indigènes. Les cultivateurs, qui la connoisscnt sous le nom
àe fromcntale^ ne peiivcnt trop la multiplier.
L'Avoine bulbeuse, Avena precaton'a , Thuil. , se rappro-
che infiniment de la précédente , cl se confond généralement
avec elle, quoiqu'elle soit vivacc , qu'elle ait les racines bul-
beuses et en chafelet, les nœuds glabres. Elle croît dans les
champs, où la charrue la muliiplie par le déchirement de ses
racines. Les bestiaux en sont très-friands.
Les Avoines pubescente,jaunAtre et des prés, croissent
dans les prés secs , et concourent puissamment à leur supé-
riorité sur les prés bas. On ne peut trop chercher à les mul-
tiplier, attendu qu'à leur excellente qualité comme fourrage
elles joignent l'avantage d'être vivaces. (b.)
L'Avoine cultivée dont les épis sont en panlcule, les
fleurs , au nombre de deux dans chaque calice , les semences
glabres. Elle est annuelle, originaire de Perse , ainsi que l'a
observé Olivier pendant son voyage dans cette contrée.
C'est le principal objet de cultine dans quelques crntons
de la France. La commune et la nue sont celles que l'on cul-
tive : la première donne plusieurs variétés , Vaooine blanche
ordinaire , V avoine blanche de Hongrie ou du Nord, ou unilaté-
rale , V avoine brune , V avoine anglaise ou potaloe oats , et Vaçoine
rouge foncé. Ce sont autant de variétés estimées par les agri-
culteurs et qui se perpétuent sans altération.
A V O ,o5
Ua^oine nue est regardée comme une espèce, parce que
ses semences tombent dépouillées de leur balle et entièrement
nues. On la préfère quelquefois , par cette raison , à Vmoine
commune , surtout pour faire des gruaux ; elle est plus fari-
neuse , et plus alimentaire par conséquent : mais on a remar-
qué que Vavoine noire est celle qui résiste le mieux aux effets
du froid; que l'avoine de Hongrie grène davantage, et
que l'avoine anglaise fournit plus de nourriture sous le même
volume.
On dislingue encore les avoines en avoine d'automne , et en
avoine de printemps , parce qu'en effet ce grain se sème à ces
deux époques ; mais ce n'est pas une variété différente , car l'a-
l'oirie d'hiver peut devenir insensiblement acome deprintemps,
en la semantplusieurs années de suite ou en février ou en mars ,
et vire versa ; mais les cultivateurs qui veulent semer avant
l'hiver doivent prendre la précaution d'acheter de Vavoine qui
y est déjà habituée. Les racines de cette plante tallent beau-
coup ; dès-lors une terre dure et argileuse lui convient moins
bien qu'une terre ameublie et suffisamment amendée. Ce-
pendant c'est en général sur les défrlchemens qu'elle pros-
père le mieux, et qu'on doit la semer. \J avoine semée après
une récolte de légumes est d'un bon rapport. On peut aussi
la semer avec du trèfle. Le temps de la semer est ordinaire-
ment depuis février jusqu'au milieu d'avril ; mais on peut la se-
mer sans risques avant l'hiver , dans les pays chauds ou tem-
pérés. Toutes choses égales d'ailleurs , Vavoine d'hiver, quand
elle réussit , donne une plus belle récolte que les avoines prin-
tanières. On ne sauroil trop tôt semer , selon ce proverbe ,
avoine de février., remplit le grenier ; et c'est une loi générale,
que plus un grain demeure en terre et a une végétation pro-
longée , plus la moisson est abondante.
\J avoine n'est pas sujette à la carie , mais le charbon l'af-
fecte fréquemment. 11 faut donc semer plus dru en hiver qu'au
printemps.
Comme Vavoine s'égrène aisément, on a cru que, pour en
perdre moin» en la récoltant , il falloit la couper avant sa ma-
turité ; mais c'est une erreur. Une autre erreur, malheureuse-
ment trop accréditée , c'est que presque partout , après avoir
coupé Vavoine , on la laisse sur le champ ( ce qu'on appelle
javeler) oans l'intention de faire noircir et grossir le grain. Ce
grain , surchargé alors d'une humidité étrangère , se gonfle ,
paroît pesant et bien nourri , et ne contient que de l'eau. En
récoltant les avoines à leur point de maturité , en les battant ,
si cela se peut, ou mettant en gerbier les javelles , lorsqu'elles
ont bien ressué , on obvie à tous les inconvéniens ; on pré-
To6 A V Ô
vient surtout les accidéfis du feu , qui prend quelquefois, par
le seul effet de la fermentation , dans les tas à^avoine serrée
trop humide ; enfin , lorsqu'on renferme ce grain , il faut
qu'il soit entièrement sec , net , et pur comme le froment.
iJapoine est , de toutes les céréales , la plante à laquelle on
a attribué le plus de propriétés médicinales. Mais ce grain
n'est cultivé que pour fournir à la nourriture de l'homme et
des animaux. Uaooine noire est abondante en écorce et peu
en Hirine , laquelle étant plus mucilagineuse qu'amilacée,
n'absorbe pas une grande quantité d'eau , pèse moitié moins
que celle àc froment , et ne pourroit être employée avec avan-
tage que par lés amidonniers. Comme ïwoine contient du
sucre , de l'amidon et de l'extractif , il n'est pas douteux qu'on
ne puisse en faire de très-bonne bière ; mais nous ne pen-
sons pas qu'elle s'oit préférable à celle qu'on prépare avec
Vorge. Il suffit , pour développer l'odeur de vanille dans Vavoine
noire , de laver ce grain , de le faire bouillir un moment dans
l'eau, et d'en employer la décoction comme véhicule de la fé-
cule des pommes de terre et des œufs , pour former des crèmes
excellentes. La halle d'aooine est utilement employée à faire
des paillasses pour les enfans, et d£s matelas pour les habi-
lans des campagnes , étant douce , souple , peu susceptible
d'humidité.
Quels que soient les efforts de l'industrie de ceux qui con-
vertissent \\n?oine en faiine et en pain , ils ne viendront ja-
mais à bout d'affoiblir la couleur foncée et l'amertume nau-
séabonde qui la caractérisent. Ces mauvaises qualités sont in-
hérentes à la nature. Cependant on a droit d'«\tre étonné que
de graves auteurs aient fait l'éloge le plus pompeux du pain d'«-
voinc. Sans doute l'usage d'un pareil aliment peut être sain ,
puisqu'il y a des cantons où il est la principale ressource de
leurs habitans; mais ce pain est noir, gras, compacte et de
mauvais goût ; il revient plus cher aux malheureux qui s'en
alimentent, que le meilleur pain d'orbe et de seigle.
Dans la Normandie et la Basse-Bretagne , les habitans des
campagnes font, avec le gruau à'aooine , de fort bons potages ;
les Geimains en faisoient la base de leur nourriture. Voici de
quelle manière on obtient ce gruau. On prend ordinairement
de V avoine hlanrhe , qu'on fait sécher au four; lorsqu'elle est
suffisamment sèche , on la vanne , on la nettoie , et onja porte
à un moulin dont les meules sont fraîchement piquées. Le
meunier a soin de les tenir un peu éloignées , afin qu'elles
n'écrasent pas le grain , et que celui-ci conserve la forme de
riz. Par ce moyen, elles enlèvent la totalité de la pellicule-
Ce grain fie donne guère au-delà de la moitié de son poids
tle gruau.
A V O ,07
Uaooine en grain , est recherche'e par tous les animaux , qui
en sont extrêmement friands ; mais les chevaux sont ceux qui
en font la plus grande consommation , et c'est pour eux qu'elle
est spécialement cultivée. Les moutons qu'on engraisse , les
agneaux nouvellement sevrés , les oiseaux de basse - cour ,
avalent Vapoine avec avidité. Il faut éviter seulement de la
leur donner trop nouvelle ou pénétrée d'une humidité étran-
gère , dans la crainte que son usage ne cause des dévoiemens ,
des Indigestions ou des tympanltes dangereuses.
Il paroît que la cavalerie romaine ne consommolt point
Ya\?oine comme nourriture , c'étolt Vorge; et cependant , dans
les climats où ce dernier grain est administré aux chevaux, ces
animaux ont de la réputation. Tous les voyageurs rapportent
qu'en Espagne , en Andalousie , en Mauritanie , en Arabie,
en Tartarie , on ne leur donne que de Vorge au lieu ù'aooine;
et ce sont les meilleurs ch^aux que Ton connoisse. Mais une
remarque à laquelle on n'a peut-être pas fait assez d'atten-
tion jusqu'à présent , c'est que souvent on attribue à Vapoine
ce qui n'est dû absolument qu'à la trop grande quantité qu'on
en donne , et que si on rationnolt les animaux , on leur épar-
gnerolt beaucoup d'accidens qui résultent éviflemnaent de la
surabondance d'allmens.
Au reste , tant qu'on sera persuadé que l'ocomc est le seul
grain qui convienne aux chevaux , nous doutons que les fer-
miers se déterminent à en circonscrire la culture , parce que
le bénéfice qu'ils retirent les arrêtera toujours ; mais nous
déclarons que la masse de la subsistance publique gagnera in-
finiment à la substitution de ïorge à l'at^oioe , et qu'une pa-
reille révolution dans la manière de se nourrir , deviendra
pour la France une richesse incalculable. Cependant , tout
en applaudissant aux vues de ceux qui désirerolent qu'on re-
nonçât tout-à-fait à l'opome , nous sommes bien éloignés de
partager leur opinion , et de repousser entièrement cette cul-
ture , pulsqu'encore une fois, elle prospère sur des défriche-
mens où l'orge n'aurolt aucun succès , et qu'elle les prépare
à rapporter d'autres productions ; d'ailleurs, sa paille est re-
cherchée avidement par tous les animaux, (parm.)
AVOINE DES CHIENS. C'estlePHARELAPPULACÉ.'(B.)
AVOIRA , E/ais. Genre de plante de la monoécle hexan-
drîe et de la famille des palmiers, dont les caractères sont d'a-
voir: un calice de trois ou de six pièces , et une corolle à six
divisions ; six étamines dans les fleurs mâles ; un ovaire su-
périeur, surmonté d'un style épais , et terminé par trois stig-
mates, dans les femelles; une noix ovale, un peu trlgone ,
enveloppée d'un brou fibreux, uniloculaire et marqué de trois
irous, peu apparens à sa base.
io8 A V 0
On compte dans ce genre plusieurs espèces qui ont él6
dnumérées par Aublet ; mais il nous manque encore le déve-
loppement de leurs caractères botaniques. L'espèce la plus
commune est TAvoira ou Aouara de Guinée, qui se trouve
actuellement dans toutes les colonies françaises de l'Amé-
rique , où elle a été portée , à raison de son utilité.
C'est , dit Aublet , le palmier le plus élevé qui croisse à
la Guyane. Ses feuilles , toujours terminales , ont jusqu'à dix
pieds de long; elles sont ailées , et leur pétiole est garni d'é-
pines longues et aiguës. Ces pétioles subsistent , et rendent
les approches du tronc impossibles. Les fruits sont de la gros-
seur d un œuf de pigeon , de couleur jaune et velus. Dans Le
brou , qu'on appelle caire , est une substance jaune et onc-
tueuse , que les singes , les vaches et autres animaux mangent.
On en tire , après l'avoir laissé macérer quelque temps , une
huile par expression , dont on sqg^rt pour l'apprêt des ali-
mens , pour l'usage de la médecine et pour brûler. De l'a-
mande contenue dans ce brou , on extrait une espèce de
beurre d'un très-bon goût, qui est fort adoucissant; ce beurre
est appelé qnioguio ou thîolhio , et l'huile, huile de palmier.
Les fnyts de Vaooira ont été confondus, par les auteurs,
avec ceux du cocotier^ parce qu'on les appelle aussi cocos; mais,
par contre-coup, on a aussi confondu les cocos avec les aooira;
car, on appelle , à Cayenne , le cocotier de Guinée, avoira
canne. V. au mot Cocotier, (b.)
AVONG-AVONG. Espèce de Gastoke qui croît à Ma-
dagascar, (b.)
AVORTEMENT {^Économie rurale-). On appelle a^^or-
lement., dans les animaux domestiques, le part prématuré ,
c'est-à-dire, la sortie du foetus hors de l'antre utérin, avant
l'époque fixée généralement par la nature pour chaque
espèce.
Outre les causes maladives et les défectuosités qui oc-
casionent souvent cet accident , telles que la disposition
vicieuse des organes de la génération, la chute du vagin ou
de la matrice, un trop grand relâchement ou une trop
grande irritabilité dans cette partie ; Je peu d'adhérence-
des vaisseaux du placenta à cet organe , la disproportion
du mâle et de la femelle, surtout lorsque le premier est
plus volumineux que la dernière , et des fouillemens im-
prudens dans le rectum; un très-grand nombre d'autres
causes peuvent encore y donner lieu dans les animaux.
Les principales sont : tout exercice violent , comme les
courses, les marches, et tous les travaux forcés et très-
fatigans; les fardeaux trop pesans ou mal placés , imposés,
A V 0 tog
aux bêtes de somme ; les chutes et les écarts ; les froisse-
mens , les coups et les heurts , surtout sur les reins , les
flancs et le ventre ; la frayeur ; les variations promptes et
fortes de l'atmosphère , et toutes les commotions violentes ,
comme celle du tonnerre ; les météorisations , les indiges-
tions , et les boissons trop froides , crues et indigestes , ad-
ministrées surtout à des animaux échauffés ; le voisinage ,
les provocations et les attaques des mâles ; la construction
vicieuse des logemens ; un séjour habituel très-humide ; un
long séjour sur le fumier en état de putréfaction , et dans
une atmosphère viciée par toute autre cause; toute fausse
position prolongée , et particulièrement celle qui élève trop
le devant ; un repos outré , spécialement chez les animaux
d'un tempérament lâche et mou ; l'excès de vigueur et d'em-
bonpoint , ou la débilité et l'émaciation ; l'exposition brusque
ou continuée aux intempéries des saisons , surtout aux brouil-
lards épais ; une mauvaise nourriture , et notamment pour le*
herbivores, la pâture de l'herbe rouillée , vasée , ou couverte
de frimas ; le passage subit de la nourriture verte à la nour-
riture sèche, ou de la dernière à la première ; celui de "la
disette à l'abondance , ou de l'abondance à la disette ; et
enfin , toute transition précipitée d'un état à un autre , filt-
il meilleur, et toutes les indispositions qui sont ordinaire-
ment la suite de ces mauvais traitemens.
Aristote indique aussi ( 1. 8 , c. 24., D^ anim. Mst.) l'odeur
d'une lampe éteinte comme une cause suffisante pour faire
avorter les jumens ; il ajoute même qu'il y a des femmes
sur lesquelles elle produit cet effet ; et cette cause , agissant
comme toutes celles qui vicient l'air considérablement, nous
paroît encore mériter qu'on y fasse attention.
On remarque assez gériéralement que l'avortement est
plus fréquent au commencement et à la fin de la gestation ,
que vers le milieu; et l'on doit redoubler d'attention, à ces
époques , afin de le prévenir.
Il est des femelles chez lesquelles l'avortement n'est nî
précédé, ni accompagné , ni suivi de symptômes maladifs,
et il arrive sans avoir été annoncé. Elles expulsent ordi-
nairement le fœtus et l'arrière-fais ou le délwre, sans en pa-
roître incommodées.
Dans ce- cas , le repos, une bonne nourriture, et un
simple breuvage d'une liqueur spiritueuse tiède , comme du
vin coupé avec moitié d'eau , du cidre , du poiré ou de la
bière , suffisent pour les rétablir.
Dans le cas contraire , c'est-à-dire , lorsque , avant le
terme païufçl de la gestaliou , le goaHement de la valve; et
A V O
du fondement , l'inquiétude avec laquelle la femelle se lève
et se couche itérativement , sa marche extraordinairement
pesante , jointe à la chute subite du ventre qui -.anonce ua
prompt affaissement, la position basse et penchée de sa
tête , sa tristesse, la blancheur et la sécheresse de sa langue ,
le frisson et la fièvre , viennent indiquer un part préma-
turé , annoncé également par l'évacuation spontanée d'une
liqueur séreuse par les mamelles , l'écoulement d'une hu-
meur glaireuse , quelquefois sanieuse et sanguinolente , par
le vagin , et les mouvemens désordonnés du fœtus , quand il
vit et qu'il est assez avancé en âge ; diverses précautions et
opérations peuvent être indiquées.
Dans ce cas , on doit d'abord placer la femelle à couvert ,
lorsqu'elle ne l'est pas , dans un endroit sain, qui ne pèche
pas par trop de chaleur , et encore moins par trop d'humi-
dité ou de fraîcheur ; et l'on doit ensuite l'observer , afin
qu'elle puisse être traitée , suivant les occurrences , dans les
circonstances graves, sous le rapport des médicamens , dont
nous ne parlerons pas ici , leur administration devant tou-
jours être scrupuleusement réservée aux gens de l'art , ainsi
que les opérations délicates , sous peine d'éprouver des ac-
cidens , et même des perles qui ne sont que trop fréquentes
lorsqu'on manque à cette attention. Nous nous bornerons
donc aux indications les plus simples et les plus faciles , que
tout homme intelligent et adroit peut remplir en l'absence
des artistes.
Une des premières Indications à mettre en usage , con-
siste à débarrasser le canal intestinal par des lavemens et
des boissons délayantes. Lorsque le fœtus ou les membranes
qui l'enveloppent se présentent à l'extérieur de la vulve ,
dans un état statlonnaire prolongé, on peut, sans inconvénient
et souvent avec beaucoup d'avantage, en faciliter la sortie
en se frottant la main et le bras avec une substance grasse ,
qui ne soit pas rance, comme de Thulle nouvelle, du beurre
frais , ou , à leur défaut , avec une substance mucilagineuse ,
telle que l'eau de graine de lin , de mauve ou de guimauve ;
et, en cherchant à dilater insensiblement l'orifice avec les
dbigts , ayant soin de se bien rogner les ongles auparavant,
on peut aussi tirer doucement ce qui se présente , et par-
venir fnême jusqu'à l'orifice de la matrice, qui est quelquefois
resserrée et s'oppose à la sortie; mais , dans ce* cas , il est
de la plus haute importance d'agir lentement et doucement,
car des tentatives brusques et violentes pourroient entraîner
la chute de la matrice.
Lorsque la matrice est encore entièrement fermée , son
orifice n'ayant pas commencé à se dilater (ce dont on peut
A V O ,„
s'asWer en fouillant prudemment avec les précautions que
nous venons d'indiquer), il faut bien se garder de chercher,
comme on le fait quelquefois , à hâter la délivrance , en fa-
tigant la femelle par des tentatives inutiles et souvent dan-
gereuses.
Dès que cet orffice commence à se dilater, on peut, en
y insérant insensiblement les doigts , puis la main , aug-
menter la dilatation, percer doucement les membranes, lors-
qu'elles ne l'ont pas encore été naturellement ( ce qui
s'aperçoit aisément quand on touche une sorte de vessie
ballonnée ) , puis se saisir du foetus et l'attirer par degrés au
dehors , lors toutefois que la nature qui exécute bien mieux
que l'homme toutes ces opérations , ne donne pas à la mère
assez de force pour expulser elle-même son fruit prématuré.
On parvient encore quelquefois à l'aider à se débarrasser
elle-même , ce qui vaut toujours mieux , en lui serrant à di-
verses reprises les naseaux, pour suspendre un peu sa respira-
tion , ou en lui administrant quelque sternulatoire , ou quel-
que lacement rendu irritant par le tabac, le sel et quelque
autre moyen équivalent.
On prend quelquefois les enveloppes du fœtus pbur une
chute du vagin ou de la matrice , et on se hâte de les faire
rentrer et d'essayer de les assujettir. On contrarie ainsi la
nature , dont les moyens triomphent ordinairement de cet
obstacle que lui opposent l'erreur et l'ignorance ; mais on
doit se défier des charlatans qui , sous le prétexte de l'aider ,
retardent ainsi souvent sa marche , qu'ils cherchent fré-
quemment encore à précipiter.
Quelquefois aussi le fœtus a cessé de vivre, long-temps
avant qu'il se montre , ce qui peut s'annoncer par son dé-
faut de mouvement , quand il est assez avancé pour en faire
de bien sensibles ; et quelquefois encore , il a contracté un
degré de putrldllé plus ou moins prononcé , ce qui s'an-
nonce également par les douleurs vives que ressent et té-
moigne la mère, par ses frissons , par l'odeur Infecte et cada-
véreuse de son haleine , par le fiétrissement des mamelles ,
et par la fétidité de ses évacuations diverses , surtout celles
du vagin. Dans ce cas , indépendamment des boissons spi-
ritueuses indiquées , il convient de faire doucement , dans
la vulve, des injections d'une infusion de plantes aroma-
tiques , aiguisée d'un peu d'eau-de-vie ou de vinaigre.
Lorsque l'avortement a lieu à une époque de la gestation
assez avancée pour que les mamelles renferment une quan-
tité de lait qui puisse faire craindre que sa suppression su-
bite ne devienne nuisible , quand le fœtus est mort depuis
peu, ou doit traire alors la femelle pendant quelque temps ,
A V O
et l'on peut donner , sans inconvénient , le lait aui porcs «
ou à d'autres animaux qui peuvent s'en nourrir.
On a remarqué que, pour faire dissiper le lait dans ce
cas , il suffisoit quelquefois de traire la femelle sur une pelle
rougie au feu , et que la vapeur qui s'en élevoit , produisoit
cet effet en agissant sur les mamelles.
Lorsque le foetus n'est pas mort , et qu'il est assez déve-
loppé pour qu'on puisse l'élever, il y a généralement de
l'avantage à le faire , surtout pour la mère qui s'en trouve
mieux toutes les fois qu'elle a la force nécessaire pour l'en-
treprendre. Il est rare cependant que les sujets provenans
de fœtus avortés vivent long-temps ; mais quand ils donnent
quelque espérance de vie et qu'on désire en profiter, il est
souvent utile de les laver dans l'eau tiède, aiguisée d'une li-
queur spiritueuse , et de les sécher ensuite , si la mère ne les
lèche pas , de leur" faire avaler , après , un œuf frais ,
sans coque , et de leur donner de l'eau d'orge miellée , et
du lait tiède coupé, quand la mère ne peut pas les faire téter
à temps.
Il est très-important d'user de précautions envers toutes
les femelles qui ont avorté , de les tenir chaudement , de
les bien couvrir , dans quelques cas , de les soumettre à un
régime austère , et d'éviter scrupuleusement tous les abus
dans le régime qui leur convient.
Quelle que soit la cause qui donne lieu à un avortement,
il est d'observation que les femelles qui l'ont une fois éprouvé,
V deviennent, par cela même, plus sujettes, et en quelque
sorte prédisposées. On obsei've encore que plusieurs con-
çoivent difficilement , et que d'autres en deviennent totale-
ment infécondes , quoiqu'elles soient fréquemment en cha-
leur. Ces faits sont de nouveaux motifs très-puissans pour
porter à éviter soigneusement tout ce qui doit donner lieu k
un accident qui peut avoir des suites aussi fâcheuses, et
pour réformer les femelles qui l'ont éprouvé.
Les vaches y paroissent plus sujettes que les femelles de
toutes les autres espèces d'animaux domestiques , sans doute
parce que la domesticité pèse davantage sur elles que sur les
autres. Il devient quelquefois enzootique , et paroît même
contagieux chez elles , dans quelques localités , sans qu'on
puisse en découvrir la cause réelle. Les jumens y sont en-
core assez sujettes , puis les brebis : les truies le sont moins ,
quoiqu'on accuse le trèfle vert de l'occasioner quelquefois
dans ces animaux ; les chèvres l'éprouvent très-rarement
ainsi que les chattes, même après des chutes ; et les chiennes
bien tenues et en bon état , y sont également très-peu
sujettes.
AXE ii3
L'avortement a lieu aussi dans les oiseaux ; et les œufs
dont la coque est molle , qu'on appelle ordinairement œuf$
hardés , ne sont autre chose que tles germes avortés , dont on
ne peut espérer aucune production en les soumettant à l'in-
cubation.
On prévient quelquefois l'avortement, comme on facilite
la conception , par une saignée faite à propos , dans les fe-
melles pléthoriques.
Les femelles qui avortent ne délivrent pas toujours , ou
elles le font souvent très-difficilement. Quelquefois aussi ellea
éprouvent de fréquentes ardeurs utérines , et elles tombent
ordinairement dans fatrophie et le marasme ; on doit donc ,
d'après ces motifs etles précédens, se défaire le plus promp-
tenient possible de celles qui sont sujettes à cet accident ,
qu'on doit encore s'attacher fortement à prévenir, à cause des
suites fâcheuses qu'il entraine presque toujours. V. Accou-
plement , Gestatioîh et Part, (yvart.) ,
AWATCHA. Espèce de figuier du Kamlschatka. Voyez
Fauvette, (v.)
AWAOU. V. AvAou. (s.)
AWAYU. C'est une espèce de poisson du genre des Go-
BIES, et qui a été obseiTée dans les petites rivières de lîle
d'Otahili, la principale des îles de la société, dans lOcéan
pacifique, (b.)
AXE DES CRISTAUX. C'est, pour chaque cristal, un©
ligne droite menée dans une direction telle, qu'elle soit symé-
triquement placée relativement aux faces de la molécule pri-
mitive. Par exemple, toutes les diagonales d'un cube sont des
axes, parce qu'elles jouissent de celte propriété de symétrie.
Ainsi un cube a huit axes : il y a des solides qui ne peuvent
en avoir qu'un seul. Tel est, par exemple, le rhomboïde obtus
qui sert de forme primitive à la chaux carbonatéc rhomboï-
dale. L'axe est la diagonale qui joint les sommets des angles
solides obtus. M. Laplace a fait voir que, dans les cristaux
qui réfractent doublement la lumière , les forces qui produi-
sent la réfraction extraordinaire émanent toujours de leur
axe ; et j'ai prouvé qu'il en est de même pour les forces qui
produisent la polarisation. J'ai découvert également que ces
forces doivent être distinguées en deux espèces, les unes at-
tractives, les autres répulsives; ce qui produit deux sortes de
double réfraction , l'une dans laquelle le rayon extraordinaire
est attiré vers l'axe, comme dans le cristal de roche , la chaux
sulfatée, etc. , et l'autre dans laquelle ce même rayon est au
contraire repoussé, comme dans la chaux carbonalée rhom-
boïdale, l'arragonite, le béril, etc. Enfin il y a des cristaux
m. 8
ii4 A X I
où il ne se forme pas du tout de rayon extraordinaire, et qui
par conséquent n'exercent pas la double réfraction : ce sont
ceux qui ont , pour forme primitive, un octaèdre régulier ou
un cube. Alors ces cristaux ont plusieurs axes symétriquement
placés , et l'on pourroit conjecturer qu'ils n'ont pas la double
réfraction, parce quil émane de ces divers axes des forces qui
s'entre-détruisent. Cbiot.)
AXE FLORIFÈRE. Partie qui supporte les fleurs , soit
inédiatement , soit immédiatement. V. Fleurs.
Palisot Beauvois, dans son important ouvrage intitulé £5-
sai d'une nomelle Agrostographie , a divisé l'axe des Graminées,
dont il tire, pour la distinction des espèces et des genres, un
plus grand parti que les autres botanistes , en axe simple ou
entier, el en axe articulé ou denté, (b.)
AXERAS. Nom arabe de I'Asphodèle. (b.)
AXIE , Axius , Léach. Genre de crustacés de l'ordre des
décapodes , famille îles macroures , section des homards. Les
thalassines, les gébics ^ les callianasses et les axies ont une
grande affinité avec les écrevisses; mais ils en diffèrent par
leurs antennes extérieures, dont le pédoncule n'est pas écail-
leux , et par les deux feuillets latéraux de la nageoire du bout
de la queue, qui ne sont que d'une seule pièce. Les axies et
les callianasses ont les quatre pieds antérieurs terminés en
pince didactyle , ce qui les distingue des thalassines et des
gébies. Les pieds suivons sont onguiculés dans les axies, tan-
dis que les deux dernières paires n'ont point de crochet au
bout dans les callianasses.
L'AxiE STIRYNQUE, Axius stirynchus ^ Léach ; imn. 5'oc. irans.,
tom. 1 1, pag. 343; pointe antérieure du test bordée , carénée
dans son milieu ; dfeux lignes élevées et courtes par derrière;
extrémité postérieure du test échancrée. Sur les côtes mari-
times de l'Angleterre, (l.)
AXIE , Axia. Arbrisseau rampant , à feuilles ovales , lan-
céolées , crénelées, velues, inégales, opposées; à fleurs d'un
blanc rougeâtre, très-petites , presque terminales , qui forme
un genre dans la triandrie monogynie , intermédiaire entre
les Tassols et les Valéria>'£S. F. ces mots.
Ce genre , établi par Loureiro, offre pour caractères: un ca-
lice de trois folioles Inégales et caduques ; une corolle mono-
pétale à dix divisions arrondies; trois étamines; un ovaire
inférieur, ovale, sillonné, surmonté d'un style à stigmate
lîpals.
Le fruit est une semence ovale, sillonnée et hérissée.
Loureiro rapporte que Vaxia est aussi recherché à la Co-
chlnchlne que le. gin-seng k la Chine. On l'estime foillfiant,
sudorifique , propre à guérir les fièvres intermittentes , les obs-z
A X I m5
Iruclions de la matrice ; à chasser les crudités de rcstortiac et
les humeurs visqueuses du poumon.
Il est douteux qu'il doive être sépare des Tassols, Boer-^
haos-na^ Lînn. (b.)
AX1>{EE , Axineœ. Genre de mollusques établi par Poli,
dans son Histoire des Testarés des Deux-Siciles , parmi les ani-
maux des Arches de Linnœus , qui ont été divisés en trois
genres par Lamarck,
Ses caractères consistent à être privé de siphon , à avoir un
pied creusé dans son milieu et transversalement fendu; les
branchies séparées et libres dans leur partie supérieure.
lu arche velue ^ figurée avec des détails 'analomiques très-
précieux, pi. 26, n."=' 2 et 3 de Touvragc précité, sert de type
à ce genre. V. au mot Arche et au mot PÉTo^CLE. (b.)
AXINEE , Axinea. Genre de plantes de la décandrie mo-
nogynie et de la famille des mélastomes. Il offre pour carac-
tères : un calice persistant, en entonnoir, à limbe à six dents
ou entier ; une corolle de six pétales , en forme de doloire ,
insérés sur un disque; douze étamlnes déclinées, compri-
mées, insérées sur le disque, et alternativement grandes et
petites; un ovaire supérieur, surmonté d'un style recourbé
et d'un stigmate obtus; une capsule oblongue , tronquée , lé-
gèrement hexagone, ombiliquée, couronnée par douze courtes
cornes , enveloppée par le calice j à six loges , à six valves , et
contenant plusieurs semences cunéiformes, insérées à un
réceptacle oblong.
Ce genre est constitué par deux arbres du Pérou , fort voi-
sins des Valdé.sies et des Blakées. (b.)
AXINITE. Minéral de la classe des pierres, qui doit sou
nom à la manière particulière dont se présentent ses cristaux
ordinairement minces et à arêtes vives , que l'on a comparés
au fer et au tranchant d'une haclie. La couleur presque tou-
jours violette de ses cristaux l'avoit fait nommer d'abord
schorl violet , puis yanolithe. ÏJaxùiife se présente en cris-
taux implantés de champ sur leur gangue, ou groupés entre
eux; ils dérivent d'un prisme droit dont les' bases sont des
parallélogrammes obliquangles de 101 deg. 82 min. et 38 deg.
ii8 min. \uaxiniie n'offre jamais cette fonne , qui ne s'obtient
même pas par le clivage. Les formes secondaires sont d'a-
bord le prisme quadrangulaire oblique, à bases obliquangles,
comme celles de la fonne primitive '(tette fonne secondaire
pourroit être prise pour un rhomboïde); d'autres fois les arêtes
du prisme qui aboutissent aux angles aigus des bases, sont
remplacées par une face et l'extrémité recoupée par une ou
deux facettes trapézoïdales. Ces diverses formes, et plusieurs
autres, se Irouveul presque toujours dan^ les mêmes groupes
.
oxydé,
oxydé.
\î
.,6 A X I
de cristaux, eldistînguent complètement l'axînîte de toutes les
substances minérales cristallisées, et notamment du sphène.
L'axinite raye le verre et le feldspath; elle fait feu au
fcriquet , en répandant l'odeur de pierre à fusil ; sa cassure
est raboteuse et ritreuse. Des fragmens exposés à la flamme
du chalumeau fondent en bouillonnant et en un verre gris.
M. Brard a remarqué que les cristaux violets qui n'éloient
point symétriques dans leurs formes, étoient électriques par
chaleur. La pesanteur spécifique de Taxinite est de 3,2 à 3,3,
c'est-à-dire , un peu plus foible que celle du titane-silicéo^
calcaire, qu'on avoit d'abord nommé 5/?//^//^, et avec lequel on
pourroit quelquefois confondre l'axinite. On a deux analyse»
de cette substance ; toutes les deux offrent les mêmes princi-
pes , mais dans des proportions différentes.
Analyse de raxinite par. . . . Klaprolh. Vauquelin,
Silice 55 ..... 44
Alumine a6 i8
Chaux 9
Fer 9
Manganèse i oxydé. . . 4
Perte o . .... i
lOO ICQ
L'axinite gît dans les fentes et les gerçures des rochea
primitives , qu'elle tapisse de ses brillans cristaux, conjoint
lement arec le quarz limpide, le feldspath, l'épidote , la
préhnite, l'amiante et la chaux carbonatée. Elle est quel-
quefois saupoudrée de chlorite , et souvent alors les cristaux
5ont plus réguliers , de formes très-simples et renferment
une telle quantité de chlorite, qu'ils sont verts et opaques,
et qu'on a lieu d'être étonné que leur régularité n'en ait point
été altérée. « Les cristaux d'axinite , dit M. Patrin , forment ,
« par leur assemblage sur les parois de ces roches , des
• croûtes d'un travers de doigt d'épaisseur , et dont on peut
« détacher des morceaux de la largeur de la main et au-delà...
« La partie voisine du rocher n'offre ordinairement qu'une
« cristallisation confuse ; le côté opposé présente des cris-
« taux presque toujours placés de champ. Quelquefois la
« partie postérieure a pour support la chlorite terreuse, et
« cette matière molle a permis aux cristaux d'axinite de
« prendre leur forme ordinaire ; mais elle s'est mêlée dans
« leur substance de manière à leur donner sa couleur , de
« sorte qu'on voit des échantillons dont une face est coû-
te rerte de cristaux violets, et l'autre de cristaux verdâtres. »
Ce que nous venons de dire s'applique spécialement à
l'axinite du Dauphiné , contrée daoi laquelle ou a d'abord
€^couvert cette substance. Elle se trouve dans les environs
du bourg d'Oisans (département de l'Isère). A la Balme
d'Auris, près les Rampes, elle est accompagnée d'asbeste,
et dans une roche à base de serpentine, ou dans une roche
fissile composée de feldspath et d'amphibole vert en petits
grains. A l'Inferney du mont de Lans , en Oisans, à l'en-
trée de la gorge de la Romanche, près du pont de Saint-
Guillerme, l'axinite violette et verte se montre accompa*
gnée de feldspath en petits cristaux blancs hémitropes, et
d'oxyde de fer. Les anciennes fouilles ont donné des groupes
de la plus grande beauté pour la grandeur et la conservation
descristaux; ceux-ci ontjusqu'àdeuxpouces dans leurs dimen-
sions. M. le comte de Bournon cite un cristal isolé de deux
pouces en carré , qui vient probablement de ce lieu ou de»
roches de l'Armentière , localité autrefois très-riche en cette
substance, sur la rive droite de la Romanche, vis-à-vis le bourg
d'Oisans; c'est un lieupresque inaccessible. L'axinite violette,
verte ou chloritée , y est en veines ou dans des cavités ou po-
ches, avec le quarz, le feldspath, l'épidote, lapréhnite, etc.
Enfin l'axinite se retrouve enDauphiné,aupied de lamonta-
gne des Chalanches, età peude distance de la cascade deBaton.
L'axinite des Pyrénées existe au pic d'Arbesson, vallée
d'Aure , et dans les éboulis du cirque du mont Aroc , dans
la même vallée ; au pic d'Ereslitz près de Barèges. Elle est
d'un violet moins brillant que l'axinite du Dauphiné, en
plus petits cristaux, tapissant les fentes des mêmes roches,
et accompagnée surtout de grandes masses de chaux carbo-
natée lamellaire , dans laquelle ses cristaux sont souvent
plongés avec de longs prismes d'épidote , et de longs fila-
mens d'amianthe , moins soyeuse et moins délicate que celle
de r Oisans. Dans la même montagne , on trouve de la
préhnite en petites lames très-minces avec de l'épidote.
Dans les granités d'Alençon, on voit de jolies cristal-
lisations d'axinite violet-brillant. Les mêmes granités re-
cèlent de l'aigue-marine. On n'y a point trouvé d'épidote ni
de chaux carbonatée.
Dans la vallée de Chamouni , au dôme du Goûté, l'un d«
ceux qui constituent le groupe des Monts-Blancs, l'axi-
nite a été découverte en petits cristaux , dans une roche ,
avec le quarz , le feldspath , et surtout la préhnite en petites
lames, comme celle des Pyrénées. Ce gisement ne donne
pas la chaux carbonatée. L'épidote se trouve dans plusieurs
endroits de la vallée.
En Saxe , à Thum, près d'Ehrenfriedersdorf, et dans le
Eelbertal, l'axinite se rencontreavec la chlorite et la chaux car-
bonatée, daus une roche ischiiïteu«€ avec pyrite ethornblendes
ti8 A X N
Elle est d'un violet gris , rarement cristallisée et trAnspa-
rente. Elle y est plus souvent en masses lamelleuses, comme
laxinite de "Tresbourg , près de Blankenbourg ; au Hartz ,
aussi accompagnées de chaux carbonatée et d'asbeste , et de
même sans épidote. 31. Werner avoit donné le nom de iliu-
vicrsiein^ changé en iumile par Napione, à l'axlnile de Thum,
la première qu'il ail connue.
Bans la Norwége, près de Kongsberg, Taxinite en petits
cristaux, d'un vioîet léger et éclatant, forme des veines dans
de la chaux carbonatée blanche laminaire, qui contient de
ranihracite, du mica noir, du quarz , de l'argent natif, et
quelquefois des cristaux de prchnile flabelliformcs d'un beau
vert. A Arendal, dans la mine de Torbions-Busgrubc, l'axi-
nite se montre avec l'épidote, le feldspath, la chlorite , etc.
Dans les granités du comté de Cornouailles , en Angle-
terre, on trouve de i'axinife en petits cristaux bruns ou d'un
violet très-foncé , et peu éclatant. Ces cristaux sont accom-
pagnés d'amiante et remarquables par la multiplicité de leurs
facettes, et comme au gisement d'Alençon, on n'a pas ob-
servé, dans ce granité du Cornouailles, l'épidote et la chaux
carbonatée, mais on v indique l'anatase. Enfin, l'axlnile en
beaux cristaux violets a été découverlepar le célèbre boIani.>:te
voyageur Michaux, dans les monts AUéghanis dans l'Amérique
septentrionale , et dans le mont Allas en Afri«|ue, par M.Des-
fonlaines. On l'a retrouvée aussi dans les montagnes qui avoi-
sincnt le Cap de J>onne-Espérancc et en flspagne.
lucgîass-siein ou glass-srhorl de VYidenman, n'est autre chose
que ïi/xini/cSa cassure vitreuse lui a fait donner ces noms. La
bijouterie n'a pu tirer aucun parti de cette pierre.
iVXlRIS, ylxyri's. Genre de plantes de la monoécic trian-
drie , et de la famille des CiiÉ^oroDÉES, dont les caractères
sont: d'avoir un calice à trois divisions, et trois étaminesdans
les fleurs mâles; un calice àdedsoucinq folioles, et uji ovaire
supérieur arrondi, cliargé de deuxslyles dans les fleurs femelles.
Le fruit est une semence globuleuse, un peu aplatie, en-
fermée dans les folioles du calice.
C'est dans les déserts de l'Vsie boréale que croissent les
quatre espèces d'aa;i'm. Une est fruliculeuse; les autres sont
annuelles. Leurs feuilles sont alternes, plus ou moins ovoïdes,
ou n>ieux, spathulacées.Ces espèces, dont deux sont cultivées
dans le jardin du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, ne
présentent rie« de remarquable. Persoon a établi le genre.
CÉrxATOSPF.R>TE aux dépens de celui-ci. V. le mot DiOTis. (b.)
AXIS, Mammifère ruminant du genre des Ceiifs. (desm.)
AXIS. C'est le Chanvre cultivé pour la pipe, (b.)
AXiSEC, Nom arabe des Mousses, (b.)
A. ib
^=^. yt//-i//t'// <i'c
J/oïKi/e
■i. J.r^.r
. ///(' ■ (n/c
A Y E „,
AXOLOTL. Larve d'une grande salamandre qui vit dai.s
les lacs du Mexique , et qui appartient probablement ( au dire
de Cuvier auquel on doit une excellente dissertation sur ce
qui la concerne , dans les Mémoires zoologiques de M. de
Humboldt , faisant suite à son Voyage dans l'Amérique mé-
ridionale), à la salamandre des monts AUéghanys de Mi-
chaux.
On mange Vaxolotl dans son pays natal, (b.)
AXON(tE. Partie la plus blanche et la plus solide de la
graisse des animaux. \S axonge au porc ^ ou sain-doux, est fort
délicate et recherchée pour les usages domestiques. C'est la
même sorte de graisse qui se nomme ««//"dans les l/œufs , le^
moutons , etc. (s.)
AXONOPE, Axonopus. Genre établi par Palisot Beau-
vois dans la famille des graminées, qui ne diffère àes Pas-
Pales, que parce que son axe est digité, ses épillets simples
et unilatéraux. Il renferme cinq espèces, toutes étrangères, (b.)
AYA, Poisson du genre Bodian. (b.)
AYACA. Dans V Histoire des voyages , tome 4-®, p. 3o.3 , il
est question de la spatule d'Amérique ^ sous le nom à''aycca.
V. Spatule.
AYALLA. Arbre des M'oluques, menlionnépar Rumphius,
sous le nom à'arbor versirolor, à cause des couleurs dont son
bois est orné. Ses fleurs et ses fruits ressemblent à ceux du
giroflier , et ses feuilles sont opposées et lancéolées.
Les Malais enlèvent son écorce pour la mâcher avec l'a-
rec et le bétel , et se ranimer lorsqu'ils sont languissans.
Il est probable que cet arbre est du genre des Myrtes ;
mais Rumphius n'entre pas dans d'assez grands détails sur sa
fructification , pour en être certain, (b.)
AYALLY. Graminée de Saint-Domingue, dont on ne
connoît pas le genre, (b.)
AYAMAC A. Nom de pays de I'Iguane. (b.)
AYAIVLVLAS. Nom qu'on donne, dans Vile de Java, à un-
coq sauvage. F. CoQ. (v.)
AYA PANA. Plante du genre des Eupatoires, porlée du
Brésil à l'Ile-de-France , comme une panacée universelle ,
et de là en France y où ses vertus ont été un moment égale-
ment vantées. Aujourd'hui on est partout extrêmement re-
froidi sur son compte , et on ne lui. accorde plus que les
propriétés des autres eupatoires. Elle a été figurée dans le
superbe ouvrage sur les plantes de la Malmaison, (b.)
AYFj-AYF^ {Che'iromy s), Cuvier; Dauhentonia , Geoffr.
Genre de mammifères, placés jusqu'à présent parmi les
rongeurs et à côté des écureuils , mais qui , d'après les ob-
servations de M. dc^Blainville , paroît devoir êlre rapporté
,2ô A Y E
à l'ordre des quadrumanes, et à la famille des makis, dans
laquelle il devroit être rapproché jparticulièrement de« genres
Tarsier et Galago,
'Vaye-aye est un animal de la taille du chat , dont la ti^te
est grosse , sphérique et large en arrière, comme celles des
quadrumanes que no«s venons de nommer. Son museau
est court et pointu , et non arqué comme celui de la plupart
des rongeurs ; ses narines sont terminales ; sa lèvre supé-
rieure est entière ; ses yeux très-grands sont dirigés en avant,
et non latéralement comme ceuxd^s écureuils ; ses paupières
sont très-fendues , comme dans les animaux nocturnes ; ses
oreilles grandes et nues sont moins reculées que celles des
rongeurs. Comme dans iestarsiers et dansles galagos, la bouche
est grande. La coupe longitudinale de la tête fait voir que
i'aire du cerveau est plusieurs fois aussi considérable que
l'aire de la face, tandis que dans les rongeurs, et notamment
dans le castor , auquel on attribue des facultés intellectuelles
très-déveioppées, l'aire de la face est plusieurs fois aussi
considérable que celle du crâne. Les orbites ont leur cadre
complet ; ce qui n'existe pas dans les rongeurs. Les cornets
inférieurs du nez sont simples , comme dans les quaikuma-
nes , et les corne is clhmoïdaux sont irès-développés.
Les membres antérieurs sont fort courts , proportion gar~-
dée avec les postérieurs ; ce qui est commun à la plupart
des rongeurs et aux maicis. Les divers os qui composent le
bras et la main sont semblables à ceux des pattes antérieures
de ces derniers animaux. Les quatre pieds ont cinq doigts.
Les mains ont la paume nue , le pouce assez court et libre ;
les autres doigts sont très-allongés ; le médius est excessive-
ment grêle , l'index entièrement nu, et le quatrième ou l'an-
nulaire plus long que tous les autres. Ses pieds de derrière
sont formés en main ; le pouce y est court , opposable et
muni d'un ongle plat ; leurs doigts assez allongés sont égaux
en grosseur; finjjicateur, comme celui des makis , est le plus
court , et il est armé d'un ongle siibulé, plus droit et plus
aigu que ceux des autres doigts.
La bouche est munie d'un appareil dentaire qui a la plus
grande analogie , il est vrai , avec ce qu'on observe dans les
rongeurs. Chaque mâchoire supporte deux incisives très-fortes,
excessivement comprimées , et ressemblant à des socs de
charrue situés en avant, et se correspondant parfaitement,
îl y a une barre ou espace interdentaire ; point de canines ,
et quatre molaires de chaque côté à la mâchoire supérieure,
et trois seulement à l'inférieure. Ces molaires sont à couronne
plate, ce qui provient peut-être de l'âge avancé de l'animai
unique sur lequel ou a fait ces observations.
A Y E
Cette conformation des dents paroît avoir été le mo(if
principal qui a engagé les premiers naturalistes qui ont parlé
de Vaye-aye, à le placer dans l'ordre des rongeurs. Mais si
Ton considère que dans les tarsiers, les incisives intermé-
diaires supérieures sont très-grandes, et répondent à deux
incisives inférieures, on trouve un rapport de plus entre ces
animaux et Vaye-aye. En outre , les tarsiers et les ga/agos, ainsi
que les loris^ sont, comme ce dernier, des animaux excessive-
ment lents.
Toutefois , Vaye-aye doit être considéré comme intermé-
diaire entre les rongeurs et les quadrumanes; mais par l'en-
semble de son organisation, il paroît plus rapproché de ceux
ci : aussi M. de lîlainviile n'hésite-t-il pas à le placer dans
la famille des makis.
Uaye-aye a le fond du pelage formé d'un duvet fauve clair
ou jaunâtre , traversé sur le dos par de longues soies rudes et
brunes , dont quelques-unes sont terminées de blanc. Ces
soies donnent à cette partie une teinte foncée ; les membres
sont bruns , la queue noire , non distique comme celle des
écureuils , mais également couverte sur toutes ses faces de
longs poils roides. La femelle a deux mamelles inguinales.
L'Aye-Aye MadéGASSE, ChéîrumysMadagascaricnsis^ est la
seule espèce connue de ce genre, La découverte en est due à
feu M. Sonnerat, naturaliste très-distingué (^Voyage aux Indes
Orientales^ tom. 2 , p. iSy). Aye~aye est une exclamation des
habitans de Madagascar, et M. Sonnerai l'a appliquée à cet
animal , qui se trouve dans la partie occidentale de cette île.
Ces animaux, dit ce voyageur, sont très-paresseux et très-
doux; ils ne voient pas pendant le jour, et leurs yeux, couleur
d'ocre de rue , sont comiric ceux du chai-huant. Leur nourri-
ture ordinaire se compose d'insectes et de vers , qu'ils tirent
des trous d'arbres , et qu'ils poussent dans leur gosier avec
leur très-long doigt du milieu des pieds de devant ; ce doigt
paroît leur être utile pour s'accrocher aux arbres. Ceux que
M. Sonnerat a élevés , n'avoient pour toute nourriture que
du riz cuit ; ils se servoient , pour le manger , de leurs doigts ,
comme les Chinois de leurs baguettes. Au lieu de relever
leur queue sur le dos comme le font les écureuils, ils la te-
noient traînante.
Tu'aye - aye., d'abord placé parmi les écureuils , sous le
nom de Srimiis Madagascariensis (Gmel.) , en a été séparé par
M, Geoffroy , qui en a formé un genre particulier , sous le
nom de Bauhentonia. Schreber et Schaw le rapprochèrent des
makis y en prenant sans doute en considération la forme de
ses mains et de ses pieds , et le nommèrent lemur psilodady-
hs. M.Cuvier jugea ensuite nçcessaire de changer ie nom de
13:^ A y o
Dauhenfoma tn cpluî fie Chéiromys , que cet animal a conservé
jusqu'à ce jour, (desm.)
A.YENE , Jyenia. Genre de plantes de lapentandrie mo-
îiogynie et de la famille des Malvacées, dont les caractères
sont d'avoir : un calice à cinq folioles lancéolées ; cinq pétales
qui s'insèrent , parle moyen d'un onglet filiforme , long et
courbé en arc ., à la base de l'ovaire , et qui convergent en
une étoile plane, surmontée dans leur partie moyenne d'une
glande pédicellée; un tube cylindrique , et dont le limbe est
à cinq lobes ; cinq élamincs, dont les anthères sont cachées
sous les pétales ; un ovaire stipilé , enfermé dans le tube et
Surmonté d'un style , dont le stigmate est pentagone ; cinq
capsules réunies , monospermes , extérieurement hérissées
de petites pointes.
On compte quatre espèces à^oyènes ^ toutes de l'Amérique
méridionale , et dont une est annuelle. La structure singn-
iicre de leur corolle est tout ce qui les distingue ; mais elle
mérite d'être étudiée, (b.)
AYER. C'est un arbuste sarmenteux , dont les rameaux
gont cylindriques. Ses feuilles sont alternes et ovales ; ses
Heurs naissent sur les cotés des rameaux el sont disposées en
corymbes. Elles produisent des baies roiigeAtres , bonnes à
manger. Cette plante , qui semble avoir avec les lieiTcs des
rapports marqués , croît à Amboinc, près des rivières. Lors-
qu'on fait des incisions à ses rameaux, il en découle un suç
limpide , propre à désaltérer les voyageurs, (b..)
AYEZ. Synonyme d'AiL. (b.)
AYIRAMPO. Espèce de Cacte. (b.)
AYLANTIIE. V. Langit. (b.)
AYiMIRT-yVMlRL C'est I'Hernandier sonore, (b.)
AYMOUTAROU. V. Moutajîié. (b.)
AYNITU. Arbrisseau à feuilles alternes , ovales , an-
guleuses et dentées, chargées d'une poussière épaisse, blanche
et caustique , qui s'attache aux mains lorsqtx'on les touche.
Ses fleurs naissent en longues grappes aux aisselles des feuilles
supérieures , et produisent des capsules à deux ou trois loges,
qui renferment chacune une semence. Cet arbrisseau croit
dans les Moluques ; son bois est un peu odorant , et sert à
faire des fumigations, (c.)
AYON. Jeune Cocon , dans les environs de Charle-
ville. (b.)
AYOQUANTOTOTL. Fernandez dit que c'est u»
oiseau du Mexique, à peu près de la grosseur de notre moi-
neau , dont le plumage est varié de jaune , de noir et de
blanchâtre ; il se tient dans les montagnes. Sa chair est ma.
A Z A ,.S
bon meis ; maïs comme son chant est oxirêmement foible ,
on ne le nourrit point en cage. ( Hîst. Noo. Hisp. tract. 2 , cap.
20. ) Brisson croit que cet oiseau est le même que le petit,
nil'jaune de Cayeiine. Cependant le peu que Fernandez dit
de son ayoguantoiotl , indique un oiseau différent, puisque,
indépendamment des couleurs dont Fernandez ne donne pas
la distribution, il y a une grande disparité dans l'intensité
de la voix , le petit cul-jaune l'ayant aussi forte que celle du
loriot , au lieu que le gazouillement de l'oiseau du Mexique
se fait à peine entendre. V. Cul-jaune, (s.)
AYOS. Nom espagnol de l'AiL. (lî.)
AYOUALALl. V. Ochroxylie. (b.)
AYOUINITOBOU et AYOULIBA. Noms caraïbes de
I'Agnanthe et d'une Eupatoire. (b.)
AYPAR.hu. Arbre de moyenne grandeur , qui quitte
ses feuilles tous les ans , ce qui est rare dans les Moluques où
on le trouve. Ses feuilles sont alfernes , lancéolées , cré-
nelées. Ses fleurs sont petites , blanchâtres , en grappes
asillaires ; elles ont un calice à cinq folioles , cinq pétales ,
un pistil qui se change en une noix noirâtre , tachée de blanc ,
et dont le noyau se divise en trois valves , et contient une
seule semence, (b.)
AYPI. Espèce de Cy?îanque du Brésil, (b.)
AYRA. Espèce de RE^^\^lD de la Guyane. V. Chien.
(desm.)
AYRI. Palmier du Brésil , qui paroît être une espèce
d'AvoiRA. ( V. ce nom. ) Son bois est si dur, que les sau-
vages en arment leurs flèches, et en font des massues, (b.)
AYRIMIX1Z\. C'est le Bodian bloch. (b.)
AYTIMUL. Arbre de moyenne grandeur, dont les feuilles
sont alternes et ovales; les fleurs petites et axillaires; les
capsules ovoïdes , bivalves et monospermes. Cet arbre croît
dans les Moluques. Il rend un suc laiteux. Les habitans en
font des carquois et des peignes, (b.)
AYTONE. V. RupiNiE. (b.)
AYUN. Arbre d'Amboine, dont les fruits sont aigrelets,
se mangent, et peuvent être employés à teindre les toiles.
On ne connoît pas son genre, (b.)
AYYAL. Arbrisseau à feuilles simples , alternes , ovales,,
lancéolées , qui paroît être dioïque , et dont les fruits sont
formés de petites baies réunies comme dans la ronce. Il rend
un suc laiteux lorsqu'on l'entame. Ses jeunes pousses se man-
gent cuites , en guise de légumes. Il croît dans les Molu-
ques. (b.)
AZALA. C'est le nom turc ou arabe de la Garance, (b.)
AZx\LEE j Azaiœa. Genre de plantes de la pentandrie
t2^ A Z A
jnonogynle et de la famille des rhodoracées. Ses caractères
sont : calice très-petit, à cinq dents; corolle monopétale,
lubulce , à trois ou cinq découpures irrégulières ; cinq éta-
mines insérées sous le pistil ; ovaire supérieur , arrondi ,
surmonté d'un style à stigmate arrondi ; capsule cylindri-
que , divisée en cinq loges , qui renferment beaucoup de pe-
tites semences.
Une douzaine d'arbustes ou plantes fruticuleuses , remar-
quables par la beauté et quelquefois la bonne odeur de leurs
fleurs , sont compris sous ce nom. Les uns conservent leurs
feuilles pendant l'hiver , les autres les perdent.
Parmi les premières se trouvent:
L'Azalée PONTiQUE , Azalea pontica^ Linn. , qui est sou-
vent confondue avec le rosace du môme nom , Bliododendron
ponlicum, Linn., mais qui s'en distingue parle nombre de
ses étamines , et la couleur jaune de ses (leurs. Ses carac-
tères sont d'avoir les fimilles luisantes , lancéolées, et les
grappes de fleurs terminales. Elle croît naturellement dans
le voisinage de la mer Noire. On prétend quele miel cueilli
danssafleur par les abeilles, rendfurieux ceux qui en mangent,
comme il arriva à l'armée des dix mille, à l'approche de Tré-
bizonde , au rapport de Xénophon.
L'Azalée de l'Inde, arbuste admirable par la4)eautc da
ses fleurs, et que l'on cultive généralement dans l'Inde , a
la Chine et au Japon. Ses caractères sont d'avoir les fleurs
presque solitaires et le calice velu. Ses fleurs sont grandes et
d'un rouge écarlate très-éclatant.
Les Azalées de Laponie et couchée, très-petites plantes
des montagnes froides , dont les caractères sont d'avoir les
feuilles parsemées de points enfoncés pour l'une , et les ra-
meaux rampans pour l'autre.
Parmi les secondes , on remarque les Azalées À fleurs
NUES, À fleurs rouges, et À feuilles visqueuses, et leurs
nombreuses vaiiétés. Ce sont des arbustes de quelques pieds
de haut , et qui croissent naturellement dans les bois hu-
mides de l'Amérique septentrionale, dont ils font l'or-
nement au premier printemps, tant par la position de leurs
(leurs, qui forment un bouquet au sommet des rameaux, que
parleur couleur d'un rose tendre, et par l'odeur douce qu'elles
répandent. Les feuilles ne paroissent qu'après les fleurs dans
la première de ces espèces, et en même temps qu'elles dans
la seoonde et la troisième. On les cultive toutes dans les jar-
dins d'ornement. J'ai vli ces azalées sur leur sol natal , où elled
fleurissent à des époques différentes.
Lorsqu'on veut jouir, dans les jardins, de tous les agré-
meas des azalées , il faut les planter à l'exposition du nord
A Z E 125
ou au levant, dans une terre légère , fraîche et substantielle ,
et ne jamais leur faire sentir le tranchant de la serpette que
pour les dégager de leur bois mort. On les multiplie très-
aisément de marcottes- L'effet qu'elles produisent , lors-
qu'elles sont en fleur , est très-agréable et se prolonge pen-
dant près d'un mois.
M. Desvaux a établi le genre Loiseleurie aux dépens de
celui-ci. (b.)
AZAMICOS. Avicenne désigne sous ce nom le Char-
donneret, (s.)
AZARA , Azara. Genre de plantes de la polyandrie mo-
nogynie, dont le caractère consiste en un calice persistant^
divisé en plusieurs découpures ovales, aiguè's ; point de co-
rolle ; plusieurs filameus capillaires plus courts que les éla-
mines, insérés entre le réceptacle et le calice ; une trentaine
d'étamines; un ovaire supérieur, pentagone, à style subulé et
à stigmate obtus; une baie presque ronde, uniloculaire , sur-
montée du style qui persiste, et renfermant un grand nombre
de semences ovales, attachées à des réceptacles décurrens
sur le péricarpe.
Ce genre renferme trois arbrisseaux du Pérou , qui parois-
sent avoir quelques rapports avec le Prokia. (e.)
AZAPvÉRO. V. Cerisier de Portugal, (b.)
AZE. L'Ane dans le midi de la France, (s.)
AZÈBRE. V. Cheval ou Zèbre, (s.)
AZEDARAC , Melia. Genre de plantes de la décandrie
monogynie et de la famille des Méliacées , dont le caractère
est d'avoir un calice très-petit, à cinq divisions; cinq pétale^
lancéolés; dix étamines , dont les filamens sont réunis et
portent les anthères au-dessous de leur sommet , en dedans ;
un ovaire supérieur conique , qui se termine en un style de
la longueur du tube des étamines , et un stigmate capité
et pentagone ; une noix globuleuse , charnue , qui contient un
novaudont la superficie est à cinq cannelures, et l'intérieur
divisé en cinq loges monospermes.
Ce genre est composé de deux arbres, très-intéressans par
la beauté de leur feuillage et de leurs bouquets de fleurs , et
par l'odeur suave, quoique foible , que répandent ces der-
nières.
L'un, l'AzÉDARAC Bivi'sst^ Melia azedamch, Linn., est cul-
tivé dans les parties méridionales de l'Europe , dans toute
TAsie, et dans presque tous les établissemens des Européens
en Afrique et en Amérique. J'en ai vu de grandes quantités en
Caroline , où les habitans sont dans l'usage d'en planter
quelques pied$ devant leur» maisons. C'est un arbre de la
laG A Z E
grandeur d'un poirier, dont les feuilles sont altei'ncs , mais
rassemblées au sommet des rameaux. Elles sont deux fois
ailées et fort larges ; leurs folioles sont ovales , incisées ou
lobées. Les fleurs sont disposées en grappes axillaires , et
souvent fort nombreuses. Elles sont d'un violet tendre aux
pétales, et d'un violet foncé au tube des étamines.
Rien de plus agréable que cet azédarac, lorsqu'il commence
à entrerenfleurs. Aussi les AmérlcalnsTappellcnt-Ils, dans leur
langue , ï orgueil de l'Inde. Ces fleurs se succèdent pendant
trois ou quatre mois; mais elles diminuent d'odeur et même
de beauté à mesure que la chaleur augmente et que les feuilles
grandissent. 11 leur succède des grappes de fruits, qui sub-
sistent d'une année à l'autre. On dit que la pulpe des fruits
est mortelle pour les hommes et les chiens; ce que j'ai de la
peine à croire , car elle est peu désagréable au goût , ainsi
que je ni'en suis assuré, et elle est fort lecherchée par un
grand nombre d'oiseaux, entre autres, en Amérique, par
la grive émigrante.
J'ai également peine à croire qu'on puisse faire , comme on
l'a annoncé, de la bougie avec cette pulpe; car elle ne m'a
pas paru avoir les qualités propres à cet objet. 11 n'en est
pas de même de Thulle des amandes, qull doit être très-
facile d'en retirer par tous les moyens connus.
Cet azédarac se cultive dans quelques jardins de Paris ;
mais il a besoin d'être garanti de la gelée, qu'il craint beau-
coup ; et il n'y est jamais qu'un arbrisseau peu garni de feuilles
et de fleurs. On le multiplie de graines qu'on sème sur couche
au printemps. Il vient également de racines.
L'autre espèce tï azédarac , l'AzÉûVRAC AILÉ, Mclia aza-
dirachta ^ Linn., s'élève davantage que le précédent dans son
pays natal, l'Inde; ses feuilles sont simplement allées et com-
posées de six à huit paires de folioles oblongues, lancéolées,
dentées et courbées en faucille; ses fleurs sont plus petites
el jaunâtres , mais disposées comme celles de l'autre espèce.
On tire par expression , de son fruit, une huile dont les ha-
bitans du Malabar se servent pour guérir les piqûres et les
contractions de nerfs. Ses feuilles, infusées dans du suc de
limon, passent pour vulnéraires et vermifuges, (b.)
AZER-ALSACMEL. Nom arabe de I'Hépatique des
FOÎsTAIÎ^ES. (B.)
AZERRES. Nom des Muscades sauvages, (b.)
AZEROLIER ou POMMETTE, Qatœgus azarolus,
Linn. Cet arbre, de la troisième grandeur, est une espèce de
Néflier, qui croît spontanément en Italie et dans le Levant:
il çst cultivé principaicmenl ^an5 le niiji de la France. Ses
A Z T tajr
fleurs ornent ies bosquets de printemps, et ceux d'automne
sont embellis par ses fruits, qui ont une jolie couleur rouge ^
et qui se nSangent en Italie et même dans le Midi de la France;
ils ont un goût aigrelet légèrement sucré, et sont rafraîchissans.
On en fait une confiture qui approcbe de celle A^éplnevineite.
IWazerolier se greffe sur l'aubépine , le néflier, le coignas-
sier, et peut, à son tour, recevoir des greffes de ces mêmes
arbres. Il croît plus vite que l'aubépine, et quoiqu'il soit
moins épineux , on peut en faire des baies ; mais il ne vaut pas
la peine d'être cultivé dans le Nord, où il demande une ex-
position particulière , et où son fruit n'acquiert jamais une
parfaite maturité. Il offre des variétés à fruit jaune , à fruit
ayant la forme d'une poire, à fleurs toutes blanches, à feuilles
cotonneuses en dessous.
L'AZEROLIER DE ViRGiME Cratœgus Coccinca^ Linn., est
une autre espèce qui , par le brillant de stts feuilles et l'é-
clat de son fruit, mérite aussi une place dans les bosquets.
Voyez au mot Néfljer , les caractères génériques et spé-^
cifiques des azeroUers. (d.)
AZIER, Nonatelia. Genre de plantes de la pentandrie
monogynie, et de la famille des rubiacées, dont les caractères
sont d'avoir: un calice à cinq dents; une corolle monopétale,
tubulée, à cinq divisions; cinq étamines, dont les filamens
sont insérés au tube de la fleur ; un ovaire inférieur qui fait
corps avec la base du calice,, et porte un style bifide; une
baie sphérique à cinq loges, qui renferment chacune une se-
mence osseuse.
Ce genre comprend six espèces de plantes , toutes propres
à la Guyane, toutes figurées par Aublet, dont les unes sont
herbacées, et les autres fruliculeuses, mais qui se ressemblent
beaucoup par l'ensemble de leurs parties.
La phis importante à connoître est l'AziER À l'asthme ^
Nonatelia officiiuilis ^ Aublet, dont les caractères sont d'avoir
ies feuilles opposées, lancéolées , stipulées à leur base, et les
fleurs disposées en panicules courts. Elle est employée , en
infusion, pour guérir l'asthme. Cette plante est herbacée, et
se trouve à Cayenne, le long des sentiers, dans les bois.
La plupart des autres espèces entrent, suivant Willdenow,
dans le genre des Psychotres de Linnœus. V. ce mot. (b.)
AZEZ-ALSACMEL. En Arabe, c'est I'Hépatique des
FONTAI^ES.
AZÏER MACAQUE. Espèce de Mélastome. (b.)
AZIME , Azîma. Arbuste de l'Inde , formant un genre ,
qui a pour caractères : calice à trois ou quatre divisions ex-
térieures; coroHe de quatre pétales verdâtres ; quatre éta-
^iiines iasarées au i^éceptacld^ ovaire à quatre côtés, conique
128 A Z O
et se terminant par un style simple ; fruit capsulaire , unilo-
culaire et monosperme.
Ce genre a été décrit et figuré, premièrement; par La-
marck, pi. 807 de ses Illustrations , et ensuite par l'Héritier,
pi. I de sesStirpes, sons le nomdeMoNÉTiE.Willdenow a pré-
féré ce dernier nom. Ici on conserve celui de Lamarck, comme
antérieur. Cet arbuste forme, dans nos serres, un buisson
toujours vert et fort touffu. Ses rameaux sont carrés ; ses
feuilles ovales , aiguës , opposées ; et de leur aisselle sortent
deux épines moins longues qu'elles , et divergentes. Il fait
partie de la famille des Kubiacées. (b.)
AZIMÈNE. Nom d'un arbrisseau de Madagascar, que
Jussieu rapporte aux Volkamères , mais qui peut-être doit
former un genre particulier, (b.)
AZIMUT. On donne ce nom à l'arc de l'horizon com-
pris entre le point du midi et le point de Thorizon auquel
répond un cercle vertical qui passe par le centre de l'astre
dont on veut connoître la hauteur, (pat.)
AZIO. C'est le Squale aiguillât, (e.)
AZOLLE , Azolla. Petite plante aquatique flottante qui
se rapproche des Salvinies et des Hydrocotiles. Elle est
formée de quantité de petites feuilles ovoïdes , ponctuées ,
vésiculeuses, imbriquées, et formant de petites rosettes sous
lesquelles on remarque de longues racines simples.
Cette plante , qui vient du détroit de Magellan, constitue
nn genre, dont les caractères sont figurés, avec tous les
développcmens convenables, pi. 10 des Remarques sur les
plantes des terres australes, par Vk. Brown. (b.)
AZORELLE , Azorella. Genre établi sur une petite plante
ombellifère, rapportée par Commerson du détroit de Ma-
gellan , et que Lamarck a figurée avec deux autres , pi. 189
de ses Illustrations.
Les feuilles de ces plantes sont remarquables par leur forme
simple et concave , leurs ombelles peu garnies de rayons, et
une collerette de deux ou trois folioles.
Le fruit est presque en cœur, et composé de deux semences
réunies.
Ce genre renferme aujourd'hui une douzaine d'espèces
parmi lesquelles se trouve I'Azorelle chamitis , qui a servi
pour établir un genre appelé Chamitis par Gœrtner, Bolax
par Jussieu, et Fragose dans la Flore du Pérou, (b.)
AZOTE. Principe qui est la base du gaz azote , et qui ne se
trouve jamais autrement que dans l'état de fluide aériforme,
lorsqu'il est pur et seulement joint au calorique. Il peut passer
A Z U x,g
à l'état solide, de même que les autres substances gazeuses,
par sa combinaison avec quelque autre matière.
Vazote est un des principes constituans du corps des ani-
maux , où il entre en quantité tVès-considérable , amsi qu'on
le reconnoît par l'analyse surtout de leurs parties muscu-
laires.
Fourcroy a découvert que le fluide qui remplit la vessie na-
tatoire des poissons, est le gaz azoie pur; on peut le recueillir
facilement , en crevant ces vessies sous la cloche d'un appa-
reil pneumato-chimique à l'eau.
Le gaz azole est un des deux élémens qui constituent l'air
atmosphérique, où il entre dans la proportion de 76 à 77
parties sur cent, avec le gaz oxygène, et quelquefois une petite
quantité de gaz acide carbonique.
Il est puissamment attiré par les végétaux, qui l'absor-
bent, surtout avec le concours de la lumière, et le conver-
tissent en leur propre substance ; ce qui fait que la végétation
rend l'air plus pur, et vivifie en quelque sorte l'atmosphère ,
en augmentant la quantité proportionnelle du gaz oxygène ,
qui est proprement l'air vital.
Le gaz azote est un peu plus légét- que l'air atmosphérique
(dans la proportion de 96 à 100).
L'azote est un des principes constituans de l'alcali volatil
Q\x ammoniaque. Il résulte des belles expériences de Berthollet,
que l'ammoniaque est formée de six parties d'azote et d'une
partie d hydrogène. •
Il est aussi le radical de \ acide nitrique^ d'après les expé-
riences de Cavendish : ce célèbre physicien ayant introduit
dans un tube de verre sept parties de gaz oxygène et trois par-
ties de gaz azote, et tiré l étincelle électrique un grand nom-
bre de fois au milieu de ce mélange , iâ est parvenu à le con-
vertir en acide nitrique, (pat.)
AZOU. Nom des arbres à Madagascar : azou mainthi,
c'est un MÉ^isperme ; azouampe, une Tragie ; azou aurai,
un Éléocarpe ; azou minti-bé, un autre Ménisperme;
azou-minti-bé, un Plaqueminier. (b.)
AZOUFA du voyageur \ incent Leblanc. C'est un qua-
drupède carnassier des royaumes de Fez , de Maroc et de
Cambi , et qui paroît être ï' Hyène, (s.)
AZTATL. Nom mexicain du Héron blanc, (s.)
AZULAN. V. Gros bec azulan. (v.)
AZULHIHA. C'est le Iîengali cordon bleu, (s.)
AZUL-LEXOS. C'est le nom espagnoldu Ministre! (v.)
AZUR-DU-CIEL. C'est la couleur bleue que présente
la masse des divers fluides qui composent notre atmosphère.
C'est u» fail comiu de tous ceux qui ont gravi de hautes
III. 9
x3o B A A
montagnes , que la couleur du ciel paroît d'autant plus fon-
cée , qu'on se trouve à une plus grande élévation.
Saussure a observé sur le Mont-Blanc, que la couleur
bleue du ciel étolt , à fort peu de chose près , de la même
nuance que le bleu-de-roi le plus foncé. Il a inventé un ins-
trument qu'il a nommé cyanomètre^ pour mesurer les diffé-
rens degrés d'intensité de celte couleur. ( Voyages dans les
Alpes , § 2009 et 2o83. )
Pendant le cours de mes longs voyages en Sibérie , je
n'ai jamais vu une seule fois le ciel d'une couleur qu'on
pût appeler bleue , excepté sur les montagnes les plus éle-
vées; mais jusqu'à la hauteur de trois mille pieds, il pa-
roissoit plutôt grisâtre que bleu, quoique d'ailleurs l'air fût
exempt de nébulosités proprement dites ; et la voûte du ciel
étoit considérablement plus surbaissée que dans nos cli-
mats.
Tous les fluides transparens , quoique parfaitement in»-
colores quand on les observe en petite quantité , sont colo-
rés quand ils sont rassemblés en grandes masses ; et cette
couleur est d'autant plus décidée, que les fluides sont plus
purs. L'eau du Rhône , é. sa sortie du lac de Genève , res-
semble à une forte teinture d'indigo. La Saône , quand elle
est parfaitement tranquille , a la couleur verte de l'éme-
raude. La Neva, quoique très-limpide, paroît presque noire.
La mer, quand elle est calme , réfléchit une teinte bleue mê-
lée de v«rt. (pat.)
AZUR DE CUIVRE. V. Cuivre, Cuivre carbonate
BLEU, (LUC.)
AZUR ( PIERRE d' ). V. LaZULITE. (LUC.)
AZUR pu PETIT AZUR. V Moucherolle azur, (v.)
AZURÉ. Poisson du genre Cyprin, (b.)
AZURI ou ZARATER. Nom latin de l'étourneau, formé
de l'arabe, (s.)
AZURIN. V. Brève-azurin. (v.)
AZUROR. Espèce de C^sio. (b)
AZUROUGE. V. Fringille AZUROUGE. (v.)
AZUROUX. V. Passerine bleue, (v.)
AZUVERT. V. Fringille azuverte. (v.)
AZUZENO. Nom du Quinquina à grandes feuilles.
(b.)
B
BAAK ROOSEN. C'est un Lagerstrome. (b )
BAALA-PALETL V. Canang de Ceylan. (b)
BAARS. Nom de la Perche, (b.)
BAART-MANTMETJE. F. Mulle surmulet, (b.)
BABA. Nom sibérien du Pélican, (v.)
BABAN. A ^ice , on donne ce nom à un insecte qui nuit
beaucoup aux olives. C'est le Thrips de Geoffroy , que quel-
ques personnes appellent Punaise staphylin. (b.)
BABATAMIBI. C'est le Trioptère de la Jamaïque, (b.)
BABELA. Espèce d'acacie. Elle est du nombre des arbres
qui nourrissent Tinsecte produisant la Laque, (b.)
BABIANE, Bahiana. Genre établiparCiawler, auxdépens
des Antholyzes , des Glayeuls et des Ixies. Ses caractères
sont:spathede deux valves, l'inlérieur bipartite; corolle tubu-
ieuse, divisée en six parties; trois stigmates ouverts ; une baie.
L'Antholyze plissée , les Glayeuls tubiflore , Spa-
THACÉ, Sulfuré et I'Ixie velue , peuvent être considérés
comme les types de ce genre , dont on cultive dix espèces
dans le jardin de Kew près de Londres. L'avant dernière est
figurée pi. io53 du Botanical magazine de Curtis. (B.)
BABIL {Vénerie ). C'est un défaut du limier , qui doit être
secret, (s.)
BABILLARD. On a donné ce nom à un poisson du genre
Pleuronecte , fort voisin de Xa^ petite suie ^ parce qu'il fait
continuellement un bruit qu'on peut comparer à une per-
sonne qui parle vile. V. au mot Pleuronecte. (b.)
BABILLARDE. V. Fauvette babillarde. (v.)
BABIROESSA , Babironsa, Babirosa, Babirosea,
Barbiroussa. V. Babiroussa. (desm.)
BABIROUSSA. Sus hahyrmsa , Mammifère du genre
des Cochons {V. ce mot.) , remarquable par la légèreté et la
finesse de ses jambes , et surtout par ses longues défenses re-
levées et recourbées en arrière à l'extrémité. Il habite les îles
de la mer des Indes. Le Babyroussa est figuré pi. A. 22 ,
fig. 3 , de ce Dict. (desm.)
BABOON. V. Babouin, (desm.)
BABOUCARD. Nom générique des martin-pêcheurs en
langue jolofe. Buffon l'a appliqué à un oiseau de ce genre 7
assez commun en Afrique, (s.)
BABORA. V. Courge , Giraumont. (b.)
BABOSA QUINADO. Espèce d'AcHiT. (b.)
BABOUIN ouPAPlON , Papio. Ce nom est celui d'un
genre , selon M. Geoffroy ( Ann. du Mus. ) , et d'une sous-
famille, suivant M. Cuvier {Reg. anim.) , de mammifères,
appartenant à l'ordre des Quadrumanes , et renfermant
plusieurs singes de l'ancien continent, remarquables par
leur férocité, leur lasciveté extrême, la forme très-prolongée
de leur museau , la force de leurs dents canines , leurs fesses
nues , etc.
,33 B A B
C'est à Bfisson (^Reg. anîm.) qu'est due la première dis-,
tinction du papion ou babouin , comme devant former ua
genre particulier dans la famille des singes. Exleben, en
adoptant ce genre , y place les mandrills , que Brissôn ap-
ne\o\i cynocéphales. MM. Geoffroy, Saint-Hilaire et Cuvier ,
dans leur Mémoire inséré auJoum. dephys. , tom. 3, réser-
vèrent ensuite le nom de babouin pour le genre où ils placè-
rent le mandrill et le pongo de Eornéo ; et le babouin de
Brisson {simia sphinx , Linn.) passa dans leur genre magot,
auquel ils donnèrent le nom latin de cynocephahis.
Depuis ce temps , dans son Tableau élémentaire des ani-
maux, M. Cuvier ayant partagé le genre des magots en deux ,
^savoir : i." les magots proprement dits, et 2.° les macaques, le
papion ou le babouin de Buffon et de Brisson , appartient
à la division des macaques.
M. Lacépède , ensuite , dans son Tableau des mammifères^'
appela macoyi/e , le magot, sépara le pongo de Bornéo
pour en former un genre particulier , et laissa sous là déno-
mination de babouin.^ le mandrill et le papion sphinx.
Dans son ouvrage sur les singes , Audebert place dans sa
troisième famille, les singes qui correspondent aux babouins
de M, Cuvier.
Blumenbach (^Élem. d'Hist. nat.) réunit les papions au.K
mandrills , sous le nom générique de babouins.
Dans notre Tableau des mammifères ( i."^*" édition de ce
Dictionnaire) , nous avions réservé cette dénomination pour
le grand papion (^S. sphinx) , le petit papion Ç^S. porc aria ^
Linn.), l'ouanderou {S. silenus) , l'hamadryas ou singe de
Moco (^S. hamadiyas)., et pour le mandrill {S. maimon et mor-
mon)., dontjnous formions un sous-genre. Nous réunissions les
macaques proprement dits , comme : l'aigrette , le bonnet
cbinois , le rhésus , etc. , au genre des guenons , en en for-
mant néanmoins un sous-genre caractérisé par la brièveté de
la queue. Nous reconnoissions aussi les genres magot et pongo,
tels qu'ils avoient été établis précédemment.
Depuis peu, M. Geoffroy, ( Tabl. des quadrumanes , Ann.
duMus., tom. 19), sépare des j^Hfno«5 et autres genres voisins,
les singes qu'il nomme jCercocÈbes, ce sont : le mangabey,
le mangabey à collier , le singe vert ou callitriche, la toque
( Esp. nouv. ) , le bonnet chinois , Tatys , Taigrette et le ma-
caque proprement dit. Son genre Magot contient le magot
f»roprement dit , le rhésus , et le maimon ou babouin à
ongues jambes de Pennant et de Buffon. Ses Babouins
sont : l'ouanderou, le cynocéphale {S. cynocephalos , Linn. ) ,
lepapion-porc oubabouin des bois, de Pennant et de Buffon,
B A B ,33
(^simiaporcan'a) des auteurs ; le vrai papioîi {papîo sphinx') y
l'hamadryas; le hahomn che\ela{ S. sphingiola , Schreb. ) ^
et le mandrill (5. mormon).
Enfin , M. Cuvier (^Reg. anim.) sépare les singes de l'an-
cien conlinent en trois groupes distincts ; savoir : i." les
orangs ; 2." les guenons , auxquelles il réunit les cercocèbes
de M. Geoffroy ; et 3.° les hahoidns.
Ces babouins , il les subdivise ainsi : i." les Magots ; 2.° les
Macaques , tels que l'ouanderou , le bonnet chinois , l'ai-
grette , le macaque proprement dit, le maimon , et le rhé-
sus d'Audebert qu'il réunit au patas à queue courte de
Buffon ; 3." les Cynocéphales {cynocepJmlï) , qui sont : le pa-
pion (.9. sphinx) , le papion noir ou porc {S. porcaria ) , l'ha-
madryas et le papion à queue courte ou papion des bois de
Pennant ; 4-° les Mandrills ; et 5." le Pongo.
ISous adopterons celte dernière classification, parcequ'elle
nous paroît fondée sur des bases plus certaines que toutes
celles dont nous venons de faire mention. En effet , on voit
que dans ces classifications, la plupart des espèces dont nous
avons rapporté les noms , ont passé successivement d'un
genre à l'autre; ce qui démontre suffisamment que ces genres
étoient pour la plupart fondés sur des caractères peu impor-
tans et difficiles à observer.
Le genre Cercocèbe de M. Geoffroy surtout , nous paroît
renfermer des espèces qui se rattachent plutôt aux genres
d'où elles ont été tirées , qu'elles n'ont de rapports communs
entre elles. Ce seroit tout au plus l'angle facial moins ouvert
de 5 degrés que celui des guenons ( cercopitheci) , et la pré-
sence des crêtes surciliaircs qui les feroient séparer de ces
singes. Ce genre comprend les espèces qui avoient reçu le
nom de macaques , et quelques guenons proprement dites.
En suivant la subdivision des singes de l'ancien continent
telle que l'a proposée M. Cuvier, nous n'y apporterons au-
cuns changemens, si ce n'est que nous considérerons comme
genresles dernières coupesqu'il établit, et quenous conserve-
rons le nom de babouin à celle qui comprend ses cynocéphales.
BApOUIN, Papioy Brisson, Erxleb, Geoffr.; Cynocepha-
his , Cuvier , Regn. anim. Genre de quadrumanes , de la
famille des SiNGES de l'ancien continent , dont les espèces
offrent les caractères suivans : angle facial de 35 à 3o degrés ;
museau allongé et comme tronqué au bout , où sont percées
les narines , ce qui le fait ressembler à celui d'un chien plus
que ceux des autres singes ; nez relevé et prolongé au-deli
des lèvres ; narines très-rapprochées ; de grandes abajoues ;
fesses calleuses ; canines fortes ; molaires à quatre tuber-
cules, la dernière eu ayant de cinq à sept; corps trapu ^
134 B A B
membres forts ; queue plus ou moins longue , selon les es-
pèces ; bord orbitaire échancré pour le passage du nerf
frontal.
Les bahouins sont tous d'Afrique , à l'exception d'une es-
pèce qui vit en Arabie, (desm.)
Ils se nourrissent de fruits, semences, feuilles , insectes,'
comme la plupart des singes; ils sont médians, robustes et pil-
lards. On les tient en captivité; jamais on ne les apprivoise;
ils mordent très-fort. On en a vu qui buvoient du vin , de la
bière , de Teau-de-vie , jusqu'à s'enivrer. Les femelles haïs-
sent les femmes et aiment les hommes , les mâles font tout
le contraire, (virey.)
Première espèce. — Le Papion ou Babouin proprement dit
{Papiu sphinx)., Buffon, tom. i4- •, pi- i3 et i4; 5. cjnocepha--
lus , Brongn. , Mém. de la Soc. d Hist. nai. pi. ; Schreib. pi.
i3 ; Audebert , fam. 3 , sect. i , fig. i ; Simia sphinx, Linn.
Son pelage est d'un brun verdâtre , plus ou moins foncé ;
ses poils sont très-longs et flexibles ; sa face est noire ; ses
mains ont la même teinte que le dessus du corps; sa queue
est très-longue ; sa taille est assez considérable lorsqu'il est
adulte, (desm.)
Les singes qui ont le museau plus allongé que les autres ,
ont la face hideuse , et sont aussi les plus méchans , les plus
féroces ; c'est ce que l'on rcconnoxt dans le papion. Sa forme
trapue , nerveuse , son aspect farouche , le distinguent assez
des autres singes. On ne trouve plus en lui la douceur , la
gentillesse, l'amabilité des espèces de guenons et de sapajous ;
c'est plutôt une brute d'un naturel ardent , colère, et d'une
odieuse lubricité. Il grince des dents au moindre sujet ; il fait
des gestes d'une lasciveté révoltante devant les femmes ; sa
jalouse fureur ne peut se contenir à leur aspect. D'ailleurs ,
robuste et bmtal , s'il n'étoit pas enchaîné , il seroit à crain-
dre , même pour un homme armé. Cet animal , tourmenté
sans cesse par la passion de la jouissance , se masturbe sou-
vent , et en présence du sexe , avec la plus dégoûtante lubri-
cité. Il découvre avec une révoltante impudeur toutes ses
parties naturelles , qui sont d'un rouge vif, et que la nature
n'a voilées d'aucun poil ; ses fesses nues et calleuses ont aussi
une couleur de vermillon. Il semble qu'il se plaise à faire
parade de sa nudité , et à montrer avec complaisance ce que
îa^ature a voulu dérober aux regards des hommes. Les au-
tres animaux semblent avoir quelque pudeur ; mais \e papion
ou babouin se plaît à la blesser. Il montre son derrière rouge,
nu et pelé , plus souvent que sa face , aux spectateurs.
(VIREY.)
B A B ,35
Cette espèce est d'Afrique , et se trouve prlucipalemeni
sur la côte de Guinée, (desm.)
Deuxième espèce. — Le Papion PORC ou Babouin koir
( Papio porcarius) , Simîa porcaria , Boddaert , naturf. 22 , pi.
I et 2 ; S. ursina , Pennant ; S. sphingiola ^ Hermann. ;
guenon à museau allongé de Pennant et de Buffon , suppl.
lom. 7 , pi. i5; singe noir de Levaillant , etc.
Il est d'un brun-olivâtre foncé sur le corps et jaunâtre sur
le front ; sa face et ses mains sont noires et ses poils touffus et
roides ; sa queue est très-longue ; sa taille est moyenne. La
guenon à museau al/onge de Pennant , que M. Cuvier rapporte
à cette espèce , avoit , au dire du naturaliste anglais , deux
pieds de hauteur lorsqu'elle étoit assise.
Cette espèce , ainsi que la précédente , avec laquelle elle
a beaucoup de ressemblance , présente plusieurs variétés ,
qui ne sont vraisemblablement que des différences d'âge , et
qui ont donné lieu à plusieurs descriptions d'espèces factices,
que M. Cuvier a détruites dans son dernier ouvrage.
Troisième espèce. — L'Hamadryas ou Tartarin de Pros-
per Alpin et de Brisson ; Papio hamadrj'as , Papion à per-
ruque ; Simia hamadryas , Linn. ; Papion à museau de chien ,
Penn. ; Singe de Moco , Buff, , suppl. lom. 7, pi. 10.
Son pelage est gris-cendré ; et les poils qui le composent,
beaucoup plus longs sur la tête , sur le dos et sur les épaules
qiie sur le reste du corps , forment comme une vaste penuque.
(chacun d'eux est d'un gris très-clair , annelé de gris plus
foncé; la barbe estlongue; la facecouleurde chair,à l'excep-
tion du nez etde la bouche qui sont noirs, ainsi que lesmains;
la queue est de médiocre longueur , bien fournie de poils.
Ce singe, que Buffon confond à tort avec le macaque ouan-
derou, atteint la taille d'un enfant de dix ans, est d'une
lubricité extrême , et lorsqu'on le contrarie , il entre
dans de violens accès de fureur. Celui qu'Edwards dessina
en Angleterre , venoit de Moco , sur les bords du golfe Per-
sique. On dit que l'espèce est répandue en Arabie.
Quatrième espèce. — Le Babouin À queue courte {Papio
siloestris ; Babouin des bois , Buff suppl, tom. 7 , pi- 7 5 Simia
sibicolUf Schavv , quadr. tom. i , part, i , pi. 12 ; Simia sil-
vestris , Schreb , fig. 18 , c. )
Cette espèce , décrite par Pennant sous le nom de ba-
bouin des bois , est bien caractérisée par la brièveté de sa
queue , qui est d'ailleurs très-mince , et par la teinte d'un
gris-jaunâtre-clair de son pelage. Sa face est couverte d'une
peau noire et peu luisante ; ses pieds et ses mains sont unis,
et noirs comme la face ; mais les ongles sont blanchâtres.
Lnndividu décrit par Pennant étoit haut de trois pieds;
ir.6 BAC
sa queue n'avoit que trois pouces de long , et le dessus pn
élolt très-garni de poils. C'est à cette espèce que M. G. Cu-
vier rapporte , dans son Règne animal ^\q singe appelé par son
frère, simia leucophœa , et décrit dans les Annales du Muséum^
tom. 9 , fig. 37. M. Geoffroy pense que ce même singe ap-
partient à l'espèce du Mandrill.
Cinquième espère. — Le lÎABOUIN CHEVELU , Papio romains,
(xeoff Ànn. du Mus. M. Geoffroy établit cette espèce sur le
simia sphingiola de Schreber , fig. 6, B, auquel il rapporte la
variété de papion, figurée par Audebert {^Singes ^ fam. d.
sect. I , fig 3 ).
Ce singe a le pelage brun-noir ; deux touffes de longs poils
descendent de son occiput ; ses joues sont noires et marquées
de rides ou de stries. L'individu représenté par Audebert étoit
défectueux.
11 habile le Cap de Bonne-Espérance, (desm.)
BABOULI CANTL C'est le Ramontciii sépiaire. (b.)
BABUK. Nom russe des Gerbosies. (desm.)
BABY-ROUSSA, BABYRUSA ou BABY-RUSSA.
F. l'article Cochon, (desm.)
BACA ou BAEA , Baca. Genre de plantes de la diandrie
monogynie et de la famille des Personnées. Il offre pour
raraclères : un calice divisé en cinq parties ; une corolle
bilabiée , dont la lèvre supérieure esta trois lobes, et l'infé-
rieure à deux; deux étamines ; une capsule corniculée , con-
tournée et quadrivalve.
Ce genre ne contient qu'une espèce , qui a été rapportée
de l'île de France par Commerson. (b.)
BACASIE , Bacasia. Genre de plantes de la syngénésie
polygamie frustranée, et de la famille des Corymbifères. Il
offre pour caractères : un calice commun ovale, imbriqué
d'écaillés scaricuses, les extérieures ovales, lancéolées, et les
intérieures linéaires; un réceptacle velu, contenant, à sa cir-
conférence, huit demi-fleurons quadridentés, hermaphrodites,
fertiles , porteurs d'une longue soie , et dans son centre un
seul fleuron , très-grand, labié , à cinq dents , stérile et in-
séré sur un gros corps fongueux ; semences ovales , angu-
leuses, velues, surmontées d'aigrettes plumcuses. *
Ce genre renferme deux arbrisseaux du Pérou, (b.)
BACAU, BACHAO, BACAUVAN, BUCHAU. Es-
pèce de Manglier, voisin du Bruguière. (b.)
BACByVKIRI. C'est ainsi que l'on appelle, au Cap de
Bonne - Espérance , un oiseau que des auteurs indiquent
comme un merle, et d'autres comme une pie-grièche. Son nom
est tiré de son cri d'appel qui exprime les syllabes l^ac ba lf.i
ri. V. G0NOLEK À PLASTRON NOIR. (V.)
BAC ,3;
BACCAREOS. Gemelll Carrerl dit que les montagnes
des environs de Damms , dans Tlndostan , sont remplies de
Baccareos ^ qui ressemblent à des daims, et dont la chair a
le goût de celle du porc. Ces animaux pourroient bien ap-
partenir à Tespèce du Cerf Axis, (s.)
BACCAULAIRE, Desv. Sorte de Fruit. Le Clavelier
en offre im exernple. (b.)
BACCAURÉE, Baccaurea. Genre de plantes de la poly-
gamie dioécie, qui offre pour caractères ; un calice divisé
en cinq parties, ovales , charnues, persistantes; point de co-
rolle ; six ou huit et aminés; un ovaire supérieur à stigmate
sessile , concave et découpé.
Les fleurs femelles diffèrent peu des hermaphrodites.
Le fruit est une baie presque ronde , triloculaire , bi-
sperme et d'un jaune-rouge doré.
Ce genre renferme trois espèces toutes propres à la Co-
chinchine. Ce sont des arbres médiocres, à feuilles éparses,
ovales, entières , et à fleurs disposées en grappes, dont deux,
la Baccaurée ramiflore, et la Baccaurée cauliflore ,
sont cultivées à raison de leurs fruits qui, outre leur beauté
et leur grosseur, supérieure à celle du coing , sont acides et
très-agréables à manger.
La troisième , la Baccaurée sauvage , a des baies velues
et acerbes , que Tonne mange pas. (b.)
BACCHANTE, jBa^67/ûm. Genre de plantes de la syngé-
nésie polygamie superflue, et de la famille des corymbifères,
dont le caractère offre un calice commun , cylindrique ,
imbriqué d'écaillés étroites et pointues ; un réceptacle nu ,
supportant , dans son lymbe , des fleurons hermaphrodites ,
tubulés , et à sa circonférence, des fleurons femelles à
lymbe entier ; semences à aigrette sessile.
Ce genre, dont celui appelé Molina par Ruiz et Pavon, ne
paroît pas différer, renferme des arbres ou arbustes à feuilles
alternes , et à fleurs disposées en corymbes axillaires et ter-
minaux. On en compte une vingtaine d'espèces ; dont les plus
remarquables sont :
La BACCHA^TE d^Y Irgit^ie, Baccharis halimifolia, qui a les
fouilles presque ovales et dentées dans leur partie supérieure.
Elle se trouve dans l'Amérique septentrionale, sur le bord des
eaux, où je l'ai fréquemment observée. Cette espèce qui s'é-
lève à dix ouîdouze pieds, et qui jette beaucoup débranches est
très-propre à la décoration des bosquets d'automne, où on la
voitfréquemment, d'abord par ses fleurs et ensuite par ses fruits
aigrettes qui se conservent sur l'arbre une partie de l'hiver,
et lui donnent une apparence singulière. Les terrains gras et
un peu humides lui conviennent Te mieux. Elle se multiplie
i38 BAC
de drageons enracinés. Elle craint les hivers rigoureux , et
le mieux est de rempailler aux premières gelées.
La Bacchâ^îte à feuilles d'Iva, qui vient du Pérou et
qu'on cultive dans quelques jardins. Les habitans des pays
où elle croît s'en servent en décoction pour fortifier l'es-
tomac Elle a les feuilles lancéolées et dentées latérale-
ment.
La Bacchante du Brésil, dont les feuilles sont ovales,
entières, rudes, sessiles et veinées en dessous. Elle vient du
Brésil, où on emploie ses feuilles pour dissiper la rougeur et la
douleur des yeux.
La Bacchante À odeur de sauge a les feuilles lancéo-
lées , dentées , velues , appendiculées k leur base , etlespa-
nicules lâches et terminales. Elle croît dans l'Inde ainsi qu'à
la Chine. C'est la conyze bahamifère de Linnseus. Elle est
frutescente. Ses feuilles sont grandes et passent pour toni-
ques , stomachiques et antispasmodiques. On les emploie ,
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, contre la paralysie et la '
foiblesse des membres.
La Bacchante \ feuilles d'épervière , dont les feuilles
sont lancéolées, dentées, à demi-amplexicaules, et les fleurs
disposées en corymbe terminal aggloméré. Elle est annuelle,
ft\ se trouve dans les parties méridionales de l'Europe; c'est
Verygeroii govaui de Linnseus.
Celte dernière espèce a , par l'ensemble de ses carac-
tères , plus de rapports avec les Conyzes et les Vergeret-
TES, qu'avec ce genre, V. ces mots, (b.)
BACCILLA.IRE , Baccillan'a. Genre d'animalcules in-
fusoires, dont le caractère est d'être quadrlgones, semblables
à de petits cristaux. 11 comprend plusieurs espèces qu'on
Irouve , les unes dans les eaux delà mer, les autres dans les
eaux douces. Rolhe en a décrit et figuré une dans son Cata-
logue botanique , tab, l^.^fig. 5 , sous le nom de conferve baccil-
laire. V. Animalcule, (b.)
BACCIVORES , Barxborî. Non» de la seizième fa-
mille de l'ordre des oiseaux sylvalns et de la tribu des Ani-
SODACTYLES. V. ces mols.
Caractères : pieds médiocres et un peu forts; tarses anne-
lés, nus; doigts extérieur et intermédiaire réunis jusqu'an
milieu ou seulement à l'origine ; pouce épaté ; bec à large
ouverture , à base rarement ciliée , glabre ou emplumée ,
dilatée , à dos un peu caréné et à pointe courbée , entière
chez les uns, échancrée chez les autres; reclrices, douze,
quelquefois dix. Cette famille est composée de six genres ;
BAC i39
toutes les espèces qu'elle renferme se nourrissent principa-
lement de baies. V. Ormthologie. (v.)
BACCOUCOUHAKECHA. Nom caraïbe du Bana-
nier, (b.)
BACEIQ. Nom arabe et égyptien de I'Épervier. (v.)
BACELLO. C'est, en italien, le Hobereau, (s.)
BACHA. V. Tarticle des Bu.sES et Busards, (v.)
BACHA DE MER. C'est le Triure Bougainville. (b.)
BACHALA. Nom arabe de IAmaranthe oléracée. (b.)
BACHE. C'est le nom d'un palmier de la (iuyane, qui
paroît se rapprocher du Raphia de Madagascar. Ses fruits ,
qui se mangent , sont portés sur un très-grand régime , et
sont gros comme une pomme. Leur surface est comme écail-
leuse.
Le bois de ce palmier est très-dur , et est employé, ainsi
que ses feuilles , à plusieurs usages domestiques par les sau-
vages, (b.)
BACHEBO. Nom vulgaire du Pic-vert, (v.)
BACHFORE. V. Truite, (b.)
BACHI-BACHL Espèce de Muscadier de Madagas-
car, (b.)
BACILE , Crkhmum. Plante vivace à feuilles trois fois
ternées, à folioles lancéolées, linéaires et courtes , qui forme
un genre dans la pentandrie digynie et dans la famille des
Ombellifères.
Ce genre offre pour caractères: des ombelles et des ombel-
lules hémisphériques, à involucres polyphylles ; un calice en-
tier ; une corolle de cinq pétales entiers, courbés au som-
met , presque égaux ; cinq et aminés ; un ovaire inférieur sur-
monté de deux styles ; un fruit comprimé , composé de deux
semences striées , ovoïdes , à écorce fongueuse.
On cueille les feuilles de la bacile , vulgairement appelée
perce-pieire , ou passe-pierre , ou criste-marine , parce qu'elle
croît dans les fentes des rochers des bords de la mer au midi
de l'Europe , à mesure qu'elles se développent , et on les
met dans une saumure composée de sel , de vinaigre, et quel-
quefois de piment. Ainsi confites , elles s'envoient au loin
et servent à relever les sauces. Elles remplissent le même ob-
jet que les Câpres et les Cornichons. On les regarde
comme antiscorbutiques. La consommation en est considé-
rable.
La bacile ne s'élève qu'à quelques pouces , et se cultive
difficilement, (b.)
BACINET. V. Bassinet, (b.)
BACKELYS ou BAKELEYS. Race de bœufs à bosse
employée parles Hottentots, qui s'en servent, dit-on, dans
x^o BAC
^ leurs combats, et pour veiller à la sûreté de leurs besiîaux.
(desm.)
BACKER ou BÉQUETEUR. Hirondelle de mer du
Gothland. (s.)
BACKLANI. Nom que le Cormoran porte dans le pays
des Kirguis. (v.)
BACKRA. C'est la Truite, (b.)
BACLAN. ]\om sibérien du Cormoran, (v.)
BACONE, Baconia. Arbuste de Sierra-Le«ne, qui, selon
JJecandolle, n." 5i des Annales du Muséum , forme im genre
dans la tétrandrie monogynie et dans la famille des Rubia-
cÉES. Il présente pour caractères : un calice à quatre divisions
ohtuses ; quatre étamines à anthères linéaires; un ovaire supé-
rieur à style simple ; une baie sèche à deux loges dispermes.
Ce genre s'écarte, en raison de son germe supérieur, de la
plupart de ceux de cette f;unille ; mais il ne peut en être
séparé au dire de l'auteur précité, (b.)
BAC OPE , Bacopa. Plante de la famille des portulacées,
c;ui forme un genre dont les caractères sont : un calice
d une seule pièce, profoiîdément divisé en cinq parties iné-
É^ales ; une corolle monopétale régulière , dont le tube est
<ourt , évasé à son orifice, et terminé par un limbe à cinq
découpures ov aies ; cinq étamines insérées presque sous le
limbe de la corolle ; un ovaire à demi-supérieur , se termi-
nant en un style court , dont le stigmate est arrondi et con-
vexe; une capsule membraneuse, uniloculaire , remplie de
5('mences très-menues.
Cette plante croît sur les bords des ruisseaux de la Guyane.
Ses tiges sont couchées sur terre : ses feuilles opposées, ses-
siles , amplexicaules , linéaires , un peu épaisses et glabres;
SCS fleurs axillaires , solitaires et bleues. On l'emploie contre
les brûlures : de là son nom vulgaire A'herbc aux brûlures. (B.)
BACOVE. Fruit d'une variété de Bananier, (b.)
BACTRIS, Baciris. Genre de plantes de la famille des
palmiers, dont le caractère est d'avoir les flems distinctes
«lans la même spalhe , et composées d'un calice de six fo-
lioles, de six étamines et d'un pistil supérieur.
Le fruit est une noix à une seule loge , et percée de trois
trous au-dessus de sa base.
Ce palmier diffère fort peu du coco^ avec lequel il est gé-
néralement confondu. Il vient des îles de l'Amérique, (b.)
BACULITE , Baculites. Genre de coquille , dont le ca-
ractère est d'être droite , cylindracée , un peu conique ; d'a-
voir les parois internes articulées par des sutures sinueuses ,
et les cloisons transverses, traversées par un syphon latéral,
lobées et découpées dans leur contour.
B A D i;i
Ce genre a été formé par Lamarck sur une coquille fossile,
trouvée par Faujas auprès de Maeslrichl, qui a la même or-
ganisation que les cornes d'Ammon , mais qui est droite. On
ne corinoît encore que cette espèce, qu'on peut voir figurée
dans l'ouvrage de Faujas sur les fossiles de la montagne de
Saint-Pierre de Maestricht , pi. 21 ^fig. 2 et 3, et pi. A. 20 de
cet ouvrage. Lamarck soupçonne que les pétrifications ap-
pelées spondylolites on fausses vertèbres^ n'en sont que les mou*
les intérieurs. V. au mot Ammonite, (b.)
BADA, BADASou ABADA. Suivant Dapper, ce sc-
roient les noms que les Nègres de la côte d'Angole donne-
roient à un quadrupède du genre des Rhinocéros, V. Tar-
ticle Abada. (desm.)
BADALWANASSA. Espèce de LYCOPODEdeCeylan.(B.)
BADAMIER , Tervnnalia (^polygamie monoécie^. Genre
de plantes de la famille des Eléagîsoïdes , dont les carac-
tères sont d'avoir : un calice d'une seule pièce, à demi-divisé
en cinq parties ovales , pointues et ouvertes ; point de co-
rolle ; dix étamines ; un ovaire inférieur , duquel s'élève un
style , souvent courbe , terminé par un stigmate simple. Le
fruit est une espèce de noix ovale , un peu comprimée , et
entourée d'un feuillet ou rebord mince qui , se relevant
d'un côté , rend cette noix concave. Elle contient un noyau
osseux , uniloculaire et monospemae. Ces caractères sont
figurés pi, 848 des Illustrations de Lamarck,
Ce genre contient une douzaine d'arbres d'une très-grande
utilité pour les habitans de l'Inde , où ils croissent naturel-
lement.
Le Badamier du Malabar, Tenninalia catappa, Linn.,
dont les feuilles sont ovales , crénelées et velues en dessous,
est cultivé dans les jardins de ce pays. Les amandes de son
fruit sont servies sur les meilleures tables de l'Inde ; on les
mange crues; on en retire aiissi, par expression, une huile
semblable à celle de l'olive , et qui ne rancit jamais.
Le Badamier des Moluques , Terminalia Moluccana ,
Linn. Ses amandes sont aussi très-bonnes; maison n'en re-
tire point d'huile. Cette espèce est très-commune à Batavia,
où on en fait des plantations régulières dans les jardins et
dans les places publiques , pour jouir de son ombrage.
Son caractère est d'avoir les feuilles ovales , très- entières et
glabres.
Le Badamier des îles de France et de Bourbon, ap-
pelé Faux-Benjoin , Terminalia mauritiana , Lam, , est em-
ployé par l&s habitans de ces îles pour faire des pirogues.
On le croit très-résineux ; il a des feuilles elabres , oblcn-
i^a B A D
gucs , lancéolées , et les étamines plus longues que le calice.
Le Badamier au Benjoiîs, Tenninalia bcnzoin^ Llnn. C'est
lui qui produit la véritable résine connue sous le nom de
benjoin. On sait, dit Lamarck , que le benjoin est une résine
sèche, dure, fragile, inflammable, d'une odeur suave et
pénétrante , surtout lorsqu'on la brûle, et qui découle , na-
turellement ou par incision, d'un arbre qui croit dans les
Indes orientales. Quand cet arbre a cinq ou six ans , on fait
des incisions eri longueur et un peu obliquement à la cou-
ronne du tronc; c'est de là que découle celte excellente ré-
sine , qui est d'abord blanche, ténue , glutineuse et trans-
parente, et qui se fige et se durcit peu à peu à l'air , et de-
vient jaune et rougeâtre. Si on la sépare dans le temps
convenable , elle est belle et brillante ; mais si elle reste trop
long-temps à l'arbre , elle devient grossière et un peu brune,
et il s'y mêle des ordures. On ne retire pas plus de trois
livres de benjoin du même arbre. Les habitans ne laissent
pas croître ces arbres au-delà de dix ans ; mais aussitôt qu'ils
ont enlevé toute la résine qui y étoit attachée , ils les arra-
chent comme inutiles, pour faire place à des plantations plus
jeunes ; car les jeunçs arbres donnent beaucoup plus et de
meilleure résine.
Le benjoin se sublime en fleurs argentées, lorsqu'on le
tient sur le feu dans une cucurbite couverte d'un cornet de
papier : les fleurs de benjoin sont employées dans les par-
fums , et en médecine pour les maladies du poumon. On
prétend qu'elles enlèvent les taches de rousseur ; c'est pour-
quoi l'on forme une teinture de cette résine en la faisant dis-
soudre dans de l'esprit-de-vin ; et queUjues gouttes jetées dans
de l'eau la rendent trouble et laiteuse; c'est ce qu'on appelle
lail virginal; on en fait usage comme dun cosmétique. Encycl.
rnélhod.
L'Arbre du verms delà Chine , appelé par les Chinois
Tsi-chu, est, selon Lamarck, une espèce de badamier {Ter-
niinalia vernix , Lain.) , qui a les feuilles lancéolées , linéaires
et glabres. Par les fentes naturelles à son écorce, ou par les
blessures qu'on y fait , il s'écoule un suc laiteux , d'un blanc
sale, épais et visqueux, qui se condense bientôt, devient d'un
jaune brun et se réduit enfin en une résine noire comme
de la poix, dure, luisante, et friable comme le mastic
ou la sandaraque. Lorsque cette résine est encore liquide ,
c'est-à-dire , lorsqu'elle sort du tronc sous la forme d'un suc
laiteux, elle est si caustique, qu'elle brûle et ulcère la peau;
ses vapeurs mêmes sont nuisibles. Aussi les hommes qui la
recueillent ont -ils des gants, des bottines, un plastron sur
l'estomac , et un masque , pour se garantir d'en être atteints.
B A D ,^3
Malgré ces précautions , peu d'entre eux sont exempts d'ê-
tre attaqués, au moins une fois, de la maladie des clous de ver-
nis., ou ipustuXes sut là peau. Cette maladie n'est pourtant que
douloureuse etpointmortelle. Quand cette résine est sèche,
elle n'a plus de mauvaise qualité ; on peut boire sans aucun
danger dans les vases qui en sont enduits ou vernissés. On ne
court aucun risque non plus à manger les amandes que donne
le fruit de ce badamier, quand on leur a fait perdre, par Tex-
siccation , le suc laiteux qu'elles contiennent.
C'est avec ce vernis que se recouvrent les petits meubles
qu'on appellede la^ue^ etnon avec la véritable Laque. Voy. ce
mot. V. aussi ceux Sumac, Augie et Ver>issier. (b.)
BADARINGI. C'est le nom de la Meliùse en arabe, (b )
BADASE. C'est la Lavande, (b.)
BADASSO. F. Plantain frutescent, (b.)
BADE. Nom du Pleuronecte argus, (b.)
BADGER. Nom anglais du blaireau, (s.)
BADHAINIU. Millet de Ceyian. (b.)
BADIANE ^ lUiciuvi. Genre de plantes de la polyandrie
polygynie , et de la famille des lulipifères , dont les carac-
tères sont d'avoir : un calice de six folioles , dont trois infé-
rieures plus étroites et pétaliformes ; dix à trente pétales
disposés sur trois rangs; dix à trente étaminesplus courtes que
les pétales , et dont les filamens sont comprimés ; dix à vingt
ovaires, supérieurs , pointus , redressés et ramassés en un
faisceau conique , laissant un vide dans leur milieu et se ter-
minant, chacun, par un style très-court, au sommet duquel est
un stigmate oblong et latéral.
Le fruit est composé de plusieurs capsules ovales , com-<
primées , bivalves , monospermes , et disposées en une étoile
orbiculaire. Les graines sont lenticulaires , luisantes , et su-
jettes à avorter. V. pi. A. 19, où il est figuré.
Ce genre comprend trois arbustes , dont le port ressemble
à celui du laurier, et qui sont aromatiques dans toutes leurs
parties , mais surtout dans leurs capsules.
La première espèce et la plus connue, est la Badiane de
LA Cbihîe , Illicium anisa/um., Linn. , dont les capsules sont ap-
pelées anîs éLoilé de la Chine. Ses caractères sont d'avoir la
fleur jaunâtre et les pétales intérieurs linéaires. Elle croit
naturellement à la Chine. Les Chinois font un grand usage
de ses capsules , qu'ils mâchent après les repas pour faciliter
la digestion et se parfumer la bouche ; ils les regardent comme
un puissant dluiétique. Ils les mêlent avec le thé , le café et
autres boissons , pour les rendre plus agréables. On en fait ,
en Europe , d'excellentes liqueurs , dont une est fameuse ,
sous le nom à'anisMe de Hollande, de ratafiat ds Boulogne.
îU B A D
Le bois de l'arbre a aussi une odeur d'anis , ce qui lui a
tait donner le nom de bois d'anis. On l'emploie à des petits
meubles de tour et de marqueterie. Les feuilles et Técorce
ont également cette odeur, et on peut les employer à défaut
des capsules.
La seconde espèce est la Badiatse de la Floride. Ses
caractères sont d'avoir la corolle rouge et les pétales inté-
rieurs lancéolés. Klle a la même odeur que la précédente.
La troisième , est la Badiaise À petites fleurs , trouvée
par A. Michaux dans la Floride. Celle-ci diffère beaucoup
des autres par ses fleurs , dont les pétales sont peu nom-
breux , ovales et recourbés en dedans.
J'ai cultivé un grand nombre de pieds de cette dernière ,
dans le jardin de France en Caroline , où elle s'élève à deux
ou trois toises , et forme des touffes du plus bel aspect et de
l'odeur la plus suave pendant la chaleur. Les parties de sa
fructification varient en nombre sur le même pied comme
dans les autres espèces. Elle fleurit pendant cinq à six mois
de l'année , et fournit une immense quantité de capsules
aussi grandes que celles de l'anis étoile de la Chine , mais
peut-être un peu moins odorantes. On pourroit très-cer-
tainement la cultiver dans les parties méridionales de la
France , l'y rendre un objet de commerce , soit pour les li-
quoristes, soit pour les parfumeurs. Elle vienttrès-rapidemcnt
ettrès-aisémeni, soit de semences, soit de marcottes. Elle a
été figurée par \entenat dans son superbe ouvrage intitulé ,
Description des plantes du jardin de Ce/s, pi. 22. On en cul-
tive dans presque toutes les pépinières des environs de Paris,
quelques pieds qui fournissent chaque annéedesmarcottes. (b.)
BADINAGE. Nom d'une chasse qu'on fait aux Canards.
BADINDJAN. Nom arabe de la MéloîsXÈne et de la
Pomme-d' Amour, (b.)
BADISÏE , Badister. Genre d'insectes de l'ordre des
coléoptères, famille des carnassiers , tribu des carabiques ,
qui a été détaché , par M. Clairville , de celui de Urine. Dans
ce dernier genre , les quatre palpes extérieurs sont terminés
par un article plus grand , presque en forme de hache ; les
palpes maxillaires des badistes sont filiformes ; le dernier
article des labiaux est plus gros, en ovoïde court.
Badiste BIPUSTULÉ, Carabus bipusiulatus ., Fab. ; Clair,
entom. heh. , tom. 2 , p. 92 , tab. i3. A. B. Petit , noir, avec
la base des antennes , les pieds , le corselet et les élytres
rouges ; une tache noire en fer à cheval commune aux deux
élytres , et située vers leur extrémité ; assez commun sous
les pierres , aux environs dç Paris.
B A G j/r
On rapportera au même genre le carahis pellatus d'illlger,
figuré par Panzer, Faiin. insect'. gei-m. pap. 87 , //,^^ 20 (l.)
BADJARKITA. AuEengale, on donne ce nom, qui s\-
^mûc reptile de pierre ^ aux fourmilliers écailleux du^ genre des
Pangolins, (desm.)
BADOK-jBANKON. V. Ballote dist'ique. (b.)
BADULAIN. C'est I'Ardisie naine, (b.)
BiSiiKEB-KjffiPvAES. Nom que le voyageur le Bruyn
donne à des oiseaux qui ressemblent à la perdrix grise , mais
d'une taille plus grande ; ils volent de compagnie et se
tiennent dans les terres labourées ; ils ont le ventre et les
ailes blanchâtres, (v.)
BAEB. Nom allemand de l'OuRS, (desm.)
BAENAK. Espèce de Bodian. (b.)
BAETOEN. Vipère d'Arabie , imparfaitement connue.
BAEVILLA. Guimauve de Ceylan. (b.)
BAF. On a donné le nom de jumars aux produits de l'ac-
couplement de l'espèce du bœuf avec celle du cheval ; mais
l'existence de ces produits n'est nullement constatée.
Les jumars, que l'on suppose provenir de l'union du tau-
reau et de la jument , sont particulièrement désignés par le
nom de bafs. On appelle blfs ceux qu'on dit résulter du che-
val et de la vache. V. Jumars. (desm.)
BAGABATE. Nom de pays du BLA'fri. (b.)
BAGADAI. Sorte de Pigeon mondain, (s.)
BAGADAIS , Prlonops. Genre de l'ordre des oiseaux
Sylvains et de la famille des Collurions. V. ces mots.
Caractères : bec à base large , aplatie en dessous et gar-
nie en dessus de plumes dirigées en avant , tendu , très-
comprimé par les côtés ; mandibule supérieure échancrée
et crochue vers le bout; l'inférieure retroussée et amincie
à la pointe ; narines oblongues , couvertes par les plumes ;
paupières bordées de plumes , disposées en forme de den-
telure; ailes à penne bâtarde courte; la deuxième rémige
la plus longue de toutes ; trois doigts devant, un derrière.
Ce genre n'est composé que d'une seule espèce, dont on
ne^ connoît guère que la dépouille ; on sait seulement
qu'elle habite le Sénégal , qu'elle mange des vers et des
insectes, et l'on soupçonne qu'elle les cherche dans les terres
humides.
Le Bagadais-Geoffroy, Prlonops Geofroil, pi. 80 des
oiseaux d'Afrique de Levaillant. A les plumes du capis-
trum , la huppe et les joues d'un blanc pur; la tête et les
plumes des oreilles d'un noir qui approche de la couleur
gns de fer; le dessus et le devant du cou, la gorge', la poi-
ill. it,
UG B A G
trine el les parties poslérîeuresj d'un blanc de neige; le man-
teau , les scapulaireset les ailes d'un noir à rcHels bleuâtres,
sous un certain aspect ; le bord des grandes couvertu-
res alaires , des plus longues scapulaires el des dernières
pennes secondaires, blanc ; les deux pennes les plus exté-
rieures de la queue, de cette couleur; les autres ont, en outre,
plus ou moins de noir ; les paupières, les pieds et les ongles
eont jaunes ; le bec est noir : taille de la grive.
M. Levaillant est le premier qui ait décrit cet oiseau ,
auquel il a donné le nom de M. Geoffroi de Villeneuve qui
l'a rapporté du Sénégal, (v.)
BA(iASSEouBA(iAU. Nom donné, à Saint-Domingue,
aux restes des cannes à sucre qui ont passé au moulin , et dont
on se sert pour brûler après les avoir sécliées au soleil. On
en nourrit aussi les bestiaux. V. au mot Sucre.
Les restes de la fermentation de Vludigo portent aussi le
nom de bagasse à l'île de France, (b.)
BAGASSIER, Bagassa. Très-grand arbre dont on fait
des pirogues dans TAmérique méridionale ; ses feuilles sont
opposées , pétiolécs , à demi-divisées en trois lobes pointus ;
ses fruits , que l'on mange , ont la forme et la grosseur
d'une orange moyenne , et ils renferment un grand nombre
de semences. Cet arbre laisse couler, lorsqu'on l'entame ,
un suc laiteux et très-aqueux, (b.)
BAGATBAT. Synonyme de Pagapate. (b.)
BAGLAFECHT. V. Gros-bec baglafecht. (v.)
BxVGNAUDlER , Colutea. Genre de plantes de la diadel-
phie décandrie , et de la famille des légumineuses , qui a
pour caractères: un calice campanule à cinq divisions et per-
sistant ; une corolle papilionacée , composée d'un étendard
relevé , de deux ailes lancéolées et d'une carène redressée en
devant ; dix étamines , dont neuf sont réunies à leur base ; un
ovaire supérieur , oblong , comprimé , surmonté d'un style
qui est terminé par un stigmate en crochet , et velu en des-
sous ; une gousse membraneuse , demi-transparente , com-
iimnément enfice , uniloculaire , et contenant de petites se-
mences réniformes.
Les hagnaiidicrs sontextrêmement voisins des Astragales ;
et encore plus des Pkaca de Linnœus. Les genres Suther-
LANI>E e! LtSîiERTiE Ont été établis à leurs dépens; on en
compte uns,' vingtaine d'espèces, dont font partie les quatre
suivantes.
Le ii.^VvNAuniER ARBORESCENT, ainsi que ceux du Levant et
^'ÂLEP sont des arbrisseaux fort durs, qui profitent très-
bien en plein air ; on les élève communément dans les pépi-
nières pour les vendre. Le premier , qui a une variété à
B A G i47
gousses purpurines, fleurit souvent deux fois par an, au
printemps et au mois d'août ; les deux autres donnent des
îleurs , sans interruption , pendant une partie de l'été ; ainsi
tous les trois sont propres à orner les bosquets. Toute sorte
de terre leur convient; on peut les multiplier avec profit pour
leurs bois, leur repousse étant rapide , et pour leurs feuilles
ainsi que pour leurs fruits, que les brebis aiment beaucoup.
Le nom àefmix séné , qu'ils portent , est fondé sur ce que
leurs feuilles et leurs gousses sont purgatives.
Le Baginaudier d' Ethiopie , Colutea fnUescens , Linn, ,
est plus délicat -, il craint le grand froid. Cependant on peut,
dans les hivers doux , le laisser dehors, pourvu qu'il soit plan-
té dans une terre sèche , et aune exposition chaude. Il en sera
plus vigoureux au printemps , et fleurira mieux, (d.)
BAGRE , Bagrus. Espèce du genre Silure , que Cuvier
regarde comme devant former un sous-genre , à raison de ce
qu'elle a deux rangées de dents à la mâchoire supérieure,
une intermaxillaire et une vomérienne ; son crâne est aussi
plus lisse , et sa plaque de la nuque plus petite, (b.)
BAGUARL Nom que porte, au Paraguay, la Cigogîsîe
MAGUAKi. V. l'article des Cigogne, (v.)
BAGUE ou BOGUE. Nom d'un Spare. (b.)
BAGUE. Nom que les jardiniers donnent aux œufs du
BoMBiCE LIVRÉE, qui entourent les branches des arbres frui-
tiers, (b.)
BAGUENAUDIER. V. Bagnaudier. (s.)
BAGUETTE DIVINATOIRE. C'est une petite ba-
guette de coudrier ou de tout autre bois flexible, un peu cour-
be , et qui , étant posée par ses deux bouts sur les index de
certains individus , est supposée se mettre en mouvement et
tourner rapidement sur elle-même , lorsqu'ils se trouvent dans
le voisinage d'une source, ou, en général, d'une eau courante,
ou même des métaux enfouis, dont les impressions, disent-ils,
leur causenfcune agitation involontaire.
Comme toutes les choses que l'on veut rendre merveil-
leuses le deviennent davantage étant habillées d'un nom
scientifique , on a donné à ces indi/idus privilégiés le nom de
Rabdomanlhes , et on a appelé leur faculté la rabdomaucie ,
mot grec, qui signifie dhinaiion par la baguette.
Si nous considérons cette assertion en elle-même , nous
n'y trouverons rien qui soit mathématiquement impossible ,
puisque nous sommes très-éloignés de connoître tous les
modes d'action qui peuvent exister dans la nature : ainsi , il se
pourroit que , dans certains individus , le système nerveux
fût susceptible d'être influencé sensiblement par des causes
qui n'agiroient pas sur d'autres persoD'^-es ; et la présence
,48 B A G
même inconnue d'un courant d'eau ou d'un métal, pourrojt
avoir de pareils effets. Mais la même philosophie qui nous dé-
fend de rejeter// ^nor/ de semblables annonces, exige que nous
ne les adoptions pas non plus sans un mûr examen , et sans les
avoir vérifiées par des expériences méthodiques et rigoureuses.
Or , ici le mode d'expérience est bien simple : c'est de choi-
sir un individu doué de la propriété supposée au plus haut de-
gré possible ; de le mettre à la campagne , près d'un bassin
dont les conduits communiquent à quelque réservoir distanl
et caché, où l'on puisse, à volonté, déterminer l'écoule-
ment de ses eaux, en tournant un robinet. Placez là un ob-
servateur sûr, muni d'une bonne montre, lequel, de temps
en temps, à des époques arbitraires, ouvrira le robinet,
ou le fermera, en tenant note de l'heure sur un registre. Puis,
près du bassin , placez le rabdomanthe , et , à côté de lui ,
«m autre observateur, pareillement sûr, muni aussi d'um.'
montre également bonne , et chargez-le d'écrire fidèlemeitl
ce que le rabdomanthe lui indiquera , c'est-à-dire , s'il n'é-
prouve pas d'impression ou s'il en éprouve , et à quelle heurt'.
Après que cette double épreuve aura été continuée pendant
un certain temps , par exemple pendant une demi-journée ,
rapprochez vos deux registres , confrontez les indications du
rabdomanthe avec les époques connues où l'eau a été mise en
mouvement , et , par leur opposition ou leur accord , vous
pourrez apprécier la justesse de la faculté qu'il dit avoir.
Même , pour que cette faculté soit réelle , il n'est pas néces-
saire qu'elle ne le trompe jamais ; car il seroit possible , par
exemple , qu'elle consistât dans une impression assez foible
pour que le rabdomanthe pût quelquefois la laisser échapper
sans y faire attention ; mais , pourvu que cette impression
existe , si l'on a multiplié les épreuves , le rabdomanthe de-
vra avoir plus souvent rencontré juste que s'être mépris , et ,
d'après le nombre de ses accords et de ses discordances ,
comparés au nombre total des coups , vous pouqrez , par le
calcul des probabilités , apprécier la vraisemblance de la fa-
culté r;»bdomanthique. Je ne crois pas qu'on ait soumis aucun
rabdomanthe aux épreuves rigoureuses dont je viens de parler,
et j'avoue franchement qu'à juger par ceux qu'on a déjà ob-
servés , je doute qu'aucun d'eux voulût s'y soumettre. Ceux
dont on a raconté le plus de merveilles , ont toujours fini
par être convaincus de charlatanerie et d'imposture , lors-
qu'ils ont été étudiés par des physiciens véritablement ins-
truits. Le fameux Bleton , qui a eu à Paris tant de célébrité ,
et qui a coûté tant d'argent à ceux qui ont voulu le croire ,
mentoît tvidemmenl et sciemment, comme le célèbre physicien
M. Charles s'en est assuré par des épreuves non douteuses.
BAI 1^9
Un autre rabdomanlhe , nommé Pcnnet , dont on a aussi
beaucoup vanté les prédictions presque miraculeuses , a été
surpris, à Florence, escaladant une enceinte où Ton avoit
déposé diverses pièces métalliques pour l'éprouver le lende-
main : car la faculté des rabdomanthes s'étend aussi à décou-
vrir les trésors cachés, et celui-ci se croyoit probablement plus
sûr de son fait, s'il commençoit par s'aider d'abord des indi-
cations ordinaires de la vue et du tact. Un autre rabdomanthe,
plus ancien, nommé Jacques Aymar, qui fît aussi beaucoup
de bruit dans le monde du temps de Leibnitz , finit par avouer
lui-même sa friponnerie quand il se vit pressé d'une manière
un peu vive par des hommes éclairés. Leibnitz , que l'on peut
assurément mettre de ce nombre, raconte cette aventure dans
une de ses lettres,}d 'après des renseignemens indubitables. En-
fin , le mouvement même de rotation que prend la baguette
posée entre les mains des rabdomanthes , est encore un effet
très-naturel et très-simple desa courbure etd'un petit trémous-
sement qu'ils donnent à leurs bras; tout le monde peut aisé-
ment y réussir avec un peu de pratique, et M. Charles étoit
même parvenu à construire un automate qui faisoit tourner la
baguette aussi bien que Bleton lui-même, au grand scandale
de ses admirateurs. 11 faut avouer que toutes ces épreuves ne
sont guère favorables aux rabdomanthes , et qu'elles peuvent
bien inspirer quelque doute aux personnes qui seroient tentées
d'entreprendre desfouillesdispendieuses sur leurs prédictions.
J'engage ces personnes à essayer auparavant sur leur rab-
domanthe l'épreuve que j'ai plus haut proposée , si toute-
fois il consent à la subir, (biot.)
BAGUETTE D'OR. Une variété du Violier jaune
porte ce nom. (b.)
BAHACOCEA. Variété d'ABRicoTiER. (b.)
BAHASE. Nom turc de la petite Mouette cendrée, (v.)
BAHEL-SCHULLI. C'est la Bârrelière à longues
FEUILLES, (b.)
BAHEL-TSJULLI. C'est I'Achimène sésamoïde. (b.)
BAHO. Variété du Manguier, (b.)
BAHOBAB. V. Baobab, (b.)
BAI. Couleur d'un rouge brun, de la robe du /://«'«/. (s.)
BAIAPUA. Il paroît que c'est la couleuvre Boïga. (b.)
BAIBAI. Nom caraïbe de la Malpigiiie en épis, (b.)
BAIE , Bacca. On appelle ainsi tout fruit succulent et mou,
qui contient une ou plusieurs semences éparses dans sa pulpe.
Ainsi, Xa framboise^ les fruits du solaniim, ceux du laurier, du
genévrier sont des baies. La fraise est aussi une baie, mais d'une
espèce particulière ; car elle a ses graines placées à sa surface.
Lorsque les baies sont petites et réunies en grappes ou de
i5o BAI
toute autre manière'^ sur un réceptacle ou pédicule commun»
on leur donne alors le nom de graim; par exemple, on dit des
grains de groseille, un grain de raisin, etc. Les plantes qui por-
tent des baies sont appelées AûcrZ/^res. Quelquefois on considère
le nombre des semences renfermées dans une èû/V; alors, on
appelle haie vionosperme^ celle qui n'en a qu'une; disppwie^ tri-
sperme, celle qui en a deux ou trois; polysperme , celle qui en
contient un nombre indéterminé. Voyez le mot Fruit, (d.)
BAIE À ONDES. C'est , selon Tussac , une Acacie à
FLEURS EN CHATONS PENDANS. (B.)
BAIGNOIRE. Nom vulgaire du Rocher lotoire , ser-
vant aujourd'liui de type au genre Lotoire. (b.)
BAlIvAL. Pallas a ainsi nommé un poisson qui vit dans
le lac Baïkal , et qu'il a rapporté aux Callionymes de Lin-
nœus. Lacépède en a fait un genre particulier , auquel il a
donné le no. i de Coméphore. V. ce mot. (b.)
BAÏKALITE. Le minéral désigné en Russie sous ce nom,
appartient à l'espèce dupyroxène et non pas à celle de l'am-
phibole , comme on le croyoit en France , où il n'est connu,
il est vrai , que depuis peu de temps ; celte erreur étoit d'au-
tant plus facile à commettre , que l'on trouve également, sur
les bords du lac Baïkal , l'amphibole blanc , ditgiammatile ,
auquel on l'avoit rapporté d'abord.
M. ïlaay s'est assuré que ce minéral a tous les caractères
du pyroxène ; il lui en a offert , en outre , une nouvelle va-
riété de forme déterminable. V. PyroxÈne.
M. Lowitz en ayant fait l'analyse , y a trouvé :
Magnésie 3o
Silice. 4^4
Chaux 20
Oxyde de fer 6
100
La riche collection de minéraux de l'Ecole royale des
Mines , possède un très-beau morceau de cette variété , jus-
qu'ici assez rare. (LUC.)
BAILLARD ou BAILLyVRGE. Variété d'ORGE. (b.)
BvVILLERE, Trixis. Genre de plantes de la syngénésie
polygamie nécessaire, dontles caractères sont d'avoir: un calice
commun presque simple , formé de quatre à cinq écailles
arrondies , pointues , un peu velues et persistantes; sept fleu-
rons mâles ou hermaphrodites , placés au centre , et un pa-
reil nombre de fleurons femelles , situés .1 la circonférence
d'un réceptacle commun , charge de paillettes arrondies et
charnues. Ces fleurons sont réguliers, et ont leur limbe par-
tagé en cinq découpures.
B A J ,5i
Le fruit consiste en plusieurs semences solitaires , aplaties
d'un côté , et garnies d'un rebord membraneux qui se ter-
mine par deux petites pointes.
Ce genre est composé de cinq à six espèces, toutes her-
bacées et vivaces , ayant les feuilles opposées , et les fleurs
disposées en panicule au sommet des branches. Une de ces
espèces , la Baillère franche , sert à enivrer le poisson des
rivières , de manière qu'on peut le prendre ensuite très-aisé-
ment. On appelle lesiÎAiLLÈRES, conania. Cayenne.
Swarlz a augmenté ce genre de deux nouvelles espèces ,
qu'il a trouvées à la Jamaïque, (b.)
BAILLET. On appelle ainsi le poil du chemi , quand il
est d'un brun roussâlre , ou plutôt d'un roux tirant sur le
blanc. (DE.SM.)
BAILLON. Espèce de C^siomore. (b.)
BAIO, BAHOO.Nomsmalabaresde la Casse des bou-
tiques, (b.)
BAI-SONGE ou BAD-ZENGE. F. Puceron, (l.)
iBx\ITARIE , Baitarla. Plante herbacée du Pérou, qui
forme un genre dans la dodécandrie monogynie. Ses carac-
tères consistent: en un calice persistant à quatre folioles, dont
deux inférieures subulées , et deux supérieures lancéolées ,
bien plus larges ; une corolle tubuleuse , à limbe divisé en
cinq parties lancéolées ; dix-huit étamines alternativement
grandes et petites , et insérées à la base du tube *, un ovaire
supérieur, à style subulé et à stigmate trifide ; une capsule
ovale, aigiie , triangulaire, trivalve , triloculaire , et conte-
nant plusieurs semences lenticulaires attachées h des récep-
tacles adnés aux valves, (b.)
BAITRE ou BERTHE. C'est le Grèbe, dans le dépar-
tement de l'Ain, (v.)
Celte plante a les plus grands rapports avec les Liserons,
mais ses vrilles font supposer qu'elle doit être d'un genre dif-
férent, (b.) •
BAJAD. Poisson du genre Silure , ou mieux de celui
PlMELODE. (b.)
BAJANG. Nom d'une espèce de Bessy. (b.)
BAJASAJO. Plante de l'Inde, figurée par Rheedeàlapl, 27
duhuitième volume de son Horius malaban'cus. C'estuneherbc
vivace dont les tiges sont grimpantes et les feuilles alternes ,
à cinq lobes, accompagnées de vrilles. Les fleurs sont axil-
laircs , ont un calice monophylle , une corolle monopétale ,
campanulée , crénelée en son bord , et un ovaire supérieur
terminé par un style bifide. Le fruit est une capsule à quatre
angles , divisée en quatre loges dispermes.
i52 BAL
BAJET. Nom donné par Adanson à la Plicatule, (b.)
BAK ou BAK-CUDZOZIEMSKI. Nom polonais du
Pélican. Les Polonais donnent encore le nom de bak ou de
bunk au Butor, (s.)
BAKELEYS ou BAKKELEYERS. Voyez Backelys.
(desm.)
BAKKA. C'est une variété du chanvre que l'on cultive
dans l'Inde , principalement pour en fumer les feuilles et en
manger les graines, (s.)
BAKKAMUNA. Nom chingalais d'un Chat-huant figu-
ré pi. 3 , dans la Zoologie Indienne de Rheinhold Forster.
BAKRANG. Lianne inconnue , de Madagascar, (b.)
BALADOR. Nom arabe de I'Anacarde. (te.)
BALAKZEL. Nom turc du Héron, (s.)
BALAI ( Terme de fauconnerie^. C'est la queue à^nn oi-
seau de proie, (desjm.)
BALAI DOUX. C'est la Scopaire. (b.)
BALAIS -RUBIS. On croit que ce nom est emprunté
de celui de Balassia , ville de l'Inde , d'où l'on rapporte cette
variété de Spinelle. V. Spinelle. (luc.)
BALA.M PULLI, On appelle ainsi le Tamarin, sur la
côte de Malabar, (b.)
BALANABONE. Nom caraïbe de la Sensitive. (b.)
BALANCE FISH. Nom Anglais du Squale marteau.
(B.)
BALANCIERS, Haltcres. Nom donné à deux petits filets
mobiles , très-minces , plus ou moins longs , terminés par
une espèce de bouton arrondi , ovale , tronqué , souvent
eomprluié , et placé sous l'origine des ailes de tous les insoctes
diplfres , un de chaque côté.
Les balanciers sont placés , dans quelques genres , au-
dessous des ailerons , espèces de petites écailles en forme
de coquille , qu'on voit au-dessous de l'origine des ailes ;
mais les ailerons manquent à plusieurs genres , et alors les
balanciers se trouvent à nu.
Le véritable usage des balanciers n'est pas encore assez
connu. Quelques naturalistes ont cru qu'il servoit de contre-
poids à l'insecte lorsqu'il voloit, à peu près comme les bâtons
armés de poids par les deux bouJs , servent de contre-poids
aux danseurs de corde , pour se soutenir et garder l'équi-
libre. Mais leur petitesse ne permet pas de s'arrêter à celte
opinion. D'autres , comparant l'aileron à une espèce de tam-
bour , et le balancier à une sorte de baguette , ont cru qu'ils
servoient à produire le bourdonnement que la plupart des
iuseclcs font entendre en volant ; mais ii est facile de se cun-
BAL i53
vaincre du contraire. La plupart des insectes qui n'ont ni ba-
lanciers ni ailerons , tels que les abeilles , les guêpes , et
ceux qui ont des lalancîers sans ailerons , tels que les asiles ,
les lomhilles , bourdonnent et font entendre un bruit plus
fort que la plupart de ceux qui ont ces deux parties. Quel-
ques mouches pourvues de balanciers et d'ailerons , ne bour-
donnent que très-peu , et quelques-unes même ne bour-
donnent pas du tout. Enfin , si on coupe les balanciers aux
diptères , on les entendra bourdonner comme auparavant ;
le son qu'ils feront entendre , sera exactement le même.
On peut donc regarder le balancier comme concourant
avec les ailerons à faciliter le vol de ces insectes , et avec
d'autant plus de fondement , que ceux qui manquent d'ai-
lerons ont leurs bahaiciers beaucoup plus grands que ceux
qui sont en même temps pourvus de ces deux parties.
L'insecte met souvent en action les balanciers , et il les
agite avec beaucoup de vitesse. Lorsqu'il vole , on les voit
dans un mouvement très-vif et très-rapide ; ils sont d'une
longueur assez considérable dans les tipules , les cousins et
les asiles ; ils sont moins grands dans les mouches , les syr-
phcs ; enfin , ils sont à peine apparens dans la plupart des
mouches. Ils sont recouverts de l'aileron dans les syrphes ,
les mouches ; ils sont à nu dans les asiles , les cousins , les
bombilles.
Linnseus a fait entrer les balanciers comme un des carac-
tères de Tordre des diptères , avec d'autant plus de raison ,
que ces parties n'existent que dans les insectes de cet ordre,
et qu'elles semblent leur tenir lieu des deux ailes qui leur
manquent. ( O. )
BALANE. V. Balanite. (b.)
Bx\LA]NGUE, 5f//«7i^«. Genre établi par Gaertner sur
im fruit de Madagascar. C'est une baie à deux loges et à
deux semences cordiformes et arillées, (b.)
BALANITE, Bnlanus. Genre detestacés de la classe des
multivalves , dont les caractères sont d'avoir une coquille
conique, fixée par sa base, composée de six valves articulées,
et dont l'ouverture est fermée par un opercule de quatre
valves.
Les espèces de ce genre , appelées en français glands de
mer, faisoient partie des LÉPAS de Linnœus. Elles en ont
été séparées par Bruguières ; ou mieux, ce naturaliste a
supprimé le genre lépas^ et a formé à ses dépens, les geni'es
BALA^'ITE et Anatif.
Ltp.s balaniiss varient beaucoup, non-seulement entre les
espèces , mais entre les individus de chaque espèce. Ceux
qui' se groupent , surtout , étant gcncs dans leurs dévelop-
iS4 B A L
pemens, ne préscnlent jamais dcuxcoquilles semblables. Elle*
sont ordinaircuieiit formées par la réunion de six valves
triangulaires, dont les sommets sont écartés , dont les bases
se touchent , et dont rinlei-valle est rempli par un têt de
nature semblable , mais de contexture différente de celui des
valves. Leur base prend la forme des corps sur lesquels elle
est fixée. Quelquefois , cette base est membraneuse, d'autres
fois elle est incomplète, ou mieux, n'existe que par le pourtour
de la coquille. Ces dernières espèces, qui vivent sur des ani-
rnaux, sont toujours isolées, par conséquent moins irrégu-
lières que les autres, et présentent quelques différences dans
leur organisation. Il en est de même dans le balaniic des gor-
gones , qui s'attache aux tiges de ce polypier, et les embrasse
par le recourbement de sa base ; et dans le halanîie des ma-
drépores , qui se loge dans rinlérieur de leur substance.
Les six valves des halanites , quoiqu'à peu près égales dans
leur hauteur, ne le sont pas dans leurs autres proportions;
eHes ont presque toujours une forme et une largeur différentes.
Elles sont fixées les unes contre les autres par de vraies su-
tures écailleuses , recouvertes en dedans par un feuillet
testa ce.
L'évascment qui résulte , au haut du cône , de l'écarte-
ment des valves, forme Vouveriiire de la coquille , qui est
fermée par un opercule mobile, composé de quatre pièces
testacées , articulées les unes aux autres par une suture en
croix , et fixées contre les parois internes de la coquille par
un ligament circulaire qui se proie à leur mouvement , et
les fait bailler vers le haut quand Tanimal veut développer
ses tentacules ou les étendre dans l'eau. Le balanile des tor-
tues forme exception; son opercule n'est que de deux valves
qui s'ouvrent sur le devant.
La formation de la coquille des halanites est différente
de celle des autres coquilles ; elle s'accroît par juxtaposition
de molécules calcaires sur ses bords , et pour cela les arti-
culations s'ouvrent, à certaines époques, par le bas seu-
lement; car le bord de l'ouverture reste , à tous les âges,
tel qu'il étoit à la naissance. J'ai confirmé ce mode d'accrois-
sement par mes observations sur le haJardie des madrépores.
Quoique tous les auteurs qui ont parlé des halanites aient
mentionné les animaux qui les habitent, on ne savolt encore
rien de positif sur leur organisation , lorsque j'en ai donné
une description détaillée et une figure exacte dans {'Histoire
naturelle des Coquillages , faisant suite au Buffon , édition de
Deterville.
C'est ime espèce de tnlon qui a vingt-quatre tentacules dis-
posées en deini-ccrcîe , une trompe rétractile, et une bouche
B A L i55
operculée. Ces tentacules sont tle deux sortes , maïs toutes
articulées et ciliées. Il y en a douze grandes semblables, mais
inégales par paires, placées au-dessus ; et douze petites dis-
semblables et inégales par paires , placées plus bas. Deux
de celles-ci sont beaucoup plus larges.
La boucbe est située un peu en avant, entre les racines
des tentacules inférieures , en dessous de la trompe , et est
fermée par un opercule écailleux , et garnie de mâchoires.
L'anus est un peu plus bas.
Le corps est ovale , échancré, et s'attache à Topercule par
un manteau qui sort des environs de l'anus ; il est libre dans
ce manteau et dans le bas de la coquille.
Depuis , Poli , pi. [^ de son Histoire des Testacés des mers
des Deux-Sîciles , a donne une très-belle figr-re, accompagnée
de l'anatomie, d'une autre espèce de balanite; elle offre quel-
ques différences qui, ne tenant qu'à Tespècc ne sont pas
dans le cas d'être mentionnées ici avec détail.
Lorsque les balaniles sont dans l'eau , ils font continuelle-
ment agir toutes leurs tentacules et leur trompe. Le mouve-
ment des grandes est spiral , et sert à arrêter, par le moyen
des poils dont elles sont garnies, les petits animaux marins qui
se trouvent dans leur direction ; les petites paroissent, parleur
force , devoir empêcher la proie de s'échapper.
Très-probablement, les halaniles sont herm.aphrodites ,
et n'ont point besoin du concours d'un autre individu pour
produire ; ils pondent des œufs ovales plus ou moins allongés.
La plupart , comme on l'a déjà dit , vivent en famille , ou
groupés les uns contre les autres. On les mange sur plu-
sieurs côtes ; mais, en général , ils fournissent si peu de nour-
riture qu'ils ne méritent pas la peine d'être détachés des
rochers, où ils tiennent toujours très-fortement.
On en connoît une vingtaine d'espèces , dont la plupart
vivent dans les mers d'Europe. Celui qui est le plus commun
sur les côtes de France , est le Balanite tulipe , Balanus
liiitinnabulum^ Linn. , dont le caractère est d'être ventru ,
marqué de stries longitudinales violettes ; les deux valves
postérieures de l'opercule pointues; les rayons striés trans-
versalement.
Ensuite vient le Balats^te glaind , dont la coquille est
conique, à six valves striées longitudinalement et transver-
salement , dont l'opercule est term.iné en pointe crochue.
11 se trouve principalement dans la Méditerranée, attaché
aux rochers , aux coquilles , aux madrépores, aux plantes
marines , etc. L'animal qui l'habite est rouge. Poli a donné
son anatomie avec tous les détails désirables.
Le Balaîsite balakoïde a une coquille de six vaiv©*
ly
56 BAL
coniques-trontiuées , glabres , colorées de lignes longitudi-
nales pourpres , striées transversalement ; son ouverture est
presque tétragone , et son opercule obtus. 11 se trouve avec
les précédons.
Le Balanite courbé , a une coquille à six valves , plus
gonflée d'un côté ; les rayons larges et finement striés en sau-
toir. Je l'ai observé dans les mers d'Amérique et je l'ai dé-
crit et figuré. F. pi. A. 20 , où il est figuré.
Le Bala>'ITE épineux est presque cylindrique , a les valves
inégales , garnies partout d'épines disposées sur quatre rangs.
Il se trouve dans la mer des Indes.
Le Balanite des tortues a une coquille presque orbi-
culaire , plane-convexe , à six valves creusées de sillons
hérissés et profonds, avec un opercule ovale , caréné, et une
base membraneuse. Il se rencontre dans les mers d'Europe ,
sur le tèt des tortues , des grands crustacés, sur la peau des
baleines , et même sur les pierres. Il est remarquable en ce
que sa base n'est pas calcaire comme celle des autres jus-
qu'ici mentionnés , mais coriace.
Le Balatsite aplati a une coquille plane , convexe ,
presque orbiculaire et à six valve^ , glabre , à ouverture
presque tétragone , à opercule obtus > et à base nulle. Il se
trouve dans la Méditerranée. Il est immédiatement fixé
sur les pierres.
Le Balamte en étoile a une coquille presque conique
à six valves, avec des saillies longitudinales, et point de
base , ainsi que le précédent avec lequel il se trouve.
Le Balanite des madrépores a : i.»une coquille à deux
valves, dont une, inférieure, offre un cône renverse, et l'autre,
presque plate , est posée sur la base de la première ; 2.° un
opercule de quatre pièces , dont deux très-étroites et très-lon-
gues. Il se fixe dans les madrépores, principalement sur le
Pavone en crête, de Lamarck. Sa valve inférieure est com-
plètement enfoncée dans la substance de ce madrépore. Il a
été décrit et figuré par moi dans le n." Sj du Bulletin des
Sciences por la Société Phllomatique. Cette espèce est très-
remarquable , et confirme la théorie de Bruguières sur la for-
mation de ces sortes de coquilles. En effet, on voit évidem-
ment , lorsqu'on en observe un certain nombre , que c'est la
valve supérieure qui se soulève lors de l'accroissement de
l'animal , parce que celui du madrépore tend toujours à
recouvrir la suture de son suc lapidifique , et que celui du
balanitc est obligé de rompre continuellement cet obstacle.
Le Balanite des gorgones est oblique, conique, a la
base recourbée pour embrasser les tiges des gorgones sur
BAL iS;
lesquelles il s'attache. On le trouve dans la Méditerranée et
les mers 4' Amérique, où je V ai ohsevvé sur la gorgone jonc.
Le Balanite verrue , qui vient du détroit de Magellan,
n'a que trois valves et un opercule de deux pièces.
On trouve assez fréquemment des halanites fossiles ; mais
ils n'ont pas encore été suffisamment étudiés.
Ainsi que je viens de le f;iire voir, les halanites qui vivent
sur les corps solides , ont des coquilles de trois à six valves
articulées, sans compter celles de l'opercule ; ceux qui vivent
dans les corps durs , tels que le balunlte des madrépores , les
ont à deux valves , dont une est conique , et l'autre presque
plate. Dans le Balanite digital , dont lime reste à parler,
elle n'est composée que d'une seule pièce, et n'a pas besoin
d'en avoir davantage , puisque l'animal qui la forme est des-
tiné à vivre dans un corps mou.
Voici ce que j'ai remarqué sur plusieurs exemplaires, pris
dans le lard d'un marsouin , et rapportés d'Angleterre par
Dufresne.
La coquille est un cône tronqué de trois ou quatre lignes
de diamètre , sur lequel on remarque, extérieurement, des
Louri'elets circulaires qui indiquent les accroissemens an-
nuels , faits probablement sous la peau du célacé ; cette peau
recouvre, sans doute, en partie, les quatres valves de l'o-
percule; ou mieux l'animal conserve dans cette peau un trou
proportionné à la grosseur de ses tentacules , pour pouvoir
communiquer avec Teau , et absorber les animalcules ma-
rins nécessaires à sa nourriture : ainsi cette peau fait l'of-
fice de la seconde valve observée dans le balanite des madrépores.
Il est probable que ce balanite à une seule valve a com-
mencé par un point; mais, à mesure qu'il grandit, les parties
inférieures de sa coquille sont brisées par l'effet de l'ac-
croissement du cétacé; aussi les exemplaires que j'ai vusétoient-
ils tous tronqués , comme je l'ai déjà observé , et la tron-
cattfre étoit-elle fermée par une simple membrane. Leur
longueur ne surpassoitpas sept à huit lignes , épaisseur ordi-
naire du lard des marsouins sur lesquels ils avoient été trouvés.
Il eût sans doute été à désirer que j'eusse des observations
plus précises sur cet intéressant coquillage ; mais ce qu'on
vient de lire mettra suffisamment sur la voie ceux qui seront
à portée de le voir vivant, (b.)
BALANITES , Balanites. Genre de plante. C'est le Xr-
MÉNiE de Linn:eus , le Myrobolax chebule de Yesllug ;
il a été réuni à THeimassoli d'Aublet. On voit une superbe
figure d'une de ses espèces , pi. 28 du grand ouvrage sur TE-
g)pte , publié par la Commission de rinstitut de celte con-
trée. (B.)
i58 B A L
BALANOPHORE. Genre de plante imparfaitement ob-
servé par Forster , dans les îles de la mer du Sud , et qui pa-
roît avoir beaucoup d affinilé avec le Cynomoire. (b.)
B ALANOPTÈRE , Balanopteris. Nom donné au Mollavi
par Gsertner. (b.)
BALANTI. Il est probable que c'est une espèce de Ri-
CITV. (b.)
BALANTANA. Les Caraïbes appellentainsiles Bananes.
BALANTIA. Iliiger , dans sou Prodromiis Syst. mamma-
llum ^ donne ce nom, qui vient du mot grec ^uXocitiov ^
marsupium^ ou bourse, aux mammifères du genre des Pha-
LANGERS proprement dits. Ce même genre , formé par
Storr , avoit été nommé coes coes ou cuscus par Lacépède ,
Duméril , Tiedmann , etc. et c^s naturalistes avoient ré-
servé le nom de phalangers pour les espèces dont la peau
des (lancs est prolongée entre les membres, et dont la queue
est lâche et iloconneuse comme celle des écureuils.
M. Cuvier , dans son Règne animal ^ restitue le nom de
phalangers aux animaux ainsi nommés par Storr. (desm.)
BALANUS.G'eslleBENetlenomlatindesBALANiTES.(B.)
EALAOBOUCOUVOU. Nom caraïbe du Mancenil-
LIER. (li.)
BALAON. C'est l'EsocE espadon, (b.)
BALAOU. Poisson de la Martinique , qu'on croit être le
Centrisque Bécasse, (b.)
BALARINA , Balarina verda. Nom des Bergeronnetes
DE pruntemps et Jaune , à Turin, (v.)
BALARINA DEL COULAR , Balarina Defournel.
Noms piémontais de la Lavandière, (v.)
BALASBAS. V. Antolang. (e.)
BALASSEN , Balessan. Nom égyptien du Baume de
Judée, (b.)
BxVLATAS. Arbres qui croissent en Amérique , et surtout
à Cayenne. On dislingue le rouge , le blanc et celui à grosse
crorre. Les deux premiers fournissent un excellent bois de
charpente , et paroissent appartenir au genre Couratari.
Le dernier n'est bon que pour de gros ouvrages, et doit faire
partie des Sapotilliers. (b.)
BALATE. Production de la mer des Philippines , qui est
robjel d'un commerce de quelque importance avec la Chine.
C'est une espèce du genre des Holoturies , probablement
inconnue des naturalistes d'Europe, Quand elle est cuite ,
elle ressemble à un pied de cochon sans os. (b.)
BALAUSTE , Dcsv. Sorte de Fruit ; tel est celui du
Grenadier, (b.)
UALAUSTl£il. C'est le gi-madier saunage Les apolhicai-
/'fi/ . J . Jiii//u/\,i/-i/ . /'/,/. :î . /ire otnu'//
/■'„/. :S . ('>,;r,>J /la/Au .
B A L ,59
tes appellentia/arwfesdesileurs de toutes sortes de grenadiers.
BALBISIE , Balbisia. Plante annuelle, à tiges rameuses,
hispldes ; à feuilles opposées , péliolées, grossièrement den-
tées et hispides ; à fleurs jaunes , solitaires à l'extrémité des
rameaux, qui forme un genre dans la syngénésie superflue et
dont les caractères sont : un calice simple à huit folioles ; un
réceptacle garni de paillettes ; les demi-fleurons divisés en
trois parties ; des semences surmontées d'une aigrette sessile
et plumeuse.
Cette plante est fort voisine des Amelles, avec lesquelles
même elle avoit été confondue par Ortega , sous le nom à'A-
mellus pedunculatus. Elle croît au Mexique, (b.)
BALbOUL, Nom égyptien du Canard à longue queue.
Suivant Forskaël, c'est la dénomination arabe d'une sarcelle
que les uns donnent pour une variété de la Sarcelle d'été ,
et d'autres pour une espèce distincte, (v.)
BALBUL. Nom arabe de l'OiE domestique, (v.)
BALBUZARD, Pandion, Yieill. ; Falco , Lath. Genre
de l'ordre des oiseaux AcciPiTRES , et de la famille des Acci-
PITRINS. Voy. ces mots. Caractères : bec grand , presque
droit et garni d'une cire poilue à la base , robuste , arrondi
en dessus , comprimé latéralement ; mandibule supérieure
dilatée sur les bords , crochue , acuminée ; l'inférieure plus
courte , droite , obtuse ; narines lunuiées , obliques ; langue
charnue , épaisse , obtuse ; bouche à peine fendue jusqu'à
i 'angle antérieur des yeux ; cuisses et jambes vêtues de plumes
courtes , mais serrées et lustrées chez des espèces , particu-
lièrement celles d'Europe et de l'Aniérique septentrionale ;
tarses nus , courts , très-épais , couverts d'écaillés nom-
breuses et raboteuses ; doigts épais , rudes , totalement sé-
parés ; l'externe versatile ; ongles égaux , longs , très-cro-
chus, très-ai,jis, ronds en dessous, l'intermédiaire sans
dentelures ; les ailes longues , la première rémige un peu
plus longue que la cinquième ; les deuxième et troisième les
plus prolongées de toutes.
Le nom de pandion, que j'ai adopté pour ce genre, est celui
que M. Savigny lui a imposé dans ses Oiseaux de l'Egypte et
de la Syrie, (v.)
Si l'aigle est le tyran des airs , le balbuzard est un puissant
destructeur des habitans des eaux ; il ne vit guère que de
poissons qu'il prend dan^ l'eau , même à queKjues pieds de
profondeur. Sa vue est très-perçante. Contre l'ordinaire des
tyrans , celui-ci a beaucoup de patience ; il passe des heures
entières , immobile sur un arbre à portée d'un étang ou
d'une rivière , à épier sa proie. Son genre de nourriture l'em-
pêche de quitter le voisinage des eaux ; il fréquente les côiqs
i6o BAL
de la mer, et le plus souvent les Lords des lacs, des étangs et
des rivières : il se retire de préférence dans les bois maréca-
geux ; mais lorsqu'il veut nicher , il gagne ordinairement les
plus hautes montagnes , et y établit son aire dans les cre-
vasses des rochers escarpés, ou sur de très-hauts arbres dans
les foreîs les plus épaisses. La ponte est souvent de quatre
œufs , quelquefois de trois , et rarement de deux ; ils sont
blancs et tachés de rougeâtre clair.
L'on a observé que les balbuzards de la zone tempérée se
tiennent presque toujours par paires ; mais, pendant les ge-
lées , ils se séparent , et vont au loin chercher des climats
plus doux et une nourriture plus facile. Ils sont ordinairement
très-gras ; mais leur chair contracte une très-forte odeur de
poisson. Ils sont moins fiers et même moins féroces que Vaigle,
quoiqu'ils ne vivent également que de proie. C'est à la nature
même de cette proie qu'est due cette sorte d'adoucissement
dans le naturel. Les larges blessures faites aux poissons ne
laissent échapper qu'une petite quantité de sang ; ils ne pous-
sent ni cris , ni gémissemens , et le sang , comme les sons
lamentables , forment l'aliment , et , pour ainsi dire , le
passe-temps chéri de la férocité. 11 faut être cruel pour verser
le sang d'un être foible et innocent , qui n'a d'autre défense
que ses plaintes. On paroît l'être moins en détruisant l'animal
qui n'a qu'une légère apparence de sensibilité ; de là vient
que beaucoup de personnes qui souffrent en donnant la mort
à un oiseau , semblent n'éprouver aucune sensation pénible
en coupant par tronçons uu poisson plein de vie , ou en le
plongeant dans l'huile ou la graisse bouillante.
L'espèce du balbuzard appartient aux deux continens ; elle
est généralement répandue en Europe. On la trouve dans
plusieurs contrées de l'Afrique et de l'Asie , et elle n'est point
étrangère aux parties septentrionales de l'Amérique. Cette
espèce a été le sujet de presque autant de fables que celle du
grand aigle. Lorsque ces fables n'ont pas quelque fait vrai,
'mais défiguré , pour base , elles doivent être rejetées de
rhistoire. Buffon en a réfuté quelques-unes. Je ne sais s'il ne
fautpas reléguer au même rang, ce que, au rapport de M. Pal-
las , les peuples de la Sibérie , où les balbuzards sont com-
muns , disent et croient de ces oiseaux. L'opinion générale ,
dans ces contrées , est qu'ils ont dans leurs serres un venin
qui donne la mort par l'égratignure la plus légère , en sorte
que ce sont des animaux fort redoulÉ^ par les liommes. L'on
y prétend encore que le balbuzard se charge souvent de nour-
rir plusieurs espèces d'aigles , et particulièrement Xcspygar-
gues, qui sont en quantité prodigieuse près du "V olga. Lorsque
le balbuzard , dit-on , est rassasié , et qu'il prend un poisson ,
BAL ,6,
il s'élève en l'air et pousse de grands cris ; à l'înslant les aîeles
arrivent à tire-d'ailes , et partagent sa proie qu'il laisse tom-
ber aussitôt.
Buffon a pensé , comme les anatomisles de l'Académie
des sciences qui ont fait la description du balbuzard ( Mém.
pourseivirà l'histoire des animaux^ , que cet oiseau est celui
qu'Aristote a nommé haliœtos {Hist. animal. ). Mais ce rap-
prochement , tout vraisemblable qu'il est , n'est point assez
prouvé ; car il est impossible de concilier plusieurs points de
l'histoire Au balbuzard , avec ce qu'Aristote dit de son ha-
liœtos. En effet , r/m/Ztc/o^d'Arislote est , comme le dit M. Sa-
vigny, notre pygargue ou notre grand aigle de mer, et non pas
notre balbuzard., qui vit simplement des poissons qu'il pêche
dans les eaux douces des fleuves et des lacs ; tandis que 17/a-
liœlos est devenu célèbre dans la fable même , par l'ardeur
qu'il metloil à poursuivre les oiseaux de la mer. (s. v.)
Le Balbuzard proprement dit {Pandionflmialis , Savig. ;
Fako haliœtos, Lath. , pi. 17 , fig. i de ce Dictionnaire ) , a
le manteau brun , la tête plus ou moins variée de blanc; cette
couleur occupe le bord des plumes ; une bande brune des-
cend de l'angle du bec sur les côtés du cou ; les parties infé-
rieures sont blanches avec des taches bnmes ou d'un fauve
clair sur la poitrine ; les pennes primaires d'un bnm-noirâtre ;
les moyennes brunes; toutes rayées de blanc à l'intérieur ;
les reclrices intermédiaires d'un brun uniforme ; les autres
rayées transversalement de blanc en dedans ; le bec et les
ongles noirs: la cire et les pieds bleus; l'iris est jaune : lon-
gueur totale du mâle , un pied dix pouces ; de la femelle deux
pieds.
Cette espèce se trouve en Europe , niche sur les arbres
ou dans les rochers ; sa ponte est de trois ou quatre œufs
blancs et tachetés de roussâtre.
On donne pour variétés de cette espèce :
I.» Le Balbuzard des roseaux, Falco arundmareus ,
Lath. , que S. G. Gmelin a obsei-vé dans son voyage en Si-
bérie ; lequel se tient habituellement dans les roseaux. Il a
le dessus du corps gris , le dessous blanchâtre ; la membrane
du bec cendrée ; les pieds d'une teinte pâle, et les pennes de
la queue sans nuance de blanc. Si réellement cet oiseau de
proie est tel qu'on le décrit , c'est certainement une espèce
distincte , et peut-être n'est-ce pas un balbuzard.
2.» Le Balbuzard de Caye^ne, Fako cayennensis, Lath. '
dont le plumage est brun rougeâtre , avec un trait blanc qui
part de la mandibule supérieure , passe par les yeux , et
descend jusqu'à l occiput. Il est encore fort douteux que 'cet
oiseau soit un balbuzard et une simple variété du nôtre.
m. n
î6> BAL
3." Le Balbuzard de la Caroline, que j'ai observé A:nii
les Etats-Unis , et dont j'ai fait une espèce particulière dans
THistoire des oiseaux de l'Amérique septentrionale , pi. ^9 i
fious le nom â' aigle pécheur, dénomination qui ne lui convient
pas , puisque ce n'est point un aigle. 11 a réellement des rap-
ports avec le hulbiizard d'Europe; mais il en diffère par la lon-
gueur de ses ailes qui , en repos , dépassent la queue de près
de deux pouces , par sa taille plus svelte, par ses tarses cons-
tamment jaunes , et par une partie de son plumage autre-
ment nuancé , dans l'état parfait. Cet oiseau a le bec noir ;,
la cire bleue ; l'iris et les pieds jaunes ; les plumes du som-
met de la tête , du manteau , des ailes et de la queue d'uu
brun très-sombre dans le milieu , et d'une nuance plus claire
sur les bords ; les pennes caudales traversées par cinq bandes
de même nuance; une bande noirâtre qui part du coin de
l'œil, s'étend vers l'occiput, descend sur les côtés du cou et se
perd sur les épaules ; le front , les côtés de la tcte , la gorge
et toutes les parties postérieures sont d'un beau blanc ,
avec quelques taches d'un brun sombre sur la poitrine : lon-
gueur totale , vingt-trois pouces. Le même oiseau , à l'âge
d'un an , est brun en dessus et sur la bande des côtés de la
têle et du cou. 11 porte , dans sa première année , un vête-
ment assez analogue à celui de notre balbuzard; car il est
alors d'un brun clair sur les parties supérieures , dont les
plumes sont bordées de blanc sale , ainsi que celles de la
bande da cou ; le blanc domine plus sur la tête que le brun ;
les taches de la poitrine sont plus nombreuses et se trouvent
aussi sur le devant du cou. Tel est le fako Lei>erianus de La-*
tham, dont on a fait une espèce distincte , sous le nom de
faucon Lcocrien. Ce balbuzard fait son nid à la cime des plus
grands arbres ou dans les rochers les plus élevés. Sa ponte
est de trois ou quatre œufs blancs et tachetés de brun.
Si l'on en croit Jonatham Calver , cet oiseau a une pro-^
priété bien extraordinaire. 11 est , dit-il , doué d'un pouvoir
attractif, lequel réside dans vme huile que contient un petit
sac situé dans son corps , et dont la nature l'a pourvu pour
cet objet. Quoi qu'il en soit , ajoute-t-il , il est certain qu'une
amorce touchée par une goutte de l'huile qu'on tire de cet
piseau , est un leurre irrésistible pour le poisson , et assm"e
au pêcheur le plus grand succès.
On trouve ce balbuzard dans toute l'Amérique septentrio-
nale ; mais il ne reste dans le nord que pendant l'été. C'est
alors qu'on le voit dans l'état de New-Yorck , où il habile
ordinairement les montagnes appelées Nigh-Land , et sur
les côtes de Tappan , qui bordent la rivière d'Hudron ou du
Nord. Le pysar^uc y passe aussi I* belle saison. Ces deux
É A L i63
éiseaux procurent par leur lutte un spectacle amusant à ceux
qui naviguent sur celte rivière , à l'époque où les poissons
nouinnés ôasses , la remontent pour frayer.
Le bùlbxiznrd^ quoiqu élevé à une très-grande hauteur, les
aperçoit aisëinenl , t.uil il a la vue perçante , lorsqu'ils se
jouent sous les eaux ; il plane au-dessus pendant quelques
minutes , comme pour clioisir sa victime. Son choix fait , il
descend avec la rapidité de la foudre , plonge , disparoït un
instant, et reparojl à la surface de l'eau avec une basse entre
ses serres. Le pygargue qui ne pi-rd jamais de vue tous les
mouvemens du pêcheur , tant (ju il en a besoin , quitte son
rocher , sélance après le baibuzurd ^ 1 épouvante par ses nje-
naces et ses cris , soit eri planant au dessus , soit en le pres-
sant de près , et l'oblige de se dessaisir de sa proie , pour
échapper à son ennemi. Alors le pys^argue se précipite aussi-
tôt sur le poisson , le saisit avant qu'il soit tombe dans 1 eau ,
et le porte à son aire. Cependant, lorsque les besoins du ra-
visseur sont satisfaits , ou que la proie ne lui semble pas
mériter d'èlre disputée , il permet à son pourvoyeur de pé-
cher pour son compte. Je rapproche de cette espèce \ aigle
pêcheur An père Du Tertre , dont Buffon fait mention à l'ar-
ticle du balbuzard de la Caroline ^ lequel fait plus la chasse aux
poissons qu'aux animaux terrestres, et le balbuzard de la Loui-
si une ^ dont parle Mauduyt {^Encyclop. méthod.') ^ mais seule-
ment comme un jeune oiseau.
Le Balbuzard blagre , Pandlon blagnis , Vieill. ; Fclco
llagnis , Lalh. , pi. 5 des oiseaux d Afrique de Levaillant.
Cet accipitre , pêcheur de l'Afrique , a le port, la taille
et les habitudes de notre balbuzard; mais un vêtement
différent. 11 a la tête , le cou , toutes les parties antérieures
du corps et les inférieures d'un très-beau blanc ; des lignes
brunâtres se font remarquer sur les tiges des plumes de la tête
et du derrière du cou ; les pi-tites couvertures deâ ailes, les
scapulaires , les pennes de la queue , dont Textrémilé est
blanche , sont d'un gris brun ; les pennes alaires noirâtres j
niais le côté extérieur des moyennes est dvm gris-brun léger;
le bec brunâtre ; l'iris d'un brun foncé ; les pieds sont jaunes
et les ongles noirs. On trouve cette espèce en Afrique.
Le Balbuzard de Montevideo , Pandionfubus^ Yieill.
Cet oiseau , décrit et figuré pi. 8 , dans l'édition de Buffon,
par Sonnini , sous le nom d Aigle de Montevideo , est ^
selon Commerson , un aigle pêcheur ou crabier ^ que Sonnini
dit se rapprocher beaucoup du balbuzard par ses formes , et
particulièrement par ses tarses nus; motifs qui m'ont décidé à
le classer dans ce genre. 11 a seize ou di.x-,sept pouces de lon-
gueur ; le plumage , en général , d'une couleur feuye x X**^
i64 ^ ^ T-
côtés de la tête gris ; la poitrine parsemée de taches en forme
de larmes , et la queue blanche en dessous , avec des bandes
étroites et transversales ; les ongles fort longs et crochus .(v.)
BALDOGÉE. Nom donné par de Saussure à une ma-
tière terreuse , verdàtre , difficilement fusible en un verre
noir et brillant , trouvée par lui dans des roches porphyriques
aux environs de Minelle , sur la route de Nice à Fréjus, C'est
évidemment , dit-il , la Gmnerde de Werner , ou terre verte de
Monte-Baldo. Cette substance est une variété du tale-cldo-
rite. V. ce mot. (luc.)
BALE ou BALLE. Nom des parties qui servent d'enve-
loppe à celles de la fructification dans les Graminées , c'est-
à-dire qui remplacent le Calice et la Cokolle. Ainsi , il y
a une balle calicinale etune balle florale , chacune ordinaire-
menlcomposée de deux pièces ou Valves. Palisot-Beauvois,
dans son important ouvrage intitulé Essai dune noiweUe
Agrostographie , restreint ce nom Ao. balle , à la calicinale ou
feg'm^n, c'est-à-dire, à celle extérieure qui renferme la fleur ou
les fleurs, (b.)
BALEINAS o*u BALENAS. On donne ce nom au pénis
ou membre du mâle des BaleiîsES et de tous les grands Cé-
tacés, (desm.)
BALEINE , Balœna. Genre de mammifères de Tordre
des Cétacés. S'il est quelque objet sur la terre qui mé-
rite d'attacher les regards de l'homme , c'est l'aspect de ces
monstrueux animaux que nourrit l'Océan. La baleine est la
reine et la dominatrice des mers , comme l'indique l'étymo-
logie de son nom, suivant Bochart {Oper. 1. III, p. 347. Baal^
nan , roi des poissons , en phénicien. ). Elle règne en souve-
raine sur les peuples innombrables que la nature a nmltipliés
dans l'empire des ondes ; et voguant avec majesté à leur sur-
face , elle imprime à tous le respect et la crainte par sa masse
énorme et sa force invincible. Les plus fiers tyrans de l'élé*-
ment liquide se réfugient, à son aspect, dans des profondeurs
inaccessibles, et la vague gémit sous le poids de son corps.
De même que la nature a établi sur la terre des arbitres su*
premes pour maintenir l'équilibre entre les espèces vivantes,
elle a voulu accorder aussi le sceptre des ondes à des races ca-
pables d y faire régner la subordination , afin que les espèces
les plus puissantes ne pussent pas envahir le domaine des plus
folbles , et que l'égalité des droits y filt maintenue. Ainsi , la
nature a été obligée de créer des espèces carnivores et dépré-
datrices pour retrancher l'exubérance excessive des espèces
douces et paisibles ; comme elle a formé des animaux herbi-
vores pour modérer l'excessive multiplication des végétaux,
11 y a donc une gradation successive d êtres qui se contiea^
BAL î65
nent réciproquement dans des limites naturelles ; il y a une
hiérarchie de pouvoir et une sorte de gouvernement dans le
vaste empire des corps organisés. Les végétaux en sont comme
le peuple, la classe indigente et laborieuse, qui fournit l'ali-
ment à tout le corps social. Les animaux herbivores et frugi-
vores représentent en quelque sorte les magistrats particuliers ,
les nobles et les juges subalternes du peuple végétal. Les ani-
maux carnivores sont les chefs , les grands et les princes du
règne animal. Enfin , l'homme est le roi et le souverain de
tous les êtres vivans. Indépendamment de cette organisation
générale , il existe dans la nature diverses provinces qui sont
régies par des chefs inférieurs à l'homme. Le lion , le tigre ,
l'ours et le loup, sont, pour ainsi dire, lesmaîtres des animaux
terrestres ; l'aigle , le vautour , le faucon , le duc , comman-
dent dans les provinces de l'air , et les baleines et les requins
ont été délégués dans l'empire des ondes. Chaque être a ses
fonctions déterminées : il y a dans toutes les classes des em-
plois d'autant mieux remplis , qu'ils sont fondés sur les be-
soins naturels de manger et de propager. Comme tous ces êtres
n'exercent entre eux que des fonctions répressives ; comme ils
pèsent les uns sur les autres par la destruction , et se main-
tiennent en équilibre par la quantité de nourriture qu'ils dé-
vorent et le nombre des individus qu'ils engendrent , l'instinct
du besoin ou l'aiguillon du plaisir sont les seules rétributions
que la nature accorde à chaque être pour remplir la tâche qui
lui est imposée.
Ainsi , la nature a placé aux deux pôles les espèces colos-
sales des cétacés comme deux puissances de compression,
pour diminuer la quantité trop nombreuse des animaux qui
fourmillent dans les mers glacées ; car sous les zones chaudes
de l'Océan , il existe un nombre infini de poissons dépréda-
teurs qui suffisent pour maintenir l'équilibre entre les races
vivantes. Au Nord, un seul cachalot tient lieu de vingt mille
brochets , et exerce la même destruction. La nature a voulu
placer les plus grandes espèces de cétacés , surtout dans les
climats froids ; la chaleur des mers des tropiques eût abattu
toute la force de ces grosses masses vivantes, fondu leur graisse,
et les eût livrées sans défense à la rapacité des habitans de»
ondes ; tandis que la froidure des pôles durcit leurs fibres et
raffermit leur graisse. Celle-ci tient lieu de fourrure et em-
pêche le froid de pénétrer dans les viscères de ces animaux et
de les détruire par sa violence. (Consultez l'article Cétacés.)
La plus grande marque du pouvoir de l'homme , est sans
doute celui qu'il obtient sur la baleine. Quand on considère
que les plus grands et les plus puissans des animaux viennent
e^xpirer aux pieds d'viii pêcheur basque ou d'un matelot ho!^
,66 B A L
landais ; qu'une poignée de misérables pécheurs met en fuil^
des milliers de cétacés ; que ni leur force prodigieuse et leur
natation rapide, ni le froid , ni les tempêtes de TOcéan et
Jes glaces des pôles ne peuvent les soustraire à la main de
J'homrne , il est , sans contredit, le roi de la terre , et l'em-
pire lui a élé donné sur tout ce qui existe. Ce n'est plus la
violence , c'est Thabilelé et l'industrie qui commandent dans
l'univers ; la masse du corps n'est rien , l'intelligence , 1 âme
fait tout. Telle est la distance immense que la nature a mise
entre nous et la brute ; l'un commande et règne , l'autre ne
peut qu'obéir et ramper; et ce nest pas un vain titre que
l'Etre suprême nous attribue sur tous les animaux ; les mar-
ques en sont empreirïtes sur la baleine gigantesque et surl'é-
Jéphant colossal. Ils sont devenus nos esclaves , et nous ap-
portent le tribut de leurs riches dépouilles.
Du genre des baleines. — On applique le nom de Caleine
à un animal célacé , vivipare , qui respire par des poumons ,
qui a le sang chaud , deux ventricules au cœur , des évents sé-
parés , placés vers le milieu du front , et des fanons ou lames
de corne à la mâchoire supérieure, en place de dénis. Ce der-
nier caractère distingue éminemment les vraies baleines des
autres espèces de cétacés, comme les cachalots , les dauphins
et les narwhals.
Les vraies baleines à fanons se distinguent : i.» en celr
les qui ne portent aucune nageoire sur le dos , telles sont lesba-r
leines franches , le nord-caper , et les deux baleines bossues ,
décrites d'abord par Dudlev, Philos. Trtins. , n." 387; savoir la
baleine tampon el la baleine k plusieurs bosses ; mais ces deux
dernières espèces ou variétés sont imparfaitement connues,
2.° Les baleinoptères ^ dont il sera fait une description exacte
à leur article , sont aussi des baleines à fanons ; mais elles
portent une nageoire sur le dos. Telles sont le gibbar , la ju-i
Larte , le rorqual et le mus^'au pointu.
Les baleines sont en général des animaux d'une taille mons-
trueuse , d'une forme elliptique , à peau nue et de couleur
noirâtre ou brune. Leur tète , qui est fort longue et aplatie
sur les côtés, finit en pente vers le museau; pr^is du front,
sont deux évenls ou trous qui pénètrent dans l'arrière-bouche
et près de la trachée-artère de l'animal : c'est par-là qu'il reçoit
l'air qui s insinue dans ses poumons , lorscju'il vient respirer
à la surface des eaux; et il rejette avec force, par ces orifices ,
l'eau qui pénètre dans sa goige et sa bouche lorsqu'il se plonge
dans la mer. Ces jets d'eau qu'on observe quelquefois d'un
peu loin en mer , sont produits par des souffleurs ou des cé-
tacés ; les baleines lancent deux jets à la fois, parce qu'elles
ont deux trous , tandis que les autres espèces n'ont qu'un seul
B A L ,67
orifice pour leurs narines , et ne lancent qu'un jet d'eau à cha-
que expiration.
Tl n'y a jamais de dents chez les véritables baleines , mais
bien dans les cachalots , les narwhals et les espèces diverses de
dauphins ; on trouve en place , de grandes lames longues de
neuf à dix pieds , composées de fibres cornées que Ton con-
noil sous le nom de haleine ou busqué ; on les appelle /a«o«5 :
ils sont disposés transversalement, et dans une direction obli-
que , sur les côtés de la mâchoire supérieure. Leur base est
appuyée sur l'os du palais. Ces fanons sont échancrés en faux,
ol leur bord est frangé , un peu coupant ; ils sont d'une cou-
leur noirâtre dans la baleine franche et hjuba/ie ; d'une nuance
bleuâtre chez le gibhar^ et bianchâlre dans la baleine bossue.
On assure que chaque animal en porte de 8 à 900 de chaque
coté du palais ; mais ces fanons ne sont pas tous de même
longueur. La mâchoire inférieure de ces baleines n'a ni dents
«1 fanons , mais un sillon , une rainure ou gouttière sur sou
bord , pour recevoir les fanons et broyer les animaux mollas^
ses dont se nourrissent les baleines. Toutes ont des yeux très-
petits à proportion de leur taille , car ils surpassent à peine
la grandeur de ceux du bœuf; ils ont des paupières et sont
placés très-bas , presque à l'angle des mâchoires. Derrière
eux est le conduit auditif qui est fort étroit et sans conque ex-
térieure. Il y a deux nageoires pectorales qui tiennent lieu
des pattes de devant des quadrupèdes , et qui contiennent le
même nombre d'os , mais plus raccourcis à proportion. Il
n'existe aucun vestige extérieur de pieds de derrière. La queue
est aplatie horizontalement , au contraire des poissons chez
lesquels la nageoire caudale est toujours placée verticalement.
De même que les autres cétacés , les baleines respirent
l'air par des poumons , s'accouplent , produisent des petits
vlvans, et les allaitent. Ces animaux sont assez doux et tran-
quilles ; leur ouïe est , dit-on , excellente , ipais leur vue est
folble : il paroît que leur toucher , leur goût et leur odorat
sont presque entièrement oblitérés. Les baleinoptères , telles
que la jubarte , le rorqual et le museau pointu ont des plis
nombreux sur la gorge et la poitrine ; ce qu'on ne remarque
point chez d'autres. L'usage de ces plis est Ignoré. La verge
du mâle , qu'on nomme baleinas , est renfermée dans une sorte
de fourreau. Près des organes de la génération ou de la vulve
des femelles, sont placées deux mamelles , non loin de l'anus.
I^e baleinas dans les baleines est long de plus de dix pieds ,
épais de huit pouces de diamètre à sa racine. Les testicules
sont renfermés sous la peau , près des muscles abdominaux.
On remarque chez les femelles, le clitoris , le méat urinaire
i68 BAT.
et le vagîn. Une odeur musquée et rance paroît imprégner
fortement ces organes.
Des espèces de haleines. — Dans le genre des baleines propre-
ment dites, dont nous venons de parler, on connoît aujour-
d'hui quatre espèces distinctes , qui sont la Baleine franche ,
ou la Baleine de Groenland , Balœna mystlrelus de Linn. et
deBonnaterre; le Nord-Caper, Balœna gïacialis ^ Klein (c'est
\^ baleine d'Irlande) ^ Lacep., pi. 2 Gi'^ ; la Baleine \ bosses,
Balœna gihbosa , Linn. et Bonn. ; la Baleine tampon, Ba-
lœna nodosa , Bonn. Nous traiterons de ces espèces, et
quoique nous renvoyions la description spéciale des Balei-
WOPTères à leur article , nous exposerons ici les mœurs , les
combats, les amours, les nourritures et la pèche de tous ces
animaux. Nous ferons aussi mention de leur huile , de leurs
fanons ou barbes , et de tous les avantages qu'on en retire.
On pourra consulter l'article des Cachalots pour le blanc
de baleine ou sperma r.elî , et pour l'ambre gris , parce que ces
productions leur appartiennent plutôt qu'aux véritables es-
pèces de baleines.
Première espèce. — BaLEINE FRANCHE, ou du (iROENLAND ; en
irlandais slellbakr ; en danois , slirlitehack , c'est-à-dire dos uni ^
ou sandliual ; en anglais, whale ; en allemand , a>hid/Jisch ; en
hollandais, whalhisch; en norwégien , huafisch ; slirlitehack ., en
danois ; vallena en espagnol. Les Iloltentots la connoissent
sous le nom de tkakœ , car elle se trouve aussi dans l'Océan
austral. Balœna nuixillis subœf/ualihus ; inferiurc oi>atd , in medio
latiore : durso impinni , nigro alhoque maculatu ^ de Bnnnalerre.
Balœna mysficelus , Linn., baleine franche de Lacépède , crlac. i ,
fig. I ; c'est la haleine ordinaire , la vraie haleine du Groëidand
des auteurs. V. pi. 2 , fig. i , Encyclop. méth. Célologie.
On ne connoît sur la terre aucun animal aussi monstrueux
que la haleine du Groenland ; car ce qu'on rapporte de la taille
démesurée du kraken ou du pnWendu poulpe giganfcsffue , est si
dénué de vraisemblance , qu'il n'est pas permis d'y croire.
(F". Kraken.) La baleine doit donc »;tre considérée comme
le plus énorme et le plus vaste des animaux. Le règne végétal
ne fournit pas d'exemple d'arbres dont on puisse comparer la
masse ou l'élévation à celle de la reine des mers. Le chêne
le plus gros et le plus élevé n'a pas une masse égale à celle
de la baleine , et le seul haohah (arbre de la famille des Mal-
VacÉES , Adansonia digitata ^ Linn.) est capable de l'égaler.
{Consultez l'article Baobab. ) On a vu souvent des baleines
de cent et cent vingt pieds. On ne peut guère se refuser
à croire qu'il en existoit jadis de deux cents et mèuje de trois
cents pieds de longueur , et massives à proportion ; mais «lu-
jourd'hui que les Européens en détruisent chaque année un
BAL 169
grand nombre , elles n'ont plus le temps tle parvenir à la
môme taille. Si l'on considère en effet que ces grands céta-
cés vcnoient jusque dans la Méditerranée au temps de Pline
le naturaliste , pour faire leurs petits {Hist. nal. , 1. IX , c. 6. ),
et que ^ii'abon l'assure aussi (Géogr. , l. III ) ; qu'elles étoient
abondantes dans le golfe Canlabriquc ou de Gascogne , la
Manche et les mers Britanniques , selon Juvénal , qui dit ,
sut. X, V. 14. :
Quanta delpliinis balœna Briiannica major :
on peut croire que ces animaux peuploient en liberté par-
tout , et arrivoient à un long âge. On n'étoit point encore as-
sez habile ou assez assuré dans la navigation pour suivre et
attaquer au loin ces monstres marins ( TSoëi de la Morinière ,
hist. des pêches^ Paris, in-4..°, i8i5 , tome V, chap. 7.). Il
y eut une longue interruption dans le inoyen âge ; cependant
les Basques faisoient déjà la pêche de la baleine dès le corn'
menrement du douzième siècle ; les Holiandois et les autres
peuples commencèrent à s'en occuper vers la fin du seizième
siècle jusqu'à ce jour ; on ne sera donc point surpris si le nom-
bre des baleines diminue tant , et si les jeunes n'ont pas assez
de temps pour acquérir toutes leurs dimensions. Elles sont
d'ailleurs obligées de se réfugier aujourd'hui jusque sous les
glaces des pôles , où le froid extrême qu'elles y éprouvent
peut arrêter leur développement , tandis qu'une température
plus douce le favoriseroit. Les baleines qu'on prenoit il y a
trois siècles , étoient bien plus grosses que celles d'aujour-
d'hui , parce qu'elles étoient plus vieilles et vivoient plus
tranquilles. En 1620, une baleine échoua dans l'île de Corse;
elle étoit longue de plus de cent pieds : un homme à cheval
pouvoit entrer dans son énorme gueule. Pour retirer le grand
intestin de son ventre , il fallut plus de dix-sept hommes ; elle
fournit cent trente-cinq mille livres de lard : c'étoit une fe-
melle pleine ; son fœtus avoit déjà trente pieds de longueur,
e! pesoit quinze cents livres : la mère devoit peser plus de cinq
cents mille livres. Une baleine de soixante- douze pieds seule-
ment , échouée en 1726 dans la baie de la Somme , avoit une
gueule si vaste, que deux hommes y entroient à l'aise sans se
b,-.isser. La force des muscles doit être proportionnée à celte
masse gigantesque ; et quels efforts prodigieux ne faut-il pas
à l.T baleine , pour remuer avec vitesse un corps de cette taille ^
lui faire fendre les ondes , le fléchir , le faire bondir à la sur-
face des vagues écumantes , l'opposer aux flots tumultueux de
la tempî'te , soulever des dômes énormes de glaces sur soit
dos, et parcourir comme un trait la vaste plaine des mers?
Les anciens , iimis du merveilleux , avoicnl adiwis i'exis-
I70 BAL
icnce de baleines loneoes de neuf cent soixante pieds. Selon
Pline (^Nat. hislor., 1. XXXII.), il étoit fait mention, dans les
r<;lations adressées à Gaïus César par Juba, de cétacés longs
de six cents pieds , et qui avoient trois cent soixante pieds de
circonférence : on les trouvoit à l'embouchure des fleuves
d' \rabie. Néarque , amiral d'Alexandre-le-Grand , assura
que des baleines avoient vingt-trois pas de longueur , et qu'il
f n vit une échouée sur les îlots qui sont à l'embouchure de
TEuphrale : elle avoit cent cinquante coudées de longueur.
Des modernes ont renouvelé ces fables: Jacques Ziegler
(^Bescript. schoundice) prétend qu'auprès de W ard-Huys , le
rivage est couvert, au printemps , de baleines énormes , dont
quelques-unes ont cent coudées de long. Des voyageurs assu-
rent avoir vu dans les mers de la Chine , des baleines de neuf
cents pieds ; selon d'autres , elles ressembloient à des îles , à
des écueils , à des montagnes. Quelques pêcheurs du nord
parlent d'un poisson-montagne ou kraken , qui s'élève comme
une île (lollante du fond des abîmes des mers , et qiii attirç
par sa présence une foule d'animaux , d'oiseaux qui viennent
se reposer sur son dos, et se nourrir des coquillages dont il
est chargé. On raconte même que des pêcheurs ayant une fois
débarcjué sur un de ces aniuiaux comme sur une île , y allu-
mèrent du feu ; mais l'animal se sentant brûler , plongea tout
à coup , produisit un immense tourbillonnement dans les
eaux , et submergea les pêcheurs : à peine le navire et ceux
qui y étoient demeurés , purent éviter le naufrage ( F. Vliist.
nul. des mollusques , par Donys Montfort , tome 2 *, on y trouve
plusieurs reclierches à cet égard). On sent bien que nous
ne croyons point à ces fables , et qu'il seroit bon d'en purger
l'Histoire naturelle , puisque celle-ci ne doit être que l'ex-
pression de la simple vérité.
La haleine doit vivre très-long-temps , de même que les
poissons, et il paroît que c'est une propriété commune à tous
les animaux aquatiques ; car la vieillesse et la mort naturelle
dépendent principalement de la rigidité que les différens
organes acquièrent , ce qui ne leur permet plus de remplir
leurs fonctions accoutumées; et leur durcissement les empê-
chant de recevoir la nourriture , ils se détruisent sans se ré-
j)arer. Dans l'animal aquatique, au contraire, tous les or-
ganes étant perpétuellement relâchés par l'eau , deviennent
moins rigides, et n'éprouvant jamais de durcissement , ils
peuvent se réparer plus facilement; d'où il suit que le terme
de la vie peut se reculer indéfiniment dans ces animaux. On
a des exemples de carpes , de brochets qui ont vécu de
cent à deux cents ans; il n'est donc pas étonnant (jue la ba-
leine paisse exister plus long-temps ; cl si elle a déjà vingt
B A L 171
on irenie pieds à sa naissance , à quelle taille ne peut-elle
point parvenir dans l'espace de trois à quatre siècles ? Mais
doit-on en conclure avec Bufïbn et M. Lacépède que la ba-
leine peut vivre mille ans? La comparaison de la durée de sa
vie avec celle des poissons n'est pas en tout exacte. Le pois-
son ne respirant quel air battu dans l'eau par ses ouïes oubran-
chies, alesangfroid, une vie languissante ou qui consume peu
sesforces , comme celledesreptiles. Aucontraire, lesanimaux
à sang chaud et respirant par des poumons vastes et celluleux,
l'air en nature, étantvivipares, plus vifs, plus sensibles , consu-
menlplusrapidement leurs forces vitales. Aussidegrosquadru-
pèdes vivent bien moins de temps que les petits poissons ; le
bœuf, L- cheval, malgré leurforte corpulence, viventmoins que
l'homme. Ainsi, ni la taille , ni la vie aquatique, ne parois-
sent suffisantes pour prolonger l'existence des baleines si
loin. Elle doit être proportionnée au temps de leur accroisse-
inenl.|
On ne trouve guère à présent que des baleines de cinquante
à quatre-vingts pieds au plus ; on dit que les femelles sont
plus grosses que les mâles , contre l'ordinaire des mammi-
fères ; elles se tiennent dans les mers polaires, et s'enfoncent
très-avant entre les glaces , où les navires pécheurs ne les
poursuivent qu'avec beaucoup de périls et de peine ; c<ti' il
faut une intrépidité extraordinaire pour oser atta([uer, sur une
frêle chaloupe , un monstrueux animal qui , d'un coup de sa
queue , peut la faire voler en éclats , et ébranler les plus
gros vaisseaux. Il faut pénétrer sous un affreux climat, au
milieu des glaces amoncelées qui se pressent, qui arrêtent les
bâtimens, les brisent ou les emprisonnent sans espoir d'être
dégagés. Il faut savoir braver le froid , les peines et la mort
à chaque instant. L'adresse , le courage, la force, doivent être
employés tour à tour , et l'on ne sait s'il faut plus admirer
l'industrie de l'homme dans une si audacieuse entreprise ,
que le plaindre de la cupidité et de la soif du gain qui la lui
fait tenter.
Le corps de la baleine peut être comparé à une forme de
cordonnier renversée -, sa tête , d'une taille énorme, fait en-
viron le tiers de la longueur totale ; son sommet est incliné
comme un toit ; au milieu , les deux évents sont placés sur
une éminence. L'ouverture de la gueule est extrêmement
vaste , et a la figure d'une S. Chaque mâchoire a la même
longueur, mais l'inférieure est la plus large, surtout dans
son milieu ; elle a des lèvres charnues et creusées en gout-
tière large et profonde pour emboîter les barbes ou fanons
de la mâclioire supérieure.
Ces fauons , ces barbes sont en lames fibreuses de diverse
172 BAL
longueur ; les plus petits ont trois ou quatre pieds de long , et
les plus granfls en ont quinze ; ils sont places transversalement
et dans une direction o]>lique <[ui tourne du côté de la gorge ;
leur grandeur va en décroissant successivement , et leurs
bords sont effilés, larges vers lune de leurs exirémités ; ils
s'amincissent à leur autre bout. Vers les deux extrémités de
ces rangs de fanons , se trouvent des lames carrées , petites
comme des tuyaux de plume , et de quatre pouces de lon-
gueur ; leur substance est plus tendre ; elles sont moins rap-
Î)rochées aussi. Le tranchant effilé des fanons pose vertica-
ement sur la langue et sur la mâchoire inférieure.
Les lames ou fanons occupent tout le palais et la gueule des
baleines ; ils sont épais d'un pouce ou même moins , et tran-
chans à leur bord , avec des fibres effilées. Cette réunion
touffue de fanons placés en ordre , fait paroitre la surface du
palais des baleines comme la peau d'un animal couverte de
crins ou de soies très-rudes : l'accroissement de ces fanons
est analogue à celui des cheveux ou de la corne des animaux.
Chaque fanon est composé de fibres longitudinales de la
nature de la soie du cochon ; ces fibres sont collées ensemble ,
mais peuvent se séparer. Lorsque les pêcheurs ont détaché ces
barbes de la mâchoire des baleines , ils les fendent et les dé-
bilèntpour en faire des busqués., des rayons de parapluie ,etc.
Celte matière est très-flexible , et de la nature de la corne ;
car elle se ramollit dans l'eau chaude , mais elle'ne s'y dis-
sout pas. Les alcalis , les acides la détruisent ; le feu la crispe
et la décompose à la manière des crins et des poils des qua-
drupèdes. On appelle cette matière, de la baleine ; elle sert
dans plusieurs arts , et forme des ressorts doux et très-élas-
tiques ; on en faisoit des corps, espèces de cuirasses avec les-
quelles on déformoit , il y a plusieurs années , la taille du
beau sexe , et qui lui ont procuré plus de maux qu ils n'ont
augmenté ses charmes.
Comme la figure des baleines et l'élément qu'elles habi-
tent ont beaucoup de rapport avec ceux des poissons, elles
ont été regardées comme appartenant à la même classe ;
mais nous ferons voir à l'article des Cétacés , combien ces
animaux sont différens. D'ailleurs , la baleine respirant l'air
à la surface de l'eau , comme les antres cétacés, a ses deux
cvents ou ses ouvertures nasales placées au sommet de la
tête pour plus de commodité; le diamètre de chaque évent
est d'environ le centième de la taille de l'animal. C'est
par-là que la baleine rejette l'eau qui entre dans sa gueule ,
et qu'elle inspire l'air.
Lorsque la baleine veut rejeter l'eau qui a pénétré dans
sa vaste gueyle , elle ferme lej mâchoire» et son larynx^
B A L ,73
L'eau comprimée par la langue, par les muscles pliaryngiens
de l'animal et des bourses musculeuses aux évents , est forcée
de sortir par les deux conduits da nez ou les évents et ceux-
ci étant dans une direction verticale , Teau est lancée en jet
énorme jusqu'à 3o ou 4-o pieds de haut, avec un- bruit ef-
frayant comme celui d'un tonnerre lointain; la baleine lance
assez d'eau pour remplir et submerger des barques , et cause
un remous si considérable par son mouvement sur la mer,
qu'on s'en aperçoit à plus d une lieue à la ronde.
La peau de la baleine est épaisse d'un pouce environ ;
elle est brune ou noire en dessus , et blanchâtre en dessous
du corps. Son épiderme est analogue à celui de la plante
des pieds dans l'homme , et son tissu est composé de cou-
ches successives. Le tissu de la peau se confond presque avec
le tissu cellulaire graisseux , sous - cutané dans la baleine
franche. Communément la peau de cet animal est très-lisse ,
sans écailles , polie et brillante , parce qu'elle est huileuse :
souvent on y remarque des marbrures de diverses couleurs.
Dans tous les cétacés, la langue est courte , attachée à la
mâchoire inférieure, et d'unenature graisseuse comme tout le
corps : on en tire plus de six tonneaux d'huile. Celle des balei-
nes franches est une masse de chair molle» spongieuse et pres-
que sans mouvement, parce qu'elles ont seulementbesoin d'ou-
vrir leur gueule pour écraser avec leurs fanons les petits ani-
maux dont elles se nourrissent. La langue est presque la seule
partie du corps que les matelots puissent manger , et elle est
passable après avoir été salée , car la chair de la baleine est
très-dure et cornée : ses fibres sont extrêmement grossières
et imbibées d'une huile dégoûtante. On observe des marque»
noirâtres sur les côtés de la langue de ces animaux , qui a
une forme arrondie, et souvent dix-huit pieds de longueur
sur dix de large : on en peut remplir plusieurs tonneaux. 11 y
a des paupières et des sourcils aux yeux qui sont placés très-
tas , et ne surpassent pas en grosseur ceux du bœuf. Leur
cristallin , blanc et transparent , est petit comme un pois et
presque sphérique comme celui des poissons , pour voir au
travers de l'eau et non dans un milieu plus rare. ( Cuvier,
leç. anat. comp. il , pag. Syo. ) Derrière les yeux, sont placés
les tuyaux des oreilles, sans pavillon extérieur : c'est par ces
trous que les pêcheurs adroits lancent le harpon , afm que pé-
nétrant l'os pierreux des oreilles , il y adhère plus fortement.
L'os de l'oreille intérieure est en efîFet très-dur dans la ba-
leine ; il a la forme d'une coquille univalve ; les parties qui
«servent à l'ouïe sont renfermées dans cet os , de mC-me que
chez les quadrupèdes ; car l'oreille intérieure des cétacés ne
diffère poiut esseuliellcment de la nôtre : aussi leur ouïe est
174 BAL
très-délicate. La nalure leur a donné cet avantage, afin qu'il*}
puissent reconnoître de loin leurs nombreux ennemis. Ordi-
nairement l'os de l'oreille est enfoncé de Irois à quatre pieds
sous les chairs , le lard et la peau; il est d'une substance ex-
trêmement compacte, et fait feu avec l'acier : on l'employoit
jadis en médecine , comnie absorbant , sous les noms très-
impropres de pierre de tiburon ( qui est une espèce de chien
de mer), ou de manali (espèce d'animal amphibie) , ou de
loup-marin (qui est un phoque). Les baleines ou les cétacés
en général manquent de nerfs olfactifs ou de la première
paire ; mais dans la trompe d'eustache des dauphins, il y a des
sinus olfactifs, où se ramifient des nerfs de la cinquième paire
qui peuvent bien avoir pour objet de ressentir les odeurs ; en
effet , l'eau infecte des poissons pouris éloigne les baloines.
Les nageoires pectorales de la baleine sont deux larges
membres Ai forme ovale , aplatie , échanerée. Dans leur in-
térieur, on ne trouve pas des rayons comme chez les pois-
sons , mais tous les os de l'épaule , du bras et de la main ,
comme l'omoplate , l'humérus, le cubitus et le radius, les os
du carpe, du métacarpe et ceux des doigts ou phalanges;
seulement ils sont tous raccourcis > couverts d'une chair
tendineuse, ou demi - cartilagineuse , et revelus d'une
peau épaisse. La haleine franche n'a point de nageoire
sur le dos ; celle de la queue est formée de deux lobes
échancrés et posés horizontalement. Dans son intérieur ,
on trouve les rudiniens des os du bassin. Avec ses seules
nageoires et surtout sa puissante queue , la baleine fend
l'onde avec la plus grande vitesse ; sa graisse abondante al-
lège son corps , le fait surnager, et la plus légère impulsion
lui suffit pour glisser rapidement sur la [daine des mers. Si
elle veut plonger, elle resserre son corps; pour remontef
sur l'eau , elle s'étend. Les cétacés ne sont pas des animaux
véritablement aquatiques; ils ne vivent pas au .sein des eaux,
mais seulement à leur surface ; ils sont plutôt habitans dé
lair, puisqu'ilsle respirent par des poumons. On voitsouvent
les pesantes baleines se jouer au milieu des flots irrités ,
sauter de joie sur les vagues blanchies d'écume , lancer au
loin des jets de l'onde amère , et se disputer entre elles de
vitesse et de dextérité dans leurs évolutions. Elles s'amusent
innocemment autour dos vaisseaux pêcheurs , et ne voient
pas le matelot qui apprête le fatal harpon ; l'animal pai-
sible laisse , avec indifférence , lancer l'instrument de mort ;
il ignore combien Ihomme , cet être si foible à ses yeux, est
redoutable et cruel; il ne songe qu'aux plaisirs de la vie et va •
recevoir la mort. Les baleines et les autres cétacés n'ont pour
voix qu'une sorte de mugissement assez fort ou de grognement,
BAL i~5
«u'ils font entendre lorsqu'ils sont dans les souffrances de
l'agonie.
11 y a , dans les baleines et les cétacés , les mêmes os que
dans la charpente des quadrupèdes , à l'exception de ceux du
bassin et des exlrémilés inférieures qui manquent dans tous.
On a compté 63 vertèbres dans une baleine échouée eu
Islande en 1763 , selon Olafsen. Quoique la cavité du cer-
veau soit considérable , la cervelle ne fait guère que le
25 millième du poids total de la baleine franche , tandis
qu'il est le cinq centième dans l'éléphant. Chez rhomnie ,
le cerveau et le cervelet font le 4^o.= du poids total du corps
à peu près. V. Cerve\u. Mais chez les oiseaux , tels que i«
serein , le moineau , il est le 20 ou le 3o.'= du corps , ou plus
considérable à proportion que dans notre espèce. Chez les
baleines , les muscles sont comme ceux des quadrupèdes ,
et leur substance est coriace , très-fibreuse , rougeâlre, dure ;
ils sont environnés d'un tissu cellulaire extrêmement abon-
dant , dont les cellules sont remplies de graisse liquide; leur
surface extérieure est enveloppée d'un lard très-épais , et en
plusieurs couches ; au-dessus du lard , et immédiatement
sous la peau , se trouve une couche d'huile renfermée dans
une membrane réticulaire. On trouve cinq grandes poches
dans l'estomac des baleines , presque comme dans les rumi-
nans ; elles ont aussi un cœcum et de très-longs intestins ,
parce qu'elles vivent de nourritures moins animalisées que
les cétacés pourvus de dents. Ces animaux ont beaucoup plus
de sang à proportion que les quadrupèdes ; on a dit qu»j le
trou de botal étoit ouvert à leur cœur et permettoit le pas-
sage du sang veineux dans le cœur gauche ou ventricule aor-
tique , sans passer toujours par les poumons quand la ba-
leine plonge. Cependant elle est forcée de venir respirer
l'air , sans quoi elle périroit.
De la nourriture de la baleine et de ses excréniens. — On seroit
tenté de croire d'abord qu'un aussi puissant animal dévore
les plus gros poissons , et fait sa pâture ordinaire des plus
fiers habitans des ondes ; mais en considérant que la baleine
n'a point de dents , que ses fanons sont de nature assez
flexible , que les muscles de ses mâchoires sont très-foibles ,
on reconnoîtra qu'elle ne peut se nourrir que des plus petitj
animaux. Ses aliinens ordinaires sont composés de vers ,
de mollusques, de zoophytes , tels que les radiaires, l'argo-
naute arctique , la clio boréale, les petits crabes (^pedatu,
et oculatus^ Linnseus ), les méduses , etc., etc., etc. Comme
ces petits animaux sont en nombre infini dans les mers po-
laires , la baleine n'a , pour ainsi dire , qu'à ouvrir sa gueule
pour le* .engloutir par miJiliers ; elle les brise facilement sous
176 BAL
ses fanons tranchans , tandis qu'une proie plus dure et plus
osseuse résisteroit à leur compression. Les zoophytes que dé-
vorent les baleines , ont Tinstinct de se jouer avec les barbes
effilées de leurs fanons qu'ils prennent pour une proie ; ils
viennent eux-mêmes se faire prendre entre ces barbes ; le
vaste animal fermant sa gueule et rejetant l'eau en soufflant ,
écrase ces frêles nourritures vivantes et les engloutit dans
l'énorme caverne de son estomac. On nomme walfisr.h-uas ,
amorce de baleine , ces zoopbytes, qui sont gros comme des
fèves , et ont l'odeur de la mélasse.
La nature a très-bien proportionné la quantité des ali-
nïens et leur nature avec la conformation de ces animaux
gigantesques. Ce n'est point aux poissons que les vraies ba-
leines font la guerre , elles se contentent de leur menue nour-
riture , comme le bœuf se contente de l'herbe des champs.
Ce sont des animaux doux et paisibles , qui n'ont rien d'im-
pétueux et de féroce dans le caractère. On a trouvé des ba-
leines dans les mers de la zone torride (James Colnett a
yoyageto tlie^ Soulit atlantic^ etc. Lond. 1798. ) Mais comme
elles n'y trouvent pas de nourritures convenables de même
qu'au Nord , elles sont très-maigres.
Les excrémens des baleines sont un peu solides , d'une
couleur jaune-rougeâtre et comme safranée ; ils n'ont point
de mauvaise odeur. Les pêcheurs en amassent , et on en fait
usage pour teindre la toile en rouge. Cette couleur est de bon
teint et assez agréable ; elle paroît dépendre de la nature
mêtne des alimens de ces cétacés.
Des amours , de l'accouplement et de la génération des ba-
leines. — 11 n'y a point d exception pour l'amour dans toute
la nature ; ie gigantesque cctacé , dans les mers glacées des
pôles , éprouve ses ardeurs comme l'animalcule et l'habitant
de la torride. Le mâle de la baleine a un membre génital
long de dix à douze pieds ; on l'appelle baleinas; il est ren-
fermé dans un double prépuce comme un couteau dans une
gaîne. On trouve vm os dans cette longue verge qui a sept
fouccs de diamètre à sa racine. Les testicules paroissent à
extérieur dans le temps du rut seulement, mais rentrent
ensuite dans la cavité abdominale. Toutes ses parties géni-
tales sont à peu près conformées comme celles des quadru-
pèdes ruminans. On observe , dans la femelle , une vulve
placée près de l'anus et pourvue d'un clitoris, des grandes
lèvres et des nymphes. De chaque côté du vagin , on voit
une mamelle enfoncée dans un sillon de la peau. A l'époque
de l'alaitement, les deux mamelles sont gonflées de lait ; elles
ont alors un pied de largeur et à peu près autant de Ion-
♦BAL ,77
gueur ; maïs elles diminuent et se rident lorsque le baleineau
ne tette plus.
Lorsque les baleines veulent s'accoupler , elles s'apparient ,
voyagent de compagnie vers quelque rlv^e déserte. Le mâle et
la femelle s'approchent , se laissent tomber perpendiculaire-
ment sur leur queue , et n'ayant que leur tête hors de leau ,
ils se pressent amoureusement et s'embrassent étroitement
en entrelaçant leurs nageoires : alors s'accomplit l'acte de la
génération. Selon Dudley, la femelle se couche sur le dos et
reçoit le mâle entre ses nageoires latérales ; c'est de celte ma-
nière aussi que s'accouplent les marsouins. On prétend que
l'union sexuelle n'a lieu que tous les deux ans chez les ba-
leines. Le couple demeure fidèle, et les différentes espèces
ne se mélangent jamais. La femelle porte seulement neuf ou
dix mois son fœtus ; rarement elle accouche de deux balei-
neaux ; c'est vers le mois d'avril qu'elle met bas son petit ,
qui a déjà quinze à vingt pieds de longueur. Lorsque le ba-
leineau veut téter, la mère se place sur le côté , et présente
sa mamelle à l'air , afin que le petit puisse respirer. On as-
sure que le lait des baleines est gras et nourrissant ; celui de la
femelle du Dauphin nésanark ressemble au lait de vache, au-
quel on auroit ajoutéde la crème. Lesbaleineauxsont très-gras
pendant l'allaitement, et donnent près de cinquante tonneaux
de graisse , tandis que les mères maigrissent beaucoup. Ils
tettent pendant un an , et on les nomme alors shoiieads ou
coiirtes-téles en anglais. A deux ans , ils sont comme hébétés
après avoir été sevrés , et sont appelés siants (bêtes) ; leur
graisse est moins abondante à cette époque , car ils n'en
fournissent qu'environ vingt-quatre tonneaux.
On observe que les baleines ont le plus grand attachement
pour leurs petits , et ne les quittent jamais de vue : c'est une
règle que la sage nature a établie pour conserver les espèces
vivantes pendant la foiblesse de l'âge. Avant que de songer à
sa sûreté , la baleine n'a soin que de son petit ; elle le pro-
tège , le défend de ses ennemis en exposant sa propre vie.
Cet animal si timide , quoique si puissant, devient terrible
pour défendre son baleineau. S'il échoue sur les rivages, la
mère s'expose à échouer pour le remettre à flot , comme
on en a vu un exemple dans la femelle d'un butz-kopf échoué
sur les côtes de ISormandie. l^a Jnba/ie , ^eu courageuse,
devient furieuse lorsqu'il s'agit de défendre son petit -, elle se
retourne avec intrépidité vers les pêcheurs qui la poursui-
vent , les écarte à grands coups de queue , renverse leurs
canots , et saisissant son petit entre ses nageoires , le sous-
trait à la fureur des hommes. Lorsqu'on prend le baleineau ,
la mère ne le quitte pas , et se laisse souvent tuer en voulant
,78 BAL
le sauver; souvent la mère transporte son petit sur son do«,
lorsqu'il est fatigué de nager.
La couleur des baleineaux est brune et quelquefois pana-
chée de blanchâtre, tandis que celle des baleines est com-
munément d'un beau noir ; on y voit quelques raies blan-
châtres et comme marbrées ou veinées. De loin , et lorsque
le soleil brille, ces ondulations de couleurs sont assez agréa-
bles ; le dessous du corps est d'un très-beau blanc argenté.
Dans les mers du nord-ouest, on rencontre des baleines
toutes blanches, suivant Ellis, et les vieilles portent quel-
quefois une bande transversale d'un blanc sale sur le dos. Les
cicatrices des blessures des baleines restent blanches.
Des lieux où se trou\>ent les baleines , et de leurs voyages. — Au-
trefois les baleines se répandoient sur presque tout l'Océan ,
et descendoient des mers glaciales jusque dans les plages
tempérées , avant que l'audace et la cupidité des hommes eus-
sent porté le ravage et la mort parmi ces animaux tranquilles.
Les baleines aiment le repos et la paix ; elles venoient se
jouer dans les ondes qui baignent les côtes de l'Europe mé-
ridionale. Plusieurs fois, elles ont pénétré dans la Médi-
terranée ; elles entroient même dans les ports. Leur pré-
sence près de Saint-Jçan de Luz avoit excité les Basques à
en faire la pêche avant le douzième siècle ; car Guillaume
Breton , poëte qui vivoit vers l'an ii4-Oi en fait mention.
Poursuivies dans nos mers, les baleines se sont réfugiées
peu à peu vers le nord , leur patrie naturelle. On les trouve
dans la mer Baltique, mais principalement dans la mer
Glaciale sur les côtes d'Islande et du Groenland , au dé-
troit de Davis, auprès du Spitzberg, de l'île de Mayen,
à Terre-Neuve , etc. Elles se retirent de plus en plus vers
le pôle et entre les glaces inaccessibles qui encombrent les
mers du Nord. On en rencontre aussi dans la mer qui sépare
l'Asie de l'Amérique septentrionale. Mendès Pinlo en vit
tuer une sur les côtes d'une île du Japon. L'océan austral
nourrit aussi un grand nombre de baleines qui viennent quel-f
quefois échouer sur les côtes du Cap de Bonne-Espérance.
Les Hottentols nomment la baleine Tkakœ ; ils ne savent
pas la pêcher, car ils ne se confient jamais à la mer. Aujour-
d'hui la haleine franche se pêche entre le soixanle-dix-septième
et le soixante - dix - neuvième degré de latitude nord ; il est
dangereux de les poursuivre plus près du pôle , à cause de
l'abondance des glaces. Les Cachalots se tiennent dans des
régions plus tempérées , et s'avancent en troupes jusque*
dans les mers les plus chaudes. On en rencontre dans les
mers de l'Inde , dans le golfe d'Arabie , aux Philippines ,
vers Ceylan, etc. ; ce sont des espèces très-vagabondes , qui
BAL ,73
parcourent l'Océan par troupes nombreuses. Us se trouvent
en grande quantité aux environs du Cap de Bonne-Kspérance.
Les autres espèces de cétacés du genre des dauphins, comme
les marsouins, les épauïards, se voient dans toutes les mers.
Au temps de l'accouplement, les baleines ^migrent. Selon
quelques marins , vers le mois de novembre, les baleines
franches quittent les mers du pôle et entrent dans le fleuve
Saint-Laurent vers Québec, pour y faire leurs petits. Au
mois de mars, elles retournent dans leurs glaces. La faim,
les tempêtes, la poursuite acharnée des pécheurs, les déter-
minent aussi à changer de demeure ; cependant ce sont des
animaux assez stalionnaires , tandis que les cachalots se ré-
pandent dans toutes les mers. En 1670 , trois cents de ces
animaux échouèrent sur les côtes de file ïireia : on en vit,
en 1690 , cent deux à sec dans le port de Kairston ; et la
baie d'Audierne , en Basse-Bretagne , en reçut trente - un
en 1784.
Mœurs, habitudes, et combats des baleines contre leurs ennemis. —
Tous les animaux cétacés ont un caractère assez pacifique, et
plutôt grossier que méchant; ils ne deviennent méchans qu'à
force d'être tourmentés. Les baleines surtout, étant privées de
dents , et n'ayant aucune arme défensive , et embarrassées le
plus souvent de la masse énorme de leur corps, ne sont point
capables de se défendre avec succès contre des ennemis ro-
bustes, et agiles. Cette conscience de leur folblesse les rend
timides et craintives ; cependant l'amour maternel, le déses-
poir, les rendent furieuses, et leur font employer toute leur
force pour se défendre ou pour échapper à leurs implacables
persécuteurs.
Dans l'état tranquille , la baleine se promène avec assu-
rance au milieu des mers, se joue au milieu des tempêtes,
cherche sa nourriture au fond des abîmes et se livre à l'a-
mour. C'est un animal assez voraceet qui mange presque
continuellement. Sa vue est foible , mais son ouïe est excel-
lente, et il fuit aussitôt qu'il entend quelque bruit inquiétant.
Sa natation est extrêmement rapide, et lorsqu'il frappe de
la queue sur l'eau , il produit un fracas épouvantable. La
baleine nage ordinairement en droite ligne; quelquefois elle
caracole autour des vaisseaux qu'elle paroît prendre pour
certains animaux d'une taille extraordinaire. Elle souffle
très-fort, et rejette souvent l'eau qui entre dans sa gueule
avec tant de violence, qu'elle retombe en pluie fine ou en
brouillard. Elle se meut avec vitesse, mais se tourne assez
dilficilement , ce qui lui donne beaucoup de désavantage
vis-à-vis d'un ennemi agile.
i8o BAL
C'est une prévoyance assez remarquable de la nature
d'avoir rendu pacifiques et timides les plus grands. animaux ,
et de les avoir mal annés , de crainte qu'ils ne détruisissent
trop d'espèces et ne devinssent redoutables à tous les êtres
vivans. Si la baleine, l'éléphant, le rhinocéros, l'hippopo-
tame, eussent joint à leur masse imposante le courage du lion,
la férocité du tigre, l'agilité du léopard, la hardiesse de
l'hyène , quel être auroit pu leur résister dans l'univers? Mais
la nature a sagement compensé toutes choses et tempéré la
force énorme des grands quadrupèdes et des cétacés par un
instinct de douceur et de timidité qui leur ôte une supériorité
dont ils pourroient aljuser. Tous les quadrupèdes herbivores
sont moins courageux et moins armés que les espèces carni-
vores ; et les cétacés, vivant de zoophytes, pour la plupart, se
rapprochent davantage des races herbivores que de toute autre.
La matière nutritive des zoophytes est autant végétale qu'a-
nimale, et ne peut donner aux espèces qui s'en repaissent, ce
feu du courage, cette vigueur de corps, et cette ardeur vio-
lente du caractère que les nourritures animales donnent aux
carnivores. D'ailleurs, les cétacés n'ont presque aucune arme
offensive; leur gueule est folblement garnie de dents ; et les
nmscles de leurs mâchoires n'ont pas une grande force à pro-
portion de h'ur taille. Malgré ces désavantages, les baleines
sont , par leur seule masse et la viplence* de leurs chocs , des
adversaires redoutables; elles se défendent avec une vigueur
impétueuse contre les attaques de leurs ennemis. Ces gigan-
tesques animaux n'effraient point les monstres de la mer par
leur taille; et si ceux-ci sont plus foibles, ils ont, en re-
vanche, plus d'adresse et de courage. Cependant, si l'on con-
sidère le volume énorme d'une baleine franche pesant plus
de trois cents milliers (c'est-à-dire, qu'elle égale cent éle-
phans ou trois ou quatre cents gros bœufs , ou quinze cents
millions de souris ), on concevra tout ce qu'un pareil colosse
peut faire d'un seul choc de ses flancs. La baleine peut donc
soulever des bâtlmens et les fracasser en mille morceaux d'un
coup de sa queue ou de ses nageoires. Si sa propre masse
n'étolt pas un obstacle à sa force et à sa vigueur, ce seroit
l'être le plus redoutable de la nature. Quelque lourde que soit
sa démarche , le poids de ses coups et de ses mouvemens
doit néanmoins écraser les frêles embarcations des pêcheurs
qui se trouvent à sa portée.
Un grand nombre de poissons déclarent guerre à la ba-
leine et se préparent fièrement à livrer bataille à cette reine
des mers. De tous sesennemis, il n'en estpolnt de plus acharné
et de plus cruel que la vwelle^ qu'on nomme aussi poisson
soie; c'est une grande espèce de chien de mer, dput le mur-
BAL i8i
seau est prolongé en lame plate, garnie de chaque côté de
ferles dents {Squalus piistis , Linn. ), En hollandais on la
nomme Zaag-vich. Lorsqu'une vioelle aperçoit une baleine ,
elle court dessus et l'attaque avec une grande vigueur ; la ba-
leine , à l'aspect de son implacable ennemi , saute de furie ,
mugit , frappe les ondes, s'agite avec des mouvemens extraor-
dinaires et cherche à atteindre la vivelle d'un coup de queue.
Si elle peut lui en assener un seul coup, elle l'écrase ; mais
la vivelle est agile , adroite ; elle se retourne , prend la ba-
leine par derrière, fond sur elle, bondit, s'élance sur son
dos, le déchire de ses dents; le sang ruisselle , l'onde blan-
chit d'écume, la mer retentit deniugissemens et du fracas des
combatlans ; la baleine souffle avec impétuosité , se débat et
rejette en brouillards l'onde salée , mêlée de sang. A chaque
coup que lui porte la vivelle , la baleine plonge ; mais elle est
poursuivie jusque dans les abîmes par son redoutable en-
nemi. Obligée de venir respirer, la baleine remonte'; c'esl
alors que le combat redouble avec une nouvelle fureur; ter-
rible , ensanglantée , la baleine frappe des coups de queue
redoublés qui font jaillir les eaux en brouillards et qui as-
sourdissent comme le bruit du canon ; c'est alors que la vi-
velle a besoin de tout son courage çt de son adresse ; elle
va , revient , saute , évite , plonge ; plus de quartier, il faut
vaincre ou périr, car la vivelle ne lâche jamais prise : si la
baleine peut échapper, elle fuit avec l'impétuosité de l'éclair;
mais si elle est arrêtée , elle entre dans une rage effroyable ,
se bat en désespérée , et atteignant son ennemi , le brise , Té-
crase d'un coup de queue, oi la vivelle sait échapper à ce
danger, elle fond avec impétuosité sur le dos de la baleine ,
lui enfonce à grands coups sa lame dentelée dans les flancs ,
se rassassie de graisse et de chair toute fumante. Lorsque la
baleine est grosse et forte , deux vivelles se joignent ensem-
ble pour l'attaquer. Car ce sont toujours elles qui commen-
cent le combat , et chargent avec le plus d'ardeur. Tant que-
les blessures de la haleine ne pénètrent pas au-delà du lard ,
elles ne sont pas mortelles et ne font que l'irriter davantage.
Lorsqu'elle est tuée , le poisson-scie se contente , dit-on , d en
manger la langue, et abandonne le reste. Martens a vu, der-
rière la Hitlande , une de ces batailles entre une vivelle, et
un nord-caper.
On dit aussi que le nanvhal ei labaleine ont beaucoup d'anJ
iipathie entre eux; aussitôt que le premier aperçoit la ba-
leine , il lui porte de rudes coups avec sa dent, longue de huit
à dix pieds , qui sort en avant et toute droite de sa mâchoire
supérieure. ( Voyez Narwhal. ) Cet animal s'appelle aussi
licorne de mer. Lorsqu'il rencontre des vaisseaux , les prenant
B A L
pour des baleines , il fond quelquefois sur eux et enfonce sa
dent d'un grand coup dans la quille du bâtiment. On a trouvé
plusieurs fois de ces dents de narvvhal cassées , et qui pé-
nétroient profondement dans les planches et les poutres du
vaisseau ; ce qufnous montre avec quelle roideur cet animal
doit attaquer une baleine et lui plonger sa longue dent au
ventre jusqu'à la racine. Au reste , on a vu des narwhals vi-
vre paisiblement avec les baleines ; et le plus souvent, ces ani-
maux paroissent amis.
Mais il est un autre ennemi plus redoutable et plus cruel,
c'est le cachalot microps , espèce de cétacé dont la gueule est
armée de dents pointues et crochues. ( V. son article au mot
Cachalot. )Araspect des baleines et des autres cétacés, sur-
tout de la jubarte , de la baleinoptère à bec, des bélugas,
des marsouins et des phoques, il entre en fureur, s'approche
la gueule béante , s'acharne à sa proie , la déchire toute vi-
vante en lambeaux qu'il arrache, et dont il fait sa nourriture.
Le dauphin gladiateur au Vépée de mer ( qu'il ne faut pas con-
fondre avec le xiphias gludius ^ Linn. ou VEmpereur), est une
espèce de dauphin long de vingt à trente pieds, dont la gueule
est armée de dents aiguës, et qui porte, sur le dos une nageoire
longue de trois ou quatre pieds , semblable à un sabre re-
courbé. Il n'y a point d'ennemi plus féroce et plus acharné
contre les baleines. Anderson assure que « c'est plut At parla
« gueule que ces animaux sont dangereux ; et comme ils mar-
« chent ordinairement par petites troupes {de cinq ou six}, ils
« attaquent la baleine tous à la fois et emportent de gros mor-
" ceaux de son corps, jusqu'à ce qu'étant échauffée à un cer-
>' tain point, elle ouvre la gueule et en fait sortir sa langue.
" Ils se jettent aussitôt sur cet organe , qui est la seule partie
« qu'ils mangent; et s'étant introduits dans la gueule, ils l'ar-
" rachent toute entière. » A la vue de ces animaux voraces et
très-forts , la baleine fuit avec une grande vitesse ; mais ils
la poursuivent , et lui font de larges entailles avec leurs sabres.
On les nomme killœrs, c'est-à-dire, assassins.
Il est encore un autre ennemi des baleines : Vours blanc du
Spitzbcrg et du Groenland est très-friand de leur graisse et
de leur chair. Ce quadrupède guette sa proie , en se tenant en
sentinelle sur des bancs de glace. A la première vue du ce lacé,
il se jette à la nage, déterminé à tenter la fortune des com-
bats ; il approche, saute sur la baleine, enfonce ses griffes
dans sa chair graisseuse et la dévore toute vivante, malgré ses
mugissemens et sa fureur, qui cessent bientôt à mesure que
ce vaste cétacé perd ses forces avec son sang.
Une multitude d'autres animaux vivent aux dépens de la
baleine ; sa force , inutile contre eux , ne la soustrait pas à
BAL i83
une foule de petites espèces qui l'attaquent sourdement. Il
s'attache sur elle des vers qui la rongent; des animalcules se
logent dans ses chairs , sans qu'elle puisse les détruire ; les
oiseaux de mer les plus voraces fondent sur son dos et enlè-
vent des lambeaux de sa graisse sans pouvoir être atteints. Les
goélands, les lummes , les albatros, les grands pétrels, les
puffins ou fulmars , accourent en nuées et poussent d'hor-
ribles clameurs, s'attachent comme des harpies insatiables
sur la baleine échouée ou mourante, se gorgent de sa chair,
et la vomissent pour en dévorer encore. Rien n'égale l'au-
dace et la rapacité de ces oiseaux ; ils viennent jusque sous
la main des pêcheurs leur disputer le lard de la baleine, et
l'on a mille peines à les chasser ou à les tuer, car ils se dé-
fendent avec les griffes et le bec , et dégorgent sur les assail-
lans des flots d'huile rance et fétide. Leur nombre imrhense
obscurcit les airs , couvre les monts de glaces , et leurs cris
importuns assourdissent l'oreille comme le fracas des vagues,
le sifflement des vents froids et les rugissemens lointains des
ours et des phoques.
Divers coquillages s'attachent sur le dos des baleines ,
comme le lepas balcenaris^ Linn. (V. Balanites); des Ghitons
ou OscABRiONS, des espèccs de Cymothoés s'enfoncent et se
cramponnent dans la peau des lèvres , des organes de la
génération et de toutes les parties où l'animal ne peut pas se
frotter ; ces petits êtres fatiguent , tourmentent horriblement
ces monstres des mers, et sont souvent capables de les mettre
en fureur. Mais, de môme que les oiseaux pique-bœufs déli-
vrent le dos des bestiaux de larves d'oestres et d'autres in-
sectes , on a vu des pétrels bleus et d'autres oiseaux marins
suivre les troupes de baleines et venir sur leur dos les débar-
rasser de ces chitons, de ces crustacés si fatigans. ( Colnett ,
Voyage south Allant. )
Deuxième espèce.— ^IjC Nord-CAPER , Balc&na glacialis., Bon-
naterre , Célologie, p. 3; balana islandica deBrisson, Reg. Ani.
p. 35o , n.° 2, est la baleine sarde des Basques , le sildqual des
Norwégiens, ou la baïtine d'Islande. Son caractère particulier
estd'avoirune taille moins grande que la baleine du Groenland^
et une couleur blanchâtre sur le dos. Ses fanons ne sont ni
aussi forts ni aussi longs que ceux de la première espèce.
Sa mâchoire inférieure égale en longueur la supérieure , est
arrondie à son extrémité , et large vers son milieu. Ce mot
de nord-caper vient du nom du promontoire le plus septen-
trional de la Norwége , parce qu'on a commencé à pêcher
cette baleine dans ces parages. Sa tête est plus petite et son
corps plus mince que celui de la baleine franche.
On distingue deux variétés de nurd-caper: celui des mers
i84 BAL
du pôle austral , qui a le dos très-aplati , et celui du Nord,
qui l'a beaucoup moins. Cette baleine est très-commune sur
les côtes d'Islande , et les habitans en tirent de grands avan-
tages. Elle est la plus agile de toutes , et elle nage avec une
rapidité extrême. Elle tient toujours sa queue relevée sur
l'eau, et la remue avec une force, et une activité inconcevables.
Quoiqu'on ne l'approche qu'en tremblant pour la harponner,
elle n'est cependant ni courageuse ni hardie ; un seul homme
en nacelle suffit pour la mettre en fuite de toutes ses forces;
jamais elle n'attaque sans être provoquée , mais les dangers
la mettent dans une grande fureur, et la nécessité de se
défendre la rend farouche et cruelle. Aussitôt qu'elle est har-
ponnée , elle plonge et fuit avec tant de roideur , qu'elle
entraîne jusqu'à mille brasses de ligne. Son excessive ra-
pidité fait voler la chaloupe sur la mer avec tant de vitesse,
que la respiration manque aux pêcheurs , et qu'ils ne peu-
vent se tenir debout.
Le nord-caper ne produit d'ordinaire que vingt à trente
tonneaux de graisse. Le P. Feuillée ( Jouni. des Obsew. phy-
siques faites en Amériq. ^ t. i , p. SgS ) pense que les femelles
de cette baleine rejettent chaque mois par la vulve une grande
quantité de sang mêlé à une liqueur infecte ; le nord-caper a
beaucoup d'horreur pour le sang, et Anderson rapporte que
les Islandais tirent partie de celte crainte pour faire échouer
cet animal. « Lorsqu'ils s'aperçoivent, dit-il , que cette ba-
♦f leine donne la chasse aux harengs, ils se jettent prompte-
«< ment dans leurs canots, munis de harpons, de lances, de
« couteaux et autres ustensiles nécessaires : ils la poursuivent
« par derrière à force de rames, en l'approchant autant qu'il
« est possible. Si le vent souffle vers la côte , ils versent dans
« la mer, devant leurs canots, quantité de sang dont ils ont
« toujours bonne provision Le nord-caper veut regagner
« la haute mer, mais apercevant le sang, il s'effraie, et,
«f plutôt que de nager à travers , il fuit vers les côtes , où 11
« échoue bientôt sur les rochers. » Un autre auteur, Hor-
rebovvs , contredit ce fait. « Les Islandais , assure-t-il ,
« ne sont ni assez hardis pour attaquer la baleine de cette
n façon , ni assez heureux et assez habiles pour la prendre
« si aisément. L'unique moyen dont on fait usage , con-
« siste en ce qu'une barque s 'approchant de la baleine ,
« un harponneur lui darde un grand harpon de fer, et se
« retire promptement. Le harpon porte la marque de celui
« qui l'a lancé. Au cas que le coup ait bien porté , et que
«c la baleine périsse sur les côtes , où elle vient échouer
« assez souvent , celui à qui est le harpon a , suivant la
« loi d'Islande , une certaine portion de la baleine , et le
BAL ,85
« reste appartient à celui sur le fonds duquel elle a échoué. »
Le nord-caper est un grand destructeur de harengs. Il se
nourrit aussi de mollusques et de radiaires, tels que des
méduses. La grande avidité avec laquelle il poursuit les fuirengs
jusque dans les golfes , le fait souvent échouer sur les
bas-fonds. On découpe alors son lard, et les Islandais man-
gent sa chair. Ses fanons sont petits et peu esiimés. On
trouve cet animal sur les côtes de Norwége, d'Islande , et
dans les mers du pôle austral.
Troisième espèce. — Baleine A BOSSES , Balœna gibbosa de
Linn. et de Bonnat., Cétol. p. 5; Lacépède , Cétac. p. ii3;
Klein, miss. pisc. 2. p. i3 , se distingue de la baleine franche
par les cinq ou six bosses qu'elle porte sur le dos près de
la queue, et par la couleur blaijche de ses fanons. Du reste ,
sa couleur est la même ; elle donne à peu près autant d'huile,
proportionnellement à sa taille , qui est moins considérable
que celle de la grande baleine. Ses barbes, toutes blanches ,
se fendent plus difficilement. Quelquefois cette espèce est mai-
gre ; on la trouve dans les mers qui baignent les côtes des
Etats-Unis d'Amérique. Les Anglais la nomment Scrag-ivhalcy
et les Hollandais , Knobbel-visrh ; il paroît que cet animal est
peu différent de la baleine franche.
Qiiairième espère. — La Baleine TAMPON , le Bunrh , ou
îîumback-whcde des Anglais , le Pens\>ich des Hollandais , ou
le Pflockjisch , est une autre espèce de baleine , Balœna no-
dosa de Bonnaterre ( Cétol. p. 5 ); Baleine noueuse ?le Lacé-
pède, Célac. p. III. D'après Dudley, P/h/. Trans. n.o 887, p.
256. art. 2, on la rencontre aussi dans les mers de la iNou-
velle-Angleterre. Elle diffère de la précédente par une bosse
de la grosseur de la tête , qu'elle porte près de la queue , sur
le dos. Les nageoires de la poitrine sont longues de dix-huit
pieds et de couleur blanche. Comme la tête de cet animal
est longue de près du tiers de tout sont coi-ps , ces nageoires
sont situées presque au milieu du corps. On estime peu ses
fanons , quoique meilleurs que ceux de la BaleiîsoptÈre
CIBBAR. Sa graisse ressemble au lard de cette dernière.
Sa bosse a la figure d'un pal penché en arrière. Ce cétacé
a été vu aussi près de l'Islande , et entre le Groenland et le
Labrador. Les pêcheurs en font peu d'estime , car il donne
peu d'huile.
Nous renvoyons la description des baleinoptères en leur
lieu. On trouvera les autres cétacés, tels que les cachalots , les
physétères^ les nartvhals, les hypéroodons et les dauphins y décrits
à la place qui leur convient.
On connoît, dans les arts, une substance blanche , bril-
lante , savonneuse , molle et demi-çristviUine , qu'on appelle
,86 BAL
blanc de baleine, ou plus împropremefit , sperma ceti. C'est
une huile concrète et figée qui se trouve liquide dans la cavité
du crâne des cachalots et dans leur moelle épinière , mais sé-
parée, du cerveau et de la moelle. Toutesles huiles des cétacés
déposent à la longue des cristaux de cette matière lamelleuse
d'une odeur fade. Elle se fond plus aisément que la cire ,
brûle avec une flamme vive et claire ; c'est pourquoi on en
prépare de la bougie. Le blanc de baleine fondu ne tache
jamais le linge ou l'étoffe , car il s'en sépare en écailles par le
frottement seul ; il jaunit et se rancit à l'air. On en peut fa-
briquer , avec les alcalis , un savon sec et friable , qui se
dissout moins également dans Teau que le savon ordinaire.
On peut dissoudre le blanc de baleine dans l'esprit-de-vin
chauffé et dans l'éther. Il s'emploie en médecine comme
pectoral; mais c'est un mauvais médicament lorsqu'on s'en
sert à l'intérieur, parce qu'il est souvent rance et acre, au lieu
d'agir comme un adoucissant. Les calculs biliaires, espèces
de bczoards, les chairs transformées en matière blanchâtre
graisseuse par la putréfaction, sous l'eau ou la terre humide,
contiennent une shbstance très-analogue au blanc de baleine,
et fpii se nomme adlpo-cive par les chimistes modernes. ( V.
Fourcroy , Syst. des Conn. chiniiq. p. 3o2, tom. lo. ) Consulter le
mot Cachalot.
DE LA PÊCHE DE LA BALEINE.
Le premier qui, se commettant aux vagues de l'Océan sur
un foible navire , s'avança entre desmonJs de glace , méprisa
tous les dangers, et, seul, osa déclarer la guerre aux monstres
des mers ; celui-là futun héros. Un conquérant peut, à la face
des nations, exposer ses jours dans un combat glorieux dont
retentira la postérité, l'admiration des hommes le dédom-
mage ; mais le matelot qui s'enfonce dans les mers glacées,
dans des régions presque inaccessibles, n'a pour témoins de
son intrépidité que les déserts et des rives sauvages , et sa
mort n'est point suivie d'une gloire immortelle; à peine est-
elle connue de quelques hommes qui laissent ensevelir sa mé-
moire dans un oubli éternel.
Les Basques furent les premiers et les plus intrépides navi-
gateurs dans les mers du Nord , pour y harponner les ba-
leines, y braver avec constance les périls, les tempêtes , les
glaces, et, le harpon à la main, porter le ravage et la des-
truction parmi d'immenses peuplades d'animaux. Mais, né-
gligés , ou même entravés par le gouvernement , ils aban-
nèrent peu à peu cette pêche lucrative, et se bornèrent à
leurs côtes maritimes. Ce n'est plus aujourd'hui celte na-
tion entreprenante et laborieuse , qui mettoit en mer, cha-
BAL ,87
que année , des flottilles de cinquante à soixante vaisseaux
Ïêcheurs ; qui , toujours active et brave , s'altachoit les
slandais , enétoit favorisée , et distribuoit à l'Europe l'huile
des baleines qu'elle avoit été combattre et vaincre au sein
même de leurs retraites glacées. Il ne manque rien en-
core aux Basqu«s de l'audace et de l'activité de leurs an-
cêtres ; mais ils ont à redouter la concurrence de plusieurs
nations.
Il est un peuple infatigable , patient, économe, opiniâtre,
capable de tout à force d'application et de persévérance ;
c'est le Hollandais. Il devint bientôt l'émule , puis le rival
des Basques , et s'ouvrant aussi le chemin de la raer Glaciale,
il acquit la supériorité dans la pêche delà baleine. En 1612 ,
les Hollandais équipèrent des navires pêcheurs. Le Spitz-
berg avoit été découvert par eux dès iSgG. En i6i4, ils
établirent une compagnie de pêcheurs avec un privilège ex-
clusif, s'occupèrent avec ardeur de cette entreprise , et la
firent fleurir avec une activité extraordinaire.
Bientôt s'éleva sur l'Océan celte nation fière et jalouse,
que les succès de ses voisins irritent , et qui , remplie d'or-
gueil et d'esprit dominateur, ne peut supporter ni maître
ni concurrent. Entourée des mers , elle est née pour en dis-
puter le sceptre à toutes les nations rivales de sa puissance.
L'Angleterre ne put souffrir que le Hollandais s'enrichît par
la pêche de la baleine sans en pai'tager le fruit ; enfin elle
employa la violence pour usurper seule cette branche de
commerce et pour rendre l'Europe tributaire de son in-
dustrie.
Tous les peuples du Nord , attirés par les succès de la
pêche de la baleine, entrèrent en concurrence ; les Basques
eux-mêmes sentirent rallumer leur ancienne audace ; les
Danois , les Brémois , les Hambourgeois , accoururent avec
ardeur dans les mers Glaciales , et portèrent le carnage et
la mort dans ces immenses familles de cétacés , qui vivoient
paisibles avant que la cupidité des Européens ne fut venue
les chercher au sein de leurs froides demeures. La discorde
et la jalousie de tous ces peuples , les intérêts froissés , al-
lumèrent des guerres , fomentèrent ^s haines qu'enve-
nimoit l'avidité ; le sang humain coula et rougit les mers du
INord, qui n'avoient été teintes que du sang des innocentes
et timides baleines. Un accomodement succéda enfin à ces
inimitiés ruineuses. On se partagea les baies , les côtes qui
servoient à la pêche ; les Anglais choisirent les premiers;
les Hollandais prirent ensuite , puis les Danois et les autres
palions. A mesure que la pêche devint plus abondante , on
sentit le besoin de fondre le lard de la baleine sur les lieux ,
i88 BAL
ce qui diminua la masse, et rendit les cargaisons plus riches,
puisque le profit étoit plus considérable.
Poursuivies dans des mers immenses, et exposées à des
dangers qui se renouveloient chaque année , les baleines
cherchèrent de nouveaux asiles sous les glaces du pôle, et
abandonnèrent insensiblement les baies qu'elles avoient
ciioisies pour leur séjour habituel depuis tant de siècles ;
trouvant dans 1 honnne un implacable ennemi , dont la ruse
et Thabileté triomphoient delà force, ellessurentse soustraire
à ces barbares déprédateurs. La pêche n'est plus aujourd'hui
aussi abondante qu'elle le fut autrefois ; elle devient chaque jour
plus difficile et plus périlleuse : la quantité des baleines di-
minua par 1 extrême destruction qu'on en fit dans les premiers
temps ; les navires furent plus exposés en poursuivant ces
animaux entre les glaces , à se briser en éclats et à se perdre
sans retour. Malgré ces difficultés et de fréquens désastres ,
cette pêche s'est soutenue; car , en 1697 , c est-à-dire , plus
de 80 ans sprès la première pêche du Groenland, on prit
encore mille neuf cent cinquante -neuf baleines, avec
cent' quatre-vingt-huit balimens pêcheurs. En 1677 , les
Hollandais envoyèrent cent vingt-neuf vaisseaux pêcheurs,
qui , réunis à ceux des autres nations , composèrent un total
de deux cent un batimcns. On prit cette année neuf cent
soixante-huit baleines, dont on relira soixante-sept mille
huit cent quatre-vingt-tr«is tonneaux d huile (le tonneau
ordinaire est de trente - deux galons ou cent trente six
pintes de Paris; mais il y a aussi des tonneaux du double).
Cette quantité d huile vendue , avec les fanons , produisit
3,784,490 florins. Depuis cette époque , la pêche a été
moins abondante et moins lucrative; cependant, chaque
année, elle rapporte aux Hollandais un million de florins
depuis plus d'un siècle. Voilà donc une grande source de
richesse et de prospérité, sans compter les matelots intré-
pides, les marins habiles, les navigateurs hardis et inlelligens
qu'elle forme , et le nombre des hommes qu'elle occupe et
nourrit.
Nous avons dit que les Basques pêchoient les baleines
avant le douzième ^cle ; à cette époque ces animaux rem-
plissoicnt nos mers , et s'approchoient des côtes de Biscaye ,
du golfe de (Gascogne , et de Saint - Jean - de - Luz. Les pre-
miers succès de cette pêche encouragèrent les marins , et
l'habitude les enhardit bientôt ; ils poursuivirent la baleine
jusque sur les côtes du Groenland; ils s'établirent ensuite
vers l'île de Finlande, au lieu nommé Sarde ^ puis dans le
détroit de Davis.
C'éloit alors la seule nation familiarisée avec cette pêche ,'
BAL ,8g
,el, selon les historiens anglais (Kaclcluyt's, Coll. Voyez t. i,
p. 414)7 en iSyS, on faisait venir de la Biscaye, en Au^ielerre y
des hommes capables de prendre les baleines , d en extraire l huile ,
et même des tonneliers pour radouber les tonneaux. Le gouverue-
nieiil anglais accorda une prime pour cette pèche , el en iv}<j7,
il créa une compagnie. Les Basques redoublèrent leur acti-
vité et leur zèle pour soutenir la concurrence ; mais n'étant
pas encouragés par leur gouvernement, ils furent obligés
d'abandonner cette source de prospérité : la guerre de 1744
ruina entièrement cette pèche parmi eux. L Angleterre paye
une fois plus que le produit net de la pèche de la baleine :.
mais ces récompenses^ dit un écrit publié ert 1766, ne sont
point une perle pour Vétat. Celle de f argent (fiion por'croil à l'é-
tranger pour acheter les produits de la baleine , celle des matelots les
plus courageux , formés par cette pèche ^ en serait une réel'e. Les
Anglo-Américains ont suivi cette politique négligée en France.
Les Hollandais ont soutenu la concurrence des autres peuples
par leur esprit a'économie et leur patriotisuie. Hambourg et
les habitans des bords de l'Elbe , qui forment les marins les
plus robustes et les plus sobres du Nord , se livrèrent avec
ardeur à cette pêche. En 1784 et 1786, le gouvernement
français tenta de rétablir cette branche importante de com-
merce , et protégea ceux qui s'y livroient. La révolution a
interrompu ce genre de spéculation, qu il seroit utile de re-
nouveler parmi nous , à cause de ses avantages.
Pour pêcher la baleine , on frète des navires de cent à cent
dix-huit pieds de longueur sur trente de largeur, douze de
profondeur, et on leur donne sept pieds de hauteur pour le
tillac. On les double en chêne , afin qu'ils résistent mieux au
choc des glaces. Chaque bâtiment est pourvu de six ou sept
chaloupes , et porte quarante à cinquante hommes d équi-
page. On prend des vivres pour huit mois , quoiqu'on de-
meure moins de temps : mais on mange beaucoup plus dans
le Nord que dans le Midi. Dès le mois de mars on met à
Ja voih; pour le détroit de Davis ; on ne part qu'en avril pour
les côtes du Groenland. Les Hollandais seuls y envoient
près de deux cents bâtimens chaque année. Les chaloupes
ont vingt-cinq pieds de longueur, six de largeur et trois de
profondeur; elles sont montées de quatre rameurs, un har-
ponneur et un patron. Leur équipement consiste en sept
Eièces de lignes ou cordage fait de bon chanvre , de cent vingt
rasses chacune, en trois harpons, six lances pour achever la
baleine , un pieu de fer, un épiloir, un bachot à marteau , ime
boussole et un pavillon.
Arrivés au soixante-cinquième degré de latitude nord , les
bâtimens se préparent à la pêche ; on distribue les foactioa^s ,
igo BAL
et chacun fait le guet à son tour. On avance jusqu'au soixante-
quinzième ou soixanle-dix-neuvièine degré, où sont lesglaces.
l)e loin , les jets d'eau des baleines ressemblent à la fumée
des cheminées d'une ville. Aussitôt que le matelot , placé en
vedette sur la dunette , donne le signal d'une baleine , en
criant : Val ! val! eo basque , c'est balia ! halia ! tout s'anime ;
on descend en chaloupe , on force de rames vers la baleine.
Debout , à la queue de la chaloupe , un hardi et robuste
harponneur saisit la ligne de la main gauche et prend le har-
pon de la droite ; celui-ci est un instrument de fer fait en
tlèche , long de trente-trois pouces , emmanché d'un gros
bâton , long de" sept à huit pieds, mais qui peut se séparer
quand on lance le harpon. Il faut un fer doux, bien corroyé ,
très-affilé à la pointe, tranchant et même barbelé sur ses
bords ; un anneau attaché à une corde de bon chanvre le
retient. On se met à portée; un vigoureux harponneur lance
l'arme meurtrière. Aujourd'hui on emploie un mousquet ,
qui darde plus loin et plus fort le harpon. Les Basques sont
les plus habiles et les plus adroits harponneurs. On évite de
lancer l'arme à la tête , qui est trop dure , excepté vers les
évents ; mais on vise à l'oreille , au dos, ou aux parties gé-
nitales.
La baleine frappée , fuit avec une violence inconcevable ;
on file la ligne au milieu de la chaloupe , en la mouillant sans
cesse , de crainte qu'elle ne prenne feu par son mouvement
rapide. Si l'on n'a pas le plus grand soin de la larguer par le
milieu de la chaloupe , on chavire dans un instant et l'on est
submergé. La baleine , après avoir plongé sous les glaçons ,
est obligée de revenir sur l'eau pour respirer et rendre du
sang ; alors on retire le câble. Les autres chaloupes s'ap-
prochent de l'animal pour harponner de nouveau ; on l'en-
toure , on l'approche , la lance en main , on la perce de
coups. La baleine entre en fureur , se roule et nage en di-
vers sens; ses nageoires, sa queue, battent l'eau avec une
telle violence , qu'elles la font jaillir en épais brouillard.
Les coups de sa queue font un fracas horrible , brisent
les nacelles en éclats ; des hommes sont souvent noyés ,
écrasés ; la mer est teinte de sang ; la baleine pousse des
mugissemens effroyables ; elle rejette une eau salée et
sanglante avec un grand bruit. Les cris des assaillans, le fracas
de la mer, la rage de l'animal blessé , le carnage , le sang,
ies blessures , le brouillard , les clameurs des oiseaux marins,
font une scène d'horreur et de mort , digne de ces climats
meurtriers couverts de glaces éternelles. Bientôt l'animai
s'épuise, son sang coule à grands flots dans l'onde; il languit ,
il pousse son dernier soupir en couvrant les chaloupes et les
BAL ,gi
pêcheurs de flots ensanglantés et fumans, avec une huile que
mille oiseaux voraces accourent avaler avidement.
Aussitôt que l'animal est tué , on l'amarre aux chaloupes ,
on lui coupe la queue , on le remorque vers le bâtiment en le
traînant par la queue, parce que la gueule de la baleine res-
tant toujours ouverte , offriroit trop de résistance pour la tirer
en un autre sens. Le bâtiment à la voile suit ses chaloupes.
On attache la baleine avec des câbles sur le flanc du vais-
seau ; alors on se livre à la joie ; le capitaine fait distribuer
de l'eau-de-vie. Les matelots dépeceurs s'habillent de vête-
mens de cuir , mettent des bottes armées de crampons, s'at-
tachent une corde par le milieu du corps , et , la hache à la
main , descendent sur la baleine ; des barques sont placées
au bas de la baleine , avec des hommes qui aident aux dé-
peceurs , et sont occupés sans cesse k chasser et à tuer,
avec des bâtons , les mallemuks , pétrels , puffins et autres oi-
seaux marins très-importuns, qui fondent en nuées épaisses
sur la baleine malgré les pêcheurs. On taille le lard par
grosse^ tranches, et on le jette dans le bâtiment. L'épaisseur
du lard est ordinairement de douze à quinze pouces sur le
dos des baleines franches ; la portion la plus voisine de la
peau est très-liquide, et le seul poids des dépeceurs fait en-
foncer l'endroit où ils se tiennent sur le corps de l'animal.
On a soin de s'éloigner un peu loin de la graisse en la tail-
lant, car on assure qu'elle cause des contractions de nerfs à
ceux qui s'en tiennent trop près, et qu'elle les rend perclus ;
il paroît qu'il s'en exhale du gaz hydrogène phosphore. Le
lard jaune est le meilleur; celui qui est rouge produit le
moins d'huile , parce qu'il contient une grande quantité de
tissu cellulaire ; le lard blanc est d'une qualité médiocre.
Halée sur le vaisseau , la graisse est subdivisée par petites
tranches, et entassée dans des tonnes par le matelot le moins
habile , qu'on nomme le roidu lard (speck-koning). Les Basques
fondoient jadis le lard de la baleine sur le vaisseau même ,
dans des fourneaux de briques , et Thuile qu'on en retiroit
étoit douce et agréable , parce qu'elle étoit fraîchement ex-
traite ; mais la crainte des incendies ayant rendu les Hol-
landais et les autres peuples plus circonspects , ils préfèrent
aujourd'hui d'apporter le lard à terre pour le fondre. Comme
il est déjà un peu rance , les huiles qu'on en extrait prennent
par ce moyen une odeur infecte et une mauvaise qualité.
Le lard , divisé par coins d'un pied et demi en carré , est
débarrassé de sa couenne , des filamens charnus, et coupé en
languettes de quatre à cinq pouces de long sur trois ou quatre
d'épaisseur; on les jette dans un baquet, et , avec des pelles,
©n les pousse dans l'entonnoir des barriques ; la graisse , un
•9» ^ ^ ^^ .
peu fondue par le travail ^ s'arrime facilement. Arrives à
terre , les Hollandais préparent des chaudières de cuivre
rouge ou de fonte , larges de cinquante à soixante pieds de
diamètre ; on met de l'eau au fond , pour que la graisse ne se
Lrûle pas ; on y verse ensuite cinq tonneaux de lard , qu'on
remue sans cesse pendant la cuisson , qui dure trois heures.
L'huile se coule sur des châssis et un treillage qui retient les
lardons frits. C'est dans de grands baquets d'eau que l'huile
est reçue , afm qu'elle se débarrasse de ses impuretés ; on la
verse ainsi sur plusieurs eaux pour la purifier de plus en plus.
Les lardons se vendent à part ; on en extrait encore de la
colle, et on nourrit les chiens avec le reste. Il y a vingt pour
cent de perte dans la fonte du lard , à cause du tissu cellulaire
des lardons. Une baleine produit aujourd hui quarante ton-
neaux d'huile de trente-deux galons chacun , ou de cent
trente-six pintes ; autrefois les baleines en produisoient jus-
qu'à soixante ou quatre-vingts tonneaux. Cette huile est em-
ployée très-utilement, soità brûler, soit à préparer du savon,
soit pour corroyer les cuirs , pour enduire les vaisseaux de
brai , pour détremper les couleurs , et pour une foule d'autres
usages de la vie sociale.
On coupe toute la gencive supérieure de la baleine qui
contient les fanons , et on l'embarque. Avec des coins, on la
brise facilement sur le pont, et on en sépare les barbes, qui
pèsent environ deux mille livres. La carcasse de la baleine
est abandonnée; rarement on mange de sa chair, qui est
filandreuse , dure et dégoûtante par l'huile dont elle est im-
bibée : seulement il y a quelques parties de la queue et de
la langue que les matelots affamés trouvent mangeables , et
que le besoin fait employer en nourriture.
Les nations barbares du Nord tirent plus de profit que nous
de la baleine. Au printemps, les Kamtschadals commencent
à préparer leurs filets , avec de grandes fêtes et mille céré-
monies superstitieuses. On frappe sur des tambours , on tue
des chiens , on fait des offrandes aux esprits qui président à
la pêche. Les sorciers ou schamans , espèces de prêtres ,
mènent en procession une baleine de bois , dans la iourte
ou maison souterraine , où sont rassemblés les pêcheurs ; les
hommes et les femmes s'écrient , en chantant : La baleines est
enfuie dam la mer. Ensuite on monte en canots, et l'on va
tendre des filets à l'embouchure d'une baie où se rendent les
baleines ; on s'approche d'elles , on les cerne en canots, on
les entortille de courroies à nœuds coulans ; cependant les
enfans et les femmes pougsent des cris de joie et dansent sur
le rivage en félicitant les pêcheurs. Pour tirer la baleine à
terre , il» mettent tous leurs beauxhablts, font ensuite échouer
B A L ,93
ia baleine , puis la dépècent , se gorgent de son lard tout
chaud, boivent à grands flots son huile, et mangent pendant
long-temps de sa chair , même crue et à demi - pourie. Les
habilans des îles Kouriles vont, en autoKino, surprendre les
baleines pendant leur sommeil, s'approchent d'elles en
canot, sans bruit, et les frappent de dards empoisonnés.
Quoique légère pour cet animal gigantesque , celte blessure
s'envenime, lui cause des douleurs insupportables; bientôt
il s'agite , il pousse des hurlemens effroyables , s'ei.fie énor-
mément, meurt, et, en périssant, fournit une abondante
subsistance à ces infortunes insulaires.
A rapproche des lunes du printemps , les (iroënlandais se
parent de leur belle et grande jaquette de peau de chien
marin, qui est bien cousue, et qu'on peut remplir d'air en
soufflant dedans. L'honmie est renfermé dans cette jaquette
enflée comme dans une vessie ; mais ses jambes et ses bras
sont libres. Il pend à son côté un grand couteau , une pierre à
aiguiser ; il s'arme de grands harpons , de lances , de flèches ,
et après s'être purifié et sanctifie , après avoir reçu la béné-
diction des devins, il entre dans son canot, qui est formé
de peaux de phoques ou veaux marins , bien cousues et reni-
plies d'air ; il embarque sa femme et ses enfans avec lui , et
leur fait courir tous les dangers de cette pêche. Sur cette
frêle embarcation , il glisse légèrement sur les eaux , s'ap-
proche de la baleine avec une hardiesse étonnante, l'attaque
avec intrépidité , et lui enfonce des harpons attachés à des
peaux enflées comme des ballons. Celles-ci empêchent
la baleine de plonger à cause de leur grande légèreté spé-
cifique. Ce gros animal, arrêté sur l'eau , est entouré des
canots des Groënlandais , qui , la lance à la main , le per-
cent de coups. Quand la baleine est morte , les Groënlan-
dais se jettent à ia nage avec leur jaquette qui les soutient
dans l'eau; ils s'approchent , et, flottant d'eux-mêmes sur
la mer, ils dépècent le vaste animal avec leurs couteaux , en
jetant la graisse dans leurs canots : m;.lgré leurs mauvais
outils , ils savent détacher les fanons de sa g'jcule. Leur
nourriture ordinaire est composée de cette graisse et de la
chair toute crue.
Opp'ien {Halieuticon , liv. v, vers 177 ) nous apprend que
les pêcheurs de l'Océan Atlantique, attachoient aussi, de
son temps, des peaux enflées aux baleines pour les empêcher
de plonger.
Les sauvages de la Floride sont encore plus hardis que
tous ces peuples. En apercevant une baleine , ils se jettent
à la nage avec un maillet et deux tampons de bois attach-ii
à leur ceinture , vont droit à l'aiùmal , sautent sur son cou ,
^^ B A L
en évitant sa queue el ses nageoires, enfoncent un tampon
à coups de niailliit dans un évent. La baleine plonge , le sau-
vage se cramponne sur elle sans la quitter : elle revient sur
Teau reprendre vent; le Floridien saisit ce temps pour en-
foncer le second tampon dans l'autre e'vent, et fait étouffer
la baleine, qui reparoit sans mouvement sur Teau ; alors on
la dépèce à loisir.
Les Groënlandais font des portes et des fenêtres à leurs
habitations avec les intestins de baleine ; ses tendons leur
servent de fil et de ficelle pour leurs habits , leurs filets ; les
os sont employés en place de bois deconstrucîiorî pour leurs
demeures; les côtes senent de poutres, et on en fabrique
divers ustensiles ; les poils des fanons forment les meilleures
lignes pour la pèche : ainsi tout sert dans cet animal, devenu la
Sroie de Ihommc et le pain journaiier du sauvage habitant du
ford. F-Baleinoptère, Cétacés, Cachalots, etc. (virey.)
BALEINE AMÉlllCAIiXE. Cet animai paroît être la
Balei>;ovtère GIBEAR. (DtS-f.)
BALEINE A BEC. C est la Baleinoptère museat>
POINTU. (DESM.)
BALEINE À BOSSE, Baleine à six bosses. V. Ba-
LEI>"E BOSSUE. (BESM.)
BALEINE DE GRANDE liAIE. Dans certains para-
ges, on donne ce nom .\ la iîALEiNE franche, (desm.)
BALEINE DE SAr\DE ou SARDE. On désigne ainsi
laBALEîKE NORD-CArf ".. (rESM.)
BALEÏNON ou EALENEAU. Jeune Baleine, (s.)
BALEINOPTERE, Balœnoptera. Genre de mammifères
de Tordre des Cétacés , étiLli par M. Lacépède, et renfer-
mant les espèces de Baleines dont le dos présente une na-
geoire vers sa partie postérieure.
Ce seul caractère distingue les haleinoptères des baleines ^
puisqu'elles ont , comme ces dernières , la mâchoire supé^
lieure garnie de fanons ou de lames de cornes , el les ori-
fices des évents séparés et placés vers le milieu de la partie
eupérieure de la tête.
Les unes , telles que les haleinoptères juharle , rorqual et
museau poinfu, ont des plis longitudinaux sous la gorge et sous
ie ventre. La baleinopière gibbar en est seule dépourvue.
On a d'abord désigné sous le nom générique de Baleines
lous les grands cétacés, dont la mâchoire supérieure, au lieu
de présenter des dents enchâssées, étoit garnie de lames de
cornes, que l'on a appelées /àoor^. IM. Lacépède, ainsi que
âious venons de le dire , a divisé ce genre , et a formé celui
des bcdeinoplères ^ des espèces pourvues d'une nag<!oire dor-
sale. M. Daméril (Zoo/og«e unal/iique) ^ et M. Guvier {Rè§ne
BAL t^B
anûnal), admettent cette distinction , tandis que lUiger {Prod.
sysi. mamm. ) n'y a point égard.
Les baleinoptères ^ habitant , comme les baleines propre^,
ment dites , les mers qui avoisincnt le pôle septentrional ,
leur manière de vivre étant à peu près la même , les hom-
mes leur faisant également la guerre et en tirant les mêmes
produits, nous croyons devoir renvoyerpour tous ces points
de leur histoire à Tarliclc des baleines , où ils sont exposés
avec beaucoup de détails.
]M. Lacépède forme deux sous-genres dans son genre des
ïaleinoptères.
Le premier comprend celles qui n'ont point de plis sous
la gorge ni sous le ventre.
Première Espèce. — La BaleinoptÈre GIBBAR, Balœnopiera
^bhar y hacép.; halœna physalus, Gmel. ; baleine gibl/ar , iion-^
ïiaterre , Encycl. cétolog. , pi. 2 , fig. 1 ; finnfisch des Alle-
mands et des Suédois; et vinfisch^ à.&% Hollandais; gibbar ^
des Basques.
Cette espèce , la plus commune de toutes , acquiert,
comme la baleine, une longueur totale de cent pieds, et même
davantage ; mais son corps est bien moins épais. wSes mâ-
choires sont pointues et d'égale longueur, sa gorge et son
ventre sont unis , ses fanons sont courts, (desm.)
Sa tête, qui a la forme d'un cône la gueule étant fermée ,
â presque le tiers de la longueur de tout le corps. Ses évenls
sont fendus en long, et l'animal en rejette des Ilots d'eau
avec plus de violence que la baleine. Ses fanons ou les barbes
de corne de sa gueule sont placés à sa mâchoire supérieure
et frangés à leurs bords; leur siibstance est de couleur bleue
dans les jeunes et brune bordée de jaune dans les vieux in-i
dividus ; ils sont moins longs que dans la baleine 'franche^
aussi sont -ils moins recherchés des pêcheurs. Le lard de
cet animal est peu épais , et son corps , quoique aussi long
que celui de la baleine^ est bien moins gros ; il n'est guère que
le tiers, ou même le quart d'une baleine ordinaire du Groen-
land , et ne fournit qu'environ dix à douze tonneaux de
graisse. La nageoire de son dos est triangulaire et s'élève de
trois à quatre pieds; son sommet se recourbe en arrière. Le
dos est de couleur brune luisante ; mais le ventre et le des-
sous de la poitrine ont une blancheur très-vive. Cet animal
a des yeux très-petits et placés fort bas vers l'angle des mâ-
choires ; ses nageoires pectorales ont une forme ovale ,
et sont longues de plus de sept pieds. La chair du giobar a ,
dit-on , le même goût que celle de Vesturgeon, mais elle est
beaucoup plus coriace et plus huileuse ; ce qui n'empêche
point les Groënlandais de la nianger avec avidité , aussi biea
jgS T5 A L
que la peau et les tendons. Les os mêmes de cet animal
servent de poutres pour bâtir les cabanes de ces peuplades
eauvages.
Le gibbar vit de maquereaux , de harengs et de petits sau-
mons du Nord {salmo arclicus , Linn. ), Il habite non-seule-
ment dans les mers du Nord de l'Europe et de l'Amérique,
mais encore dans celles de l'Inde. En 1678, au mois de
mars , on en vit au détroit de Gibraltar. Aussitôt que le
g^/TiZ'ûr paroît dans les parages du Spitzberg, on n'y rencontre
plus de baleines franches, selon la remarque des pêcheurs. An
reste , c'est un cétacé très-agile et très-fort. Martens ( V.
de Spitzberg^ part, iv, ch. 3) rapporte que des pêcheurs ayant
harponné un gibbar^ furent entraînés tout à coup avec lem'
chaloupe sous des glaçons, et y furent noyés. Cet animal de-
vient furieux lorsqu'on l'a blessé; sa fuite est si rapide et si
soutenue, qu'on a beaucoup de peine à le fatiguer. Il est
dangereux de l'approcher , à cause de ses violens coups de
queue et de nageoires , aVec lesquelles il extermine les pê-
ciieurs et fait voler leurs barques en éclals. Sa gueule est
aussi très-effrayante et beaucoup plus grande que celle de la
haleine. Ses fanons bleus sont remplis de nœuds et peu esti-
més. (VIREY.)
Le second sous-genre des baleinoptères de M. Lacépède
comprend les espèces dont le ventre et la gorge présentent
des plis longitudinaux très - profonds, qui permettent une
grande extension de la peau.
Deuxième Espèce. — La Baleinoptère jubarte , Balœnop-
fera jubartcs , Lac; balœna buops , Gmel. ; baleine jubaiie ,
Bonnatcrre, cétol. Enc, pi. 3, fig. 2 ; Jupiter fisch , d'Anderson^
fieporkak , des Groënlandais \ jubarte , des Basques.
Outre les plis que Ton remarque sous le ventre et la gorge
de la jubarte , on la distingue encore des autres espèces du.
même genre , par sa nuque élevée et arrondie, son mu-
seau avancé , lai'ge et un peu arrondi, les tubérosités pres-
que demi-sphériques qui sonl situées en avant des évents ;
\à nageoire dorsale courbée en arrière, etc. (desm.)
Il paroîtque le mol jubarte est une corruption de nom du
gibbar. Les pêcheurs biscavens et saintongeois appellent ainsi
ces baleines , à cause de la bosse élevée qu'elles portent sm-
le dos dans le voisinage de la queue. Vacant gibbar , a gib-
bero dursu , id est in tumurem elato , dit Rondelet , de Piscibus ,
liv. 16 , ch. 12.
Ce Ite baieinoptère est presque aussi grande que les vraies balei-
nes., mais elle est moins grasse et moins épaisse ; son bec est
pluspointu et plus allongé; sa mâchoire inférieure est aussi plus
courls et plus niince que la supérieure. Ses fanons, larges en
BAL ïg^
bas, noirâtres ou blanchâtres, très-fragiles, rie forme trbn-
gulaire, n'ont seulement que deux pieds de longueur. Suivant
'Otho Fabrlclus, qui a vu pêcher cet animal, son corps est
rond , épais vers les nageoires des côt^s, mais si aminci ver»
la queue, qu'un homme peut l'embrasser. Le museau est large;
la tête porte deux évents très-rapprochés et entourés de trois
rangs d'émlnences circulaires. Derrière les yeux , qui sont
placés fort bas, et de la grosseur de ceux du bœuf , on trouve
les orifices des oreilles, qui sont très-étroits. La langue, dont
la couleur approche de celle du foie , est longue de plus de
cinq pieds ; c'est un grand morceau de chair graSse et spon-
gieuse. A chaque extrémité du corps, les plis qu'on remarque
en dessous se réunissent. Les nageoires pectorales sont de
figure ovale, ronde, échancrée par-devant; celle delà queue
est en forme de croissant. Toute la peau du dos et des flancs
est d'un noir bleuâtre , qui se blanchit à mesure qu'il s'ap-
proche du ventre ; cette coloration se rencontre dans tous
les cétacés de la même manière. Ij^jubarte peut dilater les
plis ou les rides de son ventre , lorsqu'elle prend beaucoup
de nourriture ; elle peut avoir plus de vingt pieds de cir-
conférence dans sa grande épaisseur, et cinquante à soixante
dans sa longueur. Sous la peau se trouve le lard, dont la
couche est assez mince et rend peu d'huile ; aussi cette
espèce est moins recherchée que celle de la ba/eme franche.
On en retire environ quatorze à quinze tonneaux d'une hullo
claire et aqueuse, qui s'évapore presque toute lorsqu'on
l'expose au feu. Ce gros animal est assez curieux à voir loi'S-
que, ouvrant une gueule énorme et spacieuse, il semble vou-
loir boire la mer , en avalant des poissons par tonnes ; alors
les plis de son ventre s'élargissent, et laissen^t voir leur sillon
d'un beau rouge de vermillon, qui éclate sur le fond blanc du
ventre et tranche avec le noir du dos et des fanons. Laya-
iarte souffle l'eau de ses évents avec un effort prodigieux, et
s'engloutit ensuite dans la mer , la tête la première , et la
queue relevée comme les tritons de la Fable. Elle plonge
pendant long-temps. Lorsque la mer est calme , elle s'étend
à la surface des ondes et s'y endort mollement comme sur un
grand lit. Quand elle est éveillée , on la voit bondir et fen-
dre les vagues écumantes avec une grande vigueur et une agi-
lité extraordinaire. Tantôt elle frappe l'eau avec force et se
jette sur le dos; tantôt, d'un saut rapide, elle s'élève en
pirouettant dans l'air , et retombe bien loin , avec une mer-
veilleuse habileté , en faisant rejaillir l'onde amère et réson-
ner les vagues sous le poids de sa masse. Un moyen sûr de
la tuer, est de la frapper à coups de lance derrière les na-
geoires pectorales ; lorsque ses inlt^tins sont percés , elle
igS BAL
plonge sur-le-champ dans la mer; quand elle se voit prise,;
elle pousse des hurlemens affreux , comme un cochon qu'on
égorge, et lance des flots d'eau ensanglantée. Celte haleine
est furieuse dans l'attaque ; elle ne fuit pas comme les autres
espèces , mais s'avance droit aux chaloupes et les brise d'un
coup de queue. Une de ces baleines enleva d'un seul coup
trois hommes , qui tombèrent meurtris et écrasés dans la
mer. Le mâle accompagne souvent la femelle , et lorsque
l'un d'eux est tvié, l'autre ne veut pas le quitter, et s'étend
sur le mort en poussant des cris terribles. Les vieux indivi-
dus de cette espèce portent souvent attachés à leur peau deâ
glands de mer ( lepas halœnaris ou diuderna^ Linn. , BalaNI-
TES ). Ces coquillages multivalves entrent profondément dans
la peau, et s'enfoncent jusque dans la graisse. Selon les In-
diens de l'Amérique septentrionale, ces balanites marquent la
vieillesse des baleines , dont la peau dure leur sert de support.
La juharle , qu'Anderson appelle aussi poisson de Jupiter
(^Jupiter Jisch.^^ que les Groënlandais connoissent sous le
nom de keporkak, el les Islandais sous celui de hra/u-reydus ^
se nourrit de coquillages, qui couvrent la mer par leur im-
mense multitude. Elle vit aussi d'une petite espèce de saumon
et de l'appât de vase ( Ammodites tobiunus , Linn.). Elle habite
dans les mers du Nord près du Groenland, et plus rarement
dans les autres parages. On en a pris quelquefois dans la Mé-
diterranée. En hiver, elle demeure en pleine mer entre le 65
et le 61."= degrés de latitude boréale. Elle vient en été et en
automne sur les cotes; elle entre dans les grandes anses vers
Pamiuk et Pissukblk. Il paroît qu'on la rencontre aussi dans
les parages des Bermudes. Les baleine atxx y sont appelés
cuhs {Phil. Trans.^ n.° i , p. 12 ). Leur force est aussi éton-
nante que leur agilité. Ils suivent leur mère , (jui n'en produit
qu'un seul à cbaque portée, jusqu'à une nouvelle gestation;
ce qui n'arrive pas toujours chaque année. Lorscjue ces balei-
neaux sont blessés, ils jettent des cris affreux; la plus petite
plaie suffit pour faire périr ces animaux, car elle se gangrène
aussitôt, et ils vont périr au loin dans les solitudes de l'O-
céan. (VIREY.)
Troisième Espèce. — Le RoRQUAL ou RoR-QuAL, Balœnop-
tcra rorqual y Lac, pi. S ^ Jig. i; Balœna muscalus^ (imel. ;
Baleine rorqual , Bonnaterre ; Cétol. Enryd. , pi. 3,^^. i.
M. Lacépede donne pour caractères à cette espèce , dont
la t tille est moins considérable que celle de la jubarte : la
mâchoire inférieure arrondie , plus avancée et beaucoup
plus large que celle d en haut; la tête courte à proportion
du corps et de la queue, (desm.)
Leaum de rorqual^ appliqué assez: vaguement à celte espèce.
J3 A L 199
est groënlandais ; en Islande , cet animal s'appelle ^tf:iper-
reydus ; les Italiens le connoissent sous le nom de rapiddio ,
nu rapport de Bolon, qui la décrit. 11 0 une tête ér. ;rnie et
une gueule d une^iargeur épouvantable. Sibijalb {Phaloc. nov.,
p, 76. ) a vu lui-même une chaloupe avec tout le tiionde de son
équipage entrer ded.ius fort à 1 aise. Quatorze hommes pour-
voient se tenir debout et ensemble dans la gueule caverneuse
decelaninial, qui échoua eu Ecosse sur le rivage, près du châ-
teau d'Abercorn , en 1692. Ce vaste cétacé avoit soixante-
^is-hult pieds de longueur cl plus de trenle-six de circonfé-
rence ; il ressembloit de loin à la carcasse énorme de quelque
vaisseau jeté suv la côte après une tempête. On a vu à
Paris, il y a quelques années, les os de la tête d'un grand
cétacé qu'on rapportoit à Tespèce du rorqual. Celui de Sib-
bald avoit une langue large de quinze pieds, et encore plus
loogue -, sa mâchoire d'en bas avoit plus de treize pieds de
longueur ; dans cette espèce y elle est arrondie , ce qui la
dislingue àcs juLartes. La longueur de la partie sexuelle du
rorqual mâle est de cinq pieds ; sa queue est élargie , à son
extrémité, de dix-!mit pieds et demi.
Le museau de ce cétacé est arrondi ; sa mâchoire infé-
rieure est plus allongée et plus large que la supérieure, qu'elle
emboîte. JJe chaque côté de la langue est un gros tampon d'une
chair rouge et mollasse qui ferme l'ouverture de la gorge de
telle sorte que les petits poissons peuvent seuls y entrer;
ainsi un si gros animal ne peut se nourrir que des plus chétives
espèces de poissons.
Les fanons sont bien moins longs que ceux des baleines fran-
ches; car, dans l'espèce du rorqual, les plus grands n'ont guère
que trois pieds de long et un pied de large.
Les yeux du rorqual ne sont pas plus gros que ceux du bœuf;
ils sont placés vers l'angle des mâchoires. Derrière eux se
trouve le conduit de l'oreille , qui n'a point de pavillon exté-
rieur, comme chez tous les autres cétacés. Au-dessus des
yeux se rencontrent les deux évents ou trous par lesquels
l'animal respire. Leur figure est pyramidale. Vers le milieu
du dos , et parallèlement à l'anus, on observe une nageoire
triangulaire et recourbée en arrière. Les nageoires pectorales
sont ovales et échancrées comme un fer de lance. Chaque
pli ou sillon du ventre a plus de deux pouces de largeur.
Toute la peau du dos est d'un brun noir ; celle du ventre est
blanchâtre ; lorsqu'on lève ce cuir, épais de plus d'un pouce,
on trouve une couche de lard profonde d'un pied sur le dos ,
et de plus de quatre pouces sur le ventre.
Cet animal fait sa nourriture ordinaire de harengs, qu'il en-
gloutit par tonnes, et qu'il poursuit au travers des mers|^
300 BAL
lorsqu'il mord dans les bancs épais de ces poissons, il les
écrase en bouillie sous ses fanons, et en remplit son énorme
estomac. Celui que décrit Sibbald avoit été aperçu, pendant
près de vingt ans , vers les mers d'Ecosse , où il donnoit la
chasse aux harengs. Il fut reconnu à un trou fait d'outre en
outre dans sa nageoire du dos, par une balle dont les pêcheurs
l'avoient autrefois atteint. F. Baleine, (virey.)
Quatrième Espère. — La Baleinoptère museau -pointu,
Balœnoptera acuto-rostraia ^ Lac. , pi. l^.^fig. 2 ; Baleina rostrata,
Gmel. ; Baleine à bec., Bonnaterre, Cet. EncycL, pi. 4- »
•fig. I.
Elle est moins connue que les autres , et surtout que
la Baleinoptère gibbar , et est ainsi caractérisée par
M. Lacépède : les deux mâchoires pointues , celle d'en
haut plus courte et beaucoup plus étroite que celle d en bas.
(desm.)
Celte espèce ressemble beaucoup à Xdijubarte. Vu de côté,
son corps est ovale, très-allongé; sa tête conique fait à peu
près le quart de la longueur totale du corps ; ses mâchoires
sont longues , étroites et amincies en forme de bec. On lui
trouve de petits yeux placés aux angles des mâchoires, avec
les deu-v é vents au sammet du crâne. Ses fanons sont très-
courts et de couleur blanche ; ses nageoires pectorales ont
une figure ovale, aplatie. La nageoire du dos est arrondie et
penchée vers la queue. La position de cette nageoire sur le
dos correspond à celle de Tanus. Toute la poitrine est cou-
verte de plis parallèles et longitudinaux ; la couleur du dos
est d'un brun noir, qui s'éclaircit sur les flancs et devient
un blanc marbré de rougeâtre sur le ventre. Ce cétacé nage
avec une vitesse extraordinaire , et sa forme est très-avan-
tageuse pour cela: son lard, épais et dur, produit peu d'huile ;
aussi les pêcheurs donnent rarement la chasse à cette es-
pèce; mais les Groè'nlandais, qui trouvent sa chair très-déli-
cate, l'attaquent fréquemment, etla tuent à grands coups de
flèches sans Tapprocher. Cette bakinoptère mange des sau-
mons d'une petite espèce (^salmo arclicus^ Linn., ) communs
vers le pôle arctique.
La baleinoptère museau-pointu ne devient jamais très-grande;
elle se répand quelquefois dans nos mers d'Europe. Il en
échoua une, en 1786, sur les côtes d'Angleterre; sa taille
étoit de dix-sept pieds seulement. C'est, au reste , un animal
fort avide , et qui poursuit avec tant d'ardeur le menu pois-
son, qu'il le fait sauter hors de l'eau, (virey.)
La Baleine tampon, B. nodosa., Bonnaterre, et la Ba-
leine A BOSSES , B. gibhosa, parolssent être les espèces du
genre Baleine proprement dit , qui se rapprochent le plus
BAL 201
des BaleINOPTÈRES par la présence des Losses ou des tu-
bercules sur la place correspondanJe h celle où est située la
nageoire dorsale dans ces derniers cétacés, (desm.)
BALERI. Nom vulgaire de la Cresserelle, aux environs
de Niort, (v.)
BALFOUR, Balfouria. Arbrisseau de la Nouvelle-Hol-
lande , qui seul , selon R. Brown , constitue un genre dans la
tétrandrie monogynie, et dans la famille des apocinées.
Les caractères de ce genre sont : calice pourvu de dix pe-
tites écailles à sa base interne ; corolle en entonnoir, à ori-
fice couronné par un tube crénelé , à découpures du limbe
droites, cquilatérales; anthères sagittées, mucronées, rap-
prochées contre le stigmate ; style dilaté à son sommet , à
stigmate anguleux, (b.)
BALGORENA. V. Grimpereau. (s.)
BALI. On a ainsi appelé la Couleuvre plicatile, (b.)
BALICASSE. Nom d'un oiseau des Philippines , dont
on a foit mal à propos un corbeau , et qui , d'après ses carac-
tères , doit être rangé dans le genre Drongo- V. ce mot. (v.)
BALIGARAB ou BUYONG. Espèce deMussAENDE. (b.)
BALIGOULE. C'est .le nom vulgaire de TAgaric du
Panicaut , qui se mange, (b.)
BALIMBA. Nom du Carameolier. (b.)
BALIMBAGO. On croit que c'est la Ketmie popul^
NÉE. (b.)
BALINGASAN. Petit arbre du genre Stravade. (b.)
BALISE. Nom vulgaire du Télescope bouée, (b.)
BALISIER, Canna. Genre de plantes de la monandric
monogynie , et de la famille des drymyrrhisées, dont les ca-
ractères consistent en une espèce de calice spathacé, membra-
neux, composé de trois folioles lancéolées, droites et per-
sistantes; une corolle monopétale, un peu longue, tubulée
à sa base , et divisée profondément en six découpures lancéo-
lées et irrégulières, dont cinq sont presque droites, et la
sixième est réfléchie et roulée en dehors; une seule étamlne,
dont le filament est une languette pétaliforme et bifide , qui
soutient une anthère adnée au bord de sa découpure supé-
rieure : un ovaire inférieur , d'où s'élève un style ensi-
forme, membraneux comme un pétale, adhérent à la corolle,
et mijnl d aa stigmate linéaire et adné en son bord; une
capsule ovale, h tiois côtés, hérissée d'aspérités, couronnée
par les trois folioles du calice , et divisée intérieurement en
trois loges qui contiennent des semences globuleuses.
Ce genre comprend huit à dix espèces dont les différences
sont peu tranchées, et dont la plus commune , qu'on a^ppelle
202 BAL
en français CaNne d''Inde , a des feuilles ovales, aiguës aux
deuxhoLits, avec une grosse côte : elle vient dans l'Inde et
en Amérique.
La plupart des Lalisiers croissant naturellement dans les
contrées chaudes des deux Lides , ne peuvent être élevés en
France qu'en serre. Cependant ils subsistent quelquefois en
pleine terre , à une bonne exposition , même dans les envi-
rons de Paris. On les mulliplie par la séparation de leurs
racines. On peut aussi en semer la graine , mali. ce moyen
est fort long; cependant ces plantes, venues de semences,
fleurissent plus sûrement que l-.'s rejetons. Il leur faut une
bonne terre franche , sans mélauge Je fumier ni de terreau.
Vers le milieu de septembre, on cesse de les arroser, et on
ies met à couvert de la pluie. Aussitôt que le froid se fait
sentir, on place chaque pot de balisier dans un endroit très-
sec et à l'abri de la gelée; la moindre humidité feroit périr
la racine pendant l'hiver : ainsi, point d'arrosement dans cette
saison. A la fin d'avril, on vide les pots, pour séparer les-
racines, qu'on nettoie, en coupant jusqu'au vif tout ce qui
peut être pouri. On met un , deux ou trois tubercules dans
un pot, suivant sa grandeur ; on donne un léger arrosement,
et on continue de même jusqu'à ce que les feuilles parois-
sent : on les traite après comme les autres plantes exotiques.
C'est sur les feuilles de balisierqu' on étend le Cacao en Amé-
rique, quand on le fait sécher: elles servent quelquefois à en-
velopper la GoMME-ÉLÉMi, et à faire des cabas. A Cayenne ,
on en couvre les cases, en les fendant par le milieu le long
de la côte , et les rangeant ensuite successivement sur le
toit. Pour qu'elles ne soient pas enlevées par le vent , on
les coud de pied en pied , ou on les attache côte à côte : de
cette dernière manière, les couvertures durent plus long-
temps. Sa racine est regardée comme diurétique et détersive.
On la mange cuite ou crue dans quelques pays, et on en
lire une fécule abondante. Divers oiseaux, les ramiers sur-
tout, sont très-friands de sa graine, qui rend leur chair
amère , dans la saison où ils en mangent. Lorsqu'on fend une
tige de balisier , on trouve des fils extrê^nement fins , qui ser-
vent, aux Philippines et dans les autres parties de l'Inde, à
fabriquer des toiles couleur nankin, aussi fines que les toiles
de batiste, qu'on emploie pour faire des chemises, mais qui
conservent toujours la couleur et. .la roideur qui leur sont
propres. On les appelle NiPPls aux Philippines.
On appelle aussi haUsier^ dans les xoionles, les diverses
espèces de BiiiAi , I'Amone zérumbet, 1 Alpinie rameuse
«t le COSTUS ARABIQUE, (fl.) i, ,
BALISOÏDES. Famille de plantes appelées Drymyk-
A . 18
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BAL 2oS
RHisÉES par Ventenat : ce sont les Amomées de Jussleu. (b.)
BALISTE, Balistes. Genre de poisson de la division des
Branchiostèges, dont les caractères consistent à avoir une
nageoire sous le corps, placée au-dessous ou presque au-
dessous des nageoires pectorales ; la télé et le corps com-
primés latéralement ; huit dents au moins à chaque mâchoire;
rouverture des branchies très-étroite; les écailles ou tu-
bercules qui revêtent la peau , réunies par une forte mem-
brane. Cuvier Ta divisé en trois sous - genres ; savoir :
MoNACANTUE, Alutère et Triacanthe. 11 renferme des
poissons aplatis, et souvent carénés en dessus et en dessous;
couverts, en place d'écaillés, de tubercules très-durs, réunis
par groupes, distribués en comparlimens plus ou moins régu-
liers, et fortement attachés à un cuir épais : ils sont aussi
remarquables par leurs belles couleurs et par leurs armes
défensives. Ils ont deux nageoires dorsales, dont la première
offre toujours un rayon très-fort et souvent garni d'épines,
qui, couché dans une fossette creusée dans le dos , peut se
relever à la volonté de l'animal, avec autant de vivacité que
la corde d'une arbalète qui se détend ; ce qui ne permet pas
aux poissons voraces de les saisir, ou leur blesse gravement
le palais lorsqu'ils les ont avalés.
Le ventre des balistes présente une conformation égale-
ment digne d'attention, en ce qu'il n'y a qu'une seule
nageoire, au lieu de deux, comme dans la plupart des pois-
sons , et que môme cette nageoire n'est souvent composée
que d'un seul rayon, que Lacépède appelle j-ayun iJiorachique,
presque toujours caché sous la peau , et quelquefois cepen-
dant garni d'épines. L'ouverture des branchies est étroite,
située au-dessus et très-près des nageoires pectorales; elle
est garnie d'une membrane qui est ordinairement soutenue
par deux rayons. La bouche est peu large, et les mâchoires
sont garnies au moins de huit dents, dont les deux anté^
rieures sont plus longues , et ressemblent , par leur apla-
tissement, aux incisives de l'homme. Souvent il y en a mî
second rang, appliqué à l'intérieur, contre les intervalles des
extérieures : aussi ces poissons brisent-ils avec la plus grande
facilité les crustacés et les coquillages, et même, dit — on,
les polypiers , dont les habitans servent à leur nourriture.
Malgré la grandeur des nageoires dorsale , postérieure ,
caudale et anale , malgré une vessie qu'ils ont près du dos,
et la cavité de leur ventre , où ils peuvent introduire à volonté
de l'air , les ba/istcs nagent avec difficulté , parce que la roi-
deur de leur peau ne permet pas à leur queue des mouvemens
aussi rapides qu'aux autres poissons. C'est cet air, accumulé
dans leur ventre, qui, en sortant avec vitesse, piodint ce
aol B A L
son, celle espèce Ae slfllemcnl que plusieurs Ijalîstcs, et peut-
être tous , font cnlcndre assez fréquemment.
Ces poissons sont ovipares ; mais on ne sait rien de plu*
sur le mode de leur génération.
Lacépède , dans son ouvrage sur les poissons, a porté k
vingt-huit le nombre des espèces connues de batistes^ et les a
divisées en quatre sections.
Dans la première , sont compris les halistes qui ont plus
d'un rayon à la nageoire inférieure ou ventrale , et à la
première nageoire dorsale ; elle renferme quatre espèces ,
savoir :
Le Baliste vieille , Balisles vetula , Linn, , qui a don- e
rayons ou plus à la nageoire dite ventrale^ et point d'aiguillon
sur les côtés de la queue. ( V. pi. A. i8 , où il est figuré. )
Il se trouve dans toutes les mers entre les tropiques, et
parvient jusqu'à trois pieds de long. Son dos est d'un jaune
foncé , rayé de bl^u , son ventre est gris. De chaque œil par-
tent , comme d'un centre , sept ou huit petites raies d'un beau
bleu; cette même couleur borde les lèvres , les nageoires, et
s'étend sur la queue en bandes transversales plus claires : cette
queue est terminée par une nageoire en croissant.
Le nom de vieille, attribue à ce poisson , vient de ce que ,
lorsqu'il est pris , il semble grogner entre ses dents comme
une vieille femme.
On le pêche à l'hameçon et à la fouenne ; on le mange
grillé , après l'avoir écorché. Il est fort bien défendu sur le
devant du corps, mais il ne Test pas autant sur le derrière :
aussi est-ce par-là que les gros poissons voraces le saisissent
lorsqu'ils en veulent faire leur proie.
Le B ALiSTE ÉTOILE , qui a de très-petites taches semées sur la
partie supérieure du corps , huit ou dix rayons contenus par
une membrane épaisse à la nageoire ventrale^ et point d'ai-
guillon sur les côtés de la queue. Il est figuré dans l'ou-
vrage de Lacépède, pi. i5, vol. i , et a été trouvé par Com-
merçondans les mers de l'Inde. Le halistes pimrtatus de Gme-
lin, qui se trouve également dans l'Inde, doit lui être rap-
porté , à ce que croit Lacépède.
LcBaliste écharpe, qui aune longue bande noire, étendue
obliquement depuis les yeux jusqu'à là nageoire de l'anus ;
huit ou dix rayons, contenus par une membrane épaisse, à la
nageoire ventrale -, quatre rangs d'aiguillons sur les côtés de
la queue. Il est figuré pi. i6, vol. i, de l'ouvrage précité, et
a été trouvé, par le même Commen^on, dans les mêmes
mers.
Le Baliste double aiguillon, qui a quatre rayons à la
première nageoire dorsale , et deux grands rayons à la thora-
B A L 2o5
chique. Il est figuré dans Bloch , tab. 48 , dans le Buffon de
Deterville, vol. 7 , pag. 260, et dans plusieurs autres ouvrages.
Il se trouve dans les mers de Tlnde.
La seconde division des lalisf es ne renferme qu'une espèce,
qui a douze rayons et plus à la nageoire ventrale, et un seul
à la première dorsale : c'est le Baliste chinois , figuré dans
Bloch, pi. i52 , et dans le Buffon de Deterville, vol. 8,
Îag. II. Il se trouve dans les mers de la Chine et du Brésil.
1 est gris , parsemé de points dorés : sa chair est à peine
mangeable. K. pi. A. 18, où il est figuré.
La troisième division comprend ceux des balisies qui ont
un seul rayon à la nageoire thorachique ou ventrale, et plus
d'un rayon à la nageoire dorsale. On y compte vingt-trois
espèces , dont les plus importantes à connoître sont :
Le Baliste velu , qui a deux rayons à la première na-
geoire dorsale, trente à la seconde, et la queue hérissée de
piquans. Il est figuré dans Bloch, pi. 14.8 , et dans le Buffon
de Deterville , vol. 7 , pag. 260 , sous le nom de petite licorne.
11 se trouve dans la mer des Indes.
Le Baliste mamelonné, qui a deux rayons à la première
nageoire du dos, et un grand nombre de taches sur tout le
corps. Il est figuré dans le Voyage de JVith , pi. 89, n," 2. Ou
le trouve autour de la Nouvelle-Hollande.
Le Baliste tacheté , qui a deux rayons à la première na-
geoire du dos , et un grand nombre de taches sur le corps. Il
est figuré dans Bloch, pi. i5i , dans le Buffon de Deterville ,
vol. 8 , pag. 1 1 , et dans quelques autres ouvrages. Il se trouve
dans toutes les mers des pays chauds. Il est violet dans si
partie supérieure , d'un blanc jaunâtre dans l'inférieure, et
presque partout parsemé de taches bleues. V. pi. A. 18, où ii
est figuré.
Le Balisteprahn qui a deux rayons à la première nageoire
du dos , vingt-cinq à la seconde ; la tête très-grande ; trois
ou quatre rangs d'aiguillons sur chaque côlé de la queue ; plu-
sieurs raies sur le devant du corps , une grande tache noire
de chaque côté. Il se trouve autour des îles de Pralin. 11 est
vert sur le dos et blanc sous le ventre. Il se défend en mor-
dant ceux qui veulent le prendre. Sa chair est agréable et
saine , au rapport de Commerson , qui l'a fait coùnoître.
Le Baliste kleinien, qui a deux rayons à la première na-
geoire du dos ; le museau avancé ; l'ouverture de la bouche
très-petite et garnie de barbillons ; quarante-cinq rayons au
moins à la seconde nageoire du dos et à celle de l'anus. H
est figuré dans Klein , vol. 3 , tab. 3 , n.» 11. Il se trouve dans
l.û mer des Indes.
Le Balist£ curassavien, qui a deux r.nyons à )a premiè.rft
2oe BAL
nagfeolre du dos, le museau arrondi, la nageoire de la queue
non échancrée. Il se trouve dans le golfe du Mexique.
Le Baliste ÉPI^'EUX , qui a trois rayons à la première na-
geoire du dos, depuis deux jusqu'à six rangs d'aiguillons de
ctiaque côté de la queue , le rayon de la nageoire ventrale
fort dentelé et placé au-devant d'une rangée d'aiguillons. Il
est figuré dans Eloch , pi. 149; dans le Btifïon de Deterville ^
roi. 8 , pag. I , sous le nom de halisie à pointes ; et dans Lacé-
pède, vol. I , pi. 17. Ce dernier lui rapporte le halistes verni-
cosus de Gmclin. ïl se trouve dans la mer Rouge et dans celle
des Indes. Sa chair est très-bonne à manger.
Le Bauste sillonné , qui a trois rayons à la première na-
geoire dorsale; la queue sillonnée et la nageoire caudale en
croissant. Il est figuré dans Bloch, pi. i52, et dans Lacépède,
vol. I , pi. 18. Il se trouve dans la mer des Indes.
Le Baliste caprisque , qui a trois rayons à la première
ifltageoire dorsale; point de grands aiguillons auprès du rayon
de la nageoire ventrale ; la nageoire de la queue arrondie ,
et les couleurs du corps brillantes et variées. Il est figuré
dans Séba , vol. 3, pi. 24 , n." 16 ; dans Willugby , lab. i ,
n." 19, et dans plusieurs autres auteurs. 11 se trouve dans
toutes les mers des pays chauds, même dans la Méditerranée.
31 est connu à IMarscllle sous le nom de porc y nom qui lui
a été imposé à raison de son grognement , semblable h celui
des cochons. Dans d'autres endroits on l'appelle souris et
poupon noble. Pline et la plupart des naturalistes de l'anti-
quité l'ont mentionné.
Le Baliste queue fourchue, qui a trois rayons cà la pre-
mière nageoire du dos ; des taches sur la seconde ; la nageoire
de la queue fourchue. 11 est figuré dans Willugby, app. tab. i,
n.o 22. On ignore la mer qu il habile.
Le Baliste BOURSE, qui a trois rayons h lapremière nageoire
du dos ; celle de la queue non fourchue ; une tache noire , en
■croissant , au-dessous des yeux. Il se trouve à l'Ile de France,
où Sonnerat l'a observé.
Le Baliste américain, qui a trois rayons à la première na-
geoire dorsale ; celle de la queue légèrement arrondie ; des
taches blanches sur la partie inférieure du corps. 11 se trouve
dans les mers qui avoisinent l'Amérique, et est figuré pi. iG
du premier vol. de l'ouvrage de Lacépède.
Le Baliste verdÂtre, qui a trois rayons à la première
nageoire dorsale; quatre rangs d'aiguillons de chaque côté de
la queue , dont la nageoire est arrondie ; de très-petites taches
noires sur le corps. Il se voit figuré dans Lacépède , vol. i ,
pi. 16. Ou le trouve dans Jcs mers voisines de l'Ile de France ;
BAL ^
c'est une des plus grandes espèces du genre. La couleur verle
domine sur son corps.
Le B ALISTE GRANDE TACHE, qui a trois rayons à la première
nageoire dorsale; six rangs de verrues de chaque côlé de la
tête; la queue sans aiguillons ; la nageoire caudale en forme
de croissant ; une grande tache blanche de chaque côté du
corps. Il se trouve avec le précédent. Sa couleur est d'un brun
clair.
Le Baliste noir, qui a trois rayons à la première nageoire
du dos ; plus de trente rayons à la seconde et à celle de l'anus ;
la nageoire caudale en forme de croissant ; point d'aiguillons
sur la queue ; tout le corps d'une couleur noire. Il se trouve
avec les précédens , et est figuré dans Lacépède , pi. i5 ,
vol. I.
Le Baliste bridé, qui a trois rayons à la première nageoire
dorsale ; celle de la queue en forme de croissant ; point d'ai-
guillons sur la queue ; un anneau de couleur très-claire au-
tour du museau ; un demi-anneau , de la même teinte , au-
dessus de l'ouverture de la bouche , et une raie longitudinale
de chaque côté. Il se trouve avec les précédens , et est figuré
dans la même planche du même ouvrage.
Le Baliste armé, qui a trois rayons à la première nageoire
du dos ; celle de la queue un peu en forme de croissant et bor-
dée de blanc ; six rangées d'aiguillons de chaque côté de la
queue. Il se trouve encore avec les précédens.
Le Baliste cendré, qui a quatre rayons à la première na-
geoire du dos ; trois bandes bleues , étroites et courbes sur
la queue. Il se trouve avec les précédens , et a été , comme
eux, observé par Commcrçou.
Le Baliste assasi, qui a plusieurs rangées de verrues sur
le corps, et trois rangs sur la queue. Forskël Ta observé dans
la mer Rouge.
Le Baliste Mungo-park, quiatroîsrayonsàlapremièrena-
geoire dorsale , vingt-sept à la seconde ; sept rangées d'aiguil-
lons pe'iits et recourbés de chaque côté de la queue ; le corps
noir , garni de papilles : la caudale à peine échancrée. II a été
observé autour de Sumatra, par Mungo-Park, qui Ta décrit
sous le nom de haUstes nigra , que porte une autre espèce.
Le Baliste ondulé , qui a trois rayons à la première na-
geoire du dos, vingt-six à la seconde; des piquans très-forts
de chaque côté de la queue; des tubercules au-devant de ces
piquans; la caudale à peine échancrée ; la couleur générale
noire , avec onze ou douze raies longitudinales rouges ondées.
Jl se trouve avec le précédent.
Knfin , la quatrième division des halistes renferme quatre
2o8 BAL
espèces, qui n'ont qu'un rayon à la première nageoire dor-
sale , et un à la thorachlque.
Le Baliste monocéros, qui a environ cinquante rayons à la
nageoire de l'anus. 11 est connu sous le nom de licorne de mer y
et figuré dans Willugby. Il se trouve dans les niL-rs d'Asie
et d Amérique. 11 parvient ordinairement à un pied de long.
Sa couleur est cendrée , variée ou tachée irrégulièrement de
brun. F. pi. R. 17 , où il est figuré.
J'ai découvert , pendant ma traversée d Europe en Amé-
rique , deux espèces nouvelles de cette division.
Le Baliste varié , qui a le museau très-allongé , le corps
tacheté de brun , et environ trente-deux rayons à la nageoire
de l'anus. 11 se trouve dans la mer Atlantique , sur les varecs
flottans, et vit de crustacés. Sa longueur est de quatre pouces,
et sa largeur de deux ; son corps est fort aplati , ovale , cen-
dré , régulièrement et irrégulièrement taché de brun et de
blanc dans sa partie supérieure. L'épine de son dos est un peu
recourbée en arrière, très-robuste, aussi longue que la moitié
de la distance des yeux à la bouche , avec deux rangées pos-
térieures de dents recourbées. Nageoires D. i. 82. P. 14. A.
32, V. I., C. 12.
Le Baliste cuivré, qui a le museau allongé, le corps cui-
vré, avec sept rangées longitudinales de points bruns, el vingt-
huit rayons à la nageoire anale. Il se trouve avec le précé-
dent. Il a trois pouces de long sur quinze lignes de large.
Son corps est ovale , allongé , comprimé. Les deux premières
séries de points sont de dix , et les autres de neuf, trois , dix
et trois. Son épine dorsale est quadrangulaire et épineuse sur
chaque angle ; celles du ba^ sont les plus longues. On re-
marque deux taches blanches sur la partie antérieure.
Nageoires D. i. 82. P. i5. A. 28. Y. i. C. 12. Voyez sa
figure à la pi. A. 18. (b.)
BALISTE. C'est le Squale marteau, (b.)
BALISTE NOIR. On a donné ce nom aux Balistes sil-
lonné , AMÉRICAIN et MUNGO-PARK. (b.)
BALIVEAUX. Arbres de la meilleure espèce et de la plus
belle venue , que l'on réserve dans la coupe des futaies ou des
taillis , et qui sont destinés à peupler le bois par leurs ra-
cines et leurs graines. On distingue les baliveaux en halweau'X
de brin ( ce sont ceux qui viennent seuls sur un pird : ils
sont les plus estimés ), et en baliveaux de souche; ( on appelle
ainsi le brin principal qu'on réserve entre ceux qui sortent
d'une même souche. ) Les baliveaux de l'âge du taillis qu'on
coupe, s'appellent communément étalons; ceux qui ont été ré-
fcervés lors de deux ou trois coupes précédentes , baliveaux.
BAL 209
inodemes; et ceux des coupes plus reculées , baîweaux anciens.
V. le mot Bois, (d.)
BALIVIS. Nom du Canard à l'île de Luçon. (s.)
BALLAN. Poisson du genre des Labres, (b.)
BALLE. V. BÀLE. (DESM.)
BALLERUS. C est le Cyprin large, (b.)
BALLOTE , Balloia. Genre de plantes de la didynamie
gymnospermie et de la famille des labiées, dont les caractères
sont d'avoir : un calice monophylle , tubulé, à dix stries et à
cinq dents très-ouvertes au sommet ; une corolle monopétale
labiée , à tube cylindrique , ayant la lèvre supérieure droite ,
un peu concave , et légèrement crénelée , et l'inférieure plus
grande , à trois lobes , dont celui du milieu , plus large , est
plus ou moins échancré ; quatre étamines inégales , deux par
deux; quatre ovaires supérieurs, d'entre lesquels s'élève un
style filiforme terminé parun stigmate bifide ; quatre semences
nues, ovales et attachées au fond du calice.
Ce genre est composé de cinq à six espèces , qui sont des
herbes vivaces, à tiges carrées» à fleurs verticillées, à feuilles
opposées. Elles répandent une odeur forte, La plus com-
mune s'appelle laBALLOTE fétide , Ballota nigra , Linn., vul-
gairement le marrube noir. Son caractère est d'avoir les feuilles
entières, en cœur, dentelées; les dents du calice aigué's. Elle
se trouve par toute l'Europe, le long des chemins, autour des
villages. Elle passe pour antihystérique, résolutive etdétersive.
Il en est une autre qui vient de Sibérie , et qui est remar-
quable par le long duvet blanc dont elle est couverte, et par
ses feuilles palmées. C'est la Ballote laineuse, (b.)
BALLOTE. Nom vulgaire d'un Chêne dont on mange les
glands sur la côte d'Afrique et en Espagne, (b.)
BALLOTULA, Nom italien de la Belette , espèce de
quadrupède du genre Marte, (desm.)
BALONOPHORE, Balonophora. Genre de plante* de
la monoécie monandrie , dont les [leurs sont en tète. Les
fleurs femelles , qui sont les plus petites , forment la par-
tie supérieure de la tête ; et les mâles , qui sont assez grandes
forment , à la base de cette tête, un double rang en manière
de collerette.
Les mâles consistent en quatre pétales et en une seule éta->
mine.Lesfemellesn'ontnicaliceni corolle, et leur ovaire est un
très-petit globule , qui est muni d'un style capillaire dont le
stigmate est simple.
Ce genre a depuis été réuni auxCYNOMOiRES. (b.)
BALOTA. Nom piémontais de la Guignette. (v.)
BALOULOU. Bananier à petits fruits, (b.)
BALOURÏNHA. Espèce d'ABUTiLON. (b.)
1". i4
3IO JJ A. 1j
B ALSAM ARIE , jBa/5amana. Genre établi par Loureiro^
mais qui rentre dans les Calaba. (b.)
BALSAMIER , Amyiis. Genre de plantes de roqlandrie
monogynie , et de la famille des térébinthacées,dont les ca-
ractères consistent en un calice quadridenté , persistant ;
quatre pétales ouverts ; huit étamines de la longueur de la
corolle ; un ovaire supérieur , ovale , surmonté d'un style
court et d'un stigmate en tête ; une baie drupacée , ovale ,
arrondie , qui ne renferme qu'un seul noyau.
Ce genre renferme une vingtaine d'espèces d'arbres ou
d'arbrisseaux, dont les feuilles sont ternées ou ailées, avec
une impaire , et dont les (leurs sont disposées en panicules
axillaires et terminales.
Les plus importantes à connoître sont :
Le Balsamier élémifère , qui a les feuilles ternées o
quinnées, et velues en dessous. Il vient de l'Amérique méri-
dionale.
C'est de lui qu'on retire la plus grande partie de la résine
Élémi , qui vient en Europe , et qui s'emploie si fréquemment
en médecine conrme fondante et antigangreneuse.
Le Balsamier DE Ceylan , qui a les feuilles plnnécs, pé-
tiolées, glabres ; les fleurs hexandres , involucrées et dis-
posées en grappes axillaires.
C'est lui qui fournil la seconde sorte d'ÉLÉMi qui se trouve
dans le commerce.
Le Balsamier de Giléad, dont le caractère est d'avoir
les feuilles ternées , très-entières ; le pédoncule uniflore et
latéral. Il croît en Arabie.
Le Balsamier de la Mecque, Amyris opobalsamum, Linn.,
qui se reconnoît à ses feuilles pinnées et à ses folioles se§siles.
11 croit en Arabie. V. pi. A. 19 , où il est figuré.
Le Balsamier de la Jamaïque , Amyris balsamifera , Linn.,
dont le caractère est d'avoir les feuilles deux fois ailées. Il se
prouve dans les Antilles , et fournit un de ces bois connus
Éous le nom de Bois de Rhodes.
Il y a tout lieu de croire que c'est d'une espèce de ce genre
qu'on tire , en Arabie , la résine qui est connue sous le nom
de Styrax liquide. V. ce mot.
Les IciQUiERS d'Aubletont été réunis à ce genre, (b.)
Ce sont le Balsamier de Giléad , et principalement
Je Balsamier de la Mecque, qui donnent cette résine si
précieuse pour son usage tant interne qu'externe , connue
dans le commerce sous le nom de baume de Judée , de la
Mecque f d'Egypte , de Syrie , ou baume blanc, en latin opobal-
samum,\
lu opobalsamum , seloa P. Alpin | çst blanc lorsqu'on vient
, B A L
de le tirer; d'une odeur excellente et très-péne'trante ,
qui approche de celle de la térébenthine , mais plus suave et
plus vive , d'un goût amer , acre et astringent. Quand ce
Laurtie est récent , si Ton en verse dans de l'eau , il ne va pas
au fond à cause de sa grande légèreté ; mais il s'étend sur
toute la superficie de l'eau, y forme une pellicule qui, peu de
temps après, se coagule , et on l'en retire en entier et très-
blanc. Comme ce baume est moins bon lorsqu'il est vieux , on
le distingue alors du nouveau par sa pesanleur ; il va tout de
suite au fond de l'eau , quand on l'y jette.
« Les anciens ne recueilloient que le baume qui décou-
loit de lui-même, ou par incision , de l'arbrisseau qui
le produit : mais aujourd'hui on en recueille de trois espèces.
Celui qui découle des arbres est très-rare en Europe , parce
qu'il est employé parles grands de la Mecque et de Constan-
linople. L'autre espèce est celle que l'on retire à la première
ébuUition , et qui nage sur l'eau , dans laquelle on fait
bouillir les rameaux et les feuilles du balsamîer. Celte seconde
espèce est comme une huile limpide et subtile ; elle est réser-
vée pour l'usage des dames turques , qui s'en servent pour
adoucir la peau et pour oindre les cheveux ; aussi ne nous par-
vient-elle que par le moyen des grands qui en font des pré-
sens. L'huile qui surnage après la première ébullition est plus
épaisse, moins odorante; elle est apportée par les caravanes-
C'est ce baume qui est le plus commun , et qu'on nomme en
Europe baume de la Mecque ou de Judée. » Encyd. méth.
Comme la grande vertu de ce baume pour Tusage intérieur
dépend des parties volatiles qu'il renferme , il a d autant plus
d'efficacité qu'il est plus nouveau. Appliqué extérieurement ,
il en a toujours été fait usage avec succès dans les abcès du
poumon , du foie et des reins ; il excite la transpiration , et soit
qu'on le prenne intérieurement, soitqu'on en frotte l'extérieur
ducorps, ilestutile à ceux qui ont été morduspar des serpens ,
ou blessés par des scorpions. Les Egyptiens l'emploient fré-
quemment en médecine; ils en prennent tous les joursun peu ,
comme le remède le plus efficace dans la contagion de la peste.
On prétend que les femmes d'Egypte font cesser la stérilité,
soit en l'avalant, soit en l'employant en suppositoire ou en
fumigation. Célèbre pour guérir les plaies ., il a été regardé de
tout temps comme si efficace , qu'on a donné son nom aux
onguens et aux huiles vulnéraires les plus précieuses. Aussi
les empiriques et les charlatans , pour rendre leurs drogues
plus estimables parmi le peuple , les ont-ils honorées du nona
de baume.
On falsifie souvent cette résine avec le baume du Canada et
lia B A xj
l'huile essentielle dô citron , ou avec de la térébenthine fine otf
autres drogues.
On trouve dans les boutiques des droguistes le fruit du
halsamier de la Mecque , sous le nom de carpobalsamiim ; et
le bois , ou plutôt les petites branches de ce balsamier , sous
celui de xylobalsamum. Quoique ces productions soient du
même arbrisseau qui produit le baume dont il vient d'être
question , leurs vertus sont bien inférieures à celles de ce
baume précieux. Nous ne cultivons aucun de ces deux arbres
dans nos jardins. (D.)
BALSAMINE, Impatiens. Genre de plantes de la syngé-
nésie monogamie , et de la famille des géranoïdes , dont les
caractères sont d'avoir : un calice de deux folioles, fort petites et
caduques ; une corolle irrégulière, formée de cinq pétales iné-
gaux , reçus , ainsi que les étamines et le pistil , dans une
espèce de capuchon membraneux , coloré et pétallforme ,
tronqué obliquement en son bord , et qui se termine , posté-
rieurement , en un éperon ou une corne plus ou moins longue ;
cinq étamines monadelphes à leur sommet ; un ovaire supé-
rieur, ovale, dépourvu de style, et terminé par un stigmate
simple.
Le fruit est une capsule uniloculaîre , à cinq valves qui ,
dans la maturité , s'ouvrent avec élasticité, en se roulant eu
gpirale. Cette capsule renferme plusieurs semences arron-r
dies , attachées autour d'un placenta linéaire.
Ce genre comprend plusieurs espèces originaires de l'Inde,
dont deux seules importantes à connoître , sont i." la Balsa*
MINE DES JARDINS. Ses caractères sont d'avoir : les pédoncules
uniflores, réunis en bouquets ; les feuilles lancéolées, les su-
périeures alternes ; le nectaire plus court que la jfleur. On la
cultive comme plante d'ornement.
Elle offre de nombreuses variétés à fleurs simples et doubles,
roses, rouges , blanches, carnées, violettes ou panachées,
Toutes ces variétés sont cultivées en pleine terre , et
quand on leur donne le temps de répandre leurs semences,
elles poussent au printemps suivant ; mais celles qui crois-
sent ainsi d'elles-mêmes, ne fleurissent pas aussitôt que celles
qu'on élève sur une couche chaude : cependant elles sont
ordinairement plus vigoureuses , et continuent à fleurir plus
tard en automne.
2.0 La Balsamine des bois , /m/jaftcns nolimetangere^ Linn,,
se trouve dans les bois ombragés ethumides de l'Europe. Elle a
les pédoncules multiflores et solitaires , les feuilles ovales et
les genoux de la tige renflés. Ses feuilles et ses fleurs peuvent
servir à teindre la laine en jaune. Dans le nord de l'Europe et
BAL 2i5
dans le continent de TAmérlque , on mange ses feuilles
comme celles des épinards. (b.)
On sème la graine de balsamine en mars , sur couche , ou
un mois après en pleine terre bien labourée et bien ameu-
blie. Quand elle a pris un bon chevelu , on la transplante
soit sur une couche douce , soit dans un lieu disposé pour
achever de l'élever. Les jeunes plantes sont mises à quelques
pouces de distance Tune de l'autre ; on les garantit de la trop
grande ardeur du soleil , et on les arrose souvent, mais légè-
rement : c'est ainsi qu'on se procure de beaux pieds pour
garnir des parterres ou des vases vers le mois d'août. Quanti
la balsamine se trouve dans un bon sol , elle s'élève souvent
à la hauteur de deux pieds. Elle est sujette à une maladie qui
annonce sa destruction : c'est une tache noire qui s'étend
insensiblement. Il faut de l'attention pour récolter ses grai-
nes , parce qu'à Tépoque de leur maturité, les capsules qui
les renferment, les lancent au loin , en se contractant. Les
balsamines ne dégénéreront jamais, et l'on en aura toujours
de belles, si on arrache celles à fleurs simples et de couleurs
communes , et si on ne conserve pour semences que les dou-
bles ayant une couleur agréable. (r>.)
BALSAMINE MALE. C'est la Momordique lisse, (b.)
BALSAMITE , Bahamita. Genre de plantes à fleurs com-
posées , de la syngénésie polygamie égale , et de la famille
des corymbifères , qui a été établi par Desfontaincs , dans sa
Flore atlantique , pour placer quelques espèces des genres
Chrysaisthème et Tanésie de Linnœus, qui n'offrent pas
les caractères des autres.
Celui des balsamites est d'avoir un calice commun, imbri-
qué d'écaillés linéaires, serrées; les fleurs toutes flosculeuses,
hermaphrodites , et à cinq dents , portées sur un réceptacle
nu; des semences couronnées par ime membrane marginale.
Ce genre renferme trois espèces , dont la Balsamite À
grande fleur est la plus belle et la plus intéressante. C'est
une plante à feuilles radicales ovales et spathulées , les cauli-
naires, lancéolées, sessiles , toutes dentées. Sa tige est haute
de deux pieds , nue dans la partie supérieure , et porte , à
son sommet, une seule fleur large de deux à trois pouces.
Cette plante est annuelle , et se trouve parmi les blés sur
la côte de Barbarie : on la cultive dans quelques jardins de
Paris, (b.)
BALSAMONE. Genre établi par Vandeli , sur une es-
pèce de CuPHÉE. (b.)
BALSANNE. V. Balzanne. (desm.)
BALSEM. Nom arabe duBALSAMiER de la Mecque, (b.)
2i4 BAL
BALTIMORE , Yphantes. Genre de l'ordre des oiseaux
Sylvains , et de la famille des Tisserands. V. ces mots.
Caractères : bec droit , polyèdre , entier , un peu grêle , co-
nique, pointu; mandibule supérieure formant dans les plumes
du front un angle aigu ; narines amples , couvertes d'une
membrane ; langue cartilagineuse , frangée à la pointe ; la
première rémige plus prolongée que la cinquième ; les
deuxième et troisième les plus longues de toutes. Ce genre
n'est composé que de deux espèces , qui se trouvent dans l'A-
mérique septentrionale.
Le Baltimore proprement dit, Yphantes Baltimore,
Vieill. ; OrîolusBalL, Lath. , pi. enl. de Buff. , n.° 5o6 , fig. i.
Le mâle de cette espèce a le bec couleur de plomb foncée ;
la tête, le cou, le haut du dos, noirs ; le bas du dos , le crou-
pion , les petites couvertures des ailes, la poitrine , le ventre
et les couvertures inférieures de la queue d'un jaune orangé ,
d'autant plus vif que l'oiseau est plus avancé en âge ; les
grandes couvertures des ailes sont frangées de jaune-clair à
l'extérieur , les pennes le sont de blanc ; toutes sont noires,
ainsi que les deux reclrices intermédiaires; celles qui suivent
sont de la même couleur, presque jusqu'à l'extrémité , qui est
jaune des deux côtés : les autres ont du jaune , d'autant plus
*|u'clles s'éloignent davantage des deux pennes du milieu ; les
cuisses sont de cette dernière teinte , et les pieds noirâtres.
Longueur totale, six pouces et demi,
La femelle diffère en ce qu'elle a la tête , le cou , les
épaules et le dos variés de vert-olive et de brun ; la gorge , la
poitrine , le ventre et les couvertures inférieures de la queue
jaunes ; les petites couvertures des ailes noires et bordées
d'un vert-olive foncé à l'extérieur ; les grandes et les pennes
frangées de blanc ; la queue d'un gris vert-olive ; les pieds
noirs.
Les jeunes ressemblent aux femelles , et ne diffèrent que
par des nuances plus foibles.
La femelle est décrite d'après un individu que je me suis
procuré en Amérique, avec ses petitsetson nid. Celle désignée
parBuffon, Histoire des Oiseaux, est un individu d'une autre es-
pèce ; ce n'est pas non plus , comme le dit Sonnini , dans son
édition du même ouvrage , l'oiseau figuré pi. enl. 5o6 , fig. 2 ,
sousle nom itballimore-ùâiard. Cette figure est celle d'un jeune
mâle en mue , ou d'un vieux sous son habit d'hiver , qui , à
celte époque , est mélangé de jaune sur les parties du corps
qui sont totalement noires pendant l'été ; alors la belle cou-
leur jaune orangée est disparue , et est remplacée par la
nuance vert-olive qui distingue la fcniellc. Celle que dé-
BAL a, 5
signe Brlsson est , comme le dit fort bien Sonnlni , un oi-
seau d'une autre espèce.
Le baliimore habite , pendant l'été , l'Amérique septen-
trionale , depuis la Caroline jusqu'au Canada. 11 fréquente
les bosquets et les vergers , place son nid sur les grands ar-
bres, l'attache et le suspend aux branches, de la même ma-
nière que le loriot. Ce nid est composé de filamens tirés de
certaines plantes coriaces , de laine et de crin : l'ouverture
est au sommet, et on y voit aussi un petit trou rond sur le côté,
à peu près vers le milieu du nid. C'est par ce trou que les
petits reçoivent la nourriture, et jettent leurs excrémens pen-
dant tout le temps qu'ils ne peuvent s'élever jusqu'au som-
met. Les œufs, •^n nombre de quatre ou cinq, sont blancs
et tachetés de rouge.
D'après la position de ce nid , et son plumage jaune et
îioir , les Français donnent à cet oiseau le nom de loriot ; des
Américains le désignent par celui d'oiseau de jeu {Jire bîrd') ,
d'après ses couleurs brillantes , d'autres , par celui à^oiseau
de feu au nid pendant (^Jîeiy hangs-nest) , pour le distinguer du
tangara du Canada , auquel on donne aussi le nom de fire-
hird.
Le Baltimore bâtard mAle de Catesby est mon carouge
à gorge noire; celui de Brisson , de BulTon et de Latham
est un mâle en mue de l'espèce du baliimore. Le baltimore
bâtard mâle de Pennant et de Gmelin est mon baltimore soli-
taire^ ainsi que la femelle du ^a///more proprement dit deBuf-
fon, et celle du baltimore bâtard àç: Brisson,
Le Baltimore solitaire , Yphantes soUtaria , a la tôte, le
cou , le haut du dos , les couvertures supérieures des ailes ,
les pennes et la queue d'un beau noir lustré , qui se termine
en pointe sur la poitrine , dont les côtés et les parties posté-
rieures sont d'un brun brillant ; cette dernière couleur se
trouve encore sur le croupion et sur la partie antérieure de
l'aile , dont les pennes et les rectrices sont bordées de blanc
à l'extérieur ; Tiris et les pieds sont noirs. Longueur totale »
six pouces environ. Le jeune a la tête , la gorge , le devant
du corps, les ailes et la queue d'un brun noir , et le reste du
plumage d'un brun roussâtre , avec du gris au bas-ventre. Des
individus ont la tête et le dessus du cou mêlés de verdâtre, et
de noir seulement sur le haut de la gorge.
Catesby s'est mépris en donnant cet oiseau pour la femelle
de son baltimore bâlai-d ; car c'est une espèce très-distincte ;
ce dont je me suis assuré en l'observant dans l'Amérique sep-
tentrionale ; son plumage est très-analogue à celui du carouge
de Cayenne des pi. enl. de Buffon, n.° 607 , fig. i {Oriolus
vaiius y Linn., Gmel. ) ; et comme il n'en diffère qu'en ce
2i6 B A M
qu il n'a pas de taches blanches sur les côtés du cou , et
des petites mouchetures rougeâtres sur le dos , je crois , avec
Daudin et Latham , que celui-ci n'est pas une espèce parti-
culière.
L'épithète 5o//Vm7« , que j'ai appliquée à ce Aa///ffiorff , in-
dique son genre de vie ; en effet , on le rencontre toujours
seulouuniquementavecsafemelle; encore ce n'est que dans,le
temps des amours. On le trouve dans le nord de l'Amérique,
depuis les Florides jusqu'au Canada ; mais il en émigré à
l'automne , et n'y revienl qu'au printemps. Il construit son
Tiid sur les arbres , et le suspend à l'extrémité des rameaux
les plus foibles ; des tiges d'herbes sont à l'extérieur , et des
matières plus mollettes forment la couche sur laquelle la fe-
melle dépose quatre ou cinq œufs d'un bleu très-pàle , mar-
qués et rayés de noir vers le gros bout.
Le Baltimore vert n'est point une espèce particulière ;
c'est un jeune carouge de Saint-Domingue. Voy. Carouge es-
clave, (v.)
BALTIMORE , BalUmora. Genre ^e plantes de la syn-
génésie polygamie nécessaire , et de la famille des corymbi-
fères , dont les caractères consistent en un calice commun,
simple , polyphylle , cylindrique ; en dix à douze fleurons
hermaphrodites, stériles; en cinq demi-fleurons tridentés, fe-
melles fertiles; en un réceptacle garni de paillettes: en des se-
mences triangulaires, nues ou dépourvues d'aigrettes.
Celte plante a la tige tétragone ; les feuilles opposées ,
péliolées , ovales , dentées ; les fleurs terminales ou axillaires ;
toutes ses parties sont velues et rudes au loiicher : elle est an-
nuelle , et croît naturellement dans le Maryland. (b.)
BALTRACAN. Plante de Tartarie, dont le fruit est une
capsule qui exhale une odeur semblable à celle de l'orange ,
et qui renferme des semences analogues, pour la figure et l'o-
deur, à celles de Tanls. On ignore à quel genre appartient
cette plante , qu'aucun botaniste n'a été à portée d'observer.
(B.)
BALUCANAD. Il paroît que c'est le Bancoul. (b.)
BALUCBALUC. Arbre des Philippines, voisin de la
Dalbergie ou de TAngelin. (b.)
BALUNA. C'est le Muge céphale. (b.)
BALYRY. Nom caraïbe d'un Balisier. (R.)
BALZANNE ou BALSANNE. On donne ce nom aux
taches blanches qui se voient souvent aux pieds des che-
vaux, auprès des sabots , et qui y forment comme un anneau
plus ou moins complet.
BAMATA. V. Bignone à ci>q feuilles, (b.)
BAMBAGIAeiBOMBACE. Noms italiens du Cqton.(b.)
B A M ,,7
BAMBAGIO des Indes. C'est ie Bombax.
Bx\MBIAYA. Oiseau fort commun à Cuba , suivant De
Laët. Il effleure plutôt la terre quïl ne vole , de sorte que
les Indiens le chassent comme les bêtes sauvages. Sa chair ,
en cuisant, teint le brouet comme ie safran ; elle est d'un
goût assez agréable et qui approche de celle du. faisan. ( Voyag.
lib. I, p. i5.) Brisson applique ce passage de De Laët au ka-
miclii , mais sans fondement, puisque cet oiseau n'effleure
pas seulement la terre , et qu'il vole au contraire fort bien.
(s.)
BAMBLA. V. Fourmilier bambla. (v.)
BAMBOCHES. Cannes faites avec les jeunes tiges du
Bambou, (b.)
BAMBOU, Bambusa. Les plantes de ce genre faisoient
partie de celui des Roseaux : on a reconnu qu'elles dévoient
en former un particulier , dont les caractères sont : fleurs
renfermées entre des écailles et composées chacune d'une balle
à deux valves; de six étamines ; d'un ovaire supérieur terminé
par un style bifide ; une seule semence.
Le genre Stemmatosperme a été établi aux dépens de
celui-ci.
Il est nécessaire d'observer qu'on donne dans l'Inde le
nom de bambou à toutes les plantes qui ressemblent aux ro-
seaux; ainsi le panis arborescent est le bambou des haies.
Je ne citerai ici que le Bambou arondinacé, figuré pi. A. 19
de ce Dict. , dont les fleurs sont disposées en panicules rameuses
et divariquées , le BABfBou verticillé , dont lépi est ter-
minal , simple et verticillé. Tous deux viennent de l'Inde ,
et sont les mieux connus. Tous les voyageurs s'accordent à
dire que le genre bambou est très-nombreux en espèces.
Rumphius, qui a plus travaillé qu'aucun autre botaniste à
définir toutes les espèces de bambous^ les divise en trois
classes. Dans la première , il comprend ceux dont la tige est
pleine et solide , c'esi-à-dire entièrement ligneuse ; tel est le
bambou appelé an/«</oy?/7<'to. La seconde renferme ceux qui
ont leur tige creuse au centre , mais avec une très-petite ca-
vité. Les bambous dont la cavité intérieure est plus considé-
rable que la partie ligneuse , appartiennent à la troisième
classe , qui est la plus nombreuse et la plus utile. Adanson,
en suivant Rumphius, a donné , dans l'ancienne Encyclopédie^
la description de vingt-neuf espèces ou variétés de celte plante,
et a mentionné leurs divers usages. Nous allons , d'après ces
auteurs , faire connoitre celles qui sont les plus remarquables
par le parti qu'en tirent les Indiens , soit pour leur nourriture,
soit pour la composition de leur papier, ou la fabrication
d'une foule d'ustensiles commodes.
îi8 B A M
De toutes les plantes de la famille des Graminées, Iei5
ia/?ièoi«sontlesseulsqui s'élèvent à la hauteur d'un arbre, avec
une grosseur proportionnée. Cette hauteur varie selon l'es-
pèce et le site.
Le plus grand des bambous est le Sammat. Sa hauteur dé-
passe quatre-vingts pieds , et son diamètre est de douze à dix-
nuit pouces. x\vec ses tiges on fait des coffrets , des boîtes et
des mesures pour le riz.
Le Bambou illy, qu'on trouve dans les sables du Mala-
bar , croît jusqu'à soixante-dix pieds de haut. Il ne fleu-
rit qu'une fois dans sa vie , à l'âge de soixante ans ; il se
multiplie de drageons. L'espèce de chaux qui se forme dans
ses vieilles tiges , est souveraine dans les stranguries ou pis-
semens de sang ; mais cette chaux n'a aucune saveur sucrée ,
et n'est point , comme on l'a cru , le tahaxir des Arabes,
Le Bamkou telin, naturel à Java et à Amboine , pai-vient
à cinquante pieds de hauteur. Les Malais et les Macassares
se servent de ses articulations pour porter de l'eau. Leurs
maisons sont construites de son bois ; ils en font des cloi-
sons , des sièges , des bancs. Pour cela , ils fendent les
moyennes liges en quatre ou six lattes , qu'ils cousent en-
semble. Les tiges entières servent de montans d'échelle , de
vergues pour les petits navires , et de tuyaux propres à con-
duire les eaux ; les très-grosses sont employées en poutres et
en solives. Celle manière de construire les charpentes a des
inconvénlens dans le cas d'incendie , parce que l'air contenu
dans les cavités de ce roseau venant alors à se raréfier , pro-
duit des détonations fortes et très-dangereuses. Les jeunes
bourgeons et rejetons du telin se mangent , ainsi que ceux
du potong et de plusieurs autres bambous. On les coupe de la
longueur d'un pied vers la pointe ; et après les avoir fait ma-
cérer dans l'eau, les avoir fait bouillir légèrement, on les
partage en rouelles que l'on confit dans le vinaigre. Ces
rouelles sont séchées au soleil, remises dans du vinaigre salé,
et lorsqu'on veut s'en servir , on les cuit dans le jus de viand(?
comme les choux. Ce mets passe pour antiscorbutique. Il ne
faut pas le confondre avec celui qu'on appelle Atcuar.
Celui qu'on nomme Ampel est commun dans toute
l'Inde. îl V eu a plusieurs variétés. On le multiplie par
boutures de deux ou trois nœuds enterrées obliquement ; le
nœud supérieur est rempli de vase et d'eau, puis bouché
cxacte.^ient. Le bois de cette espèce , comme celui de
quelqîies autres, quoique très-léger , est extrêmement fort;
il pénètre tous les bois mous; on en fait des lattes, avec
lesquelles on tisse les claies dont sont formés lesmurs de clô-
ture et ics clolûons. Ses tiges , dont le diamètre est d'environ
B A M ,,9
cinq pouces , servent de leviers pour porter les palanquins
et toutes sortes de fardeaux ; les tissadors , qui recueillent
le vin de palmier , en forment des ponts pour passer ,
sans descendie , d'un palmier à l'autre. L'asperge ou la
jeune pousse de Vampel se marine et se mange comme celle
du telin. Elle a encore un autre emploi. Les Chinois la
font cuire jusqu'à consistance de bouillie , et en composent
une espèce de papier fin , d'usage pour la peinture et pour
des parasols. Le rtiême peuple fabrique de jolis meubles et
les ouvrages de vannerie avec le Bambou chooutsjo, dont
il fend , à cet effet , les tiges en petites lanières. Celles
du Teba , autre espèce du même genre , ont une destination
différente. Comme elles sont très-grosses ( d'un pied environ
de diamètre ) et hérissées d'épines , leurs articulations supé-
rieures , qui sont creuses , servent à mesurer les liqueurs ; et
les articulations inférieures étant pleines , très-solides et se
pourissant difficilement , sont employées en pieux , dont les
Macassares forment des haies défensives qui tiennent lieu de
remparts. Leur roi étant en guerre avec les Hollandais , en
i65i , pour se retrancher , fit planter deux rangées parallèles
de ces pieux à trois pieds de distance l'un de l'autre ; ils
éloient unis ensemble par des liens, et fermés par des claies
•du même bambou ; le milieu étoit rempli de ses branches
épineuses , de terre et de sable. Ce massif étoit à l'abri du
canon européen.
Le Bambou tallam est plus propre qu'aucun autre à for-
mer des claies ou des cloisons , parce que s&s branches ou
tiges ou rejets , qui ne passent pas un pouce de grosseur ,
ont la facilité de se fendre longitudinalement en deux parties
égales , même à l'endroit des nœuds. Aussi en fait-on des
parcs pour prendre le poisson. Avec ses bourgeons et ceux
du terln et de Vampel ^ on fabrique des chausse-trapes , dont
les pointes pénètrent le cuir des souliers et la corne des che-
vaux.
Le BuLU-TUY, qui est abondam dans les îles Moluques ,
ressemble à un arbrisseau très-épais. Son bois est si dur ,
que lorsqu'on le coupe il rend des étincelles. Ses articula-
tions sont couvertes de gaines ridées, comme une peau de
requin ou de chien de mer; elles servent à polir le fer
et les os. Les habitans des Moluques et de Java font , avec
les tiges de ce bambou , des flûtes , des bâtons de perro-
quets, des baguettes de pêche , des pipes à tabac , des cannes
de promenade , des javelots empoisonnés , et d'excellentes
piques ou zagayes , dont l'extrémité , taillée en pointe et
brûlée légèrement au feu , perce de part en part le corps des
hommes contre lesjjuels on les lance.
aao B A N
Le Bâmbocbeesha, arbrisseau de seize pieds de haut, four-
nit, entre autres choses, des plumes à écrire. C'est Varundo
sciiptoria de G. Bauhin.
Dans l'ouTiCK, les articulations des tiges sont- longues
d'un demi-pied , lisses , luisantes , d'un beau noir, et presque
entièrement ligneuses. On en fait des placages d'annoires,
des tablettes d'écritoires , et autres semblables ouvrages.
On fabrique à la Chine beaucoup de papier avec la seconde
écorce et la substance ligneuse d'une espèce de bambou creux,
(D.)
BAMBOURS. On a donné ce nom à des abeilles de Cey-
lan , plus grandes que les nôtres, qui placent leurs nids au
haut des arbres , et qui déposent dans leurs rayons un miel
très-limpide, (l.)
BAMIE. C'est , dans le Levant , la Ketmie gombo. (b.)
BAN. Synonyme de Calaf. (b.)
BANAlîA. Nom de la Munchausie et du Mabolo. (b.)
BANANA. Dénomination appliquée , par Albin , à un
irnupiale qui se perche ordinairement sur un arbre que l'on
dit s'appeler banana ou bonana. (v.)
BANANA. V. BoNA>A. (b.)
BANANE. V. BuTYRiN. (b.)
BANANE. V. Clupé macrocéphale (b.)
BANANE. Fruit du Bananier, (b.)
BANANE-SERPENT. C'esfc»» à la Guadeloupe, la Ba^
nane ensanglantée, (b.)
BANANIER , Musa. Genre de plantes de la polygamie
monoécie , et de la famille de scitaminées. Ses caractères
consistent en une corolle profondément divisée en deuxpartics,
dont l'exlérieure , plus grande , et à cinq dents à son som-
met, dont l'inlérleure, plus courte, est entière ctcunéifonne ;
en six étamines , dont les anthères sont adnées dans la moitié
.••Tipérieure des filamens ; en un ovaire inférieur, oblong, trian-
gulaire , un peu courbe , d'où s'élève un style droit, ter-
miné par un stigmate un peu épais, à trois ou six angles ; une
baie oblongue , prismatique , triangulaire , un peu courbée ,
à trois loges. V. pi. A. 19 , où il est figuré.
II est à remarquer que cinq des anthères avortent presque
toujours dans les fleurs inférieures qui sont fertiles, tandis
qu'il n'y en a qu'une qui avorte dans les fleurs supérieures
qui sont stériles. Ce sont ces avortemens qui ont fait placer
cette plante dans la polygamie, (b.)
Le Bananier À fruit long, le Bananier à fruit court,
Musa paradis/ara, musasapientum, Linn. Ces deux arbres produi-
sent un des fruits les meilleurs et les plus utiles de l'Inde ; ils y
sont cnllivés partout avec soin. Ou les cultive aussi en Amé-
J>ed-eve i/e/.
2<u-<iieu iJ\^u/f?
2. J!(r//ioo// ir/'o//i///tirC('
3. Ji<r/t<r/i{('/- Cf////t)c .
BAN :»3î
tique, principalement dans les Antilles , où ils sont d un u
très-grande ressource pour la nourriture des Nègres , qui
aiment beaucoup les bananes. Elles ne sont pas moins re-
cherchées par les colons , qui les font servir habituelle-
ment sur leurs tables, et qui les mangent crues ou cuites,
selon l'espèce.
ludi banane proprement dite , que donne \g bananier à fruit
long^ appelé planlanier par les Espagnols , se mange ordinai-
rement cuite sous la cendre ou au four, ou bouillie dans leau
avec de la viande salée. Elle est douce , très-nourrissante, et
se digère facilement quand on n'en fait point excès. Il y en a
plusieurs variétés : la musquée est la meilleure. La figue ba-
Ttane , qu'on nomme aussi bacove , se mange toujours crue.
Sa chair est fraîche , délicate et fondante. Quand on la coupe
en travers on aperçoit une espèce de croix empreinte dans
son intérieur.
Les bananiers se plaisent dans un sol humide et frais , et
dans les endroits ombragés, le long des petites rivières et des
ruisseaux. Ce sont aussi des lieux qu'on choisit communé-
ment pour établir une bananerie. Lorsqu'elle est plantée , elle
n'exige d'autres soins que d'être sarclée deux ou trois fois
i'année. Ces plantes singulières ne fructifient jamais qu'une
seule fois. Quand elles ont donné leur fruit , si leur tige alors
n'a pas été coupée , elle se flétrit peu à peu , se sèche et tombe.
Mais à peine un bananier a-t-il été abattu , qu'il est aussitôt
remplacé par ses rejetons. Le premier d'entre eux, c'est- à-dire,
le plus élevé, croît alors rapidement, et ne tarde pas à donner
à son tour des fruits. Ainsi, les bananiers se multiplient d'eux-
mêmes très-facilement , et forment une génération non in-
terrompue d'individus de la même espèce, qui offrent à l'hom-
me des fruits délicieux, qu'il n'a, pour ainsi dire, que la
peine de cueillir. On coupe le plus souvent ces fniits avant
leur parfaite maturité ; ils achèvent de mûrir détachés de la
plante.
Les tiges de bananier étant herbacées et épaisses , conser-
vent long-temps leur fraîcheur après avoir été abattues. On
les donne à manger aux bœufs et aux moutons, qui les aiment
beaucoup-, et quelquefois on en fait une petite provision sur
les vaisseaux en guise de fourrage , pour en nourrir ces ani-
maux dans les voyages de long cours. On peut retirer de ces
tiges une espèce de filasse en leur donnant certaines prépara-
tions. Hapel Lachenaye a envoyéàl'Institut une assezgrande
quantité de cette filasse , comme propre à tisser des étoffes
supérieures en finesse aux mousselines et aux batistes. Il igno-
roit que depuis des siècles, les habitans des Philippines et
autresîiesde l'Iade fabriquoient, de ces étoffes, qu'ils appellent
222 BAN
NiPPis, et dont ils font des chemises. On les travaille"" sou»
l'eau. Mais ces étoffes , dont j'ai vu des pièces , sont de
couleur nankin et n'ont aucun moelleux.
Les plantations en bananiers ont deux désavantages. Elles
sont sujettes à être détruites parles ouragans^ malheureuse-
ment trop fréqueiis dans les colonies ; et les fruits qu'elles
donnent abondamment dans certains mois de l'année , ne
pouvant pas se conserver long-temps , il s'en perd nécessaire-
ment beaucoup , surtout dans l'éloignement des villes. 11
seroit donc utile de sécher ces fruits , comme on sèche les
dattes dansl'Orient, et les figues ou les prunes parmi nous. On
ne perdroit point alors autant de bananes; elles seroient plus
transportables, se garderoient plusieurs années , et on prc-
viendroit ainsi les disettes causées parla violence des vents ou
par les inondations. Yoici deux moyens de les conserver ,
indiqués par M. Badier , de la Guadeloupe , qui en a fait lui-
même un heureux essai.
Le premier consiste à prendre les bananes milres sans être
jaunes , à les dépouiller de leur peau , et à les fendre ensuite
en quatre sur la longueur. On met ces tranches longitudinales
les unes à côté des autres , sur des planches , un glacis , dt-s
tiroirs à café , un plancher quelconque où le soleil donne.
Elles y sont laissées plusieurs jours, pendant lesquels on a
soin de les garantir de la pluie ;r la dessiccation s'en fait com-
plètement , et en cet état , elles se conservent plusieurs an-
nées ; au bout de cinq ans elles sont encore très-bonnes. Si
la saison est pluvieuse , au lieu de les exposer au soleil ,
on les fait sécher dans un poêle sur un feu très-doux , ou
dans une étuve. Ces tranches de bananes , ainsi séchées ,
cuites dans du bouillon , peuvent remplacer en tout temps ,
comme nourriture , les bananes prises sur pied.
L'autre manière de les conserver est celle-ci : Après les
avoir dépouillées de leur peau , on les lave , on les râpe , on
les met à la presse , et on les fait cuire ensuite dans un poêle
de cuivre comme la farine de magnoc. Par ce procédé très-
simple , on convertit les bananes en une poudre nutritive,
qui se conserve saine et bonne aussi long-temps que les tran-
ches séchées à l'étuve ou au soleil. Si on fait cuire un morceau
de viande gros comme une petite orange, avec deux ou trois
onces de cette poudre et dans huit onces d'eau, on obtiendra
deux grandes assiettes d'une bouillie très-agréable et bien
nourrissante.
Dans le grand nombre d'espèces ou variétés de bananier
qui croissent aux Indes , il y en a quelques-unes non-seule-
ment utiles par leurs fruits, mais dont les feuilles sont encore
employées à divers usages. Les feuilles du bananier appelé
BAN a,5
tundo , qui est le bananier cochon d'Amèiique , servent aux ba-
Lltans des Moluques de nappes et de serviettes dans leurs
repas. Lorsqu'elles sont sèches sans être déchirées , on les
polit , et on les rend lisses et unis , comme un papier brun
et fin. Les Malais font avec ce papier de petits rouleaux dans
lesquels Ils enferment du tabac ; ils mettent le feu à une
extrémité , et ils introduisent l'autre bout dans la bouche
pour fumer. Ils en enveloppent aussi diverses choses , 'sur-
tout des tablettes de sucre , qu'on envoie quelquefois de
cette façon en Europe. On peut écrire des lettres sur ce
papier , mais elles ne se conservent pas long-temps sans se
briser. Le cœur de la tige à (leurs de ce bananier se coupe
en morceaux, se cuit et sert de nourriture aux cochons.
Les gaînes des feuilles àncoffo , autre espèce de bananier,
sont d'une grande utilité aux habitans de quelques parties de
l'Inde. Ils ont l'art d'en tirer des fils dont ils font deux sortes
de toiles , d'une couleur jaunâtre , à peu près comme celle
de la toile du chanvre écru. La plus commune est formée de
fils grossiers teints en noir , en rouge ou en jaune ; on en fait
des vêtemens. L'autre est fine et luisante comme de la soie ;
on la teint en noir , ou bien on la peint de diverses figures d'a-
nimaux et de fleurs; elle sert à garnir les lits, les canapés et
les appartemens des riches , et à faire des robes légères aux
dames du pays. L'écorce extérieure la plus épaisse de ces
gaînes de feuilles, fournit des fils grossiers pour des câbles
ou des cordages. Les habitans de Mandado en forment des
espèces de sacs ou des hamacs dans lesquels ils dorment. Les
civettes aiment beaucoup les fruits du coffo ; on s'en sert
comme d'appât pour les prendre. L'axe du régime , pilé , ou
concassé légèrement , ou macéré dans l'eau pendant une
nuit , est un puissant sudorifique.
Suivant Adanson (Encyclopédie)^ le bananier qu'on nomme
coffo ^ est la plante là plus utile de toutes celles qui se cul-
tivent dans les Indes , plus utile même que le cocotier ^ parce
qu'elle y est répandue plus généralement. C'est elle qui
fournit la première nourriture à l'homme , au moins dans
toute l'Inde montueuse, où le riz est plus rare. Pour nourrir
les enfans avec son fruit , on le fait rôtir sous la cendre ; la
mère le mâche et le transmet dans la bouche de l'enfant
comme une bouillie.
Les botanistes soupçonnent que YensétéfivLi vient à Gondar,
sur les confins de l'Abyssinie et de la Haute-Egypte , est une
espèce de bananier. Binice dit qu'on mange sa tige bouillie ,
et qu'elle a le goût de pain de froment, (d.)
BANANIERS. Famille de plantes , aussi connue sous
le nom de jMusacées. (b.)
2îi BAN
BANANISTE, Syhia bananÎQora^ Lath. Cet oiseau est eit
double emploi dans les ouvrages d'ornithologie , étant de la
même espèce que le sucrier de Saint-Domingue. V. Guix-
GUIT SUCRIER, (v.)
B ANARE , Banara. Petit arbre de la Guyane , dont les
feuilles sont alternes , ovales , dentelées , stipulées à leur
base; les fleurs jaunes, en grappes axillaires et terminales.
Chacune de ces fleurs a un calice d'une seule pièce divisée
en six parties; six pétales, arrondis ; quinze étamines et plus ;
un ovaire supérieur , surmonté d'un style terminé par un
Stigmate en tête.
Le fruit est une baie globuleuse , uniloculaire , et rempli
de semences menues, (b.)
BANAWILL-WILL. V. Merle ban\will. (v.)
BANC. C'est le Thon, (b.)
BANC-DE-POISSON. On appelle ainsi les poissons
réunis en grande quantité , soit dans la mer, lorsqu'ils vien-
nent frayer sur les côtes ; soit dans les rivières , lorsqu'ils les
remontent dans le même but. V. PorssON. (b.)
BANCA. Palmier des Philippines, fort voisin du Dat-
tier, (b.)
BANC ALUS. Arbre figuré dans Rumphius , et qui pa-
roît être le Nauclé d'Orient, (b.)
BANCHE. Nom qu'on donne , sur quelques-unes de
nos côtes , à des couches de glaise ou de marne qui se
trouvent au bord de la mer, et qui pétant alternativement
humectées par les flots et desséchées au soleil , finissent par
prendre la consistance d'une pierre feuilletée médiocre-
ment dure, (pat.)
BANCHROFT. Nom donné à un Oiseau-mouche de la
Guyane , parce que le voyageur de ce nom, est le premier
qui l'ait fait connoître. (v.)
BANCHUS, Banchus. Genre d'insectes que M. Fabricius
vient d'établir, et qui appartient à son ordre des Piézates j
celui des Hyménoptères de Linnseus. 11 lui donne pour
caractères : quatre palpes allongés , à articles cylindri-
ques ; une lèvre inférieure cylindrique et cornée à la base,
membraneuse , arrondie et entière à son extrémité ; les
antennes sétacées. Tous ces caractères , en général , con-
viennent à la plus grande partie des îrhneumons , desquels
M. Fabricius a séparé ceux dont il compose ce genre : j'ai
dit en général , parce que la lèvre inférieure n'est pas en-
tière , comme a cru l'avoir observé cet illustre naturaliste,
mais échrancrée.
Le seul caractère essenlielqui écarte les banchus des ichneu»
BAN 3,5
mons, doit se prendre des palpes maxillaires. L'avant-dernier
article de ceux des banchus est court et dilaté.
Ces insectes se rapprochent des ophiuns^ autre nouveau
genre de M. Fabricius, par leur abdlinen très-comprimé , et
dont la hauteur surpasse plusieurs fois l'épaisseur : ils s'en
éloignent , en ce que cette partie de leur corps nesl point pé-
diculée à sa base , ou n'a qu'un pédicule très-courf ; que son
extrémité est pointue » ou simplement obtuse, non tronquée
obliquement, et que la tarière des femelles est ordinairement
cachée.
Nous citerons deux espèces qui sont indigènes :
1,0 Banchus chasseur, Jchneumon venator^ Linn. Il est
noir; son abdomen est presque en faulx, et d'un rouge de sang
à sa base et en dessous ; ses pattes sont fauves.
2.° Banchus peint, Banchus pkius ^ Fabr. Il est d'un noir
mélangé de jaune; son écusson avance un peu en pointe.
On ignore la manière de vivre de ces insectes. J'en ai sou-
vent trouvé dans les champs, à terre, ou peuélevés au-dessus,
entre les luzernes. V. Ichneumon. (l.)
BANCOC. Nom madégasse de I'Indigotier argenté, (b.)
BANCOUL (Noix de). Fruit du Bancoulier. (b.)
BANCOULIEB, Ahurites. Genre de plantes de la mo-
noécie monadelphie et de la famille des tithymaloïdes , dont
les caractères sont : un calice très-petit et trifide ; une corolle
à cinq divisions , écailleuses à leur base ; la fleur mâle avec
des étamines nombreuses à filamens soudés ensemble ; la fleur
femelle, avec un ovaire conique , sans style, et à deux stig-
mates très-courts.
Le fruit est une baie , grande , globuleuse , contenant deux
coques monospermes, et des semences globuleuses, couvertes
de deux tuniques.
Ce genre renferme trois espèces , qui sont de grands ar-
bres, dont les différentes parties sont comme saupoudrées de
farine, dont les feuilles sont alternes, et les fleurs disposées
en panicules. L'un est le Bancoulier À trois lobes , qui
vient de la mer du Sud; les autres le Bancoulier porte-
laque et le Bancoulier ambinux, qui viennent des îles de
rïnde. Ce dernier est cultivé à 1 île de la Réunion pour sa
noix, appelée noix de hancoul^ dont on retire une huile d'un
débit avantageux dans le commerce. V. Croton. (d.)
BANCS DE PIERRE ou DE ROCHE. V. Couche;
BANCS DE SABLE. Grands amas de graviers que les
rivières rapides forment dans leur lit , à chaque crue , et
qu elles entraînent successivement à la mer , où ces atter-
rissemens accumulés forment, à la longue , d'autres hanrs
infiniment plus considérables , qu'on observe au-devant des
%:iS BAN
embouchures tle tous les grands fleuves. Tel est le banc âé
Terre-Neuve, devant rembouchure du fleuve Saint-Laurent^
ceux du golfe du Mexique , devant l'embouchure du Missis-
sipi ; ceux de la mer d'Allemagne , formés d'un côté par le
Rhin, le AVeser , FElbé , etc. ; et de l'autre , par les rivières
d'Angleterre ; car chaque jour, chaque instant , amène dans
le sein de l'Océan d'innombrables débris des continens, qui
tendent perpétuellement à le combler; et sans la décomposi-
tion journalière des eaux , la mer reflueroit nécessairement
sur ses rivages , puisqu'il est évident que son lit s'élève con-
tinuellement, r. Atierrissement.
Tous les bancs de sable de la mer ont été jadis une con-
tinuation non interrompue des atterrissemens qui sont
aujourd'hui à découvert. Le banc de Terre-Neuve n'étoit
que la prolongation sous-marine de l'île de Terre-Neuve,
qui est elle-même un atterrissement : les bancs qui bordent
les côtes de la Hollande , n'en sont également que la simple
prolongation ; mais , pour l'ordinaire , les hancs sont séparés
ides coies par des canaux ou vallées sous-marines, qui sont l'ou-
vrage des courans qui ont rongé les côtes , quand la mer
s'est trouvée abaissée à leur niveau, (pat.)
BANCUDUS. C'est, dans Rumphius, une espèce de
MORIIVDE. (B.)
BANDA. F. riÉMIPTÉRONOTE CIKQ TACHES. (B.)
BANDASCHE. C'est, à Amboine, I'Hémiptéronote
Cinq taches, (b.)
BANDE BLANCHE. C'est la Tortue vermillon, (b.)
BANDE D'ARGENT. Nom du Clupé athérinoïde et
ûe THolocentre bande blanche, (b.)
BANDE ESQUISSÉE n
BANDE INEGALE / Noms spécifiques
BANDE A L'ENVERS f donnés par Geof-
BANDE NOIRE ( froy à des lépi-
BANDE A POINT MARGINAL. \ doptères. (l.)
BANDE ROUGE J
BANDE NOIRE. On a ainsi nommé la Couleuvre
Esculape de Linnseus, pour la distinguer de la Couleuvre
EscuLAPE de Lacépède. F. au mot Couleuvre, (b.)
BANDELETTE. C'est le Cépole ténia, (b.)
BANDINA. Nom languedocien du Sarrasin, (b.)
BANDOULIÈRE. On appelle ainsi, sur les côtes de
France, deux espèces At labre, savoir : le Labre neustrien,
qui est la Bandoulière marbrée, et le Labre calops, qui
est la Bandoulière brune.
C'est aussi le nom qu'a donne Bloch, en français, aux
poissons du genre Cuétodon. (b.)
BAN 227
BANDUKKA. Espèce de Câprier de l'Inde » qu'on cul-
tive dans ce pays à raison de la beauté de ses fleurs. C'est le
Capparis baduca de Linnaeus. (b.)
BANDURA. C'est le Népenthe. (b.)
BANÉ. Espèce de Mormyre. (b.)
BANEÏTE. Nom vulgaire duDoLic oîs^guiculé. (b.)
BANGA. Palmier des Philippines, fort voisin du Dattier.
(B.)
BANGADA VALLI. Les Brames appellent ainsi le Lise-
ÏION PIED DE CHÈVRE. (B.)
BANGHÉTS. Les Madégasses donnent ce nom aux In-
digotiers, (b.)
B ANGI. Arbrisseau des Philippines , dont le suc est lai-
teux , et dont le fruit se mange , quoique ses graines enivrent,
et même empoisonnent, (b.)
BANGUE. C'est le nom indien d'une variété du chanvre,
qui s'élève à une très-grande hauteur, et dont les feuilles sont
constamment alternes : on ne la cultive que pour mâcher et
fumer ses feuilles. Lorsqu'on veut, dans l'Inde, s'étourdir
le cerveau, calmer ses maux, et dormir sans inquiétude , on
pulvérise du bangue avec de l'opium , de l'arec et du sucre ,
et on avale le résultat du mélange. Lorsqu'on veut être joyeux
et facétieux , on en mêle avec du musc , de l'ambre et du
sucre , et on en use de même : c'est cette dernière préparation
que les Indiens appellent majuh^ et qui est peut-être analogue
k celle que les Turcs appellent massac ou malach. (b.)
BANGUILING. C'est le Chéramelier ou Cicca dis-
tique, (b.)
BANIAHBOU. F. Merle baniaheou. (v.)
BANISTÈRE , Banisteria. Genre de plantes de la décan-
drie trigynie , et de la famille des malpighiacées , dont les ca-
ractères sont d'avoir: un calice de cinq parties, muni de glandes
à sa base ; cinq pétales arrondis , onguiculés , crénelés ou
frangés en leurs bords , plus grands que le calice ; dix éta-
mines ; un ovaire supérieur à trois styles terminés par un
stigmate simple; trois capsules monospermes, divergentes j
et terminées chacune par une aile membraneuse.
Ce genre contient une trentaine d'espèces , dont la plu-
part ont été figurées par Cavanilles. Ce sont , en général, des
arbrisseaux d'un aspect agréable , dont beaucoup sont sar-
menteux et ont les feuilles opposées.
La plus importante à connoître est la Banistère angu-
leuse, qui a les feuilles sinuées et anguleuses : elle croît dans
les Antilles et au Brésil. C'est le caapeba des Brasiliens, qui
passe pour un puissant sudorifique, et qu'on emploie fréqucni-
.a8 BAN
ment contre les morsures des serpens , la pierre ^ les poi-
sons , etc. : elle jouit de la plus grande célébrité.
On a fait aux dépens des banistères un genre nouveau, ap-
pelé par Schreiber, G^RlTNER, et par Cavanilles, Molina. (b.)
BANKARET TI. C'est le Bonduc. (b.)
BANKSIE, Banksia. Genre de plantes de la tétrandrie
monogynie, et de la famille des protéoïdes, dont les carac-
tères consistent : en une corolle de quatre pétales à onglets
fort longs et linéaires ; en quatre élamirîes à anthères sessiles et
insérées dans la concavité des lames des pétales ; en un ovaire
supérieur , très-petit , muni d'un style filiforme , courbé dans
sa partie supérieure , et terminé par un stigmate simple plus
épais que le style ; en une capsule ligneuse, bivalve et uni-
loculaire , renfermant deux semences qui se divisent en deux
parties.
Ce genre , qui se rapproche des globulaires et des protées^
renferme une trentaine de très-belles plantes qui n'ont été
trouvées jusqu'à présent qu'à la Nouvelle-Hollande. Leurs
fleurs présentent des cônes formés d'écaillés coriaces , entre
lesquels sont placés les fleurs et les fruits ; la plus belle de
ces espèces* est la Banksie serrée , que Gœrtner a appelée
porte-cuquille ^ parce que ses capsules ont, en effet, l'ap-
parence d'une coquille bivalve. Ses caractères sont d'avoir
les feuilles linéaires , dentelées , tronquées à leur sommet ,
et mucronées : son cône est très-gros , cylindrique et velu.
Cavanilles a fait, aux dépens des banksies^ deux nouveaux
genres, qu'il a appelés Haké et Lambertie; Smith, un troi-
sième, qu il a nommé CoNCHiON; et R. Brovvn, un quatrième
dont le nom est Dryandre. V. ces mots.
Bruce , dans son Voyage en Abyssinie^ avoit donné le nom
de banksia à I'Hagénie, et Forster à des PiMELÉES. (b.)
BANKSIENNE. Nom spécifique d'une Raie, (b.)
BANITAN. Racine des Philippines employée contre les
fièvres et l'asthme. On ignore la plante à laquelle elle appar-
tient, (b.)
BANNANIVORE ou mieux B ANANIYORE. Nom
imposé aux oiseaux qui vivent de bananes, (v.)
BANNISTEROÏDE. Plante de Ceylan , qui paroît ap-
partenir aux Pella. (b.)
BANSLICKLE. Nom anglais du Gastéroste épinoche.
(b.)
BANTAJAM. Nom que les naturels de Pontiana don-
nent au Kahau ou Gueno>( nasique. (dessï.)
BANTAME ou BAN TAM. F. Coq et Poule, (s.)
BANTIALE , Bantiala. C'est une plante parasite de
l'Inde, dont on distingue deux variétés : la noire et la rouge.
B A O 229
Celte plante est une tubérosité arrondie , percée de cavi-
tés , et suspendue aux branches des arbres par de petites ra-
cines. De son sommet partent quelques branches chargées de
quelques feuilles alternes , ovales , épaisses , à pétiole am-
plexicaule, et d'une fleur solitaire terminale, composée de
quatre pétales et de quatre étamines ; on remarque sur ses
côtés divers corps arrondis qu'on peut regarder comme les
ovaires des fleurs femelles.
On n'en sait pas davantage sur cette plante , dont les ca-
vités sont toujours habitées par une grande quantité de four-
mis, (b.)
BANU CURUNDU. C'est, à Ceylan, le Laurier
CANELLIER. (b.)
Bx\NULAC. On croit que cette plante , qui croît aui
Philippines , appartient aux Pavettes. (b.)
BANWAL. Arbrisseau de Ceylan , avec les tiges duquel
on attache lesbœufs. On ignore k quel genre il appartient, (b.)
BANYO. Il paroît que c'est une espèce de Payette. (b.)
BAOBAB , Adansom'a. Genre de plantes de la monadel-
phie polyandrie, et de la famille des malvacées, dont les ca-
ractères sont : un calice d'une seule pièce, à cinq divisions, et
caduque ; une corolle composée de cinq pétales , qui adhè-
rent, par leurs onglets, à la base de la colonne des étamines;
un grand nombre d'étamines réunies dans leur moitié infé-
rieure ; un ovaire supérieur conique, velu, surmonté d'un
style contourné et couronné par dix stigmates velus ; une ,
grosse capsule ovale , allongée, velue, partagée en dix loges
qui renferment un grand nombre de semences.
Le baobab se plaît particulièrement dans les terrains sa-
blonneux et humides. 11 ne renferme qu'une espèce qui croît
sur la côte occidentale d'Afrique. V. sa figure, pi. A. 23. D
acquiert, avec lâge et le temps, une grosseur prodigieuse.
Ceux qu'Adanson a vus au Sénégal , avoient vingt-sept pieds
de diamètre. Ray dit qu'entre les fleuves Niger et Gambie ,
on en a mesuré de si monstrueux, que dix-sept hommes
avoient de la peine à les embrasser; ce qui donneroit à ces
arbres environ quatre-vingt-cinq pieds de circonférence , et
près de trente pieds de diamètre. Quoique le baobab ait un
Lois très-tendre, il vit très-long-temps, et peut-être plus
qu'aucun autre arbre connu, à cause du long accroissement
qu'exige son énorme grosseur.
Golberry, auquel on doit un nouveau voyage en Afrique >
a vu un baobab de trente-quatre pieds de diamètre dans la
vallée des deux Gagnacs, près le Cap Vert; ainsi, si, d'après,
les calculs d'Adanson, un de ces arbres de vingt-cinq pieds a
déjà vécu trois raille sept cent cinquante ans , celui-ci , abs-
23o B A O
traction faite du ralentissement progressif de sa croissance,
auroit cinq mille cinq cents ans d'âge.
Il est bon d'ajouter , pour correctif à ce calcul , que le
même Golberry, qui a mesuré un des baobabs mentionnés par
Adanson, trente-six ans après ce célèbre naturaliste, ne l'a
trouvé accru que d'un pied et quelques pouces de circonfé-
rence , c'est-à-dire , de sept à huit lignes de diamètre.
Toutes les parties du baobab contiennent une grande quan-
tité de mucilage ou de matière gorameuse , qui a une légère
acidité. Lorsqu'on met ses feuilles en infusion ou en décoc-
tion dans l'eau, leur mucilage se développe et rend cette eau
légèrement visqueuse. La chair fongueuse et blanche qui en-
veloppe les graines , a une saveur aigrelette assez agréable ;
mais le temps lui fait perdre beaucoup de sa première bonté.
C'est l'arbre le plus utile de tous ceux qui croissent au Sé-
négal. Ses feuilles sont les parties dont les Nègres font le plus
d'usage. Ils les font sécher à l'ombre , et les réduisent en une
poudre verte , qu'ils appellent lalo. Cette poudre se conserve
parfaitement dans des sachets de toile de coton, pourvu
qu'elle soit tenue dans un lieu sec. Us emploient journelle-'
ment cette poudre, et en mettent deux ou trois pincées dans
leur couscou ou autres mets , non pour leur donner du goût ,
car elle n'en a aucun , mais pour modérer l'excès de la trans-
piration et pour tempérer la trop grande ardeur du sang. On
fait, avec ces mêmes feuilles, une tisane qui préserve des
fièvres chaudes, communes dans ces pays ; on en corrige la
fadeur avec un peu de sucre ou de racine de réglisse.
Le fruit du baohah n'a pas moins d'utilité que ses feuilles ;
on en mange , soit seule , soit dans le lait, la chair fongueuse
qui enveloppe les semences. Ce finjit est un objet de com-
merce. Les Mandinges le portent dans la partie orientale et
méridionale de l Afrique, tandis que les Maures ou Arabes
le font passer dans le pays de Maroc , d'où il se répand en-
suite en Egypte et dans toute la partie orientale de la Médi-
terranée. C'est dans ces derniers pays qu'on en réduit la pulpe
en une poudre qu'on apporte ici du Levant, et qu'on connoit
depuis long-temps sous le nom très-impropre de terre sigillée de
Lemnos. Prosper Alpin est le premier qui ait reconnu que
cette poudre , regardée jusqu'à lui comme une terre de l'Ar-
chipel, et oit une substance purement végétale et originaire
de î'Etliiopie ou du centre de l'Afrique.
Les Nègres font encore un usage bien singulier de ce mons-
trueux arbre. Ils agrandissent les cavités de ceux qui sont
cariés, et y pratiquent des espèces de chambres, ou plutôt
de vastes cavernes, où ils suspendent les cadavres de c
auxquels ils ne veulent pas accorder les honneurs de la scpul
nx
B A Q ,3,
turc : ces cadavres s'y dessèchent parfaitement, et y deviennent
de véritables momies , sans aucune autre préparation.
On ne cultive que très-difficilement le baobab en Europe,
et il y vit un petit nombre d'années. La serre lui est indis-
pensable en toutes saisons.
Loureiro a établi , sous le nom d'ORPHÈLE, un genre qui
ne diffère pas assez de celui-ci pour en être distingué ; mais
la seule espèce qui le compose a les feuilles simples, (b.)
BAPTISIE , Bupiisia. Genre de plantes établi aux dé-
pens des Crotalaires et des Podalyres, et qui rentre en
partie dans celui appelé Rafnia par Willdenow. Ses ca-
ractères sont : calice bil^bié à demi - divisé en quatre ou
cinq lobes; corolle à pétales d'égales longueurs, dont l'éten-
dard est recourbé latéralement; étamines caduques ; légume
pédicellé, renflé, polysperme.
La Crotalaire perfoliée , les Podalyres austral ,
noircissant , BLANC , etc. rentrent dans ce genre, (b.)
BAQUEBO, V, BiCQUEBo. (desm.)
BAQUOIS , Pandanus. Genre de plantes de la dioécie
monandrie, dont les caractères sont : fleur mâle consistant
seulement en une anthère sessile qui termine les ramifica-
tions du chaton commun, et fleur femelle uniquement for-'
niée par la réunion d'un grand nombre d'ovaires ramassés en
paquets ovales ou globuleux, sessiles sur leur réceptacle com-
mun, et chargés de deux ou trois stigmates sessiles et en cœur;
une grosse tête ovoïde résultant de la réunion de plusieurs
noix anguleuses , cunéiformes à leur base et renfermant une
seule semence.
Ce genre comprend une vingtaine d'espèces, dont les plus
dignes d'être citées, sont:
Le Baquois odorant, Pandanus odorantissimus, Linn.,rA-
THRODACTYUSdeForster, estcultivé dans l'Indeeten Egypte,
à cause de l'odeur suave de ses fleurs mâles, diposées en épis
pendans. Il ne pousse de feuilles et de fleurs qu'à son sommet.
Les premières sont très-longues, bordées de cils piquans,
et regardées comme un puissant vulnéraire ; on les emploie
partout pour faire des nattes, des paniers, des cordes, etc.;
les secondes forment une panicule très-rameuse.
Le Baquois candélabre, dont les épis de fleurs sont re-
levées. II a été observé par Palisot Beauvois, en Afrique. On
en voit une superbe figure dans sa Flore d'Oware et de Bénin.
Ses fleurs sont très-odorantes.
Aubert Dupelit-Thouars a publié le prodrome d'un tra-
vail fort étendu qu'il a fait sur ce genre aux îles de France »
de Bourbon et de Madagascar. Les espèces les plus impor»
lautes à con»oî.tr« j parmi les vingt qu il cite, sont ;
233 BAR
Le Baquois édule. Sa tête est en grappe oblongue, droi-
te ; les noix monospermes. Il est commun à Madagascar ,
où les habitans mangent généralement la pulpe de ses fruits.
Le Baquois MALICON, des îles Nicobar, dont les fruits
servent de base à la nourriture des habitans. On en voit
la figure dans le troisième volume des Transactions de la
Société de Calcutta.
Ce genre se rapproche du Palmier, et semble devoir for-
mer une famille propre, (b.)
BAQUOUC. Nom vulgaire de la Lavandière, dans le
Poitou. (V.)
BAR. Nom vulgaire du Centropome loup, perça punc-
iota , Linn. (b.)
BâRADA. Nom italien du Traquet. (s.)
EARAICE. C'est la Veraire blanche, aux environs de
Rhodes, (b.)
BAKALOU. Nom caraïbe du Balisier. F. ce mot. (b.)
BARAMARECA. Nom indien du Dolic en sabre, (b.)
BARASSA. Nom de 1 'Engoulevent dans quelques can-
tons du Piémont, (v.)
BARBACARIC. Nom proposé par Levaillant pour dé-
signer son gnnd Barbu , à cause des rapports qu'il lui trouve
avec les Toucans aracaris. (v.)
BARBACÉNIA , Barhaceiùa. Genre de plantes établi par
Vandelli sur une seule espèce , qui vient du Brésil , et qui a
beaucoup daffinités avec la JussiEUiE. Ses caractères sont:
calice à six dents ; corolle à six pétales ; six étamines dont
les filamens sont pétaliformes et dentés ; ovaire inférieur
terminé par un style simple ; capsule glanduleuse à trois
valves et à plusieurs semences, (b.)
BARBACOU. Nom générique composé de Barbu et
Coucou , imposé par ]\1. Levaillant aux coucous noirs de
Cayemie^ et qui correspond à celui de MoNASE que j'ai donné
au même genre, (v.)
BARBAGIANI. Nom donné au Grand-Duc par desPié-
montais et des Italiens . (v.)
BARBAÏAN. C'est le Duc en quelques endroits de la
France, (s.)
BARliAJOU. C'est la Joubarbe à Montpellier, (b.)
BARBAN. On appelle ainsi , aux environs de Nice , un
insecte du genre TuRiPS, qui nuit beaucoup aux Oliviers ,
dont il souîire la sève. (B.)
BARBARÉE , Barbarea. Genre de plantes établi sur le
BAR ,33
Velar des boutiques. Il offre pour caractères : un calice à
folioles droites ; une glande entre les étamines les plus cour-
tes ; une silique aplatie et tétragone ; des semences sur un
seul rang.
La harbarée^ erysimum barberea, Linn. qui porte vulgaire-
ment les noms à herbe de Sainte Barbe et de rondoUCy a des
tiges hautes d'un pied environ. Ses fleurs sont disposées à
l'extrémité des rameaiLx et des tiges en épis, serrés, rappro-
chés, formant presque, par leur ensemble, une panicule
étalée.
Elle croît dans les lieux humides, en Europe. On en
cultive dans les jardins, comme fleur d'agrément, une variété
à fleurs doubles, connue sous le nom impropre de baguette d'or.
La barharée est amère, nauséabonde, détertive, antiscor-
butique, diurétique, etc. On mange ses feuilles en salade dans
quelques pays : les vaches, les chèvres et les moutons s'en
nourrissent, (b.)
BARBARESQUE; Petit mammifère de l'ordre des ron-
geurs et du genre des Ecureuils, (desm.)
BARBARIN. On appelle ainsi un poisson du genre Si-
lure, SUurus daiias ^ Linn., et les petits des barbeaux. V. aux
mots PiMELODE et Barbeau, (b.)
BARBARINE. Espèce de Courge, (b.)
BARBARO. Nom du Guêpier en Italie, (s.)
BARBAROTTI. C'est, à Gènes , le Martinet noir.
BARBASCO. Nom qu'on donne au Pérou à une plante
avec laquelle on enivre le poisson. Il y a quelques motifs de
croire que c'est une Molène. (b.)
BARBASTELLE ou BARBASTELLO. Noms d'une
espèce de chauve-souris du genre Vespertilion. V. ce mot.
Cdesm.)
BARBATULE. Synonyme de Barbeau, (b.)
BARBE. Race particulière dans l'espèce du Cheval.
(desm.)
BARBE. C'est le nom que l'on donne aux poils qui crois-
sent sur le menton de l'homme, (desm.)
BARBE {Mammifères). On donne ce nom à des poils plus
longs que les autres qui recouvrent le dessous de la mâ-
choire inférieure de quelques mammifères , tels que des sin-
ges (notamment le Mandrill) et les ruminans du genre des
chèvres. On appelle aussi barbes les longs crins qui dépassent
les fanons des Baleines et des Baleinoptères et qui sont
apparens au dehors, même lorsque ces cétacés ont la bouche
fermée, (desm.)
23il BAR
BARBE. Ce mot , en botanique , est synonyme d'ARÊTft,
V. ce mot. (b.)
BARBE. Espèce du genre Syngnathe, (b.)
BARBE (herbe de Sainte). V. Barbarée. (b.)
BARBE DE BOUC. C'est le Salsffis sauvage, et aussi
la Clavaire coralloïde. V. ces mots, (b.)
BARBE DE CAPUCIN. Nom trivial de la Nigelle de
Damas et de la Chicorée sauvage qui a poussé dans une
cave. K ce mot, (b.)
BARBE DE CHÈVRE. Espèce de Spirée, Spirea amn~
eus , liinn. (b.)
BARBE DE DIEU. C'est le Barbon. V. ce mot. (b.)
BARBE ESPAGNOLE. Espèce de Caragate. C'est le
tillandsia usneoïdes. (b.)
BARBE DE JUPITER. V. Joubarbe, (b.)
BARBE DE MOINE. C'est la Cuscute, (b.)
BARBE DE RENARD. Espèce d' Astragale épineuse
qui croît dans les parties méridionales de l'Europe, et que
Linneeus a cru être celle qui fournissoit la gomme adragante.
Par suite, on a donné le nom de barhe de renard de Crète à
une autre espèce de ce genre qui donne réellement de la
gomme , et qui croît en Crète, (b.)
BARBEAU, Barbus. Espèce du genre Cyprin, que Cu-
vier regarde comme le type d'un sous-genre qui auroit pour
caractères : nageoire dorsale et anale courtes ; une forte épine
à la dorsale; quatre barbillons, dont deux sur le bout, et
deux aux angles de la mâchoire supérieure.
Ce poisson, qu'on appelle aussi barbot, barbiaux^ barblait
^K barbet y a le corps allongé et arrondi comme le brochet.,
olivâtre en dessus, bleuâtre sur les côtés. Ses nageoires sont
rougeâtres , et celle de la queue , qui est fourchue , est bor-
dée de noir. Sa mâchoire supérieure aVance beaucoup sur
l'inférieure. Elles ont chacune deux rangées de cinq dents.
Cepoisson, qu'on trouve dans toutes les rivières d'Europe,
parvient communément à un pied et demi de long, mais on en
trouve qui ont jusqu'à trois pieds , et qui pèsent six à huit
livres. On dit même en avoir vu de dix-huit livres. 11 craint
également le froid et le chaud; aussi n'en irouvc-t-on que
dans les parties tempérées de l'Europe et de l'Asie. Il se
plaît dans les rivières dont le cours est rapide et le fond ro-
cailleux , et il peut vivre un très-grand nombre d'années.
Le barbeau se nourrit de petits poissons , de coquillages ,■
de vers, d'insectes , et même des cadavres qui sont jetés dans
l'eau, et de la matière extractive des plantes qui s'y dccom;
BAR h35
posent. 11 n'est apte à la reproduction de son espèce que
vers la quatrième et même la cinquième année de son âge.
Il fraie au milieu du printemps , sur les pierres du fond des
rivières, dans les endroits où le courant est le plus rapide. On
a compté plus de huit mille œufs dans une femelle. Sa crois-
sance est aussi accélérée que celle des carpes dans les en-
droits où il trouve une nourriture abondante.
Les barbeaux d'étang ont la chair molle et flasque ; mais
ceux de rivière l'ont ferme , blanche , délicate et de bon
goût. On dit que leurs œufs sont un purgatif très-dange-
reux; mais c'est une erreur. Bloch s'est assuré qu'ils étoient
aussi bons que ceux de la carpe : j'en ai aussi mangé sans
inconvénient ; peut-être y a-t-il des temps ou des circons-
tances où ils prennent un caractère nuisible.
La pêche an barbeau n'a rien de particulier. On le prend
à la seine , à l'épervier, à la truble, à l'échiquier et autres
engins , comme les autres poissons de rivière. On le prend
aussi très-facilement à la ligne, car il est vorace et hardi, sur-
tout'pendant l'été. On indique pour appât propre à les atti-
rer, un mélange de vieux fromage de gruyère, de jaunes d'œufs
et d'un peu de camphre mis dans un petit sachet de toile, et
placé dans l'eau à lendroit où sont posées des lignes amor-
cées de vers de terre , de sangsues ou de petits poissons. J'ai
l'expérience que ce poisson mord mieiLx sur les appâts faits
arec des insectes vivans. Ce sont principalement les bombi-
ees, les noctuelles, les achètes, les grillons et les sauterelles
que j'ai employés avec le plus de succès. Le bombice du saule
qui est blanc et se voit de loin, qui se trouve sur le bord
des eaux, et auquel les barbeaux sont.accoutumés , m'a paru
devoir être préféré à tous les autres, pendant le peu de jours
de son existence, (b.)
BARBEAU. Plante du genre Centaurée. Voy. au mot
Bleuet. C'est aussi la Punaise grise et I'Attelabe de la
VIGNE, (b.)
BARBEAU^AUNE. C'est la variété jaune de la Cen-
taurée odorante que l'on cultive dans les jardins, (b.)
BARBEAU DE MER. C'est la Mulle rouget, (b.)
BARBEBON. C'est le Salsifis dans le département du
Var. (b.)
BARBENIE, Barbenia. Genre de plantes de la polyan-
drie, établi par Dupetit-Thouars sur des arbustes sarmen-
teux de Madagascar.
Il offre pour caractères : un calice à cinq découpures pro-
fondes, une d'elles concave et membraneuse; point de co-
rolle; des étamines nombreuses insérées au fond du calice;
wn ovaire supérieur surmonté de deux styles hérissés; ana
a36 BAR
capsule à deux lobes, à deux loges, à deux semences à demi-
arillées, (b.)
BARBERÏN. Espèce de Mulle. (b.)
BARBES. Nom arabe du Chene vert. (b.)
B^\RBEr ou CANICHE. Race de Chien dont le poil
«si long et frisé sur tout le corps, (s.)
BARBET. C'est le Cypriî^ barueau et le Mulle rouget.
(B.)
BARBICAN, Po^onJa. (ienre de Tordre des oiseaux Syl-
vâINS et de la tribu des ZygodaCïYLES. Voyez ces mots.
Caractères : Bec garni à la base de longues soies dirigées en
avant, robuste , épais; mandibule supérieure bidentée sur
chaque bord, cannelée longitudinalement, fléchie à la pointe;
l'inférieure droite , sillonnée en travers; narines petites, or-
biculaires , situées à la base du bec , en partie cachées par les
soies; langue épaisse , entière ; les 2.' et 3.* rémiges les plus
longues de toutes ; deux doigts devant , deux derrière. On ne
connoît que la dépouille de Tespèce dont se compose ce genre.
Elle se trouve en Afrique.
Le Barbican de Barbarie, Po^oma erythrome/as, Vieil.; Buc-
co dubiiis, Lath. pi. enl. de Buff , n.° 603 , a tout le dessus du
corps , le haut de la poitrine et le ventre noirs; le reste da
plumage rouge ; le bec rougeâtre et neuf pouces de longueur
totale.
Le petit Barbican. V. Barbu Levaillant. (v.)
ByVRlilCHE. Nom trivial de la NiGELLE DE Damas, (b.)
BARIUCHON. V. le genre Moucherolle. (v.)
BARBIER. Labre , dont Bloch a fait un genre sous le
nom d' Anthi AS , et que Lacépède a réuni aux Lutjans. (b.)
BARBIFERE. Synonyme de Barbule. (b.)
BARBILLON. Nom des poiiis Barbeaux. C'est aussi le
nom spécifique d'un autre poisson du genre des Squales. (B.)
BARBILLON , Vulpus. {Entomologie.) On donne ce nom
à des filets articulés , de forme et de consistance différentes ,
qui accompagne ut la bouche de presque tousles insectes. Ces
parties sont plus ordinairement désignées sous le nomd'anien-
nulesoii Ae palpes. V. Bouche {Entomologie), {o.)
BARBILLONS. Filamens qui se trouvent autour de la
bouche de beaucoup de poissons. Il est probable qu'ils servent
à la plupart pour le sens du toucher, et à quelques-uns, comme
d'appât pour attirer les autres poissons dont ils se nourrissent.
V. Poissox. (b.)
BARBISA. Un des noms piémoniais du Bruant fou.
(V.)
BARBON, y^miro/jog^ow. Genre de plantes de la polygamie
monoécie, et de la iamilie des GnAMiNEiiS , dont les carac-
BAR 33;
tères sont d'avoir lès fleurs velues à leur base , et composées
de deux valves extérieures, el de deux valves Intérieures, iné-
gales ; les mâles pédonculées et mutiques ; les hermaphrodites
sessiles«l armées sur le dos de la plus grande valve inté-
rieure, d'une longue arête tortillée et courbée ; une semence
oblongue, enveloppée dans les valves de la (leur.
Ce genre comprend une cinquantaine d'espèces qui crois-
sent dans les parties méridionales de l'Europe , et dans les
trois autres parties du monde , et qui, en général , poussent
un fanage dédaigné par les bestiaux , soit à raison de sa du-
reté et de son insipidité , soit à raison de son odeur forte.
Les Barbons se divisent en deux sections ; les premiers ont
leurs fleurs en un seul épi, ou en panicule ; et les seconds le»
ont sur plusieurs épis fascicules ou digilés.
Dans la première, il faut distinguer le Barbon nard,
Andropogon nardus ^ Linn. , qui a la panicule composée de
plusieurs épis qui semblent naître les uns des autres. C'est
une plante dont la racine , d'un goût amer, et d'une couleur
agréable , est très-employée dans l'Inde pour assaisonner les
poissons et les viandes, et qui passe pour incisive, stoma-
chique et apéritive ; on l'appelle nard indien : elle vient des
îles de Ceylan, de Java , des Moluques , etc.
Dans la seconde, on trouve le Barbon odorant , Andro-
pogon schœnanthus, Linn,, dont les épis sont géminés, ovales
et oblongs ; l'axe velu, et l'arête des fleurs très-contournée.
Il vient de l'Inde et de l'Arabie, et passe pour incisif, vulné-
raire et détersif, propre à lever les obstructions des viscères,
et exciter les urines et les règles. Il a une odeur douce, aro-
matique, qui approche de celle de la rose. Son goût est pi-
quant , pénétrant et très-aromatique. On en prépare dans
l'Inde , par la distillation , une huile d'une odeur et d'une
saveur très-agréables, dont on se sert pour fortifier l'esto-
mac et conserver le vin du palmier sagou.
On cultive dans les jardins de botanique de Paris, un autre
barbon^ qu'on croit venir aussi de l'Inde, mais dont on ne
peut pas déterminer l'espèce, parce qu'il n'a pas encore
fleuri. Il a les feuilles beaucoup plus larges et plus longues que
celles du Barbon odorant; il répand, quand on le froisse, une
odeur de citron très-agréable, et fournit en infusion théiforme
une liqueur qui l'est encore davantage : il sera peut-être pos-
sible d'en tirer un jour un parti avantageux.
On trouve encore dans cette section , le BaRBON DIGITÉ ,
Andropogon Isrhœmum, Linn., dont les caractères sont d'avoir
plusieurs épis digités , les fleurs sessiles , alternes , tantôt
chargées d une arête , tantôt n'en ayant pas : c'est une plante
qui croît dans les parties méridionales de l'Europe. On em-
«as BAR
ploie ses racines , sous le nom de racines de chiendent; dans
l'art du vergetier, pour faire les brosses , les vergettes , les
balais, etc. , dont on fait une si grande consommation à Paris.
Quinze espèces nouvelles, ou mal connues , de ce e^nre, se
trouvent décrites dans le bel ouvrage de MM. de Humboldt,
Bonpland et Kunlh , sur les plantes de l'Amérique méri-
dionale.
Les genres Anthitirie, Chlore, Gymnopogon, Diec-
ÏOMis et Hétérofogon, ont été établis aux dépens de celui-
ci. Les CiNNA de Walter lui ont été réunis, quoiqu'ils'n' aient
que deux étamines. (b.)
BARBONI. Nom du Mullet rouge en Italie, (b.)
BARBOT (petit). C'est la Cobite loche, (b.)
BARBOTEUR, BARBOTEUX. Noms vulgaires appli-
qués aux canards domestiques. Le premier a été imposé parti-
culièrement au Canard chipeau. (v.)
BARBOTINE. On donne ce nom , dans le commerce y
au semen contra , c'est-à-dire , aux sommités des absinthes de
Judée et Contra , qu'on emploie comme vermifuges. (b.)«
BARBOTTÉ. Poisson du genre Cobite, Cobilis barha-
tula., Linn.
On appelle aussi quelquefois de ce nom , un poisson du
genre Cvprin , cyprinus jeses , Linn. (b.)
BARBOÏTE. Un des noms de la Vesce. (b.)
BARBOTTEAU. V. Cyprin jese. (b.)
BARBOUQUET. Maladie des brebis (s.)
BARBOUTOUBA. C'est I'Épidendre bifide, aux An-
tilles, (b.)
BARBU Bucco. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains ,
de la tribu des Zygodactyles et de la famille des Barbus.
V. ces mots. Caractères ; bec lisse , garni à la base de soies
dirigées en avant, comprimé latéralement, médiocre, épais,
convexe en dessus ; mandibule supérieure dentée vers le mi-
lieu et fléchie à la pointe, ou édentée, crochue et crénelée
sur le bout ; l'inférieure retroussée à l'extrémité ; narines
orbiculaires couvertes par les soies ; bouche fendue jus-'
qu'au-dessous de l'œil; ailes à penne bâtarde très-courte;
les troisième , quatrième et cinquième rémiges les plus
longues : dix rcctrices ; deux doigts devant , deux der-
rière. Ce genre est divisé en deux sections : la première est
composée des espèces qui ont la mandibule supérieure munie
d'une ou de deux dents sur chaque bord ; la deuxième , de
celles qui l'ont crénelée sur le bout. Buffon a divisé ces oiseaux
nominativement en appelant barbus ceux de l'ancien conti-
nent, et tamaiia cea\ de l'Amérique.
Levaillant a aussi employé les mêmes dénominations;
BAR ^59
hiais ses iamatias ne sont pas uniquement ceux de Buffon ;
îl a imposé ce nom aux seuls barbus dont le demi-bec supé-
rieur est fendu sur le bout. Enfin j'ai extrait des barbus ie»
espèces qui ont le bec entier , c'est-à-dire , sans échancrure
et sans dents , et je les ai classées dans un nouveau genre
nommé Cabézon. ( V. ce mot.) Les barbus de la premicra
section appartiennent tous à la partie méridionale de i'Amé*
rique , et ceux de la deuxième à l'Afrique.
Tous ont les mêmes habitudes , les mêmes mœurs, la con-
tenance triste , sombre et sérieuse , la figure massive , un
ensemble assez mal fait; le naturel stupide , silencieux, so-
litaire et paresseux. Us se tiennent dans les endroits couverts,
jamais dans les plaines ; ne vont ni par troupes , ni par paires.
Leur vol est pesant et court; ils ne se posent que sur le»
branches basses, et ont beaucoup de peine à se mettre e»
mouvement ; une fois posés , c'est pour long-temps : aussi le«
approche-t-on facilement. Ces oiseaux se nourrissent d»
fruits , de scarabés et d'autres gros insectes. Us font leur nid
dans un arbre creux , et leur ponte est de deux à quatre œufs.
A. Mandibule supérieure fendue sur la pointe. — Le Barbu
ÊRUN, Bucco fusais, Lath. Sa taille est celle de V alouette^ et
sa longueur de six pouces et demi. Tout son plumage est brun,
mais chaque plume a la tige jaunâtre ; une grande tache trian-
gulaire blanchâtre se fait remarquer sur la poitrine ; le bec
est d'un noir brunâtre, et jaunâtre à la base ; les pieds sont
Lruns. Latham, qui a fait connoître cet oiseau, soupçonne
qu'il habite la Guyane. Levaillant le rapporte au barbu à collier.
Le Barbu bussen-buddoo. V. Cabézon bussen-buddoo.
Le Barbu à ceinture rouge. V. Cabézon a cei^^ture
fiOUGE.
Le Barbu chacuru , Bucco chacuru , Vieill, , se trouve au
Paraguay, Il a la gorge , le devant du cou , le dessous du
corps et les couvertures inférieures des ailes blanchâtres ,
avec des lignes noirâtres et transversales sur les côtés du
corps; une sorte de cravate blanche sur la nuque, et une
bandelette de la même couleur, qui part des narines , en-
toure l'œil et presque toute l'oreille ; les côtés de la tête d'un
noir profond, et le dessus rayé transversalement de noirâtre
sur un fond roux , ainsi que la partie postérieure du cou , le
dos , le croupion et les couvertures supérieures des ailes ,
dont les plumes les plus extérieures sont noirâtres, de même
que les pennes et celles de la queue ; celles-ci sont en outre
rayées de roux; les pieds verdâtres ; le bec est noir à sa
pointe et de couleur de chair sur le reste : longueur totale, huit
pouces. Dans la Traduction de VHist. nat. des Oiseaux., de
d'Azzara, Sonninî rappQrle ce barbu au tamatia proprement
24o BAR
dit de Buffon; mais je pense que c'est une espèce particulière
et nouvelle.
Le Barbu a collier, Bilcco col'aris, Lath., pi. enl. SgS,
se trouve à la Guyane , où il est rare. Il a le dessus de la tête
et du corps rayé transversalement de noir sur un fond roux;
les couvertures supérieures des ailes et de la queue colorées
comme le dessus du corps ; une bande transversale fauve sur
le haut du dos , laquelle descend sur les côtés de la poitrine ;
une autre bande noire et beaucoup plus étroite sur le dessus
du cou; les joues rousses; la gorge et le devant du cou d'un
blanc sale ; les parties postérieures d'un roussâtre qui devient
plus foncé vers la queue ; un collier noir assez large sur la
poitrine; les pennes primaires des ailes brunes, les secon-
daires bordées de roux à l'extérieur; les plus proches du corps
variées comme le dos ; la queue rousse et rayée transversa-
lement; noir; la mandibule supérieure noirâtre et l'inférieure
couleur de corne ; les pieds et les ongles cendrés ; grosseur de
la pie-grièche rousse : c'est le tamatia à collier de Buffon,
Barbu à cou.'ît^nne rouge. V. Cabézon à collier rouge.
Le Barbu élf.'xAIst. V. Cabézon élégant.
Le BARîil*CÉRiNi, Bitcco Geriiiî, Lath. Cet oiseau, figuré
dans l'Ornitnologic de Gérini, tab. i8i, sous le nom de Pic
des Indes ^ Ficus indiens^ a été donné par Latham pour un
barbu, d'après la forme de son bec , qui est, dit-il , un peu
plus épais que ne l'ont ordinairement les pics. Comme cet
auteur n'a eu pour guide qu'une figure très-incorrecte , ainsi
que le sont toutes celles publiées par Gérini , j'ai cru devoir
exclure cet oiseau de la nomenclature des barbus^ et le placer
parmi les pics^ cependant comme une espèce douteuse. Voyez.
Pic des Indes.
Le Barbu à gorge bleue. V. Cabézon à gorge bleue.
Le Barbu à gorge jaune. V. Cabézon à gorge jaune
ET À POITRINE rouge.
Le GRAND Barbu. V. Grand Cabézon.
Le Barbu à gros bec, Bucco macrorhymhos , Lath., pi. enl.
n." 69, a sept pouces environ de longueur, et est remarquable
par la grosseur de son bec ; une calotte noire couvre le sommet
de la tête; le front,les côtés, Tocciput, la gorge et le devant du cou
sont blancs ; cette couleur remonte derrière le cou et y forme
un demi-collier; une bande noire traverse la poitrine; le reste
du dessous du corps est pareil à la gorge , et les plumes des
flancs sont terminées de noir; cette teinte domine sur tout le
dessus du corps , les couvertures supérieures , les pennes des
ailes et de la queue; l'on aperçoit un filet blanc qui termine
les secondaires les plus proches du dos et les pennes caudales ;
le bec est noir, et les pieds noirâtres. On rencontre ce barbu
BAR 24i
à la Guyane. C'est le tamatia noir et blanc du texte de Buffon,
et le tanialia à plastron de Levaillant,
Le Barûu de la Guyane. V. CabÉZON A FRO^^T ET A GORGE
ROUGES.
Le Barbu kottorea. V. Cabézots kottorea.
Le Barbu a masque roux. V. Cabézon kottorea.
Le Barbu de Moynos. V. Cabezon élégant.
Le Barbu orange. V. Cabezon orangé.
Le PETIT Barbu noir et blanc, Bucco melanoleucos^ Latli.,
pi. enl. n." 68. Le front de cet oiseau est noir et piqueté de
blanc; le reste du plumage despartiessupérieures est de la pre-
mière teinte ; les pennes de la queue ont une tache bl;»nche
à leur extrémité ; une. ligne de la même couleur va de Tœil à
l'occiput ; une tache noire plus large est en dessus de cette
ligne et s'étend de même ; elle part du bec et passe sous Tooil ;
la gorge , le haut du cou en devant, le ventre et le bas-ventre
sont blancs ; le devant du cou , dans sa partie inférieure , la
poitrine et les flancs sont noirs; mais cette couleur est , sur
ces derniers , coupée de lignes blanrfies et transversales ; bec
noirâtre ainsi que les pieds; longueur cinq pouces ; grosseur,
à peu près, celle du moineau. On le trouve à la Guyane.
C'est le petit tamatia de Buffon.
Le Barbu des Philippines deBrisson. V. Cabézon a plas-
tron rouge.
Le Barbu a plastron noir de Buffon, est un individu de
Tespèce de sonT^ARBU A gorge noire. V. ce mot.
Le Barbu a plastron noir de Levaillant. V. Cabézon;
A plastron noir.
Le Barbu a plastron rouge. V. Cabézon a plastron
rouge.
Le Barbu de Saint-Domingue. V. Cabézon a front et
A GORGE rouges.
Le Barbu tamatia, Bucco tamatia^ Lalh. , pi. enl. de
Buff. n.° 746, f • I , se trouve à Cayenne. Il a «ix pouces et
demi de longueur; le dessus de la tête et le front roussâ-
tres ; un demi-collier, varié de noir et de roux, sur le bas du
cou ; un brun nuancé de cette dernière couleur couvre e»
dessus le reste de son plumage ; on remarque derrière l'œil une
assez grande tache noire ; la gorge est orangée et le dessous
du corps tacheté de noir sur un fond blanc-roussâtre ; le bec
et les pieds sont noirs.
Le Barbu at;rt. V. Les Cabézons kottorea et vert.
B. Mandibule supérieure avec une ou deux dents sur chaque bord.
Le Barbu brunâtre, Bucco fucescens^WitWÏ. Cet oiseau,
qu'on trouve en Afrique, est figuré dans les Miscel. de l^each,
pi. 97 , tab. 2 j sous le nom de Pogonia Vieillotii II a la mandlbul^
111. 16
a42., BAR
supérieure Lîdentée sur chaque bord; le corps brunâtre en
dessus, blanchâtre en dessous; la gorge et des taches sur la
poitrine d'un rouge orangé; la tête, le cou, les pennes in-
termédiaires de la queue bordées d'une teinte pâle à l'extérieur.
Le Barbu à dos blanc, Burco leuconotus, Vieill. ; Bucco du-
lius ^ var. , Lath. Cet oiseau est plus petit que le barbican ;
il a toutes les parties supérieures d'un noir bleuâtre , mé-
langé de rouge sur le sommet de la tcte , avec une tache
blanche sur le milieu du dos , au-dessous de laquelle on re-
marque une petite touffe de plumes soyeuses , argentées , et
dont le bout est coupé carrément. Le menton est noir ; un
trait rouge forme r,ne espèce de croissant derrière l'œil; tout
le dessous du corps est de cette mêmf couleur , ainsi que
l'extrémité des grandes couvertures alaires ; les pennes sont
brunes ; le bec est d'un jaune pâle et muni de deux dents sur
chaque bord de sa partie supérieure : il est figuré dans les
Miscel. de Leach. , t. a , p. 47 ? pl- 77 ? sous le nom de Fogo-
nius lœiHrostris ; on trouve cette espèce en Afrique.
Le Barbu à gorge ts'<»ire , Burro niger , Lath. , pi. 29 des
barbus de Levaillant. Cet oiseau est un peu plus gros que le
gros-bec d'Europe, et d'une taille plus allongée. Il a le front
rouge ; le dessus de la têle , l'occiput , la gorge , le cou et le
milieu du dos noirs ; une raie jaune en dessus de l'œil , d'a-
bord demi-circulaire , ensuite droite et blanche , laquelle
descend sur les côtés du cou ; une seconde, verticale, noire,
entre celle-ci et la gorge ; une troisième, longitudinale, blan-
che, lui succède et se termine sur la poitrine, qui est aussi de
cette couleur , ainsi que les parties postérieures. On remar-
que une tache javme sur les côtés entre le cou et le dos ; les
couverturessupérieures et les pennes des ailes, ainsi que celles
de la queue sont noires ; quelques-unes des plumes des petites
couverluresalaires sont frangées deblanc , les autresde jaune ,
ce qui forme une bande transversale sur le haut de l'aile ; la
même couleuf borde les rémiges et les rectrices à l'extérieur;^
les pieds sont noirs , le bec est de la même teinte et muni
d'une seule dent sur chaque bord de sa partie supérieure.
Lalham fait mention d'une variété qu'on trouve au Cap de
Bonne-Espérance ; la seule différence consiste en ce qu'elle
a le croupion jaune. Levaillant rapproche de cette espèce , et
Latham regarde comme un jeune ou une femelle le Barbu À
PLASTRON 'NOIR de Buff. , pi. enl. , n." 688. H diffère en ce
que les couleurs sont plus variées sur le corps , et que les
taches ne sont pas aussi distinctes. INI. Leach , dans ses Mé-
langes d'histoire naturelle , en fait une espèce distincte , la
place dans son genre Pogonia , t. 2 , p. i45, pi. 116. Il lui
donne le nom de pogonia stephensis.
B A 11 .43
Le Barbu Levaîllânt , Bmco Lemillanih , pi. A. , des bar-
bus de Levaillant , sous le nom de Petit barbican , est beau-
coup plus pelit que le harhican. II a deux dents sur chaque
bord de sa mandibule supérieure ; le front depuis les narines
jusqu'aux yeux est d'un rouge vif; le reste de la tête , le dessus
et les côtés du cou d'un brun roussâtre,plus foncé sur le man-
teau et sur les scapulaires ; le bas du dos , les couvertures su-
périeures et les pennes des ailes bruns ; le croupion , les
couvertures supérieures et les pennes de la queue noirs ; le
dessous du corps d'un blanc sale ; le milieu du sternum et le
bas-ventre d'un rouge rosacé terne ; les jambes noires , les
pieds rougeâtres et le bec blafard. 11 se trouve en Afrique.
BARBU. Nom spécifique de poissons des genres Squale,
AcHiRE, Ophidie, Cyclôptère et Urosperme. (b.)
BARBUE. Nom qu'on donne à la Mésange moustache.
V. ce mot. (v.)
BARBUE. C'est le Pleuronecte carrelet , Pleuronectes
rhomhus ^ Linn. , et la Donzelle , Ophidium harbatum ; un
SCORPÈNE et un PlMÉLODE. (b.)
B ARBULE Barbula. Arbrisseau à feuilles opposées , ova-
les , oblongues , obtuses , dentées , velues , à (leurs blanches ,
axillaires , disposées en verlicilles, qui forme un genre dans
la didynamie gynmospermie , et dans la famille des labiées.
Ce genre offre pour caractères : un calice à cinq divisions
aiguës ; une corolle bilabiée , à lèvre supérieure quadrifide , à
lèvre inférieure grande , recourbée , terminée par une longue
frange capillaire ; quatre étamines , dont deux plus longues ;
un ovaire supérieur à quatre sillons , surmonté d'un style bi-
fide , à stigmate simple ; quatre semences placées au fond du
calice.
La harhule se trouve à la Chine ; toutes ses parties , lors-
qu'on les froisse , répandent une odeur agréable.
Bridel , dans son ouvrage sur les mousses , a donné le même
nom à un genre qu'il a établi aux dépens des Bryes de
Linnceus. Il a pour caractères ; point de péristome ; coiffe
cuculiforme ; opercule subulé ; cils tordus et rapprochés à
leur base ; des fleurs dioïques, dont les mâles sont en tête. Il
a pour type le biyum rurale. Le genre Tortule en diffère à
peine. On le divise en Barbules À TIGES simples et en
BaRBULES a TIGES RUMEUSES. (B.)
BARBUS , Barbati. Nom que j'ai donné à une division de
la famille descarabiques, insectes de l'ordre des coléoptères,
et composée des genres : Nébrie , Pogonophore, Loricère
et Omopuron. Le côté extérieur de leurs mâchoires est dilaté
244 BAR
et cUié h sa base ; telle est l'origine du nom de cette division.
y. Carnassiers, famille dinsecles. (l.)
BARBUS. Synonyme de Barreau. (b.)
BARBYLE, Barbylus. Arbre de la Jamaïque , que Bro\yn
regardoit comme devant former un genre particulier , mais
qui depuis a été réuni aux Trichilies. (b.)
BARCA. C'est le Jacquier, (b.)
BARCAMAN. C'est le Turbith des Arabes, (b.)
BARCKAUSIE , Barckmisia. Genre de plantes établi par
Moencbe, aux dépens des CréPIDES de Linnaus. Ses carac-
tères consistent en un calice canaliculé , oblong , à côtes
et sillonné à sa base à l'époque de la maturité ; les folioles in-
térieures allongées ; celles extérieures courtes et lâches ; le
réceptacle alvéolaire et nu; les aigrettes simples, pédicellées
par le prolongement filiforme des semences.
Les Crépides des Alpes , rouge et fétide , entrent dans
ce genre, (b.)
BARDANE,y^/r//wm,L. Zo/)pfl, Juss. Genre de plantes de
la syngénésie polygamie égale , el de la famille des cynarocé-
pliales,dontlescaractèressonl:calicecommun, globuleux, im-
briqué d'écaillés nombreuses , étroites, lancéolées, terminées
chacune par unpetitcrochet; tleuronsnombreux, tousherma—
phrodites, tubulés , quinquéfides , réguliers , posés sur un ré-
ceptacle chargé de paillettes sétacées ; plusieurs >}emences
ovales, anguleuses, couronnées d'une aigrette courte et sessile.
Les hardanes sont des plantes bisannuelles, propres à l'Eu-
rope , dont la plus commune , la Bardane a tètes glabres,
ylrciiiim lappa ^ plus connue sous le nom de gloutewn, a leS
feuilles pétiolées , en cœur , les écailles du calice peu velues.
Sa racine passe pour sudorifique , diurétique et fébrifuge ; ses
feuilles , pour vulnéraires et résolutives ; ses semence^s sont
diurétiques. Cette plante croît dans tous les bons ter-,
rains, autour deS villages. Elle s'empare aisément de ceux qui
lui conviennent, et il est quelquefois difficile de l'extii-per. Ses
têtes s'attachent aux habits des passans. (b.)
BARDANE PETITE. C'est la Lampourde. (b.)
BARDEAU. Mulet produit par le cheval et l'ânesse. (s.)
BARDEAULT. C'est, en Guienne , le Bruant, (s.)
BARDHVALIR. En îNorwége , c'est le nom du Cacha-
lot MACROCÉPHALE. (DESM.)
BARDIGLIONE de Bournon. V. Chaux sulfatée en
HYDRE. (LUC.)
BARDOT. V. Bardeau, (desm.)
BARDOI'TIER, Imhruana. (ienre de plantes de l'oc-
taiidriemonogynie,etde la famille d€shilospermes,doutlesca-
BAR 2.;5
ractères consistent en un calice à huit divisions coriaces, dis-
posées sur deux rangs; une corolle en roue à huit divisions
mullifides, avec huit appendices filiformes courbés ; huit éla-
mines ; un seul pistil ; une pomme à huit loges et à huit germes,
dont plusieurs avortent; des semences irrégulières.
Ce genre renferme deux arbres dont les feuilles sont ovales,
pétlolées, et placées à l'extrémité des rameaux, ainsi que les
fleurs qui sont solitaires et longuement pétlolées.
L'un, le Bardottier a gros fruits, croît naturellement
à l'île Bourbon , où il sert à faire des lattes ou bardeaux pour
couvrir les malsons ; ce à quoi la nature de son bols le rend
très-propre.
L'autre, le Bardottier du Malabar, ou à fruits ovales et
croît dans l'içde; sa racine est acre et jaunâtre ; son écorce
rend , par Incision , une liqueur onctueuse , Insipide ; ses (leurs
répandent une odeur agréable ; ses fruits sont d'une saveur
acide , et douce lorsqu'ils sont mûrs. Ces derniers sq mangent
pour exciter l'appétit et faciliter la digestion.
Ces arbres s'appellent encore nattier on bois à natte. Quel-
ques botanistes les réunissent aux Mimusopes. (b.)
BARETIE. Genre de Commerçon appelé Quivi par
Gavanllles. (b.)
BARETINO. C'est ïe Geai en italien, (s.)
BARGE, Limicula, Vlelll. ; scolopajc , Latham. Genre d«;
Tordre des Echassiers et de la famille des Hél6nomes. F.
ces mots. Caractères : bec épais à la base, très-long, flexible,
presque rond, un peu retroussé , un peu grêle , obtus et lisse
à la pointe; mandibule supérieure sillonnée latéralement,
terminée par un bourrelet interne , et plus longue que l'infé-
rleure; narines linéaires, couvertes d'une membrane, situées
dans une rainure; langue médiocre, filiforme, pointue; quatre
doigts, trois devant, un derrière; les antérieurs un peu ra-
boteux en dessous ; les extérieurs unis à la base par une mem-
brane , l'Interne libre ; le postérieur mince , portant à terre
surle bout. Ongles falculaires, l'intermédiaire avecune tranche
saillante, creusée en dessous sur le bord Interne. La première
rémige la plus longue de toutes. Llnnaeuset Lathairi ont classé
les barges avec les bécasses; mais , leur ayant trouvé des ca-
ractères très-dlstlncts , j'ai cru devoir les Isoler générlque-
ment , ainsi que l'ont fait Brlsson et des auteurs allemands.
Il n'existe en Europe que trois espèces de barges, encore
l'une d'elles n'a été découverte que depuis peu de temps. Les
ornithologistes en comptent un plus grand nombre , parce
qu'ils ont pris des variétés de saison pour des espèces, ces
ois.eauj^ portant en été un plumage très-différent de celui qui
246 B A R
les revêt en hiver; de plus ils ont donné des Chevaliers
pour des hars;es : ce que je prouverai par la suite.
Une observation qu'on n'a pas encore faite , et que je dois
à M. Bâillon , consiste en ce que le mâle est constamment
plus petit que la femelle ; ce qui n'a pas lieu chez les cheva-
liers: c'est la seule différence qui distingue les sexes ; mais les
femelles prennent plus tard leur livrée d'été ; en effet, celles
qu'on prend en France, au passage du printemps, sont tou-
jours moins rousses que les mâles.
Les barges se plaisent à l'entour des marécages , des terres
fangeuses, sur les grèves limoneuses de la mer; elles aiment
la boue, y plongent continuellerhent leur long bec pour y
chercher des vermisseaux et les petites plantes qu'elle con-
tient ; et comme elles ne pourroient pas apercevoir leur proie
dans la fange épaisse , la natm-e a donné à leur bec une sen-
sibilité particulière , une faculté de goûter tout ce qu'il sa^isit.
Les barges ont , pour ainsi dire , la langue au bout de leur
bec ; des rameaux nerveux viennent s'y distribuer et y ap-
porter le sentiment. On trouve dans leur gésier, du gravier et
de petites pierres qui servent, comme dans les oiseaux galli-
nacés, à la trituration de leurs alimens. Leur voix est remar-
quable; elle est grélc et chevrotante comme le bêlement
étouffé d'une chèvre, suivant Belon. Ce sont , au reste, des
oiseaux timides et soupçonneux , qui ne se laissent point ap-
procher, gui prennent rapidement la fuite au travers des ro-
seaux dans les clarières des bois marécageux. Pendant le jour,
les barges se tiennent tranquilles et cachées dans les herbes
humides; elles ne peuvent pas supporter le grand jour, et ne
sortent que dans le crépuscule du soir, ou vers l'aube mati-
nale. On ne les rencontre qu'en bande , et seulement dans
nos pays , en automne et au printemps ; car ce sont des oi-
seaux (ic passage que les chaleurs de l'été chassent dans des
contrées froides et humides, et que les rigueurs de l'hiver ra-
mènent dans les régions tempérées. Tristes et mélan.^oliques,
on ne voit jamais les barges se percher sur les arbres, se jouer
dans la feuillée avec grâce comme les gais habitans des bo-
cages ; leur vue est foible et basse ; elles patrouillent dans la
fange avec leurs pattes longues comme des cchasses ; le
moindre bruit les déconcerte , elles parlent avec des cris de
frayeur , elles s'élèvent dans les airs , surtout pendant les nuits
d'automne ; on les entend , au clair de la lune, s'abattre en
troupes autour des froids marécages. Lorsqu'elles sont fati-
guées, leur vol est plus lourd; mais elles courent avec vitesse
comme des perdrix. Rarement elles séjournent long-temps
dans le même lieu ; elles ne quittent pas le bord de la mer
pour s'avancer dans l'intérieur des terres. Les barges sont des
BAR 2^7
oiseaux de passage , en France, dans les mois de septembre
et d'octobre; elles ne nichent pas chez nous. On en connoît
trois espèces en Europe. Toutes ont une queue courte ; mais
elles ne pourroient pas diriger leur vol, si leurs longues pattes,
qu'elles étendent en arrière , ne leur en tenoient lieu. Tous ces
oiseaux ont unplumagegrivelé et tacheté ;enhivervoientmieux
pendantle crépuscule que dans le grand jour, et fuient la grande
chaleur comme l'extrême froidure ; ils vivent sur les confins
de la terre et de l'eau , sans appartenir en propre à Tune ou
à l'autre; ils cherchent perpétuellement l'automne humide,
le brouillard et les premiers froids ; les brumes les engraissent
très-promptement.
La Barge aboyeuse de Buffon, Scolopax ioiamis ^ Lath.,
est la Barge rousse À queue rayée, sous son plumage
«Vhiver ou du jeune âge; et la barge aboyeuse de M. Cuvier
(^Reg. anim.) est le même oiseau sous son habit d'été.
La Barge blanchâtre, Scolopax canesceiis, Lath. , est
une de ces larges qu'il faut voir en nature pour cer-
tifier qu'elle fait partie de ce genre, et que .c'est une espèce
particulière. Elle a, suivant Latham , la taille de la barge
grise , mais le bec plus épais que celle-ci ; la tête , le cou et
le dos variés de cendré et de blanc : la queue avec des lignes
transversales couleur de cendre ; la gorge et la poitrine
blanches , cette dernière avec quelques taches cendrées ; les
pieds longs , grêles et gris.
La B ARGE blanche. Les ornithologistes , ayant remarqué que
le bec de cette barge est fléchi en haut comme celui de l'acoceZ/e,
l'ont rangée dans ce dernier genre, et l'ont appelée /-^cMmrosùa
alba (Linn. et Latham , gen. 72 , sp, 3.) ; mais elle n'a pas les
pieds palmés comme Yaoorette , et Buffon l'a placée, avec rai-
son, parmi les barges. Elle a la taille d'une barge rousse; son
bec orangé est noir à l'extrémité; son pennage blanc est
teint légèrement de jaune sur les ailes et la queue. Edwards
pense que cet oiseau prend une livrée brune en été. Elle ha-
bite la baie d'IIudson. •
La Barge brune n'est point une véritable barge , mais
c'est le Chevalier aux pieds verts sous son habit d'été.
V. ce mot,
La Barge de Cambridge, Scolopax Cantabrigiensis ^ Lath.
M. Themminck rapporte cet oiseau à son chei>alier arlequin ,
la barge brune de Buff. Cependant il est beaucoup plus grand,^
puisque Latham lui donne une taille supérieure à celle de la
grande barge rousse. Au reste , c'est tncore une de ces barges
dont l'espèce ne me semble pas déterminée ; elle a la tête ,
le dessus du cou et le dos d'un brun cendré ; les petites cou-
3^8 BAR
vcrtures des ailes brunes , bordées d\in blanc sale, et rayées
àc noir erilravers; les pennes primaires noirâtres et blan-
chàires à Tinlérieur; les secondaires barrées de brun sombre
et de blanc ; celle dernière couleur prend une nuance s ;Ie
sur le devant du cou et sur la poitrine , et est pure sur les
parties postérieures ; la queue est rayée en travers de cendré
et de njir; les pieds sont orangés.
La Barge communk, Sœ/opav totanus, Lath. , qu'on a
donnée jnsqî à p.esent pour une espèce distincte, est la
GRANDE Barge rousse ou la Barge rousse à queue noire
sous son babit d hiver.
Il règne une telle confusion dans les synonymies et les des-
criptions de L'ttham et de Gmclin, qu on éprouve beaucoup
de difficulté pour reconnoitre les espèces; en effet, des va-
riétés d'âge ou de s ùson sont données comme le type dugenre,
et 1 oiseau, sous son piuinage d'été, est indiqué comme une
vaneté; et il en est d'autres qui sont isolées spécifiquement y
etfjui appTriiennent à des espèces déjà décrites.
La oaRGE fkdo\ , Llmicnla /i'rioa , Vie ill. Srolopax fedoa^
L'^th pi. 1^7, des oiseux d Edwards, a plus de i6 pouces
de longueur totale ; le bec long <le six, jaune et noir vers le
bout ; les sourcils l-.l:»ncs ; une ligne d'une teinte sombre
entre le bec et 1 œil ; le dessus de la tête et du cou , le dos ,
les sc,*»pul:.ires d'un brun roussâtre , rayé transversalement
de noir; le croupion et les couvertures supérieures de la queue
rayés de même sur un fond roux; la gorge blancbe ; le de-
vant du cou et la poitrine roussâtres avec des raies trans-
versales noires et brunes ; le ventre et les plumes des jambes
du même roux , mais sans raies ; les couvertures des ailes
variées dt? brun roussâtre et de noir ; les grandes pennes
noirâtres , les secondaires d'un roux bai et d'un brun rous-
sâtre avec des petits points noirs , la queue rousse et traver-
sée de noir; enfin les pieds noirs. La femelle ou le mâle, en
babitd'hiver, est décrit ci -après, sous le nom de barge marbrée.
La Barge griène. V. Chevalier brun.
^La Barge grise , Sco/opav g/ofli's, Lath. , est le Che-
valieiv aux pieds verts, sous son plumage d'hiver. T. ce
mot.
La Grande Barge grise de Brisson, à laquelle Buffon
a imposé le nom (V aboyeiise , n'est point l'individu figuré
sur la pi. enl. 876 , sous la dénomination de barge grise :
celle-ci n'est point une barge , mais le Chevalier aux pieds
VERTS dans son jeime âge ou d'hiver. V. l'article Chevalier.
La grat:de barge giise {Scolgpax leurophœa^ Lath.), est la Barge
rousse \ QUEUE RAYÉEsous son habit d'hiver ou de jeune âge.
La Barge marrréE , Limicula marmorata , Yieill. ; Sco-
BAR 2^'g
lopaxmarm. Lalli, a dix-sept pouces et demi de longueur totale;
le bec long d'environ quatre pouces ; toutes les parties supé-
rieures brunes, plus ou moins striées et tachetées de roussâ-
tre ; le lorum et le menton blancs ; le dos tacheté de roux
pâle ; chaque plume a cinq ou six bandes transversales de
«ette teinte sur les bords ; les couvertures supérieures des
ailes brunes ; les pennes de couleur de crème avec de petites
taches brunes ; les quatre premières d'un noir sombre à l'ex-
térieur-, les couvertures inférieures d'un roux clair; la poi-
trine et les côtés d'une nuance plus pâle et rayés transversa*-
lemenl de noirâtre ; le milieu du ventre cl les plumes des
jambes d'un roux uniforme ; le bas-ventre presque blanc ; la
queue rousse avec six ou sept barres brunes sur chaque
plume , et irrégulières sur les trois les plus extérieures ; les
pieds noirs. Cette barge se trouve dans la partie boréale de
l'Amérique, et n'est autre que la femelle ou le mâle en ha-
bit d'hiver de la harge fedoa.
LaB ARGE deMeyer , LimiculaMeyerif Vîeill. La description
de cette espèce est extraite du Manuel d'ornithologie de
M. Themminck , et le nom qu'elle porte lui a été imposé
par M. Leisler , un des meilleurs ornithologistes allemands.
Cette barge a, pendant l'été , le haut de la tête , le dos et les
gcapulaires d'un brun noirâtre , avec des taches jaunâtres ;
les parties inférieures d'un jaune roussâtre, varié de traits noirs
sur les côtés de la poitrine , sur les flancs et sur les couvertures
inférieures de la queue ; le milieu du ventre blanc ; les
rémiges noires et marbrées, à l'extérieur , de blanc ; les deux
pennes intermédiaires de la queue et la première de chaque
côté avec des raies longitudinales blanches et noirâtres , les
autres avec des bandes transversales présentant les mêmes
couleurs ; le bec long de quatre pouces , d'un brun-jaunâtre
à la base , noir vers le bout ; les pieds de cette dernière
couleur : longueur , quinze pouces six à huit lignes.
Son plumage d'hiver a toutes les parties supérieures d'un
gris brun, tirant au cendré sur la tête et sur le cou, dont le
devant est, ainsi que la poitrine, cendré, avec des raies tranS"
versalesnoirâtres ; les flancs rayés en travers de brun sur un fond
blanc; les autres parties inférieures, de cette dernière couleur;
les rémiges noires , et les rectrices rayées de blanc et de noi-
râtre. Cette barg#se trouve dans le nord de l'Europe , et est
quelquefois de passage en Allemagne. Les auteurs allemands
donnent cet oiseau pour une espèce distincte.
La Barge aux pieds rouges. Sonninl, édition de Bufibn ,
a, d'après Picot de la Peyrouse, donné cet oiseau pour une
espèce particulière de harge\ mais c'est un CHEVALIER, sous
son plumage d'hiver.
25o BAR
La Barge a queue noire et bl kmuE , Limicula Hudso^
mca, Vieil.; scuîoponica Huds, Lath., a i6 pouces de longueur;
le bec long de 3 pouces au plus , pâle à la base , et noir dans le
reste; le sommet de la tête noirâtre, tacbeté et strié de blanc
sombre ; les cotés et le dessus du cou pareils ; le lotiim brun ;
les sourcils blancs ; le menton presque de cette couleur ,
le dos et les scapulaircs d'un brun sombre , tacheté de rous-
satre ; les couvertures des ailes brunes, avec quelques taches
blanches; les grandes d'un cendré uniforme; les pennes
noires , à tige blanche et de cette couleur à la base dans
un tiers de leur longueur; le croupion et les couvertures
supérieures de la queue blancs; toutes les parties inférieures
d'un roux marron , avec des lignes noirâtres ; la queue
blanche à la base, noire dans le reste ; les pieds de cette même
teinte. On trouve cette barge à la baie d'Hudson et dans
les Etals-Unis. Je soupçonne que c'est la Barge fédoa ,
sous son plumage d'hiver.
La Barge rousse à queue noire , Limicula melanura^
\ieill.; Scolopax œgocephala, Lath., pi. cnl. de B«ff. n.« giG,
a, pendant Télé, une bande d'un roux blanchâtre , depuis
le bec supérieur jusqu'à l'œil ; le lonim brun ; les plumes An
sommet de la têle noires et bordées de roux ; la gorge , le
cou, la poitrine et les flancs de cette dernière couleur avec
des petits poinls bruns sur les deux dernières parties , et des
raies transversales noires et ert zigzags, sur les deux autres ;
le haut du dos et les scapulaires noirs , avec du roux sur le
bord des plumes; les couvertures des ailes cendrées ; le
reste du dos , le croupion et la queue noirs ; le milieu du
ventre , les parties postérieures, les bases des pennes cau-
dales et des rémiges, blanches; le bec d'un orangé vif à l'o-
rigine , ensuite noir ; les pieds d'un brun noirâtre. Longueur
totale, i5 pouces 6 lignes; son plumage étant différent pen-
dant l'hiver , a donné lieu d'en faire une espèce particu-
lière sous le nom de barge commune ( Scolopax limosa , Lath.
pi. enl. de Jîuffon, n.°874). Elle est alors d'un brun cendré en
dessus, avec une teinte plus foncée le long de la tige des plumes;
d'un gris clair sur la gorge , le devant du cou et la poitrine;
et d un blanc sale sur les parties postérieures ; noire sur
une grande partie de la queue ; blanche à l'extrémité des pen-
nes intermédiaires. Cette espèce ne s'avAce pas aussi loin
dans le ISord que la barge rousse; elle niche dans les prairies ;
sa ponte est de quatre œufs , d'un olivâtre foncé , varié de
grandes taches d'un brun clair. Cette barge se trouve dans
toutes les parties du monde.
La Barge rousse à queue rayée {^Limicula lapponka y
Vieill. Scolopax lapponica^ Lath. pi. enl. de Buff. n." 900) a^
13 A R 25
dans son plumage d'été , le haut de la tête et la nuque d'un
roux clair et rayés longitudinalement de brun ; les sourcils ,
la gorge elles parties inférieures, d'un roux ardent avec des
raies étroites et longitudinales sur les côtés de la poitrine ,
et sur les couvertures inférieures de la queue; le dos, les
scapulaires et les pennes secondaires des ailes, d'un noir pro-
fond avec des taches ovales d'un roux vif sur les bords ; les
couvertures alaires cendrées et bordées de blanc; les ré-
miges noires et marquées de blanc en dedans ; la queue
rayée de blanc et de brun. Cette Large porte dans son pre-
mier âge un plumage différent ; alors elle a la tête , la nuque,
le haut du dos et les scapulaires, d'un brun foncé et d'un blanc
jaunâtre ; les couvertures des ailes entourées de blanchâtre;
les sourcils, les parties inférieures et le croupion, blancs;
des taches brunes sur les couvertures de la queue ; du
roussàtre sur le devant du cou et sur les côtés de la poitrine,
avec des petits traits longitudinaux bruns ; le bec d'une cou-
leur noire rembrunie ; les pieds noirs et i3 pouces 3 ou 4
lignes de longueur. Cette barge n'est que de passage dans nos
contrées; elle niche dans le Nord. On la rencontre aussi
dans l'Amérique septentrionale , et même à la Nouvelle-Hol-
lande, d'où a été apporté un individu en halnt d'hiver, lequel
fait partie de la riche et belle collection de M. Dufresne.
La Barge rousse de la baie d'Hudsois. Voyez Barge
FEDOA.
La Grande barge rousse. V. Barge rousse 1 queue
KOIRE.
La Barge ^gocéphale. F. Barge rousse à queue noire.
La Barge variée n'est point une espèce particulière ,
ni même une harge ; c'est le Chevalier aux pieds verts ,
dans son plumage d'hiver ou de jeune âge ; d'où il résulte
que le scolopax glottis de Latham et de Gmelin doit être rayé
delà nomenclature. V. Chevalier aux pieds verts, (s. et v.)
BARGELACH. Oiseau de Tartarie , de la grosseur du
faucon , à pieds de perroquet , à queue àHiirondelle , et à vol
très-rapide. C'est, en substance, ce que Ramusio en rapporte
(^Syn.am. p. io5 ); à ces traits on seroit fort embarrassé de
déterminer l'ordre , le genre , et surtout l'espèce du Barge-
lach. (s. et DESM.)
BARHARHA. Arbre de Madagascar , qui paroît fort
voisin des Sialites. (b.)
BARILLE. C'est un des noms de la Soude, (b.)
BARILLET, GRAND et PETIT. Nom donné, par
Geoffroy , à deux coquilles univalves terrestres, liC Grand
est le bulimus dolium de Bruguières; le Petit, le bulimiismus-
252 BAR
conimAa même auteur. Ce sont des Hélix de Linnœns et des
Maillots de Lamarck. F. ce dernier mot. (b.)
BARIN. Espèce de Baquois. (b.)
BARIOSAIE, Bariosma. Genre de planies établi par
Gœrtner, dont le fruit situl est connu; c'est une drupe
supérieure , baccifornie , hispide, uniloculaire et mouosper-
me : il vient des Moluques. Il a été depuis reconnu qu'il
appartenoit au Coumarou. (b.)
BARITE. Nom queion a donné à un oiseau de T Amé-
rique septentrionale, et que Ton a mal à propos classé dans
le genre Mainate. V. Quisale barite. (v.)
BARJEL/VDE. Mélange de Froment, d' Avoine, de Fèves
de marais, de Pois gris, de Vesce , de Gesse , qui se
sème pour être coupé en août à l'effet d'en nourrir les bes-
tiaux, (b.)
BARKER. Nom que les Anglais donnent au Chevalier
A PIEDS verts. F. ce mot. ( v. )
BARME. Nom hollandais du Barbeau, (b.)
BARNACLE, BARNAQUE , BERNICLE. Noms
vulgaires de l'oie Bernache*. (s.)
BARNADÈSE , Barnadesia. Genre de plantes de la syn-
génésie polygamie égale, et de la famille deslabiatiflores, qui
présente pour caractères : des fleurs composées , dont le calice
est un peu ventru et imbriqué d'écaillés aiguës et piquantes ;
des fleurons au centre , hermaphrodites , peu nombreux ,
velus en leurs bords, bilabiés, à lèvre extérieure grande,
plane, à «fbalre dents; à lèvre intérieure filiforme-, des demi-
Ileurons en la circonférence, aussi hermaphrodites, très-
velus , et bifides ; un réceptacle velu; des semences ovales,
et couronnées d'une aigrette, qui, dans celles du centre,
est simple, et dans celles du bord , est plumeuse.
Ce genre ne contient qu'une espèce , qui vient de l'Amé-
rique méridionale. C'est un arbrisseau dont les feuilles sont
alternes , ovales , très -pointues , un peu velues , et les fleurs
disposées en panicules terminales, (b.)
BARNET. Nom donné, par Adanson, à une coquille uni-
valve du Sénégal, qu'il a figurée pi. lo. fig. i de son ouvrage sur
celle contrée, et surlaqueîleil a établi son genre BucciN; genre
qu'il ne faut pas confondre avec le «r<:m des autres auteurs, (b.)
BARNFIARD. Oiseau aquatique dont parle Oviédo ,
( Hist. des Indes ), et qu il n'est pas possible de reconnoître ,
au peu que cet auteur en dit. (s.)
BARNICLE. Les navigateurs hollandais ont donné ce
nom à la Bernache. (b.)
BARNUF. Nom arabe de la Conyse odorante, (b.)
BAROLE. Synonyme 4e Barbyle. (b.)
BAR 353
BAROLÏTHE. F. Baryte carbonatée. (luc )
BAIiOMETRE. Inslmment de physique qui sert parti-
culièrement à mesurer la pression exercée sur les corps par
la masse d'air qui compose Talmosphère terrestre. 11 indique
aussi avec assez de probabilité les changemens d'état du ciel,
c'est-à-dire, le passage du beau temps au mauvais. La cons-
truction et les usages du baromètre sont indiqués par l'his-
torique même de sa découverte , et je ne puis mieux faire
que de suivre cette marche pour les exposer ici.
Avant que la physique fût devenue une science d'expé-
rience , c'est-à-dire , jusqu'au temps de (ialilée , on s'ima-
ginoit qu'aucune partie de l'espace ne pouvoit être vide de
matière, et l'on exprimoit cette impossibilité, en disant que
la nature a horreur du vide. Ainsi , lorsqu'on Voyoit l'eaa
monter dans des pompes , à l'instant où l'on élevoit le pis-
ton, on disoit que le piston, en s'élevant, tendoit à faire un
vide dans les tuyaux de la pompe ; mais que la nature , qui
avolt horreur du vide , s'empressoit d'y faire monter l'eaij
pour le remplir. Personne ne s'avisoit de demander comment
la nature , qui n'est que l'ensemble des phénomènes, pou-
voit ainsi se personnifier et se transformer en un être suscep-
lible de passions. A cette époque le doute n'étoit pas inventé.
Un jour , des fontainiers de Florence , ayant construit une
pompe très-longue , dans le dessein d'élever l'eau à une hau-
teur plus grande qu'ils n'avoient coutume de le faire , trou-
vèrent qu'elle montoit dans le corps de pompe jusqu'à trente-
deux pieds environ , mais qu'elle ne vouhit pas absolument
monter plus haut, quoique l'on continuât de faire marcher
le piston. Fort étonnés de cet accident, ils allèrent consulter
Galilée, qui leur dit, en se moquant d'eux, qu'apparemment
ia nature n'avoit horreur du vide que jusqu'à la hauteur de
Irente-deux pieds. Déjà ce philosophe avoit entrevu que ce
phénomène, et d'autres semblables, étoient de simples ré-
sultats mécaniques produits par la pesanteur de l'air qui en-
vironne et presse tous les corps terrestres ; mais il n'avoit
probablement pas arrêté ses idées sur un sujet si nouveau ,
et il aima mieux donner aux fontainiers une défaite que de
hasarder son secret. 11 mourut sans l'avoir fait connoître ; et
ce fut Torricelli, son disciple, qui, par une expérience ex-
trêmement frappante et ingénieuse, mit cette découverte dans
tout son jour. Il remplit de mercure un tube de verre long de
trois pieds, et fermé par un de ses bouts; puis, bouchani:
l'autre bout avec le doigt, il renversa le tube, et le plongea ,
par cette extrémité , dans un vase ouvert où il y avoit aussi
du mercure ; alors , retirant le doigt , il cessa de soutenir la
colonne de mercure contenue dans le tube. Aussitôt on la vit
254: B A R
tomber, laissant le haut clu tube vide ; mais elle s'arrcta bien-
tôt, et, après plusieurs oscillations, elle resta suspendue en
équilibre , n'ayant plus qu'environ vingt-huit pouces de lon-
gueur ; ce qui , dans nos divisions métriques , répond à peu
près à G"" 76. D'après cela, il étoit évident que, si, dans les
pompes, la nature n'avoit horreur du vide que jusqu'à trente-
deux pieds , elle n'en avoit horreur, dans les tubes pleins de
mercure , que jusqu'à la hauteur de vingt-huit pouces. Cette
conclusion étoit si ridicule , qu'il fallut bien enfin douter du
principe, et renoncer à ce grand axiome : non dalur vacuum
in rerum naturâ.
La cause réelle de ces phénomènes est simple et facile à
découvrir ; mais 11 faut la déduire des propriétés mécaniques
de l'air, c'est-à-dire, qu'après avoir établi les propriétés de ce
fluide , telles que l'expérience nous les fait connoître , il faut
montrer que les phénomènes dont nous venons de parler en
sont des conséquences inévitables. \ oilà la marche de la
bonne physique.
Le fluide rare et transparent qui nous environne de toutes
parts, et que nous nommons l'air, est un corps qui jouit,
comme tous les autres , des propriétés générales de la ma-
tière : il est résistant , il est pesant : sa résistance se fait sentir
lorsque nous le pressons dans un espace fermé, dans une
vessie , par exemple. Il est si bien un corps , que son choc
mécanique met en mouvement une infinité de machines :
c'est lui qui pousse les ailes des moulins et qui gonfle les voiles
des vaisseaux. On peut même s'assurer de son poids en le
pesant à la balance ; car , si on l'extrait de l'intérieur d'un
ballon de verre , comme on peut le faire à l'aide d'un appareil
connu sous le nom de machine pneumatique ^ ce ballon, fermé
ensuite et pesé , se trouve plus léger qu'auparavant. D'après
cela, quand la surface d'un liquide, tel que l'eau ou le mer-
cure , se trouve librement exposée à l'air, elle est réellement
pressée par tout le poids de la colonne d'air qui repose sur
file. Comme cette pression est égale sur tous les points de la
surface liquide , elle n'y produit aucun mouvement ; mais ,
supposez qu'ayant plongé dans le liquide l'extrémité inférieure
d'un tuyau de pompe , on vienne à tirer en haut le piston ,
ou , pour prendre un exemple encore plus simple , supposez
qu'ayant plongé ainsi le bout Inférieur d'un chalumeau de
paille , on aspire par l'autre bout l'air qu'il contient : dans
l'un et l'autre cas , les molécules de la surface liquide , qui
se trouvent dans l'intérieur du tube , sont évidemment dé-
chargées d'une partie du poids de l'air qui pesoit sur elles,
tandis que les parties de la surface qui sont hors du tube sont
encore pressées aussi fort qu'auparavant; alors le liquide doit
r. A R 255
Ji^cessairement céder par le côté où la pression est moindre,
c'est-à-dire, qu'il doit monter dans le tube jusqu'à ce que le
poids de la colonne de liquide élevée, joint à lélasticité de
l'air qui y étoit resté , forme une pression égale à celle de
l'air extérieur. Quand cette égalité a lieu , tous les points si-
tués à la surface du liquide sont pressés également ; il n'y a
pas de raison pour qu'ils se mettent en mouvement d'un côté
ou d'un autre , et , par conséquent, l'équilibre doit subsister.
On voit donc que, s'il étoit possible d'ôter tout l'air con-
tenu dans rintérie«r d'un tube, le liquide monteroit jusqu'à
ce que son poids seul fît équilibre avec le poids de l'atmo-
sphère. C'est le cas de l'eau dans les pompes; c'est le cas de
l'expérience de Torricelli.
Quoique cette conclusion soit de toute évidence , nous
avons un moyen de la vérifier , et il ne faut pas le négliger ;
car c'est en marchant ainsi des faits à leurs conséquences, et
des conséquences à de nouveaux faits , que l'on avance avec
sûreté dans l'élude de la nature. Je dis donc que, si l'ascension
de l'eau et du mercure est réellement déterminée par la pres-
sion de l'air, il faut que le poids de la colonne d'eau de trente-
deux pieds , élevée dans les pompes , soit égal à celui de la
colonne de mercure de vingt-huit pouces, qui se soutient
dans le tube de Torricelli, en supposant toutefois que les
bases de ces deux colonnes soient égales. Or, il est bien aisé
de voir si cela est vrai ou non. En effet, en pesant, dans des
balances très-exactes , des volumes égaux d'eau et de mer-
cure , à des températures égales, par exemple , des ballons
de verre remplis successivement de ces deux liquides , on
trouve que le mercure pèse , à fort peu de chose près, treize
fois et demi autant que l'eau. Ainsi , selon notre raisonne-
ment, la colonne de mercure, élevée dans le tube de Tor-
ricelli^ doit être treize fois et demi moins longue que la co-
lonne d'eau des fontainiers. Or, celle-ci étoit de trente-deux
pieds , qui font trois cent quatre-vingt-quatre pouces ; si vous
divisez ce nombre par treize et demi , vous trouverez pour
quotient vingt-huit pouces ; c'est en effet la longueur de la co-
lonne de mercure dans l'expérience de Torricelli ; et l'accord
est si juste, qu'on auroit pu prévoir cette longueur, par notre
calcul, tout aussi exactement qu'on la détermine par l'expé-
rience même. Cette possibilité de prédire les phénomènes,
est le caractère de la certitude. Admettons donc que l'air est
pesant, et que la pression de l'atmosphère est la véritable
cause des phénomènes que nous venons d'examiner; mais
cherchons à soumettre encore notre conclusion à d'autres
épreuves; examinons tous les autres effets que cette pression
peut produire, et voyons si l'expérience les confirme.
a5G B A R
La pression de l'air, comme celle de tous les antres fluides
pesans, ne doit pas s'exercer seulement de haut en bas ; elle
doit comprimer dans tous les sens les surfaces des corps
que l'air touche. C'est ainsi, par exemple, qu'un navire <[ui
flotte sur Teau est soutenu et soulevé, de bas en haut , par la
pression de Teau qui l'environne. De là il résulte que ,
lorsqu'un corps est exposé à l'air, chaque point de sa sur-
face est pressé par cet air, comme il le seroit par le poids
d'une colonne d'eau qui auroit trente-deux pieds de hauteur,
ou par une colonne de mercure haute de vingt-huit pouces.
On a calculé à quoi pouvoit monter la totalité de cette pres-
jsion sur toute la surface du corps d'un homme de moyenne
grandeur, et on a trouvé qu'elle surpassoit trente-trois mil-
liers de livres, ou environ seize mille kilogrammes.
On trouvera peut-être ce résultat bien incroyable , et l'on
pensera qu'une pression si considérable devroit gêner beau-
coup, ou même empêcher tout-à-fait nos mouvemens ; mais,
en général , dans les sciences , il faut raisonner avant de
juger, et ne point se hâter de rejeter un résultat comma
absurde, uniquement parce qu'il nous étonne. Voici un autr»
exemple bien plus fort. Il y a dans la mer des poissons qui
vivent habituellement à de très-grandes profondeurs. Les
pêcheurs en retirent quelquefois de deux ou trois mille pieds
au-dessous de la surface -de l'eau. Ces poissons se trouvent
donc chargés , pendant toute leur vie , du poids d'une colonne
d'eau de deux ou trois mille pieds , c'est-à-dire , soixante-dix-
huit ou quatre-vingts fois plus lourde que le poids de l'atmos-
phère. Cependant ils ne sont pas écrasés par cet énoruie
poids : non-seulement ils vivent, mais ils se meuvent en tous
sens avec la plus grande agilité. Cela est encore bien plus
extraordinaire que de nous voir supporter si aisément la
pression de l'air. Mais tout le merveilleux disparoît , si l'on
fait attention que les poissons dont nous venons de parler,
sont intérieurement remplis et pénétrés de liquides qui résis-
tent à la pression de l'eau extérieure en vertu de leur impé-
nétrabilité ; de sorte que les membranes de l'animal n'en
sont pas plus altérées que ne le seroit la pellicule la plus
mince que l'on descendroit à une pareille profondeur. Quant à
la facilité desmouvemens, elle tient à ce que le corps du poisson
est également pressé par-dessus et par-dessous, à droite et à
gauche, de sorte que la pression se contre-balance d'elle-
même , et ainsi il lui est aussi aisé de se déplacer, que s'il
nageoit à la surface même de l'eau. Semblablement, pour
nous qui supportons le poids de l'atmosphère , l'intérieur de
notre corps et nos os mêmes sont remplis , ou de liquides
incompressibles 7 capables de supporter toutes les pressions,
B A R 2S7
ou d'air aussi élastique que l'air du dehors, et qui contre-
balance son poids : voilà pourquoi nous n^en sommes pas
incommodés ; et nous n'éprouvons non plus aucune difficulté
à nous mouvoir, parce que la pression de l'air se contre-
balance de toutes parts sur les diverses parties de notre corps,
comme celle de l'eau sur le corps des poissons. ISous ne pour-
rions être écrasés par l'air extérieur, que si on détruisoit en
nous l'air intérieur qui lui fait équilibre; et, au contraire,
nous souffririons beaucoup , si l'on nous déchargeolt tout à
coup de cette pression, en nous plaçant dans le vide ; car alors
l'air intérieur, n'ayant plus rien qui lai résistât, se dilaleroit,
nous gonfleroit et nous feroit périr infailliblement. Cela arrive
à un grand nombre de poissons, quand on les retire du fond
des abîmes de la mer, et même seulement d'une profondeur
de vingt ou trente mètres ainsi que je l'ai observé. La plupart
d'entre eux orrt, dans l'intérieur de leur corps, une vessie rem-
plie d'air, non pas atmosphérique ,mais d'une espèce particu-
lière degazqui se trouve produite et sécrétée par un résultat de
leur organisation. Tant que ces animaux restent à la profon-
deur où ils vivent d'ordinaire, l'air contenu dans leur vessie aie
degré de compression et d'élasticité nécessaire pour supporter
le poids de l'eau qui pèse sur eux ; mais , si tout à coup on les
tire hors de l'eau , comme ils n'ont pas tous des conduits assez
larges pour chasser promptement cet air, et comme quelques-
uns môme n'en ont pas ■du tout, il arrive que leur vessie se
gonfle, se crève, et l'air qu'elle contenoit , occupant un vo-
lume quatre-vingt ou cent fois plus considérable , remplit
leur corps, renverse leur estomac en dehors, le force même à
sortir par la gueule , et les fait périr. Alors on peut les laisser
sur l'eau, ils ne vont pas à fond ; leur corps flotte sur la sur-
face , soutenu par cet estomac rempli d'air, comme par un
ballon.
L'appareil de Torricelli a reçu des physiciens le nom de
baromètre^ qui signifie mesureur de la pesanteur, parce qu'en
effet il mesure la pression exercée par l'atmosphère , dans le
lieu où il est placé. Son usage est indispensable dans une
infinité d'expériences, et l'on peut aisément prévoir cette né-
cessité : car la pression exercée par l'atmosphère, étant une
force comprimante qui se combine presque toujours avec les
autres forces dont nous pouvons disposer, on conçoit qu'il
est indispensable d'y avoir égard pour obtcny des résultats
exacts. Aussi les physiciens ont-ils employé beaucoup de soins
et de précautions pour perfectionner le baromètre , en fai-
sant un vide exact dans l'intérieur du tube , et imaginant des
procédés très-exacts pour mesurei' la longueur de la colonne
soulevée. On peut voir ces détails dans mon Traité de Phy-
258 BAR
sique. Je dirai seulement ici que l'on peut aussi former des
baromèires sans cuvette , au moyen d'un tube de verre ,
fermé d'un côté , recourbé en siphon , et que l'on remplit
en partie de mercure. Il est clair que si l'atmosphère ne pres-
soit poi:it sur le bout ouvert, le mercure se tlendrolt à la
même hauteur dans les deux branches quand le tube seroit
redressé ; mais en vertu de cette pression il se soutient plus
haut dans labranche fermée, que l'on a soin pour cela de faire
plus longue que l'autre. Alors, en mesurant la différence de
niveau dans les deux branches , on connoît la longueur de la
colonne de mercure que l'atmosphère soutient. Cet appareil
se nomme un baromètre à siphon. M. Gay Lussac lui a donné
une forme portative qui est très-utile pour les voyageurs , et
que j'ai décrite dans l'ouvrage cité plus haut.
En observant pendant long-temps dans un même lieu la
lt)ngueur de la colonne barométrique , ou ce qu'on appelle
ordinairement la hauteur du baromètre, on s'aperçoit qu'elle
ne reste pas constamment la même. Dans les premiers temps
qui suivirent l'invention du baromètre , on croyoit que le
mercure se tient plus haut quand le temps est à la pluie , et
qu'au contraire il baisse par le beau temps , et l'on trouvoit
même des raisonnemenspour appuyer cette prétendue obser-
vation ; car, disoit-on , lorsqu'il doit pleuvoir, l'air est
chargé d'eau ; par conséquent le poids de l'atmosphère est
plus considérable , et , au contraire , ce poids doitêtre moindre
dans les beaux temps , parce qu'alors l'atmosphère s'est dé-
chargée de l'humidité qu'elle contenoit. Malheureusement
pour ce système , on a trouvé depuis que la quantité d'eau
que l'air peut contenir, augmente à mesure qu'on l'échauffé,
de sorte qu'en été , par exemple , il contient généralement
beaucoup plus d'eau qu'en hiver, quoique cependant il fasse
moins beau en hiver qu'en été. On a trouvé aussi que la va-
peur d'eau est plus légère que l'air à volume égal , lorsqu'elle
devient capable d'exercer la même force élastique; c'est-à-
dire, par exemple , que si l'on remplaçoit un centimètre cube
de vapeur d'eau à la même température , et ayant la même
élasticité , cette vapeur peseroit moins que le volume d'air
qu'elle remplaceroit , et par conséquent elle produiroit sur
le baromètre une moindre pression. De là on a conclu le con-
traire de ce qu'on avoit pensé d'abord , c'est-à-dire que lors-
que le baromètre s'élève , il doit faire beau temps , et qu'au
contraire , lorsqu'il s'abaisse , il doit pleuvoir.
C'est en effet ce que l'expérience indique dans les cas les
plus ordinaires ; mais , à dire vrai , la raison que l'on en
donne ne vaut guère mieux que celle que l'on a abandonnée ;
le parti le plus sage est de coAidérercefait comme un résultat
BAR 259
d'observation dont on ne peut jusqu'à pre'senl donner aucune
explication satisfaisante. L'étendue de ces variations acci-
denlelles n'est pas partout la même ; elles sont presque nulles
sur les hautes montagnes, et entre les tropiques. Dans
les zones tempérées , elles ne sont jamais très-considérables
par les temps calmes; mais presque toujours le baromètre
descend rapidement avec les tempêtes, et il éprouve de
grandes oscillations en quelques heures quand elles ont
lieu , ce qui en fait un instrument très-utile a la mer pour les
navigateurs instruits. La hauteur moyenne du mercure dans
le baromètre au niveau des mers, est partout, à fort peu
près, la mc'me ; cependant on croit y avoir reconnu de légères
différences. Au niveau de l'Océan, cette hauteur moyenne est
de o"' 7G29 (28 pouces 2 -,2) , la température étant à 12', 8
du thermomètre centigrade ; à Paris, au niveau de la Seine ,
elle est de o™ 76 (28 p. 0,9), et suivant les observations de
Rohault, continuées pendant quinze années consécutives,
elle varie entre o"", 766981 (28 p. 4-') et o"" 7^9610(26 p.
7 • ) La température moyenne étant de 12° centésimaux.
Les baromètres à cadran , que l'on voit quelquefois dans
les appartemens , et qui sont devenus presque un meuble de
luxe dans quelques provinces , sont construits de manière à
rendre très-sensibles les variations accidentelles de la colonne
barométrique et leurs rapports avec les changemens de
temps. Ils sont essentiellement composés d'un baromètre à
siphon placé derrière le cadran. Lorsque le poids de l'atmo-
sphère diminue, le mercure s'abaisse dans la longue branche
du siphon , et par compensation , Il s'élève dans la petite ; le
contraire arrive lorsque la pression de l'atmosphère augmente.
Pour marquer ces mouvemens , on place dans la branche la
plus courte un petit corps qui (lotte à la surface du mercure ?
ce flotteur est attaché a un fil de soie ; le fil de soie passe sur
une poulie, et cette poulie fait marcher l'aiguille du cadran.
Quand le baromètre baisse , le petit flotteur s'élève ; le fil de
soie, qui est toujours tendu par un contre-poids; glisse sur la
poulie , la fait tourner , et l'aiguille marche vers le mauvais
temps : c'est le contraire quand le baromètre monte ; le pe-
tit flotteur descend ; il tire à lui le fil de soie et le contre-
poids ; ce mouvement fait tourner la poulie en sens opposé ,
et raiguille marche vers le beau temps. On conçoit que cette
machine doit être imparfaite à cause de l'inertie et du frot-
tement de la poulie et du fil de soie ; car il faut que la force
qui fait monter ou descendre le mercure dans la petite bran-
che , surmonte d abord toutes ces résistances avant que l'ai-
guille se mette en mouvement ; c'est pourquoi , lorsqu'on
veut coujuiter ces baromètres , il est bon de les frapp.-r dou-
aCo BAR
cément h petits coups , pour vaincre tous les froltemens qui
empêchent l'aiguille de marcher ; encore , avec celte pré-
caution , ne peuvent-ils servir que pour des observations qui
n'exigent aucune exactitude.
Le tracé graphique est la manière la plus commode pour
rassembler comparativement de longues suites d'observalions
barométriques ; on se sert pour cela dune longue bande de
papier , au milieu de laquelle on trace une ligne droite qui la
traverse d'un bout à l'autre ; cette ligne est destinée à repré-
senter la haulèur moyenne du baromètre dr.ns le lieu de 1 ob-
servation. On la divise en un certain nombre de parties
égales, qui sont destinées à représenter des jours; puis,
parallèlement à cette ligne , et tant au-dessus d'elle qu'au-
dessous, on en trace plusieurs autres à des distances égales,
comme , par exemple , d'un millimèlre. Cela fait , lors-
qu'on a observé le baromètre un tel jour, si la hauteur
est la moyenne , on marque d'un «rail le point de la ligne
principale qui correspond à ce jour-là ; s'il est plus haut d un
millimètre , on porte l'observation sur la première parallèle ,
au-dessus de la ligne moyenne ; s'il est plus bas , on porte
l'observation au-dessous de la ligne , sur la parallèle qui lui
correspond; on porte ainsi successivement les observations
de tous les jours chacune au rang et à la hauteur qui leur con-
vient ; on peut même , et cela est plus exact, répéter les ob-
servations plusieurs fois par jour , et les porter de même
chacune à leur place , en divisant en parties égales l'inter-
valle qui correspond à un jour ; et si , par tous les points ainsi
détei-minés, on fait passer une ligne qui les unisse , et qui en
suive toutes les inégalités., cette ligne, par ses ondulations,
représentera fidèlement l'état du baromètre dans les époques
successives où l'on aura observé.
Je connois en Suisse un propriétaire fort instruit , qui
lient ainsi , depuis plusieurs années , lui tableau exact d'ob-
servations barométriques, faites trois fois par jour avec un
très-bon baromètre. Il a eu soin de noter l'état de Tatmo—
sphère près de chaque observation; or, à l'inspection de
ce tableau , on voit que dans le plus grand nombre de cas ,
lorsque le baromètre a baissé , il est tombé de la pluie ; et
au contraire , lorsqu'il s'est élevé , le temps est devenu se-
rein, surtout si son élévation a été lente et progressive.
On aperçoit par intervalles des exceptions à celle règle;
mais elles sont beaucoup moins nombreuses que les cas dans
lesquels elle se vérifie. Cette connoissance peut être fort utile
à Tagriculture , et la personne dont je parle en tiroit elle-
même un très-grand parti.
En observant ainsi constamment les hauteurs du baroraè-
BAR 261
fre dans un même lieu , on s'aperçoit qu'à travers toutes les
irrégularités accidentelles de leur marche , elles ont cepen-
dant une tendance générale qui les fait périodiquement mon-
ter ou descendre à différentes heures du jour. Ainsi , par une
longue suite d'observations de ce genre , M. Ramond a re-
connu quen France, le baromètre a son maximum de hau-
teur vers neuf heures du matin ; après quoi 11 descend vers
quatre heures du soir, où il atteint son miin'mum.De là il monte
de nouveau jusqu'à onze heures du soir, où il atteint son viaxi-
mum ; ensuite il descend jusque vers quatre heures du matin,
pour revenir à son maximum vers neuf heures. Cette marche
est souvent dérangée dans nos climats d'Europe, où l'état de
l'atmosphère est si variable; mais sous les tropiques, où les
causes qui agissent sur l'atmosphère sont plus constantes, la
période l'est aussi, et à un tel degré que , suivant M. de
Humboldt, on parviendroit presque à prédire l'heure à chaque
instant du jour et de la nuit, d'après la seule observation de
la hauteur du baromètre; et, ce qui est extrêmement remar-
quable, comme l'a également constaté le même voyageur,
c'est qu'aucune circonstance atmosphérique, ni la pluie, ni
le beau temps, ni le vent, ni les tempêtes n'altèrent la par-
faite régularité de cette oscillation qui se maintient la même
en tout temps et dans toutes les saisons.
En transportant un même baromètre à diverses hauteurs au-
dessus du niveau des mers, on voit le mercure s'abaisser pro-
gressivement dans le tube à mesure qu'on s'élève. Ainsi, lalon-
gueur moyenne de la colonne barométrique que nous avons vu
être de 76 centimètres, ou de 28 pouces au niveau de la mer,
n'est plus guère que de 38 centimètres ou i4 ponces au som-
met du Grand-Saint -Rernard; elle est plus petite au som-
met du Mont-Blanc, parce qu'il est plus élevé; et on l'ob-
serve moindre encore quand on s'élève à des hauteurs plus
grandes dans les voyages aériens. Cela vient de ce que , à me-
sure qu'on s'élève , le baromètre se trouve déchargé du poids
des couches d'air inférieures. La surface libre du mercure de
la cuvette , ou de la branche la plus courte , si le baro-
mètre est à syphon , ne supportant plus que le poids des
couches d'air qui sont au-dessus d'elle, se trouve moins pres-
sée qu'auparavant ; par conséquent le mercure qui contre-
balance cette pression dans le tube vide du baromètre , doit
s'y élever à une moindre hauteur. Si la densité de l'air étoit
la même à toutes les élévations, c'est-à-dire, siTair contenoit
toujours, sous le même volume , la même quantité de matière
pesante, il seroit facile de calculer la loi suivant laquelle la
colonne de mercure devroit diminuer à mesure qu'on s'élève;
car, lorsque le baromètre est à C", 760, et la tempéra-
262 BAR
tiire (le Tair à o" , on trowe par expérience qu'il fout s'é-
lever de io"',5 pouf faire baisser le mercure de i millimètre ;
de sorte que , dans ces circonstances , un cylindre de mercure
d'un millimètre de hauteur pèse autant qu'un cylindre d'air
de même hase , et dont la hauteur seroit io5 millimètres;
c'est en effet ce que l'on confirme en pesant comparative-
ment des volumes égaux d'air et de mercure. Par consé-
quent , si les mêmes circonstances régnoient dans l'atmo-
sphère à toutes les élévations, chaque millimètre contenu dans
la colonne barométrique o"", 760 , répondroit à une hauteur
d'air de lo^iS, et la hauteur totale de l'atmosphère seroit
égale à 760 fois 10"', 5, ou 7980'", environ 4ooo toises : mais
cette élévation est fort au-dessous de la réalité ; car il y a sur
la terre des montagnes presque aussi hautes que cette limite ;
par exemple, le Chimboraco en Amérique; et il s'en faut
Lien qu'elles atteignent les confins de l'atmosphère , puisque
l'on voit souvent des nuages et même des oiseaux s'élever
fort au-dessus de leurs sommets. L'erreur de notre calcul
vient de ce que nous n'avons pas eu égard à une des propriétés
physiques de l'air , qui est sa compressibilité. L'air est com-
pressible , c'est-à-dire , qu'en pressant une masse d'air, on
lui fait occuper des espaces successivement moindres ; de
plus, ilest élastique, c'est-à-dire, qu'il tend à reprendre son vo-
lume primitif lorsqu'il a été comprimé. Lescouches inférieures
de l'atmosphère doivent donc être plus comprimées que lessu-
périeures, dont elles supportent Iepoids;mais en vertu de leur
élasticité , elles doivcntrésister àcelle pression, et faire effort
pours'élendre. De là, il résulte que leur densité doit surpasser
de beaucoup celle des couches supérieures. Cela devient sen-
sible surleshautes montagnes; et lorsqu'on s'élève en aérostat à
de grandes hauteurs, l'air devient si rare que l'on a beaucoup
■ de peine à respirer. Aussi, pour faire baisser le mercure d'un
millimètre , il ne suffit plus alors de s'élever de io"',5 ; il faut
une différence de niveau bien plus considérable , parce qirun
cylindre dair de cette hauteur a réellement alors beaucoup
moins de masse qu'il n'en auroit, pris à la surface de la
terre. On a d'abord employé l'observation directe pourrecon-
noître la loi suivant laquelle s'opéroit celte variation de
poids. En portant successivement un même baromètre à des
élévations connues , on a pu en tirer une règle assez sûre
pour conclure, d'après les seules observations du baromètre
et du thermomètre , la différence du niveau de deux stations.
Mais ce résultat , très-utile à la géographie et à Ihistoife
naturelle , n'a pu être établi avec certitude que lorsqu'on a
connu par l'expérience toutes les causes physiques qui peu-,
vent influer sur la pression de l'air à diverses hauteurs. On
BAR 263
le trouve , avec détail , dans le 3."= volume de mon Aslronomie.
Le baromètre , rendu portatif comme il Test aujourd'hui ,
est indispensable au naturaliste voyageur, pour fixer la hau-
teur à laquelle existent les plantes, les animaux ou les miné-
raux qu'il observe. Car , pour les animaux et les plantes , le
décroissement de chaleur qui se fait de bas en haut dans Tat-
mosphère, limite chaque espèce, dans chaque climat, entre
certaines zones de hauteur où elle trouve la température qui
lui convient ; et quant aux minéraux , la connoissance de la
hauteur absolue où ils existent , est le moyen le plus sûr de
déterminer Tordre de superposition de leurs couches , et
de remonter ainsi à l'ordre dans lequel ils ont été successive-
ment formés, (biot.)
BAROMÈTRE ANIMÉ. On a donné ce nom à la
MiSGURXE FOSSILE, (b.)
BAROMETZ. Racine d'une espèce de Polypode de
Tartarie {^Polypodium baromett ^ Linn. ) , qui est très-lanugi-
neuse , à laquelle on donne la forme d'un petit agneau , et
sur laquelle on fait des contes qui ne méritent pas d'être
rapportés. Elle porte aussi le nom d' Agneau de Tartarie
ou de SCYTHIE. (b.)
BAROSÉLÉNITE. V. Baryte sulfatée.
BAROULOU. On donne ce nom au Bihai. (b.)
BAROUTOUS. Nom d'une Tourterelle DE Caye^ne.
B AROUTOUTOBANNA. Nom caraïbe du Polygala
PAMCULÉ. (b.)
BARRACOL. Nom vénitien de la Raie miralet. (b.)
BARRALDÈJE, Ban-aldeja. Arbrisseaux de Madagascar
à rameaux et à feuilles opposées , ces dernières parsemées
de points transparens , qui, selon M. Dupetit-Thouars,
forment un genre dans la décandrie monogynie , et dans la
famille des nerpruns.
Les caractères de ce genre sont : calice urcéolé, à cinq dé-
coupures; cinq pétales onguiculés; cinq àes dix étamines
opposées aux pétales et plus longues que les autres ; ovaire
inférieur à style plus long que les étamines. (b.)
BARRALET.On appelle ainsi la Jacinthe à toupet dans
le midi de la France, (b.)
BARRAS. C'est le ^a/i)9o/, ou résine du ptn maritime, (b.)
BARRE. Ancien nom indien de I'Éléphatst. C'est vrai-
semblablement de ce mot qu'est dérivé le nom de Barms que
les Latins ont ensuite donné à cet animal. V. Éléphant, (s.)
BARRE. Poisson du genre Silure, (b.)
BARRE. C'est le nom qu'on donne, en Normandie, à
l'impulsion du flux qui fait remonter la Seine au-dessus de
Rouen, (pat.)
264 BAR
BARRE DE MER. Amoncèlcment de graviers en forme
île (ligue , qui se trouve à T embouchure de quelques rivières,
et qui est occasioné par les mouvcmens opposés du courant de
la rivière et des vagues de la mer, qui repoussent dans le lit de
larivière une partie des sablesetgravicrsqu'ellerouleavecelle.
C'est une barre de celte espèce qui empêche les gros vais-
seaux d'arriver à Pétersbourg , et les force de s'arrêter dans le
port de Cronstadt. On construit néanmoins des vaisseaux de
ligne dans l'arsenal de Pétersbourg; mais quand une fois ils
en sont sortis , ils n'y rentrent plus. Pour leur faire passer la
barre ^ on se sert d'un chameau : c'est une construction d'une
grandeur immense, à fond horizontal, et tirant fort peu
d'eau, à cause de sa vaste étendue. Elle estfiile de deux par-
ties , qu'on réunit, et qui embrassent le bâliment; et en vi-
dant leau qu'on a introduite dans sa capacité, on rend le
tout flottable sur une eau peu profonde, (pat.)
T5ARRELIÈRE , Barreliera. Genre de plantes de la didy-
namic angiospermie , et de la famille des acanthoïdes , dont
les caractères consistent: en un calice divisé en quatre parties;
en une corolle nionopétale, infundibuliforme, divisée en quatre
parties inégales, dont une un peu échancrée ; en quatre éta—
mines , dont deux plus grandes; en un ovaire supérieur, sur-
monté d'un style filiforme , et d'un stigmate bifide ; en une
cap.sule ovale-oblongue , biloculaire, qui s'ouvre avec élas-
ticité en deux parties, et renferme deux ou trois semences
dans chaque loge.
Ce genre comprend des sous-arbrlsseaux et des herbes qui
ont de grands rapports avec les Carmamines , les Ruellies
et les Acanthes, et qui sont naturels aux parties chaudes de
l'Amérique et de l'Inde. On en connoît une vingtaine d'espèces.
La plus remarquable de ces espèces est la Rarrelière À
LONGUES FEUILLES , dont le caractère est d'avoir les feuilles
opposées, ensiformes , très-longues, rudes et armées de trois
épines à leur aisselle. Elle passe pour un puissant diuré-
tique, (b.)
RARRÉRIE. Synonyme de Poraquèbe. (b.)
BARRES.On nomme ainsi la partie du bord des mâchoi-
res qui est dépourvue de dents dans le Cheval et les animaux
du même genre , ainsi que dans les rumlnans. Les rongeurs
ont également des barres entre les incisives et les molaires.
Les barres sont aussi no^nmées espaces interdentaircs. (dESM.)
BARRES {Faiiconnene). Bandes noires de la queue de
TÉpervier. (s.)
B/VRRl. C'est un jeune Cochon mâle , dans le déparle-
ment de Lot-et-Garonne, (b.)
BARRIS, Quelques vovageurs indiquent, sous ce nom,
B \ R 2G5
un singe de la côte de Guinée en Afrique , et qui paroît
être le Mandrill , quoique cependant plusieurs naturalistes
l'aient rapporté à l'espèce de I'Orang chimpanzé, (desm.)
BARROS, BUCAROS ou BOUCARO. Terre bolaire
dont on fait en Portugal et en Espagne, des vases à rafraî-
chir. V. Argile, (pat.)
BARRUS des Latins. V. Barre, (desm.)
BARS ou BARSCH. Nom allemand de la Perche, (b.)
BARTALAI. On donne ce nom au Chardon féroce
{cniais ferux ^ Linn.) dans le midi de la France. (B.)
BARTAVELLE. F. Perdrix, (v.)
BARTHOLINE, Barlhollna. Genre établi par R.Brown
pour placer I'Orchis pectine de Willdenow. Ses carac-
tères sont : corolle en casque ; le pétale intérieur réuni au
nectaire ; nectaire pourvu d'un éperon au - dessus de sa
base ; l'étamine portant deux glandes qui recouvrent en
partie extérieurement les lobes de l'anthère.
Adanson avoit d)»nné ce même nom au genre depuis ap-
pelé Tridax. (b.)
BARTONIE , Bartonia. Plante bisannuelle de l'Améri-
que septentrionale, à feuilles alternes, à demi amplexicaules,
à fleurs blanches , grandes , solitaires dans les aisselles des
feuilles, qui seule constitue , selon Purch (Flore de l'Amé-
rique septentrionale), un genre dans l'icosandriemonogynie.
Les caractères de ce genre sont : calice à cinq divisions ;
corolle polypétale; réceptacle portant un double rang de
semences ; capsule cylindrique à une loge, fermée par un
opercule de trois ou de cinq valves.
Cette plante est figurée pi. i/^^'j du Boianical Magazine
de Curtis. (b.)
BARTONIE, Bartonia. Plante de Pensylvanie, qui, en
apparence, se rapproche du BuffoNe, mais qui forme un
genre dans la tétrandrie monogynie.Elle offre pour caractères:
un calice à quatre folioles ; une corolle campanulée à quatre
divisions persistantes ; quatre étamines ; un ovaire supérieur à
style ; une capsule aune loge , et deux valves polyspermes. (b.)
BARTRAME, Barimmia. Genre de plantes de la dodé-
candrie monogynle , d'abord constitué par Llnna^us, mais qui
avoit été ensuite réuni aux Lappuliers. Gsertner l'a rétabli,
sous la considération que le fruit est formé de trois à quatre
petites coques biloculaires , et que les semencessont adnées
aux parois des coques.
C'est une plante annuelle de l'Inde, qui a les feuille» al-
ternes, entières ou lobées , dentelées, et les fleurs axillaires
et terminales. Toutes ses parties sont couvertes de poils , et
ses fruits hérissés d'épines recourbées.
266 BAR
Bridcl a donné le même nom à un genre qu'il a éJaLli dans
la famille des Mousses, et dont lescaraclères consistent : à avoir
un pcritosme externe , à seize dents,' en forme de coin -, un
péristome interne formé d'une membrane plissée; des fleurs
hermaphrodites. 11 a pour type le Bry pommiforme. V. CÉ-
PHALOXIS. (B.)
BARTSIE, Bartsia. Genre déplantes établi par Linnseus,
mais réuni par Lamarck et autres botanistes français , avec
les CoCRÈTES {Rhinuuthus^ Linn.). 11 a pour caractères: un ca^
lice bilobé , émarginé, coloré ; une corolle , moins colorée
que le calice, .Mèvre supérieure très-longue; une capsule à deux
loges.
Willdenow rapporte aux baiisies cinq espèces , parmi les-
quelles on remarque:
La Bartsie rouge , qui a les feuilles alternes , linéaires ,
Lidentées de chaque côté; elle est vivace , et se trouve dan»
rVmérique septentrionale, où je l'ai observée croissant dans
les lieux les plus arides. C'est la Gérarde pédiculaire de
^V aller, Flora Curoliniana.
La Bartsie visqueuse, qui a les feuilles caulinaires, al-
ternes , lancéolées , dentées , et les feuilles florales latérales et
écart ées. Elle est annuelle , et se trouve dans les marais des
parties froides de l'Europe.
La Bartsie pâle , qui a les feuilles alternes , lancéolées ,
très-entières, et les fleurs ovales, dentées. Elle se trouve en
Sibérie et à la baie d'Hudson.
La Bartsie GYMNANDRE, qui est diandre, dont les feuilles
radicales sont doubles ; la tige , souvent bifeuille , a un seul
épi linéaire, obtus, composé de verticilles serrés, accom-
pagnés de bractées. Elle se trouve dans le nord de l'Europe
et de l'Amérique. C'est le genre Gymnandre de Pallas, et
Lagotis de Ga?rlner. V. ces mots.
Quant à la barisie des Alpes , V. au mot CocrÈte. (b.)
BARTUMBER. Nom allemand de la Persegue umbre.
(B.)
BARU ou DAim BARU. C'est à Madagascar la Ketmie
À feuilles de tilleul, dont l'écorce sert à faire des cor-
des, (b.)
BARU CE. C'est dans Clusîus le fruit du Sablier, (b.)
BARYASCO. Nom du Jacquinier armillaire dans les
Antilles, (b.)
BARYOSMA TONGO. C'est dans Gœrtner le fruit du
COUMAROU d'Aublet. (b.)
BARYTE ou Terre pesante. Cette substance , consi-
dérée comme un corps simple jusqu'à la découverte du
putassiiun cl du sodium , avoil clé regardée d'abord comme
BAR 267
une modification de la chaux. Bergman, ayant reconnu que
c'étoit une terre d'une nature particulière , lui donna le nom
de terre pesante^ que Kirwan a traduit par celui de baiyte^ qui
signifie la même chose, et qui a été depuis adopté par tous
les chimistes. C'étoit la cinquième de celles que l'on connois-
soit alors. I.e nombre s'en est beaucoup accru. Voyez Terres.
La grande pesanteur de la baryte avoit fait soupçonner à
Lavoisier qu'elle pouvoit être un oxyde métallique. La con-
jecture de cet homme de génie , qui a fait faire de si grands
pas à la science , encore en deuil de sa perte, a été réalisée
par un savant, sir HumphryDary, qui a reculé de nou-
veau les bornes de nos connoissances.Le barium est suscep-
tible de deux degrés d'oxygénation ; le protoxyde ou premier
degré, est le seul sous lequel ou le trouve dans la nature, en
combinaison soit avec l'acide carbonique , soit avec l'acide
sulfurique. F. Baryte carbonatée et Baryte sulfatée.
MM. Fourcroy et Vauquelin sont les premiers qui aient
obtenu cet oxyde à l'état de pureté. Il est blanc-gris , plus
caustique que la strontiane, verdit le sirop de violettes et
rougit la couleur de curcuma : mis en contact avec l'oxygène
à une température voisine de la chaleur rouge , il absorbe
une grande quantité de ce gaz, il est infusible , se combine
avec le soufre, absorbe facilement l'acide carbonique et
l'eau contenus dans l'air. Ce liquide en dissout à la tempéra-
ture de dix degrés environ un quarantième de son poids.
Il a une si grande affinité avec l'acide carbonique, que si
on souffle sur de l'eau de baryte , il s'y forme sur-le-champ
une pellicule de carbonate.
Avec l'acide sulfurique , il forme à l'instant un sel inso-
luble , ce qui rend l'eau de baryte un excellent réactif pour
reconnoître la présence de cet acide dans les eaux minérales;
car la moindre quantité qu'elles en contiennent , produit un
précipité sensible.
On l'obtient dans les laboratoires en décomposant par le
feu, dans un creusetde platine ou de terre, le nitrate de baryte.
Le deuioxyâe de hariiim est d'un gris-verdatrc, et n'a pas
d'action sur l'oxygène ; la plupart des corps combustibles le
font repasser à l'état de protoxyde, et le soufre forme avec
lui un protosuîfate. V. la Chimie de Thenard.
Les propriétés du barium sont presque inconnues. On sait
seulement qu'il est solide à la température ordinaire et plus
j>esant que l'eau , qu'il s'amalgame avec le mercure , etc.
Son affinité pour l'oxygène est si grande, qu'exposé au con-
tact de l'air , il s'y réduit en poudre immédiatement. V. la
Chimie de Thenard.
BAHYTE CARBONATÉE, CARBO^\vTE de baryte ou
2^8 B A B
Protoxyde DEBARIU3I, Thenard; Baryte aérée, Spath pesant
aéré, De Born ; Wiihenl^ ^Verner; Wilhérite, Brochant;
BarotUe^ Kirwan).
Cette substance, dont la pesanteur spécifique et la dureté
sont à peu près les mêmes que dans la baryte sulfatée , en
diffère par sa structure et par son infusibilité , indépendam-
ment de sa composition. Elle est de plus soluble dans l'acide
Jîitrique affoibli , en y formant d'abord un dépôt blanc.
Elle a pour forme primitive un rhomboïde obtus (Haiiy);
sa cassure transversale est écailleuse , et légèrement ondu-
lée, avec un aspect un peu gras. Sa poussière, jetée sur un
charbon ardent , devient luisante dans l'obscurité.
On en connoît plusieurs variétés de formesdéterminables;
mais elle se rencontre plus ordinairement sous celle de masses
concrétionnées, oumamelonnées, à tissu fibreux, translucides
et d'une couleur blonde , analogue à celle de la corne.
M. Haiiy en décrit trois des premières, qui sont:
i.° La baryte carhonalèe prîsmée ; prisme hexaèdre régulier,
tcrminépardeuxpyramides droites, du mêmenombrede faces;
2.° La Lniyie carhonalèe annulaire ; le même prisme hexaè-
dre , sans pyramides , dans lequel les arêtes , au contour
de chaque base , sont remplacées chacune par une facette;
3." Enfin, le baryte carbonatée tiionmilaire , qui n'est qu'une
modification de la précédente, et dans laquelle les deux bords
horizontaux des facettes disposées en anneaux sont remplacés
par de nouvelles facettes.
La baryte carhonalèe d'y\ngleterre contient , suivant une
analyse de M. Vauquelin : baryte, ']l^^S\ aci^lc carbonique,
22,5 ; et point d'eau.
D'après l'analyse faite par feu Pelletier, d'une variété du
même minéral , que M. Patrin croit être un fragment de celle
«{u'il a rapportée de Sibérie , elle contiendroit : baryte , 62 ;
iuide carbonique, 12 , et eau, 16.
La baryte carbonatée a été trouvée d'abord en Angleterre ,
à yVnglesarck, près de Chorlet , dans le Lancashire , où elle
occupe la partie supérieure d'un filon d'une montagne com-
posée de couches de grès , de schiste argileux et de houille.
Elle y est accompagnée de baryte sulfatée , de plomb sulfuré,
de zinc oxydé et de zinc sulfuré. (Watt, Ann. de Ch. , t. 11,
pag. 321. ) M. Patrin en a rapporté un échantillon de la mine
d'or de Zmeof en Sibérie. On en a rencontré depuis dans le
fer spathique de lamine de Stcinbaucr, près de Neuberg,
dans la Haute-Slyrie; dans un filon de plomb sulfuré, h
Sainl-Asaph, dans le pays de Galles. Elle existe également
danslesveinesde plomb qui traversent la pierre calcaire slra-
fjforme , reposant sur le grès rouge , à Abton dans le Cura-
B A R 269
herland, et à Welhope, Arkendal et Dufton dans le comté
de Durham, ainsi qu'à JVIerton Fell dans le Wcslmoreland,
et à Snailback , dans le Sliropshlre (^Jameson'). On en in-
dique aussi à Léogang , pays de Salzbourg.
Le docteur Witliering est le premier qui ait fait connoître
le minéral d'Anglesarck, et indiqué sa véritable nature; et
c'est pour cette raison que le célèbre Werner l'a nommé
Wilherit.
Pris Intérieurement, le carbonate de baryte est un poison
très-actif. Dans plusieurs districts de l'Angleterre, et notam-
ment dans le Cumbcrland, on s'eiî sert pour déiruire les rais.
La dissolution du muriate de baryte a été employée en mé-
decine dans le scrophule.
BARYTE SULFATÉE , Sulfate de baryte ou Proto
SULFATEDEBARIUM , Thénard; anciennement nommé Gypse
pesant^ et Spath séléniteux , par Romé-Delisle , vulgairement
Spath pesant; Schwerspaht, Werner ; Barosélénile , KIrvan ;
Barytite^ Delamétlierie.
Le caractère essentiel de la baryte sulfatée, celui qui la disr
tingue en particulier de la stronliane sulfatée , avec laquelle
elle a des rapports si nombreux , est tiré de sa forme primi-
tive qui est un prisme droit rhomboïdal , dont les pans font
entre eux des angles de toi" 82' i3" et 78" 27 4.7". On l'ob-
tient facilement des masses laminaires de cette substance.
Le grand angle du prisme droit de la strontiane sulfatée est
de io4"4-^' '1 ce qui donne Heu à des formes secondaires,
dont les angles sont très-différens, malgré l'analogie qu'elles
conservent avec celles de la baryte sulfatée.
Sa pesanteur spécifique varie de 4,2984. à 4^4712; elle
raye la chaux carbonatée , mais elle est rayée par la chaux
fluatée : sa réfraction est double en regardant à travers d'une
des bases et d'une face oblique à l'axe du prisme.
Soumise à l'action du feu du chalumeau , elle s'y fond
en un émail blanc , solide , mais qui tombe en poudre au
bout de quelques heures.
Réduite en poudre par la calcination et exposée à une
vive lumière, elle devient phosphorique dans l'obscurité. V.
plus bas baryte sulfatée radiée ou pierre de Bologne.
Les couleurs de la baryte sulfatée sont peu variées; ses
cristaux sont quelquefois limpides, etplus ordinairement blan-
châtres et jaunâtres ou d'un gris- verdâtre et translucides ;
les masses lamelleuses et les variétés crêtées , concrétion-*
nées et compactes , sont blanchâtres , ou grises , ou jaunâtres,
ou rougeâtres.
On reconnoît communément ce minéral à sa grande pe-
santeur, propriélé à laquelle il doif le nom de spath pesant
270 ' BAR
qu'il porte dans la plupart des traités de minéralogie, mais
qui ne suffit cependant pas seul pour le faire distinguer de
la strontiane sulfatée, du srheelin ferruginé, de certaines va-
riétés de plomb carbonate, etc.
Suivant M, Chenevix, 100 parties de sulfate de baryle pur
contiennent : baryte , 76; acide sulfurique, 24-
Le docteur A'S'ithering a trouvé dans une variété de ce mi^
néral 67,2 de barvte, et 33,8 d'acide sulfurique , et I\ï. Kla-
proth a retiré de la variété granulaire de Pegau, en Slyrie :
60 de baryte , 3o d'acide et 10 de silice, résultat très-voi-
sin du précédent , surtout en faisant abstraction de la silice
qui n'est pas esseniielle à la composition.
La baryte sulfatée renferme quelquefois une petite quan-
tité de strontiane. M. Klaproth en a trouvé environ un cen-
tième dans la baryte sulfatée laminaire de Freyberg.
Variétés de formes. La baryte sulfatée semble vouloir rivali-
ser pour l'abondance des formes avec la cbaux carbonatée.
Le nombre des formes cristallines connues de cette subs-
tance, n'étoit que de treize à l'époque de la publication du
Traité de Minéralogie de M. Haiiy ; il s'élève aujourd'hui à
plus de soixante.
La plus grande partie de ces nouvelles variétés vient d'y^u-
vergne , et elles sont le résultat des recherches de MM. Ma-
bruetDelaizer; elles ont cela de remarquable, qu'en général
elles se présentent plus communément sous la forme de pris-
mes, comme les cristaux de strontiane sulfatée, que sous
celle de solides aplatis ou de tables , comme les variétés de
baryte sulfatée provenant des mines de la Saxe , de celles du
Hartz , etc. On en rencontre cependant aussi d'analogues à
ces dernières dans le même pays.
Le volume des cristaux de baryte sulfatée varie beaucoup.
On en trouve en Angleterre dans les mines de plomb du
Cumbcrland, de Durham et de Westmoreland, qui sont éga-
lement remarquables par la netteté de leurs formes, leur
belle transparence et leur grosseur; plusieurs d'entre eux
ont jusqu'à six pouces de longueur, sur environ deux pouces
d'épaisseur. Il en existe de très-beaux dans la superbe col-
lection de M. le marquis de Drée.
Les variétés déterminables que l'on rencontre le plus fré-
quemment dans les cabinets, sont les suivantes :
I. Barvte sulfatée /wpé'z/V/me, vnX^sàTenxcnX spath pesant en
table; prisme rectangulaire très-aplati , déprimé , dont les
pans latéraux sont remplacés par des biseaux.
On Ta comparée aussi quelquefois à un octaèdre rectan-
gulaire , dont les deux sommets auroient été tronqués paral-
lèlement à la base.
BAR ,7,
2. Baryte sulfatée epointèe; la variété précédente, dont les
angles solides sont tronqués.
3. Baryte sulfatée «/JOyoAawe; le prisme droit rhomboïdal de
la forme primitive , avec des facettes triangulaires à la place
des angles solides obtus.
4. Baryte sulfatée rétrécie; la forme primitive augmentée
de deux facettes verticales qui remplacent les deux arêtes
longitudinales du prisme les plus voisines.
5. Baryte sulfatée raccourcie; dans celle-ci ce sont les arêtes
les plus éloignées qui sont remplacées par des facettes ver-
ticales.
6. Baryte sulfatée binaire; octaèdre cunéiforme très-
allongé.
La baryte sulfatée /?nmiV/W s'y rencontre également , mais
plus rarement que les précédentes.
Les cristaux et la variété laminaire appartiennent au Spath
pesant commun des minéralogistes étrangers; Geradschaaliger
Schwerspath^ spath pesant testacé , à lames droites , Wer-
ner ; Gemeiner Baryt , Karsten ; Barosélénite feuilletée de
Kirwan.
Les autres variétés de baryte sulfatée non déterminables
géométriquement , sont :
1. Baryte sulfatée crêtèe^ que l'on a nommée aussi spath sé-
lèniteux lenticulaire ^ ou en crêtes de coq {Krummschaaliger
sch(verspath , W.) ; c'est une des plus communes : elle est com-
posée de cristaux déformés ou de lames arrondies , placées
de champ, et qui forment des masses quelquefois assez con-
sidérables , dont la couleur varie, du blanc à l'incarnat, au
rouge et au brun ; quelquefois cette dernière couleur n'est
que superficielle.
2. Baryte sulfatée bacillaire ( Slangenspath , W. ) ; en
prismes arrondis, d'un blanc-nacré ou jaunâtre, et sillonnés
dans le sens de leur longueur par des stries ou des canne-
lures plus ou moins profondes.
Cette variété , qui est rare , se trouve en Saxe , près de
Freyberg , dans la mine de Lorenzgegautrum , et en Angle-
terre , dans le Derbyshire. On l'a souvent confondue avec le
plomb carbonate bacillaire ; mais elle est sensiblement plus
dure , insoluble dans l'acide nitrique , et ne noircit pas à
l'approclie d'un sulfure aikalin. V. Plomb carbonate.
3. Baryte sulfatée radiée ou pierre de Bologne , Bologneser
spath , VV'^erner.
Cette pierre jouissoit autrefois d'une grande célébrité, à
cause de la propriété qu'elle a de paroître lumineuse dans les
ténèbres, après avoir été calcinée : propriété qui lai est com-
272 B 7V R
mune avec beaucoup d' autres substances minérales , maïs
qu'on croyoit alors lui être particulière.
On trouve cette pierre en petits rognons ovoïdes, dans les
coucbes d'argile et «le marne du monte Paiemo, à une lieue de
Bologne. Ils sont ordinairement couverts d'une croûte grise
et argileuse ; mais l'intérieur est vitreux , et communément
il offre des stries qui vont du centre à la circonférence ,
comme on l'observe dans les pyrites des couches de craie, et,
en général , dans les autres minéraux cristallisés sous une
forme globuleuse. La même montagne et les collines voisines
contiennent d'autres rognons qui sont de nature gypseuse , et
dont on fait du plâtre.
Yoici comment on raconte la découverte de sa phospho-
rescence. Vers le commencement du siècle dernier (en i63a)
un cordonnier de Eologne , nommé \incent Carraciolo ,
quisoupçonnoit, d'après la grande pesanleuret Téclat de cette
pierre, qu'elle contenoit de l'argent, la soumit à l'épreuve du
îcu ; mais, au lieu du brillant métallique qu'il cbercboit, il
n'obtint qu'une lueur rougeâtre , que la pierre calcinée ré-
pandoit dans les ténèbres. Il en fut moins réservé à publier
le résultat de son expérience , que les physiciens s'empressè-
r.nt de répéter.
Quand le célèbre minéralogiste Ferber se trouvoit à Bo-
logne , en 177I1 un particulier avoit imaginé de pulvériser
cette pierre et d'en faire, avec du mucilage de gomme adra-
ganle, une pâte dont il formoit des étoiles. Il les faisoit en-
suite calciner , et ces étoiles , qui étoient lumineuses dans
l'obscurité , étoient regardées comme de petites mei-veillcs.
L'on a donne à cette préparation le nom de phosphore de
Bologne.
La pierre de Bologne calcinée , conserve , dit-on , pen-
dant des années entières, la propriété de devenir lumineuse;
il suffit, pour cela , de la présenter un instant au soleil. Mais
si l'on répète cette opération trop souvent , le même effet n'a
plus lieu, pour lui rendre celte propriété , il faut la faire cal-
ciner de nouveau.
4.. Baryte sulfatée concrètionnêe-fibreiise { Fasriger Schwer~
spath^^W.^\ en masses arrondies, tuberculeuses et com-
posées de mamelons, à tissu fibreux et radié, dont la couleur
varie du blanc jaunâtre au roussâlre et au brun : se trouve à
Qiaud-Fontaine , près de Lullich , pays de Liège ; et à
Neu-Leinengen , dans le Palatinat.
5. Baryte sulfatée lamellaire ; en petites lames droites for-
mant, par leur assemblage, des masses dont la cassure c;:t
analogue à celle des marbres primitifs.
C'est à cette apparence , jointe à sa grande pesanlcur et à
BAR 273
ises rapports avec les substances métalliques dans le sein de
la terre , qu'elle a du le nom de viamior metallkum , quilui
a été donne par Cronstedt et par \ allerius.
6. Barvle syAid^Xéç. granulaire {Komigcr Srhwerspath ^ W.);
en masses blanchâtres composc^'S de grains plus ou moins
fins, ressemblant à certains grès et faciles à séparer, fria-
bles. Elle est en lits , avec la galène , la blende , la pyrite
de fer et de cuivre, à Pégau en Styrie, et au liarlz ; avec la
galène , à Pesey en Savoie, et en Sibérie.
Celle de Pégau contient dix cenlièmes de silice.
7. Baryte sulfatée compacte (^Bi<hter Scliœerspaih ^ ^^Oî
sa cassure est terreuse , terne ; elle est opaque ou foible-
menl translucide et de couleur variée ; ordinairement blan-
châtre , ou grisâtre, quelquefois jaune d ocre et rougeâtre.
Elle se trouve à Pesey et à Servoz en Savoie ; en Saxe et
en Angleterre.
8. Baryte sulfatée terreuse {^ScJiwerspath Erde, W. ); fria-
ble ou pulvérulente , d un blanc mat , âpre au toucher.
Les mineurs du Derbvshire nomment Caivk une variété
terreuse compacte , blanche , à grain fin et qui se coupe
comme la craie : les vernis de plomb du Staffordshire en
renferment. Il en vient également de Freyberg en Saxe,
de Miez en Bohème, et de Constein en AYestphalie.
On prépare avec cette substance une couleur blanche qui
ne noircit pas quand elle est exposée à des émanations sul-
fureuses, comme le fait le blanc de plomb; elle sert aussi,
dans les laboratoires des chimistes, à la préparation de la
baryte. On dit que les Chinois la font entrer dans la compo-
sition de leur porcelaine, et que la variété qu ils emploient à
Cet usage, sous le nom de chekao, est semblable à la pierre
de Bologne.
La baryte sulfatée , quoique répandue assez abondam-
ment , ne forme point de montagnes , et ne se trouve que
très-rarement en couches ( Brongniafi). C'est une des subs-
tances que Ton rencontre le plus communément dans les
veines métalliques, 011 elle est associée au quarz, à la chaux
carbonatée ou fluatée , au plomb, au zinc, au cuivre, au
fer et à lantimoine sulfuré, au cuivre gris, etc. Oq la trouve
aussi seule, en filons ou en veines, dans des roches de
première formation , comme en Auvergne , non loin de
Clermont-Fenand, et notamment à Royat, aux environs de
Ghampeix , près du village de Coude, à la Courtade et dans
plusieurs autres endroits de la même province et aux envi-
ronsde Nantes. D'autres fois elle estengagéedansl'argile, etc.
La France, 1 Allemagne , 1 Angleterre , et en général tous
les pays à mines , renferment des cristaux ou des masses
III. 18
^74 BAR
de cette substance. Les plus limpides viennent d'Angleten'e;
ceux d'Auvergne sont communément jaunâtres. M. Rozière
en a trouvé en Egypte , dans le Mokattan. On la rencontre
également dans les déserts de la Lybie. (Lur.)
Les mines où elle est la plus abondante, sont celles de Saxe,
du Hartz , de Hongrie , de Transylvanie , la mine d'argent
aurifère de Zméof en Sibérie ; les mines de mercure d'Al-
raaden en Espagne, celles du pays de Deux-Ponts, du Pala-
tinat , etc. (luc.)
Elle est communément en masses irrégulières; mais on
la trouve aussi cristallisée , soit en octaèdres très-allongés ,
soit en lames ou tables plus ou moins épaisses , quelquefois
rhoraboïdales , plus souvent hexagones et octogones , avec
les bords en biseau. (F. plus haut.) Ses cristaux présentent
quelquefois des accidens singxiliers.
Dans les échantillons, par exemple , qui viennent de Saxe,
on en voit en tables hexagones , dont la bordure est blanche,
et dont le milieu présente un rhombe de couleur noirâtre :
quelquefois c'est l'inverse.
La même chose se voit dans les échantillons qui viennent
des mines de mercure ; les tables ont une bordure blanc de
lait , et le centre est d'un beau rouge de cinabre : c'est aussi
quelquefois l'irrverse.
Ces cristaux sont ordinairement posés de champ , et leur
grandeur varie depuis quelques lignes jusqu'à deux pouces de
diamètre ; mais les cristaux du même groupe , et en général
du même gîte , sont d'une grandeur à peu près égale.
A Schemnitz en Hongrie, ce sont des lames rhomboïdales
dont le centre est diaphane et d'une couleur bleuâtre , tandis
que la bordure est opaque et d'un blanc mat.
En Transylvanie , ce soni des lames hexagones qui ren-
ferment des rhombes concentriques : leur centre est plus dia-
phane que les bords ; leur couleur est blanchâtre ; on en a
aussi trouvé de bleues à Offcnbanya.
A Freyberg en Saxe , et au Ramelsberg dans le Hartz, ce
sont des groupes de tables rectangulaires posées de champ ,
et très-serrées les unes contre les autres; leur couleur est le
blanc d'ivoire. Elles sont ordinairement parsemées de py-
rites; on en a trouvé, dans les anwens travaux, des gï^upes
de cinq à six livres de la plus grande beauté.
Le Hartz en a fourni aussi en cristaux plus distincts, qui
avoient jusqu'à six pouces de longueur.
La mine d'antimoine de Massiac en Auvergne, en produit
aussi d un volume très-considérable ; ils sont demi-transpa-
rens et d'une couleur fauve; ils servent de gangue à de Ion-
B A R ,75
gués aiguilles de sulfure d'antimoine. Ceux de Royat, près
de Clermont, sont aussi très-grands et d'une forme très-ré-
gulière.
La mine d'argent aurifère de Zmeof ^ ou Schlangenberg ,
dans les monts vVltaï en Sibérie, contient beaucoup de spatli
pesant, ordinairement informe; et il ser-tde gangue très-sou^
vent à Tor et à l'argent natifs ; il est d'un blanc de porce-
laine et quelquefois gris d'ardoise , confusément cristallisé
comme les marbres salins. Il se présente très-rarement en
cristaux réguliers; les échantillons que j'en ai vus dans plu-
sieurs voyages que j'ai faits à cette mine, ne m'ont offert
que de petites lames blanchâtres de cinq à six lignes de dia-
mètre, parfaitement planes, et sans biseau sur les bords,
qui sont coupés net ; les unes sont rhomboïdales , les autres
ont leurs angles tronqués.
Je n'ai trouvé le spath pesant dans aucun autre lieu de la
Sibérie , quoique j'y aie voyagé pendant plus de buit ans ,
depuis les monts Oural jusqu'au ileuve Amuur.
Le spath pesant en végétation {spathum entcaforme ) , se
trouve dans le Northumberland ; ce sont de petites ramifi-
cations analogues à celle Au Jlos feni. V. Arragomte.
Dans le comté de Sommerset, on trouve du spath pesant
en boules dont l'intérieur est lamclleux, et la surface hérissée
par les angles des lames dont elles sont composées.
C'est également sous une forme globuleuse que se trouve la
fameuse pierre de Bologne. V. plus haut. (PAT.)
Baryte sulfatée fétide {Lapis hepatiais ou pierre puante,
Cronstedt; Baryte hépatique ,.])e Born ; lîepufit, Karsten).
Elle exhale, par la percussion ou la raclure, une odeur fé-
tide , semblable à celle de la chaux carbonatée à laquelle
elle est analogue ; ses autres caractères sont les mêmes que
ceux de la baryte sulfatée ordinaire.
La Baryte sulfatée fétide est lamellaire et granulaire , oii
semi-compacte.
Elle constitue des filons entiers, dans les Alpes. M. Ké-
ricarl de Thury l'a trouvée associée au plomb sulfuré, sur
la niontagne du Labyrinthe , dans les travaux faits par les
Romains, au pied du mont Saint-Bernard. On en trouve
aussi à Buxion dans le Dcrbysbirc, à Konsberg en Norwé^e,
à Andrarum en Suède , et à Lubiin en Gallicie. (LUC.)
BARYTITE, Delamétherie. V. Baryte sulfatée.
BARYTO-CALCITE. ]\om donné par Kirwan à une
cbaux carbonatée grise , en niasses sphtriqiies tt à tissu
fibreux, qui, d'après une analyse de Ber-^man , coiitiendroit
huit centièmes de baryte caibouatée.
376 BAS
M. ScTiutnacher a décrit sous le même nom un mînéraî
fclanc-bleuâtre , assez éclatant , faisant effervescence avec
l'acide nitrique et susceptible de fournir des fragmens rhom-
Loïdaux , qu'il a observé à Konsberg, dans la mine de Ju-
liane-Haab.
Il pense que ce pourroil bien être une variété de stron—
tlane carbonatée; et cependant les caractères qu'il lui accorde
ne paroissent pas motiver ce rapprochement, (luc.)
BARYXYLE, Baryxylum. Grand arbre à feuilles pin-
tiées , à folioles petites , oblongues, obtuses, très-entières,,
glabres; à fleurs jaunes, disposées en grappes terminales,
qui forme un genre dans la décandrie monogynie et dans la
famille des légumineuses.
Ce genre offre pour caractères : un calice de cinq folioles
Ovales, (fblongues et caduques; cinq pétales plissés, rugueux,
à onglets charnus et velus; un ovaire supérieur, surmonté
d'un style à stigmate horizontal et concave ; un légume épais ,
obtus , un peu courbe , glabre et polysperme.
Le baryxyle se trouve sur les hautes montagnes de la Co-
chinchine. Son bois est droit et très-solide ; il est roux et si
dur, qu'on lui donne ordinairement, dans le pays, le nom de
bois de fer. Ces qualités sont exprimées par le nom de cet arbre,
haryxylon^ signifiant en grec buis pesant. On l'emploie à la
construction des ponts et des colonnes destinés à supporter
de grands poids.
BASACARAGUAY. Nom que porte , au Paraguay, le
Troglodyte de Buenos-Ayres. F. l'article des Troglodytes.
(v.)
BASAL. Genre de plantes de la pentandrie monogynie ,
dont les caractères sont d'avoir: un calice à cinq divisions; cinq
pétales ; cinq étamines ; un ovaire supérieur surmonté d'un
elylc très -petit ; une baie ronde , contenant un noyau à amau-
»de blanche.
Ce genre contient deux espèces , figurées par Piheed ,
'/fort. mal. 5, tab. n et 12 , qui se distinguent en ce que la
première a les pétales arrondis, et que la seconde les a poin-
lus. Ce sont des arbustes toujours verts , dont les feuilles sont
alternes , les (leurs en grappes latérales et très-odorantes; les
fruits sont utiles dans la frénésie , contre les vers , etc. : ils
croissent dans les terres sabloneuscs de la côte de Malabar.
La décoction des feuilles de la première espèce , melee de
gingembre , soulage les maux dégorge : ses amandes tuent
les vers. Les feuilles de la seconde , ainsi en décoction , raf-
lermissent les gencives, et son écorcc bouillie avec la graine
■RAS 277
Se cumin , dans le petit lait , fournit un gargarisme qui guérit
les aphtes et autres ulcères de la bouche, (b.)
BASALTE. Les anciens ont donné ce nom à une pierre
dont la couleur noire et la dureté approchoient de celle da
fer; ils en fabriquoient des poids , des vases , des statues et
d\iutrcs ouvrages précieux. Suivant Pline , on admiroit sur-
tout la figure dui\7/, beaucoup plus grande que nature, accom-
pagnée de seize petits enfans qui jouolent autour d'elle.
On ne sait ce qu'est devenue la statue originale ; mais il
en existe une belle copie ancienne , en marbre blanc , dans
les jardius du Vafican , d'après laquelle un habile artiste lyon-
nais , nommé Bourdict , fit à Rome , en 1690, celle qu'on
voit aux Tuileries , qui fait pendant avec celle du Tibre par
le même artiste.
C'est aussi de basalte qu'est faite la fameuse statue colossale
de Memnon , qu'on voit encore à Thèbes.
Slrabon rapporte que l'on en trouvoit en colonnes dans la
Haute-Egypte; d'où les naturalistes, qui regardent comme
des laves (es masses prismatiques auxquelles les modernes
donnent le nom de basaltes-, ont conclu que le basalte des an-
ciens étoit un produit du feu. Mais nous verrons bientôt que
le basalte antique n'est pas le même que notre basalte. Il a bien
quelques rapports avec lui par sa couleur ; mais il est moins
aigre et plus fiicile à travailler que ce dernier , plus doux au
toucher, et même à l'œil. Quand bien même il seroit prouvé
que les substances travaillées anciennement sous le nom de
basaltes seroient divisées en prismes , cela ne prouveroit pas
encore l'identité des substances dont il s'agit.
On sait que plusieurs minéraux partagent cette propriété.
Il existe , en Suède et ailleurs , des masses prismatiques d'une
pierre noire à laquelle les Suédois donnent le nom de trapp ,
et qui se trouve dans des circonstances géologiques propres
à éloigner toute idée de volcanicité. Elle appartient, au
contraire, aux terrains de première formation , et est prin-
cipalement composée d'amphibole.
Dolomieu rapporte le basalte antique à l'amphibole en
masse, qui passe au granité dans certains morceaux. ( V^oyez
Journ. de PL, t. Sy.) M. Faujas est du même avis dans sou
Histoire naturelle des roches de trapp.
» On a classé , dit-il, sans raison parmi les trapps une pierre
noire, dure, àpàteplus ou moins fuie, employée depréference
parles anciens Egyptiens pourformer les statuesde leurs nom-
breuses divinités. La couleur sonibre et égale de la pierre ,
la sévérité des formes, convenoient à l'austérité de leur culte;
et la grande dureté de cette pierre la rendoit , en quelque
sorte ; impérissable : la cupidité des con^uérans u'avoit pas
278 BAS
d'intérêt à la détruire , puisqu'on ne pouvoit tirer aucun parti
de la valeur de la matière , qui «iloit nulle.
" Cette pierre, dont Pline el Strahon ont fait mention, et
que le célèbre naturaliste romain désigna, d'après les Egyp-
tiens , sous le nom de basalte , a donné lieu à de grandes dis-
cussions parmi les antiquaires, et plus particulièrement parmi
les minéralogistes. Ces derniers ayant cru reconnoitre , en
raison de la couleur et de la dureté , cette même pierre , en
voyant les laves compactes si abondamment répandues dans
la Sicile et dans une grande partie de Tltalie , donnèrent à
ces laves le même nom de basalte ; l'habifude prévalut , et
l'on finit par regarder ces deux genres de pierre comme étant
de la même nature, c'est-à-dire , qu'on les considéra comme
le produit des volcans , quoique le basalte d'Egypte eût une
origine bien différente.
j' Une des causes qui contribua long-temps à maintenir
cette erreur, c'est qu'après la conquête de l'Egypte par les Ro-
mains, beaucoup de statues égyptiennes , de vasesel autresmo-
iiumens en basalte, ayant été transportés à Pxome, ce genre de
£uriositéful très-reclierché et devint , sous Tempereur yVdrien,
«ne sorte de passion , qui porta ces objets d art à un prix
très-élevé ; on restaura tout ce qui avoit éprouvé desaccidens,
avec de véritables basaltes volcaniques , que les sculpteurs
anciens avoient la facilité de se procurer à peu de frais, dans
les environs mêmes de Rome; de sorte que , dans les temps
postérieurs , lorsque des savans versés dans la connrtissance
des pierres porloient leurs regards sur ces parties réparées,
sans y regarder de plus près, ils éioient induits en erreur, et,
trompés par ces restaurations, bien postérieures au temps des
Egyptiens, ils ne manquoient pas d affirmer que ces peuples
avoient employé, dans leurs ouvrages d'art, de véritables /yo-
5û//e5 volcaniques ; et de là, peut-être , la fausse tradition que
les Egyptiens et même les Romains avoient employé des pierres
qu'ils pouvoient fon/ire et couler en moule.
» En dernière analyse, le basalte égyptien , le basalte de
Pline et de Sirabon n'appartiennent ni aux laves ni aux trapps,
mais à un véritable granité , dont les grains, très-fins et très-
atténués , sont masqués par des molécules très-abondantes
d'iiornblende. ( Ow.-a^e cité , p. 61 et suiv. )
En effet , l'on remarque sur plusieurs monumens un peu
volumineux , le passage de la rocbe amphibolique et feldspa-
thique que les Italiens nomment granito nero ebianco, au ba-
salte à grain f n et compacte. La même transition s'observe ,
quoique plus rarement , du basalte vert à la roche d'amphibole
vert lamelleux et de feldspath , qu'ils nomment .o'mw'/o verde.
M.. Wad, qui a décrit avec beaucoup de soin la matière des
B A S ,,,
monumens égyptiens en hasalte , conservés dans le Mmeunt
Borglanum, à Velletri, pense qu'il y en a de deux sortes : l'une
d'elles appartient , dit-il , aux montagnes primitives , et est
composée, en grande partie, d'hornblende noire (amphibole),
avec feldspath et quarz disséminés , et peut être rapportée à
la syénite de Werner ; l'autre , de formation plus récente ,
ressemble en tout au basalte ou lave basaltine des Italiens ,
et à la substance nommée basalte par M. AVerner. ( Voyez
sa Dissertation, irriprimée à \ elletri en lyg^-- ) Nous ajoute-
rons que le basalte vert antique est, pour le célèbre professeur
de Freyberg , une variété de grunstein de première forma-
tion ; d'où il résulte que l'on a évidemment applique le nom
de basalte à des substances très-différentes. On a été même
jusqu'à le donner à certaines variétés de marbre noir , dont
furent faits , du temps d'Adrien , divers monumens dans le
style égyptien.
Agricola est le premier , parmi les modernes , qui ait nom-
mé basaltes des pierres noires en forme de colonnes polygones,
observées par lui à Stolpen et dans d'autres lieux de la Saxe.
Ce sont principalement ces colonnes qui ont donné lieu aux
discussions qui existent depuis si long-temps entre les miné-
ralogistes , sur la question de savoir si les matières noires
prismatiques qui recouvrent des sommités en Saxe et en Au-
vergne , et qui composent des masses si considérables en
Irlande et dans d'autres pays , sont d'origine volcanique.
Nous n'entrerons pas dans l'examen de toutes les opinions
qui ont été émises à ce sujet par les naturalistes, parlagés à
cet égard en deux partis , sous le nom de vokanistes et de
neptuniens , et à la tête desquels on voit , des deux cotés , des
noms également célèbres. On' les trouvera analysées dans la
seconde partie de cet article, dont M. Patrin est l'auteur.
Nous devons seulement avertir ici que , jusqu'à ces derniers
temps, tous lesminéralogistes regardoient l'amphibole comme
la base de cette roche , susceptible de se diviser en prismips ,
quelle que soit son origine , à laquelle ils donnent le nom de
basalte ; mais que des observations récentes de M. Cordier
lai ont fourni la preuve que c'est le pyi'oxène et non pas l'am-
phibole, qui forme , avec le feldspath et le fer titane, la base
de ces substances , ainsi que celle des laves compactes ou po-
reuses; que les laves prismatiques d'une couleur noire , sont
presque entièrement composées de pyroxène et de fer titane,
avec très-peu de feldspath ; le péridot y est simplement dissé-
miné ; les laves , d'une couleur plus claire , contiennent da-
vantage de ce dernier; et enfin, il y a des laves entièrement
feldspathiques. V. Laves. Les basaltes de la Saxe , examiné.'»,
sous ce rapport , lui ont offert les mêmes résultats , ainsi
s8o B \ S
que ceux de l'Auvergne et des autres parties de l'Europe;
L'on peut consulter , relativement à cette discussion , le
savant Mémoire de M. Daubuisson sur les basaltes de la
"Saxe (Paris, Courcier, i8o3), quin avoit pas vu, il est vrai,
l'Auvergne à cette époque, et qui partage actuellement Popi-
nion répandue en France sur la volcanicité des basaltes de ce
pays , mais qui a rassemblé dans son ouvrage toutes les rai-
sons apportées , encore aujourd'hui, en Allemagne , conti-e
cette même origine.
Nous devons avertir aussi que les formes prismatiques du
basalte , que M. Patrin regarde comme le produit d'une véri-
table cristallisation, analogue , suivant lui, à celle des espèces
minérales , ne sont considérées , par le plus grand nombre
des minéralogistes et des géologues , que comme l'effet d'un
retrait que le basalte auroit éprouvé, soit en se desséchant,,
s'il est le produit de l'eau , soit en se refroidissant , sïi est le
résultat de la fusion.
Caractères du basalte (Mémoire de M. Daubuisson, p- 7 à 9).
— La couleur du basalte est le noir-grisâtre plus ou moins
foncé ; lorsqu il est poli et mouillé , il a un aspect bleuâtre.
Dans quelques variétés, la couleur prend une teinte de vert ;
dans d'autres , de brun ou de rouge ; dans le premier cas ,
le basalte se rapproche de la wacke ou du ^m/w/mz ; dans le
second , de la mine de fer argileuse.
11 se trouve en masses , en couches recouvrant des mon-
tagnes dont il forme ordinairement la cime; le plus souvent,
ses masses ou couches sont divisées en prismes plus ou moins
réguliers et qui ont plusieurs mètres de long ( les plus beaux
que nous connoissions sont ceux <pii forment le monticule
au pied duquel est bâtie la petite ville de Murât, en Auvergne,
sur la route d'Auriliac à Saint-Flour[L.] ): quelquefois elles
sont divisées en plaques, ou en boules à couches concen-
triques. Quelques variétés présentent des cavités huileuses ,
en plus ou moins grand nombre.
Sa cassure est ordinairement mate et presque terreuse
(quelquefois foiblement brillante ) , mais à grains fins , pas-
sant à la conchoïde évasée , d'autres fois à l'inégale à gros
grains. Il présente souvent des pièces séparée^ grenues. Il est
difficile à casser lorsqu'il n'est pas fendillé. Les prismes, sur-
tout lorsqu'ils sont petits, résonnent sous le marteau comme
une enclume. Les fragmens détachés ont les bords d'autant
plus aigus , que la cassure des prismes approche plus de la
conchoïde ; ce sont les plus durs et les plus compactes.
Sa dureté varie ; les variétés dans lesquelles la cassure est
conchoïde , donnent quelques étincelles au briquet ; les autres
^c laissent attaquer au couteau : celles qui sont criblées de
BAS i8i
cavités huileuses ^ ont souvent quelque chose de sec et d'aigre
au toucher.
Sa pesanteur spécifique est environ trois fois ( 3,o65 sui-
vant Klaproth) plus considérahle que celle de l'eau. Les va-
riétés poreuses sont plus légères.
Presque tous les basaltes agissent sur Taigullle aimantée.
D'après Tobservation de M. Haiiy , plusieurs possèdent la
vertu poL-îire.
Expose à l'action des élémens atmosphériques, il se dé-
compose, plus ou moins facilement, en une terre grasse,
de couleur noirâtre , et très-propre à la végétation. Les va-
riétés les plus compactes , ces prismes semblables à du fer ,
paroissenl résister à toute décomposition : celles qui sont
criblées de cavités se décomposent souvent en une espèce de
matière terreuse grisâtre, qui ressemble quelquefois à de
la cendre et à une véritable argile d'un gris cendré , du
moins en AuveVgne [l.]. Soumis à l'action du feu des four-
neaux de nos laboratoires , il se fond à environ 38 degrés du
pyromelre de Wedgewood, d'après l'estimation de sir Hall :
il s'y convertit en un verre d'un noir brunâtre ou verdâtre ,
et un peu translucide sur les bords. Ce verre , refondu et re-
froidi très-lentement , redonne une substance d'un aspect
pierreux. Exposé au feu dans un creuset revêtu de poussier
de charbon , le basalte se change en une masse grise , mate ,
criblée de petits trous et remplie de globules de fer.
MM. Klaproth et le docteur Kennedl ont analysé lebasalte,
et ils ont trouve que sur cent parties il contenoit :
Klaproth. Kennedy.
Silice . 4-4i5o ... 4-6
Alumine 16,75 ... 16
Oxyde de fer .... 20,00 '. . . 16
Chaux Qï^o ... 9
^Magnésie 2,25 ... o
Soude 2,60 ... 4-
Eau 2,00 ... 5
Oxyde de manganèse . 0,12 . . . o'
Acide murlallque. . . o,o5 ... i
Perte 2,28 ... 3
100,00 100
M. Klaproth a en outre trouvé un peu de carbone ; et dans
les cinq parties A' eau de 1 analyse du docteur Kennedy, sont
comprises les substances gazeuzes.
Nous ajoutons ici , d après le même auteur, quelquesmots
sur la structure du basalte^ et sur sa situation géologique.
La structure d« basalte est quelquefois simple , c'est-à-
^33 BAS
dire, d'apparence homogène; mais le plus souvent elle est
poj-phyrique, et même assez fréquemment yoor^/îyn'yMe et amyg-
daldide tout à la fois. Elle est porpliyrique , parce qu'au milieu
de la masse ou pâte basaltique , on trouve des cristaux ou des
grains d'amphibole , de péridot , de pyroxène , de mica , de
feldspath , de fer magnétique , etc. Ces cristaux ou grains ont
été formés en même temps que la masse basaltique ; ils rem-
plissent très-exactement la petite cellule qu'ils occupent ; ils
adhèrent à ses parois: ils sont assez régulièrement dispersés
dans la masse , et presque jamais groupés. La structure de
certains basaltes est amygdaldide^ quand il se trouve dans leur
masse de petites cavités , tantôt tortueuses , tantôt sphériques
ou ovoïdes , et quelquefois en si grande quantité que cette
masse a l'air d'une éponge : ces cavités sont tantôt vides ,
tantôt remplies , soit en totalité , soit en partie , de diverses
substances qui , suivant les uns , y ont été déposées par une
dissolution qui y aura pénétré vraisemblablement par infil-
tration , et , suivant les autres , sont produites par la cristal-
lisation , dans le temps de la consolidation de la masse ).
Quelquefois ces substances tapissent , sous la forme d'un
simple enduit , les parois des cavités ; d'autres fois, plusieurs
couches , de nature souveni différente , s'y déposent les unes
sur les autres, cJ forment des géodes et des agates ; d'autres
fols elles les remplissent entièrement : celles qu'on trouve le
plus fréquemment dans les basaltes amvgdaloïdes , sont des
stéatites, de la terre verte , du spath calcaire , des zéolithes,
du quarz , des calcédoines , etc.
Le basalte , considéré en grandes masses , se trouve divisé
en grandes couches, qui se subdivisent en prismes , en tables,
en boules, etc. Le nombre des faces de ces prismes est très-
variable, de même que leur situation; cette dernière s'ap-
proche le plus souvent de la direction verticale ; il y en a
aussi de très-inclinés et même d'horir.ontaus ; d'autres qui
vont en divergeant d'un centre commun. Ils sont aussi assez
souveni partagés de distance en distance par des fissures per-
pendiculaires à l'axe , qui les divisent en tronçons , dont une
face est concave et l'autre convexe , et sont alors ce qu'on
appelle atiicidés. Ces prismes , en .se décomposant , donnent
naissance à des boules composées de couches concentriques,
au moins dans la partie voisine de la surface , etc.
Les couches ou masses de basalte sont souvent accompa-
gnées de couches ou de masses de wacke , de grunstein et de
porphyrscliiefer. Ces substances minérales , prises ensemble,
composent des montagnes , et ne se trouvent que dans le voi-
sinage les unes des autres ; de plus, elles passent les unes dans
les autres par une série progressive denuances intermédiaires,
BAS . a83
et sont ainsi de même formation. La wac\e est en couches
minces sous le basalte , et le grunsteinbasall, ordlnairenieal
par-dessusi
Enfin , considéré par rapport aux autres roches , le basalte
les recouvre presque toujours et n en est point recouvert : sa
formation esl donc moins ancienne ; il se trouve , le plus
souvent, sur la soumiité dos raonlagnes coniques et isolées.
Tels sont les faits relatifs aux caractères <lu basalte et à sa
situation géologique , abstraction faite de tout système sur son
origine. jSous verrons plus bas le par i que les neptuniens et
les volcanistes en ont tiré , pour attribuer sa formation, soil à
l'eau, soit au feu.
Ce qui suit est de M. Patrin : nous n'avons pas cru de-
voir en retrancher ce qui regarde la cristallisation du basalte,
ayant averti plus haut que nous ne partagions pas les opinions
de 1 auteur à ce sujet; cette discussion, d'ailleurs, pouvant à
plusieurs égards intéresser les naturalistes, quoiqu'elle ren-
ferme beaucoup d'assertions erronées relativement à la cris-
tallographie. (LUC.) •
La ressemblance du basalte avec certains trapps est si
grande, qu il est très-diffu ile de les distinguer d après les
échantillons de cabinet ; mais quand on les observe en grand
dans la nature , on voit qu ils se trouvent dans des circons-
tances géologiques absolument différentes. Il est aisé de re-
connoître que le tmpp est une roche prindtioe, contemporaine
du granité; tandis que le basalte, disposé par couches à peu
près horizontales , comme les couches coquillères sur les-
quelles il n'est pas rare de le voir reposer, est évidemment
une matière secondaire.
Les couches de basalte sont à peu près horizmlales , et
souvent formées d'un assemblage de prismes polygones ,
accolés les uns anx autres , et , pour l'ordinaire , dans une
situation verticale. Plusieurs de ces couches sont quelquefois
entassées les unes au-dessus des autres , avec plus ou moins
de régularité ; et il n'est pas rare de voir entre ces couches ,
composées de colonnes verticales et régulières, d'autres
couches en désordre, et qui contiennent des matières étran-
gères. Ou reconnoit que le massif qui résulte de cet assem-
blage de couches , a élé formé à plusieurs reprises.
On donne à ces grands amas de basalte., qui ont quelquefois
plusieurs lieues détendue, le nom de chaussées basaltiques.
Nous avons en France un grand nombre de ces chaussées
basaltiques , surtout en Auvergne et dans le Velay et le Viva-
rais. Nous devonsla connoissance des premières à Desmarets,
et les secondes sont décrites et figurées dans le bel ouvrage
de Faujas de Saint-Fond.
281 . BAS
Mais les plus célèbres monumens de la nature en cegenre^
sont la Chaussée des Gains, sur la côte seplenirionale cVlr-
lande, et la Grotte de Hngal^ dans Tiie de Siaffa, l'une des
Hébrides , à trente lieues au nord de la Chaussée des (^éans.
Je donnerai cl-apn''s la description de 1 une et de 1" autre ,
d après les plus célèbres observateurs modernes.
Les diverses circonstances qui accompagnent le basalte ,
ont fait naître sur son origine une grande question qui divise
les naturalistes. Les uns prétendent que c'est un produit des
volcans , et les autres soutiennent qu il a élé fonné par la
voie bumide. On donne aux premiers le nom de vohanistes ,
et aux seconds celui de neptunlens. Les uns et les autres éta-
blissent leur opinion sur des faits et des ralsonnemens qui pa-
roissent également concluans ; et je n'en suis nullement sur-
pris , car je pense que les uns et les autres ont également
raison.
Les neptumeus disent : «Les lasaltes ne sont pas des laves,
« car ils sont disposés par couches à peu près horizontales et
<f régulières, elftes courans de laves ne sauroient offrir une
« semblable régularité ; il est donc évident (ju'il n'a pas été
« roulé sur le terrain comme une matière fondue , mais dé-
« posé comme une matière qui se trouvoit délavée dans les
« eaux. » Ils rapportent d'ailleurs des faits bien constatés,
qui prouvent que , lorsque les cou( hes de hasahe ont été for-
mées , elles étoient bien loin d être dans un état de fusion
ignée, puisqu'elles n'ont pas laissé la plus légère em{treinle
de l'action du feu sur les corps combustibles avec lesqui-ls
elles se sont trouvées en contact. On voit à.ft<> masses de La-
salle (\\n reposent immédiatement sur des couches de houille,
qui n'en ont pas élé le moins du monde altérées ; etles schistes
ferrugineux n'ont point changé de couleur.
Quand le basalte repose sur un banc de pierre calcaire ,
ou qu'il en est recouvert, ces deux substances adhèrent for-
tement l'une à l'autre; mais la pierre calcaire est dans son
état naturel et. sans la moindre altération , tandis que celle
qui se trouve en co.itact avec la lave , est toujours calcinée ,
et dans un état pulvérulent. Enfin , l'on trouve dans l'inté-
rieur même du ba^nl'e , des corps combustibles ou calcl-
nables , comme des rognons de houille , des coquilles , etc.
qui n'offrent aucun indice de l'action du calorique : donc le
basalte n'est pas une lave.
Les volcanisles , de leur côté , disent que le bisalte se trou-
vant toujours au pied des volcans , soit éteints , soit en
activité , et jamais ailleurs que dans les contrées volcanisees,
il est plus que probable que c est de ces volcans mêmes qu il
lire $0» origine, lis ajoutent que le basalte offre des accideo&
B A S 585
qiiï éê rencotllreftt fréquemment dans les matières volca-
niques , généralement reconnues pour telles , et qu'on n'a
point encore rencontrées dans des matières qui soient in-
contestablement formées par la voie humide. Ou voit , par
exemple , du basalte qui , de l'aveu même des ncplunicns ^
offre dans son intérieur des alvéoles , ou sphériques , ou
ovoïdes, parfaitement semblables aux soufflures de la lave :
et l'on ne connoit ni trapp , ni cornéenne des montagne»
primitives , qui présente rien de semblable.
Le basalte couiio^nv des globules calcaires , des globules de
zéolite rayonnante, desgeodesde calcédoine, toutes matières
qui se trouvent bien fréquemment dans les produits volca-
niques, et dont on n'a point d exemple dans les roches pri-
mitives , ni dans aucunes autres couches secondaires que
dans les basaltes , qui ont d'ailleurs une ressemblance parfaite
avec les laves compactes.
Les j;^/^^//^^ font observer encore qu'iln'estpas rare de voir
des laves poreuses , et même des tufs, des pouzzolanes, des
pierres ponces, etc., affecter une forme prismatique sem-
blable à celle du basalte ; tandis qu'aucune autre pierre , soit
primitive , soit secondaire , ne se présente sous cette forme,
qui paroît être spécialement affectée aux matières volca-
niques.
Ils disent enfin que , d'après les observations de Dolomieu ,
l'on volt des colonnes de basalte qui , suivant son expression ,
forment une ceinture tout autour de l'Etna , jusqu'à la hau-
teur de deux ou trois cents toises au-dessus du niveau de la
mer, et que ce basalte ofù'e absolument les mêmes variétés qne
les laves poreuses ; ce qui ne laisse aucun doute sur l'idenlllé
de leur origine. Tout semble donc se réunir pour prouver que
le basalte est un produit des volcans.
On poarrolt ajouter encore une autre considération , qui
seroit, ce me semble , d'un grand poids. On pourrolt dire
que plusieurs naturalistes ont donné des explications plus
ou moins satisfaisantes de la formation des autres couches se-
condaires : ils ont dit, par exemple, que les couches calcaires
étoienl formées de débris d'animaux marins ; que les couches
de grès provenolent àudetiitus des montagnes de granité; que les
couches de glaise étolent dues à la décomposition des schistes
argileux , etc. ; mais aucun neptiinien ^ à ma connoissance , n'a
tenté d'expliquer la formation des couches basaltiques, et n'a
pu nous apprendre d'où la nature avolt tiré les matériaux dont
elle a construit ces amas prodigieux de basalte qui couvrent
les côtes d'Ecosse, les îles Hébrides et tout le nord de l'Ir-
lande, jusqu'à six ou sept lieues dans l'Intérieiir des terres^
s\xr une épaisseur de plusieurs centaines de pieds.
a86 B A S
Il faut remarquer que ces amas de hasalles reposent sur la
pierre calcaire coquillère, et qu'ils sont, par conséquent,
d'une formation récente.
11 faut remarquer aussi que quelques-unes des couclies qui
forment ces énormes entassemens, ont jusqu'à cinquante
pieds d'épaisseur, et que la matière dont elles sont composées
est si parfaitement homogène , qu'elle est toute cristallisée en
colonnes de cinquante pieds de hauteur, de la plus admirable
régularité. Il faut donc que ce vaste dépôt ait été fait, pour
ainsi dire , au même instant ; de sorte qu'à moins de supposer
qu'il est le produit d'une opération de la nature, fort semblable
à une éruption volcanique, il seroil impossible de lui supposer
uue origine vraisemblable; aucune analogie, au moins, ne
pourrolt en faire soupçonner quelque autre.
D'après ces diverses considérations et beaucoup d'autres ,
qui peuvent servir de fondement aux deux opinions des nep~
iuniens et des volrunistes , il me semble qu'il est facile de les
concilier, ou plutôt de les réunir et de les fondre en une seule
et même opinion , en disant que la matière des basaltes a été
véritablement fournie par des volcans, mais par des volcans
sous -marins^ dont les éjections élolent de la même nature que
celles qui produisent les courans de lave àas vo/rans déruwrris;
mais leurs molécules n'avoient point entre elles la cohérence
des matières en fusion, de sorte «[u'elles ont pu se délayer
dans les eaux de la mer, qui les ont déposées par couches ré-
gulières, comme les matières calcaires.
Cette opinion doit paroître d'autant moins extraordinaire,
qu'aujourd'hui même il arrive aux volcans de vomir, au Heu
de laves, des torrens de matière fangeuse capables d'ense-
velir des villes entières; et l'on connoit une espèce particu-
lière de volcans qui n'ont jamais que des éruptions de celle
nature. F. Volc.\>s vaseux.
D'ailleurs comme il est prouvé, par l'observation, que plus
la lave est en contact avec l'atmosphère, et plus sa fusion est
complète, il est permis de conclure, par la raison contraire,
que le défaut total de ce contact empêche complètement la
matière de la lave do passer à l'état de fusion , et laisse ses
molécules dans un état d'incohérence qui les rend miscibles
à leau.
D'après les descriptions des chaussées basaltiques données
par les neptuniens eux-mêmes , on voit que le basalte passe
insensiblement à l'état de lave poreuse , puisque celui qui
forme les parties supérieures de la chaussée , présente des
alvéoles dans sa contexture intérieure , tandis que celui des
assises inférieures est parfaitement compacte. Cette circons-
tance paroil indiquer qu'il est le produit d'une éruption qui
B A S :»87
a eu lieu dans le temps où la mer se trouvoit au niveau de la
source même d'où émanoit la matière du basaJle^ qui , par u;i
léger contact avec Tatmosphère, commençoit à se modifier en
lave poreuse.
Les mêmes observateurs disent qu'entre les couches ou
assises composées de prismes basaltiques réguliers, on voit des
couches de matières ocracées, et des couches qui contiennent
des matières terreuses en désordre; d'autres enfin qui sont
formées de hasaJte^ mais dont les prismes sont beaucoup plus
minces et diversement inclinés. Voici comment on pourroil ,
ce me semble, rendre compte de ces faits, qui dépendent de
l'état où se trouvoient et la mer et le volcan , dans l'instant
de la formation de ces différentes couches.
On sait que les matières que vomissent les volcans ne sont
pas toujours les mêmes, et qu'elles varient suivant les phases
de chaque éruption. Avant la sortie de la lave , le volcan
vomit , pendant plusieurs jours, d'épais torrens d'une fumée
noire , chargée d'une prodigieuse quantité de sable ferru-
gineux.
Dans les éruptions sous-marines^ ces matières ferrugineuses,
entraînées par leur poids, se sont précipitées les premières ,
et ont formé ces couches ocracées qui servent de lit aus
couches basaltiques, lesquelles sont le produit de l'éruption
proprement dite, qui, dans les volcans découverts y forme les
coulées de lave.
A l'égard des couches désordonnées de matières terreuses,
mêlées de fragmens de basalte ^ pour en concevoir l'origine ,
on peut se représenter un cône volcanique qu'une éruption
sous-marine élève subitement à la surface de la mer, comme
nous en avons vu de nos jours (et il ne faut pas croire que ces
îles volcaniques soient le fond même de la mer qui a été sou-
levé -, ce n'est autre chose qu'un amas de matières sableuses
vomies par le volcan ; ces îles se forment de la même façon
qu'une taupinière ). Cette bouche volcanique vomira de la
lave; mais celle-ci, se trouvant bientôt en contact avec l'eau,
se figera et formera un bourrelet que son poids entraînera au
fond de la mer. A ce bourrelet en succédera un autre qui
éprouvera le même sort ; et enfin le cône lui-même, entière-
ment formé de sables volcaniques, ne tardera pas à céder à
l'impétuosité des flots : dès la première tempête , il sera ren-
versé , culbuté ( comme nous avons vu disparoître plusieurs
îles pareilles ), et ses débris terreux , confondus avec les frag-
mens de laves, formeront les couches dont il s'agit.
Dès ce moment, le volcan , parla destruction de son cône,
n'ayant plus de communication directe avec l'atmosphère ,
YtàQy'itni volcan sous-marin ; et l'éruption suivante, qui peut
a88 BAS
«e trouver moins féconde en m.ilières sableuses que ta précé-
dente, ne formera point un cône qui s'élève jusqu'à la surface
des eaux; la matière basaltique se d ^posera sur les débris de
l'éruption précédente , et pourra former une couciie régu-
lière, dont la cristallisation paisible produira les prismes que
nous admirons.
Quant aux courbes de basalte formées de prismes beaucoup
plus minces et diversement inclinés, il est probable que leur
désordre provient uniquement de ce que la cristallisation de
ces basaltes s'est opérée dans le temps des grandes marées , où
les eaux de l'Océan , remuées avec violence jusque dans les
plus grandes profondeurs, ont donné à cette masse, encore
mal consolidée , des secousses qui en ont troublé la cristal-
lisation.
Ecoutons maintenant le célèbre professeur Pictet, dans la
belle description qu'il nous donne de la Chaussée ou Paoé
des Géans^ dans une de ses lettres si intéressantes et si instruc-
tives, qui contiennent la relation de son voyage dans les trois
royaumes britanniques. Celle-ci est datée de Dublin , le 28
juillet 180 1. {Bibliot. bril. n.» 14.4.)
Chaussée des Géans., sur la cote septentrionale d'Irlande.
Pour aller de Port-Rusb an Pa^é des GéanSy on cbemine, eii
général, parallèlement à la côte , c'est-à-dire, de l'ouest à
l'est. On traverse toujours un sol basaltique , mais qui cepen-
dant repose , dans la première partie de l'espace qu'on par-
court , sur des coucbes de pierre calcaire très-blanche
Ces couches plongent vers le sud. . . .
Pictet observe que, chemin faisant, on voit à droite de
la route un sommet basaliù/ue , composé de colonnes verti-
cales.
Plus loin , au village de Bushmills , on passe un pont de
pierre , dont l'une des culées repose sur une rangée de piliers
iiasaltiques.
A un mille au-delà de Bushmills, on trouve un hameau
où l'on prend des guides.
Arrivés, après quelques minutes de chemin, au bord d'une
falaise assez élevée , nous descendons vers la mer par un
chemin qui coupe en pente douce l'escarpement que nous
avons à droite. Ce chemin nous mène à l'entrée du fameux
Pavé des Géans , Giant's Causeivay.
C'est une sorte de promontoire, ou plutôt de jetée, qui
descend vers la mer en pente douce , et se termine par une
p >inte sar laquelle les vagues venoient écumer avec violence.
jCvtte jetée formt la corne occidentale d'une baie en forme
BAS
89
àe croissant, ceinte d'une côte élevée et abrupte, doçt l'en-
semble offre les plus beaux phénomènes hasalli(fues.
On ne voit de toutes paris que colonnes groupées et tou-
jours verticales^ sauf une seule exception, dont je parlerai
tout à l'heure. Les guides ont donné à ces groupes des noms
relatifs à des objets connus , dont ils offrent de loin l'ap'pa-
rence : ainsi, Tun qu'on voit vers le fond de la baie, se nomme
V Orgue ; un autre, le Métier du Tisserand^ etc.
La Chaussée des Géans est elle-même un de ces groupes,
assez enfoncé au-dessous des autres pour amener près du
niveau de la mer les extrémités supérieures de tous les
prismes dont il est composé ; tandis qu'on n'aperçoit des
autres groupes que leurs faces latérales.
L'ensemble des sections horizontales des milliers de
prismes qui composent cette chaussée, lui donne de loin
l'apparence d'un pavé de pierres polygones. De plus près ,
ces sections ne sont p|us au même niveau ; et en parcourant
la chaussée , on monte et descend continuellement comme
des marches d'escalier.
Tous les prismes dont cette jetée naturelle est composée,
sont en contact à peu près parfait les uns avec les autres ,
sans substance intermédiaire , à la différence du faisceau
basaltique de Dumbar , dont les intervalles sont remplis
d'uMe sorte de jaspe grossier.
Ils diffèrent peu en grosseur, et leur diamètre moyen est de
douze à quinze pouces. Le nombre de leurs faces n'est pas
uniforme : j'en ai vu de quatre et de huit; mais la iiès-grande
pluralité des sections offre des hexagones.
On sait que les prismes basaltiifues sont ordinairement
composés d'assises à peu près égales , superposées les unes
aux autres , avec un joint intermédiaire, dans lequel la con-
tinuité du prisme est décidément interrompue. Quand on
sépare ces assises , on trouve que leur articulation présente
presque toujours une face convexe, et l'autre concave. Il ne
m'a pas paru que la convexité fût plus fréquemment en des-
sous qu en dessus ; mais j'ai fait sur la structure de ces, prismes
deux observations qui me semblent avoir échappé aux auteurs
qui ont écrit sur ce sujet. L'une est que , dans les faisceaux
prismatiques partiels dont l'ensemble de la chaussée est com-
posé, quand le faisceau offre à l'extérieur une certaine ré-
gularité, les assises qui composent des prismes contigus ont
la même hauteur ; en sor.te que les joints se correspondent
exactement d'un prisme à l'autre.
Le second fait m'a paru plus singulier. . . .Non-seulement
la section d'une assise présente ou une convexité , ou une
concavité ; mais tous ses angles se relè\>ent en pointe pour emhrasicx
LU. 19
290 ^ A S
les angles de l'assise sumintc, qui est convenablement entaîll<fe
pour loger cette pointe , laquelle fait partie de i'arele du
prisme.
Dans quelques-uns des prismes , ces pointes sont toules
enlevées. 11 paroît que la pierre est moins cohérente là qu'ail-
leurs, et que ces parties saillantes de la section horizontale
ont, avec le reste de l'assise, quelque joint iniperceptihle,
par lequel elles s'en détachent avec le temps, par relïel des
influences atmosphériques.
Le basalte dont tous ces prismes sont composés , est une
|)ierre assez dure pour faire feu , quoique imparfaitement,
avec l'acier; de couleur noirâtre dans sa cassure récente,
et grisâtre dans les surfaces qui ont reçu l'action des élé-
nicns. Son grain est serré ; elle agit sur l'aiguille aimantée ;
sa pesanteur spécifique est d'environ 2,9, dans les échan-
tillons qui sont sans cavités.
Ces cavités, qui se trouvent plus comjj^unrrnenl dans la partie
svpérieurc des assises qu ailleurs^ sont quelquefois vides; d'autres
fois elles contiennent de l'eau douce, à ce que m'a appris le
docteur Richardson : je n'en ai pas vu qui offrissent cette
dernière particularité.
On trouve dans le tissu même du basalte quelques subs-
tances étrangères; savoir, des zéolites , ordinairement ar-
rondies à l'extérieur, et rayonnantes dans leur cassure, quel-
quefois aussi formées en petites géodes. Il y en a de toutes
grosseurs, depuis un grain à peine perceptible , jusque , dit-
on, au poids d'une livre. Je n'en ai pas vu de celte taille , ni
près de là.
On y trouve des préhnites , et quelques petites veines de
calcédoine , de stéatite et de mine de fer. A en juger par les
vastes couches d'ocre rouge qui , à diverses hauteurs, séparent
les rangées de colonnes basaltiques, ce métal, à l'état doxyde,
abonde dans ces régions. On découvre déjà, à l'aspect de
l'amphithéâtre qui environne la baie , un phénomène qui est
plus frappant dans d'autres sections verticales de la même
côte, plus à l'est; savoir, des couches alternantes de bas en
haut de cette ocre , de basaltes prismatiques en colonnades
régulières, et d'autres basaltes très-confusément agglomérés
et mélangés de terre. Ces alternatives se répètent à plusieurs
reprises ; mais les couches d'ocre occupent plus particu-
iièremcnl les parties inférieures de cet énorme entassement,
dont la hauteur peut ôtre estimé* environ trois cent cin-
quante pieds.
A peu près vis-à-vis de l'entrée du Pavé des Géans, toutes
ces couches sont coupées par un filon vertical d une matière
tasaltique différente du reste. L'auteur a parlé de ces filons
BAS ,g,
dans une lettre précédente; on les nomme gaiv ou dyke. « Ce
basalte est d'un grain plus fin que Tautre, et, sous le marteau,
il se divise en petits prismes, dont la grosseur et le nombre
des faces varient indéfiniment, mais avec celle particularité, *■
que les faces des fractures , ou celles des prismes qu'elles
produisent, sont comme enduites d'une couche mince de matière
verdàtre demi- transparente
Tout auprès de ce filon singulier, et vers sa face orientale,
le docteur Richardson me fit remarquer un faisceau considé-
rable de colonnes prismatiques , couchées toutes ensemble
en avant, sous une inclinaison considérable. C'est là lex-
ception dont je parlois tout-à-l'heure , à la situation verti-
cale commune à tous les prismes, quand ils forment des as-
semblages.
Le temps s'écouloit , et notre bienveillant et actif conduc-
teur avoil encore d'autres faits à nous montrer plus à l'est ;
mais comme on ne peut suivre là le bord de la mer, surtout
quand elle est houleuse , nous remontâmes par le même' che-
min par lequel nous étions descendus, et nous nous mîmes à
suivre, pendant environ deux milles, toutes les dentelures
de cette côte escarpée , en nous approchant de temps en temps
du bord , mais avec précaution , pour jouir du spectacle
qu'offroient ces baies inaccessibles , au fond desquelles la
mer venoit couvrir avec fureur de son écume blanche les
noirs rochers entassés sur leurs rives. Ces baies étoient toutes
revelues de basaltes columnaires , disposés par étages , of-
frant comme des ordres d'architecture superposés les uns aux
autres, et arrivant à peu près jusqu'à nous.
Au fond de Tune de ces baies , je découvi is un de ces
graivs ou filons dont j'ai parlé, qui se projetoit jusque sous la
mer. 11 devoit probablement continuer dans la face verticale;
mais nous étions précisément sur son prolongement, et nous
ne pouvions pas 1 observer. L'infatigable docteur Pvichardson
est retourné sur les lieux pour l'examiner depuis le bas, et il
a vérifié notre conjecture.
En continuant de suivre cette côte si remarquable , nous
arrivons à l'extrémité d'un promontoire , qui s'élevoit à me-
sure qu'il s'avan(joit vers la mer, formant comme la pointe
d'un gigantesque bastion , élevé de trois cent vingt-deux pieds,
et à peu près verticalement au-dessus du rivage : on le nomme
pleskin.
Ici, les expressions me manquent pour vous peindre le
spectacle à la fois sublime et effrayant qui s'offroit à nous
quand nous osions le fixer. Le Pai^é des Géans et ses entours,
qui nous avoient tant frappés naguère , n'étoient plus qu'ua
jeu d'enfans, une miniature, comparés à l'abîme que no^
*»
aga BAS
yeux conlemploient avec une ci'riosité tllfficile à rassasier. Ce
poste avancé nous permetloit de jouir d'un ensemble dont
nous n'avions pu jusqu'alors saisir que des échappées. On
ipouvoit étudier à son aise la magique superposition de ces
immenses colonnades , admirer la régularité dcsfiUs de trente à
quarante pieth , dont quelques-unes* étoient composées , et es-
sayer de réfléchir sur les causes qui ont pu, dans l'un des
périodes de l'existence du globe, produire des effets aussi
remarquables. »
Plus loin, à Port-Moon, on annonçoit encore aux savans
voyageurs qu'ils aurolent un spectacle semblable ; mais les
circonstances ne leur permirent pas d'aller en jouir.
Le docteur Richardson , qui habite dans le voisinage de la
Chaussée des Géans ^ et qui la visite souvent, a écrit à Pictet
une lettre datée de Poii-Rush, le 29 juillet 1801 , imprimée à
la suite de la précédente , et qui contient des observations
intéressantes. Il nous apprend que la région basaltique s'é-
tend jusqu'à vingt milles de la côté (environ sept lieues), en
avant dans les terres, et que les couchés de basalte prisma-
tique abondent dans toute cette étendue, et à toute hauteur,
jusqu'au sommet des montagnes , à plus de mille pieds au-
dessus des couches coquillères.
Il ajoute qu'à Port-Rush^ on voit alterner des couches basal-
tiques avec des couches calcaires remplies d'empreintes de co-
quilles : le même fait s'observe également à Kerbann.
Une autre observation curieuse du docteur Richardson ,
c'est que la matière basaltique qui forme les gaw ou filons qui
traversent les chaussées, au lieu d'être divisée en prismes ver-
ticaux , est , au contraire , disposée en prismes, dont la situation:
est horizontale.
Quand je parlerai ci-après de la cristallisation du basalte, je
doimerai la raison de cette différence; je me contente , pour
le moment, d'observer que cette circonstance prouve que la
matière basaltique des filons est différente de celle de la masse
totale, et qu'elle a rempli postérieurement une fente qui s'étoll
formée dans cette masse , par l'affaissement d'une de ses par-
ties, ainsi que l'atteste la situation inclinée du groupe de co-
lonnes qui touche un des côtés du filon , et qui fait exception
à la situation verticale de tous les autres groupes, suivant la
remarque de Pictet.
Dolomieu a observé dans les îles Ponces et ailleurs , de
semblables filons ou encaissemens de lave basaltique, dont les
prismes étoient constamment </«/« une situation horizontale ; ce
qu'il attribuoit au refroidissement occasioné par le contact
des parois de la fissure. Mais il semble que, dans celle suppo-
BAS 293
fîtion, le retrait aurolt dû s'opérer parallèlement à ces parois;
et c'est tout le contraire qui est arrivé.
Le docteur Richardson ajoute que les prismes qui com-
posent ces filons sont d'un très-gros volume , mais qu'ils se
divisent en peti/s prismes trapézo'idcs. Sur quoi , j'observerai
que les prismes qui présentent cette forme ne sont autre
chose que des sections verticales d'un prisme hexaèdre. Je
possède plusieurs prismes trapézoïdaux d'aigues-marlnes de
Daourle , qui ont naturellement celte forme ; et quand on
en réunit deux ensemble , ils forment un prisme hexaèdre
parfait.
Le docteur Richardson rapporte qu'il a fait , en bateau , le
tour de l'île de Ralhlin, qui est à une lieue en mer à TE. N.
E. de la Chaussée des Géans , entre les caps de Rangore
et de Fair-Head , qui sont les deux saillies les plus marquées
de cette côte basaltùpie. La face septentrionale de cette île ,
quia trois milles d'étendue, est plus élevée de cent pieds
qu'aucune autre partie de la cote. Celte face présente un
entassement de huit à neuf couches basaltiques , vioins ré-
gulières que celles de la chaussée , néanmoins parallèles
entre elles.
On a vu dans la relation de Plctet, que le promontoire de
P/«A/n est plus élevé que les autres parties de la côte qui sont
en arrière ; on voit ici que l'île de Raihlin^ qui est encore plus
en avant , est aussi plus élevée de cent pieds que ce promon-
toire. Tout cela prouve que c'est l'île de Rathlin elle-même
qui étoit le foyer d'où sont sorties les matières basaltiques qui
ont formé les chaussées des environs.
L'entassement moins régulier des couches basaltiques de
cette île est une preuve de plus que c'étolt là le point d'où
ces matières émanolent en abondance , et s'accumuloient un
peu en désordre, tandis que celles qui se délayolcnt plus
complètement dans les eaux , cl qui étolent transportées
à de plus grandes distances , se déposolent avec plus de
régularité.
Quant aux montagnes de l'intérieur des terres , que le doc-
teur Richardson dit être couvertes de prismes basaltiques, à
mille pieds d'élévation, il paroît qu'elles étolent elles-mêmes
autant de foyers particuliers ; et comme , d'après les observa-
tions de Ranks , de Troïl, de Pennant et de plusieurs autres
naturalistes, toutes les îles Hébrides offrent des matières vol-
caniques non équivoques , et que , suivant les observations ré-
centes du célèbre Faujas, les côtes occidentales d'Ecosse sont
également volcanisées, il ne paroît pas qu'on puisse se refuser
à considérer toutes les chaussées basahlques de ces contrées
294 ^ A. s
comme des produits des mêmes volcans , lorsqu'ils élolent
sous-marins.
L'ile de Staffa , qui n'est toute entière qu'un amas prodi-
gieux de colonnes basaltiques , où les ravages du temps et les
attaques continuelles d'une mer orageuse ont creusé plu-
sieurs cavernes , et entre autres la fameuse Grotle de Finga/ ,
étoit sans doute un des principaux foyers de celte contrée
volcanique.
Grotle de Fingal. — « L'entrée de ce beau monument, dit
Faujas, a irente-cinq pieds d'ouverture, sa hauteur cinquante-
cinq , et sa profondeur cent quarante.
Les colonnes verticales qui composent sa façade sont
de la phis,parfaite régulante ; elles ont quarante-cinq pieds
d'élévation jusqu'à la naissance de la voûte.
Le cintre est composé de deux demi-courbes inégales , et
qui forment une espèce de fronton naturel.
Le massif qui couronne le toit, ou plutôt qui le forme, a
vingt pieds dans sa moindre épaisseur; c'est un composé de
prismes d'un petit calihre , plus ou moins réguliers , affec-
tant toutes sortes de directions, étroitement réunis et ci-
mentés en dessous et dans les joints par de la matière
calcaire d'un blanc jaunâtre , et par des infiltrations zéo-
litiques , qui donnent à ce beau plafond l'aspect d'une
mosaïque.
La mer pénètre jusqu'à l'extrémité de la grotte ; elle a
quinze pieds de profondeur à l'entrée, et, sans cesse agitée ,
ses vagues se brisent et se divisent en écume , en frappant
avec fracds contre le fond et les parois de la caverne. Le jour
pénètre , en se dégradant , dans toute sa profondeur , avec
des accidens de lumière d'un effet merveilleux.
Le côté droit de l'entrée présente à sa partie extérieure un
amphithéâtre assez vaste, formé par divers rangs de gros
prismes tronqués , sv lesquels on peut facilement marcher;
plusieurs de ces prismes sont ft7-//r«/^5 , c'est-à-dire, concaves
dun côté et convexes de l'autre; d'autres sont divisés par de
simples coupures transversales.
Les prismes, d'un basalte noir extrêmement pur et d'une
grande dureté , ont depuis un pied jusqu'à trois pieds de dia-
mètre : on en distingue de triangulaires, de tétraèdres, de
pentagones , d'hexagones ; quelques-uns sont à sept et à huit
pans. J'ai remarqué plusieurs gros prismes, sur la troncature
desquels on reconnoît très-bien des ébauches de petits prismes ;
c'est-à-dire, que ces prismes sont formés d'un basalte qui aune
tendance à se diviser lui-même en prismes; de manière qu'un
gros prisme est composé d'ébauches de plusieurs petits. J'a~
BAS 295
vois déjà fait la même observation sur les basaltes prisma-
tiques du Vivarals.
On peut entrer dans la grotte par le côté droit seulement,
en suivant la plate-forme dont j'ai parlé ; mais la voie se ré-
trécit, et la route devient bien difficile...
A mesure qu'on approche du fond de la grotte , l'espèce
de balcon hardi sur lequel on acheminé , s'agrandit , et pré-
sente un emplacement assez vaste , disposé en plan incliné ,
formé par des milliers de colonnes verticales tronquées.
On arrive ainsi à l'extrémité de la grotte , terminée par un
mKr de colonnes d'un seul jet , et d'inégale grandeur , qui
imitent un buffet d'orgue.
Un fait digne de remarque , ajoute Faujas , c'est que lors-
que M. de Troil visita la grotte , la mer, par un de ces cas
extraordinaires qui n'arrivent pas tous les dix ans , éloit si
calme , qu'elle lui permit d'y entrer en bateau. Tout au fond
de la grotte , dit M. de Troïl , il y a un peu au-dessous de la
surface de l'eau, une espèce d'antre d'où il sort un bruit fort
agréable , à chaque fois que le gouffre absorbe l'eau.
Sur quoi Faujas observe que le véritable nom de cette
caverne est celui de Grotte mélodieuse , et non de Grotte de
Fingal ; c'est une équivoque de mots qui a donné lieu à cette
erreur. On la nomme dans le pays An-oua-vine , ce qui si-
gnifie , en effet , la Grotte mélodieuse ; mais les premiers ob-
servateurs qui l'ont visitée, ont entendu, yfn^, au lieu àcvincy
et ce mo\ Jine^ en langue erse, est le génitif du nom de Fingal;
tandis que yine ne signifie que mélodieux. ( IMais comme le
nom de cet homme extraordinaire cadre fort bien avec les
merveilles de la grotte , il est probable qu'il lui est imposé
pour toujours. )
Il existe une seconde grotte , en allant vers la pointe sep-
tentrionale de l'île , au milieu d'une belle colonnade ; mais
elle est bien moins considérable que la première, (i)
De très-belles colonnades occupent plus de la moitié de
la circonférence de l'île , et sont absolument à découvert du
côté de la mer; elles reposent, en général, sur un courant
de laoe groi^eleiise , qui leur sert de base et de support ; elles
ont suivi la direction plus ou moins inclinée , plus ou moins
horizontale de ce courant. Toutes ces chaussées prismati-
ques sont couvertes par une énorme coulée de lave plus
ou moins compacte , tendant plus ou moins à la forme
prismatique....
(i) Celte grotte porte un nom ce'Ièbre et honoré dans nos fast-'S
militaires, celui de Macdonald. Elle est digne de l'atlention des
naturalistes , mais , en geuéral , peu connue-
296 BAS
Une des chaussées au nord de la grande grotte , mérite
Tattention du naturaliste , par la disposition , la masse , la
pureté et ■l'élé(>aiion des prismes , qui ont plus de quarante-huit
pieds de hauteur^ et sont placés verticalement comme des
tuyaux d'orgue. Cette magnifique colonnade est recouverte
par un courant de lave compacte de plus de cinquante pieds
d'épaisseur, composé d'innombrables petits prismes qui di-
vergent dans toutes les directions. Elle repose surun courant
de neuf pieds d'épaisseur , de laoe graveleuse noire , dont la pâte
est un mélange de diverses autres laves divisées en petits fragmens
irrégidiers , et qui ont été réunies par un ciment naturel
composé de terre calcaire , de zéolite et de substance cal-
cédonieuse. «Enfin , ajoute Faujas, tout me porte à consi-
dérer ce courant comme le résultat d'une éruption volcanique ,
dans laquelle l'eau, entrant en concours avec le feu, a
empâté toutes ces matières ; une partie de ce courant de lave
est soiis les eaux de la mer. »
On voit que les observations du célèbre Faujas tendent
à confirmer l'explication que j'ai donnée ci-dessus de la for-
mation des couches alternativement régulières et confuses des pro-
duits volcaniques sous-marins. A l'égard de la couche graveleuse
formée de débris agglutinés , qui rappelle si bien la des-
truction du cône dont j'ai parlé , et que Faujas nomme un
courant de lave., j'observerai qu'il n'est guère possible d'ad-
mettre que la lave forme des courans au fond de la mer. On
sait trop bien qu'aussitôt qu'elle se trouve en contact avec
l'eau, elle se fige , et forme , au bord de la mer, des promon-
toires élevées , et coupés d'une manier^ abrupte du côté des
flots , ainsi qu'on l'observe dans les éruplionsles plus récentes
du Vésuve et de l'Etna.
Si l'on supposoit que les éjections volcaniquessous-niarines
sont composées de matières dans un état de fusion ignée, elles
ne pourroient former qu'un mamelon autour de la bouche
qui les vomirolt, et jamais un courant de la moindre étendue.
]\Iais toutes CCS idées de fournaises sous-marines, et de torrens
embrasés au fond des eaux, me paroissent peu conformes
à ce qui se passe en effet dans la nature ; et l'on peut voir
dans les articles Lave et Volcan , les raisons que je donne
pour écarter cette ancienne opinion, et pour établir que les
éjections volcaniques ne sont que le résultat de la circulation
de divers fluides gazeux qui s'échappent à travers les inters-
tices des roches schisteuses primitives , et qui , par leur con-
tact avec l'eau de la mer ou avec les vapeurs de l'atmo-
sphère , prennent une forme terreuse.
Les émanations sous-marines demeurent dans l'étalterreux,
tt leurs molécules uacquièreut d'adhcrence cuire elle»
BAS 297
qu'avec le temps, et par le jeu des affinités qui en opèrent la
aistalUsation plus ou moins régulière ou confuse , suivant les
circonslances.
H en est tout autrement à l'égard des émanations des
volcans découverts ; leur combinaison subite avec l'oxygène
de l'atmosphère occasione un dég.tgement de calorique qui
opère la. fusion plus ou moins complète de ces mêmes molé-
cules terreuses , et qui forme la /m-e proprement dite.
Elle a souvent, avec le ha salle ^ une très-grande ressem-
blance; et, en effet , elle est composée des mêmes élémens:
ces deux substances ne diffèrent donc que par le mode de
leur consolidation. On pourroit dire que le basalle est à la
lave , ce qu'est le cristal de roche à un verre volcanique par-
faitement limpide.
Crislallisation du Basalte. — Les formes que présente le ba-
salte prismatique portent un caractère de régularité si
frappant, que les hommes qui ont le mieux connu la marche
de la nature n'ont pas hésité de les regarder comme le ré-
sultat d'une cristallisation proprement dite. 11 y a plus : ils
ont décoré du nom de basaltes ou de cristaux, basaltiques ., les
substances minérales dont la forme est ordinairement pris-
matique. C'est ainsi que Linna'us , Cronsled, Wallerius,
De Born , Kirwan , etc., donnent le nom de basalte au schorl
blanc , au schorl rouge , au schorl violet , au schorl noir, à la
mâcle, à lapierre-dc-croix, à la tourmaline, etc. , auxquels
personne, même aujourd'hui, n'ose dénier la qualité de
cristaux , quoique la plupart se présenlenlbien rarement sous
des formes aussi pures , aussi décidées que les colonnes
basaltiques.
Romé-Delisle lui même , cédant à la voix de la nature et
à la force de l'évidence , avoit admis au nombre des cristaux
les grands prismes de basalte., dans son Essai de Cristallographie;
mais malheureusement son système se trouvant dérangé par
les anomalies que les formes de ces basaltes lui sembloient
présenter, il imagina un mode d'agrégation mitoyen entre
\ agglomération confuse et la cristallisation proprement dite ; et
il nous apprit que les formes prismatiques du basalte., ses faces
si planes , ses arêtes si vives , prolongées sans défaut sur une
longueur de cinquante pieds ; ces milliers de colonnes d'un
volume égal , et dont l'immense majorité présente le même
nombre de faces ; il nous apprit, dis-je, que tout cela étoit
l'effet d'un retrait régulier.
Mais comme les formes polygones que prennent les parties
d'un métal fondu , en se refroidissant , sont aussi un retrait ,
c'est-à-dire , un rapprochement plus ou moins régulier de ses
molécules , et que cette opération de la nature est décorée
298 B A S
incontestablement du nom de cristalUsation , on voit que cette
distlnclion n'est qu'un jou de mots imaginé pour sauver l'hon-
neur de la cristallographie,
Dolomieu , qui a tant vu et si bien vu , comme le dit un
auteur modepie , et qui a surtout l>eanroup vu de /yoW/^ ,
fait , à cet égard , des observai ions importantes. I.es laves|,
dif-il , ( et il comprend sous ce nom les basaltes ) , les laves
ont trop souvent des Jormes régulières , pour (pi'on puisse rc-
gard.M- If^in's confiJ^arations comme des accidens particuliers
dus au hasard. Un effet aussi souvent répété doit avoir ses
causes; mais, puisqu'il ne se rencontre pas dans toutes les
lavs, il dépend de circonstances particulières, beaucoup plus
fréquentes dans les premiers âges de notre globe que dans
les temps présens. ( I/rs Ponces, p. 4-44-)
On voit qu» Dolomieu avoit très-bien observé la régularité
habituelle de ces formes basaltiques ; aussi , pour écarter l'idée
de ce prétendu n'trait , et nous ramener à des opinions plus
justes , il ajoute : Il est des circonstances où ce retrait produit
de^ roi-ps prisnuit'jjues rê^diers , qui ont, par leur forme , un si
gruàd rapport a^^ec celles que donne la cristallisation^ que l'on a
appliqué l'épithète de cristallisées à ces laves prismatiques.
( ùid. p. 445. )
Lui-même ne leur a jamais donné d'autre nom , et il rap-
porte une multitude de faits qui justifient pteinement celte
dénomination.
Il suffiroit de citer ce qu'il dit des basaltes d'une couleur
blanchâtre , qui se trouvent dans l'île Ponce , pour voie clai-
rement qu'il s'agit d'une cristallisation proprement dite. ( Il
désigne toujours la matière par le mot de laoe , et la forme
cristalline par le mot de basalte.) Cette lave , dit-il , très-
commune dans toutes les parties de l'île Ponce , y est pres-
que toujours cristallisée en prismes; ces prismes , très-réguliers ,
sont d'ailleurs des miniatures , si on les compare avec les
grands basaltes des laves noires. Ils n'ont jamais plus de
deux ou trois pouces de grosseur Ces prismes ont la
propriété de se rompre obliquement Cetie direction de la
cassure est souvent indiquée par des lignes Iransoersales....
La forme la plus commune de ces prismes est la penta~
gone, ensuite la carrée ; on en trouve plus de cent de la pre-
mière forme , et trente de quadrilatères , sur un d'une autre
espèce. {Iles Ponces, p. 96.)
Il me semble que ces prismes pentagones ou quadrilatères
très-régidiers , et dont la cassure oblique est indiquée par des
lignes sensibles, ne s'accordent nullement avec l'idée d'un
retrait, et que la cristallisation s^ montre d'une manière évi-
dente.
BAS 299
Si j'osois proposer mon opinion sur la cause de ces formes ,
tantôt pentagones et tantôt quadrilatères, je remarquerois
d'abord que Dolomieu , en parlant de ces basaltes^ a dit (Jbid.
p. 90) que leur pâte est de la même nature qu'une roche qui
est intermédiaire entre le granité et le porphyre ; elle contient,,
par conséquent , beaucoup de quarz et de feldspath ; et je
serois porté à penser que , dans les parties du basalte où la
matière du feld-spaih s'est trouvée dominante , soit par sa
quantité , soit par son activité , elle a imprimé au basalte la
forme qui lui est propre , c'est-à-dire , celle d'un prisme
tétraèdre rhomboidal.
C'est ce qui est arrivé de la manière la plus marquée aux
/>i<^/5a/to porphyriques du Tyrol , dont Ferber nous a donné
la description. (^Lett. xxvi , p. 4.88.)
« .En général , dit-il , la ressemblance de ces espèces de
porphyre avec les différentes laves du Vésuve , etc. , est si
grande , que l'œil le plus habile ne sauroit les distinguer; et
je n'hésite plus d'avancer que les montagnes de porphyre qui
sont derrière Neumark, sont de vraies laves.... Toutes ces
montagnes de porphyre sont composées de colonnes qiiadran-
gulaires , pour la plupart rhombdidales.... Ce porphyre a donc
la qualité d'adopter cette figure..., comme différentes laves
ont la propriété de se cristalliser en colonnes de basalte.... Ce
porphyre s'est partout séparé en grandes ou petites colonnes
généralement quadrangulaires , à sommet tronqué et uni ;
les faces qui touchent d'autres colonnes sont lisses; leur
figure , enfin , est si régulière et si exacte , que personne ne sauroit
la regarder comme accidentelle; il faut nécessairement com-enir que
ces colonnes sont dues à une cristallisation. Les angles dos som-
mets tronqués sont pour la plupart inclinés , et le diamètre
des colonnes est communément rhomboïdal. »
Or, comme cette forme est précisément celle qui est
propre au feldspath , on ne sauroit douter qu'elle ne soit
due à sa prépondérance dans la pâte du porphyre.
Quand, au contraire, c'est le quarz qrd s'est trouvé la
matière dominante , il a communiqué au basalte la forme
d'un prisme hexaèdre, comme on le voit dans la Chaussée
des Géans; et si ces prismes n'ont pas la pyramide du cristal
de roche , c'est que la matière quarzeuse s'est trouvée inti-
mement combinée , soit avec l'alumine , soit peut-être avec
la glucine ; d'où a résulté une forme parfaitement semblable
à celle des aigues-marines, c'est-à-dire, un prisme droit hexaè-
dre , tronqué net , et souvent divisé dans sa longueur par des
sections transversales , quelquefois articulées.
J'observerai qu'il y a des substances terreuses où la ma-
tière quarzeuse est prédominante , et qui prennent constam-
3oo BAS
incnt la forme de prismes hoxnèdros semblables à ceux du
basalte. On voit dans plusieurs cabinets, notamment dans
celui de Lelièvre , membre du conseil des mines, de petits
groupes de cristaux hexaèdres parfaitement prononcés, qui
se sont formés au fond des pots de verrerie qu on laisse re-
froidir lentement. Ils sont d'un émail blanchâtre et opaque;
el comme ils sont beaucoup moins fusibles que le verre même
qui les contient , on peut les en retirer en le faisant fondre
de nouveau, et on les obtient parfaitement conservés.
J'ai vu, dans la collection de Dolomieu, une plaque d'é-
mail antique , d'une couleur rouge , dont la surface offre ,
dans toute son étendue , des formes hexagones qui repré-
sentent en miniature la section horizontale d'une chaussée
basaltique : Dolomieu disoit (en souriant) que c'étoit l'effet
d'un retrait régulier.
Quand enfin la matière quarzeuse et la matière du feld-
spath se sont trouvées à peu près en même proportion de
puissance , il est arrivé dans les formes cristallines qui ont
résulté de leur combinaison , une modification semblable à
celle qu'opère le mélange des liqueurs séminales dans les ani-
maux , et du pollen des étamines dans les végétaux ; il en est
provenu: des êtres mi-paiiis ^ qui tiennent de la conformation
des êtres différcns auxquels ils doivent leur existerfte.
Et puisqu'il y a des mulels dans le règne animal , et des
hybrides dans l'empire de Flore, la supposition que je fais,
bien loin d'être contraire aux lois de la nature , en est bien
plutôt une suite nécessaire.
Quant au mécanisnie de la cristallisation du basalte., la di-
rection que ses prismes affectent suivant les circonstances ,
peut nous fournir quelques lumières à cet égard.
Dolomieu a remarqué que, dans l'île Ponce , les basaltes
des grandes chaussées sont, en général, dans une situation
verticale ; mais que sur les pentes des montagnes , ils sont
dans une situation Inclinée ; et (jue les petits basaltes si réguliè-
rement cristallisés , qu'il a décrits , sont empilés horizontale-
ment comme les bûches dans un chantier , et forment des
espèces de murs dont l'épaisseur résulte de la longueur de ces
petits prismes. Il a vu de semblables murs sur le mont Somma,
près du \ésuve ; et il a observé une disposition toute pareille
dans les petits basaltes qui remplissent les fentes des tufs vol-
caniques de Palagonia en Sicile; d'où il conclut, avec beati-
coup de vraisemblance, que les espèces de murs formés de
petits basaltes, avolent été également enfermés dans les fis-
sures de quelques tufs ou autres matières que le temps a dé-
truits.
Le professeur Pictet et le docteur Rlchardson ont pareil-
BAS 3oi
lement observé que les prismes qui remplissent les gaw ou
fentes verlicales des chaussées d'Irlande , sont dans une situa-
tion horizontale , quoique les prismes qui forment les parois
de la fonte soient verticaux.
Il sembleroit donc , d'après ces observations , que la cris-
tallisation des basaltes s'est opérée par l'effet des attractions
€t des répulsions, dont le jeu s'exécutoit toujours dans le sens
où la masse totale avoit le plus d'étendue. Quand cette masse,
à demi-fluide , se trouvoit déposée sur un plan à peu près
horizontal , les affinités et les répulsions agissoient parallèle-
ment à Thorizon ; et les molécules , en s'agglomérant à droite
et à gauche autour des foyers d'activité , dont la série formoit
l'axe de chaque prisme , laissoient par leur rapprochement le
vide qui fait aujourd'hui la séparation verticale de ces prismes.
C'est sans doute dans ce sens qu'on a entendu le mot de re-
trait; mais on voit bien que son mécanisme est précisément
le même que celui de la cristallisation.
Quand, au contraire, la matière basaltique s'est trouvée
encaissée verticalement dans une fissure, le jeu des affinités
et des répulsions sexerçoit dans le sens vertical, et opéroit la
division horizontale des prismes.
Quand la masse étoit étendue sur le penchant d'une mon-
tagne , les prismes se formoient dans une situation inclinée ,
communément à angles droits avec le sol qui leur servoit de
support. ( L'on peut faire la même observation sur diverses
substances qui cristallisent en prismes parallèles , comme
l'amiante , le gypse soyeux , etc. , dont les petits prismes sont
constannnent dans une' direction perpendiculaire, relative-
ment aux parois de la fissure qui les contient , quelle que soit
sa situation.)
Quand , enfin , la masse basaltique se trouvoit réunie dans
un espace très-borné de toutes parts , alors les foyers d'at-
traction agissoient en tous sens, et rassembloient autour d'eux
les molécules sous une forme sphérique. C'est ce qu'on re-
marque dans beaucoup de masses de basalte, et notamment
dans le monticule sur lequel est bâti le château d'Oban en
Ecosse, qui, suivant l'observation deFaujas, est entièrement
formé de basalte en petites boules.
Cette cristallisation globuleuse a quelquefois lieu , même
dans les prismes ; c'est ce qui produit les articulations, qui ne
sont autre chose qu'une portion du globule entier , qui est
noyé dans le prisme. C'est ce qu'on observe , d'une manière
évidente, dans les aigues-marines, où c'est toujours la matière
la plus limpide , la plus homogène , qui forme l'articulation ;
et l'on peut parvenir , avec un peu d'attention , à dégager le
globule entier.
3oa BAS
Les basaltes qui se d(?composent, présentent également dans
leur intérieur des masses Sphériqucs , qu'on a regardées
comme un produit immédiat de la décomposition ; mais elle
n'a servi qu'à mettre en évidence ces boules qui existoient
déjà toutes formées dans l'intérieur du prisme : et si elles ne
cèdent pas aussi facilement à la décomposition que la matière
qui les environne , c'est qu'elles sont formées , comme dans
les aigues-marines , d'une matière plus homogène et plus
dense que le reste du prisme. Il est arrivé ici la même chose
que Saussure a observée dans la Montagne des Oiseaux , près
d'Hyères. Cette montagne est formée de couches talcaires, où
l'on voit une infinité de boules de spath calcaire dont l'inté-
rieur présente en même temps des couchée concentriques et
des stries qui vont du centre à la circonférence ; et la matière,
qui se trouve dans l'intervalle des boules , est bien de la même
rature , mais d'un tissu lâche et poreux, attendu que le jeu
des affinités a enlevé à cette matière une partie de ses molé-
cules , qui sont entrées dans la composition des boules.
J'ajouterai, relativement aux articulations àe.s basaltes, que
le professeur Pictet a fait sur ceux de l'Irlande une remarque
qui avoit échappé aux autres observateurs ; c'est que dans cer-
tains prismes , les articulations sont configurées de manière
que la ligne qui divise deux tronçons, décrit sur chaque face
du prisme un segment de cercle qui s'étend d'une arête à
l'autre , de sorte que les extrémités de deux courbes voisines
forment, parleur réunion à chaque arête, une pointe qui s'en-
grène dans l'arête de l'autre tronçon.
Or, cette configuration singulière se retrouve exactement
dans mes aigues-marines articulées : je l'ai fait remarquer à
Delamétherle , au P. Pini et à d'autres célèbres naturalistes.
Si, malgré toutes ces considérations d'analogie, et si,
malgré l'évidence même, les cristallographes ont cru devoir
refuser à la configuration du basalte le nom de cristallisation ,
il paroît que c'est uniquement parce que le nombre de ses
facesn'est pas toujours constant ; mais plusieurs substances,
que ces auteurs regardent eux-mêmes, sans difficulté , comme
des produits d'une cristallisation proprement dite , «ne sont
guère plus constantes à cet égard.
Dans la description que Faujas nous a donnée de diverses
substances volcaniques que Dolomieu lui avoit envoyées de
Portugal , il cite plusieurs exemples de cette inconstance. Le
. n.o 2 est « un basalte... contenant quelques petits globules ronds
« de schorl noir. »
Le n.° 3 est , dit-il , im basalte remarquable par une multi-
tude de gros cristaux de schorl noir vitreux , disposés , en gé-
BAS 3o3
néral , en rhomhes.... quelques-uns crîslallîsés en prismes à
cinq pans.... d'autres hexagones^.
Idem, avec des aiguilles prismatiques quadrangulaires de
schorl noir vitreux. •
Idem , avec un beau cristal(de schorl) à sept pans Lien ca-
raclériscs. » (^Vwarals ., p. 447-
Voilà donc une substance indubitablement cnstalllsée qui
se présente , tanlôt sous une forme globuleuse , tantôt en pris-
mes à quatre , cinq , six et sept faces bien caractérisées , sans
compter les prismes où le nombre des faces est indéfini; ce
qui arrive fréquemment dans le schorl et dans la tourmaline.
11 en est de même des émeraudes et de la plupart des subs-
tances qui cristallisent en prismes droits , d une longueur un
peu considérable relativement à leur diamètre. Néanmoins
ce défaut de constance dans le nombre des faces n'a jamais
tenté personne de dire que ces substances ne fussent pas cris-
tallisées. Ce n'est donc que la grandeur gigantesque des ba-
saltes, qui, rendant leurs irrégularités plus sensibles, les a
fait reléguer parmi les produits fortuits au retrait : mais, aux
yeux de la nature , un prisme de basalte et un fdet d'asbesle
sont égaux ; et si l'on ose refuser à celui-ci les honneurs de la
nisfallisaiiun , quoique le nombre de ses faces soit incertain ,
pourquoi ne les accorderoit-on pas au basalte?
Je remarquerai , à l'égard des petits prismes basaltiques des
gaco ou filons de la Chaussée des Géans, qui , suivant l'obser-
vation du docteur Richardson , ont une enveloppe vitreuse ,
que ces enveloppes me paroissent être elles-mêmes un pro-
duit innnédiat de la cristallisation : elles se sont formées par
un mécanisme pareil à celui qui a produit les carcasses de
cristaux de quarz du granité giaphique., qui sont remplies de
feldspath , comme ces enveloppes vitreuses ( et probablement
qunrxeuses ) sont remplies de la matière du basalte.
Il me reste à parler d'un fait qui me paroît absolument dé-
cisif pour prouver que le basalte CT^ronve. une cristallisation
proprement dite ; c'est qu'il se présente en faisceaux de rayons
dlvergens, et même en boules entières , toutes composées de
rayons qui partent d'un centre commun , et vont aboutir à la '
circonférence.
« Quelquefois, (dit Dolomieu, en parlant des basaltes à^
l'F.tna, les colonnes sont placées perpendiculairemejit à côté
les unes des autres , et forment des murs verticaux qui , sur
une hauteur de plus de cent pieds , ont quelquefois une lieue
de longueiir... Ailleurs elles forment des Jaisreaux pyramidaux.,
en partant d un rentre commun. Enfin , il en est dont la réunion
foi me de grosses boules. Ces rayons , plutôt pyramidaux que
prismatiques , ressemblent à ceux des pyrites globuleuses
3o4 B A S
striées du centre h la circonférence.... L'Etna fournit dans ce
genre les groupes les plus singuliers.... Aupied de la montagne
dii château d'iaci , il y a différens groupes de colonnes pyra-
midales divergentes; dans le corps de la montagne, il y a
de grosses houlrs de deux h quatre pieds de diamètre , scmijlables ,
pour Informe , aux grosses pyrites des craies de Champagne. Ces
boules de lave sont formées de colonnes pyramidales réunies
par leur pointe dans un centre commun..» (^Iles Ponces , p. 4-54
et suiv. )
Je ne pense pas qu'on puisse rien trouver qui caractérise
mieux la cristallisation proprement dite , qu'une semblable
configuration; et si on lui donne le nom de retrait, il faut
donc se servir de la même expression à l'égard des pyrites
globuleuses et de toutes les autres substances rayonnantes : ce
qui comprendroit la majeure partie du règne minéral ; car il
est peu de substances cristallisables qui ne prennent quelque-
fois cette forme.
Je pourrois rapporter une infinité d'exemples de prismes
basaltiques disposés en immenses faisceaux de rayons diver-
gens , dans les iles Hébrides, en Ecosse , en Portugal, en
Auvergne , en ^ ivarais , etc. ; mais ce que j'ai dit me paroît
plus que suffisant pour prouver que les diverses configurations
du basalte sont indubitablement l'effet d'une cristallisation
proprement dite. V. Femes , Lave et Volca:^*. (pat.)
BASALTINE. Nom donné par Kirvan aux cristaux noirs
à'amplti/jole et de pyroxène qu'il confond sous une même
dénomination. (LUC.)
BASANITE. Les anciens ont donné ce nom à une pierre
qu'ils eniployolent à peu près aux mêmes usages que le ba-
salte , notamment pour la fabrication des mortiers ; elle
servoit aussi de pierre de touche. C'est à cette dernière que
35oëce de Bootet plusii-'urs autres rapportent \cùasanitc; mais
il est Irès-incerlaln si ce minéral appartient en effet au Ly~
discherstein de Werner, ou si c'est une roche amphlbolujue
de la nature du basalte, antique. Bruckman avance, sans hé-
siter , que le hasanite et le basalte de Pline étolent une
* même pierre , ce que nous sommes aussi portés à croire ;
mais il se trompe en les regardant tous deux comme un jaspe
noir. V. au sujet du basalte et du basanite, la minéralogie des
anciens, de jNt. Delaunay, t. i , p. 34-8 et suiv. ( Luc.)
BASAB. Nom des plantes bulbeuses en. Arable, (b.)
BASCONETTE. Nom vulgaire de la mésaiîge nonelîe
dans les environs de Niort, (v.)
BASE. Nom anglais du Spare sargue. (b.)
BASELLE, Uasella. Genre de plante de lapentandrie Iri-
gynie et de la famille des chenopodées , dont le caractère est:
B A S o .
calice persistant à cinq ou sept divisions inégales ; point de co-
rolle ; un ovaire supérieur, globuleux , surmonté dun style à
stigmate adné du côté interne; semence recouverte par le
calice qui a grossi et acquis la consistance et la forme d'une
baie.
Les espèces de ce genre , dont celui appelé^NREDÈRE se
rapproche beaucoup, sont des plantes annuelles, gihn-
pantes , a feuilles alternes, charnues, à fleurs disposées en
épis axillairês, qui croissent dans les parties chaudes de llnde
et de r Amérique. On en compte six à huit espèces , dom celle
qui est rouge, basella ritbra, Linn., est la plus commune, parce
que c'est la seule qui se cultive ; ses feuilles se mangent en
guise d'épindrds. On la voit dans toutes les écoles de botani-
que, où elle s'obtient en semant ses graines sur couche ,
et se conserve en plaçant les jeunes pieds contre un mur ex-
posé au midi. Ses baies , d'un rouge très-vif, et dont il seroit
à désirer quon pût fixer la couleur , sont regardées comme
utdes pour faire tomber les boutons de la petite vérole, (b.)
Ji AS-FOND. On donne ce nom aux endroits où la mer a
peu de profondeur; et c'est une observation constante que les
bas-fonds se trouvent dans le voisinage des côtes basses, dont
ils ne sont que le prolongement; les côtes escarpées, au con-
traire , sont bordées d une mer profonde. C'est ce qu'on re-
marque d'une manière frappante en Amérique, dont la partie
orientale est composée de vastes plaines , et ou la mer est
remplie de bas-fonds, tandis que le long des côtes du Chili
et du Pérou, qui sont élevées et abruptes, la mer est d'une
profondeur extrême , à très-peu de distance du rivage, (pat.)
B ASIATRAH AGI. On appelle ainsi la Renouee, Polygo-
num, aoirulari'a, Linn. , en Arabie, (b.)
BASILEE, Basilœa. Genre de plantes de l'hexandriemo-
nogynie, et de la famille des Liliacees, ou mieux des Aspho^
DELEES, dont les caractères sont : corolle campanulée, di-
visée profondément en six découpures oblonî^ues? six' éta-
mines, dont les filamens sont dilatés et connivens à leur base •
ovaire supérieur, court , trigone, chargé d'un style en alêne,'
dont le stigmate est très-simple : capsule à trois loges.
Ce genre , qui faisoit partie des Frîtillaires deLinnœus, a
ete figuré pari Héritiersouslenomd'Euco^iis. Il contient cinq
espèces, dont la racine est bulbeuse. Les feuilles sont radicale!
un peu charnues, les hampes peu nombreuses, peu élevées,
épaisses, chargées, vers leur sommet, de beaucoup de netites
Heurs, surmontées par un bouquet de feuilles semblables,
mais plus petites que celles du bas.
Les BasUées viennent toutes du Cap-de-Bonne-Espérance
La plus connue est celle qu'on appelle Easilee REINe , i?^*/-'
20
3o6 T, A S
Lra rcgia , qu'on trouve dans tous les jardins de botanique ,'
et quelquefois dans ceux des amateurs, (b.)
13.VSÎLIC. N(tni spécifique d'un lézard du genre InuAKE ,
qui se trouve dans TAniérique méridionale.
Daudin a fait de celte espèce et de riGUA>'E d'AMBOlNE ,
un genre auquel II a donné pour caractères : corp* gros, al-
longé, enlièremeut couvert de petites écailles rhomboïdales,
carénées , et presque réticulées entre elles ; cou pouvant s'en-
fler, en dessous, en forme de goitre; langue épaisse, courte et
non fendue à son extrémité ; tète grosse , arrondie , à quatre
côtés, calleuse en dessus, et couverte de petites écailles
connue celles du corps; queue longue , con)priniée sur les
côtés, surmontée par une membrane écailleuse et radiée ;
quatre pieds ro.busles , allongés, k cinq doigts séparés , forts
et onguiculés. J'. le mot Iguane.
On appelle aussi Z'<j.s-/7/V', un animal fabuleux qu'on dit pro-
venir d un œuf de coq , et donner la mort par son seul regard.
Beaucoup de personnes en parlent, et jamais aucune ne l'a
vu. Des charlatans relèvent la tète d'une petite raie en cassant
l'épine dorsixle, coupent ses nageoires en forme d'ailes, con-
tournent sa queue , et le montrent dans les rues comme
étant le basilic, ou le grand dragon aspic. La forme hideuse de-
cette préparation, lorsqu'elle est desséchée , en impose à la
crédule ignorance , et dispose en faveur d'un homme capa-
ble de vaincre un monstre aussi terrible, (b.)
BASILIC , Otyrmim. (ienre de plantes de la didynamie
gymnospermie, et de la famille des Labiées, dont lescaractères
sont d'avoir : le calice d'une seule pièce , à lèvre supérieure
large et orbiculairc , à lèvre inférieure quadrifide ; la corolle
nionopétale , retournée sens dessus dessous , de sorte que la
lèvre supérieure est à quatre divisions , et 1 inférieure entière
pu légèrement crénelée ; quatre étamines , dont deux plus
com'les et munies d un petit appendice à leur base ; un
ovaire supérieur , divisé en quatre parties , et chargé d'un
style filiforme , terminé par un stigmate bifide ; quatre se-
inences nues , ovales , attachées au fond du calice.
Ce genre renferme des herbes et des sous -arbrisseaux
d'une odi.'ur plus ou moins agréable, à Heurs en verticIUes
ptu serres , disposés en épis terminaux ou axillalres. On
en connoît une quarantaine d'espèces, presque toutes origi-
naires de rinde.
Les deux espèces les plus communes sont le Basilic
COMMUN, Orjmum ùasilirum., Linn. , qui a les feuilles ovales»
glabres , et le calice cilié; et le Basilic a petites feiilles,
Orynium miiiiniurn , Liun. , dont les feuilles sont ovales et
très-entières.
]i A S 3o^
On cuUîVe «Icpuis long-temps ces deux basilics dans lea
jardins ; leur forme élégante , leur feuillage touffu et leur
odeur suave , les font rechercher de tous les amateurs. Ils
demandent une terre substantielle et très-atténuée , le soleil
et l'eau. On peut les semer depuis le mois de février jusqu'à
la fin de juin, surtout dans le iriidi de la France. Celui qu'on
sème à la fin de l'hiver, exige des couches, et veut être ga-
ranti par des paillassons , dans les nuits et les jours froids ;
dans le nord , les châssis sont indispensables. Mais si on le
sème au printemps dans les pays chauds , ou en mai dans les
climats tempérés, on peut alors le confier tout de suite à la
pleine terre, pourvu qu'elle soit préparée et bien exposée.
Le basilic sec conserve son odeur aromatique ; réduit en,
poudre , il peut tenir lieu de tabac. Il entre comme assaison-
nement dans quelques alimens : c'est la première espèce qui
est ordinairement employée dans la cuisine ; il faut , pour
cet usage, qu'elle soit cueillie à l'époque de sa pleine fleur, et
parfaitement desséchée. Les abeilles aiment beaucoup cette
plante; : elle donne une huile essentielle, (d.)
Le Basilic salin a les feuilles ovales , glabres, et la tige
géniculée. 11 se trouve au Chili. Il n'est pas certain qu'il ap-
partienne au genre, attendu qu'il est privé d'odeur; mais
on n'a pas pu se refuser de le noter, pour parler de sa singu-
lière propriété. Molina rapporte que depuis le printemps
jusqu'en automne , quoiqu'il croisse à soixante milles de la
mer, il se trouve tous les matins couvert de cristaux de
sel. Chaque plante fournit environ une demi-once par jour
de ce sel , que les habitans emploient , comme le sel com-
mun , à l'assaisonnement de leurs mets, (b.)
BASILIC SAUVAGE. C'est le Cunopode, le Thym.
A Cayenne , c'est le Matouri des prés, (b.)
BASNAGILLI. Nom de la Bryone laciniée à Ceylan.'
(B.)
BASSAL.L'OIG^ON CULTIVÉ porte ce nom en Arabie, (c.)
BASSE. Nom anglais d'une espèce de poisson , Perça
ocellaia,L\iin. , qu'on trouve sur les côtes d'Anjérique. C'est
un Cemropo.me de Lacépède. (b.)
BASSET. R^ace de chiens très-estimés pour la chasse; les
uns sont k Jambes droites , et les autres à jambes torses. Voyez
Chien, (s.)
BA!^SIE, Bassia. Genre établi par Allioni sur la SounE
MURIQUÉE. Il n'a pas été adf>pté. Il ne faut pas le confondre
avec le genre Illipé, qui porte aussi le nom de Bassia en
latin, (b.)
3o8 BAT
BASSINET. C'est le nom vulgaire de la Renoncule
BULBEUSE, (b.)
BASSOMBE. C'est I'Acore. (b.)
BASSON. Nom vulgaire de la Foulque, (v.)
BASSOVE , Bassooia. Plante herbacée, dont les feuilles
sont alternes, ovales et péliolées; les (leurs très-petiles,
verdâtres , disposées en petits bouquets dans les aisselles des
feuilles. Chacune de ces fleurs a un calice d'une seule pièce ,
divisé en cinq parties ; une corolle monopétale, en roue , à
tube très court , à limbe divisé en cinq lobes; cinq étamines ;
un ovaire supérieur arrondi , surmonté d'un style court , que
termine un stigmate renflé et obtus ; une baie succulente ,
qui contient des semences menues et réniformes.
Cette plante croît dans les forêts humides de" la Guyane.
Elle se rapproche infiniment des Morelles. (b.)
Bx\SSXJS, J5a5i7/.t. (ienre d'insectes de l'ordre des hymé-
noptères , famille des pupivores, établi par Fabricius aux
dépens du genre ichneumon de Linnseus. V. ce dernier mot.
(l.)
B.ASTANGO, C'est la Baie pastenaque. (b.)
BASTERx\, Adanson avoit appelé ainsi le Calycant,
(B.)
BASTERIE, Bastena. C'est le genre appelé RoiiRiE.
BAT. En anglais , ce sont les mammifères de l'ordre des
chéiroptères, ou les Chauve-Souris, (desm.)
BATAJASSE. C'est, en Saintonge , la Lavandière, (s.)
BATAN. M. de Jussieu pense que l'arbre de l'Inde ,
ainsi nommé par le voyageur Linscol , est probablement
la dmion , et qu'il n'est pas probable que ce soit un J«^-
f^ider. Linscol uonm\Q buaa la (leur de cet arbre, et son
fruit dujyaen. Celui-ci a la grosseur du melon , et il est hé-
rissé, (b.)
BAT ARA, Thamnophi/us ^Yieill.; Lanius turdus . Lalb.
(ienrc de l'ordre des oiseaux Sylvains, et de la famille à^s
Collurions. ( V. ces mots.) Caractères : bec convexe, tendu,
seulement crochu à la pointe; mandibule supérieure com-
primée sur les côtés, dentée ou cchancrée vers le bout ; l'in-
férieure souvent renliéc en dessous , entaillée, retroussée et
aiguë' à l'extrémité; narines ovales, ouvertes, situées près du
front; langue un peu épaisse , bifide à la pointe ; bouche ci-
liée ; ailes courtes, arrondies, à penne bàlarde courte;
les deuxième , troisième , quatrième et cinquième rémiges à
peu près égales entre elles , et les plus longues de toutes ;
quatre doigts, trois devant, un derrière; l'intermédiaire
r» A T 3,g
comme soudé avec l'externe presque jusqu'au milieu, et
souvent avec l'interne à la base.
Le bec des bataras n'est pas dans tous de la même force ;
il est chez plusieurs très-robuste et très-renflé en dessous ;
chez d'autres il est moins fortet peu bombé , et chez d'autres à
peu près grêle. C'est parmi ceux-ci que se trouvent tous les
bataras que j'indique par une étoile, afin de ne pas déranger
l'ordre alphabétique.
Le nom que j'ai donné à ce genre, est celui que la plupart
des espèces, dont il se compose, portent au Paraguay, il ta
est, parmi les autres, qu'on a rangées jusqu'à présent avec
les pics-grièches, d'autres avec les fyraiis et les fourmiliers ;
mais elles m'ont paru mieux classées ici , puisqu'elles offrent
les caractères indiqués ci-dessus.
Le plus grand nombre des baioras se trouve en Am.érique,
mais seuleme«t depuis les Florides jusqu'au Paraguay; le reste
habite l'Afrique, et partout ils ont le même genre de vie.
Tous se plaisent dans les halliers les plus épais et les plus
fourrés , où ne pénètrent jamais directement les rayons du
soleil ni les eaux de la pluie. On ne les rencontre point dans
les buissons desséchés ou isolés , et ils ne sortent jamais de
leur retraite que le soir et le matin ; alors même ils ne se
posent que sur des branches basses ; de sorte qu'à peine ils
s'élèvent quelques pieds au-dessus du sol. Ils n'entrent point
non plus dans les grandes forêts , à moins qu'ils ne trouvent
des broussailles épaisses ; et ils évitent également les cam-
pagnes et les lieux découverts. Ils ne se réunissent que par
paires, et ne se.nourrissent que d'insectes qu'ils saisissent
sur les buissons ou sur la terre. Ces oiseaux sédentaires volent
peu, et seulement pour passer d'un buisson à un autre. Ils ne
sont point farouches , et ils se tiennent communément dans
les broussailles des cantons cultivés et des enclos. Le cri de la
plupart est fort et s'entend de fort loin ; mais ils se taisent
dans toute saison qui n'est pas celle des amours.
Les bataras ont de grands rapports avec les fourmiliers dans
leurs mœurs et dans leurs habitudes ; aussi M. d'Azara , à
qui nous devons des détails intéressans sur ces oiseaux, me
paroît très-fondé à les rapprocher les uns des autres. Tous ,
ou presque tous, ont les plumes du sommet de la tête lon-
gues, et ils les redressent souvent en forme de huppe ; la queue
est, chez tous , plus ou moins étagée.
Je décris ci-après trente ^ofo/a^/ mais je ne puis assurer que
tous constituent des espèces distinctes, attendu que, d'un
côté , je n'ai eu pour guide que des peaux desséchées , et, de
l'autre, que peu de dessins fidèles et que des descriptions. Quoi-
que j'en aie réuni plusieurs, que des auteurs ont divisés spécifi-
3xo BAT
qucmcnf , peut-être sVn trouve-1-il encore parmi les autres
qui sont dans le même cas ; car il en est des lialums comme
des fourmiliers, dont les couleurs et les dimensions varient
dans les individus de In même espèce.
Le BaTARA agripennk, Thamuuphilus anuhailus^ Vieill. ,
.1 le bec brun en dessus , blanc en dessous à la base ; le plu-
mage d'un roux verdâlre , plus clair sur le cou ; les pennes de
la queue d'un brun noirâtre , avec la tige aiguë et comme
usée vers le bout. Longueur totale, sept pouces et demi. 11 se
trouve à la Guyane. ( Espère nouvelle. )
Le Catara a ailes vertes , TJtamnopJiilus rhioroptcnis ,
Vieill., a la grosseur de Y élouiucnu , et buil pouces de lon-
gueur totale; le haut de la tête d'un roux rembruni; le dessus
du cou et du corps de lam<?me teinte, mais plus claire sur le
croupion; les petites couvertures des ailes d"un roux pale, avec
«ne zone noire vers le bout; les pennes vertes en dehors, et
brunes en dedans; les cotés du cou et toutes les parties infé-
rieures rayéstransversalementdebruneldenoir: la queue lon-
gue, arrondie et rayée de noir , de blanc et de gris ; les pieds et
les doigts bleus. Celle espèce nouvelle se trouve à la Gnvane.
* Le Batara ALAPI, Thamnophihis alupi . Vieill.: Turdiis
al api , Lath. , pi. enl. d.° 701, fig. 2 de Vllisi. iiai. dcEiiffun.
Cet oiseau vit , ainsi que le roraya , en troupe dans les forets
de la Guyane ; on le rencontre le plus souvent à terre ou per-
clié sur les branches peu élevées, mais jamais en plein air. Sa
nourriture se compose de fourmis et d'autres petits insectes :
il est d'une grande agilité, et fait entendre , en sautillant, une
espèce de fredonnement suivi d'un petit cri'aigu que ces oi-
seaux répètent plusieurs fois de suite lorsqu'ils se rappellent.
Le nom H'alapi qu'on lui a imposé , vient de ce que les
couvertures supérieures des ailes sont piquetées de blanc ;
leur couleur dominante est un brun foncé q'.ii s'étend en dessus
des pennes, dont le dessous est noiri\tre; ce brun prend un
ton olivâtre sur la ti^te, le cou et le dos, au milieu duquel on
remarque une tache blanclie ; le reste du dessus du corps est
cendré ; cette teinte paroît plus foncée sur le ventre ; la
gorge , le devant du cou et la poitrine sont noirs ; les pennes
«le la queue sont noirâtres , un peu élagées , et dépassent les
ailes en repos d'un pouce et demi. Taille un peu au-dessus
de celle du rorayn. Longueur, six pouces.
La femelle diffère en ce qu'i lie n'a pas la tache l)lanche
sur le dos ; sa gorge est de celle couleur, et le reste du dessous
du corps, roussâtre , avec des plumas grises cendrées sur les
côtés du bas-ventre et sur celles qui recouvrent la queue en
dessous; les points des couvertures des ailes sont roussâtres ;
enfin la couleur brune des parties supérieures est moins foncée
BA T 3,1
«luedansleTnâle.Ccsdc.scriptlonsnepeuvenlconvcniren entier
à tous les individus; car les teintes elles couleurs elles-mêmes
sont sujettes à varier comme dans toutes les espèces de ce genre.
Buffon voyant quon ne pouvoit classer ValapieA le coraya
parmi les vrais fourmiliers , les on a séparés et les a nommés
founniliers rossignols.
Le Batara BLEUATRE, Thamnophilus cœrulescens ^\Wv\.
Trois couleurs sonl répandues sur le plumage de cet oiseau.
Il a les côtés de la tête , le dessus du cou et du corps d'un
plombé noirâtre ; le devant du cou et la poitrine bleuâtres ;
le sommet de la tête, les ailes et la queue noirs; celles-ci
terminées et bordées de blanc; une tache de la même cou-
leur sur le haut du dos; le reste des parties inférieures d'un
blanc bleuâtre; les pieds couleur de plomb ; le bec noiç en
dessus et bleu céleste sur le reste. Longueur totale , cinq
pouces trois quarts. Ce halura du Paraguay est dans la tra-
tluction de l'ouvrage de M. de Azara , sous le nom de haiara
voir et plombé.
* Le lÎATARA À CALOTTE >'OlRE, Thamnopldlus atricapillus y
A ieill.; Lcinius aier., Lalli., n'estpas plus gros que le chardonneret.,
et a cinq pouces de longueur totale ; le sommet de la tête
noir ; le dessus du corps d'un gris de souris ; le dessous d'un
cendré bleuâtre ; les ailes noires ; les couvertures et les pennes
secondaires bordées de blanc; les pennes de la queue noires
et terminées par du blanc. Cet oiseau est figuré dans les Fas-
cicules de Merrent, pi. lo, et a été décrit par Sonnini, édit.
de Buffon , pour une pie-grièchc.
La femelle a le sommet de la tête d'un roux sale , le dessus
du corps, des ailes et de la quQue , brun ; les pennes alaires
et caudales, bordée de roux en dehors et tachetées de blanc
à l'extrémité; ces taches se trouvent aussi sur les scapulaires;
la gorge et toutes les parties postérieures sont d'un cendré
sale, plus foncé sur les flancs. C'est à tort que j'ai donné,
dans mon Histoire des oiseaux de l'Amérique septentrionale,
le mâle pour la femelle du tyran à huppe noire , et la fe-
melle pour celle du tyran à huppe rousse. Celte espèce se
trouve dans la Guyane et dans les Florides.
* Le Batara CORAYA, Tïiamnophilus coraya, Vieill. ;
Turdus coraya , Lath. , fig. , pi. cnl. de Buffon, n.° 701 ; a la
tête noire , le dessus du corps d'un brun roux , la gorge et le
devant du cou d'un blanc qui prend une teinte cendrée sur
la poitrine, et qui devient légèrement roussâtre sur les plumes
du ventre et des jambes ; la queue rayée transversalement de
noirâtre. Longueur totale, cinq pouces et demi. On le trouve
dans les grandes forêts de l'intérieur de la Guyane.
3i2 B A T
* Le Batara à cravate noire, Thamnophilus a'nnamomnis ^
Vieill. ; Tiirdus cinnamomeiis^ Lath. , pi. enl. de BuCf., 5Go, f. 2.
Cet oiseau , que Montbeillard avoit d'abord donné pour un
merle, a été rapporte depuis par ce naturaliste su foumn'/icr
palikour. En effet, Tun et Taulre ont un plumage très-ana-
logue ; mais si la figure du palikour est exacte, celui-ci est
d'une taille beaucoup plus ramassée et porte une queue très-
courte et égale à son extrémité ; tandis que le merle a une
taille svelte et une queue allongée, cependant un peu trop
dans la figure, et de plus arrondie dans les individus que j'ai
eu occasion d'examiner en nature -, ce qui m^a détcnniné à
le présenter comme un batara^ avec d'autant plus de motifs
qu'il a le bec conformé de même; bec qui est bien aussi ce-
lui de mes fourmiliers. Mais tous ceux-ci ont une queue très-
courte et égale.
Ce batara a une cravate noire bordée de blanc , laquelle
s'étend depuis le bec jusque sur la partie moyenne de la poi-
trine , où la bordure blancbe est rayée transversalement de
noir, et remonte jusqu'aux yeux en embrassant les trois
quarts de la circonférence du cou, et finissant par couvrir
totalement les joues ; le dessus des ailes est du même noir ,
avec de petites moucliefures blanches ; les grandes couver-
tures sont terminées de fauve ; le reste du plumage est can-
neUe , et le bec et les pieds sont noirs. Longueur, cinq pouces.
Cet oiseau a de tt'ls rapports avec celui à goige noire de
M. d'Azara , que je me range de son sentinient lorsqu'il rap-
proche ces deux oiseaux comme des individus de la même
espèce. Ce naturaliste croit qu'il n'y a point de différence
entre le mâle et la femelle.
Le Batara doré, Thamnophilus auraius ^ Yieill. , a le
sommet de la tête mordoré; le dessus *du cou et du corps
d'un brun plombé, nuancé de couleur d'or; les couver-
tures supérieures des aib-s , dont les deuxième et troisième
rangées sont blanches à la pointe, et le bord extérieur des
pennes sont des mêmes teintes , .mais plus sombres ; toutes
les pennes latérales de la queue noirâtres et terminées de
blanc ; les cotés de la tête pointillés de bleuâtre e1 de blan-
châtre ; la gorge couleur de perle ; le devant du cou mordoré,
«t lé dcssoiJs du corps d'un roux mêlé d'or; le bec noir et
bleu; les pieds plombés , et cinq pouces trois quarts environ
de longueur totale. M. d'Azara l'appelle pardo dorado. Il se
trouve au Paraguay.
* Le Batar\ à front roux, Thamnophilus riififrons, Vieill. ;
Tiirdus nififwns ^ Lath., pi. enl. de Buffon , n." G4.4 1 f- i^ a le
front, les côtés de la tête , la gorge , tout le devant du cou et
le ventre roux; le sommet de la tête , tout le dessus du corps,
B xV T 3,3
les couvertures supérieures de la queue et les pennes des ailes
bruns; les couvertures supérieures des ailes noires et bordées
d'un jaune vif; cette couleur termine chaque rang de ces cou-
vertures; lescouverturesinfërieuresdelaqueueblanches; celle-
ci, le bec et les pieds cendrés. Longueur, huit pouces et demi.
Montbeillard rapproche cet oiseau du/ourm//i>ry9û/?'/coHr; et l'ob-
servation que j'ai faite à l'article du balara à cravate est com-
mune à celui-ci, quant aux proporlions du corps et de la queue.
J'y ajouterai que celui-ci a un plumage totalement différent
des deux autres ; ce qui indique plutôt une espèce particu-
lière qu'une variété , à moins que ce ne soit une femelle.
Le B ATARA FERRUGINEUX, Thamnophilus nifjigùiosiis , Vieill.;
Laniiis nibiginosus^ Lalh. L^ne couleur de rouille couvre toutes
les parties supérieures , et un rouge jaunâtre est sur les infé-
rieures; latête esthuppée. Cet oiseauhabiteCayenne. Latham
le décrit pour une espèce particulière.
Le B ATARA À GORGE BLANCHE , Thomnophilus alLi(:ollis,\iei\h
Cet oiseau de la Guyane est brun sur les parties supérieures,
blanc sur la gorge , noir sur la poitrine et sur les joues. Le
devant du cou a sur chaque côté une bordure noire et blanche ,
qui remonte jusqu'aux joues ; les couvertures des ailes sont
noires et parsemées de petites marques blanches ; le ventre
est de cette dernière couleur vers le milieu , et roux sur les
flancs ; les pennes alaires et caudales sont noires , ainsi que
le bec ; les pieds. bruns. Cet oiseau ne seroit-il pas une variété
du batara à cravate noire? car ces deux oiseaux sont de la même
taille et ont de grands rapports dans leurs couleurs.
Le Grand batara, Thamuopldlus mnjor, Yieill., a toutle des-
sus du corps d'un noir profond, avec une bordure blanche aux
couvertures supérieures et aux pennes des ailes ; cinq bandes
transversales sur les deux pennes extérieures de la queue , et
quelques points de la même couleur sur les trois suivantes,
laquelle règne sur toutes les parties inférieures , et est seule-
ment mélangée de noir sur les jambes ; les pieds sont d'une
teinte de plomb claire ; le bec est bleu de ciel à sa base , et
noir dans le reste ; l'iris d'un rouge pur. Longueur totale, huit
pouces deux lignes. La femelle est un peu plus petite que le
mâle , et en diffère en ce qu'elle est d'une couleur rousse en
dessus, et qu'elle a dubrun mêlé sur la poitrine et sur les côtés;
les couvertures inférieures de la queue , coulcyr de tabac d'Es-
pagne , et le bec entièrement d'un bleu de ciel. Longueur to-
tale , huit pouces deux lignes. Sa ponte est de deux œufs blancs
et marbrés de violet obscur. Elle construit son nid dans les
buissons , à trois pieds au-dessus du sol , et le compose de
beauconpdepetitesbranches(';pineuses. Celte espèce se trouve
3i4 BAT
au Paraguay, el est décrite par M. de Azzara sous le nom de
batara mayor.
* Le Batara grisin , Thamnophîlus griseus , Vieill. ; syhia
grisea, Lath., pi. en!, de Buffon, n." 64-3, fig. i et 2. Mont-
beillard a d'abord placé cette espèce à la suite des merles , et
depuis , il l'a indiquée comme une variété de son foiimiiiier
huppé {^le hatfara huppé') \ c'est en quoi je ne suis pas de
son avis. Ces deux oiseaux, que j'ai comparés en nature, ont,
il est vrai , dos rapports dans leurs couleurs; mais leur lon-
gueur, leur grosseur et généralement toutes leurs dimensions
offrent des dissemblances assez grandes pour s'opposer à une
telle réunion. Le grisin a quatre pouces et demi environ de
longueur totale, et n'est pas plus gros que lafum'elie ù iéle
noire. Le dessus de la tête du mâle est noirâtre ; les sourcils
sont blancs , ainsi que les couvertures inférieures des ailes y
le ventre et les parties postérieures ; tout le dessus du corps
«st d'un joli gris cendré qui tire au noir sur les pennes des
ailes et de la queue, lesquelles sont terminées de blanc ; cette
couleur entoure les couvertures supérieures des ailes, elungris
clair la remplace sur le bord extérieur des rémiges ; la gorge ,
le devant du cou , la poitrine et le bec sont noirs ; les flancs
sont blancs et les pieds cendrés. La femelle diffère en ce que le
dessus de la tête est du même gris que le dessus du corps , et
que ce qui est noir riiez le mâle est noirâtre cbez elle. J'ai rangé
cette espèce parmi les hutaras , parce qu'elle a les mandibu-
les, les ailes , la queue, conformées de même ; mais le bec
est plutôt grêle qu'épais.
Le Batara HUPPÉ, Thamnophîlus drrhatus ^Yieïll. : Turdus
f//r//o/i«,Lalh.Unepetite huppe noire, que cet oiseau baisse et
relève à volonté , le distingue des autresc'spèces ; sa gorge est
noire et blanche ; le devant du cou , la poitrine , les couver-
tures supérieures des ailes, aussi bien que l'iris, sont noirs; un
liseré blanc entoure les pennes de la queue ; le reste du plu-
mage est cendré.
Quelques individus ont du roux sur les couvertures du des-
sus des ailes. La femelle a les plumes du sommet de la tête
aussi longues que celles de la tête du mâle ; mais elles sont
rousses , et une teinte de la même couleur se niêle au gris-
cendré de son plumage. La ponte est ordinairement de trois
œufs , et a lieu dans le mois de décembre.
Le cri du batara huppé ressemble au piaulement d'un petit
poulet. Sa longueur moyenne est de prés de six pouces.
Je rapproche de cette espèce, comme mâles, le iyranàhuppe.
noire , pi. ^8 des Oiseaux de l'Amérique septentrionale , et le
tachet de Levaillant ; et, comme femelles, i." la pie-giieche
huppée du Canada , qui ne se trouve poiul dans celte colonie;
BAT 3i5
fet qui est le même oiseau que le tyran à huppe rousse , pi. 4^9
des Oiseaux de rAmérique septenlrionale ; 2." l(; rousset de
Levaillant, pi. 77 de rOrnitliologie d'Afrique, lequel ne se
trouve qu'à Cayenne. Tous ont la queue dtagée ; mais leur
taille varie de six à huit lignes, ce qui me fait soupçonner que
cette espèce est composée de plusieurs races. Quant aux ta-
ches blanches plus ou moins nombreuses , la couleur noire
plus ou moins étendue , sur les mâles , je l'attribue aux di-
verses époques de l'âge. Enfin le hatara à calotte noire , dont on
a fait une pie-grièche , a encore de grands rapports avec le
mâle ; mais comme il n'en a point la huppe , ou plutôt que
les plumes du sommet de la tête sont plus courtes, je l'ai
isolé spécifiquement , d'autant plus que sa femelle présente le
même caractère , elle a cependant une grande ressemblance
dans les couleurs avec celles dont il a été question ci-des-
sus. Le batara huppé est le fourmilier huppé de Buffon.
Le Batara à longue queue, Thamnophihis iongirauclus ,
Vieill., est totalcmentnoir, avec de petites mouchetures blan-
ches sur la gorge et sur les pennes de la queue ; bec et pieds
noirs ; taille de la pie-grièche rousse , mais plus allongée , vu la
longueurdela queue. Use trouve-dans l'Amérique méridionale.
Le Batara moucheté, Thamnophilus guttatus ^ Vieill., est
blanc , avec des taches noires en forme de larmes sur toutes
les parties supérieures ; d'un blanc pur en dessous chez la
femelle ; noir et moucheté de blanc sur les côtés de la poi-
trine du mâle. Taille de la pie-grièche rousse ; bec couleur de
corne ; pieds brunâtres. Il habite l'Amérique méridionale.
Le Batara rayé de Cayenne , Tliamnophilus doUatus ,
Vieill.; io7z/j«<fo/.,Lath., pi. enl. de Buff., x\.° 297, fig. i, sous
le nom de pie-grièche rayée , est de la grosseur du moineau ;
il a six pouces et demi de longueur; le bec noirâtre ; la tête
un peu huppée, rayée longitudinalement, et tout le plinnage
rayé transversalement de noir et de blanc ; chaque plume
ayant deux bandes de chaque couleur ; la teinte du dessous
du corps est plus claire ; les pennes des ailes et de la queue
sont noires, avec des taches transversales blanches ; les pieds
et le bec noirâtres. On le trouve à Cayenne.
Le Batara rayé du Paraguay , Thamnophilus i-adiatus^
Vieill. , porte une huppe longue de huit lignes et d'un beau
noir ; les plumes de la base du bec , du reste de la tête et àxi
cou sont marbrées de noir et de blanc ; ces deux couleurs
forment des raies transversales sur le dos et sur les couver-
tures des ailes ; les pennes sont noires et tachetées de blanc ;
la queue est de la première teinte avec des bandes transver-
sales interrompues de la deuxième ; le devant du cou et la
poitrine sont rayés de noir sur un fond blanchâtre ; les par-
3iG B A T
tles postérieures blanches ; les pieds d'un plombé clair ; le
bec est noirâtre à sa base et d'un bleu céleste dans le reste ;
riris d'un jaune paille brillant; longueur totale, six pouces et
demi.
La femelle a une huppe pareille à celle du mâle , mais elle
est rousse ; elle en diflere encore en ce que les cotés et le
derrière de la tête sont d'un brun mêlé de blanchâtre , de
roux, av.ec des raies noires : le dessus du cou est couleur de
tabac d'Espagne, et tout le dessous d'un roux blanchâtre. Cette
espèce construit son nid sur les petites branches horizontales
des buissons épais, et le compose à l'extérieur de filamens
fortement attachés à deux rameaux qui forment la fourche
à l'extrémité d'une branche menue. L'intérieur est tapissé de
crins et de tiges de plantes aussi déliées. La ponte est de
deux œufs blancs et rayés de rougcâlre. C'est le batara listado
de M. d'Azara.
J'ai sous les yeux deux hularas du Brésil^ dont un a les plumes
dusommet de la tête noires , et l'autre les a rousses, ce qui me pa-
roit indiquer les différences sexuelles ; ils ont l'un et l'autre
toutes les parties inférieures et la queue rayées transversale-
ment de noir et de blanc , et le manteau vert. Leur taille est
celle du précédent.
Le Batara rayé a tête rousse, Thawnophitus Uneatus ^
Vieill., a la tête rousse en dessus et le reste du plumage rayé
transversalement de noir et de blanc roussâlre. Taille du ha-
iara huppé.
Le Batara ROlTGEATRE, Thamnophîkis mhicus, Vieill.; des-
sus de la tête d'un gris cendré ; joues blanches et tachetées
de brun ; dessus du corps d'un roux rembruni ; dessous rou-
geâtre ; menton blanc ; ailes et queue noirâtres , celle-ci ter-
minée de blanc; bec noir; pieds bruns. Taille de la pic-grlèche
grise. Il habite l'Amérique méridionale.
Le Batara roux , Tlunnnophilus m/us , Yieill. Tout le plu"
mage supérieur de cet oiseau est couleur de tabac d'Espagne ;
le dessous du corps d'un blanc jaunâtre ; les couvertures ex-
térieures du dessus de Taile , ainsi que les cotés intérieurs des
pennes, sont noirâtres ; les pieds couleur de plojub ; le bec est
noirâtre en dessus et à la pointe ; le ventre est d'un blanc sale.
Longueur, sept pouces. C'est \cbatara mxode M. d'Azara. On
le trouve au Paraguay ; il diffère des ^utres en ce qu'il a
l'aile plus forte , le tarse et les doigts plus courts , le bec
moins crochu à la pointe , et moins comprimé sur les côtés ;
mais il a le même genre de vie.
Le Batara tacheté , Thamnophilus mzolus , Vieill. , La-
BAT 3,7
mus nceinus, Lath., aie bec noir, ainsi que toutes les parties su-
périeures du corps ; les plumes de laparlie antérieure du dos ,
ainsi que celles qui recouvrent les ailes , sont terminées de
blanc ; cette môme couleur borde les pennes secondaires , et
forme une tache oblongue à l'extérieur et vers le milieu de
chaque penne de la queue , qui est noire , de même que les
ailes ; le dessous du corps est d'un cendré uniforme ; les pieds
sont noirs : sa taille est un peu inférieure à celle du hataru
rayé de Cayenne ; il se trouve au Brésil.
Le B ATARA SCHET-BÉ , Thamnophilus rulilus, Yieill. ; Lanius
rufus , Lath. Il a sept pouces trois quarts de longueur; ia
tête , la gorge et le cou d'un noir verdâlre ; tout le dessus du
corps roux ; le dessous gris blanchâtre ; la queue rousse ; les
pennes des ailes brunes ; le bec , les pieds et les ongles couleur
de plomb. La femelle a des couleurs moins vives , la gorge et
le devant du cou d'un gris blanc. On le trouve à Madagascar.
Le B ATARA TCHAGRA, Thiiiniiophilustchagra, Vieill. ; Lanius
5'^«f^a/M5,Lath.,pl. enl.de Buff, n.^^yg.Cetoiseau, indiqué par
Buffon sous le nom de pie-grièche rousse à tête noire du Sénégal ,
et comme une simple variété de la nôtre , a été donné par Le-
vaillant sous le nom àetchagra , mot qu'il prononce sans cesse,
et qu'il exprime très-bien par les syll^hes tcha-tcJia-trha-gra.
On le trouve non-seulement au Sénégal , mais encore vers
la pointe de l'Afrique jusque chez les Cafres.
Le mâle est à peu près de la taille de notre pie-grièche grise;
la partie supérieure de la tête est d'un noir bruni, légèrement
teint d'olivâtre ; le derrière du cou et le dessous du corps sont
d'un brun tanné ; la gorge est blanchâtre ; uns bande blanche
prend naissance au coin de l'œil et se prolonge au-delà , avec
une ligne noire par-dessous qui lui est parallèle : le <;ou par-
devant et tout le dessous du corps sont cendrés ; les grandes
couvertures des ailes et les bords extérieurs des pennes sont
d'un roux ferrugineux ; le reste en est brun , avec une teinte
verdàtre par-dessus ; en dessous, elles sont toutes cendrées;
les deux pennes intermédlairesde la queue sont d'un gris brun",
. rayé imperceptiblement d'une couleur plus foncée ; les autres
sont noirâtres et toutes terminées de blanc ; le bec et les pieds
sont d'un noir de corne , et l'iris est brun.
La femelle est un peu plus petite que le mâle ; elle n'a
point le dessus de la tête noir, et a les teintes du manteau
moins foncées. La tête du jeune mâle ne prend sa couleur
noire qu'à un certain âge ; le dessus du corps est d'un brun
cendré, et le blanc des parties inférieures est roussâtre. Il
fait son nid dans les broussailles ; la ponte est de cinq œufs
tachés de brun ; son vol est lent , court et pénible.
3i8 BAT
Le Bat ARA A TÊTE BLEUE , Thamnophihis cyanocephaîus ^
Vicill., a six pouces quatre lignes de longueur totale ; la
gorge et les parties postérieures d'une teinte sombre , qui
tire au noir sur le dessus du corps jusqu'à la queue et au-
dessous des yeux , sur les côtés de la tête qui , dans le reste ,
est d'un bleu lurquin brillant , séparé sur le milieu du som-
met par ufte raie blanche ; la nuque et le dessus du cou sont
noirs, ainsi que les scapulaires et les ailes , dont les cou-
vertures ont quelques taches blanches , et sont bordées en
dehors de cette couleur ; la bordure extérieure des pennes
est pareille , mais moins sensible ; les deux pennes in-
termédiaires de la queue sont totalement noires , et les
autres ont l'extrémité blanche; le bec est d'un bleu obscur,
et le tarse noirâtre-
La femelle diffère en ce qu'elle a un demi-pouce de
moins ; en ce que le dos , le ventre et les parties inférieures
sont glacés de verdâtrc , et qu'elle n'a point de raie blanche
sur le haut de la tête.
Ces oiseaux se trouvent au Paraguay, et sont décrits par
M. d'Azara sous le nom Del ohscuro y negru.
Le Batara à tête rousse, Thamnophihis ruficapilluSyWeWl.
a le dessus de ia tête couleur de cannelle ; les côtés d'un
brun blanchâtre ; le devant , les côtés du cou et le haut de la
poitrine rayés transversalement de blanc et de noir ; le
reste de la poitrine et les parties postérieures blanchâtres ; le
dessous des ailes d'un blanc roussâtre ; les couvertures supé-
rieures, les dernières pennes, la bordure extérieure de toutes
les autres et le derrière du cou , mordorés ; le dos d'un brun
mêlé de bleu ; les pennes intermédiaires de la queue noi-
râtres, les autres noires, bordées à l'extérieur et terminées
de blanc ; le tarse de couleur de plomb ; le bec noir en
dessus et d'un bleu clair en dessous ; six pouces un quart de
longueur totale. Le mâle , la femelle et les jeunes sont pareils.
Le nid est constniit comme celui du batara rayé du Paraguay,
et la ponte est de deux œufs blancs foiblement piquetés de
rouge. M. d'Azara appelle cet oiseau halura acaneludo.
Le Batara vert, ThanmophUus r/«y/5 , Vieill. , a le
front , toutes les parties inférieures et le dessus de la queue
rayés en travers de noir cl de blanc , le reste du plumage
vert. Longueur totale , six pouces huit à dix lignes. Il ha-
bite l'Amérique méridionale.
Le B atar a varié, Thamnophilm vanus,\ici\l.;Lamusvariusj
Lath. Bec noir; dessus du corps brun cendré ; front et joues
tachetés d'une couleur plus pâle ; gorge et poitrine d'un jaune
<îe buflle ; ventre , cuisses cl bas-ventre d'un blanc brunâtre ;
BAT 3,3
scapulaîres blanches ; ailes et queue brunes ; pieds noirs. Ce
hutara se trouve au Brésil.
Le Bat ARA VERdAtre, Thamnophîlus virescem ^ Vieil].,
a la tête d'un gris verdâtre et tachetée de noir en dessus •
les ailes de la dernière couleur, et poinliliées de blanc ; le
dessus du corps verdâtre ; le dessous d'un gris roussâtre chez
le mâle , et d'un gris pur chez la femelle; la queue noire et
terminée de blanc ; le bec brun et les pieds gris. Il se trouve
dans l'Amérique méridionale, (v.)
BATARD. Les pêclipurs donnent ce nom à des vers
rouges qu'ils prennent entre les fissures des rochers qui bor-
dent les côtes de la mer, et dont ils se servent pour amorcer
leurs lignes. On ignore à quel genre appartiennent ces vers.
(B.)
BATATE. C'est le nom que l'on donne , en Amérique ,
à plusieurs racines tubéreuses , employées à la nourriture
de l'homme. On l'appelle encore Patate. V. au mot Lise-
ron et QuAMOCLiT pour la baiate qui suit , ainsi qu'au mot
MoRELLE pour la pomme de teire^ et au mot Hélianthe pour
le topinambour, (b.)
BATATE ou PATATE, Conooh'ulus batafas. Cette plante
vivace , originaire de l'Inde , se cultive entre les tro-
piques et même un peu au-delà. Elle offre beaucoup de va-
riétés, produites parla culture, dans U forme et la gi'an-
deur des feuilles, dans la direction et la couleur des tiges,
dans la grosseur , la forme, la couleur , la saveur, l'époque
de la maturité des racines, leur plus ou moins facile con-
servation après qu'elles ont été arrachées, etc.
Nulle part la patate., telle que nous la connoissons, ne
croît sans culture ; abandonnée à elle-même, elle ne pou»—
seroit que des branches et des racines fibreuses. On a deux
objets en vue en la cultivant , la récolte des racines pour la
nourriture des hommes , et celle du fanage pour celle des
bestiaux.
Dans nos colonies on fait, par an, deux plantations de pa-
tates ; la première , à la fin de l'hiver en plantant les tubercules
réservés de la dernière récolte; la seconde, deux mois après
en plantant les tiges fournies par ces tubercules. Celle-ci est
la plus considérable. Une terre légère, un peu fraîche et
bien labourée , est celle où elles prospèrent le mieux. Ordi-
nairement c'est au sommet de billons hauts et larges d'un
pied qu'on les plante. Deux binages au moins leur sont donnés
dans le courant de Tété , binages par.lesquels la terre des-
cendue des billons est remontée à leur sommet. La pre-
mière récolle se mange de suite, parce qu'elle uc pourroit
3.0 BAT
pas se garder pendant les chaleurs; la seconde est réservéer
pour l'hiver. Avant de faire l'une et l'autre , on coupe les
ti^es rez terre pour les donner aux bestiaux qui les aiment
beaucoup, et qu'elles engraissent rapidenienl. Ceux qui cou-
pent plusieurs fois ces tiges, qu'on appelle bois patate 3l Saint-
Domingue , et il est des cultivateurs qui le font jusqu'à trois
fois, éprouvent une diminution proporliounelle dans la quan-
tité, la grosseur et la saveur des tubercules, objet principal de
leur culture en tous pays.
Rarement la culture de la ^ato^e manque de remplir son but;
mais dans les terrains et dans les années sèches , elle ne
fournit que de petits tubercules; et dans les terrains et les
années humides, que des tubercules de peu de saveur et de
peu de garde.
]u-A patate c?,i de différentes couleurs , mais ordinairement
rouge , blanche ou jaune. Elle est sèche , flexible , et d'autant
moins bonne, que sa chair ^ une consistance plus grasse et plus
filandreuse. En l'ouvrant on remarque des points blancs etbril-
lans. Elle pèse communément depuis une demi-livre jusqu'à
vingt onces. On en a vu du poids de huit à dix livres.
La saveur très-sucrée de la patate, la dispose à fermenter;
aussi l'emploie-t-on à faire des boissons vineuses, et par suite
des boissons alcoholiques; mais cette même disposition rend
sa conservai ion très-difficile, surtout lorsqu'elle a été cueillie
avant sa complèle n»alurité.
Les moyens dont on se sert pour conserver la pa/ate ,
sont do deux sortes : le premier consiste à laisser les tuber-
cules en terre sans les déraciner; il s'agit, pour le second,
de les tirer de terre et de les porter dans un endroit sec et
frais , à l'abri d«' l'air extérieur. Dans nos climats, les pa-
tates se gardent difficilement à cause des longs hivers, souvent
plus humides que froids; il faut les étendre sur des planches
couvertes de deux pouces de sable fm dans un endroit inac-
cessible à la gelée , et les recouvrir d'un autre lit de sable
de même épaisseur, en les arrangeant de manière à ce qu'elles
ne se louchent point. On apporte continuellement de l'A-
mérique dans nos ports , des patates bien conservées , mises
avec des cendres le jour qu'elles ont été récoltées, dans des
tonneaux , au fond desquels on pratique plusieurs trous
de tarière pour y établir un courant d'air. Les patates réu-
nissent tant de bonnes qualités en nature, qu'il n'est pas né-
cessaire de les déconiposer à grands frais poyr les soumettre
ensuite aux tortures de la boulangerie : ce sont bien les racines
les plus exquises que l'on connoissc. Dans les colonies, on
mange la patate bouillie simplement avec du sel ou avec un
peu de viande salée : on la rôtit sous la cendre et au four;
BAT 3.1
pour en faire , avec du beurre ou du sain-doux , une espèce
de purée très-épaisse, appelée miquun^ dont on fait des
boulettes. Quelquefois, lorsqu'elles sont nouvelltmenl ré-
coltées , on les confit dans du sucre pour s'en servir au be-
soin ; souvent aussi on les fait sécher à Tair libre avant
qu'elles connnencent à se gâter, lues patates , en un ntot ,
peuvent se prêtera toutes les formes que le luxe de nos tables
a imaginées. En Espagne, on consomme une partie des
patates qu'on récolte , et on vend l'autre aux capitaines des
vaisseaux marchands des provinces maritimes, qui les ex-
portent dans les autres ports voisins , même dans le Nord.
Les plus estimées sont celles que l'on cultive sur une des
côtes de Malaga ; elles sont d'un si grand rapport , que dans
un seul petit endroit voisin de la ville de ce nom , il s'en
débite pour 5o,ooo livres.
Tous les animaux domestiques aiment les feuilles de la pa-
tate,etelleleurserten partie denourriture pendantl'été, époque
où les pâturages sont brûlés par la chaleur. Il seroit difficile de
les remplacer sous ce rapport , dans beaucoup de quartiers
de Saint-Domingue.
La yofir/o^e peut prospérer dans plusieurs de nos pays mé-
ridionaux , tels que la Corse, la Provence et le Roussillon,
où il règne assez ordinairement une continuité de chaleur
non interrompue , de quinze degrés , pendant six mois ,
qu'il seroit difficile d'avoir dans toute la France : mais peut-
être parviendra-t-on à la rendre moins sensible au froid,
en choisissant des abris , en préférant d'abord pour la plan-
tation des racines déjà acclimatées dans le royaume de Va-
lence , parce que la température de cette contrée est moins
différente de la nôtre que celle des autres parties du Midi de
l'Espagne.
Il y a trente à quarante ans, que Thouin a essayé la cul-
ture de la patate en pleine terre au Jardin des plantes de
Paris , en mettant des tubercules dans des pots , en serre , et
les transplantant dans le courant du mois de juin , à des ex-
positions chaudes ; garantis pendant quinze ou vingt jours , ils
ont parfaitement repris et poussé avec vigueur jusqu'à l'au-
tomne. Depuis lui, plusieurspersonnes oni tenté la même chose
par des procédés différens , et ont également réussi ; mais
les frais de cette culture sont rarement couverts par les béné-
fices , et jamais les Datâtes obtenues ne sont arrivées à leur
complète maturité. Cette culture, à Paris, ne peut donc être
regardée que comme un pur objet d'amusement, (par.)
BATAULE. C'est le Beurre de bambouc. (^s.)
BATEAU. Nom vulgaire d'une espèce de Patelle, (e.)
BATELÉ. Espèce d'EuPAXOiRE. (b.)
III. Il
3^3 "^ B A T
BATELEUR. V. l'article Pygargue. (V.)
BATHAENDA. Il y a lieu de soupçonner que c'est une
Retmie. (b.)
BATHEC. C'est le Melon d'eau en Arabie, (b.)
BATHELION, BatheHum. Lichen découvert parAfze-
lius sur la côte d'Afrique , qui en a fait un genre , dont
le caractère est : crustacé, uniforme; fructiiicaiion sessile ,
presque globuleuse , couverte de papilles en forme d'oper-
cule. V. Achard, tab. 8 , fig. 3. (b.)
BAÏHLESGHAIN. Synonyme de Badindiaîn. (b.)
BATHYERGUS, lllig.Gcnrc de mammifères de l'ordre des
rongeurs , qui correspond à celui nommé Oryctère par
M. Frédéric Cuvier, etqui renferme les Rats-taupes du Cap.
Ces animaux, long-temps confondus avec les dlfferens mam-
mifères qui composent la famille des Rats , en ont élc séparés
par INLGeorgcs Cuvier dans son dernier ouvrage. lUiger y qui
en avolt distingué une espèce comme devant former le genre
BaLhyergus , n'en avoit pas moins laissé ce genre dans sa fa-
mille des iniirina. 11 plaroit d'ailleurs une seconde espèce dans
son genre geoiychus , qui comprend le zemni ou aspalax, genre
qu'il mettoil à la tète de sa famille des cuniculuria.
Las ùathyergus ou oryctères^ ont le corps cylindrique et'ra-
massé ; ce sont des animaux de petite taille , dont les pieds
sont tous munis de cinq doigts courts, et de cinq ongles plats
et menus ; leur nez est court et comme tronqué ; leurs yeux
sont très-petits; ils n'ont point d'abajoues ni d'oreilles ex-
ternes ; leur queue est très-courte.
Leurs incisivessonltrès-forles, cl si longues qu'elles ne peu-
vent être recouvertes parleslèvres; lesinlericures sont en coin
ft plaies en devant comme les supérieures; les molaires sont au
nombre de quatre de cbaque côté àl'une etàl'autremâchoires:
elles sont simples comme celles des rais , des écureuils ,
«les marmottes, des bamsters, des loirs, des bydromys et des
rats-taupes proprementdits : elles se ressemblent toutes, ainsi
que l'a observé M. Fréd. Cuvier , en ce que, dans le jeune âge,
elles sont séparées en deux par un sillon. Lorsqu'elles com-
mencent à s'user , le sillon s'interrompt au milieu de la dent,
et il en résulte deux écbancrures , une à la face interne et
l'autre à la face externe. Lorsque l'usure se continue davan-
tage , le sillon interne s'efface entièrement, et bientôt l'ex-
terne ayant disparu , la dent n'offre plus qu'un disque
osseux entouré d'émail. Les postérieures présentent cette
échancrure externe beaucoup plus forte que les antérieures.
Les'deux espèces que renferme ce genre , habitent les en-
virons du Cap de Bonne-Espérance , où elles sont très-
1^' '^ T 3,3
multipliées ; elles creusent la terre , et se nourrissent de
racines.
Première espère. — Le BatiiYERGUS DES DUNES ( Balhyergus
/wanV/V/2?«; grande taupe du Cap, BufTon , suppl. lonj. 6, pi.
38); Piat-laupe des dunes, Arctuniys af ricana^ Lamarck. Voy.
de 'J'iiunberg.
Cet animal est long d'un pied; sa circonférence, prise
derrière les jambes de devant, eslde lopouces, et de g dcv.int
les jambes de derrière. Sa tdte est plus allongée à propf)rlion
que celle de Tespèce suivante, el se termine par un museau
plat en forme de boutoir; ses yeux sont Irès-pel ils. Les in-
cisives supérieures sont marquées dans leur milieu d'un sil-
lon longitudinal, qui les fait paroître comme doubles. La
<|ueue est plate et longue de 2 pouces et demi : elle est cou-
verte de longs poils roides.
Il vit sous terre , y fait de vastes souterrains , forme des
taupinièrescomme les taupes d'Europe; ce qui rend dangereux
pour les chevaux les lieux où il est commun , parce que
ces animaux y enfoncent jusqu'aux genoux.
Le hatliycrgm des dunes ne court pas vite ; mais il est très-
alerte à creuser la terre. 11 est méchant, et mord très-fort
lorsqu'on l'irrite. Sa nourriture consiste eu plantes et eu
oignons. Sa chair est , dit-on , fort bonne.
Deuxième espèce. — Le li ATHYERGUS CRICET, Baihyergns ca-
pensis; Georyrhus^ Ulig ; petit rat-taupe du Cap, Buffon, suppl.
lom. II , pi. 36; mus rapensis , Pallas, glir. pi. 7, pag. 172, et
pi. 26, fig. 17 ; rat-taupe, de la première édit. de ce l)ict. ;
6ks moll. au Cap.
Le cricet est de la taille an zemni ; sa longueur totale est
de 7 pouces environ ; celle de sa tête est d'un peu plus de
deux pouces: il est très-bas sur pattes , et son corps est cy-
lindrique ; il manque d'oreilles externes , mais il est pourvu
d'yeux , très-petits à la vérité , qui ne sont pas cachés sou»
la peau , et qui par conséquent lui sont utiles pour la per-
ception des objets qui l'entourent ; son corps est terminé
postérieurement par une petite queue de neuf lignes de lon-
gueur. En général , le poil du crir.et est doux, épais et ardoisé
près de la peau ; il est brun roussâtre sur le dos , plus foncé
sur la tête, plus pâle sur les côtés, et d'un blanc sale en
dessous ; son museau est blanc , et cette couleur se termine
vers les joues en une pointe noire ; le tour des oreilles et des
yeux , une petite tache sur le sommet de la tête , ainsi que
les mains et les pieds, sont aussi de couleur blanche ; les dents
ne sont point orangées comme celles de la plupart des ron-
geurs ; la queue est couverte de poils longs et épais : ils for-
3,4 15 A T •
ment un pinceau à son exlrcmilé.Les ongles sont de longueur
médiocre.
Le r/ïVe' habite au Cap de Bonne-Espcrance, dans lesterres
sablonneuses; il creuse la terre comme la iaiipe^ c'est pourquoi
on rappelle dans ce pays la taupe dusahle. 11 se nourrit prin-
cipalement de racines de glaïeul , d'iris , etc. (desm.)
BATiS. Poisson du genre des Pvaies. V. ce mot. (b.)
BATIS, Balh. C'est un petit arbrisseau dont les feuilles
sont demi-cylindriques , succulentes , sessilcs , opposées ; les
fleurs sans calice ni corolle , dioïques , disposées en chatons
axillaires.
Les [leurs mâles implantées sur des chatons pyramidaux,
imbriqués d'écaillés situées sur quatre faces distinctes ; cha-
que écaille recouvre quatre étamincs.
Les femelles venant sur des chatons ovales , charnus , à
involucre dlphylle ; elles consistent en un ovaire ovale ,
adné au chaton , surmonté d'un stigmate sessile , velu , et à
deux lobes.
Les fruits sont des baies unlloculaires, cjui renferment cha-^
çune quatre semences triangulaires et ponitues.
Cet arbrisseau croît aux Antilles, sur le bord de la mer;
toutes ses parties ont une saveur très-salée, (b.)
BATO. Fruit du BoNDUc. (b.)
BATOLITE , Batoliles. Genre de Coquilles établi pai^
Denys Montfort, aux dépens des Ortiiocératites de la
Peyrouse , et des Hippurites de Lamarck. Ses caractères
sont: coquille libre, adhérente ou vivant en famille, univalve ,
cloisonnée , droite et fistuleuse ; ouverture arrondie , peu
f profonde, horizontale; cloisons criblées, et de plus percées
atéralement de deux grands stigmates répondantà deux arêtes
parallèles ou divergentes qui percent toutes ces cloisons.
Ce genre paroît contenir plusieurs espèces , qui toutes
se trouvent dans des roches calcaires , qu'elles constituent
quelquefois en entier. Denys Montfort en a vu de trois pieds
de long et elles n'étoient pas entières. Il calcule qu'il a pu
en exister de plus de cinquante pieds. On les confond quel-
quefois avec les MadrÉporites dans les cabinets mal étur
diés. Knorr en a figuré, (b.)
BATON DE JACOB. C'est I'A.sp-iodèle jaune, (b.)
BATON ROYAL. C'est r Asphodèle blanc, (b.)
BATON DE SAINT JEAN. Nom vulgaire de la Per-
SICAIRE orientale. (B.)
BATONNET. Coquille du genre CoNE. (b.)
BATRACHION. On a donné ce nom à la Renoncule
BULBEUSE, (b.)
JIATRACHITE OU BRONTiAS, Plioe dQone ces noms
à une des substances qu'on croit être la pyn/e ffhLulcuse, striée
du centre à la circonférence ; on la croyoit tombée du ciel.
C'est la même pyrite qu'on nommoit autrefois en France
pierre de tonnerre ou pierre de foudre , et dont on se servoit au
lieu de pierre à fusil, (pat.)
BATKACHOIDE , Batrachdidcs. Genre de poissons de la
division des Jugulaires, établi par Laccpcde pour placer
deux espèces, dont Tune faisoit partie des GADESde Linneeus,
et l'autre des Bletsmes. V. ces mots.
Los caractères des balrachdides consistent en une tête très-
déprimée et très-large ; une bouche à ouverture très-
grande; un ou plusieurs barbillons attachés autour ou au-
dessous de la mâchoire inférieure.
Ce genre tire son nom de la ressemblance vague qu'ont
ses espèces avec les grenouilles; ressemblance qui avoit déjà
fait donner à l'une d'elles le nom de blennius raninus par
Linnseus.
La première de ces espèces, le Batrachoïbe tau, Gadus
tan , Linn., a un grand nombre de filamens à la mâchoire in-
férieure ; trois aiguillons à la première nageoire dorsale et à
chaque opercule. C'est un habitant de l'Atlantique.
Le BatraciioÏdE BLElSNlOïDE , Blennius raninus, Linn., a
un ou plusieurs barbillons à la mâchoire d'en bas ; les deux
premiers rayons de chaque nageoire jugulaire tenninés par
xm long filament. Il se trouve dans les lacs de la Suède , et
n'est pas bon à manger. On l'a appelé grenouillère en français.
Le Batrachoj-de Gûielin observé par Risso dans la merde
Nice, a été figuré par lui dans l'Ichtyologie de cette mer. (b.)
BATRACHOSPERME , Batrachospermum. Genre de
plantes établi par Vaucher aux dépens des Conferves. 11
renferme une douzaine d'espèces, caractérisées par leur con-
sistance gélatineuse , en rapport avec celle du frai de gre-
nouille , ou avec les TréMELLES lorsqu elles sont très-char-
gées d'eau. J'en ai décrit et figuré une nouvelle espèce dans
le Bulletin de la Société philomalique.
Bory-Saint- Vincent , auquel on doit une très-belle Mo-
nographie de ce genre, y rapporte six espèces qui sont figu-
rées pi. 29, 3o et 3i du 12.^ vol. des Annales du Muséunx
d'Histoire naturelle de Paris. Les autres sont des ThqRÉes ,
des Draparn aldies et des Rivulaires. (b.)
BATRACFîUS. T. Ba^rachion, Baudroie et Silure, (b.)
BATRACIENS. Alexandre Brongniart, dans sa Méthode
d erpétologie ^ a ainsi' appelé l'ordre qui comprend les genres.
Grenouille, Crapaud, Rainette et Salamandre; ordre
qui faisoit partie des reptiles de Llunaeus et des^ouadrup.èdes^
ovipares de Lacépède. Ft>j'e5 IçiiTyoXDKS. (b }
3.6 BAT
Les caraclcres de cet ordre sont d'avoir la peau nue , et
des pattes.
La tête des Batraciens est aplatie, assez grande en comparai-
son ducorps; leur bouche est très-large; ils n'ont quelquefois
point de dents, et quand elles existent, elles sont à peine visibles;
leur langue est charnue , enduite de mucosité ; leur mâchoire
inférieure est composée de deux branches réunies antérieu-
rement par une siùilie ligamenteuse ; et leurs os n'ont que la
consistance cartilagineuse des arêtes des poissons: ils n'ont
point de cotes, ou seulement de simples rudimens de ces os,
et ils sont droits; leurs doigts sont réunis par une membrane,
et n'ont souvent point d'ongles. Une humeur visqueuse en-
duit leur corps. Ils n'ont point de trachée-artère ; leurs bron-
ches membraneuses sortent immédiatement du larynx; leur
cœur a une seule oreillette :cc sont desamphibiesselon toute
la force du terme. Le mâle n'offre aucun organe extérieur de
la génération; il n'y a pas d'accouplement ïféel; les œufs sont
fécondés hors de l'animal, nombreux , pondus dans l'eau et
composés d'un point coloré , entourés d'une matière vis-
queuse , sans coquille qui les enveloppe. Les petits qui en
sortent sont d'abord dilTérens, par leur forme et par plusieurs
de leurs fonctions vitales , des animaux qui les ont produits.
Ils respirent par des branchies , se nourrissent de matières
végétales, ont un canal intestinal plus étendu, vivent dans
l'eau et dans les lieux humides. V. au nmt Reptile, (b.)
BATSCHIK , Batschia. Nom donné au genre de plantes,
appelé depuisHrMEOLDTiE.il a aussi été appliqué par Thun-
berg à un genre qui ne diffère pas de I'Abuta d'Aublct. V.
Ménlsperme; et par Michaux , a un autre genre peu distingué
des Gremils , c'est-à-dire, qui n'offre pour différence qu'un
anneau barbu à la base du tube de la corolle. Ce dernier ren-
ferme deux espèces originaires de l'Amérique sepientrion<ale,
dont une est figurée dans la l'Iore de ce pays, (b.)
BATT. Nom égyptien de TOlE du NiL. (v.)
BATTA. Fruitdu Nopal, (b.)
BATT AN S. On donne souvent ce nom aux valves des
Coquilles bivalves, et aux parties mobiles du plastron des
ToilTUES. (b.)
BATTARÉE , BaUarea. Genre de plantes établi aux dé-
pens des Vesseloups. Son caractère est : chapeau campa-
nule, velu, contenant ime poussière attachée à des filamens,
et sortant d'une double enveloppe , dont les restes lui sont
adhérens ; il ne comprend qu'une espèce, (b.)
BATTE-LESSIVE. Nom vulgaire de la Lavandière, (n.)
BATTEMA1\E. Nom vulgaire de la Lavandière et de
riltRONDELLE DE RIVAGE. (V.)
B A U 327
BATTE-QUEUE, Battiquoue en Gascogne. F. Hoche-
queue LAVA^DIÈRE. Cette dénominatibn vulgaire se donne
aussi en quelques lieux à T Hirondelle de rivage, (s.)
BATTEUR D'AILES. Nom que des marins donnent
à des oiseaux qu'on rencontre en mer , et que Fleurieu
(Voyage de Marchand) applique mal à propos aux Alouet-
tes de mer , puisque ces oiseaux ne se tiennent que sur les
rivages, (v.)
BATTEUR DE FAUX. Oiseau du nord du Canada ,
indiqué , mais non décrit par les voyageurs, (s.)
BATTI SCHORIGENAM. C'est dans Rlieed I'Ortie
interrompue, (b.)
BATTUE. Chasse qui se fait au bois ou en plaine , avec
des gens qui battent un espace de terrain , en poussant le gi-
bier vers les chasseurs armés de fusils, (desm.)
BAUBIS. Race de Chiens courans , que l'on appelle
aussi chiens normands. Ils ont le corsage plus épais , la tête
plus courte , et les oreilles moins longues que les chiens fran-
çais, (s.)
B AUD. Chiens originaires de Barbarie , propres h la
chasse du cerf. On les appelle aussi chiens-cerfs et chiens-
muets, (s.) . •
BAUDET. Nom vulgaire de I'Ane. (s.)
BAUDIR LES CHIENS (r^«mO- C'est les exciter du
cor et de la voix : on bandit aussi les oiseaux au vol. (s.)
BAUDISSÉRITE. Nom donné par M. Delamélherie à
la magnésie carbonatée de Baudiffère en Piémont. (LUC.)
BAUDRIER. Les Varecs à feuilles longues et larges
portent vulgairement ce nom. (r.)
BAUDROIE. Nom d'un poisson du genre LoPHiE , que
quelques auteurs ont étendu à tout ce genre, (b.)
BAUDRUCHE. Pellicule d'un boyau de bœuf apprêtée»
qui sert aux batteurs d'or pour réduire l'or en feuilles.
On fait aussi avec la baudruche de petits ballons ou aéros-
tats extrêmement légers , et qu'on remplit de gaz hydrogène.
(s. et desm.)
B AUHINE , Bauhinia. Genre de plantes de la décandric
monogynie, et de la famille des légumineuses : ses caractères
sont : calice irrégulier, à cinq divisions et caduc ; cinq pétales
oblongs , onguiculés , insérés sur le calice , situés irréguliè-
rement ; dix étamines inégales, déclinées, dont neuf plus
courtes et quelquefois stériles , et la dixième plus longue et
toujours fertile ; les premières , quelquefois réunies à leur
base ; un ovaire supérieur, oblong, pédicule, surmonté d'un
style décliné et terminé par un stigmate obtus ; une gousse
assez longue , communément comprimée , uniioculaire , et
328 B A U
qui renferme plusieurs semences réniformes ou ellipfrques.
Ce genre comprend une trentaine d'espèces, qui sonl des
arbres ou des arbrisseaux , dont les feuilles sont simples ,
mais divisées en deux lobes fort profonds, les fleurs disposées
en grappes axillaires ou terminales ; quelques-unes sonl pur-
gatives : elles croissent naturellement dans les parties les
plus chaudes de Tlnde et de l'Amérique.
La Bauhine grimpante forme le genre Phanère de Lou-
leiro. (b.)
BAUME , Balsamum. Il y a deux sortes de baumes , sa-
voir : ceux qui sont préparés par la seule main de la nature ,
et que , par cette raison , on appelle baumes naturels ; et ceux
qui sont composés par les pharmaciens ou les charlatans,
^ous ne devons point parler de ces derniers , dont on peut
voir la nouienclature et les préparations dans les ouvrages
pharmaceutiques.
Les baumes naturels sont des matières huileuses , aroma-
tiques , d'une consistance liquide et un peu épaisse , qui dé-
coulent d'elles-mêmes ou par incision, de certains arbres.
Celui qu'on relire des balsamiers de Gilead et de la IMecque
( V. Balsamier ) , portoit autrefois le simple nom de baume.,
en latin, opubalsamum o\x%alsamum judakum : il est le plus an-
ciennement connu, et passe pour le meilleur. Yoilàpourquoi,
sans doute , on a donné , depuis , ce nom à tous les sucs ré-
sineux et balsamiques , liquides ou desséchés , qui approchent,
par leur odeur ou par leur vertu , du baume de Judée : tels sont
les baumes de (hpahu , de Tolu , du Pérou ^ du Cajiada^ etc.
La nature des baumes approche beaucoup de celle des
résines : ces deux suMtances ont à peu près les- mêmes pro-
priétés : elles sont inflammables , insolubles par l'eau , solu-
Lles «lans les huiles et dans l'alcohol , et coulent fluides des
arbres qui les produisent ; elles paroissent être des huiles de-
venues épaisses ou concrètes par l'exposition à l'air.
Les baumes ne sont d'usage qu'en médecine ; la nature
jiemble les avoir uniquement destinés à adoucir nos maux :
aussi employons-nous quelquefois le mot baume ^ dans un sens
moral et figuré pour exprimer , ou ce qui tempère nos cha-
grins , ou ce qui nous fait éprouver un plaisir inattendu. Les
consolations données au malheur par la vertu bienfaisante ou
par l'amitié , sont un véritable baume ^ qui guérit insensible-
ment les plaies du cœur , et qui est cent fois plus efficace et
plus doux, que ne le sont, pour soulager nos do^ileurs phy-
siques, tous les ^jaumes les plus précieux de l'Orient. V. le
mot Résine, (d.)
BauiME. On donne aussi ce nom à une espèce de Tanaisie.
(B.)
B A U 3^9
Baume de l'Amérique ou Baume de C.vnTirAGÈNE.
V. Baume de Tolu. (d.)
Baume aquatique. F". Menthe aquatique, (b.)
Baume blakc. Synonyme de Baume de Judée, (b.)
Baume du Brésil. F. Baume de Copahu. (d.)
Baume brun. V. Baume du Pérou, (b.)
Baume de Calaba. V. à Tarticle Baume vert, (d.)
Baume du Canada , Bahaminn canadense. Suc plus ou
moins liquide , ou sorte de térébenthine qui découle naturel-
lement et par incision d'une espèce de sapin , oi'iginaire du
Canada. ( V. Sapin. ) Ce suc ou baume est transparent , un peu
jaunâtre , d'une odeur et d'une saveur approchant de la téré-
jjcnihine de Chypre , mais plus agréable et plus douce. (D.)
Baume de Carpathie. Nom de la résine du Pin cembro ,
qui croît sur les Alpes , les monts Krapach et autres mon-
tagnes élevées de l'Europe, (b.)
Baume de Carthagene. V. Baume de Tolu. (b.)
Baume des chasseurs. Le Poivre À feuilles ronde.^
porte ce nom à Saint-Domingue, (b.)
Baume à cochon. V. Baume sucrier, (d.)
Baume de Constantinople. C'est celui du Balsamier
de la Mecque, (b.)
Baume de copahu ou Huile copahu. Il est produit par un
arbre du Brésil, appelé Copaïer. V. ce mot. C'est un suc ré-
sineux qui a la consistance de l'huile quand il est récent , et
qui , en vieillissant , devient tenace. Il est combustible , se
dissout dans le miel et dans Tesprit-de-vin , a une couleur
jaune blanchâtre, une odeur aromatique , douce; une saveur
acre et médiocrement amère : il découle par incision du tronc
et des branches du copdicr. (d.)
Baume DE copalme. V. Liquidambar. (d.)
Baume en coque. On appelle ainsi, dans lesboutiques des
droguistes, le Baume DU Pérou, (b.)
Baume d'Egypte ou du Grand Caire. V. Baume de Ju-
dée, (d.)
Baume dur. Ce nom se donne quelquefois aux^AUMES
du Pérou et de Tolu. (b.)
Baume eaux du Pérou. Quelques jardiniers appellent
ainsi le Mélilot bleu, (b.)
Baume focot ou Faux tacamaca. V. à l'article Bésike
tacamaque. (d.)
Baume de Galaad ou de Gilead. V. Baume de Judée.
Baume du grand Caire, V. Baume d'Egypte, (b.)
Baume de la grande terre. C'est le Montjoli invo-
LUCRÉ. (B.)
33o B A IT
Baume de Hongrie. Piésine du Pin sylvestre , qu'on
tire de la Hongrie, (b.)
Baume ou Huile d'ambre liquide. J^. Liquidambar. (d.)
Baume d'incision. F. Baume du Pérou, (d.)
Baume des jardins. On donne ce nom à la menthe domes-
tique , ou des jardins. V. MeNTHE. (d.)
Baume de Judée, d'Egypte, du grand Caire, de l\
Mecque, de Syrie, de Constantinople , ou Baume blanc,
!Nous avons parlé de ce baume, si justement célèbre , à Tar-
ticle Balsamier. V. ce mot. (d.)
Baume de lotion. Un des noms du Baume de Judée, (b.)
Baume Marie. B'ésine liquide, employée à la guérlson des
plaies à la Cochinchine. Elle se relire du Calaba balsa-
MARIE, (b.)
Baume de la Mecque. C'est la même chose que Baume
DE Judée, (b.)
B vume de MOMIES. On a donne ce nom et ceux de Gomme
des funérailles , de Bitume de Judée., d'Asphalte , de Karahé de
Sodome , etc. , à une variété de bitume que les anciens Egyp-
tiens cmployoient à la conservation des corps. V. Bitume.
(LUC.)
Baume du Pérou , Balsamum pemvlanum. Suc résineux
que fournit un arbre de l'Amérique méridionale, connu des
botanistes sous le nom de Mirosperme sessile. V. ce mol.
On retire de cet arbre, ou arbrisseau, quatre sortes de
baumes qui ont tous une saveur acre, un peu amère, et qui
diffèrent peu de la térébenthine pour leurs effets et leurs
vertus ; ils peuvent être prescrits dans les mêmes espèces de
maladies, (d.)
Baume du Pérou. Le Mélilot bleu porte ce nom, (b.)
Baume (Petit). On donne ce nom au Croton balsa-
W1FÈRE. V. ce mot. (d.)
Baume de Rakasira. On croit qu'il est le produit de l'art,
et qu'il provient du suc de courges qui croissent dans l'Inde.
11 s'em^jie dans les gonorrhées. (b.)
Baume sec. Synonyme de Baume du Pérou, de Baume
de ToLU. (u.)
Baume de soufre. Préparation pharmaceutique, c'est-à-
dire, dissolution du Soufre dans une Huile es.sentielle.(b.)
Baume sucrier. C'est une liqueur résineuse qui découle
par incision d'un arbre de l'Amérique appelé dans le pays,
sucrier de montagne., et que Lamarck a décrit sous le nom de
(ioMAUT. F. ce mot. Ce baume a la couleur et la consis-
tance du baume de Copahu; en vieillissant , il rougit un peu ;
son odeur est douce et aromatique : sa saveur légèrement
B A U 33.
acre et amèrc. On remploie comme vulnéraire pour la gué-
rison des plaies. Les cochons marrons , blessés par les clias-
seurs, vont se frotter contre l'arbre qui le produit, d'où lui
est venu le nom de baume à rorhon. (d.)
Baume de Syrie. V. Baume de Judée, (b.)
Baume de Tolu, appelé aussi haume de l Amérique chaume
de Carihugène ^ baume dur, baume sec (^ba/samum tulufamim.).
On le retire de l'arbre Tolu, To/uifera bahamum. V. ce mot.
Linn. Il est très-rare dans le connuerce. C'est un suc rési-
neux, d'un jaune verdàtre , à demi - liquide et sec , indam-
luabie , d'une odeur de benjoin , plus vive que celle du baume
noir du Pérou ; d'un goût doux et agréable , ce qui le dis-
lingue des autres baumes, qui, presque tous , ont une saveur
ûcre et amère; il est fragile et cassant lorsqu il est bien sec.
(D.)
Baume vert, ou Baume de Calaba, ou Baume de
Marie. 11 y a deux sortes de baumes verts ; l'un découle
du calaba à fiuits ronds , arbre des Indes {V. Calaba);
il est d un jaune verdàtre , d'une odeur suave, et passe pour
vulnéraire, résolutif, et anodin; c'est la résnie facamaque des
iles de Madagascar et de Bourbon. L'autre est produit par
une variété du calaba^ qui croit à Sainl-Domingne ; c'est un
suc gommeux , verdàtre, qui s'épaissit et devient d'un vert
très-foncé. Les Espagnols , dit Pouppé-Desportes , en font
un si grand cas, qu'ils l'ont appelé balsamum de l Maria ; ils le
préfèrent au baume du Pérou et à celui de Copahu. (d.)
Baume vrai. C'est encore le Baume de Judée, (b.)
BAIIMGANS. C'est en allemand le Cravant, et quel-
quefois la Bernache , espèces de Catnards. (s.)
BAUMCàARTlE, Baumgartia. Genre établi par IMoench ,
et qui ne paroît pas différer de I'Epibatherion et du Limacie.
(B.)
BAUMIER. Nom du Mélilot bleu, du Balsamier et
d'un Phuplier. (b.)
BAL'QUE. C'est le nom qu'on donne , sur les bords de
la Méditerranée, aux feuilles «le Zostère, qu'on retire des
étangs salés pour fumer les terres ou servir à l'emballage des
marchandises. V. au mol Algue, (b.)
BAURD-MANNETJES. Nom que les Hollandais ont.
donné à une espèce de singe, que l'on a rapporté quelquefois
à l'espèce du Talapoin (guenon), mais qui paroît plutôt
devoir l'être à celle du Macaque ouanderou ou Macaque à
r. Inière. (desm.)
BAUGE. C'est le lieu où le Sanglier se couche pendant
toute la journée ; l'animal choisit ordinairement l'endroit le
plus touffu et le plus bourbeux de la forêt.
332 B A Y
On donne aussi le nom de bauge au nid des écureuils.
(s. et DESM.)
BAVA ou BAVASTNGA. Espèce de Casse, (b.)
BAVAY-BAVAY. On donne ce nom au Quisquale de
l'ItsDE aux Philippines, (b.)
BAYEOLE. Synonyme de Bleuet, (b.)
BAVÈRE , Bavera. Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande ,
à feuilles verticillées au nombre de six, ovales, lancéolées,
dentées au sommet , presque sessiles ; à fleurs rouges , soli-
taires, axillaires, pédonculées, pendantes, qui forme un genre
dans la polyandrie digynie , et qui est figuré pi. 96 du Jardin
de la Malmaison.
Ce genre, qui a été établi par Banks, offre pour caractères :
nn calice à six ou huit divisions; une corolle de six à huit pé-
tales; un grand nombre délamines insérées sur un disque ;
lin ovaire supérieur surmonté de deux styles ; une capsule à
deux loges, à deux valves, renfermant plusieurs semences in-
sérées sur un placenta central aplati et opposé aux valves, (b.)
BAVEUSE. Poisson du genre Blenme. (b.)
BAVOON. Nom anglais des Papions ou Babouins.
(desm.)
BAVYON. Nom allemand du papion ou hahouin propre-
ment dit, espèce de singe. V. Babouin, (desm.)
BAVYANG A ODEUR BAIL. Grand arbre dont les
feuilles sont alternes, et les fruits, des noix qui renferment un
noyau dont l'amande peut se diviser en trois ou cinq parties.
Ces fruits onl tellement l'odeur d'ail, qu'on s'en servoit autre-
fois à Amboine pour assaisonner les alimens. (b.)
BAXANA. C'est un arbre de l'Inde dont on ne connoît
pas les caractères. Il passe dans quelques endroits pour four-
nir un antidote contre toute espèce de poison, tandis que dans
d'autres on prétend que son ombre seule est mortelle (b.)
BAYA. V. Gros-bec Toucnam-courvi. (s.)
BAYA. Nom du Calebassier dans les îles Caraïbes, (b.)
BAYAD , Porrus. Genre de poisson établi par Geoffroy
Saint-Hilaire, dans le grand ouvrage de la commission de
l'Institut d'Egypte, aux dépens des Silures de Linnseus. Il
renferme deux espèces: les Bayads fitile et DOCMAC, qui
soi'.t figurés dans cet ouvrage, (b.)
BAYADE. Variété d'OacE qui se sème au printemps, (b.)
BAYATTE. Poisson du genre Silure , observé dans le
ÎSîlpar Sonnini, etfigurépl. 27 de son Voyageai Egypte.Cest le
silwus bajad de Forskaël. Il atteint la grandeur d'un homme,
mais sa chair est peu estimée. V. Pimelode et Bayad. (b.)
BAY-ROUA. Nom du fruit de I'Acacie à fruit sucré,
mimosa inga j^ Linn. (b.)
BEA 333
ÎÎAZ, BAZY. Noms arabes de I'Autour. (v.)
BAZAN. En Perse, c'est le nom d'un quadrupède rumi-
nant, qui paroît être le paseng ou Chèvre sauvage, et non le
pasan de Buffon, qui est 1' Amtilope ORYX. (pESM.)
BAZ ARA. Nom arabe du Pi.aistain puucaire. (b.)
BAZARI CHICHEN. Nom Arabe du Lm. (b.)
BDELLA. L'un des noms de la Sangsue. L'arbre qui
donne le Bdellium a reçu quelquefois la même dénomina-
tion, (s.)
BDELLE , Bdella, Latr. Genre d'animaux de la classe des
arachnides, ordre des trachéennes, famille des holètres ,
tribu des acarides , et qui a pour caractères : huit pieds , uni-
quement propres à marcher ; bouche consistant en un suçoir
avancé , en forme de bec conique ; palpes allongés, coudés,
avec des soies au bout; quatre yeux; pieds postérieurs plus
longs.
Leur corps est très-mou, et ordinairement de couleur
rouge. On trouve ces acarides sous les pierres , les écorces
d'arbres , sur les murs, ou dans la mousse.
Bdelle longicorne , Accrus longicomis , Linn. ; la pînr»
rouge ^ Geoff; drus vulgans, Yienn. ; Mem. apterol. ^ tab. 3 ,
f,g. 9 , et tab. 9 , S. ; longue à peine d'une demi-ligne ; d'ua
rouge écarlate , avec les pieds plus pâles ; suçoir en forme d(;
bec allongé et pointu ; palpes à quatre articles , dont le pre-
mier et le dernier plus longs ; celui-ci un peu plus court , et
terminé par deux soies. Commune aux environs de Paris.
Voyez encore les espèces décrites par Hermann, sousles
noms de longirosiris , latirostiis , setirostris. (l.)
BDELLIUM. C'est une gomme-résine qu'on apporte de
l'Arabie et des Indes, et qu'on emploie extérieurement pour
résoudre les tumeurs et déterger les plaies ; intérieurement ,
dans les maladies de la poitrine, et pour exciter les urines et
les règles.
Lamarck pense que l'arbre qui produit cette résine, qui
est d'un brun roussâtre , d'un goût amer et d'une odeur
agréable , est une espèce de Balsamier , ce qui est probable ;
car l'opinion de Daléchamps, qui la croit produite par le
DouME, ne peut être admise, aucun palmierne donnant de la
résine, (b.)
BEAFFTER, En suédois, c'est le Castor, (desm.)
BEAR. Nom anglais de l'OuRS. (desm.)
BEARFICH. On a donné ce nom , dans VHistoire natu-
relle de Norwége ^ à un animal qui s'attache à différentes es-
pèces de poissons, à la morue particulièrement, et qui les suce
ou les ronge. La description qu'on en a publiée est trop im-
334 T^ E G
parfaite pour savoir à quel genre il appartient. On dit qu'il a
douze pattes, que son corps est recouvert d'une écaille blan-
châtre , dure , brillante et cornée; d'où je conjecture que c'est
une espèce de Cymothoé V. ce mot. (l.)
litAU-CHASSEUR {Vénerie). Chien courant qui
donne bien de la voix en suivant le gibier, et qui a toujours,
en chassant , le fouet ou la queue retroussée sur les reins, (s.)
BEAUFORTÎE,LVa?//br//a. Arbrisseau de la Nouvelle-
Hollande, à feuilles ovales, roides . recourbées; à fleurs réu-
nies en grand nombre dans les aisselles des feuilles, au som-
met des tiges de l'année précédente.
Cet arbrisseau constitue seul, selon R. Brovvn , un genre
dins la polyadelphie icosandrie , dont les caractères sont :
élamines réunies en cinq paquets portés sur de longs pé-
dicules; anthères bifides ; capsule à trois loges monospermes,
caciiée dans le calice qui persiste (b.)
REAUrlARNOlSÊ, Beauhuriioisia. Arbrisseau du Pérou
qui seul constitue un genre dans la polyandrie tétragynie et
probablement dans la famille des guttifèrcs. 11 présente pour
caractères : un calice à deux folioles ; une corolle à quatre
pétales; les anthères sessiles; une pomme à quatre semences.
(B.)
BEAUMXRTS-SHARK. Pennant ( Zool. brii.) donne
ce nom au SQUAi.E-NEzde Broussonnet. (s.)
BEAU-MARQUET. Voyez Gros-bec beau-marquet.
(VIEILL.)
BEAU REVOIR {Vénerie). C'est voir facilement l'em-
preinte du pied d'un animal sur le terrain humide. Lorsque
le sol est sec , il fait m(nn>ais revoir. (dESM.)
BEAUVOTTE. Synonyme de Charançon du blé , et
d'ALUCITE DES GRAINS, (b.)
BE/VVER. En anglais, c'est le Castor, (desm.)
BEBE. Nom malais du Canard, (s.)
BÉBÉ. Nom d'un Mormyre du Nil. (b.)
BEC, Rostnim. C'est une matière dure, cornée, à bords
tranchans , qui sert de mâchoires aux oiseaux. La forme du
bec varie dans les différentes espèces d'oiseaux en raison de
leur genre de vie et de leurs besoins naturels; ou plutôt leurs
besoins et leurs mœurs dépendent de la conformation des
organes dont ils se seiTcnt.
11 existe un rapport entre le hcc et les autres organes du
corps ; car il est évident que le bec crochu de l'aigle ne con-
viendroit point à cet oiseau dont le vol seroit lourd , comme
celui du dindon , et dont les pieds n'auroient pas des griffes
acérées pour déclùrer une proie. Les corps vivans ont ainsi
chacune de leurs parties en harmonie avec toutes les autres.
BEC 335
La mandibule supérieure du bec des oiseaux, et qui tient
lieu de la face des quadrupèdes , se compose aussi des deux
os intermaxillaires , principalement. La portion externe re-
présente les os maxillaires et zygomaliques des quadrupèdes;
la partie interne esl formée des os palatins. Cette mandibule
est surtout articulée avec l'os carré un peu mobile, et avec le
frontal et lesphénoïde,pardeslames élastiques qui permettent
un léger mouvement. La mandibule inférieure s'articule d'une
manière analogue àlamâcboire inférieure des quadrupèdes.
C'est vers lesbordsque le bec offre plus de solidité pour tenir
lieu de dents.
Ijclec des oiseaux de proie est crochu et fait pour arracher»
déchirer des lambeaux de chair. La mandibule supérieure
est ordinairement pointue à son extrémité ; ensuite elle a
une espèce de dent de chaque côté , ou plutôt une dila-
tation. L'ouverture de leurs narines est large. La base de
leur bec est couverte d'une membrane quelquefois colorée
en jaune , en bleu , en blanc ou vcrdâtre. On l'appelle cire.
hes perroquets ont aussi un bec recourbé , large et arrondi.
Leurs deux mandibules sont mobiles , puisque , dans tons
les oiseaux, la mandibule supérieure a quelque mobilité. Le
bec des perroquets leur sert aussi à grimper , et leur tient
lieu de mains pour s'accrocher aux branches d'arbres. Les
oiseaux-mouches , les colibris ont un bec long , mince , un
peu recourbé , et dont ils se servent pour sucer le nectar
des fleurs ou saisir adoitement de petits insectes entre les
pétales. Dans les pique-bœufs ( biipliaga ) , le bec est droit ,
quadrangulaire. Celui des pics et autres oiseaux grimpeurs,
est en forme de coin destiné à percer les insectes , à fouiller
dans les fentes des écorces d'arbres; sa mandibule supérieure
a une carène un peu tranchante. La langue de ces oiseaux est
quelquefois aiguisée comme un dard; celle des toucans res-
semble à une plume ; celle des perroquets est large et épaisse-
Le bec des toucans est d'une grosseur démesurée ; son iiité-
rieur est rempli de cellulositésqui le rendent léger; ses bords
sont crénelés en scie. Les calaos ont un bec denté , qui porte ,
près du front , une dilatation cornée , ressemblant à un autre
bec. Celui de l'alcyon est en forme de pyramide triangulaire.
Les petits oiseaux granivores ont des becs de figure conique
et pointus ; ceux des petits insectivores , tels que les bec-
figues, sont plus petits et plus aigus, ce qui donne à leur
voix un son plus doux et plus (lûté. Dans les merles, le bec a
une espèce de rebord ; celui des oiseaux gallinacés est un peu
crochu , et semble formé pour ramasser les semences , tandis
que celui des petits granivores est fait pour briser les enve-
loppes des graines, comme chez le moineau, le gros-bec et
33G B E C
surtout le bec-croisé ; car, dans cet oiseau , les deux mandi-
bules se croisent comme les branches des ciseaux. Dans les
bruans, les ortolans, le dedans de la mandibule supérieure
est garni d'une éminence dure pour briser les semences. Le
bec des choucas est formé pour extraire les semences des
pommes de pin , et en ôter les écorces. Dans l'autruche , le
bec est aplati et arrondi.
Parmi les oiseaux de rivage , il n'est point de bec au.ssi
singulier que celui du flammant; il a 1 air d'être cassé par le
milieu et recourbé en bas. La spatule a un bec dont la forme
lui a fait donner ce nom. Les ibis ont un bec long, arqué ;
celui du jabiru est comprimé latéralement, recourbé eu
haut, et la mandibule inférieure , contre l'ordinaire, est la
plus grosse. Dans l'avocetle , le bec est grêle , allongé , et
relevé en haut par le bout. On connoît les longs becs des bé-
casses , des courlis et autres scolopaces. Celui du savacou a
la forme d'une cuiller.
C'est surtout dans les oiseaux d'eau qu'on rencontre des
becs d'une figure singulière. Tout le monde connoit ceux des
oies et des canards, qui sont larges , plats, arrondis, avec des
dentelures cartilagineuses sur les bords. Dans les pélicans ,
la mandibule inférieure du bec porte entre ses branches
jine poche large, membraneuse, dans laquelle ces animaux
déposent du poisson. La mandibule supérieure est munie, à
•Son extrémité , d'un crochet mobile pour soutenir la man-
dibule inférieure lorsqu'elle est chargée. Le coupeur d'eau ,
ou bec-en-ciseaux, rhynchops, a le bec droit, très-comprimé,
comme une lame tranchante , et sa mandibule supérieure est
fort courte ; elle croise l'inférieure comme les lames des
.ciseaux. Dans l'albatros , la mandibule inférieure est tron-
quée et la supérieure crochue. Le bec des pingouins et des
ananchots est très-aplati par les cotés , court et pointu. Les
plongeons sont armés d'un bec dentelé , qui empêche les
poissons glissans et écaîlleux de s'échapper lorsqu'ils sont
pris. Enfin , on peut deviner le genre de nourriture d un oiseau
à la vue de son bec , de même qu'on reconnoît l'aliment qui
convient à un quadrupède en considérant ses dents. La
forme de ces organes influe sur les mœurs et les habitudes de
ces animaux.
On appelle encore bec , les mâchoires allongées de quelques
poissons, et les mandibules cornées des sèches et des poulpes
qui ressemblent à celles des perroquets. Consultez le mot
Bouche , l'article Oiseau , etc. (virey.)
BEC (^Entomologie). V. BouCHE. (l.)
BEC ALLONGE. Poisson du genre Chétodon , Cheto^
don roslratus , Lima. (c).
B E C 337
BEC-AN-CROUS. Nom du Bec CROISÉ dans le Piémont.
^^•^
BEC-D'ARGENT. Nom du Tangara jacapa. Voyez ce
dernier mot. Le même nom a été imposé par M. d'Azara ,
au Traquet à lunette ou le Clionot. (v.)
BEC D'ASSE. Dans Cotgrave, c'est la Bécasse, (s.)
BEC DE CANARD. Nom vulgaire de la Lingule. (b.)
BEC DE CIGOGNE, DE HERON, DE PIGEON,
DE GRUE. Noms vulgaires des Géranions. (b.)
BEC DE CIRE , en anglais IVax-hiU. Nom donné par
Edwards, au Sénégali rayé ^ dont le bec est d'un rouge de
laque , en sorte que pour rendre la dénomination exacte ,
il eût fallu dire bec-de-rire d'Espagne, (s.)
BEC-EN-CIS EAUX, Wiyncops, Lath. Genre de l'ordre des
oiseaux Nageurs ou Palmipèdes et de la famille des Péla-
GIENS. Voyez ces mots. Caractères : bec droit , aplati sur les
côtés, plus long que la tête, tronqué et en forme de lame;
mandibule supérieure à bords très-rapprochés , creusée en
gouttière ; Tinférieure plus longue , à bords distincts seule-
ment à la base , ensuite taillée en une seule lame tombant
dans les bords de la supérieure , à peu près comme le rasoir
tombe sur son manche; narines longitudinales, étroites , con-
caves, ouvertes , situées à la base du bec -, langue trè's-courte ^
étroite, pointue; quatre doigts, trois devant, unis par une
membrane échancrée dansle milieu; un derrière, lisse, portant
à terre sur le bout; la première rémige la plus longue de toutes.
Avec un bec aussi défectueux , ces oiseaux sont contraints
de raser en volant la surface de la mer , et de tenir pres-
que toujours dans l'eau la pièce inférieure de leur bec , afin
d'attraper en dessous le poi.5son , ainsi que différens vers
marins , et les serrer entre les deux lames de leur espèce
de ciseaux ; aussi les voil-on sans cesse au vol qu'ils ralen-
tissent beaucoup, afin d'avoir le temps de découvrir leur proie
qu ils ne peuvent attraper qu'en passant. C'est de cette habi-
tude singulière , mais forcée , qu'on les a nommés coupeurs
d'eau. Ils fréquentent les côtes de l'Amérique , depuis la Nou-
velle-Angleterre jusqu'à Buenos-Ayres, et peut-être au-delà,
et ils font leur nichée sur les écueils qui avoisinent ces côtes.
Deux espèces composent ce genre. Le Bec-en-ciseaux /j/û-
prement dit; Wiyncops nigra., Lath. , fig. 3, pi. 4-4-r a environ
dix-huit pouces de longueur totale ; son plumage est noir sur
les parties supérieures, et blanc sur les inférieures et sur ie
front. Il y a un trait blanc sur l'cfile , dont quelques pennes ,
ainsi que les latérales de la queue , sont en partie blanches ;
le bec est rouge près de la tête et noir vers son extrémité ;
les pieds sont rouges.
338 BEC
Le mâle et la femelle ne diffèrent point par les nuances
de leurs couleurs. L'on rencontre des individus qui ont du
fauve partout où les autres sont noirâtres , et dont le bec est
entièrement noir; c'est, suivant toute apparence, une va-
riété d'âge, (s.)
Le Bec en ciseaux ou le Rhyncops À bec jaune, RJiynrops
_/7a(uros/m , Vieill. Cette nouvelle espèce, qui se trouve dans
TAustralasie , a le front , la gorge et toutes les parties pos-
térieures , le bout des couvertures des ailes et des penne»
secondaires blancs ; le reste du plumage d'un gris un peu
rembruni ; les pieds bruns ; la taille du précédent.
Je dois indiquer une erreur échappée à Buflbn et copiée
dans plusieurs ouvrages d'ornithologie. Il dit que la man-
dibule inférieure, creusée en gouttière et relevée de deux
bords tranchans, reçoit celle d'en haut qui est taillée en
lame ; mais c'est tout le contraire dans la nature. J'ajou-
terai à ce que dit Sonnini des habitudes des becs-en~ci-
scau'X , qu'il tient la bouche ouverte lorsqu'il pèche , et qu'il
la ferme quand quelque petit poisson vient toucher la man-
dibule inférieure qui plonge toujours dans l'eau , et qu'il fait la
même chose lorsqu'il vole à ileur d'eau , en battant molle-
ment les ailes; son cou, peu allongé, le force de voler la
tctc baissée vers l'eau. On trouve cet oiseau , tantôt seul,
tantôt par couples, tantôt en petites troupes; il se repose
sur les bords des rivières et des lagunes, et il y marche de
mauvaise grâce ; il entre un peu dans l'eau, mais on ne l'a
foint vu nager ; il porte son coqîs horizontalement ; son cri
exprime gaa d'une voix désagréable. Les Espagnols l'ap-
pellent rnyaJor (coupeur), et les naturels du Paraguay,
liaii giiazu^ parce qu'on le voit souvent sur le bord de la mer
avec les hirondelles de mer qu'ils nomment hatis. (v.)
BEC DE CORNE. Dénomination donnée aux Calaos,
(s.)
BEC DE CORNE bâtard. Oiseau de la Nouvelle-Hol-
lande, dont Latham a fait un genre sous le nom de Scytrops.
V. ce mot.
BEC-CROCHE. Nom que Lepage-Duprat ( Hist. de la
Louisiane ) donne à un oiseau qui vit d'écrevisses , dont la
grosseur est celle d'un chupun , et le plumage gris-blanc.
Cet oiseau est le Courlis à front rouge de Bufîon, Tontalus
fuscus de Gmelin. (^\')
BEC-CROlSÉ, Loxia. Genre de l'ordre des oiseaux
SvLVAiNS et de la famille des Granivores. V. ces mots. Ca-
ractères : bec fort, comprimé latéralement, épais, croisé;
mandibules crochues en sens inverse; narines petites, rondes,
couvertes par des plumes dirigées en avant ; langue courte ,
BEC 339
eiiilère; trois doigts devant, un derrière; l'ongle postérieur
plus long que les antérieurs, très-crochu; les première et
«louxlèmerémigeslespluslonguesde toutes. LinnaeusetLalham
oui classé les becs-croisés dans le même genre que les gros-
Lecs ; mais leur bec étant autrement conformé , Je les en ai
retirés , à l'exemple de Brisson , pour en faire un particulier.
Les becs-croisés se trouvent dans les contrées boréales de
l'Europe et de l'Amérique, et se plaisent de préférence dans
les forêts de pins , dont le grain est leur principale nourriture ;
ils émigrerit quelquefois et pénètrent alors dans nos contrées
septentrionales. Ces oiseaux nichent dans la saison la plus
rigoureuse de l'année , et portent un plumage très-variable.
On en connoît trois espèces, dont une habite le nord de
l'Amérique. Quant à la quatrième, elle se trouve dans la Si-
bérie , et a été rangée par les auteurs avec les gws-becs ; mais,
comme Pallas , qui le premier l'a décrite, lui donne, si l'on
s'en rapporte à la traduction française , le nom de bec-croisé^
j'ai cru qu'elle seroit placée ici plus convenablement.
Le Bec-croisé comaiun ou des Pins, Loxia curtifos-
ira ^ Lath. , pi. enl. de Buffou , n.° 218, La teinte gé-
nérale du corps est verdâlre , tirant sur le rouge dans les
mâles , et sur l'olivâtre dans les femelles. Les jeunes ont le
dessous du corps d'un gris blanchâtre et tacheté de brun-
clair. Les ailes et la queue sont brunes ; le bec et les pieds
noirs Longueur, six pouces.
Celte espèce est répandue dans le nord de l'Europe jus-
qu'au Groenland. Il en a paru, il y a quelques années, aux
environs du Havre, des troupes très-nombreuses. Us firent
beaucoup de tort aux pommes , qu'ils mettoient en pièces poui'
en manger les pépins. Le bec-croisé est peu méfiant et se laisse
approcher facilement; on peut même le prendre à la main
lorsqu'il est fatigué, et il ne marque aucune impatience en cap-
tivité. On le nourrit alors de chènevls, mais il vit, dans l'état
de liberté , de la graine du pin. 11 fait son nid dès le mois de
janvier, le construit de mousse, de lichen, l'attache aux
branches avec la résine du pin, et l'enduit de celte matière.
Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blanchâtres, piquetés ,
tachetés et raves sur le gros bout d'un roupie ensanglanté.
Le Bec-croisé leucoptère , Loxia hucoptera^ Vieill. ;
FaJciroslra , Latham; se trouve dans l'Amérique septen-
trionale , depuis l état de New-Yorck jusqu'à la baie de iiud-
son. Il a cinq pouces et demi de longueur totale ; le bec noi-
râtre ; le plumage d'un rouge-clair , inclinant au rose sur le
croupion et mélangé de gris sur le bas-ventre; les ailes et
la queue noires ; deux bandes blanches transversales sur cha-
que aile; les pieds bruns.
3/0 BEC
Le Bec-croisé des sapins, Loxia pytiopsUtaciis ^ Bechst.
diffère particulièrement du hec- croisé des pins^ en ce qu'il a
le bec plus fort, plus courbé, moins long , et en ce que la
pointe de la mandibule inférieure n'outre-passe point le bord
de la supérieure ; tandis que chez l'autre cette pointe le dé-
Easse , et qu'en outre il est plus long d'un pouce, et plus gros.
,e vieux mâle a les joues, la gorge et les côtés du cou cendrés;
des taches brunes bordées de cendré-verdâtre sur la tête ; le
croupion d'un jaune vert ; la poitrine et le ventre de cette
couleur, nuancée de grisâtre ; quelques taches longitudinales
d'un cendré foncé sur les flancs ; les pennes des ailes et de la
queue d'un brun noirâtre et bordées de cendré olivâtre ; l'iris
d'un brun foncé; le bec couleur de corne sombre ; les pieds
bruns, sa longueur totale est de sept pouces.
Cet oiseau , suivant la description qu'en fait M. Them-
mlnck, porte un plumage plus beau jusqu'à l'âge d'un an;
car 11 est alors d'un rouge ponceau en dessus et en dessous du
corps; les ailes et la queue sont noirâtres et bordées de rous-
sâtmi; les jeunes sont d'un cendré brun sur les parties su-
périeures , avec des taches d'un brun foncé sur la tète et sur
le dos ; d'un gris blanchâtre , tacheté longitudinalement de
brun sur les inférieures; d'un cendré jaunâtre sur le croupion
et sur les couvertures de la queue. La femelle est en dessus
d'un cendré verdâtre avec des taches brunes ; la gorge et le
cou sont d'un gris brun ; le reste du dessous du corps est
nuancé de jaune verdâtre; le bas-ventre est blanchâtre et le
croupion jaunâtre. /
Cette espèce se trouve aussi dans l'Amérique septen-
trionale , et ne se plaît que dans les régions glaciales. Elle
niche sur les branches du sapin. Sa ponte est de quatre
ou cinq œufs cendrés, avec de grandes taches irrégulières d'im
rouge de sang sur le gros bout, et le reste avec quelques points
de la même teinte. JEllc n"a pas encore été décrite dans nos
auteurs français. *
Le Bec -CROISÉ de Sibérie, Loxla Sibivica ^ Latham.
Cette très-belle espèce ne se rencontre que dans la Sibérie ,
où elle habite le voisinage des torrens et des ruisseaux, au
milieu des bosquets les plus épais et les plus ombragés. Elle
se nourrit de diverses graines, telles que celles de Cannoise
bleue et de Y armoise à feuilles entières- Pendant l'hiver, ces oi-
seaux se réunissent en petites bandes , et se retirent dans des
lieux plus tempérés , tels que les parties méridionales de la
Sibérie. Leur chant est enroué , glapissant , et n'est com-
posé que de sons rauques.
Sa taille est celle de la linotte; mais il paroît plus gros,
parce qu'il est plus fourni de plumes. La base du bec est en-
B E C 3^
tourée d'un rouge pourpre ; le dessus de la l(^tc et le dos sont
d'un vermillon foncé. Quelques individus ont ces parties d'une
teinte rose , tachetées de brun comme les linottes ; le dessous
du corps offre la même teinte, mais plus pâle, et sans la moin-
dre tache. Les plumes, autour de la tête, ont l'extrémité d'un
blanc lustré. Cette couleur règne à la base , sur le bord ex-
térieur des pennes alaires, et sur les petites couvertures des
ailes qui sont terminées de noir ; ce qui donne lieu à deux
raies qui les traversent obliquement. La queue , plus longue
que le corps, est presque carrée à son extrémité; les deux
f»cnnes latérales sont blanches, et les autres noires , avec un
iseré blanchâtre.
La femelle et les jeunes ont les couleurs de la linotte^ avec
des nuances rouges sur le ventre et le croupion.
Cet oiseau est décrit dans l'édition de Buffon, par Son-
nini, sous le nom de Cardinal de Sibérie.
BEC A CUILLER. Nom vulgaire de la Spatule, (v.)
BEC-EN-CUILLER. V. Savacou. Albin adonné cette
même dénomination à la Spatule blanche, (s.)
BEC-DUR. Nom du gros-bec dans le Piémont, (v.)
BEC DE FER. V. Sparacte. (v.)
BEC À FIGUE. C'est, dans Albin, la Fauvette tachetée.(s.)
BEC-FIGUE , Fkedula. L'oiseau auquel on a imposé
ce nom, a été présenté comme une espèce particulière par
Brisson, Buffon et tous les auteurs; mais celte espèce n'est
qu'imaginaire , parce que ce hec-figuevi'eii autre qu'un jeune
ou une femelle du Gobe-mouche noir. ( V. ce mot.) Le nom
de bec-figue a été généralisé à un certain nombre d'espèces
étrangères à l'Europe ; et comme réellement ce ne sont que
des fauQettes , j'ai dû les classer avec celles-ci : ainsi donc
tous les oiseaux qui se trouvent dans la première édition
de ce dictionnaire, sous cette dénomination, sont, dans
celle-ci, à l'article Fauvette.
Dans nos pays méridionaux et en Italie , l'on appelle con-
fusément hec-figue^ toutes les différentes espèces de fauvettes,
et presque tous les oiseaux à bec menu et effile , parce qu'à
Tautomne ils attaquent et mangent les figues , et que leur
chair devient alors grasse et exquise; mais celle de l'oi-
seau appelé communément bec-figue , se dislingue par sa dé-
licatesse ; aussi de tout temps a-t-il été recherché comme
un excellent manger. C'est un petit peloton d'une graisse légère,
savoureuse, fondante, aisée à digérer; c'est un extrait du suc
des excellens fruits dont il vit.
Cet oiseau et divers autres, fauvettes et rossignols, n'ac-
quéreroient pas celte graisse, si , à Tautomne, ils ne vivoient
que d'insectes; ils seroient alors aussi maigres qu'au prin-
342 BEC
temps; mais ils préfèrent, à cette e'poque, les fruits , soit qoe
ces alimens soient plus de leur goût , soit que les insectes
dont ils se nourrissent soient plus rares, ou que ceux-ci, ayant
quitté leur état de larve , aient alors subi leur dernière nié-
tamorphose, sous laquelle ils n'offrent pas une substance aussi
nourrissante que pendant leur premier âge. Il est certain que
ce ne sont pas les fourmis , les mouches , les moucherons
qu'ils cherchent sur les fruits mûrs et entamés , mais bien
le fruit lui-même. C'est d'après l'expérience, que j'émets ici
une opinion contraire à celle qui a été publiée par des natu-
ralistes. Ce n'est point à une distance de quelques pas que
j'ai examiné ces oiseaux , c'est chez moi, dans mes volières.
Mes différentes espèces de fauvettes , mes rossignols , man-
geoient les raisins , le fruit du sureau , et béquetoient les
figues , les mûres que je leur présenlois. Ils leur donnoient
la préférence sur les mouches , les fourmis , et même sur leur
nourriture favorite : si je leur prodiguois ces fruits , ils ne
prenoient pas d'autres alimens, et devenoieut extrêmement
gras. Celtegraissc devenoit si abondante, que quelquefois elle
leur occationoil la mort.
Oiasse des Bec-figues. — Les hec-figues étant très-recherchés
par la délicatesse de leur chair, l'on a employé divers moyens
pour les prendre. La saison favorable pour les chasser est
l'automne , où ils sont communs dans les vignobles. On les
prend de diverses manières : d'abord avec les filets, ou nappes
qui servent à ht chasse des alouettes (F. ce mol); mais les mail-
les doivent être pluspetitcs. Les mêmes appeauxservent aussi,
car i!s contrefont assez bien le cri des her-figues. L'endroit
que Ton doit préférer pour y placer les filets est entre deux
coteaux de vignes ; plus l'on a de moquettes ou appelans ,
plus Ton prend de bec-figues qui aiment la compagnie ; au
défaut d'oiseaux de la même espèce , l'on se sert d'abord
de ceux que l'on a pour en prendre d'autres , et les premiers
pris sei'vent de moquettes.
La deuxième chasse se fait avec des collets que l'on attache
aux branches des haiesetdes vignes dans les petites clairières
qui se trouvent entre elles; l'on met un appât à chaque collet,
( V. la manière de les faire et do les poser, à l'article Fau-
vette ) : enfin , la troisième se fait avec le filet nommé araigne
ou toile d'araignée. L'araigne a sept ou huit pieds de hauteur
sur neuf ou dix de large ; il est composé de trois filets : celui
du milieu se noinme Jilet serré , et les deux autres armures. Le
premier est le plus grand , et ses mailles sont p.irtillcs à cel-
les àuretz saillant; il est ordinairement de soie ou d(; fil, ni;:is
la soie est meilh'ure.Lesarmures sont déficelle, et les mailles
sont carrées. Ce filet est quelquefois ramassé d'un nœud à l'au-
BEC 343
tre de la hauteur d'un pied, et quelquefois il est tendu. Clia-
que carré a la grandeur de deux pieds, c'est-à-dire, que dun
nœud à l'autre il se trouve toujours la mesure de six pouces. Ce
même filet est garni à son sommet d'anneaux de corne ou de
fer, de manière qu'ils vont et viennent aisément. On ramasse
au milieu le filet serré, qui est tout étendu par le haut aussi
bien que l'armure , parce que , quand on hisse , on l'ajuste
avec l'autre. Il y a pour cet effet deux petites cordes au bout
du filet, que l'on nomme maîtresses cordes^ parce qu'elles le
soutiennent par le moyen des anneaux. On tend son araigne
dans le milieu d'une haie ; on l'attache à deux perches lé-
gères , de neuf à dix pieds de haut, pointues et ferrées du gros
bout , au haut desquelles il y a une poulie pour le hisser avec
plus de facilité et l'étendre. Une fois tendu , on le lie par en
bas vers la terre, à différens coins de bois que l'on nomme
triquets^ avec les ficelles qui pendent et qui sont à environ
deux pieds de distance les unes des autres. Alors le filet du
milieu se trouve détendu et ramassé en tas; on l'attire avec
un bâton parles carrés de l'armure , surtout vers le milieu.
Pour que les oiseaux puissent s'y embarrasser plus qu'ail-
leurs , on fait à chaque carré une espèce de bourse quand
on soulève le filet ; et lorsque tout ce travail est fait , l'on se
rend à l'extrémité de la haie; et pour les bec-figues , l'on fait
du bruit en frappant avec un bâton sur les broussailles , et
en y jetant des pierres et des mottes de terre , afin de les
amener au piège , ces oiseaux ne la quittant ordinairement
qu'à son extrémité. L'on observera de ne se montrer et de
ne battre que du côté opposé au filet : l'on doit choisir
un temps couvert, et on ne doit pas faire cette chasse
lorsqu'il fait du vent. Elle se fait ordinairement de grand
matin et le soir vers les quatre heures, époque du jour où
les oiseaux sont dans les haies. Je crois que la petite araigne
ou pinsonnîère seroit aussi avantageuse dans les vignobles .
{F. cette chasse au mot Pinson.) Enfin , l'on en prend encore
beaucoup avec la chouette. Voyez cette chasse au mot Verdier.
Les BEC-FIGUES , BRUN CANELLE , CAFRE
NOIRATRE, OLIVE ET PATAGON, V. les Fauvettes
qui sont sous ces dénominations, (v.)
BEC -FI GUE D'HIVER. Alouette pipi. En Provence,
c'est la Linotte, (s.)
BEC A FOURREAU. Nom que Sonnini a donné (édit.
de Buffon) à un oiseau de TAustralasie, et que Forsler a
nommé CuiONis. V. ce mot. (v.)
Bec-en-fourreau, pi. 31, f." 2 de ce Dictionnaire.
V. Chionis. (v.)
BEC-FINS. Nom imposé par des ornithologises à une
314 BEC
famille d'oiseaux très-nombreuse , dans laquelle se trouvent
ics traquets^ motteux^ fam>cUes, roitelets et généralement tous
ceux qui ont le bec droit , menu et semblable à un poinçon.
BEC DE HACHE. Nom que porte àla Louisiane l'Huî-
TRIER, et non le hec-en-ciseaux^ comme l'a pensé Sonnini.On
l'appelle aussi Pieds rouges, (v.)
BEC D'OIE. On a quelquefois donné ce nom au Dauphin
COMMUN , Delphinus vulgarls. (desm.)
BEC-D'OISEAUouORNITHORINQUE. Mammifère
de la Nouvelle-Hollande , très-remarquable par sa tête ter-
minée en un bec corné, large, aplati, arrondi au bout ; par
le manque de dents proprement dites; par ses pattes palmées
d'une f.içon toute particulière ; par sa queue courte , grosse ,
ajplatieet couverte , comme tout le corps , d'un poil très-serré.
Ce singulier animal est figuré pi. A. aS. V. Ornithorinque.
(desm.)
BEC-OUVERT. V. Anastome (v.)
BEC-EN PALETTE. V. Spatule, (s.)
BEC DE PERROOUET. Poisson du genre Scare. (b.)
BEC DE PERROQUET. Coquille du genre Terébra-
tule. (b.)
BEC PL\T. C'est le Canard souchet, sur les bords
de la Saône, (v.)
BEC-EN POINÇON. Nom que M. d" Azara ( 0/W//:c ^«
Paraguay') a iujposé à une famille de petits oiseaux, qui, dit-il,
ont le bec affilé , pointu et conique ; la queue plus étroite et
inoins carrée , le corps plus allongé , la tète plus petite , la
physionomie plus animée, la taille moins longue, le bec plus
court que les lliuios ( tangviras ). Celle famille contient
onze descriptions, parmi lesquelles j'ai cru reconnoître celles
dcstuiigaras à gorge noire ^ syarou et à coiffe noire, d'un ma-
nakin nouveau et de deux fauvcUcs, dont le bec à des rapports
avec celui àespifdsàe Buffon. Quant aux autres, ne pouvant
déterminer leur genre, je vais les décrire ici. Tous ces
oiseaux, dit M. d'yVzara, ne sorti'nt point des forêts, ne
«lescendent pas plus bas que la moitié des arbres, et cher-
chent leur nourriture jusqu'à la cime des plus grands ; ils se
glissent en tous sens, comme de petits serpens , sur les
branches les plus déliées , sans s'arrêter un instant , cher-
chant les insectes , dont ils se nourrissent.
Le BE^,-E^-POINÇO^f bleu a toutes les parties supé-
rieures bleues; les couvertures du milieu de l'aile termi-
nées de blanc; les pennés alaires et caudales noirâtres , les
«lernières bordées de bleu avec une tache blanche près du
bout des deux extérieures; les plumes de la poitrine , .et des
A. 2.S
BEC 3^5
cAtës du corps d'un hleu lerreux et terminées de blanchâtre;
lé ventre, les couvertures inférieures et le dessous des pennes
de la queue blancs -, les pieds olivâtres ; le bec noir en dessus
cl jaunâtre en dessous; longueur totale, ^pouces alignes. Cet
oiseau étoit en mue quand d'Azara l'a décrit ; conséquem-
ment on ne peut assurer que ce soit une espèce particulière.
Le Bec-en-poinçon bleu et blanc est blanchâtre sur
les joues et le menton , roussâtre sur la gorge ; blanc sur
les parties postérieures ; d'un bleu pur sur les supérieures
et sur le bord des pennes alalres et caudales, dont le
reste est noirâtre; les pieds sont d'un jaune pâle, le reste
est d'un bel orangé ; le bec noir en dessus et jaune en dessous.
I^ongueur totale , 5 pouces 4- lignes.
Le Bec-en-poinçon bleu et bleuâtre a le dessus de la
tête , du cou , du corps et les couvertures supérieures des ailes
bleues; plusieurs pennes des ailes bordées de la même cou-
leur, d'autres de vert, et d'autres tachetées de blanc à
Torigine; toutes sont noirâtres , ainsi que celles de la queue
qui ont une bordure bleue ; cette teinte est mélangée de
blanc sur les côtés de la tête, la gorge et la poitrine ; le reste
du dessous du corps et les couvertures inférieures des ailes
sont blancs; les pieds d'un gros bleu; le bec est noir en
dessus, d'un bleu de ciel clair en dessous. Longueur totale,
4- pouces.
Le Bec- en-poinçon bleu et roux a le bec
presque droit , assez fort, très-pointu , avec la base de sa
partie supérieure bien distincte; noirâtre en dessus et blan-
châtre en dessous; le front et les côtés de la tête d'un noir
velouté ; le dessus et Toccipul, le croupion et les petites
couvertures supérieures de l'aile d'un très-beau bleu de ciel ;
les plus grandes rectrices, les pennes alalres et caudales de
la même couleur sur les bords, et brunes dans le reste ; le
dessus du cou et le dos bleus; toutes les parties inférieures
rousses; les pieds d'une couleur de plomb noirâtre, et 5
pouces et demi de longueur totale.
Cet oiseau a de grands rapports avec le tangara dlable-en-
rhume.
Le Bec-en-poinçon roux-cendré, longueur totale, ^pouces
8 lignes; tout le plumage d'un roux-cendré ou d'une couleur
de plomb foncée , plus rembrunie en dessus qu'en dessous ;
couvertures supérieures , pennes des ailes et de la queue
])ordées de la même teinte, et noirâtres dans le reste; bec
noir , robuste et très-pointu , presque droit , et à base ar-
rondie ; iris brun. Sonnini ( traduction française ) croit
q;xe cet oiseau est de la même espèce que le manakin cendré ;
346 BEC
cependant celui-ci a un plumage un peu différent, et le som-
met de la tête noir, (v.)
BEC-ROND. Nom appliqué par, Buffon, à des Bou-
vreuils et à des Gros-becs,
Le Bec-rond bleu. V. Gros-beg azuré.
Le Bec-rond à gorge et sourcils rouges. V. Bou-
vreuil À sourcils roux-orangé.
Le Bec - rond noir et blanc. Voyez Bouvreuil À bec
ÉC H ANC RÉ.
Le Bec-rond à ventre roux. V. Bouvreuil A. ventre
roux.
Le Bec -rond violet de la Caroline. V. Bouvreuil
violet, (v.)
BEC DE SCIE ou en SCIE. Nom que l'on donne , dan.s^
le Canada, au Harle. (v.)
BEC EN SPATULE. V. Spatule, (s.)
BEC TRANCHANT. V. Pingouin, (v.)
BEC AD E. C'est, en Guienne , la Bécasse, (s.)
BECAFIG. Nom pîémontais du Bec-figue, et un df
ceux du loriot, qui s'appelle aussi en Italie Becafiga et
Becquafiga. (v.)
BECAFIGA. V. Bec-figue.
BECAFIGULO. Une petite Fauvette dans les environ.?
de Marseille, (s.)
BECAFIGO ORDINARIO. Olina désigne, par cette dé-
nomination , le Bec-figue ; et par celle de becajigo canapino^
la Fauvette hnhWorâe. (s.)
BÉCARD. Nom du Harle sur les bords de la Saône ,
sans doute à cause de sooi grand bec recourbé à l'extrémité.
Cet oiseau y est très-rare, (v.)
BÉCARDE , Tityra,'\\t\\\.\Lanius, Lalb. Genre de
l'ordre des oiseaux sylvains et de la famille des Myiothères.
( V, ces mots.) Caractères : bec rond et glabre à la base, ro-
buste, épais, droit, peu déprimé , convexe dessus et des-
sous; mandibule supérieure écbancrée et un peu courbée
vers le bout; l'inférieure entaillée , retroussée et acuminée à
la pointe; narines ovales ; langue large ,- courte , lacérée à
l'extrémité ; boucbc ample , ciliée ; les i.'^ et 2.'""^ rémiges
lesplus longues ; quatre doigts , trois devant , un derrière.
Les Regardes ont des rapports avec les pies-grlèches et les
tyrans^ et c'est parmi les premières que les ailleurs les ont
classées; mais elles n'en ont pas les caractères génériques; ce
dont on peut s'assurer en les comparant les uns aux autres.
Le nom de bérardelcuv a été imposé par Buffon , et il est tiré
de la grosseur et de la longueur du bec; elles diffèrent encore
àts pîes-§rièches par un corps plus trapu, plus épais et plus
BEC 3^7
long; ce qui les rapproche àestyraus, avec lesquels leurs ha-
bitudes et leurs mœurs offrent beaucoup d'analogie. Parmi
les bécardes de Buffon , il y a deux espèces auxquelles ce
nom ne peut convenir, savoir: i." la bécarde à ventre jaune,
qui est un tyran et en double emploi sous le nom de garlu ;
2..° la bécarde à ventre blanc ou le vanga , dont j'ai fait un genre
particulier, puisque son bec présente une forme différente.
La BÉCARDE GRISE, Tityra cinerea , Vieill.; Lanius cayanus
Lath. , Jig. pi. enlum. , n.» 3o4. de VHist. natur. de Buffon.
Cette espèce, qui se trouve à Cayenne , a huit pouces cinq
lignes de longueur; la tête et la queue noires; le dos, le
croupion et tout le dessous du corps d'un cendré clair ; les
ailes noires en dessus , cendrées en dessous ; le bec rouge à
son origine , et noir à son bout; les pieds cendrés, et les
ongles noirâtres. La race qui habite le Paraguay a toutes les
parties inférieures d'un blanc de neige.
La BÉCARDE TACHETÉE , Lanius nœi>iiis, Lath. ,7?^. planche
enl. , n.° ojy de VHist. nat. de Buffon^ est un jeune , ou la fe-
melle de la précédente ; elle n'en diffère que par un trait
longitudinal noir sur le milieu de chaque plume.
La BÉCARDE À VENTRE BLANC. V. \ AKGA.
La BÉCARDE À VENTRE JAUNE est un tyran. V. le Tyran
TICTIVIE.
Je range à la suite de ces oiseaux et sous le même nom
générique les caractcivzados de d'Azzara ( Hist. des Oiseaux du
Paraguay)^ ou les distingués de la traduction franç^aise par
Sonnlni, vu qu'ils m'ont paru y être plus convenablement
qu'ailleurs, d'après les descriptions qu'en fait rornithologisle
espagnol,
La BÉCARDE CANNELLE, Tityra nifa^ Vieill., a sept pou-
ces un quart de long ; la tête couleur d'ardoise ; le dessus
du cou et du corps , les couvertures inférieures des ailes ,
le bord extérieur des pennes et la queue de couleur de can-
nelle ; les couvertures supérieures des ailes , le bord interne
des rémiges d'un brun noirâtre; toutes les parties inférieures
d'un roux clair; l'iris et la mandibule supérieure noirs; l'infé-
rieure d'un bleu violet ; les pieds couleur de plomb. C'est le
caractenizados canella corona de pizzara de d'Azzara.
La Bécarde rousse a tète noire , Tityra atricapilla y
Vieill., est d'un noir profond sur le milieu de la tête, et d'un
brun foncé sur les côtés ; rousse sur la nuque et sur le crou-
pion ; d'un brun roussâtre sur le dessus du cou et sur le
dos ; d'un brun noirâtre sur les couvertures supérieures des
ailes ; quelques-unes sont rousses ; les pennes noirâtres , à
l'exception des i4'^ , iS.*^ et i6.« qui sont rousses ; six des au-
tres ont sur leur côlc intérieur une tache blanche, et cette la-
348 BEC
che est rousse sur le reste ; la penne extérieure de la queue
est de cette couleur du côté interne ; la seconde Test entiè-
rement , et les autres sont noirâtres ; la gorge et les parties
inférieures mélangées de brun , de roux et de blanchâtre ;
le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue rous-
sâtres ; les pieds couleur de plomb ; le bec est noir en des-
sus , bleu de ciel en dessous ; taille de la précédente à peu
près. C'est le caracteruziidos cnndla y cabeza nigra de d'Azara ,
qui présume que cet oiseau est un jeune en mue de Tespèce
précédente.
• La BÉCARDE VERTE , Tityra vindis , Vieill. , a six pou-
ces et une ligne de longueur ; le dessus de la tête d'un noir
de jais ; le front blanc ; les côtés et le derrière de la tête de
la même couleur avec un mélange de bleu; le dessous du
cou et du corps , les couvertures supérieures des ailes , le
bord des plumes et la queue d'un vertfoncé; les rémiges bru-
'nes; la gorge, le devant du cou et les couvertures inférieures
des ailes d'un beau jaune ; le dessous du corps d'un blanc foi-
blement lavé de roux ; les pieds couleur de plomb ; le bord
de la paupière d'un jaune vif; le bec noir à la pointe , et
bleu de ciel dans le reste. Cet oiseau est le caract enisadus. y
corona w'gra de d'Azara. (v.)
BECASS A. Nom piémontais de la bécasse, (v.)
BÉCASSE, Ruslicola ^ Yieill.; Sculopax, Latb. Genre
de l'ordre des Échassiers etde la famille des Hélonomes. ( V.
ces mots.) Caractères : bec pbis long que la tête, droit, à
pointe ridée latéralement chez l'oiseau mort , lisse en dessus
et arrondie ; mandibule supérieure sillonnée sur les côtés ,
et terminée par un bourrelet intérieur; l'inférieure plus
courte, sillonnée dans le milieu, canaliculée et tronquée à l'ex-
trémité; narines linéaires, situées à la base du bec, dans une
rainure; langue médiocre, filiforme, pointue; tête un peu an-
gulaire ; jambes totalement emplumées ; quatre doigts, trois
devant , un derrière; les antérieurs raboteux en dessous, sé-
parés dès la base; le pouce grêle, ne portant à terre que sur
lei)Out; ongles antérieurs, falculaires; l'intermédiaire creusé
en dessous ; le postérieur arrondi à la pointe et ne débor-
dant pas le doigt; première rémige la plus longue de toutes.
La BÉCASSE cOftlMUNE, Rusticola vu/garî.Sy Vieill. ; Siolopax
msL, Lath., pi. enl., n.» 884. de VHist. de Buffon. Cet habitant
des hautes montagnes les quitte dès les premiers frimas ,
pour venir habiter nos bois, où il arrive, vers le milieu
d'octobre , la nuit , et quelquefois le jour , par un temps
sombre , presque toujours un à un , ou tout au plus deux en-
semble , mais très-rarement en troupe. Les hàasscs préfè-
rent les bois et les lieux où il y a beaucoup de terreau et
BEC 34g
de feuilles tombées ; elles s'y tiennent cachées tout le jour,
et tellement , qu'il faut des chiens pour les faire lever ; sou-
vent elles partent sous les pieds du chasseur. Elles quittent
leur retraite à l'entrée de la nuit, pour chercher leur nour-
riture dans les clairières , en suivant les sentiers ; elles pré-
fèrent les terres molles et les petites mares, où elles vont
pour se laver le bec et les pieds, qu'elles se sont remplis de
terre en cherchant leur nourriture. Ct^t oiseau bat des allts
en partant ; il file droit dans une futaie ; mais dans les taillis,
il paroît forcé de faire le crochet; il plonge, en volant, der-
rière les buissons , pour se dérober à son ennemi. Son vol ,
quoique rapide, n'est ni élevé, ni long-lemps soutenu : il
s'abat avec tant de promptitude, qu'il semble tomber comme
une masse abandonnée à toute sa pesanteur ; dès qu'il est
posé à terre, il court avec vitesse ; c'est pourquoi l'on ne le
trouve pas où il s'est abattu.
11 paroît que la bécasse ne voit bien qu'au crépuscule , et
qu'une lumière plus forte offense sa vue ; c'est de quoi l'on
juge d'après ses allures et ses mouvemeus , qui sont plus vifs
après le coucher et avant le lever du soleil. Elle cherche aussi
sa nourriture au clair de la lune, surtout à la pleine lune de
novembre, que les chasseurs nomment la lune des bécasses ;
c'est l'époque où l'on en prend le plus. On reconnoît les
lieux qu'elle fréquente , à ses fientes , qui sont de larges fé-
cules blanches et sans odeur, qu'en terme d'olselerie l'on
nomme miroirs. Elle est d'un caractère peu méfiant, et se
laisse approcher aisément. Elle cherche sa nourriture en
fouillant dans la terre molle des petits marais , des fossés ,
dans les prés humides qui bordent les bols ; elle retourne
et écarte les feuilles sèches pour prendre les vers qui sont
dessous.
Le corps de cet oiseau est fort charnu et très-gras , depuis
novembre jusqu'en février ; mais à son arrivée, et depuis la
fin de février, il l'est beaucoup moins. J'ai vu que toutes
celles que l'on prend en mars sont maigres ; ce qu'on doit
attribuer à l'amour où elles commencent à entrer jusqu'à leur
départ. La chair est fei-me, noire , et n'est pas fort tendre ;
mais comme chair ferme, elle se conserve long-temps; il
faut même qu'elle le soll pendant quelque temps pour qu'elle
prenne le fumet qui la fait rechercher. Les gourmets ont
une manière de connaître le point où cette chair est parvenue
au degré qui lui convient : on suspend l'oiseau par une penne
du milieu de sa queue; lorsque le corps s'en détache et tombe,
c'est le moment de le manger. On la cuit sans ôter les en-
trailles, qui , broyées avec ce qu'elles contiennent, font son
meilleur assaisonnement. L'on obsene que les chiens n'eu
35o BEC
itiangen! point. La chair des jeunes a moins cle fumet , mais
elle est plus tendre et plus blanche que celle des vieilles.
Celles qui restent en été sont, dans cette saison, dures , sè-
ches , et d'un fumet très-fort; mais il est très-rare d'en ren-
contrer dans nos bois ; elles les quittent au mois de mars ,
pour retourner sur les montagnes. Elles partent ordinaire-
ment appariées , volent alors rapidement , et sans s'arrêter
pendant la nuit ; le matin , elles se cachent dans les bois
pour y passer la journée , et en partent le soir pour conti-
imer leur route. Arrivées à leur destination , elles se fixent
dans les endroits les plus solitaires et les plus élevés des mon-
tagnes, où elles nichent. La femelle fait son nid par terre, et
le compose de feuilles et d'herbes sèches, entremêlées de pe-
tits brins de bois, le tout rassemblé sans art, et am.oncelé con-
tre un tronc d'arbre ou sous une grosse racine ; elle y dépose
quatre ou cinq œufs, oblongs , un peu plus gros que ceux du
pigeon commun, d'un gris roussâtre, et marbrés d'ondes plus
foncées et noirâtres. L'on dit que ces œufs sont un mets très-
friand. Lorsque les petits sont éclos , ils quittent le nid et
courent , couverts seulement de poil follet : les premières
plumes qui paroissent , sont celles des ailes, et ils commen-
cent à voler sans en avoir d'autres; c'est ainsi qu'en volant et
courant, ils fuient , quand ils sont découverts, lorsqu'ils sont
trop folbles. On a vu la mère ou le père en prendre un sous
leur gorge , et l'emporter ainsi à plus de mille pas. J'ai véri-
fié ce fait dans les bécasses d'Amérique ; ce n'est point sous la
gorge que le petit est placé, mais il se cramponne sur le dos;
d'autres disent avoir vu des bécasses porter leurs petits par les
pieds. Le mâle ne quitte pas la femelle, tant que les petits
ont besoin de leur secours : il ne fait entendre sa voix que
dans le temps de leur éducation et de ses amours ; car il est
muet, ainsi que la femelle, pendant le reste de l'année. Ses
cris ont des tons différens , passant du grave à l'aigu , go , go,
go, go; pidi , pidi ; pidi; cri , cri, cri , cri; ces derniers semblent
être de colère entre plusieurs mâles rassemblés. Ils ont aussi
une espèce de croassement , couan , couan , et un certain
grondement , froû , froû , froû , lorsqu'ils se poursuivent.
Quand la femelle couve , le mâle est presque toujours cou-
ché près d'elle , et ils reposent mutuellement leur bec sur le
dos l'un de l'autre. Les mâles , d'un caractère jaloux , dispu-
tent une femelle en se battant jusqu'à se jeter à terre et se
piquer à coups de bec. L'on a remarqué que ces oiseaux
blessés versent des larmes.
L'espèce de la A^'casse est universellement répandue dans
l'ancien continent, au nord et au sud; mais ce n'est pas la
auêrne race que l'on trouve dans l'Amérique septentrionale ;
BEC 35.
elle forme une espèce séparée, comme celle de Cayenne.
Cet oiseau a de treize a quatorze pouces de longueur ; le
bec long de deux et demi; la grosseur à peu près de \?i per-
diix grise; le haut de la tête , le cou, le dos , les couvertures
des ailes variés de marron, de noir, et d'un peudegris; quatre
larges bandes sur le cou, transversales et noires ; de chaque
côté de la tête une petite bande de la même couleur , qui
s'étend depuis les coins de la bouche jusqu'aux yeux ; la par-
tie inférieure du dos , le croupion , les couvertures du dessus
delà (jueue , la gorge, la poitrine, le ventre, d'un blanc
sale cl rayés transversalement ; le devant du cou jaunâtre ;
les pennes des ailes brunes , avec des taches triangulaires
rousses ; la queue arrondie , bordée de roux, et terminée
de cendré ; les pieds et le bec couleur de chair, ombrée de
gris ; chez les premiers l'iris brun. La femelle est un peu
plus grosse que le mâle ; elle en diffère encore par àcs
couleurs plus ternes, et en ce qu elle a un plus grand nombre
de taches blanches sur les couvertures des ailes.
Les chasseurs distinguent trois sortes de bécasses ; celle-ci ,
une plus petite , et une troisième plus grande. La plus petite,
que Ton nomme en Picardie mariinci , a le bec plus long , le
plumage roussâtre, elles pieds de couleur bleue : ceitebécasse
arrive après les autres. La grosse l'est d'un tiers plus que la
bécasse ordinaire , et son plumage est plus rembruni : elle
hante peu les bois , et habite, par préférence, les grosses
haies doubles dans les pays couverts. Outre celle-ci , l'on
trouve dans cette espèce plusieurs variétés accidentelles;
telle est la bécasse blanche ou mélangée de blanc , avec le bec-
ct les pieds d'un jaune pâle. La bécasse rousse ; le fond de son
plumage est roux; et les ondes d'un roux clair. La bécasse
isabelle est totalement d'une couleur jaune , très-légère. La
bécasse à tête rouge; tout son corps est blanc , ses ailes sont
brunes , et sa tête est ro.ugeâtre. La bécasse aux ailes blanches;
celle-ci ne diffère de la bécasse ordinaire qu'en ce que ses
ailes sont blanches.
La Bécasse de Cayenne. V. Bécassine des Savanes.
La (petite) Bécasse d'Amérique, F. Bécasse des États-
Unis.
La Bécasse des États-Unis, Rusticola nu'nor; scolopax min.,
Lath. , a le bec brun ; la tête , le dessus du corps et le dos
gris , avec des bandes transversales sur l'occiput et çur la
nuque ; de grandes taches longitudinales de cette même cou-
leur et terminées de jaune sale sur le manteau; le croupion
et les couvertures supérieures de la queue, roux; les rectrices
noires, rousses et terminées de blanc ; la gorge blanche; les
côtés elle devant du cou, la poitrine et lesparties postérieures
353 BEC
• pareilles au croupion ; \e dessus des ailes et les pennes se-
condaires bruns et traversés de petites lignes d'une nuance
plus foncée ; les primaires d'un blanc tirant au violet ; les
pieds jaunâtres et Tiris couleur de noisette; longueur totale ,
neuf pouces et demi. La femelle ressemble au mâle : elle fait
son nid au pied d'un arbre ou sous une grosse racine ; sa
ponte est de six à huit œufs , d'un gris roux et tachetés de
brun.
La BÉCASSE DES Savaî^es. F. l'article des Bécassines.
On chasse la bécasse au fusîl^ à la passée, à la pantiére, aux
coUeis ou aux simples lacets.
Aufitsil. On peut l'attendre pour la tirer au passage le soir
à la sortie, et le matin à la rentrée, au bord du bois, au dé-
bouché de quelque grande route, dans une gorge ou vallon
étroit, à portée d'une forêt aboutissant à quelque mare, fon-
taine ou queue d'étang. On attend encore les bécasses au bord
de ces mares ou fontaines, lorsque vers la brune elles vien-
nent s'y abattre pour boire et se laver le bec et les pieds.
A la passée. Cette chasse se fait à la brune, n'occupe
qu'une demi-heure , et est si favorable, qu'on peut y pren-
dre jusqu'à huit cents bécasses^ar année. Yoici cojiMne on s'y
prend : quand oïl aperçoit qu'il y a des bécasses dans un bois
taillis , on fait une enceinte de quarante à cinquante pas en
forme de petite haie , haute d'un demi-pied, en liant les sou-
ches entre elles avec des brins de genêt; on y laisse différcns
petits passages pour une bécasse seule ; on pratique autant de
voies qui y conduisent; on tend à chaque passage un lacet
ouvert on rond, et couché à plate terre : l'oiseau cherchant à
manger, s'engage dans la voie, qu'il suit jusqu'au passage où
il se prend au lacet.
A la pantiére. On tend aux bécasses la pautlèrc simple et la
pçniiàie conlre-maillée. La simple est un lUel composé d'une
seule nappe fort longue , et haute de vingt-quatre à trente
pieds. Les mailles de cette nappe on\ deux pouces et demi de
large, faites d'un fil fort. Elle est attachée aux quatre coins
par quatre forts cordeaux : ceux du haut sont longs, et ceux
du bas sont courts , et tiennent la pantiére attachée à deux
piquets solidement fichés en terre. Deux fortes perches atta-
chées aux arbres voisins, servent à tendre la pantiére au
moyen de deux anneaux de fer, par où l'on passe les cor-^
deaux du haut; et ces deux cordeaux se réunissent dans une
loge que le chasseur a pratiquée en terre à une petite dis-
tance du filet, et au milieu du vallon où il est tendu. Il faut
encore observer que la nappe doit être tendue de manière
qu'elle penche vers le côté opposé à la loge du chasseur ,
vers celui d'où les bécasses doivent arriver , suivant, les remar-
BEC 353
(•lies que le chasseur aura dû faire avant de tendre. Il aura
icconnu les endroits favorables , par le moyen des ini'roi'rs ou
fientes de bécasses ^ (ju'on trouve eu aboiulr.nce près des ma-
rais, fontaines, petits vallons entourés de bois, et ([ui sont
aussi les lieux préférables pour y dresser des pantières : on
les tend aussi sur un buisson voisin d'un élang, ou dans l'allée
d'un parc.
La pantière conlre.-maillée se nomme ainsi , parce qu'elle
est faite de trois nappes, dont deux , qui se nomuicut aumpesy
sont à grandes mailles; et l'autre à petites mailles en losange,
qui n'ont que deux pouces de large, s'appelle simplement
nappe ou ioile. Aux df rnlèi-es mailles du haut de chacun A^x
ces filets , sont attachées des bouclettes qui font l'ofîice des
anneaux d'un rideau : elles sonttOLiles enfilées dans le cor-
deau tendu entre les deux perches. Ce cord>au, qui fait l'of-
fice de tringle, doit êtr-" bien savonné, pour faciliter le jeu
des bouclettes : ce jeu a lieu parle mouvement précipité delà
bécasse qui donne dans le filet; et presque dans le niémtî
moment, le chasseur laisse échapper une forte ficelle qui,
attachée aune extrémité du haut du filet, sert à le tenir
étendu sur toute la longueur du cordeau entre les deux per-
ches. Les nappes se plient alors , et commencent à embar-
rasser l'animal, dont la capture est bientôt assurée , parce
que le chasseur détend aussitôt après tout le piège , de la
mC-me manière qu'il le fait dans celui de la panllère simple.
Le moment favorable pour cette chasse, qui commence
une demi-heure après le coucher du soleil, et ne dure qu'une
heure , est assez court pour que !e chasseur cherche à éviter
tous les obstacles qui peuvent s'opposer à une prompte dé-
tente , et à la retenue du filet , et pour que le filet soit bien
tendu avant l'heure propice. Les mois de novembre , décem-
bre et janvier , sont ceux les plus propres à celte chasse, et
ceux où l'on trouve les bécasses les plus grasses : les jours de
brouillards sont les meilleurs,
ylu collet. Le collet est fait de six brins de crins de cheval ,
longs et cordés avec une boucle coulante à un bout , et un
gros nœud à l'autre, près duquel il est attaché solidement à
un bâton de la grosseur du petit doigt, long d'un pied, et
pointu par un bout qu'on fiche en terre. Les taillis les plus
feuilles sont les plus avantageux pour celte chasse, et l'on re-
connoit par les fientes quels sont les endroits du taillis les
plus fréquentés; ensuite, pour placer les collets., on use des
mêmes soins et des mêmes ruses indiqués pour la passée.
Au bord de Veau. Comme la bécasse va la nuit \xi long des
fontaines et des mares, cet instinct a donné l'idée d'une
chasse très-arausantc. Pour cela ou ferme Routes les avenues
III. ' 23
354 E E C
de la pièce d'eau avec des genêts entrelacés; on laisse à cette
haie artilicielle des espaces ou passées y éloignées les unes des
autres d'environ six pieds, et on y tend des lacets ainsi ar-
rangés : on pique sur le Lord de la passée un bâton gros
comme le petit doigt, et de la hauteur de cinq pouces; à l'au-
tre bord , à demi-pied d'espace , on élève un petit arçon de
trois ou quatre doigts, qui fait comme une porte ronde vis-à-
vis le bâton ; on prend ensuite un crochet de bois plat, long de
sept ou huit pouces, avec une coche au bout; le crochet se
met au bâton , et l'autre bout passe sous l'arçon. On a en-
core une verge de bois de coudrier ou de quelque autre bois
élastique; cette verge, de la grosseur du doigt, et longue de
trois pieds, doit être piquée dans la petite haie, à deux ou trois
pieds de la passée ; on attache au petit bout une ficelle de
demi-pied, au bout de laquelle est noué un lacet de crin de
cheval avec un petit bâton coupé par les deux bouts, et fait en
coin à fendre du bois : le chasseur fait plier la baguette élas-
tique, passe le lacet sous l'arçon, et levant le crochet, cache
le petit bâton attaché à la baguette d'un bout dans le crochet,
et de l'autre dans le petit arçon ; puis il étend en long le la-
cet par-dessus le crochet, qui doit tenir très -peu, afin que la
bécasse venant à passer, fasse détendre la baguette élastique,
et que le lacet la retienne par le pied. On prend aussi des per-
drix à cette chasse ingénieuse et lucrative.
On peut aussi tendre dans les passées des collets et de sim-
ples lacets, de la manière indiquée pour la passée, (s.)
BÉCASSE A BEC D'IVOIRE. Oiseau méconnoissable
dans V Histoire de Kentucke. (s.)
BECASSE D'ARBRE. Frisch prétend que ce nom con-
vient à la Huppe, (s.)
BÉCASSE DE MER. V. HuÎtrier. Sur quelques-unes
de nos côtes, on donne la même dénomination au Courlis.
(s.)
BECASSE. Nom donné par les marchands à plusieurs
coquilles du genre Rocher , à raison de la longueur du pro-
longement de la partie antérieure de leurs lèvres; la princi-
pale est la BÉCASSE épineuse, qui est le Rocher Bécasse.
BECASSE. On donne aussi ce nom à des poissons des
genres Centrisque , Scombresou , Histphore et Phy-
rèîîe. (b.)
BÉCASSEAU. Oiseau de rivage du genre Tringa. Voyez
ce mot. (v.)
BÉCASSIN. Nom généralisé par Salerne au Bécasseau
et à d'autres oiseaux du genre Tringa. C'est, en Piémont, le
nom de la Bécassine; et à Genève, celui de la Guignette^
B E C 355
BÉCASSINE , Sc.oîopax. Genre de Tordre des oiseaux
ÉcHASSiERS et de la famille des Hélonomes. {V. ces mots. )
Caractères : bec plus long que la lêle, droit, un peu grêle ,
presque rond , à pointe obtuse , dilatée , ridée dessus et des-
sous , cbez Toiseau mort ; mandibule supérieure sillonnée
latéralement; Tinférieure un peu jilus courte, avec un sillon
en dessons; narines linéaires, situées dans une rainure à la
base du bec, couvertes d'une membrane; langue médiocre,
filiforme , pointue ; tête un peu angulaire ; tarses allongés ;
jambes à demi-nues ; quatre doigts, trois devant, un derrière ;
les extérieurs unis à la base par une très-petite membrane ,
presque imperceptible dans les espèces d'Europe ; le pouce
mince, portant à terre sur le bout; l'ongle postérieur plus
long que le doigt ; la première rémige la plus longue de
toutes.
Les bécassines diffèrent des bécasses^ non-seulement par leur
genre de vie, mais encore en ce qu'elles ont près de la moitié
de la jambe dénuée de plumes , et l'ongle postérieur plus
long , moins aplati et presque pointu. On ne trouvera ci-après
que les bécassines proprement dites. Quant aux autres oi-
seaux qu'on a classés dans le même groupe, voyez les genres
BÉCASSE, Barge, Chevalier, Courlis et CHORLrrTE.(v.)
La BÉcassi iSE proprement dite , Scolopax galUnago , Lath. ,
pi. enl. n." 883 de VHist. nat. de Buffon. Cet oiseau est rép^'andu
dans l'ancien continent, depuis l'extrémité du Nord jusqu'au
Japon, et dans le nouveau, depuis la terre de Labrador jusqu'à
Cayenne, et probablement encore plus au Nord et au Sud.
Enfin , c'est celui de tous qui se trouve dans le plus de pays
du monde.
La bécassine se tient dans les. prairies marécageuses, dans
les herbages et les osiers qui sont sur le bord des rivières ;
elle s'élève si haut en volant , qu'on l'entend encore lorsqu'on
l'a perdue de vue. Son cri peut s'exprimer par les sy!l;;bes
mée ^ mée^ mée ^ qui paroit avoir du rapport avec celui de
la chèvre, puisque quelques persiannes l'appellent chèvre
vohinte ; elle jette aussi, en prenant son essor, un petit cri
court et siftlé. En France , les bécassines paroissent en au-
tomne ; on les trouve presque toujours seules , quelquefois
doux ou trois ensemble ; elles partent de loin d'un vol très-
preste ; et api-ès trois crochets, elles filent deux ou trois cents
pas, ou pointent en s'élevant à perte de vue. Elles s'éloignent
de la France dans les grands froids, mais il en reste dans
les marais abrités ; elles reviennent au printemps en grand
nombre, et nous quittent pendant l'été; cependant, quelques-
unes nichent dans les marécages ; il en reste un grand nombre
dans ceux de l'Auvergne. Le nid est placé à terre, sous
356 BEC
quelque grosse racine d'orme ou de saule, dans les endroits
où le bélail ne peut parvenir; il est fait d'herbes sèches
et de plumes; il contient quatre ou cinq œufs d'un ver-
dâlre très-clair et tachetés de centlré et de brun. Les petits
quittent le nid aussitôt qu'ils sont éclos, et la mère ne les
abandonne que lorsqu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes. Si
on la trouble pendant Tincubalion , elle s'élève droit en l'air
à une grande hauteur, en jetant un cri particulier, et elle des-
cend ensuite avec beaucoup de rapidité. Souvent le mâle ,
tandis qu'elle couve, voltige autour d'elle en siftlant ou jetant
un cri, qu'il ne fait entendre que dans cet instant. Elle donne
à sa tele un balancement horizontal , et à sa queue un mou-
vement de haut en bas; quand elle marche, elle porte la
lèlc haute , sans sautiller ni voltiger. Cette bécassine est ordi-
nairement fort grasse dans nos pays et dans le nord de
l'Amérique , mais beaucoup moins dans les pays chauds. Sa
graisse est d'une saveur fine et délicate, qu'elle n'acquiert
qu'après les premières gelées. On la cuit comme la bécasse ,
sans la vider, et partout on la recherche comme un gibier
exquis. Elle a environ dix pouces de longueur, y couq^ris le
bec qui en a trois; la tcte est divisée par deux raies longitu-
dinales noires et trois rougeàlres, dont une passe sur le som-
met et deux au-dessus des yeux; le menton est blanc; le cou
varié de brun et de rougeAire; les scapulaires sont agréable-
ment tachetées de noir et de jaune ; les pennes des ailes sont
noirâtres , avec les bords des premières et l'extrémité des
secondaires blancs ; ces dernières et le dos sont rayés de noir
et de rouge pâle ; la poitrine et le ventre blancs ; les couver-
tures de la queue sont longues , d'un brun rougeâtre , et la
couvrent presque en entier lorsqu'elle est pliée; celle-ci est
composée de quatorze pennes (la petite bécassine n'en a que
douze ) noires , avec des raies tiansversales , d'un orangé
foncé , et quelques-unes sont terminées de cette couleur ou de
J)lanc ; le bas-ventre est dun jaune terne, et les pieds sonl
d un vert pâle. La femelle diffère en ce qu'elle n'a que trois
traits sur la tète. On connoil plusieurs variétés ; les unes d'ua
blanc pur, ou d'un blanc roussâlre ; d'autres ne sont blanches
que sur quelques parties; d'autres ont seulement la tète grise
et les pieds jaunâtres ; telle est la scutupnx galllnaria de
Latham ; enfin la sculopax belgica est encore de ce nombre j
elle a la tète, le cou et la poitrine roussâlres; le ventre blanc j
le dos, les ailes, la queue, les pieds et le bec noirs.
La Bécassine aguatère, Scolopax Paragimiiv, Vieillot,.!
trois traits longitudinaux et blanchâtres sur la tête : l'un sur
le sommet, et les deux autres sur les côtés, au-dessus des
yeux : re.:pace qui les sépare est noir; une li^nc de wiâuic
B E C 357
eouleur, commune à l'œil, s'étend jusqu'à la nuque ; une
autre traverse le luriim^ et une troisième, mais plus petite ,
se trouve sur l'oreille ; le reste des côtés de la tele est blan-
châtre -, le devant du cou marbré de la mcmc teinte et de
brun; la poitrine et le ventre blancs; et les côtés, ainsi
que les couvertures inférieures de la queue, sont variés de
brua et de roussâtre ; cependant ces parties sont blanches
chez quelques individus. I>es veines brunes et rougeâtres se
font remarquer sur Tocciput ; le dessus du cou est mélangé de
noirâtre et de blanchâtre; les rectrices supérieures des ailes
ont des raies transversales rousses et noirâtres , et sont ter-
minées de blanc ; le dos présente un mélange de brun , de
noir et de blanc ; les pennes alaires sont noirâtres; les sca-
pulaires noires et bordées de blanc roussâtre; les huit pennes
intermédiaires de la queue sont noires et variées de blanc et
de noirâtre vers le bout; les autres sont entièrement cou-
vertes de bandes blanches et noires; la partie nue des jambes
et les tarses sont d'un vert flétri; le bec est noir. Longueur
totale, dix pouces deux lignes. Cette bécassine du Paraguay crie
hère, hère,, en s'élevant presque verticalement à une grande
hauteur, et prononce ku\ ka ,, lorsqu'elle est effrayée. Son-
nini ( traduction française de l'ouvrage de M. d'Azara ) a
cru reconnoitre la petite bécasse de l Aniérujue dans cette es-
pèce ; mais celle-ci a le bas des jambes nu, et la bécasse l'a
couvert de plumes ; ce qui suffit pour ne pas les réunir ; en
outre , leur plumage n'est pas le même. V. BÉCASSE DES
États-Unis.
M. d'Azara décrit une seconde bécassine du même pays,
laquelle lui paroît constituer une espèce distincte de la pré-
cédente : en effet, il me paroît fondé ; car elle n'a que qua-
torze pennes à la queue , tandis que l'autre en a seize ; de
plus, elle a la queue , le vol , les jambes, la taille, le tarse et
le bec plus courts. Sonnini l'a présentée comme le même oi-
seau que la bécassine des savanes. Les deux pennes du milieu de
la queue sont noires; les trois ou quatre suivantes moitié de
cette couleur et moitié rousses, avec un Irait régulier et noi-
râtre vers le bout qui est blanchâtre ; les autres sont cou-
vertes de bandelettes blanches et noirâtres : le reste du plu-
mage est comme dans l'espèce précédente.
Les Bécassines blanches des Indes , du Cap de Bonne-
Espérance, de la Chine et de Madagascar. Ces oiseau»
ayant des caractères constans et distincts de ceux des bécas-
sines, je les ai classés dans un nouveau genre , sous le nom
de Chorlitte. V. ce mot.
La Bécassine brune , Scolopax grisea, Lath. J'ai soi»-
vcnt rencontré cette espèce dans les Etais-Unisj où elle
358 BEC
se tient sur les bords marécageux Je la mer, à l'embouchure
Jes rivières et dans les marais salés. Elle a le dessus de la tête
et du cou, les plumes scapulaires, les couvertures supérieures
des ailes, et les pennes secondaires, d'un cendré rembruni
uniforme; les primaires brunes; les intermédiaires bordées
et terminées de blanc; le dos, le croupion, les couvertures
supérieures de la queue blancs et mouchetés de noir ; les rcc-
trices intermédiaires grises, les autres blanches avec des ta-
ches noires ; les sourcils , la gorge , le devant du cou variés
de blanc et de brun effacé ; la poitrine et les parties posté-
rieures blanches, avec quelques taches grises sur les flancs, et
des raies transversales brunes sur les couvertures inférieures
de la queue; le bec brun et noir à la pointe , long de vingt-
trois lignes ; les pieds d'un brun rougeâtre ; les ongles noirs;
le doigt intermédiaire uni à l'extérieur par une membrane
plus prononcée que dans nos hérassines^ chez lesquelles elle est
piesque nulle et nullement apparente chez l'oiseau , quelque
temps après sa mort. Longueur totale , dix pouces. Comme
l'indiviJu décrit par Latham et Pennant offre dans son plu-
mage quelques différences, il est probable qu'elles sont l'effet
de l'âge ou des sexes.
La Bécassine à cul blanc. C'est le Bécasseau en Lor-
raine.
La DOUBLE Bécassine , Scolopax média. Quoique cet oiseau
ait été regardé comme une variété accidentelle de la bécassine^
il me parojt, d'après ses habiludes, une grosseur de près
du double, son cri, son vol, quelques nuances même dans le
plumage, constituer une espèce particulière. 11 part avec
peine, se fait suivre par les chiens comme le râle; son vol
est droit, assez mou et sans crochets; il ne se plaît que
dans les endroits où il y a un peu d eau claire et non fangeuse.
.11 est bien connu dans les marais de la Picardie; il y arrive
vers la fin d'aoïlt et disparoît avant la Toussaint. 11 est plus
commun en Provence et en Italie, où il fait deux passages,
le premier en mars et avril, et le second en septembre ou
octobre.
La Bécassine grise, Scolopax Içucophœa ^ \ieill. , est
très-commune dans l'état de ISew-York. Son bec est noir
et long de deux pouces trois lignes; le dessus de la tête et du
cou, le haut du dos, les couvertures supérieures des ailes, les
scapulaires sont d'un gris blanc tacheté de noirâtre; les taches
.sont petites sur la tête, peu prononcées sur le cou , larges sur
le dos et sur les grandes rectriccs ; le haut de l'aile est d'un
roux rembruni ; les pennes sont noirâtres; du blanc moucheté
lie noir occupe le bas du dos et le croupion ; la queue est
blanche et tachetée de brun; la gorge , les sourcils, le devant
BEC 359
du cou et la poitrine sont d'un roux très-clair, parsemé de pe-'
tites taches noirâtres sur les deux dernières parties , sur les
ilancs et sur les couvertures inférieures de la queue; le ventre
est blanc ; les pieds sont bruns : longueur totale , neuf pouces
et demi. Cette bécassine diffère de toutes les autres en ce
qu'elle a le doigt intermédiaire uni à l'extérieur par une mem-
brane qui se prolonge jusqu'au tiers de leur longueur , et uni
au doigt intérieur par une autre, mais seulement à la base.
La PETITE BÉCASSINE , Scolopax gallimila , Latham , pi.
enl. 884 , de VHist. nul. de Bitffon. Cette espèce se trouve en
Europe et dans le nord de TAmétique, où elle habite les ma-
rais ; elle se cache dans les roseaux des étangs , sous les joncs
secs et les glaïeuls tombés au bord de l'eau. 11 est très-difficile
delà faire lever, il faut presque marcher dessus; ce qui lui a fait
donner le nom de sourde. Son vol est moins rapide et plus di-
rect que celui de la bécassine commune; il a moins de durée , et
elle ne se remet jamais loin. Sa chair passe pour un manger
plus délicat. Sou bec est long d'environ quinze lignes , d'un
jaune sale à la base , ensuite bleuâtre et noirâtre à la pointe;
le dessus de la tête est noir, mélangé de couleur de rouille ;
une raie jaune passe au-dessus de l'œil ; le cou est varié de
blanc, de brun et de rouge pâle ; les plumes des côtés du dos
sont longues, soyeuses, brunes et bordées de jaune ; le crou-
pion est d'un pourpre bleuâtre brillant ; le ventre blanc ; les
grandes pennes des ailes sont noirâtres ; la queue est com-
posée de douze pennes brunes avec une teinte jaune sur les
bords; les pieds sont d'une couleur de chair verdâtre. Le plu-
mage des deux sexes est le môme. On trouve son nid dans
les marais. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs ,
blanchâtres et semés de taches roussâtres. Cette espèce habite
l'Europe et l'Amérique septentrionale.
La iJÉCASSliSE SAKHALINE , Scolopax saklialina ^ Vieill. , pi.
85 d'un ouvrage russe publié par Sakhalin ) , ^ trouve en
Russie. Elle a le dessus de la tête , du cou , des ailes et de la
queue d'un fauve rougeâtre varié d'un grand nombre de taches
brunes ; le tour du bec et la gorge blancs et bruns ; la poitrine
*1e cette dernière couleur, mais uniforme ; les côtés du ventre,
les plumes de l'anus et le bord des grandes pennes alaires
blancs ; le bec et les pieds bruns.
La BÉCASSINE DES SAVA^'ES, Scolopax paludosa^ Lath. , pL
enl. de Buffon, n.° 8g5, a treize pouces de longueur totale, et
est un quart moins grosse que la bécasse commune. Elle a le bec
long de quatre pouces environ , rougeâtre dans les deux tiers
de sa longueur, et noirâtre dans le reste. Deux bandes noires
sont sur la tète et séparées sur le sommet par une couleur
1 ou&se ; une troisième noirâtre est soi' le lomm -, le dessus du
3Go BEC
(OU, les scapulaircs et les couvertures des ailes sont varies <ïe
roux et (le noir; les parties inférieures d'un blanc roussâtre
avec (les raies transversales noires , longitudinales sur le de-
vant du cou, transversales sur la poitrine, le ventre et les
flancs ; le haut de la gorge et les plumes de Tanus d'un blanc
roussâtre uniforme ; le dos et le croupion rayés en travers de
noirâtre sur un fond roux ; les couvertures des ailes pareilles;
les pennes primaires brunes et taclielées de roux; les secon-
daires rayées de noir, ainsi (pie les rectrices , sur un fon»I
roux; les deux intermédiaires sont noires sur le bord exté-
rieur; les pieds bmns. Cette espèce se trouve à Cayenne , où
elle fVetjuenle les savanes. Elle s'y tient dans la vase et dans
les herbes épaisses et hautes; mais dans la saison des pluies y
elle se retire sur les hauteurs et y niche sur de petites éléva-
li,)ns, dans des trous tapissés d'herbes sèches. Sa ponte est de
deux eeafs. Atix approches de la nuit , ces bécassines se rap-
pellent par un cri de ralliement un peu rauque et assez sem -
Jilable à cette voix basse lia, ka , ko, ka , que fait souvent en-
tendre la poule domestique. On m'a assuré que ces oiseaux
avoient la faculté de se percher ; ce que je crois très-possible,
vu qu'ils ont le doigt posiérieur Ion;; de près d'un pouce et
Tongle annié ; attribut ([ul , joint à la grosseur et à la longueur
tl'i bec, ne permet pas de réunir, comme individus de la même
espèce, cette bécassine et la double /yfWj.w«e d'Europe, ainsi
que l'a fait IM. Themmincl, dans sou 3I,anuel d'Ornithologie,
(|:iclques rapports que ces deux oiseaux aient dans leurs cou-
li'urs, (pii néanuu>ins présentent encore des différences dans
la manier»' dont elles sont distribuées, (v.)
Chasse (U's hèrassines. — La cliasse des bénissines an fusil exige
quelque habitude à raison des détours et des crochets que ces
oiseaux font en s'elevant; il faut les laisser filer sans se presser,
alors ils ne^sont pas plus difticiles à tirer que les cailles: ou
peut , d'ailleurs, k-ur donner le temps de hier loin ; car, pour
p«'u qu'un grain de plou>b les atteigne, ils tombent aussitôt.
On tend aux hèrassines, dans les marais et les qTieues d'é-
tangs , les pantihcs et les collets. Le chasseur attire ces oiseaux
près de lui en imitant leur voix. On emploie encore, pour les
prendre , un iraiiirau (ju'un homme seul peut porter commo-
dément, et avec lequel il parcourt les marais où il sait qu'il y
a des bccasslncs, en portant sur le bras le traîneau à la hauteur
de trois pieds; Ton bat de temps en temps les broussailles et
les herbages ; les bécassines s'enlevant le bec en l'air, s'eujpé-
trent dans le filet qu'on laisse tomber, (s.)
i3ÉCASSlNE-CUBL\]NE. Nom picmoniais du Bé-
casseau, (v.)
EECASSÎNE DE MER. L'on trouve désignées sous ce
BEC 3Gi
mm, dans les ouvrages des navigateurs, plusieurs espèces
d'oiseaux de rivage, tels que les Chevaliers ou Pluviers À
COLLIER , etc. (s.)
15KCASS1SE DE MER. C'est I'Orphie espadon, (b.)
BÉCASSON. ISom vulgaire que l'on donne en Provence
à In DOUBLE JîÉCASSiNE , et en Normandie au Bécasseau. Sa-
Icrne en fait aussi Tapplication au Chevalier À pieds rouges.
C'est, dans le déparlement de l'Ain, le BÉCASSEAU ou CuL-
BLA>c, qu'on appelle Bécassin sur les rives de la Saône.
BECASSON (petit). On appelle souvent de ce nom la
GuiGNETTE dans le département de l'Ain, (v.)
BECASSOUN. Nom piémontais du Courlis.
BE(L\SSOUNAT. Nom piémontais du CoURLiEU. (v.)
BECCABUNGA. Espèce du genre Véronique, qui cfoît
dans l'eau, (b.) .
BECCACIA. C'est la Bécasse en Italie, (s.)
BECCA-FICO. Nom donné en Italie à plusieurs espèces
d'oiseaux , différentes du vrai Bec-figue. (s.)
BECCARD. Variété du Saumon, (b.)
BECHARA. Nom que Pallas donne, dans ses voyages, au
r hélicoptère, (v.)
BECH\RU. C'est ainsi que l'on appeloit autrefois, en
France, Xc.flummant o\i phnnicuplère ^ par contraction de hec de
charrue, à cause de la forme du bec de cet oiseau, courbé
comme le soc de la charrue, fs.)
B ECHE , PIQUE - BROTS ou COUPE BOUR-
GEONS. C'est rÉuilOLPE de LA VIGNE. (DESM.)
]> EC FI ET. Nom du B roch et. (b.)
liECmON. Synonyme de Tussilage. (B.)
BECHOT. Nom vulgaire du Bécasseau et de la petite
Bécassine, (v.)
BECKEE , Bœckea. Genre de plantes de l'octandrie mo-
nogynie etdela famille des cpilobiennes, dont les caraclères
sont : calice infundibuliforme à cinq dents ; corolle à cinq
pétales; huit étamines fort petites; ovaire supérieur sur-
monté d'un style terminé par un stigmate en tète; capsule à
trois ou quatre loges, contenant plusieurs semences, et
cachée dans le calice qui grossit.
Ce genre est composé de deux espèces , dont l'une vient
de la^hinc etl autre de la Nouvelle-Hollande, Ce sont des
arbrisseaux à feuilles très-petites, linéaires, opposées, et à
{leurs axjllaires et solitaires, (b.)
BECKiMANNE , Beckmunnia. (ienre de graminées établi
par Host , pour placer quelques Piialarides et quelques
Cretelles qui s'écartent des autres ; se* caraclères sont :
363 B E D
épillets unilatéraux, réunis trois par trois, dans les dents du
rachis; balle calicinale à deux valves, inégales , naviculaires,
onguiculées à leur base , spatulées à leur sommet , assez
longues ; balle (iorale à deux valves presque égales ; écailles
lancéolées, entières , glabres.
La Phalaride érucoïde sert de type à ce genre, (b.)
BECMAPiE. Geoffroy a établi un genre d'insectes sous le
nom de hecmare en français , et de rhinomacer en latin , au-
quel il assigne pour caractères génériques , des antennes en
masse toutes droites , posées sur une longue trompe. Ce genre
avoit élé confondu auparavant avec celui de charanson et
celui àesatic/ahes. 11 a été ensuite séparé du premier genre, et
donné par presque tous les auteurs , sous le nom dîcUtelahe.
V. Attelabe. (o.)
BECO. Nom picard de la Guignette. (v.)
BECO-DE-Pl\ATO. Nom portugais du Pinson FRISÉ, (s.)
BECONGUILLE. Racine qui vient de l'Amérique mé-
ridionale , et qui sert , comme l'ipécacuanha , à exciter le
vomissement. On ne sait pas positivement à quel genre de
plante elle appartient, (b.)
BECOT. C'est \ji petite bécassine dans V Ornithologie de Sa-
Icme. V. Bécassine.
BECQUABOouBICQUEBO. Noms vulgairesque porte
en Picardie et en Espagne , le Pic vert. En Lorraine, toutes
les espèces de pics se nomment hecque-hois ou baqucho. (s.)
BECOUEBOJS. V. Becquabo.(desm.)
BECQUE FLEUR. V. Colibri. Cs.)
BECQUEROLLE, ou BOURIÔLLE. Dénomination
vulgaire de la petite bécassine , ou la sourde , dans l'Orléanais ,
-suivant Salerne. V. Bécassine, (s.)
BECQUETEUR. V. Backer. (s.)
BECQUILLON. En fauconnerie , le bec des jeunes oi-
seaux de proie, (s.)
BECTSCHUTSCH. Les Kamlschadals appellent ainsi
le Hareng, (b.)
BECUIBA. Synonyme de Ibicuiba. (f.)
BECUNE. Nom donné à un poisson qu'on croit être
TEspadon , ou une autre espèce de Squ^LÉ fort voisine de
celle-ci. (b.)
BEDARINGL Nom arabe de la Mét.isse. (b.)
BÉDAUDE. En quelques endroits de la France , on
donne ce nom à la corneille mantelée. (s.)
BEDE. C'est une Génisse dans les dépajteracns de l'Ouest.
(B.)
BEDEATTD. Nom trivial donné à quelques insectes, (l.)
B E G 363
BEDEGUAR. C'est une galle chevelue ^ qui est produite
sur les jeunes branches des rosiers. Voy. au mot Rosier , au
mot Cynips et au mot Galle, (b.)
BEDILLE. On appelle ainsi le Liseron des champs
dans le Médoc. (b.)
BEDOIN. Le Mélampyre des champs s'appelle ainsi
dans quelques lieux, (b.)
BEDOUÏDE. En Provence, c'est la F^r/oi^e. (s.)
BEDOUSL C'est un arbrisseau du Malabar , dont les
feuilles sont alternes , ovales , épaisses, et ont une odeur et
une saveur aromatiques. Les fleurs sont fort petites, inodores ,
et viennent en bouquets axillaires. Elles ont un calice à six
divisions; six pétales ; beaucoup d'étamines ; un ovaire supé-
rieur, surmonté d'un style simple.
Les fruits sont des baies ovoïdes à une loge , qui renfer-
ment trois semences dures et sphériques. (b.)
BEDURU. C'est le Polypode à feuilles de chêne à
Ceylan. (b.)
BEE-BOCK ouBEEKBOK ou CHEVRE PALE. Les
Hollandais du Cap de Bonne-Espérance donnent ce nom à
une variété de l'espèce de 1' Antilope nanguer, dont le pe-
lage est de couleur fauve claire, (desm.)
BEEDELSNOEREN. Nom flamand du Stravadion.
(B-)
BEELZEBUTH. Singe d'Amérique , décrit par Brisson,
qui appartient au genre Atèle. Ce n'est pas celui de Linnœus,
qui est le giiariba, et qui appartient au genre des Alouates
ou singes hurleurs. (DESM.)
BEEMERLE. Petit oiseau de la grosseur du chardonneret
qui se trouve aux environs de Nuremberg , et qui est regardé
par le peuple comme un précurseur de la peste. Brisson
soupçonne que c'est le Jaseur. (s.)
BEENA. Les Grisons appellent de ce nom le Choucas.
(s.)
BEENEL. Arbre de l'Inde, que Burmann rapporte aux
Crotons (Croton mce/wosj<m), quoiqu'il ait un fruit à quatre
coques. On emploie ses racines , cuites daijs l'huile , contre
les douleurs de tête, (b.)
BEESHA. Espèce de Bambou, (b.)
BEETKLIM. C'est la Baselle. (b.)
BÉFARIA. F. Bejar. (b.)
BEFBASE. Nom de la Muscade dans Avice»ne. (c.)
BEFFROI et PETIT BEFFROI. Noms sous lesquels
on a décrit deux Fourmiliers. F. ce mot. (v.)
BÉGASSE DES HAIES ou DES BOIS. Nom vulgaire
de la Bécasse aux environs de Niort, (v.)
364 î^ ^^ Tï
BEGONE , Bégonia. Genre de plantes à fleurs polypéla-
lées , do la monoécie polyandrie , dont les caractères sont :
corolle à quatre pétales inégaux ; beaucoup d'étamines dans
la fleur mâle , un ovaire inférieur , à trois angles membra-
neux , dont un plus saillant , surmonté de trois styles bifides
à stigmates globuleux dans la fleur femelle ; capsule triangu-
laire , à angles membraneux, ailés et inégaux, divisée inté-
rieurementen trois loges qui s'ouvrcnl par trois valves, cbaque
loge renfermant des semences nombreuses, portées sur un
placcnîa placé dans l'angle.
Ce genre paroit avoir des rapports avec les Sésitves et les
Téïragonelles. Ilrenferme trente à quarante espèces, toutes
des parties les plus chaudes de l'Inde et de l'Amérique : elles
sont herbacées ou un peu frutescentes; ont une tige plus
souvent nue que feuIUée ; des feuilles radicales ou caulinaires
alternes , munies de deux stipules , souvent obliques
ou prolongées sur un des côtés de leur base ; des pédon-
cules dichotomes , muUiflores , terminaux dans les tiges
nues , quelquefois axillaires dans les tiges feuillées , à divi-
sions garnies de deux bractées souvent caduques.
La plupart des be^ones croissent dans les uïarais , et leurs
feuilles ont une acidité agréable : on les mange soit dans
l'Inde , soit en Amérique , en guise d'oseille : on les appelle
même osei//e sauvage , dans les colonies françaises, (b.)
BEGUAN. Nom donné, par les habitans des pays où se
trouve I'Iguane vulgaire, aux bézoards qu'on trouve quel-
quefois dans leur estomac, (b.)
B EGUE. Nom que Ton donnoit autrefois à la Mouette
CENnilr.E. (v.)
BEGUIL. Fruit d' /Afrique qji'on croit appartenir à une
nouv(;lle espèce d'ARBOUsiER. (b.)
BEIiE3I{)TH. Les curieux ont long-temps disputé pour
savoir quel animal Job avoit voulu désigner par ce terme.
" Yoici , est- il dit {rJiap. XL, v. lo cf serj.)^ le béhémolb
•' que j'ai créé avec toi ; il vivra de foin comme le bœuf; sa
« vigueur est dans ses reins , et sa force repose dans le nom-
« bril de son ventre. Il durcit sa queue comme un cèdre : les
« nerfs de ses testicules sont entrelacés. Ses os sont comme
« des tuyaux d'airain, et ses cartilages ressemblent à des
« lames de fer Il dort à l'ombre , caché entre les roseaux
n et dans les lieux humides. Les ombresfavorisent sa retraite,
f< elles saules du torrent l'environneront. Levoilà qui boira le
<f fleuve , et n'en sera point étonné : il espère que le Jourdain
" s'engloutira dans sa gueule , etc. » Dans le même chapitre,
il est parlé d'une autre béte aquatique terrible , appelée lé~
vioilmn.
B E I 36â
On a cru retrouver Vliippoputame dans le hclièmoth; telle
a été ropinloii de Bochart, de Scheuclizer , de Franzius , et
d'autres auteurs qui ont essayé de reconnoîlre les objets d'his-
toire naturelle dont parle TAnclen Testament.
On rencontre en effet Vliippoputame dans les fleuves de
l'Afrique , et 11 a probableracnt fréquenté les rivières de Tldu-
niée, lorsque ce pays conîonoit peu d'habilans. On sait que
ce quadrupède colossal vit d'herbes cl de joncs , qu'il se lient
caché dans les lieux aquatiques entre les roseaux. Ses dcnls
sont grandes et fortes ; leur dureté et leur blancheur les ren-
dent plus précieuses que l'ivoire. Cet animal est doux et tran-
quille ; il se tient en troupes ou plutôt en familles , et sort
pendant la nuit pour chercher sa pâture. Sa taille est un peu
moindre que celle de l'éléphant ; sa queue n'a guère qu'un
pied de longueur , ce qui ne se rapporte pas trop avec le récit
de Job. Au reste, une description poétique ne doit pas res-
sembler à l'exact et laborieux examen d'un zoologiste. Peut-
être le béhémolh désigne-t-il aussi le rhinocéros , puisque Job
semble désigner les replis de la peau du ventre, f. ii. Ou
est convenu que le lé^iathan étoit un crocodile ; cependant o]^
peut tout aussi bien le rapporter à la baleine.
Voyez Tariicle Hippopotame. D'autres ont pensé que le
béhénioth étoil la vache marine ou le morse ; mais cet animal ne
se trouve que dans le Nord, (vihey.)
JBEHEN. C'est le nom de plusieurs racines , que l'on dit
propres à fortifier, à engraisser, à augmenter la semence.
Tournefort a rapporté du Levant les graines d'une des plantes
qui fournissent le hehen , et elles ont produit à Paris la Cets"-
TAUREE BEHEN". flyde , dans son ouvrage sur la religion des
Perses , donne la figure d'une autre espèce , qui est la Yalé-
'RIA^'E TyOUGE , ou du moins une plante fort voisine.
On appelle aussi Beheî^- blanc , le cucubalus behen , et
Behen «ouge, le sfaflce llmonliim , Linn. (b.)
BEHMEN, BEHEN BLANC, r. Cucubale. (b.)
BEHMEN ACKMAR, BEHEN BOUGE. V. Staticé
(B.)
BEHORS. C'est, dans l'Orléanais, le nom du Butor. (v.)
BEHBEE. Nom d'un oiseau deproie desIndes Orientales,
que Latham a classé parmi les Fauco>;s. V. ce mot. (v.)
BEL\HALALEN. Daléchamps nous apprend que c'est
le nom de la Joubarbe des toits en Arabie, (b.)
BEIDELSARouBEID EL OSSAR. Espèce d'AscLÉ^
PIADE, dont on fait beaucoup d'usage en Afrique contre la
iiè vvif j_ ç'. ïurlo'-it çoîit;;e la morsiirt; dçs bêtf.s veninieuses. Les
366 B E J
nègres emploient aussi le suc caustique qui découle des bles-
sures que l'on fait à sa racine , pour ronger leurs boulons ga-
leux ou vénériens. Les aigrettes de ses semences servent à
faire des matelas et se substituent à l'amadou. On ne sait
pas bien positivement si cette espèce est connue des bota-
nistes : seroit-ce l'Asclépiade géante ? (b.)
BEIL3TEIN, de Werner, ou Pierre de hache. Foy:
Jade. ;pat.)
BEJAR , Bejatia. Genre de plantes de la dodécandrie mo-
nogynie , et de la famille des Rhodorac.ées, dont les carac-
tères consistent en un calice d'une seule pièce , divisée en
sept parties ; sept pétales oblongs, insérés entre l'ovaire et le
calice ; quatorze étamines, dont sept alternes , plus courtes ,
velues dans la partie Inférieure de leurs filamens ; un ovaire
supérieur , arrondi, chargé d'un style persistant , décliné,
à stigmate en tête , à sept lobes ; une capsule globuleuse à
sept valves, à sept loges formées par le rebord rentrant des
valves, et qui ont à leur centre un axe dilaté à son sommet ,
et divisé en sept lobes.
Ce genre comprend plusieurs espèces , dont une , le Bejar
À grappes, figuré dans les Plantes des jardins de Cels, de Vente-
nat, tab. 5i , et dont j'ai cultivé un grand nombre de pieds
en Caroline, se trouve actuellement dans les jardins de Paris.
C'est un arbrisseau dont les fleurs sont disposées en grappes
terminales fort longues , ' à fleurs d'un blanc rougeàtre ,
d'une odeur foible mais suave, et qui se succèdent pendant
une partie de l'été ; les feuilles sont alternes, éparses , ovales,
velues en-dessous ; leurs pédoncules sont très-longs et velus.
Cet arbuste est amer dans toutes ses parties , et peut servir
à orner les bosquets dans lés parties méridionales de la
France. On le trouve dans la Floride et le Mexique. C'est
par erreur d Impression que ce genre a été appelé jusqu'ici
Béfaria. (B.)
BEJAUNE {Fauconnerie). Oiseau niais, ou sortant du
nid, qui ne sait encore rien faire : ce terme vient de ce que
les très-jeunes oiseaux de proie ont le bec Jaune ; il est au
figuré le synonyme dé l'ignorance, (s.)
BEJUCO, Hippocrafea. Genre de plantes de la thandrie
monogynie , et de la famille des hippocraticées , dont les
caractères sont : un calice d'une seule pièce , coloré , caduc ,
divisé en cinq parties; cinq pétales plus petits que le calice,
concaves à leur sommet ; trois élamiues delà longueur de la
corolle , et dont les filamens sont élargis à leur base ; un
ovaire supérieur , ovale , surmonté par un style simple et nn
stigmate obtus; trois capsules obtuses, ou un pou en cœur ,
A. zo .
j . Hnrit/if,- y:,„/,r,r .
■j. /\,r /„„,/,'' r.'.nr/'.- .
,'5. /\ff<'//ui//<' i'i>/i,' -i/o/iZ/r/-
^. /')i-/c/n/i/7i' it>//<' ■irii/ii ■
(>' . /tiii-i'/'/t //><>//•(' ■
7. /'.„//.■ ,u„,.,.a/.- .
s K L 3^7
comprimées, uniloculalres et bivalves, renfermant environ
cinq semences , munies chacune cl'une aile membraneuse.
Ce genre contient six à huit espèces. La plus connue est
le Bejuco grimpatst , dont les tiges sont sarmcntouses , les
feuilles opposées , ovales , lancéolé es , dentées en leurs Lords,
et les Heurs petites , disposées en corymbes axillaires. On
n'en tire aucune utilité.
L' AîSTHODON de la Flore du Pérou s'en rapproche beaucoup,
(B.)
BEKKER-EL-WASH ou Bœuf samage. Nom arabe de
l'A NTILOPE BUBALE. V. ce mOt. (DESM.)
BELA-AYE ou BELAHE. Arbre dioïque à feuilles tri-
foliées , naturel à Madagascar , et dont l'écorce , en même
temps aromatique et amère, est d'mi grand usage en méde-
cine. On l'emploie aussi en place de Houblon, (b.)
BEL-ADAMBOE. On croit que c'est le Munchausie.
(B.)
BELA-MODAGAM. On croit que c'est une espèce de
Sc^VOLE. (b.)
BELA POLA. Plante du Malabar, qui paroît fort voi-
sine de I'Angrec écrit, (b.)
BELA SCHORA. Il est probable que c'est une variété
de la Calebasse, (b.)
BELAM-CANDA. Nom malabar de la Morée de la
Ciii>;e. (b.)
BELAME. Espèce de Clupée À bec de la mer Rougé. (b.)
BELBUS. En latin moderne , c'est la Hyètsîe. (s.)
BELÉM-CANDA. Voyez MoRÉE de la Chine et Par-
danthe. (b.)
BÊLEMENT. C'est le cri des Moutons et des Chèvres.
BELEMNITE , Beîemnites. Genre de coquille , dont les
caractères sont d'être mulliloculaire, droite , en cône allongé,
pointue, pleine au sommet, et munie d'une gouttière latérale;
d'avoir une seule loge apparente dans la plupart des espèces ,
les anciennes ayant été successivement effacées par la conti-
guïté et l'empilement des cloisons. V. pi. A. 20, la fig. de deux
espèces.
Les coquilles de ce genre s'appellent aussi orthocératites ^
et ne se sont encore trouvées que fossiles. C'est dans les rnon-
tagnes , qu'on appelle de seconde formation , qu'on les ren-
contre le plus fréquemment ; mais elles se trouvent ausii
pans les pays à couches , même daxis les craies.
368 * B E L
Presque toute» les Bélemnîtes sont coniques, et ont à leur
base une cavité également conique , accompagnée d'une fente
plus ou moias longue , plus ou moins large , et souvent obli-
térée, de manière à être réduite à une simple gouttière longi-
tudinale ; quelquefois elles sont partagées intérieurement en
un grand nombre de cavités par des diaphragmes parallèles ,
et traversées par une tubulure qui va jusqu'à leur pointe ;
quelquefois elles n'ont pas celte tubulure , et alors elles Sont
appelées TulaxoJe par Guetlard.
On a beaucoup disserté sur les BélemnHcs; aujourd'hui on
convient généralement qu'elles ont eu la même organisation
que les ammow'/« , mais que l'animal , au lieu d'augmenter
sa coquille à des époques déterminées , et de former des
chambres destinées à rester successivement vides, remplissolt
le fond de la cavité où il étolt logé , en même temps qu'il Tal-
longeolt par son bord supérieur. Cette explication satisfait
assez bien aux données que fournit l'observation. Quant aux
bélemnites qui 'ont des chambres , leur formation est absolu-
ment la même que celle des Ammonites. V. ce mot,
lîeudant a fait imprimer, dans les Annales du Muséum , un
Mémoire où il cherche à reproduire l'opinion que les bélem-
nites sont des pointes d'oursins ; il in«llque des espèces qui
semblent le prouver par la disposition en cône, ravonnée dans
la partie opposée à la pointe, ou par la disposition obtuse
et pllssée de la pointe. La question ne m'a pas paru ré-
solue par ce mémoire.
Quelques personnes ont prétendu que les bélemnUcs n'é-
toleut que le .moule intérieur de la coquille; mais on peut
opposer à leur opinion , que souvent on trouve des vermis-
seaux marins, et d'autres coquilles attachées à leur surface :
il est peu de cabinets qui ne mettent ce fait en évidence.
Comme on ne connoît pas encore de vérilabh.'S bélemnites
yii'unels, il est difficile d'établir, même des conjectures , sur la
forme de l'animal qui les habltoit. Il devolt avoir un prolon-
gement qui, passant dans la tubulure, s'attachoit au fond
de la coquille ; la fonte de la partie antérieure indiquequelques
rapports avec la Jlssurelle. Quel que fût cet animal, il fallolt
qu il eût une grande masse ou une grande force pour traîner
une coquille aussi pesante que la sienne, ou qu'il restât à
la place où il élolt né, ou du moins s'écartât peu. 11 n'est
donc pas étonnant que , vivant , comme on le suppose ,
dans la profondeur des mers , il ne soit pas encore tombé
entre les mains des naturalistes, Uorthorère radis , trouvé
dans la Méditerranée , qui en approche , est déjà un achemi-
nement pour espérer de le connoitre un jour.
]^ K L 363
Les bèhmnites se rencontrent dans un très -grand nombre
de contrées de l'Europe et des autres parties du monde ; elles
sont ordinairement entbuies dans des schistes , dans des ar-
giles, dans des ocres, ou engagées dans des marbres, des
pierres calcaires argileuses. On en voit souvent qui sont trans-
formées en fer ou en pyrite, et même en agate. Leur volnme
varie infiniment ; on en connoît depuis quelque^ pouces jus-
qu'à une demi-toise de long.
Knorr , dans son bel ouvrage sur les fossiles , en a décrit
douze espèces , et Sage, pareil nombre , dans un mémoire
inséré dans le Joi/mo/ de F/iysiçue. Les oryctographes en ont
fait figurer une bien plus grande quantité, qu'il est impossible
-de caractériser faute de descriptions méthodiques. Les genres
Thalamule , Pac'lite, Amîmo>e , AcAME, Ceto-
<:iNE, HiBOLiTE, Pouodhagxje", avoicnt été confondus
avec celui-ci , et en ont été séparés parDenys Montfort. (b.)
BEL-ERtCU. Nom malabar de ry\scLÉPiADE géante,
dont on mange les feuilles, (b.)
BELETTE. Petit mammifère carnassier, de l'ordre des
carnivores digitigrades et du genre des Martes. F. ce mol.
BELETTE DU BRÉSIL. On a quelquefois^^désigné
sous ce nom , l'espèce de Glouton de l'Amérique méridio-
nale, que l'on a long-temps placé dans le genre des Martes
sous le nom de GiJera ou Tûlm {Mustcfa Earhara^ (iniel.)!
Buffon l'a décrit sous le nom de grande marie de la Guyane^
et d'Azara sous celui de grand Furet, (^desm.)
BELETTE D'EAU. Nom que Ton donne quelquefois au
mink ou putois des rivières du Nord, Mustela lutreola , Linn.)
V. Martes, (desm.)
BELETTE DE JAVA. Petit quadrupède carnassier, du
genre des Martes , qui habite lîle de Java , où il porte ,
selon Séba, le nom de Ruger-Angan. 11 est brun en dessus,
plus foncé sur la tête; le bout de sa queue est noirâtre. Buf-
fon ayoit cru pouvoir rapprocher celte espèce de celle du
\ansire. M. Frédéric Cuvier pense, au contraire, qu'il con-
viendrolt mieux de la regarder comme ne différant pas de
celle de l'hermine, (desm.)
BELETTE. C'est ainsi que les Espagnols du Paraguay et
de Montevideo appellent le Sarigue à longs poils , suivant
d'Azara. (s.)
BELETTE. Poisson du genre Blennie. (b.)
BELIER. Mâle de la breUs. V. Mouton, (desm.)
BELIER DE ÎMONTAGNE, Om cemna. Quadrupède
très -remarquable, découvert depuis peu de temps dans
m. a 'î
370 B K L
l'Amérique septerUrionale, et qulréunîtlatêteelles cornes du
bélier au corps élevé et svelie du cerf. V. Mouton, (de.sm.)
BELIGANA, C'est la Yigne sauvage aux environs de
Montpellier, (b.)
BELILLA. Arbrisseau figuré par Rheed, et qui appartient
au genre des Gardènes. (b.)
ÉELINGÈLE. Un des noms de I'Aubergine. (b.)
BELIPATH^GAS. Les habitans de Ceylan appellent
ainsi la Ketmie a feuilles de peuplier, (b.)
BELÏS, Belis. Genre établi par R. Brown , mais qui ne
paroît pas suffisamment distinct des CELAC^;ÉES. (b.)
BELLADONE , Atmpa. Genre de plantes de la pentan-r
drie monogynie , et de la famille des solanécs, dont les ca^
ractères consisten ent : un calice d'une seule pièce, persistant,
à demi-divisé en cinq découpures pointues; une corolle cam-
panulée , à limbe ventru , et partagé en cinq lobes presque
égaux: cinq étamines; un ovaire supérieur, ovoïde , surmonté
d'un style un peu incliné , terminé par un stigmate en tcle ;
une baie globuleuse , entourée à sa base j>ar le calice , et
divisée intérieurement en deux loges , renfermant cbacune
plusieurs semences ovales ou réniformes , attachées à un
placenta charnu , ou simplement nichées dans la pulpe.
Ce genre est composé d'une douzaine d'espèces, dont trois
d'Europe.Deux de celles de ces dernièressontcélèbres; savoir:
la Belladone sans tiges , ou la Mandragore , yltropa
mandragora, Linn. (F. ce mot.), et la Belladone vulgaire,
ladona, Linn,
Les caractères de la première sont d'être sans tiges , et;
d'avoir les pédoncules uniflores. Ceux de la seconde sont
d'avoir la tige herbacée et les feuilles ovales et entières.
Quelques botanistes, d'après la considération du fruit et
du calice, tirent trois autres genres de celui-ci, sous les "noms
de Mandragore , de Nicandre et de Saraquiek. F. ces
mots, (b.)
La Belladone baccifère ou vulgaire , qii'oh appelle
aussi morelle mortelle , est une plante qui a des propriétés per-
nicieuses. Ses baies sont un violent narcotique qui cause le
délire , l'assoupissement et la mort. Plusieurs personnes ,
et particulièrement des enfans , en ont été empoisonnées. 11
.ne faut donc jamais admettre cette plante dans les jardins, ni
même la souffrir dans le voisinage des habitations. IJno
multitude d'exemples funestes que nous pourrions rap-
porter, ne laissent aucun doute sur les dangers de la hella-
done. Les symptômes qu'elle occasione dans ceux qui ont
imprudemment goûté de ses fruits, sont d'abord une ivresse
complète, un délire profond, une soif inextinguible, aes
B F. r. 3^,
efforts considérables pour vomir, auxquels succèdent des ac-
cès de fureur, des serremens de dénis, accompagnés de
convulsion dans les muscles de la mâchoire ; les paupières
restent, ouvertes , et l'ouverture de la pupille n'est plus sus-
ceptible de dilatation ni de contraction ; après ces premiers
symptômes , on voit bientôt se manifester des convulsions gé -
nérales dans tous les muscles du corps; la face devient rouge
et gonflée , la déglutition ne peut plus se faire ; il survient
une agitation extrême qui se termine bientôt par un som-
meil profond et léthargique , accompagné de soubresauts
dans les tendons ; le visage pâlit , les extrémités se refroi-
dissent , le pouls devient petit , dur et prompt , et enfin le
malade périt. L'ouverture des cadavres a fait voir des in-
flammations et des érosions dans l'estomac et les intestins ;
le foie et le mésentère endatiimés; tous les viscères de l'ab-
domen complètement gangrenés; un sang noir et putride dans
les gros vaisseaux ; des épanchemens d'une humeur séreuse
et acre dans les cavités , etc.
Après avoir donné une idée des funestes effets de ce ter-
rible poison , il convient d'indiquer le traitement qui a été
employé avec le plus de succès pour le combattre. La pre-
mière Indication à remplir, est de vider l'estomac autant
qu'il est possible, au moyen de trois ou quatre grains de tartre
émétique ; mais comme un des effets de ce poison est d'en-
gourdir l'estomac au point de le rendre insensible à l'action
de tout remède , on ne pourra y réussir qu'en chatouillant
en même temps le gosier avec les barbes d'une plume trem-
pée dans l'huile. Aussitôt que le vomissement paroît, on fait
avaler au malade nne grande quantité d'eau, à laquelle on
ajoute un quart de vinaigre et quelques cuillerées de miel, et
on continue de lui en donner jusqu'à ce que tous les accidens
aient absolument disparu. On joint à ces secours, des lave-
mens faits avec une décoction de plantes émollientes , et on
les rapproche le plus qu'il est possible, (d.)
Les feuilles de helladone, écrasées et appliquées extérieure-
ment en cataplasme, sont, dit-on, calmantes et résolutives.
On ne doit pourtant en faire usage qu'avec beaucoup de pré-
caution. Malgré le poison qu'elles renferment, on en retire
un suc ou une eau distillée , dont les dames , en Italie , se
servent pour blanchir la peau. C'est ce qui lui a fait donner
le nom de belladone ou belle- dame.\Oix extrait aussi de ses fruits,
avant leur maturité, par la macération, une très-belle cou-
leur verte, qui est employée par les peintres en miniature.
Le docteur Himly vient de publier une brochure, dans la-
quelle il recommande l'extrait de belladone pour faciliter,
par la paralysie qu'il procure, l'opération de la cataracte. 11
372 BEL
rindlque comme fournîssani unmoycn sAr<îe voir si latacî;e cS't
adhérente ou non à l'iris, et de juger de sa qualité. Ce remède
produit des effets qui peuvent passer comme miraculeux; car
dans quelques cas d obscurcissement de la cornée, il rétablit
la vision , par la dilatation souvent considérable de la pupille:
mais il est dangereux dans son emploi, et son application doit
être dirigée par des gens de larl. (b.)
BELLADONE. Nom spécifique de TAmaryllis a
FLEURS ROSES. (B )
BELLAN. C'est la Pimprenelle épi>;euse. (b.)
BELLAN-PATSLV. Plante figurée par Rhced, et que
Llnnœus rapporte au Lycopode penche, (b.)
BELLAKDIE , Bellardiu. Genre de plantes établi par
AHionl , pour placer la (^ocrète trixage , qu'il a trouvée
différer des autres. 11 lui donne pour caractères : un calice
bilabié , à lèvre supérieure bifide et Inférieure entière ; une
corolle à lèvre Inférieure Irlfide avec la division intermédiaire
plus grande ; une capsule ovale, biloculalre , bivalve et poly-
sperme.
Ce nom a aussi été donné au I'ontaîje. (b.)
BELLE-DA:ME. On a ainsi nommé le Papillon du char-
don , P. cardui , Linn. , à cause de l'élégance de sa parure.
V. ISyMPHALE du CiLXRDON. (L.)
BELLE-DAME. C est la Belladone vulgaire et TAb-
ROCIIE DES JARDINS. (B.)
BELLE-DAxMEDES ITALIENS. C'estrAMARYLLLSÀ
FLEURS ROSES. (B.)
BELLE-DE- JOUR. C'est, pour les jardiniers, le Lise-
ron À TROIS COULEURS. (B.)
BELLE D'UN JOUR. Nom vulgaire de riîÉMÉROCALLL
et de l'AsPUODÈLE , dans quelques cantons, (b.)
BELLE-DE-NUrr. Dans plusieurs cantons de France,
c'est la RoussEROLE. (s.)
BELLE-DE-NUIT. Nom vulgaire des Nictages. (b.)
BELLK DE VITRY. Variété de Pèche, (b.)
BELLENDÈNE , Bellendenci. Genre de plantes établi par
R. Brown , mais qui ne paroit pas suffisamment distingué des
PROTÉS. (b.)
BELLE PUCELLE. Nom vulgaire de la Renoncule des
champs, (b.)
BELLÈQUE. L'une des dénominations vulgaires de la
Foulque en France , suivant Belon.
Cet oiseau porte le même nom en Suisse , ainsi que ceux
de belrh et de helrhinen. F.FoULQUE. (s.)
^ BELLERIS ou BELLEREGL Sorte de Mirobolan.
(B.)
B E T, 373
BELLÉROPHE, Bellerophus. (icnre de Coquille établi
par Dcnys Monlfort aux dépens des Nautiles, dont il diffère
par une ouverture très-évasée sur les côtés.
La coquille qui sert de type à ce genre avoit d'abord été
appelée Â'asulite par l'auteur. Elle a jusqu'à trois pouces
de large. On la trouve dans les marbres du duché de Ju-
lie rs. (b.)
BELLEVALIE, Belleonlla. Genre établi par Lapeyrouse,
dans le Journal de P/iys/r^ue, année 1808. 11 diffère des ja.-
CIÎSITHES par ses élaniines monadelphes à L'ur base. Decan-
dolle pense que Tespèce sur laquelle il est établi est la Jacim-
THE ROMAINE de LinUcOus , et il a fait figurer la plante de
Lapeyrouse sous ce nom, dans les Lillacées de Redouté ; mais
Lapeyrouse persiste , dans sa Flore des Pyrénées , à croire
qu'elle est distincte. On la trouve à foison aux environs de
Cordoue et dans les Pyrénées. Elle se cultive dans les jardins
de Paris, (b.)
BELL] GANT. Nom de la Trigle guhnau. (b.)
BELLIE , Rclliiim. Genre de plantes de la syngénésie po-
lygamie superflue , et de la famille des corymbifères , dont
le caractère consiste en un calice simple , polyphylle, à folioles
égales et ouvertes; en ileurons du disque quadrifidcs et her-
maphrodites , et en demi- Ileurons du bord elliptiques,
échancrés , femelles fertiles, au nombre de dix à douze ; en
semences à aigrettes doiibles , les extérieures octophylles, les
intérieures à huit arêtes.
Ce genre renferme deux espèces, qui sont de petites plantes
à feuilles radicales , à hampes unitiores, annuelles, et venant
naiurelleuient dans les pn'ties méridionales de l'Europe.
L'une , la Bellie bellldioïde , a les hampes nues ; l'autre ,
laBELLlEPETiTEa les hampes feuillécs; elles ressemblejitbeau-
coup à la Pâquerette, (p..)
BELLON, BeUuniu. Genre de plantes de la pentandrie
monogynie et de la famille des rubiacées , dont le caractère
offre un calice d'une seule pièce, persistant, et divisé en cinq
parties ; une corolle monopétale , en roue , partagée en cinq
lobes ovales ()])tus ; cinq élamines à anthères conniventes ;
un ovaire inférieur chargé d'un style en alêne et à stigmate
aigu ; une capsule en toupie , couronnée par le calice , à une
seule loge , renfermant beaucoup de semences.
Ce genre comprend deux arbrisseaux qui croissent aux An-
tilles, et dont les fleurs sont en corymbes dans l'un et soli-
taires dans 1 autre. Leurs feuilles sont opposées , ovales et
plus ou moins dentées. L'un d'eux est épineux et se trouve
figuré pi. 3o de la Flore des Antilles , par Tussac. (b.)
BELLOUGA ou BELLUGE. V. Béluga, (desm.)
374 B E L
BELLOUGA. Nom du grand Esturgeon, (c.)
BELLUGE. Nom de pays du grand Esturgeon, (b.)
BELMUSE. Synonyme d'AsELMOscH. Voyiez Ketmie.
BELO. Arbre des Moluques , dont on distingue trois es-
pèces. Leurs caractères sont imparfaitement connus. On les
appelle aussi buisde pieux. Deux d'entre eux peuvent, à raison
de leur principal usage, appartenir aux Mélicoques ou aux
Pourétie.s , (b.)
BELOÈRE. C'est I'Abutilon à feuilles de peuplier.
(B.) ^
BELON. Le Chevreau s'appelle ainsi dans le midi de
la France, (b.)
BELONE. Nom spécifique d'un Ésoce. Voyez Orphie.
(B-)
BELONE TACHETE. Poisson de la Chine. C'est l'Au-
lostome de Lacépède. (b.)
BELOSTOME, Belusfoma , Lat. Genre d'insectes de
l'ordre des hémiptères , section deshétcroptères, famille des
hvdrocorises ou des punaises d'eau. 11 diffère de celui des
iièpes , dont il a été séparé, par ses quatre tarses postérieurs,
qui ont deux articles distincts, et ses antennes en demi-peigne;
leur second article , ainsi que les suivans , étant prolongés
sur un côte en une dent longue et linéaire.' Le corps est moins
allongé et plus large que dans les nèpes.
Ce genre se compose des nèpes suivantes de Fabricius :
grandis, annulata , nistica. 11 faut y ajouter l'espèce que j'ai dé-
crite sous le nom de iestaceo - pallidum ( Gen. a-usi. et insect. ,
iom. 3, p. i4.5.) (l.)
BELOU. Nom brachmane de I'Églé. (b.)
BELSORY. Nom que I'Ibis porte en Egypte, (v.)
BÉLLTGA. Mammifère de l'ordre des cétacés et du genre
Delphinaptère. V. ce mot, (desm.)
BÉLUGE. On donne ce nom à la Trigle milan , Trigla
lucema . Linn. (b.)
BELUTTA ADECA-MANSJEN. Nom malabar du
Passe-velours argenté, (b.)
BELUTTA AMEL-PODL Arbuste dont la décoction
des feuilles guérit 'de la morsure des serpens. On croit qu'il
est de la famille des Apocinées. (b.)
BELUTTA ARELI. C'est le Laurose des Indes, (b.)
BELUTTA KAKA KODL On croit que c'est un Échite.
(B)
BELUTTA KANELLL Arbre qui a quelques rapports
avec le Caliptrante. (b.)
BEL 375
BELUTTA MODELA MITCU. Espèce du genre Re-
louée, (b.)
BELUTTA ONAPU. Espèce de Balsaotne fort voi-
sine de la Fasciculée. (b.)
BELUTTA POLA TALI. V. Amaryllis d'Asie, (b.)
BELUTTA TSJAMPAKAM. C'est un des arbres qui
portent le nom de Bois de fer, le Naghas. (b.)
BELUTTA TSJOKl-YALLL C'est I'Achit pédiaire.
BELVEDERE. Nom vulcraire de I'Anserine à balais.
(B.)
BELVISIE , Behhid. Genre de fougères introduit par
Mirbel , et dont le caractère consiste à avoir la fructification
en ligne complète de l'un et l'autre côté de la nervure prin-
cipale ; la follicule partant du bord de la feuille et s'ouvrant
du côté de la nervure.
Ce genre , fort voisin des BLECHî^'0^s , renferme quelques
espèces appartenant aux Acrostiques, telle que l'acroi/i^wg
septentrionale. Selon M. Desvaux, il n'est pas dans le cas d'être
adopté ; en conséquence , il a transporté son nom à un autre,
qui avoit été appelé Napoleone, iVû/?o/eoniVz , par Palisot
Beauvois dans sa Flore d'Oware et de Bénin.
Ce.dernier a pour caractère : un calice à cinq divisions ccail-
leuses à leur base ; une corolle double , monopétale , insé-
rée au calice , l'intérieure lacinlée ; cinq étamines à filamens
pétaloïdcs réunis; un ovaire simple, terminé par un sligmate
pelté à cinq angles ; une baie à une seule loge polysperme.
Ce genre ne renferme qu'une espèce , qui est un arbuste
grimpant dont les fleurs sont grandes et d'un bleu éclatant. H
se rapprocbe beaucoup des Passiflores, (b.)
BELYTE , Belyta. Genre d'insectes de l'ordre des hymé-
noptères, section des térébrans, famille des puplvores, tribu
des oxyures , et très - voisin de celui des diapris. Suivant
M. Jurine , il a pour caractères : antennes perfoliées , de
quinze articles \ dont le premier allongé ; mandibules très-
pelites, légèrement bldentées ; une cellule radiale , petite ,
ovale -, point de cellules cubitales. Le corps a la forme de celui
des Diapris , qui sont mieux connues ( V. ce mot. ) ; leur
corselet est guillocbé en-dessus , et se termine postérieure-
ment par deux épines. Le second anneau de leur abdomen est
îrès-grand, et sillonné longitudlnalement.
M. Jurine compose ce genre de deux espèces : l'une , qu'il
appelle bicolor , et qu'il a représentée pi. i/f de son ouvrage
sur les hyménoptères , est noire , avec les antennes , les pieds
et l'abdomen fauves; l'autre est plus petite , a l'abdomen noli
et moins profondéjncnl sillonné, (l.)
SjG B E M
BELZÉBUTH. V. Béelzébuth. (desm.)
BELZOINUM. r. Benjoin. (B.)
B E3IBECID ES, 7?<?/7îim(^«. Famille d'insectes de l'ordre
des hyménoptères, section des portc-aiç^uillon, et composée
des genres bemhex , monedula el stizus ; elle ne forme mainte-
nant qu'une division de la famille des hyménoptères fouisseurs.
V. ces deux articles, (l.)
BEMBEX , Bemhex ., Fab. Genre d'insccles de l'ordre
des hyménoptères , section des porte-aiguillon , famille des
fouisseurs , ayant pour caractères : premier segment du cor-
selet très-court , en forme de rebord transversal , et dont les
deux extrémités n'atteignent point lorigine des ailes ; pieds
de longueur moyenne ; tête, vue en dessus, paroissant trans-
versc ; antennes un peu plus grosses vers leur extrémité ;
labre entièrement saillant , allongé, triangulaire ; mâchoires
el lèvre longues , formant une sorte de trompe fléchie en
dessous ; palpes très-courts ; les maxillaires de quatre articles
et les labiaux de deux.
Parmi les hyménoptères armés d'un aiguillon el fouisseurs,
les bembex el les monédules sont les seuls dont le labre soit
aussi saillant el aussi long. Ils se rapprochent des sphex ou des
f(uéprs-irJinrumoiis quant à leurs habitudes, et des guêpes, sous
le rapport de leurs couleurs dominantes et de quelque simili-
tude de formes ; la tète est triangulaire , comprimée , verti-
cale, de la largeur du corselet, avec les yeux grands, ovales
cl entiers, et trois yeux lisses, disposés en triangle sur le ver-
tex ; leurs antennes sont insérées au devant de la tcte , entre
les yeux , de la longueur environ de la moitié du corps , un
peu coudées ou rejetées en dehors au second article , et gros-
sissent insensiblement vers la pointe , qui est un peu arquée
et comme dentelée dans plusieurs mâles ; leur labre est co-
riace, et se dirige inférieurcment au-dessus delà fausse trompe;
les mandibules sont cornées , étroites, allongées, pointues ,
avec une dent au côté interne ; les mâchoires et la lèvre sont
fortlougues; la lèvre estdiviséeenqualrepièces, dont les deux
latérales sont plus petites, en forme de soie , et dont la mi-
toyenne est bifide ou échancréeaubout;lespalpessontgrèleset
très-courts: on compte quatre articles aux maxillaires et deux
aux labiaux; le corselet est presque cylindrique et tronqué
postérieurement; les ailes supérieures ont une celluh; radiale,
allongée, arrondicàson cxtrémilé, et trois cellules cubitales,
dont la première grande , la seconde plus petite , presque
carrée , ayant une inlicxion à son angle interne , recevant les
deux nervu;-es récurrentes, et dont la troisième éloignée du
bout de l'aile ; l'abdomen a la forme d'un cône allongé, con-
vexe ou arrondi en dessus , plane en dessous , el très-pointw
B E M 377
au bout ; les second et sixième demi-segmens inférieurs ont
souvent, dans les mâles , une saillie en forme de dent ou de
crochet ; Torgane sexuel des mêmes individus est très-grand
et présente, en dehors, l apparence dun aiguillon ; les jambes
et les tarses sont garnis de petites épines ou de cils -, les deux
tarses antérieurs des femelles ont une rangée d'épines plus
longues , ou de petites lames étroites et allongées, disposées
en manière de peigne , et qui leur servent à creuser des trous
profonds dans le sable , et où elles déposent leurs œufs ; elles
y empilent des cadavres de mouches , de bombilles, mais plus
Ï>articulièrement de syrphes , pour la nourriture de leurs
arves. Le painopès incurniit ( pornopes canica ) fait sa ponte
dans le nid du bembex à bec (jvs/rata). On le voit roder autour
dePhabitation et guetter le moment où celui-ci s'en éloignera;
mais le bembex le découvre quelquefois , se met aussitôt à sa
poursuite , fond sur lui et s'efforce de le percer de son dard.
Linsecte parasite se met en boule et lui oppose la peau dure
et très-solide qui protège son corps.
Les bembex ont un vol très-rapide et s^ arrêtent peu sur la
même fleur. Ils font entendre un bourdonnement aigu elcoupé.
On les trouve dans les lieux sablonneux et qui sont exposés au
soleil. Ils commencent à paroitrc, dans notre climat, au mois
de juillet. Le nord de l'Europe n'en fournil quunc ou deux
espèces ; mais les pays chauds des deuxcontinens en donnent
plusieurs, etqui, en général, sont toutes de taille assez grande,
relativement aux insectes du même ordre. Les antennes et le
devant de la tête présentent souvent des différences de taches
ou de couleurs , dans les deux sexes de la même espèce.
Les bembex de Fabricius , propres à l'Amérique, ont six
articles aux palpes maxillaires, et quelques dentelures de plus
aux mandibules ; j'en ai formé un genre sous le nom de Mo-
NÉDULE {voyez ce mot). La réticulation de leurs ailes étant
presque semblable à celle des ailes des bembex , IM. Jurine
conserve ce dernier genre dans son intégrité.
Les deux espèces suivantes sont communes aux environs de
Paris.
BE3IBEX À BEC , Bembex rostvata , Fab. ; f^ovo. Bicl. dllist.
nat. , i.^"^*^ éd. , pi. A. 24 , fig- i ; Panz. , Faun, insecl. Cenn.,
fuse. I , tab. 10 ; le mâle. Long d'environ huit lignes , noir,
avec des bandes transverses , d'un jaune citron sur le dessus
de l'abdomen ; la seconde et les trois suivantes formant deux
arcs danslcurmilieu ; épaulesnoires, bordées de jaune; tarses
sans taches dans les deux sexes ; base des ailes obscure. Le
îîiâle a la totalité du chaperon et le dessous des antennes
jaunes ; le second et le sixième segmens de l'abdomen ont
ciiacun en dessous une dent comprimée , triangulaire et
pointue. Dansla femelle, la base du chaperon et les antennes,
depuis le second article , sont noirs.
Bembex tarsier , Bembex tarsata , Lat, , Gen. cnist. et
iris. , tom. IV, p. 78 ; un peu plus petit , noir ; des bandes d'un
jaune citron sur l'abdomen , comme dans le précédent, mais
rétrécies et droites au milieu ; épaules entièrement jaunes ;
extrémités des quatre premiers articles des deux tarses anté-
rieurs noirâtres. Le mâle a la base du chaperon et les antennes
entièrement noires : le dessous de l'abdomen offre aussi deux
dents ; mais celle du second anneau est beaucoup plus forte.
Son bourdonnement est plus foible et plus aigu. L'insecte a
«ne odeur de rose. J'ai trouvé des bombilles dans son nid.
Voyez y pour quelques autres espèces du midi de la France ,
l'ouvrage ci-dessus et les articles Monédule et Stize. (l.)
BEN AFOULL Variété deRiz très-estimée auBengale.(B.)
BEMBL C'est I'Acore odoraîst. (b.)
BEMBICE , Bembîx. Arbrisseau grimpant, sans vrilles,
à feuilles opposées, pétiolées, cunéiformes, grandes, glabres
et dures ; à fleurs pâles , disposées en grappes presque termi-
nales , lequel forme , selon Loureiro , un genre dans la dé-
candrie trigynie et dans la famille des caryophyllées.
Cegenrc offre pourcaractèrcs:un calice divisé en troispar-
ties ovales, concaves ; une corolle de cinq pétales ovales; dix
étamines , dont cinq alternes plus grandes ; un ovaire supé-
rieur ovale , surmonté de trois styles turbines , oblongs, sil-
lonnés, à stigmates comprimés et émarginés ; unebaic ovale,
petite et triloculaire.
Le hembice croix à la Cochinchine, où on emploie ses feuilles
à couvrir les maisons. Cette couverture est très-légère et dure
fort long-temps, (b.)
BEMBIDION , Bembidion , Lat. ; Orydmmus , Frohl.
Clairv. Genre d'insecfcs de l'ordre des coléoptères , section
despentamères, famille descarnassiers, tribu descarabiques,
et qui a pour caractères : pénultième article despalpes maxil-
laires extérieurs et des labiaux plus grand , renflé , en fonne
de poire ; le dernier de ces palpes très-menu et fort court, ou
en forme d'alêne.
Lès bembidions sont de petits coléoptères qui ont de grands
rapports avec les élaphrcs , et qui fréquentent comme eux les
bords sablonneux des eaux , où ils courent très-vite ; mais ils
en diffèrent par la manière dont leurs palpes sont terminés,
lis ont des antennes filiformes , courtes, et dont le second
article plus petit ; les mandibules avancées , pointues , sans
dentelures ; la languette divisée en trois parties , dont les la^
térales très-petites , et celle du milieu s'qlevant un peu en
pointe .lu milieu de son bord supérieur ; lès veux assez gros ;
B E M 379
le corselet presque en forme de cœur tronqué ; les élytres
entières , et les jambes antérieures échancrées au côté in-
terne.
Leur corps est oblong , luisant , et souvent tacheté ou mou-
cheté , sur les élytres , de jaunâtre. On n'a pas encore ob-
servé leurs métamorphoses.
Ce genre est nombreux. Presque toutes les espèces décrites
jusqu'à ce jour sont d'Europe. Fabricius et Olivier les ont
rangées parmi les élaphres et les carabes.
Bembidioîs pieds jau>'ES , Bemhidionjlaoipes ; élaphre flain-
pcde , Oliv. , Col. , iom. 2 , n." 34 , pi- 1 , fig- 2 > ^•^- Corps
bronzé en dessus , d'un vert noirâtre en dessous ; élytres
marbrées de cuivreux , avec deux points enfoncés sur chaque ,
près de la suture ; palpes , base des antennes et pieds jaunâ-
tres ; corselet un peu plus étroit que la tète , presque aussi
long que large , en forme de cœur tronqué : cette espèce a le
port des élaphres.
Bembidion littoral, Bemhidion littorale, Lat., Gêner, cntst.
etinserd. , tom. i."", iab\ 6 fjig. 10 ; elaphnis nipesliis , Fab. ,
ejiisdem carabus andreœ , Var. Corps d'un bronzé noirâtre ;
corselet un peu plus large que la tête , en forme de cœur tron-
qué , pointillé postérieurement , avec un enfoncement près
des angles latéraux ; étuis à stries ponctuées -, une tache à
leur base , une autre à leur extrémité , et pieds fauves.
Bembidion riverain , Bemhidion riparium. Lat. ; Carahe
riverain, Oliv., ilndem , n." 35 , pLil^^Jî^. 162; corselet
un peu plus large que la tête , en forme de carré arrondi , un
peu plus large que long ; élytres d'un noir brun , avec des
stries pointillées et une tache pâle et transparente à leur extré-
mité ; pieds roussâtres.
Bembidion mélangé , Bemhidion varium , Lat. ; Carabe va-
rié, Oliv. ibid. , n.° 35 , pi. l!^. , fig. i65 , a , b , c , d ; Çara-
bus ustulatus , Fab. Corps bronzé ; corselet un peu plus large
que la tête , avec un enfoncement aux angles postérieurs ;
élytres ayant des stries pointillées , avec plusieurs taches iné-
gales jaunâtres ; pieds noirâtres, (l.)
BEM-CURINL C'est la Caramantine bétoine de
Bheed.
BEM-xSOSL C'est le Gattilieh a trois feuilles, (b.)
BEM PAYEE. On présume que c'est une Momordique. (b.)
BE^l-PUL. V. Tric.ope. (b.)
BEM-SCHETTL C'est I'Ixore écarlate dans l'Inde.
(B.)
BEMTÈRE. V. Tyran bentavço. (s.)
B'EM-TUUMARU. V. Nélumbo a fleurs roses, (b.)
38o BEN
BENA-PATSJA. Nom fie THéliotrope des ï^dès. (b.)
BENARIS ou BENARRIE. Nom vulgaire de TOrto-
LAN , en Languedoc, (v.)
BElSiCARO. C'est le ToNGCHU Balanghas. (b.)
BENDAK. F. Baquois odoraint. (b.)
BENDARLl. Cinq plan tes différentes portent ce nom dan*
Rheed; savoir : le Grevier oriental, le Pothos grimpant,
une espèce de Cussone , et une espèce de Lycopode. (b.)
BEN DE JUDÉE. C'est le Benjoin, (b.)
BENBURU. Fougère de Ce) lan , du genre Ramondie. (b.)
' BENEFEFIGI. Violette odorante en Arabie, (b.)
BENET. Surnom donné an fou , à cause de la stupidité
de cet oiseau. F. Fou. (s.)
BENGALE. Synonyme de Cassumuniar. (b.)
BENG ALL Nom qu'on a imposé à une pelite famille d'oi-
seaux granivores , parce que les premiers qu'on a connu ve-
iioient du Bengale. F. l'article des Fringilles. (v.)
BENGALI ENFLAMMÉ , pi. A. 21 de ceDirt. Cet oi-
seau eist de la taille de la linuUc. Le bec est noirâtre et jaunâtre
à sa base. La couleur générale de son plumage est d'un rouge
bleuâtre éclatant, mais sombre sur le bas-ventre; les pennes
des ailes et de la queue sont noirâtres; celle-ci est cunéiforme;
les pieds de couleur de cbair. F. le genre Fringille. (v.)
BENGL Nom de la Ju.squiame cbez les Arabes, (b.)
BENGIECHEST. Nom arabe du Gatilier. (b.)
BENGIRL Espèce de Glutier de l'Inde, (b.)
]îi:NGUELINH A d'Edwards. C'est la Yengoline. (s.)
BENIAHBOU. F. le Merle Baniaiibou. (v.)
BEN ISS A. Plante de l'Inde , de la famille des cupborbes ,
qui a quelques rapports avec les Ricins, (b.)
BÉNITIER (grand). Coquille bivalve qui acquiert un
très-^ros volume , et dont on se sert pour faire des bénitiers
dans quelques églises. C'est la Tridacne. (b.)
BENITIER, (petit). Coquille du genre Peigne, (b.)
BENITIERS. Famille de mollusques acéphales pourvus
d'une coquille. Elle ne renferme que le genre Tridacne. (b.)
BENJAOY. Synonyme de Benjoin, (b.)
BENJENI. Synonyme de Benjoin, (b.)
BENJOENIL ou BENZOENIL. F. Vanille et Ben-
join, (b.)
BENJOIN. C'est une résine sèche, d'une odeur suave et
pénétrante , surtout lorsqu'on la brûle , qui découle natu-
rellement, ou par incision, d'une espèce d'ALlROUFiER.
Une espèce de Badamier donne une résine fort appro-
chante de celle du benjoin ; on l'appelle /2/j/i; if/?/a//j..
C'est par erreur que Linnteus a donné le nom de benjoin
A.iiA
^>V/ . j
Zfe^ret'e iM .
/? 7!rr,//t'/f r iru/v
/'/</. .>, /x'f' l'/i r/\i'fr//.r
BEN 38.
à un Laurier <îe rAmérîque septentrionale; cet arbuste a
bien l'oileur d'un benjoin ; mais il ne rend jamais de résine
par incision , ainsi que je m'en suis assuré dans le pays.
Le hcnjuln de l'de de Bourbon est fourni par le Résinairk
DE CoMMEHSOX. 11 cst très-rare. (B.)
B£x\ivADALÎ.C'eStleMELASTOMEMARLABATHROÏDE.(B.)
BEN-KALESJAM. Arbre de Tlnde, que, d'après ce
que nous en savons, on ne peut rapportera aucun genre. (b.)
BEN-M\CERJA.Arbre de Tlnde, dont les partiesde la
frucllficalion ne sont point connues, (b.)
B EN , iVor/rt^a. Genre de plantes de la décandrîe mo-
nogynie el de. la famille des légumineuses, qui avoit été
confondu par Linnéeus avec les BoNDucs, mais que Yalh en
a séparé sous le nom d Iiypérunilière. Il offre pour carac-
tères : un calice à cinq divisions ; cinq pétales inégaux insérés
au calice ; dix étamines ; un ovaire supérieur à style fili-
forme, courbé, velu; un légume très-allongé, étranglé, à
trois valves, el renfermant des semences ailées. 11 contient
deux espèces, le Ben oléifère et le Ben arabique.
Les tieurs du Ben oléifère, GuilandUia moringa^ Linn.,
ont, surtout le soir , une odeur douce fort agréable. Sa noix
contient une amande blancbâtre et assez grosse , dout on re-
tire, par expression, une buile inodore, et qui ne rancit
point en vieillissant. Ces deux propriétés font recliercber
cette huile parles parfumeurs, qui l'emploient à retirer et à
conserver Farome des tieurs. Pour cet effet , on prend un
vaisseau de verre ou de terre , large en haut, étroit par le
bas; de petits tamis de crin y sont disposés par étage; sur
ces tamis on met alternativement des lits de fleurs et de
coton fin imbibé X huile de hen. Cette huile se charge de Tes-
prit-recleur des fleurs qui constitue l'odeur. Le même coton
est remis sur de nouvelles fleurs; on exprime ensuite Ihuile
du coton. Nous devons dire que dans le commerce on subs-
titue souvent à \ huile de ben^ celle de sésame.
Les Indiens cultivent cet arbre dans leurs jardins, pour
en vendre les semences. Ils en raclent aussi les racines , et
s'en servent comme du raifort, donr elles ont le goût acre
et piquant. Ils font cuire ses siliques encore vertes et tendres ,
et en font usage pour relever le goût de leurs alimens. Ils pré-
parent des pilules antispasmodiques avec les feuilles, les fruits
et Técorce de la racine.
Cet arbre ne pouvant résister au froid de nos hiv'ers, 'de-
mande à être élevé en serre chaude : on le multiplie de se-
mences. Il est figuré, pi. A. 23 de ce Dictionnaire. On peut,
quand il est jeune , le transplanter d'un pot dans un autre ,
mais cette traxisplajiitalion est difficile ; ses racines étant
382 BEN
grosses , charnues et très-peu fournies de fibres , laissent
échapper la terre avec la plus grande facilité, lorsqu'on n'y
apporte pas beaucoup d'attention. Quand cet accident ar-
rive, les tiges périssent souvent jusqu'à la racine , et quel-
quefois même la plante entière est détruite. Elle veut être
arrosée très-Iégèrenient, surtout dans les temps froids, parce
qu'alors l'humidité la feroit pourir en peu de temps, (d.)
BENNI. Poisson du Nil, observé par Sonnini, et figuré
pi. 27 de son Voyage en Egypte; c'est le cyprlnus bynni de
Forskaël : il diffère peu du harbeuu. {V. au mot Cyprunî.) Il ne
faut pas le confondre avec un autre poisson fig^iré par Bruce,
sous le même nom, mais qui est d'un arutre genre.
Le ùenni de Soûnini devient gros , et sa chair est assez dé-
licate. Le brillant de ses écailles fait soupçonner à ce voya-
geur que c'est le lepidoton^ qui fut honoré dans l'ancienne
Egypte, et qui avoit donné son nom à une ville et à un dis-
Irict. (B.)
BENOÎTE, Geum. Genre de plantes de l'icosaridrie po-
lygynle, et de la famille des rosacées, dont le caractère est :
calice d'aune seule pièce divisé en dix parties dont cinq
alternes plus petites; cinq pétales arrondis et attachés à la
paroi interne du calice ; un grand nombre d'élamines, moins
longues que les pétales , et iiisérées sur le calice ; de nom-
breux ovaires supérieurs, ayant chacun un style latéral long
çt velu; quantité de semences, ramassées en tête, et
terminées par des arêtes longues-, géniculées, crochues à
leur sommet.
Les benoîtes renferment quinze à vingt espèces, la plupart
propres aux montagnes froides de l'Europe. Toutes sont des
herbes vivaces ; leurs feuilles sont ailées , avec une impaire
plus grande et des stipules adnées au pétiole ; leurs fleurs sont
ordinairement peu nombreuses , et portées sur des, pédon-
cules terminaux et axillaires.
Parmi les espèces d' Europe , on doit remarquer la Benoîte
COMMU>'E, Geum urbanum^ Linn. , qui se trouve dans les bois,
le long des haies, et qu'on emploie comme sudorifique , vul-
néraire , astringente , tonique. Elle a été mise en concur-
rence avec le quinquina , et lui a paru quelquefois supérieure.
Elle e^t vivace , et offre pour caractère des fleurs relevées ,
l'arête des semences nue, les feuilles delà tige ternées , et
celles de la racine pinnées et en lyre.
La Benoîte des rivages , Geum rioale^ Linn. , qui a les
fleurs penchées , l'arête des semences velue. Elle se trouve le
long des ruisseaux , dans les bois humides ; elle a les mêmes
propriétés que la précédente.
B E 0 3,«
La Benoîte atsémonoïde constitue aujourd'hui le genre
SiEVERSIE. (b.)
BEN-PALA. Espèce d'EuPHORBE de l'Inde, (b.)
BENSIPONETOS. Nom de la Verge d'or dans le midi
de la France, (b.)
BENTAVEO. K l'artîcle des Tyrans, (v.)
BENTÈQUE, Benteka. C'est un arbre élevé, dont les
feuilles sont alternes , ovales , velues en dessous ; les fleurs
petites, d'un vert blanchâtre, d'une odeur agréable , extrê-
mement nombreuses, disposées sur de longues grappes com-
posées et terminales. Ces Heurs consistent en un calice d'une
seule pièce à cinq dents; en une corolle monopétale à cinq
divisions ; en cinq étamlnes; en un ovaire supérieur, chargé
d'un style droit que termine un stigmate globuleux.
Les fruits sont des baies sèches , oblongues , partagées par
une cloison membraneuse en deux logés , qui contiennent
chacune plusieurs graines ovoïdes , dures , et disposées sur
deux rangs.
Cet arbre croît sur la côte de Malabdr.;ilest toujours vert.
La décoction de ses feuilles passe pour sudorifique. (b.)
BENTIRN TALL Espèce de Liseron.. (b.)
, BEN-TSJAPO. Nom brame de la Zédoaire. (b.)
BEOBOÏRYS , Beobotrys. Genre ^le plantes établi par
Forster, mais qui ne paroît pas différer. du Moese. (b.)
BEOLE , Bœa. Petite plante à feuilles radicales , lan-
céolées, molles , pubescentes, dentées à leur sommet, à
hampes grêles, pubescentes ^ chargées de deux à trois fleurs
bleues Irrégulières.
Chacune de ces fleurs consiste en un calice divisé en cinq
parties presque égales , et velues en dehors ; en une corolle
monopétale , labiée , ayant sa lèvre . supérieure large , ar-
rondie , imparfaitementtrllobéeet relevée; sa lèvre inférieure
réfléchie en arrière et à deux divisions; deux étamlnes , dont
les filamens sont épais et courts ; un ovaire supérieur, chargé
d'un style court que termine un stigmate simple.
Le fruit est une capsule oblohgue , à 4eux loges , qui s'ouvre
en quatre valves.
Ce genre a quelques rapports avec les ÇalcÉolâires , et
encore plus avec les Jovellanes. Cetl'è plante croît sur les
rochers humides du détroit de Magellan , oi^ elle à été ob-
servée par Commerçoh. (b.)
BEON. Synonyme de Bœuf, (b.)
BEON-HOLL Nom provençal de l'effraie, (v.)
BEO-QUEBO. Nom picard du Pic-vert, (v.)
BEORI. C'est le nom qu'on dbnne!aù TÀPlk âansia Nou;
velle-Espagne. (desm.)
384- B E R
BEPOU. r. AviÀ BEPOu. (B.)
BEQUAÏ IGA. r. Bec-figue.
BEQUASSE. Nom ancien de la Bécasse, (s.)
BÉQUEBOIS CENDRÉ. Nom vulgaire de la Sittelle
dans quelques cantons de la France, (s.)
BEQUILLON. Pétales étroits qui se remarquent dans
les Anémones des Jardins, à fleurs doubles, (b.)
BER. C'est le Jujubier, (b.)
BERARDE, Berardia.Vlanlc vivace à racines très- longues ,
à tige très-courte, à feuilles radicales en cœur, cotonneuses ,
un peu dentées ou ondulées à leur base ; à fleurs très-grosses,
solitaires , blanchâtres , qui forme un genre dans la syngéné-
sie polygamie égale, et dans la famille des cynarocéphales.
Ce genre , qui a été connu de Daléchamps, n'a été réelle-
ment établi que parYillars.Il offre pour caractères: un calice,
composé d'écaillés linéaires ; un réceptacle nu, garni de fleu-
rons , tous hermaphrodites ; des semences couvertes d'une
double enveloppe , l'extérieure membraneuse et contiguë à
l'aigrette , qui est sessilc , l'intérieure lisse et cartilagineuse.
La berarde a , par son port , quelques rapports avec les
Onopordes , parmi lesquelles elle a été placée par Allioni ,
et avec les Carunes , par la double enveloppe de ses semen-
ces. Elle se trouve sur les montagnes subalpines des envi-
rons de Grenoble et de Gap. Sa germination offre une sin-
gularité remarquable. Sa plumulc , au lieu de sortir d'entre
ses cotylédons , pousse sur un des cotés , et va sous terre pa-
roître à <leux pouces de dislance, (b.)
BEPtBE de Bosmann. Quadrupède d'Afrique très-vague-
ment indiqué par ce voyageur , et rapporté un peu légère-^
ment, par Buffon , à l'espèce de la Civette Eossane. Son
pelage seroit marqué de bandes foncées comme celui de. la
civette ; sa taille seroit m ' -ndre que celle du chat, et sa tête
beaucoup plus effilée, (desm.)
BERBENA. C'est la Verveine, (b.)
BERBÉRIDÉES. Famille de plantes, dont la fructificjv-
tion est composée d'un calice polyphylle , en nombre déter-
miné ou divisé ; de pétales en même nombre que les folioles
du calice , et leur éla^U souvent opposés , tantôt simples, tantôt
munis à leur base d'un pétale intérieur; d'étamines en nombre
égal à celui des pétales , et opposées à ces parties ; d'anthères
adnées auxfilamens, s'ouvrant par. une petite valve de la base
au sommet ; d'un style unique ou nul , à stigmate presque
toujours simple ; d'un fruit uniloculaire , ordinairement po-
lysperme ; de semences insérées au fond de la loge , à pért-
B E K 38.i
sperme charnu, à embryon droit, à cotylédons planes, à ra-
dicule inférieure.
Celle famille renferme des plantes qui , par la déhisçence
de leurs anthères , présentent un caractère simple , facile it
saisir, et propre à les dlsliiigner de tous les végétaux dicotvlé-
dones , dont la corolle (îst polypctale, et dont les étair.ines
sont hypogynes. Leur tige frutescente ou herbacée , souvent
droite , rarement épineuse, est quehiuefois garnie , dans louîe
sa longueur , de rameaux alternes; les feuilles, «'.ont la situa-
tion est la même que celle des rameaux, sont presque toujours
solitaires, et rarement fasciculées, simples et composées, or-
dinairement nues , quelquefois garnies de stipules ; les fleurs,
ciî général , petites et peu éclatantes , affectent différentes
dispositions.
Dans celle famille, qui est la cinquième de la treizième
classe du Tableau du r€[;iie végéUd , par \ en{enat,*et dont les
caractères sont figurés pi. \l^.., n." .4. du même ouvrage, sont
renfermés les genres suivans: VlîSEïiER, Leomice , EpimÈde
et JÏAM\MELrs. («.)
BEKlîFJAIS. Nom latin du Vi^etier. (s.)
BEUUOUISSET. C'est le Fragon dans le Midi de la
France, (b.)
BERCE, Heradeum. Genre de plantes de la pentandrie
dlgynie, et delà famille des ombe'ilifères, don! les caractères
sontd'avolr lesinvolucres polypliylles, caducs, rarement nuls;
les ombellules planes, portant des Heurs , donl les extérieures
sont beaucoup plus grandes et plus irrégulières que les autres;
cinq pétales inégaux , plus ou moins écl\ancrés, selon la po-
sition de la (leur; cin([ étamines ; un ovaire inférieur chargé
de deux styles courts ; un fruit elliptique , plane , strié , lé-
gèrement échancré au sommet , et formé de deux semences
appliquées l'une contre Tautre.
Les berces sont toutes des plantes vivaces ou bisannuelles ,
la plupart propres à l'Europe , 'P'm?" juables par la largeur
de leurs feuilles ou la grosseur de leurs ombelles. Parmi les
douze espèces connues , on doit remarquer la Berce lraKc-
URSINE , Heradeum spoticlylium , Linn. , la plus comnmne de
toutes , qui croît dans les prés , sur le bord des bois humides .,
et dont les caractères sont d'avoir les feuilles pinnées, les folioles
qulnnées , oblongues , aiguës, dentées. Ses feuilles passent
pour émollientes, et ses graines pour incisives etcarminallves.
Celte plante , dont les feuilles et les racines ont une grancfb
étendue , nuit considérablement aux prairies , lorsqu'elle s'y
multiplie. Pour la délrulre, il suffit de li couper près de terre
au moment de sa floraison , et de la donner aux vaches , qui
i'ainicnt beaucoup. Gomme elle ne vit que deux ans, on l'em-
lU, 25
386 B E R
pèche ainsi de se propager; si on la coupoit plus lot, elle re-r
pousseroit de nouvelles tiges, et on ne remplnoitpas son but.
Les habitâns du nord de l'Europe en tirent un meilleur
parti que nous. Les Polonais et les Lithuaniens font , avec
ses feuilles et sa semence , une boisson qui sert de bière aux
pauvres ; au Kamtschalka , on la regarde comme une des
plantes les plus précieuses pour Ihomme. On trouve à ses
pétioles une saveur douce et agréable ; on les ratisse avec
une coquille ; on les enferme dans un sac , pour déterminer
la production d'une poussière douce , qui est probablement
du sucre. Ce sont les fenunes qui font cette récolte , et elles
la font avec des gants ; car la sève de cette plante est si acre,
qu'elle produit des ampoules sur les mains , et qu'on s'en seft
journellement pour faire mourir les poux. On en tire aussi
de i'eau-de-vie : pour cela , on met une certaine quantité de
ses pétioles dans un vase , qu'on place dans un lieu chaud.
La fermentation s'établit au bout de vingt -quatre heures,
^après qu<»i on distille. La première liqueur qui sort , a la force
de l'eau-de-vie ; on la rectifie pour les riches : le marc sert à
engraisser les bestiaux. Steller observe que cette eau-de-vie
jette dans la mélancolie ceux qui en boivent, surtout lors-
qu'elle est faite avec de la berce qui n'a pas été bien ratissée.
11 suffit d'en boire quelques gouttes, lorsqu'on n'y est pas ha-
bitué , pour être malade ,. avoir des songes affligeans , et une
grande foiblesse. il a vu des personnes, pour avoir bu de Teau
froide le lendemain du jour où elles s'etoient enivrées avec
cette eau- de-vie , retomber dans l'ivresse el éprouver les mêmes
syn^ptonies.
On dit que c'est d'une plante de ce genre qu'on tire , dans
l'Orient , la gomme-résine appelée opupoiiax.
h''opuponax est acre , fort amer , excite des nausées , s'en-
flamme el se dissout en partie dans l'eau : pris intérieure-
ment , il divise les humeurs , dissipe les vents , et purge dou-
temenl. il convient dans les maladies des nerfs , les obstruc-
tions , les suppressions des règles. Exiérieurement , il amollit
les tumeurs, résout les squirrhes, etc. 11 est rare et cher ; c'est
un des iugiédiens de la grande thériaque.
La Berce tubéreuse a les racines composées de plusieurs
bulbes, qui ont souvent six pouces de long sur trois de dia-
mètre. Elle se trouve au Chili , dans les lieux sablonneux. Ses
b|^lbes se mangent cuits sous la cendre ou dans l'eau , et Mo-
lina assuré que leur goilt est fort agréable, (b.)
CEKCEAU DE LA VIERGE. Nom vulgaire de la
Clé.matite. (b.)
RERCKUEYE, Berckhera. Genre de plantes établi par
B E R 387
Sclireber, et qui ne diffère pas deTAcRiPHYLLE de Jussieu ,
de l Apuléie de Osertoer et du Kohrie de Yalil, (a.)
liERCLAN. INoni picard du Canard tadorne, (v.)
BERDA. Nom spécifique d'un Spare. (b.)
EERDIN ou REKLIN. Coquille du genre Patelle, (b.)
B ÈRE AU. C'est le Beher dans le département des Ar-
dennes. Qjs.)
BEREE. (^esl, en Normandie, le Rougè-gorge. (v.)
BERELIE. Synonyme de (]ariobole. (b.)
BERENDAROS. Nom de pays du Basilic, (b.)
BÉRENIX, Berenix. Genre établi par Péron dans la fa-
mille des Méduses , mais depuis réuni aux Équorées du
même auteur, par Lamarck. (b.)
BERGAMOTE. Espèce de Citroknier. (b.)
BERGE. Ce nom se donne ordinairement aux bords es-
carpés des rivières ; mais on l'applique aussi quelquefois aux
rochers à pic qui s'élèvent dans la mer, près des côtes, (s.)
BERGÈRE, Bergera. Arbre de linde à feuilles alternes,
pinnées avec une impaire, à folioles alternes, pétiolées,
rhomboïdalos , dont un des côtés est plus aigu et l'autre den-
telé ; à (leurs disposées en corymbes terminaux, acconipagnes
de bractées lancéolées et persistantes , lequel forme un genre
dans la décandrie monogynie et dans la famille des HespÉ-
RIDEES.
Les caractères de ce genre sont : un calice à cinq divisions;
une corolle de cinq pétales ; dix étamines ; un ovaire surmonté
d'un style à stigmate turbiné ; une baie à deux semences, (c.)
BERGERETTE, BERGERONNETTE. V. Hoche-
queue Jaune et de Printemps, (v.)
BERGFORELLE. Nom du Salmone alpin (b.)
BERGHOLZ,ouBoisDE montagne. V. Asbeste. (pat.)
BERGIE, Bergia. Genre de plantes de la décandrie pen-
tagynie , dont les caractères sont : calice à cinq divisions p er-
sistantes; cinq pétales oblongs, ouverts, et de la longuciir
du calice ; dix étamines ; ovaire supérieur terminé par cinq
styles à stigmates simples; capsule globuleuse à cinq côtes,
à cinq loges, et qui s'ouvre en cinq valves semblables à des
pétales. Chaque loge contient des semences petites et nom-
breuses.
Ce genre contient deux espèces venant de ITnde et du Cap.
Ce sont de petites plantes à tiges simples, à feuilles opposées,
lancéolées, à fleurs verticillees et très-rapprochées. On ne
leur connoït aucune propriété, (b.)
BERGLAX. Poisson du genre Macrourë. (b.)
BERGKIAS. V. Bergkie.
BERGMANITE. Le minéral dont il s'agit, et que
388 B E R
M. Schumacher a décoré du nom de Bcrgmann, n'est encore
connu que d'une manière très-imparfaile ; ce n'est peut-être
même qu'un mélange. Il paroît composé de trois substances
différentes. La première , qui forme le fond de la masse , est
granuleuse et de couleur gris-cendré ; la seconde est en lames
grisâtres et éclatantes, disséminées dans la première; et la
troisième, enfin, est en grains rougeâtres empâtés dans le fond,
et n'est pas de la mèrne nature que lui.
La pesanteur du hergmanite est 2,3; il est assez dur pour
rave:- le verre, et se fond au chalumeau en un émail blanc,
demi-transparent. Un petit fragment présenté à la flamme
d'une bougie , ou placé sur le charbon ardent , blanchit et de-
vient friable.
11 exhale l'odeur argileuse par l'injection de l'haleine.
Son tissu est fibreux et serré ; on dislingue dans la masse
quelques lames plus éclatantes ; mais son éclat général est
gras, et sa cassure un peu Inégale ou écalUeuse : il c»t assez
difficile à casser.
Le bergmanlte a été découvert à Frlederischwern en
!Norvvége , par M. Schumacher, qui l'a décrit le premier. H
est engagé dans un feldspath laminaire jaunâtre ou incarnat,
et quelquefois associé au fettstein. C'est un minéral jusqu'ici
très-rare, (luc.)
BERGSEIFE. V. S. won de, montagne, (pat.)
BERGSNYTRE. Nom d'un poisson du genre LaiîKe ,
Luhnis suillns. (B.)
BER(iUE. C'est I'Ai^ne dans le département de Lot et
Garonne, (b.)
RERGYLTE. Poisson du genre Labre, (b.)
BÉRICHON ouBÉRICHOT. EuAnjou, c'eslleTno-
<;lodvte. (s.)
BERIL, V. Béryl.
BERINGÈNE. C'est la Mélongène. V. au mot Morelle.
BERIS , Beris. Genre d'Insectes , de l'ordre des diptères,
famille des Notacanthes, ayant pour caractères : antenties
presque cylindriques , de trois articles, dont le dernier divisé
transversalement en huit anneaux , sans soie ni stylet ; palpes
Jrès-pelils , ou tout au plus de la longueur de la trompe ;
écusson épineux.
Les héris sont distingués des stratiomes , avec lesquels
Fabrlcius les réunit, parle nombre plus considérable des
anneaux ou des articulations de la dernière pièce de leurs
antennes , qui n'a pas d'ailleurs la forme d'un fuseau , mais
relie d'un cylindre grêle et allongé, se terminant en pointe.
•Ib se rapprochent davantage des xylophages, Ccvu-ci ont le
B E R 38î)
corps elles antennesplus longs, lespalpcsplus grands, etn'ont
poiiilles quatre ou six épinesque 1 on voit àl écusson des Leris.
Ces diptères ont les antennes un peu plus longues que la
têle ; la trompe saillante ; le corps oblong et déprimé; les
ailes couchées sur le corps , avec le point ou le carpe très-
prononcé ; Técusson saillant, arrondi, terminé par des
épines , dont le nombre estcommunément de six -, Tabdomen
très-aplali , ovale , et dont l'exlrémité a , dans les maies , deux
pointes , avec deux crochets courbés en dedans ; les pieds
courts , et le premier article des tarses postérieurs grand ,
surtout dans les mâles. Les yeux de ces individus ont plus
d'étendue que ceux des femelles, et occupent presque toule
la surface de la tête. Les trois petits yeux lisses sont situés ,
dans les deux sexes , sur une petite élévation au milieu du
bord supérieur et postérieur de la tète.
Ces insectes sont petits et paroissent au printemps. Les
uns habitent les bois , et paroissent déposer leurs œufs dans
la carie humide des arbres ; les autres habitent les marais ,
et leurs larves sont probablement aquatiques.
M. Meigen a donné le nom à'ariine (^actitia) à ce genre.
J'ai décrit, dans mon Histoire Naturelle des crustacés et
des insectes, tom. i^., p. 34-0 et 34-1 , les deux espèces que
Ton trouve aux environs de Paris.
L'une, le BÉRis À tarses koirs, Ben's nigri/arsis , est le
straliomys c/ai'7y*«deFabricius(Panz. Faun. insect. Germ. fasc. c).
iab. ig). Son corps est noir, avec Tabdomen et les pieds
d'un jaune roussâtre : elle habite les lieux aquatiques.
L'autre est le BÉRis brillant , Bens nilens , Wicfina cha~
lyhea de Meigen, et dont le straliome à sbo dents (sex dentaia') ,
de Fabricius , n'en diffère peut-être que comme variété. Son
corps est d'un beau vert doré, luisant, avec les pieds jau-
nâtres à leur base et noirs pour le reste. Les ailes sont jau-
nâtres. Je l'ai pris dans la forêt de Saint-Germain.
Ces deux espèces ont six épines à l'écusson. (l.)
BERKIE DU CAP, ou Bergkias. Genre de plantes établi
par Sonnerat. On l'a depuis réuni aux Gaudènes. (b.)
BEPiKOUT. Nom de I'Aigle doré aux environs de
l'Iraïk en Russie, (v.)
BERLE, Sium. Genre de plantes de la pentandrie digynie
etdela famille des ombellifères, dont les caractères sont: om-
belles universelle et partielles, garnies de collerettes de dix
et quatre folioles ; cinq pétales un peu en cœur ; cinq éla-
mincs ; ovaire inférieur chargé de deux styles courts ; finit
ovoïde ou oblong, strié, quelquefois couronné par de petites
dents calicinales, et composé de deux semences appliquées,
l'une contre l'autre.
390 B E R
Ce genre , si on y rëanit celui appelé SisoN par Linnseus ,
ainsi que l'ont fait Lamarck, Jursieu et Ventenat, comprend
une trentaine d espèces, dont la moitié d'Europe, et le reste,
de l'Amérique septentrionale, de la Chine et du Cap de
Bonne- Espérance.
Les principales de ces espèces sont :
La Berle à feuilles larges , dont le caractère est d'avoir
les feuilles pinnées et les ombelles terminales. C'est une plante
vivace qui se trouve dans les fossés pleins d'eau , sur le bord
des étangs, où elle se fait remarquer par son abondance et le
beau vert de ses feuilles. Elle passe pour apéritive et anti-
scorbutique ; mais quelques personnes la regardent comme
vénéneuse : et, en en effet, il paroît qu'elle produit, prin-
cipalement sa racine , des effets dangereux sur l'homme et sur
les animaux, surtout en clé. Il est cependant de fait que les
vaches en mangent sans inconvénient, au printemps, des
quantités très-considérables. J'en ai connu qui l'aimoient
avec tant de fureur, que dès qu'elles éloienl libres elles y
couroieni, et qu'on fut obligé de s'en défaire à cause des
inconvéniens qui étoient la suite de ce goût.
La Berle à feuilles étroites qui a les feuilles pinnées ,
les ombelles axillaires, pédonculées , et l'involucre universel
pinné. Elle se trouve dans les mêmes lieux que la précédente,
et possède les mêmes qualités.
La Berle des potagers, ou le Che^x is ^ Sinm sisanim,
Linn. , dont le caractère est d'avoir les feuilles pinnées à la
base et ternées au sommet. Elle est originaire de la Chine et
du Japon , où elle est célèbre sous le nom de NiîSSiN. On la
cultive dans les jardîHs en Europe, pour ses racines que l'on
mange comme celles du céleri. Elles passent pour vulnéraires
et apéritives. Boerhaave les regardoit comme le meilleur re-
mède qu'on pût employer contre le crachement et le pisse-
ment de sang. Margraff en a retiré du sucre.
Cette plante exige un sol trés-défoncé et léger ; elle se
sème à la volée ou en rayons ; elle demande à être arrosée
souvent, et n'aime point la transplantation. Elle monte en
graine dès la première année : aussi il faut avoir soin d'en
couper les tiges à mesure qu'elles se développent , si on veut
en conserver pour l'hiver. Il est des cantons en France où
l'on voit beaucoup de chetvis ; aux environs de Paris il passe
pour fade.
La Berle aromatique , Sison amomum , Linn. , qui a ïei
feuilles pinnées; les ombelles droites, au nombre de quatre
à six. Elle se trouve , comme les deux premières , dans le
voisinage des eaux; mais elle est beaucoup plus rare. Ses se-
B E R 3g,
menées sont brunes et ont une odeur aromatique , ainsi que
ses racines qui passent pour cannlnalives et <liurétiques.
La Berle faucilliere , Sium falcaria , Lion. On ne cite
cette espèce qu'à cause de son aspect singulier. On la trouve
dans les lieux Incultes et pierreux. Elle séléve plus que les
autres. Ses caractères sont d'avoir les folioles des feuilles in-
férieures linéaires, longues, finement dentées en leurs bords ;
la terminale souvent trifide. (b.)
BERMUDIENNE, Sisymu-hium. Genre de plantes de la
monadelphie triandrie , et de la famille des iridées, dont les ca-
rarlères consistent en une fleur de sixpétales, ovales, oblongs;
trois étamines réunies en un ovaire oblong, d'où s'élève, à
travers la gaîne des étamines , un style terminé par un stig-
mate trifide ; en une capsule ovale , trigone , divisée en trois
loges qui renferment deux rangées de semences , et (jui s'ou-
vrent en trois valves. Ces fleurs sortent de deux écailles spa-
tulacées , oblongues , plissées , dont l'une enveloppe l'autre.
Elles sont terminales ou axillaires , peu nombreuses, et se
développent les unes après les autres, une par jour.
Les espèces de ce genre, qui sont au nombre de dix à douze,
sont fort peu différentes les unes des autres. Elles ont toutes
des racines fibreuses, des tiges comprimées (ougladiées), ra-
meuses , des feuilles plus ou moins linéaires , engaînées à
leur base les unes dans les autres , comme celles des iris.
Elles viennent de l'Amérique ou du Cap de Bonne-Espé-
rance. J'ai vu dans son pays natal l'espèce la plus connue ,
la Bermudienne graminÉE, Sisyrincliium henmidiana ^ Linn.
Elle forme dans les terrains humectés pendant 1 hiver, et secs
pendant lété , des gazons qui sont extrêmement élëgans lors-
qu'elle est en fleur, mais que les bestiaux ne mangent point.
Ses fleurs sont bleues et ont les pétales nriucronés.
La BermudienTsE bulbeuse a les tiges rameuses et la ra-
cine bulbeuse. Elle croît au Chili , et est figurée sous le nom
à'illinu dans le Voyage de Feuillée. Ses bulbes cuites sont
dun goût exquis, au rapport de Moiina.
LaBERMUDiENNE ENS1FEUILLE, décrite et figurée par Smith,
a les fleurs très-grandes et disposées en épis. On la cultive
dans les jardins de Paris. Son aspect semble l'éloigner de ce
genre.
Les BERMUiiiETWES STRIÉE, NORTHiQUE et quelques autres
entrent aujourd'hui dans le genre Marique. (b.)
BERNACHE. V. Oie bernache. (v.)
BERNA CHE. Nom vulgaire de TAnatife lisse, (b.)
BERNACLE. C'est la hemache dans Clusius et dans les
T^saclions philosophiques. V. Oie p.erîsachc. (s.)
392 B E R
BEPvNAGE. Mélange de graines céréales et de graines
Icfgumineuses , qui se sème en automne , pour donner du
fourrage au printemps, (b.)
BERNARD L HERMITE. Nom vulgaire des Pagures.
(B.)
BERNARDET. Nom vulgaire du Squale hujiaîstin.
BERNARDIE , Bemardia. Genre de plantes établi par
Houston. 11 a élé réuni aux Adélies par Linnseus. Il vient
d'être recréé de nouveau par Willdenow, sous le nom de
BoRYE , et par Poiret, sous celui de Forestière, (b.)
BERNICLE. On donne ce nom aux Patelles, à l'Ile-
de-France, (ij.)
BERGE , Bcroe. Genre de vers marins, de la classe des
Radi AIRES, dont le caractère est d'avoir le corps libre , géla-
tineux, ovale ou globuleux, garni extérieurement de côtes
longiludinalos, ciliées, avec une ouverture ronde à la base ,
servant de bouche.
Les animaux de ce genre furent d'abord placés par Lin-
nœus , avec les \oLVocES , vers infusoires de même forme ,
^•nsuile réimis aux Mp:duses , desquelles ils se rapprochent
davantage ; mais Bruguières en a fait, et avcjc juste raison, un
genre particulier.
Ces -animaux ont une organisation des plus simples et des
plus délicates ; ils se résolvent en eau pour peu qu'on les
blesse , et on ne peut les toucber sans les blesser. Ils sont
émineumient phosphoriques , se nourrissent sans doute des
animalcules qu'ils absorbent , avec l'eau, dans leurs inspira-
tions, et nagent dans la mer par des mouvemens combinés
de rotation , de contraction et de dilatation. J'en ai vu des
millions que je dislinguois à peine , pendant le jour , de l'eau
dans laquelle ils vivoient, à raison de leur transparence; mais
qui me procuroient , dans les nuits chaudes et calmes, uu
spectacle des plus brillans. Ils scmbloient alors des globes de
feu qui rouloient sur la surface de la mer. Ils répandent d'au-
tant plus de lumière , qu'ils nagent plus rapidement ; leurs
cules en fournissent toujours plus que leur corps.
On ne connoit pas encore la manière dont les béroe's se
propagent ; mais il paroît que leur multiplication est facile
et prompte , car on en voit dans la mer de toute grandeur,
depuis une ligne jusqu'à près dun demi-pied de diamètre. Ils
servent de nourriture à un grand nombre de poissons; les
baleines mêmes ne les dédaignent point; elles en font, dit-on,
une énorme consommation.
Bruguières observe qu'il est très-remarquable que les />(?ro<%
vivont é£;.>lement sous le cercle polaire et sous Téqualil^i-,
B F. R 393
cVst une particularité qu'ils partagent avec les vers infu-
soires.
Il est très-difficile de conserver les hèroés pour les collec-
tions. Le moyen d'y parvenir, est de les mettre d.jns un es-
S)ril-de-vin affoibli , que l'on change deux à trois fois de suite.
I est égalemetit très-difficile de les étudier sur le vivant ; car
on ne peut les garder en vie une journée entière dans l'eau
de mer , lorsqu'elle est renfermée dans un vase.
Les cirrhes du corps des /'('/•o« doivent être distingués de leur»
tentacules ; les premiers ne sont pas susceptibles de contrac-
tion ; ils paroissent bornés à faire la fonction de rames.
On ne connoit encore que trois espères de Mo<?a', dans
nos mers ; c'est le Béroé ovale , qu'on peut voir figuré
pi. A. 28. Une autre espèce , qu'on voit également figu-
rée dans la même planche , est remarquable , en ce que
deux de ses cirrhes sont démesurément longs, (b.)
BERSAUSAN. Nom arabe du Cxpillaire de Montpel-
lier. V. DORVDILLE. (b.)
BERSCHIK. C'est, chez les Calmouks, le Diptérodon
APRON. (b.)
BERSTLING. La Perche se nomme ainsi en Allema-
gne, (b.)
B ERTA. Nom piémontais de la Pie. (v.)
B ERTAVELA d'OUSTA. Nom de la Bartavelle dans
le Piémont, (v.)
BERTAVELA. Berta della LANGA.Nom piémontais de
la Perdrix rouge, (v.)
BERTHE ou BAITRE. On nomme ainsi le grèbe dans le
département de l'Ain, où cet oiseau n'est pas commun. (V.)
BERTHIÈRE, Bertlnera. Genre de plantes de la pen-
tandrie monogynie , et de la famille des rubiacées , dont les
caractères consistent en un calice turbiné à cinq dents ; une
corolle tubuleuse , à orifice velu , à limbe quinquéfide; cinq
étamines à anthères presque sessiles; un ovaire supérieur,
à style simple , surmonté d un stigmate bifide ; une baie cou-
ronnée , à deux loges.
Ce genre renferme deux arbrisseaux de Cayenne, dont les
feuilles sont ovales, lancéolées, opposées, et les fleurs dispo-
sées en grappes tern.inales, munies de petites bractées. L'un
a la tige glabre, et Tautre l'a velue. Ils se rapprochent beau-
coup des HiGGINSIES.
Le genre Zaluzania de Commerson a été réuni à celui-ci.
(b.)
BERTHOLLETIE, BerihoîMa. Grand arbre du Bré-
sil qui, selon Humboîdt et Bonpland, constitue un genre dont
les ffuiis seuls sonl counus.
394- B E S
Ces fruits sont des drupes spheriques de la grosseur de la
tête, divisées en quatre loges, contenant cliacune six à huit
noix evcellentps à manger, et dont on relire abondamment
une huile très-propre à brûler.
l On fait un grand commerce de ces noix; mais elles se
'rancissenf irès-j»romplement. (b.)
BÈRTO:\>^E\U. C'est un des noms du Turbot, (b.)
BERTOU. Nom du Geai dans dés cantons du Piémont.
BFK\ ISCH. Les Hollandais donnent ce nom à la Cy-
CIOPTFÎ^E LOMPE. (B.)
BÎ'.UYL. Ondonnequelquefois, dans le commerce, le nom
de Ijeryl ou iS! algue- marine uiicntale ^ à une aigue-marine d'un
beau bleu, sans m<';lange de vert; ïai^iie-manne ocridentxile
offre un mélange de vert et de bleu. V. Aigue-m VRINE et ÉmÉ-
RAurE. Certaines variélés de quarz et de topaze ont aussi été
nommées Béryls.
Béryl feuilleté. M. Sage a donné ce nom au minéral que
Saussure désigne sous celuide5«/?yDare,et que M.Haiiy appelle
dls'Jiène. V. ce mot.
Béryl de Saxe. V. Acustite.
Béryl schorlacé ou scuorlifoeme , Srhorlarliger Be-
ryU^ Werner. C'est un des noms du minéral connu d'abord
sous la désignation de srhurl Llanr d'Alicml/erg et de leucolilhe ^
puis ensuite sous celle de pyaùte , et que M.« Hauy place
actuellement parmi les variétés de la topaze. V. Silice fluatée
alumineuse. (luc.)
BERYTE, Berytiis. Genre d'insectes deFabricius, et le
même que celui que nous nommons NÈlBE. V. ce mot. (l.)
BESCHE-BOIS ou BECQUE-BOIS. Nom vulgaire du
PiC-VERT. (V.)
BESCHENAJARYBA. Nom russe de fa Clupée alose.
(B.)
BESENGE ou BEZENGE. C'est, enProvence, la grosse
Mésange, (s.)
BESLMEME. Nom donné par Necker aux corps repro-
ducteurs des plantes qui ne présentent ni élamines , ni pistil.
Il est donc synonyme d'OvuLE et de Bourgeon sémini-
FORME. (b.)
BESLERE, Besh'ria. Genre de plantes de la didynamie an-
giosperinle, et de la famille des personnées, dont, les carac-
tères prést-nlent un calice divisé en cinq parties inégales; une
torolle nionopélale , à tube ventru , à limbe divisé en cinq
parties inégab^.s et arrondies; quatre élamines, dont deux plus
grandes, iosérCv.':. à la base delà corolle; un ovaire supé-
15 F, T S95
rieur, globuleux, porté sur un disque charau, qui se pro-
longe un peu d'un côte , et est surmonté d'un style , dont le
stigmate est épais , obtus , ou légèrement bifide ; une baie
presque spbérique , qui contient beaucoup de semences.
Les espèces de ce genre , au nombre de sept à buit , sont
toutes propres à TAmérique méridionale. Ce sont des arbris-
seaux à feuilles opposées, à fleurs en bouquets axillaires. Les
baies d'une espèce, la Beslère incarnate, dont les ca-
ractères sont d'avoir les feuilles ovales, crénelées, velues
des deux côtés , et qui croît à la Guyane , sont acides et
bonnes à manger. Les baies dune autre , la Beslère vio-
lette , dont le caractère est d'avoir la tige grimpante, les
feuilles ovales, aiguës et très-entières, les fleurs en épis,
et qui vient du même pays, seM aux habitans à teindre leurs,
étoffî's de coton en violet. •
Une hesVere a servi à éfablir le genre Cyrtandre. (b.)
BESOLVT. Espèce de Corégone. (b.)
BESONS. Nom du <://fiVfo« en Provence, (s.)
B ESS \. Synonyme de Yesce. (b.)
BESSl. C'est un grand arbre, dont les feuilles sont al-
ternes, ailées , sans impaire , et composées de deux ou trois
couples de folioles ovales et entières, les fleurs jaunes et
eu grappes terminales. Ces fleurs ont cinq pétales , dont
quatre sont arrondis et le cinquièirie oblong et obtus; dix
étaniines , dont trois sont beaucoup plus longues que les au-
tres et que les pétales ; un ovaire supérieur, conique, qui se
termine par un style filiforme.
Les fruits sont des gousses aplaties , longues de près d'ua
pied, et qui renferment quatre à six semences.
Le hesd forme le principal et le meilleur des bois de char-
pente des Moluques; il. sert aussi à faire de très-jolis meu-
bles. Lorsqu'on entame la substance de cet arbre un peu pro-
fondément, il eu découle un suc d'un rouge de sang, très-vif,
qui fait sur le linge des tacbes presque ineffaçables, (fi.)
BESTEG ou BESTIEG. Nom que quelques mineurs al-
lemands donnent à des veines de terre argileuse ou de rorhe
pourie , qu'ils regardent comme un indice de filons mé-
talliques. V. FiLOîss. (pat.)
BESTIAL ou BESTIAUX. T. Bétail, (desm.)
BESTRA3L Nom brame d'wne espèce d'ANTiDESME. (b.)
BETAIL. On comprend sous ce nom, en économie ru-
rale , tous les quadrupèdes domestiques dont nous nous ser-
vons pour cultiver les terres et pour notre nourriture. Le
hrlail se divise en hêles rheoaïines, ce sont les r/?^i'a?7.T, les mu-
lets y les àucs; en hèles à ccmes^ ce sont les laufs et les vaches;
396 B E T
et en bêles à laîme^ c'est-à-dire , les mouiunset les chèvres. Il y
a encore le cochon, (s.)
BETAULE. C'est la même chose que le beurre de ham-
bùuc, c'est-à-dire , une huile concrète que l'on tire du fruit
d'un arbre d'Afrique, qui n'est qu imparfaitement connu
des botanistes , quoiqu'il ait été figuré par Mungo-Park dans
la relation de son voyage. F. Illipé. (s.)
BÈTE ADIEU. F. Coccinelle, (l.)
BÈTE A FEU. F. Lampyre et Taupiî^. (l.)
BÈTE A LA GRANDE DENT. F. Morse, (desm.)
BETE DE LA MORT. Nom vulgaire des chouettes, et
parliçulièremenl de la Fresaie. (v.)
BETE FRIANDE. Fausse interprétation donnée par
Thevet du mot brasilien siirigeviou ., d'où Buffon a tiré le
nom de la Loutre saricovienne. Cette expression est cor-
rompue de Sarigonerembiou , qui veut dire aliment ou manger
des Sarlgones , Indiens non soumis des bords de la rivière
du P.Traguay. (s. et desm.)
BETE (grande). Les anciens voyageurs espagnols et
portugais ont désigné , par cette dénomination , le Tapir ;
mais la plupart ont mêlé de particularités fabuleuses la
description qu'ils prétendoient donner de ce mammifère.
Le P. Gumilla , par exemple , dit que la grande bête coupe
aisément les arbres avec un gros os qui lui sort entre les
deux yeux {orinoc. i/hdrad). L'on voit que l'imagination du
jésuite preloit faussement au tapir la corne du rhinocéros.
BETE NOIRE DES BOULANGERS. F. Blaps et
Ténébrion. (l.)
BÈTE PUANTE. F. Moufette, (s.)
BÉTEL ou TEMBOUL, Piper hetel. On donne ce nom
à une plante du genre Poivre (F. ce mot), qui rampe et
grimpe comme le lierre., et dont les feuilles sont assez sem-
blables à celles du citronnier., quoique plus longues et plus
étroites à l'extrémité ; elles ont, comme celles du plantain ,
de petites côtes longitudinales.
Celle plante croît dans toutes les Indes orientales ,
surtout sur les bords de la mer. Elle a besoin d'appai
comme la vigne , et on la cultive de même. Les Indiens
en mâchent continuellement les feuilles pour parfumer leur
haleine ; et comme elles soni amères, ils en corrigent 1 a-
merlume en les mêlant avec de l'arec et un peu de chaux.
On ne peut se présenter chez personne sans avoir mâché
du bétel., et on n'oseroit parler à un homme élevé en dignité ,
si l'on n'en avoil la bouche parfumée. Les femmes, et surtout
les femmes galantes , eu fout un grand usage , et le regardent
B E T 3^7
comme un puissant attrait pour l'amour. On prend du bétd
aprèf le repas, pourôterrodcur des viandes ; on le mâche tant
que durent les visites ; on en tient à sa main ; on s'en présente
lorsqu'on se salue ; et l'on ne se quitte point, pour quelque
temps, sans se faire présent de hétel^ qu'on offre alors daus
une bourse de soie. {Extr. de Vanc. Encyd.').
G est par erreur que Ijinn-neus a donné le nom de hélel It
une espèce de Strxmoink. F. ce mot. (d.)
BETES ou BRUTES. Si nous ne voulions pas compter
notre âme, je ne sais pas ce qui nous dislingueroit de la brute.
Les philosophes qui ont voulu examiner la nature des ani-
maux, se sont trouvés embarrassés pour établir les limites
entre la matière et rintelligence , le corps et Tesprit, la béte
et Thomme. Les Cartésiens ont refusé toute espèce d'âme y
de sensibilité aux animaux, et les ont regardés comme de
purs automates: mais l'évidence crie contre celle décision ;
elle nous montre la béte capable de douleur, de plaisir, d'at-
tachement, d instinct , et d un certain degré de connoissance.
( V. Ame des bètes.) Buffon n'accorde guère aux bétes que
les facultés de T Instinct. ( F. ce mot.) Nous voyons ce-
pendant qu'elles ont une espèce de raisonnement dans beau-
coup de circonstances; et Condillac n'a pas balancé à leur
accorder quelque raison. Mais on lui demandera : quelle dif-
férence établissez-vous entre 1 homme et la brute i' n'est-ellt;
que du plus au moins ? Sa réponse à cette objection est un
subterfuge visible. (.Traité (ks Animaux ^ chap. iv, vers la fia. )
Quand on veut examiner la nature intime de l'animal ,
considéré sous le point de vue moral, il faut se dépouiller de
tous ses préjugés , et commencer par un doute universel. En
mettant à part 1 intérêt de la religion , ou plutôt l'orgueil de
l'espèce humaine , et en approchant de cette étude avec le
désir sincère de connoître la vérité , sans s'agréger d'avance
à un système philosophique , on pourra parvenir à quelque
connoissance importante. Mais il est peu d'hommes que celte
étude n'éblouisse, ou même n'épouvante quelquefois, lors-
qu'il ne s'est point affermi d'abord. \
Il me semble que nous devons nous défier également de
deux opinions extrêmes , celle qui regarde la brute comme
un simple automate, et celle qui nous assiuille à elle ; mais
la difficulté principale consiste à tracer les limites précises
auxquelles on doit s'arrêter. D'ailleurs, les animaux ont dif-
férens degrés de connoissances , selon leur conformation et
leurs espèces. Mais je crois que l'instinct est également puis-
sant dans- tous, quoique les uns en montrent plus que les
autres. L'instinct n'est pas susceptible de plus ou de moins
<lans les mêines espèces, car il résulte de la conformation.
398 B E T
et il est inné ; ce n'est pas une connoissance , mais un senti-
ment nOM raisonne , coiiune le besoin de manger, i» désir
d'engendrer, 1 altachenieut des mères pour leurs petits ,
rindustrie mécanique des abeilles, etc. (^ f^> le mot .^Mr.iAL )
La counoisscince , au contraire , est londée sur la percv,p-
tion, la mémoire et le ju^.'iiu'ut. Son siège est daui ie cer-
veau , tandis que 1 instiuci est une lacullé vitale qui se irouve
dans toutes les parties du corps anime. Jf uisque ia connois-
sance est fondée sur le rapport des sens ei sur la compa-
raison des idées , elle n a iicu que dans les org:mes des sens
et du cerveau. Les animaux sans cerveau ne peuvent donc
pas avoir des connoissances et du raisonnement, mais seule-
ment de 1 instinct.
11 n y a donc que les animaux à double système nerveux
qui aient des connoissances d'acquisition et une sorte de rai-
sonnement. Leur degré d intelligence est d'autant plus élevé ,
qu'ils sont plus voisins de l'homme dans léchelie des corps
organisés. Ainsi, les facultés morales augmentent sensible-
ment depuis les poissons aux reptiles, de ceux-ci aux céta-
cés , ensuite aux oiseaux et enfin aux quadrupèdes. On trouve
même des diiTércncos remarquables entre ces derniers. Les
quadrupèdes aquatiques sont plus stupides que les ruminans,
ceux-ci le sont plus que les rongeurs, qui sont inférieurs, en
général, aux carnivores , ceu.x-ci aux singes ; et enfin les
singes et même l'orang-outang sont encore excessivement
au-dessous de riiomme le moins éclairé.
Cependant l'homme est sujet à descendre presque au rang
de la brute, en perdant ia raison, il est certain que 1 état
d'imbécillité, le crélinisme , diverses maladies, l'excès de
l'ivresse , l'opium , otent l'usage de la raison à l'homme , mais
ne le privent pas de son àme. r. l'article Instinct, (mrjlv.)
BETES. Expression dont se serveTit les chasseurs pour
distinguer les quadrupèdes de nospays. Les betes fauves sont
les cerfs ^ les dainis et les chei>ieuits; les bétes noires sont les
sangliers; et les BETES rousses ou carnassières sont le luup^ le
rent/nl, le blaireau , le putois, etc. (s.)
BÈÏES A C()K^^ES. Ou appelle ainsi les animaux du
genre du bœuf, (desm.)
BÈTES A LAliSÉ. On donne ce nom aux diverse,
races de moutons. (DE^M.)
BETES A POIL. On désigne sous ce nom les chèvres ,
les boucs, les chevreaux ou les chevrettes , les verrats, les co-
chons , les traies et les cochons de lait. (DEsm.)
BÈTES ASINES. {Agiicullure.^ L'âne, l'ànesse, l'ànon
mâle ou femelle, (desm.)
BÈTES BOVIDES. Ce sont le taureau, le bœuf, la
^^^■' 399
yache, ia génisse, le veau, le buffle entier ou châtré, la
bulïlesse , le buftlon et la bufflone.
BÊTES CHEVALINES. Dans plusieurs ouvrages sur
Tagriculture , on appelle de ce nom commun , le cheval en-
tier, le cheval hongre , la jument, le poulain et la pouliche ;
l'âne, Tânesse et Tànon ; le mulet, la mule et le muleton.
(des M.)
BETES OVINES. Le bélier , le mouton , la brebis ,
Tagnepu et Tagnelette. (DESM.)
BETES ROUGES. Des voyageurs appellent ainsi un
insecte du genre Acarus de Linnopus , qui incommode beau-
coup les habitans des iles de l'Amérique. Cette espèce de
chique est d'une belle couleur rouge , luisante , et de la gros-
seur d'une pointe d'épingle. On la trouve en grande quantité
sur la terre nue, lesplr.ntes, et surtout dans les prairies et
les savanes. On y est assailli par ces petits animaux qui sui-
vent tout le corps jusqu'à la tête , et dont les piqAres excitent
des démangeaisons cuisantes ; si on se gratte, il en résulte
souvent des ulcères dangereu.t et longs à guérir. Ces insectes
malfaisans tourmentent aussi les animaux : on s'en délivre
avec de l'eau, dans laquelle on a répandu du jus de citron ,
de Teau-de-vie ou du tafia. Il paroîlroit qu'ils n'habitent point
les bois. V. Mite et-TiQUE. (l.)
BETHYLE. Nom grec d'un oiseau inconnu , que M. Cu-
vier a imposé à une division de sa famille des oiseaux dcnti-
rosfres , laquelle correspond à mon genre Pillurion. V. ce
mot. (v.)
BÉTHYLE. F. BETTHYLE.
BETINA. C'est le Chétodon cornu, (b.)
BETIS. Arbre des Philippines , qui paroît appartenir aux
sapotilliers , et dont le bois passe pour exciter l'eternuement
et chasser les vers, (b.)
BÉTOINE, Belonka. Genre de plantes de la didynamie
gymnospermie, et de la famille des labiées, dont les caractères
consistent en un calice d'une seule pièce, tobulé, persistant,
à bord divisé en cinq dents aiguës ; une corolle monopétale,
à tube cylindrique ou en entonnoir, et à limbe partagé en
deuxlèvres , la supérieure droite et presque plane, Tinférienre
plus large et à trois lobes , dont celui du milieu est un peu
échancré ; quatre étamines , dont deux plus longues que les
autres; un ovaire supérieur, partagé en quatre parties , du
milieu duquel s'élève un style .filiforme , terminé par un
stigmate fendu en deux ; un fruit couiposé de quatre semences
nues , ovoïdes , situées au fond du calice.
Les béloinei sont des plantes propres à l'Europe et à la
/,oo B -E T
Turquie asiatique. Leurs feuilles sont souvent simples , oppo-
sées , la plupart radicales , et leurs fleurs disposées en ver-
licilles sur des épis terminaux. On en compte une dixaine
d'espèces , dont la plus connue est la Bétoine officinaï.e ,
qui a Tépi interrompu , la lèvre supérieure entière , la divi-
sion intermédiaire de la lèvre inférieure émarginée,le calice
glabre. Cette plante croît dans tous les bois secs et les lieux
ombragés. Elle passe pour céphalique , apéritive, vulnéraire
et sternutatoire. Sa décoction est utile dans les maladies de
la tête , lengourdlssement des membres, la sciatique et la
goutte. Elle répand, lorsqu'il fait cbaud , des émanations qui
agissent fortement sur les personnes nerveuses. On ne doit
en faire usage qu'avec beaucoup de prudence, (b.)
BÉTOINE D'EAU. V. Scrophulaire aquatique, (b.)
BÉTOINE DES MONTAGjNES. C'est le Doronic et
TArniquie. (b.)
BETOIRS. Trous creusés d'espace en espace dans les
campagnes , pour servir à l'écoulement des eaux stagnantes
et autres, et les perdre dans les terres, (s.)
BETONICA. On a donné ce nom à des Véroniques ,
à des ScROPHULAiRES, à des Œillets et à des Stachides.
BETRE. Synonyme de Bétel. F. Poivre, (b.)
BETTE , Be/a. (àenre de plantes de la pentandrie digy-
nie, et de la famille des clienopodées, dont les caractères sont :
un calice persistant , divisé profondément en cinq pièces ;
point de corolle ; cinq étamines courtes ; un ovaire à demi-
enfoncé dans la base du calice , surmonté de deux styles fort
courts , que terminent des stigmates simples et aigus ; une
semence rcniforme , renferm.ée dans la substance de la base
du calice , qui lui tient lieu de capsule.
Ce genre confient quatre espèces, dont l'une, la Bette
vulgaire , est très-connue dans ses deux principales variétés,,
sous le nom de belterave et de poiree. La hetterm^e se reconnoit
à sa racine fusiforme , à ses feuilles radicales ovales, et à ses
fleurs réunies en petits paquets.
Les parties méridionales de l'Europe paroissent être le
pays originaire de la betlera^'e ; mais on ne la retrouve plus
dans l'état sauvage. On la cultive depuis plusieurs siècles
pour la nourriture de l'homme. Olivier de Serres est le pre-
mier de nos agronomes qui en ait parlé , et il n'en dit qu'un
mot. Depuis lui , elle a successivement pris de la faveur , et
en ce moment elle est d une importance majeure aux yeux des
amis de la prospérité de 1 Europe. D abord, on n'a con-
nu que la rouge ; ensuite , que la rouge et la jaune : puis
des sous-variétés de saveur , de précocité , de grosseur de
B E T , 4ot
Tune et de Taulre , et des sous-variétés qui tiennent k toutes
ies deux , parmi lesquelles celle appelée racine de disette , a
long-temps été préconisée à raison de sa grosseur et de la
facilité de sa culture. En ce moment , il y en a peut-être plus
de vingt variétés citées dans les ouvrages allemands et fran-
çais, et si on continue à la cultiver avec autant de soin qu on
l'a fait dans ces dernières années, elles s'élèveront peut-être
à cinquante ; car il suffit d'en chercher pour en trouver.
Aujourd'hui, on doit considérer la betterave sous quatre
rapports d'utilité : pour la nourriture de l'homme, pour celle
des bestiaux, pour extraire du sucre de ses racines, et de la
potasse de ses feuilles et de ses tiges.
Relativement à la nourriture de l'homme , la culture de la
hctteraoe est peu étendue, et, excepté autour des grandes villes,
n'est pas dans le cas de sortir de l'enceinte des jardins ;
il s'en faut beaucoup qu'elle soit en France au point où
il seroit bon qu'elle fut. Quand on considère l'excellence et
l'abondance de la subsistance qu'elle fournit, ainsi que la
. facilité de sa culture , on a lieu de regretter que tant de cul-
tivateurs pauvres se dispensent d'en semer pour leur usage.
En effet , il est des départemens entiers où ils ne la connois-
sent nullement.
La culture de la betterave dans les jardins s'exécute de deu\
manières : ou on la sème en planche, ou on la sème en
plants à une exposition chaude , pour la repiquer.
Comme plante à racines pivotantes , la betterave exige un
sol bien ameubli. Elle acquiert plus de grosseur dans les
terres humides et fumées ; mais c'est aux dépens de sa sa-
veur; on doit donc la placer de préférence dans les terrains
secs et se dispenser de lui donner des engrais. Ainsi , au
commencement d'avril , dans le climat de Paris , c'est-à-
dire après que les gelées ne sont plus à craindre , car son
jeune plant y est très-sensible , on sème la betterave à deux
ou trois pouces de distance , sait à la volée , soit en rayon ,
en pépinière , dans une planche à l'exposition du midi ;
à la fin du même mois, on la sème en place, également à la
volée ou en rayons , à la distance de deux pieds. Dans ces
deux cas , on donne un binage lorsque le plant a acquis
quatre à cinq feuilles , et dans le premier on le repique , lors-
qu'il en a acquis le double, dans le terrain qui a été préparé
pour le recevoir définitivement. Là, il reçoit, ainsi que celui
qui a été semé en place , deux ou trois binages jusqu'à la ré-
colte des racines, récolte qui a lieu immédiatement après
les premières gelées blanches.
Enlever Içs f§uiUe§ dçs ètf/^eraf« à quelque époque que ce
m. 26
4o2 ^ B E T
soit, excepté quelques jours avant la récolta , pour les man-
ger en guise de poirée , ou pour les donner aux bestiaux , est
nuire et à la grosseur et à la saveur des racines ; ainsi , il ne
faut le faire que lorsqu'on est déterminé par des considéra-
lions majeures. Cependant, dans l'opération des binages,
il est bon de détacher les feuilles inférieures qui jaunissent
parce qu elles peuvent altérer , en pourissant , la saveur des
racines.
Plusieurs maladies sont dans le cas de se développer sur
la letter.Me pendant le cours de sa végétation ; mais je n'en ai
observé qu'une qui lui soit particulière : c'est le rachitisme
qui se reconnoît à la petitesse et à la contorsion des feuilles,
à la décoloration de l'intérieur des racines et au manque
complet de saveur de leur chair. Les pieds qui en sont affectés
doivent être ifttipitoyablement arrachés. Le dommage que lui
causent les Insectes est rarement sensible.
On conserve les ^<?//€rap<r5 après les avoir débarrassées.de la
totalité de leurs feuilles et de la terre qui leur est resiée unie,
dans des serres à légumes, des caves sèches, même dans
des fosses recouvertes de terre, en les stralifiant dans leur
longueur avec du sable. Elles se gardent ainsi jusqu'au mois
de mai suivant.
On mange les racines de betteraves cuites sous la cendre ou
dans l'eau, et assaisonnées de diverses manières; elles
sont excellentes en salade , soit seules , soit mêlées avec des
chicorées , des pissenlits, etc. C'est un aliment très-nourris-
sant et de facile digestion.
Quoique les feuilles aient peu de saveur, on les mange,
comme la poirée, en beaucoup de lieux, et on devroit les
manger partout.
Une quantité de /6e//<?ra('f5 proportionnée aux besoins, et
choisie parmi les plus belles , est réservée pour graine , dès
le moment de la récolle , et stratifiée comme les autres ,
mais séparément. Chacune devant donner, si les circons-
tances sont favorables , au moins une livre de graine ,
et une livre de graine suffisant pour ensemencer un arpent ,
un seul pied doit en produire assez pour l'usage du jardin le
plus étendu. On doit cependant en planter trois, un de rouge,
Un de jaune et un d'une autre variété. Les pieds de betteraves
pour graines seront placés à une bonne exposition , écartés
de trois pieds au moins , binés comme les autres ; et lorsque
la tige sera parvenue à toute sa hauteur , elle sera attachée à
un fort tuteur , pour mettre obstacle à l'effort des vents. On
cotipp les tiges aux approches des eelées^ on les suspend dans
un grenier, à l'abri de la voracité dés rats, et lorsqu'elles sont
dessécl»ées, on-e» d«tâçh« la- graine aveeuffMton, et on la
B E T 4„3
consente dans des sacs ou dans des boîtes, dans un lieu sec et
aéré. Il n'y a guère que la moitié de celte graine qui soit
bonne , parce que celle des extrémités des branches n'est pas
parvenue à maturité. On sépare la mauvaise par le vannao^e.
Il y a pi'ès d'un siècle que les Allemands cultivent la bette—
7-apepour la nourriture des bestiaux. C'est, comme je Tai déjà
observé, une variété très-grosse, très-rustique, d un rouge
pâle , marbré dans Tintérieur , sélevant beaucoup au-dessus
du sol qu'ils préfèrent. Commerel, qui avoit vu les grands
avantages de cette culture , apporta des graines de cette va-
riété , qu'il sema aux environs de Nancy, et qu'il préconisa
vers l'année 1784- , sous les noms de betterave champêtre et de
racine de disette. Depuis lors , on n'a pas cessé de la semer an-
nuellement chez quelques propriétaires éclairés , jusqu'à la
grande extension qu'a eue sa culture il y a quelques années.
Ce n'est pas seulement comme fournissant une nour-
riture d'automne et d hiver pour tous les bestiaux , prin-
cipalement les vaches et les moutons , que la betterave mérite
tous les soins des cultivateurs ; c'est comme donnant moyen
de reculer le retour des mêmes cultures dans la série des asso-
lemens ; c'est comme excellente préparation aux semis du
froment et autres céréales. Sous ce rapport seul , elle peut
considérablement améliorer les produits généraux de nos ré-
coltes.
Toutes les sortes de terres , pourvu qu'elles ne soient pas
arides ou marécageuses , peuvent être disposées pour la cul-
ture de la betterave champêtre. Il suffit de leur donner des la-
bours profonds , et d'autant plus nombreux, qu'elles sont
plus argileuses et plus humides.
Le semis des betteraves pour la culture en plein champ se
fait , comme dans les jardins ou dans les planches , dans
l'intention de repiquer le plant , ou dans la place où ce plant
doit croître pendant toute la durée de la saison. Il n'y a point
de différence dans la pratique ci-dessus indiquée , sinon
qu'on opère plus en grand et qu'on donne moins de binages.
Les semis en rayons sont les plus avantageux à raison de la
facilité qu'ils donnent pour les sarclages à la houe , à cheval
ou à la charrue.
Les opinions surles avantages et les inconvénien s de la trans-
plantation de la betterave sont partagées. Il y a lieu de croire,
d'après les calculs de plusieurs agronomes également dignes
de foi, qu'on peut indifféremment employer ces deux moyens.
Dans le sarclage à la houe , il est plus nuisible' qu'utile de
ramasser la terre autour dès racines, qui profitent mieux,
ainsi que l'expérience le prouve, lorsque leur partie supé-
rieure jo!:!t de l'action directe de l'air et des rayons du soleil
4o4 15 K T
L'objet fie la culture étant en partie la nourriture <îes bes-
tiaux, on peut sacrifier la grosseur et la saveur des racines
au besoin de tirer parti des feuilles en automne. Ainsi cou-
per deux fois ces dernières avant d'arracher les premières, ne
peulpastoujoursêtreregardécomnie ime opération blâmable.
Ou donne les feuilles de hetlenwe aux bestiaux avec de la
paille; car comme elles sont très-aqueuses, il pourroit ré-
sulter quelques inconvcniens de les leur donner seules. Quoi-
que quelques uns les rebutent d'abord, ils s'y accoutument
bientôt et finissent par les aimer avec passion. Si elles ne les
engraissent pas comme les racines, elles donnent beaucoup
de lait aux femelles, et les entretiennent tous en bon état de
sanlé.
La récolte des betteraves doit être faite, autant que possible,
par un temps sec. On les laisse se ressuyer pendant quelques
jours sur le terrain après qu'on a enlevé leurs feuilles , on les
débarrasse de leur surabondance de terre, puis on les trans-
porte à la maison.
Pour que les chevaux et les botes à cornes , puissent man-
ger les racines de beUeruK<es , il faut qu'elles soient divisées en
petits morceaux, après avoir été lavées aussi bien que pos-
sible. Les bêtes à laine et les cochons peuvent se passer
de cette division, mais il n'est pas moins avantageux de
l'employer aussi à leur égard. On a imaginé des couteaux à
plusieurs lames qui agissent en forme de leviers, et même des
uKichines plus expéditives pour remplir cet objet avec beau-
coup d éconouïie de main-d'œuvre.
Oiielques personnes pensent, avec raison, que les racines
de ^<'//fmi't',>- cuites, profilent davantage aux bestiaux ; mais
elles ont l'inconvénient d'afloiblir leur estomac et d'augmen-
ter la dépense.
Les racines de betteraves^ pour la nourriture des bestiaux, se
consei-vent pendant l'hiver, soit dans des bàtimens bien clos ,
où elles sont couvertes de terre , de sable , ou simplement
de menues pailles , soit dans des trous de six pieds de pro-
fondeur, creusés en terre sèche, garnis de paille, et recou-
verts de la terre qu'on en a retirée.
L'objet le plus important , pour lequel on puisse culti-
ver les betteraves en grand, est certainement l'extraction du
sucre qu elles contiennent. Je dois donc entrer dans quelques
détails sur les considérations qu'elles présentent relativement
à cet objet , renvoyant au mot SucaE l'exposé des procédés
employés pour l'en retirer.
Il a été publié (dans les dix dernières années ) un grand
nombre d'écrits sur la culture de la. betterave à. sucre, dans
çl>acun Jeiqucls il se trouve quelques faits nouveaux, quel-
B E T 4o5
ques considérations propres à conduire au but, jointes à quel-
ques erreurs de pratique ou à quelques conseils laufifs.
La plupart de ces écrits, au premier rang desquels il fnut
placer le Mémoire de mon collaborateur Chaptai (vol. 53 ),
sont insérés en entier ou par extrait daîïs les Annales d'Agri-
culture, qui s'impriment chez M."'« Huzard , rue de 1 Epe-
ron , à Paris ; et je renvoie à cette collection ceux ^ui vdu-
droient de plus grands détails que ceux dans lesquels je suis
dans le cas d'entrer ici.
11 étoit naturel de croire que les helteraoes, donnant d'autant
plus de sucre que l'année avoit été plus chaude , il scroit
beaucoup plus avantageux de les cultiver, pour l'extraire,
dans les parties méridionales de la France , en Italie et en
Espagne; mais l'expérience a prouvé qu'il n'en étoit rien.
En effet, quoique les helicraoes cultivées à Montpellier, par
exemple , paroissent plus sucrées quand on les inange que
celles cultivées à Paris ; elles ne fournissent que du mucosc-
sucrc , ou sucre incristallisable ; ou, du moins, le sucre
cristalîisable ne s'y trouve que pendant peu de jours après
leur maturité. La réaction de ces principes sur eux-mêmes
s'effectue en elles avec d'autant plus de rapidité qu'elles
sont exposées à une plus haute température. Le quarante-
cinquième degré paroît être la limite où il faut cesser.de les
cultiver sous le rapport de la production du sucre.
On a cru également que les variétés de betleraoes\e.?, plus,
sucrées augoût, comme layaune de Castelnaudary, fourniroier.t
plus de sucre ; et les résultats de l'expérience n'ont pas en-
core été ici d'accord avec la fausse théorie sur laquelle ou
s'étoit fondé.
Lorsqu'on a commencé à cultiver la betterave, on met-
toit beaucoup d'importance à la variété, parce que chocuu
vantoit, comme préférable, celle qui lui avoit donné les pro-
duits les plus avantageux. Aujourd'hui qu'il est reconnu que la
variété ne se reproduit pas constamment, et que la quantité
du sucre dépend principalement du sol , des circonstances
atmosphériques et de la culture , on sème indifféremment
toutes les variétés ; cependant les rouges donnant un sucre
plus difficile à blanchir , et les très-grosses, celles qui acquiè-
rent constamment plus de six Vwvcs, (^la betterave rliumpelre) y
contenant beaucoup plus de principes aqueux , doivent être
repoussées autant que possible.
Les betteraves sont plus petites et plus chargées de sucre
dans les terrains secs et maigres ; mais la proportion de ce
dernier ne dédommage pas de leur moindre abondance.
Les letteraves sont très-garnies de feuilles dans les terrains
humides et gras ; mais leurs racines y sont souvent dune
ioG B E T
médiocre grosseur , et toujours fort peu chargées de sucre.
D'ailleurs, la graine et les jeunes plantes y pourissent sou-
vent.
C'est donc dans les terres franches , fertiles , meuhles et
profondes , dans ce qu'on appelle donnes terre à blé ^ dans les
prairies d'alhioion défrichées depuis quelques années , qu'il
est plus" profitable de semer la betterave , dont on est dans
l'intention de tirer le sucre.
Les beticraoes qui ont crû dans les terres voisines de la mer,
celles qui ont reçu des engrais animauxtropabondans, contien-
nent des nitrates, des muriates et des sulfates qui en rendent la
moscouade presque impossible à purifier. On ne doit donc pas
cultiver cette pUnte dans les terrains salés, ni améliorer tous
les autres avec des fumiers , avec des boues de villes , avec
des matières animales.
C'est après l;i culture d'une céréale, et sans nouvel en-
grais , qu'il convient de cultiver la betterave. Cependant on
peut , au contraire, semer une céréale sur le terrain qui a
fourni une récolte de betteraves, lorsqu'on a des motifs par-
ticuliers pour le faire. On prépare le terrain par deux ou
trois labours profonds, et s'il est nécessaire de lui donner des
engrais , ce doit être du fumier peu consommé , des vases
de rivière ou d'étang, des terres neuves, etc.
L'expérience prouve qu'un bon terrain peut fournir jus-
qu'à cinquante milliers de i<'//<'rm)CT par arpent; mais le pro-
duit ordinaire n'est que la moitié de cette quantité.
Avant de semer la hetlerai^e , il faut émotter et herser ,
afin de rendre le terrain aussi uni que possible.
J'ai déjà parlé des différentes manières de semer; mais il
faut ici ajouter que le semis en rayon se pratique de deux
manières : ou par le moyen de femmes qui placent, l'une
après l'autre, les graines de betteraufe , de distance en distance,
dans les sillons de herse ; ou au moyen d'un semoir qui produit
le mt:me effet. Celui de M. Hayot, décrit dans le recueil
précité , est préférable.
Pour donner plus d'action aux rayons du soleil , et par
conséquent pour favoriser la production du sucre , il con-
vient de diriger les rayons du levant et du couchant , et de
les espacer au moins de quinze pouces.
C'est dans le courant d'avril que l'on sème les betteraves
en France ; cependant on peut le faire dès le 20 mars , lors-
qu'on veut les repiquer; parce que si le plant gèle peu après
être levé , on peut , sans presque aucune dépense , regarnir
la planche de graines.
Le semis à la volée consomme plus du double de gvaines
que celui en rayon; mais il est si simple et si économique,
B E T .407
que la plupart des cultivateurs le préfèrent. Coirtme îl irfe
peut être rigoureusement égal , on est obligé , lorsque le
plant a acquis cinq à six feuilles , c^est-à-dire , au moment
du premier binage , d'éclaircir les places où il est trop rap-
procbé , et de regarnir celles où il est trop éloigné. Pour
faire cette transplantation, il faut choisir un temps pluvieu's,
afin d'assurer d'autant plus la reprise.
Malgré l'augmentation de la dépense et les inconvéniens
de la transplantation totale des hettera^^es , beaucoup de cul-
tivateurs préfèrent ce mode , prétendant que cette méthode
augmente les produits en racine et en suct'e.
Deux sarclages sont indispensables à la belle croissance de
la hetterme; et si même on n'en conseille pas trois, c'est uni-
quement par économie.
Lorsque l'année a été favorable à la croissance des helte-
raves ^ c'est-à-dire, qu'il y a eu une alternative convenable
de jours chauds et de jours pluvieux , on arrache les belle-
raves dès les premiers jours d'octobre; mais si le mois de sep-
tembre a été froid et pluvieux , il faut attendre quinze jours
plus tard , car le sucre se formant par suite des progrès de
la végétation, si on les arrache avant, il n'y en a pas, ou
peu à espérer; de même si on tarde trop , il n'y en a plus. Ce
dernier cas n'arrive pas dans le Kord, parce que les froids
commencent au moment même que le sucre est formé ;
mais il a toujours lieu dans le Midi , et il est la cause ,
ainsi que je l'ai cité plus haut , qu'on ne peut y établir de fa-
brique de sucre de betterave.
A mesure qu'on arrache les hetleraoes^ on en sépare les
feuilles parla torsion , soit pour les employer à la nourriture
des bestiaux , soit pour servir d'engrais au terrain qui les a
fournies.
On laisse les betteraoes se ressuyer sur le sol pendant quel-
ques jours , puis on les transporte dans des enclos voisins des
fabriques, où on les empile pour les conserver pendant l'hiver;
la gelée, la chaleur et l'Immidilé peuvent également leur nuire,
il faut les garantir de leurs effets, par des couvertures qu'on
puisse ôter facilement ; ce sont des feuilles sèches ou de la fou-
gère qui remplissent le mieux les indications, et elles doivent en
conséquence être préférées. On ôte ces couvertures dans des
jours secs et foids pour les faire sécher, ainsi que les racines
entre lesquelles l'air doit pouvoir circuler avec facilité.
C'est dans ces tas qu'on prend chaque jour les racines
sur lesquelles on veut opérer , ainsi que je le dirai au mot
Sucre.
Les porte-graines des hellenwes à sucre se planlent et s<'^
4o8 B E T
conduisent comme ceux de la betterave cultivée dans les jardins.
(B.)
BETTHYLE,Be/%/»5, Lat. Genre d'insectes, de Tordre
des hyménoptères, section des porte-tarières, famille des pu-
pivores , tribu des oxyures , et qui a pour caractères : ta-
rière très-pointue , en forme d'aiguillon rétractile ; pre-
mier segment du corselet grand, presque en carré long; an-
tennes filiformes , brisées, de treize articles dans les deux
sexes, dont le second et le troisième presque de la même
longueur; mandibules bidentées à la pointe.
Les betthyles , que M, Jurine nomme omales^ ressemblent
à de petites tiphies ; mais il est aisé de les en distinguer
par l'inspection de leurs ailes inférieures qui n'ont point de
nervures ; caractère propre aux clialcis , aux dnips et à d'au-
tres genres analogues de la môme famille. Suivant ce natura-
liste , les antennes des femelles n'ont que douze articles ;
mais j'en ai compté treize , ainsi qu'à celles des mâles ; et
dans la figure qu'il donne de V onule fuscîcome , femelle, ce
ynènie nombre y est très - bien exprimé. La tête des bct~
ihyles est ovale et aplatie , avec les yeux entiers ; leurs palpes
sont filifonnes; les maxillaires ont six articles, dont les
deux premiers courts, et ceux du milieu presque en cône ren-
versé ; la languette est entière; le corselet est allongé et
tronqué postérieurement; l'abdomen est ovoïdo-conique et
pointu au bout ; les pieds sont courts , épais et semblables
entre eux; les ailes supérieures ont des cellules radicales et
nne cellule radiale assez grande , ovale et ouverte à son
extrémité; les autres manquent.
Les bcUhyhs sont des hyménoptères fortpetits, très-agiles et
presque tous de couleur noire. On les trouve à terre, sur le
sable , ou sur les écorces des arbres , dans les fissures des-
«{uelles ils aiment à se cacher. Quelques espèces ont les ailes
très-courtes; d'autres en sont privées.
Betthyle HÉMlPTÈRE, Belthylus hemipterus , Fab. ; Panz.,
Faun. insert. Germ. fasc, 77, tab. i4; noir, glabre; ailes très-
courtes. Environs de Paris.
Betthyle cÉNOPTÈre , Betthyhiscenoptenis^ Panz. U)id.,fasc.
81 , tab. 14.; noir; antennes , jambes et tarses d'un brun
clair. Avec le précédent.
Le Betihylus LatreillU, de Fab., appartient au genre Mérie.
V. ce mot. (l.)
BETYS. Arbrisseau du Brésil mentionné par Pison »
comme employé en médecine. On ignore le genre auquel
il appartient , quoiqu'il y ait quelques motifs de croire uuo
c'est un Poivre, (b.)
BEUBBE. V. les «nitk-s Bœuf et Lait.
B E U ^09
BEURRE DE BAMBOUC. C'est une huile concrète
que les Nègres et les Maures à l'est du Sénégal tirent des fruits
d'un arbre qui croît dans leur pays. Cet arhre est encore
imparfaitement connu des botanistes, quoique Mungo-Park
en ait donné la figure dans la relation de son voyage dans
Tintérieur de l'Afrique. Il est d'une grosseur médiocre; ses
feuilles sont ovales, alternes; ses fruits sont ronds, de la
grosseur d'une noix, huileux, d'une odeur aromatique, et
contiennent un noyau dans lequel est une amande de la
grosseur dun gland. V. Illipé.
Les Nègres mangent ces fruits, et en tirent, en les fai-
sant bouillir dans l'eau , après les avoir piles , une graisse
d'un blanc sale , qui tient lieu de beurre. Les Européens
qui font usage de cette substance , ne la distinguent du lard
que par une petite àcrefé qui n'est pas désagréable. On en
fait aussi un grand usage en Uniment pour guérir la sciatique,
et, à plus forte raison, les rhumatismes. J'en ai vu des effets
presque incroyables; mais tous les huileux, dans les pays
chauds , en produisent de semblables, (b.)
BEURRE DE GALAM. Synonyme de Beurre de Bam-
BHuc. C'est mal à propos qu'Aubiet a dit qu'il provenoit
du fruit de l'AvoiRA. (B.)
BEURRE DE MONTAGNE ou DE PIERRE, Berg-
iz/Z/^r des Allemands. Matière onctueuse de couleur Jaunâtre ,
qui forme de petits amas et quelquefois des espèces de stalac-
tites dans les cavités des montagnes schisteuses de Sibérie.
Cette matière , que les Russes appelent kamcnnoié maslo {beurre
de roche') ^ est un mélange d'argile, d'alun, de couperose ou
sulfate de fer, et de pétrole, qu'il est aisé de reconnoître à
son odeur pénétrante ; quelquefois cette matière est d'une cou-
leur ^lanchâtre , et le bitume y est plus subtil et presque à
l'état de n aphte.
Les élans et les chevreuils sont singulièrement friands de
celte substance , et les chasseurs sont assurés d'en trouver un
grand nombre dans le voisinage des montagnes qui la pro-
duisent. On la transporte dans les contrées qui en sont dé-
pourvues, pour servir d'appât aux pièges qu'on tend à ces ani-
maux; ce sont ordinairement des fosses profondes, couvertes
d'une espèce de bascule qui les fait trébucher dans le trou ,
dont le fond est hérissé de pieux pointus; et il arrive quelque-
fois que d autres chasseurs y tombent eux-mêmes.
Le kamcnnoié mcislo est surtout abondant aux environs de
Krasnoîarsk , sur le fleuve Yenissel. J'en al trouvé aussi dans
quelque;: montagnes voisines du fleuve Amour. (PAT.)
BEURRERiE , Beiurena. Arbre de la Jamaïque, servant
4io B E Z
de type à un genre de lirown , qui a été ensuite réuni au Ca-
BRILLET. (b.)
BE VAI\(). En espagnol , c'est le Castor, (desm.)
BEXUGO. Racine employée au Pérou pour purger. On
ignore de quel arbre elle provient, (b.)
BEZAAN TJE-KLIPVISCH. Nom indien des Chéto-
DONS CORNU ET À GRANDES ÉCAILLES. (B.)
BEZERCHETAN. Le Lin s'appelle ainsi en Arabie, (b.)
BEZEKGOTliUME. La Pulicaire porte ce nom dans
rOrienf. (b.)
BEZETTvV. C'est, dans le commerce du Levant, du crépon
fin, teint avec la Cochenille , et que l'on tire de Consian-
tinople. (s.)
B EZETTA.Nomdepays du Tournesol, croton tinctorium^
Linn. (b.)
BÉZOARD. Ce nom arabe a été donné à certaines con-
crétions calculeuses qui se forment dans le corps des animaux ,
la plupart berbivores , et principalement dans leurs intestins ;
il est même rare de trouver quelque quadrupède sans hézoard
ou calcul. On en trouve souvent chez les chevaux , qui en ont
ordinairement de très-gros. Les bezuards peuvent se former
dans toutes les parties du corps, mais surtout dans les intes-
tins , la vésicule du fiel , le conduit salivaire , l'estomac , la
glande pinéale , etc. On donne plus particulièrement le nom
de calcul à la pierre de la vessie , au gravier des rfeins , aux
concrétions pulmonaires , etc. ( V. le mot Calcul.) Certaines
pelotes de poils entrelacés se forment aussi dans l'estomac de
plusieurs quadrupèdes ruminans ; on les appelle des Egagro-i
PILES. Consultez cet article.
Les Léioards des intestins du cheval deviennent très-volu-
mineux , et pèsent quelquefois njcme plusieurs livres. Ceux
d" éléphant, d'hippopotame et de rhinocéros, sont d'une taille
énorme , et on en conserve dans les Muséum dhisloire natu-
relle.
A l'époque du moyen âge, la médecine arabe importa dans
l'Europe les médicamens, avec les idées superstitieuses et
exagérées de l'Orient. Elle attribua des propriétés merveil-
leuses aux bézoardi ., comme celles de chasser les venins , de
combattre les poisons , de raniiuor la vie , etc. Ces prestiges
de la médecine sont évanouis depuis long-temps, et le héiuard
n'est plus que magni itomims umhra , une concrétion , une ma-
ladie particulière, qui n'a pas la vertu de guérir celui qui l'a,
d'autres maladies.
On a distingué les hézonrds en orientaux et en occidentaux.
Les premiers , prônés par les Arabes comme des médlca-
meas merveilleux , ont é!é jadis d'un très-grand prix , tandis»
B E Z /„
quo les hézoarun orddenlavx ont clé discrédités. Le h éioard orient
tal le plus ordinaire se trouve dans la/gazel du Buffon (anti-
lope gaze/la , Linn.) ; surtout chez les mâles adultes. Il est formé
dans la dernière poche de Testomac quadruple de ce rumi-
nant. On en rencontre aussi dans Vantilope ceivicapra de Linn,,
ou Vantilope des Indes , et dans la rhèore sawagc {^rapra œgagrus ,
Linn.) ; enfin dans tous les ruminans à cornes creuses , qui
vivent du feuillage et des boutons des arbrisseaux, qui se plai-
sent sur les montagnes et fréquentent les roches solitaires. La
chair de ces animaux a souvent une odeur musquée qui se com-
munique à CCS concrétions pierreuses de l'estomac, et qui dé-
pend probablement de leur bile. Celle-ci devient musquée
en passant à un certain état de décomposition, comme on
l'observe dans le fiel de bœuf dont on dégraisse les vêtemens.
Le bézoard du porc-épic, appelé par les Portugais piedra
deî porco , est l'un des plus recherchés. Il paroît savonneux ,
et gras au toucher et à la vue ; sa couleur est d'un vert noi-
râtre ou olivâtre jaune. Je pense qu'il se forme dans la vési-
cule du fiel du porc-épic ; car il porte tous les caractères d'une
concrétion biliaire et savonneuse. On porte ce hézoard&n amu-
lette , pour se préserver de la conlagion , quand on ajoute foi
à la vertu de ce remède. En Portugal, on les loue jusqu'à
lo à 12 francs par jour; en Hollande , on les a en grande
estime aussi , et on les porte sur soi dans quelque boîte d'or
ou d'argent , ou bien on les entoure dans des sphères de fi-
ligrane d'argent, comme on en voit dans les cabinets des
curieux et des naturalistes. Aujourd'hui encore , beaucoup
d hommes croient à la vertu de ces pierres, soit en pre-
n.int intérieurement ([uelque parcelle de ce remède, soit en
le portant en amulcllc, comme en Espagne on porte une
pierre de jade contre la gravelle , en France un aimant
contre la fièvre , en Allemagne, une pierre d'aigle (mor-
ceau do mine de fer limoneuse) pour faciliter Taccouche-
ment. Voilà l'homme !
Les hézoards oriidcnirux viennent du chamois ou ysard
des Alpes (^antilope nipirtipra , Linn.) , du bouquetin {rapra
ihex , Linn.) , de la chèvre d'Amérique , qui est une espèce
da chèvre ordinaire. Mais ces bézoar<ls sont peu estimés,
j<arce qu'ils n'ont pas été aussi vantés, n'ont été connus que
dans des temps moins crédules, et parce qu'on a pu s'en pro-
curer à peu de frais.
On retire aussi des hézoards du c?'iman ou crocodile d'A-
mérique, du sanglier, du mulet, de la \\^e>^ç. {camelus vi-
aigna, Linn. ), du chien , de la guenon-douc ( simia nemœus ,
Linn. ) , du castor , du bœuf, de tous les antilopes ou gazel-
les , des chèvres el même de l'homme. Les faux hézoards s'î
4i3 B E Z
préparent nvec tles coquilles «rhuîtres ou des veux d'e'crevis -
ses pulvérisés et niis en pâle avec de l'eau gommée et un peu
de musc ou d'ambre gris -, ensuite on les forme eu boule et
on les fait sécher; mais on les distingue des vrais bézoards ,
en ce qu'ils n'ont pas de couches concculriques el feuilletées,
ni des stries cristallines dans leur fracture ; et ils ne donnent
pas de trace olivâtre en les frottant sur du papier enduit de
chauK ou de craie.
Suivant une analyse de bézoards faite par Fourcroy et
A'auquclin {Annules du Muséum^ tom. IV, 33|), les bé-
zoards d'un vert pâle , se volatilisant au feu , se dissolvant
dans lalcohol bouillant, duquel se précipitent de petits cris-
taux , par le refroidissement, sont formés de bîle et de la
résine qu elle contient. Une autre sorte de bezoard . brun ou
violet, insoluble à lalcohol, se dissout dans les alcalis, et
donne, à l'air libre, une liqueur rouge pourpre. Cette ma-
tière fournit à la distillation un sublimé jaune d'odeur empy-
reumalique. M. Bertliollet ( il/c/n. suc. d'Jrcueil , tom. 2 ,
p. 4-+8 ) à trouvé aussi une matière ligneuse en quelques bé-
zoards.
Lorsqu'on chauffe , qu'on pulvérise ou qu'on frotte les bé-
zoards , ils exhalent une odeur de parfum. En les sciant par le
milieu, on trouve dans leur centre quelque matière végétale
qui sert de noyau ou de base , et qui a été successivement re-
couverte par du phosphate ammouiaco-niagnésien , mélangé
d'une matière exlractive végétale colorante et d humeurs ani-
males, de la nature de la bile. Celle-ci communique aux bé-
zoards celte couleur olivàlre ou verte, et cette odeur de musc
qui les font reconnoilre. Il y a sur les molaires des ruminans ,
un enduih d'une couleur brune dorée qui se remarque aussi
sur les bézoards de ces animaux. Les bézoards formés de phos-
phate de chaux, sont des calculs urinaires; souvent ils sont
usés et ont des formes triangulaires.
Les yeux décrevisses sont des espèces de bézoards ou cal-
culs. Les faux bézoards s'appellent pierres de Goa ou de Mu~
taca ; ils font elfei'vescence avec les acides. La saveur des
vrais bézoards est urineuse el glutineuse , el ils colorent la sa-
live. V. les articles Calcul et Égagrovile.
Le bezoard minéral des anciens chimistes n'est autre clîose
que l'oxvde blanc d'antimoine , précipité de sa dissoluliou
dans l'acide nitrique , par un alcali, il est analogue à l'anll-
moine diaphorétique (deutoxyde d'antimoine) préparé par sa
détlagralion avec le nitrc ( T'. notre Traité de pharmacie, loni. 2,
p. 379. )
Eniin quelques pharmacologistes ont ausr.i nommé lézourd
de vipère, le Ijie dj^ceché cl p'ilvcrisé de ce scrpenl. On le
B T A 4i3
donnoit comme dîaphoréllque et alcxitèr^' , vertus atlribuécs
à tous les bézoards de chasser les venins par la sueur, (mrey.)
BEZOARD. Coquille du genre des Casques, Euccinum
gtaucum de Linnîeus. (b.)
BÉZOA.I\D FOSSILE. On a quelquefois donné ce nom
à des masses globuleuses de chaux carbonatéc , composées
de couches concentriques, comme les calculs qui se forment
dans le corps de 1 homme et des animaux , avec lesquels elles
n\mi que cette seule analogie. V. Chaux carbonatée con-
CUF/riON>ÉE. (LUC.)
BEZOARD (chà're (lu). On a regarde long-temps l'ÀN-
'liLOPE ORYX , comme élant l'animal dont les intestins ren-
ferment les hézoards. Il paroîl que c'esl plutôt le Paseng ou
CuEVRE SAUVAGE. V. cti dernier article, (desm.)
BEZO(X). Nom que les Basques donnent à un poisson de
leurs côtes, dont la pèche leur est très-avantageuse. On le
mange frais et confit. C'est le Spare pagre, (c.)
BEZOLE. Nom d'un poisson de Rondelet ; on croit que
•c'est le Salmonk lavaret , ou le Corécone war tmann. (b.)
BHAIRA. Les Indous donnent ce nom au Bélier.
(desm.)
BIA, Les Siamois nomment bisa le petit coquillage qui
sert de monnoie aux Indes, et que l'on y appelle Coris ou
Cal- RIS. (s.)
BIAL. En hongrois , c'est le Buffle, (desm.)
BIANCHET. Nom de la Fauvette grise en Piémont.
(v.)
BIARATACA ou MARITACACA. Pison désigne sous
CCS noms , une espèce de Sarigue , qui est probablement le
Crabier. (desm.)
BIASLIE, Biaslla. Genre de plantes établi parVandeli,
mais qui rentre dans celui appelé Mayaque par Aublet. (b.)
BIATORE, Biatora. Nouveau genre de plantes de la fa-
mille des LlcnE>'S , proposé par Acharius dans sa Lkfteno-
graphie universelle. Il ne contient qu'une seule espèce, décou-
verte par Schleicher dans les montagnes de la Suisse. Sa base
Çrhallus) est une membrane crustacée, uniforme, portant des
écussons orbiculaires, enfoncés , nus et concaves au centre ,
entourés et ceints parun petit bourreletmarginal. Le caractère
différentiel est entièrement microscopique, et consiste dans
l'organisation intérieure oùl'onvoit des lignes de petits grains
disposés en stries presque semblables. A juger de ce genre
Ïarla forme visible des écussons, on le placeroit avec les
Jrcéolaires,
4i4 B T B
. La seule espèce connue de ce genre est la hiulora hir-
gida. (P.-B.)
BIATU. Nom vulgaire de 1' Ortolan aux environs de
Niort, (v.)
BIAU. C'est le Bœuf dans plusieurs départemens de la
France méridionale , et notamment dans celui de 1 Aude.
(desm.)
BIBARO, BIVARO. En espagnol, c'est le Castor.
(desm.)
BIBASSIER. On donne ce nom, à l'Isle-de-France, au
Néflier du Japon, (b.)
B1B6Y. Sorte de palnner qui paroît être du' genre Aa^oira
et qui fournit , par incision, une liqueur de même nom,
qu'on laisse aigrir, et qu'on boit ensuite. Les fruits donnent
une huile très-claire, (c.)
BIBE. Poisson du genre Gade , Gadus hisnts , Linn. (c.)
BIBER. Nom allemand du Castor, (desm.)
BIBERRATZE ou RAT CASTOR. Quelques auteurs
ont donné ce nom au Desman. (desm.)
BIBION {OrnithoL). Nom que Ton donne à la DeinoiseUe
de Numidie. (v.)
BIBION, Bibio ^ (ieoff. Genre d'insectes de Tordre des
diptères, famille des némocères, et distingué parles carac-
tères suivans : antennes courtes, épaisses, cylindriques,
perfoliées, de neuf articles insérés devant les yeux; palpes
filiformes , courbés , de quatre à cinq articles distincts ;
trois petits yeux lisses ; segment antérieur du corselet sans
épines; jambes antérieures prolongées, à leur extrémité , en
une pointe forte, en forme d'épine.
Linnseus, Degeer et d'autres auteurs placent ces diptères
avec les tipules, qu'ils avoisinent en effet sous plusieurs rap-
ports naturels. Geoffroy les en a , le premier, séparés sous
le nom générique de bibion. Fabricius, n'ayant point d'abord
admis ce genre , crut devoir , néanmoins , faire usage de la
même dénomination pour distinguer un autre genre de dip-
tères ( V. ThÉRÈve). Un nouvel examen l'ayant engagé à se
rapprocher de l'opinion du naturaliste français, il appela ses
bibions /«/■/<?fl , dénomination encore vicieuse , puisque Sco-
poli Ta consacrée à un ^«tregenre de diptères, les stratiomes.
( S. shigata. )
Le genre bibion de GeoffVoy , depuis qôc M. Mcigen en
a détaché celui àes di/ophes , a un peu moins d'étendue. Ce^
insectes ont de la ressemblance avec les tipules; mais ils en
diffèrent en plusieurs points.
Ils ont les antennes de neuf articles, aplatis parlée deux
bouts, et comme enfilés les uns dans les auires , insérés à la
yi,.„/A/.r /;■„,//,' ,>,.;■/.
J',o,„/>,.r' />r,„;;,:<,.,a„n
Ji/trf/c ir//te/-/c<.
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/',,■„,/„■ <A:r /'
B I B 4,5
partie antérieure de lat«*te, assez près de la trompe; la tête
grosse et arrondie dans les mâles , plus petite et aplatie dans
les femelles, différence qui paroît due à la conformation des
yeux, qui, dans les mâles, sont très-grands, arrondis et réunis,
et qui sont beaucoup plus petits, ovales et saillans dans les
femelles; trois petits yeux lisses à la partie postérieure de la
têle, sur une éminence, entre les yeux à réseau; le corselet
Irès-convexe, surtout dans les femelles; l'abdomen allongé,
presque cylindrique dans les mâles , un peu renflé dans les
femelles; les pattes de moyenne longueur; les antérieures à-
cuisses renflées , et à jambes terminées par une forte pointe ;
les postérieures plus longues; les tarses de cinq articles, avec
deux crochets, et trois petites pelotes spongieuses au bout;
les ailes nues, membraneuses, de la longueur de Tabdomcn,
horizontales.
Ces insectes sont connus sous des noms qui indiquent les
époques où ils paroissent. On en voit au printemps, qu'on
appelle mouches de Saint-Marc ; on nomme ceux qui parois-
sent plus tard, mouches de Saint- Jean. Us se posent ordinai-
rement sur les arbres fruitiers, ce qui a fait croire à quelques
paysans quils faisoient du tort à ces arbres, en rongeant
Textrémité des boutons , et en faisant périr les fleurs ; mais
ils sont incapables de nuire : la conformation de leur trompe
les empêche de faire le moindre mal.
Leur accouplement n'offre rien de bien remarquable : pla-
cés sur la même ligne, ayant. les têtes opposées , ils demeu-
rent unis des heures entières dans cette position ; le mâle re-
tient safemelle avec deux crochets, qu'il a à l'extrémité de l'ab-
domen ; quelquefois celle-ci l'emporte en l'air , lorsqu'il ne
veut pas la quitter , et on les prend souvent accouplés, sans
qu'ils fassent aucun effort pour se séparer. Après l'accouple-
ment , la femelle fait sa ponte.
11 paroît que les femelles déposent leurs œufs dans la
terre, et que, quand les petites larves en sortent, elles
cherchent les bouses de vache pour s'en nourrir. Les larves
sont sans pattes, et ont le corps hérissé de poils, dirigés en
arrière et plus gros que ceux des chenilles velues; leur tête est
écailleuse, dure, et la bouche a deux petites màchoiref. Elles
diffèrent des larves de plusieurs aulvcs diptères^ en ce qu'elles
changent de peau, et la quittent enlièremen'. pour se méta-
morphoser en nymphes : le plus grand nombre de celles des
^<)y/^r^5 sont renfermées , dans cet état , sous la peau , qui
s'est durcie , et leur sert de coque. Les larves des bibions se
convertissent enn\nnphes vers la fin de Thiver , restent envi-
ron quarante jours sous cette forme avant de devenir insecte»
parfaits; comme b«iaucoup d'autres, ces insectes périsient
4i6 B I B
peu de temps après s'être accouplés : leur démarche est
lourde.
Ce genre ne contrent que douze à quinze espèces, dont la
plus grande partie se trouve en Europe.
BlBION PRINTANIER, Bibio hrevicurnîs ; hiriea biwicomis^
Fab. Le màli; a environ trois lignes de longueur ; le corps
lioir , point luisant, peu velu; les antennes noires, plus
courtes que les anlennules ; la tête grosse , arrondie ; Tab-
domen presque cylindrique ; les ailes transparentes , d'un
i>run obscur le long du bord extérieur , avec un point noi-
lâtre vers le milieu ; les jambes brunes et les cuisses fer-
rugineuses,
La femelle diffère du mAle en ce qu'elle a la tête petite ,
aplalie ; l abdomen renflé , dune couleur ferrugineuse, avec
une ligne longitudinale , noirâtre sur le milieu ; les pattes
moins brunes que celles du mâle : dans les deux sexes , les
cuisses sont un peu renflées, et les jambes antérieures sont
terminées par un onglet assez fort.
On le trouve en Europe , sur les fleurs et sur les arbres
fruitiers, vers le milieu du printemps.
BiBION PRECOCE, Bibio horhilanus ; hirtea hoiin/ana, T ah. ;
le bibion de Saint - Mure , rouge., Geoff. , inscft.., t. 2 , pi. ig,
ftg. 3 : très-commun au printemps , et remarquable par ia
différence des couleurs des deux sexes. Le mâle est tout noir;
avec les ailes blanches et bordées extérieurement de noi-
râtre ; la hnieUc { iipii/a /lorlu/ana , Linn. ) a la lêle noire,
le corselet dun rouge cerise ; Tabdomen d'un rouge plus
pâle , un peu jaunâtre ; la poitrine et les pattes noires ; les
iiiles ont aussi plus de noir.
BiBlON DE Saint -Marc, Bibio Marri; hirtea Marri.,
Fabricius; bibion noir, t. 3, pi. A. 24, ftg- 2 , de ce Diction-
naire, un peu plus grand que le précédent; très-noir, velu;
ailes bordées extérieurement de noir; blanches dans le mâle,
noirâtres dans la femelle.
BliilON CANICULAIRE, Bibio Johannls , Tipula Johannis ,
Linn.; est noir, glabre, avec les pattes rousses, les ailes
blanches et marquées d'un point noir. Sa larve vit dans le
fumier; les anneaux de son corps sont garnis de quelques
filets courts , membraneux et coniques , dirigés vers le der-
rière; ceux du dernier anneau sont plus longs et plus nom-
breux. On distingue à cette partie deux stigmates; le premier
anneau en a deux autres.
Cette larve semble s'aider dans sa marche de deux sortes de
mamelons coniques et membraneux, qu'elle pousse hors du
derrière.
Sa nymphe est d'un blanc sale; 50n corps est allongé ,.
B I C ^17
presque cylindiique, courbé en dessous, avec la tête ronde,
et le corselet gros et bossu.
Olivier réunit, avec les bihions^ les scatopses de Geoffroy, la
lipide phulénuide de Linnieus ; voyez les genres Scatopse,
PSYCHODE. (L.)
BIBLIOLITE, Phytuhiblia, LylhobMa, c'est-à-dire, li-
vre pétrifié. Quelques naturalistes ont donné ce nom à de»
pierres schisteuses, ordinairement calcaires, etquiprésenlent
entre leurs feuillets des empreintes de feuilles ou quelquefois
même de simples dendrites, analogues à celles desenvirons de
Pappenhcim enBavière, d'OEningen et de Moûte-Bolca. On
l'a également donné à des incrustations de chaux carbona-
tée qui s'étoient formées sur des feuilles. F. Chaux CARBONA-
TÉE CONCRÉTIONNÉE. (LUC.)
BIBBEUIL. La Berce branc-ursine porte ce nom dans
le Boulonais. (b.)
BICARËNÉ. Nom spécifique d'un Tupinambis. (b.)
BICHE. C'est la femelle du Cerf d'Europe. A Cayenne,
on appelle indifféremment bichsle mâle et la femelle de quel-
ques espèces du même genre , voisines du che^>reidl. (s.)
BICHE DES BARALOUS. V. Biche des Palétu-
viers, (desm.)
BICHE DES BOIS. V. Biche des grands bois, (desm.)
BICHE DES GRANDS BOIS. Espèce de Cerf qui vil
dans les forêts de la Guyane et ne fréquente que les terrains
secs et élevés. Sa taille est à peu près la même que celle dé
notre biche. Son pelage est roux, son bois très-court et sa
chair peu savoureuse. On donne aussi à cette espèce le nom
de grande biche. D'Azara lui rapporte son gouazou-pita , et
Buffon la confond, ainsi que la biclie des palétuviers , avec l'es-
pèce du cheoreuil. V. Cerf, (desm.)
BICHE (grande). V. Biche des grands bois, (desm.)
BICHE DE LA GUYANE ou Cheorvtain de Surinam, de
Séba. Ce n'est point un véritable chevrotain, mais, selon
M.Cuvier,un jeune individu, ouune femelle d'une des espèces
de Cerfs de la Guyane, (desm.)
BICHE DES PALETUVIERS ou DES BARALOUS.
Petit cerf de la Guyane , dont les bois sont très-courts ,
mais dont l'axe osseux qui les supporte est au conirair,e très-
allongé. Sa demeure ordinaire est dans les endroits couverts
depalétuviers, et baignés par le flux de la mer. On le voit sou-
vent en troupes. Quand la mer monte, ces animaux se tien-
nent immobiles sur les racines Irès-élevées des palétuviers ,
jusqu'à ce que la mer , en se retirant , laisse les terres à dé-
*;ouvert ; ils nagent et plongent très-bien,
D'Azara leconnoît le quadrupède nommé au Paraguay
lii. un
4i8 B I C
gouazou lira ^ dans la hiche des palétuviers f que Buffon ne
croyoit pas différer du chevreuil d'Europe. V. Cerf, (desm.)
ËICHE ( petite). V. Biche des palétuviers , et Tarticle
Cerf, (desm.)
BICHE ROUSSE. V. à l'article Cerf l'histoire du Ca- '•
rjacou. (desm.)
BICHE DE SARDAIGNE. C'est ainsi que le Cerf axis
a été dtisigné par les anatomistes de l'académie des sciences.
(s.)
BICHE DES SAVANES. V. Cerfmazame. (desm.)
BICHE. Ppisson du genre Scombre de Linnœus , {Scom-
berghtucus) , que Lacépède a placé parmi ses Caranx. C'est
aussi le Squale glauque , dont on emploie la peau pour po-
lir les ouvrages en bois, (b.)
BICHE (la grande). Geoffroy appelle ainsi la femelle
du cerf-volant. Cet auteur ayant cru voir plusieurs fois des
biches accouplées ensemble, a fait une espèce particulière de
cet insecte; mais des observations récentes ont prouvé que la
biche n'est autre chose que la femelle du cerf-volant. V. Lu-
cane, (o.)
BICHE (petite). Nom donné par Geoffroy au Lucane,
parallélépipède, (o.)
BICHIR. Nom de pays d'un poisson du Nil , observé ,
décrit et dessiné par Geoffroy de Saint-Hilaire , sous celui
de POLYPTÈRE. (b.)
BICHON. Petite et jolie race de chiens ., à nez court et à
poil long , blanc et très-fin. Elle a toujours été rare ; mais de-
puis quelque temps on ne la voit presque plus , du moins en
France. La femelle s'appelle bichone. Les livres d'Histoire na-
turelle ne distinguent pas le bichon du chien de Malte , quoique
celui-ci soit un petit épugneul , au lieu que le bichon provient
Au petit épagneul ai an petit barbet. V. Chien, (s.)
BICHON DE MER. Synonyme de Balaté. (b.)
BICLE. V. Bigle, (desm.)
BICORNE, Ditrachyceros. Genre de vers intestins établi
par'Sulzer. Ses caractères sont : vésicule ovale , comprimée ,
ayant en avant une corne dure , profondément bifurquée ,
couverte d'aspérités filamenteuses.
Ce genre ne contient qu'une espèce qui a un peu plus de
diîux lignes de long : elle a été rendue par l'anus, en immense
quantité, à la suite d'une purgalion, par une jeune fille de
Strasbourg.
Aucun rapport n'existe entre ce ver intestin et ceux connus.
Un fluide très- limpide remplit son corps. On ne peut qu'éta-
blir des conjectures sur sa manière d'être, quoique son orga-
nisation ait été fort bien observée par Sulzer, qui a publié ,
sur ce qui le concerne , une très-inte'ressanle dissertation à la
suite de laquelle il Ta fait figurer, (b.)
BICORNES , Erlcœ , Jussieu. Famille de plantes dont la
fructification est composée d'un calice monophylle , persis-
tant , ordinairement libre , et profondément divisé ; d'une
corolle monopétalc , quelquefois aussi très-divisée , rare-
ment insérée au sommet du calice , plus souvent attaclj^ée à sa
base , ou portée sur une glande calicinale , communément
marcescente et persistante ; d'étamines en nombre déter-
miné , dislincles , ayant la même insertion que la corolle ,
quelquefois , mais très-rarement , attachées à sa partie infé-
rieure , à anthères souvent échancrées ou bifides à leur base ,
comme fourchues ou à deux cornes ; d'un ovaire simple ,
libre, ou rarement inférieur , à style conique, à stigmate or-
dinairement simple ; d'un fruit supéiieur ou inférieur, mul-
tiloculaire , polysperme , presque toujours capsulaire et mul-
tivalve ; à valves septifères sur leur milieu , et attachées par
leur base à l'axe ou placenta central ; semences , en général
très-petites, à périsperme charnu, à embryon droit, à coty-
lédons semi- cylindriques , quelquefois presque foliacés ; ra-
dicule souvent inférieure.
Les plantes de cetle famille ont été appelées bicornes, à
cause de leurs anthères , ordinairement surmontées de deux
pointes. Leur tige , rarement herbacée , plus souvent ligneuse^
forme , dans la plupart , des touffes basses , ou des arbrisseaux
très-rameux ; leurs feuilles , toujours simples , sont ou alternes ,
ou opposées , ou rassemblées trois à quatre à chaque nœud ,
en manière de verticilles ; les fleurs , quelquefois munies de
bractées , et souvent de couleur de chair , ou blanchâtres ,
avec une teinte de rouge plus ou moins vif, affectent diffé-
rentes dispositions.
Dans cette famille , qui est la troisième de la neuvième classe
du Tableau du règne végétal , par Ventenat , et dont les carac-
tères se voient figurés pi, 12 , n." 1 du même ouvrage , d'où on
a tiré les déveioppemens ci-dessus , on trouve neuf genres ,
savoir : ceux qui ont l'ovaire supérieur, Blaérie , Bruyère ,
Andromède, Arbousier, Clethra, Pyrole et Palom-
MIER ; ceux qui ont l'ovaire inférieur , ou presque inférieur ,
l'AiRELLE. Jussieu y a ajouté , depuis, les genres Epacris ,
PoiRETiE.et Styphelie, et avec doute, Pyxidanthère ,
EsCALLONE, et Camarine ; et d'autres, les genres Calluné ,
Salaxis , L01SELEURIE , Deîsdrion, Mairanie.
La famille des Vacciniées a été proposée pour séparer
quelques genres de celle-ci, que plusieurs botanistes pensent
n'être pas suffisamment distincte de celle des Khodoracées.
(cj
/,3o B I D
BICQUËEO. r. BECQtJABO. (DESM.)
BIDACTYLE. Oiseau qui n'a que deux doigts. Jusqu'à
présent on ne connoît que 1 Autruche à qui on puisse appli-
quer ce nom. (v.)
BIDENT, Bidens. Genre de plantes de la syngénésie po-
lygamie égale, et de la famille des Corymbifères, dont les
cara^ères sont: un calice commun, presque simple, composé
d'un a deux rangs de folioles droites , et jamais véritablement
imbriquées ; quantité de fleurons tous hermaphrodites , lu-
bulés, quadrifîdcs ou quinquéfides , tous posés sur un ré-
ceptacle chargé de paillettes.
Le fruit consiste en plusieurs semences oblongues , ter-
minées chacune par deux dents ( quelquefois quatre ) , ou
deux pointes roides et droites , qui ont souvent de petites
aspérités tournées en bas.
Ce genre, auxdépens duquel DecandoUe a établi celui des
SalméeS , comprend une trentaine d'espèces, la plupart
propres à l'Europe et à l'Amérique. Ce sont, en général, des
herbes annuelles , dont les feuilles sont presque toujours op-
posées, et tantôt simples, tantôt ailées, et dont les fleurs
sont axillaires ou terminales.
Les espèces d'Europe sont :
Le BiDElST À CALICE FEUILLE , Bidens tripaHila^ Linn., qui
a les feuilles trifides et pinnées, et le calice feuille. Cette
plante, commune le long des fossés, et dans les lieux aqua-
tiques, est mondificalive, résolutive, sternutatoire, et donne
une teinture jaune. Ses semences s'attachent souvent, pen-
dant l'hiver, aux habillemens des passans , parle moyen de
leurs dents , qui se recourbent à leur pointe.
BiDENT PENCHÉ, Bidens cemua, Linn. Celte plante croît
dans l'eau, dans les marais et les fontaines boueuses. Elle a
une saveur acre, et donne une teinture jaune. Ses caractères
sont d'avoir les feuilles lancéolées , amplexicaules , les fleurs
penchées, et les calices feuilles : elle s'élève beaucoup moins
que la précédente.
Les espèces étrangères ne présentent rien qui soit dans le
cas d une mention particulière.
Lr.marck avoil réuni les Spilantes auxBiDENTS ; mais il
trst revenu, dans ses Illustratiuns ^ à l'opinion de Limueus.
y oyez pi. 668 de cet ouvrage , où les caractères de ces
doux genres sont figurés. 11 a aussi rapporté quelques espèces
de CoTTjLES de Linnœus à ces genres réunis, (b.)
BIDET, cheval de la plus petite taille, et qtii ne passe
guère trois pieds et demi de haut. Un double hidei est un
cheval entre le hidet et la taille ordinaire. Les meilleurs Lide^-i
ce trouveut en Fraoce , et particuliùreuicnl eu Bretagne. Le
bi'det de poste ne s'altèlc point, et sert à courir à franc
étrier. (s.)
BIDI-BIDI. V. l'article Porzatîe. (v.)
BIDZJAM. C'est le Sésame d'Orient, à Malaca (b )
BIEBER ou BIBER. F. Castor, (desm.)
BIEFFE. On donne ce nom dans quelques lieux à une
terre noirâtre., tirant sur le jaune, peu propre à la cul-
ture, (b.)
BÎEGGUSB. Nom lapon d'un Phalarope, (v.)
BIELLOUGE. F. Delphinaptère béiuga. (desm.)
BIELOKVOST, Nom que le Pygargue porte sur la
rive drolle du Volga, (v.)
BIENGHEVILLE. Les anciens veneurs se servolent de
cette expression pour de'slgner un rerf, un daim ou un rheoreuily
dont la tête est chargée d un grand nombre à aîiduuîUers. (s.)
BI ENJOINT. Nom d'un arbre des îles de France et de
Bourbon , dont le bois est très-tenace. C'est un Badamier,
selon Lamarck. Il forme le genre RÉSINAIRE, selon Com-
merson. F. Benjoin, (b.)
BIERKNE ou BIERNK Nom spécifique d'un Cy-
prin, (b.)
BIEUSSON. Poire sauvage devenue blette, (b.)
BIEVRE, Nos ancêtres appeloient ainsi, et quelquefois
Bifre, le Castor de France, (s.)
BIÈVRE , BiÈvRE-oisEAU. C'est la femelle du Harle
proprement dit. (v.)
BIF. On a donné ce nom au prétendu produit, ou Jumar
{voyez ce mot), résultant de l'accouplement du taureau avec
l'ânesse ou la jument : comme on a appelé Baf le mulet
qu'on dit provenir de l'âne ou du cheval et de la vache.
Quelques auteurs ont appliqué la dénomination de Bifa
I'Orfraie, espèce de Chouette, (desm.)
BIFEUILLE. Dicquemarre a donné ce nom à un animai
marin quil a observé au Havre, et qu'il a figuré dans le
Journal de Physique , i.^'' vol. de l'année 1786. Il forme pro-
bablement un genre nouveau, voisin des Serpules. Les ca-
ractères de ce genre sont de vivre en société, attaché à un
point commun , chaque animal étant renfermé dans un tuyau
particulier, cylindrique , blanc , un peu rétréci à son extré-
mité , et duquel sort un organe en entonnoir, membraneux,
d'un vert foncé , et de temps en temps de son centre un autre
organe de même nature , très-allongé , très-grêle , terminé
par un bouton ovale qui se divise en deux parties aplaties ,
ressemblant à deux feuilles de thym. Le tout est presque mi-
croscopique.
Si Dicquemarre eût mieux développé sa description; qu'i\
422 B T G
eût élé plus rigoureux flans ses figures, j'aurais ici ét<nbli cr
genre; mais, pour le faire d'une manière satisfaisante, il faut
attendre que le bifeuille ait été observé de nouveau, (b.)
BIFRE. V. BiÈVKE. (DESM.)
BIFURQUE. Nom français du Bicranum , genre de
plantes de la famille des Mousses. Ses caractères sont : coiffe
cuculllforme ; opercule plus ou moins subulé ; péristome ex-
terne, simple, garni de seize dents fendues jusque vers le
milieu de leur longueur ; les dents un peu lancéolées ; urne
droite , toujours plus courte que son tube ; point de pé-
richèse.
Ce genre est très - nombreux en espèces. Les Brys
FLEXVEUX et POURPRE lui servent de type. (p. - B.)
BIG. En Belgique, c'est le nom du Cochon de lait.
(desm.)
BIGARADE. Variété de I'Oranger. (b.)
BIGARRÉ. Poisson du genre Chétodon; et reptile du
genre Tupinambis. (b.)
BIGARREAU ou BIGARREAUX 1ER. V. r article Ce-
risier, (b.)
BIGARRURES {Fauconnerie^. Ce sont les moucbetures,
ou taches de couleur foncée , du pennage des oiseaux de
proie, (s.)
BIGGEL. Mammifère ruminant, du Bengale , qui a cinq
pieds de haut , le corps cendré en dessus , blanc en dessous ;
une tache noire rhomboïdale sur le front. Il a été décrit par
Parsons ( Tr. Phi/, tom. 4-3 )• Pallas et Gmelin en ont fait
ime espèce particulière d'antilope, sous le nom de Trago
rame/us, que M. Cuvier croit devoir rapporter à celle de
l'Antilope Nyl-Gaut (Juti/opepir/n). Qdesm.)
BIGGETJE GUINEESCH, ou petit cochon de Guinée.
C'est, en Belgique, le Cobaye cocho>^ d'Inde, (desm.)
BKtLE ou BICLE. Race de Chiens d'Angleterre,
propre à la chasse du lièvre et du h/pin. (s.)
BIGNEASSU. Arbrisseau des Philippines, qui appar-
tient peut-être au Phytolacca. (b.)
BIGNI. Coquille du genre Buccin, (b.)
BIGNONE, Bignonia, Linn. (didynamie angiospermie.)
Genre de plante, de la famille de son nom, qui a pour caract ères:
un calice d'une seule pièce , court, à deux ou cinq divisions;
une corolle monopétale , et dont le tube, légèrement courbé
à sa base et un peu ventru dans sa partie supérieure , est
terminé par un limbe évasé , partagé en cinq lobes arrondis ,
ouverts et un peu inégaux; quatre étamines , dont deux plus
grandes ( quelquefois il y a un cinquième filament dépourvu
d'authère , et d'autres fois seulement deux étamines fer-
B T n ^,3
liles); un ovaîre supérieur et oblong, surmonté d'un long
style, terminé par un stiguiale entête ou à deux lames épaisses
et connivenles. Le fruit est une capsule dont la forme varie ,
mais qui est toujours partagée en deux loges , s'ouvre par
deux battans , et renferme des semences nombreuses, apla-
ties , munies de chaque côté d'une aile membraneuse , et
disposées les unes sur les autres.
Jussieu et Ventenat ont divisé les bigtiones en cinq genres ,
dont les caractères sont tirés du nombre desétamines et de
la disposition des cloisons par rapport aux valves. Ces genres
sont la BiGNO^E proprement dite , qui renferme toutes les
espèces dont les cloisons sont parallèles aux valves; le Gel-
SEMiuM qui est sans cloison , et les genres Catalpa, Técome
et Jacaran'de, qui ont les leurs opposées aux valves. Le Ca-
talpa n'a que deux étamines fertiles, et elles sont au nombre
de quatre dans le Técome et le Jacarande. Ce dernier genre
a d'ailleurs ses valves orbiculaires.
Palisot de Beauvois a établi aux dépens de ce genre celui
qu'il a appelé SpathodÉ : genre qui a pour type la Bignone
Spathodée de Linnseus , dont on voit trois espèces nou-
velles , figurées dans la Flore d'Oware et de Bénin, et dans
le choix des plantes de Ventenat.
Les bignones sont des arbres ou des arbustes à feuilles
opposées, simples ou ailées avec impaire, ou tenninées en
vrilles. Sur environ soixante espèces connues , il n'y en a que
dix qui appartiennent à l'Asie , et trois à l'Afrique ; les
autres sont toutes des parties chaudes de l'Amérique. Beau-
coup d'espèces se font remarquer par la beauté de leurs fleurs,
et peuvent être employées à la décoration des jardins; telles
sont la BIG]so^E catalpa ou À feuilles eis^ cœur, la Bi-
cno>;e toujours verte , celle de YIRGI^'lE , celle de la
Chine , celle À feuilles de frêne , et la BI6^oNE À fruits
tors. D'autres fournissent un bois précieux et utile : ce sont
les Bignones à feuilles ondées , À cinq feuilles , À égène
et a spathe. Plusieurs ont des liges sarmenteuses et grim-
pantes ; on fait avec celles-ci des liens qui tiennent lieu de
cordes , des paniers , et divers meubles de vannerie. Celles
dont on tire communément ce parti, sont la Bignone griffe
DE CEIAT , la BIGNONE ÉQUIN0XIALE , I'InCARNATE , et la Bl-
GNONE À LIENS.
Le Catalpa au la BïGNONE CATALPA , est un arbre dan
port agréable , qu'on distingue aisément à la fraîcheur de son
feuillage et à ses belles grappes de fleurs blanches et pour-
pres : elles paroissent en juillet , c'est-à-dire ^ dans un mo-
ment où presque tous les autres arbres soûl déOeuris. Avec
cet avantage, le cfl/«//>a a celui de pouvoir "croître en pb.'iue-
{.-x!, B I G
terre dans nos climats ; il est cependant prudent de ne l'y
mettre que lorsqu'il a atteint Tâge de deux ans : jusqu'à ce
temps on peut l'élever dans de grands pots. Quand on l'ex-
pose à l'air, il faut l'envelopper de paille pendant les grandes
gelées, lise plaît dans un sol humide et frais : on doit avoir soin
de le placer dans un lieu où il puisse être garanti de la vio-
lence des vents. Multiplié de graines, il ne lleurit qu'au bout
de six ou huit ans; il vaut mieux le marcotter ou le propager de
boutures , que l'on plante au retour de la belle saison : cet
arbre est très-propre à figurer dans les bosquets d'été. 11
est parfaitement acclimaté en France, puisque la graine qu'il
Y produit est féconde , et qu'il a résisté à l'hiver de 1789.
Thouin le range parmi les arbres de la seconde grandeur,
c'est-à-dire , parmi ceux qui s'élèvent de trente à soixante
pieds -, son bois, suivant M. de Feuille, n'est point à mépriser.
Comme l'arbre grossit rapidement, les veines y sont large-
ment prononcées ; mais il est poreux , le grain n'est pas fin ,
ni le poli lustré. Lorsqu'il est fraîchement coupé , sa couleur
est verdâtre \ le contact de l'air fait disparoître le vert : le
bois paroît alors d'un brun un peu clair.
La BI^,NO^E toujours alerte porte le nom àt jasmin odo-
rant de la Caroline , parce que ses fleurs , qui sont jaunes ,
répandent un parfum très-suave. On la multiplie par ses se-
mences. Elle est très-sensible au froid dans sa jeunesse ; on
doit la placer contre une muraille à l'exposition du midi , et
Ja couvrir de nattes pendant les fortes gelées.
La Bir.NONE ou le Jasmin de Virginie , dont les fleurs
sont grandes et d'un rouge éclatant , est une espèce dure qui
profite très-bien en plein air, pourvu qu'elle ait un appui.
Elle peut être employée à couvrir des berceaux, à orner des
treillages , et à garnir la tige de quelques arbres. On l'élève
rarement de graine , parce qu'elle est alors trop long-temps
à fleurir; au, lieu qu'étant multipliée par marcottes ou par
boutures , elle fleurit dès la seconde ou la troisième année.
Les fleurs de la Bignone À fruits tors étant jetées fraî-
ches dans l'eau , lui communiquent une odeur agréable : on
se sert de cette eau dans les Indes pour arroser les temples,
et en purifier l'air.
Les habitans de Saint-Domingue donnent le nom de
chêne à la Bignone À feuilles ondées , à cause de la bonté
et de la solidité de son bois , qui n'est jamais attaqué parles
vers. Cette espèce , qui est un catalpa , est aussi appelée
rhêne noir d'Amérique. Le bois de la BiGNONE À CINQ
FEUILLES, ou Poirier des Antilles ^ a le même avantage.
Celui que donne la Bignone spathacée , est moins dur ,
B I G 42-;
et très-facile à travailler; on en forme divers ustensiles com-
modes.
La BiGNONE X ÉBÈNE est un arbre de l'Amérique méridio-
nale , qui fournit Véhène vert du commerce, et dont une variété
donne Véhène jaune.
Ces quatre espèces étant originaires des contrées chaudes
de l'Amérique , ne peuvent subsister dans nos climats sans
le secours des serres: on les multiplie par leurs semences.
La BlGNONE GRIFFE DE CHAT et la BlG>0>ÎE ÉQUINOXIALE
ont besoin de soutiens ; celle-ci est appelée vulgairement
liane a crabes , /Jane à paniers. Toutes deux se multiplient par
leurs graines, qui doivent être semées sur une couche modéré-
ment chaude ; Tune et l'autre réussiront très-bien en plein
air, si elles sont exposées au midi , et placées contre une mu-
raille ou une terrasse, (d.)
La BiGNONE GÉANTE, Bignonia prarera., Willd. a les feuilles
bipinnées, les folioles obbingues, obtuses ; les fleurs disposées
enpanicuie terminale. Elle croît dans les forets de la Guyane,
où elle est connue sous les noms de ropdia et d'onguent pian.
Son écorce est purgative et émétique ; on en fait une tisane
qui est employée avec succès contre les diarrhées etlesdys-
senteries. (b.) ^
BKiNONÉES, Bignoniœ, Jussieu. Famille déplantes,
dont la fructification est composée : d'un calice divisé : d'une
corolle presque toujours irrégulière, quadri ou quinquélobée;
d'étamines au nombre de cinq, dont une souvent stérile ou
sujette à avorter ; d'un ovaire simple , à style unique , à stig-
mate simple ou bilobé ; d'un fruit biloculaire , tantôt capsu-
laire , polysperme , entièrement bivalve , ayant une cloison
séminifère opposée ou parallèle aux valves et s'en détachant,
c'est-à-dire simplement contiguë ; tantôt coriace , ligneuse,
s'ouvrant seulement au sommet, oligosperme, ayant une cloi-
son séminifère , contiguë aux valves , et munie presque par-
tout, sur les côtés , d'ailes saillantes , qui divisent les loges ;
à périspenne nul ; à embryon droit ; à cotylédons planes ; à
radicule inférieure.
Les plantes de cette famille sont, en général, remarquables
par la grandeur et par la beauté des fleurs qu'elles produisent.
Leur tige quelquefois herbacée , plus souvent frutescente , et
même arborescente, porte des feuilles simples ou conjuguées,
ou temées , ou deux fois ailées avec une impaire , fréquem-
ment opposées et rarement alternes. Les fleurs, quelquefois
solitaires et axillaires , plus souvent disposées en panicule
terminale , ont la forme d'une cloche , d'un tube ou d'un
entonnoir.
Dans cette famille , qui est la quinzième de la huitième
426 B I H
classe du Tableau du règne végétal^ par Ventenat, et dont
les caractères sont figurés pi. lo , n." 4- <lu même ouvrage ^
d'où on a emprunte l'expression caractéristique précédente ,
se trouvent huit genres sons deux divisions , savoir : ceux dont le
fruit est capsulaire et bivalve: Sésame, BIGNo^E, Galane, I^-
cARviLLE, MILLI^r^.TON , Jacarande, Catalpa et Técome,
faisant partie de ce dernier , selon Linnseus ; et ceux dont le
fruit est coriace, ligneux, et s'ouvre au sommet : ïourret et
Pédalie. (b.)
BIGOURNEAU. Nom vulgaire d'une coquille du genre
Sabot. Belon donne aussi ce nom aux Nérites. (b.)
BIHAI , lifUronia. Genre de plantes de lapentandrie mo-
nogynie, etde la famille des scitaminées, dont les caractères
consistent en une corolle composée de deux pièces Inégales ,
oblongues , membraneuses , canaliculées , dont Tinférieure
est simple et étroite , et la supérieure plus large , bifide à
son sommet , et munie d'une languette adnée à sa partie
interne ; cinq ctamines aussi longues que la corolle ; un ovaire
inférieur oblong , d'où s'élève un slyle filiforme, terminé
par un stigmate pointu ; une capsule oblongue , à trois cotés
arrondis, obtuse ou tronquée à son sommet, et divisée,
intérieurement , en trois loges , qui , chacune , contiennent
une seule semence dure et oblongue.
Ce genre renferme de très-belles plantes, propres aux
parties les plus chaudes de l'Amérique. Ce sont des herbes
vivaces dont les feuilles sont simples et engaînces à leur base,
et dont les fleurs viennent dans des spathes distiques , con-
caves ou cymblformes. Elles ressemblent beaucoup aux ba~
tianiers , et portent aux Antilles le nom de balisier. Les nègres
emploient leurs feuilles , quelquefois longues de plus d'une
toise , pour couvrir leurs cases et pour les autres objets aux-
quels on peut employer celles du bananier.
Les hiha'îs croissent dans les lieux marécageux, et renfer-
ment cinq espèces encore peu connues des botanistes. Celle
qui est la plus anciennement mentionnée par les voyageurs,
est le BlHAï À FEUILLES pointues , heliconia bihdi^ Linn. Ses
caractères sont d'avoir les feuilles aiguës à la base et à la
pointe , le spadix droit et radical , le spathe distique et mul-
tlflore , et la languette trifide.
Il ne faut pas confondre avec ce genre les StrÉlitzs ,
plantes du Cap de Bonne-Espérance , qui leur étolent autre-
fois réunies, (b.)
BIHAR. Nom arabe de la Camomille des teinturiers.
(B.)
BIHAT. Nom éthiopien de I'Hippopotame. (desm.)
B I L i,^
BIHIMITROU. C'est la même chose que le Bois d'A-
NISETTE. (B.)
BIHOR , BIHOUR. Noms vulgaires du Butor, (v.)
BÏHOREAU. Oiseau du genre du Héron. V. ce mot
(V.)
BIJON. La tévébenlhine du pin porte ce nom lorsqu'elle
est très-pure, V. Pm. (b.)
BIKA. En Hongrie , c'est le Taureau, (desm.)
BîL. C'est à Amboine ie Basilic porte-crête, (b.)
BiLAC. On trouve sous ce nom, dansRumphius, le genre
Aéglé de Commerson. (b.)
BILBIL. Nom turc du Troglodyte, (v.)
BILDSTEIN , c'est-à-dire , Pierre à sculpture. C'est le
nom que les Allemands donnent à la Pierre de lard , dont
sont faits certains magots de la Chine. 11 y en a de blanche ,
de rougeâtre et d'une couleur grise tirant sur le vert. M. Kla-
proth la nomme Arnalgadtalile , et M. Delamétherie , Ptigo-
dile. V. Talc graphique, (luc.)
EILIMBI. Nom du fruit du Carambolier cylindrique^
(B.)
BiLLARDIERE , Billardiera. Genre de plantes de la
pcHiandrie monogynie et de la famille des pitosporées de
Brown , établi par Smith , dans son ouvrage sur les plantes
de la Nouvelle-Hollande, ou Australasie. \\ offre pour carac-
tères : un calice a cinq folioles; cinq pétales alternes avec les
folioles du calice ; cinq élamines ; un ovaire supérieur, sur-
nionlé d'un style à stigmate simple ; une baie oblopgue , à un
grand nombre de semences lentiformes.
Ce genre ne renferme encore que trois espèces : ce sont des
plantes vivaces d'un pied de haut, à tiges grimpantes, à feuilles
alternes, ovales, lancéolées , velues, légèrement péliolées ;
à fleurs jaunes et solitaires dans les aisselles des feuilles supé-
rieures. On les cultive dans nos jardins. Ce qui les rend prin-
cipalement intéressantes , c'est qu'elles sont les seules encore
découvertes dans leur pays natal , dont les fruits soient bons
à manger. J'ai goûté de celui de l'une d'elles, et l'ai trouvé
fort agréable. La pulpe qu'il contient a la consistance et le
goût d'une crème d'entremets.
Yahl avoit donné le même nom au genre que Willdenowa
;;ppelé Froéliche. (b.)
BILLED'lVOIRE.C'eslla Venus pensyhanica deLinnaeus.
(B.)
BÏLLON. Nom qu'on donne dans le commerce aux plus
petites racines, c'est-à-dire, au chevelu des racines de la ga-
rance , et qui se vendent meilleur marche, (b.)
/,28 B I N
BILLON. C'est le nom de la Vesce dans le Mîdl de la
France, (b.)
BILLONNEB. C'est raction de châtrer les animaux do-
mestiques. V. Castration, (desm.)
BILOROT. Nom vulgaire du Loriot. Voyez ce mot.
(y-)
BILULO. Espèce de Manguier, (b.)
BIMACULÉ. Lézard due;cnre des Iguanes, (b.)
BIMACULÉ. Nom spécifique d'un Chétodon et d'un
Cycloptére, (b.)
BIMANE , Chirotes. Genre de reptile saurien étabU
par Cuvier , pour placer le Bipedl cannelé de Lacépède ,
qui manque de pieds de derrière, (b.)
BIMANES. Ordre de mammifères qui ne comprend que
le genre Homme , Homo, (desm.)
BIMAREGALY. C'est une Eupatoire , selon Nlr.holson.
(B.)
BIMBELE, Oiseau du genre Fauvette. Voyez ce mot.
(v.)
BINECTARIE. Genre de plantes établi par Forskaël.
Quelques botanistes pensent que c'est le MiMUSOPS kauki.
(B.)
BINERIL , BINERY. Noms que Ton donne, dans 1 Or-
léanais , au Bruant commun et à TOrtolan. (v.)
BINKOHUMBA. On appelle ainsi, à Ceylan, le Phyl-
LANTHE URINAIRE. (B.)
BINNI. Espèce de Cyprin qui se pêche dans le Nil. (b.)
BINOCLE, jB//io/:z////5. GcnredecrnstacésétabliparGeof-
froy , et composé de nos branchiopodes , qui ont deux yeux
séparés ; ceux où l'on n'en distingue qu'un , soit solitaire , soit
composé des deux réunis , forment son genre des monocles
(^monoculiis). Son binocle à queue en Jilet csi Y apus ronrriforme.
de cet ouvrage. Sa seconde espèce , le B. à queue en plumet y
pi. A. 26 , fig. 5 , nous est inconnue et paroît devoir former
un nouveau genre , voisin de celui (Vargule : ces deux espèces y
sont figurées. 11 en mentionne une troisième, celle Au goste-
rostée. V. Argule. Il rapporte encore au genre des binocles,
une espèce de llmule, que les amateurs nomment communé-
ment crahe des Moluques. V. LiMULE. (L.)
BINTAL. C'est la Baselle , à Ceylan. (b.)
BINTAMBARU. C est le Liseron pied de chèvre.
BINTOCO. Petit arbre de Manilles , qui fournit de U
résine , et qui appartient à la famille des térébinthacées. (b.)
BINUNGA, Espèce de Ricin, (b.)
B T P 429
BIONDELLA. Espèce de Centaurée. Le Bois gemii.
porte aussi le même nom. (b.)
BIORN. Nom suédois , norwégien et danois de l'OuRS.
(DESM.)
BIOURKOUT. Nom que les Tartares, près la forteresse
de Tozkaia , en Sibérie , ont imposé à T A1GLE.DORÉ. Cet
•oiseau de proie y est très-commun et très-recherché par les
Kirguis , qui le dressent pour la chasse du loup, du renard et
de la gazelle, (v.)
BIOUTÉ. Le Peuplier s'appelle ainsi dans le départe-
ment de Lot et Garonne, (b.)
BIPAPILLAIRE , BlpapUlaria. Genre établi par Péron,
dans le voisinage des Ascidies et des MaSiaires , et adopté
par Lamarck , pour placer un animal des mers de la Nouvelle-
Hollande. Ses caractères sont : corps libre , uni, ovale, glo-
buleux , terminé en queue postérieurement , ayant , à son
extrémité supérieure , deux papilles coniques égales , perfo-
rées et tentaculifères ; trois tentacules à chaque oscule.
Péron étant mort avant d'avoir rédigé ce qu'il avoit ob-
servé relativement à cet animal , dont il n'a laissé que la
description et la figure, on n'a aucune notion sur ses mœurs.(B.)
BIPÈDE , animal à deux pieds , Bipes. L'homme et les oi-
seaux sont bipèdes. Platon ayant défini l'homme, un animal à
deux pieds et sans plumes ., Diogène pluma un coq , et le jetant
au milieu de l'école académicienne , s'écria que c'éloit
ïhomme de Platon; celui-ci fut oblige de changer sa définition.
Les animaux à vertèbres ou à deux systèmes nerveux ont
ordinairement quatre extrémités , deux antérieures et deux
postérieures, excepté les serpens qui n'ont pas de membres,
quelques espèces de reptiles qui n'ont que deux pattes , et les
poissons apodes qui manquent de nageoires ventrales ; celles-
ci représentent les pieds, comme les nageoires pectorales re-
présentent les mauis, ou plutôt des ailes. Les deux pattes des
reptiles bipèdes sont très-petites, et aident ces animaux à
ramper.
Quoique les gerboises., les kanguroos soient des quadrupèdes
vivipares, leurs pattes antérieures sont si courtes, si foibles ,
qu'elles ne leur servent point pour marcher. Les pattes de
derrière sont longues et fortes dans ces animaux, et ils ne
s'appuient que sur elles et sur leur queue forte et roide, qui
leur sert d'un troisième pied. Comme ces animaux ne peuvent
pas avoir une démarche graduée et réglée par ce moyen, ils
sont réduits à sauter. Ce sont aussi de très-habiles sauteurs,
de même que les puces., les sauterelles., les grillons., les altises et
autres insectes, qui ont de fortes et longues jambes de derrière.
On ne peut pas dire que les sirt§es soient bipèdes., car leurs
43o BIP
pieds ne posent point exactement à terre ( F. Tarticle Singe),
et ils sont conformés pour grimper. Ces animaux reçoivent
plutôt le nom de quadmnianes , parce qu'en effet ils semblent
avoir quatre mains.
Les oiseaux et l'homme sont les seuls destinés à se tenir
debout sur deux pieds seulement. Celte position exige un plus
grand équilibre que la station des quadrupèdes. DansThomme
et l'oiseau, il faut que le carré de la sustentation reçoive ,
dans son milieu, tout le poids du centre de gravité; l'équilibre
ne pourroit pas se maintenir sans cette condition, et l'individu
seroit exposé alors à des chutes continuelles. V. Mouvemens
DES AT^IMAUX ou LOCOMOTION.
Il résulte de la station droite de l'homme et de sa dé-
marche bipède^ une conformation de la plus haute importance
pour le développement de notre industrie et la perfection de
notre intelligence. En effet, tandis que les pattes antérieures
des quadrupèdes ou les ailes des oiseaux servent à transporter
ces animaux , l'homme se levant droit sur la terre , ne la
touchant que par ses deux extrémités les plus éloignées, porte
un front redressé vers le ciel, et jouit de toute la liberté de
ses mains. Ces instrumens merveilleux, doués d'un tact si
délicat, ne sont point rendus calleux et insensibles par la
progression sur le sol; l homme peut donc soccuper de tra-
vaux particuliers et manuels, sans que sa marche soit arrêtée ;
ce qui n'est donné à nul autre des animaux. Cet avantage im-
mense le met d'abord au-dessus d eux tous. On a vu des loups
affamés et furieux qui s'alloient précipiter sur un homme
couché à terre, s'arrêter tout à coup de crainte et s'éloigner
en baissant la queue, aussitôt que cet homme s'est levé. Je
ne sais quel instinct leur apprend alors qu'il a toute la puis-
sance de ses bras et tout Tascendant de ses armes.
11 a donc suffi à la nature de nous relever de terre pour
nous mettre hors du rang des autres créatures. La main une
fois libre a réalisé les conceptions de la tête. Celle-ci a tout
inventé , celle-là tout fabriqué, et l'homme est devenu le
premier ministre de la nature dans cet univers.
Aussi, pour nous faire retourner au rang de la brute, il
suffiroit de nous réduire à marcher à quatre pattes ; ce que
quelques philosophes ont prétendu être notre démarche ori-
ginelle : tels sont J.-4,. Rousseau, les comtes Moscati, Mon-
boddo , etc. lyiais s'il falloit sérieusement combattre une er-
reur aussi manifeste ( Voyez l'article Homme), les moindres
notions d'anatomie suffiroient pour cette réfutation. Ces au-
teurs n'auroient pas eu assez d'intelligence pour écrire leurs
ouvrages, s'ils eussent été astreints à mettre en pratique leur
opinion; car leur lête courbée vers le soi, et bientôt remplie
B I P 43i
<lu sang qui s'y serolt accumule , eût été foudroyée par l'apo-
plexie. Cet accident n'arrive point aux quadrupèdes et aux
autres animaux horizontaux, par la précaution que la nature
a prise de diminuer et retarder l'afllux du sang dans leur cer-
veau, en subdivisant beaucoup les ramifications artérielles,
principalement au réseau admirable , rets mirabîle. D'autres,
motifs font encore de la station droite un besoin naturel à
Vhomme, (Voyez son article.) (virey.)
BIPÈDE, Bipes. Genre de reptiles de la famille des lé-
zards, qui offre pour caractères un corps très-allongé, couvert
d'écaillés, et seulement deux pattes antérieures très-petites et
garnies de doigts onguiculés.
Ce genre, établi par Lacépède, ne renferme que deux espèces:
l'une , qui a été trouvée au Mexique et qui fait partie de la
collection du Muséum de Paris, est le Bipède cannelé, dont
Cuvier a fait un genre particulier sous le nom de Bimaîse.
V. pi. B. 6. Sa tête est courte, arrondie en devant, chargée de
quatre écailles; ses yeux sont presque imperceptibles: on ne
lui voit pas de trous auditifs: son corps est.cylindrique et re-
vêtu d'écaillés presque carrées, disposées en demi-anneaiîx ;
un sillon s'étend depuis la têle jusqu'à l'anus dans Tintervalle
qui sépare les rangées de ces demi-anneaux. Les écailles de
la queue forment des anneaux entiers. La réunion de toutes
les écailles produit des cannelures qui ont déterminé Lacé-
pède à lui donner le surnom de cannelé. Il a cent cinquante
rangées d'écaillés sous le ventre et trente-une à la-queue. Les
deux pattes sont situées très-près de la tête , munies d'ongles
longs, crochus, et accompagnées du rudiment d'un cin-
quième doigt.
Pallas a décrit, dans les Nonoeaux commentaires de S. Péters--
bourg, t. 9, pag. ^35, l'autre espèce qui n'a que des pattes
postérieures.
Ce dernier, qu'on pourroit regarder au premier coup d'oeil
comme le complément du précédent , n'est pas, à beaucoup
près , aussi décidément de la famille des Lézards ; il se rap-
proche davantage du genre Akguis. ( V. ce mot. ) Latreille,
d'après Daudin, observe, avec raison, que des prétendues
pattes qui n'ont point d'ongles et qui sont extrêmement cour-
tes, peuvent être regardées comme une proéminence ou
comme les organes de la génération ; qu'ainsi on doit sus-
pendre son jugement sur cet animal , jusqu'à ce que de nou-
velles observanons , faites sur le vivant et sur plusieurs indi-
vidus , fixent ce que nous devons en penser.
Le lézard apode se trouve dans la Sibérie méridionale. V. au
mot Sheltopusik, nom que porte cet animal dans son pays
natal, (b.)
^32 B I P
BIPHORE, SaJpa. Genre d'animaux marins delà classr"
des V ERS, qui n'a encore été observé que par Torskacl, par
moi, par Bory-Saint-\ incent et par Péron. Ses carac-
tères sont: corps libre, oblong, creux , gélatineux , constitué
par le manteau qui est ouvert aux deux bouts, et qui enveloppe
les organes.
Les animaux de ce genre satisfont au vœu de quelques an-
ciens philosophes ; car ils sont si transparens, que tous leurs
organes, les mouvemens de leurs organes, et même tout ce qui
se trouve d'étranger dans leurs viscères, s'observe aussi bien
qu'on peut le désirer. Leur nature est gélatineuse comme
celle des méduses et des béroès^ et dès qu'ils sont blessés, ils se
résolvent , comme eux , en eau.
Les biphores sont tantôt solitaires , tantôt réunis en grand
nombre. Les uns et les autres sont percés, d'outre en outre,
]>ar un canal, dont l'ouverture antérieure est formée par une
fente horizontale, cl la postérieure par une troncature. La
première est doue susceptible de s'ouvrir ou de se fermer à
volonté , et la postérieure reste toujours la même.
De la partie postérieure du canal , au quart de sa longueur,
sort un vaisseau aérien qui se dirige obliquement de l'avant à
l'arrière. Ce canal semble fait en spirale, et est toujours dis-
tinct du reste du corps : il aboutit tantôt à un réservoir co-
clœriforme, tantôt à deux autres canaux qui constituent l'es-
tomac. Il y a de plus, encore plus haut , un autre canal qui
s'étend dans toute la longueur de l'animal , en faisant des
courbures : je n'ai pu en déterminer l'usage. Du réservoir, ou
des deux canaux de l'estomac , part un autre vaisseau qui va
sortir à la partie postérieure au-dessus de l'ouverture tron-
quée ; c'est le canal intestinal : son extrémité est l'anus.
Les biphores ahsorbent perpétuellement l'eau par le simple
mouvement de roulement et de déroulement des parties supé-
rieure et inférieure de la fente antérieure, c'est-à-dire, de
leurs lèvres. Cette eau sort sur-le-champ par l'ouverture pos-
térieure, mais dans son passage elle a laissé une partie de l'air
et les animaux marins qu'elle contenoit. J'ai plusieurs fois vu
de petits vermisseaux marins qui étoienl passés dans les ca-
naux intestinaux, mais je n'ai jamais pu voir comment ils y
passoient. Cette opération est instantanée , et paroît difficile
à comprendre.
Le mouvement de dilatation et de contraction dont jouis-
sent les biphores^ suffit pour les soutenir dans le liquide. En
général, ils suivent, entre deux eaux, la direction des vagues;
mai . dans les jours calmes et chauds, ils aiment à se tenir
tx mplétv'Jûitiil à la surface. Ou les voit assez aisément ilàns la
BIP ^33
mer, quoique aussi iransparens que Teau , soit parce que leur
substance étant plus solide, reilèle la lumière sous un autre
angle, soit parle moyen de leurs organes, ordinairement
colorés en bleu ou en jaune ; mais lorsqu'ils sont pris et mis
dans un vase , ceux qui n'ont point ces organes colorés , ttls
que le biphorc confédéré^ deviennent invisibles. J'avois pris
beaucoup de ces derniers, j'élois sûr qu'ils étoient dans mon
bocal; mais il me fallut plusieurs minutes d'observation pour
en distinguer un seul. Tous les bi'phoves sont phosphoriques
pendant la nuit , et présentent un spectacle fort agréable à
celui qui les regarde lorsque la mer est calme.
Mais ce qu'il y a de plus singulier dans les biphores^ ce qui
ne se voit de la même manière dans aucun autre genre du
règne animal , c'est la propriété qu'ont certaines de leurs
espèces, de se réunir, non, comme quelques personnes lont
avancé, fortuitement et irrégulièrement, mais par nais-
sance et dans un ordre constant. Ainsi des centaines de ces
animaux n'en font réellement qu'un.
Forskaël désigne trois modes de réunion parmi les b/phores;
savoir, ceux réunis autour d'un centre commun, comme le
BiPHORE PiNNÉ; ceux réunis longitudinalement , comme le
BiPHORE POLYCR.\TiQUE; enfin, ceux réunis transversalement,
comme le Biphore co^FÉDERÉ.
Je n'en ai observé de réunis que dans ce dernier mode ;
mais leur vue a toujours été pour moi un sujet d'adjniration.
Chaque mdividu , dans le cas précité, est attaché par les
côtés avec deux autres dont la bouche est tournée du même
côté , et par le dos , encore avec deux autres dont la bouche
est tournée du côté opposé. Cette réunion est opérée au
moyen de huit pédicules, de nature parfaitement semblable à
celle du corps. Elle est parfaitement régulière, c'est-à-dire,
que tous les individus sont à la même distance et à la même
hauteur, toutes les têtes d'une rangée sont tournées du même
côté , et celles de l'autre du côté opposé. Ces rangées sont
ordinairement de quarante à cinquante individus, et sont en-
traînées par les vagues , tantôt en ligne droite, tantôt en
ligne courbe, tantôt en spirale. Elles semblent dans la mer
desrubansblancspendantlejour, et des rubans de feu pendant
la Quit, lesquels se roulent et se déroulent alternativement, en
tout ou en partie, par l'effet du mouvement des eaux, ou de
la volonté des animaux qui les composent.
On ne trouve les bi phares ^ dans l'Océan , qu'à une grande
distance des terres. Tous ceux qui sont portés sur les côtes
sont bientôt écrasés sur les rochers ou sur les dunes ; car, on
le répète, ils sont extrêmement tendres , et ils n'ont pas de
movens de prévoir et de fuir l'approche du danger.
III. 28
^34 BIP
II reste actuellement à savoir si les rangées de brphores sont
pourvues d'une vie commune à tous les individus qui les
composent : je n'ai pu prendre une opinion à cet égard ; je
nie suis seulement assuré que lorsqu'on coupoit une rangée
en deux , trois ou quatre parties ; lorsqu'on séparoit même
tous les individus , aucun de ces individus ne parol'^soit souf-
frir, (jaoique leurs pédicules fussent très - courts et fissent
réellement partie intégrante de leur corps.
Les deux espèces les plus remarquables de biphores que j'aie
observées, sont :
Le liiPHORE SOCIAL qui a cinq côtés , et les extrémités cou-
leur de rouille. 11 s'unit sur deux rangées comme il a été dit
plus haut. Il est représenté réuni de grandeur naturelle et
séparé , grossi en dessus et en dessous , pi. A. 28.
Le BiPHORE BOSSU a le front saillant, le dos relevé, et
la queue cylindrique. Il vit toujours solitaire. Il est figuré
pi. A. 28, au quart de sa grandeur naturelle.
Cuvier a publié, dans le 28.^ cahier des Annales du Mu-
séum d'Histoire naturelle, une dissertation sur ce genre, et
en a figuré six espèces nouvelles q^ui ont été rapportées par
Pérou et Le Sueur. On trouve des observations anato-
miques fort intéressantes dans cette dissertation; mais l'au-.
teur s'est, selon moi, grandeuient trompé sur la boucîie
et l'anus. J'ai vu un trop grand nombre de biphores vivans
pour ne pas être sur de mon fait à cet égard; car le mouve-
ment alternatif de roulement et de déroulement du bout des
deux lèvres est perpétuel^ et on aperçoit très-fréquemment,
ainsi que je lai dit plus haut, des animaux marins s'englober ,
parce que j'appelle la bouche, tandis que ce que Cuvier
appelle ainsi n'a jamais de mouvement propre. L'analogie
seule devoit, ce me semble, garantir Cuvier de cette erreur,
puisqu'il convient que l'eau entre par l'ouverture que j'ap-
pelle la bouche ; car quel autre mollusque reçoit l'eau par son
anusi^ Dira-l-il que ce sont les AscmiES .'' V. ce mot.
Plusieurs Biphores fort remarquables sont figurés dans le
Voyage autour du Monde du capitaine russe Krusenstern ;
mais, faute de pouvoir lire ce texte , je ne fais que les indi-
quer ici.
Le genre Dagyse de Banks se réunit à celui-ci , au rstp-
port de Cuvier. (b.)
BIPICAA. V. Cytise des Indes, (b.)
BIPINNULA. V. Aréthuse. (b.)
BIPIRA. C est la Glycine phaséolide de Swartz, (b.)
BIPOREIE ^Biporeia. Genre établi par Dupetit-Thouars,"
mais qui ue diffère pas du Niote. (b.)
"C I s 435
BIQUE. C'est, en langage vulgaire, le nom de la Chèvre.
BIPiAGO. C'est rivRAiE dans le département du Gers.
(B.)
BIRANT. Espèce de Figuier de Mada{;ascar. (b.)
BIRASOUREL. Nom languedocien delHÉUAisTHE an-
nuel, (b.)
BIRCH - TRÉE. Nom anglais du Gomart h la Ja-
maïque, (b.)
BIRCKHAHN. Nom allemand du Coq de bruyères à
queue fowvhue ^ *)\x petit tétras. Ce mot signifie coq de bouleau y
les feuilles el les boutons du bouleau étant la nourriture prin-
cipale de ce petit tétras, (s.)
BIRD-GRASS. Plante fourrageuse importée de TAmé-
rique septentrionale en Angleterre. Une mauvaise figure qui
se voit dans the Complète Farmer^ semble faire croire que c'est
un Paturin. (b.)
BIRGUE, Dirgiis. M. Léach désigne sous ce nom un genre
de crustacés qui a pour type le pagure voleur { pagunis latro )
de Fabricius, et qui ne formera pour nous qu une division
dans le genre Pagure. Voyez ce mot. (l.)
BIRIBIN. Un des noms piémontais du Dindon, (v.)
BIRIBOY. C'est la Lobélie conglouée. (b.)
BIRIIDRUS. L'Épigée À FEUILLES EN CŒUR porte ce nom
d.ms les Antilles, (b.)
BIROLË , Birola. Plante aquatique , à racines annuelles ,
à ijqes grêles, rameuses; à feuilles opposées, sessik-s, ovales,
épaisses; à fleurs solitaires sur des pédoncules axillaires ,
qui seule, selon Bellardi, vol. 4 des Mémoires de l'Académie
de Turin , constitue un genre dans 1 hexandrie trigynie et dans
la famille des portulacées. Les caractères de ce genre sont ;
calice à trois divisions ; corolle à trois pétales ; ovaire supé-
rieur ; capsule à trois loges, renfermant chacune deux ou
quatre semences réniformes.
Cette plante, qui estlÉLATiNE hexaèdre de Decandolle ,
se trouve dans les mares de la foret de Fontainebleau, (b.)
BIROU. Un des noms piémontais du Dindon, (v.)
BIR-RÉAGEL. Nom d un Engoulevent de la Nouvelle-
Hollande, décrit par Latham. V. le genre Engoulevent, (v.)
BIRRHE, Byrrhus. Voyez Byrrhe. (l)
BIRVACH. V. Buvar. (b.)
BISAAIM. V. BiZAAM. (desm.)
BISAGO ou MISAGO. Kœmpfer dit que c'est un oiseau
semblable à \épen>ier, qui vit principalement de poissons , et
dont il fait provision en les mettant en réserve dans quelque
jrou de rocher sur les côtes. L on a remarqué, ajoute Ka:mp-
436 B T S
fer, que le poisson ainsi caclié se conserve aussi parfaileiuent
que le poisson mariné ou ValtUir; et c'est la raison pourquoi
on appelle cet oiseau bisagonohusl ou ïalliar de bisago. ( HisL
nat. du Japon ^ t. i, pag. 9 et 10.) Buffon a j?jigé que ce bisago
devoit être rangé parmi les oiseaux aquatiques ; mais il me
paroît plus vraisemblable que c'est un oiseau de proie pê-
cheur, (s.)
BISAILLE. Mélange de Pois gris et de Vesce. (b.)
BISAMAFFE {Singe musqué). Plusieurs auteurs nom-
ment ainsi l'OuisTiLi , petit singe d'Amérique, (desm.)
BISAM MAUS , BISEM-MUS (ou ml musqué). C'est le
nom allemand des Musaraignes, (desm.)
BISAM SCHWEIN (^cochon musqué). C'est le pécari,
espèce du genre Cochon, (desm.)
BIS AMT HIER. Nom allemand du Chevrotain porte-
musc, (desm.)
BISBEPiii. Nom arabe du Polypode commun, (b.)
BISCACHO. F. Viscaque. Mammifère rongeur, men-
tionné par Molina, et qui n'est pas encore bien connu.
(desm.)
BISCU TELLE. F. Lunetière. (s)
BISEM-MUS. F. BisAM maus. (desm.)
BIS-ERGOT. Oiseau du genre des Perdrix. F. ce mot.
BISET. Nom du Pigeon sauvage. F. l'article des Pi-
geons, (v.)
BiSETTE. C'est, selon Salerne, le nom vulgaire de la
Macreuse commune femelle, (v.)
BISIPHITE, Bisiphytes. Genre de Coquille établi aux
dépens des Nautiles, dont il diffère par une ouverture plus
élargie latéralement, et par deux trous , placés en ligne, aux
cloisons, l'un près le bord, et l'autre près le refour de la spire,
La coquille qui sert de type à ce genre a été trouvée fos-
sile à Sombernon, près Dijon, et ailleurs; mais il y a dans
les collections des espèces qui proviennent des mers de l'Asie,
telles que le grand nautile épais à deux siphons de Favanes. (fi.)
BISLINGUE. F. Fragon hypophylle. (b.)
BISMALYA. C'est la Guimauve, (b.)
BISMU'I'H, JVismulli , W. Ancieitnement nommé jEtom
de glace et Etain bâtard; Marcassite par excellence , des alchi-
mistes , etc. (^estun métal de couleur blanche , tirant sur le
jaune, dont le tissu est très-lamelleux; et l'on en extrait fa-
cilement des octaèdres réguliers par la division mécanique.
(Quoiqu'il reçoive l'impression du marteau, il n'est point
ductile ; on peut même le pulvériser; ce qui le faisoit ranger
autrefois parmi les demi-métaux. F. Métaux.
B I S 437
Sa pcsanicur spécifique est assez considérable , et presque
égale à celle de Targcnt : elle est, suivant Brisson, de 9,8227.
Lorsqu'il a été, pendant quelque temps, exposé à 1 action
de l'air, sa surface prend une couleur rouge âtrc irisée , et se
couvre même , à la longue, d'une légère couche d'oxyde gris.
Il n'a pas néanmoins une très-grande affinité avec Toxygènc ;
il n'en absorbe qu'environ le dixième de son poids; l'eau pure
ne paroît pas l'altérer sensiblement.
C'est un des métaux les plus fusibles, et il augmente sin-
gulièrement la fusibilité de ceux auxquels on l'allie. On a re-
connu depuis long-temps qu'un alliage de plomb, de bismuth
et d'étain se fondoit dans l'eau bouillante ; Homberg même
nous apprend que, de son temps, les anatomistes se servoient
de cet alliage pour faire des injections dans certains vaisseaux.
Il existe , dans plusieurs cabinets d'analomie , en -France
et en Allemagne, des espèces d'arbres métalliques, dont les
branches sont ramifiées dune manière admirable, et qui sont
le résultat d'injections faites dans le poumon avec cet alliage.
On laisse ensuite décomposer dans l'eau froide toute la ma-
tière animale, et l'on obtient un bel arbre de métal, dont le
tronc a été figuré par la trachée, et les rameaux par les vais-
seaux qui se distribuent dans le poumon.
Le célèbre chimiste Darcet, qui s'est occupé à chercher
la proportion des trois métaux qui pouvoit produire l'alliage
le plus fusible, a trouvé que c'étoit un mélange de huit parties
de bismuth, cinq parties de plomb et trois d'élain. Cet alliage
fond dans l'eau échauffée seulement jusqu'au 67.* degré du
thermomètre de Réaumur; c'est-à-dire , bien avant le terme
de l'ébullition.
Cette action des métaux les uns sur les autres est un fait
très-digne d'attention ; et ce n'est pas le seul exemple qu'en
fournisse le bismuth : quand on le fait entrer dans un amal-
game de mercure, avec le plomb ou l'élain, ou même l'ar-
gent, il atténue tellement les molécules de ces métaux, qu'ils
passent avec le mercure à travers la peau de chamois : et l'on
Ji vu des marchands de mauvaise foi employer cet expédient
pour falsifier le mercure avec une certaine quantité de plomb,
sans qu'il fût possible de le reconnoître autrement que par
la distillation.
Le bismuth entre dans plusieurs alliages employéi dans les
arts. Les potiers d'étain en mettent une petite quantité dans
leur métal, auquel il donne de la fermeté et un éclat qui ap-
proche de celui de l'argent, lorsque le mélange est fait dans
de justes proportions,
11 entre aussi dans l'alliage de plomb et d'antimoine, dont
CB B I S
on fait les caractères d'imprimerie ; il les rend et plus nets et
plus durables.
On se sert, pour étamcr intérieurement les globes de verre,
d'un alliage composé de quatre parties de mercure et d'une
de bismuth. On chauffe les globes pour les faire sécher, et
l'on verse dans leur intérieur l'alliage en parfaite fusion. On
le fait passer ensuite sur toute la surface interne du vase; une
partie y adhèce sous la forme d'une pellicule très-mince,
ayant un vif éclat métallique, analogue à l'étamage des
glaces.
Il possède la plupart des propriétés du plomb, et Geoffroy
le jeune avoit même reconnu qu'on pouvoit très-bien rem-
ployer à la place de ce métal pour la coupellation de l'or et
de ï'argenl; il produit absolument les mêmes effets.
IjC bismuth est le métal qui cristallise le mieux et le plus fa-
cilement par le refroidissement; la forme qu'il affecte est
celle de prismes rectangulaires, sans pyramide, qui sont ou
isolés , ou réunis de manière à former des espèces d'ornemens
à la grecque ou en bâtons rompus. Il prend aussi celle de tré-
mies analogues à celles de la soude muriatée.
Lorsqu'on fait fondre ensemble trois parties de plomb et
une partie de bismuth, et qu'on fait un peu rougir cet alliage ,
aussitôt il s'enflamme et brûle avec activité, en offrant les
mêmes phénomènes que l'alliage de plomb et d'étain , et il se
convertit en un oxyde d'un blanc jaunâtre.
Les acides sulfurique et muriatique attaquent difficilement
le bismuth; mais l'acide nitrique (l'eau forte) le dissout avec
ia plus grande rapidité et un dégagement prodigieux de gaz
nitreux. Quand la dissolution est achevée, si on la noie d'une
grande quantité d'eau, une grande partie de l'oxyde métal-
lique se précipite sous la forme d'une poudre blanche très-
fme, légèrement teinte de rose. C'est ce qu'on appelle mugisihe
de bismuth , ou bidnc de fard et b/onc d'Espagne. Quelques
femmes en font usage pour s'embellir; mais bientôt il gâte la
peau sans retour, et lui donne une couleur livide et tannée.
D'ailleurs, toutes les mauvaises odeurs le noircissent à l'ins-
tant; et une femme fardée avec ce blanc, qui se trouveroit
exposée pendant une minute à l'odeur des latrines ou des eaux
niinérales sulfureuses, verroit subitement l'éclat factice de sa
peau disparoître comme une ombre, et faire place aux teintes
affreuses d'un cadavre en putréfaction. On l'emploie aussi
pour teindre les cheveux, auxquels il communique une couleur
d'un blond grisâtre.
On a tiré parti de celte propriété qu'a l'oxyde de bismuth
de noircir par le plus léger contact de l'hydrogène sulfuré ,.
pour en faire une encre de sympathie, dont les effets sur-
prennent beaucoup ceux qui n'en connoissent pas la cause.
On écrit ce qu'on veut sur un papier, avec de la dissolution
de bismuth par Tacide nitrique , et les caractères ne paroissent
point quand ils sont secs. Mais si on les expose un instant à
l'odeur de l'hydrogène sulfuré, ils paroissent subitement sous
une couleur noirâtre. C'est par ce moyen que les diseurs de
bonne aventure trompent la crédulité du peuple. Ils présentent
à ceux qui les consultent, des morceaux de papier qui parois-
sent blancs, et qui semblent être pris au hasard ; mais ils ont
l'adresse de faire tomber à chaque curieux le bulletin qui ren-
ferme un oracle qui peut lui convenir. Us prennent ensuite
le bulletin au bout d'une pince, le plongent dans un grand
bocal de verre qu'ils ont soin de tenir couvert, et qui paroit
absolument vide; et à 1 instant 1 oracle se trouve écrit sur le
bulletin d'une manière lisible. Tout le merveilleux de cette
opération vient de ce qu'on a mis dans le bocal deux ou trois
gouttes de dissolution de foie de soufre (sulfure alcalin), qu'on
a fait étendre sur ses parois, et dont l'odeur pénétrante rem-
plit toute sa capacité, et noircit les caractères invisibles.
On peut faire, avec celte même encre sympathique, une
autre expérience également curieuse , dont nous donnerons
l'explication, d'après M. Haiiy.
« L'on trace des caractères sur le premier feuillet d'un
livre. On imbibe ensuite le dernier feuillet d'un peu de sul-
fure alcalin liquide, et, un instant après, on trouve, en ou-
vrant le livre, à la première feuille, que les caractères ont
pris une teinte d'un noir foncé. On avoit cru que , dans cette
expérience , le gaz hépatique pénétroit à travers les feuilles
pour aller se mêler avec la dissolution du bismuth. Mais
M. Monge a rendu le phénomène nul, en employant un livre
dont tous les feuillets étoient collés par les bords ; ce qui
prouve que , dans le cas ordinaire , ce sont les lamelles d'air
enfermées entre les feuillets du livre, qui, établissant une sorte
de circulation du gaz hépatique , lui servent de véhicule.
Ainsi, cette expérience ne doit pas être admise au nombre
de celles qui servent à prouver la porosité des corps. » {^Traité
de minéralogie, t. 4-i p- ^^g-)
L'oxyde de bismuth communique aux émaux et au verre
une couleur jaune analogue à celle qui est produite par le
plomb ; ce qui le rend propre à être employé pour la couverte
de certaines faïences de cette couleur. On s'en sert également
dans la dorure sur porcelaine -, en le mêlant à l'or dans la
proportion d'un quinzième ; il lui sert de fondant et le fixe sur
la couverte (^Brongniarl. )
Mines de bismuth. — Le bismudi est un des métaux dont les
mines sç rencontrent le plus rarement, ou plutôt on n'en
44o BIS
trouve point de mines proprement dites; il accompagne or-
dinairement les mines de cobalt , en Saxe , en Bohème et dans
le comte de Cornouailles en Angleterre. Nous en avons en
France dans les mines de Bretagne et de Saint-Sauveur.
Diétrich en a trouvé quelque peu dans les Pyréne'es , près
de la vallée d Ossau; le filon contient de la galène et de la
blende ; il est presque vertical et encaissé dans une roche cal-
caire; sa direction est sur onze heures.
Le même minéralogiste en a trouvé des échantillons dans
les déblais de la mine d'argent et de cuivre de Lubine , près de
Saint-Diez en Lorraine. Il a pour gangue un spath pesant,
mêlé de schiste et de quarz.
La grande fusibilité du bismuth en rend l'extraction très-
facile ; il suffit, en général, après avoir concassé la mine et
trié les morceaux qui renferment le plus de minerai, de les
jeter au milieu d'un foyer formé de bûches croisées et placées
au-dessus d'une espèce de bassin destiné à servir de réservoir
au métal fondu. On l'obtient même assez pur par ce moyen.
Quand il contient de l'arsenic, on l'en sépare à l'aide de la
chaleur. Son prix est peu élevé , malgré sa rareté plus grande
que celle de l'or; ce qui tient au petit nombre d'usages aux-
quels il est employé. Une livre de ce métal vaut de trois à
quatre francs , suivant les circonstances.
Le bismuth se trouve presque toujours à l'état natif; on le
rencontre aussi quelquefois à l'état de sulfure et sous celui
A^ oxyde, (pat. et Luc.)
Bismuth argentifère de Klaproth. V. Argent sulfuré
BISMUTHIFÈRE.
Bismuth natif , Gedief;en Wismuih , "Wern. Il est com-
munément d'un blanc-jaunâtre , quelquefois irisé , écla-
tant , fusible à la simple (lamme d'une bougie , et soluble
avec effervescence dans l'acide nitrique , ce que ne fait pas
Tanlimoine natif , avec lequel il a quelques rapports exté-
rieurs.
Sa pesanteur spécifique est moindre que celle du Bis-
muth fondu ; elle est de 9,0202 ; celle de ce dernier est
9,8227.
On le trouve rarement cnstallhè, il est plus ordinairement
en masses laminaires \ cependant IM. Fourcroy a cité des cris-
taux octaèdres de ce minéral qui faisoient partie de la collec-
tion de Bucquet , et qui venolent de Bastnaes en Suède.
AVallerius , Cronsledt et Emmerling l'ont aussi observé
sous la forme de petits cristaux cubiques ; et plus récem-
ment M. Léonhard , savant minéralogiste , a adressé à
M- Haiiy de beaux échantillons de bismuth , de Bieber
B I S Ur
en llanâu, qui offiolenl cette substance en cristaux jrhom-
boïdaux aigus , dont les angles étoient de 60° et 120°,
La surface de ces cristaux dont les plus gros ont environ
12 millimètres (5 lignes) dans le sens de leur axe , est d'un
gris-cendré, et ils ont pour gangue la baryte sulf;tlée cris-»
tallisée. Ils sont surtout remarquables en ce qu'ils offrent
une modification de Toctaèdre régulier dont on ne connoissoit
encore aucun exemple , et qui présente la forme de la molé-
cule soustractive de cette espèce.
Une autre variété fort intéressante du même minéral, et qui
se rencontre dans la plupart des collections , est le bismuth
n:it\( ramuleux-àendiitirpie ., ayant pour gangue un quarz jaspe,
d'un rouge-bi-unâtre, dans la masse duquel il est disséminé.
Elle vient de la mine du Cerf-Blanc , à Schneeberg en
Saxe. On taille cette malière en forme de plaques, aux-
quelles on donne un poli qui fait ressortir agréablement
les dcndrites métalliques sur la couleur brune ou rougeâlre
du fond.
Le Bismuth natif, la plus commune des espèces de ce
genre , accompagne ordinairement les mines de cobalt, et
en particulier celles de cobalt arsenical , dans des filons de
montagnes primordiales , comme le gneiss , le schiste mi-
cacé , le schiste argileux. Il y est associé à plusieurs autres
substances métalliqu'.-s, telles que le nickel arsenical ou oxydé,
Tarsenic, quelquefois le plomb, le fer et le zinc sulfuré ,
l'oxyde et plus rarement l'argent natif La chaux carbo-
natéc , la baryte sulfnléc , le quarz commun ou jaspoïde, lui
servent de gangues. On trouve ce minéral , qui est assez rare
dans la nature, en assez grande quantité à Joachimsthal en
Bohème, à Johanngeorgenstadt, à Schneeberg en 3axe ,
à Saint-Colomb et à Botallack, dans le Cornouailles. Il y
en a aussi en France , à Saint-Sauveur, dans les Pyrénées
et dans la ci-devant Bretagne ; en Suède , en Hongrie , en
Transylvanie et ailleurs.
Bismuth oxydé. Mine de bismuth calciforme ; Ochre
ou Chaux de bismuth native , de Rome de l'Isle ; Oxyde
de Bismuth , de Bom ; Wismuthorher^ W.
Ce minéral , qui est très-rare, se rencontre ordinairement
dans le voisinage des autres mines de bismuth, sous la forme
d'un enduit pulvérulent, de couleur jaune pâle, ou jaune nuancé
de verdatre, et quelquefois sous celle de petites masses com-
pactes ou stratiformes , de couleur grise ou jaunâtre et nuan-
cées de verdatre , luisantes dans leur fracture, et d'une pe-
santeur spécifique égale à l^.^?^'J\l.
Celte dernière variété, qui se trouve à Schneeberg en Saxe
et à Looz en Suède , contient de 70 à 80 pour 100 de
U^. B I S
métal. Le bismuth oxydé pulvérulent ou terreux , a été
trouvé encore à Saint-Agnès en C orn ouailles (Jrt//îe5o«); à
Johanngeorgenstadt en Saxe , et à Joachimslhal en Bohème.
On a souvent confondu le bismuth oxydé terreux avec le
fer oxydé terreux d'un jaune verdâtre (notamment avec celui
qui se trouve à Bieber en Hanau, sur le bismuth natif); mais
l'essai au chalumeau suffit pour distinguer ces deux subs-
tances ; la première se réduit très-facilement , tandis que la
seconde brunit sans se fondre , et devient attirable à l'ai-
mant.
Bismuth sulfuré. Mine de bismuth sulfuré , R. D. ; bis-
muth minéralisé par le soufre , Bergman ; B. sulfuré ,
de B. ; Jf-^ismuth-Glanz ^ W. ; Galène de bismuth , Brochant.
La couleur de ce minéral, récemment cassé, est le gris de
plomb clair, quelquefois avec une petite teinte de jaune ; sa
surface est assez ordinairement grisâtre, et quelquefois irisée.
Il est facile à entamer avec le couteau, mais plus dur que
le bismuth natif; sa texture est feuilletée , éclatante , et il est
divisible par des coupes parallèles aux pans d'un prisme qua-
drangulaire , qui se sous-divise dans le sens d'une des diago-
nales de ses bases.
Sa pesanteur spécifique est 6,4.672 d'après Brisson , et
seulement 6, i3i selon Kirwan ; l'antimoine sulfuré ne pèse
que 4,5 environ.
Le bisinulh sulfuré ne fait point d'effervescence dans
l'acide nitrique à froid, ce qui le distingue du bismuth et de
ranlimoine natif; et sa dissolution en oxvde blanchâtre
s'y opère lentement, ce qui n'a pas lieu pour l'antimoine
sulfuré.
II est fusible à la simple flamme d'une bougie ; exposé
au feu du chalumeau sur le charbon , il le recouvre d'un
enduit jaune-roussâtre qui passe au blanc par le refroidis-
sement.
H est composé, d'après l'analyse qu'en a faite M. Sage,
de 60 parties de bismuth et de ^o de soufre.
( Le bismuth sulfureux est un bismuth natif qui contient ac-
cidentellement un peu de soufre , Hai/'y.)
Le bismuth sulfuré se trouve avec le bismuth natif, à
Schneeberg et à Johanngeorgenstadt, en Saxe ; et à Joa-
chlmsthal , en Bohème. Il a ordinairement le quarz pour
gangue. Il accompagne le cériuin oxydé silicifère dans la
mine de Bastnaës , à Kyddarhyta en Suède , et la mine de
fer spathique blanche , à Bieber, en H esse {Rome de fls/e).
On en a trouvé aussi dans la mine de Herland en Cor-
nouallles. {Jameson. )
Bismuth sulfuré cuprifère, KupferWismutJi^ Karsten;
B I S 4P
M, Klaproth; Bismuth et cuivre sulfures, Delamétherie.
La couleur de ce minéral , dans sa fracture récente , est
le gris d'acier ; mais Tactlon de l'air le colore prompte-
ment en rougeâlre ou en bleuâtre.
Il est tendre , semi-ductile , ou , comme disent les Al-
lemands, traitable; sa cassure est inégale et à petits grains.
C'est probablement un mélange de bismuth sulfuré et
de cuivre sulfuré. D'après l'analyse de M. Klaproth, il
contient sur ico parties, bismuth, ^7^ ^4; cuivre, 34,66 ;
soufre, 12,58; avec une perte de 5,52.
Le bismuth sulfuré cuprifère n'a encore été trouvé qu'en
Souabe dans le Furstemberg , où il a été découvert par
M. Selb dans les mines de Neugliick , de Daniel et de
Gallenbach, près de Wittichen : il y accompagnoit le bis-
muth natif, le cuivre pyriteux et la baryte sulfatée.
Bismuth sulfuré plumbo-cuprifère, Nudeterz , W.
Ce minéral, que M. Patrin avoit reconnusur le lleumême,
lors de sa découverte en 1786 , pour un iî/Z/i/rc de bismuth^
étoit regardé en Russie comme un nickel aurifère. 11 a été
rangé ensuite par M. Werner et par plusieurs minéralo-*
gistes , à son exemple , parmi les mines de chrome ; mais il
est bien reconnu aujourd'hui , d'après les expériences de
r>ï, John , qu'il n'appartient ni à l'un ni à l'autre de ces
métaux.
Sa couleur est le gris d'acier tirant au jaune , et quel-
quefois au rougeâtre ; sa cassure longitudinale est feuilletée
et très-brillante; la transversale est inégale.
Il est fusible au chalumeau, en donnant une petite flamme
et avec bouillonnement, en un globule métallique d'un gris
d'acier, et soluble avec dégagement abondant de gaz nitreui
dans l'acide nitrique.
D'après l'analyse qu'en a donnée M. John de Berlin ,
cent parties de ce minéral contiennent , en regardant l'or
qu'il renferme quelquefois , et le quarz, comme mélangés
accidentellement :
Bismuth 43» 20
Plomb. . 24, 32
Cuivre 12, 10
Soufre. II, 58
Nickel I, 58
Tellure 1» ^a
Or
p^rte (Soufre brûlé?) 5, 90
100, 00
On ne l'a encore trouvé que dans les mines de Pysch-
4« BIT
minskoï el de Kllnizcfkoï, près do. Tîerosof, en Sibérie, où
il a le quarz pour gangue. 11 est ordinairement en aiguilles
recouvertes d'un enduit jaune-verdâtre et de bismuth oxydé
cuprifère que l'on avoit pris d'abord pour l'oxyde de chromée.
JBlSMUTH SULFtTRFAlX. F. BiSMUTH SULFURÉ. (LUC.)
BlSNA(iO. ISom vulgaire de la Carotte À curedents ,
Daiicùs visnagn , Linn. (b,)
BISON , Bos americamis. Espèce de mammifère de l'ordre
des RuMI^A^'S et du genre des Bœufs. F. ce dernier mot.
(desm.)
BISON MUSQUÉ, Bos mosclmtus. Autre espèce de
Bœuf , habitant également l'Amérique méridionale , et
dont M, de Blainville forme le genre OviBOS. (desm.)
BISON ou URUS DES AîsciENS. C'est VAuwchson Zubr
des Polonais. Espèce de Bœuf, (desm.)
BISPÉNIENS. Disns sa nouvelle distribution métho-
dique du règne animal , M. de Blainville donne ce nom a
son troisième ordre des Reptiles, qui comprend les ophidiens
et les sauriens des auteurs , à l'exception des crocodiles dont
il fait un ordre à part sous le nom d'fwy^/o sauriens.
11 pense que , d'après l'examen anatomique , il est im-
possible de séparer neltemcnt les sauriens des ophidiens , puis-
qu'en effet il y a de véritables serpens qui ont des pattes , et
de vrais lézards qui n'en ont point , comme les oroets. Le
nom qu'il donne à cet ordre indique la singulière disposition
de Torgane excitateur mâle dont les deux parties paires ne
sont pas réunies, (desm.)
BISSE. Un des noms vulgaires du Rouge-Gorge, (v.)
BISSE-MORELLE. La Fauvette d hiver dans quel-
ques cantons de la France, (s.)
BISSERULE. F. Pélicine. (b.)
B ISSU S. V. Byssus. (s.)
BISSOURDET. Nom. du Roitelet dans l'Orléanais.
(s.)
BISSOUS. Nom du Lapin dans quelques parties du midi
de la France, (b.)
BISTARDE. Nom de I'Outarde en vieux français, (s.)
BISTORTE. Plante du genre de la Re>ouee. (b.)
RISTOURNÉE. Nom d'une coquille du genre de I'Ar-
CHÉ. (b.)
BISULCE, Bisulcus. Désignation générale des mammi-
fères à pieds fourchus, (s.)
BISULQUES ou RuMINA^'S. M. Duméril, dans sa Zoo-
logie analyti<[ue , donne ce nom à la onzième des familles
qu'il dislingue dans la classe des mammifères, (desm.)
BITAFRES. Oiseaux de proie d'Afrique, dont le père
BIT 445
Labat parle trop confusément pour que l'on sache à quelle
espèce il appartient, (s.)
BITANGOR. Espèce de Calaba. (b.)
BlïARDE. Nom vulgaire de I'Outarde aux environs de
Niort. (V.)
BITI. Arbre de Tlnde, dont le bois est très-estimé. Il y
a lieu de croire que c'est un Sophora. (b.)
BITl-MARAxM-iVIARAYARA. Plante parasite de larbre
précédent et qui paroît appartenir au genre Épidendre. (b.)
BITIN. Gronovius donne ce nom à plusieurs serpcns ,
qu'on ne peut rapporter à aucun genre connu, (b.)
BITIÏENl. C'est le nom du «/V/nm, espèce de Sagoui:^
chez les Indiens Maravitains de la Guyane espagnole, (desm.)
BIT03IE , Bitoma. Genre de coléoptères , étalDli par
Herbst , et qui répond à celui de Lycte de Fabricius. V. ce
mot et celui de Ditome. (o. et l.)
BITOME, Bitomus. Genre de Coquilles établi par
Denys Montfort, dans le voisinage des Neriïes. Ses carac-
tères sont : coquille libre , univalve , à spire régulière , écra-
sée ; un ombilic ; ouverture arrondie , séparée en deux par
un prolongement de la lèvre inférieure , mais sans canal et
entière ; lèvres tranchantes et réunies. La seule espèce qui
constitue ce genre se trouve dans la Méditerranée , et a été
figurée par Soldani. Son diamètre est d'environ une ligne.
(b.)
BITON. Nom vulgaire de la Porcelaine pou. (b.)
BITOR. Nom vulgaire du Butor aux environs de Niort.
(V.)
BITOUR. Nom vulgaire du Butor, (y.)
BITSCHËTSCHI. Les Indiens des Maypures, dans la
(iuyane espagnole, donnent ce nom au Titi de V Orénoque ou
Siiîmiri. V. Sagouin, (desm.)
BITTAQUE, fi///af?w, Lat. Genre d'insectes de Tordre
des névroptères , famille des planipennes , tribu des panor-
pates , qui diffère du genre des panorpes , dont il a été dé-
membré , en ce que l'abdomen est presque terminé de la
même manière dans les deux sexes , ou ne forme pas , dans
les mâles , une sorte de queue articulée , avec une pince au
bout , comme le fait celui des mâles des panorpes ordinaires ;
les tarses n'ont qu'un seul crochet distinct à l'extrémité de
leur dernier article. Les blllaques ont d'ailleurs quatre ailes
égales , couchées horizontalement sur le corps , et trois petits
yeux lisses , ce qui les distingue des némoptères et des bo-
rées , autres genres de la même division.
BiTTAQUE TlPULAfRE, 5iV/acH5 /i/>M/a/7'M5, Lat. Gcn. crust.
el insect. , tom. 3, pag. 189; Panurpa tipularia , Fab. ; \ii!..
446 B I T
Entom., tom. 3, tab. 7 , fig. 11. Corps roussâtre ; ailes sans
taches , avec le bord extérieur cilié. Dans les départemens
méridionaux de la France et en Espagne, (l.)
BITTERSPATH ou Spath magnésien. Les Allemands
lui ont donné le nom de biUerspath, qui signifie littéralement
Spath amer^ parce que la magnésie qui entre dans sa compo-
sition , a été extraite d'abord du sulfate de magnésie , ancien-
nement nommé Seld'Epsom ou Sel amer. Ce minéral n'a d'ail-
leurs aucune amertume. V. Chaux carbonatée magnési-
FÈRE (pat.)
BITTERLING. Nom allemand du Cyprin bouvière.
(B.)
BITUME. On comprenoit autrefois sous le nom commun
de bitume , dans la minéralogie ancienne , la plupart des
corps que nous plaçons aujourd'hui dans la classe des subs-
tances combustibles , tels que la houille , le jayet , le suc-
cin , etc. ; ce nom étoit synonyme d'inflammable. L'appli-
cation en est actuellement restreinte à des substances qui
présentent des caractères assez tranchés pour que les miné-
ralogistes étrangers les considèrent encore comme des espèces
distinctes , si toutefois l'on doit donner ce nom à des ma-
tières entre lesquelles il est si difficile d'établir une ligne
nette de démarcation et d'espèces, qui , suivant le plus grand
nombre des naturalistes , tirent leur origine des êtres orga-
nisés , et notamment des végétaux. Ces substances, qui n'en-
troient pas originairement dans la composition de la masse
solide du globe , mais se trouvoient simplement placées à sa
surface , en font maintenant partie ; et sous ce rapport, elles
appartiennent à la minéralogie.
Les variétés de l'espèce bitume sont caractérisées en général
par la propriété qu'elles ont de brûler avec flamme , en
répandant une fumée épaisse , accompagnée d'une odeur
particulière qui , jusqu'à un certain point , n'est pas désa-
gréable-, et est connue sous le nom à odeur bitumineuse;
elle a de l'analogie avec celle qu'exhale dans le même cas la
houille ou charbon de terre , mais est beaucoup moins acre ;
le résidu de leur combustion est peu considérable , et elles ne
donnent pas non plus d'ammoniaque par distillation ; ce qui
les distingue encore de la houille , qui n'acquiert pas en
outre l'électricité résineuse par le frottement , sans avoir éié
isolée auparavant , comme le fait le bitume solide.
La pesanteur spécifique des diverses variétés de bitume est
très-peu considérable, comme nous le verrons pour cha-
cune d'elles , et même la plupart surnagent l'eau : elle est
de 0,7, à i,io44 ; leur consistance varie beaucoup plus. Il y
en a de liquide et d'oléagineux , de glutineux , d'élastique ,
BIT i4,
<îe terreux et de solide ; mais le plus compacte est ordinaire^
ir>enl facile à briser entre les doigts.
Tous exhalent , par le frottement , ou à Taide d'une légère
chaleur, une odeur qui a du rapport k celle de la poix : ce
qui n'a lieu ni pour le javet, ni pour la houille.
Le carbone et Ihydrogène , unis à une certaine proportion
d'oxygène , forment la base principale du bitume , et en géné-
ral celle de toutes les substances combustibles , non compris
le soufre ; il s'y joint aussi de lazote, du fer et quelques subs-
tances terreuses , mais en petite quantité.
Nous verrons dans la description des diverses variétés de
hUume ^ qu'elles ne sont, pour ainsi dire , que de simples
modifications d'une même substance , et qu'elles passent l'une
à l'autre par des nuances, pour ainsi dire, insensibles ; il faut
en excepter cependant le bitume élastique.
i.° Bitume liquide ou Naphlc; B. liquide blanchî\tre , Haily ;
Pétrole fluide très-pur, Naphte, De Born; Naphla , Wer-
ner ; Liquides Bergol, Karsten ; l'Huile minérale naphte,
Brochant.
Sa couleur est le jaune pâle ; il est très-fluide et surnage
l'eau. Sa pesanteur spécifique est o,yo8 â 0,732. Il est trans-
parent; sa réfraction est très-forte , et il a un éclat gras : il
réfléchit quelquefois à sa surface la couleur bleue ; ce qui lut
donne alors un aspect différent de celui qu'il" a quand on le
regarde à travers le vase de verre qui le renferme ; il est
jaune dans ce dernier cas. 11 s'enflamme à l'approche d'un
corps embrasé , même à une certaine distance , et brûle
avec une flamme bleuâtre , sans laisser de résidu. Exposé à
l'action de l'air , il brunit et perd son odeur en s'épaississant.
Il est très-rare et ne se rencontre que dans un petit nombre
d'endroits. On l'extrait communément de la variété suivante,
à l'aide de la distillation.
Le naphte naturel le plus pur , est celui qu'on trouve près
de Bakou, sur le rivage nord-ouest de la mer Caspienne, dans
une presqu'île nommée Apchéronn , dont le sol aride est une
terre roussâtre, marneuse , mclée de sable.
Dans différentes parties de ce terrain, il s'élève des va-
f»eurs de naphte^ qu'on peut enflammer facilement, en grattant
a terre de quelquespouces, et en approchant un tison embrasé.
La flamme est d'une couleur jaune-bleuâtre : elle donne une
odeur désagréable, acre et pénétrante, qui picote la poitrine.
Quand le temps est calme, elle s'élève de deux ou trois pieds.
Quand on veut l'éteindre , il suffit d'agiter l'air , ou de jeter
do la terre dessus.
Les gens du pays se servent de ce feu naturel pour leurs
usages domestiques. Us enfoncent dans I4 terre un tuyau d'ua
448 BIT
pied de long ; ils meltent le feu à la vapeui' qui cri sorl , et
font cuire leurs alimens sur cette flamme ; ils remploient
même à faire de la chaux. Tous les environs do Bakou sont
calcaires , et on en transporte les pierres sur les places d où
s'échappe la vapeur: on l'allume, et au bout de deux ou trois
jours les pierres se trouvent calcinées.
La (lamme ne cause néanmoins aucun changement au sol
sur lequel elle se montre , elle ne fait que Téchauffer ; et bien
loin de se durcir , comme il arrive à la marne qu'on expose
à un feu ordinaire , on trouve qu'à deux pieds de profondeur
elle est beaucoup plus douce à la main, et ne contient plus
de sable. Cette terre renferme des rognons de bitume noir,
qui est le pétrole dépouillé de sa partie spiritueuse , et qui
passe à l'état de maltha.
Gmelin dit qu'il est venu , du fond de l'Inde , des Guthres
s'établir auprès de ces feux, qu'ils regardent comme un pré-
sent du ciel pour favoriser leur culte.
Les puits d'où l'on tire le iiaphle , sont à deux ou trois
cents toises au sud- ouest de ces feux perpétuels, comme
on les appelle dans le pays : ils sont au bas d'une petite
colline -, ils ont environ trente pieds de profondeur. Le
naphle qui suinte par les parois de ces puits , se rassemble
au fond , et quand il s'en trouve une quantité suffisante, on
l'enlève.
On lui donne le nom de naphte blanc, quoiqu'il soit d'une
couleur ambrée; mais il est limpide, et c'est pour le distin-
guer de celui qui passe à l'état de pétrole commun, de couleur
noirâtre. C'est ce dernier que le peuple de Perse emploie
pour s'éclairer, au lieu d'huile végétale.
Le batmann, de sept à huit livres de nuphte blanc, se vend
dans le pays un abas et demi, ou environ trente sous. Le noir
ne vaut que la dixième partie.
On fait distiller le naplite blanc pour l'avoir en effet blanc
et pur , et les Persans le regardent comme un excellent
remède dans les rhumatismes et les paralysies : ils en font
usage tant intérieurement qu'en frictions; mais en ce cas, il
faut singulièrement prendre garde au feu, car le malade
courroit grand risque d être brûlé vif.
Il y a encore une autre presqu'île voisine, nommée Bail,
où l'on trouve Au pétrole, et l'on y a creusé plus de soixante
puits, d'environ dix toises de profondeur; mais il est plus
grossier, plus épais que celui d'Apchéronn, qui est le seul
qu'on transporte dans l'intérieur de la Perse.
Le Khan de Bakou retire de la vente An pétrole deux cent
mille francs par an.
Le naphle est plus abondant en Sicile que \q pétrole. On en
BIT U-j
trouve en plusieurs endroits, et principalement à Leonforte,
k Bivon3,sur une fontaine aux environs de Girgcnti, dans
le fleuve Symèle, à Polizzi et à Canalotto. Le pétrole se
trouve dans les deux Pélraglies, à la superficie de plusieurs
pierres qui le renferment, ou en gouttelettes surnageant
l'eau. (De Broch, Min. sicil. p. i8i.) On en trouve également
en Calabre; sur le mont Zibio, près de IModène ; sur les
bords de la mer Caspienne; dans le GaUcase; au Japon
et dans plusieurs autres lieux.
M. Héron de Yillefosse parle d'une source qui existoit
dans le quinzième siècle à Waldsbruun,^rès de Bilsche ,
département de la Moselle, et qui fournissoit une assez grande
quantité de naphte ou pétrole blanc.
On a découvert en 1802 , près du village d'Amiano , dans
le duché de Panne , une source de ce bitume qui en fournit
annuellement une assez grande quantité pour qu'on ait pu
iemploycr, au lieu d huile, à 1 éclairage de la ville de Parme.
M. Ménard delà Groye, dont nous aurons plus d'une
occasion encore de citer les observations , nous a avertis
qu'on ne Temployoit pas à cet usage, dans la cité de Gènes ,
comme on le croit communément. L'emploi du naphle pour
l'éclairage demande beaucoup de précaution ; il faut avoir
bien soin de tenir exactement fermé le réservoir qui le con-
tient, et que la flamme en soit un peu éloignée.
Les anciens ont employé ce hitume comme vermifuge. Il
sert dans l'Inde à faire des vernis.
2. B. oléagineux on pétrole ; B. liquide brun ou noirâtre , H.
Huile de Gabian , du commerce ; Pétrole gras brun , de
B.; gemeinrs erdoel ^ W. ; Verdicies hergol ^ Karst ; l'huile mi-
nérale -commune , Broch.
Il est ordinairement brun, ou d'un brun roussâtre, ou
noirâtre; d'une consistance onctueuse et grasse, quelquefois
iiiéme visqueuse; il devient aussi glutineux, par le contact
«le l'air, et finit môme par sy solidifier. Sa pesanteur spéci-
fique varie de 0,84.75 à 0,8783. Il est aussi très-combustible,
en répandant une épaisse fumée noire; on en retire beaucoup
de naphte T^AV la distillation.
Le pétrole est beaucoup plus commun que le naphte. On
en trouve assez abondamment en France , surtout dans le
département de l'Hérault. La source de pétrole , située aux
environs de Gabian, et à peu de distance de Pezenas , est
depuis long-temps célèbre; c'est une des plus intéressantesi
de ce genre. Depuis l'époque de sa découverte, qui date de
1618, jusqu'en 1776, elle a fourni, année commune, envi-
ron trente-six quintaux de cette espèce d'huile minérale ; mais,
m. 29
/,5d BIT
depuis 1776, eîle n'en fournit pin*;, suivant M. Marcel de
Serres, que quatre quintaux environ.
Lés sources les plus importantes aujourd'hui, sont celles
d'Ainiano, à douze lieues de Parme. On les exploite à Taide
de puits "creusés dans le sol , qui en est imprégné jusqu'à
une profondeur assez considérable. Les ouvriers qui le re-
cherchent, ont remarqué qu'on en trouvoit davantage dans
une argile verdàtre , dure et compacte , que dans lés autres
parties du terrain ; mais ils se laissent, en général, drriger
par Todeur àxxbitiwie. A mesure que Ton creuse, elle se fait
sentir , et quelqucrols devient assez forte pour que les ouvriers
en soient incommodés. L'on creuse les pulls jusqu'à 60 mè-
tres, environ 3o toises de profondeur; on atteint les sources
de pétrole ; on donne au fond du puits là fornie d'un en-
tonnoir ; le pétrole se rassemble au fond de ces cônes , et
on le puise tous les deux jours avec des seaux. L'odeur qu'il
exhale est tellement forte, que les ouvriers ne peuvent là
supporte!^ plus d'une demi-heure sans courir le risque de
s'évanouir. On a remarqué que les sources de pétrole sont
presque toujours accompagnées de sources salées. ( Bron-
^niarl. )
On en trouve en Transylvanie , dans toutes les nilnes de
sel gemme ; en Gallicie, en Moldavie , en Grèce, en Suède,
au royaume d'Ava, dans l'Inde, où il découle de la houille ;
au Japon, en Amérique, dansie voisinage de Carthagène, etc.
Il est employé comme combustible, après avoir été pu-
rifié -, il peut aussi remplacer le goudron, pour les usages de
la marine ; et même il paroît lui être préférable pour les cor-
dages. En Angleterre, on extrait ce biiumede la houille grasse,
qui en renferme une grande quantité, par une sorte de distilla-
tion dont le résultat fournit à la fois l'ammoniaque liquide ,
du noir de famée, an ùitume Viqmde ou goadron , et le coak
ou charbon purifié, employé dans le traitement du fer et
dans celui des mines d'étain. .
Les fontaines de pétrole dûment Zibioprès deModène,sonl
situées au fond d'un vallon, à environ un demi-mille de dis-
tance de la salse de Sassuolo. ( On nomme Salse dans le Mo-
dénois , des tertres en forme de cône, dont le sommet pré-
sente une sorte de cratère d'où jaillit une fange demi-fluide
et salée, qui , retombant sur les flancs du cône , en augmente
aussi les dimensions. ) L'une d'elles s'appelle le bain blanc ^
l'autre le bainnoir , de la couleur du naplUe ou du pétrole qui
en découle , et dont la quantité est d'environ 13 onces (Sj
décag. ) par jour en été, et de la moitié en hiver. Quand la
salse de Sassuolo éprouve de violentes convulsions, la quan-
tité de pétrole qui coule avec l'eau de ces fontaines diminue ,
BIT ^5,
etc. ( Spallanzani , t. 5, p. 263 et suîv. ) Le terrain dans le-
quel ces sources jaillissent , est composé d'une roche assez
friable , mêlée d'argile , de chaux carbonatée et de sable.
En Pukutie , près des monts Krapac , on voit couler le
pétrole dans un vallon; il sort de la montagne Berghœl ^ près
d'une source salée.
Les saAfi du Modénois, ainsi que les volcans vaseux de la
Crimée, et de ïmiccalouba en Sicile, abondent également en
pétrole et en sel matin.
On trouve du pétrole dans plusieurs autres contrées : il n'est
pas rare surtout d'en voir à la surface de la mer, dans le
voisinage des volcans; et je pense qu'il est la cause princi-
pale , ou peut-être unique, de l'amertume des eaux de l'O-
céan. Flaccourt { Histoire de Madagascar ) dit qu'en passant
près des îles du Cap Vert , qui sont toutes volcaniques, il vit
Fa mer couverte àe pétrole.
Le savant observatem- Breislak ait qu'au pied du Vésuve,
près du fort de Pietra Bianca, se trouve au fond Ô£ la mer
une source de pétrole , dont les gouttes s'élèvent à*a surface
de l'eau.
Quand il donna l'édition italienne de sa Topogi-aphie phy-
sique delà Campanie, il pensoit qu'il y avoit sous le Vésuve un
'immense réservoir de ce bitume, et il le regmrdoit comme
l'unique cause des phénomènes de ce volcan.
Mais dans l'édition française du même ouvrage, qu'il a
donnée en i8oi , un an après que j'eus publié mes Recherches
sur les Volcans , dans le Journal de Physique ( germinal an
8, ou mars iSoo), et dans d'autres journaux du même teivps,
on voit que ce savant a adopté ( dans son chap. vu ) , sur l'o-
rigine des feux volcaniques, une opinion qui rentre tout-à-fait
dans la mienne , ou plutôt qui est proprement la mienne , pré-
sentée d'une manière plus vague. V. Volcan.
3. B. résinoïde noir , ou Asphalte ;'B. solide , friable ^ H ; As-
phalte ou Bitume de Judée , aussi nommé Gomme des funé-
railles , Karabé de Sodome, etc., R.D.; Pétrole solide,
cassant et luisant, De Born; Schlakiges Ei-dpech , W. ; Poix
minérale scoriacée, Broch.
La poix minérale terreuse ( Erdiges Erdpech , W. ) est une
variété de bitume solide, dont la cassure est terne , et la cou-
leur d un brun noirâtre , par le mélange des matières terreuses
auxquelles elle est communément unie. Elle accompagne
presque toujours le bitume glutineux.
Le bitume aut[ne\ on donne communément le nom A" asphalte
ou de bitumede Judée , est d'une couleur noire quand il est en
masse , et il paroît alors parfaitement opaque ; mais ses fr.-'g -
mens, quand ils sont très-minces, sont translucides quelque-
452 B T T
fois vers les Lords, et paroissent d'une couleur rouge obscurci
Il est très- fragile , et sa cassure ressemble à celle du verre.
Sa pesanteur spécifique est moindre que celle de l'eau du lac
Aaphallîqxie , puisqu'il la surnage ; mais le savant Brisson a
trouvé qu'elle est à celle de l'eau pure comme ii,o4.4 est à
10,000, II est très-facile à électriser par le frottement.
Ce hilume a été , de même que le précédent , dans un état
fluide , c'est-à-dire , un vrai pétrole ; mais il est devenu con-
cret , soit par Tévaporalion de sa partie la plus subtile , soit
surtout par l'action des acides minéraux.
Il se trouve en abondance sur les bords Au lac de Judée ,
qu'on nomme aussi, pour cette raison, lac Asphaldque. II
provient des sources bitumineuses dont parle l'éloquent Vol-
ney dans son Voyage en Syrie (t. i , p. 274.)- Il est long-temps
ballotté par les eaux de ce lac , qui sont tellement salées qu'on
lui a donné le nom de merde sel. Peu à peu il acquiert de la
solidité , et il est poussé et accumulé par les vents , dans les
anses et Us golfes, où les gens du pays le recueillent.
Toute cette contrée a été volcanisée, ainsi que nous l'ap-
prend le même voyageur ; et les volcans , quoique éteints en
apparence , y conservent encore la propriété de produire du
bitume, de nfl^inc que ceux d'Auvergue , de Languedoc et
de tant d'autres contrées ; et si le bitume qu'ils fournissent
rencontroit une eau aussi chargée de matières salines que
celle du lac Asphaltique , il est probable qu'il acquerroit la
même solidité que le bitume de Judée.
Mais quoique ce bitume conserve de la mollesse , on donne
néanmoins le nom à' asphalte à celui dont certaines couches
terreuses sont imprégnées , comgie celle qui se prolonge
depuis Seyssel jusqu'à X^pertedu Rhône, sur les deux bords de ce
fleuve. C'est une couche de sable quarz(»uxet ^/'/H/7î/««/.T;,quia
trois pieds d'épaisseur dans un espace d'environ cinq cents
toises , près de la commune de Surjoux : elle est entre deux
couches dargile ; le tout repose sur une couche de pierre cal-
caire , et se trouve à une élévation de trois cents pieds au-
dessus du Rhône.
On fait bouillir ce sable dans de grandes chaudières , et l'on
recueille le bitume qui nage sur l'eau. Le produit est d'environ
douze pour cent du sable qu'on a employé. Ce bitume est
propre à faire du ciment pour la maçonnerie des ouvrages
exposés à l'action de leau. On peut le faire entrer avantageu-
sement dans la composition des vernis noirs ; et en le mêlant
à des matières grasses , on peut en oindre les rouages des
gr<kndes machines. Il peut également servir de goudron pour
B I T 453
les embarcations de toute espèce. Voyez le Journ. des Min. ,
M." XXIII , p. 45.
Aux environs de TVeissemhout^ , en Alsace , il y a plusieurs
ateliers , notamment a Beckelbwon ^ où l'on traite également
«n sable imprégné d'asphalle , dont la couche est à cent
vingt-huit pieds de profondeur , et dont on retire , par diffé-
rens procédés, environ dix pour cent de bitumes liquides et
solides. Le produit annuel est de quinze cents quintaux ; mais
il pourrolt être porté jusqu'à quatre mille. {Ihid., n.° xiii ,
p.?>Z.)
On en trouve également dans beaucoup d'autres lieux , no-
tamment près àcDax, dans les Landes; près dOrlhès , pn
Béarn ; aux environs de Neuchâtel, etc. DeBorn parle d'un
asphalte qui a été trouvé dans une mine de mercure du pays
de Deux-Ponts ; il étoit avec du cinabre , dans une argile
martiale. Il accompagne aussi la bai-)'te sulfatée cretée , au
Harlz , sous la forme de globules. noirs etbrillans ; la chaux
carbonatée laminaire enNorwége, etc.
Parmi les usages auxquels on a employé V asphalte , l'un des
plus remarquables est celui qu'en faisoient les anciens Égyp-
tiens, pour embaumer les corps et en former ce que nous ap-
pelons des momies. Il est probable qu'ils le faisoient fondre
avec du naphte , afin de lui donner assez de fluidité pour exi
faire des injections , et que c'est le temps et sa combinaison
avec les substances animales qui lui ont donné la dureté qu'on
lui connoit.
Si 1 on en croit le péruvien Garcias Lasso de laVega^
le même usage étoit établi dans son pays.
4. B. Glutlneux ou piciforme., H. ; Poix minérale ou Malthe,
Rome -Delisle ; Pétrole tenace, De B.; Pissasphalte , Dau-
benton ; Bergtheer.^ ^VV. ; Zahes Erdpech^ Karst. ; Goudron
minéral, Broch.
Il est noir, et, comme son nom l'indique, d'une consistance
semblable à celle de la poix ; il est solide dans les temps
froids; léger, surnageant l'eau, combustible, avec fumée
noire , etc.
On le trouve ordinairement dans les mêmes lieux que le
pétrole; mais cela n'est pas réciproque, et il y a beaucoup d'en-
droits où l'on voit du bitume glutineux , mais point de pétrole.
De même que \e pétrole., il se rencontre très-souvent dans le
voisinage des sources Sîilées et des couches de sel gemme.
Nous en avons dans plusieurs contrées delà France, notam-
ment dans l'Auvergne, au Puy-de-la-Pége ; ce qui signifie,
dans le langage du pays, la Montagne de la Poix. C'est un petit
tertre ou rocher qui se trouve à une lieue de Clcrmont. Le
iitume suinte par les fijssures de ce rocher, d'où découle cis
môme temps une eau saurnâtre. Toute la contrée onviron-
naiitc a été volcanisée ; et la plupart des tufs qu'on y voit
présentent tlans leurs fissures des mamelons de calcédoine et
des cristaux de quarz , encroûtés en tout ou en partie de la
même suljstance, et recouverts d'une couche de bitume. C'est
surtout aux environs du Pont-du-Château, non loin du Puy
de la Pège , que l'on remarque cette association.
J'ai trouvé de la maJiha dans un gîte à peu près semblable ,
mais avec des circonstances particulières. Il y a, sur la rive
droite de la Chilra^ qui est une branche du fleuve Ainoiir^ une
ancienne lave décomposée , qui renferme de nombreuses
géodes de calcédoine. L'intérieur de ces géodes est rempli ,
en tout ou en partie, tantôt de spalh calcaire, et tantôt de
inaltha. Souvent ces deux substances s'y trouvent réunies ;
alors le spath calcaire , qui est en grands cristaux à peu près
rhomboïdaux, mais à faces convexes et striées, est entière-
ment pénétré de bitume^ qiii lui donne une teinte obscure. Il
y a 4f petits cristaux en crête de coq, qui sont absolument
n(»irs, et la première fois que je rompis une de ces géodes,
je fus tenté de croire qiie c'étoit la mallha elle-même qui étoit
cristallisée; mais le tô/mz*? n'adhère, au contraire, en aucune
façon aux cristaux quarzeux qui tapissent l'intérieur des
géodes.
Et ce qu'il y a de singulier, c'est que la lave, qui sert de
matrice à ces géodes , ne contient pas un atome de bitume ,
et que les géodes elles-mêmes n'en offrent pas la moindre
apparence à l'extérieur; elles n'ont d'ailleurs aucune fissure.
Ce fait remarquable me semble fournir une preuve de ce que
j'ai dit , que les bitumes sont formés par une simple combi-
naison de fluides gazeux ; et l'on ne soupçonnera pas , je
pense , que cette maltha puisse tirer son origine des corps
organisés.
J'ai rapporté différens échantillons de ces géodes bitumi-
neuses ^ avec la lave où elles se trouvent. La maltha qu'elles
contiennent a la consistance de la cire molle ; lorsqu'on la
coupe, elle s attache au couteau. Après avoir été exposée
pend'intplus de quinze ans au contact de l'air, elle ne change
point de consistance, mais elle n'a plus aucune odeur. Quand on
la présente à la flamme d'une bougie , elle se fond et tombe
par gouttes, qui sont luisantes comme un beau vernis noir:
mise sur des charbons, elle s'enflamme, mais avec peu d'ac-
tivité, et répand à peu près la même odeur que la cire.
Cette variété se trouve aussi en Perse, sur la route de
Schiras à Bcnder-Congo, dans une montagne appelée Darap.
Elle est recueillie avec soin comme un baume efficace pour
la guérison des blessures, et envoyée au roi de Pe!<e.
B I T 455
Elle est employée clans.la ft^bricj^tlpn de la cire à cacheter
tî.oire et dans celle de certains vernis q.ui servent à préserver
le fer de la rouille; on s'en sert aussi en Suisse pour le^
charrettes, çt elle petit, comme la précédente, lemplacer le
goudron.
5. B. Solide ^ brun.
Cette variété , qui accoinpagne le bitume élastique dans
les mines de plomb du Derbyshire ( V. plus bas), est beau-
coup plus dure que l'asphalic, et en même temps plus légère ;
;sa couleur est aussi très-différente : elle est opaque et d'un
brufj jaunâtrie , nuancé de yerdàtre. Sa cassure est vitreuse,
comme la précédente. Elle bmle aussi, comme l'asphalte, en
répandant une fumée noire et une odeur bitumineuse ; mais
elle ne se ramollit pas comme lui par l'action de la chaleur.
Elle en diffère encore en ce que sa poussière , obtenue par
la trituration, ne s'attache point aux' doigts et ne devient pas
glulineuse par le ramollissement. On voit qu'ejle est très-
dislinguée du bitume solide ordinaire.
M. Hatchett a décrit, sous le nom de Métinasphalte ^ une
substance combustible , qui se trouve en petites masses dissé-
minées dans le bois bitumineux à Bovey, dans le Pevon^hyre,
en Angleterre, et qui a beaucoup d'analogie, par sa couleur
d'un jaune roussâtre , sa friabilité et sa cassure vitreuse ,
avec une autre substance bitumineuse du Mansfeld. Elle res-
semble beaucoup à certaines variétés de succin , blanchâtres
€t lestacées ; mais elles n'ont pas donné d'acide succiniq^ue.
ï^fous nous contenions de les indiquer ici, sans les rapporter
à une variété particulière.
B. élastique, H. Cahout-Chou fossile, Dçlaniélherie \ffias-
tisches Erdpech , W. ; la poix minérale élastique, ,Broch.
En masse , il est opaque et d un brun nuancé de verdâtre ^
surtout à l'intérieur ; il est luisant et translucide vers les bords ;
inou , facilement compressible entre les doigts , et élastique ;
facile à couper et à déchirer , à peu près comme, la gomme
élastique , avec laquelle il a beaucoup de rapports , et brûle
en répandant une flamme claire et une odeur bitumineuse.
Il enlève aussi les traces de la plombagine , mais eu salissant
le papier.
il est quelquefois mélangé de si^bslances terreuses , et res-
semble alors à certains champignons desséchés : son tissu e§t
alors moins compacte. 11 varie aussi, dans son degré de mollesse
et d'élasticité. Le bitume solide brun qui raccomjXjiigne , que
nous avons décrit plus haut , doit en être regardé comme une
modification, suivant M. Haiiy. M. Hatchett part ;)ge cette
opinion dans son savant mémoire sur le changement des prin-
cipes prochains des végétaux en bitume. ( V.^BibLBrit. t. J^o. )
^56 *B T T
11 se trouve avec celuî-ci en morceaux sépare's , qui n'ont pas
ordinairement de liaison ni d adhérence avec la masse , et
dont le volume n'est pas < onsidérable.
Cette variété , déjà très-remarquable par ses propriétés ,
Test encore par son gisement. La première dissertation sur
le bitume élastique a été publiée parle docteur Lister, dans
les Transactions philosophiques de 1673. Elle a fait, depuis,
lesujet debeaucoupd'aulres,elnotammentcelles de MM. De-
lamétherie, Faujaset Hatchett. M. Mawe en a soigneusement
décrit toutes les variétés et les associations , dans sa Minéra-
logie du Derbyshire, publiée en anglais, à Lontîres, en 1802,
Le bitume élastique n'a encore été trouvé que dans les ca-
vités d une veine, dans lamine de plomb d Odin, laquelle est
située à la base du Mamtor , au nord de Castlcton , dans le
Derbyshire. Le filoa de plo.nb sulfuré qui le renferme traverse
la pierre calcaire stratiforme , et contient la galène en asso-
ciation avec la chaux Huatée , la baryte sulfatée, le zinc sul-
furé, le zinc carbonate et le bitume élastique. Les échantil-
lons en sont devenus rares , même en x\ngleterre.
Nous avons vu plus haut, page 4-4i Tq"^ ^^"^ naturalistes
s'accordoient à regarder les diverses variétés de hitumes
comme des produits de lorganisation , et en particulier des
végétaux. M. Patrin ne partage pas cette opinion Les bilumes
sont dus , suivant lui, à la combinaison de certains gaz qui
ont donné naissance à une matière huileuse , laquelle a été
modifiée ensuit- dans le sein de la terre, par les acides mi-
néraux, et a fourni à son tour les différentes variétés de ce
minéral que nous conuoissons. L'on a pensé aussi que le
naphte et le pétrole étoient des p'-oduits de la distillation de
^a houille , par les feux souterrains «les houilles elles-mêmes,
des pyrites en décomposition , et même des volcans ; mais
rien de tout cela n'est prouvé : seulement on sait que ces
substances se trouvent également dans le voisin-nge de la houille
et dans celui des volcans , soit éteints , soit enflammés.
Les substances minérales avec lesquelles le bitimie a les
rapports les plus constans et les plus remarquables dans le
sein de la terre , sont la soude muriatée , l'argile et la chaux
sulfatée qui appartient à cette formation. La chaux carbo-
natée des montagnes à couches, renfermant des débris plus
ou moins nombreux de madrépores et de coquilles, en est
souvent imprégnée, de même que le tuf dans plusieurs pays
autrefois ▼olcanisés, comme l'Auvergne, et de la masse des-
quels il suinte par la seule action du soleil. l^Lnfin , le sable
même de certains pays en renferme , comme n(»\is l'avons
déjà vu. Les anciens ont employé le bitume liquide naphte ,
comme vermifuge.
B I V 457
Les historiens s'accordent à dire que les briques dont
furent construits les murs de Babylone , étoient liées entre
elles par du bitume chaud. Les Egyptiens Teniployoient
à la conservation des corps, en le mélangeant avec une li-
queur extraite du cèdre; et quant aux usages auxquels ses di-
verses variétés sont appliquées aujourd'hui, nous les avons
en grande partie indiqués en parlant du pétrole et de l'as-
phalte. Nous reviendrons sur son origine en traitant de la
Houille, et à Tarticle Volcans, (luc. et pat.)
Bitume des Arabes. V. Bitume glutineux,
BlllR. En , c'est le Castor, (desm.)
BIVAI. Le Pivert, d;ms quelques parties de la France.
(s.)
BIVALVES, On nomme ainsi les coquillages dont les co-
quilles sont composées de deux pièces jointes ensemble par
un ligament et une charnière.
Ils offrent dans leur organisation des différences très-con-
sidérables, soit relativement à leur forme, soit relativement
aux animaux qui les habitent.
Les caractères de leurs genres se tirent principalement de
leur charnière , qui est avec ou sans dents , et dont les dénis
varient en nombre et en position.
On partage cette classe de coquilles en-deux sections: l'une
comprend les coquilles équivalves, c'est-à-dire, compo-
sées de deux valves égales et régulières; et l'autre, les co-
quilles inéquivalves , c'est-à-dire , composées de deux valves
inégales.
On pourroit aussiles diviser en coquilles complètement fer-
mées et en coquilles bâillantes, et subdiviser ces dernières
en coquilles qui s'attachent, au moyen d'un Byssus, et en
<:oquilles qui ne s'attachent pas; ces dernières vivent presque;
toutes dans le sable, même dans l'intérieur des pierres.
Les animaux des coquilles bivalves sont appelés Mollus-
ques ACEPHALES par Cuvier et Lamarck, parce qu'ils n'ont
point de tête. Ils se divisent, en général , en deux sections ,
dont l'une appartient aux coquillages qui changent de place ,
soit qu ils soient ou ne soient pas pourvus d'un byssus propre
à les fixer, el l'autre aux coquillages qui sont fixés à leur nais
sance pour toute leur vie , par le moyen d'une soudure
crlcaire.
Tous sont enfermés dans une membrane qui tapisse les
parois internes de leurs coquilles, et qui est percée d'un ou
deux trous pour le passage des organes de la bouche ou de
la locomotion. Tous ont quatre branchies , qui servent
à séparer, de l'eau, l'air nécessaire à leur existence. Ces
branchies recouvrent eutièremenl l'animal , sur les côtés da^
458 B I V
.quel elles sont attache'es deux à deux, vers le dos de la co-
quille , dont elles égalent à peu près la longueur. Leurs feuiU
lels sont membraneux, exlrëmement minces , forn\»s par de
petits tuyaux transversaux, fort serrés, et unis ios uns aux
autres. On voit sur le dos de .ces feuillets un rang de petits
trous ovales , par lesquels Teau entre dans les tuyaux , et les
fait gonfler. Dans quelques genres , ces mêmes feuillets sont
frangés en leurs bords.
Le corps de l'animal varie dans sa forme et dans celle de
ses organes. Quoique toujours très-simple, il est plus com-
pliqué dans les coquillages qui sont destinés à marcher, que
dans ceux qui sont fixés dès leur naissance pour toujours.
Jjans les premiers, la bouche est formée par deux tuyaux
plus ou moins longs , ordinairement égaux en hauteur et
inégaux en largeur, toujours parallèles et se louchant. Ces
tuyaux, ou trompes, ou siphons, sont susceptibles de dila-
tation et de contraction, et servent k attirer 1 eau et les ani-
malcules qu'elle contient, pour la nourriture de lanimal. Le
plus petit de ces tuyaux, celui qui est postérieur, sert aussi
d'anus. Souvent l'un et l'autre , ou tous les deux , sont gai'nis
de tentacules à leur ouverture.
Dans les mômes, on trouve à la partie directement op-
posée aux trompes, c'est-à-dire, à la partie inférieure ^ un
gros muscle ou appendice musculeux , que les animaux font
sortir et rentrer à volonté de leur coquille , et avec lequel ils
se traînent et s'accrochent sur le sable : c'est ce qu'on appelle
le pied. Dans quelques genres, ce pied ne sert point, ou peu,
à marcher, mais à filer; on en voit un de cette espèce dans
la Moule et dans' la Pin ne. F. ces mots.
Un des pieds , le plus simple , est celui de Yanodontc des
étangs. Il est placé au devant du corps vers le bord des val-
ves ; sa forme est oblongue et comprimée. On remarque à
chaque côté , et extérieurement , une couche de fibres venant
du fond do la coquille, et intérieurement il y en a d'autres,
dont les unes croisent les premières à angles droits, et d'au-
tres unissent les deux couches extérieures, en s'y attachant
circulairement. Par cette disposition on conçoit aisément que
l'animal peut changer à son gré les trois dimensions de ce
pied ou de l'une de ses parties. Il parvient, par son .moyen ,
à placer de champ sa coquille, et à ramper sur la boue, en
y faisant un sillon de quelques lignes de profondeur.
Le pied de la moule commune , qui , comme on l'a déjà
dit, est destiné à filer, est le mieux organisé de tous. 11 res-
semble à une petite langue, marquée d'un sillon: longitudinal,
susceptible de s'allonger beaucoup. en se rétrécissant, et de se
raccourcir jusqu'à avoir la forme d'un cœur. Cinq muscles de
B I y 45^
chaque côté meuvent cet organe ; deux viennent «les extré-
mités de la coquille, d'auprès de ceux qui servent à la fermer;
les trois autres viennent de son fond et du creux des sommels.
Tous entrent dans le pied , et s'y entrelacent avec ses fibrejS
propres. Le pied sert à marcher et à filer. Ce dernier office
se fait en saisissant , avec la pointe , le gluten que fournil la
glande située sous sa base, et en le tirant en longueur dans
le sillon mentionné plus haut.
:Les animaux des coquilles qui se fixent, dès leur naissance,
par la matière calcaire de leurs coquilles, n'ont point de
tuyaux ni de pieds. Leur bouche et leur anus sont dans un
trou , et cachés sous leurs branchies. Tous leurs mouvemens
se bornent à entr'ouvrir une des valves de leurs coquilles , et
à la refermer : du reste , leur conformation interne est la
même.
Les animaux acéphales sont attachés aux valves de leur
co(juille par uYi, deux, ou même quelquefois un plus grand
nombre de muscles très-gros , qui les traversent de pari en
part , et qui laissent sijr la partie intéri^re des valves , des
impressions qui ne doivent pas être négligées dans leur des-
cnpîion.
Le ligament qui se voit à la charnière des coquilles bivalves
est élastique , et tend continuellement à ouvrir les valves, de
sorte que ce sont les muscles précédens qui les ferment par
la volonté de l'animal ; aussi , dès qu'il est mort , s'ouvrent-
é\ics , comme tout le monde a pu s'en apercevoir : ce liga-
ment élastique varie dans sa forme et dans sa position , selon
les- genres.
L'anatomle de quelques acéphales avoit été entreprise par
d'anciens naturalistes ; mais ce qu'ils nous en ont appris nest
rien moins que satisfaisant. Il étoit réservé à Cuvier d'éclai-
rer cette importante partie de l'histoire des animaux, et il
Ta fait avec cette supériorité qu'on lui connoît. Il a consigné
nue partie de ses observations dans son excellent ouvTage,
intitulé : Leçons (TAnatovne. fom/^cr/^, dans celui qui est intitulé:
Histoire naturelle des coijuillages , faisant suite au Birffon , édi-
tion de Deterville , et dans quelques mémoires particuliers
répandus dans des recueils ou des journaux. On sç conten-
tera ici d'énumérer les parties internes des animaux acé-
phales, et on renverra aux ouvrages ci-dessus, ceux qui dési-
reroient des notions plus détaillées sur co qui les concerne.
Dans Wmodonte ou moule d'élans;, par exemple, le cerveau
est situé sur le bord antérieur de la bouche. 11 est de forme
transversalement oblongue , et fournit six ou huit filets de
nerfs, qui se distribuent partout le corps.
Le cœur est très grand, et a deux appendices, dans les^-
iSo B I V
quels le sang passe à chaque mouvement de systole. Comme
toutes ces parties sont aussi transparentes que du verre, il n'y
a rien de si agréable que de voir, à chaque battement, les valvules
s'ouvrirpour laisserpasscr le sang dans les appendices. On en
découvre parfaitement le jeu , à la vue simple , lorsqu'on a
ouvert le péricarde ; ce qu'il y a de plus singulier dans le cœur
de ïanodonte, c'est que le rectum passe à travers. Cela se re-
trouve dans la bucarde et autres hbabes ^ mais non dans
l'huître. Le cœur de celte dernière est dans une cavité par-
ticulière entre le foie et le muscle transverse, derrière les
branchies.
Les organes de la nutrition n'ont ni dents ni langue : l'esto-
mac est creusé dans un foie glanduleux et sans lobes , et se
transforme en un intestin faisant ses circonvolutions en partie
dans ce foie , en partie dans la masse du pied , et se terminant
à l'anus. On observe, dans les autres genres , quelques dif-
férences ; par exemple , Ihuilre a un second estomac, à pa-
rois épaisses, à forme conique; mais tous ces détails appar-
tiennent à l'anatomie proprement dite.
Les acéphales ioTmeni le seul ordre d'animaux dans lequel
l'organe pulmonaire serve en même temps de matrice. Ce fait,^
si remarquable, est très-peu connu, quoiqu'il ait été an-
noncé, il y a plus de cent ans, par Poupart,
Lorsqu'on ouvre, dit Cuvier , une anodonte au printemps,
avant l'époque de son frai, on trouve dans l'épaisseur de ses
branchies , ou mieux dans Tintervalle des deux lames qui les
composent, non pas des œufs, comme l'a dit Poupart, mais
de petites anodontes toutes édoses et bien rivantes , et re-
couvertes de leurs deux valves : chaque individu en contient
bien des milliers.
Ainsi donc cette anodonte est vivipare ; il en est de même
de presque tous les mollusques acéphales : on dit presque »
parce qu'il y en a beaucoup dont on n'a pas encore observé
la génération.
11 est très-probable que la plupart des acéphales sont her-
maphrodites , et que chaque individu se féconde de lui-même.
On dit probable, par la raison citée plus haut. 11 est cepen-
dant des coquilles hùmhes , telles que les huîtres , qui sont
nécessairement hermaphrodites dans ce sens , puisque les
individus sont fixés à demeure pour toute leur vie.
C'est ordinairement au commencement de l'été que tous
ces coquillages jettent leur frai. Si tous les petits réussissoient,
la mer même seroit déjà comblée ; mais il n'en est peut-être
pas un sur mille qui arrive à un an d'âge ; tant est grand le-
nombre de leurs ennemis, tant sont fréquentes les causes de
leur destruction.
B I V 46t
On verra au mot Coquille le mode de formation des co-
quilles bwabes , et le nom des différentes parties qui les com-
posent; ainsi il ne reste plus qu'à donner un aperçu de la
division de leurs genres; et c'est ce que l'on trouvera dans le
tableau ci-après , où l'on a porté les noms des principaux
d'entre eux dont quelques-uns ont été récemment subdivisés.
( V. leurs articles. )
COQUILLES BIVALVES EQUIVALVES.
A CHARNIÈRE GARNIE DE DENTS.
Piune. AD.-ÏEDENT. A DEC! UBNTS.
Moule.
° '° *"' MuJelte. SimijUi. Avec des sur-
Anodonle. c.^ssatelle. Trigooie. numéraires.
Paphie. Tridatne. Isocarde.
Mactre. Hippope. Donace.
Carditr. Cjclade*
Lutraire. . Telline.
Pétricole. Venu*
Vénéricarde.
Solen.
Capse.
ISanguinoIaire.
DENTS. DE DENTS.
Bucarde. Nucule.
Méretrice. Pétoncle.
Lucine. Arche.
Cucullée.
CO.QUILLES BIVALVES INÉQUIVALVES.
A CHARNIÈRE SAMSDEKTS. ADNEDENT, A DEUX DENTS.
A PLUSIEURS
Acarde.
Eadiolite.
Vulselle.
Marteau.
Huître.
Avicule.
Peigue.
Lime.
Houlette.
Craaie.
Hyale.
Linsule.
Came.
Çorbule.
Spondyle.
Plicatule.
Placune. ,
Pandore.
Térebratulc.
Calcéole.,
Perne.
46. B I V
Lamarck qui, dans ses premiers ouvrages, avoit adopté
cette division, a prouvé , dans un mémoire inséré n." 60 des
Annales du Muséum, qu'elle étoit inccrlaine et fautive, il a
proposé delà remplacer par celle tirée de l'endroit de la par-
tie intei'ne de la coquille, où s attachent; les muscles destines
à la fermer, muscles tantôt écartés, l«nt(^t presque centraux,
et de la disposition du ligament des valves, tantôt extérieur ,
tantôt intérieur.
Je renverrai à son mémoire, qui n'est encore q«'un aperçu,
ceux qui voudront de plus grands éclaircissemeus à cet égard.
Cuvier, dans son nouvel ouvrage , iwtittilé le Règne auiimd^
tUstiibiié d'après son organisation, a divisé les bioubes eu cinq
famiihs ; savoir :
i." Les OsTRACÉES contenant les genres : Huître (auquel
il réunii les AcaRdes, les Gryphées, les Peignes, les Lime.s
et les Houlettes ) ; Anomie, P'^acune, Spondyle ( auquel
H réunit les Pucatules); Marteau, Yueselle , Perne ,
Aro>,de, Crénatule, Jambont^eau, Arche (auquel il réu-
nit les Pétoncles et les Nucules) ; Trigome.
2." Les Mvtilacees offrant les genres Moule (auquel se
^ignent les IMgdioles et les LiThoï)Omes ) ; Anodonte ,
MULETTE, VeNERICARDE.
3.° Les BÉNITIERS, oit ne se tronve que le genre Tri-
DACNE.
4..° Les Cardiacées, qui réunissent les genres Came (du-
quel il ne faut pas séparer les Isocardes), Bugard£^ Do-
Nace, Cyclade, Corbeille, Telmne, Loripède, Lucine,
Vénus (auquel il faut joindre les genres Capse et Petricole) ;
Corbule,Mactre, dontilnefautpas séparer les Lavi&nons.
5." Les Enfermes, dans lesquels se placent les genres Mvl
(auxquels se joignent les Lutraires, les AnaTines, les Gly -
CYMÈRES, les Panopes et les Pandores); Gastrochene,
Byssomie, Hiatelle , SoLEN (auquel doivent se réunir les
SaNGUINOLAIRES); PhOLADE , TaRET et FlSTULANE. F. tous
ces mots.
C'est de cette classe de coquillages dont nous retirons le
|»lus d'utilité , soit pour notre nourriture , soit pour des objets
à'arîs : c'est elle par conséquent que nous devons le plus étu-
dier; mais elle est encore bien loin d'être connue, (b.)
BIVALY {BiivaJ) , ou BIAL. Noms hongrois du Buffle.
(desm.)
Bl VARO ou BIVERO. Noms italiens du Castor, (desm.)
BlYERONNE. Nom donné à la Vénus clonisse.(b.)
BIVET. Adanson appelle ainsi la Cancellaire. (b.)
BIYIT. Le Martinet koiê eti Piémont, (s.)
BIX A. F. Roucou. (b.)
A . 2^
to>u..--
B T V 463
BTZAyVM ou CHAT-BTZAAM de Yosmaer, n'est, selon
M. Cuvier (Règne animal), qu'une variété de la genelie ^
mammifère carnassier du genre des Civettes.
Sa grandeur est à peu près celle d'un chat domestique ; la
couleur dominante par tout le corps est le gris cendr'é clair,
rehaussé de taches brunes : au milieu du dos règne mie raie
noire jusqu'à la queue, à bandes noires et blanches. V. à
l'arllcle CnETTES, la description détaillée de ce joli animal
figuré pi. A. 22, de ce Dict. (desm.)
BlZAPvDA. Nom que les Italiens donnent à des citrons
produits par la fécondation de deux variétés de l'oranger. C(*
sont de véritables fruits Hybrides. V. ce motet ORA^GER. (b.)
BIZE. Rondelet donne ce nom au Scomere sarde, (b.)
BIZHIUÏZH. Nom lapon du Pluvier doré, (v.)
BJÉLRAouWJEKSCHA.Noms russes des EctJRiiuiLS.
(DESM.)
BJORKNA. Nom de pays du Cyprin large, (b.)
BLA. S)Tionyme de Blé. (b.)
BLAAFOT. Nom norvvégien du Balbuzard, (v.)
BLAA-HALS, BLAA-NAKK. Noms norwégiens du Ca-
nard SAUVAGE, (v.)
BLAA-KRAÀiCE. Nom norwégien du Rollier. (v.)
BLAA-ROUGE. Nom que la corneille commune porte
en Norwége. (v)
BLAA-àlLD. Nom ïiorwégien du Hareng, (b.)
BLAA-STAAL. F. Blemstack. (b.)
BLAC. Nom que Levaillant a imposé à un oiseau dé
proie, r. CouHYEH. (v.)
BLACKBURNIE, Blackhumia. Arbuste de l'île de Nor-
folk , qui forme, dans la tétrandrie monogynie, un genre fort
voisin des PtelÉes. H offre pour caractères : un calice di-
visé en quatre parties ; une corolle à quatte pétales ; quatre
étamines ; un ovaire surmonté d'un stylé simple ; une taie
ihonosperme. (b.)
BLACKFISH. C'est, en Caroline , le Lutjannoir; et à
Alép , le MACKOPTÉRONbTE CHARMUTH. (b.)
BLACÏC-UMBER. Nom anglais de la Scite ombre.(b.)
BLACOUEL. r.BLÂKouEL.(B.)
BLAIJ. En Languedoc, c'est le Blé. (desm.)
BLADIE , Bladlna. (ienre de plantes de la pientandrie
monogynie, dont les caractères sont : un calice divisé en
cinq parties ; une corolle monopétale, en roue, divisée en
cinq parties: cinq étamines; un germe supérieur à stvle
simple ; une baie à une seule semence.
H renferme quatre plantes vivaces, qui n'ont rien de re-
marquable, excepté que les fleurs de Tune, de celle qu'on
464 ' B L A
appelle Bladie du Japom, du lieu où elle croît naturelle-
ment , sont Irès-odorantes.
Les genres Pyrgue et OIjakite s'en rapprochent beau-
coup,
R. Brovvn pense qu'il doit être téum aux MiRSiNÉs. (b.)
BLAGRE. F. Balbuzard, (desm.)
BLAGYLTA. Nom norwégien d'un Labre, (b.)
BLAIREAU, Me/es, Storr ; Taxus , Ceoiï. Genre de
mammifères carnassiers et plantigrades établi par Storr sur
une espèce qui avoit été long- temps placée dans le gein-e
Ours ( ursus) et qui méritoit d'en être retirée par les diffé-
rences qu'elle présente avec ces animaux.
Comme les ours, les blaireaux appuient en entier la plante
de leurs pieds de derrière sur le sol. Leur corps est presque
aussi épais; leurs extrémités sont aussi divisées en cinq doigts,
armés de fortes griffes ; leur queue peii longue , etc.
Néanmoins les blaiveaiix ont les jambes très-courtes, ce
qui semble allonger leur corps ; leur ventre touche presque
à terre; leurs doigts sont engagés dans la peau et armés de
griffes très-solides et propres à fouiller la terre , etc. Ils se
distinguent principalement des ours par la poche remplie
d'une humeur onctueuse et très-puante , dont 1 ouverture se
remarque près de leur anus. Leur poil est long et rude,
leurs oreilles sont cour'.es, etc.
Les ^/o«/o7js , qui forment un genre très-voisin de celui-
ci, et qui a été également institué par Storr, ont une
taille un peu plus légère que celle des blaireaux , une queue
un peu plus longue , et ne présentent en dessous de la queue
qu'un simple pli de la peau , au lieu dune poche remplie
d'une humeur fétide. D'ailleurs leurs dents les rapprochent des
Martes, tandis que celles Aca blaireaux ont plus de rapports
avec les dents des .ours. M. Cuvler les décrit ainsi. Elles for-
ment une série non interrompue. « Il y a une très-petite
dent derrière la canine, puis deux molaires pointues, sui-
vies en haut d'une que l'on commence à reconnoîlre pour
carnassière au vestige de tranchant qui se montre sur son
coté externe ; derrière elle est une tuberculeuse carrée , la
plus grande de toutes; en bas, la pénultième commence aussi
à montrer de la ressemblance avec les carnassières infé-
rieures ; mais comme elle a à son bord inlerne deux tuber-
cules aussi élevés que son tranchant, elle remplit les fonc-
tions d'une dent tuberculeuse; la dernière est très-petite.
( Règne unim. ) Les incisives sont au nombre de six à chaque
mâciiojre. On compte en tout quatre canines assez fortes.
Toutes ce< dents se correspondent parfaitement , et la mâ-
choire inférieure est très-solidement articulée par ses con-
B L A ^65
dyles qui sont très-resserrés dans la cavité glénoïde , ce qui
ne permet à cette mâchoire de se mouvoir que dans un seul
sens, comme les deux tranchans d'une paire de ciseaux. Dans
les blaireaux, adultes , il est même difficile de séparer la mâ-
choire inférieure sans en rompre les branches, ou sans frac-
turer les bords de la cavité glénoïde.
Storr avoit distingué les gloutons sous le nom de mcll'wora. ,
des blaireaux qu'il appeloit mêles. Depuis, on a réuni ces deux
genres , tantôt sous ce dernier nom , tantôt sous celui de
iaxus. C'est llliger qui, le premier, a reproduit la division
proposée par Storr; et M. Cuvier a suivi son exemple.
Les blaireaux sont de l'ancien continent. Ce sont des ani-
maux lents, solitaires, nocturnes, fouilleurs, etc. On les
trouve dans les grandes forêts.
Espèce unique. — Le B LAI RE AU d'Europe, Mêles europœus^
Ursusmelesy Linn. ; Taxus mêles, Geoff. ; le Blaireau, Buff. ,
tom. 7, pi. 7, vulgairement Taisson.
Le blaireau a deux ou trois pieds de longueur; sa tête est
médiocrement pointue; ses yeux sont petits; ses oreilles
courtes et arrondies; son cou est court et épais. Des poils
longs et serrés couvrent le corps et la queue, qui est médio-
crement longue ; les jambes sont si courtes , que le ventre
semble loucher à terre ; chaque pied est divisé en cinq doigts
armés d'ongles , dont ceux de devant ont plus de longueur
et de force que ceux de derrière. Le blaireau a six mame-
lons, et sous la queue une espèce de poche remplie d'une
liqueur grasse et fétide , qui fournit un des caractères les plus
saillans de ce genre. Son pelage rude est presque blanc en
dessus et presque noir en dessous (singularité remarquable
qui ne s'observe que dans quelques mammifères de la fa-
mille des ours) ; sa tête est grisâtre , avec une bande de cou-
leur noire sur chaque œil.
Le blaireau est un animal paresseux, défiant, solitaire , qui
se retire dans les lieux les plus écartés , dans les bois les plus
sombres, et s'y creuse une demeure souterraine ; passe les
trois quarts de sa vie dans ce séjour ténébreux, dont il ne
sort que pour chercher sa subsistance. Comme il a le corps
allongé, les jambes courtes, les ongles très-longs et très-
fermes , il^ plus de facilité qu'un autre pour ouvrir la terre,
y fouiller, y pénétrer et jeter derrière lui les déblais de son
excavation, qu'il rend tortueuse, oblique, et qu'il pousse
quelquefois fort loin. Le renard., qui n'a pas la même facilité
pour creuser la terre , profite de ses travaux : ne pouvant le
contraindre par la force , il l'oblige par adresse à quitter son
domicile, en l'inqniétant , en faisant sentinelle à l'entrée ,
en l'infectant mcme de ses 9rdures î ensuite il s'en empare ,
m. 3o
les B L A
l'élargit , l'approprie , et en fait son terrier. Le llaireati j
forcé à changer de manoir, ne change pas de pays ; il ne va
qu'à peu de distance travailler sur nouveaux frais, et se
pratiquer un autre gîte , dont il ne sort que la nuit , dont il
ne s'écarte guère , et où il revient dès qu'il sent le danger.
Il n'a que ce moyen de se mettre en sûreté, car il ne peut
échapper par la fuite ; il a les jambes trop courtes pour pou-
voir bien courir. Les cliiens l'atteignent promptement lors—
qu'ils le surprennent à quelque distance de son trou : cepen-
dant il est rare qu'ils l'arrêtent tout- à- fait. Le blaireau a
le poil très-épais; les mâchoires et les dents très-fortes, aussi
Lien que les ongles; il se couche sur le dos et se sert de toutes
ses armes avec beaucoup d'avantage; d'ailleurs, il a la vie
très-dure; il combat long-temps, se défend courageusement
et jusqu'à la dernière extrémité.
'Lits blaireaux tiennent leur domicile propre; ils n'y font
jamais d'ordures. On trouve rarement le maie avec la femelle :
lorsque celle-ci est prête à mettre bas, elle coupe de l'herbe,
en fait une espèce de botte, qu'elle traîne entre ses jambes
jusqu'au fond du terrier, où elle fait un lit commode pour elle
et sa progéniture. C'est en été qu'elle met bas , et sa portée
fisl ordinairement de trois ou quatre petits. Lorsqu'ils sont
|in peu grands , elle leur apporte à manger ; elle ne sort que
la nuit, va plus au loin que dans les autres temps ; elle dé-
terre les nids di' abeilles-bourdons (J)ombus)^ en emporte le miel ,
j)ercc les rembouillières des lapins^ prend les jeunes lape-
reaux, saisit aussi les mw/o/i, les serpens ^ les sauierellcs , les
(jeufs des oiseaux, et porte tout à ses petits, qu'elle fait sortir
souveni sur le bord du terrier, soit pour les alaiter, soit
pour leur donner à manger.
Les blaireaux sonlic'ileux; ceux qu'on élève dans les mai-
sons ne veulent point quitter le coin du feu , et souvent s'en
approchent de si près qu'ils se brillent les pieds, et ne guéris-
sent pas aisément. Us sont aussi fort sujets à la gale ; les
chiens qui entrent dans leurs terriers prennent le même
mal, à moins qu'on n'ait grand soin de les laver. Le blaireau a
Je poil gras et malpropre. Sa chair n'est pas absolument
mauvaise à manger, et l'on fait avec sa peau des fourrures
grossières, des colliers pour les chiens, des couvertures
pour les chevaux , et avec son poil des brosses pour les
peintres en bâtimens et pour la barbe. Ce poil a la propriété
singulière de ne point se feutrer.
L'espèce du blaireau est répandue en Espagne, en France,
en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Pologne, en
Suède , en Norwége , dans les terres montueuses qui bor-
dent le \olga, en Bulgarie , ainsi que sur les bords duOaïk ;
B L A isj
çlle est partout assez rave , surtout dans les premières de ces
contrées, (desm.)
La chasse du blaireau^ qui n'est pas aussi commun qu'il
1 eloit 4utrefois , se fait au fusil. S il arrive qu'on le ren-
contre hors de son terrier, ou si on se nx't à laffùf pour
1 attendre lorsquUl en sort, oniuiaircmenf vers la fm dit jour,
ou au clair de la lune, on cnipl; i, pour le prendre les
pièges à ressorts ou les lacs de fd de laiton que l'on lond à
l'enlrcede son trou , et les chiens bassets à jambes torses
qu'on introduit dans les terriers avec des sonnettes au cou ,
qui servent toul-à-la-fois à faire fuir le blulrcuu au fond de
^A demeure , et encore pour faire connoitre au chasseur la
marche des bassets , et l'endroit où ils s'arrêtent après avoir
acculé le blaireau. Alors on a les instrumens nécessaires pour
fouiller la terre, ouvrir le terrier par le dessus, et saisir
le blaireau avec précaution ; car cet animal devient danf^e-
reux pour les hommes sur lesquels il se jette aussi avec fu-
reur, (s.)
BL A IREAIT BLANC. Cet animal, décrit parBrisson, pas-
soit pour avoir été apporté de la Nouvelle-Yorck à Béaumur.
11 éloil plus petit et avoit le nez plus court que notre blaireau.
Sa fourrure , très-épaisse , étoit enlièremenl d'un blanc pur
sur les parties supérieures du corps , et mêlé de jaunâtre sur
les inférieures. Ce n'est qu'un ratun attaqué de la maladie al-
blne ., ainsi que s'en est assuré M. Frédéric Cuvier , sur l'in-
dividu même décrit par Brisson , et qui est conservé dans les
galeries du Muséum d'histoire naturelle, (desm.)
BLAlREAU-CHIÈN et Blaireau-cochon. Les chas-
seurs prétendent avoir distingué parmi \çs blaireaux, d'Europe
deux variétés qu'ils fondent sur les différences qu'ils disent
avoir observées dans la forme du museau, qui se rapproche-
roit de cefui du cochon ou de celui du chien.
On a voulu établir la même distinction entre les hérissons
de notre pavs; mais quelques recherches que divers naturalis-
tes aient faites pour constater ces différences , ils n'ont pu en-
core y réussir, (desm.)
BLAIREAU-COCHON. V. Blaireau-chien, (desm.)
BLAIREAU PUANT DU CAP DE BONNE-ESPË-
RANCE. Kolbe , et après lui l'abbé de la Cciille , ont assez
mal décrit , sous cette dénomination , un petit quadrupède du
midi dé l'Afrique, qui exhale une odeur insupportable , et qui
paroit être la Zorille , espèce de marte ou de moufette.
(desm. et s.)
BLAIREAU DES ROCHERS; en hollandais, Klip-das.
C'est le Daman du Cap {byrax rapensls). (desm.)
BLAIREAU DE SURINAM, de Bri.sson.C est le même
468 B L A
animal que le Coati noirâtre , qui semble ne pas différer
àuvii'erra quasje de Linn. ou l'yzqulepati de Scba. On l'a rap-
porté , mais à tort, auCoASE , mammifère placé jusqu'ici dans
le genre des Moufettes, (desm.)
BLAIRIE, Blueria. Genre de plantes de la tétrandrie mo-
nogynie, etde la famille de^bicomes, fortvoi^n des Bruyères,
dont les caractères consistent en un calice à quatre divisions
linéaires , droites , un peu plus courtes que la corolle et per-
sistantes ; une corolle monopétale , campanulée , ayant son
limbe divisé en quatre petites découpures réfléchies ; quatre
étaminos , dont les filamens sont insérés sur le réceptacle ;
un ovaire supérieur , létragonc , surmonté d'un style plus
long (jue la corolle , et dont le stigmate est obtus ; une cap-
sule obtuse , quadrangulaire , s'ouvrant par les angles , et di-
visée en quatre loges qui contiennent plusieurs semences ar-
rondies.
Les douze espèces de ce genre sont toutes originaires du
Cap de Bonne-Espérance. Ce sont des sous-arbrisseaux qui
ont le port des bruyères, dont les feuilles sont petites, verti-
cillées, au nombre de quatre, et les fleurs en tête , terminales
ou éparses. Aucune de ces espèces n'est particulièrement
remarquable.
On a aussi donné ce nom à des plantes du genre des Ver-
veines , dont on a fait un genre nouveau ; mais il a été changé
en celui de Zapane. (b.)
BLAKÉE. V. Melier. (b.)
BLAKOUEL , Blakweïia. Genre de plantes de la dodé-
candrie pentagynie , et de la famille des Rosacées , dont les
caractères sont : un calice monophylle , turbiné , persistant ,
profondément divisé en quinze parties ciliées en leurs bords;
quinze petites écailles , situées à la base interne des divisions
du calice et qui tiennent lieu de pétales ; quinze étamines ;
un ovaire conique , barbu de toutes parts , et dont le sommet
est terminé par cinq styles filiformes, à stigmates simples ; une
petite capsule uniloculaire , polysperme , environnée inférieu-
rement du calice auquel elle adhère.
Ce genre comprend six espèces d'arbustes de l'ile de France,
de Java et de Madagascar , dont les feuilles sont alternes et
ovales, les fleurs en panicules et terminales, ou axillaires et
en grappes. Ils ne présentent rien d'important à connoîlre.
Gsertner a établi , sous le même nom , un genre nouveau ,
que Lamarck a appelé Palladie. (b.)
BLAKWITE , Coivus melanoleurus. , Latham. Nom que
les Anglais ont imposé à un oiseau de la Nouvelle -Galle du
Sud. V. Cassican noir et blanc, (v.)
B L A 469
BLAMARÉ. Nom du Maïs dans le Midi de la France, (b.)
BLANC. Nom vulgaire du Tétrodon lagocéphale. (b.)
BLANC. Deux sortes d'altération dans les végétaux por-
tent ce nom.
La plus nuisible s'appelle aussi Meunier. C'est une pous-
sière blanche qui se développe sur les jeunes pousses des ar-
bres , vers le milieu de Tété , et qui paroît être un champi-
gnon parasite , voisin des genres ErÉsyphÉ et UrÉdo ; je dis
paroît être, car jcn'ai jamaispuy découvrir d'organisation. Les
jeunes épines blanches en offrent presque tous les ans, ce qui
nuit beaucoup à leur accroissement dans les pépinières. Re-
trancher les bourgeons et les feuilles malades m'a toujours
paru avoir des résultats avantageux sur les arbres précieux qui
e.n étoient affectés ; mais , opérer en grand , devient impos-
sible , comme on peut l^ien le penser.
L'autre sorte est prodàite par l'altération que causent à l'é-
piderme des feuilles et des jeunes pousses, les gouttes d'eau
qui y sont frappées par le soleil. Elle retarde nécessairement
la végétation, puisque le bon état des feuilles concourt à la for-
mation de lasève-, maisilfautquetouteslesfeuillesensoientfor-
tement affectées pour que la plante périsse. La preuve que cette
explication estlavraie, c'est quelesplantes, au nord ou à l'om-
bre, n'y sont pas sujettes, et que celles dont l'épiderme est
plus mince, y sont plus exposées. V. Brûlure et Arbre, (b.)
BLx\NC AUNE. On donne ce nom à 1' Alisier commu>',
aux environs de Boulogne, (b.)
BLANC DE BALEINE, improprement appelé sperma
r.eti. C'est une matière qui participe à la fois de la nature de
la cire et de celle de la graisse. Elle est contenue abondam-
ment dans un tissu cellulaire interposé entre les membranes
du cerveau de plusieurs espèces de Cachalots , et elle est
mêlée d'une certaine quantité d'huile ou de graisse liquide
qu'on en sépare en la pressant. Fourcroy s'est assuré que le
blanc de baleine est en dissolution dans la graisse de ces ani-
maux.
Purifié , le blanc de baleine présente des lames cristallines
d'un beau blanc, qui, en devenant rances, prennent une teinte
jaune. Cette substance entre dans la composition de la bougie.
Elle étoit autrefois en usage en médecine contre les affections
du poumon et des reins , etc. (desm.)
BLANC BOIS. Nom collectif des Peupliers et des Sau-
les , dont le bois est blanc et n'offre pas d'aubier, (b.)
BLANC DE CÉRUSE ou Blanc de plomb. V. Céruse.
(LUC.)
470 T. L A
BLANC DE CRAIE. V. Blakc d Espagne, (desm.)
BLANC-CUL. Nom du Bouvreuil daus Bclon, du mor
asprocolos, que cet oiseau porte en grec moderne, (s.)
BLANCULET. C'est un des noms de pays du Motteux.
(desm.)
BLANC D'EAU. Nom vulgaire du Nénuphar blanc, (b.)
BLANC-D'ESPAGNE. C'est le nom qu'on donne à la
craie, lavée et façonnée en pains cylindriques, dont on fait
usage pour nettoyer les métaux, les carreaux de vitres et les
glaces. Il fait la base du mastic qui sert à fixer les vitres sur
les châssis des croisées , et celle des peintures en détrempe ,
blanches ou grise.*; , etc. Mais, pour être employée à ces di-
vers usages, la craie doit cire pure, c'est-à-dire, qu'il en
faut séparer avec soin les corps étrangers , et surtout les
grains de sable qu'elle contient. jÉÉ^
Yoici , en général , de quelle fl^ikière on procède à cette
fabrication. La craie qui est employée à la confection du
blanc-d'Espagne , comme à Bougival près de Marly-la-
Machine, à quatre lieues de Paris, et auBas-Meudon près
de Sèvres, s'exploite par galeries. On concasse par mor-
ceaux les masses extraites, à l'aide d'une masse de fer; puis
on les jette dans une quantité d'eau d abord petite , que l'on
augmente ensuite , et dans laquelle la craie se délaye par
l'agilalion. On laisse reposer pendant deux heures environ,
temps qui est reconnu suffisant pour le dépôt du sable ,
l'on décante avec des seaux , sans remuer le forid , l'eau lai-
teuse qui la couvre , et on la transporte dans des tonneaux
où on la laisse déposer. Quand l'eau qui surnage est devenue
claire , on l'enlève ; puis on laisse cette bouillie de craie
prendre assez de consistance pour qu'on en puisse former des
masses que l'on applique conli'e les parois de la carrière ou sur
des moellons poreux, qui absorbent en peu de temps une
grande partie de leau qu'elle contenoit encore. Lorsqu'elle
est devenue suffisamment compacte , on en fabrique des cy-
lindres en la roulant entre les mains. Pour faciliter la dessic-
cation de ces pains de blanc, on les place les uns sur les au-
tres dans des intervalles de murailles à claire-voie , construites
en planches pour cet usage , et formant une espèce de han-
gar, que Ton couvre soit en chaume , soit en tuiles Quand
ils sont bien secs, on les livre au commerce. On en fabrique
beaucoup en Champagne.
On a aussi donné le nom de h/anc-d' Espagne à une prépa-
ration de bismuth dont on fait quohjuefois usage pour la toi-
lette , et qui est connu dans les pharmacies sous le nom de
Magiatère de Bismuth. (LUC.)j
T^' T. A .<7,
BLANC DE HOLLANDE. Espèce de Peuplier, (b.)
BLANC-JAUNE. Nom d'un poisson du genre Salmone,
ïe SiiJmo nîlotkus 1 Linn. (b.)
iîLANC-NEZ. C'est le nom d'un singe de l'ancien conli-
nrnt, et du genre des Guesoms : Vascagiie appartient à la
mèîne espèce, (desm.)
BL\NC-PENDARD. Nom vulgairede la Pie-grièciie
crise, (v.)
BLANC -DE -PLOMB. C'est un acétate de Plomb.
V. Cénise. (desm.)
BLANC-DE-ZINC, C'est un oxyde de Zi^c ariiflciel.
(desm.)
BLANC DE CHAMPKiNON. Racines de Champi-
gnons qui, étant mêlées des bourgeons séminiformes des pieds
qui les ont produits, sont très-propres à les multiplier, (b.)
BLANCHAILLE. Les pêcheurs donnent ce nom à tous
les petits poissons d'étang, dont ils ne peuvent ou ne veulent
pas distinguer lespèce, qui se rapprochent des Ables pour la
grosseur et la couleur, et qu'on emploie pour faire des appâts
propres à prendre les poissons voraces, (b.)
BLANCHARD, Oiseau de proie du genre Spizaète. V. ce
mot. (v.)
BLANCHE. Oiseau du genre Sterne ou Hirondelle de
MER. V. ces mots, (v.)
BLANCHE-COIFFE. Oiseau du genre Geai. V. ce
mot. (v.)
BLANCHE-QUEUE. Nom vulgaire des Motteux et
du Je AN- LE-BLANC, (v.)
BLANCHE-RAIE. Oiseau du genre Stournelle. V. ce
mot. (v.)
BLANCHET. Nom spécifique d'unAMPHiSBÈNE. (b.)
BLANCHET. Nom d'un poisson du genre Salmdne ,
Salrno fœfetis , Linn. C'est par erreur qu'on a dit qu'il s'ap-
pliquoit à un Silure, (b.)
BLANC HETTE. C'est la Mâche, C'est aussi I'Ansérine
MARITIME, (b.)
BLANDE. On nomme ainsi la Salamandre terrestre
dans le midi de la France, (b.)
BLfVNDFORDIE, Blandfordia. (ienre de plantes qui est
le même que le Galax de Linnseus, I'Erythrorhize de Mi-
chaud , le Viticelle de Micheli. (b.)
BLANDRUSELR. En Islande, c'est le nom du Phoque
À cni^lÈRE (Phocajnbaki). (desm.)
BLANGLAX. Nom suédois du Saumon, (b.)
BL\NKARA. Adanson a donné ce nom au genre appelé
d'jpuis Orthotric. (b.)
472 B L A
BLANOVE. C'est le Muge céphale dans l'Inde, (b.)
B1.A1NQUETTE. Nom vulgaire de TAnsérine maritime.
(B.)
RLx\PS. Genre d'insectes de la seconde section de l'ordre
des coléoptères, section des hétéromères, famille des méla-
somcs.
Les blaps ont les antennes filiformes, plus courtes que la
moitié du corps , avec le troisième article long, et les derniers
globuleux ; leur bouche est munie de deux lèvres, de mandi-
bules à peine dentelées, de mâchoires bifides, et de quatre
antennules terminées par un article triangulaire -, enfin , les
tarses des quatre pattes antérieures sont composés de cinq ar-
ticles, et les postérieurs de quatre. La plupart de ces insectes
manquent d ailes ; et alors les étuis durs, coriaces et convexes ,
sont réunis l'un à l'autre par leur suture.
Les èlaps ont les plus grands rapports avec les pimélies^ les
hélops et les ténébrions. Ils sont distingués des premiers par le
dernier article des antennules, qui est presque filiforme dans
ies pimélies^ et plus gros que les autres dans les hlaps. Ils sont
distingués des hélops^ en ce que le dernier article de teux-ci
est large, comprimé , figuré en croissant; les antennes , d'ail-
leurs, sont composées d'articles presque coniques. Les /^'«e-
brions se distinguent des, hlaps en ce que le troisième article des
antennes n'est pas si long que le troisième article de celles
des blaps , les antennules d'ailleurs sont presque filiformes.
Fabricius vient de diviser ce genre en deux : il conserve le
nom de blaps au lisse^ 3l\i sillonné ^ au mucroné^ etc., et donne
celui de platynuius au pondue^ au dilaté^ etc.
Ces insectes n'ont, en général, point d'ailes, et ils ne cou-
rent pas avec beaucoup de célérité. La plupart se tiennent
cachés, pendant le jour, sous des pierres ou dans des trous;
ils en sortent la nuit pour courir çà et là , et chercher leur
nourriture : on les trouve quelquefois dans des caves , dans
des endroits humides et inhabités. Ils répandent une odeur
très-fétide, beaucoup plus forte, mais à peu près la même que
celle de la plupart des carabes ou des blattes des cuisines ;
ce qui les avoit fait ranger parmi ces derniers insectes par
quelques naturalistes anciens.
On ne connoît point les larves des blaps; il est probable
qu'elles sont cachées dans la terre , et qu'elles diffèrent peu
de celles des ténébrions.
Parmi les espèces d'Europe, le blaps le plus commun et le
plus connu, c'est le MucronÉ, Blaps moiiisaga^ Oliv. Co/.
tout. 3, n," 60, pi. I, fig. 2. B. ; blaps mortisage. Nouv. Dût.
d'iîist. nat.^ i.'« édit. , tom. 3, pi. A. 24 1 %• 6. Il est entiè-
R T. A 4,3
rement noir, lisse et un peu luisant , sans ailes; sa grandeur
varie depuis dix jusqu'à douze et treize lignes de long.
Le Blaps sillo>î;é, Blaps sulcata , FaL., est semblable au
précédent pour la forme el la couleur ; mais il est presque une
fois plus grand : il se trouve en Egypte, dans les jardins et
dans les champs. Fabricius rapporte que les fenmies turques
mangent cet insecte cuit avec du beun^e , dans l'inleulion
d'engraisser; ce qui n>st ni vrai ni vraisemblable : il dit a«ssi
qu'on s'en sert en Egvptc et dans le Levant, contre les dou-
leurs d oreilles el la morsure des scorpions, (o.)
BLAQTJET. On appelle de ce nom, sur quelques côtes ,
les petits poissons de mer qu'on trouve dans les filets, et qui
ne servent qu'à amorcer les lignes destinées à la pêche des
poissons voraces. Souvent ils sont du genre Clupe. On les
distingue an franc hluquel et faux bluquct ; mais il est difficile
de faire sentir la différence des uns et des autres, d'après la
description des auteurs, (b.)
BLARAF. INom suédois de TIsatis , ou Renard b/cu, dans
son pelage d'été, (desm.)
BLASIE, j&Vas/a. Petite plante cryptogame, monoïque ou
dioïque, qui, seule, forme un genre dans la famille des Hé-
patiques, et qu'on trouve sur le bord des fossés et dans les
bois humides de l'Europe. C'est une expansion plane , ordi-
nairement lobée, dont les lobes sont disposés en fonne de
rayons , souvent plus larges à leur extrémité, et traversés par
une nervure. Les fleurs mâles, marginales, sont un petit cône
saillant, sessile , tronqué, ouvert au sommet et rempli d'une
masse granuleuse. Les fleurs femelles, centrales, forment une
capsule sphérique, à demi plongée dans l'expansion des feuil-
les , et surmontée d'une pointe courte et polysperme. (b.)
BLA SPOL. C'est, en ISorwége, le Cyprin aspe. (b.)
BLASS-ENT. Nom du Canard sauvage sur le lac de
Constance, (s.)
BLASTE, Blastus. Petit arbre à feuilles opposées, lan-
céolées, très-nerveuses, entières, et longuement acuminées;
à fleurs blanches, portées en assez grand nombre sur des pé-
doncules épars ; lequel forme un genre dans la gynandrie
télrandrie.
Ce genre offre pour caractères: un calice tubuleux, à quatre
angles , à quatre dents , et persistant ; une corolle à quatre
pétales subulés, attachés aux dents du calice; quatre éta-
mines à filamens courts, insérées au fond du calice, à anthères
linéaires, grandes, courbées; environ vingt ovaires, ovales,
unis, glanduliformes , épais , attachés au dos des anthères ,
ayant un style suKulé , épais , presque tétragone , el un slig-
mate peu apparent.
4-1 :n L A
Le fiuît est composé d'une vingtaine de graines ovales,
oLiongues, nues, adliérentes aux anthères qui persistent, et
renfermées dans le calice qui s'est accru.
le hhisle croît dans les fori^is de la Cochinchine. Il offre
l'exemple unique d'ovaires attachés aux anthères, (b.)
BLASTÈMK. Une des parties de I'Embryon des graines
qui comprend la Radicule et la Plumule. (b.)
BLAT. En Provence, c'est le Blé. (desm.)
BLATTAIRE, Blattaria. Genre de planles établi par
Tournefort , mais qui a été réuni aux Molènes par Linnceus.
(B.)
BLyVTTE, Efaf/a, Linn. , Fab. Genre d'insectes de l'ordre
des orthoptères , famille des coureurs, et qui a pour carac-
tères : antennes longues , sétacées , insérées près du bord
interne des y»*ux , qui environnent en partie leur base : ar-
ticles nonvbreux , très-courts , peu distincts ; quatre anten-
nules fort longues, filiformes; les antérieures un peu plus
longues , de cinq articles , les postérieures de trois ; cinq
articles à tous les tarses ; pattes propres à la course ; abdo-
men terminé par deujç courts appendices ; élytres hori-
zontales.
Ces insectes ont la télc presque triangulaire , inclinée ,
courbée au-dessous du corselet; les antennes minces, plus
longues que le corps ; les veux étroits , allongés , un peu en
rein , placés de chaque coté des bords latéraux de la tcie ;
le corselet court,- recouvert en dessus par une grande plaque
aplatie , presque circulaire, qui déborde le corps de cha-
que côté ; l'abdomen ovale , plat en dessus , un peu convexe
en dessous; le dernier anneau arrondi ou conique, tei-miné
dans les deux sexes par deux petits appendices articulés ,
coniques , pointus à l'extrémité ( outre ces appendices , les
maies ont encore deux petites pointes cylindriques , placées
à l'extrémité du dernier anneau, d'entre lesquelles sortent
les parties de la génération ) ; les pattes très -longues , sur-
tout les postérieures; les hanches et les cuisses larges,
aplaties ; les jambes garnies d'un grand nombre d'épines ; les
tarses terminés par deux crochets: les élytres coriaces, un peu
en recouvrement, horizontales, terminés en pointe arrondie à
l'extrémité, plus courtes (jue l'abdonien dans quelques es-
pèces, plus longues dans d'autres, recouvrant, dans le plus
grand nombre , deux ailes membraneuses de la longueur
des élytres, mais plus larges, pliées longitudinalement en
deux ou peu en éventail : quelques espèces n'ont que des
moignons d'ailes.
Les hlaiies Ont été nommées par les anciens , lucifiis^œ ,
insectes qui fuient la lumière , parce qu'elles ne paroissent
B L A 47>
f;uère que la nuit. Quelques espèces vivent «lans les maisons;
elles y sont très-incommodes , en ce qu'elles puent et qu'elles
mangent et rongent tous les comestibles , les cuirs, les ha-
bits, les laines. Pendant le jour, elles se réfugient dans les
trous des murs et les fentes des planches, d'où elles sortent
la nuit pour aller butiner: dès qu elles aperçoivent la moindre
lumière , elles rentrent dans leurs trous ; elles sont très-
agiles , et courent très-vite. On les trouve principolement
dans les moulins et les boulangeries ; la farine , qu'elles ai-
ment beaucoup, les y attire. Quelques espèces habitent Us
bois : il paroi' roit qu'elles se nourrissent d insectes.
Les femelles pondent un ou deux corps capsulalres , pres-
que aussi gros que la moitié de leur ventre , et de forme à
peu près ovale , qui renferment chacun seize œufs. Selon
Frisch , celle qu'on trouve dans les cuisines, garde , pen-
dant six à sept jours , à l'orifice de la partie qui caractérise
son sexe, le corps qu'elle doit pofïdre. Les larves ne diffè-
rent de l'insecte parfait , que parce qu'elles n'ont ni ailes ,
ri clytres. Les nymphes ont, entre le corselet et l'abdomen,
deux anneaux larges et plats, qui débordent de beaucoup la
poitrine ; et c'est de cet endroit que sortent les ailes.
On connoît près de quarante espèces de ces insectes, dont
quelques-unes ont plus d'un pouce de long ; on en trouve
cinq ou six en Europe , paraii lesquelles on distingue celle
des cuisines.
Blatte Kakkerlac, Blatla americnna^ L\i\n.( Dhif/e amen-
/.wV,Nouv. Dict. d'Hist, nat.tom.pl. A. a^- fig- J-)- Elle a plus
d'un pouce de long; tout le corps , tant en dessus qu'en des-
sous, de couleur ferrugineuse; et le corselet presque ovale, d'i*n
jaune d'ocre foncé , avec des taches au milieu plus obscures.
Cette espèce n'est que trop commune en Amérique , où
elle est connue sous le nom de kakkerlac : on la trouve quel-
quefois vivante en Europe ; elle y est apportée par des vais-
seaux. Dans l'Amérique et à Surinam, elle cause les plus
grands dégâts dans les maisons, en rongeant toutes les étoffes
et gâtant toutes les provisions de bouche. Elle a ime odeur
infecte , et il est très-difficile de se garantir de ses ravages.
Blatte DES cuISI^"ES, BhiUaovientulis, Linn. Tica^.Itiser,t.,t. 3,
iah. aS. fig. i , 2. Cette espèce, originaire du LL'vant, a en-
viron dix lignes de long; le corps d'un brun foncé en dessus ,
plus pâle en dessous; les antennes composées d'un grand
nombre d'articles ; la tète petite , presque entièrement ca-
chée par le corselet; celui-ci un peu arrondi sur les cotés;
les élytres et les ailes un peu moins longues que le corps
ries femelles sont dépourvues d'ailes , et n'ont que des moi-
gnons d'éiytres) ; \qs pâlies épineuses, les postérieures beau-
476 B L A
coup plus longues que les autres; i'ahdomen terminé par
deux appendices.
Cette espèce se sert très-rarement de ses ailes ; mais elle
court très-vite. On la trouve dans les maisons , surtout dans
les cuisines, les boulangeries et les moulins. Voyez les géné-
ralités.
Elle habite presque toute l'Europe; (uî la trouve aussi ,
selon M. Kalm, dans TAmérique septentrionale ; mais est-
ce bien la même espèce!'
Blatte lapone , Blatta Inponim^ Linn. Deg. Insect. , ibid. ,
lab. 25 , fig. 8, 9. CeJle espèce n'a guère qu'un peu plus du
tiers de la grandeur de la précédente ; elle est jaunâtre , et
' ses élylres sont taciietées de noir.
On la trouve en Europe , mais particulièrement dans les
cases des habitans de la Laponic , où elle ronge les poissons
qu'ils conservent desséchés, (l.)
BLATTE DE BYSANCE. C'est le nom que les anciens
médecins donnoient à l'opercule du Strombe pesatst, oper-
cule qu'ils faisoient entrer dans leurs préparations pharma-
ceutiques , comme un puissant secours contre les vapeurs et
l'épilepsie. llondciel dit qu'on en reconnoissoit deux espèces,
l'un venant de la mer Kougc , et l'autre de la Babylonie ; et
que de son temps on appeloit aussi de ce nom tous les oper-
cules des pourpres. Aujourd'hui on confond tous ces opercules
sous le même nom , et il n'y a pas grand danger, parce qu'ils
ont tous les mêmes vertus , quoique de formes très-diffé-
rentes. Au reste, on n'en fait presque plus d'usage, la pierre
calcaire la plus commune produisant les mômes effets médi-
cinaux, (b.)
BLy^TTI. C'est la Pagapate de Sonnerat , I'Aubletie
de Gsertner. (b.)
BLAUFELCHEN. Nom allemand des vieux Core-
gone Wartma>'n. (b.)
BLAUFISCH. C'est ainsi qu'on appelle, en anglais,
l'HoLOCENTRE NOIR. (B.)
BLAUKOPF. Synonyme de Lutjan écureuil, (b.)
BLAUSTACK. Le Labre bleu se nomme ainsi en
danois, (b.)
BLAVELLE. V. Bluet. (desm.)
BLAYÉOLE. V. Bluet. (desm.)
BLAYEROLE. C'est la Ceîstaurée bleue , ou Bluet.
BLAVET. Synonyme de Bluet. (b.)
BLAVET. C'est I'Agaricpalomet^ qu'on mange dans les
landes de Bordeaux, (b.) ^
B L E ^,7
BLAVETTE. Nom vulgaire du Bluet. (b.)
BLÉ ou BLED. Nom collectif et générique , donne soit
aux plantes qui produisent les grains dont on fait du pain ,
soit aux grains mêmes ou semences de ces plantes, après
qu'ils ont été sépares de l'épi. C'est ainsi qu'on dit un champ
de blé en parlant de la plante , et un grenier plein de blé eu
parlant du grain. V. le mot Grains.
Dans le commerce des blés ^ on n'en dislingue que de trois
sortes; le blé proprement dit, qu'on nomme autrement
Froment ; le Seigle , qui est une espèce de graminée très-
inférieure en qualité au froment ; et un troisième blé ^ qui
résulte du mélange des deux autres , qu'on appelle Méteil.
Les laboureurs nomment encore blés , plusieurs des grains
semés en mars , tels que I'Orge , l'AvoiNE , etc. , et ils les
distinguent en les qualifiant At petits blés.
Le Maïs et le Sarrasin sont aussi des grains auxquels on
donne le nom de blé : l'un s'appelle blé de Turquie et blé d'Inde^
et l'autre blé noir.
En général , le mot blé exprime plus particulièrement le
Froment dans la majeure partie de la France.
L'Europe, quelques cantons du nord de l'Asie et de l'Afri-
que , et une partie des Etats-Unis de l'Amcrlque, sont les
seuls pays qui produisent du blé. On en récoltoit autrefois
une très - grande quantité en Egypte , qui étoit regardée
comme lamère nourrice de Rome et de l'Italie. Aujourd'hui
les pays qui en fournissent le plus, sont la France , la Po-
logne, l'Angleterre et les Etats-Unis de l'Amérique. Dans
l'Asie méridionale c'est le RiZ qui supplée au blé ; la plus
grande partie de l'Afrique préfère le Sorgho à tout autre
grain; les habitans de l'Amérique trouvent que le Maïs est le
plus productif. En Europe , même partout où ce dernier peut
croître, il fait, parla même raison, abandonner le froment
et le sorgho.
Parmi les substances végétales qui servent à la nourriture
de l'homme , le blé tient , en Europe , le premier rang.
Il s'en fait, dans cette partie du' monde, un très-grand
commerce et une consommation prodigieuse. Il est donc
très-utile de connoître les diverses espèces de blé, et leurs qua-
lités bonnes ou mauvaises. Cette connoissance intéresse en
même temps les propriétaires de fonds , dont les revenus sont
en grains ; les pères de famille qui ont un grand nombre d'en-
fans, de domestiques ou d'ouvriers à^nourrir ; les directeurs
des grandes manufactures, les économes des hôpitaux, les en-
trepreneurs de vivres , les armateurs de navires et négocians
de blés , etc.
4;8 E L E
Le blé peut être considère' sur pied , en gerbe ou en grain
C'est ordinairement entre le i5 mai et le i5 juin qu'on
voit le sort des blés. La feuille «t la tige de la plante doivent
êlrc alors d'un beau vert plein. Leur couleur jaune , à cette
époque , ne promet pas de beaux épis , et annonce que le
grain a souffeit par la trop gr;.nde rigueur des frimas, par
trop de sécheresse ou trop d humidité. Quand le A/e est d'un
jaune rouge, la plante n'a pas pris assez de nourriture et se
fournit mal en grains. Lorsque la tige forme dans sa partie
inférieure le pied d'oeillet , et que d'un même grain ou d'une
même touffe, il sort plusieurs tuyaux , c'est une marqtie que
le sol est bon , qu'il a été bien cultivé , et que la récolte sera
abondante.
On doit faire attention aux mauvaises herbes qui croissent
avec le blé ; comme leurs semences se mêlent à celles du fro-
ment ou du seigle , elles altèrent plus ou moins la qualité de
la farine. L'Ivraie, dans le pain , cause une sorte d'ivresse ;
le blé de vache ou Melampyre rend le pain rouge, connne s'il
avoit été trempé dans du vin. La Vesce nuit à sa mouture
en empâtant les meules, rend la farine bise et amère , et
l'empêche de ferniênter et de lever promptement. luarréle-
bauf\ les rharduus et beaucoup d'autres mauvaises plantes ,
préjndicient à la coupe. Quand on voit les moissons chargées
de Coquelicots , de Gesses , de Bluets , de Prèles , etc.,
on doit s'attendre à une médiocre récolte.
On distingue trois sortes dépiation dans le i/<?'. Dans la pre-j
mièrc, l'épi leplusbeau est gros, nourri, bien renflé, d'un jaune
roux; ilsortbien de son fourreau. La seconde sorte offre un épi
plus maigre, etquineparoît pas avoir là force de se développer.
Celui de la troisième ne présente qu'un épion , et dénote une
grenaison médiocre en quantité et en qualité. Lors(iue le blé
est prêt à mûrir , on compte les grains dont l'épi est chargé.
L'épi de première sorte produit cinquante à soixante grains ;
celui de la seconde , de trente à cinquante ; celui de la troi-
sième, de dix à trente. L'épi chargé de grains et de bonne
qualité est lourd et pencbé. L'épi stérile ou coulé est plat et
léger -,11 ne donne que de la paille. L'épi avorté a les balles
ouvertes ; il produit des grains petits , ridés , durs comme la
pierre ; ce sont les blés retriiiis. L'épr carié ou charbonne ne
conserve plus que son enveloppe : enfin l'épi ergoté fournit,
au lieu de grains , des espèces d'ergots allongés. Ces alté-
rations sont, pour 1 homme, la cause première de beaucoup
de maladies , dont quelques-unes sont très-graves.
Dans la saison de la niaturité , le ^/é'' mûrit bien quand il
fait beau , et que l'air est serein , sens être trop chaud. L.-?
BLE /,;9
grain est alors ferme et sec inlérleurement ; il a une sort"
de transparence , et sa surface est colorée d'un jaune gris.
Au contraire, quand, à la même époque, les pluies sont fré-
quentes et fortes , ou accompagnées de grands venis , les l/lés
versent, prennent peu de nourriture , miirisscnt inégalement,
et donnent un grain étique et ridé , qui n'a que du son et peu
de farine. Si les pluies sont douces et continuelles , elles
pénètrent peu à peu l'épi et enllent le grain : sa couleur de-
vient d'un gris sale; sa consistance est peu ferme, et sa farine
est lâche et molle. La continuité des pluies au commence-
ment de l'été fait avorter les grains ; plus tard , elle les prive
de toute saveur et de toute possibilité de conservation , et
les fait germer : cet état malheureux double le prix du blé.
Quand, après une grande humidité , il survient tout à coup
de fortes chaleurs , la paille et le grain mûrissent alors trop
vite , et avant ([ue celui-ci ait pu se remplir de farine, c'est
ce qu'on appelle des hiés cc/iaudés , des b/és retrails. Si trop
de pluie nuit au blé., un peu de pluie qui tombe quelque temps
avant la récolte , contribue à lui faire produire une farine
plus belle et plus fine.
Le blé conservé en gerbes dans des granges ou dans des
meules , se perfectionne et acquiert toujours de la qualité ,
pourvu qu'il ait été récollé sec. Il n'en est pas ainsi lorsqu'il
a été récolté humide ; au contraire, si l'on ne veut point
alors qu'il se convertisse en fumier , on doit le battre promp
tement, et, quand il est battu et vanné, le faire sécher au
soleil, le cribler et le remuer souvent à la pelle dans le gre-
nier. C'est dans ces circonstances que l'usage de l etuve seroit
avantageux.
Il existe un abus dans la récolte des grains , qui ne doit pis
échapper à la surveillance de l'acheteur. Dans une saison
humide , le laboureur moissonne souvent son blé avant sa
parfaite maturité , et il l'enferme aussitôt. Qu'arrive-t-il ? 1;?
grain fermente dans la grange; il commence par y rougir ;
l'écorce seule est d'abord attaquée, le corps du bien est point
encore vicié et corrompu; mais peu à peu ia corruption ga-
gne , et le grain , quoiqu ayant de l'apparence au-deho^s , se
gâte au point que la farine devient couleur de tabac , et peu
propre à faire du pain.
Considérons maintenant le bié en grains.
Il y a, dans le commerce , trois qualités de blé ou froment ,
qu'on désigne par les noms suivans, savoir : i." le blé de latJle
ou de qualité supérieure ; 2." le blé du milieu., dit blé marrh and;
3.° Xeblécomnninoxxàe dernière qualité. Ces trois sortes de blé.;
se distinguent par la couleur , par la forme , par le poids , à
la iuain , à la netteté , à l'odeur et au goût.
^8o B L F.
Chacune de ces trois qualités peut être produite par
toutes les variélés du Froment , variétés dont les principales
ont été nieniionnées à son article ; mais elles se rapuortent
principalement au froment commun , sans barbes , qui est
celui qui se cultive le plus généralement aux environs de
Paris.
Le premier blé est d'un beau jaune , m«;lé de blond clair ;
le second est d'un jaune plus brun ; le troisième d'un blanc
terne ou g'is cendré.
Le bU de la tête est petit , ramassé , presque rond et plein
sans être bouffi ; la forme du blé marchand est plus longue
que ronde , et il est un peu bouffi; le blé de la dernière qua-
lité est d'une forme lonj^ue , mince et desséchée ; il s'y trouve
desgrains étiques et rides, ainsi que d'autres bouffis et germes,
qui donnent moins de farine et beaucoup de son. En général ,
la bouffissure du grain est due au dessèchement qui a suivi le
renflement occasioné par 1 humidité.
Phis le b/écst pcSoiil à mesure égale , mieux il vaut , parce
que plus il pèse , plus if a de farine , et plus celle-ci a de qua-
lité. Un setier de b/é delà léle , mesure de Paris , pèse , année
commune , deux cent quarante livres ; celui de la seconde
classe , deux cent trente livres ; et celui de la troisième , deux
cent vingt livres.
Le bon A/c' étant sec , dur , pesant , lisse et presque rond ,
doit sonner dans la main; et quand on la ferme , après en
avoir pris une poignée , les grains doivent s'en échapper
proinptemenl. Par la raison contraire , on doit trouver rude
et moins coulant tout blé de qualité inférieure , humide ,
ou ayant une forme mince et ridée. Quoique sec , le bon
blé conserve une certaine fraîcheur, due à la densité de la
farine.
La netteté du grain ajoute beaucoup à son prix et à sa qua-
lité. On appelle,,i7mm «e/ celui quin'estpoinlmoucheté, auquel
ne se mêle ni seigle , ni orge , ni aucune graine étrangère ,
qui a été bien vanné et criblé , et dans lequel on ne trouve
ni balles , ni terre , ni petites pierres.
La*mauvaise odeur du blé décèle ses mauvaises qualités ;
elle annonce qu'il a été moissonné vert , et qu'il a fermente
dans la grange , ou qu'il s'est échauffé dans le tas pour n'avoir
pas été remué , ou qu il a été attaqué du charbon ou de la
carie , ou enfin qu'il est rongé par les vers et les charansons.
Lorsqu'on le serre dans des lieux humides , au-dessus des
celliers , des élables ou des écuries , il acquiert pareillement
une odeur désagréable , connue dans le commerce sous lé
nom de relent.
En gotitant el en mâchant le blé , on peut encore distinguer
J3 L E 4,81
celui qui est de bonne , «lennétliocrc ou de mauvaise qualité.
On trouve le bon blé un peu sucré et fort abondant en ma-
tière glulineuse, lorsqu'on le mâche long-temps. Celui qui
a été échauffé , a un goTit de moisi. Quand il a été lavé et
humecté par fraude, il est insipide et ne se casse point net sous
la dent.
Les trois classes de blé dont il vient d'être parlé, tirent
leurs qualités: i." de la variété semée ; 2." du clioix des se-
nieuces ; 3." de la préparation de la terre; 4-" des diverses
espèces de sol qui les ont produits; 5.".dc la différence des
climats.
Un blé trop vieux , ou qui a fermenté dans le tas , ne lève
point. Les semences cliques et altérées produisent un blé
inférieur en qualité à elles-mêmes. Celles qui ont été mal
criblées ou nettoyées , se trouvant mêlées à de mauvaises
graines , et étant semées avec elles, sont privées du suc nour-
ricier que celles-ci leur dérobent. Uu /'/f' blanc-terne , et qui
commence à dégénérer , n'enfante que des avortons ; celui
qui est attaqué de la carie, du charbon , ne peut donner qu'un
grain de la dernière classe, et en petite quantité : ainsi, sans
le choix de la semence , on ne peut espérer une bonne
récolte.
11 faut encore, pour l'obtenir , préparer la terre par de
bons engrais , par des labours profonds ; les semailles doi-
vent être hâtives , les semences également espacées, et les
sarclages fréquens. Dans un sol aride et non fumé , le fro-
ment ne peut être plein et bien nourri ; un terrain labouré
superficiellement est impénétrable aux racines et aux in-
fluences de Tair; le blé^ ne pouvant tracer, sera brûlé par les
premières chaleurs, qui ne donneront pas le temps aux épis
de croître , et aux grains de grossir. Si Ton sème trop tard ,
les racines ne peuvent passe fortifier avant 1 hiver; si ou
sème trop épais, les chaumes qui sélèvent , se nuisent réci-
proquement par leur nombre , et ne produisent qu'un petit
nombre d'épis , grêles et peu grenus. Le défaut de sarcla(^e
endurcit la terre , la rend moins perméable à la rosée et à la
pluie , et favorise la croissance et la multiplication des mau-
vaises herbes.
La nature des diveifj^sols produit aussi des différences
dans les qualités de grains que l'on y récolte.
On distingue les blés de fonds pierreux , les blés de terres
fortes, et les blés déterres à jardins. Les meilleurs /i^-'i croissent
ordinairement dans des fonds bons et substantiels , quoique
secs et pierreux ; le grain f st d'une moyenne grosseur , mais
dur et ferme , d'une belle couleur, se conservant bien, est,
par cette raison, bon pour l'exportation , et excellcnl à iJne
m. 3i
^8
BLE
(lu pain. Son produit en farine est considérable relativement
à la mesure et au poids. Les terres fortes et argileuses des
coteaux ou des plaines donnent un blé de seconde qualité ,
d un jaune pâle , moins ferme , et plus léger que le précé-
dent. Dans les bas-fonds et dans tous les sols de la nature
de ceux des jardins , le blé est gros et plein en apparence ; il
aie coup d œil d'un A/^' fort et nourri ; mais il n est pas sec
dans le cœur, et a moins de corps que dans les qualités ci-des-
sus. En général, les blés qui viennent de lieux bumides, ou de
terres crasses qui retiennent l'eau , ne valent pas ceux des
plaines élevées ou des coteaux. Enfin , la nature et la qualité
du terroir influent beaucoup sur celles du blé; on peut en
iu^erpar le blé manié. On appelle ainsi celui qui a crû dans 1rs
t<.'rres nouvellement marnées. Il a toutes les apparences da
meilleur blé., mais il n'est pas aisé à moudre ; le son se sépare
avec peine de la farine ; la farine, au sortir de la meule , est
très-altérée, et boit beaucoup d'eau (en quoi elle tient de la
terre marnée dans laquelle le blé est venu ); à l'emploi , elle
se lie mal, la pâte en est peu ductile; pour lever, elle de-
mande un quart de levain plus qu'à l'ordinaire ; enfin , le
pain qui en provient bouffe difficilement dans le four, est
dur à mâcber , et offre un coup d œil plus gris et moins blanc
que celui dun autre blé.
Les terres les plus fertiles donnent trente quintaux de blé
par arpent; il faut en retrancher deux pour la semence :1e
produit est donc de quinze pour un. Ces espèces de terres
sont fort rares ; à peine y en a-t-il en France un centième
d aussi productives. Les bonnes terres ordinaires , comme
quelques cantons delà Picardie et de T Ile-de-France, rendent
vingt quintaux ; et les moins fertiles , environ dix. Les terres
à seigle sont très-abondantes en France ; on retire à peu près
vingt quintaux des bonnes , quatorze des moyennes , et huit
des petites terres. Quand les printemps sont humides, les
terrains semés en orge produisent beaucoup. Deux cents
livres d'orge par arpent , rendent depuis dix jusqu'à trente
quintaux.
Les diverses qualités des grains résultent aussi du climat
et de la température des pays où ibsont recueillis, hes blés
du Languedoc, de la Provence et dlB)auphiné, sont réputés
supérieurs à tous ceux qu'on connoît. Les blés de Sicile ,
d'Italie et du Levant , offrent un grand produit en pain ; ils
sont de couleur d'or en dedans comme en dehors ; on les
emploie par préférence aux blés qui sont blancs dans lintérieur,
pour faire les pâtes , les vermlcels , etc. Les blés de Barbarie
e'ont plus bruns que ceux d'Europe , mais plus pesans et plus
substantiels; ceux de Pologne, ciu contraire , sont très-blancs,
BLE 4aj
beaux à l'œil et à la main : ils procurent une nourriture dé-
licate , mais leur farine est légère et moins abondante. Le
seigle et Vépaiitre viennent plus hauts dans le Nord que dans
les climats tempérés et chauds ; ils y donnent aussi une farin<i
meilleure et plus belle : voilà pourquoi on cultive peu ces
plantes en Italie , excepté au pied Ads Alpes. Elles réassissent
parfaitement en Allemagne et dans les pays froids et mon -
tueuxde la Savoie. Les moulagnards se nourrissent ordinaire-
ment de seigle.
Le blé est sujet h des maladies proprement dites, et à plu-
sieurs accidens. Les maladies du blést manifestent à l'instaiir
même où le grain se développe; elles attaquent et d.étruisent
le germe et la substance farineuse. Les accidens du Wc' , au
contraire, n'ont lieu que lorsque Tépi est sorti du fourreau;
le grain est moins abondant; mais, n'ayant point été altéré,
il est propre à la nutrition et à la geruwnation.
Les causes les plus constantes et les mieux connues des ma-
ladies An blé ^ sont: i." une nourriture surabondante; 2." un<'
nourriture maigre et insuffisante par la faute des engrais , du
terroir ou d'un mauvais labour ; 3." la présence de certaines
espèces de champignons parasites internes, du genre ureclu ;
4..° les circonstances atmosphériques , indépendantes de la
terre.
On doit attribuer à la première cause l'accroissement et
la foliation trop rapide du blé. Sa tige alors se prolonge beau
coup ; il en pousse môme un grand nombre , mais à peine
fructifient-elles. Les anciens désignoient cette maladie par les
mots caulescence et pléthore suffocunte des grains. C'est la luxu-
riation la plus nuisible ; elle a lieu surtout quand , avec les
autres conditions , il survient des pluies chaudes ou abon-
dantes. Les blés qui ont ainsi crii donnent fort peu de grains,
et des grains petits et retraits. La coupe des feuilles ,
en affoiblissant l'action de la végétation , diminue les effets
de ces causes; aussi TexécuteM-on partout où les cultivateurs
sont éclairés parles principes d'une saine physique.
Il en est ime autre qu'on dit, mal à propos, provenir aussi
de trop de nourriture ; c'est le Miel.\t. Cette maladie s'an-
nonce par de petits tubercules sucrés et brillans qu'on re-
marque le long de la tige , et qui -ne sont que l'excrétion dt;
la sève surabondante. Si cette excrétion n'est pas trop épaisse
et trop gélatineuse, elle se volatilise; dans le cas contraire,
elle obstrue les pores de la plante , forme un enduit visqueux
tout autour, et la fait périr, à moins qu'une pluie ne l'en
débarrasse.
La seconde cause , c'est-à-dire le défaut de nourriture ,
484 B L E
produit trois maladies très-dislinctiîs, quoique confondues,
au moins en partie , par d'habiles agronomes ; ce sont : la
siclémtlon , ainsi nommée par les anciens , le rachitisme et
V atrophie.
La sidération a lieu quand les grains de blé ont été semés et
ont crû, ou trop près les uns des autres, ou dans un terrain sa-
blonneux, ou pendant un été sec. Ils ne poussent alors que des
tiges maigres, foibles, et des épis miHces, ou qui ne renferment
que des grains retraits ou ridés. La même chose arrive lors-
que le blé est venu dan^ un sol argileux , susceptible d'intu-
mescence , et qui se resserre après l'écoulement des eaux.
La terre ^ en se ressuyant, tiraille en tous sens, et comprime
les racines de la plante , qui ne produit que des tuyaux des-
séches.
Le rachitisme est une maladie particulière , plus commune
en Italie qu'ailleurs , qui heureusement ne s'élend pas beau-
coup, et par cette raison n'est pas très-préjudiciable aux cul-
tivateurs. Ses symptômes sont sensibles ; l'épi qui en est af-
fecté est très-bas, courbé en différens sens; il présente des
bosses et des nodosités contre nature ; sa gaine est comme
recoqulllée , et ne contient presque rien pour la formation
de la fleur et du fruit , dans lequel on trouve souvent un
amas d'insectes , au lieu d'une matière végétale : les feuilles
et les barbes sont aussi contournées. Une configuration si
singulière peut provenir d'un défaut de sève nutritive ; mais
elle a vraisemblablement d'autres causes inconnues jusqu'à
présent.
\Satrophie est une espèce de marasme qui frappe les épis
lorsque les chaleurs de l'été dominent. Leur tcte commence
à maigrir et devient pâle ; la tige se dessèche ensuite, et perd
sa verdeur jusqu'à la racina ; les feuilles tombent ; enfin tou6
l'épi pâlit, sèche et meurt. Dans ses effets, Vutrophie a quel-
que rapport avec la sidéraiiun ; mais sts premières causes ne
sont pas les mêmes. Des terres fortes , non ou peu ameu-
blies, des terres légères manquant d'engrais et de fumier,
un sol même bon , mais élevé , et sujet à être desséché par
les vents, des semences trop enfoncées : voilà les causes pre-
mières de cette maladie, dont elles indiquent en même temps
les remèdes. /
Les autres maladies prmcipales du blé sont la rarie ., le
charbon., la rouille., la maladie fuligineuse ., la coulure et V ergot.
La carie des blés., qu'on nomme, selon les pays, cloque,
bosse., cliamburle ., noir., pouriture., etc. , est la plus dangereuse
des maladies du froment, soit sous les rapports du produit ,
soit sous ceux de la salubrité. Elle est due, selon la plupart
desbolanisles, à I'UrÉDO CARif. (DecandoUe , Flore franc aise).
BLE ^85
C'est à Tessier qu'on doil la cnnnoivssnncp <lc sescflets et tics
moyens âe. s'en garanîir. C'est Bcnédict Prévost qui nous a
appris comment elle se reproduisoit.
Quand l'épi Au froment sort du fourreau , on reconnoil déjà
la carie à la couleur blanche des feuilles , et aux points blancs
dont les balles sont tachées. Le grain alors acquiert un vo-
lume plus considérable que dans l'état naturel ; sa couleur
est d'un gris sale , tirant un peu sur le brun -, l'enveloppe est
mince et le germe est déiruit. On ne trouve, à la place d'une
pulpe blanche et farineuse , 'qu'une poussière noire , légère ,
fine, grasse au toucher, exhalant une odeur fétide de marée,
inflammable au feu, insoluble dans l'eau, privée enfin de
toute organisation.
Quelque foiblement entachée de carie que soit la semence,
elle produit au moins un quart d'épis malades , et diminue
dans le commerce et dans l'emploi la valeur des autres. La
f>oussière de can'e^ quand on bat le blé, s'attache au Wc'sain,
e salit, et lui donne le nom de fjlé moucheté. Cette poussière
incommode les batteurs ; elle provoque la toux , picote les
yeux, et est malfaisante. Si, pour rendre plus commer-
çable le grain infecté de carie, on le lave, cette opération lui
enlève le coulant ou ce qu'on appelle la main ; ce qui le
déprécie par les raisons suivantes. Les hlés mouchetés engrais-
sent les meules, graissent les bluteaux , et rendent défec-
tueuse la moulure du i/<?sain qui leur succède au moulin; le
pain fait avec de la farine de blé moucheté a une teinte violette,
une sorte d'âcreté (pii peut préjudicicr à la santé.
Cette maladie , semblable à la petite vérole ou à la peste ?
se comnmnique et se propage par voie de contagion. IjC fro-
ment est la seule graminée qui en soit affectée, celui du Nord
plus que celui du Midi. Les blés durs ou glacés n'y paroissent
pas sujels ; mais , dans le nombre , aucun ne résiste à la ma-
ladie, si on la lui inocule , c'est-à-dire si on frotte toutes les
variétés àe froment avec la poudre de carie.
Si on sème le blé moucheté, sans T avoir soumis à une pré-
paration qui va être indiquée , la maladie se transmet au
nouveau grain. La paille des épis cariés qui déplaît aux bes-
tiaux , les criblurcs des granges ou des greniers , l'eau des
lavages et la lessive qui a servi à la préparation du blé ?nou-
cfielé ; toutes ces matièi^^jetées sur le fumier qu'on se pro-
pose de répandre sur les terres à blé , communiquent la ma-
ladie comme le feroit la poussière, à moins qu'on n'ait
laissé consommer ce fumier.
Le seul moyen de prévenir les effets de la carie, est le lavage
il l'eau j suivi d'un chaulage convenable. Presque tous les la--
/;8o B L E
boiireurs chaulent leur blé de semence ; mais ceux qui onl du
Lie carié, chaulent mal.
Quand on le peut , on doit laver son grain de semence à
l'eau courante. On le met dans des paniers d'osier, et on le
remue jusqu'à ce qu'il ne salisse plus l'eau. On agite et trotte
le grain dans tous les sens, pour en détacher la poussière de
rarie^ et faciliter la rejection de celui qui est vicié et qui
surnage. Quand le grain est bien lavé , on le soumet alors à
l'action du chaulage , après l'avoir fait égoutter.
On prépare un lait de chaux, «n éteignant de la chaux vive,
d'abord dans une petite quantité d'eau, qu'on étend ensuite
dr.ns un plus grand volume. La proportion est de six livres de
chaux et de trente livres d'eau sur un setier de grains, mesure
de Paris. La quantité de chaux vive dépend de sa qualité :
celle qui est récemment éteinle à l'air n'est pas moins bonne ;
mais il faut, après un certain temps, en employer un sixième
de plus. On verse le grain par portions dans un cuvier qui
contient une quantité de lait de chaux suffisante pour surnager,
de deux travers de doigt. On remue bien exactement le grain,
avant l'attention d'enlever les grains légers: on le laisse ainsi
infuser et macérer pendant un quart d'heure , c'est-à-dire ,
jusqu'à ce que le lait de chaux ait pu exercer son action sur
tous les points de la surface: on le retire pour le faire égoutter.
A cet effet, on le met dans des paniers placés sur d'autres
petits cuviers, et on l'y laisse à peu prèsun autre quart dheure;
on l'étend alors sur l'aire de la grai>ge pour l'y faire sécher.
En cet élat , il peut être semé le lendemain ; mais il y a tou-
jours de l'avantage à en différer l'ensemencement, en ayant
la précaution de le retourner, dans la crainte qu'il ne s'é-
chauffe. Par ce procédé simple , une seule personne peut ,
même à défaut d'eau courante , en se servant d'un cuvier qui
contient un demi-sac ordinaire de grain, en chauler douze
seliers par jour.
Si l'on manque de chaux , on peut lui substituer une les-
sive de cendres de bois neuf faite exprès : une lessive de sou^e,
de potasse ou de cendres gravelées , et surtout du sulfate de
cuivre (vitriol bleu), qui, à très-petite dose, produit cer-
tainement les effets désirés ; mais comme c'est un poison, il
faut n'y avoir recours, à raison des accidens à craindre , qu'à
la dernière extrémité. ^
Le chaulage assure en outre la ^rmination du grain , par
l'humidité dont il est pénétré, et favorise conséquemment la
végétation , surtout si les semailles se font par un temps sec.
Le charbon attaque surtout Vépautre , Vorge et Vaooine:
c'est une poussière fine, noire, sèche, légère, que le vent
emporte, et qui ne laisse que le .«squelette de l'épi. Si, sur cet
BLE ^8^
<f pi , quelques grains échappent à la corruption totale, et
qu'on les sème, ils végètenl a peine; et si on les mêle avec
du blé sain , ils Tinfeclent au point de répandre la maladie
dans tout un champ ensemencé. Les grains qui sont parvenus
à leur fructification complète parmi des épis atteints du char-
bon , offrent la plupart un petit point putride ; et si on en
sème et qu'ils végètent, ils ne produisent que des épis char-
bonnés. Ainsi, Ton a eu tort d'avancer qu'il n'étoil pas Lierl
certain que le blé charbonné fût contagieux pour les grains.
C'est encore à un champignon du genre précédent, i'U-
RÉDO CHARBON (DccandoUe , Flore française') , qu'est due
cette maladie. On le distingue de la carie , parce qu'il est
plus noir, plus sec, et n'a point de mauvaise odeur. L'usage
des grains qui en contiennent est aussi moins dangereux. Pour
désinfecter le blé qui en est attaqué , on le lave à plusieurs
eaux , jusqu'à ce que la dernière sorte claire , en le remuant
bien et en le frottant avec les mains. Le grain vicié surnage ,
et on l'enlève : celui qui est sain reste au fond. Si on le des-
tine au«emis, on le chaule, comme il a été dit plus haut.
On a observé que le charbon n'infestoit les blés que dans
les années où la fin de février et le commencement de mars
étoient pluvieux et humides; et qu'au contraire à peine en
trouve-t-on quelques grains viciés , quand le commencement
du printemps est sec et froid.
La rouille est une substance pulvérulente qui naît sous l'épi^
derme des feuilles, des tuyaux et des épis du blé^ et l'ern-
pêche de croître. Cette maladie est encore due à un cham-
pignon parasite , à I'Urédo rouille (DecandoUe , Flont
française). Elle s'annonce d'abord par quelques petits
points d'un blanc terne , qui prennent peu à peu une teinte
d'un jaune brun , et deviennent enfin de couleur de rouille ,
puis crèvent l'épiderme et se dispersent en forme de pous-
sière ; ces points paroissent d'abord uniquement sur la
feuille , et se propagent ensuite sur la tige de l'épi ; quelquefois
toute la plante en est déjà couverte lorsque l'epi sort de son
fourreau. Cependant tous les grains de l'épine sont pas , en
général, attaqués de la contagion; dans l'orge, particulière-
ment , on ne voit que çà et là quelques grains corrompus ;
les autres sont pleins d'une très-bonne farine.
Les chaleurs humides favorisent singulièrement la mulll-
plicatlon de la rouille. Elle est principalement plus abon-
dante , et par conséquent plus nuisible, dans les champs
places au milieu des bois, au bord des marais, dnns les
vallées profondes. Ce sont les plaines où le soleil et les vents
jouissent de toute leur influence , qui en sont constamment le
moins infestées. On croit, dans beaucoup de lieux, que le vols--
m B T. E
nage de I'Epiwe vinette est favorable à sa multiplication.
Comme la poussière de la rouille est dispersée lors de la
récolte , il s'en attache fort peu sur les grains , et le chaulage
n'en détruit pas les germes. Le seul moyen de s'opposer à sa
multiplication , c'est de faucher les blés avant leur montée en
épi , et de donner la fane aux bestiaux -, mais on n'y gagne
que la diminution de la rouille pour les années suivantes ,
la récolte en grain et en paille étant moindre par cette opé-
ration.
La maladie des grains, que nous nommons fuligineuse ^
n'étoit pas vraisemblablement connue des anciens Romains.
On ne voit dans leurs «erits aucun mot qui la puisse désigner.
Elle consiste en une poussière fine , noire et grumeleuse à
peu près comme la suie ( en latin , fnligo ) , qui s'attache le
plus souvent aux feuilles et au fourreau de l'épi , lorsque
celui-ci commence à poindre en dehors; elle y adhère pour-
tant si peu, qu'elle est aisément lavée par la pluie, ou em-
portée parle vent. Cette maladie , qui attaque à la f^n l'épi ,
que quelques agriculteurs croient contagieuse pour les grains ,
se manifeste surtout lorsque le printemps •est froid et suivi
d'un été pluvieux. Aussi n'exlste-t-cllc point en Egypte , et est-
elle fort rare en Italie. Les agronomes anglais se plaignent, au
contraire, qu'elle est comnuine chez eux, particulièrement
aux environs des grandes villes, où le fumier est abondant.
Cela porteroit à croire qu'elle est due en partie à des terres
trop engraissées : c'est l'opinion de Mortimer. Blagrave l'at-
tribue à la maigreur du sol. LTn autre Anglais en rejette la
cause sur l'emploi des fumiers qui ne sont point assez faits.
D'autres ont n^gardé cette maladie comme une espèce de
moisissure. Munchausen , célèbre cultivateur allemand , et
Linuieus après lui , pensent que c'est une poussière fon-
gueuse , formée , sur la plante malade , par des animalcules
imperceptibles.
L^er^of est une maladie qui attaque plus particulièrement
le seigle. Cependant \e froment n'en est pas toujours exempt ;
quand il en est atteint , on le nomme blé romu.
Les grains ergotes se font aisément reconnoître ; ils sont
beaucoup plus longs et plus gros que les grains ordinaires ,
et ils offrent une sorte de prolongement courbe qu'on nomme
er^ot , par la ressemblance qu'il a avec l'ergot d'un coq. La
surface du grain est noire ou d'un brun noirâtre , et l'inté-
rieur présente une farine jaune ou blanchâtre , sans germe
et sans substance nutritive. Jetés dans l'eau, ces grains sur-
nagent lorsqu'ils sont secs , et quelque temps après ils
tQUibent au fond. Leur saveur est acre et comme austère ;
BLE /^89
leur emploi , co:n;ne .''.liiîient , n'en est pas moins dangereux
pour les lioinuies et les aniinaux.
Il n'est guère possible tle prévenir ïergot des seigles se-
més dans des terres basses où les épis sont toujours dans
un air peu balayé par les vents , et où la sève , vu la crudité
du sol, reste pareillement dans un état de crudité. Le véritable
ergot paroît h cet égard analogue au. goitre ^ dû principale-
ment à la crudité des eaux et à un air trop resserré par des
monls et des bois. x\ussi est-il plus particulier à certaines con-
trées «ju'à d'autres. Les terrains élevés et où il ne peut croître
de froment, devroient toujours ôtrc destinés aux seigles, lors-
qu'on le peut; au moins lui faut-il un terrain bien découvert.
C'est encore à un champignon parasite au SclÉrote er-
GOr (jn'est dA l'ergot, selon Recandolle, Flore française ; mais
quelqiies botanistes et tous les agriculteurs n'en conviennent
pas. Le chaulage ne paroît pas être dans le cas de l'empô-
cher de n'ulre. Couper les seigles qui en sont très-infectés
avant leur maturité, pour les employer à la nourriture des
bestiaux après en avoir séparé les épis , paroît le seul moyen
d'en prévenir les retours.
L'ergot est le plus dangereux des champignons parasites
pour l hoitime qui n'a pas soin d'en purger le Z>/^' qu'il destine
à sa nourriture. 11 occasione, ain.si que Tessier l'a prouvé
par des expériences directes, l'affreuse maladie appelée
gangrène sèche , maladie dont les suites sont la chute succes-
sive du nez, des oreilles, des doigts, des bras et des jambes.
La coulure est une maladie des blés^ qui est produite par le
défaut de fécondation des gennes , et qui présente plusieurs
causes, dont les principales sont les froids et les sécheresses
qui s'opposent au développement des anthères ; les pluies
qui empêchent la poussière fécondante de se répandre sur les
pistils , et les grands vents qui la dispersent au loin.
Les blés , pendant leur croissance, sont exposés à beau-
coup d'accidens, dont tous les travaux et tous les soins de
l'homme ne sauroient les garantir. Tels sont la gelée , la
grêle , les vents violeris , les inondations subites, les grandes
sécheresses ou les pluies trop abondantes. Quand ces acci-
dens arrivent, le dispensateur des moissons peut seul dé-
dommager le laboureur par des récoltes plus abondantes
dans les années qui suivent. Un agronome industrieux trou-
vera cependant le moyen d'atténuer quelques effets des sé-
"cheresses , par un mélange bien combiné de terres propres à
être moins affectées des chaleurs , en faisant en sorte que la
glèbe ne soit point trop maigre , poreuse et déliée. Mais com-
ment prévieudra-t-il les maux causés par des pluies exces-
sives et continuelles , surtout si elles ont lieu à l'époque de la
/,î,o B T. E
floraison? Une partie de ses espérances s" évanouit alors avec
la fleur qui tombe prématurément de Tépi , et il ne peut éviter
la perte dont il est menacé. Lorsque les pluies surviennent au
moment de la récolte , elles sont pareillement très - nuisibles
aux blés, qu'elles surcbargent d'bumidité et qu'elles font quel-
quefois germer. Si le cultivateur ne prend alors toutes sortes
de précautions pour bien sécher son grain , avant de le serrer,
il court risque d'en perdre une partie, ou d'en voir même la
totalité se détériorer en peu de temps.
Le /v/^' germé se conserve très-difficilement ; il est plus dis-
posé qu'un autre à fermenter et h s'échauffer ; il favorise da-
vantage la ponte des insectes. Abandonné à lui-môme , il con-
tracte bientôt de l'odeur et de la couleur; il a un goût détes-
table et une saveur piquante qu'on retrouve dans la farine et
dans le pain qui en proviennent. Enfin, il devient quelque-
fois si mauvais, que les animaux le rebutent, et qu'il peut tout
au plus servir à faire de l'amidon. Ces inconvéniens étant
l'effet d'un excès d'humidité , on doit tâcher d'anéantir celte
cause , ou du moins d'en diminuer l'intensité.
Ainsi , il ne faut point garder le i/<?'germé en meule , mais
le mettre dans une grange bien aérée , ou seul , ou à l'écart
des blés secs qui peuvent s'y trouver. Si la grange n'est pas
bien aérée , il vaut mieux le battre sur-le-champ , au risque
de laisser du grain dans l'épi. Etant battu , on l'expose au-
dessus d'un four, ou dans le four môme , après que le pain en
a été retiré , ou dans une éluve faite exprès , et on le remue
souvent avec des râteaux ou de longues pelles pour faciliter
l'évaporation de l'eau. On le retire avant qu'il soit parfaite-
ment sec ; car le blé\e plus sec contient toujours une portion
d'humidité nécessaire. On le crible ; et lorsqu'il est bien re-
froidi , on le met en tas ou en sacs. S'il a été convenablement
desséché , il se conserve autant que le blé ordinaire ; il se
moud bien, et donne une farine plus abondante et plus sèche,
qui , au pétrissage , absorbe beaucoup d eau. Ainsi, la portion
de poids qu'il a perdue par la dessiccation , lui est restituée
lorsqu'il est converti en pain. De cett^manière , il n'y a rien
de perdu pour le consommateur ni pour le commerçant.
Les levains faits avec la farine du blé germé doivent être
plus jeunes et plus fermes que les levains ordinaires : on ne
doit pas les placer dans un lieu trop chaud. Au lieu de moitié,
il faut en employer deux tiers, c'esl-à-dire , que sur quatre-
vingt-seize livres de farine destinée à la fournée , il faut en
mettre environ soixante-quatre en levain. La pâte demande
à ôtre travaillée légèrement , promptement , et avec une eau
modérément chaude. Pour lui donner du corps et en corriger
la fadeur, on peut y mettre un peu de sel (une demi-livre sur
BLE 491
cent livres de farine ). Le four deStînd à sa cuisson doit être
un peu plus chaud qu'à l'ordinaire ; sans quoi le pain lâche-
roit son apprêt et s y aplaliroit. On le fait ressuer quand il est
ruit , parce que l«;s farines du ^/e germé retiennent davantage
1 humidité. Ces blés donneront un pain bon et salutaire , si
•Ton pratique ce qui vi«nt d'être dit.
On obtiendra le même pain des blés trop tendres et trop
mous , en les faisant sécher pareillement sur l âlre d'un four,
et en ne les retirant que lorsque le four sera refroidi.
Il est, en général, prudent àc ne point employer les blés trop
nouveaux : quelque secs que puissent être les grains quand
on les rentre , ils contiennent encore une eau de végétation ,
qui les rend pernicieux si Ton en fait du pain tout de suite.
C'est cette eau qui fit périr en partie l'armée prussienne en
Champagne, dans l'année 1792. •
Pour conserver le blé^ il faut le bien faire sécher et le tenir
net. On le travaille à cet effet tous les quinze jours, pendant
les six premiers mois ; il suffit ensuite de le cribler tous les
mois. Après deux ans il ne s'échauffe plus. Le grenier doit être
ouvert au nord et au couchant, et avoir des soupiraux dans sa
partie supérieure.
Si on veut conserver le blé très-long-temps , on choisit le
plus beau et du meilleur crû. Après l'avoir travaillé, on en
fait un tas aussi gros que le plancher peut le permettre. On
met ensuite dessus un lit de chaux vive en poudre de trois
pouces d'épaisseur; puis, avec des arrosoirs, on humecte cette
chaux, quiformeune croûte avec le blé. Les grains de la super-
ficie germent et poussent une tige que l'hiver fait périr. On
ne touche à ce blé que lorsque la nécessité y oblige. On a vu
à Sedan un magasin taillé dans le roc et assez humide , dans
lequel il y avoit un tas de blé très -considérable depuis cent
dix ans ; il étoit revêtu d'-une forte croûte épaisse d'un pied ,
sur laquelle on pouvoit marcher sans qu'elle obéît.
On lit dans le Traité de la conservation des grains , par Duha-
mel , la description d'une sorte de machine que ce célèbre
physicien a imaginée , et qu'il appelle un grenier de conseiva-
tion. On peut donner à cette machine , selon le besoin , les
dimensions qu'on veut; elle empêche le grain de s'échauffer;
elle le garantit des atteintes des rats , des insectes et de tous
les animaux destructeurs, et elle a l'avantage de contenir une
très-grande quantité de blé dans le plus petit espace possible.
Voici quelle est saconstruclion, en la supposant d'une moyenne
grandeur, et propre à contenir mille pieds cubes de froment.
On observera que , pour en conserver la même quantité, sui-
vant l'usage ordinaire, il faudroitungrenier d'environ soixante
pieds de long sur vingt de large.
4o2 B Tj F.
Imagine/, une espèce de gr<in<lc cAisse ayant Ircize pieds en
carré et six de hauteur, dont les côtes et le fond sont fails
avec de fortes planches. Elle doit être posée sur un chantier.
A quatre pouces de ce premier fond, il s'y en trouve un autre,
composé de deux rangs de tringles qui se croisent à angles
droits, et recouvert dune forte toile de crin, laqueUe,ien empê-
chant le grain de s'échapper, laisse à lair un passage libre.
Au haut de la caisse est un couvercle plein, qui s'oppose à
l'entrée des soui'is et d'autres animaux. Cependant on y pra-
tique quelques trous qui s'ouvrent et se ferment à volonté. On
met le blé dans cette grande caisse ; et quand on veut lui don-
ner de l'air pour le conserver en bon état , on fait jouer des
soufliets ou ventilateurs imaginés par Haies. Un homme , à
l'aide d'un levier, peut en faire jouer deux.
Dans quelques pays, colnme en Russie , on fait des gre-
niers souterrains. On creuse pour cela des puits profonds,
larges dans le fond , e1 étroits à leur embouchure, en forme de
pain de sucre. Leurs parois sont enduites de plâtre , et l ou-
verture est très- exactement fermée avec des pierres de taille.
Les cultivateurs de ces contrées sont très -attentifs à bien
sécher le blé avant de le serrer dans ces greniers. Lorsque
la saison n'est pas propre a lui donner le degré de siccité
requis , ils le sèchent dans les granges , au moyen de grands
fourneaux. Dans toute 1 Afrique , on conserve les hlés dans
de pareils souterrains , auxquels les Arabes donnent le nom
de mattamore.
A Dantzick , les greniers ont communément sept et quel-
quefois neuf étages d'élévation. A chaque étage est adapté
un entonnoir, par lequel on fait couler le blé Ag. l un à l'autre,
ce qui épargne la peine de le descendre. Ces greniers sont
onlourés d'eau, de manière que les vaisseaux peuvent s'en
approcher assez près pour recevoir immédiatement leur
chargement de blé.
Dans certains endroits de l'Angleterre , on met dans lin-
térieur des greniers, jusqu'à deux ou trois pieds de hauteur,
des réseaux de fil d'archal à mailles si étroites, que les rats ni
les souris ne peuvent passer à travers. Dans le comté de
Kent , afin de mieux aérer et sécher le blé , on fait deux trous
aux deux extrémités du plancher, et un au milieu. On jette le
grain par ces ouvertures, des pièces supérieures dans celles
du dessous ; il s'y trouve des cribles à deux cloisons qui sé-
parent et nettoient le blé de la poussière: il est reçu dans
un sac. On a gardé du blé dans les greniers de Londres pen-
dant trente-deux ans : à Zurich, dit le docteur Pell, on
le garde pendant quatre-vingts ans.
L'usage des sacs pour la conservation des grains , comme
BLE ^^3
pour celle des farines , présente une foule d'avantages que ne
peuvent avoir les greniers les mieux entendus. On peut placer
dans le môme endroit, sans confusion ni mélange , les grains
et les farines de différentes qualités, provenant de deux ré-
coltes. Un seul magasin, quelle que soit sa construction, suffit
pour serrer le hlé et la farine. Les particuliers étroitement
logés ont la faculté de conserver à peu de frais leur provision,
et ne sont exposés à aucun risque de la part du local. On peut
entrer à toute heure dans le grenier , sans gâter le grain en
marchant dessus. On visite et on déplace les sacs quand on
veut , sans occasioner de déchet. Toutes les réparations que
le grenier exige peuvent être faites sans qu'on soit obligé d'eu
retirer les grains, et sans qu'ils en souffrent. SI les rats et I<".s
souris percent un sac , ils ne peuvent s'y retrancher long-
temps , sont bientôt aperçus ; et Ton peut se senlr, pour les
exterminer, de tous les moyens connus, sans aucun danger
pour la denrée : ces animaux ne peuvent plus déposer leurs
sécrétions dans les grains, ni leur communiquer celte odeur
et ce golit désagréable qu'il est souvent très-difficile de dé-
truire entièrement.. L'énorme déchet occasioné dans les blés
et les farines , soit par les insectes , soit par la fermentation ,
soit par le remuage; tous les accidens qui en diminuent la qua-
lité et le prix, sont anéantis par le moyen des sacs. Lorsqu'un
grain gâté menace de la contagion ceux qu 11 enloure, on n'a
qu'un sac à séparer et à travailler, tandis que si le même grain
se trouvolt dans un tas de blé^ il jetteroit la C(irruption dans de
grandesmasses,etll seroit difficile d'en arrêter les effets. Si un
sac placé au fond d'un bateau, ou resté un certain temps près
du mur, a déjà contracté une disposition à s'échauffer et à fer-
menter, on peut l'éloigner des autres sacs , le remplacer ou
l'employer. Enfin , les grains et les farines se trouvant en pe-
tites masses , ne peuvent jamais se nuire par leurs qualités
différentes.
Tous les soins pris pour conserveries hlésA^ns, les magasins
éeroient inutiles, si, lorsque ces grains sont livrés à la circula-
tion , leur transport devoit en altérer la qualité. Pour préve-
nir cet Inconvénient , il est bon de les faire cribler et nettoyer
avant de les voiturer. Tout transport , surtout quand il est fait
par eau, ou dans un temps humide, enfle le grain; et lorsqu'il
est arrivé à l'endroit du dépôt ou de la destination , 11 est plus
difficile de le nettoyer. Un avantage sensible» résulte d'ailleurs
de son nettoiement dans le lieu de lâchât ; on ne paye point
alors les frais de voiture pour des pailles , des poussières et
des graines étrangères , qui peuvent occasioner des déchets
depuis un huitième jusqu'à un seizième sur la totalité.
On doit aussi, pendant le transport, garantir les grains de
494 B I^ K
toute humidité ; il est plus sûr de les transporter en sacs quo«
greniers ; ils sont alors moins exposés aux diverses injures du
temps. Les grains humides rendent souvent plus d'un dixième
de moins en farine, et cette farine sent presque toujours l'é-
chauffé ; elle fait moins de pain; le son même qui a souffert
de l'humidité a un mauvais goût, les chevaux ne le mangent
qu'avec répugnance. La pluie fait encore un plus grand tort
aux grains. Un We mouille, queUfue bien qu'on le fasse sécher,
ne reprend jauiais le poids qu il avoit avant la mouillure ; et
la farine qui en provient n'absorbe jamais autant d'eau dr.ns
le pétrissage , qu'elle en auroit pris si le grain n'eût pas elc
avarié par Ihuuiidilé. En général , il y a perte d'un dixiénie
dans le produit en pain.
VI. Prix du Blé. — hc froment., le seii(Ie et l'orge étant desti -
nés à la nourriture de 1 homme , leur prix dans le comnierce
dépend de deux choses: premièrement , des demandes ou de la
consommation qu'on en fait soit dans Tinté rieur, soit au dehors;
secondement, de la quantité de pain que ces espèces de grains
doivent fournir, chacun suivant sa qualité. C'est sous ce der-
nier point de vue seulement que nous considérerons le prix
du f)/é. Celui qu il acquiert par les spéculations commerciales
ne doit pas nous occuper dans cet ouvrage; on peut lire sur cela
les livres d'économie politique , où il est parlé du commerce
des grains , et notamment 1 excellent Traité du commerce , par
M. Àrnould , qu'on trouve à Paris , chez Buisson.
« Les fromens de la première classe , dit Beguillet ( ««/ .
« Encycl.)., sont rares dans les marchés; leur prix est toujours
« plus haut que la différence de leur poids ne le demanderoit
t< proportionnellement ; car si le Ijlé de la dernière classe, pe -
« sant 220 livres, se vend i8 liv., et celui de la seconde, pesant
« aSo livres, 19 liv.; celui de la première classe, pesant 24.0
« livres, devroit se vendre 20 liv. : mais comme, à mesure de la
.( pesanteur du /»/<"', la densité et la sécheresse de la farine rcn-
« dent plus de pain, le prix des ùlés de la première classe est
« beaucoup plus cher en proportion que la différence de leur
u poids ne semble le comporter. Ainsi, conmie le blé de la
« dernière classe, pesant 220 livres, rendra à peine 200 livres
« de pain de toute farine, et que celui de la première classe en
.< rendra jusqu'à 25o livres, plus beau et meilleur, la diffé-
« rence du prix du blé ne sera plus comme de 220 à 2|o, mais
« comme de 200 à 25o. Il y a plus; comme cette qualité de blé
ix est rare au marché, elle augmente encore de prix par sa ra-
« reté , et elle se vendra jusqu'à 22 et 28 livres^, ce qui fait 20
« à 25 pour 100 de plus que le blé de la dernière classe, quoi-
M que sa différence enpoidsavcc lui soit aupîusde lopour 100.
« Les blés barbus et les blés de mars ( qui sont aussi barbus) ,
BLE 43^
« se distinguent des hlês d'hioer ^^v la sécheresse ou la rigidité
« de leur écorcc. Ils sont plus difficiles à moudre, et plus char-
<' gés de grains étrangers; leur farine est aussi plus bise et
« moins aisée à travailler, mais elle boit un dixième d'eau de
« plus; et par celte raison , cdl blés sont recherchés dans la
rt campagne ;'ils ont pour eux la quantité du produit. Les blés
tt d'hioer ont la délicatesse, la blancheur, la finesse. Toutes
« cixoses égales, ces derniers se vendent toujours un dixième
" de plus que les autres.
« Le seigle , dans le travail de sa farine , offre les m<*me3
« difficultés que le /;^' barbu. Labonne mouture de seigle coûte
« un quart plus cher que celle du froment, ])arce que ce grain
« est plus dur à broyer, et qu'il est plus difficile de l'écurer du
« son; il donne communément les trois quarts de son poids en
" farine , le reste est son et déchet. La fariné de seigle boit un
« bon dixième d'eau de plus que celle de froment; mais cet
« excédent, pour le produit en pain, n'est que d'un douzième,
« parce que le pain de seigle étant plus difficile à cuire, il faut
« le laisser plus long-temps au four, et il y perd davantage de
«' son poids. Cependant un setier de seigle pesant 220 livres,
« doit toujours rendre 24.0 livres de pain. Compensation faite
« des avantages de ce produit avec les désavantages et la dif-
" ficulté de la mouture de la fabrication et de la qualité du
'" pain , le prix du seigle suit le prix du froment dans une pro-
« portion singulière ; c'est-à-dire, qu'à mesure que le prix du
" froment augmente , le prix du seigle se rapproche de lui. Par
<* exemple, quand le froment est à i5 livres le setier, celui
" du seigle est à 6 liv., qui sont les deux cinquièmes du prix
« du froment; quand celui-ci monte à ao livres, le prix du
« seigle est à la moitié , et vaut 10 liv. ; mais quand le froment
« se paye 24 livres , le seigle vaut les deux tiers de ce prix,
" ou iD livres; enfin quand le prix du froment est porté,
" comme dans certaines années , à 3o livres, le seigle se vend
« 34- livres : d'où Ton voit qu'à mesure que les subsistances
" deviennent rares, les rapports de leur valeur entre la qua-
* lité et la quantité des blés changent.
« On fait assez rarement du pain d'orge ; la bière , la tan-
« nerie et les basses-cours en consomment presque toutes les
V récoltes, sans compter celui qu'on coupe en vert pour les
V chevauï. Cependant la récolte des orges influe sur le prix
V des blés , et le prix de ce grain conserve toujours une pro-
«f portion avec le froment et le seigle.
« Le poids commun d'un setier d'orge, mesure de Paris,
« est de 180 livres ; ce grain ne rend en farine que les deux
« tiers de son poids ; mais cette farine est plus compacte et
(^ plus sttche quQ celle du seigle; elle boit un huitième d'eau
496 BLE
" de plus, et , toui compensé, i8o livres J'orge produlsenl
« i8o livres de pain.
« Dans les provinces où Ton fait beaucoup de bière, le prix
u du vin influe sur celui de Torge ; car si le vin est rare, la con-
« sommation de la bière vieq^ à doubler, et alors ie prix de
« Torge ne garde plus de proportion avec le prix des liés. Mais
« en temps ordinaire , l'orge commun se vcr.d un tiers au-des-
« sous du prix du sàgk; ainsi, quand le scigh vaut i3 livres
« lo sous le setier, Tor^e peut valoir entre 9 et 10 livres, sui-
« vaut les circonstances.»
On trouvera aux articles Fromeist, Seigle et Orge, tout
ce qui est relatif à leur cullure. Voyez ces mots; voyez aussi
les mots Farine , Pain et Graiiss.
Un citoyen français,. recommandable par ses vertus et ses
vues patriotiques, Larocbefoucauld-Liancourl, vient de f.àre
un nouvel essai de la mélhode de planter le hlè; il s'est con-
vaincu qu elle est préférable à Tusage de le semer. Ensuivant
la méthode du plantage , une pièce de cent soixante-quinze
verges d'un terrain ordinaire, a produit sept cent six gerbes
d'un hlé reconnu pour être un des plus beaux du canton. Elle
avoitété plantée avec vingt-quatre pintes de froment. D'autres
terres ont rapporté à proportion , et dans le rapport de quatre-
vingts à cent, cent trente pour un. Mais ce n'est pas encore là
le principal avantage duplantagc:parcelte méthode, M. Lian-
court a épargné au moins dix setiers de hlè. Elle ajoute donc
aux njoyens de cousounnation. La main-d'œuvre n'en est pas
plus chère , puisqu'on peut y employer des cnfans; par ce
moyen, le plantage dune verge ne coûte pas tout- à -fait un
sou. Elle n'est pas plus longue, puisqu'on voit des fermiers, eu
Angleterre, qui plantent ainsi deux cent cinquante acres dans
une année. M. Liancourt a substitué aux plantoirs de bois
des plantoirs de fer, appesantis par du plomb ; ce qui fatigue
moins l'ouvrier, et rend les trous plus uniformes.
On a proposé , il y a quelques années, d'après le maréchal
de Vauban , de manger le hU en soupe , sans être moulu, en
le faisant bouillir pendant deux ou trois lieures dans l'eau , et
en y ajoutant , lorsqu'il est crevé , un peu de sel , de beurre
ou de lait. Cet aliment est assez bon, n'est point malsain, et
peut être employé lorsqu'il y a disette de farine, ou lorsqu'elles
sont échauffées et à demi-pouries ; mais il ras.sasie plus qu'il
ne nourrit, et la soupe ordinaire lui est préférable. Le />/^' n'est
devenu aliment privilégié que du moment où , par la fermen-
tation , c'est-à-dire, à l'aide du levain, on est parvenu à lui
donner l'état panaire ; <lans l'état de blé ^ de farine, ce n'est
point une nourriture saine, (d.)
iiLÉ D'ABOjNDANCE. Variété de FKOMiLNi , dont
B î. E ^3,
î'épl est fort gros, fortjong et accompagné de plusieurs au-
tres , mais dont le grain est sujet à avorter, petit et peu pourvu
(le farine. On Ta beaucoup vanté , mais rarement cultivé
plusieurs années de suite, (b.)
BLÉ AVRILLET. Synonyme de Froment de mars, (b.)
BLÉ BARBU. Froment pourvu de Barbes ou Arêtes.
(B.)
BLE DE CANARIE. On donne ce nom à TAlpiste.
Il en est de beaucoup de sortes, (b.)
BLÉ CARIE. Fromeist dont le grain est altéré par la
Carie. F. ces mots , ainsi que ceux lii.É et LTrédo. (b.)
BLÉ CHARBONNÉ. Froment dont le Charbon, Utedu
segelum , a détruit les grains en tout ou en partie. V. les
i>u)ts Blé et Uredo. (b.)
BLÉ CORNU. Synonyme de Seigle ergoté. F. ce mot.
BLE ERGOTE. Seigle dont une partie des grains est
transformée en un Champignon parasite du genre des
Sclérotes. V. ces mots et Blé (b.)
BLE D'ESPAGNE. Nom vulgaire du Maïs dans beau-
coup de lieux, (b.)
BLÉ DE GUINÉE. Le Sorgho s'appelle ainsi dans
quelques cantons, (b.)
BLÉ D'HIVER. C'est le Froment qui se sème en au-
tonnie. (b.)
BLÉ D'INDE. Quelques personnes appellent ainsi le
Maïs, ^(b.)
BLÉ LOCULAR. Nom vulgaire du froment à une seule
graine (trUirum monococcum ) , Linn. (c.)
BLE DE MARS. C'est le froment que l'on a semé dans
le courant de ce mois, (desm.)
BLÉ MARCEL ou MARCET. Synonyme de Blé be
mars. ,(b.)
BLÉ MÉTEÏL. Seigle et Froment semés ensemble. Ce
mélange, jadis fort en faveur, est aujourd'hui repoussé par
tous les cultivateurs éclairés, (b.)
BLÉ DE MIRACLE. C'est la même chose que le Blé
d'abondance, (b.)
BLÉ DE NAGBOUR. Variété de froment que Cossi-
gny regarde comme la plus parfaite, attendu qu'elle ne re:;te ,
dans rinde, que quatre mois en terre. Son grain, fort gros,
ne conlienl presque pas de son, et fournit un excellent pain.
BLE NOIR. Synonyme de Sarrasin, (b.)
BLÉ DE PROVIDENCE. Variété de Froment sur
laquelle les cuUIvalcurs ne sont pas d'accord, (b.)
49» s ^ î^
BLÉ DE ROME. F. Maïs.(b.)
BLÉ ROUGE. Le Sarrasin porte ce nom dans quelques
lieux; dans d'autres, c'est le Mélampyre des champs, (b.)
BLÉ DE LA SAINT-JEAN. Variété de seigle qui se
sème au milieu de l'été, et qui se coupe plusieurs fois pouf
fourrage, (b.)
BLÉ DE SMYRNE. Synonyme deBLÉD'ABOîniANCE.(B.)
BLÉ DE TARTARIE ou BLÉ NOIR DE BAR-
BARIE, y. Sarrasin, (desm.)
BLÉ TREMOIS. Le Froment qui se sème en marfe
s'appelle assez généralement ainsi , parce qu'il n'est que
trois mois en terre. (B.)
BLÉ DE TURQUIE. C'est le nom sous lequel le Maïs
est le plus généralement connu dans le Midi de la France, (b.)
BLÉ DE VACHE. Nom vulgaire du Mélampyre des
CHAMPS. La Saponaire et le Sarrasin le portent quelque-
fois. (B.)
BLE\K et BLIKKE. C'est le Cyprin able. (b.)
BLECCA. F. Blicca. (b.)
BLÈCHE, Blechum. Genre de plantes établi par Jussieu ,
Annales du Muséum, pour placer trois espèces que Liunœus
avoit rangées parmi les crustolles ( rue//ui ). Ces espèces dif-
fèrent par deux appendices qui accompagnent la graine. La
Crlstolle BLÈCHE sert de type à ce genre, (b.)
BLEC'vE. Nom norwégil-n du Merlan, (b.)
BLÉDA. On appelle ainsi la Bette poirée, dans le Midi
de la France, (b.)
BLÈGNE. Le Corégone marénule porte ce nom dans le.
Nord. ,(b.)
BLÈGNE, Blerhnum. Genre de plantes de la cryptogamie,
et de la famille des Fougères , dont la fruciificiiiion est dis-
posée en deux lignes longitudinales, parallèles, rapprochées
de la côte ou nervure moyenne des feuilles , et dont les folli-
cules sont entourées d'un anneau élastique.
Ce genre est composé d'une vingtaine d'espèces, venant
de TAmérique , de l'Afrique et de la partie orientale de
l'Asie. Toutes ont les feuilles pinnées ou bipinnées , et s'élè-
vent peu, excepté celle du Japon, qui , d après Thunberg ,
est une des plus grandes fougères connues.
Smith a fait , à ses dépens , son genre Voodwardie. (b.)
BLEiCKE. Nom que donnent les Allemands au Cyprin
LARGE, (b.)
BLEIGLANTZ , Plomb éclatant. Nom allemand du
plomb sulfuré ou galène à larges facettes. Voyez. Plomb
SULFURÉ. (LUC.)
BLE 4gg
BLEINDE LÉGÈRE ou Bleinde véritable, M. Mon-
net a décril le premier, et fait connoître sous ce nom , mi mi-
néral ferrugineux des environs de FreyLerg , que nous décri-
rons à rarticle de ce métal. V. Fer oxyde resimoïde, (luc.)
BLEISCHWEIF. Nom donné par les Allemands au
plomb sulfuré compacte, ou à grains extrêmement fins, (luc.)
BLEISPATH (Spath de plomb), communément P/omi
blanc ^ Axissi Plûmb spalhiqiie. V. Plomb CARBONATE, (llc.)
BLEITZEN, On appelle ainsi la Brème dans quelques
cantons de l'Allemagne, (b.)
BLEINDE ou SULFURE DE ZINC. Ce mot signifie
substance qui trompe , parce qu elle ressemble quelquefois à
la galène ou plomb sulfuré; on Tappelle aMSÛ fausse galène.
V. Zinc sulfuré, (pat.)
BLENDE CHARBONNEUSE ou KOHLEN-
BLENDE. Nom donné par De Born à T Anthracite. V. ce
mot.
BLENNE ou BLENNIE, Blennius. Genre de poissons
de la division des Jugulaires, dont le caractère est : corps
et queue allongés et comprimés ; deux rayons au moins , et
quatre au plus , à chacune des nageoires jugulaires.
Les sous-gcnres suivans ont été établis par Cuvier aux
dépens de celui-ci : Cline , PuoLis , Salarias , Gonnelle
et Opistognatiie.
La première division des hlennies comprend celles qui
ont deux nageoires sur le dos , et des filamens ou appendices
&\XT la îéte. On y compte deux espèces , savoir :
Le Blenme lièvre, Blennius ocellaris , Linn. , qui a un
appendice non palmé au - dessus de chaque œil , et une
grande tache œillée sur la première nageoire du dos. Il se
trouve dans la Méditerranée , où il atteint rarement un pied
de long. C'est le lihre de mer, ou hlennîe à mouche des Fran-
çais. 11 est verdâtre , avec des bandes irrégulières plus fon-
cées; son corps est toujours enduit d une mucosité très-abon-
dante ; ses écailles sont très-petites ; ses mâchoires sont
armées d'un seul rang de dents ; sa chair est médiocre.
V. pi. A. 18 , où il est figuré. •
Le Blennie phycis a un appendice auprès de chaque na-
rine , et un barbillon à la lèvre inférieure. Il se trouve éga-
lement dans la Méditerranée. C'est la plus grande espèce
de ce genre , puisqu'elle atteint plus de deux pieds de lon-
geur. Les pêcheurs l'appellent molle. Ses couleurs varient sui-
vant les saisons , mais le rouge en fait toujours le fond ; sa
forme le rapproche àesgades.
La seconde diyisioa comprend les llcnnies qui ont uu^
aoo BLE
seule nageoire dorsale , et des filamens ou appendices sur la
tcte. Klle renferme dix espèces; savoir :
Le Ble>>me MÉDlTEiiRA>'ÉEN , qui a deux barbillons à la
niâchoire supérieure et un à rinférieure. C'était un Gade
pour Linnaeus. Son nom indique la mer qu'il habite.
Le Blennie gattorugine a un appendice palmé au-
dessus de c'naque œil , et deux appendices semblables auprès
de la nuque. Il habite l'Océan atlantique et la Méditer-
ranée. V. pi- A. i8 , où il est figuré. Sa chair est agréable
au goût.
Le Blennie sourcilleux a un appendice palmé au-
dessus de chaque œil , et la ligne latérale courbe. 11 est
figuré dans Bloch, pi. i68, et dans plusieurs autres ouvrages.
Il habite les mers de l'Inde. Le fond de sa couleur est un jaune
d'or brillaait , parsemé de taches rouges, qui produisent l'effet
de rubis , de diamans et de topazes, lorsqu'on les considère
sous un certain jour. Il est vivipare.
Le Blennie cornu a un appendice non palmé au-dessus
de chaque œil. Il vil dans les mers de l'Inde.
Le Blennie tentacule a un appendice non palmé au-
dessus de chaque œil , cT une tache œillée sur la nageoire du
dos. On le pèche dans la Méditerranée ; il se rapproche
beaucoup du précédent.
Le Blennie sujéfien a un très-petit appendice non palmé
au-dessus de chaque œil ; la ligne dorsale courbe; la nageoire
du dos réunie à celle de la queue. C'est le hlcnnius simm de
Linn:eus. Il a été figuré par Sujef, dans les Actes de l'Aca-
démie de Scnni-Pélersbourg ^ année 1779, tab. 6. On ignore
quel est son pays natal.
Le Blennie fascié a deux appendices non palniés entre
les y«ux , et quatre à cinq bandes transversales. Il est figuré
dans Bloch , tab. 162 , et vit dans la mer des Indes.
Le Blennie coquillade , Blcnnius gcdcrita , Linn. , a un,
appendice cutané et transversal. Il se trouve dans les mers
d'Europe , et principalement dans la Méditerranée. II est
figuré dans Rondelet, liv. G, chap. 21. Sa couleur est brune,
mouchetée en dessus, et d'un vert foncé en dessous. 11
n'atteint jama* un pied de longueur : sa chair est molle et
huileuse.
Le Blennie sauteur a un appendice cartilagineux et lon-
gitudinal ; les nageoires pectorales presque aussi longues que
le corps proprement dit ; deux rayons seulement à chacune
des nageoires jugulaires. 11 a été découvert par Commerson,
dans la mer du Sud. Il préfère les lieux parsemés de rochers.
Il est à peine long de quatre pouces. Il semble voler ou sau-
ter sur la surface des eaux , tant ses mouvemcns sont rapides.
B 1. E 5ot
Aussi SCS nageoires peclorales sont-elles très-grandes, pres-
que aussi longues que son corps, comme celles des poissons
volans.
Le Rlennie pinaru, Blennms crislatus^ Linn. , a un appen-
<lice filamenteux et longitudinal, et trois rayons à chacune
des nageoires jugulaires. On le trouve dans les mers des
Indes et d'Amérique.
La troisième division renferme les blennies qui ont deux
nageoires dorsales , et point de barbillons ni d'appendice sur
ia tête, c'est-à-dire, trois espèces.
Le Ble^N[egadoÏde, Gadus albidus ^ Linn., a un filament
au-dessous de l'extrémité antérieure de la mâchoire d'en bas;
deux rayons seulement à chacune des jugulaires. Il habite la
Méditerranée, et rarement a un pied de long. 11 est blan-
châtre , avec la Icte rouge : sa chaire est molle. 11 forme le
passage entre les gades et les blennies.
Le Blen>'ie BELETTE, qui n'a point de filament à la mâchoire
inférieure; trois rayons à la première nageoire du dos; deux
rayons seulement à chacune des nageoires jugulaires. Il a été
découvert dans les mers des Indes.
Le BLENMETRlDACTyi.E,qui-a un filament au-dessous de l'ex-
trémité antérieure de la mâchoire inférieure, et trois rayons
à chacune des nageoires jugulaires. C'est le gade trident de
quelques auteurs. Il est l)run, avec les lèvres et le bord de la
membrane branchiale d'un blanc éclatant. Il se trouve dans
les mers d'Angleterre.
Enfin , la quatrième division réunit les blennies qui ont
une seule nageoire dorsale , point de barbillons ni d'ap-
pendices sur la tète. On y compte huit espèces.
LcBlennie pholis, qui a les ouvertures des narines tubercu-
leuses et frangées , et la ligne latérale courbe. 11 habite l'Océan
et la Méditerranée; sacouleurest olivâtre, parsemée détaches
blanches et brunes. Il se plaitparnii les varecs , dans la vase,
et même dans les trous de rochers; de là le nom de perce-
pieire ^ qu'on lui donne dans quelques endroits. Son corps est
enduit d'une humeur ou bave très-abondante et très-visqueuse,
d'où lui vient le nom de bax'euse^ qu'il porte dans quelques
autres. Il se nourrit de petits poissons, de petits crabes et de
petits coquillages. Saint- Amand en a trouvé un jeune qui étoit
renfermé dans une coquille d huître. 11 a la vie très-dure,
cl se défend, en mordant, contre ceux qui veulent le prendre.
Sa chair est peu estimée, parce qu'elle est dure et sèche.
Aristote l'a connu.
Le Bleisnie boscien , qui a la mâchoire inférieure plus
r>02 B L E
avancée que la supérieure , l'ouverture de l'anus à la moitié
du ventre, la nageoire de Tanus réunie à celle de la queue,
et composée d'environ dix-huit rayons. Il est figuré pi. i3
du second vol. AeV Histoire naturelle des Poissons ^ par Lacé-
pède. Il se trouve sur les côtes de l'Amérique septentrionale
où je Tai observé, décrit et dessiné. Il atteint rarement quatre
pouces de long : son corps est, en apparence , dénué d'écail-
lés : sa couleur est d'un vert foncé , tacheté de brun et fascié
de blanc.
Le B LENNiE OVOVIVIPARE, Blennius vivipanis, Linn. , qui a leS
ouvertures des narines tuberculeuses, mais non frangées, la
ligne latérale droite, la nageoire de l'anus réunie à celle de
la queue, et composée de plus de soixante rayons. Il habite
dans l'Océan atlantique septentrional , et principalement
auprès des côtes européennes, où il est connu sous le nom
de loie vioipare. Voyez pi. A. i8, où il est figuré. C'est le
plus célèbre du genre , non à cause de sa grandeur , qui
surpasse rarement deux pieds, non à cause de sa chair, qui
est peu agréable au goilt, mais parce qu'il est le premier pois-
son vivipare sur lequel on a fait des observations précises.
On dit viiûpare, pour se conformer à l'usage ; car aucun
poisson ne Test véritablement : les œufs de tous ceux qu'on
a appelés vi\>ipares éclosenl dans le ventre de leur mère.
( r. au mot PoissOM ). Aussi Lacépède a-t-il altéré le nom
spécifique de celui-ci , en l'appelant oQOiwipare. On le connoît
également sous le nom de mustel/e vii'ipare.
L'ouverture de la bouche de ce blennie est petite ; ses lèvres
sont épaisses, sa mâchoire supérieure plus avancée cl garnie ,
ainsi que l'inférieure , d'un grand nombre de petites dents.
L'orifice de ses narines est placé sur un petit tube non frangé;
ses écailles sont petites, ovales , blanches ou jaunâtres, bor-
dées de noir; sa gorge, ses nageoires anale et dorsale sont
jaunâtres; cette dernière est tachée de noir. Une humeur
visqueuse abondante recouvre son corps et le pénètre même
entièrement. Il a environ cinq pouces de long.
Le mâle de ce poisson doit féconder sa femelle par un ac-
couplement réel; mais on n'a pas d'observation qui en in-
dique le mode. Toutes cellesqui ont été faites, ne concernent
que le développement des œufs et l'accouchement de la fe-
melle. C'est au milieu du printemps qu'on commence à
voir des œufs dans les ovaires de cette dernière; ils sont alors
blanchâtres et extrêmement petits. Au milieu de juin, ils sont
devenus rouges et ont acquis une grosseur plus considérable.
Dans le mois suivant, ils s'allongent ctprésentent,àun deleurs
bouts, deux points noirâtres qui sont les yeux du fœtus. Bien-
15 T. E 5,3
tôt l'œuf se crève, et le fœtus fait sortir successivement toutes
les parties (le son corps, qui reste cependant revêtu d'une
membrane transparente.
Cependant Tovaire s'étend pour se prêter au développe-
ment des fœtus; il se remplit d'une liqueur épaisse, blan-
châtre, un peu sanguinolente, insipide, et doYil la substance
présente des fibres nombreuses, disposées autour du fœtus
comme un léger duvet, et propres à les empêcher de se froisser
mutuellement. Quelques auteurs ont écrit que ces filets étoient
des cordons ombilicaux; mais le simple raisonnement suffi!
pour convaincre qu'un embryon qui a été isolé dans un œuf,
ne peut pas s'attacher ensuite à sa mère à la manière de ceux
<les quadrupèdes. En effet , la liqueur qui est destinée à la
nourriture des embryons, s'éclaircit, et les filets disparois-
sent avant la sortie des petits du ventre de la mère, sortie
qui n'a lieu qu'au bout de plusieurs mois , et qui s'effectue
presque toujours dans la grande mer, le blennie ovoowipare, au
contraire des autres poissons, s'éloignant des côtes à cette
époque.
On a compté jusqu'à trois cents petits dans le ventre d'une
femelle de cette espèce, et la plupart avoient un pouce de
long.
Le BLE>nviE ouîîNEL, qui a le corps très-allongé; lesnageoires
du dos , de la queue et de l'anus, distinctes 1 une de l'autre ;
celle du dos très-longue et très-basse; neuf à dix taches
rondes, placées chacune, à demi, sur la base de la nageoire
dorsale , et à demi sur le dos de l'animal. On le trouve dans
les mers d'Europe , où il est connu sous le nom de papillon
de mer. Il est très-remarquable par sa forme comprimée
et allongée comme celle de la murène^ et par sa couleur d'un
gris jaunâtre en dessus et blanche en dessous. Les nageoires
dorsale et caudale sont jaunes; les pectorales et l'anale sont
orangées. Sa chair est dure et ne sert guère que pour faire
des appâts.
Le Blennie pointillé, qui a lesnageoires jugulaires presque
aussi longues que les pectorales; une grande quantité de points
autour des yeux, sur la nuque et sur les opercules. Il estfiguré
dans V Histoire naturelle dès Poissons, par Lacépède, pi. 12,
vol. 2.
Le Blennie garamit a quelques dents, placées vers le
bout du museau, plus crochues et plus longues que les autres.
11 habite la mer Bouge, où il a été observé par Forskaè'l, qui
l'a placé parmi les gades , sous le nom de gadus salarias.
Le Blennie lumpène, quiadestachestransversales et trois
so4 n T. E
rayons .^ chaque nngeoirc jugulaire. ()n le trouve dans les
mers d ILurope; il se plaît parmi les varees des rivages.
Le IÎLE>NiE TORsK, qui a un barbillon à la mâchoire infe'-
rieure; les nageoirj's jugulaires charnues et divisées chacune
en quatre lobes. H habile les nters <lu nord de l'Europe.
Les BLE>'iNfES BRÉA , Paon , Etoile , Tripteronote ,
AuDiFREDi. yVHr.FNTÉ, sont des espèces nouvelles de la
merde iSice, observées par Risso. (lî.)
BLEN^OÏDE. iNom spécifique d un Gade et d'un Mu-
RE>^OÙ)E. (B.)
BLEPHARE, Blepharis. Genre de plante établi par Jus-
sieu , pour séparer des Acantes quelques espèces qui ont
un calice double, linlérieur a cpialre divisions, donl deux
plus grandes , l'extérieur a quatre folioles ciliées ; trois brac-
tées également ciliées; un stigmate entier.
Les espèces qui forment ce nouveau genre sont petites,
rameuses; leurs feuilles sont verliclllées quatre par quatre,
et leurs fleurs solitaires ou terminales.
Une de ces espèces, TAcante comestible, se mange
en guise d'épinards en Egvple et en Arabie, (b.)
BLEREAU. /.Blaireau. (DESM.)
BLEUIE, BLERY. iNoms picards de la Foulque, (v.) .
BLET. Nom vulgaire de TArrocue de Tartarie, ^l'em-
bouchure (hi Rhône. (B.)
Bl^ETE, Blituni. (ieure de plantes de la monandrie di-
gvnie, et de la famille des chénopodées, donl les caractères
sont : un calice persistant , ouvert et divisé en trois par-
ties; une étamine plus longue que le calice; un ovaire su-
périeur, ovale, pointu, surmonté de deux styles dont les
stigmates sont simples; une semence globuleuse, compri-
mée, recouverte par le calice qui est devenu succulent et
bacciforme.
Ce genre renferme trois espèces propres à TEurope et à
l'Asie tempérée: leurs feuilles sont alternes, triangulaires,
péliolées; leurs lleurs disposées engroupes sessiles, axillaires
ou terminaux; leurs fruits semblables à des fraises, mais
insipides. Elles sont annuelles. (B.)
BLETTE. C'est laBETTERAVEPOIRÉE. (B.)
BLÉTIE, Blelia. riante du Pérou, qui forme , dans la
gynandrie diandrie, et dans la famille des orchidées, un
genre donl les caractères consistent en une corolle renversée,
composée de cinq pétales, dont trois extérieurs lancéolés
et deux intérieurs ovales, deux fois plus larges; en un nectaire
à lèvre inférieure carénée, à trois lobes , dont l'intermédiaire
est presque encœur et très grand; à lèvre supérieure oblouguc,
B L T So
îincaîrc, un peu courbée, canallculée; on un operculecon-
cavc, à huit loges , recouvrant l'étamine ; en une étamine Irès-
courtc, à huit anthères dont quatre plus pclilcs; en un ovaire
inférieur, attaché à la lèvre supérieure du nectaire , à stig-
mate concave; en une capsule ohlongue, uniioculaire , tn-
valvc, cl contenant un grand nombre de semences.
Ce genre renferme huit espèces, dont une est le LlMO-
DOUE do Tankervillc , qui se cultive dans nos jardins. Il
n'est pas adopté par tous les botanistes, (b.)
ELKIJ. Poisson du genre S(^UAI,E. (u.)
BLEU D'AZUR ou D OU ITvEMER. V. Lazuliie.
(LUC.)
BLEU DE COBALT ou de TIIENARD. On connoîi
sous ce nom, dans le commerce une couleur bleue, qui riva-
lise, par sa solidité et l'éclat de ses nuances, avec celle qui
est connue depuis long-Icmps sons le nom dV;M//Yv?/^r. Elle a^
sur cette deiTiière, l'avantage de <;o(^ter beaucoup moins, et
elle peut être employée, comme elle, dans la peinture à
l'aquarelle et dans la peinture à l'huile; de plus, on
l'applique sur la porcelaine. M. Thenard, à qui les arts en
sont redevables, l'a obtenue en traitant par la calcination un
phosphate de cobalt mêlé d'alnmine.
Ce métal fournit encore le snialt et le safre^ qui sont em-
ployés <à la coloration du verre en bleu, et à celle de l'em-
pois d<' la même couleur. V. Cobalt, (luc.)
BLEU DE MONTACNE. V. Cuivre carbonate, (luc.)
BLEU DE PRUSSH: NATIF. V. Fer phosphaté, (luc.)
BLLU D'INDE. V. Indigo.
BLEU DORÉ. Nom spécifique du Harpe, (b.)
BLEU D'OUTRE MER. V. Lazulite.(s.)
BLEU-MANTEAU. Nom picard du Goéland cendré.
BLEU MARTIAL FOSSILE. T. Fer phosphaté, (luc.)
liLEUET.. Nom vulgaire de l'AlRELLE. (s.)
BLEUET. C'est, en Provence, le nom'du Martin-pê-
cheur, (v.)
BLEU-VERT. Oiseau que Lalham a classé dans le genre
Gui>PiER. V. ce mot.(v.)
BLEY. Nom hollandais du Cyprin large, (b.)
BLEYBLICKE. C'est encore le Cyprin large, (b.)
BLEYE. Nom de la Brème en Saxe, (b.)
BLICCA. On donne ce nom, en Suède, à plusieurs Cy-
prins, (b.)
BLICTA. Le Corégone able porte ce nom en Suède.
So6 B L IJ
BLIECKE. V. Cyprin large, (b.)
BLIGHIE, BUghia. (ienre établi par Koenig, mais qui
ne diffère pas de TAkéésie de Tussac. (b.)
BLIKEN. Nom que les Irlandais donnent à TEider mâle.
(V.)
BLIMBING. Synonyme de BiLiMBl. (b.)
BLINDS. Le Gade bib porte ce nom en Angleterre, (b.)
BL1XE , BUxa. Genre de plante établi par Richard, dans
ies Mémoires de Tlnstltut, pour Tannée 1811. Il renferme
^eux espèces : le Blixed'Aubert, qui esttriandreel vient de
Madagascar; le Blixe de Roxburg, qui est octandre, etvient
de rinde. Ce sont depetites plantes aquatiques , de la dioé-
cie et de la famille des Hydrocharidées, dont la fructifica-
tion s'opère comme dans les YalisnÈres, dont la dernière
faisoit ci -devant partie.
Les caractères de ce genre sont : spathe multiflore dans
les fleurs mâles, et uniflore dans les fleurs femelles ; corolle
à six divisions , dont les trois intérieures plus longues ; trois
ou huilétamines dans les mâles; un ovaire inférieur surmonté
d'un long style, terminé par trois stigmates dans les femelles.
Le fruit n'est pas connu, (b.)
BLOC (Faj/ronnm«). Perche couverte de drap, sur la-
quelle on met Toiseau de proie. Le mot bloquer a deux accep-
tions : la première , lorsque l'oiseau a remis la perdrix et la
lient à son avantage ; la seconde , lorsqu'il reste comme sus-
pendu dans les airs, sans battre de l'aile, ce qui s'appelle
iiussi planer, (s.)
BLOCHIEN. Nom spécifique d'un Kurte. (b.)
BLONGIOS, Oiseau du genre Héron. V. ce mot. (v.)
BLONTAS CHINA. Le Séneçon biflore s'appelle ainsi
à Ceylan. (b.)
BLUET. V. le genre Tangara. (v.)
BLUET. Dans Edwards, c'est la Poule sultane. Voy.
PORPHYRION. (\ .)
BLUET, BARBEAU, AUBIFOIN, Cyamis, Juss. ,
Tourn. ; Centaiirea ^ Linn. (^Syngénésie polyganne Jrusfrance.^
Genre de plantes de la famille des Cynarocéphales, qui a
beaucoup de rapports avec les Jacées et les Centaurées, et.
qui comprend des herbes à feuilles simples et à fleurs com-
posées flosculeuses. Chaque fleur a les fleurons de son disque
liermaphrodites. Autour d'eux sont placés d'autres fleurons
femelles et stériles, plus longs , irréguliers, et se terminant
en entonnoir , avec un limbe découpé en plusieurs parties.
liC réceptacle de la fleur est garni de soies roidep , et de se-
u u V 5^7
menées à aigrettes courtes , légèrement ciliées ; et son calice
est formé d'écailles cartilagineuses qui se recouvrent les
unes les autres , et qui sont bordées de cils à leur sommet.
DecandoUe réunit les genres Leptera^the et Zoegé à
celui-ci. Le genre bluel ne comprend qu'un très-petit nombre
d'espèces. Une seule est intéressante C'est le Bluet des
BLES, Centmirea ryanus , Linn. , qu'on cultive dans les jar-
dins ; il y double , et y offre beaucoup de variétés de toutes
les couleurs , la jaune exceptée. Tout le monde connoît cette
plante; ellevient avec facilité, mais elle souffre difficilement
la transplantation. Sa racine périt tous les ans. Sa tige ,
haute d'un à deux pieds , est anguleuse , creuse , un peu co-
tonneuse et branchue ; elle a des feuilles linéaires, longues»
blanchâtres , velues et très-entières , à l'exception des infé-^
rieures qui sont dentelées. Les fleurs naissent à l'extrémité
des rameaux , et se font remarquer par leurs fleurons sté-
riles , fort grands , et disposés en couronne. Elles sont
communément bleues ; mais il y a des blnets à fleurs
roses , blanches , purpurines , couleur de chair , pana-
chées , etc. Cette diversité de couleurs produit un bel effet
dans les plates-bandes des parterres , et rend cette plante
propre à former des massifs dans les jardins paysagistes. Sa
culture n'est pas difficile. On en sème la graine en automne
ou au printemps ; quand elle est levée , et lorsque les jeunes
plantes commencent à être fortes , on les éclaircit ; elles
n'exigent , après, d'autres soins que d'être tenues nettes de
mauvaises herbes. Celles qui ont été semées en automne
réussissent mieux , et fleurissent plus fortement.
Le hluel a eu quelque célébrité dans l'ancienne médecine :
on faisolt usage de toutes ses parties , et on leur attribuoil
beaucoup de propriétés. Aujourd'hui on ne se sert que du suc
de ses fleurs, dans les légères ophthalmies, pour appaiser l'in-
flammation des yeux. Ce même suc sert à colorer les crèmes
et différentes sucreries. On retire des fleurs du hbiet une belle
couleur violette , qui devient rouge avec les acides , et bleue
avec l'alun, et qu'on emploie pour peindre en miniature et
dans l'écriture. Les bestiaux mangent cette plante, à l'excep-
lion des chevaux et des cochons, (d.)
BLUET DU CANADx\. Espèce d' Airelle , du fruit de
laquelle on fait une grande consommation dans le pays , et
même à Londres, (b.)
BLUETTE. On a quelquefois donné ce nom à la Pein
tade. (s.)
BLUMENBACIÎIE, Blumenbachia. (ienre établi par
5o8 BOA
Relier , pour placer la Houque d' Alep , qui diffère légère-
ment <1es autres. Il n"a pas été adopté, (b.)
liLUND-HEADED de Pennant. C'est le Cachalot-
TRUMPO. (DESM.)
BLUT-HENFFLING. La Linotte dansFrisch. (s.)
BOA, Boa. Genre de reptiles de la famille des Serpens ,
dont le caractère consiste à avoir, dessous le corps et dessous
la queue, une suite de plaques ou de bandes transversales.
Ce genre a été établi par Linnaeus ; mais il ne renferme
pas ici toutes les espèces que lui a rapportées ce célèbre
naturaliste. On en a ôté celles qui ont des crochets à venin ,
pojjr (d'après Latreille) les réunir sous le nom de Scytale.
( r. ce mot et celui d'AcANTiiOPHls. ) Ainsi, il diffère de
celui des Crotales, non-seulement par la privation des ar-
ticulations mobiles du bout de la queue ou des sonnettes,
mais encore par la privation des crochets à venin. Depuis,
îjaudin a établi ses genres Eryx , Clothonje, Huruiah,
CoRALE et Python , à ses dépens , mais sur des espèces
rares et peu communes.
Si la nature a refusé aux bous les crochets à venin, cette arme
si redoutable , elle leur a donné une puissance telle, qu'ils
peuvent vaincre sans elle les animaux propres à leur servir de
nourriture, c'est-à-dire, tous , à trois ou quatre près. Ou en cite
de plus de trente pieds de long, et de la grosseur d'un honmie,
pour qui un bœuf sauvage, quelles que soient sa grandeur et sa
force, est une victime facile^ à immoler. D'après l'obser-
vation de Blainville, les espèces de ce geiu'e ont les vertèbres
biL'u plus nombreuses que celles des autres reptiles; ce qui
explique leur force de compression, et la facilité, avec la-
quelle ils montent sur les arbres.
La taille gigantesque des boas leur a donné une grande
célébrité; mais elle lésa rendus en même temps l'objet de
la terreur des honnnes, qui leur font en conséquence une
guerre perpétuelle. Cette circonstance, jointe <à l'impossibilité
où ils sont de vivre i)hisieurs dans le même canton, les a
rendus rares, au point qu'aucun naturaliste moderne n'a
été à portée de les étudier. Aussi la plus grande confusion
règne-t-elle dans la détermination des espèces de ce genre ,
et par suite, les plus grandes incertitudes dans l'applicaliou
-à it'lle ou telle espèce, défaits tenant à leur histoire, rap-
portés par les voyageurs.
La plus connue de ces espèces est celle du Boa devin ,
Jion constiirlor^ Linnœus , espèce qui est l'objet d'un culte
religieux dans les contrées qu'elle habile. Ce Nqu'on dipà
de lui pourra, plus ou moins, s'appliquer aux autres, jus-
qu'à ce que àcs observations positives nous instruisent
P^ 0 A 5,^
<les différences qui existent entre elles. F. pi. B. 6 , où il
est figuré.
Lacépède entre ainsi en niallère dans son hislolrc de ce
genre de serpens.
Les koas sont les plus grands et les plus forts des ser-
pens; ils ne contiennnenl aucun venin ; ils n'attaquent qae
par besoin, ne combattent qu'avec audace, ne domptent
que par leur puissance ; on peut leur opposer des armes
aux armes, du courage au courage , de la force à la force ,
sans craindre de recevoir, par une piqûre insensible, ime
mort aussi cruelle qu'imprévue.
Parmi ces premières espèces, parmi ce genre distingué
dans l'ordre des Serpens , le deoin occupe la première
place. La nature l'en a fait roi par la supériorité des dons
qu'elle lui a prodigués. Elle lui a accordé la beauté , la
grandeur, l'agilité, la force, l'industrie; elle lui a, en
quelque sorte, tout donné, hors ce funeste poison départi à
certaines espèces de serpens, presque toujours aux plus pe-
tites, et qui fait regarder l'ordre entier de ces animaux
comme des objets d'une grande terreur. »
l^edei>in csl donc, parmi les serpens, ce que sont l'éléphant
et le lion parmi les quadrupèdes. Il surpasse les animaux de
son ordre par sa grandeur comme le premier, et par sa force
comme le second.
C'est sans doute à lui qu'il faut rapporter ces serpens gigan-
tesques dont parlent tous les voyageurs, serpens qui avalent
des hommes plus facilement que les couleuvres de ce p;'ys
n'avalent des souris. C'est sans doute à lui qu'il faut encore
rapporter ce serpent qui arrêta , sur les côtes d'Afrique ,
l'armée romaine commandée par Régulus, et contre lequel
ce général fut obligé d'organiser une attaque régulière , qui
coûta la vie à un grand nombre de soldats.
Le boa dcQÛi a été appelé empereur, roi des serpens , mer*
de Veau. Sa tête est arrondie à son sommet, et couverJe
d'écaillés semblables à celles du dos en forme et en gran-
deur ; son front est élevé , divisé par un sillon dans sa lon-
gueur ; ses yeux sont très-gros ; son museau est allongé , et au
bout est une grande écaille blanchâtre, tachetée de jauiie et
échancrée inférieurement pour le passage de la langue. L'ou-
verture de la gueule est fort grande ; les dents sont aussi fortes
que celles d'un gros chien. Le nombre des plaques du ventre
est de deux cent quarante-six; deux l'angées de gTand<;s
écailles hexagones les bordent de chaque côté. Celles du dos
sont de même forme , mais pjus régulières et très-petites.
La queue , qui ne fait guère que le dixième de la longueur
Sio BOA
totale, est très-dure et très-forte; elle a cinquante-quatre
plaques en dessous.
Les couleurs du boa sont très-varices et très-agréablement
disposées. Sa tête offre une grande tache noire ou rousse ,
souvent en forme de croix ; on voit sur le dos d'autres taches
disposées avec symétrie, dont les unes sont ovales, d'un jaune
doré, quelquefois noires ou rouges, bordées de blanc ; et
dont les autres sont d'un châtain plus ou moins clair, ou d'un
rouge très-vif, avec des points, par intervalles, entourés d'un
cercle plus clair et imitant des yeux. Le dessous du corps est
d'un cendré jaunâtre , marbré ou tacheté de noir. Ces cou-
leurs paroisscnt varier beaucoup ; car on ne les trouve pas
les mêmes, ni semblablement disposées dans tous les in-
dividus ; mais on ignore si c'est l'effet de lâge ou celui de
la réaction des liqueurs dans lesquelles on les apporte, ou
de la dessiccation qu'on leur fait subir; car, on le répète, au-
cun naturaliste moderne n'a décrit le boa demi sur le vivant.
On doute encore si \csboas d'Afrique, d'Asie et d'Amérique,
sont les mêmes. Cependant il est plus que probable qu'ils
appartiennent à des espèces différentes; même que, dans
chacun de ces pays, plusieurs espèces ont été confondues
sous le même nom. On ignore d'où vient le boa que Lacé-
pède a figuré dans son Hist. nat. des serpens ; mais il est cer-
tainement différent de celui figuré pi. 17 du premier volume
des Amcni'lés académiques de Linnseus, que ce naturaliste a
reçu de Surinam, et qui doit sei'vir de type à cette espèce.
Latreille en cite six variétés, qui sont figurées dans Séba,
et qu'on peut, qu'on doit même, avec Laurenti, regarder
comme des espèces.
On a prétendu avoir trouvé aussi des boas en Europe ; ou
mieux, on a donné ce nom, qui , dans la langue latine, ap-
partenoità tout serpent monstrueux, à plusieurs gros serpens
tués dans l'Italie, l'Espagne, et même les parties méridio-
nales de la France : mais il est à croire, comme l'observe
fort judicieusement Latreille, que ces serpens appartenoient
au genre Couleuvre , et étoient la couleuvre esculape ou la
verte et jaune ou la quatre raies , qui parviennent souvent
à une toise de longueur, et que l'âge ou des circonstances
favorables, peuvent avoir amenées à une grandeur démesurée.
Le boa deoîn fait sa proie des grands quadrupèdes, comme
cerfs, gazelles, taureaux, quelquefois même du tigre et du
lion. Cleyrius rapporte avoir ouvert dans les Indes trois de
ces serpens, et d'avoir trouvé dans l'un un cerf, dans l'autre
un bouc avec ses grandes cornes, et dans le troisième un
porc- épie avec ses piquans. Le même décrit le terrible
combat d'uo boa contre ua bufjîc. On pouvoit entendre , ^
BOA 5,,
*ine portée de canon , le craquement des os de cet animal
brisés par les efforts Au boa. «c Comment, en effet, observe
Latreille , résister à un animal qui , ayant trente pieds de
long, se rouie autour de vous, applique si intimement la
surface de son corps contre le vôtre , vous presse avec
des muscles si roides sur tant de points, paralyse toutes vos
forces en empêchant l'action de vos bras, de vos mains,
de vos pieds, et, par conséquent, des armes que la nature
ou l'art vous donnent ? comment ne pas être étouffé ,•
écrasé , moulu par la puissance de tant de leviers qui
agissent à la fois sur toutes les parties de votre corps i'
Ajoutez à cela que vous êtes au milieu d'une atmosphère
pestilentielle, l'haleine de ce sei'pcnt corrompant, à une
grande distance, l'air qui l'environne ; que votre imagination,
effrayée à la vue de ce monstre, dont la gueule est béante,
qui vous montre ses grandes dents, qui répand sur vous
une bave écumante et fétide, vous prive des ressources
que la réflexion pourroit vous fournir ; et , comme si ce
terrible agresseur n'avoit pas assez de force par lui-même
pour vous détruire, il se sert des arbres, des blocs de
pierre qui sont à sa portée , comme de point d'appui ,
pour vous écraser plus facilement entre eux et ses replis.
Le boa dei>in se tient ordinairement caché dans de grandes
herbes, sous des buissons épais, dans une caverne. Là, il
attend patiemment sa proie, sur laquelle il s'élance avec la
rapidité d'un trait. La manquc-t-il du premier bond, rien ne
peut l'arrêter dans sa poursuite ; il rampe avec la plus grande
vitesse, franchit d'un saut un espace considérable, nage
comme un poisson , grimpe au sommet des plus grands ar-
bres. Ce n'est qu'en faisant de fréqucns et brusques détours,
en se cachant derrière des arbres , des buissons , etc. , etc. ,
qu'on peut lui échapper. Les singes le comptent parmi leurs
plus dangereux ennemis. Les hommes mêmes , surtout les
^Nègres , sont très-fréquemment les objets de sa convoitise;
il les avale les uns et les autres, tout entiers, et même sou-
vent tout en vie. il vit aussi de poissons, et pour cela, il a l'art
d'attirer sa proie en dégorgeant dans l'eau une petite partie
des alimens à moitié digères qui sont dans son estomac : les
poissons accourent pour s'en nourrir , et il les englobe dans
son vasle gosier.
Les animaux d'un très-gros volume , tels que des buffles
ou des cerfs , ne peuvent souvent pas être avalés par le boa
deoin^ quelle que soit la dilats:tion dont son gosier est suscep-
tible. Dans ce cas, après qu'il les a tués, il répand sur eux
une partie de la liqueur fétide qui est dans son estomac ; il le»
prcise , il les allonge , les avale insensiblement, et les digère
5xa B O A
par parties. Dans celte circonstance, il doit perdre, cl il
perd en effel son agilité ; il dort presque conlinuellenit'nt
pendant plusieurs jours. Les îSègres, qui, soil en Afrique ,
soil en Amérique , eu recherchent beaucoup la chair, sai-
sissent ce niomenl pour le tuer sans danger.
Comme les autres serpens, le boa a<v/n change de peau
tous les ans ( l- au mot Serpent ) , et on recherche partout
sa dépouille comme un objet précieux, sous des rapports
«le simple curiosité ou de religion; car ce serpent , qui étoll
;vdorc des anciens Mexicains, est encore vénéré des Nègres.
C'est un de leurs fétiches. Il doit vivre fort long-temps ; mais
on na aucune donnée sur la durée de son existence. Il ne
paroîl pas qu'il s'engourdisse à aucune époque de l'année,
puisque les pays qu il habite n'ont poiiit d'hiver. Il s'ac-
couple et pond comme les autres serpens ovipares ; mais
on a remarqué que ses œufs étoient très-petits relativement
à son volume; ils n'ont que deux à trois pouces dans leur
grand diamètre.
Latreille, dans son Hist. nal. des reptiles^ faisant suite au
Buffun^ édition deDeterville, mentionne dix espèces de ioa
après celui-ci ; savoir ;
Le Boa géant , qui a deux cent cinquante plaques abdo-
minales, et soixante àsoixanlt;-dix-huit à la queue; des écailles
carrées; une suite de grandes taclies ovales d'un brun noi-
râtre, disposées transversalement, deux à deux le long du
dos. Il avoit élé confondu avec le !>oa ilevin, et c'est à La-
treille qu'on doit le développement de ses caractères spéci-
fiques. 11 est probablement celui qui parvient à la plus énorme
grandeur , puisqu'on en trouve dans les collections qui ont
plus de trente pieds de long. On croit qu'il vient de la Guyane,
et que c'est à lui qu'on doit rapporter tout ce qu'on a dit des
serpens monstrueux de ce pays, il n'a pas été figuré.
Le lîOA COJOBI, iioaram'/w, a deux cent trois i)laques ab-
dominales , soixante -dix -sept caudales; le corps vert ou
orangé , avec des taches allongées, blanches ou d'un jaune
clair, sur les flancs, il paroît que deux espèces sont confondues
sous ce nom : lune vient des Indes, et est figurée dans le se-
cond volume de Séba , pi. 8i, fig. i; l'autre du Brésil y
et est figurée pi. g6 , fig. 2 du même voluine. Celui que La-
cépède a figuré, avoit trois pieds de long, y compris sa
queue , qui avoit un peu plus de sept pouces.
Le Boa hypnale , qui a cent soixante-dix-iieuf plaques
abdominales, et cent vingt caudales; le dessus du corps dnii
blanc jaunâtre, varié de petites taches blanchâtres bordées
de brun foncé. Il se trouve dans le royaume de Siam. il n'al-
tcim que deux à trois pieds de longueur.
BOA 5,3
Le Boa cenchris a deux cent soixante-cinq plaques abdo-
minales , et cinquante-sept caudales , des taches blanchâtres
imitant des yeux. 11 vient de Surinam. Sa longiieur est de vingt
pouces. °
Le Boa OHYDRE a cent soixante-dix plaqut;s abdominales
et cent quinze caudales. Sa couleur est d'un gris mélaneé.
Le Boa ophrias, qui a deux cent cinquante plaques abdo-
minales, et soixante-quatre caudales; destachesnoires le loT\<y
du dos ; d'autres taches latérales blanches , bordées de brun!
Le Boa scytale a deux cent cinquante plaques abdomi *
nales, et soixante-dix caudales; des taches noires et arrondies
le long du dos, d'autres taches blanches, bordées de brun sur
les côtés. Il se trouve en Amérique, et est assez gros pour
avaler des brebis ou des chèvres. Il est figuré pi. 737 de la
Physique sacrée Ae. Scheuzcher.
Le Boa brodé, Boa hoHulana , figuré pi. B. 6, a deux
cent quatre-vingt-dix plaques abdominales, et cent vi«gt-huit
caudales; son dos est varié de brun foncé , de bai pourpre et
de blanchâtre ; le dessous de son corps est tacheté. H vient de
l'Amérique méridionale. 11 se nourrit de rats et autres petits
quadrupèdes. Sa longueur est de deux pieds trois pouces
sur laquelle il faut ôter sept pouces pour la queue. '
Le Boa RATivoRE a deux cent cinquante-quatre plaques ab-
dominales, et soixante-six caudales; il est dun brun foncé
avec des taches noires rondes, éparses, et dont plusieurs des
latérales ont du blanc au milieu. Il vient de l'Amérique mé-
ridionale*.
Lacépède ^décrit un boa venant de Ternate , qu'il rapporte
à cette espèce, mais qui présente des caractères suffisans pour
en être séparé.
Le Boa turc , d'Olivier , fait aujourd'hui partie du genre
JLryx.
Le Boa de merem constitue le genre Coralle.
Le Boa a>-guifo%m^ servi pour former le genre Clo-
thome. ^ ^
Le Boa à grosses Paupières entre aujourd'hui dans le
genre Acanthophis. (b.)
BOA. Un des noms du Litchy. (b.)
BOA ouVOA. Eu Malais, c'estlenomgénéral desFRUlTS.
BOAAID , BOITA. Nom lapon d'un mammifère quipa-
roit être le Putois. La femelle se nomme gaa-fe. (desm.)
BOABAB. Synonyme de Baobab, (b.)
BOADSCHIE, Boadschia. Nom donné au genre de
5i4 r> O B
plantes appelé Peltaire par Linnseus. Aujourd'hui ce genre
fait partie des Clypéoles de Lamarck et de Jussieu, (b.)
BOAJA-HOETAN. L Igua>e porte ce nom à Malaca.
(B.)
BOA KELOOR. Nom de pays du Ben. (b.)
BOA MASSI. C'est le Jujubier à lignes, (b.)
BOAR, En anglais, c'est le verrat. V. Cochon, (desm.)
BOARINA , BOAROLA. Aldrovande a fait figurer et
a décrit sous ce nom , un oiseau que tous les ornithologistes
ont donne , jusqu'à ce jour , pour une fawelte tachef^e , et cela
en se copiant les uns les aulres , sans aucune vérification.
En effet , s'ils avoient examiné avec attention dans Aldro-
vande, la figure et la description de la boarina ^ ils auroient
vu que cet oiseau n'est autre que la bergeronnette de prin-
temps , dans son premier âge. Boarina ou boarola sont les
noms que les Italiens donnent à celte bergeronnette , comme
c'elui de bwarina à la lavandière , et de boarula à la ber-
geronnette jaune, parce que ces oiseaux ont l'habitude de
suivre les troupeaux de bœufs dans les prairies et les pdtu
rages , habitude totalement étrangère aux fauvettes. On trou-
vera , à l'article de la Fauvette tachetée , les détails qui
viennent à l'appui de ce que j ai avancé ci- dessus pour la
boarina. (v.)
BOARINO DELLA STELLA. Le Roitelet, à Gênes.
(s.)
BOAROLA. V. Boarina. (s.)
BOARULA. C'est la Bergeronnette jaune de
Schwenckfeld et de Klein, (s.)
BOBA. Arbre des Moluques , dont les parties de la fruc-
tification ne sont pas complètement connues. Ses feuilles sont
alternes et lancéolées ; ses fruits , des noix oblongues qui con-
tiennent une amande d'un mauvais goût. (B.)
BOBAK , BOBAC ou BOBUK. Mammifère de l'ordre
des rongeurs et du geifre des MâRMOITES. (desm.)
BOBAQUE. r. BOBAK. (DESMfF
BOBARA. Synonyme de Courge, (b.)
BOBART , Bobartîa. Genre de plantes établi par Plucke-
net, d'après de fausses observations, sur la MoRÉE spatua-
CÉE. (b.)
BOBI. Coquille du genre Volute de Linnseus, etdugenre
Marginelle de Lamarck. (b.)
BOBOS. Nom d'un Boa des Philippines, qui a quelque-
fois plus de cinquante pieds de long, et que cinq buffles peuvent
^ peine porter, (b.)
£OBR> Nom polonais du Castor, C'est aussi celui que
B O G 5i5
les Russes qui demeurent au Kamtschalka donnent aux
Loutres, (desm.)
BOBU. Adiante de Ceylan: arbre dont les feuilles sont
employées dans la teinture, (b.)
BOBUK. r. BOBAK. (DESM.)
BOCA. Nom qu'Aristote donne au Spare bogue, (b.)
BOCAMELE. Espèce de belette qui paroît particulière
à l'île de Sardaignc, et qui est Tanimal décrit par Aristote
sous le nom d'IcTis. (s.)
BOCCA IN CAPO. C'est, en Italie , I'Uranoscopi:
RAT. (B.)
BOCCA D'INFERNO. Météore qui paroît souvent aux
environs de Bologne en Italie , et sur lequel le peuple fait
les mêmes contes qui se débitent dans nos campagnes au su-
jet des feux-fu/lels. (s.)
BOCCAS. Poisson du genre Scombre. (b.)
BOCCONE , Boccunia. Petit arbrisseau des Antilies , qui
seul forme un genre dans la dodécandrie monogynie , et dans
la famille des papavéracées. Ses caractères sont : calice de
deux pièces , concaves et caduques ; douze à seize étamines
dont les filamens sont courts ; ovaire supérieur pédicule ,
surmonté d'un style épais et presque bifide , ayant deux stig-
mates ouverts ou rédéchis; capsule siliqiieuse, elliptique,
comprimée, bivalve et monosperme, et s'ouvrant par la base.
Les feuilles de cet arbuste sont alternes, oblongues, presque
pinnées, à découpures dentelées. Les fleurs sont petites , ver-
dâtres , disposées en panicule pyramidale , au sommet des
rameaux.
Toutes les parties du hoccone rendent , lorsqu'on les blesse,
une liqueur jaune semblable à celle de la Chélidoine , plante
avec laquelle il a de grands rapports ; Nicolson dit qu'on s'en
sert pour teindre en jaune. Deux autres espèces ont été , de-
puis peu, ajoutées à ce genre, (b.)
BOCHIR. Serpent tiguré par Séba comme originaire
d'Egypte, et qui paroît être une' Couleuvre, (b.)
liOCHTAY. Espèce d'EuPATOiRE de Saint-Domingue.
(b.)
BOCK. En allemand , c'est le Bouc, (desm.)
BOCKSHOORN. C'est la Bignoke spathacée. (b.)
BOCO. Nom d'un grand arbre de la; Guyane, dont on
ne connoît pas les parties de la fructification. Ses feuilles sont
alternes et stipulées à leur base. Son bois est dur , et d'un vert
mêlé de brun, (b.)
BOCULA CERVINA. Plusieurs auteurs latins donnent
ce nom au Bubale , espèce d' Antilope, (desjw.)
5i6 B O D
BODBAERT. Nom spécifique d'un poisson du genre
GoBiE , qui vit dans la mer des Indes. Foyez au mot Gobie.
(B.)
BODEREAU. Nom que les pêcheurs donnent, dansquelr
qucs cantons, aux jeunes \ 1V£S. Voyez ce mot, (b.)
BODIAN, Bodlanus. Genre de poissons établi par Èloch ,
dans la division des Tuoraciques , pour placer quelques
espèces du genre des Spares et de celui des Perches de
Linnœus , qui ont des caractères communs suffisamment
importans pour en être sépares. Lacépède , en l'adoptant,
lui a donné pour caractères : un ou plusieurs aiguillons , et
point de dentelures aux opercules des ouïes ; un seul ou
point de barbillon aux mâchoires ; une seule nageoire dorsale.
Cuvier ne laisse dans ce genre que les espèces dont le
préopercule n'est point denté, et dont l'opercule a des pi-
quans. Il forme, avec les autres, les genres Serran, Stel-
i^iFÈRE et Plectropome. V. Holoc.entre.
Les bodians de la première division ont la nageoire caudale
fourchue ou en croissant. Ils sont au nombre de quatorze.
Voici leurs noms et leurs caractères :
Le BoDiAN* ŒILLÈRE, Bodianus palpebratus ^ qui a deux
rayons aiguillonnés et vingt articulés à la nageoire du dos ;
seize rayons à celle de l'anus ; une sorte de valvule au-dessus
de chaque œil. H se trouve dans les mers de la zone torride.
Jl est remarquable par la pièce membraneuse, ovale et mo-
bile qu'il a au-dessus de chaque œil , et qui sert à le couvrir à
sa volonté , pour le défendre , soit des corps étrangers, soit
de la trop vive lumière.
Le BoDiAN LOUTi a rteuf rayons aiguillonnés et quinze
articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons
articulés à Tanale; des dents fortes, coniques et séparées ;
un grand nombre d'autres dents très-déliées, très-serrées et
flexibles ; trois aiguillons sur la dernière pièce de chaque
opercule-, la couleur générale d'un rouge foncé, avec de
petites taches violettes. H se trouve dans la mer Rouge , où
il a été observé par Forskaël, et où il atteint cinq à six pieds
de long.
Le BoDiAN JAGDAR, qui a onze rayons aiguillonnés et dix-
sept rayons articulés à la nageoire dorsale; deux rayons ai-
guillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus ;
cinq aiguillons à la pièce antérieure de chaque opercule ; tout
le corps d'un rouge vif, excepté la partie antérieure de la
nageoire du dos qui est jaune. Il se trouve dans les mers du
Brésil, et est figuré dans Bloch, pi. 225, sous le nom de.
bodiaHu$ peiUacaiUlius. Il est aussi figuré , page i5o du troi-
B O D 5r7
siènM^ vol. âe VWsfor're naturelle des Poissons , faisant suite au
Buffon , édition de Deterville.
Le BoDiAN MACROLÉPinoTE a quatorze rayons aiguillonnés
et huit rayons articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés
et neuf rayons articulés à l'anale ; un ou deux aiguillons à la
pièce postérieure de chaque opercule ; les écailles grandes ,
striées en rayons , dentelées et bordées de gris. On croit qu'il
vit dans la mer des Indes. Il est figuré dans Bloch , tab. 23o.
Le BoDiAN ARGE^iTÉ a neuf rayons aiguillonnés , et
quinze articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et onze
rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la tête allongée et
«comprimée ; de petites dents à chaque mâchoire; la mâchoire
inférieure plus allongée : un ou deux aiguillons aplatis à la
pièce postérieure de chaque opercule; les écailles petites ,
molles et argentées. Il est figuré dans Bloch, pi. aSi , n.» 2,
et se trouve , dît-on , dans la Méditerranée.
Le BoDiAN Bloch a douze rayons aiguillonnés et dix
rayons articulés à la nageoire du dos; chaque mâchoire gar-
nie de plusieurs rangs de dents; les antérieures plus grandes ;
un aiguillon à la dernière pièce de chaque opercule ; les na-
geoires pointues ; les écailles très-douces au toucher , dorées
et bordées de rouge , celles du dos poui-pres et bordées de
bleu. Il vi^dans la mer du Brésil, et est figuré , pi, A. 18.
Sa chair est très-bonne à manger.
Le BoDiAN AYA a neuf rayons aiguillonnes et dix-huit ar-
ticulés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et huit
rayons articulés à celle de l'anus ; la caudale en croissant ;
chaque opercule terminé par un aiguillon long et aplati ; la
couleur générale rouge ; le dos couleur de sang; le ventre
argenté. Il est figuré dans Bloch, pi. 227. Il se trouve dans
les lacs du Brésil , où il parvient à la longueur de trois pieds.
Il y est si abondant qu'on l'exporte salé ou séché au soleil.
Le BoDIA^^ tacheté a sept rayons aiguillonnés et douze
rayons articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et
huit articulés à l'anale ; la caudale en croissant ; la tête
courte et grosse; trois aiguillons grands, et recourbés vers le
museau, à la seconde pièce de chaque opercule ; deux aiguil-
lons aplatis à la troisième; la couleur générale jaune, par-
semée de taches bleues. 11 est figuré dans Bloch , pi. 228 , et
vit dans les eaux du Japon.
Le BoDiAN YiVAiSET a onze rayons aiguillonnés et neuf
rayons articulés à la nageoire du dos, quatre rayons aiguil-
lonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la
caudale en croissant; l'œil gros; les lèvres épaisses ; deux ai-
guillons aplatis et larges à la dernière pièce de chaque opcr-
5i8 B O T)
cule ; la couleur générale jaune ; le dos violet. Il habite les
eaux (le la Martinique, où il a été observé et dessiné par
]^lumier.
Le BoDiAN FISCHER a neuf rayons aiguillonnés et neuf
rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguil-
lonnés et six rayons articulés à celle de l'anus ; quatre à six
<lents , plus grandes que les autres , à l'extrémité de la mâ-
choire supérieure; un seul aiguillon à la dernière pièce de
chaque opercule; les écailles rhomboïdales, dentelées et pla-
cées obliquement. On ignore où il vit.
Le BoDiAîï DEC ACANTHE a dix rayons aiguillonnés et sept
articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et six articulés
à l'anale ; un seul aiguillon à la dernière pièce de chaque
opercule ; le museau un peu pointu. On ne sait pas dans
^juelle mer il a été péché.
Le BoDiAN LUTJAN, qui a dix rayons aiguillonnés et huit
articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et
huit articulés à celle de l'anus ; les dents fortes ; deux aiguil-
lons à la dernière pièce de chaque opercule. On ne connoît
pas son pays natal.
Le BoDiAN GROSSE TETE a dix rayons aiguillonnés et seize
rayons articulés à la nageoire du dos ; dix rayons à celle de
l'anus; la caudale en croissant; ia tête grosse; la nuque
élevée et arrondie: les dents des mâchoires égales%t menues ;
un aiguillon aplati à la dernière pièce de chaque opercule ,
qui se termine par une prolongation anguleuse ; les écailles
petites ; la partie postérieure de la queue d'une couleur plus
claire que le corps proprement dit. Sa patrie est inconnue. Il
est figuré dans Lacépède , vol. 3 , pi. 20.
Le BoDiAN CYCLOSTOME a huit rayons aiguillonnés et huit
articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et neuf rayons
articulés à l'anale ; la caudale en croissant; la mâchoire su-
périeure beaucoup plus courte que l'inférieure , conformée
de manière à rr:présenter une très-grande portion de cercle ,
et garnie de chaque coté de deux dents longues , pointues et
tournées en avant ; la mâchoire inférieure armée de plusieurs
dents fortes , longues et crochues ; un aiguillou aplati à la
dernière pièce de chaque opercule, qui se termine par une
prolongation anguleuse ; quatre à cinq bandes transversales»
irrégulières et très-inégales en longueur ainsi qu'en largeur.
On ne sait quelle est la nier qu'il habite. Il est figuré pi. 20 du
troisième vol. de V Histoire naturelle des Poissons, par Lacépède,
]ucs bodians de la seconde division ont la nageoire caudale
entière ; ils sont au nombre de dix, savoir :
Le BoDiAN ROGAA, dont la nageoire du dos a neuf rayons
aiguillonnés et di.\-neuf articulés; celle de l'anus, trois rayons
B O D 519
aiguillonnés et dix articulés; qui a les thoraciques arrondies;
les denJs très-nombreuses, très-délices, ilcxibles et mobiles;
la mâchoire supérieure plus courte que Tlnférienre; trois
aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule; point de
ligne latérale apparente; la couleur générale d'un roux noi-
râtre; les nageoires noires. Il se trouve dans la mer Rouge.
C'est le perra rogata de Forslcaël.
Le lîODiAN LUMAIRE a neuf rayons aiguillonnés et dix-neuf
articulés à la nageoire du dos ; trois aiguillonnés et dix arti-
culés à l'anale; les thoraciques triangulaires; la couleur gé-
nérale noirâtre ; les pectorales noires à la base et jaunes
au bout ; une raie longitudinale rouge sur la dorsale et
l'anale ; le bord postérieur de la dorsale blanc et transpa-
rent; un croissant blanc et transparent sur la caudale qui est
roussâtre et rectlligne. On le pêche dans la mer Rouge.
C'est le perça lunaria de Forskaël.
Le BoDiAN MÉLANOLEUQUE a huî^frayons aiguillonnés et
douze rayons articulés à la nageoire du dos; un rayon aiguil-
lonné et neuf articulés à l'anale ; la mâchoire inférieure plus
avancée que la supérieure; deux orifices à chaque narine;
deux pièces à chaque opercule ; trois aiguillons placés vers le
bas de la première pièce , et deux autres aiguillons au bord
postérieur de la seconde; la couleur générale d'un blanc d'ar-
gent; six ou sept bandes transversales, irrégiilières et noires.
11 a été rapporté par Commerson de son Voyage autour du
blonde. Il l'a péché à TUe-de-France.
Le BoDiAN JACOB ÉVERTSEN a neuf rayons aiguillonnés et
seize rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés
et huit rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; deux
grandes dents et un grand nombre de petites à chaque mâ-
choire ; la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d'en
haut; trois aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule;
la couleur générale d'un brun jaunâtre ; un grand nombre
de taches brunes, petites , rondes ; plusieurs de ces taches
blanches dans le centre. Il se trouve dans les mers de l'Inde
et de l'Amérique méridionale. Sa chair est un manger très-
délicat.
Le BoDiAN BŒNAC a neuf rayons aiguillonnés et seize
rayons articulés à la nageoire du dos ; treize rayons aiguil-
lonnés et huit articulés à l'anale; la caudale arrondie ; cliaque
mâchoire garnie de dents pointues , dont les deux antérieures
sont plus longues ; la mâclioire d'en bas plus avancée ; un
seul orifice à chaque narine ; trois aiguillons aplatis à la
dernière pièce de chaque opercule; les écailles petites et
dentelées; la couleur générale d'un roux foncé; sept à huit
bandes transversales, brunes, étroites, et .dont quelques-
$20 B O P
unes se divisent en deux ou trois. II habite les mers da
Japon, et est figuré, pi. A. i8.
Le BoDiAN HIATULE a la tête allongée ; le museau pointu ;
la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure ;
les dents pointues, égales, et un peu séparées les unes des
autres; la 'caudale arrondie ; deiLx aiguillons au bord posté-
rieur de chaque opercule; le ventre gros; des raies longi-
tudinales rousses sur le dos, qui est d'un rouge foncé; la
dorsale jaune et tachetée de roux. Il se trouve dans la Mé-
diterranée.
Le lîODiAN APUA a sept rayons aiguillonnés et seize
articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et
seize articulés à l'anale ; la mâchoire inférieure plus longue
que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, de
dénis pointues qui s'engrènent avec celles qui leur sont op-
posées , et dont les ^|x anlérieurét sont plus grandes ; im
aiguillon à la pièce p^érieure de chaque opercule ; la cou-
leur générale rouge , avec un grand nombre de points noirs;
des taches noires sur le dos; une bordure noire , liserée de
blanc, à l'extrémité de la caudale, à l'anale, aux thoraciques
et à la partie postérieure de la dorsale. Il se trouve à Tem-/
bouchure des rivières du Brésil, qu'il remonte pendant
ï hiver. Son poids est souvent de quatre à cinq livres , et sa
chair d'un goût exquis. On en fait une pèche très-consi-
dérable.
Le BoDiAN ÉTOILE a douze rayons aiguillonnés et vingt-
un articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et
huit articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; la tête courte ;
le museau plus avancé que l'ouverture de la bouche; trois ou
quatre aiguillons à la première et à la seconde pièce de chaque
opercule ; six ou sept aiguillons disposés en rayons le long du
çontolir inférieur et postérieur de l'œil; la couleur générale
dorée. Il est figuré dans Bloch , pi. 23i. Il se trouve au Cap
de Bonne-Espérance.
Le BoDiAN TÉTRACANTOE a quatre rayons aiguillonnés et
vingt-un articulés à la nageoire du dos ; dix-sept h la na-
geoire de l'anus ; deux aiguillons à la pièce postérieure de
chaque opercule.
Le BoDiAN SIX RAIES a sept rayons aiguillonnés et qua-
torze rayons articulés à la dorsale ; neuf rayons à l'anale ;
la caudale arrondie ; deux aiguillons à la pièce postérieure
de chaque opercule ; trois raies longitudinales et blanches de
chaque coté du corps.
Ces deux dernières espèces ne sont point figurées, et on
ignore de quel pays elles vienneut. (u.)
F, n F, tj3,
BOBIANO VERMELHO. C'est, au Brésil, le Bodias
Bl.OCHÉ. (b.)
BOEBERE, Bœbera. Genre de plantes établi par Will-
denow pour placer le Tacete pappeux de Ventenat, qui
diffère des autres par ses aigrettes velues et son calice dou-
ble. H avoit été appelé Dysode par Cavacilles. (b.)
BOEFIjSER. Les Norwégiens donnent ce nom et celui de
Bafmr à un oiseaii d'eau qui paroît être le Peut Guil-^
LEMOT. (DESM.)
BOEHMERE, Bohemerîa. Genre de plantes de la monoé^
cic triaudrie et de la famille des Urticées, dont les carac-
tères consistent à avoir le calice de la fleur mâle trifide,
et renfermant trois étamines ; le calice de la fleur femelle
entier, et renfermant un ovaire à style subulé , droit, hé-
rissé, terminé par un stigmate simple et aigu.
Le fruit est une semence très-petite , renfermée dans le
calice , qui est persistant.
Ce genre contient cinq espèces , qui sont des arbustes ou
des plantes des îles de TAtTiérique , dont les feuilles sont
alternes ou opposées , munies de stipules , et souvent irrégu-
lières; dont les fleurs sont très -petites, sessiles , agrégées,
axillaires , séparées par des bractées ; les femelles placées
dans la partie supérieure des jeunes rameaux , les mâles
dans la partie inférieure des anciens.
Los hœhnières sont très-voisines des Orties et des Procris.,
Le genre \ anie de Loureiro paroît devoir leur être réuni.
(B.)
BOEHMERL. V. Beemerle. (s.)
BOELON-BAWANS. Nom du Gluttier à Java, (b.)
BOEMIN. Le Piment s'appelle ainsi à 1 île de Saint-Vin-
cent, (b.)
BOEMYCE, Bœmyres. Genre de plantes de la famille des
Lichens. Il étoit très-nombreux en espèces. Acharius, l'a ré-
duit à quatre espèces seulement, dont les écussons sont
orbiculaires, convexes, en têtes, solides, sessiles et sans
rebords. Les autres espèces composent le nouveau genre
Cœnomyce. V. ce mot.
Parmi les espèces de bœmyces, on distingue le Bœmyce
couleur de rose, petit lichen très -commun dans les lieux
secs ; il forme sur la terre une croûte blanche surmontée
de petits boutons d'une jolie couleur rose, (b.)
BŒNAC. Nom spécifique d'un poisson du genre BODIAN.
(B.)
BŒNGLO. Espèce ae Bignone de l'Inde, (b.)
522 B O E
BOETSOI. C'est le nom du renne en Laponie. V. Cerf.
(s.)
BOEUF, Bas. Genre de msinmifères de l'ordre des Ru-
MOA^'s et de la section qui renferme ceux dont les cornes
sont persistantes , supportées par drs protubérances en
forme de chevilles et dépendantes de lOs frontal.
Ces animaux, d'abord très-remarquables par la grandeur
de leur taille et l'épaisseur de leurs membres , le sont égale-
ntent par le fanon ou large repli de la peau qui pend sous
leur cou ; par leur nmfle large ; leurs cornes simples , coni-
ques, lisses, à coupe ronde , existant dans les deux sexes,
et prenant différentes directions, mais se dirigeant toujours
latéralement à leur base.
Quoique plus voisins des antilopes que de tout auti^e genre
de ruminans , les Lœufsse distinguent encore de la plupart de
ces animaux en ce qu'ils n'ont jamais de larmiers sous les
yeux , de brosses aux genoux ou plutôt au poignet des jambes
de déviant, ni de pores inguinaux ou replis de la peau des
aines.
Tous ont quatre mamelles inguinales et la queue longue,
terminée par un flocon de longs poils , ou couverte de crins
dans toute son étendue.
Ce geiu'e se compose de six espèces vivantes, savoir:
I.'' le buffle; 2.» le buffle du Cap; .3.o le bison d'Amérique ;
4." le bujjle à (jueue de cheval ou yak; S.° Vaurochs , et 6.° le
/itrj// proprement dit.
On y joignoit aussi le bison ou buffle musqué de l'Amé-
rique septentrionale, dont M. de Blainville vient déformer un
genre particulier sous le nom d'OviBOS ( V. ce mot. ), et
qui diffère principalement des animaux du genre des bœufs,
en ce qu'il n'a que deux mamelles, quil n'a point de mufle,
que sa queue est courte , que son poil est laineux, etc.
Les bœufs sont essentiellement herbivores; mais sentant
leur force , dans l'état de nature, loin d'être timides et fugi-
tifs comme les antilopes , qui n'ont aucun moyen d'attaque
ou de résistance ," ils se défendent contre les animaux car-
nassiers de la plus grande taille, et même attaquent l'homme
qui se présente à leur vue , en le perçant de leurs cornes et
le foulant aux pieds.
Sauvages, ils vont en troupes; il» sont polygames et ne
produisent qu'un seul petit; ce qui d'ailleurs est ordinaire
aux grandes espèces de mammifères.
Une espèce seulement habite, dans l'Amérique septen-
trionale, à peu près les mêmes contrées que l'OviBOS mus-
qué. Une seconde est particulière à l'Afrique méridionale.
Deux autres semblent cire propres au climat de l'Europe ;
B O E 523
tandis que les deux dernières sont originaires de l'Inde , du
Thibet et des autres provinces de l'Asie australe.
Les bœufs semblent appartenir de préférence aux climats
chauds et tempérés. Cependant on trouve dans la Sibérie,
avec les osseraens des cléphans et des rhinocéros, des débris
fossiles de deux grandes espèces de hœufs^ dont une peut être
comparée, plus particulièrement à \\irnio\x buffle des Indes,
et l'autre à I Ovibos. Ce dernier animal paroît être celui des
animaux les plus voisins des bœufs, le mieux constitué pour
habiter les régions septentrionales; son poil touffu et laineux
l'indiqueroit assez, si Ion ne remarquoit encore, ainsi que
l'a fait M. de Blainville, que , comme dans tous les ruminans
des pays froids, son mufle, si large dans les bœufs proprement
dits, n'existe point, ou du moins est presque réduit à rien.
L'Amérique méridionale et la ÎNouvelle-Hollande , avant
leur découverte parles Européens, n'avoient aucune espèce
de ce genre.
Première espèce. — Le ^VTl'L^^ Bos buhalus, L. ; Boshu-
bali's ^ Erxleb. ; Buff. , ressemble beaucoup au bœuf par la
figure et la stature; cependant sa tête est plus grosse , son
front plus bombé ; le chanfrein est plus élevé et le mufle plus
long , en même temps plus large et moins relevé. Ses cornes,
m particulier , ont une forme et une courbure toutes diffé-
rentes de celles du taureau; elles sont plus penchées en ar-
rière, plus courtes et moins arquées que celles des bœufs,
aplaties sur deux faces , striées circulairement et semblables
sur tous les individus. Le buffle n'a presque point de fanon;
sa queue est mince et sans vertèbres vers son extrémité ;
ses oreilles sont longues et pointues ; son corps , très-large
par devant, se rétrécit par derrière ; sesjam1>es sont courtes
et épaisses , et ses mamelles ne sont pas rangées , comme
dans les autres animaux ,sur deux files longitudinales et paral-
lèles; mais elles sont placées sur une seule ligne transversale.
L'épaisseur du corps, la grosseur des membres, la saillie
des muscles, tout annonce dans le buffle la force et la vi-
gueur ; tandis que la grosseur de la tête , le front convexe et
de petits yeux enfoncés dans des orbites rondes, signes ordi-
naires de la grossière stupidité , lui donnent une physionomie
dure et ignoble , que rend encore plus sombre le bouquet de
poils frisés qu'il porte sur le front.
Les buffles sont ordinairement , en entier, d'une couleur
noirâtre, à l'exception du toupet et de la toulTe de poils
qui est à l'extrémité de la queue, lesquels sont d'un blanc
jaunâtre. Ces animaux n'éloient pas connus des anciens
5^1 B O E
Grcrs et des Romains. Natifs des pays les plus chauds de
rAfiiqno et des Indes, ils ne furent transportés cl natura-
lisais en Italie que vers le septième siècle.
Le buflle est d'un naturel plus dur et moins trailable que
le bœuf; il obéit pins difficilement; il est plus violent ; il a
des fantaisies plus brusques et plus fréquentes ; toutes ses ha-
bitudes sont grossières et brutes : il est , après le rot bon ,
le plus sale des animaux domestiques , par la difficulté qu il
met à se laisser nettoyer et panser; sa fii;ure est grosse et re-
poussante; son regard stupidement farouche; il avance igno-
blement son cou et porte mal sa tête , presque toujours
penchée vers la terre ; sa voix est un mugissement épou-
vantable , d'un ton beaucoup plus fort et plus grave que ce-
lui du imireau. Sa chair noire et dure est non-seulement
désagréable au goût , mais répugnante par son odeur de
musc. Le lait de la femelle buflle n'est pas si bon que celui
de la vache; mais elle en fournit en bien plus grande
quantité ; il a un petit goût musqué auquel on saccoutume
bientôt.
Le petit buflle a une manière de téler qui diffère de celle
des veaux ; au lieu de se mettre h c('>lé de la mère, il se
place par derrière entre ses jambes, quelle a soin d'écarter ; Il
ne donne point de coups de tète comme le veau ; mais il la
lève et la baisse continuellement avec la régularité d un ba-
lancier , pendant tout le temps qu'il est occupé à téler.
La chair des jeunes but^les encore nourris de lait, n'est
guère meilleure que celle des vieux : le cuir seul vaut mieux
que le reste de la bête , dont il n'y a que la langue qui soit
Lonue h manger; ee cuir est solide, léger et presque im-
pénétrable. Comme ces animaux sont, en général, plus
grands et plus forts que les bœufs, on s'en sert utilement au
labourage ; on leur fait traîner et non pas porter les far-
deaux ; en les dirige et on les contient au moyen d'un an-
neau qu'on leur passe dans le nez. Deux buflles attelés , ou
plutôt enchaînés à un chariot, tirent aulact que quatre forts
chevaux ; comme leur cou et leur tête se portent naturelle-
ment en bas, ils emploient en tirant tout le poids de leuf
corps ; ils sont moins difficiles sur le choix et la qualité de la
nourriture que les bœufs; ils résistent davantage à la fatigue,
et ils sont itioins sujets aux maladies, par cela même qu'ils
sont plus robustes.
Le buflle et le bœuf, quoique assez ressemblans entre eux^
quoique domestiques, souvent souslemême toit et nourris dans
les mêmes pâturages, quoiqu'.à portée de se joindre, et même
excités par leurs conducteurs, ont toujours refusé de s^unir^
B O E k.î;
ils ne produisent ni ne s'accouplent ensemb'e; leur nature
est plus éloignée que celle de Varie ne l'est du cheml ; elle pa-
roît mt^aie antipathique , car on assure que les vaclies ne
veulent pas nourrir les petits buflles, et que les mères hufTlcs
refusent de se laisser téter par des veaux : la femelle ne fail
qu'un petit, et le porte plus de dix mois, ce qui prouve en-
core la différence de cette espèce à celle de la vache ^ qui ne
porte que neuf mois.
Les buffles sont très-nombreux dans tous les climats chauds,
surtout dans les contrées marécageuses et voisines des (!(;;>
ves : l'eau ou rhuniidité du terrain paroissent leur être plus
nécessaires que la chaleur du climat. (Jeux d'Italie ont 1«
poil plus long que ceux d'Egypte, et ceux-ci plus que ceux
des Indes ; leur fourrure n.'est jamais fournie , parce qu'il»
sont originaires des pays chauds, et qu'en général les gros
animaux de ce climat n'ont que très-peu de poil.
Il y a une grande quantité de buffles sauvages dans les coit^
trées de l'Afrique et des Indes qui sont arrosées de rivières,
et où il se trouve de grandes prairies: ces Imffles sauvages, qui
forment une race distincte que l'on nomme arni (ùos ami)
Shaw , et dont la taille est gigantesque et les cornes en
croissant, démesurément longues, vont en troupeaux, et
font de grands dégâts dans les terres cultivées; ils sontineni^
très-dangereux pour les hommes , et on ne les chasse qu'avec
grande précaution; cependant ils craignent beaucoup l'aspect
du feu; la couleur rouge leur déplaît et les met en furenr.
Au Mogol , on fait combattre les buflles contre les lions e^
les tigres ; ils ne se servent pas de leurs cornes de la même
manière que nos bœufs ; ils s'avancent , la tête la première ,
contre leur ennemi, et le foulent aux pieds ; puis ils plient
les genoux et s'efforcent de placer leurs cornes dételle sorte
qu'ils parviennent à le percer.
Dans les îles de la mer des Indes , l'on trouve un grr.nd
nombre de buflles qui vivent dans un état à demi-sauvage ,
quoiqu'ils y soient la propriété des habitans ; ils sont farouches
et méchans. Leurs cornes s'allongent extraordinairement ; on
en voit de plus de cinq pieds de long.
Les Marais Pontius et les Maremmes de Sienne sont, en
Italie , les endroits les plus favorables aux buflles ; aussi en
élève-t-on beaucoup dans ces deux cantons. Quoique le buffle
y naisse et y soit élevé en troupeau , il y conserve cepen-
dant sa férocité naturelle ; en sorte qu'on ne peut s'en servir
à rien, tant qu'il n'est pas dompté. On commence à marquer,
à l'âge de (juatre ans , ces animaux avec un fer chaud , afin
de pouvoir distinguer les buIÏJes d'un troupeau de ceux d'un
526 B O E
autre. La mafque esl suivie de la castration , qui se fait à l'âge
dequatreans; peude temps après leur caslralion on leur passe
un anneau de fer dans les narines. On les conduit avec une
corde , que l'on attache à cet anneau , qui tombe de lui-même
par la suite , au moyen de Teffort continuel des conducteurs ,
en tirant la corde ; mais alors lanneau est inutile , car les
animaux , déjà vieux, ne se refusent plus à leur devoir.
Le buffle paroît encore plus propre que le taureau à ces
chasses, dont on fait des divertisseniens publics , surtout en
Espagne. Aussi les grands seigneurs d'Italie , qui tiennent des
buffles dans leurs terres, n'y emploient que ces animaux. La
férocité du buffle augmente lorsqu'elle est excitée , et rend
cette joule aussi animée qu'elle est périlleuse. En effet , cet
animal poursuit Thonmie avec acharnement jusque dans les
maisons, dont il njonte les escaliers avec une facilité particu-
lière ; il se présente aux fenêtres , d'où il saute dans l'arène ,
franchissant même les murs , lorsque les cris redoublés du
peuple sont parvenus à le rendre furieux.
Les buffles ont une mémoire qui surpasse celle de beaucoup
d'autres animaux. Rien n'est si commun que de les voir re-
tourner seuls et d'eux - mêmes à leurs troupeaux , quoique
à* une distance de quarante à cinquante milles, comme de
Rome aux Marais Pontins. Les gardiens des jeunes buffles
leur donnent à chacun un nom ; et pour leur apprendre à con-
noître ce nom, ils le répètent souvent d'une manière qui lient
du chant , en les caressant en même temps sous le mentoy-
Ces jeunes buffles s'instruisent ainsi en peu de temps, et
n'oublient jamais ce nom, auquel ils répondent exactement en
s'arrêtant , quoiqu'ils se trouvent mêlés parmi un troupeau de
deux ou trois mille buffles. L'habitude du buffle d'entendre
ce nom cadencé, est telle, que, sans cette espèce de chant, il
ne se laisse point approcher étant grand, siwfout la femelle
pour se laisser traire ; et sa férocité naturelle ne lui permettant
pas de se prêter à cette extraction artificielle de son lait , le
gardien qui veut traire la bufllessc, est obligé de tenir son petit
auprès d'elle , ou , s'il est mort , de la tromper en couvrant de
sa peau un autre petit buffle quelconque. On a l'usage dans
quelques parties de l'Orient , lorsque Ton trait la femelle du
buffle , de lui fourrer l'avant-bras dans la vulve , parce que
l'expérience a appris que cela lui faisoit donnerplusdelait. Le
beurre que fournit ce lait est très-bon, mais il est toujours blanc-
Ce qu'on appelle communément œufs de buffles , sont des
espèces de petits fromages , auxquels on donne la forme
d'œufs, qui sont d'un manger très-délicat. Il y a une autre
espèce de fromage que les Italiens nomment promfum , qui
B O E 5.7
est aussi fait de lait de Luffle ; il est d'une qualité inférieure
au premier ; le même peuple en fait grand usage , et les gar-
diens des bufdes ne vivent presque qu'avec le laitage de ces
animaux.
Le buffle est très-ardent en amour ; il combat avec fureur
pour la femelle , el quand la victoire la lui a assurée , il
chercbe à en jouir à Técarl. La femelle ne met bas qu'au
printemps , et une seule fois Tannée ; elle produit deux an-
nées de suite , et se repose la troisième , pendant laquelle
elle demeure stérile , quoiqu'elle re«joive le mâle. Sa f(MOn-
djté commence à l'âge de quatre ans , et finit à douze. Quand
elle entre en chaleur , elle appelle le mâle par un mugisse-
ment particulier, et le reçoit étant arrêtée, au lieu que la
vache le reçoit quelquefois en marchant.
Le terme de la vie du buflle est à peu près le même que
celui de la vie du bœuf, cest-à-dire , à dix-huit ans , quoi-
qu'il y en ait qui vivent jusqu'à vingt-cinq ans ; les dents lui
tombent assez communément quelque temps avant de mou-
rir. En Italie , il est rare qu'on leur laisse terminer leur car-
rière ; après l'âge de douze ans , on est dans l'usage de les
engraisser , et de les vendre ensuite aux juifs de liome : quel-
ques habitans de la campagne , forcés par la misère , s'en
nourrissent aussi. Les cornes du buffle sont recherchées et
fort estimées ; la peau sert à faire des liens pour les charrues ,
des cribles et des couvertures de coffres et de malles . des se-
melles de souliers , qui durent deux ou trois fois plus que celles
des meilleurs cuirs de bœuf 11 arrivoit annuellement à Mar-
seille cinq à six mille cuirs de buffle salés du Levant , et on
les tannoit à Grasse. Les langues de buffle fumées et préparées
dans laRoniélie , faisoient aussi un petit article du commerce
de Marseille ; il s'en exportoit beaucoup plus en Italie.
Quoique le buffle souffre de l'excès de la chaleur, pendant
laquelle on le voit chercher l'ombre et l'eau , il est encore
plus sensible au froid. Il ne pourroit supporter les hivers de
nos contrées septentrionales ; et quoique la propagation de
cette espèce fût très-profitable à l'agriculture et à l'économie
domestique dansles cantonsmarécageux, nouspensons qu'elle
y dégénéreroit bientôt , faute d'une chaleur assez soutenue.
Deuxième espèce. — Le Buffle du Cap , Bos cafer^ Spar-
mann, Schreber, Saeugth, pi. 3oi. Dans les terres des
environs du Cap de Bonne-Espérance et dans la Cafrerie,
il existe une espèce de buffles dont le corps est plus gros,
plus massif que celui du buffle' ordinaire. Les jambes sont
plus courtes et plus épaisses ; le fanon est plus apparent :
les cornes sont fort singulières, tanl dans leurs formes qu'i
saa B O E
dans leur position ; leurs liases sont larges de treize pOuccs /
et ne sont qu à un pouce 1 une de 1 autre ; elles forment
ainsi à Tintervalle qui les sépare, un espace triangulaire,
étroit, dégarni de poil, et dont la partie la plus large est en
bas. En les mesurant dans cette cannelure, elles s'élèvent
4ans une forme sphérique , à la hauteur de trois pouces tout
au plus. Elles s étendent aussi latéralement sur une grande
pariie de la tête ; c'est-à-dire, depuis la nuque jusqu'à trois
pouces et demi de distance des yeux ; de là , se recourbant
en bas des deux côtés du cou , et devenant par degrés plus
cylindriques, chacunes délies forme un arc , dont la partie
convexe est vers la terre , et la partie concave en dessus.
La distance d'une pointe des cornes à l'autre est ordinaire-
ment de plus de cinq pieds. Elles sont noires et très-ra-
boteuses à leur base.
Ces biiflles du Cap de Bonne-Espérance sont très-nom-
breux dans la partie tnéridionale de l'Afrique; ils s étendent
jusqu'en Guinée. Ces animaux se tiennent ordinairement
dans les forêts; on les rencontre quelquefois en grandes
troupes, elle chasseur qui vent les attaquer, doit agir de
beaucoup de précautions ; souvent il en est poursuivi. Le
moyen le plus sûr de leur échapper, c'est de monter quel-
que colline; alors le buffle, retardé par le poids de sa masse,
n'est plus en état de courir aussi vite que le cheval ; mais
aussi, en descendant, il court beaucoup plus vile que lui.
Malheur au voyageur qui le rencontre dans les sentiers
étroits qu'il s'est lui-même frayés et hattus, et que, par cette
raison, l'on appelle chemin de buffle. Il le renverse, le
foule sous ses pieds , le froisse de ses genoux , le déchire
de ses cornes et de ses dents, et le dépouille de sa peau, à
force de le lécher. Le cuir des animaux de cette espèce est
à très-peu près aussi fort et aussi épais que celui du»rhino-
çéros. Les colons du Cap de Bonne-Espérance, le préfèrent
à tout autre pour faire des traits et des harnois. Un attribut
fort extraordinaire qui lui est particulier, c est que ses dents
sont si peu solidement implantées dans leurs alvéoles, que,
pendant toute la durée de la vie de l'animal, elles branlent
çt se froissent avec bruit, (desm.)
Trulsiètne espèce. — Le BuFFLE À QUEUE DE CREVAT
ou
Y.\€, Bas grn/miens , Schreber, Saeuth, pi. 299. — Turner,
Voyage au Thibet , Allas , pi. Vache de Tartarie , vache
grognante , etc.
lj>uoique , de temps immémorial , cette espèce de quadru-
pède soit soumise à la domesticité, et élevée en troupeaux
considérables dans quelques contrées de l'Asie, elle e«t a
. B O E . 5=9
peine connue en Europe. J. G. Gmelln est le premier na-
turaliste qui ait décrit la femelle dans les Nouoeaux Commen-
laires de l'Académie de Pélersbuurg ; mais la description qu'il
en a donnée est tellement incomplète , que Buffon a cm
qu'elle appartenoit à une espèce bien connue , et qu'il a
pris \^ vache de Tarlarie ou vache grognante de Gmelin, pour
la femelle de son hison , qui ne paroît pas différer spécifique-
ment de l'aurochs. Pallas eut depuis occasion d'observer
plusieurs yaks nourris à Irkoutzh, et il les désigna sous la
dénomination composée , mais assez juste, de buffle à queue
de cheval. M. Samuel Turner ( Ambassade au 1 hihet et au
Boulan ) les nomme bœufs du Thibet à queue touffue^ Dans la
langue du Thibet, les màlcs s'appellent jo/c , et les femelles
dhé; chez les Indous,. ils sont désignés par le mot souragoï ;
chez les Calmouques, par celui de sarlouck; et chez les Chi-
nois , par l'expression si-nijou ., c'est-à-dire, bœuf qui se
lave.
Il est de la taille du taureau commun ; sa tête est courte ,
son mufle arqué, son front proéminent, et couvert d'une
touffe de poil grossier et crépu ; ses narines sont obliques et
presque transversales , ses lèvres épaisses et pendantes ,
ses yeux très-gros, ses oreilles peu longues et dirigées ho-
rizontalement en arrière, ses cornes rondes, bien unies ,
se terminant en pointe fort aiguë, et manquant dans quel-
ques individus. Kntre les épaules s'élève une bosse fjui ne
paroît considérable que parce qu'elle est recouverte d'un
poil plus long et plus épais que celui du dos. Le cou est
court, et il décrit en dessus une ligne presque aussi courbe
<ju'en d<j^sous; les épaules sont hautes et arrondies; la croupe
est basse, et les jambes sont très-courtes. Les épaules , les
r^ins et la croupe sont couverts d'une sorte de laine épaisse
et douce; mais l/cs flancs et le dessous du corps fournissent
des poils très- droits qui descendent jusqu'au jarret de l'a-
nimal et quelquefois jusqu'à terre. Du milieu de la poitrine
sort une grosse touffe de poils qui pendent jusqu'à mi-jambes,
et forment sous le cou une sorte de longue barbe. Mais lat-
Iribut le plus remarquable de cette espèce de bœuf, est la
queue, dont le tronçon n'est visible qu'à sa base, et qui
est garnie dun bouta l'autre d'un poil très-long, très-luisant,
et si touffu , qu'on croiroit qu'il y a été attaché par artifice.
La couleur de ces animaux varie, comme dans toutes les
espèces domestiques. Les noirs sont les plus communs ; Ton
«n voit souvent qui ont les épaules, le milieu du dos, la.
touffe de la poitrine et la moitié des jambes, d'un beau
blanc, tandis que le reste de leur corps est d'un noir de jais.
Il y en a aussi de roux; quelques-uns ont les cornes d'un
34
53o B O E
Liane d'ivoire. D'après ce que Gmelin rapporte de cette
espèce , elle présente encore des variétés de grandeur. La
race la plus grande est connue sous le nom de f;ha'inouk parmi
les Mongoux et les Calmouques. Les veaux , eu naissant , ont
le poil crépu, rude et semblable à la toison d'un chien barbet,
A trois mois, il leur vient de longs poils à la barbe, à la
queue et sous le corps.
Les yaks paroissent fort gros; mais cette apparence vient
de l'énorme quantité de poils dont ils sont revêtus. L'enco-
lure des mâles est beaucoup plus forte que celle des femelles;
ils ont le regard sombre et farouche , le naturel défiant et
très-irascible. L'approche d'un étranger, une couleur écla-
tante sur les vêtemens , les rendent furieux; ils secouent leur
corps , relèvent et agitent la queue, et lancent des regards
menaçans. Leurs mouvemens sont brusques, et ils courent
avec assez de vitesse. Leur cri n'est point un mugissement
comme celui du bœuf, c'est une sorte de grognement assez
semblable à celui du cochon, mais grave et monotone, que
l'on entend à peine , et qui n'a guère lieu que lorsqu'ils sont
inquiets ou irrités. Quand ces animaux se couchent, ilsploient
les genoux, et se jettent rudement du train de derrière sur
le coté gauche. Ils n'aiment point à rester exposés à la
grande chaleur, et ils l'évitent en cherchant l'ombre et se
vautrant dans les mares qui sont à leur portée , et dans les-
quelles ils restent des heures entières , comme les buffles. Ils
sont aussi bons nageurs que les buffles, et lorsqu'ils sortent
de Teau , ils se frottent et se secouent à plusieurs reprises.
Les mâles approchent des femelles la tête avancée, la bouche
béante et la queue relevée ; mais ils sont lourds ^ lents à
s'accoupler.
Ces animaux font la richesse de plusieurs peuples de l'Asie^
comme les Mongoux, les Calmouques des monts Altaïques,
les diverses tribus de Douktas qui habitent sous des tentes ,
aux confms du Thibet et du Boutan, etc. Les yaks ne servent
point à la culture des terres; mais ce sont d'excellentes bêtes
de somme, qui peuvent porter de très-lourds fardeaux, et qui
ont le pied très-sûlr. Les femelles donnent une grande quan-
tité de lait, avec lequel on fait un beurre fort bon qui se trans-
porte dans toute la Tartarie. Les Tartares mettent ce beurre
dans des sacs de peau impénétrables à l'air, et le conservent
ainsi dans leurs froides montagnes pendant des années en-
tières sans qu'il se gâte. Ils le chargent sur le dos de leurs
yaks, et le transportent aux marchés. Ils emploient le poil
des yaks à la fabrication des tentes et des cordes , et la
peau à faire des casaques, ainsi que des bonnets. Les houpes
des bonnets d'été des Chinois sont de crin blanc d'yak, teint
B O E 53i
en beau rouge. Mais le long poil de la queue de ces animaux,
qui joint à la finesse et au lustre de la plus belle soie, la roi-
deur élasli^e du crin de cheval, est ce qu'il y a de plus pré-
cieux dans leur dépouille. Les Orientaux anachent un ^rand
prix à ces queues; celles dont la longueur est au-dessus d'une
aune, sont les plus estimées. Elles forment les étendards
communs aux Persans et aux Turcs, et que nous nommons
improprement ^M«M^5 de cheoal. L'on en pare, dans l'Inde, la
tête des chevaux et des éléphans, et l'on en fait des chasse-
mouches.
Dans l'état de liberté, les yaks habitent les montagnes du
Thibet. La partie de cette contrée qu'ils préfèrent, est la
chaîne située entre le ay.'^ et le 28.^ degré de latitude, qui sé-
pare le Thibet duBoutan, et dont les sommets sont presque
toujours couverts de neige.
Il n'est point d'espèce qui paroisse plus intéressante,
et en même temps plus facile à acquérir pour l'Europe, que
celle de l'yak. Assujetlle de longue main à l'obéissance , elle
est toute préparée à nous rendre les services que plusieurs
nations de l'Asie en retirent, soit pour le transport des far-
deaux, surtout dans les pays de montagnes, soit par l'abon^s
dance du lait qu'elle fournit^ soit par la beauté de sa toison ,
dont nos arts tireroient sans doute un parti avantageux. Les
contrées du nord de la France, montueuses , boisées et ra-
fraîchies par des amas d'eau , seroient les plus convenables à
l'acclimatement et à la multiplication des yaks. Un de ces ani-
maux, envoyé du Thibet à M. Hastings par M. Turner, et
transporté du Bengale en Angleterre , s'accoutuma bientôt
au climat de ce dernier pays ; et quoiqu'il eût été fort mal-
traité pendant la traversée , il reprit bientôt ses forces et sa
vigueur. On lui a fait couvrir plusieurs vaches communes, qui
ont produit des métis, (s.)
Quatrième Espèce. — Le BiSOls d' AMÉRIQUE, Bos Americamis ,
Gmel. Buffon, supplément, t. 3, pi. 5. — Le Buffalo des Anglo-
Américains,
C'est un animal particulier à l'Amérique méridionale, et
qu'il ne faut pas confondre avec le bison d'Europe, que Buf-
fon considère comme étant le bonasus des Latins et le même
animal que l'aurochs. L'existence de ce bison d'Europe n'est
rien moins que constatée , et nous voyons avec Buffon , dans
cet animal, une variété tout au plus dans l'espèce de VaurocJis.
Mais on ne sauroit partager l'opinion de ce célèbre natura-
liste, quanta l'identité d'espèce qu'il croit encore reconnoître
entre Vaurochs , le bison d'Europe et le bison d' Amèique.
Celui-ci çoûSUtue une espèce bien dljsùncte, caractériséç
532 B O E .
par la très-forte loupe qu'il porte sur ses épaules ; sa taille in-
termédiaire entre celle de l'aurochs et celle du bœ||f; son poil,
qui est noirâtre, touffu, laineux et onde, plus abondant sur
le poitrail , les épaules, la tête , où il forme une houpe com-
parable à la calotte de laine qu'on remarque sur la tête des
moutons de race espagnole; sa barbe qui pend sous son men-
ton; la foiblesse de son train de derrière qui n'est re-
couvert, aussi bien que la croupe et les flancs, que d'un poil
ras ; la brièveté de sa queue et la forme de ses cornes qui
sont petites, courtes et placées latéralement comme celles du
buffle.
En hiver, toutes les parties du corps sont également cou-
vertes d'une laine frisée, très-fine et très-serrée, sans la-
quelle la peau paroît d'un binjn couleur de suie; au lieu que
sur la bosse et sur les autres parties également couvertes d'une
laine plus longue , la peau est de couleur tannée : cette bosse
ou loupe, qui est toute de chair, varie comme l'embonpoint
de l'animal.
Ces bisons n'habitent que la partie septentrionale de l'A-
mérique, jusqu'à laVirginie, la Floride, le pays des Illinois,
la Louisiane, etc. Quoique Hernandès les ail appelés te/r^«?/a;
du Mexique ^ ils ne se trouvent pas au Mexique , et n'ont ja-
mais passé l'isthme de Panama.
Des troupeaux considérables de bisons errent en liberté
dans le nord de l'Amérique; les bords de l'Ohio, depuis le
Gren-Rivier jusqu'au Mississipi, en étoient peuplés; leur
nombre y étoit si considérable, qu'on les rencontroit par
bandes de cent cinquante à deux cents. Les chasseurs dont
l'approche ne les efi'arouchoit pas , les tuoient quelquefois
uniquement pour avoir la langue et le suif, et ils abandon-
noient l'animal aux bêtes carnassières. Mais depuis quelque
temps, les bisons se sont retirés presque tous sur la rive
droite du Mississipi encore inhabitée, jusqu'à ce que les
hommes viennent encore les en chasser, et peu à peu les dé-
truire totalement.
Ces animaux aiment la société ;.ils sont dociles, alertes et
d'une force surprenante; leur chair donne un excellent ali-
ment ; leurs cornes, qui sont solides et noires comme du
jayet, fournissent ime matière susceptible de prendre le plus
beau poli ; elles sont propres à faire toutes sortes d'ouvrages
d'utilité et d'agrément.
Dans les vastes plaines humides de l'Amérique, oii ces
animaux sont encore nombreux , ils se nourrissent de»grands
rose"aux , de pois sauvages , etc. , et ils aiment à lécher la
terre imprégnée de sel. Si l'on tue une femelle qui soit accom-
pagnée de son petit , celui-ci ne quitte point les lambeaux du
B O E • 533
cadavre de sa mère , dont le chasseur charge son cheval, et
les suit. L'on a vu un chasseur arriver ainsi à la ville de Cin-
cinnati, suivi de trois jeunes bisons que sa main cruelle avoit
privés de leur mère.
A quatre ans, les bisons pèsent de douze à quatorze cents
livres. Leur force est beaucoup plus grandfque celle du bœuf,
et l'agriculture s'enrichiroit de l'acquisition de cette espèce.
Les bisom d'Amérique produisent avec les taureaux, et les
vQches d'Europe. Leijf bosse diminue dès la.première géné-
ration , et disparoît à la secon<}e ou à la troisième.
Leur loupe et leur langue sont des mets très-délicats et re-
cherchés ; leur laine s'emploie à différens usages ; leur cuir
est épais et fort, etc. (des3I.)
Cinquième Espèce. — L'AuROClIS , Bos unis férus , (imeL
Urus ou bison des anciens; Bœuf sauvas;e Ae Pologne, Suor
ou Zubr des Polonais ; Bonasus d'Aristote , ou Bœuf de
Pœonie.
C'est le plus fort de tous les bœufs, et même , selon
M. Cuvier , le plus grand des quadrupèdes après le rhinocé-
ros et léléphant. Sa longueur, mesurée depuis le bout du
mufle jusqu'à la naissance de la queue , n'est pas moindre
de dix pieds et quelques pouces; le tronçon de la queue a
deux pieds ; un bouquet de poils de seize pouces la termine.
' La hauteur du train de devant est de sis: pieds ; celle du train
de derrière est la même , à cause de la plus grande longueur
des jambes postérieures. Les cornes n'ont qu'un pied de lon-
gueur. Sous la gorge jusqu'au poitrail , le crin forme une
barbe pendante de plus d'un pied de long. Tout lavant-train
jusqu'aux épaules est hérissé de longs poils , doux et laineux
près de la peau , mais durs et grossiers à l'extérieur ; ces
poils sont bruns ; le tronc depuis les épaules , de même que
les quatre jambes , sont garnis d'un poil fort court et lisse ,
d'un brun noirâtre. Le mude et le tour des yeux sont nus. La
femelle a le poil de devant plus court , la tête moins grosse ,
le corps moins robuste et la barbe de dessous le cou moins
longue , quoiqu'elle paroisse d'autant plus grande , que le
reste de l' avant-train est moins hérissé.
Cette espèce d'aurochs ou de l^œufs sauvages de l'ancien
continent, est beaucoup moins nombreuse et moins répan-
due qu'elle ne létoit autrefois. On ne la trouve guère
actuellement qu'en Moscovie, dans quelques parties des
raonts Crapaks , et peut-être dans le Caucase. Les aurochs ,
qui vivoient en Prusse , en Livonie , en Hongrie et dans les
vastes forêts de la Lilhuanie , ont péri pendant les dernières
guerres qui ont ravagé ces contrées. Ils ont quelque chose
534 • B O E
tVliorrible tlaiis la physionomie , cl leur force égale leur fé-
rocité.
L'on a souvent vu en Prusse des combats de ces animaux
contre des ours, àes sangliers , des chiens ; et le docteur Ro-
bert Townsoii vit encore, en i/gB, un aurochs privé , qui
servoit k Vienne pour les combats des animaux. « Il entra ,
« dit le voyageur anglais , dans Tarène avec dignité , mais
<f avec l'air calme ; on lui lâcha environ huit à dix chiens ; il
« lie bougea point de sa place; il baissf>it son mufle à terre »
« et, avec ses courtes cornes, il se débarrassoit facilement
« de tous ses adversaires , ahattant d'un coup de pied ceux
« qui l'attaquoient par derrière. Il étoit majestueux, mais
« point féroce. On l'avoit pris très-jeune dans la Pologne,
« et il ctoit tout-à-fait apprivoisé. » ( Voy. en Hongrie , etc.
traduct. franc., tom. i, pag. 22.)
En Ecosse, il subsiste encore dafts les parcs de plusieurs
seigneurs , une race de bœufs blancs , avec les oreilles et
le museau noirs ; leur grandeur est celle d'un bœuf com-
mun , de mov'tnne taille ; mais ils ont les jambes plus
longues et les cornes plus belles ; les mâles pèsent environ
cinq cent trente livres, et les femelles près de quatre cents.
On a regardé ces animaux comme des bisons d' Amérique
qui auroientperdu, par la durée de leur domesticité, les lon^s
poils qu'ils portoient autrefois, et qui, par-là, seroient deve-
nus différens de tous les bisons connus. '
Ils sont excessivement farouches, et même féroces. On est
obligé de les tuer à coups de fusil; ils s'accouplent entre
eux , etc.
M. Cuvier ( Ménagerie du Muséum) ne voit dans ces
bœufs d'Ecosse , qui sont sans bosses , qu'une simple
variété de V aurochs.
On est fort peu instruit des habitudes naturelles des
aurochs; aucun auteur , que je sache , n'en a parlé , et
Ton est réduit à juger de leurs mœurs par celles des bisons
d'Amérique , qui ont été mieux observées. Le long poil de
l'aurochs n'est propre à rien , au lieu que le poil ou la laine
du bison s'emploie utilement à différens usages. Du temps
de \égèce, qui vivoit sons l'empereur Valentinien , les PiO-
niains se servoient d'une sorte de trompette qu'ils faisoient
avec la corne de l'urus ou atirochs. Cette coi ne , garnie d'ar-
gent à son embouchure, donnoif, dit cet auteur, un son
aussi distinct et aussi éclatant que celui de toute autre trom-
pette.
L'animal que Buffon regarde comme étant le bison de
^an(■i^n continent, ne semble être que l'aurochs dans un âge
avancé , et lorsque la saillie du garrot devenant plus considé
B O E 535
raLle, a quelque ressemblance avec la loupe graisseuse qu'on
observe constamment sur le garrot du bison d'Amérique.
L'aurochs a été regardé pendant long -temps comme la
souche de nos bœufs domestiques ; mais il en diffère émi-
n^nmenl, non-seulement par des caractères extérieurs, mais
encore par des caractères anatomiques, tirés de la forme du
front et du nombre des côtes, (s. et desm.)
Sixième Espèce. — Le Bœuf DOMESTIQUE, Bos taunis domes-
ûcus , Linn. ; Buff. , tom. 4-, pi- i4- Celte espèce a été long-
temps regardée comme ayant pour souche ou race primitive ,
ï aurochs , qui, ainsi que Ta prouvé M. Cuvier , appartient à
une espèce bien distincte. Le bœuf diffère principalement de
Vaurochs , par son front plat , plus long que large , au lieu
d'être plus large que long ; par la crête transversale du crâne,
qui est placée en arrière des cornes ,. tandis qu elle les joint
dans le bœuf; par le nombre de côtes, dont le bœuf n'a que
treize paires , tandis que Taurochs en présente quatorze ; enfm
par la taille , beaucoup plus considérable dans ce dernier.
Ces caractères , purement anatomiques , sont les seuls
qu'on puisse faire valoir pour séparer ces animaux ; car le
bœuf, dans l'état de domesticité , n'a point de caractères
constans. Ses formes varient tellement, que différentes
races de l'Inde ont tout au plus deux cents livres en poids ,
tandis que d'autres de nos contrées pèsent constamment entre
mille et douze cents livres. Les cornes, courbées et dirigées
de diverses manières, sont tantôt très-longues et très-fortes,
et d'autres fois comme rudimentaires ; les axes osseux qui
doivent les supporter, subissent les mêmes variations : dans
quelques bœufs, ce sont de grands prolongemens de l'os fron-
tal ; dans d'autres, ce sont de simples tubercules. Quelque-
fois même, les cornes ne tiennent qu'à la peau et sont mobiles
avec elle. La couleur ne peut non plus fournir un caractère
susceptible d'être recueilli : les bœufs , sous ce point de vue ,
varientcomme tous les animaux domestiques. Enfm, parmi les
bœufs, on en distingue quelques races qui ont des loupes grals-
.seuses au garrot, tantôt deux, tantôt une seule, tomme le bison
d'Amérique , lorsque le plus grand nombe en est dépouurvu.
Ce que nous appelons museau dans la plupart des autres .
mammifères, se nomme mufle dans les bœufs ; il est large et
épais ; leurs mâchoires ont chacune douze dents molaires ,
six de chaque côté ; il n'y a point de dents canines , et la mâ-
choire Inférieure seulement a huit dents Incisives , dont celles
du milieu , plus grandes que les autres , sont minces et tran-
chantes. De grosses éminences couvrent les yeux; les oreilles
sont basses cl dans une dircclinn liorlzonlale ; le front , vasle
53G B O E
et plat, est garni d'un poil crépu, et porte un épi à son mi-
lieu. Le rou es\ gros et court, he fanon pend sous le cou et
descend jusqu'aux genoux, entre les jambes de devant. Le
corps est massif, et les jambes sont courtes, si on les compare
à la grosseur du corps; chacune a deux ergots, et les pie<ls o»t
leurs dernières phalanges enveloppées de deux ongles formés
de la même malière de corne , mais moins épaisse et moins
dure que celle du cheval. On voit aux pieds une couronne de
poil semblable à celle qui est au bas du paturon du cheval. La
croupe n'est point arrondie ; les hanches sont plates, larges,
et terminées par de grosses élévations.
On distingue quatre estomacs dans le bœuf. Le premier ,
et le plus ample de tous, s'appelle le rumen, \<i panse, Vherhier,
ou la double; il est tapissé par une membrane brune el mince.
Le réseau ou le bonnet ii'ust, à proprement parler, que la con-
tinuation de la panse ou du premier estomac. Son nom de ré-
seau lui vient des cloisons minces et cannelées qui s'y croisent
en tous sens comme un réseau ; elles sont recouvertes par
une membrane déliée et brune , comme celle de la panse. Une
gouttière, que l'on regarde comme une continuation de l'œso-
phage , et qui est susceptible de contraction , s'étend sur la
partie interne et supérieure du réseau ou bonnet jasqu a l'ori-
fice du troisième estomac. Celui-ci se nomnwfeui7/el, et quel-
quefois mellier ou pseautier; sa capacité , plus grande que celle
du réseau, est divisée par des lames de différentes longueurs
et largeurs en forme de croissant, que l'on a comparées aux
feuillets d'un livre. Enfin le quatrième ou le véritable estomac,
appelé caillette, et quelquefois //Y/72f/<^-mM//e^ a aussi dans son
intérieur des replis sinueux et de grandeur inégale , mais en
moindre quantité , moins saillans et moins fermes que ceux
du feuillet; une membrane veloutée en revêt toute la capacité,
qu'humecte une liqueur onctueuse qui suinte de toutes ses
parties. j
Le canalintestlnal est d'une longueur considérable ; le colon
et le cœcum ont surtout une grande capacité. Le foie est parta-
gé en trois lobes , deuk grands et un petit, tous de couleur
noirâtre. Une longue poche forme la vésicule , qui contient
beaucoup de fiel d'un jaune foncé ; trois lobes composent le
poumon droit, et deux seulement le poumon gauche. Les deux
exlréinllés de 1^ raie soni arrondies et à peu près égales ; grise
à l'exiérleur, elle est intérieurement d'un rouge noirâtre.
La langue du bœuf est toute hérissée de petits crochets plus
ou moins ferrnes* pointus , dirigés en arrière , et qui la ren-
dent très-rude. La verge du taureau est aplatie sur sa lon-
gueur; les testicules sont ovoïdes , et la vessie a une forme
ovale. Cet animal a quatre mamelons correspondans aux ma-
B O E 5.17
mellcs de la vache. Celle-ci a la vessie presque ronde , le
clitoris peu saillant , la matrice peu ample, arrondie à sou
orifice et assez large à son col. Ses pis ou mamelons sont au
nombre de quatre. Quelques vaches ontun cinquième et même
un sixième mamelon ; mais ces parties surabondantes sont
inutiles, et elles n'ont ni conduit ni ouverture,
11 paroît que la couleur naturelle à l'espèce du bœuf est
la fauve ; c'est encore la plus commune parmi les boeufs
domestiques; mais elle apris différentesnuaocesplusoumoins
vives ; il y a des bœufs rouges et bais ; il y en a aussi de noirs ,
de bruns, de blancs, de gris , de pommelés et de pies.
Les végétaux forment le fond de la subsistance des bœufs ;
ces animaux mangent vite, et prennent en assez peu de temps
toute la nourriture qu'il leur faut; après quoi iis cessent de
manger , et se couchent pour ruminer et digérer à loisir. (^V.
à l'article P\UMI1SATI0n, lé mécanisme de celle opération. )
Ils se couchent ordinairement sur le coté gauche , et le rein
ou rognon de ce côté gauche est toujours plus gros et plus
chargé de graisse que le rognon du côté droit. Us dorment
peu et d un sommail court et léger; ils se réveillent au
moindre bruit. De même que les chevaux , ils boivent en hu-
mant l'eau.
On appelle mugissemenila. voix de ces animaux. Ces mugis-
semens sont plus forts dans les mâles entiers , ou taureaiuK,
que dans les autres individus de l'espèce. « Le taureaft ne mu-
git que d'amour ; la vache mugit plus souvent de peur et d'hor-
reur que d'amour , et le veau mugit de douleur , de besoin
de nourriture et de désir de sa mère. » Buffon.
Dans nos climats , la chaleur de la vache commence au
printemps ; mais elle n'a point d'époque constante , et l'on
voit des vaches dont la chaleur tardive n'a lieu qu'en juillet.
Toutes sont en état de produire à l'âge de dix-huit mois , au
lieu que le taureau ne peut guère engendrer qu'à deux ans. La
violence de leurs désirs est extrême au temps de la chaleur ;
alors leurs mugissemensrépétésannoncentles feux de l'amour
allumés dansleur sein. La femelle saute sur les autres femelles,
.sur les bœufs et même sur les taureaux ; sa vulve est gonflée
et proéminente-, les mâles se battent avec fureur; le vain-
queur devient aussi l'amant heureux ; il saillit avec pétulance
la femelle , obj;.'t de combats entre des rivaux et prix de la
victoire ; il la presse avec ardeur, et , par l'impétuosité de ses
mouvemens, la force de plier sous le poids de son corps. Dès
que la vache est pleine , le taureau refuse de la couvrir , et
elle cesse presque toujours elle-même de le rechercher. Elle
porte neuf mois, et met bas au commencement du dixième.
La plus grande force des bœufs est de cinq à neuf ans , et
538 B O E
les iaureaux, comme les vaches, vivent communément quinze
années. On reconnnoît l'âge des bœufs par les dents et les
cornes. Les premières dénis de devant tombent à dix mois ,
et sont remplacées par d'autres , qui sont moins blanches et
plus larges ; à seize mois les dents voisines de celles du milieu
tombent, et sont aussi remplacées par d autres, et à trois ans
toutes les dents incisives sont renouvelées ; elles sont alors
égales, longues et assez blanches; à mesure que le bœuf avance
en âge , elles s'usent et deviennent inégales et noires. Les
cornes du bœuf croissent tant que l'animal vit ; on y distingue
aisément des bourrelets ou nœuds annulaires qui indiquent
les années de croissance, et par lesquels l'âge se peut compter
en prenant pour trois ans la pointe de la corne jusqu'au pre-
mier nœud , et pour un an de plus chacun des intervalles
entre les autres nœuds. Du reste , les cornes du bœuf, dont la
couleur est ordinairement livide ou noirâtre , sont perma-
nentes ; elles ne tombent jamais, et si elles se cassent par
quelque accident , ou tombent à la suite d'urte tumeur sur-
venue à leur racine , elles ne croissent jamais plus. Elles ne
sont point remplacées par d'autres, comme plusieurs natu-
ralistes l'ont écrit; mais, ainsi que l'a observé Forster, à l'âge
de trois ans, une lame très-mince se sépare de la corne.;
cette lame , qui n'a pas plus d'épaisseur qu'une feuille de bon
papier commun , se gerce flans toute sa longueur, et , au
moindre frollement , elle tombe ; mais la corne subsiste, ne
tombe pas en entier, et n'est pas remplacée par une autre :
c'est une simple exfoliation , d'où se forme cette espèce de
bourrelet qui se trouve depuis 1 âge de trois ans au bas des
cornes des taureaux^ des buciifs et des varhes; et chaque année
suivante un nouveau bourrelet est produit par l'accroissement
et l'addition d'une nouvelle lame conique de corne, formée
dans lintérieur de la corne, immédiatement sur l'os qu'elle
enveK>ppe , et qui pousse le cône corné de trois ans , un peu
plus avant. Le premier bourrelet formé , les lames intérieu-
res suivent dannée en année , et poussent toujours la corne
triennale encore plus en avant.
Les bœufs aiment à frotter leurs cornes sur les corps durs,
et c'est sans doute en se frottant ainsi qu'ils font tomber la
petite lame de corne qui se détache à l'âge de trois ans.
Il se trouve des bœufs dont les cornes adhèrent seulement
à la peau. Aristote (H/si. animal.., lib. 3, cap. g) assure
qu'il existe en Phrygie et ailleurs des bœufs qui remuent
les cornes comme leurs oreilles. jf\Elien (lib. 2, cap.
20 ) dit la même chose des bœufs érylhréens. L'on voit
encore dans l'Inde de5 bœufs qui ont des cornes foibles , ou
même pendantes, et ne tenant qu'au cuir; cle sorte qu'elles
B O E 539
tombent au bout de quelque temps, soit naturellement , soit
par art, pour ne plus repousser. M. d'Azara(H/V. nat. des
Quadrupèdes du Faragiiay) a observé au Paraguay quelques
taureaux à cornes pelites, attachées uniquement à la peau, et
tombantes, en sorte qu elles remuent lorsque Tanimal mar-
che, comme si elles avoient été arrachées; elles croissent
quelquefois et se fixent , avec les années , par leur racine ,
jusqu'à acquérir assez de force pour faire entrer leur pointe,
tournée en dedans, comme les cornes de certains béliers^ dans
les mâchoires du taureau.
Les cornes des bœufs sont pour ces animaux des armes puis-
santes et redoutables; lorsqu'ils veulent en faire usage, ils
baissent la tête , présentent à leurs adversaires la pointe de
leurs cornes, le déchirent, et, s'il n'est pas de trop grande
taille , le lancent en l'air après l'avoir percé. Les bœufs don-
nent aussi de violens coups de pied. Ces animaux ont une
grande force dans la tête et dans les épaules; ils sont coura-
geux, et leur colère est furieuse. Parmi les taureaux domes-
tiques , il en est quelques-uns qui ne laissent pas d'être à
craindre. Si un loup vient à rôder autour d'un troupeau de
3;«r/?f5 paissant dans quelque lieu écarté, elles forment une
enceinte , au-dedans de laquelle se tiennent les veaux et les
jeunes. dont la tête n'est point encore armée; l'animal féroce
n'ose approcher de ce rempart hérissé de cornes , et s'il ne
s'éloigne pas , on voit souvent un taureau sortir des rangs, lui
donner la chasse, et le poursuivre long-temps. Quoique mas-
sifs , les bœufs courent assez vite ; ils nagent aussi, mais moins
bien que les bulles. Leur naturel grossier ne les empêche pas
d'être susceptibles d'une sorte d'attachement ; ils reconnois-
sent très-bien l'habitation où on les nourrit, et les personnes
qui en prennent soin.
Ces animaux sont fort sujets à se lécher; ils enlèvent leur
poil avec la langue , et l'avalent en grande quantité. Ce poil
forme dans leur panse ou premier estomac, des pelotes
rondes , que l'on a appelées égagropiles; elles se revêtent
avec le temps d'une croiite brune assez solide , qui n'est ce-
pendant qu'un mucilage épaissi, mais qui, par le frottement et
la coction, devient dur el luisant. Comme l'on croit que ces
égagropiles empêchent les bœufs d'engraisser, on laisse aux en-
droits de leur corps où ils peuvent atteindre , la fiente qui
s'y aitache quand ils sont couchés. Mais ce remède est assu-
rément plus nuisible que le mal. Cette couche de fiente des-
séchée arrêtant la transpiration , peut devenir très-préjudi-
ciable aux animaux , et le vrai moyen de les empêcher de se
lécher, est de les entretenir irès-proprcs, parce qu'alors Us
n'éprouvent plus de démangeaisons.
5^0 B O E
Les variétés ou les races de l'espèce du bœuf sont nom-
breuses; on peut les partager en deux sections principales :
i.° Les unes n'ont point de bosses sur le garrot, ce sont
principalement nos races européennes. Nous nous réservons
d'en détailler les cariicières en traitant du Ac««/sous le rapport
de l'économie rurale ;
2." Les autres sont généralement petites , et portent une
ou deux loupes gmisseuses sur le garrot. Elles sont toutes
de rinde ou de l'Afrique méridionale, cl sont connues sous
le nom de Zébu (^Bos tatirus indïcus), Linn.
On ne sauroit donner de ces zébus une idée plus juste ,
qu'en disant que ce sont de vrais bœufs en miniature. Cepen-
dant tous les animaux de celle race n'ont pas la même
stature ; il y en a d'aussi grands que des bœufs , ce sont
les plus rares ; et entre cette grande variété et la plus petite ,
qui est la plus nombreuse , il existe encore une troisième
race intermédiaire : ces trois variétés semblent appartenir
à des contrées différentes. Elles portent toules trois , sur les
épaules , une bosse ou 'loupe entièrement cliarnue , qui est
du double plus grosse sur le mâle que sur la femelle ; leur
corps est trapu, et leur croupe mal conformée.
Los couleurs du poil ne sont pas les mêmies sur tous les
individus : l'on en voit de fauves , de roux , de noirâtres ,
de bleu d'ardoise, de pies, etc. Quelques-uns ont les cornes
noires ; mais le plus grand nombre les a de la même couleur
que les cornes de nos bœufs. Parmi les animaux vivans de la
ménagerie du Muséum, l'on a vumi zébu femelle de la petite
race , qui avoit été amené en France par les ambassadeurs
de Typoo-Saïb. Sa grosseur ctsahauteurne surpassoientguère
celles d'un dogue de forte race , et satêten'étoit armée que de
rudimens de cornes; son poil étoit couleur d'ardoise , <à l'ex-
ception du d<îssous du corps qui étoit d'un blanc sale ; cet
animal étoit fort doux et en même temps fort gras. Il y avoit
res années dernières dans la même ménagerie une autre fe-
melle zéfju., mais de la grande variété ; elle avoit aussi la poi-
trine , le ventre et la face interne des jambes d'un blanc sale ,
et le corps bleu ardoisé , mais rayé de noirâtre ; ses cornes
éloient d'un assez beau noir.
A Surate on connoît des zébus à deux bosses.
Ces animaux sont fort communs dans l'Inde , la Perse ,
l'Arabie , les parties méridionales de l'Afrique ; Us y pgrtcnt
les noms de dani et de lumpt. Quoique massifs , les zébus sau-
vages courent avec beaucoup de vitesse ; aucun animal ne
peut les atteindre , si ce n'est peut-être le cheml barbe. Leurs
peaux servent aux Maures à faire de belles rondacbes à l'é-
preuve des flèches : aussi sont-elles fort chères : on Icsblan-
B O F. 54»
ciiit avec du lait aigri. Aux Indes orientales , les bramines
ont pour les zébus une grande vénération ; dans ces contrées,
ainsi qu'en Afrique , on les a soumis à la domesticité. Us sont
doux et dociles, leur vgix est une sorte de grognement, et
on les emploie comme montures et comme bétes de somme.
On «lange encore leur viande , qui seroit aussi bonne que
celle de nos bœufs ^ si Ton prenoit la peine de les engraisser
avant de les tuer.
LeszffZizw, quoique originaires de pays très-chauds, peu-
vent non- seulement vivre , mais encore produire dans nos
Fays tempérés. Us se sont multipliés dans plusieurs parcs de
Angleterre ; Ton a seulement remarqué que le lait des fe-
melles qui ont mis bas, tarit beaucoup dans nos climats, en
sorte que l'on est forcé de nourrir les veaux avec d'autre lait
que celui de leur mère. (s. et desm.)
Bœufs fossiles. M. Cuvier a déterminé , parmi diffé-
rentes têtes fossiles d'animaux du genre des bœufs, qu'il .a pu
examiner, quatre espèces distinctes.
Première Espèce. — Celui-ci ne diffère presque en rien de
l'AuROCHS ; il est plus grand ^ ses dépouilles ont été rencon-
tréesdansdifférens endroits, et notamment en Europe, sur les
bords du Rhin près de Bonn, en Hollande, en Bohème, etc.,
et en Amérique septentrionale, dans la province de Ken-
tuckey. Le contour du noyau de la corne de ce dernier
avoit plus de 28 pouces de circonférence à la base.
Deuxième Espèce. — Les crânes de cette espèce paroissent
appartenir à l'espèce du bœuf ordinaire; mais ils surpassent
beaucoup en grandeur ceux de ces mêmes bœufs; seulement
les cornes , au lieu de se diriger en dehors et se recourber
plus ou moins en haut et en avant , se dirigent laussi en
deliors , mais se recourbent un peu en avant et en bas. La
circonférence du noyau de la corne est de douze pouces.
Ces crânes ne sont pas rares dans Jes tourbières de la vallée
de la Somme. On en a trouvé aussi dans des dépôts de
tourbes près de Stutigard. M. Cuvier ne doute pas que ces
bœufs n'aient appartenu à une race sauvage , très-diffé-
rente de l'aurochs , et qui a été la véritable souche de nos
bœufs domestiques ; et il rappelle que les anciens distin-
guoient en Gaule et en Germanie deux sortes de bœufs sau-
vages, Vunis et le bison. L'une d'elles, l'aurochs, n'ayant pu
être domptée , se seroit reléguée dans les forêts de la Pologne;
tandis que l'autre auroit été entièrement soumise parlhomme.
Troisième Espèce. — Les crânes fossiles de celle-ci trouvés
fréquemment en Sibérie , ont la plus grande analogie avet
542 B O K
ceux des arnis ou arne'es , grands buffles sauvages de Tînde;
remarquables par Texcessif développement de leurs cornes.
Le front est entre autres semblable à celui du buffle ; mais
la largeur de la tête est moindre ji proportion de sa lon-
gueur. Les cornes , au lieu d'être toul-à-fait dirigées en ar-
rière , reviennent un peu en avant.
Qiiatnème Esphe. — Celle-ci, aussi trouvée en Sibérie sur
les bords de FOb, a les cornes rapprochées à la base comme
celles de rOvitiOS ou Buffle musqué du Canada, à l'espèce
duquel elle pourroitbien appartenir.
Nous croyons devoir faire remarquer que tous les dé-
bris des mammifères du genre des bœufs recueillis jusqu'ici ^
l'ont été dans des terrains d'alluvion, tels que des tour-
bières et les sables des lits des rivières ou des fleuves, (desm.)
BOEUF , Bos taurus dumesficus. ( Economie rurale. ) Le
taureau est le maie de celte espèce : la femelle est connue sous
le nom de vache , et le joune s'appelle veau. Dans l'état de
nature , les mâles sont tous des taureaux ; mais nous n'en
conservons autour de nous qu'un très-petit nombre, et
seulement pour la propagation de l'espèce. Nous nmtilons
les autres, afin d'en retirer dé plus grands avantages , soit
pendant leur vie , soit après leur mort. Nous donnons le
nom de bœufs à ces individus privés de La faculté d'engen-
drer ; et comme ils couvrent nos campagnes et sont les agens
les plus actifs de notre agriculture , ainsi qu'mie des res-
sources les plus assurées de notre subsistance, nous nous
sommes accoutumés à voir en eux toute l'espèce , et leur
nom est devenu celui du genre entier.
Ici nous traiterons seulement des rapports que présentent
Les bœufs , les vaches et les veaux , avec l'économie publique
Nous renvoyons à l'article Bœuf ( Hist. nat. ) loutce qui est
relatif à l'histoire de l'espèce, considérée en général, et indé-
pendamment des soins que 1 homme prend pour la pro-
pager et Taméliorer, et des produits qu'il en retire.
Première partie. — Du Bœuf et de ses produits.
Variétés dans l'espèce du Bœuf domestique. — Une espèce
d'animaux qui a été transportée sous tous les climats, que
l'on a cherché à multiplier sur les montagnes comme dans les
plaines , dans les lieux secs comme au bord des eaux et
sur un sol humide , dans des contrées fertiles comme sur
des terres ingrates , et dont l'éducation et la nourriture ne
sont pas les mêmes dans tous les pays ; cette espèce, disons
nous, a dû éprouver des changemens remarquables, soit dans la
grandeur et quelques formes , soit dans les couleurs , golt
B O E 5|3
encore clans les qualités. Aussi peut-on dire que les variétés
du bœuf sont innombrables , et devons-nous nous borner à
ne présenter que les plus saillantes. Cependant nous pensons
qu'on nous saura gré de nous être étendu davantage au
sujet des races propres au sol de la France. Cette partie de
notre économie publique est d'un intérêt trop général, pour
ne lui pas donner quelque développement.
A commencer par la France, nous trouvons, en différens
cantons, des races plus ou moins distinctement séparées, et
que ceux qui font le commerce des bœufs savent bien re-
connoître et dénommer.
Un mémoire de M. Francourt , inséré dans la feuille du
Culli\^ateur^ 1792 , n." 71 et suivans , nous fournit les notions
suivantes sur les diverses races de bœufs de la France.
On appelle bœufs de haut cru ceux dont le cuir est plus
fort, le fanon plus considérable , et qui donnent moins de
suif; ce sont les bœufs limosins , saintongeois , angoumois ,
marcbois, bemcbons, gascons, auvergnats vulgairement ap-
pelés bourrets., bourJ)onnois , charolois, ceux du Morvan, de
la Bourgogne , etc.
On donne le nom de bœufs de nature à ceux qui ont la
propriété de s'engraisser facilement et abondamment. Cette
propriété se distingue par la blancheur et l homogénéité des
cornes , par le potelé de la tête et de toutes les parties du
corps , par la souplesse et le moelleux du poil , par la finesse
des narines et des ore^les , par la douceur du regard , etc.
Les bœufs qui appartiennent à cette classe sont les cholets ,
les nantais , les angevins, ceux de marais, les bretons,
les manceaux , les hollandais ou bœufs de pays, les cotentins,
les comtois, etc.
Bœufs Limosins , Angoumois , Saintongeois. Ces trois
races diffèrent si peu, qu'elles auront une description com-
mune. Les limosins sont les plus petits et leur nature est
la plus douce. Les saintongeois sont les plus gros et les plus
durs. Les angoumois tiennent assez le milieu à tous égar4s.
La population du limosin est plus forte à elle seule que
les deux autres. La couleur de ces trois ^sortes de bœufs est or-
dinairement blonde ou d'un rouge couleur de paille. Leur
conformation est forte , leur taille allongée. Ils ont la tête
grosse et d'une belle proportion , les cornes longuet j grosses
et pointues , quelquefois relevées également , quelquefois
descendant la pointe en bas. Les cornes basses se trouvent as-
sez fréquemment en Saintonge ; elles sont mênïe souvent re-
courbées Tune en haut et l'autre en bas, dans le même in-
dividu ( dans ce cas , on coupe une des deux pour pouvoir
les adapter au joug).
544- B 0 E
Ces bœufs ont ordinairement le fanon lâche, la queue ua
peu élevée , Tépauie épaisse ; le garrot ne la surpasse pas ;
les reins s'abaissent un peu , de manière qu'à prendre de
Tépaule à la queue , qui est , comme on l'a dit , élevée ,
on trouve sur le dos une légère courbure : cette forme est com-
mune à tous les bœufs de haut crû.
Ces trois races font beaucoup de chair; la viande est très-
couverte , mais il y a peu de suif; leur poids en viande
morte peut s'élever depuis 600 jusqu'à 85o livres ; il y a
peu de différence en plus ou en moins. A Tàge de trois
ans , ces bœufs sont employés à la culture dans le Limo-
sin , dans l'Angoumois , dans la Saintonge , le Périgord
etle Haut-Poitou. Tous les ans, chaque paire de bœufs change
de propriétaire et de canton , et enfin à l'âge de maturité ,
ils reviennent en Limosin , ou passent en Normandie pour
être engraissés.
Bœufs Marchois et Berrichons. Les marchois et les ber-
richons ayant beaucoup de rapports entre eux , auront aussi
un article conmiun. Le plus grand notnbre naît dans la
Marche , dans les parties du Berry voisines du Limosin ,
et dans le Limosin ; plus ils tiennent de cette dernière
province, plus ils sont gros. Il est remarquable que, quoi-
que la race du Limosin soit la meilleure , les laboureurs
de la Marche et du Berry préfèrent les bœufs qnî ont le
plus de rapport à la race de leur pays ; les limosins natu-
ralisés en Marche et en Berry, porteiA aussi les noms de mar-
chois et de berrichons.
Tous ces bœufs sont ordinairen^ent d'un blond pale et
sale \ leur conformation et leur taille approchent beaucoup
de celle des bœufs limosins, gasconvS et saintongeois ; cepen-
dant elle est plus courte ; iU sont aussi plus petits. Ils ont
leâ cornes grosses, longues, verdàlres et relevées en pointe,
un poil très-long, très-gros, très -dur sur le front ; 'ou
trouve souvent dans ce poil du front , plus ou moins de
blanc , occasioné par une plaque de bois qu'on leur met au
f{*'6nt lorsqu'on les atlèle. Leur poids . est ordinairement
dé' 5ôo jusqii'^ 700 livres. Les plus .petits de cette race,
qui sont employés en Touraine, pèsent communément de-
puis 356jusqû"à 55o.
Ces bœufs sont .peu recherches par les engraisseurs et
par les bouchers. Us donnent d'assez bon cuir, mais très-
4)eu de suif; on les engraisse dans le pays soit aux herbages ,
soit ,au sec, à la manière du Limosin; mais la plus grande
partie passe en Normandie pour être engraissés.
Bœufs* Gascons, i^cs bœufs sont la plus grosse race de
B O E 5^3
la classe de haut crû , il n'est pas rare qu'elle four-
nisse des bœufs d'un mille. Leur taille est beaucoup plus
longue que celle des sainlongeois , mais ils ont moins d«
ventre ; la tête et les cornes sont beaucoup plus grosses
et le cuir plus fort. Au reste , ces deux variétés se rappro-
chent le plus ; leur couleur est ordinairement d'un blanc
sale , quelquefois rendjruni par une teinte de suie qui s(i
montre le plus souvent sur la tête. Les plus beaux se con-
somment à liordeaux , les inférieurs servent aux salaisons
de la marine; quelques-uns, engraissés en Limosin, vien-^
nent à Paris.
Bœufs Auvergnats ou Bourrets. — Les auvergnats
constituent la plus précieuse race de la classe de haut ml :
leur conformation est courte et très-large. Ils ne sont pas
grands ; mais ils ont les os très-gros , le ventre descend beau-
coup, et leur forme est pesante dans toutes ses parties, lis
sont ordinairement d'un rouge vif, avec quelques taches
plus ou moins grandes de blanc, ou à la tête, ou à la queue ,
ou sur le dos. Ils ont la tête courte et large , le mufle gros ,
les conies courtes, blanches , relevées en pointe et un peu
torses.
Leur nature est très-estiraée : ils font autant et beaucoup
plus de suif que les races dont on a déjà fait mention, excepté
les Ijœufs gascotis ; leur viande est belle , compacte , bien
couverte dégraisse et d'une qualité supérieure: leur poids est
depuis cin([ cent cinquante jusqu'à huit cent cinquante livres.
Mais on observe qu à grosseur égale, ils sont beaucoup plus
pesans que les bœufs des races décrites jusqu'à présent. A
l'âge de troisans, les hourrets descendent des montagnes pour
passer dans les plaines du Haut-Poitou , où ils changent tous
les ans de propriétaires, et de là ils passent aux pâturages
delà Normandie. 11 en reste cependant une petite partie ea
Poitou, qu'on engraisse au foin aux environs de Héraïe-St.-
Maixentet de la ]Vlolte-St.-Héra"ie; ils sont connus aux mar-
ches dans la saison de Pâques , sous le nom de mottois ; c'est
une très-belle race.
Bœufs Bourbonnois. — On engraisse au sec beaucoup de
bœufs en Bourbonnois ; mais ceux qui ont pris naissance dans
ce pays sont en petit nombre , quoi<|u ils passent tous dans
les marchés sous le nom de bourbonnois. 11 y a cependant
une race de petits bœufs dans cette province, qui sont d'un
rouge vif, avec plus ou moins de blanc. Ils ont la tête et le
cou menus , les cornes longues et pointues. Ce sont les plus
petits et les moins prisés de tous les autres bœujs qui nous
viennent du Bourbonnois.
Bœufs GiiAKOLOiii. — L.CS pixufs ^charokis sont d'une très^
ni. " 35
546 B O E
belle race ; ils sont presque tous blancs comme du lait , quel-
quefois avec (les taches rouges. Quoiqu'ils appartiennent à la
classe des banfs de haut crû , Ils se rapprocln;nt ])caucoup de
celle des bœufs de nalure. On les vend à Tàge de quatre à
cinq ans; el, quoiquà cet âge ils ne puissent avoir acquis leur
accroissement el leur supériorilé, ils ont pourtant beaucoup
de qualité en viande, en cuir elensuif. Leur conformation est
courte , large et massive ; ils n'ont point cette courbure de
reins si conuuune aux bœufs de haut-crù. Quoique jeunes, ils
ont beaucoup de ventre •, la tête est d'uu€ belle proportion et
d'une nature douce ; les cornes sont courtes et fines , et ce-
pendant un peu vertes. On les engraisse aux pâturages du
pays ; mais leur nombre ne suffit pas, et on y supplée par des
bœufs duISivernois, qui en fournit une bieh plus grande quan-
tité. Tous les bœufs engraissés dans le Charolois se ven-
dent à Lyon et à Paris, à peu près à nombre égal. Leur poids
commun est depuis six cents jusqu'à huit cent cinquante livres.
11 est fâcheux qu'ils ne soient pas plus abondans et qu'ils ne
travaillent pas trois ans de plus.
Bœli s IS ivERKûis. — Les bœufs du xSivernois ont beaucoup
de ressemblance avec les buurrels ou bœufs d Auvergne ; ce-
Ïcndant leur nature est plus douce et ils sont moins massifs.
1 faut même que leur chair soit bien moins compacte , puis-
qu'àgiV)sscurégale, ilssontmoinspesans. lisse sépandeulhors
du !Nivernois, soit pour travailler , soit pour être engraissés ;
les plus beaux passent dans le Monan , et fournissent dans
les marchés de très-beaux bœufs , dont quelques-uns pèsent
de huit a neuf cents. Leur viande a beaucoup de qualité, lis
font même beaucoup de suif pour des bœufs de haut crû ;
mais leurs cuirs ne sont pas forts.
On dira peu de chose des bœufs que fournil la Bourgogne ,
parce que la race de cette province est peu estimée. Ces
bœufs sont un peu plus blonds que les ISivernois, leur na-
ture est bien plus rude cl on les garde plus vieux avant de
les engraisser. Ils font plus de cuir et moins de suif. La qua-
lité de leur \ lande est inférieure. A la couleur près , ils se
rapprochent de la race des berrichons. Ils sont petits , et le
poids des plus gros s élevé rarement à six cents livres.
Bœufs Êhollts, iSamais et Angevins, — Lts bœufs cho-
lets , nantais et angevins peuvent être considérés comme
étant de I même race, quoiqu'on dislingue dans les uns et
d^us les autres des nuances du plus ou moins de nature, qui
servent à guider le praticien, pour reconuoître en quel can-
ton a été eleve et a vécu tel ou tel individu. Le plus grand
nombre croît dans les bora.^es du Bas-Poitou. Les uns reslehl
d 'US le pa^ s où on K-s engraisse avec du foin et des choux,
au plus tard jusqu'à six ou sept ans: ceux-là sont connus sous le
B O E 547
nom de chohis; ils nourrissent plusieurs provinces depuis
Pâques jusqu'en juillet, et font dans le même ttimps la léte
de la provision de Paris.
L'autre partie passe d;uis les environs de Nantes ; c'est ce
qui leur a fait donner ie nom de nauUiis. Ils servent à cultiver
et engraisser un grand espace de terrain , qui comprend tout
le pays de P\e(z , une grande partie de la Bretagne et de
l'Anjou, et surtout les deux bords de la Loire jusqu'à Angers:
ces bœufs prennent un extérieur bien aise à distinguer de leur
race primitive. On les garde plus vieux que les cholets , et ili
ne sont pas moins estimés ; ils passent presque tous en Nor-
mandie.
On comprend encore sous le nom de nantais une race
dans I4 partie de Test de la l>reta|gne ; elle ressemble beau-
coup à celle des bœufs poitevins , imais elle est beaucoup plus
petite et a la tète plus menue. Elle sert à la culture des envi-
rons de Rennes et de Fougères , el passe enfin dans les pâtu-
rages de Noimandie.
Les angevins ressemblent aussi beaucoup aux poitevins ;
mais ils ont la nature plus dure et sont d une conformation
moins parfaite : on les emploie du côté de Saumur, Loudun
et Chinon. On les garde vieux , ce qui les rend plus difficiles
à engraisser. Ils passent aussi en Norn^andie.
" On doit dire que toutes ces race;- , malgré les différences
exposées ci-dessus ^ passent commi;mement pour une seule ,
connue sous le nom de bœufs nantiis. Ils sont gris, noirs,
bruns ou marrons. Ils ont la tête courte et large , les cornes
longues et noirâtres, c est-à-dire , quelles sont blanches
contre la léte , et se brunissent peu à peu jusqu à la pointe
qui finit par être noire. Ces bœufs ont la poitrine fort des-
cendue , quoiqu avec peu de fanon. Leur corps et toute leur
confonnation sont d une belle proportion. Ils ont Tépaule ,
les reins et le cimier sur la nîême ligne , disposition qui dif-
fère de ce qu'on observe, ainsi qiu'on l'a dit, sur les bœufs de
haut crû, et la queue est enfoncée. Cette race est extrême-
ment prisée par les engraisseurs: et parles bouchers. Elle fait
beaucoup de viande excellente «et beaucoup de suif, mais
donne peu de cuir.Les bœufs «lie cette race sont de taille très-
variable ; il y en a de très-petits et il y en a qui pèsent jus-
qu à neuf cents livres.
Bœufs M,\RAicaAiys, —Q^sbœufs pourrolent être com-
pris dans les variétés d'e la ra«*e nantaise , puisqu'ils sont de
la même couleur et du même pioil. Cependant ils en diffèrent
par des caractères remarquabi es. Ils sont plus graiids, plus
longs et d une conformation moins parfaite dans leur taille ;
ils ont la tête plus longue , les cornes plus.grandes, et la na-
ture , en un mol, plus loide. Il s ne sortent poiut du pavs où
548 B 0 E
ils sont nés , ce qui les rend sauvages ; et îl n'est pas rare
d'en voir d'épouvantés dans les foires où on les rassemble.
Ce qu'on appelle lesniarais, est un espace de terrain assez
étroit , qui s'étend dans le voisinage de la côte , depuis Ma-
checoul jusqu'à Rochefort. 11 y a dans cette distance, qui est
fort longue, des intervalles où les marais sont peu considéra-
bles , et d'autres où ils s'élargissent et présentent une assez
grande superficie , notamment depuis Luçon jusquà Roche-
fort. C'est dans ces marais que se trouvent les bœufs de Fon-
tenai ou les callots ; ceux qu'on élève au nord de Luçon
sont les plus beaux ; on les appelle bœufs du grand marais ,
quoique dans cette partie les marais soient le moins étendus.
C'est la taille des bœufs qui y paissent , qui a donné lieu i
fette dénomination vulgaire. •
Cette race naît donc et travaille dans les marais ; et comme
les fermiers, que 1 on nomme cabanniers , ont un très-grand
nombre de bestiSux de plus qu'il n'en faut pour le travail de
leurs fermes , ils ont peu d'ouvrage à faire. Ils s'engraissent
en travaillant, soit dans les herbages , soit à l'étable pendant
l'hiver. Dans cette dernière saison , les terres sont peu ac-
cessibles ; aussi les bœufs nourris au foin abondamment , sont
déjà tout gras quand ils reprennent les herbes au printemps.
Ceux que l'on destine à la vente, quittent le pays depuis la
Saint-Jean jusqu'au mois d'août; mais si le cabannier, qui
ne va jamais chercher le débit de ses bœufs au-delà de ses
foires , n'y voit pas venir des marchands pour les acheter au
prix qu'il leur assigne , il les garde une année de plus et les
remet avec les autres à leu* genre de vie ordinaire , qui est
toujours le même pour les jeunes comme pour les vieux. De
là il suit que la graisse de ces bœufs étant d'ancienne date,
ils font plus de suif que les autres. Mais le suif étant trop
vieux est plus huileux ; la chair se ressent aussi de cette pro-
priété huileuse , et est peu agréable.
Autrefois les cabanniers gardoient leurs bœufs plus vieux ^
et ce défaut étoit plus remarquable. S'il survenoit des cha-
leurs , leur chair se corrompoit très-facilement dans les bou-
cheries ; et , quoique les bouchers leur trouvassent exlraor-
dinairement de suif, ils ne s'en chargeoient pas en grande
quantité , crainte de perdre la viande. Depuis que la cherté
est devenue universelle , l'occasion de vendre plus souvent a
donné de l'industrie aux cabanniers. Leurs boeufs se vendent
actuellement plus jeunes. Ils font moins de suif; mais la
viande est d'une qualité supérieure. Malgré cela, ce ne sera
jamais une race que l'on proposera de multiplier, quoi-
qu'elle soit fort grosse , puisque son poids esi depuis sept
cents jusqu'à mille livres.
Les vaches que l'on nomxac Jlandrin€s en Poitou , en Aunis
B O E 5^9
cl dans les marais de Charente , viennent originairement
d'une race de bêtes à cornes transportée de la Flandre ou de
la Hollande , et dont nous parlerons lorsque nous ferons l'é-
numération des principales races de bœufs étrangers. Celte
race, croisée avec celle du pays, en a produit une troi-
sième que Ton nomme bâtarde dans les mêmes cantons.
Bœufs Bretoks. — Les bœufs bretons sont d'une race fort
petite. Ils naissent, travaillent, s'engraissent et se débitent
dans la Basse-Bretagne; cependant il en passe qnelques-uns
en Normandie , et quelques autres sortent gras du pays pour
aller à Paris. La plus grande partie est consommée par la
marine. Le poids commun de ces bœufs est depuis trois cent
cinquante jusqu'à cinq cents livres. On dit que leBas-Breton,
«on chien , son cheval , son cochon , sa vache et ses deux
bœufs vivent et couchent ensemble. Cette exagération Indique
le caractère de cette nation , qu'il sera bien difficile d'arra-
cher à rinertie où la plonge l'habitude. En général , le
solde la Bretagne n'est pas mauvais ,. et est très-favora-
ble à la multiplication des bestiaux. Ses débouchés sont
on ne peut plus faciles par le voisinage de la Normandie , et
par la consommation des villes maritimes qu'elle devroit ail-
ïnenter exclusivement ; mais il faudroit des prairies mieux
entretenues.
Les bœufs bretons sont très-petits , rouges et blancs , on
noirs et blancs. Ils ont les membres et la tête menus ; les
cornes fort longues et noires par le bout. Cette race fait peu
de suif et fournit très-peu de cuir, et quoiqu'elle donne de la
viande d'assez bonne qualité , elle n'a guère de considéra-
lion.
Bœufs Manceaux. — Cette race est petite, mais pré-
cieuse et abondante. Ces bœufs ne sortent guère de leur pays
natal que pour passer dans les pâturages de Normandie.
Comme on ne les expatrie pas , et que les travaux de ce
pays ne sont pas proportionnés au grand nombre de ces
animaux , Us ne travaillent guère qu'à six à sept ans , âge où
ils ne peuvent avoir atteint toutes les qualités qui convien-
nent à ce commerce ; cela n'empêche pas qu'on ne les re-
garde, à juste titre , comme une des meilleures races qui
existe en France. Leur nature est la plus douce qui soit
connue; leur poids, la qualité de leur viande, la quantité
de suif et le cuir les font rechercher.
Ils sont tous rouges ou blonds , mais d'une nuance plus
douce et plus claire que celle des bœufs de haut cru dont on
a fait mention. Ils ont la tête et le cou menus. Le fauoa
manque presque à tous , cl ceux qui en ont beaucoup sont
55o B 0 E
peu prises. Leurs formes sont très-aUongées. Ils n'ont pas or-
dinairement une certaine épaisseur sur le dos , en sorte
que la supériorité de cette race sur les autres est bien plus
dans sa nature que rians ses formes extérieures. Ces bœufs
ont le cimier plat et la queue enfoncée, les cornes courtes ,
fines et blanches; ils sont de toute grosseur suivant les can-
tons où les vaches sont plus ou moins grosses , et suivant
le goût des nourrisseurs. Cependant il paroît que toute la
province du Maine pourroil avoir de beaux bestiaux.
11 y a cinquante ans , M. Boreau de la Besnardière , né-
gociant à Angers , fit acheter en Normandie un taureau et
quelques vaches de la race hollandaise. Il en a résulté une
race bâtarde, qui a beaucoup grossi celle des environs de
Château-Gontier. Malheureusement on lui avoit choisi un
taureau qui avoit peu de tête et de cou , et cette nouvelle
race, qui s'est multipliée avec beaucoup de succès, manque
en cette partie, défaut qui est bien peu de chose dans un
individu, mais qui est cependant essentiel dans une race.
Bœufs Hollandais ou Bœufs de pays. — En général ,
la Normandie n'est point , par la nature de son sol , propre
à faire des élèves. Ses plainas sont trop ferliles, et ses
pâturages trop gras, pour qu'on puisse y entretenir une
race ; cependant il y a quelques vaches pour les besoins du
pays. 11 y a environ quatre-vingts ans, M. de la Roque ,
herbager, chargé d"une mission ministérielle, fit passer dans
la vallée d'Auge, une rare qu'il alla chercher en Hollande.
Elle s'est perpétuée en petite quantité, par les raisons que
nous avons diies; mais elle n'a pas dégénéré. Il semble
même que, par le choix qu'on a fait des sujets destinés à
donner race , l'espèce soit devenue graduellement, non pas
plus grosse , mais d'une conformation plus parfaite et d'une
nature plus douce. C'est la plus belle race qui soit en
France, et elle fournit communément des bœufs de mille à
douze cents.
Ces bœufs sont ordinairement d'un rouge foncé ; ils ont le
poil gros et la tête blanche ou variée de rouge et de blanc,
il y en a aussi de noirs et de bruns , et leur couleur a tou-
jours plus ou moins de blanc. Leur conformation el leur
taille sont dans de belles proportions. La tele est courte et
large ; les cornes grosses, courtes et rondes par le bout, et
bl;>nches ; la queue est enfoncée ; leur viande est aboii-
danlc et délicieuse ; la graisse est un peu jaune , mais ils ont
beaucoup de suif et de cuir. Cependant toutes ces qualités ne
se trouvent complètes que dans le bœuf i\ni a sept à huit ans,
et qui en a travaillé quatre à cinq ; et on ne peut guère leur
procyrer cet avantage en Normandie , parce que' tous les
B O E 55i
travaux de la culture se font presque partout avec des che-
vaux. Les bœufs , en séjournant jusqu'à huit ans dans les pâtu-
rages, dépenseroient trop de nourriture. On les vend pour
la boucherie à trois ou quatre ans, ce qui fait qu'ils n'ont
pas encore acquis tpule leur qualité.
Cette race, qu^n'a pas dégénéré en Normandie, pourroit
être introduite dans les provinces propres aux élèves ; et si
elle y réussissoit , on pourroit alors la multiplier dans toute
la France. On doit dire qu'elle se soutiendrolt difficilement
dans le même genre de beauté dans des sols d'un médiocre
produit; cependant le succès qu elle a eu du côté de Châ-
teau-Gontier indique qu'elle en aurolt aussi dans tous les
bons pays d'élèves.
Bœufs Cotentins. — Le Cotentin est un canton de la
Normandie , situé à son extrémité ouest et nord. C'est le
seul de cette province où Ton élève beaucoup de jeunes
bœufs. Cette race a des caractères qui la font différer abso-
lument des races précédentes ; tels sont ceux de la couleur,
de la conformation et de la physionomie. Sa couleur est ordi-
nairement bi'onzée , c'est-à-dire , brune , chinée de noir.
Les bœufs cotenlins ont la tête longue et peu grosse , les
cornes longues , menues et pointues-, le dos élevé en cime ,
les fesses minces, beaucoup de ventre, la queue enfoncée, les
membres menus; enfin, toute leur conformation est peu mas-
sive. Leur viande est peu courte , et la graisse, par celte rai-
son , s'insinuaiit dans les chairs, la rend très-succulente et
délicieuse: cette graisse est jaune. Ils font beaucoup de suif,
mais très-peu de cuir. Voilà l'ancienne race.
Depuis quarante-cinq ans , les nourrisseurs se sont mis
dans l'usage d'acheter au pays d'Auge des taureaux hollan-
dais, et il est étonnant comme ils sont parvenus à grossir
la race, sans avoir changé les vaches. Ils ont à présent des
bœufs d'un volume extraordinaire , et fournissent des sujets
de treize à quatorze cents, plus communément que dans le
pays d'Auge; ce qui prouve que, sans réformer la race d'un
pays quelconque, il suffirolt d'y introduire quelques tau-
reaux d'une espèce supérieure. La seule attention qu'il fau-
droil avoir, seroit de choisir les races qu'on intioduirolt par
les mâles , et qu'il faudrolt assortir au pays et à sa constitu-
tion.
Cette introduction de taureaux étrangers dans le Coten-
tin opère insensiblement un changenfient dans le poil et la
conformation de la race du pays. On y trouve, bien pins sou-
vent qu'autrefois, des bœufs rouges marqués de blanc , el^is
ont les os bien plus gros.
Bœufs Comtois. — Les bœufs comtois sont d'une race
moyenne. Leur conformation ressemble assez à celle des
55a B 0 E
coteniins de rancienne race. Ils ont les cornes plus torses;
ils sont ordinairement blonds ou bruns avec la tcle blanche ;
couleur ((ui se trouve communément dans le Cotenlin ,
quoique la dominante, y soit le bronzé. Il s'en faut de beau-
coup qu'ils valent les coteniins , et si on indique ici des
caractères de ressemblance , ils ne passent pas l'extérieur.
Leur poids ne va guère au-delà de cinq cent cinquante , et
ils sont peu estimés.
lÎŒUFS DE LA Camarcue. — De toutes les races de bœufs
qui se trouvent en France, il n'en est pas de plus remarquable
que celle des îles de [a Camargue, formées par le Rhône à
son embouchure. Ces animaux liennent du buffle par leur
couleur noire , par leur ventre qui descend foii bas , et sur-
tout par leur air farouche et menaçant : leurs cornes, qui
sont courtes, forment un croissant parfait, dont les pointes se
rapprochent; un cuir épais les meta l'abri des attaques des
rousins ^ très-nmltipliés dans ces marais. Un autre rapport
que ces bœufs ont avec le buffle , c'est que leur viande est
toujours de mauvaise qualité, toujours rouge , dure et filan-
dreuse ; celle des veaux est presque aussi mauvaise. La peau
de leur tête est noire , même après la cuisson ; cependant le
>euple se contente de cette viande à cause du Lon marché :
'été est la saison où elle est la moins mauvaise, parce qu'alors
ces animaux ont plus de repos et une nourriture plus abon-
dante. Ces bœufs ne savent pas aller lentement; ils sont très-
agiles et très-vites à la course, et leur allure ordinaire est un
grand trot. Jamais ils n'entrent dans l'élable, et dès qu'ils
quittent la charrue , ils retournent dans leurs pâturages; des
ïionnncs à cheval les gardent en troupeau et les amènent au
travail. Ils entrent quelquefois en fureur et courent sur les
hommes. 11 est dangereux pour les voyageurs de passer trop
près d'eux , surtout dans la partie méridionale de la Ca-
margue , où ils voient rarement du monde. Pour éviter leurs
coups, on est obligé de monter sur un arbre ou de se jeter
ventre à terre, les bras étendus; le bœuf ilaire et passe outre
quand il voit l'homme sans mouvement. Les vaches ne sont
pas moins dangereuses que les bœufs, §'irtout quand elles
ont des veaux; on les garde en troupeaux sépares.
\oilà à peu près ( à lexception de la dernière ) les prin-
cipales races de France, qui viennent à Sceaux et <à Poissy.
Il en vient aussi de l'étranger ; mais nous croyons devoir
laisser de côté celles que l'on n'y voit q?j'accldenlelleincnt,
et nous borner à parler de celles qui forment une partie ré-
gulière de l'approvisionnement de "Paris, qu'on y attend , et
qâi y viennent dansleurssaisons ordinaires. Ce sont les suisses,
les franconiens et les flamands appelés aussi hollandais.
Bœufs Suisses. — La conformation des bœufs suisses res-
f
B 0 E 553
semble beaucoup à celle des hourrets onbteufi awergnats, mais
dans une plus grande proportion : ils ont plus de fanon ,
plus de cuir, et leur nature est plus rude. Les bourrels sont
Ums. rouges, et parmi les bœufs suisses il y a presque autant
de bruns que de rouges. Ils ont presque tous la tête blanche.
La Suisse produit des bœufs d'un mille pesant; ils font très-
peu de suif Leur viande est peu compacte , et de médiocre
qualité : ils passent jeunes à la boucherie ; ils donnent les
plus gros cuirs qu"on connoissc , car il y en a du poids de
cent quarante livres. Us sont peu nombreux et de haut crû-
Les vaches suisses sont Irès-renommées par leur grande
taille, l'abondance du lait qu'elles fournissent , et la beauté
des veaux qu'elles produisent. Bien des gens s'imaginent
que, pour se procurer tous ces avantages ^ il suffit de faire
venir des vaches de la Suisse ; mais ils ne tardent pas à
s'apercevoir de leur fausse spéculation : ces vaches , ame-
nées à grands frais, dépérissent dans leur nouvelle demeure;
le lait tarit au point d'être en moindre quantité que celui des
vaches du pays ; elles consomment plus et rapportent moins.
La cause de cette d 'génération est dans la différence des pâtu-
rages. De même qu'un arbre transplanté d'un sol riche dans
im terrain de mauvaise qualité , meurt en peu d'années
nprès une végétation languissante ; ainsi un animal que Ton
retire de gras pâturages pour l'amener sur des prairies tapis-
sées d'herbes cqurles et peu substantielles , perd bientôt sa
vigueur et tous les avantages qui l'avoient fait rechercher.
Avant de tirer de la Suisse des bœufs» et des vaches, il est
nécessaire d'avoir à leur présenter des alimens aussi succu-
Icns que ceux auxquels ils sont accoutumés; ce qui n'est pas
facile à rencontrer dans nos pays.
Bœufs Franconiens. — Les bœufs de cette race sont très-
estimés ; leur nature est très-douce ; ils n'ont pas une taille
massive, car leurs cuisses sont minces et leurs membres me-
nus. Ils sont d'un rouge très-vif, avec la tête blanche ; les
cornes mêmes sont blanches, fines, relevées et pointues,
le flanc est un peu descendu. Ils ont une viande abondante ,
fort peu de suif et de cuir. La viande qui a grande appa-
rence a peu de poids et de saveur. Ce défaut vient apparem-
ment de la manière dont on les engraisse. On les nourrit
toujours au sec, et ils ir^ivaillent pendant qu'on les engraisse
avec lavoine. Leur poids est depuis quatre cent cinquante
jusqu'à sept cents.
Bœufs Flamands ou Hollandais. — Cette race de
bœufs a quelque rapport avec nos bœufs de pays ; mais il
ô'cu faut de beaucoup qu'elle soit d'une aussi belle propojr*
5.>4 B O E
tion et d'une aussi bonne nature. Ces bœufs sont Irès-
grands , très-longs , très-minces, et ont peu de ventre. Leur
tète est longue, les cornes sont noires et fort grandes. 11 ne
paroît pas qu on les garde vieux dans le pays, ni qu'on les
y fasse travailler; car c^iux qui viennent à Poissy n'ont pas
plus de quatre à cinq ans. Leur chair est assez lourde, ce
qui est ordinaire quand on lue les animaux jeunes, mais
quoi(juc grasse elle a peu de qualité ; leurs cuirs sont assez
forts; teur poids est communément depuis six cents jusqu'à
huit cents livres. Quoique ces bœufs soient de nature douce,
ils ne sont pas assez bons pour être multipliés de préférence
à ceux de plusieurs autres races.
Les vaches hollandaises, toujours maigres, donnent une
grande quantité de lait , et on peut les traire toute Tannée,
à l'exception de quelques jours avant qu'elles mettent bas :
elles font une partie des richesses de la Hollande, d'où il
sort tous les ans pour des sommes considérables de beurre
cl de fromage ; mais il faut pour ces vaches , comme pour
celles de la Suisse, des pâturages excellens.
Ces notions, tout incomplètes qu'elles sont, ont été ré-
digées avec le plus grand soin et le plus d'exactitude qu'il a
été possible : il eîtl été peut-être plus convenable d'y join-
dre la manière dont chaque canton engraisse ses bestiaux;
mais on n'a pas cru que ce tableau , qui auroit été assez
varié , pAl avoir une grande utilité. La viande que l'on
consomme en grand est généralement d'une bonne qualité;
cl à juger de la cause par l'effet, il en résulte que tous ces
moyens d'engrais sont bons , quoiqu'ils diffèrent beaucoup.
D'ailleurs, quand on connoîtroil les pratiques qui doivent
efre préférées, il n'est pas sûr que les circonstances locales
te prélassent à ce qu'on les .suivit dans tous les cantons. En
fait de culture , il n'est pas de procédé universel, et la cons-
titution du sol doit être consultée avant tout.
Quant à l'amélior.-îtion des races, il est utile de s'en
occuper, et déjà les vues générales que l'on a présentées
peuvent contribuer à détruire de vieux préjugés ; en con-
séquence, on pourroit s'occuper de plusieurs essais, dont
les succès décideroient les nourrisscurs à les continuer, à
les modifier ou à les rejeter absolument.
Parmi les races toul-à-fait étrangères à la France, on re-
n>arque principalement celles qu'onélè'/een Angleterre. Les
comtés de Devonshirc cl de Susscx nourrissent des bêtes à
cornes qui remportent sur les races de la côte méridionale.
Le rapport entre les races de ces deux contrées est frappani;
mais celle de Devonshirc paroit mériter la préférence par la
piîUtcsse de la tctc et du cou. C'est, au reste, aux races
B o E sr.s
françaises que celles de plusieurs contrées d'Angleterre doi-
vent leurs avantages. Les taureaux et les vaches de Norman-
die, transportés d'abord à Guernesey , ensuite en Angle-
terre , par leur croisement avec des races de relie dernière
île, ont produit des animaux de plus belles formes, plus
vigoureux dans le travail, moins lourds dans la marche , plus
doux dans le naturel , moins difficiles sur le choix de la
nourriture, et plus susceptibles d'acquérir promptement une
graisse de meilleure qualité.
La race actuelle du district de Norfolk n'est pas moins par-
ticulière à ce pays que son ancienne race de chevaux^ et elle
a des rapports dans leurs principaux traits et leurs qualités.
Mais les bœufs de Norfolk sont de petite taille ; cependant les
bouchers de Londres les estiment plus que ceux de toute
autre race. Les bœufs de Hereford-Shire et de Wiltshire sont
de très-grande taille, de même que ceux du comté de Suffolk.
L'on y lua, il y a environ dix-huit ans, un veau de quatre
mois et demi, qui pesoit 4-47 livres; et, quelques années
auparavant, l'on avoit présenté au roi un bœuf ^vme grosseur
pfodigieuse , dont les cornes n'avoient pas moins de cinq
pieds de long, et qui pesoit 8920 de nos livres.
Il existe encore dans ce même comté de vSnffolk une race
de bœufs sans cornes ; l'on assure que les vaches de cette race
sont meilleures que celles dont la tête est armée de cornes.
Elle est originaire d'Ecosse, où elle vit dans un état presque
sativago sur les montagnes el les rochers, et où on lui fait la
chasse. Cas bœufs à demi-sauvages des montagnes de l'Ecosse
sont de très-peiite stature , mais bien proportionnés dans
toutes leurs parties; les F.cossàh les nomn\ci\[ bœufs humbles;
dénomination qui se rapporte vraisemblablement à leur taille
rapetissée plutôt qu'au défaut de cornes. Les bœufs el le.svarhes
des parties méridionales et des contrées maritimes de l'Ir-
lande manquent souvent de cornes. La race de ces animaux
qui subsistent en Irlande en est également dépourvue.
Dans rinde on voit aussi plusieurs Afcz//.f sans cornes; les
uns en sont privés naturellement , d'autres par artifice. Ces
derniers portent en place de cornes une protubérance sail-
lante, ronde et fort dure, espèce de stigmate de lopération
qu'ils ont subie. En effet , pour empêcher la croissance des
cornes, les Indiens font, sur la tête du jeune animal, une
incision à l'endroit où elles doivent pousser; ils y appliquent
le feu, t't cette cautérisation les empêche de croître.
M. {YAzavA {Histoire des Quadrupèdes du Paraguay) nous ap-
prend qu'au Coin de la Lune , habitation des jésuites dans le
district des Carrienîes, à environ quarante-cinq lieues de l'As-
sompliou , au Paraguay , naquit en 1770 un taureau sans
S:,6 B O K
cornes. Cet animal a propagé sa race dans le pays, et M. d'A-.
zara remarque à ce sujet que les produits d'un taureau sans
rornes en sont privés , quoique la mère en soit armée, et que
les veaux nés d'un taureau à cornes en ont aussi, quoique la
mère en soit privée. Le même auteur contredit Topiniou de
Uuffon , qui ne voyoit dans les cornes des animaux que des
|)arties excédantes, produites par la surabon>lance do la nour-
aiture, et M. d'Azara appuie sa réfutation de deux faits qu'il
a observés au Paraguay : c'est que dans les mêmes cantons où
la race des bœufs sans cornes s'est multipliée , il existe aussi
une grande quantité de ces animaux cornus , et que la pâture
y est également bonne et abondante.
Si Ton continue à parcourir les différentes contrées de
l'Europe où les races des bœufs présentent quelque attribut-
remarquable , Ton trouvera, en s'avançant vers le ISord, de
<rès-grands bœufs en Danemarck. Les Hollandais ont souvent
fait venir de ce pavs des vacbes maigres, qui prennent de
l'embonpoint dans leurs prairies-, elles rendent coiumiméuient
par jour cliacune dix-buit à vingt pintes de lait ( mesure de
Paris ).
En Ukraine , le bétail surpasse en grandeur celui de toute
l'Europe. Pour pouvoir porter la main sur le milieu du dos
^lun bœuf, il faut être d'une taille au-dessus de la médiocre.
Les bœufs de Hongrie, de Podolie et de la Tartarie qu'ba-
bitent les Calmoucks, sont, avec ceux de l'Ukraine, les plus
grands du monde.
Les bœufs de Hongrie amenés en France par les ennemis
rn 1814. , éloient de très-grande taille. Leurs cornes avoicnt
beaucoup de longueur et éloient bien placées. Leur poil étoit
d'un gris cendré et distribué par mèches.
Les bœufs et les vaches de Norwége sont, dit Pontoppidan,
de même que les chevaux, presque tous jaunes et petits. Ils
sont un peu plus grands dans les iles qui bordent les cotes de
JSorwége ; ce qui , selon le même auteur, vient autant des
rxcellens pâturages que de la liberté qu'on leur donne ; car
on les laisse aller à leur gré , en prenant seulement la précau-
tion de les faire accompagner par quelques béliers accoutumés
à chercher eux-mêmes leur nourriture pendant l'hiver. Quand
ceux-ci ont découvert avec leurs pieds l'herbe qui se trouve
.«^ous la neige , les bœufs ne leur permettent d'y touclier
qu'après qu ils sont rassasiés. Ces bœufs ainsi abandonnés,
deviennent avec le temps si farouches, que pour les avoir il
laut les prendre avec des lacs ou les tuer à coups de fusil. Les
vaches de Norwége donnent fort peu de lait , et les habitans
des campagnes sont obligés d'en entretenir un grand nombre.
Les bœufs sont répandus dans tout l'empire de Kiisiie , et
B O E -557
îî y en a de tris-gros, qui ont autant de force que de beauté.
Les Kirguis élèvent une grande quantité de gros bétail ; on
volt chez eux des taureaux dune beauté et d'une grosseur
extraordinaires.
Au Midi, l'Espagne et l'Italie nourrissent de fort beaux,
bœufs. En quelques endroits de l'Italie , Us sont souvent gris ,
à tète blanche et très-grands. Les bœufs, qui sont nombreux
en Sicile , ont des cornes remarquables par leur grandeur et
la régularité de leur figure ; ces cornes n'ont qu'une légère
courbure , et leur longueur ordinaire , mesurée en ligne
droite, est de trois pieds, et quelquefois de trois pieds efc
demi ; elles sont toutes très-régulièrement contournées et
d'une forme absolument semblable. Elles sont encore plua
grandes sur la tête des bœufs qui vivent dans les pâturages de
l'Etna , et qui sont aussi plus gros et plus vigoureux que ceux
des autres parties de l'île. Plusieurs cabinets conservent de
ces longues cornes comme des curiosités naturelles.
Cette race de bœufs de la Sicile , transporléc aux îles voi-
sines et volcaniques de Liparl , dégénère au point de devenir
Tnéconnoissable. Ils ne sont ni plus beaux ni plus nombreux
dans l'île de Malte. En Sardaigne , ces animaux sont, en gé-
néral, petits et maigres. On y comptoit en 1771, suivant
Cetti, trois cent cinquante-quatre mille cent soixante têtes de
gros bétail , en y comprenant les vaches et les veaux.
De beaux et nombreux troupeaux de bœufs animent de
beautés vivantes les grands traits de la nature, si belle,mais eu
même temps si outragée par l'ignorance et le despotisme ,
dans la Turquie d'Europe.
Les anciens distlnguoient , parmi les bœufs d'Epîre , ceux
que l'on appeloh pyrrhiques. « Nous les devons, dit Pline, aux
V soins du roi Pyrrhus. Ce prince réussit à en perfectionner
<? l'espèce , en ne leur permettant pas de s'accoupler avant
« la quatrième année ; par ce moyen , il obtint des bœufs de
« la plus riche taille ; la race en est encore subsistante. » Les.
vaches pyrrhiques , suivant Aristote , n'étolent qu'au nombre
de quatre cents environ ; elles étolent réservées pour le roi ,
et ce n'étoit que lorsqu'elles avoient neuf années accomplies
qu'on permettoit au taureau de les approcher. Tant qu'elles
prenolent de l'accroissement , on les appeloit vierges.
Les hêtes à cornes sont plus petites dans les plaines de la
Crimée que dans l'Ukraine ; elles ressemblent à celles de
la Hongrie , et ont souvent aussi la même couleur grise ou
noire, et rarement brune ; elles sont plus lentes, et d'une
marche plus pesante que dans les montagnes , où la race ,
quoique petite , est forte , et a une allure plus vive. Dans le
no.mbre des bœufs de montagne, ou ea voit beaucoup qui ont
558 B O E
!a couleur des gazelles^ el ceux-là onl communément les mein-
Lres et une forme plus agréables. ( P;i!las, Aout>. Voy. daiis les
Gom>ernemens mérid. de thinp. de Russie ). ,
Dans la plupart des parties de rvVrrIque, principalement
dans celles où les hommes s'adonnent à la culture des ierres,
les bêtes à cornes ne sont point rares. VA\e sont en nombre
assez considérable en E£;ypte ; mais quoiqu'elles y soient en-
core assez belles, elles y ont beaucoup dégénéré de la per-
fection qui les faisoit admirer autrefois comme une race dis-
tinguée. Leur couleur est généralement d un fauve plus ou
moins foncé, et leurs cornes sont petites. On voit sur le garrot
des bœufs d'Egypte une grosseur moins élevée que celle des
zebus ou bœufs à bosse^ mais qui, si elle est naturelle , les rap-
proche de ces animaux.
Indépendamment des bœufs à bosse, dont la race est com-
mune en Afrique , celle des bœufs sans bosse, la seule dont
il soit question dans cet article ^ s'y trouve également. On
voit en Abyssinie d'innombrables troupeaux de bœufs ; \cs
uns diffèrent par la taille , les autres par la grandeur ou par
la coqformallou de leurs cornes; d'autres n'ont point du
tout de cornes ; etlouseufm sont de couleur diverse , et ont
le poil long ou ras , suivant le climat où ils paissent. Aux en-
virons de Sennaar en Nubie, les bœufs sont les plus gros,
les plus gras el les plus beaux du monde entier. (|iuel-
ques-uns de ces bœufs de xSubie et d' Abyssinie ont des cornes
d'une grandeur démesurée, quoiqu'ils soient eux-mêmes d'une
assez petite taille ; mais cette croissance vraiment njons-
trueuse des oorues est, dil-mi, l'effet d'une maladie qui de-
vient toujours fatale aux aniuuux qui en sont atteints. D'au-
'tres de ces bœuTs ont leurs cornes lâches et tombantes.
Knfin l(»ules les races de bœufs connues paroissent exister
eu plus ou moins grand nombre dans les diverses contrées
de l'Afrique , depuis la Barbarie jusqu'au Cap de Bonne-
Espérance.
Vers la pointe méridionale de cette partie du monde , vit
un peuple pasteur doux et courageux , qui fait sa principale
occupation de l'éducation des bestiaux. Les Cafres ont beau-
coup de soins de leurs bœufs, en général plus petits que le§
nôtres, et ils réussissent parfaitement à s'en faire comprendre.
Ils découpent en larges pièces circulaires le fanon de ceux
qu'ils aflécliounent le plus, ou ils le façonnent en petites la-
nières comme une frange. Ils soumettent aussi les cornes à
différentes ionnes. Cette opération se fait en les chauffant
avec un fer ardent, jusqu'à ce que la chaleur les ail assez
amollies pour se prêter à la direction qu'on veut leur donner ;
B O E 559
on en voit qui sont couchées des deux côtés sur le cou du
bœuf, et aboulissenl précisément aux épaules; d'autres, dont
les poinl es se rencontrent sous la gorge , ou bien se prolongent
horizon laleincnt, etc. , etc.
LesGafres,aurapporldeLevaillant, ne se contentent pas de
faire prendre aux cornes de leurs bœufs une infunié de con-
tours différens -, ils ont encore Tart de multiplier coj cornes ;
de sorte qu'elles ont ra!>pecl de ces lilhophytes marins connus
sous le nom de bois de cerf. Le procédé qails emploient con-
siste à donner sur la corne qui commence à se montrer, un ou
plusieurs petits traits de scie , ou d'un autre outil. Ces divi-
sions , qui sont encore tendres, s'isolent d'elles-mi^mes ; de
façon qu'avec le temps, l'animal porte autant de cornes bien
distinctes. Ils forcent à volonté l'une de ces divisions , ou ta
corne entière, à former, par exemple, un cercle parfait, en
enlevant , à côté de la pointe qu'il ne faut pas offenser, une
partie légère de son épaisseui-; celte amputation, renouvelée
souvent et avec beaucoup de patience, conduit la conie à se
courber dans un sens contraire, et sa pointe, venant se
joindre à la racine , ofire un cercle parfaitement égal.
Parmi les bétes à cornes élevées par les Cafres, quelques-
unes portent des cornes peu hautes , presque partout de la
même grosseur, et dont l'extrémité se dirige vers les oreilles;
ces cornes ne sont point adhérentes au crâne, elles ne tien-
nent qu'à la peau, et sont si peu fermes, qu'on peut les tour-
ner en tout sens ; et quand elles ont acquis leur plus grande
longueur, elles retombent par leur propre poids sur la face de
l'animal, et la frappent lorsqu'il marche. Ces bœufs à cornes
lâches passent pour être très-bons et très-vigoureux.
Une autre remarque très-curieuse que l'on doit à M. Bar-
row , Voy. dans la part, m.'îrid. de V Afrique ., et dont on ignore
la cause, c'est qu'en général les bœufs de la colonie du Cap
et de plusieurs autres parties de l'Afrique ont l'haleine in-
fecte, tandis que celle des bœufs d'Europe est fort douce.
Si l'on promène ses regards sur l'immense étendue de
l'Asie , on voit ses collines et ses plaines animées de nom-
breux troupeaux de bœufs bossus ou non bossus; ils ne sont
point étrangers aux âpres régions qui avoisinent la mer Gla-
ciale, et l'espèce se multipliant à mesure que la température
est plus douce , elle se propage vers le midi jusqu'à la pointe
de la presqu'île de Malacca , et en longitude depuis l'Arabie
jusqu'aux îles du Japon.
L'espèce du bœuf étoit absolument inconnue dans l'Amén',-
que méridionale avant la conquête qu'en firent les Européens;
mais les contrées dunordde ce continent étoient habitées par
nuegrande quantité do i/io/wet de iz/;(/?«mu5y?*«jquiu'ont jamais
56o B 0 E
passé le Mexique. Cependant la race du bœuf sans Lossc y
étoit étrangère , et ce sont les Européens qui l'y ont transi-
portée. Sa nature s'est très-bien prêtée à cette transmigra- "
tion , et elle s'est extrêmement multipliée dans plusieurs pays
méridionaux du Nouveau-Monde. On nourrit du gros bétail
auPérou, auBrésil, au Paraguay, et dans toutes les colonies
européennes ; il y couvre de vastes plaines , et vit en plu-
sieurs endroits dans une pleine liberté. Ces bœufs ont même
formé des races distinctes et qui se perpétuent. Par exemple,
les bœufs de Montevideo sont plus grands que ceux de Sala-
manque, lesquels sont les plus grands de l'Espagne. Ceux des
Corrientes au Paraguay, sont, au contraire , très-bas sur
jambes, et l'on en voit qui sont dépourvus de cornes.
Le bœuf de Fernanbouc est ordinairement rouge, c'est-à-
dire, bai clair et taché de noir. Il y en a aussi qui ont des
taches jaunes et couleur marron. Ce bœuf, à en juger par les
dépouilles que le commerce apporte en Europe , doit res-
sembler au bœuf nantais, pour la taille et pour la qualité des
peaux qu'il fournit à la tannerie.
Les peaux de Fernanbouc nous viennent d'Amérique , sa-
lées et alunées ; ce qui en rend le premier travail difficile.
Elles produisent un cuir de première qualité, parce qu'il est
également fort et serré dans toutes ses parties , et qu'il prend
bien les apprêts.
Pour faire la chasse aux bœufs devenus sauvages en Amé-
rique , on leur jette une corde formant un nœud coulant , et
on les enlace par les cornes ou par la tête ; d'autres fois on
leur coupe les jarrets avec un fer taillé en croissant , bien ai-
guisé et attaché à un long bâion. Cette chasse , qui n'est pas
sans danger, se fait avec beaucoup de légèreté et d'adresse par
'les habitans du Pérou et des autres pays voisins. Elle n'a la
plupart du temps pour but que de se procurer les cuirs et le
suif, qui font une branche considérable de commerce ; les
chasseurs abandonnent les bœufs tués aux animaux carnas-
siers , après en avoir pris seulement la langue, (s. et desm.)
FIN DU TROISIÈME VOLUME.