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NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE,
APPLIQUÉE AUX ARTS ,
A l'Agriculture , à l'Economie rurale et domestique ^
à la Médecine , etc.
PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES
ET D'AGRICULTEURS.
Nouvelle Edition presqu'eniièrement refondue et considé-
rablement augmentée ;
AVEC DES FIGURES TIREES DES TROIS RÈGNES DE LA KATURE.
TOME XXX.
BE L' IMPRIME UIE d'aBEL LANOE , HUE DE LA HARrr..
A PARIS,
Chez DETERVILLE, libraire, rue haute feuille, n" 8.
M DCCC XIX.
Indication pour placer les Pla^kches du Tome XXX.
P ir. Plantes , pag. 32.
Sablier décrépilant. — Sagoutier farinîRre. — Salsepareille de Virginie. — San-
talin blanc.
M 7. Oiseaux, pag. iio.
Harpie. — Samalie magnifique. — hibin noir.
P i3. Quadrupèdes mammifères , /«/ï/f. 157.
Saki à ventre roux. — Sapajou ( brun. ) — Phascochœre africain;
P 16. Plantes, pag. i83.
Sainfoin gyrant. — Sapotilier commun. — SarcocoUier officinal. — Sarascène
pourprée.
P 17. Oiseaux, pag. 281.
Secrétaire. — Hirondelle salangane, avec son nid. — Savacou. — Canand sar-
celle de la Chine.
M 16. Oiseaux, pag. 456.
Faîconelle à front blanc. — Pmuche jonquille. — Scylrops.
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE.
SA OU SAP. Nom languedocien du Sapin, (desm.)
SAAMBRAS. r. Samabras. (desm.)
SAAMENSTËIN. Le minéralogiste Lehmann a donné
•e nom aux Roches amygdaldides. (ln.)
SAAMONNA et SAMONNA. V. Saamouna. (ln.)
SAAMOUNA-PISONIS. Plukenet ( Alm. , tab. 56)
donne ce nom au Pavia {Esiilus pat^îa) , qu'il cfoyoit être
le Saamouna des Brasiliens, décrit par Pison , et qui est
une espèce de Fromager ( Bombax). (ln.)
SAARTHA. Nom que les anciens Egyptiens donnoîent
au TussiLAGO. F. ce mot. (ln.)
SAAR-TIEN-KANAT; ce qmsigm&e écureuil volant pâle.
Dénomination sous laquelle les Tartares de la Russie con-
noissent le Polatouche sapan. F. ce mot. (s.)
SABADILLA. Espèce de Varaire ( Verairum sahadîUa ^
Retz) qui croît en Chine. V. Varaire. (ln.)
SABAGHALH. Nom arabe au Phylofacca decandra , L,
Il signifie teinture en arabe. (LN.)
SAB AL. Palmier qui a été placé dans les genres Coryphe
(Rhapis^ Willd.), Euterpe et Palmette, et en a formé un
particulier, dont les caractères sont : fleurs hermaphrodites ;
étamines à filamens séparés et plus épais à leur base; baie
à une ou trois semences dont l'embryon est latéral.
Le Sabal d'ADANSON, Corypha minor, est figuré dans
Jacquin, Hortus vindebonensis , et dans Gurtis , Magazine.
Il croît en Caroline , où je l'ai observé en grande quantité.
V. Coryphe. (b.)
SABANHPUTE. Daps l'histoire des J?i^es Orientales ,
. . s A B
3
il est au que Sans les îles de la Sonde , on désigne aînsi nnc
esoèce de Poivre blanc , plus petite que les autres, (ln.)
SAB ATÉLO ou S AB AB ATELE. Nom d'un champignon
du Languedoc, que l'abbé de Sauvages décrit ainsi : c'est un
champignon bon à manger et d'ungenreparticulier Le dessus
de son chapiteau est d'un brun foncé etécailleux; le dessous
oui caractérise ce genre est à réseau ou à fossettes en losanges,
raneées régulièrement autour du pied , d'où elles partent
comme d'un centre en portion de cercle, et vont aboutir au
bord du chapiteau. Ce dessous devient jaune lorsque le cham-
oignon vieillit. ( Dîctîonn. Languedoc. ) (desm.)
SABATIA. F. Sabbatia. (LN.) , * ,
SABBARAH. L'un des noms que donnent les Arabes
à I'Àloès vulgaire, (ln.)
SABBATIA. Adanson , dans ses Familles de Plantes
fonvrage qui parut eni758),dédiecegenreàLiberafbSabbati,
botaniste italien, son coHtemporain , qui, a cette époque, n a-
voit encore publié que son Synopsis plantamm quœ in solo
romano lucourîantur, m-l,'>.,ïigAFe,ranœ v^l.S. En 1772, il mit
iour le I " volume de son HoHus romanus, m toi. ; travail
au' l avoit fait en commun avec G. Bonelli. Les vol. 2 à 5
Parurent de 1774 à 1778- ^e 6.« volume , publie en 1 780 a
Smir auteur K. MartelU et Sabbati ; enfin, le 7.eet dernier
vol C 17B4) est de Const. Sabbati et de N. Martelli. Ce bel
ouvrage est fréquemment cité par les botanistes.
Le eenre sahbatia d' Adanson est fonde sur le chlora dodecan^
dra Linn , qui diffère des autres espèces de chlora, des gen-
tiana et des chironia, par son calice tubuleux à douze divisions;
par sa corolle tubulée à douze divisions profondes , et par
ses étamlnes au nombre de douze. Michaux et Persoon réu-
nissent cette plante avec les chiroma. Lmnseus ayoït d abord
fait cette réunion. Adanson renvoie à la gentiane décrite
par Gronovius, vig. .9- Mais il faut lire virg. -7 . car la
première plante citée est Ugentiana saponana , ï.., i^m n a
pis les caractères qu'il assigne à son genre. Salisbury et
Curt s ont adopté ce genre sabbaiia. Solander et R. Brown,
en établissant leur sLa sur le cMora ^decandra, ont paru
iVnorer que ce fût le véritable 5flWa<ia d' Adanson, à cause
oeut-être de la faute d'impression que nous venons de relever.
ils n'auroîent sans doute pas supprimé un nom qui rappelle
in botaniste instruit. Moench, n'adoptant pas ^^ saUa^a
S^Adanson , en a transporté le nom à un «û"r^.?»£ /.s^au
a établi sur le salureia juliana de Lmn^as, qui diffère des au-
tres espèces de Sariettes par son calice tubuleux, filiforme ,
marqué de dix stries , terminé par cinq dents subulées e
Tgale , et dont l'ouverture est fermée par des poils lorsqu il
s A B â
est déflore; par sa côtoUe à tube filiforme et à lèvre inférieure
à trois divisions entières , et par ses étamines rapprochées.
Ce genre n'est pas adopté. V. ci-après, (ln.)
SABBATIE, Sabbatia. Genre de plantes établi par
Adanson et rappelé par Pursh, Flore de l'Amérique septen-
trionale , qui a changé ces caractères. Il a pour type la Chi-
RONE ANGULEUSE , et en général les espèces propres à l'A-
mérique septentionale. Ses caractères sont ; corolle divisée
en cinq ou douze parties; anthères contournées après la fé-
condation ; stigmate globuleux ; capsule à une loge.
La Sabbatie AGRAiND CALICE est figurée planche 1600 du
Botanical Magazine de Curtis. (b,)
SABBEL. En Suède, c'est la Marte zibeline. V. ce
mot, (desm.)
SABDARIFFA. Nom turc, selon Adanson , d'une es-
pèce de Ketmie ( hibiscus sabdariffa ). Plusieurs anciens bo-
tanistes ( Lobel, Dodonée, Daléchamp , etc.) ont conservé
ce nom à cette plante qui est le Cacherée des habitans de
Pondichéry, Elle est vulgairement appelée oseille de Guinée à
cause de ses propriétés et de ses usages en Guinée.
Le Sabdariffa alia de Daléchamp est le hamia de Prosper
Alpin , c. à, d. , la Ketmie gombo ( hibiscus csculentus , L. ).
V. Ketmie. (ln.)
SABELDIER. En hollandais, on nomme ainai la Marte
ZIBELINE, (desm.)
SABELFISGH. Muller donne ce nom à Vèpaulard, espèce
de Dauphin. V. Dauphin Grampus. (desm.)
SABELLAIRE , Sabellaria. Genre de vers marins , de la
classe de annélides , établi par Lamarck aux dépens des
, Sabelles. Il ne diffère pas de I'Amyaione de Savigny et du
PsAMATO-fE de Guettard , se rapproche des Pectinaires,
et réunit plusieurs espèces dont fait partie la Sabelle al-
véolée de Linnseus, très-commune sur nos côtes, et figu-
rée tab. 36 de l'ouvrage d'EUis sur les Corrallines.
Les caractères de ce genre sont: corps tubicolaire, subcy-
lindrique , atténué postérieurement , ayant de chaque côté
des faisceaux de soie subulés, sur un seul rang , et en outre,
des soies spathulées et des lames transversales bordées de
soies à crochets; extrémité antérieure tronquée obliquement,
elliptique , couronnée par six rangées de paillettes très-bril-
lantes , trois de chaque côté ; les extrémités très-ouvertes ;
les intérieures relevées , presque conniventes ; bouche en
fente allongée , bilabiée ; branchies très-petites, composées
de plusieurs rangées de lanièresdansle voisinage de la bouche;
tubes nombreux , réguliers , composés de grains de sables à
orifices évasés, (b.)
/♦ s A B
SABELLE, SaheUa. Genre de vers marins qui offre pour
caractères, d'après Linnseus : un tube membraneux sur lequel
sont fixés des débris de sable , de coquilles ou d'autres corps
étrangers, et qui contient un animal voisin des Néréides, qui
a deux lèvres à la bouche et deux tentacules irès-épais der-
rière la tête.
Ce genre, qu'Ocken nomme Chrysodon, n'a pas été
adopté par Bruguière ni par Lamarck. Ils en ont réuni les
espèces avec les néréides, et, en effet , si on ne considère
que le tube , on ne doit pas les en séparer , et encore moins
les écarter du genre Terébelle , qui leur a été uni. Cepen-
dant le genre sabelle se distingue par des caractères suffisam-
ment importans , de ceux avec lesquels on peut le confondre.
Gmelin , dans son édition du Syslema naturœ , en ment onne
vingt-quatre espèces , dont plus de la moitié sont figurées
dans Schrœler.
La meilleure figure des animaux de ce genre , est ceMe de
la Sabelle alvéolée, qu'on voit pi. 36 des curallines d'Ellis ,
etdonlGuettard forme son genre Psamatote. En la prenant
pour type, on peut regarder comme appartenant à ce genre,
un animal que j'ai rapporté des mers de l Amérique, et que,
par oubli, je n'ai pas fait entrer dans mon Histoire naturelle
des Vers , faisant suite au Buffon , édition de Deterville. Sa
description absolue donnera connoissance des motifs qui
militent en faveur de la conservation de ce genre.
La Sabelle négate est solitaire et rampe sur les pierres,
les coquilles abandonnées, etc. Son fourreau est demi-cylin-
drique , composé d'une membrane sur laquelle se trouve
agglutiné du sable très-fin par l'intermède d'une matière vis-
queuse. Sa longueur est d'un pouce , son diaiflètre d'une
ligne.
L'animal a une tête composée de deux tentacules très-
épais , demi-circulaires , plus écartés en dessous , se réu-
nissant à la volonté de l'animal , de manière à former un
cercle , chacun garni, dans son bord extérieur , de dix-hnit
cils très-courts, et dans son bord intérieur d'autres un peu
plus longs , mais moins nombreux. Sa bouche est allongée ,
placée à la base inférieure des tentacules , et entourée de
douze longs tentacules divisés chacun en trois parties. Son
.corps a vmgt-quatre tubercules«de chaque côté , les sis pre-
miers très-obtus , les six derniers mucronés , et le reste
terminé par un long cil. Sa queue est plate et foiblement
articulée.
Cet animal diffère donc des néréides par la forme de ses
tenlacule» et par la position de sa bouche.ll doit par censé-
s A B i
quent former un genre particulier. Il se trouve assez commu-
n.'raent dans la baie de Charleston.
Cuvier forme ce genre avec des espèces d'amphytrites ,
et lui donne pour type I'Amphytrite en pinceau , figuré
par Rondelet sous le nom de pinceau de mer , animal fort
peu connu.
La Sabelle rectangulaire constitue aujourd'hui le
genre Ocréale d'Ocken. (b.)
SABELMUS.En Suède, c'est le Campagnol lemming.
(desm.)
SABELSCHNÀBLER.NomallemandderAvocETTE.(v.)
SABER. L'un des noms 'maures de I'Aloès, (ln.)
Sx\BETEREGL L'un des noms arabes de la Fumeterre.
(ln.)
SABICE, Sdnvenkfeldia. Genre de plantes de la pentan-
drie monogynie , et de la famille des rubiacées, dont les
caractères sont d'avoir : calice monophylle , turbiné , velu,
divisé en cinq parties aiguës; une corolle hypocratériforme,
à tube long et grêle , et à limbe à cinq lobes aigus; cinq éta-
mines à filamens courts; un ovaire inférieur, surmonté d'un
long style à stigmate divisé en cinq parties ; une baie orbicu-
laire , velue , couronnée par le calice , et à cinq loges
monospermes.
Ce genre a été établi par Aublet , et comprend des plantes
sarmenteuses à feuilles opposées, entières, et à fleurs dispo-
sées en paquets dans les aisselles des feuilles supérieures.
On en compte quatre espèces, dont deux de Cayenne, et les
autres de la Jamaïque et du Pérou. Aucune n'est remarqua-
ble par son utilité, (b.)
SABINE. Plante du genre des Genévriers, (b.)
SABIL. L'un des noms donnés en Egypte au Coracan
( Cypenis coracanus , L. ), selon Vesling. (ln.)
SABINA ou SAVINA. Pline donne ces noms à deux es-
pèces de plantes , que , selon lui, les Grecs appeloient bralhy
pour èra///y5. La première de ces espèces ressembloit au ta-
mariscus pour le feuillage , et la seconde au cupressus (cyprès).
Quelques personnes nommoient celte dernière 9'y9r<^s</e CrètCf
ce qui doit faire croire qu'elles croissoit en Crète. Pline dit
qu'on se servoit du parfum de cette plante en guise d'essence.
Les médecins faisoient usage du sabina en place de cinna-
mome , pour arrêter le développement des ulcères corrosifs,
les nettoyer , etc. Le sabina et le parfum qu'on en retiroit
étoient de puissans emménagogues ; ils opéroient la sortie du
fœtus mort dans le sein de la mère , etc. , etc. Pline dit aussi
qu'on multiplioit le sabina en le couchant ou bien en plantant
ses branches; il explique celte manière de multiplier le sa-
6 S A B
hina^ dans la croyance ou il éloit que celte plante ne produi-
sait point de graine.
Dioscorîde mentionne également deux espèces de brathys t
l'une , semblable au cyprès par le feuills^e , mais plus ti-
quante et plus épineuse , d'une odeur forte et d'une saveur
brûlante. Cette espèce étoit un arbre petit , court , qui se
développolt plus en largeur que dans les autres dimensions.
On usoit de ses feuilles , en guise de parfum. La seconde es-
pèce de brathys est comparée par Dioscoride au tamarïscus.
Il ajoute : « les feuilles de ces deux espèces appliquées , ar-
rêtent et répriment les ulcèreS corrosifs ; jointes avec du
miel , elles nettoient et enlèvent les taches de la peau , et
rompent les charbons ; bues avec du vin , elles font uriner du
sang ; appliquées et fermentées , elles font sortir le fœtus du
sein de la mère. On les met dans tous les onguens échauffans,
et particulièrement dans le glaucinum dit musteum. »
11 n'est donc pas douteux, d'après ces descriptions , que
Pline et Dioscoride n'aient voulu parler des mêmes plantes.
Galien est aussi d'accord avec ces auteurs , par rapport aux
propriétés de ces végétaux.
lie saôma portoît ce nom chez les Latins,parce qu'il crois-
soit abondamment dans le pays des Sabins. Chez les Grecs,
il recevoit aussi le nom de barathron , de barython et de
baron.
L'on rapporte les deux espèces de sabina ou brathys des
anciens à deux genévriers qui sont considérés par Linnœus ,
Lamarck , Willdenow et beaucoup d'autres botanistes »
comme des variétés d'une seule espèce , la Sabine , Juni-
perus sabina , et que Miller assure être deux espèces dis-
tinctes ; l'une, le junîperiis lusitanica (^ ou sa bine mâ/e) qui
seroil le sabina à feuilles de cyprès des anciens , particulier
aux contrées méridionales ; et l'autre , le juniperiis sabina ,
Miller ( Sabine femelle ) seroit le sabina à feuilles de tama-
rïscus.
Les sabines étant des plantes dioïques , on ne doit pas
être étonné que Pline ait cru qu'elles ne donnent point de
graines ; l'observation faite seulement sur les pieds mâles
aura pu l'induire en erreur.
Les sabines font un article à part dans le Pinax de C.
Bauhin , et l'on voit, dans cet ouvrage , que les botanistes
ont tous conservé à ces plantes le nom de sabina , bien que
celui-ci ait été étendu aussi à d'autres genévriers et à des ly-
copodes. Les sabina baccifera de C Bauhin sont des pieds,
femelles , et les sabina sierilis , des pieds mâles. Tournefort ,
et depuis lui tous les botanistes*, ont réuni les sabina de C.
Bauhia au Genévrier. F. ce mot. (ln.)
s A B q
SABINE MALE et FEMELLE. Nom spécifique de
plantes du genre Genévriers. Voyez ce mot. (d.)
SABIZEGO. L'un des noms arabes de I'Aubergine, es-
pèce de MoRELLE , Solarium melongena. (Uï.)
SABLE. En anglais, c'est le nom de la Marte zibeline.
(desm.)
SABLE ou ZABELLE. Nom de la Marte, en Russie.
SABLE. Amas de molécules pierreuses d'un si petit vo-
lume , qu elles peuvent être facilement transportées par les
eaux et par les vents. Il y a des sables de différente nature ;
mais , pour l'ordinaire , les molécules quarzeuses en forment
la presque totalité. La grande cohésion àes parties du quarz
fait que , quelque comminue qu'il soit , ses fragmens conser-
vent toujours un volume sensible. Les pierres calcaires ob
argileuses finissent, au contraire, par se réduire en poussière
impalpable que les eaux déposent sous la forme de vase ou
de limon.
On donne le nom de sahlon au sable quarzeux le plus fin ,
qu'on emploie à dégrossir les glaces , les marbres et autres
objets destinés à recevoir le poli.
. On nomme gravier nn sable grossier qui , pour l'ordinaire ,
provient de la décomposition des roches granitiques.
La surface du globe présente des contrées immenses qui
sont couvertes de sables , principalement dans l'ancien con-
tinent , comme les déserts de l'Afiique et ceux de l'Asie bo-
réale. Le milieu de l'Afrique et le plateau du centre de l'Asie
sont les portions delà terre qui furent les premières aban-
données par les eaux de l'Océan ; et leurs montagnes, expo-
sées pendant une longue série de siècles à l'action des eaux
courantes , ont été sapées , détruites, et enfin converties en
sables.
Les grandes rivières de Sibérie, telles que l'Irtiche , l'Ob ,
le Yénissey , e'tc. , ont aujourd'hui leur lit encaissé dans des
dépôts sablonneux que j'ai vus, dans beaucoup d'endroits ,
s'élever jusqu'à cinq ou six cents pieds au - dessus de leur
niveau. Ces amas de sables qui couvrent des pays d'une
étendue immense , sont les restes des montagnes du centre
del'Asie , où ces grands fleuves prenoient leur source dans
ces temps reculés , et dont ils ont entraîné les débris ju$qu^à
la mer Glaciale. V. Fleuves et Montagnes.
Tous les sables ne sont pas le produit de la décomposition
des roches : on en voit en grande abondance, qui ont été
formés immédiatement par la nature ; et uoUmment ceux qui
entrent dans la composition des grès homogènes -.c'est ce qui
avait été très-bien reconnu par Romé-Delisie , qui disoit, eti
8 S A B
parlant des différens états où l'on trouve le quarz: « ailleurs
il constitue seul des massesgranuleuses , dont lespetits grains ,
plus ou moins anguleux et déterminés , sont tantôt réunis
eorame on le voit dans les grès, tantôt libres et sans adhé-
rence, comme dans les sables cristallins homogènes et NÉS
SUR LA PLACE , qu'il ne faut pas confondre avec les sables de
transport ou graviers hétérogènes, qui proviennent des dé-
bris des roches quarzeuses primitives de toute espèce. Tels
sont, ajoute-t-il , les sables de Creil , de Nevers , d'Etampes
et autres, qu'on emploie à la manufacture des glaces de Saint-
Gobin. Telle est encore cette couche de sable cristallin et
d'une transparence parfaite , qu'on a trouvée en creusant les
fondemens du pont de Neuilly. Chaque grain de ce dernier
sable, vu à la loupe, est un petit cristal de roche à prisme
hexaèdre intermédiaire très-distinct, avec ses deux pyramides
hexaèdres à plans triangulaires isocèles, également distinctes.
Toutes les arêtes en sont vives, ce qui, joint à l'homogénéité
de ce sable , ne permet pas de douter qu'il ne se soit précipité
du fluide qui le tenoit en dissolution sur le lieu même où cette
couche se rencontre, La transparence et la régularité de ce
cristal de roche microscopique font l'admiration de tous ceux
qui le voient dans mon cabinet. » ( Cristallogr. 1 1 , pag. 65.)'
11 en est peut-être de même des énormes couches de sable
pur et blanc comme la neige , que Saussure a observées près
d'Auberive , entre Vienne et Valence, de même qu'entre
Toulon et Ollioules. ( § ÎSog et 1636, )
Dans la belle description que M. Imrie a donnée de la
montagne de Gibraltar, on voit que, vers la face occidentale
de cette montagne, il existe une couche de sable considérable,
composée de T^QÛXsfragmens de quart cn'slaliisé parfaitement
transparent. Le côté oriental présente une autre couche
semblable , qui s'étend depuis le bord de la mer jusqu'au tiers
de la montagne, c'est-à-dire, jusqu'à une élévation d'enviroa
quatre cents pieds perpendiculaires.
Sur quoi le célèbre M. A. Pictet fait observer qu'on trouve
également, vers la base orientale du mont Salève ( près de
Genève), un amas de sable quarzeux blanc et pur, qu'on
emploie dans la belle verrerie de Torrens. i^Bibl. hrit. , n." 76 ,
pag. 157.)
On pourroit regarder comme un sable calcaire formé de
la même manière que ces sables quarzeux, les amnites qui
sont de petites concrétions globuleuses de la grosseur d'un
grain de sable, d'oii est venu leur nom (le mot grec amnos
signifie sable ) : ces petits globules forment des espèces de grès
quelquefois assez solides , mais quelquefois aussi presque?
incohérens.
s A B 9
On donne le nom de sable à toute matière minérale en
petites parcelles détachées ; ainsi 1 on nomme sable ferrugi-
neux, la purette^ qui est un amas de petits grains de fer oxydé
titanifère , ou du titane oxydé ferrifère , ballottés par les
eaux.
Romé-Delisle avoitreçudeCayenneun sable presque tout
composé de cristaux de grenats microscopiques où l'on
royoit vingt-quatre facettes trapézoïdales.
Le savant chimiste Collet-Descotils m'a fait voir un sable
qu'il a rapporté d'Egypte , et qui contient une foule de cris-
taux microscopiques , et notamment des saphirs de toutes
couleurs ; j'en ai vu de parfaitement transparens et d'un beau
vert d'émeraude : je crois ce sable volcanique, de même que
celui du ruisseau dit rioupezoulion , près le Puy-en-Velay ,
si riche en cristaux d'hyacinthe et de fer oxydulé.
On appelle sables volcaniques les matières pulvérulentes
rudes et arides qui sortent de la bouche des volcans , avant ,
et surtout après l'éruption de la lave , et qui sont quelquefois
d'une abondance prodigieuse ; ces sables sont composés de
fragmens vitreux et de rudimens de divers cristaux. Quand
les matières pulvérulentes , vomies par les volcans , sont lé-
gères , 6nes et douces au toucher, on leur donne le nom de
Cendres. V. ce mot.
Le sable quarzeux ordinaire est employé à divers usages
importans : mêlé avec la chaux vive , il forme le mortier qu'gn
emploie dans les constructions auxquelles on veut donner
une solidité supérieure à celle du mortier de plâtre ; et , avec
le temps , il acquiert la dureté de la pierre : l'action particu-
lière qu'exercent l'un sur l'autre le quarz et la chaux , leur
fait contracter un commencement de combinaison , d'où
résulte une cohésion de la plus grande force entre leurs mo-
lécules.
Dans la fabrication des poteries , il est indispensable de
mêler avec l'argile une certaine quantité de sable quarzeux
pour lui donner du corps, l'empêcher de se gercer, et le
rendre capable de supporter l'action du feu sans éclater.
D'ailleurs la demi-vitrification que le sable éprouve , donne
à la poterie une solidité qu'elle seroit bien loin d'avoir sans
cette addition.
La nature prend soin quelquefois de faire elle - même ce
mélange , comme on le voit dans la couche de sable argileux-
de Fontenay aux-Roses, près Paris, qu'on nomme sable des
fondeurs^ parce qu'il a la propriété de former d'excellens
moules à jeter en fonte les métaux.
Le sable quarzeux est une des matières premières qu'on
!• S A B
emploie dans les verreries ; et quand il est bien pur , il forme
la base des plus beaux verres. Sur trois parties de sable , on
en met une de soude ou de potasse, avec une petite quantité
de chaux et de litharge , et Ton obtient le verre qui porte le
nom de cristal.
Parmi les sables qui ont été transportés par les eaux , on
en trouve qui sont riches en substances métalliques ; soit
qu'elles aient été transportées avec les sables , ou qu'elles s'y
soient formées depuis leur dépôt. Tels sont les sables auri-
fères d'Afrique et du Mexique '. ceux du Choco , qui con-
tiennent en même temp3»du platine et de l'or : ceux de plu-
sieurs rivières d'Europe , qui contiennent aussi ce métal pré ■
cieux. V. Or et Platine.
On trouve sur les frontières de la Sibérie , des dépôts im-
menses de sables qui occupent plusieurs centaines de lieues
carrées , le long de la base occidentale des monts Oural , et
qui sont assez riches en minerai cuivreux , pour donner lieu
a des exploitations considérables et multipliées. C'est de là
que viennent ces tronçons de palmiers convertis en mine de
cuivre, qu'on voit dans les cabinets de minéralogie.
Romé-Delisle avoit rapporté des Indes orientales un sable
d'élaiu noir, qui n'étoit autre chose qu'un détritus de cristaux
d'oxyde d'étain qui avoient été détachés de leur mine et en-
traînés par les eaux. 11 avoit été trouvé dans les montagnes
d'Ophir , à quinze journées de Malaca , d'où les Européens
tirent l'étain qui porte le nom de cette ville.
ûombey avoit rapporté du Pérou un sable vert qui a de la
célébrité , et qui a été reconnu pour un cuivre muriaté ,
d'après l'analyse faite par Vauquelin. V. Cuivre muriaté
et Terrain, (pat.)
SABLE DU RHIN. Ce sable, comme on sait , est auri-
fère; M. Koëlreuter, de 'Carlsruhe , l'ayant examiné , l'a
trouvé composé : i.° d'un sable ferrugineux rouge ; 2.° de fer
chromé ; 3.° d'un sable de quarz ; 4" de mica sableux et en
très-petite quantité ; 5.° de lamelles d'or natif II a analysé
le fer chromé , et a trouvé qu'il étoit composé, sur cent
parties , de protoxyde de fer 98; oxyde de chrome 2.
L'or à donné à l'analyse 98,5 d'or et 6,0 d'argent. Le sable
ferrugineux a fourni : fer oxydé, 61 ; silice, 35; manganèse
oxydé, 2 ; et alumine, 2. Cet examen nous fait connoilre un
minéral assez rare, \efer chwmé. (ln.)
SABLÉ {Mus arenarius. Pal.). V. l'article Hamster, (s.)
SABLE VERT DU PÉROU. V. Cuivre muriaté. (ln.)
SABLE VOLCANIQUE. V. Cendre, (patr.)
SABLIER, Hurn crepitans, Linn. {monoécie monadelphie.^
C'est un pQiit arbre des coatrées chaudes de l'Amérique ,
s A B >»
quî s'élève àla hauteurde notre Sureau, et qui porte des fleurs
mâles et des fleurs femelles sur le même pied. Il forme seul
un genre de la famille des tilhymaloïdes. Sa tige , ligneuse
et lisse , se divise vers sa cime en plusieurs branches couvertes
de feuilles très-larges , et faites en forme de cœur ; elles sont
alternes, munies de stipules qui tombent, et supportées par
des pétioles longs , minces et glanduleux à leur sommet ; leurs
bords sont dentelés , et elles ont, dans leur milieu, une côte
saillante , de laquelle partent plusieurs veines transversales.
Ces feuilles sont lactescentes , ainsi que les branches. Entre
elles naissent les fleurs mâles , réunies en un chaton ovoïde y
que soutient un long pédoncule , et qui est muni d'écailies
imbriquées. Chaque fleur mâle est portée par l'une de ces
écailles ; elle a un calice très-court à deux feuilles (sans co-
rolle),et elle contient beaucoup d'éfamines; les filets forment,
par leur réunion, un corps cylindrique , entouré de deux ou
trois rangs de tubercules, surmontés chacun de 4ieux anthères.
Les fleurs femelles sont solitaires et placées à une petite dis-
tance des mâles. Elles manquent aussi de corolle. Leur calice
est d'une seule pièce , cylindrique, sillonné et tronqué; il
renferme un long style fait en entonnoir, et couronné par un
stigmate très-grand et radié. Le fruit est une capsule ligneuse,
orbiculaire , comprimée aux deux bouts , et partagée ordi-
nairement en douze aillons , qui font chacun le demi-cercle ,
et qui s'ouvrent avec élasticité. — Cet arbre, figuré pi. P.
II, porte dlfférens noms. On l'appelle sablier, parce que
les hâbitans de l'Amérique ouvrent ses fruits au côté où le
Ïjédoncule est attaché, et, après en avoir ôté les semences,
es remplissent de sable, dont ils se servent pour répandre
sur l'écriture. 11 est aussi nommé pet du diable , arbre du diable
( arhor crépita ns)^ à cause du bruit singulier que fait son fruit,
lorsqu'à l'époque de sa maturité , desséché par l'ardeur du
soleil , il se fend et éclate tout à coup , en lançant au loin ses
graines. Si on le cueille, avant même qu'il soit entièrement
mûr, et qu'on le place dans un lieu où il soit exposé à la
douce impression de la chaleur , il offre bientôt le même
phénomène.
Ses amandes sont purgatives à un très'haut degré. On les
appelle à Cayenne , amandes à purger les perroquets.
On multiplie cet arbre par ses graines. H demande à être
élevé en serre chaude ; il faut l'y laisser même en été. Quand
son éducation est soignée , et qu'il est arrosé à propos , il con-
serve ses feuilles pendant toute l'année , et produit des fleurs.
Mais 11 ne fructifie point en France ou très-rarement, (d.)
SABLIÈRE. Lieu d'où l'on X\re\e sable qu'on emploiepour
les constructions et pour d'autres usages économiques, (ln)
la S A B
SABLINE, Arenaria. Genre de plantes de la décandrîe
trigynie et de la famille des caryophyllées , qui présente pour
caractères: un calice divisé en cinq parties très-profondes;
une corolle de cinq pétales entiers ; dix étamines; un ovaire
supérieur surmonté de trois styles ; une capsule uniloculaire ,
s'ouvrant au sommet en cinq valves , et contenant un grand
nombre desemences atlachéesà un placentacentraltrès-court.
Ce genre renferme de petites plantes à feuilles opposées et
à fleurs axillaires ou terminales , dont on compte près de cent
espèces , la plupart propres à l'Europe. Parmi ces dernières »
les plus communes ou les plus remarquables sont :
La Sabline péploïde , dont les feuilles sont ovales , aiguës
et charnues. Elle estvivace et se trouve sur le bord de la mer.
Son aspect l'éloigné des autres espèces. Soumise à une sorte
de fermentation, elle sert de nourriture aux Islandais,
La Sabline a trois nervures a les feuilles ovales , ai-
guës , pétiolées , nerveuses. Elle est annuelle , et se trouve
trés-communément et très-abondamment dans les bois sa-
blonneux et un peu humides.
La Sabline a feuilles de serpolet a les feuilles presque
ovales, aiguës, sçssiles , et sa corolle est plus courte que
son calice. Elle est annuelle , et se trouve très-communé-
nient dans les allées des bois argileux , sur le revêtement des
fossés , etc.
La Sabline rouge a les feuilles filiformes, les stipules
membraneux et engaînans. Elle est annuelle, et se trouve très-
fréquemment dans les lieux sablonneux , dans les landes les
plus arides. Elle varie lorsqu'elle croît sur le bord de la nier.
La Sabline des rochers a les feuilles subulées, les tiges
rapprochées, et les folioles du calice ovales et obtuses. Elle
est vivace et se trouve sur les montagnes pierreuses.
La Sabline a petites feuilles a les feuilles subulées , la
tige paniculée , les capsules droites, les pétales plus courts
que le calice, et lancéolées. Elle est annuelle , et se trouve
dans les bois montagneux.
La Sabline a grande fleur , qui a les feuilles subulées ,
planes, serrées, et la tige uniflore. Elle est vivace, et se trouve
sur les montagnes, dans les parties méridionales de l'Europe.
M. Scblecbtcndahl a donné un travail spécial sur ce genre ,
dans !e Magazin de Berlin, année i8i3. (b.)
SABLON. Nom que les pêcheurs des environs de la Ro-
chelle donnent à une coquille du genre des Sabots , qui dif-
fère fort peu du Vignot, On ignore si c'est une variété d'âge
ou une espèce distincte, (b.)
SABLON. Sable quarzeux très-fin , qui se trouve naturelle-
ment par couches ou par nids, dans les roches de grès ou su?
s A B »3
quelques rivages de la mer , ou qu'on obtient en pulvérisant
des grès friables, qu'on nomme pierre à sabioii. On l'emploie
principalement pour donner du lustre aux vases de métal et
pour polir le marbre. F. Sable, (pat.)
SABLONNIÈRE. C'est le lieu d'où l'on tire le sable k
grains fins , ou Sablon. (ln.)
SABO. En languedocien , c'est le nom de la Fève, (desm.)
S ABONETAS. C'est , en Catalogne , le nom du Balisier.
(LN.)
SABOT. C'est ainsi que l'on nomme la substance dure et
cornée qui termine les pieds des quadrupèdes ruminans. L'on
a remarqué que le sabof des chevaux qui vivent dans les pays
chauds, est beaucoup plus dur que celui des nâêmes animaux
dans les contrées froides ou tempérées, (s.)
SABOT , Turbo. Genre de teslacés de la classe des Uni-
valves, dontles caractères consistent :enune coquilleconoïde
ou turriciilée , à ouverture entière ou arrondie , sans aucune
dent, et à bords disjoints dans leur partie supérieure.
Les espèces qui appartiennent à ce genre avoient été pla-
cées par Dargenvilie et autres anciens conchyliologistes fran-
çais , dans les familles des limaçons et des vis. Linnseus ,
qui les a réunies en genre sous le nom latin ci-dessus, ne les
ayant pas suffisamment examinées , a laissé à ses successeurs
les moyens de faire des corrections importantes à son tra-
vail. Ainsi Bruguière en a retiré quelques-unes pour les pla-
cer parmi les bulimes , et T^amarck a établi, aux dépens de
celles qui restoient , les genres Cyclostome, Scalaire,
Turritelle. Depuis , Denys-de-Montfort a encore éta-
bli, a ses dépens les genres Méléagre, Eperon et Tec-
TAIRE.
L'ouverture de la coquille des Vermets , se rapproche
assez de ce genre , pour que Cuvier ait cru pouvoir les réu-
nir comme sous-genre.
Les coquilles des sabots sont en général épaisses et dures;
leurs spires sont peu prononcées et peu élevées ; leur ou-
verture étroite et intermédiaire , pour la position , entre
celle des HÉLICES et celle des Toupies.
Les animaux qui les habitent ont la tête armée de deux
grosses et courtes cornes, à la base extérieure desquelles
sont situés les yeux. La bouche est ronde et placée à la par-
tie inférieure de la tête ; le col est fort long ; le manteau se
développe sous la forme d'une bourse, sur la partie inférieure
de laquelle on remarque un amas de glandes; le pied est
ovale , allongé , trop épais pour pouvoir entrer dans la co-
quille. Il porte , à son extrémité postérieure et latérale , un
,4 S A B
opercule de même fortne que Touverlure cle la coquille »
mais un peu plus grand.
Les sabots sont fort communs dans les mers d'Europe, et
encore plus dans celles des pays chauds. Ils sont appelés gé-
néralement W/?«o/5 sur les côtes de France, et se mangent
sans être fort estimés. Ils s'attachent aux rochers et restent
le plus souvent exposés à l'air dans l'intervalle des basses
marées. En '-roecùant avec lenteur, Beudant est parvenu à
les faire v. r dans l'eau douce. On en connoît près de qua-
Ire-'-vflgîs espèces que Linnœus a divisées en cinq sections ,
savoir :
i." Les néntoides , dont le bord de la columelle est plat et
împerforé , el parmi lesquels il faut principalement remar-
quer:
Le Sabot vignot, Turbo lîltoreus , qui est presque ovale ,
pointu et strié. V. pi. P. ï 8 où il est figuré. Il se trouve sur
les côtes de France,
LeSABOTBOoON, Turbo murîcatiis ,Qui est ombiliqué, presque
Ovale, pointu, entouré de rangées de tubercules, et le bord
de sa columelle est obtus. On le rencontre sur les côtes d'Eu-
rope , d'Afrique et d'x'Vmérique.
2.0 Les împerforésy dont l'ombilic n'est pas creux ; on y dis-
tingue :
Le Sabot chrysostome , qui est presque ovale, rabo-
teux, et dont les tours de spire ont deux rangs de petites
épines recourbées. Il se trouve dans la mer des Indes.
Le Sabot pagode, qui est presque conique, dont les
tours de la spire ont des épines obtuses , liées entre elles , et
le dessous mamelonné et strié. Il se trouve dans la mer des
Indes.
Le Sabot éperon, qui est presque imperforé, aplali ,
dont les tours de spire sont rudes au toucher , et ont des
épines recourbées et comprimées à leur partie supérieure.
Il se trouve dans la Méditerranée et dans la mer des Indes.
Le Sabot rugueux, qui est presque ovale ', strié , et a les
tours de spire supérieurement rugueux. Il se trouve dans la
Méditerranée.
Le Sabot couronné, qui est rugueux, blanc sali de vert,
dont la pointe est jaune orangé , avec les tours de spire cou-
ronnés d'épines et de tubercules, et la columelle prolongée<
Il se trouve au détroit de Magellan.
Le Sabot turban vert, Turbo cidaris , est uni, a les tours
de spire arrondis, un peu comprimés, le premier très-grand,
l'ouverture comprimée , d'un vert argenté , la columelle
saillante. Il se trouve dans la mer des Indes. Quelques au-
s A B iS
teurs en ont fait un genre ; et en effet, il diffère un peu de^
autres espèces.
3.° Les perforés , c'est-à-dire dont 1 ombilic est creux, et
parmi lesquels il faut particulièrement noter:
Le Sabot pic, qui est conique, arrondi, uni, avec une
petite dent à l'ombilic. Il se trouve dans toutes les mers.
Le Sabot bouche d'argent qui est presque ovale , avec les
lignes dorsales élevées, transversalement striées, et l'ouver-
ture nacrée. Il se trouve dans la mer des Indes.
Le Sabot dauphin, dont l'ombilic est épineux', et dont
les tours de la spire ont des pointes rameuses. Il se trouve
dans la mer des Indes , et forme le type du genre Cyclos-
TOME de Lamarck.
Beudant a décrit trois espèces nouvelles de ce genre,
tome i5 des Annales du Muséum, (b.)
SABOT, Cypripedium. Genre de plantes de la gynandrîe
diandrie et de la famille des Orchidées , qui présente pour
caractères : une corolle à six divisions {calice , Juss.), dont
une supérieure, ovale ou triangulaire , une inférieure {nec-
taire , Linn. ) , concave , obtuse , renflée , comme calici-
forme , et quatre extérieures plus étroites , plus longues ,
disposées en croix.
Ce genre, dont ceki appelé CiRRE , par Sovi^erby, se
rapproche beaucoup , renferme une douzaine de plantes à
racines tubéreuses, à tiges ordinairement simples, à feuilles
alternes , et à fleur solitaire et terminale. On en compte cinq
espèces, dont une des Alpes , et les autres de l'Amérique
septentrionale , ou de l'est de l'Asie.
Le Sabot des Alpes, qui s'élève d'environ un pied , dont
la division supérieure de la corolle est ovale , concave , lar-
gement canaliculée en dessous , et la division intérieure plus
courte que les autres , et comprimée. Elle est vivace , et se
trouve dans l* Alpes. C'est une plante d'un aspect très--
remarquable, mais qui fleurit rarement, surtout dans les
jardins. Elle aime les lieux ombragés et frais. On l'appelle
vulgairement sabot de la Vierge ou soulier de Notre-Dame.
On doit à Salisbury une monographie de ce genre , in-
î5érée dans le premier volume des Actes de la Société Lin-
néertne de Londres, (b.).
SABOÏ LIGNEUX. Paulet, dans son Traité des
champignons, donne ce nom au BOLET amadou viER {Bo-
letus ignarius , Linn. ). (B.)
SABOT PYRAMIDAL ou Grand sabot. Noms.mar-
chands de la Toupie nilotique. (desm.)
SABOT SUBt;REUX. Champignon figuré par Paulet ,
i6 SAC
pi. g àe son Traité. Il paroît que c'est le Bolet subéreux
de BuUiard. (b.)
Sabotier. Animai des Sabots. Il a un opercule ;
deux tentacules portant un œil à leur base interne ; un dis-
que ventral non frangé, (b.)
SABR AL SOKOTORI. Voyez Saber. (b.)
SABRA. Nom arabe d'une espèce de Basilic , selon
Mentzel. (lis.)
SA15RE , Trachyptems. Poisson de la Méditerranée ,
qui, selon Gouan , constitue seul un genre voisin des Gym-
NÈTRES. Ses caractères sont : nageoire dorsale très-longue ,
soutenue par des rayons ronds , et dont les antérieurs sont
dentelés en scie ; point de nageoire anale ; la ligne latérale
armée d'épines ; queue fortement dentelée au-dessous, (b.)
SABRUIECHO. V. Sagriecho. (desm.)
SABSAB. Nom imposé , par Adanson , au genre ;?a5^a-
lum de Linnœus , parce que ce dernier désignoit , chez le»
anciens , une espèce de millet. Ce nom , ne pouvoit con-
venir à un genre qui ne comprend pas cette plante. Sabsab
est le nom donné au Sénégal , selon Adanson, à une espèce
de Paspales. (ln.)
SABTA. Nom arabe d*une espèce de Salicorne ( 5a/i-
cornia crucita , Forsk. ; strolilacea , Pallas ) , qui croît en
Egypte , sur les bords de la Méditerranée et de la mer
Rouge. V. Serbta. (ln.)
SABULICOLES, Sabulosi. Nom collectif sous lequel
j'avois désigné , dans mon Gêner. Crust. et Insect. , les insectes
coléoptères qui composent la famille des mélasomes de «et
ouvrage. V. ce mot. (l.)
SABURON, Coquille du genre des Casques, (b.)
SAC ANIMAL. Nom donné , par Dicqueraare , à
i'AsciDiE verte , qu'il a observée au Havre, (b.)
SAC A. Race de Chats sauvages, del'îlfe de Madagas-
car; ils sont très-beaux et ont la queue toute recoquillée.(s,)
SACAL. Pline , en traitant de l'ambre , rapporte ,
d'après Nicéas, auteur plus ancien , que cette substance mi-
nérale se trouve en Egypte, et qu'on lui donne le nom de
sacal , quelques auteurs écrivent secal. (ln.)
SACCAR ouSACCHAR.Nomqui paroît avoir été très-
anciennement celui du sucre, ou plutôt des sucres, dans
l'Inde , et qui, depuis , a passé dans la langue arabe.
Le saccar-mambu des Indes , dont parle liarcias , est le
tabaxir, suc concret qui se trouve dans le bambou.
Le sarxar-alhusser ou plutôt saccar alhasser des Arabes ,
est la substance sucrée qu'on recueille sur le beid el ossar^
plante d'Egypte et d'Arabie j qui paroît. être Vasciepîas pro-
cera de Aiton, etc. (ln.)
s A C 17
SACCELION, Saccelium. Arbre à feuilles alternes et à
fleurs disposées en grappes axlllaires , originaire des monla—
gnes du Pérou, qui, selon Humboldt et Bonpland, cons-
titue seul un genre dans la monoécie pentandrie et dans la
famille des rhamnoïdes.
Ses caractères sont : fleur mâle; calice très -petit, à cinq
dents ; corolle de cinq pétales; cinq étamines; fleur femelle;
calice ventru à ouverture très-petite,à cinq dents, persistantes;
corolle nulle outrés-caduque; ovaire supérieur tubercule , à
style unique et à stigmate bifide ; le fruit est un péricarpe
osseux renfermé dans le calice , à sept loges raonospermes
sur deux rangs , quatre supérieures égales, et trois inférieures
dont les latérales sont plus petites, (b).
SACGHARON ou Saccharum des anciens. Dioscoride ,
en traitant des diverses espèces de miels, termine son article
par ces mots : <t II y a une sorte de miel congelé, qu'on ap-
pelle saccharum. On le trouve , dans des roseaux , aux Indes
et dans l'Arabie Heureuse. Il est ferme comme du sel , et se
rompt de même sous les dents. Bu avec de l'eau , il est
laxatif; il est bon à l'estomac , aux reins ulcérés et à la vessie-
Appliqué sur les yeux , il résout tout ce qui empêche ou
éblouit la vue. »
« he saccharum, dit Pline, vient d'Arabie; mais cependant
le meilleur s'apporte des Indes. C'est une espèce de miel qui
s'amasse dans certains roseaux , qui est blanc comme de la
gomme , et frêle sous la dent. Les grains sont gros comme
une aveline , et on s'en sert seulement en médecine. »
Galien s'exprime ainsi : « On dit que le saccharon des Indes
et de l'Arabie Heureuse croît dans des roseaux , et est
une espèce de miel ; et encore qu'il ne soit pas aussi doux que
le miel , il a néanmoins des propriétés analogues; car il est
abstersif, dessiccatif et résolutif. Cependant il est différent
du miel en ce qu'il n'est pas si contraire à l'estomac , et
qu'il ne s'altère pas autant.» Galien place le sacckaron avec
les médicamens qu'on peut donner contre la fièvre.
Strabon rappelle les roseaux de l'Inde qui donnent du
miel sans le secours des abeilles.
Ainsi les anciens ne connoissoient pas le roseau qui pro-
duisoit le saccharon ; mais ils s'accordent sur les pays d'où
l'on tiroit cette substance, sur ses qualités et sur son rap-
prochement avec le miel. Ce rapprochement ne laisse
pas de doute qu'ils n'aient voulu parler de notre sucre ;
mais comme les procédés pour retirer en grande quantité et
rendre mangeable le sucre de la canne , par la pression et la
cuisson, etc., sont des découvertes très-postérieures, il n'est
pas surprenant que les ancieas, qui rece voient le sucre comme
i8 S A C
une drogue, ne le regardassent que comme un médicament
Il paroît que leur sucre éloit du sucre candi, du sucre
en larmes exlrava&é de l'écorce de la tige , et recueilli à sa
surface , ou bien la pulpe mielleuse de la canne elle-
même , qui peut souffrir, en quelque sorte , la comparaison
avec le miel , par sa couleur , son grain et ses propriétés ;
car elle contient la mélasse , principe qui jusliûe pourquoi
quelques botanistes anciens ont regardé le sucre comme
laxatif.
La canne à sucre , ignorée des anciens botanistes, et la
connoissance qu'ils avoient de plusieurs substances sucrées
qu'on apportoit aussi de l'Inde , sont cause que , dans leurs
écrits, ils ont supposé le sucre produit par des végétaux diffé-
rens de la canne à sucre ; et c'est ce qui est arrivé h Solin,
lorsqu'il dit qu'en certains marais des Indes, il croît de si
grosses cannes sucrines , qu'un nœud , seulement , partagé
en deux , peut servir d'esquif pour traverser lés eaux. Il
est probable qu'il n'est pas question ici de la canne à
sucre , mais d'un bambou , et cola d'autant plus que le
bambou devient extrêmement grand et gros , et que , dans
l'intérieur de ses nœuds , s'amasse une matière connue dans
rinde sous les noms de tabaxtr et de saccar-mamhu ^ ou
sucre de bambou (Garzias).
Quelques médecins ont cru que le sucre des anciens , et
la manne, avoient de l'analogie et se récoltoient de la même
manière ; ce qui supposoit alors que l'on croyoit que le
sucre transsudoit des tiges des roseaux de l'Inde , et s'en-
croûtoit à leur surface ; ce qui peut être vrai.
Mais il est bien reconnu que les anciens n'ont pas du tout
confondu le sucre avec la manne ; il nous est démontré que
notre sucre éioit aussi bien connu des Grecs et des Ro-
mains, que le cinnamomum ou la cannelle, et le piper ou poi-
vre, deux autres productions végétales qu'ils tiroient éga-
lement des Indes,
Il n'y a pas de doute non plus que la vraie canne à sucre
n'ait été connue en Europe avant la découverte de l'Amé-
rique , et que sa culture ne s'est répandue qu'aussitôt qu'on
eut découvert dans l'Inde les procédés pour en retirer le
sucre en quantité ; jusque-là, cette substance étoit reléguée
dans les pharmacies , parce qu'elle étoit trop rare et trop
chère , ou peut-être parce qu'elle étoit trop impure pour de-
venir un aliment. Il paroît que c'est dans l'Inde que le sucre
prit d'abord une grande faveur. En Europe, le goût "du sucre
ne commença à dominer que lorsqu'on parvint à établir de
grandes cultures de cannes à sucre en Amérique; ce qui mit
SAC 19
celle denrée à un prix de beaucoup infe'rieur h celui du sucre
qu'on tiroit du liengale , et même à celui retiré des cannes
cultivées alors en Sicile et en Espagne. Il existe encore
quelques cultures de cannes à sucre en Sicile. L'on dit que
les sucres de l'Inde sont supérieurs à ceux d'Amérique , ce
qui peut être vrai jusqu'à un certain point, les cannes des
Indes étant <lans leur pays natal , et celles d'Amérique étant
dans un sol étranger, et de plus, ayant dû nécessairement
dégénérer depuis leurs translations successives de l'Inde en
Amérique.
L'on connoît plusieurs espèces de cannes à sucre, c'est-
à-dire , des cannes qui produisent du sucre ; mais aucune
n'est propre à l'Amérique , et les diverses plantes améri-
caines , qu'on a cru en être , appartiennent à des genres
différens, et ne produisent point de sucre.
Ainsi donc, les véritables cannes à sucre ou cannamelles
( V. ce mot) , sont étrangères à l'Amérique; et, comme les
Grecs et les Romains n'ont connu aucune de ces cannes ,
pas même celles qu'on trouve à présent en Egypte , on peut
avancer , avec hardiesse , que les cannes à sucre cultivées
sont originaires de l'Inde. V. Saccharum.
SACCHAROPHORUM. Nom donné, par Necker,
au genre Imperata , qui a pour type le lagurus cylindricus ^
L. , dont quelques botanistes onl fait une espèce du genre
saccharum ( CaNNAMELLE). (ln.)
SACCHARUM. Les botanistes donnent, avec Linnœus,
ce nom au genre de graminées qui comprend les canna-
melles ou cannes à sucre. Ce genre faisoit partie des arundo
de ïournefort, et du phragmiles d'Adanson ; il comprend
un petit nombre d'espèces, et a beaucoup d'affinité avec
les genres andropogon , pappuphorum , imperaia ^ erianihus ,
pbgonatherum , vionachne , perotis , qui même , pour la plu-
part , en ont fait partie. V. Cannamelle.
Il paroît que le nom de saccharum^ qui désignoit autrefois
le sucre , est corrompu d'un mot indien , saccar ^ qui signifie
Sucre. Il y a des auteurs qui prétendent que saccharon est
persan, et qu'il signifie également le sucre dans cette langue.
Lemery le tire de l'allemand kast , caisse ; il en donne pour
raison , qu'on a coutume de transporter le sucre dans des
caisses. Or, c'est ce que Dloscoride et Pline ne nous ap-
prennent point , et l'on sait que , avant eux , on connoissoit
déjà le saccharon. (lis.)
SACCOLA A des Arabes. Selon C. Bauhin, c'est le grand
Cardamome des boutiques, qu'il dit être aussi le s«coM/ed'Av!-
cenne, et Velachi des Maures. V, Cardamome, (ln.)
20 S A G
SAGCOPiiORE. Nom français du genre Buxbâume.
V. ce mot. (b.)
SACCOPTERYX. Genre de mammifères de l'ordre des
chéiroptères, formé par llliger, et renfermant une seule
espèce, \evesper(/7io le/jturus de Gmelin, qui est rangé par M.
Geoffroy Saint- Hilaire dans son genre Taphiew. F.ce mol.
llliger donne pour caractères à ce genre : quatre incisives
inférieures trilobées ; point de supérieures ; les molaires à
tubercules aigus; les oreilles grandes, oblongues, arrondies;
Toreillon petit et obtus; un repli en forme de petit sac, dans
la membrane des ailes et à la base du bras. (desm.)
SAGCULINE, Sacculina. (ienre de polypiers établi par
Lamarck , mais qu'il a ensuite nommé Tibiane. (b.)
SACCULUS. Lluida donné ce nom à une ïérébratule
FOSSILE, (desm.)
SACELLE (Mirbel). Sorte de fruit. C'est i'AcHÈNEde
Richard , écrit Akène par Decandolle. (b.)
SACHANDER. Nom de I'Aristoloche de l'Inde, à
Ccylan. (b.)
SACHETTO, Selon Séraphin Volta, c'est le nom italien
du Chélodon caiius. (DESM.)
SACHILOI. Nom arabe de la Berce bratnc-ursine Qiera-
ckxim sphondyliiim) ^ .selon Tabernsemontanus, (ln.)
SACKAGUSCH. Nom turc du Pélican, (v.)
SAGODiOS. Pline, en traitant des améthystes, s'ex-
prime ainsi ; « Celles de l'Inde sont de la plus riche couleur
de pourpre qui soit , de sorte que les teinturiers en pourpre
font leur possible pour parvenir à imiter la couleur agréable
et franche des améthystes des Indes. En effet, ajouie-t-il ,
elles ont cet avantage de plaire aux yeux sans les éblouir de
leurs feux, comme font les escarboucles. On en trouve aussi
qui tirent sur l'hyacinthe. Les Indiens nomment cette couleur
saros , et les améthystes sacodios. » Comme Pline paroît
avoir confondu les variétés de corindon rouge et les amé-
thystes , quelques auteurs croient qu'il s'agit ici des unes
cl des autres, et que le sacodios seroit une variété jaune du
quarz améthyste. Cependant quelques autres auteurs font
observer que 1 hyacinthe des anciens ctoit une pierre bleue,
et que le sacodios auroit été alors un rubis oriental, passant
au saphir ; ce qui est d'autant plus probable , que les Indiens
distinguent encore à présent les variétés bicolores des rubis ,
saphirs, topazes ei améthystes d'Orient, qui tous sont des
variétés du corindon. (LiS.)
SACOULE. V. Saccolaa. (ln.)
SACQUENUMMENER. Les naturels de la Virginie
donnoient ce nom à des baies qui nous sont demeurées in-
s A F 21
connues, et qu^ils recueilloient sur une planle qui crolssoit
dans les étangs. C. Bauhin rappelle ces baies dans son Pinax,
et les place à la suite de ses capparis. (lis.)
SACFVA-HERBA des Latins. V. Hihrobotane. (ln.)
SACRE {Falco sacer , Lalh.). Oiseau de proie du genre
des Faucons. V. ce mot. (s.)
SACRE D'EGYPTE. Relon appelolt ainsi le vauiour
d'Egypte. V. l'article des Vautours, (s.)
SACRET. Nom que l'on donnoit autrefois, en France, au
mâle de l'espèce du sacre. La femelle s'appeloit Sacre. V. ci;
mot. (s.)
SADA-VAINGANI et ANA-SCHUNDA. Noms que
l'on donne , sur la côte Malabare , à une espèce de Morelle
( Solanum lasiocarpum , Dunal. ). (LN.)
SADAJAK ou SGHADAK. Nom du Pika chez les ïar-
lares de Krasnojar et de Tomen. (s.)
SA'DAN.Nomarabe de la NiùVa.ADE(^Neurada procumbens,
L.).(LN.)
SADAR Nom arabe duPLAQUEMiNiER (^Diospyros lotus, L.),
selon Matthiole. (ln.)
SADEB et SEDAB. Deux des noms arabes de la PiUE ,
selon Matthiole. (ln.)
SA'DEH, Nom arabe de I'Eclypte droite {Edyptaereda^
L. ) , qui est le mîcrelium astéroïdes , Forsk. (ln.)
SADENEGL Nom arabe de I'Hématite rouge, (ln )
SADL\NALACH et CASTAL. Noms arabes du Châ-
taignier ou de la Châtaigne , selon Matthiole. (ln.)
SADICSTiCOS. L'un des noms arabes du Sumac. J\
Rhus. (ln.)
SADOT. Coquille du genre des Pourpres {Buccinum la^
pîUus ). (B.)
SADSCHA. C'est le nom que les Russes donnent à Vilt-
TÉROCLiTE DE Tartarie. V. ce mot. (v.)
SA'ED. Nom arabe d'une espèce de Souchet ( Cypenis
rotïindus^ L. ). (LN.)
SAEFSPARF. Nom suédois de I'Ortolan de roseaux.
SAEGARIECK. Nom turc des Pics, (v )
SAEKAGUSCH. Nom turc du Pélican, (v.)
SAELANTHUS. Ce genre, établi par Forskaël, est le
même que celui nommé cissus par Linn:«u3. Il comprend
cinq espèces, parmi lesquelles on compte le cissus quadrangu-
laris , c'est-à-dire l'AcHiT quadrangulaire. V. Acurr. (ln.)
SAELHUND. En danois, c'est le Phoque commun.
( DESW.)
SAFFALON. C'est, à Ardra, le nom du Rocher cm-
CORÉE, (DESM.)
23 S A F
SAFFERA, SAFFRA et SAFLOR. Synonymes alle-
mands de Safbe. V, ce mot. (ln.)
SAF-FAR. F. Outarde rhaad. (v.)
SAFRAN , Crocus , Linn. {triandrie monogynîe.) Genre de
plantes à un seul cotylédon et à (leurs incomplètes, de la
famille des irîdées, qui a beaucoup de rapports avec le Col-
chique. Ilpr ^ente pour caractères : un calice coloré, ayant
un très-long tube et un limbe ouvert en cloche , à cinq divi-
sions égales et régulières ; trois étamlnes à anthères sagittées ;
un style surmonté de trois longs stigmates roulés et crêtes,
et une capsule à trois loges, contenant des semences rondes.
Les plantes de ce genre n'ont point de tige , mais seule-
ment une spathe à une ou deux valves. Les feuilles et les fleurs
sortent immédiatement de la racine, qui est un bulbe formé
de deux tubercules placés l'un au-dessus de l'autre, et dont
le nouveau croît et vit aux dépens de l'ancien.
11 n'y a que huit ou dix espèces de safran. Dans ce petit
nombr'e on en distingue trois , le printanier, le jaune et ïau-
iomnal ou safran cultivé.
Le Safran printanier, Crocus v émus., Linn., a une spathe
univalve et des fleurs d'un violet pâle , ou blanches. Les seg-
mens extérieurs du calice, plus étroits que les internes, sont
peints de la base au sommet de trois raies noires; et son tube
a autant de raies pourpres que le limbe offre de divisions.
La capsule est à trois angles , e't renferme un grand nombre
de semences rondes et brunes.
Celte plante vient du midi de la France; elle se plaît sur
les montagnes et les lieux élevés; elle est vivace,et fleurit au
printemps, quelquefois en février lorsque l'hiver a été doux.
Ses feuilles croissent après que la fleur est passée ; elles s'é-
lèvent alors jusqu'à six ou huit pouces.
On la voit fréquemment pendant Thiver, dans des pots,
sur les cheminées de Paris et autres grandes villes.
Trois autres espèces, qui lui sont inférieures en beauté,
ont été regardées comme ses variétés.
Le Safrats jaune, figuré sous le nom de crocus sicllarîs ^
tab. 6 du L^i^vol. des Transactions de la société horticuilurale
de Londres, a une spathe bivalve et les fleurs jaunes avec
des raies noires. Il a aussi été regardé comme une variété
du précédent, quoique fort différent dans toutes ses parties.
On le cultive comme lui, soit en pleine terre, soit dans des
pots. Sa couleur plus vive le rend même plus digne de re-
marque.
Le Safran cultivé. Crocus sutims, Linn., a un bulbe
^ros comme une petite muscade, un peu comprimé, et cou-
erl d'une peau brune el filamenteuse. De sa partie inférieure
s A F ,3
sortent plusieurs fibres longues, qui pénètrent assez profon-
dément dans la terre. La fleur ou les fleurs naissent de la
partie supérieure du bulbe , et paroissent en octobre , très-
iong-temps avant les feuilles ; elles sont de couleur gris de
lin ou pourpre bleuâtre ; leur tube est fort long, sans pédon-
cule, et se partage au sommet en six segmens obtus, ovales
et égaux.
Le safran se multiplie considérablement par ses bulbes ,
surtout si on le laisse en terre deux ou"trois ans sans les dé-
ranger. On les enlève quand la plante a perdu ses feuilles ,
c'est-à-dire en juin , juillet ou août. Les uns les replantent
alors tout de suite, les autres attendent le mois de septembre.
Les terres légères sont celles qui conviennent le mieux au
safran ; il réussit mal dans les terres humides, argileuses ou
trop fortes. On prépare le sol par trois labours donnés dans
l'espace d'une année ^ avec la houe ou la bêche; savoir, le
premier vers Noël, le second en avril , le troisième un peu
avant de planter.
Les ognons sont mis en terre avec ou sans leurs enve-
loppes , à une profondeur et à des distances qui varient selon
le sol, le climat et les usages du pays. Peu de temps après
leur plantation, ils produisent des racines; et aussitôt que la
terre est pénétrée par Thumidité de l'automne, la fleur com-
mence à s'élever. Alor^ on laboure superficiellement, ou on
ratisse , pour mieux dire , le sol, à deiix pouces seulement de
profondeur. Dans cette opération, il faut éviter de couper
les fleurs naissantes. Elles se montrent en octobre; on les
cueille quand elles sont encore peu ouvertes; celte récolle est
minutieuse et longue.
Quand les fleurs sont passées, les feuilles paroissent, el les
champs de safran restent verts pendant toute la saison de<;
frimas. A la fin de mai , on arrache ces feuilles presque
desséchées, et on les donne aux vaches. Depuis cette époque
jusqu'en septembre , le sol doit être labouré trois fois, mais
très-légèrement. Les deux premiers labours se font à trois
pouces de profondeur , l'un au milieu de juin , l'autre à la fin
d'août; le troisième n'est qu'un ratissage. Au commencement
d'octobre , on voit sortir de terre de nouvelles fleurs. On suit
pendant trois ans la même culture, et ce n'est qu'à la qua-
trième année qu'on relève les ognons , après quoi on n'en
remet plus dans le même champ qu'au bout de douze à
quinze ans.
La récolte du safran n'est pas seulement longue , commf
je l'ai dit , mais quelquefois très-pénible. S'il survient en
automne des pluies douces accompagnées d'un air chaud, le?
fleurs paroissent et se succèdent avec une abon.lance cl une
=4 s A F
r.ij)idiJc (iionnanîes.Les cultivateurs n'ont alors aucun repo«,
et malgré tous leurs soins, ils perdent souveyt une partie de
ces (leurs. On les cueille avant que la rosée du matin soit
dissipée, et le soir, quand on est très-pressé. Elles sont mises
dans des mannes ou paniers , et transportées ainsi dans la
maison, où on les épluche, et où on fait sécher les pistils à
une chaleur douce. Un arpent donne, terme moyen, quinze
livres de safran sec.
L'odeur du safran déplaît à quelques personnes, et fait
même mal à leurs nerfs, tandis qu'il est salutaire à la plu-
part.
J^a médecine, loîfîce et la peinture font usage du safran.
On iempHie principalement dans les affections hypocondria-
ques et hystériques, dans les cachexies, l'insomnie, les
spasmes internes ou externes, la strangnrie, la dyssenterie.
On en colore le heurre, les pâtes, les sucreries, etc.
Il sert .-lu lavis des plans.
On vient d'annoncer qu'un sachet de safran porté sur l'es-
tomac préservoii du mal de mer. Rien ne s'oppose à la
possihilité de ce fait.
Trois nialadies principales affectent les ognons du safran
lors(;u'iis sont en terre, ha fausset qui est une ExosTOSE d'un
enlèvement facile ; le iaron qui est un Ulcère dont on par-
vient à arrêter les ravages par le même moyen ; enfin , la
morf. Cette dernière est causée par un champignon parasite
que Persoon a appelé ScLÉROTE, et Decandolle Ruizoc-
TOIVFE. r. ces deux mots. (B.)
SM-HAN BATARD. C'est le Cartiiame. (b.)
S U" r;Ai\TAUX. F. Amarylî.is jaune, (b.)
SAl RAN DES INDES. C'est le Curc.uma. (b.)
SAFRAN MARRON. La Cakne d'Inde porte ce nom.
(B.)
SAFRAN DE MARS ASTRINGENT NATIF.
DeJiorn a donné ce nom à l'ocre de fer rouge naturel qui est
un fer oxydé au plus haut degré, que les minéralogistes fran-
çais ont classé jusqu'ici avec le Eeroligiste (fer. ol. terreux).
C)ri l'emploie <lans les arts, sous les noms âe colruiharfossi/c,
â'o'.re rouge , et il ne diffère du colcothar artificiel ou rouge
d'Angleterre, qui e^t employé en médecine comme astrin-
gent , que p.-u'ce qu'il est moins pur. Les pharmaciens nom-
ïTien' safran fie mars opéri/if une composition qui ne diffère du
safr.iu de mars astringent qu'en ce qu'elle contient de l'acide
carbonir|ue ; cl, d'après le procédé en usage pour le fabriquer,
on peut voir que c'est un Hydrocarbonate de fer ( Thé-
nard). (ln'.)
SAFRAN DES MÉTAUX , Crocus melallorum. Les
s A G ^^
pharmaciens nommoient ainsi autrefois une préparation
chimique, qui est une combinaison d'oxj^de d'antimoine] et
de soufre, unis probablement à un peu d'aride, (ln.)
SAFRAN PARFUMÉ. Synonyme de Collet doré, (b.)
SAFRAN DES PRÉS. C'est le Colchique d'automne.
(B.)
SAFRANUM. On donne ce nom aux fleurs de Car-
THAME , préparées et prêtes à être employées pour teindre-
V. Carthame. (ln.)
SAFRE ou SVFFRE. On a donné ce nom à I'Oxyde de
COBALT , après que la mine a été grillée dans des fourneaux,
de réverbère , pour la dépouiller de l'arsenic qui s'y trouve
presque toujours en grande quantité. F.Coball, vol. 7, p. 221.
(PAT.)
SAFSAF. Nom de Camnepetière , en Rarbarie, (v.)
SAFSAF. Ce nom , ainsi que ceux de sofas , saffaf^ kalef
onchnlef, biilet et chalet , sont donnés par les Arabes , à
diverses espèces de saules, et même à l'olivier de Rohèrac
( Elœagnus europœus ) , que nous nommons aussi chalef , et
dont le feuillage rappelle celui de certains Saules, (lis.)
SAFSAF- ROUMY. Nom arabe du Saule pleureur
( Sali^j ho.hylonica , L. ) ; safsaf beledy , est le salix subserrata ,
Wiild. (LN.) #
SAFTO. Nom que les anciens Égyptiens donnoient à la
JuSQUlAME(/2/05C/aff2Ji5). (ln.)
SAGA, des Malais. Cette plante , la même dit-on , q;ie
le Iwrau de Kœmpfer, est, le sceura marina de Forskaè'l , et
par conséquent une espèce à'aoictnnia. Adanson a fait un
genre distinct àaharau. V. ce mot. (ln.)
SAGAN. Les Rurales donnent ce nom au Renne, rumi-
nant du genre Cerf. V. ce mot. (desm.)
SAGAPENUM, ou GOMME SAGAPIN, ou GOMME
SÉRx\PHIQUE. C'est uue gomme-résine qui nous est ap-
portée de l'Orient , sous forme de larmes concrètes , ou en
masses plus ou moins grosses ; elle est d'une couleur roussâtre
à l'extérieur, d'un blanc jaunâtre en dedans; d'une odeur
aromatique forte , approchant de lai/ ou an poireau , par-
ticulièrement lorsqu'on la brûle , et d'une saveur acre et
am-ère ; les jaunes d'œufs, le sirop, le miel, la dissolvent; elle
est soluble en grande partie dans les huiles et les graisses , et
plus soluble dans l'eau que dans l'espril-de-vin. Elle est pro-
duite par une plante qu'on soupçonne être une espèce de
Férule, (d.)
SAGATEMENER. Bnns V Histoire des Indes occidentales ,
il est dit que les naturels de A'^irginie retirent une huile
douce d'un fruit qu'ils nommerai sugetemener; ce fruit nous est
inconnu. Dans le même ouvrage , on parle d'une seconde
^5 S A G
espèce de fruit , appelé sapiimener, qui , lorsqu'il eslcuit,a le
goàt de la châtaigne , et dont on faisoit quelquefois du pain.
Ce fruit est sans doute le Chincapin, (ln.)
SAGDA. Pierre mentionnée par Pline , et qui nous est
inconnue. Elle étoil d'un vert de poireau ; les Chaldeeus
la trouvoient adhérente à leur navire ; il est prohable que
c'éloit un zoophyte coralligène. V. Samothracia.
Quelques auteurs nomment sagda obseurelcisispe vert opa-
que , dont Pline parle implicitement dans ce passage. « Ou
trouve aussi du jaspe vert, lequel se rencontre souvent trans-
parent » Le mot souvent fait comprendre qu'il y avoit aussi dis
jaspe vert opaque, (ln.)
SAGEDIE, Sagedia. (ienre de Lichen établi par Achard ,
et qui rentre dans ceux qui ont été appelés : Urcéolaire ,
Dialecte , Thétrème , par le même auteur, (b.)
SAGENITE. C'est le nom que Saussure a donné au
Titane oxydé cristallisé en petites aiguilles , disposées eu
réseau , qui imite le filet , appelé sagena. F. Titane oxyde.
(PAT.)
SAGER. Nom allemand des Harles. (v.)
SAGEROTTHEM. Espèce d'EupHORBE , dont le suc
Sert à empoisonner les armes dans le royaume de Sennar. (b.)
SAGESSE DES CHIRURGIE^ Ancien nom fran-
çais du SiSYMBRE A PETITES FEUILLES. (B.)
SAGGAOUY , SARAQUH. Noms égyptiens de la
Cresserelle. (v.)
SAGIF. En turc et en arménien , c'est la Loutre. V. ce
mot. (desm.)
SAGINA. Césalpîn nous apprend qu'on donnoit ce nom,
en Italie , à une espèce de Sorgho ( holcns bicolor ^ Linn. ).
Ce nom qui dérive d'un verbe latin, qui signifie engraisser ,
convient au sorgho dont les graines sont très-nourrissantes.
Le sagina de Linnœus est un genre de plantes caryophyi-
lées très-petites, et auquel ce nom, pris dans son accep-
tion, n'étoit pas applicable; d'ailleurs, ce genre avoit él«5
nommé Alsindla par Dillen. Adanson et Mocnch lui ont ce-
pendant conservé le nom de sagina, seulement Moench a ap-
prouvé la séparation du sagina crecla^ dont Ehrhard avoit f.tit
son genre Moenclna\ mais ce botaniste a cru devoir le dé.si-
gner par Alsinella. M. Persoon lui a rendu son premier nom.
F. ci-après, (ln.)
SACàlNA. On appelle ainsi le Sarrazin, dans quelques
parties de Tltalie. (b.)
SAGINE , Sagina. Genre de plantes de la tclrandrie mo-
nogynie ,.et de la famille des caryophyllées , qui offre pour
caractères : un calic*; vlivisé eu quatre parllcs ; une corolle
S*A G 27
de quatre pétales ( rarement point ) ; quatre étamincs ; un
ovaire supérieur , surmonté de quatre styles; une capsule à
quatre loges , à quatre valves , contenant un grand nombre
de semences.
Ce genre , aux dépens duquel on a établi ceux appelés
Ai-siNELLEet MoENCHiE , Centaurelle et Bartonie , ren-
ferme des herbes très-petites , annuelles , à feuilles oppo-
sées , à [leurs ordinairement solitaires , terminales et axillai-
res , et portées sur de longs pédoncules. On en compte six
espèces , dont les plus communes sont :
La Sagine rampante , qui a les tiges couchées. Elle se
trouve en Europe , dans les prés un peu humides , sur le
bord des ruisseaux, etc. , où elle forme quelquefois de petits
gazons assez agréables. Elle manque quelquefois de corolle.
La Sagine droite , qui a la tige droite , presque unidore.
Elle se trouve en Europe , dans les lieux incultes et argileux ,
au pied des murailles , etc. Elle est très-commune dans cer-
tains cantons. Elle manque aussi quelquefois de pétales. Elle
s'élève au plus à trois pouces, (b.)
SAGISER. C'est, dans Gesner, le Courlis vert, (s.)
SAGITÏA. L'un des noms latins des Bélemnites. (desm.)
SAGITTA. Pline range cette plante parmi les algues de
marais , qui sont des plantes aquatiques ; il dit , d'après
Magon , que c'est le pisiana des Grecs , et que le vrai temps
de la couper, est depuis la mi-mai jusqu'à la fin d'octobre ,
et qu'il faut la mettre sécher petit à petit au soleil. Voilà ce
que dit Pline , sur le sagitla , qui devoit avoir sans doute la
feuille en forme de flèche , pour mériter son nom ; et comme
il la place avec des plantes marécageuses , les commenta-
teurs et tous les botanistes ne paroissent pas douter que ce
ne soit notre FlÉchièRE commune ( Sagittaria sagittifolia, L.)
qui , jusqu'à Linnœus , a porté le nom de sagilla, que le
botaniste suédois a changé en sagittaria, dénomination qu'il
a rendue générique. T. Flechière. (ln.)
SAGITÏA MARINA. On a donné ce nom aux Pen-
NATULES. (desm.)
SAGITïAlPiE. Nom sous lequel M. Yosmaer a décrit
le Secrétaire, (s.)
SAGITTARIA. C'est ainsi que Linnœus désigne le genre
desFLÉCHiÈREs, plantes aquatiques. C'est sous le nom de 5a-
gitta que quelques botanistes qui l'ont précédé , ont indiqué
non-seulement quelques espèces de ce genre *, le sagiita de
Tournefort , mais aussi Vaiisma cuidifolia , L. , le poniederia
Iiostata , L. , etc. (ln.)
SxVGITTULE, Saglllula. (xcnre de vers intestins établi
3» S A G
par Bastiani. Ses caraclères sont ainsî rëcligés par Lamarck :
corps mou , oblong , un peu déprimé , terminé anlérieure-
ment par un renflement pyramidal, hérissé en dessus de
pointes dirigées en arrière ; deux appendices opposées et
cruciformes à la partie postérieure du corps ; un suçoir en
trompe rétracti'.e, inséré en dessous, sous le sommet du ren-
flement pyramidal.
Ce genre , qui se rapproche des ÉcHnsoRiiNQUES , ne con-
tient qu'une espèce qui se trouve dans les intestins de l'hom-
me , et qui est figurée dans le sixième volume des Actes de
l'Académie des Sciences, (b.)
SAGOIN , CallUhrix , Cuv. , Geoffr. , Illig. ; Cebus ,
Erxleb. ; Siniia , Linn. , Gmel. , Schreb. , Shaw, , etc.
Genre de mammifères de Tordre des quadrumanes, et ap-
partenant à la division des singes d'Amérique , c'est-à-dire ,
de ceux qui ont six molaires de chaque côté des deux mâ-
choires, et les narines écartées.
Les caractères propres à ce genre , selon M. Geoffroy ,
sont les suivans : tète arrondie; angle facial de 60."; museau
court ; yeux grands et profonds ; cloison des narines large ,
mais moins que la rangée des dents incisives supérieures ;
incisives inférieures verticales et contigiies aux canines ;
oreilles très-grandes et déformées ; queue à peu près de la
longueur du corps, non prenante et couverte de poils courts;
ongles courts, droits et relevés.
Les caractères tirés de la queue et des ongles, servent
particulièrement à séparer ce genre de ceux des sapajous et
et des sakis ; le premier offrant une queue prenante , et le
dernier une queue touffue dans les espèces qu'il renferme;
mais celui-ci est surtout distingué par les incisives inférieures
qui sont proclives.
Au surplus , les sagoins sont des singes très-rapprochés
des sapajous et des sakis , par leurs habitudes et par leur or-
ganisation. Ils vivent comme eux dans le$ forêts de l'Amc-
rique méridionale , presque constamment perchés sur les
arbres, et voyageant de branches en branches. Ils vont en
troupes ou en familles ; se nourrissent de fruits , d'œufs d'oi-
seaux, d'insectes, etc.
l'remière Espèce. — Le SagoiN SAIMIRI ou ÇAIMIRI '
CaUlihrix sdwca , Geoffr., Ann. du Mus., tome 19 , page ii3-
• — Le Saimiri , Buffon , tome i5 , pi. 67. — Si/nia scîurea ,
Linn. , Gmel.; — Saimiri, Audebert, Ilist. des Singes, fam. 5,
sect. 2 , fig. 7. — Le TiTi DE l'Orénoque , Humboldt ,
Recueil d'olseiva/ions zoologiques, page 332. — Vulgairement
■iapajou jaune , sapajou aurore , sapajou orangé , sapajou de
Caycnne, slnge-érureuil , etc.
s A G 29
Le nom de sciurea^ donné par Linnceus à ce singe, lui vient
de sa petite taille , et de la gentillesse de ses manières qui se
rapportent à celles des écureuils. Il se trouve dans plusieurs
contrées de l'Amérique méridionale , mais principalement à
Cayennc. C'est un joli petit animal remarquable par la viva-
cité de sa physionomie , l'éclat de son pelage , la grâce et la
mignardise de ses actions. Sa tête est arrondie , couverte de
poils courts ; ses oreilles sont nues , plates , appliquées contre
sa tête , et anguleuses supérieurement et postérieurement ;
ses yeux sont gros, et leur iris est châtain; sa face estblanche
( surtout dans les individus vivans).; une tache noirâtre com-
prend le bout du nez , la lèvre supérieure et la lèvre infé-
rieure ; chaque œil est entouré d'un cercle couleur de chair ;
le sommet de la tête est gris olivâtre ou verdâtre. Le dos est
tantôt de cette même couleur, et tantôt marbré de roux vif
et de noir; les épaules , les bras en dehors , les cuisses et la
face externe des jambes postérieures , sont du même gris
olivâtre de la tête ; les avant-bras , les mains , et les pieds de
derrière en entier, sont d'un jaune tirant sur le roux ou la
couleur de feu \ le ventre est d'un gris très-légèrement teint
de jaunâtre ; la queue est d'un gris verdâtre en dessus , et
blanchâtre en Jessous ; son extrémité est noire sur une lon-
gueur d'un à deux pouces.
Le saimiri est assez souvent apporté en Europe , et c'est
un des singes les plus recherchés, à cause de la vivacité de ses
couleurs et de sa gentillesse ; itiais il vit peu de temps dans
nos climats , et périt d'ennui.
M. de Humboldt, qui l'a observé dans son pays natal , dit
qu'il est commun ausuddes cataractes de l'Orénoque, et qu'il
en existe une variété plus grande et plus sauvage sur les bords
du Rio Guaviaré , tandis que les plus petits et les plus gen-
tils sont ceux du Cassiquiare. C'est un animal d'un carac-
tère doux , extrêmement actif et toujours agité , qui pleure
lorsqu'il éprouve quelques inquiétudes, et qui regarde fixe-
ment la bouche des personnes qui parlent. Il aime passion-
nément les araignées et les insectes, et est doué d'assez de
sagacité pour reconnoître ceux-ci sur des figures. M. de
Humboldt rapporte aussi qu'il défile les insectes que les en-
tomologistes ont rassemblés , pour les manger.
Les saimiris , selon le même naturaliste, se groupent
pour se fenir chaud mutuellement. Les petits sont très-atta-
chés à leur mère , et ne s'en séparent pas même après qu'elle
a été tuée. Le prix d'un de ces singes , en Amérique , est de
huit à neuf piastres.
M. Geoffroy, qui distingue dtux variétés dans cette e's-
pèce, dit que le saimiri à dos unicolor est de la Guyane,
3o S A G
et que celui qui est marbré de roux-vif et de noir , vient du
Brésil,
Seconde Espèce. — Le Sagoin a masque , Callithrix perso-
ntiliis, Geoff. , Ann. du Mus. , tome 19 , page ii3 , fig. 2.
Cette espèce nouvelle , qui fait partie de la collection du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris , où elle est étiquetée
sous le nom de Nyciipithecus personalus , est d'un quart plus
grande que la précédente. Sa taille est à peu près celle du
sapajou saï ; mais sa tête est plus petite que celle de cet
animal. Son pelage est composé de longs poils , générale-
ment gris-fauve. Sa face , le sommet de sa tête , ses joues et
les poils du derrière de ses oreilles, sont d'une couleur brune
foncée ; les poils du dos, des bras et des cuisses , sont gris ,
et annelés de blanc sale vers la pointe , ce qui rend le pelage
comme grivelé ; ceux du ventre sont d'un gris uniforme , très-
légèrement tcinis de brunâtre ; le poignet et la main , ainsi
que le pied , à l'exception du talon , sont absolument du
même brun que la tête ; la queue , un peu moins longue que le
corps , est médiocrement touffue et d'un fauve roussâtre. Il
y a lieu de croire que cette espèce habite le Brésil.
Troisième Espèce. — Le Sagoin veuve , CalUlhrix lugens ,
Geoffr. , Ann. du Mus. d'iiist. nat. , tome 19 , p. ii3 , sp. 3.
— La Viudifa, Hmnholdl, Recueil d^ohsen>. zoolog., page 3ig.
La Viudlta de M. Humboldt est un joli singe, dont le corps
a environ quatorze pouces de longueur , et dont la queue est
de bien peu plus longue. Sa tête est ronde , son museau fort
court, son poil doux, luslré , d'un beau noir uniforme , à
l'exception du cou et des mains de devant , qui sont blancs.
La face est d'une couleur blanchâtre , tirant sur le bleu ,
avec deux lignes blanches qui se rendent des yeux aux tem-
pes ; le poil noir du sommet de la tête présente des reflets
pourprés , les yeux sont d'un brun qui tire sur le vert ; leur
diamètre est médiocre ; les oreilles sont presque nues ; les
pieds de derrière sont noirs, ainsi que la queue.
Ce singe guette les pelits oiseaux, s'élance sur eux , et les
dévore. A l'état libre il paroît très-actif. En captivité , au
contraire , il montre beaucoup de douceur et de timidité ; il
reste sans mouvement pendant des heures entières , et re-
fuse la nourriture qu'on lui offre. Il craint de se trouver
avec les autres singes , et surtout avec les saimiris ,qui sont
de petits auiuiaux joueurs et irès-turbulens.
On le rencontre dans les forêts qui bordent le Cassiquiare
et le Rio Guaviaré , près de San-Fernando de Atabapo, II
habite également les montagnes granitiques peu élevées, que
l'on rencontre sur la rive roite de l'Orénoque , derrière la
s A G 3r
mission àe Sanla-Barbata. On n'a, d'ailleurs, aucun rensei-
gnement positif sur ses habitudes naturelles.
Quatrième Espèce. — Le SagOIN A FRAISE , CalUlhrix amie-
ius , Geoffr. , Ann. du Mus., tome 19, page 114., sp. 4.
Ce singe , dont il existe un individu dans la colieclion du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris, est un peu plus grand
que le saimiri , et sa taille se rapproche assez de celle du
sagoin à masque. Tout son corps , ainsi que ses avant-bras
et ses jambes , sont d'un noir teint de brun. Sa queue , d'un
quart plus longue que le corps , est couverte de poils assez
courts , ce qui fait qu'elle paroît mince. Ses joues sont parse-
mées de poils bruns assez rares. Le desso.us de son cou et le
commencement de sa gorge , présentent une tache d'un beau
blanc en forme de fraise. Ses mains , depuis le poignet , sont
d'un jaune terne; sa queue est toute noire.
Le pays d'où cet animal provient est inconnu. Il y a lieu
de croire qu'il habite le Brésil.
Cinquième Espèce. — Le Sagoin a COLLIER, Calliihrixlor-
quatus, Geoffr. ; Ann. du Mus. , tome 19 , page n4. , sp. 5.
Celui-ci ne nous est connu que par la phrase donnée par
M. Geoffroy , et qui indique un pelage brun-châtain en des-
sus , jaune en dessous; un demi-collier blanc, et la queue
un peu plus longue que le corps.
M. Geoffroy cite M. le comte de Hoffmansseg , comme
ayant le premier distingué cette espèce; mais cette indication
ne nous paroît pas exacte , d'après les recherches que nous
avons faites , pour acquérir plus de connoissances relatives à
CL't animal.
Sixième Espèce. — Le Sagoin moloch , CalUthrix moloch ,
(^leoffr. , Ann. du Mus. d'Hist. nat., tome ig , page Ii4, sp. 6.
— Cebus moloch , Hoffmansseg.
Ce singe du Brésil , appelé moloch par M. de Hoffmans-
seg, est un des plus jolis qui aient été,observés. Il est un peu
plus petit que le Sapajou Saï. Tout le dessus de son corps,
de sa tête et de son cou , et la face extérieure de ses mem-
bres, sont recouverts de poils annelés de gris - brun et de
blanc , d'où il résulte un mélange très-uniforme et très-
agréable de ces deux teintes. Sa queue est de moitié plus lon-
gue que le corps , assez touffue vers sa base , et mince à la
pointe ; elle est recouverte de poils grivelés de gris-brun , de
noirâtre et de blanc sale , et ses poils ont leurs anneaux plus
écartés que ceux qui revêtent le corps ; le dessus des pieds ,
mais surtout des antérieurs, et le bout de la queue , sont d'un
gris clair, presque blanc. La face est nue et obscure ; les
3i S A G
joues , ie dessous du cou, la poitrine , le ventre , la face in-
terne des quatre membres , sont d'un beau fauve roussâlre ,
puissant même au roux pur sur les parties qui sont conliguës
à la couleur grise du reste du corps.
On ne sait rien de ses habitudes naturelles, (desm.)
SAGONE, Rekhelia. Plante de la Guyane, à liges
droites , simples, hautes de deux à trois pieds ; à feuilles al-
ternes , ovales, presque sessiles ; à ileurs bleues, disposées
en bouquets dans l'aisselle des feuilles , qui forme un genre
dans lapentandrie trigynie , et dans la famille des liserons.
Ce genre offre pour caractères : un calice divisé en cinq
parties aiguës; une corolle monopétale, campanulée, à cinq
lobes aigus; cinq étamines; un ovaire supérieur surmonté
de trois styles à stigmate en tête; une capsule presque trigonc,
à trois loges , s'ouvrant transversalement par son milieu , et
contenant un grand nombre de semences attachées à un
très-grand réceptacle, (u.)
SyVGORIDA. Nom espagnol des Sarriettes, (o.)
SAGORIS. V. SAGotN. (s.)
.SA.GOU. Nom d'une espèce de pâle végétale et alimen-
taire , qu'on prépare aux Indes avec la moelle de quelques
palmiers , principalement avec celle du palmier sa goii ou sa-
gouiier. Cette substance nous esl apportée des îles Moiuques,
en petite grains de couleur roussâlre et de la grosseur à peu
près de ceux du millet. Elle est inodore, d'une saveur fade ,
et se mange apprêtée de plusieurs manières, comme le RiS
et le Vermicelle. F. les mots Cycas et Sagoutjer. (d.)
SAGOU DE BROWNE. On appelle ainsi , en Angle-
terre la farine du Haricot mut^go. (b.)
SAGOU DE L'INDE. Il est fourni par le Phœnix fa-
RiNiFÈRE , espèce du genre Dattier, (b.)
SAGOUIN. F. Sagoin. (s.)
SAGOUTIER , iS'fi'^us. (ienre de palmiers de la division
des monoïques , qui offre pour caractères : une spathe uni-
verselle coriace, hérissée extérieurement de plusieurs rangs
d'épines; des spathes partielles, squamlformes , éparses ;
un spadix très-rameux ; un calice et une corolle à trois divi-
sions ; six étamines dans les fleurs mâles ; un ovaire supérieur
à style Irifide et à stigmate simple dans les (leurs femelles.
Le fruit est turbiné ou globuleux , acuminé au sommet ,
couvert d'écaillés imbriquées et luisantes , d'abord pulpeux,
se desséchant ensuite et devenant ferme , coriace et mono-
sperme.
Ce genre renferme trois ou quatre espèces, qui sont encore
impartaitement connues , ou mieiix , qui se confondent sous
p. Il
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s A G 3S
ié miîinc nom. Il a été appelé Metrox llcN parRottbol,qui
le premier a fait connoître exactement ses caractères.
Gœrtner , qui ensuite en a décrit les fruits , lui a conservé
le nom vulgaire de sugou^ qile lui donnent les habitans d'Am-
boine. Labillardière a ajouté encore à nos connoissances à
son égard. Il n'en indique qu'une espèce , qu'il a appelée
Sagiis genuîna. V. sa figure , pi. P. II.
Le sagoutier croît à Amboine , à Sumatra , aux îles Molu-
ques , etc. , dans les terrains marécageux. Ses racines , minces,
fibreuses , rampantes , s'étendent à de grandes distances et
poussent des rejets nombreux. 11 n'est pas rare , selon le rap-
port de Rumphius , de voir les parties du terrain sur lequel
il croît , être entraînées par les torrens , et flotter sur le bord
de la mer comme des portions d'îles qui auroierit été déta-
chées de leur fond.
Il sort des racines des sagoutiers une grande quantité de
feuilles ailées , réunies à leur base , longues d'environ vingt
pieds. Ces feuilles sont portées sur des pétioles armés de
touffes d'épines qui protègent le tronc naissant contre toutes
espèces d'animaux , et surtout des sangliers , qui sont très-
friands de la substance qu'il contient.
Le tronc s'élève à la hauteur de dix à douze pieds. Son
écorce, formée de fibres épaisses , recouvre une substance
médullaire, blanche, humide , qu'on mange sous diverses
formes.
Le sagoutier ne donne de fruit que lorsqu'il est parvenu à
son dernier développement , c'est-à-dire lorsqu'il approche
de l'âge de retour. Comme la fructification n'a lieu qu'aux
dépens de la partie farineuse , les habitans retardent cette
époque , après laquelle on soupire pour les autres produc-
tions végétales. C'est du milieu des feuilles que s'élève la
spathe sous la forme d'un trait oti d'une flèche. Lorsque
cette enveloppe coriace s'ouvre , on voit paroître ce spadix
couvert de fleurs sessiles auxquelles succèdent des fruits ar-
rondis , marqués d'un ombilic à leur base , et de la grosseur
d'un œuf de poule.
On reconnoît que la substance farineuse a acquis la qualité
convenable pour être mangée , lorsque les feuilles se couvrent
d'une poudre blanchâtre qui paroît n'être qu'une transsuda-
tion de la moelle. Quelquefois aussi on fait un trou dans le
tronc , et après en avoir retiré quelques parcelles de subs-
tance médullaire , on les broie dans la main , et l'on juge ,
par les qualités de la farine , si elle est parvenue à son point
de maturité.
Un sagoutier e»l sept ans à croître. A cet âge , il donne
U s A G
3oo livres de fécule, et cette quantité suffit pour nourrir un
homme pendant le tiers d'une année.
De tous les palmiers qui croissent dans l'Inde , le sagoutier
est un des plus intéressans. Il est utile dans presque toutes
ses parties. 11 découle des incisions qu'on fait à son tronc ,
une liqueur qui passe promptement à la fermentation , mais
qui est saine , et extrêmement agréable à boire. Si on n'en
fait pas un grand usage , c'est parce que l'expérience a appris
que c'est toujours aux dépens de la quantité de farine qu'elle
se produit , et parce qu'il est plus important d'avoir de cette
dernière. Sontronc, sesfeuilles , sont d'une^rande ressource
dans la construction des maisons; le premier fournit la char-
pente et les planches , et les secondes la couverture. On fait
aussi , avec ces dernières , des nattes , des cordes , et autres
objets d'utilité domestique. F. au mot Palmier.
Pour faire la récolte delà fécule du sagoutier, on coupe
le tronc et on le partage en plusieurs tronçons qu'on fend en
trois ou quatre morceaux. On arrache la moelle , on la dé-
pouille de ses enveloppes, on l'écrase, on la met dans un
baquet avec de l'eau, et on l'agite jusqu'à ce que la fécule
soit entièrement suspendue ; ensuite on la passe dans un
tamis de crin. On met ce qui a passé dans des vases où la
fécule se dépose , et d'où on la relire par la décantation de
l'eau. Ce qui est resté sur le tamis se donne aux cochons ou
se jette dans le jardin. Dans ce dernier cas , il se produit
bientôt une quantité de champignons d'un goût exquis, et
dt& larves de charansons ^ qui ne sont pas moins estimées
comme aliment. V. au mot Cossus.
La fécule , ainsi déposée , est coupée en petits pains ,
que l'on fait sécher à l'ombre. C'est le véritable sagou. On
en fait du pain ou mieux des galettes; car, seul, il n'est pas
susceptible de fermentation. On le mange en bouillie, cuit
dans la sauce des viandes et des poissons, enfin, de toutes les
manières que l'on peut manger la fécule de pomme-de terre
en Europe. Il s'en fait une très-grande consommation , non-
seulement dans les îles citées plus haut, mais encore dans
les contrées voisines , et même en Europe , où les Hollandais
en importent une assez grande quantité.
Cinq hommes peuvent , dans une journée , couper assez
de sagoutiers , séparer le sagou des fibres ligneuses , le faire
cuire , pour en nourrir cent autres.
Le si>g^ou, tenu dans un lieu sec , se conserve pour ainsi
dire à perpétuité ; mais pour les voyages de mer , on est
obligé de le dessécher au four et de rôtir un peu sa surface ,
soit en galette , soit après qu'il a été réduit en grains de U
s A G 35
grosseur du riz. C'est ordinairement sous cette dernière forme
qu'il arrive en Europe.
Bien des personnes font , en Angleterre , en Hollande, et
même en France , usage du sagou dans la soupe , comme' de
vermicelle; il devient alors transparent, etse gonfle beaucoup-
mais c'est en bouillie ou cuit avec du lait, du sucre et des
aromates , qu'on en consomme le plus. C'est un aliment
agréable , très-léger et peu nourrissant. Aussi en recom-
mande-t-on principalement l'usage à la première enfance
à la dernière vieillesse , aux convalescens, aux phthisiques '
et enlm à tous ceux dont les forces digestives sont très-affoi-
blies.
Firrest donne , dans son voyage aux Moluques , la figure
du four dans lequel les Malais font cuire le sagou. C'es't un
plateau de cuivre d'environ un pied carré , divisé en compar-
timens d'un pouce en tous sens ; compartimens dans lesquels
on met des boulettes de fécule légèrement humectées; quand
elles sont rôties d'un côté , on les retourne de l'autre. 11 faut
dix a douze minutes pour les mettre en état d'être man-
gées.
Actuellement qu'on a trouvé le moyen de tirer des pom-
mes-de-terre une fécule parfaitement identique à celle du
sagoutier , la consommation de cette dernière a beaucoup
diminué en Europe. Il n'y a plus que ceux qui tiennent à
leurs anciennes habitudes , qui la préfèrent, car elle est huit
a dix lois plus chère.
Quelques auteurs confondent la fécule du sagoutier avec
celles de quelques autres palmiers , tels que le Caryote ,
Je Palmiste, le Cycas , etc. Il n'y a en effet presque d'autre
dilterence que celle du lieu de la production, (b.)
SAGOUY. Quelques voyageurs ont parlé de I'Ouistiti
sous le nom de sagouy. (s.)
SAGOym, V. Sagoin. (desm.)
SAGUE. Poisson du genre des Squales, (b.)
SAGRE,»S^m , Fab. , Latr., Herbst. , Web. , Oliv.,
etc. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section
des tetramères , famille des eupodes.
Fabricius avoit d'abord réuni ces insectes aux alurnes ,
genre qu'il avoit établi dans son système d'entomologie , et
qm ne nous pai oît pas différer essentiellement de celui
des hispes. Il les en sépara ensuite pour en former un genre
propre et très-naturel. Aux trois espèces mentionnées par
cet auteur, M. Webev {Observ. enlomol. 1801) en a ajouté
quatre autres. Olivier, dans l'encyclopédie méthodique,
avoit suivi la première opinion de Fabricius ; ses aiurnes , à
1 exception de la première espèce , VA. tricolor {A. grossus) ,
sont des sagres. Mais dans le cinquième volume de son grand
S6 S A G
ouvrage sur les coléoptères, il adople ce dernier genre , et
place l'alurne précité avec les hispes.
Les sagres font le passage des orsodacnes aux donacies et
aux criocères. Par leurs couleurs brillantes, la grandeur de
leurs paîtes postérieures et surtout celle de leurs cuisses »
elles se rapprochent des donacies. Elles ont , ainsi que les
criocères, les yeux étroits , allongés et un p;îu lunules; une
impression en manière de X dans leur entre-deux ; l'extré-
mité postérieure de la tête allongée, et fonnanl une sorte de
cou cylindrique et rétractile ; le corselet plus étroit que l'ab-
domen , presque cylindrique, ou en carré long, mais un
peu plus large en devant. Considérées sous le rapport de
quelques parties de la bouche ( Voyez Sagrides ) , les sa-
gres ont beaucoup d'affinité avec les mégalopes et les or-
sodacnes. Mais on les distinguera aisément , tant de ces
derniers coléoptères que des précédens , par l'ensemble
de ces caractères : antennes presque filiformes , grossis-
sant un peu et insensiblement vers leur extrémité , com-
posées d'articles presque cylindriques , un peu amincis à
leur base ; les derniers plus longs que les inférieurs ; man-
dibules terminées en une pointe simple ou entière ; languette
échancrée; palpes courts, filiformes; leur dernier article
presque ovoïde ; yeux allongés , presque lunules. Les
deux pattes postérieures sont fort grandes , à cuisses très-
renflées, et comprimées en tranche aiguë au côté inférieur ;
jambes des mêmes pattes, étroites , allongées ( souvent ar-
quées) , anguleuses, un peu canaliculées ou creusées en
gouttière le long du côté inférieur, afin de s'appliquer plus
exactement sur le même bord des cuisses adjacentes ; les
trois premiers articles des tarses larges, garnis, en dessous,
de pelottes; le troisième profondément échancré.
Ces insectes sont tous ailés ; leur écusson est très-petit ,
en forme de point ; leur abdomen est beaucoup plus large
que la tête et le corselet , presque carré , et un peu plus étroit
postérieurement ; leur corps est lisse et glabre ; la base de
leurs élylres offre , vers le côté extérieur , une dépression ,
ce qui donne plus de relief à leur portion humérale ; les
cuisses postérieures sont toujours dentées.
Les sagres sont de grands insectes , propres aux contrées
méridionales de l'Afrique et de l'Asie.
L'espèce nommée iristis , par Fabricius , n'habite point
Cayenne , comme il l'avoit dit, mais la côte d'Angôle ,
d'où elle a été apportée, en grande quantité, par Perrin.
Quelques autres espèces nous viennent de la Chine et font
souvent partie des boîtes d'insectes que les négocians de
cet empire vendent aux Européens. Mais il ne paroît pas que
s A G 37
rhabîlation de ces insectes s'étende plus à l'est. Je ne sache
pas qu'on en ait reçu des Moluqucs et de la Nouvelle-Hol-
lande ; leurs mœurs nous sont inconnues.
Fabricius présume que des différences, regardées jusqu'ici
comme spécifiques , ne sont que sexuelles ; c'est ce qu'il
m'a été impossible , vu le petit nombre d'individus que je
possède, de vérifier. Je partagerai ce genre en deux sections,
I. Jambes postérieures ayant, près de leur cïtrémile, unee'cbancrurc
brusque et profonde precéde'e de deux dents ; ces mêmes jambes
fortement courbées à leurnaissance, et laissant entre elles, lors,
qu'elles sont collées contre les cuisses, dont elles dépendent, un
vide remarquable.
Sagre fémorale , Sagra femoralis , Oliv. , Coléopt. ,
tom. 5 , n.° 90 , pi. I , fig. I ; corps long d'environ un pouce ,
d'un vert bronzé très-brillant.
Il se trouve dans l'île de Ceylan.
Sagre splendide , Sagra splendlda , Oliv. i , ibid, pi. i ,
fig. 2. Corps d'unvertdoré très-brillant, avec un reflet pour-
pré ou cuivreux. De la Chine.
II. Jambes poste'rieures sans e'cbancrure près de leur extrémité' , in-
sensiblement ar(|uées dans toute leur longueur.
Sagre pourpre, Sagra purpurea, Oliv. , ibid., pi. i , fig. 3;
plus petite que les précédentes, d'un pourpre cuivreux et
cclalant. A la Chine.
Sagre nègre , Sagra nigrlta , Oliv. , ibid. , pi. i , fig. 6 ;
d'un noir luisant , lisse , mais dont les élytres , vues à la
loupe offrent de très-petits points et dont quelques-uns for-:
niant Aqs, stries ; cuisses postérieures unidentées. .Dans
l'Afrique équinoxiale.
Sagre jTrlste , Sagra Ir/s/is , Oliv,, ibid. , pi. i ,fig. 4.;
d'un bleu vcrdâtre foncé ; élytres ayant des enfonceraens
serrés elirréguliers; cuisses intermédiairesforlement dentées;
cuisses postérieures bidentées ; une tache velue et loussâtre
à leur base. En Afrique , à la côte d'Angole.
Voyez pour les autres espèces , Olivier, Weber et Fa-
bricius. (l.)
SAGREL GERAD. Nom que les Egyptiens donnent à
I'Émerillon. (v.)
SAGRIDES, Sagrides. Tribu d'insectes de la famille des
èupodes, ordre des coléoptères , et qui se distingue de la se-
conde et dernière tribu de la même famille parles caractères
suivans : mandibules entières; languette échancrée ou bifide
Elle est composée des genres : Mégalope , Orsodacne et
Sagre. (l.)
38 S A I
SAGRÎÉCHO ou SABRUIÊCHO. Nom languedocîen
de la Sarriète. (desm.)
SAGRY. Nom du Chagrin , en Orient. F. ce mol. (s.)
SAGU. Nom sous lequel Pigaffetli nous a f.'it connoîtreje
premier, le palmier des Indes orientales, qui produit le Sagou.
11 est figuré et nommé sagus dans l'Herbier d'Amboine. (ln.)
SAGU ASTER. Rumphius donne ce nom à deux palmiers
des Indes orientales, doni un plus élevé est le Caryofa urens ,
Linn., ou srhunda panna des habilans de la côte Malabare.F.
Caryote. (ln.)
SAGUERUS ou GOMUTO. Palmier des Indes orien-
tales,figuré pi. iSdupremier volume de THerbier d'Amboine,
et qui est I'Areng sacgharifère de Labillardière. Adanson
en avoit fait, avant Labillardière, un genre particulier qu'il
nommoit Saguerus (ln.)
SAGUIN. V. Sagoin. (desm.)
SAGUINUS. NoiTklatin du genre Sagoin, d'Hoffman-
seg , correspondant à ceux des tamarins et des ouisiilis , de
lieoffroy , ou à celui des Ouistitis, de M. Cuvier. ( f. ce
dernier mot), (desm.)
SAH ATER. Nom arabe de la Sarriète. (ln.)
SAHETEREGI. L'un des noms arabes de la Fumeterre.
(LN.)
SAHLITE. Substance minérale qui a d'abord été trouvée
en Suède , dans la mine d'argent de Sabla, en Westmannie.
D'Andrade est le premier minéralogiste qui en ait publié la
description , et c'est lui qui lui a imposé ce nom , changé de-
puis en celui de Malacolïthe par Abildgaard. Cette substance
fat découverte ensuite à Arendal , en Norvvége, et succetsi
vement dans plusieurs autres lieux. Son aspect pariiculier et
plusieurs caractères qui lui sont propres , ont , pendant long-
temps , concouru à la faire admettre coniaie une espèce
très-distincte ; c'est encore ainsi qu'elle est considérée par
les minéralogistes étrangers. M. Haûy a reconnu que la struc-
ture cristalline de la sahlile la ramenoil au pyroxène , et, en
conséquence, a réuni ces deux substances. V. Pyroxène,
vol. 28 , p. 822; à cet article nous avons oublié de rappeler
que la sahlite a été découverte en Ecosse , dans le calcaire de
Glen-Till et dans les roches primitives de Glenelit-Rannoch.
(LN.)
SAHOUES-QUANTA. C'est le Polâtoucue, chez les
naturels du Canada, (s.)
SAI ou ÇAÏ, Simîa capucîna , Linn. Singe américain , du
genre Sapajou. V. ce mot. (desm.)
SAIBAK. Nom que porte le Loup en Laponie, (desm.)
s A i 39
SAIBLING. Nom allemand des Salmoivies argenté et
Ombue , qu'on pêche dans les lacs du pays de Salzboure. (b.)
SAIEL. V. SUNT. (LN.)
SAIFF. C'est le Cyprin vandoise. (b.)
SAKiA ( Antilope scythica , Erxl. ). Quadrupède rumi-
nant, du genre des Antilopes. V. ce mot et pi. A. Z2. (desm.)
SAIGA. Les Tartares des environs d'irkulzk , donnent ce
nom au musc, (desm.)
SAIGI. Nom que porte 1' Antilope saïga, en Sibérie, (s.)
SAIHOBI. Ce nom d'oiseau , dit M, de Azara , à qui
nous en devons la connoissance veut dire habit bleu. Il est
fort connu au Paraguay sous cette dénomination , et y est
très-commun. On le trouve aussi à la rivière de la Plata. Il
vit par paire ou en famille , et quelquefois en troupes de vingt
ou trente, qui causent souvent de grands dommages dans les
jardins où elles détruisent les clioux et d'aulres plantes légu-
mineuses, les raisins, les oranges et toutes sortes de fruits^
Les s«2;7zo/>/« saisissent aussi au voi les insectes qui passent^pyos
d'eux. Ils placent leur nid sur de grands buissons ou sur des
arbres , et lui donnent assez de solidité. Les matériaux qu'ils
emploient à sa construction extérieure , sont des débris d'é-
corce, des filamens de plantes, des feuilles et des racines,
très -menues ; le dedans est composé d'une coui Ije épaisse <'e
crins artistement arrangés ; la ponle est de deux œufs très -
blancs. Ce sont des oiseaux sédentaires, dont le cri se réduit
à répéter, trois , quatre ou six fois, chili ^ chih\ avec force
et vivacité , mais sans agrément.
Ils ont le bec très-fort, long de six lignes, un peu courbé ,
d'un bleu de ciel en dessous et à sa base en dessus , et noi-
râtre sur le reste ; six pouces huit lignes de longueur totale ;
un mélange de blanc et de bleu règne sur toutes les partie?
inférieures; les barbes extérieures des pennes alaires et cau-
dales sont d'un bleu à reflets verts; les couvertures supé-
rieures des ailes , bleues, et les inférieures , blanchâtres ;
le reste du pbjmage est d'un bleu moins foncé que celui des
ailes, et encore plusfoible sur la tête et sur le derrière du
cou ; le tarse est bleuâtre. La femelle ne diffère du mâle
qu'en ce que ses couleurs sont d'un ton moins vif M. de
Azara etSonnini regardent le saihobi comme le mêmeoùeau
que le bonano {fringiUajamaïca , Lath. ); mais, outre deâ dis-
semblances dans les couleurs, celui-ci est beaucoup plus petit,
puisqu'il est de la taille du tarin , différence qui me paroît
suffisante pour ne pas réunir ces deux oiseaux comme indi-
vidus d'une même espèce. Au reste , je soupçonne que le
saihobi est de l'espèce de mon Habia a épaulettes bleues.
V. ce mot. (v.)
4o , S A I
SAI-HO-jSAM, Nom d'un petit arbrisseau ( Po/Za are-
Xiaiia, L. ) en Cochinr.hine. (LX.)
SAIKALO, Nom brame du Peragu des Malabares. (lm.)
SAILO. Nom brame du ïeka des Malabares. V. Teka.
(LN.)
SAILOR. Nom anglais des Nautii.es. (desm.)
SAIMIPiI (5//7»fl 5c/Mr«rt ). Petit singe du genre CaUitriche
de M. Geoffroy , et que nous plaçons dans le genre Sa-
GOiN, V. ce mot. (desm.)
SAINA. Les agriculteurs espagnols nomment ainsi , et
melca et alcandia , le Sorgho coia.M.vsi(^SorgkHmvulgare, Pers.)
(LN.)
SAINBOIS. Nom vulgaire d'un arbuste du genre Lau-
RÉOLE , dont Técorce sert à faire des vésicaloires. C'est le
même que le Garou, c'est-à-dire le Daphne gnidium de
Linnœus. (b.) j
SAINEGRAIN. Nom vulgaire du Fenlgrec , dans
quelques cantons, (b.)
SAINFOIN, Hedysarum ^ Linn. { Diadelpkie décandrie.')
Genre de plantes appartenant à la famille des légumineuses,
auquel Linnceus a réuni les genres onobryclùs et aUiagi de
ïournefort, et qui comprend près de deux cents espèces in-
digènes ou exotiques , la plupart herbacées , quelques - unes
suffrutesccntes, à feuilles simples ou géminées, ou ternées ,
ou ailées avec impaire: à pétioles partiels, articulés sur le
pétiole commun; à pédoncules soutenant une ou plusieurs
fleurs ; à fleurs ordinairement munies de bractées et presque
toujours disposées en épi ou en panicule au sommet des ra-
meaux; à fruits de forme variée, tantôt cylindriques avec des
articulations tronquées, tantôt comprimés et rétrécis sur un
ou sur les deux côtés dans les ariiculallons. Les caractères
essentiels le ce genre sont ceux qui suivent :
LTn calice persistant et à cinq divisions ; une corolle irré-
gulière, papilionacée, à étendard oblong, découpé en poinle
et réfléchi, à ailes étroites et à carène transversalement
obtuse ; dix étamines, dont les filets, réunis en deux paquets,
portent des anthères rondes et comprimées; un ovaire lon:^
et étroit, supportant un slyle en alêne, courbé et couronne
par un stigmate simple ; une gousse droite, articulée, orbi-
culaire et monosperme.
MM. Jaunies Saint-Hîlaire et Desvaux se sont occupés on
même temps de la monographie de ce genre, et ont établi
à ses dépens de nouveaux genres auxquels ils ont donné des
noms différens, ce qui n'est pas propre à en facililer l'élndo.
Les genres du premier sont : Halue, Pleurolobe et Moi;-
iiA>'iE(cc dernlerporioildéjàlesncmsde Loubée , CuRiSUii
s A I 4i
eï OsTRYomoM). Les genres du second sont : Desmodion,
POIRETIE, UrANIE, OrENODARPE , PhYLLODION et ECHINOLO-
BION. F. ces mots et Ceuxd'ONOBRYCHISetFLEMMENGIE. Quoi
qu'il en soit, ce genre sera encore considéré ici comme
n'ayant pas été divisé.
Il y a, dans les sainfoins, quatre espèces très-remarquables;
savoir: le sainfoin oscillanl ^ Xalh/igi ^ le sainfoin (T Espagne ^ et
celui des prés. Ce sont les seuls dont je ferai mention, la plu-
part des autres n'offrant aucune utilité ou rien de particulier,
et n'étant cultivés que dans les jardins de botanique.
L'une des espèces que je viens de nommer , présente à
l'observateur un phénomène de physique végétale intéressant.
La seconde fournit une sorte de manne qui peut, au besoin,
suppléer à celle de Calabre , quoiqu'elle lui soit inférieure.
Les deux autres donnent un excellent fourrage , et sont , par
cette raison, cultivées en grand; il y en a une de celles - ci
qu'on cultive aussi dans les jardins comme plante d'ornement.
Le Sainfoin OSCILLANT, HÊJj5ar«m^jra«s, Linn., fils, dont
on voit la figure pi. P. i6 de ce Dictionnaire , est une des
plantes les plus singulières que l'on connoisse ; on la voit au
Muséum d'Histoire naturelle de Paris et au Jardin de Ken,
en Angleterre. Elle a ses feuilles ternées ; les deux folioles
latérales se meuvent autour de la foliole terminale, en décri-
vant une espèce d'ellipse; ce mouvement est plus ou moins
lent, plus ou moins rapide, selon l'état de l'atmosphère. Celte
plante demande à tire élevée et tenue en serre chaude ; elle
a été découverte- au Bengale, par milady Monson , dans les
lieux humides et argileux, aux environs de Darca. Ses fleurs
sont d'un jaune foncé , et forment des épis redressés. Elles
paroîssent au Bengale en septembre. Les graines sont mûres
en novembre.
" Aucune partie de cette planle , dit ce Broussonet, ne
donne des signes d'irritabilité quand on la pique. Dans le
jour, la foliole du milieu est étendue horizontalement et im-
mobile ; dans la nuit , elle se recourbe et vient s'appliquer
sur les branches ; les folioles latérales sont toujours en mou-
vement , portées alternativement vers le haut et vers le bas •
toute l'action du mouvement est dans le pétiole , qui paroît
se contourner : ces folioles décrivent un arc de cercle aux
Indes ; deux minutes suffisent pour leur faire exécuter tout
leur mouvement : cette même plante, dans nos serres, se
remue bien moins promplement. Le mouvement qui por5e
les folioles vers le bas, est plus prompt que celui qui les fait
aller vers le haut. Le premier s'exécute quelquefois par in-
tervalles, le second est toujours uniforme; le plus souvent
chnque foliole se meut dans un sens opposé , c'est-à dire quç
42 s A I
l'une se porte en bas quand l'autre se porte en haut ; quel-
quefois une des folioles est stable, tandis que l'autre se remue;
ce mouvement est si naturel, que si l'on vient à l'interrompre
en fixant une des folioles, il recommence aussitôt que l'obs-
tacle est levé. Le mouvement n'a plus lieu dès que les grandes
folioles sont agitées par le vent. Quand le soleil est très-chaud,
les folioles de cette plante sont immobiles aussi ; mais lorsque
le temps est chaud et humide, ou qu'il pleut, elles se meuvent
très-bien ; ce mouvement paroît nécessaire à cette plante, car
dès qu'elle a poussé les premières feuilles , il commence à
avoir lieu, et il se continue même pendant la nuit. C'est dans
le moment que la plante est le plus chargée de fleurs et que
la fécondation des gemmes a lieu, que les folioles sont beau-
coup plus agitées : dès que le temps de la génération est passe,
elles cessent de se mouvoir ; on sait que les sensitives ne sont
plus sensibles après ce temps, et que les pétales de plusieurs
planles ne se referment plus périodiquement. Ce mouvement
d'oscillation est tellement naturel au sainfoin oscillant, qu'il
a lieu pendant deux ou trois jours sur les folioles d'une branche
qu'on a coupée et qui a été mise dans l'eau , et qu'il s'exécute
même pendant quelque temps encore sur les feuilles des ra-
meaux qu'on a séparés de la plante , et qu'on n'a point mis
dans l'eau. »
Le Sainfoin alhagi, Hedysannn alhagi ^ Linn., est une
belle plante originaire de l'Orient , qui s'élève en arbrisseau
à la hauteur de trois pieds. Elle est garnie de feuilles simples,
semblables à celles de la renouée à larges feuilles, d'un vert pâle,
et portées sur de courts pétioles. Sous ces feuilles sortent des
épines d'environ un pouce de long et d'une couleur brune et
rougeâtre. Les fleurs, de couleur pourpre dans le centre , et
rougeâtres sur les bords, sont réunies en petites grappes axil-
laires. Les gousses sont droites sur un côté , articulées de
1 autre, et un peu courbées en forme de faux.
Cette espèce se multiplie par ses semences , qui restent
souvent une année en terre avant de pousser. Elle est culti-
vée au Jardin des planles de Paris. Elle croît spontanément
et avec abondance aux environs de ïauris, ville de Per^e.
On la trouve aussi à l'île de Tine, dans l'Archipel, et dans
les plaines de l'Arménie et de la (iéorgie. On en retire une
manne appelée manne de Perse. Voyez le mot Agul, nom que
les Arabes donnent à ce sainfoin.
On doit à mon collaborateur Virey un très-bon mémoire
sur celte manne , mémoire inséré dans le Journal de Phar-
macie de mars 1818 , et 011 il fait connoître son grand usage,
tant comme aliment que comme condiment, dans une partie
de l'Arabie et de la Perse.
s A I 43
Le Sainfoin esculent croît dans l'Inde , au rapport de
Barrow, et donne tous les ans deux coupes de fourrage el
une récolte de graine. On mange cette dernière.
Le Sainfoitsi d'Espagtse, Hedysarum coronarium , Linn. ,'
est une des belles espèces du genre, si ce n'est même la plus
belle de toutes ; aussi les jardiniers fleuristes le cultivent -ils
avec grand soin. Il porte quelquefois le nom de sainfoin à
bouquets , et il fait, en été, un des ornemens des parterres et
des grands jardins. De sa racine, qui est rameuse , s'élèvent
plusieurs tiges creuses, unies ^ herbacées, cannelées, bran-
chues , diffuses et hautes , dans nos climats , de deux ou trois
pieds. Ses feuilles sont alternes, ailées avec impaire, plus
grandes que dans les autres espèces , et composées de dix à
douze folioles ovales, épaisses, charnues, d'un vert très-pro-
noncé, qui contraste agréablement avec la couleur rouge dos
fleurs. Celles-ci naissent en épis aux aisselles des feuilles, sur
des pédoncules de cinq à six pouces, et plus longs que les
feuilles ; elles produisent des gousses longues, comprimées,
nues el hérissées, qui diffèrent de celles de l'espèce suivante
par des articulations marquées comme celles d'une chaîne.
Ce beau sainfoin fleurit en juin et juillet, et d^nne une
variété à Oeurs blanches. Ses graines mûrissent en septembre.
Il est originaire d'Italie et d'Espagne. Comme il forme un des
meilleurs fourrages connus, on le cultive en grand dans plu-
sieurs pays , sous le nom de sulla ou scilla , principalement à
Malte et dans la Calabre.
Le Saiisfoin des prés, le Sahsfoitm commun ou I'Èspar-
CETTE, Heydsamm onohrychis, Linn., Onohijchis pratensis^ Mus.,
est une plante vivace , à racine pivotante , qui sert à former
des prairies artificielles. Il a beaucoup d'avantages sur les
autres plantes destinées aux mêmes usages. Il vient bien dans
les terrains sablonneux, pierreux , même argileux, si le fonds
n'est pas trop humide , encore mieux dans ceux qui sont
calcaires. Il dure de trois à six années.
Il fournit deux fois par an un fourrage excellent, moins
abondant], il est vrai, que la luzerne^ mais de meilleure qua-
lité , qui convient à tous les animaux , et dont l'excès leur
est moins nuisible. Il peut leur être donné aussitôt qu'il a
été engrangé , et celle ressource est précieuse dans les an-
nées de sécheresse , où tous les fourrages anciens sont ordi-
nairement consommés à l'époque de la récolte ; ses feuilles
coupées en vert , mêlées avec la paille davoine , sont une
bonne nourriture. Enfin , le sainfoin des prés n'exige ni les
mêmes soins , ni les mêmes précautions que le trèfle ou la
luzerne. Son plus grand avantage Siir celle-ci , c'est qu'il vient
très-bien dans les terres dans lesquelles elle se plaît , el que
ii s A T
la luzerne (^lépérif , au contraire , dans la plupart 'des terrains
où il réussit le mieux ; telles sont les terres graveleuses , les
sables arides, la marne, ia craie, et sur tout les terres
rougies par Toxyde de fer.
Le sainfoin est originaire des plus hautes montagnes, où
il croît sur des rochers nus, stériles, exposés à toutes les in-
tempéries des saisons. Il n'a commencé à être cultivé en
prairies arliGcielîes que dans le seizième siècle. Quoique
cette plante soit très-connue ; il importe de la décrire. Sa
racine est dure, ligneuse, fibreuse, noire en dehors, blanche
en dedans, et rameuse vers son collet; elle est surtout très-
longue et pivote prodigieusement. Tull assure qu'elle s'en-
fonce jusqu'à vingt et trente pieds. Gilbert en a vu de cinq
pieds et demi de long. « C'est cette propriété , dit-il , qu'a
« le sainjoin d'aller chercher l'humidité dont il a besoin à une
«f très-grande profondeur, qui le fait réussir dans les terrains
« les plus brûlans, et résisler à un degré de sécheresse qui
« dévore toutes les autres plantes. » Il élève ses tiges à un
ou deux pieds , suivant le sol et la saison ; elles sont dures ,
droites ou inclinées, et garnies de feuilles alternes , ail4es ,
ayant dix-huit à vingt folioles ovales , lancéolées , terminées
par un style. Ses fleurs sont purpurines , ou d'im rouge rayé,
axillaires, en épis portés sur de longs pédoncules , et accom-
pagnés de deux fouilles florales ; les ailes ont la longueur du
calice. Les gousses sont orbiculaires , renflées , hérissées de
pointes , ne contenant qu'une semence en forme de rein.
La bonne graine de sainfoin doit êt''e luisante , sèche ^
nette et sonnante ; il en faut dix à douze livres par arpent,
sur une bonne terre, et le double si la terre est bien mau-
vaise. Tous les mois de l'année sont propres à ce semis, à
l'exception de ceux où les gelées se font sentir; mais il exige
«ne terre meuble et fraîchement labourée. Quoique toutes
à peu près conviennent au sainfoin , il en est cependant qui
1 excluent absolument. Telles sont les terres humides , glai-
seuses , marécageuses, qui glacent ses racines. On a remar-
qué , dit Gilbert , qu'il ne réussissoit point , ou qu'il rcns-
sissoit mal sur les terres où croissent la patience , V oseille sau-
i^age^ lesjonrs, le geuei , la hruyère mâle cl les huches. L'expo-
sition qui lui convient le mieux , est celle des coteaux inclinés
d'environ quarante-cinq degrés et échauffés par le midi.
« Les avantages que réunit le sainjoin , et dont j'ai parlé ;
• la propriété qu'il a, dit Gilbert, de n'exiger que peu de
« soins, de dépenses, d'engrais , de fertiliser le sol qui l'a
« nourri, de le rendre propre à la production des céréales,
« et môme , après quelques années , à celle de la luzerne;
« rinconvénieiil qu'on lui reronnoîl de devenir trop gros et
s A I 4-^
« ligneux dans les bonnes terres à blé : voilà des motifs pour
« préférer sa culture dans les provinces éloignées de la
« capitale , et dans les parties de ces provinces les plus éloi-
« gnées du chef-lieu. Dans ces cantons, les cultivateurs
« sont moins aisés, les bestiaux moins communs , les engrais
« plus rares, les débouchés moins faciles , la location des
« terres moins chère , leur repos plus long , leur culture plus
« imparfaite. Rien ne me paroît plus propre que celle du
« sainfoin à faire disparoître ces inconvcniens , et à rappro-
<- cher sans soins , sans dépenses, et presque sans innova-
« tions, ces cantons peu fortunés de l'état de ceux qui se
« trouvent dans la position la plus favorable. » Mémoire de
Gilbert, inséré dans ceux de la Société d'Agriculture de Paris ^
année 1788.
Le récolte du sainfoin est nulle la première année, surtout
s'il a été mêlé avec d'autres grams. La seconde année , il
donne quelque profit. On doit le couper avant que toutes
les (leurs soient épanouies ; s'il est fauché plus tôt, il est plus
appétissant, mais moinsabondantetraoins nourrissant; coupé
plus tard, c'est-à-dire après la floraison, il est beaucoup plus
abondant ;mais ses tiges sont dures , ligneuses, et dépour-
vues de feuilles qui se détachent en fanant. La troisième
année, cette plante est dans toute sa force ; elle donne un
regain qui dédommage amplement de la perte qu'on a pu faire,
en ne la laissant pas venir à toute sa hauteur. C'est toujours
dans un beau temps qu'il faut la couper , et avec les mêmes
précautions que j'ai indiquées pour la Luzerne. Voyez
ce mot.
Le Sainfoin des rochers ne diffère du précédent que
parce qu'il est glabre dans toutes ses parties. Il croît dans le
midi de l'Europe et en Sibérie. Les habitans de ce dernier
pays en mangent les racines.
Les autres espèces de sainfoins , sont d'une plus petite im-
portance pour les cultivateurs que celles qui viennent d'être
citées , mais n'en sont pas moins dignes de l'attention des
botanistes, (d.)
SAINFOIN VELU. F. Lespedèze a épi. (b.)
SAINO ou ZAÏNO. D'Acosta dit que le pécari porte ce
nom dans plusieurs endroits de l'Amérique. Voyez, Pécari.
SAINT-ETIENNE. Variété de Froment, (b.)
SAINT-GERMAIN. Variété de Poire, (b.)
SAINT-GERMER. Nom picard de l'œdicnème, (v.)
SAINTE-NEIGE. Le Chiendent porte ce nom dans le
Médoc. (B.)
45 s A .1
SAINT - PIERRE. Nom vulgaire du Zée FORGERO^^
(B.)
SAISI. Les cultivateurs des environs de Lille donnent ce
nom à la Rouille des blés, (b.)
SAISONS. On appelle ainsi quatre divisions de l'année
qui la partagent en quatre parts à peu près égales , et dont
les limites sont déterminées par le retour du soleil à cer-
tains points de sa route annuelle. Leurs noms sont le prln-
iemps,Vété, X automne eiV hiver. Le printemps commence quand
le soleil traverse l'équateur céleste pour remonter vers le
pôle boréal. Cette époque constitue Téquinoxe du printemps,
parce que les jours sont alors égaux aux nuits par toute la
terre. Le printemps finit quand le soleil atteint sa plus grande
hauteur dans le tropique du Cancer: cette époque se nomme
aussi le solstice d'été, parce que l'été commence , et que le
soleil, considéré dans ses distances à l'équateur , est alors
stationnaire. 11 redescend vers ce plan pendant tout l'été ,
et cette saison finit quand il y revient de nouveau, ce qui
constitue un autre équinoxe , qui est celui d'automne. Alors
l'automne commence et se continue jusqu'à l'époque où le so-
leil atteint l'autre tropique, situé du côté austral de l'équateur,
et que l'on nomme le tropique du Capricorne. Alors cet astre
est de nouveau stationnaire, par rapport à 1 équateur, et l'on
a un autre solstice , qui est celui d'hiver. Alors aussi l'hiver
commence et se continue jusqu'au retour du soleil à l'équa-
teur, où il forme de nouveau Téquinoxe du printemps; après
quoi les mêmes phénomènes se reproduisent comme aupa-
ravant. L'intervalle de temps compris entre deux de ces
retours au même équinoxe , forme ce qu'on appelle
Vannée. L'influence de ces diverses positions du soleil sur la
surface de la terre , y produit les variations annuelles de la
température , détermine et présente les diverses phases pé-
riodiques qu'offre la végétation, (biot.)
SAISSKTO. Froment de la plus belle qualité, en Lan-
guedoc, (desm.)
SAIU. V. Sajou. (DESM.)
SAJOR. Nom de pays de la Plucknetie ( Pluckenetia
volubilis., L, ). (B. )
SAJOR CALAPPA. Les Malais nomment ainsi xmpalmi-
fougère, qui, sur la côte Malabare, s appelle mouta-pannt et
iodda-panna. C'est le Cvcas circinalis , L. , ou Samble, et
Valus calappuides de Rumphe (Amb. i. tab. 22 et 23). Dans
la langue malaise, so/or signifie légume, et calappa, cocotier;
ie cycas mérite donc le nom de sajor-calnppa, puisqu'il a
le pori ducocolier, et que ses jeunes bourgeons sont comptés
au nombre des plantes aiiaientalres. ( i-n. j
s A K 47
SAJOR-SONGA. Les Malais désignent ainsi une espèce
de Verbesi'ne Irès-rapprochée du Verbesine biflora qui est le
codong-seruni des Javanais, le v allia -manganaoi des JVIalaba-
res , et le serunum-aquatile de l'Herbier d'Amboine. (ln.)
SAJOU. On a ainsi appelé plusieurs singes dont nous
donnons l'histoire au nom de Sapajou , sous lequel Buffon
les a décrits. En général, ce sont des singes de l'Amérique ,
dont la queue est prenante, et qui n'ont ni la tête pyrami-
dale , ni le tambour osseux du larynx qu'on remarque dans les
Alouates , et les membres ne sont point grêles comme ceux
des Atèles. (ln.)
SAJOU BARBU. V. Sapajou barbu, (desm.)
SAJOU BLANC. V. Sapajou blanc, (desm.)
SAJOU BRUN. V. Sapajou brun, (desm.)
SAJOU CORNU. V. Sapajou cornu, (desm.)
SAJOU FAUVE. V. Sapajou eauve. (desm.)
SAJOU A GORGE BLANCHE. T. Sapajou a gorge
BLANCHE, (desm.)
SAJOU GRIS. V. Sapajou BARBU, (desm.)
SAJOU NÈGRE. V. Sapajou nègre, (desm.)
SAJOU DE PETIVER, Simia syrkhta, Linn. Cette
espèce, fondée d'après une figure très-grossière de Peliver ,
ne doit point, ainsi que le remarque M. Geoffroy , prendre
place dans la nomenclatures des mammifères. Selon l'auteur
cité , sa queue seroit longue , son menton n'auroit point de
barbe , sa bouche seroit pourvue de moustaches et de longs
cils, elc. (desm.)
SAJOU A TÊTE DE MORT ou MONKIE , Simia
morta, Linn. L'espèce de singe qui a été admise sous ces
noms par les naturalistes, sur la seule vue d'une figure de
Séba (^Cercopithecus americanus minor monkie dictas ,, Mus. i.
pag. 22 , tab. 33, fig. i), n'éloit constatée que sur un fœtus
de sajou ; M. Geoffroy propose de la retrancher du cata-
logue des mammifères. Selon la phrase de Gmelin , son
pelage seroit d'un brun-bai , son museau brun ; elle n'auroit
point de barbe , et sa queue seroit longue , nue et écail-
leuse. (desm.)
SAJOU A TOUPET. V. Sapajou a toupet, (desm.)
SAJOU TREMBLEUR. Voyez Sapajou trembleur.
(desm.)
SAJOU VARIE. V. Sapajou varié, (desm.)
SAKA. Saka-Winkée. V. Saki. (desm.)
, SAKAIF . Nom que les Arabes donnent au Pavot à fleurs
rouges, (ln.)
48 S A K
SAiCEE-A^INKEE. Brown semble désigner parce noiti
îe Saki. V. ce mot, (desm.)
SAKEM, Coquille du genre des pourpres , le murex man-
cînella. V. aux mots Pourpre et Rocher, (b.)
SAKERAN (enivrant). Nom arabe àaphylalis somnifera^
L. , selon Delile. (ln.)
SAKHULTON. Nom que porie I'Outarde mAle, dans
la Mongolie , à cause de ses longues plumes en forme de
barbe, (v.)
SAKI, Fitkecia , Desm. j Geoffr. , Cuv. , IHig- ; Simia ,
Linn. , Erxleb. , Briss. , Schreb. , Gmel. — Genre de mam-
mifères quadrumanes de la famille des singes, et qui appar-
tient à la division des singes du nouveau continent ; c'est-à-
dire, de ceux dont les narines sont écartées l'une de l'autre,
et dont les mâchoires sont pourvues de six molaires de cha-
que côté.
Ce genre, que j'ai établi dans le vingt-quatrième volume de
la première édition de cet ouvrage , a été adopté par plusieurs
naturalistes. Il présente les caractères suivans : la tête est gé-
néralement arrondie , comme dans tous les singes de l'Amé-
rique , les alouates exceptés ; le museau est rond ; l'angle
facial est de soixante degrés environ ; les quatre incisives
inférieures sont un peu dirigées en avant , et séparées des
canines par un intervalle ; les oreilles sont moyennes , appli-
quées contre la tête , arrondies et légèrement rebordées ; la
queue ( et c'est le principal caractère ) , est très-touffue , et
un peu plus courte que le corps dans la plupart des espèces,
et aussi longue dans une seule; les ongles sont courts, re-
courbés , et un peu en gouttière.
Les singes qui ont été placés dans ce genre , se rappro-
chent principalement des sapajous ; mais ceux-ci ont la
queue prenante. Ils ont surtout beaucoup de rapports avec
les sagoins ; mais ces derniers , dont la queue ne jouit
point de la propriété de celle des sapajous, est recouverte de
poils courts. Les sakis , au contraire, ont la leur revêtue de
poils très-longs , qui en forment une espèce de panache.
Les sakis habitent les mêmes contrées que les sagoins et
les sapajous , c'est-à-dire , l'Amérique méridionale. Ils ne
quittent guère les arbres qui leur fournissent les fruits et les
insectes , dont ils se nourrissent habituellement. Ils parois-
sent nocturnes ; aussi , sont-ils généralement désignés par le
nom de singe de nuit.
Première Espèce. — Le Saki COUXlO , Piihecia satanas ,
Geoffr. Saint-Hilaire ; Ann.du Mus. , tome 19, page ii5,
sp. I. — Cebus satanas f Hoffmansseg. — Couxio , Humboldt 5
Recueil d'obsen>. zoolog. , page 3i4 j fig- 27.
s A K 4^9
Ce singe , dont le corps est long de quinze à seize pouces ,
a le pelage d'un brun noirâtre , dans le mâ!e , et d'un brun
plus roux , dans la femelle. Sa poitrine est presque nue. Le
poil de son dos est très-long ; celui de la têle est aussi fort
allongé, et retombe sur le front en divergeant du centre à la
circonférence. Le dessous de la mâchoire inférieure est garni
d'une touffe de poils , ou d'une barbe très-épaisse et longue ,
de forme arrondie ; ce qui donne à cet animal une physio-
nomie toute particulière. Cette barbe est moins épaisse dans
la feuielle que dans le mâle. La queue , qui a près de dix neuf
pouces, est conséquemment un peu plus longue que le corps.
Le poil qui la recouvre est brun, épais et très-touffu. Les
jeunes mâles , au rapport de M. de Humboldt, sont d'un gris
brunâtre.
On trouve cette espèce sur les bords de rOrénoque , dans
le grand Para; la collection du Muséum d'Histoire naturelle
de Paris en renferme deux Individus , l'un mâle , et l'autre
femelle.
Seconde Espèce. — Le SaKI capucin , Pitheda rhlropoies ,
Geoffr. , Ann. du Mus. dHisl. mit. , tome 19 , page 116, sp. 2.
— Le Capucin DE l'Orénoque, »S/Wa<;/i//o/9o/es, Humboldt,
Recueil d'obseiv. zoolog. , page 3ii.
Ce saki ressemble beaucoup au couxio ; il est d'un roux
marron. Les poils qui recouvrent sa tête sont fort longs , et
forment deux toupets , un de chaque côté. Sa barbe , longue
et touffue , est d'un brun noirâtre , et couvre une partie de la
poitrine.
M. de Humboldt a décrit le premier cette espèce , qui
se trouve dans les déserts de \ Alto Orinoco , au sud et à lest
des cataractes de ce (leuve , mais qui paroît fort rare dans
d'autres parties de la Guyane.
Le saki capucin est un peu plus petit que l'atèle coaïta; ses
yeux sont grands et enfoncés ; ses canines très fortes ; sa
queue est un peu moins longue que le corps , et d'un brun
noirâtre. Les testicules du mâle sont pourpres.
Ce singe, d'un naturel assez triste, est robuste , agile,
farouche , colère , et très-difficile à apprivoiser. Sa voix n'est
qu'un grognement sourd et rauque. Il est monogame.
M. de Humboldt l'a nommé chiropoies , pour rappeler l'ha-
bitude singulière qu'il a de boire dans le creux de sa main.
Selon cet auteur , le capucin prend le plus grand soin de sa
barbe , et entre en fureur lorsqu'on la saisit , ou qu'on la
mouille.
Troisième Espèce, — Le Saki a ventre roux , Pilhecia
rufi{;enter , Geoffr., Ann, du Mus. , tome 19, page 106 , sp. 3.
5o S A K
— Le SaKI, Bufjoiiy tome i5, page 90 ( i." individu). -^
SiSGE DE NUIT, Ejusâ. sitppl , loiTie 7, page 114, pl.3i. —
SaKL , Audbert, Hist. mil. des Sins;es et Makis , fam. 6, sect.^i,
lig. n , vulgairement singea queue de renard. — V. pi. P. i3 ,
de ce Dictionnaire.
C'est le plus gros , au moins en apparence ; ce qui est
peut-être flû à l'épaisseur dei»son poil. Sa longueur, depuis
i'extrémilé du nez jusqu'à l'origine de la queue, est d'un pied
et deuil environ. Sa queue est très-touffue , ainsi qlie les poils
qui couvrent ses membres, à l'exception des deux mains et des
deux pieds qui sont minces ; sa face est nue et obscure ; son
pelage est brun , lavé de roussâtre ; chaque poil étant d'un
brun noirâtre dans la plus grande partie de sa longueur , et
marqué d'un anneau d'un blanc roussâtre , assez étroit vers
sa pointe. Les poils de la tête sont dlvergens et forment une
calotte , dont le centre est placé sur le vertex, et dont le
bord antérieur s'avance jusque sur le front. Le dessous du
corps , à commencer de la gorge , est d'un roux clair. La
queue est longue d'un pied et demi environ. Les ongles sont
un peu creusés en gouttière.
Cette espèce se trouve particulièrement à la Guyane.
Quatrième Espèce. — Le Saki moitse , Pithecia monachus ^
Geoffr., Ann.du Mus. dllist. nat, tome 19 , page 116, sp. 4-
Ce singe est plus petit que le précédent. Son pelage est
très-touffu , varié de brun et de gris-blanc , lavé de jaunâtre.
Cette dernière teinte est terminale sur les poils , dont la base
est généralement brune. On la remarque surtout au toupet ,
sur le haut du dos , sur les épaules, la face extérieure des
bras , et sur les deux premiers tiers de la queue ; la face est
brune , presque nue , et l'on voit à peine quelques poils
blanchâtres sur le front et sur les joues. Les cuisses en dedans
et la partie interne du bras , sont d'un brun noir.
Ce qui caractérise principalement cette espèce, c'est l'es-
pèce de calotte de poils dlvergens qui se trouve sur l'occiput,
et qui arrivé tout au plus au vertex, ainsi que le manque de
barbe , la longueur de la queue, qui est à peu près égale à
celle du corps.
M. (icoffroy pense qu'Use pourrolt qu'on dût rapporter à
celte espèce le singe figuré sur la planche 3o du supplément
aux œuvres de Bujfun, tome 7 , sous le nom à' Yarqué ; et il
fonde cette opinion sur ce que , dans cette figure , le front est
large et découvert.
Cinquième Espèce. — Le SaK£ MIRIQUOUINA , Geoffr. ,
Ann. du Mus., tome 19, page 117, sp. b. — Min'quouina ,
s A K 5,
d'Azara , Essai sur VHîsl. nat. (les Quadrup. du Paraguay ,
tome 2 , page 2 43.
Ce singe, qui habite les bois de la province de Chaco et du
bord occidental de î-la rivière du Paraguay, a trente-deux
pouces de longueur totale , sur quoi le tronçon de sa queue
en prend seize , et les poils qui le dépassent , deux en-
virons. Il est parliculièrenient caractérisé par son pelage
gris brun en dessus , et de couleur fauve ou cannelle en
dessous ; les poils de son dos étant annelés d'abord de blanc,
de noir au milieu , et de blanc à la pointe. Il a deux taches
♦blanches au*dessus des yeux. Sa face , dit d'Azara, a du poil
jusqu'aux sourcils, sans qu'il y ait autre chose de pelé que les
paupières et le nez. Son œil, qui est grand, a l'iris couleur de
tabac d'Espagne. Son oreille est très-large, arrondie , velue.
Dans le mâle, la verge est rentrée sous la peau, et les testi-
cules seuls sont apparens. Le pelage est très-doux , et les
poils de la queue seuls sont longs et rudes.. L'espace qui sé-
pare les deux taches blanches de dessus les yeux , est brun
foncé comme la figure. Le poil de la queue est entièrement
couleur de tabac d'Espagne. La femelle est un peu plus pe-
tite que le mâle. Les jeunes ressemblent à leurs parens.
Ces singes sont d'un naturel tranquille.
Sixième Espèce. — Le Sakf YâRQUÉ, Pithecia leucocephala ,
Geoffr. , Ann.du Mus. , tome 19, page 117 , sp. 6. — Saki
Biiffun, tome i5 , page 90 ( a.^^e individu décrit d'après
Delaborde ). — Simia pHhedn , Schreber ; Saeugthière ,
fig. Sa. — Yarqué, Simia pithecia y Audebert , Hist. nat. des
singes y fam. 6 , sect. i , fig. 2.
Ce singe est un peu plus grand que le saki couxio ; son
pelage est noir-brun , assez épais sur le dos ; son ventre est
presque nu; son occiput est couvert de poils courts , de la
couleur de ceux du dos ; mais les joues et les côtés de la
mâchoire inférieure sont garnis de poils nombreux , égale-
ment courts, d'un blanc sale, légèrement teint de jaunâtre;
sur le front, on remarque une ligne moyenne qui divise ces'
poils. Le tour des yeux , le nez et les lèvres , sont nus et
d'un brun obscur. Les mains et les pieds sont presque nus.
La queue est très-touffue, et un peu plus courte que le corps.
Laborde , qui a fait connoîlre celte espèce à BufTon , dit
qu'elle est assez rare à la Guyane , et qu'elle se tient dans
les broussailles. Ces animaux vont par troupes de sept à huit,
et jusqu'à douze. Ils se nourrissent de goyayes et d'abeilles,
dont ils détruisent les ruches , et mangent aussi des graines
dont l'homme fait usage. Ils ne font qu'un petit que la mère
porte sur le dos. Ils sifflent comme les sapajous. Dans l'édi-
tion de Buffon , do Sonnini , M. Lalrellle a donné une as-
S2 S A L
sez bonne figure de ce singe , sous le nom de saki à iéle
blanche.
Septième Espèce. — Le Saki cacajao , Pithecia melanoce-
phala , Geoffr. , Ann. du Mus. , tome 19 , page 117 , sp. 7.
— Le Cacajao, Simia melanocephala , Humboldt , Recueil
dobserv. zoolog. , page 3i6 , fig. 29.
Ce petit singe , décrit pour la première fois par M. de
Humboldt, n'a point de barbe ; sa tête noire , est couverte
de poils courts touffus et dirigés en avant; son pelage est d'un
brun jaunâtre ; sa queue est d'un sixième plus courte que le
corps; elle est grosse, d un jaune brunâtre à sa base , et prés-
ide noire à l'extrémité. La poitrine , le ventre et le dedans
des bras et des jambes , sont d'une teinte plus claire que le
do3. Les mains et les pieds sont noirs et secs , avec les doigts
très-longs. Le cou et la nuque sont presque nus.
Les cacajaos forment des troupes que l'on rencontre dans
les forêts qui avoisinent les rives des fleuves Cassiquiare et
Rio Negro. Ils sonl peu agiles etd'un caractère doux et phleg-
matique. Leur nourriture principale consiste en fruits , tels
que bananes , goyaves , citrons , etc. , qu'ils mangent avec
avidité. Ils redoutent les serpens et les crocodiles, (desm.)
SAKKL Nom japonais d'une boisson fermentée , analo-
gue à la BiÈRE , qu'ils font avec le Riz. (b.)
SAlvOHÉ. iSom garipou du Cassique yapou , à la
Guyane, (v.)
SAKU-JAKU. Nom que l'on donne, au Japon, à la Pi-
voine OFFICINALE , selon Ksempfer. (ln.)
SAL. Les Latins donnèrent spécialement ce nom au sel
commun, au se/ proprement dit , la soude muriatée. Ce sel
est en usage depuis la plus haute antiquité. Le sel, remarque
Pline , est une chose si nécessaire à l'homme , que son nom
sert même à désigner les plaisirs de l'esprit. L'on ne peut
mieux appeler que du nom de sel, la gaîté et les délassemens
que l'on fait succéder au travail. Le nom de sel a été étendu
jusqu'à ce qui concerne l'état militaire , puisqu'on appelle
salarium une rétribution que l'on donne aux soldats. Ainsi ,
notre mot salaire a pour origine le mot salarium. Xe sel éloit
le symbole de la sagesse. Les Hébreux, comme les Grecs et
les Romains , faisoient entrer le sel dans tous les sacrifices
faits aux dieux , et les lois mêmes en maintenoient l'obligation.
Le sel éloit encore le signe de l'incorruplibililé.
Les Grecs donnoient au sel le nom d lialos. Le nom latin
s'est conservé dans presque toutes les langues de l'Europe ,
avec de légères modifications qui n'en cachent pas la racine.
L'on observe que le mot salz Âts Allemands est à la fois un
s A L 55
composé des noms latin et grec du sel , c'.est-à-dîre , de salet
halos.
Les anciens tiroient,comme nous, le sel de l'eau de la mer,
des sources salées , et des montagnes de sel gemme ; ils
n'ont pas étendu autant que les modernes le nom de sel à
toutes les substances qui , comme le sel marin , se fondent
très-aisément dans l'eau. F. l'article Sel. (ln.)
SALABIDO. V. Meleto. (desm.)
SALACIE , Salacia. Genre établi par Lamouroux , dans
son beau travail sur les polypiers coralligènes flexibles, pour
placer une production de cet ordre qui provient des mers de
la Nouvelle-Hollande , et qu'il a figurée planche 6 de son
ouvrage.
Les caractères de ce genre sont : polypier phytoïde , arti-
culé ; cellules cylindriques, longues , accolées au nombre de
quatre , avec leurs ouvertures sur la même ligne, et verticil-
lées; ovaires ovoïdes tronqués^(B.)
SALACIE , Salacia. Genre de plantes de la gynandrie
triandrie , qui a pour caractères : un calice divisé en cinq
parties; une corolle de cinq pétales; trois étamines attachées
au sommet d'un ovaire supérieur à style simple. Le fruit
n'est pas connu.
Ce genre, très-rapproché des Tontèles et des Calypsos,
a été établi sur un arbrisseau de la Chine, à feuilles alternes,
ojales , péliolées , écartées , et à fleurs axillaires. (b.)
SALACZAG. Dans une noticedes oiseaux des Philippines,
insérée dans les Transactions philosophiques , Camel fait men-
tion d'un petit oiseau à long bec , à plumage peint de diverses
couleurs , et appelé salaczac. Il est vraisemblable que c'est
une espèce de Martin pêcheur, (s.)
SALADE DE CHANOINE. C'est la Valériane, (^ )
SALADE ou LAITUE DE CHOUETTE. C'est la Vé-
ronique BECCABUNGA. (LN.)
SALADE DE GRENOUILLE. Nom vulgaire de la Re-
noncule DES MARAIS ( Ranunculus cespitosus , Linn, ). Foyez
Mâche, (b.)
SALADE DE MATELOTS. Les colons français du
Sénégal donnent ce nom à une certaine plante de ce pays ,
parce qu'ils en mangent les feuilles comme le pourpier dont
elles ont le goAt. Adanson , qui rapporte ce fait dans son
voyage au Sénégal , se contente de dire que c'est une espèce
d'hélianthémoïde (peut-être un Spilanthe). (ln.)
SALADE DE PORC. Nom vulgaire de la Porcelle a
longues racines, (b.)
SALADE DE TAUPE. C'est le Pissenlit, (ln.)
54 s A L
Sx\LADELLE. Le Statice maritime porte ce nom dans
la Camargue. (B.)
SALADRELO. En Languedoc, on appelle ainsi la graine
de rOsEILLE LONGUE, (dESM.)
SALAGRAMAN. Nom que donnent les Indiens à la
cavilé laissée par une ammonite dans un schiste argileux,
cavité où ils supposent que Yishnou s'est incarné. Cette
pierre , qui se trouve en forme de cailloux roulés , dans le
Gange , est l'objet des adorations des sectateurs de ce dieu ,
et est fort rare. J'en ai vu une, rapportée par Sonnerat , qui
doit être déposée au Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
V. au mot Ammonite, (b.)
SALAM, PIERRE DE SALAM. Dans l'Inde, on donne
ce nom aux Rubis orientaux. Ces gemmes précieuses ap-
partiennent à l'espèce corindon , ainsi que le saphir. "Werjier
en fait une espèce distincte qu'il appelle Salamstein. Miàis
cette distinction n'existe pas dans la nature , car on y trouve
tous les passages au saphir et autres variétés vitreuses du
«corindon , ainsi que je m'en suis assuré par l'examen de
leurs formes cristallines. Lorsqu'ils sont bruts , ils ont un
reflet laiteux particulier qui les fait distinguer sur-le-champ
du spinelle rouge ; lorsqu'ils sont taillés, ils jouissent de la
réfraction double, et d'une vivacité de couleur cl d'éclat que
le spinelle n'a jamais, (ln.)
SALAMANDRE, iy^/amrtm/ra. Genre de reptiles de l'ordre
des Batraciens, dont les caractères consistent à avoir trois
ou quatre doigts aux pieds de devant , quatre ou cinq à ceux
de derrière; une langue large, non fourchue, et fixée dans
toute sa longueur; une queue.
« Le nom des salamandres est depuis long-temps fameux;
l'amour du merveilleux s'est plu à les tirer de l'obscurité à
laquelle elles semblent avoir été condamnées par l'auteur de
la nature. Considérées comme des êtres privilégiés qui bra-*
voient la puissance du plus actif des élémens, elles fourni-
rent à l'amour des emblèmes souvent plus brillans que fidè-
les. Le temps a dissipé les prestiges de cette fausse gloire :
tout le monde sait aujourd'hui que les salamandres, expo-
sées à l'action du feu, y trouvent, comme les autres ani-
maux, un principe destructeur qui les réduit en cendre.
Mais si leur réputation a perdu d'un côté, elle a gagné de
l'autre. Une histoire pleine de faits curieux a remplacé un
roman. »
Tel est l'exorde d'une Histoire naturelle des salamandres de
France, qu'a publiée Latreille , histoire remplie d'observa-
tions nçuvelles , qui fixent nos idées sur ces singuliers ani-
s A L 55
maux, el qu'on ne peut mieux faire que de mettre à contri-
bution pour la rédaction de cet article.
Linnœus et la plupart des autres naturalistes qui l'ont
suivi , ont placé les salamandres parmi les lézards, car leurs
formes extérieures sont fort rapprochées ; mais , pour peu
qu'on les compare, on leur trouvera des différences qui les
éloignerontbeaucoup plus les uns des autres, que les sespens
des lézards. En effet les salamandres ont la peau nue , c'est-
à-dire privée d'écaillés et rendue luisante par une mucosité
qui flue de glandes particulières. Leurs pattes ne sont point
pourvues d'ongles; leurs yeux sont munis de paupières; leur
langue, qui est large, épaisse, et non divisée à son extré-
mité, est adhérente par toute sa face inférieure , caractère
qui rapproche ces animaux des grenouilles. Leurs fausses cô-
tes sont très-courles ; leur cœur n'a qu'une oreillette; elles
n'ont point de trou auditif externe , point d'organes propres
à l'accouplement par introduction enfin elles subissent des
métamorphoses; ces divers caractères les rapprochent en-
core des grenouilles; aussi Alex. Brongniard, à qui on doit
le meilleur systènie di^ Erpétologie qui art encore été proposé
( V. au mol Erpétologie ) , a-t-il mis les salamandres
dans l'ordre des Batraciens, c'est-à-dire avec les grenouil-
b.îs , et les a-t-il placées à la fin des reptiles , comme faisant
le passage entre ces derniers et les poissons.
On verra plus bas que les salamandres sont de véritables
poissons dans leur première jeunesse , attendu qu'elles res-
pirent par des branchies, et quelles n'ont point de pattes,
ce qui a voit déterminé Laureuti à en faire un genre sous le
nom de Protée. V. ce mot.
Les salamandres ne sont point pourvues de couleurs bril-
lantes; leur peau tuberculeuse , toujours gluante , fort sem-
blable à celle des crapauds, leurs mouvemens lents, leur
habitation dans les lieux fangeux ou sombres, les rendent
l'objet de la défaveur générale, aussi ne les a-t-on observées
que dans ces derniers temps , à l'époque où le désir de l'ins-
truclion a fait surmonter le dégoût naturel qu'on a pour
elles , et où beaucoup d hommes ont secoué les préjugés de
leur epfance. On n'en connoît encore que fort peu d'exoti-
ques.
Le plus grand nombre des salamandres habite les eaux*;
quelques-unes sont terrestres, mais ne se trouvent cepen-
dant que dans les lieux humides, dans ceux où le soleil ne
pénètre jamais. Toutes s'enfoncent dans la terre nu dans la
boue pendant l'hiver , toutes changent de peau tous les dix à
douze jours pendant l'été , el toutes vivent de vers , de lar-
ves d'insectes , el autres petits animaux.
56 S A L
Spallanzani a découvert, dans les salamandres, la faculté
de régénérer leurs membres. Bonne! et autres ont confirme
ses observations. Ainsi il est constaté aujourd'hui qu'on peut
couper les pieds, la queue , arracher les yeux des salaman-
dres , et les voir se reproduire en deux, trois ou six mois
dans les pays chauds , en un temps plus long dans les pays
froids. Un de ces membres, coupé après sa reproduction ,
repousse comme la première fois. Dans ce cas, la peau re-
couvre d'abord la plaie ; ensuite il pousse un moignon qui
se bifurque lorsque c'est une patte , et s'aplatit lorsque
c'est la queue. On n'a pas reconnu de différence entre l'or-
ganisation de la partie reproduite et celle de la partie coupée.
Ces reptiles ne sont pas totalement privés de l'organe de
la voix; ils font quelquefois entendre à la surface des eaux
un cri rauque, et lorsqu'on les touche, une espèce de siffle-
ment foible, mais aigu. Ils gonflent leurs poumons, comme
les grenouilles , en fermant leur bouche , et en aspirant l'air
par les narines. On peut , comme elles , les faire mourir ,
par défaut de respiration , en leur tenant forcément la
bouche ouverte pendant quelque temps. Voyez au mot Gre-
nouille.
Les salamandres aquatiques nagent avec facilite par le
mouvement de leurs pattes , palmées dans certaines.espéces,
combiné avec celui de leur queue, toujours comprimée, et
quelquefois garnie d'une large membrane qui se prolonge
sur leur dos. Dans leur état parfait, elles ont besoin de ve-
nir fréquemment respirer à la surface de l'eau, ou mieux,
prendre une nouvelle provision d'air; car elles restent des
mois pendant l'hiver, des jours pendant le printemps et l'au-
loMine, et des heures pendant les chaleurs de l'été, sans être
obligées de sortir de leurs retraites. Plus l'eau est chaude et
corrompue , et plus fréquemment elles sont forcées à renou-
veler leur provision.
En général, les salamandres habitent les eaux stagnantes
ou peu coulantes; mais il en est des espèces qui préfèrent
celles qui sont limpides , telles que les fontaines et les puits,
et d autres qui ne se trouvent que dans les mares les plus in-
fectes. Il existe cependant un point d'altération des eîiux,où
jccs dernières mêmes les abandonnent ou périssent. Elles sor-
tent quelquefois de ces demeures pendant la nuit ou pendant
les jours pluvieux, soit pour changer de place, soit pour
aller cherciier des lombrics terrestres ou autres objets de
nourriture ; mais elles ne s'éloignent jamais beaucoup du
lieu de leur naissance. Souvent, dans ce cas, elles ne peu-
vent retrouver le lieu d'où elles sont parties qu'après une re-
cherche de plusieurs jours; de là les individus qu'on ren-
s A L 57
contre quelquefois sous des pierres, sous des ccorces d'ar-
bres, etc.
C'est vers l'équinoxe du printemps, un peu plus tôt, un
peu plus tard, selon la chaleur de la saison , que les salaman-
dres aquatiques procèdent à la multiplication de leur espèce.
A cette époque, les mâles, qu'on dislingue souvent par la
grandeur de la crête de leur queue ou autres caractères, et
toujours par leur forme plus svelte, par le plus de grosseur
des organes de la génération, et enfin par la plus grande
longueur des pattes postérieures, recherchent le voisinage des
femelles, s'agitent beaucoup autour d'elles, les caressent
même de leurs queues et de leurs pattes, se réunissent enfin
par leur partie antérieure ; alors le mâle éjacule une "liqueur
blanche et épaisse sur les organes de la génération de la fe-
melle , qui sont alors très-gonPiés.
. Tel est le seul mode d'accouplement observé parmi les
salamandres parDemours , Spallanzani, Latreille et autres:
mode intermédiaire entre celui des autres reptiles et des
poissons.
Spallanzani, qui les'a surtout étudiées, a prouvé, par de
nombreuses expériences , que la liqueur séminale vivifie seu-
lement les œufs situés près de l'ouverture extérieure du ca-
nal; ainsi il faut un grand nombre d'actes pour féconder
leur totalité. En conséquence , la ponte dure vingt à trente
jours, et pendant cet espace de temps leur espèce d'accou-
plement a souvent lieu plusieurs fois dans une heure.
Les œufs des salamandres sont très-petits , et sortent iso-
lés, ou réunis les uns aux autres par une matière glutineuse,
comme dans les Crapauds et les Grenouilles. Ils nagent
d'abord et s'enfoncent ensuite dans l'eau, à raison de l'aug-
mentation de poids qu'ils acquièrent par le développement
des fœtus.
Dans l'espace de peu de jours , ces œufs éclosent et se
changent en petits têtards rendes et arrondis à un bout ,
amincis et terminés en queue à l'autre, qui prennent en-
suite de petites nageoires, des rudimens de pattes , une tête
et des yeux. A cette époque , ces larves , car ces têtards
doivent porter ce nom , se m uvenl avec une vivacité extrême
et bien contrastante avec la lenteur future des animaux par-
faits.
Au quinzième ou seizième jour, les doigts des pattes a*i-
tcrieures commencent à poindre , et huit jours après ceux de
loiites sont développes.
Mais il faut parler des ouïes ou branchies, organes si re-
marquables ici , puisque , comme on l'a déjà dit , elles assi-
milent les jeunes salamandres aux poissons.
58 S A L *
Les ouïes, donc , forment, de chaque côté du cou, une
houppe frangée, une espèce de panache composé de trois à
quatre tiges inégales , garnies , sur deux rangs , d'appendices
membraneuses etlaciniées. Ces ouïes , suivant Dufai , sont
recouvertes et garanties par un opercule. Elles servent ,
comme dans les poissons , à soutirer de l'eau Pair qui est né-
cessaire, à la conservation de l'existence de ces larves. ( Voyez
au mol Poisso?!.) Aussi les jeunes salamandres ne sonl-cUes
pas obligées , comme leurs père et mère , à monter à la sur-
face de l'eau pour humer de nouvel air, lorsque celui qu'elh »
avoientmisen dépôt dans leurs poumons est consommé par
l'acliori vitale.
Arrive une époque à laquelle ces organes , devenus inu-
tiles parle développement etl'accroissement des sacs pulmo-
naires, ne reçoivent pfus de nourriture, disparoissent avec
la mue , ou mieux s'oblitèrent.
Lalreille pense que toutes les salamandres aquatiques ont
de semblables branchies ; mais les grosses espèces, surtout
celles qui Sortent quelquefois de l'eau , les perdent de très-
bonne heure. Ainsi c'est dans les petites , dans les espèces
qui seront ici mentionnées les dernières , qu'il faut les cher-
cher lorsqu'on veut les étudier.
La durée de l'existence des salamandres n'a pas encore été
fixée par les naturalistes ; mais il est probable que , comme
celle des grenouilles, elle s'étend à un assez grand nombre
d'années. Elles ont la vie dure. Il faut de violens coups de
bâton pour les faire mourir. J'en ai vu une dont le ventre
avoit été ouvert par une percussion de cette espèce, qui sem-
bloit ne devoir.pas se remuer de la place où elle se trouvoit ,
car ses boyaux étoient dehors , se rétablir parfaitement en
douze ou quinze jours , ce qui s'explique par la facilité avec
laquelle leurs membres se régénèrent. Elles habitent , en
général , des lieux où il n'est pas facile de les trouver, ré-
pugnent à la plupart des animaux, et n'ont guère d'ennemis
que parmi les oiseaux aquatiques. Les canards sont pro-
bablement les plus dangereux de tous pour celles de France,
et ils ne mangent cependant volontiers que les jeunes.
On fait mourir aisément les salamandres en introduisant
une épingle dans leurs naseaux , en les saupoudrant de sel ou
de tabac. Dans ces deux derniers cas, elles s'épuisent à faire
sortir rapidement de leur peau la liqueur blanche qui la lu-
Lréfie. Elles en agissent de mëiiie lorsqu'on les met dans le
feu , et il arrive quelquefois que cetfe liqueur l'éteint suffi-
samment pour leur permettre de se sauver. De là, sans doute,
est née l'opinion que les salamandres vivent dans le feu , et
par cuiisé^^ueutles fabl;;s que i'imagiualiou a crcccs , que la
vS A 1
poésie a souvent embellies de ses charmes ,
vent pas entrer dans la rédaction de cet ari
9
mais qui ne doi
Les espèces les plus importantes à connoîlre parmi elles ,
sunt :
Salamandres terrestres.
La Salâivi\î<DRE TERRESTRE , qui a plus de tiois doigts à
chaque pied , le corps noirâtre avec de grandes taches jaunt s
irrégulières; la queue arrondie et épaisse. Elle se trouve dans
les parties méridionales de l'Europe , dans les lieux frais et
couverts , dans les vieilles masures , sous les pierres , etc. On
ne la rencontre jamais dans l'eau. Elle acquiert jusqu'à un
demi-pied de long. Un grand nombre d'auteurs l'ont repré-
sentée , et sa meilleure figure est , sans contredit , celle qu'a
donnée Latreille , dans son Histoire naturelle des Salamandres
de France , chez Viiliers , rue des Mathurins. 11 y a joint celle
de son squelette.
Cette salamandre diffère beaucoup des autres par ses mœurs.
Elle^a quatre doigts aux pieds de devant , et cinq à ceux de
derrière ; les trous de sapeausont en partie visibles à l'œil nu;
les yeux sont placés à la partie supérieure de la tête qui est un
peu aplatie ; leur orbite est saillante dans l'intérieur du palais ,
et y est presque entourée d'un rang de très - petites dents ,
semblables à celles qui garnissent les mâchoires , dans
plusieurs poissons. Les couleurs de sa robe varient. On en
trouve de presque entièrement jaunes , et de toutes noires.
Les taches qui s'effacent les dernières, sont celles qui sont
derrière les yeux, et qui ont des points noirs. La queue pa-
roît divisée en anneaux par des renflemens d'une substance
très-molle.
Lorsqu'on touche la salamandre terrestre , elje fait trans-
suder de sa peau cette humeur blanche dont il a été déjà
parlé , et qu'elle possède en bien plus grande quantité que
ses congénères. Celte espèce de lait est très-acre, et produit
une sensation très-douloureuse sur la langue. C'est un excel-
lent dépilatoire , au rapport de Gesner. Il est quelquefois
lancé à plusieurs pouces , ainsi que l'a observé Latreille , et il
répand une odeur nauséabonde particulière. C'est un poison
pour les petits animaux ; mais il ne paroît pas qu'il produise
des effets aussi dangereux sur les grands, tels que les chiens,
par exemple.
La salamandre terrestre s'écarte peu du trou qù elle fait
sa résidence habituelle, et ne sort ordinairement que la nuit
ou pendant la plaie. Elle est très-lente dans sa marche ; vit
de mouches, de vers, déjeunes limaçons, etc. Elle paroît
réellement sourde , et ne redoute pas la présence de l'homme
6o S A L
ni des animaux, qui tous, ou presque tous , l'ont en horreur.
Mais il paroît que c'est à cause de sa mauvaise odeur; car elle
ne leur fait jamais de mal, et sa morsure, forcée par
Ihomme , n'a aucune suite. Lorsqu'on la met dans l'eau ,
elle cherche à en sortir, et ne peut rester au fond sans ve-
nir à tout moment resffirer à la surface. Sur terre , elle se
met souvent en spirale.
Maupcrtuis , ayant ouvert quelques salamandres terres-
tres, y trouva des œufs et des petits tout formés. Ce fait a
été vérifié par Lacépède , et par un anonyme qu'il cite dans
ses Supplémens. Cet anonyme ajoute que ces fœtus sont ren-
fermés dans cinq sacs , au nombre d'environ huit dans cha-
cun, et qu'ils sont d'autant plus formés qu'ils se rappro-
chent davantage de l'ouverture qui doit leur livrer passage.
Ces fœtus sont apodes et pourvus de branchies. Les sacs
sont précédés d'œufs disposés en grappes. D'autres obser-
vateurs prétendent avoir trouvé dans le corps de la salaman-
dre terrestre femelle , une cinquantaine de petits qui ressem-
blent à leurs parens, à la taille près. Il résulte de ces ob-
servations , et de celles faites depuis par Draparnaud , pro-
fesseur à Montpellier, que les salamandres terrestres met-
tent bas des petits éclos dans leur ventre, comme les vipè-
res et quelques lézards ; que ces petits, ou larves , ont les tu-
bes des branchies droits, tandis que les petits ou larves des
salamandres aquatiques les ont courbés.
La Salamandre noire a été regardée comme une va-
riété de la salamandre terrestre ; mais il y a lieu de croire
cependant que c'est une espèce. Elle est du double plus pe-
tite que la précédente, se trouve en Allemagne dans une
contrée où on ne rencontre pas cette dernière.
La Salamandre ponctuée est noire avec une série de
points jaunes sur chaque côté du dos. Elle atteint six pouces
de long. L'Amérique septentrionale est sa patrie; Bartonl'a
figurée pi. 4- <lu sixième volume des Transactions de la So-
ciété philosophique de Philadelphie.
La Salamandre mortuaire a plus de trois doigts à
chaque pied , est noirâtre, Variée de gris ; son ventre est
brun clair, et sa queue cylindrique et ronde. Elle se trouve
en Caroline , sous l'écorce des arbres pourris , dans les mai-
sons abandonnées, etc. Je l'ai observée , décrite et dessinée
le prenner. 11 est bon de publier ici la description absolue
que j'en ai faite sur le vivant. Voyez plane. P. 12, où elle est
figurée.
Tète allongée, aplatie, noire, variée de gris, surtout
dans sa partie latérale postérieure.
Corps presque cylindrique, noir, varie de gris, surtout sur
s A L 6i
les côtés ; une ligne enfonce'e tout le long du dos. Le dessous
brun , ponctué finement de gris.
Queue un peu plus longue que le corps, presque cylin-
drique , noire , variée de gris, surtout à sa base.
Pattes noires, variées de gris, les antérieures à quatre
doigts , dont l'intérieur très-pelit ; les postérieures à cinq
doigts , dont l'intérieur est également plus petit.
Longueur totale , quatre pouces.
Le mâle diffère de la femelle en ce qu'il est plus petit et
plus noii'.
M. J. Gréen a décrit, dans le second volume du Journal de
l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie , quatre
autres espèces nouvelles de salamandres terrestres, propres
à l'Amériqye septentrionale ; savoir:
La Salamandre tachée de rouge qui a la queue courte ,
le dessus du corps marbré de brun et de rouge, et le deaious
cendré.
La Salamandre cendrée qui a la queue assez longue , le
corps en dessus brun , taché de blanc , et le dessous noir , ta-
ché de blanc.
La Salamandre glutineuse qui a la queue longue , le
corps en dessus noir, taché de blanc , et en dehors toutnoir.
La Salamandre brune dont la 'queue est médiocre , le
corps brun en dessus et blanc en dessous , avec deux lignes
de points noirs.
Salamandres aquatiques.
La Salamandre des monts Alleghanis est brune , avec
une teinte plus claire en dessus. Elle a été trouvée par Michaux,
dans les montagnes de l'intérieur de l'Amérique septentrio-
nale. C'est la plus grande de toutes les salamandres connues,
attendu qu'elle a treize pouces de long. Voyez pi. P. 12 où
elle est figurée. Elle se voit au Muséum d'Histoire naturelle de
Paris; on ne dit pas si elle est terrestre ou aquatique ; mais
sa queue plate, très-courte , et munie d'une carène membra-
neuse, qui se prolonge sur le dos, la range dans la division
de ces dernières. On remarque une petite ligne bleue sur les
côtés du corps ; quelques traits de la même couleur sur les
cuisses ; de légères marbrures rougeâtres sous le corps et sur
les lèvres.
C'est à cette salamandre que Cuvier rapporte TAxo-
^ lotl des lacs du Mexique et la Sirène operculée de l'Amé-
rique septentrionale. V. son importante dissertation sur cet
objet, insérée dans les Mémoires de Zoologie de Humboldt ,
à la suite du voyage de ce deriiier dans l'Amérique méridio-
nale.
La Salamandre marsrée a plus de trois doigts à chaqjie
C, s A L
lùiià; le corps vert en dessus, marbré de brun, avec une
ri cle sur le dos dans les niàles ; le dessous rougeâtre , poin-
tillé de blanc, et la queue irés-compriinée. Elle se trouve
«lans les parties méridionales de la France, et uiérae aux en-
virons de Paris. Elle est très-bien figurée, pi. 2 de l'ouvrage
rie Lalreille cité plus haut. C'est à cet habile naturaliste
fjuon doit laconnoissance positive de cette espèce qui avoit
<;lé confondue avec d'autres, et principalement avec la sui-
vante. Voyez f\. P. 12.
Les salamandres marbrées quittent fréquemment les eaux
pendant l'été, et s'établissent plusieurs ensemble dans des
irous de murs exposés au nord, dans des masures, sous des
pierres, etc., d'où elles ne sortent que pendant lanuitetlors-
«lu'il pleut. Le mâle se distingue par une crête élevée, dentée
inégalement, comme si elle avoit été mordue , et qui se pro-
longe sur le bord supérieur de la queue.
La Salamandre crêtée a plus de trois doigts à chaque
pied; le corps varié de noirâtre et de vert fon(fé en dessus;
d'un jaune orangé , avec des taches noires en dessous ; une
crête sur le dos dans les mâles; une queue très-comprimée.
Le mâle est figuré pi. 2 , n.^ 3 de l'ouvrage de Lalreille ; et la
lemelle ouverte, pi. 3 du même ouvrage. On la trouve très-
abondamment dans les Qaux stagnantes, dans le midi comme
dans le nord de la France , et en général dans toute l'Europe.
Elle est des plus communes aux environs de Paris. Le mâle
diffère de la femelle par sa grande crête laciniée comme celle
de la précédente espèce, mais qui est plus élevée, et d'une
seule couleur noirâtre. Cette espèce fournit beaucoup de
variétés produites par l'âge et la nature de leur habitation,
ce qui a donné lieu à une grande confusion dans sa synony-
mie. Le travail de Lalreille l'ayant définitivement fi.xée , il
faul abandonner toutes les disputes qui ont été les suites de
l'incertitude des naturalistes qui l'ont précédé. YMc quitte
rarement les eaux. Voyez pi. P. 12.
La Salamandre pointillée est d'un brun-verdatre ou
jaunâtre , tachetée de noir ; sa têle est rayée ; sa queue a une
bande blanchâtre sur un fond rouge à sa partie inférieure. Elle
est figurée pi. 4 de l'ouvrage de Lalreille.^ On la trouve dans
les eaux croupissantes de presque toute l'Europe. Elle n'est
pas rare aux environs de Paris. Le mâle aune crête dentée el
maculée, qui s'étend depuis la têle jusqu'à l'extrémité de la
queue. Voyez, pi. P. 12.
La Salamandre des marais est d'un brun foncé en des-
sus , avec une ligne noirâtre , de chaque côté , tout le long du
corps. Son ventre est blanchâtre, et quelquefois orangé.
C?est là salamandre abdominale de Lalreille, et dont ce na-
s A L 63
turalisle a donné quatre figures, pi. 5 de son ouvrage pre'cîté.
Elle se trouve très-abondamment dans toute l'Europe. Elle
craint les eaux putréfiées beaucoup plus que la précédente et
ne s'éloigne point volontairement des lieux de sa naissance.
Elle varie aussi beaucoup par ses couleurs.
La Salamandre ceinturée est d'un gris-verdâlre ou jau-
nâtre, avec des points noirs, disposés en Tjande de chaque
côté ; le dessous est safrané et sans tache. Elle est figurée pi. 5
de l'ouvrage de Latreille.On la trouve par toute l'Europe, dans
les eaux stagnantes.
^La Salamandre ÉLÉGANTE est verdâtre en dessus, jau-
nâtre en dessous, avec latêteetles pieds ponctués de noir.
Elle a été trouvée par Daudin dans les environs de Beau-
vais.
La Salamandre palmipède, Laceiia aquatica , Linn., est
d'un gris-verdâtre , tacheté de noir clair; son ventre est blan-
châtre , presque sans taches ; ses pieds postérieurs sont pal-
més, et la queue des mâles est terminée par un filet. Elle est
figurée pi. 6 de l'ouvrage de Latreille. C'est la plus petite de
Fraiice. On la trouve aux environs de Paris , dans les mares
de la forêt de Bondy où je l'ai souvent observée. Elle con-
serve ses branchies plus long-temps qu'aucune autre espèce.
Il est probable qu'elle ne sort jamais de l'eau; car elle est si
délicate, qu'un quart d'heure d'exposition dans un air sec
suffit pour la faire mourir.
La Salamandre fasciée qui a la queue médiocre, le
dessus du corps ferrugineux , avec des fascies presque bleues
et le dessous cendré.
La Salamandre brunâtre qui a la queue courte, le
corps en dessus brunâtre, avec des taches noires, et le des-
sous jaunâtre.
La Salamandre longicaude qui a la queue longue , le
corps en dessus blanchâtre.
La Salamandre noire qui a la queue médiocre , le corps
en dessus noirâtre, en dessous blanchâtre , et sur les côtés
ponctué.
La Salamandre bilinéaire qui a la queue assez longue ,
le corps en dessus cendré , avec des lignes longitudinales de
diverses couleurs , en dessous blanchâtre ou jaunâtre.
La Salamandre a sinciput blanc qui a la queue courte ,
le corps ferrugineux en dessus, et jaunâtre en dessous.
La Salamandre a ventre rouge qui a la queue courte,
le corps brun , marbré de noir en dessus , et rouge ou doré
eu dessous.
Ces sept dernières sont naturelles à l'Amériqne septen-
H vS A L
trionale , et c'est à M. Green qu'on en^ doit la connois-
sance.
La Salamandre sarroubé de Lacépède est un gecko fort
voisin du Gecko a tête plate. F. au mot Gecko.
La Salamandre trois doigts du même auteur, ayant
des côtes, des écailles, une queue longue qui se replie à vo-
lonté , ne paroît être qu'un lézard altéré par la chaleur du
Vésuve sur lequel elle a été trouvée, (b.)
SALAMANDRE FOSSILES ou PROTÊE FOS-
SILE. V. l'article Reptiles fossiles, (desm.)
SALAMANDRE PIERREUSE. On adonné autrefois
ce nom à I'Amianthe flexible qui , comme on le sait , ne
brûle point lorsqu'on la jette dans le feu. (ln.)
SALANGA ou SALANGANE. C'est le nom que l'on
donne , aux Philippines , à une petite hirondelle de rhage. V.
Hirondelle salangane, (v.)
SALANGUET. L'Anserine maritime porte ce nom à
Tembouchure du Rhône, (^b.)
• SALAR. C'est le Cône tulipe, (b.)
SALARlx\NA. Les Latins donnoient ce nom à une va-
riété de la châtaigne. V. Meterana. (ln.)
SALARIAS, ^a/anas. Sous-genre de Blennies, caractérisé
par des dents sans nombre , très-minces , très-comprimées ,
très-rapprochées , crochues à leur extrémité. Il renfenne
plusieurs poissons venant de la mer des Indes, (b.)
SALANX , Salanx. Sous-genre de poissons établi par
Cuvier, parmi les EsocES , et qui a pour type une espèce
non décrite. Ses caractères sont : tête déprimée; les oper-
cules se reployant en dessous ; quatre rayons plats aux ouïes ;
les mâchoires pointues , garnies d'une rangée de dents cro-
chues, (b.)
SALAXIS, Salaxis. Genre de plantes établi par Willde-
novv dans l'octandrie monogynie et dans la famille des bi-
cornes. Il est fort voisin des CallunÉES , Erlca vulqaris , L.
Ses caractères sont : calice de quatre folioles inégales; co-
rolle campanulée , à quatre divisions; stigmate pelté ; cap-
sule charnue à trois loges et à trois semences.
Trois arbustes, découverts par Bory Saint- Vincent à l'île
de Bourbon , constituent ce genre. V. Bruyère, (b.)
SALB ANDES , ÉPONTES ou LISIÈRES D UN FI-
LON. Ce sont deux couches dont l'épaisseur varie depuis
quelques lignes jusqu'à plusieurs pieds , qui accompagnent
les filons réguliers, et qui, de part et d'autre, les séparent de
s A L 65
iâ roche. Elles sont souvent composées d'une terre ar- lieuse
ou ocracée ; quelquefois c'est un simple filet de quarz'ou de
spath calcaire. Il n'est pas rare de voir les deux salbandes
d'une nature différente ; mais plus communément elles sont
assez semblables l'une à l'autre. La salbande sur laquelle
s'appuie le filon, s'appelle le Ut, le cheoèton le mur du filon i
celle qui le couvre se nornme le toit. V. Filon, (çat.)
SALBEY. Nom allemand des Saûgçs, suivant Willde-
novv. (ln.) ' , ' ' ■ ' '■
SALDE, Salda. Nom donné par Fabriciiis^ à'ans son sys-
tème des rhyngotes, à un genre d'insecles ^é'*r,ôrdre des
hémiptères, famille des géocorises. -^'ir '. ' • ..
Dans ses premiers ouvrages sur l'entomologie , ce natura-
liste avoit séparé du genre cimex de Linnœus des espèces re-
marquables par la forme aplatie et par la consistance presque
membraneuse de leur corps, et avoit désigné cette coupe
générique sous le nom A'acanthie {acanthia). Elle étoit com-
posée d'insectes disparates, soit quant à la forme des antennes
et quelques autres caractères , soit quant aux habitudes. Il
étoit donc nécessaire de la modifier, et c'est ce que j'essayai ' i
le premier de faire, en établissant, à ses dépens , quelques l
nouveaux genres. Celui qui conserva le nom d'acanthie ,• u "^
fut restreint à quelques géocorises qui habitent le bord des P '^>
eaux, et qui conduisent, comme par degrés, à la famille des» ^ {\
hydrocorises ; telles sont les acanlhies ; zosterœ, striata, litto- fc V,
ralts, de l'Entomologie systématique de Fabricius. Ce genre, ^ T ',
parfaitement naturel, a été adopté parcet auteur, mais sous une
nouvelle dénomination , celle de salda, et avec une réunion
d'espèces qui, telles que Vaini, Valbipennis, \a. pallicornis , la J ' '.
grylloides, la daoipes , s'éloignent génériquement des précé- X (V.
dentés. Dans l'ordre naturel , elles se rapprochent évidem- ^
ment des lygées ; et , si on ne les associe pas à cette dernière w.
coupe , elles doivent du moins en composer une particulière *"
que l'on placera à côté d'elle. Voyez les articles Acanthie et
Punaise, (l.)
SALDORIJA. Espèce de Sarriete, Salureja obomla^ha.".
gasca, qui croît dans le royaume de Murcie et dans les provin-
ces méridionales d'Espagne. Aux environs de Valence, elle
s'appelle herhe aux olives, parce qu'on s'en sert pour assai-
sonner les olives destinées à être mangées, (ln.)
SALEE et SALÈE-U TAN. Noms malais de deux espèces
de Larmilles, coix. Le premier est celui du coix lacryma ,
L. , et le second celui du coix agrcslis , Lour. On mange \çs
grains de la première espèce , en Cochinchine et dans les
Indes orientales ; mais on ne fait aucun usage de la seconde.
(LN.) '
xx:
6S S A T.
SALÈGRES. Dans quelques pays on donne ce nom aur
matières pierreuses pénétrées de soude muriatée , qu'on
trouve dans les mines de sel gemme et dans les terrains
d'où sortent les mines salées. On en met dans les élables
pour les faire lécher aux moulons et aux autres bestiaux. On
en met aussi dans les colombiers pour y fixer les pigeons.
(PAT.)
S A LE P. Nom d'une substance végétale et alimentaire
qu'on prépare avec les racines de plusieurs orchis , et dont
les Orientaux surtout font un grand usage. On dépouille ces
racines de leurs fibres, de leur enveloppe et des bulbes des-
séchés de l'année ; après les avoir lavées à l'eau froide , on
les fait bouillir un moment dans de nouvelle eau ; ensuite
elles sont égoutlées, enfilées et séchées au soleil, où elles
prennent la consistance et la dureté de la gomme arabique.
Quand on veut s'en servir, on les met en poudre qu'on eduit
en gelée , au moyen de l'ébuUition dans l'eau. Cette
fournit une nourriture saine et légère , convenable surtout
aux malades. V. les mots Orchis et Ophuis. (d.)
SALEP DES INDES OCCIDENTALES. On don .
ce nom à la fécule retirée du Galanga a feuilles de bali-
sier. (B.)
SALGAGEL. Nom que les Hébreux donnoient aux
graines de la Rue. (ln.)
SALGUEIRA. Nom que les Portugais de l'Inde don-
nent à Vavicenniatomeniosa , L. V. Avicenne et Upata. (b.)
SALICA. Nom donné par les Brames au nymphaa lotus ^
Linn. , que les naturels de la côte Malabare nomment ambel,
selon Rhéede, Hist. mal., ii , t. 26. (ln.)
SALICAIRE , Lythrum. Genre de plantes de la dodé-
candrie monogynie et de la famille des calycanthèmes , qui
offre pour caractères : un calice cylindrique , strié , muni à
son limbe de douze dents , dont six alternes plus courtes et
quelquefois nulles ; une corolle de six pétales insérés sur le
calice ; douze étamines disposées sur deux rangs, et insérées
sur le calice; un ovaire supérieur, à style simple et à stigmate
capité -, une capsule oblongue, recouverte par le calice, bilo-
culaire , bivalve , à valves quelquefois bifides au sommet , à
placenta central adné à chaque côté de la cloison, qui est
opposée aux valves.
Les genres Nésée de Commerson, et Parsonsie de Jus-
sieu, ne diffèrent pas suffisamment de celui-ci pour être con-
servés.
Les salicaires sont presque toutes herbacées , à feuilles
ordinairement opposées ou presque verlicillées, à fleurs sou-
s A r. 6^
ven! disposées en épis axillaîres ou lerminaux , quelquefois
axillaireset solitaires. On en compte une trentaine d'espèces,
doiu quatre seulement propres à l'Europe.
Les plus communes ou les plus remarquables de ces espèces
sont :
La Sal(Caire commune, Lythmm salicaria , Linn. , qui a
les feuilles opposées, en cœur, lancéolées, et les fleurs en
épis. Elle est vivace, et se trouve dans toute l'Europe et le
nord de l'Asie, sur le bord des eaux, dans les prairies ma-
récageuses. Elle est estimée détersive, vulnéraire et rafraî-
ciiissante. On l'ordonne , principalement en poudre, dans
les dyssenterie.s. On l'appelle vulgairement lysimachie rouge.
Les habitans du Kamtchatka en font une grande consom-
mation en guise de thé, ou cuite avec le poisson qui fait le
fond de leur nourritui-e. Sa moelle , qu'ils font sécher , est
surtout un mets fort agréable , soit crue , soit cuite. On en
fait une boisson qui est un véritable vin, puisqu'elle donne
de l'alkool à la distillation, et se change en vinaigre.
Les bestiaux mangent quelquefois les feuilles de la salicaire;
mais elle n'en est pas moins une plante nuisible dans les prai-
ries , à raison de la grosseur et de la hauteur de sa tige. Un
bon agriculteur doit chercher à l'y détruire. C'est cependant
une belle plante , soit par son port, soit par la grandeur et
la couleur rouge de ses épis de fleurs.
La Salicaire verge a les feuilles opposées et lancéolées,
et les fleurs ternées. Elle se trouve en Autriche et en Sibérie.
On k cultive dans les jardins.
La Salicaire a feuilles d'hyssope a les feuilles alternes,
linéaires, et les fleurs hexandres. Elle est annuelle, et se
trouve sur le bord des eaux. Toutes ses parties sont très-
amères.
La Salicaire pemphis, qui se trouve dans les îles de la
mer du Sud, et dont les fruits sont acides. Forster en a fait
un genre sous le nom de Pemphis. V. ce mot.
La Salicaire cuphée, qui croît au Brésil , et qui est très-
visqueuse, forme également un genre. V. Cuphée.
La Salicaire verticillée, qu'on trouve en Caroline , a
été établie en titre de genre par Waiter , sous le nom de
Décodon.
La Salicaire frutescente constitue aujourd'hui le genre
Woodfordie, (b.)
SALIGA.IRES (famille des). V. Calycanthèmes. (b.)
SALIC ARIA. Nom latin appliqué à plusieurs Fauvettes
aquatiques, (v.)
68 S A L
SALI CARIA. Dîoscoride et Pline attribuent à leur lysî-
machin des feuilles semblables à celles du saule ; mais le pre-
mier dit que cette plante a les Heurs jaunes, et le second,
que ses fleurs sont pourpres ; c'est ce qui fait que les bota-
nistes Font rapportée au Irsimachia vulgaris ou bien au lytlimm
saltcaria; c'est ce qui fait aussi que Gesner a nommé salicaria
le lysimachia ci-dessus ( V. C. B. Pin. ), et. que Tournefort a
désigné par la même dénomination le genre qui comprend
la seconde plante. Linnœus a, depuis, appelé ce genre
lyliimm , qui est ausswun des noms de l'ancien lysimachia.
V. les mots Lythrum, Woodfordie et Salicaire. (ln.)
SALICASTRUM. Pline mentionne , sous ce nom , une
plante qui avoit été ainsi appelée parce qu'elle croissoit ordi-
nairement dans les lieux plantés de saules. Il la dit fort sem-
blable à la vigne sauvage que les Grecs appeloient aw/?<'/oy
o^na, et dit que, bien que ces deux plantes aient des noms diffé-
rens, elles ont le même port et les mêmes propriétés. Cepen-
dant, ajoute-t-il, le salicastrurn est plus efficace pour guérir la
gale et les autres démangeaisons, en l'appliquant, broyé avec
du vin miellé. Quelques auteurs ont pris pour cette plante le
flammiila, espèce de clématite. Césalpin cite le iamnus com-
munis; mais G. Bauhin pense qu'il s'agit ici de la douce-amère
ou Vigne de Judée, Solanum dulcamara , L. (ln.)
SALIGINÉES. Famille de plantes établie pour placer le
Saule , I'Aune , le Bouleau, qui faisoient ci-devant partie
de celle des Amentacées. V. ce mot. (b.)
SALICOQUE. Espèce de PalvEiwon. (b.)
SALIGOQUES, Carides ^ Latr. Tribu de crustacés , de
la famille des macroures, ordre des décapodes, distinguée
des autres tribus de la même famille par les caractères sui-
vans : pattes indivises ou n'ayant au plus, et que dans un petit
nombre, un petit appendice sétiforme, inutile à la locomo-
tion , situé près de leur base ; pédoncule des antennes laté-
rales recouvert d'une grande écaille, annexée à sa base ; ces
antennes situées au-dessous des mitoyennes ou insérées plus
bas.
Ces crustacés , dont plusieurs avoient été distingués par les
Grecs, sous les noms de caris ^ de crangon , et qu'on appelle
vulgairement, chez nous, crevettes ^ salicoques^ etc., ont le
corps d'une consistance moins solide que celui des autres dé-
capodes , quelquefois même assez mou, arqué ou comme
bossu , ce qui les a encore fait nommer squilles bossues. Les
antennes sont toujours avancées et en forme de soies ; les
latérales sont fort longues , et les intermédiaires , ordinaire-
ment plus courtes , ont leur pédoncule termine par deux ou
trois filels sétacés et articulés ; lorsqu'il y en a trois, un de
s A L 69
ces filets est plus petit et souvent recouvert par l'un des deux
autres ; les yeux sont très-rapprochés , presque globuleux et
portés sur un pédicule très-court ; la face supérieure du pé-
doncule des antennes mitoyennes offre , dans la plupart, une
excavation qui reçoit la partie inférieure de ces organes de la
vue ; l'extrémité antérieure du test s'avance presque toujours
entre eux , et cette saillie a Iti forme d'un bec ou d'un rostre
pointu , déprimé quelquefois , mais le plus généralement
comprimé, avec une carène de chaque côté, et les bords su-
périeur et inférieur aigus , plus ou moins dentés en scie ; les
côtés antérieurs du test sont souvent armés de quelques dents
acérées, en forme d'épines; les pieds-mâchoires inférieurs res-
semblent , dans le plus grand nombre , à des palpes longs et
grêles , ou même soit à des pieds , soit à des antennes ; les
quatre pattes antérieures sont, dans beaucoup d'espèces, ter-
minées par une pince double ou une sorte de main didactyle.
Deuxde ces pattes, ordinairement la seconde paire , sont dou-
blées ou pliées sur elles-mêmes; le carpe de cette seconde pince
et quelquefois celui des deux dernières ou l'article qui précède
immédiatementla pince, offre dans plusieurs celte particularité
que l'on n'observe point dans les autres crustacés; il paroît
comme divisé transversalement en un nombre variable de pe-
tits articles, ou annelé, La troisième paire de pattes est elle-
même quelquefois, comme dans les pénées, en forme deserre.
Dans plusieurs , celte troisième paire est plus courte que les
deux dernières ; en général, on n'a pas fait assez d'attention
à ces différences dans les longueurs relatives des pattes. Les
segraens du milieu de la queue sont dilatés ou élargis sur les
côtés; elle se termine , ainsi que dans les autres macroures,
par une nageoire en éventail ; mais le feuillet du milieu est
plus étroit , pointu ou épineux au bout ; son dos est armé ,
dans plusieurs, de quelques petites épines ; les fausses pattes
du dessous de la queue sont allongées et souvent en forme
de feuillets.
On fait une grande consommation de ces crustacés dans
toutes les parties du monde. On en sale même quelques es-
pèces pour les conserver. Ils sont tous habitans de la mer et
de nos côtes ; celles de la Méditerranée en offrent deplusieurs
sortes , mais dont l'étude avoit été généralement négligée
jusque dans ces derniers temps. Montagu et MM, Piisso et
Léach ont, par leurs recherches , agrandi , sous ce rapport,
le domaine de la science. Le second , dans son ouvrage sur
les crustacés de la rivière de Nice , a décrit un assez grand
nombre d'espèces inédites de salicoques. Mais en rendant jus-
tice à son zèle et à ses travaux, nous ne pouvons nous empê-
cher de dire qu'il n'a pas assez approfondi son sujet ; que sou-
jo s A L
vent Ton cherche en vain , dans ses descripiions , des connoîs-
sances relatives aux principaux organes sur lesquels repose la-
classification; que plusieurs de ces espèces sontmal placées,
et que leur détermination, à raison de ces lacunes, embarras-
sera souvent les naturalistes. La science est si avancée et em-
brasse aujourd'hui tant de détails , qpe des descriptions in-
complètes ne font qu'accroître ce chaos désigné sous le nom
à''lnçert(Z sedis. Nous sommes bien loin d'appliquer ces ob-
servations critiques et nécessaires aux travaux du docteur
Léach ; ils sont, au contraire, dignes de tous nos éloges. Ce
naturaliste, aussi recommandable par son instruction, son
activité infatigable , que par l'aménité de son caractère et
son empressement à communiquer ce qu'il sait et ce qu'il
possède , n'a , dans son ouvrage sur les crustacés de la
Grande-Bretagne , négligé aucun caractère essentiel d'orga-
nisation. Il a établi, dans celte sous-famille des salicoqucs,
plusieurs coupes génériques aussi bien signalées que circons-
crites , et dont la connoissance est appuyée d'excellentes
figures. Il auroit peut- être pu mieux coordonner les faits qu'il
a recueillis, et c'est ce que je vais tenter dans la distribution
méthodique des genres de cette sous-famille ; mais il nous a
donné d'excellens matériaux, et qui seront utiles aux natura-
listes de tous les âges, quelle que soit leur manière de voir et
de disposer les faits.
J'ai revu mon premier travail sur la famille des salicoques ,
et j'espère que le tableau suivant , fondé sur cet examen ulté-
rieur , contribuera à éclaircir ce sujet. On y trouvera quel-
ques genres dont je n'ai point fait mention , ni dans le troi-
sième volume du Règne animal par M. Cuvier , ni dans ce
Dictionnaire. Mais les espèces qui sont l'objet de ces coupes
étant peu nombreuses, rares dans les collections et point sail-
lantes , n'intéressent guère que le naturaliste qui fait une
élude particulière des crustacés.
I. Point d'appendice à la base postérieure des pattes, dans le plus
gr.tnd nombre : cet appendice très-pe^it, en forme de petite lame
elliplique, dans ceux où il existe; celles des pattes qui sont simples
ou sans pince , cylindriques ou filiformes , terminées par un onglet
distinct ou ambulatoires et préhensiles.
I. Les deux premières patiet plus grandes que les suîeanfes, terminées
par une main dont le doigt fixe est petit et en forme de dent, et
dont ie doigt mobile se replie sur elle , en manière de crochet.
Ohscrvation. Antennes mitoyennes terminées par deux filets ; avance-
mec', cii forme de bec, de la partie antérieure du test, très-court; la 8«-
condfc paire de pattes repliée; son carpe simple ou sans division».
G. PONTOPHILE, Pontophilus^ Léach ; Egeun , Risso.
s A L 7«
Dernier article des pîeds-mâchoîres extérieurs sensible-
ment plus long que le précédent , pointu au bout ; seconde
p^iirc de pattes plus courte que la troisième , terminée dis-
tinctement par une main didactyle.
G. Cratsgon , Crangon.
Dernier article des pieds-mâchoires extérieurs de la lon-
gueur du précédent , très-obtus ; seconde paire de pattes
aussi longue que la troisième ; leur pointe bifide.
a. La première paire de pattes terminée dans le plus grand nombre
par une main à deux doigts presque également longs et avancés , ou
/unissant simplement en pointe et sans pince dans les autres.
A. Antennes mitoyennes ( ou supérieures^ terminées par deux filets.
m La troisième paire de pattes plus grande que les précédentes , tantôt
terminée par une main didactyle, ainsi que celles-ci, tantôt simple,
mais beaucoup plus grosse que les quatre antérieures ; le dernier
article de celles-ci fendu jusque près de sa base, en deux parties
digitiformes.
G. Atye , Atya^ Léach.
La troisième paire de pattes monodactyle ; celles qui pré-
cèdent terminées par un article fendu jusque près de sa
base en deux parties digitiformes (très-longues).
G. Sténope , Sienopus , Latr.
Les trois premières paires de pattes terminées par une
main didactyle ; la troisième paire et les suivantes longues ;
les deux avant-derniers articles des quatre pattes postérieu-
res divisés en un grand nombre de petits articles.
Nota. Corps mou, iiisvide; filets des quatre antennes très-tongs; les
pattes sont généralement fort grêles et fort longues , et se replient sur eUes-
vnêm4s; la troisième paire est plus large que les autres , et contraste , sous
oc rapport , avec elles. Genre établi sur le palœmon hispidus d'Olivier.
G. Pénée, Penœus^ Fab.
Les trois premières pattes terminées par une main didac-
tyle ; ces pattes et les suivantes de moyenne longueur, sans
divisions annulaires à aucun de leurs articles.
Nota. Bec long ; un petit appendice en forme de lame à la éase posté-
rieure de leurs pattes ; palpes mandihulaires saillans , foliacés.
h Les deux premières paires de pattps ou la seconde, plus grandes
que la troisième ; celle-ci jamais terminée par une main didactyle ,
ni plus grosse que les antérieures.
* Pit-tis- mâchoires extérieurs foliacgs , couvrant la bouclie.
Hota. Les quatre pattes antérieures terminées par WM main dida^
tyle; carpe inarticulé.
G. Hyménocère , Hymenocera , Latr.
72 S A L
Division supérieure des antennes mitoyennes et mains fo-
liacées.
ISoia. Genre étahli sur une espèce inédite des mers des
Indes orientales.
G. GmatophYLLE , Gnatophyllum , Latr.
Antennes mitoyennes et mains ayant la forme cndinaire.
Exemple : les alphées , elegans et iyrrlienus de Risso; la seconde
paire de pattes est plus longue et beaucoup plus épaisse que
l'antérieure.
** Pieds-machoires extérieurs filiformes ou se'lace's, ne couvrant
poiril la bouche.
Nota. Cavpe, de la seconde 'paire de fuites ordinairement articulé.
■}- L'une des deux pattes antérieures simple , l'autre en forme de
serre, ou terminée par une main didactyle.
G. Processe , Processa , Léach ; Nika , Risso.
Nota. Les faites de la iteconde faire terminées far une fetitc main
didactyle ,• l'une de ces faites fins tonoue que l'oAitrc, et que les dcxiiv
•premières.
■J-}- Chaque patte des deux premières paires terminée de la même
manière que sa correspondante.
G. AuTO"NOMÉE , Aulonomœa , Risso.
La première paire de pattes terminée par une main di-
dactyle , les autres simples.
G. Alphée , Alpheus , F.
Les quatre pattes antérieures terminées par une main à
deux doigts très-distincts.
Nota, J'y rafforte le genre hippolyte de M. Léach ; mais on fourroit
l'en détacher, en frenant four hase les différencas des grandeurs re-
latives des deux premières f aires de faites. Dans l'alpheus malaba-
ricus, far-encemple , la fremière est f lus longue que la seconde; dans
les hippolytes de M. Léach et autres espèces de Fahricius analogues ,
le palémon marbré d'Olivier, etc., la seconde faire est ftus longue
que l'antérieure.
G. Pandale , Pandalus , Léach.
Les deux premières pattes simples ou très-foiblcmenl di-
daclyles , les deux suivantes en forme de serres.
B. Antennes mitoyennes terminées par trois filets.
Nota. Les quatre fremicres pattes didactylcs.
G. Palémon , Palœmoil , Fab.
La seconde paire de pâlies la plus grande de toutes ; son
carpe inarticulé.
G. Lysmate , Zy^moto ,^lsso.
La seconde paire de pattes la plus grande de toutes ; son
carpe articulé.
s A L 7^
Exemple : la lysmate seti-caudata de M. Risso ; sa seconde
espèce , L. triliana^ est un palémon.
G. Athanas, Aihanas^ Léach.
La première paire de pâlies la plus grande de toutes ;
carpe de la seconde articulé.
II. Un appendice sétacé et allongé, très-apparent à la base pos-
térieure des pattes; troisième paire de pattes et les suivantes, les
dernières surtout, presque capillaires ousétace'es, uniquement nata-
toires.
(i. PasiphaÉ , Pasiphae , Savigny.
Nota. Corps long, mou, très-comprimé; antennes mitoyennes termi-
nées par deux filets ; les quatre pattes antérieures beaucoup plus
grandes , didactylcs , semMables ; celles de la seconde paire à peine
•plus longues; carpe inarticulé.
(L.)
SALICOR. On donne ce nom, sur les Lords de la mer,
tantôt à la Salicorne, tantôt aux Soudes herbacées ou Sa-
LICOT. (b.)
SALICORNE , Salicornia. {Wlonandrie monogynie.) Genre
de plantes de la famille des chénopodées , qui présente pour
caractères : un calice entier , renflé, à quatre angles, et du-
rable ; point de corolle ; une ou deux étâmines ; un style par-
tagé en deux et à deux stigmates ; une semence nue au fond
du calice.
On connoît environ douze espèces de ce genre.
Les salicornes n'ont point de feuilles , mais des tiges her-
bacées ou frutescentes , garnies de rameaux opposés , cylin-
driques et articulés. Le sommet des articulations offre deux
dents, et c'est aux articulations supérieures que viennent les
fleurs , qui sont sessiles et très-petites. Je ne citerai que deux
espèces , savoir:
La Salicorne herbacée , Salicomiaherlacea , Linn., plante
annuelle ([m croît au bord de la mer , et qu'on multiplie
par la culture. Elle a des tiges épaisses , noueuses, rampan-
tes et divisées en plusieurs branches, avec des articulations
surmontées de deux pointes. •
La Salicorne ligneuse, Salicornia fndicosa , Linn., qui
a une tige d'arbrisseau droite et branchue , avec des pointes
aiguës à ses nœud? , qui sont rapprochés , et des rameaux qui ,
poussant depuis le bas , forment une espèce de pyramide.
Elle est vivace, et vient, comme la précédente , dans les
lieux maritimes.
Les habitans des pays où croissent les salicornes , les cou-
pent à la fin de Tété, quand elles sont parvenues à leur gran-
deur; et après les avoir desséchées au soleil , ils les brûlent
pour en avoir les cendres , dont on se sert pour faire du verre
7^ S A L
et du savon. On retire de ces cendres un alcali. Voy. Soude.
La première espèce est mise parThunberg , au nombre
des plantes du Cap de Bonne-Espérance, qui servent à la
nourriture des habitans, (b.)
SALICORISIA. Dodonée a appelé ainsi les deux espèces
communes de salicorne, qui croissent sur nos côtes. Et dont
ces articulations sont garnies de deux petites cornes ou poin-
tes. Cette circonstance et la propriété de donner de la soude ,
par incinération, leur ont fait donner le nom de salicomîa^
composé de deux mots latins, qui signifient sel et ^o/ne. Voyez
Salicorîse ci-dessus, (ln.)
SALICORNIN. r. Salicor. (s.)
SALICOT. V. Salicoque. (s.)
SALIE , Salius. (ienre d'insectes de l'ordre àes hyménop-
tères, famille des fouisseurs, établi par Fabricius dans son
Système des piézales. Il ne diffère des pompiles du même
auteur , qu'en ce que les mandibules de ces hyménop-
tères n'ont point do dentelures au côté interne, et que le
corps , ainsi que ses différentes parties , est proportionel-
lement plus étroit et plus allongé ; mais ce dernier caractère
est commun aux mâles de plusieurs pompiles, et Fabricius ,
trompé par cette conformité, a effectivement placé avec les
salies ( 6-punchitus) , le mâle d'une espèce du genre précé-
dent, (l) *
SALIENTIA. Ordre et famille de mammifères établis par
llliger, et qui ne comprend que les genres hypsiprymnus. V.
PoiORoo et halmatitms. V. Kanguroo. (desm.)
SALIETTE. C'est la Conise émoussée de Lamarck. (b.)
SALIGOT. On donne ce nom à la M acre et à la,ÏRi-
BULE. (B.)
SALIMOPil. Genre établi par Adanson sur un arbre fi-
guré par Rumphius, Amb. , vol. 2, pi. 76. Il a besoin d'être
observé de nouveau. (».)
SALIN. N(Vïi de la Potasse telle qu'elle résulte de l'é-
v.'iporation de la lessive des cendres des plantes, c'est-à-dire,
encore mêlée à d'autres sels, el très-colorée. Dans cet état,
elle sert à la fabrication du verre commun. (B.)
Sy\LlN. Poisson du genre Spare. (b.)
SALIN ARIUM. Des oryctographes ont donné ce nom
aux vertèbres de poissons dcJachces et pétrifiées, à cause de
leur forme . qui se rapproche de celle d'une salière, (desm.)
SALINES. On donne ce nom aux usines établies près des
fontaines salées, et où l'on retire, par évaporalion, la soude
inuriatce ou sel commun que contiennen! les eaux de cea
fontaines.
s A T. 75
Quand ces eaux sont à 10 ou i5 degrés de raréométre des
salines, c'est-à-dire qu'elles contiennent de dix à quinze livres
de sel par cent livres d'eau, on les fait immédiatement éva-
porer par le feu dans de grandes chaudières qu'on nomme
poêles, où elles déposent la sélénite qu'elles tiennent en dis-
solution, et l'on en relire le sel marin, à mesure qu'il se pré-
cipite en se cristallisant par l'effet de l'évaporation.
Mais, quand les eaux sont au-dessous de dix degrés (quel-
quefois elles ne sont qu'à 2 ou 3 ), on a trouvé le moyeu de
les concentrer par une méthode d'autant plus ingénieuse ,
qu'elle est plus simple; elle accélère l'évaporation sans le
secours du feu et par le seul contact de l'air, multiplié pour
ainsi dire à l'infini.
Des pompes , mues par un courant d'eau , élèvent les eaux
salées dans des réservoirs placés au haut d'un vaste hangar
long et étroit, d'où on les fait tomher par gouttes, au moyen
de plusieurs files de robinets , sur des lits de fagots dépines
accumulés jusqu'à la hauteur de dix-huit pieds. L'eau, après
avoir été divisée eii une infinité de petites larmes, est reçue
dans un vaste bassin qui occupe toute l'étendue du hangar.
Elles sont ensuite retirées de ce bassin, et reportées par d'au-
tres pompes dans le réservoir supérieur. On les fait ainsi
passer et repasser à travers les épines , jusqu'à ce qu'elles se
soient évaporées et concentrées au point de se trouver à 11
ou 1 2 degrés de salure : on les fait alors couler dans les chau-
dières, où s'achève leur évaporation.
La méthode des bâtimens de graduation a un double avan-
tage : non seulement elle épargne le comhustlble eii opérant
sans le secours du feu une grande partie de l'évaporation ,
mais encore elle rend le sel beaucoup plus pur; l'eau salée, en
se dispersant à travers les fascines , dépose sur leurs rameaux
la sélénite dont elle est chargée, qui, ayant besoin d'un grand
volume d'eau pour être tenue en dissolution, reste adhérente
à ces rameaux dès que l'eau commence à s'évaporer, et y
forme une infinité 'de stalactites, comme les eaux qui filtrent
à travers les voûtes d'une grotte.
L'invention de cette utile méthode est due à Matthieu Meth,
médecin à Langensaltz en Thuringe , qui ^t construire le
premier bâtiment de graduation en 1699.
La France n'a pas, comme la Pologne, l'Espagne et l'An-
gleterre, des mines de sel-gemme; mais elle possède des sources
>« 'lécs d'un produit immense, surtout dans les départemens
«11- la Meurthe et du Jura (la Lorraine et la Franche-Comté).
ï-.a Meurthe a trois grandes salines , à Dieuse , Moyenvic
''♦Château- Salins, toutes trois dans la vallée qu'arrose la
■^rille.Ti'apvcs "es essais qui ont eié faj(s par Nicolas, de ce:
75 S A L
(lifférenles eaux, celles de Dieuze contiennent quatorze
livres deux onces de sel par cent livres d'eau ; celles de
Moyenvic, onze livres; celles de Château-Salins, douze livres.
Leur produit annuel passe cinq cent mille quintaux, et il
pourroit être triplé, ainsi que Va établi le conseil des mines.
Les salines de la Meurlhe forment également un objet
d'exploitation très-important. A Salins , il y a trois sources
fort abondantes, et qui présentent une singularité : elles sor-
tent du même rocher, et cependant leur degré de salure est
fort différent ; l'une fournit de l'eau qui contient commu-
nément quinze livres de sel par cent livres d'eau, et quelque-
fois jusqu'à vingt-trois livres ; l'autre n'en contient que deux
et demie, et la troisième est presque douce.
L'eau de la première source est immédiatement versée dans
les chaudières, où l'évaporation s'en fait par le moyen du feu.
Les eaux foibles sont conduites par des canaux de bois jusqu'à
Chaux, où sont des bâlimcns de graduation qui les portent au
même degré de salure que celles de la première source, et l'on
y termine l'opération dans des chaudières.
11 y avoit autrefois à Rosières, à trois lieues de ISancy, une
superbe saline ; mais les fermiers-généraux , par des consi-
dérations financières, firent détruire ce bel établissement.
Dans le département du Bas-Rhin (en Alsace) , à trois
llcucs au N. N. E. de Haguenau, est la saline de Sullz, qui
est très-bien montée : mais ses eaux ne sont qu'à 4 degrés de
salure, et le produit annuel n'est que d'environ cinquante-
deux milliers de sel. On y voit deux bâtimens de graduation,
chacun de quatre cents pieds de longueur, où Tcau est élevée
par des pompes jusqu'à la hauteur de deux cents pieds, de
manière qu'en se divisant prodigieusement dans sa chute, sou
évaporation se trouve fort accélérée. Elle est terminée dans
une chaudière de quatorze pieds de longueur sur treize de
large, et seize pouces de profondeur. Cette grand* surface
est très-propre à favoriser l'évaporation. C'est dans cette sa-
line que l'on commença, en 1724, à substituer les fascines de
buissons aux gerbes de paille qu'on employoit précédemment
dans les bâtimens de graduation, et ce changement utile fut
aussitôt adopté dans toutes les salines d'Allemagne.
Au pied des Pyrénées, nous avons aussi plusieurs fontaines
salantes, notamment celles de Salies et de Gaugeac, près
d'Ortès eu Béarn ; celles d'Aincille, près Saint-Jean-Pied-
de-Port; et celle du village de Camarade, près du Mas-d'Azil,
dans le pays de Foix. Quelques-unes de ces sources sont fort
chargées de sel ; mais , comme elles sont peu abondantes ,
elles fournissent tout au plus à la consomaialion des petites
communes qui les possèdent , et sont plus curieuses pour
s A L '^^
le naluralîste , qu'importantes sous le point de vue politique.
Quant à l'origine des sources salées , l'opinion qui paroît
aujourd'hui généralement reçue, c'esl qu'elles sont dues à des
bancs de sel -gemme, que les eaux souterraines dissolvent
successivement. J'ose dire néanmoins que cette snppositioa
me paroît peu vraisemblable. On sait, par exemple , que les
sources de Dieuze et de Château Salins fournissent annuel-
lement près de six cent mille quintaux de sel chacune. Celle
de Dieuze est connue depuis environ neuf siècles, et l'une et
l'autre existoient sans doute bien long -temps avant. Quelle
masse de sel qui est sortie de la montagne ! et quel vide im-
mense elle a dû y laisser! Cependant il ne s'en fait aucun
éboulement ; les eaux conservent toujours le même degré de
salure , et cependant elles n'ont point changé de direction
dans leur cours. Comment se fait-il qu'elles aient dissous une
si grande masse qui étoit sur leur passage , et que toujours
elles y en trouvent la même quaiTtité ? On peut d'ailleurs
remarquer que les eaux qui coulent sur une masse de sel
solide et compacte, ne la dissolvent nullement, ainsi que le
prouve avec évidence la source d'eau douce qu'on voit dans
la mine de Wieliczka sortir d'entre des blocs de sel-gemme.
Je sais qu'il y a des naturalistes qui ont expliqué ce fait, en
disant qu'apparemment la nature avoit formé entre ces blocs
de sel une espèce de tuyau d'argile où couloit cette eau douce.
Cela est fort ingénieux sans doute ; mais la nature, dans ses
opérations, n'a pas besoin de nos petits expédiens.
Je crois donc que le sel marin est forme journellement, soit
dans le rocher, soit dans l'eau elle-même, tout comme le nitre
est formé sur les parois des grottes de la Mofelta; ce que la
nature peut faire pour un sel, assurément elle le peut faire
pour un autre.
Une observation qui n'a point échappé aux naturalistes qui
ont visité les sources salées, c'est que toujours elles sont ac-
compagnées de chaux sulfatée et d'autres sels sulfuriques
souvent même de soufre en nature et de matières bitumi-
neuses. Cette réunion constante prouve que ces substances,
si différentes en apparence, doivent néanmoins leur existence
à une cause commune.
J'observerai, relativement à l'évaporalion de l'eau, qui est
un objet si important pour l'économie du combustible, qu'on
pourroit, ce me semble, y employer encore le moyen qui est
mis en usage par les peuples du Nord, qui concentrent l'eau
de la mer par la gelée.
On pourroit,pendant l'hiver, mettre l'eau des sources salées
dans des chaudières de métal , qui seroient placées dans des
cuviers un peu plus larges, de manière qu'on pût mettre de la
78 S A L
glace tout autour, à laquelle on ajouleroit du sel, afin d'accé-
lérer la congélation de l'eau contenue dans la chaudière, d'où
l'on enlèveroit les glaçons à mesure qu'ils se formeroient (ces
glaçons ne contiennent que de l'eau douce), et on les rem-
placeroit par de l'eau salée.
Quoique cet expédient pût très-bien réussir en petit, il
seroit possible qu'il éprouvât des obstacles dans l'exéculion
«;n grand: aussi n'est-ce qu'une idée que je soumets à la
sagesse de ceux qui ont pour eux l'expérience. V. Solde
MURIATÉE, (pat.)
S\L1QUIER. Synonyme de Cuphée. (b.)
SALIS BURI, SaU&buria. Arbre à feuilles alternes, pé-
tiolées, cunéiformes, unies, striées en dessous, arrondies à
Textrémité, bilobées et déchirées, qui vient de la Chine et
du Japon, et qu'on cultivoit depuis nombre d'années dans
nos jardins, sous le nom de gmkgo, sans obtenir sa florai-
son. que Smith a observée enfin en 1^96, dans le jardin
du roi d'Angleterre, à Kew , et qui l'a été tout nouvelle-
ment en France.
Cet arbre forme , dans la monoécie polyandrie, un genre
qui a pour caractères : dans les fleurs mâles, un chaton nu,
filiforme, à anthères deltoïdes et penchées ; et dans les fleurs
femelles, qui sont solitaires, un calice divisé en quatre par-
lies , persistant , et un ovaire supérieur.
Le fruit est un drupe globuleux, presque triangulaire, qui
renferme une seule semence dicotylédone.
Le salisburi est un arbre fort intéressant par ses feuilles ,
qui ressemblent à celles d'un Adiante; aussi, dans les
commencemens de son arrivée en Europe , s'est-il vendu
fort cher. 11 est très-répandu aujourd'hui, attendu qu'il vient
très-aisément par marcottes et par boutures, et qu'il ne craint
point la gelée.
A la Chine et au Japon , on le cultive à raison de son
fruit, dont l'amande est très-bonne à manger, lorsqu'elle
est cuite sur les charbons , au rapport de Ksempfer et de Thun-
berg. (B.)
SALIUNCA. Cette plante , selon Pline , poussoit beau-
coup de feuilles, mais si petites, qu'on ne pouvoit les enla>
cer, comme cela se praliquoit pour les plantes dont on faisoii
des couronnes et des bouquets. Elle avoit des fleurs radica-
les, nombreuses. « On diroit, ajoute-t-11, que c'est une herbe
plutôt qu'une fleur, et qu'elle a élé comprimée sur la terre
avec la main. » Elle croissoit aux endroits secs et exposés au
soleil, dans les Alpes Noriques et de Pannonie. A Eporre-
dia, ville de cette dernière contrée, on la recueilloit avec
grand soin , et on l'estimoit beauconp à cause de son odeiir
s A L 7;^
extrêmement délicieuse. On en faisoil usage dans les ■^^•aide-
robes ; on la mettoit entre les draps et les vetemens.
Dioscoride , en traitant du nard celtique ou galiique, fait
observer qu'il croît sur les montagnes de la Ligurie , et qu il
y porte le nom d'fl//Mng^«; nnais Pline dislingue le saliuncadvi
nard galiique. Néanmoins , Tun et Tautre ont-ils voulu
décrire des espèces de valérianes Irès-voisines, telles que
hs valeriana ce/tica , L. et 5a//««c«, Allioni, Cette dernière est
peut-être VaHunga de Dioscoride ; mais le saliunca de Pline ,
si remarquable par son port comprimé , est-il bîen une va-
lériane, comme le croient la plupart des botanistes? (ln.)
SALIX des Latins , et Itea des Grecs. On reconnoît par-
faitement , dans les écrits des anciens , qu'ils ont donné ces
noms à nos saules, quoiqu'ils ne nous aient laissé aucune
description de ces plantes ; mais ce qu'ils ont dit de leurs
propriétés, et surtout de leurs usages, ne laisse aucun doute
à cet égard. Les salix alba ^ viminalis, undulata , pentandra ^
hehx^purpurea^ elvifeilina, sembJent être ceux qu'ils cultivoient
principalement, comme cela est chez nous , surtout l'a/^^a.
Mais dans un genre comme celui des saules, où l'on ne sait
pas encore ce qu'on doit nommer espèce , il est impossible
de donner pour certain aucun des rapprochemens qu'on
pourroit faire entre ses espèces et celles mentionnées par les
anciens.
Théophraste indique plusieurs sortes à^iteo^ qu'il distingue
d'après la couleur de i'écorce , i.» en saule noir, dont les
branches, verges ou osiers, étoient les plus belles et les plus
propres à la vannerie; a.» en saule pourpre ; 3.» en saule blanc,
dont les osiers étoient plus durs et moins souples. La pre-
mière et la troisième espèces offroient chacune une variété
basse. Celle du saule blanc étoit appelée en Arcadie hc/ix
ou hélice. Il y avoit encore Vitea oisos ou oesos ou Voirya, qui
étoit le salix amerina de Pline.
Dioscoride ne rapporte que les propriétés des saules en
général , et n'entre dans aucun détail sur leurs espèces.
Pline range les saules au nombre des arbres aquatiques
les plus utiles, et il fait observer, d'après Caton, que leur
plantation augmentoit d'un tiers le revenu d'un domaine.
Caton même préféroit le produit de la coupe des saules à ce-
lui de la récolte des olives , des blés et du foin. Les saules ,
comme le fait remarquer Pline, plantés le long des rivières'
forment des-remparts qui arrêtent l'impétuosité des eaux et
abritent les campagnes en retenant les terres. La nature
semble avoir destiné les saules principalement à cet usage ;
car, lorsqu'on les coupe , ils repoussent aussitôt, et se multi-
plient davantage. Pline fait remarquer qu'il y a plusieurs sor-
8o S A L
tes de saules; les uns, plus élevés , produisoient , à leur ex-
trémité , des branches ou grosses verges qui servoient à faire
les treillages ; leur écorce formoit des liens ; d'autres ne
donnoientque des verges ou osiers souples, utiles seulement
à faire des liens ; il y avoit des saules à verges très-fines , et
excellentes pour faire les paniers, les corbeilles et toutes
sortes de jolis ouvrages en vannerie. On remarquoit aussi des
saules à verges plus grosses , plus fermes : on s'en servoit
dans les can*pagnes pout lagrosse vannerie. Ces saules écorçés
étoient fort blancs et plus maniables; on en faisoit des vases
qui coûtoient moins cher que ceux en cuir, et des fauteuils
pour se reposer à l'aise. «Plus on tond le saule, dit Pline,
plus il pousse et plus il devient touffu, jetant les pousses plu-
tôt d'un bourrelet que d'une branche. »
Pline distingue i.° \esalix grœca^ qui étoit rouge , et dont
on fondoit les osiers; 2° le salix amerina , qui éloit plus
blanc, moins souple, plus aisé à rompre , et dont on ne fen-
doit pas les verges ou osiers (Âmatus croyoit qu'il s'agissoit
ici de lelœagnus angustifolius, L. ) ; 3.° les trois salix de l'Asie
mineure, savoir, le noir, qui servoit à faire des liens; le
blanc , d'usage dans la vannerie ; et le hélix des Grecs , qui
étoit le plus petit ; 4° les trois salix des Latins , qui sont: le
salix viminea ou pourpre ; le salix viiellina , dont l'écorce étoit
d'un jaune d'œuf ; et le salix gallica , remarquable par sa pe-
titesse.
Columelle a un salix sabina qu'on regarde comme le même
que le salix amerina de Pline , et Voisos de Théophraste.
C. Bauhin les réunit sous le nom commun de salix vulgaris
ruhens, synonyme que AVilldenow rapporte à son salix pen-
iandra, ce qui paroît inexact.
Les auteurs anciens s'accordent sur la précocité de la flo-
raison de ces arbres et sur la rapidité, aveclaquelle ils crois-
sent. C'est à ces deux circonstances que les saules doivent
leurs noms grec et latin.
Chez les modernes, les saules ont toujours fait, sous le
nom de salix, un groupe distinct ; et depuis C. Bauhin jus-
qu'à présent, ils ont formé un genre très-naturel, et qui fait
le désespoir de ceux qui veulent fixer des caractères à ses es-
pèces. V. Saule.
Salix conophora de Broyn. C'est le protée velu {protea hîrla^
L.). (LN.)
SALKEN. Arbre de la famille des légumineuses, et
rapproché du pongam par Adanson , qui en fait un genre
qu'il nomme salken , et qu'il distingue du PoNGAM (^a/e-
tîz/yoa, Lk. ) par ses légumes orbiculaireâ à une seule graine
orbiculaire , par le tube calicinal qui est hémisphérique et
s ^ L 8i
jpresque entier , et par ses feuilles à trois folioles. Cet arbre
est le tsjeria cametli des Malabares , et sou fruil le fai>us d'aya
des Portugais de l'Inde, (lis.)
SALLES ou ABAJOUES. T. ce dernier mot. (desh.)
SALLL\N. C'est, suivant \ HLtoire générale des Voyages,
le nom que porte TAutruche de Magellan, dans l'île de
Maragnon. (s.)
SALLIUS. Pierre blanche , pesante, fragile, qui, selon
Louis Dulcis, se trouve dans une île du même nom , et qui
sert à polir l'or. Elle. est la même que celle nommée sarrné-
nleiine , par Albert-le grand , qi.ii avoit les mêmes propriétés
et portoit aussi le nom d'une île où elle se trouvoit. L'une
et l'autre sont le lapis samius ^ de Pline , qui étoit petit-être
un tripoli. Ces trois auteurs s'accordent sur les propriétés
médicales et imaginaires de cette pierre, dont les deux pre-
miers noms ne sont que d,t?> altérations de samius et de samia.
Cependant quelques auteurs ont cru qu'il s'agissoit de trois
pierres ditïérenles. (lm.)
SALMAKINE. Poisson du genre Salmome. (b.)
SALMASIE . Salmasia. Nom donné au Tachilota. (b.)
SALMEE*, Salmea. Genre de plantes établi par Decan-
dolle (Jardin de Montpellier) aux dépens des Bidents. II
a pour typegles Bidents grimpant et hérjssé ; ses caractè-
res sont : calice imbriqué ; réceptade Q(cai!leux , conique^
fleurons tous hermaphrodites, tubuleus ; graines compri-
mées, terminées par deux arêtes. Il renferme trois espèces,
originaires de l'Amérique Méridionale, et auxquelles oa
peut réunir le Sergile de Gœriner. (B.)
SALMERIN. V. Salmarine. (s.)
SALMERONES. Nom espagnol de la variété à épi
blanc , de l'espèce de Froment que Lagasca appelle
triticum fastuosum ^ et qui est cultivée principalement dans le
midi de l'Espagne. Elle porte aussi les noms de irerheles ^
arisprietros , arisnegros , alonsos , raspinegros , casrahos , finanos ;
la variété à épi jaune est vulgairement désignée par trecheles
et rubiones f et l'espèce ^ar Janfarron. (ln.)
SALMIACK. Nom allemand du sel ammoniac. V. Am-
moniaque muriatée. (ln.)
SALMIE , Salmia. Genre de plantes établi par Jacquin.
C'est le même quÊ le Sansevière ou Carludgvique.
(B.)
SALMO. Nom latin du genre Salmone. (desm.)
SALMONCINO, Séraphin Volta nomme ainsi un pois-
son fossile de Monte-Bolca , qu'il rapporte , à tort , au
scomber Kleinii de Bloch. (desm.)
SALMONE, Salmo, Genre de poissons de la division des
XXX,, 6
8a S A L
abdominaux, donlles caractères consistent à avoir la tête com-^
primée ; la bouche grande et garnie de dents ; trois lames à
Topercule des branchies; deux nageoires dorsales, dont la
dernière adipeuse ; plus de quatre rayons à la membrane
des branchies.
Plusieurs des espèces qui composent ce genre jouissent
d'une grande célébrité , à raison de leur abondance et de
l'excellence de leur chair. Il suffit de nommer le saumon ,
qui remonte annuellement de la mer dans les fleuves en
troupes si nombreuses , qu'il sert souvent de nourriture ex-
clusive à des peuplades entières; il suffit de nommer la
truite , cet habitant de nos plus limpides rivières , si recher-
ché de *ousles amateurs des bons morceaux. L'homme d'état
et le sibarite trouvent, parmi les salmones, des objets pro-
pres à exciter leur intérêt sous le point de vue d'un bien gc-
néral'ou d'un avantage personnel ; le naturaliste, placé entre
les deux , observe une organisation et des mœurs particu-
lières, très-dignes de ses méditations.
Le genre des salmones avoit besoin d'êlre travaillé de
Bouveau, et il l'a été par Lacépède et Guvier, de manière
à satisfaire les bons esprits.
Les genres Corégone et Osmare , d'Artédi , ont été ré-
tablis , et deux nouveaux, Characin, Serrasaljje , ont été
formés par le premier.. Le second y a établi treize sous-
genres, savoir: EpÈrlân , Curiâmate , Atmostome , Pia-
BUSQUE, RaIIS, TÉTRAGO>iOPTÈRE , HïDROCYN , ClTHARINE,
Saurus , Scopule et Sternoptix.
Le nombre des espèces qui restent dans le genre salmone
est de vingt huit, parmi lesquelles il suffit de remarquer :
Le Salmone saumon, Salmosaïar^ Linn. , qui a la mâ-
cboire supérieure proéminente ; quatorze rayons à la pre-
mière nageoire du dos et treize à celle de l'anus ; des lignes
irrégulières , rougeâtres et brunes sur le corps. On le trouve
dans les mers d'Europe et d'\sie septentrionale , qu'il quitte
à la fin de l'hiver pour remonter les fleuves. Il parvient à une
grosseur considérable , c'est-à-dire à quatre à cinq pieds de
long. V. au mot Saumon.
Le Salmone illanken, qui a la mâchoire inférieure cro-
chue; douze rayons à la première dorsale et à l'anale. Il se
trouve dans le lac de Constance et les rivières qui s'y jëttento
On l'a regardé, jusqu'à ces derniers temps, comme une va-
riété du saumon ; mais il est certain que c'est une espèce dis-
tincte qui ne va jamais à la mer.
Le Salmone argenté , Salmo scheffertnullerii ^ qui a la
mûchoire inférieure plus longue que la supérieure; quinze
rayons à la notreoire du dos et treize à celle de l'anus. On le
s A L 83
trouve dans la Baltique et dans les lacs de l'Autriche qui ne
communiquent pas avec la mer. Sa chair est très-estimée.
La tête est brune , ainsi que le dos et les nageoires ; tout le
reste du corps est argenté ; la ligne latérale est noire.
Le Salmone ériox, qui a quatorze rayons à la première
nageoire du dos et douze à celle de l'anus ; l'extrémité de la
queue en ligne droite, et le corps parsemé de taches cendrées.
Jl se trouve dans les mers d'Europe , et remonte les fleuves.
Cette espèce a besoin d'être observée de nouveau.
Le Salmone truite SM!MO^EE,Salmo (rutla, ui a quatorze
rayons à la première nageoire du dos et ,onze à celle de l'a-
nus ; des taches rondes , noires , entourées d'un cercle brun,
et six points aux nageoires pectorales. 11 habite les mers d'Eu-
rope, et remonte les rivières. C'est la truite saumonée , ou la
truite de mer des auteurs français. V. au mot TiiUiTE.
Le Salmone TRUITE commit:^!., Salmo Jariu, quia quatorze
rayons à la première nageoire du dos et onze à l'anale ; des
tache»rouges , entourées d'un cercle clair , sur le corps , et
la mâchoire inférieure un peu plus longue que l'autre. On le
trouve dans les eaux douces et pures des pays de montagnes,
dans toute l'Europe et l'Asie septentrionale. On le multiplie
facilement dans les étangs alimentés par des fontaines. C'est
un des meilleurs poissons de nos rivières. On le connoît sous
le nom de truite de rivière ou troule. V. au mot Truite.
Le Salmone heuch , Salmo Imcho^ L., qui a treize rayons
à la première nageoire du dos et douze à celle de l'anus; des
taches brunes et rondes sur le corps et sur la plupart des na-
geoires. On le trouve dans le Danube et dans presque tous
les grands lacs d'Autriche et de la Bavière. Il parvient à la
grandeur de cinq à six pieds. On le distingue aisément du
saumon, à son corps très-allongé, à sa tête pointue , et à
deux rangées de dents sur le palais et la langue. On le prend
à l'hameçon et au filet. Sa chair est molle et moins savou-
reuse que celle de la truite.
Le Salmone des Alpes, qui a treize rayons à la première
nageoire du dos; douze à celle de l'anus; le dos noir, les côtés
bleus et le ventre fauve. On le trouve dans les lacs et les
rivières les plus élevées de Laponie , de Suisse , d'Allema-
gne , d'Angleterre et de France. Sa tête est terminée en
pointe émoussée ; toutes ses nageoires sont rougeâtres , ex-
cepté la première dorsale ; sa chair est rouge , de bon goût,
facile à digérer , est et fort recherchée des gourmets voisins
des pays ci-dessus mentionnés. On l'appelle en français truite
noire, et en allemand bergforelle. Bloch pense que c'est une
simple variété de la truite omble , produite par la différence
des eaux. Il paroît étonnant que ce poisson puisse vivre dans
H s A L
les lieux où on le trouve , attendu que Teauy est souvent ge-
lée pendant la moitié de l'année.
Le Salmone omble , Salmo sahelinns , Linn. , qui a la mâ-
choire supérieure plus longue que l'inférieure , le premier
rayon des nageoires du ventre et de Tanusgros et blanc. Il est
fig. pi. P. 19. On le pèche dans le Danube el dans les grands
lacs de la Hongrie , de l'Autriche et de la Bavière. Il par-
vient quelquefois à trois ou qua.tre pieds de long. Sa tôle est
brune ; ses joues sont argentines ; son corps est parsemé de
taches oranges , entourées d'un cercle blanc ; le ventre et les
nageoires sont rougeâtres. Ces couleurs varient en intensité
selon l'âge , le sexe et la nature de l'eau.
On prend le salmone omble avec des filets et à l'hameçon.
Sa chair est de bon goût. On la sèche à la fumée pour l'en-
voyer au loin.
Bloch pense que le salmo salmarinus , Linn, , figuré dans
Marsigly , Danube 4 , tab. 29 , n'est qu'une variété de cette
espèce. #
Le Salmone ombre caEVALiEa , Salmo umbla, Linn. , qui
a onze rayons h la première nageoire du dos et à celle de l'anus,
la queue fourchue , la ligne latérale légèrement recourbée,
et le corps à peine tacheté. On le trouve en quantité dans le
lac de Genève , et plus rarement dans celui de Neufchâtel.
On en voit quelquefois de trois à quatre pieds de long. Il vit
de poissons et de crustacés. On le prend au filet el à l'hame-
çon. Sa tête est petite ; sa mâchoire supérieure un peu plus
longue que l'inférieure , qui a deux rangées de petites dents ,
tandis que l'autre n'en a qu'une ; ses joues sont verdàtres , va-
riées de blanc ; le dos est verdâlre et le ventre blanc.
Ce poisson est fort gras , et a la chair plus délicate que
celle de Xditruite; aussi est-il très-recherché des gourmets. J'en
ai vu plusieurs fois vendre à Paris trois cents francs la pièce.
Les médiocres, ceux qui n'ont qu'un à deux pieds de long, se
vendent rarement moins de vingt-cinq francs , même à Ge-
nève. C'est pendant l'hiver qu'on en prend le plus. On ne
Miange jamais ce poisson, à Paris, que cuit au bleu. F. Truite.
Le Salmone RiLLE,qui a quatorze rayons à la nageoire dor-
neuf à l'anale ; les mâchoires également avancées ; des taches
rouges et des noires , dont deux sur chaque opercule. H se
trouve à l'embouchure de la Seine , principalement dans la
Rille. Il ne devient jamais plus grand qu'un hareng^.
Le Salmone gastéroplèque , qui a été remis parmi les
Clupées par Lacépède , sous le nom de dupée sternicle. (b.)
SALMONÉE. Synonyme de Salomone. (ln.)
SALOMONE , 5a/G/noma. Plante annuelle de la Chine,
clesixpouc es de haut, à feuilles en coeur aigu, entières , gla-
s A L 8oi
bres , éparses, à fleurs violettes, disposé^ en ëpi terminal ,
qui , selon Loureiro , forme un genre dans la monandrie
monogynie, et dans la famille des Polygalées.
Ce genre offre pour caractères : un calice à cinq divisions,
presque égales ; une corolle monopétale à trois divisions
presque rondes, la moyenne plus longue et en capuchon ;
une étamine attachée à la division la plus longue de la co-
rolle ; un ovaire supérieur, comprimé , surmonté d'un tuhe
ventru et d'un stigmate épais ; une silicule comprimée , rude
au toucher, à deux loges monospermes, (b.)
SALOMONIA. Heister avoit donné ce nom au genre
polygonatum àc Tournefort. En le pétablissant, les botanistes
ont accepté la dénomination imposée parTournefort. Depuis,
Loureiro a appelé salomonia un autre genre que Vahl désigne
par salmonea {V . Salomone) , sans se rappeler que Scopoli
avoit désigné , par salmonia , le vochisia de Jussieu , dont
Vahl lui-même a changé le nom en celui de cucullaria. (ln.)
SALOP. V. Salep. (s.)
SâLOYAZIR. Espèce de Sarcelle des Phileppines ,
dont parle Fr, Camel , mais qu'il ne décrit pas; il dit seule-
ment que cet oiseau n'est pas plus gros que le poing (^Tian-
sariions phîlosopliiques'). V. Ganard. (s.)
SALPA. JNom latin des mollusques du genre Biphore,
(desm.)
SALPE. Altération du nom de saupe^ que porte un Spare.
SALPETRE ou NITRE NATIF. Voy. Potasse îsi-
TRATÉE. (LIM.)
SALPIANTHE, Salpianihus. Arbrisseau grimpant du
Mexique, visqueux et odorant, à feuilles alternes et à fleurs
disposées en corymbe terminal , qui constitue seul un genre
dans la triandrie monogynie , et dans la famille des nycta-
ginées. Ce genre , établi par Humboldt et Bonpland) Plantes
t'çuinoxia/cs) , offre ponr caractères , un calice tubuhîux , à
quatre dents ; point de corolle ; trois étamines ; un ovaire
supérieur à un seul style ; une semence ovale sillonnée, ren-
fermée au fond du calice qui persiste. 11 ne diffère pas du
BoLDOA de Cavanilles , et, en conséquence , renferme trois
espèces, (e.)
SALPIGLOSSE, 5«//îi^/os5/5.Plante herbacée du Pérou,
qui forme , dans la didynamie angiospermie , un genre dont
les caractères consistent: en un calice à cinq angles , à cinq
divisions aiguës , dont les trois inférieures sont plus profon-
des ; une corolle grande , infundibullforme , à limbe inégal ,
divisé en cinq parties ovales , émarginées , la supérieure plus
large; quatre étamines, dont deux plus courtes et le rudi-
S6 S A L
nient d'une cinquième ; un ovaire supérieur, ovale , à s1yl«:
élargi et bidenle a son sommet , et à stigmate tronqué ; une
capsule ovale, renfermée dans le calice, biloculaire , bivalve,
renfermant plusieurs semences insérées sur un réceptacle
adne aux cloisons , qui sont parallèles, (b.)
SALPIGTES. L'un des noms que les Grecs donnoient au
KoiTELET. (s.)
SALPIMGE, «SW/>//7g'ws. NomdonnéparlUigerà un genre
d'insectes coléoptères, que j'avois appelé Rhinosime. F. ce
likOl, (l.)
SALSA. C'est rHERRÉRiE.'(B.)
^ SALSAPARILLA et SARSAPARILLA ou SARZA-
PAKILLA. La salsepareille officinale a été décrite sous les
dénominations ci-dessus dans presque tous les ouvrages qui
ont traité de cette plante, originaire dAmérique. V. Salse-
pareille, (ln.)
SALSILLA. Nom qu'on donne , aux environs de Lima,
à une plante liliacée, espèce AalsUoemeria^ à laquelle les bo-
tanistes l'ont conservé, (ln.)
SALSir^ORA. Tbalius figure sous ce nom les deux es-
pèces de RossoLis les plus communes en Europe, (ln.)
SALSOLA. On a d'abord nommé ainsi le chenopodium
marilimuin , L. , auprès duquel on a rapporté ensuite diverses
espèces du genre salsoJa et <ie.s salicomia avec la dénomination
de salsolœ genus. Elle forme le groupe dos kali de C. Raubin.
Linnaeus a porté le salsola des anciens auteurs dans son genre
chenopodium , et il a nommé sulsola un autre genre de la
même famille , qui est le A:tt/i de Tournefort, et dans lequel se
trouvent les soudes , plantes qu'on brûle pour obtenir la sou-
de, d'où leur vient le nom de salsola. Les genres Aot7»«,Rotb^
«tu UH/eemetia , Moencli. ; hassia , AH. ; chenolea^ Thunb ; ler-
chea^ Hall., ont été faits à ses dépens. Les botanistesn'adopteht
point tous ces genres nouveaux, et njcme plusieurs d'entre
eux pensent qu'on doit augmenter le; genre salsola du genre
r.aroxylon de Thunberg et de Vanahasis de Linnœus. Les sal-
sola elles chenopodium., Linn., sont liés par des rapports com-
muns assez analogues, qui font que certaines espèces, placées
dans l'un de ces genres , ont été rapportées dans l'autre par
divers botanistes. V. Soude, (ln.)
SALSEPAREILLE , Sudlnx , Linn. {dioécie hexandiic.')
<ienre de la famille des smilacées, qui comprend des plantes
vivaces , presque toutes exotiques , et la plupart munies de
vrilles , au moyen desquelles elles s'attachent aux arbres
voisins, et s'élèvent quelquefois à des hauteurs considéra-
bles. Dans ce genre, les Heurs mâles et les fleurs femelles)
naissent sur dilférens pieds. Les mâles ont un calice en
s A L 87
cloche, coloré, divisé très- profondément en six segmens
ouverts, et renfermant six étamines (sans corolle). Les
Heurs femelles ont un semblable calice , qui tombe , et un
germe ovale portant trois petits styles , couronnés chacun
par un stigmate oblong et rédéchi. Ce germe , après sa
fécondation , devient une baie ronde , contenant deux semen-
ces de même forme.
11 y a plus de cinquante espèces de salsepareilles. Leurs
tiges sont souvent ligneuses : les unes sont armées d'épines,
les autres en sont dépourvues. Leurs vrilles sont placées aux
aisselles des feuilles, ou plutôt sur les pétioles. Quelques es-
pèces conservent leur feuillage toute l'année.
Les racines de ces plantes sont , en général , composées de
fibres charnues , plus ou moins grosses, qui s'étendent au
loin, de tous côles , et qui pénètrent profondément dans la
terre. Celles de ce genre , qu'on débile dans le commerce,
et dont on fait un assez fréquent usage en médecine , nous
viennent de l'Amérique. Elles appartiennent à l'espèce que
les botanistes ont nommée smîlax salsaparilla , Linn. , Sal-
separeille USUELLE , ou OFFICINALE , OU de VlRGINIE. EUeS
sont très-longues, delà grosseur d'une plume à écrire,
flexibles, cannelées dans leur longueur, et revêtues d'une
écorce rougeâtre. Leur substance est blanche ; frottée entre
les doigts , elle se réduit en poussière comme Vagaric.
Les Espagnols sont les premiers qui ont rapporté du Pérou
la racine de salsepareille, et qui en ont introduit l'usage en
Europe. On la regarde comme très-propre à exciter abon
daniiuenl les sueurs. Elle passoil autrefois pour un spécifique
contre la maladie vénérienne. Les peuples de TAmérique
leniploy oient , il est vrai , avec succès , dans le trail;;ment
de cette maladie; mais, soit que le transport ou la dessiccation
lui fasse perdre une partie de ses principes actifs ; soit que ,
dans nos climats, les pores de la peau , étant moins ouverts,
s'oient moins disposés à laisser échapper la sueur , cette
racine n'a pas , chez nous , les mêmes vertus que dans le pays
où elle croît; et ces vertus d'ailleurs ont peut-être été exa-
gérées.
La salsepareille officinale a des tiges angulaires et épineuses;
des feuilles ovales lancéolées, à cinq nervures, sanspiquans,
et terminées en une pointe aiguë; des fleurs petites, dispo-
sées en grappes aux aisselles des tiges , et des baies de la
grosseur d'une cerise médiocre. Cette plante est vivace. Elle
croît au Pérou, au Btésil, à la Nouvelle-Espagne. On h
trouve aussi en Virginie. ( V. sa figure pi. P. 1 1. )
Les autres salsepareilles les plus remarquables sont :
La Salsepareille élevée , Smilax excelsa , Linn , qi-I-
88 S A L
ginaire de la Syrie. Ses liges carrées et épineuses s'atlachenl
par leurs vrilles aux arbres voisins , el s élèvent jusqu'à leur
souimet. Ses feuilles sont en cœur , sans aiguillons, et mar-
quées de neuf nervures. Ses Heurs petites el blanchâtres
produisent des baies rouges qui mûrissent en automne. Elle
est vivace.
La Salsepareille épineuse, Smilax aspera , Linn. Elle
croît en Italie et en Espagne , sous les haies et dans les bois.
Il sort de ses racines plusieurs tiges minces , angulaires ,
armées d'épines courtes et courbées, et garnies de feuilles
en cœur , ayant à leur base neuf nervures , et leurs bords
dentés et munis d'aiguillons.
Ces deux salsepareilles sont toujours vertes , et assez
dures pour être cultivées en plein air, en France.
La Salsepareille de Chine , Smilax China, Linn, C'est
l'espèce qui donne la racine connue sous le nom A'esquine ou
deSQUiNE.Elle croît en Chine el dans l'Amérique septcntrio-
ïiale. Sa racine est d'un grand usage en médecine , comme
sudorifique; on en tire une fécule, dont les habitans de la
Caroline font quelquefois usage comme aliment; ses feuilles
servent de nourriture aux bestiaux , à Madagascar, pendant
les chaleurs de Tété.
La Salsepareille glycipiîille a les feuilles ovales lan-
céolées. Elle croît à la Nouvelle-Hollande. wSes feuilles ont
«n goût de réglisse mêlé d'un peu d'amerlume. On en fait un
grand usage, en guise de thé , dans la colonie anglaise du
port Jackson. On a remarqué que ce thé étoit aussi agréa-
ble au goût, que salutaire pour ceux qui sont attaqués du
scorbut. C'est un excellent tonique.
Douze espèces nouvelles de ce genre ont été observées
par MM. de Humboldt et Bonpland , dans leur voyage
dans l'Amérique méridionale, (d.)
SALSEPAREILLE D'ALLEMAGNE. On donne ce
nom à la racine de laLAicHEDES SARLESet à d'autres espèces
voisines , qu'on substitue à la salsepareille dans quelques
pharmacies , ayant les mêmes propriétés à un degré infé-
rieur, (b.)
SALSEPAREILLE GRISE. Racine de I'Aralie a tige
NUE , dont on fait usage en médecine , comme sudorifiquc ,
dans les Elaîs-Unls de l'Amérique , et qu'on apporte qiicl-
quefoisen France, On la distingue de la véritable salsepareille
:t sa couleur grise , quelquefois poinlillée de rouge , à sa sa-
veur un peu amère , et à son centre un peu ligneux, (b.)
SALSEPAREILLE DE VIRGINIE. L'Aralie a tige
jîUK. porte quelquefois ce nom. (b,)
s A L 89
SALSES. Ce sont des espèces de petits volcans qui ne
vomissent que de la vase et du gaz hydrogène. Ils ont néan-
moins en petit, des paroxysmes semblables à ceux des volcans
enflammés ; ils occasionent même des tremblemens de
terre.
Dolomieu les a nommés volcans d'air ^ parce qu'ils exha-
lent beaucoup de gaz aériforme ; mais comme la vase qu'ils
rejettent est , à mes yeux , leur produit immédiat , je crois
que ie nom de volcans vaseux, leur convient mieux que tout
autre.
Ce fut le 18 septembre 1781 , que Dolomieu , allant d'Ar-
ragona à Girgenti ( ou Agrigente ) , sur la cote méridionale
de la Sicile , vit à Macalouba , pour la première fois, un
phénomène de celte nature.
En 1750 , Spallanzani en observa de semblables dans
plusieurs cantons du Modénois , où ils sont connus sous le
nom de salses.
Pallas , en 1794, vit la même chose en Crimée.
Dans la description que Dolomieu donne du phénomène
de Macalouba , il en offre d'abord une idée générale. « Si la
dénomination de volcan, dit-il, n'apparlenoit pas exclusi-
vement aux montagnes qui vomissent du feu , j'applique-
rois ce nom au phénomène singulier que j'ai observé en
Sicile , entre Arragona et (iirgenli : je dirois que j'ai vu un
volcan d'air, dont les effets ressemblent à ceux qui ont le
feu pour agent principal ; je dirois que cette nouvelle espèce
de volcan a , comme les autres , ses instans de calme et ses
momens de grand travail et de grande fermentation ; qu'e/Za
produit des tremblemens de terre , des tonnerres souterrains , des
secousses violentes , et enfin des explosions gui éièoent à plus de trois
cents pieds les mat/ères quelles projettent. » ( Voyage aux îles de
Lipari, pag. iSa. )
Dolomieu passe ensuile au détail des circonstances locales,
dont voici les plus importantes :
« Le sol du pays est calcaire; il est recouvert de monta-
gnes et de monticules d'argile , dont quelques-unes ont un
noyau gypseux. Après une heure de marche je trouvai , dii-i!,
le lieu qui m'éloit désigné. J'y vis une montagne d'argile à
sornmet aplati, dont la base n'annonçoit rien de particulier ;
mais , sur la plaine qui la- termine , j'observai le plus singu-
lier phénomène que la nature m'eût encore présenté.
« Cette montagne , à base circulaire , représente impar-
faitement un cône tronqué ; elle peut avoir cent cinquante
pieds d'élévation : elle est terminée par une plaine un peu
convexe , qui a un demi-mille ( ou quatre cents toises ) de
90 S A L
tour. On voit sur ce sommet un très-grônd nombre de cônes
tronqués : le plus grand peut avoir deux pieds et demi ; les
plus petits ne s'élèvent que de quelques lignes. Ils porleut
tous , sur leur sommet , de petits cratères en forme d'enton-
noir , proportionnés à leur monticule. Le sol sur lequel ils
reposent est une argile grise , desséchée , qui recouvre un
vaste et immense gouffre de boue , dans lequel on court le
plus grand risque d'être englouti.
« L'intérieur de chaque petit cratère est toujours humecté ;
il s'élève à chaque instant, du fond de l'entonnoir, une ar-
gile grise délayée, à surface convexe; cette bulle, en crevant
avec bruit , rejette hors du cratère l'argile qui coule , à la
manière des laves , sur les flancs du monticule : Tintermil-
lence est de deux ou trois minutes.
Je trouvai , ajoute Dolomieu , sur la surface de quelques-
unes de ces cavités, une pellicule d'huile bitumineuse , d'une
odeur assez forte , que l'on confond souvent avec celle du
soufre. Celte montagne a ses momens de grande fermenta-
lion , où elle présente des phénomènes qui ressemblent à
ceux qui annoncent les éruptions dans les volcans ordinaires.
On éprouve, à une distance de deux ou trois milles, des se-
cousses de tremblement de terre souvent très-violentes. Il y a
des éruptions qui élèvent perpendiculairement , quelquefois
à plus de deux cents pieds, une gerbe d'argile détrempée.
Ces explosions se répèlent trois ou quatre fois dans les vingt-
quatre heures; elles sont accompagnées d'une odeur fétide
de foie de soufre ( ou gaz hydrogène sulfuré ) , et quelque-
fois , dit-on , de fumée. Dans la description faite par un té-
moin oculaire, d'une éruption antérieure, et qui est rappor-
tée par Dolomieu, il est dit que l'éruption commença par
une espèce de fumée qui , sortant du gouffre , s'éleva à la
hauteur de quatre-vingts palmes , et avoit, en quelques par-
ties, la couleur de la flamme.
« Mais je reconnus , dit Dolomieu, que le feu ne produi-
soit aucun des phénomènes de cette montagne , et que si ,
dans quelques éruptions, il y a eu fumée et chaleur, ces
circonstances ne sont qu'accessoires...
« Dans les environs, à un demi-miîle de distance, il y a
plusieurs monticules où l'on voit les mêmes effels, mais ou
petit ; on les nomme par diminutif, viacaloubettcs. »
Dolomieu ajoute, pag i65 , qu'au milieu de la montagne
de Macalouba , il existe une source d'eau salée , et qa'c(li.'s
sont en très-grand nombre dans ce pays , où les mines de
sel gemme sont très-communes. ( Voyage aux îles de Lfpari ,
pag. ï5.H à i68. ) Cette dernière observation n'est nullement
ittd'i'(oiCîile , ain.si qu'on If verra ci-après.
s A L 9^
L'existence du volcan vaseux de Macalouba remonte à des
temps fort reculés. Sirabon et SoHn en parlent ; le passage
de Solin est remarquable : « La campagne d' Agrigente , dit-
« il, vomit destorrensde limon ; et comme l'eau des sources
« alimente sans cesse les ruisseaux , de même ici , le sol
« inépuisable tire perpétuellement de son sein une matière
« terreuse qui ne tarit jamais. »
Ager Agrigentinus éructât Umosas sratiirigines ; et , ut venœ
fontium sujfidunl riois subministrandis , ità , in hâc Si'ciUœ parte ,
solo nunquàm déficiente , œternâ rejectione , tcrram terra ewmil.
11 faut remarquer que les montagnes d'argile qui , suivant
l'observation de Dolomieu , couvrent toute cette contrée ,
sont le produit de ces éternelles éjections dont parle Solin,
et à moins de se refuser à l'évidence , il est impossible de
ne pas voir que cette incalculable quantité de matière est
formée par une opération chimique de la nature , de même
que les laves , ainsi que je l'exposerai lout-à-l'heure.
Les salses du Modénois , décrites par Spallanzani , et ainsi
nommées à cause de la quantité de sel marin qu'elles con-
tiennent, présentent les mêmes circonstances locales et les
mêmes phénomènes que Macalouba ; et , pour éviter les ré-
pétitions , je me contenterai de rappeler l'idée générale qu'il
en donne dans son introduction.
« Dans les collines de Modène et de Reggio , dit-il , on
voit certains lieux appelés Salses: ils représentent les volcans
en aiinialure ; on y observe un cône tronqué extérieur, for-
mant intérieurement un entonnoir renvei*sé. Les matières
terreuses , agitées et quelquefois lancées en haut , se versent
plus souvent sur les côtés , et forment de petits courans ,
comme les volcans. Ces cônes s'ouvrent ; ils donnent nais-
sance à plusieurs bouches , et comme les volcans , ils sont
en furie , ils détonnent , produisent de petits tremblemens
de terre , et s'abandonnent aussi quelquefois au repos. »
Dans la description détaillée qu'il donne des salses , il ob-
serve qu'elles abondent en sel marin, en pétrole et en gaz
h\drogène (tout comme à Macalouba). Il rapporte la des-
ciiption faite par Frassoni , en 1660, des éruptions d'une
de ces salses , où il y eut des tremblemens de terre; il sortit
du gouffre une flamme qui s'éleva à une hauteur prodigieuse,
et. la boue qu'il vomit éloit mêlée d'une grande quantité de
biiume.
Pallas , en décrivant un phénomène tout semblable à ceux
de IModène et de IMacalouba , que présentant la presqu'île
de Kertche et l'île de Taman, dans la partie orientale de la
Ci imée , commence par dire qu'on avoit d'abord pris ce
phénomène pour un volcan.
S^- s A L
Cette presqu'île et cette île avoient , dit il , depuis long-
te.îips , en plusieurs endroits, des sources abondantes de
pétrole, et des gouffres qui regorgent d'un limon salé et
uiiïlc de beaucoup de gaz élastiques. Il y a trois de ce*
gouffres dans la presqu ile de Kertche f et sept a huit dans
l'îie de Taman , un surtout qui est sur le flanc d'une grande
colline. Outre ce gouffre, ajoute-t-il , le haut de la même
colline offre trois mornes considérables, qui sont évidemment
iormés par la vase vomie de trois pareils gouffres jadis ou-
verts. Ils ont , à leur pied , de petits lacs d'eau salée, qui sent
le pétrole. Des personnes établies à Kénilcoul depuis quinze
à vingt ans , se rappellent une explosion arrivée sur cette
colline , accompagnée de«feu et des mêmes phénomènes
qu'on a remarqués dans l'éruption de lygi ; et selon la tra-
dition des 'J'atars , tous les gouffres ou sources de vase se
sont annoncés par des explosions de feu et de fumée.
L'endroit où le nouveau gouffre s'est ouvert est sur le
haut de la colline. « L'explosion , dit Pallas, s'est faite à cet
« endroit, avec un fracas semblable à celui du tonnerre , et
«' avec l'apparition d'une gerbe de feu qui n'a duré qu'envi-
« ron trente minutes , accompagnée d'une fumée épaisse.
« Cette fumée et l'ébullition la plus forte a duré jusqu'au
" lendemain; après quoi la vase liquide a continué de dé-
« border lentement , et a formé six coulées , lesquelles , du
" faite de* la colline se sont répandues vers la plaine. La
" n»asse de vase qui forme ces coulées , épaisses de trois
" jusqu'à cinq archines (de six à dix pieds et plus), peut
" è(i-e évaluée à plus de cent mille toises cubes. » ( Pallas ,
Tatiri.'Is , p. 3g). F. HyDROGÈÎ^E SULFLRE. (PAT.)
SALSIFIS, CERCIFIS, Tragopogon ^hinn.Çsyngèiiésie
pofygamie égale. ) (ienre de plantes à (leurs-composées, de la
famille des chicoracées de Jussieu , qui a le port des scorso-
nères , et qui présente pour caractères : un calice simple,
allongé, ayant de huit à dix divisions (plus ou moins profon-
des ) et égales ; un réceptacle nu , et des semences à aigret-
tes sessiles et plumeuses.
Gœrtner a proposé d'établir le genre TuoxiMON aux dé-
pens de celui-ci; mais son opinion n'a pas été suivie. Dans
ce genre , les feuilles sont quelquefois radicales. 11 com-
prend environ vingt espèces, paruii les(pielles on distingue:
Le Salsifis COMMUN, Trugupogon porrifuliani, Linn., plante
potagère bisannuelle, qu'on cultive pour sa racine bonne à
manger et très-délicate. Elle esi faite en fuseau , longue ,
droite, tendre et laiteuse; elle pousse une tige herbacée , fis -
tuleuse, assez haute. Les feuilles sont alternes , entières ,
droites, roitles , enîbrassaut la tige, Les lifurs viennent au
s A L i.^
sommet, soutenues par des péJoiicuîes renfles par le haut ;
elles sont seini-lloscaleuses et composées de demi-fleurons
ressemblant, pour la forme, à ceux de la scorsonère, de
couleur bleu-pourpre, et qui sont dans un calice à huit côlés,
divisés en folioles aiguës, plus longues que les langueltes
des corolles : ils donnent naissance à des semences ohlon-
gues , anguleuses, rudes, placées sur un réceptacle plane et
raboteux, et terminées par une aigrette plumeuse, ayant
trente rayons.
On sème le salsifis depuis le mois d'avril jusqu'à celui
d'août ; il demande une terre meuble , mais qui n'ait pas été
nouvellement fumée. On doit l'arroser souvent jusqu'à ce
que la graine soit levée. Sa racine est nourrissante, douce
augoûl, pectorale el stomachique.
Le Salsifis des près, Tragopugon pratense, Linn., vulgaire-
menl barbe de ôuuc, à feuilles entières , serrées conlre la tige
el l'embrassant, à pédoncules non renflés , à demi -fleurons
jaunes ayant ordinairement les languettes aussi longues que
les segmens du calice. On le trouve en Europe dans les prés
et les jardins. Il est bisannuel. Sa racine et sa tige sont rem-
plies d'un suc laiteux, doux, muqueux, très-nourrissant. Les
jeunes pousses se m.jngent en salade ou cuites comme les
épinards. Avec la racine, on fait une tisane adoucissante',
utile dans les ardeurs d'urine, le ténesme , la dyssenterie.
Le Salsifis DE Daléchamp, Tragopogon Dalerhampii,
Linn. , à lige courte , à feuilles rudes , velues ; les inférieures
laciniées, échancrées ; les supérieures très-enlières, souvent
verticillées trois à trois; à calices unis plus courts que la
corolle; à grandes fleurs d'un beau jaune, et purpurines
en dessous, il croît près de Monlpellier et en Dauphiné.
(D.)
SALSIFIS BLANC. V. au moi Sersifis. (b.)
SALSIFIS D'ESPAGNE. C'est la Scorsoî^ère. (b.)
SALSICRAME. Un des noms du Géropogo:. (b.)
SALTATOR. Nom latin et générique des IIabias. F. ce
mot. (V.)
SALTATORES {Mammifères). V. Sauteurs. (desm.)
SALTATORIA (//zsecto). V. Sauteurs, (desm.)
SALTIGRADES , Saltlgradœ\ Araignées phalanges de plu-
sieurs naturalistes. Tribu d'arachnides , de la fannlle des fi ■
leuses ou des aranéides , ayant pour caractères : yeux au
nombre de huit, disposés en un grand quadrilatère, dont
le côté antérieur s'étend dans toute la largeur du corselet ;
cette partie du corps, presque carrée ou en demi-ovoïde,
plane ou peu bombée en dessus , aussi large en devant que
dans le reste de soa étendue , tombant brusquement sur les
94 SA L
côlés; pieds propres à la course et au saut; espèces vaga-
bondes.
Cette tribu est composée des genres Erèse et Saltique.
V. ces mots , et particulièrement le dernier, (l.)
SALTIQUE, Saltirus , Latr. ; Aranea , Linn. , Geoff. ,
Fab. , 0\\y. , Atius ^ Walck. Genre d'arachanides , de la
famille des aranéides , tribu des saltigrades , ayant pour
caractères : huit yeux, formant , par leur réunion , un grand
carré , ouvert postérieurement , ou une parabole ; quatre
situés en avant du corselet , sur une ligne transverse , et
dont les deux intermédiaires plus gros ; les autres placés
sur les bords latéraux de la même |)artie , deux de chaque
côté , et dont le premier ou le plus antérieur , très-petit ;
mâchoires droites, longitudinales, élargies et arrondies à leur
extrémité ; lèvre ovale , très-obtuse ou tronquée à son extré-
mité ; pieds propres au saut et à la course , la plupart
robustes, surtout les premiers ; ceux des quatrième et pre-
mière paires, généralement plus longs, presque égaux;
les intermédiaires presque de même grandeur relative.
Celte coupe est si naturelle , qu'on la trouve établie dans
presque tous les écrits des naturalistes qui ont traité spécia-
lement des aranéides , en remontant même jusqu'à Aristote.
«Quant aux araignées et phalanges, dit cet auteur {Hïsi,
des anim. , liv. 9, chap. 89 , trad. de Camus ) , on en dis-
tingue plusieurs espèces. Il y en a deux de phalanges , qui
mordent : Tune ressemble aux araignées appelées loups;
celles de cette espèce sont petites, tachetées, vives et sautil-
lantes ; on les nomme psylles{pu<:es). «On ne peut guère douter
que ce passage du père de la zoologie ne soit relatif à V arai-
gnée à c/m>rons àe Geoffroy { Aranea scenîca de Linnœus),
ou à quelque autre espèce de saltique très-analogue.
Lister , dans son excellent Traité des araignées d'Angle-
terre , désigne les salliques sous la dénomination dUarai-
gnèes phalanges ou araignées puces , parce qu'elles marchent
par saut. Elles composent la troisième et dernière division
de sa seconde section des araignées , celle qu'il nomme
chasseuses {venaiorii ) , section analogue à celle des araignées
sauteuses de Clerck , et dont les phalanges ou saltiques for-
ment le second genre. Ces aranéides et nos lycoses com-
prennent, dans l'Histoire des insectes des environs de Paris ,
par Geoffroy, sa quatrième famille des araignées. Degéer
et Olivier ont suivi , à cet égard, Lister et Clerck; les salti-
ques forment , dans leurs méthodes , une famille particu-
lière , celle des phalanges , la cinquième du genre arai-
gnée. Olivier , seulement , rapporte à cette famille une
espèce ( cinaberina ) , qui doit en être exclue. Voyez Erèse.
s A L 9^
Fabricius , à l'exemple de Geoffroy , réunit dans la même
section , nos aranéides citigrades et salligrades. Linnaeus ,
comme nous l'avons observé ailleurs , n'a point profité, à
l'égard des araignées , des travaux de ses devanciers. Il
présente ce genre sans aucune coupure , et rend ainsi très-
difficile la détermination de plusieurs de ses espèces. Les
?altiques sont , pour Scopoli, qui divise les araignées d'après
la situation des yeux ( Entom. cam. ) , un groupe particulier ,
c&\m àes araignées voyageuses {peregrinatrices), et qu'il carac-
térise aussi par les épithètes de vibranies et sauteuse;. Il ne fait
cependant point mention de l'espèce la plus commune de
notre pays , chevronnée {scem'cn). Dans son tableau des ara-
néides , M. Walckenaer a distingué cette coupe générique
sous le nom à'atte ( ailus ). Mais j'ai cru devoir conserver
celui de saldque que je lui avois donné avant lui ( Nouo. Dict.
d Hist. nalur.^ tom. 24 ), et avec d'autant plus de raison, que
l'ordre des hyménoptères nous offre un genre de FabriciuS
presque homonyme , celui à'aUa.
L'extrémité antérieure du corselet des saltiques , depuis le
bord antérieur ou frontal , jusqu'aux yeux postérieurs ,
forme , vue en dessus , un plan presque carré. Le côté anté-
rieur est , en grande partie , occupé par deux yeux très-gros ,
fort saillans , et dont le centre présente , dans plusieurs
espèces , l'aspect d'une petite prunelle : les deux côtés laté-
raux , à partir des angles , en offrent chacun trois autres ,
dont les deux extrêmes de grandeur moyenne , et dont l'in-
termédiaire a échappé, par sa petitesse, à l'observation de
quelques naturalistes. Ces organes forment ainsi , par leur
disposition générale, un seul quadrilatère, de la même lai-
geur, et qu'on a comparé à une parabole, parce que les deux
yeux du bord antérieur étant beaucoup plus gros et plus
élevés , se trouvent portés un peu au-delà du niveau des
deux premiers latéraux , et que la ligne transverse , com-
posée de ces quatre yeux, est ainsi un peu courbe.
Les mâchoires sont toujours droites , resserrées ou mar-
quées d'un sinus extérieur, au-dessus de l'insertion des pal-
pes , dilatées et arrondies à leurs extrémités ; la lèvre est
allongée, presque triangulaire ou en ovale , tronquée à son
extrémité supérieure ; les mandibules sont courtes , fortes ,
cylindriques , très-inclinées et armées d'un crochet courbé ,
se repliant dans une cavité dentée des deux côtés ,^ du moins
dans les femelles; mais celles des mâles sont souvent grandes,
avancées , et armées d'un long crochet, droit et un peu courbé
seulement au bout ; dans quelques autres , elles sont courbées
et arquées. Les palpes sont ordinairement courts , velus ou
plumeux , et courbés au-dessus des mandibules qu'ils cachent
r)6 S A L
presque enlièrement. Le corps est pubescent et soyeux , et
souvcnl orné de couleurs très-brillantes ou agréablement
mélangées; les yeux ont aussi beaucoup d'éclat.
L'abdomen est ovalaire ; les pattes sont généralement
courtes ; leur longueur respective vari;, dans ce genre ; il
est même assez difficile de les mesurer exacle-iDcnt , et
Clerck avoue que pour plusieurs'espèces il est, à cet égard ,
dans rincerlih\de ■■, mais en général , et particulièrement dans
les espèces de aoîre seconde section, la quatrième paire et
ensuite la premier.' sont les plus longues ; la troisième est
la plus courte ; dans d'autres , la première surpasse la qua-
trième , et alors tantôt la troisième est la plus courte , tantôt
c'est la seconde.
L'espèce queLinnreus a nommée scenica^ l'araignée sauteuse
à chevrons blancs, de Geoffroy, est très-commune, et se
tient ordinairement sur les murs exposés au soleil , sur les
vitres des croisées, où elle se promène à toute heure et pen-
dant tout Tété; elle marche comme par saccades, s'arrétant
tout court après avoir fait quelques pas ; elle se hausse sur
ses premières pattes, lève la partie antérieure de son corps,
pour viser de quel côté elle sautera , el c'est ainsi qu'elle
saisit de petiLs insectes, des cousins surtout, qu'elle paroît
préférer: ^ t-elle découvert l'objet de sa proie, elle s'en
approche foat doucement , à petits pas , et jusqu'à une dis-
tance qu'e te puisse franchir d'un seul trait, par le moyen
d'un saut, et tomber sur le petit animal qu'elle épie. Elle
ne craint ])«s de sauter perpendiculairement au mur , parce
qu'elle se trouve toujours attachée à la muraille par un fil de
soie qu'elle dévide continuellement en marchant , et qui ,
dans cette circonstance, lui sert à se suspendre. Les autres
espèces de saliiques usent aussi de la même précaution ,
lorsqu'elles tombent , soit de gré , soit par un saisissement
subit; et ce fil leur sert même, étant mu par le vent , à se
faire transporter facilement d'un lieu à l'autre. Elles peuvent
encore remonter au point d'où elles étoient descendues.
Quelques individus de l'espèce citée plus haut, et que
Degéer gardoit dans un poudrier, se filèrent , contre les
parois , de petits nids , en forme de sacs ovales ou arrondis,
composés de soie blanche , et percés, des deux côtés , d'une
ouverture. Lister dit que celle aranéide passe l'hiver dans
une toile épaisse qu'elle s'est construite, et dont elle ne sort
qu'à la mi-février. Mais il résulte des observations recueillies
sur quelques autres espèces , qu'elles se font aussi une coque ,
pour un autre motif, celui de conserver leur postérité et de
se garantir elles-mêmes dans des momens critiques où elles
changent de peau.
Dpgf'pr trouva , à la fin de juillet , .-^ur une branche de
pin, une grande coque ovale, de soie blanche, placée au î
tour d'elle et entrelacée entre les feuilles. Elle éioit la
demeure d'une aranéide sauteuse (du pin) et de ses petits
qui vivoient avec elle en bonne intelligence, et paroissoient
se nourrir en commun du gibier qu'elle prenoit. Sur le milieu
d'un des côtés de la coque , éloit une ouverture cylindrique
une espèce de porte, et où la mère se lenoit à l'affût. Le
même observateur trouva , sous des pierres , sur le bord de
la mer Baltique , plusieurs individus dune autre espèce
ressemblant à une fourmi, et que M. Walckenaër place dans
une famille particulière. Tous les individus étoient logés sé-
parément dans de petites coques ovales, de soie blanche ,
ayant une ouverture à chaque bout , et qu'ils avoient filées
coutreie dessous des pierres. Pour peu qu'il touchât à leurs
coques , ils sortoient par l'une de ces ouvertures , et s'en-
fuyoient avec une grande vitesse. Lorsqu'il voulolt les pren-
dre, ils s'échappoienl aisément en se laissant descendre sur
un fil de soie. Ils quittoient leurs nids sans difficulté , parce
qu'ils ne tardoient pas à en filer de nouveaux. De^^éer les
a vus changer de peau. Quand ils marchent, ils s'arrêtent
par intervalles, élèvent les deux pattes antérieures en l'air, les
agitent de haut en bas comme des antennes, et tàtcnt avec
elles le terrain, tout comme ils le feroient avec de véritables
antennes. On diroit alors qu'ils n'ont que six pieds. Les in-
dividus de cette espèce , que ce naturaliste couservolt dans
un poudrier, paroissoient se redouterextrêmement; quand ils
se rencontroient , ils se mettoient d'abord en défense et face
à face , courbant le corps, baissant l'abdomen, contractant
les pattes, faisant quelques pas de côté, et puis en avant , se
rapprochant ensulie davantage ; ils ouvroient leurs man-
dibules , et sembloient vouloir se mordre ; mais le com-
bat finissoit, soit par la fuite de l'un des deux, ou quelque-
fois des deux ensemble. J'ai vu une autre espèce ne pas
craindre l'approche de ma main , et me présenter aussi ses
grandes tenailles. Rossi avoit fait la même observation par
rapport à Varanca pagua.
Degéer remarque , relativement à une autre espèce
{grossipes), dont deux individus mâles lui donnèrent le spec-
tacle d'une scène semblable, qu'elle court également de
côté , et en arrière comme en avant , et qu'elle fait souvent
des sauts dans sa marche. Il a vu aussi les préludes amoureux
des sexes de cette aranéide ; le mâle et la femelle s'appro-
choient l'un de l'autre , se tâtoient réciproquement avec leurs
pattes antérieures et leurs tenailles ; quelquefois ils s'éloi-
gnoient un peu , mais pour se rapprocher de nouveau ; sou-
98 S A L
vent ils s'etnbrassoient avec leurs patles cl formoient un
peloton , puis se quittoient pour recommencer le même jeu;
mais il ne put les voir s'accoupler. Il fut plus heureux à l'é-
gard de Varanea scenica. Le mâle monta sur le corps de sa fe-
melle, en passant sur sa tête et se rendant à l'autre extrémité;
il avança un de ses palpes vers ledessousdu corps de sa com-
pagne , souleva doucement son abdomen , sans qu'elle fît
de résistance , et alors il appliqua l'extrémité du palpe sur
l'endroit du ventre de la femelle destiné à la copulation. Il
vit ce mâle s'éloigner et revenir à diverses reprises , et se
réunir plusieurs fois à sa femelle ; celle-ci, loin de s'y oppo-
ser , se prêloit aisément à ce jeu. Les œufs sont enveloppés
dans lin tissu soyeux, et d'après deux observations de Clerck,
tantôt libres , tantôt réunis ; il en a compté sept dans le cocon
d'une espèce , et vingt dans celui d'une autre. Les premiers ,
cpmme moins nombreux , étoient assez grands , ronds et
jaunâtres. Suivant Lister , les petits de l'espèce que je viens
de mentionner, ne sont, vers le mois d'août, guère plus
gros que des grains de poivre. Le corps de cette espèce, étant
écrasé, donne une couleur tirant sur le pourpre.
M. Walckenaër a résumé , avec autant d'exactitude que
<!e concision, ce que l'histoire de ces aranéides nous pré-
sente de plus général et de plus certain : « Aranéides épiant
leur proie , la saisissant à la course ou en sautant , se ren-
fermant dans un sac de soie fine et blanche , entre des feuilles
qu'elles rapprochent, ou dans l'intérieur des coquilles vides ,
des réceptacles de fruits , des fentes , des cavités. » Il par-
tage ce genre en trois familles , les sauteuses, les voltigeuses
et les paresseuses. Leurs caractères sont fondés sur la grandeur
des palpes , sur celle des pattes et leurs fonctions. La pre-
mière famille est divisée en deux races, les courtes et les allon-
gées ; la troisième famille ne renferme qu'une seule espèce
indigène , et que je n'ai point vue.
Ce genre se compose d'un très-grand nombre d'espèces ,
mais dont l'étude a été jusqu'ici négligée. Il pourroit être le
sujet d'une monographie d'autant plus intéressante, que l'his-
toire de ces aranéides offriroit à l'observateur attentif des
faits curieux , et que ces animaux , quoique des plus petits
de la famille , sont ornés de couleurs riches , ou formant
des dessins très- agréables.
Plusieurs saltiques ont un port presque semblable à celui
des érèses qui composent ma première section. Les espèces
de la seconde ont le corps plus allongé et le tronc plus
aplati; mais, là comme ici ,ne corps est toujours garni de
duvet; les palpes ont le dernier article très-velu , souvent
comme plumeux , et quelquefois terminé par une sorte de
s A L gg
petite houppe tronquée ; les pattes antérieures sont grosses.
Dans les salllques de la troisième section, le corps est étroit
allongé, se rapprochant de la forme cylindrique et glahre, ou
à peine puhescent ; les pattes sont longues et grêles. Ces
espèces ressemblent , au premier coup d'œil , à des fourmis.
Ce sont les voltigeuses de M. Walckenaër. 11 dit que le der-
nier article des palpes des mâles est petit et peu renflé. Mais
le caractère , d'après l'étude des mâles de deux espèces de
cette famille , ne me paroît pas être très-rigoureux , du moins
comparativement à quelques autres espèces des sections pré-
cédentes.
I. Corselet épais et terminé posléiieurement en un talus brusque et
très-incliné.
Nota.^ Corps toujours garni d'un duvet caduc ou velu,"^
proportionnellement plus court que dans les divisions sui-
vantes; pattes, surtout les antérieures, plus robusios ; abdo-
men ovoïde, court, déprimé ; plan dorsal du corselet, hori^
zontal, formant, avec le talus, un carré long, tant soit peu
incliné et arrondi postérieurement , à quelque dislance des
derniers yeux ; mandibules des mâles , grandes.
Saltique de Slo M^E.Salticus Sloanii, Latr.; Aranea Sloanii,
Scop. ; Aranea sanguinotenta , Linn , Fab. , Oliv. ; AUus san-
guindentus , Walck. Corps long de sept à huit millimètres,
très-noir; palpes couverts de poils ; ceux des deux avant-der-
niers articles jaunâtres , les autres gris ; une ligne blanche de
chaque côté du corselet, formée parun duvet; abdomen petit
d'un rouge cinabre, avec une tache noire et allongée au mi-
lieu du dos; pattes noires, avec des poils blancs; les quatre
antérieures plus grosses, avec les jambes d'un rouge cinabre
pâle.
Le dessus de l'abdomen a quelquefois plusieurs taches
noires, et c'est cette variété qu'Olivier a décrite. Le dernier
article des palpes du mâle n'est pas très-dilaté; l'organe sexuel
est armé inférieurement d'un crochet très -fort et très-re-
courbé; une petite lame un peu transparente, étroite, allon-
gée et obtuse, accompagne la pièce qui porte le crochet, et
fait une saillie au côté extérieur ; la première pièce des man-
dibules est fort grande , noire, et son côté interne est dilaté,
près du bout, en manière d'angle bidenté ; l'onglet terminal,
ou la seconde pièce, est brun et arqué.
Cette espèce se trouve dans le midi de la France , en
Italie et en Espagne, sur les pierres, les murs et les troncs
d'arbres.
1a' aranea pupillata de Fabricius, qui, par s? forme et sej
•ïoo s A L
couleurs, semble avoir beaucoup d'analogie avec la précé-
dente, est du genre erèse.
SaLTIQUE bicolore, Salticiis bicolor , AUus Incolor, Walck.
Longueur, six millimètres. Palpes, corselet et pattes, très-
noirs, luisans et velus ; yeux grisâtres ; abdomen couvert d'un
duvet soyeux d'un brun souci foncé; pattes bérissées de poils
gris , les deux antérieures plus fortes ; tarses bruns , garnis de
piquans ; mandibules du mâle allongées , noires , avec l'on-
glet brun-J'avant-dernier arliclede ses palpes ayant son angle
extérieur prolongé en pointe ; le dernier article moyenne-
ment renflé.
Aux environs de Paris , sur les feuilles.
Saltique pieds-annelés , Sallicus annuUpes. Forme du
précédent, mais un peu plus petit. Corselet noir, avec une
bande tout autour de ses bords, une autre suivant ceux de la
partie élevée du dos, et quelques taches discoïdales d'un gris
jaunâtre, formé par un duvet; poils du bandeau sous- ocu-
laire plus longs ; orbite supérieure des yeux de devant ayant
un duvet rougeâtre ; abdomen couleur de souci foncé , avec
la base supérieure d'un gris jaunâtre et une bande noire le
long du milieu du ventre ; palpes et pattes d'un roussâtre pâle,
tachetés de noirâtre , avec des poils gris. Aux environs de
Paris.
Saltique grosses-pattes , Salticus grossi'pes ; Aranea gros-
sipes, Deg. , Oliv. ; Aranea frontalis ^ Oliv. ; Clerck , Aranea y
pi. 6, tab. I, Grandeur et forme du saltique bicolore; corps
noir , avec le dessus du corselet et celui de l'abdomen légè-
rement garnis d'un duvet soyeux d'un brun rougeâtre et lui-
sant; deux lignes sous les yeux antérieurs, et le front blancs;
base supérieure des mandibules ayant des raies blanches
de poils; pattes noires, avec quelques parties, les cuisses
spécialement, couvertes d'un duvet blanc; la plus grande
portion des tarses, brune.
Degéer a observé que cette espèce, dans le repos, lient ses
pattes appliquées et serrées contre le corps , et que , dans sa
marche, elle est toujours attachée par un fil de soie très-fin,
fixé au plan de position : si elle vient à tomber, elle s'y trouve
suspendue, et remonte ensuite fort vite. Clerck dit que ses
œufs sont petits, au nombre de vingt et adhérens.
Saltique de Catesby , Salticus Caieshœi; Aranea Caleshœi ,
Scop, Corps long de neuf à dix millimètres, noir, avec un
duvet gris , et une ligne blanche au - dessous des yeux anté-
rieurs; extrémité antérieure et supérieure du corselet garnie
de duvet brun ; abdomen ovoïde , grand , avec deux lignes
blanches, écartées, parallèles le long du dos , et termi-
nées un peu au-delà du milieu de sa longueur; côtés du
s A L loi
^os d'un brun foncé ; pâlies noires, avec un duvet gris. Envi-
rons d'Aix, d'où il m'a élé envoyé par M, lioyer de Fon-
colombe.
Je rapporte à celle division les espèces suivantes de
M. Walckenaër : I'Atte chalibéiek, A. chalybeîus. Son corps
esl couleur d'acier, sans taches. L'A. î^oir,^. niger. 11 esl noir ,
avec le pédicule de l'abdomen el l'extrémilé des pattes, gris.
L'A. CUIVRÉ, A. ciipreus. L'abdomen est cuivreux, avec un
croissant el deux bandes transverses sur le dos, jaunes; les
palpes et les pattes sont de cette couleur. L'A. des mousses,
A. muscorum. Corps d'un vert bouteille , avec trois points ,
enfoncés sur le corselet, el un autre sur l'abdomen ; des lignes
transversales de points à sa base supérieure ; à comparer avec
Varanea Rilteri de Scopoli.Les A. SPLENDIDE el DORÉ, espèces
de Timor.
On y rangera aussi : TAraignÉE marquée, Aranea Insignita
d'Olivier ; Clerck, Aran. , pi. 5, tab. i6. Son corselet est noir,
avec les bords , el une tache en forme de W située entre
les yeux, blanchâtre; le dessus de l'abdomen est noir, avec
une ligne blanche et longitudinale au milieu ; c'est Vaile dwisé
de M. Walckenaër. L'Araignée poîsctuée , Amnea pundaia^
d'Olivier; Clerck , ihid. , pi. 5 , lab. 17. Corselet d'un brun
roussâlre, avec cinq points blancs et une tache grisâtre , en
forme de V, entre les yeux; abdomen d'un brun roussâlre,
avec dix points blancs rangés sur deux lignes. 11 paroît que
dans ce salllque el le précédent, les qualre dernières paires
de pattes sont plus longues. M. Walckenaër rapporte à son attc
lettré {Utteratus ) la figure précitée de Clerck, ainsi que la cin-
quième de la pi. 226 de Schœffer {Icon. insecte Raiisb. ). J'ai
des doutes sur la justesse de cette application.
On volt dans la collection duMuséum d'Histoire naturelle
du Jardin du Koi {Araignée^ n.» 79 ) un saltique de la même
division, très-remarquable parla longueur de ses mandibules;
elleégale celle du corps. Il esl grand, noir, avecdes poils blan-
châtres au bord antérieur du corselet, aux palpes el aux pattes;
l'onglet des mandibules esl très-long el un peu arqué; les pattes
antérieures sonllesplusgrandes.J'ainomméceite espèce Sal-
tique MAMDIBULAIRE, Sallicus mandibidaris. Elle se rapproche
beaucoup de V aranea mandihuhiris de Fabricius. Je la crois de
Surinam.
11. Corselet déprimé , incliné presque insensiblement à son extré-
mité postérieure ; corps oblongsans être cylindrique ni linéaire,
garni de poils ou d'un duvet épais; pattes courtes et robustes.
( Abdonitn toujours ovalaire ou ovoïde. )
Saltique cheyronké , Sallicus scenicus; Aranea scenica ,
50,2 S A L
Linn., Fâb,, Oiiv. ; V Araignée sauteuse, aux trois che<»vns llanea,
Geoff. ; Aranea albo-fasdata ,T)e^. ; Attus stenicus, Walcken.;
List., Aran. , tit. 3i; Clerck, Aran. , pi. 5, lab. i3; Schœff.,
Jcon. insecL, pi. 4-4-> fig- n- Corps long de six nullimèties, noir
en dessus, avec les bords du corselet , trois taches placées en
triangle sur le dos, et trois lignes sur l'abdomen, transverses,
en forme de chevrons, souvent interrompues dans leur milieu,
blancs ; cette couleur formée par des poils ; dessous du corps
gris; pattes noires, couvertes de poils blancs, mandibules des
mâles très-allongées, avec l'onglet fort long ; l'avant-dernier
article des palpes des mêmes individus, unidenté ou uniépi-
neux extérieurement.
Très-commun dans toute TEurope, sur les murs, les
fenêtres. F. les généralités de l'article.
\j' Aranea cingulata de Panzer, Faun. Germ. , pag. 4-0, tab.
22 , ou TAtte psylle de M. Walckenaër, n'est , à ce que
je présume, qu'une variété de cette espèce.
Saltique deRuMPHE, Salticus Kumphii ; Aranea Rumphii ,
Scop. , Oliv. ; Attus tard/grudiis, Walck., Hist. des arun.., fasc.
5, pi. 4-, fem.; Clerck, Aran ^ pi. 5 , tab. 12; corps long de
huit millimètres, noir, mais tout couvert d'un duvet gris-
cendré, mélangé de noirâtre ; une ligne transverse d'un gris
roussâlre, composée de poils , sous les yeux de devant ; yeux
d'un jaunâtre clair ; les deux du milieu de la ligne antérieure ,
ou les plus gros , ayant un éclat bleuâtre , et offrant l'appa-
rence d'une petite prunelle; côtés supérieurs du corselet
entremêlés d'un duvet d'un brun roussâtre ; abdomen en
forme d'ovale allongé, avec une bande grise, denlte et bor-
dée de noir le long du milieu du dos ; pattes antérieures grosses.
Commun aux environs de Paris , sur les troncs d'arbres.
Près de celte espèce vient se placer Varraignée du pin de
Degéer et d'Olivier. Elle est -de la même taille, d'un noir
grisâtre, avec les palpes et les pattes d'un brun obscur,
entrecoupé de taches noires ; l'abdomen est ovoïde , gros ,
couvert de poils gris, qui le rendent velouté, avec deux
petites taches blanches et rondes vers Textrémilé postérieure
du dos ; le ventre a trois raies noires et longitudinales.
Degéer trouva cette espèce, vers la fin de juillet, sur une
branche de pin. Elle éloit renfermée avec ses petits dans une
grande coque ovale, de soie blanche, ayant au milieu d'un
de ses côtés une ouverture servant de porte, et où elle se
tenoit à l'affût. Des débris de cadavres de divers insectes y
éfoient attachés. Olivier cite comme synonymes, l'araignée,
(fl: 3a de Lister, et Varaneus hustatiis de Clerck , pi. 5, tab. 11;
mais je crois que ce sont deux espaces distinctes, difiérentes.
dii la précédente.
s A L io3
Lé''araignée à bande découpée (undata) est encore un sallique
voisin de celui de Rumphe. Son corps est d'unbrun noirâtre,
avec le corselet bordé de gris, l'abdomen allongé et offrant
sur le dos une large bande cendrée et découpée. Cette es-
pèce se trouve en Pensylvanie.
Saltique a raies jaunes , SalUcus xanthogramma. Le mâle
de cette jolie espèce est long de cinq millimètres. Le dessus
du corps est couvert d'un duvet satiné, d'un rouge capucine
clair , avec l'extrémité antérieure et verticale du corselet
noirâtre; les deux gros yeux de son milieu sont verdâtres,
avec un cercle grisâtre formé de petits poils ; le corselet a
ses bords et trois raies longitudinales , ondulées et dorsales
jaunes; le dessus de l'abdomen est aplati, et offre aussi , à
partir d'une légère distance de sa base, deux autres lignes de
la même couleur, mais interrompues postérieurement, et sur
chacune desquelles sont deux points enfoncés ; les bords laté-
raux ont quelques traits ou taches pareillement jaunes ; la plus
grande partie du ventre est grisâtre ; les patles , dont les deux
antérieures, grandes, sont d'un roussâlre jaunâtre; le der-
nier article des palpes est roussâtre et remarquable par sa
grandeur; il forme une sorte de palette très-comprimée, ou
comme membraneuse, ayant la figure d'un cœur renversé, et
dont la pointe ou l'extrémité est courbée.
Parmi les différentes pièces qui composent l'organe sexuel,
on distingue un crochet fort et très-arqué ; l'article précé-
dent, ouïe pénultième, a une petite épine au côté exté-
rieur.
La femelle a les palpes et le bord antérieur du corselet
hérissés de poils d'un jaunâtre pâle ; les deux lignes dorsa-
les de l'abdomen sont réunies à leur base , et plus ou moins
bordées de noir extérieurement.
Celle espèce a de l'affinité , soit avec Varaneus hastatiis
de Clerck , mentionnée ci-dessus, soit avec V araignée^ titre
33 , de Lister. Ce dernier saltique est jaunâtre , avec trois
petites lignes safranées sur le dessus de l'abdomen.
Saltique jardinier, Salticus pomathis; Allus pomailus^
Walck, Abdomen en ovale très-oblong , vert, entouré de
rouge , ainsi que le corselet. Trouvé dans un verger , par
M, Walckenaër.
Saltique a raies blanches , Salticus leucog'ramma. Celte
petite espèce, que l'on trouve fréquemment, aux environs
de Paris, sur les arbres, est noire en dessus, avec le con-
tour du corselet, une ligne longitudinale sur le milieu de son
dos , et deux autres sur le dessus de l'abdomen , blancs ; les
çôlés du ventre sont aussi de cette couleur; les pattes sont
io4 • s A L
brunes, avec quelques taches plus foncées , et couverles de
poils blancs.
L'Atte aplati , JUus depressus , de M. Walckenai-r
( troisième fanililc, les Paresseuses)^ paroit , à raison de ses
pattes minces et courtes , de ses palpes minces et filifor-
mes, lier notre seconde division avec la suivante. Cette
aranéide ressemble à une punaise; son abdomen est ovale ,
déprimé , plus gros vers l'anus, coupé en ligne droite vers
sa base, d'un brun rougeâtre, avec deux lignes brunes et
opposées sur le dos ; les deux patles antérieures sont les plus
grosses. Des environs de Paris.
III. Corselet dcprirrié , incline presque insensiblement à son exlre'-
niite' posîei ieuie ; corps presque linéaire ou cylindrace', glabre
ou peu velu; pattes longues el grèle>.
Nota. Dessus du corselet comme divisé en deux parties :
l'une antérieure, plus élevée, carrée, aplatie, portant
les yeux; l'auîre, ou la postérieure, presque conique; ab-
domen en forme de fuseau ou de cône ; pattes antérieures
anlenniformes , à cuisses grandes.
Ces espèces ressenàblent à des fourmis; elles se renfer-
ment dans des coques de soie qu'elles placent ordinaire-
ment sous des pierres, et y changent de peau. Scopoli dit,
en parlant de son araignée dejohlot^ espèce de celle division,
qu'elle passe l'hiver entre des feuilles roulées , et qu'il l'a
aussi rencontrée dans la cupule d'un gland de chêne ; elle
en avoit fermé l'entrée au moyen d'une petite toile , sous
laquelle elle se tenoit cachée.
Salïique FOURMt, Sallicus fonnicarius ; Aranea formiion'a ,
Deg. , Oliv. Petite espèce. Les deux premiers arlicles <les
palpes, fauves , cylindriques; les irois autres noirs, plats,
plus larges et très-velus ; mandibules grandes; partie anté-
rieure et oculifère du corselet noire , l'autre de couleur
fauve; abdomen fusiforme , d'un roux obscur, avec quel-
ques bandes transverses noires , et deux taches blanches ,
composées de poils, et formant, au milieu du dos, une
bande interrompue; pattes rousses, avec quelques taches
noires; extrémité àcs antérieures blanchâlre ; la quatrième,
puis ensuite la première, plus longues; la ti'oisième la plus
courte; jambes et tarses de la même grosseur, et infé-
rieurs, sous ce rapport, aux cuisses.
M. "Walcfcenaër, Faun. Paris. , tome 2 , pag. 2^1 , sup-
pose que la femelle diffère de l'autre sexe, non-seulement
par ses mandibules plus petites , mais encore par la couleur
noirâtre du corselet et de l'abdomen. Le mâle a, suivant lui ,
celte dernière partie de forme conique, sans taches; les cô-
s A T. ,o5
tés et rextrémité postérieure du corselet roussâîres ; les pat-
tes rousses ; lés mandibules plates et dirigées on avant ; njais
l'individu qu'il prend pour la femelle, appariient probable-
ment à une aulre espèce. J'ai, dans ma collection, un salli-
quemâle, de cette division, dont les couleurs sont les mô-
mes que celles attribuées par ce naturaliste à la femelle.
Son corselet est entièrement dun noir mat; sa partie an-
térieure , qu'on a nommée têle , forme un carré plus long et
moins élevé que dans l'autre individu mâle ; l'autre partie
du corselet est ainsi plus courte ; les palpes sont noirs et
terminés par un gros bouton ; les mandibules ne sont point
très-saillantes; les cuisses des deux premières pattes sont
noirâtres.
Degéer , qui avoil vu plusieurs individus du salliquc
fourmi , ne parle point de ces différences sexuelles qui l'eus-
sent sans doute frappé. La figure qu'il donne des palpes de
cette espèce semble, par l'élargissement de leurs derniers
articles, indiquer que ces observations ont été faites sur un
individu mâle; mais, dans ce cas, la description de cet auteur
ne cadreroit pas entièrement avec celle de M. AValckenaër,
puisque l'abdomen de l'espèce du naturaliste suédois est co-
nique et sans taches.
L'individu que M. Walckenaè'r considère comme le maie
du saltique fourmi , et que je lui avois communiqué , ne se
trouve que dans les départemens méridionaux de la France.
Son corps, les mandibules non comprises, est long de sept
millimètres, et légèrement pubesceni. La première pièce
de ces mandibules est un peu plus longue que la moitié du
corps, d'un vert bronzé, tétragone , aplatie, avancée , et
un peu plus étroite vers le bout ; son côté interne a quel-
ques dentelures ; l'onglet ou la griffe ( la seconde pièce) est
noir, fort long, replié en dessous et unidenté intérieure-
ment près de sa base ; il est droit jusques près du bout , où
il se termine en une pointe très-fine, un peu crochue et
d'un brun clair; la partie antérieure et oculifère du corse-
let est mince en dessus, et vue sous celte face , présente un
plan carré, uni, un peu plus court que l'autre partie du
corselet , et dont elle est brusquement séparée ; les côtés de
celle portion antérieure sont fauves, couleur qui s'étend
même derrière les yeux postérieurs ; l'autre partie du cor-
selet est pareillement fauve , comprimée latéralement , éle-,
vée et arrondie sur le dos, et va , en se rétrécissant, vers le
bout postérieur , qui forme une courbe ; les yeux sont jaunâ-
tres; les deux derniers paroissent être un peu plus gros que
les deux latéraux antérieurs ; les deux premiers articles de?,
palipes sont fauves, le reste est noir; le dernier forme un
loG S A T.
Louton cyiindrico-oroïde , pubesccul et médiocrement ren-
fle ; i'abdonien est petit , en forme de cône tronqué , fauve à
sa base , noir ensuite et luisant ; les pattes sont d'un fauve
pâle, avec les jambes antérieures presque blanchâtres; la
quatrième et la première paires sont les plus longues ;
celles-ci ont les cuisses noirâtres Si Degéer, à son article de
\ araignée fourmi ^ a représenté , ainsi que je le pense , un in-
dividu mâle, il est bien évident, d'après les proportions des
înandibulcs, que celui que je viens de décrire, et que j'avois
fait connoîlre anciennement dans un mémoire présenté à
une société savante de Bordeaux, est très-différent.
M. Walckenacr a découvert , aux environs de Paris , quel-
ques autres espèces de la même division, parmi lesquelles je
citerai celle qu'il nomme Atte festonné , Attus encarpatus.
Le mâle est noir ; ses mandibules sont cylindriques , ren-
liées dans leur milieu , très-allongées , dirigées en avant et
terminées par un onglet roussâlre ; le corselet est aussi long
que large, et bordé de blanc ; l'abdomen est ovale , allongé,
et a, sur le dos, un ovale d'un blanc gris et festonné; les
pattes sont fines et annclées de blanc et de noir. Trouvé au
commencement de juin, sur un buste de marbre.
Ce naturaliste fait encore mention d'une espèce du même
genre, qu'il a observée dans un morceau d'ambre, faisant
partie de la collection de M. Faujas. C'est son Atte fossile.
(L.)
SALIU, SHALIU. Noms arabes de la Caille, (v.)
SALUS. V. LiNOTE , article Fringille. (v.)
SALUT. On donne ce nom au Silure commun, (b.)
SALVADOPŒ, Sahadora. Genre de plantes de la tétran-
drie monogynie et de la famille des chénopodées , qui offre
pour caractères : un calice divisé en quatre parties roulées
en dehors; une corolle à quatre lobes; quatre étamines; un
ovaire supérieur à style simple ; une baie à une semence
arillée.
Ce genre ne renferme que trois espèces : ce sont des ar-
bustes à feuilles opposées, ovales , lancéolées, épaisses, et à
grappes panlculées et terminales, qui croissent en Arabie, en
Cochinchlne et dans les Indes , qui ont fait partie des Rivines
de Llnneeus. Il a été décrit par Forskaël, sous le nom de cissus
arhorea, et par Retzius, sous celui À'Einhelia grossidaria. (B.)
SALVELÏNE. Poisson du genre Salmone. (b.)
SALVIA. C'est le nom latin, adopté par les botanistes,
pour désigner les sauges, qui forment un genre très-nombreux
enespèces. Tourneiorlle dlvisolt en trois:SALViA,ScLAriEA et
lïORMiNUM; mais cette division n'a pas été reçue, non plus
•que celle d'Bciilcr, adopléc par Medicus et Moench, et qui
s A L 107
ctablîssoit trois genres de plus ; savoir : le Schraderia , sur le
mbia canariensis; le Glutinaria , sur le sahia glutinosa , et le
JuNGlA , sur le sabîa mexicana , L.
Avant Tournefort, les botanisles , en conservant spécia-
lement le nom desaloia à la sauge officinale , Tont ékenduà
lyeaucoup d'autres espèces de sauges, à des épiaires et à des
germandrées , Ww'o, stachys et ieucrium.
L'on croit que la sauge officinale est le Salvia dont Pline a
parlé, et qu'il dit qu'on regardoit comme V elelisphacon des
Grecs. Cette herbe ressembloit à la menthe ; elle étoit blan-
che , odorante. Cependant Pline ne regarde pas cette plante
comme V elelispJiacon des Grecs, et il donne pour telle la pre-
mière de ses deux espèces de lentille sauvage, qu'il décrit
ainsi : «Il y a encore une lentille sauvage que les Grecs nom-
ment phacos et elelispharos ; elle est plusgrêle et a les feuilles
plus petites, plus sèches et plus odorantes que la lentille cul-
tivée.» Cette description et la comparaison que Pline fait de
cette plante avec la lentille , ne conviennent pas à la sauge
officinale ; aussi, en consultant Dioscoride, trouve-t-on que
Pline a confondu et pris une plante pour une autre , abusé
sans doute par le nom même à' e/eh'spJiacon , comme l'ont ob-
servé Matlhiole et les botanistes commentateurs des an-
ciens qui l'ont suivi. En effet, lorsqu'on lit la description de
r£/e//5p/!a^o«, dans Dioscoride, on y reconnoîlcelle que Pline
a donnée de sa seconde espèce de lentille sauvage qu'il décrit
immédiatement après la première et avant le saku'a. « On
trouve encore, dit-il, une autre espèce de lentille sauvage, qui
a une odeur désagréable et appesantissante. Par cette cause ,
on regarde la première espèce comme plus douce ; ses feuilles
ressemblent à celles du cognier, excepté qu'elles sont blanches
et pas si grandes ». Or Dioscoride écrit que VElelisp/uirm pro-
duit plusieurs branches longues , carrées et blanches ; ses
feuilles sont semblables à celles du cognier, mais plus longues,
plus âpres et plus épaisses. Elles sont rudes au toucher , ve-
lues, blanchâtres, à odeur forte, mais néanmoins fort bonne.
Sa graine vient à l'extrémité des branches, comme cela s'ob-
serve dans l'orvale sauvage. Elle croissoit dans les lieux
arides. La décoction de ses feuilles , prise en breuvage, fai-
soit uriner et étoit emménagogue. Cette plante noircissoit les
cheveux , étanchoit les plaies , mondifioit les ulcères et
^uérissoit les morsures des bêtes venimeuses, etc. Il est ques-
tion de cette plante dans Hippocrale et dans Théophraste ;
elle est appelée , eîelisphacon et elapliohoscon ou spJiagnoii.
Théophraste en indique plusieurs espèces, et notamment
deux. L'une sauvage , est son sphacelos^ qu'on présume être
U première espi'-ce de lentille sauvi-gc de Pline; elle avoil les
1-8 S A 1.
feuilles plus éfroltes, lisses et moins chargées que la seconde
espèce qui éloit cultivée, et dont les feuilles étoient plus âpres
et plus rudes,
L'épithète de ^/îArtr^/os d'une de ces sauges ,' et le mot 5/7/20-
cos , signrfinnt Tâpreté qu'ont les draps râpés, conve-
noient aux sauges; car leurs feuilles offrent au toucher la
même aridité. Il .paroît que ces diverses espèces (Vclelispha-
eon ne sont que des variétés de la sauge officinale ou sahia
des anciens, quAgrippa appeloit IV/rr^esor/f'^, et qui se nom-
\nOït sahîa, du verhe sahore, sauver, à cause des grandes
vertus qu'on lui attribuoit , principalement celle de faciliter
l'accouchement des femmes , et de rendre fe'condes celles
qui faisoicnt un fréquent usage de cette plante en breuvage
ou autrement, (ltn.)
SALVIFOLIA - ARBOR. Selon Rurmann , l'arbre qui
porte ce nom, dans TAImageste de Plukenet (tab. 221, f. 4)»
est le Micocoulier d'Orient, Celûs orientaUs , L. (ln.)
SALVINIE, Sabinia. Petite plante herbacée , rameuse,
articulée, à articulation garnie de feuilles en dessus et de ra-
cines en dessous.
Cette plante, qui se rapproche des lenticules et des Mar-
•SiLE.S,et surtout des azolles, forme un genre dans la crypto-
garnie et dans la famille des Fougères , qui a pour caractères
d'être monoïque, d'avoir pour fleurs mâles des verrues nom-
breuses, sessiles, surmontées chacune de quatre filets roulés
en spirale, situés sur les nervures des feuilles, et pour fleurs
femelles des follicules presque solitaires,globuleux, unilocu-
laircs et polyspormes , dans chaque faisceau de racine.
La salvinie se trouve flollanle sur les eaux dormantes des
parties méridionales de TEurope, quelquefois dans des es-
paces considérables. Je l'ai abondamment trouvée aux envi-
rons de Pavie. Elle purifie l'air des marais, comme le CoDO-
PAIL.
Aublet a figuré, pi. 867 de son Histoire des Plantes delaGuyane,
une autre plante du même nom, et fort voisine de celle-ci par
ses rapports, mais dont les fructifications sont portées sur des
pédoncules axillaircs et rameux, et formées de capsules ter-
minées en pointe, couvertes de duvet, s'ouvrant en deux valves
et contenant un grand nombre de semences attachées à un
placenta rameux.
Cette dernière (lotte sur les eaux dormantes , à Cayenne.
Trois autres espèces, originaires de l'Amérique méridio-
nale, ont été découvertes depuis quelques années, (b.)
SALZ. Nom allemand de la soude murialée ou sel com-
mun. Les minéralogistes allemands en distinguent acluel-
leinent deux sortes ; le sel marin, proprcnicnl dit salz , et qui
SAM icj
conllent du murlalc de chaux; le second ne contient pas de
chaux inurlatée, et est nommé S/jak. (ln,)
SALZERDE et SALZTHON des minéralogistes et des
mineurs allemands. C'est la terre ou l'argile muriatifére qui
accompagne assez généralement le muriate de soude amorphe
dans ses divers gisemens. (ln.)
SALZKUPF ER. Werner et les minéralogistes allemands
donnent ce nom au cuivre muriaté, cristallisé ou compacte.
Quant à la variété pulvérulente, connue sous les noms d'a/a-
tumile, smaragdo-chcdzil et de sable vert du Pérou , c'est le kupfer
sand de Werner, et le sandiges salzkupfe.r de Karsten. (ln.)
SALZSAUREKUPFER des chimistes et des minéralo-
gistes allemands. C'est le Cuivre muriaté. (ln.)
SALZSCHLAG et SALTZSCHLAG des Allemands.
C'est le QuARZ HYALIN GRANULAIRE. Les minéralogistes alle-
mands le placent dans leur QuARZ COMMUN. V. Quarz hya-
lin GRANULAIRE et QuARZ HYALIN DEMI-TRANSPARENT, Vol,
28, p. 428 et43i.(LN.)
SALZSPATH. Nom que Gmelin emploie pour désigner
la Soude muriatee à grandes lames ou sel gemme, (ln.)
SALZSTEIN et STEINSALZ des Allemands. C'est la
Soude muriatee en masses amorphes, ou Sel gemme,
Gmelin ne donne ce nom qu'à la soude muriatee amorphe
à petites lames, (ln.)
SALZTHON. r. Salzerde. (ln.)
SAM, A l'article Cay-Tuuong, il faut lire sum au lieu de
sam. (ln.)
SAMABRAS ou SAAMBRAS. Nom arabe d'une Sala-
mandre terrestre, (desm.)
SAMADEP\E, Samadera. Genre de plantes établi par
Gœrlner, uniquement sur la considération du fruit; c'est le
Vitmane deWahl. (b.)
SAIMAIv UCHECiïAUK. Nom de la Grue brune à la
Laie d'Hudson. V. ce mot. (v.)
Sx\IMALIE, Paradiseay Lalh. Genre de Tordre des oi-
seaux Sylvains, et de la famille des Manocodiates. F. ces
mots. Caractères : bec robuste, convexe en dessus, garni de
petites plumes veloutées à sa base, comprimé latéralement;
mandibule supérieure à échancrure usée vers le bout ; nari-
nes percées à jour , à demi couvertes par les plumes du ca-
pisLrum; langue à pointe déchiquetée et aigiie; tarses robus-
tes, quatre doigts allongés, trois devant, un derrière; les
extérieurs réunis à leur base; ongles forts, très-crochus;
ailes à penne bâtarde, moyenne; la première rémige plus
courte que la septième; les quatrième et cinquième les plus
no S A M
longues de loutos ; deux rectrices sétacées et très- prolongées;
plumes hypocondriales, très-longues, flexibles, décompo-
sées, ou plumes cervicales, médiocres, roides, chez les mâles
seuls.
La Samalie blanche , Porarf/sea alba, Lath., ressemble
par ses formes à la petite samalie , et est totalement blanche.
C'est, suivant Valenlyn, l'espèce la plus rare. On la trouve
aux îles des Papous.
La Samalie MAGNiFiQtTE, Paradlseamagnifica^'LAÛi.\^\.
M 7 , n.*^ 2 , de ce Dictionnaire. On distingue facilement cet
oiseau des autres par la position et la forme des deux fais-
ceaux de plumes qui sont implantés sur le cou et le haut du
dos; le premier est composé de plumes étroites, roussâtres
et tachetées de noir à leur extrémité ; elles paroissent se
relever sur leur base, mais moins à mesure qu'elles s'éloi-
gnent de la tête; celles du second sont plus longues, d'un
jaune paille plus foncé vers leur bout, et couchées négligem-
ment sur le dos; cependant, comme l'a fort bien observé
Mauduyt, l'oiseau peut les relever et en former une espèce
de panache comme celui qui orne la partie postérieure du cou
du faisan d'or ou tricolor. Toutes sont coupées carrément à
leur extrémité; deux filets cerclés de couleur verte, finissant en
pointe et longs d'un pied environ, prennent naissance au-des-
sus du croupion : le bec est d'un jaune pâle, noir à sa base
sur les bords ; les plumes qui couvrent en partie les narines et
la base du bec dessus et dessous, sont courtes, épaisses, et
dominent un peu les autres ; celles du sommet de la tête et
de l'occiput sont vertes; cette couleur et le bleu couvrent les
plumes dumilieu de la gorge et d'une partie delapoitrine. Ces
deux teintes se trouvent distribuées de manière que les plu-
mes sont bleues dans le milieu , vertes à la base et à l'extré-
mité, et présentent, étant couchées les unes sur les autres,
deslignes transversales; les côtés ellereste de la poitrine sont
d'un vert-brun; le ventre est d'un bleu verdâtre; les grandes
couvertures des ailes sont d'une couleur carmélite brillante ;
leurs pennes, qui sont brunes à l'intérieur, jaunes à l'extérieur,
s'étendent jusqu'au bout de la queue qui est brune ; le dos et
le croupion ont les mêmes teintes que la tête; les pieds sont
d'un brun-jaune. On voit des individus dont les couleurs
présentent des nuances un peu différentes, ce qui paroît in-
diquer qu'ils sont plus ou moins avancés en âge. Celte espèce
se trouve à la Nouvelle-Guinée.
La Samalie, dite Oiseau de paradis, Paradisea apoda,
Lath., Oiseaux dorés , pi. i de V Histoire des Oiseaux de para'
dis , a douze pouces huit lignes du bout du bec à l'extrémité
de la queue; les mandibules d'un jaune verdâtre ; les plumes
31.7
S.llnrm non-, rTiC .P.iS'j .
s A M III.
Un front veloutées, et d'un noir changeant en vert foncé;
celles de la tête et du cou d'un jaune pâle ; une plaque verte,
à reflets métalliques et dorés sur le haut de la gorge ; le reste
de cette partie et le devant du cou d'un brun violet; la poi-
trine, le ventre, le dos, le croupion , les ailes et la queue
d'un marron foncé ; deux faisceaux de plumes très-nombreu-
ses, très- longues , décomposées, transparentes, les unes
d'un blanc sale, d'autres jaunes, quelques-unes, notamment
les plus courtes, tachées de rouge, et plusieurs terminées
de rouge-vineux , partent des côtés du corps au-dessous des
ailes, et s'étendent beaucoup au-delà des pennes caudales;
les deux longs filets qui naissent au-dessus du croupion et
dépassent la queue de plus d'un pied , sont bruns , duveteux
à leur origine, ensuite à barbes roides , très-courtes, plus
longues à l'extrémité, où ils forment une palette étroite et
allongée ; les pieds et les ongles sont de la couleur du bec.
Les Indiens ne distinguent la femelle que par une taille plus
petite; Brisson, par moins de longueur dans les barbes de
l'extrémité des filets ; Linnseus, en ce que les filets sont plus
courts, nus et droits. M. Levaillant nous assure qu'elle est
privée des deux longs filets et des faisceaux de plumes qui
font un des attributs des mâles pendant une partie de l'année.
Cet oiseau de paradis est le plus commun de tous, et le
premier connu. Les Portugais le nomment passaros de sol;
les habitans de Ternate, neanuco dewata ( oiseau de Dieu),
hurong-papua (oiseau des Papous ) ; d'autres l'appellent sojffu
ou stoffu; à Amboine et Banda , il est connu sous le nom de
manu-Koy- yirou ( oiseau des îles Key et Arou)j et il porte
dans ces îles le nom defanaan.
Cette espèce reste dans les îles d'Arou pendant la mousson
sèche ou de l'ouest, et retourne à la Nouvelle-Guinée au
commencement de la mousson pluvieuse ou d'est. Elle
voyage , dit-on , en bandes de trente à quarante , sous la con-
duite d'un autre oiseau qui vole toujours au-dessus de la
troupe. Ce chef est, selon Valentyn , noir et tacheté de
rouge ; c'est à lui que les habitans ont donné le nom de roi.
Ces oiseaux de paradis ne s'en séparent jamais, soit qu'ils
volent, soit qu'ils se reposent; mais cet attachement pour
leur guide cause quelquefois leur perte quand il se pose à
terre , car ils ne peuvent se relever que très-difficilement , à
cause de la forme et de la disposition particulière de leurs
plumes. Ils se perchent sur les grands arbres , particulière-
ment sur le >varingha à petites feuilles et à fruits rouges ,
dont ils se nourrissent {ficus benjamina, Forster ).
Durant la mousson de l'est, à ce que rapportent les In-
diens, ils perdent leurs longues plumes, faisceaux et filets ,
i'2 SAM
qui, tlans l'espace de quatre mois, sont remplacés par Je
nouveaux. L'étendue , la quantité, la longueur, la souplesse
de toutes ces plumes, leurpermettentbien de s'élever fort haut,
lesaidont à se soutenir dans l'air, aie fendre avec la légèreté
et la vitesse de l'iiirondelle, ce qui les afaitdésignerparlenom
Aliiwndelles de Ternate ; mais si le vent devient contraire, elles
nuisent à la direction du vol : alors ils n'évitent le danger
qu'en s'élevant perpendiculairement dans ime région d'air
plus favorable, et ils continuent leur roule. Quoiqu'ils pren-
nent toujours leur vol contre la direction du vent, et qu'ils
évitent le temps d'orage, ils sont quelquefois surpris d'une
bourrasque; c'est alors qu'ils courent les plus grands danger?;
leurs phnnes longues et flexibles se bouleversent, s'enche-
vêtrent; l'oiseau ne peut plus voler , ses cris répétés annon-
cent sa détresse ; il lutte en vain contre l'orage , son embar-
ras augmente, sa frayeur redouble l'impuissance de ses ef-
forts , il chancelé , et tombe. Les Indiens , attirés par leurs
cris, les saisissent et les tuent. Ils n'échappent à la mort
qu'en gagnant promptement une élévation, d'où ils peuvent
reprendre leur vol. Ces insulaires se les procurent encore
de diverses manières : les uns les prennent à la glu et dans
des lacets; d'autres empoisonnent les eaux où ils ont cou-
tume d'aller boire, avec des coques du Levant {rnenisper-
' mum cocciihis) y qui les enivrent au point qu'on les prend à
la main ; d'autres les attendent cachés dans des huttes légères
attachées aux branches des arbres qu'ils fréquentent, et les
tuent avec des flèches émoussées. Ils tombent entre leurs mains
quelquefois en vie ; mais ils les mettent tout de suite à mort,
parce que ces oiseaux sont très-méchans, qu'ils se défendent
avec un courage étonnant, et que leurs coups de bec sont à
craindre. Les Papous, pour conserver leur dépouille et les
rendre propres à l'usage qu'on leur destine dans l'Inde, leur
arrachent les pieds, et même les ailes et la queue , dès
qu'elles sont d'une couleur commune, leur écrasent la tête ,
leur arrachent les entrailles, les percent dans toute leur lon-
gueur avec un fer rouge, et les font sécher exposées à la fu-
mée ou à la vapeur du soufre ; après quoi ils remplacent le
fer avec une baguette qui sort par le bec de deux à trois pou-
ces, et les enferment, pour les conserver, dans un bambou
creux. Il en est qui ne se bornent pas à cette simple prépara-
tion : ils les dépouillent entièrement jusqu'au front; la peau
de la tête étant alors privée de soutien, se racornit au point
que celle-ci et les yeux deviennent fort petits à proportion
du corps : c'est pourquoi ce caractère, indiqué par quelques
ornithologistes, ne peut être adopté, n'étant que factice. La
s A M iï3
têle lorsqu'elle est entière est à peu près de la grosseur de
celle de la corneille.
La Samalie (petite ) de l'Île des Papous Paradlseami-
nor papuana, Lalh., Oiseaux dorés ^ pi. 2 de V Histoire des Oi-
seaux de paradis', sous la dénomination de petit oiseau de para-
dis de rîle des Papous. Clusius est le premier qui ait parié de
cette espèce, comme différente de celle de la samalie pro-
prement dite ; mais n'ayant que le témoignage de quelques
marins, on a regardé son autorité comme trop vague pour
en tirer rien de précis. Depuis lui , Valentyn a confinné
cette assertion ; cependant les méthodistes les plus modernes
ont persisté à en faire une variété. On ne voit , il est vrai ,
dans leur plumage, que des disparités assez légères ; mais on
ne peut s'empêcher de les présumer d'espèces distinctes, car
celui-ci est plus petit et ne se trouve qu'aux îles des Papous ,
principalement celle de Messoval , y reste pendant toute
l'année , et y est connu sous des nOms particuliers : les uns
lui donnent celui de shag ou shague; les Indiens de l'est de
Céran l'^pellent savialeik; ceux de Serghile dans la Nou-
velle-Guinée , tshakke; enfin à Ternate et Tidor, on le
nomme /o^zi ; ces dissemblances dans les noms locaux, dans
certaines habitudes et dans la distribution de quelques cou-
leurs, constantes sur tous les individus, ne permettent guère *
selon moi , de réunir ces deux oiseaux de paradis en une seule
espèce ; mais ils me paroissent aussi rapprochés l'un de l'au-
tre que le freux l'est de la corbine. Les petites samalies ont
aussi leur conducteur qui diffère de celui des autres ; il est
noiretales ailes pourprées. Elles se perchentet nichent sur les
arbres les plus élevés des montagnes; c'est là que les Alfhuris
les prennent. Leur nourriture favorite est le fruit àntsampeda,
qu'elles perforent avec leur bec pour en extraire la pulpe.
La petite samalie a de seize à dix-huit pouces de longueur
depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité des plumes sub'
alaires, et neuf à dix pouces jusqu'au bout de la queue ; le
bec noirâtre sur les côtés jusqu'aux deux tiers de sa longueur,
jaunâtre dans le reste ( Valentyn lui donne le bec couleur
de plomb et vingt pouces anglais de longueur totale ). Les
plumes de la base des mandibules sont d'un noir de velours
changeant foiblement en vert ; le dessus de la tête , les
côtés , le dessus du cou , le haut du dos , d'un jaune pâle ;
«ne plaque d'un vert éclatant est sur le haut de la gorge ;
!e reste du dos , les ailes et la queue , sont d'un marron
clair, tirant au brun rouge foncé sur le devant du cou et les
parties postérieures; les petites couvertures des ailes d'un
jaune brillant; les plumes subalaires jaunes et blanches, et d'un
îissu très-fin; les deux longs brins sont bruns, terminés en
XXX. 8
ii4 S A M
pointe et sans barbes apparentes;les pieds d'un blanc jaunâtre^
La Samalie rouge, Paradisea rubra^ Vieill. , Oiseau»
dorés; pi. P. 6 , n.° 3 de ce Dictionnaire. Un noir velouté en-
toure la base du bec; les plumes du sinciput sont plus lon-
gues que les autres, et forment une petite huppe séparée en
deux parties par le milieu; ces plumes, celles du dessous du
cou et du haut de la gorge sont serrées , fermes , veloutées et
d'un vert doré ; le sinciput, le dessus du cou, le haut du dos,
le croupion, les côtés de la gorge et de la poitrine sont jau-
nes; la partie inférieure de celle-ci, le ventre, la queue,,
d'une couleur^ brune , plus claire sur le bas-ventre et plus
foncée sur la poitrine; les plumes subalaires ont la même
conformation que celles du premier oiseau de paradis; mais
elles sont d un rouge vif; les deux filets sont longs de vingt-
deux pouces, lisses, d'un noir brillant, convexes en dessus ,
concaves en dessous, un peu aplatis sur les côtés, terminés
enpointe;ils prennent naissance au bas du dos, et ont à leur ra-
cine des barbes courtes et très-fortes.Longueur depuis la pointe
du bec jusqu'à l'extrémité de la queue,neuf pouces environ, et
jusqu'à celle des plumes subalaires , quatorze à quinze. On
ignore dansquelle partie de l'Inde se trouve cet oiseau; mais il
est à présumer qu'il habite les mêmes pays que les autres, (v.)
SAMALÏTO et Amesquite. Ce sont, au Mexique, les
noms d'un Figuier {ficus complicala, Kunth) qui croît sur
le penchant des collines , près de Guasinthan. (ln.)
SAMANDURA. L'arbre que Linnseus a décrit sous ce
nom dans le Flora Zeylanica, et qu'il dit être le même que le
nagam de VHortus Malabar icus, est rapporté au samadera de
Gsertner, on viimannia de Vahl ; mais ces botanistes le sé-
parent de l'arbre du Malabar, qui est le Mollwi, heritiera
litloralis. Aiton ( Hist Kea>.^ i." édit. ) ramenoit aussi, et à
tort, la samandura à l'espèce à' heritiera ci -dessus, laquelle
forme encore le genre balanopteris de Gsertner, (ln.)
SAMANQUI-KOUMONG. C'est I'Oxalide surelle
à Java, (b.)
SAMARA. Pline donne ce nom au fruit de 1 Orme, (lis.)
SAMARE, Samara. Genre de plantes de la tétrandrie
monogynie et de la famille des nerpruns , qui offre pour
caractères : un calice de quatre folioles ; une corolle de quatre
pétales, ayant à leur base une fossette longitudinale; quatre
étamines à longs filamens, insérés dans la fossette des pétales;
un ovaire supérieur, ovale, à style cylindrique, et astigmate
infundibuliforme ; un drupe arrondi, à une seule semence.
Ce genre , que R. Brown croit devoir être réuni aux MiR-
SiiSfES , renferme des arbres à feuilles opposées et à fleurs.
SAM „r
placées en grand nombre sur des tubercules , qui naissent au-
dessous des feuilles. On en compte quatre espèces, dont
une est la Rap^^e d'Aublet. La plus connue des autres est
la Samare lactée, dont les fleurs sont réunies, pédicellées
€t les feuilles ovales , obtuses. Elle croît à Ceylan.
Le genre Hélicie de Loureiro paroît devoir être réuni à
celui-ci, quoique Fespèce qu'il contient ait les feuilles al-
ternes et le calice monophylle. (b.)
SAMARE. Gœrtner nomme ainsi les fruits de l'orme, du
frêne, du bouleau, de l'érable, etc., c est-à-dire toute cap-
sule coriace et membraneuse, comprimée, à une ou deux
loges, ne s'ouvrani point, et munie d'ailes sur ses côtés, ou
terminée par une languette.
Mirbei a appelé PTtRiDE , et Desvaux Ptérodie , cette
sorte de fruit, ^b.)
SAMBAC ouSAMBACH, etZAMBACH. Noms arabes
du jasmin et des mogoris ; cependant une de ces dernières
plantes est principalement appelée ainsi , et nouslui donnons
les noms de samLar. et Ae. jaspnn d'Aïubie. C'est le Nyctan*
THES sambac, Linn. (ln.)
SAMBAYA. Nom malais de la racine des Zedo aires.
(LN.)
SAMALE. Nom madégasse du Cycas des Indes, (b.)
SAMBE. riaccourt rapporte que c'est le nom madégasse
du Flammant. (s.)
SAMBOUC. C'est, selon Bomare, un bois odoriférant
que les marchands d'Europe portent en Guinée, pour en
faire des présens aux rois de ce pays. On ignore à quel végé-
tal appartient ce bois, (d.)
SAMBU. L'un des noms du Sureau. Voyez Sambucus,
(s.)
SAMBUCUS des Latms, Acte des Grecs. Il y avoit deux
espèces à''acle , selon Dioscoride : la première s'élevoit
comme un arbre , et produisoit des jets en forme de baguette
ou canne, ronde, creuse et blanchâtre. Sur ces jets naissoient
des feuilles semblables à celles du noyer, réunies trois ou
quatre ensemble, et par distances, dentelées au pourtour, et
très-puantes. Les fleurs paroissoient à l'extrémité des bran-
ches, en bouquets ronds (orbiculaires) : elles étoient blan-
ches; il leur succédoit des grains d un noir rougeâlre, sem-
blables aux grains de térébinthe, et pleins d'un jus vineux
comme un grain de raisin. L'autre espèce, appelée chamœacte
et eliosacte (c'est-à-dire acte nain ou de marais) par les Grec*,
ii6 SAM
et ehulus par les Lalins, étoit plus petite, et plutôt une herbe
qu'un arbre. Sa tige, carrée, noueuse, porloit des feuilles
semblables à celles de l'amandier, mais plus longues et dis-
posées de droite et de gauche, en manière d'ailes, et par
intervalles. Elles étoient également dentées au pourtour et
piquantes. Ses fleurs ainsi que ses graines ressembloicnt à
celles de la première espèce. Ces deux plantes avoient les
mêmes propriétés ; leurs feuilles et leurs jeunes pousses ,
mangées comme les autres légumes, faisoient évacuer la bile,
et appliquées sur les brûlures, les morsures de chien et sur
les parties enflammées du corps , elles étoient fort utiles, et
appaisoient toute espèce d'inflammation. Leurs grains noir-
cissoient les cheveux, etc.
C'est à notre Sureau ordinaire (^sambucus m'gra, L. ) et à
l'HlÈBLE (^samfjucus ebulus^ L.) qu'on rapporte Vacte ou actes ,
et le diamœacte de Dioscoride, et il ne paroît pas douteux que
ce rapprochement ne soit exact. La description des feuilles,
telle que Dioscoride la donne, et qui annonceroit des feuilles
entières,ri'est pas une raison pour les éloigner de ces plantes.
En effet, Dioscoride comme les auteurs anciens , a sou-
vent décrit les divisions des feuilles ailées comme des
feuilles entières; or, en ayant égard à cette observation,
on s'apercevra aisément que Dioscoride n'a voulu par-
ler que des deux espèces de sureau que nous venons de
citer.
Pline range le sambucus au nombre des arbrisseaux aquati-
ques : il fait remarquer qu'il est composé d'une matière
spongieuse, non pas comme le ferula , car son bois est plus
massif. On trouvoit encore un sureau plus petit.que le sau-
vage, c'étoit celui que les Grecs appeloientc/mmusarfe et he-
lion. Les naturalisttts rapportent au long les propriétés et les
vertus de ces deux sambucus^ les mêmes que Dioscoride ex-
pose plus brièvement, et qui, d'après Galien, se réduisent à
ces trois qualités : d'éire dessicatives , conglutinatives et ré-
solutives.
Le peu de mots que Théophrast a dit de Vacie se rapporte
à Vacie, arbrisseau, c'est-à-dire au sureau commun. L'on dit
que le sureau étoit aussi appelé autrefois, par les Grecs et
par les Latins, arbre d'ours; ipav les Daces, seba; et par les
Celtes ou Gaulois, scobien; en France, on a dit successive-
ment sehu , suseau , suran et sureau.
Le sureau commun et celui à grappe , ainsi que le hièble et
l'obier (viburnum opuhis) , sont réunis en un seul groupe par
C. Bauhin; mais l'obier, qu il y ramène, est très-différent
dvs sureaux; ij est vrai que ce célèbre botaniste n'avoit fait
s A M 117
que suivre le sentiment de la plupart des botanistes ses prédé-
cesseurs, qui l'ont nommé samhucus aquatique^ de marais y ou
à fleurs en rose, et dont ils citent une variété rare à fleurs cou-
leur de rose. Vallerius Cordus avoit fait de l'obier une espèce
distincte de sambucus : c'' esl son lycostaphylios', c'est aussi Vopu-
lus de J. Ruel.
Dans le genre sureau ou samhucus des modernes, établi
par Tournefort, ne sont compris que les vrais sureaux et
î'hièble : on ne doit pas y rapporter, avec Burmann , la plante
que Laniarck a reconnue être une espèce di" KcsXï{cissus pédala^ ^
ni avec Plumier, M eriihalis fi-ulicosa , L.
Ventenat pense que le sureau doit son nom de sam-^
bucus, qu'il fait dériver d'un mot arabe qui s'i^xn^e purger ;
mais , outre que l'on ne trouve pas que les Arabes l'aient
nommé ainsi (le sureau est lent suloxinefrin, selon Avicenne ,
et leur jafaclè y d'après Mattbiole), Hermolaus donne une ex-
plication qui paroît plus juste; il le fait dériver de sambuca ^
nom d'un instrument de musique quiétoit aussi appelé pec-
tida, magadin et sambyx. Cet instrument devoit être une es-
pèce de flûte ou de flageolet. Un passage de Pline prouve
qu'effectivement les bergers se faisoient des flûtes avec des
branches de sureau. Voici ce passage : « Les bergers pensent
que le sambucus , cueilli dans un lieu solitaire, et d'où Ton ne
peut ouïr les chants du coq , est meilleur à faire des flûtes
que l'autre ». Q. Serenus et d'autres anciens auteurs ont
écrit sabucus au lieu de sambucus : mais il est probable que
c'est une faute d'orthographe, (ln.)
SAME. Nom que porte le Mugil muge, (b.)
SAMENO. Nom brame du patsjoiti des Malabares, Arbre
de l'Inde, figuré par Rhéede, qui est encore peu connu des
botanistes. Il conserve ses feuilles, (b.)
SAMERARIE , Sameraria. Genre de plantes établi par
Desvaux, Coup - d'ail sur la famille des Crucifères , pour
placer le Pastel d'Arménie, de Linnaeus. Ses caractères
sont : silicule orbiculaire à loge centrale , coriace , tubercu-
leuse , indéhiscente , raonosperme , bordée d'une large
membrane foliacée. V. pi. 25 , fig. 6, de l'ouvrage précité.
(B.)
SAM FU MUN et SAN TANG LUNG. Noms
donnés, en Chine, à deux arbrisseaux, que Loureiro re-
garde comme des "Wolkameria ( Wolk. inermis , L. , et
pumila, Lour. ). (LN.)
SAMIER. Adanson a donné ce nom à un Rocher dis
Sénégal, au murejo trigonus , de Gmelin. (c.)
SAMIUS-LAPIS. r. Sallius. {m.)
ii8 S A M
SAMOLE, Samolus. Plante à tiges herbacées » à feuilles
alternes , ovales oblongues , rétrécies à leur base , très-
entières, un peu fermes , glabres et luisantes, à fleurs dis-
posées en grappes axillaires ou terminales , et accompa-
gnées d'une écaille à la partie moyenne de leur pédoncule,
qui forme un genre dans la pentandrie monogynie , et dans
la famille des lysimachies.
Ce genre a pour caractères : un calice à cinq divisions et
perâstant ; une corolle hypocratériforme , à cinq lobes , à
cinq écailles filiformes, situées à la base du sinus du limbe et
conniventes; cinq étamines , insérées à la base de la corolle ;
un ovaire à demi-inférieur, à style et stigmate simple; une
capsule presque globuleuse, entourée à sa base par le calice,
qui lui est adné , uniloculaire , s'ouvrant au sommet en cinq
valves , contenant un grand nombre de semences attachées
à un placenta central, libre, pédicullé , et ayant un péri-
sperme charnu , un embryon un peu cylindrique, légèrement
courbé , à radicule intérieure.
La samu/e, qu'on appelle vulgairement mouron d'eau, se
trouve en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique ,
dans les marais et autres lieux aquatiques. Elle est annuelle ,
et s'élève au plus d'un pied. On mange ses feuilles en salade
dans quelques cantons. On l'estime antiscorbutique , vulné-
raire et apéritive. Les anciens Gaulois la regardoient comme
un spécifique contre les maladies des bestiaux , et la cueil-
loient avec des précautions ridicules.
R. Brown a réuni le genre Sheffildie à celui-ci, (b.)
SAMOLOIDE, Nom sous lequel, dit Bomare , les An-
glais ont fait long-temps usage , en guise de ihé^ d'une
espèce de véronique très - connue chez eux. V. Véronique.
(B.)
SAMOLOIDES, de Boerhaave. C'est le 5co;)flna dulds
L. , dont Boerhaave faisoit un genre qu'Adanson a réuni à
son kreideck. (ln.)
SAMOLUS. Pline, après avoir parlé du stlago, et avoir
fait remarquer que les Druides recueillent cette plante avec
beaucoup de cérémonies, ajoute que ces mêmes Druides
font un grand cas d'une herbe de marais, qu'ils appellent
samolus ( ou samulus ) ; on la cueilloit à jeun , avec la main
gauche , et sans regarder la plante , ni la poser ailleurs que
dans l'auge où les cochons, les bœufs et les vaches venolent
s'abreuver ; on l'y piloit ; et ainsi cérémonieusement pré-
parée , elle étoit souveraine contre les maladies de ces ani-
maux. Le samolus croissoit donc dans les marais des Gaules ;
mais Pline n'en donnant pas de description , on ne sait
de quelle plante il a voulu parler.
s A M 119
Quelques auteurs présument que ce peut avoir été notre
samolus valemndi. Tournefort et Adanson paroissent l'avoir
également pensé ; car , dans l'emploi des noms des anciens ,
ils ont toujours tâché de \ts appliquer pour désigner les
mêmes plantes , et ils nomment ainsi notre samohis ; l'on a
avancé , que le samolus des anciens pouvait être la Barbarée
qu'on emploie dans quelques parties de la France , au même
objet', après l'avoir cueilli , avec des circonstances sembla-
bles, le jour de la St.-Roch, »
Stroemer a nommé samolus valerandi^ le pulmonaria ma-
ritima, L.
Je ne sais sur quelle autorité Ventenat fait dériver samo-
lus , du nom de l'île de Samos , puisque Pline ne dit pas
que le samolus se trouve dans cette île. V. Samole. (ln.)
SAMONNA. L'un des noms brasiiiens du Fromager.
(LN.)
SAMOTHRACIA. « Cette pierre , dit Pline , vient de
l'île de même nom. Elle est noire , légère et faite comme
du bois. » Ces trois qualités conviennent parfaitement au
lignite. Il ne me semble pas , en lisant le texte de Pline ,
qu'il ait entendu donner le samoihracia pour une espèce de
sagda , de couleur noire , comme le pense Delaunay.
(LN.)
SAMPA. Nom vulgaire d'un palmier de Cayenne , dont
ou fait des conduites d'eau. C'est probablement un Avoira.
fc (B)
SAMPAC. Synonyme de Champac. (r.)
SAMPACCA. Deux arbres portent ce nom dans Rum-
phius. Lesampacca syh'estris , est le MiCHELlE de Linnœus , et
Je sawpacca viontana, un Tulipier, (b.)
SAMPALE. Synonyme de Tamarinier , aux Philipines.
(b.)
SAM-PA-LIM. Nom donné , en Chine , au Mélilot
de l'Inde ( meliloius indica). (ln.)
SAMPSUCHON des Grecs. Espèce de plante. Le
sampsuchon véritable croissoit près de Cyzique , et en
Crète ; selon Dioscoride , les Siciliens et les habitans de
Cyzique l'appeloientamaracon. C'étoitune herbe rampante,
très-rameuse, dont les feuilles , rondes et velues , avoient
de la ressemblance avec celles du calament à petites feuilles.
On faisoit des bouquets et des guirlandes avec cette herbe ,
à cause de sa bonne odeur; elle étoit aussi d'usage en méde-
cine , comme échauffante, résolutive et dessiccative.
lù'amaracon , suivant Théophraste , est un sous-arbrig-
s(îaii, à petites feuilles, comme le serpolet.
lîo SAM
Selon Pline, le médecin Dioclès , et presque tous les Si-
ciliens , appeloienl amaracus l'herbe que les Egyptiens el les
Syriens nommoient sampsuschus ; celte herbe renaissoit de
graine et de bouture, elle vivoit plus long-temps et étolt
plus odorante que les plantes dont il a parlé dans le cha-
pitre antécédent, et parmi lesquelles sont l'origan , le thym
et l'aurone. Sa racine étoit à Heur de terre. Il rapporte ces
lignes, chap. 12 du liv. XXi , où il traite des plantes culti-
vées dans les jardins , et dont on faisoit des bouquets et des
couronnes. On extrayoit une huile particulière, oleum samp-
fuchinum , amaracinum, du sampsuchus ou amaracus , de Crète ,
qui étoit très-eslimée.
La Marjolaine ( origanum majorana) passe assez géné-
ralement pour avoir été le sampsuchus ou amaracus des an-
ciens ; cependant-, comme ils semblent avoir donné à com-
prendre qu'il y en avoit de plusieurs sortes , il est possible
iaussi que la marjolaine ne soit qu'une d'elles. Ces plantes
-ont dû être des labiées, peut-être les espèces voisines de la
marjolaine q'ie nous connoissons encore (^ori'g. syriacum j
œgyptiacum)^ et quelques espèces de thyms ou de german-
drées.
C. Bauhin rapporte les marum de Pline , aux sampsu-
chus ; mais il est probable que Pline a voulu parler de
plantes différentes. Ce qu'il dit des marum se borne à ceci :
(c Le marum croît aussi en Egypte; mais il n'est pas aussi bon
que celui de Lydie , qui a ses feuilles plus grandes et plus
variées; le marum d^ Egypte a cependant ses feuilles petites,
plus courtes, et odorantes. » C Bauhin nomme sampsuchus
sice marum, mastlchen redolens ^ le i/iymus masticJùna : alors il
faut croire que C. Bauhin n'entendoit parler que du marum
4^ Egypte, de Pline , et du sampsuchus de Cyzique ., de Diosco-
ride : alors encore Vamaracon ou amaracus des Cretois et des
Siciliens , serpit une autre plante , la marjolaine propre-
ment dite.
Les botanistes qui ont précédé C. Bauhin, ont appliqué
le nom de sampsuchus à plusieurs espèces de labiées odorantes,
et notamment à des origans, (ln.)
SAMPSUCHUS et SAMPSUGUS. V. Sampsuchon.
(LN.)
SAMPSYCHON. V. Sampsuchon. (ln.)
SAM-SAT. V. Cay-tam-that. (ln.)
SAM -SON. Liqueur aikoolique , que les Chinois fabri-
quent avec le Ris et le Sorgho. Elle a une odeur trcs-fé-
^ide. (B.)
^SAMSTRAVADL Plante figurée par Rhéedc , et qui a
SAN 121
été rapportée au Framboisier a grappes, par Lîruiseus. La-
marck pense qu'elle est plutôt le BuTONic. (b.)
SAM TKU. Nom de la Fève ( vicia faba, L.), en Chine,
où elle est un objet de culture, (ln.)
SAMYDA. Nom du Bouleau , dans Théophraste. On
le donne actuellement à un genre de plantes, très -diffé-
rent. P. Brovvn a le premier détourné ce nom de sa vraie
signification , en le donnant à une plante d'Amérique de-
venue le type du genre samyde, des botanistes, qui répond
au guidonia de Plumier et d'Adanson. Depuis on a fait, à
ses dépens, le genre cascaria^ qui est Vanaç>inga de Jussieu et
Lamarck , où l'on place le pilumha et Yiroucana d'Aublet
( alhenaea de Schreber ) , le melistaumm de Forster , etc.
(LN.)
SAMYDE , Samyda. Genre de plantes, de la décandrie
monogynie et de la famille des samydées , dont les caractères
consistent en un calice divisé en cinq parties colorées; point
de corolle , mais en place un tube denté et staminifère ; huit
ou dix , ou douze étamines , tantôt sessiles sur les dents du
tube , tantôt à filets plus longs que le calice ; un ovaire su-
périeur, surmonté d'un style à stigmate en tête ; une capsule
à une loge et à quatre valves , recouvrant une baie , dans
laquelle sont nichées un grand nombre de semences.
Ce genre renferme des arbrisseaux à feuilles alternes , et
à fleurs sessiles et solitaires, ou disposées en corymbes , la
plupart de l'Amérique méridionale. On en compte une tren-
taine d'espèces , dont aucune ne présente de faits dans le cas
d'être mentionnés.
Les genres Caséarie , Pitumba , Mélistaure , Claste
et Anavingue , ont été réunis à celui-ci , par quelques bo-
tanistes.
Le genre Laet s'en rapproche beaucoup, (b.)
SAMYDÉES. Famille de plantes, proposée par Venle-
nat , pour placer le genre Samyde, qui ne convient à au-
cune de celles établies par Jussieu. (b.)
SANAMUNDA. Selon Clusius , les Maures du royaume
de Grenade donnoient ce nom à un petit arbrisseau qu'ils
employoient pour se purger par le bas. Cet arbrisseau , fi-
guré par Clusius ( Hisp. , p. 176), paroît être le passerina
hirsuta. Il ajoute qu'aux environs de Calpc, où il est nommé
biirhalaga , on ne s'en sert que pour chauffer les fours ; c'est
le sanamiinda , II, de Clusius, Ce naturaliste figure et ap-
pelle sauamunda I, le dapline orienki/is., L ; et sanamunda IIS,
la passerina hirsuta. Après Clusius, C. Bauhin désigna, par ce
|iom , le daphne ihymelœa ; et Barrclier \ç. daphiie tarlonreka
>" s A N
et veimiailata. Breyn. (Cent. i8 , tabl. 7), a décrit le
lachnœa conglumeraia ^ sous le nom de sanamunda III, Clusii
af finis ^ etc.
Le ^enre sanamunda d'Adanson , est le même quelepas-
seiina de Linnseus. (ln.)
SANA-SANCTA. Lobel, et d'autres auteurs de son
siècle, ont appelé ainsi la plante du tabac sana-sancta indomm.
(LN.)
SAM-BO-FU. Nom que l'on donne, au Japon, selon
Keempfer, à une plante de la famille des ombellifères. C'est
le peucedunum japuidcum , Thunb. (LN.)
SAN-CAY. Nom donné , en Cochinchine , à un petit
arbre delà famille des Myrtes. C'est \t jamholifera resinosa,
(LN.)
SANCHEZ, Sanchezlu. Plantes herbacées d'un pied de
haut , à feuilles opposées , ovales , aiguës, très-entières, vei-
nées , à fleurs jaunes , disposées en épi verlicillé , terminal ,
et accompagnées d'involucres et de bractées, qui forment un
genre dans la diandrie monogynie etdans la famille des scro-
pbulaires.
Ce genre offre pour caractères : un calice divisé en cinq
parties , dont deux plus petites ; une corolle tubulée , à cinq
divisions irrégulières; deux étamines velues , et les rudimens
de deux autres; un ovaire supérieur , à style subulé et à stig-
mate bifide ; une capsule oblongue , biloculaire et bivalve ,
contenant un grand nombre de semences aplaties.
Les sanchez sont au nombre de deux , et se trouvent au
Pérou, autour des eaux stagnantes , dans les lieux ombragés.
(LN.)
SAN-CHI-MA. Nom que porte, en Chine, Vhelicteres
anguslifoUa ^ L. (LN.)
SANCHITE. Genre de plantes qui ne diffère pas du
Bladie. On l'a aussi appelé Quakite. (b.)
SAN-COT. Nom chinois d'une espèce de Sideroxyle
( Sideroxylon cantonense , Lour. ) , qui croît dans les environs
de Canton, (ln.)
SANCTOLINA. Césalpin nous apprend que de son
temps on donnoit , en Italie , ce nom et celui de crespoUna ,
à une plante qui depuis est devenue le type du genre santulina
des botanistes(S.c/iû!mtEc//?a/-mu5,L.). Le nom ûesanctoHna, dé-
rivé du latin sancta^ sainte y rappelle la vertu de cette plante ,
employée pour guérir les blessures. Voyez Santoliisa.
(LN.)
SAN-CU. Nom chinois d'un DOLIC {dolicfios bifioius) ,
suivant Loureiro. (l^.)
SAN 123
SAND. Nom allemand et anglais du Sable. Le grès s'ap-
pelle Sandstein en allemand , et Sandstone en anglais. Les
minéralogistes étrangers donnent à ces mots les mêmes ac'
ceptions que nous, (ln.)
SANDAL. V. Altération de Saintal , Samtalin. (b.)
SANDAL WOOD TRÉE. C'est, dans l'Inde, le Si-
RIUM A FEUILLES DE MYRTE , selon Roxburg. (B.)
SANDALE. Nom que les marchands donnent à la Pa-
telle EN VOUTE et à la Carinaire. (b.)
SANDALE. Nom vulgaire de la Crépidule. (desm.)
SANDALE, Sandalus. Genre d'insectes coléoptères pen-
tamères , établi par M. Knoch, et qui nousi'paroît apparte-
nir à la famille des serricornes , tribu des cébrionites , et
avoisiner notre genre rhipicère. Ses antennes sont filiformes ,
courtes, en scie , insérées sous une protubérance au devant
des yeux , et composées de onze articles ; le labre est petit ,
membraneux , arrondi et crénelé en devant •, les mandibules
sont avancées , en forme de faux et unidenlées au côté in-
térieur ; les palpes sont courts et terminés par un article
ovalalre ; celui des maxillaires est un peu plus gros ; les pal-
pes labiaux sont plus petits et filiformes ; le lobe terminal des
mâchoires est obtus et soyeux; et leur coté interne offre une
petite dent aiguë; le menton est presque orbiculaire et ter-
miné par une petite languette, étroite et finissant en pointe;
le pénultième article des tarses est bilobé ; le corps est ovale,
oblong et se rapproche un peu , pour la forme , de celui des
vrillelles ; le corselet est transversal , plus étroit en devant ;
l'abdomen etlesélytres sont, relativement à cette dernière
partie et à la tête , fort allongés.
Ce genre a été établi sur une seule espèce qui se trouve
en Amérique ; c'est le Sandale noir, sandalus ni ger^ Knoch,
Nei^e beylreg , insecl.^ tom. i , pag. i3i et suiv. , tab, 5. Sou
corps est entièrement noir, à l'exception des tarses qui ti-
rent sur le fauve clair; les élylres ont trois nervures avec
des enfoncemens imitant des cicatrices, (l.)
SANDALIDA. F^Scandalida, L. (ln.)
SANDALIOLITE. Valmont de Bomare assure que c'est
un Madrépore fossile infundibuliformc , pédicule , etconi-
primé, sans doute une Caryophyllie de Lamarck. (b.)
SANpARACHA. La substance minérale que Pline et
Dioscoride et d'autres anciens auteurs ont décrite •comiu*;
usitée en médecine, a été, selon l'opinion de presque totJ:i,
les commentateurs, Vanenic sulfuré , et particuHèrement U
variété rouge, (ln.)
SANDARAQUE. Résine d'un fre'qiient emploi dans l'art
des vernis^ et dont les musiciens et i'js écrlyaics font usage.
"4 SAN
Elle est fournie par le Thuya articulé de Desforitaînes ,
d'après l'observation faite par Broussonnet pendant son sé-
jour dans le royauune de Maroc, (b.)
SANDARESUS. Pierre mentionnée par Pline, que l'on
confondoil, de son temps, avecle sandaslros^ et qui étoit peu
estimée. Elle avoit la couleur de la pomme ou celle d'une
huile verte. On la croyoit originaire de l'Inde. Cette partie
de l'histoire naturelle de Pline est tellement diffuse, qu'il est
impossible de faire un rapprochement tant soit peu heureux ;
mais , d'après ce que ce naturaliste dit du sandastros qu'il
place à la suite du carhonculm et de Vanthracîtis ^ on peut juger
qu'il donne à la fois l'histoire de plusieurs pierres différentes
qui n'avoient de commun que leur couleur de feu , et le san-
daresus éloit vert. Dans les diverses éditions de Pline et
dans les ouvrages de ses commentateurs, on voit tantôt le
sandastros désigné par sandaresus , et tantôt le nom de
«andaresus , altéré en sandaser , sandasereon, sandeserron,
sandareseon ^ etc.
11 ne me paroît pas du tout probable que le vrai sandaresus
ait été une prase; il nous reste donc à savoir ce que c'est. En
Orient, on connoît maintenant, sous le nom de Sandarèse,
une résine transparente comme la gomme copale, jaune ou
roussâtre, qui contient des bulles d'or et des insectes. On s'en
sert pour composer les vernis. L'on dit qu'elle se trouve fos-
sile en Perse. V. ci-après, (mn.)
SAND AROUS ou SANDARON. C'est une résine parti-
culière d'un beau jaune, transparente, en gros morceaux
irréguliers, un peu farineuse à la surface par l'effet des frot-
temens que ceux-ci éprouvent ; d'une odeur foible de résine,
brûlant avec flamme et répandant, en se boursouftiant, une
fumée de résine assez agréable ; elle est électrique par frot-
tement.
Plusieurs morceaux de celle substance résineuse contien-
nent des insectes qu'on y distingue fort bien ; M. Latreille
et moi y avons observé, entre autres, une espèce de staphylin,
un anlhribe et quelques diptères, soit à l'intérieur, soit près
de la surface.
M. Olivier a rapporté du Caire deux sortes de cette ré-
sine; l'une très-limpide ou pure, d'un beau jaune, l'autre
plus brune et plus sale; elles sont nommées sandarous par
les Egyptiens elles Arabes qui en font usage en masticatoire,
et surtout en fumigations odorantes.
L'alcool n'agit que peu ou point sur celle sorte de résine,
mais bien l'éther et les huiles volatiles, comme celle de téré-
benthine qui la dissolvent.
Forskaci avoit déjà rapporté sous le nom de sandarus , de
SAN* 125
Syrie et d'Egypte, la sandaraque ordinaire; mais, quoique
la sandarous ne soit pas cette dernière résine , il est présu-
mabie que les Orientaux en font un emploi analogue.
Tous les caractères que nous avons remarqués à la résine
sandarous ousandaron, ne nous laissent guère douter que ce
ne soit la résine copal orientale , ainsi que le pensoit Olivier
dans la note qui accompagne celte substance ; elle en mani-
feste les propriétés , et, comme la copal ordinaire , contient
aussi des insectes. On a jadis comparé cette substance au
succin,karabé ou ambre jaune, dans lequel on rencontre aussi
des insectes; mais la copal et la sandarous sont évidemment
une résine qui suinte d'un arbre ; les formes extérieurs , la
légèreté, l'odeur résineuse surtout par la combustion, et la
manière dont elle se comporte avec les réactifs: tout annonce
son origine purement végétale.
Les Orientaux reçoivent aisément la sandarous ou la copal
de l'Inde , par le commerce de la mer Rouge.
On sait que cette résine de copal découle d'un ganître ,^
elœocarpus copalliferus de Retz et de Willdenow, la vateria
iiidica, L. , arbre de la famille des guttifères, et qui croît
principalement à lîle de Ceylan. La copal d'Amérique ou
d'occident vrent du rhus copallinum , L.
Pline a jadis fait mention du sandaser ou sandaserion , san-
daseroii, sandastron , sandareson ; mais, sous ces noms différens
par l'orthographe oul'impéritie des anciens copistes, le na-
turaliste parle de certaines gemmes ou pierres précieuses
{Hist. nat. , l. XXXVII, c. 7). V. Copal et Ganître. (virey ^
SANDASTROS. Pline, dans le livre 37 , chapitre 7 de
son Histoire naturelle, traite des rubis et des pierres ardentes
et de couleur de feu. Après avoir dit deux mots de Vanihracitisy
pierre qui devoit son nom à son aspect semblable à celui du
charbon, et qui devoit être rouge à la transparence, puisqu'il
la place avec les pierres qui ont cette couleur , il passe au
sandastrus dont il y avoit plusieurs variétés. Le sandastros ^
dit g-ara/na«///e5, s'apportoit, selon l'opinion de quelques per-
sonnes , de Sandaslros dans l'Inde. On en trouvoit aussi
dans l'Arabie heureuse. La beauté du sandastros consistoit
dans sa netteté et dans sa grande transparence qui permettoit
de voir, dans son intérieur et non pas à sa surface, des gouttes
d'or brillantes comme des étoiles. Pline nous apprend qu'on
avoit quelque vénération pour cette pierre, à cause de ces
étoiles qui étoient au nombre de sept et disposées de la même
manière que les sept étoiles qui composent la constellation
des Hyades; de là vient que les Chaldéens en faisoieni usage
dans leurs cérémonies. Celte circonstance supersiitieuse ne
126 'SA N
peut nous éclairer sur la nature du sandastros, Pline ajoute
qu'on lient pour le sandastros mâle celui qui est vif en couleur
et qui laisse réfléchir son feu sur les objets qu'on en approche.
Le sandastros de l'Inde éblouissoit les yeux -, le sandastros
femelle n'éblouissoit pas autant; il étoit moins ardent et plus
agréable. Quelques personnes préféroient les sandastros d'A-
rabie à ceux des Indes, et les disoient se rapprocher de la
chrysoUthe enfumée , chrysolUlius fiimida. Suivant Isménias , le
sandastros étoit si tendre qu'il se refusoit au poli; enfin, l'on
estlmoit d'autant plus le sandastros^ qu'il étoit plus étoile.
Cependant , continue Pline, le lecteur doit êlre prévenu que
la res&pmblance desnoms cause souvent de grandes erreurs, et
le sanaaresiis en est un exemple. Nicanor appelle cette pierre
sandasereon , et d'autres auteurs lui donnent le nom de sandas-
tros, ç.i vice versa.
Les commentateurs n'ont su à quelles pierres on devoit
rapporter le vrai sandastros , et il est notoire que ce ne peut
être ni un quarz, ni un grenat, ni un rubis, ni des entroques^
ni des ?nadrépores, comme on le croit. N'étoit-ce pas un bois
de palmier pétrifié, ou plutôt une matière résineuse fossile ,
par exemple , le sandarèse du levant, qui effectivement con-
tient des bulles d'or semblables à des gouttes d'eau.'' Mais cette
opinion , comme toutes celles émises sur le sandastros , est
très-peu fondée.
Quelques auteurs ont nommé sandastre ^ des pierres sili-
cées, demi-transparentes, de couleur brune, qui contiennent
des encriniies ou enlroques (petits corps marins en forme
d'étoiles a cinq rayons ), de couleur d'or, qu'ils doivent à une
pelliculle pyriteuse qui les enveloppe. Ces pierres se trouvent,
dit-on , en Ethiopie et dans l'île de Ccylan. (ln.)
SANDAT. Synonyme de Sandre, (b.)
SANDBEINQUELLE. Selon Reuss , on a dénommé
ainsi les ostéocolles, en Allemagne, (ln.)
SAN DEAI eu. C'est le nom qu'on donne, en Cochin-
chine , à une espèce de Donc , dolichos trilobus , Leur. , dont
les racines produisent des tubérosités longues de deux pieds,
que l'on mange cuites, ainsi que les gousses de la plante qu'on
cultive pour ces deux usages, de même que le sang-ruong
{dolichos bulbosus, L.), dont les racines tubéreuses se mangent
cuites et crues. On rejette ses gousses, (ln.)
SANDERLING,, CaUdris , Briss. ; Charadrius , Lath.
(ienre de l'ordre des Écuassiers et de la famille des OEgia-
LITES. F. ces mots. Caractères: bec médiocre, droit, un peu
grêle , presque rond, à pointe lisse, dilatée et un peu obtuse ;
mandibule supérieure sillonnée en dessus, et plus longue que
i inférieure ; narines oblongues, couvertes d'une membrane,
s A N 127
situées dans une rainure; langue grêle, médiocre , pointue ;
trois doigts totalement séparés; le postérieur nul; la première
rémige la plus longue de toutes. Brisson el d'antres ornitho-
logistes ont classé Tespèce qui constitue ce genre, dans celui
de la maubèche ou du tringa ; Latham et Gmelii; en font lui
pluvier, parce qu'il n'a , comme celui-ci , que trois doigts.
En l'isolant génériquement, j'ai suivi l'exemple de M. Mever
et d'illiger; en effet, il diffère des pluviers par la forme de.
son bec, et des tringas par la privation du doigt postérieur.
Nonobstant cela, je crois qu'il seroit aussi bien placé avec
ces derniers, mais dans une section particulière , puisqu'il a
le bec d'une même conformation; il en seroit alors des son"
de/lings comme des pics et des martin-pér.heurs à trois doigts,
outridaclyles, que Ton a laissés dans Je même groupe que \es
autres.
Le Sanderling ROUGEAtre , Calidris mhidus^ Vieill. ; Cha-
radrius calidris et nihidus., Lath, Celte espèce est répandue en
Europe, dans le nord de l'Amérique septentrionale et de
l'Asie. Latham nous dit qu'elle se trouve aussi à la Nouvelle*
Galles du Sud, mais que la race qui habite cette contrée a
le bec plus court que l'espèce d'Europe, et qu'il ne l'a encore
vue que sous son plumage d'adulte ; que cependant il ne doute
pas qu^elle soit sujette à varier dans la môme progression
que celle d'Europe. Les Anglais du port Jackson l'appel-
lent sea ou shore lack ( alouette de mer ou des rivages), et elle
est connue des naturels sous le nom de wadder gai {Aen^ièmc
suppl. to the gênerai Synopsis).\je Sanderling porte aussi la pre-
mièrejdénomination dans les Etats-Unis, et les aborigènes de
la baie d'Hudson \enomm.exï\.Kislchayc]ie kiskatveshisch ; mais
là il n'est connu que sous son plumage d'été , vêtement qui a
donné lieu à en faire une espèce particulière sous le nom de
ruddy plover {charadrius ruhidus). Sanderling el Curmllet sont les
noms qu'il porte en Angleterre, et c'est sous le premier qu'on
le connoît en France.
Le sanderling se présentant dans la même année sous di-
verses livrées qui peuvent donner lieu à des méprises, j'ai
cru devoir en donner plusieurs signalemens. Il a , cprès la
mue et pendant l'hiver, le dessus de la tête et du cou, gris et
varié de noir; une petite bande grise entre l'œil et le bec; le
dos, les plumes scapulaires, gris; ces dernières bordées de
blanc ; le front, les joues, les sourcils, la gorge, le devant du
cou et les parties postérieures de cette couleur; le bord de
l'aile un peu au-dessus du pli, varié de noir et de blanc ; les
petites couvertures des ailes, noirâtres ; les moyennes et lei
grandes de celte teinte dans le milieu, et blanches sur les
Lords ; les pennes plus ou moins variées de cette couleur ; les
128 SAN
trois plus proches du corps, brunes el frangées de Liane ; les
pennes de la queue bordées de blanchâtre , les deux intermé-
diaires brunes sur leur milieu; les latérales grises; le bec et
les pieds noirs. Longueur totale , sept pouces trois lignes.
D'autres individus ( tel que celui quv a été trouvé à Terre-
Neuve , et que décrit Latham, comme variété ) ont les par-
ties supérieures d'un cendré brunâtre mélangé de brun et
rayé de noir ; le front et les parties inférieures d'un cendré
blanc ; les petites et les moyennes couvertures des ailes noires
et frangées de blanc ; les grandes cendrées, avec leur bord
blanchâtre ; les pennes alaires et caudales noirâtres.
Le sanderling porte , dans la saison des amours, une
livrée très-différente , sous laquelle nous ne le voyons pas
en France. C'est d'après cette livrée, comme je l'ai déjà
dit, qu'on en a fait une espèce particulière et qu'il est fi-
guré àansV Americ. oniitlwlogy de Wilson , planche 63, fig. 3.
Il a la tête, le cou, la poitrine et les scapulaircs d'une teinte
rougeâtre, tachetée de noir el comme poudrée de blanc; ces
trois couleurs sont distribuées sur les plumes, de manière que
la première est vers les bords, la seconde au centre, et la troi-
sième à leur extérieur, ce qui fait paroîîre l'oiseau couvert
d'un vêtement très-bigarré; le vcnire el les parties posté-
rieures sont d'un blanc pur ; les petites couvertures des ailes
blanchâtres et d'un olive pâle, les autres noires, ainsi que les
deux pennes intermédiaires de la queue ; les pennes primaires
de l'aile de celte couleur à l'extérieur, et blanches en dedans ;
les latérales delà queue d'un cendré pâle, el bordées de blanc.
Des individus ont les plumes du dos d'une couleur uniforme;
chez d'autres , le noir domine.
M. Montagne décrit ainsi, dans ï Appendix. du supplément
1o the ornii/iological Diciionnary, des individus tués par M. Bul-
lock, à la fin de juin, dans le nord de l'Ecosse. Toutes les par-
ties supérieures sont rougeâtres ou rousses , et , quelques-
unes , d'un ferrugineux brillant et tacheté de noir; la tête , le
cou, les joues et la gorge , roux , avec des petites raies noires ;
les plumes du dos et des scapulaires, ferrugineuses, avec de
larges tachesnoires sur leur milieu; les taches sont plus grandes
sur les scapulaires que sur le dos ; quelquefois le noir est coupé
par une bandelette ferrugineuse, ce qui donne lieu à deux ta-
ches , mais peu remarquables ; elles sont aussi terminées de
blanc ; le croupion est pareil au dos ; le bas de la poitrine et
les parties postérieures sont blancs; les pennes primaires noi-
râtres , les secondaires semblables , avec plus ou moins de
blanc vers leur base ; les petites couvertures d'un brun som-
bre, les grandes plus au moins terminées de blanc ; les pennes
du milieu de la queue noirâtres et bordées de roux ; les lalé-
SAN 129
raies cendrées en dehors.et blanches en dedans; les deux plus
extérieures presque totalement de la dernière couleur, elles
autres devenant graduellement plus pâles, à mesure qu'elles
approchent de celles du centre. En6n , à l'époque des mues
que les sanderlings subissent, leur plumage présente beau-
coup de variétés; mais la couleur grise indique toujours la
livrée d'hiver, et la teinte rousse celle d'été, (v.)
SANDERLING D'ARBRES .Dans Albin, c'est le nom
de I'Alouette de mer. (s.)
SANDERZ. Les mineurs allemands donnent ce nom aux
grès et aux roches sableuses qui contiennent disséminées une
ou plusieurs sortes de minerais, (ln.)
SA ND H UAL. L'un de^ noms danois de la Iîaleine
FRANCHE. (DESM.)
SANDIX. Chez les anciens , ce nom paroît aroirété sy-
nonyme de Satmdaracha, ou bien celui d'une composition
dans laquelle entroit le Sandaracha. V. ce dernier mot (ln )
SANDMAUS. V. Hamster sablé, (desm.)
SANDMERGEL. Nom des Sables argileux, en alle-
mand, (lts.)
SAiSDORlCUM. Arbre de l'Inde figuré par Ruraphe
( Amb. I , tab, 64 ) , et qui est décrit à l'article Hantol Cln ")
SANDRAG. V. Sandarac. (ln.) ''
SANDRE, Poisson de nos rivières , que Linnseus avolt
placé parmi les Perches {perça luciopercà)^ et que Lacépède a
porté dans son genre Centropome. Cuviervientde lefaire ser-
vir àl'établissement d'un sous-genre. Ses caractères sont : tête
dépourvue d'écaillés; gueule armée de dents pointues et écar^
tées ; des dentelures au préopercule ; des piquans à l'opercule.
La SciÈNE coro et de l'Ile-de-France paroît devoir
faire partie de ce sous -genre, (b.)
SANDSCHIEFER et SANDSTEINSCHIEFER. Dé-
nominations allemandes des grès à structure fissile ou schis-
teuse, lesquels sont presque toujours des Grès micacés, ("ln "i
SAN-DSJOKA et JAMME-MIOGA. Noms japonais
du globha japonica ^ Thunb., selon Ksempfer. (ln.)
SANDSTEIN. Nom allemand du Grès. V. ce mot et
Sand. (ln.)
SANDSTEIN. C'est le nom que porte , en Prusse , la
variété de SucciN qui sert à faire de l'huile de succin. (ln.)
SAND-VOGEL. Un des noms allemands de la perdrix de
mer ou GlarÉOLE. V. ce mot. (v.)
SANE-RADSURA. Arbrisseau rampant du Japon , dont
les feuilles fourqissent, par leur démction, un mucilage pro-
pre au collage du papier. Malgré la description de Ksempfer,
oa ne sait à quel genre il appartient, (b.)
î3() S A ]N
SANG, Sanguîs. La liqueur qui arrose et- nourrit (oulcs
les parties d'un corps vivant , peut être considérée comme
son sang , quoiqu'elle soit très-variable dans chaque classe
d'êtres. Ainsi , la sève est , pour ainsi dire , le sang des plan-
tes ; les liqueurs blanchâtres qui circulent dans les vaisseaux
des mollusques , des insectes , ou celles qui arrosent le pa-
renchyme des zoophytes , sont une sorte de sang pour eux ,
comme le fluide rouge qui roule dans les artères et les veine»
des quadrupède*, des oiseaux, des reptiles et des poissons.
C'est du sein des liquides que les parties solides des êtres ti-
rent leur commune origine, de sorte qu'on a dit avec raison
que le sang étoit une chair coulante , et qu'on peut dire de
même que la sève est du bois encore liquide.
Nous traitons ailleurs de la Circulation des fluides dans Us
corps vivans ; ici, nous nous occupons uniquement de la na-
ture propre du sang, considéré , non-seulement dans IV-spi^ce
humaine , mais encore dans tout le règne animal ; car , djus
l'histoire naturelle , il faut sans cesse généraliser ses vues er
embrasser un système complet , si Ton ne veut pas j^erdre le
fruit des vraies et utiles connoissances.
La quantité du fluide sanguin varie dans les divers indivi-
dus de la même espèce , de telle sorte qu'on n'en peut fixer
exactement la quantité ; car les individus très -gras en ont
moins que les maigres, et ceux des climats chauds que ceux
des pays froids. Ainsi , les animaux du Nord , et surtout l(\<;
espèces aquatiques , comme les phoques , les cétacés , ont une
grande quantité de sang , parce qu'ils transpirent peu et ab-
sorbent beaucoup d'eau.
Les animaux carnivores qui boivent peu , et s'exercent
beaucoup , ont un sang épais et peu abondant. Les personnes
rachiliques ont moins de sang cfue les autres hommes ; mais
les Croënlandais, les Esquimaux, en ont beaucoup et d'une
nature épaisse , visqueuse , comme celui des phoques , dont
ils se nourrissent.
Le sang des différentes classes d'animaux n'est pas moins
diversifié que ces êtres ; car il y a peut-être autant de diffé-
rences dans les humeurs de chaque individu , qu'il existe de
différences à son extérieur. On s'aperçoit aisément que les
humeurs , et particulièrement le sang , doivent éprouver des
modifications par l'influence de l'organisation et par l'énergie
des fonctions vitales. Ainsi le sang , pris dans les divers orga-
nes du corps , est différent dans sa nature intime , comme l'a
fait voir Legallois. Indépendamment de ces modifications
générales par lesquelles chaque organe change le sang qu'il
reçoit, il en existe encore de particulières, qui ne sont le
plus souvent qu'accidentelles et momentanées , telles que
s A N i3£
celle du jeune âge, où h masse sanguine est relativement pliis
abondante , plus séreuse et plus gélatineuse que dans la
vieillesse.
Les espèces d'animaux sauvages sont aussi douées d'un
sang plus copieux et plus chargé de matière fibreuse que les
mêmes individus gras et asservis à la domesticité.
Il existe en outre , dans le sang, des différences inappré-
ciables à nos organes , mais que certains effets démontrent.
Par exemple , le poison de la vipère n'agit pas sur le,sang tiré
du corps , comme sur celui contenu dans l'animal , suivant
Fontana. La potasse injectée dans les veines , y coagule le
sang, tandis que hors du corps , elle dissout au contraire ce
liquide et son caillot. Le sang , dans le corps vivant, a donc
une sorte de vitalité qui lui est propre ; elle diffère même
essentiellement de la vitalité d'une autre espèce ; car on a
éprouvé , par la transfusion , que le sang d'un animal ne con-
venoit point du tout à un autre animal , fût-il de la même
espèce. Qui ne voit point en effet que le sang du bilieux n'esfc
point celui du flegmatique, et que celui de la femme diffère
de celui de l'homme ? Cependant la chimie ne peut pas déter-
mmer ces différences , trop délicates pour ses instrumens.
De plus , la chimie n'examine jamais le sang et les autres
humeurs dans l'état de vie ; mais elle n'agit que sur le sang
mort ; elle n'examine qu'un cadavre inanimé ; car , aussitôt
que cette liqueur sort du corps vivant , elle se refroidit, elle
commence à se coaguler , à se diviser en deux portions, l'une
transparente presque- incolore , delà nature du blanc d'œuf;
c'est le sérum ; l'autre , épaisse , rouge , solide , que l'on nomme
le caillot: ce qui n'arrive jamais dans le corps vivant et sain.
Le sang des hommes robustes et exercés , celui qu'on tire
dans les maladies inflammatoires , est plus coagulable que tout
autre ; de là vient cette sorte de couenne au-dessus du sang
tiré par la saignée dans ces maladies très-aiguës.
11 y a même une partie volatile odorante qui s'exhale dit
sang qui sort de l'animal. C'est une sorte d'effluve vital.
Traité au feu , le sang n'offre que des produits communs
avec toutes les matières animales , une eau fétide , une huile
empyreumatique , du carbonate ammoniacal , de l'acide prus-
sique ou hydrocyanique , quelques sels, et des gaz hydro-
gène, carboné et sulfuré. Les aeides concrèlent le sang, les
alcalin le dissolvent , les astringens précipitent l'oxyde de fer
qu'il contient plus ou moins abondamment. 11 y a plus de fer
dans le sang des hommes robustes , que dans celui des fem^
mes qui ont les pâles couleurs. Cette quantité du fer peut
être augmentée en prenant des médieamens ferrugineux ou
martiaux, comme l'a vu Menghiui.
i3a S A K
Si l'on lave avec précaution le caillot , on en obtient une
matière blanche et fibreuse qu'on nomme ^brine. Elle paroît
destinée à réparer les fibres qui s'usent en se déposant dans le
lissu des organes. Elle est plus abondante chez les mâles que
dans les femelles , chez les individus actifs que dans ceux qui
se donnent peu d'exercice. Une cause puissante y contribue
surtout , c'est l'étendue de la respiration. Ainsi, les oiseaux
qui, de tous les corps vivans, respirent le plus , ont un sang
très-chargé de fibrine ; ensuite viennent Thomme et les qua-
drupèdes vivipares , puis les cétacés ; et enfin les reptiles et les
poissons , chez lesquels la respiration est tvès-peu considé-
rable , ont un sang peu fibreux et qui se coagule à peine de
lui-même. La nature de la chair de ces animaux est aussi fort
différente de celle des oiseaux et des quadrupèdes ; car leurs
fibres sont plus sèches, plus rigides. Comparez la chair cuite
de la grenouille ou de la carpe, avec celle du mouton , du
chapon ; le caractère en est tout différent , et cette diversité
dépend de la nature du sang. F. Respiration ou Poumon.
Le sérum est en proportion variable dans le sang , selon
les espèces et les individus. En général , à mesure que les ani-
maux ont une température plus élevée , qu'ils prennent une
nourriture plus abondante et qu'ils digèrent plus rapidement ,
leur liqueur sanguine est plus riche en matière fibreuse et
albumineiise ou séreuse. D'ailleurs , dans quelques individus ,
l'action vitale se dirige vers la sanguification ou l'hématose
d'une manière plus énergique que chez d'autres; de là sortent
plusieurs différences, sans compter celles qu'apportent des
sécrétions plus ou moins considérables, des nourritures va-
riées , des changemens dans l'état du corps , soit sain , soit
malade , ce qui produit encore une foule de variations indé-
terminées dans ce fluide animal.
Le sang des animaux à squelette osseux et à double système
nerveux ( l'homme , les quadrupèdes vivipares , les cétacés ,
les oiseaux, les reptiles et les poissons) se distingue en deux
parties; celui des artères qui est d'un beau rouge , et celui
des veines qui tire sur le noir. Le premier acquiert cette cou-
leur par sa combinaison avec l'air respiré , comme nous l'ex-
pliquons au mot Poumon ; il est , de plus , dépositaire des
molécules nutritives et réparalives des organes dont il sou-
tient l'existence ; c'est un sang vivifiant , le seul qui puisse
exciter l énergie du système nerveux ; le sang veineux , au
contraire , rapporte les molécules qui n'ont pu servir à la ré-
paration du corps , pour les travailler de nouveau dans le
système respiratoire, pour les mélanger à de nouvelles subs-
tances nourricières ; il est en outre appauvri d'une grande
partie ce sa matière fibreuse et vitale qu'il a déposée dans
s A N i33
les organes. Le sang des animaux peut donc être divisé en
sang artériel on vital et réparateur y et en sang veineux appauori
el amorti. Cette différence est si marquée , que celui-ci ne
peut exciter le cerveau ni le système nerveux ; il ne peut
même passer dans les artères sans asphyxierTanimal, comme
s'il ne reepiroit pas. D'ailleurs , il est bien plus chargé de
carbone et d'hydrogène que le sang artériel , celui-ci étant
combiné avec beaucoup de gaz oxygène extrait par la respi-
ration.
La couleur du sang varie suivant les classes d'animaux. Il
est plus ou moins rouge dans tous ceux qui ont un squelette
osseux"; il est jaunâtre ou blanchâtre dans la plupart des mol-
lusques et des insectes , rougeâlre dans les vers articulés , et
aqueux, transparent, dans les zoophyles. Onpourroitmême,
à la rigueur, refuser le nom de sang aux liqueurs qui imbi-
bent ces animaux imparfaits des derniers rangs ; car elles
paroissent être le même fluide que l'eau dans laquelle ils sont
plongés. Il semble , en effet , que ce liquide distribue les
molécul.es nutritives dans toutes les parties de leur corps.
Parmi les quadrupèdes vivipares , les espèces carnivores
ont moins de sang, mais il est riche en fibrine; c'est pour cela
que sa coagulation est fort prompte. Ces animaux sont par-là
très-exposés aux concrétions polypeuses , comme tous les in-
dividus robustes ; leur sang est aussi chargé de beaucoup de
carbone. Parmi les rongeurs, plusieurs espèces , telles que
la marmotte, le hamster, les loirs» etc., etc. , s'assoupis-
sent en hiver , ce que Buffon attribuoit à la froideur de leur
sang. Celte opinion a été détruite par Sullzer , Pallas ,
Gmelin et Vicq-d'Azyr ; car le sang est toujours au même
degré dans tous les rongeurs. Il est assez liquide , bien que
ces animaux boivent rarement et urinent beaucoup ; mais ils
vivent de substances végétales plus ou moins humides.
Les ruminans ont un sang très-épaissi et carboné, à cause
des végétaux dont ils se nourrissent. Les animaux à cuir
épais, tels que les cochons, les rhinocéros, leséléphans, ont
un sang huileux ou bydrogéné ; mais ceci devient surtout
remarquable chez les animaux marins , comme les phoques ,
les lamantins et les cétacés. Leur sang est tellement hydro-
géné et phosphore , qu'on a vu le gaz qui s'échappoit de ce-
lui d'un cachalot prendre feu de lui-même. Cet effet dépend
en partie de ce que la respiratîlïh est moindre chez ces mam-
mifères que dans les autres ; aussi leur sang est-il noir et
visqueux.
Dans les oiseaux , le sang est très-chargé de fibrine , à canse
de leur grande et forte respiration. Les oiseaux marins ont
un sang huileux , à cause de la nature de leurs alijncns , doa?
iH S A N
l'huile transsude dans tout leur corps, et imprègne mt^me
leurs œufs. Les gallinacés et les autres espèces qui volent peu
ou point , ont une fibre plus molle et le sang moins épais.
£n général , le sang des animaux chauds ( les mammifères
et les oiseaux) est plus fibreux, plus albumineux , plus épais
que celui des animaux à sang froid, car ceux-ci mangent et
digèrent beaucoup moins que les premiers ; leur circulation
est plus lente, leur respiration beaucoup plus imparfaite, leur
vitalité moins développée , leur sensibilité plus obtuse ; des
fonctions moins énergiques , exigent des fluides moins ri-
ches , moins abondans, La quantité d'oxyde de fer est aussi
moins considérable dans le sang des animaux froids , de
même que les globules qu'on y remarque au microscope.
Les humeurs des reptiles et des poissoqs contiennent peu
de gélatine et d'albumine. Les serpens ont peu de sang , de
même que les lézards, et il ne se coagule qu'imparfaitement.
Celui des tortues ne se concrète que par la chaleur du feu. Le
liquide sanguin des poissons diffère peu de celui des précé-
dens ; mais comme ils respirent encore plus imparfaitement ,
par leurs branchies qui ne tirent que l'air contenu dans l'eau,
leur sang est peu coloré , et le caillot très-peu abondant. Ces
animaux ont , en général, le système de la veine-porte très-
huileux, parce que leur sang est très hydrogéné. Il est aussi
plus gélatineux que celui des reptiles. La graisse des poissons
peut se changer en sang , lorsqu'ils maigrissent pendant l'hi-
ver ; mais en général ce fluide contient peu de fer dam cette
classe d'animaux. Le posphate calcaire est aussi peu abon-
dant dans le sang des animaux vertébrés et froids. On re-
marque une idiosyncrasie muqueuse dans les poissons carti-
lagineux et les branchiostèges , qui vivent au milieu des eaux
tourbeuses.
Chez les animaux privés de vertèbres et d'un squelette arti-
culé , le sang ne contient plus de phosphate calcaire , mais
seulement du carbonate de cette terre. La liqueur qui lient
lieu de sang dans les mollusques, ne tient pas du fer en disso-
lution; aussi n'a-t-elle qu'une couleur pâle et jaunâtre. C'est
une sorte de lymphe muqueuse et gélatineuse analogue au
chyle. Desséchée à l'air en plaques cornées, elle ressemble à
du mucus nasal. Sa saveur est insipide , excepté dans Wiplisia
depiïans, le murex qui donne la pourpre , et quelques autres
espèces chez lesquelles on Kl trouve acre , brûlante et nau-
séeuse. Le sang des crustacés est analogue à celui des coquil-
lages. Desséché, il présente une matière fibreuse , et Leu-
wenhoeck y a trouvé des globules. Le sang des insectes est
grisâtre et fort aqueux ; on assure qu'il ne se gèle point par
le plus grand froid. {Méoi. acad. , scienc.^ 1734, pag. 88.) Le
SAN i35
sang des vers articulés est rouge dans toutes les espèces ,
coimne on l'avoit déjà remarqué dans le ver de terre ; on ne
connoît rien de la liqueur muqueuse qui abreuve les zoo-
phytes.
Dans l'homme et les quadrupèdes , le sang est quelquefois
iicre , quelquefois doux et aqueux ; les passions influent sur
sa nature physique , et il contient plus ou moins d'air vital ou
de gaz oxygène. Sa chaleur, toujours à peu près égale, se sou-
tient à 32 degrés. A la chaleur de l'eau bouillante , le sérum
se coagule comme du blanc d'œuf. Il est alkalin , se con-
crète par les acides , et contient des sels terreux. La partie
colorante du sang est principalement le fer qui y est com-
biné h l'acide phosphorique qt sursaturé d'oxygène. MM.
Jîrande et Vauquelin , ont trouvé que. le sang contenoit
une matière colorante particulière , rouge, sorte de principe
animal. Il existe , en outre , du soufre , des muriates , avec
l'albumine et la fibrine, mais point de gélatine. Il paroît que
le sang artériel est plus chaud que le veineux , parce qu'il
contient plus d'exygène; celui des poissons et des reptiles n'a
guère que trois degrés de plus que la chaleur atmosphérique ,
parce que ces animaux respirent peu , comme nous le disons
aux articles de la Respiration et de la Circulation.
Il est certain quf: le sang éprouve beaucoup de change-
mens dans les maladies ; par exemple , il est privé d'une
grande portion de fer dans la chlorose ou les pâles couleurs ;
il est couenneux dans les maladies inflammatoires ; collant »
brun et visqueux chez les hydropiques ; laiteux dans les ca-
chexies des nourrices; bilieux peut-être dans la jaunisse , etc.
Mais il reste encore beaucoup à faire pour connoître la na-
ture de cette liqueur importante , de laquelle toutes nos parties
solides tirent leur origine. L'homme , les animaux , sont
fluides avant d'être composés de substances plus fermes. Il
faut bien que ces liquides jouissent de la vie, puisqu'ils la dis-
tribuent à tous nos organes , et qu'ils sont les instrumens com-
muns de la réparation et de la destruction de tous les corps
vivans. F. Circulation, (virey.)
SA'NG-DE-DRAGON. Espèce de gomme-résine rouge
d'un usage assez fréquent en médecine
On trouve dans le commerce plusieurs substances qui por-
tent ce nom. Les unes sont fournies naturellement par le
Dragonier ; les autres sont tirées par incision de deux es-
pèces de Ptérocarpe de l'Inde, par décoction du fruit
d'une espèce de Rotang, et d'un arbre du Mexique, dont
les feuilles sont semblables à celles de la Molène.
Il paroît que le plus commune en Europe est celui du rc-
lans.
i36 SAN
Le Croton a feuilles d'abutilon, qui croît dans la
Nouvelle-Grenade, donne aussi une gomme roagequi porte
ce nom.
On emploie assez fréquemment le sang-de-dragon comme
astringent dans ladyssenterie, les hémorragies et les ulcères
internes ; mais il a besoin d'être administré par une main
exercée , car son usage est dangereux. Appliqué extérieure-
ment , il dessèche les ulcères , procure une prompte cica-
trisation aux plaies, raffermit les gencives; les opiats sont
souvent colorés par son intermède , et on l'emploie dans
certains vernis, (b.)
SANG-DE-DRAGON. Nom vulgaire de la Patieî^ce
SANGUINE aux environs d'Angers, (b.)
SANG DES MARAIS. C'est 1' Agaric scarlatin de
BuUiard , que Paulet a figuré de nouveau, pi. io6 de son
Traité des champignons. Il ne paroît pas dans le cas d'être
mangé. On le reconnoît à sa couleur de sang, à son pédi-
cule contourné, et à sa grandeur, au plus de deux pouces, (b.)
SANGA. Arbre d'Amboine qui est figure par Rumphius,
mais dont les caractères sont imparfaitement connus des bo-
tanistes. Il paroît se rapprocher des Hernandies. C'est lui
qui fournit le vernis noir des Chinois. Ses émanations pas-
sent pour vénéneuses, (b.)
SANGAM BOUTILLE. Ngra du Guêpier à Malimbe.
(y)
SANGENON. Pline, en traitant des opales, fait re-
marquer que quelques personnes distinguent des opales, les
pierres que les Indiens nomment sangenon. Elles nous sont
inconnues, (ln.)
SANGIUS. On voit figurée sous ce nom, dans Rumphius,
la SlALITE DENTELÉE. (B.)
SANGLIER. Poisson du genre Capros. (b.)
SANGLIER {Susaper, Sus férus). Mammifère de Tor-
dre des Pachydermes et du genre Cochon. F. ce dernier
mot. (desm.)
SANGLIER D'AFRIQUE. V. l'article Phascochœre,
(desm.)
SANGLIER D'AMÉRIQUE. Des voyaj^eurs et des na-
turalistes ont donné ce nom aux deux espèces du genre Pé-
cari, (desm.")
SANGLIER DU BRÉSIL. F. Pécari, (desm.)
SANGLIER DU CAP VERT. F. Phascochœre d'A-
frique, (desm,)
Sy's^NGLÎEH D ETHIOPIE. V. Phascochœre d'Afrn
<iUE. (DESM.)
SAN i37
SANGLIER HIDEUX. Dénomînation appliquée par
Dampier au Phascochœre d'Afrique, (desm.)
SANGLIER DES INDES. Brlsson désigne sous celte
dénomination le bahiroussa, espèce de Cochon, V. ce mot.
(desm.)
SANGLIER DE MAP AGASC AR ( Sus laroatus , Fréd.
Cuv. ). V. l'article Cochon, tome 7, page 292. (desm.)
SANGLIER A MAS QUE. V. Sanglier de Madagas-
car, (desm.)
SANGLIER DU MEXIQUE. V. Pécari, (s.)
SANGLIER DES MOLUQUES. C'est le babiroussa.
V. l'art. Cochon, (desm.)
SANGRE DE DRAGO. Nom que les habitans de la
Nouvelle-Grenade donnent au Croton A feuilles d'à
BUTILON , dont le tronc laisse couler une gomme rouge.
(B.)
SANGRIA. Boisson dont on fait fréquemment usage à
Manille. C'est une limonade légère dans laquelle on met du
vin. Elle est plus agréable et plus saine que le Punch.
SANGSUE, Hiriido. Genre de vers aquatiques, qui a
pour caractères : un corps oblong, mutique , très-contractile,
ayant les deux extrémités susceptibles de se dilater en un
disque charnu, qui se fixe, par une forte succion, comme
une ventouse ; une bouche triangulaire , située sous l'extré-
mité antérieure.
Le nom des sangsues est très-connu par le fréquent usaee
que la médecine fait d'une ou deux de ses espèces; mais
malgré les recherches faites dans ces dernières années, leur
histoire n'est pas encore bien connue.
Le corps des sangsues est composé d'un très-grand nom-
bre d'anneaux, ou mieux de muscles circulaires qui servent
à former les divers mouvemens qui leur sont propres. Leur
peau est plus ou moins rude , plus ou moins tuberculeuse >
suivant les espèces; mais elle paroît toujours lisse au tou-
cher, parce qu'il en transsude une humeur visqueuse -desti-
née à faciliter leurs mouvemens. Leur tête, dans son état do
contraction, est beaucoup plus pointue qOe leur partie pos-
térieure , mais l'une et l'autre s'élargissent également lors-
qu'elles veulent se fixer.
La bouche des sangsues est une ouverture triangulaire ,
placée au fond de la ventouse antérieure. Elle est armée de
trois dents très-aiguës et assez fortes, capables de percer
:.ia SAN
jjon-sealemenl la peau d'un homme , mais encore celle d'un
cheval ou d'un bœuf. C'est un inslruinenl à trois tranchans,
chacun garni de soixante denlicules. Au fond de la bouche
est un mamelon très-apparent , d'une chair assez, ferme , qui
sert à sucer le sang qui sort de la triple plaie de l'animal
mordu. Ensuite se présente le pharynx dont les fibres circu-
laires et robustes rétrécissent le canal et déterminent l'écou-
lement, dans l'estomac, du sang qui vient d'être pompé.
Cet estomac est formé par une suite de poches membraneu-
ses , garnies de valvules, dans lesquelles le sang peut rester
plusieurs mois sans se cailler. Il y a jusqu'à vingt-quatre de
ces poches dans les sangsues de moyenne grosseur ; mais il
paroît que leur nombre varie. Comme le sang d'un animal
quelconque est le résultat le plus pur de la nourriture qu'il
a digérée , la sangsue, qui se l'approprie, n'a pas besoin
d'anus , comme les autres animaux , pour rejeter une partie
jndigeslibic ; aussi ne lui en découvre-t-on pas. Il est pos-
sible que le peu de parties hétérogènes qui peuvent se trou-
ver dans ce sang, dit Morand, qui a publié un Mémoire
sur les sangsues , s'en sépare par la transpiration et forme
même la matière gluante qui se voit sur la peau et se mon-
tre en filamens noirâtres dans l'eau où on conserve ces ani-
maux.
On voit dans la sangsue , latéralement sous le ventre ,
deux vaisseaux longitudinaux ramifiés, ayant un mouvement
de systole et de diastole. Ils distillent une liqueur grise. Au
milieu se trouve le cordon nerveux , composé de vingt-trois
t;.inglioiis , et de chaque côté des espèces de glandes remplies
«i'imi; liqueur limpide. Ces glandes ont plusieurs petits vais-
seaux qui vont se perdre dans le corps de l'animal.
Il paroît que les sangsues respirent par la bouche ; mais
on ne connoît pas encore ce qui leur tient lieu de poumons.
La plus grande partie ont des yeux dont le nombre varie
selon les espèces , depuis un jusqu'à huit ; cependant , il en
est plusieurs du nombre des espèces connues , dont les yeux
n'ont pas encore été observés.
Les sangsues nagent à la manière des anguillesj , par un
mouvement vermiculaire ; mais elles ont cela de particulier ,
de faire ce mouvement uniquement de bas en haut ou du moins
rarement par les côtés. Lorsqu'elles veulent marcher, elles
se fixent par ladjparlie postérieure , s'allongent en devant ,
ensuite elles fixent leur bouche , détachent leur partie pos-
térieure , se contractent, se fixent de nouveau, et par ces
nmuvemens toujours répétés, arpentent ( c'est le mot ), avec
une assez, grande rapidité , des espaces considérables.
Lorsqu'on coupe une sangsue transversalement, les dei^x
SAN i39
parties séparées ne meurent pas sur-le-champ ; celle où se
trouve la tête vit quelques jours de plus que Tautre. Si la
coupure n'est pas complète , c'est-à-dire , qu'il reste encore
un filet qui unisse les deux parties de l'animal, il soulève
hors de l'eau la plaie , jusqu'à ce qu'elle soit cicatrisée de
chaque côté , car les p-arlies ne se réunissent jamais.
Il paroît que les sangsues croissent non-seulement par dé-
veloppement , mais encore par augmentation, c'est-à-dire,
que les vieilles ont un plus grand nombre d'anneaux que les
jeunes.
Les sangsues sont hermaphrodites et vivipares. Les mâles
et les femelles ont, selon Rhédi , la même conformation
dans les organes de la génération , que les limaçons ; on veut
dire une verge , et au-dessous d'elle , un organe femelle ,
placés tous deux sous l'œsophage. C'est aux premiers jours
du printemps , qu'elles font leurs petits. Comme la plupart
sont transparentes , on voit quelquefois ces petits , en forme
de grains ronds , dans leur corps, et on en a compté jusqu'à
soixaute-dix dans une seule,
Les sangsues se trouvent dans les eaux douces ou salées,
(belles d'eau douce préfèrent les mares et les étangs où il
croît une grande quantité de végétaux. Elles sont fort com-
munes dans toute l'Europe, cependant moins dans la partie
méridionale. Elles paroissent pouvoir vivre plusieurs années ;
mais , outre les causes générales de destruction auxquelles
elles sont soumises ^ telles que la dessiccation, et surtout la
putréfaction, pendant les clialeurs de l'été, des eaux où elles
se trouvent , ellesipnt un tré^rand nombre d'ennemis qui
les poursuivent continuellement pour s'en nourrir. Les prin-
cipaux sont les poissons et les oiseaux d'eau. Un très-grand
nombre de larves d'insectes , et même d'insectes parfaits,
en font également leur proie. Elles se détruisent aussi les
unes par les autres ; celles qui sont à jeun , saignent , sans
miséricorde , celles qui sont gorgées de nourriture , ainsi que
Vauquelin et autres l'ont observé.
A défaut de sang , les^sangsues sucent les larves des in-
sectes, les vers et autres animaux qui se trouvent dans les
eaux , habituellement ou par accident. Elles peuvent vivre
plusieurs mois sans manger. Elles passent tout l'hiver , et
même souvent l'été , lorsque leur domicile se dessèche, en-
foncées dans la boue , sans prendre d'alimens.
Le sel marin, et en général toutes les substances salées
et acres , font mourir les sangsues, et ce sont ces substances
qu'on doit employer de préférence pour débarrasser un
homme ou un animal que son malheur auroit conduit dans
les eaux QÙ elles sont abondantes; car lorsqu'on cherche à les
i4o s A N
arracher de force , elles laissent presque toujours leur tôle
dans la plaie , ce qui occasione des accidens graves ; et
lorsqu'on les coupe en deux , elles laissent couler le sang
qu'elles contiennent , continuent de sucer , et produisent
l'effet d'une hémorragie.
^Les sangsues ne sont pas toutes également propres à êire
employées en médecine. On préfère l'espèce appelée ojfi^
anale; mais il n'est pas vrai que la sangsue noire soit veni-
meuse. Elle suce seulement avec plus de force que celle
qu'on vient d'indiquer. On doit les ramasser de préférence
au printemps , les conserver dans de l'eau pure , qu'on re-
nouvelle fréquemment, surtout en été. Il faut leur donner de
temps en temps des caillots de sang ; et en avoir toujours une
certaine quantité dans un vase particulier ; on les laisse com-
plètement jeûner, pour être, par-là , prêles à être employées
au besoin.
11 y a quelques années que les papiers publics préconi-
sèrent les sangsues comme pouvant indiquer d'avance le beau
et le mauvais temps , le froid et le chaud. Un curé , qui le
premier donna l'éveil à cet égard, prélendoit qu'une sang-
sue y conservée dans un bocal sur une fenêtre , restoit au
fond, sans mouvement, lorsque le temps devoit être serein
et beau le lendemain ; que s'il devoit pleuvoir avant ou après
midi, elle montoit à la surface de l'eau , et y restoit jusqu'à
ce que le temps fût revenu au beau; que quand il devoit faire
grand vent , elle parcouroit son bocal avec beaucoup de
vitesse, et ne cessoit de se mouvoir que lorsque le vent com-
mençoit à souffler ; que lor:»ui'il se préparoit une tempête ,
la sangsue restoit constamment hors de l'eau, et ce , pendant
plusieurs jours , paroissant inquiète et agitée ; qu'elle restoit
constamment au fond du bocal , pendant la gelée , contrac-
tée autant que possible; qu'enfin , dans les temps de neige
ou de pluie , elle se fixoit à l'embouchure même du bocal , et
s'y tenoil tranquille.
Il n'y a pas de doute que l'influence des variations de l'at-
mosphère n'agisse sur les sangsuenj, et qu'une partie des ré-
sultats cités ne se montre souvent ; mais il n'y a pas de
doute non plus qu'ils sont extrêmement variables, et qui
quatre de ces animaux mis ensemble en expérience , pré-
sentent, la plupart du temps, chacune une indication diffé-
rente. Je m'en suis personnellement assuré.
Il existe , dans les eaux stagnantes de l'Egypte, une espèce
de sangsue qui est si petite , lorsqu'elle n'est pas gondée ,
qu'on la compare à un crin de cheval , de quelques lignes de
longueur. Les Français qui ont fait la conquête de cette con-
trée , ont éprouvé des hémorragies et d'autres accidens
SAN i4i
graves , pour en avoir avalé en buvant. Elles se fixolent fou-
jours à l'entrée de la gorge, dont on les pouvoit retirer à l'aide
d'une pince à polype. Il est à regretter que Larrey , à qui on
doit cette observation , ne nous ait pas fait connoître cette
espèce de sangsue , par une description et un dessin.
On connoît quatorze à quinze espèces de sangsues , dont
les plus importantes à indiquer sont :
La Sangsue officinale , qui est allongée , noirâtre , avec
des lignes de diverses couleurs, le dessous taché de jaune,
point d'yeux. Elle se trouve dans les eaux stagnantes et pures,
dans toute l'Europe. V. sa figure , pi. P lo.
La Sangsue noire , Hirudo sanguisuga , Linn. Elle est al-
longée , noire ; en dessous , d'un cendré verdâtre , avec des
taches noires. Elle se trouve dans les eaux stagnantes et va-
seuses.
La Sangsue vulgaire est allongée , d'un jaune-brun ,
avec huit yeux placés en demi-croissant. Elle se trouve dans
les eaux des marais.
La Sangsue aplatie est large, cendrée , a deux rangs de
tubercules sur le dos, les bords dentelés , et six yeux. Elle
se trouve dans les rivières , sous les pierres. Elle est com-
mune dans la Seine. Elle diffère des autres , en ce que le
disque prenant postérieur n'est pas exactement à l'extrémité,
mais en dessous près de cette extrémité. •
Duméril a observé que les petits de cette espèce s'atta-
choient au ventre de leur mère , jusqu'à l'époque où ils pou-<
voient s'en écarter sans danger.
La Sangsue swampine est dilatée , sillonnée transversa-
lement , rugueuse sur le dos , verte variée de brun ; sa têle,
les bords du corps et la queue sont maculés de blanc ; le des-
sous est gris-brillant, et elle a cinq yeux. Elle est figurée
dans V Histoire naturelle des Vers, faisant suite au Buffon , et
pi. P lo de ce Dictionnaire. Elle se trouve dans les ma-
rais de l'Amérique septentrionale, d'où je l'ai rapportée.
La Sangsue de Ceylan est de la grosseur et de la lar-
geur d'une épingle ; sa peau est rouge et tachetée ; elle vit
hors de l'eau , et se fixe sur les homme^t les animaux, aus-
sitôt qu'ils se reposent dans les bois ly^des. Quelquefois,
elle a fait périr des soldats endormi^i''€rest un des grands
fléaux de cette île.
On voit figurée pi. 65 du Voyage du capitaine russe Krusens-
tern, une sangsue jaune, pointillée de rouge, du Japon, qui
est de la grosseur d'un œuf de poule , lorsqu'elle est con-
tractée.
La Sangsue géo:^ètre vit dans l'eau douce , sur les pois-
,.42 s A N
sons, «îont elle suce l'humeur Iubréfian{<?. Okcn en a faij ,
avec raison, un genre particulier , auquel Blainville a appli-
qué le nom de Piscicole.
La Sangsue de l'Hippoglosse , qui se fixe sur le Pleu-
RONECTE FLÉTATS , et probablement sur d'autres poissons
de mer, appartient aujourd'hui au genre Philline.
Enfin, les Satsgsues a huit yedx, à deux yeux et autres,
vivant dans les eaux douces et faisant le passage des sang-
sues aux planaires véritables, forment le genre Erpobdelle.
La Sangsue muriquée est cylindrique, et son corps est
couvert de tubercules. Elle se trouve dans la grande Mer,
sur les poissons.
Cette espèce, et trois. ou quatre autres, constituent aujour-
d'hui le genre Pontobdelle.
Le genre Trochette se rapproche infiniment de celui-ci.
On trouve dans le premier volume des Actes de la Société
Linnécnne de Londres , la description et la figure d'une sangsue
trouvée sur la tortue de mer, qui a, de chaque coté, sept
branchies rameuses fort saillantes. 11 est évident que l'on doit
en former un genre nouveau, surtout si ce sont réellement
des branchies ; mnis Menlzies, l'auteur de ce Mémoire, n'en-
tre pas dans des détails suffisans pour pouvoir l'assurer d'une
manière posiliye. (b.)
SANGSUE VOLANTE. Dénomination tout-à-fait im-
propre, appliquée par quelques-uns àu vampyre ^ chauve-
souris du genre PiiYi.os'iOME , parce qu'il suce le sang des
hommes et des animaux, (s.)
SANGU. V. Halque. (s.)
SANGUEN(3. Nom vulgaire italien du Cornouiller
fiUlN, selon Césalpin. (ln.)
SANGUENH O. L'un des noms de I'Alaterne , en Por-
tugal, selon Clusius. (i.N.)
SANGUENIÏE, On appelle ainsi la Santoline blan-
châtre aux environs d'Angers, (b.)
SANGUIN. V. Laitue, (b.)
SANGUIN. Epithète qu'on donne au jaspe qui, sur un
fond d'un vert foncé, présente des taches d'un rouge de sang.
V. Jaspe et KélioÀ)pe. (pat.)
SANGUINAll|j(P, 5'rm^///«û/7</. Plante à racine épaisse,
traçante ; à hampe unillore ; à feuille un peu épaisse , glabre ^
unique, radicale, lobée en cœur, enveloppant la lige dans sa
jeunesse.
Cette plante forme un genre dans là polyandrie mo-
nogynie et dans la famille des papavéracées , qui offre pour
caractères : un calice de deux folioles oblongues , concaves
et très-caduques ; une corolle de huit pétales oblongs ; ub
^ A N ■ i-'
gi-aiid nombre a étamines à anthères adiie'es aux filankcns ; ua
ovaire supérieur à style très-court, à stigmate capité , sil-
lonné et persistant ; une silique ovale, oblongue , amincie au
sommet , bivalve ; à valves appliquées contre deux monlans
ou nervures filiformes et séminifères de chaque coté.
La sanguinaire se trouve dans toute l'Amérique septentrio-
nale. Elle fleurit au commencement du printemps , avant le
développement complet de la feuille, et s'élève au plus à six
pouces. Sa fleur est blanche , assez grande , et sa racine
rouge ; lorsqu'on coupe celte dernière , elle laisse flucr une
liqueur d'un rouge jaunâtre qui est éminemment émétique et
purgative. J'en ai observé de grandes quantités en Caroline,
dans les parties dé bois semblables à celles où croissent ici la
moscatelle et lapariseite, c'est-à-dire, dans celles où le terrain
est léger et un peu humide. Qn la cultive dans les jardins, en
Europe, (b.)
Sanguinaire d'Allemagne. On donne ce nom au Sclé-
RANTHE, qui nourrit une Cochenille au collet de sa racine.
. ^ (B.)
SANGUINALIS. Sous cenom Pline Indique deux plantes,
qu'il distinguepar les épithètes de mâle et de femelle ; la pre-
mière est la Renouée Pofygonum aviculare ; et la seconde ,
la Pesse d'eau ( hippiiris vulgaris). V. PolYGONON. (ln.)
SANGUINARIA. {Sanguinaires). Nom donné par Illiger
à une famille de mammifères , qui se rapporte à celle de nos
carnassiers digitigrades, (desm.)
SANGUINARIA. L on a donné , autrefois , ce nom au
panicum sanguinale , L. , et an géranium robertianum. Chez les
anciens , il étoit à la fois un de ceux du bursa pasioris , du
coronopus et d'un polygonuni , V. ce mot , c'est-à-dire , du
thiaspi bourse à pasteur, du plantain corne de cerf, et de
la renouée. Dillen l'a donné ensuite à utie plante de l'Amé-
rique septentrionale que Sarrazin nommoit be/harnosia.
Cette plante est devenue le type d'un genre auquel Tourne-
fort et Adanson ont conservé ce dernier nom ; mais Lin-
«^us , qui a fait la loi , a préféré le premier. V. Sangui-
naire, (ln.)
SANGUINE. Hématile en masse solide et compacte, sou-
vent composée d'un assemblage défrayons dirergens, étroite-
ment unis eilSemble. On en fait des crayons et des brunis-
soirs : elle est aussi connue sous le nonî Aeferret d'Espagne.
V. Fer oligiste et Fer oxydé an maximum, (pat.)
SANGUINELLA. Les Italiens ont donné ce nom aa
panicum dactylon , dont Gleichen avoit fait un geure parti-
culier sous ce même nom , et qui , depuis , a été appelé ca-
i44 S A N
priola par Adanson , et digiiariapar les botanistes modernes.
(LN.)
SANGUINELLË. Nom du Cornouiller sanguin, (r.)
SANGUINEN. F. Sagoin. (desm.)
SANGUINOLAIRE , Sanguinolaria. Genre de testacés
de la famille des Bivalves , établi par Lamarck aux dépens
des Solen de Linnaeus. Il comprend les espèces dont la co-
quille est transverse , avec lebord supérieur arqué , les deux
tîxtrémilés un peu bâillantes, et deux dents cardinales arti-
culées et rapprochées sur chaque valve.
Ce genre a pour type le solen sanguinoîaire , et le solen
golar, figuré , avec l'analomie de son animal , pi. 12 de l'ou-
vrage de Poli , sur les testacés des mers des Deux-Slciles,
Cet animal diffère de celui des solens, en ce que ses siphons
sont Inégaux en longueur comme en grosseur , et surtout en
ce qu'ils sont séparés. Les uns et les autres ne font pas moins
partie , selon Poli , du genre Hypogée.
La Sanguinolaire de Hollowai est une espèce. fossile
d'Angleterre, qui est figurée pi. iSg de la Conchyliologie mi-
nérale de ce pays , par Sowerby. (b.)
SANGUINOLE. Espèce de Pêche, (b.)
SANGUINOLENT. Poisson du genre Spare. (b.)
SANGUIS TELLURE L'un des noms que les Mages ou
les prêtres de l'antiquité ont donnés au strah'otes des marais ,
décrit par Dioscoride , qui paroît être le pisiia stratioles , L.
Sanguis apocathémènes. Chez les anciens, c'étoit l'un
des noms de la plante nommée par Dioscoride , lychnis sie-
phanomuticè. V. Lychnis.
Sanguis crocodili des Mages. C'est le léontopodion des
Grecs.
Sanguis-draconis herba. Gesner donne ce nom à la pa-
iience sanguine , Rumex sanguineus , L.
Sanguis-draconi*. V. Sang-de-dragon.
Sanguis febris. L'un des noms du ricinus des anciens,
espèce de plante. V. Ricinus.
Sanguis herculis. C'étoit , chez les anciens, un nom
donné à leurs deux Centaurium.
Sanguis hominis. Les Mages ont désigné ainsi Yartemisia
des anciens , ou armoise.
Sanguis ibidis. Les mêmes philosophes appeloient ainsi
et sanguis iifojii, les batos des Grecs , nos RoNQ^S.
Sanguis ixionis. Synonyme de marrubium nigrum , chez
les anciens. V. Marrubium.
Sanguis ma rtis. Cette plante des Mages, l'oiaron des Grecs
paroît être notre Cabaret, Asarum europœum.
Sanguis mjercurii. Le verbena des anciens étoit aussi dési-
SAN «45
gné par ce nom , et celui de sanguis miisteîœ , chez les Ro-
mains.
SAivGris MINERVE. C'est la même plante que le chamœpitys
de Pline , dans le langage figure des Mages.
Sanguis oculi des Mages. C'étoit la plante que Pline
et Dioscoride ont appelée anagnllis , et qui ne nous est pas
bien connue.
Sanguis titani. Le laduca , le sideritls et le ruhus des an--
ciens, recevoient tous trois le nom de sanguis tilont (ln.)
S/\.NGITISORBA,Nom sous lequel autrefois on a de'crit
deux plantes, \e sanguisorba ufJicînuUsci ie paien'iun sanguisorba.
Il est celui d'un genre qui contient la première plante. V,
Sanguisorbe et Pimpinella. (ln.)
SANGUISORBE, Sanguisorba. C&nvt à& plantes de la
tétrandrie digynie et de la famille des rosacées , qui a de
très-grands rapports avec les pimpreuelles, et qui semble
devoir leur être réuni, d'après Tournefort et (isertner, et
surtout d'après l'ensemble de leurs caractères. V. au mot
PlMPRENELLE.
Quoi qu'il en soit , les sanguisoY-bes ont un calice coloré à
cinq divisions , muni à sa base de doux écailles ; point de
corolle -, quatre étamines; deux ovaires inférieurs à slyle ter-
miné par un stigmate simple, et très-court (quelques au-
teurs n'en mettent qu'un , parce que l'autre avorte ordinai-
rement) ; deux semences contenues dans le calice , qui res-
semble à une capsule.
Ce genre renferme des herbes vivaces à feuilles alternes ,
ailées, avec impaire , à folioles opposées , pétiolées , ac-
compagnées souvent de stipules , et à fleurs disposées en tête
sur de longs pédoncules axillaires et terminaux.
On en compte trois espèces , dont la plus importante à
connoître est la Sanguisorbe officinale, qui est vivace ,
s'élève d'un à deux pieds , et a les épis ovales. On la trouve
dans toute l'Europe , aux lieux secs, sur les montagnes pier-
reuses. C'est proprement la pimprenelle , c'est-à-dire , la
plante à laquelle tous les auteurs français , autres que les
botanistes , appliquent ce nom.
La sanguisorbe ou la pimprenelle a un goût salé , herbacé,
et passe pour détersive, vulnéraire, apéritive. On l'applique
fraîche et pilée sur les plaies , et sèche et pilée sur les ulcères.
On emploie son infusion ou sa décoction pour fortifier l'es-
tomac, guérir les diarrhées , et celle de sa racine pour rap-
peler le cours des urines.
La pimprenelle se met ordinairement dans les salades ,
surtout dans celles de laitues qu'elle empêche d'incommoder
les estomacs foibles. On la joint aux autres plantes destinées
XXX. 10
i{6 S A N
aux bouillons d'herbes. Les moutons, les bœufs et les vaches
la mangent avec avidité. Les chevaux la refusent d'abord;
mais quand on les y a accoutumés peu à peu, ils ont beau-
coup de peine à la quitter. ,
(3n cultive la pimprenelle dans les jardins pour l'usage de
la table , et dans les champs pour servir de fourrage.
Lesjardiniersdistinguent lapetite et lagrande pimprenelle ,
et ils préfèrent la première, qui n'est qu'une simple variété
de l'autre. Us la sèment dans toutes les saisons, en bordure
ou en planche, après avoir labouré avec la bêche. Si on n'a
pas de graine , on sépare tous les brins d'un vieux pied , et on
les transplante séparément. Peu de plantes sont aussi vivaces
et résistent davantage à toutes les intempéries des saisons; on
n'a d'autre précaution à prendre à son égard que de couper
fréquemment les feuilles, afin qu'il y en ait toujours de tendres
ou de prèles à être employées. Lorsqu'on veut de la graine ,
on en laisse monter quelques pieds.
C'est en Angleterre qu'on a commencé à donner une cé-
lébrité à la pimprenelle , relativement à la nourriture des
bestiaux. L'expérience d'une grande quantité d'agriculteurs ,
depuis plus de soixante ans , a parfaitement démontré son
utilité comme fourrage d'hiver.
Une pièce de terre, semée au printemps, peut, l'hiver
suivant , être broutée deux ou trois fois , pourvu que le froid
ne soit pas trop intense , et successivement chaque hiver pen-
dant plusieurs années , et ce , sans nuire aux récoltes de l'été.
Mais la pimprenelle ne doit pas pour cela être préférée au
sainfoin, et encore moins à la luzerne et au trèOe, car les
récoltes qu'elle fournit , pendant l'été , sont de beaucoup in-
férieures à celles que donnent ces trois plantes , surtout dans
un bon terrain.
La pimprenelle est une plante des pays calcaires et monta-
gneux. C'est donc dans ces sols, où les plantes précitées , Me
peavent pas venir avec succès, principalement dans ceux où la
terre est si maigre qu'on est obligé de la laisser reposer plu-
sieurs années de suite, qu'il devient très-avantageux de l'intro-
duire. Dans de tels cantons , on devra donc faire plusieurs
labours immédiatement après la levée de la récolte, et y
semer de la pimprenelle ; on aura , pendant deux ou trois ans ,
de bons pâturages d'hiver et des récoltes d'été au moins suf-
fisantes pour dédommager des frais de culture ainsi que des
impositions, et de plus la terre s'améliorera.
Si on a dans ses possessions des terrains rocailleux où le
bois ne peut pas venir , des friches ou des landes enfin , ou
fera bien de renmer la terre partout où cela sera possible ,
et d'y semer de la pimprenelle. Par ce moyen , et avec là
s A N i47
précaution de ne mener le troupeau que successivement sui
chaque pièce de terre , on peut doubler le nombre de ses
bêtes sans augmenter sa dépense. La végétation , on le ré-
pète , n'est interrompue dans celte plante que pendant les
gelées. Elle se conserve pendant les plus grandes chaleurs
dans les cantons méridionaux de la France, et c'est principa-
lement là qu'il devient le plus important de l'introduire,
parce que les bestiaux y manquent généralement de nourri-
ture dans le fort de l'été.
On ne doit pas laisser mûrir la graine de la pîmprenelle
destinée à faire du fourrage. Il faut la couper au moment de
la floraison : c'est l'époque à laquelle elle contient le plus
de suc, et où elle conserve le plus de saveur après sa dessic-
cation.
Les deux autres espèces de pimprenelles viennent du Ca-
nada , et sont employées dans ce pays comme fourrage par
quelques agriculteurs. Elles diffèrent peu de la précédente.
(B.)
SANHIA. V. Pie bleue de la Chine, (v.)
SA NHON. C'est le nom d'une espèce à^amome (^amo-
mum villosum , Lour. ) , qui croît en Cochinchine, et qui n'y
est pas cultivée , quoique ses graines , appelées gui-nhon et
phu-yen , soient avidement enlevées par les marchands de
Chine , à cause du grand usage qu'on en fait dans la méde-
cine chinoise. Celte plante est le globba crispa^ Rumph. ,
Amb. II , t. 6i. (ln.)
SANICLE , Sanicuîa. Genre de plantes de la pentandrie
digynie, et de la famille des ombellifères, dont les caractères
sont d'avoir : les ombellules ramassées en tête ; des fleurs
presque sessiles, et celles du centre mâles ; un calice presque
entier; une corolle de cinq pétales entiers, courbés à leur
sommet; cinq étamines; un ovaire inférieur, ovale, hispide,
surmonté de deux styles à sigmates aigus ; deux semences
ovales , aiguës, acuminées par le style , hérissées et réunies.
Ce genre renferme quatre plantes vivaces, à feuilles pal-
mées ou digitées , et à tiges peu rameuses , dont une appar-
tient à l'Europe , et deux à l'Amérique septentrionale.
Celle de l'Europe a les feuilles radicales simples et tous
les fleurons sessiles. Elle se trouve dans tous les bois monta-
gneux et couverts , dont le terrain est gras et humide. Elle
reste verte toute l'année , et s'élève à environ un pied. Elle
a un goût amer , et passe pour astringente et détersive. On
l'emploie en décoction pour arrêter les hémorragies, les
dyssentcries , et contre les hernies ; on la prend en infusion
théiforme pour les pertes et les maux de gorge.
Dans quelques cantons , on donne ^ sous le nona à^herbe du
1^8 SAN
défaut , la mnicle aux vaches qui viennent de vêler , pour leur
faire rendre l'arrière-faix. (b.)
SANICLE FEMELLE. C'est I'Astr^nce. T. ce mot.(B.)
SANICLEDE MONTAGNE. C'est la Benoîte, (b.)
SANICULA. Sans doute du verbe latin , sanare , guérir ;
parce que la plante nommée ainsi chez les anciens servoit
à guérir les blessures. Pline ne fait que la nommer. Il ne
faut pas croire que ce soit noire sanicle ( sam'cula europœa ,
L. ). Celle-ci est , dît-on , le quinquefoUum de Pline ,
et peut-être la troisième espèce des sideritis de Diosco-
ride , suivant F. Columna. Elle est le sanir.ula ou diapensia
des premiers botanistes modernes. Ceux-ci nommoient aussi
samcula alpina ou montana , diverses espèces de primuîa ^ de
saxifraga , de pingulcida , le verbascum myconi , le curthusa Mat-
ihioU , etc. Plukenet augmenja le nombre des plantes dési-
gnées par sanicula^ en appliquant encore ce nom à V androsace
carnea , à Varetia vilaliana , à Yheuchera americana , au saxi-
fraga pensyhanka , etc. , et Dodart au milella diphylla.
Tournefort et Adanson pensoient que notre sanicle est la
sanîcida de Pline , et ils ont fait de cette plante le type du
genre sanîcula. Moench, jugeant différemment , l'appelle péri-
cardium. Rafinesque rapporte le sanicula marylandica à son
genre trirlinum. On avoit joint à ce genre le cachrys crithmifolia y
mais Hoffmann en a fait le genre rumea. (ln.)
SANIDIN. M. Nose a donné ce nom à un feldspath à
tissu plus vitreux que le feldspath ordinaire , et qui se
trouve disséminé dans le porphyre (volcanique ) argileux,
du Drachenfels , et dans les roches volcanisées qu'on trouve
sur les bords du lac de Laach. Il a été analysé par Klaproth,
et nous en avons traité à l'article du feldspath adulaire
vitreux, (lu.)
SANILUM. Les Egytiens appeloient ainsi le scammonia
des Grecs. V. ce mot. (ln.)
SANKI. Nom de la Tortue de terre , au Japon, (b.)
SAN-KIAN. Nom donné , en Chine , au Balisier des
Indes {canna indica ), qui y croît spontanément, (ln.)
SANKIRA. Plante du Japon , qui , dit-on , est fameuse
dans ce pays , par les vertus de sa racine. Sa tige est ram-
pante et garnie de vrilles ; ses feuilles sont arrondies ; ses
fleurs sont jaunâtres, et ont six pétales et six étamines. Ses
fruits sont des baies sèches, de la grosseur d'une cerise , qui
contiennent cinq ou six graines lenticulaires. On ne trouve
pas dans l'hexandrie de la Flore du Japon ^ de Thunberg , de
plante à qui cette description convienne. Poirét pense que
ce peut être une Salsep.\reille. (b.)
SAN i^îj
SANKITS. C'est un des noms donnés , au Japon , au
hiadhia japonka ^ Thunb. (ln.)
SAN LAY. Nom chinois du Galanga ( Kœmpferia ga-
ianga). (ln.)
S AN-LE A O-T AU. Nom donné, parles Chinois, à une
plante grimpante {derris scandens, Lour. ), qui croit dans les
bois de la province de Canton, (lm.)
SAN LIEO-HOA. Les Chinois donnent ce nom à
I'Enkiante biflore de Loureiro , et celui de isian-lsimg-hoa ,
à TEnkiamte quinquéflore. Ces deux plantes, admirables
par la beauté de leurs fleurs, mais sans odeur , ornent les
appartemens des gens riches , qui en ont des bouquets qui
se conservent long-temps dans des vases de porcelaine
pleins d'eau. (LN.)
SAN-LIM-MA. Les Chinois donnent ce nom à une
herbe qu'ils cultivent, et dont la tige, bouillie avec de la
chauK , produit une filasse qui devient blanche par son expo-
sition au soleil, et avec laquelle on fait de la toile. Cette
plante est la Corète capsulaire {corclioms capsularls). (ln.)
SAN-MARTI, AoussEL bert, Arnié. Noms du Martin-
pécheur d'Europe, dans le département de l'Aude, (desm.)
SANNAIRÔLO ou SAMSURO. La Sangsue en lan-
guedocien, (desm.)
SANOANG-MATAN-NAHOUROU. Espèce d'As-
perge rampante , de Madagascar, (b.)
SANPIERÉ. Le Zée porte ce nom à Marseille, (b.)
SANQUALIS. Cet oiseau , dit Pline , est le sujet d'un
grand débat entre les augures romains. Quelques uns pensent
que c'est le petit de V orfraie ; d'autres , que c'est Voifraie
nicme ( Lib. x, chap. 7). (s.)
SANS AR AI. Espèce de canard d'Egypte. V. Canard»
(desm.)
SANSAT. Nom donné , par les Chinois , à une espèce
de Cacalie (^cacaUa bulbosa , Lour. ) , qu'ils ertiploient en
médecine, comme émollienle, réfrigérante et résolutive,
(LN.)
SANSEVIERE, Sansevtera. Genre de plantes établi par
Thunberg , dans l'hexandrie monogynie. Ce genre , qui est
le même que le Salmle de Cavanilles , le Carludovique
de Ruiz , et le Liriope de Loureiro , a pour caractères : une
corolle monopétale à tube filiforme et à limbe de six parties
recourbées ; six étamines insérées au limbe ; un ovaire supé-
rieur, surmonté d'un style simple ; une baie monosperme.
Ce genre comprend trois espèces , dont deux faisoient
partie des Aletris de Linnaeus , et ont été figurées, par les
botasiistes du dernier siècle, comme faisant partie des û/ûès«
i5o S A N
La plus connue de ces espèces est la Sansevière de Cey-
LAN, qui a les feuilles un peu charnues , linguiformes , d'un
vert noirâlre , variées de lignes transverses blanches , et les
fleurs en épis sur une hampe à peine plus longue que les
feuilles. On la cultive dans les jardins de Paris , mais elle y
fleurit rarement, (b.)
SAN-SI-TSAO. Nom chinois du gaura chinensis, Lour.,
plante qui croît aux environs de Canton, (ln.)
SANSOGNO. Mot languedocien, qui signifie cornemuxe.
Il est aussi employé pour désigner \ç, fanon des bœufs ^ et les
barbes ou caroncules charnues qui pendent sous la tête ou
le menton du coq. (desm.)
SANSONiNET. V. Étourneau. (v.)
SANSOUGNES ou PENDILS. En Languedoc, on
donne ce nom aux appendices charnues , couvertes de poils ,
de la longueur et de la grosseur du petit doigt , qui pendent
sous la gorge de quelques chèvres ou brebis, (desm.)
SANSOVINIA, de Scopoli. Ce genre fondé sur le sla-
phylea indica ( Burm. , Ind. tah- 24 , t. 2 ) , est Varjuilicia sam-
Surina , L., réuni maintenant au genre Léea. (ln.)
SANSTACHE, Poissons des genres SalmoneciMurène.
(B.)
SANSURO. F. SANNAIROLO. (desm)
SANT. Nom arabe , de la Sensitive du Nil ( Mimosa.
Tiilotica , L. ) , qui se trouve dans toute l'Egypte. Ses fruits
sont nommés garad. En Arabie, cet arbre porte les noms de
hory et de goouy {djoouy). V. Delil. , Egypte, (ln.)
SANTAL. Nom qu'on donne , dans le commerce , a trois
sortes de bois qui nous sont apportés des Indes. On distingué
le santal blanc ^ le santal citnn et le santal rouge ; l'arbre qui
fournit ce dernier, est le Ptérocarpe santalin; les deux
autres, selon Paul Hermann, sont tirés d'un même arbre, ap-
pelé sarcandapâr les Indiens, et santalin par lesbotanistes.
(F. le mot suivant). Il croît aux Indes orientales , principale-
ment dans le royaume de Siam , et dans les îles de Timor
et de Solor. L'aubier est le santal blanc, et la substance inté-
rieure, le boisproprement dit, est le santal citrin. L'arbre sur-
canda s'élève à la hauteur d'un noyer, et se garnit de feuilles
ailées, imitant celles du lentisque ; ses Heurs sont d'un bleu
noirâtre, ses fruits ou baies, gros comme une cerise,
d'abord verts et ensuite noirs à l'époque de leur maturité ;
quoique insipides , ils sont mangés avec beaucoup d'avidité
par les oiseaux.
Le santal citrin est un bois pesant, compacte , ayant des
fibres droites qui ie rendent facile à fendre en petites plan-
s A N i5ï
ches ; sa couleur est d'un roux pâle , sa saveur .iroînatique et
mêlée d'une petite amertume qui n'est point désagréable ;
son odeur semble être un mélange de musc , de cilron et de
rose.
Le santal blanc, figuré pi. 218 de ce Dictionnaire
( V. l'article suivant ) , ne diffère du précédent que parce
qu'il a une couleur plus pâle et une odeur plus foible. Les
parfumeurs emploient ces bois'; comme ils sont fort cbers et
fort rares , on leur en substitue quelquefois d'autres , tels
que le Bois citron, le Bois de jasmin, etc. V. ces mots.
Le santal rouge est un bois solide , dense , pesant , à
fibres tantôt droites , tantôt ondées et imitant les vestiges
des nœuds; il n'a aucune odeur manifeste , et sa saveur est
légèrement astringente et austère. Il est employé dans la
teinture. Quoiqu'il ne soit pas cber , il est assez rare , et on
lui substitue, ou le bois de Campéche , ou le bois de Brésil ;
mais ces bois , le dernier surtout , sont aisés à distinguer du
vrai santal rouge. Le hrésillet a une couleur rouge , comme
lavée de jaune , tandis que le santal a une couleur de sano^
obscur; la saveur du hrésillet est un peu douce , et celle du
santal, austère, (d.)
SANTAL. Nom de la Bourgène purgative dans la Si-
bérie orientale, (b.)
SANTAL FAUX. On donne ce nom, dans les Indes, à
l'écorce de TAralie a grappes; écorce qui s'y substitue au
véritable Santal, pour l'usage de la médecine, (b.)
SANTALACÉES. Famille de plantes proposée par R.
Brown. Son tvpe est le Samtalin. (b.)
SANTALIN, Santalum ou Sirium. Grand arbre à feuilles
opposées, pétiolées, ovales, oblongues, glabres, et à fleurs
disposées en corymbes sur des pédoncules axlUaires et ter-
minaux, qui forme un genre dans latétrandrie monogynie et
dans la famille des onagres.
Ce genre offre pour caractères : un calice urcéolé , per-
sistant, à cinq divisions pointues et ouvertes ; point de co-
rolle : quatre écailles ovoïdes , un peu épaisses , barbues ,
couronnant l'entrée du calice , et alternes avec ses divisions ;
quatre étamines velues; un ovaire inférieur couronné d'un
disque convexe , à style filiforme et à stigmate trifide ; une
baie ovoïde, couronnée et monosperme.
Le Santai.in blanc, figuré pi. P 11, de ce diction
naire, croît dans les Indes, où son bois brûlé sert à parfumer
les temples et les appartemens des riches. Il ne sent bon
que lorsqu'il est desséché. C'est lui qui fournit le santal blanc
du commerce, c'est à-dire un bois blanc pesant et d'une
adenr agréable, que l'on enoployoit beaucoup en médecine
i53 SAN
il y a un siècle , mais qui est tombé en discrédit depuis quel-
ques années. On le fait cependant encore entrer dans plu-
sieurs préparations pharmaceutiques , telles que l'opiat de
Salomon, la confection alkermès, etc. On l'ordonne aussi
en poudre ou en infusion pour fortifier l'estomac, détruire
les aigreurs , faire disparoître les obstructions du foie.
Il y a tout lieu de croire que le santal citrin n'est que le
cœur de cet arbre ; du moins Rumphius , Paul Hermann et
autres auteurs le disent affirmativement.
Le santal rouge est fourni par le Ptérocarpe santalin, et
l'est peut-cire également par le Condori a graines rouges.
Quant aux santals d'Amérique, ce sont ou des BrÉSILLETS
ou le bois de I'Erithale. Ils passent pour avoir les mêmes
vertus que les précédens, mais à un moindre degré. (B.)
SANTALOÏDES. Cet arbre de Ceylan, dont Linnseus a
donné le premier la description {^Zeyl. 4o8.) , forme le genre
kalui^el d'Adanson, et n'est qu'une espèce de connarus ( C.
santal oîdrs) ^ selon Vahl. (lm.)
S\NTALUM. V. Santal et Santalin. (ln.)
SAN-TA.U-CAN. L'un des noms que le Cytise cajaN
(cytisus cajan^ L.) porte à la Chine, (ln.)
SANTENU. Nom brame du Pala des Malabares , arbre
du genre reropegia , selon Adanson. V. Pala. (ln.)
SANTERNA. Pline, en traitant de la Chrysocoli.e, '
nous apprend que les Latins donnoient le nom de santerna à
«ne chrysocolle artificielle qui étoit fort propre à souder Tor
allié à l'argent. Le santerna paroît avoir été une composition
saline, cuivreuse , autant qu'on peut en juger par la descrip-
tion que Pline donne de la manière de le faire , qui consistoit
à broyer un mélange de cuivre rouillé avec du nilre dans de
l'urine de petits enfans, en un mortier de cuivre, avec un
pilon du même métal. Les auteurs qui ont avancé que le
5«H^<îr«rt n'est pas le borax^ nous paroissent avoir pensé juste.
(LN.)
SANTE. Nom vulgaire de la Salicoque, dans les envi-
rons de Saintes, (b.)
SANTE , Santia. Genre de plantes établi par Savi aux
dépens des Vulpins. Il rentre dans le Polypogon de
Desfontaines , et se rapproche beaucoup de celui appelé
GHyETURE. (B.)
SANTILITE. Le docteur Clarke croit devoir donner ce
nom à \difiorite de Thomson, c'est-à-dire à V amiatite àcSAtiû ,
parce que la découverte de cette substance minérale est due
à M. Sanli, professeur de minéralogie à Pise, et non pas à
Thomson, qui a voulu s'attribuer cette découverte , et qui a
eu le talent de faire connaître cette substance aux ininéralo-
s A N ïf'3
glsles , sans citer le professeur Santi qui lui avoit fait con-
noîlre le premier celte pierre et son gisement. Lasautilite,
fiorite ouamiatite, est décrite à l'article du Quarz hyalin
coNCRÉ'riON]SÉ PERLÉ , voI. 28 , page 452. (ln.)
SAN-TOAT. C'est le nom que porte en Chine une es-
pèce de Crinole (Crmum zerlanicitm , L.). (ln.)
SANTOLINAetSANCTOLINA.Lespremièresplantes
qui ont été ainsi nommées par Césalpin , Dodonée et Anguil-
lara, sont des espèces du genre Santoli^e des botanistes ac-
tuels, et qui lui ont servi de type: ce sont les santolinss chamœ'
cy'parissiis et squarroso; cependant Dodonée a aussi donné le
nom de santoline à des espèces d'aurone.
Tournefort, en établissant le genre sanlolina, y rapporte
plusieurs espèces à'aihanasia. Linnseus avoit d'abord été du
même avis, mais depuis il en retira ces dernières plantes. Il a
fallu en retirer encore, et successivement , le colu/a spilanihus^
quePlumieryp!açoif,etle^/ogo;>)'^/770?fl,L.(ra'oa;deGœrtner),
que Rai y comprenoit; le tanacetum anniium, L. ; que Miller y
ramenoit, ainsi que Vathanasia crùlunifolia^ L, , les calea ja-
maicensis opposi'lifolia et lameUiis, queLinnseus y avoit d'abord
rapporlé ; enfin, le calea lohata^ L., que Pierre Brovvn y
avoit placé, ainsi que \&?, calea jamaicensis et opposilifolia déjà
cités. R. Brown pense que le calea opposîtifolia doit faire un
genre distinct, qu'il nomme isocarpha. Voy. Sanctolina et
SA^'TOL]NE. (LN.)
SANTOLINE, SantoUna. Genre de plantes delà syngé-
n^sie polygamie égale et de la famille des corymbifères , dont
les caractères consistent en un calice hémisphérique imbriqué
d'écaillés oblongues, dentées et inégales; en un réceptacle
garni de paillettes et chargé de fleurons, tous uniformes et
hermaphrodites; des semences nues.
Ce genre renferme des plantes herbacées ou fruteiscentes
à feuilles simples, tuberculeuses , très-petites ou bipinnées ,
à fleurs souvent solitaires et situées au sommet des rameaux.
On en compte une quinzaine d'espèces, dont les plus com-
munes sont :
La Santoline a feuilles de cyprès , qui a les pédon-
cules uniflores, les feuilles sur quatre rangs et dentées. Elle
se trouve dans les parties méridionales de l'Europe. Ses
feuilles ont une odeur forte et une saveur très-amère. On Ta
appelée garde-robe^ parce qu'on croyoit que son odeur pou-
voit chasser les larves des teignes qui mangent les babils \
mais Réaumur a prouvé que c'étoit une erreur. Cette plante
est vermifuge, et a, en général, les propriétés de I'Aksintue
AUROisE. On la cultive fréquemment dans les jardins, sous le
nom ^ aurone femelle^
i54 SAN
La Santoline a feuilles de romarin a les pérloncules
uniflores et les feuilles linéaires, bordées de tubercules. Elle
vient dans les mêmes pays que la précédente, dont elle ne
diffère que très-peu.
La Santoline teignante a les pédoncules uniflores , les
feuilles linéaires très-entières et la tige striée. Elle se trouve
au Chili, où elle sert, sous le nom de poquel ^ à teindre les
étoffes en jaune.
La Santoline odorante a les pédoncules ramassés en
faisceaux, la tige frutescente, velue, les feuilles ovales, cré-
nelées et sessiles. Elle se trouve en Arabie, et répand une
odeur des plus suaves lorsqu'on la presse entre les mains.
La Santoline a fruits velus constitue aujourd'hui le
genre Lasio^permf., (b.)
SANTOLINOÏDES de Vaillant. Ce genre rentre dans
YAnacyclusàeiÀXïXiSèus; il étoit fondé s\n \ Anaydus crelicus.
(LN.)
SANTONICUM. \alerlus Cordus désigne sous ce nom
deux espèces de Santoline, cja'il spécifie par Tépilhèle de
grande et de petite. Ce sont iCS santotina sf^uarrosa et chamœcy-
pan'ssiis. (ln.)
SANTOR. Arbre des Philippines dont le fruit se mange.
Il y a lieu de croire que c'est la Sapotte figurée par Sonnerat,
pi. 14. de son Voyage à la Nouvelle-Guinée, (b.)
SANVE. Nom vulgaire de la Moutarde sauvage, (b.)
SANVITALIE, Sanoitalia. Plante à tige couchée, à
feuilles trinerves, opposées pour la plupart, ovales, allongées,
hérissées de poils et à peine pétiolées ; à fleurs solitaires, ses-
siles, terminales, munies à leur base de bractées disposées en
forme d'involucre , qui forme un genre dans la syngénésie
polygamie superflue et dans la famille des corymbifères.
Ce genre, qui avoit été appelé Laurentie ou Lorentie ,
par Orlega, a pour caractères : un calice hémisphérique
polyphylle sur une double rangée; un réceptacle garni de
paillettes, portant dans son disque des fleurons hermaphro-
dites, et à sa circonférence des demi-fleurons femelles fertiles,
Ovales, oblongs et échancrés à leur sommet; des semences
de forme différente. Celles produites par les fleurons sont
cunéiformes, comprimées , velues et cillées sur leurs bords,
nues à leur sommet; celles des fleurons sont surmontées de
trois dénis subulées et divergentes.
La sanvilalie est originaire de l'Amérique méridionale, et
se cultive dans les jardins de botanique de Paris, Elle forme
des touffes très-étalces, remarquables par la grande quantité
de leurs Heurs, d'un rouge noirâtre dans leur milieu, avec
les rayons jaunes. Elle est annuelle. (».)
SAP i.^S
SAN-YONG-MAI. Nom qu'on donne, en Chine, à \m
grand arbre à feuilles alternes, ovales et crénelées, à l'eurs
dioïques , verdâtres, formant de petites têtes pédonculccs ,
axillaires et solitaires. Les fleurs femelles n'ont point de co-
rolle ; elles offrent un calice supérieur en entonnoir, presque
fermé, h quatre découpures; une graine comprimée, cou-
ronnée d'une aile déchiquetée. Loureiro, qui a observé cet
arbre en Chine, en fait une espèce deCÉPHALANTHECce;;/?/^-
lantlius montanus); mais il ne paroît pas qu'il doive faire partie
de ce genre, ni peut-être de la même famille, (ln.)
SAO-PEN(t-LAC. \jç Limuniamonophylla porte en Chine
ce nom , et celui de Xac-may-lac. (lts.)
SAORT/V. C'est ainsi que les Egyptiens nommoienl le
Tussllofio des Latins, (ln.)
SAO-TSAO. Une espèce de Rue cultivée dans les jardins
en Chine, y porte ce nom. Loureiro nous apprend que c'est
le Tvta chalepensis : a-t-il raison ? V. KuULI-HUONG. (l.N.)
SAOU. Le Sel marin, en Languedoc, (desm.)
Sx\Ot)ACOU. L'on prononce ainsi , dans notre colonift
de la Guyane , le nom de Savacou. V. ce mot. (s.)
SAOUARL Arbre de la Guyane à feuilles opposées, sti-
pulées, ternées , à folioles ovales, oblongues, dentées, dont
le fruit est gros comme un œuf. L'écorce de ce fruit , est rnàn
et recouvre une pulpe douce, fondante, de la consistance c'u
beurré, de couleur vcrdâtre , sous laquelle est une coqnc:
hérissée de piquans , qui contient une amande fort agréab'U;
au goût , et dont on peut retirer de l'huile.
Cet arbre forme un genre dans la polyandrie tétragynio ,
dont les caractères ne sont pas encore connus. 11 devient fort
grand. Son bois est employé pour faire des chaloupes , des
courbes, des madriers , etc. Son fruit se vend dans les mar-
chés, et les habitans le recherchent beaucoup. Cet arbre a été
placé dans le genre Pekée. (b.)
SAOUDO. La Soude tirée des cendres du Kali ou Sa-
LICOR, sur les côtes du Languedoc, (dessî.)
SAOUKENO. Nom languedocien des jeunes Dorades
de la Méditerranée. (desM.)
SAOURVUNA. C'est le Fromager, (b.)
SAOUSSAIROUS. Nom languedocien de la Bacile ou
Criste marine, (desm.)
SAOUSSOUIRO. Nom du Kali, dont on tire la soude ,,
sur les côtes du Languedoc, (df.sm.)
SAOUVIO. La Sauge porte ce nom dans le midi de la
France. On y connoît aussi le phlomîs Uchnilis sous celui de
saouvio houscasso. (desm.)
SAPAJOU, QÔH.v. Erxieb., Geoffr. ; CaUUhrîx, Cuy. ,
^^^' s A. P
lllig. ; Sirnia , Linn. , Bodd. , Gmel. , Shrîw. , SchrcI). ,
Penn. , etc. Genre de mammifères de l'ordre des quadru-
njanes et de la famille des singes.
Il est ainsi caractérisé , selon M. Geoffroy : têle ronde;
museau court ; front un peu saillant ; angle facial d'environ ^
soixante degrés ; occiput saillant en arrière ; queue prenante ,
entièrement velue ; ongles semi-convexes.
A ces caractères, il faut joindre ceux qui appartiennent k
tousiessinges du nouveau continent, c'esl-à dire, ceux qui con-
sistent dans l'écartement des narines, dans le manque d'aba-
joues et de callosités. L'estomacdes sapajous forme un cul-de-
sac fort profond ; leur cerveau est très grand, et recouvre entiè-
rement le cervelet. Les femelles ont un clitoris si proémi-
nent , qu'on le prendroit aisément pour la verge d'un mâle.
Les sapnjous ont tous qui.tre incisives à chaque mâchoire ;
deux Ccinines assez saillant»^s , et douze molaires à couronne
tuberculeuse. Leur os hyoïMe a sa partie centrale élargie et
creusée en forme de calotte , sans aucune espèce de saillie au
dehors ; leur os de la pommette est percé d'un Irou très-
J>elit , etc.
Les singes de l'Amérique , avec lesquels on pourroit les
confondre, et qui en effet ont , comme eux, reçu de Buffon
le nom de sopo/utis , sont surtout les aièles , les alouates , les
iaaolriches; mais les a/èles ont les membres très-grèles , et les
mains antérieures télradaclyles , tandis qu'ils les ont penta-
dacîyles ; l<ts /agofn'r/ies on\ l'angle facial moins aigu; le poil
inoeJlcux eJ frisé , et leur port est tout particulier; enfin , les
douahs , dont la tète est pyramidale , le visage oblique ,
l'anj^le facial de moitié moins ouvert , sont surtout caracté-
risés par leur os hyoïde renflé , apparent au dehors et
caverneux.
La queue non prenante des sagoins , des sakis , des aôtes
et des ouistitis, les distinguent suffisamment des sapajous,
pour que nous n'insistions pas davantage sur leurs autres ca-
ractères différentiels.
Les espèces qui composent le genre des sapajous, ont été
souvent confondues entre elles , et plusieurs fois on ne les a
considérées que comme autant de variétés d'une espèce uni-
que. Cependant , I observation fait voir que ces prétendues
variétés sont assez constantes , et qu'elles appartiennent à
des contrées souvent différentes ; aussi , M. (Geoffroy a-t-il
cru devoir les sépirer, au moins jusqu'à ce qu'on ait acquis
de nouveaux renseignemens , et leur conserver le titre d'es-
pèces. M. Cuvier ne partage pas son sentiment à cet égard.
Les sapajous sont des singes de moyenne taille , fort sou-
vent amenés en Europe ,où ils sont surtout connus sous les
!.>
S<!,vi <i ihitlir roiur
3. Flutou^^chan
2 Sdt'irjOJt StJ^oil
SAP i57
noms de sînges capvàns , de singes pleureurs et de sajous. Leur
naturel est, quoique plein de vivacile , beaucoup moins pé-
tulant que celui des guenons di* raccifu conliacnt , et n'a
rien de féroce et <le inerhani conrune celui des mandrills
et des babouins. Ce qui IfS a f;<lt sans doute préférrr i>ux
autres pour les gardi-r eji douiesiicité , c csl qu ils s<u)t loin
d'être aussi impudl(|ues que les singes que nous veuons de
nommer. Dans leur pays naîal , ils se suspendent aut ar-
bres , et voltigent de branche en branche Leur voix est une
sorte de sifflement aigre, bruyant, r.pide; ce qui leur a
valu le nom de nnges si/fleurs, que plusieurs voyageurs leur
ont applique.
Première Espère. — SapajOU BRUN, Cehiis appella, Geoffr. ;
Sajou BRUN , Ejusd, , Ann. du Mus., tome 19, page 109,
sp. I. — Sapajou brun , Buff. , tome i5 , pi. 4- — Simia
appella, Linn. , Schreb. : Brisson, Quadr. , page i37 , n," i.
— Sajou, Audeberl , Hist. nat. des Singes, fam. 5, sect. 2,
fig. 2. — Ménag. du Mus. , tome 2 , p. 87. ^. pl.P i3 de ce
Dictionnaire.
La collection du Muséum renferme sept individus de cette
espèce , qui se conviennent généralement par les caractères
suivans. Ils ont un peu plus d'un pied de longueur , depuis le
museau jusqu'à la racine de la queue. Leur pelage est généra-
lement d'un gris-brun en-dessus, qui s'éclaircit, néanmoins,
sur les épaules et sur les bras; leur ventre est d'un gris fauve;
le dessus de la tête est d'un brun-noir ; les poils qui le cou-
vrent sont courts, et à peine si l'on remarque de très-pelils
pinceaux formés par ceux qui sont sur les côtés et en arrière
du front ; la couleur obscure dans le milieu du front , a une
pointe assez fine qui se termine presque à la hauteur des yeux.
Les membres postérieurs ; la queue qui est à peu près aussi
longue que le corps ; les avant-bras et les poignets sont
couverts de poils bruns-foncés, comme le sommet de la lêie;
la face et les oreilles sont couleur de chair , et les mains
sont noires et nues.
D'Azara ( Essai sur r Histoire nat. des quadr. du Paraguay ,
tome 2, p. 23o), fait mention d'une variété de cette espèce ,
dont les mains sont blanchâtres.
Ces animaux sont vifs , agiles , adroits , et fort amusans ;
on en apporte souvent en Europe, où ils engendrent quel-
quefois un ou deux petits qu'ils aiment beaucoup. Le froid
leur est contraire. Au reste, cessingesprennentdes personnes
en aversion , et ont de la prédilection pour d'autres ; leurs
goûts sont assez variables. Leur marche est toujours à quatre
pattes; les femelles n'ont aucun écoulement périodique. Ces
»-^B S A P
sapajous sifflent fortement, et articulent les syllabes y»/ ra roM
avec vivacité, surtout lorsqu'ils entrent en colère ; c'est une
sorte de jurement. Leur chair se mange en Amérique ; elle
n'est point désagréable au goût. Ils mangent et boivent de
tout, même de Teau-de-vie; ils sont friands d'insectes, et sur-
tout d'araignées. On les nomme micou a la Guyane; ils sont
assez ardens en amour; ils aiment briser, casser, bouleverser
tout , et sont malpropres. Dans leur pays , ils vivent par
troupes, et sont très-farouches, mais deviennent fort doux en
.s'apprivoisant ; ils ont beaucoup de curiosité. Il n'y a pas de
îiieilleurs voltigeurs, car ils se servent de leur queue cdmme
d'une main; ils sautent aisément de branche en branche ,
se suspendent aux arbres , et dorment sur des palmiers.
Seconde Espèce. — Le Sapajou CORNU, Cebus fatuellus ,
Geoffr., Ann. du Mus., tome ig, page 109, sp. 2. — Sajou
CORNU, Buff. , suppl. , tome 7 , pi. 2g ; Brisson , Quadvup. ,
p. iq3 , n.° 3. — ^Sirnia fatuellus , Linn. , Gmel. ,_^Schreb. ,
Saeught. , fig. 27. B. — Sajou cornu, Audebert, Hist. nat.
des Singes, fam. 5, sect. 2 , fig. 3.
Cet animal a quatorze pouces de longueur, depuis le bout
du nez jusqu'à l'origine de la queue ; sa tête est oblongue ,
allongée, et son museau épais et couvert de poils d'un blanc
sale; sa queue est longue de quatorze pouces environ. Son
dos est d'un roux marron , et son ventre roussâtre ; le dessus
de sa tête est couvert de poils bruns et courts ; le front vers
sa ligne moyenne , supporte deux aigrettes divergentes de
poils longs , gris à leur base , et bruns à leur pointe. En
dehors, les bras sont d'une couleur rousse qui s'étend sur le
coude et sur le commencement de l'avant-bras; le restant de
i'avanl-bras, les cuisses, les jambes et la queue, sont d'un
noir- brun.
. Ce singe , décrit et figuré pour la première fois par Buffon ,
se rapproche principalement du sapajou brun , et se trouve
cominelui à la Guyane. L'individu même dont parle BulTon,
existe encore dans les galeries du Muséum d Histoire
naturelle.
Troisième Espèce. — Le SaPAJOU a TOUPET , Cehiis cirrifer
(sajou à toupet ) , Geoff., Ann. du Mus. d' Histoire nat., tome
ig , page iio , sp. 3.
Ce singe, que M. Geoffroy Saint-Hilaire a distingué des
;xnii\ts supajuus , est un peu plus gros que les précedens. Son
pelage, et surtout sa queue, patoissent aussi plus touffus que
ceux de ces mêmes animaux; le corps est d'un brun-châtain,
seulement plus foncé sur les jambes , les avant-bras et la
queue ; le dessous de son menton porte une barbe assez
SAP iSg
touffue, mais courte, d'un brun roussâtre ; le front et le
sommet de la tôle sont couverts de poils d'un brun-noir, assez
longs, et qui , se dirigeant en arrière , forment une sorte de
toupet élevé en fer-à-cheval.
11 y a lieu de croire que cette espèce habite le Brésil.
Quatrième Espèce. — Le Sapajou barbu , Cehus barbatus ,
Geoffr. ; ( Sajou barbu ) , Ann. du Mus. tï Hist. nat., tome 19,
page iio. — Le Sajou gris, Buff. , tome i5 , p- ^7 , fig. 5.
La collection du Muséum renferme quatre individus de
cette espèce , qui se ressemblent par leur pelage d'un roux
pâle et terne , mêlé de gris , mais variant , d'ailleurs , selon
l'âge et le sexe. Ils ont, en général, le sommet de la tête
plus pâle que le reste du corps , et couvert de poils plus
longs que les autres , et d'un roux plus vif; le ventre rous-
sâtre , etc.
Dans un grand individu , les poils du dessus des mains
sont gris. Un jeune est d'un roux très-pâle et assez uniforme.
Cette espèce est de la Guyane.
Cinquième Espèce. — Le SaPAJOU TREMBLEUR , Cebus trepi-
dus, Geoffr. ( Sajou trembleur). — Le Singe à queue touffue ,
Edwards, Glanures , fig. 3 12. — Simia trépida , Linn. —
Cebus trepidus , Erxleb. , Histoire nat. , page 5o , sp. 6. — r
Schreber, Saeuglhiere , tab. 27 (fig.ure d'Edwards. )
Cette espèce, que nous n'avons pas eu l'occasion de voir
en nature, paroît assez rapprochée de celle du sapajou brun.
Elle n'a ni barbe , ni aigrette ; mais les poils du sommet de
la tête sont élevés, d'un brun noirâtre et disposés en coiffe ;
les avant-bras et les membres postérieurs sont d'un brun-,
marron , comme tout le restant du corps , et non pas obscurs
comme dans le sapajou brun ; la queue est brune ; les quatre
mains sont revêtues de poils d'un gris cendré.
On l'a trouvée dans la Guyane hollandaise.
Sixième Espèce — Le wSaPAJOU OUAVAPAVI, Cebus albifrons,
Geoffr. , Ann. du Mus. d Hist. nat. , tome 19 , page 1 1 1 , sp. 6.
- — Ouuvapavi , Humboldt ., Recueil d^obseiv. zool. , p. SaS.
L'ouavapavi , observé pour la première fois par M. de
Humboldt, peut avoir quatorze pouces de longueur, me-
suré depuis le sommet de la tête jusqu'à l'origine de la queue.
Son pelage est grisâtre, plus clair sous la poitrine et le ven-
tre, plus foncé sur les extrémités qui sont d'un brun jaunâtre;
le sommet de la tête est d'un gris tirant sur le noir ; le front
et les orbites sont d'un beau blanc ; le reste de la face est
d'un gris blanchâtre; les yeux sont bruns et très-vifs ; les
oreilles rebordées et poiJues; la queue est de la longueur du
ï6d SAP
corps , cendrée en dessus , blandiâlre en dessous , et d'un
brun-noir à l'extrémité.
Ces singes forment de grandes bandes qui se tiennent dans
les forêts qui avoisinent les cataractes du Heuve Orénoque.
Ils sont doux , agiles et peu criards. M. de Humboldt a vu un
individu de celte espèce à Maypures , qui , tous l«'s malins,
saisissoit un cochon , sur lequel il resloit monté toule la
journée , en parcourant la savane qui environne la cabane
des Indiens. Il l'a vu aussi sur le dos d'un chat qui avoit
été élevé avec ce singe.
Septième Espèce. — Le Sapajou nègre , Cebiis niger ,
( sajou nègre ) , Geoffr. , Jnn. du Mus. , tome 19 , page 1 1 1 ,
gp, 7, — Le Sajou ^'ÈGRE , Buif. suppl. , tome 7 , pi. 28. —
Cercopithecus tutus niger , liriss. , Règne anim. , p. i(j6 , ii.'^ 5,
Buffon considère comme une variété constante , cet ani-
mal , qui est caractérisé par sa face , ses uiains el sa queue
noires , ainsi que par son front et ses joues qui sont recou-
verts de poils blancs.
M. Geoffroy en fait une espèce particulière.
On ignore q'oUe est sa pairie.
Huitième Espèce. — Le Sapajou varié , Cebus variegatus^,
( Sajou varié ), Geoffr. , Ann. du Mus. y tom, ig , page m,
sp- 8.
Ce singe étoit inconnu avant la courte description qu'en
donne M. Geoffroy, et qui est ainsi conçue: «Pelage noirâtre
pointillé de doré ; ventre roussâlre ; poils du dos de trois
couleurs ; à la racine bruns , puis roux et puis noirs ; tête
ronde , museau assez saillant. »
La collection du Muséum renferme deux singes que nous
serions tentés de rapporter à cette espèce; mais ne les ayant
pas examinés d'assez près pour reconnoître les couleurs des
poils du dos , nous n'osons nous décider à les y réunir.
M. Geoffroy croit que le sapajou varié habite le Brésil.
Neuvième Espèce. — Le Sapajou saï , Cebus capucinus ,
Saj'>u Saï, Geoff., Ann. du Mus., tome 19, page m , sp. g.
— Simia capucina , Linn. , Schreb. — Saï , Audebert , Hist.
nu des Singes, fam, 5 , sect. i , fig. 4-
Ce singe , que Buffon et la plupart des naturalistes dis-
tit^guent des autres sapajous, ne paroît être àM.Cuvier, ainsi
que tous ceux que nous venons de décrire ( le sapajuu cornu
excepté ) , qu'une variété du sapajou brun. Mais Buffon et
M. (ieoffroy l'en distinguent aux caractères suivans : son
poil est variable , d'un gris-brun ou gris-olivâtre en dessus ,
et d'une teinte moins foncée en dessous ; le sommet de sa
tête et ses quatre extrémités sont noirs ; son front , ses joues
SAP iGi
et ses épauUs, d'un gris-blanc ; son front est marqué d'une
petite pointe qui vient de la couleur noire du verlex , elc.
Le saï et le saï à gorge blanche sont assez communément
apportés de la Guyane et du Brésil en France. On les Ap-
hélie singes pleureurs , à cause de leurs cris toujours lamenta-
bles. Ils répandent une assez forte odeur musquée. Doux ,
plaintifs , timides , dociles, on les apprivoise assez faci-
lement. En Europe , ils mangent des hannetons , des li-
maçons, des fruits. Ces animaux sont originaires du Brésil ,
où ils sont appelés çays par les naturels. Ils vivent toujours
sur les arbres , s'y cramponnant avec leur queue et leurs
mains , et mangeant des graines de plusieurs végétaux. Ils
s'assemblent en troupes , surtout en temps de pluie. Les
femelles ne mettentbas qu'un ou deux petits au plus, qui , dès
leur naissante, s'attachent à leur mère, et ne l'abandonnent
jamais quand elle est poursuivie ; aussi prend-on rarement
de jeunes sais ; mais on peut apprivoiser les adulles, qu'on
abat à coups de flèches, sans les tuer. D'abord , ces animaux
sont farouches et mordent vivement, mais on les instruit en
les battant et les maîtrisant pendant les premières semaines.
Dixième Espèce. — Le Sapajou a gorge blanche , Cebiis
hypoleucus ( sajou à gorge blanche ) , Geoffr. , Ann. du Mus.
dllist. nat. , tome 19, page m, sp, 10. — Saï A gorge
BLANCHE, Buffon , lome i5 , fig. 9. — Aurlebert , Hist. des
Singes, fam. 5, sect. 2, fig. 5. — Simiahypoleuca, Humboldt,
Recueil d'obsero. zoolog. , page 336.
Ce joli singe est remarquable par sa face nue et blanche ;
par les poils blancs qui garnissent ses tempes , le derrière de
ses oreilles , la face antérieure de son cou , sa poitrine , ses
épaules, et la plus grande partie de ses bras, et par la cou-
leur d'un noir-brun du sommet de sa tête , du derrière de
son col, de son dos, de ses avant-bras , de ses membres pos-
térieurs et de sa queue.
Des deux individus conservés dans la collection du Mu-
séum d'Histoire naturelle , l'un a sur le front un ban-
deau blanc qui n'existe pas dans Tautre , et le noir du som-
met de sa tête plus reculé. Le même a la pointe des poils noirs
de son corps légèrement teinte de blanchâtre , ce qui rend
le pelage comme légèrement varié.
Le Cariblanco de rio Sinu de M. de Humboldt , paroît se
rapporter parfaitement à cette espèce. Il a treize pouces de
long , depuis le front jusqu'à l'origine de la queue ; son pe-
lage d'un brun noirâtre , et sa face dégarnie de poils : ses
oreilles , son cou , ses épaules , sa poitrine et ses avant-bras
sont d'un blanc sale, tirant légèrement sur le jaune. Sa
x\x. II
i62 SAP
queue prenante qui a la longueur du corps , e.st d'un brun
rougeâtre. Il diffère du sapajou brun (C apella) et du saï
( C. cupucina)^ par la couleur blanche de sa face , de ses
épaules et de sa poitrine , el aussi parce que le sommet de
sa tête n'offre , iii une calotte plus noire que le pelade du
dos , ni une ligne plus foncée descendant longiiudinalement
yers le front.
Ce singe , au rapport des Indiens , est très-commun dans
les belles forêts de palmiers qui s'étendent depuis le Sinu
jusqu'au golfe de Darrien , dans le royaume de la Nouvelle-
Grenade. Il va par bandes très-nombreuses , qui se tiennent
séparées de celles des autres matchis , qui sont les sapajous
bruns et les sais. C'est un animal très doux et très-agile. Il a
le port du sapajou brun; il pousse sans cesse un cri plaintif
en sifflant, el en ridant le front , etc.
La ménagerie du Muséum possède maintenant ( ». ur
1819 ) un singe de cette espèce.
Onzième Espèce. — Le SapaJOU FAUVE , Cehus fi i.ms ,
Geoff. ( sajou fauve ), Ann. du Mus. d'Hisi. nat. , tome 17 ,
page 112. — Simia flai>a , Schreber , Saeugihière , fig. 3i. '^
LiG Simiajlava, Schreber, est, d'après la figure qu'en donne
ce naturaliste , d'une couleur fauve uniforme. M. Geoffroy
l'adopte ; mais est-il foudé à s'en rapporter à Schreber i*
c'est ce dont nous doutons. Nous savons combien il a ahéré
les figures de Buffon et de Pallas, qu'il a copiées et coloriées
d'après la description seulement, dans beaucoup de cas.
Douzième Espèce. — Le Sapajou blanc , Cebus albus ,
Geoffr. ( Sajou blanc ) , Ann. du Mus. d'Hisi. nai., tome 19 ,
page lia , sp. 12.
Ce singe est dans les galeries du Muséum. Il a la taille
et les formes générales des Sapajous. Tout son pelage est d'un
blanc très-légèrement lavé de jaunâtre ; sa face est nue ; les
poils du sommet de sa tête sont courts , et ne forment ni
toupet ni aigrettes; il n'a point de barbe, ni de poils plus longs
que les autres , sous le cou et sur la gorge.
M. Geoffroy soupçonne que ce singe qui vient du Brésil ,
n'est peut-être qu'une variété produite par la maladie al-
bine ; et cela nous paroît probable, (desm.)
SAPAJOU COIFFÉ paroît être la guenon à camail de
Buffon. F. les articles Atèle et ColObe. (desm.)
SAPAJOU FOSSILE. V. Guenon fossile et Moni-
TOR. (DESM.)
SAPAN ( Sciurus volans, Linn. ). Quadrupède rongeur du
genre Polatouche. F. ce mot. (desm.)
SAPAN. Nom spécifique du BrAsillet. (b.)
s A P i6S
SAPANA. Nom que les Gaulois donnoient à VAnagallis
des Latins, (ln.)
SAPERDA. Plante citée par Hippocrate , et qui est en-
tièrement inconnue, (ltîï.)
SAPERDE, Saperda. (ienre d'insectes de Tordre des co-
léoplères, section des télramères , famille des longicornt's.
Ce genre est formé de la quatrième famille des capricornes
de Linnaeus et de la première des lepiures de Geoffroy- Fa-
briciiis , en l'établissant , lui a donné le nom de sapcrde ,
appliqué par quelques auteurs grecs à un poisson qui nous
est inconnu. Latrcille a réuni lessaperdes aym/amies.
Une forme allongée, presque cylindrique, tel est le carac-
tère de port auquel on peut distinguer ce genre de tous ceux
àe la même famille. Ainsi que les prioncs , les capricornes et
les caUidies , les saperdes ont bien les antennes implantées
dans les yeux ; mais elles ont le corselet inerme ou sans
épines laiérales , ce qui sépare ce genre des deux premier.";.
Elles l'ont aussi cylindrique, et elles diffèrent par-là des caUi-
dies , qui l'ont globuleux ou presque orbiculé. Les anten-
nules de ces derniers sont terminées par un article court et
sensiblement plus gros, tandis que celles des saperdes sont
filiformes , et se terminent par une pièce allongée. Leurs
antennes sont d'ailleurs écartées à leur naissance , tandis que
celles des callidies sont ordinairement rapprochées.
Si l'on fait abstraction des épines latérales du corselet, les
lamies sont les insectes qui ressemblent le plus aux saperde*.
Les unes et les autres ont la tête verticale , de la largeur A\x
corselet , avec le front large et aplati. Le corselet et tout le
corps sont d'une forme cylindrique ; mais le corps des lamies
s'élargit à l'abdomen, qui est proportionnellement plus court
et un peu bombé. La lèvre inférieure des saperdes a son bord
supérieur presque droit , sans échancrure ou fissure remar-
quable , caractère particulier de ce genre.
Les saperdes tirent leur nourriture de la substance des
végétaux , et plusieurs fréquentent les fleurs ; mais le très-
grand nombre s'attache de préférence aux tiges, aux rameaux
de différens arbres ou arbustes , et s'y tient presque immobile.
Elles ne s'envolent guère que lorsqu'elles sont échauffées par
les rayons du soleil, ou lorsqu'elles veulent obéir à la loi de
l'amour.
Roësel a décrit les métamorphoses de la saperde cylindrique.
La larve se nourrit de la moelle du poirier et du prunier. Sa
forme est allongée, pointue postérieurement, rétrécie vers les
premiers anneaux , et s'élargissant ensuite brusquemftsnt. La
tête est écailleuse , ainsi que le dessus du premier anneau , et
elle est munie de mandibules très-fortes. Les pattes sent nulles
i64 SAP
ou peu apparentes. C'est dans les cavités qu'elle a creusées en
prenant sa nourriture , qu'elle se change en une nymphe
allongée , pourvue en raccourci de tous les organes dont
jouira l'insecte parfait. Selon Goedart , la larve de la saperde
carcharias vit dans le chêne ; elle est apode , allongée , un peu
déprimée , molle , plus large antérieurement , et armée de
mandibules très-fortes. Son corps se rétrécit insensiblement
vers l'extrémité , et se termine par un renflement brusque et
arrondi. Un des moyens industrieux qu'elle emploie pour
avancer de plus en plus et trouver le bois , est de se former
un point d'appui en se contractant et se réduisant presque en
boule ; ayant alors moins à vaincre l'effet de la gravitation ,
la partie antérieure du corps se trouve plus libre , et l'action
des mandibules devient plus puissante. Le logement une fois
agrandi , elle se remet dans son état primitif. Cette larve se
transforme en nymphe à la fin d'octobre , et l'insecte parfait
en sort au mois de juin de l'année suivante.
La Saperde carcharias, qu'on trouve dans toute l'Eu-
rope , sur différens arbres , et plus particulièrement sur le
peuplier, aux jeunes plants duquel sa larve fait beaucoup de
tort , est cendrée , jaunâtre , pjonctuée de noir ; ses anten-
nes sont annelées de noir et de Cendré , et ont une longueur
moyenne.
La Saperde cylindrique qui se trouve aussi dans toute
l'Europe , est d'un noir cendré ; l'extrémité supérieure de ses
cuisses et de ses jambes antérieures d'un roux jaunâtre, (o.)
SAPHAN , de l'Ecriture Sainte. C'est le Daman israel,
de Bruce et de Buffon , et le même animal que le daman du
Cap ou kUp-daas. V. Daman, (desm.)
SAPHEIBOS et SAPPHEIROS, des Grecs. V. Sa-
PHIRUS. (LN.)
SAPHIR ( Ornilh.). V. la section des oiseaux mouches ^
au mot Colibri, (v.)
SAPHIR (5a/3/»Vw5). Les modernes donnent ce nom (em-
ployé , par les anciens , pour désigner des pierres bleues et
pourpres ) à des gemmes de couleur bleue et transparentes ,
qui appartiennent à diverses espèces; mais le vraisa/;/îjV,celui
qui est particulièrement nommé saphir d'' Orient^ est une va-
riété de l'espèce Corindon , dont la couleur est bleu-de-ciel-
plus ou moins foncé. V. Corindon vitreux, (ln.)
SAPHIR ASTERIE. C'est le Corindon vitreux asté-
rie , de couleur bleue, (LN.)
SAPHIR BLANC. C'est le Saphir oriental (^Voyez
CoRiNi^ON virREUX ) parfaitement limpide, (ln.)
SAPHIR BLANC , faux. On a quelquefois donné ce
nom au Quarz hyalin limpide, (ln.)
SAP i6S
SAPHIR DU BRÉSIL. C est la Topaze bleu-verda-
TRE DU Brésil. On donne aussi ce nom à la Tourmaline
BLEUE DU Brésil, (ln.)
SAPHIR D'EAU. K.Cordiérite, Luch-saphir, Leuco-
SAPHiR, et QuARZ hyalin bleu, (ln.)
SAPHIR ÉLECTRIQUE. Variété bleue ^e la Topaze
et de la Tourmaline, (ln.)
SAPHIR ÊMERAUDE , Saphir topaze. On donne ces
noms à des variétés vertes , bleu-verdâlres , jaunes, etc. , du
Corindon vitreux, (ln.)
SAPHIR ÊMERAUDE. V.\a section desOiseaiix mouches^
au mot Colibri, (v.)
SAPHIR D'EXPAILLY. Il est de même nature que le
saphir d'Orient. V. CoRINDON VITREUX. (LN.)
SAPHIR (faux). V. Quarz hyalin bleu et Cordié-
RITE. (LN.)
SAPHIR FAUX. On a aussi donné ce nom au Disthène
BLEU transparent. (LN.)
SAPHIR FEMELLE. C'est le Corindon vitreux, d'un
beau bleu d'azur. La variété , d'un bleu indigo , est le Sa-
phir MALE, (ln.)
SAPHIR FLUSS. Gmelin donne ce nom à la Chaux
SULFATÉE bleue. Wallcrlus le donnoit au Quarz hyalin
bleu, (ln.)
SAPHIR-MALE. C'est le Saphir oriental , d'un bleu
indigo. V. Corindon vitreux, (ln.)
SAPHIR OCCIDENTAL. Il paroît que l'on donnoit
autrefois ce nom au Cordiérite ou Saphir d'eau, (ln.)
SAPHIR ŒIL DE CHAT. C'est le Corindon vitreux
CHATOYANT. (LN.)
SAPHIR D'ORIENT. V. Corindon bleu, à l'article
Corindon, (ln.)
SAPHIR-RUBIS, Saphir-topaze, Rubis- topaze, etc.
Ce sont autant de variétés du corindon vitreux , mi-parli bleu
et rouge , bleu et jaune , rouge et jaune , etc. (ln.)
SAPHIR -SPATH. Quelques minéralogistes allemands
ont ainsi nommé le Disthène bleu transparent, (ln.)
SAPHIR DU VÉSUVE. V. Hauyne. (ln )
SAPHIRIN. M. Nose a donné ce nom à la Hauyne,
qu'il a observée dans les productions volcaniques du lac de
Laach , près Andernach , sur la rive droite du Rhin.
Le saphirin est en grains plus ou moins gros, dans lés la-
ves de Niedermenig ; en grains dans les pierres ponces ,
les roches feldspathiques et le trass du même pays. Il y
porte le nom àe saphir de Laach. Marquard Freherus , qui
écrivoit il y a deux cents ans, fait mention des saphirs des
i66 S A P
bords du lac Laach : «L'on trouve çà et là sur ses bords , dit-
il , de très-jolies petites pierres de saphir. » L'on croit qu'à
cette époque , et même avant on recherchoit ces saphirs ;
maintenant on ne les trouve plus qu'en petits grains qui
ne peuvent être d'aucun usage.
Le SaPhirin de Bohème, qu'on trouve mentionné dans
quelques ouvrages, paroît être le Cordiérite. (ln.)
SAPHIRINE. Variété de Calcédoine, d'un bleu de
saphir très-agréable , et dont on se sert pour graver dessus
ou pour faire des objets d'ornement. La saphirine est tint-
pierre très-estimée , lorsqu'à l'intensité de la couleur elle
joint l'égalité de ton. 11 est très-difficile de s'en procurer des
pièces un tant soit peu grandes. On la taille en cabochon
que l'on clive quelquefois : ces cabochons , clivés , montés
sur paillon bleu ou sur satin bleu, ont le chatoiement du
saphir d Orient ( corindon vitreux), et se vendent assez cher.
La Transylvanie, la Daourie et l'île de Féroë, recèlent dans
leur sein cette calcédoine , qui se présente fréquemment
sous la forme du cube empruntée au spath-fluor ; sa contex-
lure est un peu vitreuse , ce qui lui donne un aspect différent
de la calcédoine , et l'a fait considérer alors comme du quarz
cristallisé sous la forme de son noyau primitif, qui est un
rhomboïde obtus voisin du cube. F. Calcédoine, (ln.)
SAPHIRUS. Pline, après avoir parlé ducyanos , qu'on
regarde comme ayant été notre lapis ^ s'exprime ainsi ;
« Quelquefois on trouve aussi du cyanos semé d'un sable
doré, mais non pas comme cela se voit dans le saphirus;
car quelquefois on irotive des saphirus marquetés de points
d'or. En outre, les saphirus sont bleus et quelquefois purpu-
rins , ce qui est rare ; les plus beaux viennent du pays des
Mèdes-, cependant il n'y en a pas de transparens. En outre ,
on tient qu'ils ne valent rien pour la gravure , à cause des
nœuds cristallins qu'ils contiennent. Ceux qui ont la couleur
cyanée {^hleu d'azur) passent pour des saphirus mâles. » La
description (îes améthystes suit , dans Pline , celle des sa-
phirus. Théophraste range le sapphelros avec d'autres pierres
rares , peu volumineuses , et que l'on tailloit pour faire des
objets de bijouterie. Il dit que cette pierre est tachetée dor
et d'une couleur foncée , approchant de celle du (^yanis
MALE , qui paroît avoir été le lapis bleu foncé.
Chez les Hébreux, le sapiroa sappir (radical du mol grec
sappheiros,et du mot latin saphirus, et de noire mol saphir), dé-
signoit la même pierre. On la comptoit au nombre des douze
gemmes du rational d'Aaron ; elle ornoit le vêlement du
roi de Tyr.
On est réduit à des doutes sur la vraie nature du saphirus;
SAP 167
cependant on a de fortes raisons de croire que le lapis et
s. -s variétés , ont été confondus ici avec des pierres incon-
nues , tantôt purpurines, tantôt bleues; mais ce^ui nous
paroît évident , c'est que le saphir des modernes n'est pas
le saphirus ou sapphyrus des anciens. V. Zemphyrus, (ln.)
SAPHNINA. Nom arabe delà Tourterelle de5 bois.
SAPIN , Jbies, Tourn. , Juss. , Mill. ; Pinus, Linn. ( Mo-
noécie monadelphie.) Genre de plantes de la famille des coni-
fères , qui a beaucoup de rapports avec les Pins et les Mé-
lèzes, et qui comprend des arbres résineux presque tous de
la première grandeur , toujours verts , dont on retire la té-
benthine et la poix, et dont le bois est d'une grande utilité
dans les arts et dans les constructions civiles et navales.
Linnœus a réuni le sapin au pin dans un même genre , et
Jussieu l'a joint au mélèze. Les caractères génériques de ces
trois arbres sont, il est vrai, à peu près les mêmes ( Voyez en
la description à l'article Mélèze ). Cependant il y a entre eux
des différences essentielles très-remarquables. Le sapin dif-
fère des deux autres parla disposition de ses feuilles, qui sont
solitaires et naissent toutes de différens points .de la tige ,
tandis qu'elles sont engaînées par la base au nombre de deux
ou plusieurs dans le pin, et rassemblées en faisceaux dans le
mélèze. Il diffère encore du Pin par ses cônes solitaires et
terminaux , formés par des écailles menues , régulières ettui-
lées ; tandis que ceux du pin sont rassemblés en grappes et
constitués "par des écailles , épaisses , irrégulières.
C'est donf avec raison que j'ai fait un genre et un article
particulier de chacun de ces arbres dans ce Dictionnaire ; en
les y réunissant sous le même mot , avec toutes leurs espèces,
i'aurois nécessairement augmenté la confusion qui règne dans
la nomenclature de ces espèces ( i/s^z l'article Pin), les-
quelles, dans ie pin et le sapin surtout^ sont assez mal carac-
térisées et trop peu distinguées des variétés que la culture a
produites. V. Agathis.
Il y a plusieurs espèces de sapins ; la plupart sont des
arbres très-élevés et fort droits qui croissent sur les monta-
gnes des pays froids , dans une région inférieure à celle où
Ton voit les mélèzes. Les uns ont la pointe de leurs fraits ou
cônes tournée vers le ciel , et des feuilles planes , échancrées
par le bout , rangées à peu près sur un même plan des deux
côtés d'un filet ligneux , comme les dents d'un peigne ; ce
sont les véritables sapins. Les autres ont la pointe des cônes
tournée vers la terre, et des feuilles en alêne , roides , poin-
tues, piquantes , lisses , éparses autour d'un filet commun ,
t\ formant une espèce de cylindre. Ce sont les faux-sapins ,
i68 SAP
appelés piceas ou épicias. Le feuillage des premiers a quelques
rapports avec celui de I if. Les vrais sapins fournissent la
térébenthine de Strasbourg ^ qui est une récolte pour certains
cantons. Les épicias produisent la poix. Voyez Poix et Té-
rébenthine.
Le mode de croissance des sapins et des épicias est à peu
près le même. Le tronc de ces arbres croît dans une ligne
perpendiculaire au sol. Il est terminé par la pousse de la
dernière sève. A chaque pousse il s'élève une branche verti-
cale qui est le prolongement du tronc , et en même temps
il en paroît trois ou quatre qui prennent une direction hori-
zontale. <f A l'extrémité de cette flèche , dit Feniile , qui
s'élève tous les ans sur la flèche de l'année précédente , pour
former successivement le tronc du sapin, on voit, dès que
la sève est arrêtée , et surtout au renouvellement du prin-
temps , quatre boutons disposés carrément autour d'un cen-
tre où se trouve un plus gros bouton , duquel doit partir la
flèche de l'année suivante ; ce dernier bouton est unique dans
toute la plante, et s'il vient à périr, l'arbre cesse de s'éle-
ver. Aussi la nature a-t-elle pris soin de le garantir de l'effet
des gelées du printemps ; il est plus long à se développer que
les boutons latéraux, et il est couvert par une calotte coriace
qui enveloppe, pendant fort long-temps, le paquet de ses
feuilles naissantes. »
La croissance des sapins est lente ; ce n'est guère que vers
la cinquième ou sixième année qu'un semis de sapins com-
mence à se distinguer de l'herbe, mais avec le temps ces
arbres deviennent très-hauts; ils le sont déjà beaucoup à cin-
quante ans. A l'âge de cent ans à peu près ils acquièrent toute
leur élévation. A mesure qu'ils gagnent en hauteur, leurs
branches inférieures se dessèchent et meurent. Les branches
latérales poussent toujours parallèlement , gardant la ligne
horizontale, ou du moins s'en écartant très-peu. La grosseur
de ces arbres semble n'être pas proportionnée à leur extrême
élévation. Cependant Pline \Ub. i6, cliap. l^o de son Hist. nat. )
cite un sapin de sept pieds de diamètre , qui servit de mal au
vaisseau que les Romains firent construire pour transporter
d'Egypte l'obélisque destiné au Vatican.
Quoique les sapins paroissent se plaire dans une région
très-élevée, et quoiqu'ils croissent communénient à neuf
cents toises au-dessus du niveau de la mer, cependant, soit
^par les soins de l'homme , soit d'eux-mêmes, ils se sont na-
turalisés de proche en proche dans des lieux plus bas ,
et même dans les plaines où ils forment des forêts moins
ipajestueuses peut-être que celles qu'on voit sur les montJ^-
gnes , mais qui sont Icajours d'une grande utilité.
SAP 169
Dans les pays où le sapin est Irès-commun , on s'en sert
pour clore des champs. On en construit en Suisse des
maisons entières ; mais son bois n'a pas l'avantage , comme
celui de Mélèze ( F. ce mot. ) de laisser transsuder sa ré-^
sine, et de boucher ainsi jusqu'aux plus légers interstices. Il
varie peu en,longueur par la chaleur; il dure long-temps sous
l'eau et sous terre ; les pilotis des fameuses digues de Hol-
lande sont en bois de sapin. En Franche - Comté , les mai-
sons , à l'exception de celles des riches , sont couvertes avec
des laites de sapin , qu'on nomme ancelles. Dans d'autres en-
droits on emploie son écorce à la place du tan , pour pré-
parer les cuirs ; souvent on mêle à celte écorce celle du noi-
setier. Le bois de sapin entre dans la fabrique des plus grands
vaisseaux ; on en fait des pièces de charpente. Mais c'est sur-
tout dans la menuiserie qu'il est d'un usage fréquent et
journalier. Enfin , ce bois est bon à brûler et fait de bon
charbon.
Outre ces avantages , les sapins en présentent encore d'au-
tres. Leurs feuilles, très-nombreuses , et leur menues bran-
ches recueillies avec soin , peuvent être employées comme
litière , être converties ensuite en excellent fumier. Les jeunes
branches peuvent suppléer au houblon dans la composition
de la bière. On les applique à cet usage dans le Canada; et
au nord de l'Europe , la seconde écorce des sapins, déta-
chée au printemps , est employée comme aliment. Voici les
espèces de ce genre intéressant.
Espèces.
Quoiqu'elles ne soient pas nombreuses , je crois devoir les
présenter sous deux divisions , fondées sur la direction des
cônes et sur la forme (Tes feuilles.
\. Vrais Sapitss , dont les cônes sont redressés et les feuilles
plates.
Le Sapin commun, Sapin argenté , Sapin blanc , Sapin
DE Normandie , Sapin a feuilles d'if, Pinus Picea, Linn.;
Ahies alba.,M\\\.'^ Ahies taxifolïa., Mus. Très-grand arbre dont
la tige est droite et nue jusqu'à son sommet , et dont les
branches sont parallèles à l'horizon; sa tête formant une py-
ramide. Son bois, -tendre et résineux, est revêtu d'une écorce
blanchâtre , sèche et friable. Ses feuilles sont étroites, assez
longues , échancrées à leur extrémité et blanchâtres en des-
sous : ses fleurs mâles disposées en grappes axillaires, et ses
cônes rougeâtres,etportés sur des pédoncules redressés.Sous
«7> SAP
chaque écaille du cAne, on trouve deux semences ovales, an-
guleuses, obtuses , garnies d'une aile membraneuse.
Ce bel arbre habite les hautes montagnes et les pays élevés,
où il forme de vastes forêts ; il est très-commun en Suisse ,
en Allemagne , dans les environs de Strasbourg , en Auver-
gne, en Normandie. Il croît aussi dans le Levant. Tour-
nefort fait mention, dans ses voyages , des sapins du mont
Olympe , et il en parle comme de» plus beaux arbres qu'il
ait vus en Orient. 11 découle de ces sapins un suc rési-
neux très-estimé , appelé larme de sapin. Ce suc est amer,
acre , visqueux ; son odeur approche de celle du citron ; il
est vulnéraire, balsamique et antiseptique.
Le Sapin BALSAMIQUE ou Baumier de Gilé au y P inus bal-
samea, Linn.; Abies ba/samea, Mill. C'est un arbre de l'Amé-
rique septentrionale , beaucoup moins élevé que le précé-
dent , dont les feuilles sont marquées en dessous de deux li-
gnes blanchâtres. Quand on les froisse , elles exhalent une
odeur balsamique très-forte. On retire , des utricules qui se
forment sous son écorce, une résine fort claire et d'une odeur
très-agréable , qu'on vend en Angleterre pour le baume de
gdead , d'où vient le nom donné à ce sapin. Il se cultive dans
nos jardins.
Le Sapin de Virginie , Abies americana , Mill. ; pectinata ,
Mus. ; ses feuilles sont disposées sur deux rangs , linéaires ,
tronquées par le bout, avecdeuxpetites dents, etmarquées en
dessous de deuxnervures:ses cônes sont petits et arrondis.Ce
snpin étend ses branches au loin horizontalement;il est moins
beau que les autres espèces. Il ne profite jamais beaucoup en
Angleterre ., dit Miller, ni même dans plusieurs cantons de
1 Amérique. 11 languit dans une terre sèche, demande un
sol humide, et résiste très-bien aux froids du nord de la
France.
Le Sapin nain ressemble beaucoup au sapin commun ,
mais ne s'élève que de quelques pieds. On le trouve dans
File de Terre-Neuve et à la baie d'iiudson. M. la Fortelle
l'a cultivé à Versailles pendant un grand nombre d'an-
nées.
II. Epicias ou Sapins dont les (ânes sont pendons d tesjeuitles
r.ylindriijves.
LcSâpin pesse, Sapin de Norwége, Arbre a poix,Pesse,
Pèce , PiCEA , Epicia ou faux Sapin , Pinus abies, Linn. ;
Abies pirea , Mill. Grand arbre fort coininan dans les forêts
de la Norwége, et qui croît dans des vallées ;loot le sol est
s A P 'P
Irès-profond. Il fournit le bois de charpenle connu sous ft»
nom (le sapin. Ses feuilles sont en alènc , roides, pointues ,
piquantes et lisses; ses cônes allongés et penchés; ses écailles
permanentes. On a appelé cet arbre picéa ou arbre à poix ^
parce qu'il fournit la résine qui porte ce nom.
lise cultive très-fréquemment dans les jardins paysagistes,
qu'il embellit plus qu'aucun arbre résineux , par la disposition
régulière de ses branches.
Le Sapin ou Pessedu Canada , Sapinette du CA^ADA ,
EpINETTE BLANCHE DELA NOUVELLE- ANGLETERRE, Pinusalba,
Linn. Dans cette espèce, les feuilles sont disposées de la
même manière à-peu- près que dans le picéa; les cônes
sont grêles et de la grosseur du doigt, et les écailles per-
manentes. Elle offre une ou deux variétés connues sous les
noms de sapineile noire et sapiiielle rouge ^ que les observa-
tions modernes présentent comme des espèces différentes
de la précédente , par leur moindre élévation , et par la
petitesse de leurs feuilles et de leurs fruits. C'est avec l'é-
pinetle blanche que les Canadiens font de la bière ( K. à
l'article Houblon). Elle produit aussi le baume du Ca-
nada, V. Bacme.
Le Sapin du Canada , ou Hemelock-spruce^Pînus cmiadensù,
Linn., a les feuilles éparses sur les rameaux. 11 est naturel à
l'Amérique septentrionale, et se cultive dans nos jardins.
Ses rameaux sont préférés pour la fabrication de la bière ,
dans beaucoup de lieux.
Le Sapin ou Pesse d'Orient, Pinus orientalis., Linn., à
fruit très-petit, et à feuilles courtes et tétragones. Celte espèce
fut découverte en Orient par Tournefort , qui en envoya des
cônes au Jardin des Plantes de Paris. Ce sapin croît dans
les montagnes de Tlslrie , de la Dahnatie, et dans celles de^
îles de l'Archipel, où il est très-conmiun.
Semis des Sapins. Toutes les espèces de sapin se multi-
plient de graines qu'on élève à l'ombre, ainsi que le plant. On
cueille les cônes en janvier, février et mars; pour les faire
ouvrir, et faire sortir la graine , on les expose à la vive
ardeur du soleil, ou dans un four modérément échauffé
Le sol destiné auseniis, doit avoir été labouré , et bîetj
émietté; pour peu qu'il soit exposé au soleil, on mêle à la
graine de sapin huit ou dix fois autant d'avoine , qu'on sème
<*n même temps; en grandissant, elle protège de son ombre
ies jeunes sapins; et quand on l'a coupée, son chaume leur
>ert encore d'abri pendant l'anntîe suivante ; alors ils peuvent
se passer des soins de l'homme. Après avoir semé, on enterre
]a graine au moyen «le la herse , armée de fagots, qu'on p^sre
«7» SAP
à plusieurs reprises sur le champ. On ne doit pas craindre
de semer le sapin dru, sauf à enlever les pieds surnumé-
raires, dans les premières années qui suivront celle du semis.
Cette manière d'élever ces arbres est employée pour les forêts
et les grandes plantations.
Il y en a une autre dont les pépiniéristes et les amateurs
de jardins paysagistes font usage. Elle consiste à semer dans
une plaie-bande de terre de bruyère exposée au nord. On
couvre le plant de feuilles sèches pendant les fortes gelées.
Au printemps de la seconde année , on repique ce plant à
six pouces de distance, dans une terre à une exposition sem-
blable. A quatre ans , on le repique une seconde fois à trente
pouces, et dans une terre ordinaire , au préalable bien la-
bourée. Ce n'est qu'à la sixième et septième année qu'il est
propre à être mis en place. L'epiciaet la sapinette poussent
plus rapidement que le sapin. Jamais la serpette ne doit tou-
cher leurs branches.
Coupe des sapins. En Franche-Comté , sur les Alpes et sur
les Pyrénées , on a la mauvaise habitude de couper les
sapins à un pied et demi, et même à deux pieds au-dessus du
sol. On perd ainsi la plus avantageuse et la plus grosse partie
du tronc ; car le sapin, comme la plupart des arbres verts ,
une fois coupé , n'importe à quelle hauteur, meurt, et son
tronc , ainsi que ses racines, se convertissent en terreau. Du
côté de Berne, et dans quelques autres cantons de la Suisse ,
on coupe ces arbres à fleur de terre, comme le chêne, c'est
la bonne manière; aussi cette méthode a-t-elle été introduite
dans les parties des Pyrénées qu'on exploite pour le compte
du gouvernement français.
Dansbeaucoup d'endroits, on choisit le mois de septembre
pour faire la coupe des sapins , parce qu'alors les journées
sont moins chères, et parce que depuis ce moment jusqu'à
celui où la neige couvre la terre, on a encore assez de.temps
pour achever l'exploitation. Cette pratique mérite la prélé-
rence, si l'on vise à l'économie ; mais elle est mauvaise, si
on veut avoir du bois de bonne qualité. Pour qu'il soit tel,
il faut couper le sapin lorsqu'il est le plus chargé de résine.
Cette époque est dans le mois de juillet et d'août, lorsque
•l'arbre végète dans un terrain gras, et au printemps si le sol
est maigre.
Ceux qui désireront plus de développemens sur la cul-
ture et l'exploitation des sapins, peuvent consulter Miller
et le baron de Tschoudi. V. aussi l'article Bois , où j'ai in-
diqué une méthode pour durcir l'aubier du chêne , qu'on
peut employer avec succès sur le bois de sapin, (d.)
SAPIjMDUS. Nom composé des deux mots latins 50^90 et
SAP ,73
indus , c'est-à-dire savon et inde , ou saç>on indien. Il a été
donné par Tournefort, Adanson , Llnnseus, etc. , au genre
de plantes ci-après décrit à l'article Savonnier. Les fruits de
l'espèce la plus commune (^sapinflus saponaria, L. ), qui est
un arbre de l'Amérique méridionale , servent en guise de
saron pour laver le linge. Cet arbre est appelé aussi hnis à
savonnette. Selon Adanson, c'étoit le Ukka des Américains, et
le quitc de Brasiliens.
Laxmann a fait, aux dépens du sapindus., son genre koelreu-
/«•iaqui a été adopté par Lhéritier et tous les botanistes, (ln.)
SAPINETTE. Nom commun à trois arbres du Canada,
qui font partie du genre des Sapins, (b.)
SAPINEÏTE. Nom vulgaire des coquilles du genre
Anatife. (b.)
SAPINOS. Pline dit qu'on donnoit ce nom aux améthystes
les plus claires de toutes. On les appeloit aussi paraniles ,
du nom d'une contrée voisine de l'Arabie : il n'en dit pas
davantage. Je pense, qu'il s'agit ici, comme pour le sacediony
de rubis orientaux pâles en couleur. On lit dans quelques édi-
tions de Pline , et chez les commentateurs , sapenos pour sa-
pinos,et phara onpharan pour para ou paran, qu'on donne pour
le nom d'une ville d'Arabie , et non pas d'une contrée, (ln.)
SAPINUS de Pline. F. PiNUS. Il a été donné encore
au Sapin. F. ce mot. (ln.)
SAPIR et SAPPIR des Hébreux. F. Saphirus. (ln.)
SAPIUM. Ce genre , établi par Brown dans son Histoire
de la Jamaïque, adopté par Adanson, et annulé parLinnseus
qui l'avoit compris dans son genre Hippomane, est décrit
à l'article Gluttier. Michaux en retire le croton sebîferum
que Jussieu y avoit rapporté pour le placer dans le genre
Stillingia. (ln.)
SAPONACÉES, «Sa^DiW/, Jussieu. Famille de plantes,
dont les caractères consistent: en un calice polyphylle ou mo-
nophylle, souvent divisé en une corolle formée de quatre àcinq
pétales portés sur un disque hypogyne , tantôt nus , tantôt
velus ou glanduleux à leur partie moyenne ou intérieure ,
tantôt munis à leur base d'un appendice pctaliforme ; des
étamines ordinairement au nombre de huit, également insé-
rées sur le disque hypogyne, à filamens distincts, à anthères
biloculaires , quadrisillonnées , s'ouvrant sur les sillons laté-
raux; un ovaire simple , quelquefois dîdyme, à style unique
ou triple;à stigmate unique, double ou triple;un fruit multiple,
ou simple, ou uni, ou bi ou triloculaire, à loges polyspermes,
rarement dispermes; semences quelquefois marquées d'une
cicatrice à leur ombilic , attachées à l'angle interne des
*74 SAP
loges, à embryon dépourvu de périsperme, à radicule cour-
bée sur les lobes, qui sont eux-mêmes déjà recourbés.
Les plantes qui appartiennent à celte famille, sont toutes
exotiques , rarement herbacées ; leur tige , quelquefois grim-
pante ou sarmenteuse, ordinairement droite, à cime rameuse
ou touffue , porle des feuilles alternes , une ou deux fois
composées; les fleurs en général petites et d'une couleur peu
éclatante, naissent soit dans les aisselles des feuilles, soit au
sommet des tiges et des rameaux ; elles sont ordinairement
disposées en grappes , quelquefois en corymbe ou en pani-
cule.
Ventenat rapporte à cette famille, qui est la neuvième de
la treizième classe de son Tableau du Règne végétal^ et dont
les caractères sont figurés pi. i5 , n." 4- des planches du même
ouvrage , douze genres sous deux divisions, savoir :
i." Les saponacées à pétales doublés ou munis à leur onglet
d'un appendice pétallforme : Cardiosperme, Paulijnie ,
Savonnier, Koelueuterie et Aporetioue.
2° Les saponacées dont les pétales sont simples : Orni-
trophe , Litchi , Mélicoque , Acladodée , Talisier ,
Molinée, Cossignier.
Les genres qui ont le plus d'affinité avec cette famille ,
sont les Mataybe.s , les Enourous , les Cupanis et les
PÉKÉES. (R.)
SAPONAIRE ou SAVONNIERE,5/7;)ow7r/a,Linn. {dé-
cmidrie dîgytiie. ) C'est un genre de plantés de la famille des
raryophyllées , fort voisin des Gypsophiles, des Silènes et
des CucuBALES, dont les fleurs sont ordinairement disposées
en corymbes terminaux. Ses caractères sont d'avoir: un ca-
lice persistant , tubuleux, nu à sa base , et découpé en cinq
parties ; une corolle formée de cinq pétales, ayant leurs on-
glets étroits et de la longueur du calice , et leurs lames lar-
ges et obtuses ; cinq étamines alternativement posées sous
le pistil et sur les pétales ; un germe cylindrique , soutenant
deux styles droits , parallèles et couronnés par des stigmates
aigus , et une capsule oblongue , h cinq valves et k «ne loge ,
qui s'ouvre par le sommet , et qui contient plusieurs petites
semences rondes et chagrinées. On ne connoît que quinze à
seize espèces de ce genre, dont les seules, qui méritent de
trouver place ici, sont les suivantes:
La Saponaire officinale, Saponaria officinalis^ Linn. Sa
racine, longue et noueuse , pousse des tiges herbacées, du-
. res, cylindriques , garnies de feuilles opposées et ovales ,
terminées eu pointe aiguë et d'un vert pâle. Les pédoncules
sortent des aisselles des feuilles et du sommet des tiges , et
soutiennent chacun quatre , cinq ou un plus grand nombre
SAP 175
de fleurs incarnates ou pourpres , qui , par leur réunion an
haut de la plante, produisent un bel effet; elles paroissent
en juillet, août ou septembre , suivant le climat. Celte es-
pèce est vivace par ses racines. On la trouve en Europe ,
dans les endroits frais, aux bords des champs et des ruis-
seaux. Son nom , qui a été donné au genre, lui vient de la
propriété de ses feuilles , qui, broyées et mêlées dans Teau,
forment une écume semblable à celle du savon. Elles con-
tiennent en effet un mucilage qui est un vrai savon végétal ,
propre à blanchir les dentelles , à décrasser les soies et â
nettoyer les étoffes de laine. On s'en sert même dans quel-
ques pays pour blanchir le linge, principalement dans l<»
nord de l'Europe, à l'imitation des anciens qui employoient
cette plante au même usage. La médecine tire aussi parti de
la saponaire. La décoction de ses racines et de ses feuilles ,
corrigée et adoucie par le miel , est un puissant résolutif pour
les obstructions formées par des matières grasses et visqueu-
ses dans les vaisseaux et les viscères; cette même décoction
est encore un bon remède dans le traitement des dartres et
de la gale , soit qu'on la prenne intérieurement , soit qu'on
en bassine les parties malades. Les feuilles entrent dans les
bains domestiques émolliens ; enfin toute la plante est re-
gardée comme un spécifique contre le vice siphilitique. Il y
a une variété de saponaire à fleurs doubles , et une autre
qu'on appelle saponaire hybride: celle-ci a été regardée comme
un jeu de la nature ; cependant Miller dit que , quoiqu'elle ne
donne point de semences , il ne l'a jamais vue varier pendant
quarante années de culture.
La Saponaire pentagone ou rouge, vulgairement blé de
vache {Saponaria vaccaria, Linn.). Celle-ci est annuelle ; elle
croît parmi les blés, dans le midi de la France et en Italie.
Les bestiaux , les vaches surtout , la mangent avec avidité ,
d'où lui vient son nom. Sa tige est haute d'un pied et demi ,
droite, lisse et branchue ; ses feuilles sont sesslles, ovales,
pointues, et plus petites que celles de l'espèce ci-dessus; ses
(leurs naissent en corymbe aux extrémités des branches, cha-
cune sur un pédoncule nu et long ; leurs pétales sont petits,
dentés et d'un pourpre rougeâtre ; leurs calices longs , en-
flés en forme de pyramide et k cinq angles aigus; elles pa-
roissent en juin et juillet , et leurs semences mûrissent en au-
tomne.
La Saponaire rampante ou a feuilles de basilic , Sa-
ponaria ocymoïdes , Linn. Elle est vivace , et ne s'élève qu'à
un demi-pied ; sa tige est très-rameuse , un peu velue et
couchée; ses feuilles sont petites, ovales, allongées etasseï
semblables à celles du basilic; ses ûeurs naissent aux aisseilei
176 s 7V. P
Aes feuilles; elle« ont un calice cylindrique, velu, et des
pétales rouges. La station de celle espèce s'étend de la Mé-
diterranée jusqu'à la Suisse, (n.)
SAPONARIA. ïragus a donné ce nom à la Saponaire
OFFICINALE (^Saponaria officinalis., L. ) , parce que cette plante
est employée en guise de savon pour blanchir le linge et net-
toyer les étoffes de laine. U l'avoit également appelée viola
agrestis ; mais tous les botanistes ont préféré la première dé-
nomination.
Tournefort comprenoit celte plante dans son genre lych-
nîs , mais Linnseus l'en a retirée et en a fait le type de soii
g&nve saponaria ^ auquel il avoit d'abord vémaiVarenaria te-
traquetra et beaucoup d'espèces de gypsophila qu'il en a re-
tirées depuis, et entre autres le gyps^struthion qui paroît être le
struthion des anciens , plutôt que la saponaire officinale ,
comme quelques auteurs l'ont écrit.
Halier n'a pas rejeté du genre saponaria toutes les espèces
de gypsophila que Linnseus y avoit mises ; il y en a con-
servé quatre , \tsgyps. repens , perfoUata , fastigiata et rlgida.
Moench , en approuvant les renvois faits par Linnseus,
trouve encore que le genre saponaria peut être modifié; il en a
retiré le saponaria porrigens , type de son genre hagenia^ et le
sap. vaccaria^ dont il f^it, à l'exemple de JVlédicus, le genre
varcaria. (lN.)
SAPOTA. Le genre que Plumier avoit établi sous ce
nom , a été appelé par Linnseus Achras. V . Sapotillier.
(LN.)
SAPOTE NEGRO. Nom d'une espèce de Plaquemi-
NiER à rile-de-Erance. (b.)
SAPOTIÉR. V. Sapotillier. (d.)
SAPOTILLIER, SAPOTIER, Achras,Unx\.;Sapotay
Plum. (^hexandrie monogynie). Très-bel arbre fruitier de la
famille des Hilospermes, qu'on cultive dans les Antilles,
principalement à Saint-Domingue, pour son fruit, qui y est
regardé, avec raison, comme le meilleur de ce pays , après
l'orange. Le ^sapotillier a été bien décrit par Nicolson ( £5-
saisiir fjiist. nat. de Saint-Domingue'). U est figuré pi. P 16 de
ce Dictionnaire.
« C'est un grand arbre, dit-il, qui s'élève à la hauteur
de trente-cinq à quarante pieds ; sa racine est pivotante ,
chevelue; l'épiderme d'un brun sombre ; l'écorce moyenne,
vougeâtre ; le liber blanc, d'un goût acre, rempli d'un suc
laiteux et gluant; le bois blanc , filandreux. Le corps de l'ar-
bre est droit, fort rameux, couvert d'un épiderme crevassé,
rude, noirâtre; l'enveloppe cellulaire verte; le liber sem-
blable à celui des racines ; le bois blanc et se fendant. Les
SAP i7f
branches sont tantôt alternes, tantôt opposées , longues,
pendantes, représentant, vers le bas, une espèce d'enton-
noir , du centre duquel s'élève un jet fort droit, assez haut,
dont'le sommet forme un bouquet arrondi. Les feuilles nais-
sent aux extrémités des ramilles -, elles sont longues de trois
à quatre pouces , larges de douze à quinze lignes , lisses , lui-
santes, sans dentelures, d'un vert foncé en dessus et pâle en
dessous, très-veinées, remplies d'un suc laiteux gluant et
acre, pointues aux deux extrémités, disposées par bouquets
jusqu'au nombre de douze ou quinze , portées sur un pétiole
long d'un demi-pouce, dont le prolongement forme une
côte saillante qui divise la feuille en deux parties égales , et
qui sert de base à plusieurs nervures fort déliées , presque
droites et parallèles. Les fleurs croissent au centre des bou-
quets, au nombre de cinq ou six ensemble , soutenues par
des pédoncules de six-lignes de longueur. »
Chaque fleur présente pour caractères génériquesrun calice
persistant et à cinq divisions profondes ; une corolle tubulée
et campaniforme , dont le limbe est découpé en six segmens,
et garni à son orifice de sixpelites écailles échancrées;sixéta- '
mines qui ne dépassent point le tube ; et un style à stigmate
obtus. Le fruit est une pomme ovale ou faite en sabot , con-
tenant dans huit ou dix loges un même nombre de semences.
Ces caractères sont représentés pi. P. i6 de ce Diction-
naire , et constituent le genre sapotillier ^ dans lequel on
ne compte que trois ou quatre espèces. Celle que j'ai décrite
est Vachras sapola de Linnaeus.
On donne le nom de sapote ou de sapotille au fruit du sa—'
polillier. Il est couvert d'une peau brunâtre plus ou moins
crevassée. Quand il n'est pas mûr, sa chair est verdâtre ,
d'un goût fort acre et désagréable ; mais dans sa maturité
elle est d'un brun rougeâtre, d'une saveur délicieuse ettrès-
rafraîchissânte. Les pépins sont oblongs, aplatis, revêtus
d'une écorce ligneuse, noire, dure et cassante , qui renferme
une amande blanchâtre très-amère. Ces fruits se mangent
crus , et sont servis aux Antilles sur toutes les tables. On dis-
tingue plusieurs variétés de sapofilliers, savoir : à fruits oblongs
et ovoïdes ; à fruits oblongs et gonflés au sommet; à fruits ronds ^
dont le sommet et la base sont aplatis ; à fruits ronds , dont le
sommet est pointu et la base aplatie.
On voit une très- belle figure de la sapotille dans ia*ï1ore
des Antilles de M. de Tussac.
Swarlz rapporte Vachras sali cifoUa^ Linn., à son genre lu-
melia. V. BuMÉLiE. (d.) . ■- ■ ■
SAPOTILLIËRS. Famille d-^ plantes q«eV«mcnalap-.
pelle HiLOSPERME.S.
XXX. 12.
tj8 SAP
C'est à celte famille qu'appartient le fameux arbre de ik
Vache , qui croît dans l'Amérique méridionale, et qui donne
un abondant suc laiteux propre à la nourriture des hommes.
On ne connoît pas encore les parties de sa fructification ;
mais Humboldt a rapporté un de ses rameaux, que j'ai vu, et
dont les feuilles sont alternes, ovales, aiguës, mucronées,
épaisses , coriaces et longues de près de six pouces, (b.)
SAPPADILLE.Nom qu'on donne, dans les colonies an-
glaises , à la COROSSOLLE. (B.)
SAPPAL. Arbre des Indes, figuré par Rumphius, mais
imparfaitement connu des botanistes. Son écorce est odo-
rante , et son bois employé à la construction des maisons.
(B.)
SAPPAN. Nomqu'ofi donne, dans les Indes-Orientales,
à une espèce de ^resillet (cœsa/pinia sappan^h.). Le voya-
geur Linschott écrit sapou. (ln.)
SAPPARE. Nom que Saussure avoit donné auDiSTHÈNE
BLEU du Saint-Gothard. V. ce mot. (ln.)
SAPPARITE. Minéral décrit par Schlottheîm. Il se
voit enchâssé et enveloppé dans des druses de cristaux de
spinelle , d'où l'on peut conclure qu'il se trouve dans l'Inde,
peut-être dans le Pégu , ou bien à Ceylan. Il est translucide
et d'un bleu d'azur pâle ; mais quand on le fait chatoyer, il
a des reflets d'un blanc d'argent vif et opalin. Il semble cris-
talliser en prisme droit, rectangulaire; sa cassure longitudi-
nale est feuilletée ; celle en travers est inégale et imparfaite-
ment conchoïde. Il est peu dur , et sa poussière est d'un gris
blanchâtre.
Cette substance est probablement du disthène. L'on sait
que le disthène se trouve à Ceylan et dans plusieurs parties
de l'Inde, (ln.)
SAPPHIRUS. V. Saphirus. (ln.)
SAPROPHAGES , Saprophagi. Nom que j'avois donné
(^Gener. Crust.et Insact.) à la division des insectes coléoptères
pentamères qui n'ont que quatre palpes, (l.)
SAPYGE, Sapyga, Latr., Jur., Klug. , Hellus, Fab.
Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères , famille des
scoliètes , tribu des sapygltes. Ses caractères sont : un ai-
guillon dans les femelles ; lèvre inférieure à trois divisions
étroites, allongées, dont les latérales plus petites, pointues,
et celle du milieu échancrée ; antennoiB insérées vers le mi-
lieu du front, renflées vers l'extrémité , brisées; lèvre supé-
rieure nulle ou peu apparente ; palpes courts; les maxillaires
de six articles, les labiaux de quatre ; mandibules fortes, à
plusieurs dentelures ; ailes étendues ou sans plis.
L«s sapyges avoient été d'abord coufon<}ues par Fabrlcius
SAP .79
avec les scolles, dont elles se rapprochent en effet beaucoup.
Leurs mandibules larges et multidentées , leurs antenne
coudées et très-senslbleuient reutlées vers leur extrémité
dans les deux sexes, leur lèvre inférieure dont la division du
milieu est plus grande etéchancrée, les éloignent de celles-
ci. On observera en outre , que leur corps est glabre , et que
le premier segment du corselet est assez grand, avec le bord
postérieur presque droit.
Ces insectes ont un corps étroit, allongé, noir, tacheté
de fauve, de blanc ou de jaune ; les antennes de la longueur
du corselet dans les femelles, plus longues et terminées ea
massue plus forte dans les mâles , insérées sous une petite
saillie frontale ; la tête un peu plus large que le corselet, ar-
rondie postérieurement, avec les yeux échancrés; le corse-
let presque cylindrique , coupé droit en devant , obtus posté-
rieurement; l'abdomen ellipsoïde et allongé; les ailes éten-
dues et dont les supérieures ont une cellule' radiale , quatre
cellules cubitales, avec deux nervures récurrentes; les pâlies
de grandeur moyenne , et n'ayant de pointes que celles qui
terminent ordinairement les jambes.
Les sapyges semblent faire le passage des scolîes aux guê-
pialres; peut-êlre appartlenneni-elles à cette dernière sous-
farnille; car, à l'exception des ailes qui ne sont pas doublées,
leurs organes de la manducation sont presque les mêmes. J'ai
tout lieu de soupçonner que ces Insectes déposent leurs œufs
dans les nids des aplaires et des guêplaires ; on les rencon-
tre voltigeant sans cesse auprès de ces nids , le long des murs
ou des terrains coupés à pic , et qui sont exposés au soleil.
"Ijâ sapyge prisme rôde autour des vieux arbres. Le nom de
sapyge est, à un léger changement près, le même que celui
de saipyga qui répond au soipuga , solipuga , soUfuga , de
dlfférens auteurs. Les anciens paroissent avoir désigné par-là
un insecte qu'ils regardolent comme une fourmi venimeuse.
Puisque j'avols déjà employé ce nom , on n'auroit pas dû le
donnera un genre d'arachnides. K. Galéode.
Sapyge a six points, Sapyga sex-punctata. Hellus ^-gut-
taius ^ Fab., le mâle ; Ejusd., Hellus &-punclaius , la femelle.
Sapyge à cinq points, pi. P. 14, 9, de cet ouvrage, la
femelle. Elle a près de quatre lignes de long; son corps est
noir; le second et le troisième anneaux de l'abdomen sont
rouges; le quatrième et le cinquième ont de chaque côté un
point blanc ; le sixième en a aussi un en dessus. Le mâle ( la
Guêpe noire à quatre points blancs sur le ventre , (ieoff. ) est un
peu plus petit, noir, avec un trait blanc de chaque côté
sur le troisième et le quatrième anneaux.
SAPYftE PRISME, Sapyga prisma. Hellus prisma , Fab.; Apîi
i8o S A R
claoicornis, Linn. Elle est de la grandeur de la précédente,-'
noire , avec une tache jaune, de chaque côté , sur les second,
troisième et quatrième anneaux de l'abdomen. Ces taches
sont même réunies dans quelques individus, et forment des
bandes. L''>xtrcmité de Tabdomen a une tache jaune. Le
mâle a les antennes longues et terminées en massue, (l.)
SÀPYGITES , Sapygites. Tribu d'insectes, de la famille
des fouisseurs, ordre des hyménoptères, distinguée des au-
tres tribus de la même famille , par les caractères suivans :
segment antérieur du tronc prolongé sur les côtés , jusqu'à
la naissance des ailes ; pattes courtes , grêles , peu ou point
épineuses ou ciliées; corps étroit et allongé, presque glabre ;
antennes composées d'articles serrés, aussi longues au moins,
dans les deux sexes, que la tête et le corselet; ailes supé-
rieures ayant une cellule radiale et quatre cellules cubitales,
dont la quatrième atteint le bout de l'aile; la seconde et la
troisième de ces dernières cellules recevant chacunie une
nervure récurrente.
Cette sous famille comprend les genres : Por.ocHRE , Sa-
PYGE et TUYNNE (L.)
SAQ EL-H AMAM. Nom arabe d'une \ IPERITSE ( Echnim
„ro5//Y//Mm,l3esf.), selonM. Delille.(L^O
SAQK CHALiYN, SAQR EL-GHAZAL, EL BAZ.
Noms égyptiens du Faucon, (v.)
SAQPv EL-BAZ. Nom égyptien de I'Autour. (v.)
SAQR EL-FYRAN. Un des noms arabes de la Sou-
buse. (V.) ^
SAR. C'est ainsi que les habitans des cotes de l'Aunis
appellent le Varec. (s.)
SARAB. Nom égyptien de la Saupe. V. Spare. (b.)
SARACA. Arbre de llnde, observé par Bunnann ( ïnd.
85, tab. 25, f.'2 ), et dont Linnœus a fait un genre particu-
lier. T. Saraque. (l^.) ,.,„„,
SARACA. L'un des noms romams de \ Hellebonis mger ^
des anciens, qui est dit-on,r//^//e<^on/5 orientaUs, \\illd. (l.N.)
SARACtlE, Saracha. Genre de plantes de la pentandrie
monogynie et de la famille des solanées, intermédiaire en-
tre les Morelles et les Belladones, qui a été établi par
Ruiz et Pavon, et qui offre pour caractères : un calice
persistant, campanule, à cinq angles et à cinq divisions ou-
vertes ; une corolle d abord campanulée, ensuite en roue, à
cinq divisions ovales et recourbées; cinq étamines ; un ovaire
supérieur, presque rond, à style filiforme et à stigmate en
lëîe; une baie globuleuse, uniloculair-é, enfermée à inoilié
dans le calice. v ~ , *>*
Ce genre réunit huit espèces , toalês du Vèrou ou du
s A R iSi
•
Cap de Bonne-Espérance. Ce sont des planîes herbacées,
dont les feuilles sont alternes, pétiolées, et les Heurs dis-
posées en petits bouquets axillaires. Une de ces espèces, la
Sarache couchée, est cultivée au Jardin des Plantes de
Paris, sous le nom de Belladone couchée, que lui a donné
Cavanilles. (b.)
SARADUECiNO ou SARAJHUEGNO. Nom lan-
guedocien de la CHÉLiDOINE. (DESM.)
SARAIGNET. Variété de Froment, cultivée dans le dé-
partement du Gard, (b.)
SARAfv. En tartare , c'est la Brebis, (desm.)
SARAK. Nom arabe de l'une des deux plantes que
Forskaël rapporte à son genre rhadaïa^qii' on réunit mainte-
nant au greivia. (LN.)
SAl\ALU. Nom brame du Langit à feuilles entières de
Lamarck ( ailanlhus integrifolia^Lk.). (ln.)
SARANI. Arbre de l'Inde , figuré par Rhéedé, mais en-
core imparfaitement connu des botanistes, (b.)
SARANN/V. C'est le Lis du Kamtschatka, Lilium kams-
chatcense , Linn. , dont l'ognon sert de nourriture aux
Kamlschadales. (b.)
SARAPË , Sarapus. Genre d'insectes , établi et figuré par
Fischer, dc.ns son Enlomulogie de Moscou^ pour placer l'Es-
CARBOT GLABRE dc Fabricius, auquel il a trouvé des carac-
tères particuliers.
Cet insecte a trois lignes de long ; il se trouve sous les
écorces des arbres. V. Sphérite. (b.)
SARAQUE, Saraca. Arbre de l'inde , à feuilles alter-
nes, plnnées sans impaire , à folioles oblongaes, pétiolées,
tomenteuses •, à (leurs disposées en pahicules ou en épis, ac-
compagnés de bractées imbriquées , ovales et opposées, qui
forme un genre dans la diadelphie hexandrie.
Ce genre offre pour caractères : une corolle infundibuli-
forme , à quatre divisions ; point de calice ; six étamines
réunies en deux faisceaux , un de chaque côté : un ovaire su-
périeur, surmonté d'un style ; un légume pédicellé. (b.)
SARAQUH. K. Saggaody. (v.)
SARCANDA. On donne ce nom au Santal rouge. V. au
mot Santalin. (b.)
SARCANTHÈME, ^«/ranrtcmMOT. Genre de plantes,
élabli par H. Cassini , pour placer la Conyse corne de cerf
de Lamarck , qui s'écarte des autres.
Il offre pour caractères : fleurs hémisphériques , formées
par un calice commun, composé d'écaiiies coriaces, ovales,
oblongues , membraneuses en leurs bords ; fleurons àa
centre réguliers ; dinui - fleurons de la circonférence , fe.
i82 s A R
melles , 1res - «?paîs à leur base et disposés sur plusieurs
rangs ; récepiacle plane, garni d'écaillés plus longues sur
les bords ; ovaires comprimés , obovotdes , pourvus d'un
bourrelé! baccilaire,et d'une aigrette dans ceux de la circon-
férence. (B.)
SARCELLE. F. l'article Canard, pour tous les oiseaux
décrits sous ce nom. (v.)
SARCINULE, Sarcinula. Genre de polypier lamellifère,
établi par Lamarck. Il se rapproche des Tubipores et des
SrvLiNES. Ses caractères sont : polypier pierreux, libre,
formant une masse simple et épaisse , composée de tubes
nombreux, cylindriques , parallèles , verticaux , réunis en
faisceaux par des cloisons intermédiaires et transverses ; des
lames rayonnantes , dans l'intérieur des tubes.
Ce genre renferme deux espèces. L'une , la Sabcinule
PERFORÉE , vient de l'Océan austral , où elle forme de grosses
masses. L'autre se trouve dans la mer Rouge, et fossile en
Suède. C'est elle qui a été figurée par Linnaeus , vol. i , pi. 4»
II." 6 des Aménités académiques , sous le nom de madrepora
organitm. (b.)
SARCIR. Nom hébreu de I'Etourneau. V. ce mot. (s.)
SARCITES. Pline ne dit autre chose de cette pierre,
sinon qu'elle ressemble à la chair de bœuf Elle nous est
inconnue, (ln.)
SARCOBATE , Decand. Sorte de Fruit. L'Ochna en
offre un exemple, (b.)
SARCOCARPE. C'est la membrane qui tapisse l'inté-
rieur de la plupart des PÉRiCAaPES. On l'a aussi appelée
Panninterne. V. ces mots et Fruit, (b.)
SARCOCARPES , Sarcocarpi. Nom du second ordre de
la première classe, dans la Méthode de M. Persoon , sur
les champignons. 11 contient cinq genres , savoir : Sclérote ,
Truffe , Pilobole , Thélébole , Sphœrobole. (p.b.)
SARCOCHILE , Sarcochilus. Plante de la Nouvelle-
Hollande, fort voisine des Dendrobions et des Cymbidions,
qui seule , selon R. Brown , constitue un genre dans la fa-
mille des orchidées.
Les caractères de ce genre sont : corolle de cinq folioles,
égales, ouvertes, les deux extérieures soudées avecle nectaire,
qui est sans éperon , et dont le sommet est charnu ; les an-
thères terminales, mobiles, caduques, (b.)
SARCOCOLLA de Dioscoride , Pline et autres anciens
auteurs. La Sarcocolle, selon Dioscoride et Gaiien , étoit
une gomme en larmes, semblable à l'encens , rousse , amère
au goût , et qui se trouvoit sur un arbre de Perse. On en fai-
soit usage pour cicatriser les plaies et arrêter les fluxions des
/ nat/o//t (/t// ■/-//// .
-2 . ^ /'a/ Jo ////(■/' ro//i//i///t .
s A R »W
veux. Elle entroît dans les emplâtres. On l'aliéroît en la mé-
langeant avec delà gomme.Lesarcocolladevoitsonnom, qui est
grec, à sa propriété de souder les chairs.Pline en distingue deux
sortes, l'une rousse, qui est la même que la précédente, l'au-
tre blanche, qu'il estime beaucoup plus, en s'exprimant ainsiî
» De l'arbre sarcocolla sort une gomme fort bonne pour les
peintres et pour les médecins , laquelle est pareille à la fleur
d'encens ; ainsi , la blanche est meilleure que la rousse.
Quelques personnes , ajoute-t-il , croient que le sarcocolla
est la gomme d'une plante épineuse , semblable à l'encens ,
ayant une certaine douceur mêlée d'acrimonie. Pilée et puis
bue dans du vin , elle arrête les catarrhes et les fluxions; on
l'administre aux enfans ; étant gardée , elle devient noire :
toutefois , la blanche est la meilleure. »
Les auteurs arabes se sont beaucoup plus étendus sur les
propriétés de celte gomme ; mais ils n'ont pas connu , non
plus que Pline et Dioscoride , l'arbrisseau qui la produit,
INos premiers botanistes ont été dans la même ignorance.
Plukenet est le premier qui ait figuré l'arbuste qui produit
cette gomme. Il l'avoit pris pour une espèce d'euphorbe
( lithymali myrsinites specie arbuscula œthiopica mbrolundis fo-
liis , etc. , lacrymam fundens , Mant. , i83 , tabl. 44^ , f- 6 ).
Linnœus, qui, dans sa matière médicale , a traité du sarco-
colla , a fait de l'arbuste qui le produit , une espèce de son
eenre Penœa , P. Sarcocolla. V. Sarcocollier. (d.)
^ SARCOGOLLE ou COLLECHAIR. V. Sarcocol-
lier. (d.)
SARCOCOLLIER, Penœa. Genre de plantes, de la té-
tiandrie monogynie, qui offre pour caractères : un calice de
deux folioles ; une corolle campanulée , à quatre divisions ;
quatre étamines , tantôt à anthères presque sessiles et ca-
chées dans le tube de la corolle , tantôt à filamens très-sail-
laus, hors de ce tube ; un ovaire inférieur , ovale, surmonté
d'un long style tétragone , à stigmate quadrifide ; une cap-
sule tétragone , à quatre loges , contenant chacune deux se-
mences.
Ce genre renferme des arbustes à feuilles opposées et à
fleurs sessiles dans les aisseUes des feuilles supérieures. On
en compte une douzaine d'espèces , toutes dAfrique , et dont
la seule qu'il soit important de connoître, est la Sarcocolle
OFFICINALE , Penœa sarcocolla., Linn. , qui a les feuilles ovales,
planes ; les calices ciliés et plus longs que les feuilles. Elle
se trouve en Ethiopie , dans les parties voisines de la mer
Rouge. V. sa figure , pi. P. i5. Il transsude de ses rameaux,
pendant la chaleur , une gomme résine d'un blanc jaunâtre ,
iiès-friable , d'un goût acre, d'abord un peu amer , ensuite
iBi S A T^
douceâtre , fade et de'sagréable. C'est la sarcocoUe des apo-
thicaires , qu'on nous apporte d'Egypte , où elle vient par
les caravanes. Elle se dissout en partie dans l'eau , et brtile
avec flamme. Elle est astringente , digestive, détersive, agglu-
tinante et consolidante. Elle étoit beaucoup plus employée
par les anciens médecins que par les modernes. Son prin-
cipal usage aujourd'hui , est pour consolider et déterger les
plaies, (b.)
SARCODACTYLIS de Gsertner ( De Sem.3, p. Sg,
iab. i85 , i. I ). Baie charnue , rouge de feu , oblongue, sil-
lonnée ,s'élevant du milieu des sillons, en un prolongement
digitifornie , profondément ombiliquée au sommet , et infun-
dibuliforme ; graines peu nombreuses, éparses dans des lo-
ges séparées. Gaertner n'a connu que le fruit de cette plante
qu'il suppose très-voisine des /le/ic/^r^s, et qui pourroit être
le macpalxochitl-quahuilt d'Hernandez, Mox. 383, que les
botanistes rapportent à ïhelicteres apetala. (ln.)
SARCODE , Sarcodum. Arbrisseau grimpant, à feuilles
pinnées, à folioles ovales, oblongues, aiguës, très-entières ,
lanugineuses; à stipules linéaires ; à fieirrs roses , portées
sur des épis terminaux , et accompagnées de bractées lancéo-
lées , ciliées et uniflores.
Cet arbrisseau forme, dans la diadelphie décandrie et
dans la famille des légumineuses, un genre qui offre pour ca-
ractères: un calice court, coloré , persistant , tronqué dans
sa partie supérieure , et tridenté dans sa partie inférieure;
une corolle papillonacée , à étendard ovale ; à ailes ovales,
oblongues , courtes ; à carène monopétale en faux ; dix éta-
mines , dont neuf réunies à leur base; un ovaire linéaire , à
style subulé, et à stigmate épais; un légume long, cylin-
drique , droit , charnu et polysperme.
Le sarcode croît dans la Cochinchine. Il se rapproche
beaucoup du Lotier. (b.)
SARCODENDROS. Donati applique ce nom à un po-
lypier à tige qui nous est inconnu , et auquel il donne pour
caractères : d'avoir les cellules enfoncées dans la partie char-
nue. En général , il est presque impossible de reconnoître
les productions marines décrites par cet auteur, (desm.)
SARCOLÈNE , Sarcolœna. (ienre de plantes établi par
Dupetit-Thonars, dans la monadelphie polyandrie, cl dans la
famille qu'il a nommée des chlénacées.Ses caractères sont: un
involucre urcéolé , à cinq dents , contenant : i." un calice de
trois folioles ; 2° une corolle de cinq pétales réunis en tube ;
?i.^ un grand nombre d'étamines réunies par leur base;4-° "»
ovaire supérieur surmonté d'un style. Le fruit est une capsule
s A R i85
à trois loges bivalves , entourée de l'involucre qui s'est con-
verti en baie-
Ce genre contient trois arbres à feuilles alternes , et à
fleurs disposées en panicule terminale , qui croissent à
Madagascar, (b.)
SARCOLITHE. Thompson a donné ce nom à une subs-
tance vitreuse , d'un rose de chair plus ou moins foncé et
transparente , qu'il a découverte à la Somma , au Vésuve.
M. Hauy a reconnu depuis que ce n'étoit qu'une variété rose
de l'analcime , et dans le petit morceau qu'il possède , et qui
est un fragment de cristal , on reconnoît les incidences des
facéties de l'analcime trapézoïdale. 11 existe dans le cabinet
de M. de Drée , à Paris, une de ces roches que le Vésuve a
rejetées autrefois , et qui n'a point souffert l'action liquéfianie
du feu ; elle est micacée , et contient beaucoup de pyroxènc,
et en outre , de la sarcolilhe d'un rose très-pâle. On ne peut
donc pas supposer que la sarcolithe soit un produit du feu
comme les laves qui ont coulé.
Thompson met au nombre des caractères de la sarcolithe,
celui d'être inattaquable par les acides. Ce caractère éloigne-
roit la sarcolithe de l'analcime , si l'on ne faisolt observer ici
avec Dolomieu , que l'analcime des îles Cyclopes , à la base
de l'Etna , ne fait quelquefois gelée avec les acides qu'au
bout de vingt-quatre ou (rente-six heures. 11 est donc probable
que Thompson s'est contenté d'un essai fait pendant l'espace
d'une ou deux heures.
Parmi les produits volcaniques qui abondent dans le Vi-
centin , et notamment à Castel et Montecchio-Maggiore ,
J3olomieu recueillit de très-beaux échantillons d'une lave
amygdaloïde , remplie de géodes tapissées de cristaux de di-
verses substances qui formoient aussi des noyaux solides. Au
nombre de ces substances , on remarque surtout l'anaiicime
en cristaux limpides , et à vingt-quatre facettes trapézoïdales.
Ces cristauxsont tantôtincolores,ou grisâtres et blanchâtres,
tantôt d'un gris rougeâtre ou d'un rose tendre , et ressem-
blent parfaitement à la sarcolithe du Vésuve. Ces cristaux
roses , en même temps qu'ils prouvent que la sarcolithe n'est
pas exclusive à la Somma, prouvent aussi que la sarcolilhe et
l'analcime sont identiques. Mais, ce qu'il y a de plus remar-
quable , c'est que ce n'est point à celle analcime rose du
Vicentin , qu'on a donné le nom de sarcolithe , mais à une
autre substance rouge de chair qui l'accompagne , et qui esl
une espèce particulière distincte de l'analcime et des autres
substances zéolithiques. J'avois fait cette distinction en
i8o5 , et ne connoissant pas alors la sarcolithe de Thomp-
son , je persistois à éloigner celte sarcolilhe du Vicentin ,
i^^6 s A R
«Je l'analcime ; el j'étois confirmé dans mon opinion par
Jes nombreux caractères qui séparent ces deux substances.
J'avois rassemblé une ccrlaine quantité de celte sarcoli-
ihe, dans l'espoir que M. Vauquelin voudroit bien en
iaire l'analyse. Je remis les fragmens à M. Faujas. A cette
époque il rédigeoit le second volume de son excellent ou-
vrage intitulé : Essai de Géologie. Il saisit avec empressement
une occasion de résoudre une question qui Tintéressoit. A
son invitation , M. Vauquelin fit l'analyse de cette sarcolithe
que j'avois remise , et M. Faujas s'empressa de la publier
( Ess. de Géol.^ V. 2, p. 52o). Mais, par une circonstance qui
m'est inconnue , il suppose cette analyse être celle de Variai-
cime rose ouvrant sarcolithe àa Vicentin ; et en comparant
celte analyse à celle de l'analcime commune , il ne s'étonne
point des différences dans les proportions des principes
que M. Vauquelin y avoit trouvés ; différences qui firent
jiaîlre cette sage réflexion de M. Vauquelin : « que les pro-
priétés physiques et chimiques des minéraux , aussi bien que
celles des corps organisés, ne dépendent pas seulement de la
nature des principes , mais aussi de leurs proportions -, » et
M. Vauquelin conclut que cette fausse sarcolithe du Vicentin
dcmil être placée comme une espèce particulière à côté de l'analcime.
J'avois présenté à M. Faujas , quelques jours avant que de
lui remet Ire les fragmens qui ont servi à l'analyse ci-dessus ,
un éch.oulillon de la lave amygdaloïde de Monleccliio-
Maggiore,dans leVicentin; on y voyoit un grand nombre de
noyaux de la sarcolithe en question , et dans une cavité , de
très-petits cristaux de la même substance. M. Haiiy, qui avoit
eu la complaisance de les examiner, avoit reconnu comme
moi , qu'ils avoient la forme d'un prisme hexaèdre régulier,
avec un sommet en pyramide à six faces triangulaires iso-
cèle^, mais plus surbaissées que dans le quarz prisme ; ils
offroient également des stries transversales sur les pans du
prisme , comme dans le quarz, M. Faujas vérifiant lui-même
cette observation , dit au sujet de celte pierre , qu'elle pour-
roit bien appartenir à une substance différente de Tanalcime.
Il en auroit été convaincu , si l'analyse que M. Vauquelin
en avoit faite , n'eût été supposée celle de la vraie analeime
rose du Vicentin. Je me crus donc fondé à la considérer
comme nouvelle, età lui donner le nom d'hydrolithe, parce
que M. Vauquelin y avoit trouvé 0,21 d'eau. En 181 1, lorsque
le catalogue du Musée minéralogique de M. deDrée fut im-
primé, j'annonçai que l'hydrolilhe éloit une substance qu'oa
avoit confondue avec Vanalcime ainsi qu'avec la sarcolithe de
Thompson , et je la plaçai près de la chabasie, avec laquelle
eile a bca-JCJup plus de rapports qu'avec Tanaitime.
s A R Ï87
M. le comte Marzarî Pencati àe Vîcence , à qui M. de
Lamétherie avoit fail part de mes observations , long-temps
avant les circonstances ci-dessus , de retour à Vicence, fit des
recherches pour se procurer sur les lieux des échantillons de
ces deux sortes de sarcolithes , et il adressa au Conseil des
Mines, des échantillons del'analcime rose; ilne put avoir que
quelques petits fragmens de la prétendue sarcolithe, et il en
remit un morceau à M. de Lamétherie. Dans ce morceau, on
voyoil quelques cristaux de cette substance , mais si petits et
si confus , qu'il ne me fut pas possible de mesurer les inci-
dences des faces. Onreconnoissoit, néanmoins, qu'ils étoient
identiques avec ceux que je connoissois déjà , excepté que
l'extrémité de la pyramide étoit remplacée par une nouvelle
pyramide plus surbaissée et à facettes triangulaires. Je me
crus autorisé , d'après cela , à séparer cette pierre de l'anal-
cime rose et de la sarcolithe de Thompson.
Un nouvel incident est venu , par la suite , autoriser cette
séparation. M. AUan , minéralogiste distingué d'Edimbourg,
étant à Paris en 1817, eut l'extrême complaisance de mè
montrer , ainsi qu'à M. Lucas fils de beaux échantillons de
diverses substances minérales d*Écosse ; et je ne fus pas peu
surpris de retrouver dans un de ces morceaux , des petits
cristaux d'un blanc de lait, en prismes hexaèdres courts , ter-
minés par une pyramide à six faces , mais épointée à l'extré-
mité. Je ne tardai pas à y reconnoîlre l'hydrolithe , sous
une forme très- peu différente de celle que je lui avois d'abord
reconnue. La roche qui contenoit ces cristaux , étoit analo-
gue à celle du Yicentin , et par conséquent dans la classe de
celles que les volcanistes nomment laves , et les neptuniens
trapps de transition.
Je crois pouvoir conclure de ce qui précède :
i.° Que la sarcolithe de Thompson , trouvée au Vésuve ,
est dé l'analcime , et qu'elle a son analogue dans Tanalcime
rose du Vicentin , comme l'a reconnu M. Tonnelier , qui
l'avoit observée sur des" échantillons envoyés, et nommés
sarcolithe par M. Marzari.
2.0 Que la substance appelée {aussemeni sarrolilhe du Vi-
centin , n'est point de l'analcime , mais une espèce distincte,
comme le témoignoit M. Vauquelin, d'après l'analyse qu'il a
faite, et que l'on a cru être celle de lavraie sarcolithe du Vicentin.
Je conserve à cette substance nouvelle le nom d'HYDRO-
LITHE , du grec pierre et eau , quoique ce nom puisse con-
venir à d'autres espèces , même voisines , par exemple , la
chabasie qui contient autant d'eau ; parce que , étant con-
nue sous ce nom , il y a moins d'inconvénient à le conser-
ver qu'à le changer. Voici les caractères de celle substance ,
tels que je les ai observés en partie.
>8« S A' R
Hydrolithe (Lém. in Mus. minar. de Drée, 1811, p. 18;
Luc. ,, tabl. min. 2 , p. 217, SarcolUhe du Vicentin, Vauquelin,
Ann. mus. g, p. 24.1. )
Substance d'un rose incarnat , passant au rose pâle , au
rose jaunâtre, au gris rougeâtre, au blanc rougeâlre, quel-
quefois au beau blanc de lait. Se trouve en noyaux pleins,
quelquefois en cristaux. Ces cristaux ont pour noyaux primitifs
un rhomboïde qui paroît plus obtus que celui du quarz qui
est de 94. d. 2^', et de 85 d. 36' (i). Les formes secondaires
observées sur des cristaux fort petits , et dont on ne peut
mesurer avec certitude les incidences des faces , sont :
i.° Trihexaedre. Prisme à six pans , striés en travers ,
temiinc par des pyramides à six faces triangulaires isocèles.
Incidence de. chaque face de la pyramide , sur le pan du
prisme qui lui est adjacent, de 129 d. , et des faces des pyrami-
des entre elles, de i38 d. environ.
2.0 Basée. La forme précédente, dont le sommet de la pyra-
mide est remplacé par un plan hexagone horizontal (Ecosse).
3.0 Peniahexaèdre. La forme trihexaedre , dont la pointe
de chaque pyramide est remplacée par six facettes triangu-
laires. Ces cristaux sont enchâssés dans leur propre substance
ou avec d'autres minéraux ; leurs faces sont plus ou moins
éclatantes ou brillantes.
A rintérieur,rhydrolithe a l'éclat luisant et gras. Sa cassure
est sensiblement iamelleuse, mais vitreuse et inégale dans les
directions contraires à celle des lames. Les fragmens sont
granuleux.
L'hydrolithe est translucide , tendre , même fragile , se
laisse rayer par la chabasie , l'analcime, et aussi par l'acier ,
mais raye le verre. Sa pesanteur spécifique est de 2,64.7.
Au chalumeau elle se fond en verre blanc ; mais elle com-
mence par se dilater et blanchir. Ses principes sont les mê-
mes que ceux de l'analcime et de la chabasie , mais dans des
proportions différentes , ainsi qu'on peut le jrfger par trois
analyses de ces substances, par Mr Vauquelin.
Hydrolithe. Chabasie. Analcime.
Silice 5o,o 4-3j33 58
Soude 4» 5 I '>/
Potasse .... 0,0 { • • • • 9'"*^ ""^
Chaux l^.,S 3,34- 2
Alumine .... 20,0 22,66 18
,0 21,00 8,5
99,67 96,5
(i) Lf ncyau primitif de ia chabasie est aussi
uu rhomboïde oblus
s A R 189
L'hydrolîthe forme , dans les laves amygdaloïdes du Vi-
cenlin, des noyaux qui ont cinq à huit lignes de diamètre , et
quelquefois plus. Ces cristaux sont plus rares. Les laves de
Montecehio-Maggiore et Castel, sont les seules des environs
du Vicentin qui l'aient offerte. Elle y est associée, comme je
m'en suis assuré , sur des échantillons divers , à la chaux
carbonalée , en cristaux cuboïdes , à la slroniiane sulf.itée
bleu d'azur, à l'analcime blanche ou rose, à la mésaiype
pyramidée. La lave qui la contient laisse manifester dans
quelques échantillons le magnétisme polaire; elle est rem-
plie souvent aussi d'une multitude de très-petits points rou-
geâtres terreux , dont nous avons parlé à l'article Lave ,
volume 17, page 4-09. .
L'hydrolilhe d'Ecosse est blanche ; elle est accompagnée
d'analcime et de mésolype , dans des laves analogues de
la province de Dumbarton. Les minéralogistes anglais con-
sidèrent ces laves comme des trapps secondaires.
Lhydrolilhe se rapproche infiniment de la chabasie ; mais
elle en diffère par sa cristallisation , sa structure , et par son
éclat gras, (ln.)
SAKCOLOBE , Sarœlohus. Genre de plantes de la pen-
tandrie digynie et de la famille des apocinées , établi par
lirown , dans les yVctes de la société Wernérienne. Il pré-
sente pour caractères : un calice à cinq divisions attenant
avec autant de petites glandes cylindriques ; une corolle en
roue à cinq divisions ; dix masses de pollen disposées par
paires ; un stigmate déprimé , pentagone , couvrant les an-
liières et accompagné de corpuscules cylindriques , sillonnés,
portant de chaque côté un filet horizontal courbé à sa pointe;
un follicule ( l'autre avortant toujours ) charnu , renfermant
de nombreuses semences jplales, imbriquées, entourées d'une
membrane.
Ce genre comprend plusieurs espèces ligneuses , voiubles,
presque articulées, dont les feuilles sont opposées, pourvues
de glandes, elles fleurs disposées en petits corymbes extra-
pétiolaires. Deux de ces espèces croissent sur les bords du
Gange , et sont figurées , par Wallich , dans les Actes de la
société de Calcutta, (u.)
SARCOMPHALUS ( Brown. Jam. , 179). La pl.-!nte
qui composoit ce genre , n'est qu'une espèce de nerpniu ,
Ç^Rhamnus sarcomphalus , L. ). C'est un arbre qui s'élève irès-
haut. A la Jamaïque son bois est regardé comme ie meilleur
pour les charpentes et pour bâtir, (ln.)
qui diffère très-peu de celui du quarz ; il est de 98 d. , 48' et 96 d.
3a'. Dans i'aaalcihie, c'est le cube parfait.
itjo s A R
SARCOPH AGO. C'est le nom grec que l'on donne, datis
l'île de Crête , à la Dentelaire ( Plumbago europœa , L. ).
(LN.)
SARGOPHYLLE , SarmphyUum. Genre de plantes éta-
bli par Thunberg , dans la diadelphie décandrie , et dans la
famille des légumineuses. Il offre pour cararicres : un calice
campanule à cinq divisions régulières ; un légume en forme
de poignard aigu 11 ne renferme qu'une espèce,originaire du
Cap de Bonne-Espérance, (b.)
SARGOPHYLLE, ^ar^o^/zy/Za. Genre de plantes établi
par Stackhouse, Néréide britannique , aux dépens des Varecs
de Linnseus. Ses caractères sont : frondes tendres, charnues,
glabres , souvent laciniées , à bords simples ou ciliés ; fruc-
lificatioa en tubercules disposés sur la superficie ou dans les
cils.
Ce genre rentre dans celui appelé Delesserie , par La-
mouroux. 11 en compose, avec le genre Polymorphe, la troi-
sième section. Sept espèces , dont font poriie les Varecs
PALMÉ, ÉDVJLE, CILIÉ, etc., s'y rapportent, (e.)
SARCOPLAQXJE , Sarcoplaca. Synonyme de ScLÉRO-
TION. (B.)
SARCOPTE, Sarcoptes, Latr. Genre d'arachnides. V.
ACARUS et HOLÈTRES. (L.)
SARCOPTÈRE , Sarcopterus. M. Rafinesque a donné ce
nom à un mollusque des mers de Sicile , qui , selon M. de
Blainville , paroît se rapporter à celui que Meckel a nommé
gasteropteron , et qui est voisin du genre des BuLLÉES. Il ap-
partient à la famille des acères, et non à celle Aes pteropodes ,
comme Meckel le croît.
Ce mollusque a le corps bipartite. La partie antérieure
formant la tête, est presque carrée; la postérieure ou le corps
proprement dit , est ovalaire, et entourée, dans toute sa cir-
conférence , d'une large nageoire épaisse , charnue , un peu
échancrée antérieurement et postérieurement. Tout l'animal
est d'un beau rouge, (desm.)
SARCORAMPHE. Ce nom , qui, selon M. Duméril,
signiBe bec charnu , est celui sous lequel il a établi son a.**""
genre des Vautours , dans sa Zoologie analytique, (v.)
SARCOSTEMME , Sarcostemma. Genre établi par R.
Brown , pour placer le Cyna^que osier , qui diffère des
autres par une corolle en roue; par une couronne staminifère
double , l'extérieure en forme de coupe crénelée ; par dix
masses de pollen pendantes, (b.)
SAKGOSTOME. Famille d'insectes diptères , établie
s A R 191
par Cuvîer et Duméril , comprenant les genres Mouche,
Syrphu. , Rhingie , Stratiome , Cérie , Némotèle ,
Anthrax, Bibiois , Rhagion, Taon ; elle est caraclériscc*
par une trompe charnue , rélractile , terminée par deux
lèvres. Cette famille correspond exactement à celles que M.
Duméril admet dans sa Zoologie analytique sous les noms de
SiMPLicicoRNE ou ylplocères, et de Latéralisetes ou Chélo-
loxes; la première caractérisée par les antennes sans poil
isolé latéral, et la seconde par les antennes à poil isolé ,
latéral, simple ou barbu, (o.)
SARDA. C'est au nombre des pierres ardrates et de cou-
leur de feu , que Pline range la sarda , pif c • fort commune
de son temps, et qui étoit très-employé: ;>our faire les ca-
chets gravés, parce qu'elle cachèle très-nettement sans re-
tenir la cire. Il en distingue de plusieurs sortes ; les premières
que l'on connut, furent trouvées dans les environs de Sarda,
ville de Lydie. Les meilleures , cependant, se rencontroient
aux environs de Babylone , sous forme de veines , dans une
roche. On avoit exploité, autrefois, la sarda en Perse; mais, du
temps de Pline', cette mine étoit abandonnée. Ce naturaliste
ajoute : que la 5ar<ia se trou voit encore en plusieurs endroits,
à Paros, et à Assos. On en apportoit trois sortes des Indes, et
toutes trois transparentes ; l'une rouge , une seconde appelée
demium à cause de son volume, et une troisième dont on
relevoit l'éclat par un paillon d'argent. Ces variétés in-
diennes de la sarda se distinguoient par leur transparence, de
celles d'Arabie qui étoient moins diaphanes.L'on relevoit par
une feuille d'or l'éclat de la sarda qu'on apportoit des envi-
rons de Leucas , en Eplre , et des frontières de l'Egypte ; ce
qui pourroit faire croire que cette sarda étoit blonde.
Pline distingue là sarda en mâle et femelle ; la première
avoit un feu plus vif et plus resplendissant que la sarda fe-
melle ; celle-ci avoit un coup d'œil grossier et un éclat gra.s
ou plus foible. Anciennement, il n'y avoit pas de pierre plus
en vogue que la sarda , et Menander et Philémon citent,
dans leurs comédies , cette pierre comme l'une des plus pré-
cieuses. La beauté de son poli , son Inaltérabilité dans les
liqueurs acides et sa dureté , lui avoient acquis sa réputation.
Pline fait observer que l'on eslimoit moins la sarda qui
tire sur la couleur du miel , et encore moins celle qui a la
couleur d'un pot de terre.
Voilà ce que dit Pline de la sarda , et on en peut conclure
que c'étoit une pierre très-dure, amorphe, polissable ,
rouge , ^ougeâtre , blonde ou couleur de miel; toutes
qualités qui conviennent parfaitement aux variétés d'agate
que nous nommons cornaline et sardoing. Il n'est pas le seul
192 s A R
auteur qui ait parlé de ces pierres , mais du moins il est
celui qui en traite le plus au long. Chez les Grecs , la
sarda s'appeloit surdios et sardion ou sardinon. Théophraste
dit cette pierre transparente , et la distingue en deux variétés,
en femelle et en mâle. La première éloit d'un rouge
clair ; la seconde , d'un rouge foncé , tirant un peu sur le
noir-
La sarda étoit au nombre des douze pierres qui se voyoient
sur le rational du grand-prétre Aaron : ce fut 1^ première
pierre précieuse que Dieu commanda qui y fût placée.
Les Hébreux l'appeloient odem (rougeur). Llie ornoitles vê-
lemens du roi de Tyr, selon Ezéchiel.
11 est donc évident que la sarda étoll une pierre très-an-
ciennement connue , et il est très-probable que son nom
dérive du grecsarx, chair, qui rappelle iacouleur rouge de la
sarda^ plutôt que de sardos elsardon, noms de l'île de Sardai-
gne. Quelques auteurs, et entre autres Saumaise , prétendent
que dans ce passage de Pline qui commence la description
de la sarda : ipsa gemma vufgaris el primùm sardiùus reperta....
il faut lire sardis au lieu de sardiùus , et traduire , par consé-
quent , en Sardaigne plutôt que dans le pays de Sardes. Selon
celte version , Pline auroit dû écrire sardius au lieu de sarda.
Un autre auteur, saint Epiphane, fait remarquer que la
sarda , semblable à du feu par sa couleur , rappelle aussi la
couleur du sang de la sardine, lorsque ce poisson a été salé.
Pline donne , en effet, à ce pojsson le nom de sarda. Je suis
porté à croire que son texte n'a pas été altéré , et que la
sarda doit son nom à sa couleur rouge de chair qui, de tout
temps, a frappé. Gesner est de cet avis. Observez encore que
Pline ne traite de cette pierre que comme d'une pierre de
contrée orientale.
Chez les modernes, le nom de sarda changé en sarde et
sardoine , a eu diverses acceptions , quoiqu'il ait été appli-
qué presque toujours à des pierres de la même espèce , je dis
presque toujours, parce que Sérapion paroît avoir confondu
cette pierre avec une variété de succin de couleur d'hyacin-
the, en attribuant à la sardoine la propriété d'attirer les
corps légers lorsqu'on la frotte.
Les Italiens ont les premiers inventé les noms latins de
corneolus et carneolus , changés en crognole , corniole , et tra-
duits en français par cornaline, pour désigner les agates rouges.
Ces noms rappellent que ces agates ressemblent , par leur
couleur rouge , au fruit du cornouiller , ou bien à celle
de la chair, et même à celle de la corne; mais les .corna-
lines de celte dernière couleur sont désignées vulgaifement
par cornalines blondes.
s A R 193
Les minéralogistes ont été et sont même encore très-va-
rîïlans dans l'application des mots sarde , sardoine et corna-
line. Le premier a été donné , tantôt aux cornalines rouges
ou rongea' res, et tantôt aux cornalines blondes ; quant au
dernier, il n'a point varié dans son application à des agates
rouges, mais on a confondu avec celles-ci la sardoine des
antiquaires.
L'on trouve plus fréquemment des cornalines et des sar-
doines antiques gravées , que toute autre pierre , dans
les foailles çt les ruines des anciennes villes romaines et
grecques. On remarque que leur surface alors est devenue
luisante, que souvent la pierre a bruni ; mais elle conserve
la beauté de sa couleur quand on regarde la lumière à
travers. Lorsque la gravure est d'une belle exécution , on ne
toucbe point à la pierre , elle est alors de meilleur débit ,
fût-elle même brisée ou en fragment. Mais lorsque la
gravure est d'une mauvaise exécution ou bien usée , ou sus-
ceptible d'être retouchée, on ne se décide que sur la beauté
de la pâte et de sa couleur, et souvent on y grave un autre
sujet. Ces cornalines retouchées ont bien moins de valeur.
Lits Italiens , qui travaillent avec profusion les cornalines an-
tiques et les cornalines modernes, distinguent les variétés sui-
vantes, qui me paroissent d'autant plus être les sarda de
Pline , qu'on les retrouve toutes parmi les pierres gravées
antiques.
1. Cornalines blanches; celles qui sont rouges, mais très-foibles
en couleur, tendant au blanc auquel elles passent com-
munément.
2. Cornaline ordinaire , qui est du rouge du fruit du cornouiller
ou de la chair, demi-transparente et sans chatoiement:
c'est la sarda femelle.
3. Cornaline gemme. Elle offre les mêmes couleurs; mais lors-
qu'on la fait chatoyer, elle a un reflet ondoyant et moelleux
analogue à celui du girasol ; sa pâte est extrêmement fine.
C'est une des plus belles variétés.
4. Sardoine. D'un coup d'œil rembruni , même noir , mais
d'un rouge rubis ou de cerise , ou très-foncé à la transpa-
rence. C'est la plus belle et la plus précieuse de toutes les
cornalines : c'est la sarda mâle, la sarda rouge des Indes , et
peut-être ïanthracitis de Pline.
5. Cornaline orientale. Variété rouge ou rougeâlre, qui a une
pâte moelleuse et ondulée ou nuageyse , très-agréable ,
lorsqu'on regarde le jour à travers ; elle est très-rarement,
parfaite.
6. Cornaline blonde^ Elle varie dans ses couleurs, elle est coqi-
xx.v. i3
m s A R
leur d'écaillé, de corne , et d'un blanc jaunâtre el niême
verdâtre ; lorsqu'elle est couleur d'écaillé , elle est très-
estimée. Les autres variétés n'ont de mérite que lors-
qu'elles sont orientales et onyx. C'est ici que rentrent les
sarda couleu! de miel , dont Pline a parlé.
Dès le temps de Pline , l'on savoit contrefaire la sarda ou
cornaline , et l'on savoit faire d'une variété commune une
variété plus précieuse. Pline même rapporte ( liv. Sy , cap.
ï3 ) ces paroles remarquables : « J'ai entre les mains des
iiyres que je ne voudrois pas montrer pour quoi que ce suù ,
dans lesquels on expose comment on peut donner au cristal
la couleur de l'émeraude , et comment on peut altérer plu-
sieurs autres pierres qui n'ont point de jour, par exemple ,
pour faire une sardonix avec une sarda , et de iransioriiici
plusieurs pierres en d'autres. Il n'y a pas de supercherie qui
soit d'un plus grand bénéfice que celle-ci. » Les artistes ro-
mains et italiens possèdent des procédés , sans doute les
mêmes que ceux que Pline désiroit faire oublier, car ils sa-
vent parfaitement bien altérer la cornaline et la calcédoine
mais c'est , on doit le dire , à l'avantage de ces pierres. Ils
nomment :
i.** Pierres baignées. Les calcédoines auxquelles ils ont donné
par une teinture quelconque , une couleur particulière, par
exemple, le bleu-de-ciel , le pourpre ou le violet-rougeàlre ;
elle ne pénètre point la pierre , mais y adhère fortement , et
quelquefois même paroît et disparoît à volonté. J'ai vu une
calcédoine baignée de couleur blanche, qui, à l'exposition
au soleil, devenoit violacée ; mais en la retirant du soleil,
elle reprenoit petit à petit la même couleur. Il en étoit de
même lorsqu'on la faisoit séjourner dans de l'eau , mais elle
ne revenoit pas ensuite complètement à sa couleur primi-
tive. L'on dit que c'est par le moyen d'une dissolution de
rauriate d'argent qu'on altère ainsi la calcédoine.
2i.° Pierres brûlées. Les cornalines et sardoines antiques
qu'on trouve dans les ruines anciennes, et qui paroissenl
avoir subi l'action du feu , ont d'abord été ainsi appelées. On
remarque qu'à la transparence leur couleur est plus foncée et
d'un ton plus agréable, et que leur surface est rembrunie, lui-
sante, terne et sans l'éclat propre à celles de ces pierres qui
ne paroissent point avoir été brûlées. Néanmoins, la couleur
des premières plaît beaucoup lorsqu'on regarde le jour à tra-
vers , et il est très-rare de trouver de grandes pierres de
cette espèce, ou qui présentent une pâte pure et la couleur de
feu ou de rubis qui les caractérise et qui plaît le plus ; c'est
ce qui les rendplus précieuses, et ce qui a engagé à les imiter.
Par l'action du feu et par divers procédés, les artistes ro-
s /V R 195
mains savent brûler les cornalines , et changer ainsi leur cou-
leur rouge en une plus foncée et plus agréable sur laquelle ils
gravent ensuile. Ily a de ces cornalines brûlées qui ont un très-
grand prix , surtout lorsqu'à la perfection de la matière
elles joignent le mérite d'un bon travail. La cornaline doit
sa couleur auferoxydé:lorsqu'onlabrûle, ce minerai s'oxygé-
nant davantage , produit le changement de couleur de la
pierre. F. Sardonyx, Silex, Agate et Calcédoine, (ln.)
SARDACHATES. Pline met le sardachates au rang des
variétés de l'achate, « pierre très-estimée autrefois, dit-il, et
dont on ne fait aucun cas à présent. » Je pense que le sarda-
chates étoittout simplement une agate rouge ordinaire , tirant
sur la cornaline qui est une agate à pâle plus fine ; car si
cette pierre eût été une agate de plusieurs couleurs , Pline
l'auroit fait remarquer, (lis.)
SARDE. Poisson du genre Clupé , qu'on pêche sur ia
côte du Brésil , et qu'on prépare comme le hareng ^ pour
l'apporter aux Canaries ou à Madère. On ignore si ce poisson
est une espèce connue. 11 paroît intermédiaire entre la Sar-
dine et le Hareng, pour la grosseur, (b.)
SARDE. L'un des noms de la Baleine nord caper , selon
M. Lacépède. (desm.)
SARDE. Synonyme de Sardine, (b.)
SARDE. Variété d Orge, (b.)
SARDE ou SARDOINE. C'est une Cornaline jaune ou
brune , ou couleur olivâtre. V. Sarda. (pat.)
SARDE-AGATE. Sardoine qui renferme des veines ou
couches d'agate blanche ou de cornaline blonde, qui se déta-
chent nettement sur le fond de sardoine, de manière qu'on
puisse en faire des camées. V, Sardachates. (pat.)
SARDllSE. Espèce de poissons du genre Clupé , Clvpea
apratus , Linn. ,'qui est plus petit que le Hareng, mais qui a
les plus grands rapports de forme, de mœurs et de qualités
avec lui. V. au mot Clupé.
La tête de la sardine est assez grosse. Sa mâchoire inférieure
est saillante et recourbée ; son corps est aplati , couvert de
grandes écailles qui se détachent aisément ; elles sont bleuâ-
tres sur le dos , argentées .çur le ventre, qui est tranchant ; sa
ligne latérale est droite ; ses nageoires sont grises et courtes:
celle de la queue est fourchue.
Il est rare de prendre des sardines de plus d'un demi-pied
de long , et ordinairement elles n'ont que quatre à cinq pou-
ces : mais leur abondance dédommage de lew petitesse. On
ne peut se faire une idée de l'énorme quantité qu'on en prend
sur toutes les côtes des mers de l'Europe , principalement
sur celles de France et d'Angleterre» On évalue à deux mil-
Ï96 s A R
lions de bénéfice annuel la pêche qu'on enfaîlsur les pà^'
rages seuls de la Bretagne. On en prend quelquefois, dit -on,
d'un seul coup de filet, suffisamment pour remplir quarante
tonneaux. Le mode de cette pêche est le même que celui des
Harengs; mais on emploie des filets à mailles plus élroiîes.
On ne peut attendre pour saler la sardine , parce qu'elle
s'altère beaucoup plus aisément que le hareng ; c'est pourquoi
on la saupoudre de sel aussitôt qu'elle est amenée à bord et
grossièrement empilée dans des tonneaux. C'est ce qu'on ap-
pelle saler en vert.
Ce poisson n'a pas eu un Anderson pour historien ; en
conséquence on ne lui a pas attribué , comme aux harengs ,
des émigrations régulières et des voyages d'une longueur im-
mense. On reconnoit tout simplement qu il vient des profon-
deurs de la mer , où il se tient la plus grande partie de l'année ,
frayer en automne sur les côtes unies. Il est probable que la
ponte se fait à différentes é|)oques, selon l'âge des individus ,
c'est-à-dire, que les plus vieux commencent, et les plus jeunes
finissent , ce qui en prolonge le temps à près de trois mois de
durée. V. au mot Hareng.
C'est de petits mollusques, de petits crustacés , de petits
poissons et de frai que vivent les sardines. Elles restent sur
les côtes après qu'elles ont frayé , jusqu'à ce que les autres
poissons aient fini de le faire également, afin de profiter de
l'abondance de nourriture qui en est pour elles le résultat.
Les pêcheurs de nos côtes les y retiennent plus long-temps ,
en leur fournissant une amorce analogue. Pour cela ils achè-
tent l'espèce de Caviar, qu'on prépare dans le Nord avec
des œufs de morues et d'autres poissons , et le répandent dans
la mer a des époques réglées et dans des endroits particu-
liers. La barique de ce caviar vaut de douze à quaratite
francs , et pèse trois cents livres. On en consomme prodi-
gieusement , comme on peut bien le croire ; mais aussi en
retire-t-on un bénéfice équivalent aux avances. On appelle
résure, rogne, ou rwc, cette préparation. Il est une autre
amorce destinée au même objet, et qui est faite avec toute
sorte de petits poissons de mer , qu'on nomme guelâre , guil-
dile ou guiidre; mais celte dernière doit être proscrite par des
règlemeos de police, car elle détruit l'espoir de la pêche des
poissons littoraux.
Ou pi é pare les sardines positivement comme le hareng ,
e'esl-à-dire , qu'on les sale et qu'on les fume. Dans le Nord ,
on les met dans une saumure composée de sel, de vinaigre ,
d'épices, de feuilles de sauge , de thym, etc. De cette ma-
nière , elles sont meilleures que celles qui sont salées , mais
elles ne se conservent pas si long-temps. On peut ça tirer de
s A R i<)7
l'huile, comme des harengs. Cependant , je ne s<ichc p.is,
qu'on en fasse usage sous ce rapport ; seulement lorsqu'on,
les presse après les avoir mises en baril , il en sort une peite
quantité de cette huile , que l'on vend pour brûler ou pour
préparer les cuirs. On regarde , sur les côtes de la Bretagne >
celte extraction comme fort importante pour la plus longue
conservation des sardines salées , qui , malgré cela , sont rare-
ment mangeables au bout de six à huit mois. Lorsqu'elles
sont gâtées on ne les jette point, on lesemploie pour amorce
dans la pêche des maquereaux , des merlana , des raies cl au-
tres poissons,
La chair de la sardine fraîche est bien plus r.gréahle au
goût que celle du hareng; mais il n'est donné , comme on Ta
vu plus haut , qu'aux habitans des bords même de la mer
d'en manger. La sardine salée ou fumée sert aux pauvres
d'assaisonnement pour manger leur pain , dont elles dimi-
nuent la fadeur. Elles excitent l'appélit, et peuvent être utiles
à ceux qui travaillent fortement ;^ mais les estomacs délicats
ne s'en trouvent pas bien.
On dit que l'île de Sardaigne tire son nom de ce poisson ,
qui se trouve en abondance sur ses côtes , ainsi que dans toute
la Méditerranée.
La sardine du lac de Garde est une espèce de cyprin , le
même que celui appelé a^one sur le lac de Corne , et men-
tionné sous ce nom , page 71, de la première partie de la
Fauna insubiica de Scopoli , ainsi que je m'en suis assuré sur
les lieux, (b.)
SARDINE. Nom d'AoARics comestibles qui croisseni:
dans les Alpes , et qui sont peu connus des botanistes. Steer-
becck en a figuré un, tab. 8 EE , sous le nom de semi fungus.
(B.)
SARDINE (grande ). C'est à l'Ile-de-France le Clupa-
NODON JUSSIEU. (B.)
SARDINELLA. Synonyme de Raquette blanche,
(B.)
SARDIUS. r. Sarda. (ln.)
SARDOA, Sardonia ei Sardoum. Noms anciens d'une
espèce de Renotscule. V. Ranunculus. (ln.)
SARDOINE. Ce nom , qui dérive de sardonyx, est celui
d'une variété à'agate. V. Calgédoine , Sardonyx et Silex
AGATE, (ln.)
SARDONÏX. r. Sardonyx. (LN.)
SARDONYX des anciens. J'ai dit, à l'arlicle sarda, que
cette pierre éloit rouge , et la cornaline des modernes. Fai-
sons observer maintenant que l'onyx des anciens éloit essen-
licilement uae calcédoine blanche, marquée de zones plus^.
198 s A R
blanches, de manière à imiter les ongles des doigts. On con-
çoit maintenant sans peine que la sardonyx devoit être une
pierre à deux sortes de couches, l'une blanche et l'autre
rouge. <( Autrefois , observe Pline, l'on entendoit par sardo-
nyx , ainsi que l'exprime son nom , une sarda placée sur un
fond blanc , de manière à imiter la chair qui est sous l'ongle,
et qu'on verroit à travers. Tels sont les sardonyx des Indes ,
selon Ismenias, Démostrate, Zenothemis et Sotacus ; ces
auteurs appellent sardonyx aveugles , celles qui n'ont point
de transparence; mais on ne les nomme plus ainsi. Les sar-
donyx d'Arabie ne tiennent pas à la sarda , et même on
commence à distinguer des sardonyx de diverses couleurs.»
Pline décrit ensuite quelques sardonyxde différente* teintes ;
mais comme il a été interprété diversement en cet endroit,
je ne rapporterai pas son texte. «Zenothemis, continue-t-il,
dit qu'on ne fait pas grand cas de ces pierres dans les Indes,
et qu'on en trouve d'assez volumineuses pour en faire des
poignées de sabres et des manches de couteau. Nous en
avons fait d'abord un grand cas, parce qu'il n'y a pas de
pierre qui , gravée , marque mieux sur la cire , sans que
celle-ci y demeure attachée; et nous sommes cause qu'elle
est maintenant en vogue chez les Indiens. Le commun peu-
ple de l Inde enfile ces pierres et s'en fait des colliers, et
de là vient que l'on nomme sardonyx des Indes celles qui sont
percées. Les sardonyx d'Arabie sont entourées d'un cercle
blanc , d'un beau lustre, pas trop étroit, qui n'est placé ni
sur le bord de la pierre, ni au fond, mis sur la convexité
où elle brille, et quelquefois sur une couche très-noire. Les
sardonyx des Indes se rencontrent aussi , et le plus souvent
avec un fond couleur de cire ou de corne , relevé quelquefois
par des cercles blancs, ou par des nuages colorés comme
î'arc-en-ciel. A leur partie supérieure , elles sont plus rou-
ges , sans comparaison, que le test de la locuste de mer
( la langouste^ sorte d'écrevisse ). On n'estime point celles
qui ont la couleur du miel ou de la lie (ce sont deux imper-
fections de la sarda), ni celles chez lesquelles ce cercle
blanc est irrégulier. Elles sont encore très-défectueuses ,
lorsqu'elles offrent des veines d'autres couleurs , car ces pier-
res ne peuvent souffrir d'autres couleurs que les leurs pro-
pres. Quant aux sardonyx d'Arménie, elles sont fort riches
en tous points , excepté que leur cercle blanc est plus bla-
fard. ..
L'on comprendra mieux ce que Pline rapporte des sardo-
nyx , si l'on suppose qu'il décrit des pierres taillées en ca-
bochon ou bien en plaques. Ce naturaliste nous apprend
que Scipion fut le premier Rom;\in qui fit usage de la saj -
s A R »95
donyx, en portant celte pierre en bagne. C'étoit encore une
sardonyx que celte bague précieuse que Polycrate , tyran de
Samos, alla jeter lui-même en pleine mer, pour braver ainsi
"la fortune qui l'avoit comblé jusque - là d'une prospérité
inouie , et pour faire sentir qu'après la perte d'un objet aussi
précieux, il sauroit soutenir tous les malheurs qui pourroient
lui survenir. On sait que le hasard lui fit retrouver cette
bague quelques jours après dans l'estomac d'un poisson qui
lui avoit été donné. L'on sait aussi qu'il périt misérablement.
C'est encore à des variétés d'agate qu'appartiennent les
sardonyx des anciens, et nous ne devons pas douter que ces
beaux camées antiques , qui forment la richesse et le plus
bel ornement des daclyliothèques des amateurs, ne soient
les vraies sardonyx des anciens. Ces camées sont à couches,
de deux et rarement de trois couleurs. Il y en a de blancs et
de couleur de corne , ou d'un brun noir ; d'un blanc de lait ,
et d'un brun noir ; et de blancs de lait et de sardoine rouge
foncé, ou couleur de cerise. On estime surtout les sardonyx
qui ont une grande étendue et qui sont bien fouillées , c'est-
à-dire d'un travail fini et délicat. Ces espèces de sardonyx
sont portées à des prix incroyables. Il est extrêmement dif-
ficile de se procurer des sardonyx non gravées. Celles qui
présentent plusieurs couches sont plus estimées que celles
qui n'en ont que deux. Lorsqu'on les emploie comme onyx,
on les taille en cône tronqué , très-bas, à base ovale , et l'on
grave quelquefois sur la première couche, de manière à pé-
nélrer jusqu'à la seconde couche seulement. J'ai compté jus-
qu'à cinq couches alternativement blanches et d'un brun
marron , dans un camée antique de cette espèce , qu'on
voyoit dans le cabinet de M. de Drée, à Paris, et qui rc-
présentoit le buste de Faustine , épouse d'Antonin-le-Pieux.
Celte pierre, qui étoit de forme ovale , avoit seize lignes de
longueur sur moitié de largeur; elle fut vendue publique-
ment 7171 fr.
L'on appelle nicolo une petile sardonyx ou petite onyx à
deux couches noire et blanche ; cette dernière couche, lors-
qu'elle est très-mince, paroît bleue , effet produit par la
couche noire ou brun marron qui est dessous. C'est ce que
les Itali;^ns nomment nicolo col vélo turchino.
Boeèe de Boot et d'autres auteurs ont cru que les vases
murrhin éloient en sardonyx ou de matière analogue; l'on
sait que Milhridate possédoit quatre mille tasses en onyx.
Boece se fonde sur ce qu'il a vu des fragmens de vases anti-
ques en cette matière , qui paroissoient avoir été gravés ,
et qui offroient les couleurs de l'iris; mais nous savons que
îa matière des vases murrhins n'éloit pas de sardoine , mais
de chaux fluatée , comme nous l'avons dit à l'arlicle mf/r-
200 S A R
r^/«.î, on nous avons oublié de rapporter que la matière Tnurrliîn©
tiroit son nom de celui du coquillage qui fournit la pourpre,
murex ovi pur /jiira, qu'où a ensuite traduit par /;ory9or« , d'où
vient le nom des porcelaines , parce que ces poleries pren-
nent un vernis ou email aussi éclatant que celui qui revêt
l'intérieur des coquilles.
Il est assez remarquable que l'on apporte encore de l'O-
rient des colliers dont les grains sont des sardonyx percées,
comme le dit Pline , et bjCaucoup d'espèces d'agates. Il est
probable que les sarda et sardonyx indiens se lirqient des
parties de la Tartarie qui avoisinent la Perse, et j'ai vu des
gros morceaux de ces pierres qu'on avoit recueillis dans le
pays des Tartares Kirguis , où elles abondent, et où on va
les chercher dans les déserts. L'on en trouve de fort volumi-
neux, etc., etc. L'on a fabriqué , dans le XV.^ siècle, de
beaux vases en sardoine onyxée et rubanée ; mais la matière
n"a pas la finesse et la beauté qu'on requiert dans lés sar-
donyx. Le roi d'Espagne possède de très-belles choses en ce
genre, (ln.)
SARDOON. F. Ranutculus. (ln.)
SARELLE. Le Mélampyre des bois porte ce nom aux
environs d'Angers, (b.)
S VRGASSE. Nom duVAREC FLOTTaiST , Fucus nalans ,
Llnn. (b.)
SAR(iASSO. On appelle ainsi , dans l'Inde , une plante
aquatique que Rumphius a figurée , mais dont on ne connoît
qu'imparfaitement les parties de la fructification. Ses fruits
ont quelques rapports avec la Macre , et se mangent comme
elle.(B.)
SARGE. V. Sargie. (l.)
SARGES. C'est le Cheiline scarpe. V. ce mot. (b.)
SARGIE, S argus , Fab. Genre d'insectes de l'ordre de»
diptères, famille des notacantbes , tribu des strafiomydes ,
distinguée des autres genres de cette sous-famille par les ca-
ractères suivans : antennes plus courtes que la tète, ou de sa
longueur au plus, rapprochées, de trois articles, dont le
premier plus long que le second , et dont le troisième divisé
en quatre anneaux, formant une tête presque globuleuse ou
ufîij massue ovoïdo-conique, avec une longue soie terminale.
Ces insectes ont la forme des stratiomes ; mais leur corps
c.t plus allongé , et l'écusson n'a point de dents. Ce sont
des némotèles pour Degéer, des mouches pour Linnseus et
Geoffroy. Dans la première édition de cet ouvrage , j'avois
rapporté à ce genre deux espèces {S. irais raies ^ S. hypoléort)^
qui font aujourd'hui partie de celui d''oxycère. V. ce mot.
Sargie cuivreuse, Sargus cuprarius, Fab.; Musca cupra-
'ia , Linn. ; la Mouche dorée à taches brunes sur les ailes , Geoff. ,
s A R 2ot
Neinotèle cuioreuse, Degéer ; a quatre lignes de îong. Sa forme
est allongée et aplatie. La tele et le corselet sont d'un
vert doré; les yeux sont très-grands et bruns; Tabdomea
est d'un violet cuivreux, très-luisant; les pattes sont noires,
avec un anneau blanc. Les ailes ont une tache brune , et sont
fort longues.
Sa larve, ou du moins celle de l'espèce suivante , vit dans
lesbouses de vache, a une forme ovale-oblongue , rétrécieet
pointue en devant, avec une tetc écailleuse, munie de deux
crochets; son corps est parsemé de poils. Elle se métamor-
phose sous sa peau et sans changer essentiellement de forme.
L'insecte parfait sort de sa coque en faisant sauter ses par-
tics antérieures. F. Réaum., Mém. ins., tome 4» Mém. i,
7,8.
Sargiede Réaumur, Sargus Reaumurîl ^ Fab., Irès-voisme
delà précédente, mais son abdomen est d'un bleu azuré avec la
base d'un rouge de sang , et ses pieds sont jaunes. Elle est rare
ici, M. de Razoches l'a observée aux environs de Falaise.
Sargie polie , Sargiis poUîits ^ Fab. ; Musca poîiia ^ Linn.
Elle est un peu plus petite que la précédente , et se rapproche
davantage des stratiomes par la forme plus courte et plus
large de son abdomen. Son corps a un petit duvet d'un jau-
nâtre obscur; la tête est noire ; le corselet est bleu ; l'abdo-
men est d'un bronze doré; les ailes sont un peu obscures,
roassâtres vers la côte; les pattes sont noires avec les genoux
pâles. L'espèce nommée ameihystinus , par Fabricius , a le
dernier article des antennes d'une forme différente. Elle
pourroit former un genre propre, (l.)
SARCiON. V. PETIT Plongeon, (v.)
SARGOU. A Nice, le Spare sargue porte ce nom. Le
spare poutazzo y reçoit celui de sargou rascas. (desm.)
SARGUE, Sargus. Espèce de poisson du genre des Spares,
que Cuvier fait servir de type à un sous-genre, qui en réuni-
roit encore quelques autres , parce qu'elle à des dents fort
grandes , comparables à celles de l'homme, (b.)
SARL Nom donné par Adanson à un très-petit Sabot,
découvert par lui sur les côtes de l'île de Gorée. (b.)
SARL C'est le nom sous lequel Théophraste fait connoître
le SouCHET a papier ou le papyrus, (ln.)
SARLV. Nom imposé au Cariama par les naturels du
Par.^guay. V. ce mot. (v.)
SARiBUS. Rumphius fait connoître sous ce nom deux
palmiers de l'Inde : Tun, le grand sarihus (Amb. i,tab. 8), est
le coryphn rotiindifoh'a , P.; le second, le sarimis nain ou li-
cuala (Amb. i ,tab g), c'est le Ur.uaîa spinasa deThunberg,ou
corypha pilearia , de Loureiro , lequel nous apprend que la
203 S A R
première espèce est très en usage en Cochinchine , où elle
est appelée cay-ilo. L'on fait des parasols et des éventails avec
ses feuilles, qui servent aussi à couvrir les maisons ; elles du-
rent très-long-temps, et ne prennent point feu aussi facilement
que les autres espèces de chaumes. Les fruits , qui sont des
baies, lorsqu'ils sont récens, macérés avec du sel et du vinai-
gre, sont employés en sauce, et ne laissent pas que d'être
agréables. V. licual et cny-la-lip. (ln.)
SARICO VIENNE. C'est le nom d'une espèce de Loutre.
Quoiqu'il appartienne réellement à celle qui habite le Brésil
«ît plusieurs fleuves de l'Amérique septentrionale , on l'a aussi
donné à la Loutre de mer, qui constitue une espèce bien
différente , propre aux contrées les plus septentrionales de
ce continent et de l'Asie, (desm.)
SARICOVIENNE DE LA GUYANE. C'est la vraie
smicovienne ou Loutre du Brésil, (desm.)
SARIGOY. De Léry écrit ainsi le nom du Sarigue, (s.)
SARIGUE. Nom donné par les Français établis en Amé-
rique , à tous les mammifères à bourse du genre Didelphe ,
di<lelphis,àQ Linnœus,et en particulier au didelphe quatre-œil,
ou opossum y des Anglais. Le nom de sarigue vient du mot in-
dien çariguein. (desm.)
SARIGUE EPINEUX. V. Hoitztlacuatzin. (desm.)
SARIGUE DES ILLINOIS. V. Didelphe a oreilles
bicolores, (desm.)
SARKiUE A LONG POIL. V. Didelphe a oreilles
bicolores, (desm.)
SARIOLLE. Synonyme d'IsANTHE. (b.)
SARIONE. On donne ce nom au jeune Saumon, (b.)
SARISSE, 5am5M5. Genre de plantes établi par Gaertner,
sur la seule considération du friiit, la fleur ne lui étant pa»
connue. C'est le même que I'Hydrophylax. (b.)
SARITOS. Nom donné par les Portugais au mala poenna
des Malabares. F. ce mot. (ln.)
SARLUK. C'est, chez les Tartares Mongoux, le nom du
iufjie à queue de cheoal wx Yak. V. à Tariicle Bœuf, (desm.)
SARIUEJHO. C'est la Clématite brûlante ou caus-
tique, dans le midi de la France, (desm.)
SARMENIENNE. V. Sallius. (ln.)
SARMENT, Sarmentum. On appelle ainsi le bois que la
vigne pousse , chaque année , par l'œil ou par les yeux qu'on
a laissés au temps de la taille. V. Vigne, (d.)
SARMENTACÉES, Viles, Jussieu. Famille de plantes
dont les caractères consisfeot en un calice monophylle, court»
presque enlier ; une corolle formée de quatre ou six pétales
s A il 200
élargis à leur base ; des étamlnes en nombre égal à celui des
pétales, insérées sur un disque hypogyne, à filamens dis-
tincts , opposés auK pétales ; un ovaire simple , à style unique
ou nu, à stigmate simple. Le fruit est une baie à une ou
plusieurs loges, à une ou plusieurs semences osseuses, à pé-
risperme nul, à embryon droit, à cotylédons planes et à ra-
dicule inférieure.
Les plantes de cette famille ont une tige frutescente, sar~
menteuse et noueuse, rarement arborescente. Elles s'élèvent
souvent à une hauteur assez considéral>le, par le moyen des
vrilles dont leurs jeunes branches sont munies ; leurs feuilles,
qui sortent des boutons coniques , nus ou dépourvus d'écail-
lés, sont alternes et garnies de stipules. Leurs feuilles naissent
sur des pédoncules rameux, opposés aux feuilles.
Ventenat rapporte deux genres à cette famille , qui est la
quinzième de la première classe de son Tableau du Règne
véc^étal^ et dont les caractères sont figurés pi. 17, n.° i du
même ouvrage; savoir : le CissE et Vigne, V. ces mots, (b.)
SARMIENTE, Sarmienia. Plante parasite grimpante,
à tige rameuse, sarmenteuse, rampante ou pendante, à feuil-
les opposées , courtemeni péliolées, charnues, blanchâtres,
ponctuées, à fleurs jaunes, velues extérieurement, acconi-
pagnées de bractées , et disposées en petit nombre sur des
pédoncules terminaux.
Cette plante, qui est originaire des montagnes du Pérou,
forme un genre dans la diandrie monogynie et dans la famille
des orchidées. Il offre pour caractères : un calice divisé en
cinq parties, dont uneest plus grande et émarginée; une corolle
urcéolée, à tube ventru et à limbe à cinq divisions; deux
étamines saillantes , et les rudimens non saillans des trois
autres; un ovaire pentagone, à style persistant et à stigmate
simple; une capsule ovaie, uniloculaire, s'ouvrant transver-
jalement, et contenant plusieurs semences attachées à un ré-
ceptacle charnu, (b.)
SARN , SARNA, Nom polonais du chevreuil V. Cerf,
(desm.)
SARNALip. Jeune Lézard en Languedoc, (desm.)
SARO et §£RiN. Noms arabes du Cyprès, selon Mat-
ihiole. (ln.")
SAROPODE , Saropoda , Heliophile, Klug. Genre d'in-
secte?, de l'ordre des hyménoptères , famille des mellifères ,
tribu des apiaires, ne différant de celui que je nomme an-
thophore ( V. ce mot), qu'en ce que les palpes maxillaires
ne paroisscnt composés que de quatre ou cinq articles , au
lieu de six, et que les deux derniers des palpes labiaux se
réunissent avec l'extrémité du second article pour former,
sans interruption la pointe t<erminale de ces paJpcs.
sait S A R
Je ne connois qu'une seule espèce de ce genre, que Panze?
a représentée dans sa Faune d'Allemagne ; le mâle est son
apis rolundaia ^ fasc. 56 , tab. 9; et la femelle son apis hinui-
culala^ ibid. , fasc. 55 , tab. 17. Cet insecte , qui est très-
commun en été , dans les environs de Paris , a d'ailleurs le
port et les habitudes des anlhophores. (l.)
SAROTH , des Turcs. C'est le curcuma. (lts.)
SAROTHRE, .Sflro//;ra.-Plante annuelle, à rameaux tri-
chotomes , fort grêles, fastigiés , à feuilles opposées, très-
petiles, linéaires, à Heurs axillaires, solitaires , sessiles , et
également très-pelites, qui forme un genre dans lapenlandrie
trigynie et dans la famille des genlianées.
Ce genre a pour caractères : un calice divisé en cinq parties;
une corolle monopétale , divisée si profondément, qu'on
peut la regarder comme composée de cinq pétales linéaires ;
cinq étamines ou dix ; un ovaire supérieur , ovale , aigu , sur-
monté de trois styles ou d'un style profondément trifide ;
une capsule ovale , uniloculaire , trivalve , colorée , et con-
tenant un grand nombre de semences attachées le long des
sutures des valves.
La saroihre croît dans l'Amérique septentrionale , dans
les terrains argileux et découverts. Elle s'élève à environ un
pied , et chaque tige forme comme un petit balai garni de
fleurs jaunes. Elle fleurit en Caroline dans le milieu de l'été,
ainsi que ja l'ai fréquemment observé.
Linnœus l'avoit placée parmi les Millepertuis dans les
premières éditions de son Sysiema plantarum. Michaux vient
de l'y i-emeltre dans sa Flore de V Amérique septentrionale, (b.)
SAROU. Nom arabe du Cyprès (^cupressus sempeivirens ,
L.). (LN.) ^
SAROUBE. Reptile de Madagascar, que Lace'pede a
placé parmi les Salamandres , mais qui paroît devoir l'être
plutôt parmi les Geckos, à côté du gecko à tête plate qu'on
trouve dans le même pays , et avec qui il a de grands rap-
ports, quoiqu'il n'ait que quatre doigts aux pattes. On pour-
roit l'appeler le gecko tétradactyle.
Ce reptile a été observé vivant par Bruguière. Il a ordi-
nairement un pied de long. Sa peau est chagrinée , jaune ,
tachée de vert. Un double rang d'écaillés, d'un jaune clair ,
garnit le dessous du cou, qui est très-large. La tête est plate
et allongée. Les mâchoires sont très-fendues , sans dents ,
mais crénelées. Les bouts des doigts sont garnis , de chaque
côté, d'une petite membrane, et par-dessous d'un ongle
crochu , placé entre un double rang d'écaillés en recouvre-
ment. Sa queue est plate et ovale. 11 n'a point de membra-
nes latérales.
Le saroube' n'a aucune arme dangereuse. 11 vil d'inscclcs»
s A R 2o5
Oa le rencontre plus souvent pendant la pluie que dans la
chaleur , la nuit que le jour. V. au mot Gecko (b.)
SâRPA. Nomnicéendu Spare saupe. (desm.)
SARPANANZO. Nom niceen de I'Apogon rouge et
du Labre atsthias. (desm.)
Sx\RPEDO]SlA. Nom rapporté, par Adanson, comme
un de ceux donnés par Dioscoride à une espèce de Ranln-
CULUS. (LN.)
SARRACENA, de Tournefort et d' Adanson. C'est le
genre sarracenia, Linn., consacré à la mémoire de Sarrazin ,
médecin et botaniste français. (i/N.)
SARRACÊNE , Sarracenîa. Genre de plantes, de la po-
lyandrie monogynie , qui offre pour caractères : un calice
douLlcet caduc , l'extérieur petit et de trois folioles, l'inîé-
rieur grand , coloré , et de cinq folioles ; une corolle de
cinq pétales ovales , hypogyncs , alternes avec les folioles
du calice intérieur , et plus grands qu'elles ; un grand nom-
bre d'étamines hypogynes, à anthères arrondies; un ovaire
supérieur , arrondi , à style cylindrique et à stigmate très-
large , pelté, à cinq côtés , et persistant ; une capsule arron-
die , divisée intérieurement en cinq loges, s'ouvrant en cinq
valves , et contenant un grand nombre de semences portées
sur un placenta central et pentagone.
Ce genre renferme des plantes extrêmement remarquables
par la forme de leurs feuilles, peut-êlre moins singulières
que celles des ncpenthes , mais qui ne le cèdent qu'à elles.
Ces feuilles sont toutes radicales , semi- engainantes à leur
base , en cornet , ou creuses dans leur intérieur, et ouvertes
à leur sommet , qui est prolongé d'un côté en un appendice
penché sur l'ouverture , et qui imite un opercule. Ces feuilles
poussent toujours à l'extrémité d'une racine épaisse, traçante,
à peine enterrée, qui s'allonge d'un côté et pourrit de l'autre,
comme celle des Asperôes. Elles varient dans leurs formes ,
selon les espèces. Leur cavité est presque toujours remplie
d'eau ; mais elle n'y est qu'accidentelle , c'est-à-dire qu'elle
n'est point fournie par la plante même , comme dans les nè~
penlhes ; ce n'est que de l'eau de pluie , ainsi que je m'en
suis fréquemment assuré en Caroline sur toutes les espèces.
La fleur des sarracènes est toujours solitaire , au haut d'une
hampe qui sort d'entre les feuilles ; elle est en général assez
belle ) mais elle frappe moins , quoique sa structure soit digne
de remarque , parce que les feuilles attirent toute l'attention
de l'observateur.
On compte cinq espèces de sarracènes , toutes de l'Amé-
rique septentrionale , et toutes vivaces.
la Sarracène JAXJîvE a les feuilles droites, lubulées, la
ao6 S A R
valve de l'opercule étroite à sa base, plane et droiic à sou
extrémité. C'est la plus grande espèce. Ses feuilles ont sou-
vent plus d'un pied de haut, et ses hampes sont de la même
longueur. Elle croît dans les lieux où Teau a séjourné pendant
l'hiver , et fleurit pendant l'été. Ses fleurs sont jaunes. Elle
n'est pas très-commune en Caroline.
La Sarracène petite a des feuilles lubulées , droites,
la valve de l'opercule concave et penchée sur l'ouverture.
C'est la plus commune en Caroline , où elle couvre quel-
quefois des espaces considérables. Elle s'élève à sept à huit
pouces au plus, et se distingue complètement de la précé-
dente par la forme de son opercule. Elle croît , comme elle ,
dans les lieux que l'eau abandonne pendant l'été , et sa fleur,
qui se développe en mai , est d'un jaune vif.
La SARftACÈNE ROUGE a Ics feuilles droites , tubulées , la
valve de l'opercule plane et relevée. Elle se trouve très-
rarement en Caroline. Elle se rapproche beaucoup de la
première.
La Sarracène pourpre a les feuilles en cuiller , ven-
trues , ouvertes, courbées-en arc , et leur opercule est droit ,
plus large que l'ouverture. Elle croît dans les lieux toujours
îiumides des grands bois , et fleurit en été. Sa fleur est rouge ,
et portée sur une hampe deux ou trois fois plus grande que
les feuilles, qui ont à peine un demi-pied , et sont de plus
étalées sur la terre dans une partie de leur longueur. Cette
espèce n'est pas rare en Caroline. Comme l'opercule de
ses feuilles ne bouche en aucune manière leur ouverture ,
qu'au contraire il présente une augmentation de surface a
l'eau des pluies , elles sont toujours remplies d'eau où les
générations de cousins se succèdent, et où viennent périr
beaucoup d'animaux ; aussi n'est-elle presque jamais bonne
à boire.
On voit, de temps en temps, Wes pieds de sarracènes
dans les jardins de Paris ; mais ils n'y subsistent pas long-
temps. Leur culture est fort difficile , même dans leur pays
natal , comme l'expérience me l'a appris, (b.)
SAPiRAClNE. Un des noms de I'Aristoloche cléma-
tite. (B.)
SARRALLIER. Nom provençal de la Mésange char-
BONN1ÈHE. (V.)
SARRASiN. On nomme mal à propos ce grain hlé noir;
car il n'appartient pas à la famille des graminées /c'est la se-
mence d'une plante du genre des Renouées , originaire d'A-
sie, transportée en Afrique, et introduite en Europe par
les Maures d'Espagne , dont on lui a conservé le nom , et où
clU est aujourd'hui parfaitement naiiirali?pe
s A R 207
Ce grain a trois côtés égaux et saillaos. On doit le choisir
sec, dur et pesant. Il est composé d'une écorce épaisse,
ainère et friable , et d'une farine d'un blanc mat , qui lui est
peu adhérente.
Dans quelques endroits de plusieurs de nos provinces,
surtout ceux de l'Ouest , le sarrasin paroît être une prenaière
récolte • aiîieurs , elle n'est que secondaire et accessoire , et
on ne cultive cette plante que dans les terres qui viennent
de produire du seigle, du froment ou du lin : mais en le se-
mant , on peut avoir trois objets en vue :
Le premier , pour en récolter le grain;
Le second , pour en faucher la plante avant la floraison ,
et la faire servir de fourrage ;
Le troisième , pour l'enfouir à la charrue, et améliorer les
terres.
Toutes les terres sont propres au sarrasin. A la vérité , le
profit que l'on retire à faire produire du blé aux bons fonds,
a forcé de reléguer le premier grain dans les sols maigres ,
sur lesquels, d'ailleurs, il vient d'une meilleure qualité; mais,
pour peu qu'ils soient fumés, ils rapportent cent pour un ,
et s'il a été semé dans des terres fortes , le froment qui lui
succède réussit très-bien» On le sème depuis le mois de mai,
jusqu'en juillet; il peut mêm^ être cultivé avec avantage sur
les terres qui ont rapporté d'autres grains. Immédiatement
après la moisson , il suffit de donner un labour , de semer
à plat , et de recouvrir la semence.
Dès que les semailles sont finies , on herse , et le sarra-
sin n'exige plus aucun secours ; l'avantage qu'il a de couvrir
la superficie du sol , fait périr les mauvaises herbes , et pen-
dant plusieurs années , aucune herbe étrangère ne sauroit
végéter sur le terrain où ce grain a été récolté. Il brave assez
long-temps l'ardeur du soleil ; mais , en général , la séche-
resse lui est extrêmement préjudiciable. Aucun insecte ne
paroît l'attaquer pendant sa végétation ; mais l'opinion assez
accréditée que les éclairs font couler sa fleur , ne nous pa-
roît pas suffisamment constatée pour compter cet accident
au nombre des ennemis du sarrasin , et l'expérience prouve
que les vents , et surtout ceux du nord et du nord-est , et
les gelées , trompent souvent l'espérance de la plus belle ré-
colte, surtout quand ces événemens arrivent avant la ma-
turité du grain. Il ne faut pas attendre que toutes Us feuilles
soient tombées et les tiges séchées , pour faire la récolte du
sarrasin , parce qu'on perdroit beaucoup de grains. Lorsque
les trois quarts de ceux-ci ont acquis une couleur brune ,
c'est le moment de le couper à la faucille, ou bien de l'ar-
2o8 s A R
radier, selon la méthode adoptée dans le canton ; la pre-
mière est préférable.
Mais le grand point, dans Tun et l'autre cas, c'est de
choisir un temps un peu humide , ou de ne le couper que
le soir et le matin , à la rosée , parce qu'en général , cette
plante est sujette à s'égrener , et qu'on perdroit beaucoup
de grains si , indépendamment de cette précaution , on ne
faisoit pas conduire sur le terrain, après que les javelles sont
enlevées , un troupeau de dindons qui consomment le grain
répandu, où ils s'y engraissent en peu de temps, au moment
précisément où les dindonneaux sontdans lecas d'être vendus.
Dès que le sarrasin est coupé ou arraché , on le réunit en
javelles ou picots , que l'on dresse lès unes contre les autres ,
le grain en haut , en leur donnant une base assez large pour
résister au coup de vent , et atin que l'air, pénétrant entre
les gerbes ou javelles, opère leur dessiccation; quelques jours
après , on peut battre sur l'aire de la maison , le sarrasin
comme le blé, pour en séparer le grain et le conserver au
grenier, dans sa balle ; car après êire vanné et criblé , il s'é-
chaufferoit facilement , et pourroit contracter un goût de
poussière , si l'on n'avoit le soin de le mettre en petits tas ,
et de le remuer assez fréquemment , surtout dans les temps
humides et chauds.
Il existe une autre espèce de sarrasin, connue sous le nom
de hié noir de Sibérie , sarrasin de Tartane. Les expériences qtiî
en ont été faites en différens endroits de la France , et vers
les contrées les plus reculées du Nord , par des agronomes
instruits, prouvent que cette variété est la plus avantageuse
à cultiver , quoique son grain soit plus petit ; d'abord , la
plante est moins susceptible de verser , ne craint pas autant
le froid, el sa fécondité est extrême.
Le grain estencore plus aisé à vanner, plus abondant en fa-
rine, et d'une pesanteur spécifique plus considérable. Celle-ci
a plus de liaison, de viscosité, et absorbe davantage d'eau;
il s'échauffe moins au gerbier, et peut s'y conserver pendant
deux années en bon état.
Du reste, cette variété, contre laquelle on a fait cependant
quelques objections , malgré sa supériorité sur le sarrasin
ordinaire , en partage toutes les autres propriétés ; elle se
sème aux mêmes époques, et est pour le moins aussi précoce.
Sa grande dureté le rend plus difficile à moudre ; il lui faut
presque le même temps qu'au seigle ; mais comme sa farine
ne se conserve pas long-temps, on ne doit en moudre qu'à
mesure des besoins : les alimens qu'on en prépare ont à peu
près la même saveur et la même qualité.
On en cultive une autre variété, conj:iue5ous le nom de /)o-
s A R 209
polygonum emargmahim par les botanistes ; elle s'accommode
très-bien de notre sol et de notre climat , s'élève à la hau-
teur dafagopyrum et à\i (atariciim, et produit beaucoup. Ses
grains sont assez gros ; on peut la semer plus tôt que les au-
tres espèces.
Indépendamment du sarrasin de Sibérie et de quelques va-
riétés particulières cultivées en Suède , d'où il est facile d'en
tirer, il y en a une en Finlande y qui mûrit trois semaines
plus tôt, et qui supporte très-bien le froid ; on pourroit , com-
parativement aux autres, la nommer sarrasin précoce. Une
autre variété croît en Daourie, aux extrémités de la Sibérie,
près la Tartarie chinoise , dans les pays montagneux. Elle
diffère de toutes les espèces , en ce qu'elle se reproduit d'an-
née en année , par le moyen de ses racines vivaces et tra-
çantes ; en sorte qu'il est possible d'en avoir des récoltes an-
nuelles , pendant long-temps, sans qu il soit nécessaire de
faire de nouvelles semailles.
Toutes les variétés de sarrasin sont exposées à s'égrener
plus ou moins à la récolte. Cette perte peut s'évaluer à un
quinzième, et il paroît que celle de Sibérie est encore plus
susceptible de cet inconvénient , auquel il seroit facile de
remédier en partie , par les moyens indiqués plus haut ;
mais les avantages qu'elle réunit , savoir , d être plus féconde
et de résister davantage aux vicissitudes des saisons, appellent
l'attention des habitans éclairés des cantons chez lesquels le
sarrasin est une ressource. Un examen plus approfondi leur
apprendra à s'assurer des qualités respectives de ces deux
grains. Ils sont les meilleurs juges en ce genre ; les conseils
que leur donne, entre autres, M. Martin , qui a exposé avec
impartialité les avantages et les inconvéniens des deux va-
riétés cultivées , méritent , de leur part , la plus vive re-
connoissance.
C'est spécialement pour le sarrasin , qu'il importe que les
meules destinées à le moudre soient fraîchement piquées,
tenues un peu éloignées l'une de l'autre , afin qu'elles n'écra-
sent pas le grain , et que celui-ci conserve sa forme; autre-
ment, si l'écorce se trouve hachée , elle ternit la blancheur
de la farine, et ajoute à l'aliment qu'on en prépare , un goût
insupportable.
On ne sauroit disconvenir que les moulins ordinaires pré-
parent très-mal la farine de sarrasin ; aussi , cet objet avolt-
il occupé les méditations du philosophe et vertueux Maies-
herbes, Au retour de ses voyages en Hclvéde , il m'assura que
dans le nombre des machines utiles , recueillies dans ses ex-
cursions, il comptoit un modèle de mouiln propre à séparer
l'écorce du blé noir de sa farine ; et mon collègue DesmaresV
XXX. l4
aïo S A R
annonce avoir dans les mains 1% descripiori des moulins et
blutoirs qui servent à la moulure du sarrasin , avec quatre
planches qui sont gravées. Nous désirerions que le gouver-
nement en provoquât la publicité. Enfin , on prétend que
les Hollandais transportent leur sarrasin ainsi mondé , dans
l'Inde et à la Chine, pour le vendre sous le nom de petit ris
Européen , aux habitans de ces contrées , qui en font le plus
grand cas.
On trouve dans le neuvième volume tîa Cours complet iT A-
griculture de Rozier , la description d'un moulin très-com-
mun dans la Flandre autrichienne et en Hollande , qu'on
appelle moulin h bouquette. Il est peu coûteux, moud parfai-
tement bien , donne une farine enlièrement séparée de son ;
un seul homme peut , sans beaucoup de peine , le faire
mouvoir. Pourquoi chaque particulier qui fait résider dans
le sarrasin un de ses alimens principaux , n'auroit-il pas
son moulin? Dans la Basse-Normandie et la Bretagne ,
c'est Tustensile le plus utile du ménage ; mais ce mou-
lin , quoique préférable aux moulins à blé , ne sépare pas
entièrement le son de la farine ; d'où il résulte toujours un
aliment défectueux.
Les différentes tentatives que j'ai pu faire pour améliorer
la qualité du pain de sarrasin , en choisissant pour mes ex-
périences la meilleure espèce de grain, et prenant tous les
soins pour le moudre sans découper son enveloppe , en y
mêlant d'autres farines, en invoquant toutes les lumières de
la boulangerie , ont été sans aucun succès. Il m'a été im-
possible de faire un ()ain qui ait plus de qualité qu'il n'en a
ordinairement. Quels que soient les soins , il ne reste pas
frais long-temps. Dès le lendemain de sa cuisson , il se
sèche , se fend , s'émiette , et présente un aliment qui n'est
pas tolérable ; enfin il communique tous ses défauts aux autres
farines avec lesquelles on l'associe dans une certaine pro-
portion ; aussi , ne mange-t-on jamais du pain de sarrasin ,
dans les endroits où l'on peut se procurer du froment ou du
seigle.
Que ce grain soit avantageux aux cultivateurs , parce qu'il
vient aisément partout, qu'il se développe et mûrisse assez vite
pour fournir , dans une année favorable , deux récoltes sur
le même so! ; que dans son usage il soit sain, nourrissant et
d'une digestion facile ; ce sont de ces vérités qu'on ne sau-
roit révoquer en doute. Il n'est pas moins vrai de dire , n'en
déplaise à ceux qui préfèrent ce pain à celui de froment ,
de seigle ou d'orge , qu'il est le plus misérable de tous les
pains , et que son emploi , sous celte forme , n'est réellement
£ayorable que dans une circonslaoce qui ne laisseroit pas la
s A R 211
facalté de s'en procurer d'autres. Les gâteaux et la bouillie
que l'on fait avec la farine de sarrasin, donnent une nourri-
ture salutaire , dont se régalent, à la campagne et à la ville ,
les personnes même les plus aisées. La bouillie se mange
chaude et froide , frite cl grillée ; on la coupe par tranches ,
et on la met à la poêle comme le poisson. C'est toujours
sous ces deux formes qu'il faut consommer ce grain; il n'a
pas été destiné , par la nature , à être panifié.
Dans les cantons où le sarrasin constitue la nourriture or-
dinaire de leurs habilans, la bouillie et la galette, préparées
avec le lait ou le cidre , sont regardées comme très-substan-
tielles; les enfans ne mangent pas autre chose; maison re-
marque que le lait caillé vaut mieux que le lait doux : il a plus
d'action sur la farine, il rend les alimcns qu'on en prépare
plus légers, plus sapides et plus susceptibles de se digérer.
Mais ceux qui n'ont pas le moyen d'entretenir une vaclie
ou d'avoir des boissons fermentées , se trouvent réduits à faire
leur bouillie détrempée avec de l'eau ; c'est ce qui donne à
ces malheureux le teint livide et l'état de foiblesse dans lequel
ils languissent tous.
On ne peut refuser au sarrasin l'avantage d'être admis au
nombre des végétaux utiles à la nourriture des bestiaux. Les
vaches surtout aiment cette plante , soit en vert , soit en sec ;
on la sème quelquefois avec des vesces et des pois, et on la
fane à l'instar des autres fourrages.
Son grain sert dans quelques cantons à l'engrais des bœufs,
et tient souvent lieu d'avoine aux chevaux. On le rend propre
à cet usage en le moulant grossièrement et l'associant avec la
farine d'orge.
Le sarrasin est encore recherché par tous les oiseaux de
basse-cour, qui en sont extrêmement friands ; il les excite à
pondre et rend leur chair très-délicate; c'est même à l'usage
de ce grain que nos volailles les plus estimées sont redevables
de cette finesse et de celte blancheur qui en font la répu-
tation.
Cette plante, extrêmement branchue et riche en fleurs,
devient une grande ressource pour les abeilles; mais le miel
qu'elles en retirent est d'une qualité inférieure; sa couleur
est toujours désagréable , et il a un caractère déliquescent.
Enfoui par la charrue au moment de sa floraison , le sarra-
sin forme un très-bon engrais; quelques essais, faits autrefois
en Bretagne, ont prouvé que peu de jours après celte opé-
ration, il est assez ordinaire de voir tout le terrain chargé
d'une vapeur épaisse comme les brouillards qui s'élèvent sur
les marais ; que ce moyen peu coûteux peut diviser le sol le
212 S A R
plus compacte et le rendre propre au labour comme un fonds
léger; qu'en sacriûant pour quarante à cinquante sous de
sarrasin, il seroit possible de s'épargner une dépense de fu-
mier de vingt-cinq à trente francs ; et qu'enfin ce moyen
d'engrais pourroit être d'un grand secours à ceux qui vou-
droient entreprendre des défricbemens.
On a dit que les tiges de sarrasin n'étoient nullement com-
parables à la paille , qu'elles ne pouvoient produire qu'une
mauvaise litière et un engrais défectueux. En conséquence,
dans les pays où le bois est commun , on les brûle dans les
cbamps, et on répand les cendres sur les terres; ailleurs, où
le combustible est cher, elles servent au chauffage et à faire
de bonnes lessives avec le résidu; mais comme il est prouvé
que les cendres sont ordinairement abondantes en potasse, il
y a tout lieu de croire que si on amenoit les tiges de sarrasin
à se pourrir spontanément, elles n'offriroient pas un engrai»
aussi médiocre qu'on le prétend.
Sans doute le sarrasin , quelle qu'en soit l'espèce ou la va-
riété, ne mérite pas l'attention qu'on accorde aux plantes de
la famille des graminées, vu que la plante est extrêmement
sensible au froid ; que son grain a une écorce épaisse , noire
et amère ; que la farine qu'il produit ne peut se transformer
en pain; que sa tige ne sauroit servir ni de fourrage, ni de
litière; aussi ces désavantages marqués avoient-ils fait conce-
voir à Sully le projet de proscrire de la France la culture
du sarrasin ; et -ce projet eût été exécuté, si, du temps de ce
grand ministre, la pomme-de-terre eût été connue. Elle vient
partout où le sarrasin réussit.
Avouons-le cependant; les pommes-de-terre , toutes utiles
qu'elles soient , n'ont pas, comme le sarrasin, l'avantage de
servir pendant toute l'année à la nourriture des hommes et
des bestiaux. Ce grain vient dans les terrains les plus ingrats,
ne fatigue pas les meilleurs fonds aussi facilement qu'on le
prétend, attendu le peu de temps qu'il reste sur pied ; sa cul-
ture ne coûte aucun frais ; il détruit les mauvaises herbes, et
son grain devient une ressource, lorsqu'au mois de juillet,
par exemple , une grêle désastreuse ou une sécheresse pro-
longée ont détruit, dans un canton, toutes les espérances, et
que, menacé d'une disette, on peut en faire deux récoltes
saccessives dans la même année et dans le môme fonds.
Nous pensons donc que le sarrasin , et surtout le sarrasin
de Tartarie , est digne , à cause de sa précocité , de sa fécon-
dité et de sa plus grande vigueur, de figurer dans les grandes
fermes parmi les cultures utiles , et que s'il ne constitue pas
une ressource principale, il peut servir de fourrage aux bes-
tiaux, d'engrais aux volailles, d'amendement pour le terrai^i
s A R 2i3
ie plus éloigné de l'habitation. En un mot , les avantages in
contestables de ce grain sont de pouvoir être semé tard*
d'avoir autant de qualité que Torge pour le bétail, et d'ëpuise
le sol moins que tout autre grain, (parm.)
Le Sarrasin teignant a les fleurs hexandres , à demi-
trigynes , les épis rameux, les feuilles épaisses, ovales, et les
stipules membraneuses. Il est vivace , et se trouve à la Co-
chinchine, où il sert à teindre en bleu les étoffes de coton.
Le Sarrasin PERFOLiÉ a les feuilles triangulaires, la tige
épineuse, les stipules perfoliées et presque rondes. 11 se
trouve à la Cochinchine , où il est employé comme astrin-
gent et émollient pour résoudre les tumeurs elmondifier les
ulcères.
Le Sarrasin odorant a les fleurs octandres, trigynes, les
épis longs, terminaux, et la racine rampante. Il se trouve en
Cochinchine dans les lieux humides. Ses feuilles froissées
exhalent une odeur forte, agréable, et ont une saveur pi-
quante. On les emploie à assaisonner les viandes et le pois-
son, (b.)
SARRE. Nom vulgaire du Yarec , dans les environs de U
Rochelle, (b.)
SARRETTE, Serrahda. Genre de plantes de la syngénésie
polygamie égale et de la famille des cinarocéphales , dont les
caractères consistent : en un calice obiong, ventru ou cylin-
drique, imbriqué d'écaillés muliques; un réceptacle garni de
paillettes, portant des fleurons hern.aphrodiles, à tube renflé
au sommet, à anthères quelquefois appendiculées à leur base,
et à stigmates oblongs et réfléchis; des semences ovales,
aplaties , garnies d'aigrettes simples ou sessiles.
Ce genre renferme des herbes ou des arbrisseaux à feuilles
alternes et à fleurs souvent disposées en corymbes terminaux.
On en connoît une trentaine d'espèces : d'un côté , les genres
LiATRix, Vernonie, Saussurée, Philostemon, Hetero-
COME, HoLOLÉPis, Syncarphe, Lucilie, Lachnosperme et
Stemmacanthe, ont été établis à leurs dépens; de l'autre,
quelques botanistes les ont réunies au genre des Quenouilles
(^cnicus), d'autres aux Chardons ou aux Cirses , d'autres aux
STjïihelines; et ce qui y reste d'espèces présente des ano-
malies telles, qu'on sera sans doute bientôt dans le cas d'en
faire encore d'autres.
Pour ne pas entrer ici dans la discussion des espèces dou-
teuses, on se contentera de mentionner l'espèce sur laquelle
ce genre a été établi , c'est-à-dire : la Sarrette des teintu-
riers, qui est la plus commune et la plus importante à con-
aoîire.
Cette plante, qui est vivace, s'élève de deux à trois pieds.
21^ S A R
croît dans les bois et dans les pre's argileux, aux lieux sombres
el humides. Elle a les feuilles en lyre et pinnalifides , avec la
division intermédiaire très-grande et dentée. Les radicales
sont quelquefois entières, et en général elles varient toutes
au point qu'il est difficile d'en trouver deux de semblables. On
la regarde comme vulnéraire, propre pour dissoudre le sang
caillé, apaiser la douleur des hémorroïdes, et s'opposer
aux hernies. On s'en sert pour teindre en jaune verdàtre les
étoffes de laine. Elle fournit une couleur solide , mais moins
brillante que celle de la gaude. En conséquence, on l'em-
ploie rarement aujourd'hui dans les grandes manufactures.
JLes procédés de son application sont les mêmes que ceux
de la gaude, c'est-à-dire qu'on fait bouillir quelques heures
les feuilles et les tiges, soit sèches, soit vertes, et qu'on
plonge à diverses reprises, dans le bain qui en résulte, les
étoffes alunées et mouillées. On ne croit pas qu'elle soit nulle
part cultivée en France en ce moment; mais, si on le dé-
siroit, rien ne seroit plus facile, car il ne s'agiroit que de la
planter ou de la semer dans un terrain semblable à celui
qui a été cité pour lui convenir, et de la sécher. On pourroit
probablement la couper deux fois par an, c'est-à-dire une
première fois à l'époque naturelle de sa fructification, ensuite
à celle de la repousse. Cette dernière coupe donneroit une
teinture plus verdàtre que la première, mais qui peut avoir
son mérite dans certains cas.
La sarrelle des champs (sena/u/a aroemis de Linnseus) a
été mentionnée à l'article Chardon.
La sarrelle des jardins est le Chrysanthème des par-
terres, (b.)
S A R K 1 E r E , Saliireia , Li n n . ( diâynamie gymnospermie. )
Genre de plantes de la famille des labiées, dont les carac-
ères génériques sont d'avoir : le calice en tube strié; la corolle
tubuleuse à deux lèvres , la supérieure droite , obtuse el légè-
îrement echancrée , linférieure ouverte à trois lobes obtus,
presque égaux; les étamines écartées.
Ce genre comprend environ douze espèces , dont les plus
remarquables sont :
La Sarrîète des jardins, Satiireîa Jiur/ensis , Linn. , à
feuilles opposées, sessiles, simples, lancéolées el linéaires;
à pédoncules axillaires, portant chacun deux fleurs. Cette
espèce annuelle est cultivée dans les jardins pour lusage de
la cuisine el de la médecine, et esl généralement connue sous
le nom de sarriè/e d'élé. Elle croît naturellement dans la
Trance méridionale cl en Italie.
La Sarrièie de Crète, Salureîa ihymhra^ Linn, Elle se
trouve dans l'ile de Crète, el diffère de re.<pèce ci-dçssus par
s A R 2i5
ses fleurs verlicille'es, presque nues et ramassées en têtes
rondes, et par ses feuilles petites, ovales et pùiuluos. Cette
espèce fleurit en juin, juillet et août. Elle a aussi des propriétés
médicinales.
La Sarriète vraie, Saiureia juliana ^ Linn. Celle-ci, que
Ton rencontre en Espagne et dans quelques parties de T Italie,
a les fleurs verticillées , ramassées, terminées en épi; les
feuilles linéaires, lancéolées, glabres; les tiges , de la hau-
teur d'un pied et demi, droites et ligneuses. Les fleurs pa-
roissent dans le mois de juillet.
La Sarriète a fleurs en tête, vulgairement thym de Crète,
Saiureia capîtata, Linn.; à feuilles menues, opposées, étroites,
à carène, ponctuées et garnies de cils , à fleurs disposées en
épi. On se sert fréquemment de celte plante en médecine.
Elle est cultivée dans nos jardins, et croît naturellement dans
la Grèce et l'Archipel.
La Sarriète de montagne, Satureîa montana, Linn. Celte
espèce , cultivée dans les jardins sous le nom de sarriète d'hiver,
est vivace , et croît naturellement dans la France méridionale
et en Italie. On s'en sert pour la cuisine et la médecine. Ses
fleurs , qui paroissent en juin , sont d'un rose très-pâle ; ses
feuilles sont étroites , roides et opposées ; sa tige est haute
d'un pied, et ligneuse, (d.)
SARRIÈTE DES BOIS. On donne ce nom, aux envi-
rons d'Angers , au Mélampire des bois, (b.)
SARRIÈTE JAUNE ou a fleur jaune. C'estle Mélam-
pire DES PRÉS. (LN.)
SARRIOLE. V. IsANTHE. (b.)
SARRIS. A Turin , on donne ce nom au Micaschiste.
(LN.)
SARRON. On appelle ainsi I'Anserine bonhenri, dans
les Pyrénées, (b.)
SARROTRIUM , Sarrotrium. Genre d'insectes ainsi
nommé par Illiger et Fabricius , qui ne comprend qu'une
seule espèce, connue auparavant sous le nom de hispa muiica.
Latreille , avant les deux entomologistes que je viens de citer,
avoit établi ce genre sous le nom d'ORTHOCÈRE, V. ce mot.
(o.)
SARROUBE. r. Saroubé. (s.)
SARSAPARILLAetSALSAPARILLA.Cesdeuxnoms
latins des Salsepareilles sont des altérations du véritable
nom espagnol de ces plantes, qui est zarza parrilla , et qui
est composé de deux mots zarza, ronce, et parrilla, petijje
vigne, comme qui diroit ronce en forme de petite jiigne , ou des
vignes, ou qui grimpe comme une petite vigne.
2i6 s A S
Les Espagnols nommoient ainsi la ronce de cerf des Tos-
cans, c'esi-à-dire la Salsepareille épineuse {Smilax as-
■pera^ L.), avant ladccouverle de rAmérique; depuis , ils ont
donné ce nom à \?i salsepareille o^an«/e qu'ils trouvèrent en
usage au Pérou, (ln.)
SARSEPAREILLE. V. Salsepareille, (ln.)
SARSIR. V. Sarcir. (v.)
SART. C'est un des noms locaux du Goëmon ou de ces
amas de Varec , de Zoostère , et autres plantes marines que
les vagues accumulent sur les bords de la mer. (b.)
SARVPl Nom du Cyprin rote^gle ( cyprinus erythroph-
ihalmus , Linn. (b.)
SARXIPHAGON et SARXTPHRA^NCiUM. On trouve
aussi ces noms écrits ainsi : saxlphragon et sarxifragon. Voyez
SAXlFaAGA.(LN.)
SASA , Sasa ^ Sonninl. Genre des oiseaux Sylvains et de
la famille des Dysodes. Corac/è/v.ç : bec garni à sa base de
soies divergentes , épais , robuste, comprimé latéralement ,
à bords dentelés vers l'origine , ensuiie lisses et trancbans ;
mandibule supérieure arrondie en dessus , fléchie en arc vers
la pointe ; Tinférieure plus courte , proéminente en dessous
vers sa racine , anguleuse , retroussée à sa pointe , et à bords
inclinés en dedans ; narines arrondies, latérales, épatées,
couvertes d'une membrane située vers le milieu du bec ; lan-
gue.... ; orbites et gorge nues; cou grcle , plus long que le
corps ; tarses courts, réticulés; quatre doigts , trois devant ,
un derrière , totalement séparés ; l'intermédiaire plus long
que le tarse; ongles allongés, étroits, courbés, robustes,
aigus ; le postérieur très- arqué et le plus long de tous; ailes
arrondies-, concaves, courtes, à penne bâtarde très-courte;
les quatre premières rémiges étagées ; lescinquième , sixiè-
me et septième les plus longues de toutes ; queue composée
de dix pennes , planes , longues , et arrondies à leur extré-
mité.
L'espèce qui compose celte division se trouve à Cayenne,
laiche sur les arbres , fait une ponte de quatre ou six œufs,
se nourrit d'herbes et d'insectes aquatiques , et se tient per-
ch e près des eaux.
Le Sas\ proprement dit, Sasa cm/o/a, Vieill. ; Phasianus
crlstaius, Lath. , pi. enl. de Buff. , n." 337 ' ^^^^ ^^ nom àe fai-
san huppé de Guyenne Cet oiseau, de l'Amérique équinoxiale,
diffère de l'hoazin du Mexique, avec lequel Guenau de Mont-
beillard Ta confondu. Je l'ai fait connoître le premier à mon
#etour de la (iuyane ( Journal de Physique , septembre 1785 ).
Il est principalement remarquable par une très-longue huppe
de plumes étroites et couchées en arrière, qu'il peut soulever,
s A S 317
ornais non relever en forme de panache, lorsqu'il est affecté.
Ces plumes sont rousses depuis leur origine jusqu'à leur mi-
lieu , et noires sur le reste. Celles du dessus el des côlés du
cou ont des taches blanches sur un fond brun , qui occupe
aussi , mais avec des reflets verts et cuivrés , toutes les parties
supérieures , en prenant du roux sur les pennes des ailes , et
du verdâtre sur la queue ; les couvertures des ailes ont une
bordure blanche, et la queue est terminée par un liseré de
la même couleur, Leblanc, nuancé de roux, estla couleur des
parties inférieures, excepté que le roux est sans mélange de
blanc sur le ventre , les jambes el les couvertures de dessous
les ailes ; le bec est teint en gris verdâtre ; les pieds sont rou-
ges et les ongles noirs.
Le nom de sasa , que ce faisan porte parmi les naturels de
la Guyane française , exprime son cri , qu'il prononce d'une
voix forte et rauque. On ne le trouve qu'au bord des eaux
ou dans les lieux inondés, el celte préférence tient au genre
de sa nourriture. 11 mange les fruits et les feuilles d'un très-
grand arum , appelé dans le pays nwurou-moucou (^anim arbo-
rescens ^ Linn.) , et qui couvre de grands espaces dans les sa-
vanes noyées. Partout où ces plantes croissent abondam-
ment , l'on est assuré de rencontrer des sasas, quelquefois
Ïar paires , et quelquefois par petites troupes de six ou huit.
Is se tiennent , pour l'ordinaire, sur la même branche, l'un
à côté et fort près de l'autre. Ils sont peu défians, et se lais-
sent aisément approcher, sans doute parce qu'on leur fait
rarement la chasse, d'abord à cause de l'éloignement et de
la nature des lieux qu'ils habitent , ensuite parle peu d'inté-
rêt que l'on peut avoir à les rechercher ; la forte odeur de
castoreum qu'ils exhalent ne permettant pas de les manger.
Leur chair n'est cependant pas lout-à-fail inutile; les pêcheurs
la coupent par morceaux, et s'en servent comme d'un bon
appât pour prendre de gros poissons, (s.)
SASA. Nom des Lis, en Syrie, (ln.)
SASAGI. Nom japonais d'une espèce de Doi.ic (^Dolirhos
um^ella/iis , Thunb. ). (ln.)
SASALL Nom brame d'une espèce de Greuvier , dont
Linnœus avoii fait son genre microcos , appelé sasali par
Adanson. (ln.)
SASANKWA. C'est , au Japon , le nom d'une espèce
de Camellia , aulre que celle que nous cultivons. C'est le
camelUa sasanqua , Thunb. (ln.)
SASAPIN. L'une des nombreuses dénominations em-
ployées par différens voyageurs pour désigner Us Sarigues
ou DiDELPHEs. F. ce mot, (s.)
3ï8 S A S
SASAPPO-LAUT et ALLANG LAUT. Noms malais
de Ici pennaUilaJuncea., Path. V. Pennatule. (desm.)
SASHAUNPASHU. Nom que les naturels de la baîe
d'Hudson ont appliqué à THirondelle bleue. F. ce mot.
(V.)
SASINNEER SASIN. Nom que les naturels de la baie
de Nootka ont imposé à un Oiseau-mouche. V. le genre
Colibri, 2.« section, (v.)
SASLOT. Nom piémoniais de la Sarcelle, (v.)
SASSA. Nom d'une espèce d'AcACiE de Nubie , qui
donne de la gomme semblable à celle appelée arabique. Elle
diffère fort peu de Tacacie nilolique.
Bruce ayant reçu du pays de la myrrbe des branches de
cet arbre , comme étant celui qui fournit cette précieuse ré-
sine , et ayant depuis observé qu'il donnoit de la gomme , en
conclut que cette gOmme étoit Vopobaîsamum des anciens:
mais il a évidemment établi deux erreurs; car, i.oun arbre
qui donne de la gomme ne donne pas en môme temps de la
résine; 2.0 l'opobalsamum des anciens, au rapport de Ga-
lien, étoit un poison actif, et on mange quelquefois , selon
Bruce même, la gomme du sassa. (b.)
SASSSA. Espèce de Palmier, autrement appelé Nipa.
(B.)
SASSAFRAS. Nom qu'on donne, dans le commerce de
l'épicerie , au bois du Laurier sassafras. V. ce mot à l'ar-
ticle Laurier, (d.)
SA-SASHEW. Nom que porte, à la baie d'Hudson, une
espèce de Chevalier. V. ce mot, (v.)
SASSATA. Aux environs d'Agra, dans l'Indostan , on
donne ce nom à I'Indigo retiré de la troisième pousse àt
l'indigotier, c'est-à-dire la troisième année après la planta-
lion. Cet indigo est le plus inférieur. V. NoTi. (ln.)
SASSERÉ. F. Perroquet sassebé, à l'art. desPAPEGAis.
tome 25, page 33o. (v.)
SASSIE, Sassia. Genre de plantes établi par Molina dans
l'octandrie monogynie , et qui a pour caractères : un calice de
quatre folioles ; une corolle de quatre pétales; huit étamihes ;
un ovaire surmonté d'un style à stigmate obtus; une capsule
ovale , à deux loges et à deux semences.
Ce genre contient deux espèces : la Sassie teignante qui
a les feuilles ovales et la hampe multiflore; la Sassie persi-
CAIRE qui a les feuilles en cœur et la hampe uniflore. L'une
et l'autre se trouvent très-abondamment au Chili. La fleur
de la première est pourpre, très-odorante, sert à colorer et à
p.irfumcr les liqueurs , les bois d'ébénisterie et même les
étoffes ; la seconde a la fleur d'un jawne doré, (b.)
s A T 319
SASSIFICCA. Nom italien qui désigne les Salsifis. 11
paroîl dériver des deux mots : sasso , pierre, tijîccare, ficher,
fourrer, etsignifieroit plante fichée diins les pierres. En effet,
les racines pivotantes des salsifis sont fichées en terre et entre
les pierres comme des clous dans une muraille ; nos déno-
minations de sarsifis, sahijis et aiiîfi n'en sont que des dérivés.
SASSIFRACiA des Italiens. V. Saxifrage, (ln.)
SASSIFRAGIA. Synonyme 4e Sassafras dans les ou-
vrages de quelques botanistes et voyageurs qui ont fait con-
noîire les plantes de l'Amérique. V. Sassafras, (l^n.)
SASSOLIN (Reuss., Karst. , Léonh. ; Sasso/ine, James.;
acide boiacique^ Haiiy ; Sel sédulif naturel , Hoëpf ). Sel qu'on
a trouvé d'abord sur les bords de la source chaude de Sasso
près Sienne , d'où il a tiré la dénomination de sassolin.
Ce sel est blanc ou blanc grisâtre, nuancé ou parsemé de
taches jaunâtres. Il est sous la forme de grains, de paillettes,
de croûtes, et en forme de stalactites corrodées qui semblent
composées de grains cristallisés, aciculaire ou lamelliforme.
Il est doux et savonneux sous le doigt, et facile à pulvériser. 11
a l'éclat ixnpur, un peu nacré , quelquefois résineux ainsi que
sa raclure. Au chalumeau, il fond en un globule transparent.
Selon Klaproth, le sassolin contient:
Acide boracique 86
Manganèse sulfaté , avec un peu de fer . 11
Chaux sulfatée 3
100
Le sassolin se trouve aussi en sable composé de paillettes
blanchâtres nacrées et qui ont jusqu'à une ligne et demie
d'étendue.
On peut voir à l'art. Acide boracique, vol. i, p. i34. ,
l'indication des divers endroits du territoire de Sienne 011 1 on
a observé ce sel. (iN.)
SASURU. Nom oriental de l'arbre désigné dans Rum-
phius , par pseudo sanialum. V. ce mot. (LN.)
SATAJO. Plante parasite et dioïque du Malabar, figurée
par Rhéede,mais dont les botanistes ne connoissent qu'im-
parfaitement les parties de la fructification, (r.)
SAÏAL. Coquille fort peu différente du Spondyle Gai-
DERON. (B.)
SATAN ou Couxio. Singe de l'Amérique méridionale, dé-
crit par Hoffmansegg et de Humboldt, et qui appartient au
genre Saki. (desm.)
SATANIA et SATANIUM des Grecs. V. à l'article
Messpilus. (ln.)
220 S A T
SATARTA. V. Peucedanon. (ln.)
SATELLITES. V. Planètes, (pat.)
SATilAM. C'est le Latanier, à Madagascar, (b.)
SATHEKÏUS d'Aristote. C'est la Marte zibeline, (s.)
SATHYKION d'Vrisioie. CVst le Desman. (s.)
SATIECH et SATiACH, Noms persans et arabes du
nurdus iniUca ^ selon J. Bauhin qui ie fait dériver du nom de
la ville dite Satignu. (LN.)
SATIN BLAKC. F. Lunaire, (b.)
SATIN PALE. Agaric de trois pouces de haut, qui croît
dans les bois des environs de Paris , et qui n'est point mal-
faisant. On le reconnoît à son chapeau mamelonné au centre,
comme satiné en dessus.Paulel Ta figuré pi. 1 1/}. de son Traité
des champignons, (n.)
SATINÉ DE FRANGE ou SATINÉ BATARD. On
donne ce nom, dans l'ébénisterie , au bois du Prunier , à
raison de son apparence. (B.)
SATINE. La Lunaire annuelle porte quelquefois ce
nom. (b.)
SATORKIS , Salorliis. Nom donné par Dupetit-Thouars
au genre de plantes appelé Satyrion par Linnseus. (b.)
SATSIFOCO. Nom de TEspadon au Japon, (b.)
SATUREÏA. Pline nous apprend que les Romains don-
îioient ce nom à une plante dont ils faisoient un grand usage
pour assaisonner les viandes. On la semoit en février. Elle
avoit tant de ressemblance avec Voriganum , surtout par ses
qualités, qu'on les confondoit ensemble. On l'appeloit aussi
tunila tithymhra. A.V SiVÙde cua'lii , l'iine fait observer qu'outre
le cunila cultivé, les médecins en connoissenl plusieurs au-
tres espèces qu'ils nomment cunila hulula ^ cunila gallmacea^
origanum heradeoticum , cunilago mollis et cunilago Ubanotis.
Puis après avoir traité rapidement de ces plantes , Pline
revient sur les propriétés du cunila saliva , et termine par
le cunila montana. Ces deuK dernières plantes sont les ihym-
hra de Dioscoride , dont une étoit cultivée et l'autre sau-
vage. La première étoit cultivée; on la mangeoit de préfé-
rence, parce qu'elle étoit moins acre que l'espèce sauvage ;
elle étoit plus grande, commune, semblable au thym, mais
plus basse et [)lus molle ; ses (leurs , de couleur verte , for-
moient des épis. Celte plante avoit les mêmes propriétés que
le thym et s'employoit aux mêmes usages, ce qui est confirmé
par Paul AEginet. Théophrastje a un plus grand non»bre d'es-
pèces de ihymhra.
Golumellc recommande de placer les ruches dans des lieux
abondans en origan , thym, thymbra et de l'espèce de cunila
que les paysans nommoient satureîa , ce qui semble admettre
s A T 22!
une différence entre le lliymbra et le salureîa ; peut-être
n'a-t-il voulu indiquer que les cunîla satha et moniaria.
C'est aux saiureia hortensis^jidiona^montana et thymbra f\VL on
rapporte le plus généralement les plantes des anciens, mais
nonles autres espèces de cuuila et ainilago de Pline, qui sont
d'autres plantes labiées. Les satureia ci-dessus , et principa-
lement le satureia hortensîs, conservent en Italie les noms de
coniellatl de sacoreggia , qui rappellent les noms que les an-
ciens leurdonnoienl. Les noms de sarnèle ou sarriette, savorée
etsadrée , qui désignent ou bien ont désigné ces plantes, s'en
déduisent aussi.
Le satureia étoit une labiée extrêmement écbauffante et
aphrodisiaque , ce qui fait croire que son nom dérivoit de
celui des Satyres , divinités les plus lascives du paganisme.
Plusieurs auteurs le dérivent de saturare, assaisonner, sa-
turer , parce qu'on mettoit cette plante dans presque toutes
les sauces. Enfin , d'autres auteurs croient qu'il esl corrompu
de l'arabe sahater et shatar qui désignent également les sar-
riètes.
Les espèces de satureia ci-dessus nommées , forment un
groupe distinct dans le Pinax de C. Bauhin; mais il n'y com-
prend pas le satureia capitula^ car il le considère comme une
espèce de thym, ainsi que l'ont fait tous les botanistes du
même temps. Dodonée a appelé satureia le melampyrum
aroense.
Le genre satureia des modernes est composé du satureia
de Tournefort, qui comprend les vraies sarrièles, et de quel-
ques espèces de calamintha , thymbra et thymus du même au-
teur. Ce genre, dont les espèces sont peu nombreuses malgré
cette réunion, comprend aussi le,sabaltia de Moench et le
condea de Desportes. V. Sarriète et Thymbra. (i-n.)
SATUPiIER, Psatura. Arbrisseau de l'île Bourbon, à
feuilles opposées et à fleurs disposées en panicule terminale,
qui, seul, constitue un genre dans l'hexandrie monogynie.
Ses caractères sont : calice à six dents; corolle campanulée
à six divisions, barbue en dedans; ovaire inférieur à style
terminé par un stigmate lamelleux; baie sèche , striée, à sis
loges monospermes, (b.)
SATURNE. V. le mot Plaîs[ètes. (lib.)
SATURNE. Les anciens chimistes qui avoienl donné aux
métaux le nom des planètes, avoient consacré au plomb celui
de Saturne , et on le conserve encore dans quelques prépa-
rations pharmaceutiques. On dit sucre de saturne , extrait de
Saturne^ vinaigre de saturne, etc. V. Plomb, (pat.)
SAXURNINE. Nom spécifique d'une Couleuvre, (b.)
s A T
SATURNITES. Ce nom, qui sîgnifie pîcrre de Saturne,
a été donné par J.-R. Forster au plomb sulfuré épigène qui
est le blaubeierz , c'est-à-dire la mine de plomb bleu des
Allemands, (ln.)
SATYRE, Satyrus. Les anciens Grecs avoient une religion
originaire de l'Egypte et des autres contrées orientales , et
connne les campagnes ardentes de ces contrées nourrissoient
«ne foule de singes et d'autres animaux analogues, les hom-
mes superstitieux et timides, dans l'enfance de la société, en
firent des dieux ou du moins des êtres privilégiés. Les vastes
forêts de la zone torride, ces soliludes ignorées qui impri-
moient aux hommes qui les parcouroient , une terreur reli-
gieuse, éloient habitées par des singes ; ils en étoient les divi-
nités tutélalres; de là naquirent les faunes, les satyres, les
silènes, et tous ces demi-dieux champêtres de l'antique my-
thologie. Aujourd'hui encore les Indiens du Bengale , du
Malabar, etc. , ont un respect religieux pour les singes , et
fondent des hôpitaux pour en nourrir les individus infirmes.
On assure même que les Thibétains admettent dans leur
cosmogonie , que les premiers hommes ne furent que des
singes.
Mais pourquoi mettre ces animaux au rang des dieux ?
Comment un peuple peut-il être assez imbécile pour se
prosterner aux pieds d'un vil animal, pour lui offrir son en-
cens et ses vœux .'' Voilà ce qu'on auroit peine à se persuader,
si l'on n'en avoit pas la preuve. Effigies sacri- ni/ et aurea cerco-
pither.i. On a vu, en effet, dans l'antique Egypte, les timides
mortels trembler aux pieds d'un singe assis sur leurs autels. L'en-
fance de l'esprit humain est sujette à toutes les erreurs; elles
lui viennent de sa timidité. C'est la crainte qui a fait les pre-
miers dieux des hommes; ils ont adoré des serpens et des sin-
ges, avant d'adresser leurs hommages au maître de l'univers.
Plus on est foible, plus on est timide et superstitieux. Les
animaux, les plantes, les minéraux, tout a été dieu pour
i'homme sauvage, excepté l'être Suprême; ses pensées ne
pouvoient pas s'étendre si loin. Sa slupide admiration pour
toutes les productions de la nature qui l'environnent, se chan-
gea en adoration , et la terreur, fille de l'ignorance , établit
les premiers cultes.
On a conservé en Histoire naturelle les noms de ces anciens
dieux champêtres , et on les a donnés aux singes ; mais on ne
voit plus que des singes dans ces animaux. Leur divinité s'est
perdue par Tinjure des siècles et de la religion chrélierme. Il
leur sera difficile d'en recouvrer les titres parmi nous, rîous.
avons déjà suffisamment de lutins, de revenans, de sorciers^
de feux follets et d'autres superstitions qui tourmentent l'es-
s A T 223
prit de nos pauvres villageois. Au reste , consultez, pour le
singe satyre , l'arllcle Oratsg-outang. (virey.)
SATYRE , Satyrus , Latr. ; Jmathitsia, BrassoUs , Hœtera ,
Hîpparrhia, Fab. Genre d'insectes de l'ordre des lépidop-
tères, famille des diurnes , tribu des papilionides, ayanipour
caractères : les deux premières pattes , dans les deux sexes ,
beaucoup plus courtes que les autres , repliées de chaque côté
du cou ou contre la poitrine , inutiles au mouvement ; ailes
inférieures embrassant , par leur bord interne, le dessous de
l'abdomen ; palpes inférieurs (ou extérieurs) fortement com-
primés , et dont la tranche antérieure est très - étroite ou
presque aiguë; cellule discoïdale et centrale des ailes infé-
rieures toujours fermée ; chenilles allongées, sans épines ,
nues ou simplement garnies de duvet , et souvent rayées lon-
gitudinalement de lignes alternativement plus vives et plus
foncées , avec la tête presque globuleuse et l'abdomen four-
chu ou terminé par deux cornes ; chrysalide légèrement an-
gulaire , suspendue perpendiculairement la tête en bas , et
attachée seulement par son extrémité postérieure ; deux
pointes petites et écartées à l'autre bout.
Je compose ce genre de la troisième classe des papillons
de Réaumur et d'une partie de ceux de sa seconde. Il com-
prend, dans la méthode de Degéer, qui diffère peu de la pré-
cédente , sa cinquième famille des papillons et les dernières
espèces de la quatrième ; mais Geoffroy , et , après lui , les
auteurs du catalogue systématique des lépidoptères de Vien-
ne , sont ceux qui ont le mieux circonscrit cette coupe natu-
relle. Nos satyres forment dans la méthode du premier de ces
naturalistes le troisième paragraphe de sa première famille
des papillons, ou de ceux qui n'ont que quatre pattes am-
bulatoires. Les chenilles des espèces de cette subdivision
n'ont point d'épines. Les deux pattes antérieures de l'in-
secte parfait sont très-courtes, mais , selon lui, nullement
velues et ne faisant point la palatine. Il y range, cepen-
dant., les espèces nommées satyre , tircls ^ cèphale ^ procns ^
que Degéer place dans sa quatrièmefamille ou les papillons
dont le bord inférieur des secondes ailes embrasse le dessous
du ventre , le cache entièrement en s'y moulant , et dont les
deux pattes sont terminées par deux sortes de cordons, sem-
blables aux pendans des palatines de peau. Je n'ai pas cru ,
dans l'établissement du genre satyre , devoir employer , du
moins, dans le sens absolu de ces deux naturalistes, ce der-
nier caractère. Il me suffit que les deux pattes antérieures
soient beaucoup plus courtes que les autres, pliées contre la
poitrine , ou Inutiles à l'ambulation ; n'importe qu'elles soient
très-velues et terminées en manière de palatine , ou sem-
«24 s A T
blables aux autres, mais irès-petites et presque entièrement
cacliées.
Cette considération ne pourroit servir que pour diviser le
genre en deux sections. Fabricius a donné à une coupe de son
genre papillon {Entom system.) , le nom de satyres ; mais aux
espèces, composant le genre que je dislingue ainsi, il en associe
beaucoup d'autres qui doivent en être éloignées , de sorte que
cette division est une sorte de magasin. Les chenilles dessalyrcs
indigènes, dont on a observé les métamorphoses, vivent toutes
sur des plantes graminées. Elles sont , pour la plupart, vertes
ou jaunes, avec des raies plus foncées ; leur corps est allongé,
mou f sans épines , et uniquement garni de poils courts , qui
partent , du moins dans quelques espèces , de petits tuber-
cules; leur tête est presque sphérique , avec la bouche très-
petite , et leur derrière se termine par deux petites cornes ,
en manière de queue fourchue. Lorsque ces chenilles veu-
lent se transformer , elles se pendent par les pattes posté-
rieures, et prennent la forme d'une chrysalide, verte ou jau-
nâtre , un peu angulaire , et dont la tête a deux pointes co-
niques. Les lépidoptères , qui sortent de ces chrysalides ,
ont généralement les ailes rondes, tantôt brunes ou noirâ-
tres , tantôt jaunâtres et presque toujours marquées de taches
oculaires; dans quelques autres, le fond est noir, avec une
bande blanche ou roussâtre. Ces insectes ont le vol pesant et
sont faciles à attraper. Ils habitent plus particulièrement les
bois , les prairies et les lieux incultes; quelques autres ne
fréquentent que les terrains rocailleux ou montueux , parce
que , probablement , les plantes qui doivent nourrir leurs
chenilles sont exclusivement propres à ces localités. Plusieurs
de ces lépidoptères aiment à se poser et à marcher sur le
tronc des arbres : ce sont des espèces de grimpeurs. Ces lé-
pidoptères sont véritablement agrestes; on ne les trouve ja-
mais ou que rarement dans les jardins. Quelques satyres ,
mais qui sont presque tous des Indes orientales, s'éloignent
des nôtres par la forme anguleuse de leurs ailes inférieures.
I. Bord postérieur des ailes inférieures dentelé ou sinueux.
Le Satyre CïRCÉ , Pû'yOî'A'o circcy Fab. ; Pap. proserpina y
Esp. ; le Silène ^ Engram. , Pap. d'Europ., pi. XX , n.^ 33 ,
et pi. Lxxxi, n.o 33. Il habite les forêts des montagnes, et
se trouve particulièrement en Provence ; ses ailes sont en
dessus d'un brun noirâtre foncé , traversées , à peu de dis-
tance du bord postérieur, par une bande blanche ; ce carac-
tère est commun au satyre hermione ou le sihnndre; mais dans
le satyre circé^ cette bande est interrompue sur les supérieures,
dès son commencement, près de l'angle extérieur, de manière
s AT
qu on y voit deux taches blanches réunies , éloignées du rcîtc
de la bande , et portant un œil ou une tache noire et ronde
avec un point blanc au milieu ; de plus, la bande blanche se
prolonge sur les inférieures jusqu'au bord interne, celui qui
est du côté de l'abdomen , tandis qu'elle ne va pas jusque-là
dans le silmndre. Celui-ci a encore un petit œil de plus sur
les ailes supérieures, et un sur les inférieures. Les ailes supé-
rieures ont en dessous , dans le circé , deux taches blanches à
la côte , qui ne se voient pas dans le précédent. Les ailes in-
férieures ont aussi , près de la base , à la côte , un petit es-
pace blanchâtre qui manque àAXisle sihandre : la bande blan-
che , 1 œil de dessus, se retrouvent en dessous. Les ailes in-
férieures ont un très-petit œil dans le voisinage de l'angle
anal ; là se remarque une raie anguleuse très-noire.
La chenille de ce papillon est nue , et se termine insensible-
ment en pointe bifide ; son dos est rayé longitudinalement de
noirâtre , de blanc et de jaune. Elle se trouve sur lesgramens.
Le Satyre silvatsdre, Papilio hermione, Linn. , Fab. ;
le Silène ^ Geoff. ; le Sibandre , Engram. , Pap. (TlEurop. ,
pi. 20 , n.° 34.. Cette espèce est un peu plus petite que la pré-
cédente , et lui ressemble d'ailleurs beaucoup. Nous venons
de faire connoîlre en quoi elle en diffère. Sa bande blanche
est moins vive , s'oblitère même presque totalement dans
quelques individus. Elle a deux points noirs , avec le centre
blanc , ou deux très-petits yeux sur chacune des ailes supé-
rieures , et un seul sur chaque inférieure : ces petits yeux sont
aussi en dessous.
La chenille est grise , avec une ligne très-noire sur le dos.
Le corps est terminé par une pointe bifide.
Le Satyre alcyone , Papilio alcyone , Hubn. , Ochs. ; le
petit Siîoandre , Engram. , Pap. d'Europ. , pi. 62 ; n,'' 35 ;
Rœs. Insect. , tom. 3, tab. 34 , fig. 5,6; n'est qu'une variété
plus petite du précédent, et tel a été le sentiment de Lin-
neeus et de Fabricius. On le trouve en Allemagne et dans
quelques départemens de la France.
Le Satyre hermite , Papilio briseis , Linn. , Fab. ; VHêr-
mite , Engram., Pap.dEurop,^ planche 21, n.» 36-, pi. 63,
n.° 36, e,f. Le dessus de ses ailes est d'un brun noir, chan-
geant en vert ou en violet , avec une bande blanche qui les
traverse dans leur largeur ; sur les supérieures, cette bande
est formée de six taches , dont la première et la troisième
ont chacune un œil noir à prunelle blanche ; la bande infé-
rieure est plus terne ; le dessous des ailes est d'un gris ou
d'un blanc jaunâtre, particulièrement sous les supérieures ,
au lieu qui répond à la bande , avec différentes ondes ou
nuances d'un brun clair ; les supérieures ont les deux veux de
226 o A 1
dessus, et dans le mâle , deux taches noirâtres à la côte ; dans
ia femelle , une seule tache avec une bande brune trans-
verse ; les inférieures ont un petit œil , et dans les mâles ,
deux taches et une bande transverse noirâtres. Ces ailes , dans
les femelles , n'offrent que quelques teintes un peu plus fon-
cées , en forme de bandes peu marquées , et une ou deux
petites taches noirâtres sous le petit œil. Cette espèce est
commune aux mois de juillet et d'août , dans les lieux pier-
reux des cantons méridionaux, ^n la trouve aussi , mais
rarement , aux environs de Pfffîs. Le P. pirala d'Esper,
d'Hubner,de Prunner, etc., n'est qu'unevariété plus grande.
Le Satyre agave , Papilio agave , Hiibn. , Esper ; P. ////?-
polyie , Esp. ; P. alcyune^ Fab. ; VHippolylei Engram. , Pap.
dEurop. , pi. 8 , supp. 3.« , 36 Lis. Ses ailes sont d'un brun
clair , traversées près du bord postérieur d'une bande jaunâ-
tre ; les supérieures ont, en dessus et en dessous , deux yeux
noirs aveugles ou sans prunelle ; le dessous des supérieures
est presque entièrement jaunâtre ; celui des inférieures a plu-
sieurs raies et des points obscurs qui le font paroîlre mar-
bré.
Cette espèce se trouve en Russie.
Le Satyre FiDiA, Papilio fidîa ^ Llnn., Fab,; le Faune j
Engram., Pap. d'Europ. , pi. 2 i , n." 07 , c. d. Ses ailes sont ,
tn dessus , d'un brun noir ; les supérieures ont chacune deux
petits yeux noirs à prunelle blanche , et deux points blancs
dans leur entre-deux; les inférieures n'ont qu'un petit œil
semblable aux précédens , et dans des individus deux petits
S oints blancs; le dessous des ailes est mélangé de cendré et
ebrun noirâtre;ony retrouve les yeux et les points blancs de
dessus; les quatre ailes ont un espace, ou une raie transverse,
blanchâtre, immédiatement avant ces yeux; les supérieures
ont, vers le milieu de la côte, deux traits d'un brun noirâtre;
les Inférieures ont deux raies, dont l'une plus courte , trans-
versale, anguleuse et noire, et une bande blanchâtre le
long du bord postérieur.
Cette espèce se trouve en août , dans les lieux élevés des
cantons méridionaux de la France.
Engrainelle avoit d'abord donné , comme mâle de cette
espèce , le papillon , pi. 2 1 , n.° 87 , a. h.; mais dans le n ." 6,
pag. 255, il déclare que c'est une erreur, et que ce papillon
est le mâle d'une autre espèce qu'il nomme corouîs ^ et qui
se trouve en Provence ,.pl. 63, n.° 87 , e.f. F. l'espèce sui-
vante.
Le Satyre allionia, Papilio alHonùi, Fab. ; le Faune, En-
gram. , Pap. d'Europ. , pi. 21 , n." 87 , a. h.; Ejusd., P. ^0/0-
tiis , pi. 63, n. " 07 , e.J. Cette espèce , qui se trouve sur les
s A T i;,j»
confins de la France et de l'Italie , a les aîles d'un brun noi-
râtre, dentées; le dessous a, vers le bas, deux raies plus
obscures, et rexlréniilé plus pâle; les supérieures ont, sur
celte surface , deux grands yeux ; le premier a seul une pru-
nelle blanche ; enlre eux est une tache blanche ; ces yeux pa-
roissent en dessous, mais foiblenient et sans prunelle; les
ailes postérieures ont trois points blancs et un plus grand
très-noir ; leur dessous offre une bande blanche et ar-
quée.
Le Satyre faune, Papilîo fourni ^ Esp., Fab.; Aradi^e ^
Engram. , Pap. d Europ. , pi. 63 , n.^ 87 , a. h. c. , his. Ses
ailes sont d'un brun foncé en dessus, avec les bords plus
clairs ; les supérieures ont en dessus et en dessous, près du
bord postérieur, deux yeux noirs, à cercle fauve autour, et
deux points blancs dans l'inlervalle qui les sépare ; l'oeil su-
périeur a la prunelle blanche ; le dessous des inférieures est
d'un gris cendré ; leur base et une portion transversale de leur
surface sont plus foncées dans quelques individus.
Cette espèce , nommée statilinus par quelques auteurs , ne
me paroît être qu'une variété plus petite de la précédente.
Elle se trouve plus particulièrement dans les cantons méri-
dionaux de la France ; elle est même très-commune , à la fin
de l'été , au bois de Boulogne , aux environs de Paris. Les
ailes inférieures ont, dans celui-ci, un point noir près de l'an-
gle anal , dont on ne fait pas mention.
Le Satyre ACTÉON, PapiUo actœa^ Esp.; V Actéon^ Engram.,
Pap. dEurop. , pi. 81 , n." 87 ter^ a. d. bis , et pi. 63 , n.° 87,
g. h. Le dessus des ailes est d'un brun noirâtre, avec un re-
flet fauve; les ailes supérieures ont la côte cendrée et un petit
œil noir à prunelle blanche près de l'angle extérieur; leur
dessous est d'un brun clair du côté de la côte , d'un brun
très-foncé ou fauve du côté interne; au petit œil de dessus en
répond un plus grand, renfermé dans un cercle blanc ou fauve;
au-dessous on voit dans plusieurs un ou deux points blancs;
le dessous des ailes inférieures est partagé en trois portions
transversales, dont le bord extérieur , ou celui qui est le plus
près de l'extrémité postérieure de l'aile, est plus ou moins
brun, et dont le reste a une teinte d'un brun clair ou cendrée;
les deux divisions terminales sont plus étroites, en forme de
bandes, et leur bord interne est encore plus clair que celui
de la première.
Celte espèce se trouve dans la Provence et aux environs
de Narbonne , etc.
Le Satyre bryce, Papîlio actœa, Fab., Hiibn., Lép,^
tab. 33 , fig. 149 et i5o, en est très-voisin. Ses ailes supérieu-
res ont , des deux côtés, deux yeux noirs à prunelle blanche,
^.8 S A T
et un autre œîl , mais très-petit, accolé à celui qui est le
plus près de la côte.
On le trouve dans les mêmes lieux.
LcSatïRE agreste, Papilio semele , Linn.,Fab.; Y Agreste,
Engram. , Pap. dEurop., pi. 22 , n.*' 38. Ses ailes sont en
dessus d'un brun noirâtre ; les supérieures ont deux petites
taches rondes et noires, en forme d'yeux, à prunelle blan-
che , placées dans la femelle sur une espèce de bande jau-
nâtre , maculaire et transversale; les inférieures ont un œil
seipblable à celui des précédentes, et situé à l'extrémité in-
férieure d'une suite de quelques taches fauves disposées en
bande près du bord postérieur; le dessous des supérieures
est fauve, nébuleux au bord postérieur, avec une tache
blanche près de l'angle extérieur; on y voit les deux yeux de
dessus ; le dessous des inférieures est d'un brun mélangé à
la base, plus clair et cendré ou grisâtre ensuite, et -i aussi
l'œil supérieur. Cette espèce est commune dans les bois tn
Europe. Engramelle décrit , sous le nom àe petit agresie , p. .g.
77, pi. 22, n.' 39, un satyre qui ressemble beaucoup au p -
cèdent. Le dessus des quatre ailes est d'un brun foncé, avec
une bande fauve transverse, formée de quelques taches fauves;
les supérieures, ainsi que les inférieures, n'ont qu'un œil; celui
des dernières ne paroît pas en dessous. D'ailleurs , la surface
inférieure des ailes ne diffère pas beaucoup du dessous de
celles du papillon agreste.
Elle est décrite par Fabricius et quelques autres auteurs,
sous le nom de Papillon aRÉthusk, Pupiiio arelhusa. Ce
sera pour nous le Satyre aréthuse.
Le Papillon mercure, d'Engraraelle , pi. 64, n.» 3S bis .
diffère du précédent en ce qu'il est plus petit , plus clair dans
Ici couleurs, que les ailes inférieures n'ont point de tache
oculaire, el que la bande transverse et grisâtre du dessous
est plus étroite. Ce n'est peut-être qu'une variété. Ce papil-
lon est venu de Vienne en Autriche.
liC Satyre phèdre, Papilio phœdra , Linn. , Fab.; \e grand
Nègre des bois , Engram., Pap. d'Europ. , pi. 23 el 64.5 n » ^o.
Celte espèce est d'un brun noirâtre; ses ailes supérieures ont
sur les deux surfaces deux grands yeux noirs , à prunelle d'un
bleu violet, à iris d'un brun fauve; les inférieures ont un
très-petit œil noir, à prunelle également bleue ; leur dessous
a une ou deux bandes grisâtres.
On la trouve dans les forêts d.e la France , aux mois de
juillet et d'août. Son accouplement dure beaucoup plus long-
temps que celui des autres.
La chenille est grise , avec deux lignes de taches noires sur
s A T 229
ie dos ; son corps se termine en pointe fourchue. Elle vit
sur Tavoine que les botanistes nomment datior.
Le Satyre autonoé , Papîlio autonoe^ Fab. ; Papilio icare,
Engrara, , Pap. d'Europ. , pi, 8 , Suppl. 3.* , n," 4-0 bis. Ses
ailes sont d'un brun clair ; les supérieures ont en dessus et
en dessous deux grands yeux noirs , à prunelle blanche , pla-
cés sur un espace ou bande jaunâtre ; en dessous , le bord
postérieur de ces ailes est d'un brun clair, et leur partie In-
férieure est d'un fauve mêlé de gris et de brun ; les inférieu-
res sont traversées en dessus d'une bande d'un brun plus
clair tirant sur le fauve , et ont chacune deux points blancs
et un très-petit œil noir à prunelle blanche ; le dessous de
ces ailes est d'un jaunâtre jaspé de brun , avec des traits , de
petites taches blanchâtres, et un petit œil noir à prunelle et
iris blancs.
Le Satyre amarillis, Papilio iithonus, Linn. ; Papilio
pîlosellœ, Fab.; V Amarillis^ Geoff. , Engram,, Pap. d'Europ^
pi. 27 , n.° 63 , pi. 56, n.° 53 , var. ; Papîlio herse ^ Hiibn. Ses
MÏes sont fauves en dessus , avec une large bordure brune ;
les supérieures ont de part et d'autre , vers l'angle du bout ,
un œil allongé , noir, avec deux prunelles blanches; les in-
férieures ont vers le milieu deux très-petits yeux , qui parois-
sent aussi en dessous; ce dessous est mélangé de cendré clair
et de brun.
La chenille vit sur le gazon, est d'un vert obscur, avec
UTH bande longitudinale et rougeâtre de chaque côté ; son
extrémité postérieure est terminée par deux espèces de cor-
nes.
Sa chrysalide est grisâtre, avec quelques taches brunes.
Cette espèce paroît en été. Elle n'est pas rare en France
dans les prés et les bois.
On trouve une variété accidentelle où le fauve est blanc.
Papil. d'Europe, pi. 66 , n.» 53 , f.
Le papillon Ida de Fabricius ( Hiibn. , Lépid. , tab. 35 ,
fig. i58 et iSg), n'a point de taches oculaires sur les ailes
inférieures; d'ailleurs, il diffère peu de l'amarillis.
Le Satyre TITIRE, Papilio bathseba, salome , Fab.; le
Tilire, Engram., Pap. d Europe , pi. 66 , n." 53 bis ; Coqueb. ,
lllustr. iconogr.f pi. 17, n.° i ; Papilio pasiphaë, Esp. , Hiibn.
Le titire ressemble beaucoup à ramarillis; ses ailes sont
fauves en dessus et bordées tout autour de brun; les supé-
rieures ont un œil noir, à double prunelle blanche ; les in-
férieures en ont chacune trois petits , noirs, à prunelle blan-
che , dont deux rapprochés près de l'angle anal, et le troi-
sième écarté; en dessous, les supérieures sont semblables
3'» dessus ; les inférieures sont d'un brun foncé , avec une
33o s A T
bande blanclie , transverse , à peu de disfance du bord pos-
térieur ; entre elle et ce bord sont quatre à cinq yeux, dont
le nombre et l'apparence varient, noirs, avec la prunelle
blanche. Cette espèce se trouve en Barbarie et en Provence.
Dans les individus de cette <lernière contrée , les yeux ont
l'iris fauve , et la bande blanche s'étend un peu en dehors
vers le milieu.
Le Satyre myrtii,, Papîlio janira , Linn. , Fab.; le Myr-
iîl^ Geoff. ; Engram. , Pap. d Europe , pi. 28, n.** 54, a. h. ;
pi. 56 , n." 54. , /. ». m. k. , var. ; pi. Sy , 0. p. q. r. , var. ;
Papilio Jurtina y Linn. ; le Corydon^ Geoff. Cette espèce va-
rie beaucoup ; le fond de ses ailes est en général brun , glacé
au milieu d'une teinte fauve ou jaunâtre , parliculièremeiil
sur le dessous des inférieures ; les supérieures ont un œil
noir, à prunelle blanche, environné d'un cercle d'un jaune
foncé, vers l'angle du boulet sur leurs deux surfaces; le des-
sous des inférieures est brun , avec une bande d'un blanc
jaunâtre , large et ondée, et quatre petits points noirs , dont
deux plus petits dans plusieurs individus ( le Curydon ,
Geoff).
La chenille est verte , avec une ligne blanche de chaque
côté ; elle se termine en fourche. On la trouve sur le ga-
zon.
La chrysalide est verdâlre , avec àfts taches brunes ; sa
tête a deux éminences coniques.
Ce satyre est fort commun en été. %.
Le Satyre misls, Papilio eudora , Esp., Fab. ; le Misis ,
Engram. , Pap. d'Europe , pi. 28 et 67 , n.'^ 55. 11 est brun ;
ses ailes supérieures ont leur disque en dessus , plus ou moin s
fauve, avec deux points noirs dont la grandeur varie. Les ailes
inférieures ont une large bordure plus claire ; le disque du
dessous des supérieures est fauve , avec un ou deux yeux
noirs, à prunelle blanche , correspondans à ceux de dessus;
il n'y en a qu'un dans le mâle ; le dessous des inférieures est
gris , sans taches.
La chenille vit sur l'ivraie annuelle.
Ce papillon se trouve dans le Piémont , en Provence et
dans l'Allemagne.
Satyre tristan, Papilio hyperanihus , Linn., Fab.; le
Tristan y Geoff.; Engram,, Pap. d'Europe , pi. 27, n." Sa.
11 est brun; le dessous des ailes est plus clair; les supé-
rieures ont chacune trois yeux, et les inférieures cinq ; ces
yeux sont noirs , à prunelle blanche et iris jaune.
11 n'est pas rare dans les bois , en été. Sa chenille vit sur
}e gazon. Elle est cendrée , velue , avec une ligne postérieure
i^^ive ; l'extrémité de son corps va en pointe fourchue.
s A T 23i
Dès qu'on touche la plante dont elle se nourrit , le poa an-
nuel, elle se laisse tomber à terre.
Sa chrysalide est presque toute rande , brune , tachetée
de jaune.
Satyre clymène , PapHîo clymene, Fnh., Hiibn. ; le Borèe,
Engram. , Papil. d'Europe , pi. 5 et 7 , Suppl. Ifl , n.° 5o ter.
Cette espèce , qui se trouve en Russie , sur le Wolga , est
beaucoup plus grande que le mégère ; les ailes sont brunes en
dessus ; les supérieures ont leur disque et une tache oblique
près de la côie , d'un fauve rouge ; vers l'angle du bout est
une tache oculaire, de même couleur dans son contour,
noire au milieu ; les ailes inférieures ont en dessous trois
taches oculaires semblables ; les supérieures sont fauves en
dessus , avec le limbe brun , et un œil à l'angle du bout , mais
plus petit que celui de dessus ; le dessous des ailes inférieu-
res est d'un gris verdâtre , piqueté de noir, avec sept yeux
noirs, à prunelle blanche, et iris d'un fauve pâle.
La femelle , pi. 7 , n." 5o ter^ ne diffère pas beaucoup du
mâle; le fauve est moins vif; les yeux sont plus petits, et
quelques-uns sans prunelle blanche.
Satyre bacchante, Papilio Dej unira., Linn., Fab.; la Bac-
chante , Geoff. ; Engram., Pap. d Europe , pi. 25 , n.° 48- Ses
ailes sont brunes ; les supérieures ont en dessus cinq yeux
noirâtres , entourés d'un cercle jaunâtre , disposés en bande ,
et une raie jaunâtre; les inférieures ont, sur la même surface,
quatre yeux semblables , dont deux plus grands ; le dessous
des supérieures offre aussi cinq yeux , placés sur un espace
jaunâtre , terminant l'aile en forme de bande , et divisé par
des raies brunes ; les ailes inférieures ont en dessous six à sept
yeux , situés sur une bande bJancbâlre terminale.
Il paroît au commencement de l'été. Il voltige par sauts
et par bonds , ce qui l'a fait appeler bacchante.
On le trouve en France^ en Allemag^ne, et il n'est pas
rare dans plusieurs bois des environs de Paris. Les individu
de ritalie sont plus grands que les nôtres.
Sa chenille est un peu velue, verte, rayée de lignes pliî5
pâles ; elle se termine en une pointe bifide. Elle vient sur
\hraie annuelle.
Satyre tircis , Papîtio œgeria ., Linn., Fab.; \eTirris..,
Geoff; Engram., Pap. d'Europe , pi. aS et 65, n.° ^9- Ses
ailes sont, en dessus, brunes, avec des taches d'un jaune tauve,
isolées et de forme irrégulière ; les supérieures ont vers l'an-
gle du bout un œil noir , à prunelle blanche ; les inférieures
ont une rangée de trois à quatre yeux semblables, mais en-
tourés chacun d'un cercle jaunâtre ; le dessous des supérieu-
res est plus clair que le dessus , les taches jaunes étant plas
^32 S A T
grandes et se correspondant en plusieurs endroits ; on y voit
un petit œil à la place de celui de dessous;le dessus des infé-
rieures offre un mélange de jaunâtre et de brun , et des points
qui répondent aux yeux supérieurs.
La chenille , suivant Fabricius , vit sur les graminées ; elle
est verte , rayée loagitudinalement de blanc , et terminée en
pointe fourchue. Engramelle dit qu'elle se trouve sur le poi-
rier sauvage.
La chrysalide se suspend par la queue. Sa tête a deux émi-
nences coniques.
Satyre mégère , Papilio megœra , Linn. , Fah. ; Papillon
Mégère^ pi. M, g, de ce Dictionnaire; \e Satyre^ Geoff. ;
Engram. , Pap. d'Europe, pi. 26 et 65 , n.» 5o. Ses ailes sont
d'un fauve mélangé de brun en dessus , la première couleur
dominant davantage dans la femelle ; près de l'angle des su-
périeures est un œil noir, à une ou deux prunelles blanches,
et souvent accompagné d'un œil plus petit ; les ailes inférieu-
res ont quatre ou cinq yeux noirs , à prunelle blanche , en-
fermés dans deux cercles , dont Texte ieur est brun , et l'in-
terne fauve ; les supérieures ont en dessous , sur une tache
arrondie , jaunâtre , un œil semblable à celui de dessus , avec
des raies brunes , et une rangée de six yeux noirs , à pru-
nelle blanche , renfermés dans deux petits cercles jaunâtres «
dont l'extérieur est bordé de brun ; l'œil inférieur est plus
petit ; il est quelquefois accolé à un septième.
La chenille est un peu velue , verdâtre, avec l'extrémité
postérieure pointue et fourchue. Elle vient sur les graminées,
notamment les poa.
La chrysalide est verdâtre , avec deux pointes mousses en
devant , et des aspérités latérales. Engramelle la représente
ayant deux lignes de points blancs , Suppl. 3 , pi. 4 > p- 5o.
Ce papillon aime à se poser sur les pierres et sur les
mursiil est commun dans les bois et les jardins, pendant tout
l'été.
La description que Linnseus donne du papillon megitra ^
convient évidemment au papillon satyre de Geoffroy. Le
mœra du naturaliste suédois est une espèce très -voisine
de la précédente, et qui se trouve plus particulièrement dans
le Nord.
Le Satyre J^ijera^ Papilio Mcera, Linn., Fab. ; le Némusien^
Engram. , Pap. d Europe , pi. 26 , n." 5ï.
Cette espèce a de grands rapports avec la précédente ;
mais le fond du dessus de ses ailes est presque entière-
ment brun ; les ailes inférieures n'ont que trois yeux en des-
sus; celui du dessous des supérieures est environné d'un cer-
cle roussâtre , précédé d'un cercle jaunâtre , régulier
s A T ^?3
L'Ariane d'Engramelle , Pap. J Europe , pi. 82 , n. ' .>o
lis , ne me paroît êlre qu'une variété de celle espèce , fai-
sant la nuance entre elle et la suivante : par la surface supé-
rieure des ailes , elle tient au mœra , et par leur surface infé-
rieure , au megœra.
Le Satyre DEMI-DEUIL, Papilio galathea,h\nn., Fab. ; Pa-
I illon galathée ^ pi. M , g, 3, de cet ouvrage; le Demi-
deuil, Geoff. ; Engran). , Pap. d Europe; pi. 3o , n.° 60. Ses
ailes sont en dessus d'un blanc jaune , avec des nervures et
des taches presque carrées , et une bande près du bord pos-
térieur, noires. Le dessous est un peu plus clair , et le noir y
domine moins. Dans les femelles , les inférieures ont en des-
sus trois espèces d'yeux , même quelquefois cinq. Dans les
deux sexes , les supérieures ont en dessous , vers Tangle , une
sorte d'œil noirâtre , accompagné, dans quelques individus ,
d'un plus petit , et les inférieures cinq à six yeux à peu près
semblables.
Nous considérons comme variété l'espèce qu'Esper,Prun-
ner, etc., nomment leucomelas ; les ailes n'offrent point de
taches oculaires ; le dessous des inférieures est d'un jaunâtre
pâle , avec des bandes blanchâtres. V. Engram. ibid. , pi. 5 ,
3.« Suppl. n.o 60, 9. M. Duponchel l'a observée dans les
environs de Perpignan. On la trouve aussi dans l'Escla-
vonie.
La chenille est déprimée , jaunâtre , avec trois lignes ,
l'une dorsale , les autres latérales, plus obscures. Elle vil sur
différentes graminées , dans les prés.
La chrysalide est bleuâtre , avec deux pointes en forme
d'aiguillon , roses , à l'extrémité postérieure.
Ce papillon est commun à la fin de l'été, dans les prairies
et les bois herbeux.
Le Satyre demi-deuil aux yeux bleus , Papilio arge occi-
ianica, Prun.; Demi-deuil aux yeux bleus., Kngram., Pap. d^Eur.^
pi. 3o,n.<'6i. Les ailes supérieures et les inférieures ont, tant
en dessus qu'en dessous , des yeux à prunelle bleue , les pre-
mières deux et les secondes cinq. Engramelle dit que cette
espèce est particulière à la Sicile ; mais elle se trouve aussi
dans les environs de Montpellier,
Le Satyre aRGÉ , Papilio arge, Fab. ; V Eclair, Engram. ,
pap. d'Europe., Suppl. 3 , pi. 5 , n." 61, a, b bis; Pap. arge
/ÎI/5S/6C , Prun. Celle espèce ne doit pas êlre confondue avec
la précédente. Ses ailes sont d'un blanc verdâlre ou jaunâtre -,
et ont particulièrement en dessous des raies noires , trans-
verses et anguleuses. Les supérieures et les inférieures ont
sur les deux surfaces des yeux à prunelle blanche; les pre-
mières un , et les secondes cinq.
234 S A T
On la trouve dans les Alpes et dans les déserts de la Russie
australe.
Voyez , pour quelques autres espèces analogues, Hiibner
et Ochsenheimer.
Le Satyre LtcÉE , PapilloUgea , Linn. , Fal>. ; Pap. aïexis,
Esp. ; le grand Nègre hongrois, Engram., Pap. d'Europ. , pi. 23
et 64. i n.° 4.2. Ses ailes sont d'un brun foncé , avec une bande
transverse qui est en dessus et sur le dessous des supérieures,
d'un fauve ujordoré ; leur bord 2 de petites taches blanches ;
chaque aile a en dessus, sur la bande fauve, trois à quatre
petits yeux noirs, à prunelle bleue; le dessous des supérieures
ressemble au dessus , mais celui des inférieures n'a que deux
yeux, et à la place de la bande fauve est une raie ou des ta-
ches blanches : la bande fauve est quelquefois cendrée. Cette
espèce se trouve en Suède et dans les contrées élevées de
rÉurope.
La chenille vit sur les graminées ; elle est verte, un peu
velue , avec la tête jaune , une ligne noire le long du dos ,
et l'extrémité du corps pointue et fourchue.
Le Satyre MÉDÉE, Pupilio medeu ., Fab. ; Pap. œihiups,
Esp. ; le grand Nègre à Landes fauves ., Engram. , Pap. d'Eur. ,
pi. 24 et 65, n,° 4-3- Ses ailes sont d'un brun foncé, avec une
bande d'un fauve rouge en dessus ; les ailes supérieures l'ont
aussi en dessous, et l'on voit sur celle bande trois yeux noirs
à prunelle bleuâtre , dont les deux les plus près de la cote
sont contigus ; les inférieures en ont quatre en dessus ; leur
dessous offre une bande plus ou moins grande et plus ou
moins prononcée grise ou blanchâtre , transverse, et sur le
bord postérieur de laquelle sont de petits yeux , dont le nom-
bre et la grandeur varient : il y en a ordinairement quatre.
Il se trouve dans les forêts de l'Alsace , en Allemagne ,
dans le Piémont, au printemps et à la fin de l'été. Son vol
est très-lent.
2. Bord postérieur des ailes inférieures très- entier , ou sans dentelures
ni sinus.
Le Satyre pyrrha , PaplUo pyrrhn, Fab. ; le petit Nègre
hongrois, Engram., Pap. d Europ., pi. 23, n.^^»- H resseuj-
hle beaucoup au précédent ; mais ses ailes inférieures ont
en dessous comme en dessus une bande formée par des taches
qui sont jaunâtres ou d'un jaune rougeâtre ; les ailes supé-
rieures ont quatre petits yeux sur leurs deux surfaces , et les
postérieures trois. Il se trouve en Autriche , en Hongrie.
Engramelle place à coté de cette espèce celle qu'il nomme
le Montagnard, pag. 3o4 , 81 , n.° 4i , o, 6 , bis. Villers l'a
s A T :^^^
trouvée au sommet des Guasles, dans les Cévennes. Les ai-
les sont brunes ; les supérieures ont une bande courte d'un
fauve rouge, formée de cinq taches , dont quaire ont cha-
cune un point noir ; les inférieures ont trois petites taches
rondes , avec un point noir au milieu de chacune ; le dessous
des ailes offre les mêmes taches oculées : seulement la ma-
jeure partie des inférieures est d'un brun fauve.
Ochsenheimerrapporte à cette esçèce\e Papilio melampus
d'Esper , et le Pap.jarUhe d'Hiibner, tab. 122, fig. 624, 62S.
Satyre ÉPIPHRON, Papilio epiphron, Fab ; Fapiliojanif/^,
Hiibn. Lépid.^ lab. 44i fig- 202. Ses ailes sont presque noires ,
arrondies , et traversées sur les deux surfaces par une bande
fauve ; les supérieures ont deux yeux en dessus et trois en
dessous ; les postérieures en ont trois en dessus et cinq en
dessous; tous ces yeux ont une prunelle; mais leur nombre
varie.
Cette espèce vient dans les lieux montueux de l'Allemagne.
Satyre CASSIOPÉ , Papilio rassiope, Fab., llubn.; Papilio
melampus, Esp.; \e petit Nègre ci bandes fautes, Kn^ram. ^ Pap,
d'Europ., pi. 24, n.°45. Cette espèce n'est peut-être qu'une
variété du pap. pyrrha de Fabricius. Ses ailes sont d'un
brun très-foncé, et ont en dessus et en dessous une bande
fauve , courte , maculaire , avec une rangée de points noirs:
dans quelques individus, ils manquent sur le dessous des in-
férieures ; celles-ci ont en dessus deux petites taches fauves
arrondies.
Cette espèce est commune dans la Provence au mois de
juillet.
Satyre pronoé , Papilio pronoe ^ Esp.; Engram., Pap.
d'Europ.^ pi. 64, ï>.° 42 bis; Papilio aracline , Fab Ses ailes
sont brunes; les supérieures ont de part et d'autre une bande
fauve, formée par des taches, avec quatre points noirs, dont
deux ou trois ont une prunelle blanche ; le disque de cesaiJes
est fauve en majeure partie ; les inférieures ont en dessous
trois points noirs, environnés chacun d'un cercle fauve; le
dessous de ces aiies est cendré , avec un espace en forme de
raies plus obscures, et trois points ocellés près du bord , du
moins dans quelques individus.
Cette espèce se trouve dans les Alpes, dans les montagnes
de la Slyrie.
A côté de cette espèce peuvent être placés les papillons
qu'Engramelle nomme le grand et le petit Nègre de^
BOIS, pi. 65, n.° 42 ier. et quart. Ils ont été trouvés dans les
glaciers du canton de Berne. Leurs ailes sont d'un brun
foncé ; les supérieures ont en dessous une bande qui se fond
insensiblement, d'un fauve brun, et deux yeux rapproches ,
^3 • S A T
.' prunelle plus claire , près de Tangle exlérirur ; le dessous
■fie ces aiU's est en grande partie d'un fauve brun, et a les
yeux du dessus ; les ailes inférieures n'ont pas de taches en
dessus ; leur dessons est cendré , avec une bande transverse
plus o}»5cure , dont les bords sont plus foncés et dentés ou
^ne;aleux : tels sont les caractères communs de ces deux pa-
pillons. Le grand nègre bernois a des raies brunes et trans-
verses sur les ailes supérieures. D'ailleurs , il diffère peu de
('autre, et je pense qu'on doit provisoirement les réunir.
Le grand nègre bernois est le papillon rasiur d'Rsper , et
ie F. wonto de Fabricius. Le petit nègre bernois est le tyn-
âarjjs du premier, et le dronius du serond.
Le Paphlon POLLUxd'Esper et d'Engramelle (pi. 4> Suppl.
3 , n." 42 quint. ), n'est qu'une variété du satyre ntanto ou du
grand nègre bernois d'Engramelle. Ses ailes sont brunes ; les
supérieures ont le disque tirant sur le fauve, avec quatre points
«nirs de part et d'autre ; les inférieures ont quelques points
noirs en dessus , et sont grisâtres en dessous.
Cette espèce se trouve dans les Alpes et dans les monta-
gncs'de l'Allemagne.
Satyre TlijlPHONE , Papilio tisiphone, Fab. ; le Héro ^
Engram., Pap. d Europe^ pi. aS , n." /fi. Celte espèce res-
semble infiniment au papillon dytus de Linnœus, avec lequel
des auteurs l'ont réunie, et, je pense, avec raison; mais le
dessus dos ailes inférieures de celui-ci a des raies noires, et
une disposition de taches qui ne se voient pas dans le sa-
tyre iisiphone; les ailes de celui-ci sont d'un brun foncé;
Ls supérieures ont en dessus une large bande jaune , parta-
gée en deux vers l'angle supérieur, et ayant en cette partie
deux yeux bruns contigns , à prunelle bleue; les ailes infé-
rieures ont cinq yeux noirs, à prunelle bleue et à iris fauve;
îe dessous des supérieures offre une tache et une raie jaunes
à l'angle apica! , avec deux yeux noirs, à prunelle bleue, dans
r.euxde dessus ; les inférieures ont en dessous un œil de plus
qu'en dessus , et sont parsemées de dilTérentes taches dont la
plupart sont plus claires que le fond.
Use trouve, selon Fabricius et Engramelle, en Allemagne;
/nais je crois que c'est une erreur, et qu'il est du Cap de
Bonne-Espérance.
Satyre méduse, Papilio médusa , Fab.; Papilio //'^«a,Esp.;
!e moyen nèg;reà bandes fauoes ., Engram., Pap. d'Europe .^ pi. 24.,
m.*» 4'+; Ejusd., le Franconien., pi. aS, n.*» 47- Ses ailes sont
d'un brim foncé, et ont chacune, tant en dessus qu'en des-
sous, quatre yeux noirs à prunelle blanche, placés sur autant
de taches jaunes ou fauves, disposées en bande.
Il se trouve en AMemaene.
s A T ,3^
SaTVRE procris, Papilio pamph.'lus, Linn., Fah.; le Procris^
(ieoff. ; Engram, Pap. d'Europe, pi. 29, n.» 56, et pi. 68,
n." 5<i , g, h. Il est fort petit , fauve en dessus , avec le bord
des ailes brun ; le dessous des supérieures est de la même
couleur, et a , vers l'angle extérieur, un petit œil , que l'on
aperçoit quelquefois un peu en dessus; ledessous des inférieures
est d'un brun cendré , avec une large bande ondée , blan-
châtre et transverse dans leur milieu, et trois à quatre petits
yeux, souvent oblitérés, d'un brun roussâtre, à prunelle
blanche. Geoffroy est tombé dans une méprise à l'égard de
ce qu'il dit de la chenille : « Elle est noire, avec une tête
rouge, et son corps est chargé de tubercules , orné de quelques
poils. Ces chenilles forment, sur le gazon, des toiles dans les-
quelles elles vivent en société.» Fabricius dit, d'après le
journal allemand , 'Naturforcher^ que la chenille est verdâtre ,
avec une ligne blanchâtre le long du dos, et une queue bi-
denfée. Elle vit sur le cynosurus crisiatus. Cette description indi-
que en effet des caractères propres à cette famille ; au lieu que
celle de Geoffroy nous montre une chenille àe papillons damiers
(V. Argynné). Cette erreur avoit été relevée.
11 est très-commun et varie beaucoup.
On trouve en Allemagne une espèce très-voisine de celle-
ci , le Satyre iphis, Papilio îphis du Catalogue systémat. des
Pap. de Vienne; le P. Hero de Fabricius; le P. Tiphon d'Esper.
Le dessus des ailes est brun ou d'un brun fauve; les supérieures
ont un œil ; leur dessous est d'un brun fauve , bordé de vec-
dâlre postérieurement ; celui des inférieures est de cette der-
nière couleur , a une raie près du bord et une bande vers le
milieu , blanches, et cinq à six petits yeux. Engramelle a fi-
guré cette espèce pi. 29 , n.** 56, c, J, et pi. 58, n.** 56, e, /.
Satyre cÉPHALE, Papilio arcanius, Linn., Fab ; le Céphale,
Geoff. , Engram., Pap. d'Europe, pi. 29 , n." Sy. Il est petit j
ses ailes supérieures sont fauves avec un bord brun ; elles ont
en dessous, vers l'angle extérieur , un petit œil ; les inférieures
sont brunes en dessus, d'un brun cendré en dessous, avec
une large bande transversale blanche, cinq petits yeux, dont
un écarié , et une raie argentée près du bord.
Sa chenille vit sur les graminées du G. Mdlîque; elle esî;
verte, avec des lignes, dont celles du dos plus obscures et les
latérales jaunâtres ; l'extrémité postérieure du corps est ter-
minée en pointe fourchue.
Il se trouve , en été , dans les bois.
Après cette espèce doit venir le Satyre pa-LÉmcW, trouvé
dans les Cévennes par M. Villers , et décrit dans les Pap.
d'Europe^ pi. 58, n.» Sj. Il a les plus grands rapports avec ie
précédent Ses ailes en dessus sont fauves, avec une rak oj.
2^ s A T
ligne noire près du bord postérieur, dont elle suit le contour ;
les supérieures ont en dessus un point noir vers l'angle exté-
rieur, et les inférieures quatre. Le dessous des supérieures est
fauve, avec l'extrétnité jaunâtre, et ayant un œil noir, à pru-
nelle blanche et iris d'un fauve pâle. Les inférieures sont en
dessous, du côté de leur naissance, d'un gris verdâtre; vient
ensuite une large bande blanche ondulée , après laquelle se
trouvent cinq yeux noirs, à prunelle blanche , entourés d'un
cercle fauve; on en voit un sixième , qui est vert , écarté des
autres, et situé au milieu du bord d'en haut; au-dessous de
ces yeux est un espace jaunâtre. Le bord extérieur de ces
quatre ailes est terminé en dessous par une petite bande
lîoire, qui, à un certain jour , offre un reflet d'acier poli.
Cette espèce est \& papillon dor us de Schneider et d'Ochsen-
heimer, et le Jor/on d' H ubner.
Satyre davus, Papilio daous , Linn. , Fab. ; Papillon
Daphnis , Engr. , Pap. d'Europe , pi. 29 , n.° 58. Le dessus de
ce satyre est d'un fauve un peu terne; les ailes supérieures
ont en dessus deux yeux bruns, sans prunelle , entourés d'un
cercle fauve , près du bord postérieur ; le dessous de ces ailes
est de la même couleur que le dessus jusque vers son milieu ,
d'un brun grisâtre ensuite ; les deux yeux supérieurs s'y re-
trouvent avec une prunelle blanche. Les ailes supérieures
ont en dessus trois yeux bruns , avec l'iris fauve ; leur des-
sous est gris , pointillé de brun , avec une bande courte , ir-
régulière, blanchâtre, et six petits yeux.
Il se trouve au nord de l'Europe et en Allemagne.
Satyre phrytsé, Papilio phrynew: ^ Fab.; Phryne^ Engram.,
Top. d'Europe^ Suppl. 3, pi. 8, n.° 58 his. Ses ailes sont fort
délicates , d'un blanc un peu verdâtre en dessus. Les supé-
rieures ont en dessus une bande blanche qui porte cinq pe-
tites taches peu marquées, dont le contour est noirâtre et le
centre blanc. Les ailes inférieures ont deux petites taches
brunes. Le dessous des ailes est d'un brun verdâtre, avec
de larges nervures blanclies. Chaque aile a une bande d un
blanc mêlé de vert jaunâtre , chargé de cinq taches oculaires
noires , à prunelle blanche.
Il se trouve dans la Russie méridionale.
Satyre HÉRO, Papilio hero^ Linn.; Papilio sabœus, Fab.;
ie Méliùée, Engram., Pap. d'Europe^ pi. 2»), n.° ôg. Les ailes
sont d'un brun foncé , avec une ligne fauve près du bord
postérieur ; les supérieures ont en dessus deux petits yeux
noirs, entoufés d'un cercle fauve; les inférieures en ont
quatre, mais avec une prunelle blanche. Le dessous des
ailes est d'un brun mêlé de fauve. Les supérieures ont \es
deux yeux d'en haut; mais celui qui est le plus près de
s A T 289
l'angle extérieur a une prunelle blanche. Les inférieures ont
six yeux bruns, à prunelle blanche et à iris fauve; au-dessus
d'eux est une bande blanchâtre.
Il se trouve en Angleterre, en Allemagne, dans les forêts.
(L.)
SATYRE , Satyrus. Genre établi par Ventenat pour pla-
cer les espèces de Morilles qui ont leur sommet perforé.
Le Sai'YRE fétide sert de type à ce nouveau genre, dont
font aussi partie la Morille rubicoisde et la IMorille du-
PLiCATE,que j'ai décrites dans lesMémoires de l'Académie de
Berlin.
Le Satyre fermé se trouve en Hollande, où il est appelé
œuf du diable. Le Satyre DE CHIEN, de Ventenat, en fait éga-
lement partie.
Le genre Verpa se rapproche beaucoup de celui-ci. (b.)
SATYRION, Satyrium. Genre de plantes de lagyoandrie
diandrie, et de la famille des orchidées, dont les caractères
consistent en une corolle de six pétales {calice ^ Juss.), dont
trois extérieurs, deux intérieurs se réunissant pour former
uue voûte, et le sixième (nectaire^ Linnseus), inférieur, al-
longé, étroit, muni à sa base d'un éperon très-court, ar-
rondi en forme de bourse ; deux étamines réunies et attachées
sur la partie antérieure du style ; un ovaire inférieur surmonté
d'un style adné à la partie supérieure du pétale inférieur, à
stigmate obtus et comprimé; une capsule oblongue, unilo-
culaire , à trois carènes, à trois valves, s'ouvrant sous les
carènes , et contenant une grande quantité de petites se-
mences.
Le genre Satyrion de Swarlz diffère un peu de celui-ci,
et comprend de plus les orchis à deux éperons de Linneeus.
Ce genre renferme des plantes à racines bulbeuses, à tiges
anguleuses ou striées, à feuilles alternes et entières, ordi-
nairement lancéolées et un peu épaisses, et à (leurs disposées
en épis. On en compte une vingtaine d'espèces d'Europe et
des autres parties du monde, parmi lesquelles deux sont
dans le cas d'être citées ici, parce que ce sont .les plus
communes, et en même temps les seules qui jouissent de
quelque propriété remarquable.
Le Satyrion a odeur de bouc, Satyrium hyrcinum^ a les
bulbes entiers, les feuilles lancéolées; le pétale inférieur di-
visé en trois parties , dont l'intermédiaire est très-longue ,
linéaire, oblique et déchiquetée à son extrémité. Il croît com-
munément en Europe, dans les bois un peu humides et dans
les près ombragés; il fleurit en été, et est connu vulgairement
sous le nom de testicule de chien; ses fleurs sont nombreuses
et agréables à la vue , mais elles exhalent une odeur de bouc
^4o S AT
intolérable. Cette circonstance, jointe à la for:ne de ses ra
cines, qui représentent deux testicules , a fait croire que ces
dernières dévoient avoir de grandes propriétés aphrodisia
ques,et en conséquence on les a recommandées pour favoriser
la conception, ranimer les forces épuisées par l'excès des
plaisirs de Tamour, etc. Le vrai est que les racines, comme
celles des orchis, contiennent une grande abondance de fécule
fort nourrissante, et peuvent être employées à faire du vérita-
ble Sa.lep, mais qu'elles n'agissent, comme stimulant, que
lorsqu'on les unit, comme on le fait souvent, avec de l'es-
sence d'ambre , de la semence de roquette, etc.
Le Satyrion noir a les bulbes palmés, les feuilles li-
néaires, et le pétale inférieur retourné en dessus en entier. Il
se trouve dans les Alpes et en Laponie ; ses fleurs sont d'un
rouge noirâtre, et exhalent une odeur des plus suaves. On a
fait d'inutiles efforts pour l'introduire dans les jardins. A
peine peut-on en conserver quelques pieds dans ceux de bo-
tanique, et ils n'y subsistent que peu d'années.
Il y a encore le satyrion vert, le saiyrion blanc, le satyrion
épipo^e et le satyrion rampant, qui se trouvent dans les pays de
montagnes, Rafmesque a établi avec ce dernieret la Néottië
RAMPANTE, le noiivcau genre Tussac , qui ne diffère pas
de celui appelé PÉitMMCOTS.
Swarlz , dans sa Monographie des Orchidées, rapporte toutes
ces espèces aux orchis, et ne forme ce genre , dont il modifie
légèrement l'expression caractéristique, que des espèces pro-
pres au Cap, auxquelles il réunit quelques orchis et ophrys de
Linnseus.
Quant au satyrion mâle, c'est l'OacHlS MALE, (b.)
SATYRIUM des Latins, Saiyrion des Grecs. Voici comme
s'exprime Dioscoride sur les deux plantes qu'il nomme ainsi :
«T Quelques personnes appellent le satyrion trifolium, parce
qu'il ne produit que trois feuilles, lesquelles penchent contre
terre comme si elles étoient rompues, et sont semblables à
celles de V oxylapaiJion ou du lirion (Parelle et Lis); cepen-
dant elles sont moins grandes et rouges. Sa tige est haute
d'une coudée, sans feuilles; ses fleurs sont blanches, de la
même forme que celle du lis. Sa racine est bulbeuse, de la
grosseur d'une pomme , grêle , blanche comme un œuf en
dedans, douce au goût, et bonne à manger. Avec du vin,
elle est bonne dans les convulsions, et un puissant excitant
à l'amour. »
!( Il y a aussi une autre espèce de satyrion qu'on appelle
frythronium ou erythracium , parce qu'elle est rouge. Sa graine
ressemble à celle du lin , mais est plus grosse, dure , légère,
s A T 4,
luisante. On dit que celte graine excite puissamment à l'a-
mour, autant que le fait le scincus (espèce de reptile). Sa
racine a une écorce fine , rousse , mais au dedans elle est
moelleuse, douce, bonne à manger. 11 croît sur les monta-
gnes à Texposilion du soleil. On 'dit qu'en tenant seulement
sa racine , elle excite à l'amour, et av€c plus de force lors-
qu'on la boit avec du vin. »
Pline distingue quatre espèces de satyrion. Il fait observer
que les Grecs donnent aussi ce nom à l'herbe cratœgis ( la
mercuriale).
Son premier salyrîum a les feuilles plus longues que celles
de l'olivier, une tige haute de quatre doigts, une tleur pur-^
purine et une racine furmcc de deux bulbes lesiiculifonnes ,
grossissant alternativement chtqiie année. Cette description
convient en partie à des orchidées au biilbocode, et à Very-
thronium dens canis ; mais aucune de ces plantes ne peut
avoir été cette espèce de satyrium.
Le deuxième satyrium étoit appelé orchJs par les Grecs, et
considéré comme un satyrium femelle. Il éloit articulé et plus
branchu.
Le troisième satyrium est celui que , selon Diosroride , on
commoit triphyllon. Pline dit que ses feuilles sont plus petites
que celles du lis rouge {Lilium martagon?). Il lui attribue une
racine double , dont la plus grosse fait engendrer des mâles^
et la plus petite des femelles.
Le quatrième satyrion est le second de Dîoscoride , c'est-
à-dire V erythrdîcum ou erythronium.
Toutes les espèces de satyrion étoient échauffantes et
aphrodisiaques, Pline nous apprend qu'on donnoit à manger
la quatrième espèce de satyrion aux béliers , aux boucs et 3Mt
étalons, pour les exciter au rut.
C'est dans la famille des orchidées et parmi les espèces qui
croissent en Europe , et toutes herbacées , qu'on s'est efforcé
de retrouver les satyrium des anciens; et nous savons déjà que
le salep est une racine aphrodisiaque produite par une orchi-
dée. Il paroît bien que Pline a voulu indiquer une espèce
d'orchis par son premier satyrion. Il n'en est pas de même
du deuxième, qui est branchu. Quant aux deux derniers, qui
sont les àQxm satyrions Ae. Dîoscoride, l'un n'a pas pu avoir été
une orchidée, car il n'en existe point en Orient ni en Eu-
rope dont le bulbe soit gros comme une pomme. Seroit-ce
une espèce d'iris , comme le croyoil Césalpin ? Ce qu'il y a
de certain, c'est qu'il n'est point Vorchislatifolia ou mascula^ ni
le sr.illa bifolia, ni V erythronium dens canis , L. , comme on l'a
avancé. La dernière espèce de satyrium est moins connue.
a42 S A U
Chez les botanistes, avant Linnaeug, Ton a de'crit et nomm^
salyrium , satyrium mas etfœminea, s. hasilicum , etc., diverses
espèces des genres satyrium , orchis , ophrys , serapias et scil/a ,
L. , Viris iuberosa, L. , Verythronium dens canis^ Vhœmanlhus
multiflorus f etc.
Le genre satyrium de Linnaeus a été entièrement détruit
parles botanistes modernes, qui donnent le nom de satyrium
à un genre de la même famille , qui ne comprend aucune des
espèces du genre satyrium de Linnaeus. Les espèces de celui-
ci sont dispersées dans les genres orchis , neottia , limodorum ,
hahenaria^ disa , corycium , diplectrum^ epipogium, satorkis , hip-
porkis , tussara ou godoyera , elc. (ln.)
SAUALPIT et KARINTHIN. Les minéralogistes alle-
mands donnent ce nom à la substance , que Werner appelle
Blœtriger augit ; Hausmann , hlœtriger strahltstein , et que
M. Haiiy considère comme une variété lamelleuse d'am-
phibole. Steffens lui adonné le nom de keraphyllile., qui vau-
droit mieux que celui de saualpil ou de karinihin , si cette
substance étoit vraiment une espèce. Steffens annonce
qu'elle a été retrouvée à Kiennerud-Schurf , près Kongs-
berg. Ainsi la dénomination de Saualpit ne lui convient
pas , puisqu'elle n'est pas exclusive au Sau-Alpe en Ca-
rinthie. V. à l'article Pyroxène , vol. 28 , p. Sig, dernier
alinéa , et à l'article Amphibole, (ln.)
SAUCANELLE. Nom des jeunes Spares dorades, (b.)
SAUCLET. L'un des noms de I'Athérine , sur les côtes
de la Méditerranée, (desm.)
SAUGE , Sabia. Genre de plantes qui appartient a la
diandrie monogynie de Linnaeus , et que Jussieu a placé dans
la famille des labiées.
Les caractères botaniques communs à toutes les sauges
sont: un calice presque campanule, strié, à deux lèvres; la
supérieure à trois dents, l'inférieure bifide ; une corolle, dont
le tube est large à son entrée, dont le limbe est à deux lè-
vres , la supérieure voûtée et échancrée , l'inférieure à trois
lobes, dont ie moyen est grand et obrond ; deux filamens
d'étamines pédicules , transversalement articulés, versatiles ,
insérée sous la corolle, connés par un bout avec une an-
thère stérile , distincts par l'autre avec une anthère fertile ;
deux rudimens d'étamines stériles , petits et glandiformes ,
interposés entre les filamens.
Ce genre est nombreux, puisqu'on y compte près de deux
cents espèces. Nous nous bornerons à indiquer les plus
utiles ou plus curieuses. , . ,
La Sauge de Crête, Sahia cretica , à tige arborescente ,
dont les feuilles sont lancéolées, le calice k deux folioles , et
s A U ,^â
le style douMe. Originaire de Candie, et fleurissant chez
ireus en |uin , juillet et août. Elle se multiplie par graines
La Sauge lyree, Sahialyjuta, dont les feuilles son den-
telées et en lyre; les fleurs petites et verticillees; vivaces
Originaire de la Virginie.
La Sai'GE («fficinale, Snb'm officinalis. Feuilles lancéo-
lées, ovales, entières, légèrement crénelées; h grandes
fleurs bleues en épi. Cette planta, qui forme un pelil arbuste
et qu on met en bordure dans les jardins , présente plusieurs
variétés, qui sont la mu^e trkohr (^suhia incuior); la sause
panachée {sabia variegata) ; la sauge à feuilles é/roifes (sabia
angustifohu minor ) ; la sauge à petites JeuiUes {sabia ienuior) etc
loutesces variétés se multiplient par pieds éclatés o!x par
graines. *^
La Sauge pomifère , Sabia pomijera Cette plrmle s'élève
à la hauteur de quatre pieds; ses Leurs sont d'un bleu pâle •
ses feuilles lancéolées, crénelées, ridées et cotonneuses et
ordinairement couvertes d'une excroissance végétale, qui' est
l^e produit d'un insecte. Elle est vivace et originaire de Can-
die. Elle se multiplie par pieds séparés et par semences
^ La S\UGE A ÉPIS PENDANs, Sabia nutans , Lamarck Celle-
ci s élève à quatre pieds ; ses liges sont glabres , tétragones ,
vertes; ses feuilles ovales, ridées et pointues; les fleurs sont
petites , nombreuses, en épis pendans au sommet des liées -
elle a les bractées violettes. Cette sauge, l'une des plu^
belles, se multiplie par semences. *^
La Sauge du Mexique , Sabia mexicana. Arbuste d'oran-
gerie de hmt à dix pieds, dont \ts grandes feuilles ovales et
les tiges carrées sont accompagnées de fleurs bleues , nom-
breuses , en longs épis serrés.
La Sauge élégante, Sabia formosa. Arbuste de deux ou
trois pieds, a feuilles en cœur, larges, pointues, dentées et
d un beau vert; les fleurs axillaires, grandes et d'un rouge
vit , se succèdent toute l'année. °
La Sauge écarlate, Sabia cocdnea. Tiges de trois à
quatre pieds, carrées et velues, très-droites; feuilles en
cœur; fleurs écarlates. Cette plante est d'orangerie, et se
multiplie par les graines. ^ «= j ei se
Nous nous bornons à indiquer les autres,parce que ce sont
des plantes de collection , qui intéressent plus les botanistes
et les amateurs des plantes, que les arts et le commerce
i^es sauges sont la Sauge trilobée , sabia trihba; la Sauge
EFFILEE, sabia virgata; la Sauge sauvage, sabia svbestrîs -
la Sauge des nois, sabia nemowsa, la Sauge visqueuse*
DtiVNDr' f'^-TT'c^^' ^«/-a;.ra/W.;ia Sauge
DE h INDE, sabla mdica; la S AUGE VERBENACÉE , sabih vtr-
a44 S A U
lenacea ; la Sauge d'Autriche , sahia austnam; la Sauge a:
LONGS ÉPIS , sahia disermas ; la Sauge VERTICILLEE , sabia
verlidllata; la Sauge a feuilles de rave , sahia napifolia;
la Sauge GLUT1NEUSE, sahia glulinosa ; la Sauge dentée,
sahia dentata ; la S AUGE DE Syrie, sahia syriacu; la S auge
A FEUILLES RUDES, sahia scabra ; la SauGE ridée, sahia
rugosa; la Sauge de Nubie, sahia nuhia ; la Sauge d'Abys-
smiE, sahia ahyssinica; la Sauge DES Canaries , sahia cana-
riensis; la Sauge d'Afrique , sahia africana ; la Sauge
DORÉE, sahia aiirea ; la Sauge Paniculée, sahia paniculata ;
la Sauge d'Egypte, sahia œgypUaca ; la Saige ormin ,
sahia husmimm ; la Sauge clandestine, sahia clandestina ;
la Sauge b'EsPAGNE, Wi^m hispanica; la Sauge sclarée ,
sddvia sciarea; la Sauge de Perse, sahia ceratophylla ; la
Sauge pinnée, sahia pinnala ;\3i Sauge argentée, sahia
argentea;\ai Sauge RAMEUéE , salvia ceraphylloïdes ; la Sauge
A FEUILLES DE TILLEUL , sahia tilicefolia ; la Sauge BICOLORE,
sahia bicolor; la Sauge TINGITANE , sahia tingitana.
La plupart des sauges sont originaires des pays chauds ,
et demandent par conséquent la serre , ou au moins l'oran-
gerie dans le climat de Paris ; quelques unes sont assezbelles
pour mériter d'être cultivées,indépendamment de leur utilité
■en médecine ou dans la parfumerie.
Toutes les parties des sauges répandent un arôme déli-
cieux, qu'elles conservent quand elles sont séchées avec soin,
et qui se sépare des feuilles pour aromatiser des eaux simples
ou des liqueurs spiritueuses , qu'on emploie en médecine et
dans les arts qui s'occupent de la conservation de la santé et
de la propreté du corps, comme bains, lotions et fomenta-
tions toniques. La sauge officinale est particulièrement em-
ployée à ces usages; on en prend aussi l'infusion intérieure-
ment comme sudorifique, vulnéraire, cordiale et stomachique.
Les sauges distillées en grande quantité fournissent du
camphre, qui se sublime et qu'il est facile de recueillir:
cette propriété leur est commune avec toutes les labiées.
D'après cela, il est évident que l'odeur pénétrante qui frappe
l'odorat lorsqu'on se promène le long d'une bordure desauge,
est due à l'action des émanations camphoriques qui s'échap-
pent de cette plante, surtout au temps des grandes chaleurs.
Cinquante-quatre espèces , la plupart nouvelles, sont énu-
mérées dans l'important ouvrage de Humboldt, Bonpland
et Kunth, sur les plantes de l'Amérique Méridionale, (toll.)
CATiriV A\1FRF. Variété de (iERMANDRÉE à feuilles
SAUGE AMÈRE. Variété de Germandrée à
rges. (e
SAUG
»om. (B.)
larees. (desm.)
SAUGE D AMÉRIQUE. Le Tarchonanthe porte ce
s A U :.45
SAUGE EN ARBRE. V. Phlomide frutescente, (b.)
SAUGE DES BOIS. V. Sauge sauvage, (desm.)
SAUGE DE SAINT-DOMINGUE. C'est la grande
CONISE. (B.)
SAUGE DE JÉRUSALEM. Nom vulgaire de la Pul-
monaire OFFICINALE. (B.)
SAUGE DE MONTAGNE. A Saint-Domingue , on
donne ce nom au Camara. (b.)
SAUGE DU PORT DE PAIX. On prétend que c'est à
Saint-Domingue la Cascarille. (b.)
SAUGE SAUVAGE. Quelques personnes donnent ce
nom à la Germandrée d'eau ou scordium. (b.)
SK\]l-3\\,k{Turdussaui'jala , Lath.)- Ordre des Passe-
reaux, genre du Merle. V. ces mots, (v.)
SAUKI. Nom que les Russes ont imposé à un canard de
la Sibérie , d'après son cri. V. Canard saukî. (v.)
SAULAR { Grarulu sauhiris, Lath.), est \a. pie-grlèche
noire du Bengale, de V Histoire Naturelle de Buffon, d'Edwards
et de Brisson. Plus récemment, les ornithologistes méthodis-
tes ont rangé cet oiseau parmi les mainates, (s.)
SAULE, Salix. Genre de plantes de la dioécie diandrle,'
que Jussieu avoit placé dans sa famille des amentacées , mais
pour lequel on en a établi dernièrement une particulière,
qui , de son nom, a été appelée des salicinées. 11 offre pour
caractères: des chatons cylindriques composés d'écaillés,
dont chacune recouvre deuxétamines , et une glande necta-
rifère dans les pieds mâles; un ovaire à style bifide dans
les pieds femelles , lequel ovaire devient une capsule à deux
valves , à une loge contenant des semences cotonneuses.
Les botanistes ont décrit plus de cent espèces de saules ;
mais ils sont encore loin de s'entendre sur les caractères qui
les séparent. En effet, pour peu qu'on les ait étudiées, on
est convaincu des difficultés de les fixer , par suite des varia-
tions qu'elles éprouvent, à raison du sol, du climat, de l'an-
née , de l'âge , de la culture , etc. Tous les auteurs qui ont
essayé de faire la monographie des saules, même seulement
celle d'une contrée, ont échoué. Depuis Linnseus, Flore de La-
pante, jusqu'à Siringe , Saules de Suisse^ et des botanistes dis-
tingués , principalement Hoffmann et Smith, qui ont voulu
les décrire , tous ont été forcés de renoncer à ce projet.
Dans l'impossibilité de débrouiller le chaos qui règne parmi
ces espèces , je me contenterai , conformément au plan de
ce Dictionnaire , de citer les espèces européennes les plus
connues et les plus utiles.
Les saules sont des arbres ou des arbrisseaux qui croissent
généralement dans les terrains humides de toutes les parties
346 S A U
du monde, même dans les pays les plus froids, puisqu'il s'en
est trouvé aussi loin qu'on ail pu aller vers le cercle polaire,
et sur le sommet des montagnes couvertes de neiges pendant
huit mois de l'année. Ils ont tous les feuilles alternes et les
fleurs axillaires. La végétation de la plupart est des plus
rapides. Quelques-uns sont d'une culture avantageuse , soit
f>ar rapport à leur bois , soit par rapport à leurs feuilles que
es bestiaux recherchent , soit enfin par rapport à leur élé-
gance.
Linnœus a divisé les saules sous la considération de leurs
feuilles, qui sont, ou glabres, ou velues, ou entières, ou
dentées.
JJecandolle , reconnoissant que ces caractères sont très-
fautifs, a cherché à établir leurs subdivisions sur les capsules,
qui sont ou velues ou glabres.
Comme on trouve rarement les saules en fruits, à raison
du peu de temps que ces fruits subsistent , je préférerai , mal-
fré ces incertitudes , la manière de les diviser indiquée par
^inuseus.
Saules à feuilles glabres et dentées.
Le Saule triandre. Il a les feuilles lancéolées et âcu-
minées ; les fleurs triandres ; son écorce , lorsqu'elle est
vieille , s'enlève comme celle du platane ; sa hauteur est ra-
rement de plus de quinze à vingt pieds. On le trouve abon-
damment le long des lorrens, auxquels il résiste, lorsqu'il est
tenu en buisson , à raison de la Ilexibililé de ses tiges et de la
longueur de ses racines ; ainsi qu'au milieu des marais ,
dont il élève le sol. On ne peut trop le multiplier.
Le Saule amandier a les feuilles ovales, inégales à la base,
fortement dentées , blanchâtres en dessous et accompagnées
de très-larges stipules. 11 se rapproche infiniment du précé-
dent, et , comme lui, ses jeunes pousses servent, sous le
nom à' osier brun, à faire des paniers , des liens , ce à quoi ils
sont moins propres, parleur peu de flexibilité, que plusieurs
autres espèces. On ne doit pas le confondre avec le saule acu-
minéj qui porte le même nom vulgaire dans quelques lieux.
Le Saule Pentandre a les feuilles elliptiques , avec de
grosses glandes au-dessus de leur pétiole. C'est un bel arbre
qui n'est point rare en France, qui croît rapidement et qui
répand, dans les montagnes élevées, une odeur musquée ,
très-agréabie , odeur qu'il perd lorsqu'on le transporte dans
la plaine , ainsi que je m'ensuis assuré. On peut le multiplier
avec avantage dans les jardins paysagers. Il varie sans fin ,
relativement à la forme et à la grandeur de ses feuilles.
Le Saule a feuilles de laurier a les feuilles elliptiques
s A U :,kl
et glauques en dessous. Il croît en Angleterre, et paroit peu
s'élever. Je le cite , parce que la différence de la nuance de
ses feuilles le rend très-propre à l'ornement des jardins.
Le Saule a feuilles aiguës , om. Saule violet , aies feuilles
lancéolées aiguës, blanchâtres en dessous, et l'écorce violette
dans sa jeunesse. Il est originaire de Tartarie , et se cultive
dans nos jardins. Je le cite , parce que la rapidité de sa crois-
sance, la longueur de ses pousses et leur flexibilité , peuvent
le faire préférer un jour aux Osiers les plus recherchés.
Le Saule-0$ier jaune, dont les feuilles sont lancéolées ,
blanchâtres en dessous , et l'écorce jaune. On le cultive en
grande abondance dans les pays vignobles et autour des gran-
des villes , à raison du peu de grosseur et de la flexibilité de
ses jeunes pousses, qu'on emploie à faire des paniers , à lier
les légumes, les espaliers, la vigne, et à une infinité d'autres
usages. C'est dans un terrain léger et un peu humide qu'il
prospère le mieux. On l'y plante en quinconce , à quatre ou
cinq pieds de distance , sur un défoncement d'un à deux pieds
de profondeur. Une oseraie est en rapport à trois ans, et aug-
mente de valeur jusqu'à vingt, si on la laboure convenable-
ment; on doit la détruire à trente. Ce n'est qu'après les pre-
mières gelées , c'est-à-dire , quand la végétation est complè-
tement interrompue, qu'il convient de faire la récolte de
Tosier , qu'on doit conserver en bottes dans un lieu frais ex-
posé au nord.
Le Saule-Osier rouge a les feuilles linéaires lancéolées
et l'écorce rouge. On le cultive comme le précédent, et pour
les mêmes usages, mais avec un peu moins d'étendue, parce
que ses rameaux sont moins longs et moins flexibles ; il s'ac-
commode cependant mieux des terrains secs.
Le Saule fragile a les feuilles lancéolées aiguës, de même
couleur des deux côtés, et les pousses latérales si peu atta-
chées à leur branche pendant l'hiver, qu'elles tombent sous
le poids de l'oiseau qui se perche dessus. U est très-commun
tout le long de la Seine, même aux environs de Paris, et
s'élève à plus de 60 pieds. On le confond généralement arec
le saule blanc , auquel il ressemble en effet beaucoup lorsqu'il
est vieux. C'est , je crois , l'espèce qui s'élève le plus et dont
le bois est le meilleur. Tout ce que je dirai de l'espèce pré-
cédemment citée lui est applicable.
Le Saule DE Babylone, ou Saule pleureur ^ a les feuilles
lancéolées aiguës et les rameaux pendans. Il est originaire
de l'Asie mineure, et se cultive depuis un demi-siècle dans nos
jardins, qu'il orne infiniment par la beauté de son feuillage et
la disposition de ses rameaux. C'est isolé sur le bord des eaux
qu il produit l'effet le plus pittoresque, Nous n'avons que lafe»
348 s k V
melle ; ainsi on ne peut le multiplier que de boutures, de mar-
cottes et de racines. Sa hauteur surpasse rarement trente pieds.
Les Saules pourpre et Hélix sont monandres , ont les
feuilles lancéolées et presque opposées. Ils croissent sur le
bord des torrens dans les pays de montagnes, et le dernier,
quelquefois le long des rivières, dans les plaines. Ce sont de
petits arbres qui, lorsqu ils sont tenus en buissons , servent
encore plus puissamment que le saule triandre, à garantir les
champs des désastreux effets des eaux courantes; le premier
surtout, dont les tiges sont naturellement étendues sur la terre
et prennent racine sous tous leurs points.
Les Saules herbacé , a feuilles d'arbousier, couché,
RÉTICULÉ, et A feuilles DE MYRTE, sout de très-pctits ar-
bustes, c'esl-à-dire, qui ne s'élèvent souvent pas à plus de deux
ou trois pouces, qui croissent des derniers vers le pôle et sur
les plus hauts sommets des Alpes. Ils sont quelquefois neuf
mois sous la neige , et n'en parcourent pas moins toutes les
phases de leur végétation. Us sont un fourrage excellent, re-
cherché par tous les animaux pâlurans.
Saules à feuilles velues.
Le Saule des sables, qui a les feuilles oblongucs et
soyeuses en dessous.
Le Saule argenté, dont les feuilles sont elliptiques et
soyeuses en dessus et en dessous.
Le Saule rampant , dont les feuilles sont aiguës et velues
en dessous.
Le Saule fauve , qui diffère fort peu du précédent, ces
trois espèces sont de petits arbustes rampants propres aux
terrains sablonneux, et d'un emploi très-avantageux lors-
qu'on veut les fixer. On peut utiliser le second pour l'orne-
ment des jardins paysagers.
Le Saule oreille a les feuilles ovales , aiguës , veinées ,
rugueuses , velues en dessous , accompagnées de deux grandes
stipules cordiformes dentées. Il croît dans les terrains ar-
gila-sablonneux qui conservent l'eau des pluies , et s'élève à
trente ou quarante pieds. On le distingue en tout temps à ses
tiges en zigzag et souvent mal arrondies ; au printemps ,
à ses boulons plus gros et plus nombreux que ceux d'aucun
antre. Il se rapproche beaucoup du suivant, et tout ce que
je vais en dire lui convient.
Le Saule marceau , Sali:x> caprect^ Linn. ; a les feuilles
ovales , aiguës , ondulées , ridées , velues en dessous. Il se
voit dans presque toute l'Europe et dans presque tous les ter-
rains. Sa hauteur surpasse souvent quarante pieds. Sa crois-
aance ejt plus rapide que celle d'aucun autre arbre de nos
s A u a-;9
forêls. Son bois est de meilleure qualité que celui d'aucune
des autres espèces de son genre. On en fait des cerceaux ,
des échalas ; on en chauffe le four , etc. , etc. Son écorce est
propre au tannage des cuirs, et peut être substituée au quin-f
quina dans beaucoup de cas. Tous les bestiaux , et princi-
palement les chevaux , aiment passionnément ses feuilles ;
ses fleurs mâles fournissent , dès les premiers jours du prin-
temps , une récolte abondante aux abeilles. Tant de qualités
devroient le faire multiplier partotrt , surtout dans les mau-
vais sols. On peut le couper tous les deux ans.
Les Saules aquatique et a feuilles sphacellées se
rapprochent infiniment du précédent, dont ils ne sont peut-
être que des variétés. Ils croissent dans les marais bourbeux,
et s'élèvent beaucoup moins; d'ailleurs, ils peuvent le sup-
pléer , quoique avec désavantage , dans tous les usages pré-
cédemment indiqués.
Le Saule acuminé a été long-temps regardé comme une
variété du saule, marceau , et, en effet, on trouve des pieds
qui lient ces deux espèces d'une manière embarrassante; mais
ses feuilles plus lancéolées , plus aiguës , le distinguent or-
dinairement fort bien. Sa culture est fort étendue aux envi-
rons de Paris sous le nom de vache brune et A'osier brun ,
parce que ses jeunes pousses , quoique cassantes , suppléent
les osiers pour faire des paniers communs , des vans , des car-
casses de carioles , etc. , et qu'il croît dans les plus mauvais
sols. Ses feuilles peuvent être, comme celles du saule mar-
ceau, données avec avantage, soit fraîches, soit sèches, à tous
les bestiaux , même aux cochons , pour ces derniers , après,
cependant , les avoir fait cuire.
Le Saule a longues feuilles ou Osier BLA^x ou Osier
VERT , Salix viminaîis , Linn. , a les feuilles linéaires très-
longues et argentées en dessous. Il croît sur le bord des gran-
des rivières , et s'élève à trente ou quarante pieds. On le cul-
tive fréquemment aux environs de Paris et autres grandes
villes, pour l'usage de la grosse vannerie à laquelle il est très-
propre par la longueur de ses pousses qui surpassent ordi-
nairement six pieds. Ce n'est que dans les meilleurs sols ,
surtout dans les îles placées au milieu des rivières , qu'il se
plaît. Sa culture ne diffère point de celle des autres osiers.
Ses feuilles sont très-recherchées des bestiaux, aussi doit-il
être mis hors de leurs atteintes.
Le Saule blanc ou Saule commun , le saule proprement
dit, a les feuilles lancéolées, aiguè's, soyeuses en dessus et en
dessous. Il croît naturellement en Europe , s'élève à plus de
cinquante pieds, et se cultive très-abondamment en France »
à raison de la rapidité de sa croissance, pour son bois qui est
léger, et sert à un grand nombre d'usages d'économie rurale
=5o S A U
et doînestiquc. Ses rapports avec le saule cassant sont
très-mullipliés. On le plante ordinairement sur le bord des
ruisseaux, et on le tient en têtards, élevés de six à huit pieds,
pour mettre ses jeunes pousses à l'abri de la dent des bes-
tiaux, qui les aiment beaucoup ; mais il est convenable de le
laisser croître en liberté lorsqu'on veut employer son bois à
faire des planches. Il remplit également bien son objet, dans
ces deux dispositions, lorsqu'on le plante pour l'agrément
dans les jardins paysagers. Le plus ordinairement sa multi-
plication a lieu par boutures de pousses de trois ans , qu'on
appelle plançons, auxquelles on coupe la tête et qu'on intro-
duit dans des trous faits avec un pieu ; mais il est plus avan-
tageux , ainsi que j'en ai l'expérience , de former les arbres en
pépinière avec des boutures de bois de l'année précédente ,
et de placer les pieds qui en proviennent, au bout de trois
ans , dans des trous creusés à la bêche.
Les pousses du saule se coupent tous les trois ou quatre
ans, et servent à faire des cercles de tonneaux, des échalas
pour leshoublonnières et pour la vigne , des rames pour les
pois et les haricots; on les emploie aussi pour chauffer le four,
cuire la chaux , le plâtre , les briques , etc. ; sans elles , beau-
coup de cantons manquerolcnt de chauffage , aussi ne peut-on
trop les multiplier. V. Salix. (b.)
SAULE MAIAIN, salix marina. On a donne ce nom à
une Gorgone, (desm.)
SAULENBA3ALT et SAULENSTEIN. Noms alle-
mands des Basaltes prismatiques, (ln.)
SAULENSCHORL. Autrefois les minéralogistes alle-
mands ont donné ce nom à la Tourmaline noire prisma-
tique, (ln.)
S\J5LltL^SVh.lC]\{ Spath en prismatique^ en Allemand).
Bindheim nommoit ainsi la grammatite, variété de l'am-
phibole , et Gerhard la chaux sulfatée trapézienne. On a
donné aussi ce nom à une variété de chaux carbonalée. Enfin
Werner avoit cru devoir le donner à la baryte sulfatée, en
prisme entrelacé , qu'on trouve à Freyberg en Saxe, (ln.)
SAULENZEOLIÏH. Le Wawellite a reçu ce nom
en Allemagne, suivant Breithupt et Hoffmann, (ln.)
SAULE r. Nom vulgaire appliqué au Friquet, parce
qu'il se plait dans les saules. V. Moineau Friquet à l'article
Fbingille. (y.)
SAULX. V. Saule, (s.)
SAUMERIO. Arbre du Pérou , que Jussieu rapporte au
genre Myrosperme , et dont l'écorce est dans le commerce
confondue avec le Quinquina. C'est peut- être, la même
p ante que le Croton de l'article suivant, (ln.)
SAUMERIO, Espèce de Croton ( Croton coriaceum
s A U aSi
Kunlh), qui croit dans les hautes vallées de Quito, proche
Turuhamha et Uoa. C'est un arbre dont l'écorce et le bols
répandent une odeur aromatique très-agréable , lorsqu'on les
brûle ; l'écorce dépose dans l'alcool une résine transpa-
rente, un peu jaunâtre , d'une odeur suave quand elle brûle.
(LN.)
SAUMON. Espèce de poisson du genre Salmone, qui
vit dans les mers du nord de 1 Europe, de l'Asie et de l'A-
mérique , et qu'on prend en grande quantité dans les rivières
qu'il remonte pour y déposer son frai. V. au mot Salmone.
Le corps du saumon est allongé et aplati latéralement ; sa
tête est médiocre et noirâtre ; l'ouverture de sa bouche est
très-fendue ; sa mâchoire supérieure avance un peu; toules
deux, mais la supérieure principalement, sont garnies de
dents pointues, entre lesquelles on en voit de plus petites qui
sont mobiles ; outre celles-là , il y en a encore de chaque
côté du palais , de chaque côté du gosier et sur la langue ;
son. dos est arrondi , noir ; ses côtes bleuâtres, quelquefois
tachées de noir; son ventre et sa gorge d'un rouge jaune; ses
nageoires pectorales sont de même couleur et soutenues par
quatorze rayons ; les ventrales sont jaunes et ont dix rayons ;
l'anale de même et avec treize ; la caudale forme un crois-
sant, est bleue , et a vingt-un rayons ; la dorsale grise , ta-
chetée et formée par quatorze rayons; l'adipeuse noire; les
écailles sont de moyenne grandeur et se détachent aisément^
Il y a douze rayons à la membrane des ouïes.
C'est d'insectes, de vers et de petits poissons que vivent
les saumons : ils parviennent à une grosseur fort considéra-
ble ; ceux de quatre pieds de longue sont pas très-rares, et
on en cite de six pieds. Le poids de ceux qu'on met générale-
ment dans le commerce est de douze à quinze livres.
En France , le saumon entre dans les rivières au commen-
cement de l'automne, c'est-à-dire en septembre, et dans le
nord de l'Europe , au commencement du printemps. U paroît
qu'en Amérique et au Kamtschalka, il quitte encore plus tard
la mer. Il aime les eaux qui ont un fond de sable et de cail-
loux, et qui sont rapides; voilà pourquoi il affectionne cer-
tains fleuves, et ne se rencontre presque jamais dans d'autres.
Il surabonde dans la Loire, où il fait l'objet d'une pêche de
première importance, et on est quelquefois plusieurs années
sans en prendre un seul dans la Seine , qui en est si voisine.
C'est presque toujours par un vent fort et par une haute
marée que les saumons entrent dans l'embouchure des fleuves,
et plus le vent et la marée sont forts , et plus ils y arrivent en
grande quantité. En conséquence , comme les fleuves coulent
dans la mer de différeules directions, on peut prédire avec
35a S A lï
assez (le certitude si la pêche des saumons sera abondante
pour tel ou tel pays. Plus tôt une rivière est débarrassée de
glace, plus tôt ils y entrent, et s'il arrive que le concours d'une
haute marée et d'un grand vent dans la direction de l'embou-
chure de cette rivière, n'ait lieu que fort tard , en mai par
exemple , on doit s'y attendre à une mauvaise pêche parce
que les saumons seront entrés dans d'autres. 11 est cepen-
dant nécessaire d'observer que les saumons sont toujours
déterminés par la nature à rentrer dans les fleuves où ils
ont pris naissance , et que ce n'est que lorsqu'ils y sont forcés
par des circonstances impérieuses, telles que le besoin de
se débarrasser de leurs laites ou de leurs œufs , ou même ,
disent les pêcheurs, des LEaNÉES qui les tourmentent, qu'ils
se décident à entrer dans un autre. Ce fait est prouvé par
une expérience positive de Deslaudes, qui, ayant acheté douze
saumons de pêcheurs de Châleaulin , leur mit un anneau
de cuivre à la qucup.et leur rendit la liberté. L'année suivante,
cinq , la seconde trois, et la troisième trois de ces saumons
furent repris.
On dit que lorsque le saumon entre dans les fleuves, il
le fait ordinairement en troupes et en deux rangées, qui for-
ment les côtés d'un triangle (lans l'ordre suivant. Ordinaire-
ment le plus gros , qui est une femelle , ouvre la marche ;
ensuite, à la distance d'une brasse , deux autres, et ainsi de
suite. Lorsque cet ordre est interrompu par un obsta( le quel-
conque , il se rétablit aussi tôt que possible. Les plus petits
mâles ferment la marche ; de sorte que lorsque les pêcheurs
les prennent, ils n'ont plus à espérer une pêche avantageuse.
Ces troupes sont quelquefois si nombreuses, qu'en réunissant
leurs forces, elles déciiirent les filets et s'échappent: elles na-
gent ordinairement au milieu du fleuve , à sa surface , coujme
étant le lieu où l'eau est plus rapide, et elles font un grand
bruit qui les indique aux pêcheurs.
Lorsque les saumons rencontrent une cascade ou une digue
qui s'oppose à leur marche , ils font les plus grands efforts
pour sauter par-dessus , et ce n'est qu'après s'être assures de
l'impossibilité de réussir, qu'ils retournent d'où ils viennent,
tant est grande la tendance que la nature leur a donnée pour
remonter jusqu'à la source des rivières. Pour exécuter ce
saut , ils recourbent leur queue d'un côté , autant qu'ils le
peuvent , frappent ensuite avec violence la surface de 1 eau
en même temps qu'ils s'élancent en avant. Leurs sauts or-
dinaires dans l'eau douce , sont de cinq à six pieds au-dessus
de la surface; mais près de la mer, l'eau salée leur donnant
un point de résistance plus considérable, ils s'élèvent jusqu'à
quatorze pieds , ainsi qu'on en a acquis la preuve à la pê-
s A U 3 53
chf.'rie de Ballyshahon en Islande. Dans ces sauts, le poisson
retombe toujours sur le côté, parce qu'il relève sa têle , de
crainte qu'elle ne se blesse.
Les glaces , les bois , et en général tout ce qui flotle sur
Teau, effraie les saumons et les empêche de continuer leur
roule. Ils sont également déterminés à éviter les rivières dont
Tembouchure est garnie d'édifices , celles sur les bords des-
quelles ils cnlendenl un grand bruit , tel que le son des clo-
ches , les coups de canon , etc. ; mais ils aiment celles qui
sont garnies d'arbres, dont Tombre leur est agréable. En
général , il est avantageux pour les pêcheurs que leur riv-ière
ait les eaux troubles au moment de l'entrée des saumons ,
parce que cela diminue d'autant Tcffct des causes qui les en
repoussent.
Selon Giessler, le saumon ne fait qu'un mille dans Vcs-
pace de vingt-quatre heures, et même ordinairement la
moitié : cela paroitbien peu , lorsqu'on considère les longs
voyages qu'il Lût dans l'espace d'un mois ou deax au plus ,
c'est-à-dire, près de cent milles qu'il y a de l'embouchure
de la Loire et du Rhin , les deux plus longues rivières qu'il
remonte en Europe, jusqu'à leur source. Quand il veut se
reposer , il choisit une grosse pierre , contre laquelle il ap-
puie sa queue , en présentant sa tête au courant ; et comme ces
pierres peuvent être souvent remarquées des pêcheurs , dans
des rivières peu profondes , on sait profiler de cette habitude
pour les prendre plus sûrement-
En France, c'est au commencement du printemps, c'est-
à-dire , deux ou trois mois après leur entrée dans les rivières ,
que les femelles des saumons déposent leurs œufs sur les
pierres ou sur le sable du bord , dans les endroits où le
courant n'est pas très-rapide. Il n'y a pas de doute que ce
sont les plus vieilles qui fraient les premières; et les plus
jeunes , les dernières. Les mâles, toujours plus nombreux
que les femelles, se pressent de répandre leur liqueur
fécondante sur ce* œufs, aussitôt qu'ils sont sortis du
ventre de leur mère. On en a compté 27,850 dans une
femelle de vingt livres ; mais les inondations et les autres
poissons qui s'en nourrissent, réduisent à bien peu les sau-
mons qui en sortent. Les petits naissent dix ou douze jours
après, plus ou moins , suivant la chaleur de la saison. Lors-
qu'ils ont acquis la longueur du doigt, on les appelle digitales.
Ils restent, la première année , dans l'eau douce, et ce n'est
que lorqu'ils ont acquis une longueur de cinq à six pouces
qu'ils gagnent la mer, pour ne plus revenir qu'à l'âge de
trois ou quatre ans , lorsqu'ils sont aptes à perpétuer leur
espèce. On pêche de grandes quantités de ces petits saumons
254 S A U
ou saumoneaux , dans le P\hin et dans la Loîre , avec des
filets semblables à ceux employés pour le saumon , tendus
dans une direction contraire.
Le saumon n'a pas la vie dure : non-seulement il meurt
peu après qu'il a été tiré hors de l'eau , mais même lors-
qu'on le met dans des réservoirs dont l'eau n'est pas cou-
rante , ou dans des huches qui ne sont pas placées au milieu
des rivières. On ignore la durée de sa vie; mais il y a tout lieu
de croire qu'elle peut se prolonger un grand nombre d'an-
nées, d'après les comparaisons faites sur plusieurs individus
de différentes tailles. 11 n'y a pas de doute qu'il ne passe
quelquefois naturellement l'été et Thiver dans les rivières et
dans les lacs; cependant, on n'a pas encore essayé de l'y
conserver par force. H est très-probable que les tentatives
qu'on feroit pour cet objet, seroient suivies d'un heureux
succès , surtout si on plaçoit les individus destinés à s'en
assurer dans des eaux qui leur convinssent parfaitement,
soit par leur pureté , soit par leur rapidité , soit par l'abon-
dance de la nourriture qui s'y trouve.
On n'a jamais pris de saumons dans les rivières qui ont
leur embouchure dans la Méditerranée , et ceux qui sont^
cités comme péchés dans le Danube et le Rhône , appartien-
nent à quelque autre espèce du genre salmone. AuSsi les
Grecs ne les ont- ils pas connus, et Pline est- il le premier
des Latins qui en ait parlé. On n'en prend aussi jamais
dans la mer qu'à l'époque où ils entrent dans les rivières ,
ce qui prouve qu'ils se tiennent toujours loin des côtes et
dans les profondeurs. C'est au commencement de l'été qu'ils
y retournent : à cette époque , ils sont maigres , et on ne
cherche plus à les prendre avec la même ardeur qu'à leur
arrivée.
La pêche du saumon est une branche très-considérable
d'industrie pour plusieurs pays , surtout pour ceux du Nord ;
elle est le fond de subsistance de quelques peuples, tels que
ceux qui habitent sur ou non loin de la mer Glaciale. On en
prend quelquefois d'immenses quantités. Bloch cite un coup
de filet qui eut lieu en Angleterre, dans la Ribble , en ijSo ,
et qui en amena trois mille cinq cents. Le nombre de ceux
qu'on prend à la fois en Ecosse , en Norwége et autres en-
droits du Nord , est quelquefois encore plus élevé.
Non-seulement on prend le saumon avec des foennes ,
des hameçons et des filets de plusieurs espèces, que la main
de l'homme dirige constamment , mais encore avec des
engins placés à demeure , où il entre facilement , et dont il
ne peut s'échapper. Dans la plupart des rivières , on se con-
tente de tendre des nasses, ou de placer des cages de boi»
s A. U • 255
gui en font l'office ; mais dans quelques unes , on barre les
rivières dans toute leur largeur, et on arrête ainsi la presque
totalité du poisson qui les remonte.
Il y avoit en France , avant la révolution , plusieurs de ces
pêcheries privilégiées, qui procuroient de grands revenus à
leurs propriétaires , et qui empêchoient les pêcheurs qui se
trouvoient plus haut de profiter des bienfaits de la nature,
puisqu'aucun saumon ne pouvoit passer au-delà. Les deux
plus célèbres de ces établissemens étoient ceux de Châ-
teaulin , sur une petite rivière de la Bretagne , et de Pont-'
du-Château, sur l'Allier. Décrire l'une de ces pêcheries,
c'est faire connoître toutes les autres, qui n'en dllfèrentque
fort peu.
A Châteaulin donc , on avoit établi deux rangs de pieux
enfoncés à refus de moutons , consolidés par des traverses ,
et assez rapprochés pour empêcher les saumons de passer.
Derrière celte estacade, on avoit placé , au plus fort du cou-
rant et près de la surface , une espèce de coffre de quinze
pieds carrés , fait en grillage , et pourvu d'un trou garni
en dedans de feuilles de fer blanc triangulaires, légèrement
recourbées et convergentes par leurs pointes. Les saumons,
arrivés à la chaussée et ne pouvant continuer leur route ,
cherchoient un passage , trouvoient le trou et entroient dans
le coffre, ce que les feuilles de fer blanc leur permettoient
facilement de faire par leur flexibilité ; mais une fois qu'ils v
étoient, ils n'en pouvoient plus sortir. D-e temps en temps on
alloit visiter la caisse, et on faisoit passer ceux qui s'y trou-
voient, dans un petit réservoir d'où on les enlevoit avec des
troubles.
Quand les saumons se suivoient de loin, ils se rendoient
tous successivement dans le coffre; quand ils arrivoient en
troupes, il en étoit quelques-uns qui s'échappoient; mais
dans les bonnes années, la pêche étoit un objet d'une
très-grande importance. Elle duroit régulièrement six mois,
c'est-à-dire, depuis octobre jusqu'en avril, et sont fort étoit
en janvier. Lorsqu'elle étoit terminée, on ouvroit la rivière
pour donner la facilité à ceux qui avoient échappé de re-
tourner à la mer.
La quantité de saumons que l'on prend, est, dans un grand
nombre d'endroits , beaucoup plus considérable qu'il ne faut
pour la consommation journalière ; en conséquence , on les
sale, on les sèche, on les fume ou on les marine pour pouvoir
les conserver et les envoyer au loin. Chaque pays a sa pratique-
particulière. En général, lorsqu'on veut les saler, on les vide,
on les coupe par tranches que l'on lave dans l'eau, et qu'en-
suite on met pendant quelque tejnps daus une sauwure» un
356 s A TT
mois par exemple ; après quoi on les ôte, on les fait égouiler,
et on les remet dans des barils, avec du nouveau sel, où ils
resteul jusqu'au moment de la consommation.
Pour les fumer, on les fend dans leur longueur, on les vide,
on leur ôte l'épine du dos, on les met pendant quelques jours
dans la saumure, ensuite on les expose à la fumée dans des
chambres faites exprès, et où ils sont suspendus par la queue
à des perches. 11 faut plus ou moins de temps pour faire cette
opération , d'après la perfection des moyens qu on emploie.
C'est le bois de hêtre qu'on doit préférer, lorsqu'on le peut,
parce que c'est celui qui contient davantage de cet acide appelé
pyro-ligneux^ qui concourt de plus à la bonne conservation des
substances animales qui en sont imprégnées. Les poissons qui
sont d'une taille moyenne, doivent être préférés pour subir
cette opération.
Il en est de même des saumons sèches que l'on se contente
d'exposer à l'air, après leur avoir fait prendre un peu de sel
par un séjour de quelques jours dans la saumure ; mais ce n'est
guère qu'en Laponie, en Amérique et dans le Kamtschatcka
qu on les prépare ainsi.
La meilleure manière de conserver le saumon, mais aussi
celle qui est la plus coûteuse, et qui le conserve le moins, est
de le mariner. Pour cela, après l'avoir vidé, coupé en tran-
ches et bien lavé, on le fait cuire, soit sur le gril, soit dans un
four, soit dans l'eau salée; ensuite on le met dans de petits
harils, elr on le stratifié avec des feuilles de laurier, de thym,
de romarin , etc. ; puis on remplit les barils de bon vinaigre
qu'on a fait bouillir, et dans lequel on a mis des épices. Le
poisson, ainsi déposé, est presque aussi bon et même meil-
leur, selon quelques personnes, au bout de si,\ mois que lors-
qu'il étoit frais; mais souvent aussi il se gâte sans qu'on puisse
savoir pourquoi.
Du saumon, d'abord préparé ainsi, et retiré de la marinade
au bout d'un mois pour être mis à sec dans des vases de grès,
et recouvert de saindoux , ou de beurre , ou d'huile d'olive ,
se conserve bien plus long -temps et bien plus certainement,
ainsi que je m'en suis assuré. J'ignore pourquoi on n'emploie
pas géné.-diement ce dernier moyen , que je ne saurois trop
recomininder aux amateurs de poisson, pour une grande
quantité d'espèces , et qui semble n'avoir contre lui que le
haut prix des matériaux et de la main-d'œuvre.
Une des précautions les plus importantes à prendre dans
ces deux dernières méthodes , c'est que la chair du saumon
n'ait pas le contact de l'air, et qu'elle ne soit pas exposée à
des variations de température trop considérables; en consé-
quenccjilfautla renfermer avec le plus d'exactitude possible,
^^ A Ù ,57
et la laisser constamment dans une bonne cave. Un haut de-
gré de chaleur est ce qu'ils ont le plus à redouter.
La chair du saumon est rougeâlre, épaisse, tendre, lamel
leuse, d un goût excellent. Elle est généralement estimée-
aussi son d^bit est-il sûr. Cependant elle n'est pas également
bonne dans tous les pays ni dans toutes les saisons. Les eaux
et d autres causes influent beaucoup sur sa qualité. Généra
lement c est au printemps , un peu avant le frai , qu'elle jouit
de toute la perfection le sa saveur, c'est-à-dire qu'elle est
la plus grasse; mais c'est aussi alors qu'elle eât la plus in-
digeste, quelle convient le moins aux estomacs délicats
Un peut la conserver fraîche pendant des mois entiers, et
la transportera des distances considérables du lieu de la pêche,
pour peu que la chaleur ne soit pas trop forte. Elle gagne
même toujours à être attendue. "^ "^ & ^"^
Les manières de faire cuire et d'assaisonner le saumon ne
7rZiSaC^r '' '''-'' -'''- " '-'"'-^ ^"'- - '^^-
Ordinairement on le coupe en tranches, on le fait mariner
avec un peu d'huile ou de beurre, e^ du sel et du poivre et
on le fait cmre sur le gril, en l'arrosant de sa marinade: en-
suite on le sert avec une sauce grasse ou maigre
Souvent aussi on le fait cuire, après l'avoir coupé en tran-
ches et écaille, dans un court-bouillon composé de vin blanc
de bouillon maigre, racines, ognons, bouquet de fines herbes'
sel, poivre et beurre, et on le sert pour entrée , comme cil
dessus, avec une sauce grasse ou maigre; ou pour rôt, à sec,
sur une serviette, avec du persil autour.
Le saumon mariné n'a besoin que d'être mis un instant
dans de 1 eau bomllante ou dans un court-bouillon, pour être
propre a être servi comme le frais.
Quant au saumon fumé ou salé, on le fait ramollir ou des-
saler en le mettant tremper vingt-quatre heures dans l'eau
iraiche, et ensuite on le fait cuire dans l'eau simple, et on le
sert avec des sauces grasses ou maigres, préparées séparément
Le morceau le plus estimé du saumon, est la hure,et ensuite
le ventre.
On a fréquemment confondu hs saumons véritables avec
d autres poissons du même genre , tels que le SaLmone sa-
LARE, le SalMone fario, etc.
On n'est pas d'accord sur la cause qui rend les saumonâ
becards, c est- à-dire, qui fait recourber la mâchoire infé-
rieure ; mais il ne faut pas Confondre cette variété avec lé
ijALMONE iLLANKEN qu'on pêche dans le lac de Constance et
qui a toujours la mâchoire recourbée.
Le roi des saumons est une espèce de Thuitb qtic l'ôit
XXX,
258 S A U
prend quelquefois avec eux, et que les pêcheurs supposent
être leur conducteur, (b.)
SAUMONEAU. C'est le Saumon qui n'a pas encore
acquis toute sa croissance, (b.)
SAUMONELLE. On donne ce nom, dans quelques
ports de mer, aux petits poissons, n'importe l'espèce , dont
on se sert comme d'appât pour la pêche à la ligne, (b.)
SAUMURE. On donne quelquefois ce nom à la Muire
ou Mûrie, qui est l'eau saturée de sel qu'on fait évaporer
pour en retirer le sel marin dans nos salines. (PAT.)
SAUPE. Poisson du genre Spare. (b.)
SAUQUÉNE. On donne ce nom, sur les côtes de la Mé-
diterranée , au jeune Spare dorade, (b.)
SAURAJE, Sauraja. Arbre de l'Amérique méridionale ,
à feuilles alternes, obovales, velues, à fleurs disposées en
panicule axillaire , velues , lequel constitue un genre dans la
polyandrie pentagynie et dans la famille des tiliacées, ou
mieux des ternstromiées. Ses caractères sont : calice à cinq
divisions obtuses; corolle en roue, à cinq divisions arrondies;
étamines courtes , velues à leur base, insérées sur la corolle ;
ovaire supérieur, pentagone, à cinq styles persistans; cap-
sule à cinq loges et cinq valves renfermant un grand nombre
de semences lentiformes, attachées à un placenta pentagone,
et noyées dans un mucilage.
Voyez pi. 4. du troisième volume des nouveaux Mémoires
des Curieux de la nature de Berlin où il est figuré.
Il paroît que le genre ScAPHE doit être réuni à celui-ci. (B.)
SAURE, Sauras. Sous-genre introduit par Cuvier parmi
les SALMOïiES.Ses caractères sont : museau court;bouche très-
fendue ; beaucoup de dents très-pointues, excepté sur le vo-
mer; de huit à quinze rayons aux ouïes.
Le Sâlmone SAURE sert de type à ce genre, qui contient
plusieurs espèces, (b.)
SAURELLE. C'est le Caraî^x trachure, (b.)
SAURIARIA. L'un des noms latins anciens du Dracun-
CULUS. (LN.) . .
SAURIENS. Alexandre Brongniart a appelé amsi une
des quatre divisions qu'il a établies parmi les reptiles ( V . au
mot Erpétologie). Cette division comprend la famille des
lézards ou le genre laceria de Linnseus, moins les salamandres.
Elle oftre pour caractères communs : des pattes ; des dents
enchâssées ; un corps couvert d'écailles. Elle renferme neuf
genres ; savoir : Crocodile , Iguane , Dragon , Stellion,
CÎECKo; Caméléon, Lézard, Scinque et Chalcide. F. ces
mots et ceux Sheltopusick, Agame, Dragcne, TupinaMt
BIS, Takidrome , Basilic et Anous , introduits depuis.
s A U aSg
Les sauriens ont, pour la plupart, les pattes assez hautes et
assez fortes, pour que le ventre soit élevé au-dessus de la terre
dans la marche ; leurs doigts sont presque toujours garnis
d'ongles , et ils ont tous une queue souvent fort longue. Leurs
os sont plus solides, et leur si|uelette Jse rapproche davantage
de celui des mammifères. Les branches de leur ntiâchoire in-
férieure sont osseuses e( soudées antérieurement. Leurs dents
sont droites et sortent beaucoup hors des gencives. Ils ont un
larynx; un os hyoïde; une trachée artère à anneaux cartila-
gineux; des côtes nombreuses, longues et arquées, qui vien-
nent se joindre en avant de la poitrine, sur un sternum. Leur
cœur a deux oreillettes. Ils se fécondent réellement. La verge
du mâle est simple. Leurs œufs, pondus à terre, sont enve-
loppés d'une coquille ordinairement solide. Les petits sortent
de lœuf organisés comme leurs parens.
Ces reptiles paroissent plus actifs que les autres ; ils n'ha-
bitent guère que les pays chauds et très- tempérés, et vivent
plutôt à te re que dans l'eau. Ils ne se nourrissent que de
matières animales.
On trouve dans le dix-neuvième volume des Annales du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris, une très-importante
dissertation de Camper sur les ossemens fossiles de celte fa-
mille , qui ont été trouvés dans la montagne de Saint-Pierre
de Maastricht, (b.)
SAURITE, Nom spécifique d'une couleuvre, (b.)
, SAUKITIS. L'un des noms anciens de TAnagalli^, se-
lon Diosroride. (ln.)
SAURITIS. Pierre qu'on Irouvoit dans l'intérieur du
corps du lézard vert. On Tenlevoit en fendant le ventre
du lézard avec un jonc, ou roseau; c'étolt sans doute un cal-
cul,ou bien une pierre artificielle que les charlatans faisoient
voir, (ln.)
SAUROTHERA. Nom tiré du grec, et générique du
Tacco. F. ce mot. (v.)
SAURURE. K. Lezardelle. (b.)
SAURURUS. Queue de lézard, en grec. Plumier avoit
donné ce nom aux espèces de yoo/tvg qu'il a observées en Amé-
rique, à cause de la forme de leur chaton. Linnœus les avoit
d'abord distinguées ; mais depuis , il les a réunies au pipêr\
maintenant la plupart rentrent dans le genre Lacisetma. (ln.)
SAUSARAl {Anas alexanrlrinu)^ Lalh. Ordre dés pal-
mipèdes, genre du canard, famille des sarcelles. F. ces mots.
Forskaël qui a vu cette sarcelle à Alexandrie , nous apprend
que son nom arabe est iausurai ^ qu'elle a lé cbii cendré et
rayé de petits croissans blancs; le ventre blahchâlre sans
taches ; le bec et lé bas-ventre noirs ; les pieds d'un cendr<*
jaunâtre, et les membranes des doigts brunes, (v.)
a6o S A n
SAUSSURÉE , Saussurea. Genre de plantes établi par
DecandoUe pour placer quelques Sarrettes qui ne convien-
nent pas complètement à ce dernier. Il offre pour caractères :
un involucre non épineux , à écailles extérieures aiguës et in-
térieures obtuses ; une aigrette composée de poils plumeux,
les extérieurs très-courts et les intérieurs longs.
Quatre belles espèces de ce genre sont figurées pi. lo , ii,
12 et i3 du seizième volume des Annales du Muséum.
La Sjvussuree amere constitue aujourd'hui le genre
Théodorée, (b.)
SAUSSURIE , Samsuria. Genre établi par Moench pour
placer les Chataires à feuilles découpées et dont le calice,
après la floraison , est fermé par des poils. Ce genre n'a pas
été adopté par les botanistes, (b.)
SAUSSURITE. Théodore de Saussure et Karslen, ont
donné ce nom au Jade tenace, (ln.)
SAUSTEIN. Synonyme allemand de StinsKtein. V. ce
mot. (ln.)
SAUTERELLE, Locusla. Genre d'insectes de l'ordre des
orthoptères, famille des sauteurs, tribu des locustaires, dis-
tingué de tous les autres genres du même ordre par le nom-
bre quatre des articles des tarses.
Les sauterelles ont deux antennes très-longues, sétacées, «i
articles nombreux, courts, peu distincts; quatre palpes iné-
gaux , les antérieurs de cinq articles, les postérieurs de trois ;
une lèvre supérieure, grande, presque circulaire en devant ;
Une lèvre inférieure, à quatre divisions, dont celles du milieu
fort petites ; une tête grande , verticale ; deux yeux petits ,
ronds ; deux à trois petits yeux lisses, peu apparens ; un cor-
selet comprimé sur les côtés, plan en dessus, sans écusson ;
les élytres inclinées^ dont le bord est spéculifère ou scarieux
et transparent à la base dans les mâles; l'abdomen terminé
par une queue tranchante dans les femelles; les pattes pro-
pres pour sauter , dont les antérieures paroissent naître de
dessous la tête , et les postérieures très-grandes , à cuisses
fort rendées; les tarses à pénultième article bilobé , sans
pelote entre les crochets. Quelques espèces sont aptères.
Les sauterelles que Linnseus a placées dans son genre gijl'
lus, ont quelque ressemblance avec les criquets; mais les ca-
ractères qui les distinguent de ces insectes, sont leurs tarses
de quatre articles, et leurs antennes longues, sétacées et
formées d'un très-grand nombre d'articles peu distincts. Les
criquets n'ont que trois articles aux tarses ; les antennes sont
courtes, filiformes ou renflées à l'extrémité, de douze à
vingt articles perceptibles.
Ces insectes, qu'on trouve fréquemment dans les prairies ,
s A U 261
sautent assez loin, à l'aide de leurs pâlies postérieures qui
sont beaucoup plus longues que les autres. Les mâles font
entendre un bruit plus ou moins fort, qu'on appelle commu-
nément le chant des sauterelles; il est toujours produit par le
frottement des élytres l'une contre l'autre, à cette partie sca-
rieuse, décolorée, spéculifère ou porte-miroir qui se voit à la
base du côté interne.
Les femelles déposent leurs œufs dans la terre ; elles en
pondent une assez grande quantité à la fois, rassemblés dans
u.ne membrane mince. Les larves qui sortent de ces œufs ne
diffèrent de l'insecte parfait que parce qu'elles n'ont ni ély-
tres ni ailes. Parvenues à l'état de nymphes, elles ont ces or-
ganes renfermés dans des espèces de boutons placés sur leur
dos; mais, comme tous les autres insectes, elles ne sont
propres à se reproduire qu'après l'entier développement de
ces parties, et ce développement n'a lieu que lorsqu'elles
quitlent leurs dépouilles de nymphes.
Sons leurs différentes formes, les sauterelles se nourrissent
d'herbes et de plantes, et mangent beaucoup : une observation
de Degéer prouve qu'elles sont carnassières quand elles en
trouvent l'occasion. Cet auteur ayant renfermé ensemble
plusieurs sauterelles ronge-verrues , une d'elles , qui mourut ,
fut dévorée par les autres ; mais jusqu'à présent on ne les a
point vues s'entre-tuer pour se manger.
Ces insectes, qui ont la faculté de sauter à une assez grande
distance, volent aussi quelquefois fort haut et très-loin. Ceux
qui sont étrangers à l'Europe ont des formes singulières ;
leurs élytres ressemblent aux feuilles de différens arbres.
Dans un temps où l'histoire naturelle des insectes étoit à
son enfance, où on n'avoit pas encore fait de distinction de
criquets et de sauterelles , les voyageurs et les historiens du-
rent mettre vaguement sur le compte de ces derniers insectes
beaucoup de faits qui n'appartenoient qu'aux premiers. C'est
pour cela qu'en traitant de ceux - ci , nous avons renvoyé k
l'article Sauterelle. Nous verrons plus bas que ces préten-
dues sauterelles qui ont fait tant de ravages , que celles dont
se nourrissent certains peuples, ne sont que des criquets. Je
ne prétends pas dire néanmoins que les sauterelles ne soient
nuisibles et qu'elles ne puissent, dans quelques circonstances,
produire autant de mal que les criquets ; mais je m'attache
aux faits , et tous ceux qui me sont connus tombent sur ces
derniers animaux. On est donc prévenu qu'il faut substituer,
dans ce que je vais raconter, le mot de criquet à celui de sau-
terelle, dont je me servirai avec les divers historiens.
Les pays orientaux sont exposés plus fréquemment que
d'autres aux ravages de ces insectes. Ils arrivent en corps
26-4 S A TJ
d'armée innombrable, de manière qu'ils cachent la lumière
de l'astre du jonr^ comme le pourroit faire un nuage des plus
considérables. I! n'y a pas ici d'exagération ; tous les lémoi-
enages sont unanimes à cet égard. Ils dépouillenl la campagne
d sa verdure, et la rendent presque nue. Les sauterelles quit-
tent de temps en temps la Tartarie, l'Arabie , lieux de leur
berceau, se rassemblent par essaims, cmigrenl et viennent
porter la désolation et la misère jusque dansl'Europe. Un vent
d'est favorise ordinairement le vol de ces armées composées
d'un nombre incalculable d'individus. Malheur à la contrée
où elles se reposent des fatigues de leur voyage, celle qui voit
terminer une de leurs journées, qu'on estime être de dix
lieues! L'agitalion de leurs ailes produit un bruit sourd qui
se fait entendre au loin et annonce l'approche de ce fléau ; le
soleil en est obscurci. A son coucher, ces insectes pleuvent
comme une averse. Bientôt il ne reste plus sur la terre, et
dans un espace de quelques lieues, une seule feuille, un seul
brin d'herbe. Les arbres se brisent sous leur poids. La plus
belle campagne n'est plus qu'un triste désert ; la faiin et la
peste sont à leur suite. Viennent-elles à périr subitement ,
l'air est empoisonné par linfertion que répandent leurs
cadavres pourris ; il succède des maladies épidémiques ,
une sorte de peste, qui enlèvent avec la famine, des
rnilliers de personnes. L'île de Formose éprouve souvent ,
à ce qu'il paroît , les effets de cet excès de calamités, u Le
vaillant Charles XII se trouvant en Bessarabie, se crut
assailli par un ouragan mêlé d une effroyable grêle , lors-
qu'un semblable nuage de sauterelles vint subitement à
s'abattre , et couvrant hommes et chevaux, arrêta l'armée
entière dans sa marche. La Russie , la Pologne et la ïlon-
grie en sont fréquemment visitées : grâce à Lieu , l'Alle-
magne en a été épargnée depuis 17^9, année où elles inon-
dèrent presque toute l'Europe. Toutes les feuilles publiques
en parlèrent alors, et nous pourrions citer, d'après des papiers
que nous avons sous les yeux , une foule de preuves des maux
qu'elles occasionèrent. Elles poussèrent mênic leur marche
par dessus la mer Baltique jusqu'en Suède. Il ne venoit de
toutes parts que lamentations sur lamentations, et l'on com-
paroil leurs descentes de l'air à un orage subit, à une grosse
chute de neige, à un ouragan, et même à un nuage de fumée
qui s'étend avec rapidité. Depuis celte époque, on ne les trouve
plus qu'isolées çà et là en Allemagne , et c'est un grand bon-
heur que la rudesse de notre climat ne soit pas favorable à leur
propagation. La dernière fois qu'elles nous rendirent visite en
nombreuses coloi:nes , elles commencèrent par dévorer les
plantes les plus f nés ; ensuite de quoi, la faim leur fit attaquer
s A U 265
les feuilles et l'écorce. Elles de'vorent avec une vitesse in-
, croyable ; mais elles peuvent aussi jeûner pendant fort long-
temps. Grundler observa le premier point avec une grande
exactitude. 11 mit de ces sauterelles sous un poudrier de verre,
dans lequel il y avoit de l'orge nouvellement levée : elles fen-
dirent d'abord le tuyau en deux, dévorèrent du haut jusqu'en
bas la partie restée debout, aussi promptement que si elle
leur entroit dans le corps , et ensuite elles consommèrent la
partie que la morsure avoit fait tomber à côté. Tout cela se
fit avec une agilité qu'on ne peut décrire. Dans leur patrie ,
ce sont les étés chauds et abondans en herbe qui sont les plus
favorables à leur multiplication, et un temps serein et sec à
leurs voyages aériens. Leur fécondité est telle , que dans les
endroits où elles s'arrêtent, l'on peut remplir des sacs entiers
de leurs œufs, et qu'on en a recueilli treize muids dans un
district d'une médiocre étendue. On peut se faire une idée
bien plus frappante encore de leur fécondité, d'après le pas -
sage de sauterelles qui a eu lieu en France dans l'année i6i3,
et d'après un autre qui se fit du côté de Bontzhida en Tran-
sylvanie , en 1780. Le premier avoit entièrement moissonné,
jusqu'à la racine, plus de quinze mille arpens de blé dans les
environs d'Arles, et avoit même pénétré dans les granges e
les greniers, lorsque, comme envoyés par la Providence, plur-
sieurs centaines d'oiseaux, particulièrement des étourneaux,
vinrent travailler à leur dimipution ; et malgré cela, qui pour-
roit n'être pas saisi d'étonnement? Sur l'ordre émané du gou-
vernement, qui obligeoit de ramasser les œufs, on en recueillit
plus de trois mille mesures , de chacune desquelles il seroit
éclos près de deux millions de jeunes. Afin de prévenir les
suites effroyables qui auroient pu résulter de l'autre passage
de Bontzhida, on commanda quinze cents personnes, dont
chacune devoit ramasser plein un sac de sauterelles, qui fu-
rent partie écrasées, partie brûlées, partie enterrées; et ce
nonobstant , on remarqua peu de diminution jusqu'à ce qu'il
survînt un froid aigu. Au printemps suivant, il y eut des mil-
lions d'œufs déterrés et détruits par le peuple qu'on fit lever
en masse pour cette opération , et malgré tout cela , il se
trouvoit encore bien des places assez étendues où le sol
étoit couvert de jeunes sauterelles , au point de n'en rien
laisser à nu. On se mit Jalors, à force de les balayer , à les
pousser dans des fossés nouvellement creusés, dont on avoit
garni le bord opposé de toiles bien tendues, et où elles furent
écrasées. » Bécrcations tirées de, VHistoire naturelle , Insectes^ tra-
duct. franc. , t. i , p. 3o6.
La Providence oppose ordinairement un grand nombre
d'ennemis à des insectes aussi redoutables. Un vent et une
2H s A U
pluie froide , une tempête, peuvent en détruire des millions^
en un instant. Les renards, les cochons, les oiseaux, les lé-'
zards et les grenouilles en dévorent une grande quantité. Ils
se font eux-mêmes une guerre cruelle. Des peuples de l'Ara-
bie , ceux de quelques autres contrées de l'Orient , en pren-
nent beaucoup pour les faire sécher , moudre , et en faire
une sorte de pain, lorsque les récoltesleur ont manqué. On
les apporte à Bagdad au marché , et par-là, le prix ordinaire
des autres viandes y baisse , dit-on , sensiblement. Les sau-
terelles , à ce que l'on prétend encore , ont un goût de pi-
geon ; un seul homme peut en manger deux cenls dans un
repas. La manière de les apprêJer varie. Les Bédouins de
l'Egypte les font rôtir vivantes sur des charbons , et les man-
gent ensuite avec plaisir , après leur avoir ôté les ailes et
les pattes. On enlève aussi , du moins dans quelques en-
droits , les intestins. Des femmes et des enfans de quelques
parties de l'Arabie Heureuse les enfilent , et les vendent en-
suite. Des Arabes font rôtir ces insectes et les trempent dans
du beurre , et lorsqu'ils veulent pousser plus loin leur déli-
catesse, ils leur font éprouver un seul bouillon dans l'eau-, et
les font frire ensuite dans le beurre. Les habitans de Maroc
les font sécher sur le toit ou terrasse de leurs maisons , et
les mangent, soit fumés, soit grillés, soit bouillis. D'au-
tres peuples de la Barbarie les mettent en saumure. Cette
nourriture, suivant Forskaël , n'a pas grand goût, et si on en
fait un trop grand usage, épaissit le sang, et devient con-
traire aux tempéramens mélancoliques. Ce voyageur nous
dit qu'il en rencontroit des quantités infinies , à chaque pas ;
qu'on les chasse d'un champ à l'autre , par le moyen d'un
morceau de toile attaché à un long bâton ; que le bruit qu'ils
font en Tair , dans leur vol pa-r essaim , ressemble à celui
d'une grande cataracte ; qu'ils n'attaquent pas les plantes cé-
réales parvenues à leur maturité , et qu'une espèce de grive
de ce pays-là , turdus gryltwora , en détruit jusqu'à dix mille
par jour. On a débité que les peuples acridophages éloient
sujets, à certain âge , à une maladie extraordinaire, sa-
voir : qu'il croissoit à l'extérieur de leur corps , des mou-
cherons ailés qui leur dévoroient peu à peu les chairs. Oi|
sent toute l'absurdité de cette fable.
La superstition est venue ajouter ses malheurs aux maux
que ces insectes entraînent à leur suite. Les élyires de ces
criquets ont plusieurs taches noires. Les hommes ignorans
ont cru y lire , chacun en leur langue , des caractères tracés
par un dieu en colère , et annonçant sa terrible vengeance.
C'est ainsi qu'on achevoit de décourager le malheureux cv\-
tiyateur, gémissant de la ruine totale de ses champs.
s A TT 265
Des auteurs épris du merveilleux, ont attribué ces émigra-
tions aux rigueurs des femelles de ces insectes pour leurs
mâles. Les femelles se mettant toutes k fuir , les individus
de l'autre sexe les poursuivent avec ardeur, et de là ces ar-
mées innombrables qui vont de plus loin en plus loin, depuis
l'orient jusqu'au couchant de l'Europe. Mais, comme le re-
marque agréablement l'auteur des Récréations tirées de V His-
toire naturelle des Insectes , on conviendra que les femelles ont
une sévérité trop grande , que leur résistance n'est que de
pure parade, et qu'elles auroient pu ménager bien des peines
à leurs mâles, puisqu'elles finissent , après tout , par se prê-
ter à leurs volontés , comme le prouve cette quantité d'œufs
qu'elles déposent. Le défaut de vivres est plutôt la cause de
ces funestes émigrations.
Quels sont maintenant ces sauterelles , ou plutôt ces cri-
quets si dangereux? Il n'y a pas lieu à discussion sur l'espèce
qui a ravagé plusieurs fois différentes contrées de l'Europe.
Cette espèce est, d'après tous les témoignages , le criquet de
passage y gryllus migratorius ^ Linn. , Fab. ; mais il n'est pas
aussi facile de dire quelle est l'espèce dont les peuples de
l'Orient, ceux de l'Arabie et de la Barbarie redoutent les
essaims destructeurs, et dont ils se nourrissent. Des auteurs
ont cru que c'étoit le criquet à crêle^ gryllus cristatus de Linnaeus.
Nous observerons à cet égard que ce grand naturaliste est
tombé ici dans deux erreurs : i.** il réunit sous ce nom deux
espèces, dont la i.<^" est propre à Cayenne, à Surinam; c'est son
gryllus cristatus , décrit et figuré dans le premier volume des
Aménités académiques^ décrit et figuré encore par Degéer,
comme une espèce nouvelle , sous le nom de criquet à ailes
blanches. Son corselet n'a pas de verrues , et ses ailes ont un
fond bleuâtre. La seconde espèce est celle que Friscb a re-
présentée tom. IX, tab. i , fig. i. Son corselet est verru-
queux, et ses ailes ont un fond rouge. Cet insecte ne semble
pas différer du gryllus dux de Fabricius , figuré par Drury ,
tom. 2 , pi. 4.4-. Ce dernier dit l'avoir reçu de la baie d'Hon-
duras, Je présume aussi que cette seconde espèce est encore
de l'Amérique. J'ai vu des collections nombreuses d'insectes
des Grqndes-Indes. J'ai vu celles qu'on a rapportées 4» Le-
vant , et je n'y ai point remarqué cet insecte.
Linnaeus s'est probablement trompé en indiquant l'Amé-
rique , l'Arabie et l'Asie , pour patrie du criquet à crête.
Je pense que c'es^ le criquet de Tartarie^ qui se trouve dans
les Etats Barbaresqties. Le professeur Desfontaines l'en a
rapporté , et c'est p|'ut - être de cette espèce dont a parlé
Shaw dans son voyage, et qu'il dit servir de nourriture aux
habitans du pays. L'Italie et le Levant nous offwnt
266 S A T^
autre espèce , qui ne diffère presque en rien de la précé-
dente , qui n'en est même peut-être qu'une simple variété,
le criquet linéole {i) , gryllus lineola ^ Fab, L'arête du corselet
est plus prononcée que dans l'autre, d'une couleur plus claire
que le reste du fond ; les cuisses des pattes postérieures ont
des traits ou des raies noirs , et les jambes de ces mêmes
pattes sont bleuâtres , et non pas rougeâlres , comme le cri-
quet de 'l'ariarie elle criquet égyptien, àç: Linnseus (Mus i«<^ot\
vol. 1 , p. i38 ) , observé par Hasselquist, en Egypte : le
gryllus gregarins de Forskaël, est très-voisin du premier.
L'espèce que M. Denon a figurée dans la relation de son
voyage en Egypte', se trouve aussi au Sénégal et paroit être
distincte des précédentes.
I. Elytres de la longueur de l'abdotneii.
Sauterelle feuille de citron , Locusta citrifo'ia , Fabr*
Cette sauterelle , qui est verte , a environ un pouce et iemi
de long , les bords du corselet garnis de petites dentelures ,
les élytres du double plus longues que l'abdomen , avec des
nervures qui ressemblent à celles des feuilles de citronnier.
La tarière de la femelle est recourbée.
On la trouve à Cayenne , à Surinam.
Sauterelle feuille de camellia , Locusta camelUfoUa ,
Fab. Elle a la tête grande , verte ; les élytres grandes , con-
caves , arrondies à l'extrémité , vertes , avec des nervures
très-marquées ; les ailes aussi grandes que les élytres , de la
même couleur.
On la trouve en Amérique.
Sauterelle verte , Locusta viridissima , Fab. ; la Saute-
relle à coutelas , Geoffr. ; elle a environ deux pouces de lon-
gueur ; tout le corps et les élytres d'un beau vert; les antennes
plus longues que le corps ; les élytres étroites , plus longues
que l'abdomen ; la tarière de la femelle est longue , en forme
de coutelas aplati.
Le mâle a , au-dessous de l'origine des élytres , une large
ouverture fermée par une pellicule mince , qui lui sert à
produire le bruit qu'il fait entendre.
On- trouve cette sauterelle en Europe ; elle est très-com-
mune dans les prairies.
Sauterelle grise , Locusta grisea , Fab, ; pi. P 24., i de
cet ouvrage. Elle est brune , avec les antennes jaunâtres ; le
(i) Cette espèce est figurée dans X'^uesli , Arc/iiç. ïas. , lab. 64,
fis- 2.
s A U 267
corselet caréné et arrondi postérieurement ; les élytrcs mé-
langées de brun et de cendré ; les ailes transparentes ; les
pattes verdâtres ; la femelle a une tarière en faux. Celle es-
pèce est commune aux environs de Paris.
Sauterelle RONGE-VERRUE, Locusta venur.wora , Fab. ;
la Sauterelle à sabre, Geoffr. Elle est un peu moins grande que
la précédente , mais plus grosse ; elle a les antennes plus
courtes que le corps ; les élytres vertes , avec des taches
brunes ; une rangée de taches brunes de chaque côté de l'ab-
domen. La tarière de la femelle est d'un brun grisâtre, re-
courbée en forme de sabre.
Elle se trouve dans toute l'Europe.
II. Elylres sensiblement plus courles que l'abdomen , ou très-
courtes , quelquefois nulles.
Sauterelle PORTE-SELLE , Locusta eph'ppigei- , Fab. Cette
espèce a près d'un pouce de longueur. Elle est d'un cendré
jaunâtre ou brun , mêlé de vert ; son corselet est très-élevé
par-derrière , et recouvre deux élytres très courtes , épaisses,
en voûte , en recouvrement au côié interne , et dont le frotte-
ment de l'une contre l'autre produit un son aigu, qui se fait
entendre d'assez loin.
On trouve cet insecte, sur la fin de l'été et en automne .
dans les vignes, dans les bois du midi de la France. Il habile
aussi les environs de Paris, (l.)
SAUTERELLE. Nomque (ioedartdonne à une espèce de
Unthrédine qui s'élance, suivant lui , d'un lieu à un autre , à
la façon des saiilerclles , et dont la larve se plaît aux sommités
des ormes, (l.)
SAUTERELLE (cJiasse.) V. Répenelle. (s)
SATTTERELLE DE MER. Nom vulgaire de la Squille
mante. On rapplique aussi à d'autres crustacés. (B.)
SAUTERELLE PUCE. Swammerdam nomme ainsi la
Cercope écumeuse. (l.)
SAUTEUR. C'est , dans la traduction des voyages de
Azara, le Jacarinî. (v.)
SAUTEUR. V. Passevert. (v.)
SAUTRUR. On donne ce nom à trois espèces de pois-
sons : le Cyprin gonorynciie , le Spare sauteur de Lacé-
pède, Perr.a saltatrix, Linn. , et le PoMATOME SKlB, Gasteros-
teus sallatrlx , Linn. (B )
SAUTEUR A LA POITRINE. C'est le gecko à tête plaie,
qui se trouve à Madagascar , saule à la poitrine des hommes
qui l'approchent, et s'y attache avec tant de force , qu'on ne
^G8 S A TT
Î>eul l'en séparer qu'à l'aide d'un instrument tranchant , dit
e voyageur Flaccourt. F. l'article des Geckos, (s.)
SAUTEUR DES ROCHERS. Espèce d'ANTiLOPE. V.
Antilope Klippspringer. (s.)
SAUTEURS f Saltatores. Vicq-d'Azyr désigne sous ce
nom un groupe de rongeurs à longs pieds , qui correspond
exactement au genre Gerboise. V. ce mot. (desm.)
SAUTEURS, Saltatoria. Nom sous lequel M. Cuvier,
dans ses leçons d'Anaiomie comparée^ recueillies par M. Du-
méril, a désigné une famille d'insectes, de l'ordre des
or(hoptères, ayant pour caractères : pattes postérieures lon-
gues et propres pour sauter. J'ai adopté cette coupe dans le
troisième volume du Règne animal^ par ]VJ. Guvier, Les or-
thoptères qui la composent ont ordinairement les élytres et
les ailes en toit; les mâles, pour appeler leurs femelles,
produisent avec leurs ailes une stridulation , qu'on a nommée
d'une manière très-impropre , chant ; tantôt c'est en frottant
avec rapidité , l'une contre l'autre, une portion intérieure ,
plus membraneuse, en forme de talc ou de miroir, de chaque
étui; tantôt ils l'excitent par une action semblable et alter-
native des cuisses postérieures sur les élytres et les ailes ; les
cuisses faisant l'effet d'un archet de violon. Les femelles dé-
posent leurs œufs dans la terre.
Cette famille est divisée en trois tribus , les GryllOnes ,
les AcRYDiENS et les Locustaires. F. ces mots, (l.)
SAUVAGEA. Adanson nomme ainsi le genre sauoage-
sia , Linn. ; Iran , Brovvn , Jam. Ce genre doit être placé
auprès des violacées, selon M. Auguste de Sainl-Hilaire. (ln.)
SAUVAGEON. Jeune arbre venu sans culture. S'il
s'agit d'arbre fruitier , c'est celui qui est venu de graine , et
qui n'est pas greffé. F. Arbre, (d.)
SAUVAGES. V. l'article Homme, (virey.)
SAUVAGES (ANIMAUX). Le jo.ug que l'homme im-
pose aux espèces domesliques,dégrade, avilit leur caractère,©»
même modifie leur conformation, en les faisant dégénérer. F.
Dégéî^ération. Qni sait à quel état le bœuf, le chien,retour-
neroient , s'ils étoient abandonnés à la seule puissance de la
nature "? Toutes les variétés dans l'espèce de la poule , du
pigeon , du chien , s'anéantiroient progressivement pour
retourner au type fondamental et naturel. Elles repren-
droîent leur pri«)itive énergie , leur noblesse , leur fierté ,
leur indépendance, au milieu des antiques forêts et des riches
campagnes. Leur instinct , entravé par la contrainte de
l'homme , leur intelligence comprimée par sa tyrannie, leurs
ipembres asservis à ses volontés , se déploleroient en liberté^
s'étendrolent , sans crainte , sous les seules lots de la nature ,
s A U 26g
et ces animaux vivroient heureux , tranquilleâ , loin de noire
présence et de notre despotisme.
Tous ces êtres que nous nommons sauvages, parce qu'ils
nous fuient , ne trouvent-ils pas leur avantage à vivre seuls?
S'ils se rassemblent , c'est sans contrainte , c'est pour leur
propre utilité, pour se mieux défendre contre leurs ennemis ,
pour attaquer avec plus d'espérance de réussir. Tantôt ils
forment des espèces de républiques, comme les castors , quel-
ques oiseaux troupiales et caciques , les abeilles et les fourmis ;
tantôt des cohues , des altroupemens vagabonds, comme les
rats lémings, les campagnols, les harengs , les saumons, les
sauterelles ; ou seulement des familles , des sociétés comme
les singes , les quadrupèdes ruminans , les vols ie grues , de
cigognes , etc. Tels furent probablement les premiers essais
de la sociabilité humaine , dont les hordes tartares et arabes
et les peuplades américaines nous retracent encore aujour-
d'hui l'image.
Mais l'espèce humaine, à présent si nombreuse , pèse sur
tous les animaux ; elle détruit les uns, confine les autres dans
les déserts , opprime les espèces domestiques , rend les autres
farouches et sauvages , tandis que dans ces contrées vierges
que l'homme n'a point encore asservies, les races innocentes
et pacifiques se laissent approcher et même saisir sans dé-
fiance , parce qu'elles n'ont jamais éprouvé les effets de sa
tyrannie. C'est ainsi que des oiseaux, dans des îles désertes ,
se laissent tellement prendre à la main , ou assommer à
coups de bâton , que les marins les ont nommés fous ,
noddles , tant ces êtres ont de confiance et d'innocence natu-
rellement. La présence de l'homme rompt l'équilibre des êtres,
en diminuant les uns et multipliant les autres pour ses avan-
tages. Les espèces les plus féroces elles-mêmes sont forcées de
fuir ce nouveau dominateur, et de lui abandonner le sceptre
du monde qu'elles avoient conquis avant lui par leur forq^
et leur courage. Elles succéderoient à l'homme , si son espèce
étoit anéantie.*
Les mœurs des animaux sauvages sont constantes pour
l'ordinaire ; la seule puissance des climats , des nourritures et
des sexes , en rompt l'uniformité. Les espèces les plus carni-
vores sont les plus sauvages, parce qu'elles sentent leur force
et qu'elles se suffisent à elles seules ; aussi la plupart sont
solitaires , et livrent des combats à tous ceux qui veulent em-
piéter sur le domaine qu'elles se sont approprié. L'aigle ne
souffre pas l'aigle dans son voisinage , et le tigre combat le
tigre , parce qu'ils s'enlèvent mutuellement une proie rare et
difficile à se procurer. Cet instinct empêcbe encore la trop
graad« multiplication des espèces carnivores. Mais les herbr-
370 s A U
vores , plus doux, plus tranquilles, ne fuient point la pré-
sence de leur espèce ; au contraire , ils la recherchent , ils
vivent de compagnie , ils deviennent même susceptibles
d'amitié réciproque.
La naïve simplicité de la nature est plus belle dans les ani-
maux que les vains ornemens dont l'homme les couvre. La
démarche du cheval , la fierté du chien , la légèreté de la co-
lombe , sont plus franches , plus libres lorsqu'ils sont aban-
donnés à eux-mêmes. C'est l'homme qui les déforme et les
mutile en voulant les orner. Jauiais les brillantes prisons qu'il
leur prépare , ne vaudront pour eux les campagnes ver-
doyantes , les monls sourcilleux et les forêts antiques , asiles
éternels de leur indépendance (virey,)
SAUVAGES iNlVIiLEURS. Paulct a donné ce nom à
une famille de champignons , établie dans le genre Agaric,
de Linnseus ; elle renferme trois espèces , le Champignon a.
LOBES, la Souris rose ei la Feuille morte, (b.)
SAUVAGES E,5««fc/g'M«. Genre déplantes delà pentan-
driemonogynieetde la famille des Violettes (nouvelle famille
établie par A.deSaint-Hilaire, mais peu différente de celle des
diosmées),dont les caractères consistent : en un calice partagé
en cinq foliples lancéolées, pointues, concaves, ouvertes, per-
sistantes; une corolle de cinq pétales; cinq écailles plus pe-
tites et alternes avec les pétales, environnés extérieurement
de poils glanduleux ; cinq étamines ti es courtes ; un ovaire
supérieur ovale , à style simple et à stigmate obtus; une
capsule ovale , acuminée , uniloculaire , trivalve , à bords des
valves courbés en dedans.
Ce genre renferme des plantes à feuilles alternes, accom-
pagnées de stipules linéaires et ciliées , et à (leurs solitaires
sur des pédoncules axillaires On en compte trois espèces, dont
la plus connue est la Sauvagèsé adime, qui a la ligç très-
rameuse , et les feuilles ovales lancéolées. Elle est annuelle ,
et se trouve à Cayenne , où on mange ses failles , qui sont
mucilagineuses , en guise d'cpinards.
La Sauvagèse des mu-'JTagnes s'emploie comme fébri-
fuge à la Guadeloupe, (li.)
SAUVE-GARDE. Sous-genre établi parCuvier, dans la
famille des sauriens. 11 renferme les Lézards Teguixin, Le-
GARdET , et auîres espèces. Ses caractères sont : toutes les
écailles petites et sans carène ; une rangée de pores peu
marqués sous ch.sqiie cuisse; dents dentelées, (b.)
SAUVEl'EaPiE. Marbre qui forcne une jolie brèche à
taches jau-ae ■ tit blanclles , sur un fond noir. On le tire près
du village Jt Sauoeterre ^ dans le Gomminge , au pied des
Haules-Py .ées. (pat.)
s A V .;.
SAUVE' VIE. Nom vulgaire de la Doradille des murs.
^ SAVACOU , Cancroma , Lalh. Genre de Tordre des
EcHASSiERS et de la famille des Latirostres. V. ces mots.
Caractères : Bec plus long que la tête , très-large , à bords
tranchans , caréné en dessus et sillonné depuis les narines
jusqu'à la pointe ; mandibule supérieure en forme de cuil-
ler renversée , arrondie et garnie d'un crochet à son extré-
mité ; l'inférieure membraneuse dans le milieu, et terminée
brusquement par une pointe aiguë ; narines obliques , longi-
tudinales, situées dans une rainure et couvertes d'une mem-
brane à demi-voûtée ; langue très-courte ; poche membra-
neuse sous la gorge ; lorum glabre ; quatre doigts grêles ,
allongés , trois devant , un derrière ; les antérieurs unis h
leur base par une membrane ; le postérieur articulé sur le
côté du tarse , près de l'interne, et portant à terre sur toute
sa longueur; ongles courts, étroits, peu crochus, pointus ;
l'intermédiaire pectine sur son bord intérieur; les i.^" et 6.^
rémiges égales ; les 2/ , 3.« , 4.« et 5.« , les plus longues de
toutes.
Le Savacou proprement dit , Canrrorna cochlearia , Lath. ;
pi. P. 17 ,n.*' 3 de ce Dictionnaire. Cet oiseau s'éloigne de
tous les autres par la conformation de son bec , large et sin-
gulièrement épaté ; cette large forme lui a fait donner le sur-
nom de cuiller ; en effet , ce sont deux cuillers appliquées
Tune contre l'autre par le côté concave; la mandibule supé-
rieure porte sur sa convexité deux rainures profondes, qui
parlent des narines et se prolongent de manière que le milieu
forme une crête élevée, qui se termine par une petite pointe
crochiie ; elle s'emboîte sur l'inférieure, qui n'est , pour ainsi
dire, qu'un cadre sur lequel est tendue la peau prolongée de
la gorge ; l'une et l'autre sont tranchantes par les bords , et
d'une corne solide et très-dure ; ce bec a quatre pouces des
angles à la pointe , et vingt lignes dans la plus grande largeur.
Le savacou habite les savanes noyées , et se tient le long
des rivières où la marée ne monte pas ; c'est là que, perché
sur les arbres aquatiques, il attend le passage des poissons
dont il fait sa proie , et sur lesquels il tombe en plongeant,
et se relevant sans s'arrêter sur l'eau-^fc
Sonnini , qui a plusieurs fois observe lés savacous vivans ,
dit , en parlant du savacou gris huppé , qu'il a l'iris noir, une
membrane qui sort de l'angle intérieur de l'œil ; qu'il peut
le couvrir à volonté ; il peut aussi redresser les plumes longues
de la tête , surtout lorsqu'il est irrité ; elles se redressent en
forme de capuchon , et alors il s'élance avec fureur sur l'objet
qui excite sa colère en frappant vivement les mandibules
272 S A V
de son bec l'une contre l'autre , de même que les cigognes.
Barrère distingue trois espèces de savacous, qu'il nomme ,
i.o la cuiller , figurée pi. enl. , n." 38 , sous le nom de samcou
de Cayenne ; a.*» la cuiller tachetée ; 3."» la cuiller brune ^ figurée
pi. enl. , n.° 869 , sous le nom de savacou huppé de Cayenne ;
mais on a reconnu que ce ne sont que des variétés de sexe ou
d'âge de la même espèce.
Le saoacou brun huppé , qui est regardé comme le mâle , est
a peu près de la grosseur d'une poule médiocre , et a dix-sept
pouces de long ; le dessus de la tête noir ; cette couleur se pro-
page sur le derrière du cou ; les plumes de l'occiput sont al-
longées , et forment une huppe assez grande dans certains
individus ; dans celui de la pi. enl. , n.° 86g , elles ont sept à
huit pouces de longueur, tombent sur le dos , et quelques-
unes ont huit lignes de largeur, et sont fort petites; dans d'au-^
très, ces plumes sont noires, molles, sans consistance et
assez larges ; le bas du cou en arrière , le bas du dos et tout
le reste du dessus du corps sont d'un gris plus ou moins clair ;
le front, les joues, le devant et les côtés blancs; le haut du
dos est , dans des individus , d'un cendré foncé ; dans d'autres
d'un beau noir ; la poitrine et le dessous du corps sont blancs ,
avec une plaque d'un beau noir de chaque côté de la poitrine ;
le bord de l'aile est blanc ; les pennes et celles de la queue
sont d'un gris-blanc ; la mandibule supérieure est noirâtre ,
l'inférieure blanchâtre ; le bas des jambes et les pieds sont
d'un vert jaunâtre ; les ongles sont gris. Dans des savacous ,
le gris-roux domine sur le gris bleuâtre dans le manteau.
Le savacou gris, pi. enl. n.° 38, qui paroît être la femelle, a
tout le manteau d'un gris-blanc bleuâtre, avec une petite zone
noire sur le haut du dos ; le dessous du corps est noir , mêlé
de roux ; le devant du cou et le front sont blancs ; le panache
est d'un noir bleuâtre.
Un autre, qu'a observé Sonnini, est entièrement roussâtre,
excepté la tête , qui est noire. 11 soupçonne que c'est une fe-
melle ou un jeune.
Le savacou tacheté de Brisson ne diffère qu'en ce que son
plumage est tacheté de brun. C'est probablement un jeune.
CesoiseauxsetrouventauBrésil,àlaGuyaneetà Cayenne.
(V.)
SAVALLE. C'esK à la Martinique, le Clupée cypri-
NOÏDE. (B.)
SAVANA. V. le genre Tyran, (v.)
SAVANES. On donne ce nom , en Amérique , aux prai-
ries basses et marécageuses qui sont au bord de la mer , et qui
servent de retraite à des reptiles dangereux de toute espèce.
Elles sont •rdinairemeqt couvertes de rosemi.x , de palétwîtrs
s A V 273
et de manceniliers , doni les fruits empoisonnent souvent les
poissons qui fréquentent ces rivages, (pat.)
SAVASTANIA. Scopoii donne ce nom au genre Tibou-
CHINA d'Aublet. (ln.)
SAVASTÈNE, Savasiena. Genre de plantes établi par
Schranck dans la famille des graminées. Il a pour carac-
tères : un calice commun de trois folioles carénées et pres-
que égales , renfermant deux fleurons , mâle et femelle ; la
première , à trois étamines libres ; et la dernière , a un ovaire
surmonté de deux styles.
Ce genre ne diffère pas de celui appelé Hiérochloé par
Gmelln, ÏORÉsiE par Ruiz et Pavon , et Disarrhène par
Labillardière. (b.)
SAVATELLE. Synonyme d'EscuDARDE. (b.)
SAVETIER. On donne vulgairement ce nom , aux envi-
rons de Paris , au Gastérostée épinoche, (b,)
SAYIE , Savia. Arbuste à feuilles alternes pétiolées , ova-
les-oblongues , aiguës, très-entières , glabres, à fleurs pe-
tites , réunies dans les aisselles des feuilles , qui croît à la
ISouvelle-Espagne, que Swarlz avoit réuni aux Crotons , et
que Willdenow croit devoir former un genre dans la dioécie
pentandrie et dans la famille destitbymaloïdes, dont les ca-
ractères sont : un calice de cinq folioles ; une corolle de trois
ou cinq pétales; un nectaire charnu en ses bords; dans les
pieds mâles , trois ou cinq étamines; dans les pieds femelles,
un ovaire surmonté de trois styles bifides. Le fruit est une
capsule à trois coques et à trois loges, (b.)
SAVI- JALA. Nom madegasse du Merle doré, (v.)
SAVINA de Pline. V. Sabika. (ln.)
SAVINIER. Un des noms de la Sabine, (b.)
SAVKI. Nom sibérien d'unpetlt Canard a bec bleu, (v.)
SAVON DE MONTAGNE , Ç Bergseife , Werner,
Reuss. , Schlotthelm , Stift. , moutaîn-soap ^ James). Ma-
tière argileuse , qui paroît intermédiaire entre la lilhomarge
et la pierre à foulon.WIedenmann et Napione pensent qu'elle
n'est qu'une variété de cette dernière pierre. Stift et Schlot-
thelm, qui l'ont fait mieux connoître que leurs prédécesseurs,
persistent à la séparer des autres espèces minérales du même
groupe.
Le savon de montagne est en masse , d'un noir de poix ou
brunâtre , avec des taches d'un jaune d'ocre ou d'un brun
enfumé , principalement dans les fissures. Il n'a pas d'éclat,
mais lorsqu'on le racle la surface devient luisante , caractère
qu'il partage avec l'arglle-smectite et les stéatites. Il est doux
et gras au toucher, c'est ce qui l'a fait comparer à du savon.
Il happe très-fortement à la langue et est très-tendre et facile
XXX. ï8
574 S A V
à casser; il laisse des traces sur le papier. Sa cassure esl
terreuse , à grain fin , quelquefois imparfaitement conchoïde.
Il n'est pas très-pesant.
C'est en Pologne, à Olkulzk, dans la Gallicie, que le savon
de montagne fut découvert ; mais depuis long-temps , on n'en
trouve plus. On dit qu'il se rencontre en couche dans les ba-
saltes du pays de Nassau; et, en couche, immédiatement
sous le sol , avec la terre à potier et l'argile commune , près
Waltershaus, en Thuringe. Il existe , dit-on, dans les trapps
de l'île de Skie , en Ecosse. Je crois que l'on confond ici
plusieurs substances , et j'ai lieu de penser que le savoû
de montagne, qui se trouve dans le basalte et dans les ro-
ches de trapp , appartient à la substance que j'ai nommée
céréoîilhe , qui , aux caractères donnés ci-dessus ( excepté
ceux de tacher et d'être happant) , joint ceux-ci : d'avoir la
fragilité et l'aspect mat de la cire , d'offrir diverses couleurs ,
d'être très-fusible en verre blanc, trèsbulleux , qui se ré-
duit en un émail blanc de lait ; en outre , de se dissoudre
dans les acides sans faire gelée ni effervescence. Ses prin-
cipes la rapprochent des substances zéolithiques. Dans la
variété découverte auprès de Lisbonne par Dolomieu ,
M. Laugier, à qui j'en avois communiqué des fragmens pour
les analyser , a trouvé :
Eau ao
Silice 47'^ •
Alumine o?^
Chaux 12,3
Fer oxydé.. 7
Perte 4,5
ICO G
Je dois faire observer ici que la céréolithe desbasalles a été
confondue avec la lithomarge et la stéatite, pierres infusibles.
C'est près de la première pierre, qu'on rapproche le savon de
montagne dans la méthode de Werner. Jameson fait observer
qu'on le trouve associé à la lithomarge et au bol , c'est-à-
dire , à l'argile bolaire , et que les peintres s'en servent en
guise de crayon. M. Brochant dit que le savon de montagne
se rapproche beaucoup delà pierre de lard (ouBildstein
de Klaproth et Werner) et du schiste bitumineux. Le savon
de montagne ne se délaie point, ni ne mousse point dans
l'eau, (lt^.)
SAVON NATUREL. On trouve à la Bomanèche , près
Mâcon , dans le manganèse oxydé , une argile d'une finesse
extrême , variée de rouge et de bleu grisâtre , dont les ouvriers
s A V 275
et les paysans des environs se servent en guise de savon pour
se raser. Elle se délaye aisément dans l'eau , et mousse jus-
qu'à un certain point. Cette propriété lui fait donner, dans le
pays, le nom de suQon. Elle ne happe point à la langue.
Elle est assez consistante pour se soutenir sous le tour, et on
peut en obtenir des vases de peu d'épaisseur, comme le
prouvent les essais faits par M. Arthaud , directeur duMuséu
des arts , à Lyon, (lis.)
SAVON DU VERRE ou DES VERRIERS. Noi»
qu'on a donné quelquefois à V oxyde de manganèse , qu'on mêle
dans la matière du verre pour faire disparoîlre les couleurs
qui en altèrent la transparence. V. Manganèse, (pat.)
SAVONETTE. Arbrisseau épineux de Madagascar,dont
le genre ne m'est pas connu, (b.)
SAVONETTE DE MER. Assemblage de petites ves-
sies de la grosseur d'un pois , jaunes, rondes, formant des
boules pourvues d'un pédicule , qu'on rencontre à la surface
de la mer Atlantique , et dont les matelots font usage pour
se laver les mains.
Il est des navigateurs qui regardent les savonettes de mer
comme appartenant au genre Alcyon , ce qui n'est" rien
iftoins que probable. On doit croire que ce sont des mollus-
ques voisins du Béroé , ou des œufs de Coquillages. Voyez
l'article suivan.t. (b.)
SAVONETTE DE MER. On appelle ainsi, sur nos cô-
tes , des masses rondes d'œufs de coquillages que la mer re-
jette souvent sur ses bords, et qui, écrasés, moussent comme
le savon. V. au mot Coquillage, (b.)
SAVONIER, Sapindus. Genre de plantes de l'octandrie
trigynie, et de la famille des Saponacées, dont les caractè-'
res consistent : en un calice de quatre folioles colorées , dont
deux extérieures; en une corolle de quatre pétales glanduleux
à leur base; en huit étamines; en un ovaire supérieur trian-
gulaire à trois styles à stigmate simple; en trois drupes bacei-
formes étroitement unis, dont deux sont sujets à avorter.
Ce genre renferme des arbres à feuilles ailées ou ternées,
et à fleurs disposées en panicules terminales. On en compte
«ne quinzaine d'espèces , qui croissent dans les parties les
plus chaudes de l'Inde et de l'Amérique, et dont le plus im-
portant à connoître est le Savonier commun, tiguré pi. P. 21
de ce Dictionnaire, qu'on trouve dans les Antilles et dans le
Brésil. C'est un arbre de moyenne grandeur, dont les folio-
les sont lancéolées et leur pétiole cominan ailé. On emploie
ses fruits en guise de savon pour laver le linge. Ils sont irès-^
corrosifs, et ont besoin d'être écrasés dans une grande quan-
tité d'eau pour ne pas gâter le linge. On s,' an sert aussi pour
276 s A X
endormir le poisson, et par ce moyen , le prendre facilement
avec la main, (b.)
SAVONIERE. V. Saponaire, (b.)
SAVORÉE. Nom vulgaire de la Sarriète. (b.)
SAVORREGIA. V. Coniella. (ln.)
SAWKI. Le canard à longue queue de Terre-Neuve
porte ce nom chez les Kamlchadales. V. Tarlicle des Ca-
MARDS. (s.)
SAXATILES. On donne généralement ce nom à tous
les animaux et à toutes les plantes qui habitent de préfé-
rence parmi les rochers, dans les lieux pierreux; mais on
l'applique plus particulièrement aux poissons de mer qu'on
prend rarement au filet , parce qu'ils se tiennent constam-
ment cachés dans les trous de rochers, sous les pierres, etc.
(B.)
SAXICAVE, Saxicaoa. Genre de coquillages établi par
Fleuriau-de -Bellevue. Il offre pour caractères : une coquille
transverse, inéquilatérale , bâillante, sans dents , ni callo-
sité , ni fossette , et dont le ligament est extérieur.
Ce genre contient cinq espèces, dont une se trouve dans
les pierres aux environs de la Rochelle, où elle se creuse un
trou qui est ovale comme elle , et que , par conséquent , elle.
Tîe peut augmenter par un mouvement de rotation a la ma-
nière desPnOLADES. Fleuriau-de-Bellevue croit qu'elle em-
ploie pour cela un acide phosphoreux. Voyez Rupellaire.
Cette coquille est plate , allongée, à valves contournées
<'l à stries grossières, plus fortes à la partie antérieure. Sa
grandeur est d'environ un pouce. Des quatre autres, une est
le mytilus rugosus^ et l'autre le mylilus pholadis de Linnceus.
/'. Moule. (b.)
SAXIFRAGA. Peu de noms ont été appliqués à autant
de plantes différentes que celui-ci, qui signifie en latin brise-
pierre. On attribue en effet à ces diverses plantes les pro-
priétés de dissoudre et chasser dehors les calculs de la ves-
sie , et de provoquer la sortie des urines.
Dans presque tous les exemplaires anciens de Diosco-
ride , il y a un article saxiphragon qui paroît apocryphe ,
c'est-à-dire surajouté à l'exemplaire original ; ce qui le fait
soupçonner, c'est le titre de l'article, qui est plus latin que
grec, car Dioscoride est dans l'usage de se servir d'un titre
grec. Voici cet article :
« Les Grecs appellent le saxiphragon, sarxiphragon ou
sarxiphagon, et les Latins saxifraga. C'est une herbe très-
rameuse , semblable au thym ( dans quelques exem-
plaires on lit : epithymon au lieu de thymon , ce qui a fait
croire qu'il s'agissoit de la cuscute), et qui croît parmi les
s A X .;7
rochers et dans les lieux arides. Sa dccoclion dans Is
vin , bue chaude, est fébrifuge. Celte plante sert à ceux
qui ont des rétentions d'urine ; elle apaise le hoquet , brise
les calculs et est diurétique. »>
Galien nous apprend que Ton nommoit saxîfraga , le beto-
nica on cestron, notre betoine officinale, qui croissoil dans les
Gaules ; c'est ce qui fait que Paul i^ginet a pris le hetunica
pour le saxijraga.
Quoique Pline fasse connoître diverses plantes en usage
pour guérir de la pierre , il ne donne à aucune le nom de
saxifragu.
IVIatlhiole et Daléchamp présument que le satureia Juliana
est le saxiphragon de Dioscôride. Mais presque tous les bo-
tanistes qui les ont précédés ou suivis ne sont pas de la même
opinion ; beaucoup d'entre eux nomment saxifraga ou saxl-
fragia , notre Saxifrage commune ( Saxifraga granulala^ L,),
ou notre grand Boucage {^Pimpinella magna') , qui ne peu-
vent être la plante de Dioscôride, et qui ne. ressemblent
point au Thym. Le saxiphragon nous est donc inconnu. Les
botanistes avant Linnseus ont donné ce nom , devenu ( ol-
leclif, à un grand nombre de plantes différentes ; et ce qu'il
y a de remarquable, très-peu de ces plantes appartiennent
au genre saxifraga des bolaiîistes actuels. Le plus grand nom-
bre appartient à la famille des ambeilifères. Les plus remar-
quables sont les suivantes :
Saxifraga et saxifragia^ \e pimpinella magna.
Sax. altéra (Lac. , Ceesalp. , Prosp. Alp. , etc. ) , les mcli'
lotus ojficinalis , aspcrula cynanchica , saponuria cretica. L. , etc.
Sax. anglica (Lob. ) , le scleranthus annuus., L. On a donné
aussi ce nom à Vaplianes arvensis , L.
Sax. annua {'Mons.'), \es seseli ammoîdes ^ glaucuin., çtc.
Sax. antiquorum ( Lob.) ou silène saxifraga ., L.
Sax. aurea (Dod. , Lob.) , les chrysosplenium oppositifolium ^
L. ou DORINE.
Sax. bavarica (Rai). C esvV arenaria bavarica. L. J. Came-
rarius paroît indiquer sous ce même nom le silène saxi-
fraga , L. _ .
Sax. cornubia (^Moris. ). C'est le ligusticum cornubiense, L.
Sax. graminea ( Rai ) ou sagina procumbens ^ L.
Sax. hircina {tioà..., J.B.,ctc. ), pimpinella ni gra, Willd.j
magna., L. , etc.
Sax. lutea ( Gesn. ^Yuchs.). ^xemiples^: thalicirum floifum ,
melilolus officinalis. •
Sax. magna. Matthiole nomme ainsi le silène saxifraga. Do-
donée et plusiems autres botanistes emploient ce nom pour
désigner \*^ nimpiatUa magna.
578 s A X
Sax. major , Lobel et Gesner ; c'est la même plante que
celle citée à l'arlicle précédent.
5arr. 7n/«or(Brunsfels., Geshan, Dod.,etc.). Celte déno-
mination a été appliquée, i." à diverses fougères , kVadian-
iliumcapiUusvcneris^zwL asplenium trichomanes , aàianthum ni-
grum, ruta muraria et ceterac ; 2.» à des boucages, pimpinelta ni-
grci^ AV. et saxifraga , L.
Sax,. montana. Les scseli môntanum et Vœthusa liinius ont
été indiqués sous cette dénomination par Morison.
Sax.pannonica ( Glus.)- C'est le seseli hippomarathrum , L.
Sax. paroa ( Dod. ). C'est \e pimpinella saxifraga., L.
Sc^x. romanorum , Daléchamp. C'est le sisymhrium polycera-
iion., Linn. , selon C. Bauhin , qui fait observer que Dalé-
champ figure pour cette plante la Dorine , chtysosplenium
opposiiifoUiim^ Liun.
Sax. ruhra (Tab., Brunsfels.). Exemples : asplenium tricho-
manes , physalis alkekengi ., L. , et spirœa fiUpendula ., L.
Sax. venetorum ( Lob. ). C'est Vathamantha cervaria , L.
Sax.vera (Matlh., Dod.). C est le satureiajuliana, espèce
de Sarriète.
Sax. vulgaris. Clusius désigne ainsi et par 50a;. pimpifella ,
deux espèces de BoucAGE ( pimpinella magna et saxifraga ).
Le pimpinella dioîca , Vathamantha oreoselinum. L. , . le litho-
spermum officinale L. ; le satureia montana^ etc., etc., sont en-
core au nombre des anciens 5<2ar//rû!j§'«.
Le genre saxifraga des botanistes modernes comprend les
genres saxifraga et geiim de Tournefort, dont le second con-
tient les espèces à ovaire supérieur, tandis que dans le pre-
mier, il est semi-inférieur. Ce genre compte un grand nom-
bre d'espèces, presque toutes d'Europe. De ces espèces, deux
seules, les saxifraga granulata et bulbifera., forment conjoin-
tement avec le chrysospicnium opposîtifolium., le saxifraga de C.
Bauhin , Pin. , et presque toutes les autres espèces rentrent
dans ses cotylédon et scdiim. Medicus et Moench ont fonde
leur genre sekika sur le saxifraga stolonifera. L. Borkbausen
le nomme diptera.YjC mcm.e Moench rétablit le geum de Tour-
nefort, et il fait du saxifraga crassifolia un genre qu'il appelle
bergenia, qui diffère du sa t;///iïg'a par le calice ovale à cinq
divisions obtuses, portant les étamines,et par l'ovaire entiè-
rement libre. V. Saxifrage. (Lisf.)
SAXIFRAGE, Saxifraga. Genre de plantes de la décan-
drie digynie , et de la famille de son nom , dont les ca-
ractères consistent en : un calice à cincp divisions; une corolle
de cinq pétales; dix étamines; un ovaire supérieur ou demi-
supérieur , ovale , surmonté de deux styles persistans ; une
capsule uniloculaire et polysperme , s'ouvrant par un trou
s A X 279
situé entre les deux pointes, qui varie un peu dans sa struc-
ture, mais qui est d'une forme en général turbinée, termi-
née par deux pointes ou cornes réfléchies.
Ce genre , qu'on appelle aussi rompt-pierre , parce que les
espèces qu'il contient viennent ordinairement dans les fen-
tes des rochers , parmi les cailloux, renferme des plantes
herbacées à feuilles alternes ou rarement opposées, souvent
charnues , entières ou découpées, quelquefois toutes radica-
les , à fleurs tantôt disposées en thyrse, tantôt en corymbe ,
tantôt en panicule terminale , quelquefois même solitaires.
On en compte près de quatre-vingts espèces, la plupart pro-
pres aux montagnes les plus élevées de l'Europe.
Les plus communes ou les plus remarquables de ces espè-
ces sont :
La Saxifrage cotylédon , qui a les feuilles radicales réu-
nies en rosettes, lingulées, cartilagineuses, dentées, la tige
en panicule feuillée , et le calice garni de poils glanduleux.
Elle est vivace , et se trouve dans les Alpes. C'est, lorsqu'elle
est en fleur , une assez belle plante,'qui s'élève quelquefois à
un pied. Elle fournit plusieurs variétés.
La Saxifrage bryoïde a les feuilles lancéolées , mucro-
nées, cartilagineuses en leurs bords et ciliées; sa lige est nue,
pauciflore,et les divisions de son calice sont obtuses. Elle est
vivace, et se trouve dans les Alpes, les Pyrénées et autres
montagnes élevées. Elle forme sur les rochers de petits ga-
zons fort denses, qui semblent être de mousse lorsqu'ils ne
sont pas en fleur.
La Saxifrage a feuilles épaisses a les feuilles ovales,
rétuses, un peu dentelées et pétiolées, la tige nue et les fleurs
réunies en tête. Elle se trouve dans les Alpes de Suisse et de
Sibérie. Elle ne s'élève que de quelques pouces. C'est une
des dernières plantes que l'on rencontre avant la ligne des
neiges éternelles. Onla cultive dans nos jardins.
La Saxifrage des neiges a les feuilles ovales, crénelées,
presque scssiles ; la tige nue et les fleurs ramassées en tête.
Elle se trouve dans les mêmes endroits que la précédente.
Peu de temps suffit pour compléter la révolution de son dé-
veloppement. Elle n'est souvent pas plus de quinze jours dé-
couverte , et pendant cet intervalle, elle pousse, fleurit et
amène ses graines à maturité.
La Saxifrage a feuilles opposées a les fcLÙlles oppo-
sées, imbriquées, ovales, celles du sommet ciliées. Elle est
vivace et se trouve dans les Alpes de la Suisse , dans les Py~
rénées etenLaponie. C'est une petite plante rampante, qui
fournit plusieurs variétés , et dont les fleurs sont presque ion -
jours solitaires.
28o s A X
La Saxifrage a feuilles rondes, qui a les feuilles réni-
formes, déniées, pétiolées ; la tige en panicule , et le germe
semi-inférieur. Elle est vivace, et se trouve sur les monta-
gnes des Alpes. C'est une de celles qui se conservent le plus
aisément dans les jardins.
La Saxifrage granuleuse ou la Saxifrage blanche ,
qui a les feuilles réniformes , lobées; la tige rameuse ; la ra-
cine tuberculeuse et le germe semi-inférieur. Elle est vivace,
et se trouve par toute l'Europe , dans les lieux sablonneux et
arides. Elle s'élève à plus d'un pied , et ses fleurs sont blan-
ches. L'infusion de cette plante dans du vin blanc passe
pour être apéritive, et pour provoquer les menstrues.
La Saxifrage penchée a les feuilles palmées et pétiolées;
la tige très-simple , uniflore et bulbifère. On la trouve dans
les Alpes de la Laponie. Elle est vivace. Sa Heur est fort
grande et recourbée.
La Saxifrage tridactylite qui a les feuilles cunéiformes,
trifides, alternes ; la tige droite et rameuse. Elle est an-
nuelle, et se trouve très-abondamment dans toute l'Europe,
aux lieux arides et sablonneux, sur les vieux murs, etc. Elle
ne s'élève qu'à deux ou trois pouces, et fleurit une des pre-
mières au printemps. On la regarde comme un spécifique
dans la jaunisse et les écrouelles. On l'appelle la saxifrage
rouge ^ parce que lorsqu'elle croît dans des lieux exposés au
soleil, sa tige et ses feuilles se colorent en rouge.
La Saxifrage des ROCnERS,qui a les feuilles cunéiformes,
les radicales tantôt entières, tantôt tridentées;celles de la tige
à cinq dents, et celles du sommet à trois. Ses pédoncules
sont triflores. Elle est annuelle, et se trouve dans les Al-
pes.
La Saxifrage musquée, qui a les feuilles radicales agré-
gées , entières ou trifides , aiguës , linéaires ; la tige vis-
queuse , presque rameuse , et les pétales de la longueur du
calice. Elle est vivace et se trouve sur les Alpes de Suisse et
d'Allemagne. Ses fleurs ont une odeur fort agréable.
La Saxifrage cymbalaire, qui a les feuilles en cœur,
trilobées ou entières , et la tige rampante. Elle se trouve dans
l'Orient.
La Saxifrage HYPNOïDE , qui a les feuilles linéaires, en-
tières ou trifides ; les rejetons rampans ; les tiges droites et
presque nues. Elle se trouve dans les Alpes et les Pyrénées.
Un seul pied couvre quelquefois des espaces considérables
d'un gazon très-dense. On la cultive dans quelques jardins à
cause de cette propriété.
La Saxifrage dorée. C'est la Dorinê. ( Le comte
r. I
/ . ,lVv y. ////■<
.'' , Stii'iJi^'r/
4 . (\iiiiirJ SiU'ccllc (/<' la Chine ■
s A X n3i
(le Sif rnberg a fait une monographie de ce genre , qu'il a
enrichi d'un grand nombre d'espèces nouvelles et de figures
d'une exécution médiocre ).
La Saxifrage des prés. C'est la LivÈcaE des vKtsÇpeu-
eedanum silaus , Linn. ).
La Saxifrage pimpreneij.e. Espèce deBoucAGE.
La Saxifrage maritime. Nom qu'on donne, dans quel-
ques ports de mer, à la Criste marine.
La Saxifrage PYRAMIDALE. C'est la Jourarbe.
La Saxifrage tubéreuse. C'est le Septas, au Cap de
Bonne-Espérance, (b.)
SAXIFRAGÉES. Famille de plantes dont les caractères
sont d'avoir : un calice à quatre ou cinq découpures persistan-
tes;une corolle rarement nulle, plus souvent formée de quatre
à cinq pétales insérés au sommet du calice et alternes avec
ses découpures ; des étamines ayant la même insertion que
la corolle, en nombre égal à celui des pétales ou en nombre
double; un ovaire simple, supérieur ou inférieur dans un;
plus ou moins grande partie de son étendue, à deux styles
et à deux stigmates persistans.
Le fruit est capsulaire , terminé par deux pointes bivalves
au sommet, et s'ouvrant par un trou entre les deux pointes,
uni ou biloculaire , à cloison formée dans les fruits bilocii-
laires par les bords rentrans des valves, à semences nom-
breuses , portées sur la cloison ou insérées au fond de !a
capsule , à périsperme charnu , à embryon droit et à radi-
cule inférieure.
Les plantes de cette famille ont une racine fibreuse ou ra-
meuse , quelquefois tubéreuse; leurs feuilles, le plus souvent
simples , charnues et succulentes dans quelques espèces, sont
radicales lorsque la tige est scapiforme , et alternes ou plus
rarement opposées lorsqu'elle est caulescente. Les fleurs ,
presque toujours hermaphrodites, affectent différente» dis-
positions.
Ventenat rapporte à cette famille, qui est la quatrième do
la quatorzième classe de son Tableau du. Règne Végétal, et
dont les caractères sont figurés pi. i8, n.° 4i du même ou-
vrage, douze genre sous quatre divisions, savoir:
i.° Les saxifragées herbacées ^ dont la corolle est polypétale:
Tiarelle, Mitelle , Heuciière et Saxifrage.
2.° Les savifrugées frnfesceniei ou arborescentes ^ dont la co-
rolle est polypétale : Hydrangée , Hortense , Tanrouge
et CUNONE.
3° Les genres qui ont de l'affinité avec les saxifragées ^ et
dont la corolle est double : Dorine et Moscatelle.
4..° Les genres qui tiennent le milieu entre les saxifragéej
et les eactdides^ Cercode et Groseillier.
282 vS C :V
La famille des Cunonacées doit être établie aux dépens
de celle-ci, au dire de R. Brovvn.(B.)
SAXIFRAGIA et SAXIFRAGUM. Synonymes de
saxifmga dans les anciens ouvrages de botanique, (ln.)
SAXIN , Mus saxatlHs , Pallas. Petit rongeur de Sibérie,
qui appartient au genre Campagnol. V. ce mot. (desm.)
SAXUM. Ce mot latin, qui signifie Pierre brute, a été
employé par les naturalistes pour désigner les minéraux mé-
langés, comme les roches, et même des espèces de pierres
qui se trouvent en masses amorphes, (ln.)
SAYACOU. Nom brasilien d'un Tangara. V. Tangara
SYACOU. (v.)
SAYACU. C'est ainsi que, dans son Ornithologie^ M. Sa-
lerne a écrit le nom du Syacou. V. ce mot. (s.)
SAYAU. C'est, aux Philippines, le nom de la Salaî^gane.
V. ce mot. (s.)
SAYGOU. V. Tangara syacou. (v.)
SAYRIS , Sayris. M. Rafinesque-Smallz propose ce nom
déjà employé par Rondelet, pour remplacer celui de ScoM-
iiRÉsocE donné par M. le comte de Lacépède à un genre de
poissons. Il décrit deux nouvelles espèces de ce genre : i.°son
sayris Am/25,qui a cinq nageoires dorsales et six anales, les pre-
mières présentant dix-huit rayons; et 2.° son ^ajm bimacula-
iiis , qui a huit nageoires dorsales et huit anales, et dont le
corps est marqué de deux lâches bleues de chaque côté der-
rière l'anus.
Ces poissons sont des mers de Sicile, le premier est l'es-
pèce de ce genre qui y abonde le plus. (DESM.)
se ABIÉUSE (FAUSSE ). C'est la Jasione des monta-
gnes. (B.)
SCABIEUSE, Scahiosa , Linn. ( ièlrandrie monogynie ).
Genre de plantes de la famille des dipsacées, qui a pour ca-
ractères : un calice commun , formé de folioles disposées
sur une ou plusieurs rangées , multiQore; des fleurs portées
sur un réceptacle convexe, et muni souvent de paillettes ; un
calice propre, double, adhérent, persistant, l'extérieur
court, membraneux ou scsrieux, plissé, l'intérieur rarement
plumeux, ordinairement à cinq arêtes; une corolle en tube
oblong, tivec un limbe à quatre ou cinq lobes souvent iné-
gaux; quatre éîamines saillantes; un stigmate obtus, échan-
cré ; des semences ovales-obiongues, couronnées parle ca-
lice propre.
Les scabieuses sont des herbes ou sous-arbrisseaux qui ont
les feuilles simples ou ailées; les Heurs ordinairement termi-
nales; les corolles extérieures souvent plus grandes et irré-
gulières.
s G A 283
Ce genre , aux de'pens duquel, ceux appele's Astérocé-
PHALE et LÉPicÉPiiALE Ont été établis, renferme plus de
soixante espèces, dont les plus remarquables sont :
La ScABlEUSE DES CHAMPS , Scabiosa aivensis, Linn. , dont
le caractère est d'avoir la racine droite , longue; la tige ronde,
velue, rude, creuse; les feuilles inférieures ovales, lancéo-
lés, dentées, les supérieures comme pinnées; les fleurs qua-
drifides , placées au sommet des tiges, d'un pourpre pâle,
et paroissent au mois de juin. Cette espèce, qui croît natu-
rellement en Europe , présente plusieurs variétés.
« On fait avec celte plante un sirop qui est très-bon
pour les maladies de la peau, pourvu qu'on bassine en même
temps les parties malades avec sa décoction , à laquelle on
aura associé un peu d'eau - de - vie camphrée : on recom-
mande aussi cette décoction pour les dartres. » Flor. écon.
des env. de Paris.
La SCABIEUSE NOIRE-POURPRE OU la VEUVE , Scabiosil airo-
purpurea^ Linn. Dans cette espèce, les tiges sontrameuses, les
feuilles disséquées, les fleurs quinquéfides ; le réceptacle
des fleurs allongé; les corolles d'un pourpre noirâtre; les
anthères blanches. Elle produit un bel effet dans les jardins,
par la touffe de ses fleurs d'une couleur peu commune. Elle
est originaire des Indes, annuelle, et se sème au printemps.
La SCABIEUSE A FLEURS BLANCHES , Scahiosa leucanfîia ,
Linn. Plante glabre, lisse, des pays méridionaux. Calice
court; paillettes du réceptacle obtuses; corolle à quatre di-
visions non rayonnantes; fleurs toujours blanches; feuilles
très-découpées ; tels sont ces caractères.
La ScAClEUSE MORS DU DIABLE, Scabiosa succisa, Linn.;
racine vivace , courte , fibreuse, comme mordue et rongée
dans le milieu; tiges de deux pieds, simples , rondes, fer-
mes, velues, rameuses; les branches rapprochées, portant
deux petites feuilles opposées à chaque articulation ; les
fleurs au sommet ; les corolles à quatre divisions. Tous les
bestiaux, excepté les cochons, aiment cette espèce , qui
croît dans les pâturages argileux.
« On l'emploie pour la teinture {Flor. écon. des eno. de
Paris. ). Le suc que ses feuilles contiennent est de la nature
de celui du pastel, à l'exception quil est d'un vert pur el
parfait. Les Suédois en font beaucoup d'usage pour teindre
les étoffes de laine : on prépare ses feuilles comme celles du
pastel ; on doit les cueillir au mois de mai ; elles contiennent
pour lors le suc le plus riche et en plus grande abondance. »
La ScABiEUSE COLOMBAIRE, Scuhiosa columharia , Linn. ;
à feuilles radicales ovales et crénelées ; celles de la tige
f)innées. Les corolles sont rayonnantes et à cinq divisions.
28; s C A
Elle croît communément dans les pressées; elle donne, en
juillet et août, des (leurs bleues, (d.)
SCABIOSA. Ce nom dérive du latin scabies ., gale, ou
de l'adjectif s^«/y/o56;, galeuse , en sous-entendant herbe. Il a
été donné anciennement à la scableusc des champs , soit
parce que cette plante est âpre et rude au toucher, soit parce
qu'on dit qu'elle guérit de la gale. C'est sur cette qualité vraie
ou supposée que l'on croit que c'est le psora , plante que
Aetius ne fait que nommer, et qui devoit son nom grec à
la même cause. Rien ne prouve que ce soit le stoebeA^t Dios-
coride , comme beaucoup d'auteurs l'ont avancé ( V- sloehe).
Le centaiirea scabiosa a été aussi pris pour le psora. Tragus
paroît être le premier qui ait décrit la scabieuse des champs,
sous le nom de scabiosa. Brunfelsius l'a appliqué à la cen~
iaurea que nous venons de citer. Depuis eux, jusqu'à C Bau-
hin, les botanistes ont désigné par scabiosa un petit nom-
bre de centaurées (parmi lesquelles est la jacée), et surtout
un grand nombre de scabieuses. Csesalpin y comprenoit
même le scabiosa succisa^ Linn., ce que tous les botanistes de
son temps n'avoient point fait ( F.succisa), Lobel et Do-
donée ont décrit aussi le Jasione montann, Linn. , sous l'épi-
thète de sabiosa. Les botanistes qui ont succédé à C. Bau-
hin, jusque et non compris Tournefort, ont continué à n'ê-
tre pas d'accord sur les plantes qu'il falloit considérer seule-
ment comme àts scabiosa. On voit, sous cette dénomination,
dans leurs écrits , quelques espèces de globularia (Moris Pluk.);
Vechinops sirigosiis ( Herm. ) ; V elephantopus caiolinianus
( Sloan. ) ; Veclipta erecta ( Pluk. ) ; le cephalantlius occidenta-
lis (Pluk.) ; et plusieursnouvelles espèces de vraies scabieuses.
Toutes ces plantes n'ont de commun que leurs fleurs ramas-
sées en tête terminale , ronde ou héniispbérique. Tournefort
ne laissa pas subsister un pareil désordre, et ne voulut
donner le nom de scabiosa qu'au genre nommé encore
ainsi, mais comprenant le knaulia , Linn. Cependant Vail-
lant, quelques années après Tournefort , prit pour objet
particulier de ses études, les scabieuses et la famille qui les
contient; il fut conduit à établir les genres scabiosa oùren-
troit encore le knautia L. ; le succisa, Vastewcephalus elle
pterocephalus. Linnœus n'approuva point celle séparation, et
en ôtant le knaidia, il réunit tous les autres genres en un seul.
Adanson se refusa à cette réunion , et redivisa ainsi les sca-
biosa en quatre: knautia^ scabiosa (^succisa,^ ail.) ; aslerocepha-
lus el pterocephalus. Necker adopta les genres de Vaillant en
désignant V asierocephabis fOur \(t cbefasirum. Moer\ch a cru de-
voir adopter quatre genres, le succisa d'Haller, où rentre
\asleroKephalus et partie du succisa de Vaillant ; le scabiosa
d'Haller, \q pterocephalus de Vaillant, elle knaulia^ lÀnn. ^
s C A 2B5
èe ce qui précède , il résulte que tous les botanisl^'^^sdparent
ce dernier genre , et que quant aux autres , on a persisu; à
les réunir jusqu'à Willdenow et Persoon. Daus^e«5i$ dt'i-
niers temps , Lagasca a voulu renouveler les ancien-tiiis' idées
de séparation et diviser les scabieuses en genres, savoir:
kpice^kulus , usierocephalus , Yaill. ; scabiosa , VaîH. ; knauliuf
Linn. ; pleror.ephalus , Vaill. , Rœmer et Schultes , dans le
troisième volume de leur Systema Vegetabilium.., présenlent
les scabieuses sous trois genres , avec Scbréd^ ; savoir :
i.** Cephulan'a , qui est le cenonanthus y S^holt, , et qui
comprend le icpicephalus elle pierucephalus dliiLBg^scai.
2." Trichera, dénomination qui n'est point heureuse, puis-
que c'est dans ce genre, que rentre la piatOte qui a porté
la première le nom de scubiusa; Laga^çà; avoit ainsi dé-
signé ce genre, t t.- i:
3.** Scabiosa^ qui est le sclerostemma de Scholt, et qui com-
prend Vasterocephalus, Vaill.; le succisa, Vaill.; partie à\xsca^
hiosa^ et quelques espèces de knautia.
Ces trois genres comprennent cent dix espèces. Tous
ces changemens sont extrêmement arbitraires dans un
groupe qui est fort naturel, et il est probable que les natu-
ralistes se refuseront à admettre de pareilles partages qui
dégoûtent de la botanique , et qui ne font qu'embrouil-
ler son étude. Cependant, il ne faut point repousser les
changemens , lorsqu'ils deviennent très - nécessaires et
qu'ils sont exigés par des caractères positifs; par exemple,
c'est avec raison qu'on a ôté du genre scabiosa, Linn. , le sca-
hiosa sy npaganthera Ae. Ruiz et Pavon, type du genre boopi.^ de
Jussieu , et d'une famille particulière et qu'on y a mis
quelques espèces de knautia. C'est encore avec raison qu'il
faudra probablement adopter le genre diototheca de Kafines-
que Schmaltz, qui a pour type la scabieuse décrite parle
voyageur Robin , dans sa Flore de la Louisiane. Le dioiolheca
repens , Raf. , est une herbe qui croît dans les parties dé-
couvertes le long du Mississipi , dans la Louisiane, a huit
pouces de hauteur et est rampante ; ses caractères sont : tige
tétragone; feuilles opposées, pétiolées, dentées, scabres ;
fleurs axillaires, composées : i". d'un calice commun à plu-
sieursfoliolesimbriquées, scarieuses; 2°. d'unréceptacleécail-
leux à écailles plus courtes , scarieuses et colorées ; 3". d'un
calice propre, adhérent, bifide; 4-*'- d'une corolle irrégulière,
quadrifide , à découpure supérieure plus courte , émarginée^
et découpures inférieures plus longues ; S", de deux étamines
courtes insérées sur le tube de la corolle; 6*^. d un style à un
stigmate simple ; le fruit est un akène ovale, monosperme.
Ce genre paroit avoir des affinités avec le marina eii al/ioniay
386 S C A
dont il diffère par le port , et la forme du calice commun.
V, SnABIEUSE. (LN.)
SCABRIÏE , Scabrita. Genre de plante qui n'est autre
que la Nictante. (b.)
SCACK. F.ScH/vcH.(s.)
SCADAVALI-KELANGU. Nom malabar d'une es-
pèce d' Asperge saRMENTEUSE {asparagus sarmentosus). (LN.)
SCADICCAALI. C'esirEuPuoRBETiRUCALi,dont on fait
usage dans l'Inde contre les maladies vénériennes, (b.)
SCj^VE, Scœm. Genre d'insectes diptères, établi par
Fabricius , et dont les espèces sont placées par nous dans
les genres Syrphe et Parague. (l.)
SCALAIRE, Scalaria. (àenre de testacés de la classe des
Univalves, qui offre pour caractères : une coquille sub-
turriculée , garnie de côtes longitudinales élevées, tranchan-
tes, décurrentes un peu obliquement dans toute la longueur
de la spire, à ouverture arrondie, dont les deux bords sont
réunis circulairement et réfléchis.
Ce genre, auquel Léach a donné le nomd'AciGNE, faisoit
partie des Sabots {IwLo, Linn.) , et avoit d'abord été réuni
par Lamarck, qui l'a établi , avec ses Cyclostomes. Il ren-
ferme un petit nombre de coquilles, dont une est fameuse
par les prix exorbitans auxquels elle a été portée il y a peu
d'années : c'est la scalata.
Les naturalistes ont beaucoup varié sur la place que devolt
avoir cette coquille dans l'ordre conchyliologique. Rumphius
en faisoit un buccin ; Dargenville , une vis ; Gualliéri , Fa-
vannes et autres, l'ont mise au nombre des tuyaux^ parce
qu'elle n'a pas de columelle , partie qu'ils regardoient comme
essentielle aux coquilles proprement dites.
La scalaire figurée pi. B. 25, sous le nom de Cyclos-
TOME , est une coquille fort élégante , à sept tours de spire
allongés et séparés par un intervalle vide,' avec dix à douze
côtes longitudinales élevées , qui se réunissent pour former
«n bourrelet autour de la lèvre. Elle n'a point de columelle,
les côtes en tiennent lieu.
On a cru , pendant long-temps , que la scalata venoit des
Grandes-Indes et de la Chine. On rapportoit que sa rareté
provenoit de ce qu'elle servoit d'ornement aux femmes riches
de ces pays. On sait aujourd'hui qu'elle se trouve dans la
Méditerranée , sur la côte de Barbarie , et on doute qu'il s'en
trouve à Amboine , malgré l'autorité de Rumphius et de Va-
lentin-, aussi est- elle beaucoup tombée de prix, puisqu'on a
pour douze francs ce qui valoit cent louis il y a vingt ans.
L'animal qui habite la scalaire, au rapport de Plancus ,
est un Gastéropode à tête munie de deux tentacules, qui se
s C A. 287
terminent chacun par un filet, et qui soutiennent des yeux
placés à leur base ; sa trompe est rélractile en forme de lan-
guette, et il est pourvu d'un petit opercule discoïde. Le même
auteur a cru que c'étoit d'une espèce de ce genre , la jausse
scalata {iurho dathms , Linn.) {V. Cyclostome.) , dont les
anciens retiroienl la pourpre violette.
On connoît huit à dix espèces de scalaires, toutes de !a
Méditerranée, dont les deux plus remarquables 'sont :
La Scalaire scalâte, qui est conique, dont les tours de
spire sont distans , divisés par dix côtes longitudinales con-
tinues.
La Scalaire grille, qui est lurriculée, non ombiliquée,
dont les tours de la spire sont contigus et divisés par quinze
côtes longitudinales.
Trois espèces fossiles de ce genre sont figurées pi. 16 de
la Conchyliologie minérale de la Grande-Bretagne, par
Sowerby. (b.)
SCALARUS. Denys-de-Montfort sifbstitue ce nom lati»
à celui de scalaria^ donné par M. de Lamarck an genre Sca-
laire, (desm.)
SCALATA. Coquille du genre Scalaire, (b.)
se ALATIER. Animal de la Scalaire. Il a deux tenta-
cules portant les yeux au milieu , et un opercule discoïde.
(B.)
SCALIAS de Théophrasle est rapporté par Adanson à
I'Artichaut. (ln.)
SCALIE, Scalia. Genre de plantes établi par Curtls dans
la syngénésie superflue, pour placer une plante vivace de la
Nouvelle-Hollande, dont les feuilles sont alternes, lancéolées,
entières; les fleurs jaunes et terminales. Ses caractères sont :
rayons infundibuliformes, irréguliers; réceptacle nu: aigrette
sessile, velue, hérissée.
Ce genre paroît différer fort peu du Podolèpe de Labil-
lardière. (b.)
SGALIGERA. Adanson nomme ainsi le genre aspalalhus^
Linn. (ln.)
se ALIGNE et Ascalonia. Ces deux mots désignent,
dans les anciens ouvrages de botanique,rEcHALOTTE {allium
uscalonicum, L. ). (LN.)
SCALO-BARRL Nom provençal du Grimpereau de
MURAILLE. (V.)
SCALOPE, Scalops, Cuv., Geoff, IlHg.; 5orea;, Linn. ;
Taipa , Shaw. Genre de mammifères carnassiers , de la fa-
mille des insectivores, et de la première tribu de cette famille,
:28>.i S C A
c'esl-à-dire , de celle qui comprend les insectivores à deux
longues incisives en avant, suivies d'autres incisives et de
canines, toutes plus courtes même que les molaires.
Les deux incisives supérieures sont larges , planes et tron-
quées en biseauà leur extrémité; lesinférieurcssonlconiques,
droites, assez longues, écartées Tune de l'autre; et, dans leur
intervalle , et un peu en avant, il y en a deux très-petiles. A
la mâchoire supérieure , il y a un espace inlerdentaire après
les incisives; à l'inférieure, les dents qui remplacent les ca-
nines suivent immédiatement; elles sont coniques, et vont
graduellenjent en grandissant vers le fond de la mâchoire , où
elles se changenten molaires à couronne garnie de tuber-
cules aigus. Le museau est très-prolongé, en forme de trompe,
cartilagineux à l'exlrémité ; les yeux sont très-petits, et les
oreilles externes manquent tout-à-lait. Les pattes antérieures
sont très-courtes et fort larges; les doigts, au nombre de
cinq , sont réunis jusqu'à la dernière phalange ; les ongles
sont fort longs, aplatis , linéaires et propres à creuser la terre;
ils vont en croissant depuis le pouce jusqu'au troisième , y
compris les deux autres diminuent , et l'externe est le
plus petit de tous. Les pieds de derrière sont très-petits,
très-grêles, et à cinq doigts armés d'ongles fort minces et
aigus. La queue est courte. Tout le corps, dont la forme gé-
nérale est plus allongée que dans les taupes, est couvert d'un
poil fort doux.
liC scalope vit à la manière des taupes, et se creuse, comme
elles, des galeries souterraines. Il eslpariiculier à l'Amérique
septentrionale. On le trouve piincipalemenl le long des ri-
vières.
On a placé pendant quelque temps cet animal avec la
Taupe a museau étoile d'Amérique, dont llliger a forme
son genre condylure ; mais ses caractères l'en éloignent.
M. Frédéric Cuvier a décrit les dents du desman de Mos-
covie sous le nom de scalope^ dans le tome 12, page 4.'^? tl^s
Annales du Muséum ; mais il est évident que cette méprise
n est due qu'à une faute typographique.
Espèce unique. — Le ScALOPE DU Canada , Scalops canaden-
sis, Cuv. ; Sorex aqualicus ., Linn. , Syst. nat. , éd. Gm^el. ;
Schreber, SaeugÛuère , tab. i58; —Talpafusca, Shaw. , Gen.
Zool. , tome I , part. Il , page 524.. — Scalupe de Virginie.
Il est de la même grandeur que la taupe d'Europe , c'est-à-
dire qu'il a près de six pouces un quart de longueur totale ; sa
tête est longue d'un pouce trois lignes, et sa queue de dix
lignes. La couleur générale du pelage est un gris fauve
lorsqu'on le considère généralement. Examiné séparément ,
s C A 389
chaque poil est d'un gris de souris à sa base, et d'un fauve gris
à sa poinle. (desm.)
SCALOPÈ. Klein a donne ce nom de rat scalope (Mm5
scalopes) au Dideli'he marmose. V. ce mot. (desm.)
SCALOPE A CRÈTE. V. Taupe a museau étoile.
(DESM.)
SCALPEL, Sca/pel/usj Liuid. C'est une sorte de Glosso-
pèïre. (desm.)
SCALPELLE, Scalpellum. Genre établi par Léach dans
la classe des Cirrhipèdes. 11 se rapproche infiniment des
Anatifs. Ses caractères sont : treize écailles testacées à la
tête ; pédicule écailleux et velu. 11 a été appelé Capitule par
Klein, et Mitelle par Ocken. Deux espèces que je n'ai ja-
mais vues , s'y rapportent, (b.)
SCAMBOiNlA. Synonyme de Scammonia , chez les an-
ciens. V. ce mot. (ln.)
SCAMMONÉE, Cumohulus Scammonia^ Linn. Plante
du genre des Liserons {V. ce mot), dont les racines fournis-
sent une substance gommo-résineuse , connue et employée de
tout temps en médecine, comme purgatif. Cette substance
porte aussi le nom de scammunée. Elle nous vient sous forme
concrète. C'est la Scummonée d' Alep des boutiques.
Cette scammonée est légère et friable ; quand on la brise ,
elle est d'un gris noirâtre et brillant ; et lorsqu'on fa frotte
ou qu'on la manie entre les doigts, elle se change en une
poussière blanche et cendrée. Son odeur est virulente, et sa
saveur amère est mêlée d'une certaine acrimonie. Elle est
recueillie à Alep même, d'où on l'apporte en Europe.
Pour avoir de bonne scavimonée^ on choisit celle qui est
brillante, facile à rompre et à réduire en poussière , presque
insipide au goût , et qui, mêlée avec un peu de salive , blan-
chit et devient laiteuse. On rejette œlle qui est noire ou d'une
couleur brûlée, pesante et remplie de graviers, de petites
pierres ou d'autres matières étrangères.
L'espèce de liseron qui fournit cette substance a des raci-
nes longues, épaisses, charnues comme celles de la bryone ^
et pleines d'un suc laiteux qui s'en échappe lorsqu'on y fait
des incisions. Ces racines poussent des tiges cylindriques ,
grêles, très-peu velues, grimpantes et garnies de feuilles al-
ternes, glabres, triangulaires, faites en fer de flèche, aiguës
et pétiolées. Les pédoncules , qui portent communément
trois fleurs, sont minces, et environ une. fois plus longs
que les feuilles. Les fleurs oi;it un calice à folioles obtuses, uu
peu échancrées à leur sommet, et une grande corolle en clo-
che bien ouverte et d'un blanc purpurin. Cette plante croît
naturellement en Syrie, dans les campagnes de Mysie et
XXX. IQ
2C,0
S C A
autres lieux du Levant. C'est le suc épaissi de ses racines
qu'on débite dans le commerce sous le nom de scammonée.
La scammonée est très-sujette à varier dans ses effets , et
demande à être administrée par des mains exercées. Elle
occasione, par son usage inconsidéré, des superpurgations
qui amènent des accidens graves , et même la mort. Elle entre
dans plusieurs compositions , telle que la poudre de tribus ou
decomachine, le magistère^ etc. On l'appelle diagrède lors-
qu'elle est réduite en poudre.
Il est une autre espèce Ae scammonée ^ celle deSmyme,
qui est noire , plus compacte et plus pesante que celle
d'Alep. Elle nous vient de Smyrne ; mais elle n'est point
recueillie dans le territoire de cette ville ; elle y est ap-
portée d'une ville de Galatie , nommée présentement Orté ^
fit de la ville de Cogni , dans la province de Cappadoce ,
près du mont Taurus , où il s'en fait une récolte abon-
dante. On la préfère à celle d'Alep. Elle est fournie par
le PÉRIPLOQUE SCAMMONÉE. V. ce mot. (b.)
SCAMMONÉE. C'est la Gomme-gutte. Voyez Cam-
BOJE. (B.)
SCAMMONÉE D'ALLEMAGNE. C'est le Grand
liseron , Coneohulus sepium , Linn. (b.)
SC4MMONÉE D'AMÉRIQUE. C'est la racine d'une
espèce de Liseron du Brésil. Voyez au mot Méchoacan.
SCAMMONEE DE MONTPELLIER. V. au mot
Cynanque. (b.)
SCAMMONIA. Théophraste et Dloscoride donnent ce
nom à une plante herbacée , à racine grosse , épaisse , dont
on retiroit un suc particulier , employé en médecine , comme
purgatif. Celte plante , selon Dioscoride , poussoit , d'une
même racine grosse comme le bras, plusieurs rameaux un peu
gros , s'élevant à trois coudées , et garnis de feuilles pareilles
à celles du lierre ou de I'Helxine ( le liseron des champs),
molles, velues , et triangulaires. La fleur était blanche, ronde,
en forme de cornet , et de mauvaise odeur. Dioscoride donne
ensuite la manière de faire le scammoni'on^ et de reconnoîlre
le faux du vrai , et les diverses qualités de celui-ci , qui est
notre scammonée d'Alep , de Smyrne, et de Syrie , espèce
de Liseron ( conoohulus scammonia , L. ).
Pline s'accorde avec Dioscoride , quant à cette première
scammonée ; mais il a une seconde espèce de scammonée
qu'il place parmi ses clematîs, en disant : « Outre la clematis
ci -dessus , les auteurs grecs en établissent deux autres espè-
ces , dont l'une , qu'ils appellent echis , lagis et petite scam-
monée , pousse des branches d'un pied de hauteur , assez
s C A 295
semblables aiix branches de scammonée , excepté qu'elles
sont plus feuillées , et à feuilles plus petites et plus noires.
Elle croît parmi les vignes et les terres labourées;on la mange
en soupe, avec de l'huile et du sel, comme les autres légumes,
et elle est fort propre à lâcher l'estomac, etc. »
Malthiole pense qu'il s'agit du Liseron des champs ; RueU
lius, du Liseron des haies ; Tahernœmontanus , du convoi-
vulus altliaeoîdes, etc. Les botanistes anciens ont rapporté sous
le nom collectif de scammonîa ou scammonea et scammonium y
les comokulus, scammonia , arvensis , sepium , etc. , le cynan-^
rhum acutum , L. , etc. V. Scammonée. (ln.)
SCANARL\. Synonyme de Scandix , chez les Ro-
mains, (ln.)
SCANDALIDA. Genre établi par Adanson , et adopté
par Scopoli , et qui a pour type le lotus telragonolobus y
connu en Italie, selon Césalpin , sous le nom de scandalida
de Crète. Moench le nomme telragonolobus. Sa gousse cylin-
drique , munie de quatre angles ou ailes longitudinales , a
les graines ovales ^ situées dans des loges particulières , qui
forment les caractères de ce genre- V. Lotier. (ln.)
SCANDEBEC. Rondelet donne ce nom à la Mactre
poivrée, (b.)
SCANDELLA. Nom italien d'une espèce d'ÛRGE. (ln.)
SCANDIX , Scandix. Genre de plantes de la pentandrie
monogynie , et de la famille des ombellifères , dont les ca-
ractères consistent : en un calice entier ; en une corolle de
cinq pétales inégaux et échancrés ; en cinq étamines ; en un
ovaire inférieur, surmonté de deux styles persistans ; en
deux semences réunies et finement striées, glabres ou héris-
sées et terminées par une longue pointe.
Ce genre est fort peu distinct des Cerfeuils et des Myr-
RHis. Il renferme des plantes à feuilles alternes, surdécom-
posées et à fleurs disposées en ombelles nues , et à om-
bellulles involucellées , dont celles du centre avortent sou-
vent, c'est-à-dire, les cerfeuils odorant^ peigne y cultivé y an-
thrisque^ et autres espèces moins importantes.
Le Scandix deClayton, de Michaux, constitue le genre
Urosperme de Nuttall. (b.)
SCANDIX des Grecs et des Latins, Cette herbe, selon
Dioscoride , étoit sauvage , et on la mangeoit cuite et crue.
Elle étoit amère , un peu forte , stomachique , et excitoit les
urines.
Ce que Pline rapporte de cette plante , est tiré des auteurs
^recs." Quant au scandix^ dit-il, Opion, Erisistratus, et plu-
sieurs autres auteurs grecs, le mettent au rang des herbes
sauvages bonnes à manger, Cett« herbe cuite , est fort pro-
292 s C A
pre pour resserrer rcslomac , etc. » Elle étoit utile , appli-
quée sur les brûlures, et pour provoquer les urines. Il pa-
roît que celte herbe étoit nommée par le poêle grec Aristo-
phane , qui disoit en raillant Euripide, que sa mère qui
étoit jardinière , n'avoit jamais vendu d'autre herbe médici-
nale que le scandix. D'où il faut croire que cette plante n'é-
toit pas d'un usage journalier, et qu'elle coûtoit fort peu. Si
Ton réfléchit que Dioscorlde rapproche le scandix du gingi-
diurn, et Pline, de Vanthirsus; on peut croire que le scan-
dix étoit aussi une plante ombellifère. Matthiole veut que ce
soit notre cerfeuil {sr.anà'x cerefulium, L), et réfute l'opinion
de ceux qui prétendent que le cerfeuil est Vanthriscus de Pline
et le gingidium de Dioscoride. Colunma rapporloit le scan-
dix, au caucalis nodosa , et Dodonée , Gésalpin , V. Cor-
dus , etc., au scandix peclenveneris. Adanson et Tournefort ,
sont de cet avis.
On a encore émis d'autres opinions, mais qui paroissent
moins justes , et il est probable que si Matthiole n'a pas dé-
couvert ce qu'étoit le scandix , il ne se sera pas très-écarté
de la vérité, car une plante seule des genres scandix ou chœ-
rophyllum nous paroît être l'ancien scandix , et le pecten vc-
neris serolt alors seul cette plante.
Quant à 1 emploi botanique du mot scandix , C. Bauhin
est celui qui a commencé à le généraliser; car ilréunit sous ce
nom collectif plusieurs plantes, telles que les scandix pecten vc'
neris et aitstra/is. Columna l'avoit déjà donné à un caucalis ,
comme nous l'avons dit , et Tabernsemontanus désignoit
Vaphanes awensis , far scandix mmor; mais aucun botaniste ,
pas même Matthiole, ne 1 ont donné fixement au cerfeuil,
lequel étoit appelé par eux, cerefulium et chœropfiyilum.
Tournefort réserva seulement le nom de scandix, an ^enre
dans lequel il plaçoit notre scandix pecten veneiis , et ht du
cerfeuil , son genre chœrophyllum. Adanson fut de son avis.
Quoique Linnœus ait réuni ces deux plantes à son genre
scandix^ il a établi cependant un genre particulier, sous
le nom de chœrophyllum. Lamarck crut devoir fondre en un
seul les genres scandix et chœrophyllum , L. , parce que ces
deux genres ont , en effet , beaucoup de rapports. Les bota-
nistes varient beaucoup d'opinion sur ces deux genres. Les
uns les réunissent à l'imilalion de Lamarck ; d'autres les
séparent, et c'est le plus grand nombre , et même ils ont
fait des genres à leurs dépens. Ceux fondés sur des espèces
de scandix , sont appelés : myrrhis, torilis, anthriscus, tçendia ,
whilia et urospcrnium.
\euienat écrit que scandix est un nom grec qu'on croit
originaire d'un mot arabe qui signifie acutus ^ aîtenuatus ; et
s C A 293
en effet , dit ce botaniste, les semences des scandîx sont ter-
minées en pointe. Cette étymologie est, bien certainement,
inventée après coup. Voyez Cerfeuil et Scandîx ci-des-
sus, (ln.)
SCANDULACA. Quelques ornithologistes désignent
ainsi le Grimpereau , en latin, (s.)
SCANDULATIUM. L'un des noms du Thlaspi des an-
ciens. V. Thlaspi. (l>\)
SCANSORES {Grimpeurs'). Dénomination quilliger
donne à son premier ordre des Oiseaux du Prodramus , le-
quel correspond à celui des picœ de Linnseus , pour les es-
pèces à deux doigts devant et deux derrière, (v.)
SCANSORIPÈDES. Oiseaux qui ont des pieds propres
à grimper, (v.)
SCAPHANDRE, Scaphander. Genre de Coquilles, éta-
bli par Denys de Monlfort , pour placer les B«ulles non om-
biliquées. Il ne diffère pas des Bulles de Lamarck. (b.)
SCAPHE, Scapha. Genre établi par Noronha, et qui ne
paroît pas différer du Lauratsja de Willdenow.
C'est un arbre de ce genre qui fournit les fruits appelés
KoïKO , fruits qui se mangent , et qui ont le goût de la To-
JIATE. (b.)
SCAPHIDIE , Scaphidium, Oliv. , Latr. , Fab. ; Silpha ;
Linn. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section
des pentamères , famille des clavicornes , tribu des pel-
toïdes.
Les scaphidies sont de petits coléoptères qui ont des rap-
ports avec \qs boucliers, \es cholèoes^tV qui ont été ainsi nommés
de ce que leur corps est en forme de bateau. H est ovalalre ,
épais , rétréci aux deuxbouls, avec la tête petite ; le corselet
est convexe et trapézoïde ; les élytres sont tronquées à leur
extrémité; l'anus est découvert ; les pieds sont grêles et allon-
gés ; les jambes étroites , presque cylindriques , sans épines,
et les tarses composés d'articles entiers; les antennes termi-
nées brusquement par une massue allongée, composée de cinq
articles , pour la plupart presque hémisphériques ou presque
ovoïdes ; les articles précédens sont grêles, allongés , pres-
que cylindriques ; les mandibules sont obtuses et bifides à
leur extrémité; les palpes filiformes, terminés en pointe ; les
labiaux plus petits ; les mâchoires bilobées , avec leur divi-
sion interne petite et en forme de dent ; le menton est
grand, presque carré ; la langue membraneuse , courte ,
iransverse , un peu plus large et un peu concave au bord su-
périeur.
Ces insectes sont très-agiles et vivent dans les champi-
gnons.
2o4 S C A
Les mis ont un écusson , et tels sont les suivans : ScArniniE
QUADRrMACULÉ, Scaphidium (juadrimaculaium , Ollv. , Col. ^
tom. 2, n,« 20, pi. I , fig. I. Le corps est d'un noir luisant ,
avec les élytres vaguement ponctuées, marquées chacune de
deux taches d'un rouge de sang, et les jamhes slriées. Le
SCAPHIDIE IMMACULÉ , Scapliidium immacu'alum , Oliv. , i/'id. ,
fig. 3,pl.P I i4,de cet ouvrage. Son corps est entièrement noir,
sans taches, avec les élytres chargées de points disposées en
lignes ; les quatre jambes postérieures sont arquées dans l'un
des sexes. Cette espèce est propre aux environs de Paris, et
se trouve, au printemps, sous les feuilles, et en automne,
dans les champignons des bois.
Les autres scaphidies n'ont point d'écusson ; le milieu du
bord postérieur de leur corselet est dilaté postérieurement
en manière d'angle ; les articles de la massue de lears an-
tennes sont presque ovoïdes , tandis qu'ils sont presque hé-
misphériques dans les deux espèces précédentes. La seule
connue de cette seconde division , est le Scaphidie agari-
CIN, Scaphidium agaricinum , Oliv. , îbid. , pi. i , fig. 4- Son
corps est très-petit , noir , très-lisse, avec les antennes, le
bout des élytres et les pieds , d'un brun pâle. On le trouve
dans le bolet versicolor.
On a décrit deux autres espèces de scaphidies, dont l'une
le S. concolor, habite la Caroline , et l'autre, le S. quadripusiu-
lulatum , est particulière à la Nouvelle-Hollande.
SCAPHITE , Scaphites. Genre de coquilles établi par
Sovverby , pour placer deux fossiles d'Angleterre , voisins
des Ammonites et des Spirules, mais qui diffèrent parce
que leur spire n'a lieu qu'à leur extrémité , et que le reste
est seulement un peu recourbé.
Ces deux fossiles sont figurés pi. i^ du bel ouvrage de ce
naturaliste , intitulé : Conchyliologie myiérale de la Grande-Bre-
tagne. Ils se trouvent, comme les ammonites, dans les terrains
de transition, (b.)
SCAPHOIDE. C'est, selon Bertrand, une sorte de
bufonîte ou de dent de poisSon pétrifiée , en forme de bateau,
(DESM.)
SCAPOLITE. V. Wernerite. (ln.)
SCAPULAIRES (^Ornithologie). On appelle ainsi les
plumes qui naissent vers le haut de l'aile , près de sa jonc-
tion avec le corps , qui s'étendent le long du dos sur chaque
côté, en suivant la direction longitudinale du corps, et qui ,
quand les ailes sont déployées, restent toujours dans cette
même direction, hesscapulaires sont plusnombrenses et beau-
coup plus amples dans certains oiseaux que dans d'autres.
^ C \ 295
SCAPULA VULGARÏS. Des oryciographcs ont ainsi
noiniiié les petits osselets qui appartiennent à la bouche des
Oursins, et qu'on trouve quelquefois pétrifiés, (desm.)
SCARAKE , [Scarabus. Genre de Coquilles établi par
Denys-de-Monlfort pour placer quelques espèces d'HÉncES
de Linn. ( Auricules, Lamarck ) , qui s'écartent des autres.
Ses caractères sont : coquille libre , univalve , sans ombilic ,
à spire régulière , élevée , tranchante sur ses deux flancs ;
Ouverture en forme de faux, étroite , entière , dentée sur les
deux lèvres ; lèvre extérieure tranchante.
L'espèce qui sert de type à ce genre est terrestre , et se
trouve , avec plusieurs de ses congénères non décrites , dans
l'île d'Amboine. Elle a plus d'un pouce de long, et se fait
remarquer par la petitesse de son ouverture. On en voit une
superbe figure pi. ^2 des Mélanges de zoologie de Léach.
On l'appelle dans le commerce, la gueule de loup et l'aveline.
Sa couleur est brune , avec des taches blanches pointiilées.
(B.)
SCARABEE, Scarabœus. Genre d'insectes de l'ordre
des coléoptères, section despentamères , famille des lamel-
licornes , tribu des scarabéides.
Pline et d'autres auteurs ont ainsi désigné et collective-
ment, diverses sortes de coléoptères et même quelques or-
thoptères-^ tels que les gryllons. Cette dénomination est, en
partie , synonyme de celle de cantharos , employée par les
Grecs. Les modernes , en conservant la première , ne l'ont
plus assignée qu'à un seul genre d'insectes. Les scarabées
avoient été confondus par Li.nnœus avec les hannetons , les
cétoines , les trox. (ieoffroy avoit sinoplement divisé tous ces
insectes en deux genres ; il avoit conservé le nom de scarabée
au premier, il avoit donné le nom de bousier au second;
mais ces deux genres , d'après les caractères que cet auteur
leur avoit assignés, ne différoient l'un de l'autre que parce
que le premier avoit un écusson , et que l'autre n'en avoit
point. On sent bien que cette légère différence ne doit pas
suffire pour l'établissement d'un genre , d'autant plus que la
plupart des bousiers ont un écusson très-petit. Il y a, d'ail-
leurs, la plus grande analogie entre quelques scarabées à
écusson et ceux qui en manquent. Tous les insectes rangés
par Geoffroy dans le genre des bousiers , ont , à la vérité ,
une manière de vivre qui leur est propre ; ils ont une forme
qui diffère de celle des autres scarabées , et qui les fait re-
connoître au premier aspect ; ils vivent tous dans les bouses
et les fientes des animaux; mais les aphodies vivent de la
même manière, se trouvent dans les mêmes lieux, ont la
bouche presque conformée de même , et ne diffèrent bieu
296 s C A
distinctemeiit des bousiers que parce qu'ils ont un écusson »
et que toutes leurs pattes sont insérées à égales dislances ;
donc le manque de cette pièce ou son existence ne doit point
entrer en considération pour la formation d'un genre.
Degéer a divisé en trois familles le genre de scarabée , tel
que l'avoit établi Linnœus ; la première famille comprend les
scarabées, lesoryctès, les synodendres, les géotrupes, les
onthophages, les apbodies , les bousiers et les trox ; la se-
conde comprend les hannetons , les rutèles; et la troisième ,*
les cétoines et les trichies -, il a distingué ces familles sous
les noms de scarabées de terre , de scarabées des arbres et de
scarabées des fleurs. '
Voët a suivi à peu près les divisions de Geoffroy et celles
de Degéer. Il a divisé le genre scarabée de Linnaeus en scara-
bées et en bousiers. Les premiers sont subdivisés en trois fa-
milles ; la première comprend les scarabées de fleurs ; la se-
conde, les scarabées d'arbres; la troisième , les scarabées de
terre proprement dits. Le second genre , celui des bousiers ,
«st le même que celui de Geoffroy , et répond à noire divi-
sion des scarabées ou bousiers sans écusson ( Cnléop. , lom.
I , genre , n.° 3 ). Schœffer a suivi l'exemple de (ieoffroy ; il
a établi deux genres: l'un, sous le nom de scarabœus, et l'autre
sous le nom de copris.
Fabricius sépara des scarabées , les hannetons , les cé-
toines et les trox. Mais le genre scarabée, tel que l'avoit
établi ce célèbre naturaliste , présentoit des différences
très-remarquables qui nous ovoient engagé à en former trois
genres ou trois grandes familles, dont la première compre-
noil les scarabées qui ont des mandibules et qui n'ont point
de lèvre supérieure ; la seconde renfermoit les scarabées qui
ontdes mandibules et une lèvre supérieure ; dans la troisième ,
étoient placés ceux qui n'ont ni mandibules, ni lèvre supé-
rieure. Dans son entomologie systématique , Fabr cius se
borne à détacher de son genre scarabée , l'espèce nommée
cylindrigue^poar en faire celui de synodendron , mais auquel il
rapporta,' mal à propos, quelques espèces de bostriches ,
erreur qu'il n'a pas corrigée postérieurement. M. Latreille ,
dans sou précis des caractères génériques des insectes , éta-
blit, avec les scarabées de notre seconde division , un genre
propre qu'il nomma géotnipe, adopta celui de bousier ^ et ne
conserva le nom générique de scarabée qu'aux espèces de
notre première division. Ces genres et ceux qui avoienl déjà
été séparés des scarabées de Linnseus , composèrent sa se-
conde famille des coléoptères. Fabricius , dans le Supplé-
rwi'xA de son entomologie systéjnatique , admit aussi le genre
Jbousicr ; mais il le restreignit, en établissant à ses dépens
s C A 297
le genre onids. Les géotnipes de M. Latreille furent pour lui
des scarabées , tandis que les coléoplcres, que le dernier dé-
signe ainsi, furent transformés en géotrupes ; renversement
bizarre de nomenclature , et qui a , cependant, été reçu par
les naturalistes allemands, tant en impose l'autoriié d'un
grand nom! Le même genre bousier subit, peu de temps
après , une nouvelle modification. M. Weber en sépara les
ateuchus, et lUiger les aphodies. Tel étoit, à cet égard,
l'état de la science, lorsque M. Latreille publia le troisième
volume de son histoire générale des crustacés et des insectes.
Notre troisième division des scarabées y compose une famille
propre, celle des coprophages et qui offre un nouveau genre,
celui àcs onihophagcs. Ceux des lélhriisel des géotrupes forment
une autre famille, celle desgéotrupines. Une troisième, celle
des scarabéides,et à laquelle il réunit les lucanes et les passales,
comprend , outre les scarabées de notre première division ,
nos hexodons et nos cétoines; mais ce dernier genre y est
moins étendu, par l'adoption de celui des trichies et l'éta-
blissement d'une autre coupe générique , celle des rutèles ,
qui est formée des cétoines de notre troisième division.
M. Latreille y divise les hannetons en plusieurs petites fa-
milles, d'après des considérations tirées des antennes, des
ongles des tarses et de la forme du corps ; on y voit aussi un
nouveau genre , celui des glaphyres qujl a détaché du pré-
cédent. Fabricius , dans son système des éleuthérales , ne
s'est point écarté de la méthode qu'il avoit présentée dans le
supplément de son entomologie systématique. M. Latreille
a depuis ( Gêner. Criist. et Insect. , Considérât, général sur Vordie.
Tuitureîdes Crust. , des arachn. et des insect.^ fait quelques chan-
gemens dans cette partie des insectes, et proposé quel-
ques autres nouveaux genres. ( V. les articles Lamelmcornes,
SCARABÉIDES, LUCANIDES. )
Au moyen de l'ensemble des caractères que nous allons
exposer, l'on dlstinguera''aisément les scarabées des autres
genres analogues : corps ovoïde-oblong, convexe; têterétrécle
en devant; son dessus ou celui du corselet, et quelquefois
ces deux parties simultanément, différant selon les sexes, ar-
més de cornes ou de tubercules dans les m.ales ; un écusson
distinct ; l'extrémité postérieure de l'abdomen découverte ;
antennes de dix articles, dont les trois derniers formant une
massue lamellée ; mandibules cornées , avec le côté exté-
rieur saillant ou découvert , sinué ou crénelé ; mâchoires
entièrement écailleuses, droites, dentées, ou épineuses ;
menton ovale ou ovoïde , tronqué ou obtus au bout; lèvre
supérieure membraneuse , cachée entièrement sous le cha-
peroiî.
^9^ S C A
On rencontre les scarabéescourant sur la terre ou volant
d'un endroit à l'autre : on les trouve ordinairement dans les
endroits gras et humides , dans les couches ou dans les champs,
vers la racine des vieux arbres. La plupart fréquentent les fu-
miers et les terres grasses et humides, pour y déposer leurs
œufs; mais aucun ne se trouve dans les bouses et les fientes
des animaux.
C'est dans les terreaux, les fumiers, les terres grasses, qu'on
rencontre la larve de ces insectes. Elle ressemble à un ver
mou, gros, ordinairement courbé en arc ; sa tête est dure,
écailleuse , munie de deux «ntennes filiformes courtes ; le
corps est composé de treize anneaux assez distincts, dont neuf
sont pourvus d'un stigmate de chaque côté. La nymphe est
enfoncée dans la terre, et enfermée dans une espèce de coque
que la larve a construite avant sa tansformalion. La peau qui
recouvre son corps laisse voir toutes les parties que l'insecte
parfait doit avoir. Leur forme se dessine assez bien sous la
peau qui les recouvre et qui les tient comme emmaillottées.
jNous ne répéterons pas toutes les puérilités que les plus
grands hommes de l'antiquité , tels qu'Homère , Aristo-
phane , Théocrite, Isidore, Aristote , Lucien et Pline, ont
écrites sur les scarabées ou canihares relativement à leur ori-
gine , à leurs habitudes, à leur sexe ; la plupart d'elles sont
rapportées dans Moufet et d'ans Jouston. Nous dirons seu-
lement que les Egy^iens, croyant que les scarabées étoient
tous mâles, et qu'il n'y avoit point entre eux de copulation ,
sculptoient ces insectes au bas des statues des héros, pour ex-
primer la vertu mâ-le et guerrière exempte de toute foiblesse,
vertu qui n'appartenoit, selon eux, qu'aux âmes fortes, qu'aux
hommes vraiment illustres ; mais ces faits doivent moins s'ap-
pliquer à nos scarabées proprement dits qu'aux ateuchus.
Ce genre est composé d'un grand nombre d'espèces , mais
qui , à l'exception de deux , sont toutes exotiques.
Scarabée actéon, Geotmpes (^çfœon^ Fab. C'est un des
plus gros de ce genre. Tout le corps du mâle est noir et lui-
sant ; la tête est armée d'une corne avancée , un peu recour-
bée , bifide à son extrémité , munie à sa base interne d'une
dent relevée , très-forte : le corselet a deux cornes compri-
mées, avancées, pointues à sa partie antérieure , et une
petite élévation au milieu du dos ; l'écusson est triangulaire;
les élytres sont lisses, sans stries; les jambes antérieures
sont terminées par trois dents de chaque coté. La femelle
est noire , toute raboteuse en dessus ; le chaperon est bi-
denté ; la tête est munie d'une 1res -petite corne : le cor-
selet est très-raboteux , sans cornes. Ce scarabée se trouve
à Cayenne et à Surinam.
s G A 299
SCARVBÉE HERCULE , G eotrupes hercules , Fab, ; pi. R. 11
de cet ouvrage. Le mâle est remarquable par la longueur
de ses cornes; la tête est noire, luisante,' armée d'une
longue corne , avancée , recourbée , munie à sa partie supé-
rieure de trois ou quatre dents; le corselet est noir, lui-
sant , armé d'une corne 1res - longue , avancée , courbée ,
très-velue en dessous , échancrée à son extrémité , munie
d'une dent de chaque côté ; l'écusson est noir et luisant ;
les élytres sont d'une couleur cendrée , un peu glauque ,
avec des points et des taches noirs : elles sont quelquefois en-
tièrement obscures; le dessous du corps et les pattes sont
noirs; les jambes antérieures ont trois dents latérales. La
femelle diffère beaucoup du mâle : la tête est noire , point
luisante, munie d'un tubercule arrondi; le corselet est noi-
râtre , légèrement chagriné, point du tout luisant, un peu
pubescent; l'écusson est noir, triangulaire et luisant ; les
élytres sont obscures à leur base, glauques à leur extrémité .
raboteuses et munies chacune de deux ou trois lignes longi-
tudinales élevées ; le dessous du corps est noir et couvert de
quelques poils ferrugineux. Ce bel insecte se trouve fréquem-'
ment aux Antilles.
Scarabée pointillé, Scarabœus punctatus^ Oliv., Coléopt.^
tom. I , n.o 3 , pi. 8 , fig. 70. Il est d'un brun noirâtre et
pointillé;sa tête est munie de deux petits tubercules; son cor-
selet est convexe et uni; ses élytres ont chacune trois lignes
longitudinales élevées, mais peu marquées. On le trouve dans
les départemens méridionaux de la France, en Espagne et
en Italie. Le géolnipe monodon de Fabricius est trè -voisin du
précédent. Sa tête offre un tubercule élevé et presque en
forme de corne. Il habite la Hongrie. F.pourle scarabée na-
sicorne, mentionné dans la première édition de ce Diction-
naire , l'article Oryctès. (o. l.)
SCARABÉE AQUATIQUE. C'est ainsi qu'on a nommé
vulgairement les grandes espèces de Dytiques et d'HYORO-
PHILES. V. ces mots, (o.)
SCARABÉES DISSÉQUEURS. Nom donné aux in-
sectes du genre Dermeste. V. ce mot. (o.)
SCARABEK DES LYS. V. Criocère. (o.)
SCARABÉE DES MARÉCHAUX. On a donné-ce nom
au Méloé proscarabée, (desm.)
SCARABÉE PULSATEUR. V. Vrillette. (o.)
SCARABEE A RESSORT. V. Taupin. (o.)
SCARABÉE TORTUE ou SCARABÉE HÉMIS-
PHÉRIQUE. C'est sous ce nom que l'on désigne vulgaire-
ment les coccinelles. On les nomme aussi bêtes à Dieu , vaches
il Dieu, chemux de Dieu, bêtes delà Vierge. V. CocCI^!ELLE.(o.)
3oD s C A.
SCARABÉE A TROMPE. V. Charansonites. (l.)
SCARABÉIDES , Scamhœides. Tribu d'insectes de la
famille des lamellicormes, ordre des coléoptères^ ainsi nom-
mée du genre scarabœus de Linn?eus dont elle est formée.
Plusieurs espèces de cette tribu sont remarquables par
leur taille et les éminences en forme de cornes ou de tuber-
cules que présentent , dans les mâles , la tête , le corselet ou
ces deux parties simultanément. Le corps est, en général,
ovale ou ovoïde ; les antennes , dont la longueur ne surpasse
jamais celle de la tcte et du corselet, sont ordinairement
composées de neuf à dix articles, et quelquefois de onze ,
toujours terminées en une massue de trois à sept feuillets,
formés par les derniers ; elles sont insérées dans une cavité,
sous les bords latéraux de la télé ; l'extrémité antérieure de
celle partie est avancée en cbaperon; les yeux s'étendent plus
en dessous qu'en dessus; la bouche varie, mais la lèvre est
le plus souvent couverte par le menton qui est grand et corné;
les deux premières jambes, et même souvent d'aulres, sont
dentées extérieurement et propres à fouir; les articles des
tarses sont le plus souvent entiers.
Ces insectes vivent de substances végétales ; mais b Aucoup
d'eux préfèrent celles qui sont décomposées, telles que le
fumier, les fientes, le tan, elc ; ceux qui se nourrissent de
feuilles ou du miel des Heurs, sont ordinairement ornés de
couleurs variées, agréables ou même très-éclalantes ; tandis
que ceux qui vivent de l'autre manière sont uniformément
d'une teinte noire ou brune : ces derniers paroissent encore
craindre la lumière du jour, et ne quittent guère leurs re-
traites que le soir ou pendant la nuit. Tous ont des ailes, et
une démarche lourde.
Leurs larves ont le corps long, presque demi-cylindrique,
llexible, souvent ridé , blanchâtre , divisé en douze anneaux,
avec la têle écailleuse , armée de fortes mandibules, et six
pieds écailleux. Chaque côlé du corps a neuf stigmates. Son
exirémilé postérieure est plus épaisse, arrondie et presque
toujours courbée en dessous, de façon que ces larves ayant le
dos convexe ou arqué, ne peuvent s'étendre en ligne droite ,
marchent mal sur un plan uni , et tombent à chaque instant
à la renverse ou sur le côté. Selon les genres, elles ont pour
alimens les bouses, le fumier , le terreau , les substances li-
gneuses altérées, les racines des végétaux, même de ceux
que nous culîivons et qui sont nécessaires à nos besoins ,
d'où résultent souvent pour nous des perles considérables.
Elles ont toutes un estomac cylindrique , entouré de trois
rangées de petits cœcums ; un intestin grêle, très-court; ua
colon énormément gros, boursouftlé, et an rectum médiocre.
(2uelqueS'Unes de ces larves ne se changent en nymphes qu'au
bout de trois à quatre ans ; elles se forment, dans leur séjour,
avec la terre ou les débris des matières qu'elles ont rongées,
une coque ovoïde ou en forme de boule allongée, dont les par-
ties sont liées avec une substance glulineuse qu'elles font
sortir du corps.
L'insecte parfait n'est souvent pas en état, immédiate-
ment après sa naissance , de faire usage de ses organes. Il
a besoin de se fortifier, ce qui exige souvent un temps
assez long. L'organisation intérieure a subi de grand* chan-
gemens. On ne voit plus qu'un long intestin , et qui est pres-
que d'égale venue. Les trachées sont toutes vésiculaires.
Je pat tage cette sous-familie en six sections.
1. Antennes Trayant pas au delà de neuf articles ; mandibules et labre
toujours membraneux et caches ; palpes labiaux presque to'jjoars
conif/ues , ou terminés brusquement par un article beaucoup plus
grêle ou très-petit; lobe terminant les mâchoires ^ grand , membro'
neux, arqué, large et transversal.
I. COPROPHAGES , CoyU/Oypfta^/.
Nota. Palpes labiaux , insérés aux angles supérieurs du
menton , au devant des deux divisions membraneuses , sail-
lantes et velues de la languette ; les deux pieds postérieurs
situés à peu de distance de l'anus; chaperon en demi-cercle;
écusson nul; les deux pieds intermédiaires souvent plus
écartés entre eux, à leur naissance, que les autres.
Les genres : Ateuchus , Gymnopleure , Onitis , Bou-
sier, Ojnthophage , Aphodie.
il. Antennes de plusieurs ayant au-delà de neuf articles ( dix à onze);
mandibules et labre n'étant pas toujours membraneux et cachés ;
palpes labiaux filiformes ou plus gros à leur extrémité ; mâchoires
soit entièrement écailleuses, soit terminées par un lobe membraneux^
mais droit et longitudinal.
a. GÉOTRUPINS, Geotrupini.
Antennes de onze articles ; mandibules cornées , saillan-
tes , arquées autour du labre qui est pareillement extérieur;
divisions de la languette saillantes.
Les genres : Lethrus , Géotrupe.
3. Xylophiles , Xyluphili.
Antennes de neuf à dix articles ; mandibules cornées et
point en forme de lame ou d écaille ; languette cachée en-
tièrement par le menton ; mâchoires entièrement cornées et
dentées , ou terminées par un lobe coriace ; mandibules
découvertes ou saillantes au côté extérieur, point renfer-
302 S C A
niées lolaleiTient enlr»^ les mâchoires et la face inférieure de
l'extrémilé antérieure de la têle.
Les genres : iîEGiALiE, Trox , Oryctès, Scarabée,
Hexodon, Rutèle.
4. Phyllophages, Phyïïophagi.
Antennes de neuf à dix articles ; mandibules cornées ,
point en forme de lame ou d'écaillé ; languette entièrement
cachée par le menton ; mâchoires entièrement cornées et
dentées; mandibules cachées entre les mâchoires et le côté
inférieur de la partie antérieure de la tête ; leur côté exté-
rieur seul apparent.
Les genres: Anoplognathe, Hanneton, Hoplie.
5. Anthoeies , Anihohu.
Antennes de neuf articles ; mandibules cornées et point
en forme de lame ou d'écaillé ; languette divisée en deux
lobes saillans au-delà du menton.
Nota. Mâchoires terminées par un lobe membraneux et
soyeux ; corps ordinairement allongé , avec le chaperon
avancé ; corselet oblong ou rond ; étuis écartés ou béans
à leur extrémité.
Les genres : Glaphyrk , Amphycome , Anisonyx.
6. Melitophiles , MelHophiU.
Antennes de dix articles ; mandibules très-comprimées ,
en forme de lame ou d'écaillé , ordinairement membra-
neuses.
Nota. Corps le plus souvent ovale , aplati , avec le cor-
selet en trapèze ou rond ; labre membraneux, caché sous le
chaperon ; mâchoires terminées par un lobe pénicilliforme ;
languette cachée par le menton.
Les genres : Goliath , Trichie , Crémastocheile ,
Cétoine. V. ces articles, (l.)
SCARB. Nom allemand du Cormoran, (v.)
SCARCFIIR. Nom égyptien d'un Canard, (desm.)
se ARCINE , Scarcîna. Genre de poissons , fondé par
Rafinesque Smaltz dans la division des osseux apodes , et se
rapprochant des Ophidies et des Ammodytes. 11 se distin-
gue néanmoins des premiers, parce que sa nageoire caudale
n'est point réunie avec la dorsale et avec l'anale ; et il dif-
fère des derniers par la présence des dents sur ses mâchoires,
par la forme très-comprimée de son corps , et parce que
sa nageoire anale ne s'étend pas depuis la queue jusqu'à
l'anus. La nageoire dorsale est très longue, les mâchoires
sont munies de dents.
Quatre espèces de ce genre se trouvent sur les côtes de
Sicile ; ce sont :
La ScARCiNE ARGENTCÉE, dont le muscau est tronqué, la
s C A 3o^.
mâchoire inférieure plas longue que la supérieure , le corps
de couleur argentine uniforme, la dorsale naissant au-dessus
des yeux, la caudale presque en croissant et formée de six
rayons. Ce poisson, qui atteint jusqu'à six pieds de longueur,
n'a que deux dents situées à la pointe de la mâchoire infé-
rieure, et quatre à la supérieure. C'est le plus conmiun du
genre. On le pêche et on le mange. Sa peau est couverte
d'une couche de matière argentée , qui peut être employée
dans la fabrication des fausses perles et dans la composition
d'une encre.
La ScaRCINE ponctuée, Scarcina punntata, dont !e mu-
seau est tronqué j la mâchoire inférieure plus longue que
la supérieure; le corps blanchâtre , tacheté de points bruns ;
la nageoire dorsale naissant sur les ouvertures branchiales;
la queue fourchue. Elle est plus petite que la précédente, et a
été décrite sous le nom de serpent de mer.
La ScARCiNE A QUATRE TACHES, qul a le muscau arrondi ,
les mâchoires presque égales; la couleur blanchâtre argentée
avec deux taches brunes de chaque côté du dos; les nageoires
dorsales naissant dessus les pectorales, la caudale presque en
croissant et formée de quatre rayons , la mâchoire inférieure
pourvue de plusieurs dents. Elle a deux pieds de longueur.
La ScARCiiSE IMPÉRIALE , dont le museau est arrondi , les
mâchoires égales, le corps argenté avec une bande longitu-
dinale bleuâtre de chaque côté du corps, la dorsale naissant
au-dessus des pectorales, la caudale presque fourchue , etc.
(DESM.)
se ARE, Scarus. Genre de poissons de la division des Tho-
RACiQUES, dont les caractères consistent à avoir les mâchoires
osseuses, très-avancée* tenant lieu de dents; une seule
nageoire dorsale.
11 ne faut pas confondre les espèces de ce genre avec le
scare d'Arislote , et autres anciens écrivains. Ce dernier fai-
soit partie des labres de Linnseus, et a été placé par Lacé-
pède dans un genre particulier , qu'il a appelé Cheline.
La conformation des mâchoires des scansesi remarquable,
en ce qu'elles sont toujours sans dents proprement dites, mais
chacune composée d'un seul ou de deux os fort saillans , fort
durs , tantôt tranchans et unis , tantôt dentelés. Ces mâchoi-
res , analogues à celles des diodons et même des tortues , sont
douées d'une force considérable, et propres à briser les co-
quillages , les crustacés , et les sommités des madrépores ,
des gorgones , et autres productions polypeuses dont ces
poissons se nourrissent. Elles sont à plus forte raison égale-
ment propres à couper les feuilles des varecs , des ulves ,
qu'ils mangent aussi.
Les espèces qui composent ce genre ne sont pas d'un grand
3o4 S C k
intérêt pour les peuples de l'Europe, attendu qu'elles vivent
presque toutes dans la mer Rouge et dans celles des Indes ;
mais elles brillent par la beauté de leurs couleurs. Il ne paroît
pas qu'aucune parvienne à une grandeur remarquable. Lacé-
pède en énumère dix-neuf qu'il a divisées en trois sections.
La première de ces sections renferme les scares gui ont la
nageoire de la queue fourchue ou en croissant. Ce sont :
Le ScARE SEDJAN, Scarus mulolus , Linn. , quia treize
rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du
dos ; sept rayons aiguillonnés et neuf rayons à celle de l'anus;
les denticules des mâchoires filiformes, et d'aulant plus
courtes qu'elles sont plus éloignées du museau; des raies lon-
gitudinales et ondulées de chaque côté du corps. I! se trouve
dans la mer Rouge.
Le ScARE ÉTOILE qui a treize rayons aiguillonnés et onze
rayons articulés à la dorsale ; sept rayons aiguillonnés et dix
rayons articulés à l'anale ; point de ligne latérale visible ;
l'anus caché par les thoracines; un grand nombre de taches
hexagones sur le corps. Il se trouve avec le précédent.
Le ScARE ENNÉACAMTHE qui aneufrayons aiguillonnés et
dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguil-
lonnés et neuf articulés à celle de l'anus ; la caudale en crois-
sant ; la ligne latérale interrompue; les denticules des mâ-
choires très-distincles et arrondies. Il habite les mers des
Indes, où il a été observé par Commerson.
Le ScARE POURPRÉ qui a huit rayons aiguillonnés et qua-
torze articulés à la nageoire du dos; deux rayons aiguillonnés
et douze articulés àTanale; la ligne latérale rameuse; trois
lignes latérales pourpres de chaque côté du corps. 11 habite
la mer Rouge.
Le ScAREHARiDE qui n'a point de rayons aiguillonnés, mais
vingt articulés à la nageoire dorsale; treize rayons à celle de
l'anus ; quatre rayons à la membrane branchiale ; deux lignes
latérales; deux denticules plus saillantes que les autres à cha-
que mâchoire. Il se trouve dans la mer Rouge.
Le ScARE CHAûEi qui n'apoint de rayons aiguillonnés, mais
vingt articulés à la dorsale , douze à l'anale ; deux denticules
plus saillantes que les autres à la mâchoire supérieure ; la
couleur générale noirâtre et d'un beau bleu , des raies ou
des points pourpres, ou d'un vert foncé ou bleuâtre sur la
tête ; les nageoires bordées de bleu ou de vert plus ou moins
foncé. Il se trouve dans la mer Rouge et dans celles des
Indes. Il vit de l'extrémité encore peu solide des madrépores
et autres productions polypeuses. Il passe pour venimeux à
l'Ile-de-France, d'après le témoignage de Commerson.
LeScAREPERROQUtT,5car«5/?s///ûcw5,quin'a point de rayons
aiguillonnés, mais vingt articulés à la nageoire du dos; onze
Tijrons à celle de Tanus; cinq rayons à la membrane bran-
chiale; deux lignes latérales rameuses; deux denticules plus
saïUanies que les autres à la mâchoire inférieure, et six à la
supérieure ; la couleur générale verte ; des traits bleus et
quelquefois mêlés de jaune sur la tête; les nageoires bordées
de bleu. Il se pêche dans la mer Rouge.
Le ScARE K.KATOÉ, Lcibms cretensis , Linn., qui n'a point
de rayons aiguillonnés, mais vingt articulés à la dorsale; onze
rayons à celle de l'anus; la ligne latérale très-rameuse- la
caudale en croissant; la lête et les opercules couverts d'é^
cailles semblables à celles du dos; la partie s-ipérieure d'un
vert foncé, et l'inférieure dun vert jann^re sans lach s II
est figuré dans Bloch, pi. 220, dans i Histoire naturelle des
boissons, faisant suite au Bujjon, édition de Deterville, vol 3
pag iSg. lise trouve dans la Méditerranée et dans la mer
des Indes. Daubenton l'appelle le labre aiolé.
Le ScAREDENTicuLÉ, qui n'a point de rayons aiguillonnés
maisdix-huit rayons à la nageoire du dos; onze rayons à
celle de l'anus ; la caudale en croissant; les opercules cou-
verts d'écaillés semblables à celles du dos; \^s dentelures
des os des deux mâchoires très-fines, très-séparées et éeales
11 est figuré dans Lacépède, vol. 4. , pi. i. Il se trouve dans
la mer des Indes, où il a été observé par Commerson.
Le ScARE BRiDÉ,qui n'a point de rayons aiguillonnés, mais
dix-neuf articulés à la nageoire du dos; dix rayons à celle de
I anus ; une seule ligne latérale ; la caudale en croissant • les
premiers et les derniers rayons de cette caudale beaucoup
plus longs que les autres; point de dentelures sensibles aux
os des mâchoires; deux bandes placées l'une au-dessus et
l'autre au-dessous du museau, réunies auprès de l'œil , et pro-
longées ensuite jusqu'au bord postérieur de l'opercule. Il est
figuré par Lacépède, vol. 4, pi. i. On le trouve avec le pré-
cédent. ^
Le ScARE DE Catesby, qui a trente-trois rayons à la dor-
sale ; la caudale en croissant, la couleur générale verte; ua
croissant rouge sur la caudale. Il est figuré dans Catesby >
V. 2 , pi. 29. On le trouve dans les mers de la Caroline. '
La seconde section des scares comprend ceux qui ont la
queue tronquée ou arrondie. Ce sont :
Le ScARE VERT, qui a vingt rayons à la nageoire du dos,
onze à celle de l'anus; la caudale tronquée ; quatre rayons à
la membrane branchiale ; les écailles arrondies, rayonnées
et bordées de vert. Il est figuré pi. P. 19. On le trouve dans
la mer du Japon où il est très-commun.
Le ScARE GHOBBAN, qui a di.K-neuf rayons à la nageoire
dorsale; douze à celle de l'anus i quatre à la membrane bran-
xx$.
ao
3o6 S C A
chiale-, la caudale rectiligne; deux lignes latérales de chaque
côté -, chaque écaille marquée de deux taches, l'une bleue et
l'autre brune. Il habite la mer Rouge.
Le ScARE FERRUGINEUX, qui a vingt rayons à la nageoire du
dos; douze à celle de l'anus; la caudale tronquée net; la li-
gne latérale double; chaque mâchoire séparée en deux os, et
d'une couleur verte , ainsi que le bord des nageoires ; la cou-
leur générale d'un brun de rouille ; le corps et la queue
un peu hauts. Il habite avec le précédent.
Le ScARE DE FoRSKAEL, Scants sordidus, qui a vingt rayons
à la nageoire du dos; douze à celle de l'anus; la caudale tron-
quée ; la ligne latérale double ; chaque mâchoire séparée en
deux os , et dîune couleur rougeâtre ; le corps et la queue
étroits et allongés. Il habite encore avec les précédens , et
on doit sa connoissance , ainsi que celle de la plupart des
autres, à Forskaël, qui a exploité avec tant d'avantages pour
la science de la nature, les richesses de la mer Rouge.
Le ScARE DE SCHOSSER , qui a quatre rayons aiguillonnés,
onze articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés
et quinze articulés a celle de l'anus; la mâchoire inférieure
plus avancée que la supérieure; la couleur générale d'un jaune
doré; cinq taches brunes de chaque côté. Il se trouve dans
la mer des Indes.
Le ScARE ROUGE , qui a neuf rayons aiguillonnés et dix
rayons articulés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et
dix rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; la ligne la-
rale rameuse ; la couleur générale d'un rouge mêlé d'argen-
té : quelquefois deux raies longitudinales blanches ou argen-
tées. Il est figuré dans Bloch, pi. 221 , et dans le Buffon de
Deterville, vol. 3, pag. iSg. On le pêche dans la mer des
Indes et autour des Antilles.
La troisième section des scares renferme ceux qui ont la
queue trilobée.
Le ScARE TRILOBÉ, qui a deux rayons aiguillonnés et seize
articulés à la nageoire du dos ; trois lobes très-marqués à la
nageoire de la queue. Plumier l'a observé dans les mers de
l'Amérique méridionale.
Le ScARE TACHETÉ , qui n'a point de rayons aiguillonnés ,
mais vingt-un articulés à la nageoire du dos; neufâ celle de
l'anus ; point de dentelures sensibles aux os des mâchoires ;
l'opercule d'une pièce; une petite tache sur presque toutes
les écailles. Il est figuré dans Lacépède, vol. 4-? pl- i- Com-
inerson l'a observé , décrit et dessiné dans la mer des Indes.
SCARIOLA. Ce nom, qui paroît dériver du latin scario-
susf a été donné anciennement à l'endive (cichorium endma).
s C A 307
et puis à une espèce de laitue (Jactuca scanolà), qui en a rete-
uu le nom. Ces deux plantes n'offrent rien de scarieux, ce
qui peut faire croire que le nom de scariola peut être cor-
rompu de seriola^ diminutif de seits , nom grec ancien de la
chicorée. V. Seris. (ln.)
SCARIOLE. Nom vulgaire de I'Escarole ou Chico-
rée ESCAROLE. (B.)
SCARITE, Scarites.Yah.y Oliv. , Latr.; Attelabus , Deg.
Genre d'insectes , de l'ordre des coléoptères , section des
pentamères, famille des carnassiers, tribu des carabiques,
distingué des autres genres de celte division , par les carac-
tères suivans : jambes antérieures écliancrées au côté interne
dentées extérieurement ou palmées; antennes moniliformes
et dont le second article aussi long ou plus long que le troi-
sième; mandibules fortes, dentées; languette courte, lar^e
évasée au bord supérieur; mâchoires crochues à leur ex-
trémité; palpes filiformes.
Degéeravoit bien jugé (\aQ\eiénébnon fossoyeur àe Linnfeus
devoit former une coupe générique particulière. II l'établit
lui donna le nom à''attelahe déjà consacré par ce naturaliste
à un autre genre d'insecte, et associa au coléoptère précé-
dent une espèce de notre genre parandre. Quoique celui des at-
telabes de Linnaeus eût besoin d'être simplifié , ainsi que cet
auteur le fait pressentir lui-même dans une note de son sys-
iema naiurœ^ il étoit cependant convenable que la coupe gé-
nérique à laquelle on conserveroit le nom d'attelabe, offrît
quelques-unes des espèces dont il avoit été primitivement
formé. C'est ce qui n'a pas lieu par rapport au genre atte-
labe de Degéer; aussi ce renversement nominal n'a pas été
reçu, et la plupart des naturalistes onf, avec Fabricius dé-
signé sous la dénomination de* scarites, les coléoptères que
Degéer avoit eus principalement en vue , en instituant son
genre attelabe. Olivier et quelques auteurs allemands ont
réuni aux scariles des insectes, qui en ont, à la vérité le
port extérieur , mais qui s'en éloignent par d'autres carac-
tères. J'ai commencé cette réforme. Mais le naturaliste qui a
le plus contribué à éclaircir ce sujet, est M. Bonelli,de l'aca-
démie des Sciences de Turin.
Les scarites de Fabricius forment,dans la méthode de M.
Bonelli , une petite sous-famille , composée des genres :
scurite , pasîmaque, carène, clhine, disdiirle et apotome. Les
trois premiers sont distingués des antres, à raison des den-
telures très-prononcées des mandibules et d- la forme de la
languette qui est courte , large, éVoSée au bord supérieur.
Dans les carènes, les palpes extérieurs sont plus gros à leur
extrémité. Les scarites ont leurs mâchoires terminées ea
3o8 se A
pointe arquée ou crochue , tandis que celles des pasima-r
ques sont droites. Le corps de ces derniers insectes est d'ail-»
leurs plus court et proportionnellement plus large, presque
ovale , avec le corselet en forme de cœur tronqué , et forte-;
ment échancré ou concave à ses deux extrémités.
Les scarites sont propres aux pays chauds des deux mon-
des, et ne paroissent pas avoir les habitudes carnassières des
autres insectes de la même famille. Ils se tiennent à terre*'
et souvent cachés dans les trous ou les crevasses que le sol
leur présente. Les uns sont ailés et les autres aptères. Toutes
les espèces connues sont d'un noir luisant et uniforme. On
trouve, dans les départemens les plus méridionaux de la
France , les trois suivantes :
ScARiTE PYRACMON, Scarites pyracmon^ Bonelli; 'Scarites
gigas, Oliv. , Coléoptères y tom. 3, n^. 36 , pi. i, fig. i ; long
d'environ un pouce; sans ailes; déprimé; front strié, avec
deux impressions ; corselet large, unidenté de chaque côté ;
élytres unies avec des stries très-fines, à peine apparentes; une
dent aiguë au rebord extérieur , près de la base ; quatre ou
cinq dentelures au côlé extérieur des deux jambes antérieu-
res, avant les trois dents fortes qui les terminent; le même
côté des jambes intermédiaires offrant deux petites épines.
SCARITE TERRICOLE , Scarites Urricola , Bonelli ; long de
huit à neuf lignes ; ailé ; de petites rides sur la tête ; des stries
ponctuées sur les élytres ; une petite épine au côté exté-
rieur des jambes intermédiaires.
ScARiTE DES SABLES , Scarites sabulosus, Oliv. , ibid.f pi. i^
fig. 8 ; Scarites lœvigatus, Fab. ; semblable au précédent , mais
sans ailes , et n'ayant, sur les étuis , que des lignes peu mar-
quées. Voyez,pour les autres espèces, les observations ento-
mologlques de M. Bonelli, imprimées dans le recueil des
Mémoires de l'académie des Sciences de Turin. Voyez aussi
l'article Clivine. (l.)
SGARITIS. Pierre citée par Pline,et qui avoit la couleur
du poisson scarus, que l'on croit être notre Brème, (ln.)
SCARLATTE. F. Jacapa scarlatte. (v.)
SCAROGE. Nom vulgaire de I'Agaric élevé. Il se
mange, (b.)
SCARUS, F. SCARE. (DESM.)
SCARZAPEPE. Nom italien d'une espèce de Menthe
dont le goût est poivré, (ln.)
SCARZERINE. F. Cini , article Fringille, page i85.
(V.)
SCM:OVK\GE,Scatophaga,¥ah. ; Musca, Linn., Geoff. ,
Deg. Genre d'insectes , de l'ordre des diptères , famille
des athéricèrsis ^ ^^^^^ ^^^ muiscides , éti^li par Fabrlcius
s C A ^§
{systema antlial.); et qu'il signale ainsi : palpes relevas , plus
gros vers leur extrémité , insérés sur le coude de la trompe ;;
antennes avancées , de trois articles ; le troisième presque
triangulaire , pointu. On voit par ce dernier caractère et
ceux qui, d'après ce naturaliste , distinguent la physionomie
générale des scatophages , qu'il a pris pour type de cette
coupe générique , les espèces nommées marginata , reti-
dilata y chœrophylli , et quelques autres analogues. Mais ,'
bien antérieurement, M. Duméril , dans une nouvelle
classification des muscides , avoit formé avec les mêmes
espèces un genre propre , celui de iétanocère , que j'avois
adopté , la plupart de ces insectes se trouvant plutôt
sur les feuilles ou sur les fleurs , que sur les excrémens ;
la dénomination de scatophage est d'ailleurs très-im-,
propre.
Il m'a paru que les mouches nommées par Linnaeus ,'
scybalaria y stercoraria , ne pouvoient, sous le rapport de la
forme générale de leur corps et de leurs habitudes , rester
dans le genre muscay et qu'elles dévoient former une coupe
spéciale , celle que j'ai nommée scatophage. Le corps de ces
insectes est proportionnellement plus long et plus étroit que
celui des mouches proprement dites. Les balanciers sont
presque entièrement nus, et les ailes se croisent; la têt«
est plutôt ronde que transverse ; les antennes , plus courtes
qu'elle, sont rapprochées à leur base , inclinées, avec le
dernier article , ou la palette , beaucoup plus long que le
second (le précédent) , formant un carré ou un prisme al-
longé , et accompagné d'une soie simple ; les palpes sont
presque filiformes; les yeux sont arrondis; l'abdomen est
ovale ou oblong; les pattes sont ordinairement très-hérissées
de poils ; les deux dernières sont beaucoup plus fortes ; dans
toutes, les tarses se terminent par des peloltes allongées.
Scatophage commun, Scatophaga vulgaris; Musca stercoraria^
Linn. , Fab. ; Réaum. , Ins. , 4» *• 27,fig. i-3. Cette espèce a
quatre lignes de long ; le mâle diffère de la femelle ; ils ont
l'un et l'autre les yeux roux , le devant de la tête jaunâtre , le
corselet gris , avec des poils d'un jaune verdâtre; l'abdomen
court, ovale, recourbé en dessous ; celui du mâle est couvert
de poils d'un jaune fauve , celui de la femelle a des poils gris j
en moindre quantité que celui du mâle ; les ailes , dans les
deux sexes, sont beaucoup plus longues que l'abdomen ; elles
ont une teinte d'un brun jaunâtre , surtout à l'origine , et un
petit point brun vers leur milieu ; les cuisses et les jambes
sont couvertes de poils courts de couleur jaune , parmi les-
quels sont quelques poils noirs , longs et roides. Cet insecte
est très-commun; on le voit continuellement se poser sur les
3io S C A
excréniens des hommes et des animaux, dont il se nourrit et
sur lesquels il dépose ses œufs. Chaque œuf a , vers l'un de
ses bouts, deux ailerons qui s'écartent l'un de l'autre, comme
deux cornes. Ces deux ailerons servent à la mouche à piquer
son œuf dans la fiente , à mesure qu'il sort de son corps , et
l'empêchent de l'y faire cntrer^rop avant , afin que la peliie
larve qui doit en sortir, ne soit pas suffoquée par la matière
molle et humide dont l'œuf est environné.
On trouve cet insecte dans toute l'Europe, (l.)
SCATOPSE, Scaihopse, (ieoff., Oliv. , Lath. , Fah. , Meig.
Genre d'insectes de l'ordre des diptères , famille des ncmo-
cères , tribu des tipulaires, ayant pour caractères : trompe
très-courte, bilabiée ; antennes épaisses , cylindriques , de
onze articles; trois petits yeux lisses ; palpes très-courts,
relevés, n'offrant, distinctement, qu'un seul article; yeux
lunules.
Les scatopses ( mouches à ordure ) doivent leur nom et leur
distinction générique à l'auteur de l'excellente Histoire des
Insectes des ennrons de Paris. Ils ont des rapports avec les
hihions , et ont été mis avec eux dans le genre des iîpuJes , par
Linnseus et Degéer. Scopoli , presque en même temps
que Geoffroy , avoit distingué les scatopses sous le nom
générique de ceiia , que Fabri^ius a ensuite appliqué à un
autre genre. Les scatopses ont le corps oblong ; la tête pe-
tite , ronde , avec les antennes une fois plus longues qu'elle,
et trois petits yeux lisses; le corselet allongé, convexe,
comprime latéralement ; les ailes grandes , couchées sur le
corps; l'abdomen gros , ovale , très-obtus ou arrondi au
bout ; les pattes sans épines, avec les cuisses antérieures un
peu rentlées, les tarses cylindriques et munis au boul de deux
crochets , petits , mais sensibles et d'une pelotte.
Le scatopse noir est très-commun dans les latrines , sor*-^
tout à la fin de l'automne. On y en trouve fréquemment
d'accouplés ; les deux sexes sont dans une même ligne , leurs
têtes occupant chacune un de ses bouts. Ils marchent ainsi
dans cette position sans se séparer , l'un étant entraîné par
l'autre , quelquefois plus d'une semaine.
Les larves des scatopses ressemblent à de petits vers an-
nelés et apodes. Elles se trouvent dans les latrines et les fu-
miers humides, et se changent en nymphes, dans lesquelles on
découvre les membres extérieurs de l'insecte parfait qui en
sortira.
Scatopse noir, Scatopse nigra, Geoffr, , Hist. des ins. ,
tome 2 , psge 545 ; Ccria dccem-nodia , Scop. ; Tipula tatrina-
rum , l^f'g- 1 InsecL, tome 6, pi. 28 , fig. 1-2. Cet insecte n^a
qu'une ligne de long. Il est d'un noir luisant, avec les ailes
s C A 3ii
blanches, transpirrenles , ayant au côté exhirieur deux gros-
ses nervures noires et parallèles. Les balanciers sont pâles ;
l'abdomen a, de chaque côté , à sa base , un point jaune.
Le dessous des feuilles du buis offre souvent de petites
galles, servant d'habitation et de nourriture à de petites lar-
ves , de couleur jaune , avec deux points noirs , formés par
les yeux. Il en sort une petite espèce de diptère , que Geof-
froy nomme scatopse du buis. Mais il est aisé de voir, d'après
la figure , ainsi que l'histoire des mœurs de cet insecte , don-
nées par ce naturaliste , qu'il appartient au genre cécidomyie.
La piqûre que fait la femelle , aux feuilles du buis, pour y
déposer ses œufs , occasione les tumeurs que l'on y remar-
que. (L.)
SCAUKE, Scaurus, Fab. , OHv. , Herbst. , Latr. , Lam.
Genre d'insectes coléoptères , section des hétéromères , fa-
mille des mélasomes , tribu des piméliaires , distingué des
autres genres de cette famille , par les caractères suivans :
éluis soudés ; palpes maxillaires presque filiformes ou légè-
rement plus gros à leur extrémité ; menton de grandeur
moyenne , ne recouvrant pas l'origine des mâchoires , en
forme de carré transversal, entier; languette entière; an-
tennes de grosseur égale ou filiformes , de onze articles ,
dont le huitième et les deux suivans presque ovales, et dont
le dernier allongé , conique ; corps ovale-oblong ; corselet
presque carré; abdomen fortement embrassé par les élytres ,
en forme d'ovale , tronqué à sa base ; pattes antérieures
grosses.
Le domaine de ces insectes a peu d'étendue, et paroît être
borné aux contrées méridionales de l'Europe , à celles de
l'Afrique, qui sont situées entre l'Océan et la Méditerranée,
à l'Egypte et à la Syrie , de sorte que leur patrie semble être
circonscrite par le bassin de cette mer intérieure. Ils vivent
exclusivement à terre , dans le sabje , parmi les décombres
ou sous les pierres ; ils grimpent quelquefois le long des murs.
Leur démarche est pesante , ainsi que celle des blaps , des
akis, des iénébriom, et aulres coléoptères analogues. On
n'en connoît qu'un petit nombre d'espèces , et dont quel-
ques-unes diffèrent sexuellement par leurs pattes antérieures.
Fabriclus , dans son système des éleutherales, en a men-
tionné quatre , mais dont la troisième ( sulcaius ) doit être
placée dans le genre ariste , de la famille des carnassiers. Le
Scaure viennois de Muhl fed , représenté dans la Faune d'Alle-
magne de M. Sturm , tome 2 , pi. l^\ , paroît devoir former
un genre propre.
Les couleurs ne peuvent servir à distinguer les espèces ,
ces insectes étant entièrement noirs; quelquefois, cependant ,
3i3 S C A
leur teinte est accidentellement un peu cCTidrée ou terreuscJ
Xics espèces que je vais décrire ne sont pas rares dans les
deparlemens de la France , qui bordent la Méditerranée ,
ainsi qu'en Espagne , d où mon ami M. Léon Dufour m'en
a envoyé un grand nombre.
S( AURE jRisTE, Scuunts irisiis , Oliv, Col., tome 3,
n.» 62 , pi. I , fig. 7. Cette espèce , que Fabricius avolt
d'abord distinguée sous le nom de calcar,atus, etqu'il a ensuite
réunie a celle qu'il appelle striatus, a le troisième etle dernier
articles des antennes allongés; le bord antérieur de la tête sim-
plement arqué ou concave-, les cuisses antérieures armées de
deux dents -, dans les deux sexes ; les jambes antérieures
échancrées à leur base interne ; l'écusson transversal ; et
deux arêtes aiguè's , outre la moitié d'une autre située posté-
rieurement , sur chaque él) tre ; les intervalles sont lisses ou
foiblemenl ponctués. Cette espèce se trouve , plus particu-
lièrement, en Espagne et en Barbarie.
Se AURE STRIÉ, Scuurus slriatus , Fab. ; Oliv. , ihid, fig. 2 ;
pi. P, 14, 10 de cet ouvrage ; distinct de tous les autres par
l'échancrement aigu , ou en forme d'angle , du bord anté-
rieur de sa tête. Ses antennes sont plus courtes que dans le
précédent, mais plus allongées , néanmoins, que dans les
«spèces suivantes ; le dernier article est en forme de cône
allongé. Les cuisses antérieures ont en dessus , dans les deux
sexes , une forte dent ; on en voit une autre , dans la femelle,
sur le dessous de la même partie , mais peu prononcée. Les
jambes antérieures sont simples et arquées dans les deux sexes.
Les élytres ont chacune trois carènes aiguës , fortes et com-
plettes ; chaque intervalle offre quatre rangées de points en-
foncés , mais foibles. Le vertex de la tête n'a point d'im-
pression.
ScAURE PONCTUÉ , Scaurus punciatus, Fab. Antennes cour-
tes dans les deux sexes , avec le dernier article , en forme de
cône peu allongé ; le vertex de la tête rugueux et marqué d'une
impression ; cuisses antérieures des deux sexes unidentées en
dessus ; une autre dent en dessous , dans la femelle ; jambes
antérieures de ces derniers individus , ayant une dent forte
et aiguë, au bord interne , entre le milieu et l'extrémité ; les
ïambes simples dans l'autre sejçe ; trois arêtes écrasées, mais
distinctes , à chaque élytre ; quatre rangées de points très-
marqués , dans les intervalles compris entre elles.
ScAURE NOIR, Scaurus stratus , Fab, ; Oliv., ihid., fig. i.
Antennes courtes dans les deux sexes; vertex moins rugueux
que dans le précédent ; cuisses antérieures n'ayant qu'une
seule dent dans les deux sexes ; côté interne des jambes an-
tfrieures de ia femelle ayant, entre son milieu et l'ex-
s C E ?i3
tr^mitë, une saillie, en forme de dent ; ces mêmes jambes
simples ou n'ayant que de petites dentelures dans l'autre
sexe; élytres n'ayant chacune qu'une arête écrasée , la laJ
térale ; des rangées de points enfoncés , comme dans le
précédent , mais point séparées par des côtes, (l.)
SCA.VISSON. Nom de l'écorce du Laurier cassie. (b.)
SCEAU DE NOTRE-DAME. C'est le Taminier com-
mun, (b.)
SCEAU DE SALOMON. Plante du genre des Muguets.
(B.)
[ SCECACHUL ou SECACUL. Nom arabe d'une plante
dont on regarde les graines, ainsi que les racines, comme
très-propres , lorsqu'on en mange , à disposer aux plaisirs
de i'amour. On a cru que c'étoit la Gundelle et I'Échino-,
phOre, mais Ventenat, dans l'ouvrage sur \t& plantes nou-
velles du Jardin de Cels, a fait connoître , d'après le té-
moignage d'Olivier, que c'était une nouvelle espèce de Pa-
nais, (b.)
SCELERATA. Nom donné parles anciens, et par quelques
botanistes, à une espèce de renoncule , à cause des qualités
malfaisantes qu'on lui attribue. V. Ranunculus. (ln.)
SCÉLÉRI. V. Céleri, (s.)
SCËLION, Scelio, Lalr. Genre d'insectes , de l'ordre des
hyménoptères , section des térébrans , famille des pupivores,
tribu des chalcidites.
Les scélions, ainsi que les téléades et les platygaslres , ont
un caractère commun qui les distingue des autres insectes
de la même tribu. Leur abdomen est allongé , déprimé et en
forme de spalule. Les antennes des mâles sont allongées et
filiformes. Les mandibules , de même que celles des cléo-
nymes , des spalangies et des encyrtes, n'offrent à leur extré-
mité qu'une ou deux dentelures , tandis que celles des leu-
cospis , des chalcis , et des autres chalcidites , en ont de trois
à quatre. Mais , dans les cléonymes , les spalangies et les
encyrtes , l'abdomen est plus ou moins triangulaire ; les an-
tennes des deux sexes forment , à partir de leur coude, ou du
second article, une massue allongée, ou vont, du moins,
en grossissant. Celles des scélions et des platygastres ne
sont composées que de dix articles : caractère qui éloigne
ces insectes des téléades, où ces organes ont deux articles de
plus, c'est-à-dire, douze. Enfin, le premier et le troisième
de ces articles sont peu allongés dans les scélions , tandis que
ceux des téléades ont une longueur très - remarquable. Les
ailes supérieures de ces insectes ne présentent aucune cellule
complète ; on voit seulement , près du milieu de leur côte ,
3i4 S C K
radiale. Nos scellons se rapportent , dans la méthode de
M. Jurine , à son genre céraphron.
Ces hyménoptères sont très-petits, et vivent probablement
à la manière des autres chalcidites. L'espèce que j'ai nom-
mée RuGOSULE , Rugosuius , est noire , très-finement ridée ,
avec les ailes obscures , et la majeure partie des pattes d'un
fauve noirâtre ; les cuisses , leur bout excepté , sont noires.
Cet insecte se tient sur les graminées et sur d'autres plantes
peu élevées au dessus de la terre. Il n'est pas rare aux envi-
rons de Paris, (l.)
SCELLAN. Poisson dont on faisoit cas, à Parisj, dans le
douzième siècle. J'ignore son nom actuel, (b.)
SCEMBRA-VALLI. Rhéède donne ce nom à la Vigne
DE L'Inde, (b.)
SCENICLE. V. Tarin à l'arilcle Fringille , p. lyi-Cv.)
. SCÉNOPINE, Scenopinus, Lalr. , Fab. , Lam. ; Musca ,
Linn. ; Nemoteliis, Deg. ; Cona , Schellenberg. Genre d'in-
sectes, de l'ordre des diptères, famille des alhéricères, tribir
des muscides , distingué des autres genres de cette division ^
par les caractères suivans ; antennes presque cylindriques ,
courtes, de trois articles , dont le dernier allongé , presque
cylindrique , comprimé , un peu aminci vers son extrémité ,
sans soie latérale.
Les scénopines ont les caractères des mouches , avec les-
quelles on les a placées; mais elles en diffèrent par leur pa-
lette mutlque ou sans sole. Leur corps est presque cylindri-
que; leur tête, de la largeur du corselet , est occupée par les
yeux ; leur corselet est allongé et cylindrique ; les ailes sont
couchées l'une sur l'autre ; les balanciers sont découverts ;
l'abdomen est allongé et plan en dessus ; les pattes sont de
grandeur moyenne , glabres ou sans épines.
Le seul insecte de ce genre qui me soit connu, est la mou-
che des fenêtres de Linnœus et de M. Fabricius , la némotèle
des fenêtres de Degéer. Son corps est long d'environ deux
lignes. La tête et le corselet sont d'un noir bronzé : les yeux
sont bruns , conllgus postérieurement dans les mâles. L'ab-
domen est plus court dans les individus de ce sexe , que dans
ceux de l'autre ; il offre aussi , dans les uns , quelques raies
étroites et Iransverses d'un blanc éclatant ; le dessus des an-
neaux paroît avoir des rides transverses ou des plis ; le se-
cond est plus grand , et a deux points rapprochés plus obs-
curs. Les ailes ont une légère teinte noirâtre. Les pattes sont
d'un brun clair.
On rencontre assez souvent cet insecte sur les vitres des
fenêtres, (l.)
s C H 3i5
SCEPTRON. Synonyme du Lychnis siephanomatice ou
coronaria des anciens Grecs. V. Lychnis. (ltm.)
SCEPTRUM CAROLINUM. Rudbeck a donné ce
nom à une très-belle espèce de Pédiculaire , qui l'a con-
servé comme nom spécifique, (ln.)
SCEURA. Il n'est pas constant, selon nous, que le sceura
marilima de Forskaël soit le horau de Kœmpfer ; mais il est
vrai que la plante de Forskaël est Vavicennia tomentosa , L. ,
et cette plante Vœpata des Malabares. Adanson en a fait le
type de son genre iipata, et il fait de Vhorau un autre genre
différent , et les deux sont dans des familles différentes, (lis.)
SCHAALEN BLENDE de Karsten, ou Blende tes-
TACÉE. V. Zinc sulfuré , L. (ln.)
SCHAALSTEIN. Les anciens minéralogistes allemands
ont donné ce nom à des variétés de fer carbonate en masse
lamelleusc. Werner le donne au spath en table. V. ce mot.
(LN.)
SCHABASIT des Allemands. V. Chabasie. (ln.)
SCHACAL ou CHACAL. Quadrupède carnassier du
genre des Chiens, (desm.)
SCHACH ou SCACK, Lanius schach^ Lath. ; PlE-
GRIÈCHE de la Chine , décrite par Osbeck ( lier , pag. 3 ) ,
et qui porte ce nom dans le même pays. Cet oiseau , qui
est de la grosseur du tyran , a le dessus de la tête et du cou
de couleur grise , le dessous du cou d'un blanc rongeâtre , le
front et les ailes , noirs ; le reste du plumage , jaunâtre, avec
une teinte de rouge de brique au dos et au ventre. Osbeck
fte nous a rien appris au sujet des habitudes naturelles à cette
PlE-GRIÈCHE. V. ce mot. (s.)
SCHACHAL. r. ScHACAL. (DESM.)
SCHADAK. V. Sadajak. (desm.)
SCHv^DAVELI-KELANGU. Rhéed^ a figuré , sous
ce nom , I'Asperge sarmenteuse. (b.)
SCHADIDA-CALLL Nom brame d'une variété de Veu-
phorbia aniiquovum , L. (ln.)
SCHAFAN ou SAPHAN. V. Daman, (desm.)
SCHAGA-RAG. Le rollîer porte ce nom en Barbarie.
(s.)
SCHAGUI-COTTAM. Plante figurée par Rhéede,et qui
se rapporte au Greuvier a petits fruits, (b.)
SCHAHAU ou SCAHAU. Nom turc du Balbuzard.
un petit rameau qui forme avec elle rébaûche d'une celluFe
3i5 S C H
SÇHAITAN. Nom du Freux chez les Tarlares àes
montagnes de la Sibérie, (v,)
SCHAKAL. V. ScHACAL. (desm.)
SCHAKTEN. Nom hébreu de T Amandier, (ln.)
SCHALAC. Nom hébreu du Coucou, (s.)
SCHALACH. C'est ie Héron en hébreu, (s.)
SCHALL. Poisson du genre Silure , observé dans le
Nil parSonnini , et figuré pi. ai de son Voyage en Egypte. II
a six barbillons , dont les deux plus longs sont attachés à la
lèvre supérieure. Sa première nageoire dorsale est com-
posée de sept rayons, dont le premier est en forme de longue
épine dentée. Sa seconde dorsale est charnue. Son anale
est composée de dix rayons. Sa couleur est d'un gris-brun y
avec des taches rouges sur la tête , et un demi cercle de
même couleur à la base de la queue. Il atteint plus d'un
pied de longueur. Sa chair est peu estimée. V. Voyage de
Sonmni, vol. 2 , p. 278, et le mot Silure, (b.)
SCHALLAGAI. Nom que porte le Pika dans le canton
d'Arinza eu Sibérie, (s.)
SCHANGAMNAM PALLA. Nom malabare d'une
espèce de hedyotis , qui est peut-être une variété de Vhe-
dyuiis herhacea , L. , ou le parpadagam des Malabares, (ln.)
SCHARB, Nom employé par Albert pour désigner le
Cormoran, (v.)
SCHARCHOESCHI.Nomdel'ANTiLOPETzEÏRANchez
lesTartares mongoux. V. ce mot. (s.)
SCHASCHAP. Nom hébreu du Coucou, (s).
SCHATÏENERZ. Au Harlz et en Suède, on donne ce
nom au Plomb sulfuré compacte et au Plomb sulfuré
GRENU, (ln.)
SCHAUCH. L'un des noms arabes de la Pêche, (ln.)
SCHAUMERDE. V. Chaux carbonatée nacrée ter-
reuse, (ln.)
SCHAUMKALK, de Werner , est la même substance
que le schaumerde , c'est-à-dire , que la Chaux carbo-
natée nacrée terreuse, (ln.)
se H AU M LAVA des Allemands. Ce sont les écumes
que l'on trouve sur les courans de laves, espèces de scories
encore en partie lithoïdes. (ln.)
SCHAUMSTEIN des Allemands. C'est la même pierre
que leur mehheoliih. V. MÉSOTYPE, (ln.) "
SCHAUMÏHON des Allemands. Ce sont les Argiles
A EOULOIi., CWS4 •
s C H 3
SCHAW. Nom arabe d'un arbuste qui croît sur les limites
du Darfour et de l'Egypte , entre Sweini et Jiir-el- Malha.
Les gens du pays ont coutume de frotter leurs dents avec
un morceau de branche de schaw ; ils disent que le suc âpre
de ce bois les blanchit. Cet arbre croît près des sources sa-
lées. Les chameaux le broutent avec répugnance. R. Brown
présume que c'est le Rack de Bruce ; ses feuilles sont ovales
oblongues et dures ; elles ont le goût piquant de la mou^
tarde, (ln)
SCHAWIE, et mieux SHAWIE, 5/ia(via. Lamouroux,
son bel ouvrage sur les polypiers coralligènes flexibles, pro-
pose de doMner ce nom à la Tubulaire magnifique , que
Shaw a figurée dans le cinquième volume des Transactions
de la Société Linnéenne de Londres , et que Lamarck a
rangé parmi les Amphitrites. (b.)
SCIIÉ. Espèce d'ABSYNTHE, qui, dans le Darfour, sert
comme parfum et comme remède. Le sché et le rhéa se trans-
portent d'Egypte dans le Darfour, et s'y vendent avec avati-
tage. (LN.)
SCHEA. Nom du pays de l'arbre qui donne le Beurre
DE Galame ; arbre qui paroît appartenir au genre Tllipé.
(B.)
SCHEBER. Nom hébreu du Blé. (ln.)
SCHÊDONORE, Schcdonorus. Genre de graminées établi
par Palisot-de-Beauvois, pour placer quelques espèces de
FÉTUQUES. Ses caractères sont : pédicelle des épillets, ren-
flé , cunéiforme ; balle calicinale de deux valves très-cour-
tes , renfermant de cinq à quinze (leurs, chacune de deux
valves , dont l'inférieure est barbue , dentée et sétifère à son
sommet, et la supérieure bifide; écailles subulées, entières,
glabres. Les Fétuques très-élevée, arondinacée , folia-
cée , DES PRÉS , des bois, TARDIVE , etc. , en font partie.
SCHEELIN ou TUNGSTENE. Ce métal est infusible
même au feu le plus actif de nos meilleures forges ; il est
très-dur , quoique cassant. La lime mord à peine dessus.
Il est brillant, et d'un blanc-grisâtre, semblable à la couleur
du fer. On ne l'a pas encore pu obtenir en régule parfait.
Sa pesanteur spécifique est de 17,6 ; le schéelin est presque
aussi difficile à fondre que le molybdène.
Lorsqu'on fait rougir le schéelin , à l'air libre ou à une
température élevée , il s'oxyde et devient brun. L'oxyde
de schéelin , lorsqu'il est combiné avec d'autres corps ,
joue tantôt le rôle d'oxyde , et tantôt celui d'acide.
L'acide schéelique est solide , jaune, inodore , insipide ,
3i8 S C H
beaucoup plus pesant que l'eau, et sans acUon sur la tein-
ture de tournesol. Il ne se décompose pas, ni ne se fond,
lorsqu'on l'expose au feu. Mis en contact avec l'oxygène,
peu importe à quelle température , il n'éprouve aucun chan-
gement. Il coniient 25, o d'oxygène , ou 26,4-3 , sur loo
parties. D'après Bucholz, et suivant Berzelius, l'acide schée-
lique ou lungslique n'a pas une grande affinité avec les oxydes
métalliques ; il se combine avec la soude, la potasse , 1 am-
moniaque , et donne des sels solubles dans l'eau , et très-
fusibles. Les autres sels connus à base de schéelin, sont
insolubles , et la plupart fixes el indécomposables au feu.
Schéele, en 1781 , reconnut que le minéral appelé tung-
stène ou wolfram renfermoit un acide particulier uni à la
chaux. Bergmann regarda cet acide comme ayant une base
métallique : c'est ce qui fut prouvé par lesfrères d'EUhuyart.
Le schéelin a été l'objet de plusieurs travaux de Vauquelin ,
Hect, Berzelius, Chevreul.Les minéralogistes ont cru devoir
lui donner le nom de Schéele , chimiste célèbre qui a tant
concouru à l'avancement de la science.
Dans la nature , on trouve deux espèces de minerai à base
de schéelin ; ces deux minerais sont le schéelin calcaire et le
schéelin ferruginé , qui sont deux combinaisons acides de ce
métal. On prétend avoir découverlaussiunq troisième sorte
de combinaison naturelle de l'acide schéelique ; c'est celle
avec le plomb , en Saxe.
SCHÉELIN-CALGAIPxE, Uauy',—Sc}iiversiem, Wern.;
— Wolfram de couleur blanche , R. D. ; — Tungsten , Kirvv.,
James; Twigsiate calcaire^ mine (Télain btanche ^ Deborn;
— Scheelerz , Reuss. , Leonh. , Karst. , vulg. tungstène ). Le
schéelin calcaire est d'un blanc jaunâtre , quelquefois grisâ-
tre, et quelquefois aussi très-blanc , ou bien orangé, gris de
perle ou plombé. 11 est amorphe et cristallisé ; ses cristaux
sont des octaèdres à triangle isocèle , égaux et semblables,
tantôt purs, tantôt ayant des facettes additionnelles. Les
faces d'une pyramide sont inclinées sur celles adjacentes de
la pyramide opposée , de i3o degrés 20' ; elles sont lisses
et brillantes. Sa cassure est lamelleuse , quelquefois vitreuse
ou plutôt irrégulière , avec un coup d'œil gras.
11 est translucide , quelquefois demi-transparent ; on le
casse aisément , car il est tendre et fragile. Sa pesanteur
spécifique varie entre 5,8o et 6,028 , selon Kirwan ; elle est
de G, 066 , d'après Brisson ; Gellert la porte à 6,000 , et
Klaproth, de 5,57$ , à 6,oi5.
Au chalumeau, le schéelin calcaire est iniusible , se fen-
dille et s'opacifie ; avec le borax, il donne un verre Iranspa-
s C H 3i9
rent ou opaque , selon la dose du horax , mais il ne se fond
pas du tout ; il ne fait pas effervescence avec les acides.
Il en existe plusieurs analyses que voici :
I 2 3 4 5
Schéel. Klap'roih. id. Berzelius. Buchoh.
Acide schéelique , . 65 . . 77,75 . . 75,25 . . 80,4.1 . . 78
Chaux , . . . . 3i . . 17,60 . . 18,70 . . 19,4.0 . . 19
Silice , . . . . 4 • • 3,00 . . i,5o . . o ... 2
Fer oxydé , . . . o . . o ... i,25. .0 . . . o
Manganèse oxydé, . o . . o ... 0,75. .0 . . . o
Perte , - . , . o . i,65 . . 2,55. . 0,19 . . i
i.° Schéelin calcaire de Bisberg , n.<" 2 et 5 ; — 2." de
Schlackenwald ; — 3.° De Cornouailles ; — 4.° De Nord-
rivier.
Une variété de schéelin calcaire , de couleur brune , trou-
vée à Zinnwald , analysée par MM. Bucholz et Hudoiph.
Brandes , a donné :
Acide schéelique .... 76,50.
Chaux i6,5o.
Silice 2,94-
Fer oxydé ij46.
Alumine avec une trace de chaux
et d'alumine .... I709.
Perte 2,5i.
Les formes sous lesquelles le schéelin calcaire se pré-
sente le plus souvent , sont celles-ci :
I." primitive, — l'octaèdre primitif.
2." Unitaire^ Haiiy, fTaW. Cump. , fig. 68. — C'est l'octaè-
dre rectangulaire , dans lequel l'incidence de deux faces
voisines , sur une même pyramide , est de ii3 degrés 36".
3.0 Diociaèdre. — La variété précédente , augmentée de
huit facettes triangulaires, appartenant à la forme primi-
tive, placées sur les arêtes des pyramides, et intercep-
tant les angles solides de leur base commune , qui sont
remplacées par une arête.
Les formes cristallines du schéelin calcaire ont fait le
sujet d'un Mémoire de M. de Bournon , inséré dans le
Journal des mines (f. i3 , pag. 161 ). Ce savant y a ajouté
des développemens, dans le Catalogue de sa Collection , et
a donné la figure de ses formes cristallines, parmi lesquelles
il y en a trois ou quatre autres différentes de celles que
nous venons de citer.
Le schéelin calcaire est un minéral assez rare , qui a d'a-
bord été découvert dans les mines de Saxe et de Bohème ,
îao S C H
associé à l'étain oxydé. Ses cristaux sont communément pe-
tits ou moyens ; ils ont ordinairement de une à huit lignes
de diamètre, et rarement plus; ils sont épars ou groupés ,
ou recouverts d'autres substances. Ses gangues sont le quarz,
le fer magnétique et le fer oxydé , le mica , l'étain , le
schéelin ferruginé , etc. Ses principales localités sont les
suivantes :
Marienberg et Altenberg, en Saxe , avec étain ; Shonfeld
etZinnwald , Schlakenvvald, en Bohème, aussi avec étain;
Rhydarrhytan et Bisberg , en Suède , avec fer oxydulé ; en
Angleterre , dans le comté de Cornouailles, à Pengilly ; en
France , à Saint-Léonhard, avec le schéelin ferruginé. M. de
Bournon cite comme une grande rareté , un très-beau cris-
tal de schéelin calcaire qu'il possédoit , et qui fut trouvé en
sa présence , dans la montagne du Puy , près Saint-Chris-
tophe, dans rOisans en Dauphiné , et qui avoit près d'un
pouce de longueur. On en cite en Tyrol , à Schellgaden.
Le schéelin calcaire a été nommé tungstène , pierre pe-
sante , parce que, à une grande pesanteur, il joint l'aspect
d'une pierre. On l'a nofnmé aussi mine d'étain blanche ,
parce qu'il accompagne ordinairement l'étain , qu'il est blan-
châtre comme cerraines variétés d'étain, et que ses cristaux,
quoique de formes différentes, ont des pyramides à quatre
faces , comme dans l'étain oxydé.
SCHÉELIN FERRUGINE, Haîiy; Woljmm , Wern.,
Jam. , etc.; Eîsen Scheel , Sack. (^Schéelin martial^ Boum.;
magnesia cristallina et spuma lupi, Wall.; mine de fer basaltique
J)emesie',minedeferarsenîrale, Biicquet. Tungsiale mangaiié—
sié, de Born.; Ferrugineus oxyde ofiungsten, Clevel; spumalupi
et spuma joois des anciens minéralogistes, vulgairement le
Wolfram ). L'analyse chimique a pu seule faire réunir deux
espèces aussi différentes à l'aspect que le schéelin calcaire
et le schéelin ferruginé. Ce minerai est noir ou brun-noir, et
a une structure lamelleuse à lames brillantes qui lui est pro-
pre ; il est amorphe ou cristallisé , et ses cristaux sont ordi-
nairement d'un volume assez fort, difficile à déterminer, et
souvent mâclés ou agrégés ; ces cristaux ont pour forme
primitive un parallélipipède rectangle , dans lequel la hau-
teur, la longueur et la largeur sont dans les rapports des
nombres 12, 8 et 7 environ. Ce parallélipipède est très-fa-
cilement divisible sur deux de ses pans opposés; il l'est beau-
coup moins sur les autres. Selon M. de Bournon , la forme
primitive seroit un prisme quadrangulaxre, à base rectangle
inclinée de 65 d. et 1 15 d. environ, ce qui paroît prouvé par ia
nière dont se présentent les sommets des cristaux secondai-
res et par les angles rentrans , qu'on observe dans les formes
s C H 321
maclées. Ces formes secondaires sont des prismes aplatis
avec des sommets cunéiformes; les pans sont communément
striés en long. La cassure longitudinale est lamelleuse, très-
éclatante , et d'un éclat métallique; la cassure transversale
est raboteuse et inégale.
11 est opaque ; sa poussière est d'un brun rougeâtre ; il
est fragile et lourd ; sa pesanteur spécifique est de 6,835 ,
selon Delhuyar ; de 7, i3o, d'après Gellert ; de 7,1195
suivant Brisson, Gmelin l'a trouvée de 5,7o5; Benhardide
7,0; Haiiy de 7,33; Kirwan de 7,006; Hatchett de 6,g5 »
et Ullmann de 6,857.
Exposé à la flamme du chalumeau, il décrépite mais est
complètement infusible sans addition. Il communique au yerre
de borax une couleur rougeâtre, lorsqu'il est exposé à la partie
extérieure de la flamme produite parle chalumeau, Réduit en
poudre, et mis dans l'acide muriatique, on obtientdu schéelia
oxydé jaune.
Le schéelin ferruginé est une combinaison de l'acide
schéelique avec le fer , et un peu de manganèse.
Les substances qui entrent dans sa composition varient
d'une manière assez notable , ainsi qu'on en peut juger d'après
les analyses faites par Delhuyar, Wiegleb , Klaproth, Vau-
quelin, etc. , dont voici les résultats :
Delhuyar, Wiegleb. Klaproth. Vauquelin.
Cornouailles.
Acide schéeliq. 64. . . 35,75. . . . 46,9 67.
Ox.de mang. . 22. . . 32 o 6,25.
Ox.de fer. . , i3,5. .11 3i,2 18.
Silice o. . . o o i,5o.
Perte. . . . o,5. . 21,25. . . . 21,9 7»25.
• M. Berzelius indique dans le schéelin ferruginé du Cum-
berland : acide schéel,, 74.1666; fer oxydulé, 17,594.; man-
ganèse oxydulé, 5,64; et silice, 2,10.
Les formes cristallines du schéelin ferruginé ne sont pas
très-nombreuses; les cristaux sont tantôt prismatiques, tan-
tôt sous forme de tables ou de lames. Les variétés les plus
connues sont les suivantes :
1. Primilbe. Le parallélipipède rectangle, ou le prisme
à base rectangulaire ( uu peu incliné selon M. de Bour-
non ).
2. Épointé^ Haiiy, Trait. , pi. 85 , fig. 227. Prisme à quatre
pans terminé par quatre faces, qui intercepteat de biais le»^
322 S G II
angles solides, de manière tju'elles se trouvent géminées et
que le sommet du cristal est remplacé par une facette.
3. Llnibinaire^ Haiiy, Trait., pi. 85, fig. 228, la même ,
que la précédente , mais le prisme a huit pans.
4. Progressif, Haiiy, Trait. , pi. 85, fig. 229. Prisme à
huit pans et rhomboïdal , produit par le développement des
quatre faces secondaires du prisme de la forme précédente;
sommet à deux faces réunies en coin de 98,12% et dont l'a-
rete terminale est dans le sens de la plus petite diagonale.
En outre, les quatre arêtes communes au sommet et au
prisme , interceptées par quatre facettes linéaires.
5. Madé , Boum,, Catal., p. 43/, fig- 339 ' produit par la
réunion, en sens contraire, de deux cristaux de la forme pri-
mitive; ce qui donne un angle rentrant à un bout. Nous
avons observé très-fréquemment des mâcles de schéelin fer-
ruginé, produites par presque toutes les formes précédentes ,
et nous osons même avancer qu'il n'y a rien de plus fréquent
dans les cristaux de Wolfram.
6. Lamelliforme. Les lames sont quelquefois tellement
pressées, que le cristal ou la masse paroît strié.
M. de Bournonafait connoître d'autres variétés de forme,
dans le Catalogue de sa collection minéralogique.
Le schéelin ferruginé appartient, comme le schéelin cal-
caire, aux terrains primitifs et de transition, et lui est souvent
associé ; il est beaucoup plus abondant et se rencontre en
veines ou disséminé. Il est communément associé à l'étain
oxydé , avec les substances qui l'accompagnent : le quar/ , le
mica, la chaux fluatée ; et moins fréquemment dans des ro-
ches, avec le plomb sulfuré, le cuivre gris, le fer spathique,
la baryte , etc.
On le trouve principalement dans les roches primitives à
Ehrenfriedersdorf , Altenberg et (ieyer en Saxe ; à Zinn-
wald et Schlackenwald en Bohème. Les beaux cristaux de
cette substance proviennent de Saxe, de Bohême et de
Westphalie.
En France , on a découvert le schéelin ferruginé en veines
de 10 pouces d'épaisseur, dans du quarz à Puy-les- Vignes ,
' à environ trois quarts de lieue de Saint- Léonard , départe-
ment de la Haute- Vienne; il y a été observé par MM. Alluaud
et Picot Lapeyrouse. Il se rencontre en grande quantité à
Kaëtanos en Basse-Bretagne, suivant Sage.
Il est très-commun en Angleterre, dans le comté de Cor-
nouailles, àHerland, Pednandre, Huel-Fanny, Poldice,
Cliqga et Kit-hiil.
Il a été découvert, dans le gneiss, dans l'île de Rona,
l'une des Hébrides.
s C H 323
Il existe en veines dans une sorte de wacke grise au
Hartz.
On l'observe dans le granité , en Suède, dans la province
de Werinanland ; il est massif, sublaminaire, accompagné de
mica et de quarz , à \'V^estanfors en Westm'annie.
En Asie, il a été découvert dansles montagnes de la Daou-
rie. « En 1783, pendant que je voyageois en Sibérie , rap-
porte Patrin, mon ami Hoppe, l'un des plus habiles officiers
des mines, découvrit dans plusieurs parties de la montagne
Odon-Tchélon , près du fleuve Amour , des gîtes où le wol-
fram servoit de matrice aux émeraudes et aux topazes que
fournit cette montagne. Lorsque je la visitai moi-même en
1785, j'y trouvai plusieurs beaux échantillons de cette subs-
tance ; j'en possède un surtout de la grosseur des deux poings ,
où le wolfram est en tables rhomboïdales de plusieurs pouces
d'étendue sur un demi-pouce d'épaisseur. Les caviiés du
morceau sont tapissées d'une multitude de petites topazes
sur une gangue quarzeuse , mêlée de canons d'aigue-ma-
rine. »
Le schéelin ferruginé se trouve aussi en Amérique : on
en cite à la Martinique.
Cette substance métallique a été associée successivement à
divers minéraux d'espèces différentes. Henckell'avoit d'abord
prise pour une mine d'antimoine, puis pour de l'étain arse-
nical ferrugineux ; Wallerius et Cronstedt n'y voyoient qu'un
manganèse mêlé de fer et d'étain; Sage et Rome de l'Isle,
qu'une combinaison de fer et de schorl. D'autres l'ont consi-
dérée comme une mine de fer arsenical intraitable ; d'autres
encore, comme un schorl, nom sous lequel on comprenoit
un grand nombre de substances pierreuses diverses, mais
notamment la tourmaline et l'amphibole. Nous avons vu plus
haut que Schéele, en 1781 , commença à fixer l'attention sur
la nature de celle substance, et que depuis, Bergmann et
M. Delhuyar l'ont complètement reconnue. Les alchimistes
désignoient l'antimoine par le mot ioitp, wo/f en allemand.
Le mot allemand rarn ou plutôt rham , veut dire suie , ou
toute substance spongieuse feuilletée ; d'où il s'ensuit que le
schéelin ferruginé a été nommé IVoIfram , parce qu'on l'a
pris d'abord pour de l'antimoine noir feuilleté.
Le schéelin ferruginé ressemble on ne peut pas plus au
tantale oxydé ferrifère , et il est assez difficile de les distin-
guer à l'extérieur; mais la structure feuilletée du schéelin est
un de ses caractères les plus évidens. H ressemble aussi à
quelques variétés d'étain oxydé ; mais un léger examen le fait
reconnoître bientôt. 'Il en est de même avec le fer oxydulé ;
celui-ci est magnétique, (ln.)
.M S C \]
SCHÉEL/VTÈ DE PLOMB. F. Plomb schéelaté.(ln.)
SCHEELERS de Karsten. Foyez Schéelin calcaire.
(LN.)
SCHEFFERE. F. Schoeffère. (b.)
SCHEFFIELDE , Scheffield/a. Genre de plantes établi
par Forster, dans la pentandrie monogynie et dans la
famille des primulacées. Il offre pour caractères : un calice
à cinq divisions ; une corolle campanulée , à cinq lobes ;
cinq étamines entremêlées de cinq filets alternes stériles ;
une capsule imiloculaire à cinq valves polyspermes. (b.)
SCHEFFLÉRE ', Schejflera. Genre de plantes établi
par Forster, dans la pentandrie déca^ynie , et dans la
famille des araliacées. Il a pour caractères : un calice à cinq
dents ; une corolle de cinq pétales ; cinq étamines ; un
ovaire inférieur surmonté de dix styles; une capsule à huit ou
dix loges monospermes.
Ce genre ne renferme qu'une espèce , qui a été trouvée à
la ]>iouvelle-Zélande. Il se rapproche beaucoup des Ara-
lies, (b.)
SCHÉHAl des Arabes. C'est I'Armoise de Judée ,
Ariemisia judaica , W. , dont les graines, connues sous le
nom de Sementine , sont un puissant vermifuge, (ln.)
SCHEHITERIG. L'un des noms arabes de la Fume-
terre, (ln.)
SCHEILAN. Nom arabe d'un poisson du genre Silure ,
Silunis clarias , Linn. , qui se pêche dans le Nil ; c'est un
Pimelode dans Lacépède. (b.)
SCHEILEN. L'un des noms arabes de I'Ivraie. (ln.)
SCHELAMERIA. Ce genre , établi par Heister sur
une espèce de giroflée {cheiranthiis)^ n'a pas été adopté, (ln.)
SCHELAU. Nom hébreu de la Caille, (v.)
SCHEL-FISCH. Nom anglais d'une préparation de la
Morue, (b.)
SCHELHAMMÈRE , Schelhammeria. Genre de plantes
établi par R, Brown , pour placer deux plantes vivaces de
la Nouvelle-Hollande , à feuilles amplexicaules , et à fleurs
solitaires et terminales. Il est de Thexandrie monogynie et de
la famille des mélanthacées. Les caractères de ce genre
sont : calice de six folioles pétaloïdes , campanulées , éga-
les; six étamines; un ovaire à un style terminé par trois
stigmates recourbés ; une capsule à trois loges , à trois
valves , contenant des semences ventrues.
Ce genre est fort voisin de I'IIvulaire, (b.)
* SCHEMAM (Forsk.). V. Chemam,(ln.)
SCHEMBU. Nom brame de plusieurs Jambosiers, et
s C îl 3^5
nolarmnent de celui que les Malabares désignent par nati-
schambu. V. ce mot. (ln.)
SCHEM-PARITI. Nom d'une très-belle espèce de Ket-
MIE ( hibiscus rosa sînensis^ Linn. ) , sur la côte Malabare. (ln.)
SCHENANTHE. Nom spécifique d'un B a RBO^(anf/ro;?o-
gon schenanthus, Linn.), qui est très-aromatique , et qu'on
emploie dans la tbériaque et autres préparations officinales.
Il est alexipharmaque, provoque les menstrues, les urines,
arrête le hoquet et le vomissement. (B.)
SCHENNA. Nom que les Grecs modernes donnent au
Henné (lawsonia inermis). (ln.)
SCHEORAH. Nom hébreu de I'Orge , selon Jean*
Bauhin. (LN.)
SCHERAPANCA des Brames. C'est le Kolinii. des
Malabares, dont Adanson fait un genre particulier qui ren-
!rc dans le galega {gaiega villosa , Linn.). (ln.)
SCHERBENSTEIN des Allemands. C'est la Ser-
pentine OLLAIRE. (ln.)
SCHERMAN. Buffon a donné mal à propos ce nom au
Campagnol appelé schermauss par Hermann, et qui n'est
qu'un Rat d'eau, (desm.)
SCHERMAUSS. V. Scherman et l'article du Campa-
gnol RAT d'eau, (desm.)
SCHERUBALA des Malabares. C'est Vachyranthes
lanata, L. , dont Adanson a fait son genre Ouret. Le scheru
cadelari est Vachiranthes prostraia , L. V. Cadelari. (ln.)
SCHERUNAM-COTTAM. Il paroît que c'est, dans
Pihéede , le Clusier a feuilles rétuses. (b.)
SCHERU-PADAVALAM des Malabares. Selon Rhéede
(Mal. 8, lab. i6), c'est une plante de la famille des cucur-
bitacées. C'est le irichosanihes caudata, L. , qu'il ne faut pas
confondre avec le padavalam, qui est le irickosanthes cucume-
n'na^ L. (LN.)
se UERU-PARITI. Rhéede appelle ainsi la Ketmie
rose, (b.)
SCHERU-SCHUNDA et SINSARATI. Deux nom
malabares d'une espèce de morelle {solanum indicum^ Lam.),
qui croît dans toute l'Inde. Il doit être distingué du schunda
o\i dolari des habitans du Malabar, qui estïe 5o/a««m uti-
dalum, Lam., et encore plus du schunda- panna^ qui eu un
palmier, (ln.)
SCHERU-VALLI-CANIRAM. C'est, dans Rhéede, une
variété de la Laurelle ( camjera ). (ln.)
SCHET, SCHET-ALL, SCHET-VOULOULOU
V. Platyrhynçjue schet. (v.)
SCHET-BÉ. V. Batara schet-bé. (v.)
326 S C Tî
se H ET DE MADAGASCAR. Voyez Platyruynque
SCHET. (V.)
SCHETOULOU, Nom du Beurre de Galaam, en lan-
gue inandingue. (b.)
SCHETTI. Nom donné par Adanson au genre IxORA.
Les Malabares l'appliquent spécialement à l'/jïora coccinea,
L. (LN.)
SCHETTI BLANC. Nom que Plukenet, Alm., t. 109,
t. 2 , donne à Vixura alba^ L. , qui croît dans l'Inde. Ce nom
est la traduction de hem-srhetti ^ nom malabare de la même
plante dont les fleurs sont blanches, (ln.)
SCHETTI-CODIVELI. Nom malabare d'une espèce
de Dentelaire (^pbimbagorosea^ L. ). (ltj.)
SCHEUCHZEPxIE , Scheuchzeria. Plante des marais des
Alpes, qui a complètement l'apparence d'un jonc articulé.
Ses racines sont épaisses et traçantes; sa tige sort d'une
touffe d'écailles chevelues , qui sont les restes des anciennes
feuilles. Elle s'élève à environ un pied , et a deux ou trois
nœuds, d'où naissent des feuilles cylindriques, recourbées et
pointues. On voit, à son sommet, un épi de fleurs porté sur
des pédoncules ramifiés et inégaux.
Celte plante forme un genre dans l'hexandrie trigynie et
dans la famille des alismoùles, aussi appelé Tofielde
et Hebéi.ie, qui offre pour caractères : un calice divisé
en six parties colorées; point de corolle; six étamines à an-
thères plus longues que les filamens ; trois ovaires supé-
rieurs (quelquefois six) à stigmates qui leur sont adnés
extérieurement; autant de ca[)sules comprimées, renllées,
bivalves, à une ou deux semences, (b.)
Scopoli rapportoità ce genre ïanlfien'rum caliculatum , L. ,
dont Willdenovv fait une espèce ùlielonias^ et qui est pour
la plupart des botanistes un genre distinct, Tqfieldia, L. (ln.)
SCHELIRL. V. ScHORL.(PAT.)
SCHIANZA. L'un des noms italiens des Massettes.
(rj/>/;«).(LK)
SCHICKMACH. Nom hébreu du Mûrier, (lk)
SCHIECH. Plante d'Arabie, avec laquelle on remplace
IAmadou , après l'avoir battue et séchée. Le genre auquel
elle se rapporte ne nous est pas connu, (b.)
SCHIEFER des Allemands. C'est le Schiste ou l' Ar-
doise. Il se prend aussi pour désigner une structure feuilletée
comme celle de l'ardoise, (lis.)
SCHIEFER ALUN. Les minéralogistes allemands ont
donné anciennement ce nom à des variétés laminaires de
chaux sulfatée , puis à des pierres aluminaires et même à
laluii. (lw.)
s G H 3r>7
SCHIEFER GLIMMER. Synonyme allemand de Muv
SCHISTEUX OU de Roche MICACÉE schisteuse, (ln.)
SCHIEFER KOHLE de Werner. C'est la Houille
FEUILLETÉE. V. HoUILLE. (LNJ
SCHIEFER-SPATH. V. Chaux carbonatée nacrée.
(Lî^.)
SCHIEFERTON. Jrgile schisteuse qui se trouve dans les
houillères , où elle forme des couches de couleur grise, pla-
cées au-dessus des couches noirâtres de schiste bitumineux.
Il y a un passage insensible de l'un à l'autre. V. Schiste ,
Houille et Argile, (pat.)
SCHILBÉ , Schilbe. Sous-genre établi par Cuvier aux
dépens des Silures, dont il diffère par un corps comprimé
verticalement et par une épine forte et dentelée à la dor-
sale. Les espèces qui y entrent ont huit barbillons.
Les Silures myste et oreille, figurés par Geoffroy , pi. 2
des Poissons du grand ouvrage sur l'Egypte , entrent dans ce
sous-genre, (b.)
SCHILLER QUARZ,SCHlLLERSTEINetSCHIL-
LEPiSPATH. Les minéralogistes allemands donnent ces
noms au Labrador ou Feldspath , à I'Hyperstène opalin,
et surtout à la Diallage. (ln.)
SCHILLER QUARZ de Karsten. C'est le Quark hya-
lin CHATOYANT OuOElL DE CHAT. (LN.)
SCHINAU. Nom arabe d'une plante avec la cendre de
laquelle on fabrique le savon. Il est probable que c'est la
Salicorne d'Arabie. Peut-être est-ce une Soude ou ^A^\-
BASE sans feuilles .? (B.)
SCHINDEL. Nom du Centro pome sandat. (b.)
SGHINOIDES. Linnseus avoit d'abord fait, sous ce nom ,
un genre particulier du Fagara tragodes , qu'il porta en-
suite dans le genre ScHiNUS , d'où Jacquin et Miller l'ont re-
tiré, (ln.)
SCHINOS.Ce nom est aussi, chez les anciens, synonyme
de Schœmis. V. ce mot., (ln.)
SCHINUS des Latins, Schinos et Schnida des Grecs ,
V. Lentisque. Linnseus a donné ce nom àun genre qui com-
prend des plantes exotiques, et dans lequel il avoit d'abord
rapporté quelques espèces de Fagarier {F. pterotes et trago-
des ^ et le limonia acidissimd). V. Schrebera. (ln.)
SCHÏA SCHUNA. Espèce de Morelle ( 5o/anum mil-
leri , L.) qui croît au Cap de Bonne-Espérance, (ln)
SCHIRDEL des Allemands, ou SCHORL NOIK.
C'est la Tourmaline noire, (ln.)
328 S C H
SCHIRL. Synonyme allemand de Schoul. lintelin Ta
donné au Schéelin ferrugimé. (ln.)
SCHISANDRE, Schizandra. Arbuste grimpant , à feuilles
alternes, pétiolées, ovales , lancéolées, quelquefois dentées ,
luisantes et succulentes ; à fleurs rouges ; qui forme un genre
dans la monoécie syngénésie , et dans la famille des mé-
nispermes.
Ce genre, qui a été établi par Michaux, Flore de V Amérique
septentrionale , et qui est figuré pi. 4-7 ^^ même ouvrage ,
offre pour caractères : fleurs mâles, calice de neuf folioles
presque rondes , concaves , colorées , caduques , disposées sur
trois séries , et solitaires sur de longs pédoncules axillaires ;
point de corolle; disque pédicule , coloré , élargi à son som-
met , et dont les bords sont excisés par cmq sinus couverts de
pollen : fleurs femelles, sessiles et réunies à l'extrémité d'un
long pédoncule axillaire , ayant un calice semblable à celui
des mâles ; un ovaire supérieur , ovoïde , surmonté d'un stig-
mate aigu et court ; une baie monosperme , inégalement
ovoïde et rouge.
Cette plante se rapproche des Ménispermes ( Voyez ce
mol). Elle est d'un aspect fort agréable, et peut servira faire
des tonnelles. Je l'ai cultivée dans le jardin de botanique de
Charleston. Il y en a quelques pieds dans les jardins de Paris ,
où on la multiplie très-facilement de marcottes. (B.)
se HISEE , Schizœa. Genre de plantes cryptogames , de la
famille des Fougères , dont les caractères consistent : en des
follicules operculées, disposées en deux séries parallèles sur
la face interne de deux rangées de dents redressées au sommet
des feuilles.
Ce genre a été établi par Smith pour placer quelques
AcROSTiQUES de Linnseus. Ce sont àes plantes qui s'élèvent
de terre en feuilles linéaires, simples ou rameuses , et dont
le sommet se termine par un appendice courbé en arc et
velu, où est placée la fructification , qui est saillante , et re-
présente de petits tubes divergens.
Les plus communes de ces espèces sont : l'une, la Schi-
SÉE PECTiNÉE , en Ethiopie, et l'autre, la Schisée dicho-
TOME , en Chine. Mirbel a ôté une espèce de ce genre , pour
former son genre belevisie.
Le genre Lophidie de Richard ne paroît pas suffisamment
distinct de celui-ci. (b.)
SCHISMATOPTÉRIDES, Schîsmatopterides. Famille de
plantes établie par Willdenow, aux dépens des Fougères.
Elle rassemble les genres Angioptère , Glechetsie , Mer-
s C H 3.9
TENSIE, TODÉE, MOHRIE, HyDROGLOSSE, SCHISÉE, AnEMIE
et OSMONDE. (JB.)
SCHISME, Schismus. Genre de plantes établi par Pallsot-
de-Beauvois , pour placer la Festuque calic;ine, laquelle
diffère des autres.
Ses caractères sont : balle calicinale renfermant de trois à
six fleurs ; balle florale de deux valves ; l'inférieure en cœur,
éinarginée , avec une pointe intermédiaire ; la supérieure
entière, (b.)
SCHISME, Graine noire, dure , plate, luisante, de la
grosseur d'i>n pois , qu'on apporte d'Egypte pour l'usage de
la médecine. Elle est en même temps émétique et purga-
tive, (b.)
SCHISMUS. Nom latin de la Fouine, (s.)
SCHISTE, Schislus^ Wall. Les schistes sont des pierres
à texture feuilletée et à feuillets parallèles, droits ou cour-
bés ; leur éclat est mat ou luisant ; ils sont assez tendres pour
se laisser rayer par le cuivre. Exposés à l'action du chalu-
meau, ils sont plus ou moins fusibles en un émail brun terne
rempli de bulles, ou en scorie brune. Leur raclure est grise.
Ils ne font point pâte avec l'eau. Ils répandent l'odeur argi-
leuse, lorsqu'on les humecte avec l'haleine. Il yen a de toutes
les couleurs , mais ces couleurs sont ternes et sans éclat , et
quelquefois, quoique rarement, elles sont mélangées.
Les schistes ne sont , au fond , que des roches mélangées
dont les élémens sont imperceptibles , et qui leur donnent
l'apparence de corps homogènes. M. Daubuisson s'est as-
suré, par une analyse mécanique, que les schistes primitifs
sont essentiellement composés de paillettes indiscernables
de mica , disposées en couches sur le même plan , et les
unes au-dessus des autres. On peut concevoir donc aisément
qu'entre ces paillettes de mica peuvent être interposées
d'autres matières , et même que le mica soit remplacé par
une autre substance , et c'est ce qui arrive. La cassure ,
perpendiculaire aux feuillets , est ordinairement grenue à
grain fin et terne. L'analyse chimique nous fait connoître
que ces roches sont formées d'un mélange intime de silice ,
d'alumine et de fer ; mais, selon les variétés, on y trouve ,
aussi d'autres principes : la magnésie , la chaux, le manga-
nèse et même du bitume.
il ne faut pas oublier que le mot schiste est souvent une
épithète qui indique une roche ou une pierre d'une structure
feuilletée ; par exemple , le schiste micacé oVi mica schisteux,
qui est une roche de mica; leschiste corné, qui est un pétrosilex
feuilleté ou schisteux^ et plusieurs autres qui seront cités plus
33o S C Tî
bas. Nous avons cru devoir admcUre ici l'espèce schiste,
à peu près telle que A'\ allerius l'a circonscrite , et qui ne
comprend que des pierres argileuses , formant dans «la mé-
thode de W^erner et de Jameson une petite famille à part.
Dans la méthod'e de M. Haiiy , les schistes ne sont que des
argiles schisteuses.
Voici les variétés qu'on peut admettre.
I. Schiste luisant , Brong. {Thonschîefer ,W ., en partie).
Ce schiste est luisant et comme satiné ou soyeux dans le sens
de ses lames ; celles- ci sont plissées et comme gaufrées;
elles sont rarement planes , et le plus souvent courbes. Il y a
des variétés dun gris bleu plus ou moins foncé , d'un gris de
perle , d'un jaune verdâlrc, de rougeâlres , etc. 11 ne fait pas
effervescence avec les acides. Au chalumeau , il se fond avec
assez de facilité en un émail gris ou jaunâtre et Irès-buUeux.
Ce schiste tient le milieu entre les schistes ardoise et ar-
gileux les plus purs,ct le micaschiste ou roche micacée schisteu-
se , d'avec laquelle même il est très-difficile de le distinguer.
Il ne se trouve que dans les terrains primordiaux, cl est sou-
vent même la gangue de filons métalliques très - puissans et
de toute nature.
Un schiste luisant, brun et satiné, et à feuillets presque
planes, s'observe dans les environs de Servez, et sert de g'^n-
gue à des filons de plomb et de cuivre sulfurés. Près de Cher-
bourg, on observe un schiste satiné verdâlre, à feuillets planes.
Celui de Hornmersdorf, près de Freyberg, en Saxe, est brun
et comme gaufré. Celui de Hartestein, en Saxe, est gris bru-
nâtre et esquilleux. A Schneeberg , encore en Saxe , il y en a
de gris rougeâlre , avec des taches oblongues et d'un brun
rougeâlre. Celte variété a été établie par M. Brongniart.
II. Schiste ardoise , Brong. { Jrgile schisteuse tabulaire et
Argile schisteuse iègulaire; Schiste téguluire, Haiiy; Schistus wcii-
salis et tegularis ^ Wall.; Argillite ^ Kirw. ; Thorischiejcr ,
Wern.,en partie; Clay slafe^ James., enparlic; Schiste ardoise
cl Schiste argileux , Brong. ). Son caractère essentiel est d'êire
en grandes feuilles minces, droites , qui se séparent aisément
et qui sont sonores lorsqu'on les frappe avec un corps dur.
Ses couleurs sont variables entre le gris bleuâtre , le brun et
le rouge terne ; il est beaucoup plus dur que le schiste arei
leux , et même assez pour retenir des traces de cuivre. Il i;c
fait pas effervescence avec les acides. Au chalumeau , il fond
en une scorie luisante. L'ardoise se casse en fragmens o
arêle vive ; en grand , elle présente des pièces ou du.s
masses rhomboïdales.
Kirwan a trouvé , par l'analyse , dans une ardoise de
l'ile d'Anglesey :
s C II 33i
Silice 38
Alumine .26
Magnésie 8
Chaux 4
Fer oxydé au max/mum, peut-être mêlé
d'un peu de nickel i4-
90
L'ardoise gît en grandes cmiches inclinées et même per-
pendiculaires à l'horizon. On en trouve dans les terrains pri-
mitifs et dans les terrains de transition ou secondaires.
Les ardoises primitives offrent, dans leur sein , des subs-
tances diverses telles sont : des veines et des rochers de
quarz , de chaux carbonalée , du fer sulfuré , du mica ; les se-
condaires offrent différentes empreintes de corps organisés,
dont quelques-unes leur sont particulières , par exemple , les
schistes d'Angers qui présentent ces singulières impressions
dites autrefois trilobites,etqui forment le genre que iNl. Bron-
gniart a nommé ogygîe. Les ardoises de Glarissont célèbres
par les empreintes de poissons qu'elles présentent {^Voyez
Poissons fossiles). Des empreintes d'anmionites Sf voient
dans les ardoises des Ardennes. — Les ardoises servent depuis
long temps , comme on sait , à couvrir les maisons ; elles ont
maintenant un autre emploi tout différent , et non moins
utile. On en fait de petites tables qui servent dans les écoles
d'enseignement mutuel. A l'aide d'un crayon tendre , on
peut écrire dessus et effacer à volonté ce que l'on a écrit. On
peut obtenir des feuilles d'ardoise de |.lusieurs pieds d'éten-
due ( V. AaDOiSE). Nous ajouterons à cet article que l'ar-
doise abonde en France , dans le département de la Lozère ,
auquel elle a donné son nom ; qu'elle se trouve en Ecosse, à
Easdale et dans quelques unes des îles de la côte de Lorn ,
dans rArgyleshire;et à Ballihulish, dans l'Appin, même pro-
vince, l^ts carrières d'Easdale et de ses environs manufac-
turant environ cinq millions d'ardoises par an , et elles em-
ploient trois cents hommes. Les carrières de Ballihulish en
fournissent annuellement un demi-million. Les ardoises que
Ton consomme à Londres, se tirent principalement de Ban-
gor , dans le Caernarvonshire,
IIL Schiste argileux ( Tonschiefer , W. en partie ; Schis-
lus fragilis ^ Wall ; Ktllas , Kirw. ; Claye-slate , Jam. en par-
tie ). Quoique ce schiste et le précédent se lient par des nuan-
ces insensibles , on peut dire qu'il s'en dislingue générale-
ment en ce qu'il est plus tendre, que ses feuillets sont épais,
peu étendus et peu solides, il se divise en petits fragniens
rhomboïdaux qui ont quelquefois une très-grande régularité ;
33:» S C II
il absorbe l'eau promplement et en assez grande quantité ;
répand une odeur d'argile assez sensible , et ne fait pas ef-
fervescence avec les acides. Le cuivre le raye complètement
et n'y laisse pas la moindre parcelle métallique ; sa raclure
est terne. Il se présente avec les couleurs gris-bleuàlre, bru-
ne, brun foncé , rouge, jaune, fauve-verte, etc., et quelque-
fois il est panaché de plusieurs couleurs ; par exemple , rou-
geâlre et vert; il y en a de primitif et de secondaire ; du
reste, ses gisemens sont les mêmes que ceux du schiste ar^
âoise. L'un et l'autre sont la base de plusieurs roches primi-
tives feuilletées. Ils passent graduellement au micaschiste, à
\à chlorite schisteuse , au talc feuilleté , au feldspath com-
pacte feuilleté , et aux autres variétés du schiste.
Le schiste argileux secondaire s'observe particulièrement
dans les mines de houille; il les recouvre et offre un grand
nombre d'empreintes végétales , et notamment des fougères.
(F.au mot PHYTHOLiTH£.)Les schistes des houillères passent
au schiste bitumineux et au grès qui appartiennent à la même
formation ; ils sont plus grossiers que les autres, et quelque-
fois bitumineux.
Ce que l'on connoît , à Paris , dans les arts , sous le nom
de pierres à l'eau tendre , est un schiste argileux, d'une ap-
parence homogène , de couleur grise , verdâtre ou brunâ-
tre , et qui se délaye assez vite dans l'eau par suite du frot-
tement qu'on lui fait éprouver lorsqu'on s'en sert pour pré-
parer les métaux à recevoir le poli; sa poussière est fine,
douce entre les doigts , et , cependant , assez dure pour rem-
plir parfaitement le but qu'on se propose lorsqu'on veut po-
lir les métaux, qui est d'user leur surface. Les pierres à l eau
se tirent d'Allemagne.
Les schistes argileux primitifs sont la base de quelques es-
pèces de roches particulières ( V. Phyllade ) qui rentrent
dans le tonschiefer mélangé des Allemands.
Le schiste argileux de la Magdelaine , près Moustiers , en
Savoie , si remarquable par les veines calcaires qui le tra-
versent , est le type d'une espèce de roche appelée calschiste
par Brongniart.
\jes schistes argileux de transition servent aussi de ciment ,
ou entrent dans la composition de certains agrégats. (Ko/.
PsÉPtlITE. )
IV. Schiste bitumiiseux , Srhislus plnguis, "Wall.; Sc.hisius
carbonarius, Wall. ; Brandschiefer , Wern., etc. ; Bitvminous ^
Sclate^ Kirvv. , James.; A rgillite bitumineux ^ Lamélh. Quel-
ques minéralogistes ne font pas de distinction entre le schiste
bitumineux et le schiste argileux ci-dessus. Il est d'un noir
/
s C H 353
ao peu brunâtre ; lorsqu'on le raye, sa raclure est de même
couleur , et luisante comme de la résine. Ses feuillets sont
un peu lustrés , quelquefois assez minces , se séparant aisé-
ment , et sont fragiles et tendres. Sa pesanteur spécifique va-
rie entre 1,991 et 2,049 , selon Kirwan ; elle est portée à
2,060 par Karsten , c'est-à-dire , qu'elle est beaucoup
moins forte que celle des variétés précédentes. Klaproth
ayant analysé un schiste bitumineux , l'a trouvé composé ,
sur deux cents grains , de :
Gaz hydrogène carboné .... 80 pouces cubes.
Huile empyreumatique 3o grains.
De pétrole ou bitume épais ... 5
£au ammoniacale 4
Carbone ,20
Silice • ^7
Alumine . . ♦ 6
Chaux lo
Magnésie 1
Fer oxydé 3
D'où l'on voit que le Schiste bitumineux est extrêmement
mélangé. Le bitume y est quelquefois en si grande quantité,
qu'on peut se servir de ce schiste en guise de combustible.
Il se trouve spécialement dans les mines de houille, et
dans les terrains de même formation.il y alterne avec des
schistes argileux , les psammites , la houille elle-même , et
passe de Tun à l'autre. Il offre sauvent des impressions ani-
males et végétales , et principalement des coquilles.
Il s'observe en couches paissantes dans les montagnes
de mines de fer hydraté ; il abonde en Angleterre , en Bo-
hème , en Pologne, en Silésie , en Flandre, en France ,
etc. Il se distingue essentiellement du schiste argileux par
sa raclure luisante et résinoïde ; elle est terne dans l'ardoise
comme dans le schiste argileux ; de plus , il a un éclat luisant
et résineux que ces deux derniers n'ont jamais. Il se dis-
tingue du schiste aîumineux ou du uJusie à dessiner par
la présence du bitume , et comme il ne fait pas efferves-
cence avec les acides , on ne peut le confondre avec le
schiste mamo-bitumineux.
V. Schiste co^^cule, Schistus coiicula , Wall.-, TFetzschie-
fer , Wern. , etc. ; Novaculiie^ Kirw, , et Honestone, Kid, ;
Argile schisteuse noi>aculaire , Haiiy ; Cos , de Lamèth ; Whet-
Siate, James. ; vulgairement la Pierre à aiguiser^ à rasoir , à
lancette , à Veau dure , etc. Celui-ci est plus dur , plus com-
pacte et moins feuilleté que le schiste précédent. 11 est gris-
rerdâtre , ou d'un vert plus ou moins vif, quelquefois violet-
334 S C H
brun , jaune , ou même noir ; il se laisse rayer par le
fer, et quelquefois par le cuivre- Sa cassure, considérée en
grand, est à feuillets épais et petits; elle est écailleuse , à
fragmens lamelliformes , raboteux, translucides sur les bords;
sa raclure est terne; sa pesanteur spécifique est de 2,677,
selon Kirwan. 11 ne fait pas effervescence avec les acides, et
an chalumeau , il fond en un émail brun , un peu boursoufflé.
Le schiste cottcule forme des lits dans les terrains primitifs
et dans ceux de transition ; associé aux schistes argileux, au
talc , il offre quelquefois des eftlorescences de magnésie
sulfatée.
On en trouve à Seifcrsdorf , près Freyberg en Saxe ; en
Bohème , en Styrie ; on en exploite à Lauenstein et Son-
nenberg , canton de Meinengen , dans le margraviat de
Bareilh. On en apporte de très-belles variétés de la Turquie.
On laille et on polit le schiste colicule , pour servir de
pierre à aiguiser. Pour cet effet , on choisit dans la carrière
les morceaux les plus purs , ceux qui ont un grain fin , égal ,
et qui ne contiennent point de parties étrangères et grossiè-
res , comme des noyaux de quarz. On estime de préférence
la pierre à aiguiser , verdâtre , qu'on apporte du Levant ;
après , ce sont celles de Bohème , qui sont les plus prisées.
Le schiste colicule du Levant arrive à Marseille en gros
blocs que Ton débite après ; c'est ce qui a lieu également
pour la pierre dite du Lcpant , qui est très-différente. On scie
ces blocs avec du grès , et on unit les surfaces des pierres
taillées avec de la pierre ponce. Ces pierres sont nommées
queue, sans doute à cause de la forme allongée qu'on leur
donne. Elles doivent être gardées dans^des lieux humides et
frais , pour conserver leur qualité , la chaleur et la séche-
resse les rendant trop dures. Leur poussière est employée
pour polir les métaux, et considérée par les artistes , comme
une espèce d'émeril.
A Paris, on trouve trois sortes de pierres à aiguiser;
elles sont désignées de la manière suivante :
i." La Pierre à rasoir , formée de deux lits , jaune sur noi-
râtre où blanc grisâtre, ou violet-brun. Sa cassure , dans le
sens des feuillets , est striée. On la tire des environs de Na-
mur. On est dans l'usage d'ajouter la couche brune , aux
pièces qui en manquent , la présence des deux couleurs étant
un caractère de commerce pour cette piefre.
2 ° La Pierre à lancette; gris-verdâlre ; texture à peine schis-
teuse ; cassure conchoïde et écailleuse. Se tire d'Allemagne.
3 » La Pierre à /'e««;dure, verdâtre , plus pâle que la pré-
cédente , compacte , à cassure écailleuse. Se tire de Mar-
seille , et par conséquent du Levant.
s C TT 335
VI. Schiste MARNO-BiTUMiNEUX,fi/Vummo5gr mergelesclUe'
fer , Wern. ; Bitouminons marhlate , James. ; schiste marneux ,
BroHgn, Son caractère essentiel est de faire effervescence
avecles acides. Il est gris-noirâtre ou brun et même noir,
avec un éclat mat ou peu luisant; il est opaque , à feuillets
planes ou courbes ; il fond , au chalumeau , en une scorie
brune , et en exhalant d'abord l'odeur de bitume. Sa raclure
est luisante et résinoïde.
Le schiste marno- bitumineux est formé de chaux carbonatée
unie à de l'alumine , au fer et au bilume.
Il appartient aux terrains secondaires et de transition ; il
compose ordinairement les couches inférieures du calcaire
de transition, et contient fréquemment des minerais de cui-
vre de plusieurs espèces, et notamment du cuivre pyriteux.
On y trouve aussi du fer sulfuré , et plus rarement du mer-
cure sulfuré ; mais ce qu'il contient de plus remarquable,
ce sont de nombreuses empreintesde poissons et de végétaux
qu'on croit être celles d'espèces qui ont vécu dans des eaux
douces. On dit aussi y avoir trouvé des restes de lézards ,
des coquilles, des coraux ainsi que des plantes cryptogames;
ce qui annonce qu'il y en auroit de formations diverses.
Ces schistes abondent dans les montagnes du Harlz, aux
environs de Magdebourg ; à Riegeldorf , en Hesse ; à San-
gerhausen , Ilmenau , et surtout Eisleben en Thuringe , et
dans plusieurs lieux de la Haute et de la Basse-Saxe ; en Ba-
vière , en Silésie, en Souabe , dans le pays de Hesse-Cas-
sel , en Suisse, lues schistes marno-biiumineux de Munster-Ap-
pel , dans le Palatinat , sont accompagnés de mercure sul-
furé et de pyrite.
M. Brard a découvert des schistes marneux, avec em-
preintes de poissons , à Muse , près d'Aulun.
L'on dit qu'il en existe aussi dans les Cordilières , dans
l'Amérique méridionale.
En Saxe et ailleurs , lorsque le schiste marno-bitumineux
est riche en cuivre, on l'exploite pour ce métal, et on le
fond. Il s'appelle alors schiste cuioreux. Ce schiste et les marnes
bitumineuses sont liés par une multitude de variétés intermé-
diaires; aussi les minéralogistes étrangers ne le classent pas
avec les schistes proprement dits , mais bien avec les
pierres calcaires marneuses.
VIL Schiste A dessine:! , ou Nigrica, Schistus pictorius
w'^r/ca,Wall.; Zeichenschiefer,yVevn.; Dramng-slate or Black-
chalk , James. ; Schwarze kreide , Esln. ; Meiantherite ou
crayon noir, Lamé th. ; Argile schisteuse graphique, Haiiy;
Ampelite grapliiijue , Brong. ; vulg. crayon noir, craie de char-
pentier , pierre d'Italie, meiantherite des anciens. Cette va-
j^o s C H
riété est assez tendre pour laissï;r des traces sur le papier ,
et servir à dessiner; elle est noire, quelquefois grise ou
bleue ; son aspect est mat ou luisant. Elle est schisteuse en
grand ; mais en petit, elle l'est à peine. Sa cassure est alors
conchoïde. Au chalumeau, elle blanchit ou jaunit : elle se
décompose quelquefois par la simple action de l'air, et se
couvre d'eftlorescences de fer et d'alumine sulfatée , comme
le schiste alumineux, duquel elle se rapproche beaucoup. Elle
est plus légère que le schiste argileux ; sa pesanteur spéci-
fique étant de 2,11.
Elle est composée , selon Wiegleb, de
64,06
Silice
Alumine
Carbone
Eau
Fer
Perte .
1 1,00
1',
7,20
2,75
3-99
;oo,oo
Ce schiste présente une variété onctueuse , brillante et
à cassure conchoïde , qui ressemble au graphite , et qui
diffère encore du schiste à dessiner, proprement dit, par son
gisement ; car elle se rencontre avec les schistes primitifs ,
tandis que le crayon noir se trouve en couche dans les ter-
rains de transition, et associé au schiste argileux , au schiste
bitumineux et à la houille.
Le crayon noir se trouve à Morilla en Espagne, et en Italie
surtout ; en Allemagne, dans les montagnes de Ludwigstadt,
pays de Bareuth ; en France, à Séez (Orne), Vatteville
et Cherbourg (Manche) , etc.
Les maçons, les menuisiers et les charpentiers s'en ser-
vent pour tracer ; ils l'emploient en pierre brute ; lorsqu'il
est fin , pur , ou homogène et tendre, on s'en sert pour dessi-
ner sur le papier , ou pour en composer des couleurs pour
peindre. Dans le premier cas , on le taille en petits prismes
quadrangulaires, pointus d'un bout, et on enfile ce bout dans
des porte-crayons ; on prend à cet effet le crayon le plus
noir et le plus moelleux : on doit le conserver en un lieu frais.
Quelques personnes entourent les petits prismes de crayon
d'une couche de gomme , qui empêche leur humidité de
s'évaporer ; mais c'est une mauvaise méthode qui ne pourroit
être justifiée que dans l'emploi d'une substance difficile à se
procurer, et qu'on seroit forcé de ménager.
Pour l'employer en peinture, on le réduit en poudre et
on le broie avec de l'huile. Le crayon noir devient quelque-
s C H
337
fois rouge au bruni , par la calcination ; alors on remploie
aussi dans la peinture , et de la même manière. On estime
parliculièrement les crayons noirs d'Italie, puis ceux d'Es-
pagne et de France. Le schiste à dessiner se distingue essen-
tiellement de quelques variétés du schiste alumineux , en ce
que le trait qu'il laisse sur le papier est pur, régulier et
noir ; dans l'autre schiste , au contraire , il est brunâtre ,
grossier et interrompu.
VIII. Schiste alvmivevx {Srhislus aluminam , Wall.;
Alaun scMefer , Wern. ; Alum slate, James. ; Ampelite alumi-
neux , Brong. ; Ampelite et pierre à vigne , des anciens; pierre
a!ramentaire , rusma. ) Il est d'un noir bleuâtre ou grisâtre ;
mais par son exposition à l'air il se couvre d'efflorescences
blanchâtres ou jaunâtres de sulfates de fer et d'alumine mé-
langés, qui écartent les feuillets dont il est composé, et qui
finissent par le faire tomber en poussière ; il ne fait point
effervescence avec les acides. Il est infusible aa chalumeau,
mais il rougit par l'action du feu. Sa raclure conserve la
couleur de la pierre. Le schiste alumineux terreux de
Freyenwald , dans le Brandebourg, analysé par Kiaproth ,
a présenté :
Soufre
Carbone
Alumine
Silice
Fer oxydé noir et trace de
manganèse
Fer sulfaté .
Chaux sulfatée .
Magnésie .
Potasse sulfatée .
muriatée
Eau .
Cette analyse démontre que le schiste alumineux contient
en lui les principes nécessaires pour former de l'alun;
Kiaproth fait remarquer que le soufre n'est point uni au fer,
mais au charbon , et d'une manière inconnue jusqu'ici.
Il y a deux sortes de schistes alumineux , qui sont :
i.*^ Le schiste alumineux terne ou commun (^Gemeiner
alaunschiefer , W. ; Common alum slate ^ James.; Schîe-
friger aluminil ,^eri. ; Alaunschiefer ^ Mohs. Hausm.). Il est
massif et en blocs arrondis, enchâssés dans la même subs-
XXX. 22
8,85
. 19,65
. 16
. f,o
0,4.0
1,80
. i,5o
0,25
i,5o
o,5o
10,75
101,20
338 S C H
lance; sa structure est feuilletée , mais ses feuilles ne sont
pas parfailemeril droites ou planes; il se brise aisément : sa
pesanteur spécifique varie de 2,017 à 2,384, selon Karstea
et Kirwan.
2.'* Le schiste alumineux édâlAni (Glanzender alaunschie er,
W. ; Glassy alum slate ^ James.; Alanuschiefer ^ Estner. Ses
feuillets ont Téclat métallique à leur surface , mais leur cas-
sure perpendiculaire est terne ; ils sont en partie droits , et
en partis courbés. Leur éclat paroît dû à une matière char-
bonneuse, analogue à l'anthracite, qui enduit leur surface, et
est interposée entre eux ; la pesanteur spécifique est de 2,588,
Le schiste alumineux se trouve dans les terrains primitifs
et secondaires , avec les schistes ardoise et argileux , dans
lesquels il forme aussi quelquefois des veines. Il contient ,
comme eux , des veines de quarz , de la chaux carbonalée ,
du fer sulfuré , etc. Il existe aussi , dit-on , dans les terrains
secondaires les plus anciens.
En Hongrie , à Teikobanya , il forme des veines de plus
de dix pieds d'épaisseur : il en est de môme en Saxe , près
de Freyberg , à Reichenbach , à Limbach , à Erlen-
bach, a Schwemsal , près Leipzig; en France , dans TAu
vergne ; à Dulhweiler, près de Sarrebruck. En Belgique ,
près de Liège , les couches de schiste alumineux sont recou-
vertes de calcaires coquillers en couches, qui sont quelquefois
traversés par des filons de galène et de calamine : quelquefois
ces lits sont recouverts d'une couche démine de fer. Toutes
ces stratifications diverses suivent les mêmes inclinaisons.
En Angleterre , dans le Yorkshire (Whitby), dans le Lan-
cashire (Preston) , aux environs de Moffat, dans le Dum-
freshire ; dans un terrain de transition , dans le Lanark-
shire. Il y e.n a aussi à Christiana , en Norvvége ; à Andra-
rum en Scanie ; en Espagne , dans le royaume d'Aragon.
Ce schiste est exploité , pour l'alun qu'il renferme. Pour
en retirer ce sel , on fait griller le schiste , et puis on le lave ;
on fait ensuite évaporer les eaux, en ajoutant la quantité
d'alkali nécessaire pour la cristallisation de l'alun. On en
retire aussi du fer sulfaté , et même de la soude sulfatée. Les
premières fabriques de cette espèce qui aient été établies
en Allemagne, paroissent être celles de Commotau, en
Bohème , et de Schwemsal , en Saxe.
Telles sont lesvariétésqu'on peut admettre dans l'espèce du
schiste, si toutefois on peut considérer despierres mélangées,
qui n'offrent point de caractères fixes, comme pouvant former
une espèce , dans toute la rigueur du mot. Quant au rôle que.
s C H 339
lesscliisles jouent dans la composition du globe , Voyez Ar-
doise , Roche et Terrain, (ln.)
SCHISTE A AIGUISER. F. Schiste cuticule, (ln.)
SCHISTE BITUMINIFÉRE, Hauy. F. Schiste bi-
tumineux, à l'article Schiste, (ln.)
SCHISTE BLEU. On a donné quelquefois ce nom à
Vardoise. F. Schiste ardoise, (ln.) '
SCHISTE BRUN et GRIS-BRUN. L'on a donné ce
nom à des variétés feuilletées de la Chaux carbonatée bitu-
minifère ou Pierre puante, (ln.)
SCHISTE CALCAIRE ou CALCARIFÈRE. C'est le
Schiste argileux, intimement uni à la chaux carbonatée ,
qui fait partie des terrains de transition. On a également
appliqué ce nom à des pierres calcaires fissiles , et à des mar-
nes feuilletées, (ln.)
SCHISTE CARBONEUX ou charbonneux. On a
donné ce nom au Schiste bitumineux qui accompagne les
houilles, (ln.)
SCHISTE COMMUN. Linnaeus a nommé schisius com-
munis, le Schiste bitumineux, (ln.)
SCHISTE CORNÉ {Horn Schieffer , W.). Ce nom
désigne les Petrosilex à structure feuilletée, et dans divers
auteurs les phonolilhes schisteuses ; ce qui explique pourquoi
il y a des schistes cornés primitifs, et des schistes cornés
secondaires. (LN.)
SCHISTE COTICULAIRE (Wall). F. Schiste co-
ticule. (ln.)
SCHISTE CUIVREUX. F. Schiste marno-bitumi-
NEUX. (ln.)
SCHISTE DUR. Le Schiste ardoise et quelques va-
riétés du Schiste argileux ont été appelés ainsi par quel-
ques anciens auteurs, (ln.)
SCHISTE A ÉCRITURE. Plusieurs schistes et plusieurs
marnes sont susceptibles de présenter une couleur diffé-
rente de celle qui leur est propre , lorsqu'on les raye. Ainsi
les schistes hlanc ^ ou brun^ ou vert, à écriture blanche ou grise ,
sont des marnes feuilletées. Les schistes noirs, à écriture blanche
ou grise, sont des schistes argileux et l'ardoise. Le schiste à
écriture rouge est une marne de couleur plus foncée. Le schiste
à écriture luisante est le schiste bitumineux. Linnseus et Schre-
ber ont principalement fait usage de ces expressions (Schistus
scriptura alba , cana , rubra , atra, etc.). (ln.)
SCHISTE EFFERVESCENT. On a nommé ainsi le
3^o S C H
schiste marno - bitumineux , et quelques pierres calcaires ou
marnes fissiles, (ln.)
SCHISTE FLORENTIN. Wallerius a nommé schisiu^i
fiorentinus variegatus^ etc. , la Pierre de Florence. V. ce mot
et Marme. (ln.)
SCHISTE FRIABLE, Schiste tendre. Wallerius don-
noil ce nom aux variétés du schiste argileux qui sont tendres
et plus fragiles que les autres, (ln.)
SCHISTE GRAPHIQUE. V. Schiste à dessiner h l'arlicle
de Schiste, (ln.)
SCHISTE GRAS (Schistuspinguis.W.). C'est le Schiste
BITUMINEUX. (LN.)
SCHISTE HAPPANT ouKlebschiefer. C'est la marn*
feuilletée qui sert de gangue à la ménilite de Ménil-Montant.
r. Klebschiefer, Marne et Argile feuilletée, (ln.)
SCHISTE HORNBLENDIQUE. C'est une variété
d' Amphibole en masse feuilletée, (ln.)
SCHISTE DE HOUILLÈRE. Sous ce nom l'on com-
prend les schistes argileux et bitumineux impressionnés, et les
grès schisteux qui accompagnent les houilles, (ln,)
SCHISTE A L'HUILE ou Pierre à l'huile. V. Schiste
coticule. (ln.)
SCHISTE INFLAMMABLE. C'est le schiste bitumineux,
quelquefois tellement imbibé de bitume, qu'il peut servir de
combustible. (LN.)
SCHISTE JASPOÎDE de Lamélherie. V. Jaspe schis-
teux, (ln.)
SCHISTE MARNEUX. V. Schiste marno-bitumi-
KEUX. On donne aussi ce nom aux marnes feuilletées ou schis-
teuses qui appartiennent à l'espèce que nous avons désignée
par le nom de marne bitumineuse, parce qu'elle répand une
odeur de bitume , soit par le frottement, soit par le feu. V.
Marne bitumineuse, vol. 19, p. 326. (ln.)
SCHISTE MARNEUX ROUGE. C'est, dans Linnœus,
une variété de marne à raclure rouge , ou qui peut servir à
tracer des caractères rouges, (ln.)
SCHISTE MARTIAL. C'est, dans Reuss, ['Héma-
tite nOUGK. (LN.)
SCHISTE MELANOGRAPHE {Schistus melanogra-
phus,Yors,{.). Ce schiste, qui doit son nom à sa propriété de
pouvoir servir à tracer des caractères noirs, doit être natu-
rellement le Schiste a Dt-ssiNER. (ln.)
SCHISTE MICACE. V. Micaschiste et Roche, (ln.)
SCHISTE NIGRICA. F. Schiste a dessiner, (ln.)
s C H 3{i
SCHISTE NOIR DUR. C'est proprement un schisie
argileux.he Schiste noir tendre esi le schiste à dessiner; le
Schiste noir tabulaire {^chisius niger mensalis, W.) est
une sorte de schiste ardoise ; le Schiste noir a raclure blan-
che est le jaspe schisteux ; le Schiste noir polissable est le
schiste argileux à raclure luisante, etc. (ln.)
SCHISTE NOIR TRAÇANT. V. Schiste a dessiner.
(LN.)
SCHISTE NOVACULAIRE. V. Schiste colicuk , à l'ar-
ticle Schiste, (ln.)
SCHISTE OLLAIRE. C'est la pierre ollaire schisteuse.
V. Serpentine ollaire. (ln.)
SCHISTE A POLIR. V. Polierschiefer. (ln.)
SCHISTE PRIMITIF. On donne ce nom aux vrais
schistes de formation primitii^e ., et aussi à des roches primitives
d'une structure très-feuilletée , par exemple au m/trt^cAiVe ou
schiste micacé, et aux pétrosilex feuilletés. F.RocHE et Terrain.
(ln.)
SCHISTE RENIFORME. On a appelé ainsi des ro-
gnons compactes de Schiste marnq-bitumineux, et même
de schiste argileux , ou plutôt At fer carbonate argilifère compacte,
qui s'observent dans les houillères, (ln.)
SCHISTE RHOMBOÏDE. C'est le Schiste argileux
qui se brise en fragmens rhomboïdaux. (ln.)
SCHISTE SABLONNEUX. C'est le Grès micacé
feuilleté et sablonneux qui accompagne les grès secoiidaires
colorés ou bigarrés, (ln.)
SCHISTE SECONDAIRE. Il se trouve dans les ter-
rains secondaires, et c'est presque toujours une marne ou
une pierre calcaire feuilletée, (ln.)
SCHISTE SILICEUX. V. Jaspe schisteux , vol. i6,
pag. 542. (LN.)
SCHISTE SOLIDE {Schistus solidus, Wall.). Ce nom
désigne des variétés de-schistes argileux et âe schistes bitumineux
qui ne se divisent point par feuillets, ou que très-difficilement.
(LN.)
SCHISTE STEATITEUX ou TALQUEUX. Voyez
Stéaschiste et Roche, (ln.)
SCHISTE EN TABLE. F. Schiste ardoise et Ardoise.
(LN.)
SCHISTE TEGULAIRE. V. Schiste ardoise et Ar-
doise, (ln.)
SCHISTE TRAÇANT, s chisius scriptorius. V. ScniSTt
A dessiner et Schiste argileux, (ln.)
3^2 5 C H
SCHISTE DE TRANSITION. C'est le srhhle qui se
trouve dansleslerrains de transition, et qui, le plus souvent,
est un vrai Schiste argileux , soit ardoise ou bitumineux ,
ou marnovbilumineux , et plus rarennent pétrosiliceux. (ln.)
SCHISTE VERT. Variété de Marne endurcie, dans
Linnaeus. (ln.)
SGHISTlDION , Schistidium. Nouveau gen»e de plantes
de la famille (ks mousses , proposé par M. Bridel , composé
de six espèces détachées du genre Gymnostome.Scs caractères
différentiels sont : péristome nu; coiffe pyramidale , fendue
latéralement , persistante, (p.b.)
SCHIS lOS. Pline dit que c'est le nom de la cinquième
espèce à.liœmaliles , selon Sotacus ; d'après ses noms elle
devoit être rouge et écailleuse. On Temployoit surtout pour
réprimer le sang des hémorroïdes; elle avoit les mêmes vertus
que toutes les liœmatites. Pline ajoute , encore d'après Sota-
cus , qu'il y a un autre schisios , nommé anthracites. Le pre-
mier schistos se trouvoit , selon Dioscoride , en Espagne : on
estimoit celui qui étoit couleur de safran , friable et fissile.
11 fait remarquer , comme Pline, que ces qualités sont infé-
rieures à celles des autres hœmaiites. On falsifioit même le
véritable hœmaiite avec le schisios ; mais celui-ci se distinguoit
par sa consistance et par ses veines rougeâtres. L'auteur de la
minéralogie des anciens pense que les schistos ont été des
variétés schisteuses du fer hématite, (ln.)
SCHISTOSTAGE, Schistostager. Genre de plantes de la
famille des mousses, proposé par Weber et Mohr, et formé
à\i gymnostomnus pennaiurus V. Gymnostome.. (p.B.)
SCHISTURE , Schisturus. Genre de vers intestins établi
par Rudolphi , pour placer un animal que Redi avoit ob-
servé dans les intestins du Tétrodow môle , et qu'il a figuré
pi. 2o de son ouvrage sur les animaux qui vivent dans les
autres animaux.
Les caractères de ce genre sont : corps allongé, cylindri-
que , fourchu à son extrémité ; bouche inconnue.
Ce ver a besoin d'être étudié de nouveau, (b.)
SCHISTUS. Ce nom , qui dérive d'un mot grec qui signi-
fie feuillet et feuilleté, est rendu en français par Schiste , et
en allemand par schiefcr ; il désigne , dans les ouvrages de
minéralogie , en latin , les ardoises , les pierres argileuses
feuilletées , etc. V. les articles Schistes, (ltn.)
SCHIT-ELTJ. On trouve figuré dans Rhéedc , sous ce
nom , le Sésame d'Ortetst. (b.)
SCHIZANTHE, Schizanthus. Plante herbacée du Chili,
garnie de longs poils glandifères , à feuilles alternes, à peine
péliolces, pinnées, à pinnules alternativement grandes et
s c II 343
petites, pinnatifides et lancéolées ; à fleurs violettes, tachées
de rouge , disposées en panicules et portées sur des pédon-
cules solitaires , accompagnés de deux bractées.
Cette plante forme , dans la diandrie monogynie et dans là
famille des rhinanlhoïdes, un genre qui offre pour caractères :
un calice divisé en cinq parties linéaires ; une corolle à tube
comprimé , à limbe à deux lèvres , dont la supérieure est
divisée en cinq parties, quatre bifides , et Tinterraédiaire plus
grande , entière et lancéolée ; la lèvre inférieure divisée en
trois parties , les latérales recourbées , et l'intermédiaire ca-
rinée et tronquée ; deux étamines insérées à la lèvre iafé-
rieure , et les rudimens de deux autres insérés à la supé-
rieure ; un ovaire supérieur à style et stigmate simple; une
capsule ovale , biloculaire , bivalve , et contenant plusieurs
semences rénifprmes et hérissées, (b.)
SCHIZOLÈNE , Schizolœna. Genre de plantes établi
par Dupetit-Thouars dans la monadelphie polyandrie , et
dans la famille nommée par lui Chlénacées. 11 se r.ipjjro-
che des Lei'TOLÈnes. Ses caractères sont : involucre frangé,
renfermant deux fleurs; calice persistant, à trois folioles;
cinq pétales ; étamines nombreuses , réunies par la base sur
un urréole très-court ; style à stigmate à trois lobes ; cap-
sule à trois loges renfermées dans l'involucre , devenu plus
grand et visqueux.
Ce genre ne renferme qu'une espèce , qui est un arbre de
Madagascar à feuilles alternes, munies de stipules, et à fleurs
disposées en grappes , que le botaniste précité a figuré dans
son ouvrage sur les plantes des îles de l'Afrique, (b.)
SCHIZOPODES , Schizopoda. Tribu de crustacés , ordre
des décapodes , famille des macroures , distinguée des autres
tribus de cette famille par les caractères suivans: tous les
pieds divisés jusqu'à leur base ou jusque près de leur milieu
en deux branches très -grêles, uniquement propres à la na-
tation; pieds - mâchoires extérieurs servant attssi au même
usage.
Ces crustacés ont le corps mou , d'une forme généralement
analogue à celle des salicoques, avec les antennes extérieures
ou inférieures, accompagnées à leur base d'une écaille , et
les mitoyennes bifides. Ils sont marins et de très-petite taille.
Plusieurs femelles portent leurs œufs dans une capsule bi-
valve , à l'extrémité postérieure de la poitrine.
Cette tribu est composée des genres My6IS , ZoÉ et NÉ-
BALIE {Mysis , Risso). (l.)
SCHKIKA. Nom japonais de la Saxifrage sarmen-
TEUSE , suivant Keempfer. (L^^)
SGHKUHRIE , Schkuhria. Genre de plantes établi par
'^a s c H
Rolh pour le;p^c/K pinnata de Lamarck, qui diffère des aulres
espèces par ses semences surmonlées d'écaillés et non de
poils, y. au mol Pectioe
Le genre Florentine de H, Cassini s'en rapproche beau-
coup, (b )
SCliLACKE. Nom allemand qui signifie Scorie. V. ce
ïnot. (ln.)
SCHLACKENSAND. Nom allemand du Sable volca-
nique , compose de laves sconfiées arénacées. (ln.)
SCHLANGKNSTEIN. Nom allemand qui signifie lilté-
ralemeni Piqûre de sERPtNT;il a été donné à la Serpeistine,
et à rOpHiTE ou Serpentin, sorte de porphyre antique. (ln.)
SCHLECHÏENDALE,5^/A/^<:/i/^nf/a//a. Plante du Mexi-
que , qui seule constitue , dans la syngénésie superHue et
dans la famille des corymbifères , un genre appelé Willde-
îsoviE, et que divers auteurs réunissent aux genres Bœbère ,
Dy.sode , Pteronie et Adenopuyile.
Les caractères de ce genre sont : réceptacle garni de pail-
lettes extérieures ; les écailles linéaires ; calice double ;
l'aigrette composée de cinq poils.
La srhhcthe.ndale a été réunie aux Tagets par Ventcnat ,
et aux Atractylides par Jussieu. (B.)
SCHLEIGHÊRE, Schlekhera. Arbre de Ceylan , à feuil-
les alternes, ternées , qui seul forme un genre, selon Will-
denow, dans la polygamie dioécie, et qui, selon d'autres bo-
tanistes , doit être réuni aux KnéPIERS.
Il offre pour caractères , dans les pieds hermaphrodites :
un calice à six divisions ; huit étamines ; un ovaire surmonté
d'un seul style ; un drupe monosperme, (b.)
SCHLElFSTEiN des Allemands. Cestia Pierre a ai^
GuisER r. Schiste coticule. (ln.)
SCHLICH. Les mineurs allemands donnent ce nom au
minerai bocardé ou brisé , écrasé et lavé, et préparé pour
être porté au fourneau de fusion, (ln.)
SCHLONGA-CUSPL Nom malabare , selon Rhécde
( Mal. 8 , tab. 38 ) , du ditor'w temalea , L. (ln.)
SCHLOSSRR. Poisson du g.-nre Gobie. (b.)
SCtlLOSSERIA de Miller. Ce genre , formé sur une es-
pèce de Raisinier ( cocculoba') , n a pas été adopté, (ln.)
se H LOT. Stalactile gypseuse qui se forme sur les ra-
jneaux des fagots de buissons , dans les bâtimens de gradua-
tion établis près des salines. L'eau ," en tombant sur ces
buissons , se divise , s'évapore , et dépose la séîénile qu'elle
contient, qui forme ainsi les stalactites de Schlot , dont la
structure Intérieure est rayonnée du centre à la circonfé-
fciîce , et marquée de zones concentriques , de même que
s C H 345
les stalactites qui se forment naturellement dans les grottes.
(pat.)
SCHLOTHEiMIE , Schlotheimla , Brid. Genre de plan-
tes de la famille des mousses , quatrième tribu ou section ,
les diplopogones.
Il se compose de quelques espèces d'ORTHOTRic , dont
il ne diffère que par les dents du périslome renversées , et
roulées en forme de bourrelet , et par les formes du péris-
tome interne droit et disposé en cône. Les premiers de ces
caractères paroissent n'êlre dus qu'à une cause hygrométrique,
qui , néanmoins, ne s'exerce pas sur les autres espèces
d'ORTHOTRIC. (p. B.)
SCHLUCK. Nom que le succin sans transparence , mêlé
de terre et de sable , porte à Kœnisberg , à Danlzick et à
Stolpe , où l'on travaille le succin recueilli sur les bords de
la Baltique, (ln.)
SGH]VI\LTZÏA. Rafinesque Schmaltz établit ce genre ,
qu'il nomme arrostia , dans la famille des caryophyllées , et
lui assigne les caractères suivans : calice campanule à cinq
divisions ; cinq pétales sessiles entiers , nus ; dix étamines
égales ; deux styles filiformes ; capsule globuleuse , uoilocu-
laire , bivalve, contenant un petit nombre de graines pres-
que ailées.
Ce genre est rapproché par Rafinesque, du gypsophîla,
dont il diffère par sa capsule bivalve , par ses graines ailées ,
par ses pétales entiers, et par son calice qui n'est pas angu-
leux. La seule espèce de ce genre esiVarrositadkhotoma, dont
le port est celui des gypsophiles ; sa tige est dicholome ; ses
feuilles sont linéaires, sessiles, et ses fleurs axillaires dans les
divisions de la tige, La plante entière est glabre. Elle croît en
Sicile, dans les champs et les haies, aux environs de Polizzi,
Nicosia, Traina et Bronte. (ln.)
SCHMALTZIE, Schmaliziu. Genre établipar Rafinesque
Schmaltz , Médical Reperlory de New-Yorck , sous le nom de
TURPINIE , pour placer les SUMACHS AROMATIQUES ETODO-
RANS, Desvaux lui a donné le nom sous lequel je le cite, (b.)
SCHMARAGDEdes Allemands. V. Emeraude. (ln.)
SCHMEERSTEIN des Allemands. C'est la Serpentine
OLLAIRE. (LN.)
SGHMEELSTEIN de Werner. V. Dipyre. (ln.)
SCHMERGEL. Synonyme allemand d'ÉMERiL. V. ce
mot et Corindon émeril. (ln.)
SCHMEY. Sur le Rhin, c'est le canard slffleur. F. l'article
àes Canards, (s)
SCHMIEDEKOHLE. Nom allemand de la variété de
^^^ s C H
houille , que les maréchaux emploient de préférence. Vqye»
HOUII LE MARÉCHALE, HoUILLE PICIFORME. (lN.)
SCHMIEDELIE , Schmiedelia. Arbrisseau à rameaux
flexueux ; à feuilles alicrnes , péliolées , ternées ; à folioles
pétiolées , ovales , oblongues , aiguës, un peu dentées et
nues ; à fleurs disposées en grappes axillaires , qui forme
un genre dans l'oclandrie digynie.
Ce genre a pour caractères: un calice de deux folioles; une
corolle de quatre pétales ; huit élamines ; un ovaire supérieur,
pédicellé et surmonté de deux styles ; un drupe contenant
une seule semence.
La sr.hviiedéUe se trouve dans les Indes orientales. Elle a
été réunie aux Ornu rophes par Willdenovv , et aux Allo-
PHYLLES par Poiret , sous le nom dUsUBE. (b.)
SCHMIRGELERZde Brunnich. V. Schmergel. (ln.)
SCHNARLACH du Tyrol. Variété de Chaux carbo-
NATÉE qui est en pyramides hexaèdres, spiculaires et verdà-
tres, (lis.)
SCIINARRER, Nom allemand et générique, dans Meyer,
des Râle de genêt et Marouette. (v.)
SCHNECKENSTElN.Kirwan donne ce nom, qui si-
gnifie en allemand pierre de limace , à une roche composée
de Mica et de Stéatite. (ln.)
SCHNEIDESTEIN. Ce nom a été donné par les Alle-
mands à diverses variétés de roches stéatiteuses ou tal-
queuses, contenant le plus souvent du mica, et quelquefois
du feldspath et des tourmalines, (ln.)
SCHNEPFE. Nom allemand des Bécassines et des
Bécasses, (v.)
SCHNOT ouDOBULE. Espèce de Cyprin. V. ce mot.
(S-)
SCHOEFFÈRE , Schœfferia. Genre de plantes de la
dioécie tétrandrie , qui offre pour caractères : un calice de
quatre à cinq folioles, et quatre élamines dans les pieds mâ-
les; un calice divisé en quatre ou cinq parties, et un ovaire
surmonté de deux styles dans les pieds femelles; une corolle
de quatre pétales , ou point de corolle dans les unes et dans
les autres ; une baie à deux loges et à deux semences.
Ce genre renferme deux arbustes de la Jamaïque , à feuil-
les alternes , ovales , aiguës, et à (leurs axillaires ou latérales ,
dont on ne fait aucun usage , mais dont les fruits sont fort
recherchés par les oiseaux.
On soupçonne que le genre Drypète de Poileau doit être
fondu dans celui-ci. (b.)
SCHOEGHAGHA. Nom d'un oiseau d'Egypte , indiqué
par Forskaël j et que Lalham donne pour une variété du guê~
s C H 347
pier proprement dit, quoique Forskaël dise que le bec est
convexe, au lieu d'être en arête, et que ses doigts ne sont
point joints à leur première articulation, (v.)
SCHOENAN THUS de Dioscoride. C'est la même
plante que son Nard indien. V. Nardus. Linnœus a donné
ce nom à une espèce de Barbon {andropogon schœnanthus), que
l'on croit fournir le nard indien. Adanson désigne par cette
même dénomination le genre Ischcemum. (ln.)
SCHOENICLOS. C'est, dans Aristote, I'Alouette de
MER, et, de ce mot grec , quelques ornithologistes ont fait
schœnirJus , pour désigner en latin le même oiseau, (s )
SCHŒNOBOENUS. La Fauvette des JONCS,en latin
de nomenclature, (s.)
SCHOENODE, Schœnodum. Plante vivace à tiges droi-
tes, cylindriques, sans feuilles, mais pourvue de graines
acuminées et coriaces, et à fleurs disposées en épis panicu-
lés, qui forme, selon Labillardière, un genre dans la dioé-
cie monadelphie et dans la famille des joncoïdes.
Ce genre, fort voisin des Bestioles, présente pour ca-
ractères : des épillels imbriqués d'écaillés coriaces ; un ca-
lice do six folioles glumacées et persistantes. Dans les mâles,
trois éiamines réunies en tube par leurs filets; dans les fe-
melles, un ovaire supérieur îi style trifide. Le fruit est une
capsule ovale , oblongue et unlloculaire. V. l'ouvrage sur les
plantes de laNouvelle Hollande, de l'auteur précité, pi. '229.
Il y a lieu de croire que les Leptocarpes , les LygenieS
et les Anartries doivent être réunies à ce genre, (b.)
SCHOENOLAGUROS, c'est-à-dire, en grec , jonc à
queue de lièvre. Scheuchzer a donné ce nom à la Linai-
GRETTE vaginÉE ( Eriophorum vaginaium , L. ), (ln.)
SCHOENOPRASON , Schœiwprasum. Genre de plan-
tes établi aux dépens des Ails de Linnceus, Il offre pour ca-
ractères: un calice divisé en cinq parties ouvertes , égales et
caduques ; six étamines à filamens subulés ; un stigmate en-
tier; une capsule presque globuleuse, à trois loges renfer-
mant un petit nombre de semences.
Les espèces de ce genre, auquel l'AiL civette sert de
type, ont les racines bulbeuses ; les feuilles fistuleuses ou
planes; la tige simple ; les fleurs en ombelles et la spathe
renflée, (c.)
SGHŒNOPRASON de Dioscoride. On rapporte celle
plante à noire civette , espèce d'ail qui a les feuilles jonci-
formes. (ln.)
SCHOENOS. Dioscoride, en traitant de ces plantes ,
s'exprime ainsi : « Il y a deux genres de schœnos : dans l u le
ils sont lisses, et dans l'autre aigus et en forme de poinlc.
H^ s C H
Ces derniers soni de deux espèces, les uns stériles et les au-
tres ayant une graine noire et ronde , et le cliaurne plus
épais et plus charnu. Un troisième genre de schœnos, ap-
pelé holoschœnos , est plus âpre et plus charnu que les au-
tres, et produit, à sa cime, un fruit analogue à celui des
schœnos précédens. »
Les graines des deux dernières espècespassoient pour astrin-
gentes, céphaliques et diurétiques; on les eniployoit pour tel-
les en médecine. Les feuilles radicales et tendres appliquées,
étoient utiles sur les piqûres des phalangiinn, sorte d'arai-
gnées.
La graine du schœnos d'Ethiopie étoit narcotique; on
l'employoit avec précaution.
Selon (jralien , il y avoit deux espèces de schœnos lisses ;
l'une appelée oxyschœnos , plus grêle et plus dure , cl Voh'go-
5/,7/a:«05, plus grosse et plus flasque ou molle. La graine de cette
dernière provoquoit le sommeil. Voltgoschœnos,loii]oursse\ou
Galien , étoit inutile en médecine , et se divisoit en deux va-
riétés , l'une stérile et l'autre fertile. Il considère tous ces
schœnos comme astringeiis et narcotiques.
Pline, qui traduit les noms de schœnos oaschoinos , elsche-
nus, par j'uncus , admet les mêmes variétés, V. JuNCUS, et
attribue lesmêmes vertus à ces plantes. Quoique ce moi j'iin-
ciis soit affecté maintenant au jonc proprement dit , et celui
de schœnus à un autre genre , il est bon de rappeler que les
schœnos des (irecs sont des plantes marécageuses des genres
scirpiis^ juncus , schœnus, et probablement de quelques autres.
Il paroît qu'alors, comme à présent , on nommoit encore
vulgairement Jovc, c' esi-a-àire schœnos ou juncus, des plantes
marécageuses, dont la tige , longue et flexible , ainsi que bs
feuilles, servoient à faire des liens ; alors les scirpus lacuslris et
holoschœnus , les juncus aculus, effusus ei conglomeralus , ont pu
être des espèces de schœnus et Ae juncus. Chez les modernes ,
le nom de schœnos a été employé par Linqa^us pour désigner
un genre qui vient d'éprouver un grand nombre de modifi-
cations. V. Choin. (lis.)
SCHOENOSTROPHOS. Dans diverses éditions de
Dioscoride , on trouve que ce non» a été donné au cannahis
et à Vhippiiris des Crées, c'est-à-dire au Cuaîsvre et à la
Presle. (lt«i.)
SCIIOEPFIE, Schœpfia. Arbuste des îles de l'Amérique,
à feuilles pétiolées, alternes , ovales, très-glabres et entiè-
res, et à fleurs solitaires ou géminées sur des pédoncules
axillaires , qui forme un genre dans la pentandrie monogy-
xnc. et dans la famille des capritoUacées.
Ce genre , qi;: a été établi par Walil sous le nom de co-
s C H 3^9
donîum , offre pour caractères : un calice double ; l'exléneur
inférieur et à deux divisions ; l'intérieur supérieur et très-
entier; une corolle campanulée; quatre ou cinq élamines;
un ovaire surmonté d'un style à stigmate en tête ; un drupe
monosperme, (b.)
SCHOEKL. V. ScHORL. (ln.)
SCHOKARI. Nom spécifique d'une Couleuvre, (b.)
SCHOLLERE, SchoUem. Nom donné par Rhote à un
genre de plantes fait pour placer I'Airelle Caisneberge,
dont les divisions de la corolle sont si profondes, qu'on peut
la considérer comme polypélale. V. Microtée. (b.)
SCHOiXIE , Schollia. Genre de plantes établi par Jac-»
quin dans la décandrie monogynie et dans la famille des
apocinées. Il offre pour caractères : calice inférieur à cinq
divisions persistantes ; corolle en roue à cmq parties ;
nectaire double , le supérieur à cinq angles, l'inférieur en
couronne ; dix étamincs entourant le stigmate; d^eux follicules
à semences aigrettées.
Ce genre renferme trois espèces, deux de la Chine, et
une d«> la Jamaïque ; l'une d'elles, la Schollie a feuilles
ÉPAISSES, est figurée pi. 2 des Eclogae plantarum de Jacquin.
(B.)
SCfiOMERLIN. La Litorne porte ce nom dans la
Lorraine allemande, (s.)
SCHONCiA-CUSPL Espèce de Clitore, figurée par
Rhéede. (b.)
se B OR A. Nom malabarede plusieurs espèces de Cour-
ges ou de CucuRBlTACÉES, qui sont distinguées entre elles
par uneépithète particulière, telle par exemple que le raipa-
srhora (Rhéede, C, pi. 5) ou ^u/û'o ^méA* des brames, ou la ca^
ieba'^se .'' (r.N.)
SCHORIGERAM. Rhéede a figuré sous ce nom laTRA-
GIE INVOLUCRÉE. (B.)
SCHORL (on prononce Cheurl en allemand). Nom
qui désignoit d'abord spécialement la Tourmaline noire
chez les Allemands , et que les minéralogistes allemands et
d'autres pays ont bientôt appliqué à un grand nombre d'au-
tres substances pierreuses très-différentes, et qui se distin-
guent par une épithète particulière , comme on le peut voir
par les articles suivans. Les minéralogistes ont abandonné
sagement le nom de schorl , qui a jeté autrefois beaucoup de
confusion dans la minéralogie, (ln.)
SCHORL AIGUE-MARlNE. Saussure adonné ce nom
k l'EpiDOTE du Saint-Gothard. (ln.)
SCHORL ARGILEUX. Rome de l'Isle appelle ainsi
une variété d'AMPiiiBOLE, (ln)
35o S C H
SCHORL BASALTIQUE.On a donné ce nom aux cris-
taux d'annphihole noir prismatique et au pyroxène volcani-
que, (ln.)
SCHORL BLANC d'Altemberg. C'est la Pycnite, va-
riété de topaze, (ln.)
SCHORL BLANC duBaïkal. C'est une variété de gram-
malitêqui se trouve dans les montagnes proche du lacBaïkal,
et qu'il ne faut pas confondre avec la baïkalite,quiest du Py-
roxène. F. ce mot. (ln.)
SCHORL BLANC hexagonal du Vésuve. Ferber a
donné ce nom à la Nepheline. (ln.)
SCHORL BLANC prismatique de Romé-de-l'Isle.
C'est la Topaze pycnite. F. à l'article Topaze, (ln.)
SCHORL BLANC VERDATRE. On a donné ce nom
au BÉRYL d'un blanc verdâtre, comme celui du Limousin.
(LN.)
SCHORI^ BLENDE. Variété de I'Amphibole. (ln.)
SCHORL BLEU. De Lamétherie avoit d'abord nommé
ainsi le dislhène , qu'il appela ensuite cyanite avec Werner,
Romé-de-l'Isle avoit nommé schorl bleu TAnatase. V. Ti-
tane, (ln.)
SCHORL EN COLONNE, SCHORL BASALTI-
QUE. C'est, le plus souvent, le Pyroxène volcanique , et
plus rar<?ment l'amphibole noir cristallisé, (ln.)
SCHORL COMMUN. C'est la tourmaline noire.et quel-
quefois V amphibole, (ln.)
SCHORL CRiSTALL. Nom allemand qui a été donné
à la Tourmaline et à I'Epidote. (ln.)
SCHORL CRISTALLISE OPAQUE de Deborn.
C'est Vamphibole cristallisé. (LN.)
SCHORL CRUCIFORME de Romé-de-l'Isle. V. Stau-
rotide. (ln.)
SCHORL ÉLECTRIQUE. V. Tourmaline, (ln.)
SCHORL FELS. Roche composée de quarz et de tour-
maline, dans une espèce de ciment en décomposition, qui se
trouve sur les côtes d'Angleterre, (ln.)
SCHORL FEUILLETE de Deborn. V. Diallage. (ln.)
SCHORL FEUILLETE CHATOYANT. r.DiALLAGE.
(ln.)
SCHORL FEUILLETE GRISATRE. V. Axinite.
(ln.)
SCHORL FIBREUX BLANC. C'est la grammatite
fibreuse blanche., maintenant comprise dans les amphiboles.
(LN.)
SCHORL EN GERBE. F.Prehnite cristallisée, (ln.)
SCHORL GRANATIQUE. Les minéralogistes ont di-
s C H 35ï
versement appliqué ce nom à TAxinite^ à IWarpuiGÊNE et
à la ToURM\UNE. (ln.)
SCHORL LAMELLLEUK et Schorl spathique de
Rome de-l'Islé. Ces noms ont été donnés à des variétés la-
minaires de ramphibole noir ou vert. (lN.)
SCHORL LAMELLEUX CHATOYANT. C'est la
DiALLAGE MÉTALLOÏDE. (LN.)
SCHORL EN MACLE. F. Staurotide et Prehnite
CRISTALLISÉE FLABELLIFORME. (LN.)
SCHORL DE MADAGASCAR. Ce soni les Tourma-
lines noires qui ont été découvertes dans cette île. (ln.)
SCHORL NOIR. C'est la Tourmaline noire, subs-
tance minérale , à laquelle Werner conserve le nom de
Schorl. (ln.) «
SCHORL OCTAÈDRE RECTANGULAIRE. Autre-
fois M. de Rournon nomma ainsi I'Anatase du Dauphiné.
F. Titane anatase. (ln.)
SCHORL OLIVATRE. F. Péridot-Pyrogène. (ln.)
SCHORL OPAQUE NOIR. F. Amphibole, (ln.)
SCHORL OPAQUE RHOMROIDAL de Romé-de-
risle. C'est TAmphibole noir cristallisé, (ln.)
SCHORL POURPRE EN AIGUILLES de Romé-de-
i'Isle. C'est le Titane oxydé en Aiguilles rouges, (ln.)
SCHORL RADIE. C'est I'Epidote. On désigne ainsi
i'AcTiNOTE , variété de l'amphibole, (ln.)
SCHORL RHOMBOIDAL. F. Axinite. (ln.)
SCHORL ROUGE. On a donné ce nom au Titane
OXYDÉ rouge, et notamment à celui de Hongrie, (ln.)
SCHORL SPATHEUX. On a donné ce nom au Tri-
PHANE. (LN.)
SCHORL SPATHIQUE. F. Schorl lamelleux. (ln.)
SCHORL DE SIBERIE d'Hermann. C'est la Tour-
LINE apyre rouge de Sibérie, (ln.)
SCHORL TRANSPARENT LENTICULAIRE de
Romé-de-l'Isle. C'est I'Axinite. (ln.)
SCHORL TRANSPARENT RHOMBOIDAL.
Romé-de-l'Isle donne ce nom aux variétés de transparence
de Tourmaline verte du Brésil et de Ceylan. (ln.)
SCHORL TRICOTÉ. Variété d'EpiDOTE en prismes
entrelacés, (ln.)
SCHORL VERT DU TALC. CestVacimote, variété
d' Amphibole, (ln.)
SCHORL VERT DU DAUPHINE. C'est I'Epidote
de cette même contrée, (ln.),
SCHORL VERT DU VESUVE. C'est la variété verte
du Pyroxène volcanique, (ln.)
552 s C H
SCFORL VERT DU ZILLERTÎIAL. C'est I'Acti-
NOTE- variété d'amphibole, (ln.)
SCHORL VIOLET de Mongez. C'est TAxinite. (ln.)
SCHORL VITREUX. V. Axinite et Epidote. (lî«.)
SCHORL VOLCANIQUE. On a donné ce nom au
Pyroxèise volcanique, (ln.)
SCHORLITE. Kirwan a donné ce nom à la Topaze
PYCNITE. V. cet article. (LN.)
SCHOTE, Scholia. Arbre de moyenne grandeur, touffu,
toujours vert; à feuilles ailées, dont le pétiole commun est
dilaté sur ses bords, canaliculé antérieurement, les folioles
alternes et opposées, et les stipules caduques; à fleurs rouges,
disposées en épis ou fasciculées sur les rameaux , qui faisoit
partie des G4Yacs,sous le nom àe gayac (T Afrique {gajacum
afrum , Linn.) , et qui forme aujourd'hui un genre dont les
caractères consistent : en un calice turbiné , coloré , divisé en
cinq lobes caducs ; en une corolle de cinq pétales rapprochés,
connivens en un tube ventru , et insérés au calice; en dix éta-
mines , à filamenssubulés, droits, inégaux, un peu plus longs
que la corolle; en un ovaire supérieur, stipité, surmonté d'un
style recourbé, à stigmate obtus ; en un légume oblong,mu-
croné , com.primé , contenant des semences oblongues et
ombillquées.
Le schote vient du Sénégal , et se cultive au Jardin du
IVluséum d'histoire naturelle de Paris, où il fleurit quel-
quefois. Son bois est dur et blanchâtre; son feuillage ressem-
ble à celui du Len.tisque , et toutes les parties de sa fructifi-
lion sont d'un rouge vif. (b.)
SCHOTOR. JNom persan du Dromadaire,- ou du Cha.-
MEAU A UNE BOSSE. (S.)
SCHOUALRE. V. Schwalbé. (b.)
SCHOUINQUE. F. ScHwiNKii.. (b.)
SCHOUKIE Poisson du genre des Raies, (b.)
SCHOUSBOEA. Nom qui dérive de celui d'un voya-
geur danois qui a donné une tlore de Maroc. Il a été donné,
par les botanistes, au Cacoucia d'Aublet , «lont le nom
avoit été déjà changé par Scopoli en celui d'HAMBERGERA.
V. Cailcie. (ln.)
SCHOVANNA ADAMBOE. C'est le nom sous lequel
le Liseron pieu de (]hevre (^Curwohulus pes caprœ^ L.) est
figuré dans Rhéede. Celte plante est remarquable par la
forme de sts feuilles bilobées, qui ressemblent à un pied de
'' 'sCli()\ ANNAMUDbLLA-MUCCU (Rhéede, Mal. 12,
tab. 76.). N'.m malabare de la Persjcaire d'Orient {J^oly-
^unum oiicnt'jie^ L.) , plante cultivée pour l'ornement dans
s C H 353
tous les jardins de l'Inde et en Europe. Il ne faut pas la
confondre avec le vellutta modela-mucçu , qui est le polyg. bar*
i/atum, L. (ln.)
SCHRADERA. Ce nom , qui rappelle celui de M. Schra-
der, célèbre botaniste, avoit été donné par Willdenow à
un genre qu'il a depuis réuni au croton. La plante qui le com-
posoit éloitla même que le croton trilobatum^ Forsk. Le genre
schradera de Vahl est différent'; il est adopté par Willdenow
et Persoon; c'est Yurceolaiia de Colhenius etde Gmelin : il a
pour type le fuchsia involucrata , Sw. M. de Jussieu le croit
voisin des Chèvrefeuilles. V. ci-après, (ln.)
SCHRADÉRE, Schradera. Genre déplantes, établi par
Vahl , dans l'hexandrie monogynie , et dans la famille des
onagres, dont les caractères consistent en un involucre univer-
sel , uniflore ; un calice urcéolé ; une corolle cémpanulée ,
à cinq ou six divisions , et à ouverture velue ; cinq à six éla-
mines ; un ovaire inférieur , surmonté d'un style simple;
une baie à plusieurs semences.
Ce genre , qui a été appelé UrcÉOLAIRE , et qui se rap-
proche beaucoup des Fuchsies , renferme des arbrisseaux
à feuilles opposées , pétiolées , elliptiques et entières, et à
fleurs en tête terminale, dont l'un , le Schradère en tête,
est parasite et grimpant, et l'autre, le Schradère cepha-
LOTE , a été placé par Swartz parmi les fuchsîes , sous le
nom de fuchsia involucrata. Tous deux viennent des îles de
l'Amérique.
Un autre genre du même nom a été réuni aux Cro-
TONS. (B.)
SCHRADERÏA. Heister s'est servi de ce nom pour dé-i
signer un genre qui a été adopté par Médicus et Moench ,
et qui a pour type le sabia canariensis Linn. Il diffère du
sabia , i.o par son calice campanule bilabié , à lèvre su~
périeure réfléchie , presque bidentée, obtuse; à lèvre in-
férieure bifide, à découpures lancéolées , aigiies; 2.° par
sa corolle à deux lèvres , la supérieure en forme de faux ,
et l'inférieure à trois découpures , dont les deux latérales
réfléchies , et celle du milieu plane et émarginée. (ln.)
SCHRAISTER. Poisson du genre des Holocentres.
(B.)
SCHRANKE, Schrankia. Genre de plantes , établi par
Willdenow , pour placer quelques espèces d'AcAClES , mi-
mosa^ Linn., qui diffèrent des autres en ce que leur légume
a quatre valves. Ce genre renferme trois espèces , l'une des-
quelles j'ai fréquemment observée en Caroline , la Schran-
KiE horridule de Michaux. V. Acacie. (b.)
SCHRANKE 2 5c/i/a/jÂja, Genre de plantes , établi* par^
354 S G H
- Scopoli , mais qui ne diffère pas du Goupr. V. ce mol. (b.)
SCHRANKIE, Schrankia. Genre établi par Moench ,
pour placer une plante qui a été successivement mise
parmi les Camélines et \es Kakiles. Il rentre dans le
Rapistre d'Allioni. (b.)
SCHREBERA. La plante qui servoit de type à ce genre
de Linneeus , éloit composée , selon Willdenow , du myrica
œthiopîca^ sur lequel éloit altachôc une espèce de cuscute ,
cuscuia afrkana , L. Cette plante est le schrebera schindides de
Linnseus (Sp. pi., 1G2 ), et son schinus myricdides (Sp. pi., 21 ,
p. 388 ). On a donc supprimé avec raison ce genre. Thun-
berg a transporté ce nom à un arbuste du Cap de Bonne-
Espérance , qui est sowsch. schino'ides ; mais depuis , il a été
reconnu pour être Vharlogia cupensis de Linnaeus , Suppl. 128.
C'est donc un second genre schrebera détruit. Il y en a un
troisième qui a été établi par Relzius , et adopté par les bo-
tanistes. Il a pour type le mangifera glauca de RottboU , que
Wahl dit êire une espèce de celastrus , cœlastrus glaucus.
V. ScHREBÈRE , ci-après. (L^\)
SCHREBERE, Schrebera. Arbre qui a été placé parmi
les Manglés , par Rottbol ; parmi les Célastres , par
Vabl , et qui a servi à Retzius pour établir un genre dont les
caractères consistent : en un calice divisé en cinq parties ;
une corolle de cinq pétales ; un tube court , entourant le
germe ; cinq étamines portées sur le tube ; un ovaire sur-
monté d'un style simple ; une noix à demi biloculaire.
V. Mayten et Senacie.
Cet arbre a les feuilles opposées , oblongues , glauques ^
et les fleurs portées sur des pédoncules dichotomes et axil-
laires. Il vient dans l'Inde.
Thunberg avoit aussi donné le même nom à un genre qui
a depuis été appelé Hartoge. (b.)
SCHRECKSTEIN. {Pierre contre la peur, en allemand. )
Ce nom a désigné une pierre verte qu'on tailloit en cœur ,
et qu'on suspendoit au cou des enfans, comme un talisman
contre la peur. C'est du Jade tséphrite. (ln.)
SCHREIBEBLEY. Nom allemand donné au Graphite
et au Molybdène sulfuré, (ln.)
SCREIBGOLD. V. Sciirifterz. (ln.)
SCHRIFTSTEIN. A Wielickzsa, on donne ce nom à la
variété de Chaux anhydro - sulfatée contournée , ou
Pierre de Tripes, (ln.)
SCHRIFTERZ de Werner. C'est le Tellure gra-
phique. V. Tellure Natif auiio-ferrifère. (ln.)
SCHTCHALBISGH. Nom de 1'E.sturgeon , en Sibé-
rie. (B.)
s G H 355
SCHUBERTIE, Schubeitia. Genre de plantes , établi par
Mirbel pour placer le Cyprès distique , qui diffère des
autres par son fruit. Richard l'a appelé Taxobion. (b.)
SCHUFFLER. Nom suisse de la Spatule (v.)
SCHULLI. Ce nom est donné , au Malabar, à plusieurs
arbrisseaux différens , et qui sont distingués chacun par une
épithète particulière. Tels sont : le Cara-scliu/li , barleria bii'x>i-
folia ^ L. ; le bahel-schulli ^ barleria longifolia , qu'il ne faut
pas confondre avec le bahel-tsjulU ( achimenes sesamoides ,
AVahl); le nir-schulli , ruelUa difformis , L. ; le pagina-
schiilU , qui ne nous est pas connu, etc. (ln.)
SCHULPDOORN. Nom que les Hollandais donnent ,
dans l'Inde , au Ticanto des Malabares. V. ce mot. (ln.)
SCHULTESIA, Ce nom a été donné par Sprengei au
genre de graminées que Desvaux avoit nommé eustachys ,
adopté par Roemer et Schultes,mais que les botanistes n'ont
pas cru devoir conserver , le laissant réuni au genre chloris
aux dépens duquel il avoit été formé, (ln.)
SCHULTZIA. Genre de plantes de la didynamie an-
giospermie et voisin de Vobolana. Ses caraclères consistent :
dans son calice bipartite, dans sa corolle tabulée , bilabiée ,
à lèvre supérieure bifide , et à lèvre inférieure entière ; dans
son stigmate sessile et dans sa capsule uniloculaire , bivalve
etpolysperme.
Une seule espèce rentre dans ce'geure , établi par Rafi-
nesque Schmaltz ; c'est le schultzia obolaroïdes qui croît en
Pensylvanie , dans le comté de Berks; ses feuilles sont op-
, posées , ovales , sessiles ; ses fleurs en épi garni de bractées
"triflores. (ln.)
SCHUNDA PANA. Nom malabare du cmyoia uiens ,
palmier de l'Inde , dont le fruit est remarquable par sa sa-
veur amère et brûlante. V. Caryote. (ln.)
SCHUPPENSPATH de Gmelin et Gerhard. C'est la
Baryte sulfatée cuétée. (ln.)
SCHUPPENSÏEIN des Allemands. F. Lépidolithe.
(LN.)
SCHUSCH. Suivant Browne, dans le Dar-Four, royau-
me d'Afrique, c'est le nom d'une plante qui ressemble à l'I-
VRAIE , et qui porte des graines dures , luisantes , écarlates ,
noires dans le point ombilical , et dont les femmes font des
colliers, des bracelets et d'autres ornemens pour les cheveux.
(LN.)
SCHUSCHAN et SUSAN. Noms hébreux du lis. Smith
croit que ïirîssusiana leur doit son no!M;voici ce que rapporte
Clusius sur l'introduction de cette plante en Europe :
« Etant à Vienne, en 1578 , je reçus une racine de cet irù
^56 S C ïî
« de l'ambassadeur impérial , à Conslanlînople , sous ïe^
« noms de Alaja Susani et de Alaga Susam , avec cette note ^
« en italien. — La fleur est très-élégamment pointillée de noir
« et de blanc et a une bonne odeur. Ses noms semblent in-
« diquer qu'elle a été apportée de Suze , capitale de la
« Susiane , dans les jardins de Constantinople , de l'autre
a côté du Bosphore, et- je l'ai novamét iris susiana. » On
peut en conclure aussi qu'elle ne doit pas son nom à la
ville de Suse , en Italie ; on peut croire , avec plus de raison,
que les noms de susani et de susam , donnés à l'i'm, dérivent
des anciens noms hébreux du lis blanc, (ln.)
SCHUSSELERZ des Allemands. C'est le Fer hydraté
LIMONEUX OU Rasen eisenstein. (ln.)
SCHUTZIT. V. Strontiane sulfatée, (ln.)
SCHWALBE. Nom allemand des Hirondelles, (v.)
SCHWALBÉE, Schwalbœa. Plante vivace , à tige sim-
ple , tétragone , pubescente ; à feuilles alternes , lancéolées ,;
pubescentes , appliquées contre la tige ; à fleurs rougeâtres ,
sessiles dans les aisselles des feuilles supérieures , qui forme
un genre dans la didynamie angiospermie , et dans la famille
Aes personnées.
Ce genre offre pour caractères : un calice campanule , ven-
tru, à limbe oblique et à quatre divisions inégales , la supé-
rieure courte et l'inférieure plus grande , échancrée; une co-
rolle tubuleuse , bilabiée , à lèvre supérieure entière et en
voûte ; à lèvre inférieure trilobée , à lobes égaux; un ovaire
supérieur oblong , surmonté d'un style à stigmate simple ;
une capsule ovale , acuminée , bivalve , à cloison double.
La schwalhèe croît dans l'Amérique septentrionale. Je l'ai
observée plusieurs fois en Caroline, dans les terrains sablon-
neux et découverts. Elle s'élève à environ deux pieds , et
fleurit en été. (b.)
SCHWALEN. Nom qu'on donne , en Allemagne , aux
masses terreuses ou pierreuses , qui se trouvent dans les cou-
ches de houille, (ln.)
SCHWAN. Nom allemand du Cygne, (v.)
SCHWARZBRAUNER HABICHT. V. Faucon noir,
SCHWARZ GULTIGERZ deHausmann.C'estle Cui-
vre GRIS ANTIMONIFÈRE. (LN.)
SCHWARZERZ des Allemands. C'est I'Argent sul-
furé CARIÉ NOIR. On donne aussi ce nom au Manganèse
SULFURÉ et à des minerais de cuivre gris argentifère en dé-
composition, (ln.)
SCHWATZER. Nom allemand du Merle d'eau ou
AGUA5S1ÈRE. (Y.)
s C H 35/
SCHWEDERLE. Nom allemand du Serin, (v.)
SCHWEFEL. Nom allemand du Soufre, (ln.)
SCHVTEFEL BLAU. Gmelin donne ce nom au Cui-
iVRE CARBONATE BLEU TERREUX. (LIS.)
SGHWEFELKIES de Warner. F. Fer sulfuré, (ln.)
SCHWEFELSTEIN. A Wielickza, en Pologne, on
donne ce nom à une sorte de grès composé de petits grains
quarzeux liés entre eux par un ciment de chaux carbonatée
fétide, (ln.)
SCHWENKFELDIA. C'est le nom générique imposé
par Schreber au sabicea d'Aublet. Il a été adopté par Will-
denow. V. Sabice. (ln.)
SCHWENKIE, Schwenkîa. Plante annuelle, à feuilles
alternes , qui se trouve dans l'Amérique méridionale , et qui
forme dans la diandrie monogynie , et dans la famille des
personnées , un genre fort voisin des Browales et des
Ciletochiles.
Ce genre offre pour caractères : un calice monophylle ,
lubulé, strié, droit, à cinq dents et persistant ; une corolle
monopétale à limbe presque régulier , à gorge plissée et
garnie de glandes ; cinq étamines , dont trois sont stériles ;
un germe globuleux à style simple et à stigmate obtus ; une
capsule comprimée , lenticulaire , glabre , biloculaire et bi-
valve , qui renferme un grand nombre de semences petites et
anguleuses.
Quatre espèces de ce genre sont figurées dans le bel ou-
vrage de MM. de Humboldt , Bonpland et Kunlh , sur les
plantes de l'Amérique méridionale. (B.)
SCHWERD-FISCH. Selon M. Lacépède , c'est le nom,
donné par Anderson, au dauphin gladiateur, noire gramp us.
V. Dauphin, (desm.)
SCHWERERDE. Synonyme de Baryte, en allemand.
Se AWERSPATH, c'cst le nom delà Baryte sulfatée ou Spath
pesant, (ln.)
SCHWERFELS. Nom donné par Stulz à une variété de
Baryte sulfatée mêlée d'argile, (ln.)
SCHWERMETAL. V. Schéelin. (ln.)
SCHWERSPATH.. V. Baryte sulfatée, (ln.)
SCHWERT. Nom d'une espèce commune de Haricot,
en Hollande, (d.)
SCHWEYCKHERTE , Scimeyckherla. Genre établi par
Gmelin sur le Ményanthe nymphoïde , et qui ne diffère pas
de celui appelé Waldschmidie , Villarsis et Limnan-
thème, (b.)
358 S C I
SCHWIMMSTEIN de Werncr. C'est le Sîlex nec-
TIQUE de Sainl-Ouen. (ln.)
SCHYi\lUM de Dioscoride. Selon Rauwolfius , c'est le
OundeliaToumeforiUj L. , plante que Serapionnommolt hacuh
alcardfig. (LN.)
SCHYTE. Nom spécifique d'une Vipère, (b.)
SCliENA. V. SciÈNE. (desm.)
SCIARE. On croit que l'herbe qui étoit ainsi désignée par
les Daces , étoit notre Cardère ou Chardon a foulon
( dipsaciis syhestris ). (ln.)
SCIARE , Sciara. ISom donné par M. Meigen , à un genre
d'insectes de Tordre des diptères , et le même que celui que
j'avois nommé molohre ( V. ce mot ). Fabricius , dans son
Système des anlliates , a réuni aux sciares , les mYcélophiles ,
les anisopes , de M. Meigen, et quelques autres diptères,
qu'il plaçoit auparavant avec les rhagions , et qui nous pa-
roissent être des macrocères de ce dernier. V. ces mots, (l.)
SCIE, Frlstis. Genre de poissons de la division des Chon-
DROPTÉRïGiENS, dont Ics caractèrcs consistent: à avoir quatre
ou cinq ouvertures branchiales de chaque côté du corps; deux
évents derrière les yeux ; point de nageoire anale ; la têle se
prolongeant en une saillie osseuse , aplatie , très-longue , et
garnie d'épines sur les côtés.
Ce genre faisoit partie des Squales de Linnaeus et de tous
les ichlhyologistes. Jean Latham, le premier , l'en a séparé ,
sous la considération du prolongement de la tête osseux et
dentelé comme une scie, des espèces qu'il contient, considé-
ration , en effet , de première importance , et qu'il n'est pas
possible de se refuser d'admettre. V. son Mémoire, vol. 2,
page 273 du second volume des Actes de la Société Linnéenne de
Londres.
Les scîes ont le corps allongé , cylindrique , couvert d'une
peau coriace et rude au toucher , comme celle de la plupart
des squales , surtout lorsqu'on la frotte à rebours ; leur tête
est plate par-devant ; leurs yeux sont gros , et ont une pru-
nelle noire dans un iris jaune d'or ; derrière sont les évents ,
et en dessous, en avant de la bouche , on voit les narines à
demi couvertes d'une membrane lobée ; leurs ouvertures
branchiales sont placées sur le côté, tout près des nageoires
pectorales; l'oaverture de leur bouche est située en dessous,
très-près du tronc , transversale et garnie de dents aplaties de
haut en bas, ou un peu convexes, serrées les unes contre les
autres, ci formant une sorte de pavé. L'extension de la partie
antérieure de leur têle , ou la scie , est à peu près du tiers de
la longueur du coirps , couverte d'une peau unie , et armée
latéralement de dents qui font partie de sa substance, c'est-à-
s G I 3^59
À'iee , qui n'y sont pas enchâssées comme celles des quadru-
pèdes. On doit en conséquence les appeler , avec Lacépède ,
des appendices denliformes. Elles sont pointues dans les jeunes
individus , émoussées dans les vieux. Leur nombre et leur
grandeur varient non-seulement dans les espèces, mais même
dans les individus de la même espèce. Quelquefois il y en a
moins d'un côté que de l'autre ; mais en général elles sont
en nombre égal et opposées les unes aux autres. Cependant ,
il n'en faut pas conclure , avec Lacépède et autres , que toutes
les scies appartiennent à la même espèce. Le caractère
que fournit leur nombre combiné avec leur longueur , leur
écartement , leur forme , etc., peut très -bien servir à les
caractériser, comme Ta prouvé Jean Latbam. Mais pour
en revenir à l'os qui prod'ait ces dents, il est, comme on
l'a dit, tres-aplali , un peu bombé longitudinalement , avec
deux ou trois dépressions , à peine sensible sur l'animal vi-
vant, quoique très-appréciable sur le squelette. La partie pa»
laquelle il tient a la tête est plus large et plus épaisse. Son ex-
trémité est émoussée ou mieux arrondie.
On trouve dans les scies deux nageoires dorsales , comme
dans la plupart des squales , mais ici elles sont très-écartées ;
les nageoires pectorales présentent une grande surface; celles
du ventre, entre lesquelles est l'anus, sont petites, et celle
de la queue très-courte.
Les scies ont été placées, par plusieurs auteurs anciens et
modernes, au nombre des cétacés , et en effet , elles ont exté-
rieurement beaucoup de rapports avec le Narwal ; mais au-,
jourd'hui il est bien prouvé que ce sont des poissons de l'or-
dre des carlilagineux. Leur organisation interne est presque la
même que celle des Squales, etsurtoui du Requin. La plus
grande longueur qu'on ait observée parmi elles, ne surpasse
pas quinze pieds , quoique Pline, sans doute sur des rapports
mensongers , leur en ait attribué trois cents.
La force et la hardiesse caractérisent ces poissons , qu'on
trouve dans toutes les mers , sous les glaces du pôle , comme
sous les feux de la ligne équinoxiale , et qui vivent de poissons
et de gros crustacés. Il y a une haine invétérée entre eux et
les baleines ou autres cétacés. Ils se livrent , Chaque fois qu'ils
se rencontrent , de terribles combats , dont les scies sortent
le plus souvent vainqueurs. La baleine n'a d'autre défense
que sa queue, dont un seul coup peut anéantir la scie ; mais
cette dernière sait l'éviter par la prestesse de ses mouvemens.
Elle enfonce son arme redoutable dans les flancs de son
monstrueux ennemi , et redouble jusqu'à ce qu'il soit mort.
Martens dit avoir été témoin d'un de ces combats. Quelque-
fois , prenant un vaisseau pour une baleine , la scie y en-
36o SCI
fonce sa scie , quî se brise et y reste enchâssée. On ne devîné
pas trop les motifs qui déterminent les combats entre la scie
et la baleine; car ni l'un ni l'autre ne gagnent à leurs ré-
sultats. Les matelots prétendent bien que la scie mange la
langue de la baleine , mais sa conformation ne permet pas
de le croire.
L'accouplement et ses suites ont lieu dans les scies comme
dans les squales. Elles font leurs petits vivans , à différentes
<lpoques. Ces petits ont, en naissant ^ la lame de la scie molle
€t dépourvue de dents.
Les nègres de la cote occidentale d'Afrique regardent les
scies comme des fétiches, et se gardent bien de les tuer. Si la
tempête en a jeté une sur la grève , ils lui coupent la tête , et
la portent religieusemeutdans un tenipU.
Jean Latham mentionne cinq espèces de scies dans son
mémoire précité , et donne la figure de leur bec ou scie ,
dans la planche qui y est jointe.
La Scie commune, Squalus pn'slis, Linn, , que Lalham ap-
pelle pristls antiquorum , à laquelle il donne pour caractères :
d'avoir la scie armée de dix-huit à vingt-quatre grosses dents
de chaque côté. V. pi. P 28 , où elle est figurée. On la
trouve dans toutes les mers. Elle est connue sous le nom de
poisson -scie , ài'^épée de mer dentelée^ de héron de mer el
à^ espadon dentelé. Sa chair est dure et de mauvais goût. On
la mange très-rarement , el seulement lorsqu'on est privé de
tout autre moyen de subsistance.
La Scie pectinée , qui a la scie armée de trenle-quaire
dents aiguës de chaque côté. On la trouve dans l'Océan. Elle
diffère beaucoup de la précédente ; sa queue est plus longue ;
sa nageoire du dos plus excavée , et les dents de son bec sont
plus longues et moins grosses.
La Scie cuspidée a la scie armée de chaque côté de vingt-
huit dents larges et pointues. Elle se trouve dans la grande
mer. Son bec est presque de même largeur dans toute sa lon-
gueur; ses dents sont courtes, larges , plates , et terminées
par une pointe aiguë.
La Scie microdon a la scie garnie , de chaque côté , de
petites épines à peine saillantes. On la trouve dans le grand
Océan. Son corps a seulement dix-huit pouces de long, et
ses épines sont au nombre de dix-huit de chaque côté. Cette
espèce peut être considérée comme un jeune individu de la
première.
La SciE AMISODON, Squalus cirratus a la scie garnie , de cha-
que côté , de dents très-inégales , et un long filament , en
«Jessous, également de chaque côté. Elle se trouve autour de
la Nouvelle-Hollande. Elle a vingt longues épines aiguës de
SCI S6f
thaque côté de la scîe , et entre elles, trois à sîx plus courtes.
Ses filamens sont du quart de la longueur totale, (b.)
SCIENE., Sc'iœna. Genre de poissons de la division des
iThoraciques, dont les caractères consistent à avoir un ou
plusieurs aiguillons , et point de dentelures aux opercules ; un
seul barbillon , ou point de barbillons aux mâchoires ; deux
nageoires dorsales.
C'est à Linnseus qu'on doit l'établissement de ce genre ;
mais il l'avoit caractérisé d'une manière si vague , et y avoit
introduit des espèces si disparates, qu'il devenolt indis-
pensable de le réformer. Lacépède a entrepris ce travail ,
et l'a exécuté avec supériorité. Il a compose aux dépens des
sciènes de Linnseus, qui montoienl à trente espèces dans l'é-
dition de Gmelin, les genres Centropome, Chélidoptère
etPoMADASYS, et a porté plusieurs des espèces quln'enlroient
pas dans ces nouveaux genres, dans d'autres genres voisins ;
de sorte qu'il n'est resté que onze espèces sous l'expression
caractéristique ci-dessus, et encore quelques-unes de ces
onze appartenoient- elles à d'autres genres. On peut voir au
mot Perche la marche que ce naturaliste a suivie pour re-
fondre cette nombreuse famille de poissons, sans contredit
la plus difficile de toute l'ichthyologie , et qui, on le répèle ,
ne présentoit que désordre et confusion.
Lacépède a divisé les sciènes en deux sections.
La première comprend celles qui ont la nageoire de la
queue fourchue ou en croissant , telles que:
La SciÈNE ABUSAME, Sciœna munljan , qui a dix rayons ai-
guillonnés à la première dorsale; trois rayons aiguillonnés et
neuf rayons articulés à l'anale ; des dents molaires arrondies;
des dents antérieures fortes et coniques ; un aiguillon à la
pièce postérieure de chaque opercule; la couleur générale
verte; un grand nombre de petites taches blanches. On la
trouve dans la mer Rouge.
La SciÈNE CORO, qui a dix rayons aiguillonnés à la pre-
mière nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et neuf ar-
ticulés à la seconde ; onze à celle de l'anus ; la caudale en
croissant ; la tête et les opercules dénués de petites écailles;
les dents petites et pointues ; un aiguillon à la seconde pièce
de chaque opercule; la couleur générale argentée ; huit ban-
des transversales étroites et brunes. Elle est figurée dans
Bloch, pi. 3o7, et dans VHistoire naturelle des Poissons^ faisant
suite au Buffon , édition de Detervllle , vol. 4 •, pag. 6i. Elle
habite la mer du Brésil , et atteint un pied de long. Sa chair
Gst dure et sèche , et par conséquent peu estimée.
La SciÈNE CILIÉE qui a un rayon aiguillonné et six rayons
articulés à la première dorsale; huit rayons à la seconde; sept
3(52 S G I
rayons à l'anale; la mâchoire supérieure arrondie et plus
avancée que l'inférieure; deux aiguillons à la pièce posté-
rieure de chaque opercule ; presque toutes les écailles divi-
sées en deux portions par une arête transversale; la se-
conde portion finement striée et ciliée. On ignore son lieu
natal.
La SciÈNEHEPTACANTHE qui a sept rayons aiguillonnés à la
première nageoire du dos ; neuf rayons à la seconde ; sept
rayons à la nageoire de l'anus ; la mâchoire supérieure un
peu plus avancée que l'inférieure; des dents fortes à chaque
mâchoire; deux aiguillons , dont un très-petit , à la dernière
lame de chaque opercule. On ignore aussi son lieu natal.
La seconde division des sciènes comprend celles dont la
nageoire de la queue est tronquée ou arrondie. Ce sont :
La SciÈlS'E CHROMis, Lahrus chromis , Linn. , qui a dix na-
geoires à la première dorsale ; un rayon aiguillonné , et vingt-
un rayons articulés à la seconde ; deux rayons aiguillonnés
et cinq rayons articulés à l'anale ; un aiguillon à chaque oper-
cule ; le second rayon aiguillonné de l'anale long, épais,
comprimé et très-fort ; des bandes transversales brunes. On
la trouve dans les mers de la Caroline, où je l'ai vue , et où
elle parvient à un pied de long. Sa chair est bonne , mais ce-
pendant peu recherchée , parce qu'on en a de meilleure.
Ce poisson fait entendre, sous l'eau, un bruit qu'on a
comparé au son sourd du tambour, et qui lui a valu le nom
de cet instrument. Je ne pouvois croire avant de l'avoir vu,
que ce fût un aussi petit poisson qui le produlsoit.
La SciÈNE CROKER,P«r<:a undulata, Linn., qui a dix rayons
aiguillonnés à la première nageoire du dos ; un rayon aiguil-
lonné et vingt-huit rayons articulés à la seconde ; deux
rayons aiguillonnés et dix-huit rayons articulés à l'anale ;
cinq petits aiguillons à la pièce antérieure de chaque oper-
cule ; le corps ondulé de brun. Elle estfigurée dans Catesby,
vol. 2, pi. 3 , n.'' I. On la pêche dans les mêmes lieux que
la précédente.
La SciÈNE UMBRE qui a dix rayons à la première nageoire
du dos; vingt-quatre à la seconde;deux rayons aiguillonnés et
huit articulés à celle d-e l'anus; la caudale arrondie ; deux
aiguillons à la pièce postérieure de chaque opercule ; le dos
noir; le ventre argenté. V. pi. P. 19 où elle est figurée. On
la trouve dans toutes les mers d'Europe, principalement
clans la Méditerranée. Elle est connue sous les noms de
sr.iène noire , corbeau de mer,, coracin , corp , durdo , vergo et um-
brine. Les naturalistes l'ont souvent confondue avec la Per-
che u.MBRE, quoiqu'elle soit fort différente. On doit à La-
s C I 363
cépède d'avoir établi avec un grand soin leur synonymie res-
pective.
Ce poisson a la tête courte, couverte d'écaillés; chacune
de ses narines est double; chaque mâchoire est garnie de
dents, mais il y en a davantage à celle d'en bas, et elles
sont plus petites; ses écailles sont finement dentelées. Il par-
vient à un pied et demi de long.
Les anciens l'ont connu. Aristole le regardoit comme un
de ceux qui croissent le plus vite ; Pline , comme un des
meilleurs de la côte d'Egypte. Il vit en troupe dans les fonds
pierreux et sablonneux, et ne paroît qu'au printemps sur
les côtes; il remonte même les rivières, et principalement
le Nil; mais il ne fraie qu'à la fin de l'été ou au commence-
ment de l'automne. Il vit de coquillages, de crustacés, de
vers, etc. On le prend à la ligne et au filet.
Les anciens estimoient les sciènes umbres prises dans
l'eau douce , préférables à celles prises dans la mer , les
jeunes plus que les vieilles. Ils les saloient, en faisoient du
garum, c'est-à-dire une espèce de saumure propre à assai-
sonner les autres mets. Aujourd'hui , qu'on en pêche encore
beaucoup plus qu'on n'en peut consommer fraîches, on les
sale et on les confit dans le vinaigre épicé , après les avoir
vidées , lavées et légèrement grillées. C'est le Maigre de
quelques ports de mer.
La chair de ce poisson est agréable au goût. On la mange
en friture ou au court-bouillon , ou simplement cuite dans
l'eau, et ensuite assaisonnée avec du vinaigre et de l'huile.
Les anciens lui attribuoient la verlu de guérir de la piqûre
des scorpions , du charbon pestilentiel , et croyoient que son
foie pouvolt fortifier la vue.
La SciÈNE CYLINDRIQUE quia cinq rayons aiguillonnés à la
première nageoire dorsale ; vingt-un rayons^rticulés à la se-
conde ; un rayon aiguillonné et dix-sept raj^ons articulés à
l'anale ; la caudale arrondie; deux aiguillons à la pièce pos-
térieure de chaque opercule ; la forme générale cylindrique;
la tête , le dos , onze bandes transversales et deux raies lon-
gitudinales, d'un brun plus ou moins foncé. Elle est figurée
dans Bloch , pi. 299 , n." i , et dans le Buffon de Deterville ,
vol. 4-1 pag- 26. On ignore sa patrie.
La SciÈNE SAMARA qui a dix rayons aiguillonnés à la pre-
mière nageoire du dos; un rayon aiguillonné et quatorze rayons
articulés à la seconde; quatre rayons aiguillonnés et huit ar-
ticulés à l'anale ; un aiguillon à la première pièce de chaque
opercule ; deux aiguillons à la pièce postérieure ; le dos d'un
rouge de cuivre ; un grand nombre de taches rondes , blan-
ches et bordées de noir. On la pêche daiîs la mer Pvouge.
3G4 S C I
La SciÈxE pentahactyle qui ascpl rayons à la première
clorsale ; dix rayons à la seconde et à l'anale ; cinq rayons à
chaque ihoracine; la caudale arrondie; un aiguillon recourbé
à la pièce antérieure de chaque opercule ; les pectorales
Irùs-larges ; la ligne latérale insensible. Commerson l'a ob-
servée à l'embouchure des rivières de l'Ile-de-France.
La SciÈNE RAYÉE qui asix rayons aiguillonnés à la première
nageoire du dos; quinze rayons articulés à la seconde ; dix
rayons à la nageoire de l'anus; la caudale est peu arrondie;
trois aiguillons à la première et à la dernière pièce de cha-
que opercule; la couleur générale noirâtre ; des raies lon-
gtltidinales blanches. Elle se trouve avec la précédente.
(B.)
SCILLA. Plante bulbeuse , très-usilée en médecine chez
les anciens. On faisoit usage de son bulbe, seulement à l'inté-
rieur, comme stimulant, échauffant, stomachique, et di-
versement préparé , principalement après l'avoir fait rôtir ;
el pour cela, on prenoit certaine précaution. On la faisoit
aussi bouillir , et on lui enlevoit , par ce moyen, toute son
âcreté. Coupée par rouelles et desséchée , on s'en servoit
pour composer une huile , un vin et un vinaigre scillitiques,
qu'on employoit en cataplasme ou en breuvage, selon leur
nature et selon le genre de maladie. On en composoit avec
du miel des locks contre la toux invétérée , la jaunisse , les
tranchées, les vomisscmens de sang. Cuite avec du miel ou
simplement bouillie , on la faisoit manger pour exciter la
sortie des urines, guérir l'hydropisie et opérer la digestion
des alimens , lorsque l'estomac se refuse à ses fonctions.
Uioscoride développe encore d'autres propriétés du scilla;
maisil en passe plusieurs sous silence, qui sont rapportées par
Pline. Selon ce dernier , le vinaigre scillitique étoil si exquis,
qu'il éclaircissoit la vue de ceux qui en faisoient usage ; mais
il ne falloit point en prendre trop; le scilla mâché raffer-
missoit les gencives et les dents ; avec du vinaigre , il éloit
vermifuge ; appliqué seul ou avec du miel sur les ul-
cères, les verrues , etc., il les guérissoit. Pline el Dios-
coride terminent la description des propriétés du scilla par
un passage tiré des écrits de Pythagore , qui prouve qu'ils
ont puisé ce qu'ils en disent, à la même source. Ce pas-
sage rappelle l'opinion ancienne, que la plante scilla toute
entière, suspendue à l'entrée d'une chambre ou d'une mai-
son , enipêchoit les effets de tous sortilèges. Hippocrate,
Théophraste et Galien attribuent les mêmes vertus au
scilla.
Pline fait remarquer que , parmi les plantes bulbeuses , le
scilla tient le premier rang , et qu'on ne s'en sert que comme
SCI 365
médicament. Il en ailmet trois sortes : l'une mâle, qui a les
feuilles tirant sur le blanc; la seconde, femelle, dont les
feuilles tendent au noir; et la troisième, Vepimedia des Grecs,
qui est bonne à manger, qui a les feuilles plus élroiles et
moins rudes que celles des autres scilla , dont il compare les
feuilles à celles de l'aloës , en traitant de cette dernière
plante. Autant en avoit fait Dioscoride. Les scilla produi-
soient beaucoup de graines. Pour faire croître le bulbe , on
coucboit et enterroit les feuilles, et l'on recouvroil le bulbe
lui-même. Les meilleures scilla se tiroient des côtes des îles
Baléares. Le bulbe atteignoii la grosseur d'une tête d'cufant.
On préféroit, avant tout, celui du scilla à feuilles blanches ,
et plus celles-ci étoient blanches et plus on Testimoil. Tliéo-
phrasle dit que le scilla appelé epimedion , développe sa tige
et ses fleurs avant les feuilles, et qu'il fleurit trois fois par an.
On ne sauroit douter que noire squille ou scille maritime,
ne soit le scilla des anciens. Cette plante offre en effet
deux variétés que l'on distingue par leur bulbe blanc ou
rouge. Quant à lépimédion , est-ce encore un scille ( s. îia~
lira) ? ou bien un panerais {p. mariiimum ou illYriann ) ? Sa
description, d'après Pline, ne peut la faire considérer comme
une variété de la squille. Dioscoride , immédiatement après
avoir traité du scilla, traite du pancration , que selon lui oîi
appeloit également scilla. Celte plante est-elle l'épimediade
Pline.? c'est ce qui est peut-être , mais on ne peut l'affirmer.
F. Pancration.
Le nom de scilla n'a été donné par les botanistes anciens
qu'à la squille maritime. Linnœus a fait ensuite de cette
plante le type d'un genre qui comprend en outre une partie
des hyacinthus stellaris de C.Bauhin. Voyez Scille. Ce genre
a beaucoup d'affinité avec les hyacinthes et les oruithogales.
(1,N.)
SCILLE, Scdla. denre de plantes à fleurs polypétalées,
de l'hexandrie monogynie et de la famille des liliacées y
dont les caractères offrent : une corolle de six pétales ou-
verts et caducs; point de calice; six étamines à filamens
filiformes ; un ovaire supérieur surmonté d'un style à stig-
mate simple ; une capsule presque ronde, légèrement angu-
leuse , à trois valves et à trois loges , contenant plusieurs
semences ovales. V . Bellevalie, genre qui a beaucoup de
rapports avec celui-ci.
Ce genre renferme des plantes à racines bulbeuses, à
feuilles toutes radicales, longues, lancéolées, un peu char-
nues , et à fleurs bleues disposées en épis sur des hampes plus
ou moins élevées. On en compte une trentaine d'espèces ,
dont les plus importantes sont :
366 S C I
La SciLLE MARITIME, vulgairement appelée la grande sr.ille
rouge, scille femelle j ognon marin, ckarpenlaire ^ scipoile. Elle
a les fleurs nues , et les bractées réfléchies. Elle se trouve
sur les côtes de la mer, dans les parties méridionales de
l'Europe. Sa racine est grosse comme la tête d'un enfant ,
composée de tuniques épaisses, rougeâtres et visqueuses.
La SciLLE d'Italie, qui a les fleurs disposées en grappes
coniques et oblongues. Elle se trouve sur les cotes maritimes
des parties méridionales de l'Europe, C'est la grande scille
blanche ou la salle mâle, au dire de quelques personnes; et
en effet , elle ne diffère de la précédente que parce que sa
racine est blanche ou grise.
Ces scilles sont également incisives et apéritives. On donne
leurs racines en poudre dans les maladies putrides , ou pour
exciter les règles. On en tire dans les boutiques des apothi-
caires un vin, un miel, et un oxymel dont on fait surtout
usage dans les hydropisies commençantes, dans l'asthme pi-
tuiteux, dans les fièvres putrides et bilieuses, dans la pleu-
résie et la péripneumonie bilieuse et inflammatoire.
Ces deux plantes , qui s'élèvent de plusieurs pieds et dont
les fleurs sont blanches , se cultivent dans quelques jardins
éloignés de la mer ; mais elles n'y subsistent pas long-temps.
Ordinairement leurs ognons pourrissent la seconde ou la
troisième année, et donnent rarement des cayeux. On fait
venir tous les hivers, des environs de Montpellier, les ognons
dont on a besoin dans les pharmacies de Paris, et on les
conserve dans les caves, où ils végètent un peu, mais sans
se détériorer.
lia Scille des jardins, Sa'lla amœna, Linn., a la tige
anguleuse , les pédoncules alternes, plus courts que la fleur,
les bractées obtuses et très-courtes. Elle vient en Orient et
se cultive en Europe dans les jardins d'ornement, à raison
de la beauté de ses fleurs qui sont d'un bleu très-vif avec le
centre jaune, et disposées en épis très-denses. Elle s'élève
à six pouces. Sa culture n'est point dispendieuse. On enterre
les ognons assez profondément, pour qu'ils ne soient pas
atteints par les labours ordinaires, et on se contente de leur
donner quelques binages. En général, il y a une demi-
douzaine de tiges, c'est-à-dire d'ognons réunis; mais quand
leur nombre devient trop considérable , il convient de les di-
viser. C'est par cette division des touffes qu'on multiplie cette
scille, car sa graine lève rarement.
La Scille double feuille, qui a les fleurs en grappes,
les feuilles linéaires, lancéolées, ordinairement au nombre
de deux sur la hampe. Elle se trouve très-abondamment dans
quelques parties de la France, dans les bois qu'elle embellit
SCI 367
de ses jolies fleurs bleues dès les premiers jours du printemps.
Elle ne s'élève pas à plus de trois à quatre pouces.
La SciLLE d'automne, qui a les feuilles filiformes , linéai-
res , les fleurs en corymbes , les pédoncules nus , relevés et
de la longueur des fleurs. Elle se trouve dans les bois sablon-
neux. Elle fleurit à la fin de Tautomne. C'est la moins inté-
ressante de celles qui viennent d'être mentionnées , mais
l'époque de sa floraison la rend remarquable.
LaSccLLEDU Pérou qui a la tige cylindrique , les feuilles
larges et légèrement ciliées en leurs bords, les fleurs en thyrse.
Elle est originaire des côtes de Barbarie. On la cultive fré-
quemment dans les jardins, où elle varie en violet et en blanc.
C'est une très-belle plante qui mérite d'être plus connue.
La SciLLE ESCULENTE a Ics fcuilles longues et carénées ,
les fleurs en grappes, accompagnées de bractées linéaires,
cinq pétales relevés et un réfléchi. Elle est originaire de
l'Amérique septentrionale, sur les bords du Missouri, où sa
racine , sous le nom de quamash , sert de nourriture aux sau-
vages pendant l'hiver. On la dit d'un excellent goût , soit
crue , soit cuite.
La SciLLE FAUSSE JACINTHE , Scilla Ulio-hyacinthiis , qui a le
bulbe écailleux , les feuilles lancéolées, appliquées sur la
terre, et la hampe peu garnie de fleurs et sans bractées. Elle
croît dans le midi de la France. Son bulbe , desséché et ré-
duit en poudre, sert de purgatif dans les Pyrénées.
Desfontaines a augmenté ce genre de quatre espèces nou-
'velles , dans sa Flore atlantique.
La petite scille blanche est le Pancrais d'Illyrie.
SciLLE de montagne. On donne ce nom, au Cap de Bonne-
Espérance, à l'HÉMANTHE ÉCARLATE, qui remplace la scille
d'Europe dans les emplois médicinaux, (b.)
SCINCOIDIENS. Famille de reptiles sauriens, établie
par Cuvier, et qui est constituée par les genres Scinque ,
Seps , Bipède , Calcide et Bimane. Ses caractères sont :
pieds courts , langue non extensible , écailles égales, (b.)
SCINCUS. V. SCINQUE. (DESM.)
SCINCUS. L'un des noms de l'ancien ruscus, qui est
le fragon épineux, (ln.)
SCINDALEURE. Kill a donné ce nom aux champi-
gnons , tubuleux et disposés par étages comme le Bolet
versicolore, (b.)
SCINPHE et SCHINPHE. Noms anciens du Lau-
JRIER rose {nerium oleander) ^ chez les Africains, (ln.)
SCINQUE, Scincus. Genre de reptiles de la famille des
lézards , dont les caractères consistent en quatre pattes ap-
parentes, courtes, à cinq doigts libres et onguiculés; en un
568 S C T
corps allongé , couvert partout d'écaillés égales, imbriquées J
et dont les bords sont arrondis ; en un cou de la largeur de
la tête, en une langue courte un peu échancrée à son ex-
trémité.
Ce genre a été établi par Brongniart , dans son Mémoire
sur la classification des Reptiles , aux dépens des lézards de
Linnseus (F. au mot Erpétologie et au mot SAURihNS.)- H
a été adopté par Latreille , et renferme une vingtaine d'es-
pèces fort bien distinguées par Daudin , dans son Histoire des
Reptiles , faisant suite au Buffon de Sonnini.
Le SciNOUE commun est remarquable par ses rapports
avec les Anguis. En effet, son corps est allongé, presque
cylindrique , et ses pattes si petites , qu'à peine peuvent-elles
lui servir à marcher. Sa queue courte et conique se casse
avec la plus grande facilité. II se trouve en Egypte et en Ara-
bie , où , selon Bruce , il se creuse un trou dans le sable avec
tant de promptitude, qu'il disparoît en un instant, et qu'on
croit qu'il a trouvé une retraite plutôt qu'il n'a eu le temps de
la faire. 11 aime à sortir le jour, à s'étendre au soleil; et lors-
qu'il aperçoit quelqu'un, au lieu de rentrer dans son asyle ,
il se réfugie contre les pierres ou les racines des plantes. Il
semble ramper quand il court. 11 ne mord point la main qui
le touche.
Ce scinque est d'un roux blanchâtre, comme argenté en
dessus, avec des bandes brunes sur le dos. Sa mâchoire su-
périeure avance au-delà de l'inférieure , et sa queue est com-
primée. Il a un demi-pied de longueur totale. 11 est fameux
de temps immémorial, dans toute l'Arabie, l'Egypte et les
contrées voisines , même en Europe , à raison des vertus re-
marquables qu'on lui a attribuées. En effet, sa poudre , prise
intérieurement, passe pour ranimer les forces éteintes, et
rallumer les feux de l'amour, malgré les glaces de l'âge et les
suites funestes des excès. On croit de plus , en Arabie , qu'il
peut guérir les plus horribles de toutes les maladies, l'éléphan-
tiasis, ainsi que les maladies cutanées et la cataracte. Pline
dit qu'on le regardoit comme un spécifique contre les bles-
sures des flèches empoisonnées : aussi lui fait-on une rude
guerre dans le midi de l'Egypte où il est commun. Les habi-
tans des déserts le prennent pour le faire sécher, et l'aller
vendre au Caire ou à Alexandrie, d'où on le répand dans tout
l'Orient , et même en Europe.
On n'adopte pas ici l'opinion exagérée qu'on a en Arabie
et contrées voisines , des vertus du scinque ; mais cette espèce
vivant dans un pays très-chaud, peut, et même doit avoir à
un plus Uaut degré que le lézard et la vipère de France , par
exemple, les propriétés communes à presque tous les sauriens
SGI 369
et les serpensj c'est-à-dire, d'être sadorifique , de rendre le
sang et les humeurs plus fluides , les purifier, comme disoient
les médecins d'autrefois.
On a prétendu que le scinque vivoit dans l'eau aussi bien
que sur terre ; mais c'est une erreur fondée sans doute sur
quelque confusion d'animaux. /^. pi, P. 12 , où il est figuré.
Le Scinque mabouya a les mâchoires de longueur égale
et la queue courte. Il se trouve dans l'Amérique , ressem-
ble beaucoup au précédent par la grandeur et les couleurs.
Il se loge la nuit dans les crevasses des arbres pourris ,
court pendant la chaleur du jour,vivant d'insectes et de vers.
Sloane dit qu'il n'est pas venimeux, mais qu'il se jette avec
assez de hardiesse sur les personnes qui l'irritent , et les
mord avec ténacité. On le connoît dans nos colonies sous
les noms de brochet de terre et de mabouya.
Daudin distingue,comme espèce , celui figuré par Sloane,
et celui figuré parLacépède. Ce dernier lui rapporte , comme
variétés, deux autres scinques qui, par la distance de leur
pays natal , semblent devoir être plutôt regardés comme des
espèces. L'un est celui que Thunberg a trouvé dans l'île de
Java, et qu'il appelle lacerta lateralis. L'autre est le iiligugu de
Sardaigne, qui sera mentionné ci après.
Le Scinque doré est d'un gris argenté, tacheté ; a les mâ-
choires de longueur égale , et la queue plus longue que le
corps. On le trouve en Amérique. Sa grandeur surpasse celle
de l'espèce précédente, et ses couleurs sont brillantes. Il vit
principalement de petits crabes. V. pi. P. 12.
Le Scinque tiligugu est noiràire en dessus, avec des
groupes nombreux de points noirs. Sa queue est conique, de
longueur moyenne et ses doigts sont bordés. Il se trouve
en Sardaigne , et a été mentionné par Cetti, dans son Histoire
naturelle de cette île. Il n'est pas bien certain qu'il ne doive
pas plutôt faire partie des lézards.
Le Scinque algire est brun en dessus, avec deux raies
jaunes de chaque côté; sa queue est vertlcUlée et un peu plus
longue que le corps. Son pays natal est le littoral de la Barba-»
rie. Il est douteux que les scinques de la Louisiane et de Sibérie
que Lacépède lui rapporte, lui appartiennent réellement. On
doit croire que ce sont des espèces distinctes, à raison de la
distance des lieux.
Le Scinque a cinq raies est d'un noir bleuâtre en dessus,
avec cinq raies blanches, dont celle du milieu est fourchue sur
le cou. Sa queue est d'une longueur moyenne. \\ se trouve en
Caroline , sous les écorces d arbres. J' . fréquemment ob-
servé, pendant mon séjour dans cette contrée , qu'il court
avec autant d'agilité que le lézard d'Europe , dont il ne diffèrs
XXX. 2zj|.
370 S C T
pas par les mœurs. K.pl. P. 12. Il a sept pouces cle longueur
totale. Les lézards tête bleue ^ queue bleue eifascié des auteurs,
ne sont que de légères variétés de celui-ci. Je m'en suis
assuré un grand nombre de fois.
Le lézard strié de Daubenlon est encorc/Ie môme animal.
Le SciNQUE ENSAî;GLA^'TÉ est brun en dessus, avec plusieurs
raies blanches sur la tête et sur le dos; a un pli sur le cou ;
une queue verlicillée, cendrée en dessus, rouge en dessous,
et blanchâtre à rextrérnilé. 11 se trouve dans la Sibérie aus-
trale, où il a été observé par Pallas.
Le SciMQUE OCELLÉ est gris verdâtre en dessus, avec de
petites taches brunes cerclées de blanc, et la queue courte
et mince. Il se trouve en Egypte et dans l'Europe australe ,
et est figuré pi. 56 de l'ouvrage de Daudin, d'après un individu
que j'ai reçu de Montpellier. Il préfère se réfugier dans les
trous de taupe ou de mzi/o^,plutôt que dans les trous de rochers
ou sous les pierres, il a , du reste , positivement les mêmes
mœurs que le lézard gris ^ avec lequel il a été confondu, quoique
très-différent. Sa longueur est d'environ deux pouces, (b.)
SCÏODAPHYLLE. Synonyuie d'AcTiNOPHYLLE. (b.)
SCIOLEBINA. Selon Dioscoride, les Romains qui habi-
loient les îles proche Marseille, donnoient ce nomau slœclias,
plaate qui y croissoit particulièrement. V. Stœchas. (lis.)
SCIONGHE. Nom générique des PiES grièches , en
Piémont, (v.)
SCIPOULE. Nom de pays de la Scille maritime, (b.)
SCIRE , Scirus. Hermann fils désigne ainsi le genrf;
d'Arachnides que j'avois établi sous la dénomination de
Bdelle. F. ce mot. (l.)
SCIRPE, Scirpuà-. Genre de plantes delà triandrie nio-
nogynie et de la famille des cypéroïdes , dont les caractères
consistent : dans des paillettes faisaulfonction de calice, con-
niventes et disposées en épis ; trois étamines insérées sous
le pistil; un ovaire supérieur, surmonté dun style terminé
par deux stigmates; une semence nue, entourée de poils plus
ou moins longs qui naissent de sa base ordinairement au
nombre de six.
Les genres Isolepis, Dichromène, Dicpostyle , Eleo-
PHYLAX , LiMNOCHI.OA, ElÉOCII ARIS , HyPAELYïRE , TrI-
CHOPHORE , ÉcHiisoLYTRE et FiMBRiSTYLE , ont été établis
aux dépens de celui-ci.
Ce genre, ne diffère desLiNAiGUETTES que par le peu de lon-
gueur des poils qui entourent ses semences, c'est-à-dire,
qu'il n'en diffère réellement pas. U renferme des plantes, la
plupart vivaces, naissant dans, ou sur le bord des eaux ; à
tiges simples et dépourvues de nœuds ; à feuilles graminées ,
SCI 37r
engainantes. On ea compte près de deux cents espèces qui se
divisent en cinq sections , savoir :
I .° Les scirpes qui ont un seul épi , parmi lesquels les plus
communs sont :
Le SciRPE DES MARAIS, qui a la tige cylindrique , nue ;
l'épi terminal et presque ovale. Il est vivace, et se trouve très-
communément et très-abondamment dans certains marais , et
sur le bord des rivières, où il se confond avec les joncs dont
il a l'aspect. Ses racines sont charnues et fort recherchées des
cochons. En Suède , on les arrache pour les donner pendant
l'hiver à ces animaux.
Le SciRPEAiGUiLLE,quiala tige cylindrique, nue, séliforme;
l'épi ovale et bivalve; les semences nues. Il se trouve dans
les marais où l'eau est pure, sur le bord des rivières. Il ne
s'élève qu'à deux pouces, et forme souvent des gazons très-
serrés et d'un vert très-agréable.
Le SciRPE FLOTTANT, qui a les tiges cylindriques , nues,
alternes, feuillées et molles. Il se trouve dans les mares d'eau
vive , qu'il couvre de ses feuilles et de ses tiges. Quelques
personnes croient qu'il n'est qu'une variété de position du
précédent.
2." Les scirpes qui ont la tige cylindrique et qui portent
plusieurs épis , dont les plus importans sont :
Le SciRPE DES LACS, qui a la tige cylindrique, nue, et
plusieurs épis ovales , pédoncules et terminaux. Il se trouve
très-abondamment dans les lacs, les étangs , et sur les bords
des rivières dont le cours est lent. C'est la plus importante
des espèces de ce genre , sous les rapports économiques. On
Je coupe pour en faire des paniers , pour en garnir les chai-
ses, pour en couvrir les chaumières, etc., etc. 11 s'élève quel-
quefois à douze ou quinze pieds, avec près d'un pouce de dia-
mètre à sa base. Il est certains pays où il est l'objet d'un
commerce de quelque importance. Les Tarlares , au rapport
de Gmelin,en font des nattes , dont ils se servent pour se ga-
rantir du froid. La base de ses jeunes tiges est tendre, agréable
à manger, et recherchée des enfans dans plusieurs endroits.
Le SciRPE HOLOSQUÈNE , qui a la tige cylindrique et nue ;
les épis presque globuleux, portés sur des pédoncules di-
phylles , inégalement mucronés. Il se trouve dans l'Europe
méridionale.
Le SciRPE SÉTACÉ, qui a la tige nue, sétacée; l'épi terminal
et sessile. Il se trouve sur le bord des eaux stagnantes et de
la mer. Il n'est pas rare dans les lieux qui lui conviennent, et
y forme même quelquefois des gazons fort étendus. 11 ne s'é-
lève qu'à un ou deux pouces.
Le SciRPfc coucuÉ, qui a la fige cylindrique, nue ; les épis
372 SCI
sessilesel réunis au milieu d'elle. Il se trouve dans les eaux
vives aux environs de Paris , et ailleurs,
3.^ Les scirpes dont la tige est triangulaire et les épis dis-
posés en panicule nue, parmi lesquels il faul remarquer:
Le SciRPE TRIQUÈTRE, qui a les épis, les uns sesslles, les
autres pédoncules , et de la longueur des muerons. Il se trouve
dans les marais de l'Europe méridionale. J'ai observé en Ca-
roline,en immense quantité, une espèce qui en diffère fort peu.
Le SciRPE MUCRONE, qui a les épis rapprochés, sessiles et
latéraux. Il se trouve dans les eaux stagnantes, principale-
ment dans les parties méridionales de l'Europe.
4..° Les scirpes à tiges triangulaires et à panicules foliacées,
cil on doit noter principalement :
Le SciRPE MARITIME , dont la panicule est serrée et fo-
liacée ; les écailles des épis trifide. Il se trouve sur les bords
de la mer , et dans les marais , où il forme des touffes assez
grosses et d'un à deux pieds de haut.
5.° Le SciRPE DES BOIS, dont l'ombelle est foliacée ; les
pédoncules nus , plusieurs fois rameux , et les épis réunis plu-
sieurs ensemble. Il se trouve très-communément dans les
bois marécageux, qu'il orne par son élégance. Il ressemble,
du reste , beaucoup au précédent.
6.* Les scirpes qui ont la tige triangulaire et les épillets en
tête terminale, parmi lesquels il n'en est aucun d'Europe.
LeSciRPECAPSULAiREde Loureiro,quiala tige cylindrique,
nue; la panicule dense et latérale; le fruit en capsule. Il se
trouve fréquemment en Chine et en Cochinchine. Il paroît
devoir former un genre particulier. On emploie ses tiges à
faire des mèches pour les lampes et les chandelles , et leur
décoction passe pour diurétique et réfrigérante.
Sept espèces nouvelles de ce genre sont mentionnées
dans l'ouvrage de MM. Humboldt, Bonpland et Kunth, sur
les plantes de l'Amérique méridionale.
Les scirpes sont presque tous repoussés , comme nourri-
ture , par les bestiaux, à raison de la dureté et de l'insipidité
de leurs feuilles. Us forment souvent la majorité des plantes
des marais , c'est-à-dire de ces foins qu'on n'emploie que
pour faire de la litière. S'ils ne sont pas très-utiles à Ihomme
d'une manière directe, ils lui rendent de grands services,
d'une manière indirecte, parleur innnense multiplication.
Ceux qui vivent absolument dans l'eau , se changent en tour-
be ; et ceux qui ne croissent que dans les endroits sujets à
être desséchés pendant l'été, élèvent annuellement la sur-
face du terrain , et tendent à le rendre un jour propre à la
culture, (b.)
SCIRPEAIRE, Scirpearia. Genre établi par Cuvier,
pour placer la Pennatule admirable , figurée pi. 4 de h
SCI 37!^
pi. 19 du Muséum Adolph. Freder. de Linnseus , qui diffère des
autres par un stipe très-long et très-grêle , sur lequel les po-
lypes sont isolés et rangés alternativement des deux côtés. (b.)
SCIRPÉE5. Famille de plantes établie par Lesliboudois,
aux dépens de celle des CypÉRacées, Ses caractères sont :
fleurs hermaphrodites, gamophylle imbriqué des deux côtés.
Les genres qui se rangent dans cette famille sont :Fimbri-
STYLE , DlCHOSTYLE , DiCHROMÈNE , TriCUELOSTYLE , IsO-
LÈPE, ElÉOCHARIS, ElÉOPHYLAX , LiMNOCHLOA , SciRPE,
Trichophore, Ériophore , Hymmochate,Béere, Dipla-
ME , FUIRENE , OrÉOBOLE et LÉPIDOSPERME. (B.)
SCIRPO-CYPERUS. Scheuchzer applique cette déno-
mination à quelques espèces de scirpus et de cyperus , dont il
fait un groupe distinct, caractérisé par sa tige qui est triquètre
comme dans les cyperus de Scheuchzer, et moellt-use a Tin-
lérieur et sans nœuds, comme dans le scirpus; eu outre les
fleurs forment des têtes latérales surmontées par le bout de la
tige qui forme une pointe. Michcli avoit adopté ce genre ; il
comprenoit les scirpus mucrunatus et triqueler ^ ainsi qu'une
variété du scirpus marilinius. (lm.)
SCIRPOIDESScheuchzeraformésouscenoraungroupe
des scirpus ho/osrhaenus ti rumanus ^ caractérisé par les fleurs
réunies en petite iête ronde, latérale , solitaire , ou réunies
plusieurs enseiiible. Vaillant a donné le même nom aux es-
pèces de carex dont les épis sont composés de fleurs maies et
femelles eniremêîées. (ln.)
SCIRPUS. Chez les Latins, ce nom désignoit les joncs
employés à faire des liens, des paniers, des nasses. Ces joncs
n'avoient point de nœuds , aussi étoit-il passé en usage de
dire de quelqu'un qui élevoit de mauvaises difficultés, ou
opposoit de mauvaises raisons dans une affaire , qu'il cher-
choit des nœuds dans un jonc, comme nous dirions chercher
des poils sur un œuf. Les Latins avoient le verbe scirpare, qui
signifioit , lier avec des joncs; scirpetum désignoit les lieux où
les joncs croissoient en abondance.
Le nom de scirpus convenoit parfaitement à notre SciRPE
DES Etangs {scirpus palustris) , qui n'offre point de nœuds, et
qui, par sa hauteur et sa flexibilité, est très-propre à faire
des liens : aussi a-t-il été une des premières plantes qui aient
reçu ce nom chez les botanistes, et est -il devenu le type
d'un genre nombreux en espèces. Ce genre a beaucoup d'af-
finité avec les schœnus et les cyperus; et, dans le nombre des
espèces qui le composent, il y en a qui ont été placées tan-
tôt dans l'un de ces genres, et tantôt dans l'autre. Tournefort
môme, créateur du genre scirpus^ y plaçoit quelques espèces
de cyperus (SoucHET); Adanson réunissoit en un seul genre le
stirpiis et le schœnus, Linn,: enfin les botanistes modernes oji
374 S C I
établi plusieurs genres particuliers sur des espèces de scirpusi
Ces genres sont : Echinolylhrum, hypœlythriim^fimhrislylis, du-
lichlum , iricJiophorum , eleocharis , dichostylis , ehophylax , A-
ehrornena, iso/epis et marhœrina. Quelques espèces de killingia ,
à'eriophonim , àcfuirena ^ de mariscus ^ de junciis , etc., fai-
soient partie des srirpus , Linn,
l*;irnii les plantes que les botanistes antérieurs à Tourne-
iorls , ont désignées par sa'rpus, outre quelques scirpes ou
joncs, on y voit le aîra cœrulea, L. (iN.)
SCLRTE, Scirtes. Genre d'insectes coléoptères, formé
par lUiger, avec les cyphuns de Fabricius ou nos elodes, dont
iovs paltcs postérieures sont propres pour sauter, ou qui ont
leurs cuisses très-renflées, avec les jambes terminées par une
longue épine. Tel est le cyphon hémisphérique; il est petit,
noir, orbiculaire, pubescent, avec la base des antennes et
les jambes pâles. Il est très-commun, aux environs de Paris ,
sur les plantes des bords des mares, (l.)
SCISSIMA de Gaza. C'est le Hêtre. (lts\)
SCITAMINEES, M«5^e, Juss. Famille de plantes dont les
caractères consistent : en une corolle (calice, Juss.)à deux di-
visions simples ou lobées-, six étamines portées sur l'ovaire,
quelques-unes stériles ou sujettes à avorter; un ovaire infé-
rieur à style simple et à sligmale simple ou divisé; un fruit
triloculaire , à loges à une ou plusieurs semences, dont l'em-
bryon est placé dans la cavité d'un périsperme farineux.
Les plantes de cette famille ont une tige herbacée ou arbo-
rescente, souvent couverte par les gaines des pétioles ; leurs
feuilles sont alternes, engainantes, convolulées dans leur
jeunesse, traversées par une nervure longitudinale, et striées
sur les côtés; leurs (leurs, munies chacune d'une spathe ,
sont disposées par paquets alternes, et autour d'un axe ou
spadlx qui sort du milieu des feuilles.
Ventenat rapporte deux genres à cette famille , qui est la
première de la quatrième classe de son Tableau du Règne
végétal, et dont les caractères sont figurés pi. 5, n." i du
même ouvrage; savoir : B\isanier et Strelitz. (b.)
SCITE. L'un Aes noms de la Cardère { Dipsarus fullo-
mim, L."), chez les Grecs, selon Adanson. (i.M.)
SCiU RIENS , Sciurii. Famille de rongeurs formée seu-
lement des genres Ecureuil et Polatouche, que nous
avons admise dans les tables méthodiques qui terminent la
première édition de cet ouvrage. Nous l'avons ainsi carac-
térisée : incisives simples et comprimées, en biseau; queue
longue , garnie de poils distiques; extrémités postérieures
j4us allongées que les antérieures ; quatre doigts aux pieds de
dev.^nî; cinq à ceux de derrière; des clavicules complètes",
oreilles droites, yeux grands, etc. (desm.)
s G L 375
SCIURÏS , Sciuris. Genre de plantes qui a fourni quel ■
quos espèces à coi ni des Sclkries. (b.)
SCIURUS. Nom latin des Ecureuils. Ce nom a été
donné aussi à d'autres quadrupèdes, notamment aux Pola-
TOUCHE.S et à r7\YE-x\YE. (DESM.)
SCIZAN'rHK, SdzanlJnis. Plante du Chili, qui seule
consliliie un genre dans Ja didynamie angiospermie. Ses ca-
ractères ne me sont pas connus, (b.)
SCLVFiDON. Nom vulgaire du CucuBALE BEHEN dans
les Pyrénées. (B.)
SGLVREA , Sdarea. L'espèce de sauge qui porte ce nom
dans beaucoup d'ouvrages de botanique anciens, n'est pas
Vliormiimm des jardins, décrit par Pline et par Dioscoridc,
comme quelques auteurs l'ont cru. h^. sdarea est néanmoins
une pinnte qui est trop remarquable pour n'avoir pas été
rc'.nar luée par les .nnciens; mais nous ignorons sous quel
nom ils la connoissoient.
Tourneforl, îioerhaave , Buxbaum, Miller, Moench, ont
fait (le cette plante le type d'un genre qui comprend plusieurs
aaires sauges, et dont les caractères essentiels consistent:
dans les filamens des étamines attachés par un pédicelle fixé
au-delà de leur milieu ; la lèvre supérieure est en outre com-
primée et falciforme. (r^N.)
SCLERANTHE. Moench a donné ce Hom au fruit des
jNyctagitsées. (b.) ^
, SGLERAM TîiÉES. Famille de plantes proposée par
Auguste de S.-Hilaire. Elle esi si voisine des Parots'YCHIÉes»
qu'on doit l'y réunir. On peut la regarder comme faisant
liaison entre les Caryopuillées, les Portulacées et les
AWARA^lHACÉKS. (B.)
SCLERANTUS. Ce genre , établi par Linnseus , étoit
rompiis dans les ahlsimilla de Tournefort. Adanson lui a
dfmné ie nom de Knavel ; il est décrit à l'article Gnavelle.
V. ce mot cl Knavel. (ln.)
SGLÉRIE, Sderîa. Genre de plantes établi parBergius,
pour placer quelques espèces de Laiches qui ne convien-
nent pns parfaitement avec les autres.
Cii genre, qui est de la monoécietriandric, et delà famille
dos cypéracces , a pour carnclères : des épis mâles composés
«le plusieurs Heurs à trois pétales et à trois étamines; des
(leurs femelles solilnires et composées dune corolle divisée
en trois parties arrondies; et d'un ovaire supérieur surmonté
d'un stigmate trifide ; une noix globuleuse , brillante.
Les scieries paroissent être nombreuses dans les pav?;
chauds et arides; mais n'ayant pas été étudiées avec le soin
convenable , elles sont encore confondues dans les ari-
teurs et dans les herbier.^ avec le? laiches. Ce .«^ont des planiez
376 s C L
à feuilles engainantes, coupantes sur leurs bords, dures sous
la dent des bestiaux , et à fleurs disposées en épis ou en pa-
nicules , avec des semences toujours saillantes dans leur
maturité, et d'un blanc de porcelaine.
On en connoît une quarantaine d'espèces, dont les deux
plus communes sont :
La ScLÉRiE LITHOSPERME, qui a la tige triangulaire, droite,
les feuilles rudes en leurs bords. Elle est vivace et se trouve
dans l'Inde.
La ScLÉRiE FOUET,qui a les tiges bérissées, les fleurs dispo-
sées en panicule et pédicellées. Elle se trouve dans Tlnde.
J'ai trouvé, décrit et dessiné , dans la Caroline, trois nou-
velles espèces de ce genre, qui ont cela de particulier , que
leurs semences seules les distinguent complètement : la pre-
mière , la NiTiDE, les a unies ; la seconde , I'Exarate , les
a couvertes de trous superûciels; la troisième , la Rugueuse,
les a cbargées de tubercules peu saillans. Toutes, trop dures
pour être mangées par les bestiaux, sont une peste pour les
cantons où elles sont abondantes.
Cinq espèces nouvelles ou mal connues sont mentionnées
dans l'ouvrage de MM. Humboldt, Bonpland et Kuntb, sur
les plantes de l'Amérique méridionale, (b.)
SCLERNAX, Sclernax. Genre de plantes marines, formé
p.ar Rafinesque Smaltz, qui diffère de son genre Pexisperme
( V. ce mot), parce (ju'il a les semences isolées dans les cap-
sules,celluleuses,aulieud'être éparsesdans lasubstance même.
Le Sclernax tronqué est allongé , tronqué, difforme et
violet. Ses capsules sont arrondies, blanchâtres, et ses se-
mences roussâtres. Il naît sur les écueils.
Le Sclernax jaunâtre est oblong, obtus, attaché par
un côté et jaunâtre. Ses capsules et ses semences sont jaunes.
(desm.)
SCLÉROBASE, Sderobasis. Plante de l'Inde, à feuilles
sessiles alternes , semi - amplexicaules , ovales , sinuées,
dentées, rudes au toucher; à fleurs jaunes, disposées en pa-
nicule terminale, qui seule, selon H. Cassini, constitue, dans
la syngénésie superflue et dans la famille des synanthérées,
un genre voisin du Séneçon.
Les caractères de ce genre sont : fleurs radiées; calice
commun cylindrique , composé de folioles égales , oblon-
gues, membraneuses en leurs bords, disposées sur un seul
rang; fleurons du disque réguliers, androgynes; demi-fleu-
rons de la circonférence ligules, femelles; réceptacle plane,
alvéolé , ayant des côtes subéreuses confluentes au centre ,
en nombre égal aux folioles du calice; semences striées,
jurraonlées dune aigrette plumeuse. (b.)
SCLEROGARPE, Schrocarpus, Plante d'Afrique , à tige
s C L 377
branchue, velue, à feuilles ovales, aiguës, dentées, pétio-
lées, hérissées, et à fleurs composées, terminales, accom-
pagnées de bractées semblables aux feuilles , qui forme un
genre dans la syngénésie polygamie frustranée, et dans la fa-
mille des corymbifères.
Ce genre offre pour caractères : un calice simple, com-
posé de folioles bossues et velues en dehors, canaliculéesen
dedans ; un réceptacle couvert de paillettes et d'un grand
nombre de fleurons tubuleux hermaphrodites, avec quatre
ou cinq demi-fleurons en cœur à la circonférence ; des se-
mences sans aigrettes, (b.) -
SdliÉROCARPE. Ordre de champignons , établi par
Persoon. Il renferme ceux qui sont solides à l'extérieur et
mous à l'intérieur; savoir les genres : Sphérie, Sti&bos-
PORE, NaEMASPORE , TUBERCULAIRE , HYSTERIE , XyLOME
et VeRMICI LAIRE. (B.)
SCLEROCHLOÉ, Sderochha. Genre de plantes établi
par Palisol de Beauvois , dans la famille des graminées, pour
placer le Paturin dur. Il offre pour caractères : balle cali-
cinale de deux valves obtuses et courtes, à deux ou cinq fleurs,
chacune composée de deux valves dont l'inférieure est émar-
ginée et la supérieure entière; écailles émarginées; graine
en bec et bifide, (b.)
SCLERODERME, Sderoâermus. Nom donné , par
M. Kliig, à un genre d'hyménoptères, famille des aptéro-
gynes, tribu des n»utillaires , distingué des autres genres de
cette division par les caractères suivans : femelles ayant l'ab-
domen conique , et le tronc divisé par deux sutures transver-
ses , en trois segmens, dont le dernier allongé; l'autre sexe
est inconnu. M. Kliig a nommé l'insecte sur lequel il a éta-
bli ce genre, sdéioderme domestique , parce qu'on le trouve
dans les maisons ; il est très-petit , brun , et ressemble a
une fourmi, (l.)
SCLÉRODERME , Sderoderma. Genre de Champi-
gnon, établi aux dépens des Vesselolps. Le Vesseloup
orangé de Linnseus lui sert de type. Depuis , il a été subdi-
visé par Devaux, pour l'établissement de son genre Calos-
tome. (b.)
SCLÊRODERMES. Famille de poissons qui a aussi été
appelée. Plectognatues. (b.)
SCLÉROLj^NE, Sderolœna. Genre de plantes , éta-
bli par R, Browo , pour placer trois arbustes de la Nou-"
velle-Hollande , à feuilles alternes , linéaires , et à fleurs axil-
laires, tantôt solitaires et tantôt agglomérées.
Les caractères de ce genre , qui est de la pentandrie digy-
pie et de la famille des chénopodées , sont: calice à cinq
378 s C L
divisions ; vUrfcule renfermé dans le calice , qui est devenu
osseux et épineux, et recouvre une semence aplatie.
On ne croit pas que le genre Anisacanthe du même bo-
taniste puisse être séparé de celui-ci. (b.)
SCLÉROLÈPE, Sderohpis. Genre de plantes, établi
par H. Cassini, pour placer le Spargaî^ophore verticillé
de iMichaux. Son caractère consiste : dans l'aigrette formée
de cinq squamules paléiformes, arrondies, concaves, épaisses
et cornées, (b.)
SCLÉROSTOMES ou HAUSTELLÉS. Nom donné
par M. Duméril (Zoo/, anal. eX. Leçons d'anal, romp. àe M.
Cuvier ) , à une famille d'insectes de l'ordre des dijptères ,
caractérisée ainsi : suçoir saillant, allongé, sortant de la
tôle , souvent coudé.
Cette famille est composée des genres suivans : cousin,
homliylc , hippobosque ., conops , myope., stomoxe y rhingie, chry-
supside , taon, asyle , empis. (l.)
SCLEROTE, Sderotium. Genre de plantes de la famille
des champignons , établi par Tode , et qui offre des fongo-
sités solides, souvent irrégulières, qu'on suppose se diviser
pour répandre leurs semences.
La \10RT duSafram (/u^<T;?arfl«7/cMTO),Bull.,faisoit partie
de ce genre ; mais Decandolie Ten a retirée pour en compo-
ser , avec une autre espèce qui vit aux dépens des racines
de la Luzerne, un nouveau genre qu'il a appelé Rhizostome.
Aujourd'hui donc , ce genre reste compose d'une vingtaine
d'espèces vivant sur l'écorce , les feuilles et autres parties
des plantes. La seule qui soit dans le cas d'être citée , est la
ScLEROTE ERGOT, sclerotium claQus , Decand., qui vit sur le
Seigle et autres graminées , et dont la nature n'a été recon-
nue que dans ces derniers temps.
L"ergot se montre le plus communément en forme de
grain allongé cl légèrement recourbé , de couleur de lie de
vin. Il est d'autant plus abondant que la saison a été plus
pluvieuse, ou que le grain est plus voisin des marais ou des
bois. C'est en arrachant, avant leur maturité , les épis qui en
montrent, qu'on peut s'en débarrasser. Laissé dans le pain,
en certaine proportion , il donne lieu à la gangrène sèche ,
maladie affreuse , dans laquelle les membres se détachent
successivement du corps.
Une espèce qui vit sur les haricots , et qui a été observée
par Pallsot de Beauvois, nuit souvent dans les années ou dans
tes sols humides , aux récoltes de ce légume.
Le genre Xyloglosse se rapproche infiniment de ce-
Jui-ci. (B.)
SCLEROTHAMNE, Schroihamnus. Arbrisseau de la
SCO 379
Nouvelle-Hollande , qui seul , selon R. Brown , consllluc
un genre dans la décandrie monogynie. Ses caractères sont :
calice à deux lèvres , à cinq divisions , et accompagné de
deux bractées ; corolle papilionacée, à carène plus longue
que les ailes ; ovaire pédicellé , à style relevé et à sligmatc
simple ; légume ventru.
Cet arbuste se cultive dans les jardins de Londres. Il se
rapproche du Gastrolobe, (b.)
SCLÉROTION. V. Sclérote. (b.)
SCLÈROÏOME. Nom que M. Haiiy avoit primitive-
ment donné au Corindon lamelleux. (lis.)
SCLEROXYLON , Sc/eroxylum. Genre de plantes, qui
diffère des Argans par un calice à cinq dents; une corolle
campanulée , à cinq divisions ; point d'écaillés ; un stigmaie
simple ; un drupe monosperme. F. Bumélie et Sersalî-
SIE. (b.)
SCLIROLITHUS. Stulz donne ce nom au Corindon
lamelleux, (ln.)
SCOBIEN. Nom celtique du SuREAU. Foyez Sambu-
cus. (ln.)
SCOBON. Leshabitans de l'île deTénériffe donnent ce
nom au Cytise prolifère de Llnnœus. (ln.)
SCOLECTI LAPIDES. L'un des noms latins des Den-
tales, (desm.)
SCOLEX , Scolex,. Genre de vers intestins , établi par
Muller. Ses caractères sont : corps mou, aplati, atténué à
son extrémité ; bouche à l'extrémité antérieure , située entre
deux ou quatre tubercules ou oreilles.
Ce genre renferme six espèces , dans l'ouvrage de Rudol-
phi sur les animaux de cette famille.
La première, la plus anciennement'connue, qui est figurée
pi. 8^ n.*' I à i5 de l'ouvrage précité, change autant de
forme que le ver infusoire appelé Protée. Elle a quatre iu-
hercules. On la trouve dans les intestins des Pleukonectes.
Les autres vivent dans ceux du Salmone lavaret, de la
Baudroie , du Cycloptère , etc. (s.)
SCOLÈZITE. Gehlen et Fuchs ont fait sur l'espèce
Mesotype , telle que M. Haiiy l'a considérée , un travail
très-inléressant , qui les a conduits à répartir celte espèce
en quatre groupes qui appartiennent à des espèces connues,
ou bien qui en constituent de nouvelles, ce sont:
1. L'Apophyllite ou Ichfhyophlhalme ,
2. La Scholéziie.
3. LàM-ésoliîhe.
4. La Nalroliilv,
53,9o
. . 60, .
. 5i,56 .
. 53,38 .
. 54,64
25 .
. . i5,7f)
. 23,36 .
. 24,86 .
. 23,46
6,i3 .
. . 5,18
. 5,18 .
. 5,27 .
. 5,22
15,70
. . 17,30
. 16,66 .
. 16,19 •
. i6,86
0
. . 0
. 2,55 .
. Trace .
0
38o SCO
I. L'analyse chimique, et surtout la structure cristalline ,
confirment cette division.
I. Apopbylliïe. Nous avions fait remarquer à T article
Mésotypë , que les mésolypes primitive , épointée , octo-
duodécimale et deciduodécimale étoient considérées comme
des variétés d'apophyilite , par les minéralogistes étrangers :
ce n'est qu'après la publication du vol. 20 de ce Dictionnaire,
que nous avons pu nous procurer les mémoires de l'Acadé-
mie de Stockholm, parmi lesquels il en est un de M. Léo-
pold Gmelin, concernant celte substance aporlée du Groen-
land , el l'apophyllite d Ulo, que ce savant a analysée com-
parativement. Gehlen et Fuchs ont donné , de leur côté , l'a-
nalyse comparative de cette prétendue mésotype et de l'a-
pophyllite du Tyrol, elont été conduits, ainsi que M.Léopold
Gmelin , à réunir ces deux substances. Voici leurs analyses :
1 2345
Silice .
Chaux .
Potasse
JEau
Alumine
N.o I. Analyse de l'apophyllite de Karrarnt près Dis-
koeiland au Groenland, dite Brunnikil (jnésotype primilwe et
épointée)^ par Léopold Gmelin. P«5. sp. 2,21.
N.** 2. D'une variété de la précédente , plus légère. Pes.
sp. 2,00.
N.** 3. De la mésolype épointée, de Féroë , par Geh-
len et Fuchs.
N.*^ 4- De l'apophyllyte du Tyrol , par les mêmes.
N.» 5. De l'apophillite d'Uto , par Léopold (imelin.
M. Berzelius a publié aussi une analyse de l'apophyllite
d'Uto , postérieure à celles que nous rapportons. 11 y trouve
sensiblement les mêmes proportions, savoir : silice 52,goo ;
ehaux, 25,207 ; potasse 5,266; eau 16. Il a reconnu aussi
presque les mêmes proportions dans l'apophyllite de Fassa.
On peut lire à l'article apophyllite , trois autres analyses
de cette substance , par Vauquelin , Riemann et Rose. Ces
analyses coïncident parfaitement avec celles que nous rap-
portons ci-dessus, et donnent la preuve que toutes les subs-
tances qui en ont fait le sujet appartiennent à une seule et
même espèce minérale. Ceci est encore confirmé par la
cristallisation , qui est la même dans les deux. La présence
de la potasse et l'absence de l'alumine forment un caractère
qui distingue l'apophyllite des substances suivantes. YJalbmàt
SCO 38t
Wçrner lui doit être joint, ayant la même influence sur la lu-
mière,d'après M. Brevvster, et les mêmes formes cristallines-
2. La ScOLÉziTE avoit été confondue jusqu'ici avecla méso-
type et la natrolithe ; mais elle s'en dislingue et par sa cris-
tallisation et par son analyse chimique. Werner l'avoit
nommée nadelstein. La scolézite cristallise en cristaux acicu-
laires ou prismatiques, qui ont pour forme primitive un prisme
droit à base rhombe de 88 d. 4-o' et 91 ^- 20'. Ce prisme
offre des facettes additionnelles sur deux de ses arêtes longi-
tudinales. Sa pesanteur spécifique est de 2,214.. Exposée au
chalumeau, elle devient aussitôt opaque, puis se courbe et
se voûte comme un ver (d'où son nom grec Aq scolézite)^ et se
change en une écume éclatante qui se réduit en un globule
bulleux, un peu transparent. Elle perd au feu, en se boursouf-
flant, i3 pour l de son poids.
L'acide oxalique ne la dissout que partiellement, et son
résidu est blanc ; avec l'acide nilro-muriatique, elle se com-
porte de-même que la natrolithe : voici les analyses qu'en
ont faites Gehlen et Fuchs.
Silice . .
: ilî
. . 4*6,75.
Chaux . .
. . l4,20-
Alumine .
. 25,88
. . 24,82.
Eau . .
13,62
. . i3,64.
Soude . .
. 0,48
. . 00,39.
io,oo3. 99,80.
N.° I. Analyse d'une variété aciculaire de Féroë.
N." 2. Analyse d'une variété fibreuse de Staffa.
On peut joindre à ces analyses , les cinq premières que
nous avons citées à l'article de la mésotype,
La scolézite se trouve dans les anciennes laves et dans les
trapps. Elle est plus brillante et d'un aspect plus vitreux que
la mésolithe, de laquelle elle ne paroîtpas devoir être distin-
guée , selon nous , son caractère essentiel étant pris dans
la très-petite quantité de soude qu'elle présente.
3. Mézolithe. Gehlen et Fuchs proposent de nommer
ainsi une nouvelle espèce qui'ils forment sur la mésolype de
M. Haiiy, dont ils semblent vouloir bannir le nom. Cette
espèce rentre principalement dans \q faser zeolith et le na-
delstein de Werner. Sa cristallisation est la même , ainsi que
ses autres caractères, à quelques légères modifications près.
Son caractère essentiel consiste dans les proportions de ses
principes.
Voici les analyses de plusieurs variétés , d'après Gehlen
et Fuchs.
382
Silice .
Chaux .
Alumine
Soude .
Eau
Fer
M." I.
2
— 3
I
47,00
9,35
5,47
12, a5
Q
SCO
. 46'78
10, o5
. 26,66
. 4,75
12, 3i
o
3
4
47,46 .
46,04.
10,4.0 .
9,61.
25,35 .
37,00.
4,87 •
5,20.
I3,4l .
12,36.
0
trace.
Mésoliihe en pelits cristaux aciculaires, de Féroë.
Idem , en fragmens fibreux d'Islande.
La même plus compacte.
— 4- Variété fibreuse du Tyrol.
La mésolithe ne diffère donc qu'en ce qu'elle offre un ving-
tième de soude. Quant à la quantité de la chaux , elle est ici
plus forte que dans certaines variétés de mésotype, analysées
par Rlaproth et Vauquelin, et qui rentrent dans la scolézite.
4.. La Natrolithe se distingue de toutes les pierres pré-
cédentes par sa forme primitive, qui est le prisme droit carré,
et par son analyse qui indique la soude, mais point de chaux.
La mésotype pyramidée rentre dans cette espèce, qui paroît
particulière aux basaltes et aux trapps analogues. La belle
mésotype pyramidée du Puy-de-Marmant, en Auvergne,
appartient à la natrolithe. Cette substance forme aussi dans
les basaltes des noyaux compactes et soyeux.
La natrolithe , exposée à l'action du feu du chalumeau ,
devient d'abord opaqae, puis se gonfle sensiblement , et en-
suite fond paisiblement en un globule vitreux limpide, à
peine bulleux. Elle se dissout aisément dans l'acide oxalique,
en produisant de légers flocons. Plusieurs de'ses variétés ont
offert à l'analyse les principes suivans, selon GehlenetFuchs.
Silice
Chaux
Alumine
Soude
Eau
Fer oxydé
N.° I. Analyse de la mésotype cristallisée d'Auvergne ,
par Gehlen et Fuchs.
— 2. Idem , d'une variété de la même:
— 3. De la natrolithe jaune de Roegau en Souabe.
. — 4. De la mésotype fibreuse rougeâtre , du Tyrol.
A ces analyses, on peut joindre les deux dernières des
sept exposées à l'article mésotype.
De tout ce qui précède, on peut conclure :
i.° Que quelques variétés de la mésotype de M, Haiiy
I
2
3
4
. . 48,17
. 47,76
• 47,21
. 48,63
. . 0,17
. o,i3
. 0,00
. . 0,0
. . 26,51
. 25,88
. . 25,60
. 24,82
. . 16,12
. 16,21
. l6,ï2
• 15,69
. . 9,i3
. 9,3i
. 8,88
• 9,60
î . 0,00
. 0,00
. 1,35
. 0, 2
SCO 383
rentrent dans l'apophyllite , et c'est ce que M. Haiiy
vient de reconnoître lui-même, comme nous l'avons
appris.
2.» Que la scolézlte çtlâ mésolithe ne paroissent pas devoir
être séparées, et qu'elles doivent être réunies et nommées
scolézite. Leur forme primitive à base rhomboïdale et la
présence de la chaux ou de la soude, ou de l'une et l'autre
à la fois , peuvent avoir lieu dans cette espèce , puisqu'on
connoît d'autres pierres cristallisées , par exemple , le feld-
spath , qui présente tantôt l'un , tantôt l'autre de ces alkalis,
sans que sa forme cristalline en soit altérée.
3." Que la natrolilhe doit former une espèce distincte , ca-
ractérisée par sa forme primitive , en prisme droit carré , et
par la présence d'une quantité considérable de soude ; de
plus qu'on peut la nommer mêsolype ^ puisque c'est sa cris-
tallisation qui a suggéré ce nom.
4..° Que la scolézite ellaiaafrolilhe ont des caractères communs
qui doivent les rapprocher et les faire placer l'une auprès de
l'autre ; et que la place de la scolézite n'est pas auprès de la
tourmaline, comme elle est mdiquée dans la Nouvelle Mé-
thode chimico-minéralogique de M. Berzelius. (ln.)
SCOLIE , Scolia , Fah.; Elis, ejusd. ; Sphev ^ Linn. ,
Schœff, Scop. Genre d'insectes, de l'ordre des hyménop-
tères , famille des aptérogynes, tribu des scoliètes , distingué
des autres genres de cette sous- famille, par les caractères
suivans : antennes épaisses , formées d'articles courts et ser-
rés , insérées près du milieu de la face antérieure delà tête ,
droites, presque cylindriques, de la longueur de la tête et
du corselet dans les mâles , plus courtes et arquées dans les
femelles ; le second article entièrement découvert ou point
renfermé dans le premier; celui ci le plus grand de tous ,
presque obconique ; mandibules fortes , arquées , étroites
pointues , croisées , et sans dents notables au côté interne •
palpes courts, filiformes, presque égaux; languette divisée,
jusqu'à sa base, en trois petits filets , presque égaux , diver-
gens , à la manière d'un trident ; corps allongé , velu; yeux
échancrés ; pattes courtes; cuisses des femelles comprimées,
contournées en S; leurs jambes très-épineuses; corselet pres-
que cylindrique, tronqué postérieurement; abdomen ovale,
tronqué à sa base , plus étroit et presque en fuseau , et ter-
miné par trois épines dans les mâles; cellule radiale unique,
petite; deux ou trois cellules cubitales, dont les deux anté-
rieures grandes ; l'antérieure placée au-devant de la cellule
radiale , sur une même ligne longitudinale , détachée de la
côte ; la seconde cellule cubitale en forme de triangle al-
longé , placée sous la précédente , s'étendant jusqu'à son
384 SCO
extrémité postérieure et même jusque sous la cellule radiale ^
lorsque le nombre des cubitales n'est que de deux ; une ou
deux nervures récurrentes (ailes souvent colorées de noir,
de violet ou de jaunâtre).
Dans la méthode de Linnaeus et des naturalistes qui l'ont
suivie , ces insectes font partie du genre sphex. Mais ils s'en
éloignent sous bien des rapports, et forment un genre très-
naturel. Schfeffer, dans ses Elémens d'entomologie, a repré-
senté , avec détails, une scolie , comme type du genre sphex.
Les antennes , les organes de la manducalion et la forme
générale du corps sont identiques dans toutes les espèces ;
mais il n'en est pas ainsi des nervures des ailes , et Ton voit
qu'à cet égard , la méthode de M. Jurine est purement arti-
ficielle : « Les nervures des ailes des scolies , nous dit-il ,
présentent dans leur distribution des anomalies remarqua-
bles , qu'on ne trouve dans aucun autre hyménoptère ; il
semble que la nature , en circonscrivant l'étendue des cellules
cubitales , se soit fait un jeu d'en varier de plusieurs ma-
nières, et le nombre et la forme , en suppléant à ce qu'elle
retranchoit d'une. part , par des additions de l'autre. » Mais,
abstraction faite du nombre des cellules cubitales et des ner-
vures récurrentes , la position et la forme de la première de
ces cellules cubitales , fournissent un caractère constant et
que nous avons employé. Ces anomalies peuvent même nous
être très-utiles , pour diviser ce genre , qui se compose d'une
assez grande quantité d'espèces. Nous avons développé ses
autres caractères dans le troisième volume de notre Gênera
Cnistac. et InsecL , et nous renvoyons à cet ouvrage. M. Jurine
prétend que nous avons commis une erreur en donnant quatre
articles aux palpes labiaux de ces insectes, puisque , suivant
lui, ces palpes n'en ont que trois. Mais il se trompe certai-
nement , et l'analogie est même contraire à son opinion.
Les scolies sont généralement de grande taille et habitent
exclusivement les pays chauds et tempérés des deux Mondes.
On ne commence à trouver , en Europe , les plus grandes
espèces, que vers le 4>^-' degré de latitude; leurs métamorpho-
ses sont inconnues ; mais je suis porté à croire que leurs larves
sont parasites ; car, quoique j'aie observé sur le vivant , et
très-souvent , ces insectes , je ne les ai jamais vus porter ,
ainsi que le font les sphégimes femelles, des chenilles , des
araignées, etc. ; ils fréquentent les lieux secs, sablonneux ,
et sucent les sucs mielleux des Heurs cojjnposées ou agrégées
et des llliacées ; quelques espèces se tiennent plus particu-
lièrement dans les forets , et leurs métamorphoses, d'après
quelques observations que j'ai recueillies à ce sujet , parois-
SCO 385
sent s'opérer dans le ijoîs. Celles cle (Quelques autres ont lieu
dans la terre.
Les mâles , ont le corps beaucoup plus étroit et plus long
que les femelles , et en diffèrent aussi par leurs antennes ,
leurs pattes plus grêles et les trois pointes cornées qui ter-
minent l'abdomen. Fabricius s'est souvent mépris à cet
égard, et a fait des deux sexes autant d espèces. C'est ainsi,
par exemple , que sa scolie des jardins doit êlre réunie à celle
qu'il nomme jlavîfrons , la première étant le mâle de la se-
conde. Cette espèce , que l'on trouve en France , dans le
voisinage de la Méditerranée, et qui est commune dans le
royaume de Valence, en Espagne, a été, pour M, Léon-
Dufour, un sujet d'observations anatomiques intéressantes ,
et qu'il nous a fait connoître dans le Journal de Physique
C septembre 1818 ), comparativement avec d'autres faits ana-
logues, recueillis sur divers autres hyménoptères. Le sys-
tème nerveux du mâle de cet insecte est placé le long de la
ligne médiane du corps , tout-à-fait au-dessous des organes , et
séparé de ceux qu'enferme la cavité abdominale , par une
toile mince et membrano-musculeuse. II consiste en un cor-
don principal , formé de l'adossement de deux nerfs con-
tigus , mais bien distincts et offrant sept ganglions , dont cinq
abdominaux, émettent chacun trois nerfs, savoir: deux laté-
raux et un postérieur récurrent ; les deux ganglions qui ter-
minent postérieurement le cordon sont presque confondus '
et le dernier , sensiblement plus grand que l'autre , fournit
plusieurs filets divergens , qui se distribuent principalement
aux organes générateurs. Le tronc de ce système nerveux
et dont M. Dufour n'a pu découvrir l'origine , est accompa-
gné, de chaque côté , d'une trachée assez forte. Le thorax
offre deux stigmates , situés, un de chaque côté, derrière
l'insertion des ailes; ils sont étroits, transverses et bilabiés.
Chaque segment de l'abdomen en a aussi une paire ; mais
leur ouverture est bien moins allongée et placée dans une
petite dépression ovale. Ceux des premiers anneaux sont ha-
bituellement à découvert , et situés sur la portion pointillée
et velue de leur surface ; mais les suivans sont recouverts et
placés sur la portion lisse et glabre de ces anneaux. Les tra-
chées ont plus de perfection que celles, en général , des in-
sectes des autres ordres; elles offrent des dilatations cons-
tantes , des vésicules bien déterminées, favorables à un sé-
iour plus ou moins long de l'air et susceptibles , selon la
quantité qu'elles en reçoivent, de se distendre ou de s'af-
faisser. Deux vésicules , placées une de chaque côté , à la
base de l'abdomen , fixent plus particulièrement l'attention ;
elles sont grandes j ovales, oblongues , d'un blanc mat lacté,
XXX. a5
386 SCO
et jettent , de divers points de leur surface , des faisceau*
rayonnans de trachées vasculaires très-fines, qui se répan-
dent sur les organes voisins. En avant de ces deux vésicules
et en pénétrant dans le corselet , chacune de ces deux tra-
chées s'étrangle, puis se dilate de nouveau, et dégénère in-
sensiblement en un tube dont les subdivisions se perdent
dans la tête; au côté opposé, ou en arrière des deux vésicules
abdominales , elle prend encore une forme lubulaire ; ces
tubes sont filiformes , et fournissent un nombre d'arbuscules
aériens, qui, vers Fanus , deviennent conlluens et se ra-
mifient ensuite. L'épiplaon , de même que dans la plupart
des hyménoptères , consiste en petites granulations adipeu-
ses , rares , tantôt collées sur les muscles des parois ventrales ,
tantôt soutenues par un lacis de trachées capillaires. Les
vaisseaux hépathiques sont des tubes filiformes , blanchâtres
ou jaunâtres , simples, plus longs que le corps , entortillés ,
insérés autour du bourrelet qui termine le second estomac ,
et au nombre environ de vingt. La longueur du tube alimen-
taire n'excède pas deux fois celle du corps de l'insecte ; il est
maintenu dans sa position par quelques trachées, étalant
à sa surface leurs ramifications nacrées. L'œsophage , sous la
forme d'un tube très-délié, se dilate postérieurement et forme
un premier estomac membraneux, demi- transparent , plus
ou moins ovoïde et lisse à l'extérieur, L^ second estomac ,
essentiellement musculeux et séparé du premier parun étran-
glement, qui est le siège d'une valvule pylorique , est cylin-
drique ou conoïde , allongé , contourné sur lui-même , et
formé de bandelettes transversales , dont la saillie est plus ou
moins grande , selon l'état de contraction ou de dilatation de
l'organe. Outre les rides annulaires , il est encore hérissé de
papilles , mais qui sont d'une telle petitesse qu'on ne les dé-
couvre qu'avec la loupe. Lorsque le premier estomac est vide,
la valvule pylorique devient très-apparente , et se présente
sous la forme d'un bouton saillant, marqué d'une fente cru-
ciale. Le second estomac est terminé , comme nous l'avons
dit , par un bourrelet où s'insèrent les vaisseaux hépatiques.
L'intestin, brusquement distinct de cet estomac, est filiforme,
grêle , glabre , flexueux et un peu plus court que dans d'autres
hyménoptères. Avant de se terminer par le rectum, qui est à
peine long d'une ligne , il offre une dilatation plus ou moins
prononcée , un cœcum renfermant des excrémens , et par-
couru , dans sa longueur, par six rubans musculeux , tantôt
presque effacés , tantôt formant des cannelures profondes.
Les organes de la génération peuvent être divisés , à raison
de leurs usages, en préparateurs et copulateurs. Les pre-
miers se composent des testicules et des vésicules séminales j
SCO 38;
ti sont placés dans Tanse de la partie inférieure du second
estomac , où un lacis de trachées et de vaisseaux hépatiques
les mainlient comme agglomérés. Chaque testicule est un
corps, plus ou moins arrondi, formé parles nombreux
replis d'un vaisseau spermatique unique , fort délié , et dont
ia continuation produit un canal déférent, très -court, et
qui s'abouche au côté interne de la vésicule correspondante.
Les vésicules séminales sont au nombre de deux , plus gran-
des que les testicules , et constituées chacune par un corps
ovoïde oblong , qui finit en manière .de pédicule tubuieux et
rempli d'une liqueur transparente ou blanchâtre, suivant son
degré d'élaboration. Ces vésicules aboutissent postérieure-
ment dans un conduit spermatique commun , qui s'enfonce
dans l'armure de la verge., faisant partie des organes capsu-
laires. Ainsi que dans la plupart des autres hyménoptères ,
l'armure de la verge consiste dans un assemblage de six lames
cornées , partant d'un support commun , annulaire et de
même consistance ; deux de ces pièces forment une tige cen-
trale, tubulaire ou caualiculée, sous laquelle la verge glisse ;
les quatre autres , opposées par paires , composent une
sorte d'étui qui'enveloppe la tige ou l'axe de l'appareil. Ici ,
ou dans les scolies , les bords du demi-tube ou du canal in-
férieur , formé par la réunion des deux pièces centrales , sont
plus cornés que le reste , et armés de dents crochues. Les
deux lames extérieures et enveloppant le tout se prolongent et
se terminent en une tige déprimée et velue ; à la base interne
de chacune d'elles est articulée une autre petite pièce , de
forme lancéolée. Le dernier demi-segment du ventre est ter-
miné par trois pointes, en forme d'épines , mais qui ne sont
que des prolongemens de son bord postérieur.
Les organes générateurs des femelles sont aussi de deuK
sortes ; les ovaires , ou si l'on veut les tubes ovigères , et un
corps particulier , qui paroît destinéà lubréfier les œufs à leur
entrée dans l'oviductus , compo^rat les organes prépara-
teurs. Les tubes ovigères sont au nombre de six , trois de
chaque côté, et réunis en un faisceau: ce sont des boyaux
membraneux, diaphanes , allongés , conoïdes , très-effilés
par leur extrémité antérieure. Leurs bouts convergent de
part et d'autre , pour se fixer tous ensemble à un ligament
capillaire, dont le point d'attache paroît être vers le mi-
lieu du corselet. Le tube alimentaire est engagé dans l'anse
que forment , par leur convergence , les extrémités su-
périeures des tubes ovigères. Ces tubes ont une suite d'é-
tranglemens , qui sont d'autant plus grands , qu'ils sont
plus près de l'oviductus ; les germes des œufs qui y sont ren-
fermés suivent, dans leur développement, la même progrès-
3^8 SCO
sion. Chaque faisceau de tubes ovigères (trois de chaque
côté ) aboutit , en arrière , à un conduit un peu renflé , des-
tiné à recevoir les œufs parvenus à terme , et les deux con-
duits se confondent en un oviductus commun , s'enfonçant
sous le rectum , et transmettant les œufs à l'époque de la
ponte. Le corps particulier , qui paroît fournir une matière
visqueuse , dont les œufs sont enduits à leur passage dans
l'oviductus , est un tube long , cylindrique , et fermé par son
bout flottant. Il s'abouche dans l'oviductus. Il ne nous reste
plus qu'à parler des organes copulateurs et de ceux du ve-
nin. La vulve s'ouvre au-dessous de l'anus, entre deux appen-
dices oblongs , cornés , biarticulés , velus en dehors , et sus-
ceptibles d'un assez grand écartement. Ils sont désignés dans
mes ouvrages sous la dénomination de stylets.
L'organe sécréteur du venin consiste en deux tubes fili-
formes , flexueux , flotlans , s'ouvrant isolément dans le ré-
servoir , et qui sont deux glandes déroulées. Le réservoir du
venin que M. Dufour nomme organe conservateur , est
vésiculeux et membraneux. Il reçoit , vers le milieu de sa lar-
geur, les organes sécréteurs, et dégénère postérieurement
en un tube presque capillaire. Le tube, avant de s'enfoncer
dans l'armure du bord ou de l'aiguillon , aboutit à une bourse
musculo-membraneuse , que cet observateur n'a point vue
dans les autres hyménoptères. Elle est placée entre le rectum
et l'oviductus , et paroît appartenir plutôt à l'organe du venin
qu'à ce dernier conduit. Elle est plus ou moins arrondie ,
comme lobée dans son contour , et sa tunique extérieure ,
qui est assez épaisse et musculeuse , enveloppe une vessie
membraneuse , remplie d'une substance presque gélatineuse
et d'un vert bleuâtre. Si on comprime légèrement entre les
doigts l'armure de l'aiguillon, on aperçoit la liqueur vénéneuse
s'écouler, ou peut-être s'éjaculer avec celte même nuance.
L'aiguillon ou dard e^y^ne tige cornée , brunâtre , sétacée ,
arquée , dont la pointe très-acérée offre , sur les côtés , de
petites dents , dirigées d'arrière en avant. La base de cet ai-
guillon se bifurque et se fixe à différens muscles , qui s'atta-
chent à des pièces mobiles , et qui favorisent ses mouvemens
de projection et de rétraction. Il est composé de deux lames
adossées , et laissant entre elles une gouttière par où filtre
le venin.
I Trois cellules cubitîjes (la dernière petite, en forme de triangle
renverse').
A . Seconde cellule cubitale recelant deux nervures récurrentes.
ScOLlE INTERROMPUE , Scolia intervupta ; Elis interrupta ,
Fab. , le mâle. Noire , avec un duvet gris ; des bandes jaunes
SCO 389
Sur l'abdomen, dont les premières, ou du moins Tantërieure,
interrompues dans leur milieu, et formant sur les anneaux où
elles sont placées , deux taches rondes ; ailes ayant des ner-
vures roussâlres , avec le limbe postérieur bleuâtre ; épe-
rons des jambes postérieures des femelles allongés , élargis
et arrondis a leur extrémité. Le mâle a le chaperon et plu-
sieurs taches sur l'extrémité postérieure du corselet , jaunes ;
cette couleur domine aussi davantage sur son abdomen. La
tête de la femelle offre, autour des yeux, plusieurs taches de
la môme teinte.
Dans les départemens méridionaux de la France , en Es-
pagne et en Italie.
B. Seconde cellule cubitale ne recevant çu'une nervure récurrente.
SrouE FRONT-JAUNE, Scolia flapifrons , Fab. , la femelle ;
Ejusd,, Scolîa hortorum^ le mâle. Elle a environ un pouce et
demi de long; son corps est noir, avec le dessus de la tête,
le devant et le bord postérieur exceptés, d'un jaune un peu
roussâire; le second et le troisième anneaux de l'abdomen
ont chacun , en dessus , une bande jaune , interrompue au
milieu, ce qui forme quatre taches ; les ailes supérieures sont
d'un roussâtre foncé , avec le limbe postérieur d'un noir
bleuâtre ; la tête du mâle est entièrement noire.
On la trouve dans les départemens les plus méridionaux
de la France , en Italie , en Espagne , en Barbarie , etc.
Fabricius dit que la couleur des antennes varie du noir
au fauve ; mais les individus où les antennes sont de celte
dernière couleur appartiennent à une autre espèce , celle
dont il a distingué le mâle sous le nom de bimaciilata ; c'est
le sphex bidens de Linnaeus.
II. Deux cellules cubitales.
A • Seconde cellule cubitale recevant deux nervures récurrentes.
ScoLiE NOIRE, Scolia atrata , Fab.; Réaumur , Mém. Insect. ,
tome VI, pi. XXVI , fig. ig. Elle est très-grande , velue, noire ,
sans taches ; elle a les ailes ferrugineuses, d'un violet brillant
à l'extrémité; les antennes longues, cylindriques dans le
mâle , courtes, recourbées, épaisses dans la femelle. On la
trouve dans l'Amérique méridionale.
ScoLiE A QUATRE MARQUES, ScoUa quaàr'inotala , Fab. Elle
a les antennes noires; la tête et le corselet noirs , légère-
ment velus; l'abdomen ovale, noir, avec deux grandes taches
d'un jaune rougeâtre sur les deux premiers anneaux ; les ailes
d'un violet foncé luisant. On la trouve à la Caroline.
La scolîe ciliée de Fabricius, et dont celle qu'il a nommée
aura n'est que le mâle , appartient à celte division. M. Du-
four l'a trouvée en Espagne j dans les environs de Tudéla,
^go 3 C O
Jî, Seconde cellule cubilale recevant une nervure récurrente.
ScOLlE NOTÉE, Scolia noiata ^ Fab. Elle est noire , avec le
dessus du second et du Iroisième anneaux de Tabclomen d'un
jaune cilron , qui y forme deux grandes bandes ; chaque bord
latéral de la première a ime échancrure arrondie, imitant un
point ; les ailes sont d'un noir bleuâtre luisant.
On la trouve dans les départeineris méridionaux de la
France , et même aux environs de Paris.
ScoLlE A QUATRE POINTS , ScoUa quadripunctata , Fab. ; pi.
1\ , 1 , 2 , de cet ouvrage , la femelle, tl-e est à peu près de
la grandeur à'unQ guêpe noire , légèrement velue ; l'abdomen
a deux taches ovales , d'un jaune pâle sur le second et le troi-
sième anneaux; le premier el le quatrième ont aussi , dans
quelques individus , deux points de la même couleur-, les ailes
supérieures sont d'un jaune roussàtre , avec l'extrémité et le
côté interne, d'un noir un peu bronzé.
On la trouve en Espigne , aux environs de Paris , sur les
fleurs, particulièrement sur les chardons, dans les lieux arides
et sablonneux.
On rapportera encore à cette division la sco//e éryirorèphale
de Fabricius, que M. Dufour a observée dans le royaume de
^Valence , en Espagne,
M. Antoine Coquebert a représenté, dans ses Illustrations
iconographiques des insectes, plusieurs scolies de Fabricius,
qui ne l'avoient pas encore été. (l.)
SCOLIÈTES, Scolieice, Lat, Tribu d'insectes, de l'ordre
des hyménoptères , section des porte-aiguillons , famille des
sphégimes, distinguée des autres tribus que cette famille com-
prend,par les caractères suivans: segment antérieur du tronc
prolongé latéralement jusqu'à la naissance des ailes; antennes
femelles composées d'articles courts et serrés ; pieds courts;
ceux des gros , avec les cuisses arquées près des genoux ou
en 5, les jambes très-épineuses et les tarses très-ciliés ;antennes
droites, de la longueur de la tête et du corselet dans les mâ-
les , plus courtes et arquées dans les femelles ; mandibules
fortes , étroites , arquées , rétrécies en pointe vers leur extré-
mité ; ailes supérieures des femelles ayant leur cellule ra-
diale , lorsqu'elle existe , tantôt fermée par une nervure dis-
tincte du bord extérieur, tantôt incomplète.
Celle tribu est composée des genres : TlPHiE , Myzine ,
Mérie , ScoLiE. V. aussi Plésie. (l.)
SCOLLERA. Ce genre, établi par Rolh, est le même
que ïoxycoccus de Tournefort, fait aux dépens du genre
Vaccin lu M ou Airelle, (ln.)
SCOLOPAX. Des ornithologistes ont appelé ainsi une
SCO 3çjt
divîsîon d'oiseaux de rivages à bec long el effilé, comme
celui de la Bécasse dont le nom grec est scolopax. (s.)
SCOLOPAX. C'est , en grec et en latin , le nom de la
Bécasse, (s.)
SCOLOPAX MARINA. V. Centrisque. (desm.)
SCOLOPENDRE, Scolopendra. Grenre d'insectes, de
notre ordre des myriapodes , famille des chilopodes.
Sous f e4te dénomination générique et empruntée des an-
ciens , Linnaeus comprit des insectes sans ailes, dont le corps
est long et linéaire , déprimé , formé d'un grand nombre
d'anneaux, portant tous des pattes ; dont la tête est distincte,
pourvue de deux antennes sétacées , avec deux paipes articu-
lés à la boucbe. Ce genre, relativement à ses limites, fut
long-temps stationnaire. Je formai d'abord , avec l'espèce
nommée lagiira , celui de poUyxène. La scolopendre à étuis
( coleoptrata) devint , dans la classification de M, Lamarck ,
le type d'une autre coupe générique, celle de scutigère, et
qu'il plaça avec les précédentes, dans son ordre des arachnides
antennistes. Malgré ces retranchemens , le genre scolopendre
avoit peu perdu sous le rapport de sa circonscription pri-
mitive , et n'étoit amélioré qu'à l'égard de ses caractères dis-
tinctifs.
Tel étoit l'état de la science , lorsque le docteur Léacli
publia sa Nouvelle Distribution générale des insectes aptè-
res , de Lionaeus : il a formé une classe particulrère de notre
ordre des mynapodes , qui étoit alors le second de notre
classe des arachnides ; il l'a divisée en deux ordres, corres-
pondans aux deux familles , chilognuthcs et syngnathes , qui
eomposoient nos myriapodes, et dont la première embrasse
le ^enre juins , de Linn^us, et la seconde celui de scolopen-
dra , du même auteur. L'ordre des syngnathes de M. Léach
comprend trois familles, celle des cermatides , celle des scolo-
pendrides et celle àesgéophilides. La première n'offre qu'un seul
genre , celui de cermatie d'IUiger , ou de scutigère de M. La-
marck. La seconde est composée des suivans : Uthobie , scolo-
pendre , crylops. Celui de géophile occupe seul la troisième.
M, Léach, dans le troisième volume de ses Mélanges de
Zoologie, publié en 1817, a supprimé ces distinctions des fa-
milles. En rendant témoignage à la véracité des caractères
qu'il a observés, nous n'avons pas cependant cru devoir adop-
ter entièrement l'emploi qu'il en fait; et de ces nouvelles cou-
pes génériques , celle des lilhobies a été la seule que nous
^yons admise (^Règ. amm., par M. Cuvier, tom. 3, pag. 167).
ISotre famille de.s chilopodes ne se compose ainsi que des
genres : scfitigère ^ lithotne et scolopendre. Celui-ci a pour ca-
laclèros : corps divisé, tant en dessus qu'en dessous , en im
392 vS C O
pareil nombre de segmens , égaux , ou peu dîfierens , et toiîs
découverts. L'appareil masticatoire de ces insectes étanî
essentiellement le même que celui des autres chilopodes ,
on consultera ce que -nous en avons dit dans notre exposition
de cette famille. Par la structure de leur corps , sa forme li-
néaire , leurs yeux formés de petits yeux lisses rapprochés
et quelquefois peu apparens , leurs pattes courtes , presque
égales ( à l'exception des deux dernières qui sont ordinaire-
ment un peu plus longues, et rejettées en arrière , comme
en forme de queue ) , composées d'articles peu nombreux
( sept), décroissant presque insensiblement , pour se termi-
ner en pointe -, enfin, par leurs antennes et leurs palpes beau-
coup plus courts , les lithobies et les scolopendres sont très-
distinctes des scutigères. Leurs lieux d'habitation , et proba-
blement leurs manières de vivre, sont d'ailleurs différens.
Les scolopendres varient beaucoup parleurs dimensions ;
les plus grandes de celles qu'on trouve en Europe, n'ont guère
plus de deux pouces de long: celles de l'Inde ont jusqu'à huit
pouces. Elles sont connues sous les noms de mille-pieds et de
scolopendres terrestres : quelques auteurs les ont aussi appelées
malfalsanles ^ parce qu'elles pincent assez fort avec leurs
crochets. Elles vivent dans la terre, dans le vieux bois
pourri, sous les pierres et dans d'autres lieux humides.
Elles se nourrissent de vers de terre et d'insectes vivans.
Quelques espèces répandent une lumière phosphorique.
Ces insectes sont, depuis long-temps, réputés venimeux,
parce qu'ils écartent, lorsqu'on les saisit, leurs crochets,
avec lesquels ils tâchent de mordre, et que, dans l'endroit
qu'ils ont mordu, il survient une enflure assez douloureuse.
Mais, au rapport des voyageurs, la douleur que cause la
morsure des grandes scolopendres des Indes , quoique beaucoup
plus violente que celle que produit la piqûre du scorpion ,
n'est cependant pas mortelle. Leeuwenhoek , qui a examiné
les crochets de ces insectes , a trouvé , près de leur pointe ,
une ouverture communiquant à une cavité qui s'étend jus-
qu'à l'extrémité des crochets ; il croit que c'est par -là que
sort la liqueur acre que la scolopendre introduit dans la plaie,
où elle cause la douleur vive qu'on ressent après la morsure.
J'ai vu aussi celte ouverture : c'est un rapport qu'ont ces in-
sectes avec le araignées.
Les scolopendres sont très-vives et courent avec beaucoup
d'agilité. M. Veiss {Dict. dWst. nat. de Valmont de Bomare)
compare la marche de {& scolopendre fourchue (^ V. Lilhobie) ,
ou la plus commune , à celle de l'escargot , et suppose que le
mécanisme de leurs mouvemens s'exécute à peu près de mê-
«le ; il y a , suivant lui , cette différence , que la scolopendre ,
SCO 393
au lieu de marcher, fait mouvoir successivement un grand
nombre de pattes. Les unes agissent suivant le plan de posi-
tion , et les autres sont relevées ; celles-ci posent bientôt à
terre, tandis que les dernières de chaque division se relèvent.
Tous ces divers mouvemens qui suivent le corps , depuis la
tête jusqu'à son extrémité postérieure , produisent des es-
pèces d'ondulations. L'insecte varie ses mouvemens et leur
force selon le besoin ; chaque patte appuyant sur le plan où
il marche , transporte , ainsi que le font les muscles de l'es-
cargot , le corps à la même distance qu'il agit.
Les anciens croyoient que les scolopendres se reprodui-
soient à la manière des tœnia ; mais, en nous élevant contre
une telle opinion , nous sommes cependant forcés d'avancer
que le mode de génération de ces insectes est encore, pour
nous , un mystère : il nous a paru que les organes sexuels
étoient situés à l'extrémité de leur corps. On sait que ces
insectes muent et quittent leur peau à peu près de la même
manière que les cloportes. Les pays étrangers en fournissent
plusieurs espèces.
I. Deux yeux distincts, composés chacun de quatre petits yeux lisses.
Nota. Antennes sétacées , de dix-sept articles ; vingt ou
vingt - une paires de pattes proprement dites ( vingt-trois ,
les quatre pieds-mâchoires compris ) ; celles de la dernière
paire plus longues.
Les Scolopendres , Scohpendra , de M. Léach.
ScOLOPEîSDRE APLATIE, ScolopenJra complanata ; Scolo-
pendra morsitans^ Vill., Entom ; Linn. , tom. 4» t^b. 11 , j5g.
17, 18.
Cette espèce , qui se trouve dans les départemens méri-
dionaux de la France , en Espagne et en Italie , et dont
les plus grands individus ont environ quatre pouces de lon-
gueur, est très-distincte du tS. morsitans ^ avec laquelle on
l'a confondue. Son corps est plus étroit, très-aplati , d'un
jaunâtre roussâtre , avec une bande d'un vert foncé sur les
intersections des segmens; tous cessegmens, à commencer
au second, sont presque aussi longs que larges, et de la
niême grandeur, avec les bords latéraux un peu arqués et
arrondis postérieurement ; les antennes sont fortement com-
primées. Le nombre de pattes est de quarante-deux , comme
dans la S. mordante^ mais elles sont plus courtes ; leur lon-
gueur égale au plus celle de deux segmens.
Scolopendre mordante , Scolupendra morsiians , Linn. ,
Fab. ; Sculopendra altemans , Léach , Zool. miscell. , tom. 3 ,
tab. i38.
Les individus de moyenne grandeur sont longs de près de
3g4 SCO
qiialre pouces. Le corps est brun , proportionnellement plus
lorge fjue celui de l'espèce précédente , celte largeur étant à
la longueur comme un est à dix, tandis que dans l'autre sco-
lopendre, elle est (1ans le rapport d'un à treize ; les segmens
sont sensiblement plus larges que longs , surtout en arrière ;
le premier est trés-couit , Iransverso-linéaire ; le troisième
est évidemment plus cniirt que le second et le quatrième ;
les pattes sont au nombre de quarante-deux; leur longueur
égale presque celli; de trois segmens réunis; les deux der-
nières sont moins comprimées que les mêmes de la 5. aplatie^
avec le premier article épineux le Imig de son côté interne.
On la trouve aux Antilles et dans l'Amérique méridionale.
II. Yeux oblitérés.
Les espèces qui , par la forme et la composition des an-
tennes et le nombre des pattes , se rapprochent des précé-
dentrs, forment le genre Crypte, Ciypios^ de M. Léach. Il
en d.'crit deux espèces, et qui sont Tune et l'autre propres à
l'Angleterre. Celle qu'il nomme liortensis est figurée dans le
Iroisième volume de ses Mélanges de Zoologie, pi. i3y.
Les scolopendres dont les yeux ne sont point ou ne sont
presque point apparens, dont les antennes ont une forme cy-
iindracée et n'otfrant que quatorze articles , et dont les pieds
sont beaucoup plus nombreux, composent son genre GÉo-
PHILE, geophilus\ la planche i^-O, du même volume, en
représente deux espèces, le g. maritime et le g. longtcorne ; la
scolopendre suivante est de cette division.
Scolopendre électrique , Scohpendra eledrica , Linn. ,
Gtoff. , Fab. Elle a huit à neuf lignes de long; le corps est
de couleur fauve , avec une ligne noire au milieu; il est di-
visé en soixante-dix anneaux et a cent quarante pattes.
On la trouve en Europe, sur la terre, dans laquelle elle
s'enfonce souvent. La nuit , son corps paroît quelquefois
lumineux.
La scolopendre fourchue , pi. R , i , 3 , de cet ouvrage, est
une LiTHOBiE. V. ce mot. (l.)
SCOLOPENDRE, Scohpendrium. Plante du genre des
Dqradilles , que quelques botanistes ont cru dans le cas de
servir de type à un genre distinct, (b.)
SCOLOPENDRE DE MER. Les naturalistes du der-
nier siècle donnoient ce nom aux Néréides qui ont les plus
grands rapports d'organisation extérieure avec les insectes
appelés Scolopendres, (b.)
SCOLOPENDRE DE MER. On a aussi donné ce nom
à la Térebelle. (desm.)
SCOLOPENDRE A PINCEAU {iusedey V. Puly-
XÈNE. ^L.)
SCO 395
SCOLOPENDRIA - LEGUMINOSA. Cortœsus a
désigné ainsi la Pfxecine {Lïserrula pelecinus , L. ), à cause
de la forme de ses gousses, (ln ) •
SGOLOPENORIDES. F. Scolopendre, (l.)
SCOLOPENDROIDE. Onadonné ce nom aux AsTÉ-
KiEs de la seconde division , à celles qui forment le genre
Ophiure de Lamarck. F. ces mots, (b.)
SCOLOPIE, Scolopia. Genre de plantes de l'icosandrie
monogynie et de la famille des orangers , qui a pour carac-
tères: un calice de trois ou quatre parties; une corolle de trois
ou qualre pétales ; dix à trente élamines insérées au calice ;
un ovaire supérieur , surmonté d'un style persistant ; une
baie uniloculaire contenant six semences arillées.
Ce genre est figuré dans les Illudrations de Lamarck,
sous le nom erroné de scopolia , et dans l'ouvrage de Gserl-
ner, sous celui de limonia. Il ne renferme qu'une espèce
qui est un petit arbuste de Ceylan , dont le feuillage ressem-
ble à celui du Lentisque. (b.)
SCOLOPSIS, Scolopsis. Genre de poissons établi par Cu-
vier. 11 se rapproche des Lutj\ns. Ses caractères sont : corps
comprimé , couvert de grandes écailles ; bouche petite et ar-
mée d une multitude de petites écailles ; le bord du préoper-
cule dentelé; le sous- orbitaire dentelé et épineux en ar-
rière.
Le Kurite et le Botch, de Russel , poissons de la mer
des Indes , en font partie. Les autres espèces ne sont point
décrites. (R.)
SCOLOS\NTHE, Sr.olosanthus. Arbrisseau épineux des
Antilles, à feuilles opposées, presque sesslles, presque ron-
des, à fleurs solitaires dans les aisselles des feuilles, dont
les unes à l'extrémité des jeunes épis, avortent, et les autres
sont fertiles.
Cet arbrisseau, figuré par Lamarck , sous le nom de Ca-
tesbé a petites fleurs , forme , selon Vahl, un genre qui
a pour caractères : un calice très-pelit à quatre divisions; uiie
corolle tubaleuse, à limbe recourbé et quadridenlé ; quatre
étaniines ; un-ovaire supérieur, surmonté d'un style bifide;
un drupe blanc et monosperme, (b.)
SCOLYME, Sculymus. Genre de plantes de la syngénésie
polygamie égale , et de la famille des chicoracées , dont les
caractères offrent : un calice imbriqué d'écaillés roides, acu-
niinées , piquantes , conniventes ; un réceptacle couvert de
paillettes ciliées ou tridentées, et garni de demi-fleurons her-
îuaphrodites et dentés ; plusieurs semences ovales , compri-
mées, surmontées d'aigrettes caduques et très-fr?giles.
Ce genre renferme des plantes à feuilles décurrenles , al-
39G SCO
ternes , épineuses, roides, veinées de blanc , sînuées et m<f-
galemcnt dentées, à fleurs axillaires , sessiles, munies de
Ijiactées pinnalifides , épineuses , placées en petit nombre à
iVxtrémilé des tiges. On en compte trois ou quatre espèces ,
dont Desfonlaines a le premier éclairci la synonymie, et
donné une bonne description dans sa Flore ailanûque.
La plus commune de ces espèces est le Scolyme d'Espa-
ciSE, dont les rameaux sont écartés, les fleurs réunies plu-
sieurs ensemble , et les bractées dentées. Elle se trouve en Es-
pagne et sur les côtes de Barbarie, dans les champs en jachère
ff sur le bord des chemins. Elle est bisannuelle , et s'élève à
environ deux pieds. J'ai observé, dans le royaume de Léon,
qiiesestiges subsistent encore en hiver après leur dessiccation,
e! qae les vents les entraînent et les amoncèlent dans certains
endroits en grande quantité. Cette plante est si con^mune
dans celte partie de l'Espagne , qu'on pourroit la brûler pour
i'.n tirer de la potasse. Henri Casslni l'a séparée des autres ,
pour en constituer le genre Myscole. (b.)
SCOLYMOGÉPHALE , Scolymocephalus. Genre | de
plantes établi par Wensmann , mais qui rentre dans celui
appelé Leucadeisdre , par R. Brown. F. Proté. (b.)
SCOLYMOS. Théophrasle donne ce nom à une plante à
leuilles épineuses', qui fleurissoit tard , mais quirestoit long-
temps en fleurs; sa racine éloit remplie d'un suc laiteux. On
îuangeoit ses jeunes pousses naissantes. L'on croît qu'il s'agit
d'une de nos espèces de scolymes , le scolymus maculalus ou
grandi florus.
Dioscoride s'exprime ainsi sur le scolymos des Grecs. « Il a
les feuilles semblables à celles du chamœhon et du hmcacan-
tha, mats cependant plus noires et plus épaisses. 11 pousse
nne grande tige chargée de feuilles , et qui produit des têtes
épineuses. Sa racine est grosse et noire ; elle provoque for-
tement les urines, auxquelles elle communique une, odeur fé-
iide; l'herbe étant jeune et tendre se mange comme les asper-
ges. » Les commentateurs pensent que cette plarjte est notre
artichaut ou le cardon,
« Le scolymus, dit Pline , se nomme aussi Umonion ; les
habitans de l'Orient en sont très-friands. Cotte plante n'a
jamais plus d'une coudée de hauteur , et a les feuilles décou-
pées en forme de crêtes ; elle produit une racine qui est
douce et bonne à manger ; aussi , Eratosthène dit que les
])auvres gens s'en servent quelquefois pour la table. On rap-
porte que le scolymus est fort propre à provoquer les urines ;
appliqué avec du vinaigre , il guérit les dartres et la gale. Hé-
siode et Alénus assurent qu'il est aphrodvsiaque , et que
îursqu'il est en fleurs , les cigales chante/it fort et opiniâ-
SCO 397
trement. lis rapporlent aussi que le scolymm excile les
femmes à l'amour, tandis qu'il refroidit les hommes, ea
sorte que la nature créa le scolymus pour venir au secours
des dames. » Pline décrit ici la même plante que Dios-
coride. Mais en traitant des carJuiis, il fait remarqucR que
le scolymus fleurit tard , mais qu'il demeure long - temps
en fleurs et sans interruption , pendant toute l'année , et
quil se distingue par là du ckardon , ainsi que par l'usage
qu'on fait de sa racine. C. Bauhin pense que, dansée pas-
sage, Pline a voulu parler du scolymus de Théophraste , ce
qui n'est pas probable , mais bien de la même piaule que
ci-dessus , et dont il donne aussi la manière de la cultiver.
Quant à Théophraste, il dislingue le scolymus de son cactos-,
qui est une espèce du genre des artichauts. 11 paroît que chez
les anciens, ce n'est point le réceptacle des têtes de fleurs
de cette plante qu'on mangeoit , mais les jeunes feuilles,
comme nous usons des cardons ou cardes. Le caclos se t rouvoit
seulement en Sicile , au dire de Théophraste , tandis que le
.$co/ymu5 croissoit en Grèce. Mais ce naturaliste indique plu-
sieurs espèces de cactos , qui paroissenl être nos cinara scoly-
mus , hmnilis , cardunculus , etc.
Tournefort , Vaillant, Linnœus , ont donné ce nom à un
genre de plantes qui paroît contenir le scolymus de Théo-
phraste. V. ScoLYME. Adanson, toutefois, y rapporte aussi
le scolymus de Dioscoride , et pense que l'artichaut est le
cirsion de Dioscoride. (ln.)
SGOLYMOS. Les anciens ont donné aussi ce nom à la
Cynoglosse, ou langue de chien, (ln.)
SCOLYTAIRES, Scolytarii , Latr. Tribu d'insectes de
Tordre des coléoptères, section des tétramères , famille des
xylophages , distinguée des autres tribus de cette famille ,
par les caractères suivais : antennes de six à dix articles dis-
tincts , et terminées par une massue , ordinairement solide y
soit d'un seul article, soit de plusieurs, mais très-serrés ;
celui de la base , allongé ; extrémité antérieure de la tête un
peu prolongée; palpes très-petits, coniques; corps toujours
cylindrique; jambes comprimées , ordinairement terminées
extérieurement par un fort crochet.
De tous les xylophages, ceux-ci sont les plus destructeurs.
Leurs larves rongent et sillonnent en divers sens, souvent en
manière de rayons , les premières couches du bois , et quel-
quefois même pénètrent plus avant. Lorsqu'elles sont très-
inultipliées dans ceriaines forêts, celles particulièrement de
pins et de sapins, elles font périr, en peu d'années, une
grande quantité d'arbres, ou les mettent hors d'état de servir
utilement pour les arts. Quelques-unes font beaucoup ds tort
398 SCO
à l'olivier. Le scolyte destructeur nuit beaucoup au cliêne
et à l'orme.
J. Antennes Icrminées en une massue solide, guère plus longues que
• la tèle ou plus courtes.
A9 Tous les articles des tarses entiers.
Les genres : Plat-ïpe ,Tomique.
JJ, Pénultième article des tarses bifide.
Les genres: Hylurgue, Scolite, Hylésitse.
li. Antennes notablement pius longues que la lête, termine'es en une
massue de trois feuillets.
'Nota. Pénultième article des tarses bifide.
Le genre Phloïothribe. V. ces articles, (l.)
SCOLYTE {jC) Scolytus.ijçxxKç. d'insectes coléoptères, de
la section des téiramères , famille des xylophages , tribu des
scolytaires , distingué des autres genres de celte division ^
par les caractères suivans : antennes guère plus longues que la
tête , terminées en une massue solide , comprimée , presque
ovoïde , obtuse , et formée par le neuvième article ; péaui-
tièmc article des tarses bilobé.
Geoffroy avoit établi ce genre sur un insecte qui vit sous les
écorces des arbres , et auquel il trouve des rapports avec les
becmares et les dermestes. C'est effeclivement dansée der-
nier genre que Linoaeus a placé d'autres coléoptères très-
analogues au scolyte de Geoffroy , mais que Degéer en a
sépare, pour en former un genre propre , celui des ips. L'his-
torien des insectes des environs de Paris avoit établi une
autre coupe générique , avoisinant , dans l'ordre naturel ,
les scolytes, et qu'il avoit distinguée sous la dénomination de
bostriche. Fabricius,en appliquant quelques-uns de ces noms
à d'autres genres , a tout brouillé ( V. ces articles. ). Ses
scolytes sont des coléoptères de notre famille des carnassiers,
et le genre , ainsi nommé par Geoffroy , fait partie de celui
d^hylesinus. Pour réparer ce désordre , et ramener la no-
menclature à ses types primitifs , nous avons désigné le genre
scolytiis de Fabricius , sous la dénomination d'omophron.
Nos scolytes sont ceux des naturalistes français. Le même
genre est appelé eccoptogaster par Herbst et M. Gyllenhal.
Olivier {Coléopt., tome 4) lui donne beaucoup plus d'éten-
due que nous ; car ses scolytes embrassent notre tribu des
scolytaires, composée de six genres.
(i) Geoffroy écrit Scolite ; mais la dénomination latine offrant un
/ à la place de IV, nous n'appi cuvons point celte substilulion.
s C 0 399
Les scolyles (>rit le corps ovale oLlong , ou plulôl presque
cylindrique ; leur lêto esl presque globuleuse , et se retire
dans le corselet, à l'exceplion de la partie antérieure qui se
montre sous la forme d'un petit museau conique ; les anten-
nes sont fort courtes et composées de neuf articles, mais
dont plusieurs , savoir , ceux du milieu , ne se distinguent
bien qu'à l'aide d'une forte loupe ; le neuvième forme une
massue solide , comprimée et arrondie au bout ; son extré-
mité paroît être plus membraneuse , et pourroit bien être
formée d'un article de plus , qui seroit alors le dixième , mais
enveloppé parle neuvième; les ailes sont grandes et rcfpliées
sous des étuis très-durs ; le ventre est tronqué brusquement
et obliquement , de la base à l'anus ; l'angle extérieur de
l'extrémité des jambes forme un crochet ; le pénultième ar-
ticle des tarses est bllobé.
Les scolytes vivent dans le bois carié et vermoulu, non-
seulement sous la forme de larve , mais encore sous celle d'in-
secte parfait. Ce sont euxqui, conjointement avec lesvrlllet-
tes , le percent dans tous les sens , et le détruisent peu à peu
en le convertissant en une poussière Irès-finè. Cette poussière
n'est autre chose que la substance du bois dont Us se sont
nourris, et qu'ils ont rendue en excrément ; mais les vrillettcs
n'attaquent que le bois mort, tandis que les scolytes se nour-
rissent le plus souvent du bois vivant. Ceux-ci parviennent
quelquefois à faire périr des rameaux, des branches, et
même des arbres, en détruisant leurs fibres, en extravasant
ou altérant les sucs qui leur donnent la vie. La larve est
courte , molle , munie de six pattes et d'une tête écailleuse ,
dure ; elle est armée de deux fortes mâchoires , au moyen
desquelles elle ronge et détruit les bois les plus durs ; elle
subit ses métamorphoses dans le bois même qui l'a nourrie ,
et n'en sort que lorsqu'elle est pressée par le besoin de
se reproduire.
SCOLYTE DESTRUCTEUR, Scofyliis destruclor ^ Oliv. , Col,
tome 4- ■> "•* 7^? p'- I 1 fig- 4- ; Hylesinus sr.olytus , Ifab.
Cet insecte a environ deux lignes de long. Il est d'un noir
luisant, avec les antennes , les pattes et les éJytres d'un brun
marron ; le dessus de la tête esl earni d'un duvet jaunâtre ;
le corselet est grand; les élytres aPt chacune six à sept stries
élevées et ponctuées. Il se trouve dans toute l'Europe.
Le ScOLYTE PYGMÉE , Scolyius pygmœus. Quoique très-
voisin du précédent , il en diffère par sa taille constamment
plus petite , et en ce que les intervalles des stries des élytres
ont des points plus prononcés et rangés en lignes. Il est très-
commun dans les départemens du Midi de la France, (l."»
SCOMBER, V. ScoMJBRE. (de.sm.)
ioo SCO
SCOMBÉROÏDE , Sromberoides. -Genre de poîssons
établi parLacépède , dans la division des Thoracïques, et
qui présente pour caractères : de peties nageoires au-dessus
et au-dessous de la queue ; une seule nageoire dorsale, mais
plusieurs aiguillons au-devant d'elle.
Ce genre qui , comme l'observe Lacépède , semble tenir
le milieu entre les Scombres et les Gastérostées , se réunit,
selon Cuvier, avec le genre LiCHE. Il renferme trois espèces^
dont aucune n'étoit connue des naturalistes.
Le ScoMBÉROÏDE TSOEL a dix petites nageoires au-dessus ,
et quatorze au-dessous de la queue ; sept aiguillons recour-
bés au-devant de la nageoire du dos. On ignore son pays
natal. H a deux aiguillons en avant de la nageoire de l'anus ;
sa queue est fourchue.
Le ScoMBÉROïDE COMMERSONNIEN a douzc petites nageoi-
res au-dessus et au-dessous de la queue ^ et six aiguillons en
devant de la nageoire dorsale. On le pêche autour de Mada-
gascar , où Commerson l'a observé. Ses deux mâchoires
sont garnies de dents égales et aiguës; l'inférieure est plus
avancée que la supérieure ; on voit des taches rondes sur
son dos ; sa nageoire caudale est très-fourchue.
Le ScoMBÉROïDE SAUTEUR a Sept «petites nageoires au-
dessus et huit au-dessous de la queue ; quatre aiguillons au-
devant de la nageoire du dos. Il est figuré dans Lacépède »
vol. 2, pi. 19. On le trouve dans les mers d'Amérique, sur
la surface desquelles il saute continuellement , au rapport de
Plumier. V. pi. P. 19, où il est figuré, (b.)
SCOMBEROÏDES. Famille de poissons qui répond à
celle appelée Atractosomes, parDuméril. (b.)
SCOMBEROMORE , Scomberomorus. Genre de pois-
sons établi par Lacépède , dans la division des Thora-
ciQUES, dont les caractères consistent à avoir une seule na-
geoire dorsale ; de petites nageoires au-dessus et au-dessous
de la queue ; point d'aiguillons isolés au-devant de lanageoire
du dos.
Ce genre diffère des Scombres, uniquement par la priva-
tion d'une nageoire dorsale; encore celle qu'il a, est-elle
divisée en deux portions si distinctes, qu'on suppose, au
premier coup d'œil , qu^en a deux. Il ne renferme qu'une
espèce , le Scombéromore plumier, qui a huit petites na-
geoires au-dessus et au-dessous de la queue , et les deux mâ-
choires également avancées. Son dos est couleur d'azur, et
son ventre est argenté, avecunebande dorée longitudinale, et
quelques taches irrégulières le long de la ligne latérale. Ce
poisson se pêche dans lesmers d'Amérique , où il a été
observé par Plumier, (b.)
SCO lot
SCOMBBE , Scomher. Genre de poissons de la division
des Thoraciques, qui présente, pour caractères : deux na-
geoires dorsales ; une ou plusieurs petites nageoires au-
dessus et au dessous de la queue ; les côlés de la queue ca-
rénés ; une petite nageoire composée de deux aiguillons
réunis par une membrane au-devant de la nageoire de l'anus.
Ce genre a été légèrement modifié par Lacépède , qui en
a séparé plusieurs espèces pour former ses genres Scombé-
RoïDE, Caranx, Caranxomore et Trac;hinote. Actuel-
lement, il ne comprend plus que treize à quatorze espèces;
mais c'est parmi elles que se trouvent celles qui intéressent
le plus les hommes par l'utilité qu'ils en retirent, et dont
les mœurs sont les plus connues.
Ces espèces sont :
Le ScOMBRC CoMMERSON, qui a le corps très-allongé; dix
petites nageoires très-séparées l'une de Faulre , au-dessus
et au-dessous de la queue ; la première nageoire du dos
longue et très-basse ; la seconde courte , échancrée , et
presque semblable à celle de l'anus ; la ligne latérale'dé-
nuée de petites plaques. Il est figuré dans Lacépède , vol. a
pi. 20. On le trouve dans la mer des Indes , où Commerson
1 a observé, décrit et dessiné.
Le ScoMBRE GUART, qui a dîx petites nageoires au-dessus
et.au-dessous de la queue ; la ligne latérale garnie de petites
plaques. On le pêche dans les mers du Brésil. Il est figuré
dans Bloch,pl. 3^6 , et dans le i?/#>« deDelerville , vol. 4.,
pag. aSa , sous le nom de scomhre rolter.
Le ScoMBRE THON, Scomber ihynus , Linn. , qui a huit ou
neuf petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; les
nageoires pectorales n'atteignant pas ranus,i'et se terminant
en dessous de la première dorsale. On le trouve dans toutes
les mers d^pays chauds. Il entre en grandes troupes , chaque
année, dais la Méditerranée, et fait l'objet d'une pêche
importante. Cuvier le regarde comme le type d'un sous-
genre. V. au mot Thon.
Le ScoMBRE GERMON, qui a huit ou neuf petites nageoires
au-dessus et au-dessous de la queue; les nageoires pectorales
assez longues pour dépasser l'anus. On le trouve dans la
grande mer. Il a été confondu avec le scomhre thon et le
scombre bonite, dont il diffère cependant, et dont les mate-
lots savent le distinguer, puisqu'ils lui ont donné des noms
particuliers, tels que germon, alhacou , longue oreille. Sa gran-
deur est de trois ou quatre pieds ; sa couleur est d'un'bleu
foncé sur le dos, et d'un bleu argentin sous le ventre; un
seul rang de dents garnit chaque mâchoire, dont rinférieure
est plus avancée ; sa chair est bonne et saine. On prend
XXX. 2G
l,<^»' SCO
quelquefois, à la ligne , de si grandes quantités de ce poisson,'
que les navigateurs s^en dégoûtent. Selon Cuvier, il est dans
le cas de devenir le type d'un sous-genre de son nom.
Le ScoMBRE THAZàRD,qui a huit ou neuf petites nageoires
au-dessus et sept au-dessous de la queue; les pectorales à peine
de la longueur des thoracines ; les côtés de la partie infé-
rieure du corps sans taches. On le trouve dans les mers
Antarctiques , auprès de la Nouvelle-Zélande , où il a été
observé par Commerson. Sa chair est jaunâtre et savoureuse.
Les matelots l'appellent albacore.
Le ScoMBRE DE LA ROCBE, qui estunc nouvelle espèce, fort
voisine de cette dernière , que Risso a observée dans la mer
de Nice.
Le ScOMBRE BONITE , Scomber pelamis ^ Ijinn,, qui a huit
petites nageoires au-dessus et sept au-dessous de la queue ;
i&s pectorales atteignant à peine la moitié de l'espace com-
pris entre leur base et l'ouverture de l'anus ; quatre raies
longitudinales noires sur le ventre. On le trouve dans la
haute-mer , entre les tropiques , où sa chair agréable et
saine fait la consolation des navigateurs. ( V. au mol Bonite.)
11 ne faut pas le confondre avec le scombre germon , comme
l'a fait Bloch.
Le ScoMBRE SARDE, qui a sept petites nageoires au-dessus
et six au-dessous de la queue;une grande plaque d'écaillés au-
tour des nageoires pectorales , qui sont très-courtes ; le corps
presque nu, argenté, avec plusieurs fascies noires, très-
courtes et courbées sur le dos. On l'appelle aussi bonîton et
germon ; mais il ne faut pas le confondre avec les poissons
qui portent ces noms , comme l'a fait Bloch. On le trouve
dans les mers méridionales de l'Europe , où il est l'objet
d'une pêche importante. V. à la fin de l'article.
Le Scombre ALATUNGA,quiasept petites nageoiaes au-des-
sus et au-dessous de la queue ; douze rayons à chaque nageoire
dudos.Onle trouve dans l'Océan et dans la Méditerranée, où
on le confond avec le thon et le germon. Cetli est le premier
qui l'ait bien distingué. Il est constamment plus petit que le
ihon , mais , du reste , il a des mœurs analogues ; sa chair est
blanche et agréable au goût.
Le Scombre chinois, qui a sept petites nageoires au-dessus
et au-dessous de la queue ; les pectorales courtes; la ligne
latérale saillante, descendant au-delà des nageoires pecto-
rales, et sinueuse dans tout son cours; point de raie longitu-
dinale. On le trouve dans les mers de la Chine. Il est d'un
violet argenté en dessus, et rougeâtre en dessous.
Le Scombre maquereau , Scomber scomber , Linn., qui a
finq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue :
selon
au-
SCO 4,3
douze rayons à chaque nageoire du dos. On le pêche dans
presque toutes les mers, et surtout dans celles d'Europe,
où il est un moyen de richesse pour quelques po-is de nter'.
Un sous-genre est dans le cas d'être établi pour lui, sel
Cuvier. V. au mot Maquereau,
Le ScoMBRE JAPONOis , qui a cinq petites nageoires „«-
dessus et au-dessous de la queue , et huit rayons à chaque
nageoire dorsale. Il vit dans les mers du Japon, où il par-
vient rarement à un pied de long.
Le ScoMBRE DORÉ , qui a cinq psliles nageoires au-dessus
et au-dessous de ia queue ; le dos couleur d'or. On le trouve
avec le précédent, 11 y a lieu de croire qu'il se rencontre
aussi dans les mers d'Amérique.
Le ScoMBRE ALBACOU , qui a deux arêtes couvertes d'une
peau brillanie au-dessus de chaque opercule. II se trouve
autour de la Jamaïque , où il ne parvient qu'à un pied de
ong , et où il a été observé par Sloane. (b.)
SCOMBRESOCE, Scombresox. Genre de poissons établi
par Lacépède dans la division des Abdominaux. Ses carac-
tères sont : corps et queue très-allongés; mâchnir<^s très-
longues, très-minces et très-étroites; nageoire dorsale op-
posée à l'anale; beaucoup de petites nageoires entre la dor-
sale , l'anale et la queue. ,
Ce genre ne contient qu'une espèce, que Rondelet a men-
tionnée sous le nom de bécasse^ et dont l'organisation est
remarquable. Elle tient le milieu entre les Scombrls et les
EsocES, et paroît propre aux mers d'Europe; mais elle est
fort rare, (b.)
SCOOPER. Nom anglais de I'Avocette. (v.)
SCOPAIRE, Scoparîa. Genre de plantes de la tétrandrie
monogynie, et de la famille des scrophulaires, dont les ca-
ractères consistent en un calice quadrifide ; une corolle en
roue, à tube court et à limbe à quatre lobes égaux ; quatre
étamines égales; un ovaire supérieur surmonté d'un style à
stigmate simple ; une capsule sphérique , bivalve , à valves
entières et à cloison simple.
Ce genre renferme des plantes à feuilles verticillées et à
fleurs axillaires. On en compte trois espèces, dont la plus
anciennement connue et la seule cultivée dans nos jardins
de botanique, est la Scopaire douce, m||^ les feuilles ter-
nées et les fleurs pédonculées. Elle est^ifouelle, et vient
aux Antilles et dans le Brésil.
Cette plante passe pour avoir les mêmes vertus que la
Guimauve, et en conséquence on l'emploiedans tous les cas
où il s'agit d'adoucir l'âcrelé des humeurs , soit en boisson,
soit en lavement , soit en cataplasme, (b.)
^o4 SCO
SCOPA-REGIA. Nom donné à la Barbarée {sisymbrium
harbarea^ L.) par Fuschsius. (CN.)
SCOPARIA. Gesner, Lobel et d'autres anciens bota-
nistes, ont donné ce nom au behedère, espèce de Chéî^opode
(c//. scoparia , L.). (ln.)
SCOPÈLE, Scopelus. Sous-genre introduit par Cuvier
parmi les Salmones. 11 renferme les Serpes de Risso , qui
ne sont pas celles de Lacépède. Ses caractères sont : bouche
et ouïes extrêmement fendues ; mâchoire garnie de très-
petites dents ; une seconde nageoire dorsale très-petite, (b.)
SCOPION. Selon Dioscoride, ce nom est un de ceux
qu'on donnoit à XElateiium. V. ce mot. (ln.)
SCOPOLÏA. Plusieurs genres de plantes ont été donnés
sous ce nom, qui rappellecelui de Scopoli, célèbre naturaliste
italien. Il y a : le scopolia d'Adanson, fondé sur le cardamine
lunaria^ L. , qui se distingue par son long calice à deux oreil-
lettes, et par sa silique elliptique à deux ou trois graines or-
biculaires ;
Le scopolia de Jacquin qui a pour type le hyoscyamus sco-
polia , L. ;
Le scopolia de Willdcnow et de Smith, qui est le toddallia
de Jussieuou)^e/?m deCommerson et crantziaàe Schreber^;
Enfin , le scopolia deiiinnaeus fils, qui est décrit à l'article
SCOLOPIE.
L'on a écrit par lapsus linguœ , fcopolia au lieu de scolopia,
pour le genre de ce dernier nom. V. ScOLOPiE. (ln.)
SCOPOLIE, Scopolia. Arbre de Java, à feuilles alternes,
pétlolées, oblongues, entières, glabres , et à fleurs solitaires
dans les aisselles des feuilles , qui forme un genre dans Ja
polygamie monogynie.
Ce genre offre pour caractères : un involucre de deux
feuilles et mulliflore ; une corolle à quatre divisions ; huit
élamines constituées par des anthères géminées sur quatre
filamens; un germe supérieur droit, terminé par des soies,
à style nul et à stigmate court et aigu.
Smith a aussi donné ce nom à la Paullinie asiatique,
qui est la Toddalie de Jussleu et de Lamarck.
On voit pi. 4-23 des Illustrations de Lamarck, un autre genre
figuré sous le mejÉ^non™; mais c'est par erreur typographi-
que. Il faut lire ^RoPiE. (b.)
SCOVOhlE^ Scopolia. Genre établi par Jacquin aux dé-
pens des JusQuiAMES, dont il diffère par un calice renflé et
une corolle campanulée : les botanistes ne l'ont pas adopté.
Il ne renferme qu'une espèce, originaire de l'est de l'Aile-
SCO /fo5
magne. On la cultive dans nos jardins. Elle est vivace. (b.)
SCOPS. Moering a mal à propos appliqué ce nom à la
demoiselle de Numidie. (s.) 0
SCOPS. V. le genre Chouette, section des Hiboux, (v.)
SCOPS DE LA CAROLINE. F. Hibou asio. (v.)
SCOPULA LITTORALIS, Lluid. Ce sont des dents
fossiles de raie, de forme hexagonale, et très - aplaties.
Jussieu en a décrit de pareilles , trouvées près de Monlpelller,
dans les Mém. de l'Académie des Sciences de Paris, année
1721. (desm.)
SCOPUS. Nom tiré de exia , umbra^ que Brisson a im-
posé à I'Ombrette, d'après sa couleur de terre d'ombre, (v.)
SCORANZE. Petit poisson du lac de Scutari, dont on
prend d'immenses quantités, et qu'on sale pour exporter. Il
est probable que c'est le Cyprin agone, appelé sardine sur
le lac de Côme. (b.)
SCORBION de Dioscoride. V. Teucrion. (ln.)
SCORDION des Grecs , Scordium des Latins. Selon
Dioscoride, le scordion croissoit sur les montagnes, dans
les lieux marécageux; il avoit les feuilles semblables à celles
du teucrium, mais plus grandes et moins découpées (dentées)
à l'entour , et qui sentoient un peu l'ail {^scorodon en grec) ;
elles éloient astringentes et amères au goût. Sa tige avoit
une forme carrée , et sa fleur étoit rouge. Le scordion étoit
échauffant et diurétique , on l'employoit frais et desséché.
On préféroit le scordion de Crète et celui qui croissoit dans
le royaume de*Pont. On en faisoit usage, après l'avoir diver-
sement préparé, pour calmer la toux invétérée, les convul-
sions , les inflammations d'entrailles , les douleurs d'estomac ,
pour exciter l'expectoration, pour guérir les ulcères, répri-
mer les excroissances de chair, etc.
« Pomponius Lœneus, traducteur: des Mémoires et des re-
cettes de Mithridale sur la médecine, rapporte que ce prince
découvrit le 5cor</«Mm, et Lœneus assure avoir vu la description
de cette plante de la main même de Mithridate, dans laquelle
il est dit que ce scordium est une herbe haute d'une coudée ,
qu'elle pousse une lige carrée , rameuse , garnie de feuilles
lomenteuses, découpées comme celles du chêne. Cette plante
croît dans le Pont , dans les plaines grasses et humides ; elle
a un goût amer. » ( Plin., l. 20, cap. 6.) Il y avoit, selon
Pline, une seconde espèce de scordium. Ses feuilles étoient
plus grandes que celles d^fç scordium précédent , et assez
semblables aux feuilles du menihcisirum. Cette plante avoit de
grandes vertus, surtout lorsqu'elle entroiidans la composiUon
des préservatifs cl des contre-poisons. Du reste , chez Dios-
4o6 SCO
corlde , Pline, Galien, l'es propriétés accordées âu scorJium
sont les mêmes.
Les bolai'isles croient que notre ieucrium scordlum est l'an-
cien scurdium, cyJ'un de ceux de Pline, celui qu'il décrit
d'après Lœneus. vielle plante devoit son nom de scordiun à
son odeur d'uil. On sait que celui-ci est le scorodon des
Grecs, et nous di^vons faire remarquer ici que chez Pline
scordium, sccirdults l scurodotis sont synonymes. Cette ressem-
blance dans U;s noms a Fait que, dans des temps postérieurs,
on a pris une planle pour l'auire, el qu'on a fait entrer Tail dans
la composition de la ihériaque, au lieu du srordium , parce que
des copistes inexacts ont substitué scorodon AuXiitix de scordium^
dans les copies qu ils ont faites de Dioscoride et de Galien.
Le second scordiun de Pline est peut-être notre teucrlum
scorodunia ou le teuc.num scordioides^ Willd., ou bien une autre
espèce du même genre. Quelques auteurs veulent que le
scorodonia soit le premier scordlum de Pline.
Les botanistes avant Tournefort ont appelé scordlum di-
verses plantes du genre ieucrium , molucella, siemodla , etc.
Le scordlon avoit aussi d'autres noms. Il a été appelé scor-
hlon , pleurltis , dysosmon , calamlnlha-agria , chamœpllys , mi-
ihidutlon^ etc. (ln.)
SCORDIUM. Plante du genre des Germandrées. (b.)
SCORDOTIS. V. Scordium. (ln.) •
SCORIES VOLCANIQUES. On donne ce nom, en gé-
néral, à toutes les matières volcaniques qui sontboursoufflées
à peu près comme le mâchefer : telles sont les masses isolées
lancées par le volcan dans ses explosions, et, qu'on voit rou-
ler sur les flancs de la montagne. La superficie des courans
eux-mêmes est à l'état de scories par le développement des
gaz que favorise l'action de l'atmosphère : la partie inférieure
des courans est âu contraire composée de lave compacte.
Parmi les scories des courans , il y en a aussi de compactes ,
mais qui sont remarquables par les formes bizarres qu'elles
prennent : les unes ressemblent à des pommes-de-pin ou à
des artichauts; d'autres à des calottes empilées; d'autres sont
tordues comme de gros câbles; d'autres sont plates, minces,
et contournées en spirales comme des rubans, etc. Les ma-
tières volcaniques, parvenues au dernier degré de scorifica-
tion, forment ces menues parcelles de lave qui tombent
comme une grêle autour du cratère, et qu'on nomme raplllo.
Dolomieudit que la montagne de l'Etna en est presque entiè-
rement formée. Au reste , il ne faut pas confondre les scories
avec la pierre ponce. Elles n'onflie commun que leur légèreté.
F. Laves et Pierre ponce, (pat.)
SCOI\lLLUS ou Petit Scuorl, traduit en italien p.ar
SCO* ?o7
scorilh. On a donné ce nom principalement an Pyroxène des
.VOLCAISS. (ln.)
SCORLUS. Nom latin du Schorl. V. les articles sous
ce nom. (ln.)
SCORLUS AUGITES de R. Forster. C'est le Pyro-
XÈNE. (ln.)
SCORODITE. Ce minéral est ainsi décrit par Breithaupt,
dans le IV. «volume du Manuel de Minéralogie de Hoffmann.
« Il a une couleur vert-poireau foncée, qui , d'un côté,
tire sur le vert céladon et,le vert noirâtre, même sur le noir,
et de l'autre sur le brun de foie.
On le troiiVe compacte, en petites parties, disséminé,
mais plus fréquemment cristallisé. Sa cristallisation est un
prisme court quadrilatère , rectangulaire, avec quatre faces
à chaque extrémité , lesquelles sont posées sur les bords
latéraux , et réunies au sommet presque à angles droits.
Première variété. Sans plus amples altérations.
Deuxième variété. Quelquefois aussi :
(a) Les arêtes latérales sont tronquées, et même deux faces
de troncature se voient obliquement posées sur un bord laté-
ral plus étroit (indiquant un prisme rhomboïdal).
{!,) Les coins ou angles triangulaires tronqués entre les
larges faces de côté et de pointement (le tranchant fort aigu).
Les cristaux sont petits et très-petits , et superposés.
Les faces latérales les plus étroites sont striées en longueur^
mais toutes les autres sont unies.
Eclatant jusqu'au très-éclatant , tenant le milieu entre
l'éclat vitreux et l'éclat nacré.
La cassure est lamelleuse en partie; les joints des lames
répondent aux arêtes latérales des pyramides et dans le sens
de la courte diagonale d'un prisme rhomboïdal ; dans tout
autre sens, elle tient le milieu entre le conchoïde inégal et
le petit et imparfait conchoïde.
Les fragmens sont indéterminément anguleux, mais à bords
pas trop aigus.
Lorsqu'il est compacte , il montre delà tendance à don-
ner des pièces séparées, petites , anguleuses et grenues ;
Il est transparent sur les bords et même (dans les petits
cristaux isolés) jusqu'au demi-diaphane ;
Demi-dur dans le degré le plus foible ; il ne raie que foible-
ment le spath calcaire ; il n'est pas très-cassant , et cependant
aisé à briser.
il n'est pas pesant.
Il se fond promptemenl sur le charbon , à la flamme du
chalumeau, avec un fort dégagement de vapeurs ars^icales, et
il en résulte uae masse d'un brun rougeâtre toul-àfait som-
4o8 SCO
bre, qui devient sensible à Taimant après qu'elle a *été bien
rougie aufeu, et qu'elle a perdu ce qu'elle contient d'arsenic.
Cette manière d'être grouve que ce fossile est un fer oxy~
diilé arsenical vraiscinblablement avec un peu de manganèse ,
ce qui lui donne de la ressemblance avec Volivenerz et le wurfe-
lerz (le cuivre arsenialë et le fer arseniaté). Cependant j'en ai
essayé , continue Breilhaupt, une petite portion pour y cber-
çher le cuivre, et je n'y en ai trouvé aucun indice. 11 seroit
possible qu'outre l'acide arsénique , il y en existât encore un
autre (peut être l'acide sulfuriqu%). Toujours est-il que le
premier est le caractéristique.
Le juré des mines de Scimeiberg , M. Scbeidhauser ,
m'a communiqué ce qui suit sur le scorodite, découvert tout
récemment en Saxe. Ce fossile a été rencontré à Stammas-
§er (dans le district de Schneiberg, en Saxe), à 12 toises
au-dessous du jour (dans une montagne primitive), sur un
banc de quarz et de hornstein, épais de 10 pouces, et comme
une masse sous la forme d'un gros pain enveloppé d'une
croûte argileuse de trois pouces d'épaisseur. Sur ce même
banc se trouve aussi une terre ou poussière grasse de man-
ganèse , d'une demi toise d'épaisseur. 11 étoit accompagné
Aie pyrites arsenicales et sulfureuses.
Le même fossile a été rencontré aussi plus anciennement
à Lœling, en Carinthie , dans une montagne primitive , avec
le fer spalhique, une substance semblable à la pyrite arseni-
cale, le bismuth natif, etc.»
La conclusion de M. Breitbaupt est assez singulière , car
après avoir reconnu que le scorodite ne contient pas de
cuivre , il cioit devoir le placer avec les minerais de ce
métal. La crislallisation l'a engagé à le rapprocher du cuivre
arseniaté. (ln.)
SCORODON des Grecs et AlUum des Latins. Ces noms
sont ceux de l'AiL et de plusieurs autres espèces voisines et
du même genre.
« 11 y a , rapporte Dioscoride , le scorodon des jardins , et
que l'on sème. Celui d'Egypte n'a qu'une seule tête (bulbe),
comme le prason (poireau), laquelle est douce , petite , et
cirant sur le pourpre. Les scorodon qui croissent ailleurs, sont
gros et blancs , et ont plusieurs côtes ou cayeux que les Grecs
appellent aglythes ou aglydas. H y a aussi le scorodon sauvage,
<que les Grecs appellent ophioscorodon {c'esl-à-àive ail serpen-
tin). Le scorodon est très-acre , il est chaud et piquant, fait
aller à la selle, trouble l'estomac ,11 altère, etc. » Dioscoride
ajoiile qu'il fait naître des boulons et des ulcères sur la peau,
^\^ il trouble la vue de ceux (jui en font un usage continu.
l^opluoscorodun étoii aussi nommé elaphoscorodon (^ ail de
SCO 4o^
cerj'). Lorsqu'on en mangeoit , il chassoit la vermine ; il étoit
4itfrétique et avoit les mêmes vertus que le scorodon, sur le-
quel Dioscoride revient assez longuement. Ce botaniste a
encore un scorodoprasum. Il étoit gros comme le prason, et
il participoit à la fois du scorodon ( ail ), et du prason ( poi-
reau ) par ses qualités. On le mangeoit comme le poireau ,
après l'avoir fait cuire.
ïhéophraste distingue , dans les scorodon\ ceux qui sont
précoces de ceux qui sont tardifs , ensuite ceux qui sont plus
grands, comme le scorodon de Chypre, qui n'ont qu'un bulbe,
de ceux qui ont des cayeux , qu'on nommoit geleis. Théo-
pliraste fait observer qu'on multiplie le scorodon par écailles
et cayeux. Galien nomme le scorodon aglydus ; iEginet ,
scelUdas; jffitius, onychias.
j^gmet et Galien mentionnent aussi le scorodoprason.
Uallium avoit , selon Pline, plusieurs cayeux contenus dans
une pellicule propre. Ce naturaliste en dislingue plusieurs ;
les précoces, qui ne mettoient que soixante jours à mûrir,
et les tardifs. Il y en avoil à bulbes plus gros les uns que les
autres, tels que le gros allium , que les Grecs appeloient
an/iscorodon ou scorodon de Chypre, et les Latins a/Hum vul^
picum, et qui éloienl fort estimés sur la côte d'Afrique. Pline
donne des renseignemens sur la culture et les propriétés des
ailnim et sur la manière de conserver leurs bulbes. Il conti-
nue ainsi : «quant à Vallium sauvage , il croît naturelle-
ment dans les champs; on l'appelle aluiri.» En jetant sur
des terres ensemencées une' grande quantité de ses bulbes
cuits, il avoit la propriété d'enivrer les oiseaux qui venoient
en manger. Il y avoit encore VaUium ursimun , à feuilles plus
grandes , à bulbes plus petits et d'une odeur plus agréable.
^ L'on doit faire observer que V aniiscorodun de Pline est
1 aphroscorodon de Columelle. Ce dernier nom convient par-
faitement àr cette plante , qui étoit effectivement échauffanie
cl excitante, tandis que l'on ne sait sur quel fondement on
l'auroit nommée an/iscorodon; d'où les commentateurs croient
que le texte de Pline se trouve altéré ici.
Mamtenant , il nous reste à faire remarquer que notre ail
commun (a/Ihnn satmtm, L. ) esl très-certainement le scoro-
don cullwé des jardins, des (irecs , et Val/ium cullivé des jardins
des Latins ; mais Ton doit dire aussi qu'ils ont connu plu-
sieurs autres espèces que le défaut de description ne nousper-
met pas de reconnoîlre d'une manière sûre. Vophioscorodon
de Dioscoride étoit peut-être Va/lium ursimun, L , ou Vai/ium
Victoriale. Ce que Pline dit de son alliuni ursinum s'applique
oicnk Va/lium ursinum, L.
Le scorodoprasum de Di^^icoridc esl sans doute notre :o-
4to SCO
camhoh {aliium scorodoprasum ). \j'aphroscorodon ou allium vul-
•piium est considéré comme une grosse variété de l'ail cul-
tivé.
On lit dans C Bauhin (Pinax) que le nom K allium dérive
pout-ôtre d'un mol grec qui signifieroit sV/a/^ter, ce qui s'ap-
|)liqueroit à la lige de l'ail , qui, en croissant, devient très-
grêle. D'autres auteurs croient qu'il dérive du même mot, qui
signifie haleine, parce que Tail rend f(»rte l'haleine dos per-
sonnes qui en mangent. Le nom grec dérive de scaion rhuclon
(jiidis rosa\ etauroit été donné à l'ail à cause de son odeur
véhémente , ou bien parce qu'étant mangé , il fait naître des
lioutons sur la peau, ou bien excite le bâillement et l'envie de
s'étendre les bras, (ln.)
SCOFiODONIA. Nom donné anciennement à une es-
pace de germandrée ; elle est le type d'un genre établi par
Tournefortet adopté par JVÏoench, et qui comprend, selon
A'ianson , les ieucrhini sibiricum , canadense , virginir.um etsto-
,judoni(i, L. 11 diffère du tcucrium par ses fleurs spiciformes,
ayanl un calice bilabié à cinq dents, (ln.)
SCORODOPKASON. L'une des espèces d'AiL décrites
par Dioscoride, et qui paroît avoir été noire Rocambole
( allium scorodoprasum ). On trouve plusieurs espèces d'ail
décrites sous ce nom, dans les vieux ouvrages de botanique.
(LN.)
SCORODO-THLASPI d'Aldrovande. C'est une es-
pèce de Thlaspi qui sent l'ail Jorsqu'on le froisse entre les
doigts {thlaspi alliarewn , L.). (■LN.)
SCORPÈNE, Scorpœna. Genre de poissons de la divi-
sion des Thoraciques , dont les caractères consistent à
avoir la tête garnie d'aiguillons, ou de protubérances , ou de
barbillons, et dépourvue de petites écailles; une seule nageoire
dorsale.
<je genre, aux dépens duquel Schneider, a établi le
genre Synancée, et Cuvier le sous-genre Ptéroïs, est très-
vemarquable par la forme extraordinaire de la plupart des
espèces qu'il contient. Plusieurs sont hideuses à voir, et peu-
vent, comme l'observe Lacépède , servir de modèle aux
cires fantastiques que l'imagination de l'homme se plaît à
créer pour peupler les enfers; mais quelque baroques qu'el-
les soient, elles rentrent toujours dans l'ordre naturel ; on
ne les appellera jamais que des poissons voisins des Cottes,
dans l'ordre des rapports.'
Lacépède a décrit seize espèces de scorpènes qu'il divise
«11 scorpènes qui n'ont point de barbillons, et scorpènes qui
oui des barbillons.
Les premières sont :
SCO 4ii
La ScORPÈNE HORRIBLE , qui a le corps garni de tubercules
gros et calleux. F. pi. P. 19 où elle est figurée. On la pêche
dans la mer des Indes. Elle est connue en français sous le
nom de crapaud de mer et àe pylhonisse. Sa tête est très-grande
et très-inégale. On y voit nombre de protubérances, de sil-
lons et d'épines , et en dessus deux enfoncemens profonds.
Ses mâchoires , susceptibles d'une large ouverture , sont gar-
nies de petites dents, sont articulées de manière que , lors-
qu'elles sont fermées, l'inférieure s'élève verticalement et clôt
la bouche comme une sorte de trappe, ayant en devant l'ap-
parence d'un fer-à-cheval. Ses yeux sont petits et placés pres-
que au sommet de deux protubérances. L'ouverture de ses
ouïes est très-large. Sa membrane branchiale a cinq rayons;
ses narines sont allongées ; sa ligne latérale se courbe par
en bas vers l'anus. Toutes ses nageoires sont pourvues de
forts rayons et recouvertes d'une membrane épaisse , les
trois ou quatre premiers rayons de la dorsale sont surtout
très-gros et très-difformés; on peut les appeler des lubé-
rosités branchues , aussi bien que des rayons.
Le corps de ce poisson est aussi garni de tubercules cal-
leux, mais n'a point d'écaillés; il est varié de brun et de
blanc. Ses nageoires pectorales sont très-longues, et sa cau-
dale est arrondie.
On croit que la scorpène horrible vit de coquillages et de
crustacés , d'après la forme de ses mâchoires; mais on ne
sait rien de positif sur ses mœurs. On ignore même la gran-
deur à laquelle elle peut parvenir, car on n'apporte en Eu-
rope que de petits individus, sur lesquels on ne peut asseoir
une opinion précise.
La Scorpène africaine , Scorpœna capensis , Linn. , qui a
quatre aiguillons auprès de chaque oeil , et la nageoire de la
queue presque tronquée net. Elle se trouve dans les mers
voisines du Cap de Bonne-Espérance. Elle est revêtue de
petites écailles. Sa tête est grande et convejte , recouverte
par une prolongation transparente de la peau. Elle parvient
à une grandeur de deux à trois pieds.
La Scorpène épineuse, qui a des aiguillons le long de. la
ligne latérale. Son corps est comprimé; sa nageoire dorsale
est très longue. On ignore sa patrie.
La Scorpène aiguillonnée, qui a quatre aiguillons re-
courbés et très-forts au dessous des yeux ; les deux lames de
chaque opercule garnies de piquans. On ignore son pays natal.
La Scorpène marseillaise, Cotius massl/iensis , Linn., qui
a plusieurs aiguillons sur la tête; un sillon ou enfoncement
entre les yeux. On la pêche dans la Méditerranée. Elle fait le
passage entre le genre des çoUes et celui-ci.
^t2 SCO
La ScoRPÈNE DOUBLE FILAMENT , qui a la npâchoire infé-
rieure repliée sur la supérieure; un filament double et long à
l'origine de la nageoiie dorsale. On la trouve dans la mer
des Indes , où Commersonl'a observée. Elle est figurée dans
Lacépède. Son corps est couvert d'écaillés ; sa tête est grosse,
un peu aplatie par dessus , et garnie de protubérances. Ses
deux mâchoires sont arrondies.
La ScoRPENE BRACHioN, qui a la mâchoire inférieure re-
pliée sur la supérieure; point de filament ; les nageoires pec-
torales basses, larges, attachées à une grande prolongation
charnue , et composées de vingt-deux rayons. Elle est figu-
rée dans Lacépède , vol. 3 , pi. 12, On la trouve avec la pré-
cédente, à laquelle elle ressemble par plusieurs de ses par-
ties.
La seconde division, ou les scorpènes qui ont des barbil-
lons , offre :
La ScORPÈNE BARBUE , qui a deux barbillons à la ma^
choire inférieure , et des élévations sur la tête. On ignore
son pays naial.
La ScoRPENE RASCASSE, Scorpœna poi'ciis , Linn. , qui a des
barbillons auprès des narines et des yeux, et la langue lisse.
Elle est figurée dans Bloch , pi. 181 , dans le Bvffon de De-
terville, vol. 2 , pag. i25 , n.° 3, et dans d'autres ouvrages.
On la pêche dans la Méditerranée et dans plusieurs autres
endroits des mers d'Europe ; on l'appelle diable et crapaiid
de mer. C'est la plu'è ancienne et la mieux connue de son
genre. Arislole en fait mention , exagère le danger de la pi-
qûre de ses épines , et indique la chair crue du mulet appli-
quée sur la plaie, comme le seul remède à employer. Hip-
pocrate pense que son fiel facilite beaucoup les menstrues et
la délivrance de l'arrière-faix ; Diostoride assure qu'il détruit
les verrues , les excroissances des ongles ; Pline recommande
le vin dans lequel on fait mourir ce poisson , comme un re-
mède contre fts douleurs du foie , les maladies de la vessie ,
la chute des cheveux, et contre les taches de la cornée;
G^lien vante ses cendres comme un bon lithontriplique, elc.
Aujourd'hui on n'en fait plus d'usage en médecine. Sa chair
est maigre et coriace; il n'y a que les pauvres qui en mangent.
Elle se lient sur les côtes , en troupes nombreuses , et se
cache sous les varecs et autres productions marines , où elle
attend les petits poissons, les crustacés et autres animaux
marins , dont elle fait sa proie. On la prend au filet ou à
l'hameçon, auquel on attache un morceau de crabe. Lors-
qu'elle est prise , elle relève sa nageoire dorsale et cherche à
piquer avec ses aiguillons. Sa tête est grosse ; l'ouverture de
sa bouche Urge ; ses mâchoires garnies de plusieurs rangs de
SCO 4i3
pelîtes dents pointues ; son palais est rude ; sa langue lisse et
pointue; ses yeux sont grands, rapprochés et placés sur le
sommet ; l'ouverture de ses ouïes est large , et sa membrane
branchiale soutenue par sept rayons. Sa ligne latérale voi-
sine du dos est droite ; son anus plus près de la queue que de
ia tête ; sa couleui' est un brun de plusieurs nuances , et ta-
cheté de noir, de jaune et de blanc ; ses nageoires sont rou-
geâtres; la dorsale a douze rayons aiguillonnés, la ventrale
un, et l'anale trois. Salongueur totale est d'environ un pied.
La ScORPÈNE MAHÉE, qui a cinq OU six barbillons à la mâ-
choire supérieure , et deux barbillons à chaque opercule.
Commerson l'a observée dans la mer des Indes.
La ScoRPÈNE TRUIE , Scor'pœna scrufa , Linn. , a des bar-
billons à la mâchoire inférieure et le long de chaque ligne
latérale ; la langue hérissée de petites dents. On la pêche
dans les mers d'Europe et d'Amérique. Elle est surtout com-
mune dans la Méditerranée. Les anciens l'ont connue , et
Aristote dit qu'elle fraie deux fois l'an. On mange sa chair
en Italie , mais dans le Nord on la dédaigne. C'est un pois-
son très-fort et très-vorace , de plusieurs pieds de long, qui
vit d'autres poissons , d'oiseaux de mer et autres animaux.
Ses piqûres sont à redouter comme celles de la scorpène
rascasse. Le fond de sa couleur est d'un brun rouge tirant
sur le blanc, et marqué de taches brunes, ses écailles sont
plus grandes que celles des autres espèces du genre , et de
plus , rudes au toucher.
La Scorpène dacïyloptère, qui se trouve dans la Médi-
terranée. Elle a été observée par de la Roche, et décrite et
dessinée par lui dans son mémoire sur les poissons des îles
Baléares , inscrit dans les Annales du Muséuin.
La Scorpène Plumier, qui a quatre barbillons frangés à la
mâchoire supérieure; quatre autres entre les yeux ; d autres
encore le long de chaque ligne latérale; dès piquans trian-
gulaires sur la tête et les opercules. On la trouve dans les
mers d'Amérique, où elle a été observée , décrite et dessinée
par Plumier.
La Scorpène américaine, quia deux barbillons à la mâ-
choire supérieure , cinq à six à l'inférieure ; la partie posté-
rieure de la nageoire du dos, la nageoire de l'anus , celle de
la queue et les pectorales , très-arrondies. Elle est figurée
dans le Traité des Pêches de Duhamel, vol. 3, pi. 2 , n.^ 3,
sous le nom de diable de mer. On la pêche dans les mers d'A-
mérique.
La Scorpène didâctyle, qui a deux rayons séparés l'un de
l'autre auprès de chaque nageoire pectorale. Elle e#t tigurée.
dans Pallas, Spicileg. zoolog, 7, tab. 4, n.o i-3. On la pêche
4i4 SCO
dans la mer des Indes. C'est l'espèce dont la forme est la
plus bizarre. Sa peau est dénuée d'écaillés, brune avec des
raies jaunes sur le dos , et des taches sur les côtés : des ban-
des noires sont distribuées sur la nageoire de la queue ainsi
que sur les pectorales.
La ScoRPÈNE AMENNÉE, qui a des appendices articulées
placées auprès des yeux; les rayons des nageoires pectorales
de la longueur du corps et de la queue. Elle est figurée dans
Bloch, pi. i85, et dans le Buffon àe Deterville, vol. 2, pi.
i^o. On la trouve dans la mer des Indes. Sa chair est blanche
et de bon goût.
La ScoRPÈNE VOLANTE, qui a les nageoires pectorales plus
longues que lecorps.Onla trouve dansâtes rivières d'Amboine
et du Japon , où elle vit de petits poissons , et où elle échappe
aux gros en s'élevant de quelques pieds au-dessus de la sur-
face de l'eau , par des vols , ou mieux des sauts analogues à
ceux des Trigles et des Exocets. Sa peau est revêtue de pe-
tites écailles , et fasciée par des bandes orangées et blan-
ches ; ses nageoires sont variées de jaune, de brun et de noir;
des points blancs marquent la ligne latérale ; sa grandeur ne
surpasse jamais un pied. Sa chair est blanche , ferme , de bon
goût et fort recherchée, (b.)
SCORPIO, Nom latin des Scorpiotsîs. (desm.)
SCORPIO de Rondelet. C'est la Scorpène. K. ce mot,
(desm.)
SCORPIOCTONON. L'un des noms grecs de Vhe-
iio/ropion des anciens. V. ce nom. (ln.)
SCORPIOiDES. « Le scorpidides est une petite herbe
qui jette peu de feuilles, et qui a la graine faite comme la
queue des scorpions. Appliquée sur les piqûres faites par
ces animaux, elle soulage beaucoup, et donne un prompt
remède. » Voilà tout ce que Dioscoride rapporte de ce vé-
gétal. Pline dit de plus que Dioscoride, qu'on appelle aussi
cette plante scorpius.
Matthiole regarde comme erronée l'opinion de ceux qui
donnent le souci pour le scorpidides, qu'il croit être l'or-
nithopus scorpioïdes , ce que ne pense pas C. Bauhin , car il
rapporte cet ornilhopus à son lelephium Dioscoridis seu scor-
pioïdes {C B. Pin.) ; et avec Dodonée et (iesner il prend
pour le scorpioïdes de Dioscoride le scorpiurus sulcata , L-
Csesalpinet F, Columna prétendent que le scorpiurus sulcata
est le clymenos de Dioscoride, ce qui est d'autant plus sur-
prenant que la description Au. clymenos , telle qu'elle est don-
née par Dioscoride ne peut être applicable à cette plante ,
car le clymenos {ou clymenon) avoit la tige carrée et semblable
à celle de la fève, elles feuilles comme celles du plantain, etc.;
\
SCO ^,5
de plus, le clymenos éloit une plante à tiges volubles , et
c'est ce que le nom grec de dymenos rappelle. Le scorpiurus sut-
catansri'A rien de semblable;comment donc un botaniste mo-
derne de Dijon a-t-il pu renouveler l'opinion de Fabius Co-
lumna, qui est si évidemment fausse ? Comment a-l-il pu
surtout la renouveler sans consulter l'article dymenun de
Dioscoride , ce qu'il n"a point fait, puisque aulremenl il au-
roit reconnu son erreur. Observons miîme que Fab. Co'
lumna ne donne pas son assentiment comme le véritable ;
car il avoit cru auparavant que le souci étoit le scorpioîdcs
des anciens, à cause seulement de ses graines recroquevil-
lées qui , malgré cela , ne ressemblent pas du tout à la queue
des scorpions, non plus que les gousses du scorpiurus sul~
cota.
Les gousses articulées et tortillées deïorrdihopits scorpiaîles
rappelleroient mieux la queue des scorpions; mais nous
devons avouer que le scurpioides nous est encore in-
connu, à moins que ce ne soit une espèce de Coroisille.
Plusieurs anciens botanistes ont appliqué le nom de
scorpiuîcles à Vhelioiropium europœum ^ aux myosoli's an>eiists et
scor-piuîdes ^ aux ornîlhopus compressas etscorpîoîdes^ et aux scor-
piurus , etc.
Le genre scorpioides de Tournefort et d'Adanson est
le môme que le scorpiurus de Linnêeus. Voyez ce mot. (ln.)
SCORPION. Nom spécifique d'une Tortue, (b.)
SCORPION. Coquille du genre des Strombes. On l'é*-
tend même, chez plusieurs marchands , à la plupart des es-
pèces de ce genre , qui ont des saillies digitées. (b.)
SCORPION, Scorpio , Linn. , Fab. , Deg. , Oliv.,
Lam. , etc. Genre d'arachnides, de Tordre des pulmonaires,
famille des pédipalpes, distingué des autres genres que c<àÊk
ordre comprend, par les caractères suivans : abdomen inli-^
mement uni au tronc , par toute sa largeur, offrant à sa base
Inférieure deux lames mobiles, en forme de peignes , et ter-
miné par une queue noueuse, année d'un aiguillon à son ex-
trémité; stigmates au nombre de huit , découverts et disposes
quatre par quatre , de chaque côté de la longueur du ventre;
dessus du tronc recouvert de trois plaques , dont la première
très-grande, en forme de corselet, portant six à huit yeux,
■dont deux situés au milieu du dos, rapprochés et plus grands ;
les autres situés près des bords latéraux et antérieurs, trois
ou deux de chaque côté; mandibules en pince.
Les scorpions ont le corps allongé et terminé brusque-
ment par une queue longue, composée de six nœuds, dout le
dernier , plus ou moins ovoïde , finit en pointe arquée et très-
aiguè", une sorte de dard , sous l'extréuiité duquel sont deu-K
4'6 SCO
petits trous, servant d'issue à une liqueur vénéneuse, contenue
dans un réservoir intérieur. Les palpes, ou plutôt les pieds-
palpes , sont très-grands, en forme de serres, avec une
pince au bout, imitant par sa figure , une main didaclyle ou
àdeux doi^s, dont Tun mobile. A l'origine de chacun des
quatre pieds antérieurs, est un appendice triangulaire, et
ces pièces présentent, étant rapprochées, l'apparence d'une
jèvre à quatre divisions. Les peignes situés près de la naissance
du ventre sont composés d'une pièce principale , étroite ,
allongée, articulée, mobile à sa base, et garnie, le long de
son côté inférieur, d'une suite de petites lames, réunies avec
elle par une articulation, étroites, allongées, creuses inté-
rieurement, parallèles et imitant des dents de peigne. Leur
nombre est plus ou moins considérable selon les espèces, et
varie quelquefois d'une certaine quantité, peut-être même
avec l'âge. L'usage de ces appendices n'est pas encore
bien connu. Tous les tarses sont semblables, de trois arti-
cles, avec deux crochets au bout du dernier.
MM. Cuvier, Tré'viranus, Léon Dufour et Marcel de
Serres, se sont occupés de l'anatomie du -scorpion. Nous ne
connoissons les observations de M. Cuvier que par un résumé
très-succicnt, qu'il en a donné dans un de ses comptes annuels
des travaux de l'académie des Sciences. Les faits les plus im-
portans y sont néanmoins présentés, et ce sont les premiers
que nous ayons eus à cet égard ; les observations antérieures
de Muralto ne méritant guère notre confiance Les scorpions
ont huit stigmates , situés sous le ventre, quatre de chaque
côté. Ils donnent dans autant de bourses blanches, renfermant
chacune un grand nombre de petites lames très-déliées, entre
lesquelles il est probable que l'air se filtre. Un vaisseau mus-
•leux règne le long du dos, et envoie à chaque bourse une
tère et une veine. Le canal intestinal est droit et grêle.
Le foie se compose de quatre grappes glanduleuses , qui ver-
sent leur liqueur dans quatre points de l'intestin. Le mâle a
deux verges , sortant près des peignes , et la femelle deux vul-
ves. Ces dernières donnent dans une matrice composée de
plusieurs canaux, communiquant les uns avec les autres, et
que l'on trouve au temps du part , remplis de petits vivans ;
les testicules sont aussi formés de quelques vaisseaux anasto-
mosés ensemble. Ces recherches ont été faites sur le scor-
pion d'Europe. Une espèce plus grande , et qui peut acquérir
jusqu'à deux pouces et demi de long, le scorpion roussâtre,
scorpio occitanus, de M, Amoreux , a fourni à M. Léon Du-
four un grand nombre d'observations qui ont été le sujet
d'un excellent Mémoire inséré dans le Journal de Physique,
mois de juin 1817, et dont je vais présenter un extrait.
SCO Li-j
Quoique M. Dufour confesse , avcccelte franchise qét dis-
tingue les amis sincères de la nature , que quelques points
d'analomic lui oni échappé , et qu'il en est d'autres sur les-
quels il lui reste des doutes , ce beau travail , par la multi-
tude et l'ensemble des faits nouveaux , n'en mérite pas moins
l'hommage de notre reconnoissance, et grâces au zèle de cet
infatigable naturaliste et de M. le baron Dejean , l'entomo-
logie de l'Espagne sortira de l'oubli, et sa botanique recevra
une nouvelle illustration , qui nous consolera de la perte des
Cavanille, des Orléga, etc.
M. Dufour décrit d'abord , d'une manière très-étendue et
fort exacte , le scorpion roussâtre. Une partie de cette des-
cription est commune à toutes* les espèces du genre; les ca-
ractères distinctifs qu'il assigne à celle-'ci seront exposés plus
bas, ou dans le tableau des espèces que nous citerons. Ce
scorpion est Tespècc dont Rédi et Maupertuis se sont servis ,
dans leurs expériences sur l'effet de son venin. Le dernier l'a
distinguée sous le n#m de souvignargues, canton du Languedoc
où elle se trouve plus particulièrement. Mais elle étoit con-
nue bien antérieurement, puisqu'elle est mentionnée dans
Mouffet , Matlhiole et Jonston. Elle est très-commune dans
le royaume de Valence et la Basse-Catalogne, provinces où
M. Dufour n'a pu découvrir aucun individu du scorpion
,d'Europe. Ces deux espèces paroissent s'exclure réciproque-
ment des mêmes localités. Ainsi vainement chercheroit-on
la seconde, ou le scorpion d'Europe , dans les montagnes ou
collines arides des environs de Narbonne; sur celles de nature
schisteuse ou désertes , qui forment, du nord au sud, une li-
sière maritime de huit à dix lieues au plus de largeur, entre
Barcelone et Saint-Philippe, ainsi que sur les confins delà
Basse-Catalogne avec l'Arragon, pays où l'on trouve le scor-
pion roussâtre , et souvent en grande quantité. Sa patrie, en
Espagne, est absolument celle du caroubier {ceratonia siliqua ,
Linn.). C'est ainsi, par exemple, qu'un peu au-delà de Bar-
celone, où l'on rencontre les premières plantations de cet
arbre, l'on commence aussi à trouver les premiers individus
de ce scorpion. Cette concomitance tient uniquement à l'i-
dentité delà température et du sol. Le caroubier, ainsi que
cette arachnide, ne peuvent prospérer que dans des terrains
secs, exposés à une chaleur assez forte, et situés à peu de
distance de la mer. M. Dufour présume que ce scorpion ne
s'avance pas dans les terres au-delà des limites indiquées
plus haut, et ne pense pas qu'on le rencontre à une hauteur
de plus de i5o toises au-dessus du niveau de la mer, puisque
les montagnes de PoHa-Cœli, situées à six lieues à l'.ouest de
\alence, quoique daiis la zone du scorpion roussâtre, mais
4i8 s C O
d'uQn élévation favorable à la propagation des plantes sous-^
alpines, ne lui ont offert, malgré les plus soigneuses recher-
ches, aucune trace de cet animal. L'habitation du scorpion
d'Europe est soumise aussi à l'influence du sol et de la tem-
pérature.
Notre observateur n'a pu découvrir aucun individu de
cette espèce et de la précédente, dans la campagne de Ma-
drid, les deux Castiiles , le Guipuscoa, les environs de
Tudéla et ceux de Tafalla, en Basse-Navarre, et quoiqu'il fît
ces recherches dans la belle saison. Mais en France , le scor-
pion d'Europe commence à se montrer à une latitude supé-
rieure, vers le quarante-quatrième degré, ou sous la zone
propre à la culture de l'amandier , du grenadier , et se rap-
prochant des limites septentrionales de celle des oliviers.
Je présume que s'il n'habite pas les contrées de l'Espagne ,
la raison en est que les hivers y sont plus longs ou plus rigou-
reux que dans le climat de la Fran£e dont je viens de parler.
D'autre part, l'habitation du scorpion roussâtre est elle-
même déterminée par la nature des insectes dont il se nour-
rit, et qui ne sont propres qu'à certaines localités.
Le scorpion roussâtre se tient sous les pierres , dans les
montagnes des contrées méridionales, exposées à une vive
chaleur. Il fuit les lieux humides, et ne pénètre ni dans les ha-
bitations, ni dans les souterrains. M. Dufour n'en a jamais
rencontré plus de deux sous le même abri ; le plus souvent
ils vivent solitaires, et se creusent dans le sol une cavité con-
choïde , où ils se blottissent. Lorsqu'ils quittent leur retraite
pour chercher leur nourriture , et c'est ordinairement le soir
ou pendant la nuit, ils portent en avant leurs palpes, et ont
la queue traînante. Mais irrités ou menacés de quelque dan-
ger,!^ rejettent les palpes en arrière et recourbentla queue sur
le corps, de manière que l'aiguillon protège la tête , et de-
vient une arme essentielle que l'animal dirige en tous sens,
pour l'attaque ou la défense. Les scorpions se battent entre
eux à outrance,et finissent par s'entre-dévorer. Divers insec-
tes, soit en état parfait, soit en état de larves, qu'ils saisis-
sent avec leurs pinces et qu'ils broient entièrement , leur
servent de nourriture. Mais ils peuvent supporter de longues
diètes , et M. Dufour en a gardé pendant six mois, privés de
tout aliment, sans qu'ils parussent en avoir souffert. Rédi avoit
déjà fait la même observation. Ils muent plusieurs fois, à la
manière des autres arachnides. Les femelles transportent
leurs petits sur le dos , ainsi que le fait la tarentule. Le mâle
ne diffère de l'aulre sexe que parce qu'il est un peu plus pe-
tit y et que spn abdomen est moins gros.
SCO it^
La fonction respiratoire s'exerce, dans ces animaux , a«
moyen des poumons et des stigmates.
Les poumons sont au nombre de huit , et situés sur les
côtés des quatre premières plaques ventrales. Chacun de ces
derniers segmens en offre une paire. Ils s'annoncent, à l'ex—
lérieur , par autant de taches ovales, blanchâtres , ayant près
d'une ligne de diamètre. Ils sont situés au-dessous d'une toile
musculeuse qui revêt la surface interne du demie corné , ou
la peau de l'animal. Mis a nu , le poumon paroît être d'un
blanc laiteux mat et d'une forme presque semblable à celle
de la coquille d'une moule. Il est formé de la réunion d'en-
viron trente à quarante feuillets, fort minces, étroitement
imbriqués, taillés en demi-croissant , et qui confluent tous ,
par leur base , en un sinus commun, membraneux, et où s'a-
bouche le stigmate. Le bord libre est d'un blanc plus fonce
que le reste ; d'où M. Dufour présume qu'il est lui-même
composé de plusieurs lames superposées, et que c'est là que
s'opère essentiellement la fonction respiratoire. Il pense
aussi que chaque feuillet est formé de deux lames. Ces bourses
pulmonaires, auxquelles je donne le nom de pneiimobranches,
offrent , selon cet observateur , la même structure , que celles
des arachnides, et particulièrement de la tarentule.
Les stigmates sont des ouvertures linéaires, transversales,!
munies d'un léger rebord corné et qui, dans l'acte respiratoire»
présentent un mouvement presque insensible de contraction
et de dilatation. Il y en a un pour chaque bourse pulmo-.
naire.
Les recherches de M. Dufour sur l'organe de la circula-
lion , qu'il appelle vaisseau dorsal, mais qu'il faut, d'après
les observations de M. Cuvier , considérer comme un vérita-
ble cœur, sont incomplètes. Les parois de ce vaisseau lui ont
paru plus fermes et plus musculeuses que celles que le même
organe offre dans les insectes. Il est logé dans la rainure mé-
diane qui divise le foie en deux lobes, et présente des dilata-i
lions et des étranglemens successifs. Les rameaux qu'il fournit
par ses côtés sont très-difficiles à suivre , avec les instrumens
ordinaires de dissection, les seuls dont M. Dufour a pu ,
dans la circonstance où il se trouvoit, faire usage. En péné-
trant dans la queue , cet organe devient d'une ténacité ex-
trême ; ouvert longitudinalement , il n'a offert qu'une seule
cavité.
Les observations que M. Marcel de Serres a faites
nous permettent de remplir la lacune que M. Dufour, faute
d'instrumens convenables, a laissée dans cette partie anato-
mique.
Le cœur ( Obser^, sur h vaisseau dois, des insect, , Mém. du
420 SCO
Mus. d'Hisl. nal.')^ est aWongé, presque cylindrique, et s'étend
d'une extrémité du corps à l'autre, en y comprenant la
queue de l'animal. Il fournit de chaque côté du corps qua-
tre paires de vaisseaux vasculaires principaux qui se rendent
dans les poches pulmonaires et s'y ramifient. On peut les
assimiler à des veines. Il existe encore quatre autres vais-
seaux, qui croisent les premiers, en formant avec eux un
angle assez aigu , et qui, avec quatre hranches moins consi"
dérahles, reprennent le sang des poches pulmonaires et vont
le répandre dans les différentes parties du corps; ce sont les
artères. Avant que de s'élendre dans la queue, le cœur jette
encore deux rameaux vasculaires, qui ne se rendent pas dans
les poches pulmonaires, mais qui , distribuant le sang dans
diverses parties, doivent être considérés encore comme des
artères.
Le système nerveux a son siège principal sous le tube ali-
mentaire, le long du milieu du corps. Le cordon médullaire
est formé de deux filamens contigus , mais distincts, et de
huit ganglions lenticulaires. Le premier de ces ganglions,
ou le céphalique , est placé justement au-dessus de la base
des mandibules, vers l'origine de l'œsojphage ; il est comme
bilobé en devant, et semble être produit par deux ganglions
réunis. Chacun de ces lobes fournit deux nerfs optiques ,
dont l'un , plus court, va s'épanouir sur le bulbe du grand œil
correspondant, et dont l'aulre, plus long et plus antérieur,
va se distribuer aux trois autres yeux latéraux. Un autre nerf
partde chaque côté du bord postérieur du même ganglion, en
se dirigeant en arrière dans le voisinage du premier pou-
mon. Le cordon médullaire s'engage ensuite sous une espère
de membrane tendineuse qui se continue jusqu'à l'extrémilé
de la queue. Dans ce trajet , il présente sept autres gan-
glions, dont trois dans la cavité abdominale , et quatre dans
la queue. Ceux de la cavité abdominale , plus distans entre
eux que les autres , émettant chacun trois nerfs , dont deux,
latéraux, pénètrent dans le panicule musculeux, envoient
des filets aux poumons correspondans, et dont le troisième
qui est inférieur rétrograde un peu à son origine, et va se distri-
buer aux viscères. Les quatre derniers ganglions correspon-
dent aux quatre premiers nœuds de la queue, et ne fournis-
sent chacun , de chaque côté , qu'un seul nerf. Les deux filets
des cordons s'écartent ensuite, en divergeant, se bifurquent
et se ramifient dans les muscles du dernier nœud, ou de
Farlicle à aiguillon. Selon M. Marcel de Serres, qui, dans
sa description du système nerveux, est d'ailleurs d'accord
avec M. Dufour, et, à ce qu'il paroît, avec Tréviranus ,
l* dernier ganglion de la queue se termine par quatre filcls
s C O 42 1
principaux , dont les deux supérieurs se portent sur les
muscles moteurs de la vésicule du venin , et les inférieurs
pénètrent dans la vésicule même , en se distribuant proba-.
blement dans les glandes de cet organe. M. Dufour observe
que le cordon nerveux, à son trajet de l'abdomen, est cons-
tamment accompagné de petits corps allongés , cylindraccs,
ou fusiformes , blanchâtres, d'apparence graisseuse , accolés
à sa surface et liés les uns à la file des autres.
M. Dufour n'a pu compléter ses recherches myolo-
giques sur le même animai; elles se réduisent à quelques
faits isolés. Ses muscles sont assez robustes, formés de fi-
bres simples (i) et droites, et d'un gris blanchâtre. Unçj,
toile musculeuse, assez forte, revêt intérieurement les parois
de l'abdomen , et enveloppe tous les viscères , à Texceplion
des poumons, et peut-être du vaisseau dorsal. Elle n'adhère
point, dans la plus grande partie de son étendue, à ces pa-
rois; la région dorsale de cette toile donne naissance à sept
paires de muscles filiformes, qui traversent le foie par des
Irous ou conduits pratiqués dans la substance de cet organe »
et vont 6e fixer à un ruban musculeux qui règne le long des
parois ventrales , en passant au-dessus des poumons. Ces
muscles, mis à découvert, ressemblent à des cordes tendues.
Lq cinquième anneau de l'abdomen, ou celui qui précède
immédiatement le premier nœud de la queue, et qui n'a
point de poches pulmonaires, est rempli par une masse
musculaire très-forte , et qui sert à imprimer à la queue les
divers mouvemens dont elle est susceptible. Les nœuds de
cette queue ont un panicule charnu , dont les fibres disposées
sur deux côtés opposés se rendent obliquement à la ligne
médiane, comme les barbes d'une plume sur leur axe com-
mun. On voit de chaque côté de la base du dernier nœud,
ou celui de l'aiguillon , un muscle robuste.
Les organes delà digestion ontla plus grande analogie avec
ceux des aranéides, et consistent dans le foie et le tube alimen-
taire. Le foie , d'une consistance pulpeuse , et d'une couleur
brunâtre plus ou moins foncée , remplit toute la capacité du
corselet et de l'abdomen , et sert de réceptacle au canal in-
testinal. Une rainure médiocre , oiise loge le cœur , partage
superficiellûment le foie en deux lobes égaux. wSa partie anté-
rieure se divise en plusieurs prolongemens irréguliers qui
s'enfoncent dans les anfractuosités du corselet; il se termine
à l'autre extrémité par deux digilationsaigiies, qui pénètrent
dans le premier anneau de la queue. Sa face supérieure e?r
(•t) Dans le grand hydrophile et d'autres insectes , Ïps fibres
tordues sur elL-s-inênies et paioissent rabote»sf^«.
^22 S C 0
légèrement convexc,lisse, et présente une sorte de rétîculation
très-fine , semblable à celle de certains madréporlles polis ,
VA que l'on voit , au moyen de la loupe , être le résultat du
rapprocbement de lobules polygones, très-manifestes, surtout
lorsque l'animal a jeûné , ou lorsqu'on déchire la substance
<le l'organe. L'intérieur de cette substance est un tissu de
glandes infiniment petites , et présente à la surface externe
une apparence réticulaire. La face inférieure offre une struc-
ture analogue , mais bien plus disrincte. On y compte une
quarantaine environ de lobules pyramidaux , détachés les
uns des autres , et dont les sommets forment, par leur réu-
nion , des grappes , ayant leurs canaux excréteurs. Saisis
avec une pince, et surtout dans l'eau, ces lobules s'attachent
aisément , et conservent leur forme. Les conduits destinés à
verser la bile dans le tube alimentaire sont plus nom-
breux que ceux que M. Cuvier a observés dans le scorpion
d'Europe.
Ce dernier ne mentionne que quatre paires de grappes
glanduleuses. M. Dufour, dans l'espèce soumise à sa dissec-
tion , a mis en évidence six paires principales de canaux
hépatiques, savoir: trois dans le corselet, et trois autres
dans l'abdomen. 11 en a remarqué , en outre , près de l'ori-
gine de la queue , une ou deux paires plus longues et presque
capillaires.
Le tube alimentaire est grcle , et se porte directement ,
sans aucuneinflexion, de la bouche àl'originc du dernier nœud
de la queue , en traversant le foie , avec lequel il a de nom-
breuses connexions , au moyen des vaisseaux hépatiques.
Son diamètre est à peu près égal dans toute son étendue ;
cependant il présente assez souvent une dilatation informe
dans le corselet, et même une autre semblable avant l'anus.
Les tuniques dont il est formé sont membraneuses , lisses ,
d'un blanc laiteux , presque diaphanes , et ont paru , à
3V1. Dufour, elre partout d'une conlexlure identique.
M, Marcel de Serres nous donne , à cet égard , quelques
autres renseignemens , mais qui ont pour objet une autre
espèce de scorpion, celui d'i'^urope.
Le tube intestinal est ramifié et composé, i." d'un œso-
phage très-court ; 2." d'un estomac cylindrique , très-allongé ,
«•l dans les branches duquel viennent se rendre les vaisseaux
bépaliques ou les glandes conglomérées , qu'on peut consi-
dérer comme des foies; les branches Iransverses de l'estomac
sont au nombre de huit , c'est-à-dire , quatre de chaque côté,
et disposées par paires ; ce sont les troncs ou conduits prin-
cipaux des quatre paires de grappes de vaisseaux hépatiques
ÔPAt nous venon$ de parler ; un xiombre infini de glandes
SCO '423
^arrondies , ordinairement remplies d'une humeur brune
et épaisse, constitue ces vaisseaux ; S.** d'un duodénum plus
large et plus court que l'estomac , séparé de cet organe ,
ainsi que du rectum , par une valvule assez distincte ; on
voit , vers la base du duodénum , deux branches qui sont
probablement des vaisseaux chylifères ; du moins , l'humeur
qui y est contenue , n'est point la même que celle des glandes
«lu foie ; je présume que ce sont les mêmes vaisseaux que
M. Dufour a observés près de l'origine de la queue du scor-
pion roussâtre ; 4-° d'un rectum cylindrique , s'étendant jus-
qu'à l'extrémité de la queue , venant s'ouvrir à l'anus placé
au-dessous de l'insertion de la vésicule qui sécrète le venin.
Nous devons conclure de ces faits, que les nœuds de la queue
des scorpions sont réellement des segmens abdominaux,
M. Dufour passe ensuite à l'examen des organes de la
génération , qui sont doubles dans chaque sexe. 11 décrit
d'abord ceux du mâle , qui sont de deux sortes ; les uns
préparent et recèlent la semence , et ont reçu le nom de
préparateurs ; les autres servent à l'acte de la copulation ,
et seront , dès-lors , les organes copulateurs.
Les testicules du scorpion présentent une conformation
singulière , et qui n'a , avec celle que nous observons dans
les mêmes organes des insectes , qu'une analogie très-indi-
recte. Chaque testicule est un vaisseau spermaiique formé
de trois grandes mailles, à peu près semblables , anastomo-
sées entre elles , et couchées le long du foie. Ces mailles sont
constituées par un conduit filiforme , demi-transparent , ne
communiquant que rarement avec celles de l'autre organe
préparateur, et aboutissant , par son extrémité postérieure ,
à un canal déférent, long de quelques lignes, et qui s'abouche
à là base d'une vésicule spermati^ue insérée au côté externe
de l'organe copulateur. Les vésicules spermatiques sont au
nombre de deux , d'une nature identique , et remplies d'un
sperme plus ou moins blanchâtre ; l'une, plus petite, conico-
cyiindrique , longue de deux à trois lignes, est celle qui re-
çoit à sa base le canal déférent ; l'autre , de forme cylin-
drique, droite , est adhérente à l'organe copulateur, et cou-
chée sur lui. Au rapport de M. Marcel de Serres , ces vési-
cules , qu'il désigne sous le nom de glandes , sont triangulai-
res , et ont des tuniques membraneuses et cartilagineuses ,
considération qui lui fait repousser une conjecture préalable-
ment émise , que ces glandes soient des testicules. Les vais-
seaux spermatiques formés par des canaux longs et cylindri-
ques , naissent d'une des branches des glandes , descendent
sur les parties latérales de l'abdomen, en passant sous le ré-
seau des vaisseaux hépatiques , et communiquent ensemble
'M SCO
par (les branches laiérales assez niullipiiées. Lorsque la fé-
condation est sur le point d'avoir lieu , les vaisseaux sont
remplis d'une humeur hlanchâtre et épaisse , et leur diamètre
paroîi afors assez considérable.
Ainsi, les organes mâles préparateurs , quoique doubles,
ne sont , néanmoins, formés chacun que d'un seul testicule ,
ou d"un vaisseau spermalique , réticulé , sans entortillement
ou agglomération , et divisé simplement en plusieurs bran-
ches étalées et confluentes. Dans les animaux à sang rouge ,
et dans la plupart des animaux invertébrés . la liqueur sper-
niatique , pour recevoir une élaboration suffisante , a besoin
(?!' circuler dans des replis nombreux et compliqués qu'offre ,
pour ce motif, leur organe masculin préparateur. Ici, ou
dans le scorpion , cette liqueur a bien moins de trajet à faire ;
itjais pour que les conditions, malgré cette simplicité , soient
aussi favorables, pcut-êlre se croise-t-elle dans toutes les
directions, avant d'arriver au conduit extérieur. Mais, sans
rejeter celte hypothèse , nous pensons que la nature sup-
plée aux moyens ordinaires par la longueur du temps ou le
retard qu'elle met à développer la faculté productrice.
Deux verges bien distinctes accolées à droite et à gauche,
le long du bord externe du foie , et qu'il seroit plus prudent ,
selon M. Dufour , de nommer, d'après les lois de l'analogie ,
des armures sexuelles , constituent les organes copulateurs
mâles. Chacun d'eux , essentiellement destiné à transmettre
au dehors la liqueur fécondante, se présente sous laforme d'une
tige effilée , ou d'un étui mince, presque droit, de consistance
cornée, d'un brun pâle , etenveloppé d'une substance comme
gélatineuse. Son extrémité antérieure , ou la plus interne ,
est bifurquée. La branche extérieure est courte , conoïde ,
pointue , d'un brun foncé « tandis que l'interne se prolonge
on un cordon filiforme, blanchâtre, courbé sur lui-même ,
de manière à former une anse , et revenant , en sens con-
traire de sa première direction , se coller contre le corps de
l'organe. M. Dufour compare cette courbure à celle que forme
une cravache , dont on ramène l'extrémité ou fouet sur le
manche. La macération rend celte disposition évidente.
L'issue de l'organe copulateur au-dçhors du corps , a lieu
par l'ouverture bilabiée , située à la base de l'abdomen , entre
les lames pectinées ; la partie supérieure , qui doit saillir
hors du corps , est très-mince et sétacée.
On divise aussi les organes générateurs de la femelle en
préparateurs et copulateurs. Les ovaires et les œufs sont
l'objet des premiers. Les ovaires sont pareillement doubles
et placés , à droite et à gauche , dans l'intérieur du foie.
i>hai;unc de ces singulières malrlccs est un conduit mcmbra-
SCO 4:^5
nenx , formé de quatre grandes mailles quadrilatères , anas-
tomosées entre elles , ainsi qu'avec celles de Tovaire opposé.
Lorsque les germes ne sont point apparens , cet organe res-
semble beaucoup à l'organe préparateur mâle : mais , outre
qu'il offre une maille de plus, il en diffère encore par sa con-
nexion intime et constante avec l'ovaire correspondant. Les
mailles aboutissent à un conduit simple , peu allongé, au
véritiblc oviductus qui , avant sa réunion avec celui de Tovaire
opposé , offre constamment une légère dilatation. Un col ,
extrêmement court et commun aux deux matrices, débouche
dans la vulve.
Selon Redi , le nombre des œufs n'excéderoit pas celui de
quarante; mais M. Dufour en a compté jusqu'à soixante ,
et celle évaluation est conforme à celle de Maupertuis. Ces
œufs sont ronds et blanchâtres. Leur disposition, ou celle des
germes dans la malrire , est, suivant l'époque de la gesta-
tion, très-différente. Dans les premiers temps , ils sont logés
chacun dans une bourse sphérique , pédiculée , flottante hors
du conduit. Vers la fin de la gestation et devenus plus gros ,
ils rentrent dans la matrice , se placent à la fde les uns des
aulres, séparés par des étrangiemens bien marqués, et les
bourses s'oblitèrent.
La vulve constitue l'organe copulateur ; elle est placée
entre les deux peignes , unique , et formée de deux pièces
ovales, plates , séparées par une ligne médiocre enfoncée ,
et susceptibles de s'écarter l'une de l'aulre. M. Dufour a tou-
jours observé dans cet organe un corps oblong , corné ,
brun , long d'environ une ligne , caréné sur une face , et
creusé en gouttière sur l'autre. L'une de ses extrémités est
libre, largement tronquée , et comme finement dentelée;
l'autre, fixée au moyen de deux muscles assez longs , et qui
paroissenl insérés dans la partie dilatée de chaque oviduc-
lus, est terminée par trois lobes, dont les deux latéraux plus
petits , courbés en crochels , et dont l'intermédiaire plus
grand , en pointe mousse , donnent attache aux muscles pré-
cédens.
M. Marcel de Serres suppose l'existence de deux vulves ,
d'où partent deux branches, formant l'oviduclns commun,
qui se divise ensuite en deux canaux ou en deux ovaires.
Ces ovaires sont assez distincts , lorsque les œufs ne sont
p.is très-dévcloppcs ; mais ils se réunissent vers leurs extré-
mités , quand les œufs sont près d'éclore ; la largeur des ca-
naux des ovaire» n'étant plus assez spacieuse pour les conte-
nir, les œufs éclosent dans l'intérieur, en sorte que les petits
sortent vivans du corps , ce qui avait été observé depuis long-
tiMnps; le nonabre ordinaire des œufs est de vingî-cinq à trente.
4^6 SCO
M. Marcel de Serres a cependant vu une femelle mettre au
inonde quarante-neuf petits. On ne doit pas oublier que ce
naturaliste parle du scorpion d'Europe , et que sa gestation
peut différer de celle du scorpion roussâ<re.
La situation et la forme des organes copulaleurs néf'essî-
tenlun mode particulier d'accouplement, mais dont M. Du-
four n'a pas été témoin ( F. plus bas ). Il présume que les
amours, dans ces arachnides, sont nocturnes. La pièce interne
et mobile de la vulve doit servir à diriger vers chaque ovi-
«îucte les deux verges acérées du m.ale , à l'aide des deux cro-
cbets etde la cannelure qui y aboutit. Des dissections cent fois
ïépélées n'ont pu éclairer notre observateur sur l'existence
«tu conduit spermatique commun, qui , dans les insectes, est
placé entre les vésicules séminales et la verge. Ses recherches
sur la conformation de la verge ne l'ont pas amené à cette
évidence rigoureuse qu'il désiroit obtenir. Dans le mois de
février 1812 , ayant arraché les deux verges d'un scorpion ,
i£ aperçut , au bord externe de l'une d'elles , une petite
grappe oblongue, d'une ligne et demie de longueur, jaunâtre,
pcdicuîée, et qui, vue à la loupe , lui pajut composée de
vésicules sessiles , rangées, de part et d'autre, sur un centre
commun. Ce corps faisoit-il partie des organes préparateurs
ée la semence , ou n'est-il qu'un muscle prolateur ou rélrac-
îenr? c'est ce qu'il n'ose décider.
La gestation des scorpions est beaucoup plus longue que
celle des insectes. Dès le commencement de l'automne ,
TSoutes les femelles adultes sont fécondées. Leurs œufs sont
alors latéraux, petits et pédicules; ils augmentent de volume
pendant l'hiver , de sorte qu'au printemps leur grosseur est
ïjuatre fois plus grande que celle qu'ils avoient en automne.
ÎIs sont, à cette époque, entièrement dans la matrice. La
gestation dn scorpion dure ainsi près d'un an , ce qui est fort
extraordinaire, comparativement même aux animaux à sang
rouge. Les germes fécondés d'un grand nombre d'insectes et
<i'arachnides,ont celade;commun avec ceux du scorpion, qu'ils
sont placés dans des tubes particuliers , et qu'ils ne passent
<îans la matrice , que lorsqu'ils sont à terme , et sur le point
d'ctre pondus. Mais les tubes ovigères des insectes sont co-
ïioïdes, polyspermes, tandis que les bourses du scorpion sont
globuleuses et monospermes. Son utérus a , d'ailleurs , une
iorme dont on ne voit pas ailleurs d'autre exemple. M. Da-
four ayant ouvert, dans l'été de 1810 et dans celui de 181 1,
deux femelles du scorpion roussâtre , dont l abdomen étoit
fort étendu , trouva au milieu àes œufs bien près de leur
maturité, un petit scorpion , qui lui sembla être libre dans la
cavité abdominale ou extra-utérine. Il avoit trois lignes de ton-
s c ô l-^i
gneur sur une et demie de largeur. Tous ses membres éloient
emmaillotés, de manière qu'il n'exécuf oit aucun mouvement.
La queue, conformée du même nombre de iiœuds que celle
de la mère , étoit repliée le long du ventre , et l'aiguillon
éloit caché entre les pattes ; les palpes rejetés en arrière se
confondoient avec elles; deux gros points noirs fort rappro-
chés indiquoient les deux yeux lisses les plus grands. Le vo-
lume de ce fœtus est si disproportionné avec l'ouverture de
la vulve , et celle-ci , à raison de sa consistance cornée, est
si peu susceptible de dilatation , que ce naturaliste ne peut
concevoir U possibilité de l'accouchement , sans une opéra-
tion extraordinaire.
La liqueur vénéneuse. que le scorpion distille par les deux
pores de l'aiguillon de sa queue , et qui , lorsqu'on l'irrite ,
s'y accumule sous la forme de deux gouttelettes, a une couleur
blanchâtre , analogue à celle de la sérosité du lait; répandue
sur du papier blanc , celte liqueur y produit une tache
semblable à celle qu'y feroit de l'huile ou de la graisse , et
cette partie du papier devient, par la dessiccation, plus
consistante et transparente, M. Dufour a vainement cher-
ché à découvrir, dans le dernier nœud de la queue, les
glandes qui sécrètent le venin. Mais nous trouverons dans le
Mémoire de M. Marcel de Serres la solution de cette diffi-
culté. Ayant été une fois piqué au doigt, mais peu profon-
dément, par un de ces scorpions, M. Dufour, malgré le
soin qu'il eut de comprimer immédiatement les environs de
la piqûre, et de laisser couler un peu de sang, éprouva un
sentiment local de cuisson assez vif , semblable à celui
qui résulte de la présence d'une épine ou d'une substance
acre. Ce léger accident se dissipa de lui-même après un
quart d'heure. Ayant placé , au mois de décembre, dans un
Local de verre clos , un scorpion mâle , bien adulte et
vigoureux , avec un stellion commun , ce reptile fut aussitôt
piqué avec force , et à deux ou trois reprises. L'aiguillon du
scorpion éloit tout humecté de venin. Au bout de quatre
heures, la couleur du slellion passa au noir, sans que cepen-
dant sa santé en parût sensiblement altérée. Le lendemain,
sa robe devint d'un cendré uniforme. Une nouvelle piqûre
ne produisit sur lui aucun changement , et ces deux animaux
habitèrent plusieurs jours dans le même vase, sans chercher
à se nuire. J'aurois désiré que M. Dufour eût réitéré celte
expérience en été , saison où le venin doit êlre plus actif.
Pour compléter enfin l'analomie de ces singulières arach-
nides , je citerai le passage suivant du Mémoire de M.
Marcel de Serres : « L'rgane destiné à sécréter l'humeur
vénéneuse contenue dans la vésicule de la queue, estrevêtu ex-
térieurement d'une membrane cornée et assez épaisse. Cet
un SCO
orfj;ane offre, dans son intérieur, deux glandes jaunâtres,
Irès-adliérenles à la substance cornée , et se prolongeant par
un canal qui s'étend jusqu'à l'extrémité de l'aiguillon. Ce
canal est élargi vers sa base, offrant une sorte de réservoir
pour l'humeur sécrétée par les glandes jaunâtres. Quant aux
glandes , on les voit composées d'une infinité de glandulcs
arrondies , très-serrées les unes contre les autres , et com-
muniquant ensemble. Ce seroil peut-être le lieu de parler
d'un organe particulier et propre aux scorpions , qu'on ap-
pelle peigne; mais comme cet organe nous paroît servir uni-
quement au mouvement , nous n'avons pas cru devoir le
comprendre partiii ceux qui ont une influencé directe sur
les fonctions vitales. On sait que les scorpions rampent plu-
tôt qu'ils ne marchent, à cause de la disproportion de leurs
pattes antérieures; leur corps étant très-aplati , et leurs
jambes peu propres à l'élever au-dessus du sol , dans la
marche , il étoit nécessaire cependant qu'il ne touchât pas à
terre , et les peignes sont les organes qui remplissent cet
usage. On les voit , en effet , lorsque l'animal se met en
mouvement, prendre une direction oblique et inclinée, en
soutenant le corps au-dessus du sol , et leurs mouvemens
ont lieu en même temps que ceux du corps. Munis d'un
appareil musculaire assez compliqué , ces organes ont une
mobilité assez grande , et les lames déliées dont ils sont
formés sont très - avantageuses pour servir d'appui à l'ani-
mal. »^M. Marcel de Serres ne nous dit point par quelle
voie la liqueur vénéneuse arrive aux glandes qui en sont
le réservoir , et comment elle y est entretenue. Mais je
pense qu'elle dérive principalement de ces vaisseaux, situés
près de l'origine de la queue, qu'il présume être chylifères,
et que M. Dufour place au nombre des vaisseaux hépa-
tiques.
L'opinion de M. Marcel de Serres, relativement à l'usage
des parties appelées peignes , me semble au moins douteuse.
J'ai vu beaucoup d'individus vivans du scorpion d'Europe ;
et loin de ramper , ils m'ont paru très-agiles à la course. Si
les peignes les favorisent à cet égard, il seroit aisé de s'en
assurer , en suspendant leur action avec un lien qui les fixe-
roit contre le corps. On pourroit voir alors si leurs mouve-
mens seroienl plus gênés , ou s'ils marcheroient plus diffi-
cilement. Je regrette que M. Marcel de Serres n'ait pas
tenté une expérience aussi simple. 11 seroit bien étonnant que
ia nature , si tel a été son unique but , n'eût pas accordé à
d'autres animaux . peu favorisés pareillement , sous le rap-
port de la faculté locomotrice , un adminicule sembl-ible.
La composition et la consistance de cet organe , la diverr
silé qu'il nous présente dans le nombre de ses l.unes ou do se.s.
s C O ^29
dents, sa position , me paroissent intliquer d'autres fonctions,
mais qu'il ne m'est pas possible de détenniner, n'ayant pas de
scorpions vivans , que je puisse soumettre à des expériences
propres à m'éclairer. JNe sortant de leurs retraites obscures ,
que pour satisfaire les premiers besoins, ces peignes sont
peut-être un instrument hygrométrique , qui leur fait con-
noître l'état de l'atmosphère , et qui leur évite des courses
inutiles , ou même dangereuses.
Les scorpions vivent exclusivement dans les pays chauds
des deux hémisphères, et sont si multipliés dans certains
cantons , qu'ils sont, pour leurs habitans, un sujet continuel
de crainte , et que , suivant même quelques témoignages , on
s'est vu forcé de leur abandonner le terrain. La constellation
zodiacale du scorpion nous annonce que la connoissance de
cet animal remonte à la plus haute antiquité;son effigie est de-
venue le symbole Typhon du génie malfaisant; sur des pierres
gravées antiques , qui nous retracent des traits de la my-
thologie égyptienne, Anubis est représenté en face du scor-
pion , comme s'il vouloit conjurer et anéantir l'influence de
ce mauvais principe. Toutes les fables que la superstition et
l'ignorance avoient enfantées, pendant un grand nombre de
siècles , sur le compte de cet animal , sont exposées dans
l'Histoire naturelle de Pline. On avoit cependant observé
qu'il s'accouploit , qu'il étoit vivipare, que son aiguillon
étoit percé, afin de donner passage au venin, et que ce
venin étoit blanc. On avoit encore remarqué que les fe-
melles portoient leurs petits ; mais Ton supposoit qu'il n'y
en avoit qu'un par mère ; qu'il avoit échappé , par ruse , à
la destruction qu'elle avoit faite de sa postérité , et qu'il
la vengeoit en dévorant l'auteur de ses jours. Selon d'autres,
cette mère étoit la proie de sa famille ; mais il n'en est pas
moins vrai que leur voracité étoit reconnue. On ne peut
ranger au nombre de ces fables l'existence de scorpions
à double queue , puisque la collection du Muséum d'histoire
naturelle en possède un de cette sorte. Il est encore possi-
We qu'on ait trouvé des individus dont la queue étoit com-
posée de sept nœuds , au lieu de six qu'elle a communé-
ment. Je soupçonne que les scorpions ailés , dont quelques-
uns, tels que ceux que Mégasthènes disoit se trouver dans
l'Inde, chez les Prasiens , étonnolent par la grandeur de
leur taille , sont des orthoptères du Retire phasme ou specùe ,
ou quelques hémiptères du genre nepa de Linnaeus. N'avons-
nous pas donné nous-mêmes le nom de scorpion aquatique
à un insecte de ce dernier genre , très-différent des arach-
nides ainsi désignées ? Pline dit que les psylles avoient essayé
de naturaliser en Italie des scorpions d'Afrique , mais que
^3o S C O
ces tentatives avoient été infructueuses. Il en distingue , sur
l'autorité d'Apollodore , neuf espèces. Nicander {Alexiphar-^
maca) qui en compte une de moins , présente à cet égard
quelques détails particuliers , mais sous des considérations
purement médicales. Puisons dans les écrits modernes, et
particulièrement dans un mémoire du docteur Maccary, des
connoissances plus positives sur les habitudes de ces animaux:
Les scorpions vivent à terre , se cachent sous des pierres
ou d'autres corps , le plus souvent dans les masures ou dans
les lieux sombres et frais , et même dans l'intérieur des
maisons. On en a même trouvé dans les lits; ils courent vite;
en recourbant leur queue , en forme d'arc, sur le dos ; ils
la dirigent en tout sens, et s'en servent comme d'une arme
offensive et défensive ; ils saisissent , avec leurs serres , les
cloportes et différeos insectes, tels que des carabes, des
charansons, des orthoptères , les piquent avec l'aiguillon de
leur queue , en la portant en avant, et les dévorent ensuite ,'
en les faisant passer entre leurs mandibules et leurs mâchoi-
res ; ils sont friands des œufs d'aranéides et d'insectes. Ils
attaquent même des aranéides beaucoup plus grosses qu'eux,
et paroissent leur faire une guerre particulière.
Ils varient beaucqup par la grandeur ; ceux d'Europe n'ont
guère plus d'un pouce de long , au lieu que dans l'Inde il y,
en a qui ont jusqu'à cinq pouces. On croit qu'ils sont très-;
venimeux , et que la piqûre qu'ils font avec leur aiguillon
donne souvent la mort , en introduisant dans la plaie une
liqueur empoisonnée.
C'est une erreur de croire que tous ces animaux sont veni-
meux pour nous ; on a la preuve que ceux de la Toscane*ne
le sont pas , car les paysans de cette contrée les touchent
et se laissent piquer par eux, sans en ressentiraucune incom-
modité.Les essais de Rédi et de Maupertuis prouvent cepen-
dant qu'il ne faut pas généraliser. Ces auteurs , qui ont fait
plusieurs expériences sur l'effet du venin d'une autre espèce
de scorpion , plus grande que la commune , celle dont nous
avons parlé plus haut , sous le nom de roussàtre , occUanus y
et qui se trouve en Languedoc , à Tunis, en Espagne , etc. ,
ont vu de jeunes pigeons mourir dans des convulsions et des
vertiges , cinq heures après avoir été piqués , et d'autres qui
n'ont donné aucun signe de douleur des blessures qu'ils
avoient reçues. Rédi attribue cette différence à l'épuisement
du scorpion, qui, selon lui, semble avoir besoin de reprendre
des forces pour empoisonner une seconde fois ; ce dont il a
eu la preuve dans une nouvelle expérience qu'il a faite ,
après avoir laissé repose rie scorpion pendant une nuit.
Dans ses expériences , Maupertuis fit piquer plusieurs
SCO 43i
chiens et des poulets, par des scorpions du Languedoc;
mais , de tous ces animaux, il ne mourut qu'un seul chien,'
qui avoit reçu , à la partie du ventre dépourvue de poils ,
trois ou quatre coups d'aij^uillon d'un scorpion qu'on avoit
irrité; tous les autres chiens, même les poulets , malgré la
fureur et les coups multipliés des scorpions récemment pris
à la campagne, n'ensouffrirent aucunement.
L'auteur de cette dernière expérience dit, qu'une heure
après que le chien, victime de l'expérience, fut piqué, il devint
très-enflé et chancelant ; il rendit tout ce qu'il avoit dans
l'estomac et dans les intestins, et continua, pendant trois
heures, de vomir, de temps en temps, une espèce de bave
visqueuse ; son ventre , qui étoit fort tendu , diminuoit après
chaque vomissement , et ensuite s'enfloit de nouveau ; les
alternatives d'enflures et de vomissemens durèrent environ
trois heures , au bout desquelles le chien eut des convul-
sions , ît mordit la terre, se traîna sur les pattes de devant,
et mourut enfin cinq heures après avoir été piqué.
Le docteur Maccary a eu le courage de faire sur Itii-meme','
et avec la même espèce de scorpion, des expériences qui prou-
vent que son venin peut produire des accidens assez graves, et
qu'il est d'autant plus actif, que l'animal est plus âgé. Il m'a
été dit que plusieurs de nos soldats étoient morts, eu Espagne,
de la piqûre de ce scorpion. Des circonstances accidentelles,
comme un état maladif, peuvent augmenter le danger.
« La morsure des couleuvres d'étang ou même des champs ^
dit d'Opsonville ( Essais phîlosoph. sur les mœurs de dwers ani-
maux étrangers^ , telles que celles que nous voyons en Eu-
rope , est communément aussi peu dangereuse en Asie. Une
légère scarification et l'application d'un peu de chaux vive ,
ou d'une pièce de cuivre rouillée de vert-de-gris , que l'on
fixe sur la plaie , peuvent suffire pour opérer la guérison.
Ces deux recettes sont aussi employées contre la piqûre du
scorpion (^ agrab , en persan ; gargouali , en indostan ) blan-
châtre {australis, Linn. ) qui , dans diverses parties de l'Asie ,
est presque aussi commun que l'araignée. Quelques personnes
se servent d'huile où l'on a rassemblé et laissé digérer plu-
sieurs de ces insectes ; d'autres préfèrent d'écraser sur-le-
champ l'animal même, et de l'assujettir sur la plaie;ou bien de
faire l'application d'unesorle d'humeur sébacée, qui suinte en-
tre le prépuce et le gland de la verge. Quant au scorpion noir
( afer, Linn. ) , qui vit dans des fentes de rochers ou des creux
d'arbres , et qui , quatre ou cinq fois plus gros que le précé-
dent , peut causer la mort en moins d'une couple d'heures, les
seuls remèdes sûrs sont les mêmes que ceux reconnus tels
contre les serpens les plus venimeux. » L'alkali volatil , des
cataplasmes de bouillon blanc et des sudorifiques sont , ea
4.32 SCO
eftet , les moyens curalifs que l'on peul employer. Olivier
(^Voyage en Fersè) dit que la pi<ji\re du scorpion qu'il noninie
(•rassii:auda ^ et qui est Ircs-rouimun dans le Levant, n'est
jamais dangereuse pour la vie , ut qu'on dissipe aisément les
effets de son venin par des remèdes analogues.
D'après les observations de M. Maccary, les scorpions
s'accoupleroient presque à la manière des crabes; la femelle
seroit renversée sur le dos. Elle change de peau avant de
mettre bas ses petits. Le mAle en f;iit autant à la même
époque. Nos espèces indigènes produisent , dit - on , deux
générations chaque année. Nous avons vu plus haut que
M. Dufour avoit trouvé , en été , des femelles dont les œufs
éloient à terme , et qu'en autoame il en avoit observé
d'autres n'ayant que des germes Irès-pelits , et dont le déve-
loppement intégrai n'avoil lieu qu'au printemps suivant. Ces
faits et ceux recueillis par le docteur Maccary , p#roissenl
établir qu'il y a effectivement deux générations , Tune en
cette dernière saison , et l'autre en été. La femelle fait ses
petits à diverses reprises ; elle les porte sur son dos pendant
les premiers jours , ne sort pas alors de sa retraite , et veille
à leur conservalion l'espace d'environ un mois , époque à
laquelle ils sont assez forts pour s'établir ailleurs et pourvoir
à leur subsistance. Ce n'est guère qu'au bout de deux ans
iju'ils sont en état d'engendrer.
On a dit que le scorpion , lorsqi:'on le renferme dans un
cercle de charbons allumés et qu'il se voit hors d'état d'é-
chapper à l'action de la chaleur, se pique lui-mên»e et se
donne ainsi la mort.
Maupertuis , d'après quelques expériences , a combattu
cette opinion.
D'autres observations, néanmoins, que M. Léman m'a fait
l'amitié de me communiquer viennent à son appui. M. le
comte de Senneville , grand référendaire de la chambre des
pairs, a fait, à cet égard , et en présence d'un grand nombre
de personnes , plusieurs expériences dont le résultat confir-
meroit l'opinion populaire.
Les scorpions , du moins dans quelques circonstances ,
tuent et dévorent leurs petits h mesure qu'ils naissent. Mau-
pertuis en ayant renfermé ensemble environ une centaine ,
n'en trouva plus, au bout de peu de jouis , que quatorze.
Nous avons un exemple récent d'une destruction encore plu*
considérable. Un envoi de plus de quatre cents scorpions
que M. Cuvier avoit reçu d'Italie fut réduit, au bout de peu
de temps , à quelques individus.
Les uns ont huit yeux et forment le genre hulhns de M
Léach , tels sont :
Le Scorpion d'Afrique , Scorpia afer , Linn. , Fab. Ce
SCO 433
sfcorpîon a jusqu'à deux pouces et demi de long ; le corps
d'un brun marron luisant , avec les articulations des pattes
et des antennes blanches ; huit yeux et treize dents à chaque
peigne ; les quatre premiers articles de la queue sont gros,
courts , garnis de dentelures ; le cinquième est long , ainsi
que le dernier ; celui-ci est simple , recourbé , couvert de
tubercules. Le dernier arlicle des palpes est large, presque
en cœur, et comprimé. On le trouve dans l'Inde.
Le Scorpion rolssàtre , Scurpio occitanus ; pi. R, i , 4 »
de cet ouvrage; Amoreux , Journ. de phys. 17^7 ; Dufour ,
îiiJ. , juin 181 7. C'est le scorfiion de Sowtgnargues ^ d'après
lequel Maupertuis a fait différentes expériences. Il a deux
pouces de long; il est d'un blanc jaunâtre ; son corselet et sa
queue ont plusieurs arêtes graveleuses. Il a huit yeux; les bras-
termiriés par une main petite , ovale, et dont les doigts sont
longs ; les peignes ont chacun vingt-sept à vingt-huit dents;
la queue est un peu plus longue que le corps ; le dernier ar-
licle est simple.
Cette espèce , dans le troisième volume du Règne animal
de M. Cuvier, a été placée, par inadvertance, avec celles qui
n'ont que six yeux.
Les espèces qui n'ont que six yeux composent le genre
ico/yu/o/i proprement dit de M. Léach. Telles sont les suivantes :
Le Scorpion maure , Scorpîo maurus , Linn. , Fab. Il a
la queue plus courte que le corps ; l'aiguillon simple ; dix
dents à chacune des lames en forme de peigne ; le dernier
article de ses palmes est presque en cœur. On le trouve au
nord de l'Afrique.
Le Scorpion d'Europe , Scorpio europœus , Linn. , Fab,
Il a environ un pouce de longueur; son corps est d'un brun
très-foncé, noirâtre; ses bras sont anguleux, avec la maia
presque en cœur, et l'article qui la précède unidenté ; la
queue est plus courte que le corps , menue ; le cinquième
nœud est allongé, le dernier est simple, d'un brun jaunâtre ,
ainsi que les pattes ; les peignes ont chacun neuf dents.
Il se trouve dans l'Europe méridionale , vers le 43.* degré
de latitude et au-delà, jusque dans les maisons.
On observera,par rapport à celte espèce : i.'^que la phrase
spécifique de Linneeus et de Fabricius est équivoque sous un
poipt , celui du nombre des dents des peignes ; ces auteurs ,
dans les autres espèces, considèrent isolément chaquelame ;
ici on a pris la somme des dents des deux peignes : ainsi ces
dents ne sont pas de dix-huit pour chaque , mais de neuf;
2.® que Degéer, trompé probablement par une fausse indi-
cation , a donné un scorpion qui se trouve à Cayenne , pour
le scorpion d'Europe.
XXX. 28
434 SCO
Voyez, pour les autres espèces, la monographie de ce
genre , donnée par Herbst. (l.)
SCORPION (Mouche). V. Panorpe. (l.)
SCORPION AQUATIQUE. V. NèpeciRanatre. (l.)
SCORPION ARAIGNÉE. V. Pince, (l.)
SCORPION CxOUTTEUX. C'est un desnoms vulgaires
d'un Ptfrocère , Plerocerus scorpius. {desvi.')
SCORPION DE MER. Nom du Cotte scorpion et des
SCORPÈNES RASCASSE et TrUIE. (B.)
SCORPION DE MER. Le Zée gal porte ce nom dans
le nord de l'Europe, (b.)
SCORPIONE. Plante du genre des Myosotes. (b.)
SCORPIONIDES,5cor/>io«i<i«, Latr. Famille d'arach-
nides pulmonaires , ayant pour caractères : six ou huit yeux ;
mandibules terminées en pince , ou par deux doigts ; tronc
de trois segmens, dont l'antérieur beaucoup plus grand, en
forme de corselet ; abdomen sessile , toujours annelé, ayant
en dessous huit stigmates , quatre de chaque côté; deux lames
pectinées situées à sa base , et terminées par une queue for-
mée de six nœuds , dont le dernier finissant en une pointe
très-aiguë, servant d'aiguillon , et renfermant un venin qui
sort par deux petites ouvertures.
Celte famille est composée du genre scorpion, scorpio de
Linnseus , dont M. Léach a séparé les espèces qui ont huit
yeux, pour en former celui de buthus. V. Scorpion. Dans la
première édition de cet ouvrage , elle comprenoit , en outre ,
les genres : ihéliphone^ phryne et pince ( Voyez Pédipalpes et
Faux-scropions.). (l.)
SCORPlONS-D'EAU,IVe/7fln(«. Nom que j^avois donné
à une division de la famille des punahes-d' eau , insectes de
l'ordre des hémiptères , et qui comprend les scorpiom aqua-
tiques de Geoffroy. Cette division forme dans cet ouvrage
la tribu des ravisseurs , de la famille des hydrocorises. V. ces
mots, (l.)
SCORPIONS - FAUX ou FAUX - SCORPIONS ,
Pseudo-scorpiones. Nom sous lequel je désigne une famille
d'arachnides, de l'ordre des trachéennes , qui a pour carac-
tères : tronc de trois segmens , dont l'antérieur plus grand ,
en forme de corselet ; abdomen distinct et annelé; pieds-
paipes très-grands; huit pieds dans les deux sexes ; mandi-
bules en pince; des mâchoires sciatiques; une langue ster-
nale. Cette famille est composée des genres Galéode, Pince
et Obisie. (l.)
SCORPITIS. La pierre que Plinel désigne ainsi paroît
avoir reçu son nom, soit de sa forme , soit de sa couleur sem-
blable à celle du scorpion. Elle nous est demeurée inconnue.
(LN.)
s c o 435
SCORPIURE , Scorpiura. Genre de plantes , établi par
Stackhousc(JVe>. britan.), aux dépens des Varecs de Linneeus,
Ses caractères sont : fronde cylindrique, géialineuse, poreuse,
presque diaphane ; rameaux alternes , en zig zag , les plus pe-
tits capillaires et recourbés à leurexlrémité, après la maturité.
Ce genre rentre dans celui appelé Plocamion par La-
mouroux. Il renferme deux espèces, dont la plus connue est
le Varec amphibie. V. pi. i^ du grand ouvrage du même
Slackhouse sur les Varecs. (b.)
SCORPIUROS. Dioscoride cite ce nom parmi ceux
qu'on donnoit à Vheliotropium. V. ce mot. (l"N.)
SCORPIURUS, c'est-à-dire, queue de scorpion, en grec.
Jiinnœus a donné ce nom au genre scorpioïdes de Tourne-
fort , comme rappelant mieux la forme des gousses de ces
plantes. V. Chenillette. (ln)
SCORPIUS. Pline , après avoir parlé du Scorpioïdes(F.
ce mot) , dit : <f II y a encore une herbe qui s'appelle aussi
scorpio ou scorpius , laquelle a les mêuïes propriétés que la
précédente. Cette herbe ne pousse point de feuilles , mais
produit des tiges comme les asperges, qui ont à leur cime
des piquans , d'où lui vient son nom. »
Théophraste décrilégalementle scoryozoî, qui , selon lui, est
une plante entièrement couverte d'épines à la manière de V as-
paragus acuUfolia ;même dans 1 âge adulte, ellen'avoit pas de
feuilles, mais des épines a leur place. Sa racine éloitfort courte.
Elle ne bourgeonnoit point avant l'été; son épanouissement
continuoit en automne , et elle portoit même des fleurs après
l'équinoxe d'automne ; la fleur sortoit d'une exubérance char-
nue, placée presque à 1 extrémité des épines. Les botanistes
pensent que notre Ajonc {CJlex europœus) est le scorpius de
Théophraste, dont le nom a été changé en celui de nepa par
Gaza.
Plusieurs botanistes (mt désigné ensuite par scorpius , la
plante ci-dessus et diverses espèces de genista et de spartium.
Dans ces derniers temps , Moench a créé, sur le genista
germantca, un genre scorpius., qui n'a pas été adopté. Ses
caractères étoient : calice campanule , bilabié, à lèvre supé-
rieure bidenlée , l'inférieure tridentée ; corolle papiiio-
nacée , à étendard ovale droit , rabattu sur les côtés , plus
long que les ailes, mais plus court que la carène ; celle -ci
à deux pétales ; légume égal 2 — 3 spermes. Voyez Scor-
pioïdes et Tragubi. (ln.)
SCORPIUS-MARITIMUS. Dalerhamp a désigné ainsi
rUvETTE A DEUX ÉPIS , Ephedra distachya. (LN.)
SCORTIME, Scortitnus. Genre de Coquilles établi par
Denys-de-Montfort. Ses caractères sont : coquille libre ,
univalve , cloisonnée, droite, à sommet spire, ayant une
4:56 SCO
veine carénée sur ses ikux {lancs ; dos arrondi, caréné et
armé en molette d'éperon ; ouverture allongée , recouverte
par un diaphragme fendu dans sa longueur, et terminé par
un siphon figuré en sphincter; cloisons unies.
La seule espèce qui constitue ce genre se trouve dans la
mer des Canaries et dans l'Adriatique. Elle fait le passage
entre les coquilles droites et les coquilles contournées ; et
ce qui est fort remarquable , la veine carénée de ses flancs
divise ses concamérations en deux séries distinctes, (b.)
SCORTIO. INom italien duKuRTE. (desm.)
SCORZONERE , Scorzonem , Linn, {^Syngènésie polyga-*
mie égale. ) Genre de plantes à fleurs composées , de la famille
des chicoracées de Jussieu, qui présente pour caractères : un
calice ovoïde , oblong , imbriqué, formé d'écaillés inégales,
membraneuses sur les bords et pointues ; un réceptacle nu ;
des semences à aigrettes sessiles et plumeuses. Ces aigrettes
ressemblent en quelque sorte à des volans. Les genres Pi-
CRÉDIE , Galésie , PoDosPERME et Hyménomène ont été
établis aux dépens de celui-ci.
Dans ce genre , dont toutes les parties sont laiteuses , les
feuilles sont ordinairement entières et quelquefois dentelées,
sinuées ou laciniées. Il comprend une cinquantaine d'es-
pèces, dont une seule est intéressante.
C'est la ScoRZONÈRE d'Espagne ou Salsifis noir , Scor-
zonera hispanica , Linnaeus , plante potagère bisannuelle,
originaire d'Espagne et de Sibérie , qui est cultivée dans
les jardins pour sa racine , laquelle est longue , faite en
fuseau , noire en dessus , blanche en dedans , et se mange
cuite. Sa lige est haute d'environ deux pieds, ronde, can-
nelée , creuse , un peu velue. Ses feuilles sont alternes, am-
plexicaules, entières , ondulées et dentées ; ses fleurs termi-
nales pédonculées et composées de demi- fleurons dont les
extérieurs sont les plus longs, et dont la languette offre quatre
ou cinq petites dents.
Celte plante se multiplie de graines qu'on sème en mars ou
avriljselon le climat. On doit semer épais, et ne pas épargner
les arrosemens jusqu'à ce que la germination ait eu lieu, même
jusqu'à ce que les premières feuilles couvrent la terre. On peut
semer en mai et aoûtjmaisles racines provenues de cedernier
semis sont trop foibles pour être mangées 1 hiver suivant.
Quand on sème lard , la racine peut passer deux hivers en
terre , et le second hiver elle est très - belle et très bonne à
manger. Il est inutile de dire que la scorzonère étant très-
pivotante, exige une terre défoncée profondément , qui soit
douce , friable , bien ameublie et naturellement humide ou
rendue telle par des arrosemens. Dans les cailloux , elle se
lord ou ic bifurque. Sa graine est assez long- temps à germer.
s C R 4"'7
Quand les jeunes plantes ont acquis quelque force , on doit
les éclaircir à différentes reprises , et sans endommager les
racines de celles qu'on conserve , lesquelles doivent être es-
pacées de quatre à six pouces , si on veut qu'elles deviennent
belles.
La graine de scorzonère ne conserve que pendant deux
ans la faculté de germer , et la bonne graine ne se recueille
pas sur les fleurs de la première année , mais sur celles de la
seconde , ou encore mieux sur les fleurs de la troisième année.
Comme cette graine est couronnée par une aigrette plumeuse,
et qu'elle est par conséquent très-légère , il faut la surveiller
pour la cueillir avant qu'elle ne soit emportée par le vcnt,ou
même par les oiseaux qui l'aiment beaucoup.
Dans les pays où les hivers sont tempérés, on enlève suc-
cessivement les racines de scorzonère , et au moment seule-
ment où on veut les manger. Dans les climats où l'hiver est
rude et long, on prend la précaution d'enlever à la fois toute
la quantité de ces racines qu'on a besoin de vendre ou de
consommer pendant cette saison , et on les enterre dans un«
serre à légumes. La scorzonère est plus délicate que le sal-
sifis; mais sa culture est moins avantageuse , parce que le
salsifis reste moins long-temps en terre. On mange la scor-
zonère depuis la Toussaint jusqu'à Pâques, (d.)
SCORZONÉROIDES. Ce genre de plantes, établi par
Vaillant , comprenoit les espèces de scorzonère de Linnseus ,
à feuilles laciniées. (ln.)
'SCOTANUM. Césalpin donne ce nom au Fustet, Rhus
colinus. Adanson le donne au ^enre Jicami de Dilleji. (ln.)
SCOTIAS.Nom donné parSchranckàungenre d'insectes,
dans lequel il fait entrer le ptinus scotias. V. GlBSlE. (o.)
SCOÏIE. V. SCHOTIE. (B.)
SCOTINO, Senata>0, Rossola. Différens noms ita-
liens du Fustet {Rhus cotlnus , Linn.) (ln.)
SCOTTIE, ScoUia. Arbuste de la Nouvelle - IIoHande ,
qui a des rapports avec les Platylobions , et qui constitue
seul , d'après R. Brown, un genre dans la diadelphie décan-
drie , et dans la famille des légumineuses.
Les caractères de ce genre sont : calice à cinq dents pres-
que égales, entouré de bractées imbriquées ; corolle papi-
lionacée, à étendard plissé, plus court que les ailes;une gousse
pédicellée, comprimée, épaisse en ses bords, contenant trois
à quatre semences, (b.)
SCOURJON. C^slV escourgeon. V. au mot Orge, (b.)
SCOUT. Nom écossais du Pingouin, (v.)
SCRAPTlE,\Scra/?/j«. Genre d'insectes de Tordre des.
coléoptères, section des hétéromères , famille des traché-
Udes , tribu des anthicites , que j'ai établi sur le »serrop3!pe
138 S C R
brunâtre , serropaipus fusculus , d'Illiger. Par la forme de sa
tête et quelques autres caractères , cet insecte tient des no-
ioxe.s {anthicus, Fab. ), et des autres trachelides ; mais il avoi-
sine, sous d'autres rapports, le$ melandryies e\ \es dircées de
Fabricius , celle spécialement qu'il a nommée rufirollis ,
ainsi que le conopnipm fi.mroflis de M. (lyHenhal. Les pal-
pes labiaux sont terminés par un article très-grand , pres-
que semi- lunaire , et le corselet forme un demi-cercle. Ces
caractères distinguent ce genre de celui des notoxes.
La ScRAPTiE BRUNETTE, Sr rapt/a fu<:ra, est un petit insecte
dont le corps est oblong , mou , d un brun-noirâ»re, pubes-
cenl , avec les jambes et les tarses plus clairs , el les élytres
lisses. On le trouve aux environs de Paris , sur les plantes
et les troncs d'arbres, (l.)
SCRIBÉE , Scrihœa. Genre établi pour placer la Cucu-
BALE BACCIFÈRE. Il a aussi été appelé Lychnatsthe. (b )
SCROFANELLO. Nom italien des Scorpènes. (desm.)
SCROPHULAIRE, 5c/o;//2M/flr/a. Genre de plantes de
la didynamie angiospermie , et de la famille de son nom,
qui offre pour caractères : un calice court , à cinq lobes ;
mie corolle lubuleuse , bilabiée , renversée, à tube globu-
leux , renflé , à lèvre supérieure , droite , bilobée , munie
souvent d'une squamule dans son intérieur , à lèvre infé-
rieure trilobée , plus courte , à lobes latéraux ouverts ,
et le moyen réfléchi ; quatre étamines , dont deux plus cour-
tes , et toutes penchées sur la lèvre inférieure; un ovaire
supérieur ovale , surmonté d'un style à stigmate simple ;
une capsule presque ronde, acuminée , bivalve, à valves
entières , à cloison double , et renfermant une grande quan-
tité de petites semences.
Ce genre réunit des plantes herbacées ou frutescentes, à
tiges quadrangulaires; à feuilles ordinairement opposées ;
à fleurs peu brillantes , disposées en épi ou en panicule ter-
minale, et portées sur des pédoncules bifides ou multifides,
accompagnés de deux bractées. On en compte une cinquan-
taine d'espèces, dont les plus Intéressantes à connoître sont:
La Scrophulaire nouel'Se, qui a les feuilles entières,
trlnervées , et la lige en angle obtus. Elle est vivace , et se
trouve en Europe, dans les terrains gras et un peu humides,
sur la berge des fossés qui entourent les villages et dans les
bois. Elle est commune. Sou goût est amer, et son odeur fort
désagréable ; sa racine est grosse , blanche, noueuse et tra-
çante; ses tiges sont hautes de deux pieds. ElleestémoUiente ,
résolutive el adoucissante. Sa racine, réduite en poudre et
infusée dans du vin , se donne aux personnes attaquées d'hé-
morroïdes internes et douloureuses; ses semences sont ver-
mifuges ; ses feuilles , pilées et appliquées sur les écrouelles
s C R 439
ouvertes , et autres ulcères, produisent beaucoup de bien ;
mais il n'est pas vrai , comme on l'a cru long-temps , que
ces maladies soient guéries par son usage interne. On fait,
avec cette plante, dans les pnarmacies, un beurre qui est re-
commandé contre toutes les espèces de gaie.
La ScROPHULAiRE AQUATIQUE, qui a les feuilles entières ,
pétioiées, décurrentes, obtuses , et la tige membraneuse sur
ses angles. Elle est vivace, et se trouve dans les marais, sur le
bord des fossés et des rivières. Son odeur approche de celle
de la précédente, dont elle passe pour avoir les vertus; elle a,
de plus , la propriété d'être vulnéraire et consolidante à un
haut degré. On l'appelle vulgairement l'/i^rôe du siège ^ parce
qu'au siège de la Rochelle , soutenu par les proleslans , coftr
tre les papistes commandés par le cardinal de Ric'nelieCi»
on ne se servit que de ses feuilles pour panser les blessui^^ f l
des soldats qui la défendoient. ! ; , ^
La ScHOPHULAiRE DU Brésil , qui est fort peu différeote
de celle-ci , et qui nous a donné occasion d'apprendre que
toutes font disparoître le mauvais goût du Semé , sans nuire ^
à ses propriétés purgatives. V. Le Mémoire de MarchaA*', ^
parmi ceux de l'Académie, année 1701. ,!r f\
La ScROPHULAiRE ORiETSTALE, qui a les feuilles lancéolées,
dentelées, pétioiées; celles de la lige ternées , et les ra-
meaux opposés. Elle est vivace , et vient de la Syrit' et de
l'Asie mineure. C'est une des belles espèces du genre.
La ScROPHULAlREFRUTESCENTE,quiales feuilles charnues,
les supérieures sessiles , dentées , glabres, recourbées à leur
pointe, et la panicule rameuse. Elle se trouve en Vortugai
et sur la cote d'Afrique. Ses tiges sont plus dures que celles
des autres espèces , et subsistent toujours.
La ScROPHULAiREPRi]STANiÈRE,qui a les feuilles en cœur ,
pubescentes , doublement dentées , les panicules axiUaires
et dichotomes. Elle se trouve dans les parties méridionales
de l'Europe , et est bisannuelle. C'est une des premières
plantes quiHeurissent,et son feuillage est fort beau. Elle peut,
sous ces deux considérations , entrer dans les jardins d'or-
nement.
La ScROPHULAiRE MELLiFÈRE,qui a les feuilles glabres, les
inférieures pinnées, et les supérieures ternées ; les folioles
oblongues et les fleurs axiUaires. Elle est vivace, se trouve
sur les côtes de Barbarie, Ses fleuis sont très-grosses , com-
parativement à celles des autres espèces , et ont toujours,
dans le fond , une goutte de miel très-remarquable. Il est
bon d'observer , à cette occasion , que toutes les scropbu-
laires fournissent beaucoup de miel aux abeilles , mais qu'il
est de très-mauvaise qualité.
;^o s c u
La ScROPHULAiRE CANINE, qui aies feuilles pinnëes,lesgrap-
pes terminales nues, et les pédoncules bifides. Elle est an-
nuelle, et se trouve dans les parties méridionales de la
France , sur les monlngnes les plus arides, (b.)
SCROPHULAP\L\. Bien que ce nom ait éié spéciale-
ment donné à nos Scrophulaires, on voit cependant qu'il a
été appliqué encore à des plantes qui en sont très-différentes.
Par exemple, le sedum ielephium , L., est le scrophularia média
deBrunfelsius. Tragus plaçoit avec les scrophuhria, la grande
variété à fleurs rouges, de cette même plante. La Renoncule
FICAIRE est \e scrophularia mi'nor de Brunfelsius , etc. (ln.)
SCROPHULARIÉES. Famille déplantes , autrement
appelée des PERSONNÉES.QucIques botanistes y réunissent les
PÉD1CULAR4ÉES. (B.)
SCROSENO. Nom du Squale pantouflier , à Nice.
(DESM.)
SCROTUM. C'est la double Bourse dans laquelle sont
renfermés les testicules des animaux. Elle est formée , en
effet, de deux sacs distingués exic'rieurement par le raphé
ou cette sorte de couture qui passe au milieu. Il y a un tes-
ticule logé dans ses tuniques, en chaque loge. Les enveloppes
scrotales sontd' abord extérieurement, I'épiderme,etau-dessous
la peau ou derme , puis une tunique celluleuse , et ensuite
le dartos, membrane pourvue d'une irritabilité très-contrac-
tile , laquelle, en se resserrant, rend toute rugueuse la peau
extérieure du scrotunt. Sous ce darlos existe un tissu cellu-
leux asse^ mollet , puis les tuniques vaginales , distinguées en
trois lames , l'extérieure commune au testicule et au cordon
spermatique; le muscle crémaster ou suspenseur s'y attache;
les tuniques vaginales plus intérieures, enveloppent immédia-
tement chaque testicule adhérent à son fond, le' plus souvent,
et sécrètent une sérosité , comme le péricarde le fait pour le
cœur. Ces tuniques vaginales sont, en effet, un prolongement
dupéritoine, membrane séreuse qui s'étend, lorsque les testi-
cules, d'abord situés dans l'abdomen près des reins, passent
1 anneau inguinal , pour descendre dans ces bourses, V. Tes-
ticules.
Au reste , les animaux n'ont pas tous un scrotum. Parmi
îes mammifères rongeurs , les testicules demeurent dans la
cavité abdominale ; ce qui rend, dit-on, ces animaux plus
ardens et lascifs , parce^ue ces organes sont toujours tenus
chaudement. Les oiseaux n'ont aussi jamais de scrotum, ni les
reptiles et les poissons ; enfin , tous les invertébrés ne por-
tent jamais à 1 extérieur leurs testicules; ils n'ont donc pas
de scrotum. Celui-ci se ride plus ou moins par le froid , ou
par la contraction sporitûnée du dartos^dans le coït. (ViRï.Y.)
s C U Ui .
SCULFISH. Nom donné, par les pêcheurs de la mer du
Kord, aux Baleineaux qui ont plus de deux ans. (desm.)
SCURAPOLA. C'est ainsi que les Grecs modernes non*-
ment le Grave, (s.)
SCURRULA. Genre établi sur une plante de la Chine ,
par Linnseus , dans la première édition de son Species plan-
tarum. Il avoit été augmenté d'une seconde espèce de la ia^
maUque { scurnila parasilica^ James., 197)- Depuis, Linnœus
l'a réuni au loranthus, ou plutôt lui a donné ce nom. Adansoa
le réunit au viscum. (ln.)
SCUTELLARIA. Corlusus a donné ce nom au scutella-
ria peregrina , à cause de l'écaillé en forme de bouclier ( scu-
tum ) , qui accompagne le calice , et qui lui donne aussi l'as-
pect d'un casque. J. Bauhin , Rivin et Plukenet se sont ser-
vis du nom de scutcllaria , pour désigner des espèces congé-
nères , et Linnseus l'a donné au genre qui comprend ces
plantes. Tournefort et d'autres botanistes ont préféré em-
ployer le nom de cassida ; cependant, Tournefort a fait aussi
usage de la même dénomination. Le genre caranga de Jus-
sieu a pour type le scuiellarîa indien , Linn.
Le sculellnrid bleu, h. feuilles de marjolaine et d'Amérique,
mentionné par Rai , est le irichasicma dirhoioma , Linn. ,
genre très-voisin du sriife/Iaria , L.
Rumphius, dans l'Herbier d'Amboine, décrit et nomme ^
saiiellaria , trois plantes , dont une , le scutellaiia 3 , est le
panax fruticosum , L. ; les deux autres sont inconnues aux
botanistes. V. Toque, (ln.)
SCUTELLE, Sculella. Genre établi par Lamarck, par-
mi les EcHiNiDES. Ses caractères sont : corps aplati , ellip-
tique ou suborbicuîaire ; légèrement convexe en dessus,
plane en dessous ; à bord mince , presque tranchant, et gar-
ni de tiés-petiles épines ; à ambulacres bornés , courts , imi-
tant une fleur à cinq pétales ; bouche inférieure , centrale;
anus, entre la bouche et le bord , rarement dans le bord.
Ce genre , qui a été appelé Echinodisque par Leske ,
renferme une vingtaine d'espèces , toutes appartenant aux
mers des pays chauds , ou fossiles, F. Oursin, (b.)
SCUTELLE. Sorte de Cupule ou de Conceptacle, dans
les Lichens. C'est d'abord un simple tubercule qui s'élargit
et forme un petit disque corné et légèrement bordé.
Les Patellaires sont toutes garnies de scidelles. (b.)
SCUTELLÈRE, Scuiellem. Genre d'insecies de l'ordre
des hémiptères , famille des géocorises ou punaises terres-
tres, tribu des longilabres , établi par M. de Lamarck , et
que Fabriciusa^^ depuis , nommé ielyra, Linnceus l'avoitin-
^^2 s c u
*liqué , en iormant avec ces insectes une division parlicu-
lière, celle des punaises à écusson ( cimkes scuiellati ).
Les scutellères ont, ainsi que les penlaiomes , les anten-
nes composées de cinq articles ; mais elles sont distinguées
par la grandeur de leur écusson, qui occupe tout le dessus
de leur abdomen et leurs ailes. Leur corps est plus ou moins
ovale , et quelquefois presque rond. Ces insectes se trouvent
sur les plantes. Leurs habitudes et leurs métamorphoses sont
les mêmes que celles des pentalomes et de la plupart des
autres géocorises. Les différences de la forme générale du
corps ou de sa coupe , celles que présentent le chaperon et
ïes antennes considérés sous le rapport des proportions re-
latives de leurs articles , pourront être employées pour divi-
ser ce genre qui est assez nombreux.
ScuTELLÈRE NOBLE , Scutellera nubilis; Tetyra nohilis, Fab.
Elle est oblongue , d'un bleu doré , tacheté de noir en dessus ;
rouge , avec des bandes d'un bleu doré , sur les côtés, en
dessous. Elle se trouve aux Indes Orientales,
ScuTELLÈRE MARQUÉE , Scutellaria signala; Tetyra signala ,
Fab. Elle est oblongue , bleuâtre en dessus. Le corseleta trois
points noirs plus grands , réunis à leur base ; il est bordé exté-
rieurement de rouge ; Técusson a trois paires de taches , et
son extrémité, noires. Le ventre est d'un roux clair, avec une
ligne de taches d'un bleu de ciel de chaque côté.
Celle belle espèce a été rapportée du Sénégal par
M. Roussilion.
ScuTELLÈRE SIAMOISE, Scutellera nîgro-lineaia ; Tetyra ni-
gro-lineata , Fab.; la Punaise siamoise^ Geoffr.; pi. M, 29, 4,
de cet Ouvrage. Elle est ovale , rouge , avec cinq lignes noi-
res, longitudinales , sur le corselet , et trois sur l'écusson ;
l'abdomen est ponctué de noir.
Celte belle espèce se trouve dans l'Europe tempérée et
méridionale. Elle est commune dans le Midi de la France ,
sur les fleurs de cerfeuil et sur d'autres plantes.
La ScuTELLÈRE SEMi-PONCTUÉE se rapproche de la pré-
cédente. Elle est rouge , avec dix points noirs sur le corse-
let , et cinq lignes noires sur l'écusson. Elle ne se trouve
que dans les cantons les plus méridionaux de la France , en
Italie et en Espagne.
ScuTELLÈRE HOTTENTOTE, Sailellaria hoitenlota ; Tetyra hot-
tentota^ Fab.; \3i^ Punaise porte-chape brune., Geoff. Elle est
partout d'un brun couleur de suie ou fuligineux, avec les
pattes jaunâtres. On la trouve souvent sur les seigles , à l'é-
poque de leur maturité.
ScuTELLÈRE sCARABiEOÏDE , Scutellera srarabœdides ; Tetyra
scarabœdides , Fab. ; la Punaise cuirasse., Geoff. Elle est fort
s G U 443
petite , presque hémisphérique , d'un noir bronzé. Le se-
cond article de ses antennes est très-court, (l.)
SCUTELLITES. Nom donné par Denys-de-Montfort
aux Patelles fossiles , qui doivent être rangées dans son
genre Pavois. V. ce mot. (desm.)
SCUTELLUM. F. Ecusson. (desm.)
SGUÏIGER. Nom latio des champignons appelés Es-
cUDARDE , en français, (b.)
SCUTIGÈRE , Scutigem. Genre établi par M. de La-
inarck , dans son Système des animaux sans vertèbres , quïl
place avec les arachnides antennisles , et qui appartient,
dans ma méthode , à la classe des insectes , ordre des my-
riapodes , famille des chilopodos. lUiger a désigné le même
genre sous la dénomiriaiion de cermatia^ que M. Léach a
adoptée.
Par la généralité des caractères, les scutigères ont les plus
grands rapports avec las scolopendres , et c'est effectivement
avec elles que Linnœus a rangé la seule espèce qu'il a connue
( coleoptrata ). Les segmens de leur corps, en les comptant du
côté du dos , portent chacun deux paires de pattes , et sous
une telle considération , ces insectes avoisinent les luIes',
aussi Pallas leur a-t-il associé une espèce de ce genre , qu'il
a décrite et figurée dans ses Fascicules de Zoologie , sous le
nom à\aranéoïde. Mais il est évident que ces insectes consti-
tuent un genre propre , qui doit ouvrir la famille des chilo--
podes.
lUiger, dans sa continuation de l'édition de la Faune d^E-
irun'e, de Rossi , commencée par Hellwig , observe (tom. 2,
pag. 199) qu'il avoil donné à ce genre le nom de cermatia ,
longtemps avant que M. Laitiarck l'eût établi sous celui de
sculigère , qu'il trouve impropre , et que je me suis trompé
en prenant la scolopendre, à étuis ( coleoptrata ) , de Linnœus ,
pour la scutigère d'Europe ; il ajoute que cet insecte , de
Linnœus , est une véritable scolopendre. J'ai souvent rendu
justice à la judicieuse criiique de ce célèbre naturaliste ;
mais elle me paroît être ici en défaut.
Selon Linnœus, la scolopendre à étuis a les antennes de la
longueur du corps ; quatorze paires de pattes , terminées
par un tarse composé d'un très-grand nombre d'articles , et
dont les dernières sont presque aussi longues que l'animal.
Son corps a la forme de celui de la scolopendre fourchue ; mais
il est plus long , divisé en huit segmens , et qui sont couverts
chacun d'un petit bouclier demi-orbiculaire , échancré pos-
térieurement. Ce naturaliste fait, en outre, mention d'un
élytre simple , ou comme formé de deux élytres réunis , qui
commence au quatrième segment , recouvre un ou deux
44.i S C U
de ces segmens , et sous lequel sont des ailes étroiles et sim-
ples. Ces derniers caractères sont bien propres à nous dérou-
ler , et dans le cas qu'il n'y eût pas d'erreur , cet insecte ne
seroit pas plus une scolopendre qu'une scutigère ; il dcvroit
former un genre , qui seroit le plus anomale de tous ceux
que nous connoissons. Mais , trompé probablement par
quelque illusion optique , ce naturaliste a désigné sous de
fausses dénominations tjuelques parties de cet animal, ou
peut-être a-t-il cru en apercevoir qui n'exislent pas. Tou-
jours est-il constant que les caractères antérieurs ne convien-
nent à aucune scolopendre , mais bien aux scutigères. Cet
insecte avoit été observé en Espagne , et notre scutigère ara-
vJoïde ou la cermatie rayée , d'IUiger , synonyme de la scolo-
pendre à vint^tliuit pattes de (ieoffroy , s'y trouve aussi. M.
le comte de Hoffmansegg l'a encore observée en Hongrie.
Elle a la forme de la scolopendre la plus commune de notre
pays , celle que Linnseus a nommée iorficata ( V. Lithobie );
mais elle est moins aplatie , et s'en éloigne d'ailleurs essen-
tiellement sous plusieurs points de vue.
Le corps des scutigères est presque cylindrique, long,
moins déprimé que celui des scolopendres, un peu rétréci
en pointe à son extrémité postérieure et un peu plus large
au bout opposé , le diamètre transversal de la tête étant un
peu plus grand. Cette partie est presque carrée , avec les
angles postérieurs obtus, et son extrémité antérieure un peu
avancée et arrondie ; les yeux sont un peu élevés , presque
orbiculaires et à facettes très-nombreuses -, les antennes sont
insérées au-devant d'eux, sélacécs , presque aussi longues
que le corps, et composées d'une multitude de petits articles ;
les palpes maxillaires sont salllans , filiformes et épineux ; les
pieds-mâcboires extérieurs , ou les crochets, \p'ont paru pro-
portionnellement plus longs et plus courbes que ceux des sco-
lopendres ; les deux divisions de la fausse lèvre , comprise
entre eux, ont leur bord supérieur entier et garni d'épines.
Je renvoie , pour les autres détails de la bouche , au recueil
des Mémoires sur les animaux sans vertèbres de M. de
Savigny , où les organes sont représentés avec cette exac-
titude scrupuleuse qui dislingue éminemment toutes les
cbscrvations de ce naturaliste. \u en dessous, le corps
présente , dans sa ligne médiane , une série de quinze petites
lames ou demi-segmens , presque carrées, un peu plus
étroites au bord postérieur, qui est arrondi à ses angles et
foiiilenient échancré dans son milieu ; de chaque côté de
chacune de ces lames , sous leurs bords latéraux , est insérée
une patte; ainsi chaque demi-segment en porte une paire,
de sorte que le nombre total de ces organes du mouvement
s C U 44â
iést de trente, et non de vingt-huit. Ces insectes sont ainsi
plus rapprochés des lilhobies que des scolopendres proprement
dites.
Le dessus du corps est recouvert longiludlnalement par une
suite de huit autres plaques , plus épaisses, formant autant
de petits houcliers ou écussons , presque carrés , un peu ca*-»
renés dans le milieu de leur longueur, avec le bord postérieur
arrondi aux angles, échancré au milieu, et offrant, dans le si-
nus , une petite fissure élevée sur ses bords , en manière de
lèvre , représentant une espèce de stigmate. Ces fissurea»
sont, en effet , destinées au passage du lluide nécessaire à la
respiration. Celle de la dernière plaque, ainsi que son échan-
crare est moins sensible ; cette plaque est la plus petite
de toutes ; la quatrième est presque une fois plus longue que
les autres, et a été désignée par Linneeus sous le nom dV/j-
tre. Comme il la distingue ainsi des autres , le nombre des
plaques n'est, dans sa suppulaiion , que de sept ; l'étendue
de la dernière correspondant exactement à la cinquième pla-
que ventrale , cet anneau du corps n'est censé avoir qu'une
paire de pattes , tandis que les précédens en portent une de
plus.
Ainsi les scutigères , par les divisions supérieures de leur
corps et le nombre des pattes , sont des iules , tandis que par la
face opposée et d'après les mêmes rapports, elles sont des sco-
lopendres. Un segment anal, venant immédiatement à la suite
des précédens, termise le corps; il est composé de deux petites
valvules , formant , par leur courbure et leur réunion , un
tube très-court qui renferme cinq appendices , dont trois su-
périeurs, très-petits , peusaillans , simples, presque triangu-
laires, et dont les deux autres inférieurs, beaucoup plus longs,
saillans , un peu relevés , et contigus paraJlèlement dans leur
portion inférieare;ils sont composés de trois articles, dont les
deux derniers beaucoup plus grêles que le radical; le troisième
ou le terminal finit en pointe , et présente l'apparence d'une
épine. Je n'ai pu vérifier si ces parties sont communes à tous
les individus ; peut- être ne sont elles propres qu'à l'un des
sexes. Les plaques du corps , tant supérieures qu'inférieures,
et les tégumens delà tête, sont d'une consistance un peu co-
riace et qui garantit les parties plus foibles.
Les pattes diffèrent essentiellement parleur composition,
les coudes qu'elles forment , et leur longueur , de celles des
scolopendres ^ et se rapprochent, à cet égard , des pattes dei
faucheurs. Elles tiennent au corps par deux articles corres-
pondans à la hanche , et dont le second très-court ; viennent
ensuite deux autres articles plus gros que les suivans (le pre-
mier surtout ) , allongés , formaiU un angle à leur point as.
4/^6 S C U
réunion, et qui représentent la cuisse. Une quatrième
pièce, plus allongée que la précédente , mais plus menue,
sera dès-lors la jambe , ou du moins son second article, dans
la supposition que l'article précédent , dont la forme est
également plus cylindrique que celle du troisième , en fasse
pïirtie. Enfin ces pâlies sont terminées par un tarse plus grêle
que la jambe, beaucoup plus long, sélacé, composé d'un très-
grand nombre d'aiticles , susceptible de se contourner un
peu en spirale, finissant insensiblement en pointe, avec un on-
gle petit et simple au bout. Ce tarse est garni de petits poils
qui, vus à son exlrémité inférieure, sont réunis en très-pelits
faisceaux ; le preujier a'rlicle est le plus long de tous, et les
deux derniers sont Irès-courls; ceux de la cuisse et de la jambe
sont généralement cylindriques , mais un peu comprimés ,
avec des arêtes longitudinales et des piquans assez forts à
leur exlrémité ; les six dernières paires de pattes, et surtout
les deux postérieures, sont brusquement plus longues que les
précédentes ; ces organes sont très -caducs, et rarement
saisit -on l'animal sans qu'il en perde un certain nombre. Il
se tient, pendant le jour, dans les greniers ou les lieux peu
fréquentés des maisons , le plus souvent entre les poutres ,
les vieilles planches , quelquefois sous les pierres , et ne se
montre que la nuit. On le voit alors courir sur les murs ,
avec une grande vitesse , et y chercher sa nourriture qui con-
siste en insectes , cloportes , etc. ; il les pique avec les cro-
chets de sa bouche ; le venin qu'ils distillent dans la plaie, agit
très-promptement sur ces petits animaux , ainsi que je m'en
suis assuré par plusieurs expériences. C'est principalement
dans les temps pluvieux que les scutigères paroissent en plus
grand nombre. Les habitans de la Hongrie, au rapport d'il-
liger, les redoutent beaucoup.
J'avois d'abord rapporté Vîule aranédîde de Pallas , SpiciL
Zool. , fasc. 9. , tab. 4 , fig- 16 , à notre scutigère de France,
ou la scolopendre à vingt huit pattes de Geoffroy ; mais je pense
aujourd'hui que ce sont deux espèces. L'insecte de Pallas,
qui avoit été pris en mer, sur des fucus, par un de ses amis,
est gris, avec deux bandes noirâtres et longitudinales sur le
dos. Notre scutigère , que je nommerai dorénavant avec
lUiger , Rayée , tineata , est d'un jaunâtre roussàtre ou cou-
leur de cire , avec trois lignes dun noir bleuâtre sur le
dessus du corps , dont une au milieu , et les deux autres
latérales; les paltes ont aussi des bandes transverses de
cette couleur. Cette espèce est d'ailleurs plus petite que
celle de Pallas , à laquelle je conserverai la dénomination
d'ARANÉOÏDE , araneoïdes.
La scolopendre loiigîcorne de Fabriciu:* est encore une
s C Y 447
scutigère. Le dessus de son corps est brun , avec une ligne
roussâtre. On la trouve aux Grandes-Indes.
M. Léach a figuré , dans le troisième volume de ses Me'-
langes de Zoologie , pi. i36, une quatrième espèce, qu'il
appelle cermatia Iwida, parce que telle est sa teinte géné-
rale. Les pattes sont jaunâtres. On la trouve à Madère ,
dans les maisons.
L'Ile-de-France nous offre une autre espèce {virescens')
très-voisine de la précédente. Son corps est d'un verdâtre
obscur , avec les pieds plus pâles.
Péron et M. Lesueur ont apporté de leur voyage aux
Terres-Australes, une autre sculigère , dont le corps est
entièrement brun, (l.)
SCUTULE , Scutiila. Genre de plantes établi par Lou-
reiro dans l'octandrie monogynie et dans la famille des
myrtes. Il offre ponr caractères: un cajice tronqué, ouvert,
scutiforme , charnu, coloré, garni intérieurement de huit
cellules ; une corolle de cinq pétales connivens, insérés au
bord du calice ; huit étamines ; un ovaire supérieur à style
filiforme , stigmate simple; une baie à huit loges monosper-
mes , formée par le calice qui s'est accru.
Ce genre renferme deux espèces, qui sont des arbustes de
la Cochinchine , à feuilles opposées et à fleurs réunies sur
des pédoncules connivens et presque terminaux. Leurs fruits
sont astringens. (b.)
SCUTUS. Denys-de-Montfort donne ce nom au genre
qu'il appelle , en français , Pavojs, (desm.)
SCYDMÈNE, Scydmœnus, Latr., Schon. , Gyllenh. ;
Anthicus^ Fab.; Pselaphiis ^ l'^jg- ? Payk. Genre d'insectes
de l'ordre des coléoptères, section des pentamèrcs, famille
des clavicornes, tribu des palpeurs, qui diffère du genre
mastlge , de la même tribu , par les caractères suivans : an-
tennes presque droites ou peu coudées, sensiblement plus
grosses vers leur extrémité ; palpes maxillaires ayant leur
troisième article fort grand , et le suivant ou le dernier
aciculaire, peu distinct.
Ces insectes sont très-petits , et ressemblent à des psé~
laphes ; mais ils s'en éloignent par leyrs tarses composés de
cinq articles, et parleurs élytres qui recouvrent entièrement
l'abdomen ; ils ont aussi des rapports avec les plines. On les
trouve à terre, sous les pierres ou dans le sable, en France ,
en Allemagne, etc.
On en connoît trois espèces.
ScYDMÈNE d'Hellwig , Scydmœiius Hellivigli ; Anlhkus
HellwigH, Fab.; NoVrxus mîraitus, Panz. , Faun. insecl. Germ.y
fasc. 23, tab. 5. Il est d'un brun marron, luisant, un peu
^48 S C Y
pubescent; les antennes se terminent brusquement par trob
articles plus gros et formant presque la massue; le corselet
est presque globuleux , avec quelques petites impressions
postérieures ; les élytres sont presque lisses.
ScYDMÈNE HIRTICOLLE, Sddmœnus hirticoUis ^ Gyll.; Psela-
phiis hiriicoUin ^ lUig- ? Payk. Il est noir, luisant, un peu
velu , particulièrement sur le corselet; les quatre derniers
articles des antennes sont plus gros ; le corselet est plus
étroit en devant ; les élytres sont lisses.
ScYDMÈNE DE GoDART, Scydmtznus Gudarii^ Latr, , Gêner.
Crust et Insect. , tom. i, tab. 8 , fig. 6 ; S. minutas^ Gyll. ; An^
iichus minutiis ^ Fab. Cette espèce est noire, ou d'un brun
très-foncé. Le quatrième article des palpes maxillaires est
apparent ; les antennes sont insensiblement plus grosses vers
leur extrémité; le corselet est en forme de carré long, ré-
tréci postérieurement; les élytres ont des points enfoncés,
assez distincts.
J'ai dédie cette espèce à mon ami Godart, ancien pro-
viseur du lycée de Bonn, rédacteur de l'article papillon de
l'Encyclopédie métbodique , et l'un des meilleurs de cet
ouvrage, (i,.)
SCYDMÉNIDES, Scydmœnidea. Nom donné par M.
Léach à une petite famille d'insectes coléoptères , qu'il place
immédiatement à la suite de cefle des psélaphidès. Celle-ci
fait le passage de la précédente à celle des staphylinidés.
V. les articles Palpeurs et Psélaphe. (l.)
SCYLIORHlNj^cj^/Zo/^/rti/s. Sous-genre établi parBlain-
ville aux dépens des Squales.
Le Squale roussette lui sert de type, (b.)
SCYLLARE, Scyllarus^ Fab. ; Cancer ^ Linn, Nom donné
par Aristote au crustacé que l'on croyoit être le gardien de
la pinne marine, ;>m«o/?/rj/«a; , et appliqué par Fabricius à un
genre de crustacés, de Tordre des décapodes, famille des
macroures, tribu des homards.
Ces crustacés, que l'on nomme sur nos côtes de la Médi-
terranée cigales de mer, forment un genre très-naturel et bien
caractérisé. Leurs antennes latérales sont dépourvues de ce
filet sétacé et pluriarliculé qui les termine dans les autres
crustacés décapodes; leur pédoncule se présente, en avant
du corselet, sous la forme d'un grand feuillet presque ovale ,
ordinairement dentelé et velu sur ses bords , et imitant une
sorte de crête. Il est composé de quatre articles dilatés laté-
ralement, aplatis, en forme d'écaillés, et dont le second
et le dernier très-grands : celui-ci a la figure d'un triangle
renversé, avec la base ou le bord terminal, arqué et ar-
rondi; le troisième est beaucoup plus petit, et renfermé au
s ^ ^ ^'9
cAté extérieur, entre le précédent et le second ; celui-ci est
un peu échancré pour le recevoir. Les antennes mitoyennes
sont rapprochées au milieu de l'extrémité antérieure du test,
semblables aux mêmes des brachyures, mais avec un pédon-
cule bien plus long. 11 est composé de cinq articles , la plu-
part cylindriques , et terminé par deux petits appendices ,
dont le supérieur un peu plus long , en cône allongé ,
pluriarticulé , et dont l'inférieur plus court , mais plus
gros , presque ovoïde , très - finement strié transversale-
ment, finissant brusquement en une pointe divisée en
{petits articles. Le côté supérieur forme , avant cette
pointe, une gouttière garnie d'une double frange de cils.
Ces antennes intermédiaires sont plus longues que les laté-
rales, avancées, mais en faisant un coude à l'extrémité du
second article et à celle du quatrième. Le dessus du test est
ordinairement raboteux^ et quelquefois anguleux ou garni
d'une multitude d'impressions qui représentent une apparence
de sculpture. Le corselet est presque carré, un peu plus large
en devant, avec deux fossettes arrondies ou ovales , une de
chaque côté , le plus souvent situées près des angles anté-
rieurs,et destinées à loger lesyeux.Ces organes sont ainsi très-
écartés l'un de l'autre ; ils sont posés sur un pédicule assez
gros, mais très-court. Les nageoires qui terminent la queue
sont crustacées à leur base, et demi-membraneuses ensuite.
Les pattes sont courtes, et leurs points d'insertion forment
deux lignes qui divergent de devant en arrière, de sorte que
rintervaile pectoral, compris entre elles, forme un triangle
allongé. Si l'on en excepte les femelles, où l'avant-dernier
article des deux pattes postérieures se prolonge à l'angle
inférieur de son extrémité, en manière de dent ou de doigt,
les pattes des scyllares sont adactyles et sans pince 5 leur
tarse, ou le dernier article, est conique comprimé , et finit
en une pointe très-aiguè' et un peu courbée en crochet; elles
ont toutes la même forme , mais les deux premières sont plus
grosses; vers le milieu de leur longueur, elles se replient in-
térieurement en faisant un coude, et dans une direction
oblique, de manière que leur écart forme un^angle aigu :
leur troisième article est grand et canaliculé le long de sa
face interne , pour recevoir le côté correspondant des deus
articles précédens ; les tarses de ces pattes sont ainsi rap-
prochés l'un de l'autre , immédiatement au-dessus du ster-
num , dont l'extrémité supérieure est même fourchue dans
quelques-uns. Les deux pieds-mâchoires extérieurs , abstrac-
tion faite despalpes flagelliformes, ressemblent aux deuxpattes
antérieures, et sont pareillement courbés en dedans, mais appli-
qués l'un contre l'autre dans loatc leur étcnJac, La longacm
ixx.
'■'J
45a set
des pattes, à partir de la seconde paire, diminue graduelle J,
ment. Le dessous de la queue n'offre , dans les deux sexes,'
que huit appendices , quatre de côlé ; ils sont petits et cou-
chés transversalement sur le dessous des anneaux. Ils sont
composés, dans les deux sexes, d'une lame membraneuse
presque en forme de spatule ou elliptique , bordée de cils ,"
portée sur un article court et servant de pédoncule. Cette
lame est double aux deux premiers appendices du mâle , et
peut-être aussi aux autres. La femelle diffère sous ce rapport
de l'autre sexe, en ce que ces appendices sont accompagnés
d'un filet membraneux, long, de trois articles , cilié ou velu
au bout , et servant à retenir les œufs. Nous avons vu plus
haut que les individus de ce sexe étoient encore distingués
des mâles à raison de leurs pattes postérieures -, qui sont
terminées en une petite pince didactyle , Tavant-dernier
article s'avançant en manière de doigt sous le suivant. M.
Léach, ne sachant pas que cette différence fût purement
sexuelle, l'a employée dans les caractères de son genre ibacus.
Les scyllares, dit M. Risso, sont assez communs dans nos
mers, et ne se plaisent, le plus souvent, que dans les terrains
argileux, à demi-noyés, où ils creusent des tanières un peu
obliques, de la grandeur de leur corps, pour y établir leur
demeure. Quand ils sortent pour aller à la recherche de
leur nourriture , ils préfèrent de parcourir les endroits où
règne le plus de calm^ dans les eaux , et ils y restent même
pendant le jour, en se cachant sous les pierres. La natation
de ces crustacés s'exécute par bonds; elle est aussi bruyante
que celle des palinures. Les scyllares s'approchent, pendant
la saison de leurs amours, des endroits tapissés d'ulves et de
fucus. Il paroît que les femelles n'abandonnent leurs œufs
qu'après qu'ils sont développés. Sous le point de vue d'uti-
lité économique, le scyllare oriental est celui dont la chair
égale , par sa bonté, celle des meilleurs crustacés de la Mé-
diterranée. »
Les œufs sont d'un rouge vif.
I. Yeux situés près des angles antérieurs et latéraux du test; se-
cond article des pieds-mâchoires extérieurs sans divisions transperses
ni dentelures^ imitant une crête, le long de son côté extérieur, hes
Scyllares de M. fcéach.
A. Une pièce crustacée et avancée au milieu du front.
Scyllare large, Scyllarus latus, Latr. ; Scyllare oriental^
Bosc, pi. M, lo bis, 7, de cet ouvrage , la femelle ; Scyllare
oriental, Risso; Squille large ou orchetta, Rond., Hist. des
Poiss. , liv. 18 , chap. 5. Cette espèce est une des plus grandes
connues , et longue de près d'un pied. Le dessus de son test
s C Y 45t^
esttrès-chagriné ou tuberculeux, mais sans arêtes angulaires-
ses bords latéraux sont crénelés; le dernier article des anten-
nes extérieures est entier, ou presque entier. Ce scyllare est
très-voisfn de celui que Fabricius a nommé mistnilis. On le
trouve dans la Méditerranée. Gesner en a dpnné une bonne
figure, Hist. desAnim.^ tom. 3, pag. 1057.
Scyllare oriental, Scyllarus orientalis, Fab. ; Rumph, ;
Mus. , tab. 2 , fig. D ; Herbst. , Crust. , tab. 3.o , fig, i Long de
huit à neuf pouces ; corselet presque plane , sensiblement
plus large en devant, chargé de petits tubercules, garni de
duvet, avec une carène le long du milieu du dos, offrant
trois ou quatre petites épines; yeux tout-à-fail situés aux
angles antérieurs; la pièce frontale est hideniée en devant;
les antennes extérieures ont des dents grandes et peu nom-
breuses. Dans les mers des Indes orientales.
B. Point de pièce cruslacée et saillante au milieu du front.
Scyllare ours , Scyllarus ardus , Fab. ; Scyllare ours et
S cyllatv, petit ours , Bosc ; la Cigale de mer^ Piond., il^id^ liv. i5
chap. 6.; Herbst., Crust.., tab. 3o, fig. 3. Corselet graveleux,
avec trois arêtes; des dents aiguës sur les arêtes, au bord
antérieur et aux extréuiités antérieures des côtés ; antennes
extérieures très dentées et ciliées; une arête terminée en
pointe aiguë , sur leur second article; segmens delà queue
sculptés; les bords de leurs côtés entiers ou foiblement cré-
nelés. Très-commun dans la Méditerranée.
Le scyllare que je viens de décrire est bien certainement
la cigale de mer de Rondelet, le scyllarus ardus de Fabricius
et celui que j'ai donné comme tel dans mon Gênera. Crust. et
Insect. M. Risso cependant fait une espèce particulière de ce
crustacé de Rondelet, sous le nom de scyllare cigale^ et dit
qu'elle est distinguée de la précédente ou du S. ours, parce
que son corps est lisse et d'un rouge de corail. Il suffit de jeter
un simple coup d'œil sur la figure de Rondelet , pour se con-
vaincre que le corps de ce crustacé n'est nullement lisse. M.
Risso est d'ailleurs en contradiction avec lui-même, lorsqu'il
dit plus bas que son corselet est traversé par trois rangées de
pointes obtuses.
II. Yeux situés à peu de distance du milieu du front et de V origine
des antennes intermédiaires ; second article des pieds-mdvhoiies ex-
térieurs divisé par des lignes erfuncées et transverses ; son côté exté-
rieur dentelé en manière de crête. Les Ibacus de M. Léach.
Scyllare mcisÉ , Scyllarus incisus , Pérou; Ibacus Peronii^'
Léach , Zool. Mise. , tom. i, tab. 11 g. Cette espèce se rappro-
che , pour la forme et la grandeur, du S. oriental ;^ mais elle
452 s C Y
est très-distinguée par la position des yeux, les pieds-mâ-
choires extérieurs, dont le palpe flagelliforme est pourvu d'un
filet terminal et articulé , qui manque dans la plupart des
autres scyllares, et par les caractères propres au second ar-
ticle de ces pieds-mâchoires. Les bords latéraux du corselet
sont fortement dentés, et ont chacun, en devant, une entaille
très-profonde. Ce scyllare a été apporté des mers australa-
siennes par Péron et Lesueur.
Le scyllare antarctique de Fabricius a été figuré par Marc-
grave sous le nom brésilien de poti^uiquyixe. (l.).
SCYLLEE , Scyllea. Genre de mollusques nus , qui pré-
sente pourcaractères:uncorpsgélatineux et demi-transparent,
comprimé latéralement , se terminant en pointe aux deux
bouis , creusé d'un sillon en dessous ; une tête fort petite ,
pourvue en avant d'une bouche et de deux tentacules très-
larges et très-minces; sur chaque côté deux ailes minces, et
sur la queue une crête de même nature. Ces trois derniers
organes , ainsi que le dos , sont parsemés de houppes , de
filamens , qui sont des branchies ; l'anus latéral.
Cegenre, établi par Linnseus sur un animal précédemment
observé par Séba , étoit mal caractérisé. Cuvier l'a fixé le
premier , de manière à ne pouvoir plus le mécounoître, dans
le trente-sixième cahier des Anna/es du Muséum.
J'avois cru , d'après la phrase de Linnseus , que l'animal
que j'ai décrit sous le nom de Scyllée , dans mon Histoire
naturelle des vers f faisant suite au Buffon , édition de Deter-
ville , ainsi que dans la première édition de ce dictionnaire ,
devoit lui être réuni ; mais Cuvier prouve indubitablement
qu'il doit former un genre voisin , qu'il est le même que celui
appelé Glaucus par Forster et Blumenbach , le duris
radiata de Gmelin,etc. Je le restitue dans cet article au véri-
table animal de Linnseus. V. au mot Glaucus.
On trouve la scyllée pélasgigue àsius la plupart des mers des
pays chauds. Osbeck l'a décrite dans son Voyage à la Chine.
Forskaël a figuré , planche CC. 34 de ses Icônes^ un individu
provenant <cle la mer Rouge. Elle nage sur la surface de la
mer lorsqu'elle est calme , et se fixe aux varecs nageans ,
qui en couvrent quelquefois des espaces considérables par
le moyen du sillon indiqué , lorsqu'elle est agitée. Dans
ce dernier cas , elle relève ses lames latérales. Cuvier Ta
figurée dans ces deux positions. Il en donne une savante
anatomie , dont les caractères les plus saillans sont : deux
mâchoires tranchantes et qui se recouvrent ; un estomac
cylindrique renfermant douze lames longitudinales , écail-
leuses, très-dures, tranchantes comme un couteau.
Je dois jouter que les tentacules sont doubles à leur ex-
s G Y 453
trémilé , et que dans la duplîcatiire il y a un tubercule sail-
lant. Toutes ces parties peuvent changer de forme^ au gré de
l'animal.
Ce genre se rapproche , au reste , beaucoup des Trito-
KIES. (B.)
SCYLLION. L'un des noms anciens du limonium de^
Grecs, d'après Menlzel. (ln.)
SCYLLIUM. Nom latin, donné par M. Cuvier au sous-
genre de Squales, qui renferme les Roussettes, (desm.)
SCYMNUS. M. Cuvier donne ce nom latin au sous-
genre des Leiches parmi les Squales, (desm.)
SCYNOPOULLOS. En grec moderne , c'est la Grive
draine, (v.)
SCYPHIPHORE , ScyphipJionts. Genre de plantes cryp-
togames , de la famille des algues , établi par Ventenataux
dépens des Lichens de Linneeus. Il offre pour caractères :
une croûte écailleuse ou foliacée , produisant des tiges pres-
que simples et dilatées à leur sommet en forme d'entonnoir ,
dont les bords sont souvent tuberculifères. Il renferme les
lichens de la division àts scyphifères du botaniste suédois, c'est-
à-dire , les lichens pyxidate , coccifère , frangé , etc.
Ce genre, réuni à ceux appelés Cladonie et Hélopodie ,
constitue celui nommé Cénomyce. (b.)
SCtPHOFILIX , Scyphofilix. Fougère de Madagascar ,
que Dupetit-Thouars regarde comme le type d'un genre qui
auroit pour caractères": fructification recouverte d'une enve-
loppe en forme de cupule ; des capsules en anneau.
Cette fougère , dont les feuilles sont surdécomposées, pa-
roît se rapprocher des Doradilles. (b.)
SCYRRIA. Les Africains donnoient anciennement ce
nom à Vaneihum des Latins , c'est-à-dire , à I'Aneth. (ln.)
SCYTALE , Scytale. Genre de reptiles de la famille des
Serpens , dont les caractères consistent à avoir ; le dessous
du corps et de la queue garni d'une suite de plaques ou de
bandes transversales; des crochets à venin; la queue nue.
Ce genre a été établi par Latreille, dans son Histoire natu-
relle des Reptiles , faisant suite au Buffoig. , édition de Deter-
ville , pour placer ceux des Boas, de Linnaeus , qui ont de»
crochets à venin ; ainsi, il a, avec eux , les mêmes rapports
que les Vipères ont avec les Couleuvres; c'est-à-dire, qu'il
n'en diffère que par les attributs dangereux.
Depuis, Daudln a fait à leurs dépens le genre Lachesis.
Le genre Bongare , du même naturaliste , se rapproche
infiniment de celui-ci.
Les scytales font très-bien le passage entre les Boas et les
Crotales. Il ne leur manque que des sonnettes au bout de la
queue , pour être placés aa nombre des seconds.
m s C Y
Comme on avoit confondu les sryiales avec les loas ou avec
les crotales , on n'a point sur eux d'observations qu'on puisse
dire convenir à toutes les espèces. Je suis donc obligé de me
réduire à la description des espèces. Au reste , il y a lieu de
croire que leurs mœurs ne diffèrent pas beaucoup de celles
des vipères.
Latreille, dans Touvrage précité , compte cinq espèces de
scy taies ; savoir :
Le ScYïALE A GROIN , Boa contortrix , Linn. Il a la tête
arrondie en dessus ; le museau relevé et terminé par une
grande écaille ; cent cinquante plaques ventrales , eî quarante
caudales. Il a un à deux pieds de longueur au plus ; sa cou-
leur est d'un brun roussâlre , avec des taches noires nom-
breuses, qui forment deux lignes sur le dos et la queue, alter-
ïiativement maculées de jaune et de noir. Il se trouve dans la
Caroline.
Le ScYTALE A TÊTE PLATE a la tête aplatie ; le museau
formant avec elle un angle droit , et terminé par une grande
écaille. Il a cent trente-six plaques ventrales , et quarante-six
caudales ; sa longueur est près de quatre pieds ; sa couleur
est brune sur le dos , verdâtre sur les côtés , et blanchâtre
sous le ventre, avec trente fascies noires qui se perdent dans
la couleur du dos et du ventre , et la queue noire ; ses écail-
les sont relevées en carène , avec deux points Iransparens à
leur base. 11 se trouve en Caroline , où il a été tué par moi ,
à la fin de l'été. Je l'avois cru être le précédent, avec lequel
"al a de très-grands rapports ; mais il a été reconnu différent
par Latreille. Sa tête devient d'une largeur effrayante lors-
qu'il est en colère, et sa mâchoire est armée de deux crochets
à venin, redoutables par leur grandeur. Cette têle a neuf
grandes écailles à sa partie antérieure. Ce reptile m'a para
devoir être plus dangereux que le serpent à sonnettes.
Le ScYTALE A CHAÎNE , Crotalus mutus , Linn. , a sur le dos
des taches noires , rhomboïdales , réunies les unes aux au-
tres. Ses plaques ventrales sont au nombre de deux cents
dix-sept , et ses plaques caudales au nombre de trente-quatre.
Il se trouve à Surina«i. Cette espèce est très-grande , et d'un
aspect effrayant. C'est le type du genre Lachesis de Daudin,
Le ScYTALE piscivoiRE est brun en dessus , avec des fas-
cies transversales jaunes sur les côtés; sa queue est terminée
par une corne longue d'un demi-pouce. On le trouve en Ca-
roline , où il porte , dit Catesby , le nom de serpent à son-
nettes, quoiqu'il n'ait pas de sonnettes à la queue. Il forme,
par la corne qui les remplace , parfaitement bien le passage
entre les scyioles et les crotales. Catesby rapporte que la corne
de sa queue passe pour aussi dangereuses que ses crochets ;
s C Y '455
ï[u'elle pouvoit également donner la mort , et que même ,
lorsqu'elle perçoit l'écorce d'un jeune arbre, il sefanoit dans
le même instant , et mouroit peu après.
Ce srytale a cinq à six pieds de longueur. Il est très-agile et
très-adroit à prendre le poisson dont il fait sa principale
nourriture. On le voit souvent l'été , étendu autour des
branches d'arbres qui pendent sur les rivières , et se jeter
avec rapidité sur les poissons qu'il aperçoit à la surface de
l'eau; les poursuivre, et les venir avaler sur le bord lorsqu'ils
sont d'un trop gros volume pour l'être aisément dans l'eau.
Il mange aussi des oiseaux, et se jette même , dit-on , sur les
hommes.
C'est peut-être à cette espèce que je dois rapporter un ser-
pent venimeux,d'un énorme volume, que je ne pus tuer, dans
un marais de la Caroline , qu'après un long combat ; combat
où j'ai couru un grand danger , à raison de la localité et de la
foiblesse de mon bâton , et dont je ne seroîs peut-être pas
sorti vainqueur, si on ne fût pas venu à mon secours. Ce ser-
pent fut porté chez moi ; maïs lorsque je rentrai pour l'exa-
miner , quelques heures après , il répandoit une si affreuse
infection , qu'à peine pus-je l'enlever de ma chambre. Il me
parut que c'étoit moins la décomposition de son corps ,
que celle de la masse de matières digérées qu'il avoit dans son
estomac et dans son ventre, qui en rendoit l'approche si
difficile. On ne peut pas se former une idée de la violence de
l'action de celte matière sur les sens. C'est un aikali volatil
concentré , uni à une odeur nauséabonde , impossible à dé-
finir comme à soutenir.
Le ScYTALE AMMODYTE a le corps cendré, avec de grandes
taches polygones brunes sur le dos ; la tête pourvue , de cha-
que côté , de raies noires; la queue tachetée de brun, et ter-
minée par une corne. Il se trouve à Ceylan. On en voit un
exemplaire au Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
On donne aussi le nom de scytale à une espèce du genre
Boa. (b.)
SGYTALIE, Scyialia. Nom donné par Gœrtner au genre
du Litchi, (b.)
SCYTHION. L'un des noms de la Réglisse , chez les
anciens. V. Glycyrrhiza. (ln.)
SCYTHROPS , Scytlirops , Lath. Genre de l'ordre des
oiseaux Sylvains, de la tribu des Zygodactyles , et de la
famille des Imberbes, V. ces mots. Caractères : bec plus long
que la tête , robuste , convexe en dessus , comprimé latéra-
lement, entier , crochu à sa pointe ; mandibule supérieure
sillonnée surles côtés; narines arrondies, bordées d'une mem-
brane , situées à la base et sur les bords du bec ; langue car-
456 S C Y
lilaçîneuse, épaisse à son origine, plaie, bifide à son extrémîlé^
orbites nues; ailes à penne bâtarde courte; la deuxième rémige
la plus longue de toutes ; dix reclrices ; quatre doigts , deux
devant , deux derrière ; les antérieurs réunis à leur base. Ce
genre , établi par Latbam , n est composé que d'une seule
espèce.
Le ScyJHROV^QOLRA-^^G, Scyihrops NûPce-Hollandiœ, Lalli.;
pi. M. 16 y 11.» 3 de ce dictionnaire. Il a la tête , le cou , le
dessous du corps , d'un gris cendré ; le dos , le dessus des
ailes, bleuâtres, et chaque plume terminée de noir; cette
teinte est plus foncée sur les pennes qui ont leur extrémité
noire ; les ailes pliées couvrent les trois quarts de la queue ;
cejle-ci est en forme de coin , et composée de dix pennes d'un
cendré-foncé , et frangées de blanc à leur extrémité , après
nne bande noire ; toutes, excepté les deux intermédiaires , ont
des raies transversales blanches, ainsi que les jambes, le bas-
ventre et les couvertures inférieures de la queue ; les pieds
n'ont que deux pouces du genou aux doigts ; ceux-ci sont de
la mênje longueur. Leur couleur est d'un noir-bleuâtre,
Cetoiseau habile la Nouvelle-Hollande, où il porte le nom
de goe-re-e-gan, dont j'ai fait par abréviation celui de gocrang.
îl paroît au port Jackson vers le mois d'octobre , el dis-
paroît en janvier ; l'on croit qu'il se relire et niche à la
Nouvelle -Galles du Sud. Sa nourriture favorite sont les
graines de certains arbres ( en anglais red-gan et peppcrmint),
II mange aussi les gros scarabées. Soit qu'il vole, soit qu'il se
repose , il étend souvent sa queue en éventail, et fait entendre
un cri fort , aigu , et vraiment effroyable , tel que celui du co(jf,
lorsqu'il aperçoit l'oiseau de proie. On ne voit ces oiseaux
que le matin et le soir, quelquefois au nombre de sept à huit,
mais plus souvent par paire ; leur apparition et leurs cris
sont , disent les natifs , un indice certain de vent ou d'orage.
D'un naturel sauvage et méchant , on ne peut les adoucir;
ils refusent toute nourriture, et pincent rudement ceux qui
les approchent. Cet oiseau est décrit dans l'édition de
Buffon, par Sonnini, sous le nom de perroquet-calao, (v.)
SCYTODE , Scylodes, Latr. , Walckenaër. Genre d'a-
rachnides , ordre des pulmonaires , famille des aranéides ,
tribu des inéquilèles ou des filandières , ayant pour caractè-
res : six yeux, disposés par paires, une de chaque côté , dans
une direction oblique , et dont les yeux sont continus ; la
troisième intermédiaire , antérieure , et dans une direction
transverse.
J'ai établi ce genre sur une petite espèce d'aranéide que
l'on trouve assez souvent à Paris , dans les armoires et
Its parties de nos maisons plus solilaire^^ ou moins visitées
M.i6
1 . Ftthvrit'/Ii' a Jjv/U ùlu/u- . 2. IWrujr/ic narcisse. ?» . Sci/throp,i\
s E A 457
que les autres. Je l'ai encore observée aux environs de Mar-
seille , sous des pierres. Son corselet est grand et très-bombé,
et c'est pour cette raison que je l'ai nommée Thoracique ,
ihoracica ( Gen. Crust. et Inseci. , tome 5 , page 58 , table 5 ,
figure 4-1 \^^alck. Histoire des aranéides, fasc. i , tab. 10,
fem. , et fasc. 2 , suppl. ).Elle est d'un rougeâlre pâle, ta-
cheté de noir ; le crochet des mandibules est très-petit; le
corselet offre deux lignes noires et opposées ; Tabdomen est
globuleux, avec des points noirs, disposés longltudinalemenl;
les pattes sont fines, avec des anneaux bruns.
Sa toile est grande, et composée de fils lâches et floUans.
Elle fait sa ponte en juillet ; son cocon est globuleux et
formé d'une soie compacte. Quelques individus passent
l'hiver dans quelques retraites qu'ils se sont choisies, et se
montrent au commencement du printemps.
Mon ami M. Léon Dufour m'a envoyé d'Espagne un
aranéide qui , par le nombre et la disposition des yeux, pa-
roît appartenir au même genre , mais dont le corps a la
forme de ceux des théridions ; il est d'un brun roussâtre ou
livide , sans taches, (l.)
SCYTONÈME , Scytonema. Genre de plantes de la fa-
mille des algues, quatrième section ( les confervoïdes ) de
la nouvelle méthode d'Agardh. Il se compose de plusieurs
espèces de conferves {confeiva, Roth , Dissert.^., dont les fila-
mens sont continus, un peu coriaces , libres , non gélati-
neux , remplis d'organes annuliformes , transversaux et pa-
rallèles.
La ScYTONÈME COMOÏDES , figurée par Dillen, tab. 27,
sert de type à ce genre, (b.)
SDENTATO. C'est ainsi que Volta nomme un poisson
fossile de Monte-Bolca, qu'il rspporie au salmo ryprindides
de Bloch. (desm.)
SEAFORTHIE , Seaforlhia. Palmier de la Nouvelle-
Hollande, à feuilles plnnées, à folioles lacérées, qui , selon
R. Brown , constitue seul un genre fort voisin des Caryo-
TES , qui auroit pour caractères : fleurs polygames ; une
femelle placée entre deux hermaphrodites ; toutes com-
posées de trois pétales externes et de trois internes; des
étamines nombreuses; un ovaire surmonté de trois stigmates
obtus : une baie ovale à semences striées, (b.)
SEA - HEN. Nom anglais du Guillemot , dans la
province du Northumberland. (v.)
SEAL. Nom anglais des Phoques, (desm.)
SEALA. Adanson désigne ainsi le genre Pectis, L. (ln.)
SEA-SHORE. Les Américains qui habitent la Loui-
siçine donnent .ce nom au Jalropha sfimulosa, Mlch. ,
'458 S E B
dont Rafinesque fait un genre particulier , qu^l nomme
bhona. (ln.)
SEA SWALLO W. Nom anglais de la perdrix de mer au
Glaréole. V. ce mot. (v.)-
SEBA. Nom qui , chez les Daces , indiquoit le Sureau.
'V. Sambucus. (ln.)
SEBADILLO et SEBADILLÉ. Noms espagnols de la
Cévadille. (ln.)
SEBANAKH. Nom arabe de I'Epinard {spinacia olera-
cea^ Linn. ). (ln.)
SEBEE , Sebaea. Genre établi par R. Brown , pour
placer une plante de la Nouvelle-Hollande , que Lablllar-
dière avoit placée parmi les Geistianelles {exacum ovutum ).
Ses caractères sont : calice à quatre ou cinq divisions caré-
nées ou ailées ; corolle à quatre ou cinq divisions; étaniines
saillantes , recourbées après la fécondation ; capsule à bord
des valves rentrons et à placenta central, (b.)
SEBESTE. Fruit du Sébestier. V. ce mot. (s.)
SEBESTEN. Nom arabe du Sébestier sébeste.
De ce nom dérive celui de selestena , donné par C.
Bauhin au Sébestier myxa, et par Dillenius au Sebeste,
Ces deux plantes sont le type du genre cardia, L,, qu'Adanson
a préféré désigner par seleslen. V. Myxa. (ln.)
SÉBESTE NIERS. Famille de plantes dont les caractères
-consistent : en un calice à cinq divisions plus ou moins- pro-
fondes , ordinairement persistant; une corolle régulière;
ordinairement cinq élamines, rarement quatre; un ovaire
simple, ou bilobé , ou multiple; un péricarpe charnu ou
capsulaire , renfermant un petit nombre de semences dont
la membrane intérieure est un peu renllée, qui ont l'em-
bryon droit ; les cotylédons semi-cylindriques ou planes ,
rarement plissés ; la radicule souvent supérieure.
Les plantes de cette famille sont toutes exotiques , com-
munément arborescentes et frutescentes, rarement herba-
cées; leurs feuilles, qui sortent de boutons coniques dépourvus ,
d'écaillés, sont alternes, quelquefois rudes au toucher. Les
fleurs, ordinaireiuent terminales, affectent différentes dis-
positions.
Ventenat rapporte à cette famille , qui est la onzième de
la hultème classe de son Tableau du Règne végétal^ et dont les
caractères sont figurés pi. ij , n." 6i du même ouvrage , sept
genres sous deux divisions , savoir :
i.<^ Les sebesleniers qui ont une capsule : Hydrophylle et
Ellisie.
3." Les scbesleniers qui ont une baie ou un drupe : SÉBES-
s E B 1^9
TIER , CaBRILLET , VaRRONE , TOURNEFORTIE et ArGUSE.
Celte famille n'est pas reconnue par tous les botanistes,
qui continuent de placer les genres qu'elle contient parmi
les BORRAGINÉES. (B.)
SEBESTIER , Cordia. Genre de plantes de la penlandrie
monogynie et de la famille des sébesteniers , dont les carac-
tères consistent : en un calice tubuleux, denté à son sommet;
une corolle infundibuliforme , à limbe divisé en cinq parties,
quelquefois en quatre ou en huit ; cinq étamines , quelquefois
quatre ou huit ; un ovaire supérieur , à style deux fois bifide
et à quatre stigmates ; un péricarpe charnu , renfermant un
noyau à quatre loges et à quatre semences, dont deux ou trois
sont sujettes à avorter.
Ce genre , qui se rapproche beaucoup des Carmones de
Cavanilles , et aux dépens duquel on a établi le genre Pata-
gonule , renferme des arbres ou des arbrisseaux qui por-
tent des feuilles alternes, rudes au toucher, ordinairement
parsemées de quelques points blanchâtres; des fleurs dis-
posées en panicules ou en corymbes axillaires et terminaux ,
sujets à varier dans le nombre et la forjne des parties. On en
compte une trentaine d'espèces, dont les plus importantes à
connoître sont :
Le Sébestier mixa , qui a les feuilles ovales , glabres en
dessus ; les corymbes de (leurs latéraux , et le calice garni
de dix stries. Il croît en Egypte et sur la côte de Malabar.
C'est un petit arbre , dont les fleurs sont d'une odeur agréa-
ble , et dont les fruits sont bons à manger. On le cultive , ou
mieux on le plante à raison de ces deux avantages, autour
des maisons dans les pays où il croît.
Le Sébestier sébeste a les feuilles ovales- oblongues,
festonnées et rudes au toucher. Il se trouve dans les mêmes
pays que le précédent. Ses fleurs sont inodores , et ses fruits
se mangent. •
On fait une excellente glu avec les fruits de ces deux arbres,
en les pilant lorsqu'ils sont mûrs, et en les lavant dans de
l'eau. Le mucilage qui reste dans cette eau est très-propre à
guérir les tumeurs squirrheuses , et on en fait un grand usage
en Egypte. On le mêle avec du sucre et de la poudre de
réglisse , poiju' guérir les rhumes , la difficulté de respirer ,
dans la pleurésie , la péripncumonie , Tardeur d'urine , etc.
On le fait entrer dans les tisanes pectorales, adoucissantes
et humectantes. Ceux de ces fruits qu'on apporte en Europe,
sont sujets à être moisis ou altérés par les insectes. On doit ,
en conséquence , bien les examiner avant de les acheter.
Bruce , qui a observé cet arbre en Abyssinie , et qui l'a figuré
sous le nom de vantay , rapporte qu'il est regardé comme
46o S E B
sacre dans celte partie de l'Afrique , et qu'on le plante de-
vant toutes les maisons.
Le Sébestier a feuilles rondes a les feuilles presque
rondes, crénelées, rudes, et les pédoncules en corymbes
dichotomes. Il croît au Pérou , et est figuré pi. 148 de la
Flore de ce pays. 11 est fort différent du précédent. On em-
ploie la décoction de ses feuilles pour guérir les fluxiocs et
la jaunisse des yeux.
Le Sébestiekgéraschante a les feuilles lancéolées, ova-
les , rudes au toucher ; la panicule terminale , et le calice k
dix stries. Il se trouve à la Jamaïque , et sert de type à un
genre établi par Brown.
Le Sébestier collocque a les feuilles oblongues , ovales,
entières ; les fleurs en corymbe et le calice velu intérieure-
ment. Il se trouve à la Jamaïque , et comme le précédent , il
serl de type à un genre de Brown.
Le Sébestip:r patagonule est mentionné à rariicle Pa-
tagonule.
Vingt-six espèces de ce genre , la plupart nouvelles ,
sont décrites dans le troisième volume du bel ouvrage de
MM. Humboldt, Bonpland et Kunth , sur les plantes de
l'Amérique méridionale. (B.)
SEBIFÈRE, Sebifera. Grand arbre à feuilles alternes ,
péîiolées, ovales-oblonii^ues, très-entières, glabres, et à
fleurs portées sur des pédoncules rameux presque terminaux,
lequel forme , selon Loureiro , un genre dans la dioécie po-
^ lyadelphie.
Ce genre offre pour caractères : un calice à quatre folioles
presque rondes, concaves, velues et ouvertes; point de co-
rolle ; dans les fleurs mâles , environ cent étamines réunies
en dix faisceaux ; dans les fleurs femelles , environ dix ovaires
pédiceliés, à stigmate presque sesslle et entier; environ dix
baies globuleuses et monospermes.
Le sèhijère se trouve dans les forêts de la Chine et de la
Cochinchine. On emploie son bois , qui est uni et blanc , à
la construction des maisons ; on tire de ses feuilles , en les
écrasant dans de l'eau, une liqueur- visqueuse qui sert à
vernir et coller les objets exposés à Tair , et de ses fruits,
par expression, une grande quantité d'huile épaisse et blan-
che , semblable à de la cire ou à du suif , * dont on fait
00 munémentdeschandclles dans la contrée. Ces chandelles
brûlent bien , mais répandent une odeur qui n'est pas
agréable.
Jussieu a réuni ce genre au Litsée. (b.)
SEBIO. Nom de la plus grosse des Baleines qui vit
dans les mers du Japon, (b)
SEC 46i
SEBUM. V. Suif, (desm.)
SECACUL. F. aux mots Shécacul et Panais, (b.)
SECAL. r. Sacal. (ln.)
SEGALE. L'on croit que Pline a voulu désigner sous ce
nom notre seigle , que quelques auteurs rapportent a Vofyra
des anciens, qui paroît être une plante différente, c'est-à-
dire, l'ÉpEAUTRE. Le seigle n'étoil pas connu d;^s Egyptiens,
ni l'avoine, ni l'olyra. Selon Matthiole, le seigle étoil appelé,
de son temps , olyra en Italie , et c'est ce qui lui fait croire
que c'est l'olyra des anciens , bien que Pline ait traité sépa-
rément de V olyra et du secale.
Que le secale des Latins soit notre seigle, c'est probable ;
et ce que Pline en a écrit est applicable au seigle.
Pline , après avoir fait remarquer que le fenu-grec vient
presque sans culture , dit : « Mais quant à ce qu'on nomme
secale ou farrago^ il a besoin d'être hersé. Dans les montagnes
de Turin on le nomme asia ; il est de mauvaise qualité et ne
peut servir qu'à apaiser la faim ; il est très-produclif , quoi-
que son chaume soit grêle ; il est d'une noirceur désagréable
et surtout pesant; on môle le /«r avec, pour en corriger
l'amertume; néanmoins 11 est toujours mauvais à l'estomac.
Il croît partout , et produit cent grains pour un ( pi. i8 ,
cap. i6 ), »
Dans les temps modernes , secale et rogga sont devenus les
noms latins du seigle; notre mol français dérive même du
iatin secale, moins altéré dans l'italien segale. V. Seigle,
Olyra , Siligo. (ln.)
SÉCALIS-MATEPi. On a donné autrefois ce nom, et
celui de secale luxuiians, à I'Ergot , fléau qui attaque le
seigle, (ln.)
SEC AMONE , Secarnone. Genre de plantes établi par R.
Brown aux dépens des Périploques de Linnseus. Ses carac-
tères sont : corolle en roue ; couronne des étamines de cinq
folioles , supportant vingt masses de pollen ; stigmates rap-
prochés par leur sommet ; deux follicules.
Le Péripi.oque émétique de Retz , et trois ou quatre
autres espèces de l'Inde et de la Nouvelle- Hollande, en-
trent dans ce genre. (B.)
SECHE , Sepia. Genre de vers mollusques nus , dont les
caractères sont : corps charnu, contenu dans un sac égale-
ment charnu , terminé en haut par deux tentacules et huit
bras verruqueux.
Le genre Cranchie de Léach se rapproche un peu de
celui-ci.
Les espèces de ce genre sont connues de tout temps, et
se trouvent dans toutes les mers. 11 y en a qui atteignent une
462 S E C
grandeur gigantesque. Ce fameux craken , que les marins da
Nord disent capable de faire chavirer un navire, ne paroît
être autre chose qu'une sèche. Les rapports des pêcheurs peu-
vent faire croire qu'il y a des sèches assez fortes pour pouvoir
prendre , avec leurs bras , un homme dans une chaloupe , et
l'entraîner au fond de la mer ; mais on pourra difficilement
se résoudre à croire qu'il s'en trouve qui puissent engloutir
un navire , etc. , etc.
Les sèches , qui paroissent difformes à ceux qui en voient
pour la première fois , sont ceux de tous les mollusques dont
l'organisation est la plus compliquée, la plus approchante de
de celle des poissons; aussi ont-elles été placées parCuvier et
Lamarck à la tête de leur classe. Elles ont la partie infé-
rieure du corps enveloppée d'un fourreau membraneux et
charnu, qui n'est autre que le manteau , \)rgane commun à
tous les vrais mollusques , mais dont les bords sont , chez
les sèches, réunis par-devant dans toute leur longueur, et
fermés par le bas , ce qui le transforme en un véritable
sac.
La partie supérieure des sèches présente une grosse tête ^
munie , sur les côtés , de deux gros yeux fort remarquables,
presque entièrement conformés comme ceux des animaux à
vertèbres , et qui voient aussi bien la nuit que le jour. Cette
tête est couronnée de huit bras coniques , pointus, un peu
comprimés sur les côtés, et garnis, en leur surface interne ,
de plusieurs rangées de verrues concaves, qui leur servent à
s'attacher au corps des animaux qu'elles veulent saisir , et
qui agissent comme des ventouses en faisant le vide. La plu-
part des espèces, outre ces huit bras, en ont encore deux
autres beaucoup plus longs, et hors de rang -, ces bras sont
comme pédoncules, puisqu'ils sont nus dans la plus grande
partie de leur longueur , et dilatés et garnis de ventouses
seulement vers leur sommet. Ils servent aux sèches à saisir
leur proie, et ensuite à se fixer sur les rochers, pendant
qu'elles la retiennent avec les autres et sont occupées à la
manger. Tous ces bras sont susceptibles de se dilater dans
tous les sens , et de prendre toutes les positions imagi-
nables.
Au centre des bras , sur le sommet même de la tête , est
la bouche , dont l'orifice circulaire , membraneux , et plus
ou moins frangé, présente, dans son intérieur, deux mâ-
choires dures, cornées, semblables, pour la forme ou la
substance , à un bec de perroquet , auquel Rondelet les a
justement comparées. Ces mâchoires sont crochues et s'em-
boîtent l'une dans l'autre. On observe dans leur cavité une
langue épaisse , épineuse , d'une organisation très-compU-
s E C 463
quée, comme on peut le voir dans Swammerdam , qui en a
donné une description analomique très-exacte. C'est avec
cette arme redoula'ole que la sèche dévore les poissons, les
crabes, même les coquillages qu'elle achève de broyer dans
son estomac musculeux, qui ressemble presque à un gésier
d'oiseau.
Les sèches ont un cerveau très-petit , renfermé dans une
boîte cartilagineuse , et leur circulation s'effectue par le
moyen de trois cœurs. Celui du milieu , qui est le principal ,
et qui est placé vers le fond du sac , pousse le sang dans
tout le corps p.ar les artères. Ce sang revient dans la veine
cave , qui se partage en deux branches, pour le porter dans
les deux autres cœurs placés sur les côtés, et qui chacun le
poussent dans les branchies, d'où il revient ensuite dans le
cœur du milieu. Cette conformation très-singulière éloit
connue , mais elle a été mise dans un nouveau jour par les
dissections de Cuvier.
Dans le ventre , près les cœurs, est une vessie qui ren-
ferme une liqueur très-noire , à laquelle on donne le nonri
à^! encre de la sèche. Cette liqueur , qui est évacuée par un pe-
tit canal qui aboutit à l'anus , sert à la sèche à obscurcir
l'eau lorsqu'elle se voit poursuivie par un ennemi , et par-
là à lui échapper. Quelques espèces l'ont odorante, mus-
quée.
La plupart des sèches ont , sur le cAté de leur corps , deux
espèces de nageoires membraneuses, plus ou moins larges ,
qui s'étendent tout le long du sac qui ï^s porte , et qui leur
servent à nager et à se diriger. Toutes ont une espèce d'os
plane en dedans de leur corps, plus ou moins grand, plus
ou moins calcaire. 11 est, dans la sèche officinale, ovale , un
peu épais dans son milieu, aminci et tranchant sur les
bords, opaque, très-léger, spongieux, friable, blanchâtre
et composé, selon la remarque de Cuvier, de lames minces
dans les intervalles desquelles sont une multitude de petites
colonnes creuses, perpendiculaires à ces lames. Il est, dans
la sèche octopode , cartilagineux et à peine visible, d'après
la remarque du même anatomisle. Les autres espèces l'ont
corné.
Les verrues concaves dont les bras de toutes ces sèches
sont garnis , varient non-seulement par leur nombre et leur
grandeur , mais encore par leur conformation. Dans la sèche
officinale , le bord interne de ces verrues est muni d'un an-
neau cartilagineux et même corné , dont le bord extérieur
est armé de dents nombreuses , au moyen desquelles la ven-
touse se cramponne aux corps sur lesquels l'animal l'ap-
plique. Dans les espèces à huit bras, sans tentacules, telles
464 SEC
que la sèche ociopode , chaque ventouse présente un mame-
lon à double cavité , et ouvert en soucoupe. La première ca-
vité, ou l'antérieure, offre un limbe concave , rayonné par
des plis en étoile. Au fond de ce limbe , on voit une cavité
intérieure, arrondie, entourée par un rebord annulaire,
saillant et crénelé. Dans toutes les espèces , ces ventouses
sont plus petites à la pointe qu'à la base , et croissent en
grandeur avec Tanimal : les bras sont susceptibles de repous-
ser lorsqu'ils ont été coupés ; mais les nouveaux sont plus
foibles que les autres.
Les sèches ne sont pas hermaphrodites, comme la plupart
des autres mollusques -, elles ont des sexes séparés sur des
individus dlfférens. Les femelles font des œufs mous, réunis
et disposés en grappe , comme des raisins. Ils augmentent en
grosseur par l'effet du développement du fétus, et leurs formes
varient selon les espèces.
Un grand nombre de poissons se nourrissent de sèches ;
les baleines mêmes, ne les dédaignent point, et on est presque
assuré aujourd'hui que I'Ambre gris ( V. ce mot) est le ré-
sultat de la digestion, par ce cétacé , des sèches musquées ;
c'est-à-dire que la baleine , après avoir digéré les parties
membraneuses ou charnues , rejette , soit par le haut , soit
par le bas, une matière résineuse indigestible, probablement
faisant partie constituante de l'encre des sèches.
Il y a tout lieu de croire que l'encre dont se servent habi-
tuellement les Chinois , et dont on nous apporte de grandes
quantités pour l'usage des dessinateurs , est fournie par une
espèce de sèche. J'ai avancé qu'à raison de son odeur mus-
quée, la sèche que j'ai décrite dans les Actes de la Société
d'Hist. nat. de Paris , sous le nom de sepia rugosa , et que La-
marck a confondue avec une autre espèce qu'il a appelée
sepia granulaia , pouvoit cire celle qui la donnoit. Mais De-
nys-de-Monlforl assure que les seules sèches à os celluleux
ont de la liqueur noire , et que celles des sèches à corps pri-
vés d'os , ou Poulpes ( V. ce mot!) , n'ont qu'une liqueur
brune , liqueur que les habilans de l'Inde recueillent égale-
ment , et dont on se sert quelquefois à Paris dans la peinture
en détrempe.
Toutes les espèces de sèches se mangent ; mais elles pas-
sent pour être coriaces, d'assez mauvais goût, et difficiles à
digérer ; la plus délicate est la sèche sépiole. Elles étoient
beaucoup plus estimées des anciens , comme on le voit dans
Athénée , liv. 4-
L'os de la sèche officinale est recherché pour polir les
corps peu durs, et pour niellre dans les cages des petits oi-
seaux, afin qu'ils y usent ou aiguisent leur bec. On emploie
SEC 465
aussi ces os en médecine ; mais ils n'y présentent pas d'autre
indication que celle de la craie la plus commune. On dit
qu'on fait aussi usage de la liqueur noire de cette même
espèce dans quelques maladies.
Lamarck a divisé les sèches en trois genres, savoir : SÈCHE,,
Poulpe et Calmar. Cuvierles subdivise en trois sous-gen-
res, et de plus les Poulpls en deux , en en séparant , avec
Aristote,les Eleodotns. Rafinesque a encore fait à ses dépens
son genre Ocythoé.
Pline, Aldrovande, Lîster, d'Argenville, Bruguière, etc.»
avoient émis l'opinion que les animaux des Argonautes et
des Nautiles étoient des sèches ; d'autres naturalistes ont
soutenu qu'ils étoient parasites de ces coquilles. J'ai penché
pour cette dernière opinion, dans mon Histoire des coquil-
les , faisant suite au Buffon , édition de Deterville ; mais ayant
été vivement attaqué sur ce doute par Denys-de-Monlforl,quï
m'a paru avoir fortifié sespreuves denouvellesconsidéralions,
je suis revenu à la manière de penser des premiers. Aujour-
d'hui, Blainville , Cranchet Léach affirment qu'il résulte de
leurs observations que la sèche est véritablement parasite.
J'ai vu, à différentes fois , des centaines d'argonautes voguer
sur la surface de la mer, dans les jours de calme, pendant
ma traversée de France en Amérique , et j'ai pu observer la
manœuvre de leurs habitans à une très-petite distance du
navire , à trois ou quatre toises par exemple , mais il ne m'a
pas été possible d'en prendre un seul. Ceux que j'ai possédés
avoient été pris dans l'estomac d'un Coryphène dorade, et
c'est d'après eux que j'ai composé la figure qu'on voit pi. B.
20., n.° 7.
Le même Denys-de-Montfort soutient également que les
animaux qui construisent les coquilles des Helenides, des
Arachides, des THEMÉoNESet des Discolites, sont aussi des
sèches viva'it en société , et construisant leurs coquilles en
commun. V. Polypier.
L'opinion de Blainville est que les sèches déposent leurs
œufs ou dans les cavités des rochers , ou dans celles des co-
quilles univalves.
Les espèces de sèches connues sont au nombre de vingt ,
parmi lesquelles il faut principalement remarquer:
La Sèche officinale, qui a le corps uni des deux côtés et
d'une seule couleur brune rougeâtre , et les bras pédoncules,
irès-longs. Elle se trouve dans les mers d'Europe.
La Sèche calmar, Sepi'aloligo, L. , quia les ailes demi-
rhomboïdales, et le bord du sac à trois lobes. Elle se trouve
dans les mers d'Europe. C'est le type du genre Calmar de
Lamarck.
XXX. 3o
^66 S E G
On avoit confondu plusieurs espèces sous ce nom; De-
nys-de-l\Iontfort les a distinguées dans son ouvrage précité,
auquel on renvoie , ces espèces étant trop rares pour être
mentionnées ici.
La Sèche truitée, qui a le corps uni des deux côtés et de
couleur grise rougeâtre , variée de brun de diverses nuances;
les bras pédoncules , courts. Elle vient des mers des Indes-
Orientales. Elle se rapproche beaucoup de la précédente ;
mais en les comparant , la différence est très-sensible.
La Sèche pélagienne, qui est conique et a les ailes parfai-
meht rhomboïdales. Je Tai trouvée en pleine mer, dans
l'estomac d'une dorade , et Tai décrite dans l'Histoire des
vers, faisant suite au Buffon, édition de Delerville. C'est
dans I'Argonaute qu'elle se tient. V. sa fig. pi. P. 18.
La Sèche noire, Sepiu tUnicata , Gm. , qui est noire, avec
des ailes demi-circulaires, et le corps enveloppé dans un ré-
seau membraneux et transparent. Elle se trouve dans les mers
du Chili. Cette espèce est fort extraordinaire , et demande
encore à être étudiée; car Denys-de-Montfort n'a fait que
rjenlrevolr, et son dessin paroîl fait de réminiscence.
La Sèche sepiole, dont l'extrémité du corps est obtuse ,
et les ailes presque rondes. Elle se trouve dans les mers d'Eu-
rope.
La Sèche OCTOPODE , dont le corps est arrondi, et qui
n'a ni bras pédoncules ni ailes. Elle se trouve dans les mers
d'Europe. C'est le poulpe commun , le type du genre de ce
nom, le polype d'Aristote. Ses ventouses alternes sont sur
deux rangées, ce qui suffit, selon Cuvier, pour établir un
sous genre.
La Sèche musquée, dont le corps est allongé et uni, dont
les verrues sont sur un seul rang , et qui n'a point de bras pé-
doncules ni d'ailes. Elle est figurée dans les Mérn. de la Société
d'Histoire nal de Paris, pi. 2. Elle se trouve dans les mers
d'Europe , d'Asie et d'Afrique. C'est probablement elle qui
fournit aux baleines la matière de l'ambre gris. Leshabllans
des îles de la Grèce la font sécher pour la manger pendant
leur carême. Elle sert de type au genre Eleodon de Cuvier.
Arlstote l'a connue.
La Sèche rugueuse, qui a le corps couvert de tubercu-
les, qui n'a point de tentacules pédoncules, et dont les verrues
sont très-rapprochées. Je l'ai décrite et figurée^lans les Actes
delà Société d Hist. nat. de Paris, pi. 5. On la trouve sur les côtes
voisines du Sénégal. Elle avoit été confondue par Lamarck,
avec une autre espèce que Denys-de-Montfort a figurée sous
le nom de poidpe fraisé.
M. Rafmesque a observé, sur les côtes de Sicile, neuf c?^
SEC 467
pèces nouvelles de ce genre, confondues avec celles ci par
tous les auteurs. (B.)
SECîiE. Mouvement de flux et de reflux qu'éprouve le
lac de (jenève en certaines occasions. J'ai donné des détails
sur ce pîiénomène , au mot Lac. (pat.)
SÉCHE-TERRINE. Un des noms vulgaires de I'Engou-
LEVKNT. (V.)
SÈCHE-TRAPPE. C'est, en Bourgogne, I'Engoule^
VENT. F. ce mot. (v.)
SÈCHES FOSSILES. F. Os de Sèches fossiles.
(desm.)
SECHION , Sechium. Genre de plantes établi par Pierre
Browne et Schreber , pour séparer des SiCYOS une espèce
qui en diffère par le nombre des étamines des fleurs mâles ,
qui n'est que de trois , et par le style qui est à cinq divisions-
F. au mot SiCYOs.
On mange les fruits du sechion comme ceux de la To-
mate, c'est à-dire qu'ils servent à l'assaisonnement des mets.
Ce genre est nommé ChOcho par Adanson. (b.)
SECOUASCOU. Chevreuil de l'Amérique, selon de
Lery. (s.)
SECRÉTAIRE, Ophiotheres , Vieil!. ; Fidtur , Lath. ;
Falco , Gm. Genre de Tordre des oiseaux Échassiers et de
la famille des Uncirostres. F. ces mots. Caractères : bec
robuste , plus court que la tête , droit et garni d'une cire à
sa base , épais , comprimé latéralement , crochu vers le
bout de sa partie supérieure : narines oblongues, obliques,
ouvertes ; lorum et orbites glabres ; langue charnue , poin-
tue; bouche Irès-fendue ; sourcils saiilans ; gorge extensible ;
jambes et devant des talons emplumés; quatre doigts courts ,
verruqueus sous leurs phalanges; les antérieurs réunis à leur
base par une membranne ; les latéraux égaux ; le postérieur
court, articulé, un peu plus haut que les autres, et ne portant
à terre que sur le bout ; ailes armées de trois éperons obtus ,
les cinq premières rémiges les plus longues de toutes , et
presque égales entre elles.
Latham , comme on vient de le voir dans la synonymie ,
a rangé parmi les vautours l'espèce qui compose ce genre ,
et Gmelin en fait un falco , d'après L F. Miller. Illiger
l'isole sous le nom de gypogeranus , ainsi que M. Cuvier,
sous celui de messager ou. secrétaire ^ et la classe à la suite des
oiseaux de proie diurnes , d'après ses jambes entièrement
couvertes de plumes, son bec crochu et femki, ses sourcils
saiilans, et tous les détails de son anaiomie. Quant à moi.
^oS S E C
ï 'ai suivi l'exemple de plusieors naturalistes, en la plaçant
parmi les Échassiers, d'après la grande longueur de ses
tarses.
Le Secrétaire proprement dit, Ophio/heres crisfafus ,
Vieill. ; Vultur serpentnrius , Lath. ; Falco serpenlatius , G m. ;
pi. P. 17, fig. I de ce Dictionnaire. Cet oiseau, qu'on ne
trouve qu'au Cap de Bonne -Espérance , est remarquable
par ses longs pieds qui le rapprochent de la ^rog; par son bec
robuste, pareil à celui d'un oiseau de proie , par ses sourcils
formés d'un seul rang de cils noirs , longs de i5 à 16 lignes ,
placés très-près les uns des autres , élargis par la base et par
sa huppe , composée d'un double rang de plumes longues ,
dures , étroites à leur origine , placées vers le bas de l'oc-
ciput , deux à deux , à distances inégales, jusqu'aux deux tiers
du dessus du cou ; par ses ailes armées de trois proéminences
osseuses et arrondies; par la grandeur de sa bouche fendue
jusqu'aux yeux ; par la peau de sa gorge susceptible d'une
grande extension ; par l'ampleur considérable de son jabot,
et enfin par ses doigts gros , courts, et armés d'ongles crochus
et presque émoussés. La réunion de tous ces attributs fait
de cet oiseau, comme ditBuffon, un être mixte, extraordi-
naire, qu'on ce peut classer dans aucun groupe connu ; aussi
l'a-t-cn ,■ depuis peu , isolé génériquement.
Comme plusieurs i^cnî/a/res ont été vus vivans par M. Le-
vaillant , c'est d'après ce savant naturaliste que nous don-
nerons la description de leur plumage et de leurs habituiles.
Le Secrétaire a tout au plus trois pieds deux pouces de
hauteur ; la peau nue qui entoure le bec n'est pas rouge ,
comme dit Buffon, mais d'un jaune plus ou moins orangé ;
il peut hérisser à volonté l'espèce de crinière pendante sur
le derrière du cou ; la queue est très-étagée ; les deux
pennes du milieu sont du double plus longues que les deux
suivantes, et traînent à terre , pour peu qu'il les tienne obli-
quement.
Le mâle , dans son état parfait , a la tête , le cou , la
poitrine et tout le manteau , d'un gris bleuâtre ; les couver-
tures des ailes , dont les pennes sont noires , de la même
couleur, plus ou moins nuancées de brun roux; la gorge et
la poitrine nuancée de blanc , et les couvertures inférieures
de la queue , de roussâtre très-clair ; le bas-ventre d'un noir
mêlé et comme rayé de roux ou de blanc ; enfin d'un beau
noir, rayé imperceptiblement de brun sur les jambes; les
pennes de la queue sont noires en partie ; elles prennent
toujours plus de gris à mesure qu'elles s'allongent , et elles
sont terminées par du brun; les deux du milieu sont d'uR
gris bleuâtre , nuées de brun vers le bout qui est blanc , avec
une tache noire ; mais il arrii'e quelquefois que le blanc de
SEC 46a
l'extrémité disparoît entièrement par l'effet du frottçmen
que ces pennes éprouvent en traînant à terre.
La femelle diffère du mâle par sa couleur grise, mains
nuancée de brun ; par sa huppe moins longue et plus mâlée
<lè gris ; par les plumes de son ventre et de ses jambes qui.
ont un plus grand nombre de rayures brunes ou blanches ,
et enfin par moins de longueur dans les deux pennes du mi-
lieu de la queue.
Dans le premier âge , la couleur grise est nuancée d'une
forte teinte roussâtre ; chaque plunrie des jan^bes est terminée
par un liseré blanc , et le bas-ventre est entièrement de, cette
couleur; la huppe est courte et d'un gris roussâtre , et les
deux pennes du milieu de la queue ne sont pas plus longues,
que les autres ; on ne voit point de proéminences osseuses
des ailes ; elles ne sont pas même fort apparentes,dans l'oi-
seau adulte , et il faut soulevjer l'aile pour les sentir. Ce ne.
sont absolument que les apophyses du métacarpe.
A; ces descriptions très-détaillées d'oiseaux qui n'étoient;.
guère connus qu'en domesticité, Lievaillant ajoute quel(|ues,
détails sur leurs mœurs et leur genre de vie, qui doivent,
différer de ceux que nous devons à Querhoënt çt. Sonnerat,
puisqu'il les a observés dans leur étal sauyage.
L'amour excite , entre les mâles, des combats longs et
opiniâtres ; il se frappent palurellenaent de leur ailes , pour
se disputer une femelle , qui est toujouf-s le partage du
vainqueur. Ces oiseaux entrent en amour vers le mois de
j-uillet, construisent un nid en forme d'aire , plat comme
celui de Taigle , de trois pieds, de diamètre , et garni , en
dedans, de laine et de plumes; ils le placent dans le buisson
le plus haut et le plus touffu , et quelquefois sur de grands
arbres. Le même nid sert très-long-temps au même couple,
qui, comme les aigles, habite seul un domaine assez étendu j
la ponte est de deux ou trois œufs, blancs, pointillés des
roussâtre et de la forme de ceiix de l'oie , mais un peu moins
allongés. Les petits sont long-temps avant de prendre leur
essor ; ils ne peuvent même bien courir qu'à l'âge de quatre,
à cinq mois. £n revanche, lorsqu'ils ont pris tout leur
accroissement , ils courent d'une vitesse extrême ; quand ils.
$e voient poursuivis, ils préfèrent la course au vol , et ils font,
des pas d'une grandeur démesurée ; lorsque rien ne les
effraip , leur démarche est lente et grave ; lis sont défians et
rusés ; on les approche difficileinent; le mâle et la femelle
se séparent rarement ; ils se trouvent dans toutes les plaines
arides des environs du Cap, et parlicullèrement dan§ le
SwartUnd. On les rencontre aussi très-fréquemmeut suç
oute la côte de l'est, méiuc jusque chez les Gafres et dans
470 S E C
l'intérieur des terres ; ils sont plus rares à la côte occidentale,
et surtout vers le pays des Namaquois.
«Lorsque le secrétaire, dit de Querhoënt, rencontre ou
découvre un serpent , 11 l'attaque d'abord à coups d'aile,
pour le fatiguer ; il le saisit ensuite par la queue , l'enlève à
une grande hauteur en l'air, et le laisse retomber; ce qu'il
répète Jusqu'à ce que le serpent soit mort.... Lorsqu'on l'in-
quiète , il fait entendre un croassement sourd ; il n'est ni
dangereux ni méchant ; son naturel est doux. » Cet obser-
vateur en a vu vivre paisiblement, dans une basse-cour, au
milieu de la volaille ; on les nourrissoit de viande , et ils
étoient avides d'intestins et de boyaux qu'ils assujetlissoient
sous leurs pieds en les mangeant , comme ils eussent fait
d'un serpent. Ces oiseaux, armés comme les carnassiers,
n'ont rien de leur férocité ; leur bec n'est point pour eux
niîe arme offensive , ni môme défensive ; ils fuient au lieu
d'attaquer , évitent l'approche , et pour échapper à un en-
nemi même foible , on les voit faire des sauts de huit ou
neuf pieds de hauteur. Le secrétaire , pris jeune , s'appri-
voise facilement , s'habitue fort bien avec la volaille , et ne
lai fait aucun mal, si on a soin de ne pas le laisser jeûner;
mais s'il souffre de la faim , il fait sa proie des poulets et des
jeunes canards. D'un naturel doux et gai , il devient aisément
familier et paroît aimer la paix; car s'il voit quelque combat
parmi les animaux de basse-cour , il accourt aussitôt pour
les séparer. Aussi les habitans du Cap de Bonne-Espérance
en élèvent dans leurs basse-cours, pour y maintenir la paix
et y détruire les lézards , les serpens et les rats , qui souvent
s'y introduisent pour dévorer la volaille et les œufs.
Cet oiseau d'Afrique s'accommode assez bien du climat
d'Europe , car il a vécu dans quelques ménageries d'Angle-
terre et de Hollande, et on a observé que pour se re-
poser et dormir , il se couche à terre sur le ventre et la poi-
trine ; que pour manger à son aise , il s'accroupit sur ses
talons, et couché à moitié il avale ainsi sa nourriture; qu'il
tue, soit un poulet , soit un rat, en le frappant d'un violent
coup de pied et l'abattant du second. Il préfère les ani-
maux vivans à ceux qui sont morts, ce qui le distingue des
vautours , et la chair au poisson , ce qui l'éloigné des oiseaux
d'eau. Il mange aussi de petites tortues , qu'il avale tout
entières; après leur avoir brisé le crâne; il détruit une grande
quantité de sauterelles et d'autres insectes; il a un cri analo-
gue à celai de l'aigle , marche ordinairement à grands pas
de côté et d'autre , et long-temps , sans se ralentir ou s'ar-
rêter; ce qui apparemment lui a fait donner le nom de
messager^ VosMAER. Les Hollandais du Cap de iionne-Es-
s E C 47'
pérance l'ont appelé secrétaire^ au rapport de Levaillant ^
à cause de la touffe de plumes qu'il porle derrière la tête ,
atlendu qu'en Hollande , les gens de cabinet, quand ils sont
interrompus dans leurs écritures, passent leur plume dans
leur perruque, derrière l'oreille droite, ce qui a quelque
ressemblance avec la huppe de l'oiseau, (v.)
L'Oiseau a quatre ailes , figuré par le père Labbat ,
paroit devoir être rapporté à ce genre. (B.)
SÉCRÉTIONS. Chez les animaux à double système
nerveux et à squelette articulé ( ou les vertébrés) , le sang
est le fluide commun, duquel toutes les autres humeurs sem-
blent être extraites par sécrétion (ou séparation), au moyen
de certains appareils appelés glandes; ainsi, la salive , les
sucs gastrique et pancréatique, la bile, l'urine, les sucs mu-
queux qui abreuvent les cavités intestinales , qui lubréfient
les voies génitales; enfin le sperme , le lait, les sécrétions
particulières des glandes, poup le cérumen des oreilles ,
pour les larmes , pour le smegma du prépuce de l'homme
et du vagin de la femme ; it& substances oléagineuses odo-
rantes de Tiiiguen et de plusieurs autres parties du corps
chez les animaux ; les follicules du castor, du musc , delà
civeite , du lajacu, etc. ; toutes ces sécrétions et beaucoup
d'autres, sont tirées de la masse commune, par des glandes.
Il y a des humeurs sécrétées que la nature destine à servir
au corps, comme les sucs gastriques, le lait, la bile, etc.
On les appelle récrémens, tandis que les humeurs destinées à
être rejetées au dehors, comme supçrllues , l'urine, le
umcus nasal , le cérumen des oreilles , le smegma ou la
pommade odorante de certaines glandes de la peau , sont
des exnèmciis , ou des matières à excrétions.
Mais rien n'a plus embarrassé les physiologistes que l'ex-
plication du mode des sécrétions; car comment trouver les
élémens de tant de substances diverses dans un seul fluide ,
le sang ? Contient-il de la bile , du sperme , du lait , de
l'urine , de la salive tout faits .'' Les glandes ne seroient-elles
plus que des espèces de cribles, dont les pores, plus ou
moins étroits et diversement configurés, ne laisseroient filtrer
que certaines substances; ici du mucus; là, une cire, là,
une matière oléagineuse, etc. ? mais le sang ne peut contenir,
tout faits , tant de principes contradictoires , et qui se com-
batlroient mutuellement; il n'en peut contenir que les élé-
mens primitifs. Alors il y auroit donc un travail particulier,
une élaboration propre en chaque glande , pour transformer
le sang ou les humeurs qui y abouîissent, en telle ou telle suhs-
tance , ici en lait sucre , là en bile amère. Quel est donc ce
travailmystérieux?S'opère-t-ilpar une sorte de fermenlation,
%7^ SEC
comme nous voyons le vin doux se transformer en une
liqueur spiritueuse ou en vinaigre ? Mais , de plus , le travaii
des glandes n'est pas continuel ; il est subordonné à l'état de
la sensibilité nerveuse. Une mauvaise nouvelle tarit , sur-le-
champ , la mamelle d'une mère , ou transforme subitement
son lait en liquide nuisible au nourrisson. Il faut une excita-
tion amoureuse pour solliciter la sécrétion abondante du
sperme ; autrement l'appareil de cette sécrétion se refroidit
et se flétrit.Donc il existe une coopération nerveuse spéciale,
qui travaille les fluides qui se rendent aux glandes y et les
transforme en telle ou telle humeur. Que les glandes soient de
petites granulations spongieuses, comme le veut Malpighi,
ou que plutôt ce soient une infinité de tubes, comme l'a fait
voirRuysch; il n'en est pas moins nécessaire que cette coopé-
ration nerveuse ait lieu. Si l'on coupe , en effet , les nerfs qui
se rendent aux glandes , celles-ci ne peuvent plus rien sécré-
ter ; elles se flétrissent. C'est ainsi que l'âge tlélrit les ma-
melles de la femme.
Les insectes , quoique dépourvus de glandes, ont des tubes
pour des sécrétions particulières ; par exemple, pour la soie
dans le ver à soie , ou pour le venin chez les scorpions , les
abeilles , etc. , ou pour le sperme des mâles.
On peut dire aussi que les végétaux possèdent des tubes,
ou canaux, pour des sécrétions particulières ; ainsi la gom-
me , les résines, les huiles volatiles et divers sucs propres ,
sont sécrétés séparément dans différentes parties des arbres
ou des plantes. Il y a des glandules nectarifères , d'autres
pour les odeurs , pour les liquides vénéneux , comme dans
î'ortie , etc.
Le travail de l'oi^anisatîon animale ou végétale se com-
pose ainsi d'une multitude d'élaborations particulières, su-
bordonnées à une direction générale. V. Glande, (virey.)
SECURIDACA, Securidaca. Genre de plantes de la dia-
delphie octandrie, et de la famille des légumineuses, qui
présente pour caractères : un calice persistant à trois divi-
sions colorées , dont une supérieure et deux inférieures ; une
corolle papilionacée à étendard diphylle , oblong , droit,
un peu plus court que la carène avec laquelle il est conné à
sa base, à ailes planes, obtuses, grandes, très-ouvertes,
écartées, à carène entière, condupliquée , appendiculée à
son sommet , un peu plus grande que les ailes; huit ëtami-
nes réunies en un tube fendu en dessus ; un ovaire supérieur
oblong, surmonté d'un long style à stigmate dilaté , presque
denté ; un légume ovoïde, renflé et monosperme à sa base ,
terminé par une aile membraneuse, oblongue, obtuse, très-
grande ; la semence est oblongne.
s E D 47-^
Ce genre renferme des arbres de moyenne grandeur ou
des arbrisseaux grimpans, à feuilles alternes, simples, mu-
nies de stipules , à fleurs disposées en épis axillaires ou ter-
minaux. On en compte trois ou quatre espèces, dont lés
deux plus communes sont celle qui a la tige droite , et celle
qui a la tige voluble. Elles se trouvent l'une et l'autre à la
Jamaïque et dans les Antilles.
La dernière passe pour un des plus puissans antisyphiiî-
tiquesde nos colonies, (b.)
SECURIDACA. Le genre que Jacquin et Linnseus ont
nommé ainsi, est Vecasfnphyllum à' Adansov. Ce dernierna-
tnraliste conserve, \e securidaca de Tournefort, fondé sur le
roronilla securîdara ^ L. , appelé bonaveria par Scopoli et Nec-
ker , securigera par Decandolle ; et securitla par Persoon. Ce
genre diffère du coronilla par la forme aplatie , carrée et tran-
chante aux deux bouts de ses graines , qui par-là sont fort re-
marquables. Les botanistes qui ont précédé Tournefort,
ont appelé securidaca diverses espèces de Coronille, la
Pélécine, nn A.sTUAGALE, etc. F. Hedysarum. (ln.)
SECURIFERA. V. Porte-scie, (desm.)
SECURIGERA. V. Secl RioArA. (r.N.)
SECURILLA. V. Securidaca. (l?^.)
SECURINECA, Securinega. Genre établi par Jussicu
dans la dioécie monadelphie et dans la famille des euphor-
bes. Il a pour caractères : un calice divisé en cinq parties;
point de corolle; cinq étamines réunies et entourées d'une
couronne dans le mâle.
I^a seule espèce qui compose ce genre est un grand arbre
de rile-de France , où il est connu sous, le nom de ThÉSÉ ,
dont le bois est extrêmement dur. (B.)
SECUTES des Arabes. C'est une espèce d'AsTRAGALB
{astragaliis densifotius ^ Lamk.), selon Rauvvolfius. (ln.)
SEDAD des Arabes. C'est la Rue. (ln.)
SEDENEGI. Nom arabe du Grenadier, (lk.)
SEDENETTE. Nom vulgaire des Dauphins ou Souf-
fleurs en Saintonge, selon Sonnini. V. Sesedette. (desîî.)
SÉDENTAIRES. M. Walckcnaër donne ce nom ai.x
aranéidesqui se forment une toile, où elles se tiennent immo-
biles. Il les divise en Tubitèles, Orbiièles, Napitèles et
Retitèles, d'après la forme de cette toile, (desm.)
SEDROU Nom provençal du Cédrat, espèce de Ci-
THOM. (l/N.)
SEDU M. C'étoit, chez les Latins , le nom de la Joubarbe
DES TOITS {scmpewwum tedorum). On l'appeloil aussi scdum ,
sempewwum, sesiwium. Elle est la première espèce àe.s aizuon
de Pline çt de Dioscoride , dont nous traiterons au mot sem^
k-jl, s E G
pe.rvwum. Chez les botanistes actuels l'on nomme , avec Lin-
iiaeus , sedum , le genre des Orpitss. V. ce mot. Tournefort ,
qui l'avoit établi avant Linnœus, y rapportoit le sempervù'um,
-L., ou rentre l'ancien sedum, et il en avoit distrait quelques
espèces qu'il désigne parle nom collectif d'anacampseros. Tour-
nefort rapportoit à ce dernier genre le r/ioi/o/a que Decandolle
réunit au sedum. C'est parmi les sedum que Vaillant a placé
le genre tillœa. Les autres botanistes , contemporains de
Vaillant ou de Tournefort, ou leurs prédécesseurs, ont, du
reste, appliqué ce nom de sedum à nombre de plantes grasses
des genres sedum, saxifraga, cotylédon , crassula, sempervioum ,
reaumuria , et aussi à des plantes de genres très-dlfférens de
ceux que nous venons de citer; savoir : salsola, hupleorum ,
androsace, arel'ia , cherleria, stratiotes, chrysosplew'um, etc. (lt^.)
SKEERZ, des Allemands. C'est le Fer hydPiATÉ hm8-
NEUX. (lN.)
SEEI(;EL et SEEIGELSTEIN. Noms all'emands des
ECHINITJ'S. (LN.)
SEETAUCHER. Nom allemand du Plongeon, (v.)
SEETUF. Les Allemands désignent ainsi les concré-
tions calcaires qui se forment dans l'eau , sur les végétaux
et autres corps qui y sont plongés, (ln.)
SEFARGEL. Nom Arabe du Cognassier ( prunus cydo-
nia, Llnn.). (ln.)
SEGAIROL L'un des noms languedociens de la Cres-
serelle. (desm.)
SEGAL. Le Seigi-e en languedocien, (desm.)
SEGALA et SEGALE. Noms iialiens du Seigle, (ln.)
SEGE. C'est le Cyprin Dobui e. (b.)
SEGELSTEIN. L'un des noms allemands de la Pierre
d'AiMANT (feroxydulé aimantaire ). (ln.)
SEGESTRÏE, Segestda, Latr. , Walck. ; Aranea,Unn.,
Deg. , Ollv. , Rossi. (ienre d'arachnides, ordre des pulmo-
naires, famille des aranéides, tribu des tubitèles ou tapis-
sières , dont les caractères sont : mâchoires élargies au côté
extérieur, près de leur base, droites; six yeux, dont quatre
plus antérieurs, forment une ligne transverse , et les deux
autres situés, un de chaque côté, derrière les latéraux pré-
cédens; la première paire de pattes et la seconde ensuite les
plus longues de toutes ; la Iroislème la plus courte.
Des deux seules espèces connues qui composent ce genre,
lune d'elles , la ségestrie senoculée , avoit été décrite, depuis
long-temps, par Lister, et il avoit bien jugé qu'elle formolt
une division particulière (Cap. VI, de araneo llnieario, ano-
malo, swc sui generis, an senocu/oF). lu araignée des caves de Hom-
berg,MeAn. deVAcad, des Sciences, 1707 , m'a paru se rapporter
s E G 475
h la seconde espèce de ségestrie , celle qui est figurée par
Rossl, dans sa Faune de Toscane , sous le nom d'araignée
de Florence. Degéer, cependant , présume que celte araignée
de Homberg est la même que celle de Lisler, mentionnée
ci-dessus.
Ces aranéides sont nocturnes et font leur séjour dans les
fentes des vieux murs ou sous les écorces des arbres. >< Elles
filent , dit M. Walckenaër , des tubes allongés , cylindriques,
très-étroits , où elles se tiennent ayant en avant les six pattes
antérieures , dont les extrémités sont appuyées sur autant
de fils divergens , qui aboutissent au tube comme à un cen-
tre commun. »
Ce tube occupe l'intérieur de leur retraite et la tapisserie
qui s'étend circulairement tout autour de son entrée, embar-
rasse et arrête la marche des insectes, des cloportes et autres
petits animaux ; avertie par les mouvemens qu'ils impriment
à la toile , formant la tenture de son habitation , Taranéide
sort aussitôt, saisit sa proie et l'emporte au fond de sa grotte
où elle la dévore.
Degéer , Mem. , tom. 7 , p. 260 , nous a donné quelques
détails intéressans sur la ségestrie senoculée. « Les tenailles
de celle araignée, qu'elle tient Irès-élendues en avant, sont
extrêmement grosses, longues et massives, à proportion de
la grandeur du corps; munie d'instrumens si forts et si re-
doutables, il n'est pas étonnant qu'elle aille courage d'atta-
quer les plus grosses mouches , même les guêpes , comme
M. Homberg l'a observé , ajoutant que quand on la prend ,
elle se défend et mord l'instrument qui la tient. Elle est vive
et très-méchante ; dès qu'elle s'est saisie d'une mouche ou
autre insecte , elle ne lâche jamais prise ; je lui ai même vu
attaquer d'autres araignées avec fureur et les tuer. Elle n'est
point peureuse ; l'ayant enfermée dans un petit couvercle
de boîte, sur lequel j'avois placé un morceau de verre ,
pour pouvoir l'observer à mon aise, au travers du verre , je
lâchai auprès d'elle une mouche, qu'elle attaqua dans l'ins-
tant, et la suça sans s'embarrasser de la gêne où elle setrou-
voit dans le couvercle. M. Homberg a encore observé que
cette araignée résiste plus long-temps à la mort que rçlles des
autres espèces; qu'ayant été percée par le ventre , elle con-
tinue de vivre quelquefois plus de deux fois vingt-quatre heu-
res, au lieu que toutes les autres araignées, dit-il, meurent
promplement , qu.ind on leur a percé le ventre. «
« Cette araignée fai» sa demeure dans les cavités des vieux
murs et dans les fentes qui se trouvent dans les lambris des
fenêtres. Une araignée que j observai au mois d'avril, ayant
choisi une telle demeure , elle y avoit filé un long tuyau de
«76 S E G
soie blancl^ , à peu près cylindrique, ouvert par les deux
bouts , mais dont l'ouverture antérieure étoit surtout fort
grande; aux environs et tout près; de cette ouverture, elle
avoit tendu des fils de soie sur la fenêtre et sur le lambris ,
mais sans y mettre de régularité , pour que les insectes qui
s'approcheroient de son nid, s'y attachassent. J'ai vu une
grosse mouche bleue être prise dans ces fils , et dans
l'instant l'araignée sortit avec beaucoup de vitesse de la
grancie ouverture de son nid, et se saisit de la mouche. C'est
apparemment de ce tuyau de soie dont Lisler a voulu parler
quand il dit, qu'en hiver ces araignées se tiennent cachées
dans des toiles blanches. Notre araignée sait donc tapisser
l«s environs de sa demeure de plusieurs fils de soie , comme
M. Homberg l'a aussi remarqué; elle attaque les insectes qui
ont le malheur de s'y attacher, mais elle ne les enveloppe
point de soie ; elle les mord seulement et les retient forte-
ment de ses tenailles, ce qui les fait bientôt mourir. »
Les pattes du mâle sont beaucoup plus longues que celles
ie la femelle. Le cinquième article de ses palpes, auxquels
Degéer donne le nom de bras,est allongé , gros à son origine,
cylindrique et un peu courbé dans le reste de son étendue,
et se termine en pointe mousse. Tout près de son origine ,
en dessous et au côté intérieur, est attaché un corps de la
forme d'une petite bouteille, à col long et délié, et dont le
bout semblable à une queue, est courbé en manière de S?
il est écailleux, roussâtre, très-lisse, luisant, sans poils,
placi^ perpendiculairement au bras, et dirigé vers la tête ;
quand le palpe est à demi-courbé , sa longueur égale celle
des trois derniers articles des palpes, et les surpasse aussi en
grosseur. 11 pend à un col délié , sur lequel il est mobile,
mais qui n'est apparent que lorsqu'on cherche à éloigner ce
corps du bras. C'est dans l'intérieur de ce corps que sont
renfermées les parties sexuelles masculines. La ségestrie des
caves, mâle, offre à cet égard les mêmes particularités.
Ségestrie des caves , SegestHa c.eUarla ; Segestria perfida ,
"V^alck.; Aranea florentina, Ross., i^awn. e/ru.sc., tom. 2, p. i33,
tab. 9 , fig. 3. Corps long d'environ deux centimètres, velu ,
d'un noir tirant sur le gris de souris, avec les mandibules
▼crtes ou d'un bleu d'acier, et une suite détaches triangu-
laires, noires, le long du milieu du dos et de l'abdomen. En
Fr.Tnce et en Italie*
Ségestrie sénoculée , Segestria senoculata., Lalr. ; Walck.,
Hist. des yiran. , fasc. 5, tab. 7 , fig. i , la femelle ; fig. 2 et 4-»
le mâle; Aranea senoculata, Linn. , Deg. , Oliv; List., Aran.
lit. 22, fig. 24' De moitié plus petite que la précédente,
moins velue, cylindracée, brune, avec l'abdomen gris, et
s E î 477
ayatïl sur le dos ane bande trune , longitudinale «t découpée;
paltes d'un brun noir, avec des bandes plus obscures. JDans
touie l'Europe.
L'araignée senoculata de Fabricius est une espèce de tliéri-
dion. Cet auteur mentionne encore une aranéide à six yeux ,
celle qu'il nomme icopulorum ; mais elle m'est inconnue.
(L.)
SEGETELLA. Genre proposé par'Persoon et Desvaux,'
pour placer Valsine segeialis , qui n'a pas du tout le port des
autres plantes du genre alsine, et que Lamarck avoit réuni
à Varenaria. (lN.)
SEGETTEMAM. Nom donné, en Nubie, au Pourpier
(^portulaccaolerarea, 1j.), selon Browne. (ln.)
SÉGHIO, SEGHIOU, SIO, SEGHEL, SEGAL ou
SIAL. Différens noms du Seigle orditsaire ou Seigle
d'hiver, en Languedoc, (desm.)
SEGHIOL et SEGHIO. Autres noms du Seigle dan»
le même pays, (desm.)
SÈGLE. r. Seigle, (desm.)
SEGLER. Nom allemand des Martit^ets. (v.)
SEGU ASTER MAJOR. C'est, dans Rumphius , le
Caryote BRULANT {caryota urens). (ln.)
SEGUIERE , Seguîera. Arbre épineux de l'Amérique
méridionale, à feuilles alternes, pétiolées , elliptiques, émar-
ginées , à fleurs blanches et fétides , réunies en grappes, qui
forme un genre dans la polyandrie monogynie.
Ce genre a pour caractères : un calice divisé en 'cinq par-
ties; point de corolle ; un grand nombre d'étamines insérées
au réceptacle; un ovaire supérieur, surmonté d'un style sim-
ple; une capsule monosperme, terminée par une grande aile
et accompagnée latéralement par deux petites, (b.)
SEGUINE. Espèce de Gouet de la Martinique, qui
passe pour un puissant antisyphilitique, (b.)
SEHIME, Sehima. Genre de plantes établi par Forskaèl,
dans la polygamie triandrie et dans la famille des graminées.
11 a pour caractères : une balle calicinale de deux valves et
à deux fleurs , dont l'une est hermaphrodite et l'autre mâî,e;
une balle florale de deux valves aristées.
Ce genre ne contient qu'une espèce , qui se trouve en
Arabie. Il est fort voisin du Calamine de Falisot-de-Beau-
vois. (B.)
SEHU. Synonyme de Sureau, (b.)
SEHUNDA. Synonyme, dans Rhéede , du Seguaster
MAJOR, (b.)
SEIBA. V. Ceiba ou plutôt Fromager, (s.)
tïEICHE. Synonyme de Sèche {Sepia ). (b.)
47» S E I
SEID. Ancien nom du Gui dans le nord de l'Europe,
principalement en Danemarck. (b.)
SEIDENASÎjESÏ. Nom de I'Amiaisthe dans quelques
ouvrages allemands sur la minéralogie, (ln.)
SE1DENERZ des Allemands. Cest la Malachite, d'a-
près Reuss. (ltsi.)
SEIDENSCHWANZ. Nom allemand du Jaseur. (v.)
SEIDENSTEIN. Gmelin donne ce nom à I'Amianthe.
SEIFENERDE ( Terre savonneuse ). Ce nom est donné
par les Allemands à la Terre a foulon ou Smectite et a
la Stéatite, qui ont , au toucher, l'onctuosité du savon , ou
qui moussent dans l'eau, (ln.)
SEIFENGES TEIN. Les mineurs Allemands désignent
ainsi le Minerai d'étain retiré des terrains d'alluvion par le
lavage, (ln.)
SEIFENSTEIN. Nom allemand de la Stéatite et quel-
quefois de la terre à foulon ou argile à foulon, et de l'écume de
mer. (i.N.)
SEIFENTHON. Nom allemand de la Terre a foulon
ou Smectite. V. Argile a foulon, (ln.)
SEIGAC ou SAIGA. T. Antilope saïga, (desm.)
SEIGAR. Nom de la Noix muscade en Perse, (ln.)
SEIGESTEIN. Nom allemand du Grès a filtrer et
de toute pierre poreuse propre à filtrer, (ln.)
-SEIGLE, Secale , Linn. {triandrie digynie.^ Genre de
plantes à un seul cotylédon , de la famille des graminées ,
qui a des rapports avec lesfromens, et dans lequel les feuilles
sont alternes et engaînées à leur base , et les'fleurs disposées
en épis allongés et très-barbus. Sur chaque dent de l'axe de
l'épi est un seul calice formé de deux balles opposées et ren-
fermant deux fleurs ; chaque fleur particulière a deux valves
qui lui tiennent Heu de corolle ; l'intérieure est plane et lan-
céolée : Textérieure roide , renflée , aiguë, ciliée à ses bords
inférieurs, et terminée par une longue barbe ou arête. Entre
ces valves sont placées trois étamines à filets capillaires, et
dont les anthères, oblongues et fourchues, sortent hors de
la fleur : au centre est un ovaire supérieur , qui soutient
deux styles velus et réfléchis; la semence est oblongue, pres-
que cylindrique et un peu pointue ; elle mûrit dans la corolle
et s'en détache aisément.
On ne conno t que trois espèces deSEiGLES , dont le com-
mun, secale céréale ., Llnn, , est le seul digne d'attention.
Il paroît que les anciens faisoient peu de cas de ce grain;
car, excepté Pline, aucun auteur n'en a parlé avec quelques
détails : on ignore même le pays natal du seigle ; mais il est
cultivé aujourd'hui dans toute l'Europe, surtout dans les
s E I 479
pays froids et élevés ; les terrains légers où le fromenl a peu
<ie réussite, sont précisément ceux qui conviennent le mieux
à sa végétation.
On dislingue dans le seigle , comme dans le blé, différentes
nuances de qualité ; il y a des seigles d'hiver et des seigles de
mars ou printaniers; ceux-ci sont les plus usités dans les
cantons montagneux; mais la récolte, quoique favorisée par
la saison , est presque toujours médiocre , et le grain peu
abondant en farine, parla raison que celte variété demeure
trop peu de temps en terre : aussi la nomme-t-on communé-
menl le petit seigle, par opposition au seigle ordinaire, qui est
appelé gros seigle.
Les semailles de seigle demandent les précautions qu'on
observe pour les autres grains de la même famille; elles doi-
vent se faire de bonne heure, soit dans les cantons élevés,
soit dans les plaines, afin que la plante et ses racines aient le
temps de se fortifier avant l'apparition des gelées. On peut se
dispenser de chauler les semences, attendu qu'elles ne sont
passusceptibles d'être affectées, dès leur premier développe-
ment, de la carie, maladie contagieuse seulement pour le
froment; mais il est sujet à I'Ergot, champignon parasite du
genre des Sclerotes ( sderotium claous, Decand. ). Il faut un
froid assez considérable pour en suspendre la végétation;
mais une fois l'épi sorti du fourreau, il se gèle facilement.
La récolle et le battage sont absolument les mêmes que podr
le froment. Plus il reste en meule, et plus il se bonifie; ainsi
conservé jusqu'à la seconde année , le seigle est supérieur à
celui de la première.
La paille de seigle est longue, flexible; soignée dans le
battage , elle sert à attacher la vigne , les jeunes arbres, à faire
des liens, empailler des chaises, couvrir les habitations. Pour
rendre ces couvertures plus solides , plus unies , et les mettre
à l'abri du feu , on trempe la paille verticalement dans de la
terre glaise délayée, et après l'avoir placée , on fait un enduit
général avec la même terre.
Le seigle le plus estimé à Paris , est celui qui croît dans les
plaines de la Champagne. On doit le choisir clair, peu
allongé , gros . sec , pesant , absolument exempt à'ergot-, car
il a été reconnu par beaucoup d'agronomes, entre autres par
Tessier, que lusage du pain dans lequel il en entre en cer-
taine proportion , est fort dangereux; qu'il est la cause de la
gangrène sèche, maladie affreuse, à la'suite de laquelle les
parties saillantes du corps sont séparées les unes après le
autres par le plus petit effort.
Le seigle sert de nourriture aux habitans du Nord:
mais comme ce grain diffère du froment en ce qu'il
48o S E I
est plus abondant en matière extractive , moins riche en
amidon, et qu'il ne contient pas de substance glutineuse, les
procédés de meunerie et de boulangerie qu'on doit suivre
pour sa conversion en farine et en pain , doivent nécessaire-
meul un peu varier.
Avant de porter le seigle au moulin, il faut que ce grain
soit encore plus sec que le froment, parce que, naturelle-
naenl plus humide , il engrapperoit les meules et graisseroit
les bluteaux. Ainsi, trop nouveau ou récollé dans une saison
humide, il doit subir une dessiccation préalable; mais dans
tnus les cas il faut tenir les meules plus rapprochées, parce
qu'il ne s'échauffe pas autant que le blé , et que d'ailleurs on
ne fait ordinairement qu'un seul mélange.
Cependant, au moyen d une blulerie bien montée , le meu-
nier peut en retirer plusieurs espèces de farines , une blan-
t!ie et une bise , avec lesquelles on fait différentes qualités de
pain ; mais comme il a l'écorce assez épaisse , il fournil plus
de son et de farine bise que le froment.
Parfaitement moulue et blutée, la farine de seigle n'a pas
le coup d'œil jaunâtre de celle du froment; la matière qui
colore cette dernière n'y existe point , mais elle est douce au
toucher; sa couleur est d'un blanc jaunâtre et exhale une
odeur de violette qui caractérise sa bonté. Si on en fait une
l)Oulelte avec de l'eau , la pâle qui en résulte n'est ni longue,
ni tenace.
Pour préparer le levain du seigle, on doit employerla pâte,
mise en réserve, de la dernière fournée, et le délayer dans une
fontaine formée avec la cinquième partie de la farine destinée
au pétrissage : on rafraîchit ce levain en y ajoutant le double
de nouvelle farine que l'on renferme pareillement dans une
fontaine : ce levain doit être plus avancé que le levain de
tout point composé de farine de froment.
Le levain étant parvenu à son point d'apprêt, il convient
de songer au pétrissage; et toutes les parties de cette opé-
ration , doivent être conduites suivant les règles que nous
avons prescrites, excepté pour leau qu'il faut employer
moins froide , et tenir la pâte plus ferme , afin que la fer-
mentation s'établisse plus promplemenl , et qu'il en résulte
une pâte parfaitement levée.
Le sel, dont on peut se passer pour le pain de froment,
devient d'un usage indispensable dans celui de seigle , non
|)our ajouter à sa saveur , mais pour donner à la pâte de la
ténacité et de la viscosité , dont elle manque naturellement.
Aussitôt que la pâte est faite, on la pèse, on la tourne et
on la met dans des panetons, dont l'usage est indispensable
pour contenir cette pâle qui s'étend, et pour favoriser le
s E I 48i
mouvement de fermentation, qui, sans produire autant de
gonflement, s'opère cependant presque aussi vite ; il convient
donc de donner à la pâte de seigle moins d'apprêt qu'à celle
de froment, de l'exposer à l'air en été, et dans un lieu chaud
pendant l'hiver.
Lorsqu'il s'agit de mettre au four , il faut que la chaleur
saisisse sur-le-champ la pâle de seigle, parce que n'ayant pas
de glutinosité , elle tend plutôt à s'étaler qu'à gonfler; dès
que le pain a pris suffisamment de couleur, il est bon de lais-
ser le four débouché , afin que la cuisson s'achève par degrés,
que le pain se ressuie sans qu'il brûle : il doit demeurer plus
long-temps dans le four que le pain de froment, puisque ce
dernier durcit avec le temps , tandis que l'autre se ramollit.
Le pain de seigle tient le premier rang après le pain de
froment et de méteil ; il a un avantage qu'on ne peut lui con-
tester, c'est de rester frais long-temps sans presque rien perdre
de l'agrément qu'il a dans sa nouveauté ; avantage précieux
pour les habitans de la campagne , qui n'ont pas le temps de
cuire souvent. Ce pain savoureux porte avec lui un parfum
qui plaît à tout le monde , et si jusqu'à présent les préjugés
l'ont fait regarder comme lourd, indigeste et propre seulement
aux estomacs vigoureux, c'est quand il est dans un état mat ,
gras et peu cuit ; mais bien fabriqué, il se digère très-aisé-
ment.
Nous avons déjà manifesté le vœu que nous formions depuis
long-temps de voir le pain méteil devenir en France, même
dans nos cantons à blé, la subsistance principale des habitans
des campagnes. On sait que le seigle pur est l'aliment ordi-
naire de presque toutes les classes, et que dans le commerce
il y en a de différentes qualités.
Le seigle est encore d'un grand usage dans le nord pour
les bouilleries et les brûleries. Sa farine est la base du pain
d'épice. Trop abondant, à la vérité, en matière extractive
on ne sauroit en préparer un biscuit de mer bien conditionné
ni l'employer dans les amidoneries ; mais ce n'est pas seu-
lement pour la nourriture de l'homme qu'on cultive le seigle
îl est possible d'en faire des prairies momentanées, et d'en
obtenir au printemps un fourrage aussi abondant que salubre.
Cette ressource intéresse trop essentiellement l'économie
rurale , pour ne pas donner ici une idée des avantages qu'on
pourroit retirer de l'emploi des jachères, pour augm.enter
la masse de subsistance des bestiaux.
Si les anciens faisoient peu de cas du seigle comme grain
ils employoient beaucoup de terre à le cultiver comme four-
rage; c'est surtout pendant l'hiver, lorsque toute autre nour'
riture étoit interdite, que cette ressource devenoit précieuse-
XXX. ài
482 s i: I
Les champs ainsi semés n'en donnoient pas moins une bonne
récolte de grains, moyennant l'attention d'en retirer les ani-
maux dans le courant de mars. On les y laissoit jusqu'en
mai , lorsqu'on négiigeoit la récolte du grain.
Il seroit d'autant plus utile au cultivateur d'employer le
seigle-fourrage , que , faute de cette ressource , il est obligé
de tenir au sec ses bestiaux, non-seulement Thiver, mais
encore tout le printemps ; à cette époque, l'herbe est très-
courte, tandis que le seigle qui a atteint deux pieds et plus
de hauteur, fournit une nourriture succulente, la seule qui
puisse subvenir à la disette des fourrages verts au retour de
la belle saison.
Combien de motifs devroient engager à cette culture ! Le
seigle n'est point cher, un seul labour lui suffit. Les seules
précautions utiles pour celui qu'on destine à servir de four-
rage , sont de semer plus dru qu'à l'ordinaire , de rendre le
terrain bien uni avec la herse : il résiste aux hivers les plus
rigoureux, prospère sur toutes sortes de terrains; et fauché
avant la floraison, il n'a pas le temps de les épuiser. Il donne
le temps en outre de faire les labours suffisans pour les se-
mailles de froment. Enfin , on ne peut refuser au seigle-
fourrage d'être par sa propriété rafraîchissante une nourri-
ture salutaire aux bestiaux , et un remède aux inconvéniens
qui résultent d'un très-long usage du fourrage sec. Dans plu-
sieurs endroits de la ci-devant généralité de Paris, on cultive
avec un très-grand avantage le seigle -fourrage ; souvent on le
sème avec la vesce : cette pratique est excellente. Les plantes
sarmenteuses ont besoin d'un appui pour s'élever, et surtout
pour donner beaucoup de gousses et de graines. Lorsqu'on
les laisse ramper, ce n'est jamais qu'à l'extrémité que se trou-
vent leurs gousses ; les vrilles, ces espèces de mains que leur
a données la nature , indiquent le besoin qu'elles ont d'un
appui. Rien ne nous paroît donc plus propre à leur en servir
que le seigle.
Il existe une autre variété de seigle plus propre encore que
le seigle ordinaire pour remplir cet objet : on la connoît sous
le nom de seigle de saint Jean^ de seigle de Sibérie^ à' AUemugne^
iuNord^ etc. On en voit plusieurs champs très-considérables
dans quelques cantons d'Allemagne , et spécialement dans
le margraviat de Bade. Il se sème dans les premiers jours de
juin , ou les premiers de juillet ; on le fauche une première
fols en automne et une seconde au printemps , si on n'aime
mieux le faire paître par les troupeaux pendant l'hiver ; on
en relire les bestiaux à la fin de mars, et il donne une très-
belle récolte à la fin de juin.
On a fait en ijSS, dans les environs de Saint-Germain-
s E J 483
en-Laye, quelques essais de ce grain, qui ont eu le succès le
plus satisfaisant. Le résultat a été qu un champ semé 1026 juin,
fauché une première fois le i.^"^ septembre, une seconde fois le
28 septembre, a donné Tété suivant une récolte plus abon-
dante qu'un champ de seigle ordinaire, voisin du premier,
et qui a été semé en automne. La même expérience a eu
lieu, mais en petit, sur un terrain de seize pieds de long sur
quatre de largeur. Le seigle de saint Jean , semé le 9 juillet ,
a été coupé le 10 septembre suivant; il avoit de quinze à vingt
pouces de haut : le i4- septembre il a été coupé une seconde
fois ; il avoit de dix à douze pouces.
D'après des avantages aussi intéressans, on doit être cu-
rieux de savoir pourquoi cette variété de seigle n'est pas plus
répandue , pourquoi elle n'a pas banni partout le seigle ordi-
naire. Des informations prises en Allemagne , ont prouvé
que les motifs d'indifférence dépendoient de ce que ce grain
est généralement plus petit que le nôtre, que le temps de
semer est précisément celui où le cultivateur est occupé aux
travaux de la moisson ; qu'il est rare qu'à cette époque on
ait des terres préparées à recevoir ce grain; enfin que sa farine
étoit moins blanche , et le pain beaucoup moins bon que
celui du seigle ordinaire.
L'usage de semer des plantes dans un champ pour les en-
terrer ensuite à l'époque de la floraison et les faire servir
d'engrais, s'est perpétué jusqu'à nous. Pline parle d'une es-
pèce de seigle qui croissoit dans le Piémont, et qu'on semoit
exprès pour fumer les terres. Cette pratique mériteroit bien
d'être plus généralement adoptée, (parm.)
SEIGLE BATARD. C'est la Fétuque et le Brome, (b.)
SEIGLE DE LA SAINT-JEAN. Variété de Seigle.
(desm.)
SEIJONE. Variété de Haricot dont on fait une grande
consommation au Brésil, (b.)
SEILEM. Nom arabe des Ivraies, selon Avicenne cité
par Mentzel. (ln.)
SEILLETTE. Variété barbue de Fromeîît. (b.)
SEISEFUN. Nom de Velœagnus spinosa^ en Orient, selon
Rauwolfius. (ln.)
SEISENZINN des Allemands. C'est I'Etain oxydé gra-
NULIFORME. (LN.)
SEISOPYGIS. La Sittelle en Grec, selon quelques au-
teurs, (s.)
SEISSETO. Gros froment cultivé en Languedoc, et
qui est originaire de Sicile et de Barbarie, (desm.)
SEJÉ. Palmier des bords de rOrénoque , encore peu
m s E L
connu , qui paroît devoir former un genre. Son régime sup-
porte plus de huit mille fruits dont on tire du beurre, (b.)
SEJTUN. Nom de I'Olivier en Egypte, selon Forskaè'l.
(LN.)
SEKIKA. Genre établi par Moench sur le saxifraga sarmen-
iosa, L. , qui croît en Chine, et surtout au Japon, où il est
appelé sekika ou schkika, d'après Kaempfer. Celte plante
diffère des autres saxifrages par sa corolle composée de cinq
pétales, dont deux lancéolés et plus longs. (L^f,)
SEL. Le nom de sel n'apparlenoit originairement qu'à
la soude muriatée , ou muriate de soude , sel de cuisine, sel
marin ou sel gemme. 11 s'étendit ensuite à toutes les sub-
stances minérales dissolubles dans l'eau , et à quelques au-
tres préparations pharmaceutiques.
Aujourd'hui l'on donne le nom de sel à tous les composés
qui résultent de la combinaison d'un oxyde métallique, d'une
terre ou d'un alcali, avec un acide quelconque; et comme
les nouvelles découvertes de plusieurs célèbres chimistes
français et étrangers tendent à prouver que les terres et les
alcalis ne sont que des oxydes métalliques , on peut dire, en
généralisant la définition , qu'un sel est toujours le résultat
de la combinaison d'un oxyde avec un acide.
Celte combinaison est susceptible de varier dans ses pro-
portions , et produit des sels qui ont des propriétés diffé-
rentes : on les partage sous ce point de vue en trois classes.
Les sels neutres ;
Les sels acides ou sur-sels ;
Et les sels avec excès de bases ou sous-sels , ou sel-oxydes.
On peut dire en général que les sels neutres sont ceux qui
ne rougissent ni ne verdissent les teintures bleues végétales
(le sel marin); que les sels acides rougissent ces mêmes tein-
tures (l'alun); et que les sels oxydes les verdissent ( le borax )«
Pour qu'un métal se dissolve dans un acide , il faut indis-
pensablement qu'il passe au préalable à l'état d'oxyde; ce qui
s'opère souvent à mesure que la dissolution a lieu; mais l'on
a observé que la combinaison étoit d'autant plus aisée, que
le métal étoit oxydé d'une manière convenable; s'il l'est
trop, il s'approche de l'état acide et a peu de disposition à
s'unir à un autre acide. On remarque , en général, que le
protoxyde d'un métal a plus de tendance à se combiner avec
un acide que le deutoxyde , et que ce dernier en a encore
plus que le tritoxyde, etc. (i).
Si l'on suivoit la nouvelle nomenclature, à toute rigueur,
en ayant égard aux nouvelles découvertes, on seroit obligé,
(i) Thenard , IVaité de Chin»!*;, tom. 2 , pag. 232.
SEL 485
pour désigner la combinaison du fer à l'état de deutoxyde
avec un excès d'orlde sulfurique , d'employer l'expression
longue et incommode de sur-deulo-sulfate de fer; il en seroit
de même de la combinaison du deutoxyde de mercure avec
l'acide sulfurique , qu'il faudroit appeler deulo-sulfate-acide
de mercure. L'on dira simplement, avec M. Thénard, sul-
fate de fer, de potasse, de baryte, etc., au lieu de proto-
sulfate de barium, de potassium, etc.
On ne trouvera ici que les généralités qui sont propres
aux trois grandes familles des sels minéraux, végétaux et ani-
maux; que les caractères lesplussaillansde chacun desgenres,
et une simple énumération des espèces. On insistera davan-
tage sur les sels qui s'emploient dans les arts, la médecine
ou l'économie domestique.
On sait que toutes les fois qu'un sel résulte de la combinaison
d'un acide dont la terminaison est en eux, par suite de la
proportion d'oxygène qu'il renferme, le nom du sel se ter-
mine enite;
Que s'il doit son existence à un acide en igue, le sel se ter-
mine en aie.
Dans le langage minéralogique, le nom de l'acide se ter-
mine en té outèe , et suit le nom de la substance , exemple :
soude muriatée.
En général, tous les sels sont solides et cristallisables. Cette
faculté d'affecter des formes régulières se trouve très-détaillée
à l'article Théone de la CristaliisaUon. Toutes les fois que les
sels résultent de la combinaison d'un oxyde ou d'un acide
sans couleur, ils sont eux-mêmes incolores.
Quand ils sont dus à un oxyde coloré en excès et à un
acide incolore, ils sont eux-mêmes colorés; quand ils sont
neutres, ils sont souvent incolores.
Les acides nitreux et muriatique qui sont colorés, donnent
naissance à des sels qui ne le sont point; mais l'acide chro-
miqne produit des sels jaunes ou rougeâtres, à moins qu'il ne
soit en minorité , car les sous-sels produits par l'acide chro-
mique et un oxyde incolore , sont blancs.
L'odeur, la saveur, la pesanteur spécifique et la cohésion
des sels, sont extrêmement variables. On peut dire cependant
encore, que tous les sels insolubles dans l'eau n'ont point
de saveur , que tous ceux qui s'y dissolvent sont plus ou
moins sapldes; et l'on remarque généralement que c'est plu-
tôt la base ou Toxy.de qui intlue sur la saveur, que l'acide;
car on observe à peu près le même goût dans la série des sels
qui ont la même base ; tous les sels magnésiens sont amers,
tous ceux à base de glucine sont sucrés, etc.
Tous les sels , excepté le fluate acide de silice qui est ga-
486 S E L
zeux, sont spécifiquement plus pesans que l'eau, et ils aug-
inenleiit d'autant plus de pesanteur, qu'ils renferment da-
vantage d'oxyde. Néanmoins, lorsque 1 acide est métallique,
il influe à son tour sur la pesanteur spécifique du sel.
La cohésion des sels, ou cette propriété qui tend toujours
à s'opposer à leur désunion, est également très-variable;
mais elle joue un assez grand rôle dans leur histoire, en rai-
son de son influence sur leurs propriétés.
Tous les sels d'un même genre et au même état de satu-
ration, sont formés dune telle quantité d'acide et d'oxyde,
que la quantité d'acide est proportionnelle à la quantité
d'oxygène de l'oxyde.
II existe des sels qui sont solubles dars un poids d'eau
moindre que le leur, d'autres qui en exigent deux, trois,
quatre fois autant; d'autres quatre à cinq cents fois, et d'autres
enfin qui sont absolument insolubles.
Plus ils ont d'affinité pour l'eau, plus ils sont solubles;
plus ils ont de cohésion, moins ils sont solubles, et l'on peut
dire :
i.*' Que la solubilité d'un sel est subordonnée à la solubi-
lité de sa base ; c'est ainsi que tous les sels de potasse, de
soude et d'ammoniaque, quel que soit leur acide, sont tous
solubles , parce que ces trois bases le sont elles-mêmes avec
facilité, et que les acides sont généralement assez solubles;
2." Que tous les sur-sels sont dissolubles dans l'eau , quelle
que soit l'insolubilité de leur base.
3." Que tous les sous-sels sont plus ou moins insolubles.
Quant aux sels neutres dont les bases sont peu ou point
solubles, il n'y a point de règle générale à leur égard.
4." Les sels sont , en général , plus solubles à chaud qu'à
froid , ou du moins l'eau chaude hâte toujours leur solution.
Outre la quantité d'eau qui entre comme partie consti-
tuante des sels, et qu'on nomme eau de cristallisation , plu-
sieurs d'entre eux ont la propriété d'en enfermer entre leurs
molécules des portions qui n'y sont qu'interposées. Le sel
marin est dans ce dernier cas, et c'est à cette eau surabon-
dante qu'il doit la propriété de dccrépiter au feu.
D'autres sels, et le borax en particulier, exposés à la
chaleur, se fondent dans leur eau de cristallisation.
Quand on mêle de la glace pilée, ou mieux encore de la
neige, à un sel soluhle dans l'eau, ils se fondent ensemble
et donnent naissance à un froid d'autant plus vif, que la disso-
lution a été pl'as rapide, et la quantité de matière dissoute, plus
grande. Ce phénomène tient à ce que tous les corps qui passent
d'un état dense à un état moins dense , absorbent le calorique
do tous les corps environuans. C'est en produisant ainsi un
s E L 4B7
froid artificiel excessif, qu'on parvient à congeler le mer-
cure.
II y a des sels qui attirent l'humidité de l'air, et qui se ré-
solvent en liqueur. On les nomme sels déliquescens (le mu-
riate de chaux).
Il y en a d'autres, au contraire, qui perdent leur eau de
cristallisation , qui se dessèchent à l'air , perdent leur trans-
parence , deviennent farineux, friables, et tombent bientôt
en poussière. On dit alors qu'ils s'effleurissent à l'air (le sul-
fate de soude).
On a remarqué que ces deux sortes de sels, ceux qui atti-
rent l'humidité et ceux qui se dessèchent, contiennent tou-
jours au moins près de moitié de leur poids d'eau de cristalli-
sation ; aussi, lorsqu'on les expose à l'action du feu, ils se
fondent dans cette eau et se dessèchent ensuite (l'alun cai(i<>é).
Poussés à un plus haut degré de température , ces meutes sels
éprouvent la fusion ignée, et quelques-uns même se subliment
sans se décomposer (ammoniaque muriatée).
Les substances animales n'ont aucune action sur les sels
à froid; mais à chaud, elles agissent sur eux comme les subs-
tances végétales, en raison de l'hydrogène et du carbone
qu'elles contiennent.
Tous les sels sont susceptibles d'être décomposés par
un courant voltaïque , si toutefois ils sont humides en des-
sous ; tantôt c'est l'oxyde qui se rassemble au pôle négatif
et l'acide au pôle positif; tantôt c'est le métal réduit qui se
rend au pôle négatif, tandis que l'oxygène, qui provient de
la réduction de l'oxyde , vient se joindre à l'acide vers le
pôle positif, et s'unit avec lui. Si le sel que l'on a sou-
mis à Texpérience étoit un muriate, un sulfite, un nitrite ou
un phosphite , comme il y a toujours un peu d'eau décom-
posée dans le courant de l'opération, l'hydrogène se rend,
comme on le sait, au pôle négatif, et l'oxygène au pôle po-
sitif
La lumière n'agit que sur un très-petit nombre de sels ;
celui qui est le plus sensible à son influence est le muriate
d'argent. M. Berthollet a trouvé qu'en changeant dublanc au
violet il perdoit une partie de son acide , et devenoit un
sous-muriate.
L'hydrogène sulfuré décompose une partie des sels mé-
talliques, et leur communique des teintes qui leur sont étran-
gères.
L'avidité du potassium et du sodium pour l'oxygène est
telle, qu'ils décomposent à chaud tous les sels métalliques
proprement dits, ou, si l'on veut , les sels formés par les
anciens métaux, le fer, etc. ; ils en réduisent les oxydçs à
i^88 S E L
l'état métallique , et enlèvent aussi Toxygènc aux acides ;
excepté à l'acide borique , muriatique et fluorique : ces dé-
compositions sont ordinairement accompagnées de chaleur
et de lumière.
Le potassium, le sodium , le calcium, le barium , en con-
tact avec des dissolutions salines, décomposent l'eau de pré-
férence au sel.
Les oxydes métalliques agissent sur les sels généralement
en les décomposant; parement ils se combinent; quelquefois
ils n'ont aucune action sur eux. Il résulte de cette action un
nouveau sel fait aux dépens de l'acide du premier, avec pré-
cipitation de la base du sel persistant, s'il est insoluble.
Quelquefois la décomposition n'est pas complète , le nouvel
oxyde n'a point la force de s'emparer de tout l'acide du sel
qu'il décompose, et il en résulte alors deux sels, dont le
premier devient sous-sel ou sel neutre, suivant qu'il étoit
sel acide ou sel neutre.
Les chimistes ne peuvent point encore établir la série des
bases salifiables dans l'ordre de leur plus grande tendance à
se combiner avec les acides, par l'intermède de l'eau , afin
d'en déduire quels sont les sels que chaque oxyde est suscep-
tible de décomposer. Nos connoissances à cet égard ne sont
point encore assez avancées.
On sait seulement que les bases salifiables qui tiennent le
premier rang, sont les oxydes de la seconde section , qui sont
la potasse, la soude, la baryte , la strontiane , la chaux ;
car, employées en excès, elles décomposent complètement
tous les autres sels métalliques et les sels ammoniacaux ; et si
elles sont en moindre quantité , elles s'emparent toujours
d'une certaine quantité de l'acide du sel avec lequel on les
met en contact,et le font passer à l'état de sous-sel ou de seî
neutre.
Ces bases n'ont point la même affinité pour tel acide. On
remarque l'ordre suivant , par exemple, pour l'acide sulfuri-
que:
Baryte.
Strontiane.
Potasse et soude.
Chaux.
'V ammomacjue , dans l'ordre des bases qui ont le plus de
tendance à s'unir avec les acides, suit immédiatement la se-
conde section des oxydes métalliques nouveaux , car il dé-
compose tous les sels , excepté ceux qui sont formés parla
potasse , la soude , la baryte , la chaux et la strontiane.
SEL 489
La magnésie vient ensuite ; elle décompose même les sels
ammoniacaux.
La glucine et Vyitria suivent la magnésie , car on assure
qu'elles décomposent les sels solubles d'alumine et de zir-
cone et tous les autres sels métalliques.
Quant à la silice, la zircone et l'alumine, on ne les a
point soumises à des expériences assez précises pour qu'on
puisse leur assigner un rang dans la série des bases salifia-
bles.
L'action des acides sur les sels est analogue à celle des
oxydes métalliques; l'oxyde décompose le sel eu s'emparant
en tout ou en partie de l'acide , et l'acide le décompose eu
s'emparant en tout ou en partie de l'oxyde et en chassant l'a-
cide du sel. Ce changement s'opère souvent avec efferves-
cence ; il résulte de celle action soit un sel nouveau, soit
deux sels, dont un nouveau, et l'autre modifié en sur-sel ,
etc., etc.
On n'est pas plus avancé jusqu'à présent , à l'égard de la
connoissance de l'ordre suivant lequel on pourroit ranger
les sels, en raison de la facilité avec laquelle les acides peu-
vent les décomposer , qu'on ne l'est à l'égard des oxydes par
rapport à la même propriété.
L'action des sels les uns sur les autres s'exerce de deux
manières, soit en les calcinant ensemble, soit en les met-
tant en conta<;t par l'intermède de l'eau. Quand on calcine
deux sels réunis, et qu'ils sont susceptibles d'échanger leurs
bases et leurs acides, et de donner , par suite de cette muta-
tion, naissance à un sel fixe et à unsel volatil , ils se décom-
posent constamment. Tels sont les effets de la calcination
du muriate de soude et du sulfate acide de mercure, qui
donnent pour résultat du sulfate de soude fixe et du deuto-
muriate de mercure volatil. On a fait peu d'expériences sur
ce mode de décomposition; mais en revanche on en connoît
une suite nombreuse, relatives à la décomposition avec r}.n-
termède de l'eau. Et comme les résultats en sont fort impor-
tans,M. Thénard, dans son Traité de Chimie, s'estbeaucoup
étendu sur ces actions diverses des sels les uns par rapport
aux autres (i).
L'action dessels solubles les uns sur les autres se manifesie
lorsqu'on mêle deux dissolutions différentes dans un même
vase ; alors il se forme quelquefois un sel soluble et un sel
insoluble, ou deux sels insolubles, parce qu'il y a décompo-
sition , c'est-à-dire qu'il y a échange réciproque de base et
(ï) Thénard , Traité de Chimie , tom. 2 , pag. 049.
490 SEL
d'acide : il peut arriver ne'anmoins que l'aclion «oit nulle oa
qu'il y ait production d'un sel double soluble. On appelle sel
double celui qui est formé de deux autres sels ; dans ce der-
nier cas, l'échange a lieu tout comme lorsqu'on produit un
ou deux sels insolubles; mais il n'y a alors aucun signe exté-
rieur de décomposition, etilifaut opérer l'évaporation pour
que la liqueur commence à se troubler en laissant déposer
d'abord le sel qui est le moins soluble.
Les sels solubles sont susceptibles d'échanger, dans cer-
tains cas , leurs principes avec certains sels insolubles , et de
donner naissance, par suite de cet échange, à un autre sel
insoluble. M. Dulong, dans un mémoire imprimé dans les
Annales de Chimie, a donné les bases sur lesquelles on pour-
roit établir la théorie de ces décompositions; nous y ren-
voyons ainsi qu'au Traité de Chimie de M. Thénard,dans le-
quel on en trouve l'analyse.
L'action des sels insolubles, les uns par rapport aux autres,
est absolument nulle.
Plusieurs sels, au lieu de se décomposer, contractent en-
semble une union parfaite ; mais on remarque que cet effet
n'a lieu qu'entre certains sels du même genre ; ces associa-
. tions, qui sont peu nombreuses jusqu'à présent, n'ont lieu
que deux à deux et se nomment sels doubles.
Généralement les sels doubles sont moins solubles que
ceux qui les constituent.
M. Uerzelius pense qu'il existe un rapport simple entre les
quantités d'oxygène contenues dans les deuxbases de ces sels
doubles. Dans l'alun du commerce , qui est un sulfate d'alu-
mine et de potasse , l'alumine contient, d'après ce chimiste,
trois fois autant d'oxygène que la potasse , et'par conséquent
la quantité d'acide unie à l'alumine est trois fois aussi grande
que celle qui est unie à la potasse. ( Annales de Chimie ,
tome 82. )
M.Thénard termine l'histoire des propriétés chimiques des
sels, dont on présente ici un simple extrait, en examinant la
singulière propriété qu'ont certains sels de réduire les oxydes
de plusieurs autres sels.
Les sels, dont les oxydes sont susceptibles de se réduire
ainsi, appartiennent aux cinquième et sixième sections, ou
ont pour base l'or, le palladium, le mercure , le rhodium et
l'iridium. La réduction s'en opère par le proto-sulfate de
fer et par le proto-muriate d'étain pour les sels à base de
mercure.
On ne connoît encore dans la nature que cinquante-sept
sels, et l'art parvient à en créer plus de mille. Nous cite-
rons plus" particulièrement les premiers, quoiqu'on en ail
SEL 491
déjà décrit les caractères , soit au mot minéralogie, soit aux
différens aiiiclesqui leur sont spécialement consacrés. Quant
à ceux qui sont les produits de la chimie proprement dite et
dont le nombre est énorme, comme on vient de le voir, ceux
qui intéressent les arts ou la médecine ont été également dé-
crits; mais quant aux autres on ne fera , pour ainsi dire, que
les nommer.
Tous les sels qui se trouvent dans la nature peuvent être
préparés directement, et pour ainsi dire de toutes pièces,
en combinant leurs bases ou oxydes avec les acides.
On remarque qu'au moment de la combinaison , il y a dé-
gagement de chaleur , et qu'il est d'autant plus considérable
que la combinaison est plus intime ; c'est absolument le phé-
nomène inverse de celui qui a lieu dans la solution d'un sel
avec la neige.
Souvent, au lieu d'employer une base pure pour la combi-
ner avec un acide , on agit sur un carbonate ; alors il y a ef-
fervescence produite par l'acide carbonique qui est chassé.
On se procure les sels insolubles par la voie des doubles
décompositions, et en ayant soin d'agir de manière à pro-
duire un sel soluble qui reste en dissolution dans la liqueur,
tandis que celui qu'on cherche à obtenir se précipite au fond
du vase et n'a plus besoin que d'être lavé à grande eau.
Les sous-sels ou ceux qui contiennent un excès de base,
s'obtiennent au moyen d'une addition ménagée d'un des sels
à base soit de potasse, soit de soude ou d'ammoniaque, qui,
comme on le sait, ont une grande avidité pour les acides,
et qui, si l'on en ajoutoit une quantité convenable , décompo-
seroient totalement les premiers.
Enfin, on se procure encore certains sels, et particulière-
ment plusieurs sulfates , plusieurs muriates et beaucoup de
nitrates , en traitant à froid ou à chaud les métaux par les
acides sulfuriques, nitriques, muriatiques, nitro-muriati-
ques ou muriatiques oxygénés.
On a donné les propriétés générales des sels et les moyens
de les préparer; nous allons maintenant passer rapidement
en revue les genres qui ont été établis par M. Thénard, sui-
vant l'ordre qu'il les a décrits dans son Traité de chimie.
A. Tableau des genres des sels terreux , alkalins ou métalliques.
1. Sous-borates et borates 5. Phosphates neutres et
neutres. acides.
2. Sous-carbonates. 6. Phosphites.
3. Carbonates neutres ou 7. Sulfates neutres.
saturés. 8. Sutfates doubles,
4. Sous-phosphalcs.
492 SEL
g. Sous-sulfates et sulfates 19. Arsénîtes.
acides. 20. Molybdates.
10. Sulfites. 21. Chromâtes.
11. Sulfites sulfurés. 22. Tungstates-
12. Nitrates et sous-nitrates. 23. Colombates.
i3. Nitrites. 24. Antimonites et antimo-
14. Muriates. niâtes.
x5. Muriates suroxygénés. 25. Hydro-sulfures ou oxy-
16. riuates. des hydro-sulfurés.
17. Fluo-borates. 26. Sulfures hydrogénés.
i8. Arséniates. 27. Hydro-sulfures sulfurés.
Les bases salifiables avec lesquelles les acides sont sus-
ceptibles de se combiner , sont : i.** les vingt-sept métaux qui
ont été décrits au mot métaucc- de ce Dictionnaire;
2.° Les terres qui sont : la silice , l'alumine, la chaux , la
magnésie, la zircone , la baryte , la strontiane , laglucine ,
Tyllria et la thorine ;
3," La potasse , la soude , Tammoniaque , la llthine , qui
sont les quatre alkalis minéraux.
Nous terminerons l'énumération des sels minéraux par
celle des hydrates et des iodures , iodates et hydriodates.
Les sous-borates (i).
Caractères : indécomposables au feu, même à la plus haute
température, excepté le borate de mercure et ceux d'or,
d'argent , de palladium , de platine , de rhodium et d'iri-
dium.
Quand il n'y a point décomposition, l'action delà chaleur
les vitrifie , et cet effet a lieu d'autant plus facilement que
l'oxyde qu'ils renferment est plus fusible ; aussi les sous-
borates de soude et de potasse sont les plus fusibles. Ils sont
décomposables en partie par l'action des combustibles.
Peu ou point solubles , à l'exception de ceux de potasse ,
de soude et d'ammoniaque.
La baryte , la strontiane et la chaux , sont les trois bases
qui ont le plus de tendance à se combiner avec l'acide bori-
que ; l'ammoniaque et la magnésie viennent ensuite.
A une haute température il n'y a que les acides fixes « tels
que l'acide phosphorique , qui puissent décomposer les bo-
rates ; car à cette température , l'acide borique décompose
tous les sels dont l'acide est volatil; mais à une tempéra-
ture plus modérée au degré de l'ébullition et même au-des-
(i) L'acide boratique qui n'avoit été trouvé dans la nature qu'en
très-pelite quantité et ■dans une ou deux localités, vient d'être décou-
\ert dans la tourmaline et l'axinite dont on a rappelé l'analyse,
SEL 493
sous , tous les borates son! décomposés par tous les acides ,
excepté l'acide carbonique , l'acide niurialique oxygéné.
Deux borates se trouvent dans la nature.
Le borate de magnésie , qui est remarquable par ses pro-
priétés électriques.
Le sous - borate de soude ou le borax du commerce , dont
toutes les propriétés et les usages dans les arts , ont été
décrits ailleurs, se retire en abondance des bords de quel-
ques lacs salés, situés dans différentes parties de Tlndc. A
l'état brut, il se nomme tinkal. , on le purifie en le vitrifiant et
en le dissolvant ensuite pour le refaire cristalliser; cette opé-
ration le dégage d'une matière grasse qui altère sa transpa-
rence. Son principal usage est de servir à faciliter les sou-
dures des pièces métalliques.
Le sous-borate de potasse et le sous-borate d'ammoniaque sont
des produits de l'art, et ne sont en usage que dans les labo-
ratoires de chimie.
Les Borates neutres.
Jusqu'ici, on ne s'est point occupé de l'étude de ces sels ;
on sait seulement , d'après Bergmann , que le sous-borate de
soude exige deux fois son poids d'acide borique pour devenir
neutre.
Les Sous-Carbonates. j
Caractères. Tous les sous - carbonates , excepté ceux de
baryte, de potasse et de soude , sont décomposés par un feu
plus ou moins vif. La cuisson de la pierre à chaux n'est autre
chose que la décomposition du sous-carbonate de chaux dont
l'acide s'évapore. Tous les carbonates sont insolubles , ex-
cepté ceux de potasse, de soude et d'ammoniaque; quel-
ques-uns aussi se dissolvent dans l'eau à l'aide d'un excès
d'acide carbonique, tels que les carbonates de chaux , de fer
et de magnésie. C'est en raison de cette propriété que le
carbonate de chaux se trouve en dissolution dans certaines
fontaines ; mais comme le simple contact de l'air suffit pour
réduire l'excès d'acide à l'état de gaz, ces eaux, au sortir
du sein de la terre , perdent leurs propriétés dissolvantes , et
laissent précipiter le carbonate de chaux qu'elles ne sont plus
en état de tenir en dissolution , ce qui produit ces incrusta-
tions naturelles ou factices, dont les plus connues sont celles
des bains de Saint-Philippe, en Toscane, et de Saint-Allyre
à Clermont. C'est à la même propriété incrustante que
sont dus certains agglomérats naturels de galets que l'on re-
marque dans plusieurs contrées ; telle est , entre autres , la
digue naturelle qui se forme journellement à travers la ri-
vière d'Ardèche , près de Meyras, et que l'on est forcé de
6.
De plomb.
7-
De zinc.
8.
De baryte.
9-
De strontlane.
o.
De magnésie.
I.
De manganèse.
494 SEL
briser assez souvent : il en existe aussi en Corse et sur les
côtes de la Sicile.
On connoît , dans la nature , onze carbonates tout for-
més , savoir :
1. Les carbonates de
chaux.
2. De protoxyde ou deu-
toxyde de fer.
3- De soude.
4. De potasse.
5. De deutoxyde de cuivre.
Les cinq derniers ne se trouvent qu'en petites masses, et
sont même assez rares.
Le carbonate de chaux ayant été décrit ailleurs, il seroit inu-
tile de rappeler qu'il constitue à lui seul des chaînes de mon-
tagnes entières , qu'il est la matière de toutes les coquilles vi-
vantes, des madrépores , des coraux, etc., qu'il est employé
dans une infinité de circonstances , soit comme pierre à bâtir,
comme marbre ou simplement à l'état de chaux , de craie,
et qu'il renferme souvent des corps organisés , soit à l'état
fossile, soit à l'état de pétrification, et qu'on peut enfin le
considérer comme étant la substance minérale la plus abon-
dante de toutes celles qui forment les montagnes et les plaines
de la surface de la terre , et qu en le considérant par rap-
port à la propriété qu'il a de présenter des cristaux régu-
liers , c'est peut-être encore de tous les sels celui (jui est sus-
ceptible d'en offrir le plus grand nombre de variétés.
Le carbonate de fer , connu sous le nom àtfer spalhique , est
composé detritoxyde de fer , de chaux , de magnésie , d'oxyde
de manganèse et d'acide carbonique , en proportion très-va-
riables. On l'exploite comme minerai de fer , en France ,
dans les départemensde l'Isère et des Basses-Pyrénées, en
Styrie, en Saxe , etc. Il produit un fer excellent , et même
de l'acier naturel, ce qui lui a valu le nom de mine d'acier.
Le sous-carbonate de potasse. Il a la saveur acre et même un
peu caustique de la potasse, et est très-soluble dans l'eau, il
verdit fortement les teintures bleues végétales, et attire l'hu-
midité de l'air. On le retire par incinération des plantes
ligneuses et de la lixiviation de leurs cendres ; ces lessives
évaporées à siccité donnent pour résidu un magma très-im-
pur que l'on nomme salin, et qui s'emploie dans les verre-
ries. Le salin calciné dans des fourneaux à réverbère ,
donne la potasse du commerce qui est loin d'être pure, mais
qui est susceptible néanmoins de servir dans beaucoup de
circonstances sans être purifiée.
wS E L 4-95
Les potasses les plus répandues dans le commerce vien-
nent de Russie, d'Amérique, de Trêves, de Danlz,ick et des
Vosges.
On les fabrique dans les pays où le bois est à vil prix. En
Savoie, par exemple , aux environs d'Annecy , on fabrique
du salin pour le service de la verrerie de Thorens ; les pro-
priétaires de l'établissement fournissent le bois et payent le
salin qui en provient , à raison d'environ dix francs le quintal.
On emploie la potasse dans différens arls chimiques ; mais
son usage le plus journalier est celui de contribuer à blan-
chir le linge dans les lessives domestiques ; en effet , les cen-
dres que l'on place au-dessus du linge à blanchir et sur les-
quelles on verse , pendant une journée entière , de l'eau très-
chaude , fournissent toute la potasse qu'elles contiennent ;
cette potasse se porte sur les parties grasses, forme un savon
dissoluble qui rend la lessive onctueuse au toucher, et con-
tribue puissamment au blanchissage. Les ménagères con-
noissent parfaitement la différence qui existe entre telle
ou telle cendre ; elles savent très-bien , par exemple , que
les cendres des fours , et les cendres de sarment, , sont
les meilleures , et ce n'est point un préjugé , car on sait main-
tenant que ce sont les petites branches des végétaux ligneux
qui renferment le plus de potasse , et Ton sait aussi qu'on
chauffe ordinairement les fours de la campagne avec des fa-
gots ou des broussailles.
Certaines plantes,etles fougères en particulier, renferment
plus de potasse que d'autres ; aussi brûle-t-on beaucoup de
fougère pour les salins qui sont employés dans les verreries ,
ce qui explique ce vers de Boileau qui semble un peu
énigmalique :
« La nuit baisse la vue, et du haut du clocher,
a Observe les guerriers, les regarde marcher.
• Elle volt le barbier qui d'une main légère
• TicQt un verre de via , qui rit dans la fougèi'e. »
Lb LuTAlN. Ch. III,
Le sous-carbonate de soude (natron). Ce sel est acre et
caustique comme le précédent , et il esttrès-soluble et cris-
tallise par refroidissement , ce qui indique évidemment qu'il
est plus soluble à chaud qu'à froid. Sa forme est un prisme
rhomboïdal ou un octaèdre à base rhombe. Au lieu d'attirer
l'humidité de l'air, comme le précédent , ce sel se dessèche
et s'effleurit à l'air. Exposé à la chaleur , il commence à se
fondre dans son eau de cristallisation , et par une chaleur
forte , il subit la fusion ignée.
Le natron se forme naturellement dans plusieurs lacs
d'Egypte, situés dans le désert de Thaïat , ou de Saint-
/*96 S E î.
Marcaîre , à l'ouest du Delta. En hiver, on remarque qu'il
s'élève , du fond de ces lacs , une eau violâtre qui semble
Iranssuder de cette partie , et pendant la saison des chaleurs ,
qui dure dans cette contrée environ neuf mois, cette eau s'é-
vapore complètement, et laisse à sa place une couche de na-
tron que l'on brise et qu'on enlève.
M. Berthollel, qui a visité les lacs de natron,en Egypte,
pense que la formation de ce sel est due à la décomposition
du muriate de soude par le carbonate de chaux à Téiat de
craie ; car il a observé que partout où il existe des efflores-
cences de natron , ces deux sels sont en contact et mêlés
•ensemble. Plusieurs lacs de Hongrie fournissent aussi du
natron.
La plupart des plantes qui croissent sur les bords de la
Méditerranée fournissent des sous-carbonates de soude par
leur incinération ; mais ce qu'il y a de remarquable dans
cette opération , c'est qu'au lieu d'obtenir par la combustion
de ces plantes , d'abord de la cendre , comme cela arrive
pour la potasse, il se forme de suite, au fond des fosses où
l'on fait brûler ces herbes , une masse saline dure et demi-
fondue que l'on concasse , et qui est versée directement dans
le commerce , avec le nom du lieu où elle a été fabriquée.
Celles de Malaga , d'Alicante et de Carlhagène sont les plus
estimées ; elles sont loin d'être pures.
Le salicor ou soude de Narbonne , le varec ou soude de
Normandie , et la blanquette ou soude d'Aiguemorte , sont
les trois soudes les plus estimées de France.
La soude artilicielle du commerce se fabrique en calcinant
un mélange de i8 parties de sulfate de soude, 18 de carbonate
de chaux à l'état de craie , et 10 de poussière de charbon.
Le principal usage du sous-carbonate de soude du com-
merce est d'entrer dans la fabrication des savons durs. On
l'emploie aussi dans les verreries , les lessives et dans quel-
ques opérations de teinture. On assure que ces différens arts
en consomment, en France , de 18 à 20 millions de kilo-
grammes (i).
Le sous-carbonate d'ammoniaque est caustique ; il a une
odeur d'ammoniaque très-sensible, se fond dans l'eau froide
seulement, verdit le sirop de violette, et s'évapore à l'air
libre et à la simple température de l'air ; il s'emploie comme
réactif en chimie et comme excitant en médecine; aromatisé
de différentes manières,il remplit souvent les llaconsde poche
dont les dames font usage. Il ne se trouve point dans la
nature.
(x) Thénard , Traité de Chimie , lom. 2, pag. 406.
SEL ^97
Le carbonate de cuiWeÇ^ cuivre azuré el malachite). Il s'ex-
ploite comme mine de cuivre , quand il se trouve en quantité
suffisante. Il y a peu d'années qu'on en a découvert aux mi-
nes de Chessy , près Lyon , une masse extrêmement riche ,
qui s'exploite avec avantage. Avant cette découverte, les plus
beaux échantillons de carbonate bleu provenoient des Monls-
Ourals , en Sibérie. La variété verte, qui porte le nom de
malachite , nous est apportée presque exclusivement de Sibé-
rie. On l'emploie dans la bijouterie. ( V. , pour les détails
l'article qui est relatif à cette espèce minérale. )
Le carbonate de plomb (^-çXomh blanc). Ce sel est assez
commun dans' les mines de plomb ; mais il ne s'y trouve
ordinairement qu'en petites nta.sscs , et il n'est l'objet
d'aucune exploitation spéciale. On le luele avec les autres
minerois de plomb qu'il accompagne. Le blanc de céruse ou
blanc de ploirïb que l'on emploie dans la peinture à l'huile
est !îi^ carbonate de plomb arlificie). On l'a long-iemps pré-
paré exclusivement en Hollande; mais aujourd'hui, il se fa-
brique en France , et l'établissement de MM. Eoard à
Clichi près Paris , en produit d'une qualité supérieure.
Le carbonate de zinc a été long-temps confondu avec le
zinc oxydé ( calamine) , et se Iro'uve en concrétions, à Rai-
bel en Carinthie, dans le Sommerset et le Derbyshire en
Angleterre. '
Le carbonate de baryte ( witherite ) est encore extrême-
ment rare. MM. Clément et Desormes , qui l'ont analysé
l'ont trouvé composé de 78 de baryte , et de 22 d'acide car-
bonique ; il ne s'est trouvé, jusqu'à présent , qu'à Anglesarck
et dans le Lancashire , en Angleterre , en Styrie et en Si-
bérie. Il forme des masses radiées-jaunâtres ; il est d'une
grande pesanteur.
Le carbonate de stronliane a été découvert à Stronliane en
Ecosse , ce qui a donné le nom à la terre qui lui sert de base.
M. de Humboldt en a rapporté de Pisope , près de Popayan,'
au Pérou. On le trouve en masses transparentes , ou d'un
vert pistache et radiées. Klaproth y a trouvé 69,5 de stron-
liane , 3o d'acide carbonique, et»o,5 d'eau.
Le carbonate de magnésie qui est toujours amorphe et terreux.
Il n^est pas rare dans la nature.
Le Carbonate de manganèse se trouve à Kapnic et à la mine
de Nagyag en Transylvanie ; il est blanc, rose ou jaune , et a
l'aspect d'une pierre.
Les Carbonates neutres ou saturés.
Ces sels qui ne sont , jusqu'à présent , qu'au nombre de
trois , résultent des sous- carbonates àe potasse , de soude et
4g8 S E [.
à' ammoniaque ^ à travers la dissolution desquels on a fait pas-
ser très-lentement et pendant plusieurs jours , des bulles de
gaz acide carbonique. A mesure que la combinaison s opère,
les sels deviennent moins solubles , se précipitent, et on les
recueille aisément. Ils ne sont employés que comme réactifs.
Les Sous-Phosphates.
Caractères : Les sous-phosphates se comportent au feu
comme les borates , en raison de la fixité de l'acide phospho-
rique, dont on opère difficilement la volatilisation.
Calcinés avec du charbon , les sous-phosphates terreux
ne cèdent qu'une partie plus ou moins foible de leur acide ,
et cela en raison de sa plus grande affinité avec ses bases. Les
phosphates métalliques , calcinés avec le même combusti-
ble, se décomposent; l'oxyde se réduit, et l'on obtient en
sus du gaz acide carbonique , du gaz oxyde de carbone, un
phosphure métallique et du phosphore carburé.
Les sous-phosphates de soude , de potasse et d'ammo-
niaque , sont les seuls dissolubles dans l'eau.
Presque tous les acides les décomposent , excepté ceux
qui sont extrêmement foibles; mais aucun sous-phosphate ne
résiste à l'acide nitrique et à l'acide fluorique.
On trouve dans la nature huit sOus-phosphates , mais un
seul est véritablement abondant ; les autres y sont rares ou
n'existent qu'en très-petite quantité.
Le phosphate de chaux constitue près de moitié de la par-
lie solide des os des animaux ; il se trouve , en outre , dans
les différentes parties liquides ou molles de l'organisation
animale , et il abonde quelquefois tellement dans l'urine ,
qu'il se dépose dans la vessie de l'homme, et des animaux,
sous la forme de masses plus ou moips grosses, qui sont
composées de couches concentriques. On le trouve aussi
dans les végétaux , et particulièrement dans les céréales.
Enfin, il constitue des collines , à Logrosan en Estra-
madure , et y sert de pierre à bâtir. On le trouve aussi en
petits cristaux transparent , en diîîérens lieux , et particuliè-
rement dans les filons d'éiain. Une phosphorescence plus ou
moins éclatante , quand on le projette dans l'obscurité , sur
des charbons ardens , est son caractère le plus saillant.
C'est particulièrement des os, que l'on extrait le phos-
phore du commerce , que l'on conserve dans des vases bou-
chés et remplis d'eau pure.
Le phosphate de plomb accompagne les autres minerais de
plomb ; on le traite conjointement avec eux ; il se trouve
particulièrement en beaux cristauxprismatiqueset hexaèdres^
ou en masses rayonnées , aux mines du Huelgoët en Brcta-r
s E L 499
gîîe. On en trouve une variété du plus beau vert-pré , aux
environs de Fribourg en Brisgaw.
Le phospliate de fer est d'un bleu sombre^ et fort rare
dans la nature. Il se trouve sous la forme d'une poudre fine,
dans les argiles qui ont renfermé des plantes qui se sont dé-
composées. On en a rapporté de l'Ile-de-France, qui est en
petites masses. 11 s'en est trouvé de cristallisé à la Bouiche,
près Moulins où il accompagne des ossemens de poissons
fossiles (Boirot) ; en Bavière ; en Angleterre , etc.
Le phosphate de manganèse s'est trouvé aux environs de Li-
moges , dans des rocbes granitiques. Il est brun-rougcâtre.
Le phosphate de cuiore est d'un vert sombre , et n'est connu
que depuis quelques a nnées.
Le phosphate de cobalt ( bleu de Thénard ) ne se trouve
point dans la nature ; il résulte d'une préparation dont la
découverte est due au savant chimiste français qui a attaché
son nom à tant de procédés Ingénieux et de découvertes utiles.
En offrant à la peinture un bleu aussi brillant qu'inaltéra-
ble, M, Thénard l'a affranchie des difficultés qu'elle éprou-
voit à se procurer de bel outremer.
Le phosphate de soude existe particulièrement dans l'urine
de l'homme.
Le phosphate ammoniaco-magnésten se trouve plus particu-
lièrement sous la forme de gros calculs , dans les intestins
des chevaux et des mulets. J'en ai vu deux de la grosseur
de la tête , provenant de deux mulets de Saint-Etienne.
Le phosphate de magnésie se rencontre dans le sang, les os
et les graines céréales.
Le phosphate de potasse existe exclusfvement , jusqu'à ce
jour, dans les céréales.
Le sous-phosphaie de soude existe dans le sang et l'urine de
l'homme. 11 cristallise en prismes rhomboïdaux , et s'effleu-
rit à l'air. Il est dlssoluble dans l'eau, plus à chaud qu'à froid;
il s'emploie en chimie et en médecine.
Le sous-phosphate de potasse se trouve dans les graines cé-
réales, est très-déliquescent , et par conséquent très solu-
ble ; il éprouve la fusion ignée , à une chaleur rouge cerise.
Le sous-phosphate à^ammoniaque se trouve combiné avec
d'autres phosphates, dans l'urine humaine. Il a une saveur
piquante et point d'odeur.
Des Phosphates neutres et acides.
On n'a obtenu jusqu'à présent, à l'état de phosphate neu-
tre acide , que ceux de chaux , de soude, de potasse et d'am-
moniaque. Us sont déliquescens , se vitrifient , et donnent
quelquefois naissance à un verre insipide et insoluble.
Sod SEL
Des Phosphites.
Il n'existe point de phosphites dans la nature ; on les pré-
pare de toutes pièces , en versant de l'acide phosphoreux
sur des terres ou des oxydes métalliques.
Ceux de potasse, de sonde, d'ammoniaque, sont soluhles;
Ceux de baryte, de sironliane, de magnésie, ne le sont pas.
Ces six phosphites , exposés au feu , laissent échapper
une portion de leur phosphore , et passent à l'état de sous-
phosphates.
Leur usage est nul jusqu'à ce jour.
Des Sulfates neutres.
Caractères. Une partie des sulfates neutres , c'est-à-dire;
ceux de chaux, de baryte, de magnésie, de soude et de po-
tasse , ne se décomposent point au feu , en raison de la
grande adhérence de leur acide et de leur base. Les autres
sulfates sont susceptibles de décomposition , et donnent
nai-ôsance à deux parties d'acide sulfureux , et une d'asygène.
D'une part et de l'autre, son oxyde , suivant sa nature , se
réduit à l'état métallique , ou s'oxyde davantage encore, ou
bien enfin ne change point de nature , s'il ne peut s'oxyder,
ni se désoxyder.
Tels sont les sulfates de zircone , d'alumine, d'yttria^
et tous les sulfates des anciens métaux.
Les sulfates d'or et de platine ont cela de remarquable
qu'ils se décomposent à une chaleur plus basse que le rouge
cerise, et que leur acide, qui a peu d'affinité avec leur base,]
s'en dégage à l'éta* d'hydrate.
Le carbone, à une température élevée, décompose l'acide
de tous les sulfates, et réduit tous les oxydes des anciens sul-
fates métalliques. *
L'hydrogène , le phosphore et le bore agissent de diffé-
rentes manières sur les sulfates, et donnent des résultais qui
sont amplement décrits dans le Traité de chimie de M. Thé-
nard , t. n , p. 4^5 et suiv.
Une partie des sulfates sont très-solubles dans l'eau; d'au-
tres le sont peu , et quelques-uns sont absolument insolubles.
On renvoie à l'ouvrage déjà cité, pour toutes les autres pro-
priétés des sulfates, et l'on passe à l'énumération des prin-
cipaux sels de ce genre , qui intéressent les arts ou la miné-
ralogie.
Le sulfate (Talumine., qu'il ne faut pas confondre avec l'alun ,
est blanc , styptique , déliquescent et très-soluble -, il ne se
trouve point dans la nature , mais il est susceptible de se
combiner aye^ç le sulfate de potasse et d'ammoniaque, et de
SEL Sol
donner ce sel si précieux pour les teinturiers, que l'on nomme
alun, et sur lequel on reviendra bientôt.
Le sulfate de zircon n'existe point dans la nature ; c'est un
produit chimique qui résulte de la combinaison de l'acide
sulfurique avec la terre qui est particulière au zircon ou hya-
cinthe des bijoutiers. Il est blanc et insoluble.
Le sulfate de glucine est blanc et sucré ; il n'existe point
dans la nature ; il est le produit de la terre qui fait la base
de l'émeraude avec l'acide sulfurique.
Le sulfate dyttria est encore un produit chimique qui a
pour base cette terre qu'on a découverte dans la gadolinite.
11 est blanc, sucré et soluble dans trente ou quarante fois son
poids d'eau froide.
Le sulfate de magnésie (sel d'epsom). On en connoît toutes
les propriétés médicinales. On le relire, par évaporation,
des eaux qui le tiennent en dissolution, ou par la lixiviation
de certains schistes qui s'effleurissent à l'aide de la décompo-
sition des pyrites qu'ils renferment.
Le sulfate de baryte (spath pesant) est absolument insoluble,
blanc et d'une pesanteur très-remarquable.
Quelques fabrlcans frauduleux ont tenté d'en introduire
dans du blanc de céruse , et l'on s'en est servi quelquefois ,
comme fondant, dans quelques opérations métallurgiques,
à Birmingham en Angleterre , et aux mines de cuivre de
Servoz en Savoie. Ilest très-commun dans la nature, ne forme
pas de grandes masses à lui seul , mais il accompagne sou-
vent les substances métalliques.
Le sidfate de stroniîane se trouve en très-beaux cristaux aux
vais di Noto et de Mazzara en Sicile ; on le rencontre aussi à
Montmartre près Paris, à Frankstown en Pensylvanie, etc.
Il est ordinairement blanc, toujours insipide et insoluble. On
ne l'emploie qu'en chimie.
Le sulfate de chaux (pierre à plâtre). Ce sel existe en grandes
masses dans la nature ; celui des environs de Paris est remar-
quable par l'excellente qualité du plâtre qu'on en retire par
la cuisson, et en raison des beaux ossemens fossiles qu'il ren-
ferme. L'albâtre gypseux dont on fait de si jolis ornemens, la
sélénite, le gypse soyeux ou transparent qui accompagnent le
sel gemme, ne sont que de simples variétés du sulfate dechaux.
La cuisson du sulfate de chaux, dont le résultat est le plâtre ,
n'apporte d'autre changement dans ce sel, que d'en chasser
son eau de cristallisation. Il existe en dissolution dans la plu-
part des eaux de pulls de Paris , et c'est sa présence qui s'op-
pose à la cuisson des légumes et à la dissolution du savon.
Le sulfate de potasse (sel duobus ou de glauber). Ce sel
accompagne le carbonate de potasse, et sert principalement
5o2 SEL
dans la fabrication de l'alun ; quelques praticiens Temploienl
comme léger purgatif.
Le sulfate de sonde se trouve en dissolution dans les eaux
de quelques fontaines salées et dans les cendres des plantes
qui croissent au bord de la mer, et dont on retire le carbo-
nate de soude. On l'emploie en médecine et dans la fabri-
cation de la soude artificielle. '
Le sulfate d ammoniaque ne se trouve qu'en petite quantité
dans la nature , et encore est il toujours yni au sulfate d'alu-
mine ; il est incolore, amer, piquant et soluble dans son poids
d'eau bouillante ; une cbaleur modérée le fait passer à Fétat
de sulfate acide, et le ronge cerise le décompose en entier.
Le sulfate de manganèse est un produit chimique dont on ne
fait aucun usage dans les arts; c'est un deuto-sulfate. On
connoît aussi un trito-sulfate et un persulfate acide de man-
ganèse, qui sont également de simples préparations chimiques.
Le sulfate de zinc (vitriol de goslard). 11 est le produit du
grillage du sulfure de zinc (blende), traité par la voie hu-
^nide et évaporé. Il se cristallise en une infinité de petites
aiguilles blanches, que l'on foule dans des moules de bois, et
dont on forme ainsi des espèces de pains. On emploie ce
vitriol dans la teinture et un peu en médecine. Il est as-
tringent et styptique.
Le sulfate de fer (vitriol vert ou de mars, couperose verle
des teinturiers) éminemment styptique , soluble dans trois
quarts de son poids d'eau bouillante, cristallisant en prismes
rhomboïdaux, verts et transparens , mais qui tombent, à l'air,
en efllorescence.
On fabrique ce sel en grand en aidant la décomposition
du sulfure de fer blanc radié, en le lessivant et en rappro-
chant la dissolution par l'évaporation. Dans les laboratoires,
on le prépare avec du fer métallique sur lequel on verse de
l'acide sulfurique étendu.
Le principal usage du sulfate de fer est d'entrer dans la
composition de l'encre à écrire, dans les teinture» noires en
général , dans la préparation du bleu de Prusse , etc.
Notre sulfate de fer est rigoureusement parlant un proto-
sulfate ; on connoît aussi un deuto et un trito-sulfate de fer,
mais ils ne sont point employés dans les arts.
Le sulfate d'élain n'a presque point été examiné , on sait
seulement qu'il est blanc et insoluble dans l'eau ; il n'est d'au-
cun usage.
Le sulfate de adore (couperose ou vitriol bleu). Ce sel , qui
est un deuto-sulfate , est d'un blanc très-brillant, d'une sa-
veur stiptique et soluble dans deux fois son poids d'eau bouil-
ante; le simple contact d'une lame de fer humide le décom-
SEL 5o3
pose, et il en résulte des traces ou une couche cle cuivre rouge.
Il existe souvent dans les eaux qui sortent des mines de
cuivre , telles qu'à Sainbel près Lyon. On le relire donc, en
partie par l'évaporation des eaux qui le contiennent natu-
rellement ; mais on l'obtient aussi par le grillage du sulfure
de cuivre que l'on lessive comme à Marienberg.
En France, on le prépare de toutes pièces en faisant brûler
du soufre sur des lames de cuivre. On forme ainsi un sulfure
artificiel , que l'on lessive comme à l'ordinaire , et dont la
liqueur évaporée donne naissance à des cristaux de sulfate
plus pur que celui qui provient des autres procédés.
On emploie ce sel dans la teinture et en chirurgie, comme
narcotique.
Le suif ate de plomb est très-rare dans la nature , mais s'ob-
tient facilement par la combinaison de l'acide sulfurlque avec
le plomb , au moyen de l'intermède d'une dissolution de
sulfate de soude ou de nitrate de plomb. On le trouve à l'île
Anglesey en Angleterre.
Le sulfate de mercure ou plutôt le proto et le deuto-sulfate
de mercure, se préparent dans les laboratoires, et sont peu
employés en médecine ; ils sont blancs, insolubles, insipides
et inaltérables à l'air.
Le sulfate d'argent , blanc et insipide ; usage nul.
Le sulfate d'or, jaune , très- soluble, styptique et facile à
décomposer par la chaleur; usage nul.
Le sulfate de platine a les mêmes propriétés que le sulfate
d'or ; il est seulement d'un jaune plus foncé.
Sulfates doubles.
Le seul sulfate double qui intéresse les arts, est le sulfate
d'alumine et de potasse ou d'ammoniaque qui est l'alun du
commerce. Il est astringent , blanc, soluble dans son poids
d'eau bouillante et dans quatorze ou quinze fois autant d'eau
froide. L'octaèdre régulier est sa forme la plus ordinaire. 11
se fond dans son eau de cristallisation, et finit par se calciner.
On trouve peu d'alun tout formé dans la nature ; mais il
n'est point rare d'en rencontrer les élémens séparés , et il ne
s'agit que de les combiner ensemble par des procédés plus
ou moins simples, qui ne peuvent trouver place ici.
La pierre de la Tolfa est la mine d'alun la plus célèbre.
On connoît l'usage de l'alun dans la teinture des étoffes ,
où il est employé comme mordant pour fixer les couleurs qui
sont dissolubles dans l'eau.
Des Sous-sulfates et Sous-sulfates acides.
Caractères : Tous les sous-sulfates sont insolubles; ils ne sont
r^oi SEL
d'aucun usage, si ce n'est le sulfate de deutoxyde de mercure,"
qu'on nomme en médecine, turbilh minéral.
Des Sulfites.
Caractères : les sulfites de chaux, de baryte , de soude, de
potasse et de magnésie , exposés à l'action du feu, perdent
une partie de leur soufre, et se convertissent en sulfate.
Les sulfiles métalliques proprement dits, exposés à l'ac-
tion du même agent, se décomposent complètement, et leurs
bases se réduisent ou restent à l'état d'oxyde. On ne connoît
que les sulfiles de soude , de potasse et d'ammoniaque , qui
soient solubles.
Les acides sulfuriques, muriatiques, phosphoriques, phos-
phoreux et arseniques liquides, décomposent les sulfites avec
effervescence ; mais , en revanche , ils décomposent à leur
tour l'acide nitrique.
On ne connoît point de sulfites naturels ; on les prépare
dans les laboratoires, par la voie de la double décomposition
ou par des moyens directs. Ils ne sont d'aucun usage. Nous
ne ferons donc que les nommer.
Le sulfite de potasse est blanc , transparent , piquant et
comme sulfureux ; il cristallise en petites aiguilles , et fond
dans son poids égal d'eau froide ; il décrépite au feu.
Le sulfite de soude ressemble beaucoup au précédent; mais,
au lieu de décrépiler , il se fond dans son eau de cristallisa-
tion , et est moins facile à se dissoudre.
Le sulfite d ammoniaque a une saveur fraîche et sulfureuse ;
il cristallise en prismes à six pans, terminés par deux pyrami-
des à six faces; il se ramollit à l'air, et passe à l'état de sulfate.
Des Sulfites sulfurés.
On appelle ainsi les composés qui résultent de l'union des
sulfites avec le soufre ; leur usage est nul.
Des Nitrates.
Caractères : tous les nitrates se décomposent à une tempé-
rature plus ou moins élevée , et à plus forte raison par le
contact d'un corps combustible. Tous les métaux, excepté l'or,
l'argent, le platine, le rhodium et l'iridium, sont susceptibles
d'être attaqués par tous les nitrates, à l'aide de la chaleur.
Tous les nitrates sont solubles dans l'eau , et sont décom-
posés par les acides sulfurique , phosphorique, fluorique, ar-
sénique , muriatique liquides.
Les nitrates de chaux, de potasse et de magnésie sont les
seuls qui se trouvent dans la nature , et le plus ordinairement,
lis sont réunis dans le même lieu; c'est particulièrement dans
les bâtimens qui servent de demeure aux animaux domesti-
ques, qu'on rencontre des nitrates ; c'est dans le sol des écu-
SEL SoS
ries, des élaLles, de certaines caves, à la surface des murs
et dans les déblais des vieux édifices , qu'on peut espérer d'en
récolter; aussi ce sont les lieux qui sont fouillés par les sal-
pêlriers.
Les nîlrales de baryte^ de strontiane ^ de ztrcone^ de glur.ine ^
d'' alumine et d'yttria sont des produits de l'art, et ne sont em-
ployés que comme réactifs dans les laboratoires des chimistes.
Le nitrate de magnésie se trouve dans la nature ; on le con-
vertit en nitrate de potasse pour la fabrication du salpêtre.
Le nitrate de chaux se trouve, avec le précédent, parmi les
efflorescences des matériaux salpêtres , et se convertit en
nitrate de potasse.
Le nitrate de potasse (nitre ou salpêtre) est blanc , d'une
saveur très-fraîche, et cristallise par refroidissement, en cris-
taux hexaèdres pyramides; il fuse sur les charbons; mais,
simplement exposé à la chaleur, il se fond dans son eau de
cristallisation; il active la combustion de tous les combus-
tibles et de son feu en particulier. La poudre de guerre est
composée de yS parties de nitre, 12, 5 de soufre et 12, 5 de
charbon , et c'est à cette fabrication que la plus grande partie
de ce sel est employée ; néanmoins, on en retire aussi l'acide
nitrique dont on fait un usage journalier, et on l'administre,
en médecine, comme diurétique et rafraîchissant.
C'est dans les lieux où se putréfient des matières animales
et végétales réunies, qu'on trouve particulièrement les terres
et les plâtras salpêtres : certaines contrées, et surtout TEgypte,
offrent le nitre en efflorescence sur leur sol ; et, dans l'un et
l'autre cas , on l'en extrait par des lessivages réitérés et des
évaporations successives, qui tendent à le purifier, et il ne
prend véritablement le nom de nitre que lorsqu'il est raffiné,
jusque-là ce n'est que du salpêtre, un sel de pierre comme
l'exprime ce mot.
Le nitrate de soude est un produit chimique dont l'usage est
nul; il cristallise en prismes rhoraboïdaux, et a une saveur
fraîche et amère.
Le nitrate d'' ammoniaque est le nitre inflammable de l'an-
cienne chimie ; il ne se trouve point dans la nature ; sa saveur
est acre et piquante à l'excès ; il cristallise en longs prismes
à six pans brillans et soyeux.
Le nitrate de manganèse n'existe point dans la nature, et ses
usages sont nuls; ce métal ne se combine avec l'acide nitri-
que qu'à Tétatde deuto et de tritoxyde.
Le nitrate de zinc esl incolore, styplique , un peu déliques-
cent, très-soluble dans l'eau , et cristallise en prisme à qua-
tre pans pyramides; usage nul.
Le rJtrate de fer est dû à la combinaison factice du deulo
5o6 S K L
ou du triloxyde de fer avec l'acide nitrique étendu ; on le
préparc, dans quelques pharmacies, pour en obtenir Vethiops
maiiial ou la teinture de Sthal.
Le nitrate détain ne cristallise point, n'est d'aucun usage ;
mais comme sa formation donne naissance à une petite
quantité d'ammoniaque, ce phénomène en rend la prépara-
tion intéressante.
Le nitrate de cobalt est rouge ou violet, un peu déliques-
cent; son usage est nul.
Le nitrate dhirane est d'un jaune citron , très-soluble dans
l'eau et d'un usage nul.
Le nitrate de cerium. Le cerium se combine avec l'acide
nitrique , à l'état de proto et de deuloxyde. Il produit deux
sels distincts, mais dont les usages sont absolument nuls.
Le wV/a/e Je /iVane cristallise enlameshexagonales; usage nul.
Le nitrate de bismutli est limpide, styptique et caustique,
l'eau le décompose et lui fait précipiter son oxyde sous la
forme de flocons blancs. Ce précipité est le blanc du fard
ordinaire ; mais il a l'inconvénient de rendre la peau rude et
celui de noircir , par l'émanation des mauvaises odeurs, ce
qui n'est pas fort aimable pour les femmes qui en font usage.
Le nitrate de caii/re est bleu, acre, caustique, légèrement
déliquescent et plus solubie à chaud qu'à froid. Il cristallise
en parallélipipèdes allongés, et s'emploie dans la fabricalioa
des couleurs dites cendres bleues.
Le nitrate de tellure cristallise en longues aiguilles blanches
qui ressemblent à des barbes de plumes.
Le nitrate de nickel est vert-pomme, sucré, astringent , et
cristallise en prismes à huit pans; usage nul, excepté en
chimie.
Le nitrate de plomb est légèrement sucré , âpre, inaltérable
à l'air, et cristallise en tétraèdres dont les angles solides sont
tronqués ; usage nul.
he nitrate de mercure. Le mercure se combine avec l'acide
nitrique, à l'état de proto et de deuloxyde, et donne nais-
sance à des sels <pie l'on calcine ensuite pour en obtenir d'une
part, ce que Von nomme en pharmacie le précipité, et de l'au-
tre, la pommade citrine, dont on fait usage pour le feutrage, et
qui devient funeste aux ouvriers qui en font long-temps usage.
Le nitrate d'urgent est limpide, acre, amer et très-causti-
que, inaltérable à l'air et solubie dans son poids d'eau
chaude; il se précipite en lames blanches qui perdent leur
eau de cristallisation par une légère chaleur.
La dissolution de ce sel est un puissant réactif fort employé
en chimie.
Les nilcate de palladium et de rhodium ., sont à peine connus
s E L 507
Le nîfrale âe platine est d'un jaune orangé , très-soluble
cl toujours acide. Il est peu connu.
Le nitrate d'or est semblable, pour la couleur , au nitrate
de platine. Il est aussi styptique à l'excès ; le feu le décompose
en vaporisant son acide et en réduisant son oxyde.
Des Sous-nitrates.
Le5 oxydes insolubles sont seuls susceptibles de former
des sous-nitrates ; ces sels sont insolubles eux-mêmes, et onl
été jusqu'à présent fort peu étudiés.
Des NiTRiTES.
Jusqu'à présent, l'on n'a fait quedisnitrites, savoir : le ni-
trite de potasse, de soude, de baryte, de strontiane , de
chaux, d'ammoniaque, de njagnésie , de plomb , de mercure
et de cuivre. On ne connoîl point les propriétés de ces sels;
mais on peut les pressentir en raison de celles des nitrites.
Ainsi , l'oii peut être à peu près certain que le feu les décom-
posera et qu'ils se décomposeront, comme les nitrates, avec les
corps combustibles, etc. On ne trouve aucun nitrite dans la
nature , et l'on ne fait aucun usage de ceux que l'on prépare.
Des Muriates. (i)
Carartères. Les muriates qui ne se décomposent point ati
feu sont fusibles , au-dessous ou au-dessus de la chaleur
rouge. Deux d'entre eux sont toujours liquides ( muriates
d'arsenic et d'étain ),*et plusieurs autres coulent à la vïia-
nièrc des graisses , par l'action de la chaleur la plus douce ;
ce qui leur avoit fait donner dans le langage de l'ancienne
chimie, le nom de beurres. D'autres enfin sont volatils; ce
sont les muriates secs, qui senties plus difficiles à décom-
poser par le feu.
Mais parmi ceux qui sont humides, il en est un grand
nombre qui sont susceptibles de l'être. On remarque cepen-
dant que les muriates d'argent , de mercure, de manganèse ,
de zinc , abandonnent très-difficilement leur acide.
Le gaz hydrogène agit sur les muriates des anciens mé-
taux, dont il réduit l'oxyde. Le carbone bien sec n'a aucune
(i) Les chimistes conviennent maintenant d'appeler i.°c/(Yore, legazacida
mnriatique oxygéné j et ses sels mélalliques, cfitorvfes; 2.° acide hijdro-
clUorique, l'acide mnriatique formé de parties égales en volume, de cas
hydrogène et de gaz inurialique oxygéné : les sels résultans sont deshydio-
chiorates ; 3.° acide chioreux ^ l'acide muriatique surox^gcné : ses sels ie-
roient donc des chlorites ; 4° acide chlorique , l'acide mv.iialique hyj er-
oxygéné, et ses sels, par conséquent, chlorates. Pouréiiler la conluiicn
que fcroicnt naître toutes ces nouvelles dénominations, nous avons prél'éié
suivre les anciennes dénominations, sauf à renvoyer les lecteurs qui dé; i-
rent de plus amples renseiguemens , au Trailé de Chimie de M. Tbûiaid,
5^8 s E I.
action sur les muriates bien secs eux-mêmes ; mais à l'aide de
Teau et d'une chaleur plus ou moins forte, il les décompose
et les réduit à l'état métallique. On présume que le bore se
comporteroit à leur égard d'une manière analogue à celle
'i3(i carbone. Le phosphore et le soufre, ayant la propriété
àe se combiner avec l'oxygène de l'acide murialique , il est
très-probable qu'ils ont aussi la faculté de décomposer les
Hiuriatcs.
Tous les muriates neutres ou légèrement acides, sontso-
Ifibles dans l'eau , excepté ceux d'antimoine, de bismuth, de
protoxyde de mercure et d'argent; l'eau s'empare de l'acide
«Ses muriates d'antimoine, de bismuth et de tellure, et en
précipite l'oxyde à l'étal de sous-muriate.
La potasse et la soude en dissolution, décomposent tous
!es muriates qui n'ont pas l'un de ces alkalis pour base ;
c'est dire , en d'autres termes , que la potasse et la soude
sont les deux bases connues qui ont le plus d'affinité pour
i'aeide muriatique.
lues acides les plus forts, sans la présence de l'eau, ne
décomposent aucun muriate; mais avec cet auxiliaire, ils
sont tous attaqués plus ou moins facilement , si l'on en ex-
cepte cependant le muriate d'argent qui résiste à tout.
On trouve neuf muriates dans la nature , qui sont le mu-
liale de soude , de chaux, dépotasse, de magnésie, de cui-
vre, d'argent, d'ammoniaque, de plomb et de mercure;
les autres sont des produits chimiques.
Le m«nWe Je 2// cône est incolore, astringent, très-soluble
et sans usage.
Le muriate d\ilumine est déliquescent, très-soluble, inco-
lore, astringent, non cristaliisable et sans usage.
Le muriate (ïyllria est sucré , incolore, déliquescent , très-
soluble, se prend en gelée et n'est d'aucun usage.
Ll^ mûri aie de glucine est sucré, incolore, cristaliisable,
très-soluble et sans usage.
Le muriate de magnésie est amer, incolore , très-soluble,
et se trouve dans les eaux de quelques fontaines et dans les
déblais salpêtres.
Le muriate de haryte est acre, très-piquant , vénéneux , so-
luble , cristaliisable en lames carrées. On l'emploie en mé-
decine contre les scrophules , et en chimie comme réactif.
Le muriate de stiontiarte est incolore, acre, piquant, solu-
îjle dans une fois et demie son poids d'eau froide, et dar>s
les 4^/5 d'oau bouillante. Il communique une belle couleur
pourpre à la flamme des combustibles, sa forme cristalline
est le prisme hexaèdre régulier.
L.Z muriate de chaux est éminemment déliquescent, très-
s i: L 50g
acre, piquant et amer. Exposé au feu , il commence par se
fondre dans son eau de cristallisation , puis il éprouve la
fusion ignée. Refroidi et porté dans l'obscurité, il y jouit
d'une légère phosphorescence.
Ce sel est rarement pur, on le trouve parmi les matériaux
salpêtres, et en dissolution dans l'eau de quelques fontaines;
il est anliscrophuleux et employé en chimie comme l'un des
meilleurs frigorifiques connus.
Le miiriale dépotasse est incolore , piquant et amer; il est
soluble dans trois fois son poids d'eau froide, et se trouve à
l'état naturel dans quelques végétaux et dans quelques flui-
des de l'économie animale. On Temploycit autrefois comme
fébrifuge sous le nom de sel de Slhlus.
Le muriale de soude (sel marin ), est très-répandu dans la
nature, puisqu'il existe en dissolution dans l'eau de mer,
dans une infinité de sources et en masses solides et très-con-
sidérables en Espagne, en Pologne, en Allemagne et sur-
tout en Amérique , en Asie et en Afrique.
Tout le monde en connoît la saveur, et bien des gens ne
connoissent point d'autre sel que lui. 11 n'est pas toujours
blanc-, car on en rencontre d'un assez beau bleu, de lilas ,
de rouge orangé, de brun, etc. 11 cristallise en cubes régu-
liers plus ou moins parfaits, et décrépite quand on le jette
sur des charbons embrases.
On l'extrait : par évaporation naturelle, des eaux de la mer,
dans les lieux destinés à cette préparation, qui portent le aoiu
de marais salans ;
Par évaporation, partie naturelle et partie artificielle ,
des sources souterraines et salées qui existent particulière-
ment dans le pays de Sallzbourg;
Enfin à l'état solide , des terrains qui en renferment d'é-
normes masses, tels qu'en Pologne et au Pérou.
Dans les différens procédés d'évaporalion , l'on a tou-
jours en vue l'économie des combustibles , et par conséquent
la concentration préliminaire de la liqueur, par des moyens
peu coûteux, et c'est là le but des bâtimens de graduation,
formés le plus souvent de fascines empilées à une grande
hauteur, de cordes tendues perpendiculairement, comme à
Moutiers en Savoie, de tablettes inclinées, etc. , à travers
lesquelles ou le long desquelles on fait pleuvoir ou glisser
l'eau de la source, telle qu'elle sort du sein de la terre ou
à&s cavités souterraines , dans lesquelles ou la relient à des-
sein de la saler davantage , et qu'on nomme salons.
L'utilité de ce sel est si connue, qu'il seroit superflu d'en-
trer dans les détails relatifs à ce sujet ; on sait qu'on l'emploie
journellement pour assaisonner nos alimens, pour conser-
Sio SEL
ver ceux que l'on expédie au loin , et que Ton nonnne salai-
sons; mais on l'emploie aussi pour en extraire, tantôt la
soude, tantôt Tacide murialique qui le composent. On en fait
usage aussi pour la couverte de cette excellente poterie qu'on
nomme grès, et l'on en donne souvent aux moutons et aux va-
ches laitières. Employé à petite dose , il est l'un des meil-
leurs engrais connus.
Le muriate d'ammoniaque est d'un blanc un peu grisâtre ,
extrêmement piquant, soluble dans un peu moins de trois
fois son poids d'eau froide, et dans beaucoup moins d'eau
chaude. 11 cristallise rarement en cristaux réguliers. On ne
le trouve dans le commerce qu'en pains , dont la slraclure in-
térieure est fibreuse. Exposé au feu, il se fond d'abord dans
son eau de cristallisation , et se sublime ensuite.
Ge sel existe dans l'urine humaine, dans la fiente du
chameau, et en efflorescence aux environs des cratères des
volcans brûlans.
En Egypte , on l'extrait de la fiente du chameau; mais en
Europe, on l'obtient en distillant des matières animales sans
valeur, dans des tuyaux de fonte de fer, en décomposant
par le sous-carbonate d'ammoniaque qui en résulte , le sulfate
de chaux qui fait passer le sous-carbonale à l'état de sulfate,
et en mettant ce dernier en contact avec le muriate de soude,
dans des pots de grès , dont toute la partie inférieure est en-
gagée dans un fourneau à galère, tandis que l'ouverture est
couverte par un autre pot de grès renversé ; et c'est dans ce
dernier que le muriate d'ammoniaque est sublimé.
Les usages de ce sel ne sont pas très- variés; on l'emploie
principalement à décaper la surface des métaux qu'on veut
souder , braser , ou étamer; il entre quelquefois dans les
teintures, et on le donne comme stimulant en médecine.
Le muriate de manganèse , provenant du tritoxyde de ce
métal, est rose, styptique et déliquescent ; son usage est nul.
Celui qui provient du deutoxyde est blanc.
Le muriate de zinc est blanc, très-styplique, déliquescent et
émétique à petite dose.
Le muriate de fer est vert pâle , Irès-styptique , très-soluble
dans l'eau, susceptible de se sublimer à une chaleur élevée.
Usage nul.
Le muriate détain est blanc , styptique, plus soluble à
chaud qu'à froid, et s'emploie dans la teinture des toiles,
dans la couleur écarlate , et dans la préparation du muriate
d'or ou pourpre de Cassius, dont on fait usage dans la pein-
ture sur porcelaine.
Le ryv.^iufe d'antimoine csi blanc-grisaire , demi trauspa-
SEL Bit
rent, caustique, a l'aspect gras, est très-volatil, et est em-
ployé en médecine.
Le muriaie d'arsenic est le résultat de la combinaison du
deutoxyde d'arsenic avec l'ac'de muriatique ; il est liquide ,
très-vénéneux et très-volatil; sans usage.
Le muriate de chrome est vert et soluble.
Le muiiate de molybdène est à peine connu.
Le muriate de colombium ou tantale est à peine connu.
Le muriate de cobalt est très styptique , déliquescent et par
conséquent soluble. Ses dissolutions concentrées sont bleues,
et celles qui sont étendues sont roses. Celte dernière est em-
ployée comme objet de curiosité ; c'est une encre sympathi-
que très-jolie.
On trace des caractères sur le papier, avec cette liqueur
d'un rose tendre , et e« séchant ils disparoissent complète-
ment. Si l'on approche le papier du feu , ce que l'on a écrit
prend une teinte vert céladon, et disparoît de nouveau en
refroidissant, si toutefois l'on n'a pas trop chauffé. Ce phéno-
mène tient à ce que le muriate de cobalt, en attirant l'humi-
dité de l'air, s'affoiblit et perd sa teinte bleue, et que la
chaleur le rapproche et lui rend momentanément sa con-
centration, (i).
Le muriate d'urane est vert-jaunâtre, très-soluble, un peu
déliquescent, et sans usage.
Le muriate de ceiium est sucré, déliquescent, très-soluble,
et rougit le tournesol ; sans usage.
Le muriate de titane est d'un blanc-jaunâtre, incristallisable,
et rougit la teinture de tournesol.
Le muriate de bismuth est incolore , caustique et cristallise
aisément-, une chaleur peu élevée le fait couler à la manière
des graisses.
Le muriate de cuiore. Le deuto muriate de cuivre est bleu
verdâtre, styptique, et cristallise en petites aiguilles; il attire
l'humidité de l'air. M. Robinson, chimiste américain, l'a dé-
couvert dans les produits du Vésuve.
Le prolo-muriate est blanc et insipide.
Il existe dans la nature un muriate de cuivre, que Domhev
avoit rapporté du Chili, sous la forme d'un sable vert, qui.
communique cette couleur à la naumie du papier on en
connoît aussi qui est en masses.
Le muriate de tellure est incolore , cristallise difficilement,
et rougit la teinture bleue de violette. Sans usage.
Le muriaie de nickel est vert-pomme , sucré et soluble.
Sans usage.
(i) Thénard, Traité de Chiraie, Ijm. 4 , pag- 58o,
5ia S E L
Le muriate de plomb est blanc, sucré, astringent, înalté-^
rable à l'air et peu solubie. 11 cristallise en prismes hexaèdres
réguliers, brillans et salines. Au feu, il se fond et se prend
en masse grisâtre : il porle alors le nom de plomb corné.
Le muriate de mercure se trouve en petites masses dans la
nature :il accompagne le mercure sulfuré , le mercure natif
et l'amalgame naturel d'argent et de mercure. On le ren-
contre plus pariiculièrement dans les mities de mercure du
duché de Deux-Poiits. Il est rare dans les collections.
Le deuto-muriate de mercure (ou sublimé corrosif) est blanc V
inaltérable à l'air, slyptique et d'un goût très-désagréable;
son action vénéneuse est tellement active sur l'économie
animale, qu'il est dangereux d'en prendre la plus légère dose;
il est plus soluble à chaud qu'à froid dans la proportion de
20 à 3 d'eau.
La médecine l'emploie avec les plus grandes précautions,
mais avec un succès constant dans les maladies syphilitiques.
Le proto-muriate de mercure (ou mercure doux) est blanc,
sans saveur, insipide, indécomposable au feu, volatil, inso-
luble et inaltérable à l'air.
II est employé en médecine comme antisyphilitique et
purgatif; ses effets sont infiniment plus doux que ceux du sel
précédent.
lise, muriate d'argent est blanc, insoluble et insipide; il se
fond par une chaleur beaucoup plus basse que le rouge ; il
est susceptible de se couper à la manière de la corne , ce qui
lui a fait donner le nom d'argent corné. On le prépare dans
les laboratoires, mais il existe aussi dans la nature, et parti-
culièrement aux mines du Pérou, à Freyberg en Saxe et ail-
leurs. Il est rare dans les collections. Le contact du fer
revivifie l'argent qu'il renferme.
Le muriate de palladium. Ce sel , dont on doit la connois-
sance au D.^ Wollaston, est susceptible de se combiner avec
les muriates de soude , de potasse et d'ammoniaque, et de
former ainsi des sels doubles qui sont verts dans le sens trans-
versal de leurs cristaux prismatiques, et rouges dans le sens de
leur axe. Ils sont très-solubles dans l'alcool. Sans usage connu.
Le muriate de rhodium est rouge, soluble dans l'eau, incris-
tallisable, et rougit la teinture de tournesol; il forme, comme
le précédent, des sels doubles avec les mêmes muriates. Sans
usage.
Le muriate d'or est jaune foncé, très-styptique , colore en
violet l'épiderme de la peau et les substances végétales; se
réduit au feu en se décomposant, attire l'humidité de l'air
et est très-soluble.
s E L 5i3
On en précipite la dissolution par le sulfate de fer ou le
muriate d'étain, et l'on obtient pour résultat le pourpre de
Cassius qui produit ces belles couleurs roses et violettes qu'on
ramarque sur les porcelaines.
Le muriate de platine est brun-rougeâtre, styptique, et rougit
le tournesol. Il est assez facilement dissoiubie dans Teau,
et se comporte au feu comme le muriate d'or ; usage nul.
Le muriate (Tindium s'obtient en traitant le minerai de
platine tel qu'il se trouve en Amérique , et renfermant ,
comme on le sait, plusieurs autres métaux , entre autres
de Viridium ; usage nul.
Des Sous-Muriates ou Muriates acides.
Excepté le sous-muriate de plomb qui , étant fondu et
pulvérisé, est d'un jaune assez boaa pour être employé dans
les manufactures de papiers peints , on ne connoît point
d'usage à ces sels, qui s'obtiennent, au reste, comme les
sous-nitrates.
Des Muriates suroxygénés.
Caractères: décomposables au feu; quelques-uns même,'
par l'action d'un simple choc, s'enflammant et détonnant
avec fracas. Tous sont solubles dans l'eau , et tous les acides
paroissent avoir la propriété de les décomposer; aucun ne
se trouve dans la nature, et un seul est employé. C'est à
M. Berthollet qu'on doit la connoissance de ce genre de sels.
Le muriate suroxygéué de potasse, qui est la seule espèce
du genre dont on fasse usage, est blanc, acerbe et frais ; il
cristallise en lames rhomboïdales , ne s'altère point à l'air
et se dissout plus facilement à chaud qu'à froid dans le rap-
port de 2 1/2 à i8 d'eau.
Mêlé à un corps résineux, il s'enflamme par le contact
de l'acide sulfurique , et c'est sur cette propriété que sont
fondées les allumettes oxygénées qui s'allument quand on les
trempe dans un flacon d'acide sulfurique.
On l'administre dans certaines maladies syphilitiques.
Mêlé à 55 parties de nitrate de potasse, 33 de soufre, 17 de
poussière de bois de bourdaine tamisée, et à 17 de lycopode,
il forme une poudre dont on a proposé l'usage pour amorcer
les armes à feu. Au moyen d'un simple choc, et sans le secours
de la pierre, l'arme ainsi amorcée, part comme avec la poudre
ordinaire. On avoit proposé, pendant la révolution, de substi-
tuer le muriate suroxygéné au nitrate de potasse, dans lafabrica-
tion de la poudre de guerre ; mais la facilité avec laquelle elle
s'endamme, parle simple choc. Ta fait rejeter, malgré qu'elle
eût véritablement plus de force pour chasser les projectiles.
Le muriate suroxygéné de soude jouit, sans doute, d'une par-
lie des propriétés du précédent. Il n'est point employé,
XXX. 3J
Si/;. S î: l
Le murîaie sitroxygénè de baryte a une saveur acre ; il cris-
tallise en tables rhomboïdales ; est plus soluble à chaud qu'à
froid. Usage nul.
Le muriate suroxygéné de sirontiane est acre , très-soluble ,
et même déliquescent -, il cristallise en aiguilles.
Le muriate suruxygéné de magnésie est amer et déliquescent.
Le muriate suroxygèné de chaux cristallise difficilement ; il
est soluble et déliquescent, et a une saveur amère.
Le muriate suroxygéné d"^ ammoniaque est presque toujours
mêlé de muriate d'ammoniaque.
Le muriate suroxygéné d argent a été découvert par M. Che-
nevix, chimiste anglais, et est blanc, acre, caustique, et
cristallise en cristaux rhomboïdaux , décomposables au feu.
Mêlé à moitié son poids de soufre et frappé légèrement, il
détonne avec violence et dégagement de lumière vive.
Le muriate suroxygéné de mercure est. incolore , très-soluble,
déliquescent, se refuse à la cristallisation ; sa saveur est in-
supportable. Il n'a point d'odeur à la température ordinaire ;
mais, légèrement chauffé, il en acquiert une repoussante.
Des Fluates.
Caractères : tous les fluates entrent en fusion à une tempé-
rature plus ou moins élevée, ou se décomposent; tous sont
indécomposables par le feu, quand ils sont secs; mais plu-
sieurs le sont par l'intermède de l'eau , avec laquelle l'acide
fluorique a une grande affinité. L'hydrogène et le bore sont
les seuls combustibles non-métalliques qui soient susceptibles
d'agir sur les Quales secs. Tous les fluates connus sont inso-
lubles dans l'eau à l'état neutre, excepté ceux de potasse,
de soude , d'ammoniaque. et d'argent ; mais tous , en revan-
che, sont solubles dans un excès d'acide. La chaux paroît être
la base salifiable qui a le plus d'affinité avec l'acide fluorique.
hefluate de silice est tantôt gazeux, tantôt solide, suivant
que l'acide fluorique est plus ou moins prédominant.
A l'état gazeux , il est incolore , a une odeur piquante , il
éteint les corps enflammés et rougit la teinture de tournesol ;
il ne se dissout dans l'eau que par un excès d'acide plus
grand que celui qu'il contient à l'état de gaz ; usage nul.
Le ftuate de potasse est très-piquant , très-soluble , diffici-
lement cristallisable. On doit préparer tous les fluates dans
des vases de platine ou d'argent, en raison de la propriété
dont jouit cet acide d'attaquer le verre et la porcelaine , etc.
Le fluate de chaux existe en assez grandes masses dans la
nature; on le trouve dans les filons métalliques sous la forme
de cristaux cubiques ou octaèdres, avec àes couleurs vives
et variées de bleu, de violet, de jaune, de vert, de rose ou
SE L 5i5
cle blanc. C'est principalenient en Angleterre , dans le Der-
byshire , qu'on trouve le plus beau ; mais il en existe aussi en,
France. 11 est très-fusible , et, en raison de celte propriété,
il peut servir de fondant pour le traitement de certains mine-
rais. Réduit en poussière et projeté sur les charbons, il ré-
pand , dans l'obscurité ^ une lueur violette. 11 n'a aucune
saveur, résiste à l'air, et l'on en fait des objets d'agrément,
tels que des vases, des plaques, etc. C'est le spath fluor dç;
l'ancienne minéralogie.
Lefluate de soufre décrépite au feu et entre en fusion au-
dessous de la chaleur rouge. Il est sans usage.
Le flu'jie d'ammoniaque a une saveur très-piqaante , cris-
tallise difficilement, et est très-soluble. L'acide sulfurique
lé décompose. Sans usage.
Le filiale d'argent est très-âcre et styptique, déliquescent,
tache la peau comme la pierre infernale.
Les autres fluates n'offrent absolument rien de remarquable.
L'alumine (luatée alkaline ou cryolithe qui est composée de
soude, d'alumine et d'acide fluorique , se trouve à l'état natu-
rel au Groenland. Il paroît qu'elle fait partie d'un ou de
plusieurs filons métalliques.
Des Fluo-Borates.
Ils ont été fort peu étudiés; on sait seulement que le gaz
fluo-borique se combine en trois proportions avec le gaa
ammoniaque , et qu'il donne naissance à trois sels différens :
l'un est solide et les deux autres sont liquides.
Des Arsétsiates.
Caractères ; tous les arséniates se fondent, ou commen-
cent à se fondre, à une température plus ou moins élevée,
à moins qu'ils ne soient décomposables. Quand on calcine
un arséniate quelconque avec le charbon , l'acide est toujours
réduit. Il n'y a que trois arséniates neutres qui soient solubles
dans l'eau , mais presque tous le sont dans un excès d'acide
arsénique.
L'acide sulfurique décompose les arséniates à une tempé-
rature ordinaire, ou peu élevée ; mais à une grande chaleur,
c'est , au contraire , l'acide arsénique qui détruit les com-
positions les plus intimes de l'acide sulfurique.
• U arséniate de fer existe en petite quantité à l'état naturel.
On l'a trouvé à Saint-Léonard, près Limoges, aux mines de
Mutzelen Cornouailles, etc.
lu arséniate de cobalt se trouve à l'état naturel , en petites ef-
florescences qui se font reconnoître à leur belle couleur fleur
de pêcher.
luarséniate de cuivre se trouve dans 1% nature et se présente
3r6 SEL
sous des aspects et dès couleurs très-variables. On en con-*
noît de vert d'émeraude , de vert olive , de vert foncé , de
bleu céleste , de gris , de brun clair , de blanc ; les uns sont
cristallisés, les autres lamelleux, les autres présentent des
niasses radiées et soyeuses. Les mines de Cornouailles, et par-
ticulièrement celles de Huel-Gorland, fournissent les beaux
échantillons qui se font remarquer dans les collections. On en
a décrit les caractères ailleurs.
Uarséniate acide dépotasse est vénéneux , cristallise en pris-
mes à quatre pans pyramides. Le feu lui enlève son excès d'a-
cide. Sans usage.
Uarséniaté neutre de soude est vénéneux, très-soluble, et
cristallise en prismes hexaèdres. ,
Uarséniate acide de soude se refuSe à lacristallisation et est
déliquescent.
Uarséniate d'ammoniaque est vénéneux, piquant, cristal-
lise en rhombes, et est plus soluble à chaud qu'à froid.
Des Arsenites.
Les arsenites se comportent avec les corps combustible^
comme les arséniates , et ils se décomposent même plus fa-
cilement qu'eux.
On ne trouve qu'un seul arsenite naturel , les autres sont
des produits de l'art et ne sont d'aucun usage si l'on en ex-
cepte un.
L'arsenite de plomb est d'un jaune très-clair et friable. On le
trouve à lamine de plomb de Saint-Prix, département de
Saône-et Loire , et à la mine de Baden- Weiler, près deBâle,
U arsenite de deutoxyde de cuÏQre ( ou vert de Schéele ) s'em-
ploie dans les fabriques de papier peint. Il passe au bleu par
une longue exposition à l'air.
Des Molybdates.
Un seul molybdate se trouve dans la nature ; et les autres
sont des produits chimiques sans usage , et qui n'ont pas même
été très-étudiés.
Le molyhdaie de plomb se trouve à l'état naturel en petites
lames d'un jaune clair ou en octaèdres, à BleybergenCarinthie.
Le molybdate dépotasse est styptique, cristallise en lames
rhomboïdales luisantes, aisément fusibles et indécomposables
même à une haute température.
Le molybdate de aoude jouit des mêmes propriétés que le
précédent, et est comme lui sans usage connu.
Le molybdate d'ammoniaque est styptique, piquant, se re-
fuse à la cristallisation et se décompose au feu. Il est très-
soluble et d'un usage nul.
Des Chromâtes.
flaractlre^ ; «n a remarqué que les chromâtes dont l'oxyde
SEL 5i7
fesl blanc, sont Jaunes h IVtat de souS-sel et rougeâlres à l'état
acide. Ces sels sont décomposés par l'acide suifurique à une
température peu élevée. C'est à M. Vauquelin que l'on doit
*Ia découverte du chrome et des chromâtes. Il la fit en 1797.
lue chromate de potasse est jaune ettrès-soluble.
Le chromaie de sonde cristallise facilement , est jaune et plus
soluble à chaud qu'à froid.
Le chromaie d'ammoniaque est encore peu connu.
Le chromaie de chaux est jaune et soluble dans l'eau. 11 cris-
tallise.
Le chromaie de stronllane ressemble beaucoup à celui de chaux.
Le chromaie de silice , examiné par M. Godon , est rouge ,
insoluble et inaltérable même au feu de porcelaine.
Le chromaie de plomb se trouve en petite quantité dans la
nature ; il est d'un rouge orange , très-brillant , cristallise en
longues aiguilles qui sont des prismes ; se rencontre à la
mine de Bérézof en Sibérie. Les peintres russes l'emploient
dans la peinture à l'huile ; mais comme il est extrêmement
rare , on le prépare artificiellement en France , où l'on com-
mence à en faire grand usage particulièrement pour peindre
le fond des caisses de voiture.
Des Tungstates ou Schéelates.
Ces sels sont diversement colorés; ceux qui ont pour base
des terres ou des alkalis sont blancs ; les tungstates métalli-
ques , au contraire , sont colorés.
Le iiingslate de chaux (schéelin calcaire des minéralogis-
tes ) se trouve en Suède, en Saxe et en Bohème. Il cristal-
lise en octaèdres; sa poussière jaunit dans l'acide nitrique;
son aspect est un peu gras.
Le tungstale de fer et de manganèse ( schéelin ferruginé des
Tninéralogistes) est le moniteur des mines d'étain. On lui
doit la connoissance de l'étain en France. Il est noir, a l'éclat
métallique et est d'une grande pesanteur. C'est le wolfram des
anciens minéralogistes.
Le tungstale de potasse est stvptique, difficile à faire cris-
talliser, très-soluble et fusible à une température peu élevée.
Le tungstale de soude est acre, caustique, et cristallise en la-
mes hexaèdres.
Le tungstale d'' ammoniaque est styptique et inaltérable à
l'air, mais décomposable au feu, et très-soluble dans l'eau.
Des Colombates ou Tatntalates.
L'acide colombique ne se combine point avec l'ammo-
niaque , mais bien avec la soude et la potasse. On en doit la
découverte à M. Hatchette.
Le colombafe de potasse aune saveur acre et désagréable. Il
SïiS s E L
cristallise en*écailles brillantes, et tie s'altère point à Tair.
Usage nul.
Des Antimonites et des Atstuvioniates.
Ces sels sont insolubles, excepté ceux de potasse, de soud^^
ou d'ammoniaque. Ceux qui ont les anciens métaux pour base
«t qu'on chauffe fortement dans un creuset de platine , s'en-
flamment avec un grand dégagement de lumière et de calori-
que. M. B:erz€lius s'est particulièrement occupé de l'étude
4e ces nouveaux sels, dont ja&qiu'à présent le« «sages sont
nuls.
Des ÏIydrosulfures ou Oxydes hydro sulfurés.
L'hydrogène sulfuré agissant à la manière des acides, ce
neutralisant les bases salifiables , nous considérerons, avec
M. Thénard , les hydrosulfures comme de véritables sels ,
«t nous en ferons de même à l'égard des hydrates.
Ceux qui sont solubles dans l'eau, ont une odeur sentbla-
ble à celle des œufs pourris , et une saveur acre et amère. On
ne connoît jusqu'à présent que deux hydrosulfures colorés,
celui de fer et celui d'antimoine. Tous sont décomposés par
le feu. Tou& les hydrosulfures solubles décomposent , par
l'intermède de l'eau, tous les sels métalliques solubles ou in-
solubles.
«I^es hydrosulfures de potasse , de soude et à'' ammoniaque
s'emploient dans les laboratoires comme réactifs propres à
dénoter, dans une dissolution, la présence d'un sel métalli-
que quelconque.
Les hydrosulfures de baryte , de slronliane , de chaux et de
magnésie ne sont d'aucun usage.
Des Oxydes hydro-sulfurés insolubles.
Ils sont au nombre de cinq , savoir : ceux de manganèse ,
de zinc, de fer, d'élain et d'antimoine. Ce dernier, qui est
connu en pharmacie sous le nom de kermès minéral^ est em-
ployé en médecine.
Des Sulfures hydrogénés.
Il y a autant de sulfures hydrogénés que d'hydrosulfurés.
Tous ceux qui sont solubles sont jaunes , ont une saveur
âcrc, amère, et portent , à Tétat liquide , une légère odeur
d'œufs pourris.
On administre en médecine les sulfures hydrogénés de
soude, dépotasse et d'ammoniaque sous forme de bains. Celui
de soude se trouve dans les eaux thermales sulfureuses natu-
relles.
Des Hydrosulfures sulfurés.
Ils varient beaucoup dans leur composition , et s'appro-
chent alternativement des hydro-sulfures simples ou des sul-
s E L 5ir>
fures hydrogénés. Peut-être même ne sont-ils que des mé-
langes de l'une et de l'autre espèce.
De r Hydrosulfure d Ammoniaque.
Ce sel est blanc, en aiguilles ou en lame% cristallisée^ ,
très-volatil même à la température ordinaire; il refroidit
l'eau dans laquelle on le fait dissoudre. 11 s'emploie comme
réactif.
Du Sulfure hydrogène d'Ammoniaque.
11 a la consistance d'un sirop; sa couleur est brune ou
rougeâtre. Le feu la décompose. 11 répand des vapeurs blan-
ches quand on le met en contact avec l'air.
Des Hydrates.
La plupart des oxydes métalliques sont susceptibles de
s'approprier et de solidifier une certaine quantité d'eau, et
de former des composés qui jouissent de propriétés particu-
lières ; ce sont les hydrates de M. Proust.
Ces sels, dans lesquels l'eau joue le rôle d'acide , se dé-
composent facilement au feu, en laissant échapper avec fa-
cilité une portion de leur eau. Les hydrates de potasse, de
soude et de baryte font cependant exception à cette règle
générale.
hliydraie de potasse ou de deutoxyde de potassium n'existe
point dans la nature. 11 résulte d'une préparation chimique.
11 est solide , sec , blanc , très-caustique , attire l'eau et l'a-
cide carbonique de l'air à la température ordinaire , tandis
qu'à la chaleur rouge il en attire l'oxygène , l'acide carboni-
que, et cède une partie de son eau. Le carbone, le bore et
les métaux agissent diversement sur cet hydrate , qui est em-
ployé comme réactif par les chimistes.
^J'hydrate de soude jouit absolument des mêmes propriétés
que l'hydrate de potasse.
Uhydrate de baryte est solide , gris-blanc, caustique ; n'existe
point dans la nature, et est sans usage.
Uhydrate de chaux est blanc, pulvérulent, moins caustique
que la chaux vive, abandonne une partie de son eau à une
haute température , et attire l'acide carbonique de l'air. Il
n'existe point dans la nature.
Uhydrate de magnésie jouit de la plupart des propriétés de
la magnésie. 11 existe dans la nature.
h'hydrate d'alumine abandonne l'eau qu'il contient avec
beaucoup plus de facilité que les précédens. Il existe dans la
nature.
L'hydrate de stroniîane n'a point encore été étudié. Il n'existe
point dans la nature.
Vhydraie de silice. L'analyse ayant démontré l'existence
d'une quantité d'eau notable dans le quarz concrctionné
520 s E L
qu'on trouve près de Francfort, à la surface de certaines la-
ves, ainsi que dans l'opale de Hongrie , on doit considérer
ces deux variétés de quarz comme étant des hydrates de si-
lice.
Enfin l'on trouve encore dans la nature plusieurs hydrates
métalliques, tels que Tocre ou l'hydrate de fer, la calamine
ou l'hydrate de zinc , et une variété du manganèse oxydé mé-
talloïde , que l'on a reconnu tout nouvellement comme étant
un véritable hydrate de manganèse.
Des loDURES, Iodates et Hydriodates.
L'iode paroît susceptible de se combiner, à l'aide de la
chaleur, avec tous les métaux, et de donner des iodures ana-
logues aux sulftires. Quelque^s iodures ne décomposent point
l'eau : tels sont ceux de plomb, d'argent, de mercure, qui
sont insolubles; mais, en général, ceux de métaux faciles à
oxyder, comme le fer, Tétain, le zinc, etc., la décomposent
surtout à une haute température, et donnent naissance à des
hydriodates ^ ce qui est une suite de l'affinité que l'iode a pour
l'hydrogène , et qui le rend susceptible d'enlever ce corps à
un grand nombre d'autres. De tous les iodures, celui qu'on
a le plus étudié, est celui de mercure.
L'acide iodique forme, avec la potasse, la soude, la ba-
ryte, la strontiane et l'ammoniaque , des iodates, dont un
des caractères est d'être insolubles, ou presque insolubles.
Le nitrate d'argent forme, avec les iodates alcalins, un pré-
cipité très-soluble dans l'ammoniaque , et qui est un iodate
d'argent. Tous ces sels , comme tout ce qui concerne l'iode
(F. ce mot.) , ont fait le sujet des travaux des plus habiles
chimistes, et dont on trouve un précis dans le Traité de
Chimie de M. Thénard.
A. Tableau des principaux genres des sels végétaux.
I. Acétates.
g. Mellitates.
2. Malates et Sorbates.
10. Morates.
3. Oxalates.
II. Succinates.
4.- Benzoates.
12. Tarirates et Pyrotartrates,
5. Citrates.
i3. Camphorates.
6. Fungates.
14.. Mucates.
7. Gallates.
0. Kinates.
i5. Subérates.
16. Nancéates.
Des Acétates.
Presque tous les acétates sont solubles dans l'eau, excepté
ceux de mercure et d'argent qui le sont très-peu ; ceux qui
ont des terres ou des alkalis pour base, se décomposent quand
ils sont dissous en se couvrant de moisissure verdâlre. Tous
sont décomposables par les acides sulfuriques, nitriques , etc.
JJ acétate d'alumine est îûcolore, très-astringent, glyptique ^^
SEL 52E
et rougit la teinture de tournesol; il s'emploie pour fixer les
couleurs dans l'art d'imprimer les toiles.
Ju' acélate Je magnésie e&t incolore ^irès-amer , un peu déli-
quescent et Irès-soluble. Sans usage.
L'acé/ate de chaux cristallise facilement en aiguilles bril-
lantes et satinées ; sa saveur est acre , il est très soluble ; la
chaleur rouge le décompose. Usage nul , excepté en chimie.
JJ' acétate de baryte est très-piquant , très-âcre , cristallise en
aiguilles transparentes et s'effleurità l'air. Usage nul.
Là' acétate de strontiane est acre , décomposable à une chaleur
rouge , et sans usage.
Uacétate de potasse ( ou terre foliée de tartre de l'ancienne
chimie ) cristallise en paillettes , et attire l'humidité de l'air
avec avidité.
M. Vauquelin a trouvé ce sel en petite quantité dans la
sève de presque tous les arbres. Il est employé en médecine
comme fondant.
L'acétate de soude , exposé au feu , éprouve la fusion ignée ,
et se décompose ensuite ; sa saveur est amère. Il s'emploie
dans quelques fabriques pour obtenir le sous-carbonate de
soude.
la acétate d'ammoniaque (ou esprit de mendererus) existe en pe-
tite quantité dans l'urine pourrie. On l'emploie en médecine.
ÏJ acétate de fer peut contenir ce métal à trois états différens
d'oxydation. On l'emploie dans la teinture en noir des
toiles peintes,
U acétate de cuiore. On distingue deux acétates de cuivre :
Le sous-deut- acétate {vert-de- gris) qui est pulvérulent, d'un
vert pâle et sans saveur,
Et le deut-acétate neutre {vert ou cristaux de Vénus) qui est
d'un vert plus fonce , et qui cristallise en petits rhomboïdes-
On fabrique ce sel à Montpellier avec des lames de cuivre
triangulaires, que l'on place dans des pots de terre avec des
couches alternatives de marc de raisin nouveau.
On le trouve , dans le commerce , enfermé dans des sacs
de peau blanche ; on l'emploie surtout dans la peinture à
l'huile ainsi qu'en pharmacie et en médecine. C'est avec lui
qu'on fait les cristaux de Vénus nommés verdet. l^e vert-de-
gris , qui s'attache naturellement aux vases de cuivre , est un
carbonate qu'il ne faut pas confondre avec cet acétate.
L'acétate de plomb. 11 y en a de deux espèces:
L'acétate neutre ., qu'on nomme vulgairement sel ou sucre de
Saturne^ se fabrique en grand pour les besoins des arts , où il
est fréquemment employé; on le compose avec de la lilharge
qui est un oxyde de plomb que l'on fait bouillir dans du vi-
naigre distillé. Il cristallise par le refroidissement en aiguilles
522 S E r,
blanches triangulaires. L'air ne Tallère point , tel humide
qu'on puisse le supposer.
Les usages de ce sel sont importans; on l'emploie à l'exté-
rieur et à l'intérieur, mais c'est surtout pour préparer l'acé-
tate d'alumine qui sert de mordant pour les toiles peintes ou
imprimées, qu'il s'emploie en plus grande quantité.
Le sous-acétate. Sa saveur est moins sucrée que celle du
précédent; il verdit le sirop de violette ; il est inaltérable à
l'air. On le prépare avec l'acétate neutre , auquel on ajoute
|ine certaine quantité de litharge , et l'on fait bouillir le tout
avec de l'eau et dans un vase de cuivre. '
C'est avec ce sel que l'on compose l'eau végéta- minérale
ou Veau de Goulard si employée pour le pansement des plaies.
IWacètaie de mercure à Télat de deuloxyde , cristallise en
James brillantes ; il provoque la salivation ; il est d'une sa-
veur très-désagréable, se décompose au feu et est peu soluble.
Il s'emploie contre les affections syphilitiques , soit en entrant
dans la composition des dragées de Keyser, soit en entrant
dans celle du sirop de Belet.
Des Malates et Sorbates.
L'acide malique et l'acide sorbique ont été décou-
verts dans le suc des pommes , et depuis on les a reconnus
dans presque tous les fruits qu'on sert sur nos tables. Ils s'al-
Jient à quelques bases sallfiables , et produisent des sels qui
ont élé peu étudiés jusqu'à présent.
Des Oxalates.
L'acide oxalique, ou cet acide , qui existe dans l'oseille ,
n'y est point à l'état libre, il y est combiné avec la potasse ;
mais on l'en extrait et Ton en prépare une suite de sels qui se
décomposent au feu comme tous les sels végétaux. On remar-
que que ceux qui contiennent un excès d'acide sont moins
solubles que ceux qui sont neutres. En général , les oxalates
résistent à beaucoup d'acides sans se décomposer.
\Soxalate de potasse s'obtient en neutralisant le sel d'oseille
par un excès de potasse; il est excessivement soluble.
Le suro'xalate de potasse cristallise en parallélipipèdes très-
courts , opaques , et est moins soluble que le précédent.
Uoxalate acide de potasse ou sel d oseille , cristallise facile-
ment t rougit le tournesol, se décompose au feu : peu soluble.
On prépare le sel d'oseille, en Suisse, avec la Petite
Oseille sauvage {rumex aceiosella) , et , en Angleterre , arec
la Surelle {oxalis acetosella).
L'usage le plus commun de ce sel , est d'enlever les taches
d'encre sur le linge.
Uoxalate de soude est peu soluble dans l'eau et sans usage ,
ainsi que le suroxalate.
s E T. 5,3
Uoxalale d ammoniaque s'emploie en chimie comme réactif
pour déceler la présence de la chauK dans les eaux. Le sur-
oxalate est sans usage.
Des Benzoates.
On n'a trouvé , jusqu'à présent , Tacide benzoïque que
dans quelques baumes , dans le benjoin , et dans l'urine de
certains animaux herbivores.
Les benzoates, exposés au feu, laissent échapper une partie
de leur acide , et tous sont attaqués par les acides puissans.
On ne trouve, dans la nature , que les benzoates de soude
et de potasse , et leur usage est nul.
Des Citrates.
L'acide citrique qui, comme son nom l'indique assez , se
trouve dans le jus de citron et d'orange, accompagne aussi
l'acide sorbique ou l'acide malique dans les fruits rouges. Il
•contribue beaucoup à rendre leur saveur agréable.
Les citrates de potasse, de soude , d'ammoniaque, de
strontiane , de magnésie et de fer, sont solubles dans l'eau,
et plus ou moins cristallisables. Ceux , au contraire , de ba-
ryte , de chaux , de zinc , de ceriuni , de plomb , de mercure
et d'argent, sont peu solubles, excepté dans un excès d'acide
citrique.
Le citrate de chaux est le seul qui se trouve dans la nature ,
et encore existe-t-il en très-petite quantité dans les fruits qui
contiennent Tacide citrique.
L'acide citrique , broyé avec une certaine quantité de sucre ,
forme la limonade sèche si précieuse aux voyageurs; et à l'état
de jus de citron , il s'emploie dans les teintures de la soie , et
principalement pour les beaux roses de Lyon.
Des Fukgates.
L'acide fungique a été découvert dans les champignons
par M. Braconnot : il se combine avec la chaux, la baryte,
la potasse , la soude , l'ammoniaque , la magnésie , l'alumine
et le deutoxyde de manganèse. Ces sels sont sans usages
connus.
Des Gallates.
L'acide gallique a éié découvert d.ms la noix de galle,
mais il existe aussi dans beaucoup d'écorces : il est toujours
uni au tannin , mais à l'état de pureté , il se combine avec
toutes les bases salifiables.
C'est un réactif pour les chimistes quand il est à l'état pur,
et on l'emploie plus souvent dans la teinture quand il est uni
au tannin.
5^4 SEL
Les galiates ont été à peine étudiés, et âncun n'est en usage;
C'est au moyen d'une décoction de noix de galle versée
dans une dissolution de sulfate de fer, qu'on obtient l'encre
à écrire.
Des KiNATEs.
L'acide kinique ne s'est encore trouvé que dans le quin-
quina , où il est uni à la chaux. Les kinates n'ont pas encore
été examinés.
Des Mellitates.
L'acide mellitique forme la base d'une substance végéto-
ïninérale qui cristallise en octaèdres surbaissés, et à laquelle
on a donné le nom de mellite ou pierre de miel. Les sels qu'il
forme , avec les bases sallfiables , n'ont point encore été
étudiés.
Des Morates.
L'acide morique, découvert par Klaproth dans le morus
alha en petits grains d'un brun noirâtre, est susceptible de
se combiner avec des bases ; mais les sels qui en résultent
n'^ont point encore été étudiés.
Des Succinctes.
L'acide succinique provient de la distillation du succin ou
ambre jaune ; il y est uni à une grande quantité d'huile. Il
forme, avec la potasse, la soude et l'ammoniaque, des sels so-
ïobles; et avec la baryte, la slrontiane, la chaux, le fer, le
plomb , le cuivre et le cérium des sels insolubles.
On ne connoît aucun usage aux succinates.
Des Tartrates.
L'acide tartarique existe dans cette substance si connue et
si employée en médecine, que l'on nomme crème de tartre ;
il y est uni à la potasse. Les tartrates neutres de potasse, de
soude , d'ammoniaque, de magnésie, de cuivre, sont solubles
dans l'eau; et ceux de baryte , de stronliane, de chaux, de
plomb, de fer, de zinc, d'étain, de mercure et d'argent , y
sont insolubles.
Le tartrate acide de poiassê ( ou crème de tartre ) existe dans
le raisin et le tamarin ; c'est lui qui se dépose, avec le tartrate
de chaux , à l'intérieur des tonneaux , et c'est à ce mélange
qu'on donne le nom de tartre.
Le tartre, dissous, clarifié et cristallisé à plusieurs reprises,
prend le nom de crème de tarlre.
Ce sel est peu soluble et désagréable à prendre , par cela
même qu'il tombe au fond du vase ; mais , on brûlant une
portion de la dose ordonnée sur une pelle rouge, le tout de-
vient soluble. On préfère ce moyen à celui d'y ajouter une
certaine quantité de borax qui le rend aussi très-soluble.
s E L 5a5
"Le tarirate de soude et de potasse est remarquable par la
beauté de ses cristaux prismatiques ; il est amer et légè-
rement purgatif ; c'est le sel de seigneite des pharmaciens.
Le iartrate de potasse et d antimoine ( émétique ). L'émétique
est connu par sa propriété vomitive; sa découverte date de
i63i. On avoit prétendu que tous les émétiques n'éloient
point également énergiques, mais l'on s'est assuré du con-
traire. Ce sel doit sa vertu à la présence de l'antimoine dont
tous les sels ont une action plus ou moins marquée sur l'éco-
nomie animale.
Le iartrate de potasse et de fer s'obtient en faisant bouillir de
l'eau sur un mélange de limaille de fer et de crème de tartre ;
puis en filtrant et évaporant la liqueur.
Les boules de Nancy sont un mélange mécanique de crème
de tartre et de limaille de fer; l'eau dans laquelle ou a laissé
séjourner ce mélange, devenue solide, est propre à la gué-
rison des contusions et des foulures.
Le iartrate acide de potasse distillé, produit un acide parti-
culier auquel on donne le nom de pyro-tartarique ; il se com-
bine avec les bases salifiables , et donne naissance à quelques
sels dont les usages sont inconnus.
Des Camphorates.
L'acide camphorique provient du traitement du camphre
par l'acide nitrique en excès et d'une distillation interrompue
à plusieurs reprises.
Les camphorates de potasse, de soude et de magnésie sont
les seuls qui aient été étudiés; ils se décomposent au feu, et
sont solubles dans l'eau bouillante ; leur usage est nul.
Des Mucates.
Ces sels proviennent de la combinaison d'un acide qui
existe dans la manne grasse, dans la gomme et dans le sucre
de lait, et auquel Schéele a donné le nom de mucique.
Aucun mucale n'existe dans la nature; ceux de potasse ,
de soude et d'ammoniaque se préparent directement et ne
sont d'aucun usage.
Des Subérates et des Nancéates.
L'acide subérique provient du traitement du liège par
l'acide nitrique et la distillation ; il est si foible qu'à peine
altère-t-il la teinture de violette.
Les sels qu'il produit avec différentes bases sont sans usage
et participent aux propriétés des autres sels végétaux.
Il existe encore un autre acide végétal, qui a été reconnu
par M. Braconnot dans le suc de betteraves putréfié , dans
les substances végétales acesceotes ou qui tournent à l'aigre,
SaG SEL
comme on dit vulgairement. Cet acide a été nommé par ce
chimiste , aride nancéique , en l'honneur de la ville de Nancy
où il demeure. Ce nonwi'a point été adopté jusqu'à présent,
mais la découverte n'en reste pas moins , et cet acide , dont
la saveur est assez marquée, se combine avec toutes les bases
salifiables terreuses, aikalines et métalliques ; les sels qui en
résultent sont sans usage.
C. Tableau des principaux genres des sels animaux.
1. Les urates. 4^. Les sebatates.
2. Les rosatates. 5, Les prussiates et les prus-
siaies o.Kygénés.
3. Les amniotates. 6. Les lactates.
Des Urates.
L'acide urique n'existe que dans l'urine de l'homme et des
oiseaux; c'est lui qui se dépose sous la forme de poudre jaune,
peu de temps après qu'elles sont rendues : c'est lui qui cons-
titue une portion des calculs urinaires et la partie blanche de
la fiente des oiseaux. Les sels qu'il est susceptible de former
avec les bases salifiables, ne sont solubles, d'une manière très-
sensible, qu'autant que ces bases le sont elles-mêmes; presque
tous les acides sont susceptibles de les décomposer ; ils sont
sans usage.
Des Rosatates.
L'acide rosacique, qui tire son nom de sa couleur qui est
d'un rouge de cinabre très-vif, se trouve dans Turine des
hommes qui sont attaqués de fièvres intermittentes ou ner-
veuses.
Les sels qu'il est susceptible de former n'ont point été étu-
diés.
Des Amniotates.
MM. Vauquelin et Buniva, en analysant les eaux de l'am-
nios d'une vache , ont découvert dans cette liqueur un acide
particulier qui est blanc, sans odeur ni saveur, qui rougit à
peine la teinture de tournesol.
Les sels qu'il est susceptible de former avec les terres et les
alkalis , sont décomposables par tous les acides, et sans usage.
Des Sebatates.
L'acide sébacique provient de la distillation des graisses;
il est sans odeur et presque sans saveur , et les sels qu'il est
susceptible de produire n'ont point été étudiés.
Des Prussiates.
L'acide prussique au hydro-cyaniqae , et dont la base est
SEL 527
Appelée cyanogène» n'existe point dans la nature; mais on
le produit dans différentes opérations chimiques, surtout
lorsqu'on décompose des substances animales ou végétales
azotées. Il se combine avec plusieurs bases salifiables , et
donne naissance à des sels plus ou moins remarquables.
Le deuio-prussiate de mercure a une saveur slyptique et désa-
gréable. Il cristallise en prismes ou en aiguilles, suivant qu'il
est plus ou moins pur. Il est employé, comme presque toutes
les préparations mercurielles, dans les affections syphilitiques.
Le prussiate de potasse ferrugineux est un sel double , trans-
parent , de couleur citrine , sans odeur, plus pesant que l'eau,
et que l'on obtient en traitant le bleu de Prusse du commerce.
Il se décompose au feu, est inaltérable à l'air, et résiste à
l'action des acides ; c'est un réactif.
Du Bleu de Prusse.'^— Les chimistes ne sont point d'accord
sur la nature du bleu de Prusse ; cependant la plupart le re-
gardent comme un trito-prussiate de fer. Dans les laboratoires ,
on se le procure en versant une dissolution de prusslale de po-
tasse ferrugineux dans une dissolution de trito-sulfate ou trito-
muriate de fer ; mais, en grand, on l'obtient en faisant brûler
ensemble de la potasse et des matières animales , et surtout
du sang desséché, et en versant dans la dissolution de ce mé-
lange, des dissolutions d'alun et de sulfate de fer.
Il se produit , en premier lieu , un précipité brun qu'on
lave et qu'on laisse reposer pendant près d'un mois, et il
résulte de ces lotions, que ce précipité d'un brun sale passe
successivement au verdâtre, au bleuâtre, au bleu sale et enfin
au beau bleu. Arrivé là, on fait sécher le bleu de Prusse et
on le verse dans le commerce.
On l'emploie dans la peinture à l'huile, dans les manu-
factures de papiers peints , et , en dernier lieu , on l'a fait
servir dans la teinture de la soie à laquelle il communique
cette belle teinte qui est connue sous le nom de bleu Raymond^
en l'honneur de son inventeur qui , je crois , en a fait la pre-
mière épreuve dans les grands ateliers de teinture de Lyon.
Cette teinture est extrêmement solide, très-brillante et très-
employée.
Des Prussiates oxygènes. — L'acide prussique a la propriété
d'enlever à l'acide muriatique oxygéné son excès d'oxygène et
de se l'approprier; dans cet état, il est plus volatil et plus pi-
quant, et il est susceptible de s'unir à différentes bases, et
entre autres à la potasse. C'est Vacide chloro-cyanique de quel-
ques chimistes.
Le prussiate oxygéné de potasse est soluble , et le prussiate
oxygéné de fer ne l'est point. Le bleu de Prusse, long-temps
528 S E L
exposé à l'aîr, passe à l'état de prussiate oxygéné de fer qui
est vert ; c'est ce que l'on remarque dans la couche des ta-
bleaux anciens où les peintres ont eu l'imprudence de se ser-.
vir de cette couleur peu solide.
Des Lactates.
L'acide lactique existe dans le petit-lait aigri , et M, Ber-
zelius l'a trouvé dans d'autres fluides de l'économie animale
et jusque dans la fibre musculaire. Les lactates n'ont point
encore été étudiés. L'acide nancéique que M. Braconnot a
découvert dans les végétaux acescens, a, dit-on, beaucoup
de rapports avec l'acide lactique.
Ici se termine l'exposition des différens genres des sels
minéraux, végétaux ou animaux. Dans peu, sans doute, cette
énumération sera incomplète ; mais tel est le sort des ouvrages
qui traitent des sciences physiques et naturelles dans un temps
où chaque jour est marqué par une découverte ou par la solu-
tion d'un problème.
L'on a terminé l'article des métaux par l'exposé des diffé-
rens états où ils se trouvent dans la nature.
Le tableau suivant est destiné à remplir le même but, par
rapport aux terres et aux alcalis.
Lei terres et les alcalis se trouvent dans la nature ; savoir ;
1. La silice. — Pure et hydratée.
2. \J alumine. — Pure ; sulfatée et fluatée, avec une addition
de potasse et de soude.
3. La chaux. — Carbonatée pure et avec addition de fer, de
manganèse, de quarz, de magnésie, de bitume etd'hy-
dro-sulfure '?
— Phosphatée , pure et avec addition de quarz.
Fluatée. — Sulfatée. — Nitratée. — Arseniatée. — Bo-j
ratée sillcifère.
4.. La baryte. — Sulfatée et carbonatée.
5. La strontiane. — Sulfatée. — Carbonatée.
6. haimagnésie. — Sulfatée. — Carbonatée. — Boratée, — Hy-
dratée.
7. La potasse. — Nitratée.
8. La soude. — Sulfatée. — Muriatée. ■— Boratée. — Carbo-
natée.
g, \^ ammoniaque. — Muriatée.
Les autres terres ne forment point de sels qui soient du
domaine de la minéralogie ; elles entrent dans la composition
des substances terreuses qui ont été décrites en particulier,
ou se combinent artificiellement avec tous les acides , comme
on l'a vu dans le courant de cet article. (Brard.)
SEL 5^^
SEL ACIDE MINERAL. V. Acide boracique, Acide
iSULFURIQUE,etC. (pat.)
SEL ADMIRABLE. V. Soude sulfatée, (lt^.)
SEL ALCALI. V. Ammoniaque , Soude et Potasse.
(pat.) .
SEL ALEMBPvOTIL Lemery donne ce nom à un sel
fossile de couleur rouge, qui se trouve en Egypte : ceux qui
l'ont vu disent que c'est un Sel gemme. F. Soude Muriatée.
(pat.)
SEL AMMONIAC NATIF deRomé-de-l'.lsIe. F. Am-
3I0NIAQUE MURIATKE. (LN.)
SEL AMMONIACAL SECRET DE GLAUBER.
Romé-de-l'Isic a donné ce nom à TAmmoniaque sulfatée
îsaturelle. (ln.)
SEL AMER ou D'ANGLETERRE. V. Magnésie sul-
fatée. (lts\)
SEL D'ANGLETERRE, SEL D'EPSOM ou de SED-
LirZ. C'est un sel amer, formé d'acide sulfurique et de
magnésie, qui se trouve naturellement dans les eaux miné-
rales d'Epsom,àcinq lieues de Londres, dans celles de Sedlitz
eu Bohèuie , et qui tous les ans couvre d'efllorescences les
déserts de la Sibérie. V. l'article Magnésie sulfatée, (pat.)
SEL DE CHAUX. Quelques auteurs donnent ce «om
vague et impropre à plusieurs substances salines, qui ont
pour base la chaux jointe à différens acides , telles que le
muriale et le nitrate de chaux, etc. (pat.)
SEL COMMUN. V. Soude muriatée. (ln.)
SEL DE CUISINE. V. Soude muriatée. (ln.)
SEL D'EPSOM ou D'EBSHOM. Magnésie qui se
trouve dans les eaux minérales d'Epsom, à quinze milles de
Londres. V. Magnésie sulfatée, (pat.)
SEL DE DUOBUS. C'est, suivant Thénard, le Sulfate
DE Potasse, (ln.)
SEL ESSENTIEL. On donnoit ce nom, dans l'ancienne
chimie , et on le donne encore actuellement dans les phar-
macies , aux sels retirés des végétaux , par l'évaporation de
leur jus ou de leur décoction.
Aujourd'hui que ces sels sont connus , on n;e les indique
plus que par leurs composans. Ainsi le Sel essentiel d'e
l'Oseille s'appelle I'Oxalate de Potasse; le Sel es-
sentiel DU Vin, Tartrite de Potasse; le Sel essentiel
DU Bois, Acétate de Potasse; le Sel essentiel des Pom-
mes , Malate de Potasse. V. Vinaigre, (b.)
SEL FEBRIFUGE de Silvius. C'est le Mu^iate de
Potasse. (ln.Jj
53o SEL
SEL FOSSILE , SEL DE MONTAGNE ou SEL
GEMME. V. Soude muriatée. (pat.)
SEL FUSIBLE. V. Sel MicRecosaiiQUE. (ln.)
SEL GEMME ou SEL MARIN FOSSILE. V. Soude
MURIATÉE. (pat.)
SEL DE GLAUBER. V. Soude sulfatée, (ln.)
SEL D'INDE ou SEL PYRAMIDAL Quelques au-
teurs parlent de celte substance , comme d'un sel sucré
qu'on retire de quelques espèces de Fucus. V. ce mol. (pat.)
SEL MARIN, Sel commun, Sel de cuisine. V. SouDE MU-
KIATÉE. (LN.)
SEL MICROCOSMIQUE. C'est un mélange de phos-
phate de soude et d'ammoniaque , de muriate de soude et
d'ammoniaque, et de sulfate de potasse et de soude , qui se
sépare de l'urine lorsqu'on la fait évaporer. Ce mélange salin
s'appelle aussi sel fusible ^ sel natif, (lw.)
SEL DE MONTAGNE. T. Soude muriatée. (ln.)
SEL MURAL f. Aphronatron , Nitre et Soune. (ln.)
SEL NARCOTIQUE. On a donné ce nom à I'Acide
iORACIQUE. (LN.)
SEL NATIF. V. Sel microcosmique, (ln.)
SEL DE NITRE ou SALPÊTRE. F. Potasse nitra-
TÉE. (LM.)
SEL D'OSEILLE. C'est I'Oxalate acide de Potasse.
V. ce mot. (ln.)
SEL DE PIERRE. V- Potasse nitratée. (ln.)
SEL POLYGHRESTE de Glauber. C'est le Sulfate
DE Potasse, (ln.)
SEL PYRAMIDAL F. Sel dTnde. (pat.)
SEL DE SATURNE. C'est I'Acétate de Plomb, (ln.)
SEL SÉDATIF. Homberg a décrit sous ce nom l'AciDS
BORACIQUE qu'on trouve dans les Lagonis de la Toscane.
C'est le sel sédatif natif àe Hoepfer. V. Sassolin. (ln.)
SEL DE SEDLITZ, Sel d'Epsom, Sel cathartitjue amer.
V. Magnésie sulfatée, (ln.)
SEL DESEKiNETTE. C'est le Tartrate de Soude et
de Potasse, (ln.)
SEL DE TARTRE. C'est le Tartrate acide de Pô-
Tasse, (ln.) „
SEL VEGETAL. C'est le Tartrate de Potasse, (ln.)
SEL DE VERRE. C'est la Soude muriatée, parce
qu'elle entre dans la composition de la plupart des verres, (ln.)
SEL DE VINAIGRE. C'est I'Acide du Vinaigre, ou
acide acétique concret et cristallisé. Cln.)
SEL VOLATIL D'ANGLETERRE. C'est un sous-
càrbonate d'ammoniaque. (Lit.)
SEL 53i
SELACIENS. Famille de poissons inlroduite par Guvie*.
Elle ne diffère pas de celle appelée Sélaques par Blainville.
SELAGE , Selago. Genre de plantes de la didynamie
gymnospermie , et de la famille des pyrénacées , qui offre
pour caractères : un calice tubuleux à quatre ou cinq divi-
sions inégales; une corolle hypocratériforme, à limbe plane .
à trois ou cinq divisions égales ou inégales ; quatre étamines,
dont deux plus courtes; un ovaire supérieur, ovale, sur
monté d'un style à stigmate simple ; une ou deux semences
recouvertes par le calice , et dont le périsperme est charnu
et la radicule supérieul%.
Ce genre, fort voisin desSTiLBÉs, renferme une quaran
taine d'espèces herbacées ou frutescentes, à feuilles alternes
et à fleurs disposées en épis ou en corymbes , toutes du
Cap de Bonne-Espérance. Un petit nombre de ces espèces
est cultivé dans les jardins d'Europe : je ne citerai parmi
elles que le Sélage en corymbe , dont les fleurs sont dis-
posées en corymbe lâche, et les feuilles filiformes et fasci-
cuiées. Cette plante est à demi frutescente , et ne manque
pas d'élégance. Ses fleurs sont très-petites , blanches et légè-
rement odorantes.
La Sélage a épis ovales a servi à rétablissement du
genre Dalée , qui n'a pas été adopté. Jussicu pense que le
genre sélage peut servir de type à une nouvelle famille de
plantes. (B.)
SÉLAGINELLE , Selaginella. Genre de plantes établi
par Palisot-de-Beauvois, pour placer le Lycopode selagine
et autres voisins, (b.)
SELAGO. Selon Pline , « c'étoitune plante ressemblant
à la Sabine, et que lesDruidesrecueilloient avecplus de céré-
monies que.le samolus , quoique de la même manière. Elle
préservoit de tout malenconlre ; son parfum étoit fort
bon contre tous les maux d'yéux. » On coniçoit que ce peu
de lignes est insuffisant pour déterminer Iq selagu. Cependant
l'on voit les botanistes le rapporter à notre bruyère commune
ou à la bruyère à balais , à des lycopodes , à la camphrée de
Montpellier. Adanson est de ce dernier avis , et même ii
nomme selago un genre qui comprend le camphorosma et le
palycnemum , Linn.
Dillen avoit désigné , par selago , des lycopodes à fructifica-
tion solitaire , axillaire dans les feuilles. Linnaeus , en adop-
tant cette distinction, laissa ce nom de selago a l'une des es-
pèces , et le donna, en outre, à un genre qui, ne com-
prenant que des plantes exotiques, ne le méritoit pas ; auisi
S32 S E L
voit-on Adansori le nommer vormia , et appeler mirrnau le
selafso de Diilen.
Quelques espèces de mamilea et de stilbe ont fait partie
autrefois du genre Sel\go. V. Sélage. (ln.)
S KLANDRIE, Selamhia. Nom donné par M.Léach {Zool.
rnhtell. , tome 3, page 126), à un genre d'insectes hymé-
noptères de notre (ribu des tenthrcdines , et qui comprend
celles de sa sixième division ou race , dont les ailes ont deux
cellules radiales , quatre cellules cubitales , et dont les
antennes sont composées de neuf articles. Il y rapporte les
espèces nommées seiva , cînereipes^ ovata ^ etc. , par M. Klug.
V. '^E^TnR^:Dl^'ES. (l.) •
SELAQUES. Ordre proposé par Blainville , parmi les
poissons cartilagineux. Il renferme les genres Raie, Squale
et Squatitve , ctonl les deux premiers sont subdivisés par ce
naturali.sle , en dix- sept autres, (b.)
SELÈNE, Selene. (ienre de poissons établi par Lacépède
dans la diyision des Thoraciques, pour placer deux espèces
de ZÉES qui n'ont pas les caractères des autres.
Ceux des sélènes sont d'avoir le corps très-comprimé et de
forme télragone ou pentagone, de hauteur égale au moins à
la largeur; la ligne du front presque verticale; deux na-
geoires dorsales ; un ou plusieurs piquans entre les deux
dorsales ; les premiers rayons de la seconde nageoire du dos
s'étendant au-delà de l'extrémilé de la queue.
Lacépède mentionne deux espèces dans ce genre.
La Séi.èNE argentée , qui a quatre rayons aiguillonnés à
la première nageoire du dos ; dix-sept rayons à la seconde ;
dix-huit rayons à la nageoire de l'anus ; l'extrémité de la queue
cylindrique, et prolongée au milieu de la caudale qui est très-
fourchue ; la couleur générale argentée. On la trouve dans
les mers de l'Amérique méridionale, où elle est connue sous
les noms de guaperoa et de poisson-lune. La première dorsale
€st petite ; les pectorales sont grandes. Les écailles sont à
peine visibles. Elle représente un pentagone.
La Sélène quadrangulairr , Zeus quadratus ^ Linn. , a
quatre ou cinq piquans entre les nageoires dorsales; l'extré-
mité de la queue cylindrique ; la caudale rectiligne; la partie
postérieure du corps terminée en haut et en bas parun angle
ipresque droit ; la couleur générale cendrée. On la trouve dans
les mers voisines de la Jamaïque.
Ce genre, réuni aux Gals et aux ArgyréÏoses, constitue le
genre Vomer de Cuvier. (b.)
SELENEGONUM. L'un des noms grecs des paeonia.
V. ce mot. (LN.)
SELENION., Nom grec de la Pivoine. V. Paeonia. (ln.)
s E L 53â
SELENIPHYLLOS. Vœnanthe fUipenduloïdes a été ainsi
nommé par Taberneemontanus. (ln.)
SÉLÈNITE ou PIEHRE DE LUNE. Les anciens mi-
néralogistes onl ainsi appelé la chaux sulfatée ahtallisée , à
cause de ses lames qui relièleni le plus souvent un éclat
argentin que l'on a comparé à celui de la lune, (ln.)
SELENITES de Piine. Sorte de pierre précieuse , qui
portoil la figure de la lune. Elle nous est inconnue. 11 ne faut
pas la confondre avec le selenites des Grecs oa /apis specularis
des Latins , qui paroît avoir été ou du mica , ou de la chaux
sutfalée laminaire, (ln.)
SELENITIS. L'un des noms grecs du CnAMiECissus ou
Lierre terrestre , Gleclioma hederacea. (LN.)
SELENITSPATH de Kirwan , ou Spath séléniteux.
C'est la Baryte sulfatée, (ln.)
SÉLÉNIUM. Métal acidifiable , découvert par M. Ber-
zelius , et qui se rapproche de l'arsenic, et surtout du tellure,
avec lequel ils pourroit êlre confondu par l'odeur de rave
qu'il répand. Cette odeur, analogue à celle du tellure , qui
porte le nom de la Terre , a suggéré celui de sélénium (dérivé
de celui de la Lune , en grec) pour le nouveau uiétal.
Le sélénium n'est pas conducteur de réleclricité ni de la
chaleur ,, et ne diffère des substances simples , non mél^d-
liques , que par son brillant et son éclat analogtie à celui des
métaux. On l'obtient en pellicule , en précipitant l'acide
sélénique dissous dans l'eau, par le gaz acide sulfureux ;
cette pellicule a complètement l'apparence d'une feuiiie
d'or. Quand on le fait figer rapidement, il présente la cassure
vitreuse avec l'éclat métallique.
Le .se/c'/i/u/Ti a une pesanteur spécifique intermédiaire entre
celle du soufre et celle d i tellure , et il fait naturellement le;
passage des métaux aux corps combustibles simples non mé-
talliques; il se volatilise en donnant une odeur de chou, mêlée
à celle de rave , qui le fait reconnoître aisément. M. Berze-
lius publie dans ce moment un travail fort étendu sur le
sélénium , dont une partie a déjà paru dans les Annales de
Chimie pour 1818 , pag. i6o,225 etSBy.Nousy renvoyons
le lecteur curieux de connoître plus particulièrement ce nou-
veau métal ; nous ne rapporterons ici que la description que
M. Berzelius a donnée récemment du minerai qui lui a offert
un composé naturel de sélénium.
Il a cru devoir le désigner par eukairiie , nom qui signifie ,
en grec , bien venu : ce qui est vrai, en ce que la nature de
Veukairile a été découverte presque en même teiçps que le
sélénium , qui , comme nous l'avons dit plus haut , à l'ar-
ticle Plomb séléniuré , a été observé, pour la première
534 S K r.
lois , Aax\$ une fabrique d'acide sulfuriquc , a Fahlun , en
Suède.
L'eiikairite a été trouvé avec du séléniure de cuivre , dans
une mine de cuivre abandonnée à Sckrickerenne , en Smo-
lande. On ne l'y rencontre plus. Voici ses caractères : gris
de plomb ; brillant métallique ; cassure grenue , sous-cris-
talline , sans autre figure de cristallisation ; mou ; se laissant
couper au couteau : coupure ayant l'éclat d'argent ; fusible k
la flamme du chalumeau, et exhalant une très-forte odeur de
radis , en laissant un petit bouton métallique gris ; avec le
borax , celui-ci se colore en vert , et il s'en sépare un bouton
métallique cassant, qui est du séléniure d'argent.
Ce minéral, entre mêlé de chaux carbonatée et de parties
noires qui paroissent être delà serpentine imbibée de sélé-
niure de cuivre , contient :
Argent 28,90
(juivre 23, o5
Sélénium 26
Partie étrang. . . 8,90
Perte 3,ia
Séléniure de cuivre. — Apparence de l'argent natif; mou ; se
laisse aplatir et polir , et prend alors la couleur de l'étain ;
chauffé , ne donne pas de sélénium. (L>f.)
SÉLÈNOPE. F. SÉNÉLors, pag. Syg. (l.)
SELENUSIUM. Plante nommée par Théophrasle , et
qui nous est inconnue, (ltm.)
SELEPSION. Nom de TOrtie , chez les anciens Egyp-
tiens, (ln.)
SÉLEÛCIDE. Nom que les anciens donnoient au
Merle rose. F. ce mot. (v.)
SÉLEUCIDES. Ce sont, dit Pline , des oiseaux dont les
habitans des monts Cassiens demandent l'arrivée à Jupiter
lorsque les sauterelles ravagent les moissons. L'on ne sait
d'où ils viennent ni où ils vont , et on ne les volt jamais que
quand on a besoin de leur secours ( Histoire naturelle , llb. x ,
cap. a6 , secl. Sg). Quels sont ces oiseaux destructeurs de
sauterelles ? Cette question a excité la curiosité et les recher-
ches de plusieurs savans , et le petit nombre d'éclaircissemens
qu'ils ont obtenus ne suffit pas pour déterminer à quelle es-
pèce nous devons rapporter les séleucides , que les Arabes de
Mosul et d'Alep connoissent aujourd'hui sous le nom de
samarmar ou samarmag. Ces peuples ne s'adressent plus ,
comme dans l'antiquité , au maître de l'Olympe pour obtenir
le secours des séleucides contre les dévastations des sauter
relies, mais des députés vont les chercher au Khorasan en
s E Tj 555
grande cérémonie. Le gouvernement envoie des gens sûrs
à une source près du village de Samaran , situé entre quatre
montagnes , aux environs de Mesched ou Musa er ridda. Le5
émissaires, en observant le cérémonial prescrit , remplissent
d'eau , puisée dans cette fontaine , une caisse qu'ils bouchent
hermétiquement , afin d'empêcher l'évaporalion. Depuis la
source jusqu'à la ville , la caisse doit toujours être entre le
ciel et la terre, sans qu'on puisse la poser à terre, ni la laisser
jsous un toit , ni la faire entrer par upe porte. On la place au
faîte du principal édifice ; et lesmahométans, aussi bien que
les chrétiens et les juifs, ne doutent pas que le samarmar ou
le séleucide ne suive l'eau quand elle a été amenée avec les
précautions requises, et qu'il ne demeure dans le pays tant
qu'il reste une goutte de celle eau. Ils font encore d'autres
contes au sujet de cet oiseau, qui , disent-ils , est noir, plus
grand qu'un moineau , et nullement agréable au goût.
Tout fabuleux que soient de pareils récits, ils ne renfer-
ment pas moins un fait certain : c'est qu'en Orient , où des
nuées de sauterelles ravagent les campagnes, il exisle un
oiseau qui déclare à ces insectes une guerre assez vive pour
que les hommes de tous les temps l'aient remarqué , et en
aient fait un sujet de superstition. Il paroît aussi que cet
oiseau a le plumage noir ; son existence mystérieuse , les
précautions nécessaires pour l'obtenir, soit que l'on dût
s'adressera Jupiter, soit qu'on croie l'attirer avec l'eau qu'il
boit , imposent à la multitude le devoir de le ménager , et
même de le respecter comme un animal sacré ; et cette idée ,
bien que superstitieuse, tourne à l'avantage général. Malheur
aux contrées de l'Arabie où elle cessera d'ère dominante!
Les séleucides , confondus et tourmentés avec les autres oi-
seaux, fuiront une terre de persécution , et l'abandonneront
à toute la voracité d'insectes dévastateurs , dont les dégâts
extraordinaires feront regretter aux hommes et leur utile
crédulité et la barrière que la nature imposoit k l'un des plus
grands fléaux qui puissent les affliger, (s.)
SELIN , Selinum. Genre de plantes de la pentandrie
digynie , et de la famille des ombellifères , dont les carac-
tères consistent : en un calice entier; une corolle de cinq
pétales , en cœur et égaux ; cinq élamines ; un ovaire infé-
rieur , ovale, aplati, surmonté de deux styles; un fruit
ovale, oblong , comprimé et composé de deux semences ap-
pliquées l'une contre l'autre , et munies de cinq nervures ,
dont deux latérales , saillantes.
Ce genre , fort voisin des Athamantes et desMuLï>:s,
renferme des plantes à involucres et à involucelles poly-
phyllcs , et à feuilles alternes surdécomposées , dont quel-
536 S E Jj
qucs-unes sont lactescentes. Le nombre des espèces qui
«ibivent Ini être rapportées, varie , parce que les caractères
<fui le distinguent des Athamamtes sont peu tranchés. La-
maitk , dont on suit ici l'opinion , lui a réuni deux de ces
dernières; ainsi on doit en compter une trentaine d'espèces ,
dont les plus importantes à connoîlre , sont :
Le Selim des bois. U a la lige unie et la racine composée
de plusieurs fuseaux ; il est vivace et se trouve sur les monta-
gnes sèches , dans les clairières des bois ; sa racine rend du
lait lorsqu'on l'entame; elle est connue sous le nom de faux
iurbilh , et sert , dans quelques cantons, à purger les habilaiis
<les campagnes et les bestiaux.
Le Selin des mairais a la tige striée ; les racines fusiformes
à peine divisées , et les rayons des ombelles bispides. 11 est
vivace , et se trouve dans les marais. Sa racine est un poison,
ou mieux, un violent purgatif.
Le Selin a feuilles de carvi a les tiges sillonnées , et
à angles aigus, l'involucre universel nul; les folioles lan-
céolées, dentées et terminées par une callosité en pointe. Il
est vivace , et se trouve dans, les prés secs.
Le Selin CER\ MlXE^Jihamanta cermria, Linn., a les feuilles
pinnées , les folioles/anguleuses et deniées.ll est vivace et se
trouve sur les montagnes du centre de l'Europe. On le con-
noît , chez les herboristes , sous le nom de grand persil de
montagne. Il a , dans toutes ses parties, surtout dans sa racine ,
un suc résineux aromatique, qui approche de celui du pelil
persil de montagne , et qui a les mêmes vertus. Cette plante
forme le genre Cervaire de Rivin.
Le Selin orÉOSELIN, Athamanta oreoselinum ^ Linn., a
les folioles divariquées. Il est vivace et commun dans les
parties montagneuses de l'Europe. On le connoît sous le
nom de petit persil de montagne , parce qu'il a l'odeur et la sa-
veur de cette plante comestible. Ses semences sont excellentes
pour provoquer les règles, et passent pourun puissant diuréti-
que. On fait manger ses racines aux personnes attaquées de la
gravelle. (b.)
SELINON, Selinum. Plusieurs espèces d'ombellifères
étoient connues sous ce nom chez les Grecs, et distinguées par
des épithètes particulières. Dioscoride en indique six ; sa-
voir :
Le SelinoN des jardins, selinon cepœon.
Le Selinon de marais, oa elcoselinon.
Le Selinon de montagne, ou oreoselinon.
Le Selinon de roche , ou pe/roselinon.
Le Selinon de cheval, ou hipposciinon.
Et le SMYRNiuai, oa pelroselinon des ClUdens..
s E L 53;
Dioscoride ne donne point la description du seliaon des
juidins^ mais il rapporte seulement ses qualités, qu'il dit
élre les mêmes que celles de la coriandre; il étoit diuré-
tique , émollienl, un antidote contre la morsure des serpens^
et entroit dans la composition de la ihériaque et de divers
mcdicamens employés pour calmer les douleurs et la toux.
U eleoseli'mim croissoit dans les lieux aquatiques ; il ctoit
plus grand que le selinon des jardins , mais du- reste avoit les
mêmes propriétés. u
Uoreoselinon avoit une lige haute de neuf pouces environ ,
rameuse, terminée par des flocons ( ombelles), plus déliés
que ceux du conion ( ciguë ) , mais pareils, S;ï racine étoit
mince et grêle, et sa graine semblable à celles du cumin, un
peu longue, acre, sTubtiie et odorante. Il croissoit sur les
montagnes dans les lieux pierreux; ses propriétés étoient les
mêmes que celles des seliuons précédens.
Le petroselinon , que quelques personnes confondoient avec
Voreose/inon,, en étoit dilYérent. Il croissoit principalement en
IMacédoine, parmi des rochers inaccessibles ; sa graine, ana-
logue à celle de ïammi et plus odorante , avoit un goût fort
et aromatique. Cette plante ressembloit aux autres selinon
pour les propriétés , ce que confirme (iiilien en ajoutant
qu'on le nommoit aussi estreailciim.
\J hlpposelinon étoit Vulusatrum des latins, différent du smyr-
Ti'um. Il étoit plus grand et pbis blanc que le selinon des jar-
dins,et avoit une tige haute, creuse, tendre^ sillonnée de lignes
en forme de veines, garnie de feuilles larges, roussâtres, et de
fleurs nombreuses, comme le //è«/20//5(ro marin); ilse chargeoiî
de graines noires, allongées, fortes, pleines, aromatiques. Sa
racine étoit menue , blanche , odorante , et faisoit bonne ba-
leine ; on mangeoit cette racine cuite ou crue , de même que
les feuilles et les branches, tantôt en salade, tantôt commfe
assaisonnement. Elle avoit encore les autres vertus des
selinons. .
Le smyrnion craissoit en abondance sur le mont Amanus;
il étoit appelé peiroselinon par les Ciliciens. Sa tige, sembla-
le à celle de V hipposeUnum , portoit des feuilles plus larges, ua
peu grasses, inclinées sur la terre, roidcs, roussâtres, ayant
une odeur aromatique, jointe à un goût un peu acre, qui
n'étoit point désagréable. Les extrémités d» sa tige se tcrmi-
noient de la même manière que dans Vanethum ( c'est-à-dire
en ombelle); sa graine , pareilîeà celle du chou, étoit ronde,
noire, forte , ayant tellement le goût de la myrrhe que c'c-
toit à s'y méprendre. Sa racine, recouverte d'une écorce
noire, étoit blanche ou verdâtre en dedans, molle, cendrée^
juteuse, odorante, d'une saveur piquante et forte. Il croissoit
538 S E T.
parmi lespicrres, sur les coteaux et dans les lieux fangeux. On
inangeoit ses feuilles confiles dans du sel ; elles passoient pour
resserrer le ventre. Sa racine, prise en boisson, étoit un anti-
dote contre les morsures des serpens; elle calmoil la toux,
facililoil ia respiration , et provoquoit la sortie des urines ;
on l'einployoit en cataplasme comme émoUiente, Cuite et
apf>lifi;uée sur le bas-ventre, elle occasionnoitravorlement.On
employoit sa graine dans les maladies des reins, de la vessie ,
de la raie; elle apaisoit les venlosités de Testomac et excitoit
!a sueur; elle cloit surtout utile dans les fièvres continues
cl Ihydropisie.
Voilà le résumé de ce que Dioscoride a écrit sur les di-
verses espèces de selinon , et quoiqu'il ait omis quelques dé-
tails descriptifs qu'on trouve dans Théophraste , Pline , Ga-
lien , Columelle , il est , parmi les auteurs anciens , celui quî
s'est le plus étendu. C'est au persil commun qu'on rapporte
son seiinum des jardins , qui est Vapium proprement dit , de
Pline , celui qu'on cullivoit et que l'on mangeoit en potage et
comme assaisonnement, sur lequel nous reviendrons bientôt.
Ueleoseli/mn est noire ActlE DES MARAIS ( Aplum graQeo~
/<:«5) , dont le Cfleki n'est qu'une variété. Ce rapproche-
ment paroîl plus exact si l'on fait remarquer que Théo-
phraste en donne une description qui complète celle que
nous avons de Dinsroride. UeleoseMnon^ selon lui, croît dans
les marais et auprès des ruisseaux; il a les feuilles clair-
semées, n'est point velu , et ressemble au selinon des jardins
par son port et sa saveur. Columelle le nomme tout simple-
ment apium ; du moins ce qu'il dit de Vapium convient bien à
Velcoselînum. On pouvoit le semer et le transplanter; il ai-
moit l'eau , et c'est pour cela qu'on le cultivoit près des fo!>
taines : on s'y prenoit de diverses manières pour en obtenir à
feuilles larges ou à feuilles frisées. Du temps de Matlhiole,
on employoit quelques-uns de ces moyens pour Tache.
iu oreoselinon est une plante inconnue ; car si l'on fait atten-
tion àladesc^iptionincomplète qu'en donnoientThéophrasie,
Dioscoride et Pline , l'on verra qu'elle ne peut pas convenir
à aucune des plantes qu'on a prises pour telles. Fuchsiuscitoit
le persil ordinaire, et Anguillara, suivi par Césalpin, le cer-
feuil ; la plupart des botanistes le rapportent à l'û/Acrmârt/a
oreoselinujn , ce qui ne paroîl pas devoir être, puisque, selon
Dioscoride et Pline , Voreoselinmn n'avoii que huit à neuf
pouces de hauteur, et que notre alhamante s'élève jusqu'à
cinq pieds. Ses feuilles ne ressemblent point à celles de la
ciguë ( co/7/um ), comme le dit l'héophraslc, ni sa tige à
ceile ilu cumin , comme l'a écrit Pline.
jLe pelroseUnum de Dioscoride est rapport* au bubon mace-
s i: L 539
domcinn , au sison amoinum , à Vapium petroselinum et à d'au-
tres plantes, ce qui prouve l'indécision des botanistes; mais
il nous semble , avec les meilleurs commentateurs de Dio,s-
coride , que c'est la première de ces plantes , mais que
l'on a donné le même nom à plusieurs plantes congénè-
res du temps même de Dioscoride et de Gaiien. Voyez Vt-
TROSELINOTSI.
L'hipposelinum de Dioscoride est notre Livèche, Ligitsii-
ticum lemiimm , de l'avis des meilleurs botanistes anciens ,
it non pas le maceron, comme on l'a cru.
Le smyrnium étoit aussi appelé, chez les anciens , hipposc-
liniim , comme le témoigne Gaiien ; et même il n'est pas
autrement nommé par Théopbrastc. Ce qui augmenie encore
la confusion dans cette parlie de la botanique ancienne ,
c'est que des botanistesmodernesneveulentpas que la livèche
soit Vhipposelinum de Dioscoride , mais son /ifnisticiim , V. ce
mot. Nous avons vu aussi que Dioscoride donne r/?//>/005«'///70/i
pour V olusatrum des Latins, et effectivement, dans Pline,
on lit que V olusatrum est Vhipposelinum des Grecs {Olusatrum.
quod hipposelinum vocant... Liv. 20, cap. 11). Il sembleroit
donc , d'après cela , que Volusatmm des Latins n'est pas le
maceron , ce qui est contraire à l'opinion de beaucoup de
botanistes , comme le témoignent les noms latins et mo-
dernes du maceron. Ajoutons encore , que Pline décrit
ailleurs le smyrniuw ; et si cette plante , comme celle du
même nom de Dioscoride, est notre maceron , alors Pline
en auroit traité sous deux noms différens , ce qui n'est pas
probable d'après le texte même de ces deux auteurs, à moins
que Pline n'ait voulu cller que Vhipposelinon de Théophraste ,
qui est bien le maceron; alors il faudroit admettre que Dios-
coride auroit eu tort de donner son hipposelinum pour Volu-
safrum. Il me reste à parler du smyrnion de Dioscoride. J'ai
assez fait voir qu'on le rapportoit à notre maceron , de même
que le smyrnium de Pline et celui de Gaiien : ce qui choque,
dans la description de Dioscoride , c'est la comparaison qu'il
fait de la graine de la plante avec celle du chou. Selon Ga-
iien , le smyrnium avoit un bon goût. On le vendoit à
Rome; il étoit préférable aux autres espèces de selinon ( per-
sil , livèche), parce qu'il étoit plus échauffant et plus fort.
On raangcoit ses tiges et ses feuilles , cuites ou crues , avec
huile, garum , vin , vinaigre, etc. Gaiien cite une seconde
sorte de smyrnium plus fort , pas aussi acre que le petrose-
linum ^ et par conséquent employé comme un dessiccalif
ou un émolHenl doux. Il ne nous est pas connu, k moins que
ce ne soit le smyrnium pcr/nlinium ou une variété du ma-
ceron lui-même. ( 5m>7'«/»/« olusatrum^ L. )
^io SEL
Selon Pline , on semoit et on cultivoit le smyrnium dan»
les jardins ; sa racine avoit l'odenr de la myrrhe. Pline est
très-concis sur le chapitre de toutes ces plantes. Son ufjium
éioit d'un très-grand usage dans la soupe et pour assaisonner
Iqs viandes et les sauces. Il éloit très bon à r<.'stomac et de
Lon goût. On le jetoit dans les viviers pour récréer les pois-
sons. 11 n'y avoit pas de plante sur laquelle les auteurs fussent
moins d'accord ; néanmoins la plupart la divisoient en mâle
çt femelle; celle-ci avoit , selon Chrysippe, les feuilles frisées
et fermes , la tige épaisse , et une saveur acre et chaude, etc.-
Suivant Dionysius, elle étoitplus noire, à racine plus cour-
te que dans le persil mâle, et engendroit des vers. Ces deux
auteurs defendoient Tusage de Vapium^ parce qu'il éloit corit
sacré aux morts, qu'on le leur offroit dans les funérailles ,
que la lige de Vapiurn femelle étoit verreuse , enfin que cette
plante rendoit stérile les femmes et les hommes qui en man-
geoient. \Japium mâle n'étoit pas aussi dangereux; c'est ce qui
avoit empêché de proscrire tout-à-fait cette plante , dont les
vertus relatées par Pline , sont bien les mêmes que celles des
plantes précédentes. Nous avons dit que Vupium éloit rap-
porté au selinon des jardins, de Dioscoride, et à notre persil.
IJ'apiaslntm de Pline ou apium sawage^ paroît être notre re-
noncule scélérate. Pline ne dit de cette plante , que ce peu de
mots : "Ouantà Vapiaslrnm^casl le meUissophyllun d'Hygenus;»
ce qui feroit croire qu il s'agiroit de la mélisse, si Ton ne fai-
soit attention que Pline dit ensuite qu'il est fort venimeux et
très-dangereux en Sardaigne. La mélisse s'appeloit aussi «yw/t/s-
irum ; mais c'est parce que les abeilles se plaisoient à butiner
sur ses Heurs,
JJolusatium , Voreosclmon, Vhelioselinon ou eleoselinum , ne
sont , pour ainsi dire , que cités par Pline.
Le naturaliste romain traite du pelrosclinum dans un autre
chapitre, et dit seulement qu'il est utile , surtout dans les vo-
miques , en prenant deux cuillerées de son jus dans un verre
de suc de marrube et dans trois verresd'eau chaude. Ainsi
donc, le petrose/i'num n'éloit pas le persil, mais une plante médi-
cinale, et probablement le pelrosclinum de Dioscoride et de
Galien. Immédiatement après {*t petiuselinum , vient le huse-
jiort^ différent du pctroselînmn cultivé , par sa tige plus courte
et sa racine rousse. Il est inconnu.
Enfin, Pline termine le chaplire 2 du liv. aS de son
Histoire naturelle, par la citation du thysselinum qui ressem-
bloit à Vupiuin , et dont la racine mâchée exciloit la saliva-
tion : par ce p^-u de mots, doit-on conclure que ce soit Iç
Selimim s^heitre , comme on Ta dit '^
SEL Hi
ï)ans Théophraste , les espèces de seh'non sont les mêmes
que celles de Dioscoride et de Pline , et offrent les mêmes
difficultés ; il pose leurs différences dans le feuillage, tantôt
épais , frisé, dense ; tantôt lâche , large ; dans leur tige blan-
che ou pourpre , ou versicolore.
On conçoit , d'après ce qui précède , combien il eût été
sage d'abandonner le nom de selinum , en holanique. On
voit néanmoins quelques anciens botanistes, Cln?ius et d'au-
tres, s'en servir pour désigner le pimpinella dioic.a ^ Linn. ,
et plusieurs autres plantes ombellifères. Linn^-eus en a fait
ensuite le nom d'un genre de plantes ombellifères qui mal-
heureusement ne renferme aucun des anciens selinum , si
ce n'est le (hysselinum de Pline, s'il est vrai que ce soit le se^
h'num sy/oesl/r. Adanson , choqué sans doute de cet arran-
gement, a cru devoir réunir ce genre à celui qu'il nomme
oreoseUiium qui comprend Voreoseli'nuin de Tournefort, et ii
appelle 5f///20« , un autre genre qui ne renferme que Vache
ou le céleri ^ placé dans le genre apum par Linnseus.
Cependant, les botanistes ont a lopté le genre selinum de
Linna>us ; mais comme il est très-artificiel, et qu'il offre des
liaisons intimes avec d'autres genres voisins , il se trouve an
rang de ceux qui ont éprouvé et qui éprouvent le plus de
changemens. On y voit rapporter et ôter le thysseliniini de
Tournefort; renvoyer quelques espèces au peucedanum , au
lîgusticum ; y ranjener àcs espèces à'angelica , A'athamanta ,
de ferula\, etc. Cette (luclualion dans le classement des
espèces de ce genre, le rendra long -temps le plus dif-
ficile à connoître parmi les ombellifères , et il en résulter.*»
que les selinum des modernes seront aussi difficiles à déter-
miner parla suite , que le sont actuellement les plantes aux-
quelles les anciens ont les premiers donné ce nom. (ltv.)
SELINORITION. V. Ruuus. (in.)
SELINUM. V. Selin et Selinon. (ln.)
SELLE. Nom spécifique d'un poisson du genre des LuT-
JAN.S. (B.)
SELLE POLONAISE. Nom marchand de la Perne
SELLE ( Ostren cpiphivm , Linn. ), V. Perne. (b.)
SELLIERE , Sellieriu. Plante vivace , h tige couchée , ra-
dicante ; à feuilles spathulées, alternes, entières, réunies en
faisceaux; à Heurs blanches ou bleues , solitaires, sur des
pédoncules axillaires et munis de deux bractées subulées ,
laquelle forme un genre dans la pentandrie monogynie , et
dans la famille des campanulacées.
Ce genre , fort voisin des Sévoles et des Goodenies,
offre pour caractères : un calice persistant, à cinq divisions;
Si2 S E M
ïHii.' coiolie moriopélale iriégulière, à tube fendu jusqu'à la
hase, à limbe à cinq divisions lancéolées ; cinq étaniines ; un
ovaire inférieur, ovale, turbiné, à style simple , recourbé,
et à stigmate globuleux; une baie ovale, tu.rbince, couronnée
par le cajice , uniloculaire , contenant un grand nombre de
semences membraneuses en leurs bords, disposées sur quatre
rangs et attachées à un placenta central.
La seîlière radicante se trouve sur le bord de la mer, dans
i'archipel de Chiloé. Elle se rapproche des Sévoles. (b.)
SELOSNl. Espèce de /:a««/ÂduKamtschalka, indiquée,
mais non décrite par Kracbenninikow (^Histoire du Kamis-
chatka ) , de sorte que l'on ne sait à quelle espèce connue on
doit la rapporter. Ce canari/ passe l'hiver dans ces contrées
boréales , aux environs des sources, (s.)
SELOT. Coquille du genre des Nérites. (b.)
SELOU-SOPi. Synonyme de Nalimé. (b.)
SELQ. Nom arabe de la Bette , Beta vulgaris^ L. (ln.)
SELVAGO ou le SAUVAGE. C'est ainsi que les navi-
gateurs portugais appellent I'Orang outang. V. ce mot. (s.)
SEMAG. Nom arabe du Plongeon, (s.)
SEMARA. Nom javan du Casuarina a feuilles de
pr.ÊLE, selon M. Leschenault-de-la Tour, qui a observé cet
arbre sur le mont Idienne , dans la partie orientale de l'île
de Java, (ln.)
SEMARILLARE, Semarillarla. Genre de plantes de
l'octandrie trigynie , qui présente pour caractères ; un calice
de quatre folioles , ovales, concaves ; les latérales courtes ,
et l'inférieure très-grande; une corolle de quatre pétales,
dont deux sont écartés; une lame , biglanduleuse à sa base,
entre les pétales et les étamines; huit étamines insérées sut
le germe , et se couchant sur la division inférieure du calice ;
un ovaire supérieur, trigone , à trois styles courts; une cap-
sule obtusément trigone , uniloculaire, trivalve, extérieure-
ment charnue , et contenant trois semences à demi arillées
et attachées à un réceptacle central , ligneux et coloré.
Ce genre se rapproche beaucoup des Paulinies, mais il
en diffère par le fruit, (b.)
SEMBJLIDES, Semblides. J'ai désigné ainsi, dans le
troisième volume du Règne animal, par M. Cuvier, une tribu
d'insectes, de l'ordre des névroptères, famille des planipen-
jies , qui se compose des genres chauliode , cojydale et siaiis ,
«it dont le premier et le dernier ont été établis aux dépens de
celui de semhlis de Fabricius. Celte tribu formoit, dans mes
ouvrages precédcns, une famille à laquelle j'avois donné le
îiom de mégaloptères y que j'ai rétablie ici. V. ce mot el celui
de Planipennes, (l.)
s F M 543
SEMBLTS , SemlUs. Genre d'insecles de l'ordre des né-
vroplères, désigné ainsi par Fabricius , et qui , dans notre
méthode , en forme quatre , savoir: cliauliude , sialis , nénwwe
et perle. V. les articles Platnipennes, Mégaloptères et
Perlipes. (l.)
SEMKCARPUS de Linnœus fils. F. à l'ariicle Anacar-
dier, (ln.)
SEM EL-FAR et TATOURAH. Noms arabes dune
JUSQUIAME (^ hyosciamus dalliura ^ Forsk. ) , selou Delile.
(ln.)
SEMELIER. On donne ce nom à une BAUHiNiE , .^u
Sénégal, probablement la Jîauhinie ROUiSÀTRiide Lamarck.
(B.)
SEMELINE. Fleuriau-de Bellevue a donné ce nom à
de petits crislaux qu'il a observés dans les maiières volcani-
ques des environs dAndernach , sur la rive gauche du Rhin.
Ils sont d'une couleur jaune de cilron passant à la couleur
de miel. Leur forme se rapproche de cqWh d'une semence de
lin , d'où est dérivé leur nom {seinen Uni). G'esl un prisme à
quatre faces, obliquangle , terminé par des sommets ai^us
aussi à quatre faces , bisclées sur leurs bords obtus. Ils sont
très-éclatans , demi durs et diaphanes.
Ils sont très-difficiles à fondre au chalumeau; mais on
obtient enfin un verre bulleux qui, suivant les différons
coups de feu, prend des teintes de noir, de bleu, de jaune
ou de blanc, (journ. de Phys., frimaire, an ix. ) K. Titane
SILICEO-CALCAIRE. (PAT.)
SEMELLE DU PAPE. Nom vulgaire du Cactier ra-
quette , dans quelques lieux. (B.)
SEM EN SANCTUM. Plusieurs botanistes anciens ont
désigné par ce nom I'Armoise santonique , Arlemisla san-
ionica, L, plante très-aromatique, anthelminlique et sto-
machique. Ses graines remplacent avec succès la sementine
OMsemen contra. F. Contra et SeriPHIUM. (ln.)
SEMENCE DE PERLE. T. les mots Nacre et Perle.
(B.)
SEMENCE ou SPERME , Semen et Sperma , de c-vtifi
j'ensemence. Tous les corps organisés qui ne se reprodui-
sent pas de bouture , comme la plupart des zoophyies et
quelques plantes , ont une semence , même les espèces
hermaphrodites ; les exceptions à cette loi sont très-rares.
La plupart à&s plantes sont pourvues des deux sexes , et les
parties mâles des fleurs nommées e/a/7?//z^s, portent des an-
thères chargées de pollen ou poussière jècondanle. Dans les
anmiaux, les organes sexuels mâles ouïes testicules, les lai-
tes chez les poissons , les canaux séminifères chez les insec-
S44 S E M
tes, les mollusques, etc. v sécrètent une liqueur spcrmatl-
que, qui est blanche, non-seulement chez tous les animaux
n vertèbres , mais encore chez les mollusques (^ans la sèche,
Suammerdam , Bihl. mit. ^ p. Bga) et les insectes (connne
«lans l'abeille , suivant Réaumur, Mem. Ins.., t. v , mém. g ,
et dans le papillon, suivant Swammerdam, p. Sgg ). Celle
humeur, sécrétée de la masse du sang ou des liqueurs qui en
tiennent lieu, est plus ou moins épaisse, visqueuse, peu
odorante dans la plupart des espèces, mais d'une odeur pé-
nétrante dans la vipère ( Redi , Ex/), de Vip.., p. 34.), les li-
maçons (Lister, de Cochl. , p. i4<J : elle sent la ciguë), et
dans quelques poissons , au temps du rut. Chez Thomme et
les quadrupèdes , cette odeur a quelque chose de fade et"
d'animal; on la retrouve encore dans les chatons du châ-
taignier, les anthères d'une foule de plantes, et les bulbes
des orchis.
De la nature de la liqueur spcrmaiique.
Nous exposons à l'article des Sexes , comme à celui de
Testicules, la structure propre des organes destinés à la
sécrétion et à rélnboration de la liqueur fécondante. On
verra de même à Tarticle \égétal, et ses fonctions , et la
iialure des organes de reproduction.
Le pollen des étaniines , chez les végétaux, le sperme ,
dans les animaux, sont la substance la plus élaborée ou la
plus vivifiée de l'organisation. Il est manifeste aussi que les
phénomènes de la sensibilité, de l'énergie vitale , se déve-
loppent p. incipalement par cet élément fécondateur. Les
parties les plus irritables des fleurs sont ces mêmes étamines
avant la fécondation; elles s'agitent souvent chez beaucoup
d'espèces, ainsi que l'a fait voir M. Desfontaines ( V. Irri-
tabilité des végétaux). Dans les animaux, le sperme est
la source de la vigueur , puisque les Eunuques ( V. cet ar-
ticle ) et les animaux châtrés deviennent mous et débiles.
Les plus fières espèces se cassent et s'énervent après le rut
et le coït, tandis que l'abondance de la liqueur séminale ,
avant l'acte , rendoit les mâles furieux , belliqueux, leur don-
noit une énergie extr.Tordinaire, des voix fortes, une odeur
vireuse , comme au bouc, au .taureau {^vitale virus, 6«p' ) ?
elle imprègne leur chair d'une saveur sauvage et désagréa-
ble , comme an verrat, au sanglier, au cerf, etc. C'est
pourquoi les chasseurs, après avoir tué ces animaux, leur
enlèvent les testicules , pour empêcher la résorption du
sperme, cause de cette odeur de sauvagine. De même, le
terme de pollen, chez les plantes, vient' de poUere , avoir de
la vigueur. F. d'ailleurs les caractères de la Puberté.
Cbcz la plupart des animaux, la sécrétion du sperme n'a
lieu qu'à cerlaines époques , celle de la chaleur on <la Pujt
{V. ce mot), et »iu Frai pour les poissons, ics mollus-
ques , etc. ; c'est aussi à l'époque de la puberté, qui est
comme le temps de la Horaison. Les animaux qui passent
l'hiver engourdis, les hérissons, les loirs , la plupart des
reptiles, les chrysalides de plusieurs insectes, sont gras à
l'entrée de celle sai»on;ily a des épiploons graisseux chez le»
premiers , et divers lobules adipeux dans les derniers ; mais
pendant cette période d'assoupissement, il s'opère une lente
élaboration; la graisse se transforme peu à peu en liqueur
spermalique pour le réveil du prinlemps suivant, et tous ces
animaux se lèvent pleins d'amour et de vigueur génitale ,
comme les fleurs des végétaux s'ouvrent alors aussi sous la
douce influence du soleil.
On voit donc que la graisse, chez les animaux, semble
être un aliment en réserve , destiné soit à la sustcnlation de
l'individu, soit à se transformer en sperme; aussi les eunu-
ques , privés des organes élaboraleurs du sperme, restent
très-gras , et les individus très-gras ont peu de semence , tan-
dis que les maigres en produisent beaucoup : Bun coq n'' est ja-
mais gras.
Les qualités éminemment stimulantes du sperme impri-
ment donc une forte énergie aux systèmes musculaire et ner-
veux de l'animal , exaltent toutes ses humeurs , le disposent à
un élat inflammatoire , ardent et irascible. On voit, jusque
chez des végétaux, les parties sexuelles s'échauffer par cette
sécrétion du pollen , dans les spadix des arum ou des gouets
( V. (iÉNÉRATiON ). Cette chaleur génitale produit des
odeurs fortes , soit dans les fleurs , soit dans les glandes qui
accompagnent les parties sexuelles de la plupart des ani-
maux; odeurs destinées à stimuler et attirer les sexes au
coït.
La vive sensibilité , ou celte volupté extraordinaire que
tous les animaux manifestent dans l'excrétion du sperme ,
aimoncc , par des secousses nerveuses, que le système de
tous les nerfs y concourt et imprime ses facultés vivifiantes à
la liqueur fécondante. En effet, cette excrétion est accom-
pagnée d'ime sorte d'épilepsle ou de secousse générale ; une
sensation voluptueuse semble s'écouler, di.soient les anciens,
du cerveau le long de la moelle épinière , jusqu'aux organes
de l'accouplement. Si, après la fécondation, la iieur se
fane, de même après la génération des animaux, les organes
se flétrissent, et le cerveau , le système nerveux, tombent
dans l'affaissement, témoignage qu'ils ont subi une dcperdi-
îion notable. En effet , l'abus du coït énerve extrêmement,
dessèche et épuise l'individu, le maie su; 'out ,• t^uï fournit
XXX. 35
546 S E U
rélément excitateur par excellence ; on peut donc dire que
le sperme contient l'essence du principe nerveux , qu'il est
stilla cerebri. Nous verrons aussi que la chimie a reconnu de
grandes analogies entre la substance médullaire, ou céré-
brale , nerveuse , et le sperme des animaux , la laite du pols-
»on , d'après l'analyse chimique. ( V. Nerfs et Cerveau. )
Le sexe femelle n'a point , comme le croyoient les an-
ciens, et quelques modernes, de véritable sperme ; mais
il fournit la matière première , l'œuf ou l'esquisse du nou-
vel embryon. Seulement , les femelles des mammifères et
d'autres animaux répandent, dans le coït , par les lacunes
muqueuses du vagin et de l'utérus , ou des oviductes , une
humeur raucilagineuse particulière , qui enduit les parois de
cet appareil de reproduction. Cette liqueur est alcaline et
plus ou moins albumineuse.
Outre le sperme, en effet, les mâles excrètent aussi une
liqueur gélatineuse ou albumineuse séparée par des glandes
particulières nommées /jrosto/e5, à cause qu'elles sont situées
au devant {prostare') des vésicules séminales ou des canaux
déférens du sperme et de l'épididyme. Celte humeur prosta-
tique est destinée à lubréfier le canal de l'urètre , à l'en-
duire , soit afin que l'acreté du sperme n'agisse pas à nu
sur ce canal, soit afin que ce canal soit stimulé d'avance
pour mieux recevoir la sensation et expulser avec plus d'é-
nergie le sperme. La liqueur des prostates est limpide , tan-
dis que le sperme est blanchâtre.
Ce dernier est donc souvent mêlé de liqueur prostatique,
et de celle des glandes muqueuses de l'urètre. Chez l'homme
et les mammifères , on trouve le sperme composé de deux
parties, l'une liquide, l'autre plus épaisse ou grumeleuse.
Celle-ci ne se voit que chez les individus vigoureux et engen-
drant rarement; car plus on abuse du coït, plus le sperme
est aqueux ou fluide. La partie épaisse ou visqueuse se liqué-
fie néanmoins bientôt à l'air; elle est plus pesante que l'eau,
ou tombe au fond et s'y délaye facilement. Le sperme est
alcalin, comme toutes les humeurs récrémentitielles des
corps , ou non destinées à être perdues au dehors.
H est particulier que l'odeur fade du sperme se retrouve
généralement dans le pollen de presque toutes les plantes ,
et qui est leur sperme. Il semble que la nature donne , chez
toutes les classes , la même nature , aux produits des mêmes
appareils d'organes , quelle que soit leur diverse structure.
Les substances les plus nutritives , comme les mucilages ani-
maux, le jeune poulet, répandent également cette odeur
fade et spermatique. Est-ce cette a«m seminalis ^ ou vapeur
vivifiante que l'on a crue être le principe le plus excitant et
s E M 547
le plus spirîtualisé du sperme ? Nous dirons plus loin que
cette vapeur ne paroît pas être indispensable à l'acte de la
fécondation, et qu'elle seule nesauroit suffire pour raccom-
plir; il faut une coopération plus immédiate du sperme lui-
même; celle du corps a plus d'effet que celle de l'esprit.
L'on expliquera facilement ce sentiment de douce tris-
tesse qui suit d'ordinaire l'expulsion du sperme par cette
sorte de foiblesse et d'épuisement nerveux, qui semble pré-
sager à l'âme l'idée de sa destruction ; car on ne transmet sa
vie que parce qu'on est mortel.
Les yeux, ces lumières de l'âme, sont les premiers abat-
tus , et même la cécité peut résulter d'un coït immodéré.
Les individus qui ont les cuisses et jambes grêles ou minces,
et les boiteux, ont plus de sperme, parce que la nutrition
semble relluer aux organes de génération. Les individus très-
velus , secs , bruns , produisent aussi plus de sperme , et
sont plus lascifs que les personnes d'une constitution lympha-
tique et froide.
Lorsque les animaux sont abondamment nourris, surtout
en des climats ardens, ils deviennent plus tôt pubères et en-~
gendrent plus souvent ; de sorte que la nutrition est une
condition nécessaire pour la formation du sperme : Sine
Cerere et Baccho friget Venus. Aussi l'homme , étant mieux
nourri que la plupart des autres animaux, peut engendrer
en tout temps.
L'excrétion du sperme a lieu plus utilement à jeun qu'a-
près le repas ; dans cette dernière circonstance , elle peut
suspendre la digestion avec danger , car toute l'éconoijiie
concourt simultanément à cette évacuation. La nature a
voulu attacher à cet acte une volupté extrême , pour y pré-
cipiter tous les êtres ; elle semble réunir en un seul point
toute la sensibilité du corps; de là vient cette sensation ex-r
cessive qui entraîne impérieusement les animaux, et n'est
peut-être pas inconnue aux plantes.
Le savant chimiste Vauquelin a fait l'analyse du sperme ,
et y a trouvé beaucoup de phosphate de chaux ( Terre des O5)
qui s'y cristallise quelquefois. Voici les proportions des subs-
tances du sperme humain, suivant cet habile chimiste:
Eau • 900 parties.
Mucilage animal. 60
Soude 10
Phosphate calcaire 3o
Total 1000
Nous rapprocherons de cette analyse , celle de la laite de
£-{8 S E AT
carpe, qui esl le testicule rempli de sperme de ces poissons.
M. Vauquelln et Fourcroy y ont trouvé, outre de la gélatine,
de l'albumine et une matière grasse , savonneuse , du phos-
phore en nature, mais combiné à ces substances ; il y existe ,
en outre, de l'eau (|) et quelques phosphates de chaux, de ma-
gnésie , de soude et de potasse. Ainsi , l'existence du phos-
phore ou des sels phosphoriques patoît constamment avoir
lieu dans tous les spermes des animaux ; le phosphore , pris
en substance, est aussi un aphrodisiaque violent. Des élé-
mens fort analogues se retrouvent dans la pulpe cérébrale ,
d'après l'examen chimique ; mais , et la substance qui pense,
et celle qui engendre ou vivifie , échappent à nos moyens
d'investigation.
En effet , il paroît par cette analyse que , dans l'état ac-
tuel de la chimie, on ne peut pas déterminer les qualités
d'une substance aussi vitale , et que ces parties de la se-
mence qu'elle regarde comme un simple mucilage animal ,
lequel n'est pas de l'albumine ordinaire comme seroit du
blanc d'œuf, sont un assemblage de matières vivifian-
tes, dont la conuoîssance surpasse peut-être touies les for-
ces de Tintelligence humaine. L'action des acides, des alca-
lis, du feu, etc. , n'a polut-pu porter la lumière dans celle
nature ténébreuse et incompréhensible , parce que la chi-
mie détruit toutes les matières vivantes sur lesquelles elle
met la main, et que, pour faire une véritable analyse, il
faut la prouver par la synthèse , comme on donne la preuve
d'une soustraction , en y ajoutant la quantité soustraite. 11
moosemble qu'il ne peut même exister aucune véritable chi-
mie animale et végétale , applicable aux corps vivans ; car
elle n'agit et ne peut agir que sur des substances mortes ou
incapables de vie. La chimie paroît contraire aux forces de
la vie ; elle la tue partout où elle la trouve. 11 seroit peut-
être prudent de ne pas appliquer celte science aussi utile et
aussi belle à la physiologie des corps vivans, de peur de re-
nouveler toutes les dangereuses folies de Paracelse.
Des animalcules spermaUqites.
Vers le milieu du dix-septième siècle ( en 1677 ), un Al-
lemand découvrit, à l'aide du microscope , de petits corpus-
cules qui se mouvoient dans le sperme. Leeuvvenhoeck pu-
blia cette découverte, que lui disputa Hartzoeker (i^iim^d^
Diopiriquc 1 p. 227). On trouva ces mêmes molécules mou-
vantes dans le sperme de plusieurs animaux, quadrupèdes,
oiseaux , reptiles , poissons , crustacés , testacés , insec-
tes, etc. Elles ne sont pas plus grosses dans la baleine même
fjue dans le plus petit insecte , mais leur forme varie. On as-
s E IJ 54a
sure que ces molccales ne se trouvent point dans le sperme
des niulols ( lle!jL-nslreit , cite dans Bonnet , Coi-ps organises ,
t. 2 , p. 246 ) , ni dans les jeunes animaux , dans les individus
devenus stériles , après une forte maladie el un coït répété
trop souvent; on en a voulu conclure qu'elles étolent Télc-
nient nécessaire de la génération. Ces animalcules ont une
sorte de tête avec une longue queue à peu près comme les
têtards ; on les a décrits sous le nom de cercaires. Mais Spal-
lanzani a prouvé , par de nombreuses expériences , que ces
corpuscules n'étoient pas nécessaires à la fécondation , puis-
que le frai de grenouille pouvoit être animé sans eux.
( V. ses Eiper. sur la Gêner. , traduct. franc, par SenneLier.
Paris, 1785, p. 180. ) D'ailleurs, des corpuscules vivans fort
analogues existent souvent dans la salive , les larmes et au-
tres Ijumcurs animales qui ne servent point a la généra-
tion.
Lus inventeurs ont été plus loin ; ils ont montré que €C»
r.;)rpuscules étoicnt de petits animaux, des espèces devers
qui avoient leur vie particulière; et cette opinion , combat-
tue par le célèbre Buffon , par Néedham , Asch et quelques
autres, paroît néanmoins, adoptée assez généralement, et
confirmée par les observations du baron de Gleichen et de
Spallanzani. V. Cercaires.
Buffon, ainsi que plusieurs physiologistes, n'avoient re-
gardé ces corpuscules mouvans que comme des molécules
organisées, vivantes et destinées à la génération ; mais puis-
qu'elles n'y sont pas indispensables, comme Spallanzani l'a
fait voir, rhypothèse deXceuwenhoeck, Harlzoeker, Lieber-
kubn, Bourguet, Valisnieri, Andry, Cheselden, Ledermul-
1er, etc., qui adnieiioient que ces vers spermatiques étoienl
en quelque sorte les embryons des animaux, ne peut donc
plus se soutenir aîiiourd'hui. D'autres preuves viennent à
l'appui de cette vériîé, c'est que- l'embryon existe dans la fe-
melle avant la fécondation. Ainsi dans l'ovaire de la plante
non fécondée, on trouve déjà les graines toutes formées;
dans la poule, l'œuf, non vivifié par le coq, existe avec tou-
tes ses parties disposées pour former un poulet; dans le frai
de grenouille, le têtard préexiste à la fécondation, etc. En-
fin , l'exemple des polypes qui produisent des petits par reje-
tons , par boutures, sans fécondation préalable; les puce-
rons, les daphnies puces d'eau, qui engendrent quelquefois
sans mâles; les plantes qui se reproduisent sans iinlerven-
tion des sexes, tout enfin concourt à montrer que le fœtus est
une partie de la mère , antérieurement à l'animation que lui
communique la semence du mâie. Ceci n'est pas une opinion,
Hiais une observation.
S5o S E M
Les animalcules de la semence des animaux sont exlrcme-
jnent petits , et des observateurs estiment qu'ils font le rsTo-sr,
d'un pouce dans leur plus grande longueur ; car ces êtres ont
une tête et une queue dont ils se servent pour nager. L'u-
rine, les acides, les alcalis, le vin, les spiritueux les font
périr , ainsi que la putréfaction , la chaleur de l'eau bouil-
lante, la gelée , etc. Il paroît aussi qu'ils changent de forme,
ou que des illusions d'optique, si fréquentes dans l'examen
des objets aussi délicats, ont souvent trompé les observa-
teurs ; car on n'est point d'accord sur leur figure. Il est cer-
tain qu'ils s'agitent dans la liqueur spermatique, que la cha-
leur du soleil les avive , qu'ils sont plus lents dans le sperme
des vieillards. ( V. Hartzoeker , Dioptr.^ p. aSi. ) Mais il est
manifeste aussi que ces animalcules sont de la classe des
vers infusoires, tels que ceux des macérations des végélau.K
et des animaux dans l'eau, qu'a décrits avec beaucoup
d'exactitude Otho Frédéric Millier ( Infusor. animale, 1786,
în-4°, figO ainsi que Ledermuller, Joblot, Baker, etc. Le ba-
ron de Gleichen a fait aussi quelques observations curieuses
sur ces animalcules. ( V. sa Dissert, sur la Génération , les ani-
male, sperm.y etc., Paris, trad.fr. ^ 1799 , in 4-° -, figO- H a rc-^
marqué en outre des cristaux salins qui paroissent êlre du
phosphate de chaux. licite cinquante-cinq savans qui ont vu
les animalcules de la semence, et onze seulement qui les
ont niés. Mais toutes les inductions qu'on en a voulu tirer
pour expliquer le mystère de la génération , répugnent à la
raison , et semblent si forcées , que le bon sens ne peut s'en
accommoder.
Une observation importante , faire par Bernard de Jus-
sieu sur le pollen ou poussière séminale des plantes, prouve
que cette poudre est un assemblage de petites boîtes rondes
qui s'ouvrent en se fendant , et qui épanchent une poussière
extrêmement fine, qui est la vraie semence , dont les molé-
cules du pollen ne sont que des enveloppes, que l'humidité
fait éclater en les dilatant. On conçoit quelle doit êlre la té-
nuité de la poussière vitale qui y est renfermée; nous n'en
voyons à la loupe que les grossières enveloppes. En effet , il
faut que les particules vitales soient d'une excessive petitesse
pour pénétrer dans les vaisseaux du pistil et s'insinuer dans
l'ovaire. L'ingénieux TurbervlUc Néedham a décrit et obser-
vé, dans la semence du calmar (sorte de poulpe , scpia loligo,
Llnn., qui donne aussi une liqueur noire dont on prépare
l'encre de la Chine), il a, dis-je, observé de petites ma-
chines cartilagineuses mouvantes et semblables à des vers,
mais creuses en dedans, et fermées .à leurs extrémités, ren-
fermant un tube élastique qui tend à ouvrir loporcule ; alors
s E M S5î
sort une espèce de boîte garnie d'un suçoir qui se détache et
en laisse couler la semence , qui est remplie de globules
opaques très-petits et immobiles. Svvammerdam avoit aperçu
quelque chose d'analogue dans la semence de la sèche (se-
pia officinaUs , Linn. ). On a vu depuis , cependant , que ces
tubes n'étoient pas le produit du sperme même des mollus-
ques céphalopodes, mais bien de la liqueur prostatique.
Nous avons remarqué, avec M. Cuvier , que ces sortes de
machines élastiques pouvoient se conserver long-temps avec
l'animal mort dans l'esprit-de-vin , et se déployer ensuite au
moment où elles en sont tirées. Quelle est leur utilité ? on
l'ignore. Seroienl-elles destinées à disperser et agiter le
sperme de ces animaux, en sortant avec lui dans l'arrose-
ment des grappes d'œufs? Ne pourroit-on pas présumer
aussi que les espèces de ramifications qu'on voit dans les se-
mences de divers quadrupèdes, soient des tubes remplis
d'une matière séminale plus fine et plus précieuse que tout
ce qui paroît à la simple vue ? L'analogie est au moins pour
celte opinion. El puisque les végétaux ont une poussière fé-
condante ainsi renfermée dans de petites enveloppes, puis-
que le sperme des sèches montre une disposition semblable,
pourquoi le reste des animaux en seroit-il privé.'' On ne l'a
pas observé , sans doute : mais qu'est-ce que ces ranùfica-
tions dans le sperme ? Qu^est-ce que ces prétendus animal-
cules spermatiques? ne sont-ce pas plutôt de tabès qui , ana-
logues à ceux des sèches, et mobiles comme eux, contien-
nent et répandent une matière séminale plus subtile que ce
mucilage gluant que nous apercevons? Les agitations de ces
faux animalcules sont-elles autre chose que l'explosion , la
rupture de ces tubes séminifères pris par les uns pour des
vers, par d'autres, pour des molécules vivantes, par ceux-
ci , pour des particules inanimées .'' etc. Toutes ces dift^éren-
tes opinions annoncent combien on est peu d'accord à ce
sujet, et combien il y a d'illusions d'optique dans les observa-
tions. L'analogie des plantes se trouve confirmée chez les
animaux par le sperme des sèches, et probablement par ce-
lui de plusieurs autres animaux. Un jour cette vérité sera
hors de doute , car l'expérience nous a trop montré combien
les analogies étoient constantes dans les corps organisés. Et
lorsque nous comparons la liqueur gluante du sperme avec
ses effets stimulans et si actifs , on ne peut se défendre de
croire qu'il y ait une substance très-subtile, très-active , très-
délicate , que nos instrumens ne peuvent point apercevoir.
Les anciens avoient admis dans la semence une aura scmî-
nalis ^ un esprit subtil. Cet esprit n'est pas toutefois l'odeur
de la semence, car Spallanzani a diiniontré, par l'expé.
:>o2 S K ^î
rience , que la vapeur du ôpernie ne fécondoil point; il feul
le contact immédiat de ce liquide. Il a prouvé aussi qu'une
particule excessivement petite de semence , comme par
exemple la 100,000*. pnrtie d'un grain , suffisoit pour fécon-
der le frai de grenouille. Quelle doit donc être la prodi-
t^ieuse finesse de celte matière vivifiante ? et l'on vent la
voir au microscope! combien noire vue esl grossière auprès
d'elle!'
. Les anciens philosophes a voient des idées plus relevées
que nos modernes , sur la nature de la semence. Ils se trom-
pèrent quelquefois en physique , parce qu'elle éloit impar-
iaile alois ; mais leurs erreurs même étoient ingénieuses.
Ainsi Pylhagore pensolt que le sperme étoit un écoulement
de la matière du cerveau -, céloit un assemblage de molécu-
les nerveuses selon Alcméon , ou une portion de la uioelle
epinière suivant Platon. Tout cela n'est pas exact, mais du
moins ils voyoient combien cette matière vivante a d'acti-
vité, de sensibilité véritablenjent nerveuse , et combien elle
cause d'affections à tousles nerfs du corps. Dans celle hu-
meur si vivante, si animée, si irritable, si pénétrante, plu-
sieurs modernes n'y ont vu qu'un mucus animal , une sorte
de gomme seulement nutritive, fade, elc. Elle est pourtant
fort stimulante ; car, mise sur une plaie récente, elle y pro-
duit une irritation considérable et douloureuse, selon l'expé-
rience dont j'ai été témoin.
On sait tous les phénomènes qui accompagnent et suivent
l'émission de la semence, ceux des femelles qui conçoivent,
objets que nous traitons dans les articles Sexes et (iENÉn \-
riON. (VIREY.)
SEMENCE DES PLANTES. Partie du Erlit des
plantes qui renferme les orgnnes de la reproduction.
Ce mot est, dans beaucoup de cas, synonyme de (tRAIîse.
Des considérations générales sur l'utilité des graines, snv
les circonstances qui doivent accompagner leur récolte ,
pour assurer leur meilleur emploi, soit relativentenl à la
nourriture de l'homme et des animaux domestiques, soit
relativement à leur conservation et à leur germination , ont
été présentées à ce dernier mot.
On trouvera au. mot semis toutes celles relatives à leur
SEMts. Il ne me reste donc ici qu'à considérer la semence
sous SCS rapports anatomiques et physiologiques.
Quelques botanistes regardent tous les corps reproduc-
teurs comme des graines; mais on peut leur observer que si
l'on adoploit leuB opinion , il faudrolt appeler de ce nom les
greffes et les boutures. V. Rounc.EONS sémi^^ifoumes.
La forme d-'s ^cm-cnccs varie beaucoup. 11 en est de sphé-
s T: AT 553
riques , d'ovales, de réniformes, de lenticulaires , de canali-
culées, d'anguleuses, de cubiques, de niarginées, d'ailées ,
de chevelues, daigretlces , elc. Leur surface ne présente
pas moins de différence. On en voit en effet de lisses, de
striées, de ridées, d'alvéolées, de tuberculées, de caroncu-
lées, de velues , de cotonneuses, etc.
La position de la semence dans le fruit est rarement prise on
considération , cependant elle mérite l'attention des obser-
vateurs. Tantôt en effet elle est redressée , tantôt renversée,
tanlôl horizontale, tantôt imbriquée, tantôt sessile , tantôt
péfliculée.
Toute semencetient àl'OvAiRE,lantqu'ellen'estpas parve-
nue à sa maturité , par un Cordon ombilical ou Fu^'ICULF,.
Toute semence paroît, à la première vue, composée
d'une enveloppe et d'une amande. L'objet de Tenvelopp'* ,
qu'on appelle aussi Tumque propre, est «iniquement de
garantir l'amande de la trop forte action soit de la sécheresse
st)it de l'humidité. On en compte de trois espèces, savoir :
I'Arille, le LoRiQUE et le Tegmen.
L'Amatsde est composée de TEmbryon seul, ou plu.?
souvent de l'embryon et du Périsperme , ainsi ce dernier ne
lui est pas essentiel; Correa de Serra croit même qu'il n'est
que le superdu du tissu cellulaire employé à la formation de
l'embryon.
On appelle embryon les organes réunis du Blastème, et
du ou des Cotylédons.
Le blastème est composé de la Radicule et de la Plan-
tule, opposées par la base , el dont la réunion est le vérila-
bie point vital.
La radicule et la plumule ont été pourvues par la nature
de la disposition , lorsqu'elles se développent à l'aide de l.i
chaleur el de l'humidilé , la première de s'enfoncer en terre,
et la seconde de sélever dans l'air. Piien ne peut changer
cette disposition. V. Germination dans le supplément.
Quelquefois la radicule et la plumule sont renfermées
dans une sorte de cavité ou de sac qu'on a appelé Coléo-
RHIZE et COLÉOPTILE.
Une certaine quantité de semences n'offrent qu'un coty-
lédon. Il y en a deux dans le plus grand nombre. Quelques-
unes en contiennent davantage. C'est sur eux qu'est basée \<i
méthode des familles naturelles. V. Végétal.
Au bas de la plumule , s'insèrent les cotylédons, qui se
distinguent toujours des feuilles radicales , mais qui en
remplissent souvent les fonctions , sans cependant cesser de
fournir au germe la nourriture nécessaire à son premier
développement.
554 s E l\î
Toutes ces parties, comme le bois, comme les feuilles
comme les (leurs , comme les péricarpes , ne sont composées
que de tissu cellulaire. Dire pourquoi ce tissu cellulaire prend
de telles formes, remplit de telles fonctions, n'est pas possi-
ble et ne le sera probablement jamais.
J'aurois pu m'ctendre bien plus sur le merveilleux appa-
reil dont je viens de tracer le tableau ; mais c'eût été un dou-
ble emploi, les articles indiqués en lettres majuscules ser-
vant de complément à celui-ci.
La culture modifie les graines comme toutes les autres
parties des plantes. Les unes perdent leurs formes, d'autres
leurs accompagneniens, d'autres leur couleur, leur saveur,
leur odeur. La plupart deviennent plus grosses.
Cependant celles de ces plantes que leur culture a fort éloi-
gnées de leur type , comme les cboux-fleurs, les choux-raves,
les choux-quintal , elc, les anémones, les œillets, les giroflées
et autres ileurs semi-doubles , les poires et les pommes les
plus grosses, offrent des semences plus petites que dans le
type sauvage , et ces graines sont plus dans le cas de donner
de bonnes ou de belles variétés que les autres; ce phéno-
mène s'explique par la même cause que celle qui rend les
liés reiraiis , c'est-à-dire , parce que la force végétative
s'est en plus grande partie portée sur les feuilles , sur les
pétioles, sur les fleurs, pour augmenter leurs proportions.
V. Fleurs doubles.
On doit préférer ces graines à demi avortées à celles qui
sont pourvues de toute leur grosseur, lorsqu'on veut repro-
duire et même améliorer, sous le point de vue du jardinage,
les variétés dont elles proviennent.
Les graines gardées donnent des productions moins vigou-
reuses que les graines fraîches, et il est souvent avantageux,
par suite du principe ci-dessus , de les préférer lorsqu'elles
appartiennent à des espèces cultivées pour leur fruit. Voyez
Melon.
Beaucoup de graines de variétés jardinières rendent la
même variété par leur semis. Beaucoup de graines d'arbres
ne les rendent jamais. On ne peut expliquer ce fait dans l'é-
tat actuel de nos connoissances.
Souvent des plantes annuelles qui avoient fourni pendant
plusieurs années des graines susceptibles de rendre leur va-
riété , cessent de le faire , au grand déplaisir des jardiniers ,
qui les appellent plantes dégénérées; tantôt c'est le Climat,
tantôt le Sol, tantôt les circonstances des saisons , tantôt le
mode de Culture, qui ramènent ces plantes à leur type pri-
mitif. Le transport des poussières fécondantes des espèces
s E M 555
analogues ou des variétés voisines, soit par l'effet des Vents,
soit par la récolte du Pollen et du Miel exécutée par les
abeilles et autres insectes, en est aussi fréquemment la cause.
V. Hybride.
Il est des semences qui se conservent à Tair un nombre
d'années indéterminé, en état de germer; d'autres qui de-
mandent à être semées aussitôt qu'elles sont récoltées. Nous
ne connoissons pas la cause de ces variations qui sont in-
nombrables , mais dont les limites ont été observées par les
cultivateurs, pour celles de ces semences qui sont l'objet le
plus constant de leurs soins.
L'expérience prouve tous les ans qu'il est plus avantageux
de conserver les graines à capsule, à gousse ou à silique ,
dans leur enveloppe , que de les en séparer.
Celles de ces semences qui ne se conservent pas à l'air, se
stratifient dans des fosses à une certaine profondeur, c'est-à-
dire hors des atteintes de l'influence de l'air, de la chaleur
et de l'eau, et se recouvrent d'une bulle de terre. Il est des
exemples que des semences ainsi disposées ont germé après
un demi siècle.
C'est en les stratifiant également avec de la terre, du bois
pourri , de la mousse , etc. , qu'on fait avec succès des en-
vois de graines des parties les plus éloignées de l'Asie , de
l'Afrique , de l'Amérique et de l'Australasie.
La meilleure semence est généralement la plus grosse, la
plus lourde, la plus colorée; mais chacune ne peut être
comparée qu'à elle-même , les variations étant sans nombre
entre les espèces.
On doit toujours tendre à se procurer la meilleure graine
pour les semis, et on y parvient en la prenant sur les pieds
les plus vigoureux, et en repoussant celle qui est fournie par
les fleurs écloses les dernières.
L'opinion qu'il est utile de changer de temps en temps les
semences des Céréales , en les tirant d'un autre canton , est
fondée sur une erreur. Il suffit de choisir, comme je viens de
le dire, la meilleure de sa propre récolte, pour empêcher
toute culture de dégénérer.
Toute semence altérée ne germe pas , mais elle peut être
utilisée comme engrais, le carbone qu'elle conlient étant
très-propre à augmenter la force végétative de la terre où on
la dépose, (b.)
SEMENCE DE CHAMPIGNON. Paulct a donne ce
nom à un petit Agaric , qui croît en touffes cxlrêmcment
grosses. V. Tète bai et blanche, (b.)
SEMENDA. F. Calao a casque rond, (v.)
5-'î6 S E M
SEMENTINE ou SEMEN CONTRA. Espèce d'Ae-
Sl^JTHE. (b.)
SEMET. Nom égyptien du Nasiurtium des anciens, (ln.)
SEMETRO. Au temps de Belon, Tes habitans du pays
Messin nommoient ainsi le Traquet. V.ce mol., à rarlicle
MOTTEUX (s.)
SEMEUR. On désigne ainsi , en Picardie , la Bergeron-
nette etla Lavandière. F. ces aiotsàrariicle Hocuequele.
(v.)
SEMI-FLOSCULEUSES. Sortes de Fleurs. V. ce
mot. Elles servoient à constituer une des classes de Tourne-
forl; Linuœus les a comprises dans sa classe de la syngénésle.
La plupart entrent dans la famille des ChicoracÉls, de Jus-
sieu. Aujourd'hui, H. Cassini les emploie comme division
de sa famille des synanthérécs. Leurs caractères sont : fleurs
monopétales, dont le tube se prolonge, d'un seul côté , vn
une lame en forme de languette dentelée à son sommet ; dont
les étamines sont réunies par leurs anthères , et qui sont
agrégées dans un calice commun, (b.)
SEMINALÏS, des Romains. F. Polygonum. (ln.)
SEMINULE. Corps reproducteurs, qui apparlienneni ,
dil-on, à des plantes agames et à des plantes cryptogames,
ce que j'ai de la peine à croire ; car les agames ne se multi-
plient que par des bourgeons séminiformes , cl les crypto-
games ont de véritables sen)ences , quoique pourvues dtnc
organisation fort simple. V. Fruit, (b.)
SEMÏ-OPAL. Les Anglais donnent ce nom , qui est la
traduction littérale de l'allemand halù-opal , au SiLEX RÉ-
SINITE. (en.)
SEMIS. Beaucoup de semences dont le germe est accom-
pagné d'un corps corné , comme les Rubiacees , perdent
leur propriété germinative peu de temps après leur malu-
riic ; d'autres, qui renferment une huile essentielle, qui, se
corrompant promptemeni , réagit sur le germe , comme
dans la famille des Lauriers et des Myrtes, sont dans le
mê>ne cas. Il en est encore d'autres qui, comme les Ner-
PRU!SS, dont les semences sont des osselets très-durs, se
racornissent en séchant, de manière que si on attend au
printemps à les mettre en terre , elles y restent un an en-
tier avant que de lever. On remédie à tous ces inconvénient
en semant ou stratifiant ces sortes de graines immédiate-
ment après leur parfaite maturité. P\ Spongiole.
Plusieurs des graines des plantes vivaces de la famille <les
Ombeelifères , les Fraxi^ieeles , les Rosiers, etc. , doi-
vent être semées aussitôt que leur maturité est complète ; si
on attend le printemps suivant , il est rare qu'elles lèvent;
car elles sont ordinairement mangées dans le cours de l'été,
au lieu que lorsqu'on les sème en automne , elles lèvent au
printemps suivant.
C'est après la cessation des fortes gelées , lorsque la terre
devient maniable , et dans la saison des pluies, qu'on sème
la plus grande quantité de graines d'arbres de pleine terre.
On y répand aussi les semences des prairies naturelles,
quelques céréales , et les graines des plantes potagères
rustiques , dont les jeunes plantes ne craignent pas la
gelée.
C'est encore à la même époque qu'on sème sous des
châssis ou sur des couches chaudes des graines de plantes des
pays chauds , dont on veut obtenir des fruits précoces ou
liâler la végétation , pour leur faire passer l'hiver suivant
avec plus de succès.
Plus tard , c'est à-dire en mars , on fait la presque totaliié
des autres semis ; cependant, il en est quelques-uns qu'on ue
complète que le mois suivant ; ce sont ceux dont les produits
craignent les plus foibles gelées, tels que les Haricots, les
Capucines , etc.
Les plantes qui se sèment en pleine terre presque toule
Tannée, excepté dans le temps des gelées, sont quelques
espèces de légumes dont on veut se procurer des produits
non interrompus dans toutes les saisons , telles que les Epi-
NARDS, les PETITES Rav]^ , les Salades , etc.; et les se-
mences qui vieillissent promptement , comme celles de cer-
taines OmbELLIFÈRES , des RUBIACÉES, etc.
On sème les graines de différentes manières , savoir :
i.<* A la volée , telles que les Céréales , les Fourrages,
les Oléagineuses, enfin la plupart de celles qui se cultivent
en grand daiîs la campagne. Dans les jardins, on sème ainsi
les carrés de gros légumes, les gazons , etc. Pour cela , un
homme intelligent , portant dans un tablier, serré autour de
ses reins, la graine qu'il veut , parcourt, à pas mesuré, le
champ qu'il doit ensemencer; chaque pas qu'il fait, il prend
une poignée de graine et la répand le plus exactement possible
dans une étendue déterminée. Lorsque \es semences sont
trop fines pour remplir sa main , il les mêle avec une quan-
tité de terre sèche , de sable ou de cendre , et les répand
ensemble. On a aussi imaginé des semoirs , c'est-à-dire des
machines qui ont l'avantage de répandre la semence très-
également; mais on n'en fait pas usage, soit parce qu'elles ne
remplissent pas complètement leur but , soit parce qu'elles
sont trop chères, soit parce que la routine y met opposi-
tion.
358 S E M
2.° En planches. Celte manière cle semer ne se dislingue de
la précédenle, qu'en ce qu'au lieu de semer une pièce en
plein , on la sème en planches plus ou moins larges , qui
sont divisées par des sentiers.
On emploie avec succès celte sorte de semis pour les cul-
tures rurales dans les cantons méridionaux de la France ,
dans le Milanais, la Romagne et autres parties de l'Italie.
Chaque planche est bordée d'une ligne d'arbres, sur lesquels
s'élèvent des vignes. Cette méthode convient à des climats
très-chauds , où les plantes ont besoin d'être abritées de la
trop grande force du soleil ; mais elle ne réussiroit pas dans
les pays septentrionaux.
Dans les jardins légumiers, presque tous les semis se font
en planches , qui rarement passent une toise de large, pour
pouvoir porter la main dans toutes leurs parties.
3.*^ Par rayons. Les semis de cette sorte sont très-usilés
dans les campagnes pour les cultures de menus grains , tels
que les pois , les lentilles , les gesses et même quelques cé-
réales, qu'on établit sur des ados des fossés de vignes et au-
tres cultures.
On les pratique ordinairement dans les jardins pour là
culture des légumes, dont on borde les carrés ou les plan-
ches.
Dans les pépinières , ils «)nt très-en usage pour les graines
d'arbres.
Ils consistent à tracer sur un terrain nouvellement labouré,
un sillon , plus ou moins large et plus ou moins profond ,
suivant la nature des graines qu'on se propose d'y semer, à
y répandre les graines le plus également possible , et à les
recouvrir de terre fine de l'épaisseur qui convient à leur na-
ture. On affermit ensuite la terre du fond du sillon avec le
dos d'un râteau, et on la recouvre d'un terreau de feuilles
ou autre engrais suivant l'exigence des cas.
Ce procédé offre un avantage , celui de tenir les semis
plus frais , et ensuite de chausser les jeunes plants à mesure
qu'ils grandissent et qu'ils en ont besoin. La terre des ados
des sillons , étant en pente assez rapide, s'cmiette aisément,
et les pluies qui surviennent la détrempent et la font tomber
successivement au fond du sillon.
4..° Pofe/ufs ou pochels. Les potclots ou pocheis sont de petites
fosses circulaires ou carrées, de six à huit pouces de profon-
deur sur environ quinze de diamètre, et formées par lignes
régulières à des distances de dix à quinze pouces dans un
terrain nouvellement labouré.
Ils sont destinés à recevoir les graines qui se sèment de
s E M 559
celte manière ; telles sont celles des diverses espèces de Ua-
RICQTS , soit à la campagne , soit dans les potagers.
Dans les jardins de botanique on sème de celte manière
toutes les graines de plantes qui n'ont pas besoin du secours
de la couche pour lever et fournir leur végétation dans notre
climat.
Après avoir répandu les semences au fond de la poche, le
plus également qu'il est possible , on les recouvre de terre
plus fine, et mieux amendée que celle du sol, et on la bat
légèrement avec le dos de la main pour l'affermir sur les
graines. Un très-léger lit de coifft fumier qui recouvre le
fond du pochet, brise les rayons du soleil, empêche la terre
d'être trop battue par les pluies , et protège la germination
des graines.
Ce semis partage les avantages de celui par rayons pour
le chaussage des plantes à mesure qu'elles grandissent , et leur
procure une humidité plus constante.
5." Seules à seules. On sème seules à seules, pai' lignes, à
dislances déterminées , les grosses graines , telles que celles
des Chênes, des Châtaigniers, des Noyers, des Mar-
ronniers d'Inde, des Amandiers, des Pêchers, des Abri-
cotiers, et d'autres de celle nature , qui ont été stratifiées
dans le sable à l'automne , et qui sont en état de germination
ou prêles à y entrer. Lorsqu'on se propose de laisser croître
à demeure les arbres qui doivent provenir de ces semis, oa
plante les graines avec leur radicule entière. Les arbres en
deviennent plus beaux , plus grands, et ils sont moins exposés
à èire déracinés par les vents. Mais lorsqu'on destine les
jeunesplantesàêlre transplanlées,ilestconvenable de couper,
avec l'ongle, l'extrémité de la radicule; alors le pivot de la
racine, au lieu de descendre perpendiculairement, se fourche,
se divise en plusieurs racines q«lî s'étendent à rez-terre. La
reprise des sujets dans leur transplantation est plus assurée.
Ce moyen est pratiqué dans les semis àts petits bois de chêne ,
de hêtre^ de châlaignier; dans les campagnes on l'emploie dans
les potagers pour établir en place , entre les arbres d'un es-
palier qui commence à donner des signes de dépérisse-
ment , des sauvageons robustes , qu'on greffe ensuite avec
les espèces qu'on désire.
6.° Dans des vases. Cette espèce de semis ne s'emploie
guère que pour des graines , dont le jeune plant a besoin
d'être surveillé et placé à différentes expositions dans diverses
saisons , ou rentré en serre pendant l'hiver.
On en distingue de trois espèces :
En caisse. C'est-à-dire dans des parallélogrammes de bois.
56,, S E M
plus ou moins grands , plus ou moins profonds. Cette espèce
de semis est pratiquée dans les pépinières d'arbres étrangers,
pour les arbres résineux d'une culture exigeante , telles que
celles des sapinetles du Canada , des cèdres du Liban ^ de diver-
ses espèces de genèi>ricrs , et d'autres arbres et arbustes du
nord de l'Amérique.
On établit au fond de la caisse, qu'on se propose de se-
mer , un lit de menus plâîras d'environ deux pouces d'épais-
seur. On couvre ce premier lit d'à-peu-près deux doigts de
terre franche qu'on affermit avec le poing, et on remplit le
reste de la caisse, jusqu'à ëÊtux pouces de son bord supérieur,
de terre préparée et convenable au semis qu'on se propose
de faire.
La caisse ainsi semée , est placée à l'exposition qui con-
vient à la germination des graines , et à l'automne elle est
couverte de litière , placée au midi ou rentrée dans l'oran-
gerie , suivant la délicatesse et l'état des jeunes plants.
En terrines. Les semis en terrines ont plus particulière-
ment pour objet, dans les potagers, les sentis de légumes de
primeur, tels que différentes variétés de Choux-fleurs, de
îîROCOLis , de Frmsiers des Alpes , etc. ; on les sème à
l'automne ou au premier printemps , et on les place , soit
dans une côtière bien exposée au midi , dans une serre
froide , ou sous un châssis.
Dans les jardins des fleuristes , on sème en terrines sur
couche , sous châssis ou cloche , des graines de plusieurs es-
pèces de fleurs, dont la germination a besoin d'être avancée.
Enfin , dans les pépinières et les jardins d'éducation de
plantes étrangères , on sème , dans des terrines , les graines
qu'on possède en trop grande quantité pour être semées en
pot , mais pas en suffisance pour occuper une caisse.
Ce semis ne diffère en rien du précédent.
En pots. Les semis en pois conviennent à de petites quan-
tités de graines de plantes de climats étrangers, et d'une tem-
pérature plus chaude que celle du pays dans lequel on les fait.
C'est principalemaat chez les cultivateurs de plantes étran-
gères et dans les jardins de botanique , qu'on pratique ce
genre de culture. On les exécute une grande partie de
l'année, principalement, et en très -grande quantité, au
printemps. Le moment le plus fovorable est celui où les
premiers bourgeons du Tilleul commencent à s'ouvrir , et à
laisser voir leurs premières feuilles.
Cette opération, l'une des plus importantes pour la tenue
et l'augmentation des richesses végétales d'un jardin de boia
nique , mérite quelques développemens.
Un jardinier soigneux et prévoyant n'attend pas le mo
s E M S6i
iïi>«nt des semis, pour faire toutes les dispositions prélimi-
naires qui doivent assurer la réussite de son opération. Filles
consistent:
i.*» A éplacber les graines , les disposer en un ordre mé-
thodique, en faire le catalogue, etc.
2.° A préparer les diverses terres, dont il prévoit avoir
besoin pour effectuer les semis. Il faut qu'il se précautionne
de cet objet essentiel long-temps ( plusieurs années nicme )
auparavant , parce que les terres composées sont d'autant
meilleures qu'elles sont préparées plus anciennement.
3.0 A rassembler le nombre , Ja qualité et la grandeur des
pots nécessaires. ^
4.° A construire des couches sourdes , des couches chau-
des, raviver son tan , préparer des châssis, etc.
Toutes choses ainsi disposées , et le moment favorable
pour semer étant venu , on doit y procéder sans interrup-
tion. Le semeur se place dans un lieu renferhié , à l'abri du
vent et de la pluie. 11 a autour de lui les pots qui doivent rece-
voir ses semis ; sur une table placée à hauteur d'appui , se
trouvent amoncelées les diverses sortes de terre qu'il doit
employer à recouvrir les semences , après les avoir répan-
dues sur la surface de la terre , dont sont remplis les pots. A
côté de lui est le tiroir où sont rangés les sachets de graines
qu'il doit semer. Il répand ces graines à la pincée , le plus
également possible ; il les recouvre avec la terre qui leur
convient , et de l'épaisseur qui est nécessaire à leur prompte
germination. Il la bat ensuite légèrement avec le dos de la
main , et l'opération est finie.
Ces vases nouvellement semés doivent être placés bien ho-
rizontalement les uns à côté des autres^ et arrosés ou plutôt
bassinés avec un arrosoir à pomme 'à trous très-fins. On
passe rapidement l'arrosoir sur les pots , de manière à pro-
duire une pluie très-fine qui imbibe la terre sans la battre ou
la faire couler hors du pot, et on répète celte opération trois
ou quatre fois dans la journée des cinq ou des six premiers
jours qu'ont été faits les semis.
Lorsqu'on a semé une suffisante quantité de pots pour gar-
nir une couche , un châssis ou une bâche , on les y range
sans retard.
On distingue cinq espèces de couches :
I." La couche sourde. Elle s'établit dans une fosse de trois
Ï>ieds de profondeur , et de quatre à cinq de largeur, sur une
ongueur déterminée par le besoin. On la construit en toutes
sortes de matières fermentescibles , telles que des tontures
de buis , d'ifs , du marc de raisin , de pommes ou d'olives ,
de tannée ,• de diverses sortes de fumiers , ou tout simpiemeni;
XXX. 36
562 S K M
de balayures de chantier de bois ou des rues. ÎI convient de
mélanger ces substances , de manière à ce que celte couche
ne produise qu'une foible chaleur, mais durable , et de l'éle-
ver au dessus du niveau du terrain. On la couvre d'environ
sept pouces de terreau. C'est dans ce lit de terreau qu'on
enterre les pots de semis nouvellement faits. On les y place
bien horizontalement les uns à côté des autres , et on rem-
plit bien exactement avec du terreau les intervalles qui se
trouvent entre eux.
2.° La couche chaude. Elle se distingue de la précédente ,
en ce qu'elle est conslruite^vec du fumier lourd et de la li-
tière , et qu'elle est établie shr la surface du sol , et non en
terre.
On donne ordinairement à cette sorte de couche cinq pieds
de large sur trois et demi de hauteur , et une longueur à vo-
lonté. Ses bords sont formés avec des bourrelets de fumier
moelleux, mêlé avec les deux tiers environ de litière triturée.
La partie du milieu est formée , lits par lits , des mêmes
substances , auxquelles on ajoute du fumier vieux à demi-
consommé. Chaque lit , auquel on donne de huit à dix
pouces d'épaisseur , doit être affermi par un piétinement
répété à chaque lit que l'on forme. Lorsque la couche est
arrivée à sa hauteur , on la règle , c'est-à-dire , qu'après
l'avoir marchée à plusieurs reprises dans toute son étendue ,
on remplit avec du fumier lourd les endroits bas qui s'y
trouvent.
Si le fumier qu'on a employé dans la fabrication de la
couche n'étoit pas assez humide pour entrer prochainement en
fermentation, ou qu'on eût besoin d'une plus vive chaleur que
celle qu'on peut espérerdu fumier, on l'arrose abondamment;
un seau d'eau par pied carré sufflt à peine pour l'imbiber.
Après qu'elle a été ainsi arrosée , on la laisse reposer pen-
dant douze ou quinze heures; alors elle entre en fermenta-
tion , et fournit une chaleur très-vive , dont le centre du foyer
se trouve dans toute sa longueur. On marche de nouveau la
couche , qui s'affaisse sensiblement. On l'égalise de nouveau
avec du fumier lourd , dans les endroits qui oot baissé davan-
tage , et on la tient un peu bombée dans son milieu.
Cette opération faite , on terreaute la couche , c'est-à-dire ,
qu'on la couvre de terreau dans toute sa surface. On l'y étend
sur une épaisseur d'environ six pouces, et on la garnit sur-
le-champ des pots de semis, dont elle doit protéger et activer
la germination. ,
Quelques personnes attendent quelques jours après la con-
fection de cette sorte de couche , pour y placer leurs pots de
serais , dans la crainte que la trop vive chaleur de son pre-
s E M 563
mier feu n'échauffe leurs graines , et qu'elles ne lèvent point.
Cette crainte est puérile, et n'aboutit qu'à faire perdre une
chaleur précieuse , qui , dirigée sur des semences placées à
très-peu de distance de la surface, «ne peut leur nuire , e«
convient, au contraire , à leur prompte germination. La
preuve s'en tire tout naturellement de la grande quantité de
graines de plantes adventices , qui se trouvent contenues
dans le terreau qui recouvre la couche , et qui , malgré
qu'elles soient beaucoup plus exposées à la chaleur de la
couche que celles semées dans les vases , ne lèvent pas moins
abondamment.
Mais une précaution nécessaire et même indispensable ,
est d'arroser souvent , et en forme de pluie fine , Içs pots de
semences nouvellement placés sur la couche ; de les tenir dans
une humidité constante , et cela , jusqu'à l'époque où les
germes sont sortis de terre. Alors , on modère les arrose-
mens , et on ne les administre que lorsque les plantes l'exi-
gent. La chaleur et l'humidité sont les deux principaux mo-
teurs de la germination des graines.
On emploie avec succès , dans notre climat, la chaleur des
couches chaudes , pour faire lever les graines des végé-
taux qui croissent naturellement dans les pays en-deçà des
tropiques.
3." Sous châssis. Les châssis propres à la culture des semis
de plantes étrangères , sont placés sur des couches sembla-
bles à celles qui viennent d'être décrites. Il existe seulement
quelques différences dans leurs dimensions. Les caisses des
châssis n'ont ordinairement que quatre pieds de large sur
dix-huit de long. On donne aux couches qui doivent les sup-
porter, six pouces de plus sur leur largeur. On les borde de
gros bourrelets de paille , et on les termine par un autre
bourrelet isolé , d'environ quatre pouces de haut , que l'oa
place à l'endroit où doit être posée la caisse du châssis. Le
derrière de la caisse étant plus haut , par conséquent plus
lourd , et devant faire tasser davantage la couche , le bour-
relet qu'on place dessous doit être plus élevé de deux pouces
que celuiqui porte le devant. D'ailleurs, le reste de la couche
est construit avec la même nature de fumier , pratiquée ,
piétinée, arrosée et lerreaiitée de la même manière.
Lorsque la couche est faite et réglée , on place dessus la
caisse des châssis , et on enfonce , dans le; terreau qui la re-
couvre, les pots de semis qu'elle doit reccAroir. Les panneaux
de vitres ne se placent sur la caisse que cinr] à six jours après
que la couche a été plantée , pour laisser j^asser le premier
coup de feu, qui, agissanl dans une atmosphère circonscrite
5€4 S E M
et abritée à\i contact de l'air ambiant, pourroit écliauder les
graines et détruire leur germe.
Après quinze jours de construction , lorsque la chaleur de
la couche commence à,s'affoiblir , on la ravive au moyen de
réchauds qu'on pratique tout autour. Ces réchauds se font
avec du fumier moelleux mêlé avec de la litière , et placés
contre le mur le long des parois extérieures de l'ancienne
couche et dans toute sa circonférence. On élève les bords
supérieurs au niveau du châssis; et après les avoir bien affer-
mis et arrosés , on les couvre de quelques pouces de terreau ,
pour concentrer davantage la chaleur qui pénètre promple-
Hient l'épaisseur de l'ancienne couche , y rétablir la fermen-
tation, et développer en elle une nouvelle vigueur. Vient-elle
à s'abaisser au-dessous du degré convenable , on renouvelle
les réchauds autant de fois qu'il en est besoin, pendant le cou-
rant de l'été et de l'automne que les semis doivent rester
sous le châssis.
On sème dans les pots , sous une couche chaude et sous
châssis, les graines des plantes. annuelles dont on veut accé-
lérer la végétation , à l'effet de jouir plus tôt de leurs produits
utiles ou agréables.
Dans les jardins potagers , on fait lever sous châssis , les
graines de laitues , de petites tûi^m , de pois^ de haricots, etc.
Les fleuristes de Paris , élèvent sous châssis les plantes an-
nuelles destinées à l'ornement des parterres.
Chez les amateurs de plantes, et dans les jardins de bota-
nique , les châssis sont affectés à l'éducation des graines de
plantes qui croissent sous les Tropiques ou dans leur voi-
sinage.
4.° Sous bâche. Les semis qui se font sous des bâches , se
placent sur des couches chaudes, construites, soit en fumier
de cheval , soit en tan qui sort de la fosse des corroyeurs, ou
soit en sciure de bois, suivant qu'on est plus à portée de se
procurer ces différentes matières ; mais la tannée est préfé-
rable au fumier , parce qu'elle fournit une chaleur plus douce,
plus égale, de plus longue durée, et moins humide. Lorsque
ia tannée est trop sèche , on peut, sans inconvénient, CQns-
truire la couche , partie en fumier , partie en sciure de bois
ou en tan. Dans ce cas , le lit de fumier doit occuper le fond
de la fosse , et remplir environ deux tiers de la profondeur :
le reste du vide, et même six pouces au-dessus, peut être
comblé par les substances indiquées.
C'est sur des couches ainsi formées que se plantent , dès
la fm de l'hiver ., .les pots de semis végétaux de la zone
torride , dont les semences sont dures , coriaces , et qui ont
besoin de rejster plusieurs moi^ en terre pour entrer en ger-
s E M 565
raînatlon. Les graines déplantes annuelles du même climat J
qui lèvent dans l'espace de quinze à vingt jours, ne doivent
pas être semées en même temps que les premières , parce
qu'il seroit à craindre , dans cette saison hun^ide , et dans la-
quelle le soleil se montre peu d'instans sur notre horizon ,
que le jeune plant levé ne fondît et ne mourût. On retarde les
semis de cette division de végétaux , jusque vers la moitié de
mars, et on les préserve de l'humidité, par la chaleur du feu.
5." A Vair libre. L'exposition à l'air libre convient généra-
kment à toutes les plantes rustiques , qui croissent dans les
climats de même nature que celui sous lequel on les sème.
Elle convient encore aux semis de plantes étrangères qui ont
été acclimatées par une longue culture à la température des
pays dans lesquels on en fait les semis. Enfin , il est des
plantes annuelles de climats très-chauds, qui, étant semées en
plein air ,* aux approches de l'été , dans un climat septentrio-
nal , supportent fort bien ce plein air , et fournissent leur
végétation complète comme dans leur pays natal.
Actuellement , 1t n'est plus question , pour terminer les
considérations relatives aux semis , que de parler de leur
exposition.
On sème, à l'exposition du levant , beaucoup de graines,
d'arbres de l'Amérique septentrionale , qui croissent sous les
épaisses forêts , et que les rayons du midi pourroient incom-
moder et faire périr ; telles que les différentes espèces de
Gentianes , les Ronces , les Spirées , et autres de cette
nature.
On place aussi sur des couches exposées au levant , les
pots , les terrines , les caisses de semis de graines qui ,
croissant à l'ombre des arbres qui les ont produites dans les
pays plus chauds , ont besoin d'être préservées du grand
soleil. En général , les graines très-fines, comme'celles des
LoBÉLiES, de plusieurs espèces de Campanules , de Mille-
PEaTUis, etc. , qui ne sont recouvertes que de l'épaisseur
d'une ligne de terre très-légère , réussissent infiniment mieux
à cette exposition qu'à toute autre. Elle convient plus parti«-
culièrement aux semis de graines des plantes des climats
chauds, soit qu'ils soient faits en pleine terre ou dans des.
po(s. Mais il faut proportionner les arrosemens , les rendre
plus fréquens et plus abondans à cette exposition qu'à toute
aulre.
Il est des cas , cependant , où des semis de plantes de la
zone torride , placés sous des châssis ou des bâches , ont be-
soin d'être défendus, dans leur jeunesse, des rayons du soleil
c« midi. On se sert , pour cet effet , de toiles , de canevas,
ou de paillassons à claire voie. C'est surtout loi-sque les.
566 S E M
rayons du soleil passent entre des nuages groupés et disconti-
nus , que cette précaution est nécessaire.
L'exposition du nord est affectée plus particulièrement aux
semis de graines des végétaux des pays plus septentrionaux
que celui où on les fait , soit qu^ils soient exécutés en pleine
terre où dans des vases. On en fait usage aussi, pour faire
Ifever les graines des plantes des hautes montagnes, et enfin,
pour les plantes de la zone torride qui croissent sous les
épaisses forêts , et dans les lieux très-ombragés. Mais ces
dernières devant être à une température chaude , analogue
à celle de leur pays , ce n'est que dans une serre chaude,
ou sous une bâche , qu'on peut les cultiver à Tabri du soleil ,
et leur donner l'exposition du nord.
Il est des plantes qui végètent plus particulièrement
dans un air stagnant, épais, et qui contient du gaz azote et
du gaz hydrogène dans une proportion plus considérable
qu'il ne s'en trouve dans les lieux très-élevés. Celles-là doi-
vent être cultivées dans des endroits bas , humides, circons-
crits par des abris environnans , et où ihse trouve des ma-
tières en décomposition , susceptibles de fournir du gaz. Si
elles sont originaires des climats chauds, il convient alors de
les tenir dans des serres chaudes, où les mêmes gaz se trou-
vent dans les proportions convenables , et où l'air atmosphé-
rique ne puisse avoir de courant établi , que quand il en est
besoin.
11 n'en est pas de même des plantes qui croissent sur les
hautes montagnes dans un air pur , subtil et froid. Il est diffi-
cile de les cultiver et de les acclimater dans les jardins.
(THOUIÎjl.)
SEMI-VULPES. Quelques naturalistes ont donné cette
dénomination aux Sarigues ou Didelphes. F. ce mot. (s.)
SEM-KIAM. Nom chinois du Gingembre ( amomum zin-
ziher , L. ). On cultive cette plante en Chine, (ln.)
SEMMAQ. Nom donné, au Caire, aux graines ou baies
du Sumac des corroyeurs ( Rhus coraria , Linn.). Elles sont
acidulés, et les Egyptiens les font cuire avec le ris, pour en
faire usage comme stomachiques, (ln.)
SEMNOS. Les mages donnoient ce nom à Vagnu s cas/us,
espèce de (iattilier. (ln.)
SEMOULE, en italien, semola. Pâte faite de la plus fine
farine , comme le vermicelle^ mais divisée en petits grains
semblables aux grains de moutarde, (s.)
SEMPEUVIVUM , c'est-à-dire, qui est toujours vivant.
Ce nom est la traduction latine du grec aizoon , donné par
les anciens à des plantes grasses , parmi lesquelles se trouve
notre joubarbe des toits.
s E M S67
« La nature , dit Théophraste , a donné cette propriété à
Vaizoon , d'être toujours vert. Sa feuille est charnue , lisse ,
longue ; elle croît sur les murailles et les toitures sur les-^
quelles il s'est amassé de la terre». C'est précisément ce qu'on
observe pour notre joubarbe des toits.
Dioscorlde a trois espèces à'aizoon : un grand , un petit ^
et un troisième , ïillecebra des Romains.
Le grand aizoon , ainsi nommé de ce qu'il étoit toujours
vert , avoit une tige haute d'une coudée ou un peu plus , de
la grosseur du pouce , grasse, verte, marquée de fentes ou
cicatrices , comme celle du cliaracias (espèce d'euphorbe );
ses feuilles étoient grasses, charnues, de la longueur du pouce;
les supérieures , linguiformes , arrangées de manière que
celles du milieu formoient un petit paquet circulaire, en
forme d'œil , et que les extérieures étoient arquées contre
terre. Il croissoit sur lestoils et parmi les tuiles et les pier-
res plates ; on le plantoit aussi sur les maisons ; on en fai-
soit usage comme rafraîchissant et astringent. Cet aizoon
est encore le sempetvwum iectorum , L. , et non pas le semper-
owmn arhoreum , L. , qui a été aussi cité pour tel.
Le petit aizoon croissoit parmi les pierres, sur les murailles,
les masures , et dans les fosses ombragées. D'une seule ra-
cine parloient plusieurs tiges menues , toutes couverles de
feuilles petites , rondes ( cylindriques) , grasses et pointues;
une tige principale, haute de huit à neuf pouces, seterminoit
par une cime garnie de petites fleurs vertes. Cet aizoon avoit
les mêmes qualités que le précédent : il paroît que c'étoit
une espèce de sedum analogue ad sedum a/lissimum ou nipes-
tre ou reflexum , etc. ; mais on ne sauroit affirmer précisé-
ment l'espèce.
La troisième espèce à'aizoon n'est pas décrite de la m^me
manière dans les différens exemplaires de Dioscoride ; mais
ils s'accordent en ce qu'ils donnent, avec doute, cette plante
pour Vandrachne saiioage ou Villecebra des Bomains ; que les
feuilles étoient petites, épaisses, velues, et presque sembla-
bles à celles de l'andrachne. Elle croissoit parmi les rochers;
elle élolt assez échauffante et ulcérative ; on s'en servoitpour
résoudre les écrouelles. Il ne nous paroît pas douteux que ce
troisième aizoon n'ait été une petite espèce de sedum , peut-
être , le sedum acre ou bien une autre espèce voisine.
Pline mentionne d'abord deux espèces à'aizoon , et pui&
Villecebra. On plantoit la plus grande espèce à'aizoon^ dans
des pois si^r les fenêtres. Pline nous apprend que les Grecs
l'appeloient buphthalmon , zoophihalmon , stergethron (c'est-à-
dire , propre à l'amour), et hypogesos , parce qu'elle croissoit
sur les toits ou les avant-toits. Ambrosia et amerimnos , étoient
56S S E N
aussi cleux de ses noms: c'éiohAescdumwagnum^Voculuseïie
digilellus des Latins. Celte plante est encore , selon nous,
!a joubarbe des toits. Le petit aizoon est la seconde espèce
d'aizoon de Pline. Les Grecs le nommoient erithales ou tritlm-
les , parce qu'il fieurlssoit trois fois dans le cours de l'an-
née. On le désignoit aussi par cluysoihales et îsoHes.
L'une et l'autre espèce à'aizoon, dit Pline, ont été appe-
lées aizoon par les ^recs , parce qu'elles sont vertes toute
l'année ; de là vient que les Latins leur ont imposé le nom
de sempervivum.
La description que Pline donne de la grande espèce d'ai-
zoon, est conforme à celle que Dioscoride fait de sa pre-
mière espèce d'aizoon ; il en est de même de celle de sa
petite espèce d'aizoon ou vermir.ularis des pharmaciens du
temps de Pline. On doit donc croire qu'il a parlé des mêmes
plantes que Dioscoride.
Quant à Villecebra des Latins , il est évident , d'après ce
qu'en dit Pline , que ce ne peut être le troisième aizoon de
Dioscoride : c'étoit ïandrarhne samnige des Grecs. Il ressem-
bloit à la petite espèce à'aizoon , mais avoit les feuilles plus
petites et plus plates ; il croissoit parmi les rochers et dans
les lieux pierreux : il étoit bon à manger. En comparant
cette description avec celle du troisième aizoon de Diosco-
ride , il est évident que cet auteur et Pline ont parlé de deux
plantes différentes: et Pline a été conséquent , lorsqu'il dit
que toutes les espèces de sempennmm ont les mêmes vertus,
celles d'être réfrigérantes et astringentes. Il ne nous paroît
pas possible que Villecelra de Pline soit un sedum, aucun n'é-
tant bon à manger; mais est-il bien sûr que ce soit le pour-
pier sauvage présumé Vandrachne sauvage des Grecs ? c'est ce
qui ne nous paroît pas être. V. Portulaca.
Selon Galien, le grand et le petit aizoon éloient légère-
ment dessicatifs, peu astringens, et très-rafraîchissans.
Chez les botanistes modernes , on a désigné pour semper-
i^icum , des. espèces de plantes grasses des genres saxifraga ,
sedum, tillcta , etc.
Linnœus a donné le nom de semperoivum au genre qui
contient la joubarbe des toits. V. Joubarbe. Adanson le
comprenoit dans celui qu'il désignoit par sedum.
Enfin , Linnœus a transporté le nom grec à'aizoon, à des
plantes inconnues aux anciens. F. Languette, (ln.)
SEMPOU. Nom de la Zédoaire à Java, (b.)
SEMPSEN , Sempseu et Sensera. Divers noms arabes
du Sésame, (lis.)
SEMSEM. Nom arabe du Sésame {Sèsamum orientale, L.).
^YRiG, c'est l'huile qu'on fait avec ses graines, (ln.)
s Ë N S69
SEMYDA ou SEMYDE. Anciens noms grecs du Bou-
leau, (ln.)
SENA-BELLEDY. Les Egyptiens donnent ce nom a«
véritable séné, cassia sena , Linn, V. Casse et SÉîsÉ. (b.)
SENACIE, Senacia. Genre de plantes établi par Anberl
du Petit-Thouars, dans la pentandrie inonogynie, pour placer
le Célastre ondulé de Lamarck, qui s'écarte des autres.
Il offre pour caractères : un calice très-petit et à cinq dents;
une corolle de cinq pétales; cinq étamines; une capsule
sphérique, pédonculée, à deux valves, et à quatre semences
anguleuses et unies. Il ne paroît ne pas différer de ceux ap-
pelés Mayten et Schrbber. (b.)
SENA, Nom que les Arabes donnent aux sénés, espèce du
genre casse. Ils nomment, selon Delile, i.° Sena SAYDY(séné
delà Thébaïde), et S en A lesan el-sour ( séné langue d'oi-
seau), le séné d'Alexandrie ou à feuilles aiguè's {cassia acii'
iifolia, Delil., AEgypt., tab, 27, fig. i ; 2.° Sena GEBELY
(séné de montagne ou du désert), Sena beledy ou Baha-
RAOUY (séné d'Egypte ou du Nil), et Sena mekkeii ou
HEGAZY (séné de la Mecque ou de la province de Hégaz), le
séné de Tripoli ou de Barbarie à feuilles obtuses {cassia
sena^ Limn.). (LN.)
SENHiRUEL, C'est I'Aristoloche serpentaire et le
GouET serpentaire, (b.)
SENA GUEHELY. Nom d'une espèce de séné de la
Basse-Egypte, fort inférieur au véritable. C'est le cassia lan-
ceolala de Lamarck , figuré pi. 3 du Voyage de Nectoux dans
la Haute-Egypte, (b.)
SENA MECKKI. Nom égyptien de I'Arguelle ou Cy-
nanque a feuilles d'olivier , dont les feuilles ont les mômes
vertus que cel^s du Séné des boutiques, et qu'on mêle
frauduleusement avec elles, (b.)
SENANDI. Nom malabare de l'améthyste , variété vio-
lette du QuARZ. (ln.)
SENAPE , Senapea. Arbrisseau grimpant de Cayenne ,
figuré par Aublet, mais dont la fructification n'est pait_encore
complètement connue, (b.)
SENAPOU. Nom de pays du Bois ivrant. (b.)
SENATEUR. Nom appliqué par des navigateurs à la
Mouette blanche, d'après sa démarche grave sur les glaces.
V. ce mot. (v.)
SENDERA-CLAUDE. C'est, dans Rhéede, la Lise-
ROLLE TRIDENTÉE. (B.)
SENE. Plante du genre des casses, qui est fréquemment
employée comme purgalive. Il en vient d'Egypie et d'Italie.
Y. au mot Casse.
070 s E N
Gaeriner en a fait un genre particulier, auquel il a donné
pour caractères : un calice caduc, divisé en cinq parties; une
corolle de cinq pétales , dont Tinférieur est plus grand; dix
élamines, dont trois plus grandes sont stériles, et trois
autres courbées en arc ; un ovaire supérieur oblong, surmonté
d'un style courbé à stigmate en tête; un légume membraneux
à plusieurs loges, renfermant chacune une semence albumi-
neuse à embryon droit.
Le véritable séné (rassia sena, Linn.) se récolle au-dessus
des Cataractes du Nil, dans le pays des Barabras, et dans
la Nubie. Il ne se cultive pas. On en fait deux récoltes, dont
l'abondartce dépend de la durée des pluies qui ont lieu pé-
riodiquement. La préparation qu'on lui donne se borne à
faire sécher les tiges coupées au soleil. La séparation des
gousses {fuUicuks) et des folioles a lieu plus tard, c'est-à-
dire, s'exécute par les agens du fermier de cette dentée (son
commerce est un privilège exclusif que vendent, chaque an-
née les beys d'Egypte) , pour l'expédier au Caire et à Alexan-
drie , d'où il passe en Europe. On le fraude très-souvent
avec les feuilles du séné lancéolé qui croît dans les mêmes
contrées, mais dont les vertus sont inférieures, et avec celles
du cynanque à feuilles d'olivier , qui les a égales et même supé-
rieures, d^
Il y a lieu de désirer que la culture du véritable séné s'éta-
blisse dans le pays des Barabras ou ailleurs; caria quantité
que fournit ce pays est bien inférieure aux besoins de la con-
sommation , même en y compr<.Miant le séné lancéolé , qui
y est appelé sena helledy^ et le cyn^inque à feuilles d'olivier ,
qui y est nommé arguel. Le premier l'a été avec succès, par
moi , en Caroline, et je ne doute pas qu'il puisse l'être égale-
ment dans les parties méridionales de la rr|nce; seulement
à raison de la moindre chaleur, il seroit d'une qualité infé-
rieure, ce qui n'auroit d'autre inconvénient que d'obliger à
en augmenter la dose.
Nectoux a publié une savante dissertation, accompagnée
de superbes figures coloriées, sur les diverses espèces de
séné, dans son Voyage dans la Haute-Egypte, (b.)
SENÉDES PROVENÇAUX. C'estla Globulaire, (b.)
SÉNÉ DES PRÉS. Un des noms de la Gkatiole. (b.)
SENE SAUVAGEou BATARD. Espèce de Coronjlle,
Coronilla emeras,Linn.).(B.)
SENE BIERE , tSen^Ajera, Genre de plantes établi par
Decandolle dans la tétradynamie siliculeuse , et dans la fa-
mille des crucifères. 11 olfre pour caractères : un calice de
quatre folioles ; une corolle de quatre pétales à peine plus
longs que le calice ; six étamines , dont deux plus courtes ;
s E N 571
un ovair e supérieur didyme , surmonté d'un slyle à stigmate
obtus; une silicule didyme, à valves globuleuses , attachées
à une cloison linéaire plus courte qu'elles, et contenant une
seule semence de chaque côté.
Ce genre est intermédiaire entre les Passerages et les
Graissons. Il renferme quatre espèces; l'une d'elles est le
lepidium didymum de Linnseus, qui se trouve dans les parties
chaudes des quatre parties du monde. Il est connu à Saint-
Domingue sous le nom de cresson de savanes^ et on le mange
en salade comme le cresson de fontaine. J'en ai fréquem-
ment fait usage en Caroline, où il croît également dans les
prairies sèches et dans les lieux cultivas ; il a le goût du
cresson alénois , et il est agréable , surtout lorsqu'il est
mêlé avec de la laitue , qui corrige sa trop forte saveur.
Cette plante a été plusieurs fois cultivée dans les jardins
de Paris; mais comme elle est annuelle et que ses graines se
dispersent au moment de la maturité , elle ne s'y est pas
conservée. En Caroline , elle est en fleur et en fruit pendant
toute l'année, (b.)
SENECILLE , SenecilUs. Genre de plantes établi par
Gsertner pour placer deux espèces qui ne conviennent pas
complètement aux autres de leur genre. Ce sont les CiisÉ-
RAiREs DE Sibérie et purpurescente.
Ce genre a pour caractères : un calice cylindrique formé
par une seule rangée de folioles égales; un réceptacle nu,
portant dans son disque des fleurons hermaphrodites, et
à la circonférence des demi-fleurons fertiles , tridentés ; des
semences à aigrettes plumeuses. (b.)
SENECIO. Cette herbe, selon Pline, ressembloit au
chamœdrys, mais avoit ses tiges rougeâlres. Elle croissoit
sur les murailles et sur les toits des maisons. Les Grecs
l'appeloient erigeron^ c'est-à-dire vieillard du printemps,
parce que dès celte saison ces fleurs se changcoient en une
bourre composée de floccons , ou soies blanches , qui per-
çoient du sommet de la fleur , comme cela avoit lieu dans les
ieles de chardons ; aussi Callimachus nommoit il Verigeron,
ncanihis , et d'autres auteurs le désignoient-ils par pappus
( aigrette ^ papillote'). Pline fait observer que les Grec? n'ont
eu qu'une connoissance vague de celle planJe , c.ir ils en ont
parlé diversement; les uns lui attribuoienî des feuilles sembla-
bles à celles de r^/zz/;a, etd'autresdes feuilles pareilles à celles
du chêne, mais plus peiites. Ces auteurs varioient encore pins
sur les propriétés de Verigeron, et Pline, après avoir trans-
crit ce qu'ils en ont dit , ajoute :« Quant à moi , je rapporte-
rai seulement ce que l'on en sait, par l'expérience , à Rome,
11 faut noter que la bourre de srnecio pilée avec un peu Je
5-2 s E N
safran , et une goulle d'eau fraîche , est très-propre aux
fluxions véhéinentes*des yeux , lorsqu'on l'applique dessus.
Cette bourre rôtie et appliquée, avec du sel, sur les
ccrouelles, est fort bonne, etc. » Le naturaliste romain
rappelle aussi d'autres usages , de cette plante , et qui
éloient accompagnés de circonstances ridicules,
Dioscoride nous apprend que Vetigeron poussoil une tige
roussâlre , et de la hauteur d'une coudée ; que ses feuilles
étaient décurrentes et découpées sur les bords, comme celles
de Veruca , mais plus petites ; qu'elles avoient des Heurs
jaunes découpées très finement , et qui se changeoient en
aigrettes ; qu'elle aVoit pris son nom A'engerun de ce que ses
fleurs deviennent blanches, dès le printemps, comme les che-
veux d'un vieillard ; qu'elle croissoit parmi les décombres,
sur les vieux murs , le long des murailles des villes , etc. ;
que sa racine étoit inutile , et que ses fleurs et ses feuilles
éloient rafraîchissantes , et employées , comme telles , pour
calmer les inflammations, et en décoction pour apaiser les
douleurs de l'estomac. Galien ajoute que celte plante est un
peu résolutive.
Plusieurs plantes , de la famille des composées pourroient
se rapporter à l'ancien erïgeron ou senecio , surtout des es-
pèces de séneçon , et particulièrement l'espèce commune ou
celle des bois, ou l'espèce visqueuse ( senecio vulgaris ^ syba-
ticus ou viscosus ^ L. ). Mais , de ces trois plantes , c'est la
première que l'on donne communément pour Verigeron des
anciens, et cependant elle ne s'élève pas à une coudée de
hauteur ; il est vrai qu'à l'exception de cette hauteur, le reste
lui convient , et surtout ce passage de Théophraste , lorsqu'il
fait observer que Verigeron fleurit presque tout le long de Tan-
née , une fleur succédant à une autre. Toutefois, on ne la
mange pas, et l'on sait que Verigeron est classé, par Théo-
phraste, près des herbes potagères; que ce botaniste fait
remarquer que c'est un aliment peu estimé. Les Grecs nom-
moient aussi cette plante erech/yles , et les Latins , herhu-
lum.
Jusqu'à C. Bauhin, le nom de senecio a été un nom col-
lectif qui désignoit les trois espèces de senecio citées ci-
dessus ; le crépis Jœlida, Linn., le centaiirea cntpina, etc.;
mais jusqu'à Linnceus il a été donné à des plantes de genres
différens,et dont quelques-unes ont beaucoup d'affinité avec
celui qui est appelé senecio par les botanistes ; ces genres
sont ceux-ci : cacalia , erigeron , conyza , cineraria, ùacchan's ^
inula , senecio , spilanlhus , centanrea , spœranthus et plusieurs
des genres faits à leurs dépens.
Le genre senecio, de Linnaeus, se compose du senecio de
s E N H73
Tournefort ( où rentrent les séneçons flosculeiix ) , et cVune
partie daj'acobœa, du même auteur. Le senecio d'Adanson
comprend celui de Tournefort et le kleinia , de Linnseus ,
depuis réuni au cacalla. Le crassocephahim , de Moench ,
a pour type le senecio cernuus.
Le genre erechtldes, de Rafinesque Schmaltz, ne diffère du
senecio que par son calice commun point caliculé , et dont
les écailles ne sont point marcescentes à l'extrémité. Il com-
prend une seule espèce , assez semblable au Séneçon jv
FEU[LLES d'ÉPERVIÈRE {senecîo hieracifolius ^ L. ), mais éle-
vée de six a huit pieds. Elle croît à la Louisiane,
Linnseus a transporté le nom à'erigeron à un genre décrit ,
dans ce Dictionnaire , à l'article Ver-gerette. (ln.)
SENECIOIDES. Plante annuelle, des Indes-Orientales,
indiquée sous ce nom d^ns le Flora Zeylanica de Limiaeus ,
et dont ce naturaliste a fait ensuite une espèce de conyze
( C. cinerea ). Elle a l'aspect d'un séneçon, (ln)
SENEÇON, Senecio. Genre de plantes de la syngénésie
polygamie superflue et de la famille des corymbifères, dont
les caractères consistent : en un calice polyphylle sur une
simple rangée , caliculé à sa base , réfléchi dans la maturité,
à folioles inégales, noirâtres à leur sommet; un réceptacle
nu , supportant des fleurons hermaphrodites, tubuleux sur
son disque et à sa circonférence , le plus souvent des demi-
fleurons femelles^ferliles ; plusieurs semences à aigrette
simple et sessile.
Ce genre, dont celui appelé Hubertie par Bory-Saint-
Vincent se rapproche beaucoup , en formoit deux dans
Tournefort , savoir : celui des Séneçons et celui des Jaco-
bées ; le premier avoit les fleurs flosculeuses , et le second
des fleurs radiées. 11 renferme des plantes à feuilles alternes^
entières ou pinnatifides , souvent un peu charnues, à fleurs
disposées en corymbes terminaux , ordinairement toutes jau-
nes, mais quelquefois à demi-fleurons rouges. On en compte
cent trente espèces , dont les plus communes et les plus sail-
lantes sont :
i." Parmi les séneçons dont les fleurs sont flosculeuses :
Le Séneçon VULGAIRE, qui a les feuilles pionêes, sinuées ,
amplexicaules , et les fleurs éparses. 11 est annuel , et se trouve
très-communément en Europe , dans les lieux cultivés. Il se
reproduit continuellement , et reste vert et en fleur même
pendant l'hiver. On l'emploie communément comme émol-
îient, adoucissant et résolutif. Il convient dans les crache-
mens de sang , dans les lavemens , dans les cataplasmes des-
tiaés à amener les tumeurs en suppuration , à dissiper le lait
S74 s E N
gruinelé dans les mamelles : on le recommande aussi contre
la goutte , l'épiiepsie, les hémorroïdes et les vers.
Le Séneçon fausse squine, qui a les tiges très-longues et
presque nues. Il est vivace et se trouve dans l'Inde. On re-
garde sa racine comme sudorifique , et on l'emploie dans le
pays aux mêmes usages que celle de la véritable squine (smilœv
china^ Linn.). r^. au mot Salsepareille.
2.'^ Parmi les séneçons dont les fleurs sont radiées :
Le Séneçon visqueux , qui a les feuilles pinnatifides ,
gluantes; les écailles du calice lâches , et les demi-fleurons
recourbés. Il ressemble beaucoup au séneçon vulgaire ; mais
il est visqueux, beaucoup plus élevé, et ses fleurs ont souvent
des rayons. 11 est annuel, et se trouve dans les bois où le
terrain est sablonneux.
Le Séneçon des bois, qui a les feuilles piiïuatifidcs , den-
tées; la tige droite ; les fleurs en corymbes, et les rayons
recourbés. Il est annuel , et se trouve dans les bois de l'Eu-
rope boréale.
Le Séneçon élégant, qui a les feuilles pinnatifides, égales,
très-ouvertes , le bord très-épais et recourbé , les fleurs pur-
purines. 11 est originaire du Cap de Bonne-Espérance. On le
cultive très-fréquemment dans les jardins d'ornement , à
raison de l'élégance de son port et de la belle couleur de ses
fleurs. Il double très-facilement, sans pour cela perdre sa
faculté générative. On le multiplie de semences et de bou-
tures. Il a besoin d'être tenu dans une exposition chaude, et
sèche, et d'être rentré pendant l'hiver dans une orangerie ; au
moyen de ces précautions, on peut en avoir en fleur pendant
toute l'année. Il s'élève à un ou deux pieds , et ses fleurs sont
disposées en corymbes peu garnis.
Le Séneçon a feuilles d'aurone , qui a les feuilles pin-
nées, multifides, à divisions linéaires et aiguës ; les fleurs dis-
posées trois par troissur des pédoncules en corymbes denses.
11 est vivace , et se trouve sur les montagnes schisteuses, où il
produit un bel effet par son élégance et son abondance. Il
s'élève d'un à deux pieds, et forme souvent de grosses touffes.
Le Séneçon jacobé, qui a les feuilles pinnées et en lyre ,
les découpures dentelées , et la tige droite. Il est vivace, et se
trouve abondamment dans toute l'Europe , dans les champs
humideset sur le bord des rivières. C'est une très-belle plante,
qui s'élève à trois ou quatre pieds , et présente un large co-
rymbe de fleurs jaunes. Elle est émolliente , vulnéraire ,
apéritive, détersive et résolutive; son suc,pris en gargarisme,
guérit les inflammations de la gorge ; sa décoction est bonne
contre la dyssenterie et les érysipèles ; on la donvie aussi en
lavement dans les tranchées du bas-venlre.
s E N 575
Le Séneçon des marais, qui a les feuilles enslformes, den-
tées, un peu velues en dessous , et la lige grêle. Il est vivace ,
et se trouve dans les marais, sur le bord des rivières. Il s'élève
de cinq à six pieds.
Le Séneçon doré, qui a les feuilles un peu décurrentes ,
lancéolées, dentelées; les supérieures beaucoup plus petites.
Il se trouve dans les bois humides des parties méridionales
de l'Europe. C'est une très-belle plante vivace, que l'on
multiplie dans quelques jardins d'ornement.
Le Séneçon doronique, qui a la tige très-souvent uniflore,
les feuilles entières et dentées , les radicales ovales et velues
en dessous. 11 est vivace, et se trouve dans les Alpes, dans les
Pyrénées et autres montagnes élevées de l'Europe. (B.)
SENEÇON EN ARBRE. Ce nom s'applique souvent à
la Bacchante, (b.)
SENEDETTE. M. Lacépède donne le nom de Delphi-
NAPTÈRE SENEDETTE , à un cétacé dont M. Cuvier nie l'exis-
tence. V. le Règne animal, (desm.)
SENÉES. Division proposée par CoUadon , dans le
genre des Casses; elle renferme la Casse séné et la Casse
LA^icÉOLÉE , dont les semences sont unies , presque en cœur,
beaucoup plus petites que la gousse , et dont les étamines
sont très;inégales et pourvues de deux pores, (b.)
SÉNÉGALL Voyez pour tous les oiseaux décrits sous ce
nom et celui de èengali^iV art. FRiNGiLLE,tom. 12, p. i55,où la
linotte dite le sénégali chanteur , se trouve en double emploi ;
fait dont je me suis assuré depuis l'impression de cet article ,
par de nouvelles observations ; en effet , c'est un individu de
l'espèce de la LiNOTE vengolitse , Fringilla angolensis. Celui
figuré dans les oiseaux chanteurs de la zone torride , est une
femelle ou un jeune mâle , qui diffère du mâle adulte
en ce qu'il n'a pas, comme celui-ci, le croupion et les
couvertures supérieures de la queue d'un beau jaune. •
L'espèce dont il va être (gestion est nouvellement décou-
verte, et doit faire partie de la section B, p. ij/^àes/ringilies.
Le SÉNÉGALI AURORE, Fringilla subflava, V. 11 a trois pouces
sept lignes ; le bec rougeâtre ; toutes les parties supérieures
grises ; cette teinte est plus foncée sur la tête ; les couver-
tures du dessus de la queue sont rouges ; la gorge et toutes
les parties postérieures, d'une belle couleur aurore, plus
claire sur la gorge , plus foncée sur la poitrine ; les flancs
gris , avec quelques lunules blanches à l'extrémité de quel-
ques plumes ; les pennes alaires et caudales, d'un gris rem-
bruni, et les pieds bruns. Cette espèce se trouve au Sénégal,
et fait partie de la collection de M. le comte de Riocourt.
Comme les se/ze^a/Zi, bengalis, vewes , moineatta^, e^r^xx-
SjS s E N
sieurs autres pelîts oiseaux granivores de TAfrique et des
Indes , sont recherchés en France, et que l'on regrette sou-
vent de ne pouvoir les conserver, j'ai pensé que Ton verroit
ici avec plaisir un détail succinct de la méthode que j'ai em-
ployée , non-seulement pour allonger leur vie , qu'abrègent
les froids qu'ils éprouvent en Europe , mais pour jouir de
l'intéressant spectacle de leurs amours , et de l'éducation de
leurs petits. D'après cette miithode , l'on pourroit se procu-
rer des générations acclimatées qui finiroient par ne plus
exiger que les attentions ordinaires qu€ demande l'éducation
des serins. Les premiers soins doivent se porter à l'époque
de leur arrivée , où 11 en périt beaucoup. Le peu de précau-
tions que l'on prend dans le transport , contribue à cette
perle. Au lieu de les entasser dans de petites volières avec
d'autres oiseaux , au lieu de réunir dans la même , forts et
foibles, doux et méchans, il faut en avoir une d'une grandeur
proportionnée au nombre que l'on doit apporter ; mettre les
gros et les méchans en particulier; se munir de leur nourri-
ture naturelle pour plus de deux mois après leur arrivée.
Avec ces précautions, ces oiseaux arriveront bien emplumés
et en bonne santé , et pourront résister plus facilement à
l'influence du climat , subir leur première mue , et éviter la
malignité d'une maladie à laquelle tous sont sujets ( la dyssen-
ierie ) , et qui les attaque dans les premiers mois de jfeur ré-
sidence en France. Le millet d'Afrique est un remède effi-
cace ; d'abord on leur donne peu du nôtre , qui doit par la
suite le remplacer. L'on mélange l'un et l'autre , et ce mé-
lange doit être conlinué jusqu'après leur mue. Comme ils
préfèrent l'alpiste en grappe , il est essentiel de leur en
donner. Ces précautions dans le choix des alimens ne sont
pas nécessaires pour ceux que l'on achète à Lisbonne , où
ils sont déjà aussi acclimatés que les serins parmi nous.
Le principal moyen de réussir à les élever , est de leur
procurer une température convenable , et qui approche de
celle des contrées les moins chaudes de l'Afrique. L'on peut
m'opposer que sans cela ils peuvent vivre , puisque les oise-
leurs n'usent pas de tant de précautions, et les exposent jour-
jucllement à l'air, même dans l'iiiver; mais ces oiseleurs ne
mettent pas l'acheteur dans la confidence des pertes qu'ils
font ; ils savejît se dédommager des morts par le haut prix où
ils portent les vivans. Au reste , les degrés de chaleur dont
je parlerai ne sont de rigueur que pour les oiseaux que l'on
veut faire nicher ou couver. Quelques espèces ne demandent
qu'une température qui approche de celle des contrée^ les
moins chaudes de l'Afrique, et se contentent de celle des
îles Canaries ; mais elle doit être ^lus forte pour les penoes ,
s EN 577
lès îgnicohres ou carfUnaux., les diorhs., etc.,sabs qu'elle puisse
devenir nuisible aux bengalis e{ se nêgali s, qui habitent lesmêmes
contrées que ceux-ci ; et celte chaleur , que refuse notre. cli-
mat pendant plus de dix mois , est d'autant pljs indi;Spensa-
ble pour atteiildre le but que Ton se propose, que la plupart
de ces oiseaux font le^ur ponte et entrent en mue pendant
notre hiver.
Une serre chaude est donc l'emplacement qu'on doit pré-
férer, où l'on doit les tenir, soit que l'on en construise une
exprès, soit que l'on se serve d'une partie de celle destinée
aux plantes. Elle doit être d'une étendue proportionnée au
nombre d'oiseaux que Ton veut faire couver , avec un grillage
en dedans du côté du vitrage , et un autre du côté de la
porte d'entrée, afin de ne pas s'introduire dans la volière
pendant le temps des couvées, et de pouvoir leur donner la
nourriture qu'on placera sur des tablettes posées le long du
dernier grillage. Rien ne fatigue tant les oiseaux en général,
et ne les porte davantage à abandonner leur nid, que d'en-
trer trop souvent dans les endroits où ils couvent ; J'on a
même vu des serins fatigués do fréquentes visites , quitter
l'Incubation.
La gelée des hivers les plus froids ne doit jamais pénét!;er
dans la serre ; l'on y mettra des caisses d'arbrisseaux tou-
jours verts , comme des orangers , des lauriers , et d'autres
qui peuvent supporter une chaleur au moins de 25 degrés.
Il seroit beaucoup mieux de planter ces arbustes en pleine
terre , et d'y joindre d'autres plantes , surtout des plantes
grimpantes et des lianes, etc. ; plus ces petits bosquets sont
épais et touffus , plus ces oiseaux s'y plaisent , particulière-
ment les sénégalis et bengalis, qui y placent leurs nids , et s'y
retirent en tout temps. On ne laissera d'espace entre les ar-
bres et la muraille, que ce qu'il en faut, pour qu'une per-
sonne puisse passer en écartant les branches ; mais oh y
passera rarement , atiii de ne pas effrayer la timide popula-
tion de la volière.
Vis-à-vis du petit bois, et en face de la porte , on laissera
un espace vide , sablé , ou plutôt couvert do gazon, au milieu
duquel sera creusé un petit bassin rempli d'eau , (ju il faudra
renouveler souvent. Il seroit mieux d'y faire passer un petit
ruisseau , qui rouleroit sur du gravier, ou entretenir le bas-
sin par le moyen d'un jet d'eau. Le bruit et le roulement de
l'eau plaisent beaucoup à ces petits oiseaux , et les excitent à
se baigner souvent , ce qui leur est très-salutaire. Le gazon
toujours vert et la terre sont nécessaires^ parce que plusieurs
y trouvent les insectes et les vermisseaux dont ils nourrissent
leurs petits. On plantera dans la partie sablée un ou deux ^X'.
XXX. 37
S78 s E N
brisseaux morts , aussi élevés que la serre , et garnis de plu-
sieurs branches pour leur servir de juchoir. Des pieux seront
placés le long du massif; ils seront creusés de distance en
distance , de sorte qu'ils offrent aux oiseaux qui préfèrent
des trous pour nicher , assez de profondeur pour y faire leur
nid et y couver. Indépendamment de ces ouvertures , Ton
mettra de distance en distance , dans la partie vide de la
serre , de petits boulins en bois , larges en dedans comme ceux
que l'on prépare pour les serins , mais totalement fermés , à
l'exception d'une ouverture d'un pouce de diamètre sur le
devant du boulin , aux deux tiers de sa hauteur ; le dessus
sera bombé , et se retirera à volonté afin de le nettoyer plus
aisément.
Pendant la première année , la température de la serre
doit être élevée à 20 bu 25 degrés , surtout si les oiseaux arri-
vent de leur pays natal. La plupart perdent leurs plumes
pendant la traversée , soit par l'effet de leur mue , soit en se
battant entre eux, soit enfin par l'habitude qu'ils contractent,
quand ils sont renfermés trop à l'étroit, de se les arracher
mutuellement , lorsqu'elles commencent à pousser , pour en
sucer le bout. La chaleur qu'ils trouveront dans la serre , leur
rendra leur force , et hâtera le développement des plumes.
Les sènégalls ont , plus que les autres , l'habitude de se plu-
mer les uns les autres ; et il est difficile de la leur faire per-
dre. Pour y parvenir , l'on mettra à part ceux qui sont dé-
pouillés de leurs plumes , jusqu'à ce qu'elles soient entière-
ment revenues. Il est nécessaire d'en faire autant pour les in-
dividus qui , à leur arrivée en France , sont déplumés ; c'est
un moyen certain pour les conserver.
Une température de 18 à 20 degrés sera suffisante pen-
dant la seconde année , pour ceux nés en France , et celle
de nos étés ordinaires de la troisième année ; mais il sera
toujours prudent de l'augmenter à l'époque des pontes et de
la mue. On les accoutumera peu à peu avec le froid , et
après quelques générations , ils le supporteront aussi bien que
les serins.
Lorsque les bengalis ont des petits , il est essentiel de leur
procurer des larves , des chenilles non velues , et autres in-
sectes , qui leur sont nécessaires pour pouvoir \qs élever
pendant les premiers jours de leur enfance.
Comme quelques espèces, surtout les diochs et les gros-becs
à collier rouge j ne peuvent vivre avec les autres au moment
de la ponte , sans chercher à s'emparer de leur nid , ou
même à le détruire , il faut faire dans la volière des conipar-
fimens pour les y tenir séparés couple par couple.
La durée ordîHitireL de la vie de ces oiseaux , lorsqu'ils sont
s E N S79
acclimales , est de huit à dix ans ; mais , suivant les procédés
que je viens d'indiquer, on pourroit la prolonger , et l'on
multiplieroit certainement leur existence, en obtenant cha-
que année de nouvelles générations. Quoique je n'aie pas
inis tout-à-fait en usage la méthode que je recommande , je
suis parvenu à faire couver plusieurs espèces de petits oiseaux
d'Afrique , et à amener à bien le produit de leur couvée ; mais
ce succès n'a été que momentané , et seroit complet d'après
ces procédés. V. pour de plus. grands détails, [^Histoire des
oiseaux chanteurs de la zone iorride.
Chasse. •
Les bengalis et les s^négalis , d'un naturel peu sauvage ,'
donnent facilement dans les pièges qu'on leur tend. Celui
dont se servent les Sénégalais est simple ; c'est une calebasse
posée à terre , et un peu soulevée par un support léger ,
auquel est attachée une longue ficelle ; quelques grains de
millet pour appât , surtout après la récolte , suffisent pour
les attirer et les faire accourir en foule. L'oiseleur , placé dans
un lieu où il voit tout sans être vu , tire la ficelle à propos ,
et prend tout ce qui se trouve sous la calebasse.
A l'île de Gorée , l'on emploie avec succès le filet de reiz-
saillant, et il procure une chasse plus copieuse. Des bandes
nombreuses, composées de jeunes bengalis, sénégalis , petits
moineaux, comba-sous, cardinaux, et de quelques veuoes, sont
jetées par le vent en pleine mer. Quelquefois ces bandes ne
sont que d'individus d'une seule espèce ; mais l'on a remar-
qué que dans les troupes de sénégalis et de bengalis , il n'y
avoit souvent qu'une seule veuoe, que ceux-ci suivoient partout.'
En seroit-il de ces petits volatiles comme de certains oiseaux
de paradis ? Auroient-ils aussi leur conducteur ? Dans ces
coups de vent , l'île de Gorée est pour eux un asile où ils se
réfugient, afin d'échapper â la mort. Mais cette île , sans ver-
dure , sans herbe et sans arbres , couverte d'un sable aride ,
ne leur offre aucun aliment. Il suffit d'en présenter à ces pe-
tits affamés , pour les attirer où le filet est préparé. V. au mot
Chardonneret , la manière de faire cette chasse, (v.)
SÉNËGRÈ ou SINÉGRÉ. Fenu-grec ou Méhlot du
Levant , en Languedoc, (desm.)
SÉNÉGA. Plante du genre des Polygales. (b.)
SÉNELOPS (i), Selenops y Dufour. Genre d'arachnides
pulmonaires , de la famille des aranéides , tribu des latéri-
grades, ayant pour caractères : la seconde paire de pattes
(i) Lisez SÉLÉNOPi , ( yeux en croissant ). — On s'est aperçu trop
tard que ce mot avoit été écrit , par erreur , Senelops.
58o S F. N
et la iroislcmc cnsuile, les plus longues de toutes ; la pre-
mière la plus courte de toutes ; mâchoires droites , écar-
tées, parallèles , presque de la même largeur, dans toute
leur étendue ; lèvre courte, presque carrée, avec l'extrémité
supérieure arrondie ; huit yeux , dont six de front , et les
deux autres situés un de chaque côté , en arrière des deux
extrêmes précédens , les plus gros de tous ; corps très-aplati.
L'espèce qui a servi de type, le Sélénops rayonné , Sele-
nops radiatus , a été découverte en JEspagne , par mon ami
M. Léon Dufour. Son corps est long d'environ quatre lignes,
d'un brun-jaun^re livide , pubescent , avec de petites taches
noirâtres ; le milieu du corselet est plus obscur , et a des li-
gnes enfoncées, disposées en rayon ; l'abdomen est orbi-
culaire ; les pattes sont longues , avec des bandes ou taches
transverses, noirâtres , et une brosse au bout des tarses.
Je connois trois autres espèces. La première , très-voi-
sine de ia précédente , se trouve en Syrie et en Egypte; la
seconde a été observée à l'Ile-de-France , par M. Cattoire ;
la troisième, la plusgrande de toutes, a été apportée du Séné-
gal par M. Poinsignon, ofGcier militaire distingué, etqui m'a
donné de la manière la plus généreuse , toutes les produc-
tions naturelles qu'il y avoit recueillies, (l.)
SENEMBRI. Nom de pays de I'Iguane commun, (b.)
SENESSON. V. Séneçon, (ln.)
SÊNETIO. V. Senecio. (ln.)
SÉNEVÉ. Nom vulgaire de la Moutarde, (b.)
SENGAN. Nom d'une Anguille de moyenne taille , en
Sibérie, (b.)
SENGL\K. Nom groënlandais des Térébelles. (desm.)
SENICLE. Nom imposé au» Serin d'Italie, (v.)
SÉNICLE. Nom de I'Arrociie puante , en Langue-
doc. (DESM.)
SENIL. Nom languedocien du Serin, (desm.)
SENITES. Adanson nomme ainsi le genre Zeugites.
(LN.)
SENN A. Les anciens (irecs et les Latins, comme les auteurs
modernes , ont connu et connoissoient sous ce nom , le SÉNÉ.
V. ce mot. Tournefort avoit fait de cette plante, à cause de
son légume membraneux , le type d'un genre particulier,
qui a été adopté et augmenté par quelques auteurs, puis réu-
ni au rassi'a, Linn. (ln.)
SENNAL. Nom vulgaire de I'Anthias testudiné, cons-
tituant aujourd'hui le genre Anabas. (k.)
SENNÎNSO. Au Japon, on donne ce nom à une es-
pèce de Cléma'iite confondue par Thunberg et par Lou-
rcii'o avec la clématite de ^ irginic , L. ; mais selon Decan- ■
SE N i>8i
«lolle , c'est une espèce dislincle. Il Ta nommée dematis bi •
icrnata , L. (l^.)
SENNINSO de Ksempfer. V. Sonmouc (lt^.)
SENORINA. En Galice , on nomme ainsi les oreilles tir
mer ou Haliotides. F. ce dernier mot. (desm.)
SENOUBAR. Nom arabe du Pin d' Alep (P/oms akpcn-
SÎS , Mill. ). (LN.)
SENOUDELIO. V. Serondelio. (desm.)
SENOURA. Nom portugais de la Carotte. V. Ci-
NOURA. (b.)
SENREE , Senrœa. Plante d'Arabie , toute couverte de
petits poils blancs , à feuilles alternes , pétiolées , les unes
en cœur tronqué et tridenté , les autres entières , et'à fleurs
solitaires et axillaires , qui forme un genre dans la monadel-
phie décandrie, et dans la famille des malvacées.
Ce genre a pour caractères : un calice double ; l'extérieur ,
de trois folioles , et l'intérieur à cinq dents ; une corolle de
cinq pétales -, dix éiamines réunies par leur base ; un ovaire
supérieur surmonté d'un style à cinq divisions; une capsule
à cinq loges, (b.)
SENS, Sensus. L'animal resteroit dans un état continuel
de végétation et d'immobilité, s'il n'avoit aucun moyen de
communication avec les objets extérieurs -, il ne poinroil ni
sentir, ni agir, parce qu'il ne fait de mouvemens qu'à l'oc-
casion de quelque affection. Plus un animal a de sensibilité
extérieure , plus ses mouvemens sont vifs et répétés. Y^liuilre ,
qui sent à peine, ne se remue presque jamais; Toiseau, dont
la sensibilité est extrême , est toujours en action, et même
parmi les hommes, ceux qui sont les plus sensibles sont aussi
les plus vifs etlesplus impétueux. Tous les animaux vertébrés
ou les mammifères, les oiseaux, les reptiles elles poissons jouis-
sent de cinq sens plus ou moins parfaits comme l'homme ,
bien qu'il y ait des espèces aveugles , telles que la taupe, le
zenmi , la cécilie, la myxine ou gasJrobranche, et que l'o-
dorat ou le goût soient plus ou moins obtus chez lespoisson3
et quelques oiseaux.
Chez les*animaux sans vertèbres , il n'y a presque jamais
tous les sens à la fois, et souvent il en manque deux ou trois.
Parmi les céphalopodes , sèclies , calmars, on ne renconire
plus d'organe de l'odorat, mais bien ceux de l'ouïe, de la
vue , du goût et du tact. Plusieurs gastéropodes manquent
non-seulement de l'ouïe , mais même de la vue , quoique
d'autres aient encore des yeux; tous paroissent sourds. Les
moUusques acéphales, principalement ceux des coquilles
bivalves , n'ont ni yeux , ni organe interne de l'oreille , ni
odorat, non plus que les annélides ou Uelminihidcs, Kuhn
£82 S E N
les animaux radiaires ou les zoophytes, les échinodermes ;
actinies, méduses, etc., ainsi que les races plus inférieures
encore , sont bornés au sens du toucher, qui est fort délicat
néanmoins , qui lient lieu , sans doute , de goût à Torifice de
leur bouche, et même d'yeux, par sa sensibilité à la lumière
chez les hydres, les polypes , les actinies, etc.
Les insectes et les crustacés, les arachnides, ou les animaux
articulés sont les mieux munis de sens parmi tous les inverté-
brés. Ils possèdent non-seulement des yeux, mais même
ceux-ci sont souvent composés de plusieurs facettes, ou plus
nombreux que jamais la fable n'en attribua à Argus. L'on
distingue encore des canaux pour l'organe auditif chez les
crustacés , selon Scarpa et Comparetll ; mais bien que l'on
n'ait rien trouvé de semblable parmi les arachnides et les
insectes, il paroît que ces animaux entendent, sinon des
sons , du moins le frémissement de l'air, à la manière des
sourds. A Tégard de Todorat , bien qu'on soit en suspens sur
la sorte d'organe qui l'exerce chez eux , il e^t manifeste
qu'ils le possèdent. Il réside , à ce qu'il paroît , soit dans les
antennes , soit dans les palpes environnant la bouche. De
même , les tentacules de plusieurs mollusques parolssent
aussi être sensibles aux odeurs. Enfin le goût existe perpé-
luellement dans les organes de la déglutition, chez toutes
les races d'insectes , comme des autres animaux , et le tact
est plus ou moins délicat à la surface de leur corps.
D'après cette revue , on observe que les sens de l'ouïe
d'abord , puis de l'odorat , ensuite de la vue , sont les moins
répandus dans tout le règne animal; tandis que le toucher
surtout et le goût (qui n'en est guère qu'une modification)
existent également chez toutes les espèces. Les autres sens
ne sauroient exister sans le tact , mais il peut exister sans eux.
En effet , tout ce qui constitue Tanlmallté , étant la sen-
siMllté, comme nous l'avons fait voir (art. Animal ) , celle-
ci se manifeste nécessairement par quelque sens ; et il n'en
est point de plus fixe, de plus universel que celui du tact. Sans
lui, il n'existe donc pas d'animal. La raison en eSt évidente ;
car pour exercer les fonctions de l'animalité, il faut sentir le
plaisir ou la peine ; et l'on ne peut être guidé dans la vie que
par les impressions que le tact reçoit. Otez ce sens primitif
qui nous avertit de la présence des objets extérieurs, et l'a-
nimal ne peut plus se uiouvolrsans péril , sans se choquer ou
$e détruire ; il faudrolt donc qu'il restât planté ou Immobile
comme le végétal. Aussi rintermisslon des sens , comme dans
le sommeil, force à l'immobilité. Plus on sent, plus l'on voit
4e loia les obstacles y plus un anitoal est capable de grands
s E N 583
mouvemens , comme on l'observe pour les oiseaux, les in^
sectes ailés , et les poissons à nage rapide.
Les sens sont toujours plus ou moins rapprochés du cerJ
veau ou de la tête, centre capital de l'animalité. Ai'ssi chez
les vertébrés , à l'exception du tact qui est constamment le
sens universel de la périphérie du corps , les sens sont réunis
à la tête. Il en est à peuprèsainsi chez les invertébrés; etplus
les sens sont délicats et subtils, comme la vue et l'ouïe , plus
ils avoisinent le centre cérébral.
L'animalité consiste donc dans la présence des sens, dans
la faculté d'être affecté par l'impression des corps extérieurs ;
la plante qui ne sent point , n'a aucun sens , et lorsque nous
sommes endormis , lorsque nos organes externes ont suspendu
leurs fonctions , nous sommes dans une sorte de végétation-
C'est une qualité propre à tous les sens des animaux d'être
susceptibles d'intermittence dans leur activité , d'avoir une
interruption , un temps àe réparation lorsqu'ils ont été fati-
gués , tandis que les organes internes ont une activité qui ne
cesse qu'à la mort. Il y a donc deux genres de fonctions bien
distinctes dans le corps des animaux : i.** celles qui sont in-
ternes et qui s'exercent constamment ; 2.° celles qui sont exté-
rieures et qui ont des temps de repos.
Les parties extérieures , les organes des sens sont tous
composés , en général , de parties symétriques ou doubles.
Les yeux , les oreilles , les membranes olfactives , sont par
paires dans les animaux qui jouissent de ces parties ; le sens
du goût , du toucher, et celui de l'amour qui est un sixième
sens , sont de deux moitiés symétriques ou de deux organes
correspondans.
Toutes les parties que nous trouvons doubles ou symétri-
ques dans les animaux , appartiennent à la sensibilité ou à U
mobilité de l'individu. Le cerveau des animaux à double sys-
tème nerveux ou des vertébrés, est même composé de deux
hémisphères ou moitiés parallèles. Or, tous ces organespairs
ou symétriques dorment et s'éveillent; c'est-à-dire , qu'ils ont
des momens de sensibilité et d'insensibilité.
Mais ces parties peuvent être inégales en force : par exem-
ple, un œil peut être plus fort que l'autre ; une oreille, une
narine , une moitié de la langue, une main , une moitié du
corps , un hémisphère du cerveau, peuvent acquérir plus ou
moins d'activité que la partie correspondante. Les sensa-
tions, en ce cas, seront plus ou moins fausses , suivant l'iné-
galité plus ou moins grande des forces de chaque partie paire
ou symétrique. Cela est fort remarquable pour la vue, l'ouïe
et même pour le cerveau; mais les autres sens participent
moins de ce désavantage , parce qu'ils s'exercent sur des objets
^84- S K N
plus grossiers ^ plus palpables, et qui prêtent beaucoup moins
«iik errenrir^ue les sons , la lumière et les couleurs.
Il y a donc à cet égard deux sortes de sens , ceux qui sont
tout physiques, pour ainsi dire , et ceux qui tiennent plus à
Finlelligence. Les premiers sont : i." le toucher; 2." le sens de
i'amour, qui est un vrai sens très-distinct ; 3. "le goût ; 4-° l'odo-
rat. Les seconds sont : 1.° l'ouïe ; 2.° la vue; et 3." le sens inté-
rieur de la pensée ou le cerveau. 11 y a, en effet, sept sens,
in<3-épendamment des affections ei des besoins du corps des
animaux, tels que la faim , la sOif, les affections , les nécessités
physiques qui dépendent toutes du jeu des organes intérieurs,
mais qui ne sont pas de véritables sens , quoiqu'elles fournis-
sent aussi au cerveau des idées particulières comme chacun
des sept sens. Parce que les puissances vitales ou la sensibi-
lité , chez les animaux, se rassemblent vers le centre céré-
bral, les sens seront d'autani pins snTjtils et délicats qu'ils
seront plus rapprochés de ce foyer de vie. La vue, Touïe ,
sont les seuls sens qui nous fournissant des idées trèS' éten-
dues. Lav«e peu+ s'élancer jusqu'à la région des astres; elle
est pour ainsi dire un prolongement de la substance du cer-
ceau dont la pulpe médullaire vient par le nerf optique,
lî'épanouir gur la rétine. L'oTue lient le second rang , car
é'arjl placée dans l'intérieur du crâne, elle a pareillement
ides relations irès-inlimés avec le cerveau; de là vient qu'elle
étend sa sphère à une grande distance, et nous pouvons en-
tendre des bruits de plusieurs lieiies. La puissance sensitive
■eslinoindre d^ns les autres organes ; l'odorat , déjà plus
textérieur dans la cavité cérébrale , n'étend guère sa sphère
.d'activité qu'à quelques toises. déloignemerit. Le goût , en-
core moins rapproché du cerveiui , exige le contact délicat
-des molécules divisées ou dissoutes; enfin le tact , étant le
jplus inférieur des sens , s'exerce immédi;itemenlsur des corps
denses et résistans. Ainsi nos sens s'épurenl à mesure qu'ils
s'eîèvent.
La plante n'ayant presque aucune chaleur propre , mr.nque
de sens; les animaux froids et humides , comme lesannélides
ou vers, les zoophyles, les coquillages ne jouissent guère que
du loucher et du goilt. Plus les animaux sont chauds , plus la
faculté sensitive se développe en eux, el les sens n'acquièrent
toute leur énergie que chez les races à sang chaud. De même
que le fioid engourdit et assoupit la sensibilité; l'ardeur, l in-
flammation les avivent excessivement ; el comme la chaleur
aspire toujours à monter, lessens supérieurs doivent déployer
|)lus de force el de subtilité que les inférieurs.
L'cei! emploie la lumière ou le fea, élément le plus actif, le
plus subtil de l'univers, et qui nous parvient du soleil en 7 ou 8
s E N 585
minutes. L'oreille entend par les vibrations de l'air dont
la densité est bien plus grande et l'action plus lente , puis-
que le son ne parcourt que mille à douze cents pieds par
seconde. La membrane pituitaire ou de l'odorat n'admet
que les vapeurs et l'arôme moins déliés encore que l'air; la
langue ne savoure qu'au moyen de l'humidité et de la
salive qui délaie ou dissout les particules des corps ; enfin
la peau ne palpe que des objets matériels qui présen-
tent quelque résistance , comme la pierre , etc. Cette grada-
tion correspond à toute la nature. Certes, nous aurions des
sens plus nombreux si notre globe renfermoil une plus grande
diversité de substances. Chaque genre de celles-ci éveille en
nous uft mode de sensations ; mais s'il existoit , chez les ani-
maux, des sens dépourvus d'objets, ils se perdroient faute
d'être employés. L'homme étant l'être le plus parfait et le
f>lus sensible de la création , il rassemble en lui seul toutes
es facultés qui distinguent les autres créatures. Ainsi nous
tenons, par ces facultés, la chaîne de toutes les existences
de notre monde.
Mais nos sens nous font connoître la nature , non pas telle
qu'elle peut être en effet, mais telle que nos organes nous
l'offrent. La sensation ad mudum recipientis recipuur ; et cela
est tellement vrai , que des substances alimentaires agréa-
bles pour un animal, deviennent poisons ou des objets d'un
affreux dégoût pour l'homme. Ce qui plaît aux uns déplaît
souverainement à d'autres; delà le proverbe qn' on ne peu/ pas
disputer des goûts et des couleurs. Les carnivores, par exemple ,
et les herbivores, ont des sensations de saveur toutes diffé-
rentes , et sûrement le ragoût des pourceaux n'est pas recher-
ché de beaucoup d'autres espèces. Ainsi il nous est impossible
de connoître réellement la nature, car chaque genre d'orga-
nisation établit, pour chaque espèce d'animal , un monde
particulier. Le monde du poisson ou de loiseau est fort dif-
férent du nôtre , sans doute ; et le philosophe ancien, Pro-
1 agoras, qui a dit que l'homme éloit la mesure de toutes
choses, se seroit exprimé plus exactement, en disant que
Thomme se crée son univers d'après le mode de ses sensa-
tions.
C'estpar-là que les Sceptiques on les Pyrrhoniens prennent
occasion de douter de toutes choses , en ruinant nos pins
communes impressions des sens, par l'expérience contradic-
toire des animaux, comme l'ont fait Sexlus Empiricus, dans
ses hypotyposcs , et d'autres métaphysiciens.
Bien que les organes de nos sens soient doubles ou formés,
comme la langue, de deux moitiés symétriques , la sensation
est une, parce que s'opérant simultanément avec une égale
586 S E N
force , elle se confond en mie seule. Ainsi les nerfs optiques
se croisent en sorte que le mouvement sensitif se combine ,
à moins que l'inégale activité de chaque œil n'empêche que
leur impression ne soit uniforme.
Nos cinq sens sont compris entre l'organe de la pensée et
celui de la génération, placés aux deux pôles de l'homme ou
du microcosme. Dieu, qui est la cime ou la perfection de
l'âme, et la génération ou la Nature créatrice qui est la per-
fection du corps , président à ces deux extrêmes ; et , comme
le cerveau est le foyer de lintelligence , lorgane sexuel est
le foyer du sentiment le plus vif. Avec les sept degrés de sen-
sations , ces sept organes , de pensée, de vue , d'ouilp , d'o-
dorat, de goût, de toucher et de volupté vénérienne , sont ,
pour ainsi parler, les sept cordes do diapason ou de la lyre
du corps humain ; leur accord compose la plus belle harmo-
nie ; Torgane le plus élevé et qui est le plus recueilli, le plus
profond , donne , si l'on peut ainsi dire , le ton grave ; le plus
aigu est celui du sens inférieur; nos facultés sont d'autant
plus parfaites , que tous nos sens conservent entre eux une
correspondance mieux proportionnée.
Plus un sens est inférieur , plus il produit des voluptés
animales pour l'individu seul ; les seus supérieurs donnent ,
an contraire , des plaisirs moraux, et qui peuvent se propa-
ger à plusieurs personnes à la fois. Ainsi , voir et ouïr don-
nent seuls des voluptés honnêtes ou louables comme toutes
celles des beaux arts, (^es deux sens analogues entre eux ,
produits par des vibrations de la lumière et de l'air, peuvent
être accrus dans leur action à l'aide d'instrumens. Les lunettes
rassemblent les rayons lumineux dans l'œil, comme des cor-
uels acoustiques les vibrations sonores dans l'oreille ; le mi-
roir réfléchit les images pour l'œil, comme l'écho répercute
les sons pour l'oreille. L'un et l'autre sont capables de sentir
Tordre , la régularité , l'harmonie ; lœil a ses Illusions et ses
spectres , l'oreille ses tintemens et ses bourdonnemens ; l'ex-
cès de lumière éblouit le premier comme l'excès du bruit as-
sourdit la seconde. Le sourd a beaucoup de vivacité dans la
vue qui supplée à l'ouïe ; l'aveugle prêle une oreille plus at-
tentive aux bruits légers et iuiperceptlbles. Mais l aveugle
peut recevoir et rendre plus d'idées que le sourd qui est en
même temps muet, et qui ne peut ainsi profiter d'aucune
communication que la parole établit dans la société humaine ;
de là vient que ce dernier paroît plus t riste et moins spirituel.
Ainsi les sens les plus délicats sont les plus exposés aux
erreurs; le toucher et le goût, cîant tout physiques , sont
plus assurés , mais ils ne connoissent que des plaisirs sensuels,
et leur abus fait même tomber dans les vices d'intempérance
s E N 58;
et d'incontinence. Si l'œil et l'oreille tiennent plus à Tintel-
ligence , le toucher et le goût correspondent plus aux fonc-
tions du corps , à celles de nutrition et de génération. L'o-
dorat est comme l'intermédiaire des sens supérieurs ou in-
tellectuels , et des inférieurs ou matériels; il tient à ceux- ci
parles odeurs des alimens et par celles qui excitent à l'amour ;
mais il se rattache aussi aux sens supérieurs par les odeurs
suaves qui exaltent l'imagination et l'esprit , comme les par-
fums des temples , les arômes excitans, etc.
Les animaux manifestent moins de prépondérance dans
leurs sens supérieurs que dans leurs inférieurs ; aussi leur
odorat n'a plus de rapports qu'avec leur nourriture ou les
odeurs vénériennes; ainsi , ils ne jouissent pas, comme
l'homme , du parfum des fleurs et des aromates. Le goût cor-
respond à l'estomac et le tact reçoit son summum d'énergie
dans Torgane sexuel. L'acte de la génération et la méditation
inlellecluelle étant opposés , se nuisent réciproquement,
La division des sens en matériels et en intellectuels n'est
donc point arbitraire , mais fondée sur la nature des idées que
chacun d'eux nous procure; caries animaux ont les sens ma-
tériels beaucoup plus actifs que les sens intellectuels. Chez
eux, le toucher, le goût , l'odorat, l'amour, sont tout physi-
ques , tout brutaux, l'âme n'y participe point ; c'est l'appétit
et le besoin qui les dirigent ; chez Ihomme , au contraire , le
cerveau , l'ouïe et la vue sont intellectuels , et même nos sens
les plus matériels tendent à notre perfection morale ; tels sont
le toucher , le sens de l'amour , le goût et l'odorat , quoiqu'ils
ne soient qu'en second ordre chez nous; mais dans l'animal
c'est précisémentle contraire. Une autre différence non moins
essentielle, c'est que les sens intellectuels sont les seuls qui re-
çoivent des sensations du beau, du sublime. Une saveur,
une odeur, une volupté du tact ou de l'amour, ne sont pas
belles ; on n'y trouve ni laideur , ni beauté ; au contraire , ce
qu'on voit, ce qu'on entend , ce qu'on pense a rapport à la
beauté ou à la laideur , à l'abjection ou à la sublimité ; notre
âme y est plus intéressée que dans tout autre genre de sensa-
tion; il y a plus de morale et d'abstraction, le corpsy est moins
essentiel; voilà pourquoi 1 homme jouit de celte perfection au
suprême degré , et plus les animaux sont imparfaits et bas ,
moins leurs sens intellectuels ont de supériorité sur leurs
sens de l'appétit et de la matière.
Chacun des sens a sa vie propre et son mode particulier de
sensation ; dans tous ,• c'est le système nerveux du cerveau qui
perçoit les impressions , et il est ridicule de supposer avec
quelques métaphysiciens que la vue, l'ouïe , le loucher, le
goût, l'odorat j, etc., ne s'exécutent pas dans l'organe même,
588 S E N
mais seulement dans le cerveau; la sensation seule est pro-
pagée au sensorium commun par les cordons nerveux ; le son ,
la luiiiière, la saveur, Todeur, ne pénètrent point dans le cer-
veau. Les impressions subsistent quelquefois dans l'organe ,
quelque temps après l'action des objets; ainsi l'ébranlement
de l'oreille, l'irritation de la rétine , ont lieu après avoir été
frappées d'une vive lumière ou d'un bruit très-fort ; de même
les idées vives demeurent dans le cerveau par une suite de
l'ébrcinlement qui survit à l'impression des objets. Descartes
a prétendu que nous pen. ions toujours, même en dormant,
quoique nous ne nous en apercevions pas alors. C'étoit pré-
tendre que nous voyions , entendions , touchions , goûtions
sans cesse, car le principe est le même ; notre cerveau est un
sens comme l'ouïe, la vue , quoique plus parfait ; il a ses ins-
tans de repos connue elles. C'est le sens général des sens par-
ticuliers. Ce qui distingue surtout le sens du cerveau , c'est
qu'il a non seulement le pouvoir de conserveries sensations
et de les rappeler à volonté , mais encore celui de les com-
biner et de les juger. H est donc actif par lui-même , indé-
pendamment des causes extérieures; car il ne reçoit pas uni-
quement les impressions des sens , mais , de plus , celles des
affections intérieures , de la faim , de la soif et des besoins
du corps. C'est pour cela que notre esprit éprouve de si
grandes modifications par la constitution physique des indi-
vidus. Nos sensations varient beaucoup en force suivant Tétat
du corps ,. tantôt vigoureux , tantôt foible. Les sens jouissent
d'ailleuis de diiférens degrés d'activité , et il n'est peut-être
pas deux hommes sur la terre qui soient parfaitement égaux
en ce point. De là vient l'ascendant de certaines impressions
sur d'auties qui font qu'avec l'oreille sensible on devient
musicien , ou si c'est la vue , on a de l'aptitude aux arts An
dessin , etc. , comme la prépondérance du goût peut rendre
gourmand.
Celte activité des sens peut être accrue, soit par l'exercice
ou l'habitude, soit en y portant davantage une réflexion at-
tentive. On sait, en effet , que l'on peut augmenter la viva-
cité d'un sens par l'attention. Ainsi on voit plus distinctement
lorsqu'on fixe les yeux sur un objet pendant quelque temps; on
entend mieux en écoutant avec silence ; lorsqu'on goûte avec
réllexion , les saveurs se font mieux sentir , etc. Les sens ont
donc divers degrés d éveil ; leur attention s'épuise à la lon-
gue , ils se fatiguent, ils s'endorment, ils s'éblouissent par
l'excès des sensations , ils sont blessés et même détruits par
des impressions trop violentes; ainsi le bniii lu canon rend
souvent les canonniers sourds; ceux qui rc; ; lùenl le soleil
eu soiU presque aveuglés. Après une saveijr l ^rle , le^ saveur-.
s E N 0S9.
douces ne peuvent plus être senties. Ainsi l'exercice haLiinel
du goût , chez les enfans qiîi iiwugent sans cesse , les dispose
à la gourmandise; lorsque les organes sexuels se développent
à la puberté , l'amour succède à la gourmandise , et les vo-
luptés du tact à celles du goût. Ces deux sens corrompent
surtout la vigueur de la pensée ; la vive sensibilité du paîais
diminue celle du cœur et décèle toujours des sentimcns h -6.
De tous les sens, ceux qui émeuvent le plus Tàiiie , sont la
vue et Touïe ; par eux se transmettent surtout les passions.
Tous les sens que nous avons nommés inatèrieh ne ;:ont
que des modifications du toucher .Qu'est-ce que le goût , si ce
n'est un toucher plus exalté , plus intime, si ce n'est le toucher
des saveurs ? Qu'est-ce que l'odorat , si ce n'est encore ua
tact plus délicat qui s'exerce sur les corpuscules odorans l*
Le sens de la volupté n'est -il pas un tact qui apeiçoit des
sensations différentes de toutes les autres i" Touîes les sensa-
tions qui appartiennent au toucher et à ses modifications
dans la langue, la membrane olfactive et les parties sexuelles,
sont aperçues par des membranes , par des surfaces plus ou
moins planes , tandis que les sensations de l'œil , de l'oreille ,
du cerveau sont reçues par des organes très-compliqués, ce
qui fait qu'elles sont aussi plus délicates, plus intellectuelles.
Plus un sens a de force sur les autres dans le même animal ,
plus il indue surtoules sesactions; et comme les betes ont des
sens matériels supérieurs à leurs sens intellectuels, il s'ensuit
qu'elles écoutent plutôt leurs passions et leurs appétits que la
raison ; la prépondérance du sens du tact chez l'homme , la
flexibilité des organes qui exercent ce sens , les doigts et la
main donnent beaucoup de profondeur et de solidité à ses
idées. Le toucher est un sens philosophe et réfléchi qui con-
firme et assure tous les autres. On est plus sûr de ce qu'on
touche que de ce qu'on entend ou qu'on voit. Le toucher
est le sens de la réflexion , l'ouïe est celui de la mémoire , la
vue est celui de l'esprit , l'odorat celui de l'imagination , le
goût celui de l'appétit, l'organe sexuel relui de la volupté , et
le cerveau celui du jugement ou de la raison. Nous avons dit,
aux mots Oreille, ŒtL, Toucher , Goût, Odorat, com-
bien chacun d'eux avoit d'influence sur l'Intelligence des
hommes. Mais ce ne sont pas les seules causes qui éclairent
l'esprit. Il y a l'instinct qui gouverne toutes nos actions pri-
mitives et qui ouvre la première porte de l'entendement hu-
main. Les métaphysiciens qui ont cru que nous n'apprenions
rien que par le moyen des sens externes , que l'esprit étoit
une table rase en naissant , n'ont peut-être pas assez fait at-
tention aux mouveineus que sollicite l'instinct dans l'cnfanl à
la mamelle , dans l'animal naissant. Si toutes nos idées , toutes
5ç)o s E N
nos connoissances nous viennent du dehors , nous sommes
donc tout passifs , nous sommes des automates , des machines
qu'on rendroit stupides en coupant toutes les branches de
communication entre nous et les objets extérieurs ; en ce
cas , plus nos sens seront parfaits, plus nous aurons d'intelli-
gence. Mais il s'en faut bien que l'expérience prouve ces
assertions. L'enfant sait téter sans y être appris , le jeune
taureau sans cornes sait déjà frapper de la tête , le poulet
sortant de l'œuf court chercher le grain de blé Qui a montré
à ces êtres tout ce qu'ils dévoient faire .'' Nous ne sommes
point passifs ; il y a dans nous une âme , un principe de vie ,
d'intelligence et d'action antérieur à nos sensations ; nous ne
sommes point des marhines à sensations , et notre cerveau a
la force de créerdes idées nouvelles ; il est actif par lui-même.
Pourquoi pouvons nous inventer , imaginer des objets in-
connus ? Tout ne nous vient point du dehors , et l'étendue de
rintelligence n'est pas en raison du perfectionnement des
sens. Homère et JVIilton étoiènt aveugles lorsqu'ils compo-
soient leurs poëmes immortels , mais combien d'imbéciles
volent plus clair qu'eux.? F. les articles de chaque sens et Ins-
tinct. (VIREY.)
SENSIBILITÉ, Sympathie, Passions. Tous ces actes
dépendant des fonctions du système nerveux , chez les ani-
maux , ont été traités avec des détails suffisans, à la suite de
l'article Nerfs, (virey.)
SENSIBLES. Nom donné par Lamarck à la seconde
division des animaux invertébrés, (b.)
SENSITIVE. Plante exotique très-connue , du genre
AcACiE {V. ce mot), qui présente des phénomènes très-
singuliers, et qui est cultivée pour cette raison dans tous les
jardins des curieux. Celte plante, comme on sait , a la pro-
priété de se contracter et de resserrer certaines de ses parties
sur elles-mêmes , quand on les touche. Par ce mouvement,
dont, jusqu'à ce jour, les naturalistes ont cherché en vain la
cause, elle paroît être sensible à l'impression des corps ap-
pliqués immédiatement sur elle, ou même environnans, car
la chaleur, le grand froid, la vapeur de l'eau bouillante ,
celle du soufre, l'odeur forte des liqueurs volatiles, un orage
même , enfin tout ce qui peut produire quelque effet sur les
organes nerveux, des animaux, agit sur la sensitive ; voilà
pourquoi on lui a donné le nom qu'elle porte. Les botanistes
l'appellent acacie pudi(jue (^mimosa pudica, Linn.). Le pre-
mier des deux mots latins veut dire imitatrice^ parce que cette
plante, dans ses mouvemens , semble imiter un animal qu'on
auroit incommodé ou effrayé eq le touchant ; le second
s E N 5gi
exprime l'espèce de puJeur qu'elle montre aussitôt qu'on la
touche. ^
Il y a quelques autres plantes du même genre qui jouissent
à peu près de la même faculté , mais à des degrés inférieurs.
On les nomme aussi sensilloes : telles sont la sensilwe herbacée
ou Vacacie vive {mimosa vh'a, Linn.), la sensithe à feuilles larges
ou Vacacie sensitive {m. sensitiva, Linn.), la sensilive ou acacie
chaste {m. casta, Linn.), la sensitive paresseuse ou acacie hérissée
{m.pigra^ Linn.), Vacacie couchée {m. ^rostrata ^ Lara.), et
Vacacie quadrivabe {m. quadrivabis -, Linn.).
Une OxALiDE, une Nélitte, la Smithie , etc. , ont des
feuilles également sensibles aux atlouchemens.
La sensitive commune est une plante onriginaire du Brésil
et des parties méridionales de TAmérique. Elle a une pe-
tite racine et des tiges cylindriques de couleur verdâtrç
ou purpurine, élevées d'environ un pied et demi, et garnies
d'épines , les unes éparses , les autres placées deux à deux à
la base de chaque feuille. Les feuilles ont un pétiole assez
long, terminé par quatre digitations ou pinnules, qui s'insè-
rent par paires fort près les unes des autres. Chaque piunule
soutient quinze à vingt paires de folioles oblongues, lisses et
étroites. Des aisselles des feuilles sortent des pédoncules
qui portent chacun un bouquet de fleurs très-petites, blan-
châtres ou un peu couleur de chair, et dont les styles dé-
passent de beaucoup les étamines. Les gousses sont réunies
par paquets de douze ou quinze ; leur longueur est de quatre
à cinq lignes , leur largeur d'une ligne et demie. Elles sont
bordées de petites épines, distinguées par trois articulations
arrondies et peu profondes , et elles renferment trois petites
semences.
Hook, en Angleterre, est le premier qui ait observé les
divers phénomènes qu'offre la sensitive. Après lui , Dufay et
Duhamel ont fait en France un grand nombre d'expériences
sur la même plante. D'autres naturalistes l'ont étudiée avec
une égale attention dans tous les momens où ses mouvemens
pouvoient erre aperçus. Le résultat des observations des uns
et des autres a été consigné dans l'ancienne Encyclopédie
par M, de Jaucourt, à larticle Sensitive.
La sensitive est une plante délicate; elle exige donc
des soins particuliers dans nos climats. Un phénomène très-
remarquable en elle, et peut-être aussi étonnant que son
irritabilité , c'est que sa graine conserve pendant plus d'un
siècle la faculté de germer. Celle qu'on sème au Jardin des
Plantes de Paris , et qui lève, est prise dans un bocal qui en
contient depuis plus de cent ans.
C'est au commencement du printemps qu'on sème la graine
5.92 S E N
de sensitive, sur une bonne couche chaude; quand celte graine
est fraîche, elle lève au bout de i^uinze jours ou trois semaines.
On ne doit pas trop arroser les jeunes plantes , ni les laisser
s'affoiblir en filant; il faut leur donner de l'air dans tous les
temps, quand la saison est tempérée. Si la couche dans la-
quelle on les a semées a été tenue à un degré de chaleur con-
venable, on peut les transplanter quinze ou vingt jours après
qu elles ont paru. On les reçoit alors dans une nouvelle couche
chaude, qui a été préparée convenablement. Elles sont enle-
vées avec leurs racines entières , et plantées à trois ou quatre
pouces de distance. On les arrose légèrement ; on les tient à
Tombre jusqu'à ce qu'elles aient poussé de nouvelles fibres ;
et l'on abaisse tous Tes soirs les vitrages de la couche , pour y
conserver la chaleur pendant la nuit. Les jeunes sensitives une
fois enracinées, demandent à être arrosées souvent: mais on
doit leur donner peu d'eau à la fois. Il est surtout essentiel de
les tenir constamment à un degré de chaleur modérée, sans
quoi elles feroient peu de progrès. Au bout de trente ou
quarante jours, si elles sont assez fortes, on les enlève adroi-
tement avec leur motte , et on les met , chacune séparément ,
dans de petits pots remplis d'une bonne terre de jardin po-
tager. Ces pots sont plongés dans une couche de tan, et les
plantes qu'ils contiennent, traitées ensuite comme toutes les
plantes iendres des pays très-chauds, (n.)
SENTIMENT (vénerie). Quand l'odorat d'un chien de
chasse commmence à lui faire distinguer la voie du gibier,
on dit qu'il en a le sentiment, (s.)
SENTIS. V. RuBus. (LN.)
FIN DU TRENTIÈME VOI.UML.
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