Skip to main content

Full text of "Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc"

See other formats


••i?*"^"^^ 


iS^^^-'^^^^^sj^ss^ 


ï«*sM^ 


-<BS?*Ci«e£^ 


s'segi*' 


(4 


•^v 


LIBRARY     OF 


m 


I685_IQ5© 


it.>'rY.,cy 


^.. 


;..:a  ^^/^ 


iVj^J'^^^Y, 


A. 


>   , 


^-^ 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE, 

APPLIQUÉE  AUX  ARTS , 

A  l'Agriculture ,  à  l'Economie  rurale  et  domestique  ^ 
à  la  Médecine ,  etc. 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  NATURALISTES 
ET    D'AGRICULTEURS. 

Nouvelle  Edition  presqu'eniièrement  refondue  et  considé- 
rablement augmentée  ; 

AVEC  DES  FIGURES  TIREES  DES  TROIS   RÈGNES  DE  LA    KATURE. 

TOME    XXX. 


BE    L' IMPRIME UIE    d'aBEL   LANOE  ,    HUE    DE    LA    HARrr.. 

A   PARIS, 

Chez  DETERVILLE,  libraire,  rue  haute  feuille,  n"  8. 


M  DCCC  XIX. 


Indication  pour   placer  les  Pla^kches  du  Tome  XXX. 

P  ir.   Plantes  ,  pag.   32. 
Sablier  décrépilant.  —  Sagoutier  farinîRre.  —  Salsepareille  de  Virginie.  —  San- 
talin  blanc. 

M  7.   Oiseaux,  pag.  iio. 
Harpie.  —  Samalie  magnifique.  —  hibin  noir. 

P   i3.    Quadrupèdes  mammifères  ,  /«/ï/f.  157. 
Saki  à  ventre  roux.  —  Sapajou  (  brun.  )  —  Phascochœre  africain; 

P   16.  Plantes,  pag.   i83. 
Sainfoin  gyrant.  —  Sapotilier  commun.  —  SarcocoUier  officinal.  —  Sarascène 
pourprée. 

P  17.   Oiseaux,  pag.  281. 
Secrétaire.  —  Hirondelle  salangane,  avec  son  nid.  —  Savacou.  —  Canand  sar- 
celle de  la  Chine. 

M   16.   Oiseaux,  pag.  456. 
Faîconelle  à  front  blanc.  —  Pmuche  jonquille.  —  Scylrops. 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE. 


SA  OU  SAP.  Nom  languedocien  du  Sapin,  (desm.) 

SAAMBRAS.  r.  Samabras.  (desm.) 

SAAMENSTËIN.  Le  minéralogiste  Lehmann  a  donné 
•e  nom  aux  Roches  amygdaldides.  (ln.) 

SAAMONNA  et  SAMONNA.  V.  Saamouna.  (ln.) 

SAAMOUNA-PISONIS.  Plukenet  (  Alm.  ,  tab.  56) 
donne  ce  nom  au  Pavia  {Esiilus pat^îa)  ,  qu'il  cfoyoit  être 
le  Saamouna  des  Brasiliens,  décrit  par  Pison  ,  et  qui  est 
une  espèce  de  Fromager  (  Bombax).  (ln.) 

SAARTHA.  Nom  que  les  anciens  Egyptiens  donnoîent 
au  TussiLAGO.  F.  ce  mot.  (ln.) 

SAAR-TIEN-KANAT;  ce  qmsigm&e  écureuil  volant  pâle. 
Dénomination  sous  laquelle  les  Tartares  de  la  Russie  con- 
noissent  le  Polatouche  sapan.  F.  ce  mot.  (s.) 

SABADILLA.  Espèce  de  Varaire  (  Verairum  sahadîUa  ^ 
Retz)  qui  croît  en  Chine.  V.  Varaire.  (ln.) 

SABAGHALH.  Nom  arabe  au  Phylofacca  decandra ,  L, 
Il  signifie  teinture  en  arabe.  (LN.) 

SAB  AL.  Palmier  qui  a  été  placé  dans  les  genres  Coryphe 
(Rhapis^  Willd.),  Euterpe  et  Palmette,  et  en  a  formé  un 
particulier,  dont  les  caractères  sont  :  fleurs  hermaphrodites  ; 
étamines  à  filamens  séparés  et  plus  épais  à  leur  base;  baie 
à  une  ou  trois  semences  dont  l'embryon  est  latéral. 

Le  Sabal  d'ADANSON,  Corypha  minor,  est  figuré  dans 
Jacquin,  Hortus  vindebonensis  ,  et  dans  Gurtis  ,  Magazine. 
Il  croît  en  Caroline ,  où  je  l'ai  observé  en  grande  quantité. 
V.  Coryphe.  (b.) 

SABANHPUTE.  Daps  l'histoire  des  J?i^es  Orientales , 


. .  s  A  B 

3 

il  est  au  que  Sans  les  îles  de  la  Sonde ,  on  désigne  aînsi  nnc 
esoèce  de  Poivre  blanc  ,  plus  petite  que  les  autres,  (ln.) 
SAB ATÉLO  ou  S  AB AB  ATELE.  Nom  d'un  champignon 
du  Languedoc,  que  l'abbé  de  Sauvages  décrit  ainsi  :  c'est  un 
champignon  bon  à  manger  et  d'ungenreparticulier  Le  dessus 
de  son  chapiteau  est  d'un  brun  foncé  etécailleux;  le  dessous 
oui  caractérise  ce  genre  est  à  réseau  ou  à  fossettes  en  losanges, 
raneées  régulièrement  autour  du  pied ,  d'où  elles  partent 
comme  d'un  centre  en  portion  de  cercle,  et  vont  aboutir  au 
bord  du  chapiteau.  Ce  dessous  devient  jaune  lorsque  le  cham- 
oignon  vieillit.  (  Dîctîonn.  Languedoc.  )  (desm.) 

SABATIA.  F.  Sabbatia.  (LN.)  ,      *    , 

SABBARAH.  L'un  des  noms  que  donnent  les  Arabes 
à  I'Àloès  vulgaire,  (ln.) 

SABBATIA.  Adanson ,  dans  ses  Familles  de  Plantes 
fonvrage  qui  parut  eni758),dédiecegenreàLiberafbSabbati, 

botaniste  italien,  son  coHtemporain ,  qui,  a  cette  époque,  n  a- 
voit  encore  publié  que  son  Synopsis  plantamm  quœ  in  solo 
romano  lucourîantur,  m-l,'>.,ïigAFe,ranœ  v^l.S.  En  1772,  il  mit 

iour  le  I  "  volume  de  son  HoHus  romanus,  m  toi.  ;  travail 
au'  l  avoit  fait  en  commun  avec  G.  Bonelli.  Les  vol.  2  à  5 
Parurent  de  1774  à  1778-  ^e  6.«  volume  ,  publie  en  1 780  a 
Smir  auteur  K.  MartelU  et  Sabbati  ;  enfin,  le  7.eet  dernier 
vol  C  17B4)  est  de  Const.  Sabbati  et  de  N.  Martelli.  Ce  bel 
ouvrage  est  fréquemment  cité  par  les  botanistes. 

Le  eenre  sahbatia  d' Adanson  est  fonde  sur  le  chlora  dodecan^ 
dra  Linn  ,  qui  diffère  des  autres  espèces  de  chlora,  des  gen- 
tiana  et  des  chironia,  par  son  calice  tubuleux  à  douze  divisions; 
par  sa  corolle  tubulée  à  douze  divisions  profondes  ,  et  par 
ses  étamlnes  au  nombre  de  douze.  Michaux  et  Persoon  réu- 
nissent cette  plante  avec  les  chiroma.  Lmnseus  ayoït  d  abord 
fait  cette  réunion.  Adanson  renvoie  à  la  gentiane  décrite 
par  Gronovius,  vig.  .9-  Mais  il  faut  lire  virg.  -7  .  car  la 
première  plante  citée  est  Ugentiana  saponana ,  ï..,  i^m  n  a 
pis  les  caractères  qu'il  assigne  à  son  genre.  Salisbury  et 
Curt  s  ont  adopté  ce  genre  sabbaiia.  Solander  et  R.  Brown, 
en  établissant  leur  sLa  sur  le  cMora  ^decandra,  ont  paru 
iVnorer  que  ce  fût  le  véritable  5flWa<ia  d' Adanson,  à  cause 
oeut-être  de  la  faute  d'impression  que  nous  venons  de  relever. 
ils  n'auroîent  sans  doute  pas  supprimé  un  nom  qui  rappelle 
in  botaniste  instruit.  Moench,  n'adoptant  pas  ^^  saUa^a 
S^Adanson ,  en  a  transporté  le  nom  à  un  «û"r^.?»£  /.s^au 
a  établi  sur  le  salureia  juliana  de  Lmn^as,  qui  diffère  des  au- 
tres espèces  de  Sariettes  par  son  calice  tubuleux,  filiforme , 
marqué  de  dix  stries  ,  terminé  par  cinq  dents  subulées  e 
Tgale  ,  et  dont  l'ouverture  est  fermée  par  des  poils  lorsqu  il 


s  A  B  â 

est  déflore;  par  sa  côtoUe  à  tube  filiforme  et  à  lèvre  inférieure 
à  trois  divisions  entières  ,  et  par  ses  étamines  rapprochées. 
Ce  genre  n'est  pas  adopté.  V.  ci-après,  (ln.) 

SABBATIE,  Sabbatia.  Genre  de  plantes  établi  par 
Adanson  et  rappelé  par  Pursh,  Flore  de  l'Amérique  septen- 
trionale ,  qui  a  changé  ces  caractères.  Il  a  pour  type  la  Chi- 
RONE  ANGULEUSE  ,  et  en  général  les  espèces  propres  à  l'A- 
mérique septentionale.  Ses  caractères  sont  ;  corolle  divisée 
en  cinq  ou  douze  parties;  anthères  contournées  après  la  fé- 
condation ;    stigmate  globuleux  ;  capsule  à  une  loge. 

La  Sabbatie  AGRAiND  CALICE  est  figurée  planche  1600  du 
Botanical  Magazine  de  Curtis.   (b,) 

SABBEL.  En  Suède,  c'est  la  Marte  zibeline.  V.  ce 
mot,  (desm.) 

SABDARIFFA.  Nom  turc,  selon  Adanson  ,  d'une  es- 
pèce de  Ketmie  (  hibiscus  sabdariffa  ).  Plusieurs  anciens  bo- 
tanistes (  Lobel,  Dodonée,  Daléchamp  ,  etc.)  ont  conservé 
ce  nom  à  cette  plante  qui  est  le  Cacherée  des  habitans  de 
Pondichéry,  Elle  est  vulgairement  appelée  oseille  de  Guinée  à 
cause  de  ses  propriétés  et  de  ses  usages  en  Guinée. 

Le  Sabdariffa  alia  de  Daléchamp  est  le  hamia  de  Prosper 
Alpin  ,  c.  à,  d. ,  la  Ketmie  gombo  (  hibiscus  csculentus  ,  L.  ). 
V.  Ketmie.  (ln.) 

SABELDIER.  En  hollandais,  on  nomme  ainai la  Marte 

ZIBELINE,  (desm.) 

SABELFISGH.  Muller  donne  ce  nom  à  Vèpaulard,  espèce 
de  Dauphin.  V.  Dauphin  Grampus.  (desm.) 

SABELLAIRE  ,  Sabellaria.  Genre  de  vers  marins  ,  de  la 
classe  de  annélides  ,  établi  par  Lamarck  aux  dépens  des 
,  Sabelles.  Il  ne  diffère  pas  de  I'Amyaione  de  Savigny  et  du 
PsAMATO-fE  de  Guettard ,  se  rapproche  des  Pectinaires, 
et  réunit  plusieurs  espèces  dont  fait  partie  la  Sabelle  al- 
véolée de  Linnseus,  très-commune  sur  nos  côtes,  et  figu- 
rée tab.  36  de  l'ouvrage  d'EUis  sur  les  Corrallines. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont:  corps  tubicolaire,  subcy- 
lindrique ,  atténué  postérieurement ,  ayant  de  chaque  côté 
des  faisceaux  de  soie  subulés,  sur  un  seul  rang  ,  et  en  outre, 
des  soies  spathulées  et  des  lames  transversales  bordées  de 
soies  à  crochets;  extrémité  antérieure  tronquée  obliquement, 
elliptique  ,  couronnée  par  six  rangées  de  paillettes  très-bril- 
lantes ,  trois  de  chaque  côté  ;  les  extrémités  très-ouvertes  ; 
les  intérieures  relevées  ,  presque  conniventes  ;  bouche  en 
fente  allongée  ,  bilabiée  ;  branchies  très-petites,  composées 
de  plusieurs  rangées  de  lanièresdansle  voisinage  de  la  bouche; 
tubes  nombreux ,  réguliers  ,  composés  de  grains  de  sables  à 
orifices  évasés,  (b.) 


/♦  s  A  B 

SABELLE,  SaheUa.  Genre  de  vers  marins  qui  offre  pour 
caractères,  d'après  Linnseus  :  un  tube  membraneux  sur  lequel 
sont  fixés  des  débris  de  sable  ,  de  coquilles  ou  d'autres  corps 
étrangers,  et  qui  contient  un  animal  voisin  des  Néréides,  qui 
a  deux  lèvres  à  la  bouche  et  deux  tentacules  irès-épais  der- 
rière la  tête. 

Ce  genre,  qu'Ocken  nomme  Chrysodon,  n'a  pas  été 
adopté  par  Bruguière  ni  par  Lamarck.  Ils  en  ont  réuni  les 
espèces  avec  les  néréides,  et,  en  effet  ,  si  on  ne  considère 
que  le  tube  ,  on  ne  doit  pas  les  en  séparer  ,  et  encore  moins 
les  écarter  du  genre  Terébelle  ,  qui  leur  a  été  uni.  Cepen- 
dant le  genre  sabelle  se  distingue  par  des  caractères  suffisam- 
ment importans  ,  de  ceux  avec  lesquels  on  peut  le  confondre. 
Gmelin  ,  dans  son  édition  du  Syslema  naturœ ,  en  ment  onne 
vingt-quatre  espèces  ,  dont  plus  de  la  moitié  sont  figurées 
dans  Schrœler. 

La  meilleure  figure  des  animaux  de  ce  genre  ,  est  ceMe  de 
la  Sabelle  alvéolée,  qu'on  voit  pi.  36  des  curallines  d'Ellis  , 
etdonlGuettard  forme  son  genre  Psamatote.  En  la  prenant 
pour  type,  on  peut  regarder  comme  appartenant  à  ce  genre, 
un  animal  que  j'ai  rapporté  des  mers  de  l  Amérique,  et  que, 
par  oubli,  je  n'ai  pas  fait  entrer  dans  mon  Histoire  naturelle 
des  Vers ,  faisant  suite  au  Buffon  ,  édition  de  Deterville.  Sa 
description  absolue  donnera  connoissance  des  motifs  qui 
militent  en  faveur  de  la  conservation  de  ce  genre. 

La  Sabelle  négate  est  solitaire  et  rampe  sur  les  pierres, 
les  coquilles  abandonnées,  etc.  Son  fourreau  est  demi-cylin- 
drique ,  composé  d'une  membrane  sur  laquelle  se  trouve 
agglutiné  du  sable  très-fin  par  l'intermède  d'une  matière  vis- 
queuse. Sa  longueur  est  d'un  pouce  ,  son  diaiflètre  d'une 
ligne. 

L'animal  a  une  tête  composée  de  deux  tentacules  très- 
épais  ,  demi-circulaires ,  plus  écartés  en  dessous ,  se  réu- 
nissant à  la  volonté  de  l'animal ,  de  manière  à  former  un 
cercle  ,  chacun  garni,  dans  son  bord  extérieur  ,  de  dix-hnit 
cils  très-courts,  et  dans  son  bord  intérieur  d'autres  un  peu 
plus  longs ,  mais  moins  nombreux.  Sa  bouche  est  allongée  , 
placée  à  la  base  inférieure  des  tentacules ,  et  entourée  de 
douze  longs  tentacules  divisés  chacun  en  trois  parties.  Son 
.corps  a  vmgt-quatre  tubercules«de  chaque  côté  ,  les  sis  pre- 
miers très-obtus  ,  les  six  derniers  mucronés  ,  et  le  reste 
terminé  par  un  long  cil.  Sa  queue  est  plate  et  foiblement 
articulée. 

Cet  animal  diffère  donc  des  néréides  par  la  forme  de  ses 
tenlacule»  et  par  la  position  de  sa  bouche.ll  doit  par  censé- 


s  A  B  i 

quent  former  un  genre  particulier.  Il  se  trouve  assez  commu- 
n.'raent  dans  la  baie  de  Charleston. 

Cuvier  forme  ce  genre  avec  des  espèces  d'amphytrites , 
et  lui  donne  pour  type  I'Amphytrite  en  pinceau  ,  figuré 
par  Rondelet  sous  le  nom  de  pinceau  de  mer ,  animal  fort 
peu  connu. 

La  Sabelle  rectangulaire  constitue  aujourd'hui  le 
genre   Ocréale  d'Ocken.   (b.) 

SABELMUS.En  Suède,  c'est  le  Campagnol  lemming. 

(desm.) 

SABELSCHNÀBLER.NomallemandderAvocETTE.(v.) 

SABER.  L'un  des  noms 'maures  de  I'Aloès,  (ln.) 

Sx\BETEREGL  L'un  des  noms  arabes  de  la  Fumeterre. 

(ln.) 

SABICE,  Sdnvenkfeldia.  Genre  de  plantes  de  la  pentan- 
drie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  rubiacées,  dont  les 
caractères  sont  d'avoir  :  calice  monophylle  ,  turbiné  ,  velu, 
divisé  en  cinq  parties  aiguës;  une  corolle  hypocratériforme, 
à  tube  long  et  grêle  ,  et  à  limbe  à  cinq  lobes  aigus;  cinq  éta- 
mines  à  filamens  courts;  un  ovaire  inférieur,  surmonté  d'un 
long  style  à  stigmate  divisé  en  cinq  parties  ;  une  baie  orbicu- 
laire  ,  velue  ,  couronnée  par  le  calice  ,  et  à  cinq  loges 
monospermes. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Aublet ,  et  comprend  des  plantes 
sarmenteuses  à  feuilles  opposées,  entières,  et  à  fleurs  dispo- 
sées en  paquets  dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures. 
On  en  compte  quatre  espèces,  dont  deux  de  Cayenne,  et  les 
autres  de  la  Jamaïque  et  du  Pérou.  Aucune  n'est  remarqua- 
ble par  son  utilité,  (b.) 

SABINE.  Plante  du  genre  des  Genévriers,  (b.) 

SABIL.  L'un  des  noms  donnés  en  Egypte  au  Coracan 
(  Cypenis  coracanus  ,  L.  ),  selon  Vesling.  (ln.) 

SABINA  ou  SAVINA.  Pline  donne  ces  noms  à  deux  es- 
pèces de  plantes  ,  que  ,  selon  lui,  les  Grecs  appeloient  bralhy 
pour  èra///y5.  La  première  de  ces  espèces  ressembloit  au  ta- 
mariscus  pour  le  feuillage  ,  et  la  seconde  au  cupressus  (cyprès). 
Quelques  personnes  nommoient  celte  dernière  9'y9r<^s</e  CrètCf 
ce  qui  doit  faire  croire  qu'elles  croissoit  en  Crète.  Pline  dit 
qu'on  se  servoit  du  parfum  de  cette  plante  en  guise  d'essence. 
Les  médecins  faisoient  usage  du  sabina  en  place  de  cinna- 
mome  ,  pour  arrêter  le  développement  des  ulcères  corrosifs, 
les  nettoyer ,  etc.  Le  sabina  et  le  parfum  qu'on  en  retiroit 
étoient  de  puissans  emménagogues  ;  ils  opéroient  la  sortie  du 
fœtus  mort  dans  le  sein  de  la  mère ,  etc. ,  etc.  Pline  dit  aussi 
qu'on  multiplioit  le  sabina  en  le  couchant  ou  bien  en  plantant 
ses  branches;  il  explique  celte  manière  de  multiplier  le  sa- 


6  S  A  B 

hina^  dans  la  croyance  ou  il  éloit  que  celte  plante  ne  produi- 
sait point  de  graine. 

Dioscorîde  mentionne  également  deux  espèces  de  brathys  t 
l'une  ,  semblable  au  cyprès  par  le  feuills^e  ,  mais  plus  ti- 
quante et  plus  épineuse  ,  d'une  odeur  forte  et  d'une  saveur 
brûlante.  Cette  espèce  étoit  un  arbre  petit ,  court  ,  qui  se 
développolt  plus  en  largeur  que  dans  les  autres  dimensions. 
On  usoit  de  ses  feuilles ,  en  guise  de  parfum.  La  seconde  es- 
pèce de  brathys  est  comparée  par  Dioscoride  au  tamarïscus. 
Il  ajoute  :  «  les  feuilles  de  ces  deux  espèces  appliquées  ,  ar- 
rêtent et  répriment  les  ulcèreS  corrosifs  ;  jointes  avec  du 
miel ,  elles  nettoient  et  enlèvent  les  taches  de  la  peau  ,  et 
rompent  les  charbons  ;  bues  avec  du  vin  ,  elles  font  uriner  du 
sang  ;  appliquées  et  fermentées  ,  elles  font  sortir  le  fœtus  du 
sein  de  la  mère.  On  les  met  dans  tous  les  onguens  échauffans, 
et  particulièrement  dans  le  glaucinum  dit  musteum.  » 

11  n'est  donc  pas  douteux,  d'après  ces  descriptions  ,  que 
Pline  et  Dioscoride  n'aient  voulu  parler  des  mêmes  plantes. 
Galien  est  aussi  d'accord  avec  ces  auteurs  ,  par  rapport  aux 
propriétés  de  ces  végétaux. 

lie  saôma  portoît  ce  nom  chez  les  Latins,parce  qu'il  crois- 
soit  abondamment  dans  le  pays  des  Sabins.  Chez  les  Grecs, 
il  recevoit  aussi  le  nom  de  barathron  ,  de  barython  et  de 
baron. 

L'on  rapporte  les  deux  espèces  de  sabina  ou  brathys  des 
anciens  à  deux  genévriers  qui  sont  considérés  par  Linnœus  , 
Lamarck ,  Willdenow  et  beaucoup  d'autres  botanistes  » 
comme  des  variétés  d'une  seule  espèce  ,  la  Sabine  ,  Juni- 
perus  sabina  ,  et  que  Miller  assure  être  deux  espèces  dis- 
tinctes ;  l'une,  le  junîperiis  lusitanica  (^  ou  sa  bine  mâ/e)  qui 
seroil  le  sabina  à  feuilles  de  cyprès  des  anciens  ,  particulier 
aux  contrées  méridionales  ;  et  l'autre  ,  le  juniperiis  sabina  , 
Miller  (  Sabine  femelle  )  seroit  le  sabina  à  feuilles  de  tama- 
rïscus. 

Les  sabines  étant  des  plantes  dioïques  ,  on  ne  doit  pas 
être  étonné  que  Pline  ait  cru  qu'elles  ne  donnent  point  de 
graines  ;  l'observation  faite  seulement  sur  les  pieds  mâles 
aura  pu  l'induire  en  erreur. 

Les  sabines  font  un  article  à  part  dans  le  Pinax  de  C. 
Bauhin  ,  et  l'on  voit,  dans  cet  ouvrage  ,  que  les  botanistes 
ont  tous  conservé  à  ces  plantes  le  nom  de  sabina ,  bien  que 
celui-ci  ait  été  étendu  aussi  à  d'autres  genévriers  et  à  des  ly- 
copodes.  Les  sabina  baccifera  de  C  Bauhin  sont  des  pieds, 
femelles  ,  et  les  sabina  sierilis  ,  des  pieds  mâles.  Tournefort , 
et  depuis  lui  tous  les  botanistes*,  ont  réuni  les  sabina  de  C. 
Bauhia  au  Genévrier.  F.  ce  mot.  (ln.) 


s  A  B  q 

SABINE  MALE  et  FEMELLE.  Nom  spécifique  de 
plantes  du  genre  Genévriers.  Voyez  ce  mot.  (d.) 

SABIZEGO.  L'un  des  noms  arabes  de  I'Aubergine,  es- 
pèce de  MoRELLE  ,  Solarium  melongena.  (Uï.) 

SABLE.  En  anglais,  c'est  le  nom  de  la  Marte  zibeline. 

(desm.) 
SABLE  ou  ZABELLE.  Nom  de  la  Marte,  en  Russie. 

SABLE.  Amas  de  molécules  pierreuses  d'un  si  petit  vo- 
lume ,  qu  elles  peuvent  être  facilement  transportées  par  les 
eaux  et  par  les  vents.  Il  y  a  des  sables  de  différente  nature  ; 
mais  ,  pour  l'ordinaire  ,  les  molécules  quarzeuses  en  forment 
la  presque  totalité.  La  grande  cohésion  àes  parties  du  quarz 
fait  que  ,  quelque  comminue  qu'il  soit ,  ses  fragmens  conser- 
vent toujours  un  volume  sensible.  Les  pierres  calcaires  ob 
argileuses  finissent,  au  contraire,  par  se  réduire  en  poussière 
impalpable  que  les  eaux  déposent  sous  la  forme  de  vase  ou 
de  limon. 

On  donne  le  nom  de  sahlon  au  sable  quarzeux  le  plus  fin  , 
qu'on  emploie  à  dégrossir  les  glaces ,  les  marbres  et  autres 
objets  destinés  à  recevoir  le  poli. 
.  On  nomme  gravier  nn  sable  grossier  qui ,  pour  l'ordinaire  , 
provient  de  la  décomposition  des  roches  granitiques. 

La  surface  du  globe  présente  des  contrées  immenses  qui 
sont  couvertes  de  sables ,  principalement  dans  l'ancien  con- 
tinent ,  comme  les  déserts  de  l'Afiique  et  ceux  de  l'Asie  bo- 
réale. Le  milieu  de  l'Afrique  et  le  plateau  du  centre  de  l'Asie 
sont  les  portions  delà  terre  qui  furent  les  premières  aban- 
données par  les  eaux  de  l'Océan  ;  et  leurs  montagnes,  expo- 
sées pendant  une  longue  série  de  siècles  à  l'action  des  eaux 
courantes  ,  ont  été  sapées  ,  détruites,  et  enfin  converties  en 
sables. 

Les  grandes  rivières  de  Sibérie,  telles  que  l'Irtiche  ,  l'Ob , 
le  Yénissey ,  e'tc. ,  ont  aujourd'hui  leur  lit  encaissé  dans  des 
dépôts  sablonneux  que  j'ai  vus,  dans  beaucoup  d'endroits  , 
s'élever  jusqu'à  cinq  ou  six  cents  pieds  au  -  dessus  de  leur 
niveau.  Ces  amas  de  sables  qui  couvrent  des  pays  d'une 
étendue  immense  ,  sont  les  restes  des  montagnes  du  centre 
del'Asie  ,  où  ces  grands  fleuves  prenoient  leur  source  dans 
ces  temps  reculés  ,  et  dont  ils  ont  entraîné  les  débris  ju$qu^à 
la  mer  Glaciale.  V.  Fleuves  et  Montagnes. 

Tous  les  sables  ne  sont  pas  le  produit  de  la  décomposition 
des  roches  :  on  en  voit  en  grande  abondance,  qui  ont  été 
formés  immédiatement  par  la  nature  ;  et  uoUmment  ceux  qui 
entrent  dans  la  composition  des  grès  homogènes -.c'est  ce  qui 
avait  été  très-bien  reconnu  par  Romé-Delisie ,  qui  disoit,  eti 


8  S  A  B 

parlant  des  différens  états  où  l'on  trouve  le  quarz:  «  ailleurs 
il  constitue  seul  des  massesgranuleuses ,  dont  lespetits  grains , 
plus  ou  moins  anguleux  et  déterminés  ,  sont  tantôt  réunis 
eorame  on  le  voit  dans  les  grès,  tantôt  libres  et  sans  adhé- 
rence, comme  dans  les  sables  cristallins  homogènes  et  NÉS 
SUR  LA  PLACE  ,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  sables  de 
transport  ou  graviers  hétérogènes,  qui  proviennent  des  dé- 
bris des  roches  quarzeuses  primitives  de  toute  espèce.  Tels 
sont,  ajoute-t-il ,  les  sables  de  Creil ,  de  Nevers  ,  d'Etampes 
et  autres,  qu'on  emploie  à  la  manufacture  des  glaces  de  Saint- 
Gobin.  Telle  est  encore  cette  couche  de  sable  cristallin  et 
d'une  transparence  parfaite  ,  qu'on  a  trouvée  en  creusant  les 
fondemens  du  pont  de  Neuilly.  Chaque  grain  de  ce  dernier 
sable,  vu  à  la  loupe,  est  un  petit  cristal  de  roche  à  prisme 
hexaèdre  intermédiaire  très-distinct,  avec  ses  deux  pyramides 
hexaèdres  à  plans  triangulaires  isocèles,  également  distinctes. 
Toutes  les  arêtes  en  sont  vives,  ce  qui,  joint  à  l'homogénéité 
de  ce  sable  ,  ne  permet  pas  de  douter  qu'il  ne  se  soit  précipité 
du  fluide  qui  le  tenoit  en  dissolution  sur  le  lieu  même  où  cette 
couche  se  rencontre,  La  transparence  et  la  régularité  de  ce 
cristal  de  roche  microscopique  font  l'admiration  de  tous  ceux 
qui  le  voient  dans  mon  cabinet.  »  (  Cristallogr.  1 1 ,  pag.  65.)' 

11  en  est  peut-être  de  même  des  énormes  couches  de  sable 
pur  et  blanc  comme  la  neige  ,  que  Saussure  a  observées  près 
d'Auberive  ,  entre  Vienne  et  Valence,  de  même  qu'entre 
Toulon  et  Ollioules.  (  §  ÎSog  et  1636,  ) 

Dans  la  belle  description  que  M.  Imrie  a  donnée  de  la 
montagne  de  Gibraltar,  on  voit  que,  vers  la  face  occidentale 
de  cette  montagne,  il  existe  une  couche  de  sable  considérable, 
composée  de  T^QÛXsfragmens  de  quart  cn'slaliisé  parfaitement 
transparent.  Le  côté  oriental  présente  une  autre  couche 
semblable ,  qui  s'étend  depuis  le  bord  de  la  mer  jusqu'au  tiers 
de  la  montagne,  c'est-à-dire,  jusqu'à  une  élévation  d'enviroa 
quatre  cents  pieds  perpendiculaires. 

Sur  quoi  le  célèbre  M.  A.  Pictet  fait  observer  qu'on  trouve 
également,  vers  la  base  orientale  du  mont  Salève  (  près  de 
Genève),  un  amas  de  sable  quarzeux  blanc  et  pur,  qu'on 
emploie  dans  la  belle  verrerie  de  Torrens.  i^Bibl.  hrit. ,  n."  76 , 
pag.  157.) 

On  pourroit  regarder  comme  un  sable  calcaire  formé  de 
la  même  manière  que  ces  sables  quarzeux,  les  amnites  qui 
sont  de  petites  concrétions  globuleuses  de  la  grosseur  d'un 
grain  de  sable,  d'oii  est  venu  leur  nom  (le  mot  grec  amnos 
signifie  sable  )  :  ces  petits  globules  forment  des  espèces  de  grès 
quelquefois  assez  solides ,  mais  quelquefois  aussi  presque? 
incohérens. 


s  A  B  9 

On  donne  le  nom  de  sable  à  toute  matière  minérale  en 
petites  parcelles  détachées  ;  ainsi  1  on  nomme  sable  ferrugi- 
neux, la  purette^  qui  est  un  amas  de  petits  grains  de  fer  oxydé 
titanifère ,  ou  du  titane  oxydé  ferrifère ,  ballottés  par  les 
eaux. 

Romé-Delisle  avoitreçudeCayenneun  sable  presque  tout 
composé  de  cristaux  de  grenats  microscopiques  où  l'on 
royoit  vingt-quatre  facettes  trapézoïdales. 

Le  savant  chimiste  Collet-Descotils  m'a  fait  voir  un  sable 
qu'il  a  rapporté  d'Egypte  ,  et  qui  contient  une  foule  de  cris- 
taux microscopiques  ,  et  notamment  des  saphirs  de  toutes 
couleurs  ;  j'en  ai  vu  de  parfaitement  transparens  et  d'un  beau 
vert  d'émeraude  :  je  crois  ce  sable  volcanique,  de  même  que 
celui  du  ruisseau  dit  rioupezoulion ,  près  le  Puy-en-Velay , 
si  riche  en  cristaux  d'hyacinthe  et  de  fer  oxydulé. 

On  appelle  sables  volcaniques  les  matières  pulvérulentes 
rudes  et  arides  qui  sortent  de  la  bouche  des  volcans  ,  avant , 
et  surtout  après  l'éruption  de  la  lave ,  et  qui  sont  quelquefois 
d'une  abondance  prodigieuse  ;  ces  sables  sont  composés  de 
fragmens  vitreux  et  de  rudimens  de  divers  cristaux.  Quand 
les  matières  pulvérulentes ,  vomies  par  les  volcans  ,  sont  lé- 
gères ,  6nes  et  douces  au  toucher,  on  leur  donne  le  nom  de 
Cendres.  V.  ce  mot. 

Le  sable  quarzeux  ordinaire  est  employé  à  divers  usages 
importans  :  mêlé  avec  la  chaux  vive  ,  il  forme  le  mortier  qu'gn 
emploie  dans  les  constructions  auxquelles  on  veut  donner 
une  solidité  supérieure  à  celle  du  mortier  de  plâtre  ;  et ,  avec 
le  temps  ,  il  acquiert  la  dureté  de  la  pierre  :  l'action  particu- 
lière qu'exercent  l'un  sur  l'autre  le  quarz  et  la  chaux  ,  leur 
fait  contracter  un  commencement  de  combinaison ,  d'où 
résulte  une  cohésion  de  la  plus  grande  force  entre  leurs  mo- 
lécules. 

Dans  la  fabrication  des  poteries  ,  il  est  indispensable  de 
mêler  avec  l'argile  une  certaine  quantité  de  sable  quarzeux 
pour  lui  donner  du  corps,  l'empêcher  de  se  gercer,  et  le 
rendre  capable  de  supporter  l'action  du  feu  sans  éclater. 
D'ailleurs  la  demi-vitrification  que  le  sable  éprouve ,  donne 
à  la  poterie  une  solidité  qu'elle  seroit  bien  loin  d'avoir  sans 
cette  addition. 

La  nature  prend  soin  quelquefois  de  faire  elle  -  même  ce 
mélange  ,  comme  on  le  voit  dans  la  couche  de  sable  argileux- 
de  Fontenay  aux-Roses,  près  Paris,  qu'on  nomme  sable  des 
fondeurs^  parce  qu'il  a  la  propriété  de  former  d'excellens 
moules  à  jeter  en  fonte  les  métaux. 

Le  sable  quarzeux  est  une  des  matières  premières  qu'on 


!•  S  A  B 

emploie  dans  les  verreries  ;  et  quand  il  est  bien  pur ,  il  forme 
la  base  des  plus  beaux  verres.  Sur  trois  parties  de  sable  ,  on 
en  met  une  de  soude  ou  de  potasse,  avec  une  petite  quantité 
de  chaux  et  de  litharge  ,  et  Ton  obtient  le  verre  qui  porte  le 
nom  de  cristal. 

Parmi  les  sables  qui  ont  été  transportés  par  les  eaux ,  on 
en  trouve  qui  sont  riches  en  substances  métalliques  ;  soit 
qu'elles  aient  été  transportées  avec  les  sables  ,  ou  qu'elles  s'y 
soient  formées  depuis  leur  dépôt.  Tels  sont  les  sables  auri- 
fères d'Afrique  et  du  Mexique  '.  ceux  du  Choco  ,  qui  con- 
tiennent en  même  temp3»du  platine  et  de  l'or  :  ceux  de  plu- 
sieurs rivières  d'Europe ,  qui  contiennent  aussi  ce  métal  pré  ■ 
cieux.  V.  Or  et  Platine. 

On  trouve  sur  les  frontières  de  la  Sibérie  ,  des  dépôts  im- 
menses de  sables  qui  occupent  plusieurs  centaines  de  lieues 
carrées  ,  le  long  de  la  base  occidentale  des  monts  Oural  ,  et 
qui  sont  assez  riches  en  minerai  cuivreux  ,  pour  donner  lieu 
a  des  exploitations  considérables  et  multipliées.  C'est  de  là 
que  viennent  ces  tronçons  de  palmiers  convertis  en  mine  de 
cuivre,  qu'on  voit  dans  les  cabinets  de  minéralogie. 

Romé-Delisle  avoit  rapporté  des  Indes  orientales  un  sable 
d'élaiu  noir,  qui  n'étoit  autre  chose  qu'un  détritus  de  cristaux 
d'oxyde  d'étain  qui  avoient  été  détachés  de  leur  mine  et  en- 
traînés par  les  eaux.  11  avoit  été  trouvé  dans  les  montagnes 
d'Ophir  ,  à  quinze  journées  de  Malaca  ,  d'où  les  Européens 
tirent  l'étain  qui  porte  le  nom  de  cette  ville. 

ûombey  avoit  rapporté  du  Pérou  un  sable  vert  qui  a  de  la 
célébrité  ,  et  qui  a  été  reconnu  pour  un  cuivre  muriaté  , 
d'après  l'analyse  faite  par  Vauquelin.  V.  Cuivre  muriaté 
et  Terrain,  (pat.) 

SABLE  DU  RHIN.  Ce  sable,  comme  on  sait ,  est  auri- 
fère; M.  Koëlreuter,  de 'Carlsruhe  ,  l'ayant  examiné  ,  l'a 
trouvé  composé  :  i.°  d'un  sable  ferrugineux  rouge  ;  2.°  de  fer 
chromé  ;  3.°  d'un  sable  de  quarz  ;  4"  de  mica  sableux  et  en 
très-petite  quantité  ;  5.°  de  lamelles  d'or  natif  II  a  analysé 
le  fer  chromé  ,  et  a  trouvé  qu'il  étoit  composé,  sur  cent 
parties  ,  de  protoxyde  de  fer  98;  oxyde  de  chrome  2. 

L'or  à  donné  à  l'analyse  98,5  d'or  et  6,0  d'argent.  Le  sable 
ferrugineux  a  fourni  :  fer  oxydé,  61  ;  silice,  35;  manganèse 
oxydé,  2  ;  et  alumine,  2.  Cet  examen  nous  fait  connoilre  un 
minéral  assez  rare,  \efer chwmé.  (ln.) 

SABLÉ  {Mus  arenarius.  Pal.).  V.  l'article  Hamster,  (s.) 
SABLE  VERT  DU  PÉROU.  V.  Cuivre  muriaté.  (ln.) 
SABLE  VOLCANIQUE.  V.  Cendre,  (patr.) 
SABLIER,  Hurn  crepitans,  Linn.  {monoécie  monadelphie.^ 
C'est  un  pQiit  arbre  des  coatrées  chaudes  de  l'Amérique  , 


s  A  B  >» 

quî  s'élève  àla  hauteurde  notre  Sureau,  et  qui  porte  des  fleurs 
mâles  et  des  fleurs  femelles  sur  le  même  pied.  Il  forme  seul 
un  genre  de  la  famille  des  tilhymaloïdes.  Sa  tige ,  ligneuse 
et  lisse ,  se  divise  vers  sa  cime  en  plusieurs  branches  couvertes 
de  feuilles  très-larges  ,  et  faites  en  forme  de  cœur  ;  elles  sont 
alternes,  munies  de  stipules  qui  tombent,  et  supportées  par 
des  pétioles  longs  ,  minces  et  glanduleux  à  leur  sommet  ;  leurs 
bords  sont  dentelés  ,  et  elles  ont,  dans  leur  milieu,  une  côte 
saillante  ,  de  laquelle  partent  plusieurs  veines  transversales. 
Ces  feuilles  sont  lactescentes  ,  ainsi  que  les  branches.  Entre 
elles  naissent  les  fleurs  mâles  ,  réunies  en  un  chaton  ovoïde  y 
que  soutient  un  long  pédoncule ,  et  qui  est  muni  d'écailies 
imbriquées.  Chaque  fleur  mâle  est  portée  par  l'une  de  ces 
écailles  ;  elle  a  un  calice  très-court  à  deux  feuilles  (sans  co- 
rolle),et  elle  contient  beaucoup  d'éfamines;  les  filets  forment, 
par  leur  réunion,  un  corps  cylindrique  ,  entouré  de  deux  ou 
trois  rangs  de  tubercules,  surmontés  chacun  de  4ieux  anthères. 
Les  fleurs  femelles  sont  solitaires  et  placées  à  une  petite  dis- 
tance des  mâles.  Elles  manquent  aussi  de  corolle.  Leur  calice 
est  d'une  seule  pièce ,  cylindrique,  sillonné  et  tronqué;  il 
renferme  un  long  style  fait  en  entonnoir,  et  couronné  par  un 
stigmate  très-grand  et  radié.  Le  fruit  est  une  capsule  ligneuse, 
orbiculaire ,  comprimée  aux  deux  bouts  ,  et  partagée  ordi- 
nairement en  douze  aillons ,  qui  font  chacun  le  demi-cercle  , 
et  qui  s'ouvrent  avec  élasticité.  —  Cet  arbre,  figuré  pi.  P. 
II,  porte  dlfférens  noms.  On  l'appelle  sablier,  parce  que 
les  hâbitans  de  l'Amérique  ouvrent  ses  fruits  au  côté  où  le 

Ïjédoncule  est  attaché,  et,  après  en  avoir ôté  les  semences, 
es  remplissent  de  sable,  dont  ils  se  servent  pour  répandre 
sur  l'écriture.  11  est  aussi  nommé  pet  du  diable  ,  arbre  du  diable 
(  arhor  crépita  ns)^  à  cause  du  bruit  singulier  que  fait  son  fruit, 
lorsqu'à  l'époque  de  sa  maturité  ,  desséché  par  l'ardeur  du 
soleil ,  il  se  fend  et  éclate  tout  à  coup  ,  en  lançant  au  loin  ses 
graines.  Si  on  le  cueille,  avant  même  qu'il  soit  entièrement 
mûr,  et  qu'on  le  place  dans  un  lieu  où  il  soit  exposé  à  la 
douce  impression  de  la  chaleur  ,  il  offre  bientôt  le  même 
phénomène. 

Ses  amandes  sont  purgatives  à  un  très'haut  degré.  On  les 
appelle  à  Cayenne  ,  amandes  à  purger  les  perroquets. 

On  multiplie  cet  arbre  par  ses  graines.  H  demande  à  être 
élevé  en  serre  chaude  ;  il  faut  l'y  laisser  même  en  été.  Quand 
son  éducation  est  soignée ,  et  qu'il  est  arrosé  à  propos ,  il  con- 
serve ses  feuilles  pendant  toute  l'année  ,  et  produit  des  fleurs. 
Mais  11  ne  fructifie  point  en  France  ou  très-rarement,  (d.) 

SABLIÈRE. Lieu  d'où  l'on  X\re\e  sable  qu'on  emploiepour 
les  constructions  et  pour  d'autres  usages  économiques,  (ln) 


la  S   A   B 

SABLINE,  Arenaria.  Genre  de  plantes  de  la  décandrîe 
trigynie  et  de  la  famille  des  caryophyllées ,  qui  présente  pour 
caractères:  un  calice  divisé  en  cinq  parties  très-profondes; 
une  corolle  de  cinq  pétales  entiers  ;  dix  étamines;  un  ovaire 
supérieur  surmonté  de  trois  styles  ;  une  capsule  uniloculaire  , 
s'ouvrant  au  sommet  en  cinq  valves  ,  et  contenant  un  grand 
nombre  desemences  atlachéesà  un  placentacentraltrès-court. 
Ce  genre  renferme  de  petites  plantes  à  feuilles  opposées  et 
à  fleurs  axillaires  ou  terminales  ,  dont  on  compte  près  de  cent 
espèces  ,  la  plupart  propres  à  l'Europe.  Parmi  ces  dernières  » 
les  plus  communes  ou  les  plus  remarquables  sont  : 

La  Sabline  péploïde  ,  dont  les  feuilles  sont  ovales ,  aiguës 
et  charnues.  Elle  estvivace  et  se  trouve  sur  le  bord  de  la  mer. 
Son  aspect  l'éloigné  des  autres  espèces.  Soumise  à  une  sorte 
de  fermentation,  elle  sert  de  nourriture  aux  Islandais, 

La  Sabline  a  trois  nervures  a  les  feuilles  ovales ,  ai- 
guës ,  pétiolées ,  nerveuses.  Elle  est  annuelle ,  et  se  trouve 
trés-communément  et  très-abondamment  dans  les  bois  sa- 
blonneux et  un  peu  humides. 

La  Sabline  a  feuilles  de  serpolet  a  les  feuilles  presque 
ovales,  aiguës,  sçssiles  ,  et  sa  corolle  est  plus  courte  que 
son  calice.  Elle  est  annuelle  ,  et  se  trouve  très-communé- 
nient  dans  les  allées  des  bois  argileux  ,  sur  le  revêtement  des 
fossés ,  etc. 

La  Sabline  rouge  a  les  feuilles  filiformes,  les  stipules 
membraneux  et  engaînans.  Elle  est  annuelle,  et  se  trouve  très- 
fréquemment  dans  les  lieux  sablonneux ,  dans  les  landes  les 
plus  arides.  Elle  varie  lorsqu'elle  croît  sur  le  bord  de  la  nier. 
La  Sabline  des  rochers  a  les  feuilles  subulées,  les  tiges 
rapprochées,  et  les  folioles  du  calice  ovales  et  obtuses.  Elle 
est  vivace  et  se  trouve  sur  les  montagnes  pierreuses. 

La  Sabline  a  petites  feuilles  a  les  feuilles  subulées  ,  la 
tige  paniculée  ,  les  capsules  droites,  les  pétales  plus  courts 
que  le  calice,  et  lancéolées.  Elle  est  annuelle  ,  et  se  trouve 
dans  les  bois  montagneux. 

La  Sabline  a  grande  fleur  ,  qui  a  les  feuilles  subulées  , 
planes,  serrées,  et  la  tige  uniflore.  Elle  est  vivace,  et  se  trouve 
sur  les  montagnes,  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe. 
M.  Scblecbtcndahl  a  donné  un  travail  spécial  sur  ce  genre  , 
dans  !e  Magazin  de  Berlin,  année  i8i3.  (b.) 

SABLON.  Nom  que  les  pêcheurs  des  environs  de  la  Ro- 
chelle donnent  à  une  coquille  du  genre  des  Sabots  ,  qui  dif- 
fère fort  peu  du  Vignot,  On  ignore  si  c'est  une  variété  d'âge 
ou  une  espèce  distincte,  (b.) 

SABLON.  Sable  quarzeux  très-fin ,  qui  se  trouve  naturelle- 
ment par  couches  ou  par  nids,  dans  les  roches  de  grès  ou  su? 


s  A  B  »3 

quelques  rivages  de  la  mer ,  ou  qu'on  obtient  en  pulvérisant 
des  grès  friables,  qu'on  nomme  pierre  à  sabioii.  On  l'emploie 
principalement  pour  donner  du  lustre  aux  vases  de  métal  et 
pour  polir  le  marbre.  F.  Sable,  (pat.) 

SABLONNIÈRE.  C'est  le  lieu  d'où  l'on  tire  le  sable  k 
grains  fins  ,  ou  Sablon.  (ln.) 

SABO.  En  languedocien ,  c'est  le  nom  de  la  Fève,  (desm.) 
S  ABONETAS.  C'est ,  en  Catalogne ,  le  nom  du  Balisier. 

(LN.) 

SABOT.  C'est  ainsi  que  l'on  nomme  la  substance  dure  et 
cornée  qui  termine  les  pieds  des  quadrupèdes  ruminans.  L'on 
a  remarqué  que  le  sabof  des  chevaux  qui  vivent  dans  les  pays 
chauds,  est  beaucoup  plus  dur  que  celui  des  nâêmes  animaux 
dans  les  contrées  froides  ou  tempérées,  (s.) 

SABOT  ,  Turbo.  Genre  de  teslacés  de  la  classe  des  Uni- 
valves, dontles  caractères  consistent  :enune  coquilleconoïde 
ou  turriciilée  ,  à  ouverture  entière  ou  arrondie  ,  sans  aucune 
dent,  et  à  bords  disjoints  dans  leur  partie  supérieure. 

Les  espèces  qui  appartiennent  à  ce  genre  avoient  été  pla- 
cées par  Dargenvilie  et  autres  anciens  conchyliologistes  fran- 
çais ,  dans  les  familles  des  limaçons  et  des  vis.  Linnseus , 
qui  les  a  réunies  en  genre  sous  le  nom  latin  ci-dessus,  ne  les 
ayant  pas  suffisamment  examinées ,  a  laissé  à  ses  successeurs 
les  moyens  de  faire  des  corrections  importantes  à  son  tra- 
vail. Ainsi  Bruguière  en  a  retiré  quelques-unes  pour  les  pla- 
cer parmi  les  bulimes ,  et  T^amarck  a  établi,  aux  dépens  de 
celles  qui  restoient ,  les  genres  Cyclostome,  Scalaire, 
Turritelle.  Depuis  ,  Denys-de-Montfort  a  encore  éta- 
bli,  a  ses  dépens  les  genres  Méléagre,  Eperon  et  Tec- 

TAIRE. 

L'ouverture  de  la  coquille  des  Vermets  ,  se  rapproche 
assez  de  ce  genre ,  pour  que  Cuvier  ait  cru  pouvoir  les  réu- 
nir comme  sous-genre. 

Les  coquilles  des  sabots  sont  en  général  épaisses  et  dures; 
leurs  spires  sont  peu  prononcées  et  peu  élevées  ;  leur  ou- 
verture étroite  et  intermédiaire  ,  pour  la  position  ,  entre 
celle  des  HÉLICES  et  celle  des  Toupies. 

Les  animaux  qui  les  habitent  ont  la  tête  armée  de  deux 
grosses  et  courtes  cornes,  à  la  base  extérieure  desquelles 
sont  situés  les  yeux.  La  bouche  est  ronde  et  placée  à  la  par- 
tie inférieure  de  la  tête  ;  le  col  est  fort  long  ;  le  manteau  se 
développe  sous  la  forme  d'une  bourse, sur  la  partie  inférieure 
de  laquelle  on  remarque  un  amas  de  glandes;  le  pied  est 
ovale  ,  allongé  ,  trop  épais  pour  pouvoir  entrer  dans  la  co- 
quille. Il  porte  ,  à  son  extrémité  postérieure  et  latérale ,  un 


,4  S  A  B 

opercule  de  même  fortne  que  Touverlure  cle  la  coquille  » 
mais  un  peu  plus  grand. 

Les  sabots  sont  fort  communs  dans  les  mers  d'Europe,  et 
encore  plus  dans  celles  des  pays  chauds.  Ils  sont  appelés  gé- 
néralement W/?«o/5  sur  les  côtes  de  France,  et  se  mangent 
sans  être  fort  estimés.  Ils  s'attachent  aux  rochers  et  restent 
le  plus  souvent  exposés  à  l'air  dans  l'intervalle  des  basses 
marées.  En  '-roecùant  avec  lenteur,  Beudant  est  parvenu  à 
les  faire  v.  r  dans  l'eau  douce.  On  en  connoît  près  de  qua- 
Ire-'-vflgîs  espèces  que  Linnœus  a  divisées  en  cinq  sections  , 
savoir  : 

i."  Les  néntoides ,  dont  le  bord  de  la  columelle  est  plat  et 
împerforé ,  el  parmi  lesquels  il  faut  principalement  remar- 
quer: 

Le  Sabot  vignot,  Turbo  lîltoreus  ,  qui  est  presque  ovale  , 
pointu  et  strié.  V.  pi.  P.  ï  8  où  il  est  figuré.  Il  se  trouve  sur 
les  côtes  de  France, 

LeSABOTBOoON,  Turbo murîcatiis ,Qui  est  ombiliqué, presque 
Ovale,  pointu,  entouré  de  rangées  de  tubercules,  et  le  bord 
de  sa  columelle  est  obtus.  On  le  rencontre  sur  les  côtes  d'Eu- 
rope ,  d'Afrique  et  d'x'Vmérique. 

2.0  Les  împerforésy  dont  l'ombilic  n'est  pas  creux  ;  on  y  dis- 
tingue : 

Le  Sabot  chrysostome ,  qui  est  presque  ovale,  rabo- 
teux, et  dont  les  tours  de  spire  ont  deux  rangs  de  petites 
épines  recourbées.  Il  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Sabot  pagode,  qui  est  presque  conique,  dont  les 
tours  de  la  spire  ont  des  épines  obtuses ,  liées  entre  elles ,  et 
le  dessous  mamelonné  et  strié.  Il  se  trouve  dans  la  mer  des 
Indes. 

Le  Sabot  éperon,  qui  est  presque  imperforé,  aplali , 
dont  les  tours  de  spire  sont  rudes  au  toucher ,  et  ont  des 
épines  recourbées  et  comprimées  à  leur  partie  supérieure. 
Il  se  trouve  dans  la  Méditerranée  et  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Sabot  rugueux,  qui  est  presque  ovale  ',  strié ,  et  a  les 
tours  de  spire  supérieurement  rugueux.  Il  se  trouve  dans  la 
Méditerranée. 

Le  Sabot  couronné,  qui  est  rugueux,  blanc  sali  de  vert, 
dont  la  pointe  est  jaune  orangé ,  avec  les  tours  de  spire  cou- 
ronnés d'épines  et  de  tubercules,  et  la  columelle  prolongée< 
Il  se  trouve  au  détroit  de  Magellan. 

Le  Sabot  turban  vert,  Turbo  cidaris ,  est  uni,  a  les  tours 
de  spire  arrondis,  un  peu  comprimés,  le  premier  très-grand, 
l'ouverture  comprimée  ,  d'un  vert  argenté ,  la  columelle 
saillante.  Il  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes.  Quelques  au- 


s  A  B  iS 

teurs  en  ont  fait  un  genre  ;  et  en  effet,  il  diffère  un  peu  de^ 
autres  espèces. 

3.°  Les  perforés  ,  c'est-à-dire  dont  1  ombilic  est  creux,  et 
parmi  lesquels  il  faut  particulièrement  noter: 

Le  Sabot  pic,  qui  est  conique,  arrondi,  uni,  avec  une 
petite  dent  à  l'ombilic.  Il  se  trouve  dans  toutes  les  mers. 

Le  Sabot  bouche  d'argent  qui  est  presque  ovale ,  avec  les 
lignes  dorsales  élevées,  transversalement  striées,  et  l'ouver- 
ture nacrée.  Il  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes. 

Le  Sabot  dauphin,  dont  l'ombilic  est  épineux',  et  dont 
les  tours  de  la  spire  ont  des  pointes  rameuses.  Il  se  trouve 
dans  la  mer  des  Indes  ,  et  forme  le  type  du  genre  Cyclos- 
TOME  de  Lamarck. 

Beudant  a  décrit  trois  espèces  nouvelles  de  ce  genre, 
tome  i5  des  Annales  du  Muséum,  (b.) 

SABOT,  Cypripedium.  Genre  de  plantes  de  la  gynandrîe 
diandrie  et  de  la  famille  des  Orchidées  ,  qui  présente  pour 
caractères  :  une  corolle  à  six  divisions  {calice  ,  Juss.),  dont 
une  supérieure,  ovale  ou  triangulaire  ,  une  inférieure  {nec- 
taire ,  Linn.  )  ,  concave  ,  obtuse  ,  renflée  ,  comme  calici- 
forme  ,  et  quatre  extérieures  plus  étroites ,  plus  longues , 
disposées  en  croix. 

Ce  genre,  dont  ceki  appelé  CiRRE  ,  par  Sovi^erby,  se 
rapproche  beaucoup ,  renferme  une  douzaine  de  plantes  à 
racines  tubéreuses,  à  tiges  ordinairement  simples,  à  feuilles 
alternes ,  et  à  fleur  solitaire  et  terminale.  On  en  compte  cinq 
espèces,  dont  une  des  Alpes  ,  et  les  autres  de  l'Amérique 
septentrionale  ,  ou  de  l'est  de  l'Asie. 

Le  Sabot  des  Alpes,  qui  s'élève  d'environ  un  pied  ,  dont 
la  division  supérieure  de  la  corolle  est  ovale  ,  concave  ,  lar- 
gement canaliculée  en  dessous  ,  et  la  division  intérieure  plus 
courte  que  les  autres  ,  et  comprimée.  Elle  est  vivace  ,  et  se 
trouve  dans  l*  Alpes.  C'est  une  plante  d'un  aspect  très-- 
remarquable,  mais  qui  fleurit  rarement,  surtout  dans  les 
jardins.  Elle  aime  les  lieux  ombragés  et  frais.  On  l'appelle 
vulgairement  sabot  de  la  Vierge  ou  soulier  de  Notre-Dame. 

On  doit  à  Salisbury  une  monographie  de  ce  genre  ,  in- 
î5érée  dans  le  premier  volume  des  Actes  de  la  Société  Lin- 
néertne  de  Londres,  (b.). 

SABOÏ  LIGNEUX.  Paulet,  dans  son  Traité  des 
champignons,  donne  ce  nom  au  BOLET  amadou viER  {Bo- 
letus  ignarius  ,  Linn.  ).   (B.) 

SABOT  PYRAMIDAL  ou  Grand  sabot.  Noms.mar- 
chands  de  la  Toupie  nilotique.  (desm.) 

SABOT  SUBt;REUX.  Champignon  figuré  par  Paulet  , 


i6  SAC 

pi.  g  àe  son  Traité.  Il  paroît  que  c'est  le  Bolet  subéreux 
de  BuUiard.  (b.) 

Sabotier.  Animai  des  Sabots.  Il  a  un  opercule  ; 
deux  tentacules  portant  un  œil  à  leur  base  interne  ;  un  dis- 
que ventral  non  frangé,  (b.) 

SABR  AL  SOKOTORI.  Voyez  Saber.  (b.) 

SABRA.  Nom  arabe  d'une  espèce  de  Basilic  ,  selon 
Mentzel.  (lis.) 

SA15RE ,  Trachyptems.  Poisson  de  la  Méditerranée , 
qui,  selon  Gouan  ,  constitue  seul  un  genre  voisin  des  Gym- 
NÈTRES.  Ses  caractères  sont  :  nageoire  dorsale  très-longue , 
soutenue  par  des  rayons  ronds  ,  et  dont  les  antérieurs  sont 
dentelés  en  scie  ;  point  de  nageoire  anale  ;  la  ligne  latérale 
armée  d'épines  ;  queue  fortement  dentelée  au-dessous,  (b.) 

SABRUIECHO.  V.  Sagriecho.  (desm.) 

SABSAB.  Nom  imposé  ,  par  Adanson  ,  au  genre  ;?a5^a- 
lum  de  Linnœus ,  parce  que  ce  dernier  désignoit ,  chez  le» 
anciens  ,  une  espèce  de  millet.  Ce  nom  ,  ne  pouvoit  con- 
venir à  un  genre  qui  ne  comprend  pas  cette  plante.  Sabsab 
est  le  nom  donné  au  Sénégal ,  selon  Adanson,  à  une  espèce 
de  Paspales.  (ln.) 

SABTA.  Nom  arabe  d*une  espèce  de  Salicorne  (  5a/i- 
cornia  crucita ,  Forsk.  ;  strolilacea  ,  Pallas  ) ,  qui  croît  en 
Egypte  ,  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  et  de  la  mer 
Rouge.  V.  Serbta.  (ln.) 

SABULICOLES,  Sabulosi.  Nom  collectif  sous  lequel 
j'avois  désigné  ,  dans  mon  Gêner.  Crust.  et  Insect. ,  les  insectes 
coléoptères  qui  composent  la  famille  des  mélasomes  de  «et 
ouvrage.  V.  ce  mot.  (l.) 

SABURON,  Coquille  du  genre  des  Casques,  (b.) 

SAC  ANIMAL.  Nom  donné  ,  par  Dicqueraare ,  à 
i'AsciDiE  verte  ,  qu'il  a  observée  au  Havre,  (b.) 

SAC  A.  Race  de  Chats  sauvages,  del'îlfe  de  Madagas- 
car; ils  sont  très-beaux  et  ont  la  queue  toute  recoquillée.(s,) 

SACAL.  Pline  ,  en  traitant  de  l'ambre  ,  rapporte , 
d'après  Nicéas,  auteur  plus  ancien ,  que  cette  substance  mi- 
nérale se  trouve  en  Egypte,  et  qu'on  lui  donne  le  nom  de 
sacal ,  quelques  auteurs  écrivent  secal.   (ln.) 

SACCAR  ouSACCHAR.Nomqui  paroît  avoir  été  très- 
anciennement  celui  du  sucre,  ou  plutôt  des  sucres,  dans 
l'Inde  ,  et  qui,  depuis  ,  a  passé  dans  la  langue  arabe. 

Le  saccar-mambu  des  Indes  ,  dont  parle  liarcias  ,  est  le 
tabaxir,  suc  concret  qui  se  trouve  dans  le  bambou. 

Le  sarxar-alhusser  ou  plutôt  saccar  alhasser  des  Arabes  , 
est  la  substance  sucrée  qu'on  recueille  sur  le  beid  el  ossar^ 
plante  d'Egypte  et  d'Arabie  j  qui  paroît.  être  Vasciepîas  pro- 
cera  de  Aiton,  etc.  (ln.) 


s  A  C  17 

SACCELION,  Saccelium.  Arbre  à  feuilles  alternes  et  à 
fleurs  disposées  en  grappes  axlllaires  ,  originaire  des  monla— 
gnes  du  Pérou,  qui,  selon  Humboldt  et  Bonpland,  cons- 
titue seul  un  genre  dans  la  monoécie  pentandrie  et  dans  la 
famille  des  rhamnoïdes. 

Ses  caractères  sont  :  fleur  mâle;  calice  très -petit,  à  cinq 
dents  ;  corolle  de  cinq  pétales;  cinq  étamines;  fleur  femelle; 
calice  ventru  à  ouverture  très-petite,à  cinq  dents, persistantes; 
corolle  nulle  outrés-caduque;  ovaire  supérieur  tubercule  ,  à 
style  unique  et  à  stigmate  bifide  ;  le  fruit  est  un  péricarpe 
osseux  renfermé  dans  le  calice ,  à  sept  loges  raonospermes 
sur  deux  rangs  ,  quatre  supérieures  égales,  et  trois  inférieures 
dont  les  latérales  sont  plus  petites,  (b). 

SACGHARON  ou  Saccharum  des  anciens.  Dioscoride  , 
en  traitant  des  diverses  espèces  de  miels,  termine  son  article 
par  ces  mots  :  <t  II  y  a  une  sorte  de  miel  congelé,  qu'on  ap- 
pelle saccharum.  On  le  trouve  ,  dans  des  roseaux  ,  aux  Indes 
et  dans  l'Arabie  Heureuse.  Il  est  ferme  comme  du  sel ,  et  se 
rompt  de  même  sous  les  dents.  Bu  avec  de  l'eau  ,  il  est 
laxatif;  il  est  bon  à  l'estomac ,  aux  reins  ulcérés  et  à  la  vessie- 
Appliqué  sur  les  yeux ,  il  résout  tout  ce  qui  empêche  ou 
éblouit  la  vue.  » 

«  he saccharum,  dit  Pline,  vient  d'Arabie;  mais  cependant 
le  meilleur  s'apporte  des  Indes.  C'est  une  espèce  de  miel  qui 
s'amasse  dans  certains  roseaux  ,  qui  est  blanc  comme  de  la 
gomme  ,  et  frêle  sous  la  dent.  Les  grains  sont  gros  comme 
une  aveline  ,  et  on  s'en  sert  seulement  en  médecine.  » 

Galien  s'exprime  ainsi  :  «  On  dit  que  le  saccharon  des  Indes 
et  de  l'Arabie  Heureuse  croît  dans  des  roseaux ,  et  est 
une  espèce  de  miel  ;  et  encore  qu'il  ne  soit  pas  aussi  doux  que 
le  miel  ,  il  a  néanmoins  des  propriétés  analogues;  car  il  est 
abstersif,  dessiccatif  et  résolutif.  Cependant  il  est  différent 
du  miel  en  ce  qu'il  n'est  pas  si  contraire  à  l'estomac ,  et 
qu'il  ne  s'altère  pas  autant.»  Galien  place  le  sacckaron  avec 
les  médicamens  qu'on  peut  donner  contre  la  fièvre. 

Strabon  rappelle  les  roseaux  de  l'Inde  qui  donnent  du 
miel  sans  le  secours  des  abeilles. 

Ainsi  les  anciens  ne  connoissoient  pas  le  roseau  qui  pro- 
duisoit  le  saccharon  ;  mais  ils  s'accordent  sur  les  pays  d'où 
l'on  tiroit  cette  substance,  sur  ses  qualités  et  sur  son  rap- 
prochement avec  le  miel.  Ce  rapprochement  ne  laisse 
pas  de  doute  qu'ils  n'aient  voulu  parler  de  notre  sucre  ; 
mais  comme  les  procédés  pour  retirer  en  grande  quantité  et 
rendre  mangeable  le  sucre  de  la  canne  ,  par  la  pression  et  la 
cuisson,  etc.,  sont  des  découvertes  très-postérieures,  il  n'est 
pas  surprenant  que  les  ancieas,  qui  rece  voient  le  sucre  comme 


i8  S  A  C 

une  drogue,  ne  le  regardassent  que  comme  un  médicament 
Il  paroît  que  leur  sucre  éloit  du  sucre  candi,  du  sucre 
en  larmes  exlrava&é  de  l'écorce  de  la  tige ,  et  recueilli  à  sa 
surface ,  ou  bien  la  pulpe  mielleuse  de  la  canne  elle- 
même  ,  qui  peut  souffrir,  en  quelque  sorte  ,  la  comparaison 
avec  le  miel  ,  par  sa  couleur ,  son  grain  et  ses  propriétés  ; 
car  elle  contient  la  mélasse  ,  principe  qui  jusliûe  pourquoi 
quelques  botanistes  anciens  ont  regardé  le  sucre  comme 
laxatif. 

La  canne  à  sucre  ,  ignorée  des  anciens  botanistes,  et  la 
connoissance  qu'ils  avoient  de  plusieurs  substances  sucrées 
qu'on  apportoit  aussi  de  l'Inde  ,  sont  cause  que  ,  dans  leurs 
écrits,  ils  ont  supposé  le  sucre  produit  par  des  végétaux  diffé- 
rens  de  la  canne  à  sucre  ;  et  c'est  ce  qui  est  arrivé  h  Solin, 
lorsqu'il  dit  qu'en  certains  marais  des  Indes,  il  croît  de  si 
grosses  cannes  sucrines  ,  qu'un  nœud  ,  seulement ,  partagé 
en  deux  ,  peut  servir  d'esquif  pour  traverser  lés  eaux.  Il 
est  probable  qu'il  n'est  pas  question  ici  de  la  canne  à 
sucre  ,  mais  d'un  bambou ,  et  cola  d'autant  plus  que  le 
bambou  devient  extrêmement  grand  et  gros  ,  et  que  ,  dans 
l'intérieur  de  ses  nœuds  ,  s'amasse  une  matière  connue  dans 
rinde  sous  les  noms  de  tabaxtr  et  de  saccar-mamhu ^  ou 
sucre  de  bambou  (Garzias). 

Quelques  médecins  ont  cru  que  le  sucre  des  anciens  ,  et 
la  manne,  avoient  de  l'analogie  et  se  récoltoient  de  la  même 
manière  ;  ce  qui  supposoit  alors  que  l'on  croyoit  que  le 
sucre  transsudoit  des  tiges  des  roseaux  de  l'Inde ,  et  s'en- 
croûtoit  à  leur  surface  ;  ce  qui  peut  être  vrai. 

Mais  il  est  bien  reconnu  que  les  anciens  n'ont  pas  du  tout 
confondu  le  sucre  avec  la  manne  ;  il  nous  est  démontré  que 
notre  sucre  éioit  aussi  bien  connu  des  Grecs  et  des  Ro- 
mains, que  le  cinnamomum  ou  la  cannelle,  et  le  piper  ou  poi- 
vre, deux  autres  productions  végétales  qu'ils  tiroient  éga- 
lement des  Indes, 

Il  n'y  a  pas  de  doute  non  plus  que  la  vraie  canne  à  sucre 
n'ait  été  connue  en  Europe  avant  la  découverte  de  l'Amé- 
rique ,  et  que  sa  culture  ne  s'est  répandue  qu'aussitôt  qu'on 
eut  découvert  dans  l'Inde  les  procédés  pour  en  retirer  le 
sucre  en  quantité  ;  jusque-là,  cette  substance  étoit  reléguée 
dans  les  pharmacies  ,  parce  qu'elle  étoit  trop  rare  et  trop 
chère  ,  ou  peut-être  parce  qu'elle  étoit  trop  impure  pour  de- 
venir un  aliment.  Il  paroît  que  c'est  dans  l'Inde  que  le  sucre 
prit  d'abord  une  grande  faveur.  En  Europe,  le  goût  "du  sucre 
ne  commença  à  dominer  que  lorsqu'on  parvint  à  établir  de 
grandes  cultures  de  cannes  à  sucre  en  Amérique;  ce  qui  mit 


SAC  19 

celle  denrée  à  un  prix  de  beaucoup  infe'rieur  h  celui  du  sucre 
qu'on  tiroit  du  liengale ,  et  même  à  celui  retiré  des  cannes 
cultivées  alors  en  Sicile  et  en  Espagne.  Il  existe  encore 
quelques  cultures  de  cannes  à  sucre  en  Sicile.  L'on  dit  que 
les  sucres  de  l'Inde  sont  supérieurs  à  ceux  d'Amérique  ,  ce 
qui  peut  être  vrai  jusqu'à  un  certain  point,  les  cannes  des 
Indes  étant  <lans  leur  pays  natal ,  et  celles  d'Amérique  étant 
dans  un  sol  étranger,  et  de  plus,  ayant  dû  nécessairement 
dégénérer  depuis  leurs  translations  successives  de  l'Inde  en 
Amérique. 

L'on  connoît  plusieurs  espèces  de  cannes  à  sucre,  c'est- 
à-dire  ,  des  cannes  qui  produisent  du  sucre  ;  mais  aucune 
n'est  propre  à  l'Amérique  ,  et  les  diverses  plantes  améri- 
caines ,  qu'on  a  cru  en  être  ,  appartiennent  à  des  genres 
différens,  et  ne  produisent  point  de  sucre. 

Ainsi  donc,  les  véritables  cannes  à  sucre  ou  cannamelles 
(  V.  ce  mot)  ,  sont  étrangères  à  l'Amérique;  et,  comme  les 
Grecs  et  les  Romains  n'ont  connu  aucune  de  ces  cannes  , 
pas  même  celles  qu'on  trouve  à  présent  en  Egypte ,  on  peut 
avancer ,  avec  hardiesse  ,  que  les  cannes  à  sucre  cultivées 
sont  originaires  de  l'Inde.   V.  Saccharum. 

SACCHAROPHORUM.  Nom  donné,  par  Necker, 
au  genre  Imperata  ,  qui  a  pour  type  le  lagurus  cylindricus  ^ 
L. ,  dont  quelques  botanistes  onl  fait  une  espèce  du  genre 
saccharum  (  CaNNAMELLE).  (ln.) 

SACCHARUM.  Les  botanistes  donnent,  avec  Linnœus, 
ce  nom  au  genre  de  graminées  qui  comprend  les  canna- 
melles ou  cannes  à  sucre.  Ce  genre  faisoit  partie  des  arundo 
de  ïournefort,  et  du  phragmiles  d'Adanson  ;  il  comprend 
un  petit  nombre  d'espèces,  et  a  beaucoup  d'affinité  avec 
les  genres  andropogon  ,  pappuphorum  ,  imperaia  ^  erianihus , 
pbgonatherum  ,  vionachne  ,  perotis  ,  qui  même  ,  pour  la  plu- 
part ,  en  ont  fait  partie.  V.  Cannamelle. 

Il  paroît  que  le  nom  de  saccharum^  qui  désignoit  autrefois 
le  sucre  ,  est  corrompu  d'un  mot  indien  ,  saccar  ^  qui  signifie 
Sucre.  Il  y  a  des  auteurs  qui  prétendent  que  saccharon  est 
persan,  et  qu'il  signifie  également  le  sucre  dans  cette  langue. 
Lemery  le  tire  de  l'allemand  kast ,  caisse  ;  il  en  donne  pour 
raison  ,  qu'on  a  coutume  de  transporter  le  sucre  dans  des 
caisses.  Or,  c'est  ce  que  Dloscoride  et  Pline  ne  nous  ap- 
prennent point  ,  et  l'on  sait  que ,  avant  eux  ,  on  connoissoit 
déjà  le  saccharon.  (lis.) 

SACCOLA A  des  Arabes.  Selon  C.  Bauhin,  c'est  le  grand 
Cardamome  des  boutiques,  qu'il  dit  être  aussi  le  s«coM/ed'Av!- 
cenne,  et  Velachi  des  Maures.  V,  Cardamome,   (ln.) 


20  S  A  G 

SAGCOPiiORE.  Nom  français  du  genre  Buxbâume. 
V.  ce  mot.  (b.) 

SACCOPTERYX.  Genre  de  mammifères  de  l'ordre  des 
chéiroptères,  formé  par  llliger,  et  renfermant  une  seule 
espèce,  \evesper(/7io  le/jturus  de  Gmelin,  qui  est  rangé  par  M. 
Geoffroy  Saint- Hilaire  dans  son  genre  Taphiew.  F.ce  mol. 

llliger  donne  pour  caractères  à  ce  genre  :  quatre  incisives 
inférieures  trilobées  ;  point  de  supérieures  ;  les  molaires  à 
tubercules  aigus;  les  oreilles  grandes,  oblongues,  arrondies; 
Toreillon  petit  et  obtus;  un  repli  en  forme  de  petit  sac,  dans 
la  membrane  des  ailes  et  à  la  base  du  bras.  (desm.) 

SAGCULINE,  Sacculina.  (ienre  de  polypiers  établi  par 
Lamarck  ,  mais  qu'il  a  ensuite  nommé  Tibiane.  (b.) 

SACCULUS.  Lluida  donné  ce  nom  à  une  ïérébratule 

FOSSILE,  (desm.) 

SACELLE  (Mirbel).  Sorte  de  fruit.  C'est  i'AcHÈNEde 
Richard ,  écrit  Akène  par  Decandolle.  (b.) 

SACHANDER.  Nom  de  I'Aristoloche  de  l'Inde,  à 
Ccylan.  (b.) 

SACHETTO,  Selon  Séraphin  Volta,  c'est  le  nom  italien 
du  Chélodon  caiius.  (DESM.) 

SACHILOI.  Nom  arabe  de  la  Berce  bratnc-ursine  Qiera- 
ckxim  sphondyliiim)  ^  .selon  Tabernsemontanus,  (ln.) 

SACKAGUSCH.  Nom  turc  du  Pélican,  (v.) 

SAGODiOS.  Pline,  en  traitant  des  améthystes,  s'ex- 
prime ainsi  ;  «  Celles  de  l'Inde  sont  de  la  plus  riche  couleur 
de  pourpre  qui  soit ,  de  sorte  que  les  teinturiers  en  pourpre 
font  leur  possible  pour  parvenir  à  imiter  la  couleur  agréable 
et  franche  des  améthystes  des  Indes.  En  effet,  ajouie-t-il , 
elles  ont  cet  avantage  de  plaire  aux  yeux  sans  les  éblouir  de 
leurs  feux,  comme  font  les  escarboucles.  On  en  trouve  aussi 
qui  tirent  sur  l'hyacinthe.  Les  Indiens  nomment  cette  couleur 
saros  ,  et  les  améthystes  sacodios.  »  Comme  Pline  paroît 
avoir  confondu  les  variétés  de  corindon  rouge  et  les  amé- 
thystes ,  quelques  auteurs  croient  qu'il  s'agit  ici  des  unes 
cl  des  autres,  et  que  le  sacodios  seroit  une  variété  jaune  du 
quarz  améthyste.  Cependant  quelques  autres  auteurs  font 
observer  que  1  hyacinthe  des  anciens  ctoit  une  pierre  bleue, 
et  que  le  sacodios  auroit  été  alors  un  rubis  oriental,  passant 
au  saphir  ;  ce  qui  est  d'autant  plus  probable  ,  que  les  Indiens 
distinguent  encore  à  présent  les  variétés  bicolores  des  rubis  , 
saphirs,  topazes  ei  améthystes  d'Orient,  qui  tous  sont  des 
variétés  du  corindon.    (LiS.) 

SACOULE.  V.  Saccolaa.  (ln.) 

SACQUENUMMENER.  Les  naturels  de  la  Virginie 
donnoient  ce  nom  à  des  baies  qui  nous  sont  demeurées  in- 


s  A  F  21 

connues,  et  qu^ils  recueilloient  sur  une  planle  qui  crolssoit 
dans  les  étangs.  C.  Bauhin  rappelle  ces  baies  dans  son  Pinax, 
et  les  place  à  la  suite  de  ses  capparis.  (lis.) 

SACFVA-HERBA  des  Latins.  V.  Hihrobotane.  (ln.) 

SACRE  {Falco  sacer  ,  Lalh.).  Oiseau  de  proie  du  genre 
des  Faucons.  V.  ce  mot.  (s.) 

SACRE  D'EGYPTE.  Relon  appelolt  ainsi  le  vauiour 
d'Egypte.  V.   l'article  des  Vautours,  (s.) 

SACRET.  Nom  que  l'on  donnoit  autrefois, en  France,  au 
mâle  de  l'espèce  du  sacre.  La  femelle  s'appeloit  Sacre.  V.  ci; 
mot.  (s.) 

SADA-VAINGANI  et  ANA-SCHUNDA.  Noms  que 
l'on  donne ,  sur  la  côte  Malabare ,  à  une  espèce  de  Morelle 
(  Solanum  lasiocarpum  ,  Dunal.  ).  (LN.) 

SADAJAK  ou  SGHADAK.  Nom  du  Pika  chez  les  ïar- 
lares  de  Krasnojar  et  de  Tomen.  (s.) 

SA'DAN.Nomarabe  de  la  NiùVa.ADE(^Neurada procumbens, 

L.).(LN.) 

SADAR  Nom  arabe  duPLAQUEMiNiER  (^Diospyros  lotus,  L.), 
selon  Matthiole.  (ln.) 

SADEB  et  SEDAB.  Deux  des  noms  arabes  de  la  PiUE  , 
selon  Matthiole.  (ln.) 

SA'DEH,  Nom  arabe  de  I'Eclypte  droite  {Edyptaereda^ 
L.  )  ,  qui  est  le  mîcrelium  astéroïdes  ,  Forsk.  (ln.) 

SADENEGL  Nom  arabe  de  I'Hématite  rouge,  (ln  ) 

SADL\NALACH  et  CASTAL.  Noms  arabes  du  Châ- 
taignier ou  de  la  Châtaigne  ,  selon  Matthiole.  (ln.) 

SADICSTiCOS.  L'un  des  noms  arabes  du  Sumac.  J\ 
Rhus.  (ln.) 

SADOT.  Coquille  du  genre  des  Pourpres  {Buccinum  la^ 
pîUus  ).  (B.) 

SADSCHA.  C'est  le  nom  que  les  Russes  donnent  à  Vilt- 
TÉROCLiTE  DE  Tartarie.  V.  ce  mot.  (v.) 

SA'ED.  Nom  arabe  d'une  espèce  de  Souchet  (  Cypenis 
rotïindus^  L.  ).  (LN.) 

SAEFSPARF.  Nom  suédois  de  I'Ortolan  de  roseaux. 

SAEGARIECK.  Nom  turc  des  Pics,  (v  ) 

SAEKAGUSCH.  Nom  turc  du  Pélican,  (v.) 

SAELANTHUS.  Ce  genre,  établi  par  Forskaël,  est  le 
même  que  celui  nommé  cissus  par  Linn:«u3.  Il  comprend 
cinq  espèces,  parmi  lesquelles  on  compte  le  cissus  quadrangu- 
laris  ,  c'est-à-dire  l'AcHiT  quadrangulaire.  V.  Acurr.  (ln.) 

SAELHUND.   En  danois,  c'est  le  Phoque   commun. 

(  DESW.) 

SAFFALON.  C'est,  à  Ardra,  le  nom  du  Rocher  cm- 

CORÉE,  (DESM.) 


23  S  A  F 

SAFFERA,  SAFFRA  et  SAFLOR.  Synonymes  alle- 
mands de  Safbe.  V,  ce  mot.  (ln.) 

SAF-FAR.  F.  Outarde  rhaad.  (v.) 

SAFRAN ,  Crocus ,  Linn.  {triandrie  monogynîe.)  Genre  de 
plantes  à  un  seul  cotylédon  et  à  (leurs  incomplètes,  de  la 
famille  des  irîdées,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  le  Col- 
chique. Ilpr  ^ente  pour  caractères  :  un  calice  coloré,  ayant 
un  très-long  tube  et  un  limbe  ouvert  en  cloche  ,  à  cinq  divi- 
sions égales  et  régulières  ;  trois  étamlnes  à  anthères  sagittées  ; 
un  style  surmonté  de  trois  longs  stigmates  roulés  et  crêtes, 
et  une  capsule  à  trois  loges,  contenant  des  semences  rondes. 

Les  plantes  de  ce  genre  n'ont  point  de  tige  ,  mais  seule- 
ment une  spathe  à  une  ou  deux  valves.  Les  feuilles  et  les  fleurs 
sortent  immédiatement  de  la  racine,  qui  est  un  bulbe  formé 
de  deux  tubercules  placés  l'un  au-dessus  de  l'autre,  et  dont 
le  nouveau  croît  et  vit  aux  dépens  de  l'ancien. 

11  n'y  a  que  huit  ou  dix  espèces  de  safran.  Dans  ce  petit 
nombr'e  on  en  distingue  trois  ,  le  printanier,  le  jaune  et  ïau- 
iomnal  ou  safran  cultivé. 

Le  Safran  printanier,  Crocus  v  émus.,  Linn.,  a  une  spathe 
univalve  et  des  fleurs  d'un  violet  pâle ,  ou  blanches.  Les  seg- 
mens  extérieurs  du  calice,  plus  étroits  que  les  internes,  sont 
peints  de  la  base  au  sommet  de  trois  raies  noires;  et  son  tube 
a  autant  de  raies  pourpres  que  le  limbe  offre  de  divisions. 
La  capsule  est  à  trois  angles  ,  e't  renferme  un  grand  nombre 
de  semences  rondes  et  brunes. 

Celte  plante  vient  du  midi  de  la  France;  elle  se  plaît  sur 
les  montagnes  et  les  lieux  élevés;  elle  est  vivace,et  fleurit  au 
printemps,  quelquefois  en  février  lorsque  l'hiver  a  été  doux. 
Ses  feuilles  croissent  après  que  la  fleur  est  passée  ;  elles  s'é- 
lèvent alors  jusqu'à  six  ou  huit  pouces. 

On  la  voit  fréquemment  pendant  Thiver,  dans  des  pots, 
sur  les  cheminées  de  Paris  et  autres  grandes  villes. 

Trois  autres  espèces,  qui  lui  sont  inférieures  en  beauté, 
ont  été  regardées  comme  ses  variétés. 

Le  Safrats  jaune,  figuré  sous  le  nom  de  crocus  sicllarîs  ^ 
tab.  6  du  L^i^vol.  des  Transactions  de  la  société  horticuilurale 
de  Londres,  a  une  spathe  bivalve  et  les  fleurs  jaunes  avec 
des  raies  noires.  Il  a  aussi  été  regardé  comme  une  variété 
du  précédent,  quoique  fort  différent  dans  toutes  ses  parties. 
On  le  cultive  comme  lui,  soit  en  pleine  terre,  soit  dans  des 
pots.  Sa  couleur  plus  vive  le  rend  même  plus  digne  de  re- 
marque. 

Le  Safran  cultivé.  Crocus  sutims,  Linn.,  a  un  bulbe 

^ros  comme  une  petite  muscade,  un  peu  comprimé,  et  cou- 

erl  d'une  peau  brune  el  filamenteuse.  De  sa  partie  inférieure 


s  A  F  ,3 

sortent  plusieurs  fibres  longues,  qui  pénètrent  assez  profon- 
dément dans  la  terre.  La  fleur  ou  les  fleurs  naissent  de  la 
partie  supérieure  du  bulbe  ,  et  paroissent  en  octobre  ,  très- 
iong-temps  avant  les  feuilles  ;  elles  sont  de  couleur  gris  de 
lin  ou  pourpre  bleuâtre  ;  leur  tube  est  fort  long,  sans  pédon- 
cule, et  se  partage  au  sommet  en  six  segmens  obtus,  ovales 
et  égaux. 

Le  safran  se  multiplie  considérablement  par  ses  bulbes , 
surtout  si  on  le  laisse  en  terre  deux  ou"trois  ans  sans  les  dé- 
ranger. On  les  enlève  quand  la  plante  a  perdu  ses  feuilles  , 
c'est-à-dire  en  juin ,  juillet  ou  août.  Les  uns  les  replantent 
alors  tout  de  suite,  les  autres  attendent  le  mois  de  septembre. 

Les  terres  légères  sont  celles  qui  conviennent  le  mieux  au 
safran  ;  il  réussit  mal  dans  les  terres  humides,  argileuses  ou 
trop  fortes.  On  prépare  le  sol  par  trois  labours  donnés  dans 
l'espace  d'une  année  ^  avec  la  houe  ou  la  bêche;  savoir,  le 
premier  vers  Noël,  le  second  en  avril ,  le  troisième  un  peu 
avant  de  planter. 

Les  ognons  sont  mis  en  terre  avec  ou  sans  leurs  enve- 
loppes ,  à  une  profondeur  et  à  des  distances  qui  varient  selon 
le  sol,  le  climat  et  les  usages  du  pays.  Peu  de  temps  après 
leur  plantation,  ils  produisent  des  racines;  et  aussitôt  que  la 
terre  est  pénétrée  par  Thumidité  de  l'automne,  la  fleur  com- 
mence à  s'élever.  Alor^  on  laboure  superficiellement,  ou  on 
ratisse  ,  pour  mieux  dire  ,  le  sol,  à  deiix  pouces  seulement  de 
profondeur.  Dans  cette  opération,  il  faut  éviter  de  couper 
les  fleurs  naissantes.  Elles  se  montrent  en  octobre;  on  les 
cueille  quand  elles  sont  encore  peu  ouvertes;  celte  récolle  est 
minutieuse  et  longue. 

Quand  les  fleurs  sont  passées,  les  feuilles  paroissent,  el  les 
champs  de  safran  restent  verts  pendant  toute  la  saison  de<; 
frimas.  A  la  fin  de  mai  ,  on  arrache  ces  feuilles  presque 
desséchées, et  on  les  donne  aux  vaches.  Depuis  cette  époque 
jusqu'en  septembre  ,  le  sol  doit  être  labouré  trois  fois,  mais 
très-légèrement.  Les  deux  premiers  labours  se  font  à  trois 
pouces  de  profondeur ,  l'un  au  milieu  de  juin  ,  l'autre  à  la  fin 
d'août;  le  troisième  n'est  qu'un  ratissage.  Au  commencement 
d'octobre ,  on  voit  sortir  de  terre  de  nouvelles  fleurs.  On  suit 
pendant  trois  ans  la  même  culture,  et  ce  n'est  qu'à  la  qua- 
trième année  qu'on  relève  les  ognons ,  après  quoi  on  n'en 
remet  plus  dans  le  même  champ  qu'au  bout  de  douze  à 
quinze  ans. 

La  récolte  du  safran  n'est  pas  seulement  longue  ,  commf 
je  l'ai  dit ,  mais  quelquefois  très-pénible.  S'il  survient  en 
automne  des  pluies  douces  accompagnées  d'un  air  chaud,  le? 
fleurs  paroissent  et  se  succèdent  avec  une  abon.lance  cl  une 


=4  s  A  F 

r.ij)idiJc  (iionnanîes.Les  cultivateurs  n'ont  alors  aucun  repo«, 
et  malgré  tous  leurs  soins,  ils  perdent  souveyt  une  partie  de 
ces  (leurs.  On  les  cueille  avant  que  la  rosée  du  matin  soit 
dissipée,  et  le  soir,  quand  on  est  très-pressé.  Elles  sont  mises 
dans  des  mannes  ou  paniers  ,  et  transportées  ainsi  dans  la 
maison,  où  on  les  épluche,  et  où  on  fait  sécher  les  pistils  à 
une  chaleur  douce.  Un  arpent  donne,  terme  moyen,  quinze 
livres  de  safran  sec. 

L'odeur  du  safran  déplaît  à  quelques  personnes,  et  fait 
même  mal  à  leurs  nerfs,  tandis  qu'il  est  salutaire  à  la  plu- 
part. 

J^a  médecine,  loîfîce  et  la  peinture  font  usage  du  safran. 
On  iempHie  principalement  dans  les  affections  hypocondria- 
ques et  hystériques,  dans  les  cachexies,  l'insomnie,  les 
spasmes  internes  ou  externes,  la  strangnrie,  la  dyssenterie. 
On  en  colore  le  heurre,  les  pâtes,  les  sucreries,  etc. 
Il  sert  .-lu  lavis  des  plans. 

On  vient  d'annoncer  qu'un  sachet  de  safran  porté  sur  l'es- 
tomac préservoii  du  mal  de  mer.  Rien  ne  s'oppose  à  la 
possihilité  de  ce  fait. 

Trois  nialadies  principales  affectent  les  ognons  du  safran 
lors(;u'iis  sont  en  terre,  ha  fausset  qui  est  une  ExosTOSE  d'un 
enlèvement  facile  ;  le  iaron  qui  est  un  Ulcère  dont  on  par- 
vient à  arrêter  les  ravages  par  le  même  moyen  ;  enfin  ,  la 
morf.  Cette  dernière  est  causée  par  un  champignon  parasite 
que  Persoon  a  appelé  ScLÉROTE,  et  Decandolle  Ruizoc- 
TOIVFE.    r.  ces  deux  mots.   (B.) 

SM-HAN  BATARD.  C'est  le  Cartiiame.  (b.) 
S  U"  r;Ai\TAUX.  F.  Amarylî.is  jaune,  (b.) 
SAl  RAN  DES  INDES.  C'est  le  Curc.uma.  (b.) 
SAFRAN  MARRON.  La  Cakne  d'Inde  porte  ce  nom. 

(B.) 

SAFRAN  DE  MARS  ASTRINGENT  NATIF. 

DeJiorn  a  donné  ce  nom  à  l'ocre  de  fer  rouge  naturel  qui  est 
un  fer  oxydé  au  plus  haut  degré,  que  les  minéralogistes  fran- 
çais ont  classé  jusqu'ici  avec  le  Eeroligiste  (fer.  ol.  terreux). 
C)ri  l'emploie  <lans  les  arts,  sous  les  noms  âe  colruiharfossi/c, 
â'o'.re  rouge  ,  et  il  ne  diffère  du  colcothar  artificiel  ou  rouge 
d'Angleterre,  qui  e^t  employé  en  médecine  comme  astrin- 
gent ,  que  p.-u'ce  qu'il  est  moins  pur.  Les  pharmaciens  nom- 
ïTien'  safran  fie  mars  opéri/if  une  composition  qui  ne  diffère  du 
safr.iu  de  mars  astringent  qu'en  ce  qu'elle  contient  de  l'acide 
carbonir|ue  ;  cl,  d'après  le  procédé  en  usage  pour  le  fabriquer, 
on  peut  voir  que  c'est  un  Hydrocarbonate  de  fer  (  Thé- 
nard).  (ln'.) 

SAFRAN   DES    MÉTAUX  ,   Crocus    melallorum.     Les 


s  A  G  ^^ 

pharmaciens  nommoient  ainsi  autrefois  une  préparation 
chimique,  qui  est  une  combinaison  d'oxj^de  d'antimoine]  et 
de  soufre,  unis  probablement  à  un  peu  d'aride,  (ln.) 

SAFRAN  PARFUMÉ.  Synonyme  de  Collet  doré,  (b.) 
SAFRAN  DES  PRÉS.  C'est  le  Colchique  d'automne. 

(B.) 

SAFRANUM.  On  donne  ce  nom  aux  fleurs  de  Car- 
THAME ,  préparées  et  prêtes  à  être  employées  pour  teindre- 
V.  Carthame.  (ln.) 

SAFRE  ou  SVFFRE.  On  a  donné  ce  nom  à  I'Oxyde  de 
COBALT  ,  après  que  la  mine  a  été  grillée  dans  des  fourneaux, 
de  réverbère  ,  pour  la  dépouiller  de  l'arsenic  qui  s'y  trouve 
presque  toujours  en  grande  quantité.  F.Coball,  vol.  7,  p.  221. 

(PAT.) 

SAFSAF.  Nom  de   Camnepetière  ,  en  Rarbarie,  (v.) 

SAFSAF.  Ce  nom  ,  ainsi  que  ceux  de  sofas  ,  saffaf^  kalef 
onchnlef,  biilet  et  chalet ,  sont  donnés  par  les  Arabes  ,  à 
diverses  espèces  de  saules,  et  même  à  l'olivier  de  Rohèrac 
(  Elœagnus  europœus  )  ,  que  nous  nommons  aussi  chalef ,  et 
dont  le  feuillage  rappelle  celui  de  certains  Saules,  (lis.) 

SAFSAF- ROUMY.  Nom  arabe  du  Saule  pleureur 
(  Sali^j  ho.hylonica ,  L.  )  ;  safsaf  beledy  ,  est  le  salix  subserrata  , 
Wiild.  (LN.)  # 

SAFTO.  Nom  que  les  anciens  Égyptiens  donnoient  à  la 

JuSQUlAME(/2/05C/aff2Ji5).    (ln.) 

SAGA,  des  Malais.  Cette  plante  ,  la  même  dit-on  ,  q;ie 
le  Iwrau  de  Kœmpfer,  est,  le  sceura  marina  de  Forskaè'l ,  et 
par  conséquent  une  espèce  à'aoictnnia.  Adanson  a  fait  un 
genre  distinct  àaharau.  V.  ce  mot.  (ln.) 

SAGAN.  Les  Rurales  donnent  ce  nom  au  Renne,  rumi- 
nant du  genre  Cerf.  V.  ce  mot.  (desm.) 

SAGAPENUM,  ou  GOMME  SAGAPIN,  ou  GOMME 
SÉRx\PHIQUE.  C'est  uue  gomme-résine  qui  nous  est  ap- 
portée de  l'Orient ,  sous  forme  de  larmes  concrètes  ,  ou  en 
masses  plus  ou  moins  grosses  ;  elle  est  d'une  couleur  roussâtre 
à  l'extérieur,  d'un  blanc  jaunâtre  en  dedans;  d'une  odeur 
aromatique  forte  ,  approchant  de  lai/  ou  an  poireau  ,  par- 
ticulièrement lorsqu'on  la  brûle  ,  et  d'une  saveur  acre  et 
am-ère  ;  les  jaunes  d'œufs,  le  sirop,  le  miel, la  dissolvent;  elle 
est  soluble  en  grande  partie  dans  les  huiles  et  les  graisses  ,  et 
plus  soluble  dans  l'eau  que  dans  l'espril-de-vin.  Elle  est  pro- 
duite par  une  plante  qu'on  soupçonne  être  une  espèce  de 
Férule,  (d.) 

SAGATEMENER.  Bnns  V Histoire  des  Indes  occidentales , 
il  est  dit  que  les  naturels  de  A'^irginie  retirent  une  huile 
douce  d'un  fruit  qu'ils  nommerai  sugetemener;  ce  fruit  nous  est 
inconnu.   Dans  le  même  ouvrage  ,  on  parle  d'une  seconde 


^5  S  A  G 

espèce  de  fruit ,  appelé  sapiimener,  qui ,  lorsqu'il  eslcuit,a  le 
goàt  de  la  châtaigne  ,  et  dont  on  faisoit  quelquefois  du  pain. 
Ce  fruit  est  sans  doute  le  Chincapin,  (ln.) 

SAGDA.  Pierre  mentionnée  par  Pline  ,  et  qui  nous  est 
inconnue.  Elle  étoil  d'un  vert  de  poireau  ;  les  Chaldeeus 
la  trouvoient  adhérente  à  leur  navire  ;  il  est  prohable  que 
c'éloit  un  zoophyte  coralligène.  V.  Samothracia. 

Quelques  auteurs  nomment  sagda  obseurelcisispe  vert  opa- 
que ,  dont  Pline  parle  implicitement  dans  ce  passage.  «  Ou 
trouve  aussi  du  jaspe  vert,  lequel  se  rencontre  souvent  trans- 
parent »  Le  mot  souvent  fait  comprendre  qu'il  y  avoit  aussi  dis 
jaspe  vert  opaque,  (ln.) 

SAGEDIE,  Sagedia.  (ienre  de  Lichen  établi  par  Achard  , 
et  qui  rentre  dans  ceux  qui  ont  été  appelés  :  Urcéolaire  , 
Dialecte  ,  Thétrème  ,  par  le  même  auteur,  (b.) 

SAGENITE.  C'est  le  nom  que  Saussure  a  donné  au 
Titane  oxydé  cristallisé  en  petites  aiguilles  ,  disposées  eu 
réseau  ,  qui  imite  le  filet ,  appelé  sagena.  F.  Titane  oxyde. 

(PAT.) 

SAGER.  Nom  allemand  des  Harles.  (v.) 

SAGEROTTHEM.  Espèce  d'EupHORBE  ,  dont  le  suc 
Sert  à  empoisonner  les  armes  dans  le  royaume  de  Sennar.  (b.) 

SAGESSE  DES  CHIRURGIE^  Ancien  nom  fran- 
çais du  SiSYMBRE  A  PETITES  FEUILLES.  (B.) 

SAGGAOUY  ,  SARAQUH.  Noms  égyptiens  de  la 
Cresserelle.  (v.) 

SAGIF.  En  turc  et  en  arménien  ,  c'est  la  Loutre.  V.  ce 
mot.  (desm.) 

SAGINA.  Césalpîn  nous  apprend  qu'on  donnoit  ce  nom, 
en  Italie  ,  à  une  espèce  de  Sorgho  (  holcns  bicolor  ^  Linn.  ). 
Ce  nom  qui  dérive  d'un  verbe  latin,  qui  signifie  engraisser  , 
convient  au  sorgho  dont  les  graines  sont  très-nourrissantes. 
Le  sagina  de  Linnœus  est  un  genre  de  plantes  caryophyi- 
lées  très-petites,  et  auquel  ce  nom,  pris  dans  son  accep- 
tion, n'étoit  pas  applicable;  d'ailleurs,  ce  genre  avoit  él«5 
nommé  Alsindla  par  Dillen.  Adanson  et  Mocnch  lui  ont  ce- 
pendant conservé  le  nom  de  sagina,  seulement  Moench  a  ap- 
prouvé la  séparation  du  sagina  crecla^  dont  Ehrhard  avoit  f.tit 
son  genre  Moenclna\  mais  ce  botaniste  a  cru  devoir  le  dé.si- 
gner  par  Alsinella.  M.  Persoon  lui  a  rendu  son  premier  nom. 
F.  ci-après,  (ln.) 

SACàlNA.  On  appelle  ainsi  le  Sarrazin,  dans  quelques 
parties  de  Tltalie.  (b.) 

SAGINE  ,  Sagina.  Genre  de  plantes  de  la  tclrandrie  mo- 
nogynie  ,.et  de  la  famille  des  caryophyllées  ,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calic*;  vlivisé   eu  quatre  parllcs  ;  une  corolle 


S*A   G  27 

de  quatre  pétales  (  rarement  point  )  ;  quatre  étamincs  ;  un 
ovaire  supérieur ,  surmonté  de  quatre  styles;  une  capsule  à 
quatre  loges  ,  à  quatre  valves  ,  contenant  un  grand  nombre 
de  semences. 

Ce  genre  ,  aux  dépens  duquel  on  a  établi  ceux  appelés 
Ai-siNELLEet  MoENCHiE  ,  Centaurelle  et  Bartonie  ,  ren- 
ferme des  herbes  très-petites  ,  annuelles  ,  à  feuilles  oppo- 
sées ,  à  [leurs  ordinairement  solitaires  ,  terminales  et  axillai- 
res  ,  et  portées  sur  de  longs  pédoncules.  On  en  compte  six 
espèces ,  dont  les  plus  communes  sont  : 

La  Sagine  rampante  ,  qui  a  les  tiges  couchées.  Elle  se 
trouve  en  Europe  ,  dans  les  prés  un  peu  humides  ,  sur  le 
bord  des  ruisseaux,  etc.  ,  où  elle  forme  quelquefois  de  petits 
gazons  assez  agréables.  Elle  manque  quelquefois  de  corolle. 

La  Sagine  droite  ,  qui  a  la  tige  droite  ,  presque  unidore. 
Elle  se  trouve  en  Europe  ,  dans  les  lieux  incultes  et  argileux  , 
au  pied  des  murailles  ,  etc.  Elle  est  très-commune  dans  cer- 
tains cantons.  Elle  manque  aussi  quelquefois  de  pétales.  Elle 
s'élève  au  plus  à  trois  pouces,  (b.) 

SAGISER.  C'est,  dans  Gesner,  le  Courlis  vert,  (s.) 

SAGITÏA.  L'un  des  noms  latins  des  Bélemnites.  (desm.) 

SAGITTA.  Pline  range  cette  plante  parmi  les  algues  de 
marais  ,  qui  sont  des  plantes  aquatiques  ;  il  dit ,  d'après 
Magon  ,  que  c'est  le  pisiana  des  Grecs ,  et  que  le  vrai  temps 
de  la  couper,  est  depuis  la  mi-mai  jusqu'à  la  fin  d'octobre  , 
et  qu'il  faut  la  mettre  sécher  petit  à  petit  au  soleil.  Voilà  ce 
que  dit  Pline  ,  sur  le  sagitla ,  qui  devoit  avoir  sans  doute  la 
feuille  en  forme  de  flèche  ,  pour  mériter  son  nom  ;  et  comme 
il  la  place  avec  des  plantes  marécageuses  ,  les  commenta- 
teurs et  tous  les  botanistes  ne  paroissent  pas  douter  que  ce 
ne  soit  notre  FlÉchièRE  commune  (  Sagittaria  sagittifolia,  L.) 
qui  ,  jusqu'à  Linnœus ,  a  porté  le  nom  de  sagilla,  que  le 
botaniste  suédois  a  changé  en  sagittaria,  dénomination  qu'il 
a  rendue  générique.    T.  Flechière.  (ln.) 

SAGITÏA  MARINA.  On  a  donné  ce  nom  aux  Pen- 

NATULES.  (desm.) 

SAGITïAlPiE.  Nom  sous  lequel  M.  Yosmaer  a  décrit 
le  Secrétaire,  (s.) 

SAGITTARIA.  C'est  ainsi  que  Linnœus  désigne  le  genre 
desFLÉCHiÈREs,  plantes  aquatiques.  C'est  sous  le  nom  de  5a- 
gitta  que  quelques  botanistes  qui  l'ont  précédé  ,  ont  indiqué 
non-seulement  quelques  espèces  de  ce  genre  *,  le  sagiita  de 
Tournefort ,  mais  aussi  Vaiisma  cuidifolia  ,  L.  ,  le  poniederia 
Iiostata  ,  L.  ,  etc.  (ln.) 

SxVGITTULE,  Saglllula.  (xcnre  de  vers  intestins  établi 


3»  S  A  G 

par  Bastiani.  Ses  caraclères  sont  ainsî  rëcligés  par  Lamarck  : 
corps  mou  ,  oblong  ,  un  peu  déprimé  ,  terminé  anlérieure- 
ment  par  un  renflement  pyramidal,  hérissé  en  dessus  de 
pointes  dirigées  en  arrière  ;  deux  appendices  opposées  et 
cruciformes  à  la  partie  postérieure  du  corps  ;  un  suçoir  en 
trompe  rétracti'.e,  inséré  en  dessous,  sous  le  sommet  du  ren- 
flement pyramidal. 

Ce  genre ,  qui  se  rapproche  des  ÉcHnsoRiiNQUES  ,  ne  con- 
tient qu'une  espèce  qui  se  trouve  dans  les  intestins  de  l'hom- 
me ,  et  qui  est  figurée  dans  le  sixième  volume  des  Actes  de 
l'Académie  des  Sciences,  (b.) 

SAGOIN  ,  CallUhrix  ,  Cuv.  ,  Geoffr.  ,  Illig.  ;  Cebus  , 
Erxleb.  ;  Siniia  ,  Linn.  ,  Gmel.  ,  Schreb.  ,  Shaw,  ,  etc. 
Genre  de  mammifères  de  Tordre  des  quadrumanes,  et  ap- 
partenant à  la  division  des  singes  d'Amérique  ,  c'est-à-dire  , 
de  ceux  qui  ont  six  molaires  de  chaque  côté  des  deux  mâ- 
choires, et  les  narines  écartées. 

Les  caractères  propres  à  ce  genre  ,  selon  M.  Geoffroy  , 
sont  les  suivans  :  tète  arrondie;  angle  facial  de  60.";  museau 
court  ;  yeux  grands  et  profonds  ;  cloison  des  narines  large  , 
mais  moins  que  la  rangée  des  dents  incisives  supérieures  ; 
incisives  inférieures  verticales  et  contigiies  aux  canines  ; 
oreilles  très-grandes  et  déformées  ;  queue  à  peu  près  de  la 
longueur  du  corps,  non  prenante  et  couverte  de  poils  courts; 
ongles  courts,  droits  et  relevés. 

Les  caractères  tirés  de  la  queue  et  des  ongles,  servent 
particulièrement  à  séparer  ce  genre  de  ceux  des  sapajous  et 
et  des  sakis  ;  le  premier  offrant  une  queue  prenante  ,  et  le 
dernier  une  queue  touffue  dans  les  espèces  qu'il  renferme; 
mais  celui-ci  est  surtout  distingué  par  les  incisives  inférieures 
qui  sont  proclives. 

Au  surplus  ,  les  sagoins  sont  des  singes  très-rapprochés 
des  sapajous  et  des  sakis  ,  par  leurs  habitudes  et  par  leur  or- 
ganisation. Ils  vivent  comme  eux  dans  le$  forêts  de  l'Amc- 
rique  méridionale  ,  presque  constamment  perchés  sur  les 
arbres,  et  voyageant  de  branches  en  branches.  Ils  vont  en 
troupes  ou  en  familles  ;  se  nourrissent  de  fruits  ,  d'œufs  d'oi- 
seaux, d'insectes,   etc. 

l'remière  Espèce.  —  Le  SagoiN  SAIMIRI  ou  ÇAIMIRI  ' 
CaUlihrix  sdwca ,  Geoffr.,  Ann.  du  Mus.,  tome  19  ,  page  ii3- 
• —  Le  Saimiri  ,  Buffon  ,  tome  i5  ,  pi.  67.  —  Si/nia  scîurea  , 
Linn. ,  Gmel.; —  Saimiri,  Audebert,  Ilist.  des  Singes,  fam.  5, 
sect.  2  ,  fig.  7.  —  Le  TiTi  DE  l'Orénoque  ,  Humboldt  , 
Recueil  d'olseiva/ions  zoologiques,  page  332.  —  Vulgairement 
■iapajou  jaune ,  sapajou  aurore  ,  sapajou  orangé  ,  sapajou  de 
Caycnne,  slnge-érureuil ,  etc. 


s  A  G  29 

Le  nom  de  sciurea^  donné  par  Linnceus  à  ce  singe,  lui  vient 
de  sa  petite  taille  ,  et  de  la  gentillesse  de  ses  manières  qui  se 
rapportent  à  celles  des  écureuils.  Il  se  trouve  dans  plusieurs 
contrées  de  l'Amérique  méridionale  ,  mais  principalement  à 
Cayennc.  C'est  un  joli  petit  animal  remarquable  par  la  viva- 
cité de  sa  physionomie ,  l'éclat  de  son  pelage  ,  la  grâce  et  la 
mignardise  de  ses  actions.  Sa  tête  est  arrondie  ,  couverte  de 
poils  courts  ;  ses  oreilles  sont  nues ,  plates  ,  appliquées  contre 
sa  tête  ,  et  anguleuses  supérieurement  et  postérieurement  ; 
ses  yeux  sont  gros,  et  leur  iris  est  châtain;  sa  face  estblanche 
(  surtout  dans  les  individus  vivans).;  une  tache  noirâtre  com- 
prend le  bout  du  nez  ,  la  lèvre  supérieure  et  la  lèvre  infé- 
rieure ;  chaque  œil  est  entouré  d'un  cercle  couleur  de  chair  ; 
le  sommet  de  la  tête  est  gris  olivâtre  ou  verdâtre.  Le  dos  est 
tantôt  de  cette  même  couleur,  et  tantôt  marbré  de  roux  vif 
et  de  noir;  les  épaules  ,  les  bras  en  dehors  ,  les  cuisses  et  la 
face  externe  des  jambes  postérieures  ,  sont  du  même  gris 
olivâtre  de  la  tête  ;  les  avant-bras  ,  les  mains  ,  et  les  pieds  de 
derrière  en  entier,  sont  d'un  jaune  tirant  sur  le  roux  ou  la 
couleur  de  feu  \  le  ventre  est  d'un  gris  très-légèrement  teint 
de  jaunâtre  ;  la  queue  est  d'un  gris  verdâtre  en  dessus ,  et 
blanchâtre  en  Jessous  ;  son  extrémité  est  noire  sur  une  lon- 
gueur d'un  à  deux  pouces. 

Le  saimiri  est  assez  souvent  apporté  en  Europe  ,  et  c'est 
un  des  singes  les  plus  recherchés,  à  cause  de  la  vivacité  de  ses 
couleurs  et  de  sa  gentillesse  ;  itiais  il  vit  peu  de  temps  dans 
nos  climats  ,  et  périt  d'ennui. 

M.  de  Humboldt,  qui  l'a  observé  dans  son  pays  natal ,  dit 
qu'il  est  commun  ausuddes  cataractes  de  l'Orénoque,  et  qu'il 
en  existe  une  variété  plus  grande  et  plus  sauvage  sur  les  bords 
du  Rio  Guaviaré  ,  tandis  que  les  plus  petits  et  les  plus  gen- 
tils sont  ceux  du  Cassiquiare.  C'est  un  animal  d'un  carac- 
tère doux ,  extrêmement  actif  et  toujours  agité  ,  qui  pleure 
lorsqu'il  éprouve  quelques  inquiétudes,  et  qui  regarde  fixe- 
ment la  bouche  des  personnes  qui  parlent.  Il  aime  passion- 
nément les  araignées  et  les  insectes,  et  est  doué  d'assez  de 
sagacité  pour  reconnoître  ceux-ci  sur  des  figures.  M.  de 
Humboldt  rapporte  aussi  qu'il  défile  les  insectes  que  les  en- 
tomologistes ont  rassemblés  ,  pour  les  manger. 

Les  saimiris ,  selon  le  même  naturaliste,  se  groupent 
pour  se  fenir  chaud  mutuellement.  Les  petits  sont  très-atta- 
chés à  leur  mère  ,  et  ne  s'en  séparent  pas  même  après  qu'elle 
a  été  tuée.  Le  prix  d'un  de  ces  singes  ,  en  Amérique  ,  est  de 
huit  à  neuf  piastres. 

M.  Geoffroy,  qui  distingue  dtux  variétés  dans  cette  e's- 
pèce,  dit  que  le  saimiri  à  dos   unicolor  est  de  la  Guyane, 


3o  S  A  G 

et  que  celui  qui  est  marbré  de  roux-vif  et  de  noir  ,  vient  du 
Brésil, 

Seconde  Espèce.  —  Le  Sagoin  a  masque  ,  Callithrix  perso- 
ntiliis,  Geoff.  ,  Ann.  du  Mus. ,  tome  19  ,  page  ii3  ,  fig.  2. 

Cette  espèce  nouvelle  ,  qui  fait  partie  de  la  collection  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris ,  où  elle  est  étiquetée 
sous  le  nom  de  Nyciipithecus  personalus ,  est  d'un  quart  plus 
grande  que  la  précédente.  Sa  taille  est  à  peu  près  celle  du 
sapajou  saï  ;  mais  sa  tête  est  plus  petite  que  celle  de  cet 
animal.  Son  pelage  est  composé  de  longs  poils  ,  générale- 
ment gris-fauve.  Sa  face  ,  le  sommet  de  sa  tête  ,  ses  joues  et 
les  poils  du  derrière  de  ses  oreilles,  sont  d'une  couleur  brune 
foncée  ;  les  poils  du  dos,  des  bras  et  des  cuisses  ,  sont  gris  , 
et  annelés  de  blanc  sale  vers  la  pointe  ,  ce  qui  rend  le  pelage 
comme  grivelé  ;  ceux  du  ventre  sont  d'un  gris  uniforme  ,  très- 
légèrement  tcinis  de  brunâtre  ;  le  poignet  et  la  main  ,  ainsi 
que  le  pied  ,  à  l'exception  du  talon  ,  sont  absolument  du 
même  brun  que  la  tête  ;  la  queue ,  un  peu  moins  longue  que  le 
corps  ,  est  médiocrement  touffue  et  d'un  fauve  roussâtre.  Il 
y  a  lieu  de  croire  que  cette  espèce  habite  le  Brésil. 

Troisième  Espèce.  —  Le  Sagoin  veuve  ,  CalUlhrix  lugens  , 
Geoffr.  ,  Ann.  du  Mus.  d'iiist.  nat. ,  tome  19  ,  p.  ii3  ,  sp.  3. 
—  La  Viudifa,  Hmnholdl,  Recueil  d^ohsen>.  zoolog.,  page  3ig. 

La  Viudlta  de  M.  Humboldt  est  un  joli  singe,  dont  le  corps 
a  environ  quatorze  pouces  de  longueur  ,  et  dont  la  queue  est 
de  bien  peu  plus  longue.  Sa  tête  est  ronde  ,  son  museau  fort 
court,  son  poil  doux,  luslré  ,  d'un  beau  noir  uniforme  ,  à 
l'exception  du  cou  et  des  mains  de  devant  ,  qui  sont  blancs. 
La  face  est  d'une  couleur  blanchâtre  ,  tirant  sur  le  bleu  , 
avec  deux  lignes  blanches  qui  se  rendent  des  yeux  aux  tem- 
pes ;  le  poil  noir  du  sommet  de  la  tête  présente  des  reflets 
pourprés  ,  les  yeux  sont  d'un  brun  qui  tire  sur  le  vert  ;  leur 
diamètre  est  médiocre  ;  les  oreilles  sont  presque  nues  ;  les 
pieds  de  derrière  sont  noirs,  ainsi  que  la  queue. 

Ce  singe  guette  les  pelits  oiseaux,  s'élance  sur  eux  ,  et  les 
dévore.  A  l'état  libre  il  paroît  très-actif.  En  captivité  ,  au 
contraire  ,  il  montre  beaucoup  de  douceur  et  de  timidité  ;  il 
reste  sans  mouvement  pendant  des  heures  entières ,  et  re- 
fuse la  nourriture  qu'on  lui  offre.  Il  craint  de  se  trouver 
avec  les  autres  singes  ,  et  surtout  avec  les  saimiris  ,qui  sont 
de  petits  auiuiaux  joueurs  et  irès-turbulens. 

On  le  rencontre  dans  les  forêts  qui  bordent  le  Cassiquiare 
et  le  Rio  Guaviaré  ,  près  de  San-Fernando  de  Atabapo,  II 
habite  également  les  montagnes  granitiques  peu  élevées,  que 
l'on  rencontre  sur  la  rive     roite  de  l'Orénoque  ,  derrière  la 


s  A  G  3r 

mission  àe  Sanla-Barbata.  On  n'a,  d'ailleurs,  aucun  rensei- 
gnement positif  sur  ses  habitudes  naturelles. 

Quatrième  Espèce.  —  Le  SagOIN  A  FRAISE  ,  CalUlhrix  amie- 
ius ,  Geoffr.  ,  Ann.  du  Mus.,  tome  19,  page  114.,  sp.  4. 

Ce  singe  ,  dont  il  existe  un  individu  dans  la  colieclion  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  est  un  peu  plus  grand 
que  le  saimiri ,  et  sa  taille  se  rapproche  assez  de  celle  du 
sagoin  à  masque.  Tout  son  corps  ,  ainsi  que  ses  avant-bras 
et  ses  jambes  ,  sont  d'un  noir  teint  de  brun.  Sa  queue  ,  d'un 
quart  plus  longue  que  le  corps  ,  est  couverte  de  poils  assez 
courts  ,  ce  qui  fait  qu'elle  paroît  mince.  Ses  joues  sont  parse- 
mées de  poils  bruns  assez  rares.  Le  desso.us  de  son  cou  et  le 
commencement  de  sa  gorge  ,  présentent  une  tache  d'un  beau 
blanc  en  forme  de  fraise.  Ses  mains  ,  depuis  le  poignet ,  sont 
d'un  jaune  terne;  sa  queue  est  toute  noire. 

Le  pays  d'où  cet  animal  provient  est  inconnu.  Il  y  a  lieu 
de  croire  qu'il  habite  le  Brésil. 

Cinquième  Espèce.  —  Le  Sagoin  a  COLLIER,  Calliihrixlor- 
quatus,  Geoffr.  ;  Ann.  du  Mus. ,  tome  19 ,  page  n4. ,  sp.  5. 

Celui-ci  ne  nous  est  connu  que  par  la  phrase  donnée  par 
M.  Geoffroy  ,  et  qui  indique  un  pelage  brun-châtain  en  des- 
sus ,  jaune  en  dessous;  un  demi-collier  blanc,  et  la  queue 
un  peu  plus  longue  que  le  corps. 

M.  Geoffroy  cite  M.  le  comte  de  Hoffmansseg  ,  comme 
ayant  le  premier  distingué  cette  espèce;  mais  cette  indication 
ne  nous  paroît  pas  exacte  ,  d'après  les  recherches  que  nous 
avons  faites  ,  pour  acquérir  plus  de  connoissances  relatives  à 
CL't  animal. 

Sixième  Espèce.  —  Le  Sagoin  moloch  ,  CalUthrix  moloch  , 
(^leoffr. ,  Ann.  du  Mus.  d'Hist.  nat.,  tome  ig  ,  page  Ii4,  sp.  6. 
—  Cebus  moloch  ,  Hoffmansseg. 

Ce  singe  du  Brésil ,  appelé  moloch  par  M.  de  Hoffmans- 
seg, est  un  des  plus  jolis  qui  aient  été,observés.  Il  est  un  peu 
plus  petit  que  le  Sapajou  Saï.  Tout  le  dessus  de  son  corps, 
de  sa  tête  et  de  son  cou ,  et  la  face  extérieure  de  ses  mem- 
bres, sont  recouverts  de  poils  annelés  de  gris  -  brun  et  de 
blanc  ,  d'où  il  résulte  un  mélange  très-uniforme  et  très- 
agréable  de  ces  deux  teintes.  Sa  queue  est  de  moitié  plus  lon- 
gue que  le  corps  ,  assez  touffue  vers  sa  base  ,  et  mince  à  la 
pointe  ;  elle  est  recouverte  de  poils  grivelés  de  gris-brun ,  de 
noirâtre  et  de  blanc  sale  ,  et  ses  poils  ont  leurs  anneaux  plus 
écartés  que  ceux  qui  revêtent  le  corps  ;  le  dessus  des  pieds  , 
mais  surtout  des  antérieurs,  et  le  bout  de  la  queue  ,  sont  d'un 
gris  clair,  presque  blanc.  La  face  est  nue  et  obscure  ;  les 


3i  S  A  G 

joues  ,  ie  dessous  du  cou,  la  poitrine  ,  le  ventre  ,  la  face  in- 
terne des  quatre  membres  ,  sont  d'un  beau  fauve  roussâlre  , 
puissant  même  au  roux  pur  sur  les  parties  qui  sont  conliguës 
à  la  couleur  grise  du  reste  du  corps. 

On  ne  sait  rien  de  ses  habitudes  naturelles,  (desm.) 
SAGONE,  Rekhelia.  Plante  de  la  Guyane,  à  liges 
droites  ,  simples,  hautes  de  deux  à  trois  pieds  ;  à  feuilles  al- 
ternes ,  ovales,  presque  sessiles  ;  à  ileurs  bleues,  disposées 
en  bouquets  dans  l'aisselle  des  feuilles  ,  qui  forme  un  genre 
dans  lapentandrie  trigynie  ,  et  dans  la  famille  des  liserons. 
Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  cinq 
parties  aiguës;  une  corolle  monopétale,  campanulée,  à  cinq 
lobes  aigus;  cinq  étamines;  un  ovaire  supérieur  surmonté 
de  trois  styles  à  stigmate  en  tête;  une  capsule  presque  trigonc, 
à  trois  loges  ,  s'ouvrant  transversalement  par  son  milieu  ,  et 
contenant  un  grand  nombre  de  semences  attachées  à  un 
très-grand  réceptacle,  (u.) 

SyVGORIDA.  Nom  espagnol  des  Sarriettes,  (o.) 
SAGORIS.  V.  SAGotN.  (s.) 

.SA.GOU.  Nom  d'une  espèce  de  pâle  végétale  et  alimen- 
taire ,  qu'on  prépare  aux  Indes  avec  la  moelle  de  quelques 
palmiers  ,  principalement  avec  celle  du  palmier  sa goii  ou  sa- 
gouiier.  Cette  substance  nous  esl  apportée  des  îles  Moiuques, 
en  petite  grains  de  couleur  roussâlre  et  de  la  grosseur  à  peu 
près  de  ceux  du  millet.  Elle  est  inodore,  d'une  saveur  fade  , 
et  se  mange  apprêtée  de  plusieurs  manières,  comme  le  RiS 
et  le  Vermicelle.  F.  les  mots  Cycas  et  Sagoutjer.  (d.) 

SAGOU  DE  BROWNE.  On  appelle  ainsi ,  en  Angle- 
terre la  farine  du  Haricot  mut^go.  (b.) 

SAGOU  DE  L'INDE.  Il  est  fourni  par  le  Phœnix  fa- 
RiNiFÈRE  ,  espèce  du  genre  Dattier,  (b.) 
SAGOUIN.    F.  Sagoin.  (s.) 

SAGOUTIER  ,  iS'fi'^us.  (ienre  de  palmiers  de  la  division 
des  monoïques  ,  qui  offre  pour  caractères  :  une  spathe  uni- 
verselle coriace,  hérissée  extérieurement  de  plusieurs  rangs 
d'épines;  des  spathes  partielles,  squamlformes  ,  éparses  ; 
un  spadix  très-rameux  ;  un  calice  et  une  corolle  à  trois  divi- 
sions ;  six  étamines  dans  les  fleurs  mâles  ;  un  ovaire  supérieur 
à  style  Irifide  et  à  stigmate  simple  dans  les  (leurs  femelles. 
Le  fruit  est  turbiné  ou  globuleux  ,  acuminé  au  sommet , 
couvert  d'écaillés  imbriquées  et  luisantes  ,  d'abord  pulpeux, 
se  desséchant  ensuite  et  devenant  ferme ,  coriace  et  mono- 
sperme. 

Ce  genre  renferme  trois  ou  quatre  espèces,  qui  sont  encore 
impartaitement  connues  ,  ou  mieiix  ,  qui  se  confondent  sous 


p.  Il 


y  ■ .  'taiiurr  n  cc/'t'o^, '(//// 


2,    .    .  ("({(/(w/ff/^     /-]f/'(/u/h/-e 


^*>  ■  S,r/.r/>/r/-cf//<>  (/f /V/yf/ur  .     /.    S(7//.'fr////    A/,r 


s  A  G  3S 

ié  miîinc  nom.  Il  a  été  appelé  Metrox  llcN  parRottbol,qui 
le  premier  a  fait  connoître  exactement  ses  caractères. 
Gœrtner ,  qui  ensuite  en  a  décrit  les  fruits  ,  lui  a  conservé 
le  nom  vulgaire  de  sugou^  qile  lui  donnent  les  habitans  d'Am- 
boine.  Labillardière  a  ajouté  encore  à  nos  connoissances  à 
son  égard.  Il  n'en  indique  qu'une  espèce  ,  qu'il  a  appelée 
Sagiis  genuîna.  V.  sa  figure ,  pi.  P.  II. 

Le  sagoutier  croît  à  Amboine  ,  à  Sumatra  ,  aux  îles  Molu- 
ques ,  etc. ,  dans  les  terrains  marécageux.  Ses  racines ,  minces, 
fibreuses  ,  rampantes  ,  s'étendent  à  de  grandes  distances  et 
poussent  des  rejets  nombreux.  11  n'est  pas  rare  ,  selon  le  rap- 
port de  Rumphius  ,  de  voir  les  parties  du  terrain  sur  lequel 
il  croît  ,  être  entraînées  par  les  torrens ,  et  flotter  sur  le  bord 
de  la  mer  comme  des  portions  d'îles  qui  auroierit  été  déta- 
chées de  leur  fond. 

Il  sort  des  racines  des  sagoutiers  une  grande  quantité  de 
feuilles  ailées  ,  réunies  à  leur  base  ,  longues  d'environ  vingt 
pieds.  Ces  feuilles  sont  portées  sur  des  pétioles  armés  de 
touffes  d'épines  qui  protègent  le  tronc  naissant  contre  toutes 
espèces  d'animaux  ,  et  surtout  des  sangliers  ,  qui  sont  très- 
friands  de  la  substance  qu'il  contient. 

Le  tronc  s'élève  à  la  hauteur  de  dix  à  douze  pieds.  Son 
écorce,  formée  de  fibres  épaisses  ,  recouvre  une  substance 
médullaire,  blanche,  humide  ,  qu'on  mange  sous  diverses 
formes. 

Le  sagoutier  ne  donne  de  fruit  que  lorsqu'il  est  parvenu  à 
son  dernier  développement  ,  c'est-à-dire  lorsqu'il  approche 
de  l'âge  de  retour.  Comme  la  fructification  n'a  lieu  qu'aux 
dépens  de  la  partie  farineuse  ,  les  habitans  retardent  cette 
époque  ,  après  laquelle  on  soupire  pour  les  autres  produc- 
tions végétales.  C'est  du  milieu  des  feuilles  que  s'élève  la 
spathe  sous  la  forme  d'un  trait  oti  d'une  flèche.  Lorsque 
cette  enveloppe  coriace  s'ouvre  ,  on  voit  paroître  ce  spadix 
couvert  de  fleurs  sessiles  auxquelles  succèdent  des  fruits  ar- 
rondis ,  marqués  d'un  ombilic  à  leur  base  ,  et  de  la  grosseur 
d'un  œuf  de  poule. 

On  reconnoît  que  la  substance  farineuse  a  acquis  la  qualité 
convenable  pour  être  mangée ,  lorsque  les  feuilles  se  couvrent 
d'une  poudre  blanchâtre  qui  paroît  n'être  qu'une  transsuda- 
tion de  la  moelle.  Quelquefois  aussi  on  fait  un  trou  dans  le 
tronc  ,  et  après  en  avoir  retiré  quelques  parcelles  de  subs- 
tance médullaire  ,  on  les  broie  dans  la  main  ,  et  l'on  juge  , 
par  les  qualités  de  la  farine  ,  si  elle  est  parvenue  à  son  point 
de  maturité. 

Un  sagoutier  e»l  sept  ans  à  croître.  A  cet  âge  ,  il  donne 


U  s  A  G 

3oo  livres  de  fécule,  et  cette  quantité  suffit  pour  nourrir  un 
homme  pendant  le  tiers  d'une  année. 

De  tous  les  palmiers  qui  croissent  dans  l'Inde  ,  le  sagoutier 
est  un  des  plus  intéressans.  Il  est  utile  dans  presque  toutes 
ses  parties.  11  découle  des  incisions  qu'on  fait  à  son  tronc  , 
une  liqueur  qui  passe  promptement  à  la  fermentation  ,  mais 
qui  est  saine  ,  et  extrêmement  agréable  à  boire.  Si  on  n'en 
fait  pas  un  grand  usage ,  c'est  parce  que  l'expérience  a  appris 
que  c'est  toujours  aux  dépens  de  la  quantité  de  farine  qu'elle 
se  produit ,  et  parce  qu'il  est  plus  important  d'avoir  de  cette 
dernière.  Sontronc,  sesfeuilles  ,  sont  d'une^rande  ressource 
dans  la  construction  des  maisons;  le  premier  fournit  la  char- 
pente et  les  planches  ,  et  les  secondes  la  couverture.  On  fait 
aussi ,  avec  ces  dernières  ,  des  nattes  ,  des  cordes  ,  et  autres 
objets  d'utilité  domestique.  F.  au  mot  Palmier. 

Pour  faire  la  récolte  delà  fécule  du  sagoutier,  on  coupe 
le  tronc  et  on  le  partage  en  plusieurs  tronçons  qu'on  fend  en 
trois  ou  quatre  morceaux.  On  arrache  la  moelle  ,  on  la  dé- 
pouille de  ses  enveloppes,  on  l'écrase,  on  la  met  dans  un 
baquet  avec  de  l'eau,  et  on  l'agite  jusqu'à  ce  que  la  fécule 
soit  entièrement  suspendue  ;  ensuite  on  la  passe  dans  un 
tamis  de  crin.  On  met  ce  qui  a  passé  dans  des  vases  où  la 
fécule  se  dépose  ,  et  d'où  on  la  relire  par  la  décantation  de 
l'eau.  Ce  qui  est  resté  sur  le  tamis  se  donne  aux  cochons  ou 
se  jette  dans  le  jardin.  Dans  ce  dernier  cas  ,  il  se  produit 
bientôt  une  quantité  de  champignons  d'un  goût  exquis,  et 
dt&  larves  de  charansons  ^  qui  ne  sont  pas  moins  estimées 
comme  aliment.  V.  au  mot  Cossus. 

La  fécule  ,  ainsi  déposée  ,  est  coupée  en  petits  pains  , 
que  l'on  fait  sécher  à  l'ombre.  C'est  le  véritable  sagou.  On 
en  fait  du  pain  ou  mieux  des  galettes;  car,  seul,  il  n'est  pas 
susceptible  de  fermentation.  On  le  mange  en  bouillie,  cuit 
dans  la  sauce  des  viandes  et  des  poissons,  enfin,  de  toutes  les 
manières  que  l'on  peut  manger  la  fécule  de  pomme-de  terre 
en  Europe.  Il  s'en  fait  une  très-grande  consommation  ,  non- 
seulement  dans  les  îles  citées  plus  haut,  mais  encore  dans 
les  contrées  voisines  ,  et  même  en  Europe  ,  où  les  Hollandais 
en  importent  une  assez  grande  quantité. 

Cinq  hommes  peuvent ,  dans  une  journée  ,  couper  assez 
de  sagoutiers  ,  séparer  le  sagou  des  fibres  ligneuses  ,  le  faire 
cuire  ,  pour  en  nourrir  cent  autres. 

Le  si>g^ou,  tenu  dans  un  lieu  sec  ,  se  conserve  pour  ainsi 
dire  à  perpétuité  ;  mais  pour  les  voyages  de  mer  ,  on  est 
obligé  de  le  dessécher  au  four  et  de  rôtir  un  peu  sa  surface  , 
soit  en  galette  ,  soit  après  qu'il  a  été  réduit  en  grains  de  U 


s  A  G  35 

grosseur  du  riz.  C'est  ordinairement  sous  cette  dernière  forme 
qu'il  arrive  en  Europe. 

Bien  des  personnes  font ,  en  Angleterre  ,  en  Hollande,  et 
même  en  France  ,  usage  du  sagou  dans  la  soupe ,  comme' de 
vermicelle;  il  devient  alors  transparent,  etse  gonfle  beaucoup- 
mais  c'est  en  bouillie  ou  cuit  avec  du  lait,  du  sucre  et  des 
aromates  ,  qu'on  en  consomme  le  plus.  C'est  un  aliment 
agréable  ,  très-léger  et  peu  nourrissant.  Aussi  en  recom- 
mande-t-on  principalement  l'usage  à  la  première  enfance 
à  la  dernière  vieillesse  ,  aux  convalescens,  aux  phthisiques  ' 
et  enlm  à  tous  ceux  dont  les  forces  digestives  sont  très-affoi- 
blies. 

Firrest  donne  ,  dans  son  voyage  aux  Moluques  ,  la  figure 
du  four  dans  lequel  les  Malais  font  cuire  le  sagou.  C'es't  un 
plateau  de  cuivre  d'environ  un  pied  carré  ,  divisé  en  compar- 
timens  d'un  pouce  en  tous  sens  ;  compartimens  dans  lesquels 
on  met  des  boulettes  de  fécule  légèrement  humectées;  quand 
elles  sont  rôties  d'un  côté  ,  on  les  retourne  de  l'autre.  11  faut 
dix  a  douze  minutes  pour  les  mettre  en  état  d'être  man- 
gées. 

Actuellement  qu'on  a  trouvé  le  moyen  de  tirer  des  pom- 
mes-de-terre une  fécule  parfaitement  identique  à  celle  du 
sagoutier  ,  la  consommation  de  cette  dernière  a  beaucoup 
diminué  en  Europe.  Il  n'y  a  plus  que  ceux  qui  tiennent  à 
leurs  anciennes  habitudes  ,  qui  la  préfèrent,  car  elle  est  huit 
a  dix  lois  plus  chère. 

Quelques  auteurs  confondent  la  fécule  du  sagoutier  avec 
celles  de  quelques  autres  palmiers ,  tels  que  le  Caryote  , 
Je  Palmiste,  le  Cycas  ,  etc.  Il  n'y  a  en  effet  presque  d'autre 
dilterence  que  celle  du  lieu  de  la  production,  (b.) 

SAGOUY.  Quelques  voyageurs  ont  parlé  de  I'Ouistiti 
sous  le  nom  de  sagouy.  (s.) 
SAGOym,  V.  Sagoin.   (desm.) 
SAGUE.  Poisson  du  genre  des  Squales,  (b.) 
SAGRE,»S^m  ,  Fab.  ,  Latr.,  Herbst. ,  Web.  ,  Oliv., 
etc.   Genre  d'insectes  de  l'ordre  des   coléoptères  ,    section 
des  tetramères  ,  famille  des  eupodes. 

Fabricius  avoit  d'abord  réuni  ces  insectes  aux  alurnes , 
genre  qu'il  avoit  établi  dans  son  système  d'entomologie  ,  et 
qm  ne  nous  pai  oît  pas  différer  essentiellement  de  celui 
des  hispes.  Il  les  en  sépara  ensuite  pour  en  former  un  genre 
propre  et  très-naturel.  Aux  trois  espèces  mentionnées  par 
cet  auteur,  M.  Webev  {Observ.  enlomol.  1801)  en  a  ajouté 
quatre  autres.  Olivier,  dans  l'encyclopédie  méthodique, 
avoit  suivi  la  première  opinion  de  Fabricius  ;  ses  aiurnes  ,  à 
1  exception  de  la  première  espèce  ,  VA.  tricolor  {A.  grossus)  , 
sont  des  sagres.  Mais  dans  le  cinquième  volume  de  son  grand 


S6  S  A  G 

ouvrage  sur  les  coléoptères,  il  adople  ce  dernier  genre ,  et 
place  l'alurne  précité   avec  les  hispes. 

Les  sagres  font  le  passage  des  orsodacnes  aux  donacies  et 
aux  criocères.  Par  leurs  couleurs  brillantes,  la  grandeur  de 
leurs  paîtes  postérieures  et  surtout  celle  de  leurs  cuisses  » 
elles  se  rapprochent  des  donacies.  Elles  ont ,  ainsi  que  les 
criocères,  les  yeux  étroits  ,  allongés  et  un  p;îu  lunules;  une 
impression  en  manière  de  X  dans  leur  entre-deux  ;  l'extré- 
mité postérieure  de  la  tête  allongée,  et  fonnanl  une  sorte  de 
cou  cylindrique  et  rétractile  ;  le  corselet  plus  étroit  que  l'ab- 
domen ,  presque  cylindrique,  ou  en  carré  long,  mais  un 
peu  plus  large  en  devant.  Considérées  sous  le  rapport  de 
quelques  parties  de  la  bouche  (  Voyez  Sagrides  )  ,  les  sa- 
gres ont  beaucoup  d'affinité  avec  les  mégalopes  et  les  or- 
sodacnes. Mais  on  les  distinguera  aisément  ,  tant  de  ces 
derniers  coléoptères  que  des  précédens  ,  par  l'ensemble 
de  ces  caractères  :  antennes  presque  filiformes  ,  grossis- 
sant un  peu  et  insensiblement  vers  leur  extrémité  ,  com- 
posées d'articles  presque  cylindriques  ,  un  peu  amincis  à 
leur  base  ;  les  derniers  plus  longs  que  les  inférieurs  ;  man- 
dibules terminées  en  une  pointe  simple  ou  entière  ;  languette 
échancrée;  palpes  courts,  filiformes;  leur  dernier  article 
presque  ovoïde  ;  yeux  allongés ,  presque  lunules.  Les 
deux  pattes  postérieures  sont  fort  grandes  ,  à  cuisses  très- 
renflées,  et  comprimées  en  tranche  aiguë  au  côté  inférieur  ; 
jambes  des  mêmes  pattes,  étroites  ,  allongées  (  souvent  ar- 
quées) ,  anguleuses,  un  peu  canaliculées  ou  creusées  en 
gouttière  le  long  du  côté  inférieur,  afin  de  s'appliquer  plus 
exactement  sur  le  même  bord  des  cuisses  adjacentes  ;  les 
trois  premiers  articles  des  tarses  larges,  garnis,  en  dessous, 
de  pelottes;  le  troisième  profondément  échancré. 

Ces  insectes  sont  tous  ailés  ;  leur  écusson  est  très-petit , 
en  forme  de  point  ;  leur  abdomen  est  beaucoup  plus  large 
que  la  tête  et  le  corselet ,  presque  carré ,  et  un  peu  plus  étroit 
postérieurement  ;  leur  corps  est  lisse  et  glabre  ;  la  base  de 
leurs  élylres  offre ,  vers  le  côté  extérieur  ,  une  dépression  , 
ce  qui  donne  plus  de  relief  à  leur  portion  humérale  ;  les 
cuisses  postérieures  sont  toujours  dentées. 

Les  sagres  sont  de  grands  insectes ,  propres  aux  contrées 
méridionales  de  l'Afrique  et  de  l'Asie. 

L'espèce  nommée  iristis  ,  par  Fabricius  ,  n'habite  point 
Cayenne  ,  comme  il  l'avoit  dit,  mais  la  côte  d'Angôle  , 
d'où  elle  a  été  apportée,  en  grande  quantité,  par  Perrin. 
Quelques  autres  espèces  nous  viennent  de  la  Chine  et  font 
souvent  partie  des  boîtes  d'insectes  que  les  négocians  de 
cet  empire  vendent  aux  Européens.  Mais  il  ne  paroît  pas  que 


s  A  G  37 

rhabîlation  de  ces  insectes  s'étende  plus  à  l'est.  Je  ne  sache 
pas  qu'on  en  ait  reçu  des  Moluqucs  et  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande ;  leurs  mœurs  nous  sont  inconnues. 

Fabricius  présume  que  des  différences,  regardées  jusqu'ici 
comme  spécifiques  ,  ne  sont  que  sexuelles  ;  c'est  ce  qu'il 
m'a  été  impossible  ,  vu  le  petit  nombre  d'individus  que  je 
possède,  de  vérifier.  Je  partagerai  ce  genre  en  deux  sections, 

I.  Jambes  postérieures  ayant,  près  de  leur  cïtrémile,  unee'cbancrurc 

brusque  et  profonde  precéde'e  de  deux  dents  ;  ces  mêmes  jambes 
fortement  courbées  à  leurnaissance,  et  laissant  entre  elles,  lors, 
qu'elles  sont  collées  contre  les  cuisses,  dont  elles  dépendent,  un 
vide  remarquable. 
Sagre   fémorale  ,     Sagra  femoralis  ,    Oliv.  ,     Coléopt.  , 
tom.  5 ,  n.°  90 ,  pi.  I  ,  fig.  I  ;  corps  long  d'environ  un  pouce , 
d'un  vert  bronzé    très-brillant. 
Il  se  trouve  dans  l'île  de  Ceylan. 

Sagre  splendide  ,  Sagra  splendlda  ,  Oliv.  i  ,  ibid,  pi.  i  , 
fig.  2.  Corps  d'unvertdoré  très-brillant,  avec  un  reflet  pour- 
pré ou  cuivreux.    De  la  Chine. 

II.  Jambes  poste'rieures  sans  e'cbancrure  près  de  leur  extrémité'  ,  in- 

sensiblement ar(|uées  dans  toute  leur  longueur. 

Sagre  pourpre,  Sagra purpurea,  Oliv. ,  ibid.,  pi.  i  ,  fig.  3; 
plus  petite  que  les  précédentes,  d'un  pourpre  cuivreux  et 
cclalant.  A  la  Chine. 

Sagre  nègre  ,  Sagra  nigrlta  ,  Oliv. ,  ibid. ,  pi.  i ,  fig.  6  ; 
d'un  noir  luisant  ,  lisse  ,  mais  dont  les  élytres  ,  vues  à  la 
loupe  offrent  de  très-petits  points  et  dont  quelques-uns  for-: 
niant  Aqs,  stries  ;  cuisses  postérieures  unidentées.  .Dans 
l'Afrique  équinoxiale. 

Sagre  jTrlste  ,  Sagra  Ir/s/is  ,  Oliv,,  ibid.  ,  pi.  i  ,fig.  4.; 
d'un  bleu  vcrdâtre  foncé  ;  élytres  ayant  des  enfonceraens 
serrés  elirréguliers;  cuisses  intermédiairesforlement dentées; 
cuisses  postérieures  bidentées  ;  une  tache  velue  et  loussâtre 
à  leur  base.  En  Afrique  ,  à  la  côte  d'Angole. 

Voyez  pour  les  autres  espèces  ,  Olivier,  Weber  et  Fa- 
bricius. (l.) 

SAGREL  GERAD.  Nom  que  les  Egyptiens  donnent  à 
I'Émerillon.  (v.) 

SAGRIDES,  Sagrides.  Tribu  d'insectes  de  la  famille  des 
èupodes,  ordre  des  coléoptères  ,  et  qui  se  distingue  de  la  se- 
conde et  dernière  tribu  de  la  même  famille  parles  caractères 
suivans  :  mandibules  entières;  languette  échancrée  ou  bifide 
Elle  est  composée  des  genres  :  Mégalope  ,  Orsodacne  et 
Sagre.  (l.) 


38  S  A  I 

SAGRÎÉCHO  ou  SABRUIÊCHO.  Nom  languedocîen 
de  la  Sarriète.  (desm.) 

SAGRY.  Nom  du  Chagrin  ,  en  Orient.  F.  ce  mol.  (s.) 

SAGU.  Nom  sous  lequel  Pigaffetli  nous  a  f.'it  connoîtreje 
premier,  le  palmier  des  Indes  orientales,  qui  produit  le  Sagou. 
11  est  figuré  et  nommé  sagus  dans  l'Herbier  d'Amboine.  (ln.) 

SAGU  ASTER.  Rumphius  donne  ce  nom  à  deux  palmiers 
des  Indes  orientales,  doni  un  plus  élevé  est  le  Caryofa  urens , 
Linn.,  ou  srhunda  panna  des  habilans  de  la  côte  Malabare.F. 
Caryote.  (ln.) 

SAGUERUS  ou  GOMUTO.  Palmier  des  Indes  orien- 
tales,figuré  pi.  iSdupremier volume  de  THerbier  d'Amboine, 
et  qui  est  I'Areng  sacgharifère  de  Labillardière.  Adanson 
en  avoit  fait,  avant  Labillardière,  un  genre  particulier  qu'il 
nommoit  Saguerus  (ln.) 

SAGUIN.  V.  Sagoin.  (desm.) 

SAGUINUS.  NoiTklatin  du  genre  Sagoin,  d'Hoffman- 
seg  ,  correspondant  à  ceux  des  tamarins  et  des  ouisiilis  ,  de 
lieoffroy  ,  ou  à  celui  des  Ouistitis,  de  M.  Cuvier.  (  f.  ce 
dernier  mot),  (desm.) 

SAH  ATER.  Nom  arabe  de  la  Sarriète.  (ln.) 

SAHETEREGI.  L'un  des  noms  arabes  de  la  Fumeterre. 

(LN.) 

SAHLITE.  Substance  minérale  qui  a  d'abord  été  trouvée 
en  Suède  ,  dans  la  mine  d'argent  de  Sabla,  en  Westmannie. 
D'Andrade  est  le  premier  minéralogiste  qui  en  ait  publié  la 
description  ,  et  c'est  lui  qui  lui  a  imposé  ce  nom  ,  changé  de- 
puis en  celui  de  Malacolïthe  par  Abildgaard.  Cette  substance 
fat  découverte  ensuite  à  Arendal ,  en  Norvvége,  et  succetsi 
vement  dans  plusieurs  autres  lieux.  Son  aspect  pariiculier  et 
plusieurs  caractères  qui  lui  sont  propres ,  ont ,  pendant  long- 
temps ,  concouru  à  la  faire  admettre  coniaie  une  espèce 
très-distincte  ;  c'est  encore  ainsi  qu'elle  est  considérée  par 
les  minéralogistes  étrangers.  M.  Haûy  a  reconnu  que  la  struc- 
ture cristalline  de  la  sahlile  la  ramenoil  au  pyroxène  ,  et,  en 
conséquence,  a  réuni  ces  deux  substances.  V.  Pyroxène, 
vol.  28  ,  p.  822;  à  cet  article  nous  avons  oublié  de  rappeler 
que  la  sahlite  a  été  découverte  en  Ecosse  ,  dans  le  calcaire  de 
Glen-Till  et  dans  les  roches  primitives  de  Glenelit-Rannoch. 

(LN.) 

SAHOUES-QUANTA.  C'est  le  Polâtoucue,  chez  les 
naturels  du  Canada,  (s.) 

SAI  ou  ÇAÏ,  Simîa  capucîna ,  Linn.  Singe  américain  ,  du 
genre  Sapajou.  V.  ce  mot.  (desm.) 

SAIBAK.  Nom  que  porte  le  Loup  en  Laponie,  (desm.) 


s  A  i  39 

SAIBLING.  Nom  allemand  des  Salmoivies  argenté  et 
Ombue  ,  qu'on  pêche  dans  les  lacs  du  pays  de  Salzboure.  (b.) 
SAIEL.   V.  SUNT.  (LN.) 

SAIFF.  C'est  le  Cyprin  vandoise.  (b.) 
SAKiA  (  Antilope  scythica  ,  Erxl.  ).    Quadrupède   rumi- 
nant, du  genre  des  Antilopes.  V.  ce  mot  et  pi.  A.  Z2.  (desm.) 
SAIGA.  Les  Tartares  des  environs  d'irkulzk  ,  donnent  ce 
nom  au  musc,  (desm.) 

SAIGI.  Nom  que  porte  1' Antilope  saïga,  en  Sibérie,  (s.) 
SAIHOBI.  Ce  nom  d'oiseau  ,  dit  M,  de  Azara ,  à  qui 
nous  en  devons  la  connoissance  veut  dire  habit  bleu.  Il  est 
fort  connu  au  Paraguay  sous  cette  dénomination  ,  et  y  est 
très-commun.  On  le  trouve  aussi  à  la  rivière  de  la  Plata.  Il 
vit  par  paire  ou  en  famille ,  et  quelquefois  en  troupes  de  vingt 
ou  trente,  qui  causent  souvent  de  grands  dommages  dans  les 
jardins  où  elles  détruisent  les  clioux  et  d'aulres  plantes  légu- 
mineuses, les  raisins,  les  oranges  et  toutes  sortes  de  fruits^ 
Les  s«2;7zo/>/«  saisissent  aussi  au  voi  les  insectes  qui  passent^pyos 
d'eux.  Ils  placent  leur  nid  sur  de  grands  buissons  ou  sur  des 
arbres  ,  et  lui  donnent  assez  de  solidité.  Les  matériaux  qu'ils 
emploient  à  sa  construction  extérieure  ,  sont  des  débris  d'é- 
corce,  des  filamens  de  plantes,  des  feuilles  et  des  racines, 
très -menues  ;  le  dedans  est  composé  d'une  coui  Ije  épaisse  <'e 
crins  artistement  arrangés  ;  la  ponle  est  de  deux  œufs  très - 
blancs.  Ce  sont  des  oiseaux  sédentaires,  dont  le  cri  se  réduit 
à  répéter,  trois  ,  quatre  ou  six  fois,  chili ^  chih\  avec  force 
et  vivacité  ,  mais  sans  agrément. 

Ils  ont  le  bec  très-fort,  long  de  six  lignes,  un  peu  courbé  , 
d'un  bleu  de  ciel  en  dessous  et  à  sa  base  en  dessus  ,  et  noi- 
râtre sur  le  reste  ;  six  pouces  huit  lignes  de  longueur  totale  ; 
un  mélange  de  blanc  et  de  bleu  règne  sur  toutes  les  partie? 
inférieures;  les  barbes  extérieures  des  pennes  alaires  et  cau- 
dales sont  d'un  bleu  à  reflets  verts;  les  couvertures  supé- 
rieures des  ailes  ,  bleues,  et  les  inférieures  ,  blanchâtres  ; 
le  reste  du  pbjmage  est  d'un  bleu  moins  foncé  que  celui  des 
ailes,  et  encore  plusfoible  sur  la  tête  et  sur  le  derrière  du 
cou  ;  le  tarse  est  bleuâtre.  La  femelle  ne  diffère  du  mâle 
qu'en  ce  que  ses  couleurs  sont  d'un  ton  moins  vif  M.  de 
Azara  etSonnini  regardent  le  saihobi  comme  le  mêmeoùeau 
que  le  bonano  {fringiUajamaïca  ,  Lath.  );  mais,  outre  deâ  dis- 
semblances dans  les  couleurs,  celui-ci  est  beaucoup  plus  petit, 
puisqu'il  est  de  la  taille  du  tarin  ,  différence  qui  me  paroît 
suffisante  pour  ne  pas  réunir  ces  deux  oiseaux  comme  indi- 
vidus d'une  même  espèce.  Au  reste ,  je  soupçonne  que  le 
saihobi  est  de  l'espèce  de  mon  Habia  a  épaulettes  bleues. 
V.  ce  mot.  (v.) 


4o         ,  S  A  I 

SAI-HO-jSAM,  Nom  d'un  petit  arbrisseau  (  Po/Za  are- 
Xiaiia,  L.  )  en  Cochinr.hine.  (LX.) 
SAIKALO,  Nom  brame  du  Peragu  des Malabares.  (lm.) 
SAILO.  Nom  brame  du  ïeka  des  Malabares.    V.  Teka. 

(LN.) 

SAILOR.  Nom  anglais  des  Nautii.es.  (desm.) 
SAIMIPiI  (5//7»fl  5c/Mr«rt  ).  Petit  singe  du  genre  CaUitriche 

de  M.  Geoffroy  ,    et  que  nous  plaçons  dans   le  genre  Sa- 

GOiN,  V.  ce  mot.  (desm.) 

SAINA.  Les   agriculteurs  espagnols  nomment  ainsi ,   et 

melca  et  alcandia  ,  le  Sorgho  coia.M.vsi(^SorgkHmvulgare,  Pers.) 

(LN.) 

SAINBOIS.  Nom  vulgaire  d'un  arbuste  du  genre  Lau- 
RÉOLE  ,  dont  Técorce  sert  à  faire  des  vésicaloires.  C'est  le 
même  que  le  Garou,  c'est-à-dire  le  Daphne  gnidium  de 
Linnœus.  (b.)  j 

SAINEGRAIN.  Nom  vulgaire  du  Fenlgrec  ,  dans 
quelques  cantons,  (b.) 

SAINFOIN,  Hedysarum  ^  Linn.  {  Diadelpkie  décandrie.') 
Genre  de  plantes  appartenant  à  la  famille  des  légumineuses, 
auquel  Linnceus  a  réuni  les  genres  onobryclùs  et  aUiagi  de 
ïournefort,  et  qui  comprend  près  de  deux  cents  espèces  in- 
digènes ou  exotiques  ,  la  plupart  herbacées  ,  quelques  -  unes 
suffrutesccntes,  à  feuilles  simples  ou  géminées,  ou  ternées  , 
ou  ailées  avec  impaire:  à  pétioles  partiels,  articulés  sur  le 
pétiole  commun;  à  pédoncules  soutenant  une  ou  plusieurs 
fleurs  ;  à  fleurs  ordinairement  munies  de  bractées  et  presque 
toujours  disposées  en  épi  ou  en  panicule  au  sommet  des  ra- 
meaux; à  fruits  de  forme  variée,  tantôt  cylindriques  avec  des 
articulations  tronquées,  tantôt  comprimés  et  rétrécis  sur  un 
ou  sur  les  deux  côtés  dans  les  ariiculallons.  Les  caractères 
essentiels  le  ce  genre  sont  ceux  qui  suivent  : 

LTn  calice  persistant  et  à  cinq  divisions  ;  une  corolle  irré- 
gulière, papilionacée,  à  étendard  oblong,  découpé  en  poinle 
et  réfléchi,  à  ailes  étroites  et  à  carène  transversalement 
obtuse  ;  dix  étamines,  dont  les  filets,  réunis  en  deux  paquets, 
portent  des  anthères  rondes  et  comprimées;  un  ovaire  lon:^ 
et  étroit,  supportant  un  slyle  en  alêne,  courbé  et  couronne 
par  un  stigmate  simple  ;  une  gousse  droite,  articulée,  orbi- 
culaire  et  monosperme. 

MM.  Jaunies  Saint-Hîlaire  et  Desvaux  se  sont  occupés  on 
même  temps  de  la  monographie  de  ce  genre,  et  ont  établi 
à  ses  dépens  de  nouveaux  genres  auxquels  ils  ont  donné  des 
noms  différens,  ce  qui  n'est  pas  propre  à  en  facililer  l'élndo. 
Les  genres  du  premier  sont  :  Halue,  Pleurolobe  et  Moi;- 
iiA>'iE(cc  dernlerporioildéjàlesncmsde  Loubée  ,  CuRiSUii 


s  A  I  4i 

eï  OsTRYomoM).  Les  genres  du  second  sont  :  Desmodion, 

POIRETIE,  UrANIE,  OrENODARPE  ,  PhYLLODION  et  ECHINOLO- 
BION.  F.  ces  mots  et  Ceuxd'ONOBRYCHISetFLEMMENGIE.  Quoi 

qu'il  en  soit,  ce   genre  sera   encore  considéré  ici  comme 
n'ayant  pas  été  divisé. 

Il  y  a,  dans  les  sainfoins,  quatre  espèces  très-remarquables; 
savoir:  le  sainfoin  oscillanl  ^  Xalh/igi  ^  le  sainfoin  (T  Espagne  ^  et 
celui  des  prés.  Ce  sont  les  seuls  dont  je  ferai  mention,  la  plu- 
part des  autres  n'offrant  aucune  utilité  ou  rien  de  particulier, 
et  n'étant  cultivés  que  dans  les  jardins  de  botanique. 

L'une  des  espèces  que  je  viens  de  nommer ,  présente  à 
l'observateur  un  phénomène  de  physique  végétale  intéressant. 
La  seconde  fournit  une  sorte  de  manne  qui  peut,  au  besoin, 
suppléer  à  celle  de  Calabre  ,  quoiqu'elle  lui  soit  inférieure. 
Les  deux  autres  donnent  un  excellent  fourrage ,  et  sont ,  par 
cette  raison,  cultivées  en  grand;  il  y  en  a  une  de  celles  -  ci 
qu'on  cultive  aussi  dans  les  jardins  comme  plante  d'ornement. 
Le  Sainfoin  OSCILLANT,  HÊJj5ar«m^jra«s,  Linn.,  fils,  dont 
on  voit  la  figure  pi.  P.  i6  de  ce  Dictionnaire  ,  est  une  des 
plantes  les  plus  singulières  que  l'on  connoisse  ;  on  la  voit  au 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et  au  Jardin  de  Ken, 
en  Angleterre.  Elle  a  ses  feuilles  ternées  ;  les  deux  folioles 
latérales  se  meuvent  autour  de  la  foliole  terminale,  en  décri- 
vant une  espèce  d'ellipse;  ce  mouvement  est  plus  ou  moins 
lent,  plus  ou  moins  rapide,  selon  l'état  de  l'atmosphère.  Celte 
plante  demande  à  tire  élevée  et  tenue  en  serre  chaude  ;  elle 
a  été  découverte- au  Bengale,  par  milady  Monson ,  dans  les 
lieux  humides  et  argileux,  aux  environs  de  Darca.  Ses  fleurs 
sont  d'un  jaune  foncé  ,  et  forment  des  épis  redressés.  Elles 
paroîssent  au  Bengale  en  septembre.  Les  graines  sont  mûres 
en  novembre. 

"  Aucune  partie  de  cette  planle  ,  dit  ce  Broussonet,  ne 
donne  des  signes  d'irritabilité  quand  on  la  pique.  Dans  le 
jour,  la  foliole  du  milieu  est  étendue  horizontalement  et  im- 
mobile ;  dans  la  nuit ,  elle  se  recourbe  et  vient  s'appliquer 
sur  les  branches  ;  les  folioles  latérales  sont  toujours  en  mou- 
vement ,  portées  alternativement  vers  le  haut  et  vers  le  bas  • 
toute  l'action  du  mouvement  est  dans  le  pétiole ,  qui  paroît 
se  contourner  :  ces  folioles  décrivent  un  arc  de  cercle  aux 
Indes  ;  deux  minutes  suffisent  pour  leur  faire  exécuter  tout 
leur  mouvement  :  cette  même  plante,  dans  nos  serres,  se 
remue  bien  moins  promplement.  Le  mouvement  qui  por5e 
les  folioles  vers  le  bas,  est  plus  prompt  que  celui  qui  les  fait 
aller  vers  le  haut.  Le  premier  s'exécute  quelquefois  par  in- 
tervalles, le  second  est  toujours  uniforme;  le  plus  souvent 
chnque  foliole  se  meut  dans  un  sens  opposé  ,  c'est-à  dire  quç 


42  s  A  I 

l'une  se  porte  en  bas  quand  l'autre  se  porte  en  haut  ;  quel- 
quefois une  des  folioles  est  stable,  tandis  que  l'autre  se  remue; 
ce  mouvement  est  si  naturel,  que  si  l'on  vient  à  l'interrompre 
en  fixant  une  des  folioles,  il  recommence  aussitôt  que  l'obs- 
tacle est  levé.  Le  mouvement  n'a  plus  lieu  dès  que  les  grandes 
folioles  sont  agitées  par  le  vent.  Quand  le  soleil  est  très-chaud, 
les  folioles  de  cette  plante  sont  immobiles  aussi  ;  mais  lorsque 
le  temps  est  chaud  et  humide,  ou  qu'il  pleut,  elles  se  meuvent 
très-bien  ;  ce  mouvement  paroît  nécessaire  à  cette  plante,  car 
dès  qu'elle  a  poussé  les  premières  feuilles  ,  il  commence  à 
avoir  lieu,  et  il  se  continue  même  pendant  la  nuit.  C'est  dans 
le  moment  que  la  plante  est  le  plus  chargée  de  fleurs  et  que 
la  fécondation  des  gemmes  a  lieu,  que  les  folioles  sont  beau- 
coup plus  agitées  :  dès  que  le  temps  de  la  génération  est  passe, 
elles  cessent  de  se  mouvoir  ;  on  sait  que  les  sensitives  ne  sont 
plus  sensibles  après  ce  temps,  et  que  les  pétales  de  plusieurs 
planles  ne  se  referment  plus  périodiquement.  Ce  mouvement 
d'oscillation  est  tellement  naturel  au  sainfoin  oscillant,  qu'il 
a  lieu  pendant  deux  ou  trois  jours  sur  les  folioles  d'une  branche 
qu'on  a  coupée  et  qui  a  été  mise  dans  l'eau ,  et  qu'il  s'exécute 
même  pendant  quelque  temps  encore  sur  les  feuilles  des  ra- 
meaux qu'on  a  séparés  de  la  plante  ,  et  qu'on  n'a  point  mis 
dans  l'eau.  » 

Le  Sainfoin  alhagi,  Hedysannn  alhagi ^  Linn.,  est  une 
belle  plante  originaire  de  l'Orient  ,  qui  s'élève  en  arbrisseau 
à  la  hauteur  de  trois  pieds.  Elle  est  garnie  de  feuilles  simples, 
semblables  à  celles  de  la  renouée  à  larges  feuilles,  d'un  vert  pâle, 
et  portées  sur  de  courts  pétioles.  Sous  ces  feuilles  sortent  des 
épines  d'environ  un  pouce  de  long  et  d'une  couleur  brune  et 
rougeâtre.  Les  fleurs,  de  couleur  pourpre  dans  le  centre  ,  et 
rougeâtres  sur  les  bords,  sont  réunies  en  petites  grappes  axil- 
laires.  Les  gousses  sont  droites  sur  un  côté  ,  articulées  de 
1  autre,  et  un  peu  courbées  en  forme  de  faux. 

Cette  espèce  se  multiplie  par  ses  semences  ,  qui  restent 
souvent  une  année  en  terre  avant  de  pousser.  Elle  est  culti- 
vée au  Jardin  des  planles  de  Paris.  Elle  croît  spontanément 
et  avec  abondance  aux  environs  de  ïauris,  ville  de  Per^e. 
On  la  trouve  aussi  à  l'île  de  Tine,  dans  l'Archipel,  et  dans 
les  plaines  de  l'Arménie  et  de  la  (iéorgie.  On  en  retire  une 
manne  appelée  manne  de  Perse.  Voyez  le  mot  Agul,  nom  que 
les  Arabes  donnent  à  ce  sainfoin. 

On  doit  à  mon  collaborateur  Virey  un  très-bon  mémoire 
sur  celte  manne ,  mémoire  inséré  dans  le  Journal  de  Phar- 
macie de  mars  1818  ,  et  011  il  fait  connoître  son  grand  usage, 
tant  comme  aliment  que  comme  condiment,  dans  une  partie 
de  l'Arabie  et  de  la  Perse. 


s  A  I  43 

Le  Sainfoin  esculent  croît  dans  l'Inde  ,  au  rapport  de 
Barrow,  et  donne  tous  les  ans  deux  coupes  de  fourrage  el 
une  récolte  de  graine.  On  mange  cette  dernière. 

Le  Sainfoitsi  d'Espagtse,  Hedysarum  coronarium ,  Linn.  ,' 
est  une  des  belles  espèces  du  genre,  si  ce  n'est  même  la  plus 
belle  de  toutes  ;  aussi  les  jardiniers  fleuristes  le  cultivent -ils 
avec  grand  soin.  Il  porte  quelquefois  le  nom  de  sainfoin  à 
bouquets ,  et  il  fait,  en  été,  un  des  ornemens  des  parterres  et 
des  grands  jardins.  De  sa  racine,  qui  est  rameuse  ,  s'élèvent 
plusieurs  tiges  creuses,  unies ^  herbacées,  cannelées,  bran- 
chues ,  diffuses  et  hautes  ,  dans  nos  climats  ,  de  deux  ou  trois 
pieds.  Ses  feuilles  sont  alternes,  ailées  avec  impaire,  plus 
grandes  que  dans  les  autres  espèces  ,  et  composées  de  dix  à 
douze  folioles  ovales,  épaisses,  charnues,  d'un  vert  très-pro- 
noncé, qui  contraste  agréablement  avec  la  couleur  rouge  dos 
fleurs.  Celles-ci  naissent  en  épis  aux  aisselles  des  feuilles,  sur 
des  pédoncules  de  cinq  à  six  pouces,  et  plus  longs  que  les 
feuilles  ;  elles  produisent  des  gousses  longues,  comprimées, 
nues  el  hérissées,  qui  diffèrent  de  celles  de  l'espèce  suivante 
par  des  articulations  marquées  comme  celles  d'une  chaîne. 

Ce  beau  sainfoin  fleurit  en  juin  et  juillet,  et  d^nne  une 
variété  à  Oeurs  blanches.  Ses  graines  mûrissent  en  septembre. 
Il  est  originaire  d'Italie  et  d'Espagne.  Comme  il  forme  un  des 
meilleurs  fourrages  connus,  on  le  cultive  en  grand  dans  plu- 
sieurs pays  ,  sous  le  nom  de  sulla  ou  scilla  ,  principalement  à 
Malte  et  dans  la  Calabre. 

Le  Saiisfoin  des  prés,  le  Sahsfoitm  commun  ou  I'Èspar- 
CETTE,  Heydsamm onohrychis,  Linn.,  Onohijchis pratensis^  Mus., 
est  une  plante  vivace  ,  à  racine  pivotante  ,  qui  sert  à  former 
des  prairies  artificielles.  Il  a  beaucoup  d'avantages  sur  les 
autres  plantes  destinées  aux  mêmes  usages.  Il  vient  bien  dans 
les  terrains  sablonneux,  pierreux  ,  même  argileux,  si  le  fonds 
n'est  pas  trop  humide ,  encore  mieux  dans  ceux  qui  sont 
calcaires.    Il    dure  de    trois  à  six   années. 

Il  fournit  deux  fois  par  an  un  fourrage  excellent,  moins 
abondant],  il  est  vrai,  que  la  luzerne^  mais  de  meilleure  qua- 
lité ,  qui  convient  à  tous  les  animaux  ,  et  dont  l'excès  leur 
est  moins  nuisible.  Il  peut  leur  être  donné  aussitôt  qu'il  a 
été  engrangé  ,  et  celle  ressource  est  précieuse  dans  les  an- 
nées de  sécheresse  ,  où  tous  les  fourrages  anciens  sont  ordi- 
nairement consommés  à  l'époque  de  la  récolte  ;  ses  feuilles 
coupées  en  vert ,  mêlées  avec  la  paille  davoine  ,  sont  une 
bonne  nourriture.  Enfin  ,  le  sainfoin  des  prés  n'exige  ni  les 
mêmes  soins  ,  ni  les  mêmes  précautions  que  le  trèfle  ou  la 
luzerne.  Son  plus  grand  avantage  Siir  celle-ci ,  c'est  qu'il  vient 
très-bien  dans  les  terres  dans  lesquelles  elle  se  plaît ,  el  que 


ii  s  A   T 

la  luzerne  (^lépérif ,  au  contraire ,  dans  la  plupart  'des  terrains 
où  il  réussit  le  mieux  ;  telles  sont  les  terres  graveleuses  ,  les 
sables  arides,  la  marne,  ia  craie,  et  sur  tout  les  terres 
rougies  par  Toxyde  de  fer. 

Le  sainfoin  est  originaire  des  plus  hautes  montagnes,  où 
il  croît  sur  des  rochers  nus,  stériles,  exposés  à  toutes  les  in- 
tempéries des  saisons.  Il  n'a  commencé  à  être  cultivé  en 
prairies  arliGcielîes  que  dans  le  seizième  siècle.  Quoique 
cette  plante  soit  très-connue  ;  il  importe  de  la  décrire.  Sa 
racine  est  dure,  ligneuse,  fibreuse,  noire  en  dehors,  blanche 
en  dedans,  et  rameuse  vers  son  collet;  elle  est  surtout  très- 
longue  et  pivote  prodigieusement.  Tull  assure  qu'elle  s'en- 
fonce jusqu'à  vingt  et  trente  pieds.  Gilbert  en  a  vu  de  cinq 
pieds  et  demi  de  long.  «  C'est  cette  propriété  ,  dit-il  ,  qu'a 
«  le  sainjoin  d'aller  chercher  l'humidité  dont  il  a  besoin  à  une 
«f  très-grande  profondeur,  qui  le  fait  réussir  dans  les  terrains 
«  les  plus  brûlans,  et  résisler  à  un  degré  de  sécheresse  qui 
«  dévore  toutes  les  autres  plantes.  »  Il  élève  ses  tiges  à  un 
ou  deux  pieds  ,  suivant  le  sol  et  la  saison  ;  elles  sont  dures  , 
droites  ou  inclinées,  et  garnies  de  feuilles  alternes  ,  ail4es  , 
ayant  dix-huit  à  vingt  folioles  ovales  ,  lancéolées  ,  terminées 
par  un  style.  Ses  fleurs  sont  purpurines  ,  ou  d'im  rouge  rayé, 
axillaires,  en  épis  portés  sur  de  longs  pédoncules  ,  et  accom- 
pagnés de  deux  fouilles  florales  ;  les  ailes  ont  la  longueur  du 
calice.  Les  gousses  sont  orbiculaires  ,  renflées  ,  hérissées  de 
pointes  ,  ne  contenant  qu'une  semence  en  forme  de  rein. 

La  bonne  graine  de  sainfoin  doit  êt''e  luisante  ,  sèche  ^ 
nette  et  sonnante  ;  il  en  faut  dix  à  douze  livres  par  arpent, 
sur  une  bonne  terre,  et  le  double  si  la  terre  est  bien  mau- 
vaise. Tous  les  mois  de  l'année  sont  propres  à  ce  semis,  à 
l'exception  de  ceux  où  les  gelées  se  font  sentir;  mais  il  exige 
«ne  terre  meuble  et  fraîchement  labourée.  Quoique  toutes 
à  peu  près  conviennent  au  sainfoin  ,  il  en  est  cependant  qui 
1  excluent  absolument.  Telles  sont  les  terres  humides  ,  glai- 
seuses ,  marécageuses,  qui  glacent  ses  racines.  On  a  remar- 
qué ,  dit  Gilbert ,  qu'il  ne  réussissoit  point ,  ou  qu'il  rcns- 
sissoit  mal  sur  les  terres  où  croissent  la  patience  ,  V oseille  sau- 
i^age^  lesjonrs,  le  geuei ,  la  hruyère  mâle  cl  les  huches.  L'expo- 
sition qui  lui  convient  le  mieux  ,  est  celle  des  coteaux  inclinés 
d'environ  quarante-cinq  degrés  et  échauffés  par  le  midi. 

«  Les  avantages  que  réunit  le  sainjoin  ,  et  dont  j'ai  parlé  ; 
•  la  propriété  qu'il  a,  dit  Gilbert,  de  n'exiger  que  peu  de 
«  soins,  de  dépenses,  d'engrais  ,  de  fertiliser  le  sol  qui  l'a 
«  nourri,  de  le  rendre  propre  à  la  production  des  céréales, 
«  et  môme  ,  après  quelques  années  ,  à  celle  de  la  luzerne; 
«  rinconvénieiil  qu'on  lui  reronnoîl  de  devenir  trop  gros  et 


s  A  I  4-^ 

«  ligneux  dans  les  bonnes  terres  à  blé  :  voilà  des  motifs  pour 
«  préférer  sa  culture  dans  les  provinces  éloignées  de  la 
«  capitale  ,  et  dans  les  parties  de  ces  provinces  les  plus  éloi- 
«  gnées  du  chef-lieu.  Dans  ces  cantons,  les  cultivateurs 
«  sont  moins  aisés,  les  bestiaux  moins  communs  ,  les  engrais 
«  plus  rares,  les  débouchés  moins  faciles  ,  la  location  des 
«  terres  moins  chère  ,  leur  repos  plus  long  ,  leur  culture  plus 
«  imparfaite.  Rien  ne  me  paroît  plus  propre  que  celle  du 
«  sainfoin  à  faire  disparoître  ces  inconvcniens  ,  et  à  rappro- 
<-  cher  sans  soins  ,  sans  dépenses,  et  presque  sans  innova- 
«  tions,  ces  cantons  peu  fortunés  de  l'état  de  ceux  qui  se 
«  trouvent  dans  la  position  la  plus  favorable.  »  Mémoire  de 
Gilbert,  inséré  dans  ceux  de  la  Société  d'Agriculture  de  Paris ^ 
année  1788. 

Le  récolte  du  sainfoin  est  nulle  la  première  année,  surtout 
s'il  a  été  mêlé  avec  d'autres  grams.  La  seconde  année  ,  il 
donne  quelque  profit.  On  doit  le  couper  avant  que  toutes 
les  (leurs  soient  épanouies  ;  s'il  est  fauché  plus  tôt,  il  est  plus 
appétissant,  mais  moinsabondantetraoins  nourrissant;  coupé 
plus  tard,  c'est-à-dire  après  la  floraison,  il  est  beaucoup  plus 
abondant  ;mais  ses  tiges  sont  dures  ,  ligneuses,  et  dépour- 
vues de  feuilles  qui  se  détachent  en  fanant.  La  troisième 
année,  cette  plante  est  dans  toute  sa  force  ;  elle  donne  un 
regain  qui  dédommage  amplement  de  la  perte  qu'on  a  pu  faire, 
en  ne  la  laissant  pas  venir  à  toute  sa  hauteur.  C'est  toujours 
dans  un  beau  temps  qu'il  faut  la  couper  ,  et  avec  les  mêmes 
précautions  que  j'ai  indiquées  pour  la  Luzerne.  Voyez 
ce  mot. 

Le  Sainfoin  des  rochers  ne  diffère  du  précédent  que 
parce  qu'il  est  glabre  dans  toutes  ses  parties.  Il  croît  dans  le 
midi  de  l'Europe  et  en  Sibérie.  Les  habitans  de  ce  dernier 
pays  en  mangent  les  racines. 

Les  autres  espèces  de  sainfoins  ,  sont  d'une  plus  petite  im- 
portance pour  les  cultivateurs  que  celles  qui  viennent  d'être 
citées  ,  mais  n'en  sont  pas  moins  dignes  de  l'attention  des 
botanistes,  (d.) 

SAINFOIN  VELU.  F.  Lespedèze  a  épi.  (b.) 

SAINO  ou  ZAÏNO.  D'Acosta  dit  que  le  pécari  porte  ce 
nom  dans  plusieurs  endroits  de  l'Amérique.   Voyez,  Pécari. 

SAINT-ETIENNE.  Variété  de  Froment,  (b.) 
SAINT-GERMAIN.  Variété  de  Poire,  (b.) 
SAINT-GERMER.  Nom  picard  de  l'œdicnème,  (v.) 
SAINTE-NEIGE.  Le  Chiendent  porte  ce  nom  dans  le 
Médoc.  (B.) 


45  s   A  .1 

SAINT  -  PIERRE.   Nom  vulgaire  du    Zée  FORGERO^^ 

(B.) 

SAISI.  Les  cultivateurs  des  environs  de  Lille  donnent  ce 
nom  à  la  Rouille  des  blés,  (b.) 

SAISONS.  On  appelle  ainsi  quatre  divisions  de  l'année 
qui  la  partagent  en  quatre  parts  à  peu  près  égales ,  et  dont 
les  limites  sont  déterminées  par  le  retour  du  soleil  à  cer- 
tains points  de  sa  route  annuelle.  Leurs  noms  sont  le  prln- 
iemps,Vété,  X automne eiV hiver.  Le  printemps  commence  quand 
le  soleil  traverse  l'équateur  céleste  pour  remonter  vers  le 
pôle  boréal.  Cette  époque  constitue  Téquinoxe  du  printemps, 
parce  que  les  jours  sont  alors  égaux  aux  nuits  par  toute  la 
terre.  Le  printemps  finit  quand  le  soleil  atteint  sa  plus  grande 
hauteur  dans  le  tropique  du  Cancer:  cette  époque  se  nomme 
aussi  le  solstice  d'été,  parce  que  l'été  commence  ,  et  que  le 
soleil,  considéré  dans  ses  distances  à  l'équateur  ,  est  alors 
stationnaire.  11  redescend  vers  ce  plan  pendant  tout  l'été  , 
et  cette  saison  finit  quand  il  y  revient  de  nouveau,  ce  qui 
constitue  un  autre  équinoxe  ,  qui  est  celui  d'automne.  Alors 
l'automne  commence  et  se  continue  jusqu'à  l'époque  où  le  so- 
leil atteint  l'autre  tropique, situé  du  côté  austral  de  l'équateur, 
et  que  l'on  nomme  le  tropique  du  Capricorne.  Alors  cet  astre 
est  de  nouveau  stationnaire,  par  rapport  à  1  équateur,  et  l'on 
a  un  autre  solstice  ,  qui  est  celui  d'hiver.  Alors  aussi  l'hiver 
commence  et  se  continue  jusqu'au  retour  du  soleil  à  l'équa- 
teur, où  il  forme  de  nouveau  Téquinoxe  du  printemps;  après 
quoi  les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent  comme  aupa- 
ravant. L'intervalle  de  temps  compris  entre  deux  de  ces 
retours  au  même  équinoxe  ,  forme  ce  qu'on  appelle 
Vannée.  L'influence  de  ces  diverses  positions  du  soleil  sur  la 
surface  de  la  terre  ,  y  produit  les  variations  annuelles  de  la 
température  ,  détermine  et  présente  les  diverses  phases  pé- 
riodiques qu'offre  la  végétation,  (biot.) 

SAISSKTO.  Froment  de  la  plus  belle  qualité,  en  Lan- 
guedoc, (desm.) 

SAIU.  V.  Sajou. (DESM.) 

SAJOR.  Nom  de  pays  de  la  Plucknetie  (  Pluckenetia 
volubilis.,  L,  ).  (B.  ) 

SAJOR  CALAPPA. Les  Malais  nomment  ainsi  xmpalmi- 
fougère,  qui,  sur  la  côte  Malabare,  s  appelle  mouta-pannt  et 
iodda-panna.  C'est  le  Cvcas  circinalis ,  L.  ,  ou  Samble,  et 
Valus calappuides  de  Rumphe  (Amb.  i.  tab.  22  et  23).  Dans 
la  langue  malaise,  so/or  signifie  légume,  et  calappa,  cocotier; 
ie  cycas  mérite  donc  le  nom  de  sajor-calnppa,  puisqu'il  a 
le  pori  ducocolier,  et  que  ses  jeunes  bourgeons  sont  comptés 
au  nombre  des  plantes  aiiaientalres.  (  i-n.  j 


s  A  K  47 

SAJOR-SONGA.  Les  Malais  désignent  ainsi  une  espèce 
de  Verbesi'ne  Irès-rapprochée  du  Verbesine  biflora  qui  est  le 
codong-seruni  des  Javanais,  le  v allia -manganaoi  des  JVIalaba- 
res  ,  et  le  serunum-aquatile  de  l'Herbier  d'Amboine.  (ln.) 

SAJOU.  On  a  ainsi  appelé  plusieurs  singes  dont  nous 
donnons  l'histoire  au  nom  de  Sapajou  ,  sous  lequel  Buffon 
les  a  décrits.  En  général,  ce  sont  des  singes  de  l'Amérique , 
dont  la  queue  est  prenante,  et  qui  n'ont  ni  la  tête  pyrami- 
dale ,  ni  le  tambour  osseux  du  larynx  qu'on  remarque  dans  les 
Alouates  ,  et  les  membres  ne  sont  point  grêles  comme  ceux 
des  Atèles.  (ln.) 

SAJOU  BARBU.  V.  Sapajou  barbu,  (desm.) 
SAJOU  BLANC.  V.  Sapajou  blanc,  (desm.) 
SAJOU  BRUN.  V.  Sapajou  brun,  (desm.) 
SAJOU  CORNU.  V.  Sapajou  cornu,  (desm.) 
SAJOU  FAUVE.  V.  Sapajou  eauve.  (desm.) 
SAJOU  A  GORGE  BLANCHE.  T.  Sapajou  a  gorge 

BLANCHE,  (desm.) 

SAJOU  GRIS.  V.  Sapajou  BARBU,  (desm.) 
SAJOU  NÈGRE.  V.  Sapajou  nègre,  (desm.) 
SAJOU  DE  PETIVER,  Simia  syrkhta,  Linn.  Cette 
espèce,  fondée  d'après  une  figure  très-grossière  de  Peliver  , 
ne  doit  point,  ainsi  que  le  remarque  M.  Geoffroy  ,  prendre 
place  dans  la  nomenclatures  des  mammifères.  Selon  l'auteur 
cité ,  sa  queue  seroit  longue  ,  son  menton  n'auroit  point  de 
barbe  ,  sa  bouche  seroit  pourvue  de  moustaches  et  de  longs 
cils,  elc.  (desm.) 

SAJOU  A  TÊTE  DE  MORT  ou  MONKIE ,  Simia 
morta,  Linn.  L'espèce  de  singe  qui  a  été  admise  sous  ces 
noms  par  les  naturalistes,  sur  la  seule  vue  d'une  figure  de 
Séba  (^Cercopithecus  americanus  minor  monkie  dictas  ,,  Mus.  i. 
pag.  22  ,  tab.  33,  fig.  i),  n'éloit  constatée  que  sur  un  fœtus 
de  sajou  ;  M.  Geoffroy  propose  de  la  retrancher  du  cata- 
logue des  mammifères.  Selon  la  phrase  de  Gmelin  ,  son 
pelage  seroit  d'un  brun-bai ,  son  museau  brun  ;  elle  n'auroit 
point  de  barbe  ,  et  sa  queue  seroit  longue  ,  nue  et  écail- 
leuse.  (desm.) 

SAJOU  A  TOUPET.  V.  Sapajou  a  toupet,  (desm.) 
SAJOU  TREMBLEUR.  Voyez  Sapajou  trembleur. 

(desm.) 
SAJOU  VARIE.  V.  Sapajou  varié,  (desm.) 
SAKA.  Saka-Winkée.  V.  Saki.  (desm.) 
,     SAKAIF .  Nom  que  les  Arabes  donnent  au  Pavot  à  fleurs 
rouges,  (ln.) 


48  S   A   K 

SAiCEE-A^INKEE.  Brown  semble  désigner  parce  noiti 
îe  Saki.  V.  ce  mot,  (desm.) 

SAKEM,  Coquille  du  genre  des  pourpres  ,  le  murex  man- 
cînella.  V.  aux  mots  Pourpre  et  Rocher,  (b.) 

SAKERAN  (enivrant).  Nom  arabe  àaphylalis  somnifera^ 
L. ,  selon  Delile.  (ln.) 

SAKHULTON.  Nom  que  porie  I'Outarde  mAle,  dans 
la  Mongolie  ,  à  cause  de  ses  longues  plumes  en  forme  de 
barbe,  (v.) 

SAKI,  Fitkecia ,  Desm.  j  Geoffr.  ,  Cuv. ,  IHig- ;  Simia  , 
Linn. ,  Erxleb. ,  Briss. ,  Schreb. ,  Gmel.  —  Genre  de  mam- 
mifères quadrumanes  de  la  famille  des  singes,  et  qui  appar- 
tient à  la  division  des  singes  du  nouveau  continent  ;  c'est-à- 
dire,  de  ceux  dont  les  narines  sont  écartées  l'une  de  l'autre, 
et  dont  les  mâchoires  sont  pourvues  de  six  molaires  de  cha- 
que côté. 

Ce  genre,  que  j'ai  établi  dans  le  vingt-quatrième  volume  de 
la  première  édition  de  cet  ouvrage ,  a  été  adopté  par  plusieurs 
naturalistes.  Il  présente  les  caractères  suivans  :  la  tête  est  gé- 
néralement arrondie  ,  comme  dans  tous  les  singes  de  l'Amé- 
rique ,  les  alouates  exceptés  ;  le  museau  est  rond  ;  l'angle 
facial  est  de  soixante  degrés  environ  ;  les  quatre  incisives 
inférieures  sont  un  peu  dirigées  en  avant ,  et  séparées  des 
canines  par  un  intervalle  ;  les  oreilles  sont  moyennes  ,  appli- 
quées contre  la  tête  ,  arrondies  et  légèrement  rebordées  ;  la 
queue  (  et  c'est  le  principal  caractère  )  ,  est  très-touffue  ,  et 
un  peu  plus  courte  que  le  corps  dans  la  plupart  des  espèces, 
et  aussi  longue  dans  une  seule;  les  ongles  sont  courts,  re- 
courbés ,  et  un  peu  en  gouttière. 

Les  singes  qui  ont  été  placés  dans  ce  genre ,  se  rappro- 
chent principalement  des  sapajous  ;  mais  ceux-ci  ont  la 
queue  prenante.  Ils  ont  surtout  beaucoup  de  rapports  avec 
les  sagoins  ;  mais  ces  derniers  ,  dont  la  queue  ne  jouit 
point  de  la  propriété  de  celle  des  sapajous,  est  recouverte  de 
poils  courts.  Les  sakis  ,  au  contraire,  ont  la  leur  revêtue  de 
poils  très-longs  ,  qui  en  forment  une  espèce  de  panache. 

Les  sakis  habitent  les  mêmes  contrées  que  les  sagoins  et 
les  sapajous  ,  c'est-à-dire  ,  l'Amérique  méridionale.  Ils  ne 
quittent  guère  les  arbres  qui  leur  fournissent  les  fruits  et  les 
insectes  ,  dont  ils  se  nourrissent  habituellement.  Ils  parois- 
sent  nocturnes  ;  aussi ,  sont-ils  généralement  désignés  par  le 
nom  de  singe  de  nuit. 

Première  Espèce.  —  Le  Saki  COUXlO  ,  Piihecia  satanas  , 
Geoffr.  Saint-Hilaire  ;  Ann.du  Mus. ,  tome  19,  page  ii5, 
sp.  I. — Cebus  satanas f  Hoffmansseg.  —  Couxio  ,  Humboldt  5 
Recueil  d'obsen>.  zoolog. ,  page  3i4  j  fig-  27. 


s  A  K  4^9 

Ce  singe ,  dont  le  corps  est  long  de  quinze  à  seize  pouces  , 
a  le  pelage  d'un  brun  noirâtre  ,  dans  le  mâ!e  ,  et  d'un  brun 
plus  roux ,  dans  la  femelle.  Sa  poitrine  est  presque  nue.  Le 
poil  de  son  dos  est  très-long  ;  celui  de  la  têle  est  aussi  fort 
allongé,  et  retombe  sur  le  front  en  divergeant  du  centre  à  la 
circonférence.  Le  dessous  de  la  mâchoire  inférieure  est  garni 
d'une  touffe  de  poils  ,  ou  d'une  barbe  très-épaisse  et  longue  , 
de  forme  arrondie  ;  ce  qui  donne  à  cet  animal  une  physio- 
nomie toute  particulière.  Cette  barbe  est  moins  épaisse  dans 
la  feuielle  que  dans  le  mâle.  La  queue  ,  qui  a  près  de  dix  neuf 
pouces,  est  conséquemment  un  peu  plus  longue  que  le  corps. 
Le  poil  qui  la  recouvre  est  brun,  épais  et  très-touffu.  Les 
jeunes  mâles  ,  au  rapport  de  M.  de  Humboldt,  sont  d'un  gris 
brunâtre. 

On  trouve  cette  espèce  sur  les  bords  de  rOrénoque  ,  dans 
le  grand  Para;  la  collection  du  Muséum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris  en  renferme  deux  Individus  ,  l'un  mâle  ,  et  l'autre 
femelle. 

Seconde  Espèce.  —  Le  SaKI  capucin  ,  Pitheda  rhlropoies  , 
Geoffr. ,  Ann.  du  Mus.  dHisl.  mit. ,  tome  19  ,  page  116,  sp.  2. 
— Le  Capucin  DE  l'Orénoque,  »S/Wa<;/i//o/9o/es,  Humboldt, 
Recueil d'obseiv.  zoolog.  ,  page  3ii. 

Ce  saki  ressemble  beaucoup  au  couxio  ;  il  est  d'un  roux 
marron.  Les  poils  qui  recouvrent  sa  tête  sont  fort  longs  ,  et 
forment  deux  toupets  ,  un  de  chaque  côté.  Sa  barbe  ,  longue 
et  touffue  ,  est  d'un  brun  noirâtre ,  et  couvre  une  partie  de  la 
poitrine. 

M.  de  Humboldt  a  décrit  le  premier  cette  espèce  ,  qui 
se  trouve  dans  les  déserts  de  \  Alto  Orinoco  ,  au  sud  et  à  lest 
des  cataractes  de  ce  (leuve  ,  mais  qui  paroît  fort  rare  dans 
d'autres  parties  de  la  Guyane. 

Le  saki  capucin  est  un  peu  plus  petit  que  l'atèle  coaïta;  ses 
yeux  sont  grands  et  enfoncés  ;  ses  canines  très  fortes  ;  sa 
queue  est  un  peu  moins  longue  que  le  corps  ,  et  d'un  brun 
noirâtre.  Les  testicules  du  mâle  sont  pourpres. 

Ce  singe,  d'un  naturel  assez  triste,  est  robuste  ,  agile, 
farouche  ,  colère  ,  et  très-difficile  à  apprivoiser.  Sa  voix  n'est 
qu'un  grognement  sourd  et  rauque.   Il  est  monogame. 

M.  de  Humboldt  l'a  nommé  chiropoies ,  pour  rappeler  l'ha- 
bitude singulière  qu'il  a  de  boire  dans  le  creux  de  sa  main. 
Selon  cet  auteur  ,  le  capucin  prend  le  plus  grand  soin  de  sa 
barbe  ,  et  entre  en  fureur  lorsqu'on  la  saisit  ,  ou  qu'on  la 
mouille. 

Troisième  Espèce,  —  Le  Saki  a  ventre  roux  ,  Pilhecia 
rufi{;enter ,  Geoffr.,  Ann,  du  Mus. ,  tome  19,  page  106  ,  sp.  3. 


5o  S  A  K 

—  Le  SaKI,  Bufjoiiy  tome  i5,  page  90  (  i."  individu).  -^ 
SiSGE  DE  NUIT,  Ejusâ.  sitppl ,  loiTie  7,  page  114,  pl.3i.  — 
SaKL  ,  Audbert,  Hist.  mil.  des  Sins;es  et  Makis  ,  fam.  6,  sect.^i, 
lig.  n  ,  vulgairement  singea  queue  de  renard.  —  V.  pi.  P.  i3  , 
de  ce  Dictionnaire. 

C'est  le  plus  gros  ,  au  moins  en  apparence  ;  ce  qui  est 
peut-être  flû  à  l'épaisseur  dei»son  poil.  Sa  longueur,  depuis 
i'extrémilé  du  nez  jusqu'à  l'origine  de  la  queue,  est  d'un  pied 
et  deuil  environ.  Sa  queue  est  très-touffue ,  ainsi  qlie  les  poils 
qui  couvrent  ses  membres,  à  l'exception  des  deux  mains  et  des 
deux  pieds  qui  sont  minces  ;  sa  face  est  nue  et  obscure  ;  son 
pelage  est  brun  ,  lavé  de  roussâtre  ;  chaque  poil  étant  d'un 
brun  noirâtre  dans  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur  ,  et 
marqué  d'un  anneau  d'un  blanc  roussâtre  ,  assez  étroit  vers 
sa  pointe.  Les  poils  de  la  tête  sont  dlvergens  et  forment  une 
calotte  ,  dont  le  centre  est  placé  sur  le  vertex,  et  dont  le 
bord  antérieur  s'avance  jusque  sur  le  front.  Le  dessous  du 
corps  ,  à  commencer  de  la  gorge  ,  est  d'un  roux  clair.  La 
queue  est  longue  d'un  pied  et  demi  environ.  Les  ongles  sont 
un  peu  creusés  en  gouttière. 

Cette  espèce  se  trouve  particulièrement  à  la  Guyane. 

Quatrième  Espèce.  —  Le  Saki  moitse  ,  Pithecia  monachus  ^ 
Geoffr.,  Ann.du  Mus.  dllist.  nat,  tome  19  ,  page  116,  sp.  4- 

Ce  singe  est  plus  petit  que  le  précédent.  Son  pelage  est 
très-touffu  ,  varié  de  brun  et  de  gris-blanc ,  lavé  de  jaunâtre. 
Cette  dernière  teinte  est  terminale  sur  les  poils  ,  dont  la  base 
est  généralement  brune.  On  la  remarque  surtout  au  toupet , 
sur  le  haut  du  dos  ,  sur  les  épaules,  la  face  extérieure  des 
bras  ,  et  sur  les  deux  premiers  tiers  de  la  queue  ;  la  face  est 
brune  ,  presque  nue  ,  et  l'on  voit  à  peine  quelques  poils 
blanchâtres  sur  le  front  et  sur  les  joues.  Les  cuisses  en  dedans 
et  la  partie  interne  du  bras ,  sont  d'un  brun  noir. 

Ce  qui  caractérise  principalement  cette  espèce,  c'est  l'es- 
pèce de  calotte  de  poils  dlvergens  qui  se  trouve  sur  l'occiput, 
et  qui  arrivé  tout  au  plus  au  vertex,  ainsi  que  le  manque  de 
barbe  ,  la  longueur  de  la  queue,  qui  est  à  peu  près  égale  à 
celle  du  corps. 

M.  (icoffroy  pense  qu'Use  pourrolt  qu'on  dût  rapporter  à 
celte  espèce  le  singe  figuré  sur  la  planche  3o  du  supplément 
aux  œuvres  de  Bujfun,  tome  7  ,  sous  le  nom  à' Yarqué ;  et  il 
fonde  cette  opinion  sur  ce  que ,  dans  cette  figure  ,  le  front  est 
large  et  découvert. 

Cinquième  Espèce.  —  Le  SaK£  MIRIQUOUINA  ,  Geoffr.  , 
Ann.  du  Mus.,  tome  19,  page  117,    sp.   b.  —  Min'quouina , 


s  A  K  5, 

d'Azara  ,    Essai  sur  VHîsl.  nat.  (les  Quadrup.   du  Paraguay  , 
tome  2  ,  page  2  43. 

Ce  singe, qui  habite  les  bois  de  la  province  de  Chaco  et  du 
bord  occidental  de  î-la  rivière  du  Paraguay,  a  trente-deux 
pouces  de  longueur  totale  ,  sur  quoi  le  tronçon  de  sa  queue 
en  prend  seize  ,  et  les  poils  qui  le  dépassent  ,  deux  en- 
virons. Il  est  parliculièrenient  caractérisé  par  son  pelage 
gris  brun  en  dessus  ,  et  de  couleur  fauve  ou  cannelle  en 
dessous  ;  les  poils  de  son  dos  étant  annelés  d'abord  de  blanc, 
de  noir  au  milieu  ,  et  de  blanc  à  la  pointe.  Il  a  deux  taches 
♦blanches  au*dessus  des  yeux.  Sa  face  ,  dit  d'Azara,  a  du  poil 
jusqu'aux  sourcils,  sans  qu'il  y  ait  autre  chose  de  pelé  que  les 
paupières  et  le  nez.  Son  œil,  qui  est  grand,  a  l'iris  couleur  de 
tabac  d'Espagne.  Son  oreille  est  très-large,  arrondie  ,  velue. 
Dans  le  mâle,  la  verge  est  rentrée  sous  la  peau,  et  les  testi- 
cules seuls  sont  apparens.  Le  pelage  est  très-doux  ,  et  les 
poils  de  la  queue  seuls  sont  longs  et  rudes..  L'espace  qui  sé- 
pare les  deux  taches  blanches  de  dessus  les  yeux  ,  est  brun 
foncé  comme  la  figure.  Le  poil  de  la  queue  est  entièrement 
couleur  de  tabac  d'Espagne.  La  femelle  est  un  peu  plus  pe- 
tite que  le  mâle.  Les  jeunes  ressemblent  à  leurs  parens. 
Ces  singes  sont  d'un  naturel  tranquille. 
Sixième  Espèce.  —  Le  Sakf  YâRQUÉ,  Pithecia  leucocephala  , 
Geoffr. ,  Ann.du  Mus.  ,  tome  19,  page  117  ,  sp.  6.  —  Saki 
Biiffun,  tome  i5  ,  page  90  (  a.^^e  individu  décrit  d'après 
Delaborde  ).  —  Simia  pHhedn ,  Schreber  ;  Saeugthière  , 
fig.  Sa.  —  Yarqué,  Simia  pithecia  y  Audebert  ,  Hist.  nat.  des 
singes  y  fam.  6  ,  sect.  i  ,  fig.  2. 

Ce  singe  est  un  peu  plus  grand  que  le  saki  couxio  ;   son 
pelage  est  noir-brun  ,   assez  épais  sur  le  dos  ;   son  ventre  est 
presque  nu;  son  occiput  est  couvert  de  poils  courts  ,  de  la 
couleur  de  ceux  du  dos  ;    mais  les  joues  et  les  côtés  de  la 
mâchoire  inférieure  sont  garnis  de  poils  nombreux  ,  égale- 
ment courts,  d'un  blanc  sale,  légèrement  teint  de  jaunâtre; 
sur  le  front,  on  remarque  une  ligne  moyenne  qui  divise  ces' 
poils.   Le  tour  des  yeux  ,  le  nez  et  les  lèvres  ,  sont  nus  et 
d'un  brun  obscur.  Les  mains  et  les  pieds  sont  presque  nus. 
La  queue  est  très-touffue,  et  un  peu  plus  courte  que  le  corps. 
Laborde  ,  qui  a  fait  connoîlre  celte  espèce  à  BufTon  ,   dit 
qu'elle  est  assez  rare  à  la  Guyane  ,  et  qu'elle  se  tient  dans 
les  broussailles.  Ces  animaux  vont  par  troupes  de  sept  à  huit, 
et  jusqu'à  douze.  Ils  se  nourrissent  de  goyayes  et  d'abeilles, 
dont  ils  détruisent  les  ruches  ,  et  mangent  aussi  des  graines 
dont  l'homme  fait  usage.  Ils  ne  font  qu'un  petit  que  la  mère 
porte  sur  le  dos.  Ils  sifflent  comme  les  sapajous.  Dans  l'édi- 
tion de  Buffon  ,  do  Sonnini ,  M.  Lalrellle  a  donné  une  as- 


S2  S  A  L 

sez  bonne  figure  de  ce  singe  ,   sous  le  nom  de  saki  à  iéle 
blanche. 

Septième  Espèce.  —  Le  Saki  cacajao  ,  Pithecia  melanoce- 
phala  ,  Geoffr.  ,  Ann.  du  Mus. ,  tome  19  ,  page  117  ,  sp.  7. 
—  Le  Cacajao,  Simia  melanocephala  ,  Humboldt  ,  Recueil 
dobserv.  zoolog. ,  page  3i6  ,  fig.  29. 

Ce  petit  singe  ,  décrit  pour  la  première  fois  par  M.  de 
Humboldt,  n'a  point  de  barbe  ;  sa  tête  noire  ,  est  couverte 
de  poils  courts  touffus  et  dirigés  en  avant;  son  pelage  est  d'un 
brun  jaunâtre  ;  sa  queue  est  d'un  sixième  plus  courte  que  le 
corps;  elle  est  grosse,  d  un  jaune  brunâtre  à  sa  base  ,  et  prés- 
ide noire  à  l'extrémité.  La  poitrine ,  le  ventre  et  le  dedans 
des  bras  et  des  jambes  ,  sont  d'une  teinte  plus  claire  que  le 
do3.  Les  mains  et  les  pieds  sont  noirs  et  secs  ,  avec  les  doigts 
très-longs.  Le  cou  et  la  nuque  sont  presque  nus. 

Les  cacajaos  forment  des  troupes  que  l'on  rencontre  dans 
les  forêts  qui  avoisinent  les  rives  des  fleuves  Cassiquiare  et 
Rio  Negro.  Ils  sonl  peu  agiles  etd'un  caractère  doux  et  phleg- 
matique.  Leur  nourriture  principale  consiste  en  fruits  ,  tels 
que  bananes  ,  goyaves  ,  citrons  ,  etc. ,  qu'ils  mangent  avec 
avidité.  Ils  redoutent  les  serpens  et  les  crocodiles,  (desm.) 

SAKKL  Nom  japonais  d'une  boisson  fermentée  ,  analo- 
gue à  la  BiÈRE  ,   qu'ils  font  avec  le  Riz.  (b.) 

SAlvOHÉ.  iSom  garipou  du  Cassique  yapou  ,  à  la 
Guyane,  (v.) 

SAKU-JAKU.  Nom  que  l'on  donne,  au  Japon,  à  la  Pi- 
voine OFFICINALE  ,  selon  Ksempfer.  (ln.) 

SAL.  Les  Latins  donnèrent  spécialement  ce  nom  au  sel 
commun,  au  se/ proprement  dit ,  la  soude  muriatée.  Ce  sel 
est  en  usage  depuis  la  plus  haute  antiquité.  Le  sel,  remarque 
Pline  ,  est  une  chose  si  nécessaire  à  l'homme  ,  que  son  nom 
sert  même  à  désigner  les  plaisirs  de  l'esprit.  L'on  ne  peut 
mieux  appeler  que  du  nom  de  sel,  la  gaîté  et  les  délassemens 
que  l'on  fait  succéder  au  travail.  Le  nom  de  sel  a  été  étendu 
jusqu'à  ce  qui  concerne  l'état  militaire  ,  puisqu'on  appelle 
salarium  une  rétribution  que  l'on  donne  aux  soldats.  Ainsi , 
notre  mot  salaire  a  pour  origine  le  mot  salarium.  Xe  sel  éloit 
le  symbole  de  la  sagesse.  Les  Hébreux,  comme  les  Grecs  et 
les  Romains  ,  faisoient  entrer  le  sel  dans  tous  les  sacrifices 
faits  aux  dieux  ,  et  les  lois  mêmes  en  maintenoient  l'obligation. 
Le  sel  éloit  encore  le  signe  de  l'incorruplibililé. 

Les  Grecs  donnoient  au  sel  le  nom  d  lialos.  Le  nom  latin 
s'est  conservé  dans  presque  toutes  les  langues  de  l'Europe  , 
avec  de  légères  modifications  qui  n'en  cachent  pas  la  racine. 
L'on  observe  que  le  mot  salz  Âts  Allemands  est  à  la  fois  un 


s  A  L  55 

composé  des  noms  latin  et  grec  du  sel ,  c'.est-à-dîre  ,  de  salet 
halos. 

Les  anciens  tiroient,comme  nous,  le  sel  de  l'eau  de  la  mer, 
des  sources  salées  ,  et  des  montagnes  de  sel  gemme  ;  ils 
n'ont  pas  étendu  autant  que  les  modernes  le  nom  de  sel  à 
toutes  les  substances  qui ,  comme  le  sel  marin  ,  se  fondent 
très-aisément  dans  l'eau.  F.  l'article  Sel.  (ln.) 

SALABIDO.  V.  Meleto.  (desm.) 

SALACIE  ,  Salacia.  Genre  établi  par  Lamouroux  ,  dans 
son  beau  travail  sur  les  polypiers  coralligènes  flexibles,  pour 
placer  une  production  de  cet  ordre  qui  provient  des  mers  de 
la  Nouvelle-Hollande  ,  et  qu'il  a  figurée  planche  6  de  son 
ouvrage. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  polypier  phytoïde  ,  arti- 
culé ;  cellules  cylindriques,  longues  ,  accolées  au  nombre  de 
quatre  ,  avec  leurs  ouvertures  sur  la  même  ligne,  et  verticil- 
lées;  ovaires  ovoïdes  tronqués^(B.) 

SALACIE ,  Salacia.  Genre  de  plantes  de  la  gynandrie 
triandrie  ,  qui  a  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  cinq 
parties;  une  corolle  de  cinq  pétales;  trois  étamines  attachées 
au  sommet  d'un  ovaire  supérieur  à  style  simple.  Le  fruit 
n'est  pas  connu. 

Ce  genre,  très-rapproché  des  Tontèles  et  des  Calypsos, 
a  été  établi  sur  un  arbrisseau  de  la  Chine,  à  feuilles  alternes, 
ojales  ,  péliolées ,  écartées ,  et  à  fleurs  axillaires.  (b.) 

SALACZAG.  Dans  une  noticedes  oiseaux  des  Philippines, 
insérée  dans  les  Transactions  philosophiques  ,  Camel  fait  men- 
tion d'un  petit  oiseau  à  long  bec  ,  à  plumage  peint  de  diverses 
couleurs  ,  et  appelé  salaczac.  Il  est  vraisemblable  que  c'est 
une  espèce  de  Martin  pêcheur,  (s.) 

SALADE  DE  CHANOINE.  C'est  la  Valériane,  (^  ) 

SALADE  ou  LAITUE  DE  CHOUETTE.  C'est  la  Vé- 
ronique BECCABUNGA.  (LN.) 

SALADE  DE  GRENOUILLE.  Nom  vulgaire  de  la  Re- 
noncule DES  MARAIS  (  Ranunculus  cespitosus ,  Linn,  ).  Foyez 
Mâche,  (b.) 

SALADE  DE  MATELOTS.  Les  colons  français  du 
Sénégal  donnent  ce  nom  à  une  certaine  plante  de  ce  pays , 
parce  qu'ils  en  mangent  les  feuilles  comme  le  pourpier  dont 
elles  ont  le  goAt.  Adanson  ,  qui  rapporte  ce  fait  dans  son 
voyage  au  Sénégal ,  se  contente  de  dire  que  c'est  une  espèce 
d'hélianthémoïde  (peut-être  un  Spilanthe).  (ln.) 

SALADE  DE  PORC.  Nom  vulgaire  de  la  Porcelle  a 
longues  racines,  (b.) 
SALADE  DE  TAUPE.  C'est  le  Pissenlit,  (ln.) 


54  s  A  L 

Sx\LADELLE.  Le  Statice  maritime  porte  ce  nom  dans 
la  Camargue.  (B.) 

SALADRELO.  En  Languedoc,  on  appelle  ainsi  la  graine 

de  rOsEILLE  LONGUE,  (dESM.) 

SALAGRAMAN.  Nom  que  donnent  les  Indiens  à  la 
cavilé  laissée  par  une  ammonite  dans  un  schiste  argileux, 
cavité  où  ils  supposent  que  Yishnou  s'est  incarné.  Cette 
pierre ,  qui  se  trouve  en  forme  de  cailloux  roulés  ,  dans  le 
Gange  ,  est  l'objet  des  adorations  des  sectateurs  de  ce  dieu  , 
et  est  fort  rare.  J'en  ai  vu  une,  rapportée  par  Sonnerat ,  qui 
doit  être  déposée  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris. 
V.  au  mot  Ammonite,  (b.) 

SALAM,  PIERRE  DE  SALAM.  Dans  l'Inde,  on  donne 
ce  nom  aux  Rubis  orientaux.  Ces  gemmes  précieuses  ap- 
partiennent à  l'espèce  corindon  ,  ainsi  que  le  saphir.  "Werjier 
en  fait  une  espèce  distincte  qu'il  appelle  Salamstein.  Miàis 
cette  distinction  n'existe  pas  dans  la  nature  ,  car  on  y  trouve 
tous  les  passages  au  saphir  et  autres  variétés  vitreuses  du 
«corindon  ,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  par  l'examen  de 
leurs  formes  cristallines.  Lorsqu'ils  sont  bruts  ,  ils  ont  un 
reflet  laiteux  particulier  qui  les  fait  distinguer  sur-le-champ 
du  spinelle  rouge  ;  lorsqu'ils  sont  taillés,  ils  jouissent  de  la 
réfraction  double,  et  d'une  vivacité  de  couleur  cl  d'éclat  que 
le  spinelle  n'a  jamais,  (ln.) 

SALAMANDRE,  iy^/amrtm/ra.  Genre  de  reptiles  de  l'ordre 
des  Batraciens,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  trois 
ou  quatre  doigts  aux  pieds  de  devant ,  quatre  ou  cinq  à  ceux 
de  derrière;  une  langue  large,  non  fourchue,  et  fixée  dans 
toute  sa  longueur;  une  queue. 

«  Le  nom  des  salamandres  est  depuis  long-temps  fameux; 
l'amour  du  merveilleux  s'est  plu  à  les  tirer  de  l'obscurité  à 
laquelle  elles  semblent  avoir  été  condamnées  par  l'auteur  de 
la  nature.  Considérées  comme  des  êtres  privilégiés  qui  bra-* 
voient  la  puissance  du  plus  actif  des  élémens,  elles  fourni- 
rent à  l'amour  des  emblèmes  souvent  plus  brillans  que  fidè- 
les. Le  temps  a  dissipé  les  prestiges  de  cette  fausse  gloire  : 
tout  le  monde  sait  aujourd'hui  que  les  salamandres,  expo- 
sées à  l'action  du  feu,  y  trouvent,  comme  les  autres  ani- 
maux, un  principe  destructeur  qui  les  réduit  en  cendre. 
Mais  si  leur  réputation  a  perdu  d'un  côté,  elle  a  gagné  de 
l'autre.  Une  histoire  pleine  de  faits  curieux  a  remplacé  un 
roman.  » 

Tel  est  l'exorde  d'une  Histoire  naturelle  des  salamandres  de 
France,  qu'a  publiée  Latreille  ,  histoire  remplie  d'observa- 
tions nçuvelles ,  qui  fixent  nos  idées  sur  ces  singuliers  ani- 


s  A   L  55 

maux,  el  qu'on  ne  peut  mieux  faire  que  de  mettre  à  contri- 
bution pour  la  rédaction  de  cet  article. 

Linnœus  et  la  plupart  des  autres  naturalistes  qui  l'ont 
suivi ,  ont  placé  les  salamandres  parmi  les  lézards,  car  leurs 
formes  extérieures  sont  fort  rapprochées  ;  mais  ,  pour  peu 
qu'on  les  compare,  on  leur  trouvera  des  différences  qui  les 
éloignerontbeaucoup  plus  les  uns  des  autres,  que  les  sespens 
des  lézards.  En  effet  les  salamandres  ont  la  peau  nue  ,  c'est- 
à-dire  privée  d'écaillés  et  rendue  luisante  par  une  mucosité 
qui  flue  de  glandes  particulières.  Leurs  pattes  ne  sont  point 
pourvues  d'ongles;  leurs  yeux  sont  munis  de  paupières;  leur 
langue,  qui  est  large,  épaisse,  et  non  divisée  à  son  extré- 
mité, est  adhérente  par  toute  sa  face  inférieure  ,  caractère 
qui  rapproche  ces  animaux  des  grenouilles.  Leurs  fausses  cô- 
tes sont  très-courles  ;  leur  cœur  n'a  qu'une  oreillette;  elles 
n'ont  point  de  trou  auditif  externe  ,  point  d'organes  propres 
à  l'accouplement  par  introduction  enfin  elles  subissent  des 
métamorphoses;  ces  divers  caractères  les  rapprochent  en- 
core des  grenouilles;  aussi  Alex.  Brongniard,  à  qui  on  doit 
le  meilleur  systènie  di^ Erpétologie  qui  art  encore  été  proposé 
(  V.  au  mol  Erpétologie  )  ,  a-t-il  mis  les  salamandres 
dans  l'ordre  des  Batraciens,  c'est-à-dire  avec  les  grenouil- 
b.îs  ,  et  les  a-t-il  placées  à  la  fin  des  reptiles  ,  comme  faisant 
le  passage  entre  ces  derniers  et  les  poissons. 

On  verra  plus  bas  que  les  salamandres  sont  de  véritables 
poissons  dans  leur  première  jeunesse ,  attendu  qu'elles  res- 
pirent par  des  branchies,  et  quelles  n'ont  point  de  pattes, 
ce  qui  a  voit  déterminé  Laureuti  à  en  faire  un  genre  sous  le 
nom  de  Protée.  V.  ce  mot. 

Les  salamandres  ne  sont  point  pourvues  de  couleurs  bril- 
lantes; leur  peau  tuberculeuse  ,  toujours  gluante  ,  fort  sem- 
blable à  celle  des  crapauds,  leurs  mouvemens  lents,  leur 
habitation  dans  les  lieux  fangeux  ou  sombres,  les  rendent 
l'objet  de  la  défaveur  générale,  aussi  ne  les  a-t-on  observées 
que  dans  ces  derniers  temps  ,  à  l'époque  où  le  désir  de  l'ins- 
truclion  a  fait  surmonter  le  dégoût  naturel  qu'on  a  pour 
elles  ,  et  où  beaucoup  d  hommes  ont  secoué  les  préjugés  de 
leur  epfance.  On  n'en  connoît  encore  que  fort  peu  d'exoti- 
ques. 

Le  plus  grand  nombre  des  salamandres  habite  les  eaux*; 
quelques-unes  sont  terrestres,  mais  ne  se  trouvent  cepen- 
dant que  dans  les  lieux  humides,  dans  ceux  où  le  soleil  ne 
pénètre  jamais.  Toutes  s'enfoncent  dans  la  terre  nu  dans  la 
boue  pendant  l'hiver  ,  toutes  changent  de  peau  tous  les  dix  à 
douze  jours  pendant  l'été  ,  el  toutes  vivent  de  vers  ,  de  lar- 
ves d'insectes ,  el  autres  petits  animaux. 


56  S  A  L 

Spallanzani  a  découvert,  dans  les  salamandres,  la  faculté 
de  régénérer  leurs  membres.  Bonne!  et  autres  ont  confirme 
ses  observations.  Ainsi  il  est  constaté  aujourd'hui  qu'on  peut 
couper  les  pieds,  la  queue  ,  arracher  les  yeux  des  salaman- 
dres ,  et  les  voir  se  reproduire  en  deux,  trois  ou  six  mois 
dans  les  pays  chauds ,  en  un  temps  plus  long  dans  les  pays 
froids.  Un  de  ces  membres,  coupé  après  sa  reproduction  , 
repousse  comme  la  première  fois.  Dans  ce  cas,  la  peau  re- 
couvre d'abord  la  plaie  ;  ensuite  il  pousse  un  moignon  qui 
se  bifurque  lorsque  c'est  une  patte  ,  et  s'aplatit  lorsque 
c'est  la  queue.  On  n'a  pas  reconnu  de  différence  entre  l'or- 
ganisation de  la  partie  reproduite  et  celle  de  la  partie  coupée. 

Ces  reptiles  ne  sont  pas  totalement  privés  de  l'organe  de 
la  voix;  ils  font  quelquefois  entendre  à  la  surface  des  eaux 
un  cri  rauque,  et  lorsqu'on  les  touche,  une  espèce  de  siffle- 
ment foible,  mais  aigu.  Ils  gonflent  leurs  poumons,  comme 
les  grenouilles ,  en  fermant  leur  bouche  ,  et  en  aspirant  l'air 
par  les  narines.  On  peut ,  comme  elles  ,  les  faire  mourir  , 
par  défaut  de  respiration  ,  en  leur  tenant  forcément  la 
bouche  ouverte  pendant  quelque  temps.  Voyez  au  mot  Gre- 
nouille. 

Les  salamandres  aquatiques  nagent  avec  facilite  par  le 
mouvement  de  leurs  pattes  ,  palmées  dans  certaines.espéces, 
combiné  avec  celui  de  leur  queue,  toujours  comprimée,  et 
quelquefois  garnie  d'une  large  membrane  qui  se  prolonge 
sur  leur  dos.  Dans  leur  état  parfait,  elles  ont  besoin  de  ve- 
nir fréquemment  respirer  à  la  surface  de  l'eau,  ou  mieux, 
prendre  une  nouvelle  provision  d'air;  car  elles  restent  des 
mois  pendant  l'hiver,  des  jours  pendant  le  printemps  et  l'au- 
loMine,  et  des  heures  pendant  les  chaleurs  de  l'été,  sans  être 
obligées  de  sortir  de  leurs  retraites.  Plus  l'eau  est  chaude  et 
corrompue  ,  et  plus  fréquemment  elles  sont  forcées  à  renou- 
veler leur  provision. 

En  général,  les  salamandres  habitent  les  eaux  stagnantes 
ou  peu  coulantes;  mais  il  en  est  des  espèces  qui  préfèrent 
celles  qui  sont  limpides  ,  telles  que  les  fontaines  et  les  puits, 
et  d  autres  qui  ne  se  trouvent  que  dans  les  mares  les  plus  in- 
fectes. Il  existe  cependant  un  point  d'altération  des  eîiux,où 
jccs  dernières  mêmes  les  abandonnent  ou  périssent. Elles  sor- 
tent quelquefois  de  ces  demeures  pendant  la  nuit  ou  pendant 
les  jours  pluvieux,  soit  pour  changer  de  place,  soit  pour 
aller  cherciier  des  lombrics  terrestres  ou  autres  objets  de 
nourriture  ;  mais  elles  ne  s'éloignent  jamais  beaucoup  du 
lieu  de  leur  naissance.  Souvent,  dans  ce  cas,  elles  ne  peu- 
vent retrouver  le  lieu  d'où  elles  sont  parties  qu'après  une  re- 
cherche de  plusieurs  jours;  de  là  les  individus  qu'on  ren- 


s  A  L  57 

contre  quelquefois  sous  des  pierres,  sous  des  ccorces  d'ar- 
bres, etc. 

C'est  vers  l'équinoxe  du  printemps,  un  peu  plus  tôt,  un 
peu  plus  tard,  selon  la  chaleur  de  la  saison  ,  que  les  salaman- 
dres aquatiques  procèdent  à  la  multiplication  de  leur  espèce. 
A  cette  époque,  les  mâles,  qu'on  dislingue  souvent  par  la 
grandeur  de  la  crête  de  leur  queue  ou  autres  caractères,  et 
toujours  par  leur  forme  plus  svelte,  par  le  plus  de  grosseur 
des  organes  de  la  génération,  et  enfin  par  la  plus  grande 
longueur  des  pattes  postérieures,  recherchent  le  voisinage  des 
femelles,  s'agitent  beaucoup  autour  d'elles,  les  caressent 
même  de  leurs  queues  et  de  leurs  pattes,  se  réunissent  enfin 
par  leur  partie  antérieure  ;  alors  le  mâle  éjacule  une  "liqueur 
blanche  et  épaisse  sur  les  organes  de  la  génération  de  la  fe- 
melle ,   qui  sont  alors  très-gonPiés. 

.  Tel  est  le  seul  mode  d'accouplement  observé  parmi  les 
salamandres  parDemours  ,  Spallanzani,  Latreille  et  autres: 
mode  intermédiaire  entre  celui  des  autres  reptiles  et  des 
poissons. 

Spallanzani,  qui  les'a  surtout  étudiées,  a  prouvé,  par  de 
nombreuses  expériences  ,  que  la  liqueur  séminale  vivifie  seu- 
lement les  œufs  situés  près  de  l'ouverture  extérieure  du  ca- 
nal; ainsi  il  faut  un  grand  nombre  d'actes  pour  féconder 
leur  totalité.  En  conséquence  ,  la  ponte  dure  vingt  à  trente 
jours,  et  pendant  cet  espace  de  temps  leur  espèce  d'accou- 
plement a  souvent  lieu  plusieurs  fois  dans  une  heure. 

Les  œufs  des  salamandres  sont  très-petits  ,  et  sortent  iso- 
lés, ou  réunis  les  uns  aux  autres  par  une  matière  glutineuse, 
comme  dans  les  Crapauds  et  les  Grenouilles.  Ils  nagent 
d'abord  et  s'enfoncent  ensuite  dans  l'eau,  à  raison  de  l'aug- 
mentation de  poids  qu'ils  acquièrent  par  le  développement 
des  fœtus. 

Dans  l'espace  de  peu  de  jours ,  ces  œufs  éclosent  et  se 
changent  en  petits  têtards  rendes  et  arrondis  à  un  bout , 
amincis  et  terminés  en  queue  à  l'autre,  qui  prennent  en- 
suite de  petites  nageoires,  des  rudimens  de  pattes  ,  une  tête 
et  des  yeux.  A  cette  époque  ,  ces  larves  ,  car  ces  têtards 
doivent  porter  ce  nom  ,  se  m  uvenl  avec  une  vivacité  extrême 
et  bien  contrastante  avec  la  lenteur  future  des  animaux  par- 
faits. 

Au  quinzième  ou  seizième  jour,  les  doigts  des  pattes  a*i- 
tcrieures  commencent  à  poindre  ,  et  huit  jours  après  ceux  de 
loiites  sont  développes. 

Mais  il  faut  parler  des  ouïes  ou  branchies,  organes  si  re- 
marquables ici ,  puisque  ,  comme  on  l'a  déjà  dit ,  elles  assi- 
milent les  jeunes  salamandres  aux  poissons. 


58  S  A  L     * 

Les  ouïes,  donc  ,  forment,  de  chaque  côté  du  cou,  une 
houppe  frangée,  une  espèce  de  panache  composé  de  trois  à 
quatre  tiges  inégales  ,  garnies  ,  sur  deux  rangs  ,  d'appendices 
membraneuses  etlaciniées.  Ces  ouïes  ,  suivant  Dufai  ,  sont 
recouvertes  et  garanties  par  un  opercule.  Elles  servent  , 
comme  dans  les  poissons  ,  à  soutirer  de  l'eau  Pair  qui  est  né- 
cessaire, à  la  conservation  de  l'existence  de  ces  larves.  (  Voyez 
au  mol  Poisso?!.)  Aussi  les  jeunes  salamandres  ne  sonl-cUes 
pas  obligées  ,  comme  leurs  père  et  mère  ,  à  monter  à  la  sur- 
face de  l'eau  pour  humer  de  nouvel  air,  lorsque  celui  qu'elh  » 
avoientmisen  dépôt  dans  leurs  poumons  est  consommé  par 
l'acliori  vitale. 

Arrive  une  époque  à  laquelle  ces  organes  ,  devenus  inu- 
tiles parle  développement  etl'accroissement  des  sacs  pulmo- 
naires, ne  reçoivent  pfus  de  nourriture,  disparoissent  avec 
la  mue  ,  ou  mieux  s'oblitèrent. 

Lalreille  pense  que  toutes  les  salamandres  aquatiques  ont 
de  semblables  branchies  ;  mais  les  grosses  espèces,  surtout 
celles  qui  Sortent  quelquefois  de  l'eau  ,  les  perdent  de  très- 
bonne  heure.  Ainsi  c'est  dans  les  petites  ,  dans  les  espèces 
qui  seront  ici  mentionnées  les  dernières  ,  qu'il  faut  les  cher- 
cher lorsqu'on  veut  les  étudier. 

La  durée  de  l'existence  des  salamandres  n'a  pas  encore  été 
fixée  par  les  naturalistes  ;  mais  il  est  probable  que  ,  comme 
celle  des  grenouilles,  elle  s'étend  à  un  assez  grand  nombre 
d'années.  Elles  ont  la  vie  dure.  Il  faut  de  violens  coups  de 
bâton  pour  les  faire  mourir.  J'en  ai  vu  une  dont  le  ventre 
avoit  été  ouvert  par  une  percussion  de  cette  espèce,  qui  sem- 
bloit  ne  devoir.pas  se  remuer  de  la  place  où  elle  se  trouvoit  , 
car  ses  boyaux  étoient  dehors  ,  se  rétablir  parfaitement  en 
douze  ou  quinze  jours  ,  ce  qui  s'explique  par  la  facilité  avec 
laquelle  leurs  membres  se  régénèrent.  Elles  habitent ,  en 
général ,  des  lieux  où  il  n'est  pas  facile  de  les  trouver,  ré- 
pugnent à  la  plupart  des  animaux,  et  n'ont  guère  d'ennemis 
que  parmi  les  oiseaux  aquatiques.  Les  canards  sont  pro- 
bablement les  plus  dangereux  de  tous  pour  celles  de  France, 
et  ils  ne  mangent  cependant  volontiers  que  les  jeunes. 

On  fait  mourir  aisément  les  salamandres  en  introduisant 
une  épingle  dans  leurs  naseaux ,  en  les  saupoudrant  de  sel  ou 
de  tabac.  Dans  ces  deux  derniers  cas,  elles  s'épuisent  à  faire 
sortir  rapidement  de  leur  peau  la  liqueur  blanche  qui  la  lu- 
Lréfie.  Elles  en  agissent  de  mëiiie  lorsqu'on  les  met  dans  le 
feu  ,  et  il  arrive  quelquefois  que  cetfe  liqueur  l'éteint  suffi- 
samment pour  leur  permettre  de  se  sauver.  De  là,  sans  doute, 
est  née  l'opinion  que  les  salamandres  vivent  dans  le  feu  ,  et 
par  cuiisé^^ueutles  fabl;;s  que  i'imagiualiou  a  crcccs  ,  que  la 


vS  A  1 


poésie  a  souvent  embellies  de  ses  charmes  , 
vent  pas  entrer  dans  la  rédaction  de  cet  ari 


9 


mais  qui  ne  doi 


Les  espèces  les  plus  importantes  à  connoîlre  parmi  elles  , 
sunt  : 

Salamandres  terrestres. 

La  Salâivi\î<DRE  TERRESTRE  ,  qui  a  plus  de  tiois  doigts  à 
chaque  pied  ,  le  corps  noirâtre  avec  de  grandes  taches  jaunt  s 
irrégulières;  la  queue  arrondie  et  épaisse.  Elle  se  trouve  dans 
les  parties  méridionales  de  l'Europe  ,  dans  les  lieux  frais  et 
couverts  ,  dans  les  vieilles  masures  ,  sous  les  pierres ,  etc.  On 
ne  la  rencontre  jamais  dans  l'eau.  Elle  acquiert  jusqu'à  un 
demi-pied  de  long.  Un  grand  nombre  d'auteurs  l'ont  repré- 
sentée ,  et  sa  meilleure  figure  est ,  sans  contredit ,  celle  qu'a 
donnée  Latreille  ,  dans  son  Histoire  naturelle  des  Salamandres 
de  France ,  chez  Viiliers  ,  rue  des  Mathurins.  11  y  a  joint  celle 
de  son  squelette. 

Cette  salamandre  diffère  beaucoup  des  autres  par  ses  mœurs. 
Elle^a  quatre  doigts  aux  pieds  de  devant ,  et  cinq  à  ceux  de 
derrière  ;  les  trous  de  sapeausont  en  partie  visibles  à  l'œil  nu; 
les  yeux  sont  placés  à  la  partie  supérieure  de  la  tête  qui  est  un 
peu  aplatie  ;  leur  orbite  est  saillante  dans  l'intérieur  du  palais , 
et  y  est  presque  entourée  d'un  rang  de  très  -  petites  dents  , 
semblables  à  celles  qui  garnissent  les  mâchoires  ,  dans 
plusieurs  poissons.  Les  couleurs  de  sa  robe  varient.  On  en 
trouve  de  presque  entièrement  jaunes  ,  et  de  toutes  noires. 
Les  taches  qui  s'effacent  les  dernières,  sont  celles  qui  sont 
derrière  les  yeux,  et  qui  ont  des  points  noirs.  La  queue  pa- 
roît  divisée  en  anneaux  par  des  renflemens  d'une  substance 
très-molle. 

Lorsqu'on  touche  la  salamandre  terrestre  ,  elje  fait  trans- 
suder  de  sa  peau  cette  humeur  blanche  dont  il  a  été  déjà 
parlé  ,  et  qu'elle  possède  en  bien  plus  grande  quantité  que 
ses  congénères.  Celte  espèce  de  lait  est  très-acre,  et  produit 
une  sensation  très-douloureuse  sur  la  langue.  C'est  un  excel- 
lent dépilatoire ,  au  rapport  de  Gesner.  Il  est  quelquefois 
lancé  à  plusieurs  pouces ,  ainsi  que  l'a  observé  Latreille  ,  et  il 
répand  une  odeur  nauséabonde  particulière.  C'est  un  poison 
pour  les  petits  animaux  ;  mais  il  ne  paroît  pas  qu'il  produise 
des  effets  aussi  dangereux  sur  les  grands,  tels  que  les  chiens, 
par  exemple. 

La  salamandre  terrestre  s'écarte  peu  du  trou  qù  elle  fait 
sa  résidence  habituelle,  et  ne  sort  ordinairement  que  la  nuit 
ou  pendant  la  plaie.  Elle  est  très-lente  dans  sa  marche  ;  vit 
de  mouches,  de  vers,  déjeunes  limaçons,  etc.  Elle  paroît 
réellement  sourde  ,  et  ne  redoute  pas  la  présence  de  l'homme 


6o  S  A  L 

ni  des  animaux,  qui  tous,  ou  presque  tous  ,  l'ont  en  horreur. 
Mais  il  paroît  que  c'est  à  cause  de  sa  mauvaise  odeur;  car  elle 
ne  leur  fait  jamais  de  mal,  et  sa  morsure,  forcée  par 
Ihomme ,  n'a  aucune  suite.  Lorsqu'on  la  met  dans  l'eau  , 
elle  cherche  à  en  sortir,  et  ne  peut  rester  au  fond  sans  ve- 
nir à  tout  moment  resffirer  à  la  surface.  Sur  terre  ,  elle  se 
met  souvent  en  spirale. 

Maupcrtuis  ,  ayant  ouvert  quelques  salamandres  terres- 
tres, y  trouva  des  œufs  et  des  petits  tout  formés.  Ce  fait  a 
été  vérifié  par  Lacépède  ,  et  par  un  anonyme  qu'il  cite  dans 
ses  Supplémens.  Cet  anonyme  ajoute  que  ces  fœtus  sont  ren- 
fermés dans  cinq  sacs ,  au  nombre  d'environ  huit  dans  cha- 
cun, et  qu'ils  sont  d'autant  plus  formés  qu'ils  se  rappro- 
chent davantage  de  l'ouverture  qui  doit  leur  livrer  passage. 
Ces  fœtus  sont  apodes  et  pourvus  de  branchies.  Les  sacs 
sont  précédés  d'œufs  disposés  en  grappes.  D'autres  obser- 
vateurs prétendent  avoir  trouvé  dans  le  corps  de  la  salaman- 
dre terrestre  femelle  ,  une  cinquantaine  de  petits  qui  ressem- 
blent à  leurs  parens,  à  la  taille  près.  Il  résulte  de  ces  ob- 
servations ,  et  de  celles  faites  depuis  par  Draparnaud  ,  pro- 
fesseur à  Montpellier,  que  les  salamandres  terrestres  met- 
tent bas  des  petits  éclos  dans  leur  ventre,  comme  les  vipè- 
res et  quelques  lézards  ;  que  ces  petits,  ou  larves ,  ont  les  tu- 
bes des  branchies  droits,  tandis  que  les  petits  ou  larves  des 
salamandres  aquatiques  les  ont  courbés. 

La  Salamandre  noire  a  été  regardée  comme  une  va- 
riété de  la  salamandre  terrestre  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire 
cependant  que  c'est  une  espèce.  Elle  est  du  double  plus  pe- 
tite que  la  précédente,  se  trouve  en  Allemagne  dans  une 
contrée  où  on  ne  rencontre  pas  cette  dernière. 

La  Salamandre  ponctuée  est  noire  avec  une  série  de 
points  jaunes  sur  chaque  côté  du  dos.  Elle  atteint  six  pouces 
de  long.  L'Amérique  septentrionale  est  sa  patrie;  Bartonl'a 
figurée  pi.  4-  <lu  sixième  volume  des  Transactions  de  la  So- 
ciété philosophique  de  Philadelphie. 

La  Salamandre  mortuaire  a  plus  de  trois  doigts  à 
chaque  pied  ,  est  noirâtre,  Variée  de  gris  ;  son  ventre  est 
brun  clair,  et  sa  queue  cylindrique  et  ronde.  Elle  se  trouve 
en  Caroline  ,  sous  l'écorce  des  arbres  pourris  ,  dans  les  mai- 
sons abandonnées,  etc.  Je  l'ai  observée  ,  décrite  et  dessinée 
le  prenner.  11  est  bon  de  publier  ici  la  description  absolue 
que  j'en  ai  faite  sur  le  vivant.  Voyez  plane.  P.  12,  où  elle  est 
figurée. 

Tète  allongée,  aplatie,  noire,  variée  de  gris,  surtout 
dans  sa  partie  latérale  postérieure. 

Corps  presque  cylindrique,  noir,  varie  de  gris,  surtout  sur 


s  A  L  6i 

les  côtés  ;  une  ligne  enfonce'e  tout  le  long  du  dos.  Le  dessous 
brun  ,  ponctué  finement  de  gris. 

Queue  un  peu  plus  longue  que  le  corps,  presque  cylin- 
drique ,  noire  ,  variée  de  gris,  surtout  à  sa  base. 

Pattes  noires,  variées  de  gris,  les  antérieures  à  quatre 
doigts  ,  dont  l'intérieur  très-pelit  ;  les  postérieures  à  cinq 
doigts  ,  dont  l'intérieur  est  également  plus  petit. 

Longueur  totale  ,  quatre  pouces. 

Le  mâle  diffère  de  la  femelle  en  ce  qu'il  est  plus  petit  et 
plus  noii'. 

M.  J.  Gréen  a  décrit,  dans  le  second  volume  du  Journal  de 
l'Académie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie  ,  quatre 
autres  espèces  nouvelles  de  salamandres  terrestres,  propres 
à  l'Amériqye  septentrionale  ;  savoir: 

La  Salamandre  tachée  de  rouge  qui  a  la  queue  courte  , 
le  dessus  du  corps  marbré  de  brun  et  de  rouge,  et  le  deaious 
cendré. 

La  Salamandre  cendrée  qui  a  la  queue  assez  longue  ,  le 
corps  en  dessus  brun ,  taché  de  blanc  ,  et  le  dessous  noir ,  ta- 
ché de  blanc. 

La  Salamandre  glutineuse  qui  a  la  queue  longue  ,  le 
corps  en  dessus  noir,  taché  de  blanc  ,  et  en  dehors  toutnoir. 

La  Salamandre  brune  dont  la  'queue  est  médiocre  ,  le 
corps  brun  en  dessus  et  blanc  en  dessous  ,  avec  deux  lignes 
de  points  noirs. 

Salamandres  aquatiques. 

La  Salamandre  des  monts  Alleghanis  est  brune ,  avec 
une  teinte  plus  claire  en  dessus.  Elle  a  été  trouvée  par  Michaux, 
dans  les  montagnes  de  l'intérieur  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. C'est  la  plus  grande  de  toutes  les  salamandres  connues, 
attendu  qu'elle  a  treize  pouces  de  long.  Voyez  pi.  P.  12  où 
elle  est  figurée.  Elle  se  voit  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de 
Paris;  on  ne  dit  pas  si  elle  est  terrestre  ou  aquatique  ;  mais 
sa  queue  plate,  très-courte  ,  et  munie  d'une  carène  membra- 
neuse, qui  se  prolonge  sur  le  dos,  la  range  dans  la  division 
de  ces  dernières.  On  remarque  une  petite  ligne  bleue  sur  les 
côtés  du  corps  ;  quelques  traits  de  la  même  couleur  sur  les 
cuisses  ;  de  légères  marbrures  rougeâtres  sous  le  corps  et  sur 
les  lèvres. 

C'est  à  cette  salamandre  que  Cuvier  rapporte  TAxo- 
^  lotl  des  lacs  du  Mexique  et  la  Sirène  operculée  de  l'Amé- 
rique septentrionale.  V.  son  importante  dissertation  sur  cet 
objet,  insérée  dans  les  Mémoires  de  Zoologie  de  Humboldt , 
à  la  suite  du  voyage  de  ce  deriiier  dans  l'Amérique  méridio- 
nale. 

La  Salamandre  marsrée  a  plus  de  trois  doigts  à  chaqjie 


C,  s  A  L 

lùiià;  le  corps  vert  en  dessus,  marbré  de  brun,  avec  une 
ri  cle  sur  le  dos  dans  les  niàles  ;  le  dessous  rougeâtre  ,  poin- 
tillé de  blanc,  et  la  queue  irés-compriinée.  Elle  se  trouve 
«lans  les  parties  méridionales  de  la  France,  et  uiérae  aux  en- 
virons de  Paris.  Elle  est  très-bien  figurée,  pi.  2  de  l'ouvrage 
rie  Lalreille  cité  plus  haut.  C'est  à  cet  habile  naturaliste 
fjuon  doit  laconnoissance  positive  de  cette  espèce  qui  avoit 
<;lé  confondue  avec  d'autres,  et  principalement  avec  la  sui- 
vante. Voyez  f\.  P.  12. 

Les  salamandres  marbrées  quittent  fréquemment  les  eaux 
pendant  l'été,  et  s'établissent  plusieurs  ensemble  dans  des 
irous  de  murs  exposés  au  nord,  dans  des  masures,  sous  des 
pierres,  etc.,  d'où  elles  ne  sortent  que  pendant  lanuitetlors- 
«lu'il  pleut.  Le  mâle  se  distingue  par  une  crête  élevée,  dentée 
inégalement,  comme  si  elle  avoit  été  mordue ,  et  qui  se  pro- 
longe sur  le  bord  supérieur  de  la  queue. 

La  Salamandre  crêtée  a  plus  de  trois  doigts  à  chaque 
pied;  le  corps  varié  de  noirâtre  et  de  vert  fon(fé  en  dessus; 
d'un  jaune  orangé  ,  avec  des  taches  noires  en  dessous  ;  une 
crête  sur  le  dos  dans  les  mâles;  une  queue  très-comprimée. 
Le  mâle  est  figuré  pi.  2  ,  n.^  3  de  l'ouvrage  de  Lalreille  ;  et  la 
lemelle  ouverte,  pi. 3  du  même  ouvrage.  On  la  trouve  très- 
abondamment  dans  les  Qaux  stagnantes,  dans  le  midi  comme 
dans  le  nord  de  la  France  ,  et  en  général  dans  toute  l'Europe. 
Elle  est  des  plus  communes  aux  environs  de  Paris.  Le  mâle 
diffère  de  la  femelle  par  sa  grande  crête  laciniée  comme  celle 
de  la  précédente  espèce,  mais  qui  est  plus  élevée,  et  d'une 
seule  couleur  noirâtre.  Cette  espèce  fournit  beaucoup  de 
variétés  produites  par  l'âge  et  la  nature  de  leur  habitation, 
ce  qui  a  donné  lieu  à  une  grande  confusion  dans  sa  synony- 
mie. Le  travail  de  Lalreille  l'ayant  définitivement  fi.xée  ,  il 
faul  abandonner  toutes  les  disputes  qui  ont  été  les  suites  de 
l'incertitude  des  naturalistes  qui  l'ont  précédé.  YMc  quitte 
rarement  les  eaux.  Voyez  pi.  P.  12. 

La  Salamandre  pointillée  est  d'un  brun-verdatre  ou 
jaunâtre ,  tachetée  de  noir  ;  sa  têle  est  rayée  ;  sa  queue  a  une 
bande  blanchâtre  sur  un  fond  rouge  à  sa  partie  inférieure.  Elle 
est  figurée  pi.  4  de  l'ouvrage  de  Lalreille.^  On  la  trouve  dans 
les  eaux  croupissantes  de  presque  toute  l'Europe.  Elle  n'est 
pas  rare  aux  environs  de  Paris. Le  mâle  aune  crête  dentée  el 
maculée,  qui  s'étend  depuis  la  têle  jusqu'à  l'extrémité  de  la 
queue.  Voyez,  pi.  P.  12. 

La  Salamandre  des  marais  est  d'un  brun  foncé  en  des- 
sus ,  avec  une  ligne  noirâtre ,  de  chaque  côté  ,  tout  le  long  du 
corps.  Son  ventre  est  blanchâtre,  et  quelquefois  orangé. 
C?est  là  salamandre  abdominale  de  Lalreille,   et  dont  ce  na- 


s  A  L  63 

turalisle  a  donné  quatre  figures,  pi.  5  de  son  ouvrage  pre'cîté. 
Elle  se  trouve  très-abondamment  dans  toute  l'Europe.  Elle 
craint  les  eaux  putréfiées  beaucoup  plus  que  la  précédente  et 
ne  s'éloigne  point  volontairement  des  lieux  de  sa  naissance. 
Elle  varie  aussi  beaucoup  par  ses  couleurs. 

La  Salamandre  ceinturée  est  d'un  gris-verdâlre  ou  jau- 
nâtre, avec  des  points  noirs,  disposés  en  Tjande  de  chaque 
côté  ;  le  dessous  est  safrané  et  sans  tache.  Elle  est  figurée  pi.  5 
de  l'ouvrage  de  Latreille.On  la  trouve  par  toute  l'Europe,  dans 
les  eaux  stagnantes. 

^La  Salamandre  ÉLÉGANTE  est  verdâtre  en  dessus,  jau- 
nâtre en  dessous,  avec  latêteetles  pieds  ponctués  de  noir. 
Elle  a  été  trouvée  par  Daudin  dans  les  environs  de  Beau- 
vais. 

La  Salamandre  palmipède,  Laceiia  aquatica  ,  Linn.,  est 
d'un  gris-verdâtre  ,  tacheté  de  noir  clair;  son  ventre  est  blan- 
châtre ,  presque  sans  taches  ;  ses  pieds  postérieurs  sont  pal- 
més, et  la  queue  des  mâles  est  terminée  par  un  filet.  Elle  est 
figurée  pi.  6  de  l'ouvrage  de  Latreille.  C'est  la  plus  petite  de 
Fraiice.  On  la  trouve  aux  environs  de  Paris  ,  dans  les  mares 
de  la  forêt  de  Bondy  où  je  l'ai  souvent  observée.  Elle  con- 
serve ses  branchies  plus  long-temps  qu'aucune  autre  espèce. 
Il  est  probable  qu'elle  ne  sort  jamais  de  l'eau;  car  elle  est  si 
délicate,  qu'un  quart  d'heure  d'exposition  dans  un  air  sec 
suffit  pour  la  faire  mourir. 

La  Salamandre  fasciée  qui  a  la  queue  médiocre,  le 
dessus  du  corps  ferrugineux  ,  avec  des  fascies  presque  bleues 
et  le  dessous  cendré. 

La  Salamandre  brunâtre  qui  a  la  queue  courte,  le 
corps  en  dessus  brunâtre,  avec  des  taches  noires,  et  le  des- 
sous jaunâtre. 

La  Salamandre  longicaude  qui  a  la  queue  longue  ,  le 
corps  en  dessus  blanchâtre. 

La  Salamandre  noire  qui  a  la  queue  médiocre  ,  le  corps 
en  dessus  noirâtre,  en  dessous  blanchâtre  ,  et  sur  les  côtés 
ponctué. 

La  Salamandre  bilinéaire  qui  a  la  queue  assez  longue  , 
le  corps  en  dessus  cendré  ,  avec  des  lignes  longitudinales  de 
diverses  couleurs  ,  en  dessous  blanchâtre  ou  jaunâtre. 

La  Salamandre  a  sinciput  blanc  qui  a  la  queue  courte  , 
le  corps  ferrugineux  en  dessus,  et  jaunâtre  en  dessous. 

La  Salamandre  a  ventre  rouge  qui  a  la  queue  courte, 
le  corps  brun  ,  marbré  de  noir  en  dessus  ,  et  rouge  ou  doré 
eu  dessous. 

Ces  sept  dernières  sont  naturelles  à  l'Amériqne  septen- 


H  vS  A  L 

trionale  ,  et  c'est  à  M.  Green  qu'on   en^  doit   la   connois- 
sance. 

La  Salamandre  sarroubé  de  Lacépède  est  un  gecko  fort 
voisin  du  Gecko  a  tête  plate.  F.  au  mot  Gecko. 

La  Salamandre  trois  doigts  du  même  auteur,  ayant 
des  côtes,  des  écailles,  une  queue  longue  qui  se  replie  à  vo- 
lonté ,  ne  paroît  être  qu'un  lézard  altéré  par  la  chaleur  du 
Vésuve  sur  lequel  elle  a  été  trouvée,  (b.) 

SALAMANDRE  FOSSILES  ou  PROTÊE  FOS- 
SILE. V.  l'article  Reptiles  fossiles,  (desm.) 

SALAMANDRE  PIERREUSE.  On  adonné  autrefois 
ce  nom  à  I'Amianthe  flexible  qui ,  comme  on  le  sait ,  ne 
brûle  point  lorsqu'on  la  jette  dans  le  feu.  (ln.) 

SALANGA  ou  SALANGANE.  C'est  le  nom  que  l'on 
donne  ,  aux  Philippines  ,  à  une  petite  hirondelle  de  rhage.  V. 
Hirondelle  salangane,  (v.) 

SALANGUET.  L'Anserine  maritime  porte  ce  nom  à 
Tembouchure  du  Rhône,  (^b.) 
•  SALAR.  C'est  le  Cône  tulipe,  (b.) 

SALARlx\NA.  Les  Latins  donnoient  ce  nom  à  une  va- 
riété de  la  châtaigne.  V.  Meterana.  (ln.) 

SALARIAS, ^a/anas.  Sous-genre  de  Blennies, caractérisé 
par  des  dents  sans  nombre  ,  très-minces  ,  très-comprimées  , 
très-rapprochées  ,  crochues  à  leur  extrémité.  Il  renfenne 
plusieurs  poissons  venant  de  la  mer  des  Indes,  (b.) 

SALANX  ,  Salanx.  Sous-genre  de  poissons  établi  par 
Cuvier,  parmi  les  EsocES  ,  et  qui  a  pour  type  une  espèce 
non  décrite.  Ses  caractères  sont  :  tête  déprimée;  les  oper- 
cules se  reployant  en  dessous  ;  quatre  rayons  plats  aux  ouïes  ; 
les  mâchoires  pointues  ,  garnies  d'une  rangée  de  dents  cro- 
chues, (b.) 

SALAXIS,  Salaxis.  Genre  de  plantes  établi  par  Willde- 
novv  dans  l'octandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des  bi- 
cornes. Il  est  fort  voisin  des  CallunÉES  ,  Erlca  vulqaris  ,  L. 
Ses  caractères  sont  :  calice  de  quatre  folioles  inégales;  co- 
rolle campanulée  ,  à  quatre  divisions;  stigmate  pelté  ;  cap- 
sule charnue  à  trois  loges  et  à  trois  semences. 

Trois  arbustes,  découverts  par  Bory  Saint- Vincent  à  l'île 
de  Bourbon  ,  constituent  ce  genre.  V.  Bruyère,  (b.) 

SALB ANDES ,  ÉPONTES  ou  LISIÈRES  D  UN  FI- 
LON. Ce  sont  deux  couches  dont  l'épaisseur  varie  depuis 
quelques  lignes  jusqu'à  plusieurs  pieds  ,  qui  accompagnent 
les  filons  réguliers,  et  qui, de  part  et  d'autre,  les  séparent  de 


s  A  L  65 

iâ  roche.  Elles  sont  souvent  composées  d'une  terre  ar- lieuse 
ou  ocracée  ;  quelquefois  c'est  un  simple  filet  de  quarz'ou  de 
spath  calcaire.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  les  deux  salbandes 
d'une  nature  différente  ;  mais  plus  communément  elles  sont 
assez  semblables  l'une  à  l'autre.  La  salbande  sur  laquelle 
s'appuie  le  filon,  s'appelle  le  Ut,  le  cheoèton  le  mur  du  filon  i 
celle  qui  le  couvre  se  nornme  le  toit.  V.  Filon,  (çat.) 

SALBEY.  Nom  allemand  des  Saûgçs,  suivant  Willde- 
novv.  (ln.)  '         ,   '      '    ■    '  '■ 

SALDE,  Salda.  Nom  donné  par  Fabriciiis^  à'ans  son  sys- 
tème des  rhyngotes,  à  un  genre  d'insecles  ^é'*r,ôrdre  des 
hémiptères,  famille  des  géocorises.  -^'ir  '.  '  •  .. 

Dans  ses  premiers  ouvrages  sur  l'entomologie  ,  ce  natura- 
liste avoit  séparé  du  genre  cimex  de  Linnœus  des  espèces  re- 
marquables par  la  forme  aplatie  et  par  la  consistance  presque 
membraneuse  de  leur  corps,  et  avoit  désigné  cette  coupe 
générique  sous  le  nom  A'acanthie  {acanthia).  Elle  étoit  com- 
posée d'insectes  disparates,  soit  quant  à  la  forme  des  antennes 
et  quelques  autres  caractères ,  soit  quant  aux  habitudes.  Il 
étoit  donc  nécessaire  de  la  modifier,  et  c'est  ce  que  j'essayai  '  i 
le  premier  de  faire,  en  établissant,  à  ses  dépens  ,  quelques  l 

nouveaux  genres.    Celui  qui   conserva    le  nom  d'acanthie  ,•  u    "^ 
fut  restreint  à  quelques  géocorises  qui  habitent  le  bord  des     P  '^> 
eaux,  et  qui  conduisent,  comme  par  degrés,  à  la  famille  des»    ^   {\ 
hydrocorises  ;  telles  sont  les  acanlhies  ;  zosterœ,  striata,  litto-      fc  V, 
ralts,  de  l'Entomologie  systématique  de  Fabricius.  Ce  genre,       ^    T ', 
parfaitement  naturel,  a  été  adopté  parcet  auteur,  mais  sous  une 
nouvelle  dénomination ,  celle  de  salda,  et  avec  une  réunion 
d'espèces  qui,  telles  que  Vaini,  Valbipennis,  \a.  pallicornis ,  la         J  '   '. 
grylloides,  la  daoipes ,  s'éloignent  génériquement  des  précé-  X  (V. 

dentés.  Dans  l'ordre  naturel ,  elles  se  rapprochent  évidem-  ^ 

ment  des  lygées  ;  et ,  si  on  ne  les  associe  pas  à  cette  dernière  w. 

coupe  ,  elles  doivent  du  moins  en  composer  une  particulière  *" 

que  l'on  placera  à  côté  d'elle.  Voyez  les  articles  Acanthie  et 
Punaise,  (l.) 

SALDORIJA. Espèce  de  Sarriete,  Salureja  obomla^ha.". 
gasca,  qui  croît  dans  le  royaume  de  Murcie  et  dans  les  provin- 
ces méridionales  d'Espagne.  Aux  environs  de  Valence,  elle 
s'appelle  herhe  aux  olives,  parce  qu'on  s'en  sert  pour  assai- 
sonner les  olives  destinées  à  être  mangées,  (ln.) 

SALEE  et  SALÈE-U  TAN.  Noms  malais  de  deux  espèces 
de  Larmilles,  coix.  Le  premier  est  celui  du  coix  lacryma , 
L. ,  et  le  second  celui  du  coix  agrcslis ,  Lour.  On  mange  \çs 
grains  de  la  première  espèce  ,  en  Cochinchine  et  dans  les 
Indes  orientales  ;  mais  on  ne  fait  aucun  usage  de  la  seconde. 

(LN.)     ' 


xx: 


6S  S  A  T. 

SALÈGRES.  Dans  quelques  pays  on  donne  ce  nom  aur 
matières  pierreuses  pénétrées  de  soude  muriatée  ,  qu'on 
trouve  dans  les  mines  de  sel  gemme  et  dans  les  terrains 
d'où  sortent  les  mines  salées.  On  en  met  dans  les  élables 
pour  les  faire  lécher  aux  moulons  et  aux  autres  bestiaux.  On 
en  met  aussi  dans  les  colombiers  pour  y  fixer  les  pigeons. 

(PAT.) 

S  A  LE  P.  Nom  d'une  substance  végétale  et  alimentaire 
qu'on  prépare  avec  les  racines  de  plusieurs  orchis ,  et  dont 
les  Orientaux  surtout  font  un  grand  usage.  On  dépouille  ces 
racines  de  leurs  fibres,  de  leur  enveloppe  et  des  bulbes  des- 
séchés de  l'année  ;  après  les  avoir  lavées  à  l'eau  froide ,  on 
les  fait  bouillir  un  moment  dans  de  nouvelle  eau  ;  ensuite 
elles  sont  égoutlées,  enfilées  et  séchées  au  soleil,  où  elles 
prennent  la  consistance  et  la  dureté  de  la  gomme  arabique. 
Quand  on  veut  s'en  servir,  on  les  met  en  poudre  qu'on  eduit 
en  gelée ,  au  moyen  de  l'ébuUition  dans  l'eau.  Cette 
fournit  une  nourriture  saine  et  légère ,  convenable  surtout 
aux  malades.  V.  les  mots  Orchis  et  Ophuis.  (d.) 

SALEP  DES  INDES  OCCIDENTALES.  On  don  . 
ce  nom  à  la  fécule  retirée  du  Galanga  a  feuilles  de  bali- 
sier. (B.) 

SALGAGEL.  Nom  que  les  Hébreux  donnoient  aux 
graines  de  la  Rue.  (ln.) 

SALGUEIRA.  Nom  que  les  Portugais  de  l'Inde  don- 
nent à  Vavicenniatomeniosa  ,  L.  V.  Avicenne  et  Upata.  (b.) 

SALICA.  Nom  donné  par  les  Brames  au  nymphaa  lotus  ^ 
Linn. ,  que  les  naturels  de  la  côte  Malabare  nomment  ambel, 
selon  Rhéede,  Hist.  mal.,  ii ,  t.  26.  (ln.) 

SALICAIRE ,  Lythrum.  Genre  de  plantes  de  la  dodé- 
candrie  monogynie  et  de  la  famille  des  calycanthèmes  ,  qui 
offre  pour  caractères  :  un  calice  cylindrique  ,  strié ,  muni  à 
son  limbe  de  douze  dents ,  dont  six  alternes  plus  courtes  et 
quelquefois  nulles  ;  une  corolle  de  six  pétales  insérés  sur  le 
calice  ;  douze  étamines  disposées  sur  deux  rangs,  et  insérées 
sur  le  calice;  un  ovaire  supérieur,  à  style  simple  et  à  stigmate 
capité  -,  une  capsule  oblongue,  recouverte  par  le  calice,  bilo- 
culaire  ,  bivalve  ,  à  valves  quelquefois  bifides  au  sommet ,  à 
placenta  central  adné  à  chaque  côté  de  la  cloison,  qui  est 
opposée  aux  valves. 

Les  genres  Nésée  de  Commerson,  et  Parsonsie  de  Jus- 
sieu,  ne  diffèrent  pas  suffisamment  de  celui-ci  pour  être  con- 
servés. 

Les  salicaires  sont  presque  toutes  herbacées  ,  à  feuilles 
ordinairement  opposées  ou  presque  verlicillées,  à  fleurs  sou- 


s  A  r.  6^ 

ven!  disposées  en  épis  axillaîres  ou  lerminaux ,  quelquefois 
axillaireset  solitaires.  On  en  compte  une  trentaine  d'espèces, 
doiu  quatre  seulement  propres  à  l'Europe. 

Les  plus  communes  ou  les  plus  remarquables  de  ces  espèces 
sont  : 

La  Sal(Caire  commune,  Lythmm  salicaria ,  Linn. ,  qui  a 
les  feuilles  opposées,  en  cœur,  lancéolées,  et  les  fleurs  en 
épis.  Elle  est  vivace,  et  se  trouve  dans  toute  l'Europe  et  le 
nord  de  l'Asie,  sur  le  bord  des  eaux,  dans  les  prairies  ma- 
récageuses. Elle  est  estimée  détersive,  vulnéraire  et  rafraî- 
ciiissante.  On  l'ordonne  ,  principalement  en  poudre,  dans 
les   dyssenterie.s.  On  l'appelle  vulgairement  lysimachie  rouge. 

Les  habitans  du  Kamtchatka  en  font  une  grande  consom- 
mation en  guise  de  thé,  ou  cuite  avec  le  poisson  qui  fait  le 
fond  de  leur  nourritui-e.  Sa  moelle  ,  qu'ils  font  sécher ,  est 
surtout  un  mets  fort  agréable ,  soit  crue ,  soit  cuite.  On  en 
fait  une  boisson  qui  est  un  véritable  vin,  puisqu'elle  donne 
de  l'alkool  à  la  distillation,  et  se  change  en  vinaigre. 

Les  bestiaux  mangent  quelquefois  les  feuilles  de  la  salicaire; 
mais  elle  n'en  est  pas  moins  une  plante  nuisible  dans  les  prai- 
ries ,  à  raison  de  la  grosseur  et  de  la  hauteur  de  sa  tige.  Un 
bon  agriculteur  doit  chercher  à  l'y  détruire.  C'est  cependant 
une  belle  plante  ,  soit  par  son  port,  soit  par  la  grandeur  et 
la  couleur  rouge  de  ses  épis  de  fleurs. 

La  Salicaire  verge  a  les  feuilles  opposées  et  lancéolées, 
et  les  fleurs  ternées.  Elle  se  trouve  en  Autriche  et  en  Sibérie. 
On  k  cultive  dans  les  jardins. 

La  Salicaire  a  feuilles  d'hyssope  a  les  feuilles  alternes, 
linéaires,  et  les  fleurs  hexandres.  Elle  est  annuelle,  et  se 
trouve  sur  le  bord  des  eaux.  Toutes  ses  parties  sont  très- 
amères. 

La  Salicaire  pemphis,  qui  se  trouve  dans  les  îles  de  la 
mer  du  Sud,  et  dont  les  fruits  sont  acides.  Forster  en  a  fait 
un  genre  sous  le  nom  de  Pemphis.  V.  ce  mot. 

La  Salicaire  cuphée,  qui  croît  au  Brésil ,  et  qui  est  très- 
visqueuse,  forme  également  un  genre.  V.  Cuphée. 

La  Salicaire  verticillée,  qu'on  trouve  en  Caroline  ,  a 
été  établie  en  titre  de  genre  par  Waiter ,  sous  le  nom  de 
Décodon. 

La  Salicaire  frutescente  constitue  aujourd'hui  le  genre 
Woodfordie,  (b.) 

SALIGA.IRES  (famille  des).  V.  Calycanthèmes.  (b.) 

SALIC ARIA.  Nom  latin  appliqué  à  plusieurs  Fauvettes 
aquatiques,  (v.) 


68  S  A  L 

SALI  CARIA.  Dîoscoride  et  Pline  attribuent  à  leur  lysî- 
machin  des  feuilles  semblables  à  celles  du  saule  ;  mais  le  pre- 
mier dit  que  cette  plante  a  les  Heurs  jaunes,  et  le  second, 
que  ses  fleurs  sont  pourpres  ;  c'est  ce  qui  fait  que  les  bota- 
nistes Font  rapportée  au  Irsimachia  vulgaris  ou  bien  au  lytlimm 
saltcaria;  c'est  ce  qui  fait  aussi  que  Gesner  a  nommé  salicaria 
le  lysimachia  ci-dessus  (  V.  C.  B.  Pin.  ),  et.  que  Tournefort  a 
désigné  par  la  même  dénomination  le  genre  qui  comprend 
la  seconde  plante.  Linnœus  a,  depuis,  appelé  ce  genre 
lyliimm ,  qui  est  ausswun  des  noms  de  l'ancien  lysimachia. 
V.  les  mots  Lythrum,  Woodfordie  et  Salicaire.  (ln.) 

SALICASTRUM.  Pline  mentionne  ,  sous  ce  nom  ,  une 
plante  qui  avoit  été  ainsi  appelée  parce  qu'elle  croissoit  ordi- 
nairement dans  les  lieux  plantés  de  saules.  Il  la  dit  fort  sem- 
blable à  la  vigne  sauvage  que  les  Grecs  appeloient  aw/?<'/oy 
o^na,  et  dit  que, bien  que  ces  deux  plantes  aient  des  noms  diffé- 
rens,  elles  ont  le  même  port  et  les  mêmes  propriétés.  Cepen- 
dant, ajoute-t-il,  le  salicastrurn  est  plus  efficace  pour  guérir  la 
gale  et  les  autres  démangeaisons,  en  l'appliquant,  broyé  avec 
du  vin  miellé.  Quelques  auteurs  ont  pris  pour  cette  plante  le 
flammiila,  espèce  de  clématite.  Césalpin  cite  le  iamnus  com- 
munis;  mais  G.  Bauhin  pense  qu'il  s'agit  ici  de  la  douce-amère 
ou  Vigne  de  Judée,  Solanum  dulcamara  ,  L.  (ln.) 

SALIGINÉES.  Famille  de  plantes  établie  pour  placer  le 
Saule  ,  I'Aune  ,  le  Bouleau,  qui  faisoient  ci-devant  partie 
de  celle  des  Amentacées.  V.  ce  mot.  (b.) 

SALICOQUE.  Espèce  de  PalvEiwon.  (b.) 

SALIGOQUES,  Carides  ^  Latr.  Tribu  de  crustacés  ,  de 
la  famille  des  macroures,  ordre  des  décapodes,  distinguée 
des  autres  tribus  de  la  même  famille  par  les  caractères  sui- 
vans  :  pattes  indivises  ou  n'ayant  au  plus,  et  que  dans  un  petit 
nombre,  un  petit  appendice  sétiforme,  inutile  à  la  locomo- 
tion ,  situé  près  de  leur  base  ;  pédoncule  des  antennes  laté- 
rales recouvert  d'une  grande  écaille,  annexée  à  sa  base  ;  ces 
antennes  situées  au-dessous  des  mitoyennes  ou  insérées  plus 
bas. 

Ces  crustacés ,  dont  plusieurs  avoient  été  distingués  par  les 
Grecs,  sous  les  noms  de  caris  ^  de  crangon  ,  et  qu'on  appelle 
vulgairement,  chez  nous,  crevettes ^  salicoques^  etc.,  ont  le 
corps  d'une  consistance  moins  solide  que  celui  des  autres  dé- 
capodes ,  quelquefois  même  assez  mou,  arqué  ou  comme 
bossu ,  ce  qui  les  a  encore  fait  nommer  squilles  bossues.  Les 
antennes  sont  toujours  avancées  et  en  forme  de  soies  ;  les 
latérales  sont  fort  longues  ,  et  les  intermédiaires  ,  ordinaire- 
ment plus  courtes  ,  ont  leur  pédoncule  termine  par  deux  ou 
trois  filels  sétacés  et  articulés  ;  lorsqu'il  y  en  a  trois,  un  de 


s  A  L  69 

ces  filets  est  plus  petit  et  souvent  recouvert  par  l'un  des  deux 
autres  ;  les  yeux  sont  très-rapprochés  ,  presque  globuleux  et 
portés  sur  un  pédicule  très-court  ;  la  face  supérieure  du  pé- 
doncule des  antennes  mitoyennes  offre  ,  dans  la  plupart,  une 
excavation  qui  reçoit  la  partie  inférieure  de  ces  organes  de  la 
vue  ;  l'extrémité  antérieure  du  test  s'avance  presque  toujours 
entre  eux  ,  et  cette  saillie  a  Iti  forme  d'un  bec  ou  d'un  rostre 
pointu  ,  déprimé  quelquefois  ,  mais  le  plus  généralement 
comprimé,  avec  une  carène  de  chaque  côté,  et  les  bords  su- 
périeur et  inférieur  aigus  ,  plus  ou  moins  dentés  en  scie  ;  les 
côtés  antérieurs  du  test  sont  souvent  armés  de  quelques  dents 
acérées,  en  forme  d'épines;  les  pieds-mâchoires  inférieurs  res- 
semblent ,  dans  le  plus  grand  nombre  ,  à  des  palpes  longs  et 
grêles ,  ou  même  soit  à  des  pieds  ,  soit  à  des  antennes  ;  les 
quatre  pattes  antérieures  sont,  dans  beaucoup  d'espèces,  ter- 
minées par  une  pince  double  ou  une  sorte  de  main  didactyle. 
Deuxde  ces  pattes,  ordinairement  la  seconde  paire  ,  sont  dou- 
blées ou  pliées  sur  elles-mêmes;  le  carpe  de  cette  seconde  pince 
et  quelquefois  celui  des  deux  dernières  ou  l'article  qui  précède 
immédiatementla  pince,  offre  dans  plusieurs  celte  particularité 
que  l'on  n'observe  point  dans  les  autres  crustacés;  il  paroît 
comme  divisé  transversalement  en  un  nombre  variable  de  pe- 
tits articles,  ou  annelé,  La  troisième  paire  de  pattes  est  elle- 
même  quelquefois,  comme  dans  les  pénées,  en  forme  deserre. 
Dans  plusieurs  ,  celte  troisième  paire  est  plus  courte  que  les 
deux  dernières  ;  en  général,  on  n'a  pas  fait  assez  d'attention 
à  ces  différences  dans  les  longueurs  relatives  des  pattes.  Les 
segraens  du  milieu  de  la  queue  sont  dilatés  ou  élargis  sur  les 
côtés;  elle  se  termine  ,  ainsi  que  dans  les  autres  macroures, 
par  une  nageoire  en  éventail  ;  mais  le  feuillet  du  milieu  est 
plus  étroit ,  pointu  ou  épineux  au  bout  ;  son  dos  est  armé  , 
dans  plusieurs,  de  quelques  petites  épines  ;  les  fausses  pattes 
du  dessous  de  la  queue  sont  allongées  et  souvent  en  forme 
de  feuillets. 

On  fait  une  grande  consommation  de  ces  crustacés  dans 
toutes  les  parties  du  monde.  On  en  sale  même  quelques  es- 
pèces pour  les  conserver.  Ils  sont  tous  habitans  de  la  mer  et 
de  nos  côtes  ;  celles  de  la  Méditerranée  en  offrent  deplusieurs 
sortes  ,  mais  dont  l'étude  avoit  été  généralement  négligée 
jusque  dans  ces  derniers  temps.  Montagu  et  MM,  Piisso  et 
Léach  ont,  par  leurs  recherches  ,  agrandi ,  sous  ce  rapport, 
le  domaine  de  la  science.  Le  second  ,  dans  son  ouvrage  sur 
les  crustacés  de  la  rivière  de  Nice  ,  a  décrit  un  assez  grand 
nombre  d'espèces  inédites  de  salicoques.  Mais  en  rendant  jus- 
tice à  son  zèle  et  à  ses  travaux,  nous  ne  pouvons  nous  empê- 
cher de  dire  qu'il  n'a  pas  assez  approfondi  son  sujet  ;  que  sou- 


jo  s  A  L 

vent  Ton  cherche  en  vain  ,  dans  ses  descripiions ,  des  connoîs- 
sances  relatives  aux  principaux  organes  sur  lesquels  repose  la- 
classification;  que  plusieurs  de  ces  espèces  sontmal  placées, 
et  que  leur  détermination,  à  raison  de  ces  lacunes,  embarras- 
sera souvent  les  naturalistes.  La  science  est  si  avancée  et  em- 
brasse aujourd'hui  tant  de  détails  ,  qpe  des  descriptions  in- 
complètes ne  font  qu'accroître  ce  chaos  désigné  sous  le  nom 
à''lnçert(Z  sedis.  Nous  sommes  bien  loin  d'appliquer  ces  ob- 
servations critiques  et  nécessaires  aux  travaux  du  docteur 
Léach  ;  ils  sont,  au  contraire,  dignes  de  tous  nos  éloges.  Ce 
naturaliste,  aussi  recommandable  par  son  instruction,  son 
activité  infatigable  ,  que  par  l'aménité  de  son  caractère  et 
son  empressement  à  communiquer  ce  qu'il  sait  et  ce  qu'il 
possède  ,  n'a ,  dans  son  ouvrage  sur  les  crustacés  de  la 
Grande-Bretagne  ,  négligé  aucun  caractère  essentiel  d'orga- 
nisation. Il  a  établi,  dans  celte  sous-famille  des  salicoqucs, 
plusieurs  coupes  génériques  aussi  bien  signalées  que  circons- 
crites ,  et  dont  la  connoissance  est  appuyée  d'excellentes 
figures.  Il  auroit  peut-  être  pu  mieux  coordonner  les  faits  qu'il 
a  recueillis,  et  c'est  ce  que  je  vais  tenter  dans  la  distribution 
méthodique  des  genres  de  cette  sous-famille  ;  mais  il  nous  a 
donné  d'excellens  matériaux,  et  qui  seront  utiles  aux  natura- 
listes de  tous  les  âges,  quelle  que  soit  leur  manière  de  voir  et 
de  disposer  les  faits. 

J'ai  revu  mon  premier  travail  sur  la  famille  des  salicoques , 
et  j'espère  que  le  tableau  suivant ,  fondé  sur  cet  examen  ulté- 
rieur ,  contribuera  à  éclaircir  ce  sujet.  On  y  trouvera  quel- 
ques genres  dont  je  n'ai  point  fait  mention  ,  ni  dans  le  troi- 
sième volume  du  Règne  animal  par  M.  Cuvier  ,  ni  dans  ce 
Dictionnaire.  Mais  les  espèces  qui  sont  l'objet  de  ces  coupes 
étant  peu  nombreuses,  rares  dans  les  collections  et  point  sail- 
lantes ,  n'intéressent  guère  que  le  naturaliste  qui  fait  une 
élude  particulière  des  crustacés. 

I.  Point  d'appendice  à  la  base  postérieure  des  pattes,  dans  le  plus 
gr.tnd  nombre  :  cet  appendice  très-pe^it,  en  forme  de  petite  lame 
elliplique,  dans  ceux  où  il  existe;  celles  des  pattes  qui  sont  simples 
ou  sans  pince ,  cylindriques  ou  filiformes  ,  terminées  par  un  onglet 
distinct  ou  ambulatoires  et  préhensiles. 

I.  Les  deux  premières  patiet  plus  grandes  que  les  suîeanfes,  terminées 
par  une  main  dont  le  doigt  fixe  est  petit  et  en  forme  de  dent,  et 
dont  ie  doigt  mobile  se  replie  sur  elle ,  en  manière  de  crochet. 

Ohscrvation.  Antennes  mitoyennes  terminées  par  deux  filets  ;  avance- 
mec',  cii  forme  de  bec,  de  la  partie  antérieure  du  test,  très-court;  la  8«- 
condfc  paire  de  pattes  repliée;  son  carpe  simple  ou  sans  division». 

G.  PONTOPHILE,  Pontophilus^  Léach  ;  Egeun  ,  Risso. 


s  A  L  7« 

Dernier  article  des  pîeds-mâchoîres  extérieurs  sensible- 
ment plus  long  que  le  précédent ,  pointu  au  bout  ;  seconde 
p^iirc  de  pattes  plus  courte  que  la  troisième  ,  terminée  dis- 
tinctement par  une  main  didactyle. 

G.  Cratsgon  ,  Crangon. 

Dernier  article  des  pieds-mâchoires  extérieurs  de  la  lon- 
gueur du  précédent ,  très-obtus  ;  seconde  paire  de  pattes 
aussi  longue  que  la  troisième  ;  leur  pointe  bifide. 

a.  La  première  paire  de  pattes  terminée  dans  le  plus  grand  nombre 
par  une  main  à  deux  doigts  presque  également  longs  et  avancés ,  ou 
/unissant  simplement  en  pointe  et  sans  pince  dans  les  autres. 

A.  Antennes  mitoyennes  (  ou  supérieures^  terminées  par  deux  filets. 

m  La  troisième  paire  de  pattes  plus  grande  que  les  précédentes ,  tantôt 
terminée  par  une  main  didactyle,  ainsi  que  celles-ci,  tantôt  simple, 
mais  beaucoup  plus  grosse  que  les  quatre  antérieures  ;  le  dernier 
article  de  celles-ci  fendu  jusque  près  de  sa  base,  en  deux  parties 
digitiformes. 

G.  Atye  ,  Atya^  Léach. 

La  troisième  paire  de  pattes  monodactyle  ;  celles  qui  pré- 
cèdent terminées  par  un  article  fendu  jusque  près  de  sa 
base  en  deux  parties  digitiformes  (très-longues). 

G.  Sténope  ,  Sienopus  ,  Latr. 

Les  trois  premières  paires  de  pattes  terminées  par  une 
main  didactyle  ;  la  troisième  paire  et  les  suivantes  longues  ; 
les  deux  avant-derniers  articles  des  quatre  pattes  postérieu- 
res divisés  en  un  grand  nombre  de  petits  articles. 

Nota.  Corps  mou,  iiisvide;  filets  des  quatre  antennes  très-tongs;  les 
pattes  sont  généralement  fort  grêles  et  fort  longues ,  et  se  replient  sur  eUes- 
vnêm4s;  la  troisième  paire  est  plus  large  que  les  autres ,  et  contraste ,  sous 
oc  rapport ,  avec  elles.  Genre  établi  sur  le  palœmon  hispidus  d'Olivier. 

G.  Pénée,  Penœus^  Fab. 

Les  trois  premières  pattes  terminées  par  une  main  didac- 
tyle ;  ces  pattes  et  les  suivantes  de  moyenne  longueur,  sans 
divisions  annulaires  à  aucun  de  leurs  articles. 

Nota.  Bec  long  ;  un  petit  appendice  en  forme  de  lame  à  la  éase  posté- 
rieure de  leurs  pattes  ;  palpes  mandihulaires  saillans ,  foliacés. 

h  Les  deux  premières  paires  de  pattps  ou  la  seconde,  plus  grandes 
que  la  troisième  ;  celle-ci  jamais  terminée  par  une  main  didactyle  , 
ni  plus  grosse  que  les  antérieures. 

*  Pit-tis- mâchoires  extérieurs  foliacgs  ,  couvrant  la  bouclie. 

Hota.  Les  quatre  pattes  antérieures  terminées  par  WM  main  dida^ 
tyle;  carpe  inarticulé. 

G.  Hyménocère  ,  Hymenocera  ,  Latr. 


72  S  A   L 

Division  supérieure  des  antennes  mitoyennes  et  mains  fo- 
liacées. 

ISoia.  Genre  étahli  sur  une  espèce  inédite  des  mers  des 
Indes  orientales. 

G.   GmatophYLLE  ,  Gnatophyllum  ,  Latr. 

Antennes  mitoyennes  et  mains  ayant  la  forme  cndinaire. 
Exemple  :  les  alphées  ,  elegans  et  iyrrlienus  de  Risso;  la  seconde 
paire  de  pattes  est  plus  longue  et  beaucoup  plus  épaisse  que 
l'antérieure. 

**  Pieds-machoires  extérieurs  filiformes  ou  se'lace's,  ne  couvrant 
poiril  la  bouche. 

Nota.   Cavpe,  de  la  seconde  'paire  de  fuites  ordinairement  articulé. 

■}-  L'une  des  deux  pattes  antérieures  simple  ,  l'autre  en  forme  de 
serre,  ou  terminée  par  une  main  didactyle. 

G.  Processe  ,  Processa  ,  Léach  ;  Nika  ,  Risso. 

Nota.  Les  faites  de  la  iteconde  faire  terminées  far  une  fetitc  main 
didactyle  ,•  l'une  de  ces  faites  fins  tonoue  que  l'oAitrc,  et  que  les  dcxiiv 
•premières. 

■J-}-  Chaque  patte  des  deux  premières  paires  terminée  de  la  même 
manière  que  sa  correspondante. 

G.  AuTO"NOMÉE  ,  Aulonomœa  ,  Risso. 

La  première  paire  de  pattes  terminée  par  une  main  di- 
dactyle ,  les  autres  simples. 

G.  Alphée  ,  Alpheus ,  F. 

Les  quatre  pattes  antérieures  terminées  par  une  main  à 
deux  doigts  très-distincts. 

Nota,  J'y  rafforte  le  genre  hippolyte  de  M.  Léach  ;  mais  on  fourroit 
l'en  détacher,  en  frenant  four  hase  les  différencas  des  grandeurs  re- 
latives des  deux  premières  f aires  de  faites.  Dans  l'alpheus  malaba- 
ricus,  far-encemple ,  la  fremière  est  f  lus  longue  que  la  seconde;  dans 
les  hippolytes  de  M.  Léach  et  autres  espèces  de  Fahricius  analogues , 
le  palémon  marbré  d'Olivier,  etc.,  la  seconde  faire  est  ftus  longue 
que  l'antérieure. 

G.  Pandale  ,  Pandalus  ,  Léach. 

Les  deux  premières  pattes  simples  ou  très-foiblcmenl  di- 
daclyles  ,  les  deux  suivantes  en  forme  de  serres. 

B.  Antennes  mitoyennes  terminées  par  trois  filets. 
Nota.  Les  quatre  fremicres  pattes  didactylcs. 

G.  Palémon  ,  Palœmoil ,  Fab. 

La  seconde  paire  de  pâlies  la  plus  grande  de  toutes  ;  son 
carpe  inarticulé. 

G.  Lysmate  ,  Zy^moto  ,^lsso. 

La  seconde  paire  de  pattes  la  plus  grande  de  toutes  ;  son 
carpe  articulé. 


s  A  L  7^ 

Exemple  :  la  lysmate  seti-caudata  de  M.  Risso  ;  sa  seconde 

espèce  ,  L.  triliana^  est  un  palémon. 
G.  Athanas,  Aihanas^  Léach. 
La  première  paire  de  pâlies  la  plus  grande  de  toutes  ; 

carpe  de  la  seconde  articulé. 

II.  Un  appendice  sétacé  et  allongé,  très-apparent  à  la  base  pos- 
térieure des  pattes;  troisième  paire  de  pattes  et  les  suivantes,  les 
dernières  surtout,  presque  capillaires  ousétace'es,  uniquement  nata- 
toires. 

(i.  PasiphaÉ  ,  Pasiphae  ,  Savigny. 

Nota.  Corps  long,  mou,  très-comprimé;  antennes  mitoyennes  termi- 
nées par  deux  filets  ;  les  quatre  pattes  antérieures  beaucoup  plus 
grandes  ,  didactylcs ,  semMables  ;  celles  de  la  seconde  paire  à  peine 
•plus  longues;  carpe  inarticulé. 

(L.) 

SALICOR.  On  donne  ce  nom,  sur  les  Lords  de  la  mer, 
tantôt  à  la  Salicorne,  tantôt  aux  Soudes  herbacées  ou  Sa- 
LICOT.  (b.) 

SALICORNE  ,  Salicornia.  {Wlonandrie  monogynie.)  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  chénopodées  ,  qui  présente  pour 
caractères  :  un  calice  entier  ,  renflé,  à  quatre  angles,  et  du- 
rable ;  point  de  corolle  ;  une  ou  deux  étâmines  ;  un  style  par- 
tagé en  deux  et  à  deux  stigmates  ;  une  semence  nue  au  fond 
du  calice. 

On  connoît  environ  douze  espèces  de  ce  genre. 

Les  salicornes  n'ont  point  de  feuilles  ,  mais  des  tiges  her- 
bacées ou  frutescentes  ,  garnies  de  rameaux  opposés  ,  cylin- 
driques et  articulés.  Le  sommet  des  articulations  offre  deux 
dents,  et  c'est  aux  articulations  supérieures  que  viennent  les 
fleurs  ,  qui  sont  sessiles  et  très-petites.  Je  ne  citerai  que  deux 
espèces , savoir: 

La  Salicorne  herbacée  ,  Salicomiaherlacea  ,  Linn.,  plante 
annuelle  ([m  croît  au  bord  de  la  mer  ,  et  qu'on  multiplie 
par  la  culture.  Elle  a  des  tiges  épaisses  ,  noueuses,  rampan- 
tes et  divisées  en  plusieurs  branches,  avec  des  articulations 
surmontées  de  deux  pointes.  • 

La  Salicorne  ligneuse,  Salicornia  fndicosa  ,  Linn.,  qui 
a  une  tige  d'arbrisseau  droite  et  branchue  ,  avec  des  pointes 
aiguës  à  ses  nœud? ,  qui  sont  rapprochés ,  et  des  rameaux  qui , 
poussant  depuis  le  bas  ,  forment  une  espèce  de  pyramide. 
Elle  est  vivace,  et  vient,  comme  la  précédente  ,  dans  les 
lieux  maritimes. 

Les  habitans  des  pays  où  croissent  les  salicornes  ,  les  cou- 
pent à  la  fin  de  Tété,  quand  elles  sont  parvenues  à  leur  gran- 
deur; et  après  les  avoir  desséchées  au  soleil ,  ils  les  brûlent 
pour  en  avoir  les  cendres ,  dont  on  se  sert  pour  faire  du  verre 


7^  S  A  L 

et  du  savon.  On  retire  de  ces  cendres  un  alcali.  Voy.  Soude. 

La  première  espèce  est  mise  parThunberg  ,  au  nombre 
des  plantes  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  qui  servent  à  la 
nourriture  des  habitans,  (b.) 

SALICORISIA.  Dodonée  a  appelé  ainsi  les  deux  espèces 
communes  de  salicorne,  qui  croissent  sur  nos  côtes.  Et  dont 
ces  articulations  sont  garnies  de  deux  petites  cornes  ou  poin- 
tes. Cette  circonstance  et  la  propriété  de  donner  de  la  soude  , 
par  incinération,  leur  ont  fait  donner  le  nom  de  salicomîa^ 
composé  de  deux  mots  latins,  qui  signifient  sel  et  ^o/ne.  Voyez 
Salicorîse  ci-dessus,  (ln.) 

SALICORNIN.  r.  Salicor.  (s.) 

SALICOT.  V.  Salicoque.  (s.) 

SALIE  ,  Salius.  (ienre  d'insectes  de  l'ordre  àes  hyménop- 
tères, famille  des  fouisseurs,  établi  par  Fabricius  dans  son 
Système  des  piézales.  Il  ne  diffère  des  pompiles  du  même 
auteur  ,  qu'en  ce  que  les  mandibules  de  ces  hyménop- 
tères n'ont  point  do  dentelures  au  côté  interne,  et  que  le 
corps ,  ainsi  que  ses  différentes  parties  ,  est  proportionel- 
lement  plus  étroit  et  plus  allongé  ;  mais  ce  dernier  caractère 
est  commun  aux  mâles  de  plusieurs  pompiles,  et  Fabricius  , 
trompé  par  cette  conformité,  a  effectivement  placé  avec  les 
salies  (  6-punchitus) ,  le  mâle  d'une  espèce  du  genre  précé- 
dent, (l)  * 

SALIENTIA.  Ordre  et  famille  de  mammifères  établis  par 
llliger,  et  qui  ne  comprend  que  les  genres  hypsiprymnus.  V. 
PoiORoo  et  halmatitms.  V.  Kanguroo.  (desm.) 

SALIETTE.  C'est  la  Conise  émoussée  de  Lamarck.  (b.) 

SALIGOT.  On  donne  ce  nom  à  la  M  acre  et  à  la,ÏRi- 

BULE.  (B.) 

SALIMOPil.  Genre  établi  par  Adanson  sur  un  arbre  fi- 
guré par  Rumphius,  Amb. ,  vol.  2,  pi.  76.  Il  a  besoin  d'être 
observé  de  nouveau.  (».) 

SALIN.  N(Vïi  de  la  Potasse  telle  qu'elle  résulte  de  l'é- 
v.'iporation  de  la  lessive  des  cendres  des  plantes,  c'est-à-dire, 
encore  mêlée  à  d'autres  sels,  el  très-colorée.  Dans  cet  état, 
elle  sert  à  la  fabrication  du  verre  commun.  (B.) 

Sy\LlN.  Poisson  du  genre  Spare.  (b.) 

SALIN ARIUM.  Des  oryctographes  ont  donné  ce  nom 
aux  vertèbres  de  poissons  dcJachces  et  pétrifiées,  à  cause  de 
leur  forme  .  qui  se  rapproche  de  celle  d'une  salière,  (desm.) 

SALINES.  On  donne  ce  nom  aux  usines  établies  près  des 
fontaines  salées,  et  où  l'on  retire,  par  évaporalion,  la  soude 
inuriatce  ou  sel  commun  que  contiennen!  les  eaux  de  cea 
fontaines. 


s  A  T.  75 

Quand  ces  eaux  sont  à  10  ou  i5  degrés  de  raréométre  des 
salines,  c'est-à-dire  qu'elles  contiennent  de  dix  à  quinze  livres 
de  sel  par  cent  livres  d'eau,  on  les  fait  immédiatement  éva- 
porer  par  le  feu  dans  de  grandes  chaudières  qu'on  nomme 
poêles,  où  elles  déposent  la  sélénite  qu'elles  tiennent  en  dis- 
solution, et  l'on  en  relire  le  sel  marin,  à  mesure  qu'il  se  pré- 
cipite en  se  cristallisant  par  l'effet  de  l'évaporation. 

Mais,  quand  les  eaux  sont  au-dessous  de  dix  degrés  (quel- 
quefois elles  ne  sont  qu'à  2  ou  3  ),  on  a  trouvé  le  moyeu  de 
les  concentrer  par  une  méthode  d'autant  plus  ingénieuse  , 
qu'elle  est  plus  simple;  elle  accélère  l'évaporation  sans  le 
secours  du  feu  et  par  le  seul  contact  de  l'air,  multiplié  pour 
ainsi  dire  à  l'infini. 

Des  pompes ,  mues  par  un  courant  d'eau ,  élèvent  les  eaux 
salées  dans  des  réservoirs  placés  au  haut  d'un  vaste  hangar 
long  et  étroit,  d'où  on  les  fait  tomher  par  gouttes,  au  moyen 
de  plusieurs  files  de  robinets  ,  sur  des  lits  de  fagots  dépines 
accumulés  jusqu'à  la  hauteur  de  dix-huit  pieds.  L'eau,  après 
avoir  été  divisée  eii  une  infinité  de  petites  larmes,  est  reçue 
dans  un  vaste  bassin  qui  occupe  toute  l'étendue  du  hangar. 
Elles  sont  ensuite  retirées  de  ce  bassin,  et  reportées  par  d'au- 
tres pompes  dans  le  réservoir  supérieur.  On  les  fait  ainsi 
passer  et  repasser  à  travers  les  épines ,  jusqu'à  ce  qu'elles  se 
soient  évaporées  et  concentrées  au  point  de  se  trouver  à  11 
ou  1 2  degrés  de  salure  :  on  les  fait  alors  couler  dans  les  chau- 
dières, où  s'achève  leur  évaporation. 

La  méthode  des  bâtimens  de  graduation  a  un  double  avan- 
tage :  non  seulement  elle  épargne  le  comhustlble  eii  opérant 
sans  le  secours  du  feu  une  grande  partie  de  l'évaporation  , 
mais  encore  elle  rend  le  sel  beaucoup  plus  pur;  l'eau  salée,  en 
se  dispersant  à  travers  les  fascines  ,  dépose  sur  leurs  rameaux 
la  sélénite  dont  elle  est  chargée,  qui,  ayant  besoin  d'un  grand 
volume  d'eau  pour  être  tenue  en  dissolution,  reste  adhérente 
à  ces  rameaux  dès  que  l'eau  commence  à  s'évaporer,  et  y 
forme  une  infinité  'de  stalactites,  comme  les  eaux  qui  filtrent 
à  travers  les  voûtes  d'une  grotte. 

L'invention  de  cette  utile  méthode  est  due  à  Matthieu  Meth, 
médecin  à  Langensaltz  en  Thuringe  ,  qui  ^t  construire  le 
premier  bâtiment  de  graduation  en  1699. 

La  France  n'a  pas,  comme  la  Pologne,  l'Espagne  et  l'An- 
gleterre, des  mines  de  sel-gemme;  mais  elle  possède  des  sources 
>«  'lécs  d'un  produit  immense,  surtout  dans  les  départemens 
«11-  la  Meurthe  et  du  Jura  (la  Lorraine  et  la  Franche-Comté). 

ï-.a  Meurthe  a  trois  grandes  salines  ,  à  Dieuse  ,  Moyenvic 
''♦Château- Salins,  toutes  trois  dans  la  vallée  qu'arrose  la 
■^rille.Ti'apvcs  "es  essais  qui  ont  eié  faj(s  par  Nicolas,  de  ce: 


75  S   A  L 

(lifférenles  eaux,  celles  de  Dieuze  contiennent  quatorze 
livres  deux  onces  de  sel  par  cent  livres  d'eau  ;  celles  de 
Moyenvic,  onze  livres;  celles  de  Château-Salins,  douze  livres. 

Leur  produit  annuel  passe  cinq  cent  mille  quintaux,  et  il 
pourroit  être  triplé,  ainsi  que  Va  établi  le  conseil  des  mines. 

Les  salines  de  la  Meurlhe  forment  également  un  objet 
d'exploitation  très-important.  A  Salins  ,  il  y  a  trois  sources 
fort  abondantes,  et  qui  présentent  une  singularité  :  elles  sor- 
tent du  même  rocher,  et  cependant  leur  degré  de  salure  est 
fort  différent  ;  l'une  fournit  de  l'eau  qui  contient  commu- 
nément quinze  livres  de  sel  par  cent  livres  d'eau,  et  quelque- 
fois jusqu'à  vingt-trois  livres  ;  l'autre  n'en  contient  que  deux 
et  demie,  et  la  troisième  est  presque  douce. 

L'eau  de  la  première  source  est  immédiatement  versée  dans 
les  chaudières,  où  l'évaporation  s'en  fait  par  le  moyen  du  feu. 
Les  eaux  foibles  sont  conduites  par  des  canaux  de  bois  jusqu'à 
Chaux,  où  sont  des  bâlimcns  de  graduation  qui  les  portent  au 
même  degré  de  salure  que  celles  de  la  première  source,  et  l'on 
y  termine  l'opération  dans  des  chaudières. 

11  y  avoit  autrefois  à  Rosières,  à  trois  lieues  de  ISancy,  une 
superbe  saline  ;  mais  les  fermiers-généraux  ,  par  des  consi- 
dérations financières,  firent  détruire  ce  bel  établissement. 

Dans  le  département  du  Bas-Rhin  (en  Alsace)  ,  à  trois 
llcucs  au  N.  N.  E.  de  Haguenau,  est  la  saline  de  Sullz,  qui 
est  très-bien  montée  :  mais  ses  eaux  ne  sont  qu'à  4  degrés  de 
salure,  et  le  produit  annuel  n'est  que  d'environ  cinquante- 
deux  milliers  de  sel.  On  y  voit  deux  bâtimens  de  graduation, 
chacun  de  quatre  cents  pieds  de  longueur,  où  Tcau  est  élevée 
par  des  pompes  jusqu'à  la  hauteur  de  deux  cents  pieds,  de 
manière  qu'en  se  divisant  prodigieusement  dans  sa  chute,  sou 
évaporation  se  trouve  fort  accélérée.  Elle  est  terminée  dans 
une  chaudière  de  quatorze  pieds  de  longueur  sur  treize  de 
large,  et  seize  pouces  de  profondeur.  Cette  grand*  surface 
est  très-propre  à  favoriser  l'évaporation.  C'est  dans  cette  sa- 
line que  l'on  commença,  en  1724,  à  substituer  les  fascines  de 
buissons  aux  gerbes  de  paille  qu'on  employoit  précédemment 
dans  les  bâtimens  de  graduation,  et  ce  changement  utile  fut 
aussitôt  adopté  dans  toutes  les  salines  d'Allemagne. 

Au  pied  des  Pyrénées,  nous  avons  aussi  plusieurs  fontaines 
salantes,  notamment  celles  de  Salies  et  de  Gaugeac,  près 
d'Ortès  eu  Béarn  ;  celles  d'Aincille,  près  Saint-Jean-Pied- 
de-Port;  et  celle  du  village  de  Camarade,  près  du  Mas-d'Azil, 
dans  le  pays  de  Foix.  Quelques-unes  de  ces  sources  sont  fort 
chargées  de  sel  ;  mais  ,  comme  elles  sont  peu  abondantes  , 
elles  fournissent  tout  au  plus  à  la  consomaialion  des  petites 
communes  qui  les  possèdent  ,    et  sont  plus  curieuses   pour 


s  A  L  '^^ 

le  naluralîste  ,  qu'importantes  sous  le  point  de  vue  politique. 
Quant  à  l'origine  des  sources  salées  ,  l'opinion  qui  paroît 
aujourd'hui  généralement  reçue,  c'esl  qu'elles  sont  dues  à  des 
bancs  de  sel -gemme,  que  les  eaux  souterraines  dissolvent 
successivement.  J'ose  dire  néanmoins  que  cette  snppositioa 
me  paroît  peu  vraisemblable.  On  sait,  par  exemple  ,  que  les 
sources  de  Dieuze  et  de  Château  Salins  fournissent  annuel- 
lement près  de  six  cent  mille  quintaux  de  sel  chacune.  Celle 
de  Dieuze  est  connue  depuis  environ  neuf  siècles,  et  l'une  et 
l'autre  existoient  sans  doute  bien  long -temps  avant.  Quelle 
masse  de  sel  qui  est  sortie  de  la  montagne  !  et  quel  vide  im- 
mense elle  a  dû  y  laisser!  Cependant  il  ne  s'en  fait  aucun 
éboulement  ;  les  eaux  conservent  toujours  le  même  degré  de 
salure  ,  et  cependant  elles  n'ont  point  changé  de  direction 
dans  leur  cours.  Comment  se  fait-il  qu'elles  aient  dissous  une 
si  grande  masse  qui  étoit  sur  leur  passage ,  et  que  toujours 
elles  y  en  trouvent  la  même  quaiTtité  ?  On  peut  d'ailleurs 
remarquer  que  les  eaux  qui  coulent  sur  une  masse  de  sel 
solide  et  compacte,  ne  la  dissolvent  nullement,  ainsi  que  le 
prouve  avec  évidence  la  source  d'eau  douce  qu'on  voit  dans 
la  mine  de  Wieliczka  sortir  d'entre  des  blocs  de  sel-gemme. 
Je  sais  qu'il  y  a  des  naturalistes  qui  ont  expliqué  ce  fait,  en 
disant  qu'apparemment  la  nature  avoit  formé  entre  ces  blocs 
de  sel  une  espèce  de  tuyau  d'argile  où  couloit  cette  eau  douce. 
Cela  est  fort  ingénieux  sans  doute  ;  mais  la  nature,  dans  ses 
opérations,  n'a  pas  besoin  de  nos  petits  expédiens. 

Je  crois  donc  que  le  sel  marin  est  forme  journellement,  soit 
dans  le  rocher,  soit  dans  l'eau  elle-même,  tout  comme  le  nitre 
est  formé  sur  les  parois  des  grottes  de  la  Mofelta;  ce  que  la 
nature  peut  faire  pour  un  sel,  assurément  elle  le  peut  faire 
pour  un  autre. 

Une  observation  qui  n'a  point  échappé  aux  naturalistes  qui 
ont  visité  les  sources  salées,  c'est  que  toujours  elles  sont  ac- 
compagnées de  chaux  sulfatée  et  d'autres  sels  sulfuriques 
souvent  même  de  soufre  en  nature  et  de  matières  bitumi- 
neuses. Cette  réunion  constante  prouve  que  ces  substances, 
si  différentes  en  apparence,  doivent  néanmoins  leur  existence 
à  une  cause  commune. 

J'observerai,  relativement  à  l'évaporalion  de  l'eau,  qui  est 
un  objet  si  important  pour  l'économie  du  combustible,  qu'on 
pourroit,  ce  me  semble,  y  employer  encore  le  moyen  qui  est 
mis  en  usage  par  les  peuples  du  Nord,  qui  concentrent  l'eau 
de  la  mer  par  la  gelée. 

On  pourroit,pendant  l'hiver,  mettre  l'eau  des  sources  salées 
dans  des  chaudières  de  métal ,  qui  seroient  placées  dans  des 
cuviers  un  peu  plus  larges,  de  manière  qu'on  pût  mettre  de  la 


78  S  A  L 

glace  tout  autour,  à  laquelle  on  ajouleroit  du  sel,  afin  d'accé- 
lérer la  congélation  de  l'eau  contenue  dans  la  chaudière,  d'où 
l'on  enlèveroit  les  glaçons  à  mesure  qu'ils  se  formeroient  (ces 
glaçons  ne  contiennent  que  de  l'eau  douce),  et  on  les  rem- 
placeroit  par  de  l'eau  salée. 

Quoique  cet  expédient  pût  très-bien  réussir  en  petit,  il 
seroit  possible  qu'il  éprouvât  des  obstacles  dans  l'exéculion 
«;n  grand:  aussi  n'est-ce  qu'une  idée  que  je  soumets  à  la 
sagesse  de  ceux  qui  ont  pour  eux  l'expérience.    V.  Solde 

MURIATÉE,   (pat.) 

S\L1QUIER.  Synonyme  de  Cuphée.  (b.) 

SALIS BURI,  SaU&buria.  Arbre  à  feuilles  alternes,  pé- 
tiolées,  cunéiformes,  unies,  striées  en  dessous,  arrondies  à 
Textrémité,  bilobées  et  déchirées,  qui  vient  de  la  Chine  et 
du  Japon,  et  qu'on  cultivoit  depuis  nombre  d'années  dans 
nos  jardins,  sous  le  nom  de  gmkgo,  sans  obtenir  sa  florai- 
son.  que  Smith  a  observée  enfin  en  1^96,  dans  le  jardin 
du  roi  d'Angleterre,  à  Kew ,  et  qui  l'a  été  tout  nouvelle- 
ment en  France. 

Cet  arbre  forme  ,  dans  la  monoécie  polyandrie,  un  genre 
qui  a  pour  caractères  :  dans  les  fleurs  mâles,  un  chaton  nu, 
filiforme,  à  anthères  deltoïdes  et  penchées  ;  et  dans  les  fleurs 
femelles,  qui  sont  solitaires,  un  calice  divisé  en  quatre  par- 
lies  ,    persistant ,  et  un  ovaire  supérieur. 

Le  fruit  est  un  drupe  globuleux,  presque  triangulaire,  qui 
renferme  une  seule  semence  dicotylédone. 

Le  salisburi  est  un  arbre  fort  intéressant  par  ses  feuilles  , 
qui  ressemblent  à  celles  d'un  Adiante;  aussi,  dans  les 
commencemens  de  son  arrivée  en  Europe  ,  s'est-il  vendu 
fort  cher.  11  est  très-répandu  aujourd'hui,  attendu  qu'il  vient 
très-aisément  par  marcottes  et  par  boutures,  et  qu'il  ne  craint 
point  la  gelée. 

A  la  Chine  et  au  Japon  ,  on  le  cultive  à  raison  de  son 
fruit,  dont  l'amande  est  très-bonne  à  manger,  lorsqu'elle 
est  cuite  sur  les  charbons ,  au  rapport  de  Ksempfer  et  de  Thun- 
berg.  (B.) 

SALIUNCA.  Cette  plante  ,  selon  Pline  ,  poussoit  beau- 
coup de  feuilles,  mais  si  petites,  qu'on  ne  pouvoit  les  enla> 
cer,  comme  cela  se  praliquoit  pour  les  plantes  dont  on  faisoii 
des  couronnes  et  des  bouquets.  Elle  avoit  des  fleurs  radica- 
les, nombreuses.  «  On  diroit,  ajoute-t-11,  que  c'est  une  herbe 
plutôt  qu'une  fleur,  et  qu'elle  a  élé  comprimée  sur  la  terre 
avec  la  main.  »  Elle  croissoit  aux  endroits  secs  et  exposés  au 
soleil,  dans  les  Alpes  Noriques  et  de  Pannonie.  A  Eporre- 
dia,  ville  de  cette  dernière  contrée,  on  la  recueilloit  avec 
grand  soin ,  et  on  l'estimoit  beauconp  à  cause  de  son  odeiir 


s   A   L  7;^ 

extrêmement  délicieuse.  On  en  faisoil  usage  dans  les  ■^^•aide- 
robes  ;  on  la  mettoit  entre  les  draps  et  les  vetemens. 

Dioscoride  ,  en  traitant  du  nard  celtique  ou  galiique,  fait 
observer  qu'il  croît  sur  les  montagnes  de  la  Ligurie  ,  et  qu  il 
y  porte  le  nom  d'fl//Mng^«;  nnais  Pline  dislingue  le  saliuncadvi 
nard  galiique.  Néanmoins  ,  Tun  et  Tautre  ont-ils  voulu 
décrire  des  espèces  de  valérianes  Irès-voisines,  telles  que 
hs  valeriana  ce/tica ,  L.  et  5a//««c«,  Allioni,  Cette  dernière  est 
peut-être  VaHunga  de  Dioscoride  ;  mais  le  saliunca  de  Pline  , 
si  remarquable  par  son  port  comprimé ,  est-il  bîen  une  va- 
lériane, comme  le  croient  la  plupart  des  botanistes?  (ln.) 

SALIX  des  Latins  ,  et  Itea  des  Grecs.  On  reconnoît  par- 
faitement ,  dans  les  écrits  des  anciens ,  qu'ils  ont  donné  ces 
noms  à  nos  saules,  quoiqu'ils  ne  nous  aient  laissé  aucune 
description  de  ces  plantes  ;  mais  ce  qu'ils  ont  dit  de  leurs 
propriétés,  et  surtout  de  leurs  usages,  ne  laisse  aucun  doute 
à  cet  égard.  Les  salix  alba  ^  viminalis,  undulata  ,  pentandra  ^ 
hehx^purpurea^  elvifeilina,  sembJent  être  ceux  qu'ils  cultivoient 
principalement,  comme  cela  est  chez  nous ,  surtout  l'a/^^a. 
Mais  dans  un  genre  comme  celui  des  saules,  où  l'on  ne  sait 
pas  encore  ce  qu'on  doit  nommer  espèce  ,  il  est  impossible 
de  donner  pour  certain  aucun  des  rapprochemens  qu'on 
pourroit  faire  entre  ses  espèces  et  celles  mentionnées  par  les 
anciens. 

Théophraste  indique  plusieurs  sortes  à^iteo^  qu'il  distingue 
d'après  la  couleur  de  i'écorce  ,  i.»  en  saule  noir,  dont  les 
branches,  verges  ou  osiers,  étoient  les  plus  belles  et  les  plus 
propres  à  la  vannerie;  a.»  en  saule  pourpre  ;  3.»  en  saule  blanc, 
dont  les  osiers  étoient  plus  durs  et  moins  souples.  La  pre- 
mière et  la  troisième  espèces  offroient  chacune  une  variété 
basse.  Celle  du  saule  blanc  étoit  appelée  en  Arcadie  hc/ix 
ou  hélice.  Il  y  avoit  encore  Vitea  oisos  ou  oesos  ou  Voirya,  qui 
étoit  le  salix  amerina  de  Pline. 

Dioscoride  ne  rapporte  que  les  propriétés  des  saules  en 
général ,  et  n'entre  dans  aucun  détail  sur  leurs  espèces. 

Pline  range  les  saules  au  nombre  des  arbres  aquatiques 
les  plus  utiles,  et  il  fait  observer,  d'après  Caton,  que  leur 
plantation  augmentoit  d'un  tiers  le  revenu  d'un  domaine. 
Caton  même  préféroit  le  produit  de  la  coupe  des  saules  à  ce- 
lui de  la  récolte  des  olives ,  des  blés  et  du  foin.  Les  saules  , 
comme  le  fait  remarquer  Pline,  plantés  le  long  des  rivières' 
forment  des-remparts  qui  arrêtent  l'impétuosité  des  eaux  et 
abritent  les  campagnes  en  retenant  les  terres.  La  nature 
semble  avoir  destiné  les  saules  principalement  à  cet  usage  ; 
car,  lorsqu'on  les  coupe ,  ils  repoussent  aussitôt,  et  se  multi- 
plient davantage.  Pline  fait  remarquer  qu'il  y  a  plusieurs  sor- 


8o  S  A  L 

tes  de  saules;  les  uns,  plus  élevés  ,  produisoient ,  à  leur  ex- 
trémité ,  des  branches  ou  grosses  verges  qui  servoient  à  faire 
les  treillages  ;  leur  écorce  formoit  des  liens  ;  d'autres  ne 
donnoientque  des  verges  ou  osiers  souples,  utiles  seulement 
à  faire  des  liens  ;  il  y  avoit  des  saules  à  verges  très-fines ,  et 
excellentes  pour  faire  les  paniers,  les  corbeilles  et  toutes 
sortes  de  jolis  ouvrages  en  vannerie.  On  remarquoit  aussi  des 
saules  à  verges  plus  grosses ,  plus  fermes  :  on  s'en  servoit 
dans  les  can*pagnes  pout  lagrosse  vannerie.  Ces  saules  écorçés 
étoient  fort  blancs  et  plus  maniables;  on  en  faisoit  des  vases 
qui  coûtoient  moins  cher  que  ceux  en  cuir,  et  des  fauteuils 
pour  se  reposer  à  l'aise.  «Plus  on  tond  le  saule,  dit  Pline, 
plus  il  pousse  et  plus  il  devient  touffu,  jetant  les  pousses  plu- 
tôt d'un  bourrelet  que  d'une  branche.  » 

Pline  distingue  i.°  \esalix  grœca^  qui  étoit  rouge ,  et  dont 
on  fondoit  les  osiers;  2°  le  salix  amerina ,  qui  éloit  plus 
blanc,  moins  souple,  plus  aisé  à  rompre  ,  et  dont  on  ne  fen- 
doit  pas  les  verges  ou  osiers  (Âmatus  croyoit  qu'il  s'agissoit 
ici  de  lelœagnus  angustifolius,  L.  )  ;  3.°  les  trois  salix  de  l'Asie 
mineure,  savoir,  le  noir,  qui  servoit  à  faire  des  liens;  le 
blanc  ,  d'usage  dans  la  vannerie  ;  et  le  hélix  des  Grecs ,  qui 
étoit  le  plus  petit  ;  4°  les  trois  salix  des  Latins  ,  qui  sont:  le 
salix  viminea  ou  pourpre  ;  le  salix  viiellina ,  dont  l'écorce  étoit 
d'un  jaune  d'œuf  ;  et  le  salix  gallica  ,  remarquable  par  sa  pe- 
titesse. 

Columelle  a  un  salix  sabina  qu'on  regarde  comme  le  même 
que  le  salix  amerina  de  Pline  ,  et  Voisos  de  Théophraste. 
C.  Bauhin  les  réunit  sous  le  nom  commun  de  salix  vulgaris 
ruhens,  synonyme  que  AVilldenow  rapporte  à  son  salix  pen- 
iandra,   ce  qui  paroît  inexact. 

Les  auteurs  anciens  s'accordent  sur  la  précocité  de  la  flo- 
raison de  ces  arbres  et  sur  la  rapidité,  aveclaquelle  ils  crois- 
sent. C'est  à  ces  deux  circonstances  que  les  saules  doivent 
leurs  noms  grec  et  latin. 

Chez  les  modernes,  les  saules  ont  toujours  fait,  sous  le 
nom  de  salix,  un  groupe  distinct  ;  et  depuis  C.  Bauhin  jus- 
qu'à présent,  ils  ont  formé  un  genre  très-naturel,  et  qui  fait 
le  désespoir  de  ceux  qui  veulent  fixer  des  caractères  à  ses  es- 
pèces. V.  Saule. 

Salix  conophora  de  Broyn.  C'est  le  protée  velu  {protea  hîrla^ 

L.).   (LN.) 

SALKEN.  Arbre  de  la  famille  des  légumineuses,  et 
rapproché  du  pongam  par  Adanson ,  qui  en  fait  un  genre 
qu'il  nomme  salken ,  et  qu'il  distingue  du  PoNGAM  (^a/e- 
tîz/yoa,  Lk.  )  par  ses  légumes  orbiculaireâ  à  une  seule  graine 
orbiculaire  ,  par  le  tube  calicinal  qui  est  hémisphérique  et 


s   ^  L  8i 

jpresque  entier  ,  et  par  ses  feuilles  à  trois  folioles.  Cet  arbre 
est  le  tsjeria  cametli  des  Malabares  ,  et  sou  fruil  le  fai>us  d'aya 
des  Portugais  de  l'Inde,  (lis.) 

SALLES  ou  ABAJOUES.  T.  ce  dernier  mot.  (desh.) 

SALLL\N.  C'est,  suivant  \  HLtoire  générale  des  Voyages, 
le  nom  que  porte  TAutruche  de  Magellan,  dans  l'île  de 
Maragnon.  (s.) 

SALLIUS.  Pierre  blanche ,  pesante,  fragile,  qui,  selon 
Louis  Dulcis,  se  trouve  dans  une  île  du  même  nom  ,  et  qui 
sert  à  polir  l'or.  Elle. est  la  même  que  celle  nommée  sarrné- 
nleiine  ,  par  Albert-le  grand  ,  qi.ii  avoit  les  mêmes  propriétés 
et  portoit  aussi  le  nom  d'une  île  où  elle  se  trouvoit.  L'une 
et  l'autre  sont  le  lapis  samius  ^  de  Pline  ,  qui  étoit  petit-être 
un  tripoli.  Ces  trois  auteurs  s'accordent  sur  les  propriétés 
médicales  et  imaginaires  de  cette  pierre,  dont  les  deux  pre- 
miers noms  ne  sont  que  d,t?>  altérations  de  samius  et  de  samia. 
Cependant  quelques  auteurs  ont  cru  qu'il  s'agissoit  de  trois 
pierres  ditïérenles.  (lm.) 

SALMAKINE.  Poisson  du  genre  Salmome.  (b.) 

SALMASIE  .  Salmasia.  Nom  donné  au  Tachilota.  (b.) 

SALMEE*,  Salmea.  Genre  de  plantes  établi  par  Decan- 
dolle  (Jardin  de  Montpellier)  aux  dépens  des  Bidents.  II 
a  pour  typegles  Bidents  grimpant  et  hérjssé  ;  ses  caractè- 
res sont  :  calice  imbriqué  ;  réceptade  Q(cai!leux  ,  conique^ 
fleurons  tous  hermaphrodites,  tubuleus  ;  graines  compri- 
mées, terminées  par  deux  arêtes.  Il  renferme  trois  espèces, 
originaires  de  l'Amérique  Méridionale,  et  auxquelles  oa 
peut  réunir  le  Sergile  de  Gœriner.  (B.) 

SALMERIN.  V.  Salmarine.  (s.) 

SALMERONES.  Nom  espagnol  de  la  variété  à  épi 
blanc  ,  de  l'espèce  de  Froment  que  Lagasca  appelle 
triticum  fastuosum  ^  et  qui  est  cultivée  principalement  dans  le 
midi  de  l'Espagne.  Elle  porte  aussi  les  noms  de  irerheles  ^ 
arisprietros  ,  arisnegros  ,  alonsos  ,  raspinegros ,  casrahos ,  finanos  ; 
la  variété  à  épi  jaune  est  vulgairement  désignée  par  trecheles 
et  rubiones  f  et  l'espèce  ^ar Janfarron.  (ln.) 

SALMIACK.  Nom  allemand  du  sel  ammoniac.  V.  Am- 
moniaque muriatée.  (ln.) 

SALMIE  ,  Salmia.  Genre  de  plantes  établi  par  Jacquin. 
C'est  le    même  quÊ    le    Sansevière   ou    Carludgvique. 

(B.) 

SALMO.  Nom  latin  du  genre  Salmone.  (desm.) 
SALMONCINO,  Séraphin  Volta  nomme  ainsi  un  pois- 
son fossile  de  Monte-Bolca  ,   qu'il  rapporte ,  à  tort ,   au 
scomber  Kleinii  de  Bloch.  (desm.) 

SALMONE,  Salmo,  Genre  de  poissons  de  la  division  des 

XXX,,  6 


8a  S  A  L 

abdominaux,  donlles  caractères  consistent  à  avoir  la  tête  com-^ 
primée  ;  la  bouche  grande  et  garnie  de  dents  ;  trois  lames  à 
Topercule  des  branchies;  deux  nageoires  dorsales,  dont  la 
dernière  adipeuse  ;  plus  de  quatre  rayons  à  la  membrane 
des  branchies. 

Plusieurs  des  espèces  qui  composent  ce  genre  jouissent 
d'une  grande  célébrité  ,  à  raison  de  leur  abondance  et  de 
l'excellence  de  leur  chair.  Il  suffit  de  nommer  le  saumon , 
qui  remonte  annuellement  de  la  mer  dans  les  fleuves  en 
troupes  si  nombreuses ,  qu'il  sert  souvent  de  nourriture  ex- 
clusive à  des  peuplades  entières;  il  suffit  de  nommer  la 
truite  ,  cet  habitant  de  nos  plus  limpides  rivières  ,  si  recher- 
ché de  *ousles  amateurs  des  bons  morceaux.  L'homme  d'état 
et  le  sibarite  trouvent,  parmi  les  salmones,  des  objets  pro- 
pres à  exciter  leur  intérêt  sous  le  point  de  vue  d'un  bien  gc- 
néral'ou  d'un  avantage  personnel  ;  le  naturaliste,  placé  entre 
les  deux  ,  observe  une  organisation  et  des  mœurs  particu- 
lières,  très-dignes  de  ses  méditations. 

Le  genre  des  salmones  avoit  besoin  d'êlre  travaillé  de 
Bouveau,  et  il  l'a  été  par  Lacépède  et  Guvier,  de  manière 
à  satisfaire  les  bons  esprits. 

Les  genres  Corégone  et  Osmare  ,  d'Artédi ,  ont  été  ré- 
tablis ,  et  deux  nouveaux,  Characin,  Serrasaljje  ,  ont  été 
formés  par  le  premier..  Le  second  y  a  établi  treize  sous- 
genres,  savoir:  EpÈrlân  ,  Curiâmate  ,  Atmostome  ,  Pia- 

BUSQUE,  RaIIS,  TÉTRAGO>iOPTÈRE  ,  HïDROCYN  ,  ClTHARINE, 

Saurus  ,  Scopule  et  Sternoptix. 

Le  nombre  des  espèces  qui  restent  dans  le  genre  salmone 
est  de  vingt  huit,  parmi  lesquelles  il  suffit  de  remarquer  : 

Le  Salmone  saumon,  Salmosaïar^  Linn.  ,  qui  a  la  mâ- 
cboire  supérieure  proéminente  ;  quatorze  rayons  à  la  pre- 
mière nageoire  du  dos  et  treize  à  celle  de  l'anus  ;  des  lignes 
irrégulières  ,  rougeâtres  et  brunes  sur  le  corps.  On  le  trouve 
dans  les  mers  d'Europe  et  d'\sie  septentrionale  ,  qu'il  quitte 
à  la  fin  de  l'hiver  pour  remonter  les  fleuves.  Il  parvient  à  une 
grosseur  considérable  ,  c'est-à-dire  à  quatre  à  cinq  pieds  de 
long.  V.  au  mot  Saumon. 

Le  Salmone  illanken,  qui  a  la  mâchoire  inférieure  cro- 
chue; douze  rayons  à  la  première  dorsale  et  à  l'anale.  Il  se 
trouve  dans  le  lac  de  Constance  et  les  rivières  qui  s'y  jëttento 
On  l'a  regardé,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  comme  une  va- 
riété du  saumon  ;  mais  il  est  certain  que  c'est  une  espèce  dis- 
tincte qui  ne  va  jamais  à  la  mer. 

Le  Salmone  argenté  ,  Salmo  scheffertnullerii ^  qui  a  la 
mûchoire  inférieure  plus  longue  que  la  supérieure;  quinze 
rayons  à  la  notreoire  du  dos  et  treize  à  celle  de  l'anus.  On  le 


s  A  L  83 

trouve  dans  la  Baltique  et  dans  les  lacs  de  l'Autriche  qui  ne 
communiquent  pas  avec  la  mer.  Sa  chair  est  très-estimée. 
La  tête  est  brune  ,  ainsi  que  le  dos  et  les  nageoires  ;  tout  le 
reste  du  corps  est  argenté  ;  la  ligne  latérale  est  noire. 

Le  Salmone  ériox,  qui  a  quatorze  rayons  à  la  première 
nageoire  du  dos  et  douze  à  celle  de  l'anus  ;  l'extrémité  de  la 
queue  en  ligne  droite,  et  le  corps  parsemé  de  taches  cendrées. 
Jl  se  trouve  dans  les  mers  d'Europe ,  et  remonte  les  fleuves. 
Cette  espèce  a  besoin  d'être  observée  de  nouveau. 

Le  Salmone  truite  SM!MO^EE,Salmo  (rutla,  ui  a  quatorze 
rayons  à  la  première  nageoire  du  dos  et  ,onze  à  celle  de  l'a- 
nus ;  des  taches  rondes ,  noires  ,  entourées  d'un  cercle  brun, 
et  six  points  aux  nageoires  pectorales.  11  habite  les  mers  d'Eu- 
rope, et  remonte  les  rivières.  C'est  la  truite  saumonée ,  ou  la 
truite  de  mer  des  auteurs  français.  V.  au  mot  TiiUiTE. 

Le  Salmone  TRUITE  commit:^!.,  Salmo  Jariu,  quia  quatorze 
rayons  à  la  première  nageoire  du  dos  et  onze  à  l'anale  ;  des 
tache»rouges  ,  entourées  d'un  cercle  clair  ,  sur  le  corps  ,  et 
la  mâchoire  inférieure  un  peu  plus  longue  que  l'autre.  On  le 
trouve  dans  les  eaux  douces  et  pures  des  pays  de  montagnes, 
dans  toute  l'Europe  et  l'Asie  septentrionale.  On  le  multiplie 
facilement  dans  les  étangs  alimentés  par  des  fontaines.  C'est 
un  des  meilleurs  poissons  de  nos  rivières.  On  le  connoît  sous 
le  nom  de  truite  de  rivière  ou  troule.  V.  au  mot  Truite. 

Le  Salmone  heuch  ,  Salmo  Imcho^  L.,  qui  a  treize  rayons 
à  la  première  nageoire  du  dos  et  douze  à  celle  de  l'anus;  des 
taches  brunes  et  rondes  sur  le  corps  et  sur  la  plupart  des  na- 
geoires. On  le  trouve  dans  le  Danube  et  dans  presque  tous 
les  grands  lacs  d'Autriche  et  de  la  Bavière.  Il  parvient  à  la 
grandeur  de  cinq  à  six  pieds.  On  le  distingue  aisément  du 
saumon,  à  son  corps  très-allongé,  à  sa  tête  pointue  ,  et  à 
deux  rangées  de  dents  sur  le  palais  et  la  langue.  On  le  prend 
à  l'hameçon  et  au  filet.  Sa  chair  est  molle  et  moins  savou- 
reuse que  celle  de  la  truite. 

Le  Salmone  des  Alpes,  qui  a  treize  rayons  à  la  première 
nageoire  du  dos;  douze  à  celle  de  l'anus;  le  dos  noir,  les  côtés 
bleus  et  le  ventre  fauve.  On  le  trouve  dans  les  lacs  et  les 
rivières  les  plus  élevées  de  Laponie  ,  de  Suisse  ,  d'Allema- 
gne ,  d'Angleterre  et  de  France.  Sa  tête  est  terminée  en 
pointe  émoussée  ;  toutes  ses  nageoires  sont  rougeâtres  ,  ex- 
cepté la  première  dorsale  ;  sa  chair  est  rouge  ,  de  bon  goût, 
facile  à  digérer ,  est  et  fort  recherchée  des  gourmets  voisins 
des  pays  ci-dessus  mentionnés.  On  l'appelle  en  français  truite 
noire,  et  en  allemand  bergforelle.  Bloch  pense  que  c'est  une 
simple  variété  de  la  truite  omble  ,  produite  par  la  différence 
des  eaux.  Il  paroît  étonnant  que  ce  poisson  puisse  vivre  dans 


H  s  A  L 

les  lieux  où  on  le  trouve  ,  attendu  que  Teauy  est  souvent  ge- 
lée pendant  la  moitié  de  l'année. 

Le  Salmone  omble  ,  Salmo  sahelinns  ,  Linn.  ,  qui  a  la  mâ- 
choire supérieure  plus  longue  que  l'inférieure  ,  le  premier 
rayon  des  nageoires  du  ventre  et  de  Tanusgros  et  blanc.  Il  est 
fig.  pi.  P.  19.  On  le  pèche  dans  le  Danube  el  dans  les  grands 
lacs  de  la  Hongrie  ,  de  l'Autriche  et  de  la  Bavière.  Il  par- 
vient quelquefois  à  trois  ou  qua.tre  pieds  de  long.  Sa  tôle  est 
brune  ;  ses  joues  sont  argentines  ;  son  corps  est  parsemé  de 
taches  oranges  ,  entourées  d'un  cercle  blanc  ;  le  ventre  et  les 
nageoires  sont  rougeâtres.  Ces  couleurs  varient  en  intensité 
selon  l'âge ,  le  sexe  et  la  nature  de  l'eau. 

On  prend  le  salmone  omble  avec  des  filets  et  à  l'hameçon. 
Sa  chair  est  de  bon  goût.  On  la  sèche  à  la  fumée  pour  l'en- 
voyer au  loin. 

Bloch  pense  que  le  salmo  salmarinus  ,  Linn,  ,  figuré  dans 
Marsigly ,  Danube  4  ,  tab.  29  ,  n'est  qu'une  variété  de  cette 
espèce.  # 

Le  Salmone  ombre  caEVALiEa ,  Salmo  umbla,  Linn.  ,  qui 
a  onze  rayons  h  la  première  nageoire  du  dos  et  à  celle  de  l'anus, 
la  queue  fourchue  ,  la  ligne  latérale  légèrement  recourbée, 
et  le  corps  à  peine  tacheté.  On  le  trouve  en  quantité  dans  le 
lac  de  Genève ,  et  plus  rarement  dans  celui  de  Neufchâtel. 
On  en  voit  quelquefois  de  trois  à  quatre  pieds  de  long.  Il  vit 
de  poissons  et  de  crustacés.  On  le  prend  au  filet  el  à  l'hame- 
çon. Sa  tête  est  petite  ;  sa  mâchoire  supérieure  un  peu  plus 
longue  que  l'inférieure  ,  qui  a  deux  rangées  de  petites  dents  , 
tandis  que  l'autre  n'en  a  qu'une  ;  ses  joues  sont  verdàtres  ,  va- 
riées de  blanc  ;  le  dos  est  verdâlre  et  le  ventre  blanc. 

Ce  poisson  est  fort  gras  ,  et  a  la  chair  plus  délicate  que 
celle  de  Xditruite;  aussi  est-il  très-recherché  des  gourmets.  J'en 
ai  vu  plusieurs  fois  vendre  à  Paris  trois  cents  francs  la  pièce. 
Les  médiocres,  ceux  qui  n'ont  qu'un  à  deux  pieds  de  long,  se 
vendent  rarement  moins  de  vingt-cinq  francs  ,  même  à  Ge- 
nève. C'est  pendant  l'hiver  qu'on  en  prend  le  plus.  On  ne 
Miange  jamais  ce  poisson,  à  Paris,  que  cuit  au  bleu.  F.  Truite. 

Le  Salmone  RiLLE,qui  a  quatorze  rayons  à  la  nageoire  dor- 
neuf  à  l'anale  ;  les  mâchoires  également  avancées  ;  des  taches 
rouges  et  des  noires  ,  dont  deux  sur  chaque  opercule.  H  se 
trouve  à  l'embouchure  de  la  Seine  ,  principalement  dans  la 
Rille.  Il  ne  devient  jamais  plus  grand  qu'un  hareng^. 

Le  Salmone  gastéroplèque  ,  qui  a  été  remis  parmi  les 
Clupées  par  Lacépède ,  sous  le  nom  de  dupée  sternicle.  (b.) 

SALMONÉE.  Synonyme  de  Salomone.  (ln.) 

SALOMONE ,  5a/G/noma.  Plante  annuelle  de  la  Chine, 
clesixpouc  es  de  haut,  à  feuilles  en  coeur  aigu,  entières  ,  gla- 


s  A  L  8oi 

bres  ,  éparses,  à  fleurs  violettes,  disposé^  en  ëpi  terminal  , 
qui  ,  selon  Loureiro  ,  forme  un  genre  dans  la  monandrie 
monogynie,  et  dans  la  famille  des  Polygalées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divisions, 
presque  égales  ;  une  corolle  monopétale  à  trois  divisions 
presque  rondes,  la  moyenne  plus  longue  et  en  capuchon  ; 
une  étamine  attachée  à  la  division  la  plus  longue  de  la  co- 
rolle ;  un  ovaire  supérieur,  comprimé  ,  surmonté  d'un  tuhe 
ventru  et  d'un  stigmate  épais  ;  une  silicule  comprimée  ,  rude 
au  toucher,  à  deux  loges  monospermes,  (b.) 

SALOMONIA.  Heister  avoit  donné  ce  nom  au  genre 
polygonatum  àc  Tournefort.  En  le  pétablissant,  les  botanistes 
ont  accepté  la  dénomination  imposée  parTournefort.  Depuis, 
Loureiro  a  appelé  salomonia  un  autre  genre  que  Vahl  désigne 
par  salmonea  {V .  Salomone)  ,  sans  se  rappeler  que  Scopoli 
avoit  désigné  ,  par  salmonia ,  le  vochisia  de  Jussieu  ,  dont 
Vahl  lui-même  a  changé  le  nom  en  celui  de  cucullaria.  (ln.) 

SALOP.  V.  Salep.  (s.) 

SâLOYAZIR.  Espèce  de  Sarcelle  des  Phileppines  , 
dont  parle  Fr,  Camel  ,  mais  qu'il  ne  décrit  pas;  il  dit  seule- 
ment que  cet  oiseau  n'est  pas  plus  gros  que  le  poing  (^Tian- 
sariions  phîlosopliiques').    V.  Ganard.  (s.) 

SALPA.  JNom  latin  des  mollusques  du  genre  Biphore, 

(desm.) 

SALPE.  Altération  du  nom  de  saupe^  que  porte  un  Spare. 

SALPETRE  ou  NITRE  NATIF.  Voy.  Potasse  îsi- 

TRATÉE.  (LIM.) 

SALPIANTHE,  Salpianihus.  Arbrisseau  grimpant  du 
Mexique,  visqueux  et  odorant,  à  feuilles  alternes  et  à  fleurs 
disposées  en  corymbe  terminal ,  qui  constitue  seul  un  genre 
dans  la  triandrie  monogynie  ,  et  dans  la  famille  des  nycta- 
ginées.  Ce  genre  ,  établi  par  Humboldt  et  Bonpland)  Plantes 
t'çuinoxia/cs)  ,  offre  ponr  caractères  ,  un  calice  tubuhîux  ,  à 
quatre  dents  ;  point  de  corolle  ;  trois  étamines  ;  un  ovaire 
supérieur  à  un  seul  style  ;  une  semence  ovale  sillonnée,  ren- 
fermée au  fond  du  calice  qui  persiste.  11  ne  diffère  pas  du 
BoLDOA  de  Cavanilles  ,  et,  en  conséquence  ,  renferme  trois 
espèces,  (e.) 

SALPIGLOSSE,  5«//îi^/os5/5.Plante  herbacée  du  Pérou, 
qui  forme  ,  dans  la  didynamie  angiospermie  ,  un  genre  dont 
les  caractères  consistent:  en  un  calice  à  cinq  angles  ,  à  cinq 
divisions  aiguës  ,  dont  les  trois  inférieures  sont  plus  profon- 
des ;  une  corolle  grande  ,  infundibullforme  ,  à  limbe  inégal , 
divisé  en  cinq  parties  ovales  ,  émarginées  ,  la  supérieure  plus 
large;  quatre  étamines,  dont  deux  plus  courtes  et  le  rudi- 


S6  S  A  L 

nient  d'une  cinquième  ;  un  ovaire  supérieur,  ovale  ,  à  s1yl«: 
élargi  et  bidenle  a  son  sommet  ,  et  à  stigmate  tronqué  ;  une 
capsule  ovale,  renfermée  dans  le  calice,  biloculaire  ,  bivalve, 
renfermant  plusieurs  semences  insérées  sur  un  réceptacle 
adne  aux  cloisons  ,  qui  sont  parallèles,  (b.) 

SALPIGTES.  L'un  des  noms  que  les  Grecs  donnoient  au 

KoiTELET.  (s.) 

SALPIMGE,  «SW/>//7g'ws.  NomdonnéparlUigerà  un  genre 
d'insectes  coléoptères,  que  j'avois  appelé  Rhinosime.  F.  ce 
likOl,  (l.) 

SALSA.  C'est  rHERRÉRiE.'(B.) 
^  SALSAPARILLA  et  SARSAPARILLA  ou  SARZA- 
PAKILLA.  La  salsepareille  officinale  a  été  décrite  sous  les 
dénominations  ci-dessus  dans  presque  tous  les  ouvrages  qui 
ont  traité  de  cette  plante,  originaire  dAmérique.  V.  Salse- 
pareille, (ln.) 

SALSILLA.  Nom  qu'on  donne  ,  aux  environs  de  Lima, 
à  une  plante  liliacée,  espèce  AalsUoemeria^  à  laquelle  les  bo- 
tanistes l'ont  conservé,  (ln.) 

SALSir^ORA.  Tbalius  figure  sous  ce  nom  les  deux  es- 
pèces de  RossoLis  les  plus  communes  en  Europe,  (ln.) 

SALSOLA.  On  a  d'abord  nommé  ainsi  le  chenopodium 
marilimuin  ,  L. ,  auprès  duquel  on  a  rapporté  ensuite  diverses 
espèces  du  genre  salsoJa  et  <ie.s  salicomia  avec  la  dénomination 
de  salsolœ  genus.  Elle  forme  le  groupe  dos  kali  de  C.  Raubin. 
Linnaeus  a  porté  le  salsola  des  anciens  auteurs  dans  son  genre 
chenopodium  ,  et  il  a  nommé  sulsola  un  autre  genre  de  la 
même  famille  ,  qui  est  le  A:tt/i  de  Tournefort,  et  dans  lequel  se 
trouvent  les  soudes  ,  plantes  qu'on  brûle  pour  obtenir  la  sou- 
de, d'où  leur  vient  le  nom  de  salsola.  Les  genres  Aot7»«,Rotb^ 
«tu  UH/eemetia ,  Moencli.  ;  hassia  ,  AH.  ;  chenolea^  Thunb  ;  ler- 
chea^  Hall., ont  été  faits  à  ses  dépens. Les  botanistesn'adopteht 
point  tous  ces  genres  nouveaux,  et  njcme  plusieurs  d'entre 
eux  pensent  qu'on  doit  augmenter  le;  genre  salsola  du  genre 
r.aroxylon  de  Thunberg  et  de  Vanahasis  de  Linnœus.  Les  sal- 
sola elles  chenopodium.,  Linn.,  sont  liés  par  des  rapports  com- 
muns assez  analogues,  qui  font  que  certaines  espèces,  placées 
dans  l'un  de  ces  genres  ,  ont  été  rapportées  dans  l'autre  par 
divers  botanistes.  V.  Soude,  (ln.) 

SALSEPAREILLE  ,  Sudlnx ,  Linn.  {dioécie  hexandiic.') 
<ienre  de  la  famille  des  smilacées,  qui  comprend  des  plantes 
vivaces  ,  presque  toutes  exotiques  ,  et  la  plupart  munies  de 
vrilles  ,  au  moyen  desquelles  elles  s'attachent  aux  arbres 
voisins,  et  s'élèvent  quelquefois  à  des  hauteurs  considéra- 
bles. Dans  ce  genre,  les  Heurs  mâles  et  les  fleurs  femelles) 
naissent  sur  dilférens   pieds.  Les   mâles  ont  un  calice   en 


s  A  L  87 

cloche,  coloré,  divisé  très- profondément  en  six  segmens 
ouverts,  et  renfermant  six  étamines  (sans  corolle).  Les 
Heurs  femelles  ont  un  semblable  calice  ,  qui  tombe  ,  et  un 
germe  ovale  portant  trois  petits  styles  ,  couronnés  chacun 
par  un  stigmate  oblong  et  rédéchi.  Ce  germe  ,  après  sa 
fécondation ,  devient  une  baie  ronde  ,  contenant  deux  semen- 
ces de  même  forme. 

11  y  a  plus  de  cinquante  espèces  de  salsepareilles.  Leurs 
tiges  sont  souvent  ligneuses  :  les  unes  sont  armées  d'épines, 
les  autres  en  sont  dépourvues.  Leurs  vrilles  sont  placées  aux 
aisselles  des  feuilles,  ou  plutôt  sur  les  pétioles.  Quelques  es- 
pèces conservent  leur  feuillage  toute  l'année. 

Les  racines  de  ces  plantes  sont ,  en  général ,  composées  de 
fibres  charnues ,  plus  ou  moins  grosses,  qui  s'étendent  au 
loin,  de  tous  côles  ,  et  qui  pénètrent  profondément  dans  la 
terre.  Celles  de  ce  genre  ,  qu'on  débile  dans  le  commerce, 
et  dont  on  fait  un  assez  fréquent  usage  en  médecine  ,  nous 
viennent  de  l'Amérique.  Elles  appartiennent  à  l'espèce  que 
les  botanistes  ont  nommée  smîlax  salsaparilla  ,  Linn. ,  Sal- 
separeille USUELLE  ,  ou  OFFICINALE  ,  OU  de  VlRGINIE.  EUeS 
sont  très-longues,  delà  grosseur  d'une  plume  à  écrire, 
flexibles,  cannelées  dans  leur  longueur,  et  revêtues  d'une 
écorce  rougeâtre.  Leur  substance  est  blanche  ;  frottée  entre 
les  doigts  ,  elle  se  réduit  en  poussière  comme  Vagaric. 

Les  Espagnols  sont  les  premiers  qui  ont  rapporté  du  Pérou 
la  racine  de  salsepareille,  et  qui  en  ont  introduit  l'usage  en 
Europe.  On  la  regarde  comme  très-propre  à  exciter  abon 
daniiuenl  les  sueurs.  Elle  passoil  autrefois  pour  un  spécifique 
contre  la  maladie  vénérienne.  Les  peuples  de  TAmérique 
leniploy  oient  ,  il  est  vrai  ,  avec  succès  ,  dans  le  trail;;ment 
de  cette  maladie;  mais, soit  que  le  transport  ou  la  dessiccation 
lui  fasse  perdre  une  partie  de  ses  principes  actifs  ;  soit  que  , 
dans  nos  climats,  les  pores  de  la  peau  ,  étant  moins  ouverts, 
s'oient  moins  disposés  à  laisser  échapper  la  sueur  ,  cette 
racine  n'a  pas ,  chez  nous ,  les  mêmes  vertus  que  dans  le  pays 
où  elle  croît;  et  ces  vertus  d'ailleurs  ont  peut-être  été  exa- 
gérées. 

La  salsepareille  officinale  a  des  tiges  angulaires  et  épineuses; 
des  feuilles  ovales  lancéolées,  à  cinq  nervures,  sanspiquans, 
et  terminées  en  une  pointe  aiguë;  des  fleurs  petites,  dispo- 
sées en  grappes  aux  aisselles  des  tiges  ,  et  des  baies  de  la 
grosseur  d'une  cerise  médiocre.  Cette  plante  est  vivace.  Elle 
croît  au  Pérou,  au  Btésil,  à  la  Nouvelle-Espagne.  On  h 
trouve  aussi  en  Virginie.  (  V.  sa  figure  pi.  P.  1 1.  ) 

Les  autres  salsepareilles  les  plus  remarquables  sont  : 

La  Salsepareille  élevée  ,  Smilax  excelsa  ,  Linn ,   qi-I- 


88  S  A   L 

ginaire  de  la  Syrie.  Ses  liges  carrées  et  épineuses  s'atlachenl 
par  leurs  vrilles  aux  arbres  voisins  ,  el  s  élèvent  jusqu'à  leur 
souimet.  Ses  feuilles  sont  en  cœur  ,  sans  aiguillons,  et  mar- 
quées de  neuf  nervures.  Ses  Heurs  petites  el  blanchâtres 
produisent  des  baies  rouges  qui  mûrissent  en  automne.  Elle 
est  vivace. 

La  Salsepareille  épineuse,  Smilax  aspera  ,  Linn.  Elle 
croît  en  Italie  et  en  Espagne  ,  sous  les  haies  et  dans  les  bois. 
Il  sort  de  ses  racines  plusieurs  tiges  minces  ,  angulaires  , 
armées  d'épines  courtes  et  courbées,  et  garnies  de  feuilles 
en  cœur  ,  ayant  à  leur  base  neuf  nervures  ,  et  leurs  bords 
dentés   et  munis  d'aiguillons. 

Ces  deux  salsepareilles  sont  toujours  vertes ,  et  assez 
dures  pour  être  cultivées  en  plein  air,  en  France. 

La  Salsepareille  de  Chine  ,  Smilax  China,  Linn,  C'est 
l'espèce  qui  donne  la  racine  connue  sous  le  nom  A'esquine  ou 
deSQUiNE.Elle  croît  en  Chine  el  dans  l'Amérique  septcntrio- 
ïiale.  Sa  racine  est  d'un  grand  usage  en  médecine  ,  comme 
sudorifique;  on  en  tire  une  fécule,  dont  les  habitans  de  la 
Caroline  font  quelquefois  usage  comme  aliment;  ses  feuilles 
servent  de  nourriture  aux  bestiaux  ,  à  Madagascar,  pendant 
les  chaleurs  de  Tété. 

La  Salsepareille  glycipiîille  a  les  feuilles  ovales  lan- 
céolées. Elle  croît  à  la  Nouvelle-Hollande.  wSes  feuilles  ont 
«n  goût  de  réglisse  mêlé  d'un  peu  d'amerlume.  On  en  fait  un 
grand  usage,  en  guise  de  thé  ,  dans  la  colonie  anglaise  du 
port  Jackson.  On  a  remarqué  que  ce  thé  étoit  aussi  agréa- 
ble au  goût,  que  salutaire  pour  ceux  qui  sont  attaqués  du 
scorbut.  C'est  un  excellent  tonique. 

Douze  espèces  nouvelles  de  ce  genre  ont  été  observées 
par  MM.  de  Humboldt  et  Bonpland  ,  dans  leur  voyage 
dans  l'Amérique  méridionale,  (d.) 

SALSEPAREILLE  D'ALLEMAGNE.  On  donne  ce 
nom  à  la  racine  de  laLAicHEDES  SARLESet  à  d'autres  espèces 
voisines  ,  qu'on  substitue  à  la  salsepareille  dans  quelques 
pharmacies  ,  ayant  les  mêmes  propriétés  à  un  degré  infé- 
rieur, (b.) 

SALSEPAREILLE  GRISE.  Racine  de  I'Aralie  a  tige 
NUE  ,  dont  on  fait  usage  en  médecine  ,  comme  sudorifiquc  , 
dans  les  Elaîs-Unls  de  l'Amérique  ,  et  qu'on  apporte  qiicl- 
quefoisen  France, On  la  distingue  de  la  véritable  salsepareille 
:t  sa  couleur  grise  ,  quelquefois  poinlillée  de  rouge  ,  à  sa  sa- 
veur un  peu  amère  ,    et  à  son  centre  un  peu  ligneux,  (b.) 

SALSEPAREILLE  DE  VIRGINIE.  L'Aralie  a  tige 
jîUK. porte  quelquefois  ce  nom.  (b,) 


s  A  L  89 

SALSES.  Ce  sont  des  espèces  de  petits  volcans  qui  ne 
vomissent  que  de  la  vase  et  du  gaz  hydrogène.  Ils  ont  néan- 
moins en  petit,  des  paroxysmes  semblables  à  ceux  des  volcans 
enflammés  ;  ils  occasionent  même  des  tremblemens  de 
terre. 

Dolomieu  les  a  nommés  volcans  d'air ^  parce  qu'ils  exha- 
lent beaucoup  de  gaz  aériforme  ;  mais  comme  la  vase  qu'ils 
rejettent  est ,  à  mes  yeux  ,  leur  produit  immédiat ,  je  crois 
que  ie  nom  de  volcans  vaseux,  leur  convient  mieux  que  tout 
autre. 

Ce  fut  le  18  septembre  1781  ,  que  Dolomieu  ,  allant  d'Ar- 
ragona  à  Girgenti  (  ou  Agrigente  )  ,  sur  la  cote  méridionale 
de  la  Sicile  ,  vit  à  Macalouba  ,  pour  la  première  fois,  un 
phénomène  de  celte  nature. 

En  1750  ,  Spallanzani  en  observa  de  semblables  dans 
plusieurs  cantons  du  Modénois  ,  où  ils  sont  connus  sous  le 
nom  de  salses. 

Pallas  ,  en  1794,  vit  la  même  chose  en  Crimée. 

Dans  la  description  que  Dolomieu  donne  du  phénomène 
de  Macalouba  ,  il  en  offre  d'abord  une  idée  générale.  «  Si  la 
dénomination  de  volcan,  dit-il,  n'apparlenoit  pas  exclusi- 
vement aux  montagnes  qui  vomissent  du  feu  ,  j'applique- 
rois  ce  nom  au  phénomène  singulier  que  j'ai  observé  en 
Sicile  ,  entre  Arragona  et  (iirgenli  :  je  dirois  que  j'ai  vu  un 
volcan  d'air,  dont  les  effets  ressemblent  à  ceux  qui  ont  le 
feu  pour  agent  principal  ;  je  dirois  que  cette  nouvelle  espèce 
de  volcan  a  ,  comme  les  autres  ,  ses  instans  de  calme  et  ses 
momens  de  grand  travail  et  de  grande  fermentation  ;  qu'e/Za 
produit  des  tremblemens  de  terre  ,  des  tonnerres  souterrains ,  des 
secousses  violentes  ,  et  enfin  des  explosions  gui  éièoent  à  plus  de  trois 
cents  pieds  les  mat/ères  quelles  projettent.  »  (  Voyage  aux  îles  de 
Lipari,  pag.  iSa.  ) 

Dolomieu  passe  ensuile  au  détail  des  circonstances  locales, 
dont  voici  les  plus  importantes  : 

«  Le  sol  du  pays  est  calcaire;  il  est  recouvert  de  monta- 
gnes et  de  monticules  d'argile  ,  dont  quelques-unes  ont  un 
noyau  gypseux.  Après  une  heure  de  marche  je  trouvai ,  dii-i!, 
le  lieu  qui  m'éloit  désigné.  J'y  vis  une  montagne  d'argile  à 
sornmet  aplati,  dont  la  base  n'annonçoit  rien  de  particulier  ; 
mais  ,  sur  la  plaine  qui  la- termine  ,  j'observai  le  plus  singu- 
lier phénomène  que  la  nature  m'eût  encore  présenté. 

«  Cette  montagne ,  à  base  circulaire  ,  représente  impar- 
faitement un  cône  tronqué  ;  elle  peut  avoir  cent  cinquante 
pieds  d'élévation  :  elle  est  terminée  par  une  plaine  un  peu 
convexe ,  qui  a  un  demi-mille  (  ou  quatre  cents  toises  )  de 


90  S  A  L 

tour.  On  voit  sur  ce  sommet  un  très-grônd  nombre  de  cônes 
tronqués  :  le  plus  grand  peut  avoir  deux  pieds  et  demi  ;  les 
plus  petits  ne  s'élèvent  que  de  quelques  lignes.  Ils  porleut 
tous  ,  sur  leur  sommet ,  de  petits  cratères  en  forme  d'enton- 
noir ,  proportionnés  à  leur  monticule.  Le  sol  sur  lequel  ils 
reposent  est  une  argile  grise  ,  desséchée  ,  qui  recouvre  un 
vaste  et  immense  gouffre  de  boue  ,  dans  lequel  on  court  le 
plus  grand  risque  d'être  englouti. 

«  L'intérieur  de  chaque  petit  cratère  est  toujours  humecté  ; 
il  s'élève  à  chaque  instant,  du  fond  de  l'entonnoir,  une  ar- 
gile grise  délayée,  à  surface  convexe;  cette  bulle,  en  crevant 
avec  bruit ,  rejette  hors  du  cratère  l'argile  qui  coule  ,  à  la 
manière  des  laves  ,  sur  les  flancs  du  monticule  :  Tintermil- 
lence  est  de  deux  ou  trois  minutes. 

Je  trouvai ,  ajoute  Dolomieu  ,  sur  la  surface  de  quelques- 
unes  de  ces  cavités,  une  pellicule  d'huile  bitumineuse  ,  d'une 
odeur  assez  forte  ,  que  l'on  confond  souvent  avec  celle  du 
soufre.  Celte  montagne  a  ses  momens  de  grande  fermenta- 
lion  ,  où  elle  présente  des  phénomènes  qui  ressemblent  à 
ceux  qui  annoncent  les  éruptions  dans  les  volcans  ordinaires. 
On  éprouve,  à  une  distance  de  deux  ou  trois  milles,  des  se- 
cousses de  tremblement  de  terre  souvent  très-violentes.  Il  y  a 
des  éruptions  qui  élèvent  perpendiculairement ,  quelquefois 
à  plus  de  deux  cents  pieds,  une  gerbe  d'argile  détrempée. 
Ces  explosions  se  répèlent  trois  ou  quatre  fois  dans  les  vingt- 
quatre  heures;  elles  sont  accompagnées  d'une  odeur  fétide 
de  foie  de  soufre  (  ou  gaz  hydrogène  sulfuré  )  ,  et  quelque- 
fois ,  dit-on  ,  de  fumée.  Dans  la  description  faite  par  un  té- 
moin oculaire,  d'une  éruption  antérieure,  et  qui  est  rappor- 
tée par  Dolomieu,  il  est  dit  que  l'éruption  commença  par 
une  espèce  de  fumée  qui  ,  sortant  du  gouffre  ,  s'éleva  à  la 
hauteur  de  quatre-vingts  palmes  ,  et  avoit,  en  quelques  par- 
ties, la  couleur  de  la  flamme. 

«  Mais  je  reconnus  ,  dit  Dolomieu,  que  le  feu  ne  produi- 
soit  aucun  des  phénomènes  de  cette  montagne  ,  et  que  si , 
dans  quelques  éruptions,  il  y  a  eu  fumée  et  chaleur,  ces 
circonstances  ne  sont  qu'accessoires... 

«  Dans  les  environs,  à  un  demi-miîle  de  distance,  il  y  a 
plusieurs  monticules  où  l'on  voit  les  mêmes  effels,  mais  ou 
petit  ;  on  les  nomme  par  diminutif,  viacaloubettcs.  » 

Dolomieu  ajoute,  pag  i65  ,  qu'au  milieu  de  la  montagne 
de  Macalouba ,  il  existe  une  source  d'eau  salée  ,  et  qa'c(li.'s 
sont  en  très-grand  nombre  dans  ce  pays  ,  où  les  mines  de 
sel  gemme  sont  très-communes.  (  Voyage  aux  îles  de  Lfpari  , 
pag.  ï5.H  à  i68.  )  Cette  dernière  observation  n'est  nullement 
ittd'i'(oiCîile  ,  ain.si  qu'on  If  verra  ci-après. 


s  A  L  9^ 

L'existence  du  volcan  vaseux  de  Macalouba  remonte  à  des 
temps  fort  reculés.  Sirabon  et  SoHn  en  parlent  ;  le  passage 
de  Solin  est  remarquable  :  «  La  campagne  d' Agrigente  ,  dit- 
«  il,  vomit  destorrensde  limon  ;  et  comme  l'eau  des  sources 
«  alimente  sans  cesse  les  ruisseaux  ,  de  même  ici  ,  le  sol 
«  inépuisable  tire  perpétuellement  de  son  sein  une  matière 
«  terreuse  qui  ne  tarit  jamais.  » 

Ager  Agrigentinus  éructât  Umosas  sratiirigines  ;  et  ,  ut  venœ 
fontium  sujfidunl  riois  subministrandis ,  ità  ,  in  hâc  Si'ciUœ  parte  , 
solo  nunquàm   déficiente  ,  œternâ  rejectione  ,   tcrram  terra  ewmil. 

11  faut  remarquer  que  les  montagnes  d'argile  qui ,  suivant 
l'observation  de  Dolomieu ,  couvrent  toute  cette  contrée  , 
sont  le  produit  de  ces  éternelles  éjections  dont  parle  Solin, 
et  à  moins  de  se  refuser  à  l'évidence  ,  il  est  impossible  de 
ne  pas  voir  que  cette  incalculable  quantité  de  matière  est 
formée  par  une  opération  chimique  de  la  nature  ,  de  même 
que  les  laves  ,  ainsi  que  je  l'exposerai  lout-à-l'heure. 

Les  salses  du  Modénois ,  décrites  par  Spallanzani ,  et  ainsi 
nommées  à  cause  de  la  quantité  de  sel  marin  qu'elles  con- 
tiennent,  présentent  les  mêmes  circonstances  locales  et  les 
mêmes  phénomènes  que  Macalouba  ;  et ,  pour  éviter  les  ré- 
pétitions ,  je  me  contenterai  de  rappeler  l'idée  générale  qu'il 
en  donne  dans  son  introduction. 

«  Dans  les  collines  de  Modène  et  de  Reggio  ,  dit-il ,  on 
voit  certains  lieux  appelés  Salses:  ils  représentent  les  volcans 
en  aiinialure  ;  on  y  observe  un  cône  tronqué  extérieur,  for- 
mant intérieurement  un  entonnoir  renvei*sé.  Les  matières 
terreuses  ,  agitées  et  quelquefois  lancées  en  haut  ,  se  versent 
plus  souvent  sur  les  côtés  ,  et  forment  de  petits  courans , 
comme  les  volcans.  Ces  cônes  s'ouvrent  ;  ils  donnent  nais- 
sance à  plusieurs  bouches  ,  et  comme  les  volcans  ,  ils  sont 
en  furie  ,  ils  détonnent ,  produisent  de  petits  tremblemens 
de  terre  ,  et  s'abandonnent  aussi  quelquefois  au  repos.  » 

Dans  la  description  détaillée  qu'il  donne  des  salses  ,  il  ob- 
serve qu'elles  abondent  en  sel  marin,  en  pétrole  et  en  gaz 
h\drogène  (tout  comme  à  Macalouba).  Il  rapporte  la  des- 
ciiption  faite  par  Frassoni  ,  en  1660,  des  éruptions  d'une 
de  ces  salses  ,  où  il  y  eut  des  tremblemens  de  terre;  il  sortit 
du  gouffre  une  flamme  qui  s'éleva  à  une  hauteur  prodigieuse, 
et. la  boue  qu'il  vomit  éloit  mêlée  d'une  grande  quantité  de 
biiume. 

Pallas  ,  en  décrivant  un  phénomène  tout  semblable  à  ceux 
de  IModène  et  de  IMacalouba  ,  que  présentant  la  presqu'île 
de  Kertche  et  l'île  de  Taman,  dans  la  partie  orientale  de  la 
Ci  imée  ,  commence  par  dire  qu'on  avoit  d'abord  pris  ce 
phénomène  pour  un  volcan. 


S^-  s  A  L 

Cette  presqu'île  et  cette  île  avoient ,  dit  il ,  depuis  long- 
te.îips  ,  en  plusieurs  endroits,  des  sources  abondantes  de 
pétrole,  et  des  gouffres  qui  regorgent  d'un  limon  salé  et 
uiiïlc  de  beaucoup  de  gaz  élastiques.  Il  y  a  trois  de  ce* 
gouffres  dans  la  presqu  ile  de  Kertche  f  et  sept  a  huit  dans 
l'îie  de  Taman ,  un  surtout  qui  est  sur  le  flanc  d'une  grande 
colline.  Outre  ce  gouffre,  ajoute-t-il ,  le  haut  de  la  même 
colline  offre  trois  mornes  considérables,  qui  sont  évidemment 
iormés  par  la  vase  vomie  de  trois  pareils  gouffres  jadis  ou- 
verts. Ils  ont ,  à  leur  pied  ,  de  petits  lacs  d'eau  salée,  qui  sent 
le  pétrole.  Des  personnes  établies  à  Kénilcoul  depuis  quinze 
à  vingt  ans  ,  se  rappellent  une  explosion  arrivée  sur  cette 
colline  ,  accompagnée  de«feu  et  des  mêmes  phénomènes 
qu'on  a  remarqués  dans  l'éruption  de  lygi  ;  et  selon  la  tra- 
dition des  'J'atars ,  tous  les  gouffres  ou  sources  de  vase  se 
sont  annoncés  par  des  explosions  de  feu  et  de  fumée. 

L'endroit  où  le  nouveau  gouffre  s'est  ouvert  est  sur  le 
haut  de  la  colline.  «  L'explosion ,  dit  Pallas,  s'est  faite  à  cet 
«  endroit,  avec  un  fracas  semblable  à  celui  du  tonnerre  ,  et 
«'  avec  l'apparition  d'une  gerbe  de  feu  qui  n'a  duré  qu'envi- 
«  ron  trente  minutes  ,  accompagnée  d'une  fumée  épaisse. 
«  Cette  fumée  et  l'ébullition  la  plus  forte  a  duré  jusqu'au 
"  lendemain;  après  quoi  la  vase  liquide  a  continué  de  dé- 
«  border  lentement  ,  et  a  formé  six  coulées  ,  lesquelles  ,  du 
"  faite  de*  la  colline  se  sont  répandues  vers  la  plaine.  La 
"  n»asse  de  vase  qui  forme  ces  coulées  ,  épaisses  de  trois 
"  jusqu'à  cinq  archines  (de  six  à  dix  pieds  et  plus),  peut 
"  è(i-e  évaluée  à  plus  de  cent  mille  toises  cubes.  »  (  Pallas  , 
Tatiri.'Is  ,  p.  3g).   F.   HyDROGÈÎ^E  SULFLRE.    (PAT.) 

SALSIFIS,  CERCIFIS,  Tragopogon  ^hinn.Çsyngèiiésie 
pofygamie  égale.  )  (ienre  de  plantes  à  (leurs-composées,  de  la 
famille  des  chicoracées  de  Jussieu  ,  qui  a  le  port  des  scorso- 
nères ,  et  qui  présente  pour  caractères  :  un  calice  simple, 
allongé,  ayant  de  huit  à  dix  divisions  (plus  ou  moins  profon- 
des )  et  égales  ;  un  réceptacle  nu ,  et  des  semences  à  aigret- 
tes sessiles  et  plumeuses. 

Gœrtner  a  proposé  d'établir  le  genre  TuoxiMON  aux  dé- 
pens de  celui-ci;  mais  son  opinion  n'a  pas  été  suivie.  Dans 
ce  genre  ,  les  feuilles  sont  quelquefois  radicales.  11  com- 
prend environ  vingt  espèces,  paruii  les(pielles  on  distingue: 

Le  Salsifis  COMMUN,  Trugupogon  porrifuliani,  Linn.,  plante 
potagère  bisannuelle,  qu'on  cultive  pour  sa  racine  bonne  à 
manger  et  très-délicate.  Elle  esi  faite  en  fuseau ,  longue  , 
droite,  tendre  et  laiteuse;  elle  pousse  une  tige  herbacée  ,  fis - 
tuleuse,  assez  haute.  Les  feuilles  sont  alternes  ,  entières  , 
droites,  roitles ,  enîbrassaut  la  tige,  Les  lifurs  viennent  au 


s   A    L  i.^ 

sommet,  soutenues  par  des  péJoiicuîes  renfles  par  le  haut  ; 
elles  sont  seini-lloscaleuses  et  composées  de  demi-fleurons 
ressemblant,  pour  la  forme,  à  ceux  de  la  scorsonère,  de 
couleur  bleu-pourpre,  et  qui  sont  dans  un  calice  à  huit  côlés, 
divisés  en  folioles  aiguës,  plus  longues  que  les  langueltes 
des  corolles  :  ils  donnent  naissance  à  des  semences  ohlon- 
gues ,  anguleuses,  rudes,  placées  sur  un  réceptacle  plane  et 
raboteux,  et  terminées  par  une  aigrette  plumeuse,  ayant 
trente  rayons. 

On  sème  le  salsifis  depuis  le  mois  d'avril  jusqu'à  celui 
d'août  ;  il  demande  une  terre  meuble  ,  mais  qui  n'ait  pas  été 
nouvellement  fumée.  On  doit  l'arroser  souvent  jusqu'à  ce 
que  la  graine  soit  levée.  Sa  racine  est  nourrissante,  douce 
augoûl,  pectorale  el  stomachique. 

Le  Salsifis  des  près,  Tragopugon  pratense,  Linn.,  vulgaire- 
menl  barbe  de  ôuuc,  à  feuilles  entières ,  serrées  conlre  la  tige 
el  l'embrassant,  à  pédoncules  non  renflés  ,  à  demi -fleurons 
jaunes  ayant  ordinairement  les  languettes  aussi  longues  que 
les  segmens  du  calice.  On  le  trouve  en  Europe  dans  les  prés 
et  les  jardins.  Il  est  bisannuel.  Sa  racine  et  sa  tige  sont  rem- 
plies d'un  suc  laiteux,  doux,  muqueux,  très-nourrissant.  Les 
jeunes  pousses  se  m.jngent  en  salade  ou  cuites  comme  les 
épinards.  Avec  la  racine,  on  fait  une  tisane  adoucissante', 
utile  dans  les  ardeurs  d'urine,  le  ténesme ,  la  dyssenterie. 

Le  Salsifis  DE  Daléchamp,  Tragopogon  Dalerhampii, 
Linn. ,  à  lige  courte  ,  à  feuilles  rudes ,  velues  ;  les  inférieures 
laciniées,  échancrées  ;  les  supérieures  très-enlières,  souvent 
verticillées  trois  à  trois;  à  calices  unis  plus  courts  que  la 
corolle;  à  grandes  fleurs  d'un  beau  jaune,  et  purpurines 
en  dessous,  il  croît  près  de   Monlpellier   et    en  Dauphiné. 

(D.) 
SALSIFIS  BLANC.  V.  au  moi  Sersifis.  (b.) 
SALSIFIS  D'ESPAGNE.  C'est  la  Scorsoî^ère.  (b.) 
SALSICRAME.  Un  des  noms  du  Géropogo:.  (b.) 
SALTATOR.  Nom  latin  et  générique  des  IIabias.  F.  ce 
mot.  (V.) 

SALTATORES  {Mammifères).  V.  Sauteurs.  (desm.) 
SALTATORIA  (//zsecto).  V.  Sauteurs,  (desm.) 
SALTIGRADES  ,  Saltlgradœ\  Araignées  phalanges  de  plu- 
sieurs naturalistes.  Tribu  d'arachnides  ,  de  la  fannlle  des  fi  ■ 
leuses  ou  des  aranéides ,  ayant  pour  caractères  :  yeux  au 
nombre  de  huit,  disposés  en  un  grand  quadrilatère,  dont 
le  côté  antérieur  s'étend  dans  toute  la  largeur  du  corselet  ; 
cette  partie  du  corps,  presque  carrée  ou  en  demi-ovoïde, 
plane  ou  peu  bombée  en  dessus  ,  aussi  large  en  devant  que 
dans  le  reste  de  soa  étendue  ,  tombant  brusquement  sur  les 


94  SA  L 

côlés;  pieds  propres  à  la  course  et  au  saut;  espèces  vaga- 
bondes. 

Cette  tribu  est  composée  des  genres  Erèse  et  Saltique. 
V.  ces  mots  ,   et  particulièrement  le  dernier,  (l.) 

SALTIQUE,  Saltirus  ,  Latr.  ;  Aranea  ,  Linn. ,  Geoff. , 
Fab.  ,  0\\y.  ,  Atius  ^  Walck.  Genre  d'arachanides  ,  de  la 
famille  des  aranéides ,  tribu  des  saltigrades ,  ayant  pour 
caractères  :  huit  yeux,  formant ,  par  leur  réunion  ,  un  grand 
carré  ,  ouvert  postérieurement ,  ou  une  parabole  ;  quatre 
situés  en  avant  du  corselet ,  sur  une  ligne  transverse  ,  et 
dont  les  deux  intermédiaires  plus  gros  ;  les  autres  placés 
sur  les  bords  latéraux  de  la  même  |)artie  ,  deux  de  chaque 
côté  ,  et  dont  le  premier  ou  le  plus  antérieur ,  très-petit  ; 
mâchoires  droites,  longitudinales,  élargies  et  arrondies  à  leur 
extrémité  ;  lèvre  ovale  ,  très-obtuse  ou  tronquée  à  son  extré- 
mité ;  pieds  propres  au  saut  et  à  la  course  ,  la  plupart 
robustes,  surtout  les  premiers  ;  ceux  des  quatrième  et  pre- 
mière paires,  généralement  plus  longs,  presque  égaux; 
les  intermédiaires  presque  de  même  grandeur  relative. 

Celte  coupe  est  si  naturelle  ,  qu'on  la  trouve  établie  dans 
presque  tous  les  écrits  des  naturalistes  qui  ont  traité  spécia- 
lement des  aranéides ,  en  remontant  même  jusqu'à  Aristote. 
«Quant  aux  araignées  et  phalanges,  dit  cet  auteur  {Hïsi, 
des  anim.  ,  liv.  9,  chap.  89  ,  trad.  de  Camus  )  ,  on  en  dis- 
tingue plusieurs  espèces.  Il  y  en  a  deux  de  phalanges ,  qui 
mordent  :  Tune  ressemble  aux  araignées  appelées  loups; 
celles  de  cette  espèce  sont  petites, tachetées,  vives  et  sautil- 
lantes ;  on  les  nomme  psylles{pu<:es).  «On  ne  peut  guère  douter 
que  ce  passage  du  père  de  la  zoologie  ne  soit  relatif  à  V arai- 
gnée à  c/m>rons  àe  Geoffroy  {  Aranea  scenîca  de  Linnœus), 
ou  à  quelque  autre  espèce  de  saltique  très-analogue. 

Lister ,  dans  son  excellent  Traité  des  araignées  d'Angle- 
terre ,  désigne  les  salliques  sous  la  dénomination  dUarai- 
gnèes  phalanges  ou  araignées  puces  ,  parce  qu'elles  marchent 
par  saut.  Elles  composent  la  troisième  et  dernière  division 
de  sa  seconde  section  des  araignées  ,  celle  qu'il  nomme 
chasseuses  {venaiorii  )  ,  section  analogue  à  celle  des  araignées 
sauteuses  de  Clerck ,  et  dont  les  phalanges  ou  saltiques  for- 
ment le  second  genre.  Ces  aranéides  et  nos  lycoses  com- 
prennent, dans  l'Histoire  des  insectes  des  environs  de  Paris  , 
par  Geoffroy,  sa  quatrième  famille  des  araignées.  Degéer 
et  Olivier  ont  suivi ,  à  cet  égard,  Lister  et  Clerck;  les  salti- 
ques forment ,  dans  leurs  méthodes  ,  une  famille  particu- 
lière ,  celle  des  phalanges  ,  la  cinquième  du  genre  arai- 
gnée. Olivier  ,  seulement ,  rapporte  à  cette  famille  une 
espèce  (  cinaberina  )  ,  qui  doit  en  être  exclue.  Voyez  Erèse. 


s  A  L  9^ 

Fabricius  ,  à  l'exemple  de  Geoffroy  ,  réunit  dans  la  même 
section ,  nos  aranéides  citigrades  et  salligrades.  Linnaeus  , 
comme  nous  l'avons  observé  ailleurs  ,  n'a  point  profité,  à 
l'égard  des  araignées  ,  des  travaux  de  ses  devanciers.  Il 
présente  ce  genre  sans  aucune  coupure  ,  et  rend  ainsi  très- 
difficile  la  détermination  de  plusieurs  de  ses  espèces.  Les 
?altiques  sont ,  pour  Scopoli,  qui  divise  les  araignées  d'après 
la  situation  des  yeux  (  Entom.  cam.  )  ,  un  groupe  particulier  , 
c&\m  àes  araignées  voyageuses  {peregrinatrices),  et  qu'il  carac- 
térise aussi  par  les  épithètes  de  vibranies  et  sauteuse;.  Il  ne  fait 
cependant  point  mention  de  l'espèce  la  plus  commune  de 
notre  pays  ,  chevronnée  {scem'cn).  Dans  son  tableau  des  ara- 
néides ,  M.  Walckenaer  a  distingué  cette  coupe  générique 
sous  le  nom  à'atte  (  ailus  ).  Mais  j'ai  cru  devoir  conserver 
celui  de  saldque  que  je  lui  avois  donné  avant  lui  (  Nouo.  Dict. 
d  Hist.  nalur.^  tom.  24  ),  et  avec  d'autant  plus  de  raison,  que 
l'ordre  des  hyménoptères  nous  offre  un  genre  de  FabriciuS 
presque  homonyme  ,  celui  à'aUa. 

L'extrémité  antérieure  du  corselet  des  saltiques ,  depuis  le 
bord  antérieur  ou  frontal  ,  jusqu'aux  yeux  postérieurs  , 
forme  ,  vue  en  dessus  ,  un  plan  presque  carré.  Le  côté  anté- 
rieur est ,  en  grande  partie ,  occupé  par  deux  yeux  très-gros  , 
fort  saillans  ,  et  dont  le  centre  présente  ,  dans  plusieurs 
espèces ,  l'aspect  d'une  petite  prunelle  :  les  deux  côtés  laté- 
raux ,  à  partir  des  angles ,  en  offrent  chacun  trois  autres  , 
dont  les  deux  extrêmes  de  grandeur  moyenne  ,  et  dont  l'in- 
termédiaire a  échappé,  par  sa  petitesse,  à  l'observation  de 
quelques  naturalistes.  Ces  organes  forment  ainsi ,  par  leur 
disposition  générale,  un  seul  quadrilatère,  de  la  même  lai- 
geur,  et  qu'on  a  comparé  à  une  parabole,  parce  que  les  deux 
yeux  du  bord  antérieur  étant  beaucoup  plus  gros  et  plus 
élevés  ,  se  trouvent  portés  un  peu  au-delà  du  niveau  des 
deux  premiers  latéraux ,  et  que  la  ligne  transverse  ,  com- 
posée de  ces  quatre  yeux,  est  ainsi  un  peu  courbe. 

Les  mâchoires  sont  toujours  droites  ,  resserrées  ou  mar- 
quées d'un  sinus  extérieur,  au-dessus  de  l'insertion  des  pal- 
pes ,  dilatées  et  arrondies  à  leurs  extrémités  ;  la  lèvre  est 
allongée,  presque  triangulaire  ou  en  ovale  ,  tronquée  à  son 
extrémité  supérieure  ;  les  mandibules  sont  courtes  ,  fortes  , 
cylindriques ,  très-inclinées  et  armées  d'un  crochet  courbé  , 
se  repliant  dans  une  cavité  dentée  des  deux  côtés  ,^  du  moins 
dans  les  femelles;  mais  celles  des  mâles  sont  souvent  grandes, 
avancées ,  et  armées  d'un  long  crochet,  droit  et  un  peu  courbé 
seulement  au  bout  ;  dans  quelques  autres  ,  elles  sont  courbées 
et  arquées.  Les  palpes  sont  ordinairement  courts ,  velus  ou 
plumeux  ,  et  courbés  au-dessus  des  mandibules  qu'ils  cachent 


r)6  S  A  L 

presque  enlièrement.  Le  corps  est  pubescent  et  soyeux  ,  et 
souvcnl  orné  de  couleurs  très-brillantes  ou  agréablement 
mélangées;  les  yeux  ont  aussi  beaucoup  d'éclat. 

L'abdomen  est  ovalaire  ;  les  pattes  sont  généralement 
courtes  ;  leur  longueur  respective  vari;,  dans  ce  genre  ;  il 
est  même  assez  difficile  de  les  mesurer  exacle-iDcnt ,  et 
Clerck  avoue  que  pour  plusieurs'espèces  il  est,  à  cet  égard  , 
dans  rincerlih\de  ■■,  mais  en  général ,  et  particulièrement  dans 
les  espèces  de  aoîre  seconde  section,  la  quatrième  paire  et 
ensuite  la  premier.'  sont  les  plus  longues  ;  la  troisième  est 
la  plus  courte  ;  dans  d'autres ,  la  première  surpasse  la  qua- 
trième ,  et  alors  tantôt  la  troisième  est  la  plus  courte  ,  tantôt 
c'est  la  seconde. 

L'espèce  queLinnreus  a  nommée  scenica^  l'araignée  sauteuse 
à  chevrons  blancs,  de  Geoffroy,  est  très-commune,  et  se 
tient  ordinairement  sur  les  murs  exposés  au  soleil  ,  sur  les 
vitres  des  croisées,  où  elle  se  promène  à  toute  heure  et  pen- 
dant tout  Tété;  elle  marche  comme  par  saccades,  s'arrétant 
tout  court  après  avoir  fait  quelques  pas  ;  elle  se  hausse  sur 
ses  premières  pattes,  lève  la  partie  antérieure  de  son  corps, 
pour  viser  de  quel  côté  elle  sautera  ,  el  c'est  ainsi  qu'elle 
saisit  de  petiLs  insectes,  des  cousins  surtout,  qu'elle  paroît 
préférer:  ^  t-elle  découvert  l'objet  de  sa  proie,  elle  s'en 
approche  foat  doucement ,  à  petits  pas  ,  et  jusqu'à  une  dis- 
tance qu'e  te  puisse  franchir  d'un  seul  trait,  par  le  moyen 
d'un  saut,  et  tomber  sur  le  petit  animal  qu'elle  épie.  Elle 
ne  craint  ])«s  de  sauter  perpendiculairement  au  mur  ,  parce 
qu'elle  se  trouve  toujours  attachée  à  la  muraille  par  un  fil  de 
soie  qu'elle  dévide  continuellement  en  marchant ,  et  qui , 
dans  cette  circonstance,  lui  sert  à  se  suspendre.  Les  autres 
espèces  de  saliiques  usent  aussi  de  la  même  précaution  , 
lorsqu'elles  tombent ,  soit  de  gré  ,  soit  par  un  saisissement 
subit;  et  ce  fil  leur  sert  même,  étant  mu  par  le  vent ,  à  se 
faire  transporter  facilement  d'un  lieu  à  l'autre.  Elles  peuvent 
encore  remonter  au  point  d'où  elles  étoient  descendues. 

Quelques  individus  de  l'espèce  citée  plus  haut,  et  que 
Degéer  gardoit  dans  un  poudrier,  se  filèrent  ,  contre  les 
parois  ,  de  petits  nids  ,  en  forme  de  sacs  ovales  ou  arrondis, 
composés  de  soie  blanche  ,  et  percés,  des  deux  côtés  ,  d'une 
ouverture.  Lister  dit  que  celle  aranéide  passe  l'hiver  dans 
une  toile  épaisse  qu'elle  s'est  construite,  et  dont  elle  ne  sort 
qu'à  la  mi-février.  Mais  il  résulte  des  observations  recueillies 
sur  quelques  autres  espèces ,  qu'elles  se  font  aussi  une  coque  , 
pour  un  autre  motif,  celui  de  conserver  leur  postérité  et  de 
se  garantir  elles-mêmes  dans  des  momens  critiques  où  elles 
changent  de  peau. 


Dpgf'pr  trouva ,  à  la  fin  de  juillet ,  .-^ur  une  branche  de 
pin,  une  grande  coque  ovale,  de  soie  blanche,  placée  au  î 
tour  d'elle  et  entrelacée  entre  les  feuilles.  Elle  éioit  la 
demeure  d'une  aranéide  sauteuse  (du pin)  et  de  ses  petits 
qui  vivoient  avec  elle  en  bonne  intelligence,  et  paroissoient 
se  nourrir  en  commun  du  gibier  qu'elle  prenoit.  Sur  le  milieu 
d'un  des  côtés  de  la  coque  ,  éloit  une  ouverture  cylindrique 
une  espèce  de  porte,  et  où  la  mère  se  lenoit  à  l'affût.  Le 
même  observateur  trouva ,  sous  des  pierres ,  sur  le  bord  de 
la  mer  Baltique  ,  plusieurs  individus  dune  autre  espèce 
ressemblant  à  une  fourmi,  et  que  M.  Walckenaër  place  dans 
une  famille  particulière.  Tous  les  individus  étoient  logés  sé- 
parément dans  de  petites  coques  ovales,  de  soie  blanche  , 
ayant  une  ouverture  à  chaque  bout ,  et  qu'ils  avoient  filées 
coutreie  dessous  des  pierres.  Pour  peu  qu'il  touchât  à  leurs 
coques  ,  ils  sortoient  par  l'une  de  ces  ouvertures  ,  et  s'en- 
fuyoient  avec  une  grande  vitesse.  Lorsqu'il  voulolt  les  pren- 
dre, ils  s'échappoienl  aisément  en  se  laissant  descendre  sur 
un  fil  de  soie.  Ils  quittoient  leurs  nids  sans  difficulté ,  parce 
qu'ils  ne  tardoient  pas  à  en  filer  de  nouveaux.  De^^éer  les 
a  vus  changer  de  peau.  Quand  ils  marchent,  ils  s'arrêtent 
par  intervalles,  élèvent  les  deux  pattes  antérieures  en  l'air,  les 
agitent  de  haut  en  bas  comme  des  antennes,  et  tàtcnt  avec 
elles  le  terrain,  tout  comme  ils  le  feroient  avec  de  véritables 
antennes.  On  diroit  alors  qu'ils  n'ont  que  six  pieds.  Les  in- 
dividus de  cette  espèce  ,  que  ce  naturaliste  couservolt  dans 
un  poudrier,  paroissoient  se  redouterextrêmement;  quand  ils 
se  rencontroient ,  ils  se  mettoient  d'abord  en  défense  et  face 
à  face  ,  courbant  le  corps,  baissant  l'abdomen,  contractant 
les  pattes,  faisant  quelques  pas  de  côté,  et  puis  en  avant ,  se 
rapprochant  ensulie  davantage  ;  ils  ouvroient  leurs  man- 
dibules ,  et  sembloient  vouloir  se  mordre  ;  mais  le  com- 
bat finissoit,  soit  par  la  fuite  de  l'un  des  deux,  ou  quelque- 
fois des  deux  ensemble.  J'ai  vu  une  autre  espèce  ne  pas 
craindre  l'approche  de  ma  main  ,  et  me  présenter  aussi  ses 
grandes  tenailles.  Rossi  avoit  fait  la  même  observation  par 
rapport  à  Varanca  pagua. 

Degéer  remarque  ,  relativement  à  une  autre  espèce 
{grossipes),  dont  deux  individus  mâles  lui  donnèrent  le  spec- 
tacle d'une  scène  semblable,  qu'elle  court  également  de 
côté  ,  et  en  arrière  comme  en  avant ,  et  qu'elle  fait  souvent 
des  sauts  dans  sa  marche.  Il  a  vu  aussi  les  préludes  amoureux 
des  sexes  de  cette  aranéide  ;  le  mâle  et  la  femelle  s'appro- 
choient  l'un  de  l'autre ,  se  tâtoient  réciproquement  avec  leurs 
pattes  antérieures  et  leurs  tenailles  ;  quelquefois  ils  s'éloi- 
gnoient  un  peu  ,  mais  pour  se  rapprocher  de  nouveau  ;  sou- 


98  S  A  L 

vent  ils  s'etnbrassoient  avec  leurs  patles  cl  formoient  un 
peloton  ,  puis  se  quittoient  pour  recommencer  le  même  jeu; 
mais  il  ne  put  les  voir  s'accoupler.  Il  fut  plus  heureux  à  l'é- 
gard de  Varanea  scenica.  Le  mâle  monta  sur  le  corps  de  sa  fe- 
melle, en  passant  sur  sa  tête  et  se  rendant  à  l'autre  extrémité; 
il  avança  un  de  ses  palpes  vers  ledessousdu  corps  de  sa  com- 
pagne ,  souleva  doucement  son  abdomen  ,  sans  qu'elle  fît 
de  résistance  ,  et  alors  il  appliqua  l'extrémité  du  palpe  sur 
l'endroit  du  ventre  de  la  femelle  destiné  à  la  copulation.  Il 
vit  ce  mâle  s'éloigner  et  revenir  à  diverses  reprises ,  et  se 
réunir  plusieurs  fois  à  sa  femelle  ;  celle-ci,  loin  de  s'y  oppo- 
ser ,  se  prêloit  aisément  à  ce  jeu.  Les  œufs  sont  enveloppés 
dans  lin  tissu  soyeux,  et  d'après  deux  observations  de  Clerck, 
tantôt  libres ,  tantôt  réunis  ;  il  en  a  compté  sept  dans  le  cocon 
d'une  espèce ,  et  vingt  dans  celui  d'une  autre.  Les  premiers  , 
cpmme  moins  nombreux ,  étoient  assez  grands  ,  ronds  et 
jaunâtres.  Suivant  Lister ,  les  petits  de  l'espèce  que  je  viens 
de  mentionner,  ne  sont,  vers  le  mois  d'août,  guère  plus 
gros  que  des  grains  de  poivre.  Le  corps  de  cette  espèce,  étant 
écrasé,   donne  une  couleur  tirant  sur  le  pourpre. 

M.  Walckenaër  a  résumé  ,  avec  autant  d'exactitude  que 
<!e  concision,  ce  que  l'histoire  de  ces  aranéides  nous  pré- 
sente de  plus  général  et  de  plus  certain  :  «  Aranéides  épiant 
leur  proie  ,  la  saisissant  à  la  course  ou  en  sautant ,  se  ren- 
fermant dans  un  sac  de  soie  fine  et  blanche  ,  entre  des  feuilles 
qu'elles  rapprochent,  ou  dans  l'intérieur  des  coquilles  vides  , 
des  réceptacles  de  fruits ,  des  fentes  ,  des  cavités.  »  Il  par- 
tage ce  genre  en  trois  familles ,  les  sauteuses,  les  voltigeuses 
et  les  paresseuses.  Leurs  caractères  sont  fondés  sur  la  grandeur 
des  palpes  ,  sur  celle  des  pattes  et  leurs  fonctions.  La  pre- 
mière famille  est  divisée  en  deux  races,  les  courtes  et  les  allon- 
gées ;  la  troisième  famille  ne  renferme  qu'une  seule  espèce 
indigène  ,  et  que  je  n'ai  point  vue. 

Ce  genre  se  compose  d'un  très-grand  nombre  d'espèces  , 
mais  dont  l'étude  a  été  jusqu'ici  négligée.  Il  pourroit  être  le 
sujet  d'une  monographie  d'autant  plus  intéressante,  que  l'his- 
toire de  ces  aranéides  offriroit  à  l'observateur  attentif  des 
faits  curieux  ,  et  que  ces  animaux  ,  quoique  des  plus  petits 
de  la  famille  ,  sont  ornés  de  couleurs  riches  ,  ou  formant 
des  dessins  très- agréables. 

Plusieurs  saltiques  ont  un  port  presque  semblable  à  celui 
des  érèses  qui  composent  ma  première  section.  Les  espèces 
de  la  seconde  ont  le  corps  plus  allongé  et  le  tronc  plus 
aplati;  mais,  là  comme  ici  ,ne  corps  est  toujours  garni  de 
duvet;  les  palpes  ont  le  dernier  article  très-velu  ,  souvent 
comme  plumeux ,  et  quelquefois  terminé  par  une  sorte  de 


s  A  L  gg 

petite  houppe  tronquée  ;  les  pattes  antérieures  sont  grosses. 
Dans  les  salllques  de  la  troisième  section,  le  corps  est  étroit 
allongé,  se  rapprochant  de  la  forme  cylindrique  et  glahre,  ou 
à  peine  puhescent  ;  les  pattes  sont  longues  et  grêles.  Ces 
espèces  ressemblent ,  au  premier  coup  d'œil ,  à  des  fourmis. 
Ce  sont  les  voltigeuses  de  M.  Walckenaër.  11  dit  que  le  der- 
nier article  des  palpes  des  mâles  est  petit  et  peu  renflé.  Mais 
le  caractère  ,  d'après  l'étude  des  mâles  de  deux  espèces  de 
cette  famille  ,  ne  me  paroît  pas  être  très-rigoureux  ,  du  moins 
comparativement  à  quelques  autres  espèces  des  sections  pré- 
cédentes. 

I.  Corselet  épais  et  terminé   posléiieurement  en  un  talus  brusque  et 
très-incliné. 

Nota.^  Corps  toujours  garni  d'un  duvet  caduc  ou  velu,"^ 
proportionnellement  plus  court  que  dans  les  divisions  sui- 
vantes; pattes,  surtout  les  antérieures,  plus  robusios  ;  abdo- 
men ovoïde,  court,  déprimé  ;  plan  dorsal  du  corselet,  hori^ 
zontal,  formant,  avec  le  talus,  un  carré  long,  tant  soit  peu 
incliné  et  arrondi  postérieurement ,  à  quelque  dislance  des 
derniers  yeux  ;  mandibules  des  mâles  ,  grandes. 

Saltique  de  Slo M^E.Salticus  Sloanii,  Latr.;  Aranea  Sloanii, 
Scop.  ;  Aranea  sanguinotenta ,  Linn  ,  Fab. ,  Oliv.  ;  AUus  san- 
guindentus  ,  Walck.  Corps  long  de  sept  à  huit  millimètres, 
très-noir;  palpes  couverts  de  poils  ;  ceux  des  deux  avant-der- 
niers articles  jaunâtres  ,  les  autres  gris  ;  une  ligne  blanche  de 
chaque  côté  du  corselet,  formée  parun  duvet;  abdomen  petit 
d'un  rouge  cinabre,  avec  une  tache  noire  et  allongée  au  mi- 
lieu du  dos;  pattes  noires,  avec  des  poils  blancs;  les  quatre 
antérieures  plus  grosses,  avec  les  jambes  d'un  rouge  cinabre 
pâle. 

Le  dessus  de  l'abdomen  a  quelquefois  plusieurs  taches 
noires,  et  c'est  cette  variété  qu'Olivier  a  décrite.  Le  dernier 
article  des  palpes  du  mâle  n'est  pas  très-dilaté;  l'organe  sexuel 
est  armé  inférieurement  d'un  crochet  très -fort  et  très-re- 
courbé;  une  petite  lame  un  peu  transparente,  étroite,  allon- 
gée et  obtuse,  accompagne  la  pièce  qui  porte  le  crochet,  et 
fait  une  saillie  au  côté  extérieur  ;  la  première  pièce  des  man- 
dibules est  fort  grande  ,  noire,  et  son  côté  interne  est  dilaté, 
près  du  bout,  en  manière  d'angle  bidenté  ;  l'onglet  terminal, 
ou  la  seconde  pièce,  est  brun  et  arqué. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  le  midi  de  la  France ,  en 
Italie  et  en  Espagne,  sur  les  pierres,  les  murs  et  les  troncs 
d'arbres. 

1a' aranea pupillata  de  Fabricius,  qui,  par  s?  forme  et  sej 


•ïoo  s  A  L 

couleurs,  semble  avoir  beaucoup  d'analogie  avec  la  précé- 
dente, est  du  genre  erèse. 

SaLTIQUE  bicolore,  Salticiis  bicolor  ,  AUus  Incolor,  Walck. 
Longueur,  six  millimètres.  Palpes,  corselet  et  pattes,  très- 
noirs,  luisans  et  velus  ;  yeux  grisâtres  ;  abdomen  couvert  d'un 
duvet  soyeux  d'un  brun  souci  foncé;  pattes  bérissées  de  poils 
gris ,  les  deux  antérieures  plus  fortes  ;  tarses  bruns ,  garnis  de 
piquans  ;  mandibules  du  mâle  allongées ,  noires  ,  avec  l'on- 
glet brun-J'avant-dernier  arliclede  ses  palpes  ayant  son  angle 
extérieur  prolongé  en  pointe  ;  le  dernier  article  moyenne- 
ment renflé. 

Aux  environs  de  Paris  ,  sur  les  feuilles. 

Saltique  pieds-annelés  ,  Sallicus  annuUpes.  Forme  du 
précédent,  mais  un  peu  plus  petit.  Corselet  noir,  avec  une 
bande  tout  autour  de  ses  bords,  une  autre  suivant  ceux  de  la 
partie  élevée  du  dos,  et  quelques  taches  discoïdales  d'un  gris 
jaunâtre,  formé  par  un  duvet;  poils  du  bandeau  sous-  ocu- 
laire plus  longs  ;  orbite  supérieure  des  yeux  de  devant  ayant 
un  duvet  rougeâtre  ;  abdomen  couleur  de  souci  foncé  ,  avec 
la  base  supérieure  d'un  gris  jaunâtre  et  une  bande  noire  le 
long  du  milieu  du  ventre  ;  palpes  et  pattes  d'un  roussâtre  pâle, 
tachetés  de  noirâtre  ,  avec  des  poils  gris.  Aux  environs  de 
Paris. 

Saltique  grosses-pattes  ,  Salticus  grossi'pes  ;  Aranea  gros- 
sipes,  Deg. ,  Oliv.  ;  Aranea  frontalis ^  Oliv.  ;  Clerck  ,  Aranea  y 
pi.  6,  tab.  I,  Grandeur  et  forme  du  saltique  bicolore;  corps 
noir  ,  avec  le  dessus  du  corselet  et  celui  de  l'abdomen  légè- 
rement garnis  d'un  duvet  soyeux  d'un  brun  rougeâtre  et  lui- 
sant; deux  lignes  sous  les  yeux  antérieurs,  et  le  front  blancs; 
base  supérieure  des  mandibules  ayant  des  raies  blanches 
de  poils;  pattes  noires,  avec  quelques  parties,  les  cuisses 
spécialement,  couvertes  d'un  duvet  blanc;  la  plus  grande 
portion  des  tarses,  brune. 

Degéer  a  observé  que  cette  espèce,  dans  le  repos,  lient  ses 
pattes  appliquées  et  serrées  contre  le  corps  ,  et  que  ,  dans  sa 
marche,  elle  est  toujours  attachée  par  un  fil  de  soie  très-fin, 
fixé  au  plan  de  position  :  si  elle  vient  à  tomber,  elle  s'y  trouve 
suspendue,  et  remonte  ensuite  fort  vite.  Clerck  dit  que  ses 
œufs  sont  petits,  au  nombre  de  vingt  et  adhérens. 

Saltique  de  Catesby  ,  Salticus  Caieshœi;  Aranea  Caleshœi , 
Scop,  Corps  long  de  neuf  à  dix  millimètres,  noir,  avec  un 
duvet  gris  ,  et  une  ligne  blanche  au  -  dessous  des  yeux  anté- 
rieurs; extrémité  antérieure  et  supérieure  du  corselet  garnie 
de  duvet  brun  ;  abdomen  ovoïde ,  grand ,  avec  deux  lignes 
blanches,  écartées,  parallèles  le  long  du  dos  ,  et  termi- 
nées  un    peu  au-delà  du  milieu  de  sa  longueur;    côtés  du 


s  A  L  loi 

^os  d'un  brun  foncé  ;  pâlies  noires,  avec  un  duvet  gris.  Envi- 
rons d'Aix,  d'où  il  m'a  élé  envoyé  par  M,  lioyer  de  Fon- 
colombe. 

Je  rapporte  à  celle  division  les  espèces  suivantes  de 
M.  Walckenaër  :  I'Atte  chalibéiek,  A.  chalybeîus.  Son  corps 
esl  couleur  d'acier,  sans  taches.  L'A.  î^oir,^.  niger.  11  esl  noir  , 
avec  le  pédicule  de  l'abdomen  el  l'extrémilé  des  pattes,  gris. 
L'A.  CUIVRÉ,  A.  ciipreus.  L'abdomen  est  cuivreux,  avec  un 
croissant  el  deux  bandes  transverses  sur  le  dos,  jaunes;  les 
palpes  et  les  pattes  sont  de  cette  couleur.  L'A.  des  mousses, 
A.  muscorum.  Corps  d'un  vert  bouteille  ,  avec  trois  points  , 
enfoncés  sur  le  corselet,  el  un  autre  sur  l'abdomen  ;  des  lignes 
transversales  de  points  à  sa  base  supérieure  ;  à  comparer  avec 
Varanea  Rilteri  de  Scopoli.Les  A.  SPLENDIDE  el  DORÉ,  espèces 
de  Timor. 

On  y  rangera  aussi  :  TAraignÉE  marquée,  Aranea  Insignita 
d'Olivier  ;  Clerck,  Aran. ,  pi.  5,  tab.  i6.  Son  corselet  est  noir, 
avec  les  bords  ,  el  une  tache  en  forme  de  W  située  entre 
les  yeux,  blanchâtre;  le  dessus  de  l'abdomen  est  noir,  avec 
une  ligne  blanche  et  longitudinale  au  milieu  ;  c'est  Vaile  dwisé 
de  M.  Walckenaër.  L'Araignée  poîsctuée  ,  Amnea  pundaia^ 
d'Olivier;  Clerck  ,  ihid.  ,  pi.  5  ,  lab.  17.  Corselet  d'un  brun 
roussâlre,  avec  cinq  points  blancs  et  une  tache  grisâtre  ,  en 
forme  de  V,  entre  les  yeux;  abdomen  d'un  brun  roussâlre, 
avec  dix  points  blancs  rangés  sur  deux  lignes.  11  paroît  que 
dans  ce  salllque  el  le  précédent,  les  qualre  dernières  paires 
de  pattes  sont  plus  longues. M. Walckenaër  rapporte  à  son  attc 
lettré  {Utteratus  )  la  figure  précitée  de  Clerck,  ainsi  que  la  cin- 
quième de  la  pi.  226  de  Schœffer  {Icon.  insecte  Raiisb.  ).  J'ai 
des  doutes  sur  la  justesse  de  cette  application. 

On  volt  dans  la  collection  duMuséum  d'Histoire  naturelle 
du  Jardin  du  Koi  {Araignée^  n.»  79  )  un  saltique  de  la  même 
division,  très-remarquable  parla  longueur  de  ses  mandibules; 
elleégale  celle  du  corps.  Il  esl  grand,  noir,  avecdes  poils  blan- 
châtres au  bord  antérieur  du  corselet,  aux  palpes  el  aux  pattes; 
l'onglet  des  mandibules  esl  très-long  el  un  peu  arqué;  les  pattes 
antérieures sonllesplusgrandes.J'ainomméceite  espèce  Sal- 
tique MAMDIBULAIRE,  Sallicus  mandibidaris.  Elle  se  rapproche 
beaucoup  de  V aranea  mandihuhiris  de  Fabricius.  Je  la  crois  de 
Surinam. 

11.  Corselet  déprimé  ,  incliné  presque  insensiblement  à  son  extré- 
mité postérieure  ;  corps  oblongsans  être  cylindrique  ni  linéaire, 
garni  de  poils  ou  d'un  duvet  épais;  pattes  courtes  et  robustes. 
(  Abdonitn  toujours  ovalaire  ou  ovoïde.  ) 

Saltique  cheyronké  ,    Sallicus  scenicus;  Aranea  scenica , 


50,2  S     A     L 

Linn.,  Fâb,,  Oiiv.  ;  V  Araignée  sauteuse,  aux  trois  che<»vns  llanea, 
Geoff.  ;  Aranea  albo-fasdata  ,T)e^.  ;  Attus  stenicus,  Walcken.; 
List.,  Aran. ,  tit.  3i;  Clerck,  Aran. ,  pi.  5,  lab.  i3;  Schœff., 
Jcon.  insecL,  pi.  4-4->  fig-  n-  Corps  long  de  six  nullimèties,  noir 
en  dessus,  avec  les  bords  du  corselet ,  trois  taches  placées  en 
triangle  sur  le  dos,  et  trois  lignes  sur  l'abdomen,  transverses, 
en  forme  de  chevrons,  souvent  interrompues  dans  leur  milieu, 
blancs  ;  cette  couleur  formée  par  des  poils  ;  dessous  du  corps 
gris;  pattes  noires,  couvertes  de  poils  blancs,  mandibules  des 
mâles  très-allongées,  avec  l'onglet  fort  long  ;  l'avant-dernier 
article  des  palpes  des  mêmes  individus,  unidenté  ou  uniépi- 
neux  extérieurement. 

Très-commun  dans  toute  TEurope,  sur  les  murs,  les 
fenêtres.   F.  les  généralités  de  l'article. 

\j' Aranea  cingulata  de  Panzer,  Faun.  Germ. ,  pag.  4-0,  tab. 
22  ,  ou  TAtte  psylle  de  M.  Walckenaër,  n'est ,  à  ce  que 
je  présume,  qu'une  variété  de  cette  espèce. 

Saltique  deRuMPHE,  Salticus  Kumphii  ;  Aranea  Rumphii , 
Scop.  ,  Oliv.  ;  Attus  tard/grudiis,  Walck.,  Hist.  des  arun..,  fasc. 
5,  pi.  4-,  fem.;  Clerck,  Aran  ^  pi.  5  ,  tab.  12;  corps  long  de 
huit  millimètres,  noir,  mais  tout  couvert  d'un  duvet  gris- 
cendré,  mélangé  de  noirâtre  ;  une  ligne  transverse  d'un  gris 
roussâlre,  composée  de  poils  ,  sous  les  yeux  de  devant  ;  yeux 
d'un  jaunâtre  clair  ;  les  deux  du  milieu  de  la  ligne  antérieure  , 
ou  les  plus  gros ,  ayant  un  éclat  bleuâtre  ,  et  offrant  l'appa- 
rence d'une  petite  prunelle;  côtés  supérieurs  du  corselet 
entremêlés  d'un  duvet  d'un  brun  roussâtre  ;  abdomen  en 
forme  d'ovale  allongé,  avec  une  bande  grise,  denlte  et  bor- 
dée de  noir  le  long  du  milieu  du  dos  ;  pattes  antérieures  grosses. 
Commun  aux  environs  de  Paris  ,  sur  les  troncs  d'arbres. 

Près  de  celte  espèce  vient  se  placer  Varraignée  du  pin  de 
Degéer  et  d'Olivier.  Elle  est -de  la  même  taille,  d'un  noir 
grisâtre,  avec  les  palpes  et  les  pattes  d'un  brun  obscur, 
entrecoupé  de  taches  noires  ;  l'abdomen  est  ovoïde ,  gros  , 
couvert  de  poils  gris,  qui  le  rendent  velouté,  avec  deux 
petites  taches  blanches  et  rondes  vers  Textrémilé  postérieure 
du  dos  ;  le  ventre  a  trois  raies  noires  et  longitudinales. 

Degéer  trouva  cette  espèce,  vers  la  fin  de  juillet,  sur  une 
branche  de  pin.  Elle  éloit  renfermée  avec  ses  petits  dans  une 
grande  coque  ovale,  de  soie  blanche,  ayant  au  milieu  d'un 
de  ses  côtés  une  ouverture  servant  de  porte,  et  où  elle  se 
tenoit  à  l'affût.  Des  débris  de  cadavres  de  divers  insectes  y 
éfoient  attachés.  Olivier  cite  comme  synonymes,  l'araignée, 
(fl:  3a  de  Lister,  et  Varaneus  hustatiis  de  Clerck ,  pi.  5,  tab.  11; 
mais  je  crois  que  ce  sont  deux  espaces  distinctes, difiérentes. 
dii  la  précédente. 


s  A  L  io3 

Lé''araignée  à  bande  découpée  (undata)  est  encore  un  sallique 
voisin  de  celui  de  Rumphe.  Son  corps  est  d'unbrun  noirâtre, 
avec  le  corselet  bordé  de  gris,  l'abdomen  allongé  et  offrant 
sur  le  dos  une  large  bande  cendrée  et  découpée.  Cette  es- 
pèce se  trouve  en  Pensylvanie. 

Saltique  a  raies  jaunes  ,  SalUcus  xanthogramma.  Le  mâle 
de  cette  jolie  espèce  est  long  de  cinq  millimètres.  Le  dessus 
du  corps  est  couvert  d'un  duvet  satiné,  d'un  rouge  capucine 
clair  ,  avec  l'extrémité  antérieure  et  verticale  du  corselet 
noirâtre;  les  deux  gros  yeux  de  son  milieu  sont  verdâtres, 
avec  un  cercle  grisâtre  formé  de  petits  poils  ;  le  corselet  a 
ses  bords  et  trois  raies  longitudinales  ,  ondulées  et  dorsales 
jaunes;  le  dessus  de  l'abdomen  est  aplati,  et  offre  aussi  ,  à 
partir  d'une  légère  distance  de  sa  base,  deux  autres  lignes  de 
la  même  couleur,  mais  interrompues  postérieurement,  et  sur 
chacune  desquelles  sont  deux  points  enfoncés  ;  les  bords  laté- 
raux ont  quelques  traits  ou  taches  pareillement  jaunes  ;  la  plus 
grande  partie  du  ventre  est  grisâtre  ;  les  patles  ,  dont  les  deux 
antérieures,  grandes,  sont  d'un  roussâlre  jaunâtre;  le  der- 
nier article  des  palpes  est  roussâtre  et  remarquable  par  sa 
grandeur;  il  forme  une  sorte  de  palette  très-comprimée,  ou 
comme  membraneuse,  ayant  la  figure  d'un  cœur  renversé,  et 
dont  la  pointe  ou  l'extrémité  est  courbée. 

Parmi  les  différentes  pièces  qui  composent  l'organe  sexuel, 
on  distingue  un  crochet  fort  et  très-arqué  ;  l'article  précé- 
dent,  ouïe  pénultième,  a  une  petite  épine  au  côté  exté- 
rieur. 

La  femelle  a  les  palpes  et  le  bord  antérieur  du  corselet 
hérissés  de  poils  d'un  jaunâtre  pâle  ;  les  deux  lignes  dorsa- 
les de  l'abdomen  sont  réunies  à  leur  base  ,  et  plus  ou  moins 
bordées  de  noir  extérieurement. 

Celle  espèce  a  de  l'affinité ,  soit  avec  Varaneus  hastatiis 
de  Clerck  ,  mentionnée  ci-dessus,  soit  avec  V araignée^  titre 
33  ,  de  Lister.  Ce  dernier  saltique  est  jaunâtre  ,  avec  trois 
petites  lignes  safranées  sur  le  dessus  de  l'abdomen. 

Saltique  jardinier,  Salticus  pomathis;  Allus  pomailus^ 
Walck,  Abdomen  en  ovale  très-oblong ,  vert,  entouré  de 
rouge  ,  ainsi  que  le  corselet.  Trouvé  dans  un  verger ,  par 
M,  Walckenaër. 

Saltique  a  raies  blanches  ,  Salticus  leucog'ramma.  Celte 
petite  espèce,  que  l'on  trouve  fréquemment,  aux  environs 
de  Paris,  sur  les  arbres,  est  noire  en  dessus,  avec  le  con- 
tour du  corselet,  une  ligne  longitudinale  sur  le  milieu  de  son 
dos  ,  et  deux  autres  sur  le  dessus  de  l'abdomen  ,  blancs  ;  les 
çôlés  du  ventre  sont  aussi  de  cette  couleur;  les  pattes  sont 


io4  •  s  A  L 

brunes,  avec  quelques  taches  plus  foncées  ,  et  couverles  de 
poils  blancs. 

L'Atte  aplati  ,  JUus  depressus ,  de  M.  Walckenai-r 
(  troisième  fanililc,  les  Paresseuses)^  paroit  ,  à  raison  de  ses 
pattes  minces  et  courtes  ,  de  ses  palpes  minces  et  filifor- 
mes, lier  notre  seconde  division  avec  la  suivante.  Cette 
aranéide  ressemble  à  une  punaise;  son  abdomen  est  ovale  , 
déprimé  ,  plus  gros  vers  l'anus,  coupé  en  ligne  droite  vers 
sa  base,  d'un  brun  rougeâtre,  avec  deux  lignes  brunes  et 
opposées  sur  le  dos  ;  les  deux  patles  antérieures  sont  les  plus 
grosses.  Des  environs  de  Paris. 

III.  Corselet  dcprirrié  ,  incline  presque  insensiblement  à  son  exlre'- 
niite'  posîei  ieuie  ;  corps  presque  linéaire  ou  cylindrace',  glabre 
ou  peu  velu;   pattes   longues  el  grèle>. 

Nota.  Dessus  du  corselet  comme  divisé  en  deux  parties  : 
l'une  antérieure,  plus  élevée,  carrée,  aplatie,  portant 
les  yeux;  l'auîre,  ou  la  postérieure,  presque  conique;  ab- 
domen en  forme  de  fuseau  ou  de  cône  ;  pattes  antérieures 
anlenniformes  ,  à  cuisses  grandes. 

Ces  espèces  ressenàblent  à  des  fourmis;  elles  se  renfer- 
ment dans  des  coques  de  soie  qu'elles  placent  ordinaire- 
ment sous  des  pierres,  et  y  changent  de  peau.  Scopoli  dit, 
en  parlant  de  son  araignée  dejohlot^  espèce  de  celle  division, 
qu'elle  passe  l'hiver  entre  des  feuilles  roulées  ,  et  qu'il  l'a 
aussi  rencontrée  dans  la  cupule  d'un  gland  de  chêne  ;  elle 
en  avoit  fermé  l'entrée  au  moyen  d'une  petite  toile  ,  sous 
laquelle  elle  se  tenoit  cachée. 

Salïique  FOURMt,  Sallicus  fonnicarius ;  Aranea  formiion'a  , 
Deg. ,  Oliv.  Petite  espèce.  Les  deux  premiers  arlicles  <les 
palpes,  fauves  ,  cylindriques;  les  irois  autres  noirs,  plats, 
plus  larges  et  très-velus  ;  mandibules  grandes;  partie  anté- 
rieure et  oculifère  du  corselet  noire  ,  l'autre  de  couleur 
fauve;  abdomen  fusiforme ,  d'un  roux  obscur,  avec  quel- 
ques bandes  transverses  noires  ,  et  deux  taches  blanches  , 
composées  de  poils,  et  formant,  au  milieu  du  dos,  une 
bande  interrompue;  pattes  rousses,  avec  quelques  taches 
noires;  extrémité  àcs  antérieures  blanchâlre  ;  la  quatrième, 
puis  ensuite  la  première,  plus  longues;  la  ti'oisième  la  plus 
courte;  jambes  et  tarses  de  la  même  grosseur,  et  infé- 
rieurs, sous  ce  rapport,  aux  cuisses. 

M.  "Walcfcenaër,  Faun.  Paris. ,  tome  2  ,  pag.  2^1 ,  sup- 
pose que  la  femelle  diffère  de  l'autre  sexe,  non-seulement 
par  ses  mandibules  plus  petites  ,  mais  encore  par  la  couleur 
noirâtre  du  corselet  et  de  l'abdomen.  Le  mâle  a,  suivant  lui , 
celte  dernière  partie  de  forme  conique,  sans  taches;  les  cô- 


s  A  T.  ,o5 

tés  et  rextrémité  postérieure  du  corselet  roussâîres  ;  les  pat- 
tes rousses  ;  lés  mandibules  plates  et  dirigées  on  avant  ;  njais 
l'individu  qu'il  prend  pour  la  femelle,  appariient  probable- 
ment à  une  aulre  espèce.  J'ai,  dans  ma  collection,  un  salli- 
quemâle,  de  cette  division,  dont  les  couleurs  sont  les  mô- 
mes que  celles  attribuées  par  ce  naturaliste  à  la  femelle. 
Son  corselet  est  entièrement  dun  noir  mat;  sa  partie  an- 
térieure ,  qu'on  a  nommée  têle  ,  forme  un  carré  plus  long  et 
moins  élevé  que  dans  l'autre  individu  mâle  ;  l'autre  partie 
du  corselet  est  ainsi  plus  courte  ;  les  palpes  sont  noirs  et 
terminés  par  un  gros  bouton  ;  les  mandibules  ne  sont  point 
très-saillantes;  les  cuisses  des  deux  premières  pattes  sont 
noirâtres. 

Degéer ,  qui  avoil  vu  plusieurs  individus  du  salliquc 
fourmi  ,  ne  parle  point  de  ces  différences  sexuelles  qui  l'eus- 
sent sans  doute  frappé.  La  figure  qu'il  donne  des  palpes  de 
cette  espèce  semble,  par  l'élargissement  de  leurs  derniers 
articles,  indiquer  que  ces  observations  ont  été  faites  sur  un 
individu  mâle;  mais,  dans  ce  cas,  la  description  de  cet  auteur 
ne  cadreroit  pas  entièrement  avec  celle  de  M.  AValckenaër, 
puisque  l'abdomen  de  l'espèce  du  naturaliste  suédois  est  co- 
nique et  sans  taches. 

L'individu  que  M.  Walckenaè'r  considère  comme  le  maie 
du  saltique  fourmi ,  et  que  je  lui  avois  communiqué  ,  ne  se 
trouve  que  dans  les  départemens  méridionaux  de  la  France. 
Son  corps,  les  mandibules  non  comprises,  est  long  de  sept 
millimètres,  et  légèrement  pubesceni.  La  première  pièce 
de  ces  mandibules  est  un  peu  plus  longue  que  la  moitié  du 
corps,  d'un  vert  bronzé,  tétragone  ,  aplatie,  avancée  ,  et 
un  peu  plus  étroite  vers  le  bout  ;  son  côté  interne  a  quel- 
ques dentelures  ;  l'onglet  ou  la  griffe  (  la  seconde  pièce)  est 
noir,  fort  long,  replié  en  dessous  et  unidenté  intérieure- 
ment près  de  sa  base  ;  il  est  droit  jusques  près  du  bout ,  où 
il  se  termine  en  une  pointe  très-fine,  un  peu  crochue  et 
d'un  brun  clair;  la  partie  antérieure  et  oculifère  du  corse- 
let est  mince  en  dessus,  et  vue  sous  celte  face ,  présente  un 
plan  carré,  uni,  un  peu  plus  court  que  l'autre  partie  du 
corselet  ,  et  dont  elle  est  brusquement  séparée  ;  les  côtés  de 
celle  portion  antérieure  sont  fauves,  couleur  qui  s'étend 
même  derrière  les  yeux  postérieurs  ;  l'autre  partie  du  cor- 
selet est  pareillement  fauve  ,  comprimée  latéralement ,  éle-, 
vée  et  arrondie  sur  le  dos,  et  va  ,  en  se  rétrécissant,  vers  le 
bout  postérieur  ,  qui  forme  une  courbe  ;  les  yeux  sont  jaunâ- 
tres; les  deux  derniers  paroissent  être  un  peu  plus  gros  que 
les  deux  latéraux  antérieurs  ;  les  deux  premiers  articles  de?, 
palipes  sont  fauves,  le  reste  est  noir;  le  dernier  forme  un 


loG  S  A   T. 

Louton  cyiindrico-oroïde  ,  pubesccul  et  médiocrement  ren- 
fle ;  i'abdonien  est  petit ,  en  forme  de  cône  tronqué  ,  fauve  à 
sa  base  ,  noir  ensuite  et  luisant  ;  les  pattes  sont  d'un  fauve 
pâle,  avec  les  jambes  antérieures  presque  blanchâtres;  la 
quatrième  et  la  première  paires  sont  les  plus  longues  ; 
celles-ci  ont  les  cuisses  noirâtres  Si  Degéer,  à  son  article  de 
\  araignée  fourmi  ^  a  représenté  ,  ainsi  que  je  le  pense  ,  un  in- 
dividu mâle,  il  est  bien  évident,  d'après  les  proportions  des 
înandibulcs,  que  celui  que  je  viens  de  décrire,  et  que  j'avois 
fait  connoîlre  anciennement  dans  un  mémoire  présenté  à 
une  société  savante  de  Bordeaux,  est  très-différent. 

M.  Walckenacr  a  découvert ,  aux  environs  de  Paris  ,  quel- 
ques autres  espèces  de  la  même  division,  parmi  lesquelles  je 
citerai  celle  qu'il  nomme  Atte  festonné  ,  Attus  encarpatus. 
Le  mâle  est  noir  ;  ses  mandibules  sont  cylindriques  ,  ren- 
liées  dans  leur  milieu ,  très-allongées  ,  dirigées  en  avant  et 
terminées  par  un  onglet  roussâlre  ;  le  corselet  est  aussi  long 
que  large,  et  bordé  de  blanc  ;  l'abdomen  est  ovale  ,  allongé, 
et  a,  sur  le  dos,  un  ovale  d'un  blanc  gris  et  festonné;  les 
pattes  sont  fines  et  annclées  de  blanc  et  de  noir.  Trouvé  au 
commencement  de  juin,  sur  un  buste  de  marbre. 

Ce  naturaliste  fait  encore  mention  d'une  espèce  du  même 
genre,  qu'il  a  observée  dans  un  morceau  d'ambre,  faisant 
partie  de  la  collection  de  M.  Faujas.  C'est  son  Atte  fossile. 

(L.) 

SALIU,  SHALIU.  Noms  arabes  de  la  Caille,  (v.) 
SALUS.  V.  LiNOTE  ,   article  Fringille.  (v.) 
SALUT.  On  donne  ce  nom  au  Silure  commun,  (b.) 
SALVADOPŒ,  Sahadora.  Genre  de  plantes  de  la  tétran- 
drie  monogynie  et  de  la  famille  des  chénopodées  ,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  quatre  parties  roulées 
en  dehors;  une  corolle  à  quatre  lobes;  quatre  étamines;  un 
ovaire  supérieur  à  style  simple  ;  une  baie  à  une  semence 
arillée. 

Ce  genre  ne  renferme  que  trois  espèces  :  ce  sont  des  ar- 
bustes à  feuilles  opposées,  ovales  ,  lancéolées,  épaisses,  et  à 
grappes  panlculées  et  terminales,  qui  croissent  en  Arabie,  en 
Cochinchlne  et  dans  les  Indes ,  qui  ont  fait  partie  des  Rivines 
de  Llnneeus.  Il  a  été  décrit  par  Forskaël,  sous  le  nom  de  cissus 
arhorea,  et  par  Retzius,  sous  celui  À'Einhelia  grossidaria.  (B.) 
SALVELÏNE.  Poisson  du  genre  Salmone.  (b.) 
SALVIA.  C'est  le  nom  latin,  adopté  par  les  botanistes, 
pour  désigner  les  sauges,  qui  forment  un  genre  très-nombreux 
enespèces.  Tourneiorlle  dlvisolt  en  trois:SALViA,ScLAriEA  et 
lïORMiNUM;  mais  cette  division  n'a  pas  été  reçue,  non  plus 
•que  celle  d'Bciilcr,  adopléc  par  Medicus  et  Moench,  et  qui 


s  A  L  107 

ctablîssoit  trois  genres  de  plus  ;  savoir  :  le  Schraderia  ,  sur  le 
mbia  canariensis;  le  Glutinaria  ,  sur  le  sahia glutinosa ,  et  le 
JuNGlA  ,  sur  le  sabîa  mexicana ,  L. 

Avant  Tournefort,  les  botanisles ,  en  conservant  spécia- 
lement le  nom  desaloia  à  la  sauge  officinale  ,  Tont  ékenduà 
lyeaucoup  d'autres  espèces  de  sauges,  à  des  épiaires  et  à  des 
germandrées  ,  Ww'o,  stachys  et  ieucrium. 

L'on  croit  que  la  sauge  officinale  est  le  Salvia  dont  Pline  a 
parlé,  et  qu'il  dit  qu'on  regardoit  comme  V elelisphacon  des 
Grecs.  Cette  herbe  ressembloit  à  la  menthe  ;  elle  étoit  blan- 
che ,  odorante.  Cependant  Pline  ne  regarde  pas  cette  plante 
comme  V elelispJiacon  des  Grecs,  et  il  donne  pour  telle  la  pre- 
mière de  ses  deux  espèces  de  lentille  sauvage,  qu'il  décrit 
ainsi  :  «Il  y  a  encore  une  lentille  sauvage  que  les  Grecs  nom- 
ment phacos  et  elelispharos  ;  elle  est  plusgrêle  et  a  les  feuilles 
plus  petites,  plus  sèches  et  plus  odorantes  que  la  lentille  cul- 
tivée.» Cette  description  et  la  comparaison  que  Pline  fait  de 
cette  plante  avec  la  lentille ,  ne  conviennent  pas  à  la  sauge 
officinale  ;  aussi,  en  consultant  Dioscoride,  trouve-t-on  que 
Pline  a  confondu  et  pris  une  plante  pour  une  autre ,  abusé 
sans  doute  par  le  nom  même  à' e/eh'spJiacon ,  comme  l'ont  ob- 
servé Matlhiole  et  les  botanistes  commentateurs  des  an- 
ciens qui  l'ont  suivi.  En  effet,  lorsqu'on  lit  la  description  de 
r£/e//5p/!a^o«,  dans  Dioscoride,  on  y  reconnoîlcelle  que  Pline 
a  donnée  de  sa  seconde  espèce  de  lentille  sauvage  qu'il  décrit 
immédiatement  après  la  première  et  avant  le  saku'a.  «  On 
trouve  encore,  dit-il,  une  autre  espèce  de  lentille  sauvage,  qui 
a  une  odeur  désagréable  et  appesantissante.  Par  cette  cause  , 
on  regarde  la  première  espèce  comme  plus  douce  ;  ses  feuilles 
ressemblent  à  celles  du  cognier, excepté  qu'elles  sont  blanches 
et  pas  si  grandes  ».  Or  Dioscoride  écrit  que  VElelisp/uirm  pro- 
duit plusieurs  branches  longues ,  carrées  et  blanches  ;  ses 
feuilles  sont  semblables  à  celles  du  cognier,  mais  plus  longues, 
plus  âpres  et  plus  épaisses.  Elles  sont  rudes  au  toucher  ,  ve- 
lues, blanchâtres,  à  odeur  forte,  mais  néanmoins  fort  bonne. 
Sa  graine  vient  à  l'extrémité  des  branches,  comme  cela  s'ob- 
serve dans  l'orvale  sauvage.  Elle  croissoit  dans  les  lieux 
arides.  La  décoction  de  ses  feuilles ,  prise  en  breuvage,  fai- 
soit  uriner  et  étoit  emménagogue.  Cette  plante  noircissoit  les 
cheveux  ,  étanchoit  les  plaies  ,  mondifioit  les  ulcères  et 
^uérissoit  les  morsures  des  bêtes  venimeuses,  etc.  Il  est  ques- 
tion de  cette  plante  dans  Hippocrale  et  dans  Théophraste  ; 
elle  est  appelée  ,  eîelisphacon  et  elapliohoscon  ou  spJiagnoii. 
Théophraste  en  indique  plusieurs  espèces,  et  notamment 
deux.  L'une  sauvage  ,  est  son  sphacelos^  qu'on  présume  être 
U  première  espi'-ce  de  lentille  sauvi-gc  de  Pline;  elle  avoil  les 


1-8  S  A   1. 

feuilles  plus  éfroltes,  lisses  et  moins  chargées  que  la  seconde 
espèce  qui  éloit  cultivée, et  dont  les  feuilles  étoient  plus  âpres 
et  plus  rudes, 

L'épithète  de  ^/îArtr^/os  d'une  de  ces  sauges  ,' et  le  mot  5/7/20- 
cos ,  signrfinnt  Tâpreté  qu'ont  les  draps  râpés,  conve- 
noient  aux  sauges;  car  leurs  feuilles  offrent  au  toucher  la 
même  aridité.  Il  .paroît  que  ces  diverses  espèces  (Vclelispha- 
eon  ne  sont  que  des  variétés  de  la  sauge  officinale  ou  sahia 
des  anciens,  quAgrippa  appeloit  IV/rr^esor/f'^,  et  qui  se  nom- 
\nOït  sahîa,  du  verhe  sahore,  sauver,  à  cause  des  grandes 
vertus  qu'on  lui  attribuoit ,  principalement  celle  de  faciliter 
l'accouchement  des  femmes  ,  et  de  rendre  fe'condes  celles 
qui  faisoicnt  un  fréquent  usage  de  cette  plante  en  breuvage 
ou  autrement,  (ltn.) 

SALVIFOLIA  -  ARBOR.  Selon  Rurmann  ,  l'arbre  qui 
porte  ce  nom,  dans  TAImageste  de  Plukenet  (tab.  221,  f.  4)» 
est  le  Micocoulier  d'Orient,  Celûs  orientaUs ,  L.  (ln.) 

SALVINIE,  Sabinia.  Petite  plante  herbacée  ,  rameuse, 
articulée,  à  articulation  garnie  de  feuilles  en  dessus  et  de  ra- 
cines en  dessous. 

Cette  plante,  qui  se  rapproche  des  lenticules  et  des  Mar- 
•SiLE.S,et  surtout  des  azolles,  forme  un  genre  dans  la  crypto- 
garnie  et  dans  la  famille  des  Fougères  ,  qui  a  pour  caractères 
d'être  monoïque,  d'avoir  pour  fleurs  mâles  des  verrues  nom- 
breuses, sessiles,  surmontées  chacune  de  quatre  filets  roulés 
en  spirale,  situés  sur  les  nervures  des  feuilles,  et  pour  fleurs 
femelles  des  follicules  presque  solitaires,globuleux,  unilocu- 
laircs  et  polyspormes  ,  dans  chaque  faisceau  de  racine. 

La  salvinie  se  trouve  flollanle  sur  les  eaux  dormantes  des 
parties  méridionales  de  TEurope,  quelquefois  dans  des  es- 
paces considérables.  Je  l'ai  abondamment  trouvée  aux  envi- 
rons de  Pavie.  Elle  purifie  l'air  des  marais,  comme  le  CoDO- 

PAIL. 

Aublet  a  figuré, pi. 867  de  son  Histoire  des  Plantes  delaGuyane, 
une  autre  plante  du  même  nom,  et  fort  voisine  de  celle-ci  par 
ses  rapports,  mais  dont  les  fructifications  sont  portées  sur  des 
pédoncules  axillaircs  et  rameux,  et  formées  de  capsules  ter- 
minées en  pointe,  couvertes  de  duvet,  s'ouvrant  en  deux  valves 
et  contenant  un  grand  nombre  de  semences  attachées  à  un 
placenta  rameux. 

Cette  dernière  (lotte  sur  les  eaux  dormantes  ,  à  Cayenne. 

Trois  autres  espèces,  originaires  de  l'Amérique  méridio- 
nale, ont  été  découvertes  depuis  quelques  années,  (b.) 

SALZ.  Nom  allemand  de  la  soude  murialée  ou  sel  com- 
mun. Les  minéralogistes  allemands  en  distinguent  acluel- 
leinent  deux  sortes  ;  le  sel  marin,  proprcnicnl  dit  salz ,  et  qui 


SAM  icj 

conllent  du  murlalc  de  chaux;  le  second  ne  contient  pas  de 
chaux  inurlatée,  et  est  nommé  S/jak.  (ln,) 

SALZERDE  et  SALZTHON  des  minéralogistes  et  des 
mineurs  allemands.  C'est  la  terre  ou  l'argile  muriatifére  qui 
accompagne  assez  généralement  le  muriate  de  soude  amorphe 
dans  ses  divers  gisemens.  (ln.) 

SALZKUPF  ER.  Werner  et  les  minéralogistes  allemands 
donnent  ce  nom  au  cuivre  muriaté,  cristallisé  ou  compacte. 
Quant  à  la  variété  pulvérulente,  connue  sous  les  noms  d'a/a- 
tumile,  smaragdo-chcdzil  et  de  sable  vert  du  Pérou  ,  c'est  le  kupfer 
sand  de  Werner,  et  le  sandiges  salzkupfe.r  de  Karsten.  (ln.) 

SALZSAUREKUPFER  des  chimistes  et  des  minéralo- 
gistes allemands.  C'est  le  Cuivre  muriaté.  (ln.) 

SALZSCHLAG  et  SALTZSCHLAG  des  Allemands. 
C'est  le  QuARZ  HYALIN  GRANULAIRE.  Les  minéralogistes  alle- 
mands le  placent  dans  leur  QuARZ  COMMUN.  V.  Quarz  hya- 
lin GRANULAIRE  et  QuARZ  HYALIN  DEMI-TRANSPARENT,    Vol, 

28,  p.  428  et43i.(LN.) 

SALZSPATH.  Nom  que  Gmelin  emploie  pour  désigner 
la  Soude  muriatee  à  grandes  lames  ou  sel  gemme,  (ln.) 

SALZSTEIN  et  STEINSALZ  des  Allemands.  C'est  la 
Soude  muriatee  en  masses  amorphes,  ou  Sel  gemme, 
Gmelin  ne  donne  ce  nom  qu'à  la  soude  muriatee  amorphe 
à  petites  lames,  (ln.) 

SALZTHON.  r.  Salzerde.  (ln.) 

SAM,  A  l'article  Cay-Tuuong,  il  faut  lire  sum  au  lieu  de 
sam.  (ln.) 

SAMABRAS  ou  SAAMBRAS.  Nom  arabe  d'une  Sala- 
mandre terrestre,  (desm.) 

SAMADEP\E,  Samadera.  Genre  de  plantes  établi  par 
Gœrlner,  uniquement  sur  la  considération  du  fruit;  c'est  le 
Vitmane  deWahl.  (b.) 

SAIMAIv  UCHECiïAUK.  Nom  de  la  Grue  brune  à  la 
Laie  d'Hudson.  V.  ce  mot.  (v.) 

Sx\IMALIE,  Paradiseay  Lalh.  Genre  de  Tordre  des  oi- 
seaux Sylvains,  et  de  la  famille  des  Manocodiates.  F.  ces 
mots.  Caractères  :  bec  robuste,  convexe  en  dessus,  garni  de 
petites  plumes  veloutées  à  sa  base,  comprimé  latéralement; 
mandibule  supérieure  à  échancrure  usée  vers  le  bout  ;  nari- 
nes percées  à  jour ,  à  demi  couvertes  par  les  plumes  du  ca- 
pisLrum;  langue  à  pointe  déchiquetée  et  aigiie;  tarses  robus- 
tes, quatre  doigts  allongés,  trois  devant,  un  derrière;  les 
extérieurs  réunis  à  leur  base;  ongles  forts,  très-crochus; 
ailes  à  penne  bâtarde,  moyenne;  la  première  rémige  plus 
courte  que  la  septième;  les  quatrième  et  cinquième  les  plus 


no  S   A  M 

longues  de  loutos  ;  deux  rectrices  sétacées  et  très- prolongées; 
plumes  hypocondriales,  très-longues,  flexibles,  décompo- 
sées, ou  plumes  cervicales,  médiocres,  roides, chez  les  mâles 
seuls. 

La  Samalie  blanche  ,  Porarf/sea  alba,  Lath.,  ressemble 
par  ses  formes  à  la  petite  samalie  ,  et  est  totalement  blanche. 
C'est,  suivant  Valenlyn,  l'espèce  la  plus  rare.  On  la  trouve 
aux  îles  des  Papous. 

La  Samalie  MAGNiFiQtTE,  Paradlseamagnifica^'LAÛi.\^\. 
M  7  ,  n.*^  2  ,  de  ce  Dictionnaire.  On  distingue  facilement  cet 
oiseau  des  autres  par  la  position  et  la  forme  des  deux  fais- 
ceaux de  plumes  qui  sont  implantés  sur  le  cou  et  le  haut  du 
dos;  le  premier  est  composé  de  plumes  étroites,  roussâtres 
et  tachetées  de  noir  à  leur  extrémité  ;  elles  paroissent  se 
relever  sur  leur  base,  mais  moins  à  mesure  qu'elles  s'éloi- 
gnent de  la  tête;  celles  du  second  sont  plus  longues,  d'un 
jaune  paille  plus  foncé  vers  leur  bout,  et  couchées  négligem- 
ment sur  le  dos;  cependant,  comme  l'a  fort  bien  observé 
Mauduyt,  l'oiseau  peut  les  relever  et  en  former  une  espèce 
de  panache  comme  celui  qui  orne  la  partie  postérieure  du  cou 
du  faisan  d'or  ou  tricolor.  Toutes  sont  coupées  carrément  à 
leur  extrémité;  deux  filets  cerclés  de  couleur  verte,  finissant  en 
pointe  et  longs  d'un  pied  environ,  prennent  naissance  au-des- 
sus du  croupion  :  le  bec  est  d'un  jaune  pâle,  noir  à  sa  base 
sur  les  bords  ;  les  plumes  qui  couvrent  en  partie  les  narines  et 
la  base  du  bec  dessus  et  dessous,  sont  courtes,  épaisses,  et 
dominent  un  peu  les  autres  ;  celles  du  sommet  de  la  tête  et 
de  l'occiput  sont  vertes;  cette  couleur  et  le  bleu  couvrent  les 
plumes  dumilieu  de  la  gorge  et  d'une  partie  delapoitrine.  Ces 
deux  teintes  se  trouvent  distribuées  de  manière  que  les  plu- 
mes sont  bleues  dans  le  milieu  ,  vertes  à  la  base  et  à  l'extré- 
mité, et  présentent,  étant  couchées  les  unes  sur  les  autres, 
deslignes  transversales;  les  côtés  ellereste  de  la  poitrine  sont 
d'un  vert-brun;  le  ventre  est  d'un  bleu  verdâtre;  les  grandes 
couvertures  des  ailes  sont  d'une  couleur  carmélite  brillante  ; 
leurs  pennes,  qui  sont  brunes  à  l'intérieur,  jaunes  à  l'extérieur, 
s'étendent  jusqu'au  bout  de  la  queue  qui  est  brune  ;  le  dos  et 
le  croupion  ont  les  mêmes  teintes  que  la  tête;  les  pieds  sont 
d'un  brun-jaune.  On  voit  des  individus  dont  les  couleurs 
présentent  des  nuances  un  peu  différentes,  ce  qui  paroît  in- 
diquer qu'ils  sont  plus  ou  moins  avancés  en  âge.  Celte  espèce 
se  trouve  à  la  Nouvelle-Guinée. 

La  Samalie,  dite  Oiseau  de  paradis,  Paradisea  apoda, 
Lath.,  Oiseaux  dorés ,  pi.  i  de  V Histoire  des  Oiseaux  de  para' 
dis ,  a  douze  pouces  huit  lignes  du  bout  du  bec  à  l'extrémité 
de  la  queue;  les  mandibules  d'un  jaune  verdâtre  ;  les  plumes 


31.7 


S.llnrm   non-,  rTiC .P.iS'j . 


s  A  M  III. 

Un  front  veloutées,  et  d'un  noir  changeant  en  vert  foncé; 
celles  de  la  tête  et  du  cou  d'un  jaune  pâle  ;  une  plaque  verte, 
à  reflets  métalliques  et  dorés  sur  le  haut  de  la  gorge  ;  le  reste 
de  cette  partie  et  le  devant  du  cou  d'un  brun  violet;  la  poi- 
trine, le  ventre,  le  dos,  le  croupion  ,  les  ailes  et  la  queue 
d'un  marron  foncé  ;  deux  faisceaux  de  plumes  très-nombreu- 
ses, très- longues  ,  décomposées,  transparentes,  les  unes 
d'un  blanc  sale,  d'autres  jaunes,  quelques-unes,  notamment 
les  plus  courtes,  tachées  de  rouge,  et  plusieurs  terminées 
de  rouge-vineux  ,  partent  des  côtés  du  corps  au-dessous  des 
ailes,  et  s'étendent  beaucoup  au-delà  des  pennes  caudales; 
les  deux  longs  filets  qui  naissent  au-dessus  du  croupion  et 
dépassent  la  queue  de  plus  d'un  pied  ,  sont  bruns  ,  duveteux 
à  leur  origine,  ensuite  à  barbes  roides ,  très-courtes,  plus 
longues  à  l'extrémité,  où  ils  forment  une  palette  étroite  et 
allongée  ;  les  pieds  et  les  ongles  sont  de  la  couleur  du  bec. 
Les  Indiens  ne  distinguent  la  femelle  que  par  une  taille  plus 
petite;  Brisson,  par  moins  de  longueur  dans  les  barbes  de 
l'extrémité  des  filets  ;  Linnseus,  en  ce  que  les  filets  sont  plus 
courts,  nus  et  droits.  M.  Levaillant  nous  assure  qu'elle  est 
privée  des  deux  longs  filets  et  des  faisceaux  de  plumes  qui 
font  un  des  attributs  des  mâles  pendant  une  partie  de  l'année. 

Cet  oiseau  de  paradis  est  le  plus  commun  de  tous,  et  le 
premier  connu.  Les  Portugais  le  nomment  passaros  de  sol; 
les  habitans  de  Ternate,  neanuco  dewata  (  oiseau  de  Dieu), 
hurong-papua  (oiseau  des  Papous  )  ;  d'autres  l'appellent  sojffu 
ou  stoffu;  à  Amboine  et  Banda  ,  il  est  connu  sous  le  nom  de 
manu-Koy- yirou  (  oiseau  des  îles  Key  et  Arou)j  et  il  porte 
dans  ces  îles  le  nom  defanaan. 

Cette  espèce  reste  dans  les  îles  d'Arou  pendant  la  mousson 
sèche  ou  de  l'ouest,  et  retourne  à  la  Nouvelle-Guinée  au 
commencement  de  la  mousson  pluvieuse  ou  d'est.  Elle 
voyage  ,  dit-on  ,  en  bandes  de  trente  à  quarante ,  sous  la  con- 
duite d'un  autre  oiseau  qui  vole  toujours  au-dessus  de  la 
troupe.  Ce  chef  est,  selon  Valentyn  ,  noir  et  tacheté  de 
rouge  ;  c'est  à  lui  que  les  habitans  ont  donné  le  nom  de  roi. 
Ces  oiseaux  de  paradis  ne  s'en  séparent  jamais,  soit  qu'ils 
volent,  soit  qu'ils  se  reposent;  mais  cet  attachement  pour 
leur  guide  cause  quelquefois  leur  perte  quand  il  se  pose  à 
terre  ,  car  ils  ne  peuvent  se  relever  que  très-difficilement ,  à 
cause  de  la  forme  et  de  la  disposition  particulière  de  leurs 
plumes.  Ils  se  perchent  sur  les  grands  arbres  ,  particulière- 
ment sur  le  >varingha  à  petites  feuilles  et  à  fruits  rouges  , 
dont  ils  se  nourrissent  {ficus  benjamina,  Forster  ). 

Durant  la  mousson  de  l'est,  à  ce  que  rapportent  les  In- 
diens, ils  perdent  leurs  longues  plumes,  faisceaux  et  filets  , 


i'2  SAM 

qui,  tlans  l'espace  de  quatre  mois,   sont  remplacés  par  Je 
nouveaux.  L'étendue  ,  la  quantité,  la  longueur,  la  souplesse 
de  toutes  ces  plumes, leurpermettentbien  de  s'élever  fort  haut, 
lesaidont  à  se  soutenir  dans  l'air,  aie  fendre  avec  la  légèreté 
et  la  vitesse  de  l'iiirondelle,  ce  qui  les  afaitdésignerparlenom 
Aliiwndelles  de  Ternate  ;  mais  si  le  vent  devient  contraire, elles 
nuisent  à  la  direction  du  vol  :  alors  ils  n'évitent  le  danger 
qu'en  s'élevant   perpendiculairement  dans  ime  région  d'air 
plus  favorable,  et  ils  continuent  leur  roule.  Quoiqu'ils  pren- 
nent toujours  leur  vol  contre  la  direction  du  vent,  et    qu'ils 
évitent  le  temps  d'orage,  ils  sont  quelquefois  surpris  d'une 
bourrasque;  c'est  alors  qu'ils  courent  les  plus  grands  danger?; 
leurs  phnnes  longues  et  flexibles  se  bouleversent,  s'enche- 
vêtrent; l'oiseau  ne  peut  plus  voler  ,  ses  cris  répétés  annon- 
cent sa  détresse  ;  il  lutte  en  vain  contre  l'orage  ,  son  embar- 
ras augmente,  sa  frayeur  redouble  l'impuissance  de  ses  ef- 
forts ,  il  chancelé ,  et  tombe.  Les  Indiens  ,  attirés  par  leurs 
cris,  les  saisissent   et  les  tuent.  Ils  n'échappent  à  la  mort 
qu'en  gagnant  promptement  une  élévation,  d'où  ils  peuvent 
reprendre  leur  vol.  Ces  insulaires  se  les  procurent  encore 
de  diverses  manières  :  les  uns  les  prennent  à  la  glu  et  dans 
des  lacets;  d'autres  empoisonnent  les   eaux  où  ils  ont  cou- 
tume d'aller  boire,  avec  des   coques  du  Levant  {rnenisper- 
'  mum  cocciihis)  y  qui  les  enivrent  au  point  qu'on  les  prend  à 
la  main  ;  d'autres  les  attendent  cachés  dans  des  huttes  légères 
attachées  aux  branches  des  arbres  qu'ils  fréquentent,  et  les 
tuent  avec  des  flèches  émoussées.  Ils  tombent  entre  leurs  mains 
quelquefois  en  vie  ;  mais  ils  les  mettent  tout  de  suite  à  mort, 
parce  que  ces  oiseaux  sont  très-méchans,  qu'ils  se  défendent 
avec  un  courage  étonnant,  et  que  leurs  coups  de  bec  sont  à 
craindre.  Les  Papous,    pour  conserver  leur  dépouille  et  les 
rendre  propres  à  l'usage  qu'on  leur  destine  dans  l'Inde,  leur 
arrachent  les  pieds,    et  même   les  ailes  et  la  queue  ,    dès 
qu'elles  sont  d'une  couleur  commune,  leur  écrasent  la  tête  , 
leur  arrachent  les  entrailles,  les  percent  dans  toute  leur  lon- 
gueur avec  un  fer  rouge,  et  les  font  sécher  exposées  à  la  fu- 
mée ou  à  la  vapeur  du  soufre  ;  après  quoi  ils  remplacent  le 
fer  avec  une  baguette  qui  sort  par  le  bec  de  deux  à  trois  pou- 
ces, et  les  enferment,  pour  les  conserver,  dans  un  bambou 
creux.  Il  en  est  qui  ne  se  bornent  pas  à  cette  simple  prépara- 
tion :  ils  les  dépouillent  entièrement  jusqu'au  front;  la  peau 
de  la  tête  étant  alors  privée  de  soutien,  se  racornit  au  point 
que  celle-ci  et  les  yeux  deviennent  fort  petits  à  proportion 
du  corps  :  c'est  pourquoi  ce  caractère,  indiqué  par  quelques 
ornithologistes,  ne  peut  être  adopté,  n'étant  que  factice.  La 


s  A  M  iï3 

têle  lorsqu'elle  est  entière  est  à  peu  près  de  la  grosseur  de 
celle  de  la  corneille. 

La  Samalie  (petite  )  de  l'Île  des  Papous  Paradlseami- 
nor  papuana,  Lalh.,  Oiseaux  dorés  ^  pi.  2  de  V Histoire  des  Oi- 
seaux de  paradis',  sous  la  dénomination  de  petit  oiseau  de  para- 
dis de  rîle  des  Papous.  Clusius  est  le  premier  qui  ait  parié  de 
cette  espèce,  comme  différente  de  celle  de  la  samalie  pro- 
prement dite  ;  mais  n'ayant  que  le  témoignage  de  quelques 
marins,  on  a  regardé  son  autorité  comme  trop  vague  pour 
en  tirer  rien  de  précis.  Depuis  lui  ,  Valentyn  a  confinné 
cette  assertion  ;  cependant  les  méthodistes  les  plus  modernes 
ont  persisté  à  en  faire  une  variété.  On  ne  voit ,  il  est  vrai  , 
dans  leur  plumage,  que  des  disparités  assez  légères  ;  mais  on 
ne  peut  s'empêcher  de  les  présumer  d'espèces  distinctes,  car 
celui-ci  est  plus  petit  et  ne  se  trouve  qu'aux  îles  des  Papous  , 
principalement  celle  de  Messoval ,  y  reste  pendant  toute 
l'année ,  et  y  est  connu  sous  des  nOms  particuliers  :  les  uns 
lui  donnent  celui  de  shag  ou  shague;  les  Indiens  de  l'est  de 
Céran  l'^pellent  savialeik;  ceux  de  Serghile  dans  la  Nou- 
velle-Guinée ,  tshakke;  enfin  à  Ternate  et  Tidor,  on  le 
nomme /o^zi  ;  ces  dissemblances  dans  les  noms  locaux,  dans 
certaines  habitudes  et  dans  la  distribution  de  quelques  cou- 
leurs, constantes  sur  tous  les  individus,  ne  permettent  guère  * 
selon  moi ,  de  réunir  ces  deux  oiseaux  de  paradis  en  une  seule 
espèce  ;  mais  ils  me  paroissent  aussi  rapprochés  l'un  de  l'au- 
tre que  le  freux  l'est  de  la  corbine.  Les  petites  samalies  ont 
aussi  leur  conducteur  qui  diffère  de  celui  des  autres  ;  il  est 
noiretales  ailes  pourprées.  Elles  se  perchentet  nichent  sur  les 
arbres  les  plus  élevés  des  montagnes;  c'est  là  que  les  Alfhuris 
les  prennent.  Leur  nourriture  favorite  est  le  fruit  àntsampeda, 
qu'elles  perforent  avec  leur  bec  pour  en  extraire  la  pulpe. 

La  petite  samalie  a  de  seize  à  dix-huit  pouces  de  longueur 
depuis  la  pointe  du  bec  jusqu'à  l'extrémité  des  plumes  sub' 
alaires,  et  neuf  à  dix  pouces  jusqu'au  bout  de  la  queue  ;  le 
bec  noirâtre  sur  les  côtés  jusqu'aux  deux  tiers  de  sa  longueur, 
jaunâtre  dans  le  reste  (  Valentyn  lui  donne  le  bec  couleur 
de  plomb  et  vingt  pouces  anglais  de  longueur  totale  ).  Les 
plumes  de  la  base  des  mandibules  sont  d'un  noir  de  velours 
changeant  foiblement  en  vert  ;  le  dessus  de  la  tête  ,  les 
côtés  ,  le  dessus  du  cou  ,  le  haut  du  dos  ,  d'un  jaune  pâle  ; 
«ne  plaque  d'un  vert  éclatant  est  sur  le  haut  de  la  gorge  ; 
!e  reste  du  dos  ,  les  ailes  et  la  queue  ,  sont  d'un  marron 
clair,  tirant  au  brun  rouge  foncé  sur  le  devant  du  cou  et  les 
parties  postérieures;  les  petites  couvertures  des  ailes  d'un 
jaune  brillant;  les  plumes  subalaires  jaunes  et  blanches,  et  d'un 
îissu  très-fin;  les  deux  longs  brins  sont  bruns,  terminés  en 

XXX.  8 


ii4  S  A  M 

pointe  et  sans  barbes  apparentes;les  pieds  d'un  blanc  jaunâtre^ 

La  Samalie  rouge,  Paradisea  rubra^  Vieill. ,  Oiseau» 
dorés;  pi.  P.  6 ,  n.°  3  de  ce  Dictionnaire.  Un  noir  velouté  en- 
toure la  base  du  bec;  les  plumes  du  sinciput  sont  plus  lon- 
gues que  les  autres,  et  forment  une  petite  huppe  séparée  en 
deux  parties  par  le  milieu;  ces  plumes,  celles  du  dessous  du 
cou  et  du  haut  de  la  gorge  sont  serrées ,  fermes ,  veloutées  et 
d'un  vert  doré  ;  le  sinciput,  le  dessus  du  cou,  le  haut  du  dos, 
le  croupion,  les  côtés  de  la  gorge  et  de  la  poitrine  sont  jau- 
nes; la  partie  inférieure  de  celle-ci,  le  ventre,  la  queue,, 
d'une  couleur^  brune  ,  plus  claire  sur  le  bas-ventre  et  plus 
foncée  sur  la  poitrine;  les  plumes  subalaires  ont  la  même 
conformation  que  celles  du  premier  oiseau  de  paradis;  mais 
elles  sont  d  un  rouge  vif;  les  deux  filets  sont  longs  de  vingt- 
deux  pouces,  lisses,  d'un  noir  brillant,  convexes  en  dessus  , 
concaves  en  dessous,  un  peu  aplatis  sur  les  côtés,  terminés 
enpointe;ils  prennent  naissance  au  bas  du  dos, et  ont  à  leur  ra- 
cine des  barbes  courtes  et  très-fortes.Longueur  depuis  la  pointe 
du  bec  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue,neuf  pouces  environ,  et 
jusqu'à  celle  des  plumes  subalaires  ,  quatorze  à  quinze.  On 
ignore  dansquelle  partie  de  l'Inde  se  trouve  cet  oiseau;  mais  il 
est  à  présumer  qu'il  habite  les  mêmes  pays  que  les  autres,  (v.) 

SAMALÏTO  et  Amesquite.  Ce  sont,  au  Mexique,  les 
noms  d'un  Figuier  {ficus  complicala,  Kunth)  qui  croît  sur 
le  penchant  des  collines ,  près  de  Guasinthan.  (ln.) 

SAMANDURA.  L'arbre  que  Linnseus  a  décrit  sous  ce 
nom  dans  le  Flora  Zeylanica,  et  qu'il  dit  être  le  même  que  le 
nagam  de  VHortus  Malabar icus,  est  rapporté  au  samadera  de 
Gsertner,  on  viimannia  de  Vahl  ;  mais  ces  botanistes  le  sé- 
parent de  l'arbre  du  Malabar,  qui  est  le  Mollwi,  heritiera 
litloralis.  Aiton  (  Hist  Kea>.^  i."  édit.  )  ramenoit  aussi,  et  à 
tort,  la  samandura  à  l'espèce  à' heritiera  ci -dessus,  laquelle 
forme  encore  le  genre  balanopteris  de  Gsertner,  (ln.) 

SAMANQUI-KOUMONG.  C'est  I'Oxalide  surelle 
à  Java,  (b.) 

SAMARA.  Pline  donne  ce  nom  au  fruit  de  1  Orme,  (lis.) 

SAMARE,  Samara.  Genre  de  plantes  de  la  tétrandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  nerpruns  ,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calice  de  quatre  folioles  ;  une  corolle  de  quatre 
pétales,  ayant  à  leur  base  une  fossette  longitudinale;  quatre 
étamines  à  longs  filamens,  insérés  dans  la  fossette  des  pétales; 
un  ovaire  supérieur,  ovale,  à  style  cylindrique,  et  astigmate 
infundibuliforme  ;  un  drupe  arrondi,  à  une  seule  semence. 

Ce  genre ,  que  R.  Brown  croit  devoir  être  réuni  aux  MiR- 
SiiSfES ,  renferme  des  arbres  à  feuilles  opposées  et  à  fleurs. 


SAM  „r 

placées  en  grand  nombre  sur  des  tubercules ,  qui  naissent  au- 
dessous  des  feuilles.  On  en  compte  quatre  espèces,  dont 
une  est  la  Rap^^e  d'Aublet.  La  plus  connue  des  autres  est 
la  Samare  lactée,  dont  les  fleurs  sont  réunies,  pédicellées 
€t  les  feuilles  ovales ,  obtuses.  Elle  croît  à  Ceylan. 

Le  genre  Hélicie  de  Loureiro  paroît  devoir  être  réuni  à 
celui-ci,  quoique  Fespèce  qu'il  contient  ait  les  feuilles  al- 
ternes et  le  calice  monophylle.  (b.) 

SAMARE.  Gœrtner  nomme  ainsi  les  fruits  de  l'orme,  du 
frêne,  du  bouleau,  de  l'érable,  etc.,  c  est-à-dire  toute  cap- 
sule coriace  et  membraneuse,  comprimée,  à  une  ou  deux 
loges,  ne  s'ouvrani  point,  et  munie  d'ailes  sur  ses  côtés,  ou 
terminée  par  une  languette. 

Mirbei  a  appelé  PTtRiDE ,  et  Desvaux  Ptérodie  ,  cette 
sorte  de  fruit,  ^b.) 

SAMBAC  ouSAMBACH,  etZAMBACH.  Noms  arabes 
du  jasmin  et  des  mogoris  ;  cependant  une  de  ces  dernières 
plantes  est  principalement  appelée  ainsi ,  et  nouslui  donnons 
les  noms  de  samLar.  et  Ae.  jaspnn  d'Aïubie.  C'est  le  Nyctan* 
THES  sambac,  Linn.  (ln.) 

SAMBAYA.   Nom  malais  de  la  racine  des  Zedo aires. 

(LN.) 

SAMALE.  Nom  madégasse  du  Cycas  des  Indes,  (b.) 
SAMBE.  riaccourt  rapporte  que  c'est  le  nom  madégasse 
du  Flammant.  (s.) 

SAMBOUC.  C'est,  selon  Bomare,  un  bois  odoriférant 
que  les  marchands  d'Europe  portent  en  Guinée,  pour  en 
faire  des  présens  aux  rois  de  ce  pays.  On  ignore  à  quel  végé- 
tal appartient  ce  bois,  (d.) 

SAMBU.  L'un  des  noms  du  Sureau.    Voyez  Sambucus, 

(s.) 

SAMBUCUS  des  Latms,  Acte  des  Grecs.  Il  y  avoit  deux 
espèces  à''acle  ,  selon  Dioscoride  :  la  première  s'élevoit 
comme  un  arbre ,  et  produisoit  des  jets  en  forme  de  baguette 
ou  canne,  ronde,  creuse  et  blanchâtre.  Sur  ces  jets  naissoient 
des  feuilles  semblables  à  celles  du  noyer,  réunies  trois  ou 
quatre  ensemble,  et  par  distances,  dentelées  au  pourtour,  et 
très-puantes.  Les  fleurs  paroissoient  à  l'extrémité  des  bran- 
ches, en  bouquets  ronds  (orbiculaires)  :  elles  étoient  blan- 
ches; il  leur  succédoit  des  grains  d  un  noir  rougeâlre,  sem- 
blables aux  grains  de  térébinthe,  et  pleins  d'un  jus  vineux 
comme  un  grain  de  raisin.  L'autre  espèce,  appelée  chamœacte 
et  eliosacte  (c'est-à-dire  acte  nain  ou  de  marais)  par  les  Grec*, 


ii6  SAM 

et  ehulus  par  les  Lalins,  étoit  plus  petite,  et  plutôt  une  herbe 
qu'un  arbre.  Sa  tige,  carrée,  noueuse,  porloit  des  feuilles 
semblables  à  celles  de  l'amandier,  mais  plus  longues  et  dis- 
posées de  droite  et  de  gauche,  en  manière  d'ailes,  et  par 
intervalles.  Elles  étoient  également  dentées  au  pourtour  et 
piquantes.  Ses  fleurs  ainsi  que  ses  graines  ressembloicnt  à 
celles  de  la  première  espèce.  Ces  deux  plantes  avoient  les 
mêmes  propriétés  ;  leurs  feuilles  et  leurs  jeunes  pousses  , 
mangées  comme  les  autres  légumes,  faisoient  évacuer  la  bile, 
et  appliquées  sur  les  brûlures,  les  morsures  de  chien  et  sur 
les  parties  enflammées  du  corps  ,  elles  étoient  fort  utiles,  et 
appaisoient  toute  espèce  d'inflammation.  Leurs  grains  noir- 
cissoient  les  cheveux,  etc. 

C'est  à  notre  Sureau  ordinaire  (^sambucus  m'gra,  L.  )  et  à 
l'HlÈBLE  (^samfjucus  ebulus^  L.)  qu'on  rapporte  Vacte  ou  actes  , 
et  le  diamœacte  de  Dioscoride,  et  il  ne  paroît  pas  douteux  que 
ce  rapprochement  ne  soit  exact.  La  description  des  feuilles, 
telle  que  Dioscoride  la  donne,  et  qui  annonceroit  des  feuilles 
entières,ri'est  pas  une  raison  pour  les  éloigner  de  ces  plantes. 
En  effet,  Dioscoride  comme  les  auteurs  anciens ,  a  sou- 
vent décrit  les  divisions  des  feuilles  ailées  comme  des 
feuilles  entières;  or,  en  ayant  égard  à  cette  observation, 
on  s'apercevra  aisément  que  Dioscoride  n'a  voulu  par- 
ler que  des  deux  espèces  de  sureau  que  nous  venons  de 
citer. 

Pline  range  le  sambucus  au  nombre  des  arbrisseaux  aquati- 
ques :  il  fait  remarquer  qu'il  est  composé  d'une  matière 
spongieuse,  non  pas  comme  le  ferula ,  car  son  bois  est  plus 
massif.  On  trouvoit  encore  un  sureau  plus  petit.que  le  sau- 
vage, c'étoit  celui  que  les  Grecs  appeloientc/mmusarfe  et  he- 
lion.  Les  naturalisttts  rapportent  au  long  les  propriétés  et  les 
vertus  de  ces  deux  sambucus^  les  mêmes  que  Dioscoride  ex- 
pose plus  brièvement,  et  qui,  d'après  Galien,  se  réduisent  à 
ces  trois  qualités  :  d'éire  dessicatives ,  conglutinatives  et  ré- 
solutives. 

Le  peu  de  mots  que  Théophrast  a  dit  de  Vacie  se  rapporte 
à  Vacie,  arbrisseau,  c'est-à-dire  au  sureau  commun.  L'on  dit 
que  le  sureau  étoit  aussi  appelé  autrefois,  par  les  Grecs  et 
par  les  Latins,  arbre  d'ours;  ipav  les  Daces,  seba;  et  par  les 
Celtes  ou  Gaulois,  scobien;  en  France,  on  a  dit  successive- 
ment sehu ,  suseau  ,  suran  et  sureau. 

Le  sureau  commun  et  celui  à  grappe ,  ainsi  que  le  hièble  et 
l'obier  (viburnum  opuhis) ,  sont  réunis  en  un  seul  groupe  par 
C.  Bauhin;  mais  l'obier,  qu  il  y  ramène,  est  très-différent 
dvs  sureaux;  ij  est  vrai  que  ce  célèbre  botaniste  n'avoit  fait 


s  A  M  117 

que  suivre  le  sentiment  de  la  plupart  des  botanistes  ses  prédé- 
cesseurs, qui  l'ont  nommé  samhucus  aquatique^  de  marais  y  ou 
à  fleurs  en  rose,  et  dont  ils  citent  une  variété  rare  à  fleurs  cou- 
leur de  rose.  Vallerius  Cordus  avoit  fait  de  l'obier  une  espèce 
distincte  de  sambucus  :  c'' esl  son  lycostaphylios',  c'est  aussi  Vopu- 
lus  de  J.  Ruel. 

Dans  le  genre  sureau  ou  samhucus  des  modernes,  établi 
par  Tournefort,  ne  sont  compris  que  les  vrais  sureaux  et 
î'hièble  :  on  ne  doit  pas  y  rapporter,  avec  Burmann ,  la  plante 
que  Laniarck  a  reconnue  être  une  espèce  di" KcsXï{cissus pédala^  ^ 
ni  avec  Plumier,  M eriihalis fi-ulicosa ,  L. 

Ventenat  pense  que  le  sureau  doit  son  nom  de  sam-^ 
bucus,  qu'il  fait  dériver  d'un  mot  arabe  qui  s'i^xn^e  purger  ; 
mais ,  outre  que  l'on  ne  trouve  pas  que  les  Arabes  l'aient 
nommé  ainsi  (le  sureau  est  lent  suloxinefrin,  selon  Avicenne  , 
et  leur  jafaclè y  d'après  Mattbiole),  Hermolaus  donne  une  ex- 
plication qui  paroît  plus  juste;  il  le  fait  dériver  de  sambuca  ^ 
nom  d'un  instrument  de  musique  quiétoit  aussi  appelé  pec- 
tida,  magadin  et  sambyx.  Cet  instrument  devoit  être  une  es- 
pèce de  flûte  ou  de  flageolet.  Un  passage  de  Pline  prouve 
qu'effectivement  les  bergers  se  faisoient  des  flûtes  avec  des 
branches  de  sureau.  Voici  ce  passage  :  «  Les  bergers  pensent 
que  le  sambucus ,  cueilli  dans  un  lieu  solitaire,  et  d'où  Ton  ne 
peut  ouïr  les  chants  du  coq ,  est  meilleur  à  faire  des  flûtes 
que  l'autre  ».  Q.  Serenus  et  d'autres  anciens  auteurs  ont 
écrit  sabucus  au  lieu  de  sambucus  :  mais  il  est  probable  que 
c'est  une  faute  d'orthographe,  (ln.) 

SAME.  Nom  que  porte  le  Mugil  muge,  (b.) 

SAMENO.  Nom  brame  du  patsjoiti  des  Malabares,  Arbre 
de  l'Inde,  figuré  par  Rhéede,  qui  est  encore  peu  connu  des 
botanistes.  Il  conserve  ses  feuilles,  (b.) 

SAMERARIE  ,  Sameraria.  Genre  de  plantes  établi  par 
Desvaux,  Coup  -  d'ail  sur  la  famille  des  Crucifères  ,  pour 
placer  le  Pastel  d'Arménie,  de  Linnaeus.  Ses  caractères 
sont  :  silicule  orbiculaire  à  loge  centrale ,  coriace  ,  tubercu- 
leuse ,  indéhiscente ,  raonosperme  ,  bordée  d'une  large 
membrane  foliacée.   V.  pi.  25  ,  fig.  6,  de  l'ouvrage  précité. 

(B.) 

SAM  FU  MUN  et  SAN  TANG  LUNG.  Noms 
donnés,  en  Chine,  à  deux  arbrisseaux,  que  Loureiro  re- 
garde comme  des  "Wolkameria  (  Wolk.  inermis ,  L. ,  et 
pumila,  Lour.  ).   (LN.) 

SAMIER.  Adanson  a  donné  ce  nom  à  un  Rocher  dis 
Sénégal,  au  murejo  trigonus ,  de  Gmelin.  (c.) 

SAMIUS-LAPIS.   r.  Sallius.  {m.) 


ii8  S  A  M 

SAMOLE,  Samolus.  Plante  à  tiges  herbacées  »  à  feuilles 
alternes ,  ovales  oblongues ,  rétrécies  à  leur  base  ,  très- 
entières,  un  peu  fermes  ,  glabres  et  luisantes,  à  fleurs  dis- 
posées en  grappes  axillaires  ou  terminales  ,  et  accompa- 
gnées d'une  écaille  à  la  partie  moyenne  de  leur  pédoncule, 
qui  forme  un  genre  dans  la  pentandrie  monogynie  ,  et  dans 
la  famille  des  lysimachies. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divisions  et 
perâstant  ;  une  corolle  hypocratériforme  ,  à  cinq  lobes  ,  à 
cinq  écailles  filiformes,  situées  à  la  base  du  sinus  du  limbe  et 
conniventes;  cinq  étamines  ,  insérées  à  la  base  de  la  corolle  ; 
un  ovaire  à  demi-inférieur,  à  style  et  stigmate  simple;  une 
capsule  presque  globuleuse,  entourée  à  sa  base  par  le  calice, 
qui  lui  est  adné  ,  uniloculaire  ,  s'ouvrant  au  sommet  en  cinq 
valves  ,  contenant  un  grand  nombre  de  semences  attachées 
à  un  placenta  central,  libre,  pédicullé ,  et  ayant  un  péri- 
sperme  charnu  ,  un  embryon  un  peu  cylindrique,  légèrement 
courbé  ,  à  radicule  intérieure. 

La  samu/e,  qu'on  appelle  vulgairement  mouron  d'eau,  se 
trouve  en  Europe,  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amérique  , 
dans  les  marais  et  autres  lieux  aquatiques.  Elle  est  annuelle  , 
et  s'élève  au  plus  d'un  pied.  On  mange  ses  feuilles  en  salade 
dans  quelques  cantons.  On  l'estime  antiscorbutique  ,  vulné- 
raire et  apéritive.  Les  anciens  Gaulois  la  regardoient  comme 
un  spécifique  contre  les  maladies  des  bestiaux ,  et  la  cueil- 
loient  avec  des  précautions  ridicules. 

R.  Brown  a  réuni  le  genre  Sheffildie  à  celui-ci,  (b.) 

SAMOLOIDE,  Nom  sous  lequel,  dit  Bomare  ,  les  An- 
glais ont  fait  long-temps  usage ,  en  guise  de  ihé^  d'une 
espèce  de  véronique  très  -  connue  chez  eux.  V.  Véronique. 

(B.) 

SAMOLOIDES,  de  Boerhaave.  C'est  le  5co;)flna  dulds 
L. ,  dont  Boerhaave  faisoit  un  genre  qu'Adanson  a  réuni  à 
son  kreideck.  (ln.) 

SAMOLUS.  Pline,  après  avoir  parlé  du  stlago,  et  avoir 
fait  remarquer  que  les  Druides  recueillent  cette  plante  avec 
beaucoup  de  cérémonies,  ajoute  que  ces  mêmes  Druides 
font  un  grand  cas  d'une  herbe  de  marais,  qu'ils  appellent 
samolus  (  ou  samulus  )  ;  on  la  cueilloit  à  jeun  ,  avec  la  main 
gauche  ,  et  sans  regarder  la  plante  ,  ni  la  poser  ailleurs  que 
dans  l'auge  où  les  cochons,  les  bœufs  et  les  vaches  venolent 
s'abreuver  ;  on  l'y  piloit  ;  et  ainsi  cérémonieusement  pré- 
parée ,  elle  étoit  souveraine  contre  les  maladies  de  ces  ani- 
maux. Le  samolus  croissoit  donc  dans  les  marais  des  Gaules  ; 
mais  Pline  n'en  donnant  pas  de  description  ,  on  ne  sait 
de  quelle  plante  il  a  voulu  parler. 


s  A  M  119 

Quelques  auteurs  présument  que  ce  peut  avoir  été  notre 
samolus  valemndi.  Tournefort  et  Adanson  paroissent  l'avoir 
également  pensé  ;  car  ,  dans  l'emploi  des  noms  des  anciens  , 
ils  ont  toujours  tâché  de  \ts  appliquer  pour  désigner  les 
mêmes  plantes  ,  et  ils  nomment  ainsi  notre  samohis  ;  l'on  a 
avancé  ,  que  le  samolus  des  anciens  pouvait  être  la  Barbarée 
qu'on  emploie  dans  quelques  parties  de  la  France  ,  au  même 
objet',  après  l'avoir  cueilli  ,  avec  des  circonstances  sembla- 
bles, le  jour  de  la  St.-Roch,  » 

Stroemer  a  nommé  samolus  valerandi^  le  pulmonaria  ma- 
ritima,  L. 

Je  ne  sais  sur  quelle  autorité  Ventenat  fait  dériver  samo- 
lus ,  du  nom  de  l'île  de  Samos ,  puisque  Pline  ne  dit  pas 
que  le  samolus  se  trouve  dans  cette  île.   V.  Samole.  (ln.) 

SAMONNA.  L'un  des  noms  brasiiiens  du  Fromager. 

(LN.) 

SAMOTHRACIA.  «  Cette  pierre  ,  dit  Pline ,  vient  de 
l'île  de  même  nom.  Elle  est  noire  ,  légère  et  faite  comme 
du  bois.  »  Ces  trois  qualités  conviennent  parfaitement  au 
lignite.  Il  ne  me  semble  pas  ,  en  lisant  le  texte  de  Pline , 
qu'il  ait  entendu  donner  le  samoihracia  pour  une  espèce  de 
sagda  ,     de   couleur    noire ,    comme   le    pense   Delaunay. 

(LN.) 

SAMPA.  Nom  vulgaire  d'un  palmier  de  Cayenne  ,  dont 
ou  fait  des  conduites  d'eau.  C'est  probablement  un  Avoira. 

fc  (B) 

SAMPAC.  Synonyme  de  Champac.  (r.) 

SAMPACCA.  Deux  arbres  portent  ce  nom  dans  Rum- 
phius.  Lesampacca  syh'estris  ,  est  le  MiCHELlE  de  Linnœus  ,  et 
Je  sawpacca  viontana,  un  Tulipier,  (b.) 

SAMPALE.  Synonyme  de  Tamarinier  ,  aux  Philipines. 

(b.) 

SAM-PA-LIM.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  au  Mélilot 
de  l'Inde  (  meliloius  indica).  (ln.) 

SAMPSUCHON  des  Grecs.  Espèce  de  plante.  Le 
sampsuchon  véritable  croissoit  près  de  Cyzique  ,  et  en 
Crète  ;  selon  Dioscoride ,  les  Siciliens  et  les  habitans  de 
Cyzique  l'appeloientamaracon.  C'étoitune  herbe  rampante, 
très-rameuse,  dont  les  feuilles ,  rondes  et  velues  ,  avoient 
de  la  ressemblance  avec  celles  du  calament  à  petites  feuilles. 
On  faisoit  des  bouquets  et  des  guirlandes  avec  cette  herbe  , 
à  cause  de  sa  bonne  odeur;  elle  étoit aussi  d'usage  en  méde- 
cine ,    comme  échauffante,  résolutive  et  dessiccative. 

lù'amaracon ,  suivant  Théophraste  ,  est  un  sous-arbrig- 
s(îaii,  à  petites  feuilles,  comme  le  serpolet. 


lîo  SAM 

Selon  Pline,  le  médecin  Dioclès ,  et  presque  tous  les  Si- 
ciliens ,  appeloienl  amaracus  l'herbe  que  les  Egyptiens  el  les 
Syriens  nommoient  sampsuschus  ;  celte  herbe  renaissoit  de 
graine  et  de  bouture,  elle  vivoit  plus  long-temps  et  étolt 
plus  odorante  que  les  plantes  dont  il  a  parlé  dans  le  cha- 
pitre antécédent,  et  parmi  lesquelles  sont  l'origan  ,  le  thym 
et  l'aurone.  Sa  racine  étoit  à  Heur  de  terre.  Il  rapporte  ces 
lignes,  chap.  12  du  liv.  XXi  ,  où  il  traite  des  plantes  culti- 
vées dans  les  jardins  ,  et  dont  on  faisoit  des  bouquets  et  des 
couronnes.  On  extrayoit  une  huile  particulière,  oleum  samp- 
fuchinum  ,  amaracinum,  du  sampsuchus  ou  amaracus  ,  de  Crète  , 
qui  étoit  très-eslimée. 

La  Marjolaine  (  origanum  majorana)  passe  assez  géné- 
ralement pour  avoir  été  le  sampsuchus  ou  amaracus  des  an- 
ciens ;  cependant-,  comme  ils  semblent  avoir  donné  à  com- 
prendre qu'il  y  en  avoit  de  plusieurs  sortes  ,  il  est  possible 
iaussi  que  la  marjolaine  ne  soit  qu'une  d'elles.  Ces  plantes 
-ont  dû  être  des  labiées,  peut-être  les  espèces  voisines  de  la 
marjolaine  q'ie  nous  connoissons  encore  (^ori'g.  syriacum  j 
œgyptiacum)^  et  quelques  espèces  de  thyms  ou  de  german- 
drées. 

C.  Bauhin  rapporte  les  marum  de  Pline  ,  aux  sampsu- 
chus ;  mais  il  est  probable  que  Pline  a  voulu  parler  de 
plantes  différentes.  Ce  qu'il  dit  des  marum  se  borne  à  ceci  : 
(c  Le  marum  croît  aussi  en  Egypte;  mais  il  n'est  pas  aussi  bon 
que  celui  de  Lydie  ,  qui  a  ses  feuilles  plus  grandes  et  plus 
variées;  le  marum  d^ Egypte  a  cependant  ses  feuilles  petites, 
plus  courtes,  et  odorantes.  »  C  Bauhin  nomme  sampsuchus 
sice  marum,  mastlchen  redolens  ^  le  i/iymus  masticJùna  :  alors  il 
faut  croire  que  C.  Bauhin  n'entendoit  parler  que  du  marum 
4^ Egypte,  de  Pline  ,  et  du  sampsuchus  de  Cyzique .,  de  Diosco- 
ride  :  alors  encore  Vamaracon  ou  amaracus  des  Cretois  et  des 
Siciliens  ,  serpit  une  autre  plante  ,  la  marjolaine  propre- 
ment dite. 

Les  botanistes  qui  ont  précédé  C.  Bauhin,  ont  appliqué 
le  nom  de  sampsuchus  à  plusieurs  espèces  de  labiées  odorantes, 
et  notamment  à  des  origans,  (ln.) 

SAMPSUCHUS  et  SAMPSUGUS.   V.  Sampsuchon. 

(LN.) 

SAMPSYCHON.  V.  Sampsuchon.  (ln.) 

SAM-SAT.  V.  Cay-tam-that.  (ln.) 

SAM -SON.  Liqueur  aikoolique  ,  que  les  Chinois  fabri- 
quent avec  le  Ris  et  le  Sorgho.  Elle  a  une  odeur  trcs-fé- 
^ide.   (B.) 

^SAMSTRAVADL  Plante  figurée  par  Rhéedc  ,  et  qui  a 


SAN  121 

été  rapportée  au  Framboisier  a  grappes,  par  Lîruiseus.  La- 
marck  pense  qu'elle  est  plutôt  le  BuTONic.  (b.) 

SAM  TKU.  Nom  de  la  Fève  (  vicia faba,  L.),  en  Chine, 
où  elle  est  un  objet  de  culture,  (ln.) 

SAMYDA.  Nom  du  Bouleau  ,  dans  Théophraste.  On 
le  donne  actuellement  à  un  genre  de  plantes,  très -diffé- 
rent. P.  Brovvn  a  le  premier  détourné  ce  nom  de  sa  vraie 
signification  ,  en  le  donnant  à  une  plante  d'Amérique  de- 
venue le  type  du  genre  samyde,  des  botanistes,  qui  répond 
au  guidonia  de  Plumier  et  d'Adanson.  Depuis  on  a  fait,  à 
ses  dépens,  le  genre  cascaria^  qui  est  Vanaç>inga  de  Jussieu  et 
Lamarck  ,  où  l'on  place  le  pilumha  et  Yiroucana  d'Aublet 
(  alhenaea  de   Schreber  )  ,   le  melistaumm  de  Forster ,   etc. 

(LN.) 

SAMYDE  ,  Samyda.  Genre  de  plantes,  de  la  décandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  samydées  ,  dont  les  caractères 
consistent  en  un  calice  divisé  en  cinq  parties  colorées;  point 
de  corolle  ,  mais  en  place  un  tube  denté  et  staminifère  ;  huit 
ou  dix  ,  ou  douze  étamines  ,  tantôt  sessiles  sur  les  dents  du 
tube  ,  tantôt  à  filets  plus  longs  que  le  calice  ;  un  ovaire  su- 
périeur, surmonté  d'un  style  à  stigmate  en  tête  ;  une  capsule 
à  une  loge  et  à  quatre  valves  ,  recouvrant  une  baie  ,  dans 
laquelle  sont  nichées  un  grand  nombre  de  semences. 

Ce  genre  renferme  des  arbrisseaux  à  feuilles  alternes  ,  et 
à  fleurs  sessiles  et  solitaires,  ou  disposées  en  corymbes  ,  la 
plupart  de  l'Amérique  méridionale.  On  en  compte  une  tren- 
taine d'espèces  ,  dont  aucune  ne  présente  de  faits  dans  le  cas 
d'être  mentionnés. 

Les  genres  Caséarie  ,  Pitumba  ,  Mélistaure  ,  Claste 
et  Anavingue  ,  ont  été  réunis  à  celui-ci ,  par  quelques  bo- 
tanistes. 

Le  genre  Laet  s'en  rapproche  beaucoup,  (b.) 

SAMYDÉES.  Famille  de  plantes,  proposée  par  Venle- 
nat ,  pour  placer  le  genre  Samyde,  qui  ne  convient  à  au- 
cune de  celles  établies  par  Jussieu.  (b.) 

SANAMUNDA.  Selon  Clusius  ,  les  Maures  du  royaume 
de  Grenade  donnoient  ce  nom  à  un  petit  arbrisseau  qu'ils 
employoient  pour  se  purger  par  le  bas.  Cet  arbrisseau  ,  fi- 
guré par  Clusius  (  Hisp. ,  p.  176),  paroît  être  le  passerina 
hirsuta.  Il  ajoute  qu'aux  environs  de  Calpc,  où  il  est  nommé 
biirhalaga  ,  on  ne  s'en  sert  que  pour  chauffer  les  fours  ;  c'est 
le  sanamiinda ,  II,  de  Clusius,  Ce  naturaliste  figure  et  ap- 
pelle sauamunda  I,  le  dapline  orienki/is.,  L  ;  et  sanamunda  IIS, 
la  passerina  hirsuta.  Après  Clusius,  C.  Bauhin  désigna,  par  ce 
|iom  ,  le  daphne  ihymelœa ;  et  Barrclier  \ç.  daphiie  tarlonreka 


>"  s  A   N 

et  veimiailata.  Breyn.  (Cent.  i8  ,  tabl.  7),  a  décrit  le 
lachnœa  conglumeraia  ^  sous  le  nom  de  sanamunda  III,  Clusii 
af finis  ^   etc. 

Le  ^enre  sanamunda  d'Adanson ,  est  le  même  quelepas- 
seiina  de  Linnseus.  (ln.) 

SANA-SANCTA.  Lobel,  et  d'autres  auteurs  de  son 
siècle,  ont  appelé  ainsi  la  plante  du  tabac  sana-sancta  indomm. 

(LN.) 

SAM-BO-FU.  Nom  que  l'on  donne,  au  Japon,  selon 
Keempfer,  à  une  plante  de  la  famille  des  ombellifères.  C'est 
le  peucedunum  japuidcum  ,  Thunb.  (LN.) 

SAN-CAY.  Nom  donné  ,  en  Cochinchine  ,  à  un  petit 
arbre  delà  famille  des  Myrtes.  C'est  \t  jamholifera  resinosa, 

(LN.) 

SANCHEZ,  Sanchezlu.  Plantes  herbacées  d'un  pied  de 
haut ,  à  feuilles  opposées  ,  ovales  ,  aiguës,  très-entières,  vei- 
nées ,  à  fleurs  jaunes  ,  disposées  en  épi  verlicillé  ,  terminal , 
et  accompagnées  d'involucres  et  de  bractées,  qui  forment  un 
genre  dans  la  diandrie  monogynie  etdans  la  famille  des  scro- 
pbulaires. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  cinq 
parties  ,  dont  deux  plus  petites  ;  une  corolle  tubulée  ,  à  cinq 
divisions  irrégulières;  deux  étamines  velues ,  et  les  rudimens 
de  deux  autres;  un  ovaire  supérieur  ,  à  style  subulé  et  à  stig- 
mate bifide  ;  une  capsule  oblongue  ,  biloculaire  et  bivalve  , 
contenant  un  grand  nombre  de  semences  aplaties. 

Les  sanchez  sont  au  nombre  de  deux  ,  et  se  trouvent  au 
Pérou,  autour  des  eaux  stagnantes  ,  dans  les  lieux  ombragés. 

(LN.) 

SAN-CHI-MA.  Nom  que  porte,  en  Chine,  Vhelicteres 
anguslifoUa ^  L.  (LN.) 

SANCHITE.  Genre  de  plantes  qui  ne  diffère  pas  du 
Bladie.  On  l'a  aussi  appelé  Quakite.  (b.) 

SAN-COT.  Nom  chinois  d'une  espèce  de  Sideroxyle 
(  Sideroxylon  cantonense  ,  Lour.  )  ,  qui  croît  dans  les  environs 
de  Canton,  (ln.) 

SANCTOLINA.  Césalpin  nous  apprend  que  de  son 
temps  on  donnoit  ,  en  Italie  ,  ce  nom  et  celui  de  crespoUna , 
à  une  plante  qui  depuis  est  devenue  le  type  du  genre  santulina 
des  botanistes(S.c/iû!mtEc//?a/-mu5,L.).  Le  nom  ûesanctoHna, dé- 
rivé du  latin  sancta^  sainte  y  rappelle  la  vertu  de  cette  plante  , 
employée    pour    guérir  les  blessures.     Voyez    Santoliisa. 

(LN.) 

SAN-CU.  Nom  chinois  d'un  DOLIC  {dolicfios  bifioius)  , 
suivant  Loureiro.  (l^.) 


SAN  123 

SAND.  Nom  allemand  et  anglais  du  Sable.  Le  grès  s'ap- 
pelle Sandstein  en  allemand  ,  et  Sandstone  en  anglais.  Les 
minéralogistes  étrangers  donnent  à  ces  mots  les  mêmes  ac' 
ceptions  que  nous,  (ln.) 
SANDAL.  V.  Altération  de  Saintal  ,  Samtalin.  (b.) 
SANDAL  WOOD  TRÉE.  C'est,  dans  l'Inde,  le  Si- 

RIUM  A  FEUILLES  DE  MYRTE  ,  selon  Roxburg.  (B.) 

SANDALE.  Nom  que  les  marchands  donnent  à  la  Pa- 
telle EN  VOUTE  et  à  la  Carinaire.  (b.) 

SANDALE.  Nom  vulgaire  de  la  Crépidule.  (desm.) 

SANDALE,  Sandalus.  Genre  d'insectes  coléoptères  pen- 
tamères  ,  établi  par  M.  Knoch,  et  qui  nousi'paroît  apparte- 
nir à  la  famille  des  serricornes ,  tribu  des  cébrionites  ,  et 
avoisiner  notre  genre  rhipicère.  Ses  antennes  sont  filiformes  , 
courtes,  en  scie  ,  insérées  sous  une  protubérance  au  devant 
des  yeux  ,  et  composées  de  onze  articles  ;  le  labre  est  petit , 
membraneux  ,  arrondi  et  crénelé  en  devant  •,  les  mandibules 
sont  avancées  ,  en  forme  de  faux  et  unidenlées  au  côté  in- 
térieur ;  les  palpes  sont  courts  et  terminés  par  un  article 
ovalalre  ;  celui  des  maxillaires  est  un  peu  plus  gros  ;  les  pal- 
pes labiaux  sont  plus  petits  et  filiformes  ;  le  lobe  terminal  des 
mâchoires  est  obtus  et  soyeux;  et  leur  coté  interne  offre  une 
petite  dent  aiguë;  le  menton  est  presque  orbiculaire  et  ter- 
miné par  une  petite  languette,  étroite  et  finissant  en  pointe; 
le  pénultième  article  des  tarses  est  bilobé  ;  le  corps  est  ovale, 
oblong  et  se  rapproche  un  peu  ,  pour  la  forme  ,  de  celui  des 
vrillelles  ;  le  corselet  est  transversal ,  plus  étroit  en  devant  ; 
l'abdomen  etlesélytres  sont,  relativement  à  cette  dernière 
partie  et  à  la  tête  ,  fort  allongés. 

Ce  genre  a  été  établi  sur  une  seule  espèce  qui  se  trouve 
en  Amérique  ;  c'est  le  Sandale  noir,  sandalus  ni ger^  Knoch, 
Nei^e  beylreg ,  insecl.^  tom.  i  ,  pag.  i3i  et  suiv. ,  tab,  5.  Sou 
corps  est  entièrement  noir,  à  l'exception  des  tarses  qui  ti- 
rent sur  le  fauve  clair;  les  élylres  ont  trois  nervures  avec 
des  enfoncemens  imitant  des  cicatrices,  (l.) 

SANDALIDA.  F^Scandalida,  L.  (ln.) 

SANDALIOLITE.  Valmont  de  Bomare  assure  que  c'est 
un  Madrépore  fossile  infundibuliformc  ,  pédicule  ,  etconi- 
primé,  sans  doute  une  Caryophyllie  de  Lamarck.  (b.) 

SANpARACHA.  La  substance  minérale  que  Pline  et 
Dioscoride  et  d'autres  anciens  auteurs  ont  décrite  •comiu*; 
usitée  en  médecine,  a  été,  selon  l'opinion  de  presque  totJ:i, 
les  commentateurs,  Vanenic  sulfuré ,  et  particuHèrement  U 
variété  rouge,  (ln.) 

SANDARAQUE.  Résine  d'un  fre'qiient  emploi  dans  l'art 
des  vernis^  et  dont  les  musiciens  et  i'js  écrlyaics  font  usage. 


"4  SAN 

Elle  est  fournie  par  le  Thuya  articulé  de  Desforitaînes  , 
d'après  l'observation  faite  par  Broussonnet  pendant  son  sé- 
jour dans  le  royauune  de  Maroc,  (b.) 

SANDARESUS.  Pierre  mentionnée  par  Pline,  que  l'on 
confondoil,  de  son  temps,  avecle  sandaslros^  et  qui  étoit  peu 
estimée.  Elle  avoit  la  couleur  de  la  pomme  ou  celle  d'une 
huile  verte.  On  la  croyoit  originaire  de  l'Inde.  Cette  partie 
de  l'histoire  naturelle  de  Pline  est  tellement  diffuse,  qu'il  est 
impossible  de  faire  un  rapprochement  tant  soit  peu  heureux  ; 
mais ,  d'après  ce  que  ce  naturaliste  dit  du  sandastros  qu'il 
place  à  la  suite  du  carhonculm  et  de  Vanthracîtis  ^  on  peut  juger 
qu'il  donne  à  la  fois  l'histoire  de  plusieurs  pierres  différentes 
qui  n'avoient  de  commun  que  leur  couleur  de  feu  ,  et  le  san- 
daresus  éloit  vert.  Dans  les  diverses  éditions  de  Pline  et 
dans  les  ouvrages  de  ses  commentateurs,  on  voit  tantôt  le 
sandastros  désigné  par  sandaresus  ,  et  tantôt  le  nom  de 
«andaresus  ,  altéré  en  sandaser ,  sandasereon,  sandeserron, 
sandareseon  ^  etc. 

11  ne  me  paroît  pas  du  tout  probable  que  le  vrai  sandaresus 
ait  été  une  prase;  il  nous  reste  donc  à  savoir  ce  que  c'est.  En 
Orient,  on  connoît  maintenant,  sous  le  nom  de  Sandarèse, 
une  résine  transparente  comme  la  gomme  copale,  jaune  ou 
roussâtre,  qui  contient  des  bulles  d'or  et  des  insectes.  On  s'en 
sert  pour  composer  les  vernis.  L'on  dit  qu'elle  se  trouve  fos- 
sile  en  Perse.    V.  ci-après,  (mn.) 

SAND AROUS  ou  SANDARON.  C'est  une  résine  parti- 
culière d'un  beau  jaune,  transparente,  en  gros  morceaux 
irréguliers,  un  peu  farineuse  à  la  surface  par  l'effet  des  frot- 
temens  que  ceux-ci  éprouvent  ;  d'une  odeur  foible  de  résine, 
brûlant  avec  flamme  et  répandant,  en  se  boursouftiant,  une 
fumée  de  résine  assez  agréable  ;  elle  est  électrique  par  frot- 
tement. 

Plusieurs  morceaux  de  celle  substance  résineuse  contien- 
nent des  insectes  qu'on  y  distingue  fort  bien  ;  M.  Latreille 
et  moi  y  avons  observé,  entre  autres,  une  espèce  de  staphylin, 
un  anlhribe  et  quelques  diptères,  soit  à  l'intérieur,  soit  près 
de  la  surface. 

M.  Olivier  a  rapporté  du  Caire  deux  sortes  de  cette  ré- 
sine; l'une  très-limpide  ou  pure,  d'un  beau  jaune,  l'autre 
plus  brune  et  plus  sale;  elles  sont  nommées  sandarous  par 
les  Egyptiens  elles  Arabes  qui  en  font  usage  en  masticatoire, 
et  surtout  en  fumigations  odorantes. 

L'alcool  n'agit  que  peu  ou  point  sur  celle  sorte  de  résine, 
mais  bien  l'éther  et  les  huiles  volatiles,  comme  celle  de  téré- 
benthine qui  la  dissolvent. 

Forskaci  avoit  déjà  rapporté  sous  le  nom  de  sandarus ,  de 


SAN*  125 

Syrie  et  d'Egypte,  la  sandaraque  ordinaire;  mais,  quoique 
la  sandarous  ne  soit  pas  cette  dernière  résine ,  il  est  présu- 
mabie  que  les  Orientaux  en  font  un  emploi  analogue. 

Tous  les  caractères  que  nous  avons  remarqués  à  la  résine 
sandarous  ousandaron,  ne  nous  laissent  guère  douter  que  ce 
ne  soit  la  résine  copal  orientale ,  ainsi  que  le  pensoit  Olivier 
dans  la  note  qui  accompagne  celte  substance  ;  elle  en  mani- 
feste les  propriétés  ,  et,  comme  la  copal  ordinaire ,  contient 
aussi  des  insectes.  On  a  jadis  comparé  cette  substance  au 
succin,karabé  ou  ambre  jaune,  dans  lequel  on  rencontre  aussi 
des  insectes;  mais  la  copal  et  la  sandarous  sont  évidemment 
une  résine  qui  suinte  d'un  arbre  ;  les  formes  extérieurs  ,  la 
légèreté,  l'odeur  résineuse  surtout  par  la  combustion,  et  la 
manière  dont  elle  se  comporte  avec  les  réactifs:  tout  annonce 
son  origine  purement  végétale. 

Les  Orientaux  reçoivent  aisément  la  sandarous  ou  la  copal 
de  l'Inde  ,  par  le  commerce  de  la  mer  Rouge. 

On  sait  que  cette  résine  de  copal  découle  d'un  ganître  ,^ 
elœocarpus  copalliferus  de  Retz  et  de  Willdenow,  la  vateria 
iiidica,  L. ,  arbre  de  la  famille  des  guttifères,  et  qui  croît 
principalement  à  lîle  de  Ceylan.  La  copal  d'Amérique  ou 
d'occident  vrent  du  rhus  copallinum  ,  L. 

Pline  a  jadis  fait  mention  du  sandaser  ou  sandaserion  ,  san- 
daseroii,  sandastron  ,  sandareson ;  mais,  sous  ces  noms  différens 
par  l'orthographe  oul'impéritie  des  anciens  copistes,  le  na- 
turaliste parle  de  certaines  gemmes  ou  pierres  précieuses 
{Hist.  nat. ,  l.  XXXVII,  c.  7).  V.  Copal  et  Ganître.  (virey  ^ 

SANDASTROS.  Pline,  dans  le  livre  37  ,  chapitre  7  de 
son  Histoire  naturelle,  traite  des  rubis  et  des  pierres  ardentes 
et  de  couleur  de  feu.  Après  avoir  dit  deux  mots  de  Vanihracitisy 
pierre  qui  devoit  son  nom  à  son  aspect  semblable  à  celui  du 
charbon,  et  qui  devoit  être  rouge  à  la  transparence,  puisqu'il 
la  place  avec  les  pierres  qui  ont  cette  couleur  ,  il  passe  au 
sandastrus  dont  il  y  avoit  plusieurs  variétés.  Le  sandastros  ^ 
dit  g-ara/na«///e5,  s'apportoit,  selon  l'opinion  de  quelques  per- 
sonnes ,  de  Sandaslros  dans  l'Inde.  On  en  trouvoit  aussi 
dans  l'Arabie  heureuse.  La  beauté  du  sandastros  consistoit 
dans  sa  netteté  et  dans  sa  grande  transparence  qui  permettoit 
de  voir,  dans  son  intérieur  et  non  pas  à  sa  surface,  des  gouttes 
d'or  brillantes  comme  des  étoiles.  Pline  nous  apprend  qu'on 
avoit  quelque  vénération  pour  cette  pierre,  à  cause  de  ces 
étoiles  qui  étoient  au  nombre  de  sept  et  disposées  de  la  même 
manière  que  les  sept  étoiles  qui  composent  la  constellation 
des  Hyades;  de  là  vient  que  les  Chaldéens  en  faisoieni  usage 
dans  leurs  cérémonies.  Celte  circonstance  supersiitieuse  ne 


126  'SA  N 

peut  nous  éclairer  sur  la  nature  du  sandastros,  Pline  ajoute 
qu'on  lient  pour  le  sandastros  mâle  celui  qui  est  vif  en  couleur 
et  qui  laisse  réfléchir  son  feu  sur  les  objets  qu'on  en  approche. 
Le  sandastros  de  l'Inde  éblouissoit  les  yeux  -,  le  sandastros 
femelle  n'éblouissoit  pas  autant;  il  étoit  moins  ardent  et  plus 
agréable.  Quelques  personnes  préféroient  les  sandastros  d'A- 
rabie à  ceux  des  Indes,  et  les  disoient  se  rapprocher  de  la 
chrysoUthe  enfumée ,  chrysolUlius  fiimida.  Suivant  Isménias  ,  le 
sandastros  étoit  si  tendre  qu'il  se  refusoit  au  poli;  enfin,  l'on 
estlmoit  d'autant  plus  le  sandastros^  qu'il  étoit  plus  étoile. 
Cependant ,  continue  Pline,  le  lecteur  doit  êlre  prévenu  que 
la  res&pmblance  desnoms  cause  souvent  de  grandes  erreurs, et 
le  sanaaresiis  en  est  un  exemple.  Nicanor  appelle  cette  pierre 
sandasereon  ,  et  d'autres  auteurs  lui  donnent  le  nom  de  sandas- 
tros, ç.i  vice  versa. 

Les  commentateurs  n'ont  su  à  quelles  pierres  on  devoit 
rapporter  le  vrai  sandastros  ,  et  il  est  notoire  que  ce  ne  peut 
être  ni  un  quarz,  ni  un  grenat,  ni  un  rubis,  ni  des  entroques^ 
ni  des  ?nadrépores,  comme  on  le  croit.  N'étoit-ce  pas  un  bois 
de  palmier  pétrifié,  ou  plutôt  une  matière  résineuse  fossile  , 
par  exemple  ,  le  sandarèse  du  levant,  qui  effectivement  con- 
tient des  bulles  d'or  semblables  à  des  gouttes  d'eau.'' Mais  cette 
opinion  ,  comme  toutes  celles  émises  sur  le  sandastros  ,  est 
très-peu  fondée. 

Quelques  auteurs  ont  nommé  sandastre  ^  des  pierres  sili- 
cées,  demi-transparentes,  de  couleur  brune,  qui  contiennent 
des  encriniies  ou  enlroques  (petits  corps  marins  en  forme 
d'étoiles  a  cinq  rayons  ),  de  couleur  d'or,  qu'ils  doivent  à  une 
pelliculle  pyriteuse  qui  les  enveloppe.  Ces  pierres  se  trouvent, 
dit-on  ,  en  Ethiopie  et  dans  l'île  de  Ccylan.  (ln.) 

SANDAT.  Synonyme  de  Sandre,  (b.) 

SANDBEINQUELLE.  Selon  Reuss  ,  on  a  dénommé 
ainsi  les  ostéocolles,  en  Allemagne,  (ln.) 

SAN  DEAI  eu.  C'est  le  nom  qu'on  donne,  en  Cochin- 
chine ,  à  une  espèce  de  Donc  ,  dolichos  trilobus ,  Leur. ,  dont 
les  racines  produisent  des  tubérosités  longues  de  deux  pieds, 
que  l'on  mange  cuites,  ainsi  que  les  gousses  de  la  plante  qu'on 
cultive  pour  ces  deux  usages,  de  même  que  le  sang-ruong 
{dolichos  bulbosus,  L.),  dont  les  racines  tubéreuses  se  mangent 
cuites  et  crues.  On  rejette  ses  gousses,  (ln.) 

SANDERLING,,  CaUdris  ,  Briss.  ;  Charadrius  ,  Lath. 
(ienre  de  l'ordre  des  Écuassiers  et  de  la  famille  des  OEgia- 
LITES.  F.  ces  mots.  Caractères:  bec  médiocre,  droit,  un  peu 
grêle ,  presque  rond,  à  pointe  lisse,  dilatée  et  un  peu  obtuse  ; 
mandibule  supérieure  sillonnée  en  dessus,  et  plus  longue  que 
i  inférieure  ;  narines  oblongues,  couvertes  d'une  membrane, 


s  A  N  127 

situées  dans  une  rainure;  langue  grêle,  médiocre  ,  pointue  ; 
trois  doigts  totalement  séparés;  le  postérieur  nul;  la  première 
rémige  la  plus  longue  de  toutes.  Brisson  el  d'antres  ornitho- 
logistes ont  classé  Tespèce  qui  constitue  ce  genre,  dans  celui 
de  la  maubèche  ou  du  tringa  ;  Latham  et  Gmelii;  en  font  lui 
pluvier,  parce  qu'il  n'a  ,  comme  celui-ci ,  que  trois  doigts. 
En  l'isolant  génériquement,  j'ai  suivi  l'exemple  de  M.  Mever 
et  d'illiger;  en  effet,  il  diffère  des  pluviers  par  la  forme  de. 
son  bec,  et  des  tringas  par  la  privation  du  doigt  postérieur. 
Nonobstant  cela,  je  crois  qu'il  seroit  aussi  bien  placé  avec 
ces  derniers,  mais  dans  une  section  particulière ,  puisqu'il  a 
le  bec  d'une  même  conformation;  il  en  seroit  alors  des  son" 
de/lings comme  des  pics  et  des  martin-pér.heurs  à  trois  doigts, 
outridaclyles,  que  Ton  a  laissés  dans  Je  même  groupe  que  \es 
autres. 

Le  Sanderling  ROUGEAtre  ,  Calidris  mhidus^  Vieill.  ;  Cha- 
radrius  calidris  et  nihidus.,  Lath,  Celte  espèce  est  répandue  en 
Europe,  dans  le  nord  de  l'Amérique  septentrionale  et  de 
l'Asie.  Latham  nous  dit  qu'elle  se  trouve  aussi  à  la  Nouvelle* 
Galles  du  Sud,  mais  que  la  race  qui  habite  cette  contrée  a 
le  bec  plus  court  que  l'espèce  d'Europe,  et  qu'il  ne  l'a  encore 
vue  que  sous  son  plumage  d'adulte  ;  que  cependant  il  ne  doute 
pas  qu^elle  soit  sujette  à  varier  dans  la  môme  progression 
que  celle  d'Europe.  Les  Anglais  du  port  Jackson  l'appel- 
lent sea  ou  shore  lack  (  alouette  de  mer  ou  des  rivages),  et  elle 
est  connue  des  naturels  sous  le  nom  de  wadder gai  {Aen^ièmc 
suppl.  to  the  gênerai  Synopsis).\je  Sanderling  porte  aussi  la  pre- 
mièrejdénomination  dans  les  Etats-Unis,  et  les  aborigènes  de 
la  baie  d'Hudson  \enomm.exï\.Kislchayc]ie  kiskatveshisch ;  mais 
là  il  n'est  connu  que  sous  son  plumage  d'été  ,  vêtement  qui  a 
donné  lieu  à  en  faire  une  espèce  particulière  sous  le  nom  de 
ruddy  plover  {charadrius  ruhidus).  Sanderling  el  Curmllet  sont  les 
noms  qu'il  porte  en  Angleterre,  et  c'est  sous  le  premier  qu'on 
le  connoît  en  France. 

Le  sanderling  se  présentant  dans  la  même  année  sous  di- 
verses livrées  qui  peuvent  donner  lieu  à  des  méprises,  j'ai 
cru  devoir  en  donner  plusieurs  signalemens.  Il  a  ,  cprès  la 
mue  et  pendant  l'hiver,  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou,  gris  et 
varié  de  noir;  une  petite  bande  grise  entre  l'œil  et  le  bec;  le 
dos,  les  plumes  scapulaires,  gris;  ces  dernières  bordées  de 
blanc  ;  le  front,  les  joues,  les  sourcils,  la  gorge,  le  devant  du 
cou  et  les  parties  postérieures  de  cette  couleur;  le  bord  de 
l'aile  un  peu  au-dessus  du  pli,  varié  de  noir  et  de  blanc  ;  les 
petites  couvertures  des  ailes,  noirâtres  ;  les  moyennes  et  lei 
grandes  de  celte  teinte  dans  le  milieu,  et  blanches  sur  les 
Lords  ;  les  pennes  plus  ou  moins  variées  de  cette  couleur  ;  les 


128  SAN 

trois  plus  proches  du  corps,  brunes  el  frangées  de  Liane  ;  les 
pennes  de  la  queue  bordées  de  blanchâtre  ,  les  deux  intermé- 
diaires brunes  sur  leur  milieu;  les  latérales  grises;  le  bec  et 
les  pieds  noirs.  Longueur  totale  ,  sept  pouces  trois  lignes. 

D'autres  individus  (  tel  que  celui  quv  a  été  trouvé  à  Terre- 
Neuve  ,  et  que  décrit  Latham,  comme  variété  )  ont  les  par- 
ties supérieures  d'un  cendré  brunâtre  mélangé  de  brun  et 
rayé  de  noir  ;  le  front  et  les  parties  inférieures  d'un  cendré 
blanc  ;  les  petites  et  les  moyennes  couvertures  des  ailes  noires 
et  frangées  de  blanc  ;  les  grandes  cendrées,  avec  leur  bord 
blanchâtre  ;  les  pennes  alaires  et  caudales  noirâtres. 

Le  sanderling  porte  ,  dans  la  saison  des  amours,  une 
livrée  très-différente  ,  sous  laquelle  nous  ne  le  voyons  pas 
en  France.  C'est  d'après  cette  livrée,  comme  je  l'ai  déjà 
dit,  qu'on  en  a  fait  une  espèce  particulière  et  qu'il  est  fi- 
guré àansV Americ.  oniitlwlogy  de  Wilson  ,  planche  63,  fig.  3. 
Il  a  la  tête,  le  cou,  la  poitrine  et  les  scapulaircs  d'une  teinte 
rougeâtre,  tachetée  de  noir  el  comme  poudrée  de  blanc;  ces 
trois  couleurs  sont  distribuées  sur  les  plumes,  de  manière  que 
la  première  est  vers  les  bords,  la  seconde  au  centre,  et  la  troi- 
sième à  leur  extérieur,  ce  qui  fait  paroîîre  l'oiseau  couvert 
d'un  vêtement  très-bigarré;  le  vcnire  el  les  parties  posté- 
rieures sont  d'un  blanc  pur  ;  les  petites  couvertures  des  ailes 
blanchâtres  et  d'un  olive  pâle,  les  autres  noires,  ainsi  que  les 
deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue  ;  les  pennes  primaires 
de  l'aile  de  celte  couleur  à  l'extérieur,  et  blanches  en  dedans  ; 
les  latérales  delà  queue  d'un  cendré  pâle,  el  bordées  de  blanc. 
Des  individus  ont  les  plumes  du  dos  d'une  couleur  uniforme; 
chez  d'autres  ,  le  noir  domine. 

M.  Montagne  décrit  ainsi,  dans  ï Appendix.  du  supplément 
1o  the  ornii/iological Diciionnary,  des  individus  tués  par  M.  Bul- 
lock,  à  la  fin  de  juin,  dans  le  nord  de  l'Ecosse.  Toutes  les  par- 
ties supérieures  sont  rougeâtres  ou  rousses  ,  et ,  quelques- 
unes  ,  d'un  ferrugineux  brillant  et  tacheté  de  noir;  la  tête  ,  le 
cou,  les  joues  et  la  gorge ,  roux ,  avec  des  petites  raies  noires  ; 
les  plumes  du  dos  et  des  scapulaires,  ferrugineuses,  avec  de 
larges  tachesnoires  sur  leur  milieu;  les  taches  sont  plus  grandes 
sur  les  scapulaires  que  sur  le  dos  ;  quelquefois  le  noir  est  coupé 
par  une  bandelette  ferrugineuse,  ce  qui  donne  lieu  à  deux  ta- 
ches ,  mais  peu  remarquables  ;  elles  sont  aussi  terminées  de 
blanc  ;  le  croupion  est  pareil  au  dos  ;  le  bas  de  la  poitrine  et 
les  parties  postérieures  sont  blancs;  les  pennes  primaires  noi- 
râtres ,  les  secondaires  semblables ,  avec  plus  ou  moins  de 
blanc  vers  leur  base  ;  les  petites  couvertures  d'un  brun  som- 
bre, les  grandes  plus  au  moins  terminées  de  blanc  ;  les  pennes 
du  milieu  de  la  queue  noirâtres  et  bordées  de  roux  ;  les  lalé- 


SAN  129 

raies  cendrées  en  dehors.et  blanches  en  dedans;  les  deux  plus 
extérieures  presque  totalement  de  la  dernière  couleur,  elles 
autres  devenant  graduellement  plus  pâles,  à  mesure  qu'elles 
approchent  de  celles  du  centre.  En6n ,  à  l'époque  des  mues 
que  les  sanderlings  subissent,  leur  plumage  présente  beau- 
coup de  variétés;  mais  la  couleur  grise  indique  toujours  la 
livrée  d'hiver,   et  la  teinte  rousse  celle  d'été,  (v.) 

SANDERLING  D'ARBRES  .Dans  Albin,  c'est  le  nom 
de  I'Alouette  de  mer.  (s.) 

SANDERZ.  Les  mineurs  allemands  donnent  ce  nom  aux 
grès  et  aux  roches  sableuses  qui  contiennent  disséminées  une 
ou  plusieurs  sortes  de  minerais,  (ln.) 

SA  ND  H  UAL.  L'un  de^  noms  danois  de  la  Iîaleine 

FRANCHE.    (DESM.) 

SANDIX.  Chez  les  anciens  ,  ce  nom  paroît  aroirété  sy- 
nonyme de  Satmdaracha,  ou  bien  celui  d'une  composition 
dans  laquelle  entroit  le  Sandaracha.  V.  ce  dernier  mot  (ln  ) 

SANDMAUS.  V.  Hamster  sablé,  (desm.) 

SANDMERGEL.  Nom  des  Sables  argileux,  en  alle- 
mand, (lts.) 

SAiSDORlCUM.  Arbre  de  l'Inde  figuré  par  Ruraphe 
(  Amb.  I ,  tab,  64  )  ,  et  qui  est  décrit  à  l'article  Hantol  Cln  ") 

SANDRAG.  V.  Sandarac.  (ln.)  '' 

SANDRE,  Poisson  de  nos  rivières  ,  que  Linnseus  avolt 
placé  parmi  les  Perches  {perça  luciopercà)^  et  que  Lacépède  a 
porté  dans  son  genre  Centropome.  Cuviervientde  lefaire  ser- 
vir àl'établissement  d'un  sous-genre.  Ses  caractères  sont  :  tête 
dépourvue  d'écaillés; gueule  armée  de  dents  pointues  et  écar^ 
tées  ;  des  dentelures  au  préopercule  ;  des  piquans  à  l'opercule. 
La  SciÈNE  coro  et  de  l'Ile-de-France  paroît  devoir 
faire  partie  de  ce  sous  -genre,  (b.) 

SANDSCHIEFER  et  SANDSTEINSCHIEFER.  Dé- 
nominations allemandes  des  grès  à  structure  fissile  ou  schis- 
teuse, lesquels  sont  presque  toujours  des  Grès  micacés,  ("ln  "i 

SAN-DSJOKA  et  JAMME-MIOGA.  Noms  japonais 
du  globha  japonica ^  Thunb.,  selon  Ksempfer.  (ln.) 

SANDSTEIN.  Nom  allemand  du  Grès.  V.  ce  mot  et 
Sand.  (ln.) 

SANDSTEIN.  C'est  le  nom  que  porte ,  en  Prusse ,  la 
variété  de  SucciN  qui  sert  à  faire  de  l'huile  de  succin.  (ln.) 

SAND-VOGEL.  Un  des  noms  allemands  de  la  perdrix  de 
mer  ou  GlarÉOLE.  V.  ce  mot.  (v.) 

SANE-RADSURA.  Arbrisseau  rampant  du  Japon  ,  dont 
les  feuilles  fourqissent,  par  leur  démction,  un  mucilage  pro- 
pre au  collage  du  papier.  Malgré  la  description  de  Ksempfer, 
oa  ne  sait  à  quel  genre  il  appartient,  (b.) 


î3()  S  A  ]N 

SANG,  Sanguîs.  La  liqueur  qui  arrose  et- nourrit  (oulcs 
les  parties  d'un  corps  vivant  ,  peut  être  considérée  comme 
son  sang ,  quoiqu'elle  soit  très-variable  dans  chaque  classe 
d'êtres.  Ainsi ,  la  sève  est ,  pour  ainsi  dire ,  le  sang  des  plan- 
tes ;  les  liqueurs  blanchâtres  qui  circulent  dans  les  vaisseaux 
des  mollusques  ,  des  insectes  ,  ou  celles  qui  arrosent  le  pa- 
renchyme des  zoophytes  ,  sont  une  sorte  de  sang  pour  eux  , 
comme  le  fluide  rouge  qui  roule  dans  les  artères  et  les  veine» 
des  quadrupède*,  des  oiseaux,  des  reptiles  et  des  poissons. 
C'est  du  sein  des  liquides  que  les  parties  solides  des  êtres  ti- 
rent leur  commune  origine,  de  sorte  qu'on  a  dit  avec  raison 
que  le  sang  étoit  une  chair  coulante  ,  et  qu'on  peut  dire  de 
même  que  la  sève  est  du  bois  encore  liquide. 

Nous  traitons  ailleurs  de  la  Circulation  des  fluides  dans  Us 
corps  vivans  ;  ici,  nous  nous  occupons  uniquement  de  la  na- 
ture propre  du  sang,  considéré  ,  non-seulement  dans  IV-spi^ce 
humaine  ,  mais  encore  dans  tout  le  règne  animal  ;  car  ,  djus 
l'histoire  naturelle  ,  il  faut  sans  cesse  généraliser  ses  vues  er 
embrasser  un  système  complet ,  si  Ton  ne  veut  pas  j^erdre  le 
fruit  des  vraies  et  utiles  connoissances. 

La  quantité  du  fluide  sanguin  varie  dans  les  divers  indivi- 
dus de  la  même  espèce  ,  de  telle  sorte  qu'on  n'en  peut  fixer 
exactement  la  quantité  ;  car  les  individus  très -gras  en  ont 
moins  que  les  maigres,  et  ceux  des  climats  chauds  que  ceux 
des  pays  froids.  Ainsi  ,  les  animaux  du  Nord  ,  et  surtout  l(\<; 
espèces  aquatiques ,  comme  les  phoques  ,  les  cétacés ,  ont  une 
grande  quantité  de  sang  ,  parce  qu'ils  transpirent  peu  et  ab- 
sorbent beaucoup  d'eau. 

Les  animaux  carnivores  qui  boivent  peu  ,  et  s'exercent 
beaucoup  ,  ont  un  sang  épais  et  peu  abondant.  Les  personnes 
rachiliques  ont  moins  de  sang  cfue  les  autres  hommes  ;  mais 
les  Croënlandais,  les  Esquimaux,  en  ont  beaucoup  et  d'une 
nature  épaisse  ,  visqueuse  ,  comme  celui  des  phoques  ,  dont 
ils  se  nourrissent. 

Le  sang  des  différentes  classes  d'animaux  n'est  pas  moins 
diversifié  que  ces  êtres  ;  car  il  y  a  peut-être  autant  de  diffé- 
rences dans  les  humeurs  de  chaque  individu  ,  qu'il  existe  de 
différences  à  son  extérieur.  On  s'aperçoit  aisément  que  les 
humeurs  ,  et  particulièrement  le  sang  ,  doivent  éprouver  des 
modifications  par  l'influence  de  l'organisation  et  par  l'énergie 
des  fonctions  vitales.  Ainsi  le  sang  ,  pris  dans  les  divers  orga- 
nes du  corps  ,  est  différent  dans  sa  nature  intime  ,  comme  l'a 
fait  voir  Legallois.  Indépendamment  de  ces  modifications 
générales  par  lesquelles  chaque  organe  change  le  sang  qu'il 
reçoit,  il  en  existe  encore  de  particulières,  qui  ne  sont  le 
plus  souvent  qu'accidentelles  et  momentanées  ,  telles  que 


s  A   N  i3£ 

celle  du  jeune  âge,  où  h  masse  sanguine  est  relativement  pliis 
abondante  ,  plus  séreuse  et  plus  gélatineuse  que  dans  la 
vieillesse. 

Les  espèces  d'animaux  sauvages  sont  aussi  douées  d'un 
sang  plus  copieux  et  plus  chargé  de  matière  fibreuse  que  les 
mêmes  individus  gras  et  asservis  à  la  domesticité. 

Il  existe  en  outre  ,  dans  le  sang,  des  différences  inappré- 
ciables à  nos  organes  ,  mais  que  certains  effets  démontrent. 
Par  exemple  ,  le  poison  de  la  vipère  n'agit  pas  sur  le,sang  tiré 
du  corps  ,  comme  sur  celui  contenu  dans  l'animal  ,  suivant 
Fontana.  La  potasse  injectée  dans  les  veines  ,  y  coagule  le 
sang,  tandis  que  hors  du  corps  ,  elle  dissout  au  contraire  ce 
liquide  et  son  caillot.  Le  sang  ,  dans  le  corps  vivant,  a  donc 
une  sorte  de  vitalité  qui  lui  est  propre  ;  elle  diffère  même 
essentiellement  de  la  vitalité  d'une  autre  espèce  ;  car  on  a 
éprouvé  ,  par  la  transfusion  ,  que  le  sang  d'un  animal  ne  con- 
venoit  point  du  tout  à  un  autre  animal ,  fût-il  de  la  même 
espèce.  Qui  ne  voit  point  en  effet  que  le  sang  du  bilieux  n'esfc 
point  celui  du  flegmatique,  et  que  celui  de  la  femme  diffère 
de  celui  de  l'homme  ?  Cependant  la  chimie  ne  peut  pas  déter- 
mmer  ces  différences  ,  trop  délicates  pour  ses  instrumens. 

De  plus  ,  la  chimie  n'examine  jamais  le  sang  et  les  autres 
humeurs  dans  l'état  de  vie  ;  mais  elle  n'agit  que  sur  le  sang 
mort  ;  elle  n'examine  qu'un  cadavre  inanimé  ;  car  ,  aussitôt 
que  cette  liqueur  sort  du  corps  vivant ,  elle  se  refroidit,  elle 
commence  à  se  coaguler  ,  à  se  diviser  en  deux  portions,  l'une 
transparente  presque- incolore  ,  delà  nature  du  blanc  d'œuf; 
c'est  le  sérum  ;  l'autre ,  épaisse ,  rouge ,  solide ,  que  l'on  nomme 
le  caillot:  ce  qui  n'arrive  jamais  dans  le  corps  vivant  et  sain. 
Le  sang  des  hommes  robustes  et  exercés ,  celui  qu'on  tire 
dans  les  maladies  inflammatoires ,  est  plus  coagulable  que  tout 
autre  ;  de  là  vient  cette  sorte  de  couenne  au-dessus  du  sang 
tiré  par  la  saignée  dans  ces  maladies  très-aiguës. 

11  y  a  même  une  partie  volatile  odorante  qui  s'exhale  dit 
sang  qui  sort  de  l'animal.  C'est  une  sorte  d'effluve  vital. 

Traité  au  feu  ,  le  sang  n'offre  que  des  produits  communs 
avec  toutes  les  matières  animales  ,  une  eau  fétide  ,  une  huile 
empyreumatique ,  du  carbonate  ammoniacal ,  de  l'acide  prus- 
sique  ou  hydrocyanique  ,  quelques  sels,  et  des  gaz  hydro- 
gène, carboné  et  sulfuré.  Les  aeides  concrèlent  le  sang,  les 
alcalin  le  dissolvent ,  les  astringens  précipitent  l'oxyde  de  fer 
qu'il  contient  plus  ou  moins  abondamment.  11  y  a  plus  de  fer 
dans  le  sang  des  hommes  robustes ,  que  dans  celui  des  fem^ 
mes  qui  ont  les  pâles  couleurs.  Cette  quantité  du  fer  peut 
être  augmentée  en  prenant  des  médieamens  ferrugineux  ou 
martiaux,  comme  l'a  vu  Menghiui. 


i3a  S   A  K 

Si  l'on  lave  avec  précaution  le  caillot ,  on  en  obtient  une 
matière  blanche  et  fibreuse  qu'on  nomme  ^brine.  Elle  paroît 
destinée  à  réparer  les  fibres  qui  s'usent  en  se  déposant  dans  le 
lissu  des  organes.  Elle  est  plus  abondante  chez  les  mâles  que 
dans  les  femelles  ,  chez  les  individus  actifs  que  dans  ceux  qui 
se  donnent  peu  d'exercice.  Une  cause  puissante  y  contribue 
surtout ,  c'est  l'étendue  de  la  respiration.  Ainsi,  les  oiseaux 
qui,  de  tous  les  corps  vivans,  respirent  le  plus  ,  ont  un  sang 
très-chargé  de  fibrine  ;  ensuite  viennent  Thomme  et  les  qua- 
drupèdes vivipares ,  puis  les  cétacés  ;  et  enfin  les  reptiles  et  les 
poissons  ,  chez  lesquels  la  respiration  est  tvès-peu  considé- 
rable ,  ont  un  sang  peu  fibreux  et  qui  se  coagule  à  peine  de 
lui-même.  La  nature  de  la  chair  de  ces  animaux  est  aussi  fort 
différente  de  celle  des  oiseaux  et  des  quadrupèdes  ;  car  leurs 
fibres  sont  plus  sèches,  plus  rigides.  Comparez  la  chair  cuite 
de  la  grenouille  ou  de  la  carpe,  avec  celle  du  mouton  ,  du 
chapon  ;  le  caractère  en  est  tout  différent ,  et  cette  diversité 
dépend  de  la  nature  du  sang.  F.  Respiration  ou  Poumon. 

Le  sérum  est  en  proportion  variable  dans  le  sang  ,  selon 
les  espèces  et  les  individus.  En  général ,  à  mesure  que  les  ani- 
maux ont  une  température  plus  élevée  ,  qu'ils  prennent  une 
nourriture  plus  abondante  et  qu'ils  digèrent  plus  rapidement , 
leur  liqueur  sanguine  est  plus  riche  en  matière  fibreuse  et 
albumineiise  ou  séreuse.  D'ailleurs  ,  dans  quelques  individus  , 
l'action  vitale  se  dirige  vers  la  sanguification  ou  l'hématose 
d'une  manière  plus  énergique  que  chez  d'autres;  de  là  sortent 
plusieurs  différences,  sans  compter  celles  qu'apportent  des 
sécrétions  plus  ou  moins  considérables,  des  nourritures  va- 
riées ,  des  changemens  dans  l'état  du  corps  ,  soit  sain  ,  soit 
malade  ,  ce  qui  produit  encore  une  foule  de  variations  indé- 
terminées dans  ce  fluide  animal. 

Le  sang  des  animaux  à  squelette  osseux  et  à  double  système 
nerveux  (  l'homme  ,  les  quadrupèdes  vivipares  ,  les  cétacés  , 
les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  poissons)  se  distingue  en  deux 
parties;  celui  des  artères  qui  est  d'un  beau  rouge  ,  et  celui 
des  veines  qui  tire  sur  le  noir.  Le  premier  acquiert  cette  cou- 
leur par  sa  combinaison  avec  l'air  respiré  ,  comme  nous  l'ex- 
pliquons au  mot  Poumon  ;  il  est  ,  de  plus  ,  dépositaire  des 
molécules  nutritives  et  réparalives  des  organes  dont  il  sou- 
tient l'existence  ;  c'est  un  sang  vivifiant ,  le  seul  qui  puisse 
exciter  l  énergie  du  système  nerveux  ;  le  sang  veineux  ,  au 
contraire  ,  rapporte  les  molécules  qui  n'ont  pu  servir  à  la  ré- 
paration du  corps  ,  pour  les  travailler  de  nouveau  dans  le 
système  respiratoire,  pour  les  mélanger  à  de  nouvelles  subs- 
tances nourricières  ;  il  est  en  outre  appauvri  d'une  grande 
partie  ce  sa  matière  fibreuse  et  vitale  qu'il  a  déposée  dans 


s   A  N  i33 

les  organes.  Le  sang  des  animaux  peut  donc  être  divisé  en 
sang  artériel  on  vital  et  réparateur  y  et  en  sang  veineux  appauori 
el  amorti.  Cette  différence  est  si  marquée ,  que  celui-ci  ne 
peut  exciter  le  cerveau  ni  le  système  nerveux  ;  il  ne  peut 
même  passer  dans  les  artères  sans  asphyxierTanimal,  comme 
s'il  ne  reepiroit  pas.  D'ailleurs  ,  il  est  bien  plus  chargé  de 
carbone  et  d'hydrogène  que  le  sang  artériel ,  celui-ci  étant 
combiné  avec  beaucoup  de  gaz  oxygène  extrait  par  la  respi- 
ration. 

La  couleur  du  sang  varie  suivant  les  classes  d'animaux.  Il 
est  plus  ou  moins  rouge  dans  tous  ceux  qui  ont  un  squelette 
osseux";  il  est  jaunâtre  ou  blanchâtre  dans  la  plupart  des  mol- 
lusques et  des  insectes  ,  rougeâlre  dans  les  vers  articulés ,  et 
aqueux,  transparent,  dans  les  zoophyles.  Onpourroitmême, 
à  la  rigueur,  refuser  le  nom  de  sang  aux  liqueurs  qui  imbi- 
bent ces  animaux  imparfaits  des  derniers  rangs  ;  car  elles 
paroissent  être  le  même  fluide  que  l'eau  dans  laquelle  ils  sont 
plongés.  Il  semble  ,  en  effet  ,  que  ce  liquide  distribue  les 
molécul.es  nutritives  dans  toutes  les  parties  de  leur  corps. 

Parmi  les  quadrupèdes  vivipares  ,  les  espèces  carnivores 
ont  moins  de  sang,  mais  il  est  riche  en  fibrine;  c'est  pour  cela 
que  sa  coagulation  est  fort  prompte.  Ces  animaux  sont  par-là 
très-exposés  aux  concrétions  polypeuses  ,  comme  tous  les  in- 
dividus robustes  ;  leur  sang  est  aussi  chargé  de  beaucoup  de 
carbone.  Parmi  les  rongeurs,  plusieurs  espèces  ,  telles  que 
la  marmotte,  le  hamster,  les  loirs»  etc.,  etc. ,  s'assoupis- 
sent en  hiver  ,  ce  que  Buffon  attribuoit  à  la  froideur  de  leur 
sang.  Celte  opinion  a  été  détruite  par  Sullzer ,  Pallas  , 
Gmelin  et  Vicq-d'Azyr  ;  car  le  sang  est  toujours  au  même 
degré  dans  tous  les  rongeurs.  Il  est  assez  liquide  ,  bien  que 
ces  animaux  boivent  rarement  et  urinent  beaucoup  ;  mais  ils 
vivent  de  substances  végétales  plus  ou  moins  humides. 

Les  ruminans  ont  un  sang  très-épaissi  et  carboné,  à  cause 
des  végétaux  dont  ils  se  nourrissent.  Les  animaux  à  cuir 
épais,  tels  que  les  cochons,  les  rhinocéros,  leséléphans,  ont 
un  sang  huileux  ou  bydrogéné  ;  mais  ceci  devient  surtout 
remarquable  chez  les  animaux  marins  ,  comme  les  phoques  , 
les  lamantins  et  les  cétacés.  Leur  sang  est  tellement  hydro- 
géné et  phosphore  ,  qu'on  a  vu  le  gaz  qui  s'échappoit  de  ce- 
lui d'un  cachalot  prendre  feu  de  lui-même.  Cet  effet  dépend 
en  partie  de  ce  que  la  respiratîlïh  est  moindre  chez  ces  mam- 
mifères que  dans  les  autres  ;  aussi  leur  sang  est-il  noir  et 
visqueux. 

Dans  les  oiseaux ,  le  sang  est  très-chargé  de  fibrine ,  à  canse 
de  leur  grande  et  forte  respiration.  Les  oiseaux  marins  ont 
un  sang  huileux ,  à  cause  de  la  nature  de  leurs  alijncns  ,  doa? 


iH  S  A  N 

l'huile  transsude  dans  tout  leur  corps,  et  imprègne  mt^me 
leurs  œufs.  Les  gallinacés  et  les  autres  espèces  qui  volent  peu 
ou  point ,  ont  une  fibre  plus  molle  et  le  sang  moins  épais. 

£n  général  ,  le  sang  des  animaux  chauds  (  les  mammifères 
et  les  oiseaux)  est  plus  fibreux,  plus  albumineux  ,  plus  épais 
que  celui  des  animaux  à  sang  froid,  car  ceux-ci  mangent  et 
digèrent  beaucoup  moins  que  les  premiers  ;  leur  circulation 
est  plus  lente,  leur  respiration  beaucoup  plus  imparfaite,  leur 
vitalité  moins  développée  ,  leur  sensibilité  plus  obtuse  ;  des 
fonctions  moins  énergiques  ,  exigent  des  fluides  moins  ri- 
ches ,  moins  abondans,  La  quantité  d'oxyde  de  fer  est  aussi 
moins  considérable  dans  le  sang  des  animaux  froids  ,  de 
même  que  les  globules  qu'on  y  remarque  au  microscope. 

Les  humeurs  des  reptiles  et  des  poissoqs  contiennent  peu 
de  gélatine  et  d'albumine.  Les  serpens  ont  peu  de  sang  ,  de 
même  que  les  lézards,  et  il  ne  se  coagule  qu'imparfaitement. 
Celui  des  tortues  ne  se  concrète  que  par  la  chaleur  du  feu.  Le 
liquide  sanguin  des  poissons  diffère  peu  de  celui  des  précé- 
dens  ;  mais  comme  ils  respirent  encore  plus  imparfaitement , 
par  leurs  branchies  qui  ne  tirent  que  l'air  contenu  dans  l'eau, 
leur  sang  est  peu  coloré ,  et  le  caillot  très-peu  abondant.  Ces 
animaux  ont ,  en  général,  le  système  de  la  veine-porte  très- 
huileux,  parce  que  leur  sang  est  très  hydrogéné.  Il  est  aussi 
plus  gélatineux  que  celui  des  reptiles.  La  graisse  des  poissons 
peut  se  changer  en  sang  ,  lorsqu'ils  maigrissent  pendant  l'hi- 
ver ;  mais  en  général  ce  fluide  contient  peu  de  fer  dam  cette 
classe  d'animaux.  Le  posphate  calcaire  est  aussi  peu  abon- 
dant dans  le  sang  des  animaux  vertébrés  et  froids.  On  re- 
marque une  idiosyncrasie  muqueuse  dans  les  poissons  carti- 
lagineux et  les  branchiostèges  ,  qui  vivent  au  milieu  des  eaux 
tourbeuses. 

Chez  les  animaux  privés  de  vertèbres  et  d'un  squelette  arti- 
culé ,  le  sang  ne  contient  plus  de  phosphate  calcaire  ,  mais 
seulement  du  carbonate  de  cette  terre.  La  liqueur  qui  lient 
lieu  de  sang  dans  les  mollusques,  ne  tient  pas  du  fer  en  disso- 
lution; aussi  n'a-t-elle  qu'une  couleur  pâle  et  jaunâtre.  C'est 
une  sorte  de  lymphe  muqueuse  et  gélatineuse  analogue  au 
chyle.  Desséchée  à  l'air  en  plaques  cornées,  elle  ressemble  à 
du  mucus  nasal.  Sa  saveur  est  insipide  ,  excepté  dans  Wiplisia 
depiïans,  le  murex  qui  donne  la  pourpre  ,  et  quelques  autres 
espèces  chez  lesquelles  on  Kl  trouve  acre  ,  brûlante  et  nau- 
séeuse. Le  sang  des  crustacés  est  analogue  à  celui  des  coquil- 
lages. Desséché,  il  présente  une  matière  fibreuse  ,  et  Leu- 
wenhoeck  y  a  trouvé  des  globules.  Le  sang  des  insectes  est 
grisâtre  et  fort  aqueux  ;  on  assure  qu'il  ne  se  gèle  point  par 
le  plus  grand  froid.  {Méoi.  acad. ,  scienc.^  1734,  pag.  88.)  Le 


SAN  i35 

sang  des  vers  articulés  est  rouge  dans  toutes  les  espèces  , 
coimne  on  l'avoit  déjà  remarqué  dans  le  ver  de  terre  ;  on  ne 
connoît  rien  de  la  liqueur  muqueuse  qui  abreuve  les  zoo- 
phytes. 

Dans  l'homme  et  les  quadrupèdes  ,  le  sang  est  quelquefois 
iicre  ,  quelquefois  doux  et  aqueux  ;  les  passions  influent  sur 
sa  nature  physique  ,  et  il  contient  plus  ou  moins  d'air  vital  ou 
de  gaz  oxygène.  Sa  chaleur,  toujours  à  peu  près  égale,  se  sou- 
tient à  32  degrés.  A  la  chaleur  de  l'eau  bouillante ,  le  sérum 
se  coagule  comme  du  blanc  d'œuf.  Il  est  alkalin  ,  se  con- 
crète par  les  acides  ,  et  contient  des  sels  terreux.  La  partie 
colorante  du  sang  est  principalement  le  fer  qui  y  est  com- 
biné h  l'acide  phosphorique  qt  sursaturé  d'oxygène.  MM. 
Jîrande  et  Vauquelin  ,  ont  trouvé  que. le  sang  contenoit 
une  matière  colorante  particulière  ,  rouge,  sorte  de  principe 
animal.  Il  existe  ,  en  outre  ,  du  soufre  ,  des  muriates  ,  avec 
l'albumine  et  la  fibrine,  mais  point  de  gélatine.  Il  paroît  que 
le  sang  artériel  est  plus  chaud  que  le  veineux  ,  parce  qu'il 
contient  plus  d'exygène;  celui  des  poissons  et  des  reptiles  n'a 
guère  que  trois  degrés  de  plus  que  la  chaleur  atmosphérique  , 
parce  que  ces  animaux  respirent  peu  ,  comme  nous  le  disons 
aux  articles  de  la  Respiration  et  de  la  Circulation. 

Il  est  certain  quf:  le  sang  éprouve  beaucoup  de  change- 
mens  dans  les  maladies  ;  par  exemple  ,  il  est  privé  d'une 
grande  portion  de  fer  dans  la  chlorose  ou  les  pâles  couleurs  ; 
il  est  couenneux  dans  les  maladies  inflammatoires  ;  collant  » 
brun  et  visqueux  chez  les  hydropiques  ;  laiteux  dans  les  ca- 
chexies des  nourrices;  bilieux  peut-être  dans  la  jaunisse  ,  etc. 
Mais  il  reste  encore  beaucoup  à  faire  pour  connoître  la  na- 
ture de  cette  liqueur  importante ,  de  laquelle  toutes  nos  parties 
solides  tirent  leur  origine.  L'homme  ,  les  animaux  ,  sont 
fluides  avant  d'être  composés  de  substances  plus  fermes.  Il 
faut  bien  que  ces  liquides  jouissent  de  la  vie,  puisqu'ils  la  dis- 
tribuent à  tous  nos  organes ,  et  qu'ils  sont  les  instrumens  com- 
muns de  la  réparation  et  de  la  destruction  de  tous  les  corps 
vivans.  F.  Circulation,  (virey.) 

SA'NG-DE-DRAGON.  Espèce  de  gomme-résine  rouge 
d'un  usage  assez  fréquent  en  médecine 

On  trouve  dans  le  commerce  plusieurs  substances  qui  por- 
tent ce  nom.  Les  unes  sont  fournies  naturellement  par  le 
Dragonier  ;  les  autres  sont  tirées  par  incision  de  deux  es- 
pèces de  Ptérocarpe  de  l'Inde,  par  décoction  du  fruit 
d'une  espèce  de  Rotang,  et  d'un  arbre  du  Mexique,  dont 
les  feuilles  sont  semblables  à  celles  de  la  Molène. 

Il  paroît  que  le  plus  commune  en  Europe  est  celui  du  rc- 
lans. 


i36  SAN 

Le  Croton  a  feuilles  d'abutilon,  qui  croît  dans  la 
Nouvelle-Grenade,  donne  aussi  une  gomme  roagequi  porte 
ce  nom. 

On  emploie  assez  fréquemment  le  sang-de-dragon  comme 
astringent  dans  ladyssenterie,  les  hémorragies  et  les  ulcères 
internes  ;  mais  il  a  besoin  d'être  administré  par  une  main 
exercée  ,  car  son  usage  est  dangereux.  Appliqué  extérieure- 
ment ,  il  dessèche  les  ulcères ,  procure  une  prompte  cica- 
trisation aux  plaies,  raffermit  les  gencives;  les  opiats  sont 
souvent  colorés  par  son  intermède ,  et  on  l'emploie  dans 
certains  vernis,  (b.) 

SANG-DE-DRAGON.  Nom  vulgaire  de  la  Patieî^ce 
SANGUINE  aux  environs  d'Angers,  (b.) 

SANG  DES  MARAIS.  C'est  1' Agaric  scarlatin  de 
BuUiard ,  que  Paulet  a  figuré  de  nouveau,  pi.  io6  de  son 
Traité  des  champignons.  Il  ne  paroît  pas  dans  le  cas  d'être 
mangé.  On  le  reconnoît  à  sa  couleur  de  sang,  à  son  pédi- 
cule contourné,  et  à  sa  grandeur,  au  plus  de  deux  pouces,  (b.) 

SANGA.  Arbre  d'Amboine  qui  est  figure  par  Rumphius, 
mais  dont  les  caractères  sont  imparfaitement  connus  des  bo- 
tanistes. Il  paroît  se  rapprocher  des  Hernandies.  C'est  lui 
qui  fournit  le  vernis  noir  des  Chinois.  Ses  émanations  pas- 
sent pour  vénéneuses,  (b.) 

SANGAM  BOUTILLE.  Ngra  du  Guêpier  à  Malimbe. 

(y) 

SANGENON.  Pline,  en  traitant  des  opales,  fait  re- 
marquer que  quelques  personnes  distinguent  des  opales,  les 
pierres  que  les  Indiens  nomment  sangenon.  Elles  nous  sont 
inconnues,  (ln.) 

SANGIUS.  On  voit  figurée  sous  ce  nom, dans  Rumphius, 

la   SlALITE  DENTELÉE.  (B.) 

SANGLIER.  Poisson  du  genre  Capros.  (b.) 

SANGLIER  {Susaper,  Sus  férus).  Mammifère  de  Tor- 
dre des  Pachydermes  et  du  genre  Cochon.  F.  ce  dernier 
mot.  (desm.) 

SANGLIER  D'AFRIQUE.  V.  l'article  Phascochœre, 

(desm.) 

SANGLIER  D'AMÉRIQUE.  Des  voyaj^eurs  et  des  na- 
turalistes ont  donné  ce  nom  aux  deux  espèces  du  genre  Pé- 
cari, (desm.") 

SANGLIER  DU  BRÉSIL.  F.  Pécari,  (desm.) 

SANGLIER  DU  CAP  VERT.  F.  Phascochœre  d'A- 
frique, (desm,) 

Sy's^NGLÎEH  D  ETHIOPIE.  V.  Phascochœre  d'Afrn 

<iUE.  (DESM.) 


SAN  i37 

SANGLIER  HIDEUX.  Dénomînation  appliquée  par 
Dampier  au  Phascochœre  d'Afrique,  (desm.) 

SANGLIER  DES  INDES.  Brlsson  désigne  sous  celte 
dénomination  le  bahiroussa,  espèce  de  Cochon,  V.  ce  mot. 

(desm.) 

SANGLIER  DE  MAP AGASC  AR  (  Sus  laroatus ,  Fréd. 
Cuv.  ).  V.  l'article  Cochon,  tome  7,  page  292.  (desm.) 

SANGLIER  A  MAS  QUE.  V.  Sanglier  de  Madagas- 
car, (desm.) 
SANGLIER  DU  MEXIQUE.  V.  Pécari,  (s.) 

SANGLIER  DES  MOLUQUES.  C'est  le  babiroussa. 
V.  l'art.  Cochon,  (desm.) 

SANGRE  DE  DRAGO.  Nom  que  les  habitans  de  la 
Nouvelle-Grenade  donnent  au  Croton  A  feuilles  d'à 
BUTILON  ,    dont  le  tronc  laisse  couler  une  gomme  rouge. 

(B.) 

SANGRIA.  Boisson  dont  on  fait  fréquemment  usage  à 
Manille.  C'est  une  limonade  légère  dans  laquelle  on  met  du 
vin.  Elle  est  plus  agréable  et  plus  saine   que  le  Punch. 

SANGSUE,  Hiriido.  Genre  de  vers  aquatiques,  qui  a 
pour  caractères  :  un  corps  oblong,  mutique ,  très-contractile, 
ayant  les  deux  extrémités  susceptibles  de  se  dilater  en  un 
disque  charnu,  qui  se  fixe,  par  une  forte  succion,  comme 
une  ventouse  ;  une  bouche  triangulaire  ,  située  sous  l'extré- 
mité antérieure. 

Le  nom  des  sangsues  est  très-connu  par  le  fréquent  usaee 
que  la  médecine  fait  d'une  ou  deux  de  ses  espèces;  mais 
malgré  les  recherches  faites  dans  ces  dernières  années,  leur 
histoire  n'est  pas  encore  bien  connue. 

Le  corps  des  sangsues  est  composé  d'un  très-grand  nom- 
bre d'anneaux,  ou  mieux  de  muscles  circulaires  qui  servent 
à  former  les  divers  mouvemens  qui  leur  sont  propres.  Leur 
peau  est  plus  ou  moins  rude  ,  plus  ou  moins  tuberculeuse  > 
suivant  les  espèces;  mais  elle  paroît  toujours  lisse  au  tou- 
cher, parce  qu'il  en  transsude  une  humeur  visqueuse -desti- 
née à  faciliter  leurs  mouvemens.  Leur  tête,  dans  son  état  do 
contraction,  est  beaucoup  plus  pointue  qOe  leur  partie  pos- 
térieure ,  mais  l'une  et  l'autre  s'élargissent  également  lors- 
qu'elles veulent  se  fixer. 

La  bouche  des  sangsues  est  une  ouverture  triangulaire  , 
placée  au  fond  de  la  ventouse  antérieure.  Elle  est  armée  de 
trois  dents  très-aiguës  et  assez  fortes,  capables  de  percer 


:.ia  SAN 

jjon-sealemenl  la  peau  d'un  homme  ,  mais  encore  celle  d'un 
cheval  ou  d'un  bœuf.  C'est  un  inslruinenl  à  trois  tranchans, 
chacun  garni  de  soixante  denlicules.  Au  fond  de  la  bouche 
est  un  mamelon  très-apparent ,  d'une  chair  assez,  ferme  ,  qui 
sert  à  sucer  le  sang  qui  sort  de  la  triple  plaie  de  l'animal 
mordu.  Ensuite  se  présente  le  pharynx  dont  les  fibres  circu- 
laires et  robustes  rétrécissent  le  canal  et  déterminent  l'écou- 
lement, dans  l'estomac,  du  sang  qui  vient  d'être  pompé. 
Cet  estomac  est  formé  par  une  suite  de  poches  membraneu- 
ses ,  garnies  de  valvules,  dans  lesquelles  le  sang  peut  rester 
plusieurs  mois  sans  se  cailler.  Il  y  a  jusqu'à  vingt-quatre  de 
ces  poches  dans  les  sangsues  de  moyenne  grosseur  ;  mais  il 
paroît  que  leur  nombre  varie.  Comme  le  sang  d'un  animal 
quelconque  est  le  résultat  le  plus  pur  de  la  nourriture  qu'il 
a  digérée  ,  la  sangsue,  qui  se  l'approprie,  n'a  pas  besoin 
d'anus  ,  comme  les  autres  animaux  ,  pour  rejeter  une  partie 
jndigeslibic  ;  aussi  ne  lui  en  découvre-t-on  pas.  Il  est  pos- 
sible que  le  peu  de  parties  hétérogènes  qui  peuvent  se  trou- 
ver dans  ce  sang,  dit  Morand,  qui  a  publié  un  Mémoire 
sur  les  sangsues  ,  s'en  sépare  par  la  transpiration  et  forme 
même  la  matière  gluante  qui  se  voit  sur  la  peau  et  se  mon- 
tre en  filamens  noirâtres  dans  l'eau  où  on  conserve  ces  ani- 
maux. 

On  voit  dans  la  sangsue  ,  latéralement  sous  le  ventre  , 
deux  vaisseaux  longitudinaux  ramifiés,  ayant  un  mouvement 
de  systole  et  de  diastole.  Ils  distillent  une  liqueur  grise.  Au 
milieu  se  trouve  le  cordon  nerveux  ,  composé  de  vingt-trois 
t;.inglioiis  ,  et  de  chaque  côté  des  espèces  de  glandes  remplies 
«i'imi;  liqueur  limpide.  Ces  glandes  ont  plusieurs  petits  vais- 
seaux qui  vont  se  perdre  dans  le  corps  de  l'animal. 

Il  paroît  que  les  sangsues  respirent  par  la  bouche  ;  mais 
on  ne  connoît  pas  encore  ce  qui  leur  tient  lieu  de  poumons. 
La  plus  grande  partie  ont  des  yeux  dont  le  nombre  varie 
selon  les  espèces  ,  depuis  un  jusqu'à  huit  ;  cependant ,  il  en 
est  plusieurs  du  nombre  des  espèces  connues  ,  dont  les  yeux 
n'ont  pas  encore  été  observés. 

Les  sangsues  nagent  à  la  manière  des  anguillesj  ,  par  un 
mouvement  vermiculaire  ;  mais  elles  ont  cela  de  particulier  , 
de  faire  ce  mouvement  uniquement  de  bas  en  haut  ou  du  moins 
rarement  par  les  côtés.  Lorsqu'elles  veulent  marcher,  elles 
se  fixent  par  ladjparlie  postérieure  ,  s'allongent  en  devant , 
ensuite  elles  fixent  leur  bouche  ,  détachent  leur  partie  pos- 
térieure ,  se  contractent,  se  fixent  de  nouveau,  et  par  ces 
nmuvemens  toujours  répétés,  arpentent  (  c'est  le  mot  ),  avec 
une  assez,  grande  rapidité  ,  des  espaces  considérables. 

Lorsqu'on  coupe  une  sangsue  transversalement,  les  dei^x 


SAN  i39 

parties  séparées  ne  meurent  pas  sur-le-champ  ;  celle  où  se 
trouve  la  tête  vit  quelques  jours  de  plus  que  Tautre.  Si  la 
coupure  n'est  pas  complète  ,  c'est-à-dire  ,  qu'il  reste  encore 
un  filet  qui  unisse  les  deux  parties  de  l'animal,  il  soulève 
hors  de  l'eau  la  plaie  ,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  cicatrisée  de 
chaque  côté  ,  car  les  p-arlies  ne  se  réunissent  jamais. 

Il  paroît  que  les  sangsues  croissent  non-seulement  par  dé- 
veloppement ,  mais  encore  par  augmentation,  c'est-à-dire, 
que  les  vieilles  ont  un  plus  grand  nombre  d'anneaux  que  les 
jeunes. 

Les  sangsues  sont  hermaphrodites  et  vivipares.  Les  mâles 
et  les  femelles  ont,  selon  Rhédi ,  la  même  conformation 
dans  les  organes  de  la  génération  ,  que  les  limaçons  ;  on  veut 
dire  une  verge  ,  et  au-dessous  d'elle  ,  un  organe  femelle  , 
placés  tous  deux  sous  l'œsophage.  C'est  aux  premiers  jours 
du  printemps  ,  qu'elles  font  leurs  petits.  Comme  la  plupart 
sont  transparentes  ,  on  voit  quelquefois  ces  petits  ,  en  forme 
de  grains  ronds  ,  dans  leur  corps,  et  on  en  a  compté  jusqu'à 
soixaute-dix  dans  une  seule, 

Les  sangsues  se  trouvent  dans  les  eaux  douces  ou  salées, 
(belles  d'eau  douce  préfèrent  les  mares  et  les  étangs  où  il 
croît  une  grande  quantité  de  végétaux.  Elles  sont  fort  com- 
munes dans  toute  l'Europe,  cependant  moins  dans  la  partie 
méridionale.  Elles  paroissent  pouvoir  vivre  plusieurs  années  ; 
mais  ,  outre  les  causes  générales  de  destruction  auxquelles 
elles  sont  soumises  ^  telles  que  la  dessiccation,  et  surtout  la 
putréfaction,  pendant  les  clialeurs  de  l'été,  des  eaux  où  elles 
se  trouvent ,  ellesipnt  un  tré^rand  nombre  d'ennemis  qui 
les  poursuivent  continuellement  pour  s'en  nourrir.  Les  prin- 
cipaux sont  les  poissons  et  les  oiseaux  d'eau.  Un  très-grand 
nombre  de  larves  d'insectes  ,  et  même  d'insectes  parfaits, 
en  font  également  leur  proie.  Elles  se  détruisent  aussi  les 
unes  par  les  autres  ;  celles  qui  sont  à  jeun  ,  saignent ,  sans 
miséricorde  ,  celles  qui  sont  gorgées  de  nourriture ,  ainsi  que 
Vauquelin  et  autres  l'ont  observé. 

A  défaut  de  sang  ,  les^sangsues  sucent  les  larves  des  in- 
sectes, les  vers  et  autres  animaux  qui  se  trouvent  dans  les 
eaux  ,  habituellement  ou  par  accident.  Elles  peuvent  vivre 
plusieurs  mois  sans  manger.  Elles  passent  tout  l'hiver ,  et 
même  souvent  l'été  ,  lorsque  leur  domicile  se  dessèche,  en- 
foncées dans  la  boue  ,  sans  prendre  d'alimens. 

Le  sel  marin,  et  en  général  toutes  les  substances  salées 
et  acres  ,  font  mourir  les  sangsues,  et  ce  sont  ces  substances 
qu'on  doit  employer  de  préférence  pour  débarrasser  un 
homme  ou  un  animal  que  son  malheur  auroit  conduit  dans 
les  eaux  QÙ  elles  sont  abondantes;  car  lorsqu'on  cherche  à  les 


i4o  s  A  N 

arracher  de  force  ,  elles  laissent  presque  toujours  leur  tôle 
dans  la  plaie  ,  ce  qui  occasione  des  accidens  graves  ;  et 
lorsqu'on  les  coupe  en  deux ,  elles  laissent  couler  le  sang 
qu'elles  contiennent  ,  continuent  de  sucer  ,  et  produisent 
l'effet  d'une  hémorragie. 

^Les  sangsues  ne  sont  pas  toutes  également  propres  à  êire 
employées  en  médecine.  On  préfère  l'espèce  appelée  ojfi^ 
anale;  mais  il  n'est  pas  vrai  que  la  sangsue  noire  soit  veni- 
meuse. Elle  suce  seulement  avec  plus  de  force  que  celle 
qu'on  vient  d'indiquer.  On  doit  les  ramasser  de  préférence 
au  printemps  ,  les  conserver  dans  de  l'eau  pure  ,  qu'on  re- 
nouvelle fréquemment,  surtout  en  été.  Il  faut  leur  donner  de 
temps  en  temps  des  caillots  de  sang  ;  et  en  avoir  toujours  une 
certaine  quantité  dans  un  vase  particulier  ;  on  les  laisse  com- 
plètement jeûner,  pour  être,  par-là ,  prêles  à  être  employées 
au  besoin. 

11  y  a  quelques  années  que  les  papiers  publics  préconi- 
sèrent les  sangsues  comme  pouvant  indiquer  d'avance  le  beau 
et  le  mauvais  temps  ,  le  froid  et  le  chaud.  Un  curé  ,  qui  le 
premier  donna  l'éveil  à  cet  égard,  prélendoit  qu'une  sang- 
sue y  conservée  dans  un  bocal  sur  une  fenêtre  ,  restoit  au 
fond,  sans  mouvement,  lorsque  le  temps  devoit  être  serein 
et  beau  le  lendemain  ;  que  s'il  devoit  pleuvoir  avant  ou  après 
midi,  elle  montoit  à  la  surface  de  l'eau  ,  et  y  restoit  jusqu'à 
ce  que  le  temps  fût  revenu  au  beau;  que  quand  il  devoit  faire 
grand  vent ,  elle  parcouroit  son  bocal  avec  beaucoup  de 
vitesse,  et  ne  cessoit  de  se  mouvoir  que  lorsque  le  vent  com- 
mençoit  à  souffler  ;  que  lor:»ui'il  se  préparoit  une  tempête  , 
la  sangsue  restoit  constamment  hors  de  l'eau,  et  ce  ,  pendant 
plusieurs  jours  ,  paroissant  inquiète  et  agitée  ;  qu'elle  restoit 
constamment  au  fond  du  bocal ,  pendant  la  gelée  ,  contrac- 
tée autant  que  possible;  qu'enfin  ,  dans  les  temps  de  neige 
ou  de  pluie ,  elle  se  fixoit  à  l'embouchure  même  du  bocal ,  et 
s'y  tenoil  tranquille. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  que  l'influence  des  variations  de  l'at- 
mosphère n'agisse  sur  les  sangsuenj,  et  qu'une  partie  des  ré- 
sultats cités  ne  se  montre  souvent  ;  mais  il  n'y  a  pas  de 
doute  non  plus  qu'ils  sont  extrêmement  variables,  et  qui 
quatre  de  ces  animaux  mis  ensemble  en  expérience  ,  pré- 
sentent, la  plupart  du  temps,  chacune  une  indication  diffé- 
rente. Je  m'en  suis  personnellement  assuré. 

Il  existe  ,  dans  les  eaux  stagnantes  de  l'Egypte,  une  espèce 
de  sangsue  qui  est  si  petite  ,  lorsqu'elle  n'est  pas  gondée  , 
qu'on  la  compare  à  un  crin  de  cheval ,  de  quelques  lignes  de 
longueur.  Les  Français  qui  ont  fait  la  conquête  de  cette  con- 
trée ,  ont  éprouvé  des    hémorragies  et   d'autres  accidens 


SAN  i4i 

graves  ,  pour  en  avoir  avalé  en  buvant.  Elles  se  fixolent  fou- 
jours  à  l'entrée  de  la  gorge, dont  on  les  pouvoit  retirer  à  l'aide 
d'une  pince  à  polype.  Il  est  à  regretter  que  Larrey  ,  à  qui  on 
doit  cette  observation  ,  ne  nous  ait  pas  fait  connoître  cette 
espèce  de  sangsue  ,  par  une  description  et  un  dessin. 

On  connoît  quatorze  à  quinze  espèces  de  sangsues  ,  dont 
les  plus  importantes  à  indiquer  sont  : 

La  Sangsue  officinale  ,  qui  est  allongée  ,  noirâtre  ,  avec 
des  lignes  de  diverses  couleurs,  le  dessous  taché  de  jaune, 
point  d'yeux.  Elle  se  trouve  dans  les  eaux  stagnantes  et  pures, 
dans  toute  l'Europe.  V.  sa  figure  ,  pi.  P  lo. 

La  Sangsue  noire  ,  Hirudo  sanguisuga ,  Linn.  Elle  est  al- 
longée ,  noire  ;  en  dessous  ,  d'un  cendré  verdâtre  ,  avec  des 
taches  noires.  Elle  se  trouve  dans  les  eaux  stagnantes  et  va- 
seuses. 

La  Sangsue  vulgaire  est  allongée  ,  d'un  jaune-brun  , 
avec  huit  yeux  placés  en  demi-croissant.  Elle  se  trouve  dans 
les  eaux  des  marais. 

La  Sangsue  aplatie  est  large,  cendrée  ,  a  deux  rangs  de 
tubercules  sur  le  dos,  les  bords  dentelés  ,  et  six  yeux.  Elle 
se  trouve  dans  les  rivières  ,  sous  les  pierres.  Elle  est  com- 
mune dans  la  Seine.  Elle  diffère  des  autres  ,  en  ce  que  le 
disque  prenant  postérieur  n'est  pas  exactement  à  l'extrémité, 
mais  en  dessous  près  de  cette  extrémité.     • 

Duméril  a  observé  que  les  petits  de  cette  espèce  s'atta- 
choient  au  ventre  de  leur  mère ,  jusqu'à  l'époque  où  ils  pou-< 
voient  s'en  écarter  sans  danger. 

La  Sangsue  swampine  est  dilatée  ,  sillonnée  transversa- 
lement ,  rugueuse  sur  le  dos  ,  verte  variée  de  brun  ;  sa  têle, 
les  bords  du  corps  et  la  queue  sont  maculés  de  blanc  ;  le  des- 
sous est  gris-brillant,  et  elle  a  cinq  yeux.  Elle  est  figurée 
dans  V Histoire  naturelle  des  Vers,  faisant  suite  au  Buffon  ,  et 
pi.  P  lo  de  ce  Dictionnaire.  Elle  se  trouve  dans  les  ma- 
rais de  l'Amérique  septentrionale,    d'où   je  l'ai  rapportée. 

La  Sangsue  de  Ceylan  est  de  la  grosseur  et  de  la  lar- 
geur d'une  épingle  ;  sa  peau  est  rouge  et  tachetée  ;  elle  vit 
hors  de  l'eau  ,  et  se  fixe  sur  les  homme^t  les  animaux,  aus- 
sitôt qu'ils  se  reposent  dans  les  bois  ly^des.  Quelquefois, 
elle  a  fait  périr  des  soldats  endormi^i''€rest  un  des  grands 
fléaux  de  cette  île. 

On  voit  figurée  pi.  65  du  Voyage  du  capitaine  russe  Krusens- 
tern,  une  sangsue  jaune,  pointillée  de  rouge,  du  Japon,  qui 
est  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule  ,  lorsqu'elle  est  con- 
tractée. 

La  Sangsue  géo:^ètre  vit  dans  l'eau  douce  ,  sur  les  pois- 


,.42  s  A  N 

sons,  «îont  elle  suce  l'humeur  Iubréfian{<?.  Okcn  en  a  faij , 
avec  raison,  un  genre  particulier  ,  auquel  Blainville  a  appli- 
qué le  nom  de  Piscicole. 

La  Sangsue  de  l'Hippoglosse  ,  qui  se  fixe  sur  le  Pleu- 
RONECTE  FLÉTATS ,  et  probablement  sur  d'autres  poissons 
de  mer,  appartient  aujourd'hui  au  genre  Philline. 

Enfin,  les  Satsgsues  a  huit  yedx,  à  deux  yeux  et  autres, 
vivant  dans  les  eaux  douces  et  faisant  le  passage  des  sang- 
sues aux  planaires  véritables, forment  le  genre  Erpobdelle. 
La  Sangsue  muriquée  est  cylindrique,  et  son  corps  est 
couvert  de  tubercules.  Elle  se  trouve  dans  la  grande  Mer, 
sur  les  poissons. 

Cette  espèce,  et  trois. ou  quatre  autres,  constituent  aujour- 
d'hui le  genre  Pontobdelle. 

Le  genre  Trochette  se  rapproche  infiniment  de  celui-ci. 
On  trouve  dans  le  premier  volume  des  Actes  de  la  Société 
Linnécnne  de  Londres ,  la  description  et  la  figure  d'une  sangsue 
trouvée  sur  la  tortue  de  mer,  qui  a,  de  chaque  coté,  sept 
branchies  rameuses  fort  saillantes.  11  est  évident  que  l'on  doit 
en  former  un  genre  nouveau,  surtout  si  ce  sont  réellement 
des  branchies  ;  mnis  Menlzies,  l'auteur  de  ce  Mémoire,  n'en- 
tre pas  dans  des  détails  suffisans  pour  pouvoir  l'assurer  d'une 
manière  posiliye.  (b.) 

SANGSUE  VOLANTE.  Dénomination  tout-à-fait  im- 
propre,  appliquée   par   quelques-uns  àu  vampyre  ^  chauve- 
souris  du  genre  PiiYi.os'iOME  ,  parce  qu'il  suce  le  sang   des 
hommes  et  des  animaux,  (s.) 
SANGU.  V.  Halque.  (s.) 

SANGUEN(3.  Nom  vulgaire  italien  du  Cornouiller 
fiUlN,  selon  Césalpin.  (ln.) 

SANGUENH  O.  L'un  des  noms  de  I'Alaterne  ,  en  Por- 
tugal, selon  Clusius.  (i.N.) 

SANGUENIÏE,  On  appelle  ainsi  la  Santoline  blan- 
châtre aux  environs  d'Angers,  (b.) 
SANGUIN.  V.  Laitue,  (b.) 

SANGUIN.  Epithète  qu'on  donne  au  jaspe  qui,  sur  un 
fond  d'un  vert  foncé,  présente  des  taches  d'un  rouge  de  sang. 
V.  Jaspe  et  KélioÀ)pe.  (pat.) 

SANGUINAll|j(P,  5'rm^///«û/7</.  Plante  à  racine  épaisse, 
traçante  ;  à  hampe  unillore  ;  à  feuille  un  peu  épaisse  ,  glabre  ^ 
unique,  radicale,  lobée  en  cœur,  enveloppant  la  lige  dans  sa 
jeunesse. 

Cette  plante  forme  un  genre  dans  là  polyandrie  mo- 
nogynie  et  dans  la  famille  des  papavéracées  ,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calice  de  deux  folioles  oblongues  ,  concaves 
et  très-caduques  ;  une  corolle  de  huit  pétales  oblongs  ;  ub 


^  A   N  ■        i-' 

gi-aiid  nombre  a  étamines  à  anthères  adiie'es  aux  filankcns  ;  ua 
ovaire  supérieur  à  style  très-court,  à  stigmate  capité  ,  sil- 
lonné et  persistant  ;  une  silique  ovale,  oblongue  ,  amincie  au 
sommet ,  bivalve  ;  à  valves  appliquées  contre  deux  monlans 
ou  nervures  filiformes  et  séminifères  de  chaque  coté. 

La  sanguinaire  se  trouve  dans  toute  l'Amérique  septentrio- 
nale. Elle  fleurit  au  commencement  du  printemps  ,  avant  le 
développement  complet  de  la  feuille,  et  s'élève  au  plus  à  six 
pouces.  Sa  fleur  est  blanche ,  assez  grande  ,  et  sa  racine 
rouge  ;  lorsqu'on  coupe  celte  dernière  ,  elle  laisse  flucr  une 
liqueur  d'un  rouge  jaunâtre  qui  est  éminemment  émétique  et 
purgative.  J'en  ai  observé  de  grandes  quantités  en  Caroline, 
dans  les  parties  dé  bois  semblables  à  celles  où  croissent  ici  la 
moscatelle  et  lapariseite,  c'est-à-dire,  dans  celles  où  le  terrain 
est  léger  et  un  peu  humide.  Qn  la  cultive  dans  les  jardins,  en 
Europe,  (b.) 

Sanguinaire  d'Allemagne.  On  donne  ce  nom  au  Sclé- 
RANTHE,  qui  nourrit  une  Cochenille  au  collet  de  sa  racine. 

.  ^  (B.) 

SANGUINALIS.  Sous  cenom  Pline  Indique  deux  plantes, 
qu'il  distinguepar  les  épithètes  de  mâle  et  de  femelle  ;  la  pre- 
mière est  la  Renouée  Pofygonum  aviculare  ;  et  la  seconde  , 
la  Pesse  d'eau  (  hippiiris  vulgaris).  V.  PolYGONON.  (ln.) 

SANGUINARIA.  {Sanguinaires).  Nom  donné  par  Illiger 
à  une  famille  de  mammifères  ,  qui  se  rapporte  à  celle  de  nos 
carnassiers  digitigrades,  (desm.) 

SANGUINARIA.  L  on  a  donné  ,  autrefois  ,  ce  nom  au 
panicum  sanguinale  ,  L.  ,  et  an  géranium  robertianum.  Chez  les 
anciens  ,  il  étoit  à  la  fois  un  de  ceux  du  bursa  pasioris  ,  du 
coronopus  et  d'un  polygonuni ,  V.  ce  mot ,  c'est-à-dire ,  du 
thiaspi  bourse  à  pasteur,  du  plantain  corne  de  cerf,  et  de 
la  renouée.  Dillen  l'a  donné  ensuite  à  utie  plante  de  l'Amé- 
rique septentrionale  que  Sarrazin  nommoit  be/harnosia. 
Cette  plante  est  devenue  le  type  d'un  genre  auquel  Tourne- 
fort  et  Adanson  ont  conservé  ce  dernier  nom  ;  mais  Lin- 
«^us  ,  qui  a  fait  la  loi ,  a  préféré  le  premier.  V.  Sangui- 
naire, (ln.) 

SANGUINE.  Hématile  en  masse  solide  et  compacte,  sou- 
vent composée  d'un  assemblage  défrayons  dirergens,  étroite- 
ment unis  eilSemble.  On  en  fait  des  crayons  et  des  brunis- 
soirs :  elle  est  aussi  connue  sous  le  nonî  Aeferret  d'Espagne. 
V.  Fer  oligiste  et  Fer  oxydé  an  maximum,  (pat.) 

SANGUINELLA.  Les  Italiens  ont  donné  ce  nom  aa 
panicum  dactylon  ,  dont  Gleichen  avoit  fait  un  geure  parti- 
culier sous  ce  même  nom  ,  et  qui ,  depuis ,  a  été  appelé  ca- 


i44  S  A  N 

priola  par  Adanson  ,  et  digiiariapar  les  botanistes  modernes. 

(LN.) 

SANGUINELLË.  Nom  du  Cornouiller  sanguin,  (r.) 

SANGUINEN.  F.  Sagoin.  (desm.) 

SANGUINOLAIRE  ,  Sanguinolaria.  Genre  de  testacés 
de  la  famille  des  Bivalves  ,  établi  par  Lamarck  aux  dépens 
des  Solen  de  Linnaeus.  Il  comprend  les  espèces  dont  la  co- 
quille est  transverse  ,  avec  lebord  supérieur  arqué  ,  les  deux 
tîxtrémilés  un  peu  bâillantes,  et  deux  dents  cardinales  arti- 
culées et  rapprochées  sur  chaque  valve. 

Ce  genre  a  pour  type  le  solen  sanguinoîaire ,  et  le  solen 
golar,  figuré  ,  avec  l'analomie  de  son  animal ,  pi.  12  de  l'ou- 
vrage de  Poli ,  sur  les  testacés  des  mers  des  Deux-Slciles, 
Cet  animal  diffère  de  celui  des  solens,  en  ce  que  ses  siphons 
sont  Inégaux  en  longueur  comme  en  grosseur  ,  et  surtout  en 
ce  qu'ils  sont  séparés.  Les  uns  et  les  autres  ne  font  pas  moins 
partie ,  selon  Poli ,  du  genre  Hypogée. 

La  Sanguinolaire  de  Hollowai  est  une  espèce. fossile 
d'Angleterre, qui  est  figurée  pi.  iSg  de  la  Conchyliologie  mi- 
nérale de  ce  pays ,  par  Sowerby.  (b.) 

SANGUINOLE.   Espèce  de  Pêche,  (b.) 

SANGUINOLENT.  Poisson  du  genre  Spare.  (b.) 

SANGUIS  TELLURE  L'un  des  noms  que  les  Mages  ou 
les  prêtres  de  l'antiquité  ont  donnés  au  strah'otes  des  marais  , 
décrit  par  Dioscoride  ,  qui  paroît  être  le  pisiia  stratioles  ,  L. 

Sanguis  apocathémènes.  Chez  les  anciens,  c'étoit  l'un 
des  noms  de  la  plante  nommée  par  Dioscoride ,  lychnis  sie- 
phanomuticè.  V.  Lychnis. 

Sanguis  crocodili  des  Mages.  C'est  le  léontopodion  des 
Grecs. 

Sanguis-draconis  herba.  Gesner  donne  ce  nom  à  la  pa- 
iience  sanguine  ,  Rumex  sanguineus  ,  L. 

Sanguis-draconi*.  V.  Sang-de-dragon. 

Sanguis  febris.  L'un  des  noms  du  ricinus  des  anciens, 
espèce  de  plante.  V.  Ricinus. 

Sanguis  herculis.  C'étoit ,  chez  les  anciens,  un  nom 
donné  à  leurs  deux  Centaurium. 

Sanguis  hominis.  Les  Mages  ont  désigné  ainsi  Yartemisia 
des  anciens  ,  ou  armoise. 

Sanguis  ibidis.  Les  mêmes  philosophes  appeloient  ainsi 
et  sanguis  iifojii,  les  batos  des  Grecs  ,  nos  RoNQ^S. 

Sanguis  ixionis.  Synonyme  de  marrubium  nigrum  ,  chez 
les  anciens.  V.  Marrubium. 

Sanguis  ma  rtis.  Cette  plante  des  Mages,  l'oiaron  des  Grecs 
paroît  être  notre  Cabaret,   Asarum  europœum. 

Sanguis  mjercurii.  Le  verbena  des  anciens  étoit  aussi  dési- 


SAN  «45 

gné  par  ce  nom  ,  et  celui  de  sanguis  miisteîœ  ,  chez  les  Ro- 
mains. 

SAivGris  MINERVE.  C'est  la  même  plante  que  le  chamœpitys 
de  Pline  ,  dans  le  langage  figure  des  Mages. 

Sanguis  oculi  des  Mages.  C'étoit  la  plante  que  Pline 
et  Dioscoride  ont  appelée  anagnllis ,  et  qui  ne  nous  est  pas 
bien  connue. 

Sanguis  titani.  Le  laduca  ,  le  sideritls  et  le  ruhus  des  an-- 
ciens,  recevoient  tous  trois  le  nom  de  sanguis  tilont   (ln.) 

S/\.NGITISORBA,Nom  sous  lequel  autrefois  on  a  de'crit 
deux  plantes,  \e  sanguisorba  ufJicînuUsci  ie  paien'iun  sanguisorba. 
Il  est  celui  d'un  genre  qui  contient  la  première  plante.  V, 
Sanguisorbe  et  Pimpinella.  (ln.) 

SANGUISORBE,  Sanguisorba.  C&nvt  à&  plantes  de  la 
tétrandrie  digynie  et  de  la  famille  des  rosacées  ,  qui  a  de 
très-grands  rapports  avec  les  pimpreuelles,  et  qui  semble 
devoir  leur  être  réuni,  d'après  Tournefort  et  (isertner,  et 
surtout  d'après  l'ensemble  de  leurs  caractères.   V.  au  mot 

PlMPRENELLE. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  les  sanguisoY-bes  ont  un  calice  coloré  à 
cinq  divisions  ,  muni  à  sa  base  de  doux  écailles  ;  point  de 
corolle  -,  quatre  étamines;  deux  ovaires  inférieurs  à  slyle  ter- 
miné par  un  stigmate  simple,  et  très-court  (quelques  au- 
teurs n'en  mettent  qu'un  ,  parce  que  l'autre  avorte  ordinai- 
rement) ;  deux  semences  contenues  dans  le  calice  ,  qui  res- 
semble à  une  capsule. 

Ce  genre  renferme  des  herbes  vivaces  à  feuilles  alternes , 
ailées,  avec  impaire  ,  à  folioles  opposées  ,  pétiolées  ,  ac- 
compagnées souvent  de  stipules ,  et  à  fleurs  disposées  en  tête 
sur  de  longs  pédoncules  axillaires  et  terminaux. 

On  en  compte  trois  espèces  ,  dont  la  plus  importante  à 
connoître  est  la  Sanguisorbe  officinale,  qui  est  vivace  , 
s'élève  d'un  à  deux  pieds  ,  et  a  les  épis  ovales.  On  la  trouve 
dans  toute  l'Europe  ,  aux  lieux  secs,  sur  les  montagnes  pier- 
reuses. C'est  proprement  la  pimprenelle  ,  c'est-à-dire  ,  la 
plante  à  laquelle  tous  les  auteurs  français ,  autres  que  les 
botanistes  ,  appliquent  ce  nom. 

La  sanguisorbe  ou  la  pimprenelle  a  un  goût  salé  ,  herbacé, 
et  passe  pour  détersive,  vulnéraire,  apéritive.  On  l'applique 
fraîche  et  pilée  sur  les  plaies ,  et  sèche  et  pilée  sur  les  ulcères. 
On  emploie  son  infusion  ou  sa  décoction  pour  fortifier  l'es- 
tomac, guérir  les  diarrhées  ,  et  celle  de  sa  racine  pour  rap- 
peler le  cours  des  urines. 

La  pimprenelle  se  met  ordinairement  dans  les  salades  , 
surtout  dans  celles  de  laitues  qu'elle  empêche  d'incommoder 
les  estomacs  foibles.  On  la  joint  aux  autres  plantes  destinées 

XXX.  10 


i{6  S  A  N 

aux  bouillons  d'herbes.  Les  moutons,  les  bœufs  et  les  vaches 
la  mangent  avec  avidité.  Les  chevaux  la  refusent  d'abord; 
mais  quand  on  les  y  a  accoutumés  peu  à  peu,  ils  ont  beau- 
coup de  peine  à  la  quitter.    , 

(3n  cultive  la  pimprenelle  dans  les  jardins  pour  l'usage  de 
la  table  ,  et  dans  les  champs  pour  servir  de  fourrage. 

Lesjardiniersdistinguent  lapetite  et  lagrande  pimprenelle  , 
et  ils  préfèrent  la  première,  qui  n'est  qu'une  simple  variété 
de  l'autre.  Us  la  sèment  dans  toutes  les  saisons,  en  bordure 
ou  en  planche,  après  avoir  labouré  avec  la  bêche.  Si  on  n'a 
pas  de  graine  ,  on  sépare  tous  les  brins  d'un  vieux  pied  ,  et  on 
les  transplante  séparément.  Peu  de  plantes  sont  aussi  vivaces 
et  résistent  davantage  à  toutes  les  intempéries  des  saisons;  on 
n'a  d'autre  précaution  à  prendre  à  son  égard  que  de  couper 
fréquemment  les  feuilles,  afin  qu'il  y  en  ait  toujours  de  tendres 
ou  de  prèles  à  être  employées.  Lorsqu'on  veut  de  la  graine  , 
on  en  laisse  monter  quelques  pieds. 

C'est  en  Angleterre  qu'on  a  commencé  à  donner  une  cé- 
lébrité à  la  pimprenelle  ,  relativement  à  la  nourriture  des 
bestiaux.  L'expérience  d'une  grande  quantité  d'agriculteurs  , 
depuis  plus  de  soixante  ans  ,  a  parfaitement  démontré  son 
utilité  comme  fourrage  d'hiver. 

Une  pièce  de  terre,  semée  au  printemps,  peut,  l'hiver 
suivant ,  être  broutée  deux  ou  trois  fois  ,  pourvu  que  le  froid 
ne  soit  pas  trop  intense  ,  et  successivement  chaque  hiver  pen- 
dant plusieurs  années ,  et  ce  ,  sans  nuire  aux  récoltes  de  l'été. 
Mais  la  pimprenelle  ne  doit  pas  pour  cela  être  préférée  au 
sainfoin,  et  encore  moins  à  la  luzerne  et  au  trèOe,  car  les 
récoltes  qu'elle  fournit ,  pendant  l'été  ,  sont  de  beaucoup  in- 
férieures à  celles  que  donnent  ces  trois  plantes  ,  surtout  dans 
un  bon  terrain. 

La  pimprenelle  est  une  plante  des  pays  calcaires  et  monta- 
gneux. C'est  donc  dans  ces  sols,  où  les  plantes  précitées  ,  Me 
peavent  pas  venir  avec  succès,  principalement  dans  ceux  où  la 
terre  est  si  maigre  qu'on  est  obligé  de  la  laisser  reposer  plu- 
sieurs années  de  suite,  qu'il  devient  très-avantageux  de  l'intro- 
duire. Dans  de  tels  cantons  ,  on  devra  donc  faire  plusieurs 
labours  immédiatement  après  la  levée  de  la  récolte,  et  y 
semer  de  la  pimprenelle  ;  on  aura  ,  pendant  deux  ou  trois  ans , 
de  bons  pâturages  d'hiver  et  des  récoltes  d'été  au  moins  suf- 
fisantes pour  dédommager  des  frais  de  culture  ainsi  que  des 
impositions,  et  de  plus  la  terre  s'améliorera. 

Si  on  a  dans  ses  possessions  des  terrains  rocailleux  où  le 
bois  ne  peut  pas  venir ,  des  friches  ou  des  landes  enfin  ,  ou 
fera  bien  de  renmer  la  terre  partout  où  cela  sera  possible , 
et  d'y  semer  de  la  pimprenelle.  Par  ce  moyen  ,  et  avec  là 


s  A  N  i47 

précaution  de  ne  mener  le  troupeau  que  successivement  sui 
chaque  pièce  de  terre  ,  on  peut  doubler  le  nombre  de  ses 
bêtes  sans  augmenter  sa  dépense.  La  végétation  ,  on  le  ré- 
pète ,  n'est  interrompue  dans  celte  plante  que  pendant  les 
gelées.  Elle  se  conserve  pendant  les  plus  grandes  chaleurs 
dans  les  cantons  méridionaux  de  la  France,  et  c'est  principa- 
lement là  qu'il  devient  le  plus  important  de  l'introduire, 
parce  que  les  bestiaux  y  manquent  généralement  de  nourri- 
ture dans  le  fort  de  l'été. 

On  ne  doit  pas  laisser  mûrir  la  graine  de  la  pîmprenelle 
destinée  à  faire  du  fourrage.  Il  faut  la  couper  au  moment  de 
la  floraison  :  c'est  l'époque  à  laquelle  elle  contient  le  plus 
de  suc,  et  où  elle  conserve  le  plus  de  saveur  après  sa  dessic- 
cation. 

Les  deux  autres  espèces  de  pimprenelles  viennent  du  Ca- 
nada ,  et  sont  employées  dans  ce  pays  comme  fourrage  par 
quelques  agriculteurs.  Elles  diffèrent  peu  de  la  précédente. 

(B.) 

SANHIA.  V.  Pie  bleue  de  la  Chine,  (v.) 

SA  NHON.  C'est  le  nom  d'une  espèce  à^amome  (^amo- 
mum  villosum  ,  Lour.  )  ,  qui  croît  en  Cochinchine,  et  qui  n'y 
est  pas  cultivée  ,  quoique  ses  graines  ,  appelées  gui-nhon  et 
phu-yen  ,  soient  avidement  enlevées  par  les  marchands  de 
Chine  ,  à  cause  du  grand  usage  qu'on  en  fait  dans  la  méde- 
cine chinoise.  Celte  plante  est  le  globba  crispa^  Rumph. , 
Amb.  II  ,  t.  6i.  (ln.) 

SANICLE ,  Sanicuîa.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
digynie,  et  de  la  famille  des  ombellifères,  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  :  les  ombellules  ramassées  en  tête  ;  des  fleurs 
presque  sessiles,  et  celles  du  centre  mâles  ;  un  calice  presque 
entier;  une  corolle  de  cinq  pétales  entiers,  courbés  à  leur 
sommet;  cinq  étamines;  un  ovaire  inférieur,  ovale,  hispide, 
surmonté  de  deux  styles  à  sigmates  aigus  ;  deux  semences 
ovales  ,  aiguës,  acuminées  par  le  style  ,  hérissées  et  réunies. 

Ce  genre  renferme  quatre  plantes  vivaces,  à  feuilles  pal- 
mées ou  digitées  ,  et  à  tiges  peu  rameuses  ,  dont  une  appar- 
tient à  l'Europe  ,  et  deux  à  l'Amérique  septentrionale. 

Celle  de  l'Europe  a  les  feuilles  radicales  simples  et  tous 
les  fleurons  sessiles.  Elle  se  trouve  dans  tous  les  bois  monta- 
gneux et  couverts ,  dont  le  terrain  est  gras  et  humide.  Elle 
reste  verte  toute  l'année ,  et  s'élève  à  environ  un  pied.  Elle 
a  un  goût  amer ,  et  passe  pour  astringente  et  détersive.  On 
l'emploie  en  décoction  pour  arrêter  les  hémorragies,  les 
dyssentcries  ,  et  contre  les  hernies  ;  on  la  prend  en  infusion 
théiforme  pour  les  pertes  et  les  maux  de  gorge. 

Dans  quelques  cantons ,  on  donne  ^  sous  le  nona  à^herbe  du 


1^8  SAN 

défaut ,  la  mnicle  aux  vaches  qui  viennent  de  vêler  ,  pour  leur 
faire  rendre  l'arrière-faix.  (b.) 

SANICLE  FEMELLE.  C'est  I'Astr^nce.  T.  ce  mot.(B.) 
SANICLEDE  MONTAGNE.  C'est  la  Benoîte,  (b.) 
SANICULA.  Sans  doute  du  verbe  latin  ,  sanare  ,  guérir  ; 
parce  que  la  plante  nommée  ainsi  chez  les  anciens  servoit 
à  guérir  les  blessures.  Pline  ne  fait  que  la  nommer.  Il  ne 
faut  pas  croire  que  ce  soit  noire  sanicle  (  sam'cula  europœa  , 
L.  ).  Celle-ci  est ,  dît-on  ,  le  quinquefoUum  de  Pline , 
et  peut-être  la  troisième  espèce  des  sideritis  de  Diosco- 
ride  ,  suivant  F.  Columna.  Elle  est  le  sanir.ula  ou  diapensia 
des  premiers  botanistes  modernes.  Ceux-ci  nommoient  aussi 
samcula  alpina  ou  montana  ,  diverses  espèces  de  primuîa  ^  de 
saxifraga  ,  de  pingulcida ,  le  verbascum  myconi ,  le  curthusa  Mat- 
ihioU ,  etc.  Plukenet  augmenja  le  nombre  des  plantes  dési- 
gnées par  sanicula^  en  appliquant  encore  ce  nom  à  V androsace 
carnea ,  à  Varetia  vilaliana  ,  à  Yheuchera  americana  ,  au  saxi- 
fraga pensyhanka  ,  etc. ,  et  Dodart  au  milella  diphylla. 

Tournefort  et  Adanson  pensoient  que  notre  sanicle  est  la 
sanîcida  de  Pline ,  et  ils  ont  fait  de  cette  plante  le  type  du 
genre  sanîcula.  Moench,  jugeant  différemment ,  l'appelle  péri- 
cardium.  Rafinesque  rapporte  le  sanicula  marylandica  à  son 
genre  trirlinum. On  avoit  joint  à  ce  genre  le  cachrys  crithmifolia y 
mais  Hoffmann  en  a  fait  le  genre  rumea.  (ln.) 

SANIDIN.  M.  Nose  a  donné  ce  nom  à  un  feldspath  à 
tissu  plus  vitreux  que  le  feldspath  ordinaire ,  et  qui  se 
trouve  disséminé  dans  le  porphyre  (volcanique  )  argileux, 
du  Drachenfels ,  et  dans  les  roches  volcanisées  qu'on  trouve 
sur  les  bords  du  lac  de  Laach.  Il  a  été  analysé  par  Klaproth, 
et  nous  en  avons  traité  à  l'article  du  feldspath  adulaire 
vitreux,  (lu.) 

SANILUM.  Les  Egytiens  appeloient  ainsi  le  scammonia 
des  Grecs.   V.  ce  mot.  (ln.) 

SANKI.  Nom  de  la  Tortue  de  terre  ,  au  Japon,  (b.) 

SAN-KIAN.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  au  Balisier  des 
Indes  {canna  indica  ),  qui  y  croît  spontanément,  (ln.) 

SANKIRA.  Plante  du  Japon  ,  qui ,  dit-on  ,  est  fameuse 
dans  ce  pays ,  par  les  vertus  de  sa  racine.  Sa  tige  est  ram- 
pante et  garnie  de  vrilles  ;  ses  feuilles  sont  arrondies  ;  ses 
fleurs  sont  jaunâtres,  et  ont  six  pétales  et  six  étamines.  Ses 
fruits  sont  des  baies  sèches,  de  la  grosseur  d'une  cerise  ,  qui 
contiennent  cinq  ou  six  graines  lenticulaires.  On  ne  trouve 
pas  dans  l'hexandrie  de  la  Flore  du  Japon  ^  de  Thunberg  ,  de 
plante  à  qui  cette  description  convienne.  Poirét  pense  que 
ce  peut  être  une  Salsep.\reille.  (b.) 


SAN  i^îj 

SANKITS.  C'est  un  des  noms  donnés  ,  au  Japon ,  au 
hiadhia  japonka  ^  Thunb.  (ln.) 

SAN  LAY.  Nom  chinois  du  Galanga  (  Kœmpferia  ga- 
ianga).   (ln.) 

S  AN-LE  A  O-T  AU.  Nom  donné,  parles  Chinois,  à  une 
plante  grimpante  {derris  scandens,  Lour.  ),  qui  croit  dans  les 
bois  de  la  province  de  Canton,  (lm.) 

SAN  LIEO-HOA.  Les  Chinois  donnent  ce  nom  à 
I'Enkiante  biflore  de  Loureiro  ,  et  celui  de  isian-lsimg-hoa , 
à  TEnkiamte  quinquéflore.  Ces  deux  plantes,  admirables 
par  la  beauté  de  leurs  fleurs,  mais  sans  odeur ,  ornent  les 
appartemens  des  gens  riches  ,  qui  en  ont  des  bouquets  qui 
se  conservent  long-temps  dans  des  vases  de  porcelaine 
pleins  d'eau.  (LN.) 

SAN-LIM-MA.  Les  Chinois  donnent  ce  nom  à  une 
herbe  qu'ils  cultivent,  et  dont  la  tige,  bouillie  avec  de  la 
chauK  ,  produit  une  filasse  qui  devient  blanche  par  son  expo- 
sition au  soleil,  et  avec  laquelle  on  fait  de  la  toile.  Cette 
plante  est  la  Corète  capsulaire  {corclioms  capsularls).  (ln.) 
SAN-MARTI,  AoussEL  bert,  Arnié.  Noms  du  Martin- 
pécheur  d'Europe,  dans  le  département  de  l'Aude,  (desm.) 
SANNAIRÔLO  ou  SAMSURO.  La  Sangsue  en  lan- 
guedocien, (desm.) 

SANOANG-MATAN-NAHOUROU.    Espèce  d'As- 
perge  rampante  ,  de  Madagascar,    (b.) 

SANPIERÉ.  Le  Zée  porte  ce  nom  à  Marseille,  (b.) 
SANQUALIS.  Cet  oiseau ,  dit  Pline ,  est  le  sujet  d'un 
grand  débat  entre  les  augures  romains.  Quelques  uns  pensent 
que  c'est  le  petit  de  V orfraie  ;  d'autres  ,  que    c'est  Voifraie 
nicme  (  Lib.  x,  chap.  7).  (s.) 

SANS AR AI.   Espèce  de  canard  d'Egypte.  V.  Canard» 

(desm.) 
SANSAT.   Nom  donné  ,  par  les  Chinois ,  à  une  espèce 
de  Cacalie  (^cacaUa  bulbosa  ,  Lour.  )  ,  qu'ils  ertiploient  en 
médecine,  comme  émollienle,    réfrigérante  et  résolutive, 

(LN.) 

SANSEVIERE,  Sansevtera.  Genre  de  plantes  établi  par 
Thunberg ,  dans  l'hexandrie  monogynie.  Ce  genre  ,  qui  est 
le  même  que  le  Salmle  de  Cavanilles  ,  le  Carludovique 
de  Ruiz  ,  et  le  Liriope  de  Loureiro  ,  a  pour  caractères  :  une 
corolle  monopétale  à  tube  filiforme  et  à  limbe  de  six  parties 
recourbées  ;  six  étamines  insérées  au  limbe  ;  un  ovaire  supé- 
rieur, surmonté  d'un  style  simple  ;  une  baie  monosperme. 

Ce  genre  comprend  trois  espèces  ,  dont  deux  faisoient 
partie  des  Aletris  de  Linnaeus  ,  et  ont  été  figurées,  par  les 
botasiistes  du  dernier  siècle,  comme  faisant  partie  des  û/ûès« 


i5o  S  A  N 

La  plus  connue  de  ces  espèces  est  la  Sansevière  de  Cey- 
LAN,  qui  a  les  feuilles  un  peu  charnues  ,  linguiformes  ,  d'un 
vert  noirâlre  ,  variées  de  lignes  transverses  blanches ,  et  les 
fleurs  en  épis  sur  une  hampe  à  peine  plus  longue  que  les 
feuilles.  On  la  cultive  dans  les  jardins  de  Paris ,  mais  elle  y 
fleurit  rarement,  (b.) 

SAN-SI-TSAO.  Nom  chinois  du  gaura  chinensis,  Lour., 
plante  qui  croît  aux  environs  de  Canton,  (ln.) 

SANSOGNO.  Mot  languedocien,  qui  signifie  cornemuxe. 
Il  est  aussi  employé  pour  désigner  \ç,  fanon  des  bœufs  ^  et  les 
barbes  ou  caroncules  charnues  qui  pendent  sous  la  tête  ou 
le  menton  du  coq.  (desm.) 

SANSONiNET.   V.  Étourneau.   (v.) 

SANSOUGNES  ou  PENDILS.  En  Languedoc,  on 
donne  ce  nom  aux  appendices  charnues  ,  couvertes  de  poils  , 
de  la  longueur  et  de  la  grosseur  du  petit  doigt ,  qui  pendent 
sous  la  gorge  de  quelques  chèvres  ou  brebis,  (desm.) 

SANSOVINIA,  de  Scopoli.  Ce  genre  fondé  sur  le  sla- 
phylea  indica  (  Burm. ,  Ind.  tah-  24  ,  t.  2  )  ,  est  Varjuilicia  sam- 
Surina ,  L.,  réuni  maintenant  au  genre  Léea.  (ln.) 

SANSTACHE,  Poissons  des  genres  SalmoneciMurène. 

(B.) 

SANSURO.   F.  SANNAIROLO.  (desm) 

SANT.  Nom  arabe  ,  de  la  Sensitive  du  Nil  (  Mimosa. 
Tiilotica  ,  L.  )  ,  qui  se  trouve  dans  toute  l'Egypte.  Ses  fruits 
sont  nommés  garad.  En  Arabie,  cet  arbre  porte  les  noms  de 
hory  et  de  goouy  {djoouy).  V.  Delil. ,  Egypte,    (ln.) 

SANTAL.  Nom  qu'on  donne  ,  dans  le  commerce ,  a  trois 
sortes  de  bois  qui  nous  sont  apportés  des  Indes.  On  distingué 
le  santal  blanc  ^  le  santal  citnn  et  le  santal  rouge  ;  l'arbre  qui 
fournit  ce  dernier,  est  le  Ptérocarpe  santalin;  les  deux 
autres,  selon  Paul  Hermann,  sont  tirés  d'un  même  arbre,  ap- 
pelé sarcandapâr  les  Indiens,  et  santalin  par  lesbotanistes. 
(F.  le  mot  suivant).  Il  croît  aux  Indes  orientales  ,  principale- 
ment dans  le  royaume  de  Siam ,  et  dans  les  îles  de  Timor 
et  de  Solor.  L'aubier  est  le  santal  blanc,  et  la  substance  inté- 
rieure, le  boisproprement  dit,  est  le  santal  citrin.  L'arbre  sur- 
canda  s'élève  à  la  hauteur  d'un  noyer,  et  se  garnit  de  feuilles 
ailées,  imitant  celles  du  lentisque  ;  ses  Heurs  sont  d'un  bleu 
noirâtre,  ses  fruits  ou  baies,  gros  comme  une  cerise, 
d'abord  verts  et  ensuite  noirs  à  l'époque  de  leur  maturité  ; 
quoique  insipides  ,  ils  sont  mangés  avec  beaucoup  d'avidité 
par  les  oiseaux. 

Le  santal  citrin  est  un  bois  pesant,  compacte  ,  ayant  des 
fibres  droites  qui  ie  rendent  facile  à  fendre  en  petites  plan- 


s  A  N  i5ï 

ches  ;  sa  couleur  est  d'un  roux  pâle  ,  sa  saveur  .iroînatique  et 
mêlée  d'une  petite  amertume  qui  n'est  point  désagréable  ; 
son  odeur  semble  être  un  mélange  de  musc  ,  de  cilron  et  de 
rose. 

Le  santal  blanc,  figuré  pi.  218  de  ce  Dictionnaire 
(  V.  l'article  suivant  )  ,  ne  diffère  du  précédent  que  parce 
qu'il  a  une  couleur  plus  pâle  et  une  odeur  plus  foible.  Les 
parfumeurs  emploient  ces  bois';  comme  ils  sont  fort  cbers  et 
fort  rares  ,  on  leur  en  substitue  quelquefois  d'autres  ,  tels 
que  le  Bois  citron,  le  Bois  de  jasmin,  etc.  V.  ces  mots. 

Le  santal  rouge  est  un  bois  solide  ,  dense  ,  pesant ,  à 
fibres  tantôt  droites  ,  tantôt  ondées  et  imitant  les  vestiges 
des  nœuds;  il  n'a  aucune  odeur  manifeste  ,  et  sa  saveur  est 
légèrement  astringente  et  austère.  Il  est  employé  dans  la 
teinture.  Quoiqu'il  ne  soit  pas  cber  ,  il  est  assez  rare  ,  et  on 
lui  substitue,  ou  le  bois  de  Campéche  ,  ou  le  bois  de  Brésil  ; 
mais  ces  bois  ,  le  dernier  surtout ,  sont  aisés  à  distinguer  du 
vrai  santal  rouge.  Le  hrésillet  a  une  couleur  rouge ,  comme 
lavée  de  jaune ,  tandis  que  le  santal  a  une  couleur  de  sano^ 
obscur;  la  saveur  du  hrésillet  est  un  peu  douce  ,  et  celle  du 
santal,   austère,  (d.) 

SANTAL.  Nom  de  la  Bourgène  purgative  dans  la  Si- 
bérie orientale,  (b.) 

SANTAL  FAUX.  On  donne  ce  nom,  dans  les  Indes,  à 
l'écorce  de  TAralie  a  grappes;  écorce  qui  s'y  substitue  au 
véritable  Santal,  pour  l'usage  de  la  médecine,  (b.) 

SANTALACÉES.  Famille  de  plantes  proposée  par  R. 
Brown.  Son  tvpe  est  le  Samtalin.  (b.) 

SANTALIN,  Santalum  ou  Sirium.  Grand  arbre  à  feuilles 
opposées,  pétiolées,  ovales,  oblongues,  glabres,  et  à  fleurs 
disposées  en  corymbes  sur  des  pédoncules  axlUaires  et  ter- 
minaux, qui  forme  un  genre  dans  latétrandrie  monogynie  et 
dans  la  famille  des  onagres. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  urcéolé  ,  per- 
sistant, à  cinq  divisions  pointues  et  ouvertes  ;  point  de  co- 
rolle :  quatre  écailles  ovoïdes  ,  un  peu  épaisses ,  barbues  , 
couronnant  l'entrée  du  calice  ,  et  alternes  avec  ses  divisions  ; 
quatre  étamines  velues;  un  ovaire  inférieur  couronné  d'un 
disque  convexe ,  à  style  filiforme  et  à  stigmate  trifide  ;  une 
baie  ovoïde,  couronnée  et  monosperme. 

Le  Santai.in  blanc,  figuré  pi.  P  11,  de  ce  diction 
naire,  croît  dans  les  Indes,  où  son  bois  brûlé  sert  à  parfumer 
les  temples  et  les  appartemens  des  riches.  Il  ne  sent  bon 
que  lorsqu'il  est  desséché.  C'est  lui  qui  fournit  le  santal  blanc 
du  commerce,  c'est  à-dire  un  bois  blanc  pesant  et  d'une 
adenr  agréable,  que  l'on  enoployoit  beaucoup  en  médecine 


i53  SAN 

il  y  a  un  siècle ,  mais  qui  est  tombé  en  discrédit  depuis  quel- 
ques années.  On  le  fait  cependant  encore  entrer  dans  plu- 
sieurs préparations  pharmaceutiques ,  telles  que  l'opiat  de 
Salomon,  la  confection  alkermès,  etc.  On  l'ordonne  aussi 
en  poudre  ou  en  infusion  pour  fortifier  l'estomac,  détruire 
les  aigreurs ,  faire  disparoître  les  obstructions  du  foie. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le  santal  citrin  n'est  que  le 
cœur  de  cet  arbre  ;  du  moins  Rumphius ,  Paul  Hermann  et 
autres  auteurs  le  disent  affirmativement. 

Le  santal  rouge  est  fourni  par  le  Ptérocarpe  santalin,  et 
l'est  peut-cire  également  par  le  Condori  a  graines  rouges. 

Quant  aux  santals  d'Amérique,  ce  sont  ou  des  BrÉSILLETS 
ou  le  bois  de  I'Erithale.  Ils  passent  pour  avoir  les  mêmes 
vertus  que  les  précédens,  mais  à  un  moindre  degré.  (B.) 

SANTALOÏDES.  Cet  arbre  de  Ceylan,  dont  Linnseus  a 
donné  le  premier  la  description  {^Zeyl.  4o8.) ,  forme  le  genre 
kalui^el  d'Adanson,  et  n'est  qu'une  espèce  de  connarus  (  C. 
santal oîdrs)  ^  selon  Vahl.   (lm.) 

S\NTALUM.  V.  Santal  et  Santalin.  (ln.) 

SAN-TA.U-CAN.  L'un  des  noms  que  le  Cytise  cajaN 
(cytisus  cajan^  L.)  porte  à  la  Chine,  (ln.) 

SANTENU.  Nom  brame  du  Pala  des  Malabares  ,  arbre 
du  genre  reropegia ,  selon  Adanson.  V.  Pala.  (ln.) 

SANTERNA.  Pline,  en  traitant  de  la  Chrysocoli.e,  ' 
nous  apprend  que  les  Latins  donnoient  le  nom  de  santerna  à 
«ne  chrysocolle  artificielle  qui  étoit  fort  propre  à  souder  Tor 
allié  à  l'argent.  Le  santerna  paroît  avoir  été  une  composition 
saline,  cuivreuse  ,  autant  qu'on  peut  en  juger  par  la  descrip- 
tion que  Pline  donne  de  la  manière  de  le  faire ,  qui  consistoit 
à  broyer  un  mélange  de  cuivre  rouillé  avec  du  nilre  dans  de 
l'urine  de  petits  enfans,  en  un  mortier  de  cuivre,  avec  un 
pilon  du  même  métal.  Les  auteurs  qui  ont  avancé  que  le 
5«H^<îr«rt  n'est  pas  le  borax^  nous  paroissent  avoir  pensé  juste. 

(LN.) 

SANTE.  Nom  vulgaire  de  la  Salicoque,  dans  les  envi- 
rons de  Saintes,  (b.) 

SANTE  ,  Santia.  Genre  de  plantes  établi  par  Savi  aux 
dépens  des  Vulpins.  Il  rentre  dans  le  Polypogon  de 
Desfontaines  ,  et   se   rapproche  beaucoup  de  celui  appelé 

GHyETURE.    (B.) 

SANTILITE.  Le  docteur  Clarke  croit  devoir  donner  ce 
nom  à  \difiorite  de  Thomson,  c'est-à-dire  à  V amiatite  àcSAtiû  , 
parce  que  la  découverte  de  cette  substance  minérale  est  due 
à  M.  Sanli,  professeur  de  minéralogie  à  Pise,  et  non  pas  à 
Thomson,  qui  a  voulu  s'attribuer  cette  découverte  ,  et  qui  a 
eu  le  talent  de  faire  connaître  cette  substance  aux  ininéralo- 


s  A  N  ïf'3 

glsles ,  sans  citer  le  professeur  Santi  qui  lui  avoit  fait  con- 
noîlre  le  premier  celte  pierre  et  son  gisement.  Lasautilite, 
fiorite  ouamiatite,  est  décrite  à  l'article  du  Quarz  hyalin 
coNCRÉ'riON]SÉ    PERLÉ  ,  voI.  28  ,  page  452.  (ln.) 

SAN-TOAT.  C'est  le  nom  que  porte  en  Chine  une  es- 
pèce de  Crinole  (Crmum  zerlanicitm  ,  L.).  (ln.) 

SANTOLINAetSANCTOLINA.Lespremièresplantes 
qui  ont  été  ainsi  nommées  par  Césalpin  ,  Dodonée  et  Anguil- 
lara,  sont  des  espèces  du  genre  Santoli^e  des  botanistes  ac- 
tuels, et  qui  lui  ont  servi  de  type: ce  sont  les  santolinss chamœ' 
cy'parissiis  et  squarroso;  cependant  Dodonée  a  aussi  donné  le 
nom  de  santoline  à  des  espèces  d'aurone. 

Tournefort,  en  établissant  le  genre  sanlolina,  y  rapporte 
plusieurs  espèces  à'aihanasia.  Linnseus  avoit  d'abord  été  du 
même  avis,  mais  depuis  il  en  retira  ces  dernières  plantes.  Il  a 
fallu  en  retirer  encore,  et  successivement ,  le  colu/a  spilanihus^ 
quePlumieryp!açoif,etle^/ogo;>)'^/770?fl,L.(ra'oa;deGœrtner), 
que  Rai  y  comprenoit;  le  tanacetum  anniium,  L.  ;  que  Miller  y 
ramenoit,  ainsi  que  Vathanasia  crùlunifolia^  L, ,  les  calea  ja- 
maicensis  opposi'lifolia  et  lameUiis,  queLinnseus  y  avoit  d'abord 
rapporlé  ;  enfin,  le  calea  lohata^  L.,  que  Pierre  Brovvn  y 
avoit  placé,  ainsi  que  \&?,  calea  jamaicensis  et  opposilifolia  déjà 
cités.  R.  Brown  pense  que  le  calea  opposîtifolia  doit  faire  un 
genre  distinct,  qu'il  nomme  isocarpha.   Voy.  Sanctolina  et 

SA^'TOL]NE.     (LN.) 

SANTOLINE,  SantoUna.  Genre  de  plantes  delà  syngé- 
n^sie  polygamie  égale  et  de  la  famille  des  corymbifères  ,  dont 
les  caractères  consistent  en  un  calice  hémisphérique  imbriqué 
d'écaillés  oblongues,  dentées  et  inégales;  en  un  réceptacle 
garni  de  paillettes  et  chargé  de  fleurons,  tous  uniformes  et 
hermaphrodites;  des  semences  nues. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  herbacées  ou  fruteiscentes 
à  feuilles  simples,  tuberculeuses  ,  très-petites  ou  bipinnées  , 
à  fleurs  souvent  solitaires  et  situées  au  sommet  des  rameaux. 
On  en  compte  une  quinzaine  d'espèces,  dont  les  plus  com- 
munes sont  : 

La  Santoline  a  feuilles  de  cyprès  ,  qui  a  les  pédon- 
cules uniflores,  les  feuilles  sur  quatre  rangs  et  dentées.  Elle 
se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe.  Ses 
feuilles  ont  une  odeur  forte  et  une  saveur  très-amère.  On  Ta 
appelée  garde-robe^  parce  qu'on  croyoit  que  son  odeur  pou- 
voit  chasser  les  larves  des  teignes  qui  mangent  les  babils  \ 
mais  Réaumur  a  prouvé  que  c'étoit  une  erreur.  Cette  plante 
est  vermifuge,  et  a,  en  général,  les  propriétés  de  I'Aksintue 
AUROisE.  On  la  cultive  fréquemment  dans  les  jardins,  sous  le 
nom  ^ aurone  femelle^ 


i54  SAN 

La  Santoline  a  feuilles  de  romarin  a  les  pérloncules 
uniflores  et  les  feuilles  linéaires,  bordées  de  tubercules.  Elle 
vient  dans  les  mêmes  pays  que  la  précédente,  dont  elle  ne 
diffère  que  très-peu. 

La  Santoline  teignante  a  les  pédoncules  uniflores ,  les 
feuilles  linéaires  très-entières  et  la  tige  striée.  Elle  se  trouve 
au  Chili,  où  elle  sert,  sous  le  nom  de  poquel ^  à  teindre  les 
étoffes  en  jaune. 

La  Santoline  odorante  a  les  pédoncules  ramassés  en 
faisceaux,  la  tige  frutescente,  velue,  les  feuilles  ovales,  cré- 
nelées et  sessiles.  Elle  se  trouve  en  Arabie,  et  répand  une 
odeur  des  plus  suaves  lorsqu'on  la  presse  entre  les  mains. 

La  Santoline  a  fruits  velus  constitue  aujourd'hui  le 
genre  Lasio^permf.,  (b.) 

SANTOLINOÏDES  de  Vaillant.  Ce  genre  rentre  dans 
YAnacyclusàeiÀXïXiSèus;  il  étoit  fondé  s\n  \ Anaydus  crelicus. 

(LN.) 

SANTONICUM.  \alerlus  Cordus  désigne  sous  ce  nom 
deux  espèces  de  Santoline,  cja'il  spécifie  par  Tépilhèle  de 
grande  et  de  petite.  Ce  sont  iCS  santotina  sf^uarrosa  et  chamœcy- 
pan'ssiis.    (ln.) 

SANTOR.  Arbre  des  Philippines  dont  le  fruit  se  mange. 
Il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est  la  Sapotte  figurée  par  Sonnerat, 
pi.  14.  de  son  Voyage  à  la  Nouvelle-Guinée,  (b.) 

SANVE.  Nom  vulgaire  de  la  Moutarde  sauvage,  (b.) 

SANVITALIE,  Sanoitalia.  Plante  à  tige  couchée,  à 
feuilles  trinerves,  opposées  pour  la  plupart,  ovales,  allongées, 
hérissées  de  poils  et  à  peine  pétiolées  ;  à  fleurs  solitaires,  ses- 
siles, terminales,  munies  à  leur  base  de  bractées  disposées  en 
forme  d'involucre ,  qui  forme  un  genre  dans  la  syngénésie 
polygamie  superflue  et  dans  la  famille  des  corymbifères. 

Ce  genre,  qui  avoit  été  appelé  Laurentie  ou  Lorentie  , 
par  Orlega,  a  pour  caractères  :  un  calice  hémisphérique 
polyphylle  sur  une  double  rangée;  un  réceptacle  garni  de 
paillettes,  portant  dans  son  disque  des  fleurons  hermaphro- 
dites, et  à  sa  circonférence  des  demi-fleurons  femelles  fertiles, 
Ovales,  oblongs  et  échancrés  à  leur  sommet;  des  semences 
de  forme  différente.  Celles  produites  par  les  fleurons  sont 
cunéiformes,  comprimées  ,  velues  et  cillées  sur  leurs  bords, 
nues  à  leur  sommet;  celles  des  fleurons  sont  surmontées  de 
trois  dénis  subulées  et  divergentes. 

La  sanvilalie  est  originaire  de  l'Amérique  méridionale,  et 
se  cultive  dans  les  jardins  de  botanique  de  Paris,  Elle  forme 
des  touffes  très-étalces,  remarquables  par  la  grande  quantité 
de  leurs  Heurs,  d'un  rouge  noirâtre  dans  leur  milieu,  avec 
les  rayons  jaunes.  Elle  est  annuelle.  (».) 


SAP  i.^S 

SAN-YONG-MAI.  Nom  qu'on  donne,  en  Chine,  à  \m 
grand  arbre  à  feuilles  alternes,  ovales  et  crénelées,  à  l'eurs 
dioïques  ,  verdâtres,  formant  de  petites  têtes  pédonculccs  , 
axillaires  et  solitaires.  Les  fleurs  femelles  n'ont  point  de  co- 
rolle ;  elles  offrent  un  calice  supérieur  en  entonnoir,  presque 
fermé,  h  quatre  découpures;  une  graine  comprimée,  cou- 
ronnée d'une  aile  déchiquetée.  Loureiro,  qui  a  observé  cet 
arbre  en  Chine,  en  fait  une  espèce  deCÉPHALANTHECce;;/?/^- 
lantlius  montanus);  mais  il  ne  paroît  pas  qu'il  doive  faire  partie 
de  ce  genre,  ni  peut-être  de  la  même  famille,  (ln.) 

SAO-PEN(t-LAC.  \jç  Limuniamonophylla  porte  en  Chine 
ce  nom  ,  et  celui  de  Xac-may-lac.   (lts.) 

SAORT/V.  C'est  ainsi  que  les  Egyptiens  nommoienl  le 
Tussllofio  des  Latins,  (ln.) 

SAO-TSAO.  Une  espèce  de  Rue  cultivée  dans  les  jardins 
en  Chine,  y  porte  ce  nom.  Loureiro  nous  apprend  que  c'est 
le  Tvta  chalepensis  :  a-t-il  raison  ?  V.  KuULI-HUONG.  (l.N.) 

SAOU.  Le  Sel  marin,  en  Languedoc,  (desm.) 

Sx\Ot)ACOU.  L'on  prononce  ainsi ,  dans  notre  colonift 
de  la  Guyane  ,  le  nom  de  Savacou.  V.  ce  mot.  (s.) 

SAOUARL  Arbre  de  la  Guyane  à  feuilles  opposées,  sti- 
pulées, ternées  ,  à  folioles  ovales,  oblongues,  dentées,  dont 
le  fruit  est  gros  comme  un  œuf.  L'écorce  de  ce  fruit ,  est  rnàn 
et  recouvre  une  pulpe  douce,  fondante,  de  la  consistance  c'u 
beurré,  de  couleur  vcrdâtre  ,  sous  laquelle  est  une  coqnc: 
hérissée  de  piquans  ,  qui  contient  une  amande  fort  agréab'U; 
au  goût ,  et  dont  on  peut  retirer  de  l'huile. 

Cet  arbre  forme  un  genre  dans  la  polyandrie  tétragynio  , 
dont  les  caractères  ne  sont  pas  encore  connus.  11  devient  fort 
grand.  Son  bois  est  employé  pour  faire  des  chaloupes  ,  des 
courbes,  des  madriers  ,  etc.  Son  fruit  se  vend  dans  les  mar- 
chés, et  les  habitans  le  recherchent  beaucoup.  Cet  arbre  a  été 
placé  dans  le  genre  Pekée.  (b.) 

SAOUDO.  La  Soude  tirée  des  cendres  du  Kali  ou  Sa- 
LICOR,  sur  les  côtes  du  Languedoc,  (dessî.) 

SAOUKENO.  Nom  languedocien  des  jeunes  Dorades 
de  la  Méditerranée.  (desM.) 

SAOURVUNA.  C'est  le  Fromager,  (b.) 

SAOUSSAIROUS.  Nom  languedocien  de  la  Bacile  ou 
Criste  marine,  (desm.) 

SAOUSSOUIRO.  Nom  du  Kali,  dont  on  tire  la  soude  ,, 
sur  les  côtes  du  Languedoc,  (df.sm.) 

SAOUVIO.  La  Sauge  porte  ce  nom  dans  le  midi  de  la 
France.  On  y  connoît  aussi  le  phlomîs  Uchnilis  sous  celui  de 
saouvio  houscasso.   (desm.) 

SAPAJOU,  QÔH.v.  Erxieb.,   Geoffr.  ;  CaUUhrîx,    Cuy. , 


^^^'  s  A.  P 

lllig.  ;  Sirnia  ,  Linn.  ,  Bodd.  ,  Gmel.  ,  Shrîw.  ,  SchrcI).  , 
Penn. ,  etc.  Genre  de  mammifères  de  l'ordre  des  quadru- 
njanes  et  de  la  famille  des  singes. 

Il  est  ainsi  caractérisé  ,  selon  M.  Geoffroy  :  têle  ronde; 
museau  court  ;  front  un  peu  saillant  ;  angle  facial  d'environ    ^ 
soixante  degrés  ;  occiput  saillant  en  arrière  ;  queue  prenante  , 
entièrement  velue  ;  ongles  semi-convexes. 

A  ces  caractères,  il  faut  joindre  ceux  qui  appartiennent  k 
tousiessinges  du  nouveau  continent,  c'esl-à  dire, ceux  qui  con- 
sistent dans  l'écartement  des  narines,  dans  le  manque  d'aba- 
joues et  de  callosités.  L'estomacdes  sapajous  forme  un  cul-de- 
sac  fort  profond  ;  leur  cerveau  est  très  grand, et  recouvre  entiè- 
rement le  cervelet.  Les  femelles  ont  un  clitoris  si  proémi- 
nent ,  qu'on  le  prendroit  aisément  pour  la  verge  d'un  mâle. 

Les  sapnjous  ont  tous  qui.tre  incisives  à  chaque  mâchoire  ; 
deux  Ccinines  assez  saillant»^s  ,  et  douze  molaires  à  couronne 
tuberculeuse.  Leur  os  hyoïMe  a  sa  partie  centrale  élargie  et 
creusée  en  forme  de  calotte  ,  sans  aucune  espèce  de  saillie  au 
dehors  ;  leur  os  de  la  pommette  est  percé  d'un  Irou  très- 
J>elit ,  etc. 

Les  singes  de  l'Amérique  ,  avec  lesquels  on  pourroit  les 
confondre,  et  qui  en  effet  ont ,  comme  eux,  reçu  de  Buffon 
le  nom  de  sopo/utis  ,  sont  surtout  les  aièles  ,  les  alouates ,  les 
iaaolriches;  mais  les  a/èles  ont  les  membres  très-grèles  ,  et  les 
mains  antérieures  télradaclyles  ,  tandis  qu'ils  les  ont  penta- 
dacîyles  ;  l<ts  /agofn'r/ies  on\  l'angle  facial  moins  aigu;  le  poil 
inoeJlcux  eJ  frisé  ,  et  leur  port  est  tout  particulier;  enfin  ,  les 
douahs  ,  dont  la  tète  est  pyramidale  ,  le  visage  oblique  , 
l'anj^le  facial  de  moitié  moins  ouvert  ,  sont  surtout  caracté- 
risés par  leur  os  hyoïde  renflé  ,  apparent  au  dehors  et 
caverneux. 

La  queue  non  prenante  des  sagoins  ,  des  sakis  ,  des  aôtes 
et  des  ouistitis,  les  distinguent  suffisamment  des  sapajous, 
pour  que  nous  n'insistions  pas  davantage  sur  leurs  autres  ca- 
ractères différentiels. 

Les  espèces  qui  composent  le  genre  des  sapajous,  ont  été 
souvent  confondues  entre  elles  ,  et  plusieurs  fois  on  ne  les  a 
considérées  que  comme  autant  de  variétés  d'une  espèce  uni- 
que. Cependant ,  I  observation  fait  voir  que  ces  prétendues 
variétés  sont  assez  constantes  ,  et  qu'elles  appartiennent  à 
des  contrées  souvent  différentes  ;  aussi  ,  M.  (Geoffroy  a-t-il 
cru  devoir  les  sépirer,  au  moins  jusqu'à  ce  qu'on  ait  acquis 
de  nouveaux  renseignemens  ,  et  leur  conserver  le  titre  d'es- 
pèces. M.  Cuvier  ne  partage  pas  son  sentiment  à  cet  égard. 

Les  sapajous  sont  des  singes  de  moyenne  taille  ,  fort  sou- 
vent amenés  en  Europe  ,où  ils  sont  surtout  connus  sous  les 


!.> 


S<!,vi    <i  ihitlir  roiur 

3.  Flutou^^chan 


2      Sdt'irjOJt     StJ^oil 


SAP  i57 

noms  de  sînges  capvàns ,  de  singes  pleureurs  et  de  sajous.  Leur 
naturel  est,  quoique  plein  de  vivacile  ,  beaucoup  moins  pé- 
tulant que  celui  des  guenons  di*  raccifu  conliacnt  ,  et  n'a 
rien  de  féroce  et  <le  inerhani  conrune  celui  des  mandrills 
et  des  babouins.  Ce  qui  IfS  a  f;<lt  sans  doute  préférrr  i>ux 
autres  pour  les  gardi-r  eji  douiesiicité  ,  c  csl  qu  ils  s<u)t  loin 
d'être  aussi  impudl(|ues  que  les  singes  que  nous  veuons  de 
nommer.  Dans  leur  pays  naîal  ,  ils  se  suspendent  aut  ar- 
bres ,  et  voltigent  de  branche  en  branche  Leur  voix  est  une 
sorte  de  sifflement  aigre,  bruyant,  r.pide;  ce  qui  leur  a 
valu  le  nom  de  nnges  si/fleurs,  que  plusieurs  voyageurs  leur 
ont  applique. 

Première  Espère.  — SapajOU  BRUN,  Cehiis  appella,  Geoffr.  ; 
Sajou  BRUN  ,  Ejusd, ,  Ann.  du  Mus.,  tome  19,  page  109, 
sp.  I.  —  Sapajou  brun  ,  Buff.  ,  tome  i5  ,  pi.  4-  —  Simia 
appella,  Linn. ,  Schreb.  :  Brisson,  Quadr.  ,  page  i37  ,  n,"  i. 
— Sajou,  Audeberl  ,  Hist.  nat.  des  Singes,  fam.  5,  sect.  2, 
fig.  2.  —  Ménag.  du  Mus. ,  tome  2  ,  p.  87.  ^.  pl.P  i3  de  ce 
Dictionnaire. 

La  collection  du  Muséum  renferme  sept  individus  de  cette 
espèce  ,  qui  se  conviennent  généralement  par  les  caractères 
suivans.  Ils  ont  un  peu  plus  d'un  pied  de  longueur  ,  depuis  le 
museau  jusqu'à  la  racine  de  la  queue.  Leur  pelage  est  généra- 
lement d'un  gris-brun  en-dessus,  qui  s'éclaircit,  néanmoins, 
sur  les  épaules  et  sur  les  bras;  leur  ventre  est  d'un  gris  fauve; 
le  dessus  de  la  tête  est  d'un  brun-noir  ;  les  poils  qui  le  cou- 
vrent sont  courts,  et  à  peine  si  l'on  remarque  de  très-pelils 
pinceaux  formés  par  ceux  qui  sont  sur  les  côtés  et  en  arrière 
du  front  ;  la  couleur  obscure  dans  le  milieu  du  front  ,  a  une 
pointe  assez  fine  qui  se  termine  presque  à  la  hauteur  des  yeux. 
Les  membres  postérieurs  ;  la  queue  qui  est  à  peu  près  aussi 
longue  que  le  corps  ;  les  avant-bras  et  les  poignets  sont 
couverts  de  poils  bruns-foncés,  comme  le  sommet  de  la  lêie; 
la  face  et  les  oreilles  sont  couleur  de  chair ,  et  les  mains 
sont  noires  et  nues. 

D'Azara  (  Essai  sur  r Histoire  nat.  des  quadr.  du  Paraguay  , 
tome  2,  p.  23o),  fait  mention  d'une  variété  de  cette  espèce  , 
dont  les  mains  sont  blanchâtres. 

Ces  animaux  sont  vifs  ,  agiles  ,  adroits  ,  et  fort  amusans  ; 
on  en  apporte  souvent  en  Europe,  où  ils  engendrent  quel- 
quefois un  ou  deux  petits  qu'ils  aiment  beaucoup.  Le  froid 
leur  est  contraire.  Au  reste,  cessingesprennentdes  personnes 
en  aversion ,  et  ont  de  la  prédilection  pour  d'autres  ;  leurs 
goûts  sont  assez  variables.  Leur  marche  est  toujours  à  quatre 
pattes;  les  femelles  n'ont  aucun  écoulement  périodique.  Ces 


»-^B  S   A   P 

sapajous  sifflent  fortement,  et  articulent  les  syllabes  y»/ ra  roM 
avec  vivacité,  surtout  lorsqu'ils  entrent  en  colère  ;  c'est  une 
sorte  de  jurement.  Leur  chair  se  mange  en  Amérique  ;  elle 
n'est  point  désagréable  au  goût.  Ils  mangent  et  boivent  de 
tout,  même  de  Teau-de-vie;  ils  sont  friands  d'insectes,  et  sur- 
tout d'araignées.  On  les  nomme  micou  a  la  Guyane;  ils  sont 
assez  ardens  en  amour;  ils  aiment  briser,  casser,  bouleverser 
tout ,  et  sont  malpropres.  Dans  leur  pays  ,  ils  vivent  par 
troupes,  et  sont  très-farouches,  mais  deviennent  fort  doux  en 
.s'apprivoisant  ;  ils  ont  beaucoup  de  curiosité.  Il  n'y  a  pas  de 
îiieilleurs  voltigeurs,  car  ils  se  servent  de  leur  queue  cdmme 
d'une  main;  ils  sautent  aisément  de  branche  en  branche  , 
se  suspendent  aux  arbres  ,  et  dorment  sur  des  palmiers. 

Seconde  Espèce.  —  Le  Sapajou  CORNU,  Cebus  fatuellus  , 
Geoffr.,  Ann.  du  Mus.,  tome  ig,  page  109,  sp.  2. — Sajou 
CORNU,  Buff. ,  suppl.  ,  tome  7  ,  pi.  2g  ;  Brisson  ,  Quadvup. , 
p.  iq3  ,  n.°  3.  — ^Sirnia  fatuellus  ,  Linn. ,  Gmel.  ,_^Schreb.  , 
Saeught.  ,  fig.  27.  B.  — Sajou  cornu,  Audebert,  Hist.  nat. 
des  Singes,  fam.  5,  sect.  2  ,  fig.  3. 

Cet  animal  a  quatorze  pouces  de  longueur,  depuis  le  bout 
du  nez  jusqu'à  l'origine  de  la  queue  ;  sa  tête  est  oblongue  , 
allongée,  et  son  museau  épais  et  couvert  de  poils  d'un  blanc 
sale;  sa  queue  est  longue  de  quatorze  pouces  environ.  Son 
dos  est  d'un  roux  marron  ,  et  son  ventre  roussâtre  ;  le  dessus 
de  sa  tête  est  couvert  de  poils  bruns  et  courts  ;  le  front  vers 
sa  ligne  moyenne  ,  supporte  deux  aigrettes  divergentes  de 
poils  longs  ,  gris  à  leur  base  ,  et  bruns  à  leur  pointe.  En 
dehors,  les  bras  sont  d'une  couleur  rousse  qui  s'étend  sur  le 
coude  et  sur  le  commencement  de  l'avant-bras;  le  restant  de 
i'avanl-bras,  les  cuisses,  les  jambes  et  la  queue,  sont  d'un 
noir- brun. 

.  Ce  singe  ,  décrit  et  figuré  pour  la  première  fois  par  Buffon , 
se  rapproche  principalement  du  sapajou  brun ,  et  se  trouve 
cominelui  à  la  Guyane.  L'individu  même  dont  parle  BulTon, 
existe  encore  dans  les  galeries  du  Muséum  d  Histoire 
naturelle. 

Troisième  Espèce.  —  Le  SaPAJOU  a  TOUPET  ,  Cehiis  cirrifer 
(sajou  à  toupet  )  ,  Geoff.,  Ann.  du  Mus.  d' Histoire  nat.,  tome 
ig  ,  page  iio  ,  sp.  3. 

Ce  singe,  que  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  distingué  des 
;xnii\ts  supajuus ,  est  un  peu  plus  gros  que  les  précedens.  Son 
pelage,  et  surtout  sa  queue,  patoissent  aussi  plus  touffus  que 
ceux  de  ces  mêmes  animaux;  le  corps  est  d'un  brun-châtain, 
seulement  plus  foncé  sur  les  jambes  ,  les  avant-bras  et  la 
queue  ;   le  dessous  de    son  menton  porte  une  barbe  assez 


SAP  iSg 

touffue,  mais  courte,  d'un  brun  roussâtre  ;  le  front  et  le 
sommet  de  la  tôle  sont  couverts  de  poils  d'un  brun-noir,  assez 
longs,  et  qui ,  se  dirigeant  en  arrière  ,  forment  une  sorte  de 
toupet  élevé  en  fer-à-cheval. 

11  y  a  lieu  de  croire  que  cette  espèce  habite  le  Brésil. 

Quatrième  Espèce.  —  Le  Sapajou  barbu  ,  Cehus  barbatus  , 
Geoffr.  ;  (  Sajou  barbu  )  ,  Ann.  du  Mus.  tï Hist.  nat.,  tome  19, 
page  iio.  —  Le  Sajou  gris,  Buff. ,  tome  i5  ,  p-  ^7  ,  fig.  5. 

La  collection  du  Muséum  renferme  quatre  individus  de 
cette  espèce  ,  qui  se  ressemblent  par  leur  pelage  d'un  roux 
pâle  et  terne  ,  mêlé  de  gris  ,  mais  variant ,  d'ailleurs  ,  selon 
l'âge  et  le  sexe.  Ils  ont,  en  général,  le  sommet  de  la  tête 
plus  pâle  que  le  reste  du  corps  ,  et  couvert  de  poils  plus 
longs  que  les  autres  ,  et  d'un  roux  plus  vif;  le  ventre  rous- 
sâtre ,  etc. 

Dans  un  grand  individu  ,  les  poils  du  dessus  des  mains 
sont  gris.  Un  jeune  est  d'un  roux  très-pâle  et  assez  uniforme. 

Cette  espèce  est  de  la  Guyane. 

Cinquième  Espèce.  —  Le  SaPAJOU  TREMBLEUR  ,  Cebus  trepi- 
dus,  Geoffr.  (  Sajou  trembleur).  —  Le  Singe  à  queue  touffue , 
Edwards,  Glanures  ,  fig.  3 12.  —  Simia  trépida  ,  Linn.  — 
Cebus  trepidus ,  Erxleb. ,  Histoire  nat. ,  page  5o  ,  sp.  6.  — r 
Schreber,  Saeuglhiere ,  tab.  27  (fig.ure  d'Edwards.  ) 

Cette  espèce,  que  nous  n'avons  pas  eu  l'occasion  de  voir 
en  nature,  paroît  assez  rapprochée  de  celle  du  sapajou  brun. 
Elle  n'a  ni  barbe  ,  ni  aigrette  ;  mais  les  poils  du  sommet  de 
la  tête  sont  élevés,  d'un  brun  noirâtre  et  disposés  en  coiffe  ; 
les  avant-bras  et  les  membres  postérieurs  sont  d'un  brun-, 
marron ,  comme  tout  le  restant  du  corps  ,  et  non  pas  obscurs 
comme  dans  le  sapajou  brun  ;  la  queue  est  brune  ;  les  quatre 
mains  sont  revêtues  de  poils  d'un  gris  cendré. 

On  l'a  trouvée  dans  la  Guyane  hollandaise. 

Sixième  Espèce —  Le  wSaPAJOU  OUAVAPAVI,  Cebus  albifrons, 
Geoffr. ,  Ann.  du  Mus.  d  Hist.  nat. ,  tome  19 ,  page  1 1 1 ,  sp.  6. 
- —  Ouuvapavi ,  Humboldt  .,  Recueil  d^obseiv.  zool. ,  p.  SaS. 

L'ouavapavi  ,  observé  pour  la  première  fois  par  M.  de 
Humboldt,  peut  avoir  quatorze  pouces  de  longueur,  me- 
suré depuis  le  sommet  de  la  tête  jusqu'à  l'origine  de  la  queue. 
Son  pelage  est  grisâtre,  plus  clair  sous  la  poitrine  et  le  ven- 
tre, plus  foncé  sur  les  extrémités  qui  sont  d'un  brun  jaunâtre; 
le  sommet  de  la  tête  est  d'un  gris  tirant  sur  le  noir  ;  le  front 
et  les  orbites  sont  d'un  beau  blanc  ;  le  reste  de  la  face  est 
d'un  gris  blanchâtre;  les  yeux  sont  bruns  et  très-vifs  ;  les 
oreilles  rebordées  et  poiJues;  la  queue  est  de  la  longueur  du 


ï6d  SAP 

corps  ,  cendrée  en  dessus ,  blandiâlre  en  dessous  ,  et  d'un 
brun-noir  à  l'extrémité. 

Ces  singes  forment  de  grandes  bandes  qui  se  tiennent  dans 
les  forêts  qui  avoisinent  les  cataractes  du  Heuve  Orénoque. 
Ils  sont  doux  ,  agiles  et  peu  criards.  M.  de  Humboldt  a  vu  un 
individu  de  celte  espèce  à  Maypures  ,  qui ,  tous  l«'s  malins, 
saisissoit  un  cochon  ,  sur  lequel  il  resloit  monté  toule  la 
journée  ,  en  parcourant  la  savane  qui  environne  la  cabane 
des  Indiens.  Il  l'a  vu  aussi  sur  le  dos  d'un  chat  qui  avoit 
été  élevé  avec  ce  singe. 

Septième  Espèce.  —  Le  Sapajou  nègre  ,  Cebiis  niger  , 
(  sajou  nègre  )  ,  Geoffr.  ,  Jnn.  du  Mus. ,  tome  19 ,  page  1 1 1 , 
gp,  7,  —  Le  Sajou  ^'ÈGRE ,  Buif.  suppl. ,  tome  7  ,  pi.  28.  — 
Cercopithecus  tutus  niger  ,  liriss.  ,  Règne  anim.  ,  p.  i(j6  ,  ii.'^  5, 

Buffon  considère  comme  une  variété  constante  ,  cet  ani- 
mal ,  qui  est  caractérisé  par  sa  face  ,  ses  uiains  el  sa  queue 
noires  ,  ainsi  que  par  son  front  et  ses  joues  qui  sont  recou- 
verts de  poils  blancs. 

M.  Geoffroy  en  fait  une  espèce  particulière. 

On  ignore  q'oUe  est  sa  pairie. 

Huitième  Espèce.  —  Le  Sapajou  varié  ,  Cebus  variegatus^, 
(  Sajou  varié  ),  Geoffr.  ,  Ann.  du  Mus. y  tom,  ig ,  page  m, 
sp-  8. 

Ce  singe  étoit  inconnu  avant  la  courte  description  qu'en 
donne  M.  Geoffroy,  et  qui  est  ainsi  conçue:  «Pelage  noirâtre 
pointillé  de  doré  ;  ventre  roussâlre  ;  poils  du  dos  de  trois 
couleurs  ;  à  la  racine  bruns  ,  puis  roux  et  puis  noirs  ;  tête 
ronde  ,  museau  assez  saillant.  » 

La  collection  du  Muséum  renferme  deux  singes  que  nous 
serions  tentés  de  rapporter  à  cette  espèce;  mais  ne  les  ayant 
pas  examinés  d'assez  près  pour  reconnoître  les  couleurs  des 
poils  du  dos ,  nous  n'osons  nous  décider  à  les  y  réunir. 

M.  Geoffroy  croit  que  le  sapajou  varié  habite  le  Brésil. 

Neuvième  Espèce.  —  Le  Sapajou  saï  ,  Cebus  capucinus  , 
Saj'>u  Saï,  Geoff.,  Ann.  du  Mus.,  tome  19,  page  m  ,  sp.  g. 
—  Simia  capucina ,  Linn. ,  Schreb.  —  Saï  ,  Audebert ,  Hist. 
nu    des  Singes,  fam,  5  ,  sect.  i  ,  fig.  4- 

Ce  singe  ,  que  Buffon  et  la  plupart  des  naturalistes  dis- 
tit^guent  des  autres  sapajous,  ne  paroît  être  àM.Cuvier,  ainsi 
que  tous  ceux  que  nous  venons  de  décrire  (  le  sapajuu  cornu 
excepté  )  ,  qu'une  variété  du  sapajou  brun.  Mais  Buffon  et 
M.  (ieoffroy  l'en  distinguent  aux  caractères  suivans  :  son 
poil  est  variable  ,  d'un  gris-brun  ou  gris-olivâtre  en  dessus  , 
et  d'une  teinte  moins  foncée  en  dessous  ;  le  sommet  de  sa 
tête  et  ses  quatre  extrémités  sont  noirs  ;  son  front ,  ses  joues 


SAP  iGi 

et  ses  épauUs,  d'un  gris-blanc  ;  son  front  est  marqué  d'une 
petite  pointe  qui  vient  de  la  couleur  noire  du  verlex ,  elc. 

Le  saï  et  le  saï  à  gorge  blanche  sont  assez  communément 
apportés  de  la  Guyane  et  du  Brésil  en  France.  On  les  Ap- 
hélie singes  pleureurs ,  à  cause  de  leurs  cris  toujours  lamenta- 
bles. Ils  répandent  une  assez  forte  odeur  musquée.  Doux  , 
plaintifs ,  timides  ,  dociles,  on  les  apprivoise  assez  faci- 
lement. En  Europe ,  ils  mangent  des  hannetons  ,  des  li- 
maçons, des  fruits.  Ces  animaux  sont  originaires  du  Brésil , 
où  ils  sont  appelés  çays  par  les  naturels.  Ils  vivent  toujours 
sur  les  arbres  ,  s'y  cramponnant  avec  leur  queue  et  leurs 
mains  ,  et  mangeant  des  graines  de  plusieurs  végétaux.  Ils 
s'assemblent  en  troupes  ,  surtout  en  temps  de  pluie.  Les 
femelles  ne  mettentbas  qu'un  ou  deux  petits  au  plus,  qui  ,  dès 
leur  naissante,  s'attachent  à  leur  mère,  et  ne  l'abandonnent 
jamais  quand  elle  est  poursuivie  ;  aussi  prend-on  rarement 
de  jeunes  sais  ;  mais  on  peut  apprivoiser  les  adulles,  qu'on 
abat  à  coups  de  flèches,  sans  les  tuer.  D'abord  ,  ces  animaux 
sont  farouches  et  mordent  vivement,  mais  on  les  instruit  en 
les  battant  et  les  maîtrisant  pendant  les  premières  semaines. 

Dixième  Espèce.  —  Le  Sapajou  a  gorge  blanche  ,  Cebiis 
hypoleucus  (  sajou  à  gorge  blanche  )  ,  Geoffr. ,  Ann.  du  Mus. 
dllist.  nat.  ,  tome  19,  page  m,  sp,  10. —  Saï  A  gorge 
BLANCHE,  Buffon  ,  lome  i5  ,  fig.  9.  —  Aurlebert  ,  Hist.  des 
Singes,  fam.  5,  sect.  2,  fig.  5.  — Simiahypoleuca,  Humboldt, 
Recueil  d'obsero.  zoolog.  ,  page  336. 

Ce  joli  singe  est  remarquable  par  sa  face  nue  et  blanche  ; 
par  les  poils  blancs  qui  garnissent  ses  tempes  ,  le  derrière  de 
ses  oreilles ,  la  face  antérieure  de  son  cou  ,  sa  poitrine  ,  ses 
épaules,  et  la  plus  grande  partie  de  ses  bras,  et  par  la  cou- 
leur d'un  noir-brun  du  sommet  de  sa  tête  ,  du  derrière  de 
son  col,  de  son  dos,  de  ses  avant-bras ,  de  ses  membres  pos- 
térieurs et  de  sa  queue. 

Des  deux  individus  conservés  dans  la  collection  du  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  ,  l'un  a  sur  le  front  un  ban- 
deau blanc  qui  n'existe  pas  dans  Tautre  ,  et  le  noir  du  som- 
met de  sa  tête  plus  reculé.  Le  même  a  la  pointe  des  poils  noirs 
de  son  corps  légèrement  teinte  de  blanchâtre ,  ce  qui  rend 
le  pelage  comme  légèrement  varié. 

Le  Cariblanco  de  rio  Sinu  de  M.  de  Humboldt  ,  paroît  se 
rapporter  parfaitement  à  cette  espèce.  Il  a  treize  pouces  de 
long  ,  depuis  le  front  jusqu'à  l'origine  de  la  queue  ;  son  pe- 
lage d'un  brun  noirâtre  ,  et  sa  face  dégarnie  de  poils  :  ses 
oreilles  ,  son  cou  ,  ses  épaules  ,  sa  poitrine  et  ses  avant-bras 
sont  d'un  blanc  sale,    tirant  légèrement  sur  le  jaune.  Sa 

x\x.  II 


i62  SAP 

queue  prenante  qui  a  la  longueur  du  corps  ,  e.st  d'un  brun 
rougeâtre.  Il  diffère  du  sapajou  brun  (C  apella)  et  du  saï 
(  C.  cupucina)^  par  la  couleur  blanche  de  sa  face  ,  de  ses 
épaules  et  de  sa  poitrine  ,  el  aussi  parce  que  le  sommet  de 
sa  tête  n'offre  ,  iii  une  calotte  plus  noire  que  le  pelade  du 
dos  ,  ni  une  ligne  plus  foncée  descendant  longiiudinalement 
yers  le  front. 

Ce  singe  ,  au  rapport  des  Indiens  ,  est  très-commun  dans 
les  belles  forêts  de  palmiers  qui  s'étendent  depuis  le  Sinu 
jusqu'au  golfe  de  Darrien ,  dans  le  royaume  de  la  Nouvelle- 
Grenade.  Il  va  par  bandes  très-nombreuses  ,  qui  se  tiennent 
séparées  de  celles  des  autres  matchis  ,  qui  sont  les  sapajous 
bruns  et  les  sais.  C'est  un  animal  très  doux  et  très-agile.  Il  a 
le  port  du  sapajou  brun;  il  pousse  sans  cesse  un  cri  plaintif 
en  sifflant,  el  en  ridant  le  front  ,  etc. 

La  ménagerie  du  Muséum  possède  maintenant  (  ».  ur 
1819  )  un  singe  de  cette  espèce. 

Onzième  Espèce.  —  Le  SapaJOU  FAUVE  ,  Cehus  fi  i.ms  , 
Geoff.  (  sajou  fauve  ),  Ann.  du  Mus.  d'Hisi.  nat. ,  tome  17  , 
page  112.  —  Simia  flai>a ,    Schreber  ,  Saeugihière ,  fig.  3i.  '^ 

LiG  Simiajlava,  Schreber,  est,  d'après  la  figure  qu'en  donne 
ce  naturaliste  ,  d'une  couleur  fauve  uniforme.  M.  Geoffroy 
l'adopte  ;  mais  est-il  foudé  à  s'en  rapporter  à  Schreber  i* 
c'est  ce  dont  nous  doutons.  Nous  savons  combien  il  a  ahéré 
les  figures  de  Buffon  et  de  Pallas,  qu'il  a  copiées  et  coloriées 
d'après  la  description  seulement,  dans  beaucoup  de  cas. 

Douzième  Espèce.  —  Le  Sapajou  blanc  ,  Cebus  albus , 
Geoffr.  (  Sajou  blanc  ) ,  Ann.  du  Mus.  d'Hisi.  nai.,  tome  19  , 
page  lia ,  sp.  12. 

Ce  singe  est  dans  les  galeries  du  Muséum.  Il  a  la  taille 
et  les  formes  générales  des  Sapajous.  Tout  son  pelage  est  d'un 
blanc  très-légèrement  lavé  de  jaunâtre  ;  sa  face  est  nue  ;  les 
poils  du  sommet  de  sa  tête  sont  courts  ,  et  ne  forment  ni 
toupet  ni  aigrettes;  il  n'a  point  de  barbe,  ni  de  poils  plus  longs 
que  les  autres  ,  sous  le  cou  et  sur  la  gorge. 

M.  Geoffroy  soupçonne  que  ce  singe  qui  vient  du  Brésil , 
n'est  peut-être  qu'une  variété  produite  par  la  maladie  al- 
bine  ;  et  cela  nous  paroît  probable,  (desm.) 

SAPAJOU  COIFFÉ  paroît  être  la  guenon  à  camail  de 
Buffon.  F.  les  articles  Atèle  et  ColObe.  (desm.) 

SAPAJOU  FOSSILE.  V.  Guenon  fossile  et  Moni- 

TOR.  (DESM.) 

SAPAN  (  Sciurus  volans,  Linn.  ).  Quadrupède  rongeur  du 
genre  Polatouche.  F.  ce  mot.  (desm.) 

SAPAN.  Nom  spécifique  du  BrAsillet.  (b.) 


s   A  P  i6S 

SAPANA.  Nom  que  les  Gaulois  donnoient  à  VAnagallis 
des  Latins,  (ln.) 

SAPERDA.  Plante  citée  par  Hippocrate  ,  et  qui  est  en- 
tièrement inconnue,  (ltîï.) 

SAPERDE,  Saperda.  (ienre  d'insectes  de  Tordre  des  co- 
léoplères,  section  des  télramères  ,  famille  des  longicornt's. 

Ce  genre  est  formé  de  la  quatrième  famille  des  capricornes 
de  Linnaeus  et  de  la  première  des  lepiures  de  Geoffroy-  Fa- 
briciiis  ,  en  l'établissant ,  lui  a  donné  le  nom  de  sapcrde , 
appliqué  par  quelques  auteurs  grecs  à  un  poisson  qui  nous 
est  inconnu.  Latrcille  a  réuni  lessaperdes  aym/amies. 

Une  forme  allongée,  presque  cylindrique,  tel  est  le  carac- 
tère de  port  auquel  on  peut  distinguer  ce  genre  de  tous  ceux 
àe  la  même  famille.  Ainsi  que  les  prioncs  ,  les  capricornes  et 
les  caUidies ,  les  saperdes  ont  bien  les  antennes  implantées 
dans  les  yeux  ;  mais  elles  ont  le  corselet  inerme  ou  sans 
épines  laiérales  ,  ce  qui  sépare  ce  genre  des  deux  premier.";. 
Elles  l'ont  aussi  cylindrique, et  elles  diffèrent  par-là  des  caUi- 
dies ,  qui  l'ont  globuleux  ou  presque  orbiculé.  Les  anten- 
nules  de  ces  derniers  sont  terminées  par  un  article  court  et 
sensiblement  plus  gros,  tandis  que  celles  des  saperdes  sont 
filiformes  ,  et  se  terminent  par  une  pièce  allongée.  Leurs 
antennes  sont  d'ailleurs  écartées  à  leur  naissance ,  tandis  que 
celles  des  callidies  sont  ordinairement  rapprochées. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  épines  latérales  du  corselet,  les 
lamies  sont  les  insectes  qui  ressemblent  le  plus  aux  saperde*. 
Les  unes  et  les  autres  ont  la  tête  verticale  ,  de  la  largeur  A\x 
corselet ,  avec  le  front  large  et  aplati.  Le  corselet  et  tout  le 
corps  sont  d'une  forme  cylindrique  ;  mais  le  corps  des  lamies 
s'élargit  à  l'abdomen,  qui  est  proportionnellement  plus  court 
et  un  peu  bombé.  La  lèvre  inférieure  des  saperdes  a  son  bord 
supérieur  presque  droit ,  sans  échancrure  ou  fissure  remar- 
quable ,  caractère  particulier  de  ce  genre. 

Les  saperdes  tirent  leur  nourriture  de  la  substance  des 
végétaux  ,  et  plusieurs  fréquentent  les  fleurs  ;  mais  le  très- 
grand  nombre  s'attache  de  préférence  aux  tiges,  aux  rameaux 
de  différens  arbres  ou  arbustes  ,  et  s'y  tient  presque  immobile. 
Elles  ne  s'envolent  guère  que  lorsqu'elles  sont  échauffées  par 
les  rayons  du  soleil,  ou  lorsqu'elles  veulent  obéir  à  la  loi  de 
l'amour. 

Roësel  a  décrit  les  métamorphoses  de  la  saperde  cylindrique. 
La  larve  se  nourrit  de  la  moelle  du  poirier  et  du  prunier.  Sa 
forme  est  allongée,  pointue  postérieurement,  rétrécie  vers  les 
premiers  anneaux  ,  et  s'élargissant  ensuite  brusquemftsnt.  La 
tête  est  écailleuse ,  ainsi  que  le  dessus  du  premier  anneau ,  et 
elle  est  munie  de  mandibules  très-fortes.  Les  pattes  sent  nulles 


i64  SAP 

ou  peu  apparentes.  C'est  dans  les  cavités  qu'elle  a  creusées  en 
prenant  sa  nourriture  ,  qu'elle  se  change  en  une  nymphe 
allongée  ,  pourvue  en  raccourci  de  tous  les  organes  dont 
jouira  l'insecte  parfait.  Selon  Goedart ,  la  larve  de  la  saperde 
carcharias  vit  dans  le  chêne  ;  elle  est  apode  ,  allongée  ,  un  peu 
déprimée ,  molle  ,  plus  large  antérieurement ,  et  armée  de 
mandibules  très-fortes.  Son  corps  se  rétrécit  insensiblement 
vers  l'extrémité  ,  et  se  termine  par  un  renflement  brusque  et 
arrondi.  Un  des  moyens  industrieux  qu'elle  emploie  pour 
avancer  de  plus  en  plus  et  trouver  le  bois  ,  est  de  se  former 
un  point  d'appui  en  se  contractant  et  se  réduisant  presque  en 
boule  ;  ayant  alors  moins  à  vaincre  l'effet  de  la  gravitation  , 
la  partie  antérieure  du  corps  se  trouve  plus  libre  ,  et  l'action 
des  mandibules  devient  plus  puissante.  Le  logement  une  fois 
agrandi ,  elle  se  remet  dans  son  état  primitif.  Cette  larve  se 
transforme  en  nymphe  à  la  fin  d'octobre  ,  et  l'insecte  parfait 
en  sort  au  mois  de  juin  de  l'année  suivante. 

La  Saperde  carcharias,  qu'on  trouve  dans  toute  l'Eu- 
rope ,  sur  différens  arbres  ,  et  plus  particulièrement  sur  le 
peuplier,  aux  jeunes  plants  duquel  sa  larve  fait  beaucoup  de 
tort ,  est  cendrée  ,  jaunâtre  ,  pjonctuée  de  noir  ;  ses  anten- 
nes sont  annelées  de  noir  et  de  Cendré  ,  et  ont  une  longueur 
moyenne. 

La  Saperde  cylindrique  qui  se  trouve  aussi  dans  toute 
l'Europe  ,  est  d'un  noir  cendré  ;  l'extrémité  supérieure  de  ses 
cuisses  et  de  ses  jambes  antérieures  d'un  roux  jaunâtre,  (o.) 

SAPHAN  ,  de  l'Ecriture  Sainte.  C'est  le  Daman  israel, 
de  Bruce  et  de  Buffon  ,  et  le  même  animal  que  le  daman  du 
Cap  ou  kUp-daas.  V.  Daman,  (desm.) 

SAPHEIBOS  et  SAPPHEIROS,  des  Grecs.  V.  Sa- 

PHIRUS.  (LN.) 

SAPHIR  (  Ornilh.).  V.  la  section  des  oiseaux  mouches  ^ 
au  mot  Colibri,  (v.) 

SAPHIR (5a/3/»Vw5).  Les  modernes  donnent  ce  nom  (em- 
ployé ,  par  les  anciens  ,  pour  désigner  des  pierres  bleues  et 
pourpres  )  à  des  gemmes  de  couleur  bleue  et  transparentes  , 
qui  appartiennent  à  diverses  espèces;  mais  le  vraisa/;/îjV,celui 
qui  est  particulièrement  nommé  saphir  d'' Orient^  est  une  va- 
riété de  l'espèce  Corindon  ,  dont  la  couleur  est  bleu-de-ciel- 
plus  ou  moins  foncé.  V.  Corindon  vitreux,  (ln.) 

SAPHIR  ASTERIE.  C'est  le  Corindon  vitreux  asté- 
rie ,  de  couleur  bleue,  (LN.) 

SAPHIR  BLANC.  C'est  le  Saphir  oriental  (^Voyez 
CoRiNi^ON  virREUX  )  parfaitement  limpide,  (ln.) 

SAPHIR  BLANC  ,  faux.  On  a  quelquefois  donné  ce 
nom  au  Quarz  hyalin  limpide,  (ln.) 


SAP  i6S 

SAPHIR  DU  BRÉSIL.  C  est  la  Topaze  bleu-verda- 
TRE  DU  Brésil.  On  donne  aussi  ce  nom  à  la  Tourmaline 
BLEUE  DU  Brésil,  (ln.) 

SAPHIR  D'EAU.  K.Cordiérite,  Luch-saphir,  Leuco- 
SAPHiR,  et  QuARZ  hyalin  bleu,  (ln.) 

SAPHIR  ÉLECTRIQUE.  Variété  bleue  ^e  la  Topaze 
et  de  la  Tourmaline,  (ln.) 

SAPHIR  ÊMERAUDE  ,  Saphir  topaze.  On  donne  ces 
noms  à  des  variétés  vertes  ,  bleu-verdâlres  ,  jaunes,  etc. ,  du 
Corindon  vitreux,  (ln.) 

SAPHIR  ÊMERAUDE.  V.\a  section  desOiseaiix  mouches^ 
au  mot  Colibri,  (v.) 

SAPHIR  D'EXPAILLY.  Il  est  de  même  nature  que  le 
saphir  d'Orient.  V.  CoRINDON  VITREUX.  (LN.) 

SAPHIR  (faux).    V.  Quarz  hyalin  bleu  et  Cordié- 

RITE.  (LN.) 

SAPHIR  FAUX.  On  a  aussi  donné  ce  nom  au  Disthène 

BLEU  transparent.  (LN.) 

SAPHIR  FEMELLE.  C'est  le  Corindon  vitreux,  d'un 
beau  bleu  d'azur.  La  variété ,  d'un  bleu  indigo ,  est  le  Sa- 
phir MALE,  (ln.) 

SAPHIR  FLUSS.  Gmelin  donne  ce  nom  à  la  Chaux 
SULFATÉE  bleue.  Wallcrlus  le  donnoit  au  Quarz  hyalin 
bleu,  (ln.) 

SAPHIR-MALE.  C'est  le  Saphir  oriental  ,  d'un  bleu 
indigo.  V.  Corindon  vitreux,  (ln.) 

SAPHIR  OCCIDENTAL.  Il  paroît  que  l'on  donnoit 
autrefois  ce  nom  au  Cordiérite  ou  Saphir  d'eau,  (ln.) 

SAPHIR  ŒIL  DE  CHAT.  C'est  le  Corindon  vitreux 

CHATOYANT.  (LN.) 

SAPHIR  D'ORIENT.  V.  Corindon  bleu,  à  l'article 
Corindon,  (ln.) 

SAPHIR-RUBIS,  Saphir-topaze,  Rubis- topaze,  etc. 
Ce  sont  autant  de  variétés  du  corindon  vitreux  ,  mi-parli  bleu 
et  rouge  ,  bleu  et  jaune  ,  rouge  et  jaune  ,  etc.  (ln.) 

SAPHIR -SPATH.  Quelques  minéralogistes  allemands 
ont  ainsi  nommé  le  Disthène  bleu  transparent,  (ln.) 

SAPHIR  DU  VÉSUVE.  V.  Hauyne.  (ln  ) 

SAPHIRIN.  M.  Nose  a  donné  ce  nom  à  la  Hauyne, 
qu'il  a  observée  dans  les  productions  volcaniques  du  lac  de 
Laach  ,  près  Andernach  ,  sur  la  rive  droite  du  Rhin. 

Le  saphirin  est  en  grains  plus  ou  moins  gros,  dans  lés  la- 
ves de  Niedermenig  ;  en  grains  dans  les  pierres  ponces  , 
les  roches  feldspathiques  et  le  trass  du  même  pays.  Il  y 
porte  le  nom  àe  saphir  de  Laach.  Marquard  Freherus  ,  qui 
écrivoit  il  y  a  deux  cents  ans,  fait  mention  des  saphirs  des 


i66  S  A  P 

bords  du  lac  Laach  :  «L'on  trouve  çà  et  là  sur  ses  bords ,  dit- 
il ,  de  très-jolies  petites  pierres  de  saphir.  »  L'on  croit  qu'à 
cette  époque  ,  et  même  avant  on  recherchoit  ces  saphirs  ; 
maintenant  on  ne  les  trouve  plus  qu'en  petits  grains  qui 
ne  peuvent  être  d'aucun  usage. 

Le  SaPhirin  de  Bohème,  qu'on  trouve  mentionné  dans 
quelques  ouvrages,  paroît  être  le  Cordiérite.  (ln.) 

SAPHIRINE.  Variété  de  Calcédoine,  d'un  bleu  de 
saphir  très-agréable  ,  et  dont  on  se  sert  pour  graver  dessus 
ou  pour  faire  des  objets  d'ornement.  La  saphirine  est  tint- 
pierre  très-estimée  ,  lorsqu'à  l'intensité  de  la  couleur  elle 
joint  l'égalité  de  ton.  11  est  très-difficile  de  s'en  procurer  des 
pièces  un  tant  soit  peu  grandes.  On  la  taille  en  cabochon 
que  l'on  clive  quelquefois  :  ces  cabochons  ,  clivés  ,  montés 
sur  paillon  bleu  ou  sur  satin  bleu,  ont  le  chatoiement  du 
saphir  d  Orient  (  corindon  vitreux),  et  se  vendent  assez  cher. 
La  Transylvanie,  la  Daourie  et  l'île  de  Féroë,  recèlent  dans 
leur  sein  cette  calcédoine  ,  qui  se  présente  fréquemment 
sous  la  forme  du  cube  empruntée  au  spath-fluor  ;  sa  contex- 
lure  est  un  peu  vitreuse  ,  ce  qui  lui  donne  un  aspect  différent 
de  la  calcédoine  ,  et  l'a  fait  considérer  alors  comme  du  quarz 
cristallisé  sous  la  forme  de  son  noyau  primitif,  qui  est  un 
rhomboïde  obtus  voisin  du  cube.  F.  Calcédoine,  (ln.) 

SAPHIRUS.  Pline,  après  avoir  parlé  ducyanos  ,  qu'on 
regarde  comme  ayant  été  notre  lapis ^  s'exprime  ainsi  ; 
«  Quelquefois  on  trouve  aussi  du  cyanos  semé  d'un  sable 
doré,  mais  non  pas  comme  cela  se  voit  dans  le  saphirus; 
car  quelquefois  on  irotive  des  saphirus  marquetés  de  points 
d'or.  En  outre,  les  saphirus  sont  bleus  et  quelquefois  purpu- 
rins ,  ce  qui  est  rare  ;  les  plus  beaux  viennent  du  pays  des 
Mèdes-,  cependant  il  n'y  en  a  pas  de  transparens.  En  outre  , 
on  tient  qu'ils  ne  valent  rien  pour  la  gravure  ,  à  cause  des 
nœuds  cristallins  qu'ils  contiennent.  Ceux  qui  ont  la  couleur 
cyanée  {^hleu  d'azur)  passent  pour  des  saphirus  mâles.  »  La 
description  (îes  améthystes  suit  ,  dans  Pline  ,  celle  des  sa- 
phirus. Théophraste  range  le  sapphelros  avec  d'autres  pierres 
rares  ,  peu  volumineuses  ,  et  que  l'on  tailloit  pour  faire  des 
objets  de  bijouterie.  Il  dit  que  cette  pierre  est  tachetée  dor 
et  d'une  couleur  foncée ,  approchant  de  celle  du  (^yanis 
MALE  ,  qui  paroît  avoir  été  le  lapis  bleu  foncé. 

Chez  les  Hébreux,  le  sapiroa  sappir  (radical  du  mol  grec 
sappheiros,et  du  mot  latin  saphirus,  et  de  noire  mol  saphir), dé- 
signoit  la  même  pierre.  On  la  comptoit  au  nombre  des  douze 
gemmes  du  rational  d'Aaron  ;  elle  ornoit  le  vêlement  du 
roi  de  Tyr. 

On  est  réduit  à  des  doutes  sur  la  vraie  nature  du  saphirus; 


SAP  167 

cependant  on  a  de  fortes  raisons  de  croire  que  le  lapis  et 
s. -s  variétés  ,  ont  été  confondus  ici  avec  des  pierres  incon- 
nues ,  tantôt  purpurines,  tantôt  bleues;  mais  ce^ui  nous 
paroît  évident ,  c'est  que  le  saphir  des  modernes  n'est  pas 
le  saphirus  ou  sapphyrus  des  anciens.  V.  Zemphyrus,  (ln.) 
SAPHNINA.  Nom  arabe  delà  Tourterelle  de5  bois. 

SAPIN  ,  Jbies,  Tourn. ,  Juss.  ,  Mill.  ;  Pinus,  Linn.  (  Mo- 
noécie  monadelphie.)  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  coni- 
fères ,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  les  Pins  et  les  Mé- 
lèzes, et  qui  comprend  des  arbres  résineux  presque  tous  de 
la  première  grandeur ,  toujours  verts  ,  dont  on  retire  la  té- 
benthine  et  la  poix,  et  dont  le  bois  est  d'une  grande  utilité 
dans  les  arts  et  dans  les  constructions  civiles  et  navales. 

Linnœus  a  réuni  le  sapin  au  pin  dans  un  même  genre  ,  et 
Jussieu  l'a  joint  au  mélèze.  Les  caractères  génériques  de  ces 
trois  arbres  sont,  il  est  vrai,  à  peu  près  les  mêmes  (  Voyez  en 
la  description  à  l'article  Mélèze  ).  Cependant  il  y  a  entre  eux 
des  différences  essentielles  très-remarquables.  Le  sapin  dif- 
fère des  deux  autres  parla  disposition  de  ses  feuilles,  qui  sont 
solitaires  et  naissent  toutes  de  différens  points  .de  la  tige  , 
tandis  qu'elles  sont  engaînées  par  la  base  au  nombre  de  deux 
ou  plusieurs  dans  le  pin,  et  rassemblées  en  faisceaux  dans  le 
mélèze.  Il  diffère  encore  du  Pin  par  ses  cônes  solitaires  et 
terminaux ,  formés  par  des  écailles  menues  ,  régulières  ettui- 
lées  ;  tandis  que  ceux  du  pin  sont  rassemblés  en  grappes  et 
constitués  "par  des  écailles  ,   épaisses ,  irrégulières. 

C'est  donf  avec  raison  que  j'ai  fait  un  genre  et  un  article 
particulier  de  chacun  de  ces  arbres  dans  ce  Dictionnaire  ;  en 
les  y  réunissant  sous  le  même  mot ,  avec  toutes  leurs  espèces, 
i'aurois  nécessairement  augmenté  la  confusion  qui  règne  dans 
la  nomenclature  de  ces  espèces  (  i/s^z  l'article  Pin),  les- 
quelles, dans  ie  pin  et  le  sapin  surtout^  sont  assez  mal  carac- 
térisées et  trop  peu  distinguées  des  variétés  que  la  culture  a 
produites.  V.  Agathis. 

Il  y  a  plusieurs  espèces  de  sapins  ;  la  plupart  sont  des 
arbres  très-élevés  et  fort  droits  qui  croissent  sur  les  monta- 
gnes des  pays  froids  ,  dans  une  région  inférieure  à  celle  où 
Ton  voit  les  mélèzes.  Les  uns  ont  la  pointe  de  leurs  fraits  ou 
cônes  tournée  vers  le  ciel ,  et  des  feuilles  planes  ,  échancrées 
par  le  bout ,  rangées  à  peu  près  sur  un  même  plan  des  deux 
côtés  d'un  filet  ligneux  ,  comme  les  dents  d'un  peigne  ;  ce 
sont  les  véritables  sapins.  Les  autres  ont  la  pointe  des  cônes 
tournée  vers  la  terre,  et  des  feuilles  en  alêne  ,  roides ,  poin- 
tues, piquantes  ,  lisses  ,  éparses  autour  d'un  filet  commun  , 
t\  formant  une  espèce  de  cylindre.  Ce  sont  les  faux-sapins  , 


i68  SAP 

appelés  piceas  ou  épicias.  Le  feuillage  des  premiers  a  quelques 
rapports  avec  celui  de  I  if.  Les  vrais  sapins  fournissent  la 
térébenthine  de  Strasbourg  ^  qui  est  une  récolte  pour  certains 
cantons.  Les  épicias  produisent  la  poix.  Voyez  Poix  et  Té- 
rébenthine. 

Le  mode  de  croissance  des  sapins  et  des  épicias  est  à  peu 
près  le  même.  Le  tronc  de  ces  arbres  croît  dans  une  ligne 
perpendiculaire  au  sol.  Il  est  terminé  par  la  pousse  de  la 
dernière  sève.  A  chaque  pousse  il  s'élève  une  branche  verti- 
cale qui  est  le  prolongement  du  tronc  ,  et  en  même  temps 
il  en  paroît  trois  ou  quatre  qui  prennent  une  direction  hori- 
zontale. <f  A  l'extrémité  de  cette  flèche ,  dit  Feniile  ,  qui 
s'élève  tous  les  ans  sur  la  flèche  de  l'année  précédente ,  pour 
former  successivement  le  tronc  du  sapin,  on  voit,  dès  que 
la  sève  est  arrêtée  ,  et  surtout  au  renouvellement  du  prin- 
temps ,  quatre  boutons  disposés  carrément  autour  d'un  cen- 
tre où  se  trouve  un  plus  gros  bouton  ,  duquel  doit  partir  la 
flèche  de  l'année  suivante  ;  ce  dernier  bouton  est  unique  dans 
toute  la  plante,  et  s'il  vient  à  périr,  l'arbre  cesse  de  s'éle- 
ver. Aussi  la  nature  a-t-elle  pris  soin  de  le  garantir  de  l'effet 
des  gelées  du  printemps  ;  il  est  plus  long  à  se  développer  que 
les  boutons  latéraux,  et  il  est  couvert  par  une  calotte  coriace 
qui  enveloppe,  pendant  fort  long-temps,  le  paquet  de  ses 
feuilles  naissantes.  » 

La  croissance  des  sapins  est  lente  ;  ce  n'est  guère  que  vers 
la  cinquième  ou  sixième  année  qu'un  semis  de  sapins  com- 
mence à  se  distinguer  de  l'herbe,  mais  avec  le  temps  ces 
arbres  deviennent  très-hauts;  ils  le  sont  déjà  beaucoup  à  cin- 
quante ans.  A  l'âge  de  cent  ans  à  peu  près  ils  acquièrent  toute 
leur  élévation.  A  mesure  qu'ils  gagnent  en  hauteur,  leurs 
branches  inférieures  se  dessèchent  et  meurent.  Les  branches 
latérales  poussent  toujours  parallèlement ,  gardant  la  ligne 
horizontale,  ou  du  moins  s'en  écartant  très-peu.  La  grosseur 
de  ces  arbres  semble  n'être  pas  proportionnée  à  leur  extrême 
élévation.  Cependant  Pline  \Ub.  i6,  cliap.  l^o  de  son  Hist.  nat.  ) 
cite  un  sapin  de  sept  pieds  de  diamètre  ,  qui  servit  de  mal  au 
vaisseau  que  les  Romains  firent  construire  pour  transporter 
d'Egypte  l'obélisque  destiné  au  Vatican. 

Quoique  les  sapins  paroissent  se  plaire  dans  une  région 
très-élevée,  et  quoiqu'ils  croissent  communénient  à  neuf 
cents  toises  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  cependant,  soit 
^par  les  soins  de  l'homme  ,  soit  d'eux-mêmes,  ils  se  sont  na- 
turalisés de  proche  en  proche  dans  des  lieux  plus  bas  , 
et  même  dans  les  plaines  où  ils  forment  des  forêts  moins 
ipajestueuses  peut-être  que  celles  qu'on  voit  sur  les  montJ^- 
gnes  ,  mais  qui  sont  Icajours  d'une  grande  utilité. 


SAP  169 

Dans  les  pays  où  le  sapin  est  Irès-commun  ,  on  s'en  sert 
pour  clore  des  champs.  On  en  construit  en  Suisse  des 
maisons  entières  ;  mais  son  bois  n'a  pas  l'avantage  ,  comme 
celui  de  Mélèze  (  F.  ce  mot.  )  de  laisser  transsuder  sa  ré-^ 
sine,  et  de  boucher  ainsi  jusqu'aux  plus  légers  interstices.  Il 
varie  peu  en,longueur  par  la  chaleur;  il  dure  long-temps  sous 
l'eau  et  sous  terre  ;  les  pilotis  des  fameuses  digues  de  Hol- 
lande sont  en  bois  de  sapin.  En  Franche  -  Comté  ,  les  mai- 
sons ,  à  l'exception  de  celles  des  riches  ,  sont  couvertes  avec 
des  laites  de  sapin ,  qu'on  nomme  ancelles.  Dans  d'autres  en- 
droits on  emploie  son  écorce  à  la  place  du  tan  ,  pour  pré- 
parer les  cuirs  ;  souvent  on  mêle  à  celte  écorce  celle  du  noi- 
setier. Le  bois  de  sapin  entre  dans  la  fabrique  des  plus  grands 
vaisseaux  ;  on  en  fait  des  pièces  de  charpente.  Mais  c'est  sur- 
tout dans  la  menuiserie  qu'il  est  d'un  usage  fréquent  et 
journalier.  Enfin ,  ce  bois  est  bon  à  brûler  et  fait  de  bon 
charbon. 

Outre  ces  avantages  ,  les  sapins  en  présentent  encore  d'au- 
tres. Leurs  feuilles,  très-nombreuses  ,  et  leur  menues  bran- 
ches recueillies  avec  soin  ,  peuvent  être  employées  comme 
litière ,  être  converties  ensuite  en  excellent  fumier.  Les  jeunes 
branches  peuvent  suppléer  au  houblon  dans  la  composition 
de  la  bière.  On  les  applique  à  cet  usage  dans  le  Canada;  et 
au  nord  de  l'Europe  ,  la  seconde  écorce  des  sapins,  déta- 
chée au  printemps  ,  est  employée  comme  aliment.  Voici  les 
espèces  de  ce  genre  intéressant. 

Espèces. 

Quoiqu'elles  ne  soient  pas  nombreuses  ,  je  crois  devoir  les 
présenter  sous  deux  divisions ,  fondées  sur  la  direction  des 
cônes  et  sur  la  forme  (Tes  feuilles. 

\.  Vrais  Sapitss  ,  dont  les  cônes  sont  redressés  et  les  feuilles 
plates. 

Le  Sapin  commun,  Sapin  argenté  ,  Sapin  blanc  ,  Sapin 
DE  Normandie  ,  Sapin  a  feuilles  d'if,  Pinus  Picea,  Linn.; 
Ahies alba.,M\\\.'^  Ahies  taxifolïa.,  Mus.  Très-grand  arbre  dont 
la  tige  est  droite  et  nue  jusqu'à  son  sommet ,  et  dont  les 
branches  sont  parallèles  à  l'horizon;  sa  tête  formant  une  py- 
ramide. Son  bois, -tendre  et  résineux,  est  revêtu  d'une  écorce 
blanchâtre  ,  sèche  et  friable.  Ses  feuilles  sont  étroites,  assez 
longues  ,  échancrées  à  leur  extrémité  et  blanchâtres  en  des- 
sous :  ses  fleurs  mâles  disposées  en  grappes  axillaires,  et  ses 
cônes  rougeâtres,etportés  sur  des  pédoncules  redressés.Sous 


«7>  SAP 

chaque  écaille  du  cAne,  on  trouve  deux  semences  ovales,  an- 
guleuses, obtuses  ,  garnies  d'une  aile  membraneuse. 

Ce  bel  arbre  habite  les  hautes  montagnes  et  les  pays  élevés, 
où  il  forme  de  vastes  forêts  ;  il  est  très-commun  en  Suisse , 
en  Allemagne  ,  dans  les  environs  de  Strasbourg  ,  en  Auver- 
gne, en  Normandie.  Il  croît  aussi  dans  le  Levant.  Tour- 
nefort  fait  mention,  dans  ses  voyages  ,  des  sapins  du  mont 
Olympe  ,  et  il  en  parle  comme  de»  plus  beaux  arbres  qu'il 
ait  vus  en  Orient.  11  découle  de  ces  sapins  un  suc  rési- 
neux très-estimé ,  appelé  larme  de  sapin.  Ce  suc  est  amer, 
acre ,  visqueux  ;  son  odeur  approche  de  celle  du  citron  ;  il 
est  vulnéraire,  balsamique  et  antiseptique. 

Le  Sapin  BALSAMIQUE  ou  Baumier  de  Gilé  au  y  P  inus  bal- 
samea,  Linn.;  Abies  ba/samea,  Mill.  C'est  un  arbre  de  l'Amé- 
rique septentrionale ,  beaucoup  moins  élevé  que  le  précé- 
dent ,  dont  les  feuilles  sont  marquées  en  dessous  de  deux  li- 
gnes blanchâtres.  Quand  on  les  froisse  ,  elles  exhalent  une 
odeur  balsamique  très-forte.  On  retire  ,  des  utricules  qui  se 
forment  sous  son  écorce,  une  résine  fort  claire  et  d'une  odeur 
très-agréable  ,  qu'on  vend  en  Angleterre  pour  le  baume  de 
gdead ,  d'où  vient  le  nom  donné  à  ce  sapin.  Il  se  cultive  dans 
nos  jardins. 

Le  Sapin  de  Virginie  ,  Abies  americana ,  Mill.  ;  pectinata , 
Mus.  ;  ses  feuilles  sont  disposées  sur  deux  rangs  ,  linéaires  , 
tronquées  par  le  bout,  avecdeuxpetites  dents,  etmarquées  en 
dessous  de  deuxnervures:ses  cônes  sont  petits  et  arrondis.Ce 
snpin  étend  ses  branches  au  loin  horizontalement;il  est  moins 
beau  que  les  autres  espèces.  Il  ne  profite  jamais  beaucoup  en 
Angleterre  .,  dit  Miller,  ni  même  dans  plusieurs  cantons  de 
1  Amérique.  11  languit  dans  une  terre  sèche,  demande  un 
sol  humide,  et  résiste  très-bien  aux  froids  du  nord  de  la 
France. 

Le  Sapin  nain  ressemble  beaucoup  au  sapin  commun  , 
mais  ne  s'élève  que  de  quelques  pieds.  On  le  trouve  dans 
File  de  Terre-Neuve  et  à  la  baie  d'iiudson.  M.  la  Fortelle 
l'a  cultivé  à  Versailles  pendant  un  grand  nombre  d'an- 
nées. 

II.  Epicias  ou  Sapins  dont  les  (ânes  sont  pendons  d  tesjeuitles 
r.ylindriijves. 

LcSâpin  pesse, Sapin  de  Norwége, Arbre  a  poix,Pesse, 
Pèce  ,  PiCEA  ,  Epicia  ou  faux  Sapin  ,  Pinus  abies,  Linn.  ; 
Abies  pirea  ,  Mill.  Grand  arbre  fort  coininan  dans  les  forêts 
de  la  Norwége,  et  qui  croît  dans  des  vallées  ;loot  le  sol  est 


s  A  P  'P 

Irès-profond.  Il  fournit  le  bois  de  charpenle  connu  sous  ft» 
nom  (le  sapin.  Ses  feuilles  sont  en  alènc  ,  roides,  pointues  , 
piquantes  et  lisses;  ses  cônes  allongés  et  penchés;  ses  écailles 
permanentes.  On  a  appelé  cet  arbre  picéa  ou  arbre  à  poix  ^ 
parce  qu'il  fournit  la  résine  qui  porte  ce  nom. 

lise  cultive  très-fréquemment  dans  les  jardins  paysagistes, 
qu'il  embellit  plus  qu'aucun  arbre  résineux ,  par  la  disposition 
régulière  de  ses  branches. 

Le  Sapin  ou  Pessedu  Canada  ,  Sapinette  du  CA^ADA  , 

EpINETTE  BLANCHE  DELA  NOUVELLE- ANGLETERRE,  Pinusalba, 

Linn.  Dans  cette  espèce,  les  feuilles  sont  disposées  de  la 
même  manière  à-peu- près  que  dans  le  picéa;  les  cônes 
sont  grêles  et  de  la  grosseur  du  doigt,  et  les  écailles  per- 
manentes. Elle  offre  une  ou  deux  variétés  connues  sous  les 
noms  de  sapineile  noire  et  sapiiielle  rouge  ^  que  les  observa- 
tions modernes  présentent  comme  des  espèces  différentes 
de  la  précédente  ,  par  leur  moindre  élévation  ,  et  par  la 
petitesse  de  leurs  feuilles  et  de  leurs  fruits.  C'est  avec  l'é- 
pinetle  blanche  que  les  Canadiens  font  de  la  bière  (  K.  à 
l'article  Houblon).  Elle  produit  aussi  le  baume  du  Ca- 
nada,  V.  Bacme. 

Le  Sapin  du  Canada  ,  ou  Hemelock-spruce^Pînus  cmiadensù, 
Linn.,  a  les  feuilles  éparses  sur  les  rameaux.  11  est  naturel  à 
l'Amérique  septentrionale,  et  se  cultive  dans  nos  jardins. 
Ses  rameaux  sont  préférés  pour  la  fabrication  de  la  bière , 
dans  beaucoup  de  lieux. 

Le  Sapin  ou  Pesse  d'Orient,  Pinus  orientalis.,  Linn.,  à 
fruit  très-petit,  et  à  feuilles  courtes  et  tétragones. Celte  espèce 
fut  découverte  en  Orient  par  Tournefort ,  qui  en  envoya  des 
cônes  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris.  Ce  sapin  croît  dans 
les  montagnes  de  Tlslrie  ,  de  la  Dahnatie,  et  dans  celles  de^ 
îles  de  l'Archipel,  où  il  est  très-conmiun. 

Semis  des  Sapins.  Toutes  les  espèces  de  sapin  se  multi- 
plient de  graines  qu'on  élève  à  l'ombre,  ainsi  que  le  plant.  On 
cueille  les  cônes  en  janvier,  février  et  mars;  pour  les  faire 
ouvrir,  et  faire  sortir  la  graine  ,  on  les  expose  à  la  vive 
ardeur  du  soleil,  ou  dans  un  four  modérément  échauffé 
Le  sol  destiné  auseniis,  doit  avoir  été  labouré  ,  et  bîetj 
émietté;  pour  peu  qu'il  soit  exposé  au  soleil,  on  mêle  à  la 
graine  de  sapin  huit  ou  dix  fois  autant  d'avoine  ,  qu'on  sème 
<*n  même  temps;  en  grandissant,  elle  protège  de  son  ombre 
ies  jeunes  sapins;  et  quand  on  l'a  coupée,  son  chaume  leur 
>ert  encore  d'abri  pendant  l'anntîe  suivante  ;  alors  ils  peuvent 
se  passer  des  soins  de  l'homme.  Après  avoir  semé,  on  enterre 
]a  graine  au  moyen  «le  la  herse  ,  armée  de  fagots,  qu'on  p^sre 


«7»  SAP 

à  plusieurs  reprises  sur  le  champ.  On  ne  doit  pas  craindre 
de  semer  le  sapin  dru,  sauf  à  enlever  les  pieds  surnumé- 
raires, dans  les  premières  années  qui  suivront  celle  du  semis. 
Cette  manière  d'élever  ces  arbres  est  employée  pour  les  forêts 
et  les  grandes  plantations. 

Il  y  en  a  une  autre  dont  les  pépiniéristes  et  les  amateurs 
de  jardins  paysagistes  font  usage.  Elle  consiste  à  semer  dans 
une  plaie-bande  de  terre  de  bruyère  exposée  au  nord.  On 
couvre  le  plant  de  feuilles  sèches  pendant  les  fortes  gelées. 
Au  printemps  de  la  seconde  année  ,  on  repique  ce  plant  à 
six  pouces  de  distance,  dans  une  terre  à  une  exposition  sem- 
blable. A  quatre  ans ,  on  le  repique  une  seconde  fois  à  trente 
pouces,  et  dans  une  terre  ordinaire  ,  au  préalable  bien  la- 
bourée. Ce  n'est  qu'à  la  sixième  et  septième  année  qu'il  est 
propre  à  être  mis  en  place.  L'epiciaet  la  sapinette  poussent 
plus  rapidement  que  le  sapin.  Jamais  la  serpette  ne  doit  tou- 
cher leurs  branches. 

Coupe  des  sapins.  En  Franche-Comté  ,  sur  les  Alpes  et  sur 
les  Pyrénées  ,  on  a  la  mauvaise  habitude  de  couper  les 
sapins  à  un  pied  et  demi,  et  même  à  deux  pieds  au-dessus  du 
sol.  On  perd  ainsi  la  plus  avantageuse  et  la  plus  grosse  partie 
du  tronc  ;  car  le  sapin,  comme  la  plupart  des  arbres  verts  , 
une  fois  coupé  ,  n'importe  à  quelle  hauteur,  meurt,  et  son 
tronc ,  ainsi  que  ses  racines,  se  convertissent  en  terreau.  Du 
côté  de  Berne,  et  dans  quelques  autres  cantons  de  la  Suisse  , 
on  coupe  ces  arbres  à  fleur  de  terre,  comme  le  chêne,  c'est 
la  bonne  manière;  aussi  cette  méthode  a-t-elle  été  introduite 
dans  les  parties  des  Pyrénées  qu'on  exploite  pour  le  compte 
du  gouvernement  français. 

Dansbeaucoup  d'endroits,  on  choisit  le  mois  de  septembre 
pour  faire  la  coupe  des  sapins ,  parce  qu'alors  les  journées 
sont  moins  chères,  et  parce  que  depuis  ce  moment  jusqu'à 
celui  où  la  neige  couvre  la  terre,  on  a  encore  assez  de.temps 
pour  achever  l'exploitation.  Cette  pratique  mérite  la  prélé- 
rence,  si  l'on  vise  à  l'économie  ;  mais  elle  est  mauvaise,  si 
on  veut  avoir  du  bois  de  bonne  qualité.  Pour  qu'il  soit  tel, 
il  faut  couper  le  sapin  lorsqu'il  est  le  plus  chargé  de  résine. 
Cette  époque  est  dans  le  mois  de  juillet  et  d'août,  lorsque 
•l'arbre  végète  dans  un  terrain  gras,  et  au  printemps  si  le  sol 
est  maigre. 

Ceux  qui  désireront  plus  de  développemens  sur  la  cul- 
ture et  l'exploitation  des  sapins,  peuvent  consulter  Miller 
et  le  baron  de  Tschoudi.  V.  aussi  l'article  Bois ,  où  j'ai  in- 
diqué une  méthode  pour  durcir  l'aubier  du  chêne  ,  qu'on 
peut  employer  avec  succès  sur  le  bois  de  sapin,  (d.) 

SAPIjMDUS.   Nom  composé  des  deux  mots  latins  50^90  et 


SAP  ,73 

indus ,  c'est-à-dire  savon  et  inde ,  ou  saç>on  indien.  Il  a  été 
donné  par  Tournefort,  Adanson  ,  Llnnseus,  etc. ,  au  genre 
de  plantes  ci-après  décrit  à  l'article  Savonnier.  Les  fruits  de 
l'espèce  la  plus  commune  (^sapinflus  saponaria,  L. ),  qui  est 
un  arbre  de  l'Amérique  méridionale  ,  servent  en  guise  de 
saron  pour  laver  le  linge.  Cet  arbre  est  appelé  aussi  hnis  à 
savonnette.  Selon  Adanson,  c'étoit  le  Ukka  des  Américains,  et 
le  quitc  de  Brasiliens. 

Laxmann  a  fait,  aux  dépens  du  sapindus.,  son  genre  koelreu- 
/«•iaqui  a  été  adopté  par  Lhéritier  et  tous  les  botanistes,  (ln.) 
SAPINETTE.  Nom  commun  à  trois  arbres  du  Canada, 
qui  font  partie  du  genre  des  Sapins,  (b.) 

SAPINEÏTE.    Nom  vulgaire   des   coquilles   du   genre 
Anatife.  (b.) 

SAPINOS.  Pline  dit  qu'on  donnoit  ce  nom  aux  améthystes 
les  plus  claires  de  toutes.  On  les  appeloit  aussi  paraniles , 
du  nom  d'une  contrée  voisine  de  l'Arabie  :  il  n'en  dit  pas 
davantage.  Je  pense,  qu'il  s'agit  ici,  comme  pour  le  sacediony 
de  rubis  orientaux  pâles  en  couleur.  On  lit  dans  quelques  édi- 
tions de  Pline ,  et  chez  les  commentateurs ,  sapenos  pour  sa- 
pinos,et  phara  onpharan  pour  para  ou  paran,  qu'on  donne  pour 
le  nom  d'une  ville  d'Arabie  ,  et  non  pas  d'une  contrée,  (ln.) 
SAPINUS  de  Pline.  F.  PiNUS.  Il  a  été  donné  encore 
au  Sapin.  F.  ce  mot.  (ln.) 

SAPIR  et  SAPPIR  des  Hébreux.  F.  Saphirus.  (ln.) 
SAPIUM.  Ce  genre  ,  établi  par  Brown  dans  son  Histoire 
de  la  Jamaïque,  adopté  par  Adanson,  et  annulé  parLinnseus 
qui  l'avoit  compris  dans  son  genre  Hippomane,  est  décrit 
à  l'article  Gluttier.  Michaux  en  retire  le  croton  sebîferum 
que  Jussieu  y  avoit  rapporté  pour  le  placer  dans  le  genre 
Stillingia.  (ln.) 

SAPONACÉES,  «Sa^DiW/,  Jussieu.  Famille  de  plantes, 
dont  les  caractères  consistent:  en  un  calice  polyphylle  ou  mo- 
nophylle, souvent  divisé  en  une  corolle  formée  de  quatre  àcinq 
pétales  portés  sur  un  disque  hypogyne ,  tantôt  nus ,  tantôt 
velus  ou  glanduleux  à  leur  partie  moyenne  ou  intérieure , 
tantôt  munis  à  leur  base  d'un  appendice  pctaliforme  ;  des 
étamines  ordinairement  au  nombre  de  huit,  également  insé- 
rées sur  le  disque  hypogyne,  à  filamens  distincts,  à  anthères 
biloculaires  ,  quadrisillonnées ,  s'ouvrant  sur  les  sillons  laté- 
raux; un  ovaire  simple  ,  quelquefois  dîdyme,  à  style  unique 
ou  triple;à  stigmate  unique, double  ou  triple;un  fruit  multiple, 
ou  simple,  ou  uni,  ou  bi  ou  triloculaire,  à  loges  polyspermes, 
rarement  dispermes;  semences  quelquefois  marquées  d'une 
cicatrice  à  leur  ombilic  ,    attachées  à  l'angle  interne  des 


*74  SAP 

loges,  à  embryon  dépourvu  de  périsperme,  à  radicule  cour- 
bée sur  les  lobes,  qui  sont  eux-mêmes  déjà  recourbés. 

Les  plantes  qui  appartiennent  à  celte  famille,  sont  toutes 
exotiques  ,  rarement  herbacées  ;  leur  tige  ,  quelquefois  grim- 
pante ou  sarmenteuse,  ordinairement  droite,  à  cime  rameuse 
ou  touffue  ,  porle  des  feuilles  alternes  ,  une  ou  deux  fois 
composées;  les  fleurs  en  général  petites  et  d'une  couleur  peu 
éclatante,  naissent  soit  dans  les  aisselles  des  feuilles,  soit  au 
sommet  des  tiges  et  des  rameaux  ;  elles  sont  ordinairement 
disposées  en  grappes ,  quelquefois  en  corymbe  ou  en  pani- 
cule. 

Ventenat  rapporte  à  cette  famille,  qui  est  la  neuvième  de 
la  treizième  classe  de  son  Tableau  du  Règne  végétal^  et  dont 
les  caractères  sont  figurés  pi.  i5  ,  n."  4-  des  planches  du  même 
ouvrage  ,  douze  genres  sous  deux  divisions,  savoir  : 

i."  Les  saponacées  à  pétales  doublés  ou  munis  à  leur  onglet 
d'un  appendice  pétallforme  :  Cardiosperme,  Paulijnie  , 
Savonnier,  Koelueuterie  et  Aporetioue. 

2°  Les  saponacées  dont  les  pétales  sont  simples  :  Orni- 
trophe  ,  Litchi  ,  Mélicoque  ,  Acladodée  ,  Talisier  , 
Molinée,  Cossignier. 

Les  genres  qui  ont  le  plus  d'affinité  avec  cette  famille  , 
sont  les   Mataybe.s  ,  les   Enourous  ,  les   Cupanis   et  les 

PÉKÉES.   (R.) 

SAPONAIRE  ou  SAVONNIERE,5/7;)ow7r/a,Linn.  {dé- 
cmidrie  dîgytiie.  )  C'est  un  genre  de  plantés  de  la  famille  des 
raryophyllées  ,  fort  voisin  des  Gypsophiles,  des  Silènes  et 
des  CucuBALES,  dont  les  fleurs  sont  ordinairement  disposées 
en  corymbes  terminaux.  Ses  caractères  sont  d'avoir:  un  ca- 
lice persistant ,  tubuleux,  nu  à  sa  base ,  et  découpé  en  cinq 
parties  ;  une  corolle  formée  de  cinq  pétales,  ayant  leurs  on- 
glets étroits  et  de  la  longueur  du  calice  ,  et  leurs  lames  lar- 
ges et  obtuses  ;  cinq  étamines  alternativement  posées  sous 
le  pistil  et  sur  les  pétales  ;  un  germe  cylindrique  ,  soutenant 
deux  styles  droits  ,  parallèles  et  couronnés  par  des  stigmates 
aigus ,  et  une  capsule  oblongue ,  h  cinq  valves  et  k  «ne  loge  , 
qui  s'ouvre  par  le  sommet ,  et  qui  contient  plusieurs  petites 
semences  rondes  et  chagrinées.  On  ne  connoît  que  quinze  à 
seize  espèces  de  ce  genre,  dont  les  seules,  qui  méritent  de 
trouver  place  ici,  sont  les  suivantes: 

La  Saponaire  officinale,  Saponaria  officinalis^  Linn.  Sa 
racine,  longue  et  noueuse  ,  pousse  des  tiges  herbacées,  du- 
.  res,  cylindriques  ,  garnies  de  feuilles  opposées  et  ovales  , 
terminées  eu  pointe  aiguë  et  d'un  vert  pâle.  Les  pédoncules 
sortent  des  aisselles  des  feuilles  et  du  sommet  des  tiges  ,  et 
soutiennent  chacun  quatre  ,  cinq  ou  un  plus  grand  nombre 


SAP  175 

de  fleurs  incarnates  ou  pourpres  ,  qui ,  par  leur  réunion  an 
haut  de  la  plante,  produisent  un  bel  effet;  elles  paroissent 
en  juillet,  août  ou  septembre  ,  suivant  le  climat.  Celte  es- 
pèce est  vivace  par  ses  racines.  On  la  trouve  en  Europe  , 
dans  les  endroits  frais,  aux  bords  des  champs  et  des  ruis- 
seaux. Son  nom  ,  qui  a  été  donné  au  genre,  lui  vient  de  la 
propriété  de  ses  feuilles  ,  qui,  broyées  et  mêlées  dans  Teau, 
forment  une  écume  semblable  à  celle  du  savon.  Elles  con- 
tiennent en  effet  un  mucilage  qui  est  un  vrai  savon  végétal , 
propre  à  blanchir  les  dentelles  ,  à  décrasser  les  soies  et  â 
nettoyer  les  étoffes  de  laine.  On  s'en  sert  même  dans  quel- 
ques pays  pour  blanchir  le  linge,  principalement  dans  l<» 
nord  de  l'Europe,  à  l'imitation  des  anciens  qui  employoient 
cette  plante  au  même  usage.  La  médecine  tire  aussi  parti  de 
la  saponaire.  La  décoction  de  ses  racines  et  de  ses  feuilles  , 
corrigée  et  adoucie  par  le  miel ,  est  un  puissant  résolutif  pour 
les  obstructions  formées  par  des  matières  grasses  et  visqueu- 
ses dans  les  vaisseaux  et  les  viscères;  cette  même  décoction 
est  encore  un  bon  remède  dans  le  traitement  des  dartres  et 
de  la  gale  ,  soit  qu'on  la  prenne  intérieurement ,  soit  qu'on 
en  bassine  les  parties  malades.  Les  feuilles  entrent  dans  les 
bains  domestiques  émolliens  ;  enfin  toute  la  plante  est  re- 
gardée comme  un  spécifique  contre  le  vice  siphilitique.  Il  y 
a  une  variété  de  saponaire  à  fleurs  doubles  ,  et  une  autre 
qu'on  appelle  saponaire  hybride:  celle-ci  a  été  regardée  comme 
un  jeu  de  la  nature  ;  cependant  Miller  dit  que ,  quoiqu'elle  ne 
donne  point  de  semences ,  il  ne  l'a  jamais  vue  varier  pendant 
quarante  années  de  culture. 

La  Saponaire  pentagone  ou  rouge,  vulgairement  blé  de 
vache  {Saponaria  vaccaria,  Linn.).  Celle-ci  est  annuelle  ;  elle 
croît  parmi  les  blés,  dans  le  midi  de  la  France  et  en  Italie. 
Les  bestiaux  ,  les  vaches  surtout  ,  la  mangent  avec  avidité  , 
d'où  lui  vient  son  nom.  Sa  tige  est  haute  d'un  pied  et  demi , 
droite,  lisse  et  branchue  ;  ses  feuilles  sont  sesslles,  ovales, 
pointues,  et  plus  petites  que  celles  de  l'espèce  ci-dessus;  ses 
(leurs  naissent  en  corymbe  aux  extrémités  des  branches,  cha- 
cune sur  un  pédoncule  nu  et  long  ;  leurs  pétales  sont  petits, 
dentés  et  d'un  pourpre  rougeâtre  ;  leurs  calices  longs  ,  en- 
flés en  forme  de  pyramide  et  k  cinq  angles  aigus;  elles  pa- 
roissent  en  juin  et  juillet ,  et  leurs  semences  mûrissent  en  au- 
tomne. 

La  Saponaire  rampante  ou  a  feuilles  de  basilic  ,  Sa- 
ponaria  ocymoïdes ,  Linn.  Elle  est  vivace ,  et  ne  s'élève  qu'à 
un  demi-pied  ;  sa  tige  est  très-rameuse  ,  un  peu  velue  et 
couchée;  ses  feuilles  sont  petites,  ovales,  allongées  etasseï 
semblables  à  celles  du  basilic; ses  ûeurs  naissent  aux  aisseilei 


176  s   7V.  P 

Aes  feuilles;  elle«  ont  un  calice  cylindrique,  velu,  et  des 
pétales  rouges.  La  station  de  celle  espèce  s'étend  de  la  Mé- 
diterranée jusqu'à  la  Suisse,  (n.) 

SAPONARIA.  ïragus  a  donné  ce  nom  à  la  Saponaire 
OFFICINALE  (^Saponaria  officinalis.,  L.  )  ,  parce  que  cette  plante 
est  employée  en  guise  de  savon  pour  blanchir  le  linge  et  net- 
toyer les  étoffes  de  laine.  U  l'avoit  également  appelée  viola 
agrestis  ;  mais  tous  les  botanistes  ont  préféré  la  première  dé- 
nomination. 

Tournefort  comprenoit  celte  plante  dans  son  genre  lych- 
nîs ,  mais  Linnseus  l'en  a  retirée  et  en  a  fait  le  type  de  soii 
g&nve  saponaria  ^  auquel  il  avoit  d'abord  vémaiVarenaria  te- 
traquetra  et  beaucoup  d'espèces  de  gypsophila  qu'il  en  a  re- 
tirées depuis, et  entre  autres  le  gyps^struthion  qui  paroît  être  le 
struthion  des  anciens ,  plutôt  que  la  saponaire  officinale , 
comme  quelques  auteurs  l'ont  écrit. 

Halier  n'a  pas  rejeté  du  genre  saponaria  toutes  les  espèces 
de  gypsophila  que  Linnseus  y  avoit  mises  ;  il  y  en  a  con- 
servé quatre  ,  \tsgyps.  repens  ,  perfoUata  ,  fastigiata  et  rlgida. 
Moench ,  en  approuvant  les  renvois  faits  par  Linnseus, 
trouve  encore  que  le  genre  saponaria  peut  être  modifié;  il  en  a 
retiré  le  saponaria  porrigens  ,  type  de  son  genre  hagenia^  et  le 
sap.  vaccaria^  dont  il  f^it,  à  l'exemple  de  JVlédicus,  le  genre 
varcaria.  (lN.) 

SAPOTA.  Le  genre  que  Plumier  avoit  établi  sous  ce 
nom  ,  a  été  appelé  par  Linnseus  Achras.   V .  Sapotillier. 

(LN.) 

SAPOTE  NEGRO.  Nom  d'une  espèce  de  Plaquemi- 
NiER  à  rile-de-Erance.  (b.) 

SAPOTIÉR.  V.  Sapotillier.  (d.) 

SAPOTILLIER,  SAPOTIER,  Achras,Unx\.;Sapotay 
Plum.  (^hexandrie  monogynie).  Très-bel  arbre  fruitier  de  la 
famille  des  Hilospermes,  qu'on  cultive  dans  les  Antilles, 
principalement  à  Saint-Domingue,  pour  son  fruit,  qui  y  est 
regardé,  avec  raison,  comme  le  meilleur  de  ce  pays  ,  après 
l'orange.  Le  ^sapotillier  a  été  bien  décrit  par  Nicolson  (  £5- 
saisiir  fjiist.  nat.  de  Saint-Domingue').  U  est  figuré  pi.  P  16  de 
ce  Dictionnaire. 

«  C'est  un  grand  arbre,  dit-il,  qui  s'élève  à  la  hauteur 
de  trente-cinq  à  quarante  pieds  ;  sa  racine  est  pivotante  , 
chevelue;  l'épiderme  d'un  brun  sombre  ;  l'écorce  moyenne, 
vougeâtre  ;  le  liber  blanc,  d'un  goût  acre,  rempli  d'un  suc 
laiteux  et  gluant;  le  bois  blanc ,  filandreux.  Le  corps  de  l'ar- 
bre est  droit,  fort  rameux,  couvert  d'un  épiderme  crevassé, 
rude,  noirâtre;  l'enveloppe  cellulaire  verte;  le  liber  sem- 
blable à  celui  des  racines  ;  le  bois  blanc  et  se  fendant.  Les 


SAP  i7f 

branches  sont  tantôt  alternes,  tantôt  opposées ,  longues, 
pendantes,  représentant,  vers  le  bas,  une  espèce  d'enton- 
noir ,  du  centre  duquel  s'élève  un  jet  fort  droit,  assez  haut, 
dont'le  sommet  forme  un  bouquet  arrondi.  Les  feuilles  nais- 
sent aux  extrémités  des  ramilles  -,  elles  sont  longues  de  trois 
à  quatre  pouces ,  larges  de  douze  à  quinze  lignes ,  lisses ,  lui- 
santes, sans  dentelures,  d'un  vert  foncé  en  dessus  et  pâle  en 
dessous,  très-veinées,  remplies  d'un  suc  laiteux  gluant  et 
acre,  pointues  aux  deux  extrémités,  disposées  par  bouquets 
jusqu'au  nombre  de  douze  ou  quinze  ,  portées  sur  un  pétiole 
long  d'un  demi-pouce,  dont  le  prolongement  forme  une 
côte  saillante  qui  divise  la  feuille  en  deux  parties  égales  ,  et 
qui  sert  de  base  à  plusieurs  nervures  fort  déliées  ,  presque 
droites  et  parallèles.  Les  fleurs  croissent  au  centre  des  bou- 
quets,  au  nombre  de  cinq  ou  six  ensemble  ,  soutenues  par 
des  pédoncules  de  six-lignes  de  longueur.  » 

Chaque  fleur  présente  pour  caractères  génériquesrun  calice 
persistant  et  à  cinq  divisions  profondes  ;  une  corolle  tubulée 
et  campaniforme  ,  dont  le  limbe  est  découpé  en  six  segmens, 
et  garni  à  son  orifice  de  sixpelites  écailles  échancrées;sixéta- ' 
mines  qui  ne  dépassent  point  le  tube  ;  et  un  style  à  stigmate 
obtus.  Le  fruit  est  une  pomme  ovale  ou  faite  en  sabot ,  con- 
tenant dans  huit  ou  dix  loges  un  même  nombre  de  semences. 
Ces  caractères  sont  représentés  pi.  P.  i6  de  ce  Diction- 
naire ,  et  constituent  le  genre  sapotillier  ^  dans  lequel  on 
ne  compte  que  trois  ou  quatre  espèces.  Celle  que  j'ai  décrite 
est  Vachras  sapola  de  Linnaeus. 

On  donne  le  nom  de  sapote  ou  de  sapotille  au  fruit  du  sa—' 
polillier.  Il  est  couvert  d'une  peau  brunâtre  plus  ou  moins 
crevassée.  Quand  il  n'est  pas  mûr,  sa  chair  est  verdâtre  , 
d'un  goût  fort  acre  et  désagréable  ;  mais  dans  sa  maturité 
elle  est  d'un  brun  rougeâtre,  d'une  saveur  délicieuse  ettrès- 
rafraîchissânte.  Les  pépins  sont  oblongs,  aplatis,  revêtus 
d'une  écorce  ligneuse,  noire,  dure  et  cassante  ,  qui  renferme 
une  amande  blanchâtre  très-amère.  Ces  fruits  se  mangent 
crus ,  et  sont  servis  aux  Antilles  sur  toutes  les  tables.  On  dis- 
tingue plusieurs  variétés  de  sapofilliers,  savoir  :  à  fruits  oblongs 
et  ovoïdes  ;  à  fruits  oblongs  et  gonflés  au  sommet;  à  fruits  ronds  ^ 
dont  le  sommet  et  la  base  sont  aplatis  ;  à  fruits  ronds ,  dont  le 
sommet  est  pointu  et  la  base  aplatie. 

On  voit  une  très- belle  figure  de  la  sapotille  dans  ia*ï1ore 
des  Antilles  de  M.  de  Tussac. 

Swarlz  rapporte  Vachras  sali cifoUa^  Linn.,  à  son  genre  lu- 
melia.  V.  BuMÉLiE.  (d.)  .  ■-      ■  ■ 

SAPOTILLIËRS.  Famille  d-^  plantes  q«eV«mcnalap-. 

pelle  HiLOSPERME.S. 

XXX.  12. 


tj8  SAP 

C'est  à  celte  famille  qu'appartient  le  fameux  arbre  de  ik 
Vache ,  qui  croît  dans  l'Amérique  méridionale,  et  qui  donne 
un  abondant  suc  laiteux  propre  à  la  nourriture  des  hommes. 
On  ne  connoît  pas  encore  les  parties  de  sa  fructification  ; 
mais  Humboldt  a  rapporté  un  de  ses  rameaux,  que  j'ai  vu,  et 
dont  les  feuilles  sont  alternes,  ovales,  aiguës,  mucronées, 
épaisses ,  coriaces  et  longues  de  près  de  six  pouces,  (b.) 

SAPPADILLE.Nom  qu'on  donne,  dans  les  colonies  an- 
glaises ,  à  la  COROSSOLLE.  (B.) 

SAPPAL.  Arbre  des  Indes,  figuré  par  Rumphius,  mais 
imparfaitement  connu  des  botanistes.  Son  écorce  est  odo- 
rante ,  et  son  bois  employé  à  la  construction  des  maisons. 

(B.) 

SAPPAN.  Nomqu'ofi  donne,  dans  les  Indes-Orientales, 
à  une  espèce  de  ^resillet (cœsa/pinia  sappan^h.).  Le  voya- 
geur Linschott  écrit  sapou.  (ln.) 

SAPPARE.  Nom  que  Saussure  avoit  donné  auDiSTHÈNE 
BLEU  du  Saint-Gothard.  V.  ce  mot.  (ln.) 

SAPPARITE.  Minéral  décrit  par  Schlottheîm.  Il  se 
voit  enchâssé  et  enveloppé  dans  des  druses  de  cristaux  de 
spinelle ,  d'où  l'on  peut  conclure  qu'il  se  trouve  dans  l'Inde, 
peut-être  dans  le  Pégu ,  ou  bien  à  Ceylan.  Il  est  translucide 
et  d'un  bleu  d'azur  pâle  ;  mais  quand  on  le  fait  chatoyer,  il 
a  des  reflets  d'un  blanc  d'argent  vif  et  opalin.  Il  semble  cris- 
talliser en  prisme  droit,  rectangulaire;  sa  cassure  longitudi- 
nale est  feuilletée  ;  celle  en  travers  est  inégale  et  imparfaite- 
ment conchoïde.  Il  est  peu  dur  ,  et  sa  poussière  est  d'un  gris 
blanchâtre. 

Cette  substance  est  probablement  du  disthène.  L'on  sait 
que  le  disthène  se  trouve  à  Ceylan  et  dans  plusieurs  parties 
de  l'Inde,  (ln.) 

SAPPHIRUS.  V.  Saphirus.  (ln.) 

SAPROPHAGES  ,  Saprophagi.  Nom  que  j'avois  donné 
(^Gener.  Crust.et  Insact.)  à  la  division  des  insectes  coléoptères 
pentamères  qui  n'ont  que  quatre  palpes,  (l.) 

SAPYGE,  Sapyga,  Latr.,  Jur.,  Klug. ,  Hellus,  Fab. 
Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  hyménoptères ,  famille  des 
scoliètes ,  tribu  des  sapygltes.  Ses  caractères  sont  :  un  ai- 
guillon dans  les  femelles  ;  lèvre  inférieure  à  trois  divisions 
étroites,  allongées,  dont  les  latérales  plus  petites,  pointues, 
et  celle  du  milieu  échancrée  ;  antennoiB  insérées  vers  le  mi- 
lieu du  front,  renflées  vers  l'extrémité ,  brisées;  lèvre  supé- 
rieure nulle  ou  peu  apparente  ;  palpes  courts;  les  maxillaires 
de  six  articles,  les  labiaux  de  quatre  ;  mandibules  fortes,  à 
plusieurs  dentelures  ;   ailes  étendues  ou  sans  plis. 

L«s  sapyges  avoient  été  d'abord  coufon<}ues  par  Fabrlcius 


SAP  .79 

avec  les  scolles,  dont  elles  se  rapprochent  en  effet  beaucoup. 
Leurs  mandibules  larges  et  multidentées ,  leurs  antenne 
coudées  et  très-senslbleuient  reutlées  vers  leur  extrémité 
dans  les  deux  sexes,  leur  lèvre  inférieure  dont  la  division  du 
milieu  est  plus  grande  etéchancrée,  les  éloignent  de  celles- 
ci.  On  observera  en  outre  ,  que  leur  corps  est  glabre  ,  et  que 
le  premier  segment  du  corselet  est  assez  grand,  avec  le  bord 
postérieur  presque  droit. 

Ces  insectes  ont  un  corps  étroit,  allongé,  noir,  tacheté 
de  fauve,  de  blanc  ou  de  jaune  ;  les  antennes  de  la  longueur 
du  corselet  dans  les  femelles,  plus  longues  et  terminées  ea 
massue  plus  forte  dans  les  mâles  ,  insérées  sous  une  petite 
saillie  frontale  ;  la  tête  un  peu  plus  large  que  le  corselet,  ar- 
rondie postérieurement,  avec  les  yeux  échancrés;  le  corse- 
let presque  cylindrique  ,  coupé  droit  en  devant ,  obtus  posté- 
rieurement; l'abdomen  ellipsoïde  et  allongé;  les  ailes  éten- 
dues et  dont  les  supérieures  ont  une  cellule'  radiale  ,  quatre 
cellules  cubitales,  avec  deux  nervures  récurrentes;  les  pâlies 
de  grandeur  moyenne ,  et  n'ayant  de  pointes  que  celles  qui 
terminent  ordinairement  les  jambes. 

Les  sapyges  semblent  faire  le  passage  des  scolîes  aux  guê- 
pialres;  peut-êlre  appartlenneni-elles  à  cette  dernière  sous- 
farnille;  car,  à  l'exception  des  ailes  qui  ne  sont  pas  doublées, 
leurs  organes  de  la  manducation  sont  presque  les  mêmes.  J'ai 
tout  lieu  de  soupçonner  que  ces  Insectes  déposent  leurs  œufs 
dans  les  nids  des  aplaires  et  des  guêplaires  ;  on  les  rencon- 
tre voltigeant  sans  cesse  auprès  de  ces  nids  ,  le  long  des  murs 
ou  des  terrains  coupés  à  pic ,  et  qui  sont  exposés  au  soleil. 
"Ijâ  sapyge prisme  rôde  autour  des  vieux  arbres.  Le  nom  de 
sapyge  est,  à  un  léger  changement  près,  le  même  que  celui 
de  saipyga  qui  répond  au  soipuga  ,  solipuga  ,  soUfuga ,  de 
dlfférens  auteurs.  Les  anciens  paroissent  avoir  désigné  par-là 
un  insecte  qu'ils  regardolent  comme  une  fourmi  venimeuse. 
Puisque  j'avols  déjà  employé  ce  nom ,  on  n'auroit  pas  dû  le 
donnera  un  genre  d'arachnides.  K.  Galéode. 

Sapyge  a  six  points,  Sapyga  sex-punctata.  Hellus  ^-gut- 
taius  ^  Fab.,  le  mâle  ;  Ejusd.,  Hellus  &-punclaius ,  la  femelle. 

Sapyge  à  cinq  points,  pi.  P.  14,  9,  de  cet  ouvrage,  la 
femelle.  Elle  a  près  de  quatre  lignes  de  long;  son  corps  est 
noir;  le  second  et  le  troisième  anneaux  de  l'abdomen  sont 
rouges;  le  quatrième  et  le  cinquième  ont  de  chaque  côté  un 
point  blanc  ;  le  sixième  en  a  aussi  un  en  dessus.  Le  mâle  (  la 
Guêpe  noire  à  quatre  points  blancs  sur  le  ventre  ,  (ieoff.  )  est  un 
peu  plus  petit,  noir,  avec  un  trait  blanc  de  chaque  côté 
sur  le  troisième  et  le  quatrième  anneaux. 

SAPYftE  PRISME,  Sapyga  prisma.  Hellus  prisma ,  Fab.;  Apîi 


i8o  S  A  R 

claoicornis,  Linn.  Elle  est  de  la  grandeur  de  la  précédente,-' 
noire  ,  avec  une  tache  jaune,  de  chaque  côté  ,  sur  les  second, 
troisième  et  quatrième  anneaux  de  l'abdomen.  Ces  taches 
sont  même  réunies  dans  quelques  individus,  et  forment  des 
bandes.  L''>xtrcmité  de  Tabdomen  a  une  tache  jaune.  Le 
mâle  a  les  antennes  longues  et  terminées  en  massue,  (l.) 

SÀPYGITES  ,  Sapygites.  Tribu  d'insectes,  de  la  famille 
des  fouisseurs,  ordre  des  hyménoptères,  distinguée  des  au- 
tres tribus  de  la  même  famille  ,  par  les  caractères  suivans  : 
segment  antérieur  du  tronc  prolongé  sur  les  côtés  ,  jusqu'à 
la  naissance  des  ailes  ;  pattes  courtes  ,  grêles ,  peu  ou  point 
épineuses  ou  ciliées;  corps  étroit  et  allongé,  presque  glabre  ; 
antennes  composées  d'articles  serrés,  aussi  longues  au  moins, 
dans  les  deux  sexes,  que  la  tête  et  le  corselet;  ailes  supé- 
rieures ayant  une  cellule  radiale  et  quatre  cellules  cubitales, 
dont  la  quatrième  atteint  le  bout  de  l'aile;  la  seconde  et  la 
troisième  de  ces  dernières  cellules  recevant  chacunie  une 
nervure  récurrente. 

Cette  sous  famille  comprend  les  genres  :  Por.ocHRE  ,  Sa- 

PYGE  et  TUYNNE    (L.) 

SAQ  EL-H  AMAM.  Nom  arabe  d'une  \  IPERITSE  (  Echnim 
„ro5//Y//Mm,l3esf.),  selonM.  Delille.(L^O 

SAQK  CHALiYN,  SAQR  EL-GHAZAL,  EL  BAZ. 
Noms  égyptiens  du  Faucon,  (v.) 

SAQPv  EL-BAZ.  Nom  égyptien  de  I'Autour.  (v.) 

SAQR  EL-FYRAN.  Un  des  noms  arabes  de  la  Sou- 
buse.  (V.)  ^ 

SAR.  C'est  ainsi  que  les  habitans  des  cotes  de  l'Aunis 
appellent  le  Varec.  (s.) 

SARAB.  Nom  égyptien  de  la  Saupe.  V.  Spare.  (b.) 

SARACA.  Arbre  de  llnde,  observé  par  Bunnann  (  ïnd. 
85,  tab.  25,  f.'2  ),  et  dont  Linnœus  a  fait  un  genre  particu- 
lier. T.  Saraque.  (l^.)  ,.,„„, 

SARACA.  L'un  des  noms  romams  de  \  Hellebonis  mger  ^ 
des  anciens,  qui  est  dit-on,r//^//e<^on/5  orientaUs,  \\illd.  (l.N.) 

SARACtlE,  Saracha.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  solanées,  intermédiaire  en- 
tre les  Morelles  et  les  Belladones,  qui  a  été  établi  par 
Ruiz  et  Pavon,  et  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice 
persistant,  campanule,  à  cinq  angles  et  à  cinq  divisions  ou- 
vertes ;  une  corolle  d  abord  campanulée,  ensuite  en  roue,  à 
cinq  divisions  ovales  et  recourbées;  cinq  étamines  ;  un  ovaire 
supérieur,  presque  rond,  à  style  filiforme  et  à  stigmate  en 
lëîe;  une  baie  globuleuse,  uniloculair-é,   enfermée  à  inoilié 

dans  le  calice.  v        ~    ,     *>* 

Ce  genre  réunit  huit  espèces  ,  toalês   du   Vèrou    ou    du 


s  A  R  iSi 

• 
Cap  de  Bonne-Espérance.  Ce  sont  des  planîes  herbacées, 
dont  les  feuilles  sont  alternes,  pétiolées,  et  les  Heurs  dis- 
posées en  petits  bouquets  axillaires.  Une  de  ces  espèces,  la 
Sarache  couchée,  est  cultivée  au  Jardin  des  Plantes  de 
Paris,  sous  le  nom  de  Belladone  couchée,  que  lui  a  donné 
Cavanilles.  (b.) 

SARADUECiNO  ou  SARAJHUEGNO.  Nom  lan- 
guedocien de  la  CHÉLiDOINE.  (DESM.) 

SARAIGNET.  Variété  de  Froment,  cultivée  dans  le  dé- 
partement du  Gard,  (b.) 

SARAfv.  En  tartare  ,  c'est  la  Brebis,  (desm.) 

SARAK.  Nom  arabe  de  l'une  des  deux  plantes  que 
Forskaël  rapporte  à  son  genre  rhadaïa^qii' on  réunit  mainte- 
nant au  greivia.  (LN.) 

SAl\ALU.  Nom  brame  du  Langit  à  feuilles  entières  de 
Lamarck  (  ailanlhus  integrifolia^Lk.).  (ln.) 

SARANI.  Arbre  de  l'Inde  ,  figuré  par  Rhéedé,  mais  en- 
core imparfaitement  connu  des  botanistes,  (b.) 

SARANN/V.  C'est  le  Lis  du  Kamtschatka,  Lilium  kams- 
chatcense  ,  Linn.  ,  dont  l'ognon  sert  de  nourriture  aux 
Kamlschadales.  (b.) 

SARAPË  ,  Sarapus.  Genre  d'insectes  ,  établi  et  figuré  par 
Fischer,  dc.ns  son  Enlomulogie  de  Moscou^  pour  placer  l'Es- 
CARBOT  GLABRE  dc  Fabricius,  auquel  il  a  trouvé  des  carac- 
tères particuliers. 

Cet  insecte  a  trois  lignes  de  long  ;  il  se  trouve  sous  les 
écorces  des  arbres.   V.  Sphérite.  (b.) 

SARAQUE,  Saraca.  Arbre  de  l'inde  ,  à  feuilles  alter- 
nes, plnnées  sans  impaire  ,  à  folioles  oblongaes,  pétiolées, 
tomenteuses  •,  à  (leurs  disposées  en  pahicules  ou  en  épis,  ac- 
compagnés de  bractées  imbriquées  ,  ovales  et  opposées,  qui 
forme  un  genre  dans  la  diadelphie  hexandrie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  une  corolle  infundibuli- 
forme  ,  à  quatre  divisions  ;  point  de  calice  ;  six  étamines 
réunies  en  deux  faisceaux  ,  un  de  chaque  côté  :  un  ovaire  su- 
périeur, surmonté  d'un  style  ;  un  légume  pédicellé.  (b.) 

SARAQUH.  K.  Saggaody.  (v.) 

SARCANDA.  On  donne  ce  nom  au  Santal  rouge.  V.  au 
mot  Santalin.  (b.) 

SARCANTHÈME,  ^«/ranrtcmMOT.  Genre  de  plantes, 
élabli  par  H.  Cassini ,  pour  placer  la  Conyse  corne  de  cerf 
de  Lamarck  ,  qui  s'écarte  des  autres. 

Il  offre  pour  caractères  :  fleurs  hémisphériques  ,  formées 
par  un  calice  commun,  composé  d'écaiiies  coriaces,  ovales, 
oblongues  ,  membraneuses  en  leurs  bords  ;  fleurons  àa 
centre  réguliers  ;    dinui  -  fleurons  de  la  circonférence  ,   fe. 


i82  s  A   R 

melles  ,  1res  -  «?paîs  à  leur  base  et  disposés  sur  plusieurs 
rangs  ;  récepiacle  plane,  garni  d'écaillés  plus  longues  sur 
les  bords  ;  ovaires  comprimés  ,  obovotdes  ,  pourvus  d'un 
bourrelé!  baccilaire,et  d'une  aigrette  dans  ceux  de  la  circon- 
férence. (B.) 

SARCELLE.  F.  l'article  Canard,  pour  tous  les  oiseaux 
décrits  sous  ce  nom.  (v.) 

SARCINULE,  Sarcinula.  Genre  de  polypier lamellifère, 
établi  par  Lamarck.  Il  se  rapproche  des  Tubipores  et  des 
SrvLiNES.  Ses  caractères  sont  :  polypier  pierreux,  libre, 
formant  une  masse  simple  et  épaisse  ,  composée  de  tubes 
nombreux,  cylindriques  ,  parallèles  ,  verticaux  ,  réunis  en 
faisceaux  par  des  cloisons  intermédiaires  et  transverses  ;  des 
lames  rayonnantes  ,  dans  l'intérieur  des  tubes. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces.  L'une  ,  la  Sabcinule 
PERFORÉE ,  vient  de  l'Océan  austral ,  où  elle  forme  de  grosses 
masses.  L'autre  se  trouve  dans  la  mer  Rouge,  et  fossile  en 
Suède.  C'est  elle  qui  a  été  figurée  par  Linnaeus  ,  vol.  i ,  pi.  4» 
II."  6  des  Aménités  académiques  ,  sous  le  nom  de  madrepora 
organitm.  (b.) 

SARCIR.  Nom  hébreu  de  I'Etourneau.  V.  ce  mot.  (s.) 
SARCITES.  Pline  ne  dit  autre  chose  de  cette  pierre, 
sinon    qu'elle  ressemble  à  la  chair  de  bœuf  Elle  nous  est 
inconnue,  (ln.) 

SARCOBATE  ,  Decand.  Sorte  de  Fruit.  L'Ochna  en 
offre  un  exemple,  (b.) 

SARCOCARPE.  C'est  la  membrane  qui  tapisse  l'inté- 
rieur de  la  plupart  des  PÉRiCAaPES.  On  l'a  aussi  appelée 
Panninterne.   V.  ces  mots  et  Fruit,  (b.) 

SARCOCARPES  ,  Sarcocarpi.  Nom  du  second  ordre  de 
la  première  classe,  dans  la  Méthode  de  M.  Persoon  ,  sur 
les  champignons.  11  contient  cinq  genres ,  savoir  :  Sclérote  , 
Truffe  ,  Pilobole  ,  Thélébole  ,  Sphœrobole.  (p.b.) 

SARCOCHILE  ,  Sarcochilus.  Plante  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  fort  voisine  des  Dendrobions  et  des  Cymbidions, 
qui  seule  ,  selon  R.  Brown  ,  constitue  un  genre  dans  la  fa- 
mille des  orchidées. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  corolle  de  cinq  folioles, 
égales,  ouvertes, les  deux  extérieures  soudées  avecle  nectaire, 
qui  est  sans  éperon ,  et  dont  le  sommet  est  charnu  ;  les  an- 
thères terminales,  mobiles,  caduques,  (b.) 

SARCOCOLLA  de  Dioscoride  ,  Pline  et  autres  anciens 
auteurs.  La  Sarcocolle,  selon  Dioscoride  et  Gaiien  ,  étoit 
une  gomme  en  larmes,  semblable  à  l'encens  ,  rousse  ,  amère 
au  goût ,  et  qui  se  trouvoit  sur  un  arbre  de  Perse.  On  en  fai- 
soit  usage  pour  cicatriser  les  plaies  et  arrêter  les  fluxions  des 


/  nat/o//t  (/t//  ■/-////  . 


-2    .     ^ /'a/ Jo ////(■/'  ro//i//i///t . 


s  A  R  »W 

veux.  Elle  entroît  dans  les  emplâtres.  On  l'aliéroît  en  la  mé- 
langeant avec  delà  gomme.Lesarcocolladevoitsonnom,  qui  est 
grec,  à  sa  propriété  de  souder  les  chairs.Pline  en  distingue  deux 
sortes,  l'une  rousse,  qui  est  la  même  que  la  précédente,  l'au- 
tre blanche,  qu'il  estime  beaucoup  plus,  en  s'exprimant  ainsiî 
»  De  l'arbre  sarcocolla  sort  une  gomme  fort  bonne  pour  les 
peintres  et  pour  les  médecins ,  laquelle  est  pareille  à  la  fleur 
d'encens  ;  ainsi ,  la  blanche  est  meilleure  que  la  rousse. 
Quelques  personnes  ,  ajoute-t-il ,  croient  que  le  sarcocolla 
est  la  gomme  d'une  plante  épineuse  ,  semblable  à  l'encens , 
ayant  une  certaine  douceur  mêlée  d'acrimonie.  Pilée  et  puis 
bue  dans  du  vin ,  elle  arrête  les  catarrhes  et  les  fluxions;  on 
l'administre  aux  enfans  ;  étant  gardée  ,  elle  devient  noire  : 
toutefois  ,  la  blanche  est  la  meilleure.  » 

Les  auteurs  arabes  se  sont  beaucoup  plus  étendus  sur  les 
propriétés  de  celte  gomme  ;  mais  ils  n'ont  pas  connu  ,  non 
plus  que  Pline  et  Dioscoride  ,  l'arbrisseau  qui  la  produit, 
INos  premiers  botanistes  ont  été  dans  la  même  ignorance. 

Plukenet  est  le  premier  qui  ait  figuré  l'arbuste  qui  produit 
cette  gomme.  Il  l'avoit  pris  pour  une  espèce  d'euphorbe 
(  lithymali  myrsinites  specie  arbuscula  œthiopica  mbrolundis  fo- 
liis ,  etc. ,  lacrymam  fundens  ,  Mant. ,  i83  ,  tabl.  44^  ,  f-  6  ). 
Linnœus,  qui,  dans  sa  matière  médicale  ,  a  traité  du  sarco- 
colla ,  a  fait  de  l'arbuste  qui  le  produit ,  une  espèce  de  son 
eenre  Penœa  ,  P.  Sarcocolla.  V.  Sarcocollier.  (d.) 
^  SARCOGOLLE  ou  COLLECHAIR.  V.  Sarcocol- 
lier. (d.) 

SARCOCOLLIER,  Penœa.  Genre  de  plantes,  de  la  té- 
tiandrie  monogynie,  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  de 
deux  folioles  ;  une  corolle  campanulée  ,  à  quatre  divisions  ; 
quatre  étamines  ,  tantôt  à  anthères  presque  sessiles  et  ca- 
chées dans  le  tube  de  la  corolle  ,  tantôt  à  filamens  très-sail- 
laus,  hors  de  ce  tube  ;  un  ovaire  inférieur ,  ovale,  surmonté 
d'un  long  style  tétragone  ,  à  stigmate  quadrifide  ;  une  cap- 
sule tétragone  ,  à  quatre  loges ,  contenant  chacune  deux  se- 
mences. 

Ce  genre  renferme  des  arbustes  à  feuilles  opposées  et  à 
fleurs  sessiles  dans  les  aisseUes  des  feuilles  supérieures.  On 
en  compte  une  douzaine  d'espèces ,  toutes  dAfrique  ,  et  dont 
la  seule  qu'il  soit  important  de  connoître,  est  la  Sarcocolle 
OFFICINALE ,  Penœa  sarcocolla.,  Linn. ,  qui  a  les  feuilles  ovales, 
planes  ;  les  calices  ciliés  et  plus  longs  que  les  feuilles.  Elle 
se  trouve  en  Ethiopie  ,  dans  les  parties  voisines  de  la  mer 
Rouge.  V.  sa  figure  ,  pi.  P.  i5.  Il  transsude  de  ses  rameaux, 
pendant  la  chaleur ,  une  gomme  résine  d'un  blanc  jaunâtre  , 
iiès-friable ,  d'un  goût  acre,  d'abord  un  peu  amer  ,  ensuite 


iBi  S  A   T^ 

douceâtre  ,  fade  et  de'sagréable.  C'est  la  sarcocoUe  des  apo- 
thicaires ,  qu'on  nous  apporte  d'Egypte  ,  où  elle  vient  par 
les  caravanes.  Elle  se  dissout  en  partie  dans  l'eau  ,  et  brtile 
avec  flamme.  Elle  est  astringente  ,  digestive,  détersive, agglu- 
tinante et  consolidante.  Elle  étoit  beaucoup  plus  employée 
par  les  anciens  médecins  que  par  les  modernes.  Son  prin- 
cipal usage  aujourd'hui ,  est  pour  consolider  et  déterger  les 
plaies,  (b.) 

SARCODACTYLIS  de  Gsertner  (  De  Sem.3,  p.  Sg, 
iab.  i85  ,  i.  I  ).  Baie  charnue  ,  rouge  de  feu  ,  oblongue,  sil- 
lonnée ,s'élevant  du  milieu  des  sillons,  en  un  prolongement 
digitifornie  ,  profondément  ombiliquée  au  sommet ,  et  infun- 
dibuliforme  ;  graines  peu  nombreuses,  éparses  dans  des  lo- 
ges séparées.  Gaertner  n'a  connu  que  le  fruit  de  cette  plante 
qu'il  suppose  très-voisine  des /le/ic/^r^s,  et  qui  pourroit  être 
le  macpalxochitl-quahuilt  d'Hernandez,  Mox.  383,  que  les 
botanistes  rapportent  à  ïhelicteres  apetala.  (ln.) 

SARCODE  ,  Sarcodum.  Arbrisseau  grimpant,  à  feuilles 
pinnées,  à  folioles  ovales,  oblongues,  aiguës,  très-entières  , 
lanugineuses;  à  stipules  linéaires  ;  à  fieirrs  roses  ,  portées 
sur  des  épis  terminaux  ,  et  accompagnées  de  bractées  lancéo- 
lées ,  ciliées  et  uniflores. 

Cet  arbrisseau  forme,  dans  la  diadelphie  décandrie  et 
dans  la  famille  des  légumineuses,  un  genre  qui  offre  pour  ca- 
ractères: un  calice  court,  coloré  ,  persistant  ,  tronqué  dans 
sa  partie  supérieure  ,  et  tridenté  dans  sa  partie  inférieure; 
une  corolle  papillonacée ,  à  étendard  ovale  ;  à  ailes  ovales, 
oblongues  ,  courtes  ;  à  carène  monopétale  en  faux  ;  dix  éta- 
mines  ,  dont  neuf  réunies  à  leur  base;  un  ovaire  linéaire  ,  à 
style  subulé,  et  à  stigmate  épais;  un  légume  long,  cylin- 
drique ,  droit ,  charnu  et  polysperme. 

Le  sarcode  croît  dans  la  Cochinchine.  Il  se  rapproche 
beaucoup  du  Lotier.  (b.) 

SARCODENDROS.  Donati  applique  ce  nom  à  un  po- 
lypier à  tige  qui  nous  est  inconnu  ,  et  auquel  il  donne  pour 
caractères  :  d'avoir  les  cellules  enfoncées  dans  la  partie  char- 
nue. En  général ,  il  est  presque  impossible  de  reconnoître 
les  productions  marines  décrites  par  cet  auteur,  (desm.) 

SARCOLÈNE  ,  Sarcolœna.  (ienre  de  plantes  établi  par 
Dupetit-Thonars,  dans  la  monadelphie  polyandrie,  cl  dans  la 
famille  qu'il  a  nommée  des  chlénacées.Ses  caractères  sont:  un 
involucre  urcéolé  ,  à  cinq  dents  ,  contenant  :  i."  un  calice  de 
trois  folioles  ;  2°  une  corolle  de  cinq  pétales  réunis  en  tube  ; 
?i.^  un  grand  nombre  d'étamines  réunies  par  leur  base;4-°  "» 
ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style.  Le  fruit  est  une  capsule 


s   A  R  i85 

à  trois  loges  bivalves ,  entourée  de  l'involucre  qui  s'est  con- 
verti en  baie- 
Ce  genre  contient  trois  arbres  à  feuilles  alternes  ,  et   à 
fleurs    disposées   en  panicule  terminale ,    qui    croissent  à 
Madagascar,  (b.) 

SARCOLITHE.  Thompson  a  donné  ce  nom  à  une  subs- 
tance vitreuse  ,  d'un  rose  de  chair  plus  ou  moins  foncé  et 
transparente  ,  qu'il  a  découverte  à  la  Somma  ,  au  Vésuve. 
M.  Hauy  a  reconnu  depuis  que  ce  n'étoit  qu'une  variété  rose 
de  l'analcime ,  et  dans  le  petit  morceau  qu'il  possède  ,  et  qui 
est  un  fragment  de  cristal  ,  on  reconnoît  les  incidences  des 
facéties  de  l'analcime  trapézoïdale.  11  existe  dans  le  cabinet 
de  M.  de  Drée  ,  à  Paris,  une  de  ces  roches  que  le  Vésuve  a 
rejetées  autrefois  ,  et  qui  n'a  point  souffert  l'action  liquéfianie 
du  feu  ;  elle  est  micacée  ,  et  contient  beaucoup  de  pyroxènc, 
et  en  outre  ,  de  la  sarcolilhe  d'un  rose  très-pâle.  On  ne  peut 
donc  pas  supposer  que  la  sarcolithe  soit  un  produit  du  feu 
comme  les  laves  qui  ont  coulé. 

Thompson  met  au  nombre  des  caractères  de  la  sarcolithe, 
celui  d'être  inattaquable  par  les  acides.  Ce  caractère  éloigne- 
roit  la  sarcolithe  de  l'analcime  ,  si  l'on  ne  faisolt  observer  ici 
avec  Dolomieu  ,  que  l'analcime  des  îles  Cyclopes  ,  à  la  base 
de  l'Etna  ,  ne  fait  quelquefois  gelée  avec  les  acides  qu'au 
bout  de  vingt-quatre  ou  (rente-six  heures.  11  est  donc  probable 
que  Thompson  s'est  contenté  d'un  essai  fait  pendant  l'espace 
d'une  ou  deux  heures. 

Parmi  les  produits  volcaniques  qui  abondent  dans  le  Vi- 
centin  ,  et  notamment  à  Castel  et  Montecchio-Maggiore  , 
J3olomieu  recueillit  de  très-beaux  échantillons  d'une  lave 
amygdaloïde  ,  remplie  de  géodes  tapissées  de  cristaux  de  di- 
verses substances  qui  formoient  aussi  des  noyaux  solides.  Au 
nombre  de  ces  substances  ,  on  remarque  surtout  l'anaiicime 
en  cristaux  limpides  ,  et  à  vingt-quatre  facettes  trapézoïdales. 
Ces  cristauxsont  tantôtincolores,ou  grisâtres  et  blanchâtres, 
tantôt  d'un  gris  rougeâtre  ou  d'un  rose  tendre ,  et  ressem- 
blent parfaitement  à  la  sarcolithe  du  Vésuve.  Ces  cristaux 
roses  ,  en  même  temps  qu'ils  prouvent  que  la  sarcolithe  n'est 
pas  exclusive  à  la  Somma,  prouvent  aussi  que  la  sarcolilhe  et 
l'analcime  sont  identiques.  Mais,  ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable ,  c'est  que  ce  n'est  point  à  celle  analcime  rose  du 
Vicentin  ,  qu'on  a  donné  le  nom  de  sarcolithe  ,  mais  à  une 
autre  substance  rouge  de  chair  qui  l'accompagne  ,  et  qui  esl 
une  espèce  particulière  distincte  de  l'analcime  et  des  autres 
substances  zéolithiques.  J'avois  fait  cette  distinction  en 
i8o5  ,  et  ne  connoissant  pas  alors  la  sarcolithe  de  Thomp- 
son ,  je  persistois  à  éloigner  celte  sarcolilhe  du  Vicentin   , 


i^^6  s  A  R 

«Je  l'analcime  ;  el  j'étois  confirmé  dans  mon  opinion  par 
Jes  nombreux  caractères  qui  séparent  ces  deux  substances. 
J'avois  rassemblé  une  ccrlaine  quantité  de  celte  sarcoli- 
ihe,  dans  l'espoir  que  M.  Vauquelin  voudroit  bien  en 
iaire  l'analyse.  Je  remis  les  fragmens  à  M.  Faujas.  A  cette 
époque  il  rédigeoit  le  second  volume  de  son  excellent  ou- 
vrage intitulé  :  Essai  de  Géologie.  Il  saisit  avec  empressement 
une  occasion  de  résoudre  une  question  qui  Tintéressoit.  A 
son  invitation  ,  M.  Vauquelin  fit  l'analyse  de  cette  sarcolithe 
que  j'avois  remise  ,  et  M.  Faujas  s'empressa  de  la  publier 
(  Ess.  de  Géol.^  V.  2,  p.  52o).  Mais,  par  une  circonstance  qui 
m'est  inconnue  ,  il  suppose  cette  analyse  être  celle  de  Variai- 
cime  rose  ouvrant  sarcolithe  àa  Vicentin  ;  et  en  comparant 
celte  analyse  à  celle  de  l'analcime  commune  ,  il  ne  s'étonne 
point  des  différences  dans  les  proportions  des  principes 
que  M.  Vauquelin  y  avoit  trouvés  ;  différences  qui  firent 
jiaîlre  cette  sage  réflexion  de  M.  Vauquelin  :  «  que  les  pro- 
priétés physiques  et  chimiques  des  minéraux  ,  aussi  bien  que 
celles  des  corps  organisés,  ne  dépendent  pas  seulement  de  la 
nature  des  principes  ,  mais  aussi  de  leurs  proportions  -,  »  et 
M.  Vauquelin  conclut  que  cette  fausse  sarcolithe  du  Vicentin 
dcmil  être  placée  comme  une  espèce  particulière  à  côté  de  l'analcime. 
J'avois  présenté  à  M.  Faujas  ,  quelques  jours  avant  que  de 
lui  remet  Ire  les  fragmens  qui  ont  servi  à  l'analyse  ci-dessus  , 
un  éch.oulillon  de  la  lave  amygdaloïde  de  Monleccliio- 
Maggiore,dans  leVicentin;  on  y  voyoit  un  grand  nombre  de 
noyaux  de  la  sarcolithe  en  question  ,  et  dans  une  cavité  ,  de 
très-petits  cristaux  de  la  même  substance.  M.  Haiiy,  qui  avoit 
eu  la  complaisance  de  les  examiner,  avoit  reconnu  comme 
moi ,  qu'ils  avoient  la  forme  d'un  prisme  hexaèdre  régulier, 
avec  un  sommet  en  pyramide  à  six  faces  triangulaires  iso- 
cèle^, mais  plus  surbaissées  que  dans  le  quarz  prisme  ;  ils 
offroient  également  des  stries  transversales  sur  les  pans  du 
prisme  ,  comme  dans  le  quarz,  M.  Faujas  vérifiant  lui-même 
cette  observation  ,  dit  au  sujet  de  celte  pierre  ,  qu'elle  pour- 
roit  bien  appartenir  à  une  substance  différente  de  Tanalcime. 
Il  en  auroit  été  convaincu  ,  si  l'analyse  que  M.  Vauquelin 
en  avoit  faite  ,  n'eût  été  supposée  celle  de  la  vraie  analeime 
rose  du  Vicentin.  Je  me  crus  donc  fondé  à  la  considérer 
comme  nouvelle,  età  lui  donner  le  nom  d'hydrolithe,  parce 
que  M. Vauquelin  y  avoit  trouvé  0,21  d'eau.  En  181 1,  lorsque 
le  catalogue  du  Musée  minéralogique  de  M.  deDrée  fut  im- 
primé, j'annonçai  que  l'hydrolilhe  éloit  une  substance  qu'oa 
avoit  confondue  avec  Vanalcime  ainsi  qu'avec  la  sarcolithe  de 
Thompson  ,  et  je  la  plaçai  près  de  la  chabasie,  avec  laquelle 
eile  a  bca-JCJup  plus  de  rapports  qu'avec  Tanaitime. 


s  A  R  Ï87 

M.  le  comte  Marzarî  Pencati  àe  Vîcence ,  à  qui  M.  de 
Lamétherie  avoit  fail  part  de  mes  observations  ,  long-temps 
avant  les  circonstances  ci-dessus ,  de  retour  à  Vicence,  fit  des 
recherches  pour  se  procurer  sur  les  lieux  des  échantillons  de 
ces  deux  sortes  de  sarcolithes  ,  et  il  adressa  au  Conseil  des 
Mines,  des  échantillons  del'analcime  rose;  ilne  put  avoir  que 
quelques  petits  fragmens  de  la  prétendue  sarcolithe,  et  il  en 
remit  un  morceau  à  M.  de  Lamétherie.  Dans  ce  morceau,  on 
voyoil  quelques  cristaux  de  cette  substance  ,  mais  si  petits  et 
si  confus  ,  qu'il  ne  me  fut  pas  possible  de  mesurer  les  inci- 
dences des  faces.  Onreconnoissoit,  néanmoins,  qu'ils  étoient 
identiques  avec  ceux  que  je  connoissois  déjà ,  excepté  que 
l'extrémité  de  la  pyramide  étoit  remplacée  par  une  nouvelle 
pyramide  plus  surbaissée  et  à  facettes  triangulaires.  Je  me 
crus  autorisé  ,  d'après  cela ,  à  séparer  cette  pierre  de  l'anal- 
cime  rose  et  de  la  sarcolithe  de  Thompson. 

Un  nouvel  incident  est  venu  ,  par  la  suite  ,  autoriser  cette 
séparation.  M.  AUan  ,  minéralogiste  distingué  d'Edimbourg, 
étant  à  Paris  en  1817,  eut  l'extrême  complaisance  de  mè 
montrer  ,  ainsi  qu'à  M.  Lucas  fils  de  beaux  échantillons  de 
diverses  substances  minérales  d*Écosse  ;  et  je  ne  fus  pas  peu 
surpris  de  retrouver  dans  un  de  ces  morceaux  ,  des  petits 
cristaux  d'un  blanc  de  lait,  en  prismes  hexaèdres  courts  ,  ter- 
minés par  une  pyramide  à  six  faces  ,  mais  épointée  à  l'extré- 
mité. Je  ne  tardai  pas  à  y  reconnoîlre  l'hydrolithe ,  sous 
une  forme  très- peu  différente  de  celle  que  je  lui  avois  d'abord 
reconnue.  La  roche  qui  contenoit  ces  cristaux  ,  étoit  analo- 
gue à  celle  du  Yicentin  ,  et  par  conséquent  dans  la  classe  de 
celles  que  les  volcanistes  nomment  laves  ,  et  les  neptuniens 
trapps  de  transition. 

Je  crois  pouvoir  conclure  de  ce  qui  précède  : 
i.°  Que  la  sarcolithe  de  Thompson  ,  trouvée  au  Vésuve  , 
est  dé  l'analcime  ,  et  qu'elle  a  son  analogue  dans  Tanalcime 
rose  du  Vicentin  ,  comme  l'a  reconnu  M.  Tonnelier  ,  qui 
l'avoit  observée  sur  des" échantillons  envoyés,  et  nommés 
sarcolithe  par  M.  Marzari. 

2.0  Que  la  substance  appelée  {aussemeni  sarrolilhe  du  Vi- 
centin ,  n'est  point  de  l'analcime  ,  mais  une  espèce  distincte, 
comme  le  témoignoit  M.  Vauquelin,  d'après  l'analyse  qu'il  a 
faite,  et  que  l'on  a  cru  être  celle  de  lavraie  sarcolithe  du  Vicentin. 
Je  conserve  à  cette  substance  nouvelle  le  nom  d'HYDRO- 
LITHE ,  du  grec  pierre  et  eau  ,  quoique  ce  nom  puisse  con- 
venir à  d'autres  espèces  ,  même  voisines  ,  par  exemple  ,  la 
chabasie  qui  contient  autant  d'eau  ;  parce  que  ,  étant  con- 
nue  sous  ce  nom  ,  il  y  a  moins  d'inconvénient  à  le  conser- 
ver qu'à  le  changer.  Voici  les  caractères  de  celle  substance  , 
tels  que  je  les  ai  observés  en  partie. 


>8«  S    A'  R 

Hydrolithe  (Lém.  in  Mus.  minar.  de  Drée,  1811,  p.  18; 
Luc. ,,  tabl.  min.  2  ,  p.  217,  SarcolUhe  du  Vicentin,  Vauquelin, 
Ann.  mus.  g,  p.  24.1.  ) 

Substance  d'un  rose  incarnat ,  passant  au  rose  pâle  ,  au 
rose  jaunâtre,  au  gris  rougeâtre,  au  blanc  rougeâlre,  quel- 
quefois au  beau  blanc  de  lait.  Se  trouve  en  noyaux  pleins, 
quelquefois  en  cristaux.  Ces  cristaux  ont  pour  noyaux  primitifs 
un  rhomboïde  qui  paroît  plus  obtus  que  celui  du  quarz  qui 
est  de  94.  d.  2^',  et  de  85  d.  36'  (i).  Les  formes  secondaires 
observées  sur  des  cristaux  fort  petits  ,  et  dont  on  ne  peut 
mesurer  avec  certitude  les  incidences  des  faces  ,  sont  : 

i.°  Trihexaedre.  Prisme  à  six  pans  ,  striés  en  travers  , 
temiinc  par  des  pyramides  à  six  faces  triangulaires  isocèles. 
Incidence  de.  chaque  face  de  la  pyramide  ,  sur  le  pan  du 
prisme  qui  lui  est  adjacent,  de  129  d. ,  et  des  faces  des  pyrami- 
des entre  elles,  de  i38  d.  environ. 

2.0  Basée.  La  forme  précédente,  dont  le  sommet  de  la  pyra- 
mide est  remplacé  par  un  plan  hexagone  horizontal  (Ecosse). 

3.0  Peniahexaèdre.  La  forme  trihexaedre  ,  dont  la  pointe 
de  chaque  pyramide  est  remplacée  par  six  facettes  triangu- 
laires. Ces  cristaux  sont  enchâssés  dans  leur  propre  substance 
ou  avec  d'autres  minéraux  ;  leurs  faces  sont  plus  ou  moins 
éclatantes  ou  brillantes. 

A  rintérieur,rhydrolithe  a  l'éclat  luisant  et  gras.  Sa  cassure 
est  sensiblement  iamelleuse,  mais  vitreuse  et  inégale  dans  les 
directions  contraires  à  celle  des  lames.  Les  fragmens  sont 
granuleux. 

L'hydrolithe  est  translucide  ,  tendre  ,  même  fragile  ,  se 
laisse  rayer  par  la  chabasie  ,  l'analcime,  et  aussi  par  l'acier  , 
mais  raye  le  verre.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  2,64.7. 
Au  chalumeau  elle  se  fond  en  verre  blanc  ;  mais  elle  com- 
mence par  se  dilater  et  blanchir.  Ses  principes  sont  les  mê- 
mes que  ceux  de  l'analcime  et  de  la  chabasie  ,  mais  dans  des 
proportions  différentes  ,  ainsi  qu'on  peut  le  jrfger  par  trois 
analyses  de  ces  substances,  par  Mr  Vauquelin. 

Hydrolithe.  Chabasie.         Analcime. 

Silice 5o,o 4-3j33 58 

Soude 4»  5   I  '>/ 

Potasse    ....     0,0  {  •  •  •  •    9'"*^ ""^ 

Chaux l^.,S 3,34- 2 

Alumine   ....  20,0 22,66 18 


,0 21,00 8,5 


99,67  96,5 


(i)   Lf  ncyau  primitif  de  ia  chabasie  est  aussi 


uu  rhomboïde  oblus 


s   A  R  189 

L'hydrolîthe  forme ,  dans  les  laves  amygdaloïdes  du  Vi- 
cenlin,  des  noyaux  qui  ont  cinq  à  huit  lignes  de  diamètre  ,  et 
quelquefois  plus.  Ces  cristaux  sont  plus  rares.  Les  laves  de 
Montecehio-Maggiore  et  Castel,  sont  les  seules  des  environs 
du  Vicentin  qui  l'aient  offerte.  Elle  y  est  associée,  comme  je 
m'en  suis  assuré  ,  sur  des  échantillons  divers  ,  à  la  chaux 
carbonalée  ,  en  cristaux  cuboïdes  ,  à  la  slroniiane  sulf.itée 
bleu  d'azur,  à  l'analcime  blanche  ou  rose,  à  la  mésaiype 
pyramidée.  La  lave  qui  la  contient  laisse  manifester  dans 
quelques  échantillons  le  magnétisme  polaire;  elle  est  rem- 
plie souvent  aussi  d'une  multitude  de  très-petits  points  rou- 
geâtres  terreux  ,  dont  nous  avons  parlé  à  l'article  Lave  , 
volume  17,  page  4-09.    . 

L'hydrolilhe  d'Ecosse  est  blanche  ;  elle  est  accompagnée 
d'analcime  et  de  mésolype  ,  dans  des  laves  analogues  de 
la  province  de  Dumbarton.  Les  minéralogistes  anglais  con- 
sidèrent ces  laves  comme  des  trapps  secondaires. 

Lhydrolilhe  se  rapproche  infiniment  de  la  chabasie  ;  mais 
elle  en  diffère  par  sa  cristallisation  ,  sa  structure  ,  et  par  son 
éclat  gras,  (ln.) 

SAKCOLOBE  ,  Sarœlohus.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrie  digynie  et  de  la  famille  des  apocinées  ,  établi  par 
lirown  ,  dans  les  yVctes  de  la  société  Wernérienne.  Il  pré- 
sente pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divisions  attenant 
avec  autant  de  petites  glandes  cylindriques  ;  une  corolle  en 
roue  à  cinq  divisions  ;  dix  masses  de  pollen  disposées  par 
paires  ;  un  stigmate  déprimé  ,  pentagone  ,  couvrant  les  an- 
liières  et  accompagné  de  corpuscules  cylindriques  ,  sillonnés, 
portant  de  chaque  côté  un  filet  horizontal  courbé  à  sa  pointe; 
un  follicule  (  l'autre  avortant  toujours  )  charnu  ,  renfermant 
de  nombreuses  semences  jplales,  imbriquées,  entourées  d'une 
membrane. 

Ce  genre  comprend  plusieurs  espèces  ligneuses  ,  voiubles, 
presque  articulées,  dont  les  feuilles  sont  opposées,  pourvues 
de  glandes,  elles  fleurs  disposées  en  petits  corymbes  extra- 
pétiolaires.  Deux  de  ces  espèces  croissent  sur  les  bords  du 
Gange  ,  et  sont  figurées  ,  par  Wallich  ,  dans  les  Actes  de  la 
société  de  Calcutta,  (u.) 

SARCOMPHALUS  (  Brown.  Jam. ,  179).  La  pl.-!nte 
qui  composoit  ce  genre  ,  n'est  qu'une  espèce  de  nerpniu , 
Ç^Rhamnus sarcomphalus ,  L.  ).  C'est  un  arbre  qui  s'élève  irès- 
haut.  A  la  Jamaïque  son  bois  est  regardé  comme  ie  meilleur 
pour  les  charpentes  et  pour  bâtir,  (ln.) 


qui  diffère  très-peu  de  celui  du  quarz  ;   il  est  de  98  d.  ,  48'   et  96  d. 
3a'.  Dans  i'aaalcihie,  c'est  le  cube  parfait. 


itjo  s  A  R 

SARCOPH AGO.  C'est  le  nom  grec  que  l'on  donne, datis 
l'île  de  Crête  ,    à  la  Dentelaire    (  Plumbago  europœa ,  L.  ). 

(LN.) 

SARGOPHYLLE  ,  SarmphyUum.  Genre  de  plantes  éta- 
bli par  Thunberg  ,  dans  la  diadelphie  décandrie  ,  et  dans  la 
famille  des  légumineuses.  Il  offre  pour  cararicres  :  un  calice 
campanule  à  cinq  divisions  régulières  ;  un  légume  en  forme 
de  poignard  aigu  11  ne  renferme  qu'une  espèce,originaire  du 
Cap  de  Bonne-Espérance,  (b.) 

SARGOPHYLLE,  ^ar^o^/zy/Za.  Genre  de  plantes  établi 
par  Stackhouse,  Néréide  britannique ,  aux  dépens  des  Varecs 
de  Linnseus.  Ses  caractères  sont  :  frondes  tendres,  charnues, 
glabres  ,  souvent  laciniées  ,  à  bords  simples  ou  ciliés  ;  fruc- 
lificatioa  en  tubercules  disposés  sur  la  superficie  ou  dans  les 
cils. 

Ce  genre  rentre  dans  celui  appelé  Delesserie  ,  par  La- 
mouroux.  11  en  compose,  avec  le  genre  Polymorphe,  la  troi- 
sième section.  Sept  espèces ,  dont  font  poriie  les  Varecs 
PALMÉ,  ÉDVJLE,  CILIÉ,  etc.,  s'y  rapportent,  (e.) 

SARCOPLAQXJE ,  Sarcoplaca.  Synonyme  de  ScLÉRO- 

TION.  (B.) 

SARCOPTE,    Sarcoptes,   Latr.  Genre  d'arachnides.   V. 

ACARUS  et  HOLÈTRES.  (L.) 

SARCOPTÈRE  ,  Sarcopterus.  M.  Rafinesque  a  donné  ce 
nom  à  un  mollusque  des  mers  de  Sicile  ,  qui  ,  selon  M.  de 
Blainville  ,  paroît  se  rapporter  à  celui  que  Meckel  a  nommé 
gasteropteron  ,  et  qui  est  voisin  du  genre  des  BuLLÉES.  Il  ap- 
partient à  la  famille  des  acères,  et  non  à  celle  Aes  pteropodes , 
comme  Meckel  le  croît. 

Ce  mollusque  a  le  corps  bipartite.  La  partie  antérieure 
formant  la  tête,  est  presque  carrée;  la  postérieure  ou  le  corps 
proprement  dit ,  est  ovalaire,  et  entourée,  dans  toute  sa  cir- 
conférence ,  d'une  large  nageoire  épaisse  ,  charnue  ,  un  peu 
échancrée  antérieurement  et  postérieurement.  Tout  l'animal 
est  d'un  beau  rouge,  (desm.) 

SARCORAMPHE.  Ce  nom  ,  qui,  selon  M.  Duméril, 
signiBe  bec  charnu  ,  est  celui  sous  lequel  il  a  établi  son  a.**"" 
genre  des  Vautours  ,  dans  sa  Zoologie  analytique,  (v.) 

SARCOSTEMME  ,  Sarcostemma.  Genre  établi  par  R. 
Brown  ,  pour  placer  le  Cyna^que  osier  ,  qui  diffère  des 
autres  par  une  corolle  en  roue;  par  une  couronne  staminifère 
double  ,  l'extérieure  en  forme  de  coupe  crénelée  ;  par  dix 
masses  de  pollen  pendantes,   (b.) 

SAKGOSTOME.  Famille  d'insectes  diptères  ,  établie 


s  A  R  191 

par  Cuvîer  et  Duméril ,  comprenant  les  genres  Mouche, 
Syrphu.  ,  Rhingie  ,  Stratiome  ,  Cérie  ,  Némotèle  , 
Anthrax,  Bibiois  ,  Rhagion,  Taon  ;  elle  est  caraclériscc* 
par  une  trompe  charnue  ,  rélractile  ,  terminée  par  deux 
lèvres.  Cette  famille  correspond  exactement  à  celles  que  M. 
Duméril  admet  dans  sa  Zoologie  analytique  sous  les  noms  de 
SiMPLicicoRNE  ou  ylplocères,  et  de  Latéralisetes  ou  Chélo- 
loxes;  la  première  caractérisée  par  les  antennes  sans  poil 
isolé  latéral,  et  la  seconde  par  les  antennes  à  poil  isolé , 
latéral,  simple  ou  barbu,  (o.) 

SARDA.  C'est  au  nombre  des  pierres  ardrates  et  de  cou- 
leur de  feu  ,  que  Pline  range  la  sarda  ,  pif  c  •  fort  commune 
de  son  temps,  et  qui  étoit  très-employé:  ;>our  faire  les  ca- 
chets gravés,  parce  qu'elle  cachèle  très-nettement  sans  re- 
tenir la  cire.  Il  en  distingue  de  plusieurs  sortes  ;  les  premières 
que  l'on  connut,  furent  trouvées  dans  les  environs  de  Sarda, 
ville  de  Lydie.  Les  meilleures  ,  cependant,  se  rencontroient 
aux  environs  de  Babylone  ,  sous  forme  de  veines  ,  dans  une 
roche.  On  avoit  exploité, autrefois, la  sarda  en  Perse;  mais, du 
temps  de  Pline',  cette  mine  étoit  abandonnée.  Ce  naturaliste 
ajoute  :  que  la  5ar<ia  se  trou  voit  encore  en  plusieurs  endroits, 
à  Paros,  et  à  Assos.  On  en  apportoit  trois  sortes  des  Indes,  et 
toutes  trois  transparentes  ;  l'une  rouge  ,  une  seconde  appelée 
demium  à  cause  de  son  volume,  et  une  troisième  dont  on 
relevoit  l'éclat  par  un  paillon  d'argent.  Ces  variétés  in- 
diennes de  la  sarda  se  distinguoient  par  leur  transparence,  de 
celles  d'Arabie  qui  étoient  moins  diaphanes.L'on  relevoit  par 
une  feuille  d'or  l'éclat  de  la  sarda  qu'on  apportoit  des  envi- 
rons de  Leucas  ,  en  Eplre ,  et  des  frontières  de  l'Egypte  ;  ce 
qui  pourroit  faire  croire  que  cette  sarda  étoit  blonde. 

Pline  distingue  là  sarda  en  mâle  et  femelle  ;  la  première 
avoit  un  feu  plus  vif  et  plus  resplendissant  que  la  sarda  fe- 
melle ;  celle-ci  avoit  un  coup  d'œil  grossier  et  un  éclat  gra.s 
ou  plus  foible.  Anciennement,  il  n'y  avoit  pas  de  pierre  plus 
en  vogue  que  la  sarda  ,  et  Menander  et  Philémon  citent, 
dans  leurs  comédies  ,  cette  pierre  comme  l'une  des  plus  pré- 
cieuses. La  beauté  de  son  poli  ,  son  Inaltérabilité  dans  les 
liqueurs  acides  et  sa  dureté  ,  lui  avoient  acquis  sa  réputation. 

Pline  fait  observer  que  l'on  eslimoit  moins  la  sarda  qui 
tire  sur  la  couleur  du  miel  ,  et  encore  moins  celle  qui  a  la 
couleur  d'un  pot  de  terre. 

Voilà  ce  que  dit  Pline  de  la  sarda  ,  et  on  en  peut  conclure 
que  c'étoit  une  pierre  très-dure,  amorphe,  polissable  , 
rouge  ,  ^ougeâtre  ,  blonde  ou  couleur  de  miel;  toutes 
qualités  qui  conviennent  parfaitement  aux  variétés  d'agate 
que  nous  nommons  cornaline  et  sardoing.  Il  n'est  pas  le  seul 


192  s  A  R 

auteur  qui  ait  parlé  de  ces  pierres  ,  mais  du  moins  il  est 
celui  qui  en  traite  le  plus  au  long.  Chez  les  Grecs  ,  la 
sarda  s'appeloit  surdios  et  sardion  ou  sardinon.  Théophraste 
dit  cette  pierre  transparente  ,  et  la  distingue  en  deux  variétés, 
en  femelle  et  en  mâle.  La  première  éloit  d'un  rouge 
clair  ;  la  seconde  ,  d'un  rouge  foncé  ,  tirant  un  peu  sur  le 
noir- 
La  sarda  étoit  au  nombre  des  douze  pierres  qui  se  voyoient 
sur  le  rational  du  grand-prétre  Aaron  :  ce  fut  1^  première 
pierre  précieuse  que  Dieu  commanda  qui  y  fût  placée. 
Les  Hébreux  l'appeloient  odem  (rougeur).  Llie  ornoitles  vê- 
lemens  du  roi  de  Tyr,  selon  Ezéchiel. 

11  est  donc  évident  que  la  sarda  étoll  une  pierre  très-an- 
ciennement connue  ,  et  il  est  très-probable  que  son  nom 
dérive  du  grecsarx,  chair,  qui  rappelle  iacouleur  rouge  de  la 
sarda^  plutôt  que  de  sardos  elsardon,  noms  de  l'île  de  Sardai- 
gne. Quelques  auteurs,  et  entre  autres  Saumaise  ,  prétendent 
que  dans  ce  passage  de  Pline  qui  commence  la  description 
de  la  sarda  :  ipsa  gemma  vufgaris  el  primùm  sardiùus  reperta.... 
il  faut  lire  sardis  au  lieu  de  sardiùus  ,  et  traduire  ,  par  consé- 
quent ,  en  Sardaigne  plutôt  que  dans  le  pays  de  Sardes.  Selon 
celte  version  ,  Pline  auroit  dû  écrire  sardius  au  lieu  de  sarda. 
Un  autre  auteur,  saint  Epiphane,  fait  remarquer  que  la 
sarda  ,  semblable  à  du  feu  par  sa  couleur  ,  rappelle  aussi  la 
couleur  du  sang  de  la  sardine,  lorsque  ce  poisson  a  été  salé. 
Pline  donne ,  en  effet,  à  ce  pojsson  le  nom  de  sarda.  Je  suis 
porté  à  croire  que  son  texte  n'a  pas  été  altéré  ,  et  que  la 
sarda  doit  son  nom  à  sa  couleur  rouge  de  chair  qui,  de  tout 
temps,  a  frappé.  Gesner  est  de  cet  avis.  Observez  encore  que 
Pline  ne  traite  de  cette  pierre  que  comme  d'une  pierre  de 
contrée  orientale. 

Chez  les  modernes,  le  nom  de  sarda  changé  en  sarde  et 
sardoine ,  a  eu  diverses  acceptions ,  quoiqu'il  ait  été  appli- 
qué presque  toujours  à  des  pierres  de  la  même  espèce  ,  je  dis 
presque  toujours,  parce  que  Sérapion  paroît  avoir  confondu 
cette  pierre  avec  une  variété  de  succin  de  couleur  d'hyacin- 
the, en  attribuant  à  la  sardoine  la  propriété  d'attirer  les 
corps  légers  lorsqu'on  la  frotte. 

Les  Italiens  ont  les  premiers  inventé  les  noms  latins  de 
corneolus  et  carneolus ,  changés  en  crognole  ,  corniole  ,  et  tra- 
duits en  français  par  cornaline,  pour  désigner  les  agates  rouges. 
Ces  noms  rappellent  que  ces  agates  ressemblent ,  par  leur 
couleur  rouge ,  au  fruit  du  cornouiller ,  ou  bien  à  celle 
de  la  chair,  et  même  à  celle  de  la  corne;  mais  les  .corna- 
lines de  celte  dernière  couleur  sont  désignées  vulgaifement 
par  cornalines  blondes. 


s  A  R  193 

Les  minéralogistes  ont  été  et  sont  même  encore  très-va- 
rîïlans  dans  l'application  des  mots  sarde  ,  sardoine  et  corna- 
line. Le  premier  a  été  donné  ,  tantôt  aux  cornalines  rouges 
ou  rongea' res,  et  tantôt  aux  cornalines  blondes  ;  quant  au 
dernier,  il  n'a  point  varié  dans  son  application  à  des  agates 
rouges,  mais  on  a  confondu  avec  celles-ci  la  sardoine  des 
antiquaires. 

L'on  trouve  plus  fréquemment  des  cornalines  et  des  sar- 
doines  antiques  gravées  ,  que  toute  autre  pierre  ,  dans 
les  foailles  çt  les  ruines  des  anciennes  villes  romaines  et 
grecques.  On  remarque  que  leur  surface  alors  est  devenue 
luisante,  que  souvent  la  pierre  a  bruni  ;  mais  elle  conserve 
la  beauté  de  sa  couleur  quand  on  regarde  la  lumière  à 
travers.  Lorsque  la  gravure  est  d'une  belle  exécution  ,  on  ne 
toucbe  point  à  la  pierre  ,  elle  est  alors  de  meilleur  débit , 
fût-elle  même  brisée  ou  en  fragment.  Mais  lorsque  la 
gravure  est  d'une  mauvaise  exécution  ou  bien  usée  ,  ou  sus- 
ceptible d'être  retouchée,  on  ne  se  décide  que  sur  la  beauté 
de  la  pâte  et  de  sa  couleur,  et  souvent  on  y  grave  un  autre 
sujet.  Ces  cornalines  retouchées  ont  bien  moins  de  valeur. 
Lits  Italiens  ,  qui  travaillent  avec  profusion  les  cornalines  an- 
tiques et  les  cornalines  modernes,  distinguent  les  variétés  sui- 
vantes, qui  me  paroissent  d'autant  plus  être  les  sarda  de 
Pline ,  qu'on  les  retrouve  toutes  parmi  les  pierres  gravées 
antiques. 

1.  Cornalines  blanches;  celles  qui  sont  rouges,  mais  très-foibles 
en  couleur,  tendant  au  blanc  auquel  elles  passent  com- 
munément. 

2.  Cornaline  ordinaire  ,  qui  est  du  rouge  du  fruit  du  cornouiller 
ou  de  la  chair,  demi-transparente  et  sans  chatoiement: 
c'est  la  sarda  femelle. 

3.  Cornaline  gemme.  Elle  offre  les  mêmes  couleurs;  mais  lors- 
qu'on la  fait  chatoyer,  elle  a  un  reflet  ondoyant  et  moelleux 
analogue  à  celui  du  girasol  ;  sa  pâte  est  extrêmement  fine. 
C'est  une  des  plus  belles  variétés. 

4.  Sardoine.  D'un  coup  d'œil  rembruni  ,  même  noir  ,  mais 
d'un  rouge  rubis  ou  de  cerise  ,  ou  très-foncé  à  la  transpa- 
rence. C'est  la  plus  belle  et  la  plus  précieuse  de  toutes  les 
cornalines  :  c'est  la  sarda  mâle,  la  sarda  rouge  des  Indes  ,  et 
peut-être  ïanthracitis  de  Pline. 

5.  Cornaline  orientale.  Variété  rouge  ou  rougeâlre,  qui  a  une 
pâte  moelleuse  et  ondulée  ou  nuageyse  ,  très-agréable  , 
lorsqu'on  regarde  le  jour  à  travers  ;  elle  est  très-rarement, 
parfaite. 

6.  Cornaline  blonde^  Elle  varie  dans  ses  couleurs,  elle  est  coqi- 
xx.v.  i3 


m  s  A  R 

leur  d'écaillé,  de  corne  ,  et  d'un  blanc  jaunâtre  el  niême 
verdâtre  ;  lorsqu'elle  est  couleur  d'écaillé  ,  elle  est  très- 
estimée.   Les  autres  variétés  n'ont  de  mérite  que  lors- 
qu'elles sont  orientales    et  onyx.  C'est  ici  que  rentrent  les 
sarda  couleu!  de  miel ,  dont  Pline  a  parlé. 
Dès  le  temps  de  Pline  ,  l'on  savoit  contrefaire  la  sarda  ou 
cornaline  ,  et  l'on  savoit  faire  d'une  variété  commune  une 
variété  plus  précieuse.  Pline  même  rapporte  (  liv.  Sy  ,  cap. 
ï3  )  ces  paroles  remarquables  :  «  J'ai  entre  les  mains  des 
iiyres  que  je  ne  voudrois  pas  montrer  pour  quoi  que  ce  suù  , 
dans  lesquels  on  expose  comment  on  peut  donner  au  cristal 
la  couleur  de  l'émeraude  ,  et  comment  on  peut  altérer  plu- 
sieurs autres  pierres  qui  n'ont  point  de  jour,  par  exemple  , 
pour  faire  une  sardonix  avec  une  sarda  ,  et  de  iransioriiici 
plusieurs  pierres  en  d'autres.  Il  n'y  a  pas  de  supercherie  qui 
soit  d'un  plus  grand  bénéfice  que  celle-ci.  »   Les  artistes  ro- 
mains et  italiens  possèdent   des  procédés  ,   sans  doute  les 
mêmes  que  ceux  que  Pline  désiroit  faire  oublier,  car  ils  sa- 
vent parfaitement  bien  altérer  la  cornaline  et  la  calcédoine 
mais   c'est ,  on  doit  le  dire  ,  à  l'avantage  de  ces  pierres.  Ils 
nomment  : 

i.** Pierres  baignées.  Les  calcédoines  auxquelles  ils  ont  donné 
par  une  teinture  quelconque ,  une  couleur  particulière,  par 
exemple,  le  bleu-de-ciel ,  le  pourpre  ou  le  violet-rougeàlre  ; 
elle  ne  pénètre  point  la  pierre  ,  mais  y  adhère  fortement ,  et 
quelquefois  même  paroît  et  disparoît  à  volonté.  J'ai  vu  une 
calcédoine  baignée  de  couleur  blanche,  qui,  à  l'exposition 
au  soleil,  devenoit  violacée  ;  mais  en  la  retirant  du  soleil, 
elle  reprenoit  petit  à  petit  la  même  couleur.  Il  en  étoit  de 
même  lorsqu'on  la  faisoit  séjourner  dans  de  l'eau  ,  mais  elle 
ne  revenoit  pas  ensuite  complètement  à  sa  couleur  primi- 
tive. L'on  dit  que  c'est  par  le  moyen  d'une  dissolution  de 
rauriate  d'argent  qu'on  altère  ainsi  la  calcédoine. 

2i.°  Pierres  brûlées.  Les  cornalines  et  sardoines  antiques 
qu'on  trouve  dans  les  ruines  anciennes,  et  qui  paroissenl 
avoir  subi  l'action  du  feu  ,  ont  d'abord  été  ainsi  appelées.  On 
remarque  qu'à  la  transparence  leur  couleur  est  plus  foncée  et 
d'un  ton  plus  agréable,  et  que  leur  surface  est  rembrunie,  lui- 
sante, terne  et  sans  l'éclat  propre  à  celles  de  ces  pierres  qui 
ne  paroissent  point  avoir  été  brûlées.  Néanmoins,  la  couleur 
des  premières  plaît  beaucoup  lorsqu'on  regarde  le  jour  à  tra- 
vers ,  et  il  est  très-rare  de  trouver  de  grandes  pierres  de 
cette  espèce,  ou  qui  présentent  une  pâte  pure  et  la  couleur  de 
feu  ou  de  rubis  qui  les  caractérise  et  qui  plaît  le  plus  ;  c'est 
ce  qui  les  rendplus  précieuses,  et  ce  qui  a  engagé  à  les  imiter. 
Par  l'action  du  feu  et  par  divers  procédés,  les  artistes  ro- 


s   /V  R  195 

mains  savent  brûler  les  cornalines  ,  et  changer  ainsi  leur  cou- 
leur rouge  en  une  plus  foncée  et  plus  agréable  sur  laquelle  ils 
gravent  ensuile.  Ily  a  de  ces  cornalines  brûlées  qui  ont  un  très- 
grand  prix  ,  surtout  lorsqu'à  la  perfection  de  la  matière 
elles  joignent  le  mérite  d'un  bon  travail.  La  cornaline  doit 
sa  couleur  auferoxydé:lorsqu'onlabrûle,  ce  minerai  s'oxygé- 
nant  davantage  ,  produit  le  changement  de  couleur  de  la 
pierre.  F.  Sardonyx,  Silex,  Agate  et  Calcédoine,  (ln.) 

SARDACHATES.  Pline  met  le  sardachates  au  rang  des 
variétés  de  l'achate,  «  pierre  très-estimée  autrefois,  dit-il,  et 
dont  on  ne  fait  aucun  cas  à  présent.  »  Je  pense  que  le  sarda- 
chates étoittout  simplement  une  agate  rouge  ordinaire  ,  tirant 
sur  la  cornaline  qui  est  une  agate  à  pâle  plus  fine  ;  car  si 
cette  pierre  eût  été  une  agate  de  plusieurs  couleurs ,  Pline 
l'auroit  fait  remarquer,  (lis.) 

SARDE.  Poisson  du  genre  Clupé  ,  qu'on  pêche  sur  ia 
côte  du  Brésil  ,  et  qu'on  prépare  comme  le  hareng  ^  pour 
l'apporter  aux  Canaries  ou  à  Madère.  On  ignore  si  ce  poisson 
est  une  espèce  connue.  11  paroît  intermédiaire  entre  la  Sar- 
dine et  le  Hareng,  pour  la  grosseur,  (b.) 

SARDE.  L'un  des  noms  de  la  Baleine  nord  caper  ,  selon 
M.  Lacépède.  (desm.) 

SARDE.  Synonyme  de  Sardine,  (b.) 

SARDE.  Variété  d  Orge,  (b.) 

SARDE  ou  SARDOINE.  C'est  une  Cornaline  jaune  ou 
brune  ,  ou  couleur  olivâtre.  V.  Sarda.  (pat.) 

SARDE-AGATE.  Sardoine  qui  renferme  des  veines  ou 
couches  d'agate  blanche  ou  de  cornaline  blonde,  qui  se  déta- 
chent nettement  sur  le  fond  de  sardoine,  de  manière  qu'on 
puisse  en  faire  des  camées.  V,  Sardachates.  (pat.) 

SARDllSE.  Espèce  de  poissons  du  genre  Clupé  ,  Clvpea 
apratus  ,  Linn.  ,'qui  est  plus  petit  que  le  Hareng,  mais  qui  a 
les  plus  grands  rapports  de  forme,  de  mœurs  et  de  qualités 
avec  lui.  V.  au  mot  Clupé. 

La  tête  de  la  sardine  est  assez  grosse.  Sa  mâchoire  inférieure 
est  saillante  et  recourbée  ;  son  corps  est  aplati ,  couvert  de 
grandes  écailles  qui  se  détachent  aisément  ;  elles  sont  bleuâ- 
tres sur  le  dos  ,  argentées  .çur  le  ventre,  qui  est  tranchant  ;  sa 
ligne  latérale  est  droite  ;  ses  nageoires  sont  grises  et  courtes: 
celle  de  la  queue  est  fourchue. 

Il  est  rare  de  prendre  des  sardines  de  plus  d'un  demi-pied 
de  long  ,  et  ordinairement  elles  n'ont  que  quatre  à  cinq  pou- 
ces :  mais  leur  abondance  dédommage  de  lew  petitesse.  On 
ne  peut  se  faire  une  idée  de  l'énorme  quantité  qu'on  en  prend 
sur  toutes  les  côtes  des  mers  de  l'Europe  ,  principalement 
sur  celles  de  France  et  d'Angleterre»  On  évalue  à  deux  mil- 


Ï96  s  A  R 

lions  de  bénéfice  annuel  la  pêche  qu'on  enfaîlsur  les  pà^' 
rages  seuls  de  la  Bretagne.  On  en  prend  quelquefois,  dit -on, 
d'un  seul  coup  de  filet,  suffisamment  pour  remplir  quarante 
tonneaux.  Le  mode  de  cette  pêche  est  le  même  que  celui  des 
Harengs;  mais  on  emploie  des  filets  à  mailles  plus  élroiîes. 
On  ne  peut  attendre  pour  saler  la  sardine  ,  parce  qu'elle 
s'altère  beaucoup  plus  aisément  que  le  hareng  ;  c'est  pourquoi 
on  la  saupoudre  de  sel  aussitôt  qu'elle  est  amenée  à  bord  et 
grossièrement  empilée  dans  des  tonneaux.  C'est  ce  qu'on  ap- 
pelle saler  en  vert. 

Ce  poisson  n'a  pas  eu  un  Anderson  pour  historien  ;  en 
conséquence  on  ne  lui  a  pas  attribué  ,  comme  aux  harengs  , 
des  émigrations  régulières  et  des  voyages  d'une  longueur  im- 
mense. On  reconnoit  tout  simplement  qu  il  vient  des  profon- 
deurs de  la  mer  ,  où  il  se  tient  la  plus  grande  partie  de  l'année  , 
frayer  en  automne  sur  les  côtes  unies.  Il  est  probable  que  la 
ponte  se  fait  à  différentes  é|)oques,  selon  l'âge  des  individus  , 
c'est-à-dire,  que  les  plus  vieux  commencent,  et  les  plus  jeunes 
finissent ,  ce  qui  en  prolonge  le  temps  à  près  de  trois  mois  de 
durée.  V.  au  mot  Hareng. 

C'est  de  petits  mollusques,  de  petits  crustacés  ,  de  petits 
poissons  et  de  frai  que  vivent  les  sardines.  Elles  restent  sur 
les  côtes  après  qu'elles  ont  frayé  ,  jusqu'à  ce  que  les  autres 
poissons  aient  fini  de  le  faire  également,  afin  de  profiter  de 
l'abondance  de  nourriture  qui  en  est  pour  elles  le  résultat. 
Les  pêcheurs  de  nos  côtes  les  y  retiennent  plus  long-temps  , 
en  leur  fournissant  une  amorce  analogue.  Pour  cela  ils  achè- 
tent l'espèce  de  Caviar,  qu'on  prépare  dans  le  Nord  avec 
des  œufs  de  morues  et  d'autres  poissons  ,  et  le  répandent  dans 
la  mer  a  des  époques  réglées  et  dans  des  endroits  particu- 
liers. La  barique  de  ce  caviar  vaut  de  douze  à  quaratite 
francs  ,  et  pèse  trois  cents  livres.  On  en  consomme  prodi- 
gieusement ,  comme  on  peut  bien  le  croire  ;  mais  aussi  en 
retire-t-on  un  bénéfice  équivalent  aux  avances.  On  appelle 
résure,  rogne,  ou  rwc,  cette  préparation.  Il  est  une  autre 
amorce  destinée  au  même  objet,  et  qui  est  faite  avec  toute 
sorte  de  petits  poissons  de  mer  ,  qu'on  nomme  guelâre ,  guil- 
dile  ou  guiidre;  mais  celte  dernière  doit  être  proscrite  par  des 
règlemeos  de  police,  car  elle  détruit  l'espoir  de  la  pêche  des 
poissons  littoraux. 

Ou  pi  é pare  les  sardines  positivement  comme  le  hareng  , 
e'esl-à-dire  ,  qu'on  les  sale  et  qu'on  les  fume.  Dans  le  Nord  , 
on  les  met  dans  une  saumure  composée  de  sel,  de  vinaigre  , 
d'épices,  de  feuilles  de  sauge  ,  de  thym,  etc.  De  cette  ma- 
nière ,  elles  sont  meilleures  que  celles  qui  sont  salées  ,  mais 
elles  ne  se  conservent  pas  si  long-temps.  On  peut  ça  tirer  de 


s  A   R  i<)7 

l'huile,  comme  des  harengs.  Cependant  ,  je  ne  s<ichc  p.is, 
qu'on  en  fasse  usage  sous  ce  rapport  ;  seulement  lorsqu'on, 
les  presse  après  les  avoir  mises  en  baril  ,  il  en  sort  une  peite 
quantité  de  cette  huile  ,  que  l'on  vend  pour  brûler  ou  pour 
préparer  les  cuirs.  On  regarde  ,  sur  les  côtes  de  la  Bretagne  > 
celte  extraction  comme  fort  importante  pour  la  plus  longue 
conservation  des  sardines  salées  ,  qui ,  malgré  cela  ,  sont  rare- 
ment mangeables  au  bout  de  six  à  huit  mois.  Lorsqu'elles 
sont  gâtées  on  ne  les  jette  point,  on  lesemploie  pour  amorce 
dans  la  pêche  des  maquereaux ,  des  merlana ,  des  raies  cl  au- 
tres poissons, 

La  chair  de  la  sardine  fraîche  est  bien  plus  r.gréahle  au 
goût  que  celle  du  hareng;  mais  il  n'est  donné  ,  comme  on  Ta 
vu  plus  haut  ,  qu'aux  habitans  des  bords  même  de  la  mer 
d'en  manger.  La  sardine  salée  ou  fumée  sert  aux  pauvres 
d'assaisonnement  pour  manger  leur  pain  ,  dont  elles  dimi- 
nuent la  fadeur.  Elles  excitent  l'appélit,  et  peuvent  être  utiles 
à  ceux  qui  travaillent  fortement  ;^  mais  les  estomacs  délicats 
ne  s'en  trouvent  pas  bien. 

On  dit  que  l'île  de  Sardaigne  tire  son  nom  de  ce  poisson  , 
qui  se  trouve  en  abondance  sur  ses  côtes  ,  ainsi  que  dans  toute 
la  Méditerranée. 

La  sardine  du  lac  de  Garde  est  une  espèce  de  cyprin  ,  le 
même  que  celui  appelé  a^one  sur  le  lac  de  Corne  ,  et  men- 
tionné sous  ce  nom ,  page  71,  de  la  première  partie  de  la 
Fauna  insubiica  de  Scopoli ,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  sur 
les  lieux,  (b.) 

SARDINE.  Nom  d'AoARics  comestibles  qui  croisseni: 
dans  les  Alpes  ,  et  qui  sont  peu  connus  des  botanistes.  Steer- 
becck  en  a  figuré  un,  tab.  8  EE  ,  sous  le  nom  de  semi  fungus. 

(B.) 

SARDINE  (grande  ).  C'est  à  l'Ile-de-France  le  Clupa- 

NODON  JUSSIEU.  (B.) 

SARDINELLA.    Synonyme    de    Raquette   blanche, 

(B.) 

SARDIUS.  r.  Sarda.  (ln.) 

SARDOA,  Sardonia  ei  Sardoum.  Noms  anciens  d'une 
espèce  de  Renotscule.  V.  Ranunculus.  (ln.) 

SARDOINE.  Ce  nom  ,  qui  dérive  de  sardonyx,  est  celui 
d'une  variété  à'agate.  V.  Calgédoine  ,  Sardonyx  et  Silex 

AGATE,  (ln.) 

SARDONÏX.  r.  Sardonyx.  (LN.) 

SARDONYX  des  anciens.  J'ai  dit,  à  l'arlicle  sarda,  que 
cette  pierre  éloit  rouge  ,  et  la  cornaline  des  modernes.  Fai- 
sons observer  maintenant  que  l'onyx  des  anciens  éloit  essen- 
licilement   uae  calcédoine  blanche,  marquée  de  zones  plus^. 


198  s  A  R 

blanches,  de  manière  à  imiter  les  ongles  des  doigts.  On  con- 
çoit maintenant  sans  peine  que  la  sardonyx  devoit  être  une 
pierre  à  deux  sortes  de  couches,  l'une  blanche  et  l'autre 
rouge.  <(  Autrefois  ,  observe  Pline,  l'on  entendoit  par  sardo- 
nyx ,  ainsi  que  l'exprime  son  nom  ,  une  sarda  placée  sur  un 
fond  blanc  ,  de  manière  à  imiter  la  chair  qui  est  sous  l'ongle, 
et  qu'on  verroit  à  travers.  Tels  sont  les  sardonyx  des  Indes  , 
selon  Ismenias,  Démostrate,  Zenothemis  et  Sotacus  ;  ces 
auteurs  appellent  sardonyx  aveugles  ,  celles  qui  n'ont  point 
de  transparence;  mais  on  ne  les  nomme  plus  ainsi.  Les  sar- 
donyx d'Arabie  ne  tiennent  pas  à  la  sarda  ,  et  même  on 
commence  à  distinguer  des  sardonyx  de  diverses  couleurs.» 

Pline  décrit  ensuite  quelques  sardonyxde  différente*  teintes  ; 
mais  comme  il  a  été  interprété  diversement  en  cet  endroit, 
je  ne  rapporterai  pas  son  texte.  «Zenothemis,  continue-t-il, 
dit  qu'on  ne  fait  pas  grand  cas  de  ces  pierres  dans  les  Indes, 
et  qu'on  en  trouve  d'assez  volumineuses  pour  en  faire  des 
poignées  de  sabres  et  des  manches  de  couteau.  Nous  en 
avons  fait  d'abord  un  grand  cas,  parce  qu'il  n'y  a  pas  de 
pierre  qui ,  gravée ,  marque  mieux  sur  la  cire ,  sans  que 
celle-ci  y  demeure  attachée;  et  nous  sommes  cause  qu'elle 
est  maintenant  en  vogue  chez  les  Indiens.  Le  commun  peu- 
ple de  l  Inde  enfile  ces  pierres  et  s'en  fait  des  colliers,  et 
de  là  vient  que  l'on  nomme  sardonyx  des  Indes  celles  qui  sont 
percées.  Les  sardonyx  d'Arabie  sont  entourées  d'un  cercle 
blanc  ,  d'un  beau  lustre,  pas  trop  étroit,  qui  n'est  placé  ni 
sur  le  bord  de  la  pierre,  ni  au  fond,  mis  sur  la  convexité 
où  elle  brille,  et  quelquefois  sur  une  couche  très-noire.  Les 
sardonyx  des  Indes  se  rencontrent  aussi ,  et  le  plus  souvent 
avec  un  fond  couleur  de  cire  ou  de  corne ,  relevé  quelquefois 
par  des  cercles  blancs,  ou  par  des  nuages  colorés  comme 
î'arc-en-ciel.  A  leur  partie  supérieure  ,  elles  sont  plus  rou- 
ges ,  sans  comparaison,  que  le  test  de  la  locuste  de  mer 
(  la  langouste^  sorte  d'écrevisse  ).  On  n'estime  point  celles 
qui  ont  la  couleur  du  miel  ou  de  la  lie  (ce  sont  deux  imper- 
fections de  la  sarda),  ni  celles  chez  lesquelles  ce  cercle 
blanc  est  irrégulier.  Elles  sont  encore  très-défectueuses  , 
lorsqu'elles  offrent  des  veines  d'autres  couleurs ,  car  ces  pier- 
res ne  peuvent  souffrir  d'autres  couleurs  que  les  leurs  pro- 
pres. Quant  aux  sardonyx  d'Arménie,  elles  sont  fort  riches 
en  tous  points ,  excepté  que  leur  cercle  blanc  est  plus  bla- 
fard. .. 

L'on  comprendra  mieux  ce  que  Pline  rapporte  des  sardo- 
nyx ,  si  l'on  suppose  qu'il  décrit  des  pierres  taillées  en  ca- 
bochon ou  bien  en  plaques.  Ce  naturaliste  nous  apprend 
que  Scipion  fut  le  premier  Rom;\in  qui  fit  usage  de  la  saj  - 


s  A  R  »95 

donyx,  en  portant  celte  pierre  en  bagne.  C'étoit  encore  une 
sardonyx  que  celte  bague  précieuse  que  Polycrate  ,  tyran  de 
Samos,  alla  jeter  lui-même  en  pleine  mer,  pour  braver  ainsi 
"la  fortune  qui  l'avoit  comblé  jusque  -  là  d'une  prospérité 
inouie  ,  et  pour  faire  sentir  qu'après  la  perte  d'un  objet  aussi 
précieux,  il  sauroit  soutenir  tous  les  malheurs  qui  pourroient 
lui  survenir.  On  sait  que  le  hasard  lui  fit  retrouver  cette 
bague  quelques  jours  après  dans  l'estomac  d'un  poisson  qui 
lui  avoit  été  donné.  L'on  sait  aussi  qu'il  périt  misérablement. 

C'est  encore  à  des  variétés  d'agate  qu'appartiennent  les 
sardonyx  des  anciens,  et  nous  ne  devons  pas  douter  que  ces 
beaux  camées  antiques  ,  qui  forment  la  richesse  et  le  plus 
bel  ornement  des  daclyliothèques  des  amateurs,  ne  soient 
les  vraies  sardonyx  des  anciens.  Ces  camées  sont  à  couches, 
de  deux  et  rarement  de  trois  couleurs.  Il  y  en  a  de  blancs  et 
de  couleur  de  corne  ,  ou  d'un  brun  noir  ;  d'un  blanc  de  lait , 
et  d'un  brun  noir  ;  et  de  blancs  de  lait  et  de  sardoine  rouge 
foncé,  ou  couleur  de  cerise.  On  estime  surtout  les  sardonyx 
qui  ont  une  grande  étendue  et  qui  sont  bien  fouillées  ,  c'est- 
à-dire  d'un  travail  fini  et  délicat.  Ces  espèces  de  sardonyx 
sont  portées  à  des  prix  incroyables.  Il  est  extrêmement  dif- 
ficile de  se  procurer  des  sardonyx  non  gravées.  Celles  qui 
présentent  plusieurs  couches  sont  plus  estimées  que  celles 
qui  n'en  ont  que  deux.  Lorsqu'on  les  emploie  comme  onyx, 
on  les  taille  en  cône  tronqué ,  très-bas,  à  base  ovale  ,  et  l'on 
grave  quelquefois  sur  la  première  couche,  de  manière  à  pé- 
nélrer  jusqu'à  la  seconde  couche  seulement.  J'ai  compté  jus- 
qu'à cinq  couches  alternativement  blanches  et  d'un  brun 
marron  ,  dans  un  camée  antique  de  cette  espèce  ,  qu'on 
voyoit  dans  le  cabinet  de  M.  de  Drée,  à  Paris,  et  qui  rc- 
présentoit  le  buste  de  Faustine  ,  épouse  d'Antonin-le-Pieux. 
Celte  pierre,  qui  étoit  de  forme  ovale  ,  avoit  seize  lignes  de 
longueur  sur  moitié  de  largeur;  elle  fut  vendue  publique- 
ment 7171  fr. 

L'on  appelle  nicolo  une  petile  sardonyx  ou  petite  onyx  à 
deux  couches  noire  et  blanche  ;  cette  dernière  couche,  lors- 
qu'elle est  très-mince,  paroît  bleue  ,  effet  produit  par  la 
couche  noire  ou  brun  marron  qui  est  dessous.  C'est  ce  que 
les  Itali;^ns  nomment  nicolo  col  vélo  turchino. 

Boeèe  de  Boot  et  d'autres  auteurs  ont  cru  que  les  vases 
murrhin  éloient  en  sardonyx  ou  de  matière  analogue;  l'on 
sait  que  Milhridate  possédoit  quatre  mille  tasses  en  onyx. 
Boece  se  fonde  sur  ce  qu'il  a  vu  des  fragmens  de  vases  anti- 
ques en  cette  matière  ,  qui  paroissoient  avoir  été  gravés  , 
et  qui  offroient  les  couleurs  de  l'iris;  mais  nous  savons  que 
îa  matière  des  vases  murrhins  n'éloit  pas  de  sardoine  ,  mais 
de   chaux  fluatée ,   comme  nous  l'avons  dit  à  l'arlicle  mf/r- 


200  S  A  R 

r^/«.î,  on  nous  avons  oublié  de  rapporter  que  la  matière  Tnurrliîn© 
tiroit  son  nom  de  celui  du  coquillage  qui  fournit  la  pourpre, 
murex  ovi  pur /jiira,  qu'où  a  ensuite  traduit  par /;ory9or« ,  d'où 
vient  le  nom  des  porcelaines ,  parce  que  ces  poleries  pren- 
nent un  vernis  ou  email  aussi  éclatant  que  celui  qui  revêt 
l'intérieur  des  coquilles. 

Il  est  assez  remarquable  que  l'on  apporte  encore  de  l'O- 
rient des  colliers  dont  les  grains  sont  des  sardonyx  percées, 
comme  le  dit  Pline  ,  et  bjCaucoup  d'espèces  d'agates.  Il  est 
probable  que  les  sarda  et  sardonyx  indiens  se  lirqient  des 
parties  de  la  Tartarie  qui  avoisinent  la  Perse,  et  j'ai  vu  des 
gros  morceaux  de  ces  pierres  qu'on  avoit  recueillis  dans  le 
pays  des  Tartares  Kirguis ,  où  elles  abondent,  et  où  on  va 
les  chercher  dans  les  déserts.  L'on  en  trouve  de  fort  volumi- 
neux, etc.,  etc.  L'on  a  fabriqué  ,  dans  le  XV.^  siècle,  de 
beaux  vases  en  sardoine  onyxée  et  rubanée  ;  mais  la  matière 
n"a  pas  la  finesse  et  la  beauté  qu'on  requiert  dans  lés  sar- 
donyx. Le  roi  d'Espagne  possède  de  très-belles  choses  en  ce 
genre,  (ln.) 

SARDOON.  F.  Ranutculus.  (ln.) 

SARELLE.  Le  Mélampyre  des  bois  porte  ce  nom  aux 
environs  d'Angers,  (b.) 

S  VRGASSE.  Nom  duVAREC  FLOTTaiST  ,  Fucus  nalans  , 
Llnn.  (b.) 

SAR(iASSO.  On  appelle  ainsi ,  dans  l'Inde  ,  une  plante 
aquatique  que  Rumphius  a  figurée  ,  mais  dont  on  ne  connoît 
qu'imparfaitement  les  parties  de  la  fructification.  Ses  fruits 
ont  quelques  rapports  avec  la  Macre  ,  et  se  mangent  comme 
elle.(B.) 

SARGE.  V.  Sargie.  (l.) 

SARGES.  C'est  le  Cheiline  scarpe.  V.  ce  mot.  (b.) 

SARGIE,  S  argus ,  Fab.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  de» 
diptères,  famille  des  notacantbes  ,  tribu  des  strafiomydes  , 
distinguée  des  autres  genres  de  cette  sous-famille  par  les  ca- 
ractères suivans  :  antennes  plus  courtes  que  la  tète,  ou  de  sa 
longueur  au  plus,  rapprochées,  de  trois  articles,  dont  le 
premier  plus  long  que  le  second  ,  et  dont  le  troisième  divisé 
en  quatre  anneaux,  formant  une  tête  presque  globuleuse  ou 
ufîij  massue  ovoïdo-conique,  avec  une  longue  soie  terminale. 

Ces  insectes  ont  la  forme  des  stratiomes  ;  mais  leur  corps 
c.t  plus  allongé ,  et  l'écusson  n'a  point  de  dents.  Ce  sont 
des  némotèles  pour  Degéer,  des  mouches  pour  Linnseus  et 
Geoffroy.  Dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage  ,  j'avois 
rapporté  à  ce  genre  deux  espèces  {S.  irais  raies  ^  S.  hypoléort)^ 
qui  font  aujourd'hui  partie  de  celui  d''oxycère.  V.  ce  mot. 

Sargie  cuivreuse,  Sargus  cuprarius,  Fab.;  Musca  cupra- 
'ia ,  Linn. ;  la  Mouche  dorée  à  taches  brunes  sur  les  ailes ,   Geoff.  , 


s  A  R  2ot 

Neinotèle  cuioreuse,  Degéer  ;  a  quatre  lignes  de  îong.  Sa  forme 
est  allongée  et  aplatie.  La  tele  et  le  corselet  sont  d'un 
vert  doré;  les  yeux  sont  très-grands  et  bruns;  Tabdomea 
est  d'un  violet  cuivreux,  très-luisant;  les  pattes  sont  noires, 
avec  un  anneau  blanc.  Les  ailes  ont  une  tache  brune ,  et  sont 
fort  longues. 

Sa  larve,  ou  du  moins  celle  de  l'espèce  suivante  ,  vit  dans 
lesbouses  de  vache,  a  une  forme  ovale-oblongue  ,  rétrécieet 
pointue  en  devant,  avec  une  tetc  écailleuse,  munie  de  deux 
crochets;  son  corps  est  parsemé  de  poils.  Elle  se  métamor- 
phose sous  sa  peau  et  sans  changer  essentiellement  de  forme. 
L'insecte  parfait  sort  de  sa  coque  en  faisant  sauter  ses  par- 
tics  antérieures.  F.  Réaum.,  Mém.  ins.,  tome  4»  Mém.  i, 
7,8. 

Sargiede  Réaumur,  Sargus  Reaumurîl ^  Fab.,  Irès-voisme 
delà  précédente,  mais  son  abdomen  est  d'un  bleu  azuré  avec  la 
base  d'un  rouge  de  sang ,  et  ses  pieds  sont  jaunes.  Elle  est  rare 
ici,  M.  de  Razoches  l'a  observée  aux  environs  de  Falaise. 

Sargie  polie  ,  Sargiis  poUîits  ^  Fab.  ;  Musca  poîiia  ^  Linn. 
Elle  est  un  peu  plus  petite  que  la  précédente ,  et  se  rapproche 
davantage  des  stratiomes  par  la  forme  plus  courte  et  plus 
large  de  son  abdomen.  Son  corps  a  un  petit  duvet  d'un  jau- 
nâtre obscur;  la  tête  est  noire  ;  le  corselet  est  bleu  ;  l'abdo- 
men est  d'un  bronze  doré;  les  ailes  sont  un  peu  obscures, 
roassâtres  vers  la  côte;  les  pattes  sont  noires  avec  les  genoux 
pâles.  L'espèce  nommée  ameihystinus ,  par  Fabricius ,  a  le 
dernier  article  des  antennes  d'une  forme  différente.  Elle 
pourroit  former  un  genre  propre,  (l.) 

SARCiON.  V.  PETIT  Plongeon,  (v.) 

SARGOU.  A  Nice,  le  Spare  sargue  porte  ce  nom.  Le 
spare  poutazzo  y  reçoit  celui  de  sargou  rascas.  (desm.) 

SARGUE,  Sargus.  Espèce  de  poisson  du  genre  des  Spares, 
que  Cuvier  fait  servir  de  type  à  un  sous-genre,  qui  en  réuni- 
roit  encore  quelques  autres  ,  parce  qu'elle  à  des  dents  fort 
grandes  ,  comparables  à  celles  de  l'homme,  (b.) 

SARL  Nom  donné  par  Adanson  à  un  très-petit  Sabot, 
découvert  par  lui  sur  les  côtes  de  l'île  de  Gorée.  (b.) 

SARL  C'est  le  nom  sous  lequel  Théophraste  fait  connoître 
le  SouCHET  a  papier  ou  le  papyrus,  (ln.) 

SARLV.  Nom  imposé  au  Cariama  par  les  naturels  du 
Par.^guay.  V.  ce  mot.  (v.) 

SARiBUS.  Rumphius  fait  connoître  sous  ce  nom  deux 
palmiers  de  l'Inde  :  Tun,  le  grand  sarihus  (Amb.  i,tab.  8),  est 
le  coryphn  rotiindifoh'a  ,  P.;  le  second,  le  sarimis  nain  ou  li- 
cuala  (Amb.  i  ,tab  g),  c'est  le  Ur.uaîa  spinasa  deThunberg,ou 
corypha  pilearia  ,    de  Loureiro  ,  lequel  nous  apprend  que  la 


203  S     A     R 

première  espèce  est  très  en  usage  en  Cochinchine  ,  où  elle 
est  appelée  cay-ilo.  L'on  fait  des  parasols  et  des  éventails  avec 
ses  feuilles,  qui  servent  aussi  à  couvrir  les  maisons  ;  elles  du- 
rent très-long-temps,  et  ne  prennent  point  feu  aussi  facilement 
que  les  autres  espèces  de  chaumes.  Les  fruits ,  qui  sont  des 
baies,  lorsqu'ils  sont  récens,  macérés  avec  du  sel  et  du  vinai- 
gre, sont  employés  en  sauce,  et  ne  laissent  pas  que  d'être 
agréables.  V.  licual  et  cny-la-lip.  (ln.) 

SARICO  VIENNE.  C'est  le  nom  d'une  espèce  de  Loutre. 
Quoiqu'il  appartienne  réellement  à  celle  qui  habite  le  Brésil 
«ît  plusieurs  fleuves  de  l'Amérique  septentrionale ,  on  l'a  aussi 
donné  à  la  Loutre  de  mer,  qui  constitue  une  espèce  bien 
différente  ,  propre  aux  contrées  les  plus  septentrionales  de 
ce  continent  et  de  l'Asie,  (desm.) 

SARICOVIENNE  DE  LA  GUYANE.  C'est  la  vraie 
smicovienne  ou  Loutre  du  Brésil,  (desm.) 

SARIGOY.  De  Léry  écrit  ainsi  le  nom  du  Sarigue,  (s.) 

SARIGUE.  Nom  donné  par  les  Français  établis  en  Amé- 
rique ,  à  tous  les  mammifères  à  bourse  du  genre  Didelphe  , 
di<lelphis,àQ  Linnœus,et  en  particulier  au  didelphe  quatre-œil, 
ou  opossum  y  des  Anglais.  Le  nom  de  sarigue  vient  du  mot  in- 
dien   çariguein.    (desm.) 

SARIGUE  EPINEUX.  V.  Hoitztlacuatzin.  (desm.) 

SARIGUE  DES  ILLINOIS.  V.  Didelphe  a  oreilles 
bicolores,  (desm.) 

SARKiUE  A  LONG  POIL.  V.  Didelphe  a  oreilles 
bicolores,  (desm.) 

SARIOLLE.  Synonyme  d'IsANTHE.  (b.) 

SARIONE.  On  donne  ce  nom  au  jeune  Saumon,  (b.) 

SARISSE,  5am5M5.  Genre  de  plantes  établi  par  Gaertner, 
sur  la  seule  considération  du  friiit,  la  fleur  ne  lui  étant  pa» 
connue.  C'est  le  même  que  I'Hydrophylax.  (b.) 

SARITOS.  Nom  donné  par  les  Portugais  au  mala  poenna 
des  Malabares.  F.  ce  mot.  (ln.) 

SARLUK.  C'est,  chez  les  Tartares  Mongoux,  le  nom  du 
iufjie  à  queue  de  cheoal  wx  Yak.   V.  à  Tariicle  Bœuf,  (desm.) 

SARIUEJHO.  C'est  la  Clématite  brûlante  ou  caus- 
tique, dans  le  midi  de  la  France,  (desm.) 

SARMENIENNE.  V.  Sallius.  (ln.) 

SARMENT,  Sarmentum.  On  appelle  ainsi  le  bois  que  la 
vigne  pousse  ,  chaque  année  ,  par  l'œil  ou  par  les  yeux  qu'on 
a  laissés  au  temps  de  la  taille.  V.  Vigne,  (d.) 

SARMENTACÉES,  Viles,  Jussieu.  Famille  de  plantes 
dont  les  caractères  consisfeot  en  un  calice  monophylle,  court» 
presque  enlier  ;  une  corolle  formée  de  quatre  ou  six  pétales 


s  A   il  200 

élargis  à  leur  base  ;  des  étamlnes  en  nombre  égal  à  celui  des 
pétales,  insérées  sur  un  disque  hypogyne,  à  filamens  dis- 
tincts ,  opposés  auK  pétales  ;  un  ovaire  simple ,  à  style  unique 
ou  nu,  à  stigmate  simple.  Le  fruit  est  une  baie  à  une  ou 
plusieurs  loges,  à  une  ou  plusieurs  semences  osseuses,  à  pé- 
risperme  nul,  à  embryon  droit,  à  cotylédons  planes  et  à  ra- 
dicule inférieure. 

Les  plantes  de  cette  famille  ont  une  tige  frutescente,  sar~ 
menteuse  et  noueuse,  rarement  arborescente.  Elles  s'élèvent 
souvent  à  une  hauteur  assez  considéral>le,  par  le  moyen  des 
vrilles  dont  leurs  jeunes  branches  sont  munies  ;  leurs  feuilles, 
qui  sortent  des  boutons  coniques  ,  nus  ou  dépourvus  d'écail- 
lés, sont  alternes  et  garnies  de  stipules.  Leurs  feuilles  naissent 
sur  des  pédoncules  rameux,  opposés  aux  feuilles. 

Ventenat  rapporte  deux  genres  à  cette  famille  ,  qui  est  la 
quinzième  de  la  première  classe  de  son  Tableau  du  Règne 
véc^étal^  et  dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  17,  n.°  i  du 
même  ouvrage;  savoir  :  le  CissE  et  Vigne,  V.  ces  mots,  (b.) 

SARMIENTE,  Sarmienia.  Plante  parasite  grimpante, 
à  tige  rameuse,  sarmenteuse,  rampante  ou  pendante,  à  feuil- 
les opposées  ,  courtemeni  péliolées,  charnues,  blanchâtres, 
ponctuées,  à  fleurs  jaunes,  velues  extérieurement,  acconi- 
pagnées  de  bractées  ,  et  disposées  en  petit  nombre  sur  des 
pédoncules  terminaux. 

Cette  plante,  qui  est  originaire  des  montagnes  du  Pérou, 
forme  un  genre  dans  la  diandrie  monogynie  et  dans  la  famille 
des  orchidées.  Il  offre  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en 
cinq  parties,  dont  uneest  plus  grande  et  émarginée;  une  corolle 
urcéolée,  à  tube  ventru  et  à  limbe  à  cinq  divisions;  deux 
étamines  saillantes  ,  et  les  rudimens  non  saillans  des  trois 
autres;  un  ovaire  pentagone,  à  style  persistant  et  à  stigmate 
simple;  une  capsule  ovaie,  uniloculaire,  s'ouvrant  transver- 
jalement,  et  contenant  plusieurs  semences  attachées  à  un  ré- 
ceptacle charnu,  (b.) 

SARN ,  SARNA,  Nom  polonais  du  chevreuil  V.  Cerf, 

(desm.) 

SARNALip.  Jeune  Lézard  en  Languedoc,  (desm.) 

SARO  et  §£RiN.  Noms  arabes  du  Cyprès,  selon  Mat- 
ihiole.  (ln.") 

SAROPODE  ,  Saropoda  ,  Heliophile,  Klug.  Genre  d'in- 
secte?, de  l'ordre  des  hyménoptères  ,  famille  des  mellifères  , 
tribu  des  apiaires,  ne  différant  de  celui  que  je  nomme  an- 
thophore  (  V.  ce  mot),  qu'en  ce  que  les  palpes  maxillaires 
ne  paroisscnt  composés  que  de  quatre  ou  cinq  articles  ,  au 
lieu  de  six,  et  que  les  deux  derniers  des  palpes  labiaux  se 
réunissent  avec  l'extrémité  du  second  article  pour  former, 
sans  interruption  la  pointe  t<erminale  de  ces  paJpcs. 


sait  S   A  R 

Je  ne  connois  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre, que  Panze? 
a  représentée  dans  sa  Faune  d'Allemagne  ;  le  mâle  est  son 
apis  rolundaia  ^  fasc.  56  ,  tab.  9;  et  la  femelle  son  apis  hinui- 
culala^  ibid. ,  fasc.  55  ,  tab.  17.  Cet  insecte  ,  qui  est  très- 
commun  en  été  ,  dans  les  environs  de  Paris  ,  a  d'ailleurs  le 
port  et  les  habitudes  des  anlhophores.  (l.) 

SAROTH  ,  des  Turcs.  C'est  le  curcuma.  (lts.) 

SAROTHRE,  .Sflro//;ra.-Plante  annuelle,  à  rameaux  tri- 
chotomes  ,  fort  grêles,  fastigiés  ,  à  feuilles  opposées,  très- 
petiles,  linéaires,  à  Heurs  axillaires,  solitaires  ,  sessiles  ,  et 
également  très-pelites, qui  forme  un  genre  dans  lapenlandrie 
trigynie  et  dans  la  famille  des  genlianées. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  cinq  parties; 
une  corolle  monopétale  ,  divisée  si  profondément,  qu'on 
peut  la  regarder  comme  composée  de  cinq  pétales  linéaires  ; 
cinq  étamines  ou  dix  ;  un  ovaire  supérieur ,  ovale  ,  aigu  ,  sur- 
monté de  trois  styles  ou  d'un  style  profondément  trifide  ; 
une  capsule  ovale  ,  uniloculaire  ,  trivalve ,  colorée  ,  et  con- 
tenant un  grand  nombre  de  semences  attachées  le  long  des 
sutures  des  valves. 

La  saroihre  croît  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  dans 
les  terrains  argileux  et  découverts.  Elle  s'élève  à  environ  un 
pied  ,  et  chaque  tige  forme  comme  un  petit  balai  garni  de 
fleurs  jaunes.  Elle  fleurit  en  Caroline  dans  le  milieu  de  l'été, 
ainsi  que  ja  l'ai  fréquemment  observé. 

Linnœus  l'avoit  placée  parmi  les  Millepertuis  dans  les 
premières  éditions  de  son  Sysiema  plantarum.  Michaux  vient 
de  l'y  i-emeltre  dans  sa  Flore  de  V  Amérique  septentrionale,  (b.) 

SAROU.  Nom  arabe  du  Cyprès  (^cupressus  sempeivirens  , 

L.).  (LN.)  ^ 

SAROUBE.  Reptile  de  Madagascar,  que  Lace'pede  a 
placé  parmi  les  Salamandres  ,  mais  qui  paroît  devoir  l'être 
plutôt  parmi  les  Geckos,  à  côté  du  gecko  à  tête  plate  qu'on 
trouve  dans  le  même  pays ,  et  avec  qui  il  a  de  grands  rap- 
ports, quoiqu'il  n'ait  que  quatre  doigts  aux  pattes.  On  pour- 
roit  l'appeler  le  gecko  tétradactyle. 

Ce  reptile  a  été  observé  vivant  par  Bruguière.  Il  a  ordi- 
nairement un  pied  de  long.  Sa  peau  est  chagrinée  ,  jaune  , 
tachée  de  vert.  Un  double  rang  d'écaillés,  d'un  jaune  clair  , 
garnit  le  dessous  du  cou,  qui  est  très-large.  La  tête  est  plate 
et  allongée.  Les  mâchoires  sont  très-fendues ,  sans  dents  , 
mais  crénelées.  Les  bouts  des  doigts  sont  garnis  ,  de  chaque 
côté,  d'une  petite  membrane,  et  par-dessous  d'un  ongle 
crochu ,  placé  entre  un  double  rang  d'écaillés  en  recouvre- 
ment. Sa  queue  est  plate  et  ovale.  11  n'a  point  de  membra- 
nes latérales. 

Le  saroube'  n'a  aucune  arme  dangereuse.  11  vil  d'inscclcs» 


s  A  R  2o5 

Oa  le  rencontre  plus  souvent  pendant  la  pluie  que  dans  la 

chaleur  ,  la  nuit  que  le  jour.  V.  au  mot  Gecko  (b.) 
SâRPA.  Nomnicéendu  Spare  saupe.  (desm.) 
SARPANANZO.    Nom  niceen  de  I'Apogon  rouge  et 

du  Labre  atsthias.  (desm.) 

Sx\RPEDO]SlA.  Nom  rapporté,  par  Adanson,  comme 

un  de  ceux  donnés  par  Dioscoride  à  une  espèce  de  Ranln- 

CULUS.  (LN.) 

SARRACENA,  de  Tournefort  et  d' Adanson.  C'est  le 
genre  sarracenia,  Linn.,  consacré  à  la  mémoire  de  Sarrazin  , 
médecin  et  botaniste  français.  (i/N.) 

SARRACÊNE  ,  Sarracenîa.  Genre  de  plantes,  de  la  po- 
lyandrie monogynie  ,  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice 
douLlcet  caduc  ,  l'extérieur  petit  et  de  trois  folioles,  l'inîé- 
rieur  grand  ,  coloré ,  et  de  cinq  folioles  ;  une  corolle  de 
cinq  pétales  ovales  ,  hypogyncs ,  alternes  avec  les  folioles 
du  calice  intérieur  ,  et  plus  grands  qu'elles  ;  un  grand  nom- 
bre d'étamines  hypogynes,  à  anthères  arrondies;  un  ovaire 
supérieur  ,  arrondi  ,  à  style  cylindrique  et  à  stigmate  très- 
large  ,  pelté,  à  cinq  côtés ,  et  persistant  ;  une  capsule  arron- 
die ,  divisée  intérieurement  en  cinq  loges,  s'ouvrant  en  cinq 
valves  ,  et  contenant  un  grand  nombre  de  semences  portées 
sur  un  placenta  central  et  pentagone. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  extrêmement  remarquables 
par  la  forme  de  leurs  feuilles,  peut-êlre  moins  singulières 
que  celles  des  ncpenthes ,  mais  qui  ne  le  cèdent  qu'à  elles. 
Ces  feuilles  sont  toutes  radicales  ,  semi- engainantes  à  leur 
base  ,  en  cornet ,  ou  creuses  dans  leur  intérieur,  et  ouvertes 
à  leur  sommet ,  qui  est  prolongé  d'un  côté  en  un  appendice 
penché  sur  l'ouverture  ,  et  qui  imite  un  opercule.  Ces  feuilles 
poussent  toujours  à  l'extrémité  d'une  racine  épaisse,  traçante, 
à  peine  enterrée,  qui  s'allonge  d'un  côté  et  pourrit  de  l'autre, 
comme  celle  des  Asperôes.  Elles  varient  dans  leurs  formes  , 
selon  les  espèces.  Leur  cavité  est  presque  toujours  remplie 
d'eau  ;  mais  elle  n'y  est  qu'accidentelle  ,  c'est-à-dire  qu'elle 
n'est  point  fournie  par  la  plante  même  ,  comme  dans  les  nè~ 
penlhes  ;  ce  n'est  que  de  l'eau  de  pluie  ,  ainsi  que  je  m'en 
suis  fréquemment  assuré  en  Caroline  sur  toutes  les  espèces. 

La  fleur  des  sarracènes  est  toujours  solitaire ,  au  haut  d'une 
hampe  qui  sort  d'entre  les  feuilles  ;  elle  est  en  général  assez 
belle  )  mais  elle  frappe  moins  ,  quoique  sa  structure  soit  digne 
de  remarque ,  parce  que  les  feuilles  attirent  toute  l'attention 
de  l'observateur. 

On  compte  cinq  espèces  de  sarracènes  ,  toutes  de  l'Amé- 
rique septentrionale  ,  et  toutes  vivaces. 

la  Sarracène  JAXJîvE  a  les  feuilles  droites,  lubulées,  la 


ao6  S  A   R 

valve  de  l'opercule  étroite  à  sa  base,  plane  et  droiic  à  sou 
extrémité.  C'est  la  plus  grande  espèce.  Ses  feuilles  ont  sou- 
vent plus  d'un  pied  de  haut,  et  ses  hampes  sont  de  la  même 
longueur.  Elle  croît  dans  les  lieux  où  Teau  a  séjourné  pendant 
l'hiver  ,  et  fleurit  pendant  l'été.  Ses  fleurs  sont  jaunes.  Elle 
n'est  pas  très-commune  en  Caroline. 

La  Sarracène  petite  a  des  feuilles  lubulées  ,  droites, 
la  valve  de  l'opercule  concave  et  penchée  sur  l'ouverture. 

C'est  la  plus  commune  en  Caroline  ,  où  elle  couvre  quel- 
quefois des  espaces  considérables.  Elle  s'élève  à  sept  à  huit 
pouces  au  plus,  et  se  distingue  complètement  de  la  précé- 
dente par  la  forme  de  son  opercule.  Elle  croît ,  comme  elle  , 
dans  les  lieux  que  l'eau  abandonne  pendant  l'été  ,  et  sa  fleur, 
qui  se  développe  en  mai ,  est  d'un  jaune  vif. 

La  SARftACÈNE  ROUGE  a  Ics  feuilles  droites  ,  tubulées  ,  la 
valve  de  l'opercule  plane  et  relevée.  Elle  se  trouve  très- 
rarement  en  Caroline.  Elle  se  rapproche  beaucoup  de  la 
première. 

La  Sarracène  pourpre  a  les  feuilles  en  cuiller  ,  ven- 
trues ,  ouvertes,  courbées-en  arc  ,  et  leur  opercule  est  droit , 
plus  large  que  l'ouverture.  Elle  croît  dans  les  lieux  toujours 
îiumides  des  grands  bois  ,  et  fleurit  en  été.  Sa  fleur  est  rouge  , 
et  portée  sur  une  hampe  deux  ou  trois  fois  plus  grande  que 
les  feuilles,  qui  ont  à  peine  un  demi-pied  ,  et  sont  de  plus 
étalées  sur  la  terre  dans  une  partie  de  leur  longueur.  Cette 
espèce  n'est  pas  rare  en  Caroline.  Comme  l'opercule  de 
ses  feuilles  ne  bouche  en  aucune  manière  leur  ouverture  , 
qu'au  contraire  il  présente  une  augmentation  de  surface  a 
l'eau  des  pluies ,  elles  sont  toujours  remplies  d'eau  où  les 
générations  de  cousins  se  succèdent,  et  où  viennent  périr 
beaucoup  d'animaux  ;  aussi  n'est-elle  presque  jamais  bonne 
à  boire. 

On  voit,  de  temps  en  temps,  Wes  pieds  de  sarracènes 
dans  les  jardins  de  Paris  ;  mais  ils  n'y  subsistent  pas  long- 
temps. Leur  culture  est  fort  difficile  ,  même  dans  leur  pays 
natal  ,  comme  l'expérience  me  l'a  appris,  (b.) 

SAPiRAClNE.  Un  des  noms  de  I'Aristoloche  cléma- 
tite. (B.) 

SARRALLIER.  Nom  provençal  de  la  Mésange  char- 

BONN1ÈHE.  (V.) 

SARRASiN.  On  nomme  mal  à  propos  ce  grain  hlé  noir; 
car  il  n'appartient  pas  à  la  famille  des  graminées /c'est  la  se- 
mence d'une  plante  du  genre  des  Renouées  ,  originaire  d'A- 
sie, transportée  en  Afrique,  et  introduite  en  Europe  par 
les  Maures  d'Espagne  ,  dont  on  lui  a  conservé  le  nom ,  et  où 
clU  est  aujourd'hui  parfaitement  naiiirali?pe 


s  A  R  207 

Ce  grain  a  trois  côtés  égaux  et  saillaos.  On  doit  le  choisir 
sec,  dur  et  pesant.  Il  est  composé  d'une  écorce  épaisse, 
ainère  et  friable  ,  et  d'une  farine  d'un  blanc  mat ,  qui  lui  est 
peu  adhérente. 

Dans  quelques  endroits  de  plusieurs  de  nos  provinces, 
surtout  ceux  de  l'Ouest ,  le  sarrasin  paroît  être  une  prenaière 
récolte  •  aiîieurs  ,  elle  n'est  que  secondaire  et  accessoire  ,  et 
on  ne  cultive  cette  plante  que  dans  les  terres  qui  viennent 
de  produire  du  seigle,  du  froment  ou  du  lin  :  mais  en  le  se- 
mant ,  on  peut  avoir  trois  objets  en  vue  : 

Le  premier  ,  pour  en  récolter  le  grain; 

Le  second ,  pour  en  faucher  la  plante  avant  la  floraison  , 
et  la  faire  servir  de  fourrage  ; 

Le  troisième  ,  pour  l'enfouir  à  la  charrue, et  améliorer  les 
terres. 

Toutes  les  terres  sont  propres  au  sarrasin.  A  la  vérité  ,  le 
profit  que  l'on  retire  à  faire  produire  du  blé  aux  bons  fonds, 
a  forcé  de  reléguer  le  premier  grain  dans  les  sols  maigres  , 
sur  lesquels,  d'ailleurs,  il  vient  d'une  meilleure  qualité;  mais, 
pour  peu  qu'ils  soient  fumés,  ils  rapportent  cent  pour  un  , 
et  s'il  a  été  semé  dans  des  terres  fortes ,  le  froment  qui  lui 
succède  réussit  très-bien»  On  le  sème  depuis  le  mois  de  mai, 
jusqu'en  juillet;  il  peut  mêm^  être  cultivé  avec  avantage  sur 
les  terres  qui  ont  rapporté  d'autres  grains.  Immédiatement 
après  la  moisson  ,  il  suffit  de  donner  un  labour  ,  de  semer 
à  plat ,  et  de  recouvrir  la  semence. 

Dès  que  les  semailles  sont  finies  ,  on  herse ,  et  le  sarra- 
sin n'exige  plus  aucun  secours  ;  l'avantage  qu'il  a  de  couvrir 
la  superficie  du  sol ,  fait  périr  les  mauvaises  herbes  ,  et  pen- 
dant plusieurs  années ,  aucune  herbe  étrangère  ne  sauroit 
végéter  sur  le  terrain  où  ce  grain  a  été  récolté.  Il  brave  assez 
long-temps  l'ardeur  du  soleil  ;  mais  ,  en  général ,  la  séche- 
resse lui  est  extrêmement  préjudiciable.  Aucun  insecte  ne 
paroît  l'attaquer  pendant  sa  végétation  ;  mais  l'opinion  assez 
accréditée  que  les  éclairs  font  couler  sa  fleur  ,  ne  nous  pa- 
roît pas  suffisamment  constatée  pour  compter  cet  accident 
au  nombre  des  ennemis  du  sarrasin  ,  et  l'expérience  prouve 
que  les  vents  ,  et  surtout  ceux  du  nord  et  du  nord-est ,  et 
les  gelées  ,  trompent  souvent  l'espérance  de  la  plus  belle  ré- 
colte, surtout  quand  ces  événemens  arrivent  avant  la  ma- 
turité du  grain.  Il  ne  faut  pas  attendre  que  toutes  Us  feuilles 
soient  tombées  et  les  tiges  séchées  ,  pour  faire  la  récolte  du 
sarrasin  ,  parce  qu'on  perdroit  beaucoup  de  grains.  Lorsque 
les  trois  quarts  de  ceux-ci  ont  acquis  une  couleur  brune  , 
c'est  le  moment  de  le  couper  à  la  faucille,  ou  bien  de  l'ar- 


2o8  s  A  R 

radier,  selon  la  méthode  adoptée  dans  le  canton  ;  la  pre- 
mière est  préférable. 

Mais  le  grand  point,  dans  Tun  et  l'autre  cas,  c'est  de 
choisir  un  temps  un  peu  humide  ,  ou  de  ne  le  couper  que 
le  soir  et  le  matin  ,  à  la  rosée  ,  parce  qu'en  général ,  cette 
plante  est  sujette  à  s'égrener  ,  et  qu'on  perdroit  beaucoup 
de  grains  si ,  indépendamment  de  cette  précaution  ,  on  ne 
faisoit  pas  conduire  sur  le  terrain,  après  que  les  javelles  sont 
enlevées  ,  un  troupeau  de  dindons  qui  consomment  le  grain 
répandu, où  ils  s'y  engraissent  en  peu  de  temps,  au  moment 
précisément  où  les  dindonneaux  sontdans  lecas  d'être  vendus. 

Dès  que  le  sarrasin  est  coupé  ou  arraché  ,  on  le  réunit  en 
javelles  ou  picots  ,  que  l'on  dresse  lès  unes  contre  les  autres  , 
le  grain  en  haut  ,  en  leur  donnant  une  base  assez  large  pour 
résister  au  coup  de  vent ,  et  atin  que  l'air,  pénétrant  entre 
les  gerbes  ou  javelles,  opère  leur  dessiccation;  quelques  jours 
après  ,  on  peut  battre  sur  l'aire  de  la  maison ,  le  sarrasin 
comme  le  blé,  pour  en  séparer  le  grain  et  le  conserver  au 
grenier,  dans  sa  balle  ;  car  après  êire  vanné  et  criblé ,  il  s'é- 
chaufferoit  facilement ,  et  pourroit  contracter  un  goût  de 
poussière  ,  si  l'on  n'avoit  le  soin  de  le  mettre  en  petits  tas  , 
et  de  le  remuer  assez  fréquemment ,  surtout  dans  les  temps 
humides  et  chauds. 

Il  existe  une  autre  espèce  de  sarrasin,  connue  sous  le  nom 
de  hié  noir  de  Sibérie  ,  sarrasin  de  Tartane.  Les  expériences  qtiî 
en  ont  été  faites  en  différens  endroits  de  la  France  ,  et  vers 
les  contrées  les  plus  reculées  du  Nord  ,  par  des  agronomes 
instruits,  prouvent  que  cette  variété  est  la  plus  avantageuse 
à  cultiver  ,  quoique  son  grain  soit  plus  petit  ;  d'abord  ,  la 
plante  est  moins  susceptible  de  verser  ,  ne  craint  pas  autant 
le  froid,  el  sa  fécondité  est  extrême. 

Le  grain  estencore  plus  aisé  à  vanner, plus  abondant  en  fa- 
rine, et  d'une  pesanteur  spécifique  plus  considérable.  Celle-ci 
a  plus  de  liaison,  de  viscosité,  et  absorbe  davantage  d'eau; 
il  s'échauffe  moins  au  gerbier,  et  peut  s'y  conserver  pendant 
deux  années  en  bon  état. 

Du  reste,  cette  variété,  contre  laquelle  on  a  fait  cependant 
quelques  objections ,  malgré  sa  supériorité  sur  le  sarrasin 
ordinaire  ,  en  partage  toutes  les  autres  propriétés  ;  elle  se 
sème  aux  mêmes  époques,  et  est  pour  le  moins  aussi  précoce. 
Sa  grande  dureté  le  rend  plus  difficile  à  moudre  ;  il  lui  faut 
presque  le  même  temps  qu'au  seigle  ;  mais  comme  sa  farine 
ne  se  conserve  pas  long-temps,  on  ne  doit  en  moudre  qu'à 
mesure  des  besoins  :  les  alimens  qu'on  en  prépare  ont  à  peu 
près  la  même  saveur  et  la  même  qualité. 

On  en  cultive  une  autre  variété, conj:iue5ous  le  nom  de  /)o- 


s  A  R  209 

polygonum  emargmahim  par  les  botanistes  ;  elle  s'accommode 
très-bien  de  notre  sol  et  de  notre  climat  ,  s'élève  à  la  hau- 
teur dafagopyrum  et  à\i  (atariciim,  et  produit  beaucoup.  Ses 
grains  sont  assez  gros  ;  on  peut  la  semer  plus  tôt  que  les  au- 
tres espèces. 

Indépendamment  du  sarrasin  de  Sibérie  et  de  quelques  va- 
riétés particulières  cultivées  en  Suède  ,  d'où  il  est  facile  d'en 
tirer,  il  y  en  a  une  en  Finlande  y  qui  mûrit  trois  semaines 
plus  tôt,  et  qui  supporte  très-bien  le  froid  ;  on  pourroit ,  com- 
parativement aux  autres,  la  nommer  sarrasin  précoce.  Une 
autre  variété  croît  en  Daourie,  aux  extrémités  de  la  Sibérie, 
près  la  Tartarie  chinoise  ,  dans  les  pays  montagneux.  Elle 
diffère  de  toutes  les  espèces  ,  en  ce  qu'elle  se  reproduit  d'an- 
née en  année ,  par  le  moyen  de  ses  racines  vivaces  et  tra- 
çantes ;  en  sorte  qu'il  est  possible  d'en  avoir  des  récoltes  an- 
nuelles ,  pendant  long-temps,  sans  qu  il  soit  nécessaire  de 
faire  de  nouvelles  semailles. 

Toutes  les  variétés  de  sarrasin  sont  exposées  à  s'égrener 
plus  ou  moins  à  la  récolte.  Cette  perte  peut  s'évaluer  à  un 
quinzième,  et  il  paroît  que  celle  de  Sibérie  est  encore  plus 
susceptible  de  cet  inconvénient ,  auquel  il  seroit  facile  de 
remédier  en  partie  ,  par  les  moyens  indiqués  plus  haut  ; 
mais  les  avantages  qu'elle  réunit ,  savoir ,  d  être  plus  féconde 
et  de  résister  davantage  aux  vicissitudes  des  saisons,  appellent 
l'attention  des  habitans  éclairés  des  cantons  chez  lesquels  le 
sarrasin  est  une  ressource.  Un  examen  plus  approfondi  leur 
apprendra  à  s'assurer  des  qualités  respectives  de  ces  deux 
grains.  Ils  sont  les  meilleurs  juges  en  ce  genre  ;  les  conseils 
que  leur  donne,  entre  autres,  M.  Martin  ,  qui  a  exposé  avec 
impartialité  les  avantages  et  les  inconvéniens  des  deux  va- 
riétés cultivées  ,  méritent  ,  de  leur  part  ,  la  plus  vive  re- 
connoissance. 

C'est  spécialement  pour  le  sarrasin  ,  qu'il  importe  que  les 
meules  destinées  à  le  moudre  soient  fraîchement  piquées, 
tenues  un  peu  éloignées  l'une  de  l'autre  ,  afin  qu'elles  n'écra- 
sent pas  le  grain  ,  et  que  celui-ci  conserve  sa  forme;  autre- 
ment, si  l'écorce  se  trouve  hachée  ,  elle  ternit  la  blancheur 
de  la  farine,  et  ajoute  à  l'aliment  qu'on  en  prépare  ,  un  goût 
insupportable. 

On  ne  sauroit  disconvenir  que  les  moulins  ordinaires  pré- 
parent très-mal  la  farine  de  sarrasin  ;  aussi ,  cet  objet  avolt- 
il  occupé  les  méditations  du  philosophe  et  vertueux  Maies- 
herbes,  Au  retour  de  ses  voyages  en  Hclvéde ,  il  m'assura  que 
dans  le  nombre  des  machines  utiles  ,  recueillies  dans  ses  ex- 
cursions, il  comptoit  un  modèle  de  mouiln  propre  à  séparer 
l'écorce  du  blé  noir  de  sa  farine  ;  et  mon  collègue  DesmaresV 

XXX.  l4 


aïo  S    A    R 

annonce  avoir  dans  les  mains  1%  descripiori  des  moulins  et 
blutoirs  qui  servent  à  la  moulure  du  sarrasin  ,  avec  quatre 
planches  qui  sont  gravées.  Nous  désirerions  que  le  gouver- 
nement en  provoquât  la  publicité.  Enfin  ,  on  prétend  que 
les  Hollandais  transportent  leur  sarrasin  ainsi  mondé  ,  dans 
l'Inde  et  à  la  Chine,  pour  le  vendre  sous  le  nom  de  petit  ris 
Européen ,  aux  habitans  de  ces  contrées  ,  qui  en  font  le  plus 
grand  cas. 

On  trouve  dans  le  neuvième  volume  tîa  Cours  complet  iT A- 
griculture  de  Rozier  ,  la  description  d'un  moulin  très-com- 
mun dans  la  Flandre  autrichienne  et  en  Hollande  ,  qu'on 
appelle  moulin  h  bouquette.  Il  est  peu  coûteux,  moud  parfai- 
tement bien  ,  donne  une  farine  enlièrement  séparée  de  son  ; 
un  seul  homme  peut ,  sans  beaucoup  de  peine  ,  le  faire 
mouvoir.  Pourquoi  chaque  particulier  qui  fait  résider  dans 
le  sarrasin  un  de  ses  alimens  principaux  ,  n'auroit-il  pas 
son  moulin?  Dans  la  Basse-Normandie  et  la  Bretagne  , 
c'est  Tustensile  le  plus  utile  du  ménage  ;  mais  ce  mou- 
lin ,  quoique  préférable  aux  moulins  à  blé  ,  ne  sépare  pas 
entièrement  le  son  de  la  farine  ;  d'où  il  résulte  toujours  un 
aliment  défectueux. 

Les  différentes  tentatives  que  j'ai  pu  faire  pour  améliorer 
la  qualité  du  pain  de  sarrasin  ,  en  choisissant  pour  mes  ex- 
périences la  meilleure  espèce  de  grain,  et  prenant  tous  les 
soins  pour  le  moudre  sans  découper  son  enveloppe  ,  en  y 
mêlant  d'autres  farines,  en  invoquant  toutes  les  lumières  de 
la  boulangerie  ,  ont  été  sans  aucun  succès.  Il  m'a  été  im- 
possible de  faire  un  ()ain  qui  ait  plus  de  qualité  qu'il  n'en  a 
ordinairement.  Quels  que  soient  les  soins  ,  il  ne  reste  pas 
frais  long-temps.  Dès  le  lendemain  de  sa  cuisson  ,  il  se 
sèche  ,  se  fend  ,  s'émiette  ,  et  présente  un  aliment  qui  n'est 
pas  tolérable  ;  enfin  il  communique  tous  ses  défauts  aux  autres 
farines  avec  lesquelles  on  l'associe  dans  une  certaine  pro- 
portion ;  aussi ,  ne  mange-t-on  jamais  du  pain  de  sarrasin , 
dans  les  endroits  où  l'on  peut  se  procurer  du  froment  ou  du 
seigle. 

Que  ce  grain  soit  avantageux  aux  cultivateurs  ,  parce  qu'il 
vient  aisément  partout, qu'il  se  développe  et  mûrisse  assez  vite 
pour  fournir  ,  dans  une  année  favorable  ,  deux  récoltes  sur 
le  même  so!  ;  que  dans  son  usage  il  soit  sain,  nourrissant  et 
d'une  digestion  facile  ;  ce  sont  de  ces  vérités  qu'on  ne  sau- 
roit  révoquer  en  doute.  Il  n'est  pas  moins  vrai  de  dire  ,  n'en 
déplaise  à  ceux  qui  préfèrent  ce  pain  à  celui  de  froment , 
de  seigle  ou  d'orge  ,  qu'il  est  le  plus  misérable  de  tous  les 
pains  ,  et  que  son  emploi ,  sous  celte  forme  ,  n'est  réellement 
£ayorable  que  dans  une  circonslaoce  qui  ne  laisseroit  pas  la 


s  A  R  211 

facalté  de  s'en  procurer  d'autres.  Les  gâteaux  et  la  bouillie 
que  l'on  fait  avec  la  farine  de  sarrasin,  donnent  une  nourri- 
ture salutaire ,  dont  se  régalent,  à  la  campagne  et  à  la  ville , 
les  personnes  même  les  plus  aisées.  La  bouillie  se  mange 
chaude  et  froide ,  frite  cl  grillée  ;  on  la  coupe  par  tranches , 
et  on  la  met  à  la  poêle  comme  le  poisson.  C'est  toujours 
sous  ces  deux  formes  qu'il  faut  consommer  ce  grain;  il  n'a 
pas  été  destiné  ,  par  la  nature  ,  à  être  panifié. 

Dans  les  cantons  où  le  sarrasin  constitue  la  nourriture  or- 
dinaire de  leurs  habilans,  la  bouillie  et  la  galette,  préparées 
avec  le  lait  ou  le  cidre  ,  sont  regardées  comme  très-substan- 
tielles; les  enfans  ne  mangent  pas  autre  chose;  maison  re- 
marque que  le  lait  caillé  vaut  mieux  que  le  lait  doux  :  il  a  plus 
d'action  sur  la  farine,  il  rend  les  alimcns  qu'on  en  prépare 
plus  légers,  plus  sapides  et  plus  susceptibles  de  se  digérer. 

Mais  ceux  qui  n'ont  pas  le  moyen  d'entretenir  une  vaclie 
ou  d'avoir  des  boissons  fermentées ,  se  trouvent  réduits  à  faire 
leur  bouillie  détrempée  avec  de  l'eau  ;  c'est  ce  qui  donne  à 
ces  malheureux  le  teint  livide  et  l'état  de  foiblesse  dans  lequel 
ils  languissent  tous. 

On  ne  peut  refuser  au  sarrasin  l'avantage  d'être  admis  au 
nombre  des  végétaux  utiles  à  la  nourriture  des  bestiaux.  Les 
vaches  surtout  aiment  cette  plante  ,  soit  en  vert ,  soit  en  sec  ; 
on  la  sème  quelquefois  avec  des  vesces  et  des  pois,  et  on  la 
fane  à  l'instar  des  autres  fourrages. 

Son  grain  sert  dans  quelques  cantons  à  l'engrais  des  bœufs, 
et  tient  souvent  lieu  d'avoine  aux  chevaux.  On  le  rend  propre 
à  cet  usage  en  le  moulant  grossièrement  et  l'associant  avec  la 
farine  d'orge. 

Le  sarrasin  est  encore  recherché  par  tous  les  oiseaux  de 
basse-cour,  qui  en  sont  extrêmement  friands  ;  il  les  excite  à 
pondre  et  rend  leur  chair  très-délicate;  c'est  même  à  l'usage 
de  ce  grain  que  nos  volailles  les  plus  estimées  sont  redevables 
de  cette  finesse  et  de  celte  blancheur  qui  en  font  la  répu- 
tation. 

Cette  plante,  extrêmement  branchue  et  riche  en  fleurs, 
devient  une  grande  ressource  pour  les  abeilles;  mais  le  miel 
qu'elles  en  retirent  est  d'une  qualité  inférieure;  sa  couleur 
est  toujours  désagréable  ,  et  il  a  un  caractère  déliquescent. 

Enfoui  par  la  charrue  au  moment  de  sa  floraison ,  le  sarra- 
sin forme  un  très-bon  engrais;  quelques  essais,  faits  autrefois 
en  Bretagne,  ont  prouvé  que  peu  de  jours  après  celte  opé- 
ration, il  est  assez  ordinaire  de  voir  tout  le  terrain  chargé 
d'une  vapeur  épaisse  comme  les  brouillards  qui  s'élèvent  sur 
les  marais  ;  que  ce  moyen  peu  coûteux  peut  diviser  le  sol  le 


212  S  A  R 

plus  compacte  et  le  rendre  propre  au  labour  comme  un  fonds 
léger;  qu'en  sacriûant  pour  quarante  à  cinquante  sous  de 
sarrasin,  il  seroit  possible  de  s'épargner  une  dépense  de  fu- 
mier de  vingt-cinq  à  trente  francs  ;  et  qu'enfin  ce  moyen 
d'engrais  pourroit  être  d'un  grand  secours  à  ceux  qui  vou- 
droient  entreprendre  des  défricbemens. 

On  a  dit  que  les  tiges  de  sarrasin  n'étoient  nullement  com- 
parables à  la  paille  ,  qu'elles  ne  pouvoient  produire  qu'une 
mauvaise  litière  et  un  engrais  défectueux.  En  conséquence, 
dans  les  pays  où  le  bois  est  commun  ,  on  les  brûle  dans  les 
cbamps,  et  on  répand  les  cendres  sur  les  terres;  ailleurs,  où 
le  combustible  est  cher,  elles  servent  au  chauffage  et  à  faire 
de  bonnes  lessives  avec  le  résidu;  mais  comme  il  est  prouvé 
que  les  cendres  sont  ordinairement  abondantes  en  potasse,  il 
y  a  tout  lieu  de  croire  que  si  on  amenoit  les  tiges  de  sarrasin 
à  se  pourrir  spontanément,  elles  n'offriroient  pas  un  engrai» 
aussi  médiocre  qu'on  le  prétend. 

Sans  doute  le  sarrasin  ,  quelle  qu'en  soit  l'espèce  ou  la  va- 
riété, ne  mérite  pas  l'attention  qu'on  accorde  aux  plantes  de 
la  famille  des  graminées,  vu  que  la  plante  est  extrêmement 
sensible  au  froid  ;  que  son  grain  a  une  écorce  épaisse  ,  noire 
et  amère  ;  que  la  farine  qu'il  produit  ne  peut  se  transformer 
en  pain;  que  sa  tige  ne  sauroit  servir  ni  de  fourrage,  ni  de 
litière;  aussi  ces  désavantages  marqués  avoient-ils  fait  conce- 
voir à  Sully  le  projet  de  proscrire  de  la  France  la  culture 
du  sarrasin  ;  et -ce  projet  eût  été  exécuté,  si,  du  temps  de  ce 
grand  ministre,  la  pomme-de-terre  eût  été  connue.  Elle  vient 
partout  où  le  sarrasin  réussit. 

Avouons-le  cependant;  les  pommes-de-terre  ,  toutes  utiles 
qu'elles  soient ,  n'ont  pas,  comme  le  sarrasin,  l'avantage  de 
servir  pendant  toute  l'année  à  la  nourriture  des  hommes  et 
des  bestiaux.  Ce  grain  vient  dans  les  terrains  les  plus  ingrats, 
ne  fatigue  pas  les  meilleurs  fonds  aussi  facilement  qu'on  le 
prétend,  attendu  le  peu  de  temps  qu'il  reste  sur  pied  ;  sa  cul- 
ture ne  coûte  aucun  frais  ;  il  détruit  les  mauvaises  herbes,  et 
son  grain  devient  une  ressource,  lorsqu'au  mois  de  juillet, 
par  exemple ,  une  grêle  désastreuse  ou  une  sécheresse  pro- 
longée ont  détruit,  dans  un  canton,  toutes  les  espérances,  et 
que,  menacé  d'une  disette,  on  peut  en  faire  deux  récoltes 
saccessives  dans  la  même  année  et  dans  le  môme  fonds. 

Nous  pensons  donc  que  le  sarrasin  ,  et  surtout  le  sarrasin 
de  Tartarie  ,  est  digne  ,  à  cause  de  sa  précocité  ,  de  sa  fécon- 
dité et  de  sa  plus  grande  vigueur,  de  figurer  dans  les  grandes 
fermes  parmi  les  cultures  utiles ,  et  que  s'il  ne  constitue  pas 
une  ressource  principale,  il  peut  servir  de  fourrage  aux  bes- 
tiaux, d'engrais  aux  volailles,  d'amendement  pour  le  terrai^i 


s  A  R  2i3 

ie  plus  éloigné  de  l'habitation.  En  un  mot ,  les  avantages  in 
contestables  de  ce  grain  sont  de  pouvoir  être  semé  tard* 
d'avoir  autant  de  qualité  que  Torge  pour  le  bétail,  et  d'ëpuise 
le  sol  moins  que  tout  autre  grain,  (parm.) 

Le  Sarrasin  teignant  a  les  fleurs  hexandres ,  à  demi- 
trigynes  ,  les  épis  rameux,  les  feuilles  épaisses,  ovales,  et  les 
stipules  membraneuses.  Il  est  vivace  ,  et  se  trouve  à  la  Co- 
chinchine,  où  il  sert  à  teindre  en  bleu  les  étoffes  de  coton. 

Le  Sarrasin  PERFOLiÉ  a  les  feuilles  triangulaires,  la  tige 
épineuse,  les  stipules  perfoliées  et  presque  rondes.  11  se 
trouve  à  la  Cochinchine ,  où  il  est  employé  comme  astrin- 
gent et  émollient  pour  résoudre  les  tumeurs  elmondifier  les 
ulcères. 

Le  Sarrasin  odorant  a  les  fleurs  octandres,  trigynes,  les 
épis  longs,  terminaux,  et  la  racine  rampante.  Il  se  trouve  en 
Cochinchine  dans  les  lieux  humides.  Ses  feuilles  froissées 
exhalent  une  odeur  forte,  agréable,  et  ont  une  saveur  pi- 
quante. On  les  emploie  à  assaisonner  les  viandes  et  le  pois- 
son, (b.) 

SARRE.  Nom  vulgaire  du  Yarec  ,  dans  les  environs  de  U 
Rochelle,  (b.) 

SARRETTE,  Serrahda.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie 
polygamie  égale  et  de  la  famille  des  cinarocéphales  ,  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  obiong,  ventru  ou  cylin- 
drique, imbriqué  d'écaillés  muliques;  un  réceptacle  garni  de 
paillettes,  portant  des  fleurons  hern.aphrodiles,  à  tube  renflé 
au  sommet,  à  anthères  quelquefois  appendiculées  à  leur  base, 
et  à  stigmates  oblongs  et  réfléchis;  des  semences  ovales, 
aplaties  ,  garnies  d'aigrettes  simples  ou  sessiles. 

Ce  genre  renferme  des  herbes  ou  des  arbrisseaux  à  feuilles 
alternes  et  à  fleurs  souvent  disposées  en  corymbes  terminaux. 
On  en  connoît  une  trentaine  d'espèces  :  d'un  côté ,  les  genres 
LiATRix,  Vernonie,  Saussurée,  Philostemon,  Hetero- 
COME,  HoLOLÉPis,  Syncarphe,  Lucilie,  Lachnosperme  et 
Stemmacanthe,  ont  été  établis  à  leurs  dépens;  de  l'autre, 
quelques  botanistes  les  ont  réunies  au  genre  des  Quenouilles 
(^cnicus),  d'autres  aux  Chardons  ou  aux  Cirses  ,  d'autres  aux 
STjïihelines;  et  ce  qui  y  reste  d'espèces  présente  des  ano- 
malies telles,  qu'on  sera  sans  doute  bientôt  dans  le  cas  d'en 
faire  encore  d'autres. 

Pour  ne  pas  entrer  ici  dans  la  discussion  des  espèces  dou- 
teuses, on  se  contentera  de  mentionner  l'espèce  sur  laquelle 
ce  genre  a  été  établi ,  c'est-à-dire  :  la  Sarrette  des  teintu- 
riers, qui  est  la  plus  commune  et  la  plus  importante  à  con- 
aoîire. 

Cette  plante,  qui  est  vivace,  s'élève  de  deux  à  trois  pieds. 


21^  S  A  R 

croît  dans  les  bois  et  dans  les  pre's  argileux,  aux  lieux  sombres 
el  humides.  Elle  a  les  feuilles  en  lyre  et  pinnalifides  ,  avec  la 
division  intermédiaire  très-grande  et  dentée.  Les  radicales 
sont  quelquefois  entières,  et  en  général  elles  varient  toutes 
au  point  qu'il  est  difficile  d'en  trouver  deux  de  semblables.  On 
la  regarde  comme  vulnéraire,  propre  pour  dissoudre  le  sang 
caillé,  apaiser  la  douleur  des  hémorroïdes,  et  s'opposer 
aux  hernies.  On  s'en  sert  pour  teindre  en  jaune  verdàtre  les 
étoffes  de  laine.  Elle  fournit  une  couleur  solide  ,  mais  moins 
brillante  que  celle  de  la  gaude.  En  conséquence,  on  l'em- 
ploie rarement  aujourd'hui  dans  les  grandes  manufactures. 
JLes  procédés  de  son  application  sont  les  mêmes  que  ceux 
de  la  gaude,  c'est-à-dire  qu'on  fait  bouillir  quelques  heures 
les  feuilles  et  les  tiges,  soit  sèches,  soit  vertes,  et  qu'on 
plonge  à  diverses  reprises,  dans  le  bain  qui  en  résulte,  les 
étoffes  alunées  et  mouillées.  On  ne  croit  pas  qu'elle  soit  nulle 
part  cultivée  en  France  en  ce  moment;  mais,  si  on  le  dé- 
siroit,  rien  ne  seroit  plus  facile,  car  il  ne  s'agiroit  que  de  la 
planter  ou  de  la  semer  dans  un  terrain  semblable  à  celui 
qui  a  été  cité  pour  lui  convenir,  et  de  la  sécher.  On  pourroit 
probablement  la  couper  deux  fois  par  an,  c'est-à-dire  une 
première  fois  à  l'époque  naturelle  de  sa  fructification, ensuite 
à  celle  de  la  repousse.  Cette  dernière  coupe  donneroit  une 
teinture  plus  verdàtre  que  la  première,  mais  qui  peut  avoir 
son  mérite  dans  certains  cas. 

La  sarrelle  des  champs  (sena/u/a  aroemis  de  Linnseus)  a 
été  mentionnée  à  l'article  Chardon. 

La  sarrelle  des  jardins  est  le  Chrysanthème  des  par- 
terres, (b.) 

S  A  R  K 1 E  r  E  ,  Saliireia ,  Li  n  n .  (  diâynamie  gymnospermie.  ) 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  labiées,  dont  les  carac- 
ères  génériques  sont  d'avoir  :  le  calice  en  tube  strié;  la  corolle 
tubuleuse  à  deux  lèvres ,  la  supérieure  droite ,  obtuse  el  légè- 
îrement  echancrée  ,  linférieure  ouverte  à  trois  lobes  obtus, 
presque  égaux;  les  étamines  écartées. 

Ce  genre  comprend  environ  douze  espèces  ,  dont  les  plus 
remarquables  sont  : 

La  Sarrîète  des  jardins,  Satiireîa  Jiur/ensis ,  Linn. ,  à 
feuilles  opposées,  sessiles,  simples,  lancéolées  el  linéaires; 
à  pédoncules  axillaires,  portant  chacun  deux  fleurs.  Cette 
espèce  annuelle  est  cultivée  dans  les  jardins  pour  lusage  de 
la  cuisine  el  de  la  médecine,  et  esl  généralement  connue  sous 
le  nom  de  sarriè/e  d'élé.  Elle  croît  naturellement  dans  la 
Trance  méridionale  cl  en  Italie. 

La  Sarrièie  de  Crète,  Salureîa  ihymhra^  Linn,  Elle  se 
trouve  dans  l'ile  de  Crète,  el  diffère  de  re.<pèce  ci-dçssus  par 


s  A  R  2i5 

ses  fleurs  verlicille'es,  presque  nues  et  ramassées  en  têtes 
rondes,  et  par  ses  feuilles  petites,  ovales  et  pùiuluos.  Cette 
espèce  fleurit  en  juin,  juillet  et  août.  Elle  a  aussi  des  propriétés 
médicinales. 

La  Sarriète  vraie,  Saiureia  juliana ^  Linn.  Celle-ci,  que 
Ton  rencontre  en  Espagne  et  dans  quelques  parties  de  T Italie, 
a  les  fleurs  verticillées ,  ramassées,  terminées  en  épi;  les 
feuilles  linéaires,  lancéolées,  glabres;  les  tiges ,  de  la  hau- 
teur d'un  pied  et  demi,  droites  et  ligneuses.  Les  fleurs  pa- 
roissent  dans  le  mois  de  juillet. 

La  Sarriète  a  fleurs  en  tête,  vulgairement  thym  de  Crète, 
Saiureia capîtata,  Linn.;  à  feuilles  menues,  opposées,  étroites, 
à  carène,  ponctuées  et  garnies  de  cils  ,  à  fleurs  disposées  en 
épi.  On  se  sert  fréquemment  de  celte  plante  en  médecine. 
Elle  est  cultivée  dans  nos  jardins,  et  croît  naturellement  dans 
la  Grèce  et  l'Archipel. 

La  Sarriète  de  montagne,  Satureîa  montana,  Linn.  Celte 
espèce ,  cultivée  dans  les  jardins  sous  le  nom  de  sarriète  d'hiver, 
est  vivace ,  et  croît  naturellement  dans  la  France  méridionale 
et  en  Italie.  On  s'en  sert  pour  la  cuisine  et  la  médecine.  Ses 
fleurs ,  qui  paroissent  en  juin  ,  sont  d'un  rose  très-pâle  ;  ses 
feuilles  sont  étroites  ,  roides  et  opposées  ;  sa  tige  est  haute 
d'un  pied,  et  ligneuse,  (d.) 

SARRIÈTE  DES  BOIS.  On  donne  ce  nom,  aux  envi- 
rons d'Angers  ,  au  Mélampire  des  bois,  (b.) 

SARRIÈTE  JAUNE  ou  a  fleur  jaune.  C'estle  Mélam- 
pire DES  PRÉS.  (LN.) 

SARRIOLE.  V.  IsANTHE.  (b.) 

SARRIS.  A  Turin  ,  on  donne  ce  nom  au  Micaschiste. 

(LN.) 

SARRON.  On  appelle  ainsi  I'Anserine  bonhenri,  dans 
les  Pyrénées,  (b.) 

SARROTRIUM  ,  Sarrotrium.  Genre  d'insectes  ainsi 
nommé  par  Illiger  et  Fabricius ,  qui  ne  comprend  qu'une 
seule  espèce, connue  auparavant  sous  le  nom  de  hispa  muiica. 
Latreille  ,  avant  les  deux  entomologistes  que  je  viens  de  citer, 
avoit  établi  ce  genre  sous  le  nom  d'ORTHOCÈRE,   V.  ce  mot. 

(o.) 

SARROUBE.  r.  Saroubé.  (s.) 

SARSAPARILLAetSALSAPARILLA.Cesdeuxnoms 
latins  des  Salsepareilles  sont  des  altérations  du  véritable 
nom  espagnol  de  ces  plantes,  qui  est  zarza  parrilla ,  et  qui 
est  composé  de  deux  mots  zarza,  ronce,  et  parrilla,  petijje 
vigne,  comme  qui  diroit  ronce  en  forme  de  petite jiigne  ,  ou  des 
vignes,  ou  qui  grimpe  comme  une  petite  vigne. 


2i6  s  A  S 

Les  Espagnols  nommoient  ainsi  la  ronce  de  cerf  des  Tos- 
cans,  c'esi-à-dire  la  Salsepareille  épineuse  {Smilax  as- 
■pera^  L.),  avant  ladccouverle  de  rAmérique;  depuis  ,  ils  ont 
donné  ce  nom  à  \?i  salsepareille  o^an«/e  qu'ils  trouvèrent  en 
usage  au  Pérou,  (ln.) 

SARSEPAREILLE.  V.  Salsepareille,  (ln.) 

SARSIR.  V.  Sarcir.  (v.) 

SART.  C'est  un  des  noms  locaux  du  Goëmon  ou  de  ces 
amas  de  Varec  ,  de  Zoostère  ,  et  autres  plantes  marines  que 
les  vagues  accumulent  sur  les  bords  de  la  mer.  (b.) 

SARVPl  Nom  du  Cyprin  rote^gle  (  cyprinus  erythroph- 
ihalmus ,  Linn.  (b.) 

SARXIPHAGON  et  SARXTPHRA^NCiUM.  On  trouve 
aussi  ces  noms  écrits  ainsi  :  saxlphragon  et  sarxifragon.  Voyez 

SAXlFaAGA.(LN.) 

SASA  ,  Sasa  ^  Sonninl.  Genre  des  oiseaux  Sylvains  et  de 
la  famille  des  Dysodes.  Corac/è/v.ç  :  bec  garni  à  sa  base  de 
soies  divergentes ,  épais ,  robuste,  comprimé  latéralement , 
à  bords  dentelés  vers  l'origine  ,  ensuiie  lisses  et  trancbans  ; 
mandibule  supérieure  arrondie  en  dessus  ,  fléchie  en  arc  vers 
la  pointe  ;  Tinférieure  plus  courte  ,  proéminente  en  dessous 
vers  sa  racine  ,  anguleuse  ,  retroussée  à  sa  pointe  ,  et  à  bords 
inclinés  en  dedans  ;  narines  arrondies,  latérales,  épatées, 
couvertes  d'une  membrane  située  vers  le  milieu  du  bec  ;  lan- 
gue.... ;  orbites  et  gorge  nues;  cou  grcle ,  plus  long  que  le 
corps  ;  tarses  courts,  réticulés;  quatre  doigts  ,  trois  devant , 
un  derrière  ,  totalement  séparés  ;  l'intermédiaire  plus  long 
que  le  tarse;  ongles  allongés,  étroits,  courbés,  robustes, 
aigus  ;  le  postérieur  très- arqué  et  le  plus  long  de  tous;  ailes 
arrondies-,  concaves,  courtes,  à  penne  bâtarde  très-courte; 
les  quatre  premières  rémiges  étagées  ;  lescinquième  ,  sixiè- 
me et  septième  les  plus  longues  de  toutes  ;  queue  composée 
de  dix  pennes  ,  planes  ,  longues  ,  et  arrondies  à  leur  extré- 
mité. 

L'espèce  qui  compose  celte  division  se  trouve  à  Cayenne, 
laiche  sur  les  arbres  ,  fait  une  ponte  de  quatre  ou  six  œufs, 
se  nourrit  d'herbes  et  d'insectes  aquatiques  ,  et  se  tient  per- 
ch  e  près  des  eaux. 

Le  Sas\  proprement  dit,  Sasa  cm/o/a,  Vieill.  ;  Phasianus 
crlstaius,  Lath. ,  pi.  enl.  de  Buff. ,  n."  337  '  ^^^^  ^^  nom  àe  fai- 
san huppé  de  Guyenne  Cet  oiseau,  de  l'Amérique  équinoxiale, 
diffère  de  l'hoazin  du  Mexique,  avec  lequel  Guenau  de  Mont- 
beillard  Ta  confondu.  Je  l'ai  fait  connoître  le  premier  à  mon 
#etour  de  la  (iuyane  (  Journal  de  Physique  ,  septembre  1785  ). 
Il  est  principalement  remarquable  par  une  très-longue  huppe 
de  plumes  étroites  et  couchées  en  arrière,  qu'il  peut  soulever, 


s  A  S  317 

ornais  non  relever  en  forme  de  panache,  lorsqu'il  est  affecté. 
Ces  plumes  sont  rousses  depuis  leur  origine  jusqu'à  leur  mi- 
lieu ,  et  noires  sur  le  reste.  Celles  du  dessus  el  des  côlés  du 
cou  ont  des  taches  blanches  sur  un  fond  brun  ,  qui  occupe 
aussi ,  mais  avec  des  reflets  verts  et  cuivrés  ,  toutes  les  parties 
supérieures  ,  en  prenant  du  roux  sur  les  pennes  des  ailes  ,  et 
du  verdâtre  sur  la  queue  ;  les  couvertures  des  ailes  ont  une 
bordure  blanche,  et  la  queue  est  terminée  par  un  liseré  de 
la  même  couleur,  Leblanc,  nuancé  de  roux,  estla  couleur  des 
parties  inférieures,  excepté  que  le  roux  est  sans  mélange  de 
blanc  sur  le  ventre  ,  les  jambes  el  les  couvertures  de  dessous 
les  ailes  ;  le  bec  est  teint  en  gris  verdâtre  ;  les  pieds  sont  rou- 
ges et  les  ongles  noirs. 

Le  nom  de  sasa  ,  que  ce  faisan  porte  parmi  les  naturels  de 
la  Guyane  française  ,  exprime  son  cri ,  qu'il  prononce  d'une 
voix  forte  et  rauque.  On  ne  le  trouve  qu'au  bord  des  eaux 
ou  dans  les  lieux  inondés,  el  celte  préférence  tient  au  genre 
de  sa  nourriture.  11  mange  les  fruits  et  les  feuilles  d'un  très- 
grand  arum  ,  appelé  dans  le  pays  nwurou-moucou  (^anim  arbo- 
rescens  ^  Linn.)  ,  et  qui  couvre  de  grands  espaces  dans  les  sa- 
vanes noyées.  Partout  où  ces  plantes  croissent  abondam- 
ment ,  l'on  est  assuré  de  rencontrer  des  sasas,  quelquefois 
Ïar  paires  ,  et  quelquefois  par  petites  troupes  de  six  ou  huit. 
Is  se  tiennent ,  pour  l'ordinaire,  sur  la  même  branche,  l'un 
à  côté  et  fort  près  de  l'autre.  Ils  sont  peu  défians,  et  se  lais- 
sent aisément  approcher,  sans  doute  parce  qu'on  leur  fait 
rarement  la  chasse,  d'abord  à  cause  de  l'éloignement  et  de 
la  nature  des  lieux  qu'ils  habitent  ,  ensuite  parle  peu  d'inté- 
rêt que  l'on  peut  avoir  à  les  rechercher  ;  la  forte  odeur  de 
castoreum  qu'ils  exhalent  ne  permettant  pas  de  les  manger. 
Leur  chair  n'est  cependant  pas  lout-à-fail  inutile; les  pêcheurs 
la  coupent  par  morceaux,  et  s'en  servent  comme  d'un  bon 
appât  pour  prendre  de  gros  poissons,  (s.) 
SASA.  Nom  des  Lis,  en  Syrie,  (ln.) 
SASAGI.  Nom  japonais  d'une  espèce  de  Doi.ic  (^Dolirhos 
um^ella/iis ,  Thunb.  ).  (ln.) 

SASALL  Nom  brame  d'une  espèce  de  Greuvier  ,  dont 
Linnœus  avoii  fait  son  genre  microcos  ,  appelé  sasali  par 
Adanson.  (ln.) 

SASANKWA.  C'est ,  au  Japon  ,  le  nom  d'une  espèce 
de  Camellia  ,  aulre  que  celle  que  nous  cultivons.  C'est  le 
camelUa  sasanqua  ,   Thunb.  (ln.) 

SASAPIN.  L'une  des  nombreuses  dénominations  em- 
ployées par  différens  voyageurs  pour  désigner  Us  Sarigues 
ou  DiDELPHEs.  F.  ce  mot,  (s.) 


3ï8  S   A  S 

SASAPPO-LAUT  et  ALLANG  LAUT.  Noms  malais 
de  Ici  pennaUilaJuncea.,  Path.  V.  Pennatule.  (desm.) 

SASHAUNPASHU.  Nom  que  les  naturels  de  la  baîe 
d'Hudson  ont  appliqué  à  THirondelle  bleue.  F.  ce  mot. 

(V.) 

SASINNEER  SASIN.  Nom  que  les  naturels  de  la  baie 
de  Nootka  ont  imposé  à  un  Oiseau-mouche.  V.  le  genre 
Colibri,  2.«  section,  (v.) 

SASLOT.  Nom  piémoniais  de  la  Sarcelle,  (v.) 

SASSA.  Nom  d'une  espèce  d'AcACiE  de  Nubie ,  qui 
donne  de  la  gomme  semblable  à  celle  appelée  arabique.  Elle 
diffère  fort  peu  de  Tacacie  nilolique. 

Bruce  ayant  reçu  du  pays  de  la  myrrbe  des  branches  de 
cet  arbre  ,  comme  étant  celui  qui  fournit  cette  précieuse  ré- 
sine ,  et  ayant  depuis  observé  qu'il  donnoit  de  la  gomme  ,  en 
conclut  que  cette  gOmme  étoit  Vopobaîsamum  des  anciens: 
mais  il  a  évidemment  établi  deux  erreurs;  car,  i.oun  arbre 
qui  donne  de  la  gomme  ne  donne  pas  en  môme  temps  de  la 
résine;  2.0  l'opobalsamum  des  anciens,  au  rapport  de  Ga- 
lien,  étoit  un  poison  actif,  et  on  mange  quelquefois  ,  selon 
Bruce  même,  la  gomme  du  sassa.  (b.) 

SASSSA.  Espèce  de  Palmier,  autrement  appelé  Nipa. 

(B.) 

SASSAFRAS.  Nom  qu'on  donne,  dans  le  commerce  de 
l'épicerie  ,  au  bois  du  Laurier  sassafras.  V.  ce  mot  à  l'ar- 
ticle Laurier,  (d.) 

SA-SASHEW.  Nom  que  porte,  à  la  baie  d'Hudson,  une 
espèce  de  Chevalier.  V.  ce  mot,  (v.) 

SASSATA.  Aux  environs  d'Agra,  dans  l'Indostan  ,  on 
donne  ce  nom  à  I'Indigo  retiré  de  la  troisième  pousse  àt 
l'indigotier,  c'est-à-dire  la  troisième  année  après  la  planta- 
lion.  Cet  indigo  est  le  plus  inférieur.  V.  NoTi.  (ln.) 

SASSERÉ.  F.  Perroquet  sassebé,  à  l'art.  desPAPEGAis. 
tome  25,  page  33o.  (v.) 

SASSIE,  Sassia.  Genre  de  plantes  établi  par  Molina  dans 
l'octandrie  monogynie ,  et  qui  a  pour  caractères  :  un  calice  de 
quatre  folioles  ;  une  corolle  de  quatre  pétales;  huit  étamihes  ; 
un  ovaire  surmonté  d'un  style  à  stigmate  obtus;  une  capsule 
ovale  ,  à  deux  loges  et  à  deux  semences. 

Ce  genre  contient  deux  espèces  :  la  Sassie  teignante  qui 
a  les  feuilles  ovales  et  la  hampe  multiflore;  la  Sassie  persi- 
CAIRE  qui  a  les  feuilles  en  cœur  et  la  hampe  uniflore.  L'une 
et  l'autre  se  trouvent  très-abondamment  au  Chili.  La  fleur 
de  la  première  est  pourpre,  très-odorante,  sert  à  colorer  et  à 
p.irfumcr  les  liqueurs  ,  les  bois  d'ébénisterie  et  même  les 
étoffes  ;  la  seconde  a  la  fleur  d'un  jawne  doré,  (b.) 


s  A  T  319 

SASSIFICCA.  Nom  italien  qui  désigne  les  Salsifis.  11 
paroîl  dériver  des  deux  mots  :  sasso  ,  pierre,  tijîccare,  ficher, 
fourrer,  etsignifieroit  plante  fichée  diins  les  pierres.  En  effet, 
les  racines  pivotantes  des  salsifis  sont  fichées  en  terre  et  entre 
les  pierres  comme  des  clous  dans  une  muraille  ;  nos  déno- 
minations de  sarsifis,  sahijis  et  aiiîfi  n'en  sont  que  des  dérivés. 

SASSIFRACiA  des  Italiens.  V.  Saxifrage,  (ln.) 
SASSIFRAGIA.  Synonyme  4e  Sassafras  dans  les  ou- 
vrages de  quelques  botanistes  et  voyageurs  qui  ont  fait  con- 
noîire  les  plantes  de  l'Amérique.  V.  Sassafras,  (l^n.) 

SASSOLIN  (Reuss.,  Karst. ,  Léonh.  ;  Sasso/ine,  James.; 
acide  boiacique^  Haiiy  ;  Sel  sédulif  naturel ,  Hoëpf  ).  Sel  qu'on 
a  trouvé  d'abord  sur  les  bords  de  la  source  chaude  de  Sasso 
près  Sienne  ,  d'où  il  a  tiré  la  dénomination  de  sassolin. 

Ce  sel  est  blanc  ou  blanc  grisâtre,  nuancé  ou  parsemé  de 
taches  jaunâtres.  Il  est  sous  la  forme  de  grains,  de  paillettes, 
de  croûtes,  et  en  forme  de  stalactites  corrodées  qui  semblent 
composées  de  grains  cristallisés,  aciculaire  ou  lamelliforme. 
Il  est  doux  et  savonneux  sous  le  doigt,  et  facile  à  pulvériser.  11 
a  l'éclat  ixnpur,  un  peu  nacré  ,  quelquefois  résineux  ainsi  que 
sa  raclure.  Au  chalumeau,  il  fond  en  un  globule  transparent. 
Selon  Klaproth,  le  sassolin  contient: 

Acide  boracique 86 

Manganèse  sulfaté  ,  avec  un  peu  de  fer  .     11 
Chaux  sulfatée 3 


100 

Le  sassolin  se  trouve  aussi  en  sable  composé  de  paillettes 
blanchâtres  nacrées  et  qui  ont  jusqu'à  une  ligne  et  demie 
d'étendue. 

On  peut  voir  à  l'art.  Acide  boracique,  vol.  i,  p.  i34. , 
l'indication  des  divers  endroits  du  territoire  de  Sienne  011 1  on 
a  observé  ce  sel.  (iN.) 

SASURU.  Nom  oriental  de  l'arbre  désigné  dans  Rum- 
phius ,  par  pseudo  sanialum.  V.  ce  mot.  (LN.) 

SATAJO.  Plante  parasite  et  dioïque  du  Malabar,  figurée 
par  Rhéede,mais  dont  les  botanistes  ne  connoissent  qu'im- 
parfaitement les  parties  de  la  fructification,  (r.) 

SAÏAL.  Coquille  fort  peu  différente  du  Spondyle  Gai- 

DERON.  (B.) 

SATAN  ou  Couxio.  Singe  de  l'Amérique  méridionale,  dé- 
crit par  Hoffmansegg  et  de  Humboldt,  et  qui  appartient  au 
genre  Saki.  (desm.) 

SATANIA  et  SATANIUM  des  Grecs.  V.  à  l'article 
Messpilus.  (ln.) 


220  S     A      T 

SATARTA.  V.  Peucedanon.  (ln.) 
SATELLITES.  V.  Planètes,  (pat.) 
SATilAM.  C'est  le  Latanier,  à  Madagascar,  (b.) 
SATHEKÏUS  d'Aristote.  C'est  la  Marte  zibeline,  (s.) 
SATHYKION  d'Vrisioie.  CVst  le  Desman.  (s.) 
SATIECH  et  SATiACH,   Noms  persans  et  arabes  du 
nurdus  iniUca  ^  selon  J.  Bauhin  qui  ie  fait  dériver  du  nom  de 
la  ville  dite  Satignu.  (LN.) 

SATIN  BLAKC.  F.  Lunaire,  (b.) 
SATIN  PALE.  Agaric  de  trois  pouces  de  haut,  qui  croît 
dans  les  bois  des  environs  de  Paris  ,  et  qui  n'est  point  mal- 
faisant. On  le  reconnoît  à  son  chapeau  mamelonné  au  centre, 
comme  satiné  en  dessus.Paulel  Ta  figuré  pi.  1 1/}.  de  son  Traité 
des  champignons,  (n.) 

SATINÉ  DE  FRANGE  ou  SATINÉ  BATARD.  On 
donne  ce  nom,  dans  l'ébénisterie ,  au  bois  du  Prunier  ,  à 
raison  de  son  apparence.  (B.) 

SATINE.  La  Lunaire  annuelle  porte  quelquefois  ce 
nom.  (b.) 

SATORKIS ,  Salorliis.  Nom  donné  par  Dupetit-Thouars 
au  genre  de  plantes  appelé  Satyrion  par  Linnseus.  (b.) 
SATSIFOCO.  Nom  de  TEspadon  au  Japon,  (b.) 
SATUREÏA.  Pline  nous  apprend  que  les  Romains  don- 
îioient  ce  nom  à  une  plante  dont  ils  faisoient  un  grand  usage 
pour  assaisonner  les  viandes.  On  la  semoit  en  février.  Elle 
avoit  tant  de  ressemblance  avec  Voriganum  ,  surtout  par  ses 
qualités,  qu'on  les  confondoit  ensemble.  On  l'appeloit aussi 
tunila  tithymhra.  A.V  SiVÙde  cua'lii ,  l'iine  fait  observer  qu'outre 
le  cunila  cultivé,  les  médecins  en  connoissenl  plusieurs  au- 
tres espèces  qu'ils  nomment  cunila  hulula  ^  cunila  gallmacea^ 
origanum  heradeoticum  ,  cunilago  mollis  et  cunilago  Ubanotis. 
Puis  après  avoir  traité  rapidement  de  ces  plantes  ,  Pline 
revient  sur  les  propriétés  du  cunila  saliva  ,  et  termine  par 
le  cunila  montana.  Ces  deuK  dernières  plantes  sont  les  ihym- 
hra  de  Dioscoride  ,  dont  une  étoit  cultivée  et  l'autre  sau- 
vage. La  première  étoit  cultivée;  on  la  mangeoit  de  préfé- 
rence, parce  qu'elle  étoit  moins  acre  que  l'espèce  sauvage  ; 
elle  étoit  plus  grande,  commune,  semblable  au  thym,  mais 
plus  basse  et  [)lus  molle  ;  ses  (leurs ,  de  couleur  verte  ,  for- 
moient  des  épis.  Celte  plante  avoit  les  mêmes  propriétés  que 
le  thym  et  s'employoit  aux  mêmes  usages,  ce  qui  est  confirmé 
par  Paul  AEginet.  Théophrastje  a  un  plus  grand  non»bre  d'es- 
pèces de  ihymhra. 

Golumellc  recommande  de  placer  les  ruches  dans  des  lieux 
abondans  en  origan  ,  thym,  thymbra  et  de  l'espèce  de  cunila 
que  les  paysans  nommoient  satureîa ,  ce  qui  semble  admettre 


s     A     T  22! 

une  différence  entre  le  lliymbra  et  le  salureîa  ;  peut-être 
n'a-t-il  voulu  indiquer  que  les  cunîla  satha  et  moniaria. 

C'est  aux  saiureia  hortensis^jidiona^montana  et  thymbra f\VL  on 
rapporte  le  plus  généralement  les  plantes  des  anciens,  mais 
nonles  autres  espèces  de  cuuila  et  ainilago  de  Pline,  qui  sont 
d'autres  plantes  labiées.  Les  satureia  ci-dessus  ,  et  principa- 
lement le  satureia  hortensîs,  conservent  en  Italie  les  noms  de 
coniellatl  de  sacoreggia ,  qui  rappellent  les  noms  que  les  an- 
ciens leurdonnoienl.  Les  noms  de  sarnèle  ou  sarriette,  savorée 
etsadrée  ,  qui  désignent  ou  bien  ont  désigné  ces  plantes,  s'en 
déduisent  aussi. 

Le  satureia  étoit  une  labiée  extrêmement  écbauffante  et 
aphrodisiaque  ,  ce  qui  fait  croire  que  son  nom  dérivoit  de 
celui  des  Satyres  ,  divinités  les  plus  lascives  du  paganisme. 
Plusieurs  auteurs  le  dérivent  de  saturare,  assaisonner,  sa- 
turer ,  parce  qu'on  mettoit  cette  plante  dans  presque  toutes 
les  sauces.  Enfin  ,  d'autres  auteurs  croient  qu'il  esl  corrompu 
de  l'arabe  sahater  et  shatar  qui  désignent  également  les  sar- 
riètes. 

Les  espèces  de  satureia  ci-dessus  nommées  ,  forment  un 
groupe  distinct  dans  le  Pinax  de  C.  Bauhin;  mais  il  n'y  com- 
prend pas  le  satureia  capitula^  car  il  le  considère  comme  une 
espèce  de  thym,  ainsi  que  l'ont  fait  tous  les  botanistes  du 
même  temps.  Dodonée  a  appelé  satureia  le  melampyrum 
aroense. 

Le  genre  satureia  des  modernes  est  composé  du  satureia 
de  Tournefort,  qui  comprend  les  vraies  sarrièles,  et  de  quel- 
ques espèces  de  calamintha ,  thymbra  et  thymus  du  même  au- 
teur. Ce  genre,  dont  les  espèces  sont  peu  nombreuses  malgré 
cette  réunion,  comprend  aussi  le,sabaltia  de  Moench  et  le 
condea  de  Desportes.  V.  Sarriète  et  Thymbra.  (i-n.) 

SATUPiIER,  Psatura.  Arbrisseau  de  l'île  Bourbon,  à 
feuilles  opposées  et  à  fleurs  disposées  en  panicule  terminale, 
qui,  seul,  constitue  un  genre  dans  l'hexandrie  monogynie. 
Ses  caractères  sont  :  calice  à  six  dents;  corolle  campanulée 
à  six  divisions,  barbue  en  dedans;  ovaire  inférieur  à  style 
terminé  par  un  stigmate  lamelleux;  baie  sèche  ,  striée,  à  sis 
loges  monospermes,  (b.) 

SATURNE.  V.  le  mot  Plaîs[ètes.  (lib.) 

SATURNE.  Les  anciens  chimistes  qui  avoienl  donné  aux 
métaux  le  nom  des  planètes,  avoient  consacré  au  plomb  celui 
de  Saturne  ,  et  on  le  conserve  encore  dans  quelques  prépa- 
rations pharmaceutiques.  On  dit  sucre  de  saturne ,  extrait  de 
Saturne^  vinaigre  de  saturne,  etc.  V.  Plomb,  (pat.) 

SAXURNINE.  Nom  spécifique  d'une  Couleuvre,  (b.) 


s  A  T 

SATURNITES.  Ce  nom,  qui  sîgnifie  pîcrre  de  Saturne, 
a  été  donné  par  J.-R.  Forster  au  plomb  sulfuré  épigène  qui 
est  le  blaubeierz  ,  c'est-à-dire  la  mine  de  plomb  bleu  des 
Allemands,  (ln.) 

SATYRE,  Satyrus.  Les  anciens  Grecs  avoient  une  religion 
originaire  de  l'Egypte  et  des  autres  contrées  orientales  ,  et 
connne  les  campagnes  ardentes  de  ces  contrées  nourrissoient 
«ne  foule  de  singes  et  d'autres  animaux  analogues,  les  hom- 
mes superstitieux  et  timides,  dans  l'enfance  de  la  société,  en 
firent  des  dieux  ou  du  moins  des  êtres  privilégiés.  Les  vastes 
forêts  de  la  zone  torride,  ces  soliludes  ignorées  qui  impri- 
moient  aux  hommes  qui  les  parcouroient ,  une  terreur  reli- 
gieuse, éloient  habitées  par  des  singes  ;  ils  en  étoient  les  divi- 
nités tutélalres;  de  là  naquirent  les  faunes,  les  satyres,  les 
silènes,  et  tous  ces  demi-dieux  champêtres  de  l'antique  my- 
thologie. Aujourd'hui  encore  les  Indiens  du  Bengale  ,  du 
Malabar,  etc. ,  ont  un  respect  religieux  pour  les  singes  ,  et 
fondent  des  hôpitaux  pour  en  nourrir  les  individus  infirmes. 
On  assure  même  que  les  Thibétains  admettent  dans  leur 
cosmogonie ,  que  les  premiers  hommes  ne  furent  que  des 
singes. 

Mais  pourquoi  mettre  ces  animaux  au  rang  des  dieux  ? 
Comment  un  peuple  peut-il  être  assez  imbécile  pour  se 
prosterner  aux  pieds  d'un  vil  animal,  pour  lui  offrir  son  en- 
cens et  ses  vœux  .''  Voilà  ce  qu'on  auroit  peine  à  se  persuader, 
si  l'on  n'en  avoit  pas  la  preuve.  Effigies  sacri- ni/ et  aurea  cerco- 
pither.i.  On  a  vu,  en  effet,  dans  l'antique  Egypte,  les  timides 
mortels  trembler  aux  pieds  d'un  singe  assis  sur  leurs  autels.  L'en- 
fance de  l'esprit  humain  est  sujette  à  toutes  les  erreurs;  elles 
lui  viennent  de  sa  timidité.  C'est  la  crainte  qui  a  fait  les  pre- 
miers dieux  des  hommes;  ils  ont  adoré  des  serpens  et  des  sin- 
ges, avant  d'adresser  leurs  hommages  au  maître  de  l'univers. 
Plus  on  est  foible,  plus  on  est  timide  et  superstitieux.  Les 
animaux,  les  plantes,  les  minéraux,  tout  a  été  dieu  pour 
i'homme  sauvage,  excepté  l'être  Suprême;  ses  pensées  ne 
pouvoient  pas  s'étendre  si  loin.  Sa  slupide  admiration  pour 
toutes  les  productions  de  la  nature  qui  l'environnent,  se  chan- 
gea en  adoration  ,  et  la  terreur,  fille  de  l'ignorance ,  établit 
les  premiers  cultes. 

On  a  conservé  en  Histoire  naturelle  les  noms  de  ces  anciens 
dieux  champêtres ,  et  on  les  a  donnés  aux  singes  ;  mais  on  ne 
voit  plus  que  des  singes  dans  ces  animaux.  Leur  divinité  s'est 
perdue  par  Tinjure  des  siècles  et  de  la  religion  chrélierme.  Il 
leur  sera  difficile  d'en  recouvrer  les  titres  parmi  nous,  rîous. 
avons  déjà  suffisamment  de  lutins,  de  revenans,  de  sorciers^ 
de  feux  follets  et  d'autres  superstitions  qui  tourmentent  l'es- 


s  A  T  223 

prit  de  nos  pauvres  villageois.  Au  reste ,  consultez,  pour  le 
singe  satyre  ,  l'arllcle  Oratsg-outang.  (virey.) 

SATYRE ,  Satyrus ,  Latr.  ;  Jmathitsia,  BrassoUs  ,  Hœtera  , 
Hîpparrhia,  Fab.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  lépidop- 
tères, famille  des  diurnes  ,  tribu  des  papilionides,  ayanipour 
caractères  :  les  deux  premières  pattes  ,  dans  les  deux  sexes  , 
beaucoup  plus  courtes  que  les  autres  ,  repliées  de  chaque  côté 
du  cou  ou  contre  la  poitrine  ,  inutiles  au  mouvement  ;  ailes 
inférieures  embrassant ,  par  leur  bord  interne,  le  dessous  de 
l'abdomen  ;  palpes  inférieurs  (ou  extérieurs)  fortement  com- 
primés ,  et  dont  la  tranche  antérieure  est  très  -  étroite  ou 
presque  aiguë;  cellule  discoïdale  et  centrale  des  ailes  infé- 
rieures toujours  fermée  ;  chenilles  allongées,  sans  épines  , 
nues  ou  simplement  garnies  de  duvet ,  et  souvent  rayées  lon- 
gitudinalement  de  lignes  alternativement  plus  vives  et  plus 
foncées  ,  avec  la  tête  presque  globuleuse  et  l'abdomen  four- 
chu ou  terminé  par  deux  cornes  ;  chrysalide  légèrement  an- 
gulaire ,  suspendue  perpendiculairement  la  tête  en  bas  ,  et 
attachée  seulement  par  son  extrémité  postérieure  ;  deux 
pointes  petites  et  écartées  à  l'autre  bout. 

Je  compose  ce  genre  de  la  troisième  classe  des  papillons 
de  Réaumur  et  d'une  partie  de  ceux  de  sa  seconde.  Il  com- 
prend, dans  la  méthode  de  Degéer,  qui  diffère  peu  de  la  pré- 
cédente ,  sa  cinquième  famille  des  papillons  et  les  dernières 
espèces  de  la  quatrième  ;  mais  Geoffroy  ,  et ,  après  lui ,  les 
auteurs  du  catalogue  systématique  des  lépidoptères  de  Vien- 
ne ,  sont  ceux  qui  ont  le  mieux  circonscrit  cette  coupe  natu- 
relle. Nos  satyres  forment  dans  la  méthode  du  premier  de  ces 
naturalistes  le  troisième  paragraphe  de  sa  première  famille 
des  papillons,  ou  de  ceux  qui  n'ont  que  quatre  pattes  am- 
bulatoires. Les  chenilles  des  espèces  de  cette  subdivision 
n'ont  point  d'épines.  Les  deux  pattes  antérieures  de  l'in- 
secte parfait  sont  très-courtes,  mais  ,  selon  lui,  nullement 
velues  et  ne  faisant  point  la  palatine.  Il  y  range,  cepen- 
dant., les  espèces  nommées  satyre  ,  tircls  ^  cèphale  ^  procns  ^ 
que  Degéer  place  dans  sa  quatrièmefamille  ou  les  papillons 
dont  le  bord  inférieur  des  secondes  ailes  embrasse  le  dessous 
du  ventre  ,  le  cache  entièrement  en  s'y  moulant ,  et  dont  les 
deux  pattes  sont  terminées  par  deux  sortes  de  cordons,  sem- 
blables aux  pendans  des  palatines  de  peau.  Je  n'ai  pas  cru  , 
dans  l'établissement  du  genre  satyre  ,  devoir  employer  ,  du 
moins,  dans  le  sens  absolu  de  ces  deux  naturalistes,  ce  der- 
nier caractère.  Il  me  suffit  que  les  deux  pattes  antérieures 
soient  beaucoup  plus  courtes  que  les  autres,  pliées  contre  la 
poitrine ,  ou  Inutiles  à  l'ambulation  ;  n'importe  qu'elles  soient 
très-velues  et  terminées  en  manière  de  palatine  ,   ou  sem- 


«24  s  A  T 

blables  aux  autres,  mais  irès-petites  et  presque  entièrement 
cacliées. 

Cette  considération  ne  pourroit  servir  que  pour  diviser  le 
genre  en  deux  sections.  Fabricius  a  donné  à  une  coupe  de  son 
genre  papillon  {Entom  system.)  ,  le  nom  de  satyres  ;  mais  aux 
espèces,  composant  le  genre  que  je  dislingue  ainsi,  il  en  associe 
beaucoup  d'autres  qui  doivent  en  être  éloignées ,  de  sorte  que 
cette  division  est  une  sorte  de  magasin. Les  chenilles  dessalyrcs 
indigènes,  dont  on  a  observé  les  métamorphoses,  vivent  toutes 
sur  des  plantes  graminées.  Elles  sont ,  pour  la  plupart,  vertes 
ou  jaunes,  avec  des  raies  plus  foncées  ;  leur  corps  est  allongé, 
mou  f  sans  épines  ,  et  uniquement  garni  de  poils  courts  ,  qui 
partent ,  du  moins  dans  quelques  espèces  ,  de  petits  tuber- 
cules; leur  tête  est  presque  sphérique  ,  avec  la  bouche  très- 
petite  ,  et  leur  derrière  se  termine  par  deux  petites  cornes  , 
en  manière  de  queue  fourchue.  Lorsque  ces  chenilles  veu- 
lent se  transformer ,  elles  se  pendent  par  les  pattes  posté- 
rieures, et  prennent  la  forme  d'une  chrysalide,  verte  ou  jau- 
nâtre ,  un  peu  angulaire  ,  et  dont  la  tête  a  deux  pointes  co- 
niques. Les  lépidoptères  ,  qui  sortent  de  ces  chrysalides  , 
ont  généralement  les  ailes  rondes,  tantôt  brunes  ou  noirâ- 
tres ,  tantôt  jaunâtres  et  presque  toujours  marquées  de  taches 
oculaires;  dans  quelques  autres,  le  fond  est  noir,  avec  une 
bande  blanche  ou  roussâtre.  Ces  insectes  ont  le  vol  pesant  et 
sont  faciles  à  attraper.  Ils  habitent  plus  particulièrement  les 
bois  ,  les  prairies  et  les  lieux  incultes;  quelques  autres  ne 
fréquentent  que  les  terrains  rocailleux  ou  montueux  ,  parce 
que ,  probablement ,  les  plantes  qui  doivent  nourrir  leurs 
chenilles  sont  exclusivement  propres  à  ces  localités.  Plusieurs 
de  ces  lépidoptères  aiment  à  se  poser  et  à  marcher  sur  le 
tronc  des  arbres  :  ce  sont  des  espèces  de  grimpeurs.  Ces  lé- 
pidoptères sont  véritablement  agrestes;  on  ne  les  trouve  ja- 
mais ou  que  rarement  dans  les  jardins.  Quelques  satyres  , 
mais  qui  sont  presque  tous  des  Indes  orientales,  s'éloignent 
des  nôtres  par  la  forme  anguleuse  de  leurs  ailes  inférieures. 

I.  Bord  postérieur  des  ailes  inférieures  dentelé  ou  sinueux. 
Le  Satyre  CïRCÉ  ,  Pû'yOî'A'o  circcy  Fab.  ;  Pap.  proserpina  y 
Esp.  ;  le  Silène  ^  Engram.  ,  Pap.  d'Europ.,  pi.  XX  ,  n.^  33  , 
et  pi.  Lxxxi,  n.o  33.  Il  habite  les  forêts  des  montagnes,  et 
se  trouve  particulièrement  en  Provence  ;  ses  ailes  sont  en 
dessus  d'un  brun  noirâtre  foncé  ,  traversées  ,  à  peu  de  dis- 
tance du  bord  postérieur,  par  une  bande  blanche  ;  ce  carac- 
tère est  commun  au  satyre  hermione  ou  le  sihnndre;  mais  dans 
le  satyre  circé^  cette  bande  est  interrompue  sur  les  supérieures, 
dès  son  commencement,  près  de  l'angle  extérieur,  de  manière 


s  AT 

qu  on  y  voit  deux  taches  blanches  réunies ,  éloignées  du  rcîtc 
de  la  bande  ,  et  portant  un  œil  ou  une  tache  noire  et  ronde 
avec  un  point  blanc  au  milieu  ;  de  plus,  la  bande  blanche  se 
prolonge  sur  les  inférieures  jusqu'au  bord  interne,  celui  qui 
est  du  côté  de  l'abdomen  ,  tandis  qu'elle  ne  va  pas  jusque-là 
dans  le  silmndre.  Celui-ci  a  encore  un  petit  œil  de  plus  sur 
les  ailes  supérieures,  et  un  sur  les  inférieures.  Les  ailes  supé- 
rieures ont  en  dessous  ,  dans  le  circé  ,  deux  taches  blanches  à 
la  côte  ,  qui  ne  se  voient  pas  dans  le  précédent.  Les  ailes  in- 
férieures ont  aussi ,  près  de  la  base  ,  à  la  côte  ,  un  petit  es- 
pace blanchâtre  qui  manque  àAXisle sihandre  :  la  bande  blan- 
che ,  1  œil  de  dessus,  se  retrouvent  en  dessous.  Les  ailes  in- 
férieures ont  un  très-petit  œil  dans  le  voisinage  de  l'angle 
anal  ;  là  se  remarque  une  raie  anguleuse  très-noire. 

La  chenille  de  ce  papillon  est  nue  ,  et  se  termine  insensible- 
ment en  pointe  bifide  ;  son  dos  est  rayé  longitudinalement  de 
noirâtre ,  de  blanc  et  de  jaune.  Elle  se  trouve  sur  lesgramens. 

Le  Satyre  silvatsdre,  Papilio  hermione,  Linn.  ,  Fab.  ; 
le  Silène  ^  Geoff.  ;  le  Sibandre  ,  Engram.  ,  Pap.  (TlEurop.  , 
pi.  20 ,  n.°  34..  Cette  espèce  est  un  peu  plus  petite  que  la  pré- 
cédente ,  et  lui  ressemble  d'ailleurs  beaucoup.  Nous  venons 
de  faire  connoîlre  en  quoi  elle  en  diffère.  Sa  bande  blanche 
est  moins  vive  ,  s'oblitère  même  presque  totalement  dans 
quelques  individus.  Elle  a  deux  points  noirs  ,  avec  le  centre 
blanc  ,  ou  deux  très-petits  yeux  sur  chacune  des  ailes  supé- 
rieures ,  et  un  seul  sur  chaque  inférieure  :  ces  petits  yeux  sont 
aussi  en  dessous. 

La  chenille  est  grise  ,  avec  une  ligne  très-noire  sur  le  dos. 
Le  corps  est  terminé  par  une  pointe  bifide. 

Le  Satyre  alcyone  ,  Papilio  alcyone ,  Hubn.  ,  Ochs.  ;  le 
petit  Siîoandre ,  Engram.  ,  Pap.  d'Europ. ,  pi.  62  ;  n,''  35  ; 
Rœs.  Insect. ,  tom.  3,  tab.  34  ,  fig.  5,6;  n'est  qu'une  variété 
plus  petite  du  précédent,  et  tel  a  été  le  sentiment  de  Lin- 
neeus  et  de  Fabricius.  On  le  trouve  en  Allemagne  et  dans 
quelques  départemens  de  la  France. 

Le  Satyre  hermite  ,  Papilio  briseis ,  Linn. ,  Fab.  ;  VHêr- 
mite ,  Engram.,  Pap.dEurop,^  planche  21,  n.»  36-,  pi.  63, 
n.°  36,  e,f.  Le  dessus  de  ses  ailes  est  d'un  brun  noir,  chan- 
geant en  vert  ou  en  violet ,  avec  une  bande  blanche  qui  les 
traverse  dans  leur  largeur  ;  sur  les  supérieures,  cette  bande 
est  formée  de  six  taches  ,  dont  la  première  et  la  troisième 
ont  chacune  un  œil  noir  à  prunelle  blanche  ;  la  bande  infé- 
rieure est  plus  terne  ;  le  dessous  des  ailes  est  d'un  gris  ou 
d'un  blanc  jaunâtre,  particulièrement  sous  les  supérieures  , 
au  lieu  qui  répond  à  la  bande ,  avec  différentes  ondes  ou 
nuances  d'un  brun  clair  ;  les  supérieures  ont  les  deux  veux  de 


226  o    A    1 

dessus,  et  dans  le  mâle  ,  deux  taches  noirâtres  à  la  côte  ;  dans 
ia  femelle ,  une  seule  tache  avec  une  bande  brune  trans- 
verse ;  les  inférieures  ont  un  petit  œil  ,  et  dans  les  mâles  , 
deux  taches  et  une  bande  transverse  noirâtres.  Ces  ailes ,  dans 
les  femelles  ,  n'offrent  que  quelques  teintes  un  peu  plus  fon- 
cées ,  en  forme  de  bandes  peu  marquées  ,  et  une  ou  deux 
petites  taches  noirâtres  sous  le  petit  œil.  Cette  espèce  est 
commune  aux  mois  de  juillet  et  d'août ,  dans  les  lieux  pier- 
reux des  cantons  méridionaux,  ^n  la  trouve  aussi ,  mais 
rarement  ,  aux  environs  de  Pfffîs.  Le  P.  pirala  d'Esper, 
d'Hubner,de  Prunner,  etc.,  n'est  qu'unevariété  plus  grande. 

Le  Satyre  agave  ,  Papilio  agave  ,  Hiibn. ,  Esper  ;  P.  ////?- 
polyie ,  Esp.  ;  P.  alcyune^  Fab.  ;  VHippolylei  Engram. ,  Pap. 
dEurop.  ,  pi.  8  ,  supp.  3.« ,  36  Lis.  Ses  ailes  sont  d'un  brun 
clair  ,  traversées  près  du  bord  postérieur  d'une  bande  jaunâ- 
tre  ;  les  supérieures  ont,  en  dessus  et  en  dessous  ,  deux  yeux 
noirs  aveugles  ou  sans  prunelle  ;  le  dessous  des  supérieures 
est  presque  entièrement  jaunâtre  ;  celui  des  inférieures  a  plu- 
sieurs raies  et  des  points  obscurs  qui  le  font  paroîlre  mar- 
bré. 

Cette  espèce  se  trouve  en  Russie. 

Le  Satyre  FiDiA,  Papilio  fidîa  ^  Llnn.,  Fab,;  le  Faune  j 
Engram.,  Pap.  d'Europ. ,  pi.  2  i ,  n."  07  ,  c.  d.  Ses  ailes  sont , 
tn  dessus ,  d'un  brun  noir  ;  les  supérieures  ont  chacune  deux 
petits  yeux  noirs  à  prunelle  blanche  ,  et  deux  points  blancs 
dans  leur  entre-deux;  les  inférieures  n'ont  qu'un  petit  œil 
semblable  aux  précédens ,  et  dans  des  individus  deux  petits 

S  oints  blancs;  le  dessous  des  ailes  est  mélangé  de  cendré  et 
ebrun  noirâtre;ony  retrouve  les  yeux  et  les  points  blancs  de 
dessus;  les  quatre  ailes  ont  un  espace,  ou  une  raie  transverse, 
blanchâtre,  immédiatement  avant  ces  yeux;  les  supérieures 
ont,  vers  le  milieu  de  la  côte,  deux  traits  d'un  brun  noirâtre; 
les  Inférieures  ont  deux  raies,  dont  l'une  plus  courte  ,  trans- 
versale, anguleuse  et  noire,  et  une  bande  blanchâtre  le 
long  du  bord  postérieur. 

Cette  espèce  se  trouve  en  août ,  dans  les  lieux  élevés  des 
cantons  méridionaux  de  la  France. 

Engrainelle  avoit  d'abord  donné  ,  comme  mâle  de  cette 
espèce  ,  le  papillon  ,  pi.  2 1 ,  n.°  87  ,  a.  h.;  mais  dans  le  n ."  6, 
pag.  255,  il  déclare  que  c'est  une  erreur,  et  que  ce  papillon 
est  le  mâle  d'une  autre  espèce  qu'il  nomme  corouîs  ^  et  qui 
se  trouve  en  Provence  ,.pl.  63,  n.°  87  ,  e.f.  F.  l'espèce  sui- 
vante. 

Le  Satyre  allionia,  Papilio  alHonùi,  Fab.  ;  le  Faune,  En- 
gram. ,  Pap.  d'Europ. ,  pi.  21  ,  n."  87  ,  a.  h.;  Ejusd.,  P.  ^0/0- 
tiis ,  pi.  63,  n.  "  07  ,  e.J.  Cette  espèce  ,  qui  se  trouve  sur  les 


s     A     T  i;,j» 

confins  de  la  France  et  de  l'Italie ,  a  les  aîles  d'un  brun  noi- 
râtre, dentées;  le  dessous  a,  vers  le  bas,  deux  raies  plus 
obscures,  et  rexlréniilé  plus  pâle;  les  supérieures  ont,  sur 
celte  surface  ,  deux  grands  yeux  ;  le  premier  a  seul  une  pru- 
nelle blanche  ;  enlre  eux  est  une  tache  blanche  ;  ces  yeux  pa- 
roissent  en  dessous,  mais  foiblenient  et  sans  prunelle;  les 
ailes  postérieures  ont  trois  points  blancs  et  un  plus  grand 
très-noir  ;  leur  dessous  offre  une  bande  blanche  et  ar- 
quée. 

Le  Satyre  faune,  Papilîo fourni ^  Esp.,  Fab.;  Aradi^e ^ 
Engram. ,  Pap.  d  Europ. ,  pi.  63  ,  n.^  87  ,  a.  h.  c. ,  his.  Ses 
ailes  sont  d'un  brun  foncé  en  dessus,  avec  les  bords  plus 
clairs  ;  les  supérieures  ont  en  dessus  et  en  dessous,  près  du 
bord  postérieur,  deux  yeux  noirs,  à  cercle  fauve  autour,  et 
deux  points  blancs  dans  l'inlervalle  qui  les  sépare  ;  l'oeil  su- 
périeur a  la  prunelle  blanche  ;  le  dessous  des  inférieures  est 
d'un  gris  cendré  ;  leur  base  et  une  portion  transversale  de  leur 
surface  sont  plus  foncées  dans  quelques  individus. 

Cette  espèce ,  nommée  statilinus  par  quelques  auteurs  ,  ne 
me  paroît  être  qu'une  variété  plus  petite  de  la  précédente. 
Elle  se  trouve  plus  particulièrement  dans  les  cantons  méri- 
dionaux de  la  France  ;  elle  est  même  très-commune ,  à  la  fin 
de  l'été ,  au  bois  de  Boulogne ,  aux  environs  de  Paris.  Les 
ailes  inférieures  ont,  dans  celui-ci,  un  point  noir  près  de  l'an- 
gle anal ,  dont  on  ne  fait  pas  mention. 

Le  Satyre  ACTÉON,  PapiUo  actœa^  Esp.;  V Actéon^  Engram., 
Pap.  dEurop.  ,  pi.  81 ,  n."  87  ter^  a.  d.  bis  ,  et  pi.  63  ,  n.°  87, 
g.  h.  Le  dessus  des  ailes  est  d'un  brun  noirâtre,  avec  un  re- 
flet fauve;  les  ailes  supérieures  ont  la  côte  cendrée  et  un  petit 
œil  noir  à  prunelle  blanche  près  de  l'angle  extérieur;  leur 
dessous  est  d'un  brun  clair  du  côté  de  la  côte  ,  d'un  brun 
très-foncé  ou  fauve  du  côté  interne;  au  petit  œil  de  dessus  en 
répond  un  plus  grand,  renfermé  dans  un  cercle  blanc  ou  fauve; 
au-dessous  on  voit  dans  plusieurs  un  ou  deux  points  blancs; 
le  dessous  des  ailes  inférieures  est  partagé  en  trois  portions 
transversales,  dont  le  bord  extérieur  ,  ou  celui  qui  est  le  plus 
près  de  l'extrémité  postérieure  de  l'aile,  est  plus  ou  moins 
brun,  et  dont  le  reste  a  une  teinte  d'un  brun  clair  ou  cendrée; 
les  deux  divisions  terminales  sont  plus  étroites,  en  forme  de 
bandes,  et  leur  bord  interne  est  encore  plus  clair  que  celui 
de  la  première. 

Celte  espèce  se  trouve  dans  la  Provence  et  aux  environs 
de  Narbonne  ,  etc. 

Le  Satyre  bryce,  Papîlio  actœa,  Fab.,  Hiibn.,  Lép,^ 
tab.  33  ,  fig.  149  et  i5o,  en  est  très-voisin.  Ses  ailes  supérieu- 
res ont ,  des  deux  côtés,  deux  yeux  noirs  à  prunelle  blanche, 


^.8  S  A  T 

et  un  autre  œîl ,  mais  très-petit,  accolé  à  celui  qui  est  le 
plus  près  de  la  côte. 

On  le  trouve  dans  les  mêmes  lieux. 

LcSatïRE  agreste,  Papilio  semele ,  Linn.,Fab.;  Y  Agreste, 
Engram. ,  Pap.  dEurop.,  pi.  22  ,  n.*'  38.  Ses  ailes  sont  en 
dessus  d'un  brun  noirâtre  ;  les  supérieures  ont  deux  petites 
taches  rondes  et  noires,  en  forme  d'yeux,  à  prunelle  blan- 
che ,  placées  dans  la  femelle  sur  une  espèce  de  bande  jau- 
nâtre ,  maculaire  et  transversale;  les  inférieures  ont  un  œil 
seipblable  à  celui  des  précédentes,  et  situé  à  l'extrémité  in- 
férieure d'une  suite  de  quelques  taches  fauves  disposées  en 
bande  près  du  bord  postérieur;  le  dessous  des  supérieures 
est  fauve,  nébuleux  au  bord  postérieur,  avec  une  tache 
blanche  près  de  l'angle  extérieur;  on  y  voit  les  deux  yeux  de 
dessus  ;  le  dessous  des  inférieures  est  d'un  brun  mélangé  à 
la  base,  plus  clair  et  cendré  ou  grisâtre  ensuite,  et  -i  aussi 
l'œil  supérieur.  Cette  espèce  est  commune  dans  les  bois  tn 
Europe.  Engramelle  décrit ,  sous  le  nom  àe  petit  agresie ,  p. .g. 
77,  pi.  22,  n.'  39,  un  satyre  qui  ressemble  beaucoup  au  p  - 
cèdent.  Le  dessus  des  quatre  ailes  est  d'un  brun  foncé,  avec 
une  bande  fauve  transverse,  formée  de  quelques  taches  fauves; 
les  supérieures,  ainsi  que  les  inférieures,  n'ont  qu'un  œil;  celui 
des  dernières  ne  paroît  pas  en  dessous.  D'ailleurs ,  la  surface 
inférieure  des  ailes  ne  diffère  pas  beaucoup  du  dessous  de 
celles  du  papillon  agreste. 

Elle  est  décrite  par  Fabricius  et  quelques  autres  auteurs, 
sous  le  nom  de  Papillon  aRÉthusk,  Pupiiio  arelhusa.  Ce 
sera  pour  nous  le  Satyre  aréthuse. 

Le  Papillon  mercure,  d'Engraraelle ,  pi.  64,  n.»  3S  bis . 
diffère  du  précédent  en  ce  qu'il  est  plus  petit ,  plus  clair  dans 
Ici  couleurs,  que  les  ailes  inférieures  n'ont  point  de  tache 
oculaire,  el  que  la  bande  transverse  et  grisâtre  du  dessous 
est  plus  étroite.  Ce  n'est  peut-être  qu'une  variété.  Ce  papil- 
lon est  venu  de  Vienne  en  Autriche. 

liC  Satyre  phèdre,  Papilio phœdra  ,  Linn. ,  Fab.;  \e  grand 
Nègre  des  bois ,  Engram.,  Pap.  d'Europ.  ,  pi.  23  el  64.5  n  »  ^o. 
Celte  espèce  est  d'un  brun  noirâtre;  ses  ailes  supérieures  ont 
sur  les  deux  surfaces  deux  grands  yeux  noirs  ,  à  prunelle  d'un 
bleu  violet,  à  iris  d'un  brun  fauve;  les  inférieures  ont  un 
très-petit  œil  noir,  à  prunelle  également  bleue  ;  leur  dessous 
a  une  ou  deux  bandes  grisâtres. 

On  la  trouve  dans  les  forêts  d.e  la  France  ,  aux  mois  de 
juillet  et  d'août.  Son  accouplement  dure  beaucoup  plus  long- 
temps que  celui  des  autres. 

La  chenille  est  grise  ,  avec  deux  lignes  de  taches  noires  sur 


s  A  T  229 

ie  dos  ;  son  corps  se  termine  en  pointe  fourchue.   Elle  vit 
sur  Tavoine  que  les  botanistes  nomment  datior. 

Le  Satyre  autonoé  ,  Papîlio  autonoe^  Fab.  ;  Papilio  icare, 
Engrara, ,  Pap.  d'Europ.  ,  pi,  8 ,  Suppl.  3.*  ,  n,"  4-0  bis.  Ses 
ailes  sont  d'un  brun  clair  ;  les  supérieures  ont  en  dessus  et 
en  dessous  deux  grands  yeux  noirs  ,  à  prunelle  blanche  ,  pla- 
cés sur  un  espace  ou  bande  jaunâtre  ;  en  dessous  ,  le  bord 
postérieur  de  ces  ailes  est  d'un  brun  clair,  et  leur  partie  In- 
férieure est  d'un  fauve  mêlé  de  gris  et  de  brun  ;  les  inférieu- 
res sont  traversées  en  dessus  d'une  bande  d'un  brun  plus 
clair  tirant  sur  le  fauve ,  et  ont  chacune  deux  points  blancs 
et  un  très-petit  œil  noir  à  prunelle  blanche  ;  le  dessous  de 
ces  ailes  est  d'un  jaunâtre  jaspé  de  brun ,  avec  des  traits  ,  de 
petites  taches  blanchâtres,  et  un  petit  œil  noir  à  prunelle  et 
iris  blancs. 

Le  Satyre  amarillis,  Papilio  iithonus,  Linn.  ;  Papilio 
pîlosellœ,  Fab.;  V Amarillis^  Geoff. ,  Engram,,  Pap.  d'Europ^ 
pi.  27  ,  n.°  63  ,  pi.  56,  n.°  53  ,  var.  ;  Papîlio  herse  ^  Hiibn.  Ses 
MÏes  sont  fauves  en  dessus  ,  avec  une  large  bordure  brune  ; 
les  supérieures  ont  de  part  et  d'autre  ,  vers  l'angle  du  bout , 
un  œil  allongé  ,  noir,  avec  deux  prunelles  blanches;  les  in- 
férieures ont  vers  le  milieu  deux  très-petits  yeux ,  qui  parois- 
sent  aussi  en  dessous;  ce  dessous  est  mélangé  de  cendré  clair 
et  de  brun. 

La  chenille  vit  sur  le  gazon,  est  d'un  vert  obscur,  avec 
UTH  bande  longitudinale  et  rougeâtre  de  chaque  côté  ;  son 
extrémité  postérieure  est  terminée  par  deux  espèces  de  cor- 
nes. 

Sa  chrysalide  est  grisâtre,  avec  quelques  taches  brunes. 
Cette  espèce  paroît  en  été.  Elle  n'est  pas  rare  en  France 
dans  les  prés  et  les  bois. 

On  trouve  une  variété  accidentelle  où  le  fauve  est  blanc. 
Papil.  d'Europe,  pi.  66  ,  n.»  53  ,  f. 

Le  papillon  Ida  de  Fabricius  (  Hiibn. ,  Lépid. ,  tab.  35 , 
fig.  i58  et  iSg),  n'a  point  de  taches  oculaires  sur  les  ailes 
inférieures;  d'ailleurs,  il  diffère  peu  de  l'amarillis. 

Le  Satyre  TITIRE,  Papilio  bathseba,  salome ,  Fab.;  le 
Tilire,  Engram.,  Pap.  d Europe ,  pi.  66  ,  n."  53  bis  ;  Coqueb. , 
lllustr.  iconogr.f  pi.  17,  n.°  i  ;  Papilio  pasiphaë,  Esp. ,  Hiibn. 
Le  titire  ressemble  beaucoup  à  ramarillis;  ses  ailes  sont 
fauves  en  dessus  et  bordées  tout  autour  de  brun;  les  supé- 
rieures ont  un  œil  noir,  à  double  prunelle  blanche  ;  les  in- 
férieures en  ont  chacune  trois  petits  ,  noirs,  à  prunelle  blan- 
che ,  dont  deux  rapprochés  près  de  l'angle  anal,  et  le  troi- 
sième écarté;  en  dessous,  les  supérieures  sont  semblables 
3'»  dessus  ;  les  inférieures  sont  d'un  brun  foncé  ,  avec  une 


33o  s  A  T 

bande  blanclie  ,  transverse  ,  à  peu  de  disfance  du  bord  pos- 
térieur ;  entre  elle  et  ce  bord  sont  quatre  à  cinq  yeux,  dont 
le  nombre  et  l'apparence  varient,  noirs,  avec  la  prunelle 
blanche.  Cette  espèce  se  trouve  en  Barbarie  et  en  Provence. 
Dans  les  individus  de  cette  <lernière  contrée  ,  les  yeux  ont 
l'iris  fauve ,  et  la  bande  blanche  s'étend  un  peu  en  dehors 
vers  le  milieu. 

Le  Satyre  myrtii,,  Papîlio  janira  ,  Linn. ,  Fab.;  le  Myr- 
iîl^  Geoff.  ;  Engram. ,  Pap.  d  Europe  ,  pi.  28,  n.**  54,  a.  h.  ; 
pi.  56  ,  n."  54. ,  /.  ».  m.  k. ,  var.  ;  pi.  Sy  ,  0.  p.  q.  r. ,  var.  ; 
Papilio  Jurtina  y  Linn.  ;  le  Corydon^  Geoff.  Cette  espèce  va- 
rie beaucoup  ;  le  fond  de  ses  ailes  est  en  général  brun  ,  glacé 
au  milieu  d'une  teinte  fauve  ou  jaunâtre  ,  parliculièremeiil 
sur  le  dessous  des  inférieures  ;  les  supérieures  ont  un  œil 
noir,  à  prunelle  blanche,  environné  d'un  cercle  d'un  jaune 
foncé,  vers  l'angle  du  boulet  sur  leurs  deux  surfaces;  le  des- 
sous des  inférieures  est  brun  ,  avec  une  bande  d'un  blanc 
jaunâtre  ,  large  et  ondée,  et  quatre  petits  points  noirs  ,  dont 
deux  plus  petits  dans  plusieurs  individus  (  le  Curydon  , 
Geoff). 

La  chenille  est  verte  ,  avec  une  ligne  blanche  de  chaque 
côté  ;  elle  se  termine  en  fourche.  On  la  trouve  sur  le  ga- 
zon. 

La  chrysalide  est  verdâlre  ,  avec  àfts  taches  brunes  ;  sa 
tête  a  deux  éminences  coniques. 

Ce  satyre  est  fort  commun  en  été.  %. 

Le  Satyre  misls,  Papilio  eudora  ,  Esp.,  Fab.  ;  le  Misis  , 
Engram. ,  Pap.  d'Europe  ,  pi.  28  et  67  ,  n.'^  55.  11  est  brun  ; 
ses  ailes  supérieures  ont  leur  disque  en  dessus  ,  plus  ou  moin  s 
fauve,  avec  deux  points  noirs  dont  la  grandeur  varie.  Les  ailes 
inférieures  ont  une  large  bordure  plus  claire  ;  le  disque  du 
dessous  des  supérieures  est  fauve  ,  avec  un  ou  deux  yeux 
noirs,  à  prunelle  blanche  ,  correspondans  à  ceux  de  dessus; 
il  n'y  en  a  qu'un  dans  le  mâle  ;  le  dessous  des  inférieures  est 
gris ,  sans  taches. 

La  chenille  vit  sur  l'ivraie  annuelle. 

Ce  papillon  se  trouve  dans  le  Piémont ,  en  Provence  et 
dans  l'Allemagne. 

Satyre  tristan,  Papilio  hyperanihus  ,  Linn.,  Fab.;  le 
Tristan  y  Geoff.;  Engram,,  Pap.  d'Europe  ,  pi.  27,  n."  Sa. 
11  est  brun;  le  dessous  des  ailes  est  plus  clair;  les  supé- 
rieures ont  chacune  trois  yeux,  et  les  inférieures  cinq  ;  ces 
yeux  sont  noirs  ,   à  prunelle  blanche  et  iris  jaune. 

11  n'est  pas  rare  dans  les  bois  ,  en  été.  Sa  chenille  vit  sur 
}e  gazon.  Elle  est  cendrée  ,  velue  ,  avec  une  ligne  postérieure 
i^^ive  ;    l'extrémité  de  son  corps  va   en    pointe  fourchue. 


s  A  T  23i 

Dès  qu'on  touche  la  plante  dont  elle  se  nourrit ,  le  poa  an- 
nuel,  elle  se  laisse  tomber  à  terre. 

Sa  chrysalide  est  presque  toute  rande  ,  brune ,  tachetée 
de  jaune. 

Satyre  clymène  ,  PapHîo  clymene,  Fnh.,  Hiibn.  ;  le  Borèe, 
Engram.  ,  Papil.  d'Europe  ,  pi.  5  et  7  ,  Suppl.  Ifl  ,  n.°  5o  ter. 
Cette  espèce  ,  qui  se  trouve  en  Russie  ,  sur  le  Wolga ,  est 
beaucoup  plus  grande  que  le  mégère  ;  les  ailes  sont  brunes  en 
dessus  ;  les  supérieures  ont  leur  disque  et  une  tache  oblique 
près  de  la  côie ,  d'un  fauve  rouge  ;  vers  l'angle  du  bout  est 
une  tache  oculaire,  de  même  couleur  dans  son  contour, 
noire  au  milieu  ;  les  ailes  inférieures  ont  en  dessous  trois 
taches  oculaires  semblables  ;  les  supérieures  sont  fauves  en 
dessus  ,  avec  le  limbe  brun ,  et  un  œil  à  l'angle  du  bout ,  mais 
plus  petit  que  celui  de  dessus  ;  le  dessous  des  ailes  inférieu- 
res est  d'un  gris  verdâtre ,  piqueté  de  noir,  avec  sept  yeux 
noirs,  à  prunelle  blanche,  et  iris  d'un  fauve  pâle. 

La  femelle  ,  pi.  7  ,  n."  5o  ter^  ne  diffère  pas  beaucoup  du 
mâle;  le  fauve  est  moins  vif;  les  yeux  sont  plus  petits,  et 
quelques-uns  sans  prunelle  blanche. 

Satyre  bacchante,  Papilio  Dej unira.,  Linn.,  Fab.;  la  Bac- 
chante ,  Geoff.  ;  Engram.,  Pap.  d  Europe  ,  pi.  25  ,  n.°  48-  Ses 
ailes  sont  brunes  ;  les  supérieures  ont  en  dessus  cinq  yeux 
noirâtres ,  entourés  d'un  cercle  jaunâtre  ,  disposés  en  bande  , 
et  une  raie  jaunâtre;  les  inférieures  ont,  sur  la  même  surface, 
quatre  yeux  semblables  ,  dont  deux  plus  grands  ;  le  dessous 
des  supérieures  offre  aussi  cinq  yeux ,  placés  sur  un  espace 
jaunâtre  ,  terminant  l'aile  en  forme  de  bande  ,  et  divisé  par 
des  raies  brunes  ;  les  ailes  inférieures  ont  en  dessous  six  à  sept 
yeux  ,  situés  sur  une  bande  bJancbâlre  terminale. 

Il  paroît  au  commencement  de  l'été.  Il  voltige  par  sauts 
et  par  bonds  ,  ce  qui  l'a  fait  appeler  bacchante. 

On  le  trouve  en  France^  en  Allemag^ne,  et  il  n'est  pas 
rare  dans  plusieurs  bois  des  environs  de  Paris.  Les  individu 
de  ritalie  sont  plus  grands  que  les  nôtres. 

Sa  chenille  est  un  peu  velue,  verte,  rayée  de  lignes  pliî5 
pâles  ;  elle  se  termine  en  une  pointe  bifide.  Elle  vient  sur 
\hraie  annuelle. 

Satyre  tircis  ,  Papîtio  œgeria .,  Linn.,  Fab.;  \eTirris.., 
Geoff;  Engram.,  Pap.  d'Europe ,  pi.  aS  et  65,  n.°  ^9-  Ses 
ailes  sont,  en  dessus,  brunes,  avec  des  taches  d'un  jaune  tauve, 
isolées  et  de  forme  irrégulière  ;  les  supérieures  ont  vers  l'an- 
gle du  bout  un  œil  noir  ,  à  prunelle  blanche  ;  les  inférieures 
ont  une  rangée  de  trois  à  quatre  yeux  semblables,  mais  en- 
tourés chacun  d'un  cercle  jaunâtre  ;  le  dessous  des  supérieu- 
res est  plus  clair  que  le  dessus  ,  les  taches  jaunes  étant  plas 


^32  S  A  T 

grandes  et  se  correspondant  en  plusieurs  endroits  ;  on  y  voit 
un  petit  œil  à  la  place  de  celui  de  dessous;le  dessus  des  infé- 
rieures offre  un  mélange  de  jaunâtre  et  de  brun ,  et  des  points 
qui  répondent  aux  yeux  supérieurs. 

La  chenille ,  suivant  Fabricius ,  vit  sur  les  graminées  ;  elle 
est  verte  ,  rayée  loagitudinalement  de  blanc ,  et  terminée  en 
pointe  fourchue.  Engramelle  dit  qu'elle  se  trouve  sur  le  poi- 
rier sauvage. 

La  chrysalide  se  suspend  par  la  queue.  Sa  tête  a  deux  émi- 
nences  coniques. 

Satyre  mégère  ,  Papilio  megœra  ,  Linn. ,  Fah.  ;  Papillon 
Mégère^  pi.  M,  g,  de  ce  Dictionnaire;  \e  Satyre^  Geoff.  ; 
Engram.  ,  Pap.  d'Europe,  pi.  26  et  65 ,  n.»  5o.  Ses  ailes  sont 
d'un  fauve  mélangé  de  brun  en  dessus  ,  la  première  couleur 
dominant  davantage  dans  la  femelle  ;  près  de  l'angle  des  su- 
périeures est  un  œil  noir,  à  une  ou  deux  prunelles  blanches, 
et  souvent  accompagné  d'un  œil  plus  petit  ;  les  ailes  inférieu- 
res ont  quatre  ou  cinq  yeux  noirs  ,  à  prunelle  blanche  ,  en- 
fermés dans  deux  cercles  ,  dont  Texte  ieur  est  brun  ,  et  l'in- 
terne fauve  ;  les  supérieures  ont  en  dessous  ,  sur  une  tache 
arrondie ,  jaunâtre  ,  un  œil  semblable  à  celui  de  dessus ,  avec 
des  raies  brunes  ,  et  une  rangée  de  six  yeux  noirs ,  à  pru- 
nelle blanche  ,  renfermés  dans  deux  petits  cercles  jaunâtres  « 
dont  l'extérieur  est  bordé  de  brun  ;  l'œil  inférieur  est  plus 
petit  ;  il  est  quelquefois  accolé  à  un  septième. 

La  chenille  est  un  peu  velue  ,  verdâtre,  avec  l'extrémité 
postérieure  pointue  et  fourchue.  Elle  vient  sur  les  graminées, 
notamment  les  poa. 

La  chrysalide  est  verdâtre  ,  avec  deux  pointes  mousses  en 
devant ,  et  des  aspérités  latérales.  Engramelle  la  représente 
ayant  deux  lignes  de  points  blancs  ,  Suppl.  3  ,  pi.  4  >  p-  5o. 

Ce  papillon  aime  à  se  poser  sur  les  pierres  et  sur  les 
mursiil  est  commun  dans  les  bois  et  les  jardins,  pendant  tout 
l'été. 

La  description  que  Linnseus  donne  du  papillon  megitra  ^ 
convient  évidemment  au  papillon  satyre  de  Geoffroy.  Le 
mœra  du  naturaliste  suédois  est  une  espèce  très -voisine 
de  la  précédente,  et  qui  se  trouve  plus  particulièrement  dans 
le  Nord. 

Le  Satyre  J^ijera^  Papilio  Mcera,  Linn.,  Fab.  ;  le  Némusien^ 
Engram.  ,  Pap.  d Europe  ,  pi.  26  ,  n."  5ï. 

Cette  espèce  a  de  grands  rapports  avec  la  précédente  ; 
mais  le  fond  du  dessus  de  ses  ailes  est  presque  entière- 
ment brun  ;  les  ailes  inférieures  n'ont  que  trois  yeux  en  des- 
sus; celui  du  dessous  des  supérieures  est  environné  d'un  cer- 
cle roussâtre  ,  précédé  d'un  cercle  jaunâtre  ,  régulier 


s  A  T  ^?3 

L'Ariane  d'Engramelle  ,  Pap.  J Europe  ,  pi.  82  ,  n.  '  .>o 
lis ,  ne  me  paroît  êlre  qu'une  variété  de  celle  espèce  ,  fai- 
sant la  nuance  entre  elle  et  la  suivante  :  par  la  surface  supé- 
rieure des  ailes  ,  elle  tient  au  mœra  ,  et  par  leur  surface  infé- 
rieure ,  au  megœra. 

Le  Satyre  DEMI-DEUIL,  Papilio  galathea,h\nn.,  Fab.  ;  Pa- 
I  illon  galathée  ^  pi.  M  ,  g,  3,  de  cet  ouvrage;  le  Demi- 
deuil,  Geoff.  ;  Engran). ,  Pap.  d Europe;  pi.  3o  ,  n.°  60.  Ses 
ailes  sont  en  dessus  d'un  blanc  jaune  ,  avec  des  nervures  et 
des  taches  presque  carrées  ,  et  une  bande  près  du  bord  pos- 
térieur, noires.  Le  dessous  est  un  peu  plus  clair  ,  et  le  noir  y 
domine  moins.  Dans  les  femelles  ,  les  inférieures  ont  en  des- 
sus trois  espèces  d'yeux  ,  même  quelquefois  cinq.  Dans  les 
deux  sexes ,  les  supérieures  ont  en  dessous  ,  vers  Tangle ,  une 
sorte  d'œil  noirâtre  ,  accompagné,  dans  quelques  individus  , 
d'un  plus  petit ,  et  les  inférieures  cinq  à  six  yeux  à  peu  près 
semblables. 

Nous  considérons  comme  variété  l'espèce  qu'Esper,Prun- 
ner,  etc.,  nomment  leucomelas  ;  les  ailes  n'offrent  point  de 
taches  oculaires  ;  le  dessous  des  inférieures  est  d'un  jaunâtre 
pâle  ,  avec  des  bandes  blanchâtres.  V.  Engram.  ibid. ,  pi.  5  , 
3.«  Suppl.  n.o  60,  9.  M.  Duponchel  l'a  observée  dans  les 
environs  de  Perpignan.  On  la  trouve  aussi  dans  l'Escla- 
vonie. 

La  chenille  est  déprimée  ,  jaunâtre ,  avec  trois  lignes , 
l'une  dorsale  ,  les  autres  latérales,  plus  obscures.  Elle  vil  sur 
différentes  graminées  ,  dans  les  prés. 

La  chrysalide  est  bleuâtre  ,  avec  deux  pointes  en  forme 
d'aiguillon  ,  roses  ,  à  l'extrémité  postérieure. 

Ce  papillon  est  commun  à  la  fin  de  l'été,  dans  les  prairies 
et  les  bois  herbeux. 

Le  Satyre  demi-deuil  aux  yeux  bleus  ,  Papilio  arge  occi- 
ianica,  Prun.;  Demi-deuil  aux  yeux  bleus.,  Kngram.,  Pap.  d^Eur.^ 
pi.  3o,n.<'6i.  Les  ailes  supérieures  et  les  inférieures  ont,  tant 
en  dessus  qu'en  dessous  ,  des  yeux  à  prunelle  bleue  ,  les  pre- 
mières deux  et  les  secondes  cinq.  Engramelle  dit  que  cette 
espèce  est  particulière  à  la  Sicile  ;  mais  elle  se  trouve  aussi 
dans  les  environs  de  Montpellier, 

Le  Satyre  aRGÉ  ,  Papilio  arge,  Fab.  ;  V Eclair,  Engram.  , 
pap.  d'Europe.,  Suppl.  3  ,  pi.  5  ,  n."  61,  a,  b  bis;  Pap.  arge 
/ÎI/5S/6C ,  Prun.  Celle  espèce  ne  doit  pas  êlre  confondue  avec 
la  précédente.  Ses  ailes  sont  d'un  blanc  verdâlre  ou  jaunâtre -, 
et  ont  particulièrement  en  dessous  des  raies  noires  ,  trans- 
verses et  anguleuses.  Les  supérieures  et  les  inférieures  ont 
sur  les  deux  surfaces  des  yeux  à  prunelle  blanche;  les  pre- 
mières un  ,  et  les  secondes  cinq. 


234  S  A  T 

On  la  trouve  dans  les  Alpes  et  dans  les  déserts  de  la  Russie 
australe. 

Voyez  ,  pour  quelques  autres  espèces  analogues,  Hiibner 
et  Ochsenheimer. 

Le  Satyre  LtcÉE  ,  PapilloUgea ,  Linn. ,  Fal>.  ;  Pap.  aïexis, 
Esp.  ;  le  grand  Nègre  hongrois,  Engram.,  Pap.  d'Europ. ,  pi.  23 
et  64.  i  n.°  4.2.  Ses  ailes  sont  d'un  brun  foncé  ,  avec  une  bande 
transverse  qui  est  en  dessus  et  sur  le  dessous  des  supérieures, 
d'un  fauve  ujordoré  ;  leur  bord  2  de  petites  taches  blanches  ; 
chaque  aile  a  en  dessus,  sur  la  bande  fauve,  trois  à  quatre 
petits  yeux  noirs,  à  prunelle  bleue;  le  dessous  des  supérieures 
ressemble  au  dessus  ,  mais  celui  des  inférieures  n'a  que  deux 
yeux,  et  à  la  place  de  la  bande  fauve  est  une  raie  ou  des  ta- 
ches blanches  :  la  bande  fauve  est  quelquefois  cendrée.  Cette 
espèce  se  trouve  en  Suède  et  dans  les  contrées  élevées  de 
rÉurope. 

La  chenille  vit  sur  les  graminées  ;  elle  est  verte,  un  peu 
velue  ,  avec  la  tête  jaune  ,  une  ligne  noire  le  long  du  dos  , 
et  l'extrémité  du  corps  pointue  et  fourchue. 

Le  Satyre  MÉDÉE,  Pupilio  medeu .,  Fab.  ;  Pap.  œihiups, 
Esp.  ;  le  grand  Nègre  à  Landes  fauves .,  Engram.  ,  Pap.  d'Eur.  , 
pi.  24  et 65,  n,°  4-3-  Ses  ailes  sont  d'un  brun  foncé,  avec  une 
bande  d'un  fauve  rouge  en  dessus  ;  les  ailes  supérieures  l'ont 
aussi  en  dessous,  et  l'on  voit  sur  celle  bande  trois  yeux  noirs 
à  prunelle  bleuâtre  ,  dont  les  deux  les  plus  près  de  la  cote 
sont  contigus  ;  les  inférieures  en  ont  quatre  en  dessus  ;  leur 
dessous  offre  une  bande  plus  ou  moins  grande  et  plus  ou 
moins  prononcée  grise  ou  blanchâtre  ,  transverse,  et  sur  le 
bord  postérieur  de  laquelle  sont  de  petits  yeux  ,  dont  le  nom- 
bre et  la  grandeur  varient  :  il  y  en  a  ordinairement  quatre. 

Il  se  trouve  dans  les  forêts  de  l'Alsace ,  en  Allemagne  , 
dans  le  Piémont,  au  printemps  et  à  la  fin  de  l'été.  Son  vol 
est  très-lent. 

2.  Bord  postérieur  des  ailes  inférieures  très- entier  ,  ou  sans  dentelures 
ni  sinus. 

Le  Satyre  pyrrha  ,  PaplUo  pyrrhn,  Fab.  ;  le  petit  Nègre 
hongrois,  Engram.,  Pap.  d  Europ.,  pi.  23,  n.^^»-  H  resseuj- 
hle  beaucoup  au  précédent  ;  mais  ses  ailes  inférieures  ont 
en  dessous  comme  en  dessus  une  bande  formée  par  des  taches 
qui  sont  jaunâtres  ou  d'un  jaune  rougeâtre  ;  les  ailes  supé- 
rieures ont  quatre  petits  yeux  sur  leurs  deux  surfaces  ,  et  les 
postérieures  trois.  Il  se  trouve  en  Autriche  ,  en  Hongrie. 

Engramelle  place  à  coté  de  cette  espèce  celle  qu'il  nomme 
le  Montagnard,  pag.  3o4  ,  81 ,  n.°  4i ,  o,  6  ,  bis.  Villers  l'a 


s   A  T  :^^^ 

trouvée  au  sommet  des  Guasles,  dans  les  Cévennes.  Les  ai- 
les sont  brunes  ;  les  supérieures  ont  une  bande  courte  d'un 
fauve  rouge,  formée  de  cinq  taches  ,  dont  quaire  ont  cha- 
cune un  point  noir  ;  les  inférieures  ont  trois  petites  taches 
rondes ,  avec  un  point  noir  au  milieu  de  chacune  ;  le  dessous 
des  ailes  offre  les  mêmes  taches  oculées  :  seulement  la  ma- 
jeure partie  des  inférieures  est  d'un  brun  fauve. 

Ochsenheimerrapporte  à  cette  esçèce\e  Papilio  melampus 
d'Esper  ,  et  le  Pap.jarUhe  d'Hiibner,  tab.  122,  fig.  624,  62S. 

Satyre  ÉPIPHRON,  Papilio  epiphron,  Fab  ;  Fapiliojanif/^, 
Hiibn.  Lépid.^  lab.  44i  fig- 202.  Ses  ailes  sont  presque  noires  , 
arrondies  ,  et  traversées  sur  les  deux  surfaces  par  une  bande 
fauve  ;  les  supérieures  ont  deux  yeux  en  dessus  et  trois  en 
dessous  ;  les  postérieures  en  ont  trois  en  dessus  et  cinq  en 
dessous;  tous  ces  yeux  ont  une  prunelle;  mais  leur  nombre 
varie. 

Cette  espèce  vient  dans  les  lieux  montueux  de  l'Allemagne. 

Satyre  CASSIOPÉ  ,  Papilio  rassiope,  Fab.,  llubn.;  Papilio 
melampus,  Esp.;  \e  petit  Nègre  ci  bandes  fautes,  Kn^ram.  ^  Pap, 
d'Europ.,  pi.  24,  n.°45.  Cette  espèce  n'est  peut-être  qu'une 
variété  du  pap.  pyrrha  de  Fabricius.  Ses  ailes  sont  d'un 
brun  très-foncé,  et  ont  en  dessus  et  en  dessous  une  bande 
fauve  ,  courte  ,  maculaire  ,  avec  une  rangée  de  points  noirs: 
dans  quelques  individus,  ils  manquent  sur  le  dessous  des  in- 
férieures ;  celles-ci  ont  en  dessus  deux  petites  taches  fauves 
arrondies. 

Cette  espèce  est  commune  dans  la  Provence  au  mois  de 
juillet. 

Satyre  pronoé  ,  Papilio  pronoe  ^  Esp.;  Engram.,  Pap. 
d'Europ.^  pi.  64,  ï>.°  42  bis;  Papilio  aracline ,  Fab  Ses  ailes 
sont  brunes;  les  supérieures  ont  de  part  et  d'autre  une  bande 
fauve,  formée  par  des  taches,  avec  quatre  points  noirs,  dont 
deux  ou  trois  ont  une  prunelle  blanche  ;  le  disque  de  cesaiJes 
est  fauve  en  majeure  partie  ;  les  inférieures  ont  en  dessous 
trois  points  noirs,  environnés  chacun  d'un  cercle  fauve;  le 
dessous  de  ces  aiies  est  cendré  ,  avec  un  espace  en  forme  de 
raies  plus  obscures,  et  trois  points  ocellés  près  du  bord  ,  du 
moins  dans  quelques  individus. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  les  Alpes,  dans  les  montagnes 
de  la  Slyrie. 

A  côté  de  cette  espèce  peuvent  être  placés  les  papillons 
qu'Engramelle  nomme  le  grand  et  le  petit  Nègre  de^ 
BOIS,  pi.  65,  n.°  42  ier.  et  quart.  Ils  ont  été  trouvés  dans  les 
glaciers  du  canton  de  Berne.  Leurs  ailes  sont  d'un  brun 
foncé  ;  les  supérieures  ont  en  dessous  une  bande  qui  se  fond 
insensiblement,  d'un  fauve  brun,  et  deux  yeux  rapproches  , 


^3  •  S  A  T 

.'  prunelle  plus  claire  ,  près  de  Tangle  exlérirur  ;  le  dessous 
■fie  ces  aiU's  est  en  grande  partie  d'un  fauve  brun,  et  a  les 
yeux  du  dessus  ;  les  ailes  inférieures  n'ont  pas  de  taches  en 
dessus  ;  leur  dessons  est  cendré  ,  avec  une  bande  transverse 
plus  o}»5cure  ,  dont  les  bords  sont  plus  foncés  et  dentés  ou 
^ne;aleux  :  tels  sont  les  caractères  communs  de  ces  deux  pa- 
pillons. Le  grand  nègre  bernois  a  des  raies  brunes  et  trans- 
verses sur  les  ailes  supérieures.  D'ailleurs  ,  il  diffère  peu  de 
('autre,  et  je  pense  qu'on  doit  provisoirement  les  réunir. 

Le  grand  nègre  bernois  est  le  papillon  rasiur  d'Rsper  ,  et 
ie  F.  wonto  de  Fabricius.  Le  petit  nègre  bernois  est  le  tyn- 
âarjjs  du  premier,  et  le  dronius  du  serond. 

Le  Paphlon  POLLUxd'Esper  et  d'Engramelle  (pi.  4>  Suppl. 
3  ,  n."  42  quint.  ),  n'est  qu'une  variété  du  satyre  ntanto  ou  du 
grand  nègre  bernois  d'Engramelle.  Ses  ailes  sont  brunes  ;  les 
supérieures  ont  le  disque  tirant  sur  le  fauve,  avec  quatre  points 
«nirs  de  part  et  d'autre  ;  les  inférieures  ont  quelques  points 
noirs  en  dessus  ,  et  sont  grisâtres  en  dessous. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  les  Alpes  et  dans  les  monta- 
gncs'de  l'Allemagne. 

Satyre  TlijlPHONE  ,  Papilio  tisiphone,  Fab.  ;  le  Héro  ^ 
Engram.,  Pap.  d  Europe^  pi.  aS  ,  n."  /fi.  Celte  espèce  res- 
semble infiniment  au  papillon  dytus  de  Linnœus,  avec  lequel 
des  auteurs  l'ont  réunie,  et,  je  pense,  avec  raison;  mais  le 
dessus  dos  ailes  inférieures  de  celui-ci  a  des  raies  noires,  et 
une  disposition  de  taches  qui  ne  se  voient  pas  dans  le  sa- 
tyre iisiphone;  les  ailes  de  celui-ci  sont  d'un  brun  foncé; 
Ls  supérieures  ont  en  dessus  une  large  bande  jaune  ,  parta- 
gée en  deux  vers  l'angle  supérieur,  et  ayant  en  cette  partie 
deux  yeux  bruns  contigns  ,  à  prunelle  bleue;  les  ailes  infé- 
rieures ont  cinq  yeux  noirs,  à  prunelle  bleue  et  à  iris  fauve; 
îe  dessous  des  supérieures  offre  une  tache  et  une  raie  jaunes 
à  l'angle  apica! ,  avec  deux  yeux  noirs,  à  prunelle  bleue,  dans 
r.euxde  dessus  ;  les  inférieures  ont  en  dessous  un  œil  de  plus 
qu'en  dessus  ,  et  sont  parsemées  de  dilTérentes  taches  dont  la 
plupart  sont  plus  claires  que  le  fond. 

Use  trouve,  selon  Fabricius  et  Engramelle,  en  Allemagne; 
/nais  je  crois  que  c'est  une  erreur,  et  qu'il  est  du  Cap  de 
Bonne-Espérance. 

Satyre  méduse,  Papilio  médusa  ,  Fab.;  Papilio  //'^«a,Esp.; 
!e  moyen  nèg;reà  bandes  fauoes .,  Engram.,  Pap.  d'Europe .^  pi.  24., 
m.*»  4'+;  Ejusd.,  le  Franconien.,  pi.  aS,  n.*»  47-  Ses  ailes  sont 
d'un  brim  foncé,  et  ont  chacune,  tant  en  dessus  qu'en  des- 
sous, quatre  yeux  noirs  à  prunelle  blanche,  placés  sur  autant 
de  taches  jaunes  ou  fauves,  disposées  en  bande. 

Il  se  trouve  en  AMemaene. 


s  A  T  ,3^ 

SaTVRE  procris,  Papilio pamph.'lus,  Linn.,  Fah.;  le  Procris^ 
(ieoff.  ;  Engram,   Pap.  d'Europe,   pi.  29,  n.»  56,  et  pi.  68, 
n."  5<i  ,  g,  h.  Il  est  fort  petit ,  fauve  en  dessus  ,  avec  le  bord 
des  ailes  brun  ;  le  dessous  des  supérieures  est  de  la  même 
couleur,  et  a  ,    vers  l'angle  extérieur,  un  petit  œil  ,  que  l'on 
aperçoit  quelquefois  un  peu  en  dessus;  ledessous  des  inférieures 
est  d'un  brun  cendré ,  avec   une  large  bande  ondée  ,  blan- 
châtre et  transverse  dans  leur  milieu,  et  trois  à  quatre  petits 
yeux,  souvent  oblitérés,  d'un   brun  roussâtre,  à  prunelle 
blanche.  Geoffroy  est  tombé  dans  une  méprise  à  l'égard  de 
ce  qu'il  dit  de  la  chenille  :  «  Elle  est  noire,  avec  une  tête 
rouge,  et  son  corps  est  chargé  de  tubercules ,  orné  de  quelques 
poils.  Ces  chenilles  forment,  sur  le  gazon,  des  toiles  dans  les- 
quelles elles  vivent  en  société.»   Fabricius  dit,  d'après  le 
journal  allemand  ,  'Naturforcher^  que  la  chenille  est  verdâtre  , 
avec  une  ligne  blanchâtre  le  long  du  dos,  et  une  queue  bi- 
denfée.  Elle  vit  sur  le  cynosurus  crisiatus.  Cette  description  indi- 
que en  effet  des  caractères  propres  à  cette  famille  ;  au  lieu  que 
celle  de  Geoffroy  nous  montre  une  chenille  àe  papillons  damiers 
(V.  Argynné).  Cette  erreur  avoit  été  relevée. 
11  est  très-commun  et  varie  beaucoup. 
On  trouve  en  Allemagne  une  espèce  très-voisine  de  celle- 
ci ,  le  Satyre  iphis,  Papilio  îphis  du  Catalogue  systémat.  des 
Pap.  de  Vienne;  le  P.  Hero  de  Fabricius;  le  P.  Tiphon  d'Esper. 
Le  dessus  des  ailes  est  brun  ou  d'un  brun  fauve;  les  supérieures 
ont  un  œil  ;  leur  dessous  est  d'un  brun  fauve  ,  bordé  de  vec- 
dâlre  postérieurement  ;  celui  des  inférieures  est  de  cette  der- 
nière couleur  ,  a  une  raie  près  du  bord  et  une  bande  vers  le 
milieu  ,  blanches,  et  cinq  à  six  petits  yeux.  Engramelle  a  fi- 
guré cette  espèce  pi.  29 ,  n.**  56,  c,  J,  et  pi.  58,  n.**  56,  e,  /. 
Satyre  cÉPHALE,  Papilio  arcanius,  Linn.,  Fab  ;  le  Céphale, 
Geoff. ,  Engram.,  Pap.  d'Europe,  pi.  29 ,  n."  Sy.  Il  est  petit  j 
ses  ailes  supérieures  sont  fauves  avec  un  bord  brun  ;  elles  ont 
en  dessous,  vers  l'angle  extérieur ,  un  petit  œil  ;  les  inférieures 
sont  brunes  en  dessus,  d'un  brun  cendré  en  dessous,  avec 
une  large  bande  transversale  blanche,  cinq  petits  yeux,  dont 
un  écarié  ,  et  une  raie  argentée  près  du  bord. 

Sa  chenille  vit  sur  les  graminées  du  G.  Mdlîque;  elle  esî; 
verte,  avec  des  lignes,  dont  celles  du  dos  plus  obscures  et  les 
latérales  jaunâtres  ;  l'extrémité  postérieure  du  corps  est  ter- 
minée en  pointe  fourchue. 

Il  se  trouve  ,  en  été  ,  dans  les  bois. 

Après  cette  espèce  doit  venir  le  Satyre  pa-LÉmcW,  trouvé 
dans  les  Cévennes  par  M.  Villers  ,  et  décrit  dans  les  Pap. 
d'Europe^  pi.  58,  n.»  Sj.  Il  a  les  plus  grands  rapports  avec  ie 
précédent    Ses  ailes  en  dessus  sont  fauves,  avec  une  rak  oj. 


2^  s   A  T 

ligne  noire  près  du  bord  postérieur,  dont  elle  suit  le  contour  ; 
les  supérieures  ont  en  dessus  un  point  noir  vers  l'angle  exté- 
rieur, et  les  inférieures  quatre.  Le  dessous  des  supérieures  est 
fauve,  avec  l'extrétnité  jaunâtre,  et  ayant  un  œil  noir,  à  pru- 
nelle blanche  et  iris  d'un  fauve  pâle.  Les  inférieures  sont  en 
dessous,  du  côté  de  leur  naissance,  d'un  gris  verdâtre;  vient 
ensuite  une  large  bande  blanche  ondulée  ,  après  laquelle  se 
trouvent  cinq  yeux  noirs,  à  prunelle  blanche  ,  entourés  d'un 
cercle  fauve;  on  en  voit  un  sixième  ,  qui  est  vert  ,  écarté  des 
autres,  et  situé  au  milieu  du  bord  d'en  haut;  au-dessous  de 
ces  yeux  est  un  espace  jaunâtre.  Le  bord  extérieur  de  ces 
quatre  ailes  est  terminé  en  dessous  par  une  petite  bande 
lîoire,  qui,  à  un  certain  jour  ,  offre  un  reflet  d'acier  poli. 
Cette  espèce  est  \&  papillon  dor us  de  Schneider  et  d'Ochsen- 
heimer,  et  le  Jor/on  d' H ubner. 

Satyre  davus,  Papilio  daous  ,  Linn. ,  Fab.  ;  Papillon 
Daphnis ,  Engr. ,  Pap.  d'Europe ,  pi.  29  ,  n.°  58.  Le  dessus  de 
ce  satyre  est  d'un  fauve  un  peu  terne;  les  ailes  supérieures 
ont  en  dessus  deux  yeux  bruns,  sans  prunelle  ,  entourés  d'un 
cercle  fauve  ,  près  du  bord  postérieur  ;  le  dessous  de  ces  ailes 
est  de  la  même  couleur  que  le  dessus  jusque  vers  son  milieu  , 
d'un  brun  grisâtre  ensuite  ;  les  deux  yeux  supérieurs  s'y  re- 
trouvent avec  une  prunelle  blanche.  Les  ailes  supérieures 
ont  en  dessus  trois  yeux  bruns  ,  avec  l'iris  fauve  ;  leur  des- 
sous est  gris  ,  pointillé  de  brun ,  avec  une  bande  courte  ,  ir- 
régulière, blanchâtre,  et  six  petits  yeux. 

Il  se  trouve  au  nord  de  l'Europe  et  en  Allemagne. 

Satyre  phrytsé,  Papilio phrynew: ^  Fab.;  Phryne^  Engram., 
Top.  d'Europe^  Suppl.  3,  pi.  8,  n.°  58  his.  Ses  ailes  sont  fort 
délicates ,  d'un  blanc  un  peu  verdâtre  en  dessus.  Les  supé- 
rieures ont  en  dessus  une  bande  blanche  qui  porte  cinq  pe- 
tites taches  peu  marquées,  dont  le  contour  est  noirâtre  et  le 
centre  blanc.  Les  ailes  inférieures  ont  deux  petites  taches 
brunes.  Le  dessous  des  ailes  est  d'un  brun  verdâtre,  avec 
de  larges  nervures  blanclies.  Chaque  aile  a  une  bande  d  un 
blanc  mêlé  de  vert  jaunâtre  ,  chargé  de  cinq  taches  oculaires 
noires  ,  à  prunelle  blanche. 

Il  se  trouve  dans  la  Russie  méridionale. 

Satyre  HÉRO,  Papilio  hero^  Linn.;  Papilio  sabœus,  Fab.; 
ie  Méliùée,  Engram.,  Pap.  d'Europe^  pi.  2»),  n.°  ôg.  Les  ailes 
sont  d'un  brun  foncé ,  avec  une  ligne  fauve  près  du  bord 
postérieur  ;  les  supérieures  ont  en  dessus  deux  petits  yeux 
noirs,  entoufés  d'un  cercle  fauve;  les  inférieures  en  ont 
quatre,  mais  avec  une  prunelle  blanche.  Le  dessous  des 
ailes  est  d'un  brun  mêlé  de  fauve.  Les  supérieures  ont  \es 
deux  yeux  d'en  haut;  mais  celui   qui   est  le   plus  près   de 


s  A  T  289 

l'angle  extérieur  a  une  prunelle  blanche.  Les  inférieures  ont 
six  yeux  bruns,  à  prunelle  blanche  et  à  iris  fauve;  au-dessus 
d'eux  est  une  bande  blanchâtre. 

Il  se  trouve  en  Angleterre,  en  Allemagne,  dans  les  forêts. 

(L.) 

SATYRE  ,  Satyrus.  Genre  établi  par  Ventenat  pour  pla- 
cer les  espèces  de  Morilles  qui  ont  leur  sommet  perforé. 

Le  Sai'YRE  fétide  sert  de  type  à  ce  nouveau  genre,  dont 
font  aussi  partie  la  Morille  rubicoisde  et  la  IMorille  du- 
PLiCATE,que  j'ai  décrites  dans  lesMémoires  de  l'Académie  de 
Berlin. 

Le  Satyre  fermé  se  trouve  en  Hollande,  où  il  est  appelé 
œuf  du  diable.  Le  Satyre  DE  CHIEN,  de  Ventenat,  en  fait  éga- 
lement partie. 

Le  genre  Verpa  se  rapproche  beaucoup  de  celui-ci.  (b.) 

SATYRION,  Satyrium.  Genre  de  plantes  de  lagyoandrie 
diandrie,  et  de  la  famille  des  orchidées,  dont  les  caractères 
consistent  en  une  corolle  de  six  pétales  {calice  ^  Juss.),  dont 
trois  extérieurs,  deux  intérieurs  se  réunissant  pour  former 
uue  voûte,  et  le  sixième  (nectaire^  Linnseus),  inférieur,  al- 
longé, étroit,  muni  à  sa  base  d'un  éperon  très-court,  ar- 
rondi en  forme  de  bourse  ;  deux  étamines  réunies  et  attachées 
sur  la  partie  antérieure  du  style  ;  un  ovaire  inférieur  surmonté 
d'un  style  adné  à  la  partie  supérieure  du  pétale  inférieur,  à 
stigmate  obtus  et  comprimé;  une  capsule  oblongue,  unilo- 
culaire  ,  à  trois  carènes,  à  trois  valves,  s'ouvrant  sous  les 
carènes  ,  et  contenant  une  grande  quantité  de  petites  se- 
mences. 

Le  genre  Satyrion  de  Swarlz  diffère  un  peu  de  celui-ci, 
et  comprend  de  plus  les  orchis  à  deux  éperons  de  Linneeus. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  racines  bulbeuses,  à  tiges 
anguleuses  ou  striées,  à  feuilles  alternes  et  entières,  ordi- 
nairement lancéolées  et  un  peu  épaisses,  et  à  (leurs  disposées 
en  épis.  On  en  compte  une  vingtaine  d'espèces  d'Europe  et 
des  autres  parties  du  monde,  parmi  lesquelles  deux  sont 
dans  le  cas  d'être  citées  ici,  parce  que  ce  sont  .les  plus 
communes,  et  en  même  temps  les  seules  qui  jouissent  de 
quelque  propriété  remarquable. 

Le  Satyrion  a  odeur  de  bouc,  Satyrium  hyrcinum^  a  les 
bulbes  entiers,  les  feuilles  lancéolées;  le  pétale  inférieur  di- 
visé en  trois  parties ,  dont  l'intermédiaire  est  très-longue  , 
linéaire,  oblique  et  déchiquetée  à  son  extrémité.  Il  croît  com- 
munément en  Europe,  dans  les  bois  un  peu  humides  et  dans 
les  près  ombragés;  il  fleurit  en  été, et  est  connu  vulgairement 
sous  le  nom  de  testicule  de  chien;  ses  fleurs  sont  nombreuses 
et  agréables  à  la  vue  ,  mais  elles  exhalent  une  odeur  de  bouc 


^4o  S  AT 

intolérable.  Cette  circonstance,  jointe  à  la  for:ne  de  ses  ra 
cines,  qui  représentent  deux  testicules  ,  a  fait  croire  que  ces 
dernières  dévoient  avoir  de  grandes  propriétés  aphrodisia 
ques,et  en  conséquence  on  les  a  recommandées  pour  favoriser 
la  conception,  ranimer  les  forces  épuisées  par  l'excès  des 
plaisirs  de  Tamour,  etc.  Le  vrai  est  que  les  racines,  comme 
celles  des  orchis,  contiennent  une  grande  abondance  de  fécule 
fort  nourrissante, et  peuvent  être  employées  à  faire  du  vérita- 
ble Sa.lep,  mais  qu'elles  n'agissent,  comme  stimulant,  que 
lorsqu'on  les  unit,  comme  on  le  fait  souvent,  avec  de  l'es- 
sence d'ambre ,  de  la  semence  de  roquette,  etc. 

Le  Satyrion  noir  a  les  bulbes  palmés,  les  feuilles  li- 
néaires, et  le  pétale  inférieur  retourné  en  dessus  en  entier.  Il 
se  trouve  dans  les  Alpes  et  en  Laponie  ;  ses  fleurs  sont  d'un 
rouge  noirâtre,  et  exhalent  une  odeur  des  plus  suaves.  On  a 
fait  d'inutiles  efforts  pour  l'introduire  dans  les  jardins.  A 
peine  peut-on  en  conserver  quelques  pieds  dans  ceux  de  bo- 
tanique, et  ils  n'y  subsistent  que  peu  d'années. 

Il  y  a  encore  le  satyrion  vert,  le  saiyrion  blanc,  le  satyrion 
épipo^e  et  le  satyrion  rampant,  qui  se  trouvent  dans  les  pays  de 
montagnes,  Rafmesque  a  établi  avec  ce  dernieret  la  Néottië 
RAMPANTE,  le  noiivcau  genre  Tussac  ,  qui  ne  diffère  pas 
de  celui  appelé  PÉitMMCOTS. 

Swarlz  ,  dans  sa  Monographie  des  Orchidées,  rapporte  toutes 
ces  espèces  aux  orchis,  et  ne  forme  ce  genre ,  dont  il  modifie 
légèrement  l'expression  caractéristique,  que  des  espèces  pro- 
pres au  Cap,  auxquelles  il  réunit  quelques  orchis  et  ophrys  de 
Linnseus. 

Quant  au  satyrion  mâle,  c'est  l'OacHlS  MALE,  (b.) 

SATYRIUM  des  Latins,  Saiyrion  des  Grecs.  Voici  comme 
s'exprime  Dioscoride  sur  les  deux  plantes  qu'il  nomme  ainsi  : 

«T  Quelques  personnes  appellent  le  satyrion  trifolium,  parce 
qu'il  ne  produit  que  trois  feuilles,  lesquelles  penchent  contre 
terre  comme  si  elles  étoient  rompues,  et  sont  semblables  à 
celles  de  V oxylapaiJion  ou  du  lirion  (Parelle  et  Lis);  cepen- 
dant elles  sont  moins  grandes  et  rouges.  Sa  tige  est  haute 
d'une  coudée,  sans  feuilles;  ses  fleurs  sont  blanches,  de  la 
même  forme  que  celle  du  lis.  Sa  racine  est  bulbeuse,  de  la 
grosseur  d'une  pomme  ,  grêle  ,  blanche  comme  un  œuf  en 
dedans,  douce  au  goût,  et  bonne  à  manger.  Avec  du  vin, 
elle  est  bonne  dans  les  convulsions,  et  un  puissant  excitant 
à  l'amour.  » 

!(  Il  y  a  aussi  une  autre  espèce  de  satyrion  qu'on  appelle 
frythronium  ou  erythracium  ,  parce  qu'elle  est  rouge.  Sa  graine 
ressemble  à  celle  du  lin  ,  mais  est  plus  grosse,  dure  ,  légère, 


s  A  T  4, 

luisante.  On  dit  que  celte  graine  excite  puissamment  à  l'a- 
mour, autant  que  le  fait  le  scincus  (espèce  de  reptile).  Sa 
racine  a  une  écorce  fine  ,  rousse  ,  mais  au  dedans  elle  est 
moelleuse,  douce,  bonne  à  manger.  11  croît  sur  les  monta- 
gnes à  Texposilion  du  soleil.  On 'dit  qu'en  tenant  seulement 
sa  racine ,  elle  excite  à  l'amour,  et  av€c  plus  de  force  lors- 
qu'on la  boit  avec  du  vin.  » 

Pline  distingue  quatre  espèces  de  satyrion.  Il  fait  observer 
que  les  Grecs  donnent  aussi  ce  nom  à  l'herbe  cratœgis  (  la 
mercuriale). 

Son  premier  salyrîum  a  les  feuilles  plus  longues  que  celles 
de  l'olivier,  une  tige  haute  de  quatre  doigts,  une  tleur  pur-^ 
purine  et  une  racine  furmcc  de  deux  bulbes  lesiiculifonnes  , 
grossissant  alternativement  chtqiie  année.  Cette  description 
convient  en  partie  à  des  orchidées  au  biilbocode,  et  à  Very- 
thronium  dens  canis  ;  mais  aucune  de  ces  plantes  ne  peut 
avoir  été  cette  espèce  de  satyrium. 

Le  deuxième  satyrium  étoit  appelé  orchJs  par  les  Grecs,  et 
considéré  comme  un  satyrium  femelle.  Il  éloit  articulé  et  plus 
branchu. 

Le  troisième  satyrium  est  celui  que  ,  selon  Diosroride  ,  on 
commoit  triphyllon.  Pline  dit  que  ses  feuilles  sont  plus  petites 
que  celles  du  lis  rouge  {Lilium  martagon?).  Il  lui  attribue  une 
racine  double  ,  dont  la  plus  grosse  fait  engendrer  des  mâles^ 
et  la  plus  petite  des  femelles. 

Le  quatrième  satyrion  est  le  second  de  Dîoscoride ,  c'est- 
à-dire  V erythrdîcum  ou  erythronium. 

Toutes  les  espèces  de  satyrion  étoient  échauffantes  et 
aphrodisiaques,  Pline  nous  apprend  qu'on  donnoit  à  manger 
la  quatrième  espèce  de  satyrion  aux  béliers  ,  aux  boucs  et  3Mt 
étalons,  pour  les  exciter  au  rut. 

C'est  dans  la  famille  des  orchidées  et  parmi  les  espèces  qui 
croissent  en  Europe ,  et  toutes  herbacées ,  qu'on  s'est  efforcé 
de  retrouver  les  satyrium  des  anciens;  et  nous  savons  déjà  que 
le  salep  est  une  racine  aphrodisiaque  produite  par  une  orchi- 
dée. Il  paroît  bien  que  Pline  a  voulu  indiquer  une  espèce 
d'orchis  par  son  premier  satyrion.  Il  n'en  est  pas  de   même 
du  deuxième,  qui  est  branchu.  Quant  aux  deux  derniers,  qui 
sont  les  àQxm  satyrions  Ae.  Dîoscoride, l'un  n'a  pas  pu  avoir  été 
une  orchidée,  car  il  n'en  existe  point  en  Orient  ni  en  Eu- 
rope dont  le  bulbe  soit  gros  comme  une  pomme.  Seroit-ce 
une  espèce  d'iris  ,  comme  le  croyoil  Césalpin  ?  Ce  qu'il  y  a 
de  certain,  c'est  qu'il  n'est  point  Vorchislatifolia  ou  mascula^  ni 
le  sr.illa  bifolia,  ni  V erythronium  dens  canis ,    L. ,  comme  on  l'a 
avancé.  La  dernière  espèce  de  satyrium  est  moins  connue. 


a42  S  A  U 

Chez  les  botanistes,  avant  Linnaeug,  Ton  a  de'crit  et  nomm^ 
salyrium ,  satyrium  mas  etfœminea,  s.  hasilicum  ,  etc.,  diverses 
espèces  des  genres  satyrium ,  orchis ,  ophrys  ,  serapias  et  scil/a  , 
L. ,  Viris  iuberosa,  L. ,  Verythronium  dens  canis^  Vhœmanlhus 
multiflorus  f  etc. 

Le  genre  satyrium  de  Linnaeus  a  été  entièrement  détruit 
parles  botanistes  modernes,  qui  donnent  le  nom  de  satyrium 
à  un  genre  de  la  même  famille  ,  qui  ne  comprend  aucune  des 
espèces  du  genre  satyrium  de  Linnaeus.  Les  espèces  de  celui- 
ci  sont  dispersées  dans  les  genres  orchis ,  neottia  ,  limodorum  , 
hahenaria^  disa ,  corycium  ,  diplectrum^  epipogium,  satorkis ,  hip- 
porkis ,  tussara  ou  godoyera ,  elc.  (ln.) 

SAUALPIT  et  KARINTHIN.  Les  minéralogistes  alle- 
mands donnent  ce  nom  à  la  substance ,  que  Werner  appelle 
Blœtriger  augit  ;  Hausmann  ,  hlœtriger  strahltstein  ,  et  que 
M.  Haiiy  considère  comme  une  variété  lamelleuse  d'am- 
phibole. Steffens  lui  adonné  le  nom  de  keraphyllile.,  qui  vau- 
droit  mieux  que  celui  de  saualpil  ou  de  karinihin  ,  si  cette 
substance  étoit  vraiment  une  espèce.  Steffens  annonce 
qu'elle  a  été  retrouvée  à  Kiennerud-Schurf ,  près  Kongs- 
berg.  Ainsi  la  dénomination  de  Saualpit  ne  lui  convient 
pas ,  puisqu'elle  n'est  pas  exclusive  au  Sau-Alpe  en  Ca- 
rinthie.  V.  à  l'article  Pyroxène  ,  vol.  28  ,  p.  Sig,  dernier 
alinéa  ,  et  à  l'article  Amphibole,  (ln.) 

SAUCANELLE.  Nom  des  jeunes  Spares  dorades,  (b.) 
SAUCLET.  L'un  des  noms  de  I'Athérine  ,  sur  les  côtes 
de  la  Méditerranée,  (desm.) 

SAUGE ,  Sabia.  Genre  de  plantes  qui  appartient  a  la 
diandrie  monogynie  de  Linnaeus ,  et  que  Jussieu  a  placé  dans 
la  famille  des  labiées. 

Les  caractères  botaniques  communs  à  toutes  les  sauges 
sont:  un  calice  presque  campanule,  strié,  à  deux  lèvres;  la 
supérieure  à  trois  dents,  l'inférieure  bifide  ;  une  corolle,  dont 
le  tube  est  large  à  son  entrée,  dont  le  limbe  est  à  deux  lè- 
vres ,  la  supérieure  voûtée  et  échancrée ,  l'inférieure  à  trois 
lobes,  dont  ie  moyen  est  grand  et  obrond  ;  deux  filamens 
d'étamines  pédicules ,  transversalement  articulés,  versatiles , 
insérée  sous  la  corolle,  connés  par  un  bout  avec  une  an- 
thère stérile ,  distincts  par  l'autre  avec  une  anthère  fertile  ; 
deux  rudimens  d'étamines  stériles  ,  petits  et  glandiformes  , 
interposés  entre  les  filamens. 

Ce  genre  est  nombreux,  puisqu'on  y  compte  près  de  deux 
cents  espèces.  Nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  plus 
utiles  ou  plus  curieuses.  ,    .  , 

La  Sauge  de  Crête,  Sahia  cretica ,  à  tige  arborescente  , 
dont  les  feuilles  sont  lancéolées,  le  calice  k  deux  folioles ,  et 


s  A  U  ,^â 

le  style  douMe.  Originaire  de  Candie,   et  fleurissant  chez 
ireus  en  |uin  ,  juillet  et  août.  Elle  se  multiplie  par  graines 

La  Sauge  lyree,  Sahialyjuta,  dont  les  feuilles  son  den- 
telées et  en  lyre;  les  fleurs  petites  et  verticillees;  vivaces 
Originaire  de  la  Virginie. 

La  Sai'GE  («fficinale,  Snb'm  officinalis.  Feuilles  lancéo- 
lées, ovales,  entières,  légèrement  crénelées;  h  grandes 
fleurs  bleues  en  épi.  Cette  planta,  qui  forme  un  pelil  arbuste 
et  qu  on  met  en  bordure  dans  les  jardins  ,  présente  plusieurs 
variétés,  qui  sont  la  mu^e  trkohr  (^suhia  incuior);  la  sause 
panachée  {sabia  variegata)  ;  la  sauge  à  feuilles  é/roifes  (sabia 
angustifohu  minor  )  ;  la  sauge  à  petites JeuiUes  {sabia  ienuior)  etc 
loutesces  variétés  se  multiplient  par  pieds  éclatés  o!x  par 
graines.  *^ 

La  Sauge  pomifère  ,  Sabia pomijera  Cette  plrmle  s'élève 
à  la  hauteur  de  quatre  pieds;  ses  Leurs  sont  d'un  bleu  pâle  • 
ses  feuilles  lancéolées,  crénelées,  ridées  et  cotonneuses  et 
ordinairement  couvertes  d'une  excroissance  végétale,  qui' est 
l^e  produit  d'un  insecte.  Elle  est  vivace  et  originaire  de  Can- 
die. Elle  se  multiplie  par  pieds  séparés  et  par  semences 

^  La  S\UGE  A  ÉPIS  PENDANs,  Sabia  nutans  ,  Lamarck  Celle- 
ci  s  élève  à  quatre  pieds  ;  ses  liges  sont  glabres ,  tétragones  , 
vertes;  ses  feuilles  ovales,  ridées  et  pointues;  les  fleurs  sont 
petites  ,  nombreuses,  en  épis  pendans  au  sommet  des  liées  - 
elle  a  les  bractées  violettes.  Cette  sauge,  l'une  des  plu^ 
belles,  se  multiplie  par  semences.  *^ 

La  Sauge  du  Mexique  ,  Sabia  mexicana.  Arbuste  d'oran- 
gerie de  hmt  à  dix  pieds,  dont  \ts  grandes  feuilles  ovales  et 
les  tiges  carrées  sont  accompagnées  de  fleurs  bleues  ,  nom- 
breuses ,  en  longs  épis  serrés. 

La  Sauge  élégante,  Sabia  formosa.  Arbuste  de  deux  ou 
trois  pieds,  a  feuilles  en  cœur,  larges,  pointues,  dentées  et 
d  un  beau  vert;  les  fleurs  axillaires,  grandes  et  d'un  rouge 
vit ,  se  succèdent  toute  l'année.  ° 

La  Sauge  écarlate,  Sabia  cocdnea.  Tiges  de  trois  à 
quatre  pieds,  carrées  et  velues,  très-droites;  feuilles  en 
cœur;  fleurs  écarlates.  Cette  plante  est  d'orangerie,  et  se 
multiplie  par  les  graines.  ^     «=  j  ei  se 

Nous  nous  bornons  à  indiquer  les  autres,parce  que  ce  sont 
des  plantes  de  collection ,  qui  intéressent  plus  les  botanistes 
et  les  amateurs  des  plantes,  que  les  arts  et  le  commerce 
i^es  sauges  sont  la  Sauge  trilobée  ,  sabia  trihba;  la  Sauge 
EFFILEE,  sabia  virgata;  la  Sauge  sauvage,  sabia  svbestrîs - 
la  Sauge  des  nois,  sabia  nemowsa,  la  Sauge  visqueuse* 

DtiVNDr'  f'^-TT'c^^'  ^«/-a;.ra/W.;ia  Sauge 
DE  h  INDE,    sabla  mdica;  la  S  AUGE  VERBENACÉE  ,  sabih  vtr- 


a44  S  A  U 

lenacea  ;  la  Sauge  d'Autriche  ,  sahia  austnam;  la  Sauge  a: 
LONGS  ÉPIS  ,  sahia  disermas  ;  la  Sauge  VERTICILLEE  ,  sabia 
verlidllata;  la  Sauge  a  feuilles  de  rave  ,  sahia  napifolia; 
la  Sauge  GLUT1NEUSE,  sahia  glulinosa ;  la  Sauge  dentée, 
sahia  dentata  ;  la  S  AUGE  DE  Syrie,  sahia  syriacu;  la  S  auge 
A  FEUILLES  RUDES,  sahia  scabra  ;  la  SauGE  ridée,  sahia 
rugosa;  la  Sauge  de  Nubie,  sahia  nuhia  ;  la  Sauge  d'Abys- 
smiE,  sahia  ahyssinica;  la  Sauge  DES  Canaries  ,  sahia  cana- 
riensis;  la  Sauge  d'Afrique  ,  sahia  africana  ;  la  Sauge 
DORÉE,  sahia  aiirea ;  la  Sauge  Paniculée,  sahia  paniculata  ; 
la  Sauge  d'Egypte,  sahia  œgypUaca ;  la  Saige  ormin  , 
sahia  husmimm  ;  la  Sauge  clandestine,  sahia  clandestina  ; 
la  Sauge  b'EsPAGNE,  Wi^m  hispanica;  la  Sauge  sclarée  , 
sddvia  sciarea;  la  Sauge  de  Perse,  sahia  ceratophylla ;  la 
Sauge  pinnée,  sahia  pinnala ;\3i  Sauge  argentée,  sahia 
argentea;\ai  Sauge  RAMEUéE ,  salvia  ceraphylloïdes  ;  la  Sauge 
A  FEUILLES  DE  TILLEUL  ,  sahia  tilicefolia  ;  la  Sauge  BICOLORE, 
sahia  bicolor;  la  Sauge  TINGITANE  ,  sahia  tingitana. 

La  plupart  des  sauges  sont  originaires  des  pays  chauds  , 
et  demandent  par  conséquent  la  serre ,  ou  au  moins  l'oran- 
gerie dans  le  climat  de  Paris  ;  quelques  unes  sont  assezbelles 
pour  mériter  d'être  cultivées,indépendamment  de  leur  utilité 
■en  médecine  ou  dans  la  parfumerie. 

Toutes  les  parties  des  sauges  répandent  un  arôme  déli- 
cieux, qu'elles  conservent  quand  elles  sont  séchées  avec  soin, 
et  qui  se  sépare  des  feuilles  pour  aromatiser  des  eaux  simples 
ou  des  liqueurs  spiritueuses ,  qu'on  emploie  en  médecine  et 
dans  les  arts  qui  s'occupent  de  la  conservation  de  la  santé  et 
de  la  propreté  du  corps,  comme  bains,  lotions  et  fomenta- 
tions toniques.  La  sauge  officinale  est  particulièrement  em- 
ployée à  ces  usages;  on  en  prend  aussi  l'infusion  intérieure- 
ment comme  sudorifique, vulnéraire, cordiale  et  stomachique. 

Les  sauges  distillées  en  grande  quantité  fournissent  du 
camphre,  qui  se  sublime  et  qu'il  est  facile  de  recueillir: 
cette  propriété  leur  est  commune  avec  toutes  les  labiées. 
D'après  cela,  il  est  évident  que  l'odeur  pénétrante  qui  frappe 
l'odorat  lorsqu'on  se  promène  le  long  d'une  bordure  desauge, 
est  due  à  l'action  des  émanations  camphoriques  qui  s'échap- 
pent de  cette  plante,  surtout  au  temps  des  grandes  chaleurs. 
Cinquante-quatre  espèces  ,  la  plupart  nouvelles,  sont  énu- 
mérées  dans  l'important  ouvrage  de  Humboldt,  Bonpland 
et  Kunth,  sur  les  plantes  de  l'Amérique  Méridionale,  (toll.) 

CATiriV   A\1FRF.      Variété  de  (iERMANDRÉE    à    feuilles 


SAUGE  AMÈRE.  Variété  de  Germandrée  à 
rges.  (e 
SAUG 
»om.  (B.) 


larees.  (desm.) 
SAUGE  D  AMÉRIQUE.  Le  Tarchonanthe  porte  ce 


s  A  U  :.45 

SAUGE  EN  ARBRE.  V.  Phlomide  frutescente,  (b.) 
SAUGE  DES  BOIS.  V.  Sauge  sauvage,  (desm.) 
SAUGE  DE  SAINT-DOMINGUE.  C'est  la  grande 

CONISE.  (B.) 

SAUGE  DE  JÉRUSALEM.  Nom  vulgaire  de  la  Pul- 
monaire OFFICINALE.  (B.) 

SAUGE  DE  MONTAGNE.  A  Saint-Domingue ,  on 
donne  ce  nom  au  Camara.  (b.) 

SAUGE  DU  PORT  DE  PAIX.  On  prétend  que  c'est  à 
Saint-Domingue  la  Cascarille.  (b.) 

SAUGE  SAUVAGE.  Quelques  personnes  donnent  ce 
nom  à  la  Germandrée  d'eau  ou  scordium.  (b.) 

SK\]l-3\\,k{Turdussaui'jala  ,  Lath.)-  Ordre  des  Passe- 
reaux, genre  du  Merle.  V.  ces  mots,  (v.) 

SAUKI.  Nom  que  les  Russes  ont  imposé  à  un  canard  de 
la  Sibérie  ,  d'après  son  cri.  V.  Canard  saukî.  (v.) 

SAULAR  {  Grarulu  sauhiris,  Lath.),  est  \a.  pie-grlèche 
noire  du  Bengale,  de  V Histoire  Naturelle  de  Buffon,  d'Edwards 
et  de  Brisson.  Plus  récemment,  les  ornithologistes  méthodis- 
tes ont  rangé  cet  oiseau  parmi  les  mainates,  (s.) 

SAULE,  Salix.  Genre  de  plantes  de  la  dioécie  diandrle,' 
que  Jussieu  avoit  placé  dans  sa  famille  des  amentacées ,  mais 
pour  lequel  on  en  a  établi  dernièrement  une  particulière, 
qui ,  de  son  nom,  a  été  appelée  des  salicinées.  11  offre  pour 
caractères:  des  chatons  cylindriques  composés  d'écaillés, 
dont  chacune  recouvre  deuxétamines  ,  et  une  glande  necta- 
rifère  dans  les  pieds  mâles;  un  ovaire  à  style  bifide  dans 
les  pieds  femelles  ,  lequel  ovaire  devient  une  capsule  à  deux 
valves ,  à  une  loge  contenant  des  semences  cotonneuses. 

Les  botanistes  ont  décrit  plus  de  cent  espèces  de  saules  ; 
mais  ils  sont  encore  loin  de  s'entendre  sur  les  caractères  qui 
les  séparent.  En  effet,  pour  peu  qu'on  les  ait  étudiées,  on 
est  convaincu  des  difficultés  de  les  fixer ,  par  suite  des  varia- 
tions qu'elles  éprouvent,  à  raison  du  sol,  du  climat,  de  l'an- 
née ,  de  l'âge  ,  de  la  culture  ,  etc.  Tous  les  auteurs  qui  ont 
essayé  de  faire  la  monographie  des  saules,  même  seulement 
celle  d'une  contrée,  ont  échoué.  Depuis  Linnseus,  Flore  de  La- 
pante,  jusqu'à  Siringe  ,  Saules  de  Suisse^  et  des  botanistes  dis- 
tingués ,  principalement  Hoffmann  et  Smith,  qui  ont  voulu 
les  décrire  ,  tous  ont  été  forcés  de  renoncer  à  ce  projet. 

Dans  l'impossibilité  de  débrouiller  le  chaos  qui  règne  parmi 
ces  espèces  ,  je  me  contenterai ,  conformément  au  plan  de 
ce  Dictionnaire  ,  de  citer  les  espèces  européennes  les  plus 
connues  et  les  plus  utiles. 

Les  saules  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  qui  croissent 
généralement  dans  les  terrains  humides  de  toutes  les  parties 


346  S  A  U 

du  monde,  même  dans  les  pays  les  plus  froids,  puisqu'il  s'en 
est  trouvé  aussi  loin  qu'on  ail  pu  aller  vers  le  cercle  polaire, 
et  sur  le  sommet  des  montagnes  couvertes  de  neiges  pendant 
huit  mois  de  l'année.  Ils  ont  tous  les  feuilles  alternes  et  les 
fleurs  axillaires.  La  végétation  de  la  plupart  est  des  plus 
rapides.  Quelques-uns  sont  d'une  culture  avantageuse  ,  soit 

f>ar  rapport  à  leur  bois  ,  soit  par  rapport  à  leurs  feuilles  que 
es  bestiaux  recherchent ,  soit  enfin  par  rapport  à  leur  élé- 
gance. 

Linnœus  a  divisé  les  saules  sous  la  considération  de  leurs 
feuilles,  qui  sont,  ou  glabres,  ou  velues,  ou  entières,  ou 
dentées. 

JJecandolle ,  reconnoissant  que  ces  caractères  sont  très- 
fautifs,  a  cherché  à  établir  leurs  subdivisions  sur  les  capsules, 
qui  sont  ou  velues  ou  glabres. 

Comme  on  trouve  rarement  les  saules  en  fruits,  à  raison 
du  peu  de  temps  que  ces  fruits  subsistent ,  je  préférerai ,  mal- 

fré  ces   incertitudes  ,  la  manière  de  les  diviser  indiquée  par 
^inuseus. 

Saules  à  feuilles  glabres  et  dentées. 

Le  Saule  triandre.  Il  a  les  feuilles  lancéolées  et  âcu- 
minées  ;  les  fleurs  triandres  ;  son  écorce ,  lorsqu'elle  est 
vieille  ,  s'enlève  comme  celle  du  platane  ;  sa  hauteur  est  ra- 
rement de  plus  de  quinze  à  vingt  pieds.  On  le  trouve  abon- 
damment le  long  des  lorrens,  auxquels  il  résiste,  lorsqu'il  est 
tenu  en  buisson  ,  à  raison  de  la  Ilexibililé  de  ses  tiges  et  de  la 
longueur  de  ses  racines  ;  ainsi  qu'au  milieu  des  marais  , 
dont  il  élève  le  sol.  On  ne  peut  trop  le  multiplier. 

Le  Saule  amandier  a  les  feuilles  ovales,  inégales  à  la  base, 
fortement  dentées  ,  blanchâtres  en  dessous  et  accompagnées 
de  très-larges  stipules.  11  se  rapproche  infiniment  du  précé- 
dent,  et ,  comme  lui,  ses  jeunes  pousses  servent,  sous  le 
nom  à' osier  brun,  à  faire  des  paniers  ,  des  liens ,  ce  à  quoi  ils 
sont  moins  propres,  parleur  peu  de  flexibilité,  que  plusieurs 
autres  espèces.  On  ne  doit  pas  le  confondre  avec  le  saule  acu- 
minéj  qui  porte  le  même  nom  vulgaire   dans  quelques  lieux. 

Le  Saule  Pentandre  a  les  feuilles  elliptiques ,  avec  de 
grosses  glandes  au-dessus  de  leur  pétiole.  C'est  un  bel  arbre 
qui  n'est  point  rare  en  France,  qui  croît  rapidement  et  qui 
répand,  dans  les  montagnes  élevées,  une  odeur  musquée  , 
très-agréabie  ,  odeur  qu'il  perd  lorsqu'on  le  transporte  dans 
la  plaine ,  ainsi  que  je  m'ensuis  assuré.  On  peut  le  multiplier 
avec  avantage  dans  les  jardins  paysagers.  Il  varie  sans  fin  , 
relativement  à  la  forme  et  à  la  grandeur  de  ses  feuilles. 

Le  Saule  a  feuilles  de  laurier  a  les  feuilles  elliptiques 


s   A  U  :,kl 

et  glauques  en  dessous.  Il  croît  en  Angleterre,  et  paroit  peu 
s'élever.  Je  le  cite  ,  parce  que  la  différence  de  la  nuance  de 
ses  feuilles  le  rend  très-propre  à  l'ornement  des  jardins. 

Le  Saule  a  feuilles  aiguës  ,  om.  Saule  violet ,  aies  feuilles 
lancéolées  aiguës,  blanchâtres  en  dessous,  et l'écorce  violette 
dans  sa  jeunesse.  Il  est  originaire  de  Tartarie  ,  et  se  cultive 
dans  nos  jardins.  Je  le  cite ,  parce  que  la  rapidité  de  sa  crois- 
sance, la  longueur  de  ses  pousses  et  leur  flexibilité  ,  peuvent 
le  faire  préférer  un  jour  aux  Osiers  les  plus  recherchés. 

Le  Saule-0$ier  jaune,  dont  les  feuilles  sont  lancéolées  , 
blanchâtres  en  dessous  ,  et  l'écorce  jaune.  On  le  cultive  en 
grande  abondance  dans  les  pays  vignobles  et  autour  des  gran- 
des villes ,  à  raison  du  peu  de  grosseur  et  de  la  flexibilité  de 
ses  jeunes  pousses,  qu'on  emploie  à  faire  des  paniers  ,  à  lier 
les  légumes,  les  espaliers,  la  vigne,  et  à  une  infinité  d'autres 
usages.  C'est  dans  un  terrain  léger  et  un  peu  humide  qu'il 
prospère  le  mieux.  On  l'y  plante  en  quinconce  ,  à  quatre  ou 
cinq  pieds  de  distance  ,  sur  un  défoncement  d'un  à  deux  pieds 
de  profondeur.  Une  oseraie  est  en  rapport  à  trois  ans,  et  aug- 
mente de  valeur  jusqu'à  vingt,  si  on  la  laboure  convenable- 
ment; on  doit  la  détruire  à  trente.  Ce  n'est  qu'après  les  pre- 
mières gelées ,  c'est-à-dire  ,  quand  la  végétation  est  complè- 
tement interrompue,  qu'il  convient  de  faire  la  récolte  de 
Tosier ,  qu'on  doit  conserver  en  bottes  dans  un  lieu  frais  ex- 
posé au  nord. 

Le  Saule-Osier  rouge  a  les  feuilles  linéaires  lancéolées 
et  l'écorce  rouge.  On  le  cultive  comme  le  précédent,  et  pour 
les  mêmes  usages,  mais  avec  un  peu  moins  d'étendue,  parce 
que  ses  rameaux  sont  moins  longs  et  moins  flexibles  ;  il  s'ac- 
commode cependant  mieux  des  terrains  secs. 

Le  Saule  fragile  a  les  feuilles  lancéolées  aiguës,  de  même 
couleur  des  deux  côtés,  et  les  pousses  latérales  si  peu  atta- 
chées à  leur  branche  pendant  l'hiver,  qu'elles  tombent  sous 
le  poids  de  l'oiseau  qui  se  perche  dessus.  U  est  très-commun 
tout  le  long  de  la  Seine,  même  aux  environs  de  Paris,  et 
s'élève  à  plus  de  60  pieds.  On  le  confond  généralement  arec 
le  saule  blanc  ,  auquel  il  ressemble  en  effet  beaucoup  lorsqu'il 
est  vieux.  C'est ,  je  crois  ,  l'espèce  qui  s'élève  le  plus  et  dont 
le  bois  est  le  meilleur.  Tout  ce  que  je  dirai  de  l'espèce  pré- 
cédemment citée  lui  est  applicable. 

Le  Saule  DE  Babylone,  ou  Saule  pleureur  ^  a  les  feuilles 
lancéolées  aiguës  et  les  rameaux  pendans.  Il  est  originaire 
de  l'Asie  mineure,  et  se  cultive  depuis  un  demi-siècle  dans  nos 
jardins,  qu'il  orne  infiniment  par  la  beauté  de  son  feuillage  et 
la  disposition  de  ses  rameaux.  C'est  isolé  sur  le  bord  des  eaux 
qu  il  produit  l'effet  le  plus  pittoresque,  Nous  n'avons  que  lafe» 


348  s  k  V 

melle  ;  ainsi  on  ne  peut  le  multiplier  que  de  boutures,  de  mar- 
cottes et  de  racines.  Sa  hauteur  surpasse  rarement  trente  pieds. 

Les  Saules  pourpre  et  Hélix  sont  monandres  ,  ont  les 
feuilles  lancéolées  et  presque  opposées.  Ils  croissent  sur  le 
bord  des  torrens  dans  les  pays  de  montagnes,  et  le  dernier, 
quelquefois  le  long  des  rivières,  dans  les  plaines.  Ce  sont  de 
petits  arbres  qui,  lorsqu  ils  sont  tenus  en  buissons  ,  servent 
encore  plus  puissamment  que  le  saule  triandre,  à  garantir  les 
champs  des  désastreux  effets  des  eaux  courantes;  le  premier 
surtout, dont  les  tiges  sont  naturellement  étendues  sur  la  terre 
et  prennent  racine  sous  tous  leurs  points. 

Les  Saules  herbacé  ,  a  feuilles  d'arbousier,  couché, 
RÉTICULÉ,  et  A  feuilles  DE  MYRTE,  sout  de  très-pctits  ar- 
bustes, c'esl-à-dire,  qui  ne  s'élèvent  souvent  pas  à  plus  de  deux 
ou  trois  pouces,  qui  croissent  des  derniers  vers  le  pôle  et  sur 
les  plus  hauts  sommets  des  Alpes.  Ils  sont  quelquefois  neuf 
mois  sous  la  neige  ,  et  n'en  parcourent  pas  moins  toutes  les 
phases  de  leur  végétation.  Us  sont  un  fourrage  excellent,  re- 
cherché par  tous  les  animaux  pâlurans. 

Saules  à  feuilles  velues. 

Le  Saule  des  sables,  qui  a  les  feuilles  oblongucs  et 
soyeuses  en  dessous. 

Le  Saule  argenté,  dont  les  feuilles  sont  elliptiques  et 
soyeuses  en  dessus  et  en  dessous. 

Le  Saule  rampant  ,  dont  les  feuilles  sont  aiguës  et  velues 
en  dessous. 

Le  Saule  fauve  ,  qui  diffère  fort  peu  du  précédent,  ces 
trois  espèces  sont  de  petits  arbustes  rampants  propres  aux 
terrains  sablonneux,  et  d'un  emploi  très-avantageux  lors- 
qu'on veut  les  fixer.  On  peut  utiliser  le  second  pour  l'orne- 
ment des  jardins  paysagers. 

Le  Saule  oreille  a  les  feuilles  ovales ,  aiguës  ,  veinées  , 
rugueuses  ,  velues  en  dessous ,  accompagnées  de  deux  grandes 
stipules  cordiformes  dentées.  Il  croît  dans  les  terrains  ar- 
gila-sablonneux  qui  conservent  l'eau  des  pluies  ,  et  s'élève  à 
trente  ou  quarante  pieds.  On  le  distingue  en  tout  temps  à  ses 
tiges  en  zigzag  et  souvent  mal  arrondies  ;  au  printemps  , 
à  ses  boulons  plus  gros  et  plus  nombreux  que  ceux  d'aucun 
antre.  Il  se  rapproche  beaucoup  du  suivant,  et  tout  ce  que 
je  vais  en  dire  lui  convient. 

Le  Saule  marceau  ,  Sali:x>  caprect^  Linn.  ;  a  les  feuilles 
ovales  ,  aiguës  ,  ondulées  ,  ridées  ,  velues  en  dessous.  Il  se 
voit  dans  presque  toute  l'Europe  et  dans  presque  tous  les  ter- 
rains. Sa  hauteur  surpasse  souvent  quarante  pieds.  Sa  crois- 
aance  ejt  plus  rapide  que  celle  d'aucun  autre  arbre  de  nos 


s  A  u  a-;9 

forêls.  Son  bois  est  de  meilleure  qualité  que  celui  d'aucune 
des  autres  espèces  de  son  genre.  On  en  fait  des  cerceaux  , 
des  échalas  ;  on  en  chauffe  le  four  ,  etc. ,  etc.  Son  écorce  est 
propre  au  tannage  des  cuirs,  et  peut  être  substituée  au  quin-f 
quina  dans  beaucoup  de  cas.  Tous  les  bestiaux  ,  et  princi- 
palement les  chevaux  ,  aiment  passionnément  ses  feuilles  ; 
ses  fleurs  mâles  fournissent  ,  dès  les  premiers  jours  du  prin- 
temps ,  une  récolte  abondante  aux  abeilles.  Tant  de  qualités 
devroient  le  faire  multiplier  partotrt  ,  surtout  dans  les  mau- 
vais sols.  On  peut  le  couper  tous  les  deux  ans. 

Les  Saules  aquatique  et  a  feuilles  sphacellées  se 
rapprochent  infiniment  du  précédent,  dont  ils  ne  sont  peut- 
être  que  des  variétés.  Ils  croissent  dans  les  marais  bourbeux, 
et  s'élèvent  beaucoup  moins;  d'ailleurs,  ils  peuvent  le  sup- 
pléer ,  quoique  avec  désavantage  ,  dans  tous  les  usages  pré- 
cédemment indiqués. 

Le  Saule  acuminé  a  été  long-temps  regardé  comme  une 
variété  du  saule,  marceau  ,  et,  en  effet,  on  trouve  des  pieds 
qui  lient  ces  deux  espèces  d'une  manière  embarrassante;  mais 
ses  feuilles  plus  lancéolées ,  plus  aiguës  ,  le  distinguent  or- 
dinairement fort  bien.  Sa  culture  est  fort  étendue  aux  envi- 
rons de  Paris  sous  le  nom  de  vache  brune  et  A'osier  brun  , 
parce  que  ses  jeunes  pousses  ,  quoique  cassantes  ,  suppléent 
les  osiers  pour  faire  des  paniers  communs  ,  des  vans  ,  des  car- 
casses de  carioles  ,  etc.  ,  et  qu'il  croît  dans  les  plus  mauvais 
sols.  Ses  feuilles  peuvent  être,  comme  celles  du  saule  mar- 
ceau, données  avec  avantage,  soit  fraîches,  soit  sèches,  à  tous 
les  bestiaux ,  même  aux  cochons  ,  pour  ces  derniers ,  après, 
cependant ,   les  avoir  fait  cuire. 

Le  Saule  a  longues  feuilles  ou  Osier  BLA^x  ou  Osier 
VERT  ,  Salix  viminaîis  ,  Linn.  ,  a  les  feuilles  linéaires  très- 
longues  et  argentées  en  dessous.  Il  croît  sur  le  bord  des  gran- 
des rivières  ,  et  s'élève  à  trente  ou  quarante  pieds.  On  le  cul- 
tive fréquemment  aux  environs  de  Paris  et  autres  grandes 
villes, pour  l'usage  de  la  grosse  vannerie  à  laquelle  il  est  très- 
propre  par  la  longueur  de  ses  pousses  qui  surpassent  ordi- 
nairement six  pieds.  Ce  n'est  que  dans  les  meilleurs  sols  , 
surtout  dans  les  îles  placées  au  milieu  des  rivières  ,  qu'il  se 
plaît.  Sa  culture  ne  diffère  point  de  celle  des  autres  osiers. 
Ses  feuilles  sont  très-recherchées  des  bestiaux,  aussi  doit-il 
être  mis  hors  de  leurs  atteintes. 

Le  Saule  blanc  ou  Saule  commun  ,  le  saule  proprement 
dit,  a  les  feuilles  lancéolées,  aiguè's,  soyeuses  en  dessus  et  en 
dessous.  Il  croît  naturellement  en  Europe  ,  s'élève  à  plus  de 
cinquante  pieds,  et  se  cultive  très-abondamment  en  France  » 
à  raison  de  la  rapidité  de  sa  croissance,  pour  son  bois  qui  est 
léger,  et  sert  à  un  grand  nombre  d'usages  d'économie  rurale 


=5o  S  A  U 

et  doînestiquc.  Ses  rapports  avec  le  saule  cassant  sont 
très-mullipliés.  On  le  plante  ordinairement  sur  le  bord  des 
ruisseaux,  et  on  le  tient  en  têtards,  élevés  de  six  à  huit  pieds, 
pour  mettre  ses  jeunes  pousses  à  l'abri  de  la  dent  des  bes- 
tiaux, qui  les  aiment  beaucoup  ;  mais  il  est  convenable  de  le 
laisser  croître  en  liberté  lorsqu'on  veut  employer  son  bois  à 
faire  des  planches.  Il  remplit  également  bien  son  objet,  dans 
ces  deux  dispositions,  lorsqu'on  le  plante  pour  l'agrément 
dans  les  jardins  paysagers.  Le  plus  ordinairement  sa  multi- 
plication a  lieu  par  boutures  de  pousses  de  trois  ans  ,  qu'on 
appelle  plançons,  auxquelles  on  coupe  la  tête  et  qu'on  intro- 
duit dans  des  trous  faits  avec  un  pieu  ;  mais  il  est  plus  avan- 
tageux ,  ainsi  que  j'en  ai  l'expérience ,  de  former  les  arbres  en 
pépinière  avec  des  boutures  de  bois  de  l'année  précédente  , 
et  de  placer  les  pieds  qui  en  proviennent,  au  bout  de  trois 
ans ,  dans  des  trous  creusés  à  la  bêche. 

Les  pousses  du  saule  se  coupent  tous  les  trois  ou  quatre 
ans,  et  servent  à  faire  des  cercles  de  tonneaux,  des  échalas 
pour  leshoublonnières  et  pour  la  vigne  ,  des  rames  pour  les 
pois  et  les  haricots;  on  les  emploie  aussi  pour  chauffer  le  four, 
cuire  la  chaux  ,  le  plâtre  ,  les  briques  ,  etc.  ;  sans  elles ,  beau- 
coup de  cantons  manquerolcnt  de  chauffage  ,  aussi  ne  peut-on 
trop  les  multiplier.  V.  Salix.  (b.) 

SAULE  MAIAIN,  salix  marina.  On  a  donne  ce  nom  à 
une  Gorgone,  (desm.) 

SAULENBA3ALT  et  SAULENSTEIN.  Noms  alle- 
mands des  Basaltes  prismatiques,  (ln.) 

SAULENSCHORL.  Autrefois  les  minéralogistes  alle- 
mands ont  donné  ce  nom  à  la  Tourmaline  noire  prisma- 
tique, (ln.) 

S\J5LltL^SVh.lC]\{  Spath  en  prismatique^  en  Allemand). 
Bindheim  nommoit  ainsi  la  grammatite,  variété  de  l'am- 
phibole ,  et  Gerhard  la  chaux  sulfatée  trapézienne.  On  a 
donné  aussi  ce  nom  à  une  variété  de  chaux  carbonalée.  Enfin 
Werner  avoit  cru  devoir  le  donner  à  la  baryte  sulfatée,  en 
prisme  entrelacé ,  qu'on  trouve  à  Freyberg  en  Saxe,  (ln.) 

SAULENZEOLIÏH.  Le  Wawellite  a  reçu  ce  nom 
en  Allemagne,  suivant  Breithupt  et  Hoffmann,  (ln.) 

SAULE  r.  Nom  vulgaire  appliqué  au  Friquet,  parce 
qu'il  se  plait  dans  les  saules.  V.  Moineau  Friquet  à  l'article 
Fbingille.  (y.) 

SAULX.  V.  Saule,  (s.) 

SAUMERIO.  Arbre  du  Pérou ,  que  Jussieu  rapporte  au 
genre  Myrosperme  ,  et  dont  l'écorce  est  dans  le  commerce 
confondue  avec  le  Quinquina.  C'est  peut- être,  la  même 
p  ante  que  le  Croton  de  l'article  suivant,  (ln.) 

SAUMERIO,   Espèce  de   Croton   (    Croton   coriaceum 


s   A  U  aSi 

Kunlh),  qui  croit  dans  les  hautes  vallées  de  Quito,  proche 
Turuhamha  et  Uoa.  C'est  un  arbre  dont  l'écorce  et  le  bols 
répandent  une  odeur  aromatique  très-agréable ,  lorsqu'on  les 
brûle  ;  l'écorce  dépose  dans  l'alcool  une  résine  transpa- 
rente, un  peu  jaunâtre ,  d'une  odeur  suave  quand  elle  brûle. 

(LN.) 

SAUMON.  Espèce  de  poisson  du  genre  Salmone,  qui 
vit  dans  les  mers  du  nord  de  1  Europe,  de  l'Asie  et  de  l'A- 
mérique ,  et  qu'on  prend  en  grande  quantité  dans  les  rivières 
qu'il  remonte  pour  y  déposer  son  frai.  V.  au  mot  Salmone. 

Le  corps  du  saumon  est  allongé  et  aplati  latéralement  ;  sa 
tête  est  médiocre  et  noirâtre  ;  l'ouverture  de  sa  bouche  est 
très-fendue  ;  sa  mâchoire  supérieure  avance  un  peu;  toules 
deux,  mais  la  supérieure  principalement,  sont  garnies  de 
dents  pointues,  entre  lesquelles  on  en  voit  de  plus  petites  qui 
sont  mobiles  ;  outre  celles-là  ,  il  y  en  a  encore  de  chaque 
côté  du  palais  ,  de  chaque  côté  du  gosier  et  sur  la  langue  ; 
son. dos  est  arrondi ,  noir  ;  ses  côtes  bleuâtres,  quelquefois 
tachées  de  noir;  son  ventre  et  sa  gorge  d'un  rouge  jaune;  ses 
nageoires  pectorales  sont  de  même  couleur  et  soutenues  par 
quatorze  rayons  ;  les  ventrales  sont  jaunes  et  ont  dix  rayons  ; 
l'anale  de  même  et  avec  treize  ;  la  caudale  forme  un  crois- 
sant, est  bleue ,  et  a  vingt-un  rayons  ;  la  dorsale  grise  ,  ta- 
chetée et  formée  par  quatorze  rayons;  l'adipeuse  noire;  les 
écailles  sont  de  moyenne  grandeur  et  se  détachent  aisément^ 
Il  y  a  douze  rayons  à  la  membrane  des  ouïes. 

C'est  d'insectes,  de  vers  et  de  petits  poissons  que  vivent 
les  saumons  :  ils  parviennent  à  une  grosseur  fort  considéra- 
ble ;  ceux  de  quatre  pieds  de  longue  sont  pas  très-rares,  et 
on  en  cite  de  six  pieds.  Le  poids  de  ceux  qu'on  met  générale- 
ment dans  le  commerce  est  de  douze  à  quinze  livres. 

En  France  ,  le  saumon  entre  dans  les  rivières  au  commen- 
cement de  l'automne,  c'est-à-dire  en  septembre,  et  dans  le 
nord  de  l'Europe  ,  au  commencement  du  printemps.  U  paroît 
qu'en  Amérique  et  au  Kamtschalka,  il  quitte  encore  plus  tard 
la  mer.  Il  aime  les  eaux  qui  ont  un  fond  de  sable  et  de  cail- 
loux, et  qui  sont  rapides;  voilà  pourquoi  il  affectionne  cer- 
tains fleuves,  et  ne  se  rencontre  presque  jamais  dans  d'autres. 
Il  surabonde  dans  la  Loire,  où  il  fait  l'objet  d'une  pêche  de 
première  importance,  et  on  est  quelquefois  plusieurs  années 
sans  en  prendre  un  seul  dans  la  Seine  ,  qui  en  est  si  voisine. 
C'est  presque  toujours  par  un  vent  fort  et  par  une  haute 
marée  que  les  saumons  entrent  dans  l'embouchure  des  fleuves, 
et  plus  le  vent  et  la  marée  sont  forts ,  et  plus  ils  y  arrivent  en 
grande  quantité.  En  conséquence  ,  comme  les  fleuves  coulent 
dans  la  mer  de  différeules  directions,  on  peut  prédire  avec 


35a  S    A    lï 

assez  (le  certitude  si  la  pêche  des  saumons  sera  abondante 
pour  tel  ou  tel  pays.  Plus  tôt  une  rivière  est  débarrassée  de 
glace,  plus  tôt  ils  y  entrent, et  s'il  arrive  que  le  concours  d'une 
haute  marée  et  d'un  grand  vent  dans  la  direction  de  l'embou- 
chure de  cette  rivière,  n'ait  lieu  que  fort  tard  ,  en  mai  par 
exemple  ,  on  doit  s'y  attendre  à  une  mauvaise  pêche  parce 
que  les  saumons  seront  entrés  dans  d'autres.  11  est  cepen- 
dant nécessaire  d'observer  que  les  saumons  sont  toujours 
déterminés  par  la  nature  à  rentrer  dans  les  fleuves  où  ils 
ont  pris  naissance ,  et  que  ce  n'est  que  lorsqu'ils  y  sont  forcés 
par  des  circonstances  impérieuses,  telles  que  le  besoin  de 
se  débarrasser  de  leurs  laites  ou  de  leurs  œufs  ,  ou  même  , 
disent  les  pêcheurs,  des  LEaNÉES  qui  les  tourmentent,  qu'ils 
se  décident  à  entrer  dans  un  autre.  Ce  fait  est  prouvé  par 
une  expérience  positive  de  Deslaudes,  qui,  ayant  acheté  douze 
saumons  de  pêcheurs  de  Châleaulin  ,  leur  mit  un  anneau 
de  cuivre  à  la  qucup.et  leur  rendit  la  liberté. L'année  suivante, 
cinq  ,  la  seconde  trois,  et  la  troisième  trois  de  ces  saumons 
furent  repris. 

On  dit  que  lorsque  le  saumon  entre  dans  les  fleuves,  il 
le  fait  ordinairement  en  troupes  et  en  deux  rangées,  qui  for- 
ment les  côtés  d'un  triangle  (lans  l'ordre  suivant.  Ordinaire- 
ment le  plus  gros  ,  qui  est  une  femelle  ,  ouvre  la  marche  ; 
ensuite,  à  la  distance  d'une  brasse  ,  deux  autres,  et  ainsi  de 
suite.  Lorsque  cet  ordre  est  interrompu  par  un  obsta(  le  quel- 
conque ,  il  se  rétablit  aussi  tôt  que  possible.  Les  plus  petits 
mâles  ferment  la  marche  ;  de  sorte  que  lorsque  les  pêcheurs 
les  prennent,  ils  n'ont  plus  à  espérer  une  pêche  avantageuse. 
Ces  troupes  sont  quelquefois  si  nombreuses,  qu'en  réunissant 
leurs  forces,  elles  déciiirent  les  filets  et  s'échappent:  elles  na- 
gent ordinairement  au  milieu  du  fleuve  ,  à  sa  surface  ,  coujme 
étant  le  lieu  où  l'eau  est  plus  rapide,  et  elles  font  un  grand 
bruit  qui  les  indique  aux  pêcheurs. 

Lorsque  les  saumons  rencontrent  une  cascade  ou  une  digue 
qui  s'oppose  à  leur  marche  ,  ils  font  les  plus  grands  efforts 
pour  sauter  par-dessus  ,  et  ce  n'est  qu'après  s'être  assures  de 
l'impossibilité  de  réussir,  qu'ils  retournent  d'où  ils  viennent, 
tant  est  grande  la  tendance  que  la  nature  leur  a  donnée  pour 
remonter  jusqu'à  la  source  des  rivières.  Pour  exécuter  ce 
saut ,  ils  recourbent  leur  queue  d'un  côté  ,  autant  qu'ils  le 
peuvent ,  frappent  ensuite  avec  violence  la  surface  de  1  eau 
en  même  temps  qu'ils  s'élancent  en  avant.  Leurs  sauts  or- 
dinaires dans  l'eau  douce  ,  sont  de  cinq  à  six  pieds  au-dessus 
de  la  surface;  mais  près  de  la  mer,  l'eau  salée  leur  donnant 
un  point  de  résistance  plus  considérable,  ils  s'élèvent  jusqu'à 
quatorze  pieds  ,  ainsi  qu'on  en  a  acquis  la  preuve  à  la  pê- 


s   A  U  3  53 

chf.'rie  de  Ballyshahon  en  Islande.  Dans  ces  sauts,  le  poisson 
retombe  toujours  sur  le  côté,  parce  qu'il  relève  sa  têle  ,  de 
crainte  qu'elle  ne  se  blesse. 

Les  glaces  ,  les  bois  ,  et  en  général  tout  ce  qui  flotle  sur 
Teau,  effraie  les  saumons  et  les  empêche  de  continuer  leur 
roule.  Ils  sont  également  déterminés  à  éviter  les  rivières  dont 
Tembouchure  est  garnie  d'édifices  ,  celles  sur  les  bords  des- 
quelles ils  cnlendenl  un  grand  bruit ,  tel  que  le  son  des  clo- 
ches ,  les  coups  de  canon  ,  etc.  ;  mais  ils  aiment  celles  qui 
sont  garnies  d'arbres,  dont  Tombre  leur  est  agréable.  En 
général ,  il  est  avantageux  pour  les  pêcheurs  que  leur  riv-ière 
ait  les  eaux  troubles  au  moment  de  l'entrée  des  saumons  , 
parce  que  cela  diminue  d'autant  Tcffct  des  causes  qui  les  en 
repoussent. 

Selon  Giessler,  le  saumon  ne  fait  qu'un  mille  dans  Vcs- 
pace  de  vingt-quatre  heures,  et  même  ordinairement  la 
moitié  :  cela  paroitbien  peu  ,  lorsqu'on  considère  les  longs 
voyages  qu'il  Lût  dans  l'espace  d'un  mois  ou  deax  au  plus  , 
c'est-à-dire,  près  de  cent  milles  qu'il  y  a  de  l'embouchure 
de  la  Loire  et  du  Rhin  ,  les  deux  plus  longues  rivières  qu'il 
remonte  en  Europe,  jusqu'à  leur  source.  Quand  il  veut  se 
reposer  ,  il  choisit  une  grosse  pierre  ,  contre  laquelle  il  ap- 
puie sa  queue ,  en  présentant  sa  tête  au  courant  ;  et  comme  ces 
pierres  peuvent  être  souvent  remarquées  des  pêcheurs  ,  dans 
des  rivières  peu  profondes  ,  on  sait  profiler  de  cette  habitude 
pour  les  prendre  plus  sûrement- 
En  France,  c'est  au  commencement  du  printemps,  c'est- 
à-dire  ,  deux  ou  trois  mois  après  leur  entrée  dans  les  rivières , 
que  les  femelles  des  saumons  déposent  leurs  œufs  sur  les 
pierres  ou  sur  le  sable  du  bord  ,  dans  les  endroits  où  le 
courant  n'est  pas  très-rapide.  Il  n'y  a  pas  de  doute  que  ce 
sont  les  plus  vieilles  qui  fraient  les  premières;  et  les  plus 
jeunes  ,  les  dernières.  Les  mâles,  toujours  plus  nombreux 
que  les  femelles,  se  pressent  de  répandre  leur  liqueur 
fécondante  sur  ce*  œufs,  aussitôt  qu'ils  sont  sortis  du 
ventre  de  leur  mère.  On  en  a  compté  27,850  dans  une 
femelle  de  vingt  livres  ;  mais  les  inondations  et  les  autres 
poissons  qui  s'en  nourrissent,  réduisent  à  bien  peu  les  sau- 
mons qui  en  sortent.  Les  petits  naissent  dix  ou  douze  jours 
après,  plus  ou  moins  ,  suivant  la  chaleur  de  la  saison.  Lors- 
qu'ils ont  acquis  la  longueur  du  doigt,  on  les  appelle  digitales. 
Ils  restent,  la  première  année  ,  dans  l'eau  douce,  et  ce  n'est 
que  lorqu'ils  ont  acquis  une  longueur  de  cinq  à  six  pouces 
qu'ils  gagnent  la  mer,  pour  ne  plus  revenir  qu'à  l'âge  de 
trois  ou  quatre  ans  ,  lorsqu'ils  sont  aptes  à  perpétuer  leur 
espèce.  On  pêche  de  grandes  quantités  de  ces  petits  saumons 


254  S  A  U 

ou  saumoneaux ,  dans  le  P\hin  et  dans  la  Loîre ,  avec  des 
filets  semblables  à  ceux  employés  pour  le  saumon  ,  tendus 
dans  une  direction  contraire. 

Le  saumon  n'a  pas  la  vie  dure  :  non-seulement  il  meurt 
peu  après  qu'il  a  été  tiré  hors  de  l'eau ,  mais  même  lors- 
qu'on le  met  dans  des  réservoirs  dont  l'eau  n'est  pas  cou- 
rante ,  ou  dans  des  huches  qui  ne  sont  pas  placées  au  milieu 
des  rivières.  On  ignore  la  durée  de  sa  vie;  mais  il  y  a  tout  lieu 
de  croire  qu'elle  peut  se  prolonger  un  grand  nombre  d'an- 
nées,  d'après  les  comparaisons  faites  sur  plusieurs  individus 
de  différentes  tailles.  11  n'y  a  pas  de  doute  qu'il  ne  passe 
quelquefois  naturellement  l'été  et  Thiver  dans  les  rivières  et 
dans  les  lacs;  cependant,  on  n'a  pas  encore  essayé  de  l'y 
conserver  par  force.  H  est  très-probable  que  les  tentatives 
qu'on  feroit  pour  cet  objet,  seroient  suivies  d'un  heureux 
succès ,  surtout  si  on  plaçoit  les  individus  destinés  à  s'en 
assurer  dans  des  eaux  qui  leur  convinssent  parfaitement, 
soit  par  leur  pureté  ,  soit  par  leur  rapidité  ,  soit  par  l'abon- 
dance de  la  nourriture  qui  s'y  trouve. 

On  n'a  jamais  pris  de  saumons  dans  les  rivières  qui  ont 
leur  embouchure  dans  la  Méditerranée  ,  et  ceux  qui  sont^ 
cités  comme  péchés  dans  le  Danube  et  le  Rhône ,  appartien- 
nent à  quelque  autre  espèce  du  genre  salmone.  AuSsi  les 
Grecs  ne  les  ont- ils  pas  connus,  et  Pline  est- il  le  premier 
des  Latins  qui  en  ait  parlé.  On  n'en  prend  aussi  jamais 
dans  la  mer  qu'à  l'époque  où  ils  entrent  dans  les  rivières , 
ce  qui  prouve  qu'ils  se  tiennent  toujours  loin  des  côtes  et 
dans  les  profondeurs.  C'est  au  commencement  de  l'été  qu'ils 
y  retournent  :  à  cette  époque  ,  ils  sont  maigres  ,  et  on  ne 
cherche  plus  à  les  prendre  avec  la  même  ardeur  qu'à  leur 
arrivée. 

La  pêche  du  saumon  est  une  branche  très-considérable 
d'industrie  pour  plusieurs  pays  ,  surtout  pour  ceux  du  Nord  ; 
elle  est  le  fond  de  subsistance  de  quelques  peuples,  tels  que 
ceux  qui  habitent  sur  ou  non  loin  de  la  mer  Glaciale.  On  en 
prend  quelquefois  d'immenses  quantités.  Bloch  cite  un  coup 
de  filet  qui  eut  lieu  en  Angleterre,  dans  la  Ribble  ,  en  ijSo  , 
et  qui  en  amena  trois  mille  cinq  cents.  Le  nombre  de  ceux 
qu'on  prend  à  la  fois  en  Ecosse  ,  en  Norwége  et  autres  en- 
droits du  Nord  ,  est  quelquefois  encore  plus  élevé. 

Non-seulement  on  prend  le  saumon  avec  des  foennes , 
des  hameçons  et  des  filets  de  plusieurs  espèces,  que  la  main 
de  l'homme  dirige  constamment  ,  mais  encore  avec  des 
engins  placés  à  demeure  ,  où  il  entre  facilement ,  et  dont  il 
ne  peut  s'échapper.  Dans  la  plupart  des  rivières ,  on  se  con- 
tente de  tendre  des  nasses,  ou  de  placer  des  cages  de  boi» 


s    A.  U  •  255 

gui  en  font  l'office  ;  mais  dans  quelques  unes  ,  on  barre  les 
rivières  dans  toute  leur  largeur,  et  on  arrête  ainsi  la  presque 
totalité  du  poisson  qui  les  remonte. 

Il  y  avoit  en  France  ,  avant  la  révolution  ,  plusieurs  de  ces 
pêcheries  privilégiées,  qui  procuroient  de  grands  revenus  à 
leurs  propriétaires  ,  et  qui  empêchoient  les  pêcheurs  qui  se 
trouvoient  plus  haut  de  profiter  des  bienfaits  de  la  nature, 
puisqu'aucun  saumon  ne  pouvoit  passer  au-delà.  Les  deux 
plus  célèbres  de  ces  établissemens  étoient  ceux  de  Châ- 
teaulin  ,  sur  une  petite  rivière  de  la  Bretagne ,  et  de  Pont-' 
du-Château,  sur  l'Allier.  Décrire  l'une  de  ces  pêcheries, 
c'est  faire  connoître  toutes  les  autres,  qui  n'en  dllfèrentque 
fort  peu. 

A  Châteaulin  donc  ,  on  avoit  établi  deux  rangs  de  pieux 
enfoncés  à  refus  de  moutons  ,  consolidés  par  des  traverses  , 
et  assez  rapprochés  pour  empêcher  les  saumons  de  passer. 
Derrière  celte  estacade,  on  avoit  placé  ,  au  plus  fort  du  cou- 
rant et  près  de  la  surface ,  une  espèce  de  coffre  de  quinze 
pieds  carrés  ,  fait  en  grillage ,  et  pourvu  d'un  trou  garni 
en  dedans  de  feuilles  de  fer  blanc  triangulaires,  légèrement 
recourbées  et  convergentes  par  leurs  pointes.  Les  saumons, 
arrivés  à  la  chaussée  et  ne  pouvant  continuer  leur  route  , 
cherchoient  un  passage  ,  trouvoient  le  trou  et  entroient  dans 
le  coffre,  ce  que  les  feuilles  de  fer  blanc  leur  permettoient 
facilement  de  faire  par  leur  flexibilité  ;  mais  une  fois  qu'ils  v 
étoient,  ils  n'en  pouvoient  plus  sortir.  D-e  temps  en  temps  on 
alloit  visiter  la  caisse,  et  on  faisoit  passer  ceux  qui  s'y  trou- 
voient, dans  un  petit  réservoir  d'où  on  les  enlevoit  avec  des 
troubles. 

Quand  les  saumons  se  suivoient  de  loin,  ils  se  rendoient 
tous  successivement  dans  le  coffre;  quand  ils  arrivoient  en 
troupes,  il  en  étoit  quelques-uns  qui  s'échappoient;  mais 
dans  les  bonnes  années,  la  pêche  étoit  un  objet  d'une 
très-grande  importance.  Elle  duroit  régulièrement  six  mois, 
c'est-à-dire,  depuis  octobre  jusqu'en  avril,  et  sont  fort  étoit 
en  janvier.  Lorsqu'elle  étoit  terminée,  on  ouvroit  la  rivière 
pour  donner  la  facilité  à  ceux  qui  avoient  échappé  de  re- 
tourner à  la  mer. 

La  quantité  de  saumons  que  l'on  prend,  est,  dans  un  grand 
nombre  d'endroits  ,  beaucoup  plus  considérable  qu'il  ne  faut 
pour  la  consommation  journalière  ;  en  conséquence ,  on  les 
sale,  on  les  sèche,  on  les  fume  ou  on  les  marine  pour  pouvoir 
les  conserver  et  les  envoyer  au  loin.  Chaque  pays  a  sa  pratique- 
particulière.  En  général,  lorsqu'on  veut  les  saler,  on  les  vide, 
on  les  coupe  par  tranches  que  l'on  lave  dans  l'eau,  et  qu'en- 
suite on  met  pendant  quelque  tejnps  daus  une  sauwure»  un 


356  s  A  TT 

mois  par  exemple  ;  après  quoi  on  les  ôte,  on  les  fait  égouiler, 
et  on  les  remet  dans  des  barils,  avec  du  nouveau  sel,  où  ils 
resteul  jusqu'au  moment  de  la  consommation. 

Pour  les  fumer,  on  les  fend  dans  leur  longueur,  on  les  vide, 
on  leur  ôte  l'épine  du  dos, on  les  met  pendant  quelques  jours 
dans  la  saumure,  ensuite  on  les  expose  à  la  fumée  dans  des 
chambres  faites  exprès,  et  où  ils  sont  suspendus  par  la  queue 
à  des  perches.  11  faut  plus  ou  moins  de  temps  pour  faire  cette 
opération  ,  d'après  la  perfection  des  moyens  qu  on  emploie. 
C'est  le  bois  de  hêtre  qu'on  doit  préférer,  lorsqu'on  le  peut, 
parce  que  c'est  celui  qui  contient  davantage  de  cet  acide  appelé 
pyro-ligneux^  qui  concourt  de  plus  à  la  bonne  conservation  des 
substances  animales  qui  en  sont  imprégnées.  Les  poissons  qui 
sont  d'une  taille  moyenne,  doivent  être  préférés  pour  subir 
cette  opération. 

Il  en  est  de  même  des  saumons  sèches  que  l'on  se  contente 
d'exposer  à  l'air,  après  leur  avoir  fait  prendre  un  peu  de  sel 
par  un  séjour  de  quelques  jours  dans  la  saumure  ;  mais  ce  n'est 
guère  qu'en  Laponie,  en  Amérique  et  dans  le  Kamtschatcka 
qu  on  les  prépare  ainsi. 

La  meilleure  manière  de  conserver  le  saumon,  mais  aussi 
celle  qui  est  la  plus  coûteuse,  et  qui  le  conserve  le  moins,  est 
de  le  mariner.  Pour  cela,  après  l'avoir  vidé,  coupé  en  tran- 
ches et  bien  lavé,  on  le  fait  cuire,  soit  sur  le  gril,  soit  dans  un 
four,  soit  dans  l'eau  salée;  ensuite  on  le  met  dans  de  petits 
harils,  elr  on  le  stratifié  avec  des  feuilles  de  laurier,  de  thym, 
de  romarin ,  etc.  ;  puis  on  remplit  les  barils  de  bon  vinaigre 
qu'on  a  fait  bouillir,  et  dans  lequel  on  a  mis  des  épices.  Le 
poisson,  ainsi  déposé,  est  presque  aussi  bon  et  même  meil- 
leur, selon  quelques  personnes,  au  bout  de  si,\  mois  que  lors- 
qu'il étoit  frais;  mais  souvent  aussi  il  se  gâte  sans  qu'on  puisse 
savoir  pourquoi. 

Du  saumon,  d'abord  préparé  ainsi,  et  retiré  de  la  marinade 
au  bout  d'un  mois  pour  être  mis  à  sec  dans  des  vases  de  grès, 
et  recouvert  de  saindoux  ,  ou  de  beurre  ,  ou  d'huile  d'olive  , 
se  conserve  bien  plus  long -temps  et  bien  plus  certainement, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré.  J'ignore  pourquoi  on  n'emploie 
pas  géné.-diement  ce  dernier  moyen  ,  que  je  ne  saurois  trop 
recomininder  aux  amateurs  de  poisson,  pour  une  grande 
quantité  d'espèces  ,  et  qui  semble  n'avoir  contre  lui  que  le 
haut  prix  des  matériaux  et  de  la  main-d'œuvre. 

Une  des  précautions  les  plus  importantes  à  prendre  dans 
ces  deux  dernières  méthodes ,  c'est  que  la  chair  du  saumon 
n'ait  pas  le  contact  de  l'air,  et  qu'elle  ne  soit  pas  exposée  à 
des  variations  de  température  trop  considérables;  en  consé- 
quenccjilfautla  renfermer  avec  le  plus  d'exactitude  possible, 


^^  A  Ù  ,57 

et  la  laisser  constamment  dans  une  bonne  cave.  Un  haut  de- 
gré de  chaleur  est  ce  qu'ils  ont  le  plus  à  redouter. 

La  chair  du  saumon  est  rougeâlre,  épaisse,  tendre,  lamel 
leuse,  d  un  goût  excellent.  Elle  est  généralement  estimée- 
aussi  son  d^bit  est-il  sûr.  Cependant  elle  n'est  pas  également 
bonne  dans  tous  les  pays  ni  dans  toutes  les  saisons.  Les  eaux 
et  d  autres  causes  influent  beaucoup  sur  sa  qualité.  Généra 
lement  c  est  au  printemps  ,  un  peu  avant  le  frai ,  qu'elle  jouit 
de  toute  la  perfection  le  sa  saveur,  c'est-à-dire  qu'elle  est 
la  plus  grasse;  mais  c'est  aussi  alors  qu'elle  eât  la  plus  in- 
digeste,  quelle  convient  le   moins  aux  estomacs    délicats 

Un  peut  la  conserver  fraîche  pendant  des  mois  entiers,  et 
la  transportera  des  distances  considérables  du  lieu  de  la  pêche, 
pour  peu  que  la  chaleur  ne  soit  pas  trop  forte.  Elle  gagne 
même  toujours  à  être  attendue.     "^  "^  &  ^"^ 

Les  manières  de  faire  cuire  et  d'assaisonner  le  saumon  ne 

7rZiSaC^r  ''  '''-''  -'''-  "  '-'"'-^  ^"'-  -  '^^- 

Ordinairement  on  le  coupe  en  tranches,  on  le  fait  mariner 
avec  un  peu  d'huile  ou  de  beurre,  e^  du  sel  et  du  poivre  et 
on  le  fait  cmre  sur  le  gril,  en  l'arrosant  de  sa  marinade:  en- 
suite on  le  sert  avec  une  sauce  grasse  ou  maigre 

Souvent  aussi  on  le  fait  cuire,  après  l'avoir  coupé  en  tran- 
ches et  écaille,  dans  un  court-bouillon  composé  de  vin  blanc 
de  bouillon  maigre,  racines,  ognons,  bouquet  de  fines  herbes' 
sel,  poivre  et  beurre,  et  on  le  sert  pour  entrée ,  comme  cil 
dessus,  avec  une  sauce  grasse  ou  maigre;  ou  pour  rôt,  à  sec, 
sur  une  serviette,  avec  du  persil  autour. 

Le  saumon  mariné  n'a  besoin  que  d'être  mis  un  instant 
dans  de  1  eau  bomllante  ou  dans  un  court-bouillon,  pour  être 
propre  a  être  servi  comme  le  frais. 

Quant  au  saumon  fumé  ou  salé,  on  le  fait  ramollir  ou  des- 
saler en  le  mettant  tremper  vingt-quatre  heures  dans  l'eau 
iraiche,  et  ensuite  on  le  fait  cuire  dans  l'eau  simple,  et  on  le 
sert  avec  des  sauces  grasses  ou  maigres,  préparées  séparément 

Le  morceau  le  plus  estimé  du  saumon,  est  la  hure,et  ensuite 
le  ventre. 

On  a  fréquemment  confondu  hs  saumons  véritables  avec 
d  autres  poissons  du  même  genre  ,  tels  que  le  SaLmone  sa- 
LARE,  le  SalMone  fario,  etc. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  la  cause  qui  rend  les  saumonâ 
becards,  c  est- à-dire,  qui  fait  recourber  la  mâchoire  infé- 
rieure ;  mais  il  ne  faut  pas  Confondre  cette  variété  avec  lé 
ijALMONE  iLLANKEN  qu'on  pêche  dans  le  lac  de  Constance  et 
qui  a  toujours  la  mâchoire  recourbée. 

Le  roi  des  saumons  est  une  espèce  de  Thuitb  qtic  l'ôit 


XXX, 


258  S  A  U 

prend  quelquefois  avec  eux,  et  que  les  pêcheurs  supposent 
être  leur  conducteur,  (b.) 

SAUMONEAU.  C'est  le  Saumon  qui  n'a  pas  encore 
acquis  toute  sa  croissance,  (b.) 

SAUMONELLE.  On  donne  ce  nom,  dans  quelques 
ports  de  mer,  aux  petits  poissons,  n'importe  l'espèce  ,  dont 
on  se  sert  comme  d'appât  pour  la  pêche  à  la  ligne,  (b.) 

SAUMURE.  On  donne  quelquefois  ce  nom  à  la  Muire 
ou  Mûrie,  qui  est  l'eau  saturée  de  sel  qu'on  fait  évaporer 
pour  en  retirer  le  sel  marin  dans  nos  salines.  (PAT.) 

SAUPE.  Poisson  du  genre  Spare.  (b.) 

SAUQUÉNE.  On  donne  ce  nom,  sur  les  côtes  de  la  Mé- 
diterranée ,   au  jeune  Spare  dorade,  (b.) 

SAURAJE,  Sauraja.  Arbre  de  l'Amérique  méridionale  , 
à  feuilles  alternes,  obovales,  velues,  à  fleurs  disposées  en 
panicule  axillaire  ,  velues  ,  lequel  constitue  un  genre  dans  la 
polyandrie  pentagynie  et  dans  la  famille  des  tiliacées,  ou 
mieux  des  ternstromiées.  Ses  caractères  sont  :  calice  à  cinq 
divisions  obtuses;  corolle  en  roue, à  cinq  divisions  arrondies; 
étamines  courtes  ,  velues  à  leur  base,  insérées  sur  la  corolle  ; 
ovaire  supérieur,  pentagone,  à  cinq  styles  persistans;  cap- 
sule à  cinq  loges  et  cinq  valves  renfermant  un  grand  nombre 
de  semences  lentiformes,  attachées  à  un  placenta  pentagone, 
et  noyées  dans  un  mucilage. 

Voyez  pi.  4.  du  troisième  volume  des  nouveaux  Mémoires 
des  Curieux  de  la  nature  de  Berlin  où  il  est  figuré. 

Il  paroît  que  le  genre  ScAPHE  doit  être  réuni  à  celui-ci.  (B.) 

SAURE,  Sauras.  Sous-genre  introduit  par  Cuvier  parmi 
les  SALMOïiES.Ses  caractères  sont  :  museau  court;bouche  très- 
fendue  ;  beaucoup  de  dents  très-pointues,  excepté  sur  le  vo- 
mer;  de  huit  à  quinze  rayons  aux  ouïes. 

Le  Sâlmone  SAURE  sert  de  type  à  ce  genre,  qui  contient 
plusieurs  espèces,  (b.) 

SAURELLE.  C'est  le  Caraî^x  trachure,  (b.) 

SAURIARIA.  L'un  des  noms  latins  anciens  du  Dracun- 

CULUS.  (LN.)  .      . 

SAURIENS.  Alexandre  Brongniart  a  appelé  amsi  une 
des  quatre  divisions  qu'il  a  établies  parmi  les  reptiles  (  V .  au 
mot  Erpétologie).  Cette  division  comprend  la  famille  des 
lézards  ou  le  genre  laceria  de  Linnseus,  moins  les  salamandres. 
Elle  oftre  pour  caractères  communs  :  des  pattes  ;  des  dents 
enchâssées  ;  un  corps  couvert  d'écailles.  Elle  renferme  neuf 
genres  ;  savoir  :  Crocodile  ,  Iguane  ,  Dragon  ,  Stellion, 
CÎECKo;  Caméléon,  Lézard,  Scinque  et  Chalcide.  F.  ces 
mots  et  ceux  Sheltopusick,  Agame,  Dragcne,  TupinaMt 
BIS,  Takidrome  ,  Basilic  et  Anous  ,  introduits  depuis. 


s   A  U  aSg 

Les  sauriens  ont,  pour  la  plupart,  les  pattes  assez  hautes  et 
assez  fortes,  pour  que  le  ventre  soit  élevé  au-dessus  de  la  terre 
dans  la  marche  ;  leurs  doigts  sont  presque  toujours  garnis 
d'ongles  ,  et  ils  ont  tous  une  queue  souvent  fort  longue.  Leurs 
os  sont  plus  solides,  et  leur  si|uelette  Jse  rapproche  davantage 
de  celui  des  mammifères.  Les  branches  de  leur  ntiâchoire  in- 
férieure sont  osseuses  e(  soudées  antérieurement.  Leurs  dents 
sont  droites  et  sortent  beaucoup  hors  des  gencives.  Ils  ont  un 
larynx;  un  os  hyoïde;  une  trachée  artère  à  anneaux  cartila- 
gineux; des  côtes  nombreuses,  longues  et  arquées,  qui  vien- 
nent se  joindre  en  avant  de  la  poitrine,  sur  un  sternum.  Leur 
cœur  a  deux  oreillettes.  Ils  se  fécondent  réellement.  La  verge 
du  mâle  est  simple.  Leurs  œufs,  pondus  à  terre,  sont  enve- 
loppés d'une  coquille  ordinairement  solide.  Les  petits  sortent 
de  lœuf  organisés  comme  leurs  parens. 

Ces  reptiles  paroissent  plus  actifs  que  les  autres  ;  ils  n'ha- 
bitent guère  que  les  pays  chauds  et  très- tempérés,  et  vivent 
plutôt  à  te  re  que  dans  l'eau.  Ils  ne  se  nourrissent  que  de 
matières  animales. 

On  trouve  dans  le  dix-neuvième  volume  des  Annales  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  une  très-importante 
dissertation  de  Camper  sur  les  ossemens  fossiles  de  celte  fa- 
mille ,  qui  ont  été  trouvés  dans  la  montagne  de  Saint-Pierre 
de  Maastricht,  (b.) 

SAURITE,  Nom  spécifique  d'une  couleuvre,  (b.) 
,    SAUKITIS.  L'un  des  noms  anciens  de  TAnagalli^,  se- 
lon Diosroride.  (ln.) 

SAURITIS.  Pierre  qu'on  Irouvoit  dans  l'intérieur  du 
corps  du  lézard  vert.  On  Tenlevoit  en  fendant  le  ventre 
du  lézard  avec  un  jonc,  ou  roseau;  c'étolt  sans  doute  un  cal- 
cul,ou  bien  une  pierre  artificielle  que  les  charlatans  faisoient 
voir,  (ln.) 

SAUROTHERA.  Nom  tiré  du  grec,  et  générique  du 
Tacco.  F.  ce  mot.  (v.) 
SAURURE.  K.  Lezardelle.  (b.) 

SAURURUS.  Queue  de  lézard,  en  grec.  Plumier  avoit 
donné  ce  nom  aux  espèces  de  yoo/tvg  qu'il  a  observées  en  Amé- 
rique, à  cause  de  la  forme  de  leur  chaton.  Linnœus  les  avoit 
d'abord  distinguées  ;  mais  depuis  ,  il  les  a  réunies  au  pipêr\ 
maintenant  la  plupart  rentrent  dans  le  genre  Lacisetma.  (ln.) 
SAUSARAl  {Anas  alexanrlrinu)^  Lalh.  Ordre  dés  pal- 
mipèdes, genre  du  canard,  famille  des  sarcelles.  F.  ces  mots. 
Forskaël  qui  a  vu  cette  sarcelle  à  Alexandrie  ,  nous  apprend 
que  son  nom  arabe  est  iausurai  ^  qu'elle  a  lé  cbii  cendré  et 
rayé  de  petits  croissans  blancs;  le  ventre  blahchâlre  sans 
taches  ;  le  bec  et  lé  bas-ventre  noirs  ;  les  pieds  d'un  cendr<* 
jaunâtre,  et  les  membranes  des  doigts  brunes,  (v.) 


a6o  S  A  n 

SAUSSURÉE ,  Saussurea.  Genre  de  plantes  établi  par 
DecandoUe  pour  placer  quelques  Sarrettes  qui  ne  convien- 
nent pas  complètement  à  ce  dernier.  Il  offre  pour  caractères  : 
un  involucre  non  épineux ,  à  écailles  extérieures  aiguës  et  in- 
térieures obtuses  ;  une  aigrette  composée  de  poils  plumeux, 
les  extérieurs  très-courts  et  les  intérieurs  longs. 

Quatre  belles  espèces  de  ce  genre  sont  figurées  pi.  lo  ,  ii, 
12  et  i3  du  seizième  volume  des  Annales  du  Muséum. 

La  Sjvussuree  amere  constitue  aujourd'hui  le  genre 
Théodorée,  (b.) 

SAUSSURIE ,  Samsuria.  Genre  établi  par  Moench  pour 
placer  les  Chataires  à  feuilles  découpées  et  dont  le  calice, 
après  la  floraison  ,  est  fermé  par  des  poils.  Ce  genre  n'a  pas 
été  adopté  par  les  botanistes,  (b.) 

SAUSSURITE.  Théodore  de  Saussure  et  Karslen,  ont 
donné  ce  nom  au  Jade  tenace,  (ln.) 

SAUSTEIN.  Synonyme  allemand  de  StinsKtein.  V.  ce 
mot.  (ln.) 

SAUTERELLE,  Locusla.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
orthoptères,  famille  des  sauteurs,  tribu  des  locustaires,  dis- 
tingué de  tous  les  autres  genres  du  même  ordre  par  le  nom- 
bre quatre  des  articles  des  tarses. 

Les  sauterelles  ont  deux  antennes  très-longues,  sétacées,  «i 
articles  nombreux,  courts,  peu  distincts;  quatre  palpes  iné- 
gaux ,  les  antérieurs  de  cinq  articles,  les  postérieurs  de  trois  ; 
une  lèvre  supérieure,  grande,  presque  circulaire  en  devant  ; 
Une  lèvre  inférieure,  à  quatre  divisions,  dont  celles  du  milieu 
fort  petites  ;  une  tête  grande  ,  verticale  ;  deux  yeux  petits  , 
ronds  ;  deux  à  trois  petits  yeux  lisses,  peu  apparens  ;  un  cor- 
selet comprimé  sur  les  côtés,  plan  en  dessus,  sans  écusson  ; 
les  élytres  inclinées^  dont  le  bord  est  spéculifère  ou  scarieux 
et  transparent  à  la  base  dans  les  mâles;  l'abdomen  terminé 
par  une  queue  tranchante  dans  les  femelles;  les  pattes  pro- 
pres pour  sauter ,  dont  les  antérieures  paroissent  naître  de 
dessous  la  tête ,  et  les  postérieures  très-grandes  ,  à  cuisses 
fort  rendées;  les  tarses  à  pénultième  article  bilobé ,  sans 
pelote  entre  les  crochets.  Quelques  espèces  sont  aptères. 

Les  sauterelles  que  Linnseus  a  placées  dans  son  genre  gijl' 
lus,  ont  quelque  ressemblance  avec  les  criquets;  mais  les  ca- 
ractères qui  les  distinguent  de  ces  insectes,  sont  leurs  tarses 
de  quatre  articles,  et  leurs  antennes  longues,  sétacées  et 
formées  d'un  très-grand  nombre  d'articles  peu  distincts.  Les 
criquets  n'ont  que  trois  articles  aux  tarses  ;  les  antennes  sont 
courtes,  filiformes  ou  renflées  à  l'extrémité,  de  douze  à 
vingt  articles  perceptibles. 

Ces  insectes, qu'on  trouve  fréquemment  dans  les  prairies , 


s  A  U  261 

sautent  assez  loin,  à  l'aide  de  leurs  pâlies  postérieures  qui 
sont  beaucoup  plus  longues  que  les  autres.  Les  mâles  font 
entendre  un  bruit  plus  ou  moins  fort,  qu'on  appelle  commu- 
nément le  chant  des  sauterelles;  il  est  toujours  produit  par  le 
frottement  des  élytres  l'une  contre  l'autre,  à  cette  partie  sca- 
rieuse,  décolorée,  spéculifère  ou  porte-miroir  qui  se  voit  à  la 
base  du  côté  interne. 

Les  femelles  déposent  leurs  œufs  dans  la  terre  ;  elles  en 
pondent  une  assez  grande  quantité  à  la  fois,  rassemblés  dans 
u.ne  membrane  mince.  Les  larves  qui  sortent  de  ces  œufs  ne 
diffèrent  de  l'insecte  parfait  que  parce  qu'elles  n'ont  ni  ély- 
tres ni  ailes.  Parvenues  à  l'état  de  nymphes,  elles  ont  ces  or- 
ganes renfermés  dans  des  espèces  de  boutons  placés  sur  leur 
dos;  mais,  comme  tous  les  autres  insectes,  elles  ne  sont 
propres  à  se  reproduire  qu'après  l'entier  développement  de 
ces  parties,  et  ce  développement  n'a  lieu  que  lorsqu'elles 
quitlent  leurs  dépouilles  de  nymphes. 

Sons  leurs  différentes  formes,  les  sauterelles  se  nourrissent 
d'herbes  et  de  plantes,  et  mangent  beaucoup  :  une  observation 
de  Degéer  prouve  qu'elles  sont  carnassières  quand  elles  en 
trouvent  l'occasion.  Cet  auteur  ayant  renfermé  ensemble 
plusieurs  sauterelles  ronge-verrues ,  une  d'elles ,  qui  mourut  , 
fut  dévorée  par  les  autres  ;  mais  jusqu'à  présent  on  ne  les  a 
point  vues  s'entre-tuer  pour  se  manger. 

Ces  insectes,  qui  ont  la  faculté  de  sauter  à  une  assez  grande 
distance,  volent  aussi  quelquefois  fort  haut  et  très-loin.  Ceux 
qui  sont  étrangers  à  l'Europe  ont  des  formes  singulières  ; 
leurs  élytres  ressemblent  aux  feuilles  de  différens  arbres. 

Dans  un  temps  où  l'histoire  naturelle  des  insectes  étoit  à 
son  enfance,  où  on  n'avoit  pas  encore  fait  de  distinction  de 
criquets  et  de  sauterelles  ,  les  voyageurs  et  les  historiens  du- 
rent mettre  vaguement  sur  le  compte  de  ces  derniers  insectes 
beaucoup  de  faits  qui  n'appartenoient  qu'aux  premiers.  C'est 
pour  cela  qu'en  traitant  de  ceux  -  ci ,  nous  avons  renvoyé  k 
l'article  Sauterelle.  Nous  verrons  plus  bas  que  ces  préten- 
dues sauterelles  qui  ont  fait  tant  de  ravages ,  que  celles  dont 
se  nourrissent  certains  peuples,  ne  sont  que  des  criquets.  Je 
ne  prétends  pas  dire  néanmoins  que  les  sauterelles  ne  soient 
nuisibles  et  qu'elles  ne  puissent,  dans  quelques  circonstances, 
produire  autant  de  mal  que  les  criquets  ;  mais  je  m'attache 
aux  faits  ,  et  tous  ceux  qui  me  sont  connus  tombent  sur  ces 
derniers  animaux.  On  est  donc  prévenu  qu'il  faut  substituer, 
dans  ce  que  je  vais  raconter,  le  mot  de  criquet  à  celui  de  sau- 
terelle, dont  je  me  servirai  avec  les  divers  historiens. 

Les  pays  orientaux  sont  exposés  plus  fréquemment  que 
d'autres  aux  ravages  de  ces  insectes.  Ils  arrivent  en  corps 


26-4  S  A   TJ 

d'armée  innombrable,  de  manière  qu'ils  cachent  la  lumière 
de  l'astre  du  jonr^  comme  le  pourroit  faire  un  nuage  des  plus 
considérables.  I!  n'y  a  pas  ici  d'exagération  ;  tous  les  lémoi- 
enages  sont  unanimes  à  cet  égard.  Ils  dépouillenl  la  campagne 
d  sa  verdure,  et  la  rendent  presque  nue.  Les  sauterelles  quit- 
tent de  temps  en  temps  la  Tartarie,  l'Arabie  ,  lieux  de  leur 
berceau,  se  rassemblent  par  essaims,  cmigrenl  et  viennent 
porter  la  désolation  et  la  misère  jusque  dansl'Europe.  Un  vent 
d'est  favorise  ordinairement  le  vol  de  ces  armées  composées 
d'un  nombre  incalculable  d'individus.  Malheur  à  la  contrée 
où  elles  se  reposent  des  fatigues  de  leur  voyage,  celle  qui  voit 
terminer  une  de  leurs  journées,  qu'on  estime  être  de  dix 
lieues!  L'agitalion  de  leurs  ailes  produit  un  bruit  sourd  qui 
se  fait  entendre  au  loin  et  annonce  l'approche  de  ce  fléau  ;  le 
soleil  en  est  obscurci.  A  son  coucher,  ces  insectes  pleuvent 
comme  une  averse.  Bientôt  il  ne  reste  plus  sur  la  terre,  et 
dans  un  espace  de  quelques  lieues,  une  seule  feuille,  un  seul 
brin  d'herbe.  Les  arbres  se  brisent  sous  leur  poids.  La  plus 
belle  campagne  n'est  plus  qu'un  triste  désert  ;  la  faiin  et  la 
peste  sont  à  leur  suite.  Viennent-elles  à  périr  subitement , 
l'air  est  empoisonné  par  linfertion  que  répandent  leurs 
cadavres  pourris  ;  il  succède  des  maladies  épidémiques , 
une  sorte  de  peste,  qui  enlèvent  avec  la  famine,  des 
rnilliers  de  personnes.  L'île  de  Formose  éprouve  souvent , 
à  ce  qu'il  paroît ,  les  effets  de  cet  excès  de  calamités,  u  Le 
vaillant  Charles  XII  se  trouvant  en  Bessarabie,  se  crut 
assailli  par  un  ouragan  mêlé  d  une  effroyable  grêle  ,  lors- 
qu'un semblable  nuage  de  sauterelles  vint  subitement  à 
s'abattre  ,  et  couvrant  hommes  et  chevaux,  arrêta  l'armée 
entière  dans  sa  marche.  La  Russie  ,  la  Pologne  et  la  ïlon- 
grie  en  sont  fréquemment  visitées  :  grâce  à  Lieu  ,  l'Alle- 
magne en  a  été  épargnée  depuis  17^9,  année  où  elles  inon- 
dèrent presque  toute  l'Europe.  Toutes  les  feuilles  publiques 
en  parlèrent  alors,  et  nous  pourrions  citer,  d'après  des  papiers 
que  nous  avons  sous  les  yeux ,  une  foule  de  preuves  des  maux 
qu'elles  occasionèrent.  Elles  poussèrent  mênic  leur  marche 
par  dessus  la  mer  Baltique  jusqu'en  Suède.  Il  ne  venoit  de 
toutes  parts  que  lamentations  sur  lamentations,  et  l'on  com- 
paroil  leurs  descentes  de  l'air  à  un  orage  subit,  à  une  grosse 
chute  de  neige,  à  un  ouragan,  et  même  à  un  nuage  de  fumée 
qui  s'étend  avec  rapidité.  Depuis  celte  époque,  on  ne  les  trouve 
plus  qu'isolées  çà  et  là  en  Allemagne  ,  et  c'est  un  grand  bon- 
heur que  la  rudesse  de  notre  climat  ne  soit  pas  favorable  à  leur 
propagation.  La  dernière  fois  qu'elles  nous  rendirent  visite  en 
nombreuses  coloi:nes  ,  elles  commencèrent  par  dévorer  les 
plantes  les  plus  f  nés  ;  ensuite  de  quoi,  la  faim  leur  fit  attaquer 


s  A  U  265 

les  feuilles  et  l'écorce.  Elles  de'vorent  avec  une  vitesse  in- 
,  croyable  ;  mais  elles  peuvent  aussi  jeûner  pendant  fort  long- 
temps. Grundler  observa  le  premier  point  avec  une  grande 
exactitude.  11  mit  de  ces  sauterelles  sous  un  poudrier  de  verre, 
dans  lequel  il  y  avoit  de  l'orge  nouvellement  levée  :  elles  fen- 
dirent d'abord  le  tuyau  en  deux,  dévorèrent  du  haut  jusqu'en 
bas  la  partie  restée  debout,  aussi  promptement  que  si  elle 
leur  entroit  dans  le  corps ,  et  ensuite  elles  consommèrent  la 
partie  que  la  morsure  avoit  fait  tomber  à  côté.  Tout  cela  se 
fit  avec  une  agilité  qu'on  ne  peut  décrire.  Dans  leur  patrie  , 
ce  sont  les  étés  chauds  et  abondans  en  herbe  qui  sont  les  plus 
favorables  à  leur  multiplication,  et  un  temps  serein  et  sec  à 
leurs  voyages  aériens.  Leur  fécondité  est  telle ,  que  dans  les 
endroits  où  elles  s'arrêtent,  l'on  peut  remplir  des  sacs  entiers 
de  leurs  œufs,  et  qu'on  en  a  recueilli  treize  muids  dans  un 
district  d'une  médiocre  étendue.  On  peut  se  faire  une  idée 
bien  plus  frappante  encore  de  leur  fécondité,  d'après  le  pas  - 
sage  de  sauterelles  qui  a  eu  lieu  en  France  dans  l'année  i6i3, 
et  d'après  un  autre  qui  se  fit  du  côté  de  Bontzhida  en  Tran- 
sylvanie ,  en  1780.  Le  premier  avoit  entièrement  moissonné, 
jusqu'à  la  racine,  plus  de  quinze  mille  arpens  de  blé  dans  les 
environs  d'Arles,  et  avoit  même  pénétré  dans  les  granges  e 
les  greniers,  lorsque,  comme  envoyés  par  la  Providence, plur- 
sieurs  centaines  d'oiseaux,  particulièrement  des  étourneaux, 
vinrent  travailler  à  leur  dimipution  ;  et  malgré  cela,  qui  pour- 
roit  n'être  pas  saisi  d'étonnement?  Sur  l'ordre  émané  du  gou- 
vernement, qui  obligeoit  de  ramasser  les  œufs,  on  en  recueillit 
plus  de  trois  mille  mesures ,  de  chacune  desquelles  il  seroit 
éclos  près  de  deux  millions  de  jeunes.  Afin  de  prévenir  les 
suites  effroyables  qui  auroient  pu  résulter  de  l'autre  passage 
de  Bontzhida,  on  commanda  quinze  cents  personnes,  dont 
chacune  devoit  ramasser  plein  un  sac  de  sauterelles,  qui  fu- 
rent partie  écrasées,  partie  brûlées,  partie  enterrées;  et  ce 
nonobstant ,  on  remarqua  peu  de  diminution  jusqu'à  ce  qu'il 
survînt  un  froid  aigu.  Au  printemps  suivant,  il  y  eut  des  mil- 
lions d'œufs  déterrés  et  détruits  par  le  peuple  qu'on  fit  lever 
en  masse  pour  cette  opération ,  et  malgré  tout  cela ,  il  se 
trouvoit  encore  bien  des  places    assez  étendues  où  le  sol 
étoit  couvert    de  jeunes  sauterelles ,   au  point  de  n'en  rien 
laisser  à  nu.  On  se  mit  Jalors,  à  force  de  les  balayer  ,  à  les 
pousser  dans  des  fossés  nouvellement  creusés,  dont  on  avoit 
garni  le  bord  opposé  de  toiles  bien  tendues,  et  où  elles  furent 
écrasées.  »  Bécrcations  tirées  de,  VHistoire  naturelle  ,  Insectes^  tra- 
duct.  franc.  ,  t.  i ,  p.  3o6. 

La  Providence  oppose  ordinairement  un  grand  nombre 
d'ennemis    à  des  insectes  aussi  redoutables.  Un  vent  et  une 


2H  s  A  U 

pluie  froide  ,  une  tempête,  peuvent  en  détruire  des  millions^ 
en  un  instant.  Les  renards,  les  cochons,  les  oiseaux,  les  lé-' 
zards  et  les  grenouilles  en  dévorent  une  grande  quantité.  Ils 
se  font  eux-mêmes  une  guerre  cruelle.  Des  peuples  de  l'Ara- 
bie ,  ceux  de  quelques  autres  contrées  de  l'Orient ,  en  pren- 
nent beaucoup  pour  les  faire  sécher  ,  moudre  ,  et  en  faire 
une  sorte  de  pain,  lorsque  les  récoltesleur  ont  manqué.  On 
les  apporte  à  Bagdad  au  marché ,  et  par-là,  le  prix  ordinaire 
des  autres  viandes  y  baisse  ,  dit-on  ,  sensiblement.  Les  sau- 
terelles ,  à  ce  que  l'on  prétend  encore  ,  ont  un  goût  de  pi- 
geon ;  un  seul  homme  peut  en  manger  deux  cenls  dans  un 
repas.  La  manière  de  les  apprêJer  varie.  Les  Bédouins  de 
l'Egypte  les  font  rôtir  vivantes  sur  des  charbons  ,  et  les  man- 
gent ensuite  avec  plaisir ,  après  leur  avoir  ôté  les  ailes  et 
les  pattes.  On  enlève  aussi ,  du  moins  dans  quelques  en- 
droits ,  les  intestins.  Des  femmes  et  des  enfans  de  quelques 
parties  de  l'Arabie  Heureuse  les  enfilent ,  et  les  vendent  en- 
suite. Des  Arabes  font  rôtir  ces  insectes  et  les  trempent  dans 
du  beurre  ,  et  lorsqu'ils  veulent  pousser  plus  loin  leur  déli- 
catesse, ils  leur  font  éprouver  un  seul  bouillon  dans  l'eau-,  et 
les  font  frire  ensuite  dans  le  beurre.  Les  habitans  de  Maroc 
les  font  sécher  sur  le  toit  ou  terrasse  de  leurs  maisons ,  et 
les  mangent,  soit  fumés,  soit  grillés,  soit  bouillis.  D'au- 
tres peuples  de  la  Barbarie  les  mettent  en  saumure.  Cette 
nourriture,  suivant  Forskaël ,  n'a  pas  grand  goût,  et  si  on  en 
fait  un  trop  grand  usage,  épaissit  le  sang,  et  devient  con- 
traire aux  tempéramens  mélancoliques.  Ce  voyageur  nous 
dit  qu'il  en  rencontroit  des  quantités  infinies  ,  à  chaque  pas  ; 
qu'on  les  chasse  d'un  champ  à  l'autre  ,  par  le  moyen  d'un 
morceau  de  toile  attaché  à  un  long  bâton  ;  que  le  bruit  qu'ils 
font  en  Tair  ,  dans  leur  vol  pa-r  essaim  ,  ressemble  à  celui 
d'une  grande  cataracte  ;  qu'ils  n'attaquent  pas  les  plantes  cé- 
réales parvenues  à  leur  maturité  ,  et  qu'une  espèce  de  grive 
de  ce  pays-là  ,  turdus  gryltwora  ,  en  détruit  jusqu'à  dix  mille 
par  jour.  On  a  débité  que  les  peuples  acridophages  éloient 
sujets,  à  certain  âge  ,  à  une  maladie  extraordinaire,  sa- 
voir :  qu'il  croissoit  à  l'extérieur  de  leur  corps ,  des  mou- 
cherons ailés  qui  leur  dévoroient  peu  à  peu  les  chairs.  Oi| 
sent  toute  l'absurdité  de  cette  fable. 

La  superstition  est  venue  ajouter  ses  malheurs  aux  maux 
que  ces  insectes  entraînent  à  leur  suite.  Les  élyires  de  ces 
criquets  ont  plusieurs  taches  noires.  Les  hommes  ignorans 
ont  cru  y  lire  ,  chacun  en  leur  langue  ,  des  caractères  tracés 
par  un  dieu  en  colère ,  et  annonçant  sa  terrible  vengeance. 
C'est  ainsi  qu'on  achevoit  de  décourager  le  malheureux  cv\- 
tiyateur,  gémissant  de  la  ruine  totale  de  ses  champs. 


s  A  TT  265 

Des  auteurs  épris  du  merveilleux,  ont  attribué  ces  émigra- 
tions aux  rigueurs  des  femelles  de  ces  insectes  pour  leurs 
mâles.  Les  femelles  se  mettant  toutes  k  fuir  ,  les  individus 
de  l'autre  sexe  les  poursuivent  avec  ardeur,  et  de  là  ces  ar- 
mées innombrables  qui  vont  de  plus  loin  en  plus  loin,  depuis 
l'orient  jusqu'au  couchant  de  l'Europe.  Mais,  comme  le  re- 
marque agréablement  l'auteur  des  Récréations  tirées  de  V His- 
toire naturelle  des  Insectes  ,  on  conviendra  que  les  femelles  ont 
une  sévérité  trop  grande ,  que  leur  résistance  n'est  que  de 
pure  parade,  et  qu'elles  auroient  pu  ménager  bien  des  peines 
à  leurs  mâles,  puisqu'elles  finissent ,  après  tout ,  par  se  prê- 
ter à  leurs  volontés  ,  comme  le  prouve  cette  quantité  d'œufs 
qu'elles  déposent.  Le  défaut  de  vivres  est  plutôt  la  cause  de 
ces  funestes  émigrations. 

Quels  sont  maintenant  ces  sauterelles  ,  ou  plutôt  ces  cri- 
quets si  dangereux?  Il  n'y  a  pas  lieu  à  discussion  sur  l'espèce 
qui  a  ravagé  plusieurs  fois  différentes  contrées  de  l'Europe. 
Cette  espèce  est,  d'après  tous  les  témoignages  ,  le  criquet  de 
passage  y  gryllus  migratorius  ^  Linn. ,  Fab.  ;  mais  il  n'est  pas 
aussi  facile  de  dire  quelle  est  l'espèce  dont  les  peuples  de 
l'Orient,  ceux  de  l'Arabie  et  de  la  Barbarie  redoutent  les 
essaims  destructeurs,  et  dont  ils  se  nourrissent.  Des  auteurs 
ont  cru  que  c'étoit  le  criquet  à  crêle^  gryllus cristatus  de  Linnaeus. 
Nous  observerons  à  cet  égard  que  ce  grand  naturaliste  est 
tombé  ici  dans  deux  erreurs  :  i.**  il  réunit  sous  ce  nom  deux 
espèces,  dont  la  i.<^"  est  propre  à  Cayenne,  à  Surinam;  c'est  son 
gryllus  cristatus  ,  décrit  et  figuré  dans  le  premier  volume  des 
Aménités  académiques^  décrit  et  figuré  encore  par  Degéer, 
comme  une  espèce  nouvelle  ,  sous  le  nom  de  criquet  à  ailes 
blanches.  Son  corselet  n'a  pas  de  verrues  ,  et  ses  ailes  ont  un 
fond  bleuâtre.  La  seconde  espèce  est  celle  que  Friscb  a  re- 
présentée tom.  IX,  tab.  i  ,  fig.  i.  Son  corselet  est  verru- 
queux,  et  ses  ailes  ont  un  fond  rouge.  Cet  insecte  ne  semble 
pas  différer  du  gryllus  dux  de  Fabricius  ,  figuré  par  Drury  , 
tom.  2  ,  pi.  4.4-.  Ce  dernier  dit  l'avoir  reçu  de  la  baie  d'Hon- 
duras, Je  présume  aussi  que  cette  seconde  espèce  est  encore 
de  l'Amérique.  J'ai  vu  des  collections  nombreuses  d'insectes 
des  Grqndes-Indes.  J'ai  vu  celles  qu'on  a  rapportées  4»  Le- 
vant ,  et  je  n'y  ai  point  remarqué  cet  insecte. 

Linnaeus  s'est  probablement  trompé  en  indiquant  l'Amé- 
rique ,  l'Arabie  et  l'Asie  ,  pour  patrie  du  criquet  à  crête. 

Je  pense  que  c'es^  le  criquet  de  Tartarie^  qui  se  trouve  dans 
les  Etats  Barbaresqties.  Le  professeur  Desfontaines  l'en  a 
rapporté  ,  et  c'est  p|'ut  -  être  de  cette  espèce  dont  a  parlé 
Shaw  dans  son  voyage,  et  qu'il  dit  servir  de  nourriture  aux 
habitans  du  pays.  L'Italie  et  le  Levant  nous  offwnt 


266  S  A  T^ 

autre  espèce  ,  qui  ne  diffère  presque  en  rien  de  la  précé- 
dente ,  qui  n'en  est  même  peut-être  qu'une  simple  variété, 
le  criquet  linéole  {i)  ,  gryllus  lineola  ^  Fab,  L'arête  du  corselet 
est  plus  prononcée  que  dans  l'autre, d'une  couleur  plus  claire 
que  le  reste  du  fond  ;  les  cuisses  des  pattes  postérieures  ont 
des  traits  ou  des  raies  noirs  ,  et  les  jambes  de  ces  mêmes 
pattes  sont  bleuâtres  ,  et  non  pas  rougeâlres ,  comme  le  cri- 
quet de 'l'ariarie  elle  criquet  égyptien,  àç:  Linnseus  (Mus  i«<^ot\ 
vol.  1  ,  p.  i38  )  ,  observé  par  Hasselquist,  en  Egypte  :  le 
gryllus  gregarins  de  Forskaël,  est  très-voisin  du  premier. 
L'espèce  que  M.  Denon  a  figurée  dans  la  relation  de  son 
voyage  en  Egypte',  se  trouve  aussi  au  Sénégal  et  paroit  être 
distincte  des  précédentes. 

I.   Elytres  de  la  longueur  de  l'abdotneii. 

Sauterelle  feuille  de  citron  ,  Locusta  citrifo'ia ,  Fabr* 
Cette  sauterelle  ,  qui  est  verte  ,  a  environ  un  pouce  et  iemi 
de  long  ,  les  bords  du  corselet  garnis  de  petites  dentelures  , 
les  élytres  du  double  plus  longues  que  l'abdomen  ,  avec  des 
nervures  qui  ressemblent  à  celles  des  feuilles  de  citronnier. 
La  tarière  de  la  femelle  est  recourbée. 
On  la  trouve  à  Cayenne  ,  à  Surinam. 
Sauterelle  feuille  de  camellia  ,  Locusta  camelUfoUa , 
Fab.  Elle  a  la  tête  grande  ,  verte  ;  les  élytres  grandes  ,  con- 
caves ,  arrondies  à  l'extrémité  ,  vertes  ,  avec  des  nervures 
très-marquées  ;  les  ailes  aussi  grandes  que  les  élytres  ,  de  la 
même  couleur. 

On  la  trouve  en  Amérique. 

Sauterelle  verte  ,  Locusta  viridissima  ,  Fab.  ;  la  Saute- 
relle à  coutelas ,  Geoffr.  ;  elle  a  environ  deux  pouces  de  lon- 
gueur ;  tout  le  corps  et  les  élytres  d'un  beau  vert;  les  antennes 
plus  longues  que  le  corps  ;  les  élytres  étroites  ,  plus  longues 
que  l'abdomen  ;  la  tarière  de  la  femelle  est  longue  ,  en  forme 
de  coutelas  aplati. 

Le  mâle  a  ,  au-dessous  de  l'origine  des  élytres  ,  une  large 
ouverture  fermée  par  une  pellicule  mince  ,  qui  lui  sert  à 
produire  le  bruit  qu'il  fait  entendre. 

On-  trouve  cette  sauterelle  en  Europe  ;  elle  est  très-com- 
mune dans  les  prairies. 

Sauterelle  grise  ,  Locusta grisea  ,  Fab,  ;  pi.  P  24.,  i  de 
cet  ouvrage.  Elle  est  brune  ,  avec  les  antennes  jaunâtres  ;  le 


(i)  Cette  espèce  est  figurée  dans  X'^uesli ,   Arc/iiç.  ïas. ,    lab.  64, 

fis-  2. 


s  A  U  267 

corselet  caréné  et  arrondi  postérieurement  ;  les  élytrcs  mé- 
langées de  brun  et  de  cendré  ;  les  ailes  transparentes  ;  les 
pattes  verdâtres  ;  la  femelle  a  une  tarière  en  faux.  Celle  es- 
pèce est  commune  aux  environs  de  Paris. 

Sauterelle  RONGE-VERRUE,  Locusta  venur.wora ,  Fab.  ; 
la  Sauterelle  à  sabre,  Geoffr.  Elle  est  un  peu  moins  grande  que 
la  précédente  ,  mais  plus  grosse  ;  elle  a  les  antennes  plus 
courtes  que  le  corps  ;  les  élytres  vertes  ,  avec  des  taches 
brunes  ;  une  rangée  de  taches  brunes  de  chaque  côté  de  l'ab- 
domen. La  tarière  de  la  femelle  est  d'un  brun  grisâtre,  re- 
courbée en  forme  de  sabre. 

Elle  se  trouve  dans  toute  l'Europe. 

II.   Elylres  sensiblement  plus  courles  que  l'abdomen  ,  ou  très- 
courtes ,    quelquefois  nulles. 

Sauterelle  PORTE-SELLE ,  Locusta  eph'ppigei- ,  Fab.  Cette 
espèce  a  près  d'un  pouce  de  longueur.  Elle  est  d'un  cendré 
jaunâtre  ou  brun  ,  mêlé  de  vert  ;  son  corselet  est  très-élevé 
par-derrière  ,  et  recouvre  deux  élytres  très  courtes  ,  épaisses, 
en  voûte  ,  en  recouvrement  au  côié  interne  ,  et  dont  le  frotte- 
ment de  l'une  contre  l'autre  produit  un  son  aigu,  qui  se  fait 
entendre  d'assez  loin. 

On  trouve  cet  insecte,  sur  la  fin  de  l'été  et  en  automne  . 
dans  les  vignes,  dans  les  bois  du  midi  de  la  France.  Il  habile 
aussi  les  environs  de  Paris,  (l.) 

SAUTERELLE.  Nomque  (ioedartdonne  à  une  espèce  de 
Unthrédine  qui  s'élance,  suivant  lui ,  d'un  lieu  à  un  autre  ,  à 
la  façon  des  saiilerclles  ,  et  dont  la  larve  se  plaît  aux  sommités 
des  ormes,  (l.) 

SAUTERELLE  (cJiasse.)  V.  Répenelle.  (s) 

SATTTERELLE  DE  MER.  Nom  vulgaire  de  la  Squille 
mante.  On  rapplique  aussi  à  d'autres  crustacés.  (B.) 

SAUTERELLE  PUCE.  Swammerdam  nomme  ainsi  la 
Cercope  écumeuse.  (l.) 

SAUTEUR.  C'est  ,  dans  la  traduction  des  voyages  de 
Azara,  le  Jacarinî.  (v.) 

SAUTEUR.  V.  Passevert.  (v.) 

SAUTRUR.  On  donne  ce  nom  à  trois  espèces  de  pois- 
sons :  le  Cyprin  gonorynciie  ,  le  Spare  sauteur  de  Lacé- 
pède,  Perr.a  saltatrix,  Linn.  ,  et  le  PoMATOME  SKlB,  Gasteros- 
teus  sallatrlx  ,    Linn.  (B  ) 

SAUTEUR  A  LA  POITRINE.  C'est  le  gecko  à  tête  plaie, 
qui  se  trouve  à  Madagascar  ,  saule  à  la  poitrine  des  hommes 
qui  l'approchent,  et  s'y  attache  avec  tant  de  force  ,  qu'on  ne 


^G8  S  A   TT 

Î>eul  l'en  séparer  qu'à  l'aide  d'un  instrument  tranchant ,  dit 
e  voyageur  Flaccourt.  F.  l'article  des  Geckos,  (s.) 

SAUTEUR  DES  ROCHERS.  Espèce  d'ANTiLOPE.  V. 
Antilope  Klippspringer.  (s.) 

SAUTEURS  f  Saltatores.  Vicq-d'Azyr  désigne  sous  ce 
nom  un  groupe  de  rongeurs  à  longs  pieds  ,  qui  correspond 
exactement  au  genre  Gerboise.  V.  ce  mot.  (desm.) 

SAUTEURS,  Saltatoria.  Nom  sous  lequel  M.  Cuvier, 
dans  ses  leçons  d'Anaiomie  comparée^  recueillies  par  M.  Du- 
méril,  a  désigné  une  famille  d'insectes,  de  l'ordre  des 
or(hoptères,  ayant  pour  caractères  :  pattes  postérieures  lon- 
gues et  propres  pour  sauter.  J'ai  adopté  cette  coupe  dans  le 
troisième  volume  du  Règne  animal^  par  ]VJ.  Guvier,  Les  or- 
thoptères qui  la  composent  ont  ordinairement  les  élytres  et 
les  ailes  en  toit;  les  mâles,  pour  appeler  leurs  femelles, 
produisent  avec  leurs  ailes  une  stridulation ,  qu'on  a  nommée 
d'une  manière  très-impropre  ,  chant  ;  tantôt  c'est  en  frottant 
avec  rapidité  ,  l'une  contre  l'autre,  une  portion  intérieure  , 
plus  membraneuse,  en  forme  de  talc  ou  de  miroir,  de  chaque 
étui;  tantôt  ils  l'excitent  par  une  action  semblable  et  alter- 
native des  cuisses  postérieures  sur  les  élytres  et  les  ailes  ;  les 
cuisses  faisant  l'effet  d'un  archet  de  violon.  Les  femelles  dé- 
posent leurs  œufs  dans  la  terre. 

Cette  famille  est  divisée  en  trois  tribus  ,  les  GryllOnes  , 
les  AcRYDiENS  et  les  Locustaires.  F.  ces  mots,  (l.) 

SAUVAGEA.  Adanson  nomme  ainsi  le  genre  sauoage- 
sia  ,  Linn.  ;  Iran  ,  Brovvn  ,  Jam.  Ce  genre  doit  être  placé 
auprès  des  violacées,  selon  M.  Auguste  de  Sainl-Hilaire.  (ln.) 
SAUVAGEON.  Jeune  arbre  venu  sans  culture.  S'il 
s'agit  d'arbre  fruitier  ,  c'est  celui  qui  est  venu  de  graine  ,  et 
qui  n'est  pas  greffé.  F.  Arbre,  (d.) 
SAUVAGES.  V.  l'article  Homme,  (virey.) 
SAUVAGES  (ANIMAUX).  Le  jo.ug  que  l'homme  im- 
pose aux  espèces  domesliques,dégrade,  avilit  leur  caractère,©» 
même  modifie  leur  conformation,  en  les  faisant  dégénérer.  F. 
Dégéî^ération.  Qni  sait  à  quel  état  le  bœuf,  le  chien,retour- 
neroient ,  s'ils  étoient  abandonnés  à  la  seule  puissance  de  la 
nature  "?  Toutes  les  variétés  dans  l'espèce  de  la  poule  ,  du 
pigeon  ,  du  chien  ,  s'anéantiroient  progressivement  pour 
retourner  au  type  fondamental  et  naturel.  Elles  repren- 
droîent  leur  pri«)itive  énergie  ,  leur  noblesse  ,  leur  fierté  , 
leur  indépendance,  au  milieu  des  antiques  forêts  et  des  riches 
campagnes.  Leur  instinct  ,  entravé  par  la  contrainte  de 
l'homme  ,  leur  intelligence  comprimée  par  sa  tyrannie,  leurs 
ipembres  asservis  à  ses  volontés ,  se  déploleroient  en  liberté^ 
s'étendrolent ,  sans  crainte  ,  sous  les  seules  lots  de  la  nature  , 


s  A  U  26g 

et  ces  animaux  vivroient  heureux  ,  tranquilleâ  ,  loin  de  noire 
présence  et  de  notre  despotisme. 

Tous  ces  êtres  que  nous  nommons  sauvages,  parce  qu'ils 
nous  fuient ,  ne  trouvent-ils  pas  leur  avantage  à  vivre  seuls? 
S'ils  se  rassemblent ,  c'est  sans  contrainte  ,  c'est  pour  leur 
propre  utilité,  pour  se  mieux  défendre  contre  leurs  ennemis , 
pour  attaquer  avec  plus  d'espérance  de  réussir.  Tantôt  ils 
forment  des  espèces  de  républiques,  comme  les  castors  ,  quel- 
ques oiseaux  troupiales  et  caciques ,  les  abeilles  et  les  fourmis  ; 
tantôt  des  cohues  ,  des  altroupemens  vagabonds,  comme  les 
rats  lémings,  les  campagnols,  les  harengs  ,  les  saumons,  les 
sauterelles  ;  ou  seulement  des  familles  ,  des  sociétés  comme 
les  singes  ,  les  quadrupèdes  ruminans ,  les  vols  ie  grues  ,  de 
cigognes  ,  etc.  Tels  furent  probablement  les  premiers  essais 
de  la  sociabilité  humaine ,  dont  les  hordes  tartares  et  arabes 
et  les  peuplades  américaines  nous  retracent  encore  aujour- 
d'hui l'image. 

Mais  l'espèce  humaine,  à  présent  si  nombreuse  ,  pèse  sur 
tous  les  animaux  ;  elle  détruit  les  uns,  confine  les  autres  dans 
les  déserts ,  opprime  les  espèces  domestiques ,  rend  les  autres 
farouches  et  sauvages ,  tandis  que  dans  ces  contrées  vierges 
que  l'homme  n'a  point  encore  asservies,  les  races  innocentes 
et  pacifiques  se  laissent  approcher  et  même  saisir  sans  dé- 
fiance ,  parce  qu'elles  n'ont  jamais  éprouvé  les  effets  de  sa 
tyrannie.  C'est  ainsi  que  des  oiseaux,  dans  des  îles  désertes  , 
se  laissent  tellement  prendre  à  la  main  ,  ou  assommer  à 
coups  de  bâton  ,  que  les  marins  les  ont  nommés  fous  , 
noddles ,  tant  ces  êtres  ont  de  confiance  et  d'innocence  natu- 
rellement. La  présence  de  l'homme  rompt  l'équilibre  des  êtres, 
en  diminuant  les  uns  et  multipliant  les  autres  pour  ses  avan- 
tages. Les  espèces  les  plus  féroces  elles-mêmes  sont  forcées  de 
fuir  ce  nouveau  dominateur,  et  de  lui  abandonner  le  sceptre 
du  monde  qu'elles  avoient  conquis  avant  lui  par  leur  forq^ 
et  leur  courage.  Elles  succéderoient  à  l'homme ,  si  son  espèce 
étoit  anéantie.* 

Les  mœurs  des  animaux  sauvages  sont  constantes  pour 
l'ordinaire  ;  la  seule  puissance  des  climats ,  des  nourritures  et 
des  sexes ,  en  rompt  l'uniformité.  Les  espèces  les  plus  carni- 
vores sont  les  plus  sauvages,  parce  qu'elles  sentent  leur  force 
et  qu'elles  se  suffisent  à  elles  seules  ;  aussi  la  plupart  sont 
solitaires ,  et  livrent  des  combats  à  tous  ceux  qui  veulent  em- 
piéter sur  le  domaine  qu'elles  se  sont  approprié.  L'aigle  ne 
souffre  pas  l'aigle  dans  son  voisinage  ,  et  le  tigre  combat  le 
tigre  ,  parce  qu'ils  s'enlèvent  mutuellement  une  proie  rare  et 
difficile  à  se  procurer.  Cet  instinct  empêcbe  encore  la  trop 
graad«  multiplication  des  espèces  carnivores.  Mais  les  herbr- 


370  s  A  U 

vores  ,  plus  doux,  plus  tranquilles,  ne  fuient  point  la  pré- 
sence de  leur  espèce  ;  au  contraire  ,  ils  la  recherchent  ,  ils 
vivent  de  compagnie  ,  ils  deviennent  même  susceptibles 
d'amitié  réciproque. 

La  naïve  simplicité  de  la  nature  est  plus  belle  dans  les  ani- 
maux que  les  vains  ornemens  dont  l'homme  les  couvre.  La 
démarche  du  cheval ,  la  fierté  du  chien  ,  la  légèreté  de  la  co- 
lombe ,  sont  plus  franches  ,  plus  libres  lorsqu'ils  sont  aban- 
donnés à  eux-mêmes.  C'est  l'homme  qui  les  déforme  et  les 
mutile  en  voulant  les  orner.  Jauiais  les  brillantes  prisons  qu'il 
leur  prépare  ,  ne  vaudront  pour  eux  les  campagnes  ver- 
doyantes ,  les  monls  sourcilleux  et  les  forêts  antiques  ,  asiles 
éternels  de  leur  indépendance  (virey,) 

SAUVAGES  iNlVIiLEURS.  Paulct  a  donné  ce  nom  à 
une  famille  de  champignons  ,  établie  dans  le  genre  Agaric, 
de  Linnseus  ;  elle  renferme  trois  espèces  ,  le  Champignon  a. 
LOBES,  la  Souris  rose  ei  la  Feuille  morte,  (b.) 

SAUVAGES E,5««fc/g'M«.  Genre  déplantes  delà  pentan- 
driemonogynieetde  la  famille  des  Violettes  (nouvelle  famille 
établie  par  A.deSaint-Hilaire, mais  peu  différente  de  celle  des 
diosmées),dont  les  caractères  consistent  :  en  un  calice  partagé 
en  cinq  foliples  lancéolées,  pointues,  concaves,  ouvertes,  per- 
sistantes; une  corolle  de  cinq  pétales;  cinq  écailles  plus  pe- 
tites et  alternes  avec  les  pétales,  environnés  extérieurement 
de  poils  glanduleux  ;  cinq  étamines  ti  es  courtes  ;  un  ovaire 
supérieur  ovale  ,  à  style  simple  et  à  stigmate  obtus;  une 
capsule  ovale  ,  acuminée  ,  uniloculaire  ,  trivalve  ,  à  bords  des 
valves  courbés  en  dedans. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  alternes,  accom- 
pagnées de  stipules  linéaires  et  ciliées  ,  et  à  (leurs  solitaires 
sur  des  pédoncules  axillaires  On  en  compte  trois  espèces, dont 
la  plus  connue  est  la  Sauvagèsé  adime,  qui  a  la  ligç  très- 
rameuse  ,  et  les  feuilles  ovales  lancéolées.  Elle  est  annuelle  , 
et  se  trouve  à  Cayenne ,  où  on  mange  ses  failles  ,  qui  sont 
mucilagineuses  ,  en  guise  d'cpinards. 

La  Sauvagèse  des  mu-'JTagnes  s'emploie  comme  fébri- 
fuge à  la  Guadeloupe,  (li.) 

SAUVE-GARDE.  Sous-genre  établi  parCuvier,  dans  la 
famille  des  sauriens.  11  renferme  les  Lézards  Teguixin,  Le- 
GARdET  ,  et  auîres  espèces.  Ses  caractères  sont  :  toutes  les 
écailles  petites  et  sans  carène  ;  une  rangée  de  pores  peu 
marqués  sous  ch.sqiie  cuisse;  dents  dentelées,  (b.) 

SAUVEl'EaPiE.  Marbre  qui  forcne  une  jolie  brèche  à 
taches  jau-ae  ■  tit  blanclles  ,  sur  un  fond  noir.  On  le  tire  près 
du  village  Jt  Sauoeterre  ^  dans  le  Gomminge  ,  au  pied  des 
Haules-Py    .ées.  (pat.) 


s   A   V  .;. 

SAUVE' VIE.  Nom  vulgaire  de  la  Doradille  des  murs. 

^  SAVACOU  ,  Cancroma ,  Lalh.  Genre  de  Tordre  des 
EcHASSiERS  et  de  la  famille  des  Latirostres.  V.  ces  mots. 
Caractères  :  Bec  plus  long  que  la  tête  ,  très-large ,  à  bords 
tranchans ,  caréné  en  dessus  et  sillonné  depuis  les  narines 
jusqu'à  la  pointe  ;  mandibule  supérieure  en  forme  de  cuil- 
ler renversée  ,  arrondie  et  garnie  d'un  crochet  à  son  extré- 
mité ;  l'inférieure  membraneuse  dans  le  milieu,  et  terminée 
brusquement  par  une  pointe  aiguë  ;  narines  obliques  ,  longi- 
tudinales, situées  dans  une  rainure  et  couvertes  d'une  mem- 
brane à  demi-voûtée  ;  langue  très-courte  ;  poche  membra- 
neuse sous  la  gorge  ;  lorum  glabre  ;  quatre  doigts  grêles  , 
allongés  ,  trois  devant ,  un  derrière  ;  les  antérieurs  unis  h 
leur  base  par  une  membrane  ;  le  postérieur  articulé  sur  le 
côté  du  tarse  ,  près  de  l'interne,  et  portant  à  terre  sur  toute 
sa  longueur;  ongles  courts,  étroits,  peu  crochus,  pointus  ; 
l'intermédiaire  pectine  sur  son  bord  intérieur;  les  i.^"  et  6.^ 
rémiges  égales  ;  les  2/ ,  3.« ,  4.«  et  5.« ,  les  plus  longues  de 
toutes. 

Le  Savacou  proprement  dit ,  Canrrorna  cochlearia  ,  Lath.  ; 
pi.  P.  17  ,n.*'  3  de  ce  Dictionnaire.  Cet  oiseau  s'éloigne  de 
tous  les  autres  par  la  conformation  de  son  bec ,  large  et  sin- 
gulièrement épaté  ;  cette  large  forme  lui  a  fait  donner  le  sur- 
nom de  cuiller  ;  en  effet ,  ce  sont  deux  cuillers  appliquées 
Tune  contre  l'autre  par  le  côté  concave;  la  mandibule  supé- 
rieure porte  sur  sa  convexité  deux  rainures  profondes,  qui 
parlent  des  narines  et  se  prolongent  de  manière  que  le  milieu 
forme  une  crête  élevée,  qui  se  termine  par  une  petite  pointe 
crochiie  ;  elle  s'emboîte  sur  l'inférieure,  qui  n'est ,  pour  ainsi 
dire,  qu'un  cadre  sur  lequel  est  tendue  la  peau  prolongée  de 
la  gorge  ;  l'une  et  l'autre  sont  tranchantes  par  les  bords  ,  et 
d'une  corne  solide  et  très-dure  ;  ce  bec  a  quatre  pouces  des 
angles  à  la  pointe ,  et  vingt  lignes  dans  la  plus  grande  largeur. 

Le  savacou  habite  les  savanes  noyées  ,  et  se  tient  le  long 
des  rivières  où  la  marée  ne  monte  pas  ;  c'est  là  que,  perché 
sur  les  arbres  aquatiques,  il  attend  le  passage  des  poissons 
dont  il  fait  sa  proie ,  et  sur  lesquels  il  tombe  en  plongeant, 
et  se  relevant  sans  s'arrêter  sur  l'eau-^fc 

Sonnini ,  qui  a  plusieurs  fois  observe  lés  savacous  vivans , 
dit ,  en  parlant  du  savacou  gris  huppé ,  qu'il  a  l'iris  noir,  une 
membrane  qui  sort  de  l'angle  intérieur  de  l'œil  ;  qu'il  peut 
le  couvrir  à  volonté  ;  il  peut  aussi  redresser  les  plumes  longues 
de  la  tête  ,  surtout  lorsqu'il  est  irrité  ;  elles  se  redressent  en 
forme  de  capuchon  ,  et  alors  il  s'élance  avec  fureur  sur  l'objet 
qui  excite  sa  colère     en  frappant  vivement  les  mandibules 


272  S  A  V 

de  son  bec  l'une  contre  l'autre  ,  de  même  que  les  cigognes. 
Barrère  distingue  trois  espèces  de  savacous,  qu'il  nomme  , 
i.o  la  cuiller ,  figurée  pi.  enl. ,  n."  38  ,  sous  le  nom  de  samcou 
de  Cayenne  ;  a.*»  la  cuiller  tachetée  ;  3."»  la  cuiller  brune  ^  figurée 
pi.  enl.  ,  n.°  869  ,  sous  le  nom  de  savacou  huppé  de  Cayenne  ; 
mais  on  a  reconnu  que  ce  ne  sont  que  des  variétés  de  sexe  ou 
d'âge  de  la  même  espèce. 

Le  saoacou  brun  huppé ,  qui  est  regardé  comme  le  mâle ,  est 
a  peu  près  de  la  grosseur  d'une  poule  médiocre  ,  et  a  dix-sept 
pouces  de  long  ;  le  dessus  de  la  tête  noir  ;  cette  couleur  se  pro- 
page sur  le  derrière  du  cou  ;  les  plumes  de  l'occiput  sont  al- 
longées ,  et  forment  une  huppe  assez  grande  dans  certains 
individus  ;  dans  celui  de  la  pi.  enl. ,  n.°  86g  ,  elles  ont  sept  à 
huit  pouces  de  longueur,  tombent  sur  le  dos  ,  et  quelques- 
unes  ont  huit  lignes  de  largeur,  et  sont  fort  petites;  dans  d'au-^ 
très,  ces  plumes  sont  noires,  molles,  sans  consistance  et 
assez  larges  ;  le  bas  du  cou  en  arrière  ,  le  bas  du  dos  et  tout 
le  reste  du  dessus  du  corps  sont  d'un  gris  plus  ou  moins  clair  ; 
le  front,  les  joues,  le  devant  et  les  côtés  blancs;  le  haut  du 
dos  est ,  dans  des  individus  ,  d'un  cendré  foncé  ;  dans  d'autres 
d'un  beau  noir  ;  la  poitrine  et  le  dessous  du  corps  sont  blancs , 
avec  une  plaque  d'un  beau  noir  de  chaque  côté  de  la  poitrine  ; 
le  bord  de  l'aile  est  blanc  ;  les  pennes  et  celles  de  la  queue 
sont  d'un  gris-blanc  ;  la  mandibule  supérieure  est  noirâtre  , 
l'inférieure  blanchâtre  ;  le  bas  des  jambes  et  les  pieds  sont 
d'un  vert  jaunâtre  ;  les  ongles  sont  gris.  Dans  des  savacous  , 
le  gris-roux  domine  sur  le  gris  bleuâtre  dans  le  manteau. 

Le  savacou  gris,  pi.  enl.  n.°  38,  qui  paroît  être  la  femelle,  a 
tout  le  manteau  d'un  gris-blanc  bleuâtre,  avec  une  petite  zone 
noire  sur  le  haut  du  dos  ;  le  dessous  du  corps  est  noir ,  mêlé 
de  roux  ;  le  devant  du  cou  et  le  front  sont  blancs  ;  le  panache 
est  d'un  noir  bleuâtre. 

Un  autre, qu'a  observé  Sonnini,  est  entièrement  roussâtre, 
excepté  la  tête ,  qui  est  noire.  11  soupçonne  que  c'est  une  fe- 
melle ou  un  jeune. 

Le  savacou  tacheté  de  Brisson  ne  diffère  qu'en  ce  que  son 
plumage  est  tacheté  de  brun.  C'est  probablement  un  jeune. 

CesoiseauxsetrouventauBrésil,àlaGuyaneetà  Cayenne. 

(V.) 

SAVALLE.  C'esK  à  la  Martinique,  le  Clupée  cypri- 

NOÏDE.  (B.) 

SAVANA.  V.  le  genre  Tyran,  (v.) 

SAVANES.  On  donne  ce  nom  ,  en  Amérique  ,  aux  prai- 
ries basses  et  marécageuses  qui  sont  au  bord  de  la  mer  ,  et  qui 
servent  de  retraite  à  des  reptiles  dangereux  de  toute  espèce. 
Elles  sont  •rdinairemeqt  couvertes  de  rosemi.x ,  de  palétwîtrs 


s  A    V  273 

et  de  manceniliers  ,  doni  les  fruits  empoisonnent  souvent  les 
poissons  qui  fréquentent  ces  rivages,  (pat.) 

SAVASTANIA.  Scopoii  donne  ce  nom  au  genre  Tibou- 
CHINA  d'Aublet.  (ln.) 

SAVASTÈNE,  Savasiena.  Genre  de  plantes  établi  par 
Schranck  dans  la  famille  des  graminées.  Il  a  pour  carac- 
tères :  un  calice  commun  de  trois  folioles  carénées  et  pres- 
que égales  ,  renfermant  deux  fleurons  ,  mâle  et  femelle  ;  la 
première  ,  à  trois  étamines  libres  ;  et  la  dernière  ,  a  un  ovaire 
surmonté  de  deux  styles. 

Ce  genre  ne  diffère  pas  de  celui  appelé  Hiérochloé  par 
Gmelln,  ÏORÉsiE  par  Ruiz  et  Pavon  ,  et  Disarrhène  par 
Labillardière.  (b.) 

SAVATELLE.  Synonyme  d'EscuDARDE.  (b.) 
SAVETIER.  On  donne  vulgairement  ce  nom  ,  aux  envi- 
rons de  Paris  ,  au  Gastérostée  épinoche,  (b,) 

SAYIE  ,  Savia.  Arbuste  à  feuilles  alternes  pétiolées ,  ova- 
les-oblongues  ,  aiguës,  très-entières  ,  glabres,  à  fleurs  pe- 
tites ,  réunies  dans  les  aisselles  des  feuilles  ,  qui  croît  à  la 
ISouvelle-Espagne,  que  Swarlz  avoit  réuni  aux  Crotons  ,  et 
que  Willdenow  croit  devoir  former  un  genre  dans  la  dioécie 
pentandrie  et  dans  la  famille  destitbymaloïdes,  dont  les  ca- 
ractères sont  :  un  calice  de  cinq  folioles  ;  une  corolle  de  trois 
ou  cinq  pétales;  un  nectaire  charnu  en  ses  bords;  dans  les 
pieds  mâles  ,  trois  ou  cinq  étamines;  dans  les  pieds  femelles, 
un  ovaire  surmonté  de  trois  styles  bifides.  Le  fruit  est  une 
capsule  à  trois  coques  et  à  trois  loges,  (b.) 

SAVI- JALA.  Nom  madegasse  du  Merle  doré,  (v.) 
SAVINA  de  Pline.  V.  Sabika.  (ln.) 
SAVINIER.  Un  des  noms  de  la  Sabine,  (b.) 
SAVKI.  Nom  sibérien  d'unpetlt  Canard  a  bec  bleu,  (v.) 
SAVON  DE   MONTAGNE  ,   Ç  Bergseife  ,    Werner, 
Reuss.  ,  Schlotthelm  ,  Stift. ,   moutaîn-soap  ^  James).    Ma- 
tière argileuse  ,  qui  paroît  intermédiaire  entre  la  lilhomarge 
et  la  pierre  à  foulon.WIedenmann  et  Napione  pensent  qu'elle 
n'est  qu'une  variété  de  cette  dernière  pierre.  Stift  et  Schlot- 
thelm, qui  l'ont  fait  mieux  connoître  que  leurs  prédécesseurs, 
persistent  à  la  séparer  des  autres  espèces  minérales  du  même 
groupe. 

Le  savon  de  montagne  est  en  masse  ,  d'un  noir  de  poix  ou 
brunâtre  ,  avec  des  taches  d'un  jaune  d'ocre  ou  d'un  brun 
enfumé  ,  principalement  dans  les  fissures.  Il  n'a  pas  d'éclat, 
mais  lorsqu'on  le  racle  la  surface  devient  luisante ,  caractère 
qu'il  partage  avec  l'arglle-smectite  et  les  stéatites.  Il  est  doux 
et  gras  au  toucher,  c'est  ce  qui  l'a  fait  comparer  à  du  savon. 
Il  happe  très-fortement  à  la  langue  et  est  très-tendre  et  facile 

XXX.  ï8 


574  S  A  V 

à  casser;  il  laisse  des  traces  sur  le  papier.  Sa  cassure  esl 
terreuse ,  à  grain  fin ,  quelquefois  imparfaitement  conchoïde. 
Il  n'est  pas  très-pesant. 

C'est  en  Pologne,  à  Olkulzk,  dans  la  Gallicie,  que  le  savon 
de  montagne  fut  découvert  ;  mais  depuis  long-temps  ,  on  n'en 
trouve  plus.  On  dit  qu'il  se  rencontre  en  couche  dans  les  ba- 
saltes du  pays  de  Nassau;  et,  en  couche,  immédiatement 
sous  le  sol  ,  avec  la  terre  à  potier  et  l'argile  commune ,  près 
Waltershaus,  en  Thuringe.  Il  existe ,  dit-on,  dans  les  trapps 
de  l'île  de  Skie  ,  en  Ecosse.  Je  crois  que  l'on  confond  ici 
plusieurs  substances  ,  et  j'ai  lieu  de  penser  que  le  savoû 
de  montagne,  qui  se  trouve  dans  le  basalte  et  dans  les  ro- 
ches de  trapp ,  appartient  à  la  substance  que  j'ai  nommée 
céréoîilhe ,  qui ,  aux  caractères  donnés  ci-dessus  (  excepté 
ceux  de  tacher  et  d'être  happant)  ,  joint  ceux-ci  :  d'avoir  la 
fragilité  et  l'aspect  mat  de  la  cire  ,  d'offrir  diverses  couleurs  , 
d'être  très-fusible  en  verre  blanc,  trèsbulleux  ,  qui  se  ré- 
duit en  un  émail  blanc  de  lait  ;  en  outre ,  de  se  dissoudre 
dans  les  acides  sans  faire  gelée  ni  effervescence.  Ses  prin- 
cipes la  rapprochent  des  substances  zéolithiques.  Dans  la 
variété  découverte  auprès  de  Lisbonne  par  Dolomieu  , 
M.  Laugier,  à  qui  j'en  avois  communiqué  des  fragmens  pour 
les  analyser  ,  a  trouvé  : 

Eau ao 

Silice 47'^      • 

Alumine o?^ 

Chaux 12,3 

Fer  oxydé.. 7 

Perte 4,5 

ICO    G 

Je  dois  faire  observer  ici  que  la  céréolithe  desbasalles  a  été 
confondue  avec  la  lithomarge  et  la  stéatite,  pierres  infusibles. 
C'est  près  de  la  première  pierre,  qu'on  rapproche  le  savon  de 
montagne  dans  la  méthode  de  Werner.  Jameson  fait  observer 
qu'on  le  trouve  associé  à  la  lithomarge  et  au  bol  ,  c'est-à- 
dire  ,  à  l'argile  bolaire  ,  et  que  les  peintres  s'en  servent  en 
guise  de  crayon.  M.  Brochant  dit  que  le  savon  de  montagne 
se  rapproche  beaucoup  delà  pierre  de  lard  (ouBildstein 
de  Klaproth  et  Werner)  et  du  schiste  bitumineux.  Le  savon 
de  montagne  ne  se  délaie  point,  ni  ne  mousse  point  dans 
l'eau,  (lt^.) 

SAVON  NATUREL.  On  trouve  à  la  Bomanèche  ,  près 
Mâcon  ,  dans  le  manganèse  oxydé  ,  une  argile  d'une  finesse 
extrême ,  variée  de  rouge  et  de  bleu  grisâtre ,  dont  les  ouvriers 


s  A  V  275 

et  les  paysans  des  environs  se  servent  en  guise  de  savon  pour 
se  raser.  Elle  se  délaye  aisément  dans  l'eau  ,  et  mousse  jus- 
qu'à un  certain  point.  Cette  propriété  lui  fait  donner,  dans  le 
pays,  le  nom  de  suQon.  Elle  ne  happe  point  à  la  langue. 
Elle  est  assez  consistante  pour  se  soutenir  sous  le  tour,  et  on 
peut  en  obtenir  des  vases  de  peu  d'épaisseur,  comme  le 
prouvent  les  essais  faits  par  M.  Arthaud ,  directeur  duMuséu 
des  arts ,  à  Lyon,  (lis.) 

SAVON  DU  VERRE  ou  DES  VERRIERS.  Noi» 
qu'on  a  donné  quelquefois  à  V oxyde  de  manganèse  ,  qu'on  mêle 
dans  la  matière  du  verre  pour  faire  disparoîlre  les  couleurs 
qui  en  altèrent  la  transparence.  V.  Manganèse,  (pat.) 

SAVONETTE.  Arbrisseau  épineux  de  Madagascar,dont 
le  genre  ne  m'est  pas  connu,  (b.) 

SAVONETTE  DE  MER.  Assemblage  de  petites  ves- 
sies de  la  grosseur  d'un  pois  ,  jaunes,  rondes,  formant  des 
boules  pourvues  d'un  pédicule ,  qu'on  rencontre  à  la  surface 
de  la  mer  Atlantique ,  et  dont  les  matelots  font  usage  pour 
se  laver  les  mains. 

Il  est  des  navigateurs  qui  regardent  les  savonettes  de  mer 
comme  appartenant  au  genre  Alcyon  ,  ce  qui  n'est"  rien 
iftoins  que  probable.  On  doit  croire  que  ce  sont  des  mollus- 
ques voisins  du  Béroé  ,  ou  des  œufs  de  Coquillages.  Voyez 
l'article  suivan.t.  (b.) 

SAVONETTE  DE  MER. On  appelle  ainsi,  sur  nos  cô- 
tes ,  des  masses  rondes  d'œufs  de  coquillages  que  la  mer  re- 
jette souvent  sur  ses  bords,  et  qui,  écrasés,  moussent  comme 
le  savon.  V.  au  mot  Coquillage,  (b.) 

SAVONIER,  Sapindus.  Genre  de  plantes  de  l'octandrie 
trigynie,  et  de  la  famille  des  Saponacées,  dont  les  caractè-' 
res  consistent  :  en  un  calice  de  quatre  folioles  colorées  ,  dont 
deux  extérieures;  en  une  corolle  de  quatre  pétales  glanduleux 
à  leur  base;  en  huit  étamines;  en  un  ovaire  supérieur  trian- 
gulaire à  trois  styles  à  stigmate  simple;  en  trois  drupes  bacei- 
formes étroitement  unis,  dont  deux  sont  sujets  à  avorter. 

Ce  genre  renferme  des  arbres  à  feuilles  ailées  ou  ternées, 
et  à  fleurs  disposées  en  panicules  terminales.  On  en  compte 
«ne  quinzaine  d'espèces  ,  qui  croissent  dans  les  parties  les 
plus  chaudes  de  l'Inde  et  de  l'Amérique,  et  dont  le  plus  im- 
portant à  connoître  est  le  Savonier  commun, tiguré  pi.  P.  21 
de  ce  Dictionnaire,  qu'on  trouve  dans  les  Antilles  et  dans  le 
Brésil.  C'est  un  arbre  de  moyenne  grandeur,  dont  les  folio- 
les sont  lancéolées  et  leur  pétiole  cominan  ailé.  On  emploie 
ses  fruits  en  guise  de  savon  pour  laver  le  linge.  Ils  sont  irès-^ 
corrosifs,  et  ont  besoin  d'être  écrasés  dans  une  grande  quan- 
tité d'eau  pour  ne  pas  gâter  le  linge.  On  s,' an  sert  aussi  pour 


276  s  A  X 

endormir  le  poisson,  et  par  ce  moyen  ,  le  prendre  facilement 
avec  la  main,  (b.) 

SAVONIERE.  V.  Saponaire,  (b.) 

SAVORÉE.  Nom  vulgaire  de  la  Sarriète.  (b.) 

SAVORREGIA.  V.  Coniella.  (ln.) 

SAWKI.  Le  canard  à  longue  queue  de  Terre-Neuve 
porte  ce  nom  chez  les  Kamlchadales.  V.  Tarlicle  des  Ca- 

MARDS.  (s.) 

SAXATILES.  On  donne  généralement  ce  nom  à  tous 
les  animaux  et  à  toutes  les  plantes  qui  habitent  de  préfé- 
rence parmi  les  rochers,  dans  les  lieux  pierreux;  mais  on 
l'applique  plus  particulièrement  aux  poissons  de  mer  qu'on 
prend  rarement  au  filet  ,  parce  qu'ils  se  tiennent  constam- 
ment cachés  dans  les  trous  de  rochers,  sous  les  pierres,  etc. 

(B.) 

SAXICAVE,  Saxicaoa.  Genre  de  coquillages  établi  par 
Fleuriau-de  -Bellevue.  Il  offre  pour  caractères  :  une  coquille 
transverse,  inéquilatérale  ,  bâillante,  sans  dents ,  ni  callo- 
sité ,  ni  fossette  ,  et  dont  le  ligament  est  extérieur. 

Ce  genre  contient  cinq  espèces,  dont  une  se  trouve  dans 
les  pierres  aux  environs  de  la  Rochelle,  où  elle  se  creuse  un 
trou  qui  est  ovale  comme  elle  ,  et  que  ,  par  conséquent ,  elle. 
Tîe  peut  augmenter  par  un  mouvement  de  rotation  a  la  ma- 
nière desPnOLADES.  Fleuriau-de-Bellevue  croit  qu'elle  em- 
ploie pour  cela  un  acide  phosphoreux.  Voyez  Rupellaire. 

Cette  coquille  est  plate ,  allongée,  à  valves  contournées 
<'l  à  stries  grossières,  plus  fortes  à  la  partie  antérieure.  Sa 
grandeur  est  d'environ  un  pouce.  Des  quatre  autres,  une  est 
le  mytilus  rugosus^  et  l'autre  le  mylilus  pholadis  de  Linnceus. 
/'.  Moule. (b.) 

SAXIFRAGA.  Peu  de  noms  ont  été  appliqués  à  autant 
de  plantes  différentes  que  celui-ci,  qui  signifie  en  latin  brise- 
pierre.  On  attribue  en  effet  à  ces  diverses  plantes  les  pro- 
priétés de  dissoudre  et  chasser  dehors  les  calculs  de  la  ves- 
sie ,  et  de  provoquer  la  sortie  des  urines. 

Dans  presque  tous  les  exemplaires  anciens  de  Diosco- 
ride ,  il  y  a  un  article  saxiphragon  qui  paroît  apocryphe  , 
c'est-à-dire  surajouté  à  l'exemplaire  original  ;  ce  qui  le  fait 
soupçonner,  c'est  le  titre  de  l'article,  qui  est  plus  latin  que 
grec,  car  Dioscoride  est  dans  l'usage  de  se  servir  d'un  titre 
grec.  Voici  cet  article  : 

«  Les  Grecs  appellent  le  saxiphragon,  sarxiphragon  ou 
sarxiphagon,  et  les  Latins  saxifraga.  C'est  une  herbe  très- 
rameuse  ,  semblable  au  thym  (  dans  quelques  exem- 
plaires on  lit  :  epithymon  au  lieu  de  thymon ,  ce  qui  a  fait 
croire  qu'il  s'agissoit  de  la  cuscute),  et  qui  croît  parmi  les 


s    A     X  .;7 

rochers  et  dans  les  lieux  arides.  Sa  dccoclion  dans  Is 
vin  ,  bue  chaude,  est  fébrifuge.  Celte  plante  sert  à  ceux 
qui  ont  des  rétentions  d'urine  ;  elle  apaise  le  hoquet ,  brise 
les  calculs  et  est  diurétique.  »> 

Galien  nous  apprend  que  Ton  nommoit  saxîfraga  ,  le  beto- 
nica  on  cestron,  notre  betoine  officinale, qui  croissoil  dans  les 
Gaules  ;  c'est  ce  qui  fait  que  Paul  i^ginet  a  pris  le  hetunica 
pour  le  saxijraga. 

Quoique  Pline  fasse  connoître  diverses  plantes  en  usage 
pour  guérir  de  la  pierre  ,  il  ne  donne  à  aucune  le  nom  de 
saxifragu. 

IVIatlhiole  et  Daléchamp  présument  que  le  satureia  Juliana 
est  le  saxiphragon  de  Dioscôride.  Mais  presque  tous  les  bo- 
tanistes qui  les  ont  précédés  ou  suivis  ne  sont  pas  de  la  même 
opinion  ;  beaucoup  d'entre  eux  nomment  saxifraga  ou  saxl- 
fragia ,  notre  Saxifrage  commune  (  Saxifraga  granulala^  L,), 
ou  notre  grand  Boucage  {^Pimpinella  magna')  ,  qui  ne  peu- 
vent être  la  plante  de  Dioscôride,  et  qui  ne. ressemblent 
point  au  Thym.  Le  saxiphragon  nous  est  donc  inconnu.  Les 
botanistes  avant  Linnseus  ont  donné  ce  nom  ,  devenu  (  ol- 
leclif,  à  un  grand  nombre  de  plantes  différentes  ;  et  ce  qu'il 
y  a  de  remarquable,  très-peu  de  ces  plantes  appartiennent 
au  genre  saxifraga  des  bolaiîistes  actuels.  Le  plus  grand  nom- 
bre appartient  à  la  famille  des  ambeilifères.  Les  plus  remar- 
quables sont  les  suivantes  : 

Saxifraga  et  saxifragia^  \e  pimpinella  magna. 

Sax.  altéra  (Lac. ,  Ceesalp. ,  Prosp.  Alp. ,  etc.  )  ,  les  mcli' 
lotus  ojficinalis  ,  aspcrula  cynanchica  ,  saponuria  cretica.  L. ,  etc. 

Sax.  anglica  (Lob.  )  ,  le  scleranthus  annuus.,  L.  On  a  donné 
aussi  ce  nom  à  Vaplianes  arvensis  ,  L. 

Sax.  annua  {'Mons.'),  \es  seseli  ammoîdes  ^   glaucuin.,  çtc. 

Sax.  antiquorum  (  Lob.)  ou  silène  saxifraga .,  L. 

Sax.  aurea  (Dod.  ,  Lob.)  ,  les  chrysosplenium  oppositifolium  ^ 
L.  ou  DORINE. 

Sax.  bavarica  (Rai).  C esvV arenaria  bavarica.  L.  J.  Came- 
rarius  paroît  indiquer  sous  ce  même  nom  le  silène  saxi- 
fraga ,  L.  _     . 

Sax.  cornubia  (^Moris.  ).  C'est  le  ligusticum  cornubiense,  L. 

Sax.  graminea  (  Rai  )  ou  sagina  procumbens ^  L. 

Sax.  hircina  {tioà...,  J.B.,ctc.  ),  pimpinella  ni gra,  Willd.j 
magna.,  L.  ,  etc. 

Sax.  lutea  (  Gesn. ^Yuchs.).  ^xemiples^:  thalicirum  floifum  , 
melilolus  officinalis.     • 

Sax.  magna.  Matthiole  nomme  ainsi  le  silène  saxifraga.  Do- 
donée  et  plusiems  autres  botanistes  emploient  ce  nom  pour 
désigner  \*^  nimpiatUa  magna. 


578  s  A  X 

Sax.  major ,  Lobel  et  Gesner  ;  c'est  la  même  plante  que 
celle  citée  à  l'arlicle  précédent. 

5arr.  7n/«or(Brunsfels.,  Geshan,  Dod.,etc.).  Celte  déno- 
mination a  été  appliquée,  i."  à  diverses  fougères  ,  kVadian- 
iliumcapiUusvcneris^zwL  asplenium  trichomanes ,  aàianthum  ni- 
grum,  ruta  muraria  et  ceterac ;  2.»  à  des  boucages,  pimpinelta  ni- 
grci^  AV.  et  saxifraga  ,  L. 

Sax,.  montana.  Les  scseli  môntanum  et  Vœthusa  liinius  ont 
été  indiqués  sous  cette  dénomination  par  Morison. 

Sax.pannonica  (  Glus.)-  C'est  le  seseli  hippomarathrum  ,  L. 
Sax.  paroa  (  Dod.  ).  C'est  \e  pimpinella  saxifraga.,  L. 
Sc^x.  romanorum  ,  Daléchamp.  C'est  le  sisymhrium  polycera- 
iion.,  Linn. ,   selon  C.  Bauhin  ,  qui  fait  observer  que  Dalé- 
champ figure    pour  cette  plante   la  Dorine  ,  chtysosplenium 
opposiiifoUiim^  Liun. 

Sax.  ruhra  (Tab.,  Brunsfels.).  Exemples  :  asplenium  tricho- 
manes ,  physalis  alkekengi .,  L. ,  et  spirœa  fiUpendula .,  L. 
Sax.  venetorum  (  Lob.  ).  C'est  Vathamantha  cervaria  ,  L. 
Sax.vera  (Matlh.,  Dod.).  C  est  le  satureiajuliana,  espèce 
de  Sarriète. 

Sax.  vulgaris.  Clusius  désigne  ainsi  et  par  50a;.  pimpifella  , 
deux  espèces  de  BoucAGE  (  pimpinella  magna  et  saxifraga  ). 

Le  pimpinella  dioîca  ,  Vathamantha  oreoselinum.  L. , .  le  litho- 
spermum  officinale  L.  ;  le  satureia  montana^  etc.,  etc.,  sont  en- 
core au  nombre  des  anciens  5<2ar//rû!j§'«. 

Le  genre  saxifraga  des  botanistes  modernes  comprend  les 
genres  saxifraga  et  geiim  de  Tournefort,  dont  le  second  con- 
tient les  espèces  à  ovaire  supérieur,  tandis  que  dans  le  pre- 
mier, il  est  semi-inférieur.  Ce  genre  compte  un  grand  nom- 
bre d'espèces, presque  toutes  d'Europe.  De  ces  espèces,  deux 
seules,  les  saxifraga  granulata  et  bulbifera.,  forment  conjoin- 
tement avec  le  chrysospicnium  opposîtifolium.,  le  saxifraga  de  C. 
Bauhin  ,  Pin. ,  et  presque  toutes  les  autres  espèces  rentrent 
dans  ses  cotylédon  et  scdiim.  Medicus  et  Moench  ont  fonde 
leur  genre  sekika  sur  le  saxifraga  stolonifera.  L.  Borkbausen 
le  nomme  diptera.YjC  mcm.e  Moench  rétablit  le  geum  de  Tour- 
nefort, et  il  fait  du  saxifraga  crassifolia  un  genre  qu'il  appelle 
bergenia,  qui  diffère  du  sa t;///iïg'a  par  le  calice  ovale  à  cinq 
divisions  obtuses,  portant  les  étamines,et  par  l'ovaire  entiè- 
rement libre.  V.  Saxifrage.  (Lisf.) 

SAXIFRAGE,  Saxifraga.  Genre  de  plantes  de  la  décan- 
drie  digynie  ,  et  de  la  famille  de  son  nom  ,  dont  les  ca- 
ractères consistent  en  :  un  calice  à  cincp  divisions;  une  corolle 
de  cinq  pétales;  dix  étamines;  un  ovaire  supérieur  ou  demi- 
supérieur  ,  ovale  ,  surmonté  de  deux  styles  persistans  ;  une 
capsule  uniloculaire  et   polysperme  ,  s'ouvrant  par  un  trou 


s  A  X  279 

situé  entre  les  deux  pointes,  qui  varie  un  peu  dans  sa  struc- 
ture, mais  qui  est  d'une  forme  en  général  turbinée,  termi- 
née par  deux  pointes  ou  cornes  réfléchies. 

Ce  genre  ,  qu'on  appelle  aussi  rompt-pierre  ,  parce  que  les 
espèces  qu'il  contient  viennent  ordinairement  dans  les  fen- 
tes des  rochers ,  parmi  les  cailloux,  renferme  des  plantes 
herbacées  à  feuilles  alternes  ou  rarement  opposées,  souvent 
charnues  ,  entières  ou  découpées,  quelquefois  toutes  radica- 
les ,  à  fleurs  tantôt  disposées  en  thyrse,  tantôt  en  corymbe  , 
tantôt  en  panicule  terminale  ,  quelquefois  même  solitaires. 
On  en  compte  près  de  quatre-vingts  espèces,  la  plupart  pro- 
pres aux  montagnes  les  plus  élevées  de  l'Europe. 

Les  plus  communes  ou  les  plus  remarquables  de  ces  espè- 
ces sont  : 

La  Saxifrage  cotylédon  ,  qui  a  les  feuilles  radicales  réu- 
nies en  rosettes,  lingulées,  cartilagineuses,  dentées,  la  tige 
en  panicule  feuillée  ,  et  le  calice  garni  de  poils  glanduleux. 
Elle  est  vivace ,  et  se  trouve  dans  les  Alpes.  C'est,  lorsqu'elle 
est  en  fleur ,  une  assez  belle  plante,'qui  s'élève  quelquefois  à 
un  pied.  Elle  fournit  plusieurs  variétés. 

La  Saxifrage  bryoïde  a  les  feuilles  lancéolées  ,  mucro- 
nées,  cartilagineuses  en  leurs  bords  et  ciliées;  sa  lige  est  nue, 
pauciflore,et  les  divisions  de  son  calice  sont  obtuses.  Elle  est 
vivace,  et  se  trouve  dans  les  Alpes,  les  Pyrénées  et  autres 
montagnes  élevées.  Elle  forme  sur  les  rochers  de  petits  ga- 
zons fort  denses,  qui  semblent  être  de  mousse  lorsqu'ils  ne 
sont  pas  en  fleur. 

La  Saxifrage  a  feuilles  épaisses  a  les  feuilles  ovales, 
rétuses,  un  peu  dentelées  et  pétiolées,  la  tige  nue  et  les  fleurs 
réunies  en  tête.  Elle  se  trouve  dans  les  Alpes  de  Suisse  et  de 
Sibérie.  Elle  ne  s'élève  que  de  quelques  pouces.  C'est  une 
des  dernières  plantes  que  l'on  rencontre  avant  la  ligne  des 
neiges  éternelles.  Onla  cultive  dans  nos  jardins. 

La  Saxifrage  des  neiges  a  les  feuilles  ovales,  crénelées, 
presque  scssiles  ;  la  tige  nue  et  les  fleurs  ramassées  en  tête. 
Elle  se  trouve  dans  les  mêmes  endroits  que  la  précédente. 
Peu  de  temps  suffit  pour  compléter  la  révolution  de  son  dé- 
veloppement. Elle  n'est  souvent  pas  plus  de  quinze  jours  dé- 
couverte ,  et  pendant  cet  intervalle,  elle  pousse,  fleurit  et 
amène  ses  graines  à  maturité. 

La  Saxifrage  a  feuilles  opposées  a  les  fcLÙlles  oppo- 
sées, imbriquées,  ovales,  celles  du  sommet  ciliées.  Elle  est 
vivace  et  se  trouve  dans  les  Alpes  de  la  Suisse  ,  dans  les  Py~ 
rénées  etenLaponie.  C'est  une  petite  plante  rampante,  qui 
fournit  plusieurs  variétés ,  et  dont  les  fleurs  sont  presque  ion  - 
jours  solitaires. 


28o  s  A  X 

La  Saxifrage  a  feuilles  rondes,  qui  a  les  feuilles  réni- 
formes,  déniées,  pétiolées  ;  la  tige  en  panicule  ,  et  le  germe 
semi-inférieur.  Elle  est  vivace,  et  se  trouve  sur  les  monta- 
gnes des  Alpes.  C'est  une  de  celles  qui  se  conservent  le  plus 
aisément  dans  les  jardins. 

La  Saxifrage  granuleuse  ou  la  Saxifrage  blanche  , 
qui  a  les  feuilles  réniformes  ,  lobées;  la  tige  rameuse  ;  la  ra- 
cine tuberculeuse  et  le  germe  semi-inférieur.  Elle  est  vivace, 
et  se  trouve  par  toute  l'Europe  ,  dans  les  lieux  sablonneux  et 
arides.  Elle  s'élève  à  plus  d'un  pied  ,  et  ses  fleurs  sont  blan- 
ches. L'infusion  de  cette  plante  dans  du  vin  blanc  passe 
pour  être  apéritive,  et  pour  provoquer  les  menstrues. 

La  Saxifrage  penchée  a  les  feuilles  palmées  et  pétiolées; 
la  tige  très-simple  ,  uniflore  et  bulbifère.  On  la  trouve  dans 
les  Alpes  de  la  Laponie.  Elle  est  vivace.  Sa  Heur  est  fort 
grande  et  recourbée. 

La  Saxifrage  tridactylite  qui  a  les  feuilles  cunéiformes, 
trifides,  alternes  ;  la  tige  droite  et  rameuse.  Elle  est  an- 
nuelle, et  se  trouve  très-abondamment  dans  toute  l'Europe, 
aux  lieux  arides  et  sablonneux,  sur  les  vieux  murs,  etc.  Elle 
ne  s'élève  qu'à  deux  ou  trois  pouces,  et  fleurit  une  des  pre- 
mières au  printemps.  On  la  regarde  comme  un  spécifique 
dans  la  jaunisse  et  les  écrouelles.  On  l'appelle  la  saxifrage 
rouge  ^  parce  que  lorsqu'elle  croît  dans  des  lieux  exposés  au 
soleil,  sa  tige  et  ses  feuilles  se  colorent  en  rouge. 

La  Saxifrage  des  ROCnERS,qui  a  les  feuilles  cunéiformes, 
les  radicales  tantôt  entières,  tantôt  tridentées;celles  de  la  tige 
à  cinq  dents,  et  celles  du  sommet  à  trois.  Ses  pédoncules 
sont  triflores.  Elle  est  annuelle,  et  se  trouve  dans  les  Al- 
pes. 

La  Saxifrage  musquée,  qui  a  les  feuilles  radicales  agré- 
gées ,  entières  ou  trifides ,  aiguës  ,  linéaires  ;  la  tige  vis- 
queuse ,  presque  rameuse  ,  et  les  pétales  de  la  longueur  du 
calice.  Elle  est  vivace  et  se  trouve  sur  les  Alpes  de  Suisse  et 
d'Allemagne.  Ses  fleurs  ont  une  odeur  fort  agréable. 

La  Saxifrage  cymbalaire,  qui  a  les  feuilles  en  cœur, 
trilobées  ou  entières  ,  et  la  tige  rampante.  Elle  se  trouve  dans 
l'Orient. 

La  Saxifrage HYPNOïDE  ,  qui  a  les  feuilles  linéaires,  en- 
tières ou  trifides  ;  les  rejetons  rampans  ;  les  tiges  droites  et 
presque  nues.  Elle  se  trouve  dans  les  Alpes  et  les  Pyrénées. 
Un  seul  pied  couvre  quelquefois  des  espaces  considérables 
d'un  gazon  très-dense.  On  la  cultive  dans  quelques  jardins  à 
cause  de  cette  propriété. 

La  Saxifrage  dorée.   C'est    la  Dorinê.   (  Le   comte 


r.  I 


/  .  ,lVv  y. ////■< 
.'' ,  Stii'iJi^'r/ 


4  .   (\iiiiirJ  SiU'ccllc  (/<'  la  Chine  ■ 


s    A   X  n3i 

(le  Sif  rnberg  a  fait  une  monographie  de  ce  genre  ,  qu'il  a 
enrichi  d'un  grand  nombre  d'espèces  nouvelles  et  de  figures 
d'une    exécution  médiocre  ). 

La  Saxifrage  des  prés.  C'est  la  LivÈcaE  des  vKtsÇpeu- 
eedanum  silaus  ,  Linn.  ). 

La  Saxifrage  pimpreneij.e.  Espèce  deBoucAGE. 

La  Saxifrage  maritime.  Nom  qu'on  donne,  dans  quel- 
ques ports  de  mer,  à  la  Criste  marine. 

La  Saxifrage  PYRAMIDALE.  C'est  la  Jourarbe. 

La  Saxifrage  tubéreuse.  C'est  le  Septas,  au  Cap  de 
Bonne-Espérance,  (b.) 

SAXIFRAGÉES.  Famille  de  plantes  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  :  un  calice  à  quatre  ou  cinq  découpures  persistan- 
tes;une  corolle  rarement  nulle, plus  souvent  formée  de  quatre 
à  cinq  pétales  insérés  au  sommet  du  calice  et  alternes  avec 
ses  découpures  ;  des  étamines  ayant  la  même  insertion  que 
la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales  ou  en  nombre 
double;  un  ovaire  simple,  supérieur  ou  inférieur  dans  un; 
plus  ou  moins  grande  partie  de  son  étendue,  à  deux  styles 
et  à  deux  stigmates  persistans. 

Le  fruit  est  capsulaire  ,  terminé  par  deux  pointes  bivalves 
au  sommet,  et  s'ouvrant  par  un  trou  entre  les  deux  pointes, 
uni  ou  biloculaire  ,  à  cloison  formée  dans  les  fruits  bilocii- 
laires  par  les  bords  rentrans  des  valves,  à  semences  nom- 
breuses ,  portées  sur  la  cloison  ou  insérées  au  fond  de  !a 
capsule ,  à  périsperme  charnu  ,  à  embryon  droit  et  à  radi- 
cule inférieure. 

Les  plantes  de  cette  famille  ont  une  racine  fibreuse  ou  ra- 
meuse ,  quelquefois  tubéreuse;  leurs  feuilles, le  plus  souvent 
simples  ,  charnues  et  succulentes  dans  quelques  espèces,  sont 
radicales  lorsque  la  tige  est  scapiforme  ,  et  alternes  ou  plus 
rarement  opposées  lorsqu'elle  est  caulescente.  Les  fleurs  , 
presque  toujours  hermaphrodites,  affectent  différente» dis- 
positions. 

Ventenat  rapporte  à  cette  famille,  qui  est  la  quatrième  do 
la  quatorzième  classe  de  son  Tableau  du. Règne  Végétal,  et 
dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  i8,  n.°  4i  du  même  ou- 
vrage, douze  genre  sous  quatre  divisions,  savoir: 

i.°  Les  saxifragées herbacées ^  dont  la  corolle  est  polypétale: 
Tiarelle,  Mitelle  ,  Heuciière  et  Saxifrage. 

2.°  Les  savifrugées  frnfesceniei  ou  arborescentes  ^  dont  la  co- 
rolle est  polypétale  :  Hydrangée  ,  Hortense  ,  Tanrouge 

et  CUNONE. 

3°  Les  genres  qui  ont  de  l'affinité  avec  les  saxifragées  ^  et 
dont  la  corolle  est  double  :  Dorine  et  Moscatelle. 

4..°  Les  genres  qui  tiennent  le  milieu  entre  les  saxifragéej 
et  les  eactdides^  Cercode  et  Groseillier. 


282  vS     C     :V 

La  famille  des  Cunonacées  doit  être  établie  aux  dépens 
de  celle-ci,  au  dire  de  R.  Brovvn.(B.) 

SAXIFRAGIA  et  SAXIFRAGUM.  Synonymes  de 
saxifmga  dans  les  anciens  ouvrages  de  botanique,  (ln.) 

SAXIN  ,  Mus  saxatlHs  ,  Pallas.  Petit  rongeur  de  Sibérie, 
qui  appartient  au  genre  Campagnol.  V.  ce  mot.  (desm.) 

SAXUM.  Ce  mot  latin,  qui  signifie  Pierre  brute,  a  été 
employé  par  les  naturalistes  pour  désigner  les  minéraux  mé- 
langés, comme  les  roches,  et  même  des  espèces  de  pierres 
qui  se  trouvent  en  masses  amorphes,  (ln.) 

SAYACOU.  Nom  brasilien  d'un  Tangara.  V.  Tangara 
SYACOU.  (v.) 

SAYACU.  C'est  ainsi  que,  dans  son  Ornithologie^  M.  Sa- 
lerne  a  écrit  le  nom  du  Syacou.  V.  ce  mot.  (s.) 

SAYAU.  C'est,  aux  Philippines,  le  nom  de  la  Salaî^gane. 
V.  ce  mot.  (s.) 

SAYGOU.  V.  Tangara  syacou.  (v.) 

SAYRIS  ,  Sayris.  M.  Rafinesque-Smallz  propose  ce  nom 
déjà  employé  par  Rondelet,  pour  remplacer  celui  de  ScoM- 
iiRÉsocE  donné  par  M.  le  comte  de  Lacépède  à  un  genre  de 
poissons.  Il  décrit  deux  nouvelles  espèces  de  ce  genre  :  i.°son 
sayris  Am/25,qui  a  cinq  nageoires  dorsales  et  six  anales, les  pre- 
mières présentant  dix-huit  rayons;  et  2.°  son  ^ajm  bimacula- 
iiis  ,  qui  a  huit  nageoires  dorsales  et  huit  anales,  et  dont  le 
corps  est  marqué  de  deux  lâches  bleues  de  chaque  côté  der- 
rière l'anus. 

Ces  poissons  sont  des  mers  de  Sicile,  le  premier  est  l'es- 
pèce de  ce  genre  qui  y  abonde  le  plus.  (DESM.) 

se  ABIÉUSE  (FAUSSE  ).  C'est  la  Jasione  des  monta- 
gnes. (B.) 

SCABIEUSE,  Scahiosa  ,  Linn.  (  ièlrandrie  monogynie  ). 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  dipsacées,  qui  a  pour  ca- 
ractères :  un  calice  commun ,  formé  de  folioles  disposées 
sur  une  ou  plusieurs  rangées  ,  multiQore;  des  fleurs  portées 
sur  un  réceptacle  convexe,  et  muni  souvent  de  paillettes  ;  un 
calice  propre,  double,  adhérent,  persistant,  l'extérieur 
court,  membraneux  ou  scsrieux,  plissé,  l'intérieur  rarement 
plumeux,  ordinairement  à  cinq  arêtes;  une  corolle  en  tube 
oblong,  tivec  un  limbe  à  quatre  ou  cinq  lobes  souvent  iné- 
gaux; quatre  éîamines  saillantes;  un  stigmate  obtus,  échan- 
cré  ;  des  semences  ovales-obiongues,  couronnées  parle  ca- 
lice propre. 

Les  scabieuses  sont  des  herbes  ou  sous-arbrisseaux  qui  ont 
les  feuilles  simples  ou  ailées;  les  Heurs  ordinairement  termi- 
nales; les  corolles  extérieures  souvent  plus  grandes  et  irré- 
gulières. 


s  G  A  283 

Ce  genre  ,  aux  de'pens  duquel,  ceux  appele's  Astérocé- 
PHALE  et  LÉPicÉPiiALE  Ont  été  établis,  renferme  plus  de 
soixante  espèces,  dont  les  plus  remarquables  sont  : 

La  ScABlEUSE  DES  CHAMPS  ,  Scabiosa  aivensis,  Linn. ,  dont 
le  caractère  est  d'avoir  la  racine  droite ,  longue;  la  tige  ronde, 
velue,  rude,  creuse;  les  feuilles  inférieures  ovales,  lancéo- 
lés, dentées,  les  supérieures  comme  pinnées;  les  fleurs  qua- 
drifides  ,  placées  au  sommet  des  tiges,  d'un  pourpre  pâle, 
et  paroissent  au  mois  de  juin.  Cette  espèce,  qui  croît  natu- 
rellement en  Europe  ,  présente  plusieurs  variétés. 

«  On  fait  avec  celte  plante  un  sirop  qui  est  très-bon 
pour  les  maladies  de  la  peau,  pourvu  qu'on  bassine  en  même 
temps  les  parties  malades  avec  sa  décoction  ,  à  laquelle  on 
aura  associé  un  peu  d'eau  -  de  -  vie  camphrée  :  on  recom- 
mande aussi  cette  décoction  pour  les  dartres.  »  Flor.  écon. 
des  env.  de  Paris. 

La  SCABIEUSE  NOIRE-POURPRE  OU  la  VEUVE  ,  Scabiosil  airo- 
purpurea^  Linn.  Dans  cette  espèce,  les  tiges  sontrameuses,  les 
feuilles  disséquées,  les  fleurs  quinquéfides  ;  le  réceptacle 
des  fleurs  allongé;  les  corolles  d'un  pourpre  noirâtre;  les 
anthères  blanches.  Elle  produit  un  bel  effet  dans  les  jardins, 
par  la  touffe  de  ses  fleurs  d'une  couleur  peu  commune.  Elle 
est  originaire  des  Indes,  annuelle,  et  se  sème  au  printemps. 

La  SCABIEUSE  A  FLEURS  BLANCHES  ,  Scahiosa  leucanfîia  , 
Linn.  Plante  glabre,  lisse,  des  pays  méridionaux.  Calice 
court;  paillettes  du  réceptacle  obtuses;  corolle  à  quatre  di- 
visions non  rayonnantes;  fleurs  toujours  blanches;  feuilles 
très-découpées  ;  tels  sont  ces  caractères. 

La  ScAClEUSE  MORS  DU  DIABLE,  Scabiosa  succisa,  Linn.; 
racine  vivace  ,  courte  ,  fibreuse,  comme  mordue  et  rongée 
dans  le  milieu;  tiges  de  deux  pieds,  simples  ,  rondes,  fer- 
mes, velues,  rameuses;  les  branches  rapprochées,  portant 
deux  petites  feuilles  opposées  à  chaque  articulation  ;  les 
fleurs  au  sommet  ;  les  corolles  à  quatre  divisions.  Tous  les 
bestiaux,  excepté  les  cochons,  aiment  cette  espèce ,  qui 
croît  dans  les  pâturages  argileux. 

«  On  l'emploie  pour  la  teinture  {Flor.  écon.  des  eno.  de 
Paris.  ).  Le  suc  que  ses  feuilles  contiennent  est  de  la  nature 
de  celui  du  pastel,  à  l'exception  quil  est  d'un  vert  pur  el 
parfait.  Les  Suédois  en  font  beaucoup  d'usage  pour  teindre 
les  étoffes  de  laine  :  on  prépare  ses  feuilles  comme  celles  du 
pastel  ;  on  doit  les  cueillir  au  mois  de  mai  ;  elles  contiennent 
pour  lors  le  suc  le  plus  riche  et  en  plus  grande  abondance.  » 

La  ScABiEUSE  COLOMBAIRE,  Scuhiosa  columharia  ,  Linn.  ; 
à  feuilles  radicales  ovales  et  crénelées  ;  celles  de  la  tige 
f)innées.  Les  corolles  sont  rayonnantes  et  à  cinq  divisions. 


28;  s  C  A 

Elle  croît  communément  dans  les  pressées;  elle  donne,  en 
juillet  et  août,  des  (leurs  bleues,  (d.) 

SCABIOSA.   Ce   nom  dérive  du  latin  scabies .,  gale,  ou 
de  l'adjectif  s^«/y/o56;,  galeuse ,  en  sous-entendant  herbe.  Il  a 
été  donné   anciennement  à  la  scableusc  des  champs  ,  soit 
parce  que  cette  plante  est  âpre  et  rude  au  toucher,  soit  parce 
qu'on  dit  qu'elle  guérit  de  la  gale.  C'est  sur  cette  qualité  vraie 
ou  supposée  que  l'on  croit  que  c'est  le  psora  ,  plante  que 
Aetius  ne   fait  que  nommer,  et  qui  devoit  son  nom  grec  à 
la  même  cause.  Rien  ne  prouve  que  ce  soit  le  stoebeA^t  Dios- 
coride  ,  comme  beaucoup  d'auteurs  l'ont  avancé  (  V-  sloehe). 
Le  centaiirea  scabiosa  a  été  aussi  pris  pour  le  psora.   Tragus 
paroît  être  le  premier  qui  ait  décrit  la  scabieuse  des  champs, 
sous  le  nom  de  scabiosa.  Brunfelsius  l'a  appliqué  à  la  cen~ 
iaurea  que  nous  venons  de  citer.  Depuis  eux,  jusqu'à  C  Bau- 
hin,    les  botanistes    ont  désigné  par  scabiosa  un  petit  nom- 
bre de  centaurées  (parmi  lesquelles  est  la  jacée),  et  surtout 
un  grand  nombre  de  scabieuses.    Csesalpin  y   comprenoit 
même  le  scabiosa  succisa^  Linn.,  ce  que  tous  les  botanistes  de 
son  temps  n'avoient  point  fait  (  F.succisa),    Lobel  et  Do- 
donée  ont  décrit  aussi  le  Jasione  montann,  Linn.  ,  sous  l'épi- 
thète  de  sabiosa.  Les   botanistes  qui  ont  succédé  à  C.  Bau- 
hin,  jusque  et  non  compris  Tournefort,  ont  continué  à  n'ê- 
tre pas  d'accord  sur  les  plantes  qu'il  falloit  considérer  seule- 
ment comme  àts  scabiosa.  On  voit,  sous  cette  dénomination, 
dans  leurs  écrits ,  quelques  espèces  de  globularia  (Moris  Pluk.); 
Vechinops     sirigosiis    (  Herm.   )  ;     V elephantopus      caiolinianus 
(  Sloan.  )  ;    Veclipta  erecta  (  Pluk.  )  ;  le  cephalantlius  occidenta- 
lis  (Pluk.)  ;  et  plusieursnouvelles  espèces  de  vraies  scabieuses. 
Toutes  ces  plantes  n'ont  de  commun  que  leurs  fleurs  ramas- 
sées en  tête  terminale  ,  ronde  ou  héniispbérique.  Tournefort 
ne  laissa  pas  subsister   un  pareil  désordre,    et    ne    voulut 
donner  le    nom  de  scabiosa    qu'au    genre   nommé   encore 
ainsi,  mais  comprenant  le  knaulia  ,  Linn.  Cependant  Vail- 
lant, quelques    années  après   Tournefort ,  prit   pour  objet 
particulier  de  ses  études,  les  scabieuses  et  la  famille  qui  les 
contient;  il  fut  conduit  à  établir  les  genres  scabiosa    oùren- 
troit  encore  le  knautia  L.  ;    le    succisa,    Vastewcephalus  elle 
pterocephalus.  Linnœus  n'approuva  point  celle  séparation,  et 
en  ôtant  le  knaidia,  il  réunit  tous  les  autres  genres  en  un  seul. 
Adanson   se  refusa  à  cette  réunion  ,  et  redivisa  ainsi  les  sca- 
biosa en  quatre:  knautia^  scabiosa  (^succisa,^  ail.)  ;  aslerocepha- 
lus  el  pterocephalus.  Necker  adopta  les  genres  de  Vaillant  en 
désignant  V asierocephabis  fOur  \(t  cbefasirum.  Moer\ch  a  cru  de- 
voir adopter  quatre  genres,  le   succisa  d'Haller,  où   rentre 
\asleroKephalus  et  partie  du  succisa   de  Vaillant  ;   le  scabiosa 
d'Haller,  \q  pterocephalus  de  Vaillant,  elle  knaulia^  lÀnn.  ^ 


s  C  A  2B5 

èe  ce  qui  précède  ,  il  résulte  que  tous  les  botanisl^'^^sdparent 
ce  dernier  genre  ,  et  que  quant  aux  autres ,  on  a  persisu;  à 
les  réunir  jusqu'à  Willdenow  et  Persoon.  Daus^e«5i$  dt'i- 
niers  temps  ,  Lagasca  a  voulu  renouveler  les  ancien-tiiis' idées 
de  séparation  et  diviser  les  scabieuses  en  genres,  savoir: 
kpice^kulus  ,  usierocephalus ,  Yaill.  ;  scabiosa ,  VaîH.  ;  knauliuf 
Linn.  ;  pleror.ephalus  ,  Vaill.  ,  Rœmer  et  Schultes  ,  dans  le 
troisième  volume  de  leur  Systema  Vegetabilium..,  présenlent 
les  scabieuses  sous  trois  genres  ,   avec  Scbréd^  ;  savoir  : 

i.**  Cephulan'a  ,  qui  est  le  cenonanthus  y  S^holt,  ,  et  qui 
comprend  le  icpicephalus  elle  pierucephalus  dliiLBg^scai. 

2."  Trichera,  dénomination  qui  n'est  point  heureuse,  puis- 
que c'est  dans  ce  genre,  que  rentre  la  piatOte  qui  a  porté 
la  première  le  nom  de  scubiusa;  Laga^çà;  avoit  ainsi  dé- 
signé ce  genre,  t  t.-    i: 

3.**  Scabiosa^  qui  est  le  sclerostemma  de  Scholt,  et  qui  com- 
prend Vasterocephalus,  Vaill.;  le  succisa,  Vaill.;  partie  à\xsca^ 
hiosa^  et  quelques  espèces  de  knautia. 

Ces  trois  genres  comprennent  cent  dix  espèces.  Tous 
ces  changemens  sont  extrêmement  arbitraires  dans  un 
groupe  qui  est  fort  naturel,  et  il  est  probable  que  les  natu- 
ralistes se  refuseront  à  admettre  de  pareilles  partages  qui 
dégoûtent  de  la  botanique  ,  et  qui  ne  font  qu'embrouil- 
ler son  étude.  Cependant,  il  ne  faut  point  repousser  les 
changemens  ,  lorsqu'ils  deviennent  très  -  nécessaires  et 
qu'ils  sont  exigés  par  des  caractères  positifs;  par  exemple, 
c'est  avec  raison  qu'on  a  ôté  du  genre  scabiosa,  Linn. ,  le  sca- 
hiosa  sy npaganthera  Ae.  Ruiz  et  Pavon,  type  du  genre  boopi.^  de 
Jussieu ,  et  d'une  famille  particulière  et  qu'on  y  a  mis 
quelques  espèces  de  knautia.  C'est  encore  avec  raison  qu'il 
faudra  probablement  adopter  le  genre  diototheca  de  Kafines- 
que  Schmaltz,  qui  a  pour  type  la  scabieuse  décrite  parle 
voyageur  Robin  ,  dans  sa  Flore  de  la  Louisiane.  Le  dioiolheca 
repens ,  Raf. ,  est  une  herbe  qui  croît  dans  les  parties  dé- 
couvertes le  long  du  Mississipi  ,  dans  la  Louisiane,  a  huit 
pouces  de  hauteur  et  est  rampante  ;  ses  caractères  sont  :  tige 
tétragone;  feuilles  opposées,  pétiolées,  dentées,  scabres  ; 
fleurs  axillaires,  composées  :  i".  d'un  calice  commun  à  plu- 
sieursfoliolesimbriquées,  scarieuses;  2°. d'unréceptacleécail- 
leux  à  écailles  plus  courtes  ,  scarieuses  et  colorées  ;  3".  d'un 
calice  propre,  adhérent,  bifide;  4-*'-  d'une  corolle  irrégulière, 
quadrifide  ,  à  découpure  supérieure  plus  courte  ,  émarginée^ 
et  découpures  inférieures  plus  longues  ;  S",  de  deux  étamines 
courtes  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle;  6*^.  d  un  style  à  un 
stigmate  simple  ;  le  fruit  est  un  akène  ovale,  monosperme. 
Ce  genre  paroit  avoir  des  affinités  avec  le  marina  eii  al/ioniay 


386  S  C  A 

dont  il  diffère  par  le  port ,  et  la  forme  du  calice  commun. 

V,  SnABIEUSE.  (LN.) 

SCABRIÏE ,  Scabrita.  Genre  de  plante  qui  n'est  autre 
que  la  Nictante.  (b.) 

SCACK.  F.ScH/vcH.(s.) 

SCADAVALI-KELANGU.  Nom  malabar  d'une  es- 
pèce d' Asperge  saRMENTEUSE  {asparagus sarmentosus).  (LN.) 

SCADICCAALI.  C'esirEuPuoRBETiRUCALi,dont  on  fait 
usage  dans  l'Inde  contre  les  maladies  vénériennes,  (b.) 

SCj^VE,  Scœm.  Genre  d'insectes  diptères,  établi  par 
Fabricius  ,  et  dont  les  espèces  sont  placées  par  nous  dans 
les  genres  Syrphe  et  Parague.  (l.) 

SCALAIRE,  Scalaria.  (àenre  de  testacés  de  la  classe  des 
Univalves,  qui  offre  pour  caractères  :  une  coquille  sub- 
turriculée  ,  garnie  de  côtes  longitudinales  élevées,  tranchan- 
tes, décurrentes  un  peu  obliquement  dans  toute  la  longueur 
de  la  spire,  à  ouverture  arrondie,  dont  les  deux  bords  sont 
réunis  circulairement  et  réfléchis. 

Ce  genre,  auquel  Léach  a  donné  le  nomd'AciGNE,  faisoit 
partie  des  Sabots  {IwLo,  Linn.)  ,  et  avoit  d'abord  été  réuni 
par  Lamarck,  qui  l'a  établi ,  avec  ses  Cyclostomes.  Il  ren- 
ferme un  petit  nombre  de  coquilles,  dont  une  est  fameuse 
par  les  prix  exorbitans  auxquels  elle  a  été  portée  il  y  a  peu 
d'années  :  c'est  la  scalata. 

Les  naturalistes  ont  beaucoup  varié  sur  la  place  que  devolt 
avoir  cette  coquille  dans  l'ordre  conchyliologique.  Rumphius 
en  faisoit  un  buccin  ;  Dargenville  ,  une  vis  ;  Gualliéri ,  Fa- 
vannes  et  autres,  l'ont  mise  au  nombre  des  tuyaux^  parce 
qu'elle  n'a  pas  de  columelle  ,  partie  qu'ils  regardoient  comme 
essentielle  aux  coquilles  proprement  dites. 

La  scalaire  figurée  pi.  B.  25,  sous  le  nom  de  Cyclos- 
TOME  ,  est  une  coquille  fort  élégante  ,  à  sept  tours  de  spire 
allongés  et  séparés  par  un  intervalle  vide,'  avec  dix  à  douze 
côtes  longitudinales  élevées  ,  qui  se  réunissent  pour  former 
«n  bourrelet  autour  de  la  lèvre.  Elle  n'a  point  de  columelle, 
les  côtes  en  tiennent  lieu. 

On  a  cru  ,  pendant  long-temps  ,  que  la  scalata  venoit  des 
Grandes-Indes  et  de  la  Chine.  On  rapportoit  que  sa  rareté 
provenoit  de  ce  qu'elle  servoit  d'ornement  aux  femmes  riches 
de  ces  pays.  On  sait  aujourd'hui  qu'elle  se  trouve  dans  la 
Méditerranée  ,  sur  la  côte  de  Barbarie  ,  et  on  doute  qu'il  s'en 
trouve  à  Amboine  ,  malgré  l'autorité  de  Rumphius  et  de  Va- 
lentin-,  aussi  est- elle  beaucoup  tombée  de  prix,  puisqu'on  a 
pour  douze  francs  ce  qui  valoit  cent  louis  il  y  a  vingt  ans. 

L'animal  qui  habite  la  scalaire,  au  rapport  de  Plancus  , 
est  un  Gastéropode  à  tête  munie  de  deux  tentacules,  qui  se 


s  C  A.  287 

terminent  chacun  par  un  filet,  et  qui  soutiennent  des  yeux 
placés  à  leur  base  ;  sa  trompe  est  rélractile  en  forme  de  lan- 
guette, et  il  est  pourvu  d'un  petit  opercule  discoïde.  Le  même 
auteur  a  cru  que  c'étoit  d'une  espèce  de  ce  genre  ,  la  jausse 
scalata  {iurho  dathms ,  Linn.)  {V.  Cyclostome.)  ,  dont  les 
anciens  retiroienl  la  pourpre  violette. 

On  connoît  huit  à  dix  espèces  de  scalaires,  toutes  de  !a 
Méditerranée,  dont  les  deux  plus  remarquables  'sont  : 

La  Scalaire  scalâte,  qui  est  conique,  dont  les  tours  de 
spire  sont  distans  ,  divisés  par  dix  côtes  longitudinales  con- 
tinues. 

La  Scalaire  grille,  qui  est  lurriculée,  non  ombiliquée, 
dont  les  tours  de  la  spire  sont  contigus  et  divisés  par  quinze 
côtes  longitudinales. 

Trois  espèces  fossiles  de  ce  genre  sont  figurées  pi.  16  de 
la  Conchyliologie  minérale  de  la  Grande-Bretagne,  par 
Sowerby.  (b.) 

SCALARUS.  Denys-de-Montfort  sifbstitue  ce  nom  lati» 
à  celui  de  scalaria^  donné  par  M.  de  Lamarck  an  genre  Sca- 
laire, (desm.) 

SCALATA.  Coquille  du  genre  Scalaire,  (b.) 
se ALATIER.  Animal  de  la  Scalaire.  Il  a  deux  tenta- 
cules portant  les  yeux  au  milieu ,  et  un  opercule  discoïde. 

(B.) 

SCALIAS  de  Théophrasle  est  rapporté  par  Adanson  à 
I'Artichaut.  (ln.) 

SCALIE,  Scalia.  Genre  de  plantes  établi  par  Curtls  dans 
la  syngénésie  superflue,  pour  placer  une  plante  vivace  de  la 
Nouvelle-Hollande, dont  les  feuilles  sont  alternes,  lancéolées, 
entières;  les  fleurs  jaunes  et  terminales.  Ses  caractères  sont  : 
rayons infundibuliformes,  irréguliers;  réceptacle  nu:  aigrette 
sessile,  velue,  hérissée. 

Ce  genre  paroît  différer  fort  peu  du  Podolèpe  de  Labil- 
lardière.  (b.) 

SGALIGERA.  Adanson  nomme  ainsi  le  genre  aspalalhus^ 
Linn.  (ln.) 

se  ALIGNE  et  Ascalonia.  Ces  deux  mots  désignent, 
dans  les  anciens  ouvrages  de  botanique,rEcHALOTTE  {allium 
uscalonicum,  L.  ).  (LN.) 

SCALO-BARRL  Nom  provençal  du  Grimpereau  de 

MURAILLE.   (V.) 

SCALOPE,  Scalops,  Cuv.,  Geoff,  IlHg.;  5orea;,  Linn.  ; 
Taipa  ,  Shaw.  Genre  de  mammifères  carnassiers ,  de  la  fa- 
mille des  insectivores,  et  de  la  première  tribu  de  cette  famille, 


:28>.i  S    C    A 

c'esl-à-dire  ,  de  celle  qui  comprend  les  insectivores  à  deux 
longues  incisives  en  avant,  suivies  d'autres  incisives  et  de 
canines,  toutes  plus  courtes  même  que  les  molaires. 

Les  deux  incisives  supérieures  sont  larges  ,  planes  et  tron- 
quées en  biseauà  leur  extrémité;  lesinférieurcssonlconiques, 
droites,  assez  longues,  écartées  Tune  de  l'autre;  et,  dans  leur 
intervalle ,  et  un  peu  en  avant,  il  y  en  a  deux  très-petiles.  A 
la  mâchoire  supérieure  ,  il  y  a  un  espace  inlerdentaire  après 
les  incisives;  à  l'inférieure,  les  dents  qui  remplacent  les  ca- 
nines suivent  immédiatement;  elles  sont  coniques,  et  vont 
graduellenjent  en  grandissant  vers  le  fond  de  la  mâchoire  ,  où 
elles  se  changenten  molaires  à  couronne  garnie  de  tuber- 
cules aigus.  Le  museau  est  très-prolongé,  en  forme  de  trompe, 
cartilagineux  à  l'exlrémité  ;  les  yeux  sont  très-petits,  et  les 
oreilles  externes  manquent  tout-à-lait.  Les  pattes  antérieures 
sont  très-courtes  et  fort  larges;  les  doigts,  au  nombre  de 
cinq  ,  sont  réunis  jusqu'à  la  dernière  phalange  ;  les  ongles 
sont  fort  longs,  aplatis ,  linéaires  et  propres  à  creuser  la  terre; 
ils  vont  en  croissant  depuis  le  pouce  jusqu'au  troisième  ,  y 
compris  les  deux  autres  diminuent  ,  et  l'externe  est  le 
plus  petit  de  tous.  Les  pieds  de  derrière  sont  très-petits, 
très-grêles,  et  à  cinq  doigts  armés  d'ongles  fort  minces  et 
aigus.  La  queue  est  courte.  Tout  le  corps,  dont  la  forme  gé- 
nérale est  plus  allongée  que  dans  les  taupes,  est  couvert  d'un 
poil  fort  doux. 

liC  scalope  vit  à  la  manière  des  taupes,  et  se  creuse,  comme 
elles,  des  galeries  souterraines.  Il  eslpariiculier  à  l'Amérique 
septentrionale.  On  le  trouve  piincipalemenl  le  long  des  ri- 
vières. 

On  a  placé  pendant  quelque  temps  cet  animal  avec  la 
Taupe  a  museau  étoile  d'Amérique,  dont  llliger  a  forme 
son  genre  condylure  ;  mais  ses  caractères  l'en  éloignent. 

M.  Frédéric  Cuvier  a  décrit  les  dents  du  desman  de  Mos- 
covie  sous  le  nom  de  scalope^  dans  le  tome  12,  page  4.'^?  tl^s 
Annales  du  Muséum  ;  mais  il  est  évident  que  cette  méprise 
n  est  due  qu'à  une  faute  typographique. 

Espèce  unique.  —  Le  ScALOPE  DU  Canada  ,  Scalops  canaden- 
sis,  Cuv.  ;  Sorex  aqualicus .,  Linn.  ,  Syst.  nat.  ,  éd.  Gm^el.  ; 
Schreber,  SaeugÛuère  ,  tab.  i58;  —Talpafusca,  Shaw. ,  Gen. 
Zool.  ,  tome  I ,  part.  Il ,  page  524..  — Scalupe  de  Virginie. 

Il  est  de  la  même  grandeur  que  la  taupe  d'Europe  ,  c'est-à- 
dire  qu'il  a  près  de  six  pouces  un  quart  de  longueur  totale  ;  sa 
tête  est  longue  d'un  pouce  trois  lignes,  et  sa  queue  de  dix 
lignes.  La  couleur  générale  du  pelage  est  un  gris  fauve 
lorsqu'on  le  considère  généralement.  Examiné  séparément , 


s  C  A  389 

chaque  poil  est  d'un  gris  de  souris  à  sa  base, et  d'un  fauve  gris 
à  sa  poinle.  (desm.) 

SCALOPÈ.  Klein  a  donne  ce  nom  de  rat  scalope  (Mm5 
scalopes)  au  Dideli'he  marmose.  V.  ce  mot.  (desm.) 

SCALOPE  A  CRÈTE.  V.  Taupe  a  museau  étoile. 

(DESM.) 

SCALPEL,  Sca/pel/usj  Liuid.  C'est  une  sorte  de  Glosso- 
pèïre.  (desm.) 

SCALPELLE,  Scalpellum.  Genre  établi  par  Léach  dans 
la  classe  des  Cirrhipèdes.  11  se  rapproche  infiniment  des 
Anatifs.  Ses  caractères  sont  :  treize  écailles  testacées  à  la 
tête  ;  pédicule  écailleux  et  velu.  11  a  été  appelé  Capitule  par 
Klein,  et  Mitelle  par  Ocken.  Deux  espèces  que  je  n'ai  ja- 
mais vues  ,  s'y  rapportent,  (b.) 

SCAMBOiNlA.  Synonyme  de  Scammonia  ,  chez  les  an- 
ciens. V.  ce  mot.  (ln.) 

SCAMMONÉE,  Cumohulus  Scammonia^  Linn.  Plante 
du  genre  des  Liserons  {V.  ce  mot),  dont  les  racines  fournis- 
sent une  substance  gommo-résineuse ,  connue  et  employée  de 
tout  temps  en  médecine,  comme  purgatif.  Cette  substance 
porte  aussi  le  nom  de  scammunée.  Elle  nous  vient  sous  forme 
concrète.  C'est  la  Scummonée  d' Alep  des  boutiques. 

Cette  scammonée  est  légère  et  friable  ;  quand  on  la  brise  , 
elle  est  d'un  gris  noirâtre  et  brillant  ;  et  lorsqu'on  fa  frotte 
ou  qu'on  la  manie  entre  les  doigts,  elle  se  change  en  une 
poussière  blanche  et  cendrée.  Son  odeur  est  virulente,  et  sa 
saveur  amère  est  mêlée  d'une  certaine  acrimonie.  Elle  est 
recueillie  à  Alep  même,  d'où  on  l'apporte  en  Europe. 

Pour  avoir  de  bonne  scavimonée^  on  choisit  celle  qui  est 
brillante,  facile  à  rompre  et  à  réduire  en  poussière  ,  presque 
insipide  au  goût ,  et  qui,  mêlée  avec  un  peu  de  salive  ,  blan- 
chit et  devient  laiteuse.  On  rejette  œlle  qui  est  noire  ou  d'une 
couleur  brûlée,  pesante  et  remplie  de  graviers,  de  petites 
pierres  ou  d'autres  matières  étrangères. 

L'espèce  de  liseron  qui  fournit  cette  substance  a  des  raci- 
nes longues,  épaisses,  charnues  comme  celles  de  la  bryone ^ 
et  pleines  d'un  suc  laiteux  qui  s'en  échappe  lorsqu'on  y  fait 
des  incisions.  Ces  racines  poussent  des  tiges  cylindriques , 
grêles,  très-peu  velues,  grimpantes  et  garnies  de  feuilles  al- 
ternes, glabres,  triangulaires,  faites  en  fer  de  flèche,  aiguës 
et  pétiolées.  Les  pédoncules ,  qui  portent  communément 
trois  fleurs,  sont  minces,  et  environ  une.  fois  plus  longs 
que  les  feuilles.  Les  fleurs  oi;it  un  calice  à  folioles  obtuses,  uu 
peu  échancrées  à  leur  sommet,  et  une  grande  corolle  en  clo- 
che bien  ouverte  et  d'un  blanc  purpurin.  Cette  plante  croît 
naturellement  en  Syrie,  dans  les  campagnes  de  Mysie  et 

XXX.  IQ 


2C,0 


S  C  A 


autres  lieux  du  Levant.  C'est  le  suc  épaissi  de  ses  racines 
qu'on  débite  dans  le  commerce  sous  le  nom   de   scammonée. 

La  scammonée  est  très-sujette  à  varier  dans  ses  effets ,  et 
demande  à  être  administrée  par  des  mains  exercées.  Elle 
occasione,  par  son  usage  inconsidéré,  des  superpurgations 
qui  amènent  des  accidens  graves ,  et  même  la  mort.  Elle  entre 
dans  plusieurs  compositions ,  telle  que  la  poudre  de  tribus  ou 
decomachine,  le  magistère^  etc.  On  l'appelle  diagrède  lors- 
qu'elle est  réduite  en  poudre. 

Il  est  une  autre  espèce  Ae  scammonée  ^  celle  deSmyme, 
qui  est  noire  ,  plus  compacte  et  plus  pesante  que  celle 
d'Alep.  Elle  nous  vient  de  Smyrne  ;  mais  elle  n'est  point 
recueillie  dans  le  territoire  de  cette  ville  ;  elle  y  est  ap- 
portée d'une  ville  de  Galatie  ,  nommée  présentement  Orté  ^ 
fit  de  la  ville  de  Cogni  ,  dans  la  province  de  Cappadoce  , 
près  du  mont  Taurus  ,  où  il  s'en  fait  une  récolte  abon- 
dante. On  la  préfère  à  celle  d'Alep.  Elle  est  fournie  par 
le  PÉRIPLOQUE  SCAMMONÉE.  V.  ce  mot.  (b.) 

SCAMMONÉE.    C'est  la  Gomme-gutte.  Voyez  Cam- 

BOJE.  (B.) 

SCAMMONÉE  D'ALLEMAGNE.    C'est  le   Grand 

liseron  ,   Coneohulus  sepium  ,  Linn.  (b.) 

SC4MMONÉE  D'AMÉRIQUE.  C'est  la  racine  d'une 
espèce  de  Liseron  du  Brésil.    Voyez  au  mot  Méchoacan. 

SCAMMONEE  DE  MONTPELLIER.  V.  au  mot 
Cynanque.  (b.) 

SCAMMONIA.  Théophraste  et  Dloscoride  donnent  ce 
nom  à  une  plante  herbacée  ,  à  racine  grosse  ,  épaisse  ,  dont 
on  retiroit  un  suc  particulier  ,  employé  en  médecine ,  comme 
purgatif.  Celte  plante  ,  selon  Dioscoride  ,  poussoit ,  d'une 
même  racine  grosse  comme  le  bras,  plusieurs  rameaux  un  peu 
gros  ,  s'élevant  à  trois  coudées  ,  et  garnis  de  feuilles  pareilles 
à  celles  du  lierre  ou  de  I'Helxine  (  le  liseron  des  champs), 
molles,  velues ,  et  triangulaires.  La  fleur  était  blanche, ronde, 
en  forme  de  cornet ,  et  de  mauvaise  odeur.  Dioscoride  donne 
ensuite  la  manière  de  faire  le  scammoni'on^  et  de  reconnoîlre 
le  faux  du  vrai ,  et  les  diverses  qualités  de  celui-ci ,  qui  est 
notre  scammonée  d'Alep  ,  de  Smyrne,  et  de  Syrie  ,  espèce 
de  Liseron  (  conoohulus  scammonia ,  L.  ). 

Pline  s'accorde  avec  Dioscoride  ,  quant  à  cette  première 
scammonée  ;  mais  il  a  une  seconde  espèce  de  scammonée 
qu'il  place  parmi  ses  clematîs,  en  disant  :  «  Outre  la  clematis 
ci -dessus  ,  les  auteurs  grecs  en  établissent  deux  autres  espè- 
ces ,  dont  l'une ,  qu'ils  appellent  echis ,  lagis  et  petite  scam- 
monée ,  pousse  des  branches  d'un  pied  de  hauteur ,    assez 


s  C  A  295 

semblables  aiix  branches  de  scammonée ,  excepté  qu'elles 
sont  plus  feuillées  ,  et  à  feuilles  plus  petites  et  plus  noires. 
Elle  croît  parmi  les  vignes  et  les  terres  labourées;on  la  mange 
en  soupe, avec  de  l'huile  et  du  sel,  comme  les  autres  légumes, 
et  elle  est  fort  propre  à  lâcher  l'estomac,  etc.  » 

Malthiole  pense  qu'il  s'agit  du  Liseron  des  champs  ;  RueU 
lius,  du  Liseron  des  haies  ;  Tahernœmontanus  ,  du  convoi- 
vulus  altliaeoîdes,  etc.  Les  botanistes  anciens  ont  rapporté  sous 
le  nom  collectif  de  scammonîa  ou  scammonea  et  scammonium  y 
les  comokulus,  scammonia  ,  arvensis  ,  sepium  ,  etc.  ,  le  cynan-^ 
rhum  acutum  ,  L. ,  etc.   V.  Scammonée.  (ln.) 

SCANARL\.  Synonyme  de  Scandix  ,  chez  les  Ro- 
mains, (ln.) 

SCANDALIDA.  Genre  établi  par  Adanson  ,  et  adopté 
par  Scopoli  ,  et  qui  a  pour  type  le  lotus  telragonolobus  y 
connu  en  Italie,  selon  Césalpin  ,  sous  le  nom  de  scandalida 
de  Crète.  Moench  le  nomme  telragonolobus.  Sa  gousse  cylin- 
drique ,  munie  de  quatre  angles  ou  ailes  longitudinales ,  a 
les  graines  ovales  ^  situées  dans  des  loges  particulières ,  qui 
forment  les  caractères  de  ce  genre-  V.  Lotier.  (ln.) 

SCANDEBEC.  Rondelet  donne  ce  nom  à  la  Mactre 
poivrée,  (b.) 

SCANDELLA.  Nom  italien  d'une  espèce  d'ÛRGE.  (ln.) 

SCANDIX  ,  Scandix.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
monogynie  ,  et  de  la  famille  des  ombellifères  ,  dont  les  ca- 
ractères consistent  :  en  un  calice  entier  ;  en  une  corolle  de 
cinq  pétales  inégaux  et  échancrés  ;  en  cinq  étamines  ;  en  un 
ovaire  inférieur,  surmonté  de  deux  styles  persistans  ;  en 
deux  semences  réunies  et  finement  striées,  glabres  ou  héris- 
sées et  terminées  par  une  longue  pointe. 

Ce  genre  est  fort  peu  distinct  des  Cerfeuils  et  des  Myr- 
RHis.  Il  renferme  des  plantes  à  feuilles  alternes,  surdécom- 
posées et  à  fleurs  disposées  en  ombelles  nues ,  et  à  om- 
bellulles  involucellées  ,  dont  celles  du  centre  avortent  sou- 
vent,  c'est-à-dire,  les  cerfeuils  odorant^  peigne  y  cultivé  y  an- 
thrisque^  et  autres  espèces  moins  importantes. 

Le  Scandix  deClayton,  de  Michaux,  constitue  le  genre 
Urosperme  de  Nuttall.  (b.) 

SCANDIX  des  Grecs  et  des  Latins,  Cette  herbe,  selon 
Dioscoride  ,  étoit  sauvage  ,  et  on  la  mangeoit  cuite  et  crue. 
Elle  étoit  amère ,  un  peu  forte  ,  stomachique  ,  et  excitoit  les 
urines. 

Ce  que  Pline  rapporte  de  cette  plante ,  est  tiré  des  auteurs 
^recs."  Quant  au  scandix^  dit-il,  Opion,  Erisistratus,  et  plu- 
sieurs autres  auteurs  grecs,  le  mettent  au  rang  des  herbes 
sauvages  bonnes  à  manger,  Cett«  herbe  cuite  ,  est  fort  pro- 


292  s  C  A 

pre  pour  resserrer  rcslomac  ,  etc.  »  Elle  étoit  utile  ,  appli- 
quée sur  les  brûlures,  et  pour  provoquer  les  urines.  Il  pa- 
roît  que  celte  herbe  étoit  nommée  par  le  poêle  grec  Aristo- 
phane ,  qui  disoit  en  raillant  Euripide,  que  sa  mère  qui 
étoit  jardinière  ,  n'avoit  jamais  vendu  d'autre  herbe  médici- 
nale que  le  scandix.  D'où  il  faut  croire  que  cette  plante  n'é- 
toit  pas  d'un  usage  journalier,  et  qu'elle  coûtoit  fort  peu.  Si 
Ton  réfléchit  que  Dioscorlde  rapproche  le  scandix  du  gingi- 
diurn,  et  Pline,  de  Vanthirsus;  on  peut  croire  que  le  scan- 
dix étoit  aussi  une  plante  ombellifère.  Matthiole  veut  que  ce 
soit  notre  cerfeuil  {sr.anà'x  cerefulium,  L),  et  réfute  l'opinion 
de  ceux  qui  prétendent  que  le  cerfeuil  est  Vanthriscus  de  Pline 
et  le  gingidium  de  Dioscoride.  Colunma  rapporloit  le  scan- 
dix, au  caucalis  nodosa  ,  et  Dodonée  ,  Gésalpin  ,  V.  Cor- 
dus  ,  etc.,  au  scandix  peclenveneris.  Adanson  et  Tournefort , 
sont  de  cet  avis. 

On  a  encore  émis  d'autres  opinions,  mais  qui  paroissent 
moins  justes  ,  et  il  est  probable  que  si  Matthiole  n'a  pas  dé- 
couvert ce  qu'étoit  le  scandix  ,  il  ne  se  sera  pas  très-écarté 
de  la  vérité,  car  une  plante  seule  des  genres  scandix  ou  chœ- 
rophyllum  nous  paroît  être  l'ancien  scandix  ,  et  le  pecten  vc- 
neris  serolt  alors  seul  cette  plante. 

Quant  à  1  emploi  botanique  du  mot  scandix  ,  C.  Bauhin 
est  celui  qui  a  commencé  à  le  généraliser; car  ilréunit  sous  ce 
nom  collectif  plusieurs  plantes,  telles  que  les  scandix  pecten  vc' 
neris  et  aitstra/is.  Columna  l'avoit  déjà  donné  à  un  caucalis  , 
comme  nous  l'avons  dit  ,  et  Tabernsemontanus  désignoit 
Vaphanes  awensis  ,  far  scandix  mmor;  mais  aucun  botaniste  , 
pas  même  Matthiole,  ne  1  ont  donné  fixement  au  cerfeuil, 
lequel  étoit  appelé  par  eux,  cerefulium  et  chœropfiyilum. 

Tournefort  réserva  seulement  le  nom  de  scandix,  an  ^enre 
dans  lequel  il  plaçoit  notre  scandix  pecten  veneiis  ,  et  ht  du 
cerfeuil ,  son  genre  chœrophyllum.  Adanson  fut  de  son  avis. 
Quoique  Linnœus  ait  réuni  ces  deux  plantes  à  son  genre 
scandix^  il  a  établi  cependant  un  genre  particulier,  sous 
le  nom  de  chœrophyllum.  Lamarck  crut  devoir  fondre  en  un 
seul  les  genres  scandix  et  chœrophyllum  ,  L.  ,  parce  que  ces 
deux  genres  ont ,  en  effet ,  beaucoup  de  rapports.  Les  bota- 
nistes varient  beaucoup  d'opinion  sur  ces  deux  genres.  Les 
uns  les  réunissent  à  l'imilalion  de  Lamarck  ;  d'autres  les 
séparent,  et  c'est  le  plus  grand  nombre  ,  et  même  ils  ont 
fait  des  genres  à  leurs  dépens.  Ceux  fondés  sur  des  espèces 
de  scandix  ,  sont  appelés  :  myrrhis,  torilis,  anthriscus,  tçendia  , 
whilia  et  urospcrnium. 

\euienat  écrit  que  scandix  est  un  nom  grec  qu'on  croit 
originaire  d'un  mot  arabe  qui  signifie  acutus  ^  aîtenuatus  ;  et 


s  C  A  293 

en  effet ,  dit  ce  botaniste,  les  semences  des  scandîx  sont  ter- 
minées en  pointe.  Cette  étymologie  est,  bien  certainement, 
inventée  après  coup.  Voyez  Cerfeuil  et  Scandîx  ci-des- 
sus, (ln.) 

SCANDULACA.  Quelques  ornithologistes  désignent 
ainsi  le  Grimpereau  ,  en  latin,  (s.) 

SCANDULATIUM.  L'un  des  noms  du  Thlaspi  des  an- 
ciens. V.  Thlaspi.  (l>\) 

SCANSORES  {Grimpeurs').  Dénomination  quilliger 
donne  à  son  premier  ordre  des  Oiseaux  du  Prodramus ,  le- 
quel correspond  à  celui  des  picœ  de  Linnseus ,  pour  les  es- 
pèces à  deux  doigts  devant  et  deux  derrière,  (v.) 

SCANSORIPÈDES.  Oiseaux  qui  ont  des  pieds  propres 
à  grimper,  (v.) 

SCAPHANDRE,  Scaphander.  Genre  de  Coquilles,  éta- 
bli par  Denys  de  Monlfort ,  pour  placer  les  B«ulles  non  om- 
biliquées.  Il  ne  diffère  pas  des  Bulles  de  Lamarck.  (b.) 

SCAPHE,  Scapha.  Genre  établi  par  Noronha,  et  qui  ne 
paroît  pas  différer  du  Lauratsja  de  Willdenow. 

C'est  un  arbre  de  ce  genre  qui  fournit  les  fruits  appelés 
KoïKO  ,  fruits  qui  se  mangent ,  et  qui  ont  le  goût  de  la  To- 
JIATE.  (b.) 

SCAPHIDIE  ,  Scaphidium,  Oliv.  ,  Latr.  ,  Fab.  ;  Silpha  ; 
Linn.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  coléoptères ,  section 
des  pentamères  ,  famille  des  clavicornes  ,  tribu  des  pel- 
toïdes. 

Les  scaphidies  sont  de  petits  coléoptères  qui  ont  des  rap- 
ports avec  \qs  boucliers,  \es  cholèoes^tV  qui  ont  été  ainsi  nommés 
de  ce  que  leur  corps  est  en  forme  de  bateau.  H  est  ovalalre  , 
épais  ,  rétréci  aux  deuxbouls,  avec  la  tête  petite  ;  le  corselet 
est  convexe  et  trapézoïde  ;  les  élytres  sont  tronquées  à  leur 
extrémité;  l'anus  est  découvert  ;  les  pieds  sont  grêles  et  allon- 
gés ;  les  jambes  étroites  ,  presque  cylindriques  ,  sans  épines, 
et  les  tarses  composés  d'articles  entiers;  les  antennes  termi- 
nées brusquement  par  une  massue  allongée, composée  de  cinq 
articles  ,  pour  la  plupart  presque  hémisphériques  ou  presque 
ovoïdes  ;  les  articles  précédens  sont  grêles,  allongés  ,  pres- 
que cylindriques  ;  les  mandibules  sont  obtuses  et  bifides  à 
leur  extrémité;  les  palpes  filiformes,  terminés  en  pointe  ;  les 
labiaux  plus  petits  ;  les  mâchoires  bilobées  ,  avec  leur  divi- 
sion interne  petite  et  en  forme  de  dent  ;  le  menton  est 
grand,  presque  carré  ;  la  langue  membraneuse  ,  courte  , 
iransverse  ,  un  peu  plus  large  et  un  peu  concave  au  bord  su- 
périeur. 

Ces  insectes  sont  très-agiles  et  vivent  dans  les  champi- 
gnons. 


2o4  S  C  A 

Les  mis  ont  un  écusson ,  et  tels  sont  les  suivans  :  ScArniniE 
QUADRrMACULÉ,  Scaphidium  (juadrimaculaium  ,  Ollv.  ,  Col.  ^ 
tom.  2,  n,«  20,  pi.  I  ,  fig.  I.  Le  corps  est  d'un  noir  luisant  , 
avec  les  élytres  vaguement  ponctuées,  marquées  chacune  de 
deux  taches  d'un  rouge  de  sang,  et  les  jamhes  slriées.  Le 
SCAPHIDIE  IMMACULÉ  ,  Scapliidium  immacu'alum ,  Oliv.  ,  i/'id.  , 
fig.  3,pl.P  I  i4,de  cet  ouvrage.  Son  corps  est  entièrement  noir, 
sans  taches,  avec  les  élytres  chargées  de  points  disposées  en 
lignes  ;  les  quatre  jambes  postérieures  sont  arquées  dans  l'un 
des  sexes.  Cette  espèce  est  propre  aux  environs  de  Paris,  et 
se  trouve,  au  printemps,  sous  les  feuilles,  et  en  automne, 
dans  les  champignons  des  bois. 

Les  autres  scaphidies  n'ont  point  d'écusson  ;  le  milieu  du 
bord  postérieur  de  leur  corselet  est  dilaté  postérieurement 
en  manière  d'angle  ;  les  articles  de  la  massue  de  lears  an- 
tennes sont  presque  ovoïdes  ,  tandis  qu'ils  sont  presque  hé- 
misphériques dans  les  deux  espèces  précédentes.  La  seule 
connue  de  cette  seconde  division ,  est  le  Scaphidie  agari- 
CIN,  Scaphidium  agaricinum ,  Oliv.  ,  îbid.  ,  pi.  i  ,  fig.  4-  Son 
corps  est  très-petit ,  noir  ,  très-lisse,  avec  les  antennes,  le 
bout  des  élytres  et  les  pieds ,  d'un  brun  pâle.  On  le  trouve 
dans  le  bolet  versicolor. 

On  a  décrit  deux  autres  espèces  de  scaphidies,  dont  l'une 
le  S.  concolor,  habite  la  Caroline  ,  et  l'autre,  le  S.  quadripusiu- 
lulatum  ,  est  particulière  à  la  Nouvelle-Hollande. 

SCAPHITE  ,  Scaphites.  Genre  de  coquilles  établi  par 
Sovverby  ,  pour  placer  deux  fossiles  d'Angleterre  ,  voisins 
des  Ammonites  et  des  Spirules,  mais  qui  diffèrent  parce 
que  leur  spire  n'a  lieu  qu'à  leur  extrémité  ,  et  que  le  reste 
est  seulement  un  peu  recourbé. 

Ces  deux  fossiles  sont  figurés  pi.  i^  du  bel  ouvrage  de  ce 
naturaliste  ,  intitulé  :  Conchyliologie  myiérale  de  la  Grande-Bre- 
tagne. Ils  se  trouvent,  comme  les  ammonites, dans  les  terrains 
de  transition,  (b.) 

SCAPHOIDE.  C'est,  selon  Bertrand,  une  sorte  de 
bufonîte  ou  de  dent  de  poisSon  pétrifiée  ,  en  forme  de  bateau, 

(DESM.) 

SCAPOLITE.  V.  Wernerite.  (ln.) 

SCAPULAIRES  (^Ornithologie).  On  appelle  ainsi  les 
plumes  qui  naissent  vers  le  haut  de  l'aile  ,  près  de  sa  jonc- 
tion avec  le  corps  ,  qui  s'étendent  le  long  du  dos  sur  chaque 
côté,  en  suivant  la  direction  longitudinale  du  corps,  et  qui , 
quand  les  ailes  sont  déployées,  restent  toujours  dans  cette 
même  direction,  hesscapulaires sont  plusnombrenses  et  beau- 
coup plus  amples  dans  certains  oiseaux  que  dans  d'autres. 


^  C    \  295 

SCAPULA  VULGARÏS.  Des  oryciographcs  ont  ainsi 
noiniiié  les  petits  osselets  qui  appartiennent  à  la  bouche  des 
Oursins,  et  qu'on  trouve  quelquefois  pétrifiés,  (desm.) 

SCARAKE ,  [Scarabus.  Genre  de  Coquilles  établi  par 
Denys-de-Monlfort  pour  placer  quelques  espèces  d'HÉncES 
de  Linn.  (  Auricules,  Lamarck  )  ,  qui  s'écartent  des  autres. 
Ses  caractères  sont  :  coquille  libre ,  univalve  ,  sans  ombilic  , 
à  spire  régulière  ,  élevée  ,  tranchante  sur  ses  deux  flancs  ; 
Ouverture  en  forme  de  faux,  étroite  ,  entière  ,  dentée  sur  les 
deux  lèvres  ;  lèvre  extérieure  tranchante. 

L'espèce  qui  sert  de  type  à  ce  genre  est  terrestre  ,  et  se 
trouve  ,  avec  plusieurs  de  ses  congénères  non  décrites  ,  dans 
l'île  d'Amboine.  Elle  a  plus  d'un  pouce  de  long,  et  se  fait 
remarquer  par  la  petitesse  de  son  ouverture.  On  en  voit  une 
superbe  figure  pi.  ^2  des  Mélanges  de  zoologie  de  Léach. 
On  l'appelle  dans  le  commerce,  la  gueule  de  loup  et  l'aveline. 
Sa  couleur  est  brune  ,  avec  des  taches  blanches  pointiilées. 

(B.) 

SCARABEE,  Scarabœus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  coléoptères,  section  despentamères  ,  famille  des  lamel- 
licornes ,  tribu  des  scarabéides. 

Pline  et  d'autres  auteurs  ont  ainsi  désigné  et  collective- 
ment, diverses  sortes  de  coléoptères  et  même  quelques  or- 
thoptères-^  tels  que  les  gryllons.  Cette  dénomination  est,  en 
partie  ,  synonyme  de  celle  de  cantharos  ,  employée  par  les 
Grecs.  Les  modernes  ,  en  conservant  la  première  ,  ne  l'ont 
plus  assignée  qu'à  un  seul  genre  d'insectes.  Les  scarabées 
avoient  été  confondus  par  Li.nnœus  avec  les  hannetons  ,  les 
cétoines  ,  les  trox.  (ieoffroy  avoit  sinoplement  divisé  tous  ces 
insectes  en  deux  genres  ;  il  avoit  conservé  le  nom  de  scarabée 
au  premier,  il  avoit  donné  le  nom  de  bousier  au  second; 
mais  ces  deux  genres ,  d'après  les  caractères  que  cet  auteur 
leur  avoit  assignés,  ne  différoient  l'un  de  l'autre  que  parce 
que  le  premier  avoit  un  écusson ,  et  que  l'autre  n'en  avoit 
point.  On  sent  bien  que  cette  légère  différence  ne  doit  pas 
suffire  pour  l'établissement  d'un  genre  ,  d'autant  plus  que  la 
plupart  des  bousiers  ont  un  écusson  très-petit.  Il  y  a,  d'ail- 
leurs, la  plus  grande  analogie  entre  quelques  scarabées  à 
écusson  et  ceux  qui  en  manquent.  Tous  les  insectes  rangés 
par  Geoffroy  dans  le  genre  des  bousiers  ,  ont ,  à  la  vérité  , 
une  manière  de  vivre  qui  leur  est  propre  ;  ils  ont  une  forme 
qui  diffère  de  celle  des  autres  scarabées  ,  et  qui  les  fait  re- 
connoître  au  premier  aspect  ;  ils  vivent  tous  dans  les  bouses 
et  les  fientes  des  animaux;  mais  les  aphodies  vivent  de  la 
même  manière,  se  trouvent  dans  les  mêmes  lieux,  ont  la 
bouche  presque  conformée  de  même  ,  et  ne  diffèrent  bieu 


296  s  C  A 

distinctemeiit  des  bousiers  que  parce  qu'ils  ont  un  écusson  » 
et  que  toutes  leurs  pattes  sont  insérées  à  égales  dislances  ; 
donc  le  manque  de  cette  pièce  ou  son  existence  ne  doit  point 
entrer  en  considération  pour  la  formation  d'un  genre. 

Degéer  a  divisé  en  trois  familles  le  genre  de  scarabée  ,  tel 
que  l'avoit  établi  Linnœus  ;  la  première  famille  comprend  les 
scarabées,  lesoryctès,  les  synodendres,  les  géotrupes,  les 
onthophages,  les  apbodies  ,  les  bousiers  et  les  trox  ;  la  se- 
conde comprend  les  hannetons  ,  les  rutèles;  et  la  troisième  ,* 
les  cétoines  et  les  trichies  -,  il  a  distingué  ces  familles  sous 
les  noms  de  scarabées  de  terre ,  de  scarabées  des  arbres  et  de 
scarabées  des  fleurs.     ' 

Voët  a  suivi  à  peu  près  les  divisions  de  Geoffroy  et  celles 
de  Degéer.  Il  a  divisé  le  genre  scarabée  de  Linnaeus  en  scara- 
bées et  en  bousiers.  Les  premiers  sont  subdivisés  en  trois  fa- 
milles ;  la  première  comprend  les  scarabées  de  fleurs  ;  la  se- 
conde, les  scarabées  d'arbres;  la  troisième  ,  les  scarabées  de 
terre  proprement  dits.  Le  second  genre ,  celui  des  bousiers  , 
«st  le  même  que  celui  de  Geoffroy  ,  et  répond  à  noire  divi- 
sion des  scarabées  ou  bousiers  sans  écusson  (  Cnléop. ,  lom. 
I  ,  genre  ,  n.°  3  ).  Schœffer  a  suivi  l'exemple  de  (ieoffroy  ;  il 
a  établi  deux  genres:  l'un,  sous  le  nom  de  scarabœus,  et  l'autre 
sous  le  nom  de  copris. 

Fabricius  sépara  des  scarabées ,  les  hannetons  ,  les  cé- 
toines et  les  trox.  Mais  le  genre  scarabée,  tel  que  l'avoit 
établi  ce  célèbre  naturaliste ,  présentoit  des  différences 
très-remarquables  qui  nous  ovoient  engagé  à  en  former  trois 
genres  ou  trois  grandes  familles,  dont  la  première  compre- 
noil  les  scarabées  qui  ont  des  mandibules  et  qui  n'ont  point 
de  lèvre  supérieure  ;  la  seconde  renfermoit  les  scarabées  qui 
ontdes  mandibules  et  une  lèvre  supérieure  ;  dans  la  troisième  , 
étoient  placés  ceux  qui  n'ont  ni  mandibules,  ni  lèvre  supé- 
rieure. Dans  son  entomologie  systématique ,  Fabr  cius  se 
borne  à  détacher  de  son  genre  scarabée  ,  l'espèce  nommée 
cylindrigue^poar  en  faire  celui  de  synodendron ,  mais  auquel  il 
rapporta,' mal  à  propos,  quelques  espèces  de  bostriches  , 
erreur  qu'il  n'a  pas  corrigée  postérieurement.  M.  Latreille  , 
dans  sou  précis  des  caractères  génériques  des  insectes  ,  éta- 
blit, avec  les  scarabées  de  notre  seconde  division  ,  un  genre 
propre  qu'il  nomma  géotnipe,  adopta  celui  de  bousier  ^  et  ne 
conserva  le  nom  générique  de  scarabée  qu'aux  espèces  de 
notre  première  division.  Ces  genres  et  ceux  qui  avoienl  déjà 
été  séparés  des  scarabées  de  Linnseus ,  composèrent  sa  se- 
conde famille  des  coléoptères.  Fabricius  ,  dans  le  Supplé- 
rwi'xA  de  son  entomologie  systéjnatique  ,  admit  aussi  le  genre 
Jbousicr  ;    mais  il  le  restreignit,    en  établissant  à  ses  dépens 


s  C  A  297 

le  genre  onids.  Les  géotnipes  de  M.  Latreille  furent  pour  lui 
des  scarabées  ,  tandis  que  les  coléoplcres,  que  le  dernier  dé- 
signe ainsi,  furent  transformés  en  géotrupes  ;  renversement 
bizarre  de  nomenclature  ,  et  qui  a  ,  cependant,  été  reçu  par 
les  naturalistes  allemands,  tant  en  impose  l'autoriié  d'un 
grand  nom!  Le  même  genre  bousier  subit,  peu  de  temps 
après  ,  une  nouvelle  modification.  M.  Weber  en  sépara  les 
ateuchus,  et  lUiger  les  aphodies.  Tel  étoit,  à  cet  égard, 
l'état  de  la  science,  lorsque  M.  Latreille  publia  le  troisième 
volume  de  son  histoire  générale  des  crustacés  et  des  insectes. 
Notre  troisième  division  des  scarabées  y  compose  une  famille 
propre,  celle  des  coprophages  et  qui  offre  un  nouveau  genre, 
celui  àcs  onihophagcs.  Ceux  des  lélhriisel  des  géotrupes  forment 
une  autre  famille, celle  desgéotrupines.  Une  troisième,  celle 
des  scarabéides,et  à  laquelle  il  réunit  les  lucanes  et  les  passales, 
comprend  ,  outre  les  scarabées  de  notre  première  division  , 
nos  hexodons  et  nos  cétoines;  mais  ce  dernier  genre  y  est 
moins  étendu,  par  l'adoption  de  celui  des  trichies  et  l'éta- 
blissement d'une  autre  coupe  générique  ,  celle  des  rutèles  , 
qui  est  formée  des  cétoines  de  notre  troisième  division. 
M.  Latreille  y  divise  les  hannetons  en  plusieurs  petites  fa- 
milles,  d'après  des  considérations  tirées  des  antennes,  des 
ongles  des  tarses  et  de  la  forme  du  corps  ;  on  y  voit  aussi  un 
nouveau  genre  ,  celui  des  glaphyres  qujl  a  détaché  du  pré- 
cédent. Fabricius  ,  dans  son  système  des  éleuthérales  ,  ne 
s'est  point  écarté  de  la  méthode  qu'il  avoit  présentée  dans  le 
supplément  de  son  entomologie  systématique.  M.  Latreille 
a  depuis  (  Gêner.  Criist.  et  Insect.  ,  Considérât,  général  sur  Vordie. 
Tuitureîdes  Crust. ,  des  arachn.  et  des  insect.^  fait  quelques  chan- 
gemens  dans  cette  partie  des  insectes,  et  proposé  quel- 
ques autres  nouveaux  genres.  (  V.  les  articles  Lamelmcornes, 

SCARABÉIDES,  LUCANIDES.  ) 

Au  moyen  de  l'ensemble  des  caractères  que  nous  allons 
exposer,  l'on  dlstinguera''aisément  les  scarabées  des  autres 
genres  analogues  :  corps  ovoïde-oblong, convexe;  têterétrécle 
en  devant;  son  dessus  ou  celui  du  corselet,  et  quelquefois 
ces  deux  parties  simultanément,  différant  selon  les  sexes,  ar- 
més de  cornes  ou  de  tubercules  dans  les  m.ales  ;  un  écusson 
distinct  ;  l'extrémité  postérieure  de  l'abdomen  découverte  ; 
antennes  de  dix  articles,  dont  les  trois  derniers  formant  une 
massue  lamellée  ;  mandibules  cornées  ,  avec  le  côté  exté- 
rieur saillant  ou  découvert  ,  sinué  ou  crénelé  ;  mâchoires 
entièrement  écailleuses,  droites,  dentées,  ou  épineuses  ; 
menton  ovale  ou  ovoïde  ,  tronqué  ou  obtus  au  bout;  lèvre 
supérieure  membraneuse ,  cachée  entièrement  sous  le  cha- 
peroiî. 


^9^  S  C  A 

On  rencontre  les  scarabéescourant  sur  la  terre  ou  volant 
d'un  endroit  à  l'autre  :  on  les  trouve  ordinairement  dans  les 
endroits  gras  et  humides ,  dans  les  couches  ou  dans  les  champs, 
vers  la  racine  des  vieux  arbres.  La  plupart  fréquentent  les  fu- 
miers et  les  terres  grasses  et  humides,  pour  y  déposer  leurs 
œufs;  mais  aucun  ne  se  trouve  dans  les  bouses  et  les  fientes 
des  animaux. 

C'est  dans  les  terreaux,  les  fumiers,  les  terres  grasses,  qu'on 
rencontre  la  larve  de  ces  insectes.  Elle  ressemble  à  un  ver 
mou,  gros,  ordinairement  courbé  en  arc  ;  sa  tête  est  dure, 
écailleuse  ,  munie  de  deux  «ntennes  filiformes  courtes  ;  le 
corps  est  composé  de  treize  anneaux  assez  distincts,  dont  neuf 
sont  pourvus  d'un  stigmate  de  chaque  côté.  La  nymphe  est 
enfoncée  dans  la  terre,  et  enfermée  dans  une  espèce  de  coque 
que  la  larve  a  construite  avant  sa  tansformalion.  La  peau  qui 
recouvre  son  corps  laisse  voir  toutes  les  parties  que  l'insecte 
parfait  doit  avoir.  Leur  forme  se  dessine  assez  bien  sous  la 
peau  qui  les  recouvre  et  qui  les  tient  comme  emmaillottées. 

jNous  ne  répéterons  pas  toutes  les  puérilités  que  les  plus 
grands  hommes  de  l'antiquité  ,  tels  qu'Homère  ,  Aristo- 
phane ,  Théocrite,  Isidore,  Aristote  ,  Lucien  et  Pline,  ont 
écrites  sur  les  scarabées  ou  canihares  relativement  à  leur  ori- 
gine ,  à  leurs  habitudes,  à  leur  sexe  ;  la  plupart  d'elles  sont 
rapportées  dans  Moufet  et  d'ans  Jouston.  Nous  dirons  seu- 
lement que  les  Egy^iens,  croyant  que  les  scarabées  étoient 
tous  mâles,  et  qu'il  n'y  avoit  point  entre  eux  de  copulation  , 
sculptoient  ces  insectes  au  bas  des  statues  des  héros,  pour  ex- 
primer la  vertu  mâ-le  et  guerrière  exempte  de  toute  foiblesse, 
vertu  qui  n'appartenoit,  selon  eux,  qu'aux  âmes  fortes,  qu'aux 
hommes  vraiment  illustres  ;  mais  ces  faits  doivent  moins  s'ap- 
pliquer à  nos  scarabées  proprement  dits  qu'aux  ateuchus. 

Ce  genre  est  composé  d'un  grand  nombre  d'espèces  ,  mais 
qui ,  à  l'exception  de  deux  ,  sont  toutes  exotiques. 

Scarabée  actéon,  Geotmpes  (^çfœon^  Fab.  C'est  un  des 
plus  gros  de  ce  genre.  Tout  le  corps  du  mâle  est  noir  et  lui- 
sant ;  la  tête  est  armée  d'une  corne  avancée  ,  un  peu  recour- 
bée ,  bifide  à  son  extrémité  ,  munie  à  sa  base  interne  d'une 
dent  relevée  ,  très-forte  :  le  corselet  a  deux  cornes  compri- 
mées, avancées,  pointues  à  sa  partie  antérieure  ,  et  une 
petite  élévation  au  milieu  du  dos  ;  l'écusson  est  triangulaire; 
les  élytres  sont  lisses,  sans  stries;  les  jambes  antérieures 
sont  terminées  par  trois  dents  de  chaque  coté.  La  femelle 
est  noire  ,  toute  raboteuse  en  dessus  ;  le  chaperon  est  bi- 
denté  ;  la  tête  est  munie  d'une  1res -petite  corne  :  le  cor- 
selet est  très-raboteux  ,  sans  cornes.  Ce  scarabée  se  trouve 
à  Cayenne  et  à  Surinam. 


s  G  A  299 

SCARVBÉE  HERCULE  ,  G  eotrupes  hercules ,  Fab,  ;  pi.  R.  11 
de  cet  ouvrage.  Le  mâle  est  remarquable  par  la  longueur 
de  ses  cornes;  la  tête  est  noire,  luisante,'  armée  d'une 
longue  corne  ,  avancée  ,  recourbée  ,  munie  à  sa  partie  supé- 
rieure de  trois  ou  quatre  dents;  le  corselet  est  noir,  lui- 
sant ,  armé  d'une  corne  1res  -  longue  ,  avancée  ,  courbée  , 
très-velue  en  dessous  ,  échancrée  à  son  extrémité  ,  munie 
d'une  dent  de  chaque  côté  ;  l'écusson  est  noir  et  luisant  ; 
les  élytres  sont  d'une  couleur  cendrée  ,  un  peu  glauque , 
avec  des  points  et  des  taches  noirs  :  elles  sont  quelquefois  en- 
tièrement obscures;  le  dessous  du  corps  et  les  pattes  sont 
noirs;  les  jambes  antérieures  ont  trois  dents  latérales.  La 
femelle  diffère  beaucoup  du  mâle  :  la  tête  est  noire  ,  point 
luisante,  munie  d'un  tubercule  arrondi;  le  corselet  est  noi- 
râtre ,  légèrement  chagriné,  point  du  tout  luisant,  un  peu 
pubescent;  l'écusson  est  noir,  triangulaire  et  luisant  ;  les 
élytres  sont  obscures  à  leur  base,  glauques  à  leur  extrémité  . 
raboteuses  et  munies  chacune  de  deux  ou  trois  lignes  longi- 
tudinales élevées  ;  le  dessous  du  corps  est  noir  et  couvert  de 
quelques  poils  ferrugineux.  Ce  bel  insecte  se  trouve  fréquem-' 
ment  aux  Antilles. 

Scarabée  pointillé,  Scarabœus  punctatus^  Oliv.,  Coléopt.^ 
tom.  I  ,  n.o  3 ,  pi.  8  ,  fig.  70.  Il  est  d'un  brun  noirâtre  et 
pointillé;sa  tête  est  munie  de  deux  petits  tubercules;  son  cor- 
selet est  convexe  et  uni;  ses  élytres  ont  chacune  trois  lignes 
longitudinales  élevées,  mais  peu  marquées.  On  le  trouve  dans 
les  départemens  méridionaux  de  la  France,  en  Espagne  et 
en  Italie.  Le  géolnipe  monodon  de  Fabricius  est  trè  -voisin  du 
précédent.  Sa  tête  offre  un  tubercule  élevé  et  presque  en 
forme  de  corne.  Il  habite  la  Hongrie.  F.pourle  scarabée  na- 
sicorne,  mentionné  dans  la  première  édition  de  ce  Diction- 
naire ,  l'article  Oryctès.  (o.  l.) 

SCARABÉE  AQUATIQUE.  C'est  ainsi  qu'on  a  nommé 
vulgairement  les  grandes  espèces  de  Dytiques  et  d'HYORO- 
PHILES.  V.  ces  mots,  (o.) 

SCARABÉES  DISSÉQUEURS.  Nom  donné  aux  in- 
sectes du  genre  Dermeste.  V.  ce  mot.  (o.) 
SCARABEK  DES  LYS.  V.  Criocère.  (o.) 
SCARABÉE  DES  MARÉCHAUX.  On  a  donné-ce  nom 
au  Méloé  proscarabée,  (desm.) 
SCARABÉE  PULSATEUR.  V.  Vrillette.  (o.) 
SCARABEE  A  RESSORT.  V.  Taupin.  (o.) 
SCARABÉE  TORTUE  ou  SCARABÉE  HÉMIS- 
PHÉRIQUE. C'est  sous  ce  nom  que  l'on  désigne  vulgaire- 
ment les  coccinelles.  On  les  nomme  aussi  bêtes  à  Dieu  ,  vaches 
il  Dieu,  chemux  de  Dieu,  bêtes  delà  Vierge.  V.  CocCI^!ELLE.(o.) 


3oD  s  C  A. 

SCARABÉE  A  TROMPE.  V.  Charansonites.  (l.) 

SCARABÉIDES ,  Scamhœides.  Tribu  d'insectes  de  la 
famille  des  lamellicormes,  ordre  des  coléoptères^  ainsi  nom- 
mée du  genre  scarabœus  de  Linn?eus  dont  elle  est  formée. 

Plusieurs  espèces  de  cette  tribu  sont  remarquables  par 
leur  taille  et  les  éminences  en  forme  de  cornes  ou  de  tuber- 
cules que  présentent ,  dans  les  mâles  ,  la  tête  ,  le  corselet  ou 
ces  deux  parties  simultanément.  Le  corps  est,  en  général, 
ovale  ou  ovoïde  ;  les  antennes  ,  dont  la  longueur  ne  surpasse 
jamais  celle  de  la  tcte  et  du  corselet,  sont  ordinairement 
composées  de  neuf  à  dix  articles,  et  quelquefois  de  onze  , 
toujours  terminées  en  une  massue  de  trois  à  sept  feuillets, 
formés  par  les  derniers  ;  elles  sont  insérées  dans  une  cavité, 
sous  les  bords  latéraux  de  la  télé  ;  l'extrémité  antérieure  de 
celle  partie  est  avancée  en  cbaperon;  les  yeux  s'étendent  plus 
en  dessous  qu'en  dessus;  la  bouche  varie,  mais  la  lèvre  est 
le  plus  souvent  couverte  par  le  menton  qui  est  grand  et  corné; 
les  deux  premières  jambes,  et  même  souvent  d'aulres,  sont 
dentées  extérieurement  et  propres  à  fouir;  les  articles  des 
tarses  sont  le  plus  souvent  entiers. 

Ces  insectes  vivent  de  substances  végétales  ;  mais  b  Aucoup 
d'eux  préfèrent  celles  qui  sont  décomposées,  telles  que  le 
fumier,  les  fientes,  le  tan,  elc  ;  ceux  qui  se  nourrissent  de 
feuilles  ou  du  miel  des  Heurs,  sont  ordinairement  ornés  de 
couleurs  variées,  agréables  ou  même  très-éclalantes  ;  tandis 
que  ceux  qui  vivent  de  l'autre  manière  sont  uniformément 
d'une  teinte  noire  ou  brune  :  ces  derniers  paroissent  encore 
craindre  la  lumière  du  jour,  et  ne  quittent  guère  leurs  re- 
traites que  le  soir  ou  pendant  la  nuit.  Tous  ont  des  ailes,  et 
une  démarche  lourde. 

Leurs  larves  ont  le  corps  long,  presque  demi-cylindrique, 
llexible,  souvent  ridé  ,  blanchâtre  ,  divisé  en  douze  anneaux, 
avec  la  têle  écailleuse  ,  armée  de  fortes  mandibules,  et  six 
pieds  écailleux.  Chaque  côlé  du  corps  a  neuf  stigmates.  Son 
exirémilé  postérieure  est  plus  épaisse,  arrondie  et  presque 
toujours  courbée  en  dessous,  de  façon  que  ces  larves  ayant  le 
dos  convexe  ou  arqué,  ne  peuvent  s'étendre  en  ligne  droite  , 
marchent  mal  sur  un  plan  uni  ,  et  tombent  à  chaque  instant 
à  la  renverse  ou  sur  le  côté.  Selon  les  genres,  elles  ont  pour 
alimens  les  bouses,  le  fumier  ,  le  terreau ,  les  substances  li- 
gneuses altérées,  les  racines  des  végétaux,  même  de  ceux 
que  nous  culîivons  et  qui  sont  nécessaires  à  nos  besoins  , 
d'où  résultent  souvent  pour  nous  des  perles  considérables. 
Elles  ont  toutes  un  estomac  cylindrique ,  entouré  de  trois 
rangées  de  petits  cœcums  ;  un  intestin  grêle,  très-court;  ua 


colon  énormément  gros,  boursouftlé,  et  an  rectum  médiocre. 
(2uelqueS'Unes  de  ces  larves  ne  se  changent  en  nymphes  qu'au 
bout  de  trois  à  quatre  ans  ;  elles  se  forment,  dans  leur  séjour, 
avec  la  terre  ou  les  débris  des  matières  qu'elles  ont  rongées, 
une  coque  ovoïde  ou  en  forme  de  boule  allongée, dont  les  par- 
ties sont  liées  avec  une  substance  glulineuse  qu'elles  font 
sortir  du  corps. 

L'insecte  parfait  n'est  souvent  pas  en  état,  immédiate- 
ment après  sa  naissance  ,  de  faire  usage  de  ses  organes.  Il 
a  besoin  de  se  fortifier,  ce  qui  exige  souvent  un  temps 
assez  long.  L'organisation  intérieure  a  subi  de  grand*  chan- 
gemens.  On  ne  voit  plus  qu'un  long  intestin  ,  et  qui  est  pres- 
que d'égale  venue.  Les  trachées  sont  toutes  vésiculaires. 

Je  pat  tage  cette  sous-familie  en  six  sections. 

1.  Antennes  Trayant  pas  au  delà  de  neuf  articles  ;  mandibules  et  labre 
toujours  membraneux  et  caches  ;  palpes  labiaux  presque  to'jjoars 
conif/ues ,  ou  terminés  brusquement  par  un  article  beaucoup  plus 
grêle  ou  très-petit;  lobe  terminant  les  mâchoires  ^  grand  ,  membro' 
neux,  arqué,  large  et  transversal. 

I.    COPROPHAGES  ,  CoyU/Oypfta^/. 

Nota.  Palpes  labiaux  ,  insérés  aux  angles  supérieurs  du 
menton  ,  au  devant  des  deux  divisions  membraneuses  ,  sail- 
lantes et  velues  de  la  languette  ;  les  deux  pieds  postérieurs 
situés  à  peu  de  distance  de  l'anus;  chaperon  en  demi-cercle; 
écusson  nul;  les  deux  pieds  intermédiaires  souvent  plus 
écartés  entre  eux,  à  leur  naissance,  que  les  autres. 

Les  genres  :  Ateuchus  ,  Gymnopleure  ,  Onitis  ,  Bou- 
sier, Ojnthophage  ,  Aphodie. 

il.  Antennes  de  plusieurs  ayant  au-delà  de  neuf  articles  (  dix  à  onze); 
mandibules  et  labre  n'étant  pas  toujours  membraneux  et  cachés  ; 
palpes  labiaux  filiformes  ou  plus  gros  à  leur  extrémité  ;  mâchoires 
soit  entièrement  écailleuses, soit  terminées  par  un  lobe  membraneux^ 
mais  droit  et  longitudinal. 

a.   GÉOTRUPINS,  Geotrupini. 

Antennes  de  onze  articles  ;  mandibules  cornées  ,  saillan- 
tes ,  arquées  autour  du  labre  qui  est  pareillement  extérieur; 
divisions  de  la  languette  saillantes. 

Les  genres  :  Lethrus  ,  Géotrupe. 

3.  Xylophiles  ,  Xyluphili. 

Antennes  de  neuf  à  dix  articles  ;  mandibules  cornées  et 
point  en  forme  de  lame  ou  d  écaille  ;  languette  cachée  en- 
tièrement par  le  menton  ;  mâchoires  entièrement  cornées  et 
dentées ,  ou  terminées  par  un  lobe  coriace  ;  mandibules 
découvertes  ou  saillantes  au  côté  extérieur,  point  renfer- 


302  S  C  A 

niées  lolaleiTient  enlr»^  les  mâchoires  et  la  face  inférieure  de 
l'extrémilé  antérieure  de  la  têle. 

Les  genres  :  iîEGiALiE,  Trox  ,  Oryctès,  Scarabée, 
Hexodon,   Rutèle. 

4.  Phyllophages,  Phyïïophagi. 

Antennes  de  neuf  à  dix  articles  ;  mandibules  cornées  , 
point  en  forme  de  lame  ou  d'écaillé  ;  languette  entièrement 
cachée  par  le  menton  ;  mâchoires  entièrement  cornées  et 
dentées;  mandibules  cachées  entre  les  mâchoires  et  le  côté 
inférieur  de  la  partie  antérieure  de  la  tête  ;  leur  côté  exté- 
rieur seul  apparent. 

Les  genres:  Anoplognathe,  Hanneton,  Hoplie. 

5.  Anthoeies  ,   Anihohu. 

Antennes  de  neuf  articles  ;  mandibules  cornées  et  point 
en  forme  de  lame  ou  d'écaillé  ;  languette  divisée  en  deux 
lobes  saillans  au-delà  du  menton. 

Nota.  Mâchoires  terminées  par  un  lobe  membraneux  et 
soyeux  ;  corps  ordinairement  allongé  ,  avec  le  chaperon 
avancé  ;  corselet  oblong  ou  rond  ;  étuis  écartés  ou  béans 
à  leur  extrémité. 

Les  genres  :  Glaphyrk  ,  Amphycome  ,  Anisonyx. 

6.  Melitophiles  ,  MelHophiU. 

Antennes  de  dix  articles  ;  mandibules  très-comprimées  , 
en  forme  de  lame  ou  d'écaillé  ,  ordinairement  membra- 
neuses. 

Nota.  Corps  le  plus  souvent  ovale  ,  aplati ,  avec  le  cor- 
selet en  trapèze  ou  rond  ;  labre  membraneux,  caché  sous  le 
chaperon  ;  mâchoires  terminées  par  un  lobe  pénicilliforme  ; 
languette  cachée  par  le  menton. 

Les  genres  :  Goliath  ,  Trichie  ,  Crémastocheile  , 
Cétoine.  V.  ces  articles,  (l.) 

SCARB.  Nom  allemand  du  Cormoran,  (v.) 

SCARCFIIR.  Nom  égyptien  d'un  Canard,  (desm.) 

se  ARCINE ,  Scarcîna.  Genre  de  poissons ,  fondé  par 
Rafinesque  Smaltz  dans  la  division  des  osseux  apodes  ,  et  se 
rapprochant  des  Ophidies  et  des  Ammodytes.  11  se  distin- 
gue néanmoins  des  premiers,  parce  que  sa  nageoire  caudale 
n'est  point  réunie  avec  la  dorsale  et  avec  l'anale  ;  et  il  dif- 
fère des  derniers  par  la  présence  des  dents  sur  ses  mâchoires, 
par  la  forme  très-comprimée  de  son  corps  ,  et  parce  que 
sa  nageoire  anale  ne  s'étend  pas  depuis  la  queue  jusqu'à 
l'anus.  La  nageoire  dorsale  est  très  longue,  les  mâchoires 
sont  munies  de  dents. 

Quatre  espèces  de  ce  genre  se  trouvent  sur  les  côtes  de 
Sicile  ;  ce  sont  : 

La  ScARCiNE  ARGENTCÉE,  dont  le  muscau  est  tronqué,  la 


s  C  A  3o^. 

mâchoire  inférieure  plas  longue  que  la  supérieure  ,  le  corps 
de  couleur  argentine  uniforme,  la  dorsale  naissant  au-dessus 
des  yeux,  la  caudale  presque  en  croissant  et  formée  de  six 
rayons.  Ce  poisson, qui  atteint  jusqu'à  six  pieds  de  longueur, 
n'a  que  deux  dents  situées  à  la  pointe  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, et  quatre  à  la  supérieure.  C'est  le  plus  conmiun  du 
genre.  On  le  pêche  et  on  le  mange.  Sa  peau  est  couverte 
d'une  couche  de  matière  argentée ,  qui  peut  être  employée 
dans  la  fabrication  des  fausses  perles  et  dans  la  composition 
d'une  encre. 

La  ScaRCINE  ponctuée,  Scarcina  punntata,  dont  !e  mu- 
seau est  tronqué  j  la  mâchoire  inférieure  plus  longue  que 
la  supérieure;  le  corps  blanchâtre  ,  tacheté  de  points  bruns  ; 
la  nageoire  dorsale  naissant  sur  les  ouvertures  branchiales; 
la  queue  fourchue.  Elle  est  plus  petite  que  la  précédente,  et  a 
été  décrite  sous  le  nom  de  serpent  de  mer. 

La  ScARCiNE  A  QUATRE  TACHES,  qul  a  le  muscau  arrondi , 
les  mâchoires  presque  égales;  la  couleur  blanchâtre  argentée 
avec  deux  taches  brunes  de  chaque  côté  du  dos;  les  nageoires 
dorsales  naissant  dessus  les  pectorales,  la  caudale  presque  en 
croissant  et  formée  de  quatre  rayons ,  la  mâchoire  inférieure 
pourvue  de  plusieurs  dents.  Elle  a  deux  pieds  de  longueur. 

La  ScARCiiSE  IMPÉRIALE  ,  dont  le  museau  est  arrondi ,  les 
mâchoires  égales,  le  corps  argenté  avec  une  bande  longitu- 
dinale bleuâtre  de  chaque  côté  du  corps,  la  dorsale  naissant 
au-dessus  des  pectorales,  la  caudale  presque  fourchue ,  etc. 

(DESM.) 

se  ARE,  Scarus.  Genre  de  poissons  de  la  division  des  Tho- 
RACiQUES,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  les  mâchoires 
osseuses,  très-avancée*  tenant  lieu  de  dents;  une  seule 
nageoire  dorsale. 

11  ne  faut  pas  confondre  les  espèces  de  ce  genre  avec  le 
scare  d'Arislote  ,  et  autres  anciens  écrivains.  Ce  dernier  fai- 
soit  partie  des  labres  de  Linnseus,  et  a  été  placé  par  Lacé- 
pède  dans  un  genre  particulier ,   qu'il  a  appelé  Cheline. 

La  conformation  des  mâchoires  des  scansesi  remarquable, 
en  ce  qu'elles  sont  toujours  sans  dents  proprement  dites,  mais 
chacune  composée  d'un  seul  ou  de  deux  os  fort  saillans  ,  fort 
durs  ,  tantôt  tranchans  et  unis ,  tantôt  dentelés.  Ces  mâchoi- 
res ,  analogues  à  celles  des  diodons  et  même  des  tortues ,  sont 
douées  d'une  force  considérable,  et  propres  à  briser  les  co- 
quillages ,  les  crustacés  ,  et  les  sommités  des  madrépores  , 
des  gorgones ,  et  autres  productions  polypeuses  dont  ces 
poissons  se  nourrissent.  Elles  sont  à  plus  forte  raison  égale- 
ment propres  à  couper  les  feuilles  des  varecs ,  des  ulves  , 
qu'ils  mangent  aussi. 

Les  espèces  qui  composent  ce  genre  ne  sont  pas  d'un  grand 


3o4  S    C   k 

intérêt  pour  les  peuples  de  l'Europe,  attendu  qu'elles  vivent 
presque  toutes  dans  la  mer  Rouge  et  dans  celles  des  Indes  ; 
mais  elles  brillent  par  la  beauté  de  leurs  couleurs.  Il  ne  paroît 
pas  qu'aucune  parvienne  à  une  grandeur  remarquable.  Lacé- 
pède  en  énumère  dix-neuf  qu'il  a  divisées  en  trois  sections. 

La  première  de  ces  sections  renferme  les  scares  gui  ont  la 
nageoire  de  la  queue  fourchue  ou  en  croissant.  Ce  sont  : 

Le  ScARE  SEDJAN,  Scarus  mulolus  ,  Linn. ,  quia  treize 
rayons  aiguillonnés  et  dix  rayons  articulés  à  la  nageoire  du 
dos  ;  sept  rayons  aiguillonnés  et  neuf  rayons  à  celle  de  l'anus; 
les  denticules  des  mâchoires  filiformes,  et  d'aulant  plus 
courtes  qu'elles  sont  plus  éloignées  du  museau;  des  raies  lon- 
gitudinales et  ondulées  de  chaque  côté  du  corps.  I!  se  trouve 
dans  la  mer  Rouge. 

Le  ScARE  ÉTOILE  qui  a  treize  rayons  aiguillonnés  et  onze 
rayons  articulés  à  la  dorsale  ;  sept  rayons  aiguillonnés  et  dix 
rayons  articulés  à  l'anale  ;  point  de  ligne  latérale  visible  ; 
l'anus  caché  par  les  thoracines;  un  grand  nombre  de  taches 
hexagones  sur  le  corps.  Il  se  trouve  avec  le  précédent. 

Le  ScARE  ENNÉACAMTHE  qui  aneufrayons  aiguillonnés  et 
dix  rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  trois  rayons  aiguil- 
lonnés et  neuf  articulés  à  celle  de  l'anus  ;  la  caudale  en  crois- 
sant ;  la  ligne  latérale  interrompue;  les  denticules  des  mâ- 
choires très-distincles  et  arrondies.  Il  habite  les  mers  des 
Indes,  où  il  a  été  observé  par  Commerson. 

Le  ScARE  POURPRÉ  qui  a  huit  rayons  aiguillonnés  et  qua- 
torze articulés  à  la  nageoire  du  dos;  deux  rayons  aiguillonnés 
et  douze  articulés  àTanale;  la  ligne  latérale  rameuse;  trois 
lignes  latérales  pourpres  de  chaque  côté  du  corps.  11  habite 
la  mer  Rouge. 

Le  ScAREHARiDE  qui  n'a  point  de  rayons  aiguillonnés, mais 
vingt  articulés  à  la  nageoire  dorsale;  treize  rayons  à  celle  de 
l'anus  ;  quatre  rayons  à  la  membrane  branchiale  ;  deux  lignes 
latérales;  deux  denticules  plus  saillantes  que  les  autres  à  cha- 
que mâchoire.  Il  se  trouve  dans  la  mer  Rouge. 

Le  ScARE  CHAûEi  qui  n'apoint  de  rayons  aiguillonnés,  mais 
vingt  articulés  à  la  dorsale  ,  douze  à  l'anale  ;  deux  denticules 
plus  saillantes  que  les  autres  à  la  mâchoire  supérieure  ;  la 
couleur  générale  noirâtre  et  d'un  beau  bleu  ,  des  raies  ou 
des  points  pourpres,  ou  d'un  vert  foncé  ou  bleuâtre  sur  la 
tête  ;  les  nageoires  bordées  de  bleu  ou  de  vert  plus  ou  moins 
foncé.  Il  se  trouve  dans  la  mer  Rouge  et  dans  celles  des 
Indes.  Il  vit  de  l'extrémité  encore  peu  solide  des  madrépores 
et  autres  productions  polypeuses.  Il  passe  pour  venimeux  à 
l'Ile-de-France,  d'après  le  témoignage  de  Commerson. 

LeScAREPERROQUtT,5car«5/?s///ûcw5,quin'a  point  de  rayons 
aiguillonnés,  mais  vingt  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  onze 


Tijrons  à  celle  de  Tanus;  cinq  rayons  à  la  membrane  bran- 
chiale; deux  lignes  latérales  rameuses;  deux  denticules  plus 
saïUanies  que  les  autres  à  la  mâchoire  inférieure,  et  six  à  la 
supérieure  ;  la  couleur  générale  verte  ;  des  traits  bleus  et 
quelquefois  mêlés  de  jaune  sur  la  tête;  les  nageoires  bordées 
de  bleu.  Il  se  pêche  dans  la  mer  Rouge. 

Le  ScARE  K.KATOÉ,  Lcibms  cretensis  ,  Linn.,  qui  n'a  point 
de  rayons  aiguillonnés,  mais  vingt  articulés  à  la  dorsale;  onze 
rayons  à  celle  de  l'anus;  la  ligne  latérale  très-rameuse-  la 
caudale  en  croissant;  la  lête  et  les  opercules  couverts  d'é^ 
cailles  semblables  à  celles  du  dos;  la  partie  s-ipérieure  d'un 
vert  foncé,  et  l'inférieure  dun  vert  jann^re  sans  lach  s  II 
est  figuré  dans  Bloch,  pi.  220,  dans  i  Histoire  naturelle  des 
boissons,  faisant  suite  au  Bujjon,  édition  de  Deterville,  vol  3 
pag  iSg.  lise  trouve  dans  la  Méditerranée  et  dans  la  mer 
des  Indes.  Daubenton  l'appelle  le  labre  aiolé. 

Le  ScAREDENTicuLÉ,  qui  n'a  point  de  rayons  aiguillonnés 
maisdix-huit  rayons  à  la  nageoire  du  dos;  onze  rayons  à 
celle  de  l'anus  ;  la  caudale  en  croissant;  les  opercules  cou- 
verts d'écaillés  semblables  à  celles  du  dos;  \^s  dentelures 
des  os  des  deux  mâchoires  très-fines,  très-séparées  et  éeales 
11  est  figuré  dans  Lacépède,  vol.  4. ,  pi.  i.  Il  se  trouve  dans 
la  mer  des  Indes,  où  il  a  été  observé  par  Commerson. 

Le  ScARE  BRiDÉ,qui  n'a  point  de  rayons  aiguillonnés,  mais 
dix-neuf  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  dix  rayons  à  celle  de 
I  anus  ;  une  seule  ligne  latérale  ;  la  caudale  en  croissant  •  les 
premiers  et  les  derniers  rayons  de  cette  caudale  beaucoup 
plus  longs  que  les  autres;  point  de  dentelures  sensibles  aux 
os  des  mâchoires;  deux  bandes  placées  l'une  au-dessus  et 
l'autre  au-dessous  du  museau,  réunies  auprès  de  l'œil ,  et  pro- 
longées ensuite  jusqu'au  bord  postérieur  de  l'opercule.  Il  est 
figuré  par  Lacépède,  vol.  4,  pi.  i.  On  le  trouve  avec  le  pré- 
cédent. ^ 

Le  ScARE  DE  Catesby,  qui  a  trente-trois  rayons  à  la  dor- 
sale ;  la  caudale  en  croissant,  la  couleur  générale  verte;  ua 
croissant  rouge  sur  la  caudale.  Il  est  figuré  dans  Catesby  > 
V.  2 ,  pi.  29.  On  le  trouve  dans  les  mers  de  la  Caroline.  ' 
La  seconde  section  des  scares  comprend  ceux  qui  ont  la 
queue  tronquée  ou  arrondie.  Ce  sont  : 

Le  ScARE  VERT,  qui  a  vingt  rayons  à  la  nageoire  du  dos, 
onze  à  celle  de  l'anus;  la  caudale  tronquée  ;  quatre  rayons  à 
la  membrane  branchiale  ;  les  écailles  arrondies,  rayonnées 
et  bordées  de  vert.  Il  est  figuré  pi.  P.  19.  On  le  trouve  dans 
la  mer  du  Japon  où  il  est  très-commun. 

Le  ScARE  GHOBBAN,  qui  a  di.K-neuf  rayons  à  la  nageoire 
dorsale;  douze  à  celle  de  l'anus  i  quatre  à  la  membrane  bran- 


xx$. 


ao 


3o6  S  C  A 

chiale-,  la  caudale  rectiligne;  deux  lignes  latérales  de  chaque 
côté  -,  chaque  écaille  marquée  de  deux  taches,  l'une  bleue  et 
l'autre  brune.  Il  habite  la  mer  Rouge. 

Le  ScARE  FERRUGINEUX, qui  a  vingt  rayons  à  la  nageoire  du 
dos;  douze  à  celle  de  l'anus;  la  caudale  tronquée  net;  la  li- 
gne latérale  double;  chaque  mâchoire  séparée  en  deux  os,  et 
d'une  couleur  verte  ,  ainsi  que  le  bord  des  nageoires  ;  la  cou- 
leur générale  d'un  brun  de  rouille  ;  le  corps  et  la  queue 
un  peu  hauts.  Il  habite  avec  le  précédent. 

Le  ScARE  DE  FoRSKAEL,  Scants  sordidus,  qui  a  vingt  rayons 
à  la  nageoire  du  dos;  douze  à  celle  de  l'anus;  la  caudale  tron- 
quée ;  la  ligne  latérale  double  ;  chaque  mâchoire  séparée  en 
deux  os ,  et  dîune  couleur  rougeâtre  ;  le  corps  et  la  queue 
étroits  et  allongés.  Il  habite  encore  avec  les  précédens ,  et 
on  doit  sa  connoissance ,  ainsi  que  celle  de  la  plupart  des 
autres,  à  Forskaël,  qui  a  exploité  avec  tant  d'avantages  pour 
la  science  de  la  nature,  les  richesses  de  la  mer  Rouge. 

Le  ScARE  DE  SCHOSSER  ,  qui  a  quatre  rayons  aiguillonnés, 
onze  articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  trois  rayons  aiguillonnés 
et  quinze  articulés  a  celle  de  l'anus;  la  mâchoire  inférieure 
plus  avancée  que  la  supérieure;  la  couleur  générale  d'un  jaune 
doré;  cinq  taches  brunes  de  chaque  côté.  Il  se  trouve  dans 
la  mer  des  Indes. 

Le  ScARE  ROUGE  ,  qui  a  neuf  rayons  aiguillonnés  et  dix 
rayons  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  un  rayon  aiguillonné  et 
dix  rayons  articulés  à  l'anale;  la  caudale  arrondie; la  ligne  la- 
rale  rameuse  ;  la  couleur  générale  d'un  rouge  mêlé  d'argen- 
té :  quelquefois  deux  raies  longitudinales  blanches  ou  argen- 
tées. Il  est  figuré  dans  Bloch,  pi.  221 ,  et  dans  le  Buffon  de 
Deterville,  vol.  3,  pag.  iSg.  On  le  pêche  dans  la  mer  des 
Indes  et  autour  des  Antilles. 

La  troisième  section  des  scares  renferme  ceux  qui  ont  la 
queue  trilobée. 

Le  ScARE  TRILOBÉ,  qui  a  deux  rayons  aiguillonnés  et  seize 
articulés  à  la  nageoire  du  dos  ;  trois  lobes  très-marqués  à  la 
nageoire  de  la  queue.  Plumier  l'a  observé  dans  les  mers  de 
l'Amérique  méridionale. 

Le  ScARE  TACHETÉ ,  qui  n'a  point  de  rayons  aiguillonnés  , 
mais  vingt-un  articulés  à  la  nageoire  du  dos;  neufâ  celle  de 
l'anus  ;  point  de  dentelures  sensibles  aux  os  des  mâchoires  ; 
l'opercule  d'une  pièce;  une  petite  tache  sur  presque  toutes 
les  écailles.  Il  est  figuré  dans  Lacépède,  vol.  4-?  pl-  i-  Com- 
inerson  l'a  observé  ,  décrit  et  dessiné  dans  la  mer  des  Indes. 

SCARIOLA.  Ce  nom,  qui  paroît  dériver  du  latin  scario- 
susf  a  été  donné  anciennement  à  l'endive  (cichorium  endma). 


s  C  A  307 

et  puis  à  une  espèce  de  laitue  (Jactuca  scanolà),  qui  en  a  rete- 
uu  le  nom.  Ces  deux  plantes  n'offrent  rien  de  scarieux,  ce 
qui  peut  faire  croire  que  le  nom  de  scariola  peut  être  cor- 
rompu de  seriola^  diminutif  de  seits  ,  nom  grec  ancien  de  la 
chicorée.  V.  Seris.    (ln.) 

SCARIOLE.  Nom  vulgaire  de  I'Escarole  ou  Chico- 
rée ESCAROLE.  (B.) 

SCARITE,  Scarites.Yah.y  Oliv. ,  Latr.;  Attelabus  ,  Deg. 
Genre  d'insectes  ,  de  l'ordre  des  coléoptères  ,  section  des 
pentamères,  famille  des  carnassiers,  tribu  des  carabiques, 
distingué  des  autres  genres  de  celte  division ,  par  les  carac- 
tères suivans  :  jambes  antérieures  écliancrées  au  côté  interne 
dentées  extérieurement  ou  palmées;  antennes  moniliformes 
et  dont  le  second  article  aussi  long  ou  plus  long  que  le  troi- 
sième; mandibules  fortes,  dentées;  languette  courte,  lar^e 
évasée  au  bord  supérieur;  mâchoires  crochues  à  leur  ex- 
trémité; palpes  filiformes. 

Degéeravoit  bien  jugé  (\aQ\eiénébnon  fossoyeur  àe  Linnfeus 
devoit  former  une  coupe  générique  particulière.  II  l'établit 
lui  donna  le  nom  à''attelahe  déjà  consacré  par  ce  naturaliste 
à  un  autre  genre  d'insecte,  et  associa  au  coléoptère  précé- 
dent une  espèce  de  notre  genre  parandre.  Quoique  celui  des  at- 
telabes  de  Linnaeus  eût  besoin  d'être  simplifié  ,  ainsi  que  cet 
auteur  le  fait  pressentir  lui-même  dans  une  note  de  son  sys- 
iema  naiurœ^  il  étoit  cependant  convenable  que  la  coupe  gé- 
nérique à  laquelle  on  conserveroit  le  nom  d'attelabe,  offrît 
quelques-unes  des  espèces  dont  il  avoit  été  primitivement 
formé.  C'est  ce  qui  n'a  pas  lieu  par  rapport  au  genre  atte- 
labe  de  Degéer;  aussi  ce  renversement  nominal  n'a  pas  été 
reçu,  et  la  plupart  des  naturalistes  onf,  avec  Fabricius  dé- 
signé sous  la  dénomination  de*  scarites,  les  coléoptères  que 
Degéer  avoit  eus  principalement  en  vue  ,  en  instituant  son 
genre  attelabe.  Olivier  et  quelques  auteurs  allemands  ont 
réuni  aux  scariles  des  insectes,  qui  en  ont,  à  la  vérité  le 
port  extérieur  ,  mais  qui  s'en  éloignent  par  d'autres  carac- 
tères. J'ai  commencé  cette  réforme.  Mais  le  naturaliste  qui  a 
le  plus  contribué  à  éclaircir  ce  sujet,  est  M.  Bonelli,de  l'aca- 
démie des  Sciences  de  Turin. 

Les  scarites  de  Fabricius  forment,dans  la  méthode  de  M. 
Bonelli ,  une  petite  sous-famille  ,  composée  des  genres  : 
scurite ,  pasîmaque,  carène,  clhine,  disdiirle  et  apotome.  Les 
trois  premiers  sont  distingués  des  antres,  à  raison  des  den- 
telures très-prononcées  des  mandibules  et  d-  la  forme  de  la 
languette  qui  est  courte ,  large,  éVoSée  au  bord  supérieur. 
Dans  les  carènes,  les  palpes  extérieurs  sont  plus  gros  à  leur 
extrémité.  Les  scarites  ont  leurs   mâchoires  terminées  ea 


3o8  se  A 

pointe  arquée  ou  crochue ,  tandis  que  celles  des  pasima-r 
ques  sont  droites.  Le  corps  de  ces  derniers  insectes  est  d'ail-» 
leurs  plus  court  et  proportionnellement  plus  large,  presque 
ovale ,  avec  le  corselet  en  forme  de  cœur  tronqué ,  et  forte-; 
ment  échancré  ou  concave  à  ses  deux  extrémités. 

Les  scarites  sont  propres  aux  pays  chauds  des  deux  mon- 
des, et  ne  paroissent  pas  avoir  les  habitudes  carnassières  des 
autres  insectes  de  la  même  famille.  Ils  se  tiennent  à  terre*' 
et  souvent  cachés  dans  les  trous  ou  les  crevasses  que  le  sol 
leur  présente.  Les  uns  sont  ailés  et  les  autres  aptères.  Toutes 
les  espèces  connues  sont  d'un  noir  luisant  et  uniforme.  On 
trouve,  dans  les  départemens  les  plus  méridionaux  de  la 
France ,  les  trois  suivantes  : 

ScARiTE  PYRACMON,  Scarites  pyracmon^  Bonelli;  'Scarites 
gigas,  Oliv. ,  Coléoptères  y  tom.  3,  n^.  36  ,  pi.  i,  fig.  i  ;  long 
d'environ  un  pouce;  sans  ailes;  déprimé;  front  strié,  avec 
deux  impressions  ;  corselet  large,  unidenté  de  chaque  côté  ; 
élytres  unies  avec  des  stries  très-fines,  à  peine  apparentes;  une 
dent  aiguë  au  rebord  extérieur ,  près  de  la  base  ;  quatre  ou 
cinq  dentelures  au  côlé  extérieur  des  deux  jambes  antérieu- 
res, avant  les  trois  dents  fortes  qui  les  terminent;  le  même 
côté  des  jambes  intermédiaires  offrant  deux  petites  épines. 

SCARITE  TERRICOLE ,  Scarites  Urricola ,  Bonelli  ;  long  de 
huit  à  neuf  lignes  ;  ailé  ;  de  petites  rides  sur  la  tête  ;  des  stries 
ponctuées  sur  les  élytres  ;  une  petite  épine  au  côté  exté- 
rieur des  jambes  intermédiaires. 

ScARiTE  DES  SABLES  ,  Scarites  sabulosus,  Oliv. ,  ibid.f  pi.  i^ 
fig.  8  ;  Scarites  lœvigatus,  Fab.  ;  semblable  au  précédent ,  mais 
sans  ailes ,  et  n'ayant,  sur  les  étuis ,  que  des  lignes  peu  mar- 
quées. Voyez,pour  les  autres  espèces,  les  observations  ento- 
mologlques  de  M.  Bonelli,  imprimées  dans  le  recueil  des 
Mémoires  de  l'académie  des  Sciences  de  Turin.  Voyez  aussi 
l'article  Clivine.  (l.) 

SGARITIS.  Pierre  citée  par  Pline,et  qui  avoit  la  couleur 
du  poisson  scarus,  que  l'on  croit  être  notre  Brème,  (ln.) 

SCARLATTE.  F.  Jacapa  scarlatte.  (v.) 

SCAROGE.  Nom  vulgaire  de  I'Agaric  élevé.  Il  se 
mange,  (b.) 

SCARUS,  F.  SCARE.  (DESM.) 

SCARZAPEPE.  Nom  italien  d'une  espèce  de  Menthe 
dont  le  goût  est  poivré,  (ln.) 

SCARZERINE.  F.  Cini  ,  article  Fringille,  page  i85. 

(V.) 

SCM:OVK\GE,Scatophaga,¥ah.  ;  Musca,  Linn.,  Geoff. , 
Deg.  Genre  d'insectes ,  de  l'ordre  des  diptères  ,  famille 
des  athéricèrsis  ^  ^^^^^  ^^^  muiscides  ,  éti^li  par  Fabrlcius 


s  C  A  ^§ 

{systema  antlial.);  et  qu'il  signale  ainsi  :  palpes  relevas  ,  plus 
gros  vers  leur  extrémité ,  insérés  sur  le  coude  de  la  trompe  ;; 
antennes  avancées  ,  de  trois  articles  ;  le  troisième  presque 
triangulaire  ,  pointu.  On  voit  par  ce  dernier  caractère  et 
ceux  qui,  d'après  ce  naturaliste  ,  distinguent  la  physionomie 
générale  des  scatophages ,  qu'il  a  pris  pour  type  de  cette 
coupe  générique ,  les  espèces  nommées  marginata ,  reti- 
dilata  y  chœrophylli ,  et  quelques  autres  analogues.  Mais  ,' 
bien  antérieurement,  M.  Duméril  ,  dans  une  nouvelle 
classification  des  muscides  ,  avoit  formé  avec  les  mêmes 
espèces  un  genre  propre  ,  celui  de  iétanocère  ,  que  j'avois 
adopté  ,  la  plupart  de  ces  insectes  se  trouvant  plutôt 
sur  les  feuilles  ou  sur  les  fleurs ,  que  sur  les  excrémens  ; 
la  dénomination  de  scatophage  est  d'ailleurs  très-im-, 
propre. 

Il  m'a  paru  que  les  mouches  nommées  par  Linnaeus  ,' 
scybalaria  y  stercoraria  ,  ne  pouvoient,  sous  le  rapport  de  la 
forme  générale  de  leur  corps  et  de  leurs  habitudes  ,  rester 
dans  le  genre  muscay  et  qu'elles  dévoient  former  une  coupe 
spéciale  ,  celle  que  j'ai  nommée  scatophage.  Le  corps  de  ces 
insectes  est  proportionnellement  plus  long  et  plus  étroit  que 
celui  des  mouches  proprement  dites.  Les  balanciers  sont 
presque  entièrement  nus,  et  les  ailes  se  croisent;  la  têt« 
est  plutôt  ronde  que  transverse  ;  les  antennes  ,  plus  courtes 
qu'elle,  sont  rapprochées  à  leur  base  ,  inclinées,  avec  le 
dernier  article  ,  ou  la  palette ,  beaucoup  plus  long  que  le 
second  (le  précédent)  ,  formant  un  carré  ou  un  prisme  al- 
longé ,  et  accompagné  d'une  soie  simple  ;  les  palpes  sont 
presque  filiformes;  les  yeux  sont  arrondis;  l'abdomen  est 
ovale  ou  oblong;  les  pattes  sont  ordinairement  très-hérissées 
de  poils  ;  les  deux  dernières  sont  beaucoup  plus  fortes  ;  dans 
toutes,  les  tarses  se  terminent  par  des  peloltes  allongées. 

Scatophage  commun,  Scatophaga  vulgaris;  Musca  stercoraria^ 
Linn.  ,  Fab.  ;  Réaum. ,  Ins. ,  4»  *•  27,fig.  i-3.  Cette  espèce  a 
quatre  lignes  de  long  ;  le  mâle  diffère  de  la  femelle  ;  ils  ont 
l'un  et  l'autre  les  yeux  roux ,  le  devant  de  la  tête  jaunâtre  ,  le 
corselet  gris  ,  avec  des  poils  d'un  jaune  verdâtre;  l'abdomen 
court,  ovale,  recourbé  en  dessous  ;  celui  du  mâle  est  couvert 
de  poils  d'un  jaune  fauve ,  celui  de  la  femelle  a  des  poils  gris  j 
en  moindre  quantité  que  celui  du  mâle  ;  les  ailes  ,  dans  les 
deux  sexes,  sont  beaucoup  plus  longues  que  l'abdomen  ;  elles 
ont  une  teinte  d'un  brun  jaunâtre  ,  surtout  à  l'origine  ,  et  un 
petit  point  brun  vers  leur  milieu  ;  les  cuisses  et  les  jambes 
sont  couvertes  de  poils  courts  de  couleur  jaune  ,  parmi  les- 
quels sont  quelques  poils  noirs  ,  longs  et  roides.  Cet  insecte 
est  très-commun;  on  le  voit  continuellement  se  poser  sur  les 


3io  S   C  A 

excréniens  des  hommes  et  des  animaux,  dont  il  se  nourrit  et 
sur  lesquels  il  dépose  ses  œufs.  Chaque  œuf  a  ,  vers  l'un  de 
ses  bouts,  deux  ailerons  qui  s'écartent  l'un  de  l'autre,  comme 
deux  cornes.  Ces  deux  ailerons  servent  à  la  mouche  à  piquer 
son  œuf  dans  la  fiente  ,  à  mesure  qu'il  sort  de  son  corps  ,  et 
l'empêchent  de  l'y  faire  cntrer^rop  avant ,  afin  que  la  peliie 
larve  qui  doit  en  sortir,  ne  soit  pas  suffoquée  par  la  matière 
molle  et  humide  dont  l'œuf  est  environné. 

On  trouve  cet  insecte  dans  toute  l'Europe,  (l.) 

SCATOPSE,  Scaihopse,  (ieoff.,  Oliv. ,  Lath. ,  Fah. ,  Meig. 
Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  diptères  ,  famille  des  ncmo- 
cères  ,  tribu  des  tipulaires,  ayant  pour  caractères  :  trompe 
très-courte,  bilabiée  ;  antennes  épaisses  ,  cylindriques  ,  de 
onze  articles;  trois  petits  yeux  lisses  ;  palpes  très-courts, 
relevés,  n'offrant,  distinctement,  qu'un  seul  article;  yeux 
lunules. 

Les  scatopses  (  mouches  à  ordure  )  doivent  leur  nom  et  leur 
distinction  générique  à  l'auteur  de  l'excellente  Histoire  des 
Insectes  des  ennrons  de  Paris.  Ils  ont  des  rapports  avec  les 
hihions  ,  et  ont  été  mis  avec  eux  dans  le  genre  des  iîpuJes  ,  par 
Linnseus  et  Degéer.  Scopoli  ,  presque  en  même  temps 
que  Geoffroy ,  avoit  distingué  les  scatopses  sous  le  nom 
générique  de  ceiia ,  que  Fabri^ius  a  ensuite  appliqué  à  un 
autre  genre.  Les  scatopses  ont  le  corps  oblong  ;  la  tête  pe- 
tite ,  ronde  ,  avec  les  antennes  une  fois  plus  longues  qu'elle, 
et  trois  petits  yeux  lisses;  le  corselet  allongé,  convexe, 
comprime  latéralement  ;  les  ailes  grandes  ,  couchées  sur  le 
corps;  l'abdomen  gros  ,  ovale  ,  très-obtus  ou  arrondi  au 
bout  ;  les  pattes  sans  épines,  avec  les  cuisses  antérieures  un 
peu  rentlées,  les  tarses  cylindriques  et  munis  au  boul  de  deux 
crochets  ,  petits  ,  mais  sensibles  et  d'une  pelotte. 

Le  scatopse  noir  est  très-commun  dans  les  latrines  ,  sor*-^ 
tout  à  la  fin  de  l'automne.  On  y  en  trouve  fréquemment 
d'accouplés  ;  les  deux  sexes  sont  dans  une  même  ligne  ,  leurs 
têtes  occupant  chacune  un  de  ses  bouts.  Ils  marchent  ainsi 
dans  cette  position  sans  se  séparer ,  l'un  étant  entraîné  par 
l'autre  ,  quelquefois  plus  d'une  semaine. 

Les  larves  des  scatopses  ressemblent  à  de  petits  vers  an- 
nelés  et  apodes.  Elles  se  trouvent  dans  les  latrines  et  les  fu- 
miers humides,  et  se  changent  en  nymphes,  dans  lesquelles  on 
découvre  les  membres  extérieurs  de  l'insecte  parfait  qui  en 
sortira. 

Scatopse  noir,  Scatopse  nigra,  Geoffr, ,  Hist.  des  ins.  , 
tome  2  ,  psge  545  ;  Ccria  dccem-nodia  ,  Scop.  ;  Tipula  tatrina- 
rum ,  l^f'g- 1  InsecL,  tome  6,  pi.  28  ,  fig.  1-2.  Cet  insecte  n^a 
qu'une  ligne  de  long.  Il  est  d'un  noir  luisant,  avec  les  ailes 


s  C  A  3ii 

blanches,  transpirrenles  ,  ayant  au  côté  exhirieur  deux  gros- 
ses nervures  noires  et  parallèles.  Les  balanciers  sont  pâles  ; 
l'abdomen  a,  de  chaque  côté  ,  à  sa  base  ,  un  point  jaune. 

Le  dessous  des  feuilles  du  buis  offre  souvent  de  petites 
galles,  servant  d'habitation  et  de  nourriture  à  de  petites  lar- 
ves ,  de  couleur  jaune  ,  avec  deux  points  noirs  ,  formés  par 
les  yeux.  Il  en  sort  une  petite  espèce  de  diptère  ,  que  Geof- 
froy nomme  scatopse  du  buis.  Mais  il  est  aisé  de  voir,  d'après 
la  figure  ,  ainsi  que  l'histoire  des  mœurs  de  cet  insecte  ,  don- 
nées par  ce  naturaliste  ,  qu'il  appartient  au  genre  cécidomyie. 
La  piqûre  que  fait  la  femelle  ,  aux  feuilles  du  buis,  pour  y 
déposer  ses  œufs  ,  occasione  les  tumeurs  que  l'on  y  remar- 
que. (L.) 

SCAUKE,  Scaurus,  Fab.  ,  OHv. ,  Herbst. ,  Latr. ,  Lam. 
Genre  d'insectes  coléoptères  ,  section  des  hétéromères  ,  fa- 
mille des  mélasomes  ,  tribu  des  piméliaires ,  distingué  des 
autres  genres  de  cette  famille  ,  par  les  caractères  suivans  : 
éluis  soudés  ;  palpes  maxillaires  presque  filiformes  ou  légè- 
rement plus  gros  à  leur  extrémité  ;  menton  de  grandeur 
moyenne  ,  ne  recouvrant  pas  l'origine  des  mâchoires  ,  en 
forme  de  carré  transversal,  entier;  languette  entière;  an- 
tennes de  grosseur  égale  ou  filiformes  ,  de  onze  articles , 
dont  le  huitième  et  les  deux  suivans  presque  ovales,  et  dont 
le  dernier  allongé ,  conique  ;  corps  ovale-oblong  ;  corselet 
presque  carré;  abdomen  fortement  embrassé  par  les  élytres  , 
en  forme  d'ovale  ,  tronqué  à  sa  base  ;  pattes  antérieures 
grosses. 

Le  domaine  de  ces  insectes  a  peu  d'étendue,  et  paroît  être 
borné  aux  contrées  méridionales  de  l'Europe  ,  à  celles  de 
l'Afrique,  qui  sont  situées  entre  l'Océan  et  la  Méditerranée, 
à  l'Egypte  et  à  la  Syrie  ,  de  sorte  que  leur  patrie  semble  être 
circonscrite  par  le  bassin  de  cette  mer  intérieure.  Ils  vivent 
exclusivement  à  terre  ,  dans  le  sabje  ,  parmi  les  décombres 
ou  sous  les  pierres  ;  ils  grimpent  quelquefois  le  long  des  murs. 
Leur  démarche  est  pesante  ,  ainsi  que  celle  des  blaps ,  des 
akis,   des  iénébriom,    et   aulres  coléoptères  analogues.    On 
n'en  connoît  qu'un  petit  nombre  d'espèces  ,    et  dont  quel- 
ques-unes diffèrent  sexuellement  par  leurs  pattes  antérieures. 
Fabriclus  ,  dans  son  système  des  éleutherales,  en  a  men- 
tionné quatre  ,  mais  dont  la  troisième  (  sulcaius  )    doit  être 
placée  dans  le  genre  ariste  ,  de  la  famille  des  carnassiers.  Le 
Scaure  viennois  de  Muhl  fed  ,   représenté  dans  la  Faune  d'Alle- 
magne de  M.  Sturm  ,  tome  2  ,  pi.  l^\  ,  paroît  devoir  former 
un  genre  propre. 

Les  couleurs  ne  peuvent  servir  à  distinguer  les  espèces  , 
ces  insectes  étant  entièrement  noirs;  quelquefois,  cependant , 


3i3  S  C  A 

leur  teinte  est  accidentellement  un  peu  cCTidrée  ou  terreuscJ 
Xics  espèces  que  je  vais  décrire  ne  sont  pas  rares  dans  les 
deparlemens  de  la  France  ,  qui  bordent  la  Méditerranée  , 
ainsi  qu'en  Espagne  ,  d  où  mon  ami  M.  Léon  Dufour  m'en 
a  envoyé  un  grand  nombre. 

S(  AURE  jRisTE,  Scuunts  irisiis ,  Oliv,  Col.,  tome  3, 
n.»  62  ,  pi.  I  ,  fig.  7.  Cette  espèce  ,  que  Fabricius  avolt 
d'abord  distinguée  sous  le  nom  de  calcar,atus,  etqu'il  a  ensuite 
réunie  a  celle  qu'il  appelle  striatus,  a  le  troisième  etle  dernier 
articles  des  antennes  allongés;  le  bord  antérieur  de  la  tête  sim- 
plement arqué  ou  concave-,  les  cuisses  antérieures  armées  de 
deux  dents  -,  dans  les  deux  sexes  ;  les  jambes  antérieures 
échancrées  à  leur  base  interne  ;  l'écusson  transversal  ;  et 
deux  arêtes  aiguè's  ,  outre  la  moitié  d'une  autre  située  posté- 
rieurement ,  sur  chaque  él)  tre  ;  les  intervalles  sont  lisses  ou 
foiblemenl  ponctués.  Cette  espèce  se  trouve  ,  plus  particu- 
lièrement, en  Espagne  et  en  Barbarie. 

Se  AURE  STRIÉ,  Scuurus  slriatus ,  Fab.  ;  Oliv. ,  ihid,  fig.  2  ; 
pi.  P,  14,  10  de  cet  ouvrage  ;  distinct  de  tous  les  autres  par 
l'échancrement  aigu  ,  ou  en  forme  d'angle  ,  du  bord  anté- 
rieur de  sa  tête.  Ses  antennes  sont  plus  courtes  que  dans  le 
précédent,  mais  plus  allongées  ,  néanmoins,  que  dans  les 
«spèces  suivantes  ;  le  dernier  article  est  en  forme  de  cône 
allongé.  Les  cuisses  antérieures  ont  en  dessus ,  dans  les  deux 
sexes ,  une  forte  dent  ;  on  en  voit  une  autre  ,  dans  la  femelle, 
sur  le  dessous  de  la  même  partie  ,  mais  peu  prononcée.  Les 
jambes  antérieures  sont  simples  et  arquées  dans  les  deux  sexes. 
Les  élytres  ont  chacune  trois  carènes  aiguës  ,  fortes  et  com- 
plettes  ;  chaque  intervalle  offre  quatre  rangées  de  points  en- 
foncés ,  mais  foibles.  Le  vertex  de  la  tête  n'a  point  d'im- 
pression. 

ScAURE  PONCTUÉ  ,  Scaurus  punciatus,  Fab.  Antennes  cour- 
tes dans  les  deux  sexes  ,  avec  le  dernier  article  ,  en  forme  de 
cône  peu  allongé  ;  le  vertex  de  la  tête  rugueux  et  marqué  d'une 
impression  ;  cuisses  antérieures  des  deux  sexes  unidentées  en 
dessus  ;  une  autre  dent  en  dessous ,  dans  la  femelle  ;  jambes 
antérieures  de  ces  derniers  individus ,  ayant  une  dent  forte 
et  aiguë,  au  bord  interne  ,  entre  le  milieu  et  l'extrémité  ;  les 
ïambes  simples  dans  l'autre  sejçe  ;  trois  arêtes  écrasées,  mais 
distinctes  ,  à  chaque  élytre  ;  quatre  rangées  de  points  très- 
marqués  ,  dans  les  intervalles  compris  entre  elles. 

ScAURE  NOIR,  Scaurus  stratus  ,  Fab,  ;  Oliv.,  ihid.,  fig.  i. 
Antennes  courtes  dans  les  deux  sexes;  vertex  moins  rugueux 
que  dans  le  précédent  ;  cuisses  antérieures  n'ayant  qu'une 
seule  dent  dans  les  deux  sexes  ;  côté  interne  des  jambes  an- 
tfrieures  de  ia  femelle  ayant,  entre  son  milieu  et  l'ex- 


s  C  E  ?i3 

tr^mitë,  une  saillie,  en  forme  de  dent  ;  ces  mêmes  jambes 
simples  ou  n'ayant  que  de  petites  dentelures  dans  l'autre 
sexe;  élytres  n'ayant  chacune  qu'une  arête  écrasée  ,  la  laJ 
térale  ;  des  rangées  de  points  enfoncés ,    comme  dans  le 
précédent  ,  mais  point  séparées  par  des  côtes,  (l.) 
SCA.VISSON.  Nom  de  l'écorce  du  Laurier  cassie.  (b.) 
SCEAU  DE  NOTRE-DAME.  C'est  le  Taminier  com- 
mun, (b.) 
SCEAU  DE  SALOMON.  Plante  du  genre  des  Muguets. 

(B.) 

[  SCECACHUL  ou  SECACUL.  Nom  arabe  d'une  plante 
dont  on  regarde  les  graines,  ainsi  que  les  racines,  comme 
très-propres  ,  lorsqu'on  en  mange ,  à  disposer  aux  plaisirs 
de  i'amour.  On  a  cru  que  c'étoit  la  Gundelle  et  I'Échino-, 
phOre,  mais  Ventenat,  dans  l'ouvrage  sur  \t&  plantes  nou- 
velles du  Jardin  de  Cels,  a  fait  connoître  ,  d'après  le  té- 
moignage d'Olivier,  que  c'était  une  nouvelle  espèce  de  Pa- 
nais, (b.) 

SCELERATA.  Nom  donné  parles  anciens,  et  par  quelques 
botanistes,  à  une  espèce  de  renoncule  ,  à  cause  des  qualités 
malfaisantes  qu'on  lui  attribue.  V.  Ranunculus.  (ln.) 

SCÉLÉRI.  V.  Céleri,  (s.) 

SCËLION,  Scelio,  Lalr.  Genre  d'insectes ,  de  l'ordre  des 
hyménoptères ,  section  des  térébrans ,  famille  des  pupivores, 
tribu  des  chalcidites. 

Les  scélions,  ainsi  que  les  téléades  et  les  platygaslres ,  ont 
un  caractère  commun  qui  les  distingue  des  autres  insectes 
de  la  même  tribu.  Leur  abdomen  est  allongé  ,  déprimé  et  en 
forme  de  spalule.  Les  antennes  des  mâles  sont  allongées  et 
filiformes.  Les  mandibules ,  de  même  que  celles  des  cléo- 
nymes  ,  des  spalangies  et  des  encyrtes,  n'offrent  à  leur  extré- 
mité qu'une  ou  deux  dentelures  ,  tandis  que  celles  des  leu- 
cospis  ,  des  chalcis  ,  et  des  autres  chalcidites  ,  en  ont  de  trois 
à  quatre.  Mais ,  dans  les  cléonymes  ,  les  spalangies  et  les 
encyrtes  ,  l'abdomen  est  plus  ou  moins  triangulaire  ;  les  an- 
tennes des  deux  sexes  forment ,  à  partir  de  leur  coude,  ou  du 
second  article,  une  massue  allongée,  ou  vont,  du  moins, 
en  grossissant.  Celles  des  scélions  et  des  platygastres  ne 
sont  composées  que  de  dix  articles  :  caractère  qui  éloigne 
ces  insectes  des  téléades,  où  ces  organes  ont  deux  articles  de 
plus,  c'est-à-dire,  douze.  Enfin,  le  premier  et  le  troisième 
de  ces  articles  sont  peu  allongés  dans  les  scélions  ,  tandis  que 
ceux  des  téléades  ont  une  longueur  très  -  remarquable.  Les 
ailes  supérieures  de  ces  insectes  ne  présentent  aucune  cellule 
complète  ;  on  voit  seulement ,  près  du  milieu  de  leur  côte , 


3i4  S  C  K 

radiale.  Nos  scellons  se  rapportent ,  dans  la  méthode  de 
M.  Jurine ,  à  son  genre  céraphron. 

Ces  hyménoptères  sont  très-petits,  et  vivent  probablement 
à  la  manière  des  autres  chalcidites.  L'espèce  que  j'ai  nom- 
mée RuGOSULE ,  Rugosuius  ,  est  noire  ,  très-finement  ridée  , 
avec  les  ailes  obscures  ,  et  la  majeure  partie  des  pattes  d'un 
fauve  noirâtre  ;  les  cuisses  ,  leur  bout  excepté  ,  sont  noires. 
Cet  insecte  se  tient  sur  les  graminées  et  sur  d'autres  plantes 
peu  élevées  au  dessus  de  la  terre.  Il  n'est  pas  rare  aux  envi- 
rons de  Paris,  (l.) 

SCELLAN.  Poisson  dont  on  faisoit  cas,  à  Parisj,  dans  le 
douzième  siècle.  J'ignore  son  nom  actuel,  (b.) 

SCEMBRA-VALLI.  Rhéède  donne  ce  nom  à  la  Vigne 
DE  L'Inde,  (b.) 

SCENICLE.  V.  Tarin  à  l'arilcle  Fringille  ,  p.  lyi-Cv.) 
.  SCÉNOPINE,  Scenopinus,  Lalr.  ,  Fab.  ,  Lam.  ;  Musca  , 
Linn.  ;  Nemoteliis,  Deg.  ;  Cona ,  Schellenberg.  Genre  d'in- 
sectes, de  l'ordre  des  diptères,  famille  des  alhéricères,  tribir 
des  muscides  ,  distingué  des  autres  genres  de  cette  division  ^ 
par  les  caractères  suivans  ;  antennes  presque  cylindriques  , 
courtes,  de  trois  articles  ,  dont  le  dernier  allongé  ,  presque 
cylindrique  ,  comprimé ,  un  peu  aminci  vers  son  extrémité  , 
sans  soie  latérale. 

Les  scénopines  ont  les  caractères  des  mouches  ,  avec  les- 
quelles on  les  a  placées;  mais  elles  en  diffèrent  par  leur  pa- 
lette mutlque  ou  sans  sole.  Leur  corps  est  presque  cylindri- 
que; leur  tête,  de  la  largeur  du  corselet ,  est  occupée  par  les 
yeux  ;  leur  corselet  est  allongé  et  cylindrique  ;  les  ailes  sont 
couchées  l'une  sur  l'autre  ;  les  balanciers  sont  découverts  ; 
l'abdomen  est  allongé  et  plan  en  dessus  ;  les  pattes  sont  de 
grandeur  moyenne  ,  glabres  ou  sans  épines. 

Le  seul  insecte  de  ce  genre  qui  me  soit  connu,  est  la  mou- 
che des  fenêtres  de  Linnœus  et  de  M.  Fabricius  ,  la  némotèle 
des  fenêtres  de  Degéer.  Son  corps  est  long  d'environ  deux 
lignes.  La  tête  et  le  corselet  sont  d'un  noir  bronzé  :  les  yeux 
sont  bruns  ,  conllgus  postérieurement  dans  les  mâles.  L'ab- 
domen est  plus  court  dans  les  individus  de  ce  sexe  ,  que  dans 
ceux  de  l'autre  ;  il  offre  aussi  ,  dans  les  uns  ,  quelques  raies 
étroites  et  Iransverses  d'un  blanc  éclatant  ;  le  dessus  des  an- 
neaux paroît  avoir  des  rides  transverses  ou  des  plis  ;  le  se- 
cond est  plus  grand  ,  et  a  deux  points  rapprochés  plus  obs- 
curs. Les  ailes  ont  une  légère  teinte  noirâtre.  Les  pattes  sont 
d'un  brun  clair. 

On  rencontre  assez  souvent  cet  insecte  sur  les  vitres  des 
fenêtres,  (l.) 


s   C  H  3i5 

SCEPTRON.  Synonyme  du  Lychnis  siephanomatice  ou 
coronaria  des  anciens  Grecs.  V.  Lychnis.  (ltm.) 

SCEPTRUM  CAROLINUM.  Rudbeck  a  donné  ce 
nom  à  une  très-belle  espèce  de  Pédiculaire  ,  qui  l'a  con- 
servé comme  nom  spécifique,  (ln.) 

SCEURA.  Il  n'est  pas  constant,  selon  nous,  que  le  sceura 
marilima  de  Forskaël  soit  le  horau  de  Kœmpfer  ;  mais  il  est 
vrai  que  la  plante  de  Forskaël  est  Vavicennia  tomentosa ,  L.  , 
et  cette  plante  Vœpata  des  Malabares.  Adanson  en  a  fait  le 
type  de  son  genre  iipata,  et  il  fait  de  Vhorau  un  autre  genre 
différent ,  et  les  deux  sont  dans  des  familles  différentes,  (lis.) 

SCHAALEN  BLENDE  de  Karsten,  ou  Blende  tes- 
TACÉE.  V.  Zinc  sulfuré  ,  L.  (ln.) 

SCHAALSTEIN.  Les  anciens  minéralogistes  allemands 
ont  donné  ce  nom  à  des  variétés  de  fer  carbonate  en  masse 
lamelleusc.  Werner  le  donne  au  spath  en  table.   V.  ce  mot. 

(LN.) 

SCHABASIT  des  Allemands.  V.  Chabasie.  (ln.) 
SCHACAL  ou  CHACAL.  Quadrupède    carnassier  du 
genre  des  Chiens,  (desm.) 

SCHACH  ou  SCACK,  Lanius  schach^  Lath.  ;  PlE- 
GRIÈCHE  de  la  Chine  ,  décrite  par  Osbeck  (  lier  ,  pag.  3  )  , 
et  qui  porte  ce  nom  dans  le  même  pays.  Cet  oiseau  ,  qui 
est  de  la  grosseur  du  tyran ,  a  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou 
de  couleur  grise  ,  le  dessous  du  cou  d'un  blanc  rongeâtre  ,  le 
front  et  les  ailes  ,  noirs  ;  le  reste  du  plumage  ,  jaunâtre,  avec 
une  teinte  de  rouge  de  brique  au  dos  et  au  ventre.  Osbeck 
fte  nous  a  rien  appris  au  sujet  des  habitudes  naturelles  à  cette 
PlE-GRIÈCHE.  V.  ce  mot.  (s.) 

SCHACHAL.    r.  ScHACAL.  (DESM.) 

SCHADAK.  V.  Sadajak.  (desm.) 

SCHv^DAVELI-KELANGU.  Rhéed^  a  figuré  ,  sous 
ce  nom  ,  I'Asperge  sarmenteuse.  (b.) 

SCHADIDA-CALLL  Nom  brame  d'une  variété  de  Veu- 
phorbia  aniiquovum  ,  L.  (ln.) 

SCHAFAN  ou  SAPHAN.  V.  Daman,  (desm.) 
SCHAGA-RAG.  Le  rollîer  porte  ce  nom  en  Barbarie. 

(s.) 
SCHAGUI-COTTAM.  Plante  figurée  par  Rhéede,et  qui 
se  rapporte  au  Greuvier  a  petits  fruits,  (b.) 

SCHAHAU  ou  SCAHAU.  Nom  turc  du  Balbuzard. 
un  petit  rameau  qui  forme  avec  elle  rébaûche  d'une  celluFe 


3i5  S  C  H 

SÇHAITAN.  Nom   du  Freux  chez  les  Tarlares  àes 

montagnes  de  la  Sibérie,  (v,) 
SCHAKAL.  V.  ScHACAL.  (desm.) 
SCHAKTEN.  Nom  hébreu  de  T Amandier,  (ln.) 
SCHALAC.  Nom  hébreu  du  Coucou,  (s.) 
SCHALACH.  C'est  ie  Héron  en  hébreu,  (s.) 
SCHALL.  Poisson  du  genre  Silure  ,  observé  dans  le 
Nil  parSonnini ,  et  figuré  pi.  ai  de  son  Voyage  en  Egypte.  II 
a  six  barbillons  ,  dont  les  deux  plus  longs  sont  attachés  à  la 
lèvre  supérieure.  Sa   première  nageoire  dorsale  est  com- 
posée de  sept  rayons,  dont  le  premier  est  en  forme  de  longue 
épine   dentée.  Sa  seconde   dorsale  est  charnue.  Son  anale 
est  composée  de  dix  rayons.  Sa  couleur  est  d'un  gris-brun  y 
avec  des  taches  rouges  sur  la  tête  ,  et  un  demi  cercle  de 
même  couleur  à  la  base  de    la  queue.  Il  atteint  plus  d'un 
pied  de  longueur.  Sa  chair  est  peu  estimée.   V.   Voyage  de 
Sonmni,  vol.  2  ,  p.  278,  et  le  mot  Silure,  (b.) 

SCHALLAGAI.  Nom  que  porte  le  Pika  dans  le  canton 
d'Arinza  eu  Sibérie,  (s.) 

SCHANGAMNAM    PALLA.    Nom  malabare    d'une 

espèce  de  hedyotis ,  qui  est  peut-être   une  variété  de  Vhe- 

dyuiis  herhacea  ,   L.  ,   ou   le  parpadagam  des  Malabares,  (ln.) 

SCHARB,  Nom  employé  par  Albert  pour    désigner  le 

Cormoran,  (v.) 

SCHARCHOESCHI.Nomdel'ANTiLOPETzEÏRANchez 
lesTartares  mongoux.   V.  ce  mot.  (s.) 

SCHASCHAP.  Nom  hébreu  du  Coucou,  (s). 

SCHATÏENERZ.  Au  Harlz  et  en  Suède,  on  donne  ce 
nom  au  Plomb  sulfuré  compacte    et  au  Plomb  sulfuré 

GRENU,    (ln.) 

SCHAUCH.  L'un  des  noms  arabes  de  la  Pêche,  (ln.) 
SCHAUMERDE.  V.  Chaux  carbonatée  nacrée  ter- 
reuse, (ln.) 

SCHAUMKALK,  de  Werner ,  est  la  même  substance 
que  le  schaumerde  ,  c'est-à-dire  ,  que  la  Chaux  carbo- 
natée nacrée  terreuse,  (ln.) 

se  H  AU  M  LAVA  des  Allemands.  Ce  sont  les  écumes 
que  l'on  trouve  sur  les  courans  de  laves,  espèces  de  scories 
encore  en  partie  lithoïdes.  (ln.) 

SCHAUMSTEIN  des  Allemands.  C'est  la  même  pierre 
que  leur  mehheoliih.  V.  MÉSOTYPE,  (ln.)  " 

SCHAUMÏHON  des  Allemands.  Ce  sont  les  Argiles 

A  EOULOIi.,  CWS4  • 


s  C  H  3 


SCHAW.  Nom  arabe  d'un  arbuste  qui  croît  sur  les  limites 
du  Darfour  et  de  l'Egypte  ,  entre  Sweini  et  Jiir-el-  Malha. 
Les  gens  du  pays  ont  coutume  de  frotter  leurs  dents  avec 
un  morceau  de  branche  de  schaw  ;  ils  disent  que  le  suc  âpre 
de  ce  bois  les  blanchit.  Cet  arbre  croît  près  des  sources  sa- 
lées. Les  chameaux  le  broutent  avec  répugnance.  R.  Brown 
présume  que  c'est  le  Rack  de  Bruce  ;  ses  feuilles  sont  ovales 
oblongues  et  dures  ;  elles  ont  le  goût  piquant  de  la  mou^ 
tarde,  (ln) 

SCHAWIE,  et  mieux  SHAWIE,  5/ia(via.  Lamouroux, 
son  bel  ouvrage  sur  les  polypiers  coralligènes  flexibles,  pro- 
pose de  doMner  ce  nom  à  la  Tubulaire  magnifique  ,  que 
Shaw  a  figurée  dans  le  cinquième  volume  des  Transactions 
de  la  Société  Linnéenne  de  Londres ,  et  que  Lamarck  a 
rangé  parmi  les  Amphitrites.  (b.) 

SCIIÉ.  Espèce  d'ABSYNTHE,  qui,  dans  le  Darfour,  sert 
comme  parfum  et  comme  remède.  Le  sché  et  le  rhéa  se  trans- 
portent d'Egypte  dans  le  Darfour,  et  s'y  vendent  avec  avati- 
tage.   (LN.) 

SCHEA.  Nom  du  pays  de  l'arbre  qui  donne  le  Beurre 
DE  Galame  ;   arbre  qui  paroît  appartenir  au  genre  Tllipé. 

(B.) 

SCHEBER.  Nom  hébreu  du  Blé.  (ln.) 
SCHÊDONORE,  Schcdonorus.  Genre  de  graminées  établi 
par  Palisot-de-Beauvois,  pour  placer  quelques  espèces  de 
FÉTUQUES.  Ses  caractères  sont  :  pédicelle  des  épillets,  ren- 
flé ,  cunéiforme  ;  balle  calicinale  de  deux  valves  très-cour- 
tes ,  renfermant  de  cinq  à  quinze  (leurs,  chacune  de  deux 
valves  ,  dont  l'inférieure  est  barbue  ,  dentée  et  sétifère  à  son 
sommet,  et  la  supérieure  bifide;  écailles  subulées,  entières, 
glabres.  Les  Fétuques  très-élevée,  arondinacée  ,  folia- 
cée ,  DES  PRÉS  ,   des  bois,  TARDIVE  ,    etc. ,  en  font  partie. 

SCHEELIN  ou  TUNGSTENE.  Ce  métal  est  infusible 
même  au  feu  le  plus  actif  de  nos  meilleures  forges  ;  il  est 
très-dur  ,  quoique  cassant.  La  lime  mord  à  peine  dessus. 
Il  est  brillant,  et  d'un  blanc-grisâtre,  semblable  à  la  couleur 
du  fer.  On  ne  l'a  pas  encore  pu  obtenir  en  régule  parfait. 
Sa  pesanteur  spécifique  est  de  17,6  ;  le  schéelin  est  presque 
aussi  difficile  à  fondre  que  le  molybdène. 

Lorsqu'on  fait  rougir  le  schéelin  ,  à  l'air  libre  ou  à  une 
température  élevée ,  il  s'oxyde  et  devient  brun.  L'oxyde 
de  schéelin  ,  lorsqu'il  est  combiné  avec  d'autres  corps  , 
joue  tantôt  le  rôle  d'oxyde  ,  et  tantôt  celui  d'acide. 

L'acide  schéelique  est  solide  ,  jaune,  inodore  ,  insipide , 


3i8  S  C  H 

beaucoup  plus  pesant  que  l'eau,  et  sans  acUon  sur  la  tein- 
ture de  tournesol.  Il  ne  se  décompose  pas,  ni  ne  se  fond, 
lorsqu'on  l'expose  au  feu.  Mis  en  contact  avec  l'oxygène, 
peu  importe  à  quelle  température  ,  il  n'éprouve  aucun  chan- 
gement. Il  coniient  25, o  d'oxygène  ,  ou  26,4-3  ,  sur  loo 
parties.  D'après  Bucholz,  et  suivant  Berzelius,  l'acide  schée- 
lique  ou  lungslique  n'a  pas  une  grande  affinité  avec  les  oxydes 
métalliques  ;  il  se  combine  avec  la  soude,  la  potasse  ,  1  am- 
moniaque ,  et  donne  des  sels  solubles  dans  l'eau ,  et  très- 
fusibles.  Les  autres  sels  connus  à  base  de  schéelin,  sont 
insolubles  ,  et  la  plupart  fixes  el  indécomposables  au  feu. 

Schéele,  en  1781  ,  reconnut  que  le  minéral  appelé  tung- 
stène ou  wolfram  renfermoit  un  acide  particulier  uni  à  la 
chaux.  Bergmann  regarda  cet  acide  comme  ayant  une  base 
métallique  :  c'est  ce  qui  fut  prouvé  par  lesfrères  d'EUhuyart. 
Le  schéelin  a  été  l'objet  de  plusieurs  travaux  de  Vauquelin , 
Hect,  Berzelius,  Chevreul.Les  minéralogistes  ont  cru  devoir 
lui  donner  le  nom  de  Schéele  ,  chimiste  célèbre  qui  a  tant 
concouru  à  l'avancement  de  la  science. 

Dans  la  nature  ,  on  trouve  deux  espèces  de  minerai  à  base 
de  schéelin  ;  ces  deux  minerais  sont  le  schéelin  calcaire  et  le 
schéelin  ferruginé  ,  qui  sont  deux  combinaisons  acides  de  ce 
métal.  On  prétend  avoir  découverlaussiunq  troisième  sorte 
de  combinaison  naturelle  de  l'acide  schéelique  ;  c'est  celle 
avec  le  plomb ,  en  Saxe. 

SCHÉELIN-CALGAIPxE,  Uauy',—Sc}iiversiem,  Wern.; 

—  Wolfram  de  couleur  blanche  ,  R.  D.  ;  —  Tungsten  ,  Kirvv., 
James;    Twigsiate  calcaire^  mine  (Télain  btanche  ^   Deborn; 

—  Scheelerz  ,  Reuss. ,  Leonh.  ,  Karst.  ,  vulg.  tungstène  ).  Le 
schéelin  calcaire  est  d'un  blanc  jaunâtre  ,  quelquefois  grisâ- 
tre, et  quelquefois  aussi  très-blanc  ,  ou  bien  orangé,  gris  de 
perle  ou  plombé.  11  est  amorphe  et  cristallisé  ;  ses  cristaux 
sont  des  octaèdres  à  triangle  isocèle  ,  égaux  et  semblables, 
tantôt  purs,  tantôt  ayant  des  facettes  additionnelles.  Les 
faces  d'une  pyramide  sont  inclinées  sur  celles  adjacentes  de 
la  pyramide  opposée  ,  de  i3o  degrés  20'  ;  elles  sont  lisses 
et  brillantes.  Sa  cassure  est  lamelleuse  ,  quelquefois  vitreuse 
ou  plutôt  irrégulière  ,  avec  un  coup  d'œil  gras. 

11  est  translucide  ,  quelquefois  demi-transparent  ;  on  le 
casse  aisément  ,  car  il  est  tendre  et  fragile.  Sa  pesanteur 
spécifique  varie  entre  5,8o  et  6,028  ,  selon  Kirwan  ;  elle  est 
de  G, 066  ,  d'après  Brisson  ;  Gellert  la  porte  à  6,000  ,  et 
Klaproth,  de  5,57$  ,  à  6,oi5. 

Au  chalumeau,  le  schéelin  calcaire  est  iniusible  ,  se  fen- 
dille et  s'opacifie  ;  avec  le  borax,  il  donne  un  verre  Iranspa- 


s  C  H  3i9 

rent  ou  opaque  ,  selon  la  dose  du  horax ,  mais  il  ne  se  fond 
pas  du  tout  ;  il  ne  fait  pas  effervescence  avec  les  acides. 

Il  en  existe  plusieurs  analyses  que  voici  : 

I  2  3  4  5 

Schéel.  Klap'roih.  id.  Berzelius.  Buchoh. 
Acide  schéelique  ,  .  65  .  .  77,75  . .  75,25  .  .  80,4.1  .  .  78 
Chaux  ,  .  .  .  .  3i  .  .  17,60  .  .  18,70  . .  19,4.0  .  .  19 
Silice  ,  .  .  .  .  4  •  •  3,00 . .  i,5o .  .  o  ...  2 
Fer  oxydé ,  .  .  .  o  .  .  o  ...  i,25.  .0  .  .  .  o 
Manganèse  oxydé,  .  o  .  .  o  ...  0,75.  .0  .  .  .  o 
Perte ,     -     .     ,     .     o     .     i,65  .  .    2,55.  .    0,19  .  .     i 

i.°  Schéelin  calcaire  de  Bisberg  ,  n.<"  2  et  5  ;  —  2."  de 
Schlackenwald  ;  —  3.°  De  Cornouailles  ;  —  4.°  De  Nord- 
rivier. 

Une  variété  de  schéelin  calcaire  ,  de  couleur  brune  ,  trou- 
vée à  Zinnwald  ,  analysée  par  MM.  Bucholz  et  Hudoiph. 
Brandes  ,  a  donné  : 

Acide  schéelique     ....  76,50. 

Chaux i6,5o. 

Silice 2,94- 

Fer  oxydé ij46. 

Alumine  avec  une  trace  de  chaux 

et   d'alumine     ....  I709. 

Perte 2,5i. 

Les  formes  sous  lesquelles  le  schéelin  calcaire  se  pré- 
sente le  plus  souvent ,  sont  celles-ci  : 

I."  primitive,  — l'octaèdre  primitif. 

2."  Unitaire^  Haiiy,  fTaW.  Cump.  ,  fig.  68.  —  C'est  l'octaè- 
dre rectangulaire  ,  dans  lequel  l'incidence  de  deux  faces 
voisines  ,  sur  une  même  pyramide  ,    est  de  ii3  degrés  36". 

3.0  Diociaèdre.  —  La  variété  précédente  ,  augmentée  de 
huit  facettes  triangulaires,  appartenant  à  la  forme  primi- 
tive, placées  sur  les  arêtes  des  pyramides,  et  intercep- 
tant les  angles  solides  de  leur  base  commune  ,  qui  sont 
remplacées  par  une  arête. 

Les  formes  cristallines  du  schéelin  calcaire  ont  fait  le 
sujet  d'un  Mémoire  de  M.  de  Bournon  ,  inséré  dans  le 
Journal  des  mines  (f.  i3  ,  pag.  161  ).  Ce  savant  y  a  ajouté 
des  développemens,  dans  le  Catalogue  de  sa  Collection  ,  et 
a  donné  la  figure  de  ses  formes  cristallines,  parmi  lesquelles 
il  y  en  a  trois  ou  quatre  autres  différentes  de  celles  que 
nous  venons  de   citer. 

Le  schéelin  calcaire  est  un  minéral  assez  rare ,  qui  a  d'a- 
bord été  découvert  dans  les  mines  de  Saxe  et  de  Bohème  , 


îao  S   C  H 

associé  à  l'étain  oxydé.  Ses  cristaux  sont  communément  pe- 
tits ou  moyens  ;  ils  ont  ordinairement  de  une  à  huit  lignes 
de  diamètre,  et  rarement  plus;  ils  sont  épars  ou  groupés  , 
ou  recouverts  d'autres  substances.  Ses  gangues  sont  le  quarz, 
le  fer  magnétique  et  le  fer  oxydé ,  le  mica  ,  l'étain  ,  le 
schéelin  ferruginé  ,  etc.  Ses  principales  localités  sont  les 
suivantes  : 

Marienberg  et  Altenberg,  en  Saxe  ,  avec  étain  ;  Shonfeld 
etZinnwald  ,  Schlakenvvald,  en  Bohème,  aussi  avec  étain; 
Rhydarrhytan  et  Bisberg  ,  en  Suède  ,  avec  fer  oxydulé  ;  en 
Angleterre ,  dans  le  comté  de  Cornouailles,  à  Pengilly  ;  en 
France ,  à  Saint-Léonhard,  avec  le  schéelin  ferruginé.  M.  de 
Bournon  cite  comme  une  grande  rareté ,  un  très-beau  cris- 
tal de  schéelin  calcaire  qu'il  possédoit ,  et  qui  fut  trouvé  en 
sa  présence  ,  dans  la  montagne  du  Puy  ,  près  Saint-Chris- 
tophe, dans  rOisans  en  Dauphiné  ,  et  qui  avoit  près  d'un 
pouce  de  longueur.  On  en  cite  en  Tyrol ,  à  Schellgaden. 

Le  schéelin  calcaire  a  été  nommé  tungstène ,  pierre  pe- 
sante ,  parce  que,  à  une  grande  pesanteur,  il  joint  l'aspect 
d'une  pierre.  On  l'a  nofnmé  aussi  mine  d'étain  blanche , 
parce  qu'il  accompagne  ordinairement  l'étain  ,  qu'il  est  blan- 
châtre comme  cerraines  variétés  d'étain,  et  que  ses  cristaux, 
quoique  de  formes  différentes,  ont  des  pyramides  à  quatre 
faces  ,  comme  dans  l'étain  oxydé. 

SCHÉELIN  FERRUGINE,  Haîiy;  Woljmm  ,  Wern., 
Jam. ,  etc.;  Eîsen  Scheel ,  Sack.  (^Schéelin  martial^  Boum.; 
magnesia  cristallina  et  spuma  lupi,  Wall.;  mine  de  fer  basaltique 
J)emesie',minedeferarsenîrale,  Biicquet.  Tungsiale  mangaiié— 
sié,  de  Born.;  Ferrugineus  oxyde  ofiungsten,  Clevel;  spumalupi 
et  spuma  joois  des  anciens  minéralogistes,  vulgairement  le 
Wolfram  ).  L'analyse  chimique  a  pu  seule  faire  réunir  deux 
espèces  aussi  différentes  à  l'aspect  que  le  schéelin  calcaire 
et  le  schéelin  ferruginé.  Ce  minerai  est  noir  ou  brun-noir,  et 
a  une  structure  lamelleuse  à  lames  brillantes  qui  lui  est  pro- 
pre ;  il  est  amorphe  ou  cristallisé  ,  et  ses  cristaux  sont  ordi- 
nairement d'un  volume  assez  fort,  difficile  à  déterminer,  et 
souvent  mâclés  ou  agrégés  ;  ces  cristaux  ont  pour  forme 
primitive  un  parallélipipède  rectangle ,  dans  lequel  la  hau- 
teur, la  longueur  et  la  largeur  sont  dans  les  rapports  des 
nombres  12,  8  et  7  environ.  Ce  parallélipipède  est  très-fa- 
cilement divisible  sur  deux  de  ses  pans  opposés;  il  l'est  beau- 
coup moins  sur  les  autres.  Selon  M.  de  Bournon ,  la  forme 
primitive  seroit  un  prisme  quadrangulaxre,  à  base  rectangle 
inclinée  de  65  d.  et  1 15  d.  environ,  ce  qui  paroît  prouvé  par  ia 
nière  dont  se  présentent  les  sommets  des  cristaux  secondai- 
res et  par  les  angles  rentrans ,  qu'on  observe  dans  les  formes 


s  C  H  321 

maclées.  Ces  formes  secondaires  sont  des  prismes  aplatis 
avec  des  sommets  cunéiformes;  les  pans  sont  communément 
striés  en  long.  La  cassure  longitudinale  est  lamelleuse,  très- 
éclatante ,  et  d'un  éclat  métallique;  la  cassure  transversale 
est  raboteuse  et  inégale. 

11  est  opaque  ;  sa  poussière  est  d'un  brun  rougeâtre  ;  il 
est  fragile  et  lourd  ;  sa  pesanteur  spécifique  est  de  6,835  , 
selon  Delhuyar  ;  de  7, i3o,  d'après  Gellert  ;  de  7,1195 
suivant  Brisson,  Gmelin  l'a  trouvée  de  5,7o5;  Benhardide 
7,0;  Haiiy  de  7,33;  Kirwan  de  7,006;  Hatchett  de  6,g5  » 
et  Ullmann  de  6,857. 

Exposé  à  la  flamme  du  chalumeau,  il  décrépite  mais  est 
complètement  infusible  sans  addition. Il  communique  au  yerre 
de  borax  une  couleur  rougeâtre,  lorsqu'il  est  exposé  à  la  partie 
extérieure  de  la  flamme  produite  parle  chalumeau, Réduit  en 
poudre,  et  mis  dans  l'acide  muriatique,  on  obtientdu  schéelia 
oxydé  jaune. 

Le  schéelin  ferruginé  est  une  combinaison  de  l'acide 
schéelique  avec  le  fer ,  et  un  peu  de  manganèse. 

Les  substances  qui  entrent  dans  sa  composition  varient 
d'une  manière  assez  notable ,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  d'après 
les  analyses  faites  par  Delhuyar,  Wiegleb  ,  Klaproth,  Vau- 
quelin,  etc. ,  dont  voici  les  résultats  : 

Delhuyar,  Wiegleb.  Klaproth.  Vauquelin. 
Cornouailles. 

Acide  schéeliq.  64.  .  .  35,75.  .  .  .  46,9 67. 

Ox.de  mang.  .  22.  .  .  32 o 6,25. 

Ox.de  fer.    .  ,  i3,5.  .11 3i,2 18. 

Silice o.  .  .     o o i,5o. 

Perte.  .  .  .     o,5.  .  21,25.  .  .  .  21,9 7»25. 


•  M.  Berzelius  indique  dans  le  schéelin  ferruginé  du  Cum- 
berland  :  acide  schéel,,  74.1666;  fer  oxydulé,  17,594.;  man- 
ganèse oxydulé,  5,64;  et  silice,  2,10. 

Les  formes  cristallines  du  schéelin  ferruginé  ne  sont  pas 
très-nombreuses;  les  cristaux  sont  tantôt  prismatiques,  tan- 
tôt sous  forme  de  tables  ou  de  lames.  Les  variétés  les  plus 
connues  sont  les  suivantes  : 

1.  Primilbe.  Le  parallélipipède  rectangle,  ou  le  prisme 
à  base  rectangulaire  (  uu  peu  incliné  selon  M.  de  Bour- 
non  ). 

2.  Épointé^  Haiiy,  Trait. ,  pi.  85 ,  fig.  227.  Prisme  à  quatre 
pans  terminé  par  quatre  faces,  qui  intercepteat  de  biais  le»^ 


322  S   G  II 

angles  solides,  de  manière  tju'elles  se  trouvent  géminées  et 
que  le  sommet  du  cristal  est  remplacé  par  une  facette. 

3.  Llnibinaire^  Haiiy,  Trait.,  pi.  85,  fig.  228,  la  même , 
que  la  précédente  ,  mais  le  prisme  a  huit  pans. 

4.  Progressif,  Haiiy,  Trait.  ,  pi.  85,  fig.  229.  Prisme  à 
huit  pans  et  rhomboïdal ,  produit  par  le  développement  des 
quatre  faces  secondaires  du  prisme  de  la  forme  précédente; 
sommet  à  deux  faces  réunies  en  coin  de  98,12%  et  dont  l'a- 
rete  terminale  est  dans  le  sens  de  la  plus  petite  diagonale. 
En  outre,  les  quatre  arêtes  communes  au  sommet  et  au 
prisme  ,  interceptées  par  quatre  facettes  linéaires. 

5.  Madé ,  Boum,,  Catal.,  p.  43/,  fig-  339  '  produit  par  la 
réunion,  en  sens  contraire,  de  deux  cristaux  de  la  forme  pri- 
mitive; ce  qui  donne  un  angle  rentrant  à  un  bout.  Nous 
avons  observé  très-fréquemment  des  mâcles  de  schéelin  fer- 
ruginé,  produites  par  presque  toutes  les  formes  précédentes  , 
et  nous  osons  même  avancer  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  fréquent 
dans  les  cristaux  de  Wolfram. 

6.  Lamelliforme.  Les  lames  sont  quelquefois  tellement 
pressées,  que  le  cristal  ou  la  masse  paroît  strié. 

M.  de  Bournonafait  connoître  d'autres  variétés  de  forme, 
dans  le  Catalogue  de  sa  collection  minéralogique. 

Le  schéelin  ferruginé  appartient,  comme  le  schéelin  cal- 
caire, aux  terrains  primitifs  et  de  transition,  et  lui  est  souvent 
associé  ;  il  est  beaucoup  plus  abondant  et  se  rencontre  en 
veines  ou  disséminé.  Il  est  communément  associé  à  l'étain 
oxydé  ,  avec  les  substances  qui  l'accompagnent  :  le  quar/  ,  le 
mica,  la  chaux  fluatée  ;  et  moins  fréquemment  dans  des  ro- 
ches, avec  le  plomb  sulfuré,  le  cuivre  gris,  le  fer  spathique, 
la  baryte ,  etc. 

On  le  trouve  principalement  dans  les  roches  primitives  à 
Ehrenfriedersdorf ,  Altenberg  et  (ieyer  en  Saxe  ;  à  Zinn- 
wald  et  Schlackenwald  en  Bohème.  Les  beaux  cristaux  de 
cette  substance  proviennent  de  Saxe,  de  Bohême  et  de 
Westphalie. 

En  France ,  on  a  découvert  le  schéelin  ferruginé  en  veines 
de  10  pouces  d'épaisseur,  dans  du  quarz  à  Puy-les- Vignes , 
'  à  environ  trois  quarts  de  lieue  de  Saint- Léonard  ,  départe- 
ment de  la  Haute- Vienne;  il  y  a  été  observé  par  MM.  Alluaud 
et  Picot  Lapeyrouse.  Il  se  rencontre  en  grande  quantité  à 
Kaëtanos  en  Basse-Bretagne,  suivant  Sage. 

Il  est  très-commun  en  Angleterre,  dans  le  comté  de  Cor- 
nouailles,  àHerland,  Pednandre,  Huel-Fanny,  Poldice, 
Cliqga  et  Kit-hiil. 

Il  a  été  découvert,  dans  le  gneiss,  dans  l'île  de  Rona, 
l'une  des  Hébrides. 


s  C  H  323 

Il  existe  en  veines  dans  une  sorte  de  wacke  grise  au 
Hartz. 

On  l'observe  dans  le  granité  ,  en  Suède,  dans  la  province 
de  Werinanland  ;  il  est  massif,  sublaminaire,  accompagné  de 
mica  et  de  quarz ,  à  \'V^estanfors  en  Westm'annie. 

En  Asie,  il  a  été  découvert  dansles  montagnes  de  la  Daou- 
rie.  «  En  1783,  pendant  que  je  voyageois  en  Sibérie  ,  rap- 
porte Patrin,  mon  ami  Hoppe,  l'un  des  plus  habiles  officiers 
des  mines,  découvrit  dans  plusieurs  parties  de  la  montagne 
Odon-Tchélon  ,  près  du  fleuve  Amour  ,  des  gîtes  où  le  wol- 
fram servoit  de  matrice  aux  émeraudes  et  aux  topazes  que 
fournit  cette  montagne.  Lorsque  je  la  visitai  moi-même  en 
1785,  j'y  trouvai  plusieurs  beaux  échantillons  de  cette  subs- 
tance ;  j'en  possède  un  surtout  de  la  grosseur  des  deux  poings  , 
où  le  wolfram  est  en  tables  rhomboïdales  de  plusieurs  pouces 
d'étendue  sur  un  demi-pouce  d'épaisseur.  Les  caviiés  du 
morceau  sont  tapissées  d'une  multitude  de  petites  topazes 
sur  une  gangue  quarzeuse ,  mêlée  de  canons  d'aigue-ma- 
rine.  » 

Le  schéelin  ferruginé  se  trouve  aussi  en  Amérique  :  on 
en  cite  à  la  Martinique. 

Cette  substance  métallique  a  été  associée  successivement  à 
divers  minéraux  d'espèces  différentes.  Henckell'avoit  d'abord 
prise  pour  une  mine  d'antimoine,  puis  pour  de  l'étain  arse- 
nical ferrugineux  ;  Wallerius  et  Cronstedt  n'y  voyoient  qu'un 
manganèse  mêlé  de  fer  et  d'étain;  Sage  et  Rome  de  l'Isle, 
qu'une  combinaison  de  fer  et  de  schorl.  D'autres  l'ont  consi- 
dérée comme  une  mine  de  fer  arsenical  intraitable  ;  d'autres 
encore,  comme  un  schorl,  nom  sous  lequel  on  comprenoit 
un  grand  nombre  de  substances  pierreuses  diverses,  mais 
notamment  la  tourmaline  et  l'amphibole.  Nous  avons  vu  plus 
haut  que  Schéele,  en  1781 ,  commença  à  fixer  l'attention  sur 
la  nature  de  celle  substance,  et  que  depuis,  Bergmann  et 
M.  Delhuyar  l'ont  complètement  reconnue.  Les  alchimistes 
désignoient  l'antimoine  par  le  mot  ioitp,  wo/f  en  allemand. 
Le  mot  allemand  rarn  ou  plutôt  rham ,  veut  dire  suie  ,  ou 
toute  substance  spongieuse  feuilletée  ;  d'où  il  s'ensuit  que  le 
schéelin  ferruginé  a  été  nommé  IVoIfram  ,  parce  qu'on  l'a 
pris  d'abord  pour  de  l'antimoine  noir  feuilleté. 

Le  schéelin  ferruginé  ressemble  on  ne  peut  pas  plus  au 
tantale  oxydé  ferrifère  ,  et  il  est  assez  difficile  de  les  distin- 
guer à  l'extérieur;  mais  la  structure  feuilletée  du  schéelin  est 
un  de  ses  caractères  les  plus  évidens.  H  ressemble  aussi  à 
quelques  variétés  d'étain  oxydé  ;  mais  un  léger  examen  le  fait 
reconnoître  bientôt. 'Il  en  est  de  même  avec  le  fer  oxydulé  ; 
celui-ci  est  magnétique,  (ln.) 


.M  S  C  \] 

SCHÉEL/VTÈ  DE  PLOMB.  F.  Plomb  schéelaté.(ln.) 
SCHEELERS  de  Karsten.  Foyez  Schéelin  calcaire. 

(LN.) 

SCHEFFERE.  F.  Schoeffère.  (b.) 
SCHEFFIELDE  ,  Scheffield/a.  Genre  de  plantes  établi 
par  Forster,  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la 
famille  des  primulacées.  Il  offre  pour  caractères  :  un  calice 
à  cinq  divisions  ;  une  corolle  campanulée  ,  à  cinq  lobes  ; 
cinq  étamines  entremêlées  de  cinq  filets  alternes  stériles  ; 
une  capsule  imiloculaire  à  cinq  valves  polyspermes.  (b.) 

SCHEFFLÉRE  ',  Schejflera.  Genre  de  plantes  établi 
par  Forster,  dans  la  pentandrie  déca^ynie  ,  et  dans  la 
famille  des  araliacées.  Il  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq 
dents  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  ;  cinq  étamines  ;  un 
ovaire  inférieur  surmonté  de  dix  styles;  une  capsule  à  huit  ou 
dix  loges  monospermes. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  ,  qui  a  été  trouvée  à 
la  ]>iouvelle-Zélande.  Il  se  rapproche  beaucoup  des  Ara- 
lies,  (b.) 

SCHÉHAl  des  Arabes.  C'est  I'Armoise  de  Judée  , 
Ariemisia  judaica  ,  W. ,  dont  les  graines,  connues  sous  le 
nom  de  Sementine  ,  sont  un  puissant  vermifuge,  (ln.) 

SCHEHITERIG.  L'un  des  noms  arabes  de  la  Fume- 
terre,  (ln.) 

SCHEILAN.  Nom  arabe  d'un  poisson  du  genre  Silure  , 
Silunis  clarias  ,  Linn.  ,  qui  se  pêche  dans  le  Nil  ;  c'est  un 
Pimelode  dans  Lacépède.  (b.) 

SCHEILEN.  L'un  des  noms  arabes  de  I'Ivraie.  (ln.) 
SCHELAMERIA.   Ce  genre  ,    établi   par  Heister  sur 
une  espèce  de  giroflée  {cheiranthiis)^  n'a  pas  été  adopté,  (ln.) 
SCHELAU.  Nom  hébreu  de  la  Caille,  (v.) 
SCHEL-FISCH.  Nom  anglais  d'une  préparation  de  la 
Morue,  (b.) 

SCHELHAMMÈRE  ,  Schelhammeria.  Genre  de  plantes 
établi  par  R,  Brown ,  pour  placer  deux  plantes  vivaces  de 
la  Nouvelle-Hollande  ,  à  feuilles  amplexicaules ,  et  à  fleurs 
solitaires  et  terminales.  Il  est  de  Thexandrie  monogynie  et  de 
la  famille  des  mélanthacées.  Les  caractères  de  ce  genre 
sont  :  calice  de  six  folioles  pétaloïdes  ,  campanulées ,  éga- 
les; six  étamines;  un  ovaire  à  un  style  terminé  par  trois 
stigmates  recourbés  ;  une  capsule  à  trois  loges ,  à  trois 
valves  ,  contenant  des  semences  ventrues. 

Ce  genre  est  fort  voisin  de  I'IIvulaire,    (b.) 
*        SCHEMAM  (Forsk.).  V.  Chemam,(ln.) 

SCHEMBU.  Nom  brame    de  plusieurs  Jambosiers,  et 


s  C  îl  3^5 

nolarmnent  de  celui  que  les  Malabares   désignent  par  nati- 
schambu.  V.  ce  mot.  (ln.) 

SCHEM-PARITI.  Nom  d'une  très-belle  espèce  de  Ket- 
MIE  (  hibiscus  rosa  sînensis^  Linn.  )  ,  sur  la  côte  Malabare.  (ln.) 

SCHENANTHE.  Nom  spécifique  d'un  B  a  RBO^(anf/ro;?o- 
gon  schenanthus,  Linn.),  qui  est  très-aromatique ,  et  qu'on 
emploie  dans  la  tbériaque  et  autres  préparations  officinales. 
Il  est  alexipharmaque,  provoque  les  menstrues,  les  urines, 
arrête  le  hoquet  et  le  vomissement.  (B.) 

SCHENNA.  Nom  que  les  Grecs  modernes  donnent  au 
Henné  (lawsonia  inermis).  (ln.) 

SCHEORAH.  Nom  hébreu  de  I'Orge  ,  selon  Jean* 
Bauhin.  (LN.) 

SCHERAPANCA  des  Brames.  C'est  le  Kolinii.  des 
Malabares,  dont  Adanson  fait  un  genre  particulier  qui  ren- 
!rc  dans  le  galega  {gaiega  villosa  ,  Linn.).  (ln.) 

SCHERBENSTEIN  des  Allemands.  C'est  la  Ser- 
pentine  OLLAIRE.  (ln.) 

SCHERMAN.  Buffon  a  donné  mal  à  propos  ce  nom  au 
Campagnol  appelé  schermauss  par  Hermann,  et  qui  n'est 
qu'un  Rat  d'eau,  (desm.) 

SCHERMAUSS.  V.  Scherman  et  l'article  du  Campa- 
gnol RAT  d'eau,  (desm.) 

SCHERUBALA  des  Malabares.  C'est  Vachyranthes 
lanata,  L. ,  dont  Adanson  a  fait  son  genre  Ouret.  Le  scheru 
cadelari  est  Vachiranthes  prostraia  ,  L.  V.  Cadelari.  (ln.) 

SCHERUNAM-COTTAM.  Il  paroît  que  c'est,  dans 
Pihéede  ,  le  Clusier  a  feuilles  rétuses.  (b.) 

SCHERU-PADAVALAM  des  Malabares.  Selon  Rhéede 
(Mal.  8,  lab.  i6),  c'est  une  plante  de  la  famille  des  cucur- 
bitacées.  C'est  le  irichosanihes  caudata,  L. ,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  le  padavalam,  qui  est  le  irickosanthes  cucume- 
n'na^  L.  (LN.) 

se  UERU-PARITI.  Rhéede  appelle  ainsi  la  Ketmie 
rose,  (b.) 

SCHERU-SCHUNDA  et  SINSARATI.  Deux  nom 
malabares  d'une  espèce  de  morelle  {solanum  indicum^  Lam.), 
qui  croît  dans  toute  l'Inde.  Il  doit  être  distingué  du  schunda 
o\i  dolari  des  habitans  du  Malabar,  qui  estïe  5o/a««m  uti- 
dalum,  Lam.,  et  encore  plus  du  schunda- panna^  qui  eu  un 
palmier,  (ln.) 

SCHERU-VALLI-CANIRAM.  C'est,  dans  Rhéede,  une 
variété  de  la  Laurelle  (  camjera  ).  (ln.) 

SCHET,  SCHET-ALL,  SCHET-VOULOULOU 
V.  Platyrhynçjue  schet.  (v.) 

SCHET-BÉ.  V.  Batara  schet-bé.  (v.) 


326  S   C  Tî 

se  H  ET  DE  MADAGASCAR.  Voyez  Platyruynque 

SCHET.  (V.) 

SCHETOULOU,  Nom  du  Beurre  de  Galaam,  en  lan- 
gue inandingue.  (b.) 

SCHETTI.  Nom  donné  par  Adanson  au  genre  IxORA. 
Les  Malabares  l'appliquent  spécialement  à  l'/jïora  coccinea, 

L.    (LN.) 

SCHETTI  BLANC.  Nom  que  Plukenet,  Alm.,  t.  109, 
t.  2  ,  donne  à  Vixura  alba^  L. ,  qui  croît  dans  l'Inde.  Ce  nom 
est  la  traduction  de  hem-srhetti ^  nom  malabare  de  la  même 
plante  dont  les  fleurs  sont  blanches,  (ln.) 

SCHETTI-CODIVELI.  Nom  malabare  d'une  espèce 
de  Dentelaire  (^pbimbagorosea^  L.  ).  (ltj.) 

SCHEUCHZEPxIE  ,  Scheuchzeria.  Plante  des  marais  des 
Alpes,  qui  a  complètement  l'apparence  d'un  jonc  articulé. 
Ses  racines  sont  épaisses  et  traçantes;  sa  tige  sort  d'une 
touffe  d'écailles  chevelues  ,  qui  sont  les  restes  des  anciennes 
feuilles.  Elle  s'élève  à  environ  un  pied  ,  et  a  deux  ou  trois 
nœuds,  d'où  naissent  des  feuilles  cylindriques,  recourbées  et 
pointues.  On  voit,  à  son  sommet,  un  épi  de  fleurs  porté  sur 
des  pédoncules  ramifiés  et  inégaux. 

Celte  plante  forme  un  genre  dans  l'hexandrie  trigynie  et 
dans  la  famille  des  alismoùles,  aussi  appelé  Tofielde 
et  Hebéi.ie,  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  divisé 
en  six  parties  colorées;  point  de  corolle;  six  étamines  à  an- 
thères plus  longues  que  les  filamens  ;  trois  ovaires  supé- 
rieurs (quelquefois  six)  à  stigmates  qui  leur  sont  adnés 
extérieurement;  autant  de  ca[)sules  comprimées,  renllées, 
bivalves,  à  une  ou  deux  semences,  (b.) 

Scopoli  rapportoità  ce  genre  ïanlfien'rum  caliculatum  ,  L. , 
dont  Willdenovv  fait  une  espèce  ùlielonias^  et  qui  est  pour 
la  plupart  des  botanistes  un  genre  distinct,  Tqfieldia,  L.  (ln.) 

SCHELIRL.  V.  ScHORL.(PAT.) 

SCHIANZA.  L'un  des    noms    italiens  des  Massettes. 

(rj/>/;«).(LK) 

SCHICKMACH.  Nom  hébreu  du  Mûrier,  (lk) 

SCHIECH.  Plante  d'Arabie,  avec  laquelle  on  remplace 
IAmadou  ,  après  l'avoir  battue  et  séchée.  Le  genre  auquel 
elle  se  rapporte  ne  nous  est  pas  connu,  (b.) 

SCHIEFER  des  Allemands.  C'est  le  Schiste  ou  l' Ar- 
doise. Il  se  prend  aussi  pour  désigner  une  structure  feuilletée 
comme  celle  de  l'ardoise,  (lis.) 

SCHIEFER  ALUN.  Les  minéralogistes  allemands  ont 
donné  anciennement  ce  nom  à  des  variétés  laminaires  de 
chaux  sulfatée  ,  puis  à  des  pierres  aluminaires  et  même  à 
laluii.  (lw.) 


s  G  H  3r>7 

SCHIEFER  GLIMMER.  Synonyme  allemand  de  Muv 
SCHISTEUX  OU  de  Roche  MICACÉE  schisteuse,  (ln.) 
SCHIEFER  KOHLE  de  Werner.  C'est  la  Houille 

FEUILLETÉE.     V.  HoUILLE.  (LNJ 

SCHIEFER-SPATH.  V.  Chaux  carbonatée  nacrée. 

(Lî^.) 

SCHIEFERTON.  Jrgile  schisteuse  qui  se  trouve  dans  les 
houillères  ,  où  elle  forme  des  couches  de  couleur  grise,  pla- 
cées au-dessus  des  couches  noirâtres  de  schiste  bitumineux. 
Il  y  a  un  passage  insensible  de  l'un  à  l'autre.  V.  Schiste  , 
Houille  et  Argile,  (pat.) 

SCHILBÉ  ,  Schilbe.  Sous-genre  établi  par  Cuvier  aux 
dépens  des  Silures,  dont  il  diffère  par  un  corps  comprimé 
verticalement  et  par  une  épine  forte  et  dentelée  à  la  dor- 
sale. Les  espèces  qui  y  entrent  ont  huit  barbillons. 

Les  Silures  myste  et  oreille,  figurés  par  Geoffroy  ,  pi.  2 
des  Poissons  du  grand  ouvrage  sur  l'Egypte  ,  entrent  dans  ce 
sous-genre,  (b.) 

SCHILLER  QUARZ,SCHlLLERSTEINetSCHIL- 
LEPiSPATH.  Les  minéralogistes  allemands  donnent  ces 
noms  au  Labrador  ou  Feldspath  ,  à  I'Hyperstène  opalin, 
et  surtout  à  la  Diallage.  (ln.) 

SCHILLER  QUARZ  de  Karsten.  C'est  le  Quark  hya- 
lin CHATOYANT  OuOElL  DE  CHAT.  (LN.) 

SCHINAU.  Nom  arabe  d'une  plante  avec  la  cendre  de 
laquelle  on  fabrique  le  savon.  Il  est  probable  que  c'est  la 
Salicorne  d'Arabie.  Peut-être  est-ce  une  Soude  ou  ^A^\- 

BASE  sans  feuilles  .?  (B.) 

SCHINDEL.  Nom  du  Centro  pome  sandat.  (b.) 

SGHINOIDES.  Linnseus  avoit  d'abord  fait,  sous  ce  nom , 
un  genre  particulier  du  Fagara  tragodes  ,  qu'il  porta  en- 
suite dans  le  genre  ScHiNUS  ,  d'où  Jacquin  et  Miller  l'ont  re- 
tiré, (ln.) 

SCHINOS.Ce  nom  est  aussi,  chez  les  anciens,  synonyme 
de  Schœmis.    V.  ce  mot.,  (ln.) 

SCHINUS  des  Latins,  Schinos  et  Schnida  des  Grecs  , 
V.  Lentisque.  Linnseus  a  donné  ce  nom  àun  genre  qui  com- 
prend des  plantes  exotiques,  et  dans  lequel  il  avoit  d'abord 
rapporté  quelques  espèces  de  Fagarier  {F.  pterotes  et  trago- 
des ^  et  le  limonia  acidissimd).  V.   Schrebera.  (ln.) 

SCHÏA  SCHUNA.  Espèce  de  Morelle  ( 5o/anum  mil- 
leri ,  L.)  qui  croît  au  Cap  de  Bonne-Espérance,  (ln) 

SCHIRDEL  des  Allemands,  ou  SCHORL  NOIK. 
C'est  la  Tourmaline  noire,  (ln.) 


328  S  C  H 

SCHIRL.  Synonyme  allemand  de  Schoul.  lintelin  Ta 
donné  au  Schéelin  ferrugimé.  (ln.) 

SCHISANDRE,  Schizandra.  Arbuste  grimpant ,  à  feuilles 
alternes,  pétiolées,  ovales  ,  lancéolées,  quelquefois  dentées  , 
luisantes  et  succulentes  ;  à  fleurs  rouges  ;  qui  forme  un  genre 
dans  la  monoécie  syngénésie ,  et  dans  la  famille  des  mé- 
nispermes. 

Ce  genre,  qui  a  été  établi  par  Michaux,  Flore  de  V Amérique 
septentrionale  ,  et  qui  est  figuré  pi.  4-7  ^^  même  ouvrage  , 
offre  pour  caractères  :  fleurs  mâles,  calice  de  neuf  folioles 
presque  rondes  ,  concaves ,  colorées ,  caduques ,  disposées  sur 
trois  séries  ,  et  solitaires  sur  de  longs  pédoncules  axillaires  ; 
point  de  corolle;  disque  pédicule  ,  coloré  ,  élargi  à  son  som- 
met ,  et  dont  les  bords  sont  excisés  par  cmq  sinus  couverts  de 
pollen  :  fleurs  femelles,  sessiles  et  réunies  à  l'extrémité  d'un 
long  pédoncule  axillaire  ,  ayant  un  calice  semblable  à  celui 
des  mâles  ;  un  ovaire  supérieur ,  ovoïde  ,  surmonté  d'un  stig- 
mate aigu  et  court  ;  une  baie  monosperme ,  inégalement 
ovoïde  et  rouge. 

Cette  plante  se  rapproche  des  Ménispermes  (  Voyez  ce 
mol).  Elle  est  d'un  aspect  fort  agréable,  et  peut  servira  faire 
des  tonnelles.  Je  l'ai  cultivée  dans  le  jardin  de  botanique  de 
Charleston.  Il  y  en  a  quelques  pieds  dans  les  jardins  de  Paris , 
où  on  la  multiplie  très-facilement  de  marcottes.  (B.) 

se  HISEE ,  Schizœa.  Genre  de  plantes  cryptogames ,  de  la 
famille  des  Fougères  ,  dont  les  caractères  consistent  :  en  des 
follicules  operculées,  disposées  en  deux  séries  parallèles  sur 
la  face  interne  de  deux  rangées  de  dents  redressées  au  sommet 
des  feuilles. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Smith  pour  placer  quelques 
AcROSTiQUES  de  Linnseus.  Ce  sont  àes  plantes  qui  s'élèvent 
de  terre  en  feuilles  linéaires,  simples  ou  rameuses  ,  et  dont 
le  sommet  se  termine  par  un  appendice  courbé  en  arc  et 
velu,  où  est  placée  la  fructification ,  qui  est  saillante  ,  et  re- 
présente de  petits  tubes  divergens. 

Les  plus  communes  de  ces  espèces  sont  :  l'une,  la  Schi- 
SÉE  PECTiNÉE  ,  en  Ethiopie,  et  l'autre,  la  Schisée  dicho- 
TOME  ,  en  Chine.  Mirbel  a  ôté  une  espèce  de  ce  genre  ,  pour 
former  son  genre  belevisie. 

Le  genre  Lophidie  de  Richard  ne  paroît  pas  suffisamment 
distinct  de  celui-ci.  (b.) 

SCHISMATOPTÉRIDES,  Schîsmatopterides.  Famille  de 
plantes  établie  par  Willdenow,  aux  dépens  des  Fougères. 
Elle  rassemble  les  genres  Angioptère  ,  Glechetsie  ,  Mer- 


s  C  H  3.9 

TENSIE,   TODÉE,  MOHRIE,  HyDROGLOSSE,  SCHISÉE,  AnEMIE 
et  OSMONDE.  (JB.) 

SCHISME,  Schismus.  Genre  de  plantes  établi  par  Pallsot- 
de-Beauvois  ,  pour  placer  la  Festuque  calic;ine,  laquelle 
diffère  des  autres. 

Ses  caractères  sont  :  balle  calicinale  renfermant  de  trois  à 
six  fleurs  ;  balle  florale  de  deux  valves  ;  l'inférieure  en  cœur, 
éinarginée  ,  avec  une  pointe  intermédiaire  ;  la  supérieure 
entière,  (b.) 

SCHISME,  Graine  noire,  dure  ,  plate,  luisante,  de  la 
grosseur  d'i>n  pois  ,  qu'on  apporte  d'Egypte  pour  l'usage  de 
la  médecine.  Elle  est  en  même  temps  émétique  et  purga- 
tive, (b.) 

SCHISMUS.  Nom  latin  de  la  Fouine,  (s.) 

SCHISTE,  Schislus^  Wall.  Les  schistes  sont  des  pierres 
à  texture  feuilletée  et  à  feuillets  parallèles,  droits  ou  cour- 
bés ;  leur  éclat  est  mat  ou  luisant  ;  ils  sont  assez  tendres  pour 
se  laisser  rayer  par  le  cuivre.  Exposés  à  l'action  du  chalu- 
meau, ils  sont  plus  ou  moins  fusibles  en  un  émail  brun  terne 
rempli  de  bulles, ou  en  scorie  brune.  Leur  raclure  est  grise. 
Ils  ne  font  point  pâte  avec  l'eau.  Ils  répandent  l'odeur  argi- 
leuse, lorsqu'on  les  humecte  avec  l'haleine.  Il  yen  a  de  toutes 
les  couleurs  ,  mais  ces  couleurs  sont  ternes  et  sans  éclat ,  et 
quelquefois,  quoique  rarement,  elles  sont  mélangées. 

Les  schistes  ne  sont ,  au  fond  ,  que  des  roches  mélangées 
dont  les  élémens  sont  imperceptibles  ,  et  qui  leur  donnent 
l'apparence  de  corps  homogènes.  M.  Daubuisson  s'est  as- 
suré, par  une  analyse  mécanique,  que  les  schistes  primitifs 
sont  essentiellement  composés  de  paillettes  indiscernables 
de  mica  ,  disposées  en  couches  sur  le  même  plan  ,  et  les 
unes  au-dessus  des  autres.  On  peut  concevoir  donc  aisément 
qu'entre  ces  paillettes  de  mica  peuvent  être  interposées 
d'autres  matières ,  et  même  que  le  mica  soit  remplacé  par 
une  autre  substance  ,  et  c'est  ce  qui  arrive.  La  cassure  , 
perpendiculaire  aux  feuillets  ,  est  ordinairement  grenue  à 
grain  fin  et  terne.  L'analyse  chimique  nous  fait  connoître 
que  ces  roches  sont  formées  d'un  mélange  intime  de  silice  , 
d'alumine  et  de  fer  ;  mais,  selon  les  variétés,  on  y  trouve  , 
aussi  d'autres  principes  :  la  magnésie ,  la  chaux,  le  manga- 
nèse et  même  du  bitume. 

il  ne  faut  pas  oublier  que  le  mot  schiste  est  souvent  une 
épithète  qui  indique  une  roche  ou  une  pierre  d'une  structure 
feuilletée  ;  par  exemple  ,  le  schiste  micacé  oVi  mica  schisteux, 
qui  est  une  roche  de  mica;  leschiste  corné,  qui  est  un  pétrosilex 
feuilleté  ou  schisteux^  et  plusieurs  autres  qui  seront  cités  plus 


33o  S  C  Tî 

bas.  Nous  avons  cru  devoir  admcUre  ici  l'espèce  schiste, 
à  peu  près  telle  que  A'\  allerius  l'a  circonscrite  ,  et  qui  ne 
comprend  que  des  pierres  argileuses  ,  formant  dans  «la  mé- 
thode de  W^erner  et  de  Jameson  une  petite  famille  à  part. 

Dans  la  méthod'e  de  M.  Haiiy ,  les  schistes  ne  sont  que  des 
argiles  schisteuses. 

Voici  les  variétés  qu'on  peut  admettre. 

I.  Schiste  luisant  ,  Brong.  {Thonschîefer ,W .,  en  partie). 
Ce  schiste  est  luisant  et  comme  satiné  ou  soyeux  dans  le  sens 
de  ses  lames  ;  celles-  ci  sont  plissées  et  comme  gaufrées; 
elles  sont  rarement  planes  ,  et  le  plus  souvent  courbes.  Il  y  a 
des  variétés  dun  gris  bleu  plus  ou  moins  foncé  ,  d'un  gris  de 
perle  ,  d'un  jaune  verdâlrc,  de  rougeâlres  ,  etc.  11  ne  fait  pas 
effervescence  avec  les  acides.  Au  chalumeau  ,  il  se  fond  avec 
assez  de  facilité  en  un  émail  gris  ou  jaunâtre  et  Irès-buUeux. 

Ce  schiste  tient  le  milieu  entre  les  schistes  ardoise  et  ar- 
gileux les  plus  purs,ct  le  micaschiste  ou  roche  micacée  schisteu- 
se ,  d'avec  laquelle  même  il  est  très-difficile  de  le  distinguer. 
Il  ne  se  trouve  que  dans  les  terrains  primordiaux,  cl  est  sou- 
vent même  la  gangue  de  filons  métalliques  très  -  puissans  et 
de  toute  nature. 

Un  schiste  luisant,  brun  et  satiné,  et  à  feuillets  presque 
planes,  s'observe  dans  les  environs  de  Servez,  et  sert  de  g'^n- 
gue  à  des  filons  de  plomb  et  de  cuivre  sulfurés.  Près  de  Cher- 
bourg, on  observe  un  schiste  satiné  verdâlre,  à  feuillets  planes. 
Celui  de  Hornmersdorf,  près  de  Freyberg,  en  Saxe,  est  brun 
et  comme  gaufré.  Celui  de  Hartestein,  en  Saxe,  est  gris  bru- 
nâtre et  esquilleux.  A  Schneeberg  ,  encore  en  Saxe  ,  il  y  en  a 
de  gris  rougeâlre  ,  avec  des  taches  oblongues  et  d'un  brun 
rougeâlre.  Celte  variété  a  été  établie  par  M.  Brongniart. 

II.  Schiste  ardoise  ,  Brong.  { Jrgile  schisteuse  tabulaire  et 
Argile  schisteuse  iègulaire;  Schiste téguluire,  Haiiy;  Schistus  wcii- 
salis  et  tegularis  ^  Wall.;  Argillite  ^  Kirw.  ;  Thorischiejcr , 
Wern.,en  partie;  Clay  slafe^  James.,  enparlic;  Schiste  ardoise 
cl  Schiste  argileux  ,  Brong.  ).  Son  caractère  essentiel  est  d'êire 
en  grandes  feuilles  minces,  droites  ,  qui  se  séparent  aisément 
et  qui  sont  sonores  lorsqu'on  les  frappe  avec  un  corps  dur. 
Ses  couleurs  sont  variables  entre  le  gris  bleuâtre  ,  le  brun  et 
le  rouge  terne  ;  il  est  beaucoup  plus  dur  que  le  schiste  arei 
leux  ,  et  même  assez  pour  retenir  des  traces  de  cuivre.  Il  i;c 
fait  pas  effervescence  avec  les  acides.  Au  chalumeau  ,  il  fond 
en  une  scorie  luisante.  L'ardoise  se  casse  en  fragmens  o 
arêle  vive  ;  en  grand  ,  elle  présente  des  pièces  ou  du.s 
masses  rhomboïdales. 

Kirwan   a  trouvé  ,    par  l'analyse  ,  dans  une   ardoise  de 
l'ile  d'Anglesey  : 


s   C  II  33i 

Silice 38 

Alumine .26 

Magnésie 8 

Chaux 4 

Fer  oxydé  au  max/mum, peut-être  mêlé 
d'un  peu  de  nickel i4- 

90 
L'ardoise  gît  en  grandes  cmiches  inclinées  et  même  per- 
pendiculaires à  l'horizon.  On  en  trouve  dans  les  terrains  pri- 
mitifs et  dans  les  terrains  de  transition  ou  secondaires. 

Les  ardoises  primitives  offrent,  dans  leur  sein  ,  des  subs- 
tances diverses  telles  sont  :  des  veines  et  des  rochers  de 
quarz  ,  de  chaux  carbonalée  ,  du  fer  sulfuré ,  du  mica  ;  les  se- 
condaires offrent  différentes  empreintes  de  corps  organisés, 
dont  quelques-unes  leur  sont  particulières  ,  par  exemple  ,  les 
schistes  d'Angers  qui  présentent  ces  singulières  impressions 
dites  autrefois  trilobites,etqui  forment  le  genre  que  iNl.  Bron- 
gniart  a  nommé  ogygîe.  Les  ardoises  de  Glarissont  célèbres 
par  les  empreintes  de  poissons  qu'elles  présentent  {^Voyez 
Poissons  fossiles).  Des  empreintes  d'anmionites  Sf  voient 
dans  les  ardoises  des  Ardennes. — Les  ardoises  servent  depuis 
long  temps  ,  comme  on  sait ,  à  couvrir  les  maisons  ;  elles  ont 
maintenant  un  autre  emploi  tout  différent ,  et  non  moins 
utile.  On  en  fait  de  petites  tables  qui  servent  dans  les  écoles 
d'enseignement  mutuel.  A  l'aide  d'un  crayon  tendre  ,  on 
peut  écrire  dessus  et  effacer  à  volonté  ce  que  l'on  a  écrit.  On 
peut  obtenir  des  feuilles  d'ardoise  de  |.lusieurs  pieds  d'éten- 
due (  V.  AaDOiSE).  Nous  ajouterons  à  cet  article  que  l'ar- 
doise abonde  en  France ,  dans  le  département  de  la  Lozère  , 
auquel  elle  a  donné  son  nom  ;  qu'elle  se  trouve  en  Ecosse,  à 
Easdale  et  dans  quelques  unes  des  îles  de  la  côte  de  Lorn  , 
dans  rArgyleshire;et  à  Ballihulish,  dans  l'Appin,  même  pro- 
vince, l^ts  carrières  d'Easdale  et  de  ses  environs  manufac- 
turant environ  cinq  millions  d'ardoises  par  an  ,  et  elles  em- 
ploient trois  cents  hommes.  Les  carrières  de  Ballihulish  en 
fournissent  annuellement  un  demi-million.  Les  ardoises  que 
Ton  consomme  à  Londres,  se  tirent  principalement  de  Ban- 
gor  ,  dans  le  Caernarvonshire, 

IIL  Schiste  argileux  (  Tonschiefer ,  W.  en  partie  ;  Schis- 
lus  fragilis ^  Wall  ;  Ktllas  ,  Kirw.  ;  Claye-slate  ,  Jam.  en  par- 
tie ).  Quoique  ce  schiste  et  le  précédent  se  lient  par  des  nuan- 
ces insensibles  ,  on  peut  dire  qu'il  s'en  dislingue  générale- 
ment en  ce  qu'il  est  plus  tendre,  que  ses  feuillets  sont  épais, 
peu  étendus  et  peu  solides,  il  se  divise  en  petits  fragniens 
rhomboïdaux  qui  ont  quelquefois  une  très-grande  régularité  ; 


33:»  S   C   II 

il  absorbe  l'eau  promplement  et  en  assez  grande  quantité  ; 
répand  une  odeur  d'argile  assez  sensible ,  et  ne  fait  pas  ef- 
fervescence avec  les  acides.  Le  cuivre  le  raye  complètement 
et  n'y  laisse  pas  la  moindre  parcelle  métallique  ;  sa  raclure 
est  terne.  Il  se  présente  avec  les  couleurs  gris-bleuàlre,  bru- 
ne, brun  foncé  ,  rouge,  jaune,  fauve-verte,  etc.,  et  quelque- 
fois il  est  panaché  de  plusieurs  couleurs  ;  par  exemple  ,  rou- 
geâlre  et  vert;  il  y  en  a  de  primitif  et  de  secondaire  ;  du 
reste,  ses  gisemens  sont  les  mêmes  que  ceux  du  schiste  ar^ 
âoise.  L'un  et  l'autre  sont  la  base  de  plusieurs  roches  primi- 
tives feuilletées.  Ils  passent  graduellement  au  micaschiste,  à 
\à  chlorite  schisteuse  ,  au  talc  feuilleté  ,  au  feldspath  com- 
pacte feuilleté  ,  et  aux  autres  variétés  du  schiste. 

Le  schiste  argileux  secondaire  s'observe  particulièrement 
dans  les  mines  de  houille;  il  les  recouvre  et  offre  un  grand 
nombre  d'empreintes  végétales  ,  et  notamment  des  fougères. 
(F.au  mot  PHYTHOLiTH£.)Les  schistes  des  houillères  passent 
au  schiste  bitumineux  et  au  grès  qui  appartiennent  à  la  même 
formation  ;  ils  sont  plus  grossiers  que  les  autres,  et  quelque- 
fois bitumineux. 

Ce  que  l'on  connoît ,  à  Paris  ,  dans  les  arts ,  sous  le  nom 
de  pierres  à  l'eau  tendre  ,  est  un  schiste  argileux,  d'une  ap- 
parence homogène  ,  de  couleur  grise  ,  verdâtre  ou  brunâ- 
tre ,  et  qui  se  délaye  assez  vite  dans  l'eau  par  suite  du  frot- 
tement qu'on  lui  fait  éprouver  lorsqu'on  s'en  sert  pour  pré- 
parer les  métaux  à  recevoir  le  poli;  sa  poussière  est  fine, 
douce  entre  les  doigts  ,  et ,  cependant ,  assez  dure  pour  rem- 
plir parfaitement  le  but  qu'on  se  propose  lorsqu'on  veut  po- 
lir les  métaux,  qui  est  d'user  leur  surface.  Les  pierres  à  l  eau 
se  tirent  d'Allemagne. 

Les  schistes  argileux  primitifs  sont  la  base  de  quelques  es- 
pèces de  roches  particulières  (  V.  Phyllade  )  qui  rentrent 
dans  le  tonschiefer  mélangé  des  Allemands. 

Le  schiste  argileux  de  la  Magdelaine ,  près  Moustiers  ,  en 
Savoie  ,  si  remarquable  par  les  veines  calcaires  qui  le  tra- 
versent ,  est  le  type  d'une  espèce  de  roche  appelée  calschiste 
par  Brongniart. 

\jes  schistes  argileux  de  transition  servent  aussi  de  ciment  , 
ou  entrent  dans  la  composition  de  certains  agrégats.  (Ko/. 
PsÉPtlITE.  ) 

IV.  Schiste  bitumiiseux  ,  Srhislus  plnguis,  "Wall.;  Sc.hisius 
carbonarius,  Wall.  ;  Brandschiefer ,  Wern.,  etc.  ;  Bitvminous  ^ 
Sclate^  Kirvv.  ,  James.;  A rgillite  bitumineux ^  Lamélh.  Quel- 
ques minéralogistes  ne  font  pas  de  distinction  entre  le  schiste 
bitumineux  et  le  schiste  argileux  ci-dessus.    Il  est  d'un  noir 


/ 


s  C  H  353 

ao  peu  brunâtre  ;  lorsqu'on  le  raye,  sa  raclure  est  de  même 
couleur ,  et  luisante  comme  de  la  résine.  Ses  feuillets  sont 
un  peu  lustrés  ,  quelquefois  assez  minces  ,  se  séparant  aisé- 
ment ,  et  sont  fragiles  et  tendres.  Sa  pesanteur  spécifique  va- 
rie entre  1,991  et  2,049  ,  selon  Kirwan  ;  elle  est  portée  à 
2,060  par  Karsten  ,  c'est-à-dire  ,  qu'elle  est  beaucoup 
moins  forte  que  celle  des  variétés  précédentes.  Klaproth 
ayant  analysé  un  schiste  bitumineux  ,  l'a  trouvé  composé  , 
sur  deux  cents  grains  ,  de  : 

Gaz  hydrogène  carboné      ....  80  pouces  cubes. 

Huile  empyreumatique 3o  grains. 

De  pétrole  ou  bitume  épais    ...       5 

£au  ammoniacale 4 

Carbone ,20 

Silice •  ^7 

Alumine  .     .     ♦ 6 

Chaux lo 

Magnésie 1 

Fer  oxydé 3 

D'où  l'on  voit  que  le  Schiste  bitumineux  est  extrêmement 
mélangé.  Le  bitume  y  est  quelquefois  en  si  grande  quantité, 
qu'on  peut  se  servir  de  ce  schiste   en  guise  de  combustible. 

Il  se  trouve  spécialement  dans  les  mines  de  houille,  et 
dans  les  terrains  de  même  formation.il  y  alterne  avec  des 
schistes  argileux  ,  les  psammites  ,  la  houille  elle-même  ,  et 
passe  de  Tun  à  l'autre.  Il  offre  sauvent  des  impressions  ani- 
males et  végétales  ,  et  principalement  des  coquilles. 

Il  s'observe  en  couches  paissantes  dans  les  montagnes 
de  mines  de  fer  hydraté  ;  il  abonde  en  Angleterre  ,  en  Bo- 
hème ,  en  Pologne,  en  Silésie ,  en  Flandre,  en  France  , 
etc.  Il  se  distingue  essentiellement  du  schiste  argileux  par 
sa  raclure  luisante  et  résinoïde  ;  elle  est  terne  dans  l'ardoise 
comme  dans  le  schiste  argileux  ;  de  plus ,  il  a  un  éclat  luisant 
et  résineux  que  ces  deux  derniers  n'ont  jamais.  Il  se  dis- 
tingue du  schiste  aîumineux  ou  du  uJusie  à  dessiner  par 
la  présence  du  bitume  ,  et  comme  il  ne  fait  pas  efferves- 
cence avec  les  acides  ,  on  ne  peut  le  confondre  avec  le 
schiste  mamo-bitumineux. 

V.  Schiste  co^^cule,  Schistus coiicula ,  Wall.-,  TFetzschie- 
fer ,  Wern. ,  etc.  ;  Novaculiie^  Kirw, ,  et  Honestone,  Kid,  ; 
Argile  schisteuse  noi>aculaire ,  Haiiy  ;  Cos ,  de  Lamèth  ;  Whet- 
Siate,  James.  ;  vulgairement  la  Pierre  à  aiguiser^  à  rasoir ,  à 
lancette  ,  à  Veau  dure  ,  etc.  Celui-ci  est  plus  dur  ,  plus  com- 
pacte et  moins  feuilleté  que  le  schiste  précédent.  11  est  gris- 
rerdâtre  ,  ou  d'un  vert  plus  ou  moins  vif,  quelquefois  violet- 


334  S   C  H 

brun  ,  jaune  ,  ou  même  noir  ;  il  se  laisse  rayer  par  le 
fer,  et  quelquefois  par  le  cuivre-  Sa  cassure,  considérée  en 
grand,  est  à  feuillets  épais  et  petits;  elle  est  écailleuse  ,  à 
fragmens  lamelliformes ,  raboteux,  translucides  sur  les  bords; 
sa  raclure  est  terne;  sa  pesanteur  spécifique  est  de  2,677, 
selon  Kirwan.  11  ne  fait  pas  effervescence  avec  les  acides,  et 
an  chalumeau  ,  il  fond  en  un  émail  brun ,  un  peu  boursoufflé. 

Le  schiste  cottcule  forme  des  lits  dans  les  terrains  primitifs 
et  dans  ceux  de  transition  ;  associé  aux  schistes  argileux,  au 
talc  ,  il  offre  quelquefois  des  eftlorescences  de  magnésie 
sulfatée. 

On  en  trouve  à  Seifcrsdorf ,  près  Freyberg  en  Saxe  ;  en 
Bohème  ,  en  Styrie  ;  on  en  exploite  à  Lauenstein  et  Son- 
nenberg ,  canton  de  Meinengen  ,  dans  le  margraviat  de 
Bareilh.  On  en  apporte  de  très-belles  variétés  de  la  Turquie. 

On  laille  et  on  polit  le  schiste  colicule ,  pour  servir  de 
pierre  à  aiguiser.  Pour  cet  effet ,  on  choisit  dans  la  carrière 
les  morceaux  les  plus  purs  ,  ceux  qui  ont  un  grain  fin  ,  égal , 
et  qui  ne  contiennent  point  de  parties  étrangères  et  grossiè- 
res ,  comme  des  noyaux  de  quarz.  On  estime  de  préférence 
la  pierre  à  aiguiser  ,  verdâtre  ,  qu'on  apporte  du  Levant  ; 
après  ,  ce  sont  celles  de  Bohème  ,  qui  sont  les  plus  prisées. 
Le  schiste  colicule  du  Levant  arrive  à  Marseille  en  gros 
blocs  que  Ton  débite  après  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  également 
pour  la  pierre  dite  du  Lcpant ,  qui  est  très-différente.  On  scie 
ces  blocs  avec  du  grès  ,  et  on  unit  les  surfaces  des  pierres 
taillées  avec  de  la  pierre  ponce.  Ces  pierres  sont  nommées 
queue,  sans  doute  à  cause  de  la  forme  allongée  qu'on  leur 
donne. Elles  doivent  être  gardées  dans^des  lieux  humides  et 
frais  ,  pour  conserver  leur  qualité  ,  la  chaleur  et  la  séche- 
resse les  rendant  trop  dures.  Leur  poussière  est  employée 
pour  polir  les  métaux,  et  considérée  par  les  artistes  ,  comme 
une  espèce  d'émeril. 

A  Paris,  on  trouve  trois  sortes  de  pierres  à  aiguiser; 
elles  sont  désignées  de  la  manière  suivante  : 

i."  La  Pierre  à  rasoir  ,  formée  de  deux  lits  ,  jaune  sur  noi- 
râtre où  blanc  grisâtre,  ou  violet-brun.  Sa  cassure  ,  dans  le 
sens  des  feuillets  ,  est  striée.  On  la  tire  des  environs  de  Na- 
mur.  On  est  dans  l'usage  d'ajouter  la  couche  brune  ,  aux 
pièces  qui  en  manquent ,  la  présence  des  deux  couleurs  étant 
un  caractère  de  commerce  pour  cette  piefre. 

2  °  La  Pierre  à  lancette;  gris-verdâlre  ;  texture  à  peine  schis- 
teuse ;  cassure  conchoïde  et  écailleuse.  Se  tire  d'Allemagne. 

3  »  La  Pierre  à  /'e««;dure,  verdâtre  ,  plus  pâle  que  la  pré- 
cédente ,  compacte  ,  à  cassure  écailleuse.  Se  tire  de  Mar- 
seille ,  et  par  conséquent  du  Levant. 


s  C  TT  335 

VI.  Schiste  MARNO-BiTUMiNEUX,fi/Vummo5gr  mergelesclUe' 
fer  ,  Wern.  ;  Bitouminons  marhlate  ,  James.  ;  schiste  marneux  , 
BroHgn,  Son  caractère  essentiel  est  de  faire  effervescence 
avecles  acides.  Il  est  gris-noirâtre  ou  brun  et  même  noir, 
avec  un  éclat  mat  ou  peu  luisant;  il  est  opaque  ,  à  feuillets 
planes  ou  courbes  ;  il  fond  ,  au  chalumeau  ,  en  une  scorie 
brune  ,  et  en  exhalant  d'abord  l'odeur  de  bitume.  Sa  raclure 
est  luisante  et  résinoïde. 

Le  schiste  marno- bitumineux  est  formé  de  chaux  carbonatée 
unie  à  de  l'alumine  ,  au  fer  et  au  bilume. 

Il  appartient  aux  terrains  secondaires  et  de  transition  ;  il 
compose  ordinairement  les  couches  inférieures  du  calcaire 
de  transition,  et  contient  fréquemment  des  minerais  de  cui- 
vre de  plusieurs  espèces,  et  notamment  du  cuivre  pyriteux. 
On  y  trouve  aussi  du  fer  sulfuré  ,  et  plus  rarement  du  mer- 
cure sulfuré  ;  mais  ce  qu'il  contient  de  plus  remarquable, 
ce  sont  de  nombreuses  empreintesde  poissons  et  de  végétaux 
qu'on  croit  être  celles  d'espèces  qui  ont  vécu  dans  des  eaux 
douces.  On  dit  aussi  y  avoir  trouvé  des  restes  de  lézards , 
des  coquilles,  des  coraux  ainsi  que  des  plantes  cryptogames; 
ce  qui  annonce  qu'il  y  en  auroit  de  formations  diverses. 

Ces  schistes  abondent  dans  les  montagnes  du  Harlz,  aux 
environs  de  Magdebourg  ;  à  Riegeldorf ,  en  Hesse  ;  à  San- 
gerhausen  ,  Ilmenau  ,  et  surtout  Eisleben  en  Thuringe  ,  et 
dans  plusieurs  lieux  de  la  Haute  et  de  la  Basse-Saxe  ;  en  Ba- 
vière ,  en  Silésie,  en  Souabe  ,  dans  le  pays  de  Hesse-Cas- 
sel ,  en  Suisse,  lues  schistes  marno-biiumineux  de  Munster-Ap- 
pel ,  dans  le  Palatinat ,  sont  accompagnés  de  mercure  sul- 
furé et  de  pyrite. 

M.  Brard  a  découvert  des  schistes  marneux,  avec  em- 
preintes de  poissons  ,  à  Muse ,  près  d'Aulun. 

L'on  dit  qu'il  en  existe  aussi  dans  les  Cordilières  ,  dans 
l'Amérique  méridionale. 

En  Saxe  et  ailleurs  ,  lorsque  le  schiste  marno-bitumineux 
est  riche  en  cuivre,  on  l'exploite  pour  ce  métal,  et  on  le 
fond.  Il  s'appelle  alors  schiste  cuioreux.  Ce  schiste  et  les  marnes 
bitumineuses  sont  liés  par  une  multitude  de  variétés  intermé- 
diaires; aussi  les  minéralogistes  étrangers  ne  le  classent  pas 
avec  les  schistes  proprement  dits ,  mais  bien  avec  les 
pierres  calcaires  marneuses. 

VIL  Schiste  A  dessine:!  ,  ou  Nigrica,  Schistus  pictorius 
w'^r/ca,Wall.;  Zeichenschiefer,yVevn.;  Dramng-slate  or  Black- 
chalk ,  James.  ;  Schwarze  kreide  ,  Esln.  ;  Meiantherite  ou 
crayon  noir,  Lamé  th.  ;  Argile  schisteuse  graphique,  Haiiy; 
Ampelite  grapliiijue ,  Brong.  ;  vulg.  crayon  noir,  craie  de  char- 
pentier ,   pierre   d'Italie,   meiantherite  des  anciens.   Cette   va- 


j^o  s  C  H 

riété  est  assez  tendre  pour  laissï;r  des  traces  sur  le  papier  , 
et  servir  à  dessiner;  elle  est  noire,  quelquefois  grise  ou 
bleue  ;  son  aspect  est  mat  ou  luisant.  Elle  est  schisteuse  en 
grand  ;  mais  en  petit,  elle  l'est  à  peine.  Sa  cassure  est  alors 
conchoïde.  Au  chalumeau,  elle  blanchit  ou  jaunit  :  elle  se 
décompose  quelquefois  par  la  simple  action  de  l'air,  et  se 
couvre  d'eftlorescences  de  fer  et  d'alumine  sulfatée  ,  comme 
le  schiste  alumineux, duquel  elle  se  rapproche  beaucoup.  Elle 
est  plus  légère  que  le  schiste  argileux  ;  sa  pesanteur  spéci- 
fique étant  de  2,11. 

Elle  est  composée  ,  selon  Wiegleb,  de 

64,06 


Silice 

Alumine 

Carbone 

Eau 

Fer 

Perte      . 


1 1,00 
1', 

7,20 
2,75 
3-99 


;oo,oo 


Ce  schiste  présente  une  variété  onctueuse ,  brillante  et 
à  cassure  conchoïde  ,  qui  ressemble  au  graphite ,  et  qui 
diffère  encore  du  schiste  à  dessiner, proprement  dit,  par  son 
gisement  ;  car  elle  se  rencontre  avec  les  schistes  primitifs  , 
tandis  que  le  crayon  noir  se  trouve  en  couche  dans  les  ter- 
rains de  transition,  et  associé  au  schiste  argileux  ,  au  schiste 
bitumineux  et  à  la  houille. 

Le  crayon  noir  se  trouve  à  Morilla  en  Espagne, et  en  Italie 
surtout  ;  en  Allemagne,  dans  les  montagnes  de  Ludwigstadt, 
pays  de  Bareuth  ;  en  France,  à  Séez  (Orne),  Vatteville 
et   Cherbourg  (Manche)  ,  etc. 

Les  maçons,  les  menuisiers  et  les  charpentiers  s'en  ser- 
vent pour  tracer  ;  ils  l'emploient  en  pierre  brute  ;  lorsqu'il 
est  fin  ,  pur  ,  ou  homogène  et  tendre,  on  s'en  sert  pour  dessi- 
ner sur  le  papier  ,  ou  pour  en  composer  des  couleurs  pour 
peindre.  Dans  le  premier  cas  ,  on  le  taille  en  petits  prismes 
quadrangulaires,  pointus  d'un  bout,  et  on  enfile  ce  bout  dans 
des  porte-crayons  ;  on  prend  à  cet  effet  le  crayon  le  plus 
noir  et  le  plus  moelleux  :  on  doit  le  conserver  en  un  lieu  frais. 
Quelques  personnes  entourent  les  petits  prismes  de  crayon 
d'une  couche  de  gomme  ,  qui  empêche  leur  humidité  de 
s'évaporer  ;  mais  c'est  une  mauvaise  méthode  qui  ne  pourroit 
être  justifiée  que  dans  l'emploi  d'une  substance  difficile  à  se 
procurer,  et  qu'on  seroit  forcé  de  ménager. 

Pour  l'employer  en  peinture,  on  le  réduit  en  poudre  et 
on  le  broie  avec  de  l'huile.   Le  crayon  noir  devient  quelque- 


s  C  H 


337 


fois  rouge  au  bruni ,  par  la  calcination  ;  alors  on  remploie 
aussi  dans  la  peinture  ,  et  de  la  même  manière.  On  estime 
parliculièrement  les  crayons  noirs  d'Italie,  puis  ceux  d'Es- 
pagne et  de  France.  Le  schiste  à  dessiner  se  distingue  essen- 
tiellement de  quelques  variétés  du  schiste  alumineux  ,  en  ce 
que  le  trait  qu'il  laisse  sur  le  papier  est  pur,  régulier  et 
noir  ;  dans  l'autre  schiste ,  au  contraire  ,  il  est  brunâtre  , 
grossier  et  interrompu. 

VIII.  Schiste  alvmivevx  {Srhislus  aluminam  ,  Wall.; 
Alaun  scMefer ,  Wern.  ;  Alum  slate,  James.  ;  Ampelite  alumi- 
neux ,  Brong.  ;  Ampelite  et  pierre  à  vigne , des  anciens;  pierre 
a!ramentaire ,  rusma.  )  Il  est  d'un  noir  bleuâtre  ou  grisâtre  ; 
mais  par  son  exposition  à  l'air  il  se  couvre  d'efflorescences 
blanchâtres  ou  jaunâtres  de  sulfates  de  fer  et  d'alumine  mé- 
langés, qui  écartent  les  feuillets  dont  il  est  composé,  et  qui 
finissent  par  le  faire  tomber  en  poussière  ;  il  ne  fait  point 
effervescence  avec  les  acides.  Il  est  infusible  aa  chalumeau, 
mais  il  rougit  par  l'action  du  feu.  Sa  raclure  conserve  la 
couleur  de  la  pierre.  Le  schiste  alumineux  terreux  de 
Freyenwald  ,  dans  le  Brandebourg,  analysé  par  Kiaproth , 
a  présenté  : 

Soufre 

Carbone 

Alumine 

Silice 

Fer  oxydé  noir  et  trace  de 

manganèse 
Fer  sulfaté  . 
Chaux  sulfatée     . 
Magnésie     . 
Potasse  sulfatée  . 

muriatée 

Eau    . 


Cette  analyse  démontre  que  le  schiste  alumineux  contient 
en  lui  les  principes  nécessaires  pour  former  de  l'alun; 
Kiaproth  fait  remarquer  que  le  soufre  n'est  point  uni  au  fer, 
mais  au  charbon  ,  et  d'une  manière  inconnue  jusqu'ici. 

Il  y  a  deux  sortes  de  schistes  alumineux  ,  qui  sont  : 

i.*^    Le  schiste  alumineux   terne   ou   commun  (^Gemeiner 

alaunschiefer ,    W.  ;    Common   alum    slate  ^    James.;    Schîe- 

friger  aluminil  ,^eri.  ;  Alaunschiefer  ^    Mohs.  Hausm.).  Il  est 

massif  et  en  blocs  arrondis,  enchâssés  dans  la  même  subs- 

XXX.  22 


8,85 

.       19,65 

.       16 

.       f,o 

0,4.0 

1,80 

.          i,5o 

0,25 

i,5o 

o,5o 

10,75 

101,20 

338  S  C  H 

lance;  sa  structure  est  feuilletée  ,  mais  ses  feuilles  ne  sont 
pas  parfailemeril  droites  ou  planes;  il  se  brise  aisément  :  sa 
pesanteur  spécifique  varie  de  2,017  à  2,384,  selon  Karstea 
et  Kirwan. 

2.'*  Le  schiste  alumineux  édâlAni  (Glanzender  alaunschie  er, 
W.  ;  Glassy  alum  slate  ^  James.;  Alanuschiefer  ^  Estner.  Ses 
feuillets  ont  Téclat  métallique  à  leur  surface  ,  mais  leur  cas- 
sure perpendiculaire  est  terne  ;  ils  sont  en  partie  droits  ,  et 
en  partis  courbés.  Leur  éclat  paroît  dû  à  une  matière  char- 
bonneuse, analogue  à  l'anthracite,  qui  enduit  leur  surface,  et 
est  interposée  entre  eux  ;  la  pesanteur  spécifique  est  de  2,588, 

Le  schiste  alumineux  se  trouve  dans  les  terrains  primitifs 
et  secondaires  ,  avec  les  schistes  ardoise  et  argileux  ,  dans 
lesquels  il  forme  aussi  quelquefois  des  veines.  Il  contient , 
comme  eux  ,  des  veines  de  quarz  ,  de  la  chaux  carbonalée  , 
du  fer  sulfuré  ,  etc.  Il  existe  aussi  ,  dit-on  ,  dans  les  terrains 
secondaires  les  plus  anciens. 

En  Hongrie  ,  à  Teikobanya  ,  il  forme  des  veines  de  plus 
de  dix  pieds  d'épaisseur  :  il  en  est  de  môme  en  Saxe  ,  près 
de  Freyberg ,  à  Reichenbach  ,  à  Limbach ,  à  Erlen- 
bach,  a  Schwemsal ,  près  Leipzig;  en  France  ,  dans  TAu 
vergne  ;  à  Dulhweiler,  près  de  Sarrebruck.  En  Belgique  , 
près  de  Liège  ,  les  couches  de  schiste  alumineux  sont  recou- 
vertes de  calcaires  coquillers  en  couches,  qui  sont  quelquefois 
traversés  par  des  filons  de  galène  et  de  calamine  :  quelquefois 
ces  lits  sont  recouverts  d'une  couche  démine  de  fer.  Toutes 
ces  stratifications  diverses  suivent  les  mêmes  inclinaisons. 
En  Angleterre  ,  dans  le  Yorkshire  (Whitby),  dans  le  Lan- 
cashire  (Preston)  ,  aux  environs  de  Moffat,  dans  le  Dum- 
freshire  ;  dans  un  terrain  de  transition  ,  dans  le  Lanark- 
shire.  Il  y  e.n  a  aussi  à  Christiana  ,  en  Norvvége  ;  à  Andra- 
rum  en  Scanie  ;  en  Espagne  ,  dans  le  royaume  d'Aragon. 

Ce  schiste  est  exploité  ,  pour  l'alun  qu'il  renferme.  Pour 
en  retirer  ce  sel ,  on  fait  griller  le  schiste  ,  et  puis  on  le  lave  ; 
on  fait  ensuite  évaporer  les  eaux,  en  ajoutant  la  quantité 
d'alkali  nécessaire  pour  la  cristallisation  de  l'alun.  On  en 
retire  aussi  du  fer  sulfaté  ,  et  même  de  la  soude  sulfatée.  Les 
premières  fabriques  de  cette  espèce  qui  aient  été  établies 
en  Allemagne,  paroissent  être  celles  de  Commotau,  en 
Bohème  ,  et  de  Schwemsal ,  en  Saxe. 

Telles  sont  lesvariétésqu'on  peut  admettre  dans  l'espèce  du 
schiste,  si  toutefois  on  peut  considérer  despierres  mélangées, 
qui  n'offrent  point  de  caractères  fixes,  comme  pouvant  former 
une  espèce  ,  dans  toute  la  rigueur  du  mot.  Quant  au  rôle  que. 


s  C  H  339 

lesscliisles  jouent  dans  la  composition  du  globe  ,  Voyez  Ar- 
doise ,  Roche  et  Terrain,  (ln.) 

SCHISTE  A  AIGUISER.  F.  Schiste  cuticule,  (ln.) 

SCHISTE  BITUMINIFÉRE,  Hauy.  F.  Schiste  bi- 
tumineux, à  l'article  Schiste,  (ln.) 

SCHISTE  BLEU.  On  a  donné  quelquefois  ce  nom  à 
Vardoise.  F.  Schiste  ardoise,  (ln.)      ' 

SCHISTE  BRUN  et  GRIS-BRUN.  L'on  a  donné  ce 
nom  à  des  variétés  feuilletées  de  la  Chaux  carbonatée  bitu- 
minifère  ou  Pierre  puante,  (ln.) 

SCHISTE  CALCAIRE  ou  CALCARIFÈRE.  C'est  le 
Schiste  argileux,  intimement  uni  à  la  chaux  carbonatée  , 
qui  fait  partie  des  terrains  de  transition.  On  a  également 
appliqué  ce  nom  à  des  pierres  calcaires  fissiles  ,  et  à  des  mar- 
nes feuilletées,  (ln.) 

SCHISTE  CARBONEUX  ou  charbonneux.  On  a 
donné  ce  nom  au  Schiste  bitumineux  qui  accompagne  les 
houilles,  (ln.) 

SCHISTE  COMMUN.  Linnaeus  a  nommé  schisius  com- 
munis,  le  Schiste  bitumineux,  (ln.) 

SCHISTE  CORNÉ  {Horn  Schieffer ,  W.).  Ce  nom 
désigne  les  Petrosilex  à  structure  feuilletée,  et  dans  divers 
auteurs  les  phonolilhes  schisteuses  ;  ce  qui  explique  pourquoi 
il  y  a  des  schistes  cornés  primitifs,  et  des  schistes  cornés 
secondaires.  (LN.) 

SCHISTE  COTICULAIRE  (Wall).  F.  Schiste  co- 
ticule.  (ln.) 

SCHISTE  CUIVREUX.    F.  Schiste  marno-bitumi- 

NEUX.    (ln.) 

SCHISTE  DUR.  Le  Schiste  ardoise  et  quelques  va- 
riétés du  Schiste  argileux  ont  été  appelés  ainsi  par  quel- 
ques anciens  auteurs,  (ln.) 

SCHISTE  A  ÉCRITURE.  Plusieurs  schistes  et  plusieurs 
marnes  sont  susceptibles  de  présenter  une  couleur  diffé- 
rente de  celle  qui  leur  est  propre  ,  lorsqu'on  les  raye.  Ainsi 
les  schistes  hlanc  ^  ou  brun^  ou  vert,  à  écriture  blanche  ou  grise , 
sont  des  marnes  feuilletées.  Les  schistes  noirs,  à  écriture  blanche 
ou  grise,  sont  des  schistes  argileux  et  l'ardoise.  Le  schiste  à 
écriture  rouge  est  une  marne  de  couleur  plus  foncée.  Le  schiste 
à  écriture  luisante  est  le  schiste  bitumineux.  Linnseus  et  Schre- 
ber  ont  principalement  fait  usage  de  ces  expressions  (Schistus 
scriptura  alba ,  cana ,  rubra  ,  atra,  etc.).  (ln.) 

SCHISTE  EFFERVESCENT.  On  a  nommé  ainsi  le 


3^o  S  C  H 

schiste  marno  -  bitumineux  ,  et  quelques  pierres  calcaires  ou 
marnes  fissiles,  (ln.) 

SCHISTE  FLORENTIN.  Wallerius  a  nommé  schisiu^i 
fiorentinus  variegatus^  etc. ,  la  Pierre  de  Florence.  V.  ce  mot 
et  Marme.  (ln.) 

SCHISTE  FRIABLE,  Schiste  tendre.  Wallerius  don- 
noil  ce  nom  aux  variétés  du  schiste  argileux  qui  sont  tendres 
et  plus  fragiles  que  les  autres,  (ln.) 

SCHISTE  GRAPHIQUE.  V.  Schiste  à  dessiner  h  l'arlicle 
de  Schiste,  (ln.) 

SCHISTE  GRAS  (Schistuspinguis.W.).  C'est  le  Schiste 

BITUMINEUX.    (LN.) 

SCHISTE  HAPPANT  ouKlebschiefer.  C'est  la marn* 
feuilletée  qui  sert  de  gangue  à  la  ménilite  de  Ménil-Montant. 
r.  Klebschiefer,  Marne  et  Argile  feuilletée,  (ln.) 

SCHISTE  HORNBLENDIQUE.  C'est  une  variété 
d' Amphibole  en  masse  feuilletée,  (ln.) 

SCHISTE  DE  HOUILLÈRE.  Sous  ce  nom  l'on  com- 
prend les  schistes  argileux  et  bitumineux  impressionnés,  et  les 
grès  schisteux  qui  accompagnent  les  houilles,  (ln,) 

SCHISTE  A  L'HUILE  ou  Pierre  à  l'huile.  V.  Schiste 
coticule.  (ln.) 

SCHISTE  INFLAMMABLE.  C'est  le  schiste  bitumineux, 
quelquefois  tellement  imbibé  de  bitume,  qu'il  peut  servir  de 
combustible.  (LN.) 

SCHISTE  JASPOÎDE  de  Lamélherie.  V.  Jaspe  schis- 
teux, (ln.) 

SCHISTE  MARNEUX.  V.  Schiste  marno-bitumi- 
KEUX.  On  donne  aussi  ce  nom  aux  marnes  feuilletées  ou  schis- 
teuses qui  appartiennent  à  l'espèce  que  nous  avons  désignée 
par  le  nom  de  marne  bitumineuse,  parce  qu'elle  répand  une 
odeur  de  bitume  ,  soit  par  le  frottement,  soit  par  le  feu.  V. 
Marne  bitumineuse,  vol.  19,  p.  326.  (ln.) 

SCHISTE  MARNEUX  ROUGE.  C'est,  dans  Linnœus, 
une  variété  de  marne  à  raclure  rouge ,  ou  qui  peut  servir  à 
tracer  des  caractères  rouges,  (ln.) 

SCHISTE  MARTIAL.  C'est,  dans  Reuss,  ['Héma- 
tite nOUGK.   (LN.) 

SCHISTE  MELANOGRAPHE  {Schistus  melanogra- 
phus,Yors,{.).  Ce  schiste,  qui  doit  son  nom  à  sa  propriété  de 
pouvoir  servir  à  tracer  des  caractères  noirs,  doit  être  natu- 
rellement le  Schiste  a  Dt-ssiNER.  (ln.) 

SCHISTE  MICACE.  V.  Micaschiste  et  Roche,  (ln.) 

SCHISTE  NIGRICA.  F.  Schiste  a  dessiner,  (ln.) 


s  C  H  3{i 

SCHISTE  NOIR  DUR.  C'est  proprement  un  schisie 
argileux.he  Schiste  noir  tendre  esi  le  schiste  à  dessiner;  le 
Schiste  noir  tabulaire  {^chisius  niger  mensalis,  W.)  est 
une  sorte  de  schiste  ardoise  ;  le  Schiste  noir  a  raclure  blan- 
che est  le  jaspe  schisteux  ;  le  Schiste  noir  polissable  est  le 
schiste  argileux  à  raclure  luisante,  etc.  (ln.) 

SCHISTE  NOIR  TRAÇANT.  V.  Schiste  a  dessiner. 

(LN.) 

SCHISTE  NOVACULAIRE.  V.  Schiste  colicuk ,  à  l'ar- 
ticle Schiste,  (ln.) 

SCHISTE  OLLAIRE.  C'est  la  pierre  ollaire  schisteuse. 
V.  Serpentine  ollaire.  (ln.) 

SCHISTE  A  POLIR.  V.  Polierschiefer.  (ln.) 

SCHISTE  PRIMITIF.  On  donne  ce  nom  aux  vrais 
schistes  de  formation  primitii^e .,  et  aussi  à  des  roches  primitives 
d'une  structure  très-feuilletée  ,  par  exemple  au  m/trt^cAiVe  ou 
schiste  micacé,  et  aux  pétrosilex  feuilletés.  F.RocHE  et  Terrain. 

(ln.) 

SCHISTE  RENIFORME.  On  a  appelé  ainsi  des  ro- 
gnons compactes  de  Schiste  marnq-bitumineux,  et  même 
de  schiste  argileux ,  ou  plutôt  At  fer  carbonate  argilifère  compacte, 
qui  s'observent  dans  les  houillères,  (ln.) 

SCHISTE  RHOMBOÏDE.  C'est  le  Schiste  argileux 
qui  se  brise  en  fragmens  rhomboïdaux.  (ln.) 

SCHISTE  SABLONNEUX.  C'est  le  Grès  micacé 
feuilleté  et  sablonneux  qui  accompagne  les  grès  secoiidaires 
colorés  ou  bigarrés,  (ln.) 

SCHISTE  SECONDAIRE.  Il  se  trouve  dans  les  ter- 
rains secondaires,  et  c'est  presque  toujours  une  marne  ou 
une  pierre  calcaire  feuilletée,  (ln.) 

SCHISTE  SILICEUX.  V.  Jaspe  schisteux  ,  vol.  i6, 
pag.  542.  (LN.) 

SCHISTE  SOLIDE  {Schistus  solidus,  Wall.).  Ce  nom 
désigne  des  variétés  de-schistes  argileux  et  âe  schistes  bitumineux 
qui  ne  se  divisent  point  par  feuillets,  ou  que  très-difficilement. 

(LN.) 

SCHISTE  STEATITEUX  ou  TALQUEUX.  Voyez 
Stéaschiste  et  Roche,  (ln.) 

SCHISTE  EN  TABLE.  F.  Schiste  ardoise  et  Ardoise. 

(LN.) 

SCHISTE  TEGULAIRE.  V.  Schiste  ardoise  et  Ar- 
doise, (ln.) 

SCHISTE  TRAÇANT,  s chisius  scriptorius.  V.  ScniSTt 
A  dessiner  et  Schiste  argileux,  (ln.) 


3^2  5  C  H 

SCHISTE  DE  TRANSITION.  C'est  le  srhhle  qui  se 
trouve  dansleslerrains  de  transition,  et  qui,  le  plus  souvent, 
est  un  vrai  Schiste  argileux  ,  soit  ardoise  ou  bitumineux , 
ou  marnovbilumineux ,  et  plus  rarennent  pétrosiliceux.  (ln.) 

SCHISTE  VERT.  Variété  de  Marne  endurcie,  dans 
Linnaeus.  (ln.) 

SGHISTlDION  ,  Schistidium.  Nouveau  gen»e  de  plantes 
de  la  famille  (ks  mousses ,  proposé  par  M.  Bridel ,  composé 
de  six  espèces  détachées  du  genre  Gymnostome.Scs  caractères 
différentiels  sont  :  péristome  nu;  coiffe  pyramidale  ,  fendue 
latéralement  ,  persistante,  (p.b.) 

SCHIS  lOS.  Pline  dit  que  c'est  le  nom  de  la  cinquième 
espèce  à.liœmaliles  ,  selon  Sotacus  ;  d'après  ses  noms  elle 
devoit  être  rouge  et  écailleuse.  On  Temployoit  surtout  pour 
réprimer  le  sang  des  hémorroïdes;  elle  avoit  les  mêmes  vertus 
que  toutes  les  liœmatites.  Pline  ajoute  ,  encore  d'après  Sota- 
cus ,  qu'il  y  a  un  autre  schisios ,  nommé  anthracites.  Le  pre- 
mier schistos  se  trouvoit ,  selon  Dioscoride  ,  en  Espagne  :  on 
estimoit  celui  qui  étoit  couleur  de  safran  ,  friable  et  fissile. 
11  fait  remarquer  ,  comme  Pline,  que  ces  qualités  sont  infé- 
rieures à  celles  des  autres  hœmaiites.  On  falsifioit  même  le 
véritable  hœmaiite  avec  le  schisios  ;  mais  celui-ci  se  distinguoit 
par  sa  consistance  et  par  ses  veines  rougeâtres.  L'auteur  de  la 
minéralogie  des  anciens  pense  que  les  schistos  ont  été  des 
variétés  schisteuses  du  fer  hématite,  (ln.) 

SCHISTOSTAGE,  Schistostager.  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  mousses,  proposé  par  Weber  et  Mohr,  et  formé 
à\i  gymnostomnus pennaiurus  V.  Gymnostome..  (p.B.) 

SCHISTURE  ,  Schisturus.  Genre  de  vers  intestins  établi 
par  Rudolphi ,  pour  placer  un  animal  que  Redi  avoit  ob- 
servé dans  les  intestins  du  Tétrodow  môle  ,  et  qu'il  a  figuré 
pi.  2o  de  son  ouvrage  sur  les  animaux  qui  vivent  dans  les 
autres  animaux. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  corps  allongé,  cylindri- 
que ,  fourchu  à  son  extrémité  ;  bouche  inconnue. 

Ce  ver  a  besoin  d'être  étudié  de  nouveau,  (b.) 

SCHISTUS.  Ce  nom ,  qui  dérive  d'un  mot  grec  qui  signi- 
fie feuillet  et  feuilleté,  est  rendu  en  français  par  Schiste  ,  et 
en  allemand  par  schiefcr  ;  il  désigne  ,  dans  les  ouvrages  de 
minéralogie ,  en  latin  ,  les  ardoises  ,  les  pierres  argileuses 
feuilletées  ,  etc.   V.  les  articles  Schistes,  (ltn.) 

SCHIT-ELTJ.  On  trouve  figuré  dans  Rhéedc ,  sous  ce 
nom  ,  le  Sésame  d'Ortetst.  (b.) 

SCHIZANTHE,  Schizanthus.  Plante  herbacée  du  Chili, 
garnie  de  longs  poils  glandifères  ,  à  feuilles  alternes,  à  peine 
péliolces,  pinnées,  à  pinnules  alternativement  grandes  et 


s  c  II  343 

petites,  pinnatifides  et  lancéolées  ;  à  fleurs  violettes,  tachées 
de  rouge  ,  disposées  en  panicules  et  portées  sur  des  pédon- 
cules solitaires  ,  accompagnés  de  deux  bractées. 

Cette  plante  forme  ,  dans  la  diandrie  monogynie  et  dans  là 
famille  des  rhinanlhoïdes,  un  genre  qui  offre  pour  caractères  : 
un  calice  divisé  en  cinq  parties  linéaires  ;  une  corolle  à  tube 
comprimé ,  à  limbe  à  deux  lèvres ,  dont  la  supérieure  est 
divisée  en  cinq  parties,  quatre  bifides  ,  et  Tinterraédiaire  plus 
grande  ,  entière  et  lancéolée  ;  la  lèvre  inférieure  divisée  en 
trois  parties  ,  les  latérales  recourbées  ,  et  l'intermédiaire  ca- 
rinée  et  tronquée  ;  deux  étamines  insérées  à  la  lèvre  iafé- 
rieure  ,  et  les  rudimens  de  deux  autres  insérés  à  la  supé- 
rieure ;  un  ovaire  supérieur  à  style  et  stigmate  simple;  une 
capsule  ovale  ,  biloculaire  ,  bivalve  ,  et  contenant  plusieurs 
semences  rénifprmes  et  hérissées,  (b.) 

SCHIZOLÈNE ,  Schizolœna.  Genre  de  plantes  établi 
par  Dupetit-Thouars  dans  la  monadelphie  polyandrie  ,  et 
dans  la  famille  nommée  par  lui  Chlénacées.  11  se  r.ipjjro- 
che  des  Lei'TOLÈnes.  Ses  caractères  sont  :  involucre  frangé, 
renfermant  deux  fleurs;  calice  persistant,  à  trois  folioles; 
cinq  pétales  ;  étamines  nombreuses  ,  réunies  par  la  base  sur 
un  urréole  très-court  ;  style  à  stigmate  à  trois  lobes  ;  cap- 
sule à  trois  loges  renfermées  dans  l'involucre  ,  devenu  plus 
grand  et  visqueux. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  ,  qui  est  un  arbre  de 
Madagascar  à  feuilles  alternes,  munies  de  stipules,  et  à  fleurs 
disposées  en  grappes  ,  que  le  botaniste  précité  a  figuré  dans 
son  ouvrage  sur  les  plantes  des  îles  de  l'Afrique,  (b.) 

SCHIZOPODES  ,  Schizopoda.  Tribu  de  crustacés  ,  ordre 
des  décapodes  ,  famille  des  macroures  ,  distinguée  des  autres 
tribus  de  cette  famille  par  les  caractères  suivans:  tous  les 
pieds  divisés  jusqu'à  leur  base  ou  jusque  près  de  leur  milieu 
en  deux  branches  très -grêles,  uniquement  propres  à  la  na- 
tation; pieds  -  mâchoires  extérieurs  servant  attssi  au  même 
usage. 

Ces  crustacés  ont  le  corps  mou ,  d'une  forme  généralement 
analogue  à  celle  des  salicoques,  avec  les  antennes  extérieures 
ou  inférieures,  accompagnées  à  leur  base  d'une  écaille  ,  et 
les  mitoyennes  bifides.  Ils  sont  marins  et  de  très-petite  taille. 
Plusieurs  femelles  portent  leurs  œufs  dans  une  capsule  bi- 
valve ,  à  l'extrémité  postérieure  de  la  poitrine. 

Cette  tribu  est  composée  des  genres  My6IS  ,  ZoÉ  et  NÉ- 
BALIE  {Mysis  ,  Risso).  (l.) 

SCHKIKA.  Nom  japonais  de  la  Saxifrage  sarmen- 
TEUSE  ,  suivant  Keempfer.  (L^^) 

SGHKUHRIE  ,  Schkuhria.  Genre  de  plantes  établi  par 


'^a  s  c  H 

Rolh  pour  le;p^c/K  pinnata  de  Lamarck, qui  diffère  des  aulres 
espèces  par  ses  semences  surmonlées  d'écaillés  et  non  de 
poils,  y.  au  mol  Pectioe 

Le  genre  Florentine  de  H,  Cassini  s'en  rapproche  beau- 
coup, (b  ) 

SCliLACKE.  Nom  allemand  qui  signifie  Scorie.  V.  ce 
ïnot.  (ln.) 

SCHLACKENSAND.  Nom  allemand  du  Sable  volca- 
nique ,  compose  de  laves  sconfiées  arénacées.  (ln.) 

SCHLANGKNSTEIN.  Nom  allemand  qui  signifie  lilté- 
ralemeni  Piqûre  de  sERPtNT;il  a  été  donné  à  la  Serpeistine, 
et  à  rOpHiTE  ou  Serpentin,  sorte  de  porphyre  antique. (ln.) 

SCHLECHÏENDALE,5^/A/^<:/i/^nf/a//a.  Plante  du  Mexi- 
que ,  qui  seule  constitue  ,  dans  la  syngénésie  superHue  et 
dans  la  famille  des  corymbifères  ,  un  genre  appelé  Willde- 
îsoviE,  et  que  divers  auteurs  réunissent  aux  genres  Bœbère  , 
Dy.sode  ,  Pteronie  et  Adenopuyile. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  réceptacle  garni  de  pail- 
lettes extérieures  ;  les  écailles  linéaires  ;  calice  double  ; 
l'aigrette  composée  de  cinq  poils. 

La  srhhcthe.ndale  a  été  réunie  aux  Tagets  par  Ventcnat , 
et  aux  Atractylides  par  Jussieu.  (B.) 

SCHLEIGHÊRE,  Schlekhera.  Arbre  de  Ceylan  ,  à  feuil- 
les alternes,  ternées  ,  qui  seul  forme  un  genre,  selon  Will- 
denow,  dans  la  polygamie  dioécie,  et  qui,  selon  d'autres  bo- 
tanistes ,  doit  être  réuni  aux  KnéPIERS. 

Il  offre  pour  caractères  ,  dans  les  pieds  hermaphrodites  : 
un  calice  à  six  divisions  ;  huit  étamines  ;  un  ovaire  surmonté 
d'un  seul  style  ;  un  drupe  monosperme,  (b.) 

SCHLElFSTEiN  des  Allemands.  Cestia  Pierre  a  ai^ 
GuisER  r.  Schiste  coticule.  (ln.) 

SCHLICH.  Les  mineurs  allemands  donnent  ce  nom  au 
minerai  bocardé  ou  brisé  ,  écrasé  et  lavé,  et  préparé  pour 
être  porté  au  fourneau  de  fusion,  (ln.) 

SCHLONGA-CUSPL  Nom  malabare  ,  selon  Rhécde 
(  Mal.  8  ,  tab.  38  )  ,  du  ditor'w  temalea  ,  L.  (ln.) 

SCHLOSSRR.  Poisson  du  g.-nre  Gobie.  (b.) 

SCtlLOSSERIA  de  Miller.  Ce  genre  ,  formé  sur  une  es- 
pèce de  Raisinier  (  cocculoba')  ,  n  a  pas  été  adopté,  (ln.) 

se  H  LOT.  Stalactile  gypseuse  qui  se  forme  sur  les  ra- 
jneaux  des  fagots  de  buissons  ,  dans  les  bâtimens  de  gradua- 
tion établis  près  des  salines.  L'eau  ,"  en  tombant  sur  ces 
buissons  ,  se  divise  ,  s'évapore  ,  et  dépose  la  séîénile  qu'elle 
contient,  qui  forme  ainsi  les  stalactites  de  Schlot  ,  dont  la 
structure  Intérieure  est  rayonnée  du  centre  à  la  circonfé- 
fciîce  ,  et  marquée  de    zones  concentriques  ,  de  même  que 


s  C  H  345 

les  stalactites  qui  se  forment  naturellement  dans  les  grottes. 

(pat.) 

SCHLOTHEiMIE  ,  Schlotheimla  ,  Brid.  Genre  de  plan- 
tes de  la  famille  des  mousses ,  quatrième  tribu  ou  section  , 
les  diplopogones. 

Il  se  compose  de  quelques  espèces  d'ORTHOTRic  ,  dont 
il  ne  diffère  que  par  les  dents  du  périslome  renversées  ,  et 
roulées  en  forme  de  bourrelet ,  et  par  les  formes  du  péris- 
tome  interne  droit  et  disposé  en  cône.  Les  premiers  de  ces 
caractères  paroissent  n'êlre  dus  qu'à  une  cause  hygrométrique, 
qui  ,   néanmoins,    ne   s'exerce   pas  sur    les   autres  espèces 

d'ORTHOTRIC.    (p.  B.) 

SCHLUCK.  Nom  que  le  succin  sans  transparence  ,  mêlé 
de  terre  et  de  sable  ,  porte  à  Kœnisberg  ,  à  Danlzick  et  à 
Stolpe  ,  où  l'on  travaille  le  succin  recueilli  sur  les  bords  de 
la  Baltique,  (ln.) 

SGH]VI\LTZÏA.  Rafinesque  Schmaltz  établit  ce  genre  , 
qu'il  nomme  arrostia ,  dans  la  famille  des  caryophyllées  ,  et 
lui  assigne  les  caractères  suivans  :  calice  campanule  à  cinq 
divisions  ;  cinq  pétales  sessiles  entiers  ,  nus  ;  dix  étamines 
égales  ;  deux  styles  filiformes  ;  capsule  globuleuse  ,  uoilocu- 
laire  ,  bivalve,  contenant  un  petit  nombre  de  graines  pres- 
que ailées. 

Ce  genre  est  rapproché  par  Rafinesque,  du  gypsophîla, 
dont  il  diffère  par  sa  capsule  bivalve  ,  par  ses  graines  ailées , 
par  ses  pétales  entiers,  et  par  son  calice  qui  n'est  pas  angu- 
leux. La  seule  espèce  de  ce  genre  esiVarrositadkhotoma,  dont 
le  port  est  celui  des  gypsophiles  ;  sa  tige  est  dicholome  ;  ses 
feuilles  sont  linéaires,  sessiles,  et  ses  fleurs  axillaires  dans  les 
divisions  de  la  tige,  La  plante  entière  est  glabre.  Elle  croît  en 
Sicile,  dans  les  champs  et  les  haies,  aux  environs  de  Polizzi, 
Nicosia,  Traina  et  Bronte.  (ln.) 

SCHMALTZIE,  Schmaliziu.  Genre  établipar  Rafinesque 
Schmaltz  ,  Médical  Reperlory  de  New-Yorck  ,  sous  le  nom  de 

TURPINIE  ,    pour  placer  les  SUMACHS  AROMATIQUES    ETODO- 

RANS,  Desvaux  lui  a  donné  le  nom  sous  lequel  je  le  cite,  (b.) 
SCHMARAGDEdes  Allemands.  V.  Emeraude.  (ln.) 
SCHMEERSTEIN  des  Allemands.  C'est  la  Serpentine 

OLLAIRE.    (LN.) 

SGHMEELSTEIN  de  Werner.  V.  Dipyre.  (ln.) 

SCHMERGEL.  Synonyme  allemand  d'ÉMERiL.  V.  ce 
mot  et  Corindon  émeril.  (ln.) 

SCHMEY.  Sur  le  Rhin,  c'est  le  canard  slffleur.  F.  l'article 
àes  Canards,  (s) 

SCHMIEDEKOHLE.  Nom  allemand  de  la  variété  de 


^^^  s  C  H 

houille  ,  que  les  maréchaux  emploient  de  préférence.   Vqye» 

HOUII  LE  MARÉCHALE,   HoUILLE  PICIFORME.  (lN.) 

SCHMIEDELIE  ,  Schmiedelia.  Arbrisseau  à  rameaux 
flexueux  ;  à  feuilles  alicrnes  ,  péliolées  ,  ternées  ;  à  folioles 
pétiolées  ,  ovales  ,  oblongues  ,  aiguës,  un  peu  dentées  et 
nues  ;  à  fleurs  disposées  en  grappes  axillaires ,  qui  forme 
un  genre  dans  l'oclandrie  digynie. 

Ce  genre  a  pour  caractères:  un  calice  de  deux  folioles;  une 
corolle  de  quatre  pétales  ;  huit  élamines  ;  un  ovaire  supérieur, 
pédicellé  et  surmonté  de  deux  styles  ;  un  drupe  contenant 
une  seule  semence. 

La  sr.hviiedéUe  se  trouve  dans  les  Indes  orientales.  Elle  a 
été  réunie  aux  Ornu  rophes  par  Willdenovv  ,  et  aux  Allo- 
PHYLLES  par  Poiret  ,  sous  le  nom  dUsUBE.  (b.) 

SCHMIRGELERZde  Brunnich.  V.  Schmergel.  (ln.) 

SCHNARLACH  du  Tyrol.  Variété  de  Chaux  carbo- 
NATÉE  qui  est  en  pyramides  hexaèdres,  spiculaires  et  verdà- 
tres,  (lis.) 

SCIINARRER,  Nom  allemand  et  générique,  dans  Meyer, 
des  Râle  de  genêt  et  Marouette.  (v.) 

SCHNECKENSTElN.Kirwan  donne  ce  nom,  qui  si- 
gnifie en  allemand  pierre  de  limace ,  à  une  roche  composée 
de  Mica  et  de  Stéatite.  (ln.) 

SCHNEIDESTEIN.  Ce  nom  a  été  donné  par  les  Alle- 
mands à  diverses  variétés  de  roches  stéatiteuses  ou  tal- 
queuses,  contenant  le  plus  souvent  du  mica,  et  quelquefois 
du  feldspath  et  des  tourmalines,  (ln.) 

SCHNEPFE.  Nom  allemand  des  Bécassines  et  des 
Bécasses,  (v.) 

SCHNOT  ouDOBULE.  Espèce  de  Cyprin.  V.  ce  mot. 

(S-) 

SCHOEFFÈRE  ,  Schœfferia.  Genre  de  plantes  de  la 
dioécie  tétrandrie  ,  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  de 
quatre  à  cinq  folioles,  et  quatre  élamines  dans  les  pieds  mâ- 
les; un  calice  divisé  en  quatre  ou  cinq  parties,  et  un  ovaire 
surmonté  de  deux  styles  dans  les  pieds  femelles;  une  corolle 
de  quatre  pétales  ,  ou  point  de  corolle  dans  les  unes  et  dans 
les  autres  ;  une  baie  à  deux  loges  et  à  deux  semences. 

Ce  genre  renferme  deux  arbustes  de  la  Jamaïque  ,  à  feuil- 
les alternes ,  ovales  ,  aiguës,  et  à  (leurs  axillaires  ou  latérales , 
dont  on  ne  fait  aucun  usage  ,  mais  dont  les  fruits  sont  fort 
recherchés  par  les  oiseaux. 

On  soupçonne  que  le  genre  Drypète  de  Poileau  doit  être 
fondu  dans  celui-ci.  (b.) 

SCHOEGHAGHA.  Nom  d'un  oiseau  d'Egypte  ,  indiqué 
par  Forskaël  j  et  que  Lalham  donne  pour  une  variété  du  guê~ 


s  C  H  347 

pier  proprement  dit,  quoique  Forskaël  dise  que  le  bec  est 
convexe,  au  lieu  d'être  en  arête,  et  que  ses  doigts  ne  sont 
point  joints  à  leur  première  articulation,  (v.) 

SCHOENAN  THUS  de  Dioscoride.  C'est  la  même 
plante  que  son  Nard  indien.  V.  Nardus.  Linnœus  a  donné 
ce  nom  à  une  espèce  de  Barbon  {andropogon  schœnanthus),  que 
l'on  croit  fournir  le  nard  indien.  Adanson  désigne  par  cette 
même  dénomination  le  genre  Ischcemum.  (ln.) 

SCHOENICLOS.  C'est,  dans  Aristote,  I'Alouette  de 
MER,  et,  de  ce  mot  grec  ,  quelques  ornithologistes  ont  fait 
schœnirJus  ,  pour  désigner  en  latin  le  même  oiseau,  (s  ) 

SCHŒNOBOENUS.  La  Fauvette  des  JONCS,en  latin 
de  nomenclature,  (s.) 

SCHOENODE,  Schœnodum.  Plante  vivace  à  tiges  droi- 
tes, cylindriques,  sans  feuilles,  mais  pourvue  de  graines 
acuminées  et  coriaces,  et  à  fleurs  disposées  en  épis  panicu- 
lés,  qui  forme,  selon  Labillardière,  un  genre  dans  la  dioé- 
cie  monadelphie  et  dans  la  famille  des  joncoïdes. 

Ce  genre,  fort  voisin  des  Bestioles,  présente  pour  ca- 
ractères :  des  épillels  imbriqués  d'écaillés  coriaces  ;  un  ca- 
lice do  six  folioles  glumacées  et  persistantes.  Dans  les  mâles, 
trois  éiamines  réunies  en  tube  par  leurs  filets;  dans  les  fe- 
melles, un  ovaire  supérieur  îi  style  trifide.  Le  fruit  est  une 
capsule  ovale  ,  oblongue  et  unlloculaire.  V.  l'ouvrage  sur  les 
plantes  de  laNouvelle  Hollande,  de  l'auteur  précité,  pi. '229. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  Leptocarpes  ,  les  LygenieS 
et  les  Anartries  doivent  être  réunies  à  ce  genre,  (b.) 

SCHOENOLAGUROS,  c'est-à-dire,  en  grec  ,  jonc  à 
queue  de  lièvre.  Scheuchzer  a  donné  ce  nom  à  la  Linai- 
GRETTE  vaginÉE  (  Eriophorum  vaginaium  ,  L.  ),  (ln.) 

SCHOENOPRASON  ,  Schœiwprasum.  Genre  de  plan- 
tes établi  aux  dépens  des  Ails  de  Linnceus,  Il  offre  pour  ca- 
ractères: un  calice  divisé  en  cinq  parties  ouvertes  ,  égales  et 
caduques  ;  six  étamines  à  filamens  subulés  ;  un  stigmate  en- 
tier; une  capsule  presque  globuleuse,  à  trois  loges  renfer- 
mant un  petit  nombre  de  semences. 

Les  espèces  de  ce  genre,  auquel  l'AiL  civette  sert  de 
type,  ont  les  racines  bulbeuses  ;  les  feuilles  fistuleuses  ou 
planes;  la  tige  simple  ;  les  fleurs  en  ombelles  et  la  spathe 
renflée,  (c.) 

SGHŒNOPRASON  de  Dioscoride.  On  rapporte  celle 
plante  à  noire  civette  ,  espèce  d'ail  qui  a  les  feuilles  jonci- 
formes.  (ln.) 

SCHOENOS.  Dioscoride,  en  traitant  de  ces  plantes  , 
s'exprime  ainsi  :  «  Il  y  a  deux  genres  de  schœnos  :  dans  l  u  le 
ils  sont  lisses,  et  dans  l'autre  aigus  et  en  forme  de  poinlc. 


H^  s  C  H 

Ces  derniers  soni  de  deux  espèces,  les  uns  stériles  et  les  au- 
tres ayant  une  graine  noire  et  ronde  ,  et  le  cliaurne  plus 
épais  et  plus  charnu.  Un  troisième  genre  de  schœnos,  ap- 
pelé holoschœnos ,  est  plus  âpre  et  plus  charnu  que  les  au- 
tres, et  produit,  à  sa  cime,  un  fruit  analogue  à  celui  des 
schœnos  précédens.  » 

Les  graines  des  deux  dernières  espècespassoient  pour  astrin- 
gentes, céphaliques  et  diurétiques;  on  les  eniployoit  pour  tel- 
les en  médecine.  Les  feuilles  radicales  et  tendres  appliquées, 
étoient  utiles  sur  les  piqûres  des  phalangiinn,  sorte  d'arai- 
gnées. 

La  graine  du  schœnos  d'Ethiopie  étoit  narcotique;  on 
l'employoit  avec  précaution. 

Selon  (jralien ,  il  y  avoit  deux  espèces  de  schœnos  lisses  ; 
l'une  appelée  oxyschœnos  ,  plus  grêle  et  plus  dure  ,  cl  Voh'go- 
5/,7/a:«05,  plus  grosse  et  plus  flasque  ou  molle.  La  graine  de  cette 
dernière provoquoit  le  sommeil.  Voltgoschœnos,loii]oursse\ou 
Galien  ,  étoit  inutile  en  médecine  ,  et  se  divisoit  en  deux  va- 
riétés ,  l'une  stérile  et  l'autre  fertile.  Il  considère  tous  ces 
schœnos  comme  astringeiis  et  narcotiques. 

Pline,  qui  traduit  les  noms  de  schœnos  oaschoinos ,  elsche- 
nus,  par  j'uncus ,  admet  les  mêmes  variétés,  V.  JuNCUS,  et 
attribue  lesmêmes  vertus  à  ces  plantes.  Quoique  ce  moi  j'iin- 
ciis  soit  affecté  maintenant  au  jonc  proprement  dit  ,  et  celui 
de  schœnus  à  un  autre  genre  ,  il  est  bon  de  rappeler  que  les 
schœnos  des  (irecs  sont  des  plantes  marécageuses  des  genres 
scirpiis^  juncus  ,  schœnus,  et  probablement  de  quelques  autres. 
Il  paroît  qu'alors,  comme  à  présent  ,  on  nommoit  encore 
vulgairement  Jovc,  c' esi-a-àire  schœnos  ou  juncus,  des  plantes 
marécageuses,  dont  la  tige  ,  longue  et  flexible  ,  ainsi  que  bs 
feuilles,  servoient  à  faire  des  liens  ;  alors  les  scirpus  lacuslris  et 
holoschœnus  ,  les  juncus  aculus,  effusus  ei  conglomeralus  ,  ont  pu 
être  des  espèces  de  schœnus  et  Ae  juncus.  Chez  les  modernes  , 
le  nom  de  schœnos  a  été  employé  par  Linqa^us  pour  désigner 
un  genre  qui  vient  d'éprouver  un  grand  nombre  de  modifi- 
cations. V.  Choin.  (lis.) 

SCHOENOSTROPHOS.  Dans  diverses  éditions  de 
Dioscoride  ,  on  trouve  que  ce  non»  a  été  donné  au  cannahis 
et  à  Vhippiiris  des  Crées,  c'est-à-dire  au  Cuaîsvre  et  à  la 
Presle.  (lt«i.) 

SCIIOEPFIE,  Schœpfia.  Arbuste  des  îles  de  l'Amérique, 
à  feuilles  pétiolées,  alternes  ,  ovales,  très-glabres  et  entiè- 
res, et  à  fleurs  solitaires  ou  géminées  sur  des  pédoncules 
axillaires ,  qui  forme  un  genre  dans  la  pentandrie  monogy- 
xnc.  et  dans  la  famille  des  capritoUacées. 

Ce  genre  ,  qi;:  a  été  établi  par  Walil  sous  le  nom  de  co- 


s  C  H  3^9 

donîum ,  offre  pour  caractères  :  un  calice  double  ;  l'exléneur 
inférieur  et  à  deux  divisions  ;  l'intérieur  supérieur  et  très- 
entier;  une  corolle  campanulée;  quatre  ou  cinq  élamines; 
un  ovaire  surmonté  d'un  style  à  stigmate  en  tête  ;  un  drupe 
monosperme,  (b.) 

SCHOEKL.  V.  ScHORL.  (ln.) 

SCHOKARI.  Nom  spécifique  d'une  Couleuvre,  (b.) 

SCHOLLERE,  SchoUem.  Nom  donné  par  Rhote  à  un 
genre  de  plantes  fait  pour  placer  I'Airelle  Caisneberge, 
dont  les  divisions  de  la  corolle  sont  si  profondes,  qu'on  peut 
la  considérer  comme  polypélale.  V.  Microtée.  (b.) 

SCHOiXIE  ,  Schollia.  Genre  de  plantes  établi  par  Jac-» 
quin  dans  la  décandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 
apocinées.  Il  offre  pour  caractères  :  calice  inférieur  à  cinq 
divisions  persistantes  ;  corolle  en  roue  à  cmq  parties  ; 
nectaire  double  ,  le  supérieur  à  cinq  angles,  l'inférieur  en 
couronne  ;  dix  étamincs  entourant  le  stigmate;  d^eux  follicules 
à  semences  aigrettées. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces,  deux  de  la  Chine,  et 
une  d«>  la  Jamaïque  ;  l'une  d'elles,  la  Schollie  a  feuilles 
ÉPAISSES,  est  figurée  pi.  2  des  Eclogae  plantarum  de  Jacquin. 

(B.) 

SCfiOMERLIN.  La  Litorne  porte  ce  nom  dans  la 
Lorraine  allemande,  (s.) 

SCHONCiA-CUSPL  Espèce  de  Clitore,  figurée  par 
Rhéede.  (b.) 

se  B  OR  A.  Nom  malabarede  plusieurs  espèces  de  Cour- 
ges ou  de  CucuRBlTACÉES,  qui  sont  distinguées  entre  elles 
par  uneépithète  particulière,  telle  par  exemple  que  le  raipa- 
srhora  (Rhéede,  C,  pi.  5)  ou  ^u/û'o  ^méA* des  brames,  ou  la  ca^ 
ieba'^se .''  (r.N.) 

SCHORIGERAM.  Rhéede  a  figuré  sous  ce  nom  laTRA- 

GIE  INVOLUCRÉE.  (B.) 

SCHORL  (on  prononce  Cheurl  en  allemand).  Nom 
qui  désignoit  d'abord  spécialement  la  Tourmaline  noire 
chez  les  Allemands  ,  et  que  les  minéralogistes  allemands  et 
d'autres  pays  ont  bientôt  appliqué  à  un  grand  nombre  d'au- 
tres substances  pierreuses  très-différentes,  et  qui  se  distin- 
guent par  une  épithète  particulière  ,  comme  on  le  peut  voir 
par  les  articles  suivans.  Les  minéralogistes  ont  abandonné 
sagement  le  nom  de  schorl ,  qui  a  jeté  autrefois  beaucoup  de 
confusion  dans  la  minéralogie,  (ln.) 

SCHORL  AIGUE-MARlNE.  Saussure  adonné  ce  nom 
k  l'EpiDOTE  du  Saint-Gothard.  (ln.) 

SCHORL  ARGILEUX.  Rome  de  l'Isle  appelle  ainsi 
une  variété  d'AMPiiiBOLE,  (ln) 


35o  S   C  H 

SCHORL  BASALTIQUE.On  a  donné  ce  nom  aux  cris- 
taux  d'annphihole  noir  prismatique  et  au  pyroxène  volcani- 
que, (ln.)  

SCHORL  BLANC  d'Altemberg.  C'est  la  Pycnite,  va- 
riété de  topaze,  (ln.) 

SCHORL  BLANC  duBaïkal.  C'est  une  variété  de  gram- 
malitêqui  se  trouve  dans  les  montagnes  proche  du  lacBaïkal, 
et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  baïkalite,quiest  du  Py- 
roxène. F.  ce  mot.  (ln.) 

SCHORL  BLANC  hexagonal  du  Vésuve.  Ferber  a 
donné  ce  nom  à  la  Nepheline.  (ln.) 

SCHORL  BLANC  prismatique  de  Romé-de-l'Isle. 
C'est  la  Topaze  pycnite.  F.  à  l'article  Topaze,  (ln.) 

SCHORL  BLANC  VERDATRE.  On  a  donné  ce  nom 
au  BÉRYL  d'un  blanc  verdâtre,  comme  celui  du  Limousin. 

(LN.) 

SCHORI^  BLENDE.  Variété  de  I'Amphibole.  (ln.) 

SCHORL  BLEU.  De  Lamétherie  avoit  d'abord  nommé 
ainsi  le  dislhène ,  qu'il  appela  ensuite  cyanite  avec  Werner, 
Romé-de-l'Isle  avoit  nommé  schorl  bleu  TAnatase.  V.  Ti- 
tane, (ln.) 

SCHORL  EN  COLONNE,  SCHORL  BASALTI- 
QUE. C'est,  le  plus  souvent,  le  Pyroxène  volcanique  ,  et 
plus  rar<?ment  l'amphibole  noir  cristallisé,  (ln.) 

SCHORL  COMMUN.  C'est  la  tourmaline  noire.et  quel- 
quefois V amphibole,  (ln.) 

SCHORL  CRiSTALL.  Nom  allemand  qui  a  été  donné 
à  la  Tourmaline  et  à  I'Epidote.  (ln.) 

SCHORL  CRISTALLISE  OPAQUE  de  Deborn. 
C'est  Vamphibole  cristallisé.  (LN.) 

SCHORL  CRUCIFORME  de  Romé-de-l'Isle.  V.  Stau- 
rotide.  (ln.) 

SCHORL  ÉLECTRIQUE.  V.  Tourmaline,  (ln.) 

SCHORL  FELS.  Roche  composée  de  quarz  et  de  tour- 
maline, dans  une  espèce  de  ciment  en  décomposition,  qui  se 
trouve  sur  les  côtes  d'Angleterre,  (ln.) 

SCHORL  FEUILLETE  de  Deborn.  V.  Diallage.  (ln.) 

SCHORL  FEUILLETE  CHATOYANT.  r.DiALLAGE. 

(ln.) 

SCHORL  FEUILLETE  GRISATRE.    V.  Axinite. 

(ln.) 

SCHORL  FIBREUX  BLANC.  C'est  la  grammatite 
fibreuse  blanche.,  maintenant  comprise  dans  les  amphiboles. 

(LN.) 

SCHORL  EN  GERBE.  F.Prehnite  cristallisée,  (ln.) 
SCHORL  GRANATIQUE.  Les  minéralogistes  ont  di- 


s  C  H  35ï 

versement  appliqué  ce  nom  à  TAxinite^  à  IWarpuiGÊNE  et 
à  la  ToURM\UNE.  (ln.) 

SCHORL  LAMELLLEUK  et  Schorl  spathique  de 
Rome  de-l'Islé.  Ces  noms  ont  été  donnés  à  des  variétés  la- 
minaires de  ramphibole  noir  ou  vert.  (lN.) 

SCHORL   LAMELLEUX  CHATOYANT.  C'est  la 

DiALLAGE  MÉTALLOÏDE.    (LN.) 

SCHORL  EN  MACLE.  F.  Staurotide  et  Prehnite 

CRISTALLISÉE  FLABELLIFORME.  (LN.) 

SCHORL  DE  MADAGASCAR.  Ce  soni  les  Tourma- 
lines noires  qui  ont  été  découvertes  dans  cette  île.  (ln.) 

SCHORL  NOIR.  C'est  la  Tourmaline  noire,  subs- 
tance minérale  ,  à  laquelle  Werner  conserve  le  nom  de 
Schorl.  (ln.)  « 

SCHORL  OCTAÈDRE  RECTANGULAIRE.  Autre- 
fois M.  de  Rournon  nomma  ainsi  I'Anatase  du  Dauphiné. 
F.  Titane  anatase.  (ln.) 

SCHORL  OLIVATRE.   F.  Péridot-Pyrogène.  (ln.) 

SCHORL  OPAQUE  NOIR.  F.  Amphibole,  (ln.) 

SCHORL  OPAQUE  RHOMROIDAL  de  Romé-de- 
risle.  C'est  TAmphibole  noir  cristallisé,  (ln.) 

SCHORL  POURPRE  EN  AIGUILLES  de  Romé-de- 
i'Isle.  C'est  le  Titane  oxydé  en  Aiguilles  rouges,  (ln.) 

SCHORL  RADIE.  C'est  I'Epidote.  On  désigne  ainsi 
i'AcTiNOTE  ,  variété  de  l'amphibole,  (ln.) 

SCHORL  RHOMBOIDAL.  F.  Axinite.  (ln.) 

SCHORL  ROUGE.  On  a  donné  ce  nom  au  Titane 
OXYDÉ  rouge,  et  notamment  à  celui  de  Hongrie,  (ln.) 

SCHORL  SPATHEUX.  On  a  donné  ce  nom  au  Tri- 

PHANE.  (LN.) 

SCHORL  SPATHIQUE.  F.  Schorl  lamelleux.  (ln.) 

SCHORL  DE  SIBERIE  d'Hermann.  C'est  la  Tour- 
LINE  apyre  rouge  de  Sibérie,  (ln.) 

SCHORL  TRANSPARENT  LENTICULAIRE  de 
Romé-de-l'Isle.  C'est  I'Axinite.  (ln.) 

SCHORL  TRANSPARENT  RHOMBOIDAL. 
Romé-de-l'Isle  donne  ce  nom  aux  variétés  de  transparence 
de  Tourmaline  verte  du  Brésil  et  de  Ceylan.  (ln.) 

SCHORL  TRICOTÉ.  Variété  d'EpiDOTE  en  prismes 
entrelacés,  (ln.) 

SCHORL  VERT  DU  TALC.  CestVacimote,  variété 
d' Amphibole,  (ln.) 

SCHORL  VERT  DU  DAUPHINE.  C'est  I'Epidote 
de  cette  même  contrée,  (ln.), 

SCHORL  VERT  DU  VESUVE.  C'est  la  variété  verte 
du  Pyroxène  volcanique,  (ln.) 


552  s  C  H 

SCFORL  VERT  DU  ZILLERTÎIAL.  C'est  I'Acti- 
NOTE-  variété  d'amphibole,  (ln.) 

SCHORL  VIOLET  de  Mongez.  C'est  TAxinite.  (ln.) 

SCHORL  VITREUX.   V.  Axinite  et  Epidote.  (lî«.) 

SCHORL  VOLCANIQUE.  On  a  donné  ce  nom  au 
Pyroxèise  volcanique,  (ln.) 

SCHORLITE.  Kirwan  a  donné  ce  nom  à  la  Topaze 
PYCNITE.  V.  cet  article.  (LN.) 

SCHOTE,  Scholia.  Arbre  de  moyenne  grandeur,  touffu, 
toujours  vert;  à  feuilles  ailées,  dont  le  pétiole  commun  est 
dilaté  sur  ses  bords,  canaliculé  antérieurement,  les  folioles 
alternes  et  opposées,  et  les  stipules  caduques;  à  fleurs  rouges, 
disposées  en  épis  ou  fasciculées  sur  les  rameaux  ,  qui  faisoit 
partie  des  G4Yacs,sous  le  nom  àe  gayac  (T Afrique {gajacum 
afrum  ,  Linn.)  ,  et  qui  forme  aujourd'hui  un  genre  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  turbiné  ,  coloré  ,  divisé  en 
cinq  lobes  caducs  ;  en  une  corolle  de  cinq  pétales  rapprochés, 
connivens  en  un  tube  ventru  ,  et  insérés  au  calice;  en  dix  éta- 
mines  ,  à  filamenssubulés,  droits,  inégaux,  un  peu  plus  longs 
que  la  corolle;  en  un  ovaire  supérieur,  stipité,  surmonté  d'un 
style  recourbé,  à  stigmate  obtus  ;  en  un  légume  oblong,mu- 
croné  ,  com.primé ,  contenant  des  semences  oblongues  et 
ombillquées. 

Le  schote  vient  du  Sénégal ,  et  se  cultive  au  Jardin  du 
IVluséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  où  il  fleurit  quel- 
quefois. Son  bois  est  dur  et  blanchâtre;  son  feuillage  ressem- 
ble à  celui  du  Len.tisque  ,  et  toutes  les  parties  de  sa  fructifi- 
lion  sont  d'un  rouge  vif.  (b.) 

SCHOTOR.  JNom  persan  du  Dromadaire,- ou  du  Cha.- 

MEAU   A  UNE   BOSSE.   (S.) 

SCHOUALRE.  V.  Schwalbé.  (b.) 
SCHOUINQUE.  F.  ScHwiNKii..  (b.) 
SCHOUKIE  Poisson  du  genre  des  Raies,  (b.) 
SCHOUSBOEA.    Nom  qui  dérive  de  celui  d'un  voya- 
geur danois  qui  a  donné  une  tlore  de  Maroc.  Il  a  été  donné, 
par  les  botanistes,   au    Cacoucia   d'Aublet ,   «lont  le  nom 
avoit  été  déjà  changé  par  Scopoli  en  celui  d'HAMBERGERA. 
V.  Cailcie.  (ln.) 

SCHOVANNA  ADAMBOE.  C'est  le  nom  sous  lequel 
le  Liseron  pieu  de  (]hevre  (^Curwohulus  pes  caprœ^  L.)  est 
figuré  dans  Rhéede.  Celte  plante  est  remarquable  par  la 
forme  de  sts  feuilles  bilobées,  qui  ressemblent  à  un  pied  de 

''  'sCli()\  ANNAMUDbLLA-MUCCU  (Rhéede, Mal.  12, 
tab.  76.).  N'.m  malabare  de  la  Persjcaire  d'Orient  {J^oly- 
^unum  oiicnt'jie^  L.)  ,  plante  cultivée  pour  l'ornement  dans 


s  C  H  353 

tous  les  jardins  de  l'Inde  et  en  Europe.  Il  ne  faut  pas  la 
confondre  avec  le  vellutta  modela-mucçu ,  qui  est  le  polyg.  bar* 
i/atum,  L.  (ln.) 

SCHRADERA.  Ce  nom ,  qui  rappelle  celui  de  M.  Schra- 
der,  célèbre  botaniste,  avoit  été  donné  par  Willdenow  à 
un  genre  qu'il  a  depuis  réuni  au  croton.  La  plante  qui  le  com- 
posoit  éloitla  même  que  le  croton  trilobatum^  Forsk.  Le  genre 
schradera  de  Vahl  est  différent';  il  est  adopté  par  Willdenow 
et  Persoon;  c'est  Yurceolaiia  de  Colhenius  etde  Gmelin  :  il  a 
pour  type  le  fuchsia  involucrata ,  Sw.  M.  de  Jussieu  le  croit 
voisin  des  Chèvrefeuilles.  V.  ci-après,  (ln.) 

SCHRADÉRE,  Schradera.  Genre  déplantes,  établi  par 
Vahl  ,  dans  l'hexandrie  monogynie  ,  et  dans  la  famille  des 
onagres,  dont  les  caractères  consistent  en  un  involucre  univer- 
sel ,  uniflore  ;  un  calice  urcéolé  ;  une  corolle  cémpanulée  , 
à  cinq  ou  six  divisions  ,  et  à  ouverture  velue  ;  cinq  à  six  éla- 
mines  ;  un  ovaire  inférieur  ,  surmonté  d'un  style  simple; 
une  baie  à  plusieurs  semences. 

Ce  genre  ,  qui  a  été  appelé  UrcÉOLAIRE  ,  et  qui  se  rap- 
proche beaucoup  des  Fuchsies  ,  renferme  des  arbrisseaux 
à  feuilles  opposées  ,  pétiolées  ,  elliptiques  et  entières,  et  à 
fleurs  en  tête  terminale,  dont  l'un  ,  le  Schradère  en  tête, 
est  parasite  et  grimpant,  et  l'autre,  le  Schradère  cepha- 
LOTE  ,  a  été  placé  par  Swartz  parmi  les  fuchsîes ,  sous  le 
nom  de  fuchsia  involucrata.  Tous  deux  viennent  des  îles  de 
l'Amérique. 

Un  autre  genre   du  même  nom  a  été    réuni  aux  Cro- 

TONS.   (B.) 

SCHRADERÏA.  Heister  s'est  servi  de  ce  nom  pour  dé-i 
signer  un  genre  qui  a  été  adopté  par  Médicus  et  Moench  , 
et  qui  a  pour  type  le  sabia  canariensis  Linn.  Il  diffère  du 
sabia  ,  i.o  par  son  calice  campanule  bilabié  ,  à  lèvre  su~ 
périeure  réfléchie  ,  presque  bidentée,  obtuse;  à  lèvre  in- 
férieure bifide,  à  découpures  lancéolées ,  aigiies;  2.°  par 
sa  corolle  à  deux  lèvres  ,  la  supérieure  en  forme  de  faux , 
et  l'inférieure  à  trois  découpures  ,  dont  les  deux  latérales 
réfléchies  ,   et  celle  du  milieu  plane   et  émarginée.  (ln.) 

SCHRAISTER.  Poisson   du  genre  des  Holocentres. 

(B.) 

SCHRANKE,  Schrankia.  Genre  de  plantes  ,  établi  par 
Willdenow  ,  pour  placer  quelques  espèces  d'AcAClES  ,  mi- 
mosa^ Linn.,  qui  diffèrent  des  autres  en  ce  que  leur  légume 
a  quatre  valves.  Ce  genre  renferme  trois  espèces  ,  l'une  des- 
quelles j'ai  fréquemment  observée  en  Caroline  ,  la  Schran- 
KiE  horridule  de  Michaux.  V.  Acacie.  (b.) 

SCHRANKE  2  5c/i/a/jÂja,  Genre  de  plantes ,  établi*  par^ 


354  S  G  H 

-  Scopoli ,  mais  qui  ne  diffère  pas  du  Goupr.  V.  ce  mol.  (b.) 

SCHRANKIE,  Schrankia.  Genre   établi   par  Moench  , 

pour   placer  une    plante   qui    a  été    successivement    mise 

parmi    les   Camélines   et    \es  Kakiles.  Il  rentre  dans  le 

Rapistre  d'Allioni.  (b.) 

SCHREBERA.  La  plante  qui  servoit  de  type  à  ce  genre 
de  Linneeus  ,  éloit  composée  ,  selon  Willdenow  ,  du  myrica 
œthiopîca^  sur  lequel  éloit  altachôc  une  espèce  de  cuscute  , 
cuscuia  afrkana  ,  L.  Cette  plante  est  le  schrebera  schindides  de 
Linnseus  (Sp.  pi.,  1G2  ),  et  son  schinus myricdides  (Sp.  pi.,  21 , 
p.  388  ).  On  a  donc  supprimé  avec  raison  ce  genre.  Thun- 
berg  a  transporté  ce  nom  à  un  arbuste  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  qui  est  sowsch.  schino'ides  ;  mais  depuis  ,  il  a  été 
reconnu  pour  être  Vharlogia  cupensis  de  Linnaeus  ,  Suppl.  128. 
C'est  donc  un  second  genre  schrebera  détruit.  Il  y  en  a  un 
troisième  qui  a  été  établi  par  Relzius  ,  et  adopté  par  les  bo- 
tanistes. Il  a  pour  type  le  mangifera glauca  de  RottboU  ,  que 
Wahl  dit  êire  une  espèce  de  celastrus ,  cœlastrus  glaucus. 
V.  ScHREBÈRE  ,  ci-après.  (L^\) 

SCHREBERE,  Schrebera.  Arbre  qui  a  été  placé  parmi 
les  Manglés  ,  par  Rottbol  ;  parmi  les  Célastres  ,  par 
Vabl  ,  et  qui  a  servi  à  Retzius  pour  établir  un  genre  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  divisé  en  cinq  parties  ; 
une  corolle  de  cinq  pétales  ;  un  tube  court ,  entourant  le 
germe  ;  cinq  étamines  portées  sur  le  tube  ;  un  ovaire  sur- 
monté d'un  style  simple  ;  une  noix  à  demi  biloculaire. 
V.  Mayten  et  Senacie. 

Cet  arbre  a  les  feuilles  opposées  ,  oblongues  ,  glauques  ^ 
et  les  fleurs  portées  sur  des  pédoncules  dichotomes  et  axil- 
laires.  Il  vient  dans  l'Inde. 

Thunberg  avoit  aussi  donné  le  même  nom  à  un  genre  qui 
a  depuis  été  appelé  Hartoge.  (b.) 

SCHRECKSTEIN.  {Pierre  contre  la  peur,  en  allemand.  ) 
Ce  nom  a  désigné  une  pierre  verte  qu'on  tailloit  en  cœur , 
et  qu'on  suspendoit  au  cou  des  enfans,  comme  un  talisman 
contre  la  peur.  C'est  du  Jade  tséphrite.  (ln.) 

SCHREIBEBLEY.  Nom  allemand  donné  au  Graphite 
et  au  Molybdène  sulfuré,  (ln.) 

SCREIBGOLD.  V.  Sciirifterz.  (ln.) 
SCHRIFTSTEIN.  A  Wielickzsa,  on  donne  ce  nom  à  la 
variété  de   Chaux  anhydro  -  sulfatée   contournée  ,   ou 
Pierre  de  Tripes,  (ln.) 

SCHRIFTERZ  de  Werner.  C'est  le  Tellure  gra- 
phique. V.  Tellure  Natif  auiio-ferrifère.  (ln.) 

SCHTCHALBISGH.  Nom  de  1'E.sturgeon  ,  en  Sibé- 
rie. (B.) 


s  G  H  355 

SCHUBERTIE,  Schubeitia.  Genre  de  plantes ,  établi  par 
Mirbel  pour  placer  le  Cyprès  distique  ,  qui  diffère  des 
autres  par  son  fruit.  Richard  l'a  appelé   Taxobion.  (b.) 

SCHUFFLER.  Nom  suisse  de  la  Spatule  (v.) 

SCHULLI.  Ce  nom  est  donné  ,  au  Malabar,  à  plusieurs 
arbrisseaux  différens  ,  et  qui  sont  distingués  chacun  par  une 
épithète  particulière.  Tels  sont  :  le  Cara-scliu/li ,  barleria  bii'x>i- 
folia  ^  L.  ;  le  bahel-schulli ^  barleria  longifolia  ,  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  le  bahel-tsjulU  (  achimenes  sesamoides , 
AVahl);  le  nir-schulli  ,  ruelUa  difformis ,  L.  ;  le  pagina- 
schiilU  ,  qui  ne  nous  est  pas  connu,  etc.  (ln.) 

SCHULPDOORN.  Nom  que  les  Hollandais  donnent  , 
dans  l'Inde  ,    au  Ticanto  des  Malabares.  V.  ce  mot.  (ln.) 

SCHULTESIA,  Ce  nom  a  été  donné  par  Sprengei  au 
genre  de  graminées  que  Desvaux  avoit  nommé  eustachys , 
adopté  par  Roemer  et  Schultes,mais  que  les  botanistes  n'ont 
pas  cru  devoir  conserver  ,  le  laissant  réuni  au  genre  chloris 
aux  dépens  duquel  il  avoit  été  formé,  (ln.) 

SCHULTZIA.  Genre  de  plantes  de  la  didynamie  an- 
giospermie  et  voisin  de  Vobolana.  Ses  caraclères  consistent  : 
dans  son  calice  bipartite,  dans  sa  corolle  tabulée  ,  bilabiée  , 
à  lèvre  supérieure  bifide  ,  et  à  lèvre  inférieure  entière  ;  dans 
son  stigmate  sessile  et  dans  sa  capsule  uniloculaire  ,  bivalve 
etpolysperme. 

Une  seule  espèce  rentre  dans  ce'geure  ,  établi  par  Rafi- 
nesque  Schmaltz  ;  c'est  le  schultzia  obolaroïdes  qui  croît  en 
Pensylvanie  ,  dans  le  comté  de  Berks;  ses  feuilles  sont  op- 
, posées  ,  ovales  ,  sessiles  ;  ses  fleurs  en  épi  garni  de  bractées 
"triflores.  (ln.) 

SCHUNDA  PANA.  Nom  malabare  du  cmyoia  uiens , 
palmier  de  l'Inde  ,  dont  le  fruit  est  remarquable  par  sa  sa- 
veur amère  et  brûlante.  V.  Caryote.  (ln.) 

SCHUPPENSPATH  de  Gmelin  et  Gerhard.  C'est  la 
Baryte  sulfatée  cuétée.  (ln.) 

SCHUPPENSÏEIN  des  Allemands.  F.  Lépidolithe. 

(LN.) 

SCHUSCH.  Suivant  Browne,  dans  le  Dar-Four,  royau- 
me d'Afrique,  c'est  le  nom  d'une  plante  qui  ressemble  à  l'I- 
VRAIE  ,  et  qui  porte  des  graines  dures  ,  luisantes  ,  écarlates  , 
noires  dans  le  point  ombilical ,  et  dont  les  femmes  font  des 
colliers,  des  bracelets  et  d'autres  ornemens  pour  les  cheveux. 

(LN.) 

SCHUSCHAN  et  SUSAN.  Noms  hébreux  du  lis.  Smith 
croit  que  ïirîssusiana  leur  doit  son  no!M;voici  ce  que  rapporte 
Clusius  sur  l'introduction  de  cette  plante  en  Europe  : 

«  Etant  à  Vienne,  en  1578  ,  je  reçus  une  racine  de  cet  irù 


^56  S  C  ïî 

«  de  l'ambassadeur  impérial ,  à  Conslanlînople  ,  sous  ïe^ 
«  noms  de  Alaja  Susani  et  de  Alaga  Susam  ,  avec  cette  note  ^ 
«  en  italien.  — La  fleur  est  très-élégamment  pointillée  de  noir 
«  et  de  blanc  et  a  une  bonne  odeur.  Ses  noms  semblent  in- 
«  diquer  qu'elle  a  été  apportée  de  Suze  ,  capitale  de  la 
«  Susiane  ,  dans  les  jardins  de  Constantinople  ,  de  l'autre 
a  côté  du  Bosphore,  et- je  l'ai  novamét  iris  susiana.  »  On 
peut  en  conclure  aussi  qu'elle  ne  doit  pas  son  nom  à  la 
ville  de  Suse  ,  en  Italie  ;  on  peut  croire  ,  avec  plus  de  raison, 
que  les  noms  de  susani  et  de  susam ,  donnés  à  l'i'm,  dérivent 
des  anciens  noms  hébreux  du  lis  blanc,  (ln.) 

SCHUSSELERZ  des  Allemands.  C'est  le  Fer  hydraté 
LIMONEUX  OU  Rasen  eisenstein.  (ln.) 

SCHUTZIT.  V.  Strontiane  sulfatée,  (ln.) 
SCHWALBE.  Nom  allemand  des  Hirondelles,  (v.) 
SCHWALBÉE,  Schwalbœa.  Plante  vivace  ,  à  tige  sim- 
ple ,  tétragone  ,  pubescente  ;  à  feuilles  alternes ,  lancéolées  ,; 
pubescentes  ,  appliquées  contre  la  tige  ;  à  fleurs  rougeâtres  , 
sessiles  dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures  ,  qui  forme 
un  genre  dans  la  didynamie  angiospermie  ,  et  dans  la  famille 
Aes  personnées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  campanule ,  ven- 
tru, à  limbe  oblique  et  à  quatre  divisions  inégales  ,  la  supé- 
rieure courte  et  l'inférieure  plus  grande  ,  échancrée;  une  co- 
rolle tubuleuse  ,  bilabiée  ,  à  lèvre  supérieure  entière  et  en 
voûte  ;  à  lèvre  inférieure  trilobée  ,  à  lobes  égaux;  un  ovaire 
supérieur  oblong  ,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  simple  ; 
une  capsule  ovale  ,  acuminée  ,  bivalve  ,  à  cloison  double. 

La  schwalhèe  croît  dans  l'Amérique  septentrionale.  Je  l'ai 
observée  plusieurs  fois  en  Caroline,  dans  les  terrains  sablon- 
neux et  découverts.  Elle  s'élève  à  environ  deux  pieds  ,  et 
fleurit  en  été.  (b.) 

SCHWALEN.  Nom  qu'on  donne ,  en  Allemagne  ,  aux 
masses  terreuses  ou  pierreuses ,  qui  se  trouvent  dans  les  cou- 
ches de  houille,  (ln.) 

SCHWAN.  Nom  allemand  du  Cygne,  (v.) 
SCHWARZBRAUNER  HABICHT.  V.  Faucon  noir, 

SCHWARZ  GULTIGERZ  deHausmann.C'estle  Cui- 
vre GRIS  ANTIMONIFÈRE.  (LN.) 

SCHWARZERZ  des  Allemands.  C'est  I'Argent  sul- 
furé CARIÉ  NOIR.  On  donne  aussi  ce  nom  au  Manganèse 
SULFURÉ  et  à  des  minerais  de  cuivre  gris  argentifère  en  dé- 
composition, (ln.) 

SCHWATZER.  Nom  allemand  du  Merle  d'eau  ou 

AGUA5S1ÈRE.  (Y.) 


s  C  H  35/ 

SCHWEDERLE.  Nom  allemand  du  Serin,  (v.) 
SCHWEFEL.  Nom  allemand  du  Soufre,  (ln.) 
SCHVTEFEL  BLAU.  Gmelin  donne  ce  nom  au  Cui- 

iVRE  CARBONATE  BLEU  TERREUX.  (LIS.) 

SGHWEFELKIES  de  Warner.  F.  Fer  sulfuré,  (ln.) 

SCHWEFELSTEIN.  A  Wielickza,  en  Pologne,  on 
donne  ce  nom  à  une  sorte  de  grès  composé  de  petits  grains 
quarzeux  liés  entre  eux  par  un  ciment  de  chaux  carbonatée 
fétide,  (ln.) 

SCHWENKFELDIA.  C'est  le  nom  générique  imposé 
par  Schreber  au  sabicea  d'Aublet.  Il  a  été  adopté  par  Will- 
denow.  V.  Sabice.  (ln.) 

SCHWENKIE,  Schwenkîa.  Plante  annuelle,  à  feuilles 
alternes  ,  qui  se  trouve  dans  l'Amérique  méridionale  ,  et  qui 
forme  dans  la  diandrie  monogynie  ,  et  dans  la  famille  des 
personnées  ,  un  genre  fort  voisin  des  Browales  et  des 
Ciletochiles. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  monophylle , 
lubulé,  strié,  droit,  à  cinq  dents  et  persistant  ;  une  corolle 
monopétale  à  limbe  presque  régulier ,  à  gorge  plissée  et 
garnie  de  glandes  ;  cinq  étamines ,  dont  trois  sont  stériles  ; 
un  germe  globuleux  à  style  simple  et  à  stigmate  obtus  ;  une 
capsule  comprimée  ,  lenticulaire  ,  glabre  ,  biloculaire  et  bi- 
valve ,  qui  renferme  un  grand  nombre  de  semences  petites  et 
anguleuses. 

Quatre  espèces  de  ce  genre  sont  figurées  dans  le  bel  ou- 
vrage de  MM.  de  Humboldt ,  Bonpland  et  Kunlh  ,  sur  les 
plantes  de  l'Amérique  méridionale.  (B.) 

SCHWERD-FISCH.  Selon  M.  Lacépède  , c'est  le  nom, 
donné  par  Anderson,  au  dauphin  gladiateur,  noire gramp us. 
V.  Dauphin,  (desm.) 

SCHWERERDE.  Synonyme  de  Baryte,  en  allemand. 
Se AWERSPATH,  c'cst  le  nom  delà  Baryte  sulfatée  ou  Spath 
pesant,  (ln.) 

SCHWERFELS.  Nom  donné  par  Stulz  à  une  variété  de 
Baryte  sulfatée  mêlée  d'argile,  (ln.) 

SCHWERMETAL.  V.  Schéelin.  (ln.) 

SCHWERSPATH..  V.  Baryte  sulfatée,  (ln.) 

SCHWERT.  Nom  d'une  espèce  commune  de  Haricot, 
en  Hollande,  (d.) 

SCHWEYCKHERTE  ,  Scimeyckherla.  Genre  établi  par 
Gmelin  sur  le  Ményanthe  nymphoïde  ,  et  qui  ne  diffère  pas 
de  celui  appelé  Waldschmidie  ,  Villarsis  et  Limnan- 
thème,  (b.) 


358  S   C  I 

SCHWIMMSTEIN  de  Werncr.  C'est  le  Sîlex  nec- 
TIQUE  de  Sainl-Ouen.  (ln.) 

SCHYi\lUM  de  Dioscoride.  Selon  Rauwolfius  ,  c'est  le 
OundeliaToumeforiUj  L. ,  plante  que  Serapionnommolt  hacuh 
alcardfig.  (LN.) 

SCHYTE.  Nom  spécifique  d'une  Vipère,  (b.) 

SCliENA.  V.  SciÈNE.  (desm.) 

SCIARE.  On  croit  que  l'herbe  qui  étoit  ainsi  désignée  par 
les  Daces  ,  étoit  notre  Cardère  ou  Chardon  a  foulon 
(  dipsaciis  syhestris  ).  (ln.) 

SCIARE  ,  Sciara.  ISom  donné  par  M.  Meigen  ,  à  un  genre 
d'insectes  de  Tordre  des  diptères  ,  et  le  même  que  celui  que 
j'avois  nommé  molohre  (  V.  ce  mot  ).  Fabricius  ,  dans  son 
Système  des  anlliates  ,  a  réuni  aux  sciares  ,  les  mYcélophiles  , 
les  anisopes ,  de  M.  Meigen,  et  quelques  autres  diptères, 
qu'il  plaçoit  auparavant  avec  les  rhagions  ,  et  qui  nous  pa- 
roissent  être  des  macrocères  de  ce  dernier.  V.  ces  mots,  (l.) 

SCIE,  Frlstis.  Genre  de  poissons  de  la  division  des  Chon- 
DROPTÉRïGiENS,  dont  Ics  caractèrcs  consistent:  à  avoir  quatre 
ou  cinq  ouvertures  branchiales  de  chaque  côté  du  corps;  deux 
évents  derrière  les  yeux  ;  point  de  nageoire  anale  ;  la  têle  se 
prolongeant  en  une  saillie  osseuse ,  aplatie  ,  très-longue  ,  et 
garnie  d'épines  sur  les  côtés. 

Ce  genre  faisoit  partie  des  Squales  de  Linnaeus  et  de  tous 
les  ichlhyologistes.  Jean  Latham,  le  premier ,  l'en  a  séparé , 
sous  la  considération  du  prolongement  de  la  tête  osseux  et 
dentelé  comme  une  scie,  des  espèces  qu'il  contient,  considé- 
ration ,  en  effet ,  de  première  importance  ,  et  qu'il  n'est  pas 
possible  de  se  refuser  d'admettre.  V.  son  Mémoire,  vol.  2, 
page  273  du  second  volume  des  Actes  de  la  Société  Linnéenne  de 
Londres. 

Les  scîes  ont  le  corps  allongé ,  cylindrique  ,  couvert  d'une 
peau  coriace  et  rude  au  toucher  ,  comme  celle  de  la  plupart 
des  squales  ,  surtout  lorsqu'on  la  frotte  à  rebours  ;  leur  tête 
est  plate  par-devant  ;  leurs  yeux  sont  gros ,  et  ont  une  pru- 
nelle noire  dans  un  iris  jaune  d'or  ;  derrière  sont  les  évents  , 
et  en  dessous,  en  avant  de  la  bouche  ,  on  voit  les  narines  à 
demi  couvertes  d'une  membrane  lobée  ;  leurs  ouvertures 
branchiales  sont  placées  sur  le  côté,  tout  près  des  nageoires 
pectorales;  l'oaverture  de  leur  bouche  est  située  en  dessous, 
très-près  du  tronc  ,  transversale  et  garnie  de  dents  aplaties  de 
haut  en  bas,  ou  un  peu  convexes,  serrées  les  unes  contre  les 
autres,  ci  formant  une  sorte  de  pavé.  L'extension  de  la  partie 
antérieure  de  leur  têle ,  ou  la  scie  ,  est  à  peu  près  du  tiers  de 
la  longueur  du  coirps  ,  couverte  d'une  peau  unie  ,  et  armée 
latéralement  de  dents  qui  font  partie  de  sa  substance,  c'est-à- 


s  G  I  3^59 

À'iee  ,  qui  n'y  sont  pas  enchâssées  comme  celles  des  quadru- 
pèdes. On  doit  en  conséquence  les  appeler ,  avec  Lacépède , 
des  appendices  denliformes.  Elles  sont  pointues  dans  les  jeunes 
individus  ,  émoussées  dans  les  vieux.  Leur  nombre  et  leur 
grandeur  varient  non-seulement  dans  les  espèces, mais  même 
dans  les  individus  de  la  même  espèce.  Quelquefois  il  y  en  a 
moins  d'un  côté  que  de  l'autre  ;  mais  en  général  elles  sont 
en  nombre  égal  et  opposées  les  unes  aux  autres.  Cependant , 
il  n'en  faut  pas  conclure ,  avec  Lacépède  et  autres ,  que  toutes 
les  scies  appartiennent  à  la  même  espèce.  Le  caractère 
que  fournit  leur  nombre  combiné  avec  leur  longueur  ,  leur 
écartement ,  leur  forme  ,  etc.,  peut  très -bien  servir  à  les 
caractériser,  comme  Ta  prouvé  Jean  Latbam.  Mais  pour 
en  revenir  à  l'os  qui  prod'ait  ces  dents,  il  est,  comme  on 
l'a  dit,  tres-aplali ,  un  peu  bombé  longitudinalement  ,  avec 
deux  ou  trois  dépressions  ,  à  peine  sensible  sur  l'animal  vi- 
vant, quoique  très-appréciable  sur  le  squelette.  La  partie  pa» 
laquelle  il  tient  a  la  tête  est  plus  large  et  plus  épaisse.  Son  ex- 
trémité est  émoussée  ou  mieux  arrondie. 

On  trouve  dans  les  scies  deux  nageoires  dorsales  ,  comme 
dans  la  plupart  des  squales  ,  mais  ici  elles  sont  très-écartées  ; 
les  nageoires  pectorales  présentent  une  grande  surface;  celles 
du  ventre,  entre  lesquelles  est  l'anus,  sont  petites,  et  celle 
de  la  queue  très-courte. 

Les  scies  ont  été  placées,  par  plusieurs  auteurs  anciens  et 
modernes,  au  nombre  des  cétacés ,  et  en  effet ,  elles  ont  exté- 
rieurement beaucoup  de  rapports  avec  le  Narwal  ;  mais  au-, 
jourd'hui  il  est  bien  prouvé  que  ce  sont  des  poissons  de  l'or- 
dre des  carlilagineux.  Leur  organisation  interne  est  presque  la 
même  que  celle  des  Squales,  etsurtoui  du  Requin.  La  plus 
grande  longueur  qu'on  ait  observée  parmi  elles,  ne  surpasse 
pas  quinze  pieds  ,  quoique  Pline,  sans  doute  sur  des  rapports 
mensongers  ,  leur  en  ait  attribué  trois  cents. 

La  force  et  la  hardiesse  caractérisent  ces  poissons  ,  qu'on 
trouve  dans  toutes  les  mers  ,  sous  les  glaces  du  pôle  ,  comme 
sous  les  feux  de  la  ligne  équinoxiale  ,  et  qui  vivent  de  poissons 
et  de  gros  crustacés.  Il  y  a  une  haine  invétérée  entre  eux  et 
les  baleines  ou  autres  cétacés.  Ils  se  livrent ,  Chaque  fois  qu'ils 
se  rencontrent ,  de  terribles  combats  ,  dont  les  scies  sortent 
le  plus  souvent  vainqueurs.  La  baleine  n'a  d'autre  défense 
que  sa  queue,  dont  un  seul  coup  peut  anéantir  la  scie  ;  mais 
cette  dernière  sait  l'éviter  par  la  prestesse  de  ses  mouvemens. 
Elle  enfonce  son  arme  redoutable  dans  les  flancs  de  son 
monstrueux  ennemi ,  et  redouble  jusqu'à  ce  qu'il  soit  mort. 
Martens  dit  avoir  été  témoin  d'un  de  ces  combats.  Quelque- 
fois ,  prenant  un  vaisseau  pour  une  baleine ,  la  scie  y  en- 


36o  SCI 

fonce  sa  scie ,  quî  se  brise  et  y  reste  enchâssée.  On  ne  devîné 
pas  trop  les  motifs  qui  déterminent  les  combats  entre  la  scie 
et  la  baleine;  car  ni  l'un  ni  l'autre  ne  gagnent  à  leurs  ré- 
sultats. Les  matelots  prétendent  bien  que  la  scie  mange  la 
langue  de  la  baleine  ,  mais  sa  conformation  ne  permet  pas 
de  le  croire. 

L'accouplement  et  ses  suites  ont  lieu  dans  les  scies  comme 
dans  les  squales.  Elles  font  leurs  petits  vivans  ,  à  différentes 
<lpoques.  Ces  petits  ont,  en  naissant  ^  la  lame  de  la  scie  molle 
€t  dépourvue  de  dents. 

Les  nègres  de  la  cote  occidentale  d'Afrique  regardent  les 
scies  comme  des  fétiches,  et  se  gardent  bien  de  les  tuer.  Si  la 
tempête  en  a  jeté  une  sur  la  grève ,  ils  lui  coupent  la  tête ,  et 
la  portent  religieusemeutdans  un  tenipU. 

Jean  Latham  mentionne  cinq  espèces  de  scies  dans  son 
mémoire  précité  ,  et  donne  la  figure  de  leur  bec  ou  scie  , 
dans  la  planche  qui  y  est  jointe. 

La  Scie  commune,  Squalus  pn'slis,  Linn, ,  que  Lalham  ap- 
pelle pristls  antiquorum ,  à  laquelle  il  donne  pour  caractères  : 
d'avoir  la  scie  armée  de  dix-huit  à  vingt-quatre  grosses  dents 
de  chaque  côté.  V.  pi.  P  28  ,  où  elle  est  figurée.  On  la 
trouve  dans  toutes  les  mers.  Elle  est  connue  sous  le  nom  de 
poisson -scie  ,  ài'^épée  de  mer  dentelée^  de  héron  de  mer  el 
à^ espadon  dentelé.  Sa  chair  est  dure  et  de  mauvais  goût.  On 
la  mange  très-rarement ,  el  seulement  lorsqu'on  est  privé  de 
tout  autre  moyen  de  subsistance. 

La  Scie  pectinée  ,  qui  a  la  scie  armée  de  trenle-quaire 
dents  aiguës  de  chaque  côté.  On  la  trouve  dans  l'Océan.  Elle 
diffère  beaucoup  de  la  précédente  ;  sa  queue  est  plus  longue  ; 
sa  nageoire  du  dos  plus  excavée  ,  et  les  dents  de  son  bec  sont 
plus  longues  et  moins  grosses. 

La  Scie  cuspidée  a  la  scie  armée  de  chaque  côté  de  vingt- 
huit  dents  larges  et  pointues.  Elle  se  trouve  dans  la  grande 
mer.  Son  bec  est  presque  de  même  largeur  dans  toute  sa  lon- 
gueur; ses  dents  sont  courtes,  larges  ,  plates  ,  et  terminées 
par  une  pointe  aiguë. 

La  Scie  microdon  a  la  scie  garnie  ,  de  chaque  côté  ,  de 
petites  épines  à  peine  saillantes.  On  la  trouve  dans  le  grand 
Océan.  Son  corps  a  seulement  dix-huit  pouces  de  long,  et 
ses  épines  sont  au  nombre  de  dix-huit  de  chaque  côté.  Cette 
espèce  peut  être  considérée  comme  un  jeune  individu  de  la 
première. 

La  SciE  AMISODON,  Squalus  cirratus  a  la  scie  garnie ,  de  cha- 
que côté  ,  de  dents  très-inégales ,  et  un  long  filament ,  en 
«Jessous,  également  de  chaque  côté.  Elle  se  trouve  autour  de 
la  Nouvelle-Hollande.  Elle  a  vingt  longues  épines  aiguës  de 


SCI  S6f 

thaque  côté  de  la  scîe ,  et  entre  elles,  trois  à  sîx  plus  courtes. 
Ses  filamens  sont  du  quart  de  la  longueur  totale,  (b.) 

SCIENE.,  Sc'iœna.  Genre  de  poissons  de  la  division  des 
iThoraciques,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  un  ou 
plusieurs  aiguillons ,  et  point  de  dentelures  aux  opercules  ;  un 
seul  barbillon ,  ou  point  de  barbillons  aux  mâchoires  ;  deux 
nageoires  dorsales. 

C'est  à  Linnseus  qu'on  doit  l'établissement  de  ce  genre  ; 
mais  il  l'avoit  caractérisé  d'une  manière  si  vague  ,  et  y  avoit 
introduit  des  espèces  si  disparates,  qu'il  devenolt  indis- 
pensable de  le  réformer.  Lacépède  a  entrepris  ce  travail  , 
et  l'a  exécuté  avec  supériorité.  Il  a  compose  aux  dépens  des 
sciènes  de  Linnseus,  qui  montoienl  à  trente  espèces  dans  l'é- 
dition de  Gmelin,  les  genres  Centropome,  Chélidoptère 
etPoMADASYS,  et  a  porté  plusieurs  des  espèces  quln'enlroient 
pas  dans  ces  nouveaux  genres,  dans  d'autres  genres  voisins  ; 
de  sorte  qu'il  n'est  resté  que  onze  espèces  sous  l'expression 
caractéristique  ci-dessus,  et  encore  quelques-unes  de  ces 
onze  appartenoient- elles  à  d'autres  genres.  On  peut  voir  au 
mot  Perche  la  marche  que  ce  naturaliste  a  suivie  pour  re- 
fondre cette  nombreuse  famille  de  poissons,  sans  contredit 
la  plus  difficile  de  toute  l'ichthyologie  ,  et  qui,  on  le  répèle  , 
ne  présentoit  que  désordre  et  confusion. 

Lacépède  a  divisé  les  sciènes  en  deux  sections. 

La  première  comprend  celles  qui  ont  la  nageoire  de  la 
queue  fourchue  ou  en  croissant ,  telles  que: 

La  SciÈNE  ABUSAME,  Sciœna  munljan  ,  qui  a  dix  rayons  ai- 
guillonnés à  la  première  dorsale;  trois  rayons  aiguillonnés  et 
neuf  rayons  articulés  à  l'anale  ;  des  dents  molaires  arrondies; 
des  dents  antérieures  fortes  et  coniques  ;  un  aiguillon  à  la 
pièce  postérieure  de  chaque  opercule;  la  couleur  générale 
verte;  un  grand  nombre  de  petites  taches  blanches.  On  la 
trouve  dans  la  mer  Rouge. 

La  SciÈNE  CORO,  qui  a  dix  rayons  aiguillonnés  à  la  pre- 
mière nageoire  du  dos  ;  deux  rayons  aiguillonnés  et  neuf  ar- 
ticulés à  la  seconde  ;  onze  à  celle  de  l'anus  ;  la  caudale  en 
croissant  ;  la  tête  et  les  opercules  dénués  de  petites  écailles; 
les  dents  petites  et  pointues  ;  un  aiguillon  à  la  seconde  pièce 
de  chaque  opercule;  la  couleur  générale  argentée  ;  huit  ban- 
des transversales  étroites  et  brunes.  Elle  est  figurée  dans 
Bloch,  pi.  3o7,  et  dans  VHistoire  naturelle  des  Poissons^  faisant 
suite  au  Buffon  ,  édition  de  Detervllle  ,  vol.  4  •,  pag.  6i.  Elle 
habite  la  mer  du  Brésil ,  et  atteint  un  pied  de  long.  Sa  chair 
Gst  dure  et  sèche  ,  et  par  conséquent  peu  estimée. 

La  SciÈNE  CILIÉE  qui  a  un  rayon  aiguillonné  et  six  rayons 
articulés  à  la  première  dorsale;  huit  rayons  à  la  seconde;  sept 


3(52  S  G  I 

rayons  à  l'anale;  la  mâchoire  supérieure  arrondie  et  plus 
avancée  que  l'inférieure;  deux  aiguillons  à  la  pièce  posté- 
rieure de  chaque  opercule  ;  presque  toutes  les  écailles  divi- 
sées en  deux  portions  par  une  arête  transversale;  la  se- 
conde portion  finement  striée  et  ciliée.  On  ignore  son  lieu 
natal. 

La  SciÈNEHEPTACANTHE  qui  a  sept  rayons  aiguillonnés  à  la 
première  nageoire  du  dos  ;  neuf  rayons  à  la  seconde  ;  sept 
rayons  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  la  mâchoire  supérieure  un 
peu  plus  avancée  que  l'inférieure;  des  dents  fortes  à  chaque 
mâchoire;  deux  aiguillons  ,  dont  un  très-petit ,  à  la  dernière 
lame  de  chaque  opercule.  On  ignore  aussi  son  lieu  natal. 

La  seconde  division  des  sciènes  comprend  celles  dont  la 
nageoire  de  la  queue  est  tronquée  ou  arrondie.  Ce  sont  : 

La  SciÈlS'E  CHROMis,  Lahrus  chromis ,  Linn. ,  qui  a  dix  na- 
geoires à  la  première  dorsale  ;  un  rayon  aiguillonné  ,  et  vingt- 
un  rayons  articulés  à  la  seconde  ;  deux  rayons  aiguillonnés 
et  cinq  rayons  articulés  à  l'anale  ;  un  aiguillon  à  chaque  oper- 
cule ;  le  second  rayon  aiguillonné  de  l'anale  long,  épais, 
comprimé  et  très-fort  ;  des  bandes  transversales  brunes.  On 
la  trouve  dans  les  mers  de  la  Caroline,  où  je  l'ai  vue  ,  et  où 
elle  parvient  à  un  pied  de  long.  Sa  chair  est  bonne  ,  mais  ce- 
pendant peu  recherchée  ,  parce  qu'on  en  a  de  meilleure. 

Ce  poisson  fait  entendre,  sous  l'eau,  un  bruit  qu'on  a 
comparé  au  son  sourd  du  tambour,  et  qui  lui  a  valu  le  nom 
de  cet  instrument.  Je  ne  pouvois  croire  avant  de  l'avoir  vu, 
que  ce  fût  un  aussi  petit  poisson  qui  le  produlsoit. 

La  SciÈNE  CROKER,P«r<:a  undulata,  Linn.,  qui  a  dix  rayons 
aiguillonnés  à  la  première  nageoire  du  dos  ;  un  rayon  aiguil- 
lonné et  vingt-huit  rayons  articulés  à  la  seconde  ;  deux 
rayons  aiguillonnés  et  dix-huit  rayons  articulés  à  l'anale  ; 
cinq  petits  aiguillons  à  la  pièce  antérieure  de  chaque  oper- 
cule ;  le  corps  ondulé  de  brun.  Elle  estfigurée  dans  Catesby, 
vol.  2,  pi.  3  ,  n.''  I.  On  la  pêche  dans  les  mêmes  lieux  que 
la  précédente. 

La  SciÈNE  UMBRE  qui  a  dix  rayons  à  la  première  nageoire 
du  dos;  vingt-quatre  à  la  seconde;deux  rayons  aiguillonnés  et 
huit  articulés  à  celle  d-e  l'anus;  la  caudale  arrondie  ;  deux 
aiguillons  à  la  pièce  postérieure  de  chaque  opercule  ;  le  dos 
noir;  le  ventre  argenté.  V.  pi.  P.  19  où  elle  est  figurée.  On 
la  trouve  dans  toutes  les  mers  d'Europe,  principalement 
clans  la  Méditerranée.  Elle  est  connue  sous  les  noms  de 
sr.iène  noire ,  corbeau  de  mer,,  coracin  ,  corp ,  durdo  ,  vergo  et  um- 
brine.  Les  naturalistes  l'ont  souvent  confondue  avec  la  Per- 
che u.MBRE,  quoiqu'elle  soit  fort  différente.  On  doit  à  La- 


s  C  I  363 

cépède  d'avoir  établi  avec  un  grand  soin  leur  synonymie  res- 
pective. 

Ce  poisson  a  la  tête  courte,  couverte  d'écaillés;  chacune 
de  ses  narines  est  double;  chaque  mâchoire  est  garnie  de 
dents,  mais  il  y  en  a  davantage  à  celle  d'en  bas,  et  elles 
sont  plus  petites;  ses  écailles  sont  finement  dentelées.  Il  par- 
vient à  un  pied  et  demi  de  long. 

Les  anciens  l'ont  connu.  Aristole  le  regardoit  comme  un 
de  ceux  qui  croissent  le  plus  vite  ;  Pline ,  comme  un  des 
meilleurs  de  la  côte  d'Egypte.  Il  vit  en  troupe  dans  les  fonds 
pierreux  et  sablonneux,  et  ne  paroît  qu'au  printemps  sur 
les  côtes;  il  remonte  même  les  rivières,  et  principalement 
le  Nil;  mais  il  ne  fraie  qu'à  la  fin  de  l'été  ou  au  commence- 
ment de  l'automne.  Il  vit  de  coquillages,  de  crustacés,  de 
vers,  etc.  On  le  prend  à  la  ligne  et  au  filet. 

Les  anciens  estimoient  les  sciènes  umbres  prises  dans 
l'eau  douce  ,  préférables  à  celles  prises  dans  la  mer  ,  les 
jeunes  plus  que  les  vieilles.  Ils  les  saloient,  en  faisoient  du 
garum,  c'est-à-dire  une  espèce  de  saumure  propre  à  assai- 
sonner les  autres  mets.  Aujourd'hui ,  qu'on  en  pêche  encore 
beaucoup  plus  qu'on  n'en  peut  consommer  fraîches,  on  les 
sale  et  on  les  confit  dans  le  vinaigre  épicé ,  après  les  avoir 
vidées  ,  lavées  et  légèrement  grillées.  C'est  le  Maigre  de 
quelques  ports  de  mer. 

La  chair  de  ce  poisson  est  agréable  au  goût.  On  la  mange 
en  friture  ou  au  court-bouillon  ,  ou  simplement  cuite  dans 
l'eau,  et  ensuite  assaisonnée  avec  du  vinaigre  et  de  l'huile. 
Les  anciens  lui  attribuoient  la  verlu  de  guérir  de  la  piqûre 
des  scorpions  ,  du  charbon  pestilentiel ,  et  croyoient  que  son 
foie  pouvolt  fortifier  la  vue. 

La  SciÈNE  CYLINDRIQUE  quia  cinq  rayons  aiguillonnés  à  la 
première  nageoire  dorsale  ;  vingt-un  rayons^rticulés  à  la  se- 
conde ;  un  rayon  aiguillonné  et  dix-sept  raj^ons  articulés  à 
l'anale  ;  la  caudale  arrondie;  deux  aiguillons  à  la  pièce  pos- 
térieure de  chaque  opercule  ;  la  forme  générale  cylindrique; 
la  tête  ,  le  dos  ,  onze  bandes  transversales  et  deux  raies  lon- 
gitudinales, d'un  brun  plus  ou  moins  foncé.  Elle  est  figurée 
dans  Bloch  ,  pi.  299  ,  n."  i  ,  et  dans  le  Buffon  de  Deterville  , 
vol.  4-1  pag-  26.  On  ignore  sa  patrie. 

La  SciÈNE  SAMARA  qui  a  dix  rayons  aiguillonnés  à  la  pre- 
mière nageoire  du  dos;  un  rayon  aiguillonné  et  quatorze  rayons 
articulés  à  la  seconde;  quatre  rayons  aiguillonnés  et  huit  ar- 
ticulés à  l'anale  ;  un  aiguillon  à  la  première  pièce  de  chaque 
opercule  ;  deux  aiguillons  à  la  pièce  postérieure  ;  le  dos  d'un 
rouge  de  cuivre  ;  un  grand  nombre  de  taches  rondes  ,  blan- 
ches et  bordées  de  noir.  On  la  pêche  daiîs  la  mer  Pvouge. 


3G4  S  C  I 

La  SciÈxE  pentahactyle  qui  ascpl  rayons  à  la  première 
clorsale  ;  dix  rayons  à  la  seconde  et  à  l'anale  ;  cinq  rayons  à 
chaque  ihoracine;  la  caudale  arrondie;  un  aiguillon  recourbé 
à  la  pièce  antérieure  de  chaque  opercule  ;  les  pectorales 
Irùs-larges  ;  la  ligne  latérale  insensible.  Commerson  l'a  ob- 
servée à  l'embouchure  des  rivières  de  l'Ile-de-France. 

La  SciÈNE  RAYÉE  qui  asix  rayons  aiguillonnés  à  la  première 
nageoire  du  dos;  quinze  rayons  articulés  à  la  seconde  ;  dix 
rayons  à  la  nageoire  de  l'anus;  la  caudale  est  peu  arrondie; 
trois  aiguillons  à  la  première  et  à  la  dernière  pièce  de  cha- 
que opercule;  la  couleur  générale  noirâtre  ;  des  raies  lon- 
gtltidinales  blanches.  Elle    se   trouve    avec  la  précédente. 

(B.) 

SCILLA.  Plante  bulbeuse  ,  très-usilée  en  médecine  chez 
les  anciens.  On  faisoit  usage  de  son  bulbe,  seulement  à  l'inté- 
rieur, comme  stimulant,  échauffant,  stomachique,  et  di- 
versement préparé  ,  principalement  après  l'avoir  fait  rôtir  ; 
el  pour  cela,  on  prenoit  certaine  précaution.  On  la  faisoit 
aussi  bouillir ,  et  on  lui  enlevoit ,  par  ce  moyen,  toute  son 
âcreté.  Coupée  par  rouelles  et  desséchée  ,  on  s'en  servoit 
pour  composer  une  huile  ,  un  vin  et  un  vinaigre  scillitiques, 
qu'on  employoit  en  cataplasme  ou  en  breuvage,  selon  leur 
nature  et  selon  le  genre  de  maladie.  On  en  composoit  avec 
du  miel  des  locks  contre  la  toux  invétérée  ,  la  jaunisse  ,  les 
tranchées,  les  vomisscmens  de  sang.  Cuite  avec  du  miel  ou 
simplement  bouillie  ,  on  la  faisoit  manger  pour  exciter  la 
sortie  des  urines,  guérir  l'hydropisie  et  opérer  la  digestion 
des  alimens ,  lorsque  l'estomac  se  refuse  à  ses  fonctions. 
Uioscoride  développe  encore  d'autres  propriétés  du  scilla; 
maisil  en  passe  plusieurs  sous  silence,  qui  sont  rapportées  par 
Pline.  Selon  ce  dernier  ,  le  vinaigre  scillitique  étoil  si  exquis, 
qu'il  éclaircissoit  la  vue  de  ceux  qui  en  faisoient  usage  ;  mais 
il  ne  falloit  point  en  prendre  trop;  le  scilla  mâché  raffer- 
missoit  les  gencives  et  les  dents  ;  avec  du  vinaigre  ,  il  éloit 
vermifuge  ;  appliqué  seul  ou  avec  du  miel  sur  les  ul- 
cères, les  verrues  ,  etc.,  il  les  guérissoit.  Pline  el  Dios- 
coride  terminent  la  description  des  propriétés  du  scilla  par 
un  passage  tiré  des  écrits  de  Pythagore  ,  qui  prouve  qu'ils 
ont  puisé  ce  qu'ils  en  disent,  à  la  même  source.  Ce  pas- 
sage rappelle  l'opinion  ancienne,  que  la  plante  scilla  toute 
entière,  suspendue  à  l'entrée  d'une  chambre  ou  d'une  mai- 
son ,  enipêchoit  les  effets  de  tous  sortilèges.  Hippocrate, 
Théophraste  et  Galien  attribuent  les  mêmes  vertus  au 
scilla. 

Pline  fait  remarquer  que  ,  parmi  les  plantes  bulbeuses  ,  le 
scilla  tient  le  premier  rang ,  et  qu'on  ne  s'en  sert  que  comme 


SCI  365 

médicament.  Il  en  ailmet  trois  sortes  :  l'une  mâle,  qui  a  les 
feuilles  tirant  sur  le  blanc;  la  seconde,  femelle,  dont  les 
feuilles  tendent  au  noir;  et  la  troisième,  Vepimedia  des  Grecs, 
qui  est  bonne  à  manger,  qui  a  les  feuilles  plus  élroiles  et 
moins  rudes  que  celles  des  autres  scilla  ,  dont  il  compare  les 
feuilles  à  celles  de  l'aloës  ,  en  traitant  de  cette  dernière 
plante.  Autant  en  avoit  fait  Dioscoride.  Les  scilla  produi- 
soient  beaucoup  de  graines.  Pour  faire  croître  le  bulbe  ,  on 
coucboit  et  enterroit  les  feuilles,  et  l'on  recouvroil  le  bulbe 
lui-même.  Les  meilleures  scilla  se  tiroient  des  côtes  des  îles 
Baléares.  Le  bulbe  atteignoii  la  grosseur  d'une  tête  d'cufant. 
On  préféroit,  avant  tout,  celui  du  scilla  à  feuilles  blanches  , 
et  plus  celles-ci  étoient  blanches  et  plus  on  Testimoil.  Tliéo- 
phrasle  dit  que  le  scilla  appelé  epimedion  ,  développe  sa  tige 
et  ses  fleurs  avant  les  feuilles,  et  qu'il  fleurit  trois  fois  par  an. 

On  ne  sauroit  douter  que  noire  squille  ou  scille  maritime, 
ne  soit  le  scilla  des  anciens.  Cette  plante  offre  en  effet 
deux  variétés  que  l'on  distingue  par  leur  bulbe  blanc  ou 
rouge.  Quant  à  lépimédion  ,  est-ce  encore  un  scille  (  s.  îia~ 
lira)  ?  ou  bien  un  panerais  {p.  mariiimum  ou  illYriann  )  ?  Sa 
description,  d'après  Pline,  ne  peut  la  faire  considérer  comme 
une  variété  de  la  squille.  Dioscoride  ,  immédiatement  après 
avoir  traité  du  scilla,  traite  du  pancration  ,  que  selon  lui  oîi 
appeloit  également  scilla.  Celte  plante  est-elle  l'épimediade 
Pline.?  c'est  ce  qui  est  peut-être  ,  mais  on  ne  peut  l'affirmer. 
F.  Pancration. 

Le  nom  de  scilla  n'a  été  donné  par  les  botanistes  anciens 
qu'à  la  squille  maritime.  Linnœus  a  fait  ensuite  de  cette 
plante  le  type  d'un  genre  qui  comprend  en  outre  une  partie 
des  hyacinthus  stellaris  de  C.Bauhin.  Voyez  Scille.  Ce  genre 
a  beaucoup  d'affinité  avec  les  hyacinthes  et  les  oruithogales. 

(1,N.) 

SCILLE,  Scdla.  denre  de  plantes  à  fleurs  polypétalées, 
de  l'hexandrie  monogynie  et  de  la  famille  des  liliacées  y 
dont  les  caractères  offrent  :  une  corolle  de  six  pétales  ou- 
verts et  caducs;  point  de  calice;  six  étamines  à  filamens 
filiformes  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à  stig- 
mate simple  ;  une  capsule  presque  ronde,  légèrement  angu- 
leuse ,  à  trois  valves  et  à  trois  loges ,  contenant  plusieurs 
semences  ovales.  V .  Bellevalie,  genre  qui  a  beaucoup  de 
rapports  avec  celui-ci. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  racines  bulbeuses,  à 
feuilles  toutes  radicales,  longues,  lancéolées,  un  peu  char- 
nues ,  et  à  fleurs  bleues  disposées  en  épis  sur  des  hampes  plus 
ou  moins  élevées.  On  en  compte  une  trentaine  d'espèces , 
dont  les  plus  importantes  sont  : 


366  S   C  I 

La  SciLLE  MARITIME,  vulgairement  appelée  la  grande  sr.ille 
rouge,  scille  femelle j  ognon  marin,  ckarpenlaire ^  scipoile.  Elle 
a  les  fleurs  nues  ,  et  les  bractées  réfléchies.  Elle  se  trouve 
sur  les  côtes  de  la  mer,  dans  les  parties  méridionales  de 
l'Europe.  Sa  racine  est  grosse  comme  la  tête  d'un  enfant , 
composée  de  tuniques  épaisses,  rougeâtres  et  visqueuses. 

La  SciLLE  d'Italie,  qui  a  les  fleurs  disposées  en  grappes 
coniques  et  oblongues.  Elle  se  trouve  sur  les  cotes  maritimes 
des  parties  méridionales  de  l'Europe,  C'est  la  grande  scille 
blanche  ou  la  salle  mâle,  au  dire  de  quelques  personnes;  et 
en  effet ,  elle  ne  diffère  de  la  précédente  que  parce  que  sa 
racine  est  blanche  ou  grise. 

Ces  scilles  sont  également  incisives  et  apéritives.  On  donne 
leurs  racines  en  poudre  dans  les  maladies  putrides ,  ou  pour 
exciter  les  règles.  On  en  tire  dans  les  boutiques  des  apothi- 
caires un  vin,  un  miel,  et  un  oxymel  dont  on  fait  surtout 
usage  dans  les  hydropisies  commençantes,  dans  l'asthme  pi- 
tuiteux,  dans  les  fièvres  putrides  et  bilieuses,  dans  la  pleu- 
résie et  la  péripneumonie  bilieuse  et  inflammatoire. 

Ces  deux  plantes  ,  qui  s'élèvent  de  plusieurs  pieds  et  dont 
les  fleurs  sont  blanches  ,  se  cultivent  dans  quelques  jardins 
éloignés  de  la  mer  ;  mais  elles  n'y  subsistent  pas  long-temps. 
Ordinairement  leurs  ognons  pourrissent  la  seconde  ou  la 
troisième  année,  et  donnent  rarement  des  cayeux.  On  fait 
venir  tous  les  hivers,  des  environs  de  Montpellier,  les  ognons 
dont  on  a  besoin  dans  les  pharmacies  de  Paris,  et  on  les 
conserve  dans  les  caves,  où  ils  végètent  un  peu,  mais  sans 
se  détériorer. 

lia  Scille  des  jardins,  Sa'lla  amœna,  Linn.,  a  la  tige 
anguleuse  ,  les  pédoncules  alternes,  plus  courts  que  la  fleur, 
les  bractées  obtuses  et  très-courtes.  Elle  vient  en  Orient  et 
se  cultive  en  Europe  dans  les  jardins  d'ornement,  à  raison 
de  la  beauté  de  ses  fleurs  qui  sont  d'un  bleu  très-vif  avec  le 
centre  jaune,  et  disposées  en  épis  très-denses.  Elle  s'élève 
à  six  pouces.  Sa  culture  n'est  point  dispendieuse.  On  enterre 
les  ognons  assez  profondément,  pour  qu'ils  ne  soient  pas 
atteints  par  les  labours  ordinaires,  et  on  se  contente  de  leur 
donner  quelques  binages.  En  général,  il  y  a  une  demi- 
douzaine  de  tiges,  c'est-à-dire  d'ognons  réunis;  mais  quand 
leur  nombre  devient  trop  considérable  ,  il  convient  de  les  di- 
viser. C'est  par  cette  division  des  touffes  qu'on  multiplie  cette 
scille,  car  sa  graine  lève  rarement. 

La  Scille  double  feuille,  qui  a  les  fleurs  en  grappes, 
les  feuilles  linéaires,  lancéolées,  ordinairement  au  nombre 
de  deux  sur  la  hampe.  Elle  se  trouve  très-abondamment  dans 
quelques  parties  de  la  France,  dans  les  bois  qu'elle  embellit 


SCI  367 

de  ses  jolies  fleurs  bleues  dès  les  premiers  jours  du  printemps. 
Elle  ne  s'élève  pas  à  plus  de  trois  à  quatre  pouces. 

La  SciLLE  d'automne,  qui  a  les  feuilles  filiformes  ,  linéai- 
res ,  les  fleurs  en  corymbes  ,  les  pédoncules  nus  ,  relevés  et 
de  la  longueur  des  fleurs.  Elle  se  trouve  dans  les  bois  sablon- 
neux. Elle  fleurit  à  la  fin  de  Tautomne.  C'est  la  moins  inté- 
ressante de  celles  qui  viennent  d'être  mentionnées ,  mais 
l'époque  de  sa  floraison  la  rend  remarquable. 

LaSccLLEDU  Pérou  qui  a  la  tige  cylindrique  ,  les  feuilles 
larges  et  légèrement  ciliées  en  leurs  bords, les  fleurs  en  thyrse. 
Elle  est  originaire  des  côtes  de  Barbarie.  On  la  cultive  fré- 
quemment dans  les  jardins,  où  elle  varie  en  violet  et  en  blanc. 
C'est  une  très-belle  plante  qui  mérite  d'être  plus  connue. 

La  SciLLE  ESCULENTE  a  Ics  fcuilles  longues  et  carénées , 
les  fleurs  en  grappes,  accompagnées  de  bractées  linéaires, 
cinq  pétales  relevés  et  un  réfléchi.  Elle  est  originaire  de 
l'Amérique  septentrionale,  sur  les  bords  du  Missouri,  où  sa 
racine ,  sous  le  nom  de  quamash  ,  sert  de  nourriture  aux  sau- 
vages pendant  l'hiver.  On  la  dit  d'un  excellent  goût  ,  soit 
crue  ,  soit  cuite. 

La  SciLLE  FAUSSE  JACINTHE  ,  Scilla  Ulio-hyacinthiis ,  qui  a  le 
bulbe  écailleux  ,  les  feuilles  lancéolées,  appliquées  sur  la 
terre,  et  la  hampe  peu  garnie  de  fleurs  et  sans  bractées.  Elle 
croît  dans  le  midi  de  la  France.  Son  bulbe  ,  desséché  et  ré- 
duit en  poudre,  sert  de  purgatif  dans  les  Pyrénées. 

Desfontaines  a  augmenté  ce  genre  de  quatre  espèces  nou- 
'velles  ,  dans  sa  Flore  atlantique. 

La  petite  scille  blanche  est  le  Pancrais  d'Illyrie. 

SciLLE  de  montagne.  On  donne  ce  nom,  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  à  l'HÉMANTHE  ÉCARLATE,  qui  remplace  la  scille 
d'Europe  dans  les  emplois  médicinaux,  (b.) 

SCINCOIDIENS.  Famille  de  reptiles  sauriens,  établie 
par  Cuvier,  et  qui  est  constituée  par  les  genres  Scinque  , 
Seps  ,  Bipède  ,  Calcide  et  Bimane.  Ses  caractères  sont  : 
pieds  courts ,  langue  non  extensible  ,  écailles  égales,  (b.) 

SCINCUS.    V.  SCINQUE.  (DESM.) 

SCINCUS.  L'un  des  noms  de  l'ancien  ruscus,  qui  est 
le  fragon  épineux,  (ln.) 

SCINDALEURE.  Kill  a  donné  ce  nom  aux  champi- 
gnons ,  tubuleux  et  disposés  par  étages  comme  le  Bolet 
versicolore,  (b.) 

SCINPHE  et  SCHINPHE.  Noms  anciens  du  Lau- 
JRIER  rose  {nerium  oleander)  ^  chez  les  Africains,  (ln.) 

SCINQUE,  Scincus.  Genre  de  reptiles  de  la  famille  des 
lézards  ,  dont  les  caractères  consistent  en  quatre  pattes  ap- 
parentes, courtes,  à  cinq  doigts  libres  et  onguiculés;  en  un 


568  S  C  T 

corps  allongé  ,  couvert  partout  d'écaillés  égales,  imbriquées  J 
et  dont  les  bords  sont  arrondis  ;  en  un  cou  de  la  largeur  de 
la  tête,  en  une  langue  courte  un  peu  échancrée  à  son  ex- 
trémité. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Brongniart ,  dans  son  Mémoire 
sur  la  classification  des  Reptiles  ,  aux  dépens  des  lézards  de 
Linnseus  (F.  au  mot  Erpétologie  et  au  mot  SAURihNS.)-  H 
a  été  adopté  par  Latreille ,  et  renferme  une  vingtaine  d'es- 
pèces fort  bien  distinguées  par  Daudin ,  dans  son  Histoire  des 
Reptiles ,  faisant  suite  au  Buffon  de  Sonnini. 

Le  SciNOUE  commun  est  remarquable  par  ses  rapports 
avec  les  Anguis.  En  effet,  son  corps  est  allongé,  presque 
cylindrique ,  et  ses  pattes  si  petites  ,  qu'à  peine  peuvent-elles 
lui  servir  à  marcher.  Sa  queue  courte  et  conique  se  casse 
avec  la  plus  grande  facilité.  II  se  trouve  en  Egypte  et  en  Ara- 
bie ,  où ,  selon  Bruce  ,  il  se  creuse  un  trou  dans  le  sable  avec 
tant  de  promptitude,  qu'il  disparoît  en  un  instant,  et  qu'on 
croit  qu'il  a  trouvé  une  retraite  plutôt  qu'il  n'a  eu  le  temps  de 
la  faire.  11  aime  à  sortir  le  jour,  à  s'étendre  au  soleil;  et  lors- 
qu'il aperçoit  quelqu'un,  au  lieu  de  rentrer  dans  son  asyle  , 
il  se  réfugie  contre  les  pierres  ou  les  racines  des  plantes.  Il 
semble  ramper  quand  il  court.  11  ne  mord  point  la  main  qui 
le  touche. 

Ce  scinque  est  d'un  roux  blanchâtre,  comme  argenté  en 
dessus,  avec  des  bandes  brunes  sur  le  dos.  Sa  mâchoire  su- 
périeure avance  au-delà  de  l'inférieure ,  et  sa  queue  est  com- 
primée. Il  a  un  demi-pied  de  longueur  totale.  11  est  fameux 
de  temps  immémorial,  dans  toute  l'Arabie,  l'Egypte  et  les 
contrées  voisines ,  même  en  Europe ,  à  raison  des  vertus  re- 
marquables qu'on  lui  a  attribuées.  En  effet,  sa  poudre  ,  prise 
intérieurement,  passe  pour  ranimer  les  forces  éteintes,  et 
rallumer  les  feux  de  l'amour,  malgré  les  glaces  de  l'âge  et  les 
suites  funestes  des  excès.  On  croit  de  plus  ,  en  Arabie  ,  qu'il 
peut  guérir  les  plus  horribles  de  toutes  les  maladies,  l'éléphan- 
tiasis,  ainsi  que  les  maladies  cutanées  et  la  cataracte.  Pline 
dit  qu'on  le  regardoit  comme  un  spécifique  contre  les  bles- 
sures des  flèches  empoisonnées  :  aussi  lui  fait-on  une  rude 
guerre  dans  le  midi  de  l'Egypte  où  il  est  commun.  Les  habi- 
tans  des  déserts  le  prennent  pour  le  faire  sécher,  et  l'aller 
vendre  au  Caire  ou  à  Alexandrie,  d'où  on  le  répand  dans  tout 
l'Orient ,  et  même  en  Europe. 

On  n'adopte  pas  ici  l'opinion  exagérée  qu'on  a  en  Arabie 
et  contrées  voisines ,  des  vertus  du  scinque  ;  mais  cette  espèce 
vivant  dans  un  pays  très-chaud,  peut,  et  même  doit  avoir  à 
un  plus  Uaut  degré  que  le  lézard  et  la  vipère  de  France ,  par 
exemple,  les  propriétés  communes  à  presque  tous  les  sauriens 


SGI  369 

et  les  serpensj  c'est-à-dire,  d'être  sadorifique  ,  de  rendre  le 
sang  et  les  humeurs  plus  fluides  ,  les  purifier,  comme  disoient 
les  médecins  d'autrefois. 

On  a  prétendu  que  le  scinque  vivoit  dans  l'eau  aussi  bien 
que  sur  terre  ;  mais  c'est  une  erreur  fondée  sans  doute  sur 
quelque  confusion  d'animaux.  /^.  pi,  P.  12  ,  où  il  est  figuré. 

Le  Scinque  mabouya  a  les  mâchoires  de  longueur  égale 
et  la  queue  courte.  Il  se  trouve  dans  l'Amérique  ,  ressem- 
ble beaucoup  au  précédent  par  la  grandeur  et  les  couleurs. 
Il  se  loge  la  nuit  dans  les  crevasses  des  arbres  pourris  , 
court  pendant  la  chaleur  du  jour,vivant  d'insectes  et  de  vers. 
Sloane  dit  qu'il  n'est  pas  venimeux,  mais  qu'il  se  jette  avec 
assez  de  hardiesse  sur  les  personnes  qui  l'irritent ,  et  les 
mord  avec  ténacité.  On  le  connoît  dans  nos  colonies  sous 
les  noms  de  brochet  de  terre  et  de  mabouya. 

Daudin  distingue,comme  espèce  ,  celui  figuré  par  Sloane, 
et  celui  figuré  parLacépède.  Ce  dernier  lui  rapporte  ,  comme 
variétés,  deux  autres  scinques  qui,  par  la  distance  de  leur 
pays  natal ,  semblent  devoir  être  plutôt  regardés  comme  des 
espèces.  L'un  est  celui  que  Thunberg  a  trouvé  dans  l'île  de 
Java,  et  qu'il  appelle  lacerta  lateralis.  L'autre  est  le  iiligugu  de 
Sardaigne,  qui  sera  mentionné  ci  après. 

Le  Scinque  doré  est  d'un  gris  argenté,  tacheté  ;  a  les  mâ- 
choires de  longueur  égale  ,  et  la  queue  plus  longue  que  le 
corps.  On  le  trouve  en  Amérique.  Sa  grandeur  surpasse  celle 
de  l'espèce  précédente,  et  ses  couleurs  sont  brillantes.  Il  vit 
principalement  de  petits  crabes.  V.  pi.  P.  12. 

Le  Scinque  tiligugu  est  noiràire  en  dessus,  avec  des 
groupes  nombreux  de  points  noirs.  Sa  queue  est  conique,  de 
longueur  moyenne  et  ses  doigts  sont  bordés.  Il  se  trouve 
en  Sardaigne ,  et  a  été  mentionné  par  Cetti,  dans  son  Histoire 
naturelle  de  cette  île.  Il  n'est  pas  bien  certain  qu'il  ne  doive 
pas  plutôt  faire  partie  des  lézards. 

Le  Scinque  algire  est  brun  en  dessus,  avec  deux  raies 
jaunes  de  chaque  côté;  sa  queue  est  vertlcUlée  et  un  peu  plus 
longue  que  le  corps.  Son  pays  natal  est  le  littoral  de  la  Barba-» 
rie.  Il  est  douteux  que  les  scinques  de  la  Louisiane  et  de  Sibérie 
que  Lacépède  lui  rapporte,  lui  appartiennent  réellement.  On 
doit  croire  que  ce  sont  des  espèces  distinctes,  à  raison  de  la 
distance  des  lieux. 

Le  Scinque  a  cinq  raies  est  d'un  noir  bleuâtre  en  dessus, 
avec  cinq  raies  blanches,  dont  celle  du  milieu  est  fourchue  sur 
le  cou.  Sa  queue  est  d'une  longueur  moyenne.  \\  se  trouve  en 
Caroline  ,  sous  les  écorces  d  arbres.  J' .  fréquemment  ob- 
servé,  pendant  mon  séjour  dans  cette  contrée  ,  qu'il  court 
avec  autant  d'agilité  que  le  lézard  d'Europe ,  dont  il  ne  diffèrs 

XXX.  2zj|. 


370  S   C  T 

pas  par  les  mœurs.  K.pl.  P.  12.  Il  a  sept  pouces  cle  longueur 
totale.  Les  lézards  tête  bleue  ^  queue  bleue  eifascié  des  auteurs, 
ne  sont  que  de  légères  variétés  de  celui-ci.  Je  m'en  suis 
assuré  un  grand  nombre  de  fois. 

Le  lézard  strié  de  Daubenlon  est  encorc/Ie  môme  animal. 

Le  SciNQUE  ENSAî;GLA^'TÉ  est  brun  en  dessus,  avec  plusieurs 
raies  blanches  sur  la  tête  et  sur  le  dos;  a  un  pli  sur  le  cou  ; 
une  queue  verlicillée,  cendrée  en  dessus,  rouge  en  dessous, 
et  blanchâtre  à  rextrérnilé.  11  se  trouve  dans  la  Sibérie  aus- 
trale, où  il  a  été  observé  par  Pallas. 

Le  SciMQUE  OCELLÉ  est  gris  verdâtre  en  dessus,  avec  de 
petites  taches  brunes  cerclées  de  blanc,  et  la  queue  courte 
et  mince.  Il  se  trouve  en  Egypte  et  dans  l'Europe  australe  , 
et  est  figuré  pi.  56  de  l'ouvrage  de  Daudin,  d'après  un  individu 
que  j'ai  reçu  de  Montpellier.  Il  préfère  se  réfugier  dans  les 
trous  de  taupe  ou  de  mzi/o^,plutôt  que  dans  les  trous  de  rochers 
ou  sous  les  pierres,  il  a ,  du  reste ,  positivement  les  mêmes 
mœurs  que  le  lézard  gris ^  avec  lequel  il  a  été  confondu,  quoique 
très-différent.  Sa  longueur  est  d'environ  deux  pouces,  (b.) 

SCÏODAPHYLLE.  Synonyuie  d'AcTiNOPHYLLE.  (b.) 

SCIOLEBINA.  Selon  Dioscoride,  les  Romains  qui  habi- 
loient  les  îles  proche  Marseille, donnoient  ce  nomau  slœclias, 
plaate  qui  y  croissoit  particulièrement.  V.  Stœchas.  (lis.) 

SCIONGHE.  Nom  générique  des  PiES  grièches  ,  en 
Piémont,  (v.) 

SCIPOULE.  Nom  de  pays  de  la  Scille  maritime,  (b.) 

SCIRE  ,  Scirus.  Hermann  fils  désigne  ainsi  le  genrf; 
d'Arachnides  que  j'avois  établi  sous  la  dénomination  de 
Bdelle.  F.  ce  mot.  (l.) 

SCIRPE,  Scirpuà-.  Genre  de  plantes  delà  triandrie  nio- 
nogynie  et  de  la  famille  des  cypéroïdes ,  dont  les  caractères 
consistent  :  dans  des  paillettes  faisaulfonction  de  calice,  con- 
niventes  et  disposées  en  épis  ;  trois  étamines  insérées  sous 
le  pistil;  un  ovaire  supérieur,  surmonté  dun  style  terminé 
par  deux  stigmates;  une  semence  nue,  entourée  de  poils  plus 
ou  moins  longs  qui  naissent  de  sa  base  ordinairement  au 
nombre  de  six. 

Les  genres  Isolepis,  Dichromène,  Dicpostyle  ,  Eleo- 

PHYLAX  ,     LiMNOCHI.OA,    ElÉOCII  ARIS  ,   HyPAELYïRE  ,    TrI- 

CHOPHORE  ,   ÉcHiisoLYTRE  et  FiMBRiSTYLE  ,  ont  été  établis 
aux  dépens  de  celui-ci. 

Ce  genre, ne  diffère  desLiNAiGUETTES  que  par  le  peu  de  lon- 
gueur des  poils  qui  entourent  ses  semences,  c'est-à-dire, 
qu'il  n'en  diffère  réellement  pas.  U  renferme  des  plantes,  la 
plupart  vivaces,  naissant  dans,  ou  sur  le  bord  des  eaux  ;  à 
tiges  simples  et  dépourvues  de  nœuds  ;  à  feuilles  graminées , 


SCI  37r 

engainantes.  On  ea  compte  près  de  deux  cents  espèces  qui  se 
divisent  en  cinq  sections  ,  savoir  : 

I .°  Les  scirpes  qui  ont  un  seul  épi ,  parmi  lesquels  les  plus 
communs  sont  : 

Le  SciRPE  DES  MARAIS,  qui  a  la  tige  cylindrique  ,  nue  ; 
l'épi  terminal  et  presque  ovale.  Il  est  vivace,  et  se  trouve  très- 
communément  et  très-abondamment  dans  certains  marais  ,  et 
sur  le  bord  des  rivières,  où  il  se  confond  avec  les  joncs  dont 
il  a  l'aspect.  Ses  racines  sont  charnues  et  fort  recherchées  des 
cochons.  En  Suède  ,  on  les  arrache  pour  les  donner  pendant 
l'hiver  à  ces  animaux. 

Le  SciRPEAiGUiLLE,quiala  tige  cylindrique, nue, séliforme; 
l'épi  ovale  et  bivalve;  les  semences  nues.  Il  se  trouve  dans 
les  marais  où  l'eau  est  pure,  sur  le  bord  des  rivières.  Il  ne 
s'élève  qu'à  deux  pouces,  et  forme  souvent  des  gazons  très- 
serrés  et  d'un  vert  très-agréable. 

Le  SciRPE  FLOTTANT,  qui  a  les  tiges  cylindriques  ,  nues, 
alternes,  feuillées  et  molles.  Il  se  trouve  dans  les  mares  d'eau 
vive  ,  qu'il  couvre  de  ses  feuilles  et  de  ses  tiges.  Quelques 
personnes  croient  qu'il  n'est  qu'une  variété  de  position  du 
précédent. 

2."  Les  scirpes  qui  ont  la  tige  cylindrique  et  qui  portent 
plusieurs  épis ,  dont  les  plus  importans  sont  : 

Le  SciRPE  DES  LACS,  qui  a  la  tige  cylindrique,  nue,  et 
plusieurs  épis  ovales  ,  pédoncules  et  terminaux.  Il  se  trouve 
très-abondamment  dans  les  lacs,  les  étangs  ,  et  sur  les  bords 
des  rivières  dont  le  cours  est  lent.  C'est  la  plus  importante 
des  espèces  de  ce  genre  ,  sous  les  rapports  économiques.  On 
Je  coupe  pour  en  faire  des  paniers  ,  pour  en  garnir  les  chai- 
ses, pour  en  couvrir  les  chaumières,  etc.,  etc.  11  s'élève  quel- 
quefois à  douze  ou  quinze  pieds, avec  près  d'un  pouce  de  dia- 
mètre à  sa  base.  Il  est  certains  pays  où  il  est  l'objet  d'un 
commerce  de  quelque  importance.  Les  Tarlares  ,  au  rapport 
de  Gmelin,en  font  des  nattes  ,  dont  ils  se  servent  pour  se  ga- 
rantir du  froid.  La  base  de  ses  jeunes  tiges  est  tendre,  agréable 
à  manger,  et  recherchée  des  enfans  dans  plusieurs  endroits. 

Le  SciRPE  HOLOSQUÈNE ,  qui  a  la  tige  cylindrique  et  nue  ; 
les  épis  presque  globuleux,  portés  sur  des  pédoncules  di- 
phylles ,  inégalement  mucronés.  Il  se  trouve  dans  l'Europe 
méridionale. 

Le  SciRPE SÉTACÉ,  qui  a  la  tige  nue,  sétacée;  l'épi  terminal 
et  sessile.  Il  se  trouve  sur  le  bord  des  eaux  stagnantes  et  de 
la  mer.  Il  n'est  pas  rare  dans  les  lieux  qui  lui  conviennent,  et 
y  forme  même  quelquefois  des  gazons  fort  étendus.  11  ne  s'é- 
lève qu'à  un  ou  deux  pouces. 

Le  SciRPfc  coucuÉ,  qui  a  la  fige  cylindrique,  nue  ;  les  épis 


372  SCI 

sessilesel  réunis  au  milieu  d'elle.  Il  se  trouve  dans  les  eaux 
vives  aux  environs  de  Paris ,  et  ailleurs, 

3.^  Les  scirpes  dont  la  tige  est  triangulaire  et  les  épis  dis- 
posés en  panicule  nue,  parmi  lesquels  il faul  remarquer: 

Le  SciRPE  TRIQUÈTRE,  qui  a  les  épis,  les  uns  sesslles,  les 
autres  pédoncules  ,  et  de  la  longueur  des  muerons.  Il  se  trouve 
dans  les  marais  de  l'Europe  méridionale.  J'ai  observé  en  Ca- 
roline,en  immense  quantité, une  espèce  qui  en  diffère  fort  peu. 

Le  SciRPE  MUCRONE,  qui  a  les  épis  rapprochés,  sessiles  et 
latéraux.  Il  se  trouve  dans  les  eaux  stagnantes,  principale- 
ment dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe. 

4..°  Les  scirpes  à  tiges  triangulaires  et  à  panicules  foliacées, 
cil  on  doit  noter  principalement  : 

Le  SciRPE  MARITIME  ,  dont  la  panicule  est  serrée  et  fo- 
liacée ;  les  écailles  des  épis  trifide.  Il  se  trouve  sur  les  bords 
de  la  mer ,  et  dans  les  marais ,  où  il  forme  des  touffes  assez 
grosses  et  d'un  à  deux  pieds  de  haut. 

5.°  Le  SciRPE  DES  BOIS,  dont  l'ombelle  est  foliacée  ;  les 
pédoncules  nus ,  plusieurs  fois  rameux  ,  et  les  épis  réunis  plu- 
sieurs ensemble.  Il  se  trouve  très-communément  dans  les 
bois  marécageux,  qu'il  orne  par  son  élégance.  Il  ressemble, 
du  reste  ,  beaucoup  au  précédent. 

6.*  Les  scirpes  qui  ont  la  tige  triangulaire  et  les  épillets  en 
tête  terminale,  parmi  lesquels  il  n'en  est  aucun  d'Europe. 

LeSciRPECAPSULAiREde  Loureiro,quiala  tige  cylindrique, 
nue;  la  panicule  dense  et  latérale;  le  fruit  en  capsule.  Il  se 
trouve  fréquemment  en  Chine  et  en  Cochinchine.  Il  paroît 
devoir  former  un  genre  particulier.  On  emploie  ses  tiges  à 
faire  des  mèches  pour  les  lampes  et  les  chandelles  ,  et  leur 
décoction  passe  pour  diurétique  et  réfrigérante. 

Sept  espèces  nouvelles  de  ce  genre  sont  mentionnées 
dans  l'ouvrage  de  MM.  Humboldt,  Bonpland  et  Kunth,  sur 
les  plantes  de  l'Amérique  méridionale. 

Les  scirpes  sont  presque  tous  repoussés  ,  comme  nourri- 
ture ,  par  les  bestiaux,  à  raison  de  la  dureté  et  de  l'insipidité 
de  leurs  feuilles.  Us  forment  souvent  la  majorité  des  plantes 
des  marais  ,  c'est-à-dire  de  ces  foins  qu'on  n'emploie  que 
pour  faire  de  la  litière.  S'ils  ne  sont  pas  très-utiles  à  Ihomme 
d'une  manière  directe,  ils  lui  rendent  de  grands  services, 
d'une  manière  indirecte,  parleur  innnense  multiplication. 
Ceux  qui  vivent  absolument  dans  l'eau  ,  se  changent  en  tour- 
be ;  et  ceux  qui  ne  croissent  que  dans  les  endroits  sujets  à 
être  desséchés  pendant  l'été,  élèvent  annuellement  la  sur- 
face du  terrain ,  et  tendent  à  le  rendre  un  jour  propre  à  la 
culture,  (b.) 

SCIRPEAIRE,  Scirpearia.  Genre  établi  par  Cuvier, 
pour  placer  la  Pennatule  admirable  ,  figurée  pi.  4  de  h 


SCI  37!^ 

pi.  19  du  Muséum  Adolph.  Freder.  de  Linnseus  ,  qui  diffère  des 
autres  par  un  stipe  très-long  et  très-grêle  ,  sur  lequel  les  po- 
lypes sont  isolés  et  rangés  alternativement  des  deux  côtés. (b.) 

SCIRPÉE5.  Famille  de  plantes  établie  par  Lesliboudois, 
aux  dépens  de  celle  des  CypÉRacées,  Ses  caractères  sont  : 
fleurs  hermaphrodites,  gamophylle  imbriqué  des  deux  côtés. 

Les  genres  qui  se  rangent  dans  cette  famille  sont  :Fimbri- 

STYLE  ,  DlCHOSTYLE  ,  DiCHROMÈNE  ,  TriCUELOSTYLE  ,  IsO- 
LÈPE,    ElÉOCHARIS,     ElÉOPHYLAX  ,    LiMNOCHLOA  ,    SciRPE, 

Trichophore,  Ériophore  ,  Hymmochate,Béere,  Dipla- 

ME  ,    FUIRENE  ,    OrÉOBOLE  et  LÉPIDOSPERME.    (B.) 

SCIRPO-CYPERUS.  Scheuchzer  applique  cette  déno- 
mination à  quelques  espèces  de  scirpus  et  de  cyperus  ,  dont  il 
fait  un  groupe  distinct,  caractérisé  par  sa  tige  qui  est  triquètre 
comme  dans  les  cyperus  de  Scheuchzer,  et  moellt-use  a  Tin- 
lérieur  et  sans  nœuds,  comme  dans  le  scirpus;  eu  outre  les 
fleurs  forment  des  têtes  latérales  surmontées  par  le  bout  de  la 
tige  qui  forme  une  pointe.  Michcli  avoit  adopté  ce  genre  ;  il 
comprenoit  les  scirpus  mucrunatus  et  triqueler  ^  ainsi  qu'une 
variété  du  scirpus  marilinius.  (lm.) 

SCIRPOIDESScheuchzeraformésouscenoraungroupe 
des  scirpus  ho/osrhaenus  ti  rumanus  ^  caractérisé  par  les  fleurs 
réunies  en  petite  iête  ronde,  latérale  ,  solitaire  ,  ou  réunies 
plusieurs  enseiiible.  Vaillant  a  donné  le  même  nom  aux  es- 
pèces de  carex  dont  les  épis  sont  composés  de  fleurs  maies  et 
femelles  eniremêîées.  (ln.) 

SCIRPUS.  Chez  les  Latins,  ce  nom  désignoit  les  joncs 
employés  à  faire  des  liens,  des  paniers,  des  nasses.  Ces  joncs 
n'avoient  point  de  nœuds  ,  aussi  étoit-il  passé  en  usage  de 
dire  de  quelqu'un  qui  élevoit  de  mauvaises  difficultés,  ou 
opposoit  de  mauvaises  raisons  dans  une  affaire  ,  qu'il  cher- 
choit  des  nœuds  dans  un  jonc,  comme  nous  dirions  chercher 
des  poils  sur  un  œuf.  Les  Latins  avoient  le  verbe  scirpare,  qui 
signifioit ,  lier  avec  des  joncs;  scirpetum  désignoit  les  lieux  où 
les  joncs  croissoient  en  abondance. 

Le  nom  de  scirpus  convenoit  parfaitement  à  notre  SciRPE 
DES  Etangs  {scirpus  palustris) ,  qui  n'offre  point  de  nœuds,  et 
qui,  par  sa  hauteur  et  sa  flexibilité,  est  très-propre  à  faire 
des  liens  :  aussi  a-t-il  été  une  des  premières  plantes  qui  aient 
reçu  ce  nom  chez  les  botanistes,  et  est -il  devenu  le  type 
d'un  genre  nombreux  en  espèces.  Ce  genre  a  beaucoup  d'af- 
finité avec  les  schœnus  et  les  cyperus;  et,  dans  le  nombre  des 
espèces  qui  le  composent,  il  y  en  a  qui  ont  été  placées  tan- 
tôt dans  l'un  de  ces  genres,  et  tantôt  dans  l'autre.  Tournefort 
môme,  créateur  du  genre  scirpus^  y  plaçoit  quelques  espèces 
de  cyperus  (SoucHET);  Adanson  réunissoit  en  un  seul  genre  le 
stirpiis  et  le  schœnus,  Linn,:  enfin  les  botanistes    modernes  oji 


374  S  C  I 

établi  plusieurs  genres  particuliers  sur  des  espèces  de  scirpusi 
Ces  genres  sont  :  Echinolylhrum,  hypœlythriim^fimhrislylis,  du- 
lichlum  ,  iricJiophorum  ,  eleocharis ,  dichostylis  ,  ehophylax  ,  A- 
ehrornena,  iso/epis  et  marhœrina.  Quelques  espèces  de  killingia  , 
à'eriophonim  ,  àcfuirena  ^  de  mariscus  ^  de  junciis ,  etc.,  fai- 
soient  partie  des  srirpus ,  Linn, 

l*;irnii  les  plantes  que  les  botanistes  antérieurs  à  Tourne- 
iorls ,  ont  désignées  par  sa'rpus,  outre  quelques  scirpes  ou 
joncs,  on  y  voit  le  aîra  cœrulea,  L.  (iN.) 

SCLRTE,  Scirtes.  Genre  d'insectes  coléoptères,  formé 
par  lUiger,  avec  les  cyphuns  de  Fabricius  ou  nos  elodes,  dont 
iovs  paltcs  postérieures  sont  propres  pour  sauter,  ou  qui  ont 
leurs  cuisses  très-renflées,  avec  les  jambes  terminées  par  une 
longue  épine.  Tel  est  le  cyphon  hémisphérique;  il  est  petit, 
noir,  orbiculaire,  pubescent,  avec  la  base  des  antennes  et 
les  jambes  pâles.  Il  est  très-commun,  aux  environs  de  Paris  , 
sur  les  plantes  des  bords  des  mares,  (l.) 

SCISSIMA  de  Gaza.  C'est  le  Hêtre.  (lts\) 

SCITAMINEES,  M«5^e,  Juss.  Famille  de  plantes  dont  les 
caractères  consistent  :  en  une  corolle  (calice,  Juss.)à  deux  di- 
visions simples  ou  lobées-,  six  étamines  portées  sur  l'ovaire, 
quelques-unes  stériles  ou  sujettes  à  avorter;  un  ovaire  infé- 
rieur à  style  simple  et  à  sligmale  simple  ou  divisé;  un  fruit 
triloculaire  ,  à  loges  à  une  ou  plusieurs  semences,  dont  l'em- 
bryon est  placé  dans  la  cavité  d'un  périsperme  farineux. 

Les  plantes  de  cette  famille  ont  une  tige  herbacée  ou  arbo- 
rescente, souvent  couverte  par  les  gaines  des  pétioles  ;  leurs 
feuilles  sont  alternes,  engainantes,  convolulées  dans  leur 
jeunesse,  traversées  par  une  nervure  longitudinale,  et  striées 
sur  les  côtés;  leurs  (leurs,  munies  chacune  d'une  spathe  , 
sont  disposées  par  paquets  alternes,  et  autour  d'un  axe  ou 
spadlx  qui  sort  du  milieu  des  feuilles. 

Ventenat  rapporte  deux  genres  à  cette  famille  ,  qui  est  la 
première  de  la  quatrième  classe  de  son  Tableau  du  Règne 
végétal,  et  dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  5,  n."  i  du 
même  ouvrage;  savoir  :  B\isanier  et  Strelitz.  (b.) 

SCITE.  L'un  Aes  noms  de  la  Cardère  {  Dipsarus  fullo- 
mim,  L."),  chez  les  Grecs,  selon  Adanson.  (i.M.) 

SCiU  RIENS  ,  Sciurii.  Famille  de  rongeurs  formée  seu- 
lement des  genres  Ecureuil  et  Polatouche,  que  nous 
avons  admise  dans  les  tables  méthodiques  qui  terminent  la 
première  édition  de  cet  ouvrage.  Nous  l'avons  ainsi  carac- 
térisée :  incisives  simples  et  comprimées,  en  biseau;  queue 
longue ,  garnie  de  poils  distiques;  extrémités  postérieures 
j4us  allongées  que  les  antérieures  ;  quatre  doigts  aux  pieds  de 
dev.^nî;  cinq  à  ceux  de  derrière;  des  clavicules  complètes", 
oreilles  droites,  yeux  grands,  etc.  (desm.) 


s  G  L  375 

SCIURÏS ,  Sciuris.  Genre  de  plantes  qui  a  fourni  quel  ■ 
quos  espèces  à  coi  ni  des  Sclkries.  (b.) 

SCIURUS.  Nom  latin  des  Ecureuils.  Ce  nom  a  été 
donné  aussi  à  d'autres  quadrupèdes,  notamment  aux  Pola- 

TOUCHE.S  et  à    r7\YE-x\YE.  (DESM.) 

SCIZAN'rHK,  SdzanlJnis.  Plante  du  Chili,  qui  seule 
consliliie  un  genre  dans  Ja  didynamie  angiospermie.  Ses  ca- 
ractères ne  me  sont  pas  connus,  (b.) 

SCLVFiDON.  Nom  vulgaire  du  CucuBALE  BEHEN  dans 
les  Pyrénées.  (B.) 

SGLVREA  ,  Sdarea.  L'espèce  de  sauge  qui  porte  ce  nom 
dans  beaucoup  d'ouvrages  de  botanique  anciens,  n'est  pas 
Vliormiimm  des  jardins,  décrit  par  Pline  et  par  Dioscoridc, 
comme  quelques  auteurs  l'ont  cru.  h^.  sdarea  est  néanmoins 
une  pinnte  qui  est  trop  remarquable  pour  n'avoir  pas  été 
rc'.nar  luée  par  les  .nnciens;  mais  nous  ignorons  sous  quel 
nom   ils  la  connoissoient. 

Tourneforl,  îioerhaave ,  Buxbaum,  Miller,  Moench,  ont 
fait  (le  cette  plante  le  type  d'un  genre  qui  comprend  plusieurs 
aaires  sauges,  et  dont  les  caractères  essentiels  consistent: 
dans  les  filamens  des  étamines  attachés  par  un  pédicelle  fixé 
au-delà  de  leur  milieu  ;  la  lèvre  supérieure  est  en  outre  com- 
primée et  falciforme.   (r^N.) 

SCLERANTHE.  Moench  a  donné  ce  Hom  au  fruit  des 
jNyctagitsées.  (b.)  ^ 

,  SGLERAM TîiÉES.  Famille  de  plantes  proposée  par 
Auguste  de  S.-Hilaire.  Elle  esi  si  voisine  des  Parots'YCHIÉes» 
qu'on  doit  l'y  réunir.  On  peut  la  regarder  comme  faisant 
liaison  entre  les  Caryopuillées,  les  Portulacées  et  les 

AWARA^lHACÉKS.   (B.) 

SCLERANTUS.  Ce  genre ,  établi  par  Linnseus ,  étoit 
rompiis  dans  les  ahlsimilla  de  Tournefort.  Adanson  lui  a 
dfmné  ie  nom  de  Knavel  ;  il  est  décrit  à  l'article  Gnavelle. 
V.  ce  mot  cl  Knavel.  (ln.) 

SGLÉRIE,  Sderîa.  Genre  de  plantes  établi  parBergius, 
pour  placer  quelques  espèces  de  Laiches  qui  ne  convien- 
nent pns  parfaitement  avec  les  autres. 

Cii  genre,  qui  est  de  la  monoécietriandric,  et  delà  famille 
dos  cypéracces ,  a  pour  carnclères  :  des  épis  mâles  composés 
«le  plusieurs  Heurs  à  trois  pétales  et  à  trois  étamines;  des 
(leurs  femelles  solilnires  et  composées  dune  corolle  divisée 
en  trois  parties  arrondies;  et  d'un  ovaire  supérieur  surmonté 
d'un  stigmate  trifide  ;  une  noix  globuleuse  ,  brillante. 

Les  scieries  paroissent  être  nombreuses  dans  les  pav?; 
chauds  et  arides;  mais  n'ayant  pas  été  étudiées  avec  le  soin 
convenable  ,  elles  sont  encore  confondues  dans  les  ari- 
teurs  et  dans  les  herbier.^  avec  le?  laiches.  Ce  .«^ont  des  planiez 


376  s   C  L 

à  feuilles  engainantes,  coupantes  sur  leurs  bords,  dures  sous 
la  dent  des  bestiaux  ,  et  à  fleurs  disposées  en  épis  ou  en  pa- 
nicules ,  avec  des  semences  toujours  saillantes  dans  leur 
maturité,  et  d'un  blanc  de  porcelaine. 

On  en  connoît  une  quarantaine  d'espèces,  dont  les  deux 
plus  communes  sont  : 

La  ScLÉRiE  LITHOSPERME,  qui  a  la  tige  triangulaire,  droite, 
les  feuilles  rudes  en  leurs  bords.  Elle  est  vivace  et  se  trouve 
dans  l'Inde. 

La  ScLÉRiE  FOUET,qui  a  les  tiges  bérissées,  les  fleurs  dispo- 
sées en  panicule  et  pédicellées.  Elle  se  trouve  dans  Tlnde. 

J'ai  trouvé,  décrit  et  dessiné  ,  dans  la  Caroline,  trois  nou- 
velles espèces  de  ce  genre,  qui  ont  cela  de  particulier ,  que 
leurs  semences  seules  les  distinguent  complètement  :  la  pre- 
mière ,  la  NiTiDE,  les  a  unies  ;  la  seconde  ,  I'Exarate  ,  les 
a  couvertes  de  trous  superûciels;  la  troisième  ,  la  Rugueuse, 
les  a  cbargées  de  tubercules  peu  saillans.  Toutes,  trop  dures 
pour  être  mangées  par  les  bestiaux,  sont  une  peste  pour  les 
cantons  où  elles  sont  abondantes. 

Cinq  espèces  nouvelles  ou  mal  connues  sont  mentionnées 
dans  l'ouvrage  de  MM.  Humboldt,  Bonpland  et  Kuntb,  sur 
les  plantes  de  l'Amérique  méridionale,  (b.) 

SCLERNAX,  Sclernax.  Genre  de  plantes  marines,  formé 
p.ar  Rafinesque  Smaltz,  qui  diffère  de  son  genre  Pexisperme 
(  V.  ce  mot),  parce  (ju'il  a  les  semences  isolées  dans  les  cap- 
sules,celluleuses,aulieud'être  éparsesdans  lasubstance  même. 
Le  Sclernax  tronqué  est  allongé  ,  tronqué,  difforme  et 
violet.  Ses  capsules  sont  arrondies,  blanchâtres,  et  ses  se- 
mences roussâtres.  Il  naît  sur  les  écueils. 

Le  Sclernax  jaunâtre  est  oblong,  obtus,  attaché  par 
un  côté  et  jaunâtre.  Ses  capsules  et  ses  semences  sont  jaunes. 

(desm.) 
SCLÉROBASE,  Sderobasis.  Plante  de  l'Inde,  à  feuilles 
sessiles  alternes  ,  semi  -  amplexicaules  ,  ovales  ,  sinuées, 
dentées,  rudes  au  toucher;  à  fleurs  jaunes,  disposées  en  pa- 
nicule terminale,  qui  seule,  selon  H.  Cassini,  constitue,  dans 
la  syngénésie  superflue  et  dans  la  famille  des  synanthérées, 
un  genre  voisin  du  Séneçon. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  fleurs  radiées;  calice 
commun  cylindrique ,  composé  de  folioles  égales  ,  oblon- 
gues,  membraneuses  en  leurs  bords,  disposées  sur  un  seul 
rang;  fleurons  du  disque  réguliers,  androgynes;  demi-fleu- 
rons de  la  circonférence  ligules,  femelles;  réceptacle  plane, 
alvéolé  ,  ayant  des  côtes  subéreuses  confluentes  au  centre  , 
en  nombre  égal  aux  folioles  du  calice;  semences  striées, 
jurraonlées  dune  aigrette  plumeuse.  (b.) 

SCLEROGARPE,  Schrocarpus,  Plante  d'Afrique ,  à  tige 


s  C  L  377 

branchue,  velue,  à  feuilles  ovales,  aiguës,  dentées,  pétio- 
lées,  hérissées,  et  à  fleurs  composées,  terminales,  accom- 
pagnées de  bractées  semblables  aux  feuilles  ,  qui  forme  un 
genre  dans  la  syngénésie  polygamie  frustranée,  et  dans  la  fa- 
mille des  corymbifères. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  simple,  com- 
posé de  folioles  bossues  et  velues  en  dehors,  canaliculéesen 
dedans  ;  un  réceptacle  couvert  de  paillettes  et  d'un  grand 
nombre  de  fleurons  tubuleux  hermaphrodites,  avec  quatre 
ou  cinq  demi-fleurons  en  cœur  à  la  circonférence  ;  des  se- 
mences sans  aigrettes,  (b.)  - 

SdliÉROCARPE.  Ordre  de  champignons  ,  établi  par 
Persoon.  Il  renferme  ceux  qui  sont  solides  à  l'extérieur  et 
mous  à  l'intérieur;  savoir  les   genres  :  Sphérie,   Sti&bos- 

PORE,  NaEMASPORE  ,  TUBERCULAIRE ,  HYSTERIE  ,  XyLOME 
et  VeRMICI  LAIRE.   (B.) 

SCLEROCHLOÉ,  Sderochha.  Genre  de  plantes  établi 
par  Palisol  de  Beauvois ,  dans  la  famille  des  graminées,  pour 
placer  le  Paturin  dur.  Il  offre  pour  caractères  :  balle  cali- 
cinale  de  deux  valves  obtuses  et  courtes,  à  deux  ou  cinq  fleurs, 
chacune  composée  de  deux  valves  dont  l'inférieure  est  émar- 
ginée  et  la  supérieure  entière;  écailles  émarginées;  graine 
en  bec  et  bifide,  (b.) 

SCLERODERME,  Sderoâermus.  Nom  donné  ,  par 
M.  Kliig,  à  un  genre  d'hyménoptères,  famille  des  aptéro- 
gynes,  tribu  des  n»utillaires ,  distingué  des  autres  genres  de 
cette  division  par  les  caractères  suivans  :  femelles  ayant  l'ab- 
domen conique  ,  et  le  tronc  divisé  par  deux  sutures  transver- 
ses ,  en  trois  segmens,  dont  le  dernier  allongé;  l'autre  sexe 
est  inconnu.  M.  Kliig  a  nommé  l'insecte  sur  lequel  il  a  éta- 
bli ce  genre,  sdéioderme  domestique ,  parce  qu'on  le  trouve 
dans  les  maisons  ;  il  est  très-petit ,  brun ,  et  ressemble  a 
une  fourmi,  (l.) 

SCLÉRODERME  ,  Sderoderma.  Genre  de  Champi- 
gnon, établi  aux  dépens  des  Vesselolps.  Le  Vesseloup 
orangé  de  Linnseus  lui  sert  de  type.  Depuis  ,  il  a  été  subdi- 
visé par  Devaux,  pour  l'établissement  de  son  genre  Calos- 
tome.  (b.) 

SCLÊRODERMES.  Famille  de  poissons  qui  a  aussi  été 
appelée. Plectognatues.  (b.) 

SCLÉROLj^NE,  Sderolœna.  Genre  de  plantes  ,  éta- 
bli par  R,  Browo  ,  pour  placer  trois  arbustes  de  la  Nou-" 
velle-Hollande ,  à  feuilles  alternes ,  linéaires ,  et  à  fleurs  axil- 
laires,  tantôt  solitaires  et  tantôt  agglomérées. 

Les  caractères  de  ce  genre  ,  qui  est  de  la  pentandrie  digy- 
pie  et  de  la  famille  des  chénopodées ,  sont:  calice  à  cinq 


378  s  C  L 

divisions  ;  vUrfcule  renfermé  dans  le  calice  ,  qui  est  devenu 
osseux  et  épineux,  et  recouvre  une  semence  aplatie. 

On  ne  croit  pas  que  le  genre  Anisacanthe  du  même  bo- 
taniste puisse  être  séparé  de  celui-ci.  (b.) 

SCLÉROLÈPE,  Sderohpis.  Genre  de  plantes,  établi 
par  H.  Cassini,  pour  placer  le  Spargaî^ophore  verticillé 
de  iMichaux.  Son  caractère  consiste  :  dans  l'aigrette  formée 
de  cinq  squamules  paléiformes,  arrondies, concaves, épaisses 
et  cornées,  (b.) 

SCLÉROSTOMES  ou  HAUSTELLÉS.  Nom  donné 
par  M.  Duméril  (Zoo/,  anal.  eX.  Leçons  d'anal,  romp.  àe  M. 
Cuvier  )  ,  à  une  famille  d'insectes  de  l'ordre  des  dijptères  , 
caractérisée  ainsi  :  suçoir  saillant,  allongé,  sortant  de  la 
tôle  ,  souvent  coudé. 

Cette  famille  est  composée  des  genres  suivans  :  cousin, 
homliylc  ,  hippobosque .,  conops  ,  myope.,  stomoxe  y  rhingie,  chry- 
supside  ,  taon,  asyle  ,  empis.  (l.) 

SCLEROTE,  Sderotium.  Genre  de  plantes  de  la  famille 
des  champignons  ,  établi  par  Tode  ,  et  qui  offre  des  fongo- 
sités  solides,  souvent  irrégulières,  qu'on  suppose  se  diviser 
pour  répandre  leurs  semences. 

La  \10RT  duSafram  (/u^<T;?arfl«7/cMTO),Bull.,faisoit partie 
de  ce  genre  ;  mais  Decandolie  Ten  a  retirée  pour  en  compo- 
ser ,  avec  une  autre  espèce  qui  vit  aux  dépens  des  racines 
de  la  Luzerne, un  nouveau  genre  qu'il  a  appelé  Rhizostome. 

Aujourd'hui  donc ,  ce  genre  reste  compose  d'une  vingtaine 
d'espèces  vivant  sur  l'écorce  ,  les  feuilles  et  autres  parties 
des  plantes.  La  seule  qui  soit  dans  le  cas  d'être  citée  ,  est  la 
ScLEROTE  ERGOT,  sclerotium  claQus ,  Decand.,  qui  vit  sur  le 
Seigle  et  autres  graminées  ,  et  dont  la  nature  n'a  été  recon- 
nue que  dans  ces  derniers  temps. 

L"ergot  se  montre  le  plus  communément  en  forme  de 
grain  allongé  cl  légèrement  recourbé  ,  de  couleur  de  lie  de 
vin.  Il  est  d'autant  plus  abondant  que  la  saison  a  été  plus 
pluvieuse,  ou  que  le  grain  est  plus  voisin  des  marais  ou  des 
bois.  C'est  en  arrachant,  avant  leur  maturité ,  les  épis  qui  en 
montrent,  qu'on  peut  s'en  débarrasser.  Laissé  dans  le  pain, 
en  certaine  proportion  ,  il  donne  lieu  à  la  gangrène  sèche  , 
maladie  affreuse  ,  dans  laquelle  les  membres  se  détachent 
successivement  du  corps. 

Une  espèce  qui  vit  sur  les  haricots  ,  et  qui  a  été  observée 
par  Pallsot  de  Beauvois, nuit  souvent  dans  les  années  ou  dans 
tes  sols  humides  ,    aux  récoltes  de  ce  légume. 

Le  genre  Xyloglosse  se  rapproche  infiniment  de  ce- 
Jui-ci.  (B.) 

SCLEROTHAMNE,   Schroihamnus.  Arbrisseau  de  la 


SCO  379 

Nouvelle-Hollande  ,  qui  seul ,  selon  R.  Brown ,  consllluc 
un  genre  dans  la  décandrie  monogynie.  Ses  caractères  sont  : 
calice  à  deux  lèvres ,  à  cinq  divisions ,  et  accompagné  de 
deux  bractées  ;  corolle  papilionacée,  à  carène  plus  longue 
que  les  ailes  ;  ovaire  pédicellé  ,  à  style  relevé  et  à  sligmatc 
simple  ;  légume  ventru. 

Cet  arbuste  se  cultive  dans  les  jardins  de  Londres.  Il  se 
rapproche  du  Gastrolobe,  (b.) 

SCLÉROTION.  V.  Sclérote.  (b.) 

SCLÈROÏOME.  Nom  que  M.  Haiiy  avoit  primitive- 
ment donné  au  Corindon  lamelleux.  (lis.) 

SCLEROXYLON  ,  Sc/eroxylum.  Genre  de  plantes,  qui 
diffère  des  Argans  par  un  calice  à  cinq  dents;  une  corolle 
campanulée  ,  à  cinq  divisions  ;  point  d'écaillés  ;  un  stigmaie 
simple  ;  un  drupe  monosperme.  F.  Bumélie   et  Sersalî- 

SIE.   (b.) 

SCLIROLITHUS.  Stulz  donne  ce  nom  au  Corindon 
lamelleux,  (ln.) 

SCOBIEN.  Nom  celtique  du  SuREAU.  Foyez  Sambu- 
cus.  (ln.) 

SCOBON.  Leshabitans  de  l'île  deTénériffe  donnent  ce 
nom  au  Cytise  prolifère  de  Llnnœus.  (ln.) 

SCOLECTI  LAPIDES.  L'un  des  noms  latins  des  Den- 
tales, (desm.) 

SCOLEX ,  Scolex,.  Genre  de  vers  intestins  ,  établi  par 
Muller.  Ses  caractères  sont  :  corps  mou,  aplati,  atténué  à 
son  extrémité  ;  bouche  à  l'extrémité  antérieure  ,  située  entre 
deux  ou  quatre  tubercules  ou  oreilles. 

Ce  genre  renferme  six  espèces  ,  dans  l'ouvrage  de  Rudol- 
phi  sur  les  animaux  de  cette  famille. 

La  première,  la  plus  anciennement'connue,  qui  est  figurée 
pi.  8^  n.*'  I  à  i5  de  l'ouvrage  précité,  change  autant  de 
forme  que  le  ver  infusoire  appelé  Protée.  Elle  a  quatre  iu- 
hercules.  On  la  trouve  dans  les  intestins  des  Pleukonectes. 
Les  autres  vivent  dans  ceux  du  Salmone  lavaret,  de  la 
Baudroie  ,  du  Cycloptère  ,  etc.  (s.) 

SCOLÈZITE.  Gehlen  et  Fuchs  ont  fait  sur  l'espèce 
Mesotype  ,  telle  que  M.  Haiiy  l'a  considérée  ,  un  travail 
très-inléressant ,  qui  les  a  conduits  à  répartir  celte  espèce 
en  quatre  groupes  qui  appartiennent  à  des  espèces  connues, 
ou  bien  qui  en  constituent  de  nouvelles,   ce  sont: 

1.  L'Apophyllite  ou  Ichfhyophlhalme  , 

2.  La  Scholéziie. 

3.  LàM-ésoliîhe. 

4.  La  Nalroliilv, 


53,9o 

.  .  60,     . 

.  5i,56  . 

.  53,38  . 

.   54,64 

25      . 

.  .  i5,7f) 

.  23,36  . 

.  24,86  . 

.  23,46 

6,i3   . 

.  .     5,18 

.     5,18  . 

.     5,27  . 

.        5,22 

15,70 

.  .  17,30 

.  16,66  . 

.  16,19  • 

.  i6,86 

0 

.  .          0 

.     2,55  . 

.  Trace  . 

0 

38o  SCO 

I.  L'analyse  chimique,  et  surtout  la  structure  cristalline  , 
confirment  cette  division. 

I.  Apopbylliïe.  Nous  avions  fait  remarquer  à  T article 
Mésotypë  ,  que  les  mésolypes  primitive  ,  épointée  ,  octo- 
duodécimale  et  deciduodécimale  étoient  considérées  comme 
des  variétés  d'apophyilite  ,  par  les  minéralogistes  étrangers  : 
ce  n'est  qu'après  la  publication  du  vol.  20  de  ce  Dictionnaire, 
que  nous  avons  pu  nous  procurer  les  mémoires  de  l'Acadé- 
mie de  Stockholm,  parmi  lesquels  il  en  est  un  de  M.  Léo- 
pold  Gmelin,  concernant  celte  substance  aporlée  du  Groen- 
land ,  el  l'apophyllite  d  Ulo,  que  ce  savant  a  analysée  com- 
parativement. Gehlen  et  Fuchs  ont  donné  ,  de  leur  côté  ,  l'a- 
nalyse comparative  de  cette  prétendue  mésotype  et  de  l'a- 
pophyllite du  Tyrol,  elont  été  conduits, ainsi  que  M.Léopold 
Gmelin  ,  à  réunir  ces  deux  substances.  Voici  leurs  analyses  : 

1  2345 

Silice     . 
Chaux    . 
Potasse 
JEau 
Alumine 

N.o  I.  Analyse  de  l'apophyllite  de  Karrarnt  près  Dis- 
koeiland  au  Groenland,  dite  Brunnikil  (jnésotype  primilwe  et 

épointée)^  par  Léopold  Gmelin.  P«5.  sp.  2,21. 

N.**  2.  D'une  variété  de  la  précédente  ,  plus  légère.  Pes. 
sp.  2,00. 

N.**  3.  De  la  mésolype  épointée,  de  Féroë ,  par  Geh- 
len et  Fuchs. 

N.*^  4-  De  l'apophyllyte  du  Tyrol  ,  par  les  mêmes. 

N.»  5.  De   l'apophillite  d'Uto ,   par    Léopold    (imelin. 

M.  Berzelius  a  publié  aussi  une  analyse  de  l'apophyllite 
d'Uto  ,  postérieure  à  celles  que  nous  rapportons.  11  y  trouve 
sensiblement  les  mêmes  proportions,  savoir  :  silice  52,goo  ; 
ehaux,  25,207  ;  potasse  5,266;  eau  16.  Il  a  reconnu  aussi 
presque  les  mêmes  proportions   dans  l'apophyllite  de  Fassa. 

On  peut  lire  à  l'article  apophyllite  ,  trois  autres  analyses 
de  cette  substance  ,  par  Vauquelin  ,  Riemann  et  Rose.  Ces 
analyses  coïncident  parfaitement  avec  celles  que  nous  rap- 
portons ci-dessus,  et  donnent  la  preuve  que  toutes  les  subs- 
tances qui  en  ont  fait  le  sujet  appartiennent  à  une  seule  et 
même  espèce  minérale.  Ceci  est  encore  confirmé  par  la 
cristallisation ,  qui  est  la  même  dans  les  deux.  La  présence 
de  la  potasse  et  l'absence  de  l'alumine  forment  un  caractère 
qui  distingue  l'apophyllite  des  substances  suivantes.  YJalbmàt 


SCO  38t 

Wçrner  lui  doit  être  joint,  ayant  la  même  influence  sur  la  lu- 
mière,d'après  M.  Brevvster,  et  les  mêmes  formes  cristallines- 

2.  La  ScOLÉziTE  avoit  été  confondue  jusqu'ici  avecla  méso- 
type et  la  natrolithe  ;  mais  elle  s'en  dislingue  et  par  sa  cris- 
tallisation et  par  son  analyse  chimique.  Werner  l'avoit 
nommée  nadelstein.  La  scolézite  cristallise  en  cristaux  acicu- 
laires  ou  prismatiques, qui  ont  pour  forme  primitive  un  prisme 
droit  à  base  rhombe  de  88  d.  4-o'  et  91  ^-  20'.  Ce  prisme 
offre  des  facettes  additionnelles  sur  deux  de  ses  arêtes  longi- 
tudinales. Sa  pesanteur  spécifique  est  de  2,214..  Exposée  au 
chalumeau,  elle  devient  aussitôt  opaque,  puis  se  courbe  et 
se  voûte  comme  un  ver  (d'où  son  nom  grec  Aq  scolézite)^  et  se 
change  en  une  écume  éclatante  qui  se  réduit  en  un  globule 
bulleux,  un  peu  transparent.  Elle  perd  au  feu,  en  se  boursouf- 
flant,  i3  pour  l  de  son  poids. 

L'acide  oxalique  ne  la  dissout  que  partiellement,  et  son 
résidu  est  blanc  ;  avec  l'acide  nilro-muriatique,  elle  se  com- 
porte de-même  que  la  natrolithe  :  voici  les  analyses  qu'en 
ont  faites  Gehlen  et  Fuchs. 


Silice     .     . 

:  ilî 

.    .     4*6,75. 

Chaux   .     . 

.       .        l4,20- 

Alumine     . 

.    25,88 

.       .       24,82. 

Eau       .     . 

13,62 

.     .     i3,64. 

Soude   .     . 

.      0,48 

.     .     00,39. 

io,oo3.  99,80. 

N.°  I.  Analyse  d'une  variété  aciculaire  de  Féroë. 

N."  2.  Analyse  d'une  variété  fibreuse  de   Staffa. 

On  peut  joindre  à  ces  analyses  ,  les  cinq  premières  que 
nous  avons  citées  à  l'article  de  la  mésotype, 

La  scolézite  se  trouve  dans  les  anciennes  laves  et  dans  les 
trapps.  Elle  est  plus  brillante  et  d'un  aspect  plus  vitreux  que 
la  mésolithe,  de  laquelle  elle  ne  paroîtpas  devoir  être  distin- 
guée ,  selon  nous ,  son  caractère  essentiel  étant  pris  dans 
la  très-petite  quantité  de  soude  qu'elle  présente. 

3.  Mézolithe.  Gehlen  et  Fuchs  proposent  de  nommer 
ainsi  une  nouvelle  espèce  qui'ils  forment  sur  la  mésolype  de 
M.  Haiiy,  dont  ils  semblent  vouloir  bannir  le  nom.  Cette 
espèce  rentre  principalement  dans  \q  faser  zeolith  et  le  na- 
delstein de  Werner.  Sa  cristallisation  est  la  même  ,  ainsi  que 
ses  autres  caractères,  à  quelques  légères  modifications  près. 
Son  caractère  essentiel  consiste  dans  les  proportions  de  ses 
principes. 

Voici  les  analyses  de  plusieurs  variétés ,  d'après  Gehlen 
et  Fuchs. 


382 

Silice  . 
Chaux  . 
Alumine 
Soude  . 
Eau 
Fer 
M."  I. 

2 

—  3 


I 
47,00 
9,35 

5,47 
12, a5 
Q 


SCO 

.    46'78 

10, o5 

.     26,66 

.      4,75 
12, 3i 
o 


3 

4 

47,46    . 

46,04. 

10,4.0    . 

9,61. 

25,35     . 

37,00. 

4,87     • 

5,20. 

I3,4l        . 

12,36. 

0 

trace. 

Mésoliihe  en  pelits  cristaux  aciculaires,  de  Féroë. 
Idem ,  en  fragmens  fibreux  d'Islande. 
La  même  plus  compacte. 

—  4-  Variété  fibreuse  du  Tyrol. 

La  mésolithe  ne  diffère  donc  qu'en  ce  qu'elle  offre  un  ving- 
tième de  soude.  Quant  à  la  quantité  de  la  chaux  ,  elle  est  ici 
plus  forte  que  dans  certaines  variétés  de  mésotype,  analysées 
par  Rlaproth  et  Vauquelin,  et  qui  rentrent  dans  la  scolézite. 

4..  La  Natrolithe  se  distingue  de  toutes  les  pierres  pré- 
cédentes par  sa  forme  primitive, qui  est  le  prisme  droit  carré, 
et  par  son  analyse  qui  indique  la  soude,  mais  point  de  chaux. 
La  mésotype  pyramidée  rentre  dans  cette  espèce,  qui  paroît 
particulière  aux  basaltes  et  aux  trapps  analogues.  La  belle 
mésotype  pyramidée  du  Puy-de-Marmant,  en  Auvergne, 
appartient  à  la  natrolithe.  Cette  substance  forme  aussi  dans 
les  basaltes  des  noyaux  compactes  et  soyeux. 

La  natrolithe  ,  exposée  à  l'action  du  feu  du  chalumeau , 
devient  d'abord  opaqae,  puis  se  gonfle  sensiblement ,  et  en- 
suite fond  paisiblement  en  un  globule  vitreux  limpide,  à 
peine  bulleux.  Elle  se  dissout  aisément  dans  l'acide  oxalique, 
en  produisant  de  légers  flocons.  Plusieurs  de'ses  variétés  ont 
offert  à  l'analyse  les  principes  suivans, selon  GehlenetFuchs. 

Silice 

Chaux 

Alumine 

Soude 

Eau 

Fer  oxydé 

N.°  I.  Analyse  de  la  mésotype  cristallisée  d'Auvergne  , 
par  Gehlen  et  Fuchs. 

—  2.  Idem  ,  d'une  variété  de  la  même: 

—  3.  De  la  natrolithe  jaune  de  Roegau  en  Souabe. 

. —     4.  De  la  mésotype  fibreuse  rougeâtre ,  du  Tyrol. 
A  ces  analyses,  on  peut  joindre  les  deux  dernières  des 
sept  exposées  à  l'article  mésotype. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  : 

i.°  Que  quelques  variétés  de  la  mésotype   de  M,  Haiiy 


I 

2 

3 

4 

.  .  48,17 

.  47,76 

•  47,21 

.  48,63 

.   .    0,17 

.     o,i3 

.    0,00 

.    .    0,0 

.  .  26,51 

.  25,88 

.    .  25,60 

.  24,82 

.     .  16,12 

.  16,21 

.     l6,ï2 

•  15,69 

.    .    9,i3 

.    9,3i 

.    8,88 

•    9,60 

î     .    0,00 

.    0,00 

.     1,35 

.    0,  2 

SCO  383 

rentrent  dans  l'apophyllite  ,  et  c'est  ce  que  M.  Haiiy 
vient  de  reconnoître  lui-même,  comme  nous  l'avons 
appris. 

2.»  Que  la scolézlte  çtlâ mésolithe  ne  paroissent  pas  devoir 
être  séparées,  et  qu'elles  doivent  être  réunies  et  nommées 
scolézite.  Leur  forme  primitive  à  base  rhomboïdale  et  la 
présence  de  la  chaux  ou  de  la  soude,  ou  de  l'une  et  l'autre 
à  la  fois  ,  peuvent  avoir  lieu  dans  cette  espèce  ,  puisqu'on 
connoît  d'autres  pierres  cristallisées  ,  par  exemple  ,  le  feld- 
spath ,  qui  présente  tantôt  l'un  ,  tantôt  l'autre  de  ces  alkalis, 
sans  que  sa  forme  cristalline  en  soit  altérée. 

3."  Que  la  natrolilhe  doit  former  une  espèce  distincte ,  ca- 
ractérisée par  sa  forme  primitive  ,  en  prisme  droit  carré  ,  et 
par  la  présence  d'une  quantité  considérable  de  soude  ;  de 
plus  qu'on  peut  la  nommer  mêsolype  ^  puisque  c'est  sa  cris- 
tallisation qui  a  suggéré  ce  nom. 

4..°  Que  la  scolézite ellaiaafrolilhe  ont  des  caractères  communs 
qui  doivent  les  rapprocher  et  les  faire  placer  l'une  auprès  de 
l'autre  ;  et  que  la  place  de  la  scolézite  n'est  pas  auprès  de  la 
tourmaline,  comme  elle  est  mdiquée  dans  la  Nouvelle  Mé- 
thode chimico-minéralogique  de  M.  Berzelius.   (ln.) 

SCOLIE  ,  Scolia  ,  Fah.;  Elis,  ejusd.  ;  Sphev  ^  Linn.  , 
Schœff,  Scop.  Genre  d'insectes,  de  l'ordre  des  hyménop- 
tères ,  famille  des  aptérogynes,  tribu  des  scoliètes  ,  distingué 
des  autres  genres  de  cette  sous-  famille,  par  les  caractères 
suivans  :  antennes  épaisses  ,  formées  d'articles  courts  et  ser- 
rés  ,  insérées  près  du  milieu  de  la  face  antérieure  delà  tête  , 
droites,  presque  cylindriques,  de  la  longueur  de  la  tête  et 
du  corselet  dans  les  mâles  ,  plus  courtes  et  arquées  dans  les 
femelles  ;  le  second  article  entièrement  découvert  ou  point 
renfermé  dans  le  premier;  celui  ci  le  plus  grand  de  tous  , 
presque  obconique  ;  mandibules  fortes  ,  arquées  ,  étroites 
pointues  ,  croisées  ,  et  sans  dents  notables  au  côté  interne  • 
palpes  courts,  filiformes,  presque  égaux;  languette  divisée, 
jusqu'à  sa  base,  en  trois  petits  filets  ,  presque  égaux  ,  diver- 
gens  ,  à  la  manière  d'un  trident  ;  corps  allongé  ,  velu;  yeux 
échancrés  ;  pattes  courtes;  cuisses  des  femelles  comprimées, 
contournées  en  S;  leurs  jambes  très-épineuses;  corselet  pres- 
que cylindrique,  tronqué  postérieurement;  abdomen  ovale, 
tronqué  à  sa  base  ,  plus  étroit  et  presque  en  fuseau  ,  et  ter- 
miné par  trois  épines  dans  les  mâles;  cellule  radiale  unique, 
petite;  deux  ou  trois  cellules  cubitales,  dont  les  deux  anté- 
rieures grandes  ;  l'antérieure  placée  au-devant  de  la  cellule 
radiale  ,  sur  une  même  ligne  longitudinale  ,  détachée  de  la 
côte  ;  la  seconde  cellule  cubitale  en  forme  de  triangle  al- 
longé ,  placée  sous  la  précédente  ,  s'étendant  jusqu'à  son 


384  SCO 

extrémité  postérieure  et  même  jusque  sous  la  cellule  radiale  ^ 
lorsque  le  nombre  des  cubitales  n'est  que  de  deux  ;  une  ou 
deux  nervures  récurrentes  (ailes  souvent  colorées  de  noir, 
de  violet  ou  de  jaunâtre). 

Dans  la  méthode  de  Linnaeus  et  des  naturalistes  qui  l'ont 
suivie  ,  ces  insectes  font  partie  du  genre  sphex.  Mais  ils  s'en 
éloignent  sous  bien  des  rapports,  et  forment  un  genre  très- 
naturel.  Schfeffer,  dans  ses  Elémens  d'entomologie,  a  repré- 
senté ,  avec  détails,  une  scolie  ,  comme  type  du  genre  sphex. 
Les  antennes  ,  les  organes  de  la  manducalion  et  la  forme 
générale  du  corps  sont  identiques  dans  toutes  les  espèces  ; 
mais  il  n'en  est  pas  ainsi  des  nervures  des  ailes  ,  et  Ton  voit 
qu'à  cet  égard  ,  la  méthode  de  M.  Jurine  est  purement  arti- 
ficielle :  «  Les  nervures  des  ailes  des  scolies  ,  nous  dit-il  , 
présentent  dans  leur  distribution  des  anomalies  remarqua- 
bles ,  qu'on  ne  trouve  dans  aucun  autre  hyménoptère  ;  il 
semble  que  la  nature  ,  en  circonscrivant  l'étendue  des  cellules 
cubitales  ,  se  soit  fait  un  jeu  d'en  varier  de  plusieurs  ma- 
nières,  et  le  nombre  et  la  forme  ,  en  suppléant  à  ce  qu'elle 
retranchoit  d'une. part ,  par  des  additions  de  l'autre.  »  Mais, 
abstraction  faite  du  nombre  des  cellules  cubitales  et  des  ner- 
vures récurrentes  ,  la  position  et  la  forme  de  la  première  de 
ces  cellules  cubitales  ,  fournissent  un  caractère  constant  et 
que  nous  avons  employé.  Ces  anomalies  peuvent  même  nous 
être  très-utiles  ,  pour  diviser  ce  genre  ,  qui  se  compose  d'une 
assez  grande  quantité  d'espèces.  Nous  avons  développé  ses 
autres  caractères  dans  le  troisième  volume  de  notre  Gênera 
Cnistac.  et  InsecL  ,  et  nous  renvoyons  à  cet  ouvrage.  M.  Jurine 
prétend  que  nous  avons  commis  une  erreur  en  donnant  quatre 
articles  aux  palpes  labiaux  de  ces  insectes,  puisque  ,  suivant 
lui,  ces  palpes  n'en  ont  que  trois.  Mais  il  se  trompe  certai- 
nement ,  et  l'analogie  est  même  contraire  à  son  opinion. 

Les  scolies  sont  généralement  de  grande  taille  et  habitent 
exclusivement  les  pays  chauds  et  tempérés  des  deux  Mondes. 
On  ne  commence  à  trouver ,  en  Europe  ,  les  plus  grandes 
espèces,  que  vers  le  4>^-' degré  de  latitude;  leurs  métamorpho- 
ses sont  inconnues  ;  mais  je  suis  porté  à  croire  que  leurs  larves 
sont  parasites  ;  car,  quoique  j'aie  observé  sur  le  vivant ,  et 
très-souvent  ,  ces  insectes  ,  je  ne  les  ai  jamais  vus  porter  , 
ainsi  que  le  font  les  sphégimes  femelles,  des  chenilles  ,  des 
araignées,  etc.  ;  ils  fréquentent  les  lieux  secs,  sablonneux  , 
et  sucent  les  sucs  mielleux  des  Heurs  cojjnposées  ou  agrégées 
et  des  llliacées  ;  quelques  espèces  se  tiennent  plus  particu- 
lièrement dans  les  forets  ,  et  leurs  métamorphoses,  d'après 
quelques  observations  que  j'ai  recueillies  à  ce  sujet ,  parois- 


SCO  385 

sent  s'opérer  dans  le  ijoîs.  Celles  cle  (Quelques  autres  ont  lieu 
dans  la  terre. 

Les  mâles  ,  ont  le  corps  beaucoup  plus  étroit  et  plus  long 
que  les  femelles ,  et  en  diffèrent  aussi  par  leurs  antennes  , 
leurs  pattes  plus  grêles  et  les  trois  pointes  cornées  qui  ter- 
minent l'abdomen.  Fabricius  s'est  souvent  mépris  à  cet 
égard,  et  a  fait  des  deux  sexes  autant  d  espèces.  C'est  ainsi, 
par  exemple  ,  que  sa  scolie  des  jardins  doit  êlre  réunie  à  celle 
qu'il  nomme  jlavîfrons ,  la  première  étant  le  mâle  de  la  se- 
conde. Cette  espèce ,  que  l'on  trouve  en  France  ,  dans  le 
voisinage  de  la  Méditerranée,  et  qui  est  commune  dans  le 
royaume  de  Valence,  en  Espagne,  a  été,  pour  M,  Léon- 
Dufour,  un  sujet  d'observations  anatomiques  intéressantes  , 
et  qu'il  nous  a  fait  connoître  dans  le  Journal  de  Physique 
C  septembre  1818  ),  comparativement  avec  d'autres  faits  ana- 
logues, recueillis  sur  divers  autres  hyménoptères.  Le  sys- 
tème nerveux  du  mâle  de  cet  insecte  est  placé  le  long  de  la 
ligne  médiane  du  corps  ,  tout-à-fait  au-dessous  des  organes ,  et 
séparé  de  ceux  qu'enferme  la  cavité  abdominale  ,  par  une 
toile  mince  et  membrano-musculeuse.  II  consiste  en  un  cor- 
don principal ,  formé  de  l'adossement  de  deux  nerfs  con- 
tigus ,  mais  bien  distincts  et  offrant  sept  ganglions  ,  dont  cinq 
abdominaux,  émettent  chacun  trois  nerfs,  savoir:  deux  laté- 
raux et  un  postérieur  récurrent  ;  les  deux  ganglions  qui  ter- 
minent postérieurement  le  cordon  sont  presque  confondus  ' 
et  le  dernier ,  sensiblement  plus  grand  que  l'autre  ,  fournit 
plusieurs  filets  divergens  ,  qui  se  distribuent  principalement 
aux  organes  générateurs.  Le  tronc  de  ce  système  nerveux 
et  dont  M.  Dufour  n'a  pu  découvrir  l'origine  ,  est  accompa- 
gné, de  chaque  côté  ,  d'une  trachée  assez  forte.  Le  thorax 
offre  deux  stigmates  ,  situés,  un  de  chaque  côté,  derrière 
l'insertion  des  ailes;  ils  sont  étroits,  transverses  et  bilabiés. 
Chaque  segment  de  l'abdomen  en  a  aussi  une  paire  ;  mais 
leur  ouverture  est  bien  moins  allongée  et  placée  dans  une 
petite  dépression  ovale.  Ceux  des  premiers  anneaux  sont  ha- 
bituellement à  découvert ,  et  situés  sur  la  portion  pointillée 
et  velue  de  leur  surface  ;  mais  les  suivans  sont  recouverts  et 
placés  sur  la  portion  lisse  et  glabre  de  ces  anneaux.  Les  tra- 
chées ont  plus  de  perfection  que  celles,  en  général ,  des  in- 
sectes des  autres  ordres;  elles  offrent  des  dilatations  cons- 
tantes ,  des  vésicules  bien  déterminées,  favorables  à  un  sé- 
iour  plus  ou  moins  long  de  l'air  et  susceptibles ,  selon  la 
quantité  qu'elles  en  reçoivent,  de  se  distendre  ou  de  s'af- 
faisser. Deux  vésicules  ,  placées  une  de  chaque  côté  ,  à  la 
base  de  l'abdomen  ,  fixent  plus  particulièrement  l'attention  ; 
elles  sont  grandes  j  ovales,  oblongues ,  d'un  blanc  mat  lacté, 

XXX.  a5 


386  SCO 

et  jettent ,  de  divers  points  de   leur  surface ,  des  faisceau* 
rayonnans  de  trachées  vasculaires  très-fines,  qui  se  répan- 
dent sur  les  organes  voisins.  En  avant  de  ces  deux  vésicules 
et  en  pénétrant  dans  le  corselet ,  chacune  de  ces  deux  tra- 
chées s'étrangle,  puis  se  dilate  de  nouveau,  et  dégénère  in- 
sensiblement en   un  tube  dont  les  subdivisions  se   perdent 
dans  la  tête;  au  côté  opposé,  ou  en  arrière  des  deux  vésicules 
abdominales  ,  elle   prend  encore  une  forme  lubulaire  ;  ces 
tubes  sont  filiformes  ,  et  fournissent  un  nombre  d'arbuscules 
aériens,  qui,  vers  Fanus  ,   deviennent  conlluens  et  se  ra- 
mifient ensuite.   L'épiplaon  ,  de  même  que  dans  la  plupart 
des  hyménoptères  ,  consiste  en  petites  granulations   adipeu- 
ses ,  rares ,  tantôt  collées  sur  les  muscles  des  parois  ventrales  , 
tantôt  soutenues  par  un  lacis  de   trachées    capillaires.   Les 
vaisseaux  hépathiques  sont  des  tubes  filiformes  ,  blanchâtres 
ou  jaunâtres ,  simples,  plus  longs  que  le  corps  ,  entortillés  , 
insérés  autour  du  bourrelet  qui  termine  le  second  estomac  , 
et  au  nombre  environ  de  vingt.  La  longueur  du  tube  alimen- 
taire n'excède  pas  deux  fois  celle  du  corps  de  l'insecte  ;  il  est 
maintenu  dans   sa  position  par  quelques  trachées,  étalant 
à  sa  surface  leurs  ramifications  nacrées.  L'œsophage  ,  sous  la 
forme  d'un  tube  très-délié,  se  dilate  postérieurement  et  forme 
un  premier  estomac  membraneux,  demi- transparent ,  plus 
ou  moins  ovoïde  et  lisse  à  l'extérieur,  L^  second  estomac  , 
essentiellement  musculeux  et  séparé  du  premier  parun  étran- 
glement, qui  est  le  siège  d'une  valvule  pylorique  ,  est  cylin- 
drique ou  conoïde  ,    allongé  ,  contourné  sur  lui-même  ,  et 
formé  de  bandelettes  transversales ,  dont  la  saillie  est  plus  ou 
moins  grande  ,  selon  l'état  de  contraction  ou  de  dilatation  de 
l'organe.  Outre  les  rides  annulaires  ,  il  est  encore  hérissé  de 
papilles  ,  mais  qui  sont  d'une  telle  petitesse  qu'on  ne  les  dé- 
couvre qu'avec  la  loupe.  Lorsque  le  premier  estomac  est  vide, 
la  valvule  pylorique  devient  très-apparente  ,   et  se  présente 
sous  la  forme  d'un  bouton  saillant,  marqué  d'une  fente  cru- 
ciale. Le  second  estomac  est  terminé ,  comme  nous  l'avons 
dit ,  par  un  bourrelet  où  s'insèrent  les  vaisseaux  hépatiques. 
L'intestin, brusquement  distinct  de  cet  estomac,  est  filiforme, 
grêle  ,  glabre  ,  flexueux  et  un  peu  plus  court  que  dans  d'autres 
hyménoptères.  Avant  de  se  terminer  par  le  rectum,  qui  est  à 
peine  long  d'une  ligne  ,  il  offre  une  dilatation  plus  ou  moins 
prononcée ,  un  cœcum  renfermant  des  excrémens ,  et  par- 
couru ,  dans  sa  longueur,  par  six  rubans  musculeux  ,  tantôt 
presque  effacés  ,  tantôt  formant  des  cannelures  profondes. 

Les  organes  de  la  génération  peuvent  être  divisés ,  à  raison 
de  leurs  usages,  en  préparateurs  et  copulateurs.  Les  pre- 
miers se  composent  des  testicules  et  des  vésicules  séminales  j 


SCO  38; 

ti  sont  placés  dans  Tanse  de  la  partie  inférieure  du  second 
estomac  ,  où  un  lacis  de  trachées  et  de  vaisseaux  hépatiques 
les  mainlient  comme  agglomérés.  Chaque  testicule  est  un 
corps,  plus  ou  moins  arrondi,  formé  parles  nombreux 
replis  d'un  vaisseau  spermatique  unique  ,  fort  délié  ,  et  dont 
ia  continuation  produit  un  canal  déférent,  très -court,  et 
qui  s'abouche  au  côté  interne  de  la  vésicule  correspondante. 
Les  vésicules  séminales  sont  au  nombre  de  deux  ,  plus  gran- 
des que  les  testicules  ,  et  constituées  chacune  par  un  corps 
ovoïde  oblong  ,  qui  finit  en  manière  .de  pédicule  tubuieux  et 
rempli  d'une  liqueur  transparente  ou  blanchâtre,  suivant  son 
degré  d'élaboration.  Ces  vésicules  aboutissent  postérieure- 
ment dans  un  conduit  spermatique  commun  ,  qui  s'enfonce 
dans  l'armure  de  la  verge.,  faisant  partie  des  organes  capsu- 
laires.  Ainsi  que  dans  la  plupart  des  autres  hyménoptères  , 
l'armure  de  la  verge  consiste  dans  un  assemblage  de  six  lames 
cornées  ,  partant  d'un  support  commun  ,  annulaire  et  de 
même  consistance  ;  deux  de  ces  pièces  forment  une  tige  cen- 
trale, tubulaire  ou  caualiculée,  sous  laquelle  la  verge  glisse  ; 
les  quatre  autres  ,  opposées  par  paires ,  composent  une 
sorte  d'étui  qui'enveloppe  la  tige  ou  l'axe  de  l'appareil.  Ici , 
ou  dans  les  scolies ,  les  bords  du  demi-tube  ou  du  canal  in- 
férieur ,  formé  par  la  réunion  des  deux  pièces  centrales ,  sont 
plus  cornés  que  le  reste ,  et  armés  de  dents  crochues.  Les 
deux  lames  extérieures  et  enveloppant  le  tout  se  prolongent  et 
se  terminent  en  une  tige  déprimée  et  velue  ;  à  la  base  interne 
de  chacune  d'elles  est  articulée  une  autre  petite  pièce  ,  de 
forme  lancéolée.  Le  dernier  demi-segment  du  ventre  est  ter- 
miné par  trois  pointes,  en  forme  d'épines  ,  mais  qui  ne  sont 
que  des  prolongemens  de  son  bord  postérieur. 

Les  organes  générateurs  des  femelles  sont  aussi  de  deuK 
sortes  ;  les  ovaires ,  ou  si  l'on  veut  les  tubes  ovigères ,  et  un 
corps  particulier ,  qui  paroît  destinéà  lubréfier  les  œufs  à  leur 
entrée  dans  l'oviductus  ,  compo^rat  les  organes  prépara- 
teurs. Les  tubes  ovigères  sont  au  nombre  de  six ,  trois  de 
chaque  côté,  et  réunis  en  un  faisceau:  ce  sont  des  boyaux 
membraneux,  diaphanes  ,  allongés  ,  conoïdes  ,  très-effilés 
par  leur  extrémité  antérieure.  Leurs  bouts  convergent  de 
part  et  d'autre  ,  pour  se  fixer  tous  ensemble  à  un  ligament 
capillaire,  dont  le  point  d'attache  paroît  être  vers  le  mi- 
lieu du  corselet.  Le  tube  alimentaire  est  engagé  dans  l'anse 
que  forment ,  par  leur  convergence  ,  les  extrémités  su- 
périeures des  tubes  ovigères.  Ces  tubes  ont  une  suite  d'é- 
tranglemens  ,  qui  sont  d'autant  plus  grands  ,  qu'ils  sont 
plus  près  de  l'oviductus  ;  les  germes  des  œufs  qui  y  sont  ren- 
fermés suivent,  dans  leur  développement,  la  même  progrès- 


3^8  SCO 

sion.  Chaque  faisceau  de  tubes  ovigères  (trois  de  chaque 
côté  )  aboutit ,  en  arrière  ,  à  un  conduit  un  peu  renflé  ,  des- 
tiné à  recevoir  les  œufs  parvenus  à  terme  ,  et  les  deux  con- 
duits se  confondent  en  un  oviductus  commun  ,  s'enfonçant 
sous  le  rectum ,  et  transmettant  les  œufs  à  l'époque  de  la 
ponte.  Le  corps  particulier ,  qui  paroît  fournir  une  matière 
visqueuse ,  dont  les  œufs  sont  enduits  à  leur  passage  dans 
l'oviductus  ,  est  un  tube  long  ,  cylindrique  ,  et  fermé  par  son 
bout  flottant.  Il  s'abouche  dans  l'oviductus.  Il  ne  nous  reste 
plus  qu'à  parler  des  organes  copulateurs  et  de  ceux  du  ve- 
nin. La  vulve  s'ouvre  au-dessous  de  l'anus,  entre  deux  appen- 
dices oblongs  ,  cornés  ,  biarticulés  ,  velus  en  dehors  ,  et  sus- 
ceptibles d'un  assez  grand  écartement.  Ils  sont  désignés  dans 
mes  ouvrages  sous  la  dénomination  de  stylets. 

L'organe  sécréteur  du  venin  consiste  en  deux  tubes  fili- 
formes ,  flexueux ,  flotlans ,  s'ouvrant  isolément  dans  le  ré- 
servoir ,  et  qui  sont  deux  glandes  déroulées.  Le  réservoir  du 
venin  que  M.  Dufour  nomme  organe  conservateur ,  est 
vésiculeux  et  membraneux.  Il  reçoit ,  vers  le  milieu  de  sa  lar- 
geur, les  organes  sécréteurs,  et  dégénère  postérieurement 
en  un  tube  presque  capillaire.  Le  tube,  avant  de  s'enfoncer 
dans  l'armure  du  bord  ou  de  l'aiguillon  ,  aboutit  à  une  bourse 
musculo-membraneuse  ,  que  cet  observateur  n'a  point  vue 
dans  les  autres  hyménoptères.  Elle  est  placée  entre  le  rectum 
et  l'oviductus  ,  et  paroît  appartenir  plutôt  à  l'organe  du  venin 
qu'à  ce  dernier  conduit.  Elle  est  plus  ou  moins  arrondie , 
comme  lobée  dans  son  contour ,  et  sa  tunique  extérieure  , 
qui  est  assez  épaisse  et  musculeuse  ,  enveloppe  une  vessie 
membraneuse  ,  remplie  d'une  substance  presque  gélatineuse 
et  d'un  vert  bleuâtre.  Si  on  comprime  légèrement  entre  les 
doigts  l'armure  de  l'aiguillon,  on  aperçoit  la  liqueur  vénéneuse 
s'écouler,  ou  peut-être  s'éjaculer  avec  celte  même  nuance. 

L'aiguillon  ou  dard  e^y^ne  tige  cornée  ,  brunâtre ,  sétacée  , 
arquée ,  dont  la  pointe  très-acérée  offre  ,  sur  les  côtés  ,  de 
petites  dents  ,  dirigées  d'arrière  en  avant.  La  base  de  cet  ai- 
guillon se  bifurque  et  se  fixe  à  différens  muscles  ,  qui  s'atta- 
chent à  des  pièces  mobiles  ,  et  qui  favorisent  ses  mouvemens 
de  projection  et  de  rétraction.  Il  est  composé  de  deux  lames 
adossées  ,  et  laissant  entre  elles  une  gouttière  par  où  filtre 
le  venin. 

I  Trois  cellules  cubitîjes  (la  dernière   petite,  en  forme  de  triangle 

renverse'). 
A .  Seconde  cellule  cubitale  recelant  deux  nervures  récurrentes. 

ScOLlE  INTERROMPUE  ,  Scolia  intervupta  ;  Elis  interrupta  , 
Fab. ,  le  mâle.  Noire  ,  avec  un  duvet  gris  ;  des  bandes  jaunes 


SCO  389 

Sur  l'abdomen,  dont  les  premières,  ou  du  moins  Tantërieure, 
interrompues  dans  leur  milieu,  et  formant  sur  les  anneaux  où 
elles  sont  placées ,  deux  taches  rondes  ;  ailes  ayant  des  ner- 
vures roussâlres  ,  avec  le  limbe  postérieur  bleuâtre  ;  épe- 
rons des  jambes  postérieures  des  femelles  allongés  ,  élargis 
et  arrondis  a  leur  extrémité.  Le  mâle  a  le  chaperon  et  plu- 
sieurs taches  sur  l'extrémité  postérieure  du  corselet  ,  jaunes  ; 
cette  couleur  domine  aussi  davantage  sur  son  abdomen.  La 
tête  de  la  femelle  offre,  autour  des  yeux,  plusieurs  taches  de 
la  môme  teinte. 

Dans  les  départemens  méridionaux  de  la  France ,  en  Es- 
pagne et  en  Italie. 

B.  Seconde  cellule  cubitale  ne  recevant  çu'une  nervure  récurrente. 

SrouE  FRONT-JAUNE,  Scolia  flapifrons ,  Fab.  ,  la  femelle  ; 
Ejusd,,  Scolîa  hortorum^  le  mâle.  Elle  a  environ  un  pouce  et 
demi  de  long;  son  corps  est  noir,  avec  le  dessus  de  la  tête, 
le  devant  et  le  bord  postérieur  exceptés,  d'un  jaune  un  peu 
roussâire;  le  second  et  le  troisième  anneaux  de  l'abdomen 
ont  chacun  ,  en  dessus ,  une  bande  jaune  ,  interrompue  au 
milieu,  ce  qui  forme  quatre  taches  ;  les  ailes  supérieures  sont 
d'un  roussâtre  foncé  ,  avec  le  limbe  postérieur  d'un  noir 
bleuâtre  ;  la  tête  du  mâle  est  entièrement  noire. 

On  la  trouve  dans  les  départemens  les  plus  méridionaux 
de  la  France  ,  en  Italie  ,  en  Espagne  ,  en  Barbarie  ,  etc. 

Fabricius  dit  que  la  couleur  des  antennes  varie  du  noir 
au  fauve  ;  mais  les  individus  où  les  antennes  sont  de  celte 
dernière  couleur  appartiennent  à  une  autre  espèce  ,  celle 
dont  il  a  distingué  le  mâle  sous  le  nom  de  bimaciilata  ;  c'est 
le  sphex  bidens  de  Linnaeus. 

II.  Deux  cellules  cubitales. 

A  •  Seconde  cellule  cubitale  recevant  deux  nervures  récurrentes. 

ScoLiE NOIRE,  Scolia  atrata ,  Fab.;  Réaumur ,  Mém.  Insect.  , 
tome  VI,  pi.  XXVI ,  fig.  ig.  Elle  est  très-grande  ,  velue,  noire  , 
sans  taches  ;  elle  a  les  ailes  ferrugineuses,  d'un  violet  brillant 
à  l'extrémité;  les  antennes  longues,  cylindriques  dans  le 
mâle  ,  courtes,  recourbées,  épaisses  dans  la  femelle.  On  la 
trouve  dans  l'Amérique  méridionale. 

ScoLiE  A  QUATRE  MARQUES,  ScoUa  quaàr'inotala ,  Fab.  Elle 
a  les  antennes  noires;  la  tête  et  le  corselet  noirs  ,  légère- 
ment velus;  l'abdomen  ovale,  noir,  avec  deux  grandes  taches 
d'un  jaune  rougeâtre  sur  les  deux  premiers  anneaux  ;  les  ailes 
d'un  violet  foncé  luisant.  On  la  trouve  à  la  Caroline. 

La  scolîe  ciliée  de  Fabricius,  et  dont  celle  qu'il  a  nommée 
aura  n'est  que  le  mâle  ,  appartient  à  celte  division.  M.  Du- 
four  l'a  trouvée  en  Espagne  j  dans  les  environs  de  Tudéla, 


^go  3  C  O 

Jî,  Seconde  cellule  cubilale  recevant  une  nervure  récurrente. 

ScOLlE  NOTÉE,  Scolia  noiata ^  Fab.  Elle  est  noire  ,  avec  le 
dessus  du  second  et  du  Iroisième  anneaux  de  Tabclomen  d'un 
jaune  cilron  ,  qui  y  forme  deux  grandes  bandes  ;  chaque  bord 
latéral  de  la  première  a  ime  échancrure  arrondie,  imitant  un 
point  ;  les  ailes  sont  d'un  noir  bleuâtre  luisant. 

On  la  trouve  dans  les  départeineris  méridionaux  de  la 
France  ,  et  même  aux  environs  de  Paris. 

ScoLlE  A  QUATRE  POINTS  ,  ScoUa  quadripunctata  ,  Fab.  ;  pi. 
1\  ,  1  ,  2 ,  de  cet  ouvrage  ,  la  femelle,  tl-e  est  à  peu  près  de 
la  grandeur  à'unQ guêpe  noire  ,  légèrement  velue  ;  l'abdomen 
a  deux  taches  ovales  ,  d'un  jaune  pâle  sur  le  second  et  le  troi- 
sième anneaux;  le  premier  el  le  quatrième  ont  aussi  ,  dans 
quelques  individus  ,  deux  points  de  la  même  couleur-,  les  ailes 
supérieures  sont  d'un  jaune  roussàtre  ,  avec  l'extrémité  et  le 
côté  interne,  d'un  noir  un  peu  bronzé. 

On  la  trouve  en  Espigne  ,  aux  environs  de  Paris  ,  sur  les 
fleurs,  particulièrement  sur  les  chardons,  dans  les  lieux  arides 
et  sablonneux. 

On  rapportera  encore  à  cette  division  la  sco//e  éryirorèphale 
de  Fabricius,  que  M.  Dufour  a  observée  dans  le  royaume  de 
^Valence  ,  en  Espagne, 

M.  Antoine  Coquebert  a  représenté,  dans  ses  Illustrations 
iconographiques  des  insectes,  plusieurs  scolies  de  Fabricius, 
qui  ne  l'avoient  pas  encore  été.  (l.) 

SCOLIÈTES,  Scolieice,  Lat,  Tribu  d'insectes,  de  l'ordre 
des  hyménoptères  ,  section  des  porte-aiguillons  ,  famille  des 
sphégimes,  distinguée  des  autres  tribus  que  cette  famille  com- 
prend,par  les  caractères  suivans: segment  antérieur  du  tronc 
prolongé  latéralement  jusqu'à  la  naissance  des  ailes;  antennes 
femelles  composées  d'articles  courts  et  serrés  ;  pieds  courts; 
ceux  des  gros ,  avec  les  cuisses  arquées  près  des  genoux  ou 
en  5,  les  jambes  très-épineuses  et  les  tarses  très-ciliés  ;antennes 
droites,  de  la  longueur  de  la  tête  et  du  corselet  dans  les  mâ- 
les ,  plus  courtes  et  arquées  dans  les  femelles  ;  mandibules 
fortes  ,  étroites  ,  arquées  ,  rétrécies  en  pointe  vers  leur  extré- 
mité ;  ailes  supérieures  des  femelles  ayant  leur  cellule  ra- 
diale ,  lorsqu'elle  existe  ,  tantôt  fermée  par  une  nervure  dis- 
tincte du  bord  extérieur,  tantôt  incomplète. 

Celle  tribu  est  composée  des  genres  :  TlPHiE  ,  Myzine  , 
Mérie  ,  ScoLiE.  V.  aussi  Plésie.  (l.) 

SCOLLERA.  Ce  genre,  établi  par  Rolh,  est  le  même 
que  ïoxycoccus  de  Tournefort,  fait  aux  dépens  du  genre 
Vaccin  lu  M  ou  Airelle,  (ln.) 

SCOLOPAX.  Des  ornithologistes  ont  appelé  ainsi  une 


SCO  3çjt 

divîsîon  d'oiseaux  de  rivages  à  bec  long  el  effilé,  comme 
celui  de  la  Bécasse  dont  le  nom  grec  est  scolopax.  (s.) 

SCOLOPAX.  C'est ,  en  grec  et  en  latin  ,  le  nom  de  la 
Bécasse,  (s.) 

SCOLOPAX  MARINA.  V.  Centrisque.  (desm.) 

SCOLOPENDRE,  Scolopendra.  Grenre  d'insectes,  de 
notre  ordre  des  myriapodes  ,  famille  des  chilopodes. 

Sous  f  e4te  dénomination  générique  et  empruntée  des  an- 
ciens ,  Linnaeus  comprit  des  insectes  sans  ailes,  dont  le  corps 
est  long  et  linéaire  ,  déprimé  ,  formé  d'un  grand  nombre 
d'anneaux,  portant  tous  des  pattes  ;  dont  la  tête  est  distincte, 
pourvue  de  deux  antennes  sétacées  ,  avec  deux  paipes  articu- 
lés à  la  boucbe.  Ce  genre,  relativement  à  ses  limites,  fut 
long-temps  stationnaire.  Je  formai  d'abord ,  avec  l'espèce 
nommée  lagiira  ,  celui  de  poUyxène.  La  scolopendre  à  étuis 
(  coleoptrata)  devint  ,  dans  la  classification  de  M,  Lamarck , 
le  type  d'une  autre  coupe  générique,  celle  de  scutigère,  et 
qu'il  plaça  avec  les  précédentes,  dans  son  ordre  des  arachnides 
antennistes.  Malgré  ces  retranchemens  ,  le  genre  scolopendre 
avoit  peu  perdu  sous  le  rapport  de  sa  circonscription  pri- 
mitive ,  et  n'étoit  amélioré  qu'à  l'égard  de  ses  caractères  dis- 
tinctifs. 

Tel  étoit  l'état  de  la  science  ,  lorsque  le  docteur  Léacli 
publia  sa  Nouvelle  Distribution  générale  des  insectes  aptè- 
res ,  de  Lionaeus  :  il  a  formé  une  classe  particulrère  de  notre 
ordre  des  mynapodes  ,  qui  étoit  alors  le  second  de  notre 
classe  des  arachnides  ;  il  l'a  divisée  en  deux  ordres,  corres- 
pondans  aux  deux  familles ,  chilognuthcs  et  syngnathes ,  qui 
eomposoient  nos  myriapodes,  et  dont  la  première  embrasse 
le  ^enre  juins  ,  de  Linn^us,  et  la  seconde  celui  de  scolopen- 
dra ,  du  même  auteur.  L'ordre  des  syngnathes  de  M.  Léach 
comprend  trois  familles,  celle  des  cermatides  ,  celle  des  scolo- 
pendrides  et  celle  àesgéophilides.  La  première  n'offre  qu'un  seul 
genre  ,  celui  de  cermatie  d'IUiger  ,  ou  de  scutigère  de  M.  La- 
marck. La  seconde  est  composée  des  suivans  :  Uthobie ,  scolo- 
pendre ,  crylops.  Celui  de  géophile  occupe  seul  la  troisième. 
M,  Léach,  dans  le  troisième  volume  de  ses  Mélanges  de 
Zoologie,  publié  en  1817,  a  supprimé  ces  distinctions  des  fa- 
milles. En  rendant  témoignage  à  la  véracité  des  caractères 
qu'il  a  observés,  nous  n'avons  pas  cependant  cru  devoir  adop- 
ter entièrement  l'emploi  qu'il  en  fait;  et  de  ces  nouvelles  cou- 
pes génériques  ,  celle  des  lilhobies  a  été  la  seule  que  nous 
^yons  admise  (^Règ.  amm.,  par  M.  Cuvier,  tom.  3,  pag.  167). 
ISotre  famille  de.s  chilopodes  ne  se  compose  ainsi  que  des 
genres  :  scfitigère  ^  lithotne  et  scolopendre.  Celui-ci  a  pour  ca- 
laclèros  :  corps  divisé,  tant  en  dessus  qu'en  dessous ,  en  im 


392  vS  C  O 

pareil  nombre  de  segmens  ,  égaux ,  ou  peu  dîfierens  ,  et  toiîs 
découverts.  L'appareil  masticatoire  de  ces  insectes  étanî 
essentiellement  le  même  que  celui  des  autres  chilopodes  , 
on  consultera  ce  que -nous  en  avons  dit  dans  notre  exposition 
de  cette  famille.  Par  la  structure  de  leur  corps  ,  sa  forme  li- 
néaire ,  leurs  yeux  formés  de  petits  yeux  lisses  rapprochés 
et  quelquefois  peu  apparens  ,  leurs  pattes  courtes  ,  presque 
égales  (  à  l'exception  des  deux  dernières  qui  sont  ordinaire- 
ment un  peu  plus  longues,  et  rejettées  en  arrière  ,  comme 
en  forme  de  queue  )  ,  composées  d'articles  peu  nombreux 
(  sept),  décroissant  presque  insensiblement ,  pour  se  termi- 
ner en  pointe  -,  enfin,  par  leurs  antennes  et  leurs  palpes  beau- 
coup plus  courts  ,  les  lithobies  et  les  scolopendres  sont  très- 
distinctes  des  scutigères.  Leurs  lieux  d'habitation  ,  et  proba- 
blement leurs  manières  de  vivre,  sont  d'ailleurs  différens. 

Les  scolopendres  varient  beaucoup  parleurs  dimensions  ; 
les  plus  grandes  de  celles  qu'on  trouve  en  Europe, n'ont  guère 
plus  de  deux  pouces  de  long:  celles  de  l'Inde  ont  jusqu'à  huit 
pouces.  Elles  sont  connues  sous  les  noms  de  mille-pieds  et  de 
scolopendres  terrestres  :  quelques  auteurs  les  ont  aussi  appelées 
malfalsanles ^  parce  qu'elles  pincent  assez  fort  avec  leurs 
crochets.  Elles  vivent  dans  la  terre,  dans  le  vieux  bois 
pourri,  sous  les  pierres  et  dans  d'autres  lieux  humides. 
Elles  se  nourrissent  de  vers  de  terre  et  d'insectes  vivans. 
Quelques  espèces  répandent  une  lumière  phosphorique. 

Ces  insectes  sont,  depuis  long-temps,  réputés  venimeux, 
parce  qu'ils  écartent,  lorsqu'on  les  saisit,  leurs  crochets, 
avec  lesquels  ils  tâchent  de  mordre,  et  que,  dans  l'endroit 
qu'ils  ont  mordu,  il  survient  une  enflure  assez  douloureuse. 
Mais,  au  rapport  des  voyageurs,  la  douleur  que  cause  la 
morsure  des  grandes  scolopendres  des  Indes ,  quoique  beaucoup 
plus  violente  que  celle  que  produit  la  piqûre  du  scorpion  , 
n'est  cependant  pas  mortelle.  Leeuwenhoek  ,  qui  a  examiné 
les  crochets  de  ces  insectes  ,  a  trouvé ,  près  de  leur  pointe , 
une  ouverture  communiquant  à  une  cavité  qui  s'étend  jus- 
qu'à l'extrémité  des  crochets  ;  il  croit  que  c'est  par -là  que 
sort  la  liqueur  acre  que  la  scolopendre  introduit  dans  la  plaie, 
où  elle  cause  la  douleur  vive  qu'on  ressent  après  la  morsure. 
J'ai  vu  aussi  celte  ouverture  :  c'est  un  rapport  qu'ont  ces  in- 
sectes avec  le  araignées. 

Les  scolopendres  sont  très-vives  et  courent  avec  beaucoup 
d'agilité.  M.  Veiss  {Dict.  dWst.  nat.  de  Valmont  de  Bomare) 
compare  la  marche  de  {&  scolopendre  fourchue  (^  V.  Lilhobie)  , 
ou  la  plus  commune ,  à  celle  de  l'escargot ,  et  suppose  que  le 
mécanisme  de  leurs  mouvemens  s'exécute  à  peu  près  de  mê- 
«le  ;  il  y  a ,  suivant  lui ,  cette  différence ,  que  la  scolopendre , 


SCO  393 

au  lieu  de  marcher,  fait  mouvoir  successivement  un  grand 
nombre  de  pattes.  Les  unes  agissent  suivant  le  plan  de  posi- 
tion ,  et  les  autres  sont  relevées  ;  celles-ci  posent  bientôt  à 
terre,  tandis  que  les  dernières  de  chaque  division  se  relèvent. 
Tous  ces  divers  mouvemens  qui  suivent  le  corps ,  depuis  la 
tête  jusqu'à  son  extrémité  postérieure  ,  produisent  des  es- 
pèces d'ondulations.  L'insecte  varie  ses  mouvemens  et  leur 
force  selon  le  besoin  ;  chaque  patte  appuyant  sur  le  plan  où 
il  marche ,  transporte  ,  ainsi  que  le  font  les  muscles  de  l'es- 
cargot ,  le  corps  à  la  même  distance  qu'il  agit. 

Les  anciens  croyoient  que  les  scolopendres  se  reprodui- 
soient  à  la  manière  des  tœnia  ;  mais,  en  nous  élevant  contre 
une  telle  opinion  ,  nous  sommes  cependant  forcés  d'avancer 
que  le  mode  de  génération  de  ces  insectes  est  encore,  pour 
nous  ,  un  mystère  :  il  nous  a  paru  que  les  organes  sexuels 
étoient  situés  à  l'extrémité  de  leur  corps.  On  sait  que  ces 
insectes  muent  et  quittent  leur  peau  à  peu  près  de  la  même 
manière  que  les  cloportes.  Les  pays  étrangers  en  fournissent 
plusieurs  espèces. 

I.  Deux  yeux  distincts,  composés  chacun  de  quatre  petits  yeux  lisses. 

Nota.  Antennes  sétacées ,  de  dix-sept  articles  ;  vingt  ou 
vingt  -  une  paires  de  pattes  proprement  dites  (  vingt-trois , 
les  quatre  pieds-mâchoires  compris  )  ;  celles  de  la  dernière 
paire  plus  longues. 

Les  Scolopendres  ,  Scohpendra ,  de  M.  Léach. 

ScOLOPEîSDRE  APLATIE,  ScolopenJra  complanata  ;  Scolo- 
pendra  morsitans^  Vill.,  Entom  ;  Linn. ,  tom.  4»  t^b.  11 ,  j5g. 
17,  18. 

Cette  espèce  ,  qui  se  trouve  dans  les  départemens  méri- 
dionaux de  la  France  ,  en  Espagne  et  en  Italie  ,  et  dont 
les  plus  grands  individus  ont  environ  quatre  pouces  de  lon- 
gueur, est  très-distincte  du  tS.  morsitans  ^  avec  laquelle  on 
l'a  confondue.  Son  corps  est  plus  étroit,  très-aplati ,  d'un 
jaunâtre  roussâtre  ,  avec  une  bande  d'un  vert  foncé  sur  les 
intersections  des  segmens;  tous  cessegmens,  à  commencer 
au  second,  sont  presque  aussi  longs  que  larges,  et  de  la 
niême  grandeur,  avec  les  bords  latéraux  un  peu  arqués  et 
arrondis  postérieurement  ;  les  antennes  sont  fortement  com- 
primées. Le  nombre  de  pattes  est  de  quarante-deux  ,  comme 
dans  la  S.  mordante^  mais  elles  sont  plus  courtes  ;  leur  lon- 
gueur égale  au  plus  celle  de  deux  segmens. 

Scolopendre  mordante  ,  Scolupendra  morsiians  ,  Linn.  , 
Fab.  ;  Sculopendra  altemans ,  Léach  ,  Zool.  miscell. ,  tom.  3  , 
tab.  i38. 

Les  individus  de  moyenne  grandeur  sont  longs  de  près    de 


3g4  SCO 

qiialre  pouces.  Le  corps  est  brun  ,  proportionnellement  plus 
lorge  fjue  celui  de  l'espèce  précédente  ,  celte  largeur  étant  à 
la  longueur  comme  un  est  à  dix,  tandis  que  dans  l'autre  sco- 
lopendre, elle  est  (1ans  le  rapport  d'un  à  treize  ;  les  segmens 
sont  sensiblement  plus  larges  que  longs  ,  surtout  en  arrière  ; 
le  premier  est  trés-couit ,  Iransverso-linéaire  ;  le  troisième 
est  évidemment  plus  cniirt  que  le  second  et  le  quatrième  ; 
les  pattes  sont  au  nombre  de  quarante-deux;  leur  longueur 
égale  presque  celli;  de  trois  segmens  réunis;  les  deux  der- 
nières sont  moins  comprimées  que  les  mêmes  de  la  5.  aplatie^ 
avec  le  premier  article  épineux  le  Imig  de  son  côté  interne. 
On  la  trouve  aux  Antilles  et  dans  l'Amérique  méridionale. 

II.    Yeux  oblitérés. 

Les  espèces  qui  ,  par  la  forme  et  la  composition  des  an- 
tennes et  le  nombre  des  pattes  ,  se  rapprochent  des  précé- 
dentrs,  forment  le  genre  Crypte,  Ciypios^  de  M.  Léach.  Il 
en  d.'crit  deux  espèces,  et  qui  sont  Tune  et  l'autre  propres  à 
l'Angleterre.  Celle  qu'il  nomme  liortensis  est  figurée  dans  le 
Iroisième  volume  de  ses  Mélanges  de  Zoologie,  pi.  i3y. 

Les  scolopendres  dont  les  yeux  ne  sont  point  ou  ne  sont 
presque  point  apparens,  dont  les  antennes  ont  une  forme  cy- 
iindracée  et  n'otfrant  que  quatorze  articles  ,  et  dont  les  pieds 
sont  beaucoup  plus  nombreux,  composent  son  genre  GÉo- 
PHILE,  geophilus\  la  planche  i^-O,  du  même  volume,  en 
représente  deux  espèces,  le  g.  maritime  et  le  g.  longtcorne  ;  la 
scolopendre  suivante  est  de  cette  division. 

Scolopendre  électrique  ,  Scohpendra  eledrica  ,  Linn. , 
Gtoff.  ,  Fab.  Elle  a  huit  à  neuf  lignes  de  long;  le  corps  est 
de  couleur  fauve  ,  avec  une  ligne  noire  au  milieu;  il  est  di- 
visé en  soixante-dix  anneaux  et  a  cent  quarante  pattes. 

On  la  trouve  en  Europe,  sur  la  terre,  dans  laquelle  elle 
s'enfonce  souvent.  La  nuit  ,  son  corps  paroît  quelquefois 
lumineux. 

La  scolopendre  fourchue  ,  pi.  R ,  i  ,  3 ,  de  cet  ouvrage,  est 
une  LiTHOBiE.  V.  ce  mot.  (l.) 

SCOLOPENDRE,  Scohpendrium.  Plante  du  genre  des 
Dqradilles  ,  que  quelques  botanistes  ont  cru  dans  le  cas  de 
servir  de  type  à  un  genre  distinct,  (b.) 

SCOLOPENDRE  DE  MER.  Les  naturalistes  du  der- 
nier siècle  donnoient  ce  nom  aux  Néréides  qui  ont  les  plus 
grands  rapports  d'organisation  extérieure  avec  les  insectes 
appelés  Scolopendres,  (b.) 

SCOLOPENDRE  DE  MER.  On  a  aussi  donné  ce  nom 
à  la  Térebelle.  (desm.) 

SCOLOPENDRE  A  PINCEAU  {iusedey    V.  Puly- 

XÈNE.  ^L.) 


SCO  395 

SCOLOPENDRIA  -  LEGUMINOSA.  Cortœsus  a 
désigné  ainsi  la  Pfxecine  {Lïserrula  pelecinus  ,  L.  ),  à  cause 
de  la  forme  de  ses  gousses,  (ln  )  • 
SGOLOPENORIDES.  F.  Scolopendre,  (l.) 
SCOLOPENDROIDE.  Onadonné  ce  nom  aux  AsTÉ- 
KiEs  de  la  seconde  division  ,  à  celles  qui  forment  le  genre 
Ophiure  de  Lamarck.  F.  ces  mots,  (b.) 

SCOLOPIE,  Scolopia.  Genre  de  plantes  de  l'icosandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  orangers  ,  qui  a  pour  carac- 
tères: un  calice  de  trois  ou  quatre  parties;  une  corolle  de  trois 
ou  qualre  pétales  ;  dix  à  trente  élamines  insérées  au  calice  ; 
un  ovaire  supérieur ,  surmonté  d'un  style  persistant  ;  une 
baie  uniloculaire  contenant  six  semences  arillées. 

Ce  genre  est  figuré  dans  les  Illudrations  de  Lamarck, 
sous  le  nom  erroné  de  scopolia  ,  et  dans  l'ouvrage  de  Gserl- 
ner,  sous  celui  de  limonia.  Il  ne  renferme  qu'une  espèce 
qui  est  un  petit  arbuste  de  Ceylan  ,  dont  le  feuillage  ressem- 
ble à  celui  du  Lentisque.  (b.) 

SCOLOPSIS,  Scolopsis.  Genre  de  poissons  établi  par  Cu- 
vier.  11  se  rapproche  des  Lutj\ns.  Ses  caractères  sont  :  corps 
comprimé  ,  couvert  de  grandes  écailles  ;  bouche  petite  et  ar- 
mée d  une  multitude  de  petites  écailles  ;  le  bord  du  préoper- 
cule dentelé;  le  sous- orbitaire  dentelé  et  épineux  en  ar- 
rière. 

Le  Kurite  et  le  Botch,  de  Russel  ,  poissons  de  la  mer 
des  Indes  ,  en  font  partie.  Les  autres  espèces  ne  sont  point 
décrites.  (R.) 

SCOLOS\NTHE,  Sr.olosanthus.  Arbrisseau  épineux  des 
Antilles,  à  feuilles  opposées,  presque  sesslles,  presque  ron- 
des, à  fleurs  solitaires  dans  les  aisselles  des  feuilles,  dont 
les  unes  à  l'extrémité  des  jeunes  épis,  avortent,  et  les  autres 
sont  fertiles. 

Cet  arbrisseau,  figuré  par  Lamarck  ,  sous  le  nom  de  Ca- 
tesbé  a  petites  fleurs  ,  forme  ,  selon  Vahl,  un  genre  qui 
a  pour  caractères  :  un  calice  très-pelit  à  quatre  divisions;  uiie 
corolle  tubaleuse,  à  limbe  recourbé  et  quadridenlé  ;  quatre 
étaniines  ;  un-ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  style  bifide; 
un  drupe  blanc  et  monosperme,  (b.) 

SCOLYME,  Sculymus.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie 
polygamie  égale  ,  et  de  la  famille  des  chicoracées  ,  dont  les 
caractères  offrent  :  un  calice  imbriqué  d'écaillés  roides,  acu- 
niinées  ,  piquantes  ,  conniventes  ;  un  réceptacle  couvert  de 
paillettes  ciliées  ou  tridentées,  et  garni  de  demi-fleurons  her- 
îuaphrodites  et  dentés  ;  plusieurs  semences  ovales  ,  compri- 
mées, surmontées  d'aigrettes  caduques  et  très-fr?giles. 
Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  décurrenles  ,  al- 


39G  SCO 

ternes  ,  épineuses,  roides,  veinées  de  blanc  ,  sînuées  et  m<f- 
galemcnt  dentées,  à  fleurs  axillaires  ,  sessiles,  munies  de 
Ijiactées  pinnalifides  ,  épineuses  ,  placées  en  petit  nombre  à 
iVxtrémilé  des  tiges.  On  en  compte  trois  ou  quatre  espèces  , 
dont  Desfonlaines  a  le  premier  éclairci  la  synonymie,  et 
donné  une  bonne  description  dans  sa  Flore  ailanûque. 

La  plus  commune  de  ces  espèces  est  le  Scolyme  d'Espa- 
ciSE,  dont  les  rameaux  sont  écartés,  les  fleurs  réunies  plu- 
sieurs ensemble ,  et  les  bractées  dentées.  Elle  se  trouve  en  Es- 
pagne et  sur  les  côtes  de  Barbarie,  dans  les  champs  en  jachère 
ff  sur  le  bord  des  chemins.  Elle  est  bisannuelle  ,  et  s'élève  à 
environ  deux  pieds.  J'ai  observé,  dans  le  royaume  de  Léon, 
qiiesestiges  subsistent  encore  en  hiver  après  leur  dessiccation, 
e!  qae  les  vents  les  entraînent  et  les  amoncèlent  dans  certains 
endroits  en  grande  quantité.  Cette  plante  est  si  con^mune 
dans  celte  partie  de  l'Espagne ,  qu'on  pourroit  la  brûler  pour 
i'.n  tirer  de  la  potasse.  Henri  Casslni  l'a  séparée  des  autres  , 
pour   en  constituer  le  genre  Myscole.  (b.) 

SCOLYMOGÉPHALE  ,  Scolymocephalus.  Genre  |  de 
plantes  établi  par  Wensmann  ,  mais  qui  rentre  dans  celui 
appelé  Leucadeisdre  ,  par  R.  Brown.  F.  Proté.  (b.) 

SCOLYMOS.  Théophrasle  donne  ce  nom  à  une  plante  à 
leuilles  épineuses',  qui  fleurissoit  tard  ,  mais  quirestoit  long- 
temps en  fleurs;  sa  racine  éloit  remplie  d'un  suc  laiteux.  On 
îuangeoit  ses  jeunes  pousses  naissantes.  L'on  croît  qu'il  s'agit 
d'une  de  nos  espèces  de  scolymes ,  le  scolymus  maculalus  ou 
grandi florus. 

Dioscoride  s'exprime  ainsi  sur  le  scolymos  des  Grecs.  «  Il  a 
les  feuilles  semblables  à  celles  du  chamœhon  et  du  hmcacan- 
tha,  mats  cependant  plus  noires  et  plus  épaisses.  11  pousse 
nne  grande  tige  chargée  de  feuilles  ,  et  qui  produit  des  têtes 
épineuses.  Sa  racine  est  grosse  et  noire  ;  elle  provoque  for- 
tement les  urines,  auxquelles  elle  communique  une,  odeur  fé- 
iide;  l'herbe  étant  jeune  et  tendre  se  mange  comme  les  asper- 
ges. »  Les  commentateurs  pensent  que  cette  plarjte  est  notre 
artichaut  ou  le  cardon, 

«  Le  scolymus,  dit  Pline  ,  se  nomme  aussi  Umonion ;  les 
habitans  de  l'Orient  en  sont  très-friands.  Cotte  plante  n'a 
jamais  plus  d'une  coudée  de  hauteur  ,  et  a  les  feuilles  décou- 
pées en  forme  de  crêtes  ;  elle  produit  une  racine  qui  est 
douce  et  bonne  à  manger  ;  aussi  ,  Eratosthène  dit  que  les 
])auvres  gens  s'en  servent  quelquefois  pour  la  table.  On  rap- 
porte que  le  scolymus  est  fort  propre  à  provoquer  les  urines  ; 
appliqué  avec  du  vinaigre  ,  il  guérit  les  dartres  et  la  gale.  Hé- 
siode et  Alénus  assurent  qu'il  est  aphrodvsiaque  ,  et  que 
îursqu'il   est    en  fleurs  ,   les  cigales   chante/it  fort  et  opiniâ- 


SCO  397 

trement.  lis  rapporlent  aussi  que  le  scolymm  excile  les 
femmes  à  l'amour,  tandis  qu'il  refroidit  les  hommes,  ea 
sorte  que  la  nature  créa  le  scolymus  pour  venir  au  secours 
des  dames.  »  Pline  décrit  ici  la  même  plante  que  Dios- 
coride.  Mais  en  traitant  des  carJuiis,  il  fait  remarqucR  que 
le  scolymus  fleurit  tard ,  mais  qu'il  demeure  long  -  temps 
en  fleurs  et  sans  interruption  ,  pendant  toute  l'année  ,  et 
quil  se  distingue  par  là  du  ckardon  ,  ainsi  que  par  l'usage 
qu'on  fait  de  sa  racine.  C.  Bauhin  pense  que,  dansée  pas- 
sage, Pline  a  voulu  parler  du  scolymus  de  Théophraste  ,  ce 
qui  n'est  pas  probable  ,  mais  bien  de  la  même  piaule  que 
ci-dessus ,  et  dont  il  donne  aussi  la  manière  de  la  cultiver. 
Quant  à  Théophraste,  il  dislingue  le  scolymus  de  son  cactos-, 
qui  est  une  espèce  du  genre  des  artichauts.  11  paroît  que  chez 
les  anciens,  ce  n'est  point  le  réceptacle  des  têtes  de  fleurs 
de  cette  plante  qu'on  mangeoit ,  mais  les  jeunes  feuilles, 
comme  nous  usons  des  cardons  ou  cardes.  Le  caclos  se  t  rouvoit 
seulement  en  Sicile  ,  au  dire  de  Théophraste  ,  tandis  que  le 
.$co/ymu5  croissoit  en  Grèce.  Mais  ce  naturaliste  indique  plu- 
sieurs espèces  de  cactos  ,  qui  paroissenl  être  nos  cinara  scoly- 
mus ,  hmnilis ,  cardunculus ,  etc. 

Tournefort ,  Vaillant,  Linnœus  ,  ont  donné  ce  nom  à  un 
genre  de  plantes  qui  paroît  contenir  le  scolymus  de  Théo- 
phraste. V.  ScoLYME.  Adanson,  toutefois,  y  rapporte  aussi 
le  scolymus  de  Dioscoride  ,  et  pense  que  l'artichaut  est  le 
cirsion  de  Dioscoride.  (ln.) 

SGOLYMOS.  Les  anciens  ont  donné  aussi  ce  nom  à  la 
Cynoglosse,  ou  langue  de  chien,  (ln.) 

SCOLYTAIRES,  Scolytarii ,  Latr.  Tribu  d'insectes  de 
Tordre  des  coléoptères,  section  des  tétramères  ,  famille  des 
xylophages  ,  distinguée  des  autres  tribus  de  cette  famille  , 
par  les  caractères  suivais  :  antennes  de  six  à  dix  articles  dis- 
tincts ,  et  terminées  par  une  massue  ,  ordinairement  solide  y 
soit  d'un  seul  article,  soit  de  plusieurs,  mais  très-serrés  ; 
celui  de  la  base ,  allongé  ;  extrémité  antérieure  de  la  tête  un 
peu  prolongée;  palpes  très-petits,  coniques;  corps  toujours 
cylindrique;  jambes  comprimées  ,  ordinairement  terminées 
extérieurement  par  un  fort  crochet. 

De  tous  les  xylophages,  ceux-ci  sont  les  plus  destructeurs. 
Leurs  larves  rongent  et  sillonnent  en  divers  sens, souvent  en 
manière  de  rayons  ,  les  premières  couches  du  bois  ,  et  quel- 
quefois même  pénètrent  plus  avant.  Lorsqu'elles  sont  très- 
inultipliées  dans  ceriaines  forêts,  celles  particulièrement  de 
pins  et  de  sapins,  elles  font  périr,  en  peu  d'années,  une 
grande  quantité  d'arbres,  ou  les  mettent  hors  d'état  de  servir 
utilement  pour  les  arts.  Quelques-unes  font  beaucoup  ds  tort 


398  SCO 

à  l'olivier.  Le  scolyte  destructeur  nuit  beaucoup  au  cliêne 
et  à  l'orme. 

J.   Antennes  Icrminées  en  une  massue  solide,  guère  plus  longues  que 
•    la  tèle  ou  plus  courtes. 

A9  Tous  les  articles  des  tarses  entiers. 

Les  genres  :  Plat-ïpe  ,Tomique. 

JJ,  Pénultième  article  des  tarses  bifide. 

Les  genres:  Hylurgue,  Scolite,  Hylésitse. 

li.  Antennes  notablement  pius  longues  que  la  lête,  termine'es  en  une 
massue  de  trois  feuillets. 

'Nota.     Pénultième  article   des  tarses   bifide. 

Le  genre  Phloïothribe.   V.  ces  articles,  (l.) 

SCOLYTE  {jC) Scolytus.ijçxxKç.  d'insectes  coléoptères,  de 
la  section  des  téiramères  ,  famille  des  xylophages  ,  tribu  des 
scolytaires  ,  distingué  des  autres  genres  de  celte  division  ^ 
par  les  caractères  suivans  :  antennes  guère  plus  longues  que  la 
tête  ,  terminées  en  une  massue  solide  ,  comprimée  ,  presque 
ovoïde  ,  obtuse  ,  et  formée  par  le  neuvième  article  ;  péaui- 
tièmc  article  des  tarses  bilobé. 

Geoffroy  avoit  établi  ce  genre  sur  un  insecte  qui  vit  sous  les 
écorces  des  arbres  ,  et  auquel  il  trouve  des  rapports  avec  les 
becmares  et  les  dermestes.  C'est effeclivement  dansée  der- 
nier genre  que  Linoaeus  a  placé  d'autres  coléoptères  très- 
analogues  au  scolyte  de  Geoffroy  ,  mais  que  Degéer  en  a 
sépare,  pour  en  former  un  genre  propre ,  celui  des  ips.  L'his- 
torien des  insectes  des  environs  de  Paris  avoit  établi  une 
autre  coupe  générique  ,  avoisinant  ,  dans  l'ordre  naturel  , 
les  scolytes,  et  qu'il  avoit  distinguée  sous  la  dénomination  de 
bostriche.  Fabricius,en  appliquant  quelques-uns  de  ces  noms 
à  d'autres  genres  ,  a  tout  brouillé  (  V.  ces  articles.  ).  Ses 
scolytes  sont  des  coléoptères  de  notre  famille  des  carnassiers, 
et  le  genre  ,  ainsi  nommé  par  Geoffroy  ,  fait  partie  de  celui 
d^hylesinus.  Pour  réparer  ce  désordre  ,  et  ramener  la  no- 
menclature à  ses  types  primitifs  ,  nous  avons  désigné  le  genre 
scolytiis  de  Fabricius  ,  sous  la  dénomination  d'omophron. 
Nos  scolytes  sont  ceux  des  naturalistes  français.  Le  même 
genre  est  appelé  eccoptogaster  par  Herbst  et  M.  Gyllenhal. 
Olivier  {Coléopt.,  tome  4)  lui  donne  beaucoup  plus  d'éten- 
due que  nous  ;  car  ses  scolytes  embrassent  notre  tribu  des 
scolytaires,  composée  de  six  genres. 


(i)  Geoffroy  écrit  Scolite ;  mais  la  dénomination  latine  offrant  un 
/  à  la  place  de  IV,  nous  n'appi cuvons  point  celte  substilulion. 


s  C  0  399 

Les  scolyles  (>rit  le  corps  ovale  oLlong  ,  ou  plulôl  presque 
cylindrique  ;  leur  lêto  esl  presque  globuleuse  ,  et  se  retire 
dans  le  corselet,  à  l'exceplion  de  la  partie  antérieure  qui  se 
montre  sous  la  forme  d'un  petit  museau  conique  ;  les  anten- 
nes sont  fort  courtes  et  composées  de  neuf  articles,  mais 
dont  plusieurs  ,  savoir  ,  ceux  du  milieu  ,  ne  se  distinguent 
bien  qu'à  l'aide  d'une  forte  loupe  ;  le  neuvième  forme  une 
massue  solide  ,  comprimée  et  arrondie  au  bout  ;  son  extré- 
mité paroît  être  plus  membraneuse  ,  et  pourroit  bien  être 
formée  d'un  article  de  plus ,  qui  seroit  alors  le  dixième ,  mais 
enveloppé  parle  neuvième;  les  ailes  sont  grandes  et  rcfpliées 
sous  des  étuis  très-durs  ;  le  ventre  est  tronqué  brusquement 
et  obliquement ,  de  la  base  à  l'anus  ;  l'angle  extérieur  de 
l'extrémité  des  jambes  forme  un  crochet  ;  le  pénultième  ar- 
ticle des  tarses  est  bllobé. 

Les  scolytes  vivent  dans  le  bois  carié  et  vermoulu,  non- 
seulement  sous  la  forme  de  larve  ,  mais  encore  sous  celle  d'in- 
secte parfait.  Ce  sont  euxqui,  conjointement  avec  lesvrlllet- 
tes  ,  le  percent  dans  tous  les  sens  ,  et  le  détruisent  peu  à  peu 
en  le  convertissant  en  une  poussière  Irès-finè.  Cette  poussière 
n'est  autre  chose  que  la  substance  du  bois  dont  Us  se  sont 
nourris,  et  qu'ils  ont  rendue  en  excrément  ;  mais  les  vrillettcs 
n'attaquent  que  le  bois  mort,  tandis  que  les  scolytes  se  nour- 
rissent le  plus  souvent  du  bois  vivant.  Ceux-ci  parviennent 
quelquefois  à  faire  périr  des  rameaux,  des  branches,  et 
même  des  arbres,  en  détruisant  leurs  fibres,  en  extravasant 
ou  altérant  les  sucs  qui  leur  donnent  la  vie.  La  larve  est 
courte  ,  molle  ,  munie  de  six  pattes  et  d'une  tête  écailleuse  , 
dure  ;  elle  est  armée  de  deux  fortes  mâchoires  ,  au  moyen 
desquelles  elle  ronge  et  détruit  les  bois  les  plus  durs  ;  elle 
subit  ses  métamorphoses  dans  le  bois  même  qui  l'a  nourrie  , 
et  n'en  sort  que  lorsqu'elle  est  pressée  par  le  besoin  de 
se  reproduire. 

SCOLYTE  DESTRUCTEUR,  Scofyliis  destruclor  ^  Oliv.  ,  Col, 
tome  4-  ■>  "•*  7^?  p'-  I  1  fig-  4-  ;  Hylesinus  sr.olytus  ,  Ifab. 
Cet  insecte  a  environ  deux  lignes  de  long.  Il  est  d'un  noir 
luisant,  avec  les  antennes  ,  les  pattes  et  les  éJytres  d'un  brun 
marron  ;  le  dessus  de  la  tête  esl  earni  d'un  duvet  jaunâtre  ; 
le  corselet  est  grand;  les  élytres  aPt  chacune  six  à  sept  stries 
élevées  et  ponctuées.  Il  se  trouve  dans  toute  l'Europe. 

Le  ScOLYTE  PYGMÉE  ,  Scolyius  pygmœus.  Quoique  très- 
voisin  du  précédent ,  il  en  diffère  par  sa  taille  constamment 
plus  petite  ,  et  en  ce  que  les  intervalles  des  stries  des  élytres 
ont  des  points  plus  prononcés  et  rangés  en  lignes.  Il  est  très- 
commun  dans  les  départemens  du  Midi  de  la  France,  (l."» 
SCOMBER,  V.  ScoMJBRE.  (de.sm.) 


ioo  SCO 

SCOMBÉROÏDE ,  Sromberoides.  -Genre  de  poîssons 
établi  parLacépède  ,  dans  la  division  des  Thoracïques,  et 
qui  présente  pour  caractères  :  de  peties  nageoires  au-dessus 
et  au-dessous  de  la  queue  ;  une  seule  nageoire  dorsale,  mais 
plusieurs  aiguillons  au-devant  d'elle. 

Ce  genre  qui ,  comme  l'observe  Lacépède  ,  semble  tenir 
le  milieu  entre  les  Scombres  et  les  Gastérostées  ,  se  réunit, 
selon  Cuvier,  avec  le  genre  LiCHE.  Il  renferme  trois  espèces^ 
dont  aucune  n'étoit  connue  des  naturalistes. 

Le  ScoMBÉROÏDE  TSOEL  a  dix  petites  nageoires  au-dessus  , 
et  quatorze  au-dessous  de  la  queue  ;  sept  aiguillons  recour- 
bés au-devant  de  la  nageoire  du  dos.  On  ignore  son  pays 
natal.  H  a  deux  aiguillons  en  avant  de  la  nageoire  de  l'anus  ; 
sa  queue  est  fourchue. 

Le  ScoMBÉROïDE  COMMERSONNIEN  a  douzc  petites  nageoi- 
res au-dessus  et  au-dessous  de  la  queue  ^  et  six  aiguillons  en 
devant  de  la  nageoire  dorsale.  On  le  pêche  autour  de  Mada- 
gascar ,  où  Commerson  l'a  observé.  Ses  deux  mâchoires 
sont  garnies  de  dents  égales  et  aiguës;  l'inférieure  est  plus 
avancée  que  la  supérieure  ;  on  voit  des  taches  rondes  sur 
son  dos  ;  sa  nageoire  caudale  est  très-fourchue. 

Le  ScoMBÉROïDE  SAUTEUR  a  Sept  «petites  nageoires  au- 
dessus  et  huit  au-dessous  de  la  queue  ;  quatre  aiguillons  au- 
devant  de  la  nageoire  du  dos.  Il  est  figuré  dans  Lacépède  » 
vol.  2,  pi.  19.  On  le  trouve  dans  les  mers  d'Amérique,  sur 
la  surface  desquelles  il  saute  continuellement ,  au  rapport  de 
Plumier.  V.  pi.  P.  19,  où  il  est  figuré,  (b.) 

SCOMBEROÏDES.  Famille  de  poissons  qui  répond  à 
celle  appelée  Atractosomes,  parDuméril.  (b.) 

SCOMBEROMORE ,  Scomberomorus.  Genre  de  pois- 
sons établi  par  Lacépède  ,  dans  la  division  des  Thora- 
ciQUES,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  une  seule  na- 
geoire dorsale  ;  de  petites  nageoires  au-dessus  et  au-dessous 
de  la  queue  ;  point  d'aiguillons  isolés  au-devant  de  lanageoire 
du  dos. 

Ce  genre  diffère  des  Scombres,  uniquement  par  la  priva- 
tion d'une  nageoire  dorsale;  encore  celle  qu'il  a,  est-elle 
divisée  en  deux  portions  si  distinctes,  qu'on  suppose,  au 
premier  coup  d'œil  ,  qu^en  a  deux.  Il  ne  renferme  qu'une 
espèce  ,  le  Scombéromore  plumier,  qui  a  huit  petites  na- 
geoires au-dessus  et  au-dessous  de  la  queue ,  et  les  deux  mâ- 
choires également  avancées.  Son  dos  est  couleur  d'azur,  et 
son  ventre  est  argenté,  avecunebande  dorée  longitudinale, et 
quelques  taches  irrégulières  le  long  de  la  ligne  latérale.  Ce 
poisson  se  pêche  dans  lesmers  d'Amérique ,  où  il  a  été 
observé  par  Plumier,  (b.) 


SCO  lot 

SCOMBBE  ,  Scomher.  Genre  de  poissons  de  la  division 
des  Thoraciques,  qui  présente,  pour  caractères  :  deux  na- 
geoires dorsales  ;  une  ou  plusieurs  petites  nageoires  au- 
dessus  et  au  dessous  de  la  queue  ;  les  côlés  de  la  queue  ca- 
rénés ;  une  petite  nageoire  composée  de  deux  aiguillons 
réunis  par  une  membrane  au-devant  de  la  nageoire  de  l'anus. 

Ce  genre  a  été  légèrement  modifié  par  Lacépède  ,  qui  en 
a  séparé  plusieurs  espèces  pour  former  ses  genres  Scombé- 
RoïDE,  Caranx,  Caranxomore  et  Trac;hinote.  Actuel- 
lement, il  ne  comprend  plus  que  treize  à  quatorze  espèces; 
mais  c'est  parmi  elles  que  se  trouvent  celles  qui  intéressent 
le  plus  les  hommes  par  l'utilité  qu'ils  en  retirent,  et  dont 
les  mœurs  sont  les  plus  connues. 

Ces  espèces  sont  : 

Le  ScOMBRC  CoMMERSON,  qui  a  le  corps  très-allongé;  dix 
petites  nageoires  très-séparées  l'une  de  Faulre  ,  au-dessus 
et  au-dessous  de  la  queue  ;  la  première  nageoire  du  dos 
longue  et  très-basse  ;  la  seconde  courte  ,  échancrée  ,  et 
presque  semblable  à  celle  de  l'anus  ;  la  ligne  latérale'dé- 
nuée  de  petites  plaques.  Il  est  figuré  dans  Lacépède  ,  vol.  a 
pi.  20.  On  le  trouve  dans  la  mer  des  Indes  ,  où  Commerson 
1  a  observé,  décrit  et  dessiné. 

Le  ScoMBRE  GUART,  qui  a  dîx  petites  nageoires  au-dessus 
et.au-dessous  de  la  queue  ;  la  ligne  latérale  garnie  de  petites 
plaques.  On  le  pêche  dans  les  mers  du  Brésil.  Il  est  figuré 
dans  Bloch,pl.  3^6  ,  et  dans  le  i?/#>«  deDelerville ,  vol. 4., 
pag.  aSa  ,  sous  le  nom  de  scomhre  rolter. 

Le  ScoMBRE  THON,  Scomber  ihynus ,  Linn. ,  qui  a  huit  ou 
neuf  petites  nageoires  au-dessus  et  au-dessous  de  la  queue;  les 
nageoires  pectorales  n'atteignant  pas  ranus,i'et  se  terminant 
en  dessous  de  la  première  dorsale.  On  le  trouve  dans  toutes 
les  mers  d^pays  chauds.  Il  entre  en  grandes  troupes ,  chaque 
année,  dais  la  Méditerranée,  et  fait  l'objet  d'une  pêche 
importante.  Cuvier  le  regarde  comme  le  type  d'un  sous- 
genre.  V.  au  mot  Thon. 

Le  ScoMBRE  GERMON,  qui  a  huit  ou  neuf  petites  nageoires 
au-dessus  et  au-dessous  de  la  queue;  les  nageoires  pectorales 
assez  longues  pour  dépasser  l'anus.  On  le  trouve  dans  la 
grande  mer.  Il  a  été  confondu  avec  le  scomhre  thon  et  le 
scombre  bonite,  dont  il  diffère  cependant,  et  dont  les  mate- 
lots savent  le  distinguer,  puisqu'ils  lui  ont  donné  des  noms 
particuliers,  tels  que  germon,  alhacou ,  longue  oreille.  Sa  gran- 
deur est  de  trois  ou  quatre  pieds  ;  sa  couleur  est  d'un'bleu 
foncé  sur  le  dos,  et  d'un  bleu  argentin  sous  le  ventre;  un 
seul  rang  de  dents  garnit  chaque  mâchoire,  dont  rinférieure 
est  plus  avancée  ;  sa  chair  est  bonne  et  saine.  On  prend 

XXX.  2G 


l,<^»'  SCO 

quelquefois,  à  la  ligne ,  de  si  grandes  quantités  de  ce  poisson,' 
que  les  navigateurs  s^en  dégoûtent.  Selon  Cuvier,  il  est  dans 
le  cas  de  devenir  le  type  d'un  sous-genre  de  son  nom. 

Le  ScoMBRE  THAZàRD,qui  a  huit  ou  neuf  petites  nageoires 
au-dessus  et  sept  au-dessous  de  la  queue;  les  pectorales  à  peine 
de  la  longueur  des  thoracines  ;  les  côtés  de  la  partie  infé- 
rieure du  corps  sans  taches.  On  le  trouve  dans  les  mers 
Antarctiques  ,  auprès  de  la  Nouvelle-Zélande ,  où  il  a  été 
observé  par  Commerson.  Sa  chair  est  jaunâtre  et  savoureuse. 
Les  matelots  l'appellent  albacore. 

Le  ScoMBRE  DE  LA  ROCBE,  qui  estunc  nouvelle  espèce,  fort 
voisine  de  cette  dernière  ,  que  Risso  a  observée  dans  la  mer 
de  Nice. 

Le  ScOMBRE  BONITE  ,  Scomber  pelamis  ^  Ijinn,,  qui  a  huit 
petites  nageoires  au-dessus  et  sept  au-dessous  de  la  queue  ; 
i&s  pectorales  atteignant  à  peine  la  moitié  de  l'espace  com- 
pris entre  leur  base  et  l'ouverture  de  l'anus  ;  quatre  raies 
longitudinales  noires  sur  le  ventre.  On  le  trouve  dans  la 
haute-mer  ,  entre  les  tropiques ,  où  sa  chair  agréable  et 
saine  fait  la  consolation  des  navigateurs.  (  V.  au  mol  Bonite.) 
11  ne  faut  pas  le  confondre  avec  le  scombre  germon ,  comme 
l'a  fait  Bloch. 

Le  ScoMBRE  SARDE,  qui  a  sept  petites  nageoires  au-dessus 
et  six  au-dessous  de  la  queue;une  grande  plaque  d'écaillés  au- 
tour des  nageoires  pectorales  ,  qui  sont  très-courtes  ;  le  corps 
presque  nu,  argenté,  avec  plusieurs  fascies  noires,  très- 
courtes  et  courbées  sur  le  dos.  On  l'appelle  aussi  bonîton  et 
germon  ;  mais  il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  les  poissons 
qui  portent  ces  noms  ,  comme  l'a  fait  Bloch.  On  le  trouve 
dans  les  mers  méridionales  de  l'Europe  ,  où  il  est  l'objet 
d'une  pêche  importante.  V.  à  la  fin  de  l'article. 

Le  Scombre  ALATUNGA,quiasept  petites  nageoiaes  au-des- 
sus et  au-dessous  de  la  queue  ;  douze  rayons  à  chaque  nageoire 
dudos.Onle  trouve  dans  l'Océan  et  dans  la  Méditerranée, où 
on  le  confond  avec  le  thon  et  le  germon.  Cetli  est  le  premier 
qui  l'ait  bien  distingué.  Il  est  constamment  plus  petit  que  le 
ihon  ,  mais  ,  du  reste ,  il  a  des  mœurs  analogues  ;  sa  chair  est 
blanche  et  agréable  au  goût. 

Le  Scombre  chinois,  qui  a  sept  petites  nageoires  au-dessus 
et  au-dessous  de  la  queue  ;  les  pectorales  courtes;  la  ligne 
latérale  saillante,  descendant  au-delà  des  nageoires  pecto- 
rales, et  sinueuse  dans  tout  son  cours;  point  de  raie  longitu- 
dinale. On  le  trouve  dans  les  mers  de  la  Chine.  Il  est  d'un 
violet  argenté  en  dessus,   et  rougeâtre  en  dessous. 

Le  Scombre  maquereau  ,  Scomber  scomber  ,  Linn.,  qui  a 
finq  petites  nageoires  au-dessus  et  au-dessous  de  la  queue  : 


selon 


au- 


SCO  4,3 

douze  rayons  à  chaque  nageoire  du  dos.  On  le  pêche  dans 
presque  toutes  les  mers,  et  surtout  dans  celles  d'Europe, 
où  il  est  un  moyen  de  richesse  pour  quelques  po-is  de  nter'. 
Un  sous-genre  est  dans  le  cas  d'être  établi  pour  lui,  sel 
Cuvier.  V.  au  mot  Maquereau, 

Le  ScoMBRE  JAPONOis  ,  qui  a  cinq  petites  nageoires  „«- 
dessus  et  au-dessous  de  la  queue  ,  et  huit  rayons  à  chaque 
nageoire  dorsale.  Il  vit  dans  les  mers  du  Japon,  où  il  par- 
vient rarement  à  un  pied  de  long. 

Le  ScoMBRE  DORÉ  ,  qui  a  cinq  psliles  nageoires  au-dessus 
et  au-dessous  de  ia  queue  ;  le  dos  couleur  d'or.  On  le  trouve 
avec  le  précédent,  11  y  a  lieu  de  croire  qu'il  se  rencontre 
aussi  dans  les  mers  d'Amérique. 

Le  ScoMBRE  ALBACOU  ,  qui  a  deux  arêtes  couvertes  d'une 
peau  brillanie  au-dessus  de  chaque   opercule.    II  se  trouve 
autour  de  la  Jamaïque  ,  où  il  ne  parvient  qu'à   un  pied   de 
ong  ,   et  où  il  a  été  observé  par  Sloane.  (b.) 

SCOMBRESOCE,  Scombresox.  Genre  de  poissons  établi 
par  Lacépède  dans  la  division  des  Abdominaux.  Ses  carac- 
tères sont  :  corps  et  queue  très-allongés;  mâchnir<^s  très- 
longues,  très-minces  et  très-étroites;  nageoire  dorsale  op- 
posée à  l'anale;  beaucoup  de  petites  nageoires  entre  la  dor- 
sale ,  l'anale  et  la  queue.  , 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce,  que  Rondelet  a  men- 
tionnée sous  le  nom  de  bécasse^  et  dont  l'organisation  est 
remarquable.  Elle  tient  le  milieu  entre  les  Scombrls  et  les 
EsocES,  et  paroît  propre  aux  mers  d'Europe;  mais  elle  est 
fort  rare,   (b.) 

SCOOPER.  Nom  anglais  de  I'Avocette.  (v.) 

SCOPAIRE,  Scoparîa.  Genre  de  plantes  de  la  tétrandrie 
monogynie,  et  de  la  famille  des  scrophulaires,  dont  les  ca- 
ractères consistent  en  un  calice  quadrifide  ;  une  corolle  en 
roue,  à  tube  court  et  à  limbe  à  quatre  lobes  égaux  ;  quatre 
étamines  égales;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à 
stigmate  simple  ;  une  capsule  sphérique  ,  bivalve ,  à  valves 
entières  et  à  cloison  simple. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  verticillées  et  à 
fleurs  axillaires.  On  en  compte  trois  espèces,  dont  la  plus 
anciennement  connue  et  la  seule  cultivée  dans  nos  jardins 
de  botanique,  est  la  Scopaire  douce,  m||^  les  feuilles  ter- 
nées  et  les  fleurs  pédonculées.  Elle  est^ifouelle,  et  vient 
aux  Antilles  et  dans  le  Brésil. 

Cette  plante  passe  pour  avoir  les  mêmes  vertus  que  la 
Guimauve,  et  en  conséquence  on  l'emploiedans  tous  les  cas 
où  il  s'agit  d'adoucir  l'âcrelé  des  humeurs ,  soit  en  boisson, 
soit  en  lavement ,  soit  en  cataplasme,  (b.) 


^o4  SCO 

SCOPA-REGIA.  Nom  donné  à  la  Barbarée  {sisymbrium 
harbarea^  L.)  par  Fuschsius.  (CN.) 

SCOPARIA.  Gesner,  Lobel  et  d'autres  anciens  bota- 
nistes, ont  donné  ce  nom  au  behedère,  espèce  de  Chéî^opode 
(c//.  scoparia  ,  L.).  (ln.) 

SCOPÈLE,  Scopelus.  Sous-genre  introduit  par  Cuvier 
parmi  les  Salmones.  11  renferme  les  Serpes  de  Risso ,  qui 
ne  sont  pas  celles  de  Lacépède.  Ses  caractères  sont  :  bouche 
et  ouïes  extrêmement  fendues  ;  mâchoire  garnie  de  très- 
petites  dents  ;  une  seconde  nageoire  dorsale  très-petite,  (b.) 

SCOPION.  Selon  Dioscoride,  ce  nom  est  un  de  ceux 
qu'on  donnoit  à  XElateiium.  V.  ce  mot.  (ln.) 

SCOPOLÏA.  Plusieurs  genres  de  plantes  ont  été  donnés 
sous  ce  nom,  qui  rappellecelui  de  Scopoli,  célèbre  naturaliste 
italien.  Il  y  a  :  le  scopolia  d'Adanson,  fondé  sur  le  cardamine 
lunaria^  L. ,  qui  se  distingue  par  son  long  calice  à  deux  oreil- 
lettes, et  par  sa  silique  elliptique  à  deux  ou  trois  graines  or- 
biculaires  ; 

Le  scopolia  de  Jacquin  qui  a  pour  type  le  hyoscyamus  sco- 
polia ,  L.  ; 

Le  scopolia  de  Willdcnow  et  de  Smith,  qui  est  le  toddallia 
de  Jussieuou)^e/?m  deCommerson  et  crantziaàe  Schreber^; 

Enfin  ,  le  scopolia  deiiinnaeus  fils,  qui  est  décrit  à  l'article 

SCOLOPIE. 

L'on  a  écrit  par  lapsus  linguœ  ,  fcopolia  au  lieu  de  scolopia, 
pour  le  genre  de  ce  dernier  nom.   V.  ScOLOPiE.  (ln.) 

SCOPOLIE,  Scopolia.  Arbre  de  Java,  à  feuilles  alternes, 
pétlolées,  oblongues,  entières,  glabres ,  et  à  fleurs  solitaires 
dans  les  aisselles  des  feuilles  ,  qui  forme  un  genre  dans  Ja 
polygamie  monogynie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  involucre  de  deux 
feuilles  et  mulliflore  ;  une  corolle  à  quatre  divisions  ;  huit 
élamines  constituées  par  des  anthères  géminées  sur  quatre 
filamens;  un  germe  supérieur  droit,  terminé  par  des  soies, 
à  style  nul  et  à  stigmate  court  et  aigu. 

Smith  a  aussi  donné  ce  nom  à  la  Paullinie  asiatique, 
qui  est  la  Toddalie  de  Jussleu  et  de  Lamarck. 

On  voit  pi.  4-23  des  Illustrations  de  Lamarck,  un  autre  genre 
figuré  sous  le  mejÉ^non™;  mais  c'est  par  erreur  typographi- 
que.  Il  faut  lire  ^RoPiE.  (b.) 

SCOVOhlE^  Scopolia.  Genre  établi  par  Jacquin  aux  dé- 
pens des  JusQuiAMES,  dont  il  diffère  par  un  calice  renflé  et 
une  corolle  campanulée  :  les  botanistes  ne  l'ont  pas  adopté. 
Il  ne  renferme  qu'une  espèce,  originaire  de  l'est  de  l'Aile- 


SCO  /fo5 

magne.  On  la  cultive  dans  nos  jardins.  Elle  est  vivace.  (b.) 
SCOPS.   Moering  a  mal  à  propos  appliqué  ce  nom  à  la 
demoiselle  de  Numidie.  (s.)  0 

SCOPS.  V.  le  genre  Chouette,  section  des  Hiboux,  (v.) 
SCOPS  DE  LA  CAROLINE.  F.  Hibou  asio.  (v.) 
SCOPULA  LITTORALIS,  Lluid.  Ce  sont  des  dents 
fossiles  de  raie,  de  forme  hexagonale,  et  très  -  aplaties. 
Jussieu  en  a  décrit  de  pareilles ,  trouvées  près  de  Monlpelller, 
dans  les  Mém.  de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  année 
1721.  (desm.) 

SCOPUS.  Nom  tiré  de  exia ,  umbra^  que  Brisson  a  im- 
posé à  I'Ombrette,  d'après  sa  couleur  de  terre  d'ombre,  (v.) 
SCORANZE.  Petit  poisson  du  lac  de  Scutari,  dont  on 
prend  d'immenses  quantités,  et  qu'on  sale  pour  exporter.  Il 
est  probable  que  c'est  le  Cyprin  agone,  appelé  sardine  sur 
le  lac  de  Côme.    (b.) 

SCORBION  de  Dioscoride.  V.  Teucrion.  (ln.) 
SCORDION  des  Grecs ,  Scordium  des  Latins.  Selon 
Dioscoride,  le  scordion  croissoit  sur  les  montagnes,  dans 
les  lieux  marécageux;  il  avoit  les  feuilles  semblables  à  celles 
du  teucrium,  mais  plus  grandes  et  moins  découpées  (dentées) 
à  l'entour ,  et  qui  sentoient  un  peu  l'ail  {^scorodon  en  grec)  ; 
elles  éloient  astringentes  et  amères  au  goût.  Sa  tige  avoit 
une  forme  carrée  ,  et  sa  fleur  étoit  rouge.  Le  scordion  étoit 
échauffant  et  diurétique  ,  on  l'employoit  frais  et  desséché. 
On  préféroit  le  scordion  de  Crète  et  celui  qui  croissoit  dans 
le  royaume  de*Pont.  On  en  faisoit  usage,  après  l'avoir  diver- 
sement préparé,  pour  calmer  la  toux  invétérée,  les  convul- 
sions ,  les  inflammations  d'entrailles ,  les  douleurs  d'estomac , 
pour  exciter  l'expectoration,  pour  guérir  les  ulcères,  répri- 
mer les  excroissances  de  chair,  etc. 

«  Pomponius  Lœneus,  traducteur:  des  Mémoires  et  des  re- 
cettes de  Mithridale  sur  la  médecine,  rapporte  que  ce  prince 
découvrit  le  5cor</«Mm,  et  Lœneus  assure  avoir  vu  la  description 
de  cette  plante  de  la  main  même  de  Mithridate,  dans  laquelle 
il  est  dit  que  ce  scordium  est  une  herbe  haute  d'une  coudée , 
qu'elle  pousse  une  lige  carrée ,  rameuse  ,  garnie  de  feuilles 
lomenteuses,  découpées  comme  celles  du  chêne.  Cette  plante 
croît  dans  le  Pont ,  dans  les  plaines  grasses  et  humides  ;  elle 
a  un  goût  amer.  »  (  Plin.,  l.  20,  cap.  6.)  Il  y  avoit,  selon 
Pline,  une  seconde  espèce  de  scordium.  Ses  feuilles  étoient 
plus  grandes  que  celles  d^fç  scordium  précédent ,  et  assez 
semblables  aux  feuilles  du  menihcisirum.  Cette  plante  avoit  de 
grandes  vertus,  surtout  lorsqu'elle  entroiidans  la  composiUon 
des  préservatifs  cl  des  contre-poisons.  Du  reste ,  chez  Dios- 


4o6  SCO 

corlde  ,  Pline,  Galien,  l'es  propriétés  accordées  âu  scorJium 
sont  les  mêmes. 

Les  bolai'isles  croient  que  notre  ieucrium  scordlum  est  l'an- 
cien scurdium,  cyJ'un  de  ceux  de  Pline,  celui  qu'il  décrit 
d'après  Lœneus.  vielle  plante  devoit  son  nom  de  scordiun  à 
son  odeur  d'uil.  On  sait  que  celui-ci  est  le  scorodon  des 
Grecs,  et  nous  di^vons  faire  remarquer  ici  que  chez  Pline 
scordium,  sccirdults  l  scurodotis  sont  synonymes.  Cette  ressem- 
blance dans  U;s  noms  a  Fait  que,  dans  des  temps  postérieurs, 
on  a  pris  une  planle  pour  l'auire,  el  qu'on  a  fait  entrer  Tail  dans 
la  composition  de  la  ihériaque,  au  lieu  du  srordium  ,  parce  que 
des  copistes  inexacts  ont  substitué  scorodon  AuXiitix  de  scordium^ 
dans  les  copies  qu  ils  ont  faites  de  Dioscoride  et  de  Galien. 

Le  second  scordiun  de  Pline  est  peut-être  notre  teucrlum 
scorodunia  ou  le  teuc.num  scordioides^  Willd.,  ou  bien  une  autre 
espèce  du  même  genre.  Quelques  auteurs  veulent  que  le 
scorodonia  soit  le  premier  scordlum  de  Pline. 

Les  botanistes  avant  Tournefort  ont  appelé  scordlum  di- 
verses plantes  du  genre  ieucrium  ,  molucella,  siemodla  ,  etc. 

Le  scordlon  avoit  aussi  d'autres  noms.  Il  a  été  appelé  scor- 
hlon  ,  pleurltis  ,  dysosmon  ,  calamlnlha-agria  ,  chamœpllys  ,  mi- 
ihidutlon^  etc.  (ln.) 

SCORDIUM.  Plante  du  genre  des  Germandrées.  (b.) 

SCORDOTIS.  V.  Scordium.  (ln.)       • 

SCORIES  VOLCANIQUES.  On  donne  ce  nom,  en  gé- 
néral, à  toutes  les  matières  volcaniques  qui  sontboursoufflées 
à  peu  près  comme  le  mâchefer  :  telles  sont  les  masses  isolées 
lancées  par  le  volcan  dans  ses  explosions,  et, qu'on  voit  rou- 
ler sur  les  flancs  de  la  montagne.  La  superficie  des  courans 
eux-mêmes  est  à  l'état  de  scories  par  le  développement  des 
gaz  que  favorise  l'action  de  l'atmosphère  :  la  partie  inférieure 
des  courans  est  âu  contraire  composée  de  lave  compacte. 
Parmi  les  scories  des  courans ,  il  y  en  a  aussi  de  compactes  , 
mais  qui  sont  remarquables  par  les  formes  bizarres  qu'elles 
prennent  :  les  unes  ressemblent  à  des  pommes-de-pin  ou  à 
des  artichauts;  d'autres  à  des  calottes  empilées;  d'autres  sont 
tordues  comme  de  gros  câbles;  d'autres  sont  plates,  minces, 
et  contournées  en  spirales  comme  des  rubans,  etc.  Les  ma- 
tières volcaniques,  parvenues  au  dernier  degré  de  scorifica- 
tion,  forment  ces  menues  parcelles  de  lave  qui  tombent 
comme  une  grêle  autour  du  cratère,  et  qu'on  nomme  raplllo. 
Dolomieudit  que  la  montagne  de  l'Etna  en  est  presque  entiè- 
rement formée.  Au  reste  ,  il  ne  faut  pas  confondre  les  scories 
avec  la  pierre  ponce.  Elles  n'onflie  commun  que  leur  légèreté. 
F.  Laves  et  Pierre  ponce,  (pat.) 

SCOI\lLLUS  ou  Petit  Scuorl,  traduit  en  italien  p.ar 


SCO*  ?o7 

scorilh.  On  a  donné  ce  nom  principalement  an  Pyroxène  des 
.VOLCAISS.  (ln.) 

SCORLUS.  Nom  latin  du  Schorl.  V.  les  articles  sous 
ce  nom.  (ln.) 

SCORLUS  AUGITES  de  R.  Forster.  C'est  le  Pyro- 

XÈNE.  (ln.) 

SCORODITE.  Ce  minéral  est  ainsi  décrit  par  Breithaupt, 

dans  le  IV. «volume  du  Manuel  de  Minéralogie  de  Hoffmann. 

«  Il  a  une  couleur  vert-poireau  foncée,  qui  ,  d'un  côté, 

tire  sur  le  vert  céladon  et,le  vert  noirâtre,  même  sur  le  noir, 

et  de  l'autre  sur  le  brun  de  foie. 

On  le  troiiVe  compacte,  en  petites  parties,  disséminé, 
mais  plus  fréquemment  cristallisé.  Sa  cristallisation  est  un 
prisme  court  quadrilatère  ,  rectangulaire,  avec  quatre  faces 
à  chaque  extrémité  ,  lesquelles  sont  posées  sur  les  bords 
latéraux  ,  et  réunies  au  sommet  presque  à  angles  droits. 
Première  variété.  Sans  plus  amples  altérations. 
Deuxième  variété.  Quelquefois  aussi  : 

(a)  Les  arêtes  latérales  sont  tronquées,  et  même  deux  faces 
de  troncature  se  voient  obliquement  posées  sur  un  bord  laté- 
ral plus  étroit  (indiquant  un  prisme  rhomboïdal). 

{!,)  Les  coins  ou  angles  triangulaires  tronqués  entre  les 
larges  faces  de  côté  et  de  pointement  (le  tranchant  fort  aigu). 
Les  cristaux  sont  petits  et  très-petits  ,  et  superposés. 
Les  faces  latérales  les  plus  étroites  sont  striées  en  longueur^ 
mais  toutes  les  autres  sont  unies. 

Eclatant  jusqu'au  très-éclatant ,  tenant  le  milieu  entre 
l'éclat  vitreux  et  l'éclat  nacré. 

La  cassure  est  lamelleuse  en  partie;  les  joints  des  lames 
répondent  aux  arêtes  latérales  des  pyramides  et  dans  le  sens 
de  la  courte  diagonale  d'un  prisme  rhomboïdal  ;  dans  tout 
autre  sens,  elle  tient  le  milieu  entre  le  conchoïde  inégal  et 
le  petit  et  imparfait  conchoïde. 

Les  fragmens  sont  indéterminément  anguleux,  mais  à  bords 
pas  trop  aigus. 

Lorsqu'il  est  compacte  ,  il  montre  delà  tendance  à  don- 
ner des  pièces  séparées,  petites  ,  anguleuses  et  grenues  ; 

Il  est  transparent  sur  les  bords  et  même  (dans  les  petits 
cristaux  isolés)  jusqu'au  demi-diaphane  ; 

Demi-dur  dans  le  degré  le  plus  foible  ;  il  ne  raie  que  foible- 
ment  le  spath  calcaire  ;  il  n'est  pas  très-cassant ,  et  cependant 
aisé  à  briser. 

il  n'est  pas  pesant. 

Il  se  fond  promptemenl  sur  le  charbon ,  à  la  flamme  du 
chalumeau,  avec  un  fort  dégagement  de  vapeurs  ars^icales,  et 
il  en  résulte  uae  masse  d'un  brun  rougeâtre  toul-àfait  som- 


4o8  SCO 

bre,  qui  devient  sensible  à  Taimant  après  qu'elle  a  *été  bien 
rougie  aufeu,  et  qu'elle  a  perdu  ce  qu'elle  contient  d'arsenic. 

Cette  manière  d'être  grouve  que  ce  fossile  est  un  fer  oxy~ 
diilé  arsenical  vraiscinblablement  avec  un  peu  de  manganèse  , 
ce  qui  lui  donne  de  la  ressemblance  avec  Volivenerz  et  le  wurfe- 
lerz  (le  cuivre  arsenialë  et  le  fer  arseniaté).  Cependant  j'en  ai 
essayé  ,  continue  Breilhaupt,  une  petite  portion  pour  y  cber- 
çher  le  cuivre,  et  je  n'y  en  ai  trouvé  aucun  indice.  11  seroit 
possible  qu'outre  l'acide  arsénique  ,  il  y  en  existât  encore  un 
autre  (peut  être  l'acide  sulfuriqu%).  Toujours  est-il  que  le 
premier  est  le  caractéristique. 

Le  juré  des  mines  de  Scimeiberg ,  M.  Scbeidhauser  , 
m'a  communiqué  ce  qui  suit  sur  le  scorodite,  découvert  tout 
récemment  en  Saxe.  Ce  fossile  a  été  rencontré  à  Stammas- 
§er  (dans  le  district  de  Schneiberg,  en  Saxe),  à  12  toises 
au-dessous  du  jour  (dans  une  montagne  primitive),  sur  un 
banc  de  quarz  et  de  hornstein,  épais  de  10  pouces,  et  comme 
une  masse  sous  la  forme  d'un  gros  pain  enveloppé  d'une 
croûte  argileuse  de  trois  pouces  d'épaisseur.  Sur  ce  même 
banc  se  trouve  aussi  une  terre  ou  poussière  grasse  de  man- 
ganèse ,  d'une  demi  toise  d'épaisseur.  11  étoit  accompagné 
Aie  pyrites  arsenicales  et  sulfureuses. 

Le  même  fossile  a  été  rencontré  aussi  plus  anciennement 
à  Lœling,  en  Carinthie  ,  dans  une  montagne  primitive  ,  avec 
le  fer  spalhique,  une  substance  semblable  à  la  pyrite  arseni- 
cale, le  bismuth  natif,   etc.» 

La  conclusion  de  M.  Breitbaupt  est  assez  singulière ,  car 
après  avoir  reconnu  que  le  scorodite  ne  contient  pas  de 
cuivre  ,  il  cioit  devoir  le  placer  avec  les  minerais  de  ce 
métal.  La  crislallisation  l'a  engagé  à  le  rapprocher  du  cuivre 
arseniaté.  (ln.) 

SCORODON  des  Grecs  et  AlUum  des  Latins.  Ces  noms 
sont  ceux  de  l'AiL  et  de  plusieurs  autres  espèces  voisines  et 
du  même  genre. 

«  11  y  a  ,  rapporte  Dioscoride  ,  le  scorodon  des  jardins  ,  et 
que  l'on  sème.  Celui  d'Egypte  n'a  qu'une  seule  tête  (bulbe), 
comme  le  prason  (poireau),  laquelle  est  douce  ,  petite  ,  et 
cirant  sur  le  pourpre.  Les  scorodon  qui  croissent  ailleurs,  sont 
gros  et  blancs ,  et  ont  plusieurs  côtes  ou  cayeux  que  les  Grecs 
appellent  aglythes  ou  aglydas.  H  y  a  aussi  le  scorodon  sauvage, 
<que  les  Grecs  appellent  ophioscorodon  {c'esl-à-àive  ail  serpen- 
tin). Le  scorodon  est  très-acre  ,  il  est  chaud  et  piquant,  fait 
aller  à  la  selle,  trouble  l'estomac  ,11  altère,  etc.  »  Dioscoride 
ajoiile  qu'il  fait  naître  des  boulons  et  des  ulcères  sur  la  peau, 
^\^  il  trouble  la  vue  de  ceux  (jui  en  font  un  usage  continu. 

l^opluoscorodun  étoii  aussi  nommé  elaphoscorodon  (^  ail  de 


SCO  4o^ 

cerj').  Lorsqu'on  en  mangeoit ,  il  chassoit  la  vermine  ;  il  étoit 
4itfrétique  et  avoit  les  mêmes  vertus  que  le  scorodon,  sur  le- 
quel Dioscoride  revient  assez  longuement.  Ce  botaniste  a 
encore  un  scorodoprasum.  Il  étoit  gros  comme  le  prason,  et 
il  participoit  à  la  fois  du  scorodon  (  ail  ),  et  du  prason  (  poi- 
reau )  par  ses  qualités.  On  le  mangeoit  comme  le  poireau  , 
après  l'avoir  fait  cuire. 

ïhéophraste  distingue  ,  dans  les  scorodon\  ceux  qui  sont 
précoces  de  ceux  qui  sont  tardifs  ,  ensuite  ceux  qui  sont  plus 
grands,  comme  le  scorodon  de  Chypre,  qui  n'ont  qu'un  bulbe, 
de  ceux  qui  ont  des  cayeux  ,  qu'on  nommoit  geleis.  Théo- 
pliraste  fait  observer  qu'on  multiplie  le  scorodon  par  écailles 
et  cayeux.  Galien  nomme  le  scorodon  aglydus  ;  iEginet , 
scelUdas;  jffitius,  onychias. 

j^gmet  et  Galien  mentionnent  aussi  le  scorodoprason. 

Uallium  avoit ,  selon  Pline,  plusieurs  cayeux  contenus  dans 
une  pellicule  propre.  Ce  naturaliste  en  dislingue  plusieurs  ; 
les  précoces,  qui  ne  mettoient  que  soixante  jours  à  mûrir, 
et  les  tardifs.  Il  y  en  avoil  à  bulbes  plus  gros  les  uns  que  les 
autres,  tels  que  le  gros  allium  ,  que  les  Grecs  appeloient 
an/iscorodon  ou  scorodon  de  Chypre,  et  les  Latins  a/Hum  vul^ 
picum,  et  qui  éloienl  fort  estimés  sur  la  côte  d'Afrique.  Pline 
donne  des  renseignemens  sur  la  culture  et  les  propriétés  des 
ailnim  et  sur  la  manière  de  conserver  leurs  bulbes.  Il  conti- 
nue ainsi  :  «quant  à  Vallium  sauvage ,  il  croît  naturelle- 
ment dans  les  champs;  on  l'appelle  aluiri.»  En  jetant  sur 
des  terres  ensemencées  une'  grande  quantité  de  ses  bulbes 
cuits,  il  avoit  la  propriété  d'enivrer  les  oiseaux  qui  venoient 
en  manger.  Il  y  avoit  encore  VaUium  ursimun  ,  à  feuilles  plus 
grandes ,  à  bulbes  plus  petits  et  d'une  odeur  plus  agréable. 
^  L'on  doit  faire  observer  que  V aniiscorodun  de  Pline  est 
1  aphroscorodon  de  Columelle.  Ce  dernier  nom  convient  par- 
faitement àr  cette  plante  ,  qui  étoit  effectivement  échauffanie 
cl  excitante,  tandis  que  l'on  ne  sait  sur  quel  fondement  on 
l'auroit  nommée  an/iscorodon;  d'où  les  commentateurs  croient 
que  le  texte  de  Pline  se  trouve  altéré  ici. 

Mamtenant ,  il  nous  reste  à  faire  remarquer  que  notre  ail 
commun  (a/Ihnn  satmtm,  L.  )  esl  très-certainement  le  scoro- 
don cullwé  des  jardins,  des  (irecs  ,  et  Val/ium  cullivé  des  jardins 
des  Latins  ;  mais  Ton  doit  dire  aussi  qu'ils  ont  connu  plu- 
sieurs autres  espèces  que  le  défaut  de  description  ne  nousper- 
met  pas  de  reconnoîlre  d'une  manière  sûre.  Vophioscorodon 
de  Dioscoride  étoit  peut-être  Va/lium  ursimun,  L  ,  ou  Vai/ium 
Victoriale.  Ce  que  Pline  dit  de  son  alliuni  ursinum  s'applique 
oicnk  Va/lium  ursinum,  L. 

Le  scorodoprasum  de  Di^^icoridc  esl  sans  doute  notre  :o- 


4to  SCO 

camhoh  {aliium  scorodoprasum  ).  \j'aphroscorodon  ou  allium  vul- 
•piium  est  considéré  comme  une  grosse  variété  de  l'ail  cul- 
tivé. 

On  lit  dans  C  Bauhin  (Pinax)  que  le  nom  K allium  dérive 
pout-ôtre  d'un  mol  grec  qui  signifieroit  sV/a/^ter,  ce  qui  s'ap- 
|)liqueroit  à  la  lige  de  l'ail  ,  qui,  en  croissant,  devient  très- 
grêle.  D'autres  auteurs  croient  qu'il  dérive  du  même  mot,  qui 
signifie  haleine,  parce  que  Tail  rend  f(»rte  l'haleine  dos  per- 
sonnes qui  en  mangent.  Le  nom  grec  dérive  de  scaion  rhuclon 
(jiidis  rosa\  etauroit  été  donné  à  l'ail  à  cause  de  son  odeur 
véhémente  ,  ou  bien  parce  qu'étant  mangé  ,  il  fait  naître  des 
lioutons  sur  la  peau,  ou  bien  excite  le  bâillement  et  l'envie  de 
s'étendre  les  bras,  (ln.) 

SCOFiODONIA.  Nom  donné  anciennement  à  une  es- 
pace de  germandrée  ;  elle  est  le  type  d'un  genre  établi  par 
Tournefortet  adopté  par  JVÏoench,  et  qui  comprend,  selon 
A'ianson  ,  les  ieucrhini  sibiricum  ,  canadense  ,  virginir.um  etsto- 
,judoni(i,  L.  11  diffère  du  tcucrium  par  ses  fleurs  spiciformes, 
ayanl  un  calice  bilabié  à  cinq  dents,  (ln.) 

SCORODOPKASON.  L'une  des  espèces  d'AiL  décrites 
par  Dioscoride,  et  qui  paroît  avoir  été  noire  Rocambole 
(  allium  scorodoprasum  ).  On  trouve  plusieurs  espèces  d'ail 
décrites  sous  ce  nom,  dans  les  vieux  ouvrages  de  botanique. 

(LN.) 

SCORODO-THLASPI  d'Aldrovande.  C'est  une  es- 
pèce de  Thlaspi  qui  sent  l'ail  Jorsqu'on  le  froisse  entre  les 
doigts   {thlaspi alliarewn  ,  L.).  (■LN.) 

SCORPÈNE,  Scorpœna.  Genre  de  poissons  de  la  divi- 
sion des  Thoraciques  ,  dont  les  caractères  consistent  à 
avoir  la  tête  garnie  d'aiguillons,  ou  de  protubérances  ,  ou  de 
barbillons,  et  dépourvue  de  petites  écailles;  une  seule  nageoire 
dorsale. 

<je  genre,  aux  dépens  duquel  Schneider,  a  établi  le 
genre  Synancée,  et  Cuvier  le  sous-genre  Ptéroïs,  est  très- 
vemarquable  par  la  forme  extraordinaire  de  la  plupart  des 
espèces  qu'il  contient.  Plusieurs  sont  hideuses  à  voir,  et  peu- 
vent, comme  l'observe  Lacépède  ,  servir  de  modèle  aux 
cires  fantastiques  que  l'imagination  de  l'homme  se  plaît  à 
créer  pour  peupler  les  enfers;  mais  quelque  baroques  qu'el- 
les soient,  elles  rentrent  toujours  dans  l'ordre  naturel  ;  on 
ne  les  appellera  jamais  que  des  poissons  voisins  des  Cottes, 
dans  l'ordre  des  rapports.' 

Lacépède  a  décrit  seize  espèces  de  scorpènes  qu'il  divise 
«11  scorpènes  qui  n'ont  point  de  barbillons,  et  scorpènes  qui 
oui  des  barbillons. 

Les  premières  sont  : 


SCO  4ii 

La  ScORPÈNE  HORRIBLE  ,  qui  a  le  corps  garni  de  tubercules 
gros  et  calleux.  F.  pi.  P.  19  où  elle  est  figurée.  On  la  pêche 
dans  la  mer  des  Indes.  Elle  est  connue  en  français  sous  le 
nom  de  crapaud  de  mer  et  àe pylhonisse.  Sa  tête  est  très-grande 
et  très-inégale.  On  y  voit  nombre  de  protubérances,  de  sil- 
lons et  d'épines ,  et  en  dessus  deux  enfoncemens  profonds. 
Ses  mâchoires ,  susceptibles  d'une  large  ouverture ,  sont  gar- 
nies de  petites  dents,  sont  articulées  de  manière  que  ,  lors- 
qu'elles sont  fermées,  l'inférieure  s'élève  verticalement  et  clôt 
la  bouche  comme  une  sorte  de  trappe, ayant  en  devant  l'ap- 
parence d'un  fer-à-cheval.  Ses  yeux  sont  petits  et  placés  pres- 
que au  sommet  de  deux  protubérances.  L'ouverture  de  ses 
ouïes  est  très-large.  Sa  membrane  branchiale  a  cinq  rayons; 
ses  narines  sont  allongées  ;  sa  ligne  latérale  se  courbe  par 
en  bas  vers  l'anus.  Toutes  ses  nageoires  sont  pourvues  de 
forts  rayons  et  recouvertes  d'une  membrane  épaisse  ,  les 
trois  ou  quatre  premiers  rayons  de  la  dorsale  sont  surtout 
très-gros  et  très-difformés;  on  peut  les  appeler  des  lubé- 
rosités  branchues ,  aussi  bien  que  des  rayons. 

Le  corps  de  ce  poisson  est  aussi  garni  de  tubercules  cal- 
leux, mais  n'a  point  d'écaillés;  il  est  varié  de  brun  et  de 
blanc.  Ses  nageoires  pectorales  sont  très-longues,  et  sa  cau- 
dale est  arrondie. 

On  croit  que  la  scorpène  horrible  vit  de  coquillages  et  de 
crustacés  ,  d'après  la  forme  de  ses  mâchoires;  mais  on  ne 
sait  rien  de  positif  sur  ses  mœurs.  On  ignore  même  la  gran- 
deur à  laquelle  elle  peut  parvenir,  car  on  n'apporte  en  Eu- 
rope que  de  petits  individus,  sur  lesquels  on  ne  peut  asseoir 
une  opinion  précise. 

La  Scorpène  africaine  ,  Scorpœna  capensis  ,  Linn. ,  qui  a 
quatre  aiguillons  auprès  de  chaque  oeil ,  et  la  nageoire  de  la 
queue  presque  tronquée  net.  Elle  se  trouve  dans  les  mers 
voisines  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  Elle  est  revêtue  de 
petites  écailles.  Sa  tête  est  grande  et  convejte ,  recouverte 
par  une  prolongation  transparente  de  la  peau.  Elle  parvient 
à  une  grandeur  de  deux  à  trois  pieds. 

La  Scorpène  épineuse,  qui  a  des  aiguillons  le  long  de. la 
ligne  latérale.  Son  corps  est  comprimé;  sa  nageoire  dorsale 
est  très  longue.  On  ignore  sa  patrie. 

La  Scorpène  aiguillonnée,  qui  a  quatre  aiguillons  re- 
courbés et  très-forts  au  dessous  des  yeux  ;  les  deux  lames  de 
chaque  opercule  garnies  de  piquans.  On  ignore  son  pays  natal. 
La  Scorpène  marseillaise,  Cotius massl/iensis ,  Linn.,  qui 
a  plusieurs  aiguillons  sur  la  tête;  un  sillon  ou  enfoncement 
entre  les  yeux. On  la  pêche  dans  la  Méditerranée.  Elle  fait  le 
passage  entre  le  genre  des  çoUes  et  celui-ci. 


^t2  SCO 

La  ScoRPÈNE  DOUBLE  FILAMENT ,  qui  a  la  npâchoire  infé- 
rieure repliée  sur  la  supérieure;  un  filament  double  et  long  à 
l'origine  de  la  nageoiie  dorsale.  On  la  trouve  dans  la  mer 
des  Indes  ,  où  Commersonl'a  observée.  Elle  est  figurée  dans 
Lacépède.  Son  corps  est  couvert  d'écaillés  ;  sa  tête  est  grosse, 
un  peu  aplatie  par  dessus ,  et  garnie  de  protubérances.  Ses 
deux  mâchoires  sont  arrondies. 

La  ScoRPENE  BRACHioN,  qui  a  la  mâchoire  inférieure  re- 
pliée sur  la  supérieure;  point  de  filament  ;  les  nageoires  pec- 
torales basses,  larges,  attachées  à  une  grande  prolongation 
charnue  ,  et  composées  de  vingt-deux  rayons.  Elle  est  figu- 
rée dans  Lacépède  ,  vol.  3  ,  pi.  12,  On  la  trouve  avec  la  pré- 
cédente, à  laquelle  elle  ressemble  par  plusieurs  de  ses  par- 
ties. 

La  seconde  division,  ou  les  scorpènes  qui  ont  des  barbil- 
lons ,  offre  : 

La  ScORPÈNE  BARBUE  ,  qui  a  deux  barbillons  à  la  ma^ 
choire  inférieure  ,  et  des  élévations  sur  la  tête.  On  ignore 
son  pays  naial. 

La  ScoRPENE  RASCASSE,  Scorpœna  poi'ciis  ,  Linn. ,  qui  a  des 
barbillons  auprès  des  narines  et  des  yeux,  et  la  langue  lisse. 
Elle  est  figurée  dans  Bloch  ,  pi.  181 ,  dans  le  Bvffon  de  De- 
terville,  vol.  2  ,  pag.  i25  ,  n.°  3,  et  dans  d'autres  ouvrages. 
On  la  pêche  dans  la  Méditerranée  et  dans  plusieurs  autres 
endroits  des  mers  d'Europe  ;  on  l'appelle  diable  et  crapaiid 
de  mer.  C'est  la  plu'è  ancienne  et  la  mieux  connue  de  son 
genre.  Arislole  en  fait  mention  ,  exagère  le  danger  de  la  pi- 
qûre de  ses  épines ,  et  indique  la  chair  crue  du  mulet  appli- 
quée sur  la  plaie,  comme  le  seul  remède  à  employer.  Hip- 
pocrate  pense  que  son  fiel  facilite  beaucoup  les  menstrues  et 
la  délivrance  de  l'arrière-faix  ;  Diostoride  assure  qu'il  détruit 
les  verrues ,  les  excroissances  des  ongles  ;  Pline  recommande 
le  vin  dans  lequel  on  fait  mourir  ce  poisson  ,  comme  un  re- 
mède contre  fts  douleurs  du  foie  ,  les  maladies  de  la  vessie  , 
la  chute  des  cheveux,  et  contre  les  taches  de  la  cornée; 
G^lien  vante  ses  cendres  comme  un  bon  lithontriplique,  elc. 
Aujourd'hui  on  n'en  fait  plus  d'usage  en  médecine.  Sa  chair 
est  maigre  et  coriace;  il  n'y  a  que  les  pauvres  qui  en  mangent. 
Elle  se  lient  sur  les  côtes  ,  en  troupes  nombreuses ,  et  se 
cache  sous  les  varecs  et  autres  productions  marines ,  où  elle 
attend  les  petits  poissons,  les  crustacés  et  autres  animaux 
marins ,  dont  elle  fait  sa  proie.  On  la  prend  au  filet  ou  à 
l'hameçon,  auquel  on  attache  un  morceau  de  crabe.  Lors- 
qu'elle est  prise  ,  elle  relève  sa  nageoire  dorsale  et  cherche  à 
piquer  avec  ses  aiguillons.  Sa  tête  est  grosse  ;  l'ouverture  de 
sa  bouche  Urge  ;  ses  mâchoires  garnies  de  plusieurs  rangs  de 


SCO  4i3 

pelîtes  dents  pointues  ;  son  palais  est  rude  ;  sa  langue  lisse  et 
pointue;  ses  yeux  sont  grands,  rapprochés  et  placés  sur  le 
sommet  ;  l'ouverture  de  ses  ouïes  est  large  ,  et  sa  membrane 
branchiale  soutenue  par  sept  rayons.  Sa  ligne  latérale  voi- 
sine du  dos  est  droite  ;  son  anus  plus  près  de  la  queue  que  de 
ia  tête  ;  sa  couleui'  est  un  brun  de  plusieurs  nuances  ,  et  ta- 
cheté de  noir,  de  jaune  et  de  blanc  ;  ses  nageoires  sont  rou- 
geâtres;  la  dorsale  a  douze  rayons  aiguillonnés,  la  ventrale 
un,  et  l'anale  trois.  Salongueur totale  est  d'environ  un  pied. 

La  ScORPÈNE  MAHÉE,  qui  a  cinq  OU  six  barbillons  à  la  mâ- 
choire supérieure  ,  et  deux  barbillons  à  chaque  opercule. 
Commerson  l'a  observée  dans  la  mer  des  Indes. 

La  ScoRPÈNE  TRUIE  ,  Scor'pœna  scrufa  ,  Linn.  ,  a  des  bar- 
billons à  la  mâchoire  inférieure  et  le  long  de  chaque  ligne 
latérale  ;  la  langue  hérissée  de  petites  dents.  On  la  pêche 
dans  les  mers  d'Europe  et  d'Amérique.  Elle  est  surtout  com- 
mune dans  la  Méditerranée.  Les  anciens  l'ont  connue  ,  et 
Aristote  dit  qu'elle  fraie  deux  fois  l'an.  On  mange  sa  chair 
en  Italie ,  mais  dans  le  Nord  on  la  dédaigne.  C'est  un  pois- 
son très-fort  et  très-vorace  ,  de  plusieurs  pieds  de  long,  qui 
vit  d'autres  poissons  ,  d'oiseaux  de  mer  et  autres  animaux. 
Ses  piqûres  sont  à  redouter  comme  celles  de  la  scorpène 
rascasse.  Le  fond  de  sa  couleur  est  d'un  brun  rouge  tirant 
sur  le  blanc,  et  marqué  de  taches  brunes,  ses  écailles  sont 
plus  grandes  que  celles  des  autres  espèces  du  genre ,  et  de 
plus  ,  rudes  au  toucher. 

La  Scorpène  dacïyloptère,  qui  se  trouve  dans  la  Médi- 
terranée. Elle  a  été  observée  par  de  la  Roche,  et  décrite  et 
dessinée  par  lui  dans  son  mémoire  sur  les  poissons  des  îles 
Baléares  ,  inscrit  dans  les  Annales  du  Muséuin. 

La  Scorpène  Plumier,  qui  a  quatre  barbillons  frangés  à  la 
mâchoire  supérieure;  quatre  autres  entre  les  yeux  ;  d  autres 
encore  le  long  de  chaque  ligne  latérale;  dès  piquans  trian- 
gulaires sur  la  tête  et  les  opercules.  On  la  trouve  dans  les 
mers  d'Amérique,  où  elle  a  été  observée  ,  décrite  et  dessinée 
par  Plumier. 

La  Scorpène  américaine,  quia  deux  barbillons  à  la  mâ- 
choire supérieure  ,  cinq  à  six  à  l'inférieure  ;  la  partie  posté- 
rieure de  la  nageoire  du  dos,  la  nageoire  de  l'anus  ,  celle  de 
la  queue  et  les  pectorales  ,  très-arrondies.  Elle  est  figurée 
dans  le  Traité  des  Pêches  de  Duhamel,  vol.  3,  pi.  2  ,  n.^  3, 
sous  le  nom  de  diable  de  mer.  On  la  pêche  dans  les  mers  d'A- 
mérique. 

La  Scorpène  didâctyle,  qui  a  deux  rayons  séparés  l'un  de 
l'autre  auprès  de  chaque  nageoire  pectorale.  Elle  e#t  tigurée. 
dans  Pallas,  Spicileg.  zoolog,  7,  tab.  4,  n.o  i-3.  On  la  pêche 


4i4  SCO 

dans  la  mer  des  Indes.  C'est  l'espèce  dont  la  forme  est  la 
plus  bizarre.  Sa  peau  est  dénuée  d'écaillés,  brune  avec  des 
raies  jaunes  sur  le  dos  ,  et  des  taches  sur  les  côtés  :  des  ban- 
des noires  sont  distribuées  sur  la  nageoire  de  la  queue  ainsi 
que  sur  les  pectorales. 

La  ScoRPÈNE  AMENNÉE,  qui  a  des  appendices  articulées 
placées  auprès  des  yeux;  les  rayons  des  nageoires  pectorales 
de  la  longueur  du  corps  et  de  la  queue.  Elle  est  figurée  dans 
Bloch,  pi.  i85,  et  dans  le  Buffon  àe  Deterville,  vol.  2,  pi. 
i^o.  On  la  trouve  dans  la  mer  des  Indes.  Sa  chair  est  blanche 
et  de  bon  goût. 

La  ScoRPÈNE  VOLANTE,  qui  a  les  nageoires  pectorales  plus 
longues  que  lecorps.Onla  trouve  dansâtes  rivières  d'Amboine 
et  du  Japon  ,  où  elle  vit  de  petits  poissons ,  et  où  elle  échappe 
aux  gros  en  s'élevant  de  quelques  pieds  au-dessus  de  la  sur- 
face de  l'eau  ,  par  des  vols  ,  ou  mieux  des  sauts  analogues  à 
ceux  des  Trigles  et  des  Exocets.  Sa  peau  est  revêtue  de  pe- 
tites écailles  ,  et  fasciée  par  des  bandes  orangées  et  blan- 
ches ;  ses  nageoires  sont  variées  de  jaune,  de  brun  et  de  noir; 
des  points  blancs  marquent  la  ligne  latérale  ;  sa  grandeur  ne 
surpasse  jamais  un  pied.  Sa  chair  est  blanche  ,  ferme ,  de  bon 
goût  et  fort  recherchée,  (b.) 

SCORPIO,  Nom  latin  des  Scorpiotsîs.  (desm.) 

SCORPIO  de  Rondelet.  C'est  la  Scorpène.  K.  ce  mot, 

(desm.) 

SCORPIOCTONON.  L'un  des  noms  grecs  de  Vhe- 
iio/ropion  des  anciens.  V.  ce  nom.  (ln.) 

SCORPIOiDES.  «  Le  scorpidides  est  une  petite  herbe 
qui  jette  peu  de  feuilles,  et  qui  a  la  graine  faite  comme  la 
queue  des  scorpions.  Appliquée  sur  les  piqûres  faites  par 
ces  animaux,  elle  soulage  beaucoup,  et  donne  un  prompt 
remède.  »  Voilà  tout  ce  que  Dioscoride  rapporte  de  ce  vé- 
gétal. Pline  dit  de  plus  que  Dioscoride,  qu'on  appelle  aussi 
cette  plante  scorpius. 

Matthiole  regarde  comme  erronée  l'opinion  de  ceux  qui 
donnent  le  souci  pour  le  scorpidides,  qu'il  croit  être  l'or- 
nithopus  scorpioïdes ,  ce  que  ne  pense  pas  C.  Bauhin  ,  car  il 
rapporte  cet  ornilhopus  à  son  lelephium  Dioscoridis  seu  scor- 
pioïdes {C  B.  Pin.)  ;  et  avec  Dodonée  et  (iesner  il  prend 
pour  le  scorpioïdes  de  Dioscoride  le  scorpiurus  sulcata  ,  L- 
Csesalpinet  F,  Columna  prétendent  que  le  scorpiurus  sulcata 
est  le  clymenos  de  Dioscoride,  ce  qui  est  d'autant  plus  sur- 
prenant que  la  description  Au.  clymenos ,  telle  qu'elle  est  don- 
née par  Dioscoride  ne  peut  être  applicable  à  cette  plante  , 
car  le  clymenos  {ou  clymenon)  avoit  la  tige  carrée  et  semblable 
à  celle  de  la  fève,  elles  feuilles  comme  celles  du  plantain,  etc.; 

\ 


SCO  ^,5 

de  plus,  le  clymenos  éloit  une  plante  à  tiges  volubles  ,  et 
c'est  ce  que  le  nom  grec  de  dymenos  rappelle.  Le  scorpiurus  sut- 
catansri'A  rien  de  semblable;comment  donc  un  botaniste  mo- 
derne de  Dijon  a-t-il  pu  renouveler  l'opinion  de  Fabius  Co- 
lumna,  qui  est  si  évidemment  fausse  ?  Comment  a-l-il  pu 
surtout  la  renouveler  sans  consulter  l'article  dymenun  de 
Dioscoride  ,  ce  qu'il  n"a  point  fait,  puisque  aulremenl  il  au- 
roit  reconnu  son  erreur.  Observons  miîme  que  Fab.  Co' 
lumna  ne  donne  pas  son  assentiment  comme  le  véritable  ; 
car  il  avoit  cru  auparavant  que  le  souci  étoit  le  scorpioîdcs 
des  anciens,  à  cause  seulement  de  ses  graines  recroquevil- 
lées qui ,  malgré  cela  ,  ne  ressemblent  pas  du  tout  à  la  queue 
des  scorpions,  non  plus  que  les  gousses  du  scorpiurus  sul~ 
cota. 

Les  gousses  articulées  et  tortillées  deïorrdihopits  scorpiaîles 
rappelleroient  mieux  la  queue  des  scorpions;  mais  nous 
devons  avouer  que  le  scurpioides  nous  est  encore  in- 
connu, à  moins  que  ce  ne  soit  une  espèce  de  Coroisille. 

Plusieurs  anciens  botanistes  ont  appliqué  le  nom  de 
scorpiuîcles  à  Vhelioiropium  europœum  ^  aux  myosoli's  an>eiists  et 
scor-piuîdes  ^  aux  ornîlhopus  compressas  etscorpîoîdes^  et  aux  scor- 
piurus ,  etc. 

Le  genre  scorpioides  de  Tournefort  et  d'Adanson  est 
le    môme  que  le   scorpiurus  de  Linnêeus.    Voyez  ce  mot.  (ln.) 

SCORPION.  Nom  spécifique  d'une  Tortue,  (b.) 

SCORPION.  Coquille  du  genre  des  Strombes.  On  l'é*- 
tend  même,  chez  plusieurs  marchands  ,  à  la  plupart  des  es- 
pèces de  ce  genre  ,  qui  ont  des  saillies  digitées.  (b.) 

SCORPION,  Scorpio  ,  Linn.  ,  Fab.  ,  Deg.  ,  Oliv., 
Lam. ,  etc.  Genre  d'arachnides,  de  Tordre  des  pulmonaires, 
famille  des  pédipalpes,  distingué  des  autres  genres  que  c<àÊk 
ordre  comprend,  par  les  caractères  suivans  :  abdomen  inli-^ 
mement  uni  au  tronc  ,  par  toute  sa  largeur,  offrant  à  sa  base 
Inférieure  deux  lames  mobiles,  en  forme  de  peignes  ,  et  ter- 
miné par  une  queue  noueuse,  année  d'un  aiguillon  à  son  ex- 
trémité; stigmates  au  nombre  de  huit ,  découverts  et  disposes 
quatre  par  quatre  ,  de  chaque  côté  de  la  longueur  du  ventre; 
dessus  du  tronc  recouvert  de  trois  plaques  ,  dont  la  première 
très-grande,  en  forme  de  corselet,  portant  six  à  huit  yeux, 
■dont  deux  situés  au  milieu  du  dos,  rapprochés  et  plus  grands  ; 
les  autres  situés  près  des  bords  latéraux  et  antérieurs,  trois 
ou  deux  de  chaque  côté;  mandibules  en  pince. 

Les  scorpions  ont  le  corps  allongé  et  terminé  brusque- 
ment par  une  queue  longue,  composée  de  six  nœuds,  dout  le 
dernier ,  plus  ou  moins  ovoïde  ,  finit  en  pointe  arquée  et  très- 
aiguè",  une  sorte  de  dard  ,  sous  l'extréuiité  duquel  sont  deu-K 


4'6  SCO 

petits  trous,  servant  d'issue  à  une  liqueur  vénéneuse,  contenue 
dans  un  réservoir  intérieur.  Les  palpes,  ou  plutôt  les  pieds- 
palpes ,  sont  très-grands,  en  forme  de  serres,  avec  une 
pince  au  bout,  imitant  par  sa  figure  ,  une  main  didaclyle  ou 
àdeux  doi^s,  dont  Tun  mobile.  A  l'origine  de  chacun  des 
quatre  pieds  antérieurs,  est  un  appendice  triangulaire,  et 
ces  pièces  présentent,  étant  rapprochées,  l'apparence  d'une 
jèvre  à  quatre  divisions.  Les  peignes  situés  près  de  la  naissance 
du  ventre  sont  composés  d'une  pièce  principale  ,  étroite  , 
allongée,  articulée,  mobile  à  sa  base,  et  garnie,  le  long  de 
son  côté  inférieur,  d'une  suite  de  petites  lames,  réunies  avec 
elle  par  une  articulation,  étroites,  allongées,  creuses  inté- 
rieurement, parallèles  et  imitant  des  dents  de  peigne.  Leur 
nombre  est  plus  ou  moins  considérable  selon  les  espèces,  et 
varie  quelquefois  d'une  certaine  quantité,  peut-être  même 
avec  l'âge.  L'usage  de  ces  appendices  n'est  pas  encore 
bien  connu.  Tous  les  tarses  sont  semblables,  de  trois  arti- 
cles, avec  deux  crochets  au  bout  du  dernier. 

MM.  Cuvier,  Tré'viranus,  Léon  Dufour  et  Marcel  de 
Serres,  se  sont  occupés  de  l'anatomie  du -scorpion.  Nous  ne 
connoissons  les  observations  de  M.  Cuvier  que  par  un  résumé 
très-succicnt,  qu'il  en  a  donné  dans  un  de  ses  comptes  annuels 
des  travaux  de  l'académie  des  Sciences.  Les  faits  les  plus  im- 
portans  y  sont  néanmoins  présentés,  et  ce  sont  les  premiers 
que  nous  ayons  eus  à  cet  égard  ;  les  observations  antérieures 
de  Muralto  ne  méritant  guère  notre  confiance  Les  scorpions 
ont  huit  stigmates ,  situés  sous  le  ventre,  quatre  de  chaque 
côté.  Ils  donnent  dans  autant  de  bourses  blanches,  renfermant 
chacune  un  grand  nombre  de  petites  lames  très-déliées,  entre 
lesquelles  il  est  probable  que  l'air  se  filtre.  Un  vaisseau  mus- 

•leux  règne  le  long  du  dos,  et  envoie  à  chaque  bourse  une 
tère  et  une  veine.  Le  canal  intestinal  est  droit  et  grêle. 
Le  foie  se  compose  de  quatre  grappes  glanduleuses  ,  qui  ver- 
sent leur  liqueur  dans  quatre  points  de  l'intestin.  Le  mâle  a 
deux  verges  ,  sortant  près  des  peignes ,  et  la  femelle  deux  vul- 
ves. Ces  dernières  donnent  dans  une  matrice  composée  de 
plusieurs  canaux,  communiquant  les  uns  avec  les  autres,  et 
que  l'on  trouve  au  temps  du  part ,  remplis  de  petits  vivans  ; 
les  testicules  sont  aussi  formés  de  quelques  vaisseaux  anasto- 
mosés ensemble.  Ces  recherches  ont  été  faites  sur  le  scor- 
pion d'Europe.  Une  espèce  plus  grande  ,  et  qui  peut  acquérir 
jusqu'à  deux  pouces  et  demi  de  long,  le  scorpion  roussâtre, 
scorpio  occitanus,  de  M,  Amoreux ,  a  fourni  à  M.  Léon  Du- 
four un  grand  nombre  d'observations  qui  ont  été  le  sujet 
d'un  excellent  Mémoire  inséré  dans  le  Journal  de  Physique, 
mois  de  juin  1817,  et  dont   je   vais  présenter  un  extrait. 


SCO  Li-j 

Quoique  M.  Dufour  confesse  ,  avcccelte  franchise  qét  dis- 
tingue les  amis  sincères  de  la  nature  ,  que  quelques  points 
d'analomic  lui  oni  échappé ,  et  qu'il  en  est  d'autres  sur  les- 
quels il  lui  reste  des  doutes  ,  ce  beau  travail ,  par  la  multi- 
tude et  l'ensemble  des  faits  nouveaux ,  n'en  mérite  pas  moins 
l'hommage  de  notre  reconnoissance,  et  grâces  au  zèle  de  cet 
infatigable  naturaliste  et  de  M.  le  baron  Dejean  ,  l'entomo- 
logie de  l'Espagne  sortira  de  l'oubli,  et  sa  botanique  recevra 
une  nouvelle  illustration  ,  qui  nous  consolera  de  la  perte  des 
Cavanille,  des  Orléga,  etc. 

M.  Dufour  décrit  d'abord  ,  d'une  manière  très-étendue  et 
fort  exacte  ,  le  scorpion  roussâtre.  Une  partie  de  cette  des- 
cription est  commune  à  toutes*  les  espèces  du  genre;  les  ca- 
ractères distinctifs  qu'il  assigne  à  celle-'ci  seront  exposés  plus 
bas,  ou  dans  le  tableau  des  espèces  que  nous  citerons.  Ce 
scorpion  est  Tespècc  dont  Rédi  et  Maupertuis  se  sont  servis  , 
dans  leurs  expériences  sur  l'effet  de  son  venin.  Le  dernier  l'a 
distinguée  sous  le  n#m  de  souvignargues,  canton  du  Languedoc 
où  elle  se  trouve  plus  particulièrement.  Mais  elle  étoit  con- 
nue bien  antérieurement,  puisqu'elle  est  mentionnée  dans 
Mouffet ,  Matlhiole  et  Jonston.  Elle  est  très-commune  dans 
le  royaume  de  Valence  et  la  Basse-Catalogne,  provinces  où 
M.  Dufour  n'a  pu  découvrir  aucun  individu  du  scorpion 
,d'Europe.  Ces  deux  espèces  paroissent  s'exclure  réciproque- 
ment des  mêmes  localités.  Ainsi  vainement  chercheroit-on 
la  seconde,  ou  le  scorpion  d'Europe  ,  dans  les  montagnes  ou 
collines  arides  des  environs  de  Narbonne;  sur  celles  de  nature 
schisteuse  ou  désertes  ,  qui  forment,  du  nord  au  sud,  une  li- 
sière maritime  de  huit  à  dix  lieues  au  plus  de  largeur,  entre 
Barcelone  et  Saint-Philippe,  ainsi  que  sur  les  confins  delà 
Basse-Catalogne  avec  l'Arragon,  pays  où  l'on  trouve  le  scor- 
pion roussâtre  ,  et  souvent  en  grande  quantité.  Sa  patrie,  en 
Espagne,  est  absolument  celle  du  caroubier  {ceratonia  siliqua  , 
Linn.).  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'un  peu  au-delà  de  Bar- 
celone, où  l'on  rencontre  les  premières  plantations  de  cet 
arbre,  l'on  commence  aussi  à  trouver  les  premiers  individus 
de  ce  scorpion.  Cette  concomitance  tient  uniquement  à  l'i- 
dentité delà  température  et  du  sol.  Le  caroubier,  ainsi  que 
cette  arachnide,  ne  peuvent  prospérer  que  dans  des  terrains 
secs,  exposés  à  une  chaleur  assez  forte,  et  situés  à  peu  de 
distance  de  la  mer.  M.  Dufour  présume  que  ce  scorpion  ne 
s'avance  pas  dans  les  terres  au-delà  des  limites  indiquées 
plus  haut,  et  ne  pense  pas  qu'on  le  rencontre  à  une  hauteur 
de  plus  de  i5o  toises  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  puisque 
les  montagnes  de  PoHa-Cœli,  situées  à  six  lieues  à  l'.ouest  de 
\alence,  quoique  daiis  la  zone  du  scorpion  roussâtre,  mais 


4i8  s  C  O 

d'uQn  élévation  favorable  à  la  propagation  des  plantes  sous-^ 
alpines,  ne  lui  ont  offert,  malgré  les  plus  soigneuses  recher- 
ches, aucune  trace  de  cet  animal.  L'habitation  du  scorpion 
d'Europe  est  soumise  aussi  à  l'influence  du  sol  et  de  la  tem- 
pérature. 

Notre  observateur  n'a  pu  découvrir  aucun  individu  de 
cette  espèce  et  de  la  précédente,  dans  la  campagne  de  Ma- 
drid, les  deux  Castiiles ,  le  Guipuscoa,  les  environs  de 
Tudéla  et  ceux  de  Tafalla,  en  Basse-Navarre, et  quoiqu'il  fît 
ces  recherches  dans  la  belle  saison.  Mais  en  France  ,  le  scor- 
pion d'Europe  commence  à  se  montrer  à  une  latitude  supé- 
rieure, vers  le  quarante-quatrième  degré,  ou  sous  la  zone 
propre  à  la  culture  de  l'amandier  ,  du  grenadier ,  et  se  rap- 
prochant des  limites  septentrionales  de  celle  des  oliviers. 
Je  présume  que  s'il  n'habite  pas  les  contrées  de  l'Espagne , 
la  raison  en  est  que  les  hivers  y  sont  plus  longs  ou  plus  rigou- 
reux que  dans  le  climat  de  la  Fran£e  dont  je  viens  de  parler. 
D'autre  part,  l'habitation  du  scorpion  roussâtre  est  elle- 
même  déterminée  par  la  nature  des  insectes  dont  il  se  nour- 
rit, et  qui  ne  sont  propres  qu'à  certaines  localités. 

Le  scorpion  roussâtre  se  tient  sous  les  pierres ,    dans  les 
montagnes  des  contrées  méridionales,  exposées  à  une  vive 
chaleur.  Il  fuit  les  lieux  humides, et  ne  pénètre  ni  dans  les  ha- 
bitations, ni  dans  les  souterrains.  M.  Dufour  n'en  a  jamais 
rencontré  plus  de  deux  sous  le  même  abri  ;  le  plus  souvent 
ils  vivent  solitaires,  et  se  creusent  dans  le  sol  une  cavité  con- 
choïde ,  où  ils  se  blottissent.  Lorsqu'ils  quittent  leur  retraite 
pour  chercher  leur  nourriture  ,  et  c'est  ordinairement  le  soir 
ou  pendant  la  nuit,  ils  portent  en  avant  leurs  palpes,  et  ont 
la  queue  traînante.  Mais  irrités  ou  menacés  de  quelque  dan- 
ger,!^ rejettent  les  palpes  en  arrière  et  recourbentla  queue  sur 
le  corps,  de  manière  que  l'aiguillon  protège  la  tête  ,  et  de- 
vient une  arme  essentielle  que  l'animal  dirige  en  tous  sens, 
pour  l'attaque  ou  la  défense.  Les  scorpions  se  battent  entre 
eux  à  outrance,et  finissent  par  s'entre-dévorer.  Divers  insec- 
tes, soit  en  état  parfait,  soit  en  état  de  larves,  qu'ils  saisis- 
sent  avec  leurs  pinces  et  qu'ils  broient  entièrement  ,  leur 
servent  de  nourriture.  Mais  ils  peuvent  supporter  de  longues 
diètes  ,  et  M.  Dufour  en  a  gardé  pendant  six  mois,  privés  de 
tout  aliment, sans  qu'ils  parussent  en  avoir  souffert. Rédi  avoit 
déjà  fait  la  même  observation.  Ils  muent  plusieurs  fois,  à  la 
manière  des   autres  arachnides.  Les  femelles  transportent 
leurs  petits  sur  le  dos  ,  ainsi  que  le  fait  la  tarentule.  Le  mâle 
ne  diffère  de  l'aulre  sexe  que  parce  qu'il  est  un  peu  plus  pe- 
tit y  et  que  spn  abdomen  est  moins  gros. 


SCO  it^ 

La  fonction  respiratoire  s'exerce,  dans  ces  animaux ,  a« 
moyen  des  poumons  et  des  stigmates. 

Les  poumons  sont  au  nombre  de  huit ,  et  situés  sur  les 
côtés  des  quatre  premières  plaques  ventrales.  Chacun  de  ces 
derniers  segmens  en  offre  une  paire.  Ils  s'annoncent,  à  l'ex— 
lérieur  ,  par  autant  de  taches  ovales,  blanchâtres  ,  ayant  près 
d'une  ligne  de  diamètre.  Ils  sont  situés  au-dessous  d'une  toile 
musculeuse  qui  revêt  la  surface  interne  du  demie  corné  ,  ou 
la  peau  de  l'animal.  Mis  a  nu  ,  le  poumon  paroît  être  d'un 
blanc  laiteux  mat  et  d'une  forme  presque  semblable  à  celle 
de  la  coquille  d'une  moule.  Il  est  formé  de  la  réunion  d'en- 
viron trente  à  quarante  feuillets,  fort  minces,  étroitement 
imbriqués,  taillés  en  demi-croissant ,  et  qui  confluent  tous  , 
par  leur  base  ,  en  un  sinus  commun,  membraneux,  et  où  s'a- 
bouche le  stigmate.  Le  bord  libre  est  d'un  blanc  plus  fonce 
que  le  reste  ;  d'où  M.  Dufour  présume  qu'il  est  lui-même 
composé  de  plusieurs  lames  superposées,  et  que  c'est  là  que 
s'opère  essentiellement  la  fonction  respiratoire.  Il  pense 
aussi  que  chaque  feuillet  est  formé  de  deux  lames.  Ces  bourses 
pulmonaires,  auxquelles  je  donne  le  nom  de  pneiimobranches, 
offrent ,  selon  cet  observateur  ,  la  même  structure  ,  que  celles 
des  arachnides,  et  particulièrement  de  la  tarentule. 

Les  stigmates  sont  des  ouvertures  linéaires,  transversales,! 
munies  d'un  léger  rebord  corné  et  qui,  dans  l'acte  respiratoire» 
présentent  un  mouvement  presque  insensible  de  contraction 
et  de  dilatation.  Il  y  en  a  un  pour  chaque  bourse  pulmo-. 
naire. 

Les  recherches  de  M.  Dufour  sur  l'organe  de  la  circula- 
lion  ,  qu'il  appelle  vaisseau  dorsal,  mais  qu'il  faut,  d'après 
les  observations  de  M.  Cuvier ,  considérer  comme  un  vérita- 
ble cœur,  sont  incomplètes.  Les  parois  de  ce  vaisseau  lui  ont 
paru  plus  fermes  et  plus  musculeuses  que  celles  que  le  même 
organe  offre  dans  les  insectes.  Il  est  logé  dans  la  rainure  mé- 
diane qui  divise  le  foie  en  deux  lobes,  et  présente  des  dilata-i 
lions  et  des  étranglemens  successifs.  Les  rameaux  qu'il  fournit 
par  ses  côtés  sont  très-difficiles  à  suivre  ,  avec  les  instrumens 
ordinaires  de  dissection,  les  seuls  dont  M.  Dufour  a  pu  , 
dans  la  circonstance  où  il  se  trouvoit,  faire  usage.  En  péné- 
trant dans  la  queue  ,  cet  organe  devient  d'une  ténacité  ex- 
trême ;  ouvert  longitudinalement ,  il  n'a  offert  qu'une  seule 
cavité. 

Les  observations  que  M.  Marcel  de  Serres  a  faites 
nous  permettent  de  remplir  la  lacune  que  M.  Dufour,  faute 
d'instrumens  convenables,  a  laissée  dans  cette  partie  anato- 
mique. 

Le  cœur  (  Obser^,  sur  h  vaisseau  dois,  des  insect, ,  Mém.  du 


420  SCO 

Mus.  d'Hisl.  nal.')^  est  aWongé,  presque  cylindrique,  et  s'étend 
d'une  extrémité  du  corps  à  l'autre,  en  y  comprenant  la 
queue  de  l'animal.  Il  fournit  de  chaque  côté  du  corps  qua- 
tre paires  de  vaisseaux  vasculaires  principaux  qui  se  rendent 
dans  les  poches  pulmonaires  et  s'y  ramifient.  On  peut  les 
assimiler  à  des  veines.  Il  existe  encore  quatre  autres  vais- 
seaux, qui  croisent  les  premiers,  en  formant  avec  eux  un 
angle  assez  aigu ,  et  qui,  avec  quatre  hranches  moins  consi" 
dérahles,  reprennent  le  sang  des  poches  pulmonaires  et  vont 
le  répandre  dans  les  différentes  parties  du  corps;  ce  sont  les 
artères.  Avant  que  de  s'élendre  dans  la  queue,  le  cœur  jette 
encore  deux  rameaux  vasculaires,  qui  ne  se  rendent  pas  dans 
les  poches  pulmonaires,  mais  qui  ,  distribuant  le  sang  dans 
diverses  parties,  doivent  être  considérés  encore  comme  des 
artères. 

Le  système  nerveux  a  son  siège  principal  sous  le  tube  ali- 
mentaire, le  long  du  milieu  du  corps.  Le  cordon  médullaire 
est  formé  de  deux  filamens  contigus ,  mais  distincts,  et  de 
huit  ganglions  lenticulaires.  Le  premier  de  ces  ganglions, 
ou  le  céphalique  ,  est  placé  justement  au-dessus  de  la  base 
des  mandibules,  vers  l'origine  de  l'œsojphage  ;  il  est  comme 
bilobé  en  devant,  et  semble  être  produit  par  deux  ganglions 
réunis.  Chacun  de  ces  lobes  fournit  deux  nerfs  optiques  , 
dont  l'un ,  plus  court,  va  s'épanouir  sur  le  bulbe  du  grand  œil 
correspondant,  et  dont  l'aulre,  plus  long  et  plus  antérieur, 
va  se  distribuer  aux  trois  autres  yeux  latéraux.  Un  autre  nerf 
partde  chaque  côté  du  bord  postérieur  du  même  ganglion,  en 
se  dirigeant  en  arrière  dans  le  voisinage  du  premier  pou- 
mon. Le  cordon  médullaire  s'engage  ensuite  sous  une  espère 
de  membrane  tendineuse  qui  se  continue  jusqu'à  l'extrémilé 
de  la  queue.  Dans  ce  trajet ,  il  présente  sept  autres  gan- 
glions, dont  trois  dans  la  cavité  abdominale  ,  et  quatre  dans 
la  queue.  Ceux  de  la  cavité  abdominale  ,  plus  distans  entre 
eux  que  les  autres  ,  émettant  chacun  trois  nerfs  ,  dont  deux, 
latéraux,  pénètrent  dans  le  panicule  musculeux,  envoient 
des  filets  aux  poumons  correspondans,  et  dont  le  troisième 
qui  est  inférieur  rétrograde  un  peu  à  son  origine,  et  va  se  distri- 
buer aux  viscères.  Les  quatre  derniers  ganglions  correspon- 
dent aux  quatre  premiers  nœuds  de  la  queue,  et  ne  fournis- 
sent chacun  ,  de  chaque  côté ,  qu'un  seul  nerf.  Les  deux  filets 
des  cordons  s'écartent  ensuite,  en  divergeant,  se  bifurquent 
et  se  ramifient  dans  les  muscles  du  dernier  nœud,  ou  de 
Farlicle  à  aiguillon.  Selon  M.  Marcel  de  Serres,  qui,  dans 
sa  description  du  système  nerveux,  est  d'ailleurs  d'accord 
avec  M.  Dufour,  et,  à  ce  qu'il  paroît,  avec  Tréviranus , 
l*  dernier  ganglion  de  la  queue  se  termine  par  quatre  filcls 


s  C  O  42 1 

principaux  ,  dont  les  deux  supérieurs  se  portent  sur  les 
muscles  moteurs  de  la  vésicule  du  venin ,  et  les  inférieurs 
pénètrent  dans  la  vésicule  même ,  en  se  distribuant  proba-. 
blement  dans  les  glandes  de  cet  organe.  M.  Dufour  observe 
que  le  cordon  nerveux,  à  son  trajet  de  l'abdomen,  est  cons- 
tamment accompagné  de  petits  corps  allongés  ,  cylindraccs, 
ou fusiformes  ,  blanchâtres,  d'apparence  graisseuse  ,  accolés 
à  sa  surface  et  liés  les  uns  à  la  file  des  autres. 

M.  Dufour  n'a  pu  compléter  ses  recherches  myolo- 
giques  sur  le  même  animai;  elles  se  réduisent  à  quelques 
faits  isolés.  Ses  muscles  sont  assez  robustes,  formés  de  fi- 
bres simples  (i)  et  droites,  et  d'un  gris  blanchâtre.  Unçj, 
toile  musculeuse,  assez  forte,  revêt  intérieurement  les  parois 
de  l'abdomen  ,  et  enveloppe  tous  les  viscères  ,  à  Texceplion 
des  poumons,  et  peut-être  du  vaisseau  dorsal.  Elle  n'adhère 
point,  dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue,  à  ces  pa- 
rois; la  région  dorsale  de  cette  toile  donne  naissance  à  sept 
paires  de  muscles  filiformes,  qui  traversent  le  foie  par  des 
Irous  ou  conduits  pratiqués  dans  la  substance  de  cet  organe  » 
et  vont  6e  fixer  à  un  ruban  musculeux  qui  règne  le  long  des 
parois  ventrales  ,  en  passant  au-dessus  des  poumons.  Ces 
muscles,  mis  à  découvert,  ressemblent  à  des  cordes  tendues. 
Lq  cinquième  anneau  de  l'abdomen,  ou  celui  qui  précède 
immédiatement  le  premier  nœud  de  la  queue,  et  qui  n'a 
point  de  poches  pulmonaires,  est  rempli  par  une  masse 
musculaire  très-forte  ,  et  qui  sert  à  imprimer  à  la  queue  les 
divers  mouvemens  dont  elle  est  susceptible.  Les  nœuds  de 
cette  queue  ont  un  panicule  charnu  ,  dont  les  fibres  disposées 
sur  deux  côtés  opposés  se  rendent  obliquement  à  la  ligne 
médiane,  comme  les  barbes  d'une  plume  sur  leur  axe  com- 
mun. On  voit  de  chaque  côté  de  la  base  du  dernier  nœud, 
ou  celui  de  l'aiguillon  ,  un  muscle  robuste. 

Les  organes  delà  digestion  ontla  plus  grande  analogie  avec 
ceux  des  aranéides,  et  consistent  dans  le  foie  et  le  tube  alimen- 
taire. Le  foie  ,  d'une  consistance  pulpeuse  ,  et  d'une  couleur 
brunâtre  plus  ou  moins  foncée  ,  remplit  toute  la  capacité  du 
corselet  et  de  l'abdomen  ,  et  sert  de  réceptacle  au  canal  in- 
testinal. Une  rainure  médiocre  ,  oiise  loge  le  cœur  ,  partage 
superficiellûment  le  foie  en  deux  lobes  égaux.  wSa  partie  anté- 
rieure se  divise  en  plusieurs  prolongemens  irréguliers  qui 
s'enfoncent  dans  les  anfractuosités  du  corselet;  il  se  termine 
à  l'autre  extrémité  par  deux  digilationsaigiies,  qui  pénètrent 
dans  le  premier  anneau  de  la  queue.  Sa  face  supérieure  e?r 


(•t)  Dans  le  grand  hydrophile  et  d'autres  insectes  ,  Ïps  fibres 
tordues  sur  elL-s-inênies  et  paioissent  rabote»sf^«. 


^22  S     C     0 

légèrement  convexc,lisse,  et  présente  une  sorte  de  rétîculation 
très-fine  ,  semblable  à  celle  de  certains  madréporlles  polis  , 
VA  que  l'on  voit ,  au  moyen  de  la  loupe  ,  être  le  résultat  du 
rapprocbement  de  lobules  polygones,  très-manifestes,  surtout 
lorsque  l'animal  a  jeûné  ,  ou  lorsqu'on  déchire  la  substance 
<le  l'organe.  L'intérieur  de  cette  substance  est  un  tissu  de 
glandes  infiniment  petites  ,  et  présente  à  la  surface  externe 
une  apparence  réticulaire.  La  face  inférieure  offre  une  struc- 
ture analogue  ,  mais  bien  plus  disrincte.  On  y  compte  une 
quarantaine  environ  de  lobules  pyramidaux  ,  détachés  les 
uns  des  autres  ,  et  dont  les  sommets  forment,  par  leur  réu- 
nion ,  des  grappes ,  ayant  leurs  canaux  excréteurs.  Saisis 
avec  une  pince,  et  surtout  dans  l'eau,  ces  lobules  s'attachent 
aisément ,  et  conservent  leur  forme.  Les  conduits  destinés  à 
verser  la  bile  dans  le  tube  alimentaire  sont  plus  nom- 
breux que  ceux  que  M.  Cuvier  a  observés  dans  le  scorpion 
d'Europe. 

Ce  dernier  ne  mentionne  que  quatre  paires  de  grappes 
glanduleuses.  M.  Dufour,  dans  l'espèce  soumise  à  sa  dissec- 
tion ,  a  mis  en  évidence  six  paires  principales  de  canaux 
hépatiques,  savoir:  trois  dans  le  corselet,  et  trois  autres 
dans  l'abdomen.  11  en  a  remarqué  ,  en  outre  ,  près  de  l'ori- 
gine de  la  queue  ,  une  ou  deux  paires  plus  longues  et  presque 
capillaires. 

Le  tube  alimentaire  est  grcle  ,  et  se  porte  directement  , 
sans  aucuneinflexion,  de  la  bouche  àl'originc  du  dernier  nœud 
de  la  queue  ,  en  traversant  le  foie  ,  avec  lequel  il  a  de  nom- 
breuses connexions ,  au  moyen  des  vaisseaux  hépatiques. 
Son  diamètre  est  à  peu  près  égal  dans  toute  son  étendue  ; 
cependant  il  présente  assez  souvent  une  dilatation  informe 
dans  le  corselet,  et  même  une  autre  semblable  avant  l'anus. 
Les  tuniques  dont  il  est  formé  sont  membraneuses  ,  lisses  , 
d'un  blanc  laiteux  ,  presque  diaphanes  ,  et  ont  paru  ,  à 
3V1.  Dufour,  elre  partout  d'une  conlexlure  identique. 

M,  Marcel  de  Serres  nous  donne  ,  à  cet  égard  ,  quelques 
autres  renseignemens  ,  mais  qui  ont  pour  objet  une  autre 
espèce  de  scorpion,  celui  d'i'^urope. 

Le  tube  intestinal  est  ramifié  et  composé,  i."  d'un  œso- 
phage très-court  ;  2."  d'un  estomac  cylindrique  ,  très-allongé  , 
«•l  dans  les  branches  duquel  viennent  se  rendre  les  vaisseaux 
bépaliques  ou  les  glandes  conglomérées  ,  qu'on  peut  consi- 
dérer comme  des  foies;  les  branches  Iransverses  de  l'estomac 
sont  au  nombre  de  huit ,  c'est-à-dire  ,  quatre  de  chaque  côté, 
et  disposées  par  paires  ;  ce  sont  les  troncs  ou  conduits  prin- 
cipaux des  quatre  paires  de  grappes  de  vaisseaux  hépatiques 
ÔPAt  nous  venon$  de  parler  ;  un  xiombre  infini  de  glandes 


SCO  '423 

^arrondies  ,  ordinairement  remplies  d'une  humeur  brune 
et  épaisse,  constitue  ces  vaisseaux  ;  S.**  d'un  duodénum  plus 
large  et  plus  court  que  l'estomac  ,  séparé  de  cet  organe  , 
ainsi  que  du  rectum  ,  par  une  valvule  assez  distincte  ;  on 
voit ,  vers  la  base  du  duodénum  ,  deux  branches  qui  sont 
probablement  des  vaisseaux  chylifères  ;  du  moins  ,  l'humeur 
qui  y  est  contenue ,  n'est  point  la  même  que  celle  des  glandes 
«lu  foie  ;  je  présume  que  ce  sont  les  mêmes  vaisseaux  que 
M.  Dufour  a  observés  près  de  l'origine  de  la  queue  du  scor- 
pion roussâtre  ;  4-°  d'un  rectum  cylindrique  ,  s'étendant  jus- 
qu'à l'extrémité  de  la  queue  ,  venant  s'ouvrir  à  l'anus  placé 
au-dessous  de  l'insertion  de  la  vésicule  qui  sécrète  le  venin. 
Nous  devons  conclure  de  ces  faits,  que  les  nœuds  de  la  queue 
des  scorpions  sont  réellement  des  segmens  abdominaux, 

M.  Dufour  passe  ensuite  à  l'examen  des  organes  de  la 
génération  ,  qui  sont  doubles  dans  chaque  sexe.  11  décrit 
d'abord  ceux  du  mâle  ,  qui  sont  de  deux  sortes  ;  les  uns 
préparent  et  recèlent  la  semence  ,  et  ont  reçu  le  nom  de 
préparateurs  ;  les  autres  servent  à  l'acte  de  la  copulation , 
et  seront ,  dès-lors  ,  les  organes  copulateurs. 

Les  testicules  du  scorpion  présentent  une  conformation 
singulière ,  et  qui  n'a  ,  avec  celle  que  nous  observons  dans 
les  mêmes  organes  des  insectes  ,  qu'une  analogie  très-indi- 
recte. Chaque  testicule  est  un  vaisseau  spermaiique  formé 
de  trois  grandes  mailles,  à  peu  près  semblables  ,  anastomo- 
sées entre  elles ,  et  couchées  le  long  du  foie.  Ces  mailles  sont 
constituées  par  un  conduit  filiforme  ,  demi-transparent  ,  ne 
communiquant  que  rarement  avec  celles  de  l'autre  organe 
préparateur,  et  aboutissant ,  par  son  extrémité  postérieure  , 
à  un  canal  déférent,  long  de  quelques  lignes,  et  qui  s'abouche 
à  là  base  d'une  vésicule  spermati^ue  insérée  au  côté  externe 
de  l'organe  copulateur.  Les  vésicules  spermatiques  sont  au 
nombre  de  deux  ,  d'une  nature  identique  ,  et  remplies  d'un 
sperme  plus  ou  moins  blanchâtre  ;  l'une,  plus  petite,  conico- 
cyiindrique  ,  longue  de  deux  à  trois  lignes,  est  celle  qui  re- 
çoit à  sa  base  le  canal  déférent  ;  l'autre  ,  de  forme  cylin- 
drique, droite  ,  est  adhérente  à  l'organe  copulateur,  et  cou- 
chée sur  lui.  Au  rapport  de  M.  Marcel  de  Serres ,  ces  vési- 
cules ,  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  glandes  ,  sont  triangulai- 
res ,  et  ont  des  tuniques  membraneuses  et  cartilagineuses  , 
considération  qui  lui  fait  repousser  une  conjecture  préalable- 
ment émise  ,  que  ces  glandes  soient  des  testicules.  Les  vais- 
seaux spermatiques  formés  par  des  canaux  longs  et  cylindri- 
ques ,  naissent  d'une  des  branches  des  glandes  ,  descendent 
sur  les  parties  latérales  de  l'abdomen,  en  passant  sous  le  ré- 
seau des  vaisseaux  hépatiques  ,  et  communiquent  ensemble 


'M  SCO 

par  (les  branches  laiérales  assez  niullipiiées.  Lorsque  la  fé- 
condation est  sur  le  point  d'avoir  lieu  ,  les  vaisseaux  sont 
remplis  d'une  humeur  hlanchâtre  et  épaisse ,  et  leur  diamètre 
paroîi  afors  assez  considérable. 

Ainsi,  les  organes  mâles  préparateurs  ,  quoique  doubles, 
ne  sont ,  néanmoins,  formés  chacun  que  d'un  seul  testicule  , 
ou  d"un  vaisseau  spermalique  ,  réticulé  ,  sans  entortillement 
ou  agglomération  ,  et  divisé  simplement  en  plusieurs  bran- 
ches étalées  et  confluentes.  Dans  les  animaux  à  sang  rouge  , 
et  dans  la  plupart  des  animaux  invertébrés  .  la  liqueur  sper- 
niatique  ,  pour  recevoir  une  élaboration  suffisante  ,  a  besoin 
(?!'  circuler  dans  des  replis  nombreux  et  compliqués  qu'offre  , 
pour  ce  motif,  leur  organe  masculin  préparateur.  Ici,  ou 
dans  le  scorpion  ,  cette  liqueur  a  bien  moins  de  trajet  à  faire  ; 
itjais  pour  que  les  conditions,  malgré  cette  simplicité  ,  soient 
aussi  favorables,  pcut-êlre  se  croise-t-elle  dans  toutes  les 
directions,  avant  d'arriver  au  conduit  extérieur.  Mais,  sans 
rejeter  celte  hypothèse  ,  nous  pensons  que  la  nature  sup- 
plée aux  moyens  ordinaires  par  la  longueur  du  temps  ou  le 
retard  qu'elle  met  à  développer  la  faculté  productrice. 

Deux  verges  bien  distinctes  accolées  à  droite  et  à  gauche, 
le  long  du  bord  externe  du  foie  ,  et  qu'il  seroit  plus  prudent , 
selon  M.  Dufour  ,  de  nommer,  d'après  les  lois  de  l'analogie  , 
des  armures  sexuelles  ,  constituent  les  organes  copulateurs 
mâles.  Chacun  d'eux  ,  essentiellement  destiné  à  transmettre 
au  dehors  la  liqueur  fécondante,  se  présente  sous  laforme  d'une 
tige  effilée  ,  ou  d'un  étui  mince,  presque  droit,  de  consistance 
cornée,  d'un  brun  pâle  ,  etenveloppé  d'une  substance  comme 
gélatineuse.  Son  extrémité  antérieure  ,  ou  la  plus  interne  , 
est  bifurquée.  La  branche  extérieure  est  courte  ,  conoïde  , 
pointue  ,  d'un  brun  foncé  «  tandis  que  l'interne  se  prolonge 
on  un  cordon  filiforme,  blanchâtre,  courbé  sur  lui-même  , 
de  manière  à  former  une  anse  ,  et  revenant  ,  en  sens  con- 
traire de  sa  première  direction  ,  se  coller  contre  le  corps  de 
l'organe.  M.  Dufour  compare  cette  courbure  à  celle  que  forme 
une  cravache  ,  dont  on  ramène  l'extrémité  ou  fouet  sur  le 
manche.  La  macération  rend  celte  disposition  évidente. 
L'issue  de  l'organe  copulateur  au-dçhors  du  corps  ,  a  lieu 
par  l'ouverture  bilabiée  ,  située  à  la  base  de  l'abdomen  ,  entre 
les  lames  pectinées  ;  la  partie  supérieure  ,  qui  doit  saillir 
hors  du  corps  ,  est  très-mince  et  sétacée. 

On  divise  aussi  les  organes  générateurs  de  la  femelle  en 
préparateurs  et  copulateurs.  Les  ovaires  et  les  œufs  sont 
l'objet  des  premiers.  Les  ovaires  sont  pareillement  doubles 
et  placés ,  à  droite  et  à  gauche  ,  dans  l'intérieur  du  foie. 
i>hai;unc  de  ces  singulières  malrlccs  est  un  conduit  mcmbra- 


SCO  4:^5 

nenx  ,  formé  de  quatre  grandes  mailles  quadrilatères  ,  anas- 
tomosées entre  elles  ,  ainsi  qu'avec  celles  de  Tovaire  opposé. 
Lorsque  les  germes  ne  sont  point  apparens  ,  cet  organe  res- 
semble beaucoup  à  l'organe  préparateur  mâle  :  mais  ,  outre 
qu'il  offre  une  maille  de  plus,  il  en  diffère  encore  par  sa  con- 
nexion intime  et  constante  avec  l'ovaire  correspondant.  Les 
mailles  aboutissent  à  un  conduit  simple  ,  peu  allongé,  au 
véritiblc  oviductus  qui ,  avant  sa  réunion  avec  celui  de  Tovaire 
opposé  ,  offre  constamment  une  légère  dilatation.  Un  col , 
extrêmement  court  et  commun  aux  deux  matrices,  débouche 
dans  la  vulve. 

Selon  Redi  ,  le  nombre  des  œufs  n'excéderoit  pas  celui  de 
quarante;  mais  M.  Dufour  en  a  compté  jusqu'à  soixante  , 
et  celle  évaluation  est  conforme  à  celle  de  Maupertuis.  Ces 
œufs  sont  ronds  et  blanchâtres.  Leur  disposition,  ou  celle  des 
germes  dans  la  malrire  ,  est,  suivant  l'époque  de  la  gesta- 
tion, très-différente.  Dans  les  premiers  temps  ,  ils  sont  logés 
chacun  dans  une  bourse  sphérique  ,  pédiculée  ,  flottante  hors 
du  conduit.  Vers  la  fin  de  la  gestation  et  devenus  plus  gros  , 
ils  rentrent  dans  la  matrice  ,  se  placent  à  la  fde  les  uns  des 
aulres,  séparés  par  des  étrangiemens  bien  marqués,  et  les 
bourses  s'oblitèrent. 

La  vulve  constitue  l'organe  copulateur  ;  elle  est  placée 
entre  les  deux  peignes  ,  unique  ,  et  formée  de  deux  pièces 
ovales,  plates  ,  séparées  par  une  ligne  médiocre  enfoncée  , 
et  susceptibles  de  s'écarter  l'une  de  l'aulre.  M.  Dufour  a  tou- 
jours observé  dans  cet  organe  un  corps  oblong  ,  corné  , 
brun  ,  long  d'environ  une  ligne  ,  caréné  sur  une  face  ,  et 
creusé  en  gouttière  sur  l'autre.  L'une  de  ses  extrémités  est 
libre,  largement  tronquée  ,  et  comme  finement  dentelée; 
l'autre,  fixée  au  moyen  de  deux  muscles  assez  longs  ,  et  qui 
paroissenl  insérés  dans  la  partie  dilatée  de  chaque  oviduc- 
lus,  est  terminée  par  trois  lobes,  dont  les  deux  latéraux  plus 
petits  ,  courbés  en  crochels  ,  et  dont  l'intermédiaire  plus 
grand  ,  en  pointe  mousse  ,  donnent  attache  aux  muscles  pré- 
cédens. 

M.  Marcel  de  Serres  suppose  l'existence  de  deux  vulves  , 
d'où  partent  deux  branches,  formant  l'oviduclns  commun, 
qui  se  divise  ensuite  en  deux  canaux  ou  en  deux  ovaires. 
Ces  ovaires  sont  assez  distincts  ,  lorsque  les  œufs  ne  sont 
p.is  très-dévcloppcs  ;  mais  ils  se  réunissent  vers  leurs  extré- 
mités ,  quand  les  œufs  sont  près  d'éclore  ;  la  largeur  des  ca- 
naux des  ovaire»  n'étant  plus  assez  spacieuse  pour  les  conte- 
nir, les  œufs  éclosent  dans  l'intérieur,  en  sorte  que  les  petits 
sortent  vivans  du  corps ,  ce  qui  avait  été  observé  depuis  long- 
tiMnps;  le  nonabre  ordinaire  des  œufs  est  de  vingî-cinq  à  trente. 


4^6  SCO 

M.  Marcel  de  Serres  a  cependant  vu  une  femelle  mettre  au 
inonde  quarante-neuf  petits.  On  ne  doit  pas  oublier  que  ce 
naturaliste  parle  du  scorpion  d'Europe  ,  et  que  sa  gestation 
peut  différer  de  celle  du  scorpion  roussâ<re. 

La  situation  et  la  forme  des  organes  copulaleurs  néf'essî- 
tenlun  mode  particulier  d'accouplement,  mais  dont  M.  Du- 
four  n'a  pas  été  témoin  (  F.  plus  bas  ).  Il  présume  que  les 
amours,  dans  ces  arachnides,  sont  nocturnes.  La  pièce  interne 
et  mobile  de  la  vulve  doit  servir  à  diriger  vers  chaque  ovi- 
«îucte  les  deux  verges  acérées  du  m.ale  ,  à  l'aide  des  deux  cro- 
cbets  etde  la  cannelure  qui  y  aboutit.  Des  dissections  cent  fois 
ïépélées  n'ont  pu  éclairer  notre  observateur  sur  l'existence 
«tu  conduit spermatique  commun,  qui ,  dans  les  insectes,  est 
placé  entre  les  vésicules  séminales  et  la  verge.  Ses  recherches 
sur  la  conformation  de  la  verge  ne  l'ont  pas  amené  à  cette 
évidence  rigoureuse  qu'il  désiroit  obtenir.  Dans  le  mois  de 
février  1812  ,  ayant  arraché  les  deux  verges  d'un  scorpion  , 
i£  aperçut  ,  au  bord  externe  de  l'une  d'elles  ,  une  petite 
grappe  oblongue,  d'une  ligne  et  demie  de  longueur,  jaunâtre, 
pcdicuîée,  et  qui,  vue  à  la  loupe  ,  lui  pajut  composée  de 
vésicules  sessiles  ,  rangées,  de  part  et  d'autre,  sur  un  centre 
commun.  Ce  corps  faisoit-il  partie  des  organes  préparateurs 
ée  la  semence ,  ou  n'est-il  qu'un  muscle  prolateur  ou  rélrac- 
îenr?  c'est  ce  qu'il  n'ose  décider. 

La  gestation  des  scorpions  est  beaucoup  plus  longue  que 
celle  des  insectes.  Dès  le  commencement  de  l'automne  , 
TSoutes  les  femelles  adultes  sont  fécondées.  Leurs  œufs  sont 
alors  latéraux,  petits  et  pédicules;  ils  augmentent  de  volume 
pendant  l'hiver ,  de  sorte  qu'au  printemps  leur  grosseur  est 
ïjuatre  fois  plus  grande  que  celle  qu'ils  avoient  en  automne. 
ÎIs  sont,  à  cette  époque,  entièrement  dans  la  matrice.  La 
gestation  dn  scorpion  dure  ainsi  près  d'un  an  ,  ce  qui  est  fort 
extraordinaire,  comparativement  même  aux  animaux  à  sang 
rouge.  Les  germes  fécondés  d'un  grand  nombre  d'insectes  et 
<i'arachnides,ont  celade;commun  avec  ceux  du  scorpion, qu'ils 
sont  placés  dans  des  tubes  particuliers  ,  et  qu'ils  ne  passent 
<îans  la  matrice  ,  que  lorsqu'ils  sont  à  terme  ,  et  sur  le  point 
d'ctre  pondus.  Mais  les  tubes  ovigères  des  insectes  sont  co- 
ïioïdes,  polyspermes,  tandis  que  les  bourses  du  scorpion  sont 
globuleuses  et  monospermes.  Son  utérus  a  ,  d'ailleurs  ,  une 
iorme  dont  on  ne  voit  pas  ailleurs  d'autre  exemple.  M.  Da- 
four  ayant  ouvert,  dans  l'été  de  1810  et  dans  celui  de  181 1, 
deux  femelles  du  scorpion  roussâtre  ,  dont  l  abdomen  étoit 
fort  étendu  ,  trouva  au  milieu  àes  œufs  bien  près  de  leur 
maturité,  un  petit  scorpion  ,  qui  lui  sembla  être  libre  dans  la 
cavité  abdominale  ou  extra-utérine.  Il  avoit  trois  lignes  de  ton- 


s   c  ô  l-^i 

gneur  sur  une  et  demie  de  largeur.  Tous  ses  membres  éloient 
emmaillotés,  de  manière  qu'il  n'exécuf  oit  aucun  mouvement. 
La  queue,  conformée  du  même  nombre  de  iiœuds  que  celle 
de  la  mère  ,  étoit  repliée  le  long  du  ventre  ,  et  l'aiguillon 
éloit  caché  entre  les  pattes  ;  les  palpes  rejetés  en  arrière  se 
confondoient  avec  elles;  deux  gros  points  noirs  fort  rappro- 
chés indiquoient  les  deux  yeux  lisses  les  plus  grands.  Le  vo- 
lume de  ce  fœtus  est  si  disproportionné  avec  l'ouverture  de 
la  vulve  ,  et  celle-ci  ,  à  raison  de  sa  consistance  cornée,  est 
si  peu  susceptible  de  dilatation  ,  que  ce  naturaliste  ne  peut 
concevoir  U  possibilité  de  l'accouchement  ,  sans  une  opéra- 
tion extraordinaire. 

La  liqueur  vénéneuse. que  le  scorpion  distille  par  les  deux 
pores  de  l'aiguillon  de  sa  queue  ,  et  qui ,  lorsqu'on  l'irrite  , 
s'y  accumule  sous  la  forme  de  deux  gouttelettes,  a  une  couleur 
blanchâtre , analogue  à  celle  de  la  sérosité  du  lait;  répandue 
sur  du  papier  blanc  ,  celte  liqueur  y  produit  une  tache 
semblable  à  celle  qu'y  feroit  de  l'huile  ou  de  la  graisse  ,  et 
cette  partie  du  papier  devient,  par  la  dessiccation,  plus 
consistante  et  transparente,  M.  Dufour  a  vainement  cher- 
ché à  découvrir,  dans  le  dernier  nœud  de  la  queue,  les 
glandes  qui  sécrètent  le  venin.  Mais  nous  trouverons  dans  le 
Mémoire  de  M.  Marcel  de  Serres  la  solution  de  cette  diffi- 
culté. Ayant  été  une  fois  piqué  au  doigt,  mais  peu  profon- 
dément, par  un  de  ces  scorpions,  M.  Dufour,  malgré  le 
soin  qu'il  eut  de  comprimer  immédiatement  les  environs  de 
la  piqûre,  et  de  laisser  couler  un  peu  de  sang,  éprouva  un 
sentiment  local  de  cuisson  assez  vif  ,  semblable  à  celui 
qui  résulte  de  la  présence  d'une  épine  ou  d'une  substance 
acre.  Ce  léger  accident  se  dissipa  de  lui-même  après  un 
quart  d'heure.  Ayant  placé  ,  au  mois  de  décembre,  dans  un 
Local  de  verre  clos ,  un  scorpion  mâle ,  bien  adulte  et 
vigoureux ,  avec  un  stellion  commun  ,  ce  reptile  fut  aussitôt 
piqué  avec  force  ,  et  à  deux  ou  trois  reprises.  L'aiguillon  du 
scorpion  éloit  tout  humecté  de  venin.  Au  bout  de  quatre 
heures,  la  couleur  du  slellion  passa  au  noir,  sans  que  cepen- 
dant sa  santé  en  parût  sensiblement  altérée.  Le  lendemain, 
sa  robe  devint  d'un  cendré  uniforme.  Une  nouvelle  piqûre 
ne  produisit  sur  lui  aucun  changement ,  et  ces  deux  animaux 
habitèrent  plusieurs  jours  dans  le  même  vase,  sans  chercher 
à  se  nuire.  J'aurois  désiré  que  M.  Dufour  eût  réitéré  celte 
expérience  en  été  ,  saison  où  le  venin  doit  êlre  plus  actif. 

Pour  compléter  enfin  l'analomie  de  ces  singulières  arach- 
nides ,  je  citerai  le  passage  suivant  du  Mémoire  de  M. 
Marcel  de  Serres  :  «  L'rgane  destiné  à  sécréter  l'humeur 
vénéneuse  contenue  dans  la  vésicule  de  la  queue, estrevêtu  ex- 
térieurement d'une  membrane  cornée  et  assez  épaisse.  Cet 


un  SCO 

orfj;ane  offre,  dans  son  intérieur,  deux  glandes  jaunâtres, 
Irès-adliérenles  à  la  substance  cornée ,  et  se  prolongeant  par 
un  canal  qui  s'étend  jusqu'à  l'extrémité  de  l'aiguillon.  Ce 
canal  est  élargi  vers  sa  base,  offrant  une  sorte  de  réservoir 
pour  l'humeur  sécrétée  par  les  glandes  jaunâtres.  Quant  aux 
glandes ,  on  les  voit  composées  d'une  infinité  de  glandulcs 
arrondies ,  très-serrées  les  unes  contre  les  autres ,  et  com- 
muniquant ensemble.  Ce  seroil  peut-être  le  lieu  de  parler 
d'un  organe  particulier  et  propre  aux  scorpions  ,  qu'on  ap- 
pelle peigne;  mais  comme  cet  organe  nous  paroît  servir  uni- 
quement au  mouvement ,  nous  n'avons  pas  cru  devoir  le 
comprendre  partiii  ceux  qui  ont  une  influencé  directe  sur 
les  fonctions  vitales.  On  sait  que  les  scorpions  rampent  plu- 
tôt qu'ils  ne  marchent,  à  cause  de  la  disproportion  de  leurs 
pattes  antérieures;  leur  corps  étant  très-aplati ,  et  leurs 
jambes  peu  propres  à  l'élever  au-dessus  du  sol  ,  dans  la 
marche  ,  il  étoit  nécessaire  cependant  qu'il  ne  touchât  pas  à 
terre  ,  et  les  peignes  sont  les  organes  qui  remplissent  cet 
usage.  On  les  voit ,  en  effet ,  lorsque  l'animal  se  met  en 
mouvement,  prendre  une  direction  oblique  et  inclinée,  en 
soutenant  le  corps  au-dessus  du  sol ,  et  leurs  mouvemens 
ont  lieu  en  même  temps  que  ceux  du  corps.  Munis  d'un 
appareil  musculaire  assez  compliqué  ,  ces  organes  ont  une 
mobilité  assez  grande  ,  et  les  lames  déliées  dont  ils  sont 
formés  sont  très  -  avantageuses  pour  servir  d'appui  à  l'ani- 
mal. »^M.  Marcel  de  Serres  ne  nous  dit  point  par  quelle 
voie  la  liqueur  vénéneuse  arrive  aux  glandes  qui  en  sont 
le  réservoir  ,  et  comment  elle  y  est  entretenue.  Mais  je 
pense  qu'elle  dérive  principalement  de  ces  vaisseaux,  situés 
près  de  l'origine  de  la  queue,  qu'il  présume  être  chylifères, 
et  que  M.  Dufour  place  au  nombre  des  vaisseaux  hépa- 
tiques. 

L'opinion  de  M.  Marcel  de  Serres,  relativement  à  l'usage 
des  parties  appelées  peignes  ,  me  semble  au  moins  douteuse. 
J'ai  vu  beaucoup  d'individus  vivans  du  scorpion  d'Europe  ; 
et  loin  de  ramper  ,  ils  m'ont  paru  très-agiles  à  la  course.  Si 
les  peignes  les  favorisent  à  cet  égard,  il  seroit  aisé  de  s'en 
assurer  ,  en  suspendant  leur  action  avec  un  lien  qui  les  fixe- 
roit  contre  le  corps.  On  pourroit  voir  alors  si  leurs  mouve- 
mens seroienl  plus  gênés ,  ou  s'ils  marcheroient  plus  diffi- 
cilement. Je  regrette  que  M.  Marcel  de  Serres  n'ait  pas 
tenté  une  expérience  aussi  simple.  11  seroit  bien  étonnant  que 
ia  nature  ,  si  tel  a  été  son  unique  but ,  n'eût  pas  accordé  à 
d'autres  animaux  .  peu  favorisés  pareillement  ,  sous  le  rap- 
port de  la  faculté  locomotrice  ,  un  adminicule  sembl-ible. 

La  composition  et  la  consistance  de  cet  organe  ,  la  diverr 
silé  qu'il  nous  présente  dans  le  nombre  de  ses  l.unes  ou  do  se.s. 


s   C  O  ^29 

dents,  sa  position  ,  me  paroissent  intliquer  d'autres  fonctions, 
mais  qu'il  ne  m'est  pas  possible  de  détenniner, n'ayant  pas  de 
scorpions  vivans  ,  que  je  puisse  soumettre  à  des  expériences 
propres  à  m'éclairer.  JNe  sortant  de  leurs  retraites  obscures  , 
que  pour  satisfaire  les  premiers  besoins,  ces  peignes  sont 
peut-être  un  instrument  hygrométrique  ,  qui  leur  fait  con- 
noître  l'état  de  l'atmosphère  ,  et  qui  leur  évite  des  courses 
inutiles  ,  ou  même  dangereuses. 

Les  scorpions  vivent  exclusivement  dans  les  pays  chauds 
des  deux  hémisphères,  et  sont  si  multipliés  dans  certains 
cantons  ,  qu'ils  sont,  pour  leurs  habitans,  un  sujet  continuel 
de  crainte  ,  et  que  ,  suivant  même  quelques  témoignages  ,  on 
s'est  vu  forcé  de  leur  abandonner  le  terrain.  La  constellation 
zodiacale  du  scorpion  nous  annonce  que  la  connoissance  de 
cet  animal  remonte  à  la  plus  haute  antiquité;son  effigie  est  de- 
venue le  symbole  Typhon  du  génie  malfaisant;  sur  des  pierres 
gravées  antiques ,  qui  nous  retracent  des  traits  de  la  my- 
thologie égyptienne,  Anubis  est  représenté  en  face  du  scor- 
pion ,  comme  s'il  vouloit  conjurer  et  anéantir  l'influence  de 
ce  mauvais  principe.  Toutes  les  fables  que  la  superstition  et 
l'ignorance  avoient  enfantées,  pendant  un  grand  nombre  de 
siècles  ,  sur  le  compte  de  cet  animal  ,  sont  exposées  dans 
l'Histoire  naturelle  de  Pline.  On  avoit  cependant  observé 
qu'il  s'accouploit ,  qu'il  étoit  vivipare,  que  son  aiguillon 
étoit  percé,  afin  de  donner  passage  au  venin,  et  que  ce 
venin  étoit  blanc.  On  avoit  encore  remarqué  que  les  fe- 
melles portoient  leurs  petits  ;  mais  Ton  supposoit  qu'il  n'y 
en  avoit  qu'un  par  mère  ;  qu'il  avoit  échappé  ,  par  ruse  ,  à 
la  destruction  qu'elle  avoit  faite  de  sa  postérité  ,  et  qu'il 
la  vengeoit  en  dévorant  l'auteur  de  ses  jours.  Selon  d'autres, 
cette  mère  étoit  la  proie  de  sa  famille  ;  mais  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  leur  voracité  étoit  reconnue.  On  ne  peut 
ranger  au  nombre  de  ces  fables  l'existence  de  scorpions 
à  double  queue  ,  puisque  la  collection  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  en  possède  un  de  cette  sorte.  Il  est  encore  possi- 
We  qu'on  ait  trouvé  des  individus  dont  la  queue  étoit  com- 
posée de  sept  nœuds  ,  au  lieu  de  six  qu'elle  a  communé- 
ment. Je  soupçonne  que  les  scorpions  ailés  ,  dont  quelques- 
uns,  tels  que  ceux  que  Mégasthènes  disoit  se  trouver  dans 
l'Inde,  chez  les  Prasiens  ,  étonnolent  par  la  grandeur  de 
leur  taille  ,  sont  des  orthoptères  du  Retire  phasme  ou  specùe , 
ou  quelques  hémiptères  du  genre  nepa  de  Linnaeus.  N'avons- 
nous  pas  donné  nous-mêmes  le  nom  de  scorpion  aquatique 
à  un  insecte  de  ce  dernier  genre  ,  très-différent  des  arach- 
nides ainsi  désignées  ?  Pline  dit  que  les  psylles  avoient  essayé 
de  naturaliser  en  Italie  des  scorpions  d'Afrique  ,  mais  que 


^3o  S  C  O 

ces  tentatives  avoient  été  infructueuses.  Il  en  distingue  ,  sur 
l'autorité  d'Apollodore  ,  neuf  espèces.  Nicander  {Alexiphar-^ 
maca)  qui  en  compte  une  de  moins  ,  présente  à  cet  égard 
quelques  détails  particuliers  ,  mais  sous  des  considérations 
purement  médicales.  Puisons  dans  les  écrits  modernes,  et 
particulièrement  dans  un  mémoire  du  docteur  Maccary,  des 
connoissances  plus  positives  sur  les  habitudes  de  ces  animaux: 

Les  scorpions  vivent  à  terre  ,  se  cachent  sous  des  pierres 
ou  d'autres  corps  ,  le  plus  souvent  dans  les  masures  ou  dans 
les  lieux  sombres  et  frais  ,  et  même  dans  l'intérieur  des 
maisons.  On  en  a  même  trouvé  dans  les  lits;  ils  courent  vite; 
en  recourbant  leur  queue  ,  en  forme  d'arc,  sur  le  dos  ;  ils 
la  dirigent  en  tout  sens,  et  s'en  servent  comme  d'une  arme 
offensive  et  défensive  ;  ils  saisissent ,  avec  leurs  serres  ,  les 
cloportes  et  différeos  insectes,  tels  que  des  carabes,  des 
charansons,  des  orthoptères  ,  les  piquent  avec  l'aiguillon  de 
leur  queue  ,  en  la  portant  en  avant,  et  les  dévorent  ensuite  ,' 
en  les  faisant  passer  entre  leurs  mandibules  et  leurs  mâchoi- 
res ;  ils  sont  friands  des  œufs  d'aranéides  et  d'insectes.  Ils 
attaquent  même  des  aranéides  beaucoup  plus  grosses  qu'eux, 
et  paroissent  leur  faire  une  guerre  particulière. 

Ils  varient  beaucqup  par  la  grandeur  ;  ceux  d'Europe  n'ont 
guère  plus  d'un  pouce  de  long  ,  au  lieu  que  dans  l'Inde  il  y, 
en  a  qui  ont  jusqu'à  cinq  pouces.  On  croit  qu'ils  sont  très-; 
venimeux  ,  et  que  la  piqûre  qu'ils  font  avec  leur  aiguillon 
donne  souvent  la  mort ,  en  introduisant  dans  la  plaie  une 
liqueur  empoisonnée. 

C'est  une  erreur  de  croire  que  tous  ces  animaux  sont  veni- 
meux pour  nous  ;  on  a  la  preuve  que  ceux  de  la  Toscane*ne 
le  sont  pas  ,  car  les  paysans  de  cette  contrée  les  touchent 
et  se  laissent  piquer  par  eux,  sans  en  ressentiraucune  incom- 
modité.Les  essais  de  Rédi  et  de  Maupertuis  prouvent  cepen- 
dant qu'il  ne  faut  pas  généraliser.  Ces  auteurs  ,  qui  ont  fait 
plusieurs  expériences  sur  l'effet  du  venin  d'une  autre  espèce 
de  scorpion  ,  plus  grande  que  la  commune  ,  celle  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut ,  sous  le  nom  de  roussàtre  ,  occUanus  y 
et  qui  se  trouve  en  Languedoc  ,  à  Tunis,  en  Espagne  ,  etc. , 
ont  vu  de  jeunes  pigeons  mourir  dans  des  convulsions  et  des 
vertiges  ,  cinq  heures  après  avoir  été  piqués  ,  et  d'autres  qui 
n'ont  donné  aucun  signe  de  douleur  des  blessures  qu'ils 
avoient  reçues.  Rédi  attribue  cette  différence  à  l'épuisement 
du  scorpion,  qui,  selon  lui,  semble  avoir  besoin  de  reprendre 
des  forces  pour  empoisonner  une  seconde  fois  ;  ce  dont  il  a 
eu  la  preuve  dans  une  nouvelle  expérience  qu'il  a  faite  , 
après  avoir  laissé  repose  rie  scorpion  pendant  une  nuit. 
Dans  ses  expériences ,    Maupertuis   fit  piquer  plusieurs 


SCO  43i 

chiens  et  des  poulets,  par  des  scorpions  du  Languedoc; 
mais  ,  de  tous  ces  animaux,  il  ne  mourut  qu'un  seul  chien,' 
qui  avoit  reçu  ,  à  la  partie  du  ventre  dépourvue  de  poils  , 
trois  ou  quatre  coups  d'aij^uillon  d'un  scorpion  qu'on  avoit 
irrité;  tous  les  autres  chiens,  même  les  poulets  ,  malgré  la 
fureur  et  les  coups  multipliés  des  scorpions  récemment  pris 
à  la  campagne,  n'ensouffrirent  aucunement. 

L'auteur  de  cette  dernière  expérience  dit,  qu'une  heure 
après  que  le  chien,  victime  de  l'expérience,  fut  piqué,  il  devint 
très-enflé  et  chancelant  ;  il  rendit  tout  ce  qu'il  avoit  dans 
l'estomac  et  dans  les  intestins,  et  continua,  pendant  trois 
heures,  de  vomir,  de  temps  en  temps,  une  espèce  de  bave 
visqueuse  ;  son  ventre  ,  qui  étoit  fort  tendu  ,  diminuoit  après 
chaque  vomissement ,  et  ensuite  s'enfloit  de  nouveau  ;  les 
alternatives  d'enflures  et  de  vomissemens  durèrent  environ 
trois  heures ,  au  bout  desquelles  le  chien  eut  des  convul- 
sions ,  ît  mordit  la  terre,  se  traîna  sur  les  pattes  de  devant, 
et  mourut  enfin  cinq  heures  après  avoir  été  piqué. 

Le  docteur  Maccary  a  eu  le  courage  de  faire  sur  Itii-meme',' 
et  avec  la  même  espèce  de  scorpion,  des  expériences  qui  prou- 
vent que  son  venin  peut  produire  des  accidens  assez  graves,  et 
qu'il  est  d'autant  plus  actif,  que  l'animal  est  plus  âgé.  Il  m'a 
été  dit  que  plusieurs  de  nos  soldats  étoient  morts,  eu  Espagne, 
de  la  piqûre  de  ce  scorpion.  Des  circonstances  accidentelles, 
comme  un  état  maladif,  peuvent  augmenter  le  danger. 

«  La  morsure  des  couleuvres  d'étang  ou  même  des  champs  ^ 
dit  d'Opsonville  (  Essais  phîlosoph.  sur  les  mœurs  de  dwers  ani- 
maux étrangers^  ,  telles  que  celles  que  nous  voyons  en  Eu- 
rope ,  est  communément  aussi  peu  dangereuse  en  Asie.  Une 
légère  scarification  et  l'application  d'un  peu  de  chaux  vive  , 
ou  d'une  pièce  de  cuivre  rouillée  de  vert-de-gris ,  que  l'on 
fixe  sur  la  plaie  ,  peuvent  suffire  pour  opérer  la  guérison. 
Ces  deux  recettes  sont  aussi  employées  contre  la  piqûre  du 
scorpion  (^  agrab  ,  en  persan  ;  gargouali ,  en  indostan  )  blan- 
châtre {australis,  Linn.  )  qui ,  dans  diverses  parties  de  l'Asie  , 
est  presque  aussi  commun  que  l'araignée.  Quelques  personnes 
se  servent  d'huile  où  l'on  a  rassemblé  et  laissé  digérer  plu- 
sieurs de  ces  insectes  ;  d'autres  préfèrent  d'écraser  sur-le- 
champ  l'animal  même,  et  de  l'assujettir  sur  la  plaie;ou  bien  de 
faire  l'application  d'unesorle  d'humeur  sébacée, qui  suinte  en- 
tre le  prépuce  et  le  gland  de  la  verge.  Quant  au  scorpion  noir 
(  afer,  Linn.  )  ,  qui  vit  dans  des  fentes  de  rochers  ou  des  creux 
d'arbres  ,  et  qui  ,  quatre  ou  cinq  fois  plus  gros  que  le  précé- 
dent ,  peut  causer  la  mort  en  moins  d'une  couple  d'heures,  les 
seuls  remèdes  sûrs  sont  les  mêmes  que  ceux  reconnus  tels 
contre  les  serpens  les  plus  venimeux.  »  L'alkali  volatil ,  des 
cataplasmes  de  bouillon  blanc  et  des  sudorifiques  sont  ,   ea 


4.32  SCO 

eftet ,  les  moyens  curalifs  que  l'on  peul  employer.  Olivier 
(^Voyage  en  Fersè)  dit  que  la  pi<ji\re  du  scorpion  qu'il  noninie 
(•rassii:auda  ^  et  qui  est  Ircs-rouimun  dans  le  Levant,  n'est 
jamais  dangereuse  pour  la  vie  ,  ut  qu'on  dissipe  aisément  les 
effets  de  son  venin  par  des  remèdes  analogues. 

D'après  les  observations  de  M.  Maccary,  les  scorpions 
s'accoupleroient  presque  à  la  manière  des  crabes;  la  femelle 
seroit  renversée  sur  le  dos.  Elle  change  de  peau  avant  de 
mettre  bas  ses  petits.  Le  mAle  en  f;iit  autant  à  la  même 
époque.  Nos  espèces  indigènes  produisent ,  dit  -  on  ,  deux 
générations  chaque  année.  Nous  avons  vu  plus  haut  que 
M.  Dufour  avoit  trouvé  ,  en  été  ,  des  femelles  dont  les  œufs 
éloient  à  terme ,  et  qu'en  autoame  il  en  avoit  observé 
d'autres  n'ayant  que  des  germes  Irès-pelits  ,  et  dont  le  déve- 
loppement intégrai  n'avoil  lieu  qu'au  printemps  suivant.  Ces 
faits  et  ceux  recueillis  par  le  docteur  Maccary  ,  p#roissenl 
établir  qu'il  y  a  effectivement  deux  générations  ,  Tune  en 
cette  dernière  saison  ,  et  l'autre  en  été.  La  femelle  fait  ses 
petits  à  diverses  reprises  ;  elle  les  porte  sur  son  dos  pendant 
les  premiers  jours  ,  ne  sort  pas  alors  de  sa  retraite  ,  et  veille 
à  leur  conservalion  l'espace  d'environ  un  mois  ,  époque  à 
laquelle  ils  sont  assez  forts  pour  s'établir  ailleurs  et  pourvoir 
à  leur  subsistance.  Ce  n'est  guère  qu'au  bout  de  deux  ans 
iju'ils  sont  en  état  d'engendrer. 

On  a  dit  que  le  scorpion  ,  lorsqi:'on  le  renferme  dans  un 
cercle  de  charbons  allumés  et  qu'il  se  voit  hors  d'état  d'é- 
chapper à  l'action  de  la  chaleur,  se  pique  lui-mên»e  et  se 
donne  ainsi  la  mort. 

Maupertuis  ,  d'après  quelques  expériences  ,  a  combattu 
cette  opinion. 

D'autres  observations,  néanmoins,  que  M.  Léman  m'a  fait 
l'amitié  de  me  communiquer  viennent  à  son  appui.  M.  le 
comte  de  Senneville  ,  grand  référendaire  de  la  chambre  des 
pairs,  a  fait,  à  cet  égard  ,  et  en  présence  d'un  grand  nombre 
de  personnes  ,  plusieurs  expériences  dont  le  résultat  confir- 
meroit  l'opinion  populaire. 

Les  scorpions  ,  du  moins  dans  quelques  circonstances  , 
tuent  et  dévorent  leurs  petits  h  mesure  qu'ils  naissent.  Mau- 
pertuis en  ayant  renfermé  ensemble  environ  une  centaine  , 
n'en  trouva  plus,  au  bout  de  peu  de  jouis  ,  que  quatorze. 
Nous  avons  un  exemple  récent  d'une  destruction  encore  plu* 
considérable.  Un  envoi  de  plus  de  quatre  cents  scorpions 
que  M.  Cuvier avoit  reçu  d'Italie  fut  réduit,  au  bout  de  peu 
de  temps  ,  à  quelques  individus. 

Les  uns  ont  huit  yeux  et  forment  le  genre  hulhns  de  M 
Léach  ,  tels  sont  : 
Le  Scorpion  d'Afrique  ,  Scorpia  afer ,  Linn. ,  Fab.  Ce 


SCO  433 

sfcorpîon  a  jusqu'à  deux  pouces  et  demi  de  long  ;  le  corps 
d'un  brun  marron  luisant ,  avec  les  articulations  des  pattes 
et  des  antennes  blanches  ;  huit  yeux  et  treize  dents  à  chaque 
peigne  ;  les  quatre  premiers  articles  de  la  queue  sont  gros, 
courts  ,  garnis  de  dentelures  ;  le  cinquième  est  long ,  ainsi 
que  le  dernier  ;  celui-ci  est  simple ,  recourbé  ,  couvert  de 
tubercules.  Le  dernier  arlicle  des  palpes  est  large,  presque 
en  cœur,  et  comprimé.  On  le  trouve  dans  l'Inde. 

Le  Scorpion  rolssàtre  ,  Scurpio  occitanus  ;  pi.  R,  i  ,  4  » 
de  cet  ouvrage;  Amoreux  ,  Journ.  de  phys.  17^7  ;  Dufour  , 
îiiJ.  ,  juin  181 7.  C'est  le  scorfiion  de  Sowtgnargues ^  d'après 
lequel  Maupertuis  a  fait  différentes  expériences.  Il  a  deux 
pouces  de  long;  il  est  d'un  blanc  jaunâtre  ;  son  corselet  et  sa 
queue  ont  plusieurs  arêtes  graveleuses.  Il  a  huit  yeux;  les  bras- 
termiriés  par  une  main  petite  ,  ovale,  et  dont  les  doigts  sont 
longs  ;  les  peignes  ont  chacun  vingt-sept  à  vingt-huit  dents; 
la  queue  est  un  peu  plus  longue  que  le  corps  ;  le  dernier  ar- 
licle est  simple. 

Cette  espèce  ,  dans  le  troisième  volume  du  Règne  animal 
de  M.  Cuvier,  a  été  placée,  par  inadvertance,  avec  celles  qui 
n'ont  que  six  yeux. 

Les  espèces  qui  n'ont  que  six  yeux  composent  le  genre 
ico/yu/o/i  proprement  dit  de  M.  Léach.  Telles  sont  les  suivantes  : 

Le  Scorpion  maure  ,  Scorpîo  maurus  ,  Linn.  ,  Fab.  Il  a 
la  queue  plus  courte  que  le  corps  ;  l'aiguillon  simple  ;  dix 
dents  à  chacune  des  lames  en  forme  de  peigne  ;  le  dernier 
article  de  ses  palmes  est  presque  en  cœur.  On  le  trouve  au 
nord  de  l'Afrique. 

Le  Scorpion  d'Europe  ,  Scorpio  europœus ,  Linn.  ,  Fab, 
Il  a  environ  un  pouce  de  longueur;  son  corps  est  d'un  brun 
très-foncé,  noirâtre;  ses  bras  sont  anguleux,  avec  la  maia 
presque  en  cœur,  et  l'article  qui  la  précède  unidenté  ;  la 
queue  est  plus  courte  que  le  corps  ,  menue  ;  le  cinquième 
nœud  est  allongé,  le  dernier  est  simple,  d'un  brun  jaunâtre  , 
ainsi  que  les  pattes  ;  les  peignes  ont  chacun  neuf  dents. 

Il  se  trouve  dans  l'Europe  méridionale  ,  vers  le  43.*  degré 
de  latitude  et  au-delà,  jusque  dans  les  maisons. 

On  observera,par  rapport  à  celte  espèce  :  i.'^que  la  phrase 
spécifique  de  Linneeus  et  de  Fabricius  est  équivoque  sous  un 
poipt ,  celui  du  nombre  des  dents  des  peignes  ;  ces  auteurs  , 
dans  les  autres  espèces,  considèrent  isolément  chaquelame  ; 
ici  on  a  pris  la  somme  des  dents  des  deux  peignes  :  ainsi  ces 
dents  ne  sont  pas  de  dix-huit  pour  chaque  ,  mais  de  neuf; 
2.®  que  Degéer,  trompé  probablement  par  une  fausse  indi- 
cation ,  a  donné  un  scorpion  qui  se  trouve  à  Cayenne ,  pour 
le  scorpion  d'Europe. 

XXX.  28 


434  SCO 

Voyez,  pour  les  autres  espèces,  la  monographie  de  ce 

genre  ,  donnée  par  Herbst.  (l.) 
SCORPION  (Mouche).  V.  Panorpe.  (l.) 
SCORPION  AQUATIQUE.  V.  NèpeciRanatre.  (l.) 
SCORPION  ARAIGNÉE.  V.  Pince,  (l.) 
SCORPION  CxOUTTEUX.  C'est  un  desnoms  vulgaires 

d'un  Ptfrocère  ,  Plerocerus  scorpius.  {desvi.') 

SCORPION  DE  MER.  Nom  du  Cotte  scorpion  et  des 

SCORPÈNES  RASCASSE  et  TrUIE.  (B.) 

SCORPION  DE  MER.  Le  Zée  gal  porte  ce  nom  dans 
le  nord  de  l'Europe,  (b.) 

SCORPIONE.  Plante  du  genre  des  Myosotes.  (b.) 
SCORPIONIDES,5cor/>io«i<i«,  Latr.  Famille  d'arach- 
nides pulmonaires  ,  ayant  pour  caractères  :  six  ou  huit  yeux  ; 
mandibules  terminées  en  pince ,  ou  par  deux  doigts  ;  tronc 
de  trois  segmens,  dont  l'antérieur  beaucoup  plus  grand,  en 
forme  de  corselet  ;  abdomen  sessile  ,  toujours  annelé,  ayant 
en  dessous  huit  stigmates  ,  quatre  de  chaque  côté;  deux  lames 
pectinées  situées  à  sa  base  ,  et  terminées  par  une  queue  for- 
mée de  six  nœuds  ,  dont  le  dernier  finissant  en  une  pointe 
très-aiguë,  servant  d'aiguillon  ,  et  renfermant  un  venin  qui 
sort  par  deux  petites  ouvertures. 

Celte  famille  est  composée  du  genre  scorpion,  scorpio  de 
Linnseus  ,  dont  M.  Léach  a  séparé  les  espèces  qui  ont  huit 
yeux,  pour  en  former  celui  de  buthus.  V.  Scorpion.  Dans  la 
première  édition  de  cet  ouvrage  ,  elle  comprenoit ,  en  outre , 
les  genres  :  ihéliphone^  phryne  et  pince  (  Voyez  Pédipalpes  et 
Faux-scropions.).  (l.) 

SCORPlONS-D'EAU,IVe/7fln(«.  Nom  que  j^avois  donné 
à  une  division  de  la  famille  des  punahes-d' eau ,  insectes  de 
l'ordre  des  hémiptères  ,  et  qui  comprend  les  scorpiom  aqua- 
tiques de  Geoffroy.  Cette  division  forme  dans  cet  ouvrage 
la  tribu  des  ravisseurs  ,  de  la  famille  des  hydrocorises.  V.  ces 
mots,  (l.) 

SCORPIONS  -  FAUX  ou  FAUX  -  SCORPIONS  , 
Pseudo-scorpiones.  Nom  sous  lequel  je  désigne  une  famille 
d'arachnides,  de  l'ordre  des  trachéennes  ,  qui  a  pour  carac- 
tères :  tronc  de  trois  segmens  ,  dont  l'antérieur  plus  grand  , 
en  forme  de  corselet  ;  abdomen  distinct  et  annelé;  pieds- 
paipes  très-grands;  huit  pieds  dans  les  deux  sexes  ;  mandi- 
bules en  pince;  des  mâchoires  sciatiques;  une  langue  ster- 
nale.  Cette  famille  est  composée  des  genres  Galéode,  Pince 
et  Obisie.  (l.) 

SCORPITIS.  La  pierre  que  Plinel  désigne  ainsi  paroît 
avoir  reçu  son  nom,  soit  de  sa  forme  ,  soit  de  sa  couleur  sem- 
blable à  celle  du  scorpion.  Elle  nous  est  demeurée  inconnue. 

(LN.) 


s  c  o  435 

SCORPIURE  ,  Scorpiura.  Genre  de  plantes  ,  établi  par 
Stackhousc(JVe>.  britan.),  aux  dépens  des  Varecs  de  Linneeus, 
Ses  caractères  sont  :  fronde  cylindrique,  géialineuse,  poreuse, 
presque  diaphane  ;  rameaux  alternes  ,  en  zig  zag  ,  les  plus  pe- 
tits capillaires  et  recourbés  à  leurexlrémité, après  la  maturité. 

Ce  genre  rentre  dans  celui  appelé  Plocamion  par  La- 
mouroux.  Il  renferme  deux  espèces,  dont  la  plus  connue  est 
le  Varec  amphibie.  V.  pi.  i^  du  grand  ouvrage  du  même 
Slackhouse  sur  les  Varecs.  (b.) 

SCORPIUROS.  Dioscoride  cite  ce  nom  parmi  ceux 
qu'on  donnoit  à  Vheliotropium.  V.  ce  mot.  (l"N.) 

SCORPIURUS,  c'est-à-dire,  queue  de  scorpion,  en  grec. 
Jiinnœus  a  donné  ce  nom  au  genre  scorpioïdes  de  Tourne- 
fort  ,  comme  rappelant  mieux  la  forme  des  gousses  de  ces 
plantes.  V.  Chenillette.  (ln) 

SCORPIUS.  Pline  ,  après  avoir  parlé  du  Scorpioïdes(F. 
ce  mot)  ,  dit  :  <f  II  y  a  encore  une  herbe  qui  s'appelle  aussi 
scorpio  ou  scorpius  ,  laquelle  a  les  mêuïes  propriétés  que  la 
précédente.  Cette  herbe  ne  pousse  point  de  feuilles  ,  mais 
produit  des  tiges  comme  les  asperges,  qui  ont  à  leur  cime 
des  piquans  ,  d'où  lui  vient  son  nom.  » 

Théophraste  décrilégalementle  scoryozoî,  qui ,  selon  lui,  est 
une  plante  entièrement  couverte  d'épines  à  la  manière  de  V as- 
paragus acuUfolia  ;même  dans  1  âge  adulte,  ellen'avoit  pas  de 
feuilles,  mais  des  épines  a  leur  place.  Sa  racine  éloitfort  courte. 
Elle  ne  bourgeonnoit  point  avant  l'été;  son  épanouissement 
continuoit  en  automne  ,  et  elle  portoit  même  des  fleurs  après 
l'équinoxe  d'automne  ;  la  fleur  sortoit  d'une  exubérance  char- 
nue, placée  presque  à  1  extrémité  des  épines.  Les  botanistes 
pensent  que  notre  Ajonc  {CJlex  europœus)  est  le  scorpius  de 
Théophraste,  dont  le  nom  a  été  changé  en  celui  de  nepa  par 
Gaza. 

Plusieurs  botanistes  (mt  désigné  ensuite  par  scorpius  ,  la 
plante  ci-dessus  et  diverses  espèces  de  genista  et  de  spartium. 

Dans  ces  derniers  temps  ,  Moench  a  créé,  sur  le  genista 
germantca,  un  genre  scorpius.,  qui  n'a  pas  été  adopté.  Ses 
caractères  étoient  :  calice  campanule  ,  bilabié,  à  lèvre  supé- 
rieure bidenlée  ,  l'inférieure  tridentée  ;  corolle  papiiio- 
nacée  ,  à  étendard  ovale  droit ,  rabattu  sur  les  côtés  ,  plus 
long  que  les  ailes,  mais  plus  court  que  la  carène  ;  celle  -ci 
à  deux  pétales  ;  légume  égal  2 — 3  spermes.  Voyez  Scor- 
pioïdes et  Tragubi.  (ln.) 

SCORPIUS-MARITIMUS.  Dalerhamp  a  désigné  ainsi 
rUvETTE  A  DEUX  ÉPIS  ,  Ephedra  distachya.  (LN.) 

SCORTIME,  Scortitnus.  Genre  de  Coquilles  établi  par 
Denys-de-Montfort.  Ses  caractères  sont  :  coquille  libre  , 
univalve  ,  cloisonnée,  droite,   à  sommet  spire,  ayant  une 


4:56  SCO 

veine  carénée  sur  ses  ikux  {lancs  ;  dos  arrondi,  caréné  et 
armé  en  molette  d'éperon  ;  ouverture  allongée  ,  recouverte 
par  un  diaphragme  fendu  dans  sa  longueur,  et  terminé  par 
un  siphon  figuré  en  sphincter;  cloisons  unies. 

La  seule  espèce  qui  constitue  ce  genre  se  trouve  dans  la 
mer  des  Canaries  et  dans  l'Adriatique.  Elle  fait  le  passage 
entre  les  coquilles  droites  et  les  coquilles  contournées  ;  et 
ce  qui  est  fort  remarquable  ,  la  veine  carénée  de  ses  flancs 
divise  ses  concamérations  en  deux  séries  distinctes,  (b.) 
SCORTIO.  INom  italien  duKuRTE.  (desm.) 
SCORZONERE  ,  Scorzonem  ,  Linn,  {^Syngènésie  polyga-* 
mie  égale.  )  Genre  de  plantes  à  fleurs  composées ,  de  la  famille 
des  chicoracées  de  Jussieu,  qui  présente  pour  caractères  :  un 
calice  ovoïde  ,  oblong  ,  imbriqué,  formé  d'écaillés  inégales, 
membraneuses  sur  les  bords  et  pointues  ;  un  réceptacle  nu  ; 
des  semences  à  aigrettes  sessiles  et  plumeuses.  Ces  aigrettes 
ressemblent  en  quelque  sorte  à  des  volans.  Les  genres  Pi- 
CRÉDIE  ,  Galésie  ,  PoDosPERME  et  Hyménomène  ont  été 
établis  aux  dépens  de  celui-ci. 

Dans  ce  genre  ,  dont  toutes  les  parties  sont  laiteuses  ,  les 
feuilles  sont  ordinairement  entières  et  quelquefois  dentelées, 
sinuées  ou  laciniées.  Il  comprend  une  cinquantaine  d'es- 
pèces, dont  une  seule  est  intéressante. 

C'est  la  ScoRZONÈRE  d'Espagne  ou  Salsifis  noir  ,  Scor- 
zonera  hispanica  ,  Linnaeus  ,  plante  potagère  bisannuelle, 
originaire  d'Espagne  et  de  Sibérie  ,  qui  est  cultivée  dans 
les  jardins  pour  sa  racine  ,  laquelle  est  longue ,  faite  en 
fuseau ,  noire  en  dessus ,  blanche  en  dedans  ,  et  se  mange 
cuite.  Sa  lige  est  haute  d'environ  deux  pieds,  ronde,  can- 
nelée ,  creuse  ,  un  peu  velue.  Ses  feuilles  sont  alternes,  am- 
plexicaules,  entières  ,  ondulées  et  dentées  ;  ses  fleurs  termi- 
nales pédonculées  et  composées  de  demi-  fleurons  dont  les 
extérieurs  sont  les  plus  longs,  et  dont  la  languette  offre  quatre 
ou  cinq  petites  dents. 

Celte  plante  se  multiplie  de  graines  qu'on  sème  en  mars  ou 
avriljselon  le  climat.  On  doit  semer  épais,  et  ne  pas  épargner 
les  arrosemens  jusqu'à  ce  que  la  germination  ait  eu  lieu, même 
jusqu'à  ce  que  les  premières  feuilles  couvrent  la  terre.  On  peut 
semer  en  mai  et  aoûtjmaisles racines  provenues  de  cedernier 
semis  sont  trop  foibles  pour  être  mangées  1  hiver  suivant. 
Quand  on  sème  lard ,  la  racine  peut  passer  deux  hivers  en 
terre  ,  et  le  second  hiver  elle  est  très  -  belle  et  très  bonne  à 
manger.  Il  est  inutile  de  dire  que  la  scorzonère  étant  très- 
pivotante,  exige  une  terre  défoncée  profondément ,  qui  soit 
douce  ,  friable  ,  bien  ameublie  et  naturellement  humide  ou 
rendue  telle  par  des  arrosemens.  Dans  les  cailloux  ,  elle  se 
lord  ou  ic  bifurque.  Sa  graine  est  assez  long- temps  à  germer. 


s  C  R  4"'7 

Quand  les  jeunes  plantes  ont  acquis  quelque  force  ,  on  doit 
les  éclaircir  à  différentes  reprises  ,  et  sans  endommager  les 
racines  de  celles  qu'on  conserve  ,  lesquelles  doivent  être  es- 
pacées de  quatre  à  six  pouces ,  si  on  veut  qu'elles  deviennent 
belles. 

La  graine  de  scorzonère  ne  conserve  que  pendant  deux 
ans  la  faculté  de  germer  ,  et  la  bonne  graine  ne  se  recueille 
pas  sur  les  fleurs  de  la  première  année  ,  mais  sur  celles  de  la 
seconde ,  ou  encore  mieux  sur  les  fleurs  de  la  troisième  année. 
Comme  cette  graine  est  couronnée  par  une  aigrette  plumeuse, 
et  qu'elle  est  par  conséquent  très-légère  ,  il  faut  la  surveiller 
pour  la  cueillir  avant  qu'elle  ne  soit  emportée  par  le  vcnt,ou 
même  par  les  oiseaux  qui  l'aiment  beaucoup. 

Dans  les  pays  où  les  hivers  sont  tempérés,  on  enlève  suc- 
cessivement les  racines  de  scorzonère  ,  et  au  moment  seule- 
ment où  on  veut  les  manger.  Dans  les  climats  où  l'hiver  est 
rude  et  long,  on  prend  la  précaution  d'enlever  à  la  fois  toute 
la  quantité  de  ces  racines  qu'on  a  besoin  de  vendre  ou  de 
consommer  pendant  cette  saison  ,  et  on  les  enterre  dans  un« 
serre  à  légumes.  La  scorzonère  est  plus  délicate  que  le  sal- 
sifis; mais  sa  culture  est  moins  avantageuse  ,  parce  que  le 
salsifis  reste  moins  long-temps  en  terre.  On  mange  la  scor- 
zonère  depuis  la  Toussaint  jusqu'à  Pâques,  (d.) 

SCORZONÉROIDES.  Ce  genre  de  plantes,  établi  par 
Vaillant ,  comprenoit  les  espèces  de  scorzonère  de  Linnseus  , 
à  feuilles  laciniées.  (ln.) 

'SCOTANUM.  Césalpin  donne  ce  nom  au  Fustet,  Rhus 
colinus.  Adanson  le  donne  au  ^enre  Jicami  de  Dilleji.  (ln.) 

SCOTIAS.Nom  donné  parSchranckàungenre  d'insectes, 
dans  lequel  il  fait  entrer  le  ptinus  scotias.  V.  GlBSlE.  (o.) 

SCOÏIE.  V.  SCHOTIE.  (B.) 

SCOTINO,  Senata>0,  Rossola.  Différens  noms  ita- 
liens du  Fustet  {Rhus  cotlnus  ,  Linn.)  (ln.) 

SCOTTIE,  ScoUia.  Arbuste  de  la  Nouvelle  -  IIoHande  , 
qui  a  des  rapports  avec  les  Platylobions  ,  et  qui  constitue 
seul ,  d'après  R.  Brown,  un  genre  dans  la  diadelphie  décan- 
drie  ,  et  dans  la  famille  des  légumineuses. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  à  cinq  dents  pres- 
que égales,  entouré  de  bractées  imbriquées  ;  corolle  papi- 
lionacée,  à  étendard  plissé,  plus  court  que  les  ailes;une  gousse 
pédicellée,  comprimée,  épaisse  en  ses  bords,  contenant  trois 
à  quatre  semences,  (b.) 

SCOURJON.  C^slV  escourgeon.  V.  au  mot  Orge,  (b.) 

SCOUT.  Nom  écossais  du  Pingouin,  (v.) 

SCRAPTlE,\Scra/?/j«.  Genre  d'insectes  de  Tordre  des. 
coléoptères,  section  des  hétéromères  ,  famille  des  traché- 
Udes  ,  tribu  des  anthicites  ,  que  j'ai  établi  sur  le  »serrop3!pe 


138  S  C  R 

brunâtre  ,  serropaipus  fusculus  ,  d'Illiger.  Par  la  forme  de  sa 
tête  et  quelques  autres  caractères  ,  cet  insecte  tient  des  no- 
ioxe.s  {anthicus,  Fab.  ),  et  des  autres  trachelides  ;  mais  il  avoi- 
sine,  sous  d'autres  rapports,  le$  melandryies  e\  \es  dircées  de 
Fabricius ,  celle  spécialement  qu'il  a  nommée  rufirollis  , 
ainsi  que  le  conopnipm  fi.mroflis  de  M.  (lyHenhal.  Les  pal- 
pes labiaux  sont  terminés  par  un  article  très-grand  ,  pres- 
que semi- lunaire  ,  et  le  corselet  forme  un  demi-cercle.  Ces 
caractères  distinguent  ce  genre  de  celui  des  notoxes. 

La  ScRAPTiE  BRUNETTE,  Sr rapt/a  fu<:ra,  est  un  petit  insecte 
dont  le  corps  est  oblong  ,  mou  ,  d  un  brun-noirâ»re,  pubes- 
cenl ,  avec  les  jambes  et  les  tarses  plus  clairs  ,  el  les  élytres 
lisses.  On  le  trouve  aux  environs  de  Paris  ,  sur  les  plantes 
et  les  troncs  d'arbres,  (l.) 

SCRIBÉE  ,  Scrihœa.  Genre  établi  pour  placer  la  Cucu- 
BALE  BACCIFÈRE.  Il  a  aussi  été  appelé  Lychnatsthe.  (b  ) 
SCROFANELLO.  Nom  italien  des  Scorpènes.  (desm.) 
SCROPHULAIRE,  5c/o;//2M/flr/a.  Genre  de  plantes  de 
la  didynamie  angiospermie  ,  et  de  la  famille  de  son  nom, 
qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  court ,  à  cinq  lobes  ; 
mie  corolle  lubuleuse  ,  bilabiée  ,  renversée,  à  tube  globu- 
leux ,  renflé  ,  à  lèvre  supérieure  ,  droite  ,  bilobée  ,  munie 
souvent  d'une  squamule  dans  son  intérieur  ,  à  lèvre  infé- 
rieure trilobée  ,  plus  courte ,  à  lobes  latéraux  ouverts  , 
et  le  moyen  réfléchi  ;  quatre  étamines  ,  dont  deux  plus  cour- 
tes ,  et  toutes  penchées  sur  la  lèvre  inférieure;  un  ovaire 
supérieur  ovale  ,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  simple  ; 
une  capsule  presque  ronde,  acuminée ,  bivalve,  à  valves 
entières  ,  à  cloison  double  ,  et  renfermant  une  grande  quan- 
tité de  petites  semences. 

Ce  genre  réunit  des  plantes  herbacées  ou  frutescentes,  à 
tiges  quadrangulaires;  à  feuilles  ordinairement  opposées  ; 
à  fleurs  peu  brillantes ,  disposées  en  épi  ou  en  panicule  ter- 
minale, et  portées  sur  des  pédoncules  bifides  ou  multifides, 
accompagnés  de  deux  bractées.  On  en  compte  une  cinquan- 
taine d'espèces,  dont  les  plus  Intéressantes  à  connoître  sont: 
La  Scrophulaire  nouel'Se,  qui  a  les  feuilles  entières, 
trlnervées  ,  et  la  lige  en  angle  obtus.  Elle  est  vivace  ,  et  se 
trouve  en  Europe,  dans  les  terrains  gras  et  un  peu  humides, 
sur  la  berge  des  fossés  qui  entourent  les  villages  et  dans  les 
bois.  Elle  est  commune.  Sou  goût  est  amer,  et  son  odeur  fort 
désagréable  ;  sa  racine  est  grosse  ,  blanche,  noueuse  et  tra- 
çante; ses  tiges  sont  hautes  de  deux  pieds.  ElleestémoUiente  , 
résolutive  el  adoucissante.  Sa  racine,  réduite  en  poudre  et 
infusée  dans  du  vin  ,  se  donne  aux  personnes  attaquées  d'hé- 
morroïdes internes  et  douloureuses;  ses  semences  sont  ver- 
mifuges ;  ses  feuilles ,  pilées  et  appliquées  sur  les  écrouelles 


s  C  R  439 

ouvertes  ,  et  autres  ulcères,  produisent  beaucoup  de  bien  ; 
mais  il  n'est  pas  vrai  ,  comme  on  l'a  cru  long-temps  ,  que 
ces  maladies  soient  guéries  par  son  usage  interne.  On  fait, 
avec  cette  plante,  dans  les  pnarmacies,  un  beurre  qui  est  re- 
commandé contre  toutes  les  espèces  de  gaie. 

La  ScROPHULAiRE  AQUATIQUE,  qui  a  les  feuilles  entières , 
pétioiées,  décurrentes,  obtuses  ,  et  la  tige  membraneuse  sur 
ses  angles.  Elle  est  vivace,  et  se  trouve  dans  les  marais, sur  le 
bord  des  fossés  et  des  rivières.  Son  odeur  approche  de  celle 
de  la  précédente,  dont  elle  passe  pour  avoir  les  vertus;  elle  a, 
de  plus  ,  la  propriété  d'être  vulnéraire  et  consolidante  à  un 
haut  degré.  On  l'appelle  vulgairement  l'/i^rôe  du  siège  ^  parce 
qu'au  siège  de  la  Rochelle  ,  soutenu  par  les  proleslans ,  coftr 
tre  les  papistes  commandés  par  le  cardinal  de  Ric'nelieCi» 
on  ne  se  servit  que  de  ses  feuilles  pour  panser  les  blessui^^  f  l 
des  soldats  qui  la  défendoient.  !     ; ,  ^ 

La  ScHOPHULAiRE  DU  Brésil  ,  qui  est  fort  peu  différeote 
de  celle-ci ,  et  qui  nous  a  donné  occasion  d'apprendre  que 
toutes  font  disparoître  le  mauvais  goût  du  Semé  ,  sans  nuire    ^ 
à  ses  propriétés  purgatives.  V.  Le  Mémoire  de  MarchaA*',    ^ 
parmi  ceux  de  l'Académie,   année  1701.  ,!r  f\ 

La  ScROPHULAiRE  ORiETSTALE,  qui  a  les  feuilles  lancéolées, 
dentelées,  pétioiées;  celles  de  la  lige  ternées  ,  et  les  ra- 
meaux opposés.  Elle  est  vivace  ,  et  vient  de  la  Syrit'  et  de 
l'Asie  mineure.  C'est  une  des  belles  espèces  du  genre. 

La  ScROPHULAlREFRUTESCENTE,quiales  feuilles  charnues, 
les  supérieures  sessiles  ,  dentées  ,  glabres,  recourbées  à  leur 
pointe,  et  la  panicule  rameuse.  Elle  se  trouve  en  Vortugai 
et  sur  la  cote  d'Afrique.  Ses  tiges  sont  plus  dures  que  celles 
des  autres  espèces  ,  et  subsistent  toujours. 

La  ScROPHULAiREPRi]STANiÈRE,qui  a  les  feuilles  en  cœur  , 
pubescentes  ,  doublement  dentées ,  les  panicules  axiUaires 
et  dichotomes.  Elle  se  trouve  dans  les  parties  méridionales 
de  l'Europe  ,  et  est  bisannuelle.  C'est  une  des  premières 
plantes  quiHeurissent,et  son  feuillage  est  fort  beau.  Elle  peut, 
sous  ces  deux  considérations  ,  entrer  dans  les  jardins  d'or- 
nement. 

La  ScROPHULAiRE  MELLiFÈRE,qui  a  les  feuilles  glabres,  les 
inférieures  pinnées,  et  les  supérieures  ternées  ;  les  folioles 
oblongues  et  les  fleurs  axiUaires.  Elle  est  vivace,  se  trouve 
sur  les  côtes  de  Barbarie,  Ses  fleuis  sont  très-grosses  ,  com- 
parativement à  celles  des  autres  espèces  ,  et  ont  toujours, 
dans  le  fond  ,  une  goutte  de  miel  très-remarquable.  Il  est 
bon  d'observer  ,  à  cette  occasion  ,  que  toutes  les  scropbu- 
laires  fournissent  beaucoup  de  miel  aux  abeilles  ,  mais  qu'il 
est  de  très-mauvaise  qualité. 


;^o  s  c  u 

La  ScROPHULAiRE  CANINE, qui  aies  feuilles  pinnëes,lesgrap- 
pes  terminales  nues,  et  les  pédoncules  bifides.  Elle  est  an- 
nuelle, et  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  la 
France  ,  sur  les  monlngnes  les  plus  arides,  (b.) 

SCROPHULAP\L\.  Bien  que  ce  nom  ait  éié  spéciale- 
ment donné  à  nos  Scrophulaires,  on  voit  cependant  qu'il  a 
été  appliqué  encore  à  des  plantes  qui  en  sont  très-différentes. 
Par  exemple,  le  sedum  ielephium  ,  L.,  est  le  scrophularia  média 
deBrunfelsius.  Tragus  plaçoit  avec  les  scrophuhria,  la  grande 
variété  à  fleurs  rouges,  de  cette  même  plante.  La  Renoncule 
FICAIRE   est   \e  scrophularia  mi'nor  de  Brunfelsius  ,  etc.  (ln.) 

SCROPHULARIÉES.  Famille  déplantes  ,  autrement 
appelée  des  PERSONNÉES.QucIques  botanistes  y  réunissent  les 

PÉD1CULAR4ÉES.    (B.) 

SCROSENO.  Nom  du  Squale  pantouflier  ,  à  Nice. 

(DESM.) 

SCROTUM.  C'est  la  double  Bourse  dans  laquelle  sont 
renfermés  les  testicules  des  animaux.  Elle  est  formée  ,  en 
effet,  de  deux  sacs  distingués  exic'rieurement  par  le  raphé 
ou  cette  sorte  de  couture  qui  passe  au  milieu.  Il  y  a  un  tes- 
ticule logé  dans  ses  tuniques,  en  chaque  loge.  Les  enveloppes 
scrotales  sontd' abord  extérieurement, I'épiderme,etau-dessous 
la  peau  ou  derme  ,  puis  une  tunique  celluleuse  ,  et  ensuite 
le  dartos,  membrane  pourvue  d'une  irritabilité  très-contrac- 
tile ,  laquelle,  en  se  resserrant,  rend  toute  rugueuse  la  peau 
extérieure  du  scrotunt.  Sous  ce  darlos  existe  un  tissu  cellu- 
leux  asse^  mollet ,  puis  les  tuniques  vaginales  ,  distinguées  en 
trois  lames  ,  l'extérieure  commune  au  testicule  et  au  cordon 
spermatique;  le  muscle  crémaster  ou  suspenseur  s'y  attache; 
les  tuniques  vaginales  plus  intérieures,  enveloppent  immédia- 
tement chaque  testicule  adhérent  à  son  fond,  le' plus  souvent, 
et  sécrètent  une  sérosité  ,  comme  le  péricarde  le  fait  pour  le 
cœur.  Ces  tuniques  vaginales  sont,  en  effet,  un  prolongement 
dupéritoine,  membrane  séreuse  qui  s'étend,  lorsque  les  testi- 
cules, d'abord  situés  dans  l'abdomen  près  des  reins,  passent 
1  anneau  inguinal ,  pour  descendre  dans  ces  bourses,  V.  Tes- 
ticules. 

Au  reste  ,  les  animaux  n'ont  pas  tous  un  scrotum.  Parmi 
îes  mammifères  rongeurs ,  les  testicules  demeurent  dans  la 
cavité  abdominale  ;  ce  qui  rend,  dit-on,  ces  animaux  plus 
ardens  et  lascifs  ,  parce^ue  ces  organes  sont  toujours  tenus 
chaudement.  Les  oiseaux  n'ont  aussi  jamais  de  scrotum,  ni  les 
reptiles  et  les  poissons  ;  enfin  ,  tous  les  invertébrés  ne  por- 
tent jamais  à  1  extérieur  leurs  testicules;  ils  n'ont  donc  pas 
de  scrotum.  Celui-ci  se  ride  plus  ou  moins  par  le  froid  ,  ou 
par  la  contraction  sporitûnée  du  dartos^dans  le  coït.  (ViRï.Y.) 


s  C  U  Ui . 

SCULFISH.  Nom  donné,  par  les  pêcheurs  de  la  mer  du 
Kord,  aux  Baleineaux  qui   ont  plus  de  deux  ans.  (desm.) 

SCURAPOLA.  C'est  ainsi  que  les  Grecs  modernes  non*- 
ment  le  Grave,  (s.) 

SCURRULA.  Genre  établi  sur  une  plante  de  la  Chine  , 
par  Linnseus  ,  dans  la  première  édition  de  son  Species plan- 
tarum.  Il  avoit  été  augmenté  d'une  seconde  espèce  de  la  ia^ 
maUque  {  scurnila  parasilica^  James.,  197)-  Depuis,  Linnœus 
l'a  réuni  au  loranthus,  ou  plutôt  lui  a  donné  ce  nom.  Adansoa 
le  réunit  au  viscum.  (ln.) 

SCUTELLARIA.  Corlusus  a  donné  ce  nom  au  scutella- 
ria  peregrina  ,  à  cause  de  l'écaillé  en  forme  de  bouclier  (  scu- 
tum  )  ,  qui  accompagne  le  calice  ,  et  qui  lui  donne  aussi  l'as- 
pect d'un  casque.  J.  Bauhin  ,  Rivin  et  Plukenet  se  sont  ser- 
vis du  nom  de  scutcllaria  ,  pour  désigner  des  espèces  congé- 
nères ,  et  Linnseus  l'a  donné  au  genre  qui  comprend  ces 
plantes.  Tournefort  et  d'autres  botanistes  ont  préféré  em- 
ployer le  nom  de  cassida  ;  cependant,  Tournefort  a  fait  aussi 
usage  de  la  même  dénomination.  Le  genre  caranga  de  Jus- 
sieu  a  pour  type  le  scuiellarîa  indien  ,  Linn. 

Le  sculellnrid  bleu, h.  feuilles  de  marjolaine  et  d'Amérique, 
mentionné  par  Rai  ,  est  le  irichasicma  dirhoioma  ,  Linn.  , 
genre  très-voisin  du  sriife/Iaria  ,  L. 

Rumphius,   dans  l'Herbier  d'Amboine,  décrit  et  nomme    ^ 
saiiellaria  ,  trois  plantes  ,  dont  une  ,  le   scutellaiia  3  ,  est   le 
panax  fruticosum ,  L.  ;  les  deux  autres  sont   inconnues  aux 
botanistes.  V.  Toque,  (ln.) 

SCUTELLE,  Sculella.  Genre  établi  par  Lamarck,  par- 
mi les  EcHiNiDES.  Ses  caractères  sont  :  corps  aplati ,  ellip- 
tique ou  suborbicuîaire  ;  légèrement  convexe  en  dessus, 
plane  en  dessous  ;  à  bord  mince  ,  presque  tranchant,  et  gar- 
ni de  tiés-petiles  épines  ;  à  ambulacres  bornés  ,  courts  ,  imi- 
tant une  fleur  à  cinq  pétales  ;  bouche  inférieure  ,  centrale; 
anus,  entre  la  bouche  et  le  bord  ,  rarement  dans  le  bord. 

Ce  genre  ,  qui  a  été  appelé  Echinodisque  par  Leske  , 
renferme  une  vingtaine  d'espèces  ,  toutes  appartenant  aux 
mers  des  pays  chauds  ,  ou  fossiles,  F.  Oursin,  (b.) 

SCUTELLE.  Sorte  de  Cupule  ou  de  Conceptacle,  dans 
les  Lichens.  C'est  d'abord  un  simple  tubercule  qui  s'élargit 
et  forme  un  petit  disque  corné  et  légèrement  bordé. 

Les  Patellaires  sont  toutes  garnies  de  scidelles.  (b.) 

SCUTELLÈRE,  Scuiellem.  Genre  d'insecies  de  l'ordre 
des  hémiptères  ,  famille  des  géocorises  ou  punaises  terres- 
tres, tribu  des  longilabres  ,  établi  par  M.  de  Lamarck  ,  et 
que  Fabriciusa^^  depuis  ,  nommé  ielyra,  Linnceus  l'avoitin- 


^^2  s  c  u 

*liqué  ,   en  iormant  avec  ces  insectes  une  division  parlicu- 
lière,  celle  des  punaises  à  écusson  (  cimkes  scuiellati  ). 

Les  scutellères  ont,  ainsi  que  les  penlaiomes  ,  les  anten- 
nes composées  de  cinq  articles  ;  mais  elles  sont  distinguées 
par  la  grandeur  de  leur  écusson,  qui  occupe  tout  le  dessus 
de  leur  abdomen  et  leurs  ailes.  Leur  corps  est  plus  ou  moins 
ovale  ,  et  quelquefois  presque  rond.  Ces  insectes  se  trouvent 
sur  les  plantes.  Leurs  habitudes  et  leurs  métamorphoses  sont 
les  mêmes  que  celles  des  pentalomes  et  de  la  plupart  des 
autres  géocorises.  Les  différences  de  la  forme  générale  du 
corps  ou  de  sa  coupe  ,  celles  que  présentent  le  chaperon  et 
ïes  antennes  considérés  sous  le  rapport  des  proportions  re- 
latives de  leurs  articles  ,  pourront  être  employées  pour  divi- 
ser ce  genre  qui  est  assez  nombreux. 

ScuTELLÈRE  NOBLE  ,  Scutellera  nubilis;  Tetyra  nohilis,  Fab. 
Elle  est  oblongue  ,  d'un  bleu  doré  ,  tacheté  de  noir  en  dessus  ; 
rouge  ,  avec  des  bandes  d'un  bleu  doré  ,  sur  les  côtés,  en 
dessous.  Elle  se  trouve  aux  Indes  Orientales, 

ScuTELLÈRE  MARQUÉE  ,  Scutellaria  signala;  Tetyra  signala  , 
Fab.  Elle  est  oblongue ,  bleuâtre  en  dessus.  Le  corseleta  trois 
points  noirs  plus  grands ,  réunis  à  leur  base  ;  il  est  bordé  exté- 
rieurement de  rouge  ;  Técusson  a  trois  paires  de  taches  ,  et 
son  extrémité, noires.  Le  ventre  est  d'un  roux  clair,  avec  une 
ligne  de  taches  d'un  bleu  de  ciel  de  chaque  côté. 

Celle  belle  espèce  a  été  rapportée  du  Sénégal  par 
M.  Roussilion. 

ScuTELLÈRE  SIAMOISE,  Scutellera  nîgro-lineaia  ;  Tetyra  ni- 
gro-lineata  ,  Fab.;  la  Punaise  siamoise^  Geoffr.;  pi.  M,  29,  4, 
de  cet  Ouvrage.  Elle  est  ovale  ,  rouge  ,  avec  cinq  lignes  noi- 
res, longitudinales  ,  sur  le  corselet ,  et  trois  sur  l'écusson  ; 
l'abdomen  est  ponctué  de  noir. 

Celte  belle  espèce  se  trouve  dans  l'Europe  tempérée  et 
méridionale.  Elle  est  commune  dans  le  Midi  de  la  France  , 
sur  les  fleurs  de  cerfeuil  et  sur  d'autres  plantes. 

La  ScuTELLÈRE  SEMi-PONCTUÉE  se  rapproche  de  la  pré- 
cédente. Elle  est  rouge ,  avec  dix  points  noirs  sur  le  corse- 
let ,  et  cinq  lignes  noires  sur  l'écusson.  Elle  ne  se  trouve 
que  dans  les  cantons  les  plus  méridionaux  de  la  France  ,  en 
Italie  et  en  Espagne. 

ScuTELLÈRE  HOTTENTOTE,  Sailellaria  hoitenlota  ;  Tetyra  hot- 
tentota^  Fab.;  \3i^  Punaise  porte-chape  brune.,  Geoff.  Elle  est 
partout  d'un  brun  couleur  de  suie  ou  fuligineux,  avec  les 
pattes  jaunâtres.  On  la  trouve  souvent  sur  les  seigles  ,  à  l'é- 
poque de  leur  maturité. 

ScuTELLÈRE  sCARABiEOÏDE  ,  Scutellera  srarabœdides  ;  Tetyra 
scarabœdides  ,  Fab.  ;  la  Punaise  cuirasse.,  Geoff.  Elle  est  fort 


s  G  U  443 

petite  ,  presque  hémisphérique  ,  d'un  noir  bronzé.  Le  se- 
cond article  de  ses  antennes  est  très-court,  (l.) 

SCUTELLITES.  Nom  donné  par  Denys-de-Montfort 
aux  Patelles  fossiles  ,  qui  doivent  être  rangées  dans  son 
genre  Pavois.  V.  ce  mot.  (desm.) 

SCUTELLUM.  F.  Ecusson.  (desm.) 

SGUÏIGER.  Nom  latio  des  champignons  appelés  Es- 
cUDARDE  ,  en  français,  (b.) 

SCUTIGÈRE  ,  Scutigem.  Genre  établi  par  M.  de  La- 
inarck  ,  dans  son  Système  des  animaux  sans  vertèbres ,  quïl 
place  avec  les  arachnides  antennisles ,  et  qui  appartient, 
dans  ma  méthode ,  à  la  classe  des  insectes ,  ordre  des  my- 
riapodes ,  famille  des  chilopodos.  lUiger  a  désigné  le  même 
genre  sous  la  dénomiriaiion  de  cermatia^  que  M.  Léach  a 
adoptée. 

Par  la  généralité  des  caractères,  les  scutigères  ont  les  plus 
grands  rapports  avec  las  scolopendres ,  et  c'est  effectivement 
avec  elles  que  Linnœus  a  rangé  la  seule  espèce  qu'il  a  connue 
(  coleoptrata  ).  Les  segmens  de  leur  corps,  en  les  comptant  du 
côté  du  dos  ,  portent  chacun  deux  paires  de  pattes  ,  et  sous 
une  telle  considération  ,  ces  insectes  avoisinent  les  luIes', 
aussi  Pallas  leur  a-t-il  associé  une  espèce  de  ce  genre  ,  qu'il 
a  décrite  et  figurée  dans  ses  Fascicules  de  Zoologie ,  sous  le 
nom  à\aranéoïde.  Mais  il  est  évident  que  ces  insectes  consti- 
tuent un  genre  propre  ,  qui  doit  ouvrir  la  famille  des  chilo-- 
podes. 

lUiger,  dans  sa  continuation  de  l'édition  de  la  Faune  d^E- 
irun'e,  de  Rossi ,  commencée  par  Hellwig  ,  observe  (tom.  2, 
pag.  199)  qu'il  avoil  donné  à  ce  genre  le  nom  de  cermatia  , 
longtemps  avant  que  M.  Laitiarck  l'eût  établi  sous  celui  de 
sculigère  ,  qu'il  trouve  impropre  ,  et  que  je  me  suis  trompé 
en  prenant  la  scolopendre,  à  étuis  (  coleoptrata  )  ,  de  Linnœus  , 
pour  la  scutigère  d'Europe  ;  il  ajoute  que  cet  insecte  ,  de 
Linnœus  ,  est  une  véritable  scolopendre.  J'ai  souvent  rendu 
justice  à  la  judicieuse  criiique  de  ce  célèbre  naturaliste  ; 
mais  elle  me  paroît  être  ici  en  défaut. 

Selon  Linnœus,  la  scolopendre  à  étuis  a  les  antennes  de  la 
longueur  du  corps  ;  quatorze  paires  de  pattes  ,  terminées 
par  un  tarse  composé  d'un  très-grand  nombre  d'articles  ,  et 
dont  les  dernières  sont  presque  aussi  longues  que  l'animal. 
Son  corps  a  la  forme  de  celui  de  la  scolopendre  fourchue  ;  mais 
il  est  plus  long  ,  divisé  en  huit  segmens  ,  et  qui  sont  couverts 
chacun  d'un  petit  bouclier  demi-orbiculaire  ,  échancré  pos- 
térieurement. Ce  naturaliste  fait,  en  outre,  mention  d'un 
élytre  simple  ,  ou  comme  formé  de  deux  élytres  réunis  ,  qui 
commence  au  quatrième  segment ,   recouvre  un   ou  deux 


44.i  S  C  U 

de  ces  segmens  ,  et  sous  lequel  sont  des  ailes  étroiles  et  sim- 
ples. Ces  derniers  caractères  sont  bien  propres  à  nous  dérou- 
ler ,  et  dans  le  cas  qu'il  n'y  eût  pas  d'erreur  ,  cet  insecte  ne 
seroit  pas  plus  une  scolopendre  qu'une  scutigère  ;  il  dcvroit 
former  un  genre ,  qui  seroit  le  plus  anomale  de  tous  ceux 
que  nous  connoissons.  Mais  ,  trompé  probablement  par 
quelque  illusion  optique ,  ce  naturaliste  a  désigné  sous  de 
fausses  dénominations  tjuelques  parties  de  cet  animal,  ou 
peut-être  a-t-il  cru  en  apercevoir  qui  n'exislent  pas.  Tou- 
jours est-il  constant  que  les  caractères  antérieurs  ne  convien- 
nent à  aucune  scolopendre  ,  mais  bien  aux  scutigères.  Cet 
insecte  avoit  été  observé  en  Espagne  ,  et  notre  scutigère  ara- 
vJoïde  ou  la  cermatie  rayée ,  d'IUiger  ,  synonyme  de  la  scolo- 
pendre à  vint^tliuit  pattes  de  (ieoffroy  ,  s'y  trouve  aussi.  M. 
le  comte  de  Hoffmansegg  l'a  encore  observée  en  Hongrie. 
Elle  a  la  forme  de  la  scolopendre  la  plus  commune  de  notre 
pays  ,  celle  que  Linnseus  a  nommée  iorficata  (  V.  Lithobie  ); 
mais  elle  est  moins  aplatie  ,  et  s'en  éloigne  d'ailleurs  essen- 
tiellement sous  plusieurs  points  de  vue. 

Le  corps  des  scutigères  est  presque  cylindrique,  long, 
moins  déprimé  que  celui  des  scolopendres,  un  peu  rétréci 
en  pointe  à  son  extrémité  postérieure  et  un  peu  plus  large 
au  bout  opposé  ,  le  diamètre  transversal  de  la  tête  étant  un 
peu  plus  grand.  Cette  partie  est  presque  carrée  ,  avec  les 
angles  postérieurs  obtus,  et  son  extrémité  antérieure  un  peu 
avancée  et  arrondie  ;  les  yeux  sont  un  peu  élevés  ,  presque 
orbiculaires  et  à  facettes  très-nombreuses  -,  les  antennes  sont 
insérées  au-devant  d'eux,  sélacécs  ,  presque  aussi  longues 
que  le  corps,  et  composées  d'une  multitude  de  petits  articles  ; 
les  palpes  maxillaires  sont  salllans  ,  filiformes  et  épineux  ;  les 
pieds-mâcboires  extérieurs  ,  ou  les  crochets,  \p'ont  paru  pro- 
portionnellement plus  longs  et  plus  courbes  que  ceux  des  sco- 
lopendres ;  les  deux  divisions  de  la  fausse  lèvre  ,  comprise 
entre  eux,  ont  leur  bord  supérieur  entier  et  garni  d'épines. 
Je  renvoie  ,  pour  les  autres  détails  de  la  bouche  ,  au  recueil 
des  Mémoires  sur  les  animaux  sans  vertèbres  de  M.  de 
Savigny  ,  où  les  organes  sont  représentés  avec  cette  exac- 
titude scrupuleuse  qui  dislingue  éminemment  toutes  les 
cbscrvations  de  ce  naturaliste.  \u  en  dessous,  le  corps 
présente  ,  dans  sa  ligne  médiane  ,  une  série  de  quinze  petites 
lames  ou  demi-segmens  ,  presque  carrées,  un  peu  plus 
étroites  au  bord  postérieur,  qui  est  arrondi  à  ses  angles  et 
foiiilenient  échancré  dans  son  milieu  ;  de  chaque  côté  de 
chacune  de  ces  lames  ,  sous  leurs  bords  latéraux  ,  est  insérée 
une  patte;  ainsi  chaque  demi-segment  en  porte  une  paire, 
de  sorte  que  le  nombre  total  de  ces  organes  du  mouvement 


s  C  U  44â 

iést  de  trente,  et  non  de  vingt-huit.  Ces  insectes  sont  ainsi 
plus  rapprochés  des  lilhobies  que  des  scolopendres  proprement 
dites. 

Le  dessus  du  corps  est  recouvert  longiludlnalement  par  une 
suite  de  huit  autres  plaques  ,  plus  épaisses,  formant  autant 
de  petits  houcliers  ou  écussons ,  presque  carrés  ,  un  peu  ca*-» 
renés  dans  le  milieu  de  leur  longueur, avec  le  bord  postérieur 
arrondi  aux  angles,  échancré  au  milieu,  et  offrant,  dans  le  si- 
nus ,  une  petite  fissure  élevée  sur  ses  bords  ,  en  manière  de 
lèvre  ,  représentant  une  espèce  de  stigmate.  Ces  fissurea» 
sont,  en  effet ,  destinées  au  passage  du  lluide  nécessaire  à  la 
respiration. Celle  de  la  dernière  plaque,  ainsi  que  son  échan- 
crare  est  moins  sensible  ;  cette  plaque  est  la  plus  petite 
de  toutes  ;  la  quatrième  est  presque  une  fois  plus  longue  que 
les  autres,  et  a  été  désignée  par  Linneeus  sous  le  nom  dV/j- 
tre.  Comme  il  la  distingue  ainsi  des  autres  ,  le  nombre  des 
plaques  n'est,  dans  sa  suppulaiion  ,  que  de  sept  ;  l'étendue 
de  la  dernière  correspondant  exactement  à  la  cinquième  pla- 
que ventrale  ,  cet  anneau  du  corps  n'est  censé  avoir  qu'une 
paire  de  pattes  ,  tandis  que  les  précédens  en  portent  une  de 
plus. 

Ainsi  les  scutigères  ,  par  les  divisions  supérieures  de  leur 
corps  et  le  nombre  des  pattes ,  sont  des  iules ,  tandis  que  par  la 
face  opposée  et  d'après  les  mêmes  rapports,  elles  sont  des  sco- 
lopendres. Un  segment  anal,  venant  immédiatement  à  la  suite 
des  précédens,  termise  le  corps;  il  est  composé  de  deux  petites 
valvules  ,  formant ,  par  leur  courbure  et  leur  réunion ,  un 
tube  très-court  qui  renferme  cinq  appendices  ,  dont  trois  su- 
périeurs, très-petits  ,  peusaillans  ,  simples,  presque  triangu- 
laires, et  dont  les  deux  autres  inférieurs,  beaucoup  plus  longs, 
saillans ,  un  peu  relevés  ,  et  contigus  paraJlèlement  dans  leur 
portion  inférieare;ils  sont  composés  de  trois  articles,  dont  les 
deux  derniers  beaucoup  plus  grêles  que  le  radical;  le  troisième 
ou  le  terminal  finit  en  pointe  ,  et  présente  l'apparence  d'une 
épine.  Je  n'ai  pu  vérifier  si  ces  parties  sont  communes  à  tous 
les  individus  ;  peut-  être  ne  sont  elles  propres  qu'à  l'un  des 
sexes.  Les  plaques  du  corps  ,  tant  supérieures  qu'inférieures, 
et  les  tégumens  delà  tête,  sont  d'une  consistance  un  peu  co- 
riace et  qui  garantit  les  parties  plus  foibles. 

Les  pattes  diffèrent  essentiellement  parleur  composition, 
les  coudes  qu'elles  forment ,  et  leur  longueur  ,  de  celles  des 
scolopendres  ^  et  se  rapprochent,  à  cet  égard  ,  des  pattes  dei 
faucheurs.  Elles  tiennent  au  corps  par  deux  articles  corres- 
pondans  à  la  hanche  ,  et  dont  le  second  très-court  ;  viennent 
ensuite  deux  autres  articles  plus  gros  que  les  suivans  (le  pre- 
mier surtout  ) ,  allongés  ,  formaiU  un  angle  à  leur  point  as. 


4/^6  S  C  U 

réunion,  et  qui  représentent  la  cuisse.  Une  quatrième 
pièce,  plus  allongée  que  la  précédente  ,  mais  plus  menue, 
sera  dès-lors  la  jambe  ,  ou  du  moins  son  second  article,  dans 
la  supposition  que  l'article  précédent ,  dont  la  forme  est 
également  plus  cylindrique  que  celle  du  troisième  ,  en  fasse 
pïirtie.  Enfin  ces  pâlies  sont  terminées  par  un  tarse  plus  grêle 
que  la  jambe,  beaucoup  plus  long,  sélacé,  composé  d'un  très- 
grand  nombre  d'aiticles  ,  susceptible  de  se  contourner  un 
peu  en  spirale, finissant  insensiblement  en  pointe, avec  un  on- 
gle petit  et  simple  au  bout.  Ce  tarse  est  garni  de  petits  poils 
qui,  vus  à  son  exlrémité  inférieure,  sont  réunis  en  très-pelits 
faisceaux  ;  le  preujier  a'rlicle  est  le  plus  long  de  tous,  et  les 
deux  derniers  sont  Irès-courls;  ceux  de  la  cuisse  et  de  la  jambe 
sont  généralement  cylindriques  ,  mais  un  peu  comprimés  , 
avec  des  arêtes  longitudinales  et  des  piquans  assez  forts  à 
leur  exlrémité  ;  les  six  dernières  paires  de  pattes,  et  surtout 
les  deux  postérieures,  sont  brusquement  plus  longues  que  les 
précédentes  ;  ces  organes  sont  très -caducs,  et  rarement 
saisit -on  l'animal  sans  qu'il  en  perde  un  certain  nombre.  Il 
se  tient,  pendant  le  jour,  dans  les  greniers  ou  les  lieux  peu 
fréquentés  des  maisons ,  le  plus  souvent  entre  les  poutres  , 
les  vieilles  planches ,  quelquefois  sous  les  pierres  ,  et  ne  se 
montre  que  la  nuit.  On  le  voit  alors  courir  sur  les  murs  , 
avec  une  grande  vitesse  ,  et  y  chercher  sa  nourriture  qui  con- 
siste en  insectes  ,  cloportes ,  etc.  ;  il  les  pique  avec  les  cro- 
chets de  sa  bouche  ;  le  venin  qu'ils  distillent  dans  la  plaie,  agit 
très-promptement  sur  ces  petits  animaux  ,  ainsi  que  je  m'en 
suis  assuré  par  plusieurs  expériences.  C'est  principalement 
dans  les  temps  pluvieux  que  les  scutigères  paroissent  en  plus 
grand  nombre.  Les  habitans  de  la  Hongrie,  au  rapport  d'il- 
liger,  les  redoutent  beaucoup. 

J'avois  d'abord  rapporté  Vîule  aranédîde  de  Pallas  ,  SpiciL 
Zool. ,  fasc.  9. ,  tab.  4  ,  fig-  16 ,  à  notre  scutigère  de  France, 
ou  la  scolopendre  à  vingt  huit  pattes  de  Geoffroy  ;  mais  je  pense 
aujourd'hui  que  ce  sont  deux  espèces.  L'insecte  de  Pallas, 
qui  avoit  été  pris  en  mer,  sur  des  fucus,  par  un  de  ses  amis, 
est  gris,  avec  deux  bandes  noirâtres  et  longitudinales  sur  le 
dos.  Notre  scutigère  ,  que  je  nommerai  dorénavant  avec 
lUiger  ,  Rayée  ,  tineata  ,  est  d'un  jaunâtre  roussàtre  ou  cou- 
leur de  cire  ,  avec  trois  lignes  dun  noir  bleuâtre  sur  le 
dessus  du  corps  ,  dont  une  au  milieu  ,  et  les  deux  autres 
latérales;  les  paltes  ont  aussi  des  bandes  transverses  de 
cette  couleur.  Cette  espèce  est  d'ailleurs  plus  petite  que 
celle  de  Pallas  ,  à  laquelle  je  conserverai  la  dénomination 
d'ARANÉOÏDE  ,  araneoïdes. 

La  scolopendre  loiigîcorne    de  Fabriciu:*    est    encore    une 


s  C   Y  447 

scutigère.  Le  dessus  de  son  corps  est  brun ,  avec  une  ligne 
roussâtre.  On  la  trouve  aux  Grandes-Indes. 

M.  Léach  a  figuré ,  dans  le  troisième  volume  de  ses  Me'- 
langes  de  Zoologie  ,  pi.  i36,  une  quatrième  espèce,  qu'il 
appelle  cermatia  Iwida,  parce  que  telle  est  sa  teinte  géné- 
rale. Les  pattes  sont  jaunâtres.  On  la  trouve  à  Madère  , 
dans  les  maisons. 

L'Ile-de-France  nous  offre  une  autre  espèce  {virescens') 
très-voisine  de  la  précédente.  Son  corps  est  d'un  verdâtre 
obscur  ,  avec  les  pieds  plus  pâles. 

Péron  et  M.  Lesueur  ont  apporté  de  leur  voyage  aux 
Terres-Australes,  une  autre  sculigère  ,  dont  le  corps  est 
entièrement  brun,  (l.) 

SCUTULE  ,  Scutiila.  Genre  de  plantes  établi  par  Lou- 
reiro  dans  l'octandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 
myrtes.  Il  offre  ponr  caractères:  un  cajice  tronqué,  ouvert, 
scutiforme  ,  charnu,  coloré,  garni  intérieurement  de  huit 
cellules  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  connivens,  insérés  au 
bord  du  calice  ;  huit  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  à  style 
filiforme  ,  stigmate  simple;  une  baie  à  huit  loges  monosper- 
mes ,  formée  par  le  calice  qui  s'est  accru. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces,  qui  sont  des  arbustes  de 
la  Cochinchine  ,  à  feuilles  opposées  et  à  fleurs  réunies  sur 
des  pédoncules  connivens  et  presque  terminaux.  Leurs  fruits 
sont  astringens.  (b.) 

SCUTUS.  Denys-de-Montfort  donne  ce  nom  au  genre 
qu'il  appelle  ,  en  français  ,  Pavojs,  (desm.) 

SCYDMÈNE,  Scydmœnus,  Latr.,  Schon. ,  Gyllenh.  ; 
Anthicus^  Fab.;  Pselaphiis  ^  l'^jg- ?  Payk.  Genre  d'insectes 
de  l'ordre  des  coléoptères,  section  des  pentamèrcs,  famille 
des  clavicornes,  tribu  des  palpeurs,  qui  diffère  du  genre 
mastlge  ,  de  la  même  tribu  ,  par  les  caractères  suivans  :  an- 
tennes presque  droites  ou  peu  coudées,  sensiblement  plus 
grosses  vers  leur  extrémité  ;  palpes  maxillaires  ayant  leur 
troisième  article  fort  grand ,  et  le  suivant  ou  le  dernier 
aciculaire,  peu  distinct. 

Ces  insectes  sont  très-petits  ,  et  ressemblent  à  des  psé~ 
laphes  ;  mais  ils  s'en  éloignent  par  leyrs  tarses  composés  de 
cinq  articles,  et  parleurs  élytres  qui  recouvrent  entièrement 
l'abdomen  ;  ils  ont  aussi  des  rapports  avec  les  plines.  On  les 
trouve  à  terre,  sous  les  pierres  ou  dans  le  sable,  en  France  , 
en  Allemagne,  etc. 

On  en  connoît  trois  espèces. 

ScYDMÈNE  d'Hellwig  ,  Scydmœiius  Hellivigli ;  Anlhkus 
HellwigH,  Fab.;  NoVrxus  mîraitus,  Panz. ,  Faun.  insecl.  Germ.y 
fasc.  23,  tab.  5.  Il  est  d'un  brun  marron,  luisant,  un  peu 


^48  S  C  Y 

pubescent;  les  antennes  se  terminent  brusquement  par  trob 
articles  plus  gros  et  formant  presque  la  massue;  le  corselet 
est  presque  globuleux ,  avec  quelques  petites  impressions 
postérieures  ;  les  élytres  sont  presque  lisses. 

ScYDMÈNE  HIRTICOLLE,  Sddmœnus  hirticoUis  ^  Gyll.;  Psela- 
phiis  hiriicoUin ^  lUig- ?  Payk.  Il  est  noir,  luisant,  un  peu 
velu ,  particulièrement  sur  le  corselet;  les  quatre  derniers 
articles  des  antennes  sont  plus  gros  ;  le  corselet  est  plus 
étroit  en  devant  ;  les  élytres  sont  lisses. 

ScYDMÈNE  DE  GoDART,  Scydmtznus  Gudarii^  Latr, ,  Gêner. 
Crust  et  Insect. ,  tom.  i,  tab.  8 ,  fig.  6  ;  S.  minutas^  Gyll.  ;  An^ 
iichus  minutiis  ^  Fab.  Cette  espèce  est  noire,  ou  d'un  brun 
très-foncé.  Le  quatrième  article  des  palpes  maxillaires  est 
apparent  ;  les  antennes  sont  insensiblement  plus  grosses  vers 
leur  extrémité;  le  corselet  est  en  forme  de  carré  long,  ré- 
tréci postérieurement;  les  élytres  ont  des  points  enfoncés, 
assez  distincts. 

J'ai  dédie  cette  espèce  à  mon  ami  Godart,  ancien  pro- 
viseur du  lycée  de  Bonn,  rédacteur  de  l'article  papillon  de 
l'Encyclopédie  métbodique  ,  et  l'un  des  meilleurs  de  cet 
ouvrage,  (i,.) 

SCYDMÉNIDES,  Scydmœnidea.  Nom  donné  par  M. 
Léach  à  une  petite  famille  d'insectes  coléoptères ,  qu'il  place 
immédiatement  à  la  suite  de  cefle  des  psélaphidès.  Celle-ci 
fait  le  passage  de  la  précédente  à  celle  des  staphylinidés. 
V.  les  articles  Palpeurs  et  Psélaphe.  (l.) 

SCYLIORHlNj^cj^/Zo/^/rti/s.  Sous-genre  établi  parBlain- 
ville  aux  dépens  des  Squales. 

Le  Squale  roussette  lui  sert  de  type,  (b.) 

SCYLLARE,  Scyllarus^  Fab.  ;  Cancer  ^  Linn,  Nom  donné 
par  Aristote  au  crustacé  que  l'on  croyoit  être  le  gardien  de 
la  pinne  marine,  ;>m«o/?/rj/«a; ,  et  appliqué  par  Fabricius  à  un 
genre  de  crustacés,  de  Tordre  des  décapodes,  famille  des 
macroures,  tribu  des  homards. 

Ces  crustacés,  que  l'on  nomme  sur  nos  côtes  de  la  Médi- 
terranée cigales  de  mer,  forment  un  genre  très-naturel  et  bien 
caractérisé.  Leurs  antennes  latérales  sont  dépourvues  de  ce 
filet  sétacé  et  pluriarliculé  qui  les  termine  dans  les  autres 
crustacés  décapodes;  leur  pédoncule  se  présente,  en  avant 
du  corselet,  sous  la  forme  d'un  grand  feuillet  presque  ovale  , 
ordinairement  dentelé  et  velu  sur  ses  bords  ,  et  imitant  une 
sorte  de  crête.  Il  est  composé  de  quatre  articles  dilatés  laté- 
ralement, aplatis,  en  forme  d'écaillés,  et  dont  le  second 
et  le  dernier  très-grands  :  celui-ci  a  la  figure  d'un  triangle 
renversé,  avec  la  base  ou  le  bord  terminal,  arqué  et  ar- 
rondi; le  troisième  est  beaucoup  plus  petit,  et  renfermé  au 


s   ^    ^  ^'9 

cAté  extérieur,  entre  le  précédent  et  le  second  ;  celui-ci  est 
un  peu  échancré  pour  le  recevoir.  Les  antennes  mitoyennes 
sont  rapprochées  au  milieu  de  l'extrémité  antérieure  du  test, 
semblables  aux  mêmes  des  brachyures,  mais  avec  un  pédon- 
cule bien  plus  long.  11  est  composé  de  cinq  articles ,  la  plu- 
part cylindriques ,  et  terminé  par  deux  petits  appendices  , 
dont   le   supérieur  un    peu  plus  long  ,   en  cône  allongé  , 
pluriarticulé ,    et  dont    l'inférieur   plus    court ,    mais    plus 
gros  ,    presque  ovoïde  ,  très  -  finement  strié   transversale- 
ment,   finissant    brusquement  en    une    pointe    divisée    en 
{petits    articles.    Le    côté     supérieur   forme  ,    avant     cette 
pointe,  une  gouttière  garnie  d'une  double  frange    de  cils. 
Ces  antennes  intermédiaires  sont  plus  longues  que  les  laté- 
rales, avancées,  mais  en  faisant  un  coude  à  l'extrémité  du 
second  article  et  à  celle  du  quatrième.  Le  dessus  du  test  est 
ordinairement  raboteux^  et  quelquefois  anguleux  ou  garni 
d'une  multitude  d'impressions  qui  représentent  une  apparence 
de  sculpture.  Le  corselet  est  presque  carré,  un  peu  plus  large 
en  devant,  avec  deux  fossettes  arrondies  ou  ovales ,  une  de 
chaque  côté  ,  le  plus  souvent   situées  près  des  angles  anté- 
rieurs,et  destinées  à  loger  lesyeux.Ces organes  sont  ainsi  très- 
écartés  l'un  de  l'autre  ;  ils  sont  posés  sur  un  pédicule  assez 
gros,  mais  très-court.  Les  nageoires  qui  terminent  la  queue 
sont  crustacées  à  leur  base,  et  demi-membraneuses  ensuite. 
Les  pattes  sont  courtes,  et  leurs  points  d'insertion  forment 
deux  lignes  qui  divergent  de  devant  en  arrière,  de  sorte  que 
rintervaile  pectoral,  compris  entre  elles,  forme  un  triangle 
allongé.  Si  l'on  en  excepte  les  femelles,  où  l'avant-dernier 
article   des  deux  pattes  postérieures  se  prolonge  à  l'angle 
inférieur  de  son  extrémité,  en  manière  de  dent  ou  de  doigt, 
les  pattes  des  scyllares  sont  adactyles  et  sans  pince  5  leur 
tarse,  ou  le  dernier  article,    est  conique  comprimé  ,  et  finit 
en  une  pointe  très-aiguè'  et  un  peu  courbée  en  crochet;  elles 
ont  toutes  la  même  forme  ,  mais  les  deux  premières  sont  plus 
grosses;  vers  le  milieu  de  leur  longueur,  elles  se  replient  in- 
térieurement en  faisant  un  coude,    et  dans  une  direction 
oblique,   de  manière  que  leur  écart  forme  un^angle  aigu  : 
leur  troisième  article  est    grand  et  canaliculé  le  long  de  sa 
face  interne  ,  pour  recevoir  le  côté  correspondant  des  deus 
articles  précédens  ;  les  tarses  de  ces  pattes  sont  ainsi  rap- 
prochés l'un  de  l'autre  ,  immédiatement  au-dessus  du  ster- 
num ,  dont  l'extrémité  supérieure  est  même  fourchue  dans 
quelques-uns.  Les  deux  pieds-mâchoires  extérieurs  ,  abstrac- 
tion faite  despalpes flagelliformes,  ressemblent  aux  deuxpattes 
antérieures,  et  sont  pareillement  courbés  en  dedans,  mais  appli- 
qués l'un  contre  l'autre  dans  loatc  leur  étcnJac,  La  longacm 


ixx. 


'■'J 


45a  set 

des  pattes,  à  partir  de  la  seconde  paire,  diminue  graduelle  J, 
ment.  Le  dessous  de  la  queue  n'offre  ,  dans  les  deux  sexes,' 
que  huit  appendices ,  quatre  de  côlé  ;  ils  sont  petits  et  cou- 
chés transversalement  sur  le  dessous  des  anneaux.  Ils  sont 
composés,  dans  les  deux  sexes,  d'une  lame  membraneuse 
presque  en  forme  de  spatule  ou  elliptique ,  bordée  de  cils  ," 
portée  sur  un  article  court  et  servant  de  pédoncule.  Cette 
lame  est  double  aux  deux  premiers  appendices  du  mâle ,  et 
peut-être  aussi  aux  autres.  La  femelle  diffère  sous  ce  rapport 
de  l'autre  sexe,  en  ce  que  ces  appendices  sont  accompagnés 
d'un  filet  membraneux,  long,  de  trois  articles  ,  cilié  ou  velu 
au  bout ,  et  servant  à  retenir  les  œufs.  Nous  avons  vu  plus 
haut  que  les  individus  de  ce  sexe  étoient  encore  distingués 
des  mâles  à  raison  de  leurs  pattes  postérieures -,  qui  sont 
terminées  en  une  petite  pince  didactyle ,  Tavant-dernier 
article  s'avançant  en  manière  de  doigt  sous  le  suivant.  M. 
Léach,  ne  sachant  pas  que  cette  différence  fût  purement 
sexuelle,  l'a  employée  dans  les  caractères  de  son  genre  ibacus. 

Les  scyllares,  dit  M.  Risso,  sont  assez  communs  dans  nos 
mers,  et  ne  se  plaisent,  le  plus  souvent,  que  dans  les  terrains 
argileux,  à  demi-noyés,  où  ils  creusent  des  tanières  un  peu 
obliques,  de  la  grandeur  de  leur  corps,  pour  y  établir  leur 
demeure.  Quand  ils  sortent  pour  aller  à  la  recherche  de 
leur  nourriture ,  ils  préfèrent  de  parcourir  les  endroits  où 
règne  le  plus  de  calm^  dans  les  eaux ,  et  ils  y  restent  même 
pendant  le  jour,  en  se  cachant  sous  les  pierres.  La  natation 
de  ces  crustacés  s'exécute  par  bonds;  elle  est  aussi  bruyante 
que  celle  des  palinures.  Les  scyllares  s'approchent,  pendant 
la  saison  de  leurs  amours,  des  endroits  tapissés  d'ulves  et  de 
fucus.  Il  paroît  que  les  femelles  n'abandonnent  leurs  œufs 
qu'après  qu'ils  sont  développés.  Sous  le  point  de  vue  d'uti- 
lité économique,  le  scyllare  oriental  est  celui  dont  la  chair 
égale ,  par  sa  bonté,  celle  des  meilleurs  crustacés  de  la  Mé- 
diterranée. » 

Les  œufs  sont  d'un  rouge  vif. 

I.  Yeux  situés  près  des  angles  antérieurs  et  latéraux  du  test;  se- 
cond article  des  pieds-mâchoires  extérieurs  sans  divisions  transperses 
ni  dentelures^  imitant  une  crête,  le  long  de  son  côté  extérieur,  hes 
Scyllares  de  M.  fcéach. 

A.   Une  pièce  crustacée  et  avancée  au  milieu  du  front. 

Scyllare  large,  Scyllarus  latus,  Latr.  ;  Scyllare  oriental^ 
Bosc,  pi.  M,  lo  bis,  7,  de  cet  ouvrage ,  la  femelle  ;  Scyllare 
oriental,  Risso;  Squille  large  ou  orchetta,  Rond.,  Hist.  des 
Poiss. ,  liv.  18  ,  chap.  5.  Cette  espèce  est  une  des  plus  grandes 
connues ,  et  longue  de  près  d'un  pied.  Le  dessus  de  son  test 


s  C  Y  45t^ 

esttrès-chagriné  ou  tuberculeux,  mais  sans  arêtes  angulaires- 
ses  bords  latéraux  sont  crénelés;  le  dernier  article  des  anten- 
nes extérieures  est  entier,  ou  presque  entier.  Ce  scyllare  est 
très-voisfn  de  celui  que  Fabricius  a  nommé  mistnilis.  On  le 
trouve  dans  la  Méditerranée.  Gesner  en  a  dpnné  une  bonne 
figure,  Hist.  desAnim.^  tom.  3,  pag.  1057. 

Scyllare  oriental,  Scyllarus  orientalis,  Fab.  ;  Rumph,  ; 
Mus. ,  tab.  2 ,  fig.  D  ;  Herbst. ,  Crust. ,  tab.  3.o ,  fig,  i  Long  de 
huit  à  neuf  pouces  ;  corselet  presque  plane  ,  sensiblement 
plus  large  en  devant,  chargé  de  petits  tubercules,  garni  de 
duvet,  avec  une  carène  le  long  du  milieu  du  dos,  offrant 
trois  ou  quatre  petites  épines;  yeux  tout-à-fail  situés  aux 
angles  antérieurs;  la  pièce  frontale  est  hideniée  en  devant; 
les  antennes  extérieures  ont  des  dents  grandes  et  peu  nom- 
breuses. Dans  les  mers  des  Indes  orientales. 

B.  Point  de  pièce  cruslacée  et  saillante  au  milieu  du  front. 

Scyllare  ours  ,  Scyllarus  ardus ,  Fab.  ;  Scyllare  ours  et 
S cyllatv,  petit  ours  ,  Bosc  ;  la  Cigale  de  mer^  Piond.,  il^id^  liv.  i5 
chap.  6.;  Herbst.,  Crust..,  tab.  3o,  fig.  3.  Corselet  graveleux, 
avec  trois  arêtes;  des  dents  aiguës  sur  les  arêtes,  au  bord 
antérieur  et  aux  extréuiités  antérieures  des  côtés  ;  antennes 
extérieures  très  dentées  et  ciliées;  une  arête  terminée  en 
pointe  aiguë  ,  sur  leur  second  article;  segmens  delà  queue 
sculptés;  les  bords  de  leurs  côtés  entiers  ou  foiblement  cré- 
nelés. Très-commun  dans  la  Méditerranée. 

Le  scyllare  que  je  viens  de  décrire  est  bien  certainement 
la  cigale  de  mer  de  Rondelet,  le  scyllarus  ardus  de  Fabricius 
et  celui  que  j'ai  donné  comme  tel  dans  mon  Gênera.  Crust.  et 
Insect.  M.  Risso  cependant  fait  une  espèce  particulière  de  ce 
crustacé  de  Rondelet,  sous  le  nom  de  scyllare  cigale^  et  dit 
qu'elle  est  distinguée  de  la  précédente  ou  du  S.  ours,  parce 
que  son  corps  est  lisse  et  d'un  rouge  de  corail.  Il  suffit  de  jeter 
un  simple  coup  d'œil  sur  la  figure  de  Rondelet ,  pour  se  con- 
vaincre que  le  corps  de  ce  crustacé  n'est  nullement  lisse.  M. 
Risso  est  d'ailleurs  en  contradiction  avec  lui-même,  lorsqu'il 
dit  plus  bas  que  son  corselet  est  traversé  par  trois  rangées  de 
pointes  obtuses. 

II.  Yeux  situés  à  peu  de  distance  du  milieu  du  front  et  de  V  origine 
des  antennes  intermédiaires  ;  second  article  des  pieds-mdvhoiies  ex- 
térieurs divisé  par  des  lignes  erfuncées  et  transverses  ;  son  côté  exté- 
rieur dentelé  en  manière  de  crête.  Les  Ibacus  de  M.  Léach. 

Scyllare  mcisÉ ,  Scyllarus  incisus ,  Pérou;  Ibacus  Peronii^' 
Léach  ,  Zool.  Mise. ,  tom.  i,  tab.  11  g.  Cette  espèce  se  rappro- 
che ,  pour  la  forme  et  la  grandeur,  du  S.  oriental ;^  mais  elle 


452  s  C  Y 

est  très-distinguée  par  la  position  des  yeux,  les  pieds-mâ- 
choires extérieurs,  dont  le  palpe  flagelliforme  est  pourvu  d'un 
filet  terminal  et  articulé  ,  qui  manque  dans  la  plupart  des 
autres  scyllares,  et  par  les  caractères  propres  au  second  ar- 
ticle de  ces  pieds-mâchoires.  Les  bords  latéraux  du  corselet 
sont  fortement  dentés,  et  ont  chacun,  en  devant,  une  entaille 
très-profonde.  Ce  scyllare  a  été  apporté  des  mers  australa- 
siennes  par  Péron  et  Lesueur. 

Le  scyllare  antarctique  de  Fabricius  a  été  figuré  par  Marc- 
grave  sous  le  nom  brésilien  de  poti^uiquyixe.  (l.). 

SCYLLEE  ,  Scyllea.  Genre  de  mollusques  nus  ,  qui  pré- 
sente pourcaractères:uncorpsgélatineux  et  demi-transparent, 
comprimé  latéralement ,  se  terminant  en  pointe  aux  deux 
bouis  ,  creusé  d'un  sillon  en  dessous  ;  une  tête  fort  petite  , 
pourvue  en  avant  d'une  bouche  et  de  deux  tentacules  très- 
larges  et  très-minces;  sur  chaque  côté  deux  ailes  minces,  et 
sur  la  queue  une  crête  de  même  nature.  Ces  trois  derniers 
organes ,  ainsi  que  le  dos  ,  sont  parsemés  de  houppes  ,  de 
filamens  ,  qui  sont  des  branchies  ;  l'anus  latéral. 

Cegenre,  établi  par  Linnseus  sur  un  animal  précédemment 
observé  par  Séba ,  étoit  mal  caractérisé.  Cuvier  l'a  fixé  le 
premier  ,  de  manière  à  ne  pouvoir  plus  le  mécounoître,  dans 
le  trente-sixième  cahier  des  Anna/es  du  Muséum. 

J'avois  cru ,  d'après  la  phrase  de  Linnseus  ,  que  l'animal 
que  j'ai  décrit  sous  le  nom  de  Scyllée  ,  dans  mon  Histoire 
naturelle  des  vers  f  faisant  suite  au  Buffon  ,  édition  de  Deter- 
ville  ,  ainsi  que  dans  la  première  édition  de  ce  dictionnaire  , 
devoit  lui  être  réuni  ;  mais  Cuvier  prouve  indubitablement 
qu'il  doit  former  un  genre  voisin  ,  qu'il  est  le  même  que  celui 
appelé  Glaucus  par  Forster  et  Blumenbach  ,  le  duris 
radiata  de  Gmelin,etc.  Je  le  restitue  dans  cet  article  au  véri- 
table animal  de  Linnseus.  V.  au  mot  Glaucus. 

On  trouve  la  scyllée  pélasgigue  àsius  la  plupart  des  mers  des 
pays  chauds.  Osbeck  l'a  décrite  dans  son  Voyage  à  la  Chine. 
Forskaël  a  figuré  ,  planche  CC.  34  de  ses  Icônes^  un  individu 
provenant  <cle  la  mer  Rouge.  Elle  nage  sur  la  surface  de  la 
mer  lorsqu'elle  est  calme  ,  et  se  fixe  aux  varecs  nageans  , 
qui  en  couvrent  quelquefois  des  espaces  considérables  par 
le  moyen  du  sillon  indiqué  ,  lorsqu'elle  est  agitée.  Dans 
ce  dernier  cas  ,  elle  relève  ses  lames  latérales.  Cuvier  Ta 
figurée  dans  ces  deux  positions.  Il  en  donne  une  savante 
anatomie  ,  dont  les  caractères  les  plus  saillans  sont  :  deux 
mâchoires  tranchantes  et  qui  se  recouvrent  ;  un  estomac 
cylindrique  renfermant  douze  lames  longitudinales  ,  écail- 
leuses,  très-dures,  tranchantes  comme  un  couteau. 

Je  dois  jouter  que  les  tentacules  sont  doubles  à  leur  ex- 


s  G  Y  453 

trémilé ,  et  que  dans  la  duplîcatiire  il  y  a  un  tubercule  sail- 
lant. Toutes  ces  parties  peuvent  changer  de  forme^  au  gré  de 
l'animal. 

Ce  genre  se  rapproche  ,  au  reste  ,  beaucoup  des   Trito- 

KIES.  (B.) 

SCYLLION.  L'un  des  noms  anciens  du  limonium  de^ 
Grecs,  d'après  Menlzel.  (ln.) 

SCYLLIUM.  Nom  latin,  donné  par  M.  Cuvier  au  sous- 
genre  de  Squales,  qui  renferme  les  Roussettes,  (desm.) 

SCYMNUS.  M.  Cuvier  donne  ce  nom  latin  au  sous- 
genre  des  Leiches  parmi  les  Squales,  (desm.) 

SCYNOPOULLOS.  En  grec  moderne  ,  c'est  la  Grive 
draine,  (v.) 

SCYPHIPHORE  ,  ScyphipJionts.  Genre  de  plantes  cryp- 
togames ,  de  la  famille  des  algues  ,  établi  par  Ventenataux 
dépens  des  Lichens  de  Linneeus.  Il  offre  pour  caractères  : 
une  croûte  écailleuse  ou  foliacée ,  produisant  des  tiges  pres- 
que simples  et  dilatées  à  leur  sommet  en  forme  d'entonnoir  , 
dont  les  bords  sont  souvent  tuberculifères.  Il  renferme  les 
lichens  de  la  division  àts scyphifères  du  botaniste  suédois,  c'est- 
à-dire  ,  les  lichens  pyxidate ,  coccifère  ,  frangé ,  etc. 

Ce  genre,  réuni  à  ceux  appelés  Cladonie  et  Hélopodie  , 
constitue  celui  nommé  Cénomyce.  (b.) 

SCtPHOFILIX  ,  Scyphofilix.  Fougère  de  Madagascar  , 
que  Dupetit-Thouars  regarde  comme  le  type  d'un  genre  qui 
auroit  pour  caractères":  fructification  recouverte  d'une  enve- 
loppe en  forme  de  cupule  ;  des  capsules  en  anneau. 

Cette  fougère  ,  dont  les  feuilles  sont  surdécomposées,  pa- 
roît  se  rapprocher  des  Doradilles.  (b.) 

SCYRRIA.  Les  Africains  donnoient  anciennement  ce 
nom  à  Vaneihum  des  Latins  ,  c'est-à-dire  ,   à  I'Aneth.  (ln.) 

SCYTALE  ,  Scytale.  Genre  de  reptiles  de  la  famille  des 
Serpens  ,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  ;  le  dessous 
du  corps  et  de  la  queue  garni  d'une  suite  de  plaques  ou  de 
bandes  transversales;  des  crochets  à  venin;   la  queue  nue. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Latreille,  dans  son  Histoire  natu- 
relle des  Reptiles ,  faisant  suite  au  Buffoig. ,  édition  de  Deter- 
ville ,  pour  placer  ceux  des  Boas,  de  Linnaeus  ,  qui  ont  de» 
crochets  à  venin  ;  ainsi,  il  a,  avec  eux  ,  les  mêmes  rapports 
que  les  Vipères  ont  avec  les  Couleuvres;  c'est-à-dire,  qu'il 
n'en  diffère  que  par  les  attributs  dangereux. 

Depuis,  Daudln  a  fait  à  leurs  dépens  le  genre  Lachesis. 

Le  genre  Bongare  ,  du  même  naturaliste  ,  se  rapproche 
infiniment  de  celui-ci. 

Les  scytales  font  très-bien  le  passage  entre  les  Boas  et  les 
Crotales.  Il  ne  leur  manque  que  des  sonnettes  au  bout  de  la 
queue  ,  pour  être  placés  aa  nombre  des  seconds. 


m  s  C  Y 

Comme  on  avoit  confondu  les  sryiales  avec  les  loas  ou  avec 
les  crotales  ,  on  n'a  point  sur  eux  d'observations  qu'on  puisse 
dire  convenir  à  toutes  les  espèces.  Je  suis  donc  obligé  de  me 
réduire  à  la  description  des  espèces.  Au  reste  ,  il  y  a  lieu  de 
croire  que  leurs  mœurs  ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  celles 
des  vipères. 

Latreille,  dans  Touvrage  précité  ,  compte  cinq  espèces  de 
scy taies  ;  savoir  : 

Le  ScYïALE  A  GROIN  ,  Boa  contortrix ,  Linn.  Il  a  la  tête 
arrondie  en  dessus  ;  le  museau  relevé  et  terminé  par  une 
grande  écaille  ;  cent  cinquante  plaques  ventrales ,  eî  quarante 
caudales.  Il  a  un  à  deux  pieds  de  longueur  au  plus  ;  sa  cou- 
leur est  d'un  brun  roussâlre ,  avec  des  taches  noires  nom- 
breuses, qui  forment  deux  lignes  sur  le  dos  et  la  queue,  alter- 
ïiativement  maculées  de  jaune  et  de  noir.  Il  se  trouve  dans  la 
Caroline. 

Le  ScYTALE  A  TÊTE  PLATE  a  la  tête  aplatie  ;  le  museau 
formant  avec  elle  un  angle  droit ,  et  terminé  par  une  grande 
écaille.  Il  a  cent  trente-six  plaques  ventrales  ,  et  quarante-six 
caudales  ;  sa  longueur  est  près  de  quatre  pieds  ;  sa  couleur 
est  brune  sur  le  dos  ,  verdâtre  sur  les  côtés  ,  et  blanchâtre 
sous  le  ventre,  avec  trente  fascies  noires  qui  se  perdent  dans 
la  couleur  du  dos  et  du  ventre  ,  et  la  queue  noire  ;  ses  écail- 
les sont  relevées  en  carène  ,  avec  deux  points  Iransparens  à 
leur  base.  11  se  trouve  en  Caroline  ,  où  il  a  été  tué  par  moi , 
à  la  fin  de  l'été.  Je  l'avois  cru  être  le  précédent,  avec  lequel 
"al  a  de  très-grands  rapports  ;  mais  il  a  été  reconnu  différent 
par  Latreille.  Sa  tête  devient  d'une  largeur  effrayante  lors- 
qu'il est  en  colère,  et  sa  mâchoire  est  armée  de  deux  crochets 
à  venin,  redoutables  par  leur  grandeur.  Cette  têle  a  neuf 
grandes  écailles  à  sa  partie  antérieure.  Ce  reptile  m'a  para 
devoir  être  plus  dangereux  que  le  serpent  à  sonnettes. 

Le  ScYTALE  A  CHAÎNE ,  Crotalus  mutus  ,  Linn. ,  a  sur  le  dos 
des  taches  noires  ,  rhomboïdales ,  réunies  les  unes  aux  au- 
tres. Ses  plaques  ventrales  sont  au  nombre  de  deux  cents 
dix-sept ,  et  ses  plaques  caudales  au  nombre  de  trente-quatre. 
Il  se  trouve  à  Surina«i.  Cette  espèce  est  très-grande  ,  et  d'un 
aspect  effrayant.  C'est  le  type  du  genre  Lachesis  de  Daudin, 

Le  ScYTALE  piscivoiRE  est  brun  en  dessus  ,  avec  des  fas- 
cies transversales  jaunes  sur  les  côtés;  sa  queue  est  terminée 
par  une  corne  longue  d'un  demi-pouce.  On  le  trouve  en  Ca- 
roline ,  où  il  porte  ,  dit  Catesby  ,  le  nom  de  serpent  à  son- 
nettes,  quoiqu'il  n'ait  pas  de  sonnettes  à  la  queue.  Il  forme, 
par  la  corne  qui  les  remplace  ,  parfaitement  bien  le  passage 
entre  les  scyioles  et  les  crotales.  Catesby  rapporte  que  la  corne 
de  sa  queue  passe  pour  aussi  dangereuses  que  ses  crochets  ; 


s  C  Y  '455 

ï[u'elle  pouvoit  également  donner  la  mort ,  et  que  même  , 
lorsqu'elle  perçoit  l'écorce  d'un  jeune  arbre,  il  sefanoit  dans 
le  même  instant ,  et  mouroit  peu  après. 

Ce  srytale  a  cinq  à  six  pieds  de  longueur.  Il  est  très-agile  et 
très-adroit  à  prendre  le  poisson  dont  il  fait  sa  principale 
nourriture.  On  le  voit  souvent  l'été  ,  étendu  autour  des 
branches  d'arbres  qui  pendent  sur  les  rivières ,  et  se  jeter 
avec  rapidité  sur  les  poissons  qu'il  aperçoit  à  la  surface  de 
l'eau;  les  poursuivre,  et  les  venir  avaler  sur  le  bord  lorsqu'ils 
sont  d'un  trop  gros  volume  pour  l'être  aisément  dans  l'eau. 
Il  mange  aussi  des  oiseaux,  et  se  jette  même  ,  dit-on  ,  sur  les 
hommes. 

C'est  peut-être  à  cette  espèce  que  je  dois  rapporter  un  ser- 
pent venimeux,d'un  énorme  volume,  que  je  ne  pus  tuer,  dans 
un  marais  de  la  Caroline ,  qu'après  un  long  combat  ;  combat 
où  j'ai  couru  un  grand  danger ,  à  raison  de  la  localité  et  de  la 
foiblesse  de  mon  bâton  ,  et  dont  je  ne  seroîs  peut-être  pas 
sorti  vainqueur,  si  on  ne  fût  pas  venu  à  mon  secours.  Ce  ser- 
pent fut  porté  chez  moi  ;  maïs  lorsque  je  rentrai  pour  l'exa- 
miner ,  quelques  heures  après  ,  il  répandoit  une  si  affreuse 
infection  ,  qu'à  peine  pus-je  l'enlever  de  ma  chambre.  Il  me 
parut  que  c'étoit  moins  la  décomposition  de  son  corps  , 
que  celle  de  la  masse  de  matières  digérées  qu'il  avoit  dans  son 
estomac  et  dans  son  ventre,  qui  en  rendoit  l'approche  si 
difficile.  On  ne  peut  pas  se  former  une  idée  de  la  violence  de 
l'action  de  celte  matière  sur  les  sens.  C'est  un  aikali  volatil 
concentré  ,  uni  à  une  odeur  nauséabonde  ,  impossible  à  dé- 
finir comme  à  soutenir. 

Le  ScYTALE  AMMODYTE  a  le  corps  cendré, avec  de  grandes 
taches  polygones  brunes  sur  le  dos  ;  la  tête  pourvue  ,  de  cha- 
que côté  ,  de  raies  noires;  la  queue  tachetée  de  brun,  et  ter- 
minée par  une  corne.  Il  se  trouve  à  Ceylan.  On  en  voit  un 
exemplaire  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris. 

On  donne  aussi  le  nom  de  scytale  à  une  espèce  du  genre 
Boa.  (b.) 

SGYTALIE,  Scyialia.  Nom  donné  par  Gœrtner  au  genre 
du  Litchi,  (b.) 

SCYTHION.  L'un  des  noms  de  la  Réglisse  ,  chez  les 
anciens.  V.  Glycyrrhiza.  (ln.) 

SCYTHROPS  ,  Scytlirops ,  Lath.  Genre  de  l'ordre  des 
oiseaux  Sylvains,  de  la  tribu  des  Zygodactyles  ,  et  de  la 
famille  des  Imberbes,  V.  ces  mots.  Caractères  :  bec  plus  long 
que  la  tête  ,  robuste  ,  convexe  en  dessus  ,  comprimé  latéra- 
lement, entier  ,  crochu  à  sa  pointe  ;  mandibule  supérieure 
sillonnée  surles  côtés;  narines  arrondies,  bordées  d'une  mem- 
brane ,  situées  à  la  base  et  sur  les  bords  du  bec  ;  langue  car- 


456  S  C  Y 

lilaçîneuse, épaisse  à  son  origine, plaie,  bifide  à  son  extrémîlé^ 
orbites  nues;  ailes  à  penne  bâtarde  courte;  la  deuxième  rémige 
la  plus  longue  de  toutes  ;  dix  reclrices  ;  quatre  doigts  ,  deux 
devant ,  deux  derrière  ;  les  antérieurs  réunis  à  leur  base.  Ce 
genre ,  établi  par  Latbam  ,  n  est  composé  que  d'une  seule 
espèce. 

Le  ScyJHROV^QOLRA-^^G,  Scyihrops  NûPce-Hollandiœ,  Lalli.; 
pi.  M.  16  y  11.»  3  de  ce  dictionnaire.  Il  a  la  tête  ,  le  cou  ,  le 
dessous  du  corps  ,  d'un  gris  cendré  ;  le  dos  ,  le  dessus  des 
ailes,  bleuâtres,  et  chaque  plume  terminée  de  noir;  cette 
teinte  est  plus  foncée  sur  les  pennes  qui  ont  leur  extrémité 
noire  ;  les  ailes  pliées  couvrent  les  trois  quarts  de  la  queue  ; 
cejle-ci  est  en  forme  de  coin  ,  et  composée  de  dix  pennes  d'un 
cendré-foncé  ,  et  frangées  de  blanc  à  leur  extrémité  ,  après 
nne  bande  noire  ;  toutes,  excepté  les  deux  intermédiaires  ,  ont 
des  raies  transversales  blanches,  ainsi  que  les  jambes,  le  bas- 
ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  ;  les  pieds 
n'ont  que  deux  pouces  du  genou  aux  doigts  ;  ceux-ci  sont  de 
la  mênje  longueur.  Leur  couleur  est  d'un  noir-bleuâtre, 

Cetoiseau  habile  la  Nouvelle-Hollande,  où  il  porte  le  nom 
de  goe-re-e-gan,  dont  j'ai  fait  par  abréviation  celui  de  gocrang. 
îl  paroît  au  port  Jackson  vers  le  mois  d'octobre  ,  el  dis- 
paroît  en  janvier  ;  l'on  croit  qu'il  se  relire  et  niche  à  la 
Nouvelle -Galles  du  Sud.  Sa  nourriture  favorite  sont  les 
graines  de  certains  arbres  (  en  anglais  red-gan  et  peppcrmint), 
II  mange  aussi  les  gros  scarabées.  Soit  qu'il  vole,  soit  qu'il  se 
repose  ,  il  étend  souvent  sa  queue  en  éventail,  et  fait  entendre 
un  cri  fort ,  aigu  ,  et  vraiment  effroyable  ,  tel  que  celui  du  co(jf, 
lorsqu'il  aperçoit  l'oiseau  de  proie.  On  ne  voit  ces  oiseaux 
que  le  matin  et  le  soir,  quelquefois  au  nombre  de  sept  à  huit, 
mais  plus  souvent  par  paire  ;  leur  apparition  et  leurs  cris 
sont ,  disent  les  natifs  ,  un  indice  certain  de  vent  ou  d'orage. 
D'un  naturel  sauvage  et  méchant  ,  on  ne  peut  les  adoucir; 
ils  refusent  toute  nourriture,  et  pincent  rudement  ceux  qui 
les  approchent.  Cet  oiseau  est  décrit  dans  l'édition  de 
Buffon,  par  Sonnini,  sous  le  nom  de  perroquet-calao,  (v.) 

SCYTODE  ,  Scylodes,  Latr.  ,  Walckenaër.  Genre  d'a- 
rachnides ,  ordre  des  pulmonaires  ,  famille  des  aranéides  , 
tribu  des  inéquilèles  ou  des  filandières  ,  ayant  pour  caractè- 
res :  six  yeux,  disposés  par  paires,  une  de  chaque  côté  ,  dans 
une  direction  oblique  ,  et  dont  les  yeux  sont  continus  ;  la 
troisième  intermédiaire  ,  antérieure  ,  et  dans  une  direction 
transverse. 

J'ai  établi  ce  genre  sur  une  petite  espèce  d'aranéide  que 
l'on  trouve  assez  souvent  à  Paris  ,  dans  les  armoires  et 
Its  parties  de  nos  maisons  plus  solilaire^^  ou  moins  visitées 


M.i6 


1 .  Ftthvrit'/Ii'  a Jjv/U  ùlu/u- .    2.  IWrujr/ic  narcisse.    ?» .  Sci/throp,i\ 


s  E  A  457 

que  les  autres.  Je  l'ai  encore  observée  aux  environs  de  Mar- 
seille ,  sous  des  pierres.  Son  corselet  est  grand  et  très-bombé, 
et  c'est  pour  cette  raison  que  je  l'ai  nommée  Thoracique  , 
ihoracica  (  Gen.  Crust.  et  Inseci. ,  tome  5  ,  page  58  ,  table  5  , 
figure  4-1  \^^alck.  Histoire  des  aranéides,  fasc.  i  ,  tab.  10, 
fem.  ,  et  fasc.  2  ,  suppl.  ).Elle  est  d'un  rougeâlre  pâle,  ta- 
cheté de  noir  ;  le  crochet  des  mandibules  est  très-petit;  le 
corselet  offre  deux  lignes  noires  et  opposées  ;  Tabdomen  est 
globuleux,  avec  des  points  noirs,  disposés  longltudinalemenl; 
les  pattes  sont  fines,  avec  des  anneaux  bruns. 

Sa  toile  est  grande,  et  composée  de  fils  lâches  et  floUans. 
Elle  fait  sa  ponte  en  juillet  ;  son  cocon  est  globuleux  et 
formé  d'une  soie  compacte.  Quelques  individus  passent 
l'hiver  dans  quelques  retraites  qu'ils  se  sont  choisies,  et  se 
montrent  au  commencement  du  printemps. 

Mon  ami  M.  Léon  Dufour  m'a  envoyé  d'Espagne  un 
aranéide  qui  ,  par  le  nombre  et  la  disposition  des  yeux,  pa- 
roît  appartenir  au  même  genre  ,  mais  dont  le  corps  a  la 
forme  de  ceux  des  théridions  ;  il  est  d'un  brun  roussâtre  ou 
livide  ,  sans  taches,  (l.) 

SCYTONÈME  ,  Scytonema.  Genre  de  plantes  de  la  fa- 
mille des  algues,  quatrième  section  (  les  confervoïdes  )  de 
la  nouvelle  méthode  d'Agardh.  Il  se  compose  de  plusieurs 
espèces  de  conferves  {confeiva,  Roth  ,  Dissert.^.,  dont  les  fila- 
mens  sont  continus,  un  peu  coriaces  ,  libres  ,  non  gélati- 
neux ,  remplis  d'organes  annuliformes  ,  transversaux  et  pa- 
rallèles. 

La  ScYTONÈME  COMOÏDES ,  figurée  par  Dillen,  tab.  27, 
sert  de  type  à  ce  genre,  (b.) 

SDENTATO.  C'est  ainsi  que  Volta  nomme  un  poisson 
fossile  de  Monte-Bolca,  qu'il  rspporie  au  salmo  ryprindides 
de  Bloch.  (desm.) 

SEAFORTHIE  ,  Seaforlhia.  Palmier  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  à  feuilles  plnnées,  à  folioles  lacérées,  qui ,  selon 
R.  Brown  ,  constitue  seul  un  genre  fort  voisin  des  Caryo- 
TES ,  qui  auroit  pour  caractères  :  fleurs  polygames  ;  une 
femelle  placée  entre  deux  hermaphrodites  ;  toutes  com- 
posées de  trois  pétales  externes  et  de  trois  internes;  des 
étamines  nombreuses;  un  ovaire  surmonté  de  trois  stigmates 
obtus  :  une  baie  ovale  à  semences  striées,  (b.) 

SEA  -  HEN.  Nom  anglais  du  Guillemot  ,  dans  la 
province  du  Northumberland.  (v.) 

SEAL.  Nom  anglais  des  Phoques,  (desm.) 

SEALA.  Adanson  désigne  ainsi  le  genre  Pectis,  L.  (ln.) 

SEA-SHORE.  Les  Américains  qui  habitent  la  Loui- 
siçine    donnent  .ce    nom    au    Jalropha   sfimulosa,     Mlch.  , 


'458  S  E  B 

dont  Rafinesque  fait  un  genre   particulier  ,    qu^l  nomme 
bhona.   (ln.) 

SEA  SWALLO  W.  Nom  anglais  de  la  perdrix  de  mer  au 
Glaréole.  V.  ce  mot.  (v.)- 

SEBA.  Nom  qui ,  chez  les  Daces  ,  indiquoit  le  Sureau. 
'V.  Sambucus.  (ln.) 

SEBADILLO  et  SEBADILLÉ.  Noms  espagnols  de  la 
Cévadille.  (ln.) 

SEBANAKH.  Nom  arabe  de  I'Epinard  {spinacia  olera- 
cea^  Linn.  ).  (ln.) 

SEBEE  ,  Sebaea.  Genre  établi  par  R.  Brown  ,  pour 
placer  une  plante  de  la  Nouvelle-Hollande  ,  que  Lablllar- 
dière  avoit  placée  parmi  les  Geistianelles  {exacum  ovutum  ). 
Ses  caractères  sont  :  calice  à  quatre  ou  cinq  divisions  caré- 
nées ou  ailées  ;  corolle  à  quatre  ou  cinq  divisions;  étaniines 
saillantes  ,  recourbées  après  la  fécondation  ;  capsule  à  bord 
des  valves  rentrons  et  à  placenta  central,  (b.) 

SEBESTE.  Fruit  du  Sébestier.  V.  ce  mot.  (s.) 

SEBESTEN.  Nom  arabe  du  Sébestier  sébeste. 

De  ce  nom  dérive  celui  de  selestena ,  donné  par  C. 
Bauhin  au  Sébestier  myxa,  et  par  Dillenius  au  Sebeste, 
Ces  deux  plantes  sont  le  type  du  genre  cardia,  L,,  qu'Adanson 
a  préféré  désigner  par  seleslen.  V.  Myxa.  (ln.) 

SÉBESTE  NIERS.  Famille  de  plantes  dont  les  caractères 
-consistent  :  en  un  calice  à  cinq  divisions  plus  ou  moins-  pro- 
fondes ,  ordinairement  persistant;  une  corolle  régulière; 
ordinairement  cinq  élamines,  rarement  quatre;  un  ovaire 
simple,  ou  bilobé  ,  ou  multiple;  un  péricarpe  charnu  ou 
capsulaire  ,  renfermant  un  petit  nombre  de  semences  dont 
la  membrane  intérieure  est  un  peu  renllée,  qui  ont  l'em- 
bryon droit  ;  les  cotylédons  semi-cylindriques  ou  planes  , 
rarement  plissés  ;  la  radicule  souvent  supérieure. 

Les  plantes  de  cette  famille  sont  toutes  exotiques  ,  com- 
munément arborescentes  et  frutescentes,  rarement  herba- 
cées; leurs  feuilles,  qui  sortent  de  boutons  coniques  dépourvus  , 
d'écaillés,  sont  alternes,  quelquefois  rudes  au  toucher.  Les 
fleurs,  ordinaireiuent  terminales,  affectent  différentes  dis- 
positions. 

Ventenat  rapporte  à  cette  famille  ,  qui  est  la  onzième  de 
la  hultème  classe  de  son  Tableau  du  Règne  végétal^  et  dont  les 
caractères  sont  figurés  pi.  ij ,  n."  6i  du  même  ouvrage  ,  sept 
genres  sous  deux  divisions  ,  savoir  : 

i.<^  Les  sebesleniers  qui  ont  une  capsule  :  Hydrophylle  et 
Ellisie. 

3."  Les  scbesleniers  qui  ont  une  baie  ou  un  drupe  :  SÉBES- 


s  E  B  1^9 

TIER  ,    CaBRILLET  ,   VaRRONE  ,    TOURNEFORTIE    et   ArGUSE. 

Celte  famille  n'est  pas  reconnue  par  tous  les  botanistes, 
qui  continuent  de  placer  les  genres  qu'elle  contient  parmi 

les  BORRAGINÉES.  (B.) 

SEBESTIER  ,  Cordia.  Genre  de  plantes  de  la  penlandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  sébesteniers  ,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  un  calice  tubuleux,  denté  à  son  sommet; 
une  corolle  infundibuliforme  ,  à  limbe  divisé  en  cinq  parties, 
quelquefois  en  quatre  ou  en  huit  ;  cinq  étamines  ,  quelquefois 
quatre  ou  huit  ;  un  ovaire  supérieur  ,  à  style  deux  fois  bifide 
et  à  quatre  stigmates  ;  un  péricarpe  charnu  ,  renfermant  un 
noyau  à  quatre  loges  et  à  quatre  semences,  dont  deux  ou  trois 
sont  sujettes  à  avorter. 

Ce  genre  ,  qui  se  rapproche  beaucoup  des  Carmones  de 
Cavanilles  ,  et  aux  dépens  duquel  on  a  établi  le  genre  Pata- 
gonule  ,  renferme  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  qui  por- 
tent des  feuilles  alternes,  rudes  au  toucher,  ordinairement 
parsemées  de  quelques  points  blanchâtres;  des  fleurs  dis- 
posées en  panicules  ou  en  corymbes  axillaires  et  terminaux  , 
sujets  à  varier  dans  le  nombre  et  la  forjne  des  parties.  On  en 
compte  une  trentaine  d'espèces,  dont  les  plus  importantes  à 
connoître  sont  : 

Le  Sébestier  mixa  ,  qui  a  les  feuilles  ovales ,  glabres  en 
dessus  ;  les  corymbes  de  (leurs  latéraux  ,  et  le  calice  garni 
de  dix  stries.  Il  croît  en  Egypte  et  sur  la  côte  de  Malabar. 
C'est  un  petit  arbre  ,  dont  les  fleurs  sont  d'une  odeur  agréa- 
ble ,  et  dont  les  fruits  sont  bons  à  manger.  On  le  cultive  ,  ou 
mieux  on  le  plante  à  raison  de  ces  deux  avantages,  autour 
des  maisons  dans  les  pays  où  il  croît. 

Le  Sébestier  sébeste  a  les  feuilles  ovales- oblongues, 
festonnées  et  rudes  au  toucher.  Il  se  trouve  dans  les  mêmes 
pays  que  le  précédent.  Ses  fleurs  sont  inodores  ,  et  ses  fruits 
se  mangent.    • 

On  fait  une  excellente  glu  avec  les  fruits  de  ces  deux  arbres, 
en  les  pilant  lorsqu'ils  sont  mûrs,  et  en  les  lavant  dans  de 
l'eau.  Le  mucilage  qui  reste  dans  cette  eau  est  très-propre  à 
guérir  les  tumeurs  squirrheuses  ,  et  on  en  fait  un  grand  usage 
en  Egypte.  On  le  mêle  avec  du  sucre  et  de  la  poudre  de 
réglisse  ,  poiju'  guérir  les  rhumes  ,  la  difficulté  de  respirer , 
dans  la  pleurésie  ,  la  péripncumonie  ,  Tardeur  d'urine  ,  etc. 
On  le  fait  entrer  dans  les  tisanes  pectorales,  adoucissantes 
et  humectantes.  Ceux  de  ces  fruits  qu'on  apporte  en  Europe, 
sont  sujets  à  être  moisis  ou  altérés  par  les  insectes.  On  doit , 
en  conséquence  ,  bien  les  examiner  avant  de  les  acheter. 
Bruce  ,  qui  a  observé  cet  arbre  en  Abyssinie  ,  et  qui  l'a  figuré 
sous  le  nom  de  vantay ,  rapporte  qu'il  est  regardé  comme 


46o  S  E  B 

sacre  dans  celte  partie  de  l'Afrique  ,  et  qu'on  le  plante  de- 
vant toutes  les  maisons. 

Le  Sébestier  a  feuilles  rondes  a  les  feuilles  presque 
rondes,  crénelées,  rudes,  et  les  pédoncules  en  corymbes 
dichotomes.  Il  croît  au  Pérou  ,  et  est  figuré  pi.  148  de  la 
Flore  de  ce  pays.  11  est  fort  différent  du  précédent.  On  em- 
ploie la  décoction  de  ses  feuilles  pour  guérir  les  fluxiocs  et 
la  jaunisse  des  yeux. 

Le  Sébestiekgéraschante  a  les  feuilles  lancéolées,  ova- 
les ,  rudes  au  toucher  ;  la  panicule  terminale  ,  et  le  calice  k 
dix  stries.  Il  se  trouve  à  la  Jamaïque  ,  et  sert  de  type  à  un 
genre  établi  par  Brown. 

Le  Sébestier  collocque  a  les  feuilles  oblongues  ,  ovales, 
entières  ;  les  fleurs  en  corymbe  et  le  calice  velu  intérieure- 
ment. Il  se  trouve  à  la  Jamaïque  ,  et  comme  le  précédent ,  il 
serl  de  type  à  un  genre  de  Brown. 

Le  Sébestip:r  patagonule  est  mentionné  à  rariicle  Pa- 
tagonule. 

Vingt-six  espèces  de  ce  genre  ,  la  plupart  nouvelles  , 
sont  décrites  dans  le  troisième  volume  du  bel  ouvrage  de 
MM.  Humboldt,  Bonpland  et  Kunth  ,  sur  les  plantes  de 
l'Amérique  méridionale.  (B.) 

SEBIFÈRE,  Sebifera.  Grand  arbre  à  feuilles  alternes  , 

péîiolées,   ovales-oblonii^ues,  très-entières,  glabres,   et  à 

fleurs  portées  sur  des  pédoncules  rameux  presque  terminaux, 

lequel  forme  ,  selon  Loureiro  ,  un  genre  dans  la  dioécie  po- 

^    lyadelphie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  quatre  folioles 
presque  rondes,  concaves,  velues  et  ouvertes;  point  de  co- 
rolle ;  dans  les  fleurs  mâles  ,  environ  cent  étamines  réunies 
en  dix  faisceaux  ;  dans  les  fleurs  femelles  ,  environ  dix  ovaires 
pédiceliés,  à  stigmate  presque  sesslle  et  entier;  environ  dix 
baies  globuleuses  et  monospermes. 

Le  sèhijère  se  trouve  dans  les  forêts  de  la  Chine  et  de  la 
Cochinchine.  On  emploie  son  bois  ,  qui  est  uni  et  blanc  ,  à 
la  construction  des  maisons  ;  on  tire  de  ses  feuilles  ,  en  les 
écrasant  dans  de  l'eau,  une  liqueur- visqueuse  qui  sert  à 
vernir  et  coller  les  objets  exposés  à  Tair ,  et  de  ses  fruits, 
par  expression,  une  grande  quantité  d'huile  épaisse  et  blan- 
che ,  semblable  à  de  la  cire  ou  à  du  suif ,  *  dont  on  fait 
00  munémentdeschandclles  dans  la  contrée.  Ces  chandelles 
brûlent  bien ,  mais  répandent  une  odeur  qui  n'est  pas 
agréable. 

Jussieu  a  réuni  ce  genre  au  Litsée.  (b.) 

SEBIO.  Nom  de  la  plus  grosse  des  Baleines  qui  vit 
dans  les  mers  du  Japon,  (b) 


SEC  46i 

SEBUM.  V.  Suif,  (desm.) 

SECACUL.  F.  aux  mots  Shécacul  et  Panais,  (b.) 

SECAL.  r.  Sacal.  (ln.) 

SEGALE.  L'on  croit  que  Pline  a  voulu  désigner  sous  ce 
nom  notre  seigle ,  que  quelques  auteurs  rapportent  a  Vofyra 
des  anciens,  qui  paroît  être  une  plante  différente,  c'est-à- 
dire,  l'ÉpEAUTRE.  Le  seigle  n'étoil  pas  connu  d;^s  Egyptiens, 
ni  l'avoine,  ni  l'olyra.  Selon  Matthiole,  le  seigle  étoil  appelé, 
de  son  temps  ,  olyra  en  Italie  ,  et  c'est  ce  qui  lui  fait  croire 
que  c'est  l'olyra  des  anciens  ,  bien  que  Pline  ait  traité  sépa- 
rément de  V olyra  et  du  secale. 

Que  le  secale  des  Latins  soit  notre  seigle,  c'est  probable  ; 
et  ce  que  Pline  en  a  écrit  est  applicable  au  seigle. 

Pline  ,  après  avoir  fait  remarquer  que  le  fenu-grec  vient 
presque  sans  culture  ,  dit  :  «  Mais  quant  à  ce  qu'on  nomme 
secale  ou  farrago^  il  a  besoin  d'être  hersé.  Dans  les  montagnes 
de  Turin  on  le  nomme  asia  ;  il  est  de  mauvaise  qualité  et  ne 
peut  servir  qu'à  apaiser  la  faim  ;  il  est  très-produclif  ,  quoi- 
que son  chaume  soit  grêle  ;  il  est  d'une  noirceur  désagréable 
et  surtout  pesant;  on  môle  le /«r  avec,  pour  en  corriger 
l'amertume;  néanmoins  11  est  toujours  mauvais  à  l'estomac. 
Il  croît  partout  ,  et  produit  cent  grains  pour  un  (  pi.  i8  , 
cap.  i6  ),  » 

Dans  les  temps  modernes  ,  secale  et  rogga  sont  devenus  les 
noms  latins  du  seigle;  notre  mol  français  dérive  même  du 
iatin  secale,  moins  altéré  dans  l'italien  segale.  V.  Seigle, 
Olyra  ,  Siligo.  (ln.) 

SÉCALIS-MATEPi.  On  a  donné  autrefois  ce  nom,  et 
celui  de  secale  luxuiians,  à  I'Ergot  ,  fléau  qui  attaque  le 
seigle,  (ln.) 

SEC  AMONE  ,  Secarnone.  Genre  de  plantes  établi  par  R. 
Brown  aux  dépens  des  Périploques  de  Linnseus.  Ses  carac- 
tères sont  :  corolle  en  roue  ;  couronne  des  étamines  de  cinq 
folioles  ,  supportant  vingt  masses  de  pollen  ;  stigmates  rap- 
prochés par  leur  sommet  ;  deux  follicules. 

Le  Péripi.oque  émétique  de  Retz  ,  et  trois  ou  quatre 
autres  espèces  de  l'Inde  et  de  la  Nouvelle- Hollande,  en- 
trent dans  ce  genre.  (B.) 

SECHE  ,  Sepia.  Genre  de  vers  mollusques  nus  ,  dont  les 
caractères  sont  :  corps  charnu,  contenu  dans  un  sac  égale- 
ment charnu  ,  terminé  en  haut  par  deux  tentacules  et  huit 
bras  verruqueux. 

Le  genre  Cranchie  de  Léach  se  rapproche  un  peu  de 
celui-ci. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  connues  de  tout  temps,  et 
se  trouvent  dans  toutes  les  mers.  11  y  en  a  qui  atteignent  une 


462  S  E  C 

grandeur  gigantesque.  Ce  fameux  craken ,  que  les  marins  da 
Nord  disent  capable  de  faire  chavirer  un  navire,  ne  paroît 
être  autre  chose  qu'une  sèche.  Les  rapports  des  pêcheurs  peu- 
vent faire  croire  qu'il  y  a  des  sèches  assez  fortes  pour  pouvoir 
prendre  ,  avec  leurs  bras ,  un  homme  dans  une  chaloupe  ,  et 
l'entraîner  au  fond  de  la  mer  ;  mais  on  pourra  difficilement 
se  résoudre  à  croire  qu'il  s'en  trouve  qui  puissent  engloutir 
un  navire  ,  etc. ,  etc. 

Les  sèches  ,  qui  paroissent  difformes  à  ceux  qui  en  voient 
pour  la  première  fois  ,  sont  ceux  de  tous  les  mollusques  dont 
l'organisation  est  la  plus  compliquée,  la  plus  approchante  de 
de  celle  des  poissons;  aussi  ont-elles  été  placées  parCuvier  et 
Lamarck  à  la  tête  de  leur  classe.  Elles  ont  la  partie  infé- 
rieure du  corps  enveloppée  d'un  fourreau  membraneux  et 
charnu,  qui  n'est  autre  que  le  manteau ,  \)rgane  commun  à 
tous  les  vrais  mollusques ,  mais  dont  les  bords  sont ,  chez 
les  sèches,  réunis  par-devant  dans  toute  leur  longueur,  et 
fermés  par  le  bas  ,  ce  qui  le  transforme  en  un  véritable 
sac. 

La  partie  supérieure  des  sèches  présente  une  grosse  tête  ^ 
munie  ,  sur  les  côtés  ,  de  deux  gros  yeux  fort  remarquables, 
presque  entièrement  conformés  comme  ceux  des  animaux  à 
vertèbres  ,  et  qui  voient  aussi  bien  la  nuit  que  le  jour.  Cette 
tête  est  couronnée  de  huit  bras  coniques  ,  pointus,  un  peu 
comprimés  sur  les  côtés,  et  garnis,  en  leur  surface  interne  , 
de  plusieurs  rangées  de  verrues  concaves,  qui  leur  servent  à 
s'attacher  au  corps  des  animaux  qu'elles  veulent  saisir  ,  et 
qui  agissent  comme  des  ventouses  en  faisant  le  vide.  La  plu- 
part des  espèces,  outre  ces  huit  bras,  en  ont  encore  deux 
autres  beaucoup  plus  longs,  et  hors  de  rang  -,  ces  bras  sont 
comme  pédoncules,  puisqu'ils  sont  nus  dans  la  plus  grande 
partie  de  leur  longueur ,  et  dilatés  et  garnis  de  ventouses 
seulement  vers  leur  sommet.  Ils  servent  aux  sèches  à  saisir 
leur  proie,  et  ensuite  à  se  fixer  sur  les  rochers,  pendant 
qu'elles  la  retiennent  avec  les  autres  et  sont  occupées  à  la 
manger.  Tous  ces  bras  sont  susceptibles  de  se  dilater  dans 
tous  les  sens ,  et  de  prendre  toutes  les  positions  imagi- 
nables. 

Au  centre  des  bras  ,  sur  le  sommet  même  de  la  tête  ,  est 
la  bouche  ,  dont  l'orifice  circulaire ,  membraneux  ,  et  plus 
ou  moins  frangé,  présente,  dans  son  intérieur,  deux  mâ- 
choires dures,  cornées,  semblables,  pour  la  forme  ou  la 
substance  ,  à  un  bec  de  perroquet ,  auquel  Rondelet  les  a 
justement  comparées.  Ces  mâchoires  sont  crochues  et  s'em- 
boîtent l'une  dans  l'autre.  On  observe  dans  leur  cavité  une 
langue  épaisse  ,  épineuse ,  d'une  organisation  très-compU- 


s  E  C  463 

quée,  comme  on  peut  le  voir  dans  Swammerdam  ,  qui  en  a 
donné  une  description  analomique  très-exacte.  C'est  avec 
cette  arme  redoula'ole  que  la  sèche  dévore  les  poissons,  les 
crabes,  même  les  coquillages  qu'elle  achève  de  broyer  dans 
son  estomac  musculeux,  qui  ressemble  presque  à  un  gésier 
d'oiseau. 

Les  sèches  ont  un  cerveau  très-petit ,  renfermé  dans  une 
boîte  cartilagineuse  ,  et  leur  circulation  s'effectue  par  le 
moyen  de  trois  cœurs.  Celui  du  milieu  ,  qui  est  le  principal  , 
et  qui  est  placé  vers  le  fond  du  sac ,  pousse  le  sang  dans 
tout  le  corps  p.ar  les  artères.  Ce  sang  revient  dans  la  veine 
cave  ,  qui  se  partage  en  deux  branches,  pour  le  porter  dans 
les  deux  autres  cœurs  placés  sur  les  côtés,  et  qui  chacun  le 
poussent  dans  les  branchies,  d'où  il  revient  ensuite  dans  le 
cœur  du  milieu.  Cette  conformation  très-singulière  éloit 
connue  ,  mais  elle  a  été  mise  dans  un  nouveau  jour  par  les 
dissections  de  Cuvier. 

Dans  le  ventre  ,  près  les  cœurs,  est  une  vessie  qui  ren- 
ferme une  liqueur  très-noire ,  à  laquelle  on  donne  le  nonri 
à^! encre  de  la  sèche.  Cette  liqueur  ,  qui  est  évacuée  par  un  pe- 
tit canal  qui  aboutit  à  l'anus ,  sert  à  la  sèche  à  obscurcir 
l'eau  lorsqu'elle  se  voit  poursuivie  par  un  ennemi ,  et  par- 
là  à  lui  échapper.  Quelques  espèces  l'ont  odorante,  mus- 
quée. 

La  plupart  des  sèches  ont ,  sur  le  cAté  de  leur  corps  ,  deux 
espèces  de  nageoires  membraneuses,  plus  ou  moins  larges  , 
qui  s'étendent  tout  le  long  du  sac  qui  ï^s  porte ,  et  qui  leur 
servent  à  nager  et  à  se  diriger.  Toutes  ont  une  espèce  d'os 
plane  en  dedans  de  leur  corps,  plus  ou  moins  grand,  plus 
ou  moins  calcaire.  11  est,  dans  la  sèche  officinale,  ovale  ,  un 
peu  épais  dans  son  milieu,  aminci  et  tranchant  sur  les 
bords,  opaque,  très-léger,  spongieux,  friable,  blanchâtre 
et  composé,  selon  la  remarque  de  Cuvier,  de  lames  minces 
dans  les  intervalles  desquelles  sont  une  multitude  de  petites 
colonnes  creuses,  perpendiculaires  à  ces  lames.  Il  est,  dans 
la  sèche  octopode  ,  cartilagineux  et  à  peine  visible,  d'après 
la  remarque  du  même  anatomisle.  Les  autres  espèces  l'ont 
corné. 

Les  verrues  concaves  dont  les  bras  de  toutes  ces  sèches 
sont  garnis  ,  varient  non-seulement  par  leur  nombre  et  leur 
grandeur  ,  mais  encore  par  leur  conformation.  Dans  la  sèche 
officinale  ,  le  bord  interne  de  ces  verrues  est  muni  d'un  an- 
neau cartilagineux  et  même  corné  ,  dont  le  bord  extérieur 
est  armé  de  dents  nombreuses ,  au  moyen  desquelles  la  ven- 
touse se  cramponne  aux  corps  sur  lesquels  l'animal  l'ap- 
plique. Dans  les  espèces  à  huit  bras,  sans  tentacules,  telles 


464  SEC 

que  la  sèche  ociopode ,  chaque  ventouse  présente  un  mame- 
lon à  double  cavité  ,  et  ouvert  en  soucoupe.  La  première  ca- 
vité, ou  l'antérieure,  offre  un  limbe  concave  ,  rayonné  par 
des  plis  en  étoile.  Au  fond  de  ce  limbe ,  on  voit  une  cavité 
intérieure,  arrondie,  entourée  par  un  rebord  annulaire, 
saillant  et  crénelé.  Dans  toutes  les  espèces  ,  ces  ventouses 
sont  plus  petites  à  la  pointe  qu'à  la  base  ,  et  croissent  en 
grandeur  avec  Tanimal  :  les  bras  sont  susceptibles  de  repous- 
ser lorsqu'ils  ont  été  coupés  ;  mais  les  nouveaux  sont  plus 
foibles  que  les  autres. 

Les  sèches  ne  sont  pas  hermaphrodites,  comme  la  plupart 
des  autres  mollusques  -,  elles  ont  des  sexes  séparés  sur  des 
individus  dlfférens.  Les  femelles  font  des  œufs  mous,  réunis 
et  disposés  en  grappe  ,  comme  des  raisins.  Ils  augmentent  en 
grosseur  par  l'effet  du  développement  du  fétus,  et  leurs  formes 
varient  selon  les  espèces. 

Un  grand  nombre  de  poissons  se  nourrissent  de  sèches  ; 
les  baleines  mêmes,  ne  les  dédaignent  point, et  on  est  presque 
assuré  aujourd'hui  que  I'Ambre  gris  (  V.  ce  mot)  est  le  ré- 
sultat de  la  digestion,  par  ce  cétacé  ,  des  sèches  musquées  ; 
c'est-à-dire  que  la  baleine  ,  après  avoir  digéré  les  parties 
membraneuses  ou  charnues  ,  rejette  ,  soit  par  le  haut ,  soit 
par  le  bas,  une  matière  résineuse  indigestible,  probablement 
faisant  partie  constituante  de  l'encre  des  sèches. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  l'encre  dont  se  servent  habi- 
tuellement les  Chinois  ,  et  dont  on  nous  apporte  de  grandes 
quantités  pour  l'usage  des  dessinateurs  ,  est  fournie  par  une 
espèce  de  sèche.  J'ai  avancé  qu'à  raison  de  son  odeur  mus- 
quée, la  sèche  que  j'ai  décrite  dans  les  Actes  de  la  Société 
d'Hist.  nat.  de  Paris  ,  sous  le  nom  de  sepia  rugosa  ,  et  que  La- 
marck  a  confondue  avec  une  autre  espèce  qu'il  a  appelée 
sepia  granulaia ,  pouvoit  cire  celle  qui  la  donnoit.  Mais  De- 
nys-de-Monlforl  assure  que  les  seules  sèches  à  os  celluleux 
ont  de  la  liqueur  noire  ,  et  que  celles  des  sèches  à  corps  pri- 
vés d'os  ,  ou  Poulpes  (  V.  ce  mot!)  ,  n'ont  qu'une  liqueur 
brune  ,  liqueur  que  les  habilans  de  l'Inde  recueillent  égale- 
ment ,  et  dont  on  se  sert  quelquefois  à  Paris  dans  la  peinture 
en  détrempe. 

Toutes  les  espèces  de  sèches  se  mangent  ;  mais  elles  pas- 
sent pour  être  coriaces,  d'assez  mauvais  goût,  et  difficiles  à 
digérer  ;  la  plus  délicate  est  la  sèche  sépiole.  Elles  étoient 
beaucoup  plus  estimées  des  anciens  ,  comme  on  le  voit  dans 
Athénée ,  liv.  4- 

L'os  de  la  sèche  officinale  est  recherché  pour  polir  les 
corps  peu  durs,  et  pour  niellre  dans  les  cages  des  petits  oi- 
seaux, afin  qu'ils  y  usent  ou  aiguisent  leur  bec.  On  emploie 


SEC  465 

aussi  ces  os  en  médecine  ;  mais  ils  n'y  présentent  pas  d'autre 
indication  que  celle  de  la  craie  la  plus  commune.  On  dit 
qu'on  fait  aussi  usage  de  la  liqueur  noire  de  cette  même 
espèce  dans  quelques  maladies. 

Lamarck  a  divisé  les  sèches  en  trois  genres,  savoir  :  SÈCHE,, 
Poulpe  et  Calmar.  Cuvierles  subdivise  en  trois  sous-gen- 
res, et  de  plus  les  Poulpls  en  deux  ,  en  en  séparant ,  avec 
Aristote,les  Eleodotns.  Rafinesque  a  encore  fait  à  ses  dépens 
son  genre  Ocythoé. 

Pline,  Aldrovande,  Lîster,  d'Argenville,  Bruguière,  etc.» 
avoient  émis  l'opinion  que  les  animaux  des  Argonautes  et 
des  Nautiles  étoient  des  sèches  ;  d'autres  naturalistes  ont 
soutenu  qu'ils  étoient  parasites  de  ces  coquilles.  J'ai  penché 
pour  cette  dernière  opinion,  dans  mon  Histoire  des  coquil- 
les ,  faisant  suite  au  Buffon  ,  édition  de  Deterville  ;  mais  ayant 
été  vivement  attaqué  sur  ce  doute  par  Denys-de-Monlforl,quï 
m'a  paru  avoir  fortifié  sespreuves  denouvellesconsidéralions, 
je  suis  revenu  à  la  manière  de  penser  des  premiers.  Aujour- 
d'hui, Blainville  ,  Cranchet  Léach  affirment  qu'il  résulte  de 
leurs  observations  que  la  sèche  est  véritablement  parasite. 
J'ai  vu,  à  différentes  fois  ,  des  centaines  d'argonautes  voguer 
sur  la  surface  de  la  mer,  dans  les  jours  de  calme,  pendant 
ma  traversée  de  France  en  Amérique ,  et  j'ai  pu  observer  la 
manœuvre  de  leurs  habitans  à  une  très-petite  distance  du 
navire  ,  à  trois  ou  quatre  toises  par  exemple  ,  mais  il  ne  m'a 
pas  été  possible  d'en  prendre  un  seul.  Ceux  que  j'ai  possédés 
avoient  été  pris  dans  l'estomac  d'un  Coryphène  dorade,  et 
c'est  d'après  eux  que  j'ai  composé  la  figure  qu'on  voit  pi.  B. 
20.,  n.°  7. 

Le  même  Denys-de-Montfort  soutient  également  que  les 
animaux  qui  construisent  les  coquilles  des  Helenides,  des 
Arachides,  des  THEMÉoNESet  des  Discolites,  sont  aussi  des 
sèches  viva'it  en  société  ,  et  construisant  leurs  coquilles  en 
commun.  V.  Polypier. 

L'opinion  de  Blainville  est  que  les  sèches  déposent  leurs 
œufs  ou  dans  les  cavités  des  rochers ,  ou  dans  celles  des  co- 
quilles univalves. 

Les  espèces  de  sèches  connues  sont  au  nombre  de  vingt , 
parmi  lesquelles  il  faut  principalement  remarquer: 

La  Sèche  officinale,  qui  a  le  corps  uni  des  deux  côtés  et 
d'une  seule  couleur  brune  rougeâtre ,  et  les  bras  pédoncules, 
irès-longs.  Elle  se  trouve  dans  les  mers  d'Europe. 

La  Sèche  calmar,  Sepi'aloligo,  L. ,  quia  les  ailes  demi- 
rhomboïdales,  et  le  bord  du  sac  à  trois  lobes.  Elle  se  trouve 
dans  les  mers  d'Europe.  C'est  le  type  du  genre  Calmar  de 
Lamarck. 

XXX.  3o 


^66  S  E  G 

On  avoit  confondu  plusieurs  espèces  sous  ce  nom;  De- 
nys-de-l\Iontfort  les  a  distinguées  dans  son  ouvrage  précité, 
auquel  on  renvoie  ,  ces  espèces  étant  trop  rares  pour  être 
mentionnées  ici. 

La  Sèche  truitée,  qui  a  le  corps  uni  des  deux  côtés  et  de 
couleur  grise  rougeâtre  ,  variée  de  brun  de  diverses  nuances; 
les  bras  pédoncules  ,  courts.  Elle  vient  des  mers  des  Indes- 
Orientales.  Elle  se  rapproche  beaucoup  de  la  précédente  ; 
mais  en  les  comparant ,  la  différence  est  très-sensible. 

La  Sèche  pélagienne,  qui  est  conique  et  a  les  ailes  parfai- 
meht  rhomboïdales.  Je  Tai  trouvée  en  pleine  mer,  dans 
l'estomac  d'une  dorade  ,  et  Tai  décrite  dans  l'Histoire  des 
vers,  faisant  suite  au  Buffon,  édition  de  Delerville.  C'est 
dans  I'Argonaute  qu'elle  se  tient.  V.  sa  fig.  pi.  P.  18. 

La  Sèche  noire,  Sepiu  tUnicata  ,  Gm. ,  qui  est  noire,  avec 
des  ailes  demi-circulaires,  et  le  corps  enveloppé  dans  un  ré- 
seau membraneux  et  transparent.  Elle  se  trouve  dans  les  mers 
du  Chili.  Cette  espèce  est  fort  extraordinaire  ,  et  demande 
encore  à  être  étudiée;  car  Denys-de-Montfort  n'a  fait  que 
rjenlrevolr,  et  son  dessin  paroîl  fait  de  réminiscence. 

La  Sèche  sepiole,  dont  l'extrémité  du  corps  est  obtuse  , 
et  les  ailes  presque  rondes.  Elle  se  trouve  dans  les  mers  d'Eu- 
rope. 

La  Sèche  OCTOPODE ,  dont  le  corps  est  arrondi,  et  qui 
n'a  ni  bras  pédoncules  ni  ailes.  Elle  se  trouve  dans  les  mers 
d'Europe.  C'est  le  poulpe  commun  ,  le  type  du  genre  de  ce 
nom,  le  polype  d'Aristote.  Ses  ventouses  alternes  sont  sur 
deux  rangées,  ce  qui  suffit,  selon  Cuvier,  pour  établir  un 
sous  genre. 

La  Sèche  musquée,  dont  le  corps  est  allongé  et  uni,  dont 
les  verrues  sont  sur  un  seul  rang  ,  et  qui  n'a  point  de  bras  pé- 
doncules ni  d'ailes.  Elle  est  figurée  dans  les  Mérn.  de  la  Société 
d'Histoire  nal  de  Paris,  pi.  2.  Elle  se  trouve  dans  les  mers 
d'Europe  ,  d'Asie  et  d'Afrique.  C'est  probablement  elle  qui 
fournit  aux  baleines  la  matière  de  l'ambre  gris.  Leshabllans 
des  îles  de  la  Grèce  la  font  sécher  pour  la  manger  pendant 
leur  carême.  Elle  sert  de  type  au  genre  Eleodon  de  Cuvier. 
Arlstote  l'a  connue. 

La  Sèche  rugueuse,  qui  a  le  corps  couvert  de  tubercu- 
les, qui  n'a  point  de  tentacules  pédoncules,  et  dont  les  verrues 
sont  très-rapprochées.  Je  l'ai  décrite  et  figurée^lans  les  Actes 
delà  Société d  Hist.  nat.  de  Paris,  pi.  5.  On  la  trouve  sur  les  côtes 
voisines  du  Sénégal.  Elle  avoit  été  confondue  par  Lamarck, 
avec  une  autre  espèce  que  Denys-de-Montfort  a  figurée  sous 
le  nom  de  poidpe fraisé. 

M.  Rafmesque  a  observé,  sur  les  côtes  de  Sicile,  neuf  c?^ 


SEC  467 

pèces  nouvelles  de  ce  genre,  confondues  avec  celles  ci  par 
tous  les  auteurs.  (B.) 

SECîiE.  Mouvement  de  flux  et  de  reflux  qu'éprouve  le 
lac  de  (jenève  en  certaines  occasions.  J'ai  donné  des  détails 
sur  ce  pîiénomène  ,  au  mot  Lac.  (pat.) 

SÉCHE-TERRINE.  Un  des  noms  vulgaires  de  I'Engou- 

LEVKNT.  (V.) 

SÈCHE-TRAPPE.  C'est,  en  Bourgogne,  I'Engoule^ 
VENT.  F.  ce  mot.  (v.) 

SÈCHES  FOSSILES.    F.   Os   de   Sèches   fossiles. 

(desm.) 

SECHION  ,  Sechium.  Genre  de  plantes  établi  par  Pierre 
Browne  et  Schreber ,  pour  séparer  des  SiCYOS  une  espèce 
qui  en  diffère  par  le  nombre  des  étamines  des  fleurs  mâles  , 
qui  n'est  que  de  trois  ,  et  par  le  style  qui  est  à  cinq  divisions- 
F.  au  mot  SiCYOs. 

On  mange  les  fruits  du  sechion  comme  ceux  de  la  To- 
mate, c'est  à-dire  qu'ils  servent  à  l'assaisonnement  des  mets. 

Ce  genre  est  nommé  ChOcho  par  Adanson.  (b.) 

SECOUASCOU.  Chevreuil  de  l'Amérique,  selon  de 
Lery.  (s.) 

SECRÉTAIRE,  Ophiotheres ,  Vieil!.  ;  Fidtur ,  Lath.  ; 
Falco  ,  Gm.  Genre  de  Tordre  des  oiseaux  Échassiers  et  de 
la  famille  des  Uncirostres.  F.  ces  mots.  Caractères  :  bec 
robuste  ,  plus  court  que  la  tête ,  droit  et  garni  d'une  cire  à 
sa  base  ,  épais ,  comprimé  latéralement ,  crochu  vers  le 
bout  de  sa  partie  supérieure  :  narines  oblongues,  obliques, 
ouvertes  ;  lorum  et  orbites  glabres  ;  langue  charnue  ,  poin- 
tue; bouche  Irès-fendue  ;  sourcils  saiilans  ;  gorge  extensible  ; 
jambes  et  devant  des  talons  emplumés;  quatre  doigts  courts  , 
verruqueus  sous  leurs  phalanges;  les  antérieurs  réunis  à  leur 
base  par  une  membranne  ;  les  latéraux  égaux  ;  le  postérieur 
court,  articulé,  un  peu  plus  haut  que  les  autres,  et  ne  portant 
à  terre  que  sur  le  bout  ;  ailes  armées  de  trois  éperons  obtus  , 
les  cinq  premières  rémiges  les  plus  longues  de  toutes  ,  et 
presque  égales  entre  elles. 

Latham  ,  comme  on  vient  de  le  voir  dans  la  synonymie  , 
a  rangé  parmi  les  vautours  l'espèce  qui  compose  ce  genre , 
et  Gmelin  en  fait  un  falco  ,  d'après  L  F.  Miller.  Illiger 
l'isole  sous  le  nom  de  gypogeranus ,  ainsi  que  M.  Cuvier, 
sous  celui  de  messager  ou.  secrétaire  ^  et  la  classe  à  la  suite  des 
oiseaux  de  proie  diurnes  ,  d'après  ses  jambes  entièrement 
couvertes  de  plumes,  son  bec  crochu  et  femki,  ses  sourcils 
saiilans,  et  tous  les  détails  de  son  anaiomie.  Quant  à  moi. 


^oS  S  E  C 

ï 'ai  suivi  l'exemple  de  plusieors  naturalistes,  en  la  plaçant 
parmi  les  Échassiers,  d'après  la  grande  longueur  de  ses 
tarses. 

Le  Secrétaire  proprement  dit,  Ophio/heres  crisfafus , 
Vieill.  ;  Vultur  serpentnrius  ,  Lath.  ;  Falco  serpenlatius  ,  G  m.  ; 
pi.  P.  17,  fig.  I  de  ce  Dictionnaire.  Cet  oiseau,  qu'on  ne 
trouve  qu'au  Cap  de  Bonne -Espérance  ,  est  remarquable 
par  ses  longs  pieds  qui  le  rapprochent  de  la  ^rog;  par  son  bec 
robuste,  pareil  à  celui  d'un  oiseau  de  proie  ,  par  ses  sourcils 
formés  d'un  seul  rang  de  cils  noirs  ,  longs  de  i5  à  16  lignes , 
placés  très-près  les  uns  des  autres  ,  élargis  par  la  base  et  par 
sa  huppe  ,  composée  d'un  double  rang  de  plumes  longues , 
dures  ,  étroites  à  leur  origine  ,  placées  vers  le  bas  de  l'oc- 
ciput ,  deux  à  deux  ,  à  distances  inégales,  jusqu'aux  deux  tiers 
du  dessus  du  cou  ;  par  ses  ailes  armées  de  trois  proéminences 
osseuses  et  arrondies;  par  la  grandeur  de  sa  bouche  fendue 
jusqu'aux  yeux  ;  par  la  peau  de  sa  gorge  susceptible  d'une 
grande  extension  ;  par  l'ampleur  considérable  de  son  jabot, 
et  enfin  par  ses  doigts  gros ,  courts,  et  armés  d'ongles  crochus 
et  presque  émoussés.  La  réunion  de  tous  ces  attributs  fait 
de  cet  oiseau,  comme  ditBuffon,  un  être  mixte,  extraordi- 
naire, qu'on  ce  peut  classer  dans  aucun  groupe  connu  ;  aussi 
l'a-t-cn  ,■  depuis  peu  ,  isolé  génériquement. 

Comme  plusieurs  i^cnî/a/res  ont  été  vus  vivans  par  M.  Le- 
vaillant ,  c'est  d'après  ce  savant  naturaliste  que  nous  don- 
nerons la  description  de  leur  plumage  et  de  leurs  habituiles. 

Le  Secrétaire  a  tout  au  plus  trois  pieds  deux  pouces  de 
hauteur  ;  la  peau  nue  qui  entoure  le  bec  n'est  pas  rouge  , 
comme  dit  Buffon,  mais  d'un  jaune  plus  ou  moins  orangé  ; 
il  peut  hérisser  à  volonté  l'espèce  de  crinière  pendante  sur 
le  derrière  du  cou  ;  la  queue  est  très-étagée  ;  les  deux 
pennes  du  milieu  sont  du  double  plus  longues  que  les  deux 
suivantes,  et  traînent  à  terre  ,  pour  peu  qu'il  les  tienne  obli- 
quement. 

Le  mâle  ,  dans  son  état  parfait ,  a  la  tête ,  le  cou ,  la 
poitrine  et  tout  le  manteau ,  d'un  gris  bleuâtre  ;  les  couver- 
tures des  ailes  ,  dont  les  pennes  sont  noires  ,  de  la  même 
couleur,  plus  ou  moins  nuancées  de  brun  roux;  la  gorge  et 
la  poitrine  nuancée  de  blanc  ,  et  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue  ,  de  roussâtre  très-clair  ;  le  bas-ventre  d'un  noir 
mêlé  et  comme  rayé  de  roux  ou  de  blanc  ;  enfin  d'un  beau 
noir,  rayé  imperceptiblement  de  brun  sur  les  jambes;  les 
pennes  de  la  queue  sont  noires  en  partie  ;  elles  prennent 
toujours  plus  de  gris  à  mesure  qu'elles  s'allongent ,  et  elles 
sont  terminées  par  du  brun;  les  deux  du  milieu  sont  d'uR 
gris  bleuâtre  ,  nuées  de  brun  vers  le  bout  qui  est  blanc  ,  avec 
une  tache  noire  ;  mais  il  arrii'e  quelquefois  que  le  blanc  de 


SEC  46a 

l'extrémité  disparoît  entièrement  par  l'effet  du  frottçmen 
que  ces  pennes  éprouvent  en  traînant  à  terre. 

La  femelle  diffère  du  mâle  par  sa  couleur  grise,  mains 
nuancée  de  brun  ;  par  sa  huppe  moins  longue  et  plus  mâlée 
<lè  gris  ;  par  les  plumes  de  son  ventre  et  de  ses  jambes  qui. 
ont  un  plus  grand  nombre  de  rayures  brunes  ou  blanches , 
et  enfin  par  moins  de  longueur  dans  les  deux  pennes  du  mi- 
lieu de  la  queue. 

Dans  le  premier  âge  ,  la  couleur  grise  est  nuancée  d'une 
forte  teinte  roussâtre  ;  chaque  plunrie  des  jan^bes  est  terminée 
par  un  liseré  blanc ,  et  le  bas-ventre  est  entièrement  de,  cette 
couleur;  la  huppe  est  courte  et  d'un  gris  roussâtre ,  et  les 
deux  pennes  du  milieu  de  la  queue  ne  sont  pas  plus  longues, 
que  les  autres  ;  on  ne  voit  point  de  proéminences  osseuses 
des  ailes  ;  elles  ne  sont  pas  même  fort  apparentes,dans  l'oi- 
seau adulte ,  et  il  faut  soulevjer  l'aile  pour  les  sentir.  Ce  ne. 
sont  absolument  que  les  apophyses  du  métacarpe. 

A;  ces  descriptions  très-détaillées  d'oiseaux  qui  n'étoient;. 
guère  connus  qu'en  domesticité,  Lievaillant  ajoute  quel(|ues, 
détails  sur  leurs  mœurs  et  leur  genre  de  vie,  qui  doivent, 
différer  de  ceux  que  nous  devons  à  Querhoënt  çt.  Sonnerat, 
puisqu'il  les  a  observés  dans  leur  étal  sauyage. 

L'amour  excite ,  entre  les  mâles,  des  combats  longs  et 
opiniâtres  ;  il  se  frappent  palurellenaent  de  leur  ailes ,  pour 
se  disputer  une  femelle ,  qui  est  toujouf-s  le  partage  du 
vainqueur.  Ces  oiseaux  entrent  en  amour  vers  le  mois  de 
j-uillet,  construisent  un  nid  en  forme  d'aire  ,  plat  comme 
celui  de  Taigle  ,  de  trois  pieds,  de  diamètre  ,  et  garni  ,  en 
dedans,  de  laine  et  de  plumes;  ils  le  placent  dans  le  buisson 
le  plus  haut  et  le  plus  touffu  ,  et  quelquefois  sur  de  grands 
arbres.  Le  même  nid  sert  très-long-temps  au  même  couple, 
qui,  comme  les  aigles,  habite  seul  un  domaine  assez  étendu  j 
la  ponte  est  de  deux  ou  trois  œufs,  blancs,  pointillés  des 
roussâtre  et  de  la  forme  de  ceiix  de  l'oie  ,  mais  un  peu  moins 
allongés.  Les  petits  sont  long-temps  avant  de  prendre  leur 
essor  ;  ils  ne  peuvent  même  bien  courir  qu'à  l'âge  de  quatre, 
à  cinq  mois.  £n  revanche,  lorsqu'ils  ont  pris  tout  leur 
accroissement ,  ils  courent  d'une  vitesse  extrême  ;  quand  ils. 
$e  voient  poursuivis,  ils  préfèrent  la  course  au  vol  ,  et  ils  font, 
des  pas  d'une  grandeur  démesurée  ;  lorsque  rien  ne  les 
effraip  ,  leur  démarche  est  lente  et  grave  ;  lis  sont  défians  et 
rusés  ;  on  les  approche  difficileinent;  le  mâle  et  la  femelle 
se  séparent  rarement  ;  ils  se  trouvent  dans  toutes  les  plaines 
arides  des  environs  du  Cap,  et  parlicullèrement  dan§  le 
SwartUnd.  On  les  rencontre  aussi  très-fréquemmeut  suç 
oute  la  côte  de  l'est,  méiuc  jusque  chez  les  Gafres  et  dans 


470  S  E  C 

l'intérieur  des  terres  ;  ils  sont  plus  rares  à  la  côte  occidentale, 
et  surtout  vers  le  pays  des  Namaquois. 

«Lorsque  le  secrétaire,  dit  de  Querhoënt,  rencontre  ou 
découvre    un  serpent ,  11  l'attaque  d'abord  à  coups  d'aile, 
pour  le  fatiguer  ;  il  le  saisit  ensuite  par  la  queue  ,  l'enlève  à 
une  grande  hauteur  en  l'air,  et  le  laisse  retomber;  ce  qu'il 
répète  Jusqu'à  ce  que  le  serpent  soit  mort....  Lorsqu'on  l'in- 
quiète ,  il  fait  entendre  un  croassement  sourd  ;  il  n'est  ni 
dangereux  ni  méchant  ;  son  naturel  est  doux.  »   Cet  obser- 
vateur en  a  vu  vivre  paisiblement,  dans  une  basse-cour,  au 
milieu  de  la  volaille  ;  on  les  nourrissoit  de  viande  ,  et  ils 
étoient  avides  d'intestins  et  de  boyaux  qu'ils  assujetlissoient 
sous  leurs  pieds  en  les  mangeant ,   comme  ils  eussent  fait 
d'un  serpent.  Ces  oiseaux,    armés  comme  les  carnassiers, 
n'ont  rien  de  leur  férocité  ;  leur  bec  n'est  point  pour  eux 
niîe  arme  offensive  ,  ni  môme  défensive  ;  ils  fuient  au  lieu 
d'attaquer ,  évitent  l'approche ,  et  pour  échapper  à  un  en- 
nemi même  foible  ,   on  les  voit  faire  des  sauts  de  huit  ou 
neuf  pieds  de  hauteur.  Le  secrétaire  ,  pris  jeune  ,  s'appri- 
voise facilement ,  s'habitue  fort  bien  avec  la  volaille  ,  et  ne 
lai  fait  aucun  mal,  si  on  a  soin  de  ne  pas  le  laisser  jeûner; 
mais  s'il  souffre  de  la  faim  ,  il  fait  sa  proie  des  poulets  et  des 
jeunes  canards.  D'un  naturel  doux  et  gai ,  il  devient  aisément 
familier  et  paroît  aimer  la  paix;  car  s'il  voit  quelque  combat 
parmi  les  animaux  de  basse-cour  ,  il  accourt  aussitôt   pour 
les  séparer.  Aussi  les  habitans  du  Cap  de  Bonne-Espérance 
en  élèvent  dans  leurs  basse-cours,  pour  y  maintenir  la  paix 
et  y  détruire  les  lézards  ,  les  serpens  et  les  rats  ,  qui  souvent 
s'y  introduisent  pour  dévorer  la  volaille  et  les  œufs. 

Cet  oiseau  d'Afrique  s'accommode  assez  bien  du  climat 
d'Europe  ,  car  il  a  vécu  dans  quelques  ménageries  d'Angle- 
terre et  de  Hollande,  et  on  a  observé  que  pour  se  re- 
poser et  dormir  ,  il  se  couche  à  terre  sur  le  ventre  et  la  poi- 
trine ;  que  pour  manger  à  son  aise  ,  il  s'accroupit  sur  ses 
talons,  et  couché  à  moitié  il  avale  ainsi  sa  nourriture;  qu'il 
tue,  soit  un  poulet ,  soit  un  rat,  en  le  frappant  d'un  violent 
coup  de  pied  et  l'abattant  du  second.  Il  préfère  les  ani- 
maux vivans  à  ceux  qui  sont  morts,  ce  qui  le  distingue  des 
vautours  ,  et  la  chair  au  poisson  ,  ce  qui  l'éloigné  des  oiseaux 
d'eau.  Il  mange  aussi  de  petites  tortues ,  qu'il  avale  tout 
entières;  après  leur  avoir  brisé  le  crâne;  il  détruit  une  grande 
quantité  de  sauterelles  et  d'autres  insectes;  il  a  un  cri  analo- 
gue à  celai  de  l'aigle  ,  marche  ordinairement  à  grands  pas 
de  côté  et  d'autre  ,  et  long-temps  ,  sans  se  ralentir  ou  s'ar- 
rêter; ce  qui  apparemment  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
messager^  VosMAER.  Les  Hollandais  du  Cap  de  iionne-Es- 


s  E  C  47' 

pérance  l'ont  appelé  secrétaire^  au  rapport  de  Levaillant  ^ 
à  cause  de  la  touffe  de  plumes  qu'il  porle  derrière  la  tête  , 
atlendu  qu'en  Hollande  ,  les  gens  de  cabinet,  quand  ils  sont 
interrompus  dans  leurs  écritures,  passent  leur  plume  dans 
leur  perruque,  derrière  l'oreille  droite,  ce  qui  a  quelque 
ressemblance  avec  la  huppe  de  l'oiseau,  (v.) 

L'Oiseau  a  quatre  ailes  ,  figuré  par  le  père  Labbat , 
paroit  devoir  être  rapporté  à  ce  genre.  (B.) 

SÉCRÉTIONS.  Chez  les  animaux  à  double  système 
nerveux  et  à  squelette  articulé  (  ou  les  vertébrés)  ,  le  sang 
est  le  fluide  commun,  duquel  toutes  les  autres  humeurs  sem- 
blent être  extraites  par  sécrétion  (ou  séparation),  au  moyen 
de  certains  appareils  appelés  glandes;  ainsi,  la  salive  ,  les 
sucs  gastrique  et  pancréatique,  la  bile,  l'urine,  les  sucs  mu- 
queux  qui  abreuvent  les  cavités  intestinales  ,  qui  lubréfient 
les  voies  génitales;  enfin  le  sperme  ,  le  lait,  les  sécrétions 
particulières  des  glandes,  poup  le  cérumen  des  oreilles  , 
pour  les  larmes  ,  pour  le  smegma  du  prépuce  de  l'homme 
et  du  vagin  de  la  femme  ;  it&  substances  oléagineuses  odo- 
rantes de  Tiiiguen  et  de  plusieurs  autres  parties  du  corps 
chez  les  animaux  ;  les  follicules  du  castor,  du  musc  ,  delà 
civeite  ,  du  lajacu,  etc.  ;  toutes  ces  sécrétions  et  beaucoup 
d'autres,  sont  tirées  de  la  masse  commune,  par  des  glandes. 

Il  y  a  des  humeurs  sécrétées  que  la  nature  destine  à  servir 
au  corps,  comme  les  sucs  gastriques,  le  lait,  la  bile,  etc. 
On  les  appelle  récrémens,  tandis  que  les  humeurs  destinées  à 
être  rejetées  au  dehors,  comme  supçrllues ,  l'urine,  le 
umcus  nasal  ,  le  cérumen  des  oreilles  ,  le  smegma  ou  la 
pommade  odorante  de  certaines  glandes  de  la  peau  ,  sont 
des  exnèmciis  ,  ou  des  matières  à  excrétions. 

Mais  rien  n'a  plus  embarrassé  les  physiologistes  que  l'ex- 
plication du  mode  des  sécrétions;  car  comment  trouver  les 
élémens  de  tant  de  substances  diverses  dans  un  seul  fluide  , 
le  sang  ?  Contient-il  de  la  bile  ,  du  sperme  ,  du  lait ,  de 
l'urine  ,  de  la  salive  tout  faits  .''  Les  glandes  ne  seroient-elles 
plus  que  des  espèces  de  cribles,  dont  les  pores,  plus  ou 
moins  étroits  et  diversement  configurés,  ne  laisseroient  filtrer 
que  certaines  substances;  ici  du  mucus;  là,  une  cire,  là, 
une  matière  oléagineuse,  etc.  ?  mais  le  sang  ne  peut  contenir, 
tout  faits  ,  tant  de  principes  contradictoires  ,  et  qui  se  com- 
batlroient  mutuellement;  il  n'en  peut  contenir  que  les  élé- 
mens primitifs.  Alors  il  y  auroit  donc  un  travail  particulier, 
une  élaboration  propre  en  chaque  glande  ,  pour  transformer 
le  sang  ou  les  humeurs  qui  y  abouîissent,  en  telle  ou  telle  suhs- 
tance  ,  ici  en  lait  sucre  ,  là  en  bile  amère.  Quel  est  donc  ce 
travailmystérieux?S'opère-t-ilpar  une  sorte  de  fermenlation, 


%7^  SEC 

comme  nous  voyons  le  vin  doux  se  transformer  en  une 
liqueur  spiritueuse  ou  en  vinaigre  ?  Mais ,  de  plus  ,  le  travaii 
des  glandes  n'est  pas  continuel  ;  il  est  subordonné  à  l'état  de 
la  sensibilité  nerveuse.  Une  mauvaise  nouvelle  tarit ,  sur-le- 
champ  ,  la  mamelle  d'une  mère  ,  ou  transforme  subitement 
son  lait  en  liquide  nuisible  au  nourrisson.  Il  faut  une  excita- 
tion amoureuse  pour  solliciter  la  sécrétion  abondante  du 
sperme  ;  autrement  l'appareil  de  cette  sécrétion  se  refroidit 
et  se  flétrit.Donc  il  existe  une  coopération  nerveuse  spéciale, 
qui  travaille  les  fluides  qui  se  rendent  aux  glandes  y  et  les 
transforme  en  telle  ou  telle  humeur.  Que  les  glandes  soient  de 
petites  granulations  spongieuses,  comme  le  veut  Malpighi, 
ou  que  plutôt  ce  soient  une  infinité  de  tubes,  comme  l'a  fait 
voirRuysch;  il  n'en  est  pas  moins  nécessaire  que  cette  coopé- 
ration nerveuse  ait  lieu.  Si  l'on  coupe  ,  en  effet ,  les  nerfs  qui 
se  rendent  aux  glandes  ,  celles-ci  ne  peuvent  plus  rien  sécré- 
ter ;  elles  se  flétrissent.  C'est  ainsi  que  l'âge  tlélrit  les  ma- 
melles de  la  femme. 

Les  insectes  ,  quoique  dépourvus  de  glandes,  ont  des  tubes 
pour  des  sécrétions  particulières  ;  par  exemple,  pour  la  soie 
dans  le  ver  à  soie  ,  ou  pour  le  venin  chez  les  scorpions  ,  les 
abeilles  ,  etc. ,  ou  pour  le  sperme  des  mâles. 

On  peut  dire  aussi  que  les  végétaux  possèdent  des  tubes, 
ou  canaux,  pour  des  sécrétions  particulières  ;  ainsi  la  gom- 
me ,  les  résines,  les  huiles  volatiles  et  divers  sucs  propres  , 
sont  sécrétés  séparément  dans  différentes  parties  des  arbres 
ou  des  plantes.  Il  y  a  des  glandules  nectarifères ,  d'autres 
pour  les  odeurs  ,  pour  les  liquides  vénéneux ,  comme  dans 
î'ortie  ,  etc. 

Le  travail  de  l'oi^anisatîon  animale  ou  végétale  se  com- 
pose ainsi  d'une  multitude  d'élaborations  particulières,  su- 
bordonnées à  une  direction  générale.  V.  Glande,  (virey.) 

SECURIDACA,  Securidaca.  Genre  de  plantes  de  la  dia- 
delphie  octandrie,  et  de  la  famille  des  légumineuses,  qui 
présente  pour  caractères  :  un  calice  persistant  à  trois  divi- 
sions colorées  ,  dont  une  supérieure  et  deux  inférieures  ;  une 
corolle  papilionacée  à  étendard  diphylle  ,  oblong ,  droit, 
un  peu  plus  court  que  la  carène  avec  laquelle  il  est  conné  à 
sa  base,  à  ailes  planes,  obtuses,  grandes,  très-ouvertes, 
écartées,  à  carène  entière,  condupliquée  ,  appendiculée  à 
son  sommet ,  un  peu  plus  grande  que  les  ailes;  huit  ëtami- 
nes  réunies  en  un  tube  fendu  en  dessus  ;  un  ovaire  supérieur 
oblong,  surmonté  d'un  long  style  à  stigmate  dilaté  ,  presque 
denté  ;  un  légume  ovoïde,  renflé  et  monosperme  à  sa  base  , 
terminé  par  une  aile  membraneuse,  oblongue,  obtuse, très- 
grande  ;  la  semence  est  oblongne. 


s  E  D  47-^ 

Ce  genre  renferme  des  arbres  de  moyenne  grandeur  ou 
des  arbrisseaux  grimpans,  à  feuilles  alternes,  simples,  mu- 
nies de  stipules  ,  à  fleurs  disposées  en  épis  axillaires  ou  ter- 
minaux. On  en  compte  trois  ou  quatre  espèces,  dont  lés 
deux  plus  communes  sont  celle  qui  a  la  tige  droite  ,  et  celle 
qui  a  la  tige  voluble.  Elles  se  trouvent  l'une  et  l'autre  à  la 
Jamaïque  et  dans  les  Antilles. 

La  dernière  passe  pour  un  des  plus  puissans  antisyphiiî- 
tiquesde  nos  colonies,  (b.) 

SECURIDACA.  Le  genre  que  Jacquin  et  Linnseus  ont 
nommé  ainsi,  est  Vecasfnphyllum  à' Adansov.  Ce  dernierna- 
tnraliste  conserve,  \e securidaca  de  Tournefort,  fondé  sur  le 
roronilla  securîdara  ^  L. ,  appelé  bonaveria  par  Scopoli  et  Nec- 
ker  ,  securigera  par  Decandolle  ;  et  securitla  par  Persoon.  Ce 
genre  diffère  du  coronilla  par  la  forme  aplatie  ,  carrée  et  tran- 
chante aux  deux  bouts  de  ses  graines  ,  qui  par-là  sont  fort  re- 
marquables. Les  botanistes    qui   ont  précédé   Tournefort, 
ont   appelé  securidaca  diverses   espèces   de  Coronille,  la 
Pélécine,  nn  A.sTUAGALE,  etc.  F.  Hedysarum.  (ln.) 
SECURIFERA.  V.  Porte-scie,  (desm.) 
SECURIGERA.  V.  Secl RioArA.  (r.N.) 
SECURILLA.  V.  Securidaca.  (l?^.) 

SECURINECA,  Securinega.  Genre  établi  par  Jussicu 
dans  la  dioécie  monadelphie  et  dans  la  famille  des  euphor- 
bes. Il  a  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  cinq  parties; 
point  de  corolle;  cinq  étamines  réunies  et  entourées  d'une 
couronne  dans  le  mâle. 

I^a  seule  espèce  qui  compose  ce  genre  est  un  grand  arbre 
de  rile-de  France  ,  où  il  est  connu  sous, le  nom  de  ThÉSÉ  , 
dont  le  bois  est  extrêmement  dur.  (B.) 

SECUTES  des  Arabes.  C'est  une  espèce  d'AsTRAGALB 
{astragaliis  densifotius  ^  Lamk.),  selon  Rauvvolfius.  (ln.) 
SEDAD  des  Arabes.  C'est  la  Rue.  (ln.) 
SEDENEGI.  Nom  arabe  du  Grenadier,  (lk.) 
SEDENETTE.  Nom  vulgaire  des  Dauphins  ou  Souf- 
fleurs en  Saintonge,  selon  Sonnini.  V.  Sesedette.  (desîî.) 
SÉDENTAIRES.   M.  Walckcnaër  donne   ce  nom  ai.x 
aranéidesqui  se  forment  une  toile,  où  elles  se  tiennent  immo- 
biles. Il  les  divise  en  Tubitèles,  Orbiièles,  Napitèles  et 
Retitèles,  d'après  la  forme  de  cette  toile,  (desm.) 

SEDROU    Nom  provençal  du  Cédrat,  espèce  de  Ci- 

THOM.    (l/N.) 

SEDU  M.  C'étoit,  chez  les  Latins ,  le  nom  de  la  Joubarbe 
DES  TOITS  {scmpewwum  tedorum).  On  l'appeloil  aussi  scdum  , 
sempewwum,  sesiwium.  Elle  est  la  première  espèce  àe.s  aizuon 
de  Pline  çt  de  Dioscoride ,  dont  nous  traiterons  au  mot  sem^ 


k-jl,  s  E   G 

pe.rvwum.  Chez  les  botanistes  actuels  l'on  nomme  ,  avec  Lin- 
iiaeus  ,  sedum ,  le  genre  des  Orpitss.  V.  ce  mot.  Tournefort , 
qui  l'avoit  établi  avant  Linnœus,  y  rapportoit  le  sempervù'um, 
-L.,  ou  rentre  l'ancien  sedum,  et  il  en  avoit  distrait  quelques 
espèces  qu'il  désigne  parle  nom  collectif  d'anacampseros.  Tour- 
nefort rapportoit  à  ce  dernier  genre  le  r/ioi/o/a  que  Decandolle 
réunit  au  sedum.  C'est  parmi  les  sedum  que  Vaillant  a  placé 
le  genre  tillœa.  Les  autres  botanistes  ,  contemporains  de 
Vaillant  ou  de  Tournefort,  ou  leurs  prédécesseurs,  ont,  du 
reste,  appliqué  ce  nom  de  sedum  à  nombre  de  plantes  grasses 
des  genres  sedum,  saxifraga,  cotylédon  ,  crassula,  sempervioum , 
reaumuria  ,  et  aussi  à  des  plantes  de  genres  très-dlfférens  de 
ceux  que  nous  venons  de  citer;  savoir  :  salsola,  hupleorum , 
androsace,  arel'ia  ,  cherleria,  stratiotes,  chrysosplew'um,  etc.  (lt^.) 
SKEERZ,  des  Allemands.  C'est  le  Fer  hydPiATÉ  hm8- 

NEUX.  (lN.) 

SEEI(;EL  et  SEEIGELSTEIN.   Noms  all'emands  des 

ECHINITJ'S.  (LN.) 

SEETAUCHER.  Nom  allemand  du  Plongeon,  (v.) 

SEETUF.  Les  Allemands  désignent  ainsi  les  concré- 
tions calcaires  qui  se  forment  dans  l'eau  ,  sur  les  végétaux 
et  autres  corps  qui  y  sont  plongés,  (ln.) 

SEFARGEL.  Nom  Arabe  du  Cognassier  (  prunus  cydo- 
nia,  Llnn.).  (ln.) 

SEGAIROL  L'un  des  noms  languedociens  de  la  Cres- 
serelle.  (desm.) 

SEGAL.  Le  Seigi-e  en  languedocien,  (desm.) 

SEGALA  et  SEGALE.  Noms  iialiens  du  Seigle,   (ln.) 

SEGE.  C'est  le  Cyprin  Dobui  e.  (b.) 

SEGELSTEIN.  L'un  des  noms  allemands  de  la  Pierre 
d'AiMANT  (feroxydulé  aimantaire  ).  (ln.) 

SEGESTRÏE,  Segestda,  Latr. ,  Walck.  ;  Aranea,Unn., 
Deg. ,  Ollv. ,  Rossi.  (ienre  d'arachnides,  ordre  des  pulmo- 
naires, famille  des  aranéides,  tribu  des  tubitèles  ou  tapis- 
sières ,  dont  les  caractères  sont  :  mâchoires  élargies  au  côté 
extérieur,  près  de  leur  base,  droites;  six  yeux,  dont  quatre 
plus  antérieurs,  forment  une  ligne  transverse  ,  et  les  deux 
autres  situés,  un  de  chaque  côté,  derrière  les  latéraux  pré- 
cédens;  la  première  paire  de  pattes  et  la  seconde  ensuite  les 
plus  longues  de  toutes  ;  la  Iroislème  la  plus  courte. 

Des  deux  seules  espèces  connues  qui  composent  ce  genre, 
lune  d'elles  ,  la  ségestrie  senoculée  ,  avoit  été  décrite,  depuis 
long-temps,  par  Lister,  et  il  avoit  bien  jugé  qu'elle  formolt 
une  division  particulière  (Cap.  VI,  de  araneo  llnieario,  ano- 
malo,  swc  sui generis,  an  senocu/oF).  lu  araignée  des  caves  de  Hom- 
berg,MeAn.  deVAcad,  des  Sciences,  1707  ,  m'a  paru  se  rapporter 


s  E  G  475 

h  la  seconde  espèce  de  ségestrie ,  celle  qui  est  figurée  par 
Rossl,  dans  sa  Faune  de  Toscane  ,  sous  le  nom  d'araignée 
de  Florence.  Degéer,  cependant ,  présume  que  celte  araignée 
de  Homberg  est  la  même  que  celle  de  Lisler,  mentionnée 
ci-dessus. 

Ces  aranéides  sont  nocturnes  et  font  leur  séjour  dans  les 
fentes  des  vieux  murs  ou  sous  les  écorces  des  arbres.  ><  Elles 
filent ,  dit  M.  Walckenaër  ,  des  tubes  allongés ,  cylindriques, 
très-étroits  ,  où  elles  se  tiennent  ayant  en  avant  les  six  pattes 
antérieures  ,  dont  les  extrémités  sont  appuyées  sur  autant 
de  fils  divergens ,  qui  aboutissent  au  tube  comme  à  un  cen- 
tre commun.  » 

Ce  tube  occupe  l'intérieur  de  leur  retraite  et  la  tapisserie 
qui  s'étend  circulairement  tout  autour  de  son  entrée,  embar- 
rasse et  arrête  la  marche  des  insectes,  des  cloportes  et  autres 
petits  animaux  ;  avertie  par  les  mouvemens  qu'ils  impriment 
à  la  toile  ,  formant  la  tenture  de  son  habitation  ,  Taranéide 
sort  aussitôt,  saisit  sa  proie  et  l'emporte  au  fond  de  sa  grotte 
où  elle  la  dévore. 

Degéer  ,  Mem. ,  tom.  7  ,  p.  260  ,  nous  a  donné  quelques 
détails  intéressans  sur  la  ségestrie  senoculée.  «  Les  tenailles 
de  celle  araignée,  qu'elle  tient  Irès-élendues  en  avant,  sont 
extrêmement  grosses,  longues  et  massives,  à  proportion  de 
la  grandeur  du  corps;  munie  d'instrumens  si  forts  et  si  re- 
doutables, il  n'est  pas  étonnant  qu'elle  aille  courage  d'atta- 
quer les  plus  grosses  mouches ,  même  les  guêpes  ,  comme 
M.  Homberg  l'a  observé  ,  ajoutant  que  quand  on  la  prend  , 
elle  se  défend  et  mord  l'instrument  qui  la  tient.  Elle  est  vive 
et  très-méchante  ;  dès  qu'elle  s'est  saisie  d'une  mouche  ou 
autre  insecte  ,  elle  ne  lâche  jamais  prise  ;  je  lui  ai  même  vu 
attaquer  d'autres  araignées  avec  fureur  et  les  tuer.  Elle  n'est 
point  peureuse  ;  l'ayant  enfermée  dans  un  petit  couvercle 
de  boîte,  sur  lequel  j'avois  placé  un  morceau  de  verre  , 
pour  pouvoir  l'observer  à  mon  aise,  au  travers  du  verre  ,  je 
lâchai  auprès  d'elle  une  mouche,  qu'elle  attaqua  dans  l'ins- 
tant, et  la  suça  sans  s'embarrasser  de  la  gêne  où  elle  setrou- 
voit  dans  le  couvercle.  M.  Homberg  a  encore  observé  que 
cette  araignée  résiste  plus  long-temps  à  la  mort  que  rçlles  des 
autres  espèces;  qu'ayant  été  percée  par  le  ventre  ,  elle  con- 
tinue de  vivre  quelquefois  plus  de  deux  fois  vingt-quatre  heu- 
res, au  lieu  que  toutes  les  autres  araignées,  dit-il,  meurent 
promplement  ,  qu.ind  on  leur  a  percé  le  ventre.  « 

«  Cette  araignée  fai»  sa  demeure  dans  les  cavités  des  vieux 
murs  et  dans  les  fentes  qui  se  trouvent  dans  les  lambris  des 
fenêtres.  Une  araignée  que  j  observai  au  mois  d'avril,  ayant 
choisi  une  telle  demeure ,   elle  y  avoit  filé  un  long  tuyau  de 


«76  S  E  G 

soie  blancl^  ,  à  peu  près  cylindrique,  ouvert  par  les  deux 
bouts  ,  mais  dont  l'ouverture  antérieure  étoit  surtout  fort 
grande;  aux  environs  et  tout  près;  de  cette  ouverture,  elle 
avoit  tendu  des  fils  de  soie  sur  la  fenêtre  et  sur  le  lambris  , 
mais  sans  y  mettre  de  régularité ,  pour  que  les  insectes  qui 
s'approcheroient  de  son  nid,  s'y  attachassent.  J'ai  vu  une 
grosse  mouche  bleue  être  prise  dans  ces  fils ,  et  dans 
l'instant  l'araignée  sortit  avec  beaucoup  de  vitesse  de  la 
grancie  ouverture  de  son  nid,  et  se  saisit  de  la  mouche.  C'est 
apparemment  de  ce  tuyau  de  soie  dont  Lisler  a  voulu  parler 
quand  il  dit,  qu'en  hiver  ces  araignées  se  tiennent  cachées 
dans  des  toiles  blanches.  Notre  araignée  sait  donc  tapisser 
l«s  environs  de  sa  demeure  de  plusieurs  fils  de  soie  ,  comme 
M.  Homberg  l'a  aussi  remarqué;  elle  attaque  les  insectes  qui 
ont  le  malheur  de  s'y  attacher,  mais  elle  ne  les  enveloppe 
point  de  soie  ;  elle  les  mord  seulement  et  les  retient  forte- 
ment de  ses  tenailles,  ce  qui  les  fait  bientôt  mourir.  » 

Les  pattes  du  mâle  sont  beaucoup  plus  longues  que  celles 
ie  la  femelle.  Le  cinquième  article  de  ses  palpes,  auxquels 
Degéer  donne  le  nom  de  bras,est  allongé ,  gros  à  son  origine, 
cylindrique  et  un  peu  courbé  dans  le  reste  de  son  étendue, 
et  se  termine  en  pointe  mousse.  Tout  près  de  son  origine  , 
en  dessous  et  au  côté  intérieur,  est  attaché  un  corps  de  la 
forme  d'une  petite  bouteille,  à  col  long  et  délié,  et  dont  le 
bout  semblable  à  une  queue,  est  courbé  en  manière  de  S? 
il  est  écailleux,  roussâtre,  très-lisse,  luisant,  sans  poils, 
placi^  perpendiculairement  au  bras,  et  dirigé  vers  la  tête  ; 
quand  le  palpe  est  à  demi-courbé  ,  sa  longueur  égale  celle 
des  trois  derniers  articles  des  palpes,  et  les  surpasse  aussi  en 
grosseur.  11  pend  à  un  col  délié  ,  sur  lequel  il  est  mobile, 
mais  qui  n'est  apparent  que  lorsqu'on  cherche  à  éloigner  ce 
corps  du  bras.  C'est  dans  l'intérieur  de  ce  corps  que  sont 
renfermées  les  parties  sexuelles  masculines.  La  ségestrie  des 
caves,  mâle,  offre  à  cet  égard  les  mêmes  particularités. 

Ségestrie  des  caves  ,  SegestHa  c.eUarla  ;  Segestria  perfida , 
"V^alck.;  Aranea  florentina,  Ross.,  i^awn.  e/ru.sc.,  tom.  2,  p.  i33, 
tab.  9  ,  fig.  3.  Corps  long  d'environ  deux  centimètres,  velu  , 
d'un  noir  tirant  sur  le  gris  de  souris,  avec  les  mandibules 
▼crtes  ou  d'un  bleu  d'acier,  et  une  suite  détaches  triangu- 
laires, noires,  le  long  du  milieu  du  dos  et  de  l'abdomen.  En 
Fr.Tnce  et  en  Italie* 

Ségestrie  sénoculée  ,  Segestria  senoculata.,  Lalr.  ;  Walck., 
Hist.  des  yiran. ,  fasc.  5,  tab.  7  ,  fig.  i  ,  la  femelle  ;  fig.  2  et  4-» 
le  mâle;  Aranea  senoculata,  Linn. ,  Deg.  ,  Oliv;  List.,  Aran. 
lit.  22,  fig.  24'  De  moitié  plus  petite  que  la  précédente, 
moins  velue,  cylindracée,  brune,  avec  l'abdomen  gris,  et 


s  E  î  477 

ayatïl  sur  le  dos  ane  bande  trune  ,  longitudinale  «t  découpée; 
paltes  d'un  brun  noir,  avec  des  bandes  plus  obscures.  JDans 
touie  l'Europe. 

L'araignée  senoculata  de  Fabricius  est  une  espèce  de  tliéri- 
dion.  Cet  auteur  mentionne  encore  une  aranéide  à  six  yeux  , 
celle    qu'il  nomme  icopulorum  ;  mais  elle  m'est    inconnue. 

(L.) 

SEGETELLA.  Genre  proposé  par'Persoon  et  Desvaux,' 
pour  placer  Valsine  segeialis ,  qui  n'a  pas  du  tout  le  port  des 
autres  plantes  du  genre  alsine,  et  que  Lamarck  avoit  réuni 
à  Varenaria.  (lN.) 

SEGETTEMAM.  Nom  donné, en  Nubie,  au  Pourpier 
(^portulaccaolerarea,  1j.),  selon  Browne.  (ln.) 

SÉGHIO,  SEGHIOU,  SIO,  SEGHEL,  SEGAL  ou 
SIAL.  Différens  noms  du  Seigle  orditsaire  ou  Seigle 
d'hiver,  en  Languedoc,  (desm.) 

SEGHIOL  et  SEGHIO.  Autres  noms  du  Seigle  dan» 
le  même  pays,  (desm.) 

SÈGLE.  r.  Seigle,  (desm.) 

SEGLER.  Nom  allemand  des  Martit^ets.  (v.) 

SEGU ASTER  MAJOR.  C'est,  dans  Rumphius ,  le 
Caryote  BRULANT  {caryota  urens).  (ln.) 

SEGUIERE  ,  Seguîera.  Arbre  épineux  de  l'Amérique 
méridionale,  à  feuilles  alternes,  pétiolées  ,  elliptiques,  émar- 
ginées ,  à  fleurs  blanches  et  fétides  ,  réunies  en  grappes,  qui 
forme  un  genre  dans  la  polyandrie  monogynie. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  'cinq  par- 
ties; point  de  corolle  ;  un  grand  nombre  d'étamines  insérées 
au  réceptacle;  un  ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  style  sim- 
ple; une  capsule  monosperme,  terminée  par  une  grande  aile 
et  accompagnée  latéralement  par  deux  petites,  (b.) 

SEGUINE.  Espèce  de  Gouet  de  la  Martinique,  qui 
passe  pour  un  puissant  antisyphilitique,  (b.) 

SEHIME,  Sehima.  Genre  de  plantes  établi  par  Forskaèl, 
dans  la  polygamie  triandrie  et  dans  la  famille  des  graminées. 
11  a  pour  caractères  :  une  balle  calicinale  de  deux  valves  et 
à  deux  fleurs  ,  dont  l'une  est  hermaphrodite  et  l'autre  mâî,e; 
une  balle  florale  de  deux  valves  aristées. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce ,  qui  se  trouve  en 
Arabie.  Il  est  fort  voisin  du  Calamine  de  Falisot-de-Beau- 
vois.  (B.) 

SEHU.  Synonyme  de  Sureau,  (b.) 

SEHUNDA.  Synonyme,  dans  Rhéede  ,  du  Seguaster 
MAJOR,  (b.) 

SEIBA.  V.  Ceiba  ou  plutôt  Fromager,  (s.) 
tïEICHE.  Synonyme  de  Sèche  {Sepia  ).  (b.) 


47»  S  E  I 

SEID.  Ancien  nom  du  Gui  dans  le  nord  de  l'Europe, 
principalement  en  Danemarck.  (b.) 

SEIDENASÎjESÏ.  Nom  de  I'Amiaisthe  dans  quelques 
ouvrages  allemands  sur  la  minéralogie,  (ln.) 

SE1DENERZ  des  Allemands.  Cest  la  Malachite,  d'a- 
près Reuss.  (ltsi.) 

SEIDENSCHWANZ.  Nom  allemand  du  Jaseur.   (v.) 

SEIDENSTEIN.  Gmelin  donne  ce  nom  à  I'Amianthe. 

SEIFENERDE  (  Terre  savonneuse  ).  Ce  nom  est  donné 
par  les  Allemands  à  la  Terre  a  foulon  ou  Smectite  et  a 
la  Stéatite,  qui  ont ,  au  toucher,  l'onctuosité  du  savon  ,  ou 
qui  moussent  dans  l'eau,  (ln.) 

SEIFENGES  TEIN.  Les  mineurs  Allemands  désignent 
ainsi  le  Minerai  d'étain  retiré  des  terrains  d'alluvion  par  le 
lavage,  (ln.) 

SEIFENSTEIN.  Nom  allemand  de  la  Stéatite  et  quel- 
quefois de  la  terre  à  foulon  ou  argile  à  foulon,  et  de  l'écume  de 
mer.  (i.N.) 

SEIFENTHON.  Nom  allemand  de  la  Terre  a  foulon 
ou  Smectite.  V.  Argile  a  foulon,  (ln.) 

SEIGAC  ou  SAIGA.  T.  Antilope  saïga,  (desm.) 

SEIGAR.  Nom  de  la  Noix  muscade  en  Perse,  (ln.) 

SEIGESTEIN.  Nom  allemand  du  Grès  a  filtrer  et 
de  toute  pierre  poreuse  propre  à  filtrer,  (ln.) 

-SEIGLE,  Secale ,  Linn.  {triandrie  digynie.^  Genre  de 
plantes  à  un  seul  cotylédon  ,  de  la  famille  des  graminées  , 
qui  a  des  rapports  avec  lesfromens,  et  dans  lequel  les  feuilles 
sont  alternes  et  engaînées  à  leur  base  ,  et  les'fleurs  disposées 
en  épis  allongés  et  très-barbus.  Sur  chaque  dent  de  l'axe  de 
l'épi  est  un  seul  calice  formé  de  deux  balles  opposées  et  ren- 
fermant deux  fleurs  ;  chaque  fleur  particulière  a  deux  valves 
qui  lui  tiennent  Heu  de  corolle  ;  l'intérieure  est  plane  et  lan- 
céolée :  Textérieure  roide ,  renflée  ,  aiguë,  ciliée  à  ses  bords 
inférieurs,  et  terminée  par  une  longue  barbe  ou  arête.  Entre 
ces  valves  sont  placées  trois  étamines  à  filets  capillaires,  et 
dont  les  anthères,  oblongues  et  fourchues,  sortent  hors  de 
la  fleur  :  au  centre  est  un  ovaire  supérieur  ,  qui  soutient 
deux  styles  velus  et  réfléchis;  la  semence  est  oblongue,  pres- 
que cylindrique  et  un  peu  pointue  ;  elle  mûrit  dans  la  corolle 
et  s'en  détache  aisément. 

On  ne  conno  t  que  trois  espèces  deSEiGLES ,  dont  le  com- 
mun,  secale  céréale .,    Llnn,  ,  est  le  seul  digne  d'attention. 

Il  paroît  que  les  anciens  faisoient  peu  de  cas  de  ce  grain; 
car,  excepté  Pline,  aucun  auteur  n'en  a  parlé  avec  quelques 
détails  :  on  ignore  même  le  pays  natal  du  seigle  ;  mais  il  est 
cultivé  aujourd'hui  dans  toute  l'Europe,   surtout    dans  les 


s  E  I  479 

pays  froids  et  élevés  ;  les  terrains  légers  où  le  fromenl  a  peu 
<ie  réussite,  sont  précisément  ceux  qui  conviennent  le  mieux 
à  sa  végétation. 

On  dislingue  dans  le  seigle  ,  comme  dans  le  blé,  différentes 
nuances  de  qualité  ;  il  y  a  des  seigles  d'hiver  et  des  seigles  de 
mars  ou  printaniers;  ceux-ci  sont  les  plus  usités  dans  les 
cantons  montagneux;  mais  la  récolte,  quoique  favorisée  par 
la  saison  ,  est  presque  toujours  médiocre  ,  et  le  grain  peu 
abondant  en  farine,  parla  raison  que  celte  variété  demeure 
trop  peu  de  temps  en  terre  :  aussi  la  nomme-t-on  communé- 
menl  le  petit  seigle,  par  opposition  au  seigle  ordinaire,  qui  est 
appelé  gros  seigle. 

Les  semailles  de  seigle  demandent  les  précautions  qu'on 
observe  pour  les  autres  grains  de  la  même  famille;  elles  doi- 
vent se  faire  de  bonne  heure,  soit  dans  les  cantons  élevés, 
soit  dans  les  plaines,  afin  que  la  plante  et  ses  racines  aient  le 
temps  de  se  fortifier  avant  l'apparition  des  gelées.  On  peut  se 
dispenser  de  chauler  les  semences,  attendu  qu'elles  ne  sont 
passusceptibles  d'être  affectées,  dès  leur  premier  développe- 
ment,  de  la  carie,  maladie  contagieuse  seulement  pour  le 
froment;  mais  il  est  sujet  à  I'Ergot,  champignon  parasite  du 
genre  des  Sclerotes  (  sderotium  claous,  Decand.  ).  Il  faut  un 
froid  assez  considérable  pour  en  suspendre  la  végétation; 
mais  une  fois  l'épi  sorti  du  fourreau,  il  se  gèle  facilement. 
La  récolle  et  le  battage  sont  absolument  les  mêmes  que  podr 
le  froment.  Plus  il  reste  en  meule,  et  plus  il  se  bonifie;  ainsi 
conservé  jusqu'à  la  seconde  année  ,  le  seigle  est  supérieur  à 
celui  de  la  première. 

La  paille  de  seigle  est  longue,  flexible;  soignée  dans  le 
battage  ,  elle  sert  à  attacher  la  vigne  ,  les  jeunes  arbres,  à  faire 
des  liens,  empailler  des  chaises,  couvrir  les  habitations.  Pour 
rendre  ces  couvertures  plus  solides  ,  plus  unies  ,  et  les  mettre 
à  l'abri  du  feu  ,  on  trempe  la  paille  verticalement  dans  de  la 
terre  glaise  délayée,  et  après  l'avoir  placée  ,  on  fait  un  enduit 
général  avec  la  même  terre. 

Le  seigle  le  plus  estimé  à  Paris  ,  est  celui  qui  croît  dans  les 
plaines  de  la  Champagne.  On  doit  le  choisir  clair,  peu 
allongé ,  gros  .  sec  ,  pesant ,  absolument  exempt  à'ergot-,  car 
il  a  été  reconnu  par  beaucoup  d'agronomes,  entre  autres  par 
Tessier,  que  lusage  du  pain  dans  lequel  il  en  entre  en  cer- 
taine proportion  ,  est  fort  dangereux;  qu'il  est  la  cause  de  la 
gangrène  sèche,  maladie  affreuse,  à  la'suite  de  laquelle  les 
parties  saillantes  du  corps  sont  séparées  les  unes  après  le 
autres  par  le  plus  petit  effort. 

Le  seigle  sert  de  nourriture  aux  habitans  du  Nord: 
mais   comme    ce    grain     diffère    du  froment    en    ce   qu'il 


48o  S  E  I 

est  plus  abondant  en  matière  extractive ,  moins  riche  en 
amidon,  et  qu'il  ne  contient  pas  de  substance  glutineuse,  les 
procédés  de  meunerie  et  de  boulangerie  qu'on  doit  suivre 
pour  sa  conversion  en  farine  et  en  pain  ,  doivent  nécessaire- 
meul  un  peu  varier. 

Avant  de  porter  le  seigle  au  moulin,  il  faut  que  ce  grain 
soit  encore  plus  sec  que  le  froment,  parce  que,  naturelle- 
naenl  plus  humide  ,  il  engrapperoit  les  meules  et  graisseroit 
les  bluteaux.  Ainsi,  trop  nouveau  ou  récollé  dans  une  saison 
humide,  il  doit  subir  une  dessiccation  préalable;  mais  dans 
tnus  les  cas  il  faut  tenir  les  meules  plus  rapprochées,  parce 
qu'il  ne  s'échauffe  pas  autant  que  le  blé  ,  et  que  d'ailleurs  on 
ne  fait  ordinairement  qu'un  seul  mélange. 

Cependant,  au  moyen  d  une  blulerie  bien  montée ,  le  meu- 
nier peut  en  retirer  plusieurs  espèces  de  farines  ,  une  blan- 
t!ie  et  une  bise  ,  avec  lesquelles  on  fait  différentes  qualités  de 
pain  ;  mais  comme  il  a  l'écorce  assez  épaisse ,  il  fournil  plus 
de  son  et  de  farine  bise  que  le  froment. 

Parfaitement  moulue  et  blutée,  la  farine  de  seigle  n'a  pas 
le  coup  d'œil  jaunâtre  de  celle  du  froment;  la  matière  qui 
colore  cette  dernière  n'y  existe  point  ,  mais  elle  est  douce  au 
toucher;  sa  couleur  est  d'un  blanc  jaunâtre  et  exhale  une 
odeur  de  violette  qui  caractérise  sa  bonté.  Si  on  en  fait  une 
l)Oulelte  avec  de  l'eau  ,  la  pâle  qui  en  résulte  n'est  ni  longue, 
ni  tenace. 

Pour  préparer  le  levain  du  seigle,  on  doit  employerla  pâte, 
mise  en  réserve,  de  la  dernière  fournée,  et  le  délayer  dans  une 
fontaine  formée  avec  la  cinquième  partie  de  la  farine  destinée 
au  pétrissage  :  on  rafraîchit  ce  levain  en  y  ajoutant  le  double 
de  nouvelle  farine  que  l'on  renferme  pareillement  dans  une 
fontaine  :  ce  levain  doit  être  plus  avancé  que  le  levain  de 
tout  point  composé  de  farine  de  froment. 

Le  levain  étant  parvenu  à  son  point  d'apprêt,  il  convient 
de  songer  au  pétrissage;  et  toutes  les  parties  de  cette  opé- 
ration ,  doivent  être  conduites  suivant  les  règles  que  nous 
avons  prescrites,  excepté  pour  leau  qu'il  faut  employer 
moins  froide ,  et  tenir  la  pâte  plus  ferme ,  afin  que  la  fer- 
mentation s'établisse  plus  promplemenl ,  et  qu'il  en  résulte 
une  pâte  parfaitement  levée. 

Le  sel,  dont  on  peut  se  passer  pour  le  pain  de  froment, 
devient  d'un  usage  indispensable  dans  celui  de  seigle  ,  non 
|)our  ajouter  à  sa  saveur  ,  mais  pour  donner  à  la  pâte  de  la 
ténacité  et  de  la  viscosité ,  dont  elle  manque  naturellement. 

Aussitôt  que  la  pâte  est  faite,  on  la  pèse,  on  la  tourne  et 
on  la  met  dans  des  panetons,  dont  l'usage  est  indispensable 
pour  contenir  cette  pâle  qui  s'étend,  et  pour  favoriser  le 


s  E  I  48i 

mouvement  de  fermentation,  qui,  sans  produire  autant  de 
gonflement, s'opère  cependant  presque  aussi  vite  ;  il  convient 
donc  de  donner  à  la  pâte  de  seigle  moins  d'apprêt  qu'à  celle 
de  froment,  de  l'exposer  à  l'air  en  été,  et  dans  un  lieu  chaud 
pendant  l'hiver. 

Lorsqu'il  s'agit  de  mettre  au  four ,  il  faut  que  la  chaleur 
saisisse  sur-le-champ  la  pâle  de  seigle,  parce  que  n'ayant  pas 
de  glutinosité  ,  elle  tend  plutôt  à  s'étaler  qu'à  gonfler;  dès 
que  le  pain  a  pris  suffisamment  de  couleur,  il  est  bon  de  lais- 
ser le  four  débouché  ,  afin  que  la  cuisson  s'achève  par  degrés, 
que  le  pain  se  ressuie  sans  qu'il  brûle  :  il  doit  demeurer  plus 
long-temps  dans  le  four  que  le  pain  de  froment,  puisque  ce 
dernier  durcit  avec  le  temps ,  tandis  que  l'autre  se  ramollit. 

Le  pain  de  seigle  tient  le  premier  rang  après  le  pain  de 
froment  et  de  méteil  ;  il  a  un  avantage  qu'on  ne  peut  lui  con- 
tester, c'est  de  rester  frais  long-temps  sans  presque  rien  perdre 
de  l'agrément  qu'il  a  dans  sa  nouveauté  ;  avantage  précieux 
pour  les  habitans  de  la  campagne  ,  qui  n'ont  pas  le  temps  de 
cuire  souvent.  Ce  pain  savoureux  porte  avec  lui  un  parfum 
qui  plaît  à  tout  le  monde ,  et  si  jusqu'à  présent  les  préjugés 
l'ont  fait  regarder  comme  lourd,  indigeste  et  propre  seulement 
aux  estomacs  vigoureux,  c'est  quand  il  est  dans  un  état  mat , 
gras  et  peu  cuit  ;  mais  bien  fabriqué,  il  se  digère  très-aisé- 
ment. 

Nous  avons  déjà  manifesté  le  vœu  que  nous  formions  depuis 
long-temps  de  voir  le  pain  méteil  devenir  en  France,  même 
dans  nos  cantons  à  blé,  la  subsistance  principale  des  habitans 
des  campagnes.  On  sait  que  le  seigle  pur  est  l'aliment  ordi- 
naire de  presque  toutes  les  classes,  et  que  dans  le  commerce 
il  y  en  a  de  différentes  qualités. 

Le  seigle  est  encore  d'un  grand  usage  dans  le  nord  pour 
les  bouilleries  et  les  brûleries.  Sa  farine  est  la  base  du  pain 
d'épice.  Trop  abondant,  à  la  vérité,  en  matière  extractive 
on  ne  sauroit  en  préparer  un  biscuit  de  mer  bien  conditionné 
ni  l'employer  dans  les  amidoneries  ;    mais  ce  n'est  pas  seu- 
lement pour  la  nourriture  de  l'homme  qu'on  cultive  le  seigle 
îl  est  possible  d'en  faire  des  prairies  momentanées,  et  d'en 
obtenir  au  printemps  un  fourrage  aussi  abondant  que  salubre. 
Cette  ressource  intéresse  trop  essentiellement  l'économie 
rurale ,  pour  ne  pas  donner  ici  une  idée  des  avantages  qu'on 
pourroit  retirer  de  l'emploi  des  jachères,  pour  augm.enter 
la  masse  de  subsistance  des  bestiaux. 

Si  les  anciens  faisoient  peu  de  cas  du  seigle  comme  grain 
ils  employoient  beaucoup  de  terre  à  le  cultiver  comme  four- 
rage; c'est  surtout  pendant  l'hiver,  lorsque  toute  autre  nour' 
riture  étoit  interdite,  que  cette  ressource  devenoit  précieuse- 

XXX.  ài 


482  s  i:  I 

Les  champs  ainsi  semés  n'en  donnoient  pas  moins  une  bonne 
récolte  de  grains,  moyennant  l'attention  d'en  retirer  les  ani- 
maux dans  le  courant  de  mars.  On  les  y  laissoit  jusqu'en 
mai ,  lorsqu'on  négiigeoit  la  récolte  du  grain. 

Il  seroit  d'autant  plus  utile  au  cultivateur  d'employer  le 
seigle-fourrage  ,  que ,  faute  de  cette  ressource  ,  il  est  obligé 
de  tenir  au  sec  ses  bestiaux,  non-seulement  Thiver,  mais 
encore  tout  le  printemps  ;  à  cette  époque,  l'herbe  est  très- 
courte,  tandis  que  le  seigle  qui  a  atteint  deux  pieds  et  plus 
de  hauteur,  fournit  une  nourriture  succulente,  la  seule  qui 
puisse  subvenir  à  la  disette  des  fourrages  verts  au  retour  de 
la  belle  saison. 

Combien  de  motifs  devroient  engager  à  cette  culture  !  Le 
seigle  n'est  point  cher,  un  seul  labour  lui  suffit.  Les  seules 
précautions  utiles  pour  celui  qu'on  destine  à  servir  de  four- 
rage ,  sont  de  semer  plus  dru  qu'à  l'ordinaire ,  de  rendre  le 
terrain  bien  uni  avec  la  herse  :  il  résiste  aux  hivers  les  plus 
rigoureux,  prospère  sur  toutes  sortes  de  terrains;  et  fauché 
avant  la  floraison,  il  n'a  pas  le  temps  de  les  épuiser.  Il  donne 
le  temps  en  outre  de  faire  les  labours  suffisans  pour  les  se- 
mailles de  froment.  Enfin ,  on  ne  peut  refuser  au  seigle- 
fourrage  d'être  par  sa  propriété  rafraîchissante  une  nourri- 
ture salutaire  aux  bestiaux ,  et  un  remède  aux  inconvéniens 
qui  résultent  d'un  très-long  usage  du  fourrage  sec.  Dans  plu- 
sieurs endroits  de  la  ci-devant  généralité  de  Paris,  on  cultive 
avec  un  très-grand  avantage  le  seigle -fourrage  ;  souvent  on  le 
sème  avec  la  vesce  :  cette  pratique  est  excellente.  Les  plantes 
sarmenteuses  ont  besoin  d'un  appui  pour  s'élever,  et  surtout 
pour  donner  beaucoup  de  gousses  et  de  graines.  Lorsqu'on 
les  laisse  ramper,  ce  n'est  jamais  qu'à  l'extrémité  que  se  trou- 
vent leurs  gousses  ;  les  vrilles,  ces  espèces  de  mains  que  leur 
a  données  la  nature  ,  indiquent  le  besoin  qu'elles  ont  d'un 
appui.  Rien  ne  nous  paroît  donc  plus  propre  à  leur  en  servir 
que  le  seigle. 

Il  existe  une  autre  variété  de  seigle  plus  propre  encore  que 
le  seigle  ordinaire  pour  remplir  cet  objet  :  on  la  connoît  sous 
le  nom  de  seigle  de  saint  Jean^  de  seigle  de  Sibérie^  à'  AUemugne^ 
iuNord^  etc.  On  en  voit  plusieurs  champs  très-considérables 
dans  quelques  cantons  d'Allemagne  ,  et  spécialement  dans 
le  margraviat  de  Bade.  Il  se  sème  dans  les  premiers  jours  de 
juin ,  ou  les  premiers  de  juillet  ;  on  le  fauche  une  première 
fols  en  automne  et  une  seconde  au  printemps  ,  si  on  n'aime 
mieux  le  faire  paître  par  les  troupeaux  pendant  l'hiver  ;  on 
en  relire  les  bestiaux  à  la  fin  de  mars,  et  il  donne  une  très- 
belle  récolte  à  la  fin  de  juin. 

On  a  fait  en  ijSS,  dans  les  environs  de  Saint-Germain- 


s  E  J  483 

en-Laye,  quelques  essais  de  ce  grain,  qui  ont  eu  le  succès  le 
plus  satisfaisant.  Le  résultat  a  été  qu  un  champ  semé  1026  juin, 
fauché  une  première  fois  le  i.^"^  septembre,  une  seconde  fois  le 
28  septembre,  a  donné  Tété  suivant  une  récolte  plus  abon- 
dante qu'un  champ  de  seigle  ordinaire,  voisin  du  premier, 
et  qui  a  été  semé  en  automne.  La  même  expérience  a  eu 
lieu,  mais  en  petit,  sur  un  terrain  de  seize  pieds  de  long  sur 
quatre  de  largeur.  Le  seigle  de  saint  Jean  ,  semé  le  9  juillet , 
a  été  coupé  le  10  septembre  suivant;  il  avoit  de  quinze  à  vingt 
pouces  de  haut  :  le  i4-  septembre  il  a  été  coupé  une  seconde 
fois  ;  il  avoit  de  dix  à  douze  pouces. 

D'après  des  avantages  aussi  intéressans,  on  doit  être  cu- 
rieux de  savoir  pourquoi  cette  variété  de  seigle  n'est  pas  plus 
répandue  ,  pourquoi  elle  n'a  pas  banni  partout  le  seigle  ordi- 
naire. Des  informations  prises  en  Allemagne  ,  ont  prouvé 
que  les  motifs  d'indifférence  dépendoient  de  ce  que  ce  grain 
est  généralement  plus  petit  que  le  nôtre,  que  le  temps  de 
semer  est  précisément  celui  où  le  cultivateur  est  occupé  aux 
travaux  de  la  moisson  ;  qu'il  est  rare  qu'à  cette  époque  on 
ait  des  terres  préparées  à  recevoir  ce  grain;  enfin  que  sa  farine 
étoit  moins  blanche  ,  et  le  pain  beaucoup  moins  bon  que 
celui  du  seigle  ordinaire. 

L'usage  de  semer  des  plantes  dans  un  champ  pour  les  en- 
terrer ensuite  à  l'époque  de  la  floraison  et  les  faire  servir 
d'engrais,  s'est  perpétué  jusqu'à  nous.  Pline  parle  d'une  es- 
pèce de  seigle  qui  croissoit  dans  le  Piémont,  et  qu'on  semoit 
exprès  pour  fumer  les  terres.  Cette  pratique  mériteroit  bien 
d'être  plus  généralement  adoptée,  (parm.) 

SEIGLE  BATARD.  C'est  la  Fétuque  et  le  Brome,  (b.) 

SEIGLE  DE  LA  SAINT-JEAN.  Variété  de  Seigle. 

(desm.) 

SEIJONE.  Variété  de  Haricot  dont  on  fait  une  grande 
consommation  au  Brésil,  (b.) 

SEILEM.  Nom  arabe  des  Ivraies,  selon  Avicenne  cité 
par  Mentzel.  (ln.) 

SEILLETTE.  Variété  barbue  de  Fromeîît.  (b.) 

SEISEFUN.  Nom  de  Velœagnus  spinosa^  en  Orient,  selon 
Rauwolfius.  (ln.) 

SEISENZINN  des  Allemands.  C'est  I'Etain  oxydé  gra- 

NULIFORME.    (LN.) 

SEISOPYGIS.  La  Sittelle  en  Grec,  selon  quelques  au- 
teurs, (s.) 

SEISSETO.  Gros  froment  cultivé  en  Languedoc,  et 
qui  est  originaire  de  Sicile  et  de  Barbarie,  (desm.) 

SEJÉ.  Palmier  des  bords  de  rOrénoque ,  encore  peu 


m  s  E  L 

connu  ,  qui  paroît  devoir  former  un  genre.  Son  régime  sup- 
porte plus  de  huit  mille  fruits  dont  on  tire  du  beurre,  (b.) 
SEJTUN.  Nom  de  I'Olivier  en  Egypte,  selon Forskaè'l. 

(LN.) 

SEKIKA. Genre  établi  par  Moench  sur  le  saxifraga  sarmen- 
iosa,  L. ,  qui  croît  en  Chine,  et  surtout  au  Japon,  où  il  est 
appelé  sekika  ou  schkika,  d'après  Kaempfer.  Celte  plante 
diffère  des  autres  saxifrages  par  sa  corolle  composée  de  cinq 
pétales,  dont  deux  lancéolés  et  plus  longs.  (L^f,) 

SEL.  Le  nom  de  sel  n'apparlenoit  originairement  qu'à 
la  soude  muriatée  ,  ou  muriate  de  soude  ,  sel  de  cuisine,  sel 
marin  ou  sel  gemme.  11  s'étendit  ensuite  à  toutes  les  sub- 
stances minérales  dissolubles  dans  l'eau  ,  et  à  quelques  au- 
tres préparations  pharmaceutiques. 

Aujourd'hui  l'on  donne  le  nom  de  sel  à  tous  les  composés 
qui  résultent  de  la  combinaison  d'un  oxyde  métallique,  d'une 
terre  ou  d'un  alcali,  avec  un  acide  quelconque;  et  comme 
les  nouvelles  découvertes  de  plusieurs  célèbres  chimistes 
français  et  étrangers  tendent  à  prouver  que  les  terres  et  les 
alcalis  ne  sont  que  des  oxydes  métalliques  ,  on  peut  dire,  en 
généralisant  la  définition  ,  qu'un  sel  est  toujours  le  résultat 
de  la  combinaison  d'un  oxyde  avec  un  acide. 

Celte  combinaison  est  susceptible  de  varier  dans  ses  pro- 
portions ,  et  produit  des  sels  qui  ont  des  propriétés  diffé- 
rentes :  on  les  partage  sous  ce  point  de  vue  en  trois  classes. 

Les  sels  neutres  ; 

Les  sels  acides  ou  sur-sels  ; 

Et  les  sels  avec  excès  de  bases  ou  sous-sels  ,  ou  sel-oxydes. 

On  peut  dire  en  général  que  les  sels  neutres  sont  ceux  qui 
ne  rougissent  ni  ne  verdissent  les  teintures  bleues  végétales 
(le  sel  marin);  que  les  sels  acides  rougissent  ces  mêmes  tein- 
tures (l'alun);  et  que  les  sels  oxydes  les  verdissent  (  le  borax  )« 

Pour  qu'un  métal  se  dissolve  dans  un  acide  ,  il  faut  indis- 
pensablement  qu'il  passe  au  préalable  à  l'état  d'oxyde;  ce  qui 
s'opère  souvent  à  mesure  que  la  dissolution  a  lieu;  mais  l'on 
a  observé  que  la  combinaison  étoit  d'autant  plus  aisée,  que 
le  métal  étoit  oxydé  d'une  manière  convenable;  s'il  l'est 
trop,  il  s'approche  de  l'état  acide  et  a  peu  de  disposition  à 
s'unir  à  un  autre  acide.  On  remarque  ,  en  général,  que  le 
protoxyde  d'un  métal  a  plus  de  tendance  à  se  combiner  avec 
un  acide  que  le  deutoxyde  ,  et  que  ce  dernier  en  a  encore 
plus  que  le  tritoxyde,  etc.  (i). 

Si  l'on  suivoit  la  nouvelle  nomenclature,  à  toute  rigueur, 
en  ayant  égard  aux  nouvelles  découvertes,  on  seroit  obligé, 

(i)  Thenard  ,  IVaité  de  Chin»!*;,  tom.  2  ,  pag.  232. 


SEL  485 

pour  désigner  la  combinaison  du  fer  à  l'état  de  deutoxyde 
avec  un  excès  d'orlde  sulfurique  ,  d'employer  l'expression 
longue  et  incommode  de  sur-deulo-sulfate  de  fer;  il  en  seroit 
de  même  de  la  combinaison  du  deutoxyde  de  mercure  avec 
l'acide  sulfurique  ,  qu'il  faudroit  appeler  deulo-sulfate-acide 
de  mercure.  L'on  dira  simplement,  avec  M.  Thénard,  sul- 
fate de  fer,  de  potasse,  de  baryte,  etc.,  au  lieu  de  proto- 
sulfate de  barium,  de  potassium,  etc. 

On  ne  trouvera  ici  que  les  généralités  qui  sont  propres 
aux  trois  grandes  familles  des  sels  minéraux,  végétaux  et  ani- 
maux; que  les  caractères  lesplussaillansde  chacun  desgenres, 
et  une  simple  énumération  des  espèces.  On  insistera  davan- 
tage sur  les  sels  qui  s'emploient  dans  les  arts,  la  médecine 
ou  l'économie  domestique. 

On  sait  que  toutes  les  fois  qu'un  sel  résulte  de  la  combinaison 
d'un  acide  dont  la  terminaison  est  en  eux,  par  suite  de  la 
proportion  d'oxygène  qu'il  renferme,  le  nom  du  sel  se  ter- 
mine enite; 

Que  s'il  doit  son  existence  à  un  acide  en  igue,  le  sel  se  ter- 
mine en  aie. 

Dans  le  langage  minéralogique,  le  nom  de  l'acide  se  ter- 
mine en  té  outèe ,  et  suit  le  nom  de  la  substance  ,  exemple  : 
soude  muriatée. 

En  général, tous  les  sels  sont  solides  et  cristallisables.  Cette 
faculté  d'affecter  des  formes  régulières  se  trouve  très-détaillée 
à  l'article  Théone  de  la  CristaliisaUon.  Toutes  les  fois  que  les 
sels  résultent  de  la  combinaison  d'un  oxyde  ou  d'un  acide 
sans  couleur,  ils  sont  eux-mêmes  incolores. 

Quand  ils  sont  dus  à  un  oxyde  coloré  en  excès  et  à  un 
acide  incolore,  ils  sont  eux-mêmes  colorés;  quand  ils  sont 
neutres,  ils  sont  souvent  incolores. 

Les  acides  nitreux  et  muriatique  qui  sont  colorés,  donnent 
naissance  à  des  sels  qui  ne  le  sont  point;  mais  l'acide  chro- 
miqne  produit  des  sels  jaunes  ou  rougeâtres,  à  moins  qu'il  ne 
soit  en  minorité ,  car  les  sous-sels  produits  par  l'acide  chro- 
mique  et  un  oxyde  incolore  ,  sont  blancs. 

L'odeur,  la  saveur,  la  pesanteur  spécifique  et  la  cohésion 
des  sels,  sont  extrêmement  variables.  On  peut  dire  cependant 
encore,  que  tous  les  sels  insolubles  dans  l'eau  n'ont  point 
de  saveur ,  que  tous  ceux  qui  s'y  dissolvent  sont  plus  ou 
moins  sapldes;  et  l'on  remarque  généralement  que  c'est  plu- 
tôt la  base  ou  Toxy.de  qui  intlue  sur  la  saveur,  que  l'acide; 
car  on  observe  à  peu  près  le  même  goût  dans  la  série  des  sels 
qui  ont  la  même  base  ;  tous  les  sels  magnésiens  sont  amers, 
tous  ceux  à  base  de  glucine  sont  sucrés,  etc. 

Tous  les  sels ,  excepté  le  fluate  acide  de  silice  qui  est  ga- 


486  S  E  L 

zeux,  sont  spécifiquement  plus  pesans  que  l'eau,  et  ils  aug- 
inenleiit  d'autant  plus  de  pesanteur,  qu'ils  renferment  da- 
vantage d'oxyde.  Néanmoins,  lorsque  1  acide  est  métallique, 
il  influe  à  son  tour  sur  la  pesanteur  spécifique  du  sel. 

La  cohésion  des  sels,  ou  cette  propriété  qui  tend  toujours 
à  s'opposer  à  leur  désunion,  est  également  très-variable; 
mais  elle  joue  un  assez  grand  rôle  dans  leur  histoire,  en  rai- 
son de  son  influence  sur  leurs  propriétés. 

Tous  les  sels  d'un  même  genre  et  au  même  état  de  satu- 
ration, sont  formés  dune  telle  quantité  d'acide  et  d'oxyde, 
que  la  quantité  d'acide  est  proportionnelle  à  la  quantité 
d'oxygène  de  l'oxyde. 

II  existe  des  sels  qui  sont  solubles  dars  un  poids  d'eau 
moindre  que  le  leur,  d'autres  qui  en  exigent  deux,  trois, 
quatre  fois  autant;  d'autres  quatre  à  cinq  cents  fois,  et  d'autres 
enfin  qui  sont  absolument  insolubles. 

Plus  ils  ont  d'affinité  pour  l'eau,  plus  ils  sont  solubles; 
plus  ils  ont  de  cohésion,  moins  ils  sont  solubles,  et  l'on  peut 
dire  : 

i.*'  Que  la  solubilité  d'un  sel  est  subordonnée  à  la  solubi- 
lité de  sa  base  ;  c'est  ainsi  que  tous  les  sels  de  potasse,  de 
soude  et  d'ammoniaque,  quel  que  soit  leur  acide,  sont  tous 
solubles  ,  parce  que  ces  trois  bases  le  sont  elles-mêmes  avec 
facilité,  et  que  les  acides  sont  généralement  assez  solubles; 

2."  Que  tous  les  sur-sels  sont  dissolubles  dans  l'eau ,  quelle 
que  soit  l'insolubilité  de  leur  base. 

3."  Que  tous  les  sous-sels  sont  plus  ou  moins  insolubles. 

Quant  aux  sels  neutres  dont  les  bases  sont  peu  ou  point 
solubles,  il  n'y  a  point  de  règle  générale  à  leur  égard. 

4."  Les  sels  sont ,  en  général ,  plus  solubles  à  chaud  qu'à 
froid  ,  ou  du  moins  l'eau  chaude  hâte  toujours  leur  solution. 

Outre  la  quantité  d'eau  qui  entre  comme  partie  consti- 
tuante des  sels,  et  qu'on  nomme  eau  de  cristallisation  ,  plu- 
sieurs d'entre  eux  ont  la  propriété  d'en  enfermer  entre  leurs 
molécules  des  portions  qui  n'y  sont  qu'interposées.  Le  sel 
marin  est  dans  ce  dernier  cas,  et  c'est  à  cette  eau  surabon- 
dante qu'il  doit  la  propriété  de  dccrépiter  au  feu. 

D'autres  sels,  et  le  borax  en  particulier,  exposés  à  la 
chaleur,  se  fondent  dans  leur  eau  de  cristallisation. 

Quand  on  mêle  de  la  glace  pilée,  ou  mieux  encore  de  la 
neige,  à  un  sel  soluhle  dans  l'eau,  ils  se  fondent  ensemble 
et  donnent  naissance  à  un  froid  d'autant  plus  vif,  que  la  disso- 
lution a  été  pl'as  rapide,  et  la  quantité  de  matière  dissoute, plus 
grande.  Ce  phénomène  tient  à  ce  que  tous  les  corps  qui  passent 
d'un  état  dense  à  un  état  moins  dense  ,  absorbent  le  calorique 
do  tous  les  corps  environuans.  C'est  en  produisant  ainsi  un 


s  E   L  4B7 

froid  artificiel  excessif,  qu'on  parvient  à  congeler  le  mer- 
cure. 

II  y  a  des  sels  qui  attirent  l'humidité  de  l'air,  et  qui  se  ré- 
solvent en  liqueur.  On  les  nomme  sels  déliquescens  (le  mu- 
riate  de  chaux). 

Il  y  en  a  d'autres,  au  contraire,  qui  perdent  leur  eau  de 
cristallisation  ,  qui  se  dessèchent  à  l'air ,  perdent  leur  trans- 
parence ,  deviennent  farineux,  friables,  et  tombent  bientôt 
en  poussière.  On  dit  alors  qu'ils  s'effleurissent  à  l'air  (le  sul- 
fate de  soude). 

On  a  remarqué  que  ces  deux  sortes  de  sels,  ceux  qui  atti- 
rent l'humidité  et  ceux  qui  se  dessèchent,  contiennent  tou- 
jours au  moins  près  de  moitié  de  leur  poids  d'eau  de  cristalli- 
sation ;  aussi,  lorsqu'on  les  expose  à  l'action  du  feu,  ils  se 
fondent  dans  cette  eau  et  se  dessèchent  ensuite  (l'alun  cai(i<>é). 
Poussés  à  un  plus  haut  degré  de  température ,  ces  meutes  sels 
éprouvent  la  fusion  ignée,  et  quelques-uns  même  se  subliment 
sans  se  décomposer  (ammoniaque  muriatée). 

Les  substances  animales  n'ont  aucune  action  sur  les  sels 
à  froid;  mais  à  chaud,  elles  agissent  sur  eux  comme  les  subs- 
tances végétales,  en  raison  de  l'hydrogène  et  du  carbone 
qu'elles  contiennent. 

Tous  les  sels  sont  susceptibles  d'être  décomposés  par 
un  courant  voltaïque  ,  si  toutefois  ils  sont  humides  en  des- 
sous ;  tantôt  c'est  l'oxyde  qui  se  rassemble  au  pôle  négatif 
et  l'acide  au  pôle  positif;  tantôt  c'est  le  métal  réduit  qui  se 
rend  au  pôle  négatif,  tandis  que  l'oxygène,  qui  provient  de 
la  réduction  de  l'oxyde  ,  vient  se  joindre  à  l'acide  vers  le 
pôle  positif,  et  s'unit  avec  lui.  Si  le  sel  que  l'on  a  sou- 
mis à  Texpérience  étoit  un  muriate,  un  sulfite,  un  nitrite  ou 
un  phosphite  ,  comme  il  y  a  toujours  un  peu  d'eau  décom- 
posée dans  le  courant  de  l'opération,  l'hydrogène  se  rend, 
comme  on  le  sait,  au  pôle  négatif,  et  l'oxygène  au  pôle  po- 
sitif 

La  lumière  n'agit  que  sur  un  très-petit  nombre  de  sels  ; 
celui  qui  est  le  plus  sensible  à  son  influence  est  le  muriate 
d'argent.  M.  Berthollet  a  trouvé  qu'en  changeant  dublanc  au 
violet  il  perdoit  une  partie  de  son  acide  ,  et  devenoit  un 
sous-muriate. 

L'hydrogène  sulfuré  décompose  une  partie  des  sels  mé- 
talliques, et  leur  communique  des  teintes  qui  leur  sont  étran- 
gères. 

L'avidité  du  potassium  et  du  sodium  pour  l'oxygène  est 
telle,  qu'ils  décomposent  à  chaud  tous  les  sels  métalliques 
proprement  dits,  ou,  si  l'on  veut  ,  les  sels  formés  par  les 
anciens  métaux,  le  fer,  etc. ;  ils  en  réduisent  les  oxydçs  à 


i^88  S  E  L 

l'état  métallique  ,  et  enlèvent  aussi  Toxygènc  aux  acides  ; 
excepté  à  l'acide  borique  ,  muriatique  et  fluorique  :  ces  dé- 
compositions sont  ordinairement  accompagnées  de  chaleur 
et  de  lumière. 

Le  potassium,  le  sodium  ,  le  calcium,  le  barium  ,  en  con- 
tact avec  des  dissolutions  salines,  décomposent  l'eau  de  pré- 
férence au  sel. 

Les  oxydes  métalliques  agissent  sur  les  sels  généralement 
en  les  décomposant;  parement  ils  se  combinent;  quelquefois 
ils  n'ont  aucune  action  sur  eux.  Il  résulte  de  cette  action  un 
nouveau  sel  fait  aux  dépens  de  l'acide  du  premier,  avec  pré- 
cipitation de  la  base  du  sel  persistant,  s'il  est  insoluble. 
Quelquefois  la  décomposition  n'est  pas  complète  ,  le  nouvel 
oxyde  n'a  point  la  force  de  s'emparer  de  tout  l'acide  du  sel 
qu'il  décompose,  et  il  en  résulte  alors  deux  sels,  dont  le 
premier  devient  sous-sel  ou  sel  neutre,  suivant  qu'il  étoit 
sel  acide  ou  sel  neutre. 

Les  chimistes  ne  peuvent  point  encore  établir  la  série  des 
bases  salifiables  dans  l'ordre  de  leur  plus  grande  tendance  à 
se  combiner  avec  les  acides,  par  l'intermède  de  l'eau  ,  afin 
d'en  déduire  quels  sont  les  sels  que  chaque  oxyde  est  suscep- 
tible de  décomposer.  Nos  connoissances  à  cet  égard  ne  sont 
point  encore  assez  avancées. 

On  sait  seulement  que  les  bases  salifiables  qui  tiennent  le 
premier  rang,  sont  les  oxydes  de  la  seconde  section  ,  qui  sont 
la  potasse,  la  soude,  la  baryte  ,  la  strontiane  ,  la  chaux  ; 
car,  employées  en  excès,  elles  décomposent  complètement 
tous  les  autres  sels  métalliques  et  les  sels  ammoniacaux  ;  et  si 
elles  sont  en  moindre  quantité  ,  elles  s'emparent  toujours 
d'une  certaine  quantité  de  l'acide  du  sel  avec  lequel  on  les 
met  en  contact,et  le  font  passer  à  l'état  de  sous-sel  ou  de  seî 
neutre. 

Ces  bases  n'ont  point  la  même  affinité  pour  tel  acide.  On 
remarque  l'ordre  suivant ,  par  exemple,  pour  l'acide  sulfuri- 
que: 

Baryte. 
Strontiane. 
Potasse  et  soude. 
Chaux. 

'V ammomacjue ,  dans  l'ordre  des  bases  qui  ont  le  plus  de 
tendance  à  s'unir  avec  les  acides,  suit  immédiatement  la  se- 
conde section  des  oxydes  métalliques  nouveaux  ,  car  il  dé- 
compose tous  les  sels  ,  excepté  ceux  qui  sont  formés  parla 
potasse  ,  la  soude ,  la  baryte  ,  la  chaux  et  la  strontiane. 


SEL  489 

La  magnésie  vient  ensuite  ;  elle  décompose  même  les  sels 
ammoniacaux. 

La  glucine  et  Vyitria  suivent  la  magnésie ,  car  on  assure 
qu'elles  décomposent  les  sels  solubles  d'alumine  et  de  zir- 
cone  et  tous  les  autres  sels  métalliques. 

Quant  à  la  silice,  la  zircone  et  l'alumine,  on  ne  les  a 
point  soumises  à  des  expériences  assez  précises  pour  qu'on 
puisse  leur  assigner  un  rang  dans  la  série  des  bases  salifia- 
bles. 

L'action  des  acides  sur  les  sels  est  analogue  à  celle  des 
oxydes  métalliques;  l'oxyde  décompose  le  sel  eu  s'emparant 
en  tout  ou  en  partie  de  l'acide  ,  et  l'acide  le  décompose  eu 
s'emparant  en  tout  ou  en  partie  de  l'oxyde  et  en  chassant  l'a- 
cide du  sel.  Ce  changement  s'opère  souvent  avec  efferves- 
cence ;  il  résulte  de  celle  action  soit  un  sel  nouveau,  soit 
deux  sels,  dont  un  nouveau,  et  l'autre  modifié  en  sur-sel , 
etc.,  etc. 

On  n'est  pas  plus  avancé  jusqu'à  présent  ,  à  l'égard  de  la 
connoissance  de  l'ordre  suivant  lequel  on  pourroit  ranger 
les  sels,  en  raison  de  la  facilité  avec  laquelle  les  acides  peu- 
vent les  décomposer  ,  qu'on  ne  l'est  à  l'égard  des  oxydes  par 
rapport  à  la  même  propriété. 

L'action  des  sels  les  uns  sur  les  autres  s'exerce  de  deux 
manières,  soit  en  les  calcinant  ensemble,  soit  en  les  met- 
tant en  conta<;t  par  l'intermède  de  l'eau.  Quand  on  calcine 
deux  sels  réunis,  et  qu'ils  sont  susceptibles  d'échanger  leurs 
bases  et  leurs  acides,  et  de  donner ,  par  suite  de  cette  muta- 
tion, naissance  à  un  sel  fixe  et  à  unsel  volatil ,  ils  se  décom- 
posent constamment.  Tels  sont  les  effets  de  la  calcination 
du  muriate  de  soude  et  du  sulfate  acide  de  mercure,  qui 
donnent  pour  résultat  du  sulfate  de  soude  fixe  et  du  deuto- 
muriate  de  mercure  volatil.  On  a  fait  peu  d'expériences  sur 
ce  mode  de  décomposition;  mais  en  revanche  on  en  connoît 
une  suite  nombreuse,  relatives  à  la  décomposition  avec  r}.n- 
termède  de  l'eau.  Et  comme  les  résultats  en  sont  fort  impor- 
tans,M.  Thénard,  dans  son  Traité  de  Chimie,  s'estbeaucoup 
étendu  sur  ces  actions  diverses  des  sels  les  uns  par  rapport 
aux  autres  (i). 

L'action  dessels  solubles  les  uns  sur  les  autres  se  manifesie 
lorsqu'on  mêle  deux  dissolutions  différentes  dans  un  même 
vase  ;  alors  il  se  forme  quelquefois  un  sel  soluble  et  un  sel 
insoluble,  ou  deux  sels  insolubles,  parce  qu'il  y  a  décompo- 
sition ,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  échange  réciproque  de  base  et 

(ï)  Thénard  ,  Traité  de  Chimie  ,  tom.  2  ,  pag.  049. 


490  SEL 

d'acide  :  il  peut  arriver  ne'anmoins  que  l'aclion  «oit  nulle  oa 
qu'il  y  ait  production  d'un  sel  double  soluble.  On  appelle  sel 
double  celui  qui  est  formé  de  deux  autres  sels  ;  dans  ce  der- 
nier cas,  l'échange  a  lieu  tout  comme  lorsqu'on  produit  un 
ou  deux  sels  insolubles;  mais  il  n'y  a  alors  aucun  signe  exté- 
rieur de  décomposition,  etilifaut  opérer  l'évaporation  pour 
que  la  liqueur  commence  à  se  troubler  en  laissant  déposer 
d'abord  le  sel  qui  est  le  moins  soluble. 

Les  sels  solubles  sont  susceptibles  d'échanger,  dans  cer- 
tains cas ,  leurs  principes  avec  certains  sels  insolubles  ,  et  de 
donner  naissance,  par  suite  de  cet  échange,  à  un  autre  sel 
insoluble.  M.  Dulong,  dans  un  mémoire  imprimé  dans  les 
Annales  de  Chimie,  a  donné  les  bases  sur  lesquelles  on  pour- 
roit  établir  la  théorie  de  ces  décompositions;  nous  y  ren- 
voyons ainsi  qu'au  Traité  de  Chimie  de  M.  Thénard,dans  le- 
quel on  en  trouve  l'analyse. 

L'action  des  sels  insolubles,  les  uns  par  rapport  aux  autres, 
est  absolument  nulle. 

Plusieurs  sels,  au  lieu  de  se  décomposer,  contractent  en- 
semble une  union  parfaite  ;  mais  on  remarque  que  cet  effet 
n'a  lieu  qu'entre  certains  sels  du  même  genre  ;  ces  associa- 
.  tions,  qui  sont  peu  nombreuses  jusqu'à  présent,  n'ont  lieu 
que  deux  à  deux  et  se  nomment  sels  doubles. 

Généralement  les  sels  doubles  sont  moins  solubles  que 
ceux  qui  les  constituent. 

M.  Uerzelius  pense  qu'il  existe  un  rapport  simple  entre  les 
quantités  d'oxygène  contenues  dans  les  deuxbases  de  ces  sels 
doubles.  Dans  l'alun  du  commerce  ,  qui  est  un  sulfate  d'alu- 
mine et  de  potasse  ,  l'alumine  contient,  d'après  ce  chimiste, 
trois  fois  autant  d'oxygène  que  la  potasse  ,  et'par  conséquent 
la  quantité  d'acide  unie  à  l'alumine  est  trois  fois  aussi  grande 
que  celle  qui  est  unie  à  la  potasse.  (  Annales  de  Chimie  , 
tome  82.  ) 

M.Thénard  termine  l'histoire  des  propriétés  chimiques  des 
sels,  dont  on  présente  ici  un  simple  extrait,  en  examinant  la 
singulière  propriété  qu'ont  certains  sels  de  réduire  les  oxydes 
de  plusieurs  autres  sels. 

Les  sels,  dont  les  oxydes  sont  susceptibles  de  se  réduire 
ainsi,  appartiennent  aux  cinquième  et  sixième  sections,  ou 
ont  pour  base  l'or,  le  palladium,  le  mercure  ,  le  rhodium  et 
l'iridium.  La  réduction  s'en  opère  par  le  proto-sulfate  de 
fer  et  par  le  proto-muriate  d'étain  pour  les  sels  à  base  de 
mercure. 

On  ne  connoît  encore  dans  la  nature  que  cinquante-sept 
sels,  et  l'art  parvient  à  en  créer  plus  de  mille.  Nous  cite- 
rons plus"  particulièrement  les  premiers,  quoiqu'on  en  ail 


SEL  491 

déjà  décrit  les  caractères  ,  soit  au  mot  minéralogie,  soit  aux 
différens  aiiiclesqui  leur  sont  spécialement  consacrés.  Quant 
à  ceux  qui  sont  les  produits  de  la  chimie  proprement  dite  et 
dont  le  nombre  est  énorme,  comme  on  vient  de  le  voir,  ceux 
qui  intéressent  les  arts  ou  la  médecine  ont  été  également  dé- 
crits; mais  quant  aux  autres  on  ne  fera  ,  pour  ainsi  dire,  que 
les  nommer. 

Tous  les  sels  qui  se  trouvent  dans  la  nature  peuvent  être 
préparés  directement,  et  pour  ainsi  dire  de  toutes  pièces, 
en  combinant  leurs  bases  ou  oxydes  avec  les  acides. 

On  remarque  qu'au  moment  de  la  combinaison  ,  il  y  a  dé- 
gagement de  chaleur  ,  et  qu'il  est  d'autant  plus  considérable 
que  la  combinaison  est  plus  intime  ;  c'est  absolument  le  phé- 
nomène inverse  de  celui  qui  a  lieu  dans  la  solution  d'un  sel 
avec  la  neige. 

Souvent,  au  lieu  d'employer  une  base  pure  pour  la  combi- 
ner avec  un  acide  ,  on  agit  sur  un  carbonate  ;  alors  il  y  a  ef- 
fervescence produite  par  l'acide  carbonique  qui  est  chassé. 

On  se  procure  les  sels  insolubles  par  la  voie  des  doubles 
décompositions,  et  en  ayant  soin  d'agir  de  manière  à  pro- 
duire un  sel  soluble  qui  reste  en  dissolution  dans  la  liqueur, 
tandis  que  celui  qu'on  cherche  à  obtenir  se  précipite  au  fond 
du  vase  et  n'a  plus  besoin  que  d'être  lavé  à  grande  eau. 

Les  sous-sels  ou  ceux  qui  contiennent  un  excès  de  base, 
s'obtiennent  au  moyen  d'une  addition  ménagée  d'un  des  sels 
à  base  soit  de  potasse,  soit  de  soude  ou  d'ammoniaque,  qui, 
comme  on  le  sait,  ont  une  grande  avidité  pour  les  acides, 
et  qui,  si  l'on  en  ajoutoit  une  quantité  convenable  ,  décompo- 
seroient  totalement  les  premiers. 

Enfin,  on  se  procure  encore  certains  sels,  et  particulière- 
ment plusieurs  sulfates ,  plusieurs  muriates  et  beaucoup  de 
nitrates ,  en  traitant  à  froid  ou  à  chaud  les  métaux  par  les 
acides  sulfuriques,  nitriques,  muriatiques,  nitro-muriati- 
ques  ou  muriatiques  oxygénés. 

On  a  donné  les  propriétés  générales  des  sels  et  les  moyens 
de  les  préparer;  nous  allons  maintenant  passer  rapidement 
en  revue  les  genres  qui  ont  été  établis  par  M.  Thénard,  sui- 
vant l'ordre  qu'il  les  a  décrits  dans  son  Traité  de   chimie. 

A.  Tableau  des  genres  des  sels  terreux  ,   alkalins  ou  métalliques. 

1.  Sous-borates  et  borates       5.  Phosphates    neutres  et 

neutres.  acides. 

2.  Sous-carbonates.  6.  Phosphites. 

3.  Carbonates  neutres  ou       7.  Sulfates  neutres. 

saturés.  8.  Sutfates  doubles, 

4.  Sous-phosphalcs. 


492  SEL 

g.  Sous-sulfates  et  sulfates  19.  Arsénîtes. 

acides.  20.  Molybdates. 

10.  Sulfites.  21.  Chromâtes. 

11.  Sulfites  sulfurés.  22.  Tungstates- 

12.  Nitrates  et  sous-nitrates.  23.  Colombates. 

i3.  Nitrites.  24.  Antimonites  et  antimo- 

14.   Muriates.  niâtes. 

x5.  Muriates  suroxygénés.       25.  Hydro-sulfures  ou  oxy- 

16.  riuates.  des  hydro-sulfurés. 

17.  Fluo-borates.  26.  Sulfures  hydrogénés. 

i8.  Arséniates.  27.  Hydro-sulfures  sulfurés. 

Les  bases  salifiables  avec  lesquelles  les  acides  sont  sus- 
ceptibles de  se  combiner  ,  sont  :  i.**  les  vingt-sept  métaux  qui 
ont  été  décrits  au  mot  métaucc-  de  ce  Dictionnaire; 

2.°  Les  terres  qui  sont  :  la  silice  ,  l'alumine,  la  chaux  ,  la 
magnésie,  la  zircone  ,  la  baryte  ,  la  strontiane  ,  laglucine  , 
Tyllria  et  la  thorine  ; 

3,"  La  potasse  ,  la  soude  ,  Tammoniaque  ,  la  llthine  ,  qui 
sont  les  quatre  alkalis  minéraux. 

Nous  terminerons  l'énumération  des  sels  minéraux  par 
celle  des  hydrates  et  des  iodures  ,  iodates  et  hydriodates. 

Les  sous-borates  (i). 

Caractères  :  indécomposables  au  feu,  même  à  la  plus  haute 
température,  excepté  le  borate  de  mercure  et  ceux  d'or, 
d'argent  ,  de  palladium ,  de  platine  ,  de  rhodium  et  d'iri- 
dium. 

Quand  il  n'y  a  point  décomposition,  l'action  delà  chaleur 
les  vitrifie  ,  et  cet  effet  a  lieu  d'autant  plus  facilement  que 
l'oxyde  qu'ils  renferment  est  plus  fusible  ;  aussi  les  sous- 
borates  de  soude  et  de  potasse  sont  les  plus  fusibles.  Ils  sont 
décomposables  en  partie  par  l'action  des  combustibles. 

Peu  ou  point  solubles ,  à  l'exception  de  ceux  de  potasse  , 
de  soude  et  d'ammoniaque. 

La  baryte  ,  la  strontiane  et  la  chaux  ,  sont  les  trois  bases 
qui  ont  le  plus  de  tendance  à  se  combiner  avec  l'acide  bori- 
que ;  l'ammoniaque  et  la  magnésie  viennent  ensuite. 

A  une  haute  température  il  n'y  a  que  les  acides  fixes  «  tels 
que  l'acide  phosphorique  ,  qui  puissent  décomposer  les  bo- 
rates ;  car  à  cette  température  ,  l'acide  borique  décompose 
tous  les  sels  dont  l'acide  est  volatil;  mais  à  une  tempéra- 
ture plus  modérée  au  degré  de  l'ébullition  et  même  au-des- 

(i)  L'acide  boratique  qui  n'avoit  été  trouvé  dans  la  nature  qu'en 
très-pelite  quantité  et  ■dans  une  ou  deux  localités,  vient  d'être  décou- 
\ert  dans  la  tourmaline  et  l'axinite  dont  on  a  rappelé  l'analyse, 


SEL  493 

sous  ,  tous  les  borates  son!  décomposés  par  tous  les  acides  , 
excepté  l'acide  carbonique  ,   l'acide  niurialique  oxygéné. 

Deux  borates  se  trouvent  dans  la  nature. 

Le  borate  de  magnésie ,  qui  est  remarquable  par  ses  pro- 
priétés électriques. 

Le  sous  -  borate  de  soude  ou  le  borax  du  commerce  ,  dont 
toutes  les  propriétés  et  les  usages  dans  les  arts  ,  ont  été 
décrits  ailleurs,  se  retire  en  abondance  des  bords  de  quel- 
ques lacs  salés,  situés  dans  différentes  parties  de  Tlndc.  A 
l'état  brut,  il  se  nomme  tinkal.  ,  on  le  purifie  en  le  vitrifiant  et 
en  le  dissolvant  ensuite  pour  le  refaire  cristalliser;  cette  opé- 
ration le  dégage  d'une  matière  grasse  qui  altère  sa  transpa- 
rence. Son  principal  usage  est  de  servir  à  faciliter  les  sou- 
dures des  pièces  métalliques. 

Le  sous-borate  de  potasse  et  le  sous-borate  d'ammoniaque  sont 
des  produits  de  l'art,  et  ne  sont  en  usage  que  dans  les  labo- 
ratoires de  chimie. 

Les  Borates  neutres. 

Jusqu'ici,  on  ne  s'est  point  occupé  de  l'étude  de  ces  sels  ; 
on  sait  seulement  ,  d'après  Bergmann  ,  que  le  sous-borate  de 
soude  exige  deux  fois  son  poids  d'acide  borique  pour  devenir 
neutre. 

Les  Sous-Carbonates. j 

Caractères.  Tous  les  sous  -  carbonates ,  excepté  ceux  de 
baryte,  de  potasse  et  de  soude  ,  sont  décomposés  par  un  feu 
plus  ou  moins  vif.  La  cuisson  de  la  pierre  à  chaux  n'est  autre 
chose  que  la  décomposition  du  sous-carbonate  de  chaux  dont 
l'acide  s'évapore.  Tous  les  carbonates  sont  insolubles  ,  ex- 
cepté ceux  de  potasse,  de  soude  et  d'ammoniaque;  quel- 
ques-uns aussi  se  dissolvent  dans  l'eau  à  l'aide  d'un  excès 
d'acide  carbonique,  tels  que  les  carbonates  de  chaux  ,  de  fer 
et  de  magnésie.  C'est  en  raison  de  cette  propriété  que  le 
carbonate  de  chaux  se  trouve  en  dissolution  dans  certaines 
fontaines  ;  mais  comme  le  simple  contact  de  l'air  suffit  pour 
réduire  l'excès  d'acide  à  l'état  de  gaz,  ces  eaux,  au  sortir 
du  sein  de  la  terre  ,  perdent  leurs  propriétés  dissolvantes  ,  et 
laissent  précipiter  le  carbonate  de  chaux  qu'elles  ne  sont  plus 
en  état  de  tenir  en  dissolution  ,  ce  qui  produit  ces  incrusta- 
tions naturelles  ou  factices,  dont  les  plus  connues  sont  celles 
des  bains  de  Saint-Philippe,  en  Toscane,  et  de  Saint-Allyre 
à  Clermont.  C'est  à  la  même  propriété  incrustante  que 
sont  dus  certains  agglomérats  naturels  de  galets  que  l'on  re- 
marque dans  plusieurs  contrées  ;  telle  est ,  entre  autres  ,  la 
digue  naturelle  qui  se  forme  journellement  à  travers  la  ri- 
vière d'Ardèche  ,  près  de  Meyras,  et  que  l'on  est  forcé  de 


6. 

De  plomb. 

7- 

De  zinc. 

8. 

De  baryte. 

9- 

De  strontlane. 

o. 

De  magnésie. 

I. 

De  manganèse. 

494  SEL 

briser  assez  souvent  :  il  en  existe  aussi  en  Corse  et  sur  les 
côtes  de  la  Sicile. 

On  connoît ,  dans  la  nature  ,  onze  carbonates  tout  for- 
més ,  savoir  : 

1.  Les      carbonates       de 

chaux. 

2.  De  protoxyde   ou  deu- 

toxyde  de  fer. 
3-  De  soude. 

4.  De  potasse. 

5.  De  deutoxyde  de  cuivre. 

Les  cinq  derniers  ne  se  trouvent  qu'en  petites  masses,  et 
sont  même  assez  rares. 

Le  carbonate  de  chaux  ayant  été  décrit  ailleurs, il  seroit  inu- 
tile de  rappeler  qu'il  constitue  à  lui  seul  des  chaînes  de  mon- 
tagnes entières ,  qu'il  est  la  matière  de  toutes  les  coquilles  vi- 
vantes, des  madrépores ,  des  coraux,  etc.,  qu'il  est  employé 
dans  une  infinité  de  circonstances  ,  soit  comme  pierre  à  bâtir, 
comme  marbre  ou  simplement  à  l'état  de  chaux  ,  de  craie, 
et  qu'il  renferme  souvent  des  corps  organisés  ,  soit  à  l'état 
fossile,  soit  à  l'état  de  pétrification,  et  qu'on  peut  enfin  le 
considérer  comme  étant  la  substance  minérale  la  plus  abon- 
dante de  toutes  celles  qui  forment  les  montagnes  et  les  plaines 
de  la  surface  de  la  terre  ,  et  qu  en  le  considérant  par  rap- 
port à  la  propriété  qu'il  a  de  présenter  des  cristaux  régu- 
liers ,  c'est  peut-être  encore  de  tous  les  sels  celui  (jui  est  sus- 
ceptible d'en  offrir  le  plus  grand  nombre  de  variétés. 

Le  carbonate  de  fer  ,  connu  sous  le  nom  àtfer  spalhique  ,  est 
composé  detritoxyde  de  fer ,  de  chaux  ,  de  magnésie  ,  d'oxyde 
de  manganèse  et  d'acide  carbonique ,  en  proportion  très-va- 
riables. On  l'exploite  comme  minerai  de  fer ,  en  France  , 
dans  les  départemensde  l'Isère  et  des  Basses-Pyrénées,  en 
Styrie,  en  Saxe  ,  etc.  Il  produit  un  fer  excellent ,  et  même 
de  l'acier  naturel,  ce  qui  lui  a  valu  le  nom  de  mine  d'acier. 

Le  sous-carbonate  de  potasse.  Il  a  la  saveur  acre  et  même  un 
peu  caustique  de  la  potasse,  et  est  très-soluble  dans  l'eau,  il 
verdit  fortement  les  teintures  bleues  végétales,  et  attire  l'hu- 
midité de  l'air.  On  le  retire  par  incinération  des  plantes 
ligneuses  et  de  la  lixiviation  de  leurs  cendres  ;  ces  lessives 
évaporées  à  siccité  donnent  pour  résidu  un  magma  très-im- 
pur que  l'on  nomme  salin,  et  qui  s'emploie  dans  les  verre- 
ries. Le  salin  calciné  dans  des  fourneaux  à  réverbère  , 
donne  la  potasse  du  commerce  qui  est  loin  d'être  pure,  mais 
qui  est  susceptible  néanmoins  de  servir  dans  beaucoup  de 
circonstances  sans  être  purifiée. 


wS  E  L  4-95 

Les  potasses  les  plus  répandues  dans  le  commerce  vien- 
nent de  Russie,  d'Amérique,  de  Trêves,  de  Danlz,ick  et  des 
Vosges. 

On  les  fabrique  dans  les  pays  où  le  bois  est  à  vil  prix.  En 
Savoie,  par  exemple  ,  aux  environs  d'Annecy  ,  on  fabrique 
du  salin  pour  le  service  de  la  verrerie  de  Thorens  ;  les  pro- 
priétaires de  l'établissement  fournissent  le  bois  et  payent  le 
salin  qui  en  provient ,  à  raison  d'environ  dix  francs  le  quintal. 

On  emploie  la  potasse  dans  différens  arls  chimiques  ;  mais 
son  usage  le  plus  journalier  est  celui  de  contribuer  à  blan- 
chir le  linge  dans  les  lessives  domestiques  ;  en  effet  ,  les  cen- 
dres que  l'on  place  au-dessus  du  linge  à  blanchir  et  sur  les- 
quelles on  verse  ,  pendant  une  journée  entière  ,  de  l'eau  très- 
chaude  ,  fournissent  toute  la  potasse  qu'elles  contiennent  ; 
cette  potasse  se  porte  sur  les  parties  grasses,  forme  un  savon 
dissoluble  qui  rend  la  lessive  onctueuse  au  toucher,  et  con- 
tribue puissamment  au  blanchissage.  Les  ménagères  con- 
noissent  parfaitement  la  différence  qui  existe  entre  telle 
ou  telle  cendre  ;  elles  savent  très-bien  ,  par  exemple  ,  que 
les  cendres  des  fours  ,  et  les  cendres  de  sarment,  ,  sont 
les  meilleures  ,  et  ce  n'est  point  un  préjugé ,  car  on  sait  main- 
tenant que  ce  sont  les  petites  branches  des  végétaux  ligneux 
qui  renferment  le  plus  de  potasse ,  et  Ton  sait  aussi  qu'on 
chauffe  ordinairement  les  fours  de  la  campagne  avec  des  fa- 
gots ou  des  broussailles. 

Certaines  plantes,etles  fougères  en  particulier,  renferment 
plus  de  potasse  que  d'autres  ;  aussi  brûle-t-on  beaucoup  de 
fougère  pour  les  salins  qui  sont  employés  dans  les  verreries  , 
ce  qui  explique  ce  vers  de  Boileau  qui  semble  un  peu 
énigmalique  : 

«  La  nuit  baisse  la  vue,  et  du  haut  du  clocher, 
a  Observe  les  guerriers,  les  regarde  marcher. 

•  Elle  volt  le  barbier  qui  d'une  main  légère 

•  TicQt  un  verre  de  via ,  qui  rit  dans  la  fougèi'e.  » 

Lb   LuTAlN.  Ch.  III, 

Le  sous-carbonate  de  soude  (natron).  Ce  sel  est  acre  et 
caustique  comme  le  précédent ,  et  il  esttrès-soluble  et  cris- 
tallise par  refroidissement ,  ce  qui  indique  évidemment  qu'il 
est  plus  soluble  à  chaud  qu'à  froid.  Sa  forme  est  un  prisme 
rhomboïdal  ou  un  octaèdre  à  base  rhombe.  Au  lieu  d'attirer 
l'humidité  de  l'air,  comme  le  précédent ,  ce  sel  se  dessèche 
et  s'effleurit  à  l'air.  Exposé  à  la  chaleur  ,  il  commence  à  se 
fondre  dans  son  eau  de  cristallisation ,  et  par  une  chaleur 
forte  ,  il  subit  la  fusion  ignée. 

Le  natron  se  forme  naturellement  dans  plusieurs  lacs 
d'Egypte,  situés  dans  le  désert  de  Thaïat ,  ou   de    Saint- 


/*96  S  E  î. 

Marcaîre  ,  à  l'ouest  du  Delta.  En  hiver,  on  remarque  qu'il 
s'élève  ,  du  fond  de  ces  lacs  ,  une  eau  violâtre  qui  semble 
Iranssuder  de  cette  partie  ,  et  pendant  la  saison  des  chaleurs  , 
qui  dure  dans  cette  contrée  environ  neuf  mois,  cette  eau  s'é- 
vapore complètement,  et  laisse  à  sa  place  une  couche  de  na- 
tron  que  l'on  brise  et  qu'on  enlève. 

M.  Berthollel,  qui  a  visité  les  lacs  de  natron,en  Egypte, 
pense  que  la  formation  de  ce  sel  est  due  à  la  décomposition 
du  muriate  de  soude  par  le  carbonate  de  chaux  à  Téiat  de 
craie  ;  car  il  a  observé  que  partout  où  il  existe  des  efflores- 
cences  de  natron  ,  ces  deux  sels  sont  en  contact  et  mêlés 
•ensemble.  Plusieurs  lacs  de  Hongrie  fournissent  aussi  du 
natron. 

La  plupart  des  plantes  qui  croissent  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée  fournissent  des  sous-carbonates  de  soude  par 
leur  incinération  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans 
cette  opération  ,  c'est  qu'au  lieu  d'obtenir  par  la  combustion 
de  ces  plantes ,  d'abord  de  la  cendre  ,  comme  cela  arrive 
pour  la  potasse,  il  se  forme  de  suite,  au  fond  des  fosses  où 
l'on  fait  brûler  ces  herbes  ,  une  masse  saline  dure  et  demi- 
fondue  que  l'on  concasse  ,  et  qui  est  versée  directement  dans 
le  commerce ,  avec  le  nom  du  lieu  où  elle  a  été  fabriquée. 
Celles  de  Malaga  ,  d'Alicante  et  de  Carlhagène  sont  les  plus 
estimées  ;  elles  sont  loin  d'être  pures. 

Le  salicor  ou  soude  de  Narbonne ,  le  varec  ou  soude  de 
Normandie  ,  et  la  blanquette  ou  soude  d'Aiguemorte  ,  sont 
les  trois  soudes  les  plus  estimées  de  France. 

La  soude  artilicielle  du  commerce  se  fabrique  en  calcinant 
un  mélange  de  i8  parties  de  sulfate  de  soude,  18  de  carbonate 
de  chaux  à  l'état  de  craie  ,  et  10  de  poussière  de  charbon. 

Le  principal  usage  du  sous-carbonate  de  soude  du  com- 
merce est  d'entrer  dans  la  fabrication  des  savons  durs.  On 
l'emploie  aussi  dans  les  verreries ,  les  lessives  et  dans  quel- 
ques opérations  de  teinture.  On  assure  que  ces  différens  arts 
en  consomment,  en  France  ,  de  18  à  20  millions  de  kilo- 
grammes (i). 

Le  sous-carbonate  d'ammoniaque  est  caustique  ;  il  a  une 
odeur  d'ammoniaque  très-sensible,  se  fond  dans  l'eau  froide 
seulement,  verdit  le  sirop  de  violette,  et  s'évapore  à  l'air 
libre  et  à  la  simple  température  de  l'air  ;  il  s'emploie  comme 
réactif  en  chimie  et  comme  excitant  en  médecine;  aromatisé 
de  différentes  manières,il  remplit  souvent  les  llaconsde  poche 
dont  les  dames  font  usage.  Il  ne  se  trouve  point  dans  la 
nature. 

(x)  Thénard  ,  Traité  de  Chimie  ,  lom.  2,  pag.  406. 


SEL  ^97 

Le  carbonate  de  cuiWeÇ^  cuivre  azuré  el  malachite).  Il  s'ex- 
ploite comme  mine  de  cuivre  ,  quand  il  se  trouve  en  quantité 
suffisante.  Il  y  a  peu  d'années  qu'on  en  a  découvert  aux  mi- 
nes de  Chessy  ,  près  Lyon  ,  une  masse  extrêmement  riche  , 
qui  s'exploite  avec  avantage.  Avant  cette  découverte,  les  plus 
beaux  échantillons  de  carbonate  bleu  provenoient  des  Monls- 
Ourals  ,  en  Sibérie.  La  variété  verte,  qui  porte  le  nom  de 
malachite ,  nous  est  apportée  presque  exclusivement  de  Sibé- 
rie. On  l'emploie  dans  la  bijouterie.  (  V. ,  pour  les  détails 
l'article  qui  est  relatif  à  cette  espèce  minérale.  ) 

Le  carbonate  de  plomb  (^-çXomh  blanc).  Ce  sel  est  assez 
commun  dans'  les  mines  de  plomb  ;  mais  il  ne  s'y  trouve 
ordinairement  qu'en  petites  nta.sscs  ,  et  il  n'est  l'objet 
d'aucune  exploitation  spéciale.  On  le  luele  avec  les  autres 
minerois  de  plomb  qu'il  accompagne.  Le  blanc  de  céruse  ou 
blanc  de  ploirïb  que  l'on  emploie  dans  la  peinture  à  l'huile 
est  !îi^ carbonate  de  plomb  arlificie).  On  l'a  long-iemps  pré- 
paré exclusivement  en  Hollande;  mais  aujourd'hui,  il  se  fa- 
brique en  France  ,  et  l'établissement  de  MM.  Eoard  à 
Clichi  près  Paris  ,  en  produit  d'une  qualité  supérieure. 

Le  carbonate  de  zinc  a  été  long-temps  confondu  avec  le 
zinc  oxydé  (  calamine)  ,  et  se  Iro'uve  en  concrétions,  à  Rai- 
bel  en  Carinthie,  dans  le  Sommerset  et  le  Derbyshire  en 
Angleterre.  ' 

Le  carbonate  de  baryte  (  witherite  )  est  encore  extrême- 
ment rare.  MM.  Clément  et  Desormes  ,  qui  l'ont  analysé 
l'ont  trouvé  composé  de  78  de  baryte  ,  et  de  22  d'acide  car- 
bonique ;  il  ne  s'est  trouvé,  jusqu'à  présent ,  qu'à  Anglesarck 
et  dans  le  Lancashire  ,  en  Angleterre  ,  en  Styrie  et  en  Si- 
bérie. Il  forme  des  masses  radiées-jaunâtres  ;  il  est  d'une 
grande  pesanteur. 

Le  carbonate  de  stronliane  a  été  découvert  à  Stronliane  en 
Ecosse ,  ce  qui  a  donné  le  nom  à  la  terre  qui  lui  sert  de  base. 
M.  de  Humboldt  en  a  rapporté  de  Pisope ,  près  de  Popayan,' 
au  Pérou.  On  le  trouve  en  masses  transparentes ,  ou  d'un 
vert  pistache  et  radiées.  Klaproth  y  a  trouvé  69,5  de  stron- 
liane ,  3o  d'acide  carbonique,  et»o,5  d'eau. 

Le  carbonate  de  magnésie  qui  est  toujours  amorphe  et  terreux. 
Il  n^est  pas  rare  dans  la  nature. 

Le  Carbonate  de  manganèse  se  trouve  à  Kapnic  et  à  la  mine 
de  Nagyag  en  Transylvanie  ;  il  est  blanc,  rose  ou  jaune  ,  et  a 
l'aspect  d'une  pierre. 

Les  Carbonates  neutres  ou  saturés. 

Ces  sels  qui  ne  sont ,  jusqu'à  présent ,  qu'au  nombre  de 
trois  ,  résultent  des  sous- carbonates  àe  potasse  ,  de  soude  et 


4g8  S  E  [. 

à' ammoniaque ^  à  travers  la  dissolution  desquels  on  a  fait  pas- 
ser très-lentement  et  pendant  plusieurs  jours  ,  des  bulles  de 
gaz  acide  carbonique.  A  mesure  que  la  combinaison  s  opère, 
les  sels  deviennent  moins  solubles  ,  se  précipitent,  et  on  les 
recueille  aisément.  Ils  ne  sont  employés  que  comme  réactifs. 

Les  Sous-Phosphates. 

Caractères  :  Les  sous-phosphates  se  comportent  au  feu 
comme  les  borates  ,  en  raison  de  la  fixité  de  l'acide  phospho- 
rique,  dont  on  opère  difficilement  la  volatilisation. 

Calcinés  avec  du  charbon  ,  les  sous-phosphates  terreux 
ne  cèdent  qu'une  partie  plus  ou  moins  foible  de  leur  acide  , 
et  cela  en  raison  de  sa  plus  grande  affinité  avec  ses  bases.  Les 
phosphates  métalliques ,  calcinés  avec  le  même  combusti- 
ble, se  décomposent;  l'oxyde  se  réduit,  et  l'on  obtient  en 
sus  du  gaz  acide  carbonique  ,  du  gaz  oxyde  de  carbone,  un 
phosphure  métallique  et  du  phosphore  carburé. 

Les  sous-phosphates  de  soude  ,  de  potasse  et  d'ammo- 
niaque ,  sont  les  seuls  dissolubles  dans  l'eau. 

Presque  tous  les  acides  les  décomposent  ,  excepté  ceux 
qui  sont  extrêmement  foibles;  mais  aucun  sous-phosphate  ne 
résiste  à  l'acide  nitrique  et  à  l'acide  fluorique. 

On  trouve  dans  la  nature  huit  sOus-phosphates ,  mais  un 
seul  est  véritablement  abondant  ;  les  autres  y  sont  rares  ou 
n'existent  qu'en  très-petite  quantité. 

Le  phosphate  de  chaux  constitue  près  de  moitié  de  la  par- 
lie  solide  des  os  des  animaux  ;  il  se  trouve  ,  en  outre  ,  dans 
les  différentes  parties  liquides  ou  molles  de  l'organisation 
animale  ,  et  il  abonde  quelquefois  tellement  dans  l'urine  , 
qu'il  se  dépose  dans  la  vessie  de  l'homme,  et  des  animaux, 
sous  la  forme  de  masses  plus  ou  moips  grosses,  qui  sont 
composées  de  couches  concentriques.  On  le  trouve  aussi 
dans  les  végétaux  ,  et  particulièrement  dans  les  céréales. 

Enfin,  il  constitue  des  collines  ,  à  Logrosan  en  Estra- 
madure  ,  et  y  sert  de  pierre  à  bâtir.  On  le  trouve  aussi  en 
petits  cristaux  transparent  ,  en  diîîérens  lieux  ,  et  particuliè- 
rement dans  les  filons  d'éiain.  Une  phosphorescence  plus  ou 
moins  éclatante ,  quand  on  le  projette  dans  l'obscurité  ,  sur 
des  charbons  ardens  ,  est  son  caractère  le  plus  saillant. 

C'est  particulièrement  des  os,  que  l'on  extrait  le  phos- 
phore du  commerce  ,  que  l'on  conserve  dans  des  vases  bou- 
chés et  remplis  d'eau  pure. 

Le  phosphate  de  plomb  accompagne  les  autres  minerais  de 
plomb  ;  on  le  traite  conjointement  avec  eux  ;  il  se  trouve 
particulièrement  en  beaux  cristauxprismatiqueset  hexaèdres^ 
ou  en  masses  rayonnées ,  aux  mines  du  Huelgoët  en  Brcta-r 


s  E  L  499 

gîîe.  On  en  trouve  une  variété  du  plus  beau  vert-pré  ,  aux 
environs  de  Fribourg  en  Brisgaw. 

Le  phospliate  de  fer  est  d'un  bleu  sombre^  et  fort  rare 
dans  la  nature.  Il  se  trouve  sous  la  forme  d'une  poudre  fine, 
dans  les  argiles  qui  ont  renfermé  des  plantes  qui  se  sont  dé- 
composées. On  en  a  rapporté  de  l'Ile-de-France,  qui  est  en 
petites  masses.  11  s'en  est  trouvé  de  cristallisé  à  la  Bouiche, 
près  Moulins  où  il  accompagne  des  ossemens  de  poissons 
fossiles  (Boirot)  ;  en  Bavière  ;  en  Angleterre  ,   etc. 

Le  phosphate  de  manganèse  s'est  trouvé  aux  environs  de  Li- 
moges ,   dans  des  rocbes  granitiques.  Il  est  brun-rougcâtre. 

Le  phosphate  de  cuiore  est  d'un  vert  sombre  ,  et  n'est  connu 
que  depuis  quelques  a    nnées. 

Le  phosphate  de  cobalt  (  bleu  de  Thénard  )  ne  se  trouve 
point  dans  la  nature  ;  il  résulte  d'une  préparation  dont  la 
découverte  est  due  au  savant  chimiste  français  qui  a  attaché 
son  nom  à  tant  de  procédés  Ingénieux  et  de  découvertes  utiles. 
En  offrant  à  la  peinture  un  bleu  aussi  brillant  qu'inaltéra- 
ble, M,  Thénard  l'a  affranchie  des  difficultés  qu'elle  éprou- 
voit  à  se  procurer  de  bel  outremer. 

Le  phosphate  de  soude  existe  particulièrement  dans  l'urine 
de  l'homme. 

Le  phosphate  ammoniaco-magnésten  se  trouve  plus  particu- 
lièrement sous  la  forme  de  gros  calculs  ,  dans  les  intestins 
des  chevaux  et  des  mulets.  J'en  ai  vu  deux  de  la  grosseur 
de  la  tête  ,  provenant  de  deux  mulets  de  Saint-Etienne. 

Le  phosphate  de  magnésie  se  rencontre  dans  le  sang,  les  os 
et  les  graines  céréales. 

Le  phosphate  de  potasse  existe  exclusfvement ,  jusqu'à  ce 
jour,  dans  les  céréales. 

Le  sous-phosphaie  de  soude  existe  dans  le  sang  et  l'urine  de 
l'homme.  11  cristallise  en  prismes  rhomboïdaux  ,  et  s'effleu- 
rit  à  l'air.  Il  est  dlssoluble  dans  l'eau,  plus  à  chaud  qu'à  froid; 
il  s'emploie  en  chimie  et  en  médecine. 

Le  sous-phosphate  de  potasse  se  trouve  dans  les  graines  cé- 
réales, est  très-déliquescent ,  et  par  conséquent  très  solu- 
ble  ;  il  éprouve  la  fusion  ignée  ,  à  une  chaleur  rouge  cerise. 

Le  sous-phosphate  à^ammoniaque  se  trouve  combiné  avec 
d'autres  phosphates,  dans  l'urine  humaine.  Il  a  une  saveur 
piquante  et  point  d'odeur. 

Des  Phosphates  neutres  et  acides. 

On  n'a  obtenu  jusqu'à  présent,  à  l'état  de  phosphate  neu- 
tre acide  ,  que  ceux  de  chaux  ,  de  soude,  de  potasse  et  d'am- 
moniaque. Us  sont  déliquescens  ,  se  vitrifient ,  et  donnent 
quelquefois  naissance  à  un  verre  insipide  et  insoluble. 


Sod  SEL 

Des  Phosphites. 

Il  n'existe  point  de  phosphites  dans  la  nature  ;  on  les  pré- 
pare de  toutes  pièces ,  en  versant  de  l'acide  phosphoreux 
sur  des  terres  ou  des  oxydes  métalliques. 

Ceux  de  potasse,  de  sonde,  d'ammoniaque,  sont  soluhles; 

Ceux  de  baryte,  de  sironliane,  de  magnésie,  ne  le  sont  pas. 

Ces  six  phosphites ,  exposés  au  feu  ,  laissent  échapper 
une  portion  de  leur  phosphore  ,  et  passent  à  l'état  de  sous- 
phosphates. 

Leur  usage  est  nul  jusqu'à  ce  jour. 

Des  Sulfates  neutres. 
Caractères.  Une  partie  des  sulfates  neutres  ,  c'est-à-dire; 
ceux  de  chaux,  de  baryte,  de  magnésie,  de  soude  et  de  po- 
tasse ,  ne  se  décomposent  point  au  feu  ,  en  raison  de  la 
grande  adhérence  de  leur  acide  et  de  leur  base.  Les  autres 
sulfates  sont  susceptibles  de  décomposition  ,  et  donnent 
nai-ôsance  à  deux  parties  d'acide  sulfureux  ,  et  une  d'asygène. 
D'une  part  et  de  l'autre,  son  oxyde  ,  suivant  sa  nature  ,  se 
réduit  à  l'état  métallique ,  ou  s'oxyde  davantage  encore,  ou 
bien  enfin  ne  change  point  de  nature ,  s'il  ne  peut  s'oxyder, 
ni  se  désoxyder. 

Tels  sont  les  sulfates  de  zircone  ,  d'alumine,  d'yttria^ 
et  tous  les  sulfates  des  anciens  métaux. 

Les  sulfates  d'or  et  de  platine  ont  cela  de  remarquable 
qu'ils  se  décomposent  à  une  chaleur  plus  basse  que  le  rouge 
cerise,  et  que  leur  acide,  qui  a  peu  d'affinité  avec  leur  base,] 
s'en  dégage  à  l'éta*  d'hydrate. 

Le  carbone,  à  une  température  élevée,  décompose  l'acide 
de  tous  les  sulfates,  et  réduit  tous  les  oxydes  des  anciens  sul- 
fates métalliques.  * 

L'hydrogène ,  le  phosphore  et  le  bore  agissent  de  diffé- 
rentes manières  sur  les  sulfates,  et  donnent  des  résultais  qui 
sont  amplement  décrits  dans  le  Traité  de  chimie  de  M.  Thé- 
nard ,  t.  n ,  p.  4^5  et  suiv. 

Une  partie  des  sulfates  sont  très-solubles  dans  l'eau;  d'au- 
tres le  sont  peu  ,  et  quelques-uns  sont  absolument  insolubles. 
On  renvoie  à  l'ouvrage  déjà  cité,  pour  toutes  les  autres  pro- 
priétés des  sulfates,  et  l'on  passe  à  l'énumération  des  prin- 
cipaux sels  de  ce  genre ,  qui  intéressent  les  arts  ou  la  miné- 
ralogie. 

Le  sulfate  (Talumine.,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  l'alun , 
est  blanc  ,  styptique  ,  déliquescent  et  très-soluble  -,  il  ne  se 
trouve  point  dans  la  nature ,  mais  il  est  susceptible  de  se 
combiner  aye^ç  le  sulfate  de  potasse  et  d'ammoniaque,  et  de 


SEL  Sol 

donner  ce  sel  si  précieux  pour  les  teinturiers,  que  l'on  nomme 
alun,  et  sur  lequel  on  reviendra  bientôt. 

Le  sulfate  de  zircon  n'existe  point  dans  la  nature  ;  c'est  un 
produit  chimique  qui  résulte  de  la  combinaison  de  l'acide 
sulfurique  avec  la  terre  qui  est  particulière  au  zircon  ou  hya- 
cinthe des  bijoutiers.  Il  est  blanc  et  insoluble. 

Le  sulfate  de  glucine  est  blanc  et  sucré  ;  il  n'existe  point 
dans  la  nature  ;  il  est  le  produit  de  la  terre  qui  fait  la  base 
de  l'émeraude  avec  l'acide  sulfurique. 

Le  sulfate  dyttria  est  encore  un  produit  chimique  qui  a 
pour  base  cette  terre  qu'on  a  découverte  dans  la  gadolinite. 
11  est  blanc,  sucré  et  soluble  dans  trente  ou  quarante  fois  son 
poids  d'eau  froide. 

Le  sulfate  de  magnésie  (sel  d'epsom).  On  en  connoît  toutes 
les  propriétés  médicinales.  On  le  relire,  par  évaporation, 
des  eaux  qui  le  tiennent  en  dissolution,  ou  par  la  lixiviation 
de  certains  schistes  qui  s'effleurissent  à  l'aide  de  la  décompo- 
sition des  pyrites  qu'ils  renferment. 

Le  sulfate  de  baryte  (spath  pesant)  est  absolument  insoluble, 
blanc  et  d'une  pesanteur  très-remarquable. 

Quelques  fabrlcans  frauduleux  ont  tenté  d'en  introduire 
dans  du  blanc  de  céruse ,  et  l'on  s'en  est  servi  quelquefois  , 
comme  fondant,  dans  quelques  opérations  métallurgiques, 
à  Birmingham  en  Angleterre ,  et  aux  mines  de  cuivre  de 
Servoz  en  Savoie.  Ilest  très-commun  dans  la  nature,  ne  forme 
pas  de  grandes  masses  à  lui  seul ,  mais  il  accompagne  sou- 
vent les  substances  métalliques. 

Le  sidfate  de  stroniîane  se  trouve  en  très-beaux  cristaux  aux 
vais  di  Noto  et  de  Mazzara  en  Sicile  ;  on  le  rencontre  aussi  à 
Montmartre  près  Paris,  à  Frankstown  en  Pensylvanie,  etc. 
Il  est  ordinairement  blanc,  toujours  insipide  et  insoluble.  On 
ne  l'emploie  qu'en  chimie. 

Le  sulfate  de  chaux  (pierre  à  plâtre).  Ce  sel  existe  en  grandes 
masses  dans  la  nature  ;  celui  des  environs  de  Paris  est  remar- 
quable par  l'excellente  qualité  du  plâtre  qu'on  en  retire  par 
la  cuisson,  et  en  raison  des  beaux  ossemens  fossiles  qu'il  ren- 
ferme. L'albâtre  gypseux  dont  on  fait  de  si  jolis  ornemens,  la 
sélénite,  le  gypse  soyeux  ou  transparent  qui  accompagnent  le 
sel  gemme,  ne  sont  que  de  simples  variétés  du  sulfate  dechaux. 

La  cuisson  du  sulfate  de  chaux,  dont  le  résultat  est  le  plâtre , 
n'apporte  d'autre  changement  dans  ce  sel,  que  d'en  chasser 
son  eau  de  cristallisation.  Il  existe  en  dissolution  dans  la  plu- 
part des  eaux  de  pulls  de  Paris  ,  et  c'est  sa  présence  qui  s'op- 
pose à  la  cuisson  des  légumes  et  à  la  dissolution  du  savon. 

Le  sulfate  de  potasse  (sel  duobus  ou  de  glauber).  Ce  sel 
accompagne  le  carbonate  de  potasse,  et  sert  principalement 


5o2  SEL 

dans  la  fabrication  de  l'alun  ;  quelques  praticiens  Temploienl 
comme  léger  purgatif. 

Le  sulfate  de  sonde  se  trouve  en  dissolution  dans  les  eaux 
de  quelques  fontaines  salées  et  dans  les  cendres  des  plantes 
qui  croissent  au  bord  de  la  mer,  et  dont  on  retire  le  carbo- 
nate de  soude.  On  l'emploie  en  médecine  et  dans  la  fabri- 
cation de  la  soude  artificielle.  ' 

Le  sulfate  d ammoniaque  ne  se  trouve  qu'en  petite  quantité 
dans  la  nature  ,  et  encore  est  il  toujours  yni  au  sulfate  d'alu- 
mine ;  il  est  incolore,  amer,  piquant  et  soluble  dans  son  poids 
d'eau  bouillante  ;  une  cbaleur  modérée  le  fait  passer  à  Fétat 
de  sulfate  acide,  et  le  ronge  cerise  le  décompose  en  entier. 

Le  sulfate  de  manganèse  est  un  produit  chimique  dont  on  ne 
fait  aucun  usage  dans  les  arts;  c'est  un  deuto-sulfate.  On 
connoît  aussi  un  trito-sulfate  et  un  persulfate  acide  de  man- 
ganèse, qui  sont  également  de  simples  préparations  chimiques. 

Le  sulfate  de  zinc  (vitriol  de  goslard).  11  est  le  produit  du 
grillage  du  sulfure  de  zinc  (blende),  traité  par  la  voie  hu- 
^nide  et  évaporé.  Il  se  cristallise  en  une  infinité  de  petites 
aiguilles  blanches,  que  l'on  foule  dans  des  moules  de  bois,  et 
dont  on  forme  ainsi  des  espèces  de  pains.  On  emploie  ce 
vitriol  dans  la  teinture  et  un  peu  en  médecine.  Il  est  as- 
tringent et  styptique. 

Le  sulfate  de  fer  (vitriol  vert  ou  de  mars,  couperose  verle 
des  teinturiers)  éminemment  styptique ,  soluble  dans  trois 
quarts  de  son  poids  d'eau  bouillante,  cristallisant  en  prismes 
rhomboïdaux,  verts  et  transparens ,  mais  qui  tombent,  à  l'air, 
en  efllorescence. 

On  fabrique  ce  sel  en  grand  en  aidant  la  décomposition 
du  sulfure  de  fer  blanc  radié,  en  le  lessivant  et  en  rappro- 
chant la  dissolution  par  l'évaporation.  Dans  les  laboratoires, 
on  le  prépare  avec  du  fer  métallique  sur  lequel  on  verse  de 
l'acide  sulfurique  étendu. 

Le  principal  usage  du  sulfate  de  fer  est  d'entrer  dans  la 
composition  de  l'encre  à  écrire,  dans  les  teinture»  noires  en 
général ,  dans  la  préparation  du  bleu  de  Prusse  ,  etc. 

Notre  sulfate  de  fer  est  rigoureusement  parlant  un  proto- 
sulfate ;  on  connoît  aussi  un  deuto  et  un  trito-sulfate  de  fer, 
mais  ils  ne  sont  point  employés  dans  les  arts. 

Le  sulfate  d'élain  n'a  presque  point  été  examiné  ,  on  sait 
seulement  qu'il  est  blanc  et  insoluble  dans  l'eau  ;  il  n'est  d'au- 
cun usage. 

Le  sulfate  de  adore  (couperose  ou  vitriol  bleu).  Ce  sel ,  qui 
est  un  deuto-sulfate  ,  est  d'un  blanc  très-brillant,  d'une  sa- 
veur stiptique  et  soluble  dans  deux  fois  son  poids  d'eau  bouil- 
ante;  le  simple  contact  d'une  lame  de  fer  humide  le  décom- 


SEL  5o3 

pose,  et  il  en  résulte  des  traces  ou  une  couche  cle  cuivre  rouge. 

Il  existe  souvent  dans  les  eaux  qui  sortent  des  mines  de 
cuivre ,  telles  qu'à  Sainbel  près  Lyon.  On  le  relire  donc,  en 
partie  par  l'évaporation  des  eaux  qui  le  contiennent  natu- 
rellement ;  mais  on  l'obtient  aussi  par  le  grillage  du  sulfure 
de  cuivre  que  l'on  lessive  comme  à  Marienberg. 

En  France,  on  le  prépare  de  toutes  pièces  en  faisant  brûler 
du  soufre  sur  des  lames  de  cuivre.  On  forme  ainsi  un  sulfure 
artificiel ,  que  l'on  lessive  comme  à  l'ordinaire  ,  et  dont  la 
liqueur  évaporée  donne  naissance  à  des  cristaux  de  sulfate 
plus  pur  que  celui  qui  provient  des  autres  procédés. 

On  emploie  ce  sel  dans  la  teinture  et  en  chirurgie,  comme 
narcotique. 

Le  suif ate  de  plomb  est  très-rare  dans  la  nature  ,  mais  s'ob- 
tient facilement  par  la  combinaison  de  l'acide  sulfurlque  avec 
le  plomb  ,  au  moyen  de  l'intermède  d'une  dissolution  de 
sulfate  de  soude  ou  de  nitrate  de  plomb.  On  le  trouve  à  l'île 
Anglesey  en  Angleterre. 

Le  sulfate  de  mercure  ou  plutôt  le  proto  et  le  deuto-sulfate 
de  mercure,  se  préparent  dans  les  laboratoires,  et  sont  peu 
employés  en  médecine  ;  ils  sont  blancs,  insolubles,  insipides 
et  inaltérables  à  l'air. 

Le  sulfate  d'argent ,  blanc  et  insipide  ;  usage  nul. 

Le  sulfate  d'or,  jaune  ,  très-  soluble,  styptique  et  facile  à 
décomposer  par  la  chaleur;  usage  nul. 

Le  sulfate  de  platine  a  les  mêmes  propriétés  que  le  sulfate 
d'or  ;  il  est  seulement  d'un  jaune  plus  foncé. 

Sulfates  doubles. 

Le  seul  sulfate  double  qui  intéresse  les  arts,  est  le  sulfate 
d'alumine  et  de  potasse  ou  d'ammoniaque  qui  est  l'alun  du 
commerce.  Il  est  astringent ,  blanc,  soluble  dans  son  poids 
d'eau  bouillante  et  dans  quatorze  ou  quinze  fois  autant  d'eau 
froide.  L'octaèdre  régulier  est  sa  forme  la  plus  ordinaire.  11 
se  fond  dans  son  eau  de  cristallisation,  et  finit  par  se  calciner. 

On  trouve  peu  d'alun  tout  formé  dans  la  nature  ;  mais  il 
n'est  point  rare  d'en  rencontrer  les  élémens  séparés ,  et  il  ne 
s'agit  que  de  les  combiner  ensemble  par  des  procédés  plus 
ou  moins  simples,  qui  ne  peuvent  trouver  place  ici. 

La  pierre  de  la  Tolfa  est  la  mine  d'alun  la  plus  célèbre. 

On  connoît  l'usage  de  l'alun  dans  la  teinture  des  étoffes  , 
où  il  est  employé  comme  mordant  pour  fixer  les  couleurs  qui 
sont  dissolubles  dans  l'eau. 

Des  Sous-sulfates  et  Sous-sulfates  acides. 

Caractères  :  Tous  les  sous-sulfates  sont  insolubles;  ils  ne  sont 


r^oi  SEL 

d'aucun  usage,  si  ce  n'est  le  sulfate  de  deutoxyde  de  mercure," 
qu'on  nomme  en  médecine,  turbilh  minéral. 

Des  Sulfites. 
Caractères  :  les  sulfites  de  chaux,  de  baryte  ,  de  soude,  de 
potasse  et  de  magnésie  ,  exposés  à  l'action  du  feu,  perdent 
une  partie  de  leur  soufre,  et  se  convertissent  en  sulfate. 

Les  sulfiles  métalliques  proprement  dits,  exposés  à  l'ac- 
tion du  même  agent,  se  décomposent  complètement,  et  leurs 
bases  se  réduisent  ou  restent  à  l'état  d'oxyde.  On  ne  connoît 
que  les  sulfiles  de  soude  ,  de  potasse  et  d'ammoniaque ,  qui 
soient  solubles. 

Les  acides  sulfuriques,  muriatiques,  phosphoriques,  phos- 
phoreux et  arseniques  liquides,  décomposent  les  sulfites  avec 
effervescence  ;  mais  ,  en  revanche  ,  ils  décomposent  à  leur 
tour  l'acide  nitrique. 

On  ne  connoît  point  de  sulfites  naturels  ;  on  les  prépare 
dans  les  laboratoires,  par  la  voie  de  la  double  décomposition 
ou  par  des  moyens  directs.  Ils  ne  sont  d'aucun  usage.  Nous 
ne  ferons  donc  que  les  nommer. 

Le  sulfite  de  potasse  est  blanc  ,  transparent ,  piquant  et 
comme  sulfureux  ;  il  cristallise  en  petites  aiguilles ,  et  fond 
dans  son  poids  égal  d'eau  froide  ;  il  décrépite  au  feu. 

Le  sulfite  de  soude  ressemble  beaucoup  au  précédent;  mais, 
au  lieu  de  décrépiler  ,  il  se  fond  dans  son  eau  de  cristallisa- 
tion ,  et  est  moins  facile  à  se  dissoudre. 

Le  sulfite  d  ammoniaque  a  une  saveur  fraîche  et  sulfureuse  ; 
il  cristallise  en  prismes  à  six  pans,  terminés  par  deux  pyrami- 
des à  six  faces;  il  se  ramollit  à  l'air,  et  passe  à  l'état  de  sulfate. 
Des  Sulfites  sulfurés. 
On  appelle  ainsi  les  composés  qui  résultent  de  l'union  des 
sulfites  avec  le  soufre  ;  leur  usage  est  nul. 
Des  Nitrates. 
Caractères  :  tous  les  nitrates  se  décomposent  à  une  tempé- 
rature plus  ou  moins  élevée  ,  et  à  plus  forte  raison  par  le 
contact  d'un  corps  combustible.  Tous  les  métaux,  excepté  l'or, 
l'argent,  le  platine,  le  rhodium  et  l'iridium,  sont  susceptibles 
d'être  attaqués  par  tous  les  nitrates,  à  l'aide  de  la  chaleur. 
Tous  les  nitrates  sont  solubles  dans  l'eau  ,  et  sont  décom- 
posés par  les  acides  sulfurique ,  phosphorique,  fluorique,  ar- 
sénique  ,  muriatique  liquides. 

Les  nitrates  de  chaux,  de  potasse  et  de  magnésie  sont  les 
seuls  qui  se  trouvent  dans  la  nature  ,  et  le  plus  ordinairement, 
lis  sont  réunis  dans  le  même  lieu;  c'est  particulièrement  dans 
les  bâtimens  qui  servent  de  demeure  aux  animaux  domesti- 
ques, qu'on  rencontre  des  nitrates  ;  c'est  dans  le  sol  des  écu- 


SEL  SoS 

ries,  des  élaLles,  de  certaines  caves,  à  la  surface  des  murs 
et  dans  les  déblais  des  vieux  édifices  ,  qu'on  peut  espérer  d'en 
récolter;  aussi  ce  sont  les  lieux  qui  sont  fouillés  par  les  sal- 
pêlriers. 

Les  nîlrales  de  baryte^  de  strontiane ^  de  ztrcone^  de  glur.ine  ^ 
d'' alumine  et  d'yttria  sont  des  produits  de  l'art,  et  ne  sont  em- 
ployés que  comme  réactifs  dans  les  laboratoires  des  chimistes. 

Le  nitrate  de  magnésie  se  trouve  dans  la  nature  ;  on  le  con- 
vertit en  nitrate  de  potasse  pour  la  fabrication  du  salpêtre. 

Le  nitrate  de  chaux  se  trouve,  avec  le  précédent,  parmi  les 
efflorescences  des  matériaux  salpêtres ,  et  se  convertit  en 
nitrate  de  potasse. 

Le  nitrate  de  potasse  (nitre  ou  salpêtre)  est  blanc  ,  d'une 
saveur  très-fraîche,  et  cristallise  par  refroidissement,  en  cris- 
taux hexaèdres  pyramides;  il  fuse  sur  les  charbons;  mais, 
simplement  exposé  à  la  chaleur,  il  se  fond  dans  son  eau  de 
cristallisation;  il  active  la  combustion  de  tous  les  combus- 
tibles et  de  son  feu  en  particulier.  La  poudre  de  guerre  est 
composée  de  yS  parties  de  nitre,  12, 5  de  soufre  et  12, 5  de 
charbon  ,  et  c'est  à  cette  fabrication  que  la  plus  grande  partie 
de  ce  sel  est  employée  ;  néanmoins,  on  en  retire  aussi  l'acide 
nitrique  dont  on  fait  un  usage  journalier,  et  on  l'administre, 
en  médecine,  comme  diurétique  et  rafraîchissant. 

C'est  dans  les  lieux  où  se  putréfient  des  matières  animales 
et  végétales  réunies,  qu'on  trouve  particulièrement  les  terres 
et  les  plâtras  salpêtres  :  certaines  contrées,  et  surtout  TEgypte, 
offrent  le  nitre  en  efflorescence  sur  leur  sol  ;  et,  dans  l'un  et 
l'autre  cas  ,  on  l'en  extrait  par  des  lessivages  réitérés  et  des 
évaporations  successives,  qui  tendent  à  le  purifier,  et  il  ne 
prend  véritablement  le  nom  de  nitre  que  lorsqu'il  est  raffiné, 
jusque-là  ce  n'est  que  du  salpêtre,  un  sel  de  pierre  comme 
l'exprime  ce  mot. 

Le  nitrate  de  soude  est  un  produit  chimique  dont  l'usage  est 
nul;  il  cristallise  en  prismes  rhoraboïdaux,  et  a  une  saveur 
fraîche  et  amère. 

Le  nitrate  d'' ammoniaque  est  le  nitre  inflammable  de  l'an- 
cienne chimie  ;  il  ne  se  trouve  point  dans  la  nature  ;  sa  saveur 
est  acre  et  piquante  à  l'excès  ;  il  cristallise  en  longs  prismes 
à  six  pans  brillans  et  soyeux. 

Le  nitrate  de  manganèse  n'existe  point  dans  la  nature,  et  ses 
usages  sont  nuls;  ce  métal  ne  se  combine  avec  l'acide  nitri- 
que qu'à  Tétatde  deuto  et  de  tritoxyde. 

Le  nitrate  de  zinc  esl  incolore,  styplique  ,  un  peu  déliques- 
cent, très-soluble  dans  l'eau  ,  et  cristallise  en  prisme  à  qua- 
tre pans  pyramides;  usage  nul. 

Le  rJtrate  de  fer  est  dû  à  la  combinaison  factice  du  deulo 


5o6  S  K  L 

ou  du  triloxyde  de  fer  avec  l'acide  nitrique  étendu  ;  on  le 
préparc,  dans  quelques  pharmacies,  pour  en  obtenir  Vethiops 
maiiial  ou  la  teinture  de  Sthal. 

Le  nitrate  détain  ne  cristallise  point,  n'est  d'aucun  usage  ; 
mais  comme  sa  formation  donne  naissance  à  une  petite 
quantité  d'ammoniaque,  ce  phénomène  en  rend  la  prépara- 
tion intéressante. 

Le  nitrate  de  cobalt  est  rouge  ou  violet,  un  peu  déliques- 
cent; son  usage  est  nul. 

Le  nitrate  dhirane  est  d'un  jaune  citron ,  très-soluble  dans 
l'eau  et  d'un  usage  nul. 

Le  nitrate  de  cerium.  Le  cerium  se  combine  avec   l'acide 

nitrique ,  à  l'état  de  proto    et  de  deuloxyde.  Il  produit  deux 

sels  distincts,  mais  dont  les  usages  sont  absolument  nuls. 

Le  wV/a/e  Je /iVane cristallise  enlameshexagonales;  usage  nul. 

Le  nitrate  de  bismutli  est  limpide,  styptique  et  caustique, 

l'eau  le  décompose   et  lui  fait  précipiter  son   oxyde  sous  la 

forme  de  flocons  blancs.   Ce  précipité  est  le  blanc  du  fard 

ordinaire  ;  mais  il  a  l'inconvénient  de  rendre  la  peau  rude  et 

celui  de  noircir  ,  par  l'émanation  des  mauvaises  odeurs,  ce 

qui  n'est  pas  fort  aimable  pour  les  femmes  qui  en  font  usage. 

Le  nitrate  de  caii/re  est  bleu,  acre,  caustique,  légèrement 

déliquescent  et  plus  solubie  à  chaud  qu'à  froid.  Il  cristallise 

en  parallélipipèdes  allongés,  et  s'emploie  dans  la  fabricalioa 

des  couleurs  dites  cendres  bleues. 

Le  nitrate  de  tellure  cristallise  en  longues  aiguilles  blanches 
qui  ressemblent  à  des  barbes  de  plumes. 

Le  nitrate  de  nickel  est  vert-pomme,  sucré,  astringent ,  et 
cristallise  en  prismes  à  huit  pans;  usage  nul,  excepté  en 
chimie. 

Le  nitrate  de  plomb  est  légèrement  sucré  ,  âpre,  inaltérable 
à  l'air,  et  cristallise  en  tétraèdres  dont  les  angles  solides  sont 
tronqués  ;  usage  nul. 

he  nitrate  de  mercure.  Le  mercure  se  combine  avec  l'acide 
nitrique,  à  l'état  de  proto  et  de  deuloxyde,  et  donne  nais- 
sance à  des  sels  <pie  l'on  calcine  ensuite  pour  en  obtenir  d'une 
part,  ce  que  Von  nomme  en  pharmacie  le  précipité,  et  de  l'au- 
tre, la  pommade  citrine,  dont  on  fait  usage  pour  le  feutrage,  et 
qui  devient  funeste  aux  ouvriers  qui  en  font  long-temps  usage. 
Le  nitrate  d'urgent  est  limpide,  acre,  amer  et  très-causti- 
que, inaltérable  à  l'air  et  solubie  dans  son  poids  d'eau 
chaude;  il  se  précipite  en  lames  blanches  qui  perdent  leur 
eau  de  cristallisation  par  une  légère  chaleur. 

La  dissolution  de  ce  sel  est  un  puissant  réactif  fort  employé 
en  chimie. 

Les  nilcate  de  palladium  et  de  rhodium .,  sont  à  peine  connus 


s  E  L  507 

Le  nîfrale  âe  platine  est  d'un  jaune  orangé  ,  très-soluble 
cl  toujours  acide.  Il  est  peu  connu. 

Le  nitrate  d'or  est  semblable,  pour  la  couleur ,  au  nitrate 
de  platine.  Il  est  aussi  styptique  à  l'excès  ;  le  feu  le  décompose 
en  vaporisant  son  acide  et  en  réduisant  son  oxyde. 
Des  Sous-nitrates. 

Le5  oxydes   insolubles  sont  seuls  susceptibles  de  former 
des  sous-nitrates  ;  ces  sels  sont  insolubles  eux-mêmes,  et  onl 
été  jusqu'à  présent  fort  peu  étudiés. 
Des  NiTRiTES. 

Jusqu'à  présent,  l'on  n'a  fait  quedisnitrites,  savoir  :  le  ni- 
trite  de  potasse,  de  soude,  de  baryte,  de  strontiane  ,  de 
chaux,  d'ammoniaque,  de  njagnésie  ,  de  plomb  ,  de  mercure 
et  de  cuivre.  On  ne  connoîl  point  les  propriétés  de  ces  sels; 
mais  on  peut  les  pressentir  en  raison  de  celles  des  nitrites. 
Ainsi ,  l'oii  peut  être  à  peu  près  certain  que  le  feu  les  décom- 
posera et  qu'ils  se  décomposeront,  comme  les  nitrates,  avec  les 
corps  combustibles,  etc.  On  ne  trouve  aucun  nitrite  dans  la 
nature  ,  et  l'on  ne  fait  aucun  usage  de  ceux  que  l'on  prépare. 
Des  Muriates.  (i) 

Carartères.  Les  muriates  qui  ne  se  décomposent  point  ati 
feu  sont  fusibles  ,  au-dessous  ou  au-dessus  de  la  chaleur 
rouge.  Deux  d'entre  eux  sont  toujours  liquides  (  muriates 
d'arsenic  et  d'étain  ),*et  plusieurs  autres  coulent  à  la  vïia- 
nièrc  des  graisses  ,  par  l'action  de  la  chaleur  la  plus  douce  ; 
ce  qui  leur  avoit  fait  donner  dans  le  langage  de  l'ancienne 
chimie,  le  nom  de  beurres.  D'autres  enfin  sont  volatils;  ce 
sont  les  muriates  secs,  qui  senties  plus  difficiles  à  décom- 
poser par  le  feu. 

Mais  parmi  ceux  qui  sont  humides,  il  en  est  un  grand 
nombre  qui  sont  susceptibles  de  l'être.  On  remarque  cepen- 
dant que  les  muriates  d'argent ,  de  mercure,  de  manganèse  , 
de  zinc  ,  abandonnent  très-difficilement  leur  acide. 

Le  gaz  hydrogène  agit  sur  les  muriates  des  anciens  mé- 
taux, dont  il  réduit  l'oxyde.   Le  carbone  bien  sec  n'a  aucune 

(i)  Les  chimistes  conviennent  maintenant  d'appeler  i.°c/(Yore,  legazacida 
mnriatique  oxygéné j  et  ses  sels  mélalliques,  cfitorvfes;  2.°  acide  hijdro- 
clUorique,  l'acide  mnriatique  formé  de  parties  égales  en  volume,  de  cas 
hydrogène  et  de  gaz  inurialique  oxygéné  :  les  sels  résultans  sont  deshydio- 
chiorates  ;  3.°  acide  chioreux ^  l'acide  muriatique  surox^gcné  :  ses  sels  ie- 
roient  donc  des  chlorites  ;  4°  acide  chlorique  ,  l'acide  mv.iialique  hyj  er- 
oxygéné,  et  ses  sels,  par  conséquent,  chlorates.  Pouréiiler  la  conluiicn 
que  fcroicnt  naître  toutes  ces  nouvelles  dénominations,  nous  avons  prél'éié 
suivre  les  anciennes  dénominations,  sauf  à  renvoyer  les  lecteurs  qui  dé;  i- 
rent  de  plus  amples  renseiguemens  ,  au  Trailé  de  Chimie  de  M.  Tbûiaid, 


5^8  s  E  I. 

action  sur  les  muriates  bien  secs  eux-mêmes  ;  mais  à  l'aide  de 
Teau  et  d'une  chaleur  plus  ou  moins  forte,  il  les  décompose 
et  les  réduit  à  l'état  métallique.  On  présume  que  le  bore  se 
comporteroit  à  leur  égard  d'une  manière  analogue  à  celle 
'i3(i  carbone.  Le  phosphore  et  le  soufre,  ayant  la  propriété 
àe  se  combiner  avec  l'oxygène  de  l'acide  murialique  ,  il  est 
très-probable  qu'ils  ont  aussi  la  faculté  de  décomposer  les 
Hiuriatcs. 

Tous  les  muriates  neutres  ou  légèrement  acides,  sontso- 
Ifibles  dans  l'eau  ,  excepté  ceux  d'antimoine,  de  bismuth,  de 
protoxyde  de  mercure  et  d'argent;  l'eau  s'empare  de  l'acide 
«Ses  muriates  d'antimoine,  de  bismuth  et  de  tellure,  et  en 
précipite  l'oxyde  à  l'étal  de  sous-muriate. 

La  potasse  et  la  soude  en  dissolution,  décomposent  tous 
!es  muriates  qui  n'ont  pas  l'un  de  ces  alkalis  pour  base  ; 
c'est  dire  ,  en  d'autres  termes  ,  que  la  potasse  et  la  soude 
sont  les  deux  bases  connues  qui  ont  le  plus  d'affinité  pour 
i'aeide  muriatique. 

lues  acides  les  plus  forts,  sans  la  présence  de  l'eau,  ne 
décomposent  aucun  muriate;  mais  avec  cet  auxiliaire,  ils 
sont  tous  attaqués  plus  ou  moins  facilement ,  si  l'on  en  ex- 
cepte cependant  le  muriate  d'argent  qui  résiste  à  tout. 

On  trouve  neuf  muriates  dans  la  nature  ,  qui  sont  le  mu- 
liale  de  soude ,  de  chaux,  dépotasse,  de  magnésie,  de  cui- 
vre, d'argent,  d'ammoniaque,  de  plomb  et  de  mercure; 
les  autres  sont  des  produits  chimiques. 

Le  m«nWe  Je 2// cône  est  incolore,  astringent,  très-soluble 
et  sans  usage. 

Le  muriate  d\ilumine  est  déliquescent,  très-soluble,  inco- 
lore, astringent,  non  cristaliisable  et  sans  usage. 

Le  muriate  (ïyllria  est  sucré  ,  incolore,  déliquescent ,  très- 
soluble,  se  prend  en  gelée  et  n'est  d'aucun  usage. 

Ll^  mûri  aie  de  glucine  est  sucré,  incolore,  cristaliisable, 
très-soluble  et  sans  usage. 

Le  muriate  de  magnésie  est  amer,  incolore  ,  très-soluble, 
et  se  trouve  dans  les  eaux  de  quelques  fontaines  et  dans  les 
déblais  salpêtres. 

Le  muriate  de  haryte  est  acre,  très-piquant ,  vénéneux ,  so- 
luble  ,  cristaliisable  en  lames  carrées.  On  l'emploie  en  mé- 
decine contre  les  scrophules  ,  et  en  chimie  comme  réactif. 

Le  muriate  de  stiontiarte  est  incolore,  acre,  piquant,  solu- 
îjle  dans  une  fois  et  demie  son  poids  d'eau  froide,  et  dar>s 
les  4^/5  d'oau  bouillante.  Il  communique  une  belle  couleur 
pourpre  à  la  flamme  des  combustibles,  sa  forme  cristalline 
est  le  prisme  hexaèdre  régulier. 

L.Z  muriate  de  chaux  est  éminemment  déliquescent,  très- 


s  i:  L  50g 

acre,  piquant  et  amer.  Exposé  au  feu  ,  il  commence  par  se 
fondre  dans  son  eau  de  cristallisation  ,  puis  il  éprouve  la 
fusion  ignée.  Refroidi  et  porté  dans  l'obscurité,  il  y  jouit 
d'une  légère  phosphorescence. 

Ce  sel  est  rarement  pur,  on  le  trouve  parmi  les  matériaux 
salpêtres,  et  en  dissolution  dans  l'eau  de  quelques  fontaines; 
il  est  anliscrophuleux  et  employé  en  chimie  comme  l'un  des 
meilleurs  frigorifiques  connus. 

Le  miiriale  dépotasse  est  incolore  ,  piquant  et  amer;  il  est 
soluble  dans  trois  fois  son  poids  d'eau  froide,  et  se  trouve  à 
l'état  naturel  dans  quelques  végétaux  et  dans  quelques  flui- 
des de  l'économie  animale.  On  Temploycit  autrefois  comme 
fébrifuge  sous  le  nom  de  sel  de  Slhlus. 

Le  muriale  de  soude  (sel  marin  ),  est  très-répandu  dans  la 
nature,  puisqu'il  existe  en  dissolution  dans  l'eau  de  mer, 
dans  une  infinité  de  sources  et  en  masses  solides  et  très-con- 
sidérables en  Espagne,  en  Pologne,  en  Allemagne  et  sur- 
tout en  Amérique  ,  en  Asie  et  en  Afrique. 

Tout  le  monde  en  connoît  la  saveur,  et  bien  des  gens  ne 
connoissent  point  d'autre  sel  que  lui.  11  n'est  pas  toujours 
blanc-,  car  on  en  rencontre  d'un  assez  beau  bleu,  de  lilas  , 
de  rouge  orangé,  de  brun,  etc.  11  cristallise  en  cubes  régu- 
liers plus  ou  moins  parfaits,  et  décrépite  quand  on  le  jette 
sur  des  charbons  embrases. 

On  l'extrait  :  par  évaporation  naturelle,  des  eaux  de  la  mer, 
dans  les  lieux  destinés  à  cette  préparation,  qui  portent  le  aoiu 
de  marais  salans  ; 

Par  évaporation,  partie  naturelle  et  partie  artificielle , 
des  sources  souterraines  et  salées  qui  existent  particulière- 
ment dans  le  pays  de  Sallzbourg; 

Enfin  à  l'état  solide ,  des  terrains  qui  en  renferment  d'é- 
normes masses,  tels  qu'en  Pologne  et  au  Pérou. 

Dans  les  différens  procédés  d'évaporalion ,  l'on  a  tou- 
jours en  vue  l'économie  des  combustibles  ,  et  par  conséquent 
la  concentration  préliminaire  de  la  liqueur,  par  des  moyens 
peu  coûteux,  et  c'est  là  le  but  des  bâtimens  de  graduation, 
formés  le  plus  souvent  de  fascines  empilées  à  une  grande 
hauteur,  de  cordes  tendues  perpendiculairement,  comme  à 
Moutiers  en  Savoie,  de  tablettes  inclinées,  etc.  ,  à  travers 
lesquelles  ou  le  long  desquelles  on  fait  pleuvoir  ou  glisser 
l'eau  de  la  source,  telle  qu'elle  sort  du  sein  de  la  terre  ou 
à&s  cavités  souterraines  ,  dans  lesquelles  ou  la  relient  à  des- 
sein de  la  saler  davantage  ,  et  qu'on  nomme  salons. 

L'utilité  de  ce  sel  est  si  connue,  qu'il  seroit  superflu  d'en- 
trer dans  les  détails  relatifs  à  ce  sujet  ;  on  sait  qu'on  l'emploie 
journellement  pour   assaisonner  nos  alimens,  pour  conser- 


Sio  SEL 

ver  ceux  que  l'on  expédie  au  loin ,  et  que  Ton  nonnne  salai- 
sons;  mais  on  l'emploie  aussi  pour  en  extraire,  tantôt  la 
soude,  tantôt  Tacide  murialique  qui  le  composent.  On  en  fait 
usage  aussi  pour  la  couverte  de  cette  excellente  poterie  qu'on 
nomme  grès,  et  l'on  en  donne  souvent  aux  moutons  et  aux  va- 
ches laitières.  Employé  à  petite  dose  ,  il  est  l'un  des  meil- 
leurs engrais  connus. 

Le  muriate  d'ammoniaque  est  d'un  blanc  un  peu  grisâtre  , 
extrêmement  piquant,  soluble  dans  un  peu  moins  de  trois 
fois  son  poids  d'eau  froide,  et  dans  beaucoup  moins  d'eau 
chaude.  11  cristallise  rarement  en  cristaux  réguliers.  On  ne 
le  trouve  dans  le  commerce  qu'en  pains  ,  dont  la  slraclure  in- 
térieure est  fibreuse.  Exposé  au  feu,  il  se  fond  d'abord  dans 
son  eau  de  cristallisation  ,  et  se  sublime  ensuite. 

Ge  sel  existe  dans  l'urine  humaine,  dans  la  fiente  du 
chameau,  et  en  efflorescence  aux  environs  des  cratères  des 
volcans  brûlans. 

En  Egypte  ,  on  l'extrait  de  la  fiente  du  chameau;  mais  en 
Europe,  on  l'obtient  en  distillant  des  matières  animales  sans 
valeur,  dans  des  tuyaux  de  fonte  de  fer,  en  décomposant 
par  le  sous-carbonate  d'ammoniaque  qui  en  résulte  ,  le  sulfate 
de  chaux  qui  fait  passer  le  sous-carbonale  à  l'état  de  sulfate, 
et  en  mettant  ce  dernier  en  contact  avec  le  muriate  de  soude, 
dans  des  pots  de  grès  ,  dont  toute  la  partie  inférieure  est  en- 
gagée dans  un  fourneau  à  galère,  tandis  que  l'ouverture  est 
couverte  par  un  autre  pot  de  grès  renversé  ;  et  c'est  dans  ce 
dernier  que  le  muriate  d'ammoniaque  est  sublimé. 

Les  usages  de  ce  sel  ne  sont  pas  très- variés;  on  l'emploie 
principalement  à  décaper  la  surface  des  métaux  qu'on  veut 
souder ,  braser  ,  ou  étamer;  il  entre  quelquefois  dans  les 
teintures,  et  on  le  donne  comme  stimulant  en  médecine. 

Le  muriate  de  manganèse ,  provenant  du  tritoxyde  de  ce 
métal,  est  rose,  styptique  et  déliquescent  ;  son  usage  est  nul. 
Celui  qui  provient  du  deutoxyde  est  blanc. 

Le  muriate  de  zinc  est  blanc,  très-styplique,  déliquescent  et 
émétique  à  petite  dose. 

Le  muriate  de  fer  est  vert  pâle  ,  Irès-styptique ,  très-soluble 
dans  l'eau,  susceptible  de  se  sublimer  à  une  chaleur  élevée. 
Usage  nul. 

Le  muriate  détain  est  blanc  ,  styptique,  plus  soluble  à 
chaud  qu'à  froid,  et  s'emploie  dans  la  teinture  des  toiles, 
dans  la  couleur  écarlate ,  et  dans  la  préparation  du  muriate 
d'or  ou  pourpre  de  Cassius,  dont  on  fait  usage  dans  la  pein- 
ture sur  porcelaine. 

Le  ryv.^iufe  d'antimoine  csi  blanc-grisaire ,  demi  trauspa- 


SEL  Bit 

rent,  caustique,  a  l'aspect  gras,  est  très-volatil,  et  est  em- 
ployé en  médecine. 

Le  muriaie  d'arsenic  est  le  résultat  de  la  combinaison  du 
deutoxyde  d'arsenic  avec  l'ac'de  muriatique  ;  il  est  liquide  , 
très-vénéneux  et  très-volatil;  sans  usage. 
Le  muriate  de  chrome  est  vert  et  soluble. 
Le  muiiate  de  molybdène  est  à  peine  connu. 
Le  muriate  de  colombium  ou  tantale  est  à  peine  connu. 
Le  muriate  de  cobalt  est  très  styptique  ,  déliquescent  et  par 
conséquent  soluble.  Ses  dissolutions  concentrées  sont  bleues, 
et  celles  qui  sont  étendues  sont  roses.  Celte  dernière  est  em- 
ployée comme  objet  de  curiosité  ;  c'est  une  encre  sympathi- 
que très-jolie. 

On  trace  des  caractères  sur  le  papier,  avec  cette  liqueur 
d'un  rose  tendre ,  et  e«  séchant  ils  disparoissent  complète- 
ment. Si  l'on  approche  le  papier  du  feu ,  ce  que  l'on  a  écrit 
prend  une  teinte  vert  céladon,  et  disparoît  de  nouveau  en 
refroidissant,  si  toutefois  l'on  n'a  pas  trop  chauffé.  Ce  phéno- 
mène tient  à  ce  que  le  muriate  de  cobalt,  en  attirant  l'humi- 
dité de  l'air,  s'affoiblit  et  perd  sa  teinte  bleue,  et  que  la 
chaleur  le  rapproche  et  lui  rend  momentanément  sa  con- 
centration, (i). 

Le  muriate  d'urane  est  vert-jaunâtre,  très-soluble,  un  peu 
déliquescent,  et  sans  usage. 

Le  muriate  de  ceiium  est  sucré,  déliquescent,  très-soluble, 
et  rougit  le  tournesol  ;  sans  usage. 

Le  muriate  de  titane  est  d'un  blanc-jaunâtre,  incristallisable, 
et  rougit  la  teinture  de  tournesol. 

Le  muriate  de  bismuth  est  incolore ,  caustique  et  cristallise 
aisément-,  une  chaleur  peu  élevée  le  fait  couler  à  la  manière 
des  graisses. 

Le  muriate  de  cuiore.  Le  deuto  muriate  de  cuivre  est  bleu 
verdâtre,  styptique,  et  cristallise  en  petites  aiguilles;  il  attire 
l'humidité  de  l'air.  M.  Robinson,  chimiste  américain,  l'a  dé- 
couvert dans  les  produits  du  Vésuve. 
Le  prolo-muriate  est  blanc  et  insipide. 
Il  existe  dans  la  nature  un  muriate  de  cuivre,  que  Domhev 
avoit  rapporté  du  Chili,  sous  la  forme  d'un  sable  vert,  qui. 
communique  cette  couleur  à  la  naumie  du  papier  on  en 
connoît  aussi  qui  est  en  masses. 

Le  muriate  de  tellure  est  incolore ,  cristallise  difficilement, 
et  rougit  la  teinture  bleue  de  violette.  Sans  usage. 

Le  muriaie  de  nickel  est  vert-pomme ,  sucré  et  soluble. 
Sans  usage. 


(i)  Thénard,  Traité  de  Chiraie,  Ijm.  4  ,  pag-  58o, 


5ia  S   E  L 

Le  muriate  de  plomb  est  blanc,  sucré,  astringent,  înalté-^ 
rable  à  l'air  et  peu  solubie.  11  cristallise  en  prismes  hexaèdres 
réguliers,  brillans  et  salines.  Au  feu,  il  se  fond  et  se  prend 
en  masse  grisâtre  :  il  porle  alors  le  nom  de  plomb  corné. 

Le  muriate  de  mercure  se  trouve  en  petites  masses  dans  la 
nature  :il  accompagne  le  mercure  sulfuré  ,  le  mercure  natif 
et  l'amalgame  naturel  d'argent  et  de  mercure.  On  le  ren- 
contre plus  pariiculièrement  dans  les  mities  de  mercure  du 
duché  de  Deux-Poiits.  Il  est  rare  dans  les  collections. 

Le  deuto-muriate  de  mercure  (ou  sublimé  corrosif)  est  blanc  V 
inaltérable  à  l'air,  slyptique  et  d'un  goût  très-désagréable; 
son  action  vénéneuse  est  tellement  active  sur  l'économie 
animale,  qu'il  est  dangereux  d'en  prendre  la  plus  légère  dose; 
il  est  plus  soluble  à  chaud  qu'à  froid  dans  la  proportion  de 
20  à  3  d'eau. 

La  médecine  l'emploie  avec  les  plus  grandes  précautions, 
mais  avec  un  succès  constant  dans  les  maladies  syphilitiques. 

Le  proto-muriate  de  mercure  (ou  mercure  doux)  est  blanc, 
sans  saveur,  insipide,  indécomposable  au  feu,  volatil,  inso- 
luble et  inaltérable  à  l'air. 

II  est  employé  en  médecine  comme  antisyphilitique  et 
purgatif;  ses  effets  sont  infiniment  plus  doux  que  ceux  du  sel 
précédent. 

lise,  muriate  d'argent  est  blanc,  insoluble  et  insipide;  il  se 
fond  par  une  chaleur  beaucoup  plus  basse  que  le  rouge  ;  il 
est  susceptible  de  se  couper  à  la  manière  de  la  corne  ,  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  nom  d'argent  corné.  On  le  prépare  dans 
les  laboratoires,  mais  il  existe  aussi  dans  la  nature,  et  parti- 
culièrement aux  mines  du  Pérou,  à  Freyberg  en  Saxe  et  ail- 
leurs. Il  est  rare  dans  les  collections.  Le  contact  du  fer 
revivifie  l'argent  qu'il  renferme. 

Le  muriate  de  palladium.  Ce  sel ,  dont  on  doit  la  connois- 
sance  au  D.^  Wollaston,  est  susceptible  de  se  combiner  avec 
les  muriates  de  soude  ,  de  potasse  et  d'ammoniaque,  et  de 
former  ainsi  des  sels  doubles  qui  sont  verts  dans  le  sens  trans- 
versal de  leurs  cristaux  prismatiques,  et  rouges  dans  le  sens  de 
leur  axe.  Ils  sont  très-solubles  dans  l'alcool.  Sans  usage  connu. 

Le  muriate  de  rhodium  est  rouge,  soluble  dans  l'eau,  incris- 
tallisable,  et  rougit  la  teinture  de  tournesol;  il  forme,  comme 
le  précédent,  des  sels  doubles  avec  les  mêmes  muriates.  Sans 
usage. 

Le  muriate  d'or  est  jaune  foncé,  très-styptique  ,  colore  en 
violet  l'épiderme  de  la  peau  et  les  substances  végétales;  se 
réduit  au  feu  en  se  décomposant,  attire  l'humidité  de  l'air 
et  est  très-soluble. 


s  E  L  5i3 

On  en  précipite  la  dissolution  par  le  sulfate  de  fer  ou  le 
muriate  d'étain,  et  l'on  obtient  pour  résultat  le  pourpre  de 
Cassius  qui  produit  ces  belles  couleurs  roses  et  violettes  qu'on 
ramarque  sur  les  porcelaines. 

Le  muriate  de  platine  est  brun-rougeâtre,  styptique,  et  rougit 
le  tournesol.  Il  est  assez  facilement  dissoiubie  dans  Teau, 
et  se  comporte  au  feu  comme  le  muriate  d'or  ;  usage  nul. 

Le  muriate  (Tindium  s'obtient  en  traitant  le  minerai  de 
platine  tel  qu'il  se  trouve  en  Amérique  ,  et  renfermant , 
comme  on  le  sait,  plusieurs  autres  métaux ,  entre  autres 
de  Viridium  ;  usage  nul. 

Des  Sous-Muriates  ou  Muriates  acides. 

Excepté  le  sous-muriate  de  plomb  qui ,  étant  fondu  et 
pulvérisé,  est  d'un  jaune  assez  boaa  pour  être  employé  dans 
les  manufactures  de  papiers  peints ,  on  ne  connoît  point 
d'usage  à  ces  sels,  qui  s'obtiennent,  au  reste,  comme  les 
sous-nitrates. 

Des  Muriates  suroxygénés. 

Caractères:  décomposables  au  feu;  quelques-uns  même,' 
par  l'action  d'un  simple  choc,  s'enflammant  et  détonnant 
avec  fracas.  Tous  sont  solubles  dans  l'eau ,  et  tous  les  acides 
paroissent  avoir  la  propriété  de  les  décomposer;  aucun  ne 
se  trouve  dans  la  nature,  et  un  seul  est  employé.  C'est  à 
M.  Berthollet  qu'on  doit  la  connoissance  de  ce  genre  de  sels. 

Le  muriate  suroxygéué  de  potasse,  qui  est  la  seule  espèce 
du  genre  dont  on  fasse  usage,  est  blanc,  acerbe  et  frais  ;  il 
cristallise  en  lames  rhomboïdales  ,  ne  s'altère  point  à  l'air 
et  se  dissout  plus  facilement  à  chaud  qu'à  froid  dans  le  rap- 
port de  2  1/2  à  i8  d'eau. 

Mêlé  à  un  corps  résineux,  il  s'enflamme  par  le  contact 
de  l'acide  sulfurique ,  et  c'est  sur  cette  propriété  que  sont 
fondées  les  allumettes  oxygénées  qui  s'allument  quand  on  les 
trempe  dans  un  flacon  d'acide  sulfurique. 

On  l'administre  dans  certaines  maladies  syphilitiques. 

Mêlé  à  55  parties  de  nitrate  de  potasse,  33  de  soufre,  17  de 
poussière  de  bois  de  bourdaine  tamisée,  et  à  17  de  lycopode, 
il  forme  une  poudre  dont  on  a  proposé  l'usage  pour  amorcer 
les  armes  à  feu.  Au  moyen  d'un  simple  choc,  et  sans  le  secours 
de  la  pierre,  l'arme  ainsi  amorcée,  part  comme  avec  la  poudre 
ordinaire.  On  avoit  proposé,  pendant  la  révolution,  de  substi- 
tuer le  muriate  suroxygéné  au  nitrate  de  potasse, dans  lafabrica- 
tion  de  la  poudre  de  guerre  ;  mais  la  facilité  avec  laquelle  elle 
s'endamme,  parle  simple  choc.  Ta  fait  rejeter,  malgré  qu'elle 
eût  véritablement  plus  de  force  pour  chasser  les  projectiles. 

Le  muriate  suroxygéné  de  soude  jouit,  sans  doute,  d'une  par- 
lie  des  propriétés  du  précédent.  Il  n'est  point  employé, 

XXX.  3J 


Si/;.  S  î:  l 

Le  murîaie  sitroxygénè  de  baryte  a  une  saveur  acre  ;  il  cris- 
tallise en  tables  rhomboïdales  ;  est  plus  soluble  à  chaud  qu'à 
froid.  Usage  nul. 

Le  muriate  suroxygéné  de  sirontiane  est  acre  ,  très-soluble  , 
et  même  déliquescent  -,  il  cristallise  en  aiguilles. 

Le  muriate  suruxygéné  de  magnésie  est  amer  et  déliquescent. 
Le  muriate  suroxygèné  de  chaux  cristallise  difficilement  ;  il 
est  soluble  et  déliquescent,  et  a  une  saveur  amère. 

Le  muriate  suroxygéné  d"^ ammoniaque  est  presque  toujours 
mêlé  de  muriate  d'ammoniaque. 

Le  muriate  suroxygéné  d  argent  a  été  découvert  par  M.  Che- 
nevix,  chimiste  anglais,  et  est  blanc,  acre,  caustique,  et 
cristallise  en  cristaux  rhomboïdaux ,  décomposables  au  feu. 
Mêlé  à  moitié  son  poids  de  soufre  et  frappé  légèrement,  il 
détonne  avec  violence  et  dégagement  de  lumière  vive. 

Le  muriate  suroxygéné  de  mercure  est. incolore  ,  très-soluble, 
déliquescent,  se  refuse  à  la  cristallisation  ;  sa  saveur  est  in- 
supportable. Il  n'a  point  d'odeur  à  la  température  ordinaire  ; 
mais,  légèrement  chauffé,  il  en  acquiert  une  repoussante. 

Des  Fluates. 

Caractères  :  tous  les  fluates  entrent  en  fusion  à  une  tempé- 
rature plus  ou  moins  élevée,  ou  se  décomposent;  tous  sont 
indécomposables  par  le  feu,  quand  ils  sont  secs;  mais  plu- 
sieurs le  sont  par  l'intermède  de  l'eau ,  avec  laquelle  l'acide 
fluorique  a  une  grande  affinité.  L'hydrogène  et  le  bore  sont 
les  seuls  combustibles  non-métalliques  qui  soient  susceptibles 
d'agir  sur  les  Quales  secs.  Tous  les  fluates  connus  sont  inso- 
lubles dans  l'eau  à  l'état  neutre,  excepté  ceux  de  potasse, 
de  soude  ,  d'ammoniaque. et  d'argent  ;  mais  tous  ,  en  revan- 
che, sont  solubles  dans  un  excès  d'acide.  La  chaux  paroît  être 
la  base  salifiable  qui  a  le  plus  d'affinité  avec  l'acide  fluorique. 

hefluate  de  silice  est  tantôt  gazeux,  tantôt  solide,  suivant 
que  l'acide  fluorique  est  plus  ou  moins  prédominant. 

A  l'état  gazeux ,  il  est  incolore  ,  a  une  odeur  piquante ,  il 
éteint  les  corps  enflammés  et  rougit  la  teinture  de  tournesol  ; 
il  ne  se  dissout  dans  l'eau  que  par  un  excès  d'acide  plus 
grand  que  celui  qu'il  contient  à  l'état  de  gaz  ;  usage  nul. 

Le  ftuate  de  potasse  est  très-piquant ,  très-soluble  ,  diffici- 
lement cristallisable.  On  doit  préparer  tous  les  fluates  dans 
des  vases  de  platine  ou  d'argent,  en  raison  de  la  propriété 
dont  jouit  cet  acide  d'attaquer  le  verre  et  la  porcelaine  ,  etc. 

Le  fluate  de  chaux  existe  en  assez  grandes  masses  dans  la 
nature;  on  le  trouve  dans  les  filons  métalliques  sous  la  forme 
de  cristaux  cubiques  ou  octaèdres,  avec  àes  couleurs  vives 
et  variées  de  bleu,  de  violet,  de  jaune,  de  vert,  de  rose  ou 


SE  L  5i5 

cle  blanc.  C'est  principalenient  en  Angleterre ,  dans  le  Der- 
byshire  ,  qu'on  trouve  le  plus  beau  ;  mais  il  en  existe  aussi  en, 
France.  11  est  très-fusible  ,  et,  en  raison  de  celte  propriété, 
il  peut  servir  de  fondant  pour  le  traitement  de  certains  mine- 
rais. Réduit  en  poussière  et  projeté  sur  les  charbons,  il  ré- 
pand ,  dans  l'obscurité  ^  une  lueur  violette.  11  n'a  aucune 
saveur,  résiste  à  l'air,  et  l'on  en  fait  des  objets  d'agrément, 
tels  que  des  vases,  des  plaques,  etc.  C'est  le  spath  fluor  dç; 
l'ancienne  minéralogie. 

Lefluate  de  soufre  décrépite  au  feu  et  entre  en  fusion  au- 
dessous  de  la  chaleur  rouge.  Il  est  sans  usage. 

Le  flu'jie  d'ammoniaque  a  une  saveur  très-piqaante ,  cris- 
tallise difficilement,  et  est  très-soluble.  L'acide  sulfurique 
lé  décompose.  Sans  usage. 

Le  filiale  d'argent  est  très-âcre  et  styptique,  déliquescent, 
tache  la  peau  comme  la  pierre  infernale. 

Les  autres  fluates n'offrent  absolument  rien  de  remarquable. 

L'alumine  (luatée  alkaline  ou  cryolithe  qui  est  composée  de 
soude,  d'alumine  et  d'acide  fluorique ,  se  trouve  à  l'état  natu- 
rel au  Groenland.  Il  paroît  qu'elle  fait  partie  d'un  ou  de 
plusieurs  filons  métalliques. 

Des  Fluo-Borates. 

Ils  ont  été  fort  peu  étudiés;  on  sait  seulement  que  le  gaz 
fluo-borique  se  combine  en  trois  proportions  avec  le  gaa 
ammoniaque ,  et  qu'il  donne  naissance  à  trois  sels  différens  : 
l'un  est  solide  et  les  deux  autres  sont  liquides. 
Des  Arsétsiates. 

Caractères  ;  tous  les  arséniates  se  fondent,  ou  commen- 
cent à  se  fondre,  à  une  température  plus  ou  moins  élevée, 
à  moins  qu'ils  ne  soient  décomposables.  Quand  on  calcine 
un  arséniate  quelconque  avec  le  charbon ,  l'acide  est  toujours 
réduit.  Il  n'y  a  que  trois  arséniates  neutres  qui  soient  solubles 
dans  l'eau ,  mais  presque  tous  le  sont  dans  un  excès  d'acide 
arsénique. 

L'acide  sulfurique  décompose  les  arséniates  à  une  tempé- 
rature ordinaire,  ou  peu  élevée  ;  mais  à  une  grande  chaleur, 
c'est ,  au  contraire  ,  l'acide  arsénique  qui  détruit  les  com- 
positions les  plus  intimes  de  l'acide  sulfurique. 
•  U arséniate  de  fer  existe  en  petite  quantité  à  l'état  naturel. 
On  l'a  trouvé  à  Saint-Léonard,  près  Limoges,  aux  mines  de 
Mutzelen  Cornouailles,  etc. 

lu  arséniate  de  cobalt  se  trouve  à  l'état  naturel ,  en  petites  ef- 
florescences  qui  se  font  reconnoître  à  leur  belle  couleur  fleur 
de  pêcher. 

luarséniate  de  cuivre  se  trouve  dans  1%  nature  et  se  présente 


3r6  SEL 

sous  des  aspects  et  dès  couleurs  très-variables.  On  en  con-* 
noît  de  vert  d'émeraude  ,  de  vert  olive  ,  de  vert  foncé  ,  de 
bleu  céleste  ,  de  gris ,  de  brun  clair ,  de  blanc  ;  les  uns  sont 
cristallisés,  les  autres  lamelleux,  les  autres  présentent  des 
niasses  radiées  et  soyeuses.  Les  mines  de  Cornouailles,  et  par- 
ticulièrement celles  de  Huel-Gorland,  fournissent  les  beaux 
échantillons  qui  se  font  remarquer  dans  les  collections.  On  en 
a  décrit  les  caractères  ailleurs. 

Uarséniate  acide  dépotasse  est  vénéneux  ,  cristallise  en  pris- 
mes à  quatre  pans  pyramides.  Le  feu  lui  enlève  son  excès  d'a- 
cide. Sans  usage. 

Uarséniaté  neutre  de  soude  est  vénéneux,  très-soluble,  et 
cristallise  en  prismes  hexaèdres.  , 

Uarséniate  acide  de  soude  se  refuSe  à  lacristallisation  et  est 
déliquescent. 

Uarséniate  d'ammoniaque  est  vénéneux,  piquant,  cristal- 
lise en  rhombes,  et  est  plus  soluble  à  chaud  qu'à  froid. 
Des  Arsenites. 

Les  arsenites  se  comportent  avec  les  corps  combustible^ 
comme  les  arséniates ,  et  ils  se  décomposent  même  plus  fa- 
cilement qu'eux. 

On  ne  trouve  qu'un  seul  arsenite  naturel ,  les  autres  sont 
des  produits  de  l'art  et  ne  sont  d'aucun  usage  si  l'on  en  ex- 
cepte un. 

L'arsenite  de  plomb  est  d'un  jaune  très-clair  et  friable.  On  le 
trouve  à  lamine  de  plomb  de  Saint-Prix,  département  de 
Saône-et  Loire ,  et  à  la  mine  de  Baden- Weiler,  près  deBâle, 

U arsenite  de  deutoxyde  de  cuÏQre  (  ou  vert  de  Schéele  )  s'em- 
ploie dans  les  fabriques  de  papier  peint.  Il  passe  au  bleu  par 
une  longue  exposition  à  l'air. 

Des  Molybdates. 

Un  seul  molybdate  se  trouve  dans  la  nature  ;  et  les  autres 
sont  des  produits  chimiques  sans  usage ,  et  qui  n'ont  pas  même 
été  très-étudiés. 

Le  molyhdaie  de  plomb  se  trouve  à  l'état  naturel  en  petites 
lames  d'un  jaune  clair  ou  en  octaèdres, à  BleybergenCarinthie. 

Le  molybdate  dépotasse  est  styptique,  cristallise  en  lames 
rhomboïdales  luisantes,  aisément  fusibles  et  indécomposables 
même  à  une  haute  température. 

Le  molybdate  de  aoude  jouit  des  mêmes  propriétés  que  le 
précédent,  et  est  comme  lui  sans  usage  connu. 

Le  molybdate  d'ammoniaque  est  styptique,  piquant,  se  re- 
fuse à  la  cristallisation  et  se  décompose  au  feu.  Il  est  très- 
soluble  et  d'un  usage  nul. 

Des  Chromâtes. 
flaractlre^  ;  «n  a  remarqué  que  les  chromâtes  dont  l'oxyde 


SEL  5i7 

fesl  blanc,  sont  Jaunes  h  IVtat  de  souS-sel  et  rougeâlres  à  l'état 

acide.  Ces  sels  sont  décomposés  par  l'acide  suifurique  à  une 

température  peu  élevée.  C'est  à  M.  Vauquelin  que  l'on  doit 

*Ia  découverte  du  chrome  et  des  chromâtes.  Il  la  fit  en  1797. 

lue  chromate  de  potasse  est  jaune  ettrès-soluble. 

Le  chromaie  de  sonde  cristallise  facilement ,  est  jaune  et  plus 
soluble  à  chaud  qu'à  froid. 

Le  chromaie  d'ammoniaque  est  encore  peu  connu. 

Le  chromaie  de  chaux  est  jaune  et  soluble  dans  l'eau.  11  cris- 
tallise. 

Le  chromaie  de  stronllane  ressemble  beaucoup  à  celui  de  chaux. 

Le  chromaie  de  silice  ,  examiné  par  M.  Godon ,  est  rouge , 
insoluble  et  inaltérable  même  au  feu  de  porcelaine. 

Le  chromaie  de  plomb  se  trouve  en  petite  quantité  dans  la 
nature  ;  il  est  d'un  rouge  orange  ,  très-brillant ,  cristallise  en 
longues  aiguilles  qui  sont  des  prismes  ;  se  rencontre  à  la 
mine  de  Bérézof  en  Sibérie.  Les  peintres  russes  l'emploient 
dans  la  peinture  à  l'huile  ;  mais  comme  il  est  extrêmement 
rare ,  on  le  prépare  artificiellement  en  France ,  où  l'on  com- 
mence à  en  faire  grand  usage  particulièrement  pour  peindre 
le  fond  des  caisses  de  voiture. 

Des  Tungstates  ou  Schéelates. 

Ces  sels  sont  diversement  colorés;  ceux  qui  ont  pour  base 
des  terres  ou  des  alkalis  sont  blancs  ;  les  tungstates  métalli- 
ques ,  au  contraire  ,  sont  colorés. 

Le  iiingslate  de  chaux  (schéelin  calcaire  des  minéralogis- 
tes )  se  trouve  en  Suède,  en  Saxe  et  en  Bohème.  Il  cristal- 
lise en  octaèdres;  sa  poussière  jaunit  dans  l'acide  nitrique; 
son  aspect  est  un  peu  gras. 

Le  tungstale  de  fer  et  de  manganèse  (  schéelin  ferruginé  des 
Tninéralogistes)  est  le  moniteur  des  mines  d'étain.  On  lui 
doit  la  connoissance  de  l'étain  en  France.  Il  est  noir,  a  l'éclat 
métallique  et  est  d'une  grande  pesanteur.  C'est  le  wolfram  des 
anciens  minéralogistes. 

Le  tungstale  de  potasse  est  stvptique,  difficile  à  faire  cris- 
talliser, très-soluble  et  fusible  à  une  température  peu  élevée. 

Le  tungstale  de  soude  est  acre,  caustique,  et  cristallise  en  la- 
mes hexaèdres. 

Le  tungstale  d'' ammoniaque  est  styptique  et  inaltérable  à 
l'air,  mais  décomposable  au  feu,  et  très-soluble  dans  l'eau. 
Des  Colombates  ou  Tatntalates. 

L'acide  colombique  ne  se  combine  point  avec  l'ammo- 
niaque ,  mais  bien  avec  la  soude  et  la  potasse.  On  en  doit  la 
découverte  à  M.  Hatchette. 

Le  colombafe  de  potasse  aune  saveur  acre  et  désagréable.  Il 


SïiS  s  E  L 

cristallise  en*écailles  brillantes,  et  tie  s'altère  point  à  Tair. 
Usage  nul. 

Des  Antimonites  et  des  Atstuvioniates. 

Ces  sels  sont  insolubles,  excepté  ceux  de  potasse,  de  soud^^ 
ou  d'ammoniaque.  Ceux  qui  ont  les  anciens  métaux  pour  base 
«t  qu'on  chauffe  fortement  dans  un  creuset  de  platine  ,  s'en- 
flamment avec  un  grand  dégagement  de  lumière  et  de  calori- 
que. M.  B:erz€lius  s'est  particulièrement  occupé  de  l'étude 
4e  ces  nouveaux  sels,  dont  ja&qiu'à  présent  le«  «sages  sont 
nuls. 

Des  ÏIydrosulfures  ou  Oxydes  hydro  sulfurés. 

L'hydrogène  sulfuré  agissant  à  la  manière  des  acides,  ce 
neutralisant  les  bases  salifiables  ,  nous  considérerons,  avec 
M.  Thénard  ,  les  hydrosulfures  comme  de  véritables  sels  , 
«t  nous  en  ferons  de  même  à  l'égard  des  hydrates. 

Ceux  qui  sont  solubles  dans  l'eau,  ont  une  odeur  sentbla- 
ble  à  celle  des  œufs  pourris  ,  et  une  saveur  acre  et  amère.  On 
ne  connoît  jusqu'à  présent  que  deux  hydrosulfures  colorés, 
celui  de  fer  et  celui  d'antimoine.  Tous  sont  décomposés  par 
le  feu.  Tou&  les  hydrosulfures  solubles  décomposent ,  par 
l'intermède  de  l'eau,  tous  les  sels  métalliques  solubles  ou  in- 
solubles. 

«I^es  hydrosulfures  de  potasse ,  de  soude  et  à'' ammoniaque 
s'emploient  dans  les  laboratoires  comme  réactifs  propres  à 
dénoter,  dans  une  dissolution,  la  présence  d'un  sel  métalli- 
que quelconque. 

Les  hydrosulfures  de  baryte ,  de  slronliane ,  de  chaux  et  de 
magnésie  ne  sont  d'aucun  usage. 

Des  Oxydes  hydro-sulfurés  insolubles. 

Ils  sont  au  nombre  de  cinq ,  savoir  :  ceux  de  manganèse  , 
de  zinc,  de  fer,  d'élain  et  d'antimoine.  Ce  dernier,  qui  est 
connu  en  pharmacie  sous  le  nom  de  kermès  minéral^  est  em- 
ployé en  médecine. 

Des  Sulfures  hydrogénés. 

Il  y  a  autant  de  sulfures  hydrogénés  que  d'hydrosulfurés. 

Tous  ceux  qui  sont  solubles  sont  jaunes  ,  ont  une  saveur 
âcrc,  amère,  et  portent ,  à  Tétat  liquide  ,  une  légère  odeur 
d'œufs  pourris. 

On  administre  en  médecine  les  sulfures  hydrogénés  de 
soude,  dépotasse  et  d'ammoniaque  sous  forme  de  bains.  Celui 
de  soude  se  trouve  dans  les  eaux  thermales  sulfureuses  natu- 
relles. 

Des  Hydrosulfures  sulfurés. 

Ils  varient  beaucoup  dans  leur  composition  ,  et  s'appro- 
chent alternativement  des  hydro-sulfures  simples  ou  des  sul- 


s   E   L  5ir> 

fures  hydrogénés.  Peut-être  même  ne  sont-ils  que  des  mé- 
langes de  l'une  et  de  l'autre  espèce. 

De  r  Hydrosulfure  d  Ammoniaque. 
Ce  sel  est  blanc,  en  aiguilles  ou  en  lame%  cristallisée^ , 
très-volatil  même  à  la  température  ordinaire;   il  refroidit 
l'eau  dans  laquelle  on  le  fait  dissoudre.  11  s'emploie  comme 
réactif. 

Du  Sulfure  hydrogène  d'Ammoniaque. 

11  a  la  consistance  d'un  sirop;  sa  couleur  est  brune  ou 
rougeâtre.  Le  feu  la  décompose.  11  répand  des  vapeurs  blan- 
ches quand  on  le  met  en  contact  avec  l'air. 
Des  Hydrates. 
La  plupart  des  oxydes  métalliques  sont  susceptibles  de 
s'approprier  et  de  solidifier  une  certaine  quantité  d'eau,  et 
de  former  des  composés  qui  jouissent  de  propriétés  particu- 
lières ;  ce  sont  les  hydrates  de  M.  Proust. 

Ces  sels,  dans  lesquels  l'eau  joue  le  rôle  d'acide  ,  se  dé- 
composent facilement  au  feu,  en  laissant  échapper  avec  fa- 
cilité une  portion  de  leur  eau.  Les  hydrates  de  potasse,  de 
soude  et  de  baryte  font  cependant  exception  à  cette  règle 
générale. 

hliydraie  de  potasse  ou  de  deutoxyde  de  potassium  n'existe 
point  dans  la  nature.  11  résulte  d'une  préparation  chimique. 
11  est  solide ,  sec  ,  blanc  ,  très-caustique ,  attire  l'eau  et  l'a- 
cide carbonique  de  l'air  à  la  température  ordinaire ,  tandis 
qu'à  la  chaleur  rouge  il  en  attire  l'oxygène  ,  l'acide  carboni- 
que, et  cède  une  partie  de  son  eau.  Le  carbone,  le  bore  et 
les  métaux  agissent  diversement  sur  cet  hydrate  ,  qui  est  em- 
ployé comme  réactif  par  les  chimistes. 

^J'hydrate  de  soude  jouit  absolument  des  mêmes  propriétés 
que  l'hydrate  de  potasse. 

Uhydrate  de  baryte  est  solide ,  gris-blanc,  caustique  ;  n'existe 
point  dans  la  nature,  et  est  sans  usage. 

Uhydrate  de  chaux  est  blanc,  pulvérulent,  moins  caustique 
que  la  chaux  vive,  abandonne  une  partie  de  son  eau  à  une 
haute  température  ,  et  attire  l'acide  carbonique  de  l'air.  Il 
n'existe  point  dans  la  nature. 

Uhydrate  de  magnésie  jouit  de  la  plupart  des  propriétés  de 
la  magnésie.  11  existe  dans  la  nature. 

h'hydrate  d'alumine  abandonne  l'eau  qu'il  contient  avec 
beaucoup  plus  de  facilité  que  les  précédens.  Il  existe  dans  la 
nature. 

L'hydrate  de  stroniîane  n'a  point  encore  été  étudié.  Il  n'existe 
point  dans  la  nature. 

Vhydraie  de  silice.  L'analyse  ayant  démontré  l'existence 
d'une  quantité  d'eau  notable  dans  le   quarz  concrctionné 


520  s  E  L 

qu'on  trouve  près  de  Francfort,  à  la  surface  de  certaines  la- 
ves, ainsi  que  dans  l'opale  de  Hongrie  ,  on  doit  considérer 
ces  deux  variétés  de  quarz  comme  étant  des  hydrates  de  si- 
lice. 

Enfin  l'on  trouve  encore  dans  la  nature  plusieurs  hydrates 
métalliques,  tels  que  Tocre  ou  l'hydrate  de  fer,  la  calamine 
ou  l'hydrate  de  zinc ,  et  une  variété  du  manganèse  oxydé  mé- 
talloïde ,  que  l'on  a  reconnu  tout  nouvellement  comme  étant 
un  véritable  hydrate  de  manganèse. 

Des  loDURES,  Iodates  et  Hydriodates. 

L'iode  paroît  susceptible  de  se  combiner,  à  l'aide  de  la 
chaleur,  avec  tous  les  métaux,  et  de  donner  des  iodures  ana- 
logues aux  sulftires.  Quelque^s  iodures  ne  décomposent  point 
l'eau  :  tels  sont  ceux  de  plomb,  d'argent,  de  mercure,  qui 
sont  insolubles;  mais,  en  général,  ceux  de  métaux  faciles  à 
oxyder,  comme  le  fer,  Tétain,  le  zinc,  etc.,  la  décomposent 
surtout  à  une  haute  température,  et  donnent  naissance  à  des 
hydriodates ^  ce  qui  est  une  suite  de  l'affinité  que  l'iode  a  pour 
l'hydrogène ,  et  qui  le  rend  susceptible  d'enlever  ce  corps  à 
un  grand  nombre  d'autres.  De  tous  les  iodures,  celui  qu'on 
a  le  plus  étudié,  est  celui  de  mercure. 

L'acide  iodique  forme,  avec  la  potasse,  la  soude,  la  ba- 
ryte, la  strontiane  et  l'ammoniaque  ,  des  iodates,  dont  un 
des  caractères  est  d'être  insolubles,  ou  presque  insolubles. 
Le  nitrate  d'argent  forme,  avec  les  iodates  alcalins,  un  pré- 
cipité très-soluble  dans  l'ammoniaque  ,  et  qui  est  un  iodate 
d'argent.  Tous  ces  sels ,  comme  tout  ce  qui  concerne  l'iode 
(F.  ce  mot.)  ,  ont  fait  le  sujet  des  travaux  des  plus  habiles 
chimistes,  et  dont  on  trouve  un  précis  dans  le  Traité  de 
Chimie  de  M.  Thénard. 

A.    Tableau  des  principaux  genres  des  sels  végétaux. 


I.  Acétates. 

g.  Mellitates. 

2.  Malates  et  Sorbates. 

10.  Morates. 

3.  Oxalates. 

II.  Succinates. 

4.-  Benzoates. 

12.  Tarirates  et  Pyrotartrates, 

5.  Citrates. 

i3.   Camphorates. 

6.  Fungates. 

14..  Mucates. 

7.  Gallates. 
0.  Kinates. 

i5.  Subérates. 

16.  Nancéates. 

Des  Acétates. 

Presque  tous  les  acétates  sont  solubles  dans  l'eau,  excepté 
ceux  de  mercure  et  d'argent  qui  le  sont  très-peu  ;  ceux  qui 
ont  des  terres  ou  des  alkalis  pour  base,  se  décomposent  quand 
ils  sont  dissous  en  se  couvrant  de  moisissure  verdâlre.  Tous 
sont  décomposables  par  les  acides  sulfuriques,  nitriques ,  etc. 

JJ acétate  d'alumine  est  îûcolore,  très-astringent,  glyptique ^^ 


SEL  52E 

et  rougit  la  teinture  de  tournesol;  il  s'emploie  pour  fixer  les 
couleurs  dans  l'art  d'imprimer  les  toiles. 

Ju' acélate  Je  magnésie  e&t  incolore  ^irès-amer  ,  un  peu  déli- 
quescent et  Irès-soluble.  Sans  usage. 

L'acé/ate  de  chaux  cristallise  facilement  en  aiguilles  bril- 
lantes et  satinées  ;  sa  saveur  est  acre  ,  il  est  très  soluble  ;  la 
chaleur  rouge  le  décompose.  Usage  nul  ,  excepté  en  chimie. 

JJ' acétate  de  baryte  est  très-piquant ,  très-âcre ,  cristallise  en 
aiguilles  transparentes  et  s'effleurità  l'air.  Usage  nul. 

Là' acétate  de  strontiane  est  acre  ,  décomposable  à  une  chaleur 
rouge  ,  et  sans  usage. 

Uacétate  de  potasse  (  ou  terre  foliée  de  tartre  de  l'ancienne 
chimie  )  cristallise  en  paillettes  ,  et  attire  l'humidité  de  l'air 
avec  avidité. 

M.  Vauquelin  a  trouvé  ce  sel  en  petite  quantité  dans  la 
sève  de  presque  tous  les  arbres.  Il  est  employé  en  médecine 
comme  fondant. 

L'acétate  de  soude  ,  exposé  au  feu  ,  éprouve  la  fusion  ignée  , 
et  se  décompose  ensuite  ;  sa  saveur  est  amère.  Il  s'emploie 
dans  quelques  fabriques  pour  obtenir  le  sous-carbonate  de 
soude. 

la  acétate  d'ammoniaque  (ou  esprit  de  mendererus)  existe  en  pe- 
tite quantité  dans  l'urine  pourrie.  On  l'emploie  en  médecine. 

ÏJ  acétate  de  fer  peut  contenir  ce  métal  à  trois  états  différens 
d'oxydation.  On  l'emploie  dans  la  teinture  en  noir  des 
toiles  peintes, 

U acétate  de  cuiore.  On  distingue  deux  acétates  de  cuivre  : 

Le  sous-deut- acétate  {vert-de- gris)  qui  est  pulvérulent,  d'un 
vert  pâle  et  sans  saveur, 

Et  le  deut-acétate  neutre  {vert  ou  cristaux  de  Vénus)  qui  est 
d'un  vert  plus  fonce ,  et  qui  cristallise  en  petits  rhomboïdes- 

On  fabrique  ce  sel  à  Montpellier  avec  des  lames  de  cuivre 
triangulaires,  que  l'on  place  dans  des  pots  de  terre  avec  des 
couches  alternatives  de  marc  de  raisin  nouveau. 

On  le  trouve  ,  dans  le  commerce ,  enfermé  dans  des  sacs 
de  peau  blanche  ;  on  l'emploie  surtout  dans  la  peinture  à 
l'huile  ainsi  qu'en  pharmacie  et  en  médecine.  C'est  avec  lui 
qu'on  fait  les  cristaux  de  Vénus  nommés  verdet.  l^e  vert-de- 
gris  ,  qui  s'attache  naturellement  aux  vases  de  cuivre  ,  est  un 
carbonate  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  cet  acétate. 

L'acétate  de  plomb.  11  y  en  a  de  deux  espèces: 

L'acétate  neutre .,  qu'on  nomme  vulgairement  sel  ou  sucre  de 
Saturne^  se  fabrique  en  grand  pour  les  besoins  des  arts  ,  où  il 
est  fréquemment  employé;  on  le  compose  avec  de  la  lilharge 
qui  est  un  oxyde  de  plomb  que  l'on  fait  bouillir  dans  du  vi- 
naigre distillé.  Il  cristallise  par  le  refroidissement  en  aiguilles 


522  S  E  r, 

blanches  triangulaires.  L'air  ne  Tallère  point ,  tel  humide 
qu'on  puisse  le  supposer. 

Les  usages  de  ce  sel  sont  importans;  on  l'emploie  à  l'exté- 
rieur et  à  l'intérieur,  mais  c'est  surtout  pour  préparer  l'acé- 
tate d'alumine  qui  sert  de  mordant  pour  les  toiles  peintes  ou 
imprimées,  qu'il  s'emploie  en  plus  grande  quantité. 

Le  sous-acétate.  Sa  saveur  est  moins  sucrée  que  celle  du 
précédent;  il  verdit  le  sirop  de  violette  ;  il  est  inaltérable  à 
l'air.  On  le  prépare  avec  l'acétate  neutre  ,  auquel  on  ajoute 
|ine  certaine  quantité  de  litharge  ,  et  l'on  fait  bouillir  le  tout 
avec  de  l'eau  et  dans  un  vase  de  cuivre.  ' 

C'est  avec  ce  sel  que  l'on  compose  l'eau  végéta- minérale 
ou  Veau  de  Goulard  si  employée  pour  le  pansement  des  plaies. 

IWacètaie  de  mercure  à  Télat  de  deuloxyde  ,  cristallise  en 
James  brillantes  ;  il  provoque  la  salivation  ;  il  est  d'une  sa- 
veur très-désagréable,  se  décompose  au  feu  et  est  peu  soluble. 
Il  s'emploie  contre  les  affections  syphilitiques ,  soit  en  entrant 
dans  la  composition  des  dragées  de  Keyser,  soit  en  entrant 
dans  celle  du  sirop  de  Belet. 

Des  Malates  et  Sorbates. 

L'acide  malique  et  l'acide  sorbique  ont  été  décou- 
verts dans  le  suc  des  pommes ,  et  depuis  on  les  a  reconnus 
dans  presque  tous  les  fruits  qu'on  sert  sur  nos  tables.  Ils  s'al- 
Jient  à  quelques  bases  sallfiables  ,  et  produisent  des  sels  qui 
ont  élé  peu  étudiés  jusqu'à  présent. 
Des  Oxalates. 

L'acide  oxalique,  ou  cet  acide  ,  qui  existe  dans  l'oseille  , 
n'y  est  point  à  l'état  libre,  il  y  est  combiné  avec  la  potasse  ; 
mais  on  l'en  extrait  et  Ton  en  prépare  une  suite  de  sels  qui  se 
décomposent  au  feu  comme  tous  les  sels  végétaux.  On  remar- 
que que  ceux  qui  contiennent  un  excès  d'acide  sont  moins 
solubles  que  ceux  qui  sont  neutres.  En  général ,  les  oxalates 
résistent  à  beaucoup  d'acides  sans  se  décomposer. 

\Soxalate  de  potasse  s'obtient  en  neutralisant  le  sel  d'oseille 
par  un  excès  de  potasse;  il  est  excessivement  soluble. 

Le  suro'xalate  de  potasse  cristallise  en  parallélipipèdes  très- 
courts  ,  opaques  ,  et  est  moins  soluble  que  le  précédent. 

Uoxalate  acide  de  potasse  ou  sel  d  oseille  ,  cristallise  facile- 
ment t  rougit  le  tournesol,  se  décompose  au  feu  :  peu  soluble. 

On  prépare  le  sel  d'oseille,  en  Suisse,  avec  la  Petite 
Oseille  sauvage  {rumex  aceiosella) ,  et ,  en  Angleterre  ,  arec 
la  Surelle  {oxalis  acetosella). 

L'usage  le  plus  commun  de  ce  sel ,  est  d'enlever  les  taches 
d'encre  sur  le  linge. 

Uoxalate  de  soude  est  peu  soluble  dans  l'eau  et  sans  usage , 
ainsi  que  le  suroxalate. 


s  E  T.  5,3 

Uoxalale  d  ammoniaque  s'emploie  en  chimie  comme  réactif 
pour  déceler  la  présence  de  la  chauK  dans  les  eaux.  Le  sur- 
oxalate  est  sans  usage. 

Des  Benzoates. 

On  n'a  trouvé  ,  jusqu'à  présent  ,  Tacide  benzoïque  que 
dans  quelques  baumes  ,  dans  le  benjoin  ,  et  dans  l'urine  de 
certains  animaux  herbivores. 

Les  benzoates,  exposés  au  feu,  laissent  échapper  une  partie 
de  leur  acide  ,  et  tous  sont  attaqués  par  les  acides  puissans. 
On  ne  trouve,  dans  la  nature  ,  que  les  benzoates  de  soude 
et  de  potasse  ,  et  leur  usage  est  nul. 

Des  Citrates. 

L'acide  citrique  qui,  comme  son  nom  l'indique  assez  ,  se 
trouve  dans  le  jus  de  citron  et  d'orange,  accompagne  aussi 
l'acide  sorbique  ou  l'acide  malique  dans  les  fruits  rouges.  Il 
•contribue  beaucoup  à  rendre  leur  saveur  agréable. 

Les  citrates  de  potasse,  de  soude  ,  d'ammoniaque,  de 
strontiane  ,  de  magnésie  et  de  fer,  sont  solubles  dans  l'eau, 
et  plus  ou  moins  cristallisables.  Ceux ,  au  contraire ,  de  ba- 
ryte ,  de  chaux  ,  de  zinc  ,  de  ceriuni  ,  de  plomb  ,  de  mercure 
et  d'argent,  sont  peu  solubles,  excepté  dans  un  excès  d'acide 
citrique. 

Le  citrate  de  chaux  est  le  seul  qui  se  trouve  dans  la  nature  , 
et  encore  existe-t-il  en  très-petite  quantité  dans  les  fruits  qui 
contiennent  Tacide  citrique. 

L'acide  citrique ,  broyé  avec  une  certaine  quantité  de  sucre , 
forme  la  limonade  sèche  si  précieuse  aux  voyageurs;  et  à  l'état 
de  jus  de  citron  ,  il  s'emploie  dans  les  teintures  de  la  soie  ,  et 
principalement  pour  les  beaux  roses  de  Lyon. 

Des  Fukgates. 

L'acide  fungique  a  été  découvert  dans  les  champignons 
par  M.  Braconnot  :  il  se  combine  avec  la  chaux,  la  baryte, 
la  potasse  ,  la  soude  ,  l'ammoniaque  ,  la  magnésie  ,  l'alumine 
et  le  deutoxyde  de  manganèse.  Ces  sels  sont  sans  usages 
connus. 

Des  Gallates. 

L'acide  gallique  a  éié  découvert  d.ms  la  noix  de  galle, 
mais  il  existe  aussi  dans  beaucoup  d'écorces  :  il  est  toujours 
uni  au  tannin  ,  mais  à  l'état  de  pureté  ,  il  se  combine  avec 
toutes  les  bases  salifiables. 

C'est  un  réactif  pour  les  chimistes  quand  il  est  à  l'état  pur, 
et  on  l'emploie  plus  souvent  dans  la  teinture  quand  il  est  uni 
au  tannin. 


5^4  SEL 

Les  galiates  ont  été  à  peine  étudiés,  et  âncun  n'est  en  usage; 
C'est  au  moyen  d'une  décoction  de  noix  de  galle  versée 
dans  une  dissolution  de  sulfate  de  fer,  qu'on  obtient  l'encre 
à  écrire. 

Des  KiNATEs. 
L'acide  kinique  ne  s'est  encore  trouvé  que  dans  le  quin- 
quina ,  où  il  est  uni  à  la  chaux.  Les  kinates  n'ont  pas  encore 
été  examinés. 

Des  Mellitates. 

L'acide  mellitique  forme  la  base  d'une  substance  végéto- 
ïninérale  qui  cristallise  en  octaèdres  surbaissés,  et  à  laquelle 
on  a  donné  le  nom  de  mellite  ou  pierre  de  miel.  Les  sels  qu'il 
forme  ,  avec  les  bases  sallfiables  ,  n'ont  point  encore  été 
étudiés. 

Des  Morates. 
L'acide  morique,  découvert  par  Klaproth  dans  le  morus 
alha  en  petits  grains  d'un  brun  noirâtre,  est  susceptible  de 
se  combiner  avec  des  bases  ;  mais  les  sels  qui  en  résultent 
n'^ont  point  encore  été  étudiés. 

Des  Succinctes. 
L'acide  succinique  provient  de  la  distillation  du  succin  ou 
ambre  jaune  ;  il  y  est  uni  à  une  grande  quantité  d'huile.  Il 
forme,  avec  la  potasse,  la  soude  et  l'ammoniaque,  des  sels  so- 
ïobles;  et  avec  la  baryte,  la  slrontiane,  la  chaux,  le  fer,  le 
plomb  ,  le  cuivre  et  le  cérium  des  sels  insolubles. 
On  ne  connoît  aucun  usage  aux  succinates. 

Des  Tartrates. 
L'acide  tartarique  existe  dans  cette  substance  si  connue  et 
si  employée  en  médecine,  que  l'on  nomme  crème  de  tartre  ; 
il  y  est  uni  à  la  potasse.  Les  tartrates  neutres  de  potasse,  de 
soude  ,  d'ammoniaque,  de  magnésie,  de  cuivre,  sont  solubles 
dans  l'eau;  et  ceux  de  baryte  ,  de  stronliane,  de  chaux,  de 
plomb,  de  fer,  de  zinc,  d'étain,  de  mercure  et  d'argent ,  y 
sont  insolubles. 

Le  tartrate  acide  de  poiassê  (  ou  crème  de  tartre  )  existe  dans 
le  raisin  et  le  tamarin  ;  c'est  lui  qui  se  dépose,  avec  le  tartrate 
de  chaux ,  à  l'intérieur  des  tonneaux  ,  et  c'est  à  ce  mélange 
qu'on  donne  le  nom  de  tartre. 

Le  tartre,  dissous,  clarifié  et  cristallisé  à  plusieurs  reprises, 
prend  le  nom  de  crème  de  tarlre. 

Ce  sel  est  peu  soluble  et  désagréable  à  prendre  ,  par  cela 
même  qu'il  tombe  au  fond  du  vase  ;  mais  ,  on  brûlant  une 
portion  de  la  dose  ordonnée  sur  une  pelle  rouge,  le  tout  de- 
vient soluble.  On  préfère  ce  moyen  à  celui  d'y  ajouter  une 
certaine  quantité  de  borax  qui  le  rend  aussi  très-soluble. 


s  E  L  5a5 

"Le  tarirate  de  soude  et  de  potasse  est  remarquable  par  la 
beauté  de  ses  cristaux  prismatiques  ;  il  est  amer  et  légè- 
rement purgatif  ;  c'est  le  sel  de  seigneite  des  pharmaciens. 

Le  iartrate  de  potasse  et  d  antimoine  (  émétique  ).  L'émétique 
est  connu  par  sa  propriété  vomitive;  sa  découverte  date  de 
i63i.  On  avoit  prétendu  que  tous  les  émétiques  n'éloient 
point  également  énergiques,  mais  l'on  s'est  assuré  du  con- 
traire. Ce  sel  doit  sa  vertu  à  la  présence  de  l'antimoine  dont 
tous  les  sels  ont  une  action  plus  ou  moins  marquée  sur  l'éco- 
nomie animale. 

Le  iartrate  de  potasse  et  de  fer  s'obtient  en  faisant  bouillir  de 
l'eau  sur  un  mélange  de  limaille  de  fer  et  de  crème  de  tartre  ; 
puis  en  filtrant  et  évaporant  la  liqueur. 

Les  boules  de  Nancy  sont  un  mélange  mécanique  de  crème 
de  tartre  et  de  limaille  de  fer;  l'eau  dans  laquelle  ou  a  laissé 
séjourner  ce  mélange,  devenue  solide,  est  propre  à  la  gué- 
rison  des  contusions  et  des  foulures. 

Le  iartrate  acide  de  potasse  distillé,  produit  un  acide  parti- 
culier auquel  on  donne  le  nom  de  pyro-tartarique  ;  il  se  com- 
bine avec  les  bases  salifiables ,  et  donne  naissance  à  quelques 
sels  dont  les  usages  sont  inconnus. 

Des  Camphorates. 

L'acide  camphorique  provient  du  traitement  du  camphre 
par  l'acide  nitrique  en  excès  et  d'une  distillation  interrompue 
à  plusieurs  reprises. 

Les  camphorates  de  potasse,  de  soude  et  de  magnésie  sont 
les  seuls  qui  aient  été  étudiés;  ils  se  décomposent  au  feu,  et 
sont  solubles  dans  l'eau  bouillante  ;  leur  usage  est  nul. 

Des  Mucates. 

Ces  sels  proviennent  de  la  combinaison  d'un  acide  qui 
existe  dans  la  manne  grasse,  dans  la  gomme  et  dans  le  sucre 
de  lait,  et  auquel  Schéele  a  donné  le  nom  de  mucique. 

Aucun  mucale  n'existe  dans  la  nature;  ceux  de  potasse  , 
de  soude  et  d'ammoniaque  se  préparent  directement  et  ne 
sont  d'aucun  usage. 

Des  Subérates  et  des  Nancéates. 

L'acide  subérique  provient  du  traitement  du  liège  par 
l'acide  nitrique  et  la  distillation  ;  il  est  si  foible  qu'à  peine 
altère-t-il  la  teinture  de  violette. 

Les  sels  qu'il  produit  avec  différentes  bases  sont  sans  usage 
et  participent  aux  propriétés  des  autres  sels  végétaux. 

Il  existe  encore  un  autre  acide  végétal,  qui  a  été  reconnu 
par  M.  Braconnot  dans  le  suc  de  betteraves  putréfié  ,  dans 
les  substances  végétales  acesceotes  ou  qui  tournent  à  l'aigre, 


SaG  SEL 

comme  on  dit  vulgairement.  Cet  acide  a  été  nommé  par  ce 
chimiste  ,  aride  nancéique ,  en  l'honneur  de  la  ville  de  Nancy 
où  il  demeure.  Ce  nonwi'a  point  été  adopté  jusqu'à  présent, 
mais  la  découverte  n'en  reste  pas  moins  ,  et  cet  acide  ,  dont 
la  saveur  est  assez  marquée,  se  combine  avec  toutes  les  bases 
salifiables  terreuses,  aikalines  et  métalliques  ;  les  sels  qui  en 
résultent  sont  sans  usage. 

C.    Tableau  des  principaux  genres  des  sels  animaux. 

1.  Les  urates.  4^.  Les  sebatates. 

2.  Les  rosatates.  5,  Les  prussiates  et  les  prus- 

siaies  o.Kygénés. 

3.  Les  amniotates.  6.  Les  lactates. 

Des  Urates. 
L'acide  urique  n'existe  que  dans  l'urine  de  l'homme  et  des 
oiseaux;  c'est  lui  qui  se  dépose  sous  la  forme  de  poudre  jaune, 
peu  de  temps  après  qu'elles  sont  rendues  :  c'est  lui  qui  cons- 
titue une  portion  des  calculs  urinaires  et  la  partie  blanche  de 
la  fiente  des  oiseaux.  Les  sels  qu'il  est  susceptible  de  former 
avec  les  bases  salifiables,  ne  sont  solubles,  d'une  manière  très- 
sensible,  qu'autant  que  ces  bases  le  sont  elles-mêmes;  presque 
tous  les  acides  sont  susceptibles  de  les  décomposer  ;  ils  sont 
sans  usage. 

Des  Rosatates. 

L'acide  rosacique,  qui  tire  son  nom  de  sa  couleur  qui  est 
d'un  rouge  de  cinabre  très-vif,  se  trouve  dans  Turine  des 
hommes  qui  sont  attaqués  de  fièvres  intermittentes  ou  ner- 
veuses. 

Les  sels  qu'il  est  susceptible  de  former  n'ont  point  été  étu- 
diés. 

Des  Amniotates. 

MM.  Vauquelin  et  Buniva,  en  analysant  les  eaux  de  l'am- 
nios  d'une  vache  ,  ont  découvert  dans  cette  liqueur  un  acide 
particulier  qui  est  blanc,  sans  odeur  ni  saveur,  qui  rougit  à 
peine  la  teinture  de  tournesol. 

Les  sels  qu'il  est  susceptible  de  former  avec  les  terres  et  les 
alkalis ,  sont  décomposables  par  tous  les  acides,  et  sans  usage. 

Des  Sebatates. 
L'acide  sébacique  provient  de  la  distillation  des  graisses; 
il  est  sans  odeur  et  presque  sans  saveur ,  et  les  sels  qu'il  est 
susceptible  de  produire  n'ont  point  été  étudiés. 
Des  Prussiates. 
L'acide  prussique  au  hydro-cyaniqae  ,  et  dont  la  base  est 


SEL  527 

Appelée  cyanogène»  n'existe  point  dans  la  nature;  mais  on 
le  produit  dans  différentes  opérations  chimiques,  surtout 
lorsqu'on  décompose  des  substances  animales  ou  végétales 
azotées.  Il  se  combine  avec  plusieurs  bases  salifiables ,  et 
donne  naissance  à  des  sels  plus  ou  moins  remarquables. 

Le  deuio-prussiate  de  mercure  a  une  saveur  slyptique  et  désa- 
gréable. Il  cristallise  en  prismes  ou  en  aiguilles,  suivant  qu'il 
est  plus  ou  moins  pur.  Il  est  employé,  comme  presque  toutes 
les  préparations  mercurielles,  dans  les  affections  syphilitiques. 

Le  prussiate  de  potasse  ferrugineux  est  un  sel  double  ,  trans- 
parent ,  de  couleur  citrine  ,  sans  odeur,  plus  pesant  que  l'eau, 
et  que  l'on  obtient  en  traitant  le  bleu  de  Prusse  du  commerce. 
Il  se  décompose  au  feu,  est  inaltérable  à  l'air,  et  résiste  à 
l'action  des  acides  ;  c'est  un  réactif. 

Du  Bleu  de  Prusse.'^—  Les  chimistes  ne  sont  point  d'accord 
sur  la  nature  du  bleu  de  Prusse  ;  cependant  la  plupart  le  re- 
gardent comme  un  trito-prussiate  de  fer.  Dans  les  laboratoires  , 
on  se  le  procure  en  versant  une  dissolution  de  prusslale  de  po- 
tasse ferrugineux  dans  une  dissolution  de  trito-sulfate  ou  trito- 
muriate  de  fer  ;  mais,  en  grand,  on  l'obtient  en  faisant  brûler 
ensemble  de  la  potasse  et  des  matières  animales  ,  et  surtout 
du  sang  desséché,  et  en  versant  dans  la  dissolution  de  ce  mé- 
lange, des  dissolutions  d'alun  et  de  sulfate  de  fer. 

Il  se  produit ,  en  premier  lieu  ,  un  précipité  brun  qu'on 
lave  et  qu'on  laisse  reposer  pendant  près  d'un  mois,  et  il 
résulte  de  ces  lotions,  que  ce  précipité  d'un  brun  sale  passe 
successivement  au  verdâtre,  au  bleuâtre,  au  bleu  sale  et  enfin 
au  beau  bleu.  Arrivé  là,  on  fait  sécher  le  bleu  de  Prusse  et 
on  le  verse  dans  le  commerce. 

On  l'emploie  dans  la  peinture  à  l'huile,  dans  les  manu- 
factures de  papiers  peints  ,  et ,  en  dernier  lieu  ,  on  l'a  fait 
servir  dans  la  teinture  de  la  soie  à  laquelle  il  communique 
cette  belle  teinte  qui  est  connue  sous  le  nom  de  bleu  Raymond^ 
en  l'honneur  de  son  inventeur  qui ,  je  crois  ,  en  a  fait  la  pre- 
mière épreuve  dans  les  grands  ateliers  de  teinture  de  Lyon. 
Cette  teinture  est  extrêmement  solide,  très-brillante  et  très- 
employée. 

Des  Prussiates  oxygènes.  —  L'acide  prussique  a  la  propriété 
d'enlever  à  l'acide  muriatique  oxygéné  son  excès  d'oxygène  et 
de  se  l'approprier;  dans  cet  état,  il  est  plus  volatil  et  plus  pi- 
quant,  et  il  est  susceptible  de  s'unir  à  différentes  bases,  et 
entre  autres  à  la  potasse.  C'est  Vacide  chloro-cyanique  de  quel- 
ques chimistes. 

Le  prussiate  oxygéné  de  potasse  est  soluble  ,  et  le  prussiate 
oxygéné  de  fer  ne  l'est  point.  Le  bleu  de  Prusse,  long-temps 


528  S  E  L 

exposé  à  l'aîr,  passe  à  l'état  de  prussiate  oxygéné  de  fer  qui 
est  vert  ;  c'est  ce  que  l'on  remarque  dans  la  couche  des  ta- 
bleaux anciens  où  les  peintres  ont  eu  l'imprudence  de  se  ser-. 
vir  de  cette  couleur  peu  solide. 

Des  Lactates. 
L'acide  lactique  existe  dans  le  petit-lait  aigri ,  et  M,  Ber- 
zelius  l'a  trouvé  dans  d'autres  fluides  de  l'économie  animale 
et  jusque  dans  la  fibre  musculaire.  Les  lactates  n'ont  point 
encore  été  étudiés.  L'acide  nancéique  que  M.  Braconnot  a 
découvert  dans  les  végétaux  acescens,  a,  dit-on,  beaucoup 
de  rapports  avec  l'acide  lactique. 


Ici  se  termine  l'exposition  des  différens  genres  des  sels 
minéraux,  végétaux  ou  animaux.  Dans  peu,  sans  doute,  cette 
énumération  sera  incomplète  ;  mais  tel  est  le  sort  des  ouvrages 
qui  traitent  des  sciences  physiques  et  naturelles  dans  un  temps 
où  chaque  jour  est  marqué  par  une  découverte  ou  par  la  solu- 
tion d'un  problème. 

L'on  a  terminé  l'article  des  métaux  par  l'exposé  des  diffé- 
rens états  où  ils  se  trouvent  dans  la  nature. 

Le  tableau  suivant  est  destiné  à  remplir  le  même  but,  par 
rapport  aux  terres  et  aux  alcalis. 

Lei  terres  et  les  alcalis  se  trouvent  dans  la  nature  ;  savoir  ; 

1.  La  silice.  —  Pure  et  hydratée. 

2.  \J alumine.  —  Pure  ;  sulfatée  et  fluatée,  avec  une  addition 

de  potasse  et  de  soude. 

3.  La  chaux.  —  Carbonatée  pure  et  avec  addition  de  fer,  de 

manganèse,  de  quarz,  de  magnésie,  de  bitume  etd'hy- 

dro-sulfure  '? 
—     Phosphatée ,  pure  et  avec  addition  de  quarz. 
Fluatée. —  Sulfatée.  —  Nitratée. — Arseniatée. — Bo-j 

ratée  sillcifère. 
4..  La  baryte. —  Sulfatée  et  carbonatée. 

5.  La  strontiane.  —  Sulfatée.  —  Carbonatée. 

6.  haimagnésie. — Sulfatée.  —  Carbonatée.  —  Boratée,  —  Hy- 

dratée. 

7.  La  potasse.  —  Nitratée. 

8.  La  soude.  —  Sulfatée.  —  Muriatée.  ■—  Boratée.  —  Carbo- 

natée. 
g,  \^ ammoniaque.  —  Muriatée. 

Les  autres  terres  ne  forment  point  de  sels  qui  soient  du 
domaine  de  la  minéralogie  ;  elles  entrent  dans  la  composition 
des  substances  terreuses  qui  ont  été  décrites  en  particulier, 
ou  se  combinent  artificiellement  avec  tous  les  acides  ,  comme 
on  l'a  vu  dans  le  courant  de  cet  article.  (Brard.) 


SEL  5^^ 

SEL  ACIDE  MINERAL.  V.  Acide  boracique,  Acide 

iSULFURIQUE,etC.   (pat.) 

SEL  ADMIRABLE.  V.  Soude  sulfatée,  (lt^.) 

SEL  ALCALI.  V.  Ammoniaque  ,  Soude  et  Potasse. 

(pat.)  . 
SEL  ALEMBPvOTIL  Lemery  donne  ce  nom  à  un  sel 
fossile  de  couleur  rouge,  qui  se  trouve  en  Egypte  :  ceux  qui 
l'ont  vu  disent  que  c'est  un  Sel  gemme.  F.  Soude  Muriatée. 

(pat.) 
SEL  AMMONIAC  NATIF  deRomé-de-l'.lsIe.  F.  Am- 

3I0NIAQUE  MURIATKE.   (LN.) 

SEL  AMMONIACAL   SECRET   DE    GLAUBER. 

Romé-de-l'Isic  a  donné  ce  nom  à  TAmmoniaque  sulfatée 
îsaturelle.  (ln.) 

SEL  AMER  ou  D'ANGLETERRE.  V.  Magnésie  sul- 
fatée. (lts\) 

SEL  D'ANGLETERRE,  SEL  D'EPSOM  ou  de  SED- 
LirZ.  C'est  un  sel  amer,  formé  d'acide  sulfurique  et  de 
magnésie,  qui  se  trouve  naturellement  dans  les  eaux  miné- 
rales d'Epsom,àcinq  lieues  de  Londres,  dans  celles  de  Sedlitz 
eu  Bohèuie  ,  et  qui  tous  les  ans  couvre  d'efllorescences  les 
déserts  de  la  Sibérie.  V.  l'article  Magnésie  sulfatée,  (pat.) 

SEL  DE  CHAUX.  Quelques  auteurs  donnent  ce  «om 
vague  et  impropre  à  plusieurs  substances  salines,  qui  ont 
pour  base  la  chaux  jointe  à  différens  acides  ,  telles  que  le 
muriale  et  le  nitrate  de  chaux,  etc.  (pat.) 

SEL  COMMUN.  V.  Soude  muriatée.  (ln.) 

SEL  DE  CUISINE.  V.  Soude  muriatée.  (ln.) 

SEL  D'EPSOM  ou  D'EBSHOM.  Magnésie  qui  se 
trouve  dans  les  eaux  minérales  d'Epsom,  à  quinze  milles  de 
Londres.  V.  Magnésie  sulfatée,  (pat.) 

SEL  DE  DUOBUS.  C'est,  suivant  Thénard,  le  Sulfate 
DE  Potasse,  (ln.) 

SEL  ESSENTIEL.  On  donnoit  ce  nom,  dans  l'ancienne 
chimie ,  et  on  le  donne  encore  actuellement  dans  les  phar- 
macies ,  aux  sels  retirés  des  végétaux  ,  par  l'évaporation  de 
leur  jus  ou  de  leur  décoction. 

Aujourd'hui  que  ces  sels  sont  connus ,  on  n;e  les  indique 
plus  que  par  leurs  composans.  Ainsi  le  Sel  essentiel  d'e 
l'Oseille  s'appelle  I'Oxalate  de  Potasse;  le  Sel  es- 
sentiel DU  Vin,  Tartrite  de  Potasse;  le  Sel  essentiel 
DU  Bois,  Acétate  de  Potasse;  le  Sel  essentiel  des  Pom- 
mes ,  Malate  de  Potasse.  V.  Vinaigre,  (b.) 

SEL  FEBRIFUGE  de  Silvius.  C'est  le  Mu^iate  de 
Potasse.  (ln.Jj 


53o  SEL 

SEL  FOSSILE ,  SEL  DE  MONTAGNE  ou  SEL 
GEMME.  V.  Soude  muriatée.  (pat.) 

SEL  FUSIBLE.  V.  Sel  MicRecosaiiQUE.  (ln.) 

SEL  GEMME  ou  SEL  MARIN  FOSSILE.  V.  Soude 

MURIATÉE.    (pat.) 

SEL  DE  GLAUBER.  V.  Soude  sulfatée,  (ln.) 
SEL  D'INDE  ou  SEL  PYRAMIDAL  Quelques  au- 
teurs parlent   de   celte  substance ,   comme  d'un   sel  sucré 
qu'on  retire  de  quelques  espèces  de  Fucus.  V.  ce  mol.  (pat.) 
SEL  MARIN,  Sel  commun,  Sel  de  cuisine.  V.  SouDE  MU- 
KIATÉE.    (LN.) 

SEL  MICROCOSMIQUE.  C'est  un  mélange  de  phos- 
phate de  soude  et  d'ammoniaque ,  de  muriate  de  soude  et 
d'ammoniaque,  et  de  sulfate  de  potasse  et  de  soude  ,  qui  se 
sépare  de  l'urine  lorsqu'on  la  fait  évaporer.  Ce  mélange  salin 
s'appelle  aussi  sel  fusible  ^  sel  natif,  (lw.) 

SEL  DE  MONTAGNE.  T.  Soude  muriatée.  (ln.) 
SEL  MURAL  f.  Aphronatron  ,  Nitre  et  Soune.  (ln.) 
SEL  NARCOTIQUE.  On  a  donné  ce  nom  à  I'Acide 

iORACIQUE.   (LN.) 

SEL  NATIF.  V.  Sel  microcosmique,  (ln.) 

SEL  DE  NITRE  ou  SALPÊTRE.  F.  Potasse  nitra- 

TÉE.   (LM.) 

SEL  D'OSEILLE.  C'est  I'Oxalate  acide  de  Potasse. 
V.  ce  mot.  (ln.) 

SEL  DE  PIERRE.  V-  Potasse  nitratée.  (ln.) 

SEL  POLYGHRESTE  de  Glauber.  C'est  le  Sulfate 
DE  Potasse,  (ln.) 

SEL  PYRAMIDAL  F.  Sel  dTnde.  (pat.) 

SEL  DE  SATURNE.  C'est  I'Acétate  de  Plomb,  (ln.) 

SEL  SÉDATIF.  Homberg  a  décrit  sous  ce  nom  l'AciDS 
BORACIQUE  qu'on  trouve  dans  les  Lagonis  de  la  Toscane. 
C'est  le  sel  sédatif  natif  àe  Hoepfer.  V.  Sassolin.  (ln.) 

SEL  DE  SEDLITZ,  Sel  d'Epsom,  Sel  cathartitjue  amer. 
V.  Magnésie  sulfatée,  (ln.) 

SEL  DESEKiNETTE.  C'est  le  Tartrate  de  Soude  et 
de  Potasse,  (ln.) 

SEL  DE  TARTRE.  C'est  le  Tartrate  acide  de  Pô- 
Tasse,  (ln.)    „ 

SEL  VEGETAL.  C'est  le  Tartrate  de  Potasse,  (ln.) 

SEL  DE  VERRE.  C'est  la  Soude  muriatée,  parce 
qu'elle  entre  dans  la  composition  de  la  plupart  des  verres,  (ln.) 

SEL  DE  VINAIGRE.  C'est  I'Acide  du  Vinaigre,  ou 
acide  acétique  concret  et  cristallisé.  Cln.) 

SEL  VOLATIL  D'ANGLETERRE.  C'est  un  sous- 
càrbonate  d'ammoniaque.  (Lit.) 


SEL  53i 

SELACIENS. Famille  de  poissons  inlroduite  par  Guvie*. 

Elle  ne  diffère  pas  de  celle  appelée  Sélaques  par  Blainville. 

SELAGE ,  Selago.  Genre  de  plantes  de  la  didynamie 
gymnospermie  ,  et  de  la  famille  des  pyrénacées  ,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  calice  tubuleux  à  quatre  ou  cinq  divi- 
sions inégales;  une  corolle  hypocratériforme,  à  limbe  plane  . 
à  trois  ou  cinq  divisions  égales  ou  inégales  ;  quatre  étamines, 
dont  deux  plus  courtes;  un  ovaire  supérieur,  ovale,  sur 
monté  d'un  style  à  stigmate  simple  ;  une  ou  deux  semences 
recouvertes  par  le  calice  ,  et  dont  le  périsperme  est  charnu 
et  la  radicule  supérieul%. 

Ce  genre,  fort  voisin  desSTiLBÉs,  renferme  une  quaran 
taine  d'espèces  herbacées  ou  frutescentes,  à  feuilles  alternes 
et  à  fleurs  disposées  en  épis  ou  en  corymbes  ,  toutes  du 
Cap  de  Bonne-Espérance.  Un  petit  nombre  de  ces  espèces 
est  cultivé  dans  les  jardins  d'Europe  :  je  ne  citerai  parmi 
elles  que  le  Sélage  en  corymbe  ,  dont  les  fleurs  sont  dis- 
posées en  corymbe  lâche,  et  les  feuilles  filiformes  et  fasci- 
cuiées.  Cette  plante  est  à  demi  frutescente ,  et  ne  manque 
pas  d'élégance.  Ses  fleurs  sont  très-petites  ,  blanches  et  légè- 
rement odorantes. 

La  Sélage  a  épis  ovales  a  servi  à  rétablissement  du 
genre  Dalée  ,  qui  n'a  pas  été  adopté.  Jussicu  pense  que  le 
genre  sélage  peut  servir  de  type  à  une  nouvelle  famille  de 
plantes.  (B.) 

SÉLAGINELLE  ,  Selaginella.  Genre  de  plantes  établi 
par  Palisot-de-Beauvois,  pour  placer  le  Lycopode  selagine 
et  autres  voisins,  (b.) 

SELAGO.  Selon  Pline  ,  «  c'étoitune  plante  ressemblant 
à  la  Sabine,  et  que  lesDruidesrecueilloient  avecplus  de  céré- 
monies que.le  samolus  ,  quoique  de  la  même  manière.  Elle 
préservoit  de  tout  malenconlre  ;  son  parfum  étoit  fort 
bon  contre  tous  les  maux  d'yéux.  »  On  coniçoit  que  ce  peu 
de  lignes  est  insuffisant  pour  déterminer  Iq  selagu.  Cependant 
l'on  voit  les  botanistes  le  rapporter  à  notre  bruyère  commune 
ou  à  la  bruyère  à  balais ,  à  des  lycopodes  ,  à  la  camphrée  de 
Montpellier.  Adanson  est  de  ce  dernier  avis  ,  et  même  ii 
nomme  selago  un  genre  qui  comprend  le  camphorosma  et  le 
palycnemum ,   Linn. 

Dillen  avoit  désigné  ,  par  selago  ,  des  lycopodes  à  fructifica- 
tion solitaire  ,  axillaire  dans  les  feuilles.  Linnaeus  ,  en  adop- 
tant cette  distinction,  laissa  ce  nom  de  selago  a  l'une  des  es- 
pèces ,  et  le  donna,  en  outre,  à  un  genre  qui,  ne  com- 
prenant que  des  plantes  exotiques,  ne  le  méritoit  pas  ;  auisi 


S32  S  E  L 

voit-on  Adansori  le  nommer  vormia ,  et  appeler  mirrnau  le 
selafso  de  Diilen. 

Quelques  espèces  de  mamilea  et  de  stilbe  ont  fait  partie 
autrefois  du  genre  Sel\go.  V.  Sélage.  (ln.) 

S  KLANDRIE,  Selamhia.  Nom  donné  par  M.Léach  {Zool. 
rnhtell.  ,  tome  3,  page  126),  à  un  genre  d'insectes  hymé- 
noptères de  notre  (ribu  des  tenthrcdines  ,  et  qui  comprend 
celles  de  sa  sixième  division  ou  race  ,  dont  les  ailes  ont  deux 
cellules  radiales  ,  quatre  cellules  cubitales  ,  et  dont  les 
antennes  sont  composées  de  neuf  articles.  Il  y  rapporte  les 
espèces  nommées  seiva ,  cînereipes^  ovata  ^  etc.  ,  par  M.  Klug. 
V.  '^E^TnR^:Dl^'ES.  (l.)  • 

SELAQUES.  Ordre  proposé  par  Blainville  ,  parmi  les 
poissons  cartilagineux.  Il  renferme  les  genres  Raie,  Squale 
et  Squatitve  ,  ctonl  les  deux  premiers  sont  subdivisés  par  ce 
naturali.sle  ,  en  dix- sept  autres,  (b.) 

SELÈNE,  Selene.  (ienre  de  poissons  établi  par  Lacépède 
dans  la  diyision  des  Thoraciques,  pour  placer  deux  espèces 
de  ZÉES  qui  n'ont  pas  les  caractères  des  autres. 

Ceux  des  sélènes  sont  d'avoir  le  corps  très-comprimé  et  de 
forme  télragone  ou  pentagone,  de  hauteur  égale  au  moins  à 
la  largeur;  la  ligne  du  front  presque  verticale;  deux  na- 
geoires dorsales  ;  un  ou  plusieurs  piquans  entre  les  deux 
dorsales  ;  les  premiers  rayons  de  la  seconde  nageoire  du  dos 
s'étendant  au-delà  de  l'extrémilé  de  la  queue. 

Lacépède  mentionne  deux  espèces  dans  ce  genre. 

La  Séi.èNE  argentée  ,  qui  a  quatre  rayons  aiguillonnés  à 
la  première  nageoire  du  dos  ;  dix-sept  rayons  à  la  seconde  ; 
dix-huit  rayons  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  l'extrémité  de  la  queue 
cylindrique,  et  prolongée  au  milieu  de  la  caudale  qui  est  très- 
fourchue  ;  la  couleur  générale  argentée.  On  la  trouve  dans 
les  mers  de  l'Amérique  méridionale,  où  elle  est  connue  sous 
les  noms  de  guaperoa  et  de  poisson-lune.  La  première  dorsale 
€st  petite  ;  les  pectorales  sont  grandes.  Les  écailles  sont  à 
peine  visibles.  Elle  représente  un  pentagone. 

La  Sélène  quadrangulairr  ,  Zeus  quadratus  ^  Linn.  ,  a 
quatre  ou  cinq  piquans  entre  les  nageoires  dorsales;  l'extré- 
mité de  la  queue  cylindrique  ;  la  caudale  rectiligne;  la  partie 
postérieure  du  corps  terminée  en  haut  et  en  bas  parun  angle 
ipresque  droit  ;  la  couleur  générale  cendrée. On  la  trouve  dans 
les  mers  voisines  de  la  Jamaïque. 

Ce  genre,  réuni  aux  Gals  et  aux  ArgyréÏoses,  constitue  le 
genre  Vomer  de  Cuvier.  (b.) 

SELENEGONUM.    L'un  des  noms  grecs  des  paeonia. 
V.  ce  mot.  (LN.) 
SELENION.,  Nom  grec  de  la  Pivoine.  V.  Paeonia.  (ln.) 


s  E  L  53â 

SELENIPHYLLOS.  Vœnanthe  fUipenduloïdes  a  été  ainsi 
nommé  par  Taberneemontanus.  (ln.) 

SÉLÈNITE  ou  PIEHRE  DE  LUNE.  Les  anciens  mi- 
néralogistes onl  ainsi  appelé  la  chaux  sulfatée  ahtallisée  ,  à 
cause  de  ses  lames  qui  relièleni  le  plus  souvent  un  éclat 
argentin  que  l'on  a  comparé  à  celui  de  la  lune,  (ln.) 

SELENITES  de  Piine.  Sorte  de  pierre  précieuse  ,  qui 
portoil  la  figure  de  la  lune.  Elle  nous  est  inconnue.  11  ne  faut 
pas  la  confondre  avec  le  selenites  des  Grecs  oa /apis  specularis 
des  Latins  ,  qui  paroît  avoir  été  ou  du  mica  ,  ou  de  la  chaux 
sutfalée  laminaire,  (ln.) 

SELENITIS.  L'un  des  noms  grecs  du  CnAMiECissus  ou 
Lierre  terrestre  ,  Gleclioma  hederacea.  (LN.) 

SELENITSPATH  de  Kirwan  ,  ou  Spath  séléniteux. 
C'est  la  Baryte  sulfatée,  (ln.) 

SÉLÉNIUM.  Métal  acidifiable  ,  découvert  par  M.  Ber- 
zelius  ,  et  qui  se  rapproche  de  l'arsenic,  et  surtout  du  tellure, 
avec  lequel  ils  pourroit  êlre  confondu  par  l'odeur  de  rave 
qu'il  répand.  Cette  odeur,  analogue  à  celle  du  tellure  ,  qui 
porte  le  nom  de  la  Terre  ,  a  suggéré  celui  de  sélénium  (dérivé 
de  celui  de  la  Lune  ,  en  grec)  pour  le  nouveau  uiétal. 

Le  sélénium  n'est  pas  conducteur  de  réleclricité  ni  de  la 
chaleur ,,  et  ne  diffère  des  substances  simples ,  non  mél^d- 
liques  ,  que  par  son  brillant  et  son  éclat  analogtie  à  celui  des 
métaux.  On  l'obtient  en  pellicule  ,  en  précipitant  l'acide 
sélénique  dissous  dans  l'eau,  par  le  gaz  acide  sulfureux  ; 
cette  pellicule  a  complètement  l'apparence  d'une  feuiiie 
d'or.  Quand  on  le  fait  figer  rapidement,  il  présente  la  cassure 
vitreuse  avec  l'éclat  métallique. 

Le  .se/c'/i/u/Ti  a  une  pesanteur  spécifique  intermédiaire  entre 
celle  du  soufre  et  celle  d  i  tellure  ,  et  il  fait  naturellement  le; 
passage  des  métaux  aux  corps  combustibles  simples  non  mé- 
talliques; il  se  volatilise  en  donnant  une  odeur  de  chou,  mêlée 
à  celle  de  rave  ,  qui  le  fait  reconnoître  aisément.  M.  Berze- 
lius  publie  dans  ce  moment  un  travail  fort  étendu  sur  le 
sélénium  ,  dont  une  partie  a  déjà  paru  dans  les  Annales  de 
Chimie  pour  1818  ,  pag.  i6o,225  etSBy.Nousy  renvoyons 
le  lecteur  curieux  de  connoître  plus  particulièrement  ce  nou- 
veau métal  ;  nous  ne  rapporterons  ici  que  la  description  que 
M.  Berzelius  a  donnée  récemment  du  minerai  qui  lui  a  offert 
un  composé  naturel  de  sélénium. 

Il  a  cru  devoir  le  désigner  par  eukairiie  ,  nom  qui  signifie  , 
en  grec  ,  bien  venu  :  ce  qui  est  vrai,  en  ce  que  la  nature  de 
Veukairile  a  été  découverte  presque  en  même  teiçps  que  le 
sélénium  ,  qui  ,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  ,  à  l'ar- 
ticle Plomb  séléniuré  ,    a  été  observé,  pour  la  première 


534  S  K  r. 

lois ,  Aax\$  une  fabrique  d'acide  sulfuriquc ,  a  Fahlun  ,  en 
Suède. 

L'eiikairite  a  été  trouvé  avec  du  séléniure  de  cuivre ,  dans 
une  mine  de  cuivre  abandonnée  à  Sckrickerenne ,  en  Smo- 
lande.  On  ne  l'y  rencontre  plus.  Voici  ses  caractères  :  gris 
de  plomb  ;  brillant  métallique  ;  cassure  grenue  ,  sous-cris- 
talline ,  sans  autre  figure  de  cristallisation  ;  mou  ;  se  laissant 
couper  au  couteau  :  coupure  ayant  l'éclat  d'argent  ;  fusible  k 
la  flamme  du  chalumeau,  et  exhalant  une  très-forte  odeur  de 
radis ,  en  laissant  un  petit  bouton  métallique  gris  ;  avec  le 
borax ,  celui-ci  se  colore  en  vert ,  et  il  s'en  sépare  un  bouton 
métallique  cassant,  qui  est  du  séléniure  d'argent. 

Ce  minéral,  entre  mêlé  de  chaux  carbonatée  et  de  parties 
noires  qui  paroissent  être  delà  serpentine  imbibée  de  sélé- 
niure de  cuivre  ,  contient  : 

Argent 28,90 

(juivre 23, o5 

Sélénium 26 

Partie  étrang.  .  .  8,90 

Perte 3,ia 

Séléniure  de  cuivre.  —  Apparence  de  l'argent  natif;  mou  ;  se 
laisse  aplatir  et  polir  ,  et  prend  alors  la  couleur  de  l'étain  ; 
chauffé  ,  ne  donne  pas  de  sélénium.  (L>f.) 

SÉLÈNOPE.  F.  SÉNÉLors,  pag.  Syg.  (l.) 

SELENUSIUM.  Plante  nommée  par  Théophrasle  ,  et 
qui  nous  est  inconnue,  (ltm.) 

SELEPSION.  Nom  de  TOrtie  ,  chez  les  anciens  Egyp- 
tiens, (ln.) 

SÉLEÛCIDE.  Nom  que  les  anciens  donnoient  au 
Merle  rose.  F.  ce  mot.  (v.) 

SÉLEUCIDES.  Ce  sont,  dit  Pline  ,  des  oiseaux  dont  les 
habitans  des  monts  Cassiens  demandent  l'arrivée  à  Jupiter 
lorsque  les  sauterelles  ravagent  les  moissons.  L'on  ne  sait 
d'où  ils  viennent  ni  où  ils  vont ,  et  on  ne  les  volt  jamais  que 
quand  on  a  besoin  de  leur  secours  (  Histoire  naturelle  ,  llb.  x  , 
cap.  a6  ,  secl.  Sg).  Quels  sont  ces  oiseaux  destructeurs  de 
sauterelles  ?  Cette  question  a  excité  la  curiosité  et  les  recher- 
ches de  plusieurs  savans ,  et  le  petit  nombre  d'éclaircissemens 
qu'ils  ont  obtenus  ne  suffit  pas  pour  déterminer  à  quelle  es- 
pèce nous  devons  rapporter  les  séleucides  ,  que  les  Arabes  de 
Mosul  et  d'Alep  connoissent  aujourd'hui  sous  le  nom  de 
samarmar  ou  samarmag.  Ces  peuples  ne  s'adressent  plus  , 
comme  dans  l'antiquité  ,  au  maître  de  l'Olympe  pour  obtenir 
le  secours  des  séleucides  contre  les  dévastations  des  sauter 
relies,  mais  des  députés  vont  les  chercher  au  Khorasan  en 


s  E  Tj  555 

grande  cérémonie.  Le  gouvernement  envoie  des  gens  sûrs 
à  une  source  près  du  village  de  Samaran  ,  situé  entre  quatre 
montagnes ,  aux  environs  de  Mesched  ou  Musa  er  ridda.  Le5 
émissaires,  en  observant  le  cérémonial  prescrit ,  remplissent 
d'eau  ,  puisée  dans  cette  fontaine  ,  une  caisse  qu'ils  bouchent 
hermétiquement ,  afin  d'empêcher  l'évaporalion.  Depuis  la 
source  jusqu'à  la  ville  ,  la  caisse  doit  toujours  être  entre  le 
ciel  et  la  terre,  sans  qu'on  puisse  la  poser  à  terre,  ni  la  laisser 
jsous  un  toit ,  ni  la  faire  entrer  par  upe  porte.  On  la  place  au 
faîte  du  principal  édifice  ;  et  lesmahométans,  aussi  bien  que 
les  chrétiens  et  les  juifs,  ne  doutent  pas  que  le  samarmar  ou 
le  séleucide  ne  suive  l'eau  quand  elle  a  été  amenée  avec  les 
précautions  requises,  et  qu'il  ne  demeure  dans  le  pays  tant 
qu'il  reste  une  goutte  de  celle  eau.  Ils  font  encore  d'autres 
contes  au  sujet  de  cet  oiseau,  qui  ,  disent-ils ,  est  noir,  plus 
grand  qu'un  moineau  ,  et  nullement  agréable  au  goût. 

Tout  fabuleux  que  soient  de  pareils  récits,  ils  ne  renfer- 
ment pas  moins  un  fait  certain  :  c'est  qu'en  Orient ,  où  des 
nuées  de  sauterelles  ravagent  les  campagnes,  il  exisle  un 
oiseau  qui  déclare  à  ces  insectes  une  guerre  assez  vive  pour 
que  les  hommes  de  tous  les  temps  l'aient  remarqué  ,  et  en 
aient  fait  un  sujet  de  superstition.  Il  paroît  aussi  que  cet 
oiseau  a  le  plumage  noir  ;  son  existence  mystérieuse  ,  les 
précautions  nécessaires  pour  l'obtenir,  soit  que  l'on  dût 
s'adressera  Jupiter,  soit  qu'on  croie  l'attirer  avec  l'eau  qu'il 
boit ,  imposent  à  la  multitude  le  devoir  de  le  ménager  ,  et 
même  de  le  respecter  comme  un  animal  sacré  ;  et  cette  idée  , 
bien  que  superstitieuse,  tourne  à  l'avantage  général.  Malheur 
aux  contrées  de  l'Arabie  où  elle  cessera  d'ère  dominante! 
Les  séleucides  ,  confondus  et  tourmentés  avec  les  autres  oi- 
seaux, fuiront  une  terre  de  persécution  ,  et  l'abandonneront 
à  toute  la  voracité  d'insectes  dévastateurs ,  dont  les  dégâts 
extraordinaires  feront  regretter  aux  hommes  et  leur  utile 
crédulité  et  la  barrière  que  la  nature  imposoit  k  l'un  des  plus 
grands  fléaux  qui  puissent  les  affliger,  (s.) 

SELIN ,  Selinum.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
digynie  ,  et  de  la  famille  des  ombellifères ,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  un  calice  entier;  une  corolle  de  cinq 
pétales  ,  en  cœur  et  égaux  ;  cinq  élamines  ;  un  ovaire  infé- 
rieur ,  ovale,  aplati,  surmonté  de  deux  styles;  un  fruit 
ovale,  oblong  ,  comprimé  et  composé  de  deux  semences  ap- 
pliquées l'une  contre  l'autre  ,  et  munies  de  cinq  nervures  , 
dont  deux  latérales  ,  saillantes. 

Ce  genre  ,  fort  voisin  des  Athamantes  et  desMuLï>:s, 
renferme  des  plantes  à  involucres  et  à  involucelles  poly- 
phyllcs  ,  et  à  feuilles  alternes  surdécomposées  ,  dont  quel- 


536  S   E   Jj 

qucs-unes  sont  lactescentes.  Le  nombre  des  espèces  qui 
«ibivent  Ini  être  rapportées,  varie  ,  parce  que  les  caractères 
<fui  le  distinguent  des  Athamamtes  sont  peu  tranchés.  La- 
maitk  ,  dont  on  suit  ici  l'opinion  ,  lui  a  réuni  deux  de  ces 
dernières;  ainsi  on  doit  en  compter  une  trentaine  d'espèces  , 
dont  les  plus  importantes  à  connoîlre  ,  sont  : 

Le  Selim  des  bois.  U  a  la  lige  unie  et  la  racine  composée 
de  plusieurs  fuseaux  ;  il  est  vivace  et  se  trouve  sur  les  monta- 
gnes sèches  ,  dans  les  clairières  des  bois  ;  sa  racine  rend  du 
lait  lorsqu'on  l'entame;  elle  est  connue  sous  le  nom  de  faux 
iurbilh  ,  et  sert  ,  dans  quelques  cantons,  à  purger  les  habilaiis 
<les  campagnes  et  les  bestiaux. 

Le  Selin  des  mairais  a  la  tige  striée  ;  les  racines  fusiformes 
à  peine  divisées  ,  et  les  rayons  des  ombelles  bispides.  11  est 
vivace  ,  et  se  trouve  dans  les  marais.  Sa  racine  est  un  poison, 
ou  mieux,  un  violent  purgatif. 

Le  Selin  a  feuilles  de  carvi  a  les  tiges  sillonnées  ,  et 
à  angles  aigus,  l'involucre  universel  nul;  les  folioles  lan- 
céolées, dentées  et  terminées  par  une  callosité  en  pointe.  Il 
est  vivace  ,  et  se  trouve  dans,  les  prés  secs. 

Le  Selin  CER\ MlXE^Jihamanta  cermria,  Linn.,  a  les  feuilles 
pinnées  ,  les  folioles/anguleuses  et  deniées.ll  est  vivace  et  se 
trouve  sur  les  montagnes  du  centre  de  l'Europe.  On  le  con- 
noît ,  chez  les  herboristes  ,  sous  le  nom  de  grand  persil  de 
montagne.  Il  a  ,  dans  toutes  ses  parties,  surtout  dans  sa  racine  , 
un  suc  résineux  aromatique,  qui  approche  de  celui  du  pelil 
persil  de  montagne ,  et  qui  a  les  mêmes  vertus.  Cette  plante 
forme  le  genre   Cervaire   de  Rivin. 

Le  Selin  orÉOSELIN,  Athamanta  oreoselinum  ^  Linn.,  a 
les  folioles  divariquées.  Il  est  vivace  et  commun  dans  les 
parties  montagneuses  de  l'Europe.  On  le  connoît  sous  le 
nom  de  petit  persil  de  montagne ,  parce  qu'il  a  l'odeur  et  la  sa- 
veur de  cette  plante  comestible.  Ses  semences  sont  excellentes 
pour  provoquer  les  règles,  et  passent  pourun  puissant  diuréti- 
que. On  fait  manger  ses  racines  aux  personnes  attaquées  de  la 
gravelle.  (b.) 

SELINON,  Selinum.  Plusieurs  espèces  d'ombellifères 
étoient  connues  sous  ce  nom  chez  les  Grecs, et  distinguées  par 
des  épithètes  particulières.  Dioscoride  en  indique  six  ;  sa- 
voir : 

Le  SelinoN  des  jardins,  selinon  cepœon. 

Le  Selinon  de  marais,  oa  elcoselinon. 

Le  Selinon  de  montagne,  ou  oreoselinon. 

Le  Selinon  de  roche  ,  ou  pe/roselinon. 

Le  Selinon  de  cheval,  ou  hipposciinon. 

Et  le  SMYRNiuai,  oa pelroselinon  des  ClUdens.. 


s    E    L  53; 

Dioscoride  ne  donne  point  la  description  du  seliaon  des 
juidins^  mais  il  rapporte  seulement  ses  qualités,  qu'il  dit 
élre  les  mêmes  que  celles  de  la  coriandre;  il  étoit  diuré- 
tique ,  émollienl,  un  antidote  contre  la  morsure  des  serpens^ 
et  entroit  dans  la  composition  de  la  ihériaque  et  de  divers 
mcdicamens  employés  pour  calmer  les  douleurs  et  la  toux. 

U eleoseli'mim  croissoit  dans  les  lieux  aquatiques  ;  il  ctoit 
plus  grand  que  le  selinon  des  jardins  ,  mais  du-  reste  avoit  les 
mêmes  propriétés.  u 

Uoreoselinon  avoit  une  lige  haute  de  neuf  pouces  environ  , 
rameuse,  terminée  par  des  flocons  (  ombelles),  plus  déliés 
que  ceux  du  conion  (  ciguë  )  ,  mais  pareils,  S;ï  racine  étoit 
mince  et  grêle,  et  sa  graine  semblable  à  celles  du  cumin,  un 
peu  longue,  acre,  sTubtiie  et  odorante.  Il  croissoit  sur  les 
montagnes  dans  les  lieux  pierreux;  ses  propriétés  étoient  les 
mêmes  que  celles  des  seliuons  précédens. 

Le  petroselinon ,  que  quelques  personnes  confondoient  avec 
Voreose/inon,,  en  étoit  dilYérent.  Il  croissoit  principalement  en 
IMacédoine,  parmi  des  rochers  inaccessibles  ;  sa  graine,  ana- 
logue à  celle  de  ïammi  et  plus  odorante  ,  avoit  un  goût  fort 
et  aromatique.  Cette  plante  ressembloit  aux  autres  selinon 
pour  les  propriétés  ,  ce  que  confirme  (iiilien  en  ajoutant 
qu'on  le  nommoit  aussi  estreailciim. 

\J hlpposelinon  étoit  Vulusatrum  des  latins,  différent  du  smyr- 
Ti'um.  Il  étoit  plus  grand  et  pbis  blanc  que  le  selinon  des  jar- 
dins,et  avoit  une  tige  haute,  creuse,  tendre^  sillonnée  de  lignes 
en  forme  de  veines,  garnie  de  feuilles  larges,  roussâtres,  et  de 
fleurs  nombreuses,  comme  le //è«/20//5(ro marin);  ilse  chargeoiî 
de  graines  noires,  allongées,  fortes,  pleines,  aromatiques.  Sa 
racine  étoit  menue  ,  blanche  ,  odorante  ,  et  faisoit  bonne  ba- 
leine ;  on  mangeoit  cette  racine  cuite  ou  crue  ,  de  même  que 
les  feuilles  et  les  branches,  tantôt  en  salade,  tantôt  commfe 
assaisonnement.  Elle  avoit  encore  les  autres  vertus  des 
selinons.  . 

Le  smyrnion  craissoit  en  abondance  sur  le  mont  Amanus; 
il  étoit  appelé  peiroselinon  par  les  Ciliciens.  Sa  tige,  sembla- 
le  à  celle  de  V hipposeUnum  ,  portoit  des  feuilles  plus  larges,  ua 
peu  grasses,  inclinées  sur  la  terre,  roidcs,  roussâtres,  ayant 
une  odeur  aromatique,  jointe  à  un  goût  un  peu  acre,  qui 
n'étoit  point  désagréable.  Les  extrémités  d»  sa  tige  se  tcrmi- 
noient  de  la  même  manière  que  dans  Vanethum  (  c'est-à-dire 
en  ombelle);  sa  graine  ,  pareilîeà  celle  du  chou,  étoit  ronde, 
noire,  forte  ,  ayant  tellement  le  goût  de  la  myrrhe  que  c'c- 
toit  à  s'y  méprendre.  Sa  racine,  recouverte  d'une  écorce 
noire,  étoit  blanche  ou  verdâtre  en  dedans,  molle,  cendrée^ 
juteuse,  odorante,  d'une  saveur  piquante  et  forte.  Il  croissoit 


538  S  E  T. 

parmi  lespicrres,  sur  les  coteaux  et  dans  les  lieux  fangeux.  On 
inangeoit  ses  feuilles  confiles  dans  du  sel  ;  elles  passoient  pour 
resserrer  le  ventre.  Sa  racine,  prise  en  boisson,  étoit  un  anti- 
dote contre  les  morsures  des  serpens;  elle  calmoil  la  toux, 
facililoil  ia  respiration  ,  et  provoquoit  la  sortie  des  urines  ; 
on  l'einployoit  en  cataplasme  comme  émoUiente,  Cuite  et 
apf>lifi;uée  sur  le  bas-ventre, elle  occasionnoitravorlement.On 
employoit  sa  graine  dans  les  maladies  des  reins,  de  la  vessie  , 
de  la  raie;  elle  apaisoit  les  venlosités  de  Testomac  et  excitoit 
!a  sueur;  elle  cloit  surtout  utile  dans  les  fièvres  continues 
cl  Ihydropisie. 

Voilà  le  résumé  de  ce  que  Dioscoride  a  écrit  sur  les  di- 
verses espèces  de  selinon  ,  et  quoiqu'il  ait  omis  quelques  dé- 
tails descriptifs  qu'on  trouve  dans  Théophraste  ,  Pline  ,  Ga- 
lien  ,  Columelle  ,  il  est ,  parmi  les  auteurs  anciens  ,  celui  quî 
s'est  le  plus  étendu.  C'est  au  persil  commun  qu'on  rapporte 
son  seiinum  des  jardins  ,  qui  est  Vapium  proprement  dit ,  de 
Pline ,  celui  qu'on  cullivoit  et  que  l'on  mangeoit  en  potage  et 
comme  assaisonnement,  sur  lequel  nous  reviendrons  bientôt. 

Ueleoseli/mn  est  noire  ActlE  DES  MARAIS  (  Aplum  graQeo~ 
/<:«5) ,  dont  le  Cfleki  n'est  qu'une  variété.  Ce  rapproche- 
ment paroîl  plus  exact  si  l'on  fait  remarquer  que  Théo- 
phraste en  donne  une  description  qui  complète  celle  que 
nous  avons  de  Dinsroride.  UeleoseMnon^  selon  lui,  croît  dans 
les  marais  et  auprès  des  ruisseaux;  il  a  les  feuilles  clair- 
semées, n'est  point  velu  ,  et  ressemble  au  selinon  des  jardins 
par  son  port  et  sa  saveur.  Columelle  le  nomme  tout  simple- 
ment apium  ;  du  moins  ce  qu'il  dit  de  Vapium  convient  bien  à 
Velcoselînum.  On  pouvoit  le  semer  et  le  transplanter;  il  ai- 
moit  l'eau  ,  et  c'est  pour  cela  qu'on  le  cultivoit  près  des  fo!> 
taines  :  on  s'y  prenoit  de  diverses  manières  pour  en  obtenir  à 
feuilles  larges  ou  à  feuilles  frisées.  Du  temps  de  Matlhiole, 
on  employoit  quelques-uns  de  ces  moyens  pour  Tache. 

iu  oreoselinon  est  une  plante  inconnue  ;  car  si  l'on  fait  atten- 
tion àladesc^iptionincomplète  qu'en donnoientThéophrasie, 
Dioscoride  et  Pline  ,  l'on  verra  qu'elle  ne  peut  pas  convenir 
à  aucune  des  plantes  qu'on  a  prises  pour  telles.  Fuchsiuscitoit 
le  persil  ordinaire,  et  Anguillara,  suivi  par  Césalpin,  le  cer- 
feuil ;  la  plupart  des  botanistes  le  rapportent  à  l'û/Acrmârt/a 
oreoselinujn ,  ce  qui  ne  paroîl  pas  devoir  être,  puisque,  selon 
Dioscoride  et  Pline  ,  Voreoselinmn  n'avoii  que  huit  à  neuf 
pouces  de  hauteur,  et  que  notre  alhamante  s'élève  jusqu'à 
cinq  pieds.  Ses  feuilles  ne  ressemblent  point  à  celles  de  la 
ciguë  (  co/7/um  ),  comme  le  dit  l'héophraslc,  ni  sa  tige  à 
ceile  ilu  cumin  ,  comme  l'a  écrit  Pline. 

jLe  pelroseUnum  de  Dioscoride  est  rapport*  au  bubon  mace- 


s  i:  L  539 

domcinn  ,  au  sison  amoinum  ,  à  Vapium  petroselinum  et  à  d'au- 
tres plantes,  ce  qui  prouve  l'indécision  des  botanistes;  mais 
il  nous  semble ,  avec  les  meilleurs  commentateurs  de  Dio,s- 
coride  ,  que  c'est  la  première  de  ces  plantes ,  mais  que 
l'on  a  donné  le  même  nom  à  plusieurs  plantes  congénè- 
res du  temps  même  de  Dioscoride  et  de  Gaiien.   Voyez  Vt- 

TROSELINOTSI. 

L'hipposelinum  de  Dioscoride  est  notre  Livèche,  Ligitsii- 
ticum  lemiimm  ,  de  l'avis  des  meilleurs  botanistes  anciens , 
it  non  pas  le  maceron,  comme  on  l'a  cru. 

Le  smyrnium  étoit  aussi  appelé,  chez  les  anciens  ,  hipposc- 
liniim  ,  comme  le  témoigne  Gaiien  ;  et  même  il  n'est  pas 
autrement  nommé  par  Théopbrastc.  Ce  qui  augmenie  encore 
la  confusion  dans  cette  parlie  de  la  botanique  ancienne  , 
c'est  que  des  botanistesmodernesneveulentpas  que  la  livèche 
soit  Vhipposelinum  de  Dioscoride  ,  mais  son  /ifnisticiim ,  V.  ce 
mot.  Nous  avons  vu  aussi  que  Dioscoride  donne  r/?//>/005«'///70/i 
pour  V olusatrum  des  Latins,  et  effectivement,  dans  Pline, 
on  lit  que  V olusatrum  est  Vhipposelinum  des  Grecs  {Olusatrum. 
quod  hipposelinum  vocant...  Liv.  20,  cap.  11).  Il  sembleroit 
donc  ,  d'après  cela  ,  que  Volusatmm  des  Latins  n'est  pas  le 
maceron  ,  ce  qui  est  contraire  à  l'opinion  de  beaucoup  de 
botanistes  ,  comme  le  témoignent  les  noms  latins  et  mo- 
dernes du  maceron.  Ajoutons  encore ,  que  Pline  décrit 
ailleurs  le  smyrniuw  ;  et  si  cette  plante  ,  comme  celle  du 
même  nom  de  Dioscoride,  est  notre  maceron  ,  alors  Pline 
en  auroit  traité  sous  deux  noms  différens  ,  ce  qui  n'est  pas 
probable  d'après  le  texte  même  de  ces  deux  auteurs,  à  moins 
que  Pline  n'ait  voulu  cller  que  Vhipposelinon  de  Théophraste  , 
qui  est  bien  le  maceron;  alors  il  faudroit  admettre  que  Dios- 
coride auroit  eu  tort  de  donner  son  hipposelinum  pour  Volu- 
safrum.  Il  me  reste  à  parler  du  smyrnion  de  Dioscoride.  J'ai 
assez  fait  voir  qu'on  le  rapportoit  à  notre  maceron  ,  de  même 
que  le  smyrnium  de  Pline  et  celui  de  Gaiien  :  ce  qui  choque, 
dans  la  description  de  Dioscoride ,  c'est  la  comparaison  qu'il 
fait  de  la  graine  de  la  plante  avec  celle  du  chou.  Selon  Ga- 
iien ,  le  smyrnium  avoit  un  bon  goût.  On  le  vendoit  à 
Rome;  il  étoit  préférable  aux  autres  espèces  de  selinon  (  per- 
sil ,  livèche),  parce  qu'il  étoit  plus  échauffant  et  plus  fort. 
On  raangcoit  ses  tiges  et  ses  feuilles  ,  cuites  ou  crues  ,  avec 
huile,  garum  ,  vin  ,  vinaigre,  etc.  Gaiien  cite  une  seconde 
sorte  de  smyrnium  plus  fort ,  pas  aussi  acre  que  le  petrose- 
linum ^  et  par  conséquent  employé  comme  un  dessiccalif 
ou  un  émolHenl  doux.  Il  ne  nous  est  pas  connu,  k  moins  que 
ce  ne  soit  le  smyrnium  pcr/nlinium  ou  une  variété  du  ma- 
ceron lui-même.  (  5m>7'«/»/«  olusatrum^  L.  ) 


^io  SEL 

Selon  Pline  ,  on  semoit  et  on  cultivoit  le  smyrnium  dan» 
les  jardins  ;  sa  racine  avoit  l'odenr  de  la  myrrhe.  Pline  est 
très-concis  sur  le  chapitre  de  toutes  ces  plantes.  Son  ufjium 
éioit  d'un  très-grand  usage  dans  la  soupe  et  pour  assaisonner 
Iqs  viandes  et  les  sauces.  Il  éloit  très  bon  à  r<.'stomac  et  de 
Lon  goût.  On  le  jetoit  dans  les  viviers  pour  récréer  les  pois- 
sons. 11  n'y  avoit  pas  de  plante  sur  laquelle  les  auteurs  fussent 
moins  d'accord  ;  néanmoins  la  plupart  la  divisoient  en  mâle 
çt  femelle;  celle-ci  avoit  ,  selon  Chrysippe,  les  feuilles  frisées 
et  fermes  ,  la  tige  épaisse  ,  et  une  saveur  acre  et  chaude,  etc.- 
Suivant  Dionysius,  elle  étoitplus  noire,  à  racine  plus  cour- 
te que  dans  le  persil  mâle,  et  engendroit  des  vers.  Ces  deux 
auteurs  defendoient  Tusage  de  Vapium^  parce  qu'il  éloit  corit 
sacré  aux  morts,  qu'on  le  leur  offroit  dans  les  funérailles  , 
que  la  lige  de  Vapiurn  femelle  étoit  verreuse  ,  enfin  que  cette 
plante  rendoit  stérile  les  femmes  et  les  hommes  qui  en  man- 
geoient.  \Japium  mâle  n'étoit  pas  aussi  dangereux;  c'est  ce  qui 
avoit  empêché  de  proscrire  tout-à-fait  cette  plante  ,  dont  les 
vertus  relatées  par  Pline  ,  sont  bien  les  mêmes  que  celles  des 
plantes  précédentes.  Nous  avons  dit  que  Vupium  éloit  rap- 
porté au  selinon  des  jardins,  de  Dioscoride,  et  à  notre  persil. 

IJ'apiaslntm  de  Pline  ou  apium  sawage^  paroît  être  notre  re- 
noncule scélérate.  Pline  ne  dit  de  cette  plante  ,  que  ce  peu  de 
mots  :  "Ouantà  Vapiaslrnm^casl  le  meUissophyllun  d'Hygenus;» 
ce  qui  feroit  croire  qu  il  s'agiroit  de  la  mélisse,  si  Ton  ne  fai- 
soit  attention  que  Pline  dit  ensuite  qu'il  est  fort  venimeux  et 
très-dangereux  en  Sardaigne.  La  mélisse  s'appeloit  aussi  «yw/t/s- 
irum  ;  mais  c'est  parce  que  les  abeilles  se  plaisoient  à  butiner 
sur  ses  Heurs, 

JJolusatium  ,  Voreosclmon,  Vhelioselinon  ou  eleoselinum  ,  ne 
sont ,  pour  ainsi  dire  ,  que  cités  par  Pline. 

Le  naturaliste  romain  traite  du  pelrosclinum  dans  un  autre 
chapitre,  et  dit  seulement  qu'il  est  utile  ,  surtout  dans  les  vo- 
miques  ,  en  prenant  deux  cuillerées  de  son  jus  dans  un  verre 
de  suc  de  marrube  et  dans  trois  verresd'eau  chaude.  Ainsi 
donc,  le petrose/i'num  n'éloit  pas  le  persil,  mais  une  plante  médi- 
cinale, et  probablement  le  pelrosclinum  de  Dioscoride  et  de 
Galien.  Immédiatement  après  {*t  petiuselinum  ,  vient  le  huse- 
jiort^  différent  du  pctroselînmn  cultivé  ,  par  sa  tige  plus  courte 
et  sa  racine  rousse.  Il  est  inconnu. 

Enfin,  Pline  termine  le  chaplire  2  du  liv.  aS  de  son 
Histoire  naturelle,  par  la  citation  du  thysselinum  qui  ressem- 
bloit  à  Vupiuin ,  et  dont  la  racine  mâchée  exciloit  la  saliva- 
tion :  par  ce  p^-u  de  mots,  doit-on  conclure  que  ce  soit  Iç 
Selimim  s^heitre  ,  comme  on  Ta  dit  '^ 


SEL  Hi 

ï)ans  Théophraste  ,  les  espèces  de  seh'non  sont  les  mêmes 
que  celles  de  Dioscoride  et  de  Pline  ,  et  offrent  les  mêmes 
difficultés  ;  il  pose  leurs  différences  dans  le  feuillage,  tantôt 
épais ,  frisé,  dense  ;  tantôt  lâche ,  large  ;  dans  leur  tige  blan- 
che ou  pourpre  ,  ou  versicolore. 

On  conçoit ,  d'après  ce  qui  précède  ,  combien  il  eût  été 
sage  d'abandonner  le  nom  de  selinum  ,  en  holanique.  On 
voit  néanmoins  quelques  anciens  botanistes,  Cln?ius  et  d'au- 
tres, s'en  servir  pour  désigner  le  pimpinella  dioic.a  ^  Linn.  , 
et  plusieurs  autres  plantes  ombellifères.  Linn^-eus  en  a  fait 
ensuite  le  nom  d'un  genre  de  plantes  ombellifères  qui  mal- 
heureusement ne  renferme  aucun  des  anciens  selinum  ,  si 
ce  n'est  le  (hysselinum  de  Pline,  s'il  est  vrai  que  ce  soit  le  se^ 
h'num  sy/oesl/r.  Adanson  ,  choqué  sans  doute  de  cet  arran- 
gement,  a  cru  devoir  réunir  ce  genre  à  celui  qu'il  nomme 
oreoseUiium  qui  comprend  Voreoseli'nuin  de  Tournefort,  et  ii 
appelle  5f///20«  ,  un  autre  genre  qui  ne  renferme  que  Vache 
ou  le  céleri  ^  placé  dans  le  genre  apum   par  Linnseus. 

Cependant,  les  botanistes  ont  a  lopté  le  genre  selinum  de 
Linna>us  ;  mais  comme  il  est  très-artificiel,  et  qu'il  offre  des 
liaisons  intimes  avec  d'autres  genres  voisins  ,  il  se  trouve  an 
rang  de  ceux  qui  ont  éprouvé  et  qui  éprouvent  le  plus  de 
changemens.  On  y  voit  rapporter  et  ôter  le  thysseliniini  de 
Tournefort;  renvoyer  quelques  espèces  au  peucedanum ,  au 
lîgusticum  ;  y  ranjener  àcs  espèces  à'angelica  ,  A'athamanta  , 
de  ferula\,  etc.  Cette  (luclualion  dans  le  classement  des 
espèces  de  ce  genre,  le  rendra  long -temps  le  plus  dif- 
ficile à  connoître  parmi  les  ombellifères  ,  et  il  en  résulter.*» 
que  les  selinum  des  modernes  seront  aussi  difficiles  à  déter- 
miner parla  suite  ,  que  le  sont  actuellement  les  plantes  aux- 
quelles les  anciens  ont  les  premiers  donné  ce  nom.  (ltv.) 

SELINORITION.  V.  Ruuus.  (in.) 

SELINUM.  V.  Selin  et  Selinon.  (ln.) 

SELLE.  Nom  spécifique  d'un  poisson  du  genre  des  LuT- 

JAN.S.  (B.) 

SELLE  POLONAISE.  Nom  marchand  de  la  Perne 
SELLE  (  Ostren  cpiphivm  ,  Linn.  ),  V.  Perne.  (b.) 

SELLIERE  ,  Sellieriu.  Plante  vivace  ,  h  tige  couchée  ,  ra- 
dicante  ;  à  feuilles  spathulées,  alternes,  entières,  réunies  en 
faisceaux;  à  Heurs  blanches  ou  bleues ,  solitaires,  sur  des 
pédoncules  axillaires  et  munis  de  deux  bractées  subulées , 
laquelle  forme  un  genre  dans  la  pentandrie  monogynie ,  et 
dans  la  famille  des  campanulacées. 

Ce  genre  ,  fort  voisin  des  Sévoles  et  des  Goodenies, 
offre  pour  caractères  :  un  calice  persistant,  à  cinq  divisions; 


Si2  S  E  M 

ïHii.'  coiolie  moriopélale  iriégulière,  à  tube  fendu  jusqu'à  la 
hase,  à  limbe  à  cinq  divisions  lancéolées  ;  cinq  étaniines  ;  un 
ovaire  inférieur,  ovale,  turbiné,  à  style  simple  ,  recourbé, 
et  à  stigmate  globuleux;  une  baie  ovale,  tu.rbince,  couronnée 
par  le  cajice  ,  uniloculaire  ,  contenant  un  grand  nombre  de 
semences  membraneuses  en  leurs  bords,  disposées  sur  quatre 
rangs  et  attachées  à  un  placenta  central. 

La  seîlière  radicante  se  trouve  sur  le  bord  de  la  mer,  dans 
i'archipel  de  Chiloé.  Elle  se  rapproche  des  Sévoles.  (b.) 

SELOSNl.  Espèce  de  /:a««/ÂduKamtschalka,  indiquée, 
mais  non  décrite  par  Kracbenninikow  (^Histoire  du  Kamis- 
chatka  )  ,  de  sorte  que  l'on  ne  sait  à  quelle  espèce  connue  on 
doit  la  rapporter.  Ce  canari/ passe  l'hiver  dans  ces  contrées 
boréales  ,  aux  environs  des  sources,  (s.) 

SELOT.  Coquille  du  genre  des  Nérites.  (b.) 

SELOU-SOPi.  Synonyme  de  Nalimé.  (b.) 

SELQ.  Nom  arabe  de  la  Bette  ,  Beta  vulgaris^  L.  (ln.) 

SELVAGO  ou  le  SAUVAGE.  C'est  ainsi  que  les  navi- 
gateurs portugais  appellent  I'Orang  outang.  V.  ce  mot.  (s.) 

SEMAG.  Nom  arabe  du  Plongeon,  (s.) 

SEMARA.  Nom  javan  du  Casuarina  a  feuilles  de 
pr.ÊLE, selon  M.  Leschenault-de-la  Tour,  qui  a  observé  cet 
arbre  sur  le  mont  Idienne  ,  dans  la  partie  orientale  de  l'île 
de  Java,  (ln.) 

SEMARILLARE,  Semarillarla.  Genre  de  plantes  de 
l'octandrie  trigynie ,  qui  présente  pour  caractères  ;  un  calice 
de  quatre  folioles  ,  ovales,  concaves  ;  les  latérales  courtes  , 
et  l'inférieure  très-grande;  une  corolle  de  quatre  pétales, 
dont  deux  sont  écartés;  une  lame  ,  biglanduleuse  à  sa  base, 
entre  les  pétales  et  les  étamines;  huit  étamines  insérées  sut 
le  germe ,  et  se  couchant  sur  la  division  inférieure  du  calice  ; 
un  ovaire  supérieur,  trigone  ,  à  trois  styles  courts;  une  cap- 
sule obtusément  trigone  ,  uniloculaire,  trivalve,  extérieure- 
ment charnue  ,  et  contenant  trois  semences  à  demi  arillées 
et  attachées  à  un  réceptacle  central ,  ligneux  et  coloré. 

Ce  genre  se  rapproche  beaucoup  des  Paulinies,  mais  il 
en  diffère  par  le  fruit,  (b.) 

SEMBJLIDES,  Semblides.  J'ai  désigné  ainsi,  dans  le 
troisième  volume  du  Règne  animal,  par  M.  Cuvier,  une  tribu 
d'insectes,  de  l'ordre  des  névroptères,  famille  des  planipen- 
jies  ,  qui  se  compose  des  genres  chauliode  ,  cojydale  et  siaiis  , 
«it  dont  le  premier  et  le  dernier  ont  été  établis  aux  dépens  de 
celui  de  semhlis  de  Fabricius.  Celte  tribu  formoit,  dans  mes 
ouvrages  precédcns,  une  famille  à  laquelle  j'avois  donné  le 
îiom  de  mégaloptères  y  que  j'ai  rétablie  ici.  V.  ce  mot  el  celui 
de  Planipennes,  (l.) 


s  F  M  543 

SEMBLTS  ,  SemlUs.  Genre  d'insecles  de  l'ordre  des  né- 
vroplères,  désigné  ainsi  par  Fabricius ,  et  qui ,  dans  notre 
méthode  ,  en  forme  quatre  ,  savoir:  cliauliude  ,  sialis ,  nénwwe 
et  perle.  V.  les  articles  Platnipennes,  Mégaloptères  et 
Perlipes.  (l.) 

SEMKCARPUS  de  Linnœus  fils.  F.  à  l'ariicle  Anacar- 
dier, (ln.) 

SEM  EL-FAR  et  TATOURAH.  Noms  arabes  dune 
JUSQUIAME   (^  hyosciamus  dalliura  ^   Forsk.  )  ,    selou    Delile. 

(ln.) 

SEMELIER.  On  donne  ce  nom  à  une  BAUHiNiE  ,  .^u 
Sénégal,  probablement  la  Jîauhinie  ROUiSÀTRiide  Lamarck. 

(B.) 

SEMELINE.  Fleuriau-de  Bellevue  a  donné  ce  nom  à 
de  petits  crislaux  qu'il  a  observés  dans  les  maiières  volcani- 
ques des  environs  dAndernach  ,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 
Ils  sont  d'une  couleur  jaune  de  cilron  passant  à  la  couleur 
de  miel.  Leur  forme  se  rapproche  de  cqWh  d'une  semence  de 
lin  ,  d'où  est  dérivé  leur  nom  {seinen  Uni).  G'esl  un  prisme  à 
quatre  faces,  obliquangle  ,  terminé  par  des  sommets  ai^us 
aussi  à  quatre  faces  ,  bisclées  sur  leurs  bords  obtus.  Ils  sont 
très-éclatans  ,  demi  durs  et  diaphanes. 

Ils  sont  très-difficiles  à  fondre  au  chalumeau;  mais  on 
obtient  enfin  un  verre  bulleux  qui,  suivant  les  différons 
coups  de  feu,  prend  des  teintes  de  noir,  de  bleu,  de  jaune 
ou  de  blanc,  (journ.  de  Phys.,  frimaire,  an  ix.  )    K.  Titane 

SILICEO-CALCAIRE.  (PAT.) 

SEMELLE  DU  PAPE.  Nom  vulgaire  du  Cactier  ra- 
quette ,  dans  quelques  lieux.  (B.) 

SEM  EN  SANCTUM.  Plusieurs  botanistes  anciens  ont 
désigné  par  ce  nom  I'Armoise  santonique  ,  Arlemisla  san- 
ionica,  L,  plante  très-aromatique,  anthelminlique  et  sto- 
machique. Ses  graines  remplacent  avec  succès  la  sementine 
OMsemen  contra.  F.  Contra  et  SeriPHIUM.  (ln.) 

SEMENCE  DE  PERLE.  T.  les  mots  Nacre  et  Perle. 

(B.) 
SEMENCE  ou  SPERME  ,  Semen  et  Sperma  ,  de  c-vtifi 
j'ensemence.  Tous  les  corps  organisés  qui  ne  se  reprodui- 
sent pas  de  bouture  ,  comme  la  plupart  des  zoophyies  et 
quelques  plantes ,  ont  une  semence  ,  même  les  espèces 
hermaphrodites  ;  les  exceptions  à  cette  loi  sont  très-rares. 
La  plupart  à&s  plantes  sont  pourvues  des  deux  sexes  ,  et  les 
parties  mâles  des  fleurs  nommées  e/a/7?//z^s,  portent  des  an- 
thères chargées  de  pollen  ou  poussière  jècondanle.  Dans  les 
anmiaux,  les  organes  sexuels  mâles  ouïes  testicules,  les  lai- 
tes chez  les  poissons  ,  les  canaux  séminifères  chez  les  insec- 


S44  S  E  M 

tes,  les  mollusques,  etc.  v  sécrètent  une  liqueur  spcrmatl- 
que,  qui  est  blanche,  non-seulement  chez  tous  les  animaux 
n  vertèbres ,  mais  encore  chez  les  mollusques  (^ans  la  sèche, 
Suammerdam ,  Bihl.  mit.  ^  p.  Bga)  et  les  insectes  (connne 
«lans  l'abeille  ,  suivant  Réaumur,  Mem.  Ins..,  t.  v  ,  mém.  g  , 
et  dans  le  papillon,  suivant  Swammerdam,  p.  Sgg  ).  Celle 
humeur,  sécrétée  de  la  masse  du  sang  ou  des  liqueurs  qui  en 
tiennent  lieu,  est  plus  ou  moins  épaisse,  visqueuse,  peu 
odorante  dans  la  plupart  des  espèces,  mais  d'une  odeur  pé- 
nétrante dans  la  vipère  (  Redi ,  Ex/),  de  Vip..,  p.  34.),  les  li- 
maçons (Lister,  de  Cochl. ,  p.  i4<J  :  elle  sent  la  ciguë),  et 
dans  quelques  poissons  ,  au  temps  du  rut.  Chez  Thomme  et 
les  quadrupèdes ,  cette  odeur  a  quelque  chose  de  fade  et" 
d'animal;  on  la  retrouve  encore  dans  les  chatons  du  châ- 
taignier, les  anthères  d'une  foule  de  plantes,  et  les  bulbes 
des  orchis. 

De  la  nature  de  la  liqueur  spcrmaiique. 

Nous  exposons  à  l'article  des  Sexes  ,  comme  à  celui  de 
Testicules,  la  structure  propre  des  organes  destinés  à  la 
sécrétion  et  à  rélnboration  de  la  liqueur  fécondante.  On 
verra  de  même  à  Tarticle  \égétal,  et  ses  fonctions  ,  et  la 
iialure  des  organes  de  reproduction. 

Le  pollen  des  étaniines  ,  chez  les  végétaux,  le  sperme  , 
dans  les  animaux,  sont  la  substance  la  plus  élaborée  ou  la 
plus  vivifiée  de  l'organisation.  Il  est  manifeste  aussi  que  les 
phénomènes  de  la  sensibilité,  de  l'énergie  vitale  ,  se  déve- 
loppent p.  incipalement  par  cet  élément  fécondateur.  Les 
parties  les  plus  irritables  des  fleurs  sont  ces  mêmes  étamines 
avant  la  fécondation;  elles  s'agitent  souvent  chez  beaucoup 
d'espèces,  ainsi  que  l'a  fait  voir  M.  Desfontaines  (  V.  Irri- 
tabilité des  végétaux).  Dans  les  animaux,  le  sperme  est 
la  source  de  la  vigueur  ,  puisque  les  Eunuques  (  V.  cet  ar- 
ticle )  et  les  animaux  châtrés  deviennent  mous  et  débiles. 
Les  plus  fières  espèces  se  cassent  et  s'énervent  après  le  rut 
et  le  coït,  tandis  que  l'abondance  de  la  liqueur  séminale  , 
avant  l'acte  ,  rendoit  les  mâles  furieux ,  belliqueux,  leur  don- 
noit  une  énergie  extr.Tordinaire,  des  voix  fortes,  une  odeur 
vireuse  ,  comme  au  bouc,  au  .taureau  {^vitale  virus,  6«p' )  ? 
elle  imprègne  leur  chair  d'une  saveur  sauvage  et  désagréa- 
ble ,  comme  an  verrat,  au  sanglier,  au  cerf,  etc.  C'est 
pourquoi  les  chasseurs,  après  avoir  tué  ces  animaux,  leur 
enlèvent  les  testicules  ,  pour  empêcher  la  résorption  du 
sperme,  cause  de  cette  odeur  de  sauvagine.  De  même,  le 
terme  de  pollen,  chez  les  plantes,  vient' de  poUere  ,  avoir  de 
la  vigueur.  F.  d'ailleurs  les  caractères  de  la  Puberté. 

Cbcz  la  plupart  des  animaux,  la  sécrétion  du  sperme  n'a 


lieu  qu'à  cerlaines  époques  ,  celle  de  la  chaleur  on  <la  Pujt 
{V.  ce  mot),  et  »iu  Frai  pour  les  poissons,  ics  mollus- 
ques ,  etc.  ;  c'est  aussi  à  l'époque  de  la  puberté,  qui  est 
comme  le  temps  de  la  Horaison.  Les  animaux  qui  passent 
l'hiver  engourdis,  les  hérissons,  les  loirs ,  la  plupart  des 
reptiles,  les  chrysalides  de  plusieurs  insectes,  sont  gras  à 
l'entrée  de  celle  sai»on;ily  a  des  épiploons  graisseux  chez  le» 
premiers  ,  et  divers  lobules  adipeux  dans  les  derniers  ;  mais 
pendant  cette  période  d'assoupissement,  il  s'opère  une  lente 
élaboration;  la  graisse  se  transforme  peu  à  peu  en  liqueur 
spermalique  pour  le  réveil  du  prinlemps  suivant,  et  tous  ces 
animaux  se  lèvent  pleins  d'amour  et  de  vigueur  génitale  , 
comme  les  fleurs  des  végétaux  s'ouvrent  alors  aussi  sous  la 
douce  influence  du  soleil. 

On  voit  donc  que  la  graisse,  chez  les  animaux,  semble 
être  un  aliment  en  réserve ,  destiné  soit  à  la  sustcnlation  de 
l'individu,  soit  à  se  transformer  en  sperme;  aussi  les  eunu- 
ques ,  privés  des  organes  élaboraleurs  du  sperme,  restent 
très-gras  ,  et  les  individus  très-gras  ont  peu  de  semence ,  tan- 
dis que  les  maigres  en  produisent  beaucoup  :  Bun  coq  n'' est  ja- 
mais gras. 

Les  qualités  éminemment  stimulantes  du  sperme  impri- 
ment donc  une  forte  énergie  aux  systèmes  musculaire  et  ner- 
veux de  l'animal ,  exaltent  toutes  ses  humeurs  ,  le  disposent  à 
un  élat  inflammatoire  ,  ardent  et  irascible.  On  voit,  jusque 
chez  des  végétaux,  les  parties  sexuelles  s'échauffer  par  cette 
sécrétion  du  pollen ,  dans  les  spadix  des  arum  ou  des  gouets 
(  V.  (iÉNÉRATiON  ).  Cette  chaleur  génitale  produit  des 
odeurs  fortes  ,  soit  dans  les  fleurs  ,  soit  dans  les  glandes  qui 
accompagnent  les  parties  sexuelles  de  la  plupart  des  ani- 
maux; odeurs  destinées  à  stimuler  et  attirer  les  sexes  au 
coït. 

La  vive  sensibilité  ,  ou  celte  volupté  extraordinaire  que 
tous  les  animaux  manifestent  dans  l'excrétion  du  sperme  , 
aimoncc  ,  par  des  secousses  nerveuses,  que  le  système  de 
tous  les  nerfs  y  concourt  et  imprime  ses  facultés  vivifiantes  à 
la  liqueur  fécondante.  En  effet,  cette  excrétion  est  accom- 
pagnée d'ime  sorte  d'épilepsle  ou  de  secousse  générale  ;  une 
sensation  voluptueuse  semble  s'écouler,  di.soient  les  anciens, 
du  cerveau  le  long  de  la  moelle  épinière  ,  jusqu'aux  organes 
de  l'accouplement.  Si,  après  la  fécondation,  la  iieur  se 
fane,  de  même  après  la  génération  des  animaux,  les  organes 
se  flétrissent,  et  le  cerveau  ,  le  système  nerveux,  tombent 
dans  l'affaissement,  témoignage  qu'ils  ont  subi  une  dcperdi- 
îion  notable.  En  effet ,  l'abus  du  coït  énerve  extrêmement, 
dessèche  et  épuise  l'individu,   le  maie  su; 'out  ,•  t^uï  fournit 

XXX.  35 


546  S  E  U 

rélément  excitateur  par  excellence  ;  on  peut  donc  dire  que 
le  sperme  contient  l'essence  du  principe  nerveux  ,  qu'il  est 
stilla  cerebri.  Nous  verrons  aussi  que  la  chimie  a  reconnu  de 
grandes  analogies  entre  la  substance  médullaire,  ou  céré- 
brale ,  nerveuse  ,  et  le  sperme  des  animaux ,  la  laite  du  pols- 
»on ,  d'après  l'analyse  chimique.  (  V.  Nerfs  et  Cerveau.  ) 

Le  sexe  femelle  n'a  point ,  comme  le  croyoient  les  an- 
ciens,  et  quelques  modernes,  de  véritable  sperme  ;  mais 
il  fournit  la  matière  première  ,  l'œuf  ou  l'esquisse  du  nou- 
vel embryon.  Seulement ,  les  femelles  des  mammifères  et 
d'autres  animaux  répandent,  dans  le  coït ,  par  les  lacunes 
muqueuses  du  vagin  et  de  l'utérus  ,  ou  des  oviductes  ,  une 
humeur  raucilagineuse  particulière  ,  qui  enduit  les  parois  de 
cet  appareil  de  reproduction.  Cette  liqueur  est  alcaline  et 
plus  ou  moins  albumineuse. 

Outre  le  sperme,  en  effet,  les  mâles  excrètent  aussi  une 
liqueur  gélatineuse  ou  albumineuse  séparée  par  des  glandes 
particulières  nommées /jrosto/e5,  à  cause  qu'elles  sont  situées 
au  devant  {prostare')  des  vésicules  séminales  ou  des  canaux 
déférens  du  sperme  et  de  l'épididyme.  Celte  humeur  prosta- 
tique est  destinée  à  lubréfier  le  canal  de  l'urètre  ,  à  l'en- 
duire ,  soit  afin  que  l'acreté  du  sperme  n'agisse  pas  à  nu 
sur  ce  canal,  soit  afin  que  ce  canal  soit  stimulé  d'avance 
pour  mieux  recevoir  la  sensation  et  expulser  avec  plus  d'é- 
nergie le  sperme.  La  liqueur  des  prostates  est  limpide  ,  tan- 
dis que  le  sperme  est  blanchâtre. 

Ce  dernier  est  donc  souvent  mêlé  de  liqueur  prostatique, 
et  de  celle  des  glandes  muqueuses  de  l'urètre.  Chez  l'homme 
et  les  mammifères ,  on  trouve  le  sperme  composé  de  deux 
parties,  l'une  liquide,  l'autre  plus  épaisse  ou  grumeleuse. 
Celle-ci  ne  se  voit  que  chez  les  individus  vigoureux  et  engen- 
drant rarement;  car  plus  on  abuse  du  coït,  plus  le  sperme 
est  aqueux  ou  fluide.  La  partie  épaisse  ou  visqueuse  se  liqué- 
fie néanmoins  bientôt  à  l'air;  elle  est  plus  pesante  que  l'eau, 
ou  tombe  au  fond  et  s'y  délaye  facilement.  Le  sperme  est 
alcalin,  comme  toutes  les  humeurs  récrémentitielles  des 
corps  ,  ou  non  destinées  à  être  perdues  au  dehors. 

H  est  particulier  que  l'odeur  fade  du  sperme  se  retrouve 
généralement  dans  le  pollen  de  presque  toutes  les  plantes  , 
et  qui  est  leur  sperme.  Il  semble  que  la  nature  donne  ,  chez 
toutes  les  classes  ,  la  même  nature  ,  aux  produits  des  mêmes 
appareils  d'organes  ,  quelle  que  soit  leur  diverse  structure. 
Les  substances  les  plus  nutritives  ,  comme  les  mucilages  ani- 
maux, le  jeune  poulet,  répandent  également  cette  odeur 
fade  et  spermatique.  Est-ce  cette  a«m  seminalis  ^  ou  vapeur 
vivifiante  que  l'on  a  crue  être  le  principe  le  plus  excitant  et 


s  E  M  547 

le  plus  spirîtualisé  du  sperme  ?  Nous  dirons  plus  loin  que 
cette  vapeur  ne  paroît  pas  être  indispensable  à  l'acte  de  la 
fécondation,  et  qu'elle  seule  nesauroit  suffire  pour  raccom- 
plir;  il  faut  une  coopération  plus  immédiate  du  sperme  lui- 
même;  celle  du  corps  a  plus  d'effet  que  celle  de  l'esprit. 

L'on  expliquera  facilement  ce  sentiment  de  douce  tris- 
tesse qui  suit  d'ordinaire  l'expulsion  du  sperme  par  cette 
sorte  de  foiblesse  et  d'épuisement  nerveux,  qui  semble  pré- 
sager à  l'âme  l'idée  de  sa  destruction  ;  car  on  ne  transmet  sa 
vie  que  parce  qu'on  est  mortel. 

Les  yeux,  ces  lumières  de  l'âme,  sont  les  premiers  abat- 
tus ,  et  même  la  cécité  peut  résulter  d'un  coït  immodéré. 
Les  individus  qui  ont  les  cuisses  et  jambes  grêles  ou  minces, 
et  les  boiteux,  ont  plus  de  sperme,  parce  que  la  nutrition 
semble  relluer  aux  organes  de  génération.  Les  individus  très- 
velus  ,  secs  ,  bruns ,  produisent  aussi  plus  de  sperme  ,  et 
sont  plus  lascifs  que  les  personnes  d'une  constitution  lympha- 
tique et  froide. 

Lorsque  les  animaux  sont  abondamment  nourris,  surtout 
en  des  climats  ardens,  ils  deviennent  plus  tôt  pubères  et  en-~ 
gendrent  plus  souvent  ;  de  sorte  que  la  nutrition  est  une 
condition  nécessaire  pour  la  formation  du  sperme  :  Sine 
Cerere  et  Baccho  friget  Venus.  Aussi  l'homme  ,  étant  mieux 
nourri  que  la  plupart  des  autres  animaux,  peut  engendrer 
en  tout  temps. 

L'excrétion  du  sperme  a  lieu  plus  utilement  à  jeun  qu'a- 
près le  repas  ;  dans  cette  dernière  circonstance  ,  elle  peut 
suspendre  la  digestion  avec  danger ,  car  toute  l'éconoijiie 
concourt  simultanément  à  cette  évacuation.  La  nature  a 
voulu  attacher  à  cet  acte  une  volupté  extrême ,  pour  y  pré- 
cipiter tous  les  êtres  ;  elle  semble  réunir  en  un  seul  point 
toute  la  sensibilité  du  corps;  de  là  vient  cette  sensation  ex-r 
cessive  qui  entraîne  impérieusement  les  animaux,  et  n'est 
peut-être  pas  inconnue  aux  plantes. 

Le  savant  chimiste  Vauquelin  a  fait  l'analyse  du  sperme , 
et  y  a  trouvé  beaucoup  de  phosphate  de  chaux  (  Terre  des  O5) 
qui  s'y  cristallise  quelquefois.  Voici  les  proportions  des  subs- 
tances du  sperme  humain,  suivant  cet  habile  chimiste: 

Eau • 900  parties. 

Mucilage  animal. 60 

Soude 10 

Phosphate  calcaire 3o 

Total 1000 

Nous  rapprocherons  de  cette  analyse ,  celle  de  la  laite  de 


£-{8  S   E  AT 

carpe,  qui  esl  le  testicule  rempli  de  sperme  de  ces  poissons. 
M.  Vauquelln  et  Fourcroy  y  ont  trouvé,  outre  de  la  gélatine, 
de  l'albumine  et  une  matière  grasse  ,  savonneuse  ,  du  phos- 
phore en  nature,  mais  combiné  à  ces  substances  ;  il  y  existe , 
en  outre,  de  l'eau  (|)  et  quelques  phosphates  de  chaux,  de  ma- 
gnésie ,  de  soude  et  de  potasse.  Ainsi ,  l'existence  du  phos- 
phore ou  des  sels  phosphoriques  patoît  constamment  avoir 
lieu  dans  tous  les  spermes  des  animaux  ;  le  phosphore  ,  pris 
en  substance,  est  aussi  un  aphrodisiaque  violent.  Des  élé- 
mens  fort  analogues  se  retrouvent  dans  la  pulpe  cérébrale  , 
d'après  l'examen  chimique  ;  mais  ,  et  la  substance  qui  pense, 
et  celle  qui  engendre  ou  vivifie  ,  échappent  à  nos  moyens 
d'investigation. 

En  effet ,  il  paroît  par  cette  analyse  que  ,  dans  l'état  ac- 
tuel de  la  chimie,  on  ne  peut  pas  déterminer  les  qualités 
d'une  substance  aussi  vitale  ,  et  que  ces  parties  de  la  se- 
mence qu'elle  regarde  comme  un  simple  mucilage  animal , 
lequel  n'est  pas  de  l'albumine  ordinaire  comme  seroit  du 
blanc  d'œuf,  sont  un  assemblage  de  matières  vivifian- 
tes, dont  la  conuoîssance  surpasse  peut-être  touies  les  for- 
ces de  Tintelligence  humaine.  L'action  des  acides,  des  alca- 
lis, du  feu,  etc.  ,  n'a  polut-pu  porter  la  lumière  dans  celle 
nature  ténébreuse  et  incompréhensible  ,  parce  que  la  chi- 
mie détruit  toutes  les  matières  vivantes  sur  lesquelles  elle 
met  la  main,  et  que,  pour  faire  une  véritable  analyse,  il 
faut  la  prouver  par  la  synthèse  ,  comme  on  donne  la  preuve 
d'une  soustraction  ,  en  y  ajoutant  la  quantité  soustraite.  11 
moosemble  qu'il  ne  peut  même  exister  aucune  véritable  chi- 
mie animale  et  végétale  ,  applicable  aux  corps  vivans  ;  car 
elle  n'agit  et  ne  peut  agir  que  sur  des  substances  mortes  ou 
incapables  de  vie.  La  chimie  paroît  contraire  aux  forces  de 
la  vie  ;  elle  la  tue  partout  où  elle  la  trouve.  11  seroit  peut- 
être  prudent  de  ne  pas  appliquer  celte  science  aussi  utile  et 
aussi  belle  à  la  physiologie  des  corps  vivans,  de  peur  de  re- 
nouveler toutes  les  dangereuses  folies  de  Paracelse. 

Des  animalcules  spermaUqites. 

Vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle  (  en  1677  ),  un  Al- 
lemand découvrit,  à  l'aide  du  microscope  ,  de  petits  corpus- 
cules qui  se  mouvoient  dans  le  sperme.  Leeuvvenhoeck  pu- 
blia cette  découverte,  que  lui  disputa  Hartzoeker  (i^iim^d^ 
Diopiriquc  1  p.  227).  On  trouva  ces  mêmes  molécules  mou- 
vantes dans  le  sperme  de  plusieurs  animaux,  quadrupèdes, 
oiseaux  ,  reptiles  ,  poissons  ,  crustacés  ,  testacés  ,  insec- 
tes, etc.  Elles  ne  sont  pas  plus  grosses  dans  la  baleine  même 
fjue  dans  le  plus  petit  insecte  ,  mais  leur  forme  varie.  On  as- 


s  E  IJ  54a 

sure  que  ces  molccales  ne  se  trouvent  point  dans  le  sperme 
des  niulols  (  lle!jL-nslreit ,  cite  dans  Bonnet  ,  Coi-ps  organises  , 
t.  2  ,  p.  246  )  ,  ni  dans  les  jeunes  animaux  ,  dans  les  individus 
devenus  stériles ,  après  une  forte  maladie  el  un  coït  répété 
trop  souvent;  on  en  a  voulu  conclure  qu'elles  étolent  Télc- 
nient  nécessaire  de  la  génération.  Ces  animalcules  ont  une 
sorte  de  tête  avec  une  longue  queue  à  peu  près  comme  les 
têtards  ;  on  les  a  décrits  sous  le  nom  de  cercaires.  Mais  Spal- 
lanzani  a  prouvé ,  par  de  nombreuses  expériences  ,  que  ces 
corpuscules  n'étoient  pas  nécessaires  à  la  fécondation  ,  puis- 
que le  frai  de  grenouille  pouvoit  être  animé  sans  eux. 
(  V.  ses  Eiper.  sur  la  Gêner. ,  traduct.  franc,  par  SenneLier. 
Paris,  1785,  p.  180.  )  D'ailleurs,  des  corpuscules  vivans  fort 
analogues  existent  souvent  dans  la  salive  ,  les  larmes  et  au- 
tres Ijumcurs  animales  qui  ne  servent  point  a  la  généra- 
tion. 

Lus  inventeurs  ont  été  plus  loin  ;  ils  ont  montré  que  €C» 
r.;)rpuscules  étoicnt  de  petits  animaux,  des  espèces  devers 
qui  avoient  leur  vie  particulière;  et  cette  opinion  ,  combat- 
tue par  le  célèbre  Buffon  ,  par  Néedham ,  Asch  et  quelques 
autres,  paroît  néanmoins,  adoptée  assez  généralement,  et 
confirmée  par  les  observations  du  baron  de  Gleichen  et  de 
Spallanzani.  V.  Cercaires. 

Buffon,  ainsi  que  plusieurs  physiologistes,  n'avoient  re- 
gardé ces  corpuscules  mouvans  que  comme  des  molécules 
organisées,  vivantes  et  destinées  à  la  génération  ;  mais  puis- 
qu'elles n'y  sont  pas  indispensables,  comme  Spallanzani  l'a 
fait  voir,  rhypothèse  deXceuwenhoeck,  Harlzoeker,  Lieber- 
kubn,  Bourguet,  Valisnieri,  Andry,  Cheselden,  Ledermul- 
1er,  etc.,  qui  adnieiioient  que  ces  vers  spermatiques  étoienl 
en  quelque  sorte  les  embryons  des  animaux,  ne  peut  donc 
plus  se  soutenir  aîiiourd'hui.  D'autres  preuves  viennent  à 
l'appui  de  cette  vériîé,  c'est  que- l'embryon  existe  dans  la  fe- 
melle avant  la  fécondation.  Ainsi  dans  l'ovaire  de  la  plante 
non  fécondée,  on  trouve  déjà  les  graines  toutes  formées; 
dans  la  poule,  l'œuf,  non  vivifié  par  le  coq,  existe  avec  tou- 
tes ses  parties  disposées  pour  former  un  poulet;  dans  le  frai 
de  grenouille,  le  têtard  préexiste  à  la  fécondation,  etc.  En- 
fin ,  l'exemple  des  polypes  qui  produisent  des  petits  par  reje- 
tons ,  par  boutures,  sans  fécondation  préalable;  les  puce- 
rons, les  daphnies  puces  d'eau,  qui  engendrent  quelquefois 
sans  mâles;  les  plantes  qui  se  reproduisent  sans  iinlerven- 
tion  des  sexes,  tout  enfin  concourt  à  montrer  que  le  fœtus  est 
une  partie  de  la  mère  ,  antérieurement  à  l'animation  que  lui 
communique  la  semence  du  mâie.  Ceci  n'est  pas  une  opinion, 
Hiais  une  observation. 


S5o  S  E  M 

Les  animalcules  de  la  semence  des  animaux  sont  exlrcme- 
jnent  petits  ,  et  des  observateurs  estiment  qu'ils  font  le  rsTo-sr, 
d'un  pouce  dans  leur  plus  grande  longueur  ;  car  ces  êtres  ont 
une  tête  et  une  queue  dont  ils  se  servent  pour  nager.  L'u- 
rine, les  acides,  les  alcalis,  le  vin,  les  spiritueux  les  font 
périr  ,  ainsi  que  la  putréfaction ,  la  chaleur  de  l'eau  bouil- 
lante, la  gelée  ,  etc.  Il  paroît  aussi  qu'ils  changent  de  forme, 
ou  que  des  illusions  d'optique,  si  fréquentes  dans  l'examen 
des  objets  aussi  délicats,  ont  souvent  trompé  les  observa- 
teurs ;  car  on  n'est  point  d'accord  sur  leur  figure.  Il  est  cer- 
tain qu'ils  s'agitent  dans  la  liqueur  spermatique,  que  la  cha- 
leur du  soleil  les  avive  ,  qu'ils  sont  plus  lents  dans  le  sperme 
des  vieillards.  (  V.  Hartzoeker  ,  Dioptr.^  p.  aSi.  )  Mais  il  est 
manifeste  aussi  que  ces  animalcules  sont  de  la  classe  des 
vers  infusoires,  tels  que  ceux  des  macérations  des  végélau.K 
et  des  animaux  dans  l'eau,  qu'a  décrits  avec  beaucoup 
d'exactitude  Otho  Frédéric  Millier  (  Infusor.  animale,  1786, 
în-4°,  figO  ainsi  que  Ledermuller,  Joblot,  Baker,  etc.  Le  ba- 
ron de  Gleichen  a  fait  aussi  quelques  observations  curieuses 
sur  ces  animalcules.  (  V.  sa  Dissert,  sur  la  Génération ,  les  ani- 
male, sperm.y  etc.,  Paris,  trad.fr.  ^  1799  ,  in  4-°  -,  figO-  H  a  rc-^ 
marqué  en  outre  des  cristaux  salins  qui  paroissent  êlre  du 
phosphate  de  chaux.  licite  cinquante-cinq  savans  qui  ont  vu 
les  animalcules  de  la  semence,  et  onze  seulement  qui  les 
ont  niés.  Mais  toutes  les  inductions  qu'on  en  a  voulu  tirer 
pour  expliquer  le  mystère  de  la  génération  ,  répugnent  à  la 
raison  ,  et  semblent  si  forcées  ,  que  le  bon  sens  ne  peut  s'en 
accommoder. 

Une  observation  importante ,  faire  par  Bernard  de  Jus- 
sieu  sur  le  pollen  ou  poussière  séminale  des  plantes,  prouve 
que  cette  poudre  est  un  assemblage  de  petites  boîtes  rondes 
qui  s'ouvrent  en  se  fendant ,  et  qui  épanchent  une  poussière 
extrêmement  fine,  qui  est  la  vraie  semence  ,  dont  les  molé- 
cules du  pollen  ne  sont  que  des  enveloppes,  que  l'humidité 
fait  éclater  en  les  dilatant.  On  conçoit  quelle  doit  êlre  la  té- 
nuité de  la  poussière  vitale  qui  y  est  renfermée;  nous  n'en 
voyons  à  la  loupe  que  les  grossières  enveloppes.  En  effet ,  il 
faut  que  les  particules  vitales  soient  d'une  excessive  petitesse 
pour  pénétrer  dans  les  vaisseaux  du  pistil  et  s'insinuer  dans 
l'ovaire.  L'ingénieux  TurbervlUc  Néedham  a  décrit  et  obser- 
vé, dans  la  semence  du  calmar  (sorte  de  poulpe  ,  scpia  loligo, 
Llnn.,  qui  donne  aussi  une  liqueur  noire  dont  on  prépare 
l'encre  de  la  Chine),  il  a,  dis-je,  observé  de  petites  ma- 
chines cartilagineuses  mouvantes  et  semblables  à  des  vers, 
mais  creuses  en  dedans,  et  fermées  .à  leurs  extrémités,  ren- 
fermant un  tube  élastique  qui  tend  à  ouvrir  loporcule  ;  alors 


s  E  M  S5î 

sort  une  espèce  de  boîte  garnie  d'un  suçoir  qui  se  détache  et 
en  laisse  couler  la  semence  ,  qui  est  remplie  de  globules 
opaques  très-petits  et  immobiles.  Svvammerdam  avoit  aperçu 
quelque  chose  d'analogue  dans  la  semence  de  la  sèche  (se- 
pia  officinaUs  ,  Linn.  ).  On  a  vu  depuis  ,  cependant ,  que  ces 
tubes  n'étoient  pas  le  produit  du  sperme  même  des  mollus- 
ques céphalopodes,  mais  bien  de  la  liqueur  prostatique. 
Nous  avons  remarqué,  avec  M.  Cuvier ,  que  ces  sortes  de 
machines  élastiques  pouvoient  se  conserver  long-temps  avec 
l'animal  mort  dans  l'esprit-de-vin ,  et  se  déployer  ensuite  au 
moment  où  elles  en  sont  tirées.  Quelle  est  leur  utilité  ?  on 
l'ignore.  Seroienl-elles  destinées  à  disperser  et  agiter  le 
sperme  de  ces  animaux,  en  sortant  avec  lui  dans  l'arrose- 
ment  des  grappes  d'œufs?  Ne  pourroit-on  pas  présumer 
aussi  que  les  espèces  de  ramifications  qu'on  voit  dans  les  se- 
mences de  divers  quadrupèdes,  soient  des  tubes  remplis 
d'une  matière  séminale  plus  fine  et  plus  précieuse  que  tout 
ce  qui  paroît  à  la  simple  vue  ?  L'analogie  est  au  moins  pour 
celte  opinion.  El  puisque  les  végétaux  ont  une  poussière  fé- 
condante ainsi  renfermée  dans  de  petites  enveloppes,  puis- 
que le  sperme  des  sèches  montre  une  disposition  semblable, 
pourquoi  le  reste  des  animaux  en  seroit-il  privé.''  On  ne  l'a 
pas  observé ,  sans  doute  :  mais  qu'est-ce  que  ces  ranùfica- 
tions  dans  le  sperme  ?  Qu^est-ce  que  ces  prétendus  animal- 
cules spermatiques?  ne  sont-ce  pas  plutôt  de  tabès  qui ,  ana- 
logues à  ceux  des  sèches,  et  mobiles  comme  eux,  contien- 
nent et  répandent  une  matière  séminale  plus  subtile  que  ce 
mucilage  gluant  que  nous  apercevons?  Les  agitations  de  ces 
faux  animalcules  sont-elles  autre  chose  que  l'explosion  ,  la 
rupture  de  ces  tubes  séminifères  pris  par  les  uns  pour  des 
vers,  par  d'autres,  pour  des  molécules  vivantes,  par  ceux- 
ci  ,  pour  des  particules  inanimées  .''  etc.  Toutes  ces  dift^éren- 
tes  opinions  annoncent  combien  on  est  peu  d'accord  à  ce 
sujet,  et  combien  il  y  a  d'illusions  d'optique  dans  les  observa- 
tions. L'analogie  des  plantes  se  trouve  confirmée  chez  les 
animaux  par  le  sperme  des  sèches,  et  probablement  par  ce- 
lui de  plusieurs  autres  animaux.  Un  jour  cette  vérité  sera 
hors  de  doute  ,  car  l'expérience  nous  a  trop  montré  combien 
les  analogies  étoient  constantes  dans  les  corps  organisés.  Et 
lorsque  nous  comparons  la  liqueur  gluante  du  sperme  avec 
ses  effets  stimulans  et  si  actifs ,  on  ne  peut  se  défendre  de 
croire  qu'il  y  ait  une  substance  très-subtile,  très-active  ,  très- 
délicate  ,  que  nos  instrumens  ne  peuvent  point  apercevoir. 
Les  anciens  avoient  admis  dans  la  semence  une  aura  scmî- 
nalis  ^  un  esprit  subtil.  Cet  esprit  n'est  pas  toutefois  l'odeur 
de  la  semence,  car  Spallanzani  a  diiniontré,  par  l'expé. 


:>o2  S   K  ^î 

rience  ,  que  la  vapeur  du  ôpernie  ne  fécondoil  point;  il  feul 
le  contact  immédiat  de  ce  liquide.  Il  a  prouvé  aussi  qu'une 
particule  excessivement  petite  de  semence ,  comme  par 
exemple  la  100,000*.  pnrtie  d'un  grain  ,  suffisoit  pour  fécon- 
der le  frai  de  grenouille.  Quelle  doit  donc  être  la  prodi- 
t^ieuse  finesse  de  celte  matière  vivifiante  ?  et  l'on  vent  la 
voir  au  microscope!  combien  noire  vue  esl grossière  auprès 
d'elle!' 

.  Les  anciens  philosophes  a  voient  des  idées  plus  relevées 
que  nos  modernes ,  sur  la  nature  de  la  semence.  Ils  se  trom- 
pèrent quelquefois  en  physique  ,  parce  qu'elle  éloit  impar- 
iaile  alois  ;  mais  leurs  erreurs  même  étoient  ingénieuses. 
Ainsi  Pylhagore  pensolt  que  le  sperme  étoit  un  écoulement 
de  la  matière  du  cerveau  -,  céloit  un  assemblage  de  molécu- 
les nerveuses  selon  Alcméon  ,  ou  une  portion  de  la  uioelle 
epinière  suivant  Platon.  Tout  cela  n'est  pas  exact,  mais  du 
moins  ils  voyoient  combien  cette  matière  vivante  a  d'acti- 
vité, de  sensibilité  véritablenjent  nerveuse  ,  et  combien  elle 
cause  d'affections  à  tousles  nerfs  du  corps.  Dans  celle  hu- 
meur si  vivante,  si  animée,  si  irritable,  si  pénétrante,  plu- 
sieurs modernes  n'y  ont  vu  qu'un  mucus  animal ,  une  sorte 
de  gomme  seulement  nutritive,  fade,  elc.  Elle  est  pourtant 
fort  stimulante  ;  car,  mise  sur  une  plaie  récente,  elle  y  pro- 
duit une  irritation  considérable  et  douloureuse,  selon  l'expé- 
rience dont  j'ai  été  témoin. 

On  sait  tous  les  phénomènes  qui  accompagnent  et  suivent 
l'émission  de  la  semence,  ceux  des  femelles  qui  conçoivent, 
objets  que  nous  traitons  dans  les  articles  Sexes  et  (iENÉn  \- 

riON.  (VIREY.) 

SEMENCE  DES  PLANTES.  Partie  du  Erlit  des 
plantes  qui  renferme  les  orgnnes  de  la  reproduction. 

Ce  mot  est,  dans  beaucoup  de  cas,  synonyme  de  (tRAIîse. 

Des  considérations  générales  sur  l'utilité  des  graines,  snv 
les  circonstances  qui  doivent  accompagner  leur  récolte  , 
pour  assurer  leur  meilleur  emploi,  soit  relativentenl  à  la 
nourriture  de  l'homme  et  des  animaux  domestiques,  soit 
relativement  à  leur  conservation  et  à  leur  germination  ,  ont 
été  présentées  à  ce  dernier  mot. 

On  trouvera  au.  mot  semis  toutes  celles  relatives  à  leur 
SEMts.  Il  ne  me  reste  donc  ici  qu'à  considérer  la  semence 
sous  SCS  rapports  anatomiques  et  physiologiques. 

Quelques  botanistes  regardent  tous  les  corps  reproduc- 
teurs comme  des  graines;  mais  on  peut  leur  observer  que  si 
l'on  adoploit  leuB  opinion  ,  il  faudrolt  appeler  de  ce  nom  les 
greffes  et  les  boutures.  V.  Rounc.EONS  sémi^^ifoumes. 

La  forme  d-'s  ^cm-cnccs  varie  beaucoup.  11  en  est  de  sphé- 


s   T:  AT  553 

riques  ,  d'ovales,  de  réniformes,  de  lenticulaires  ,  de  canali- 
culées,  d'anguleuses,  de  cubiques,  de  niarginées,  d'ailées  , 
de  chevelues,  daigretlces  ,  elc.  Leur  surface  ne  présente 
pas  moins  de  différence.  On  en  voit  en  effet  de  lisses,  de 
striées,  de  ridées,  d'alvéolées,  de  tuberculées,  de  caroncu- 
lées,  de  velues  ,  de  cotonneuses,  etc. 

La  position  de  la  semence  dans  le  fruit  est  rarement  prise  on 
considération  ,  cependant  elle  mérite  l'attention  des  obser- 
vateurs. Tantôt  en  effet  elle  est  redressée  ,  tantôt  renversée, 
tanlôl  horizontale,  tantôt  imbriquée,  tantôt  sessile  ,  tantôt 
péfliculée. 

Toute  semencetient  àl'OvAiRE,lantqu'ellen'estpas  parve- 
nue à  sa  maturité  ,  par  un  Cordon  ombilical  ou  Fu^'ICULF,. 

Toute  semence  paroît,  à  la  première  vue,  composée 
d'une  enveloppe  et  d'une  amande.  L'objet  de  Tenvelopp'* , 
qu'on  appelle  aussi  Tumque  propre,  est  «iniquement  de 
garantir  l'amande  de  la  trop  forte  action  soit  de  la  sécheresse 
st)it  de  l'humidité.  On  en  compte  de  trois  espèces,  savoir  : 
I'Arille,  le  LoRiQUE  et  le  Tegmen. 

L'Amatsde  est  composée  de  TEmbryon  seul,  ou  plu.? 
souvent  de  l'embryon  et  du  Périsperme  ,  ainsi  ce  dernier  ne 
lui  est  pas  essentiel;  Correa  de  Serra  croit  même  qu'il  n'est 
que  le  superdu  du  tissu  cellulaire  employé  à  la  formation  de 
l'embryon. 

On  appelle  embryon  les  organes  réunis  du  Blastème,  et 
du  ou  des  Cotylédons. 

Le  blastème  est  composé  de  la  Radicule  et  de  la  Plan- 
tule,  opposées  par  la  base  ,  el  dont  la  réunion  est  le  vérila- 
bie  point  vital. 

La  radicule  et  la  plumule  ont  été  pourvues  par  la  nature 
de  la  disposition ,  lorsqu'elles  se  développent  à  l'aide  de  l.i 
chaleur  el  de  l'humidilé  ,  la  première  de  s'enfoncer  en  terre, 
et  la  seconde  de  sélever  dans  l'air.  Piien  ne  peut  changer 
cette  disposition.  V.  Germination  dans  le  supplément. 

Quelquefois  la  radicule  et  la  plumule  sont  renfermées 
dans  une   sorte  de  cavité  ou  de  sac  qu'on  a  appelé  Coléo- 

RHIZE  et  COLÉOPTILE. 

Une  certaine  quantité  de  semences  n'offrent  qu'un  coty- 
lédon. Il  y  en  a  deux  dans  le  plus  grand  nombre.  Quelques- 
unes  en  contiennent  davantage.  C'est  sur  eux  qu'est  basée  \<i 
méthode  des  familles  naturelles.  V.  Végétal. 

Au  bas  de  la  plumule ,  s'insèrent  les  cotylédons,  qui  se 
distinguent  toujours  des  feuilles  radicales  ,  mais  qui  en 
remplissent  souvent  les  fonctions  ,  sans  cependant  cesser  de 
fournir  au  germe  la  nourriture  nécessaire  à  son  premier 
développement. 


554  s  E  l\î 

Toutes  ces  parties,  comme  le  bois,  comme  les  feuilles 
comme  les  (leurs ,  comme  les  péricarpes ,  ne  sont  composées 
que  de  tissu  cellulaire.  Dire  pourquoi  ce  tissu  cellulaire  prend 
de  telles  formes,  remplit  de  telles  fonctions,  n'est  pas  possi- 
ble et  ne  le  sera  probablement  jamais. 

J'aurois  pu  m'ctendre  bien  plus  sur  le  merveilleux  appa- 
reil dont  je  viens  de  tracer  le  tableau  ;  mais  c'eût  été  un  dou- 
ble emploi,  les  articles  indiqués  en  lettres  majuscules  ser- 
vant de  complément  à  celui-ci. 

La  culture  modifie  les  graines  comme  toutes  les  autres 
parties  des  plantes.  Les  unes  perdent  leurs  formes,  d'autres 
leurs  accompagneniens,  d'autres  leur  couleur,  leur  saveur, 
leur  odeur.  La  plupart  deviennent  plus  grosses. 

Cependant  celles  de  ces  plantes  que  leur  culture  a  fort  éloi- 
gnées de  leur  type  ,  comme  les  cboux-fleurs,  les  choux-raves, 
les  choux-quintal ,  elc,  les  anémones,  les  œillets,  les  giroflées 
et  autres  ileurs  semi-doubles ,  les  poires  et  les  pommes  les 
plus  grosses,  offrent  des  semences  plus  petites  que  dans  le 
type  sauvage  ,  et  ces  graines  sont  plus  dans  le  cas  de  donner 
de  bonnes  ou  de  belles  variétés  que  les  autres;  ce  phéno- 
mène s'explique  par  la  même  cause  que  celle  qui  rend  les 
liés  reiraiis  ,  c'est-à-dire ,  parce  que  la  force  végétative 
s'est  en  plus  grande  partie  portée  sur  les  feuilles  ,  sur  les 
pétioles,  sur  les  fleurs,  pour  augmenter  leurs  proportions. 
V.  Fleurs  doubles. 

On  doit  préférer  ces  graines  à  demi  avortées  à  celles  qui 
sont  pourvues  de  toute  leur  grosseur,  lorsqu'on  veut  repro- 
duire et  même  améliorer,  sous  le  point  de  vue  du  jardinage, 
les  variétés  dont  elles  proviennent. 

Les  graines  gardées  donnent  des  productions  moins  vigou- 
reuses que  les  graines  fraîches,  et  il  est  souvent  avantageux, 
par  suite  du  principe  ci-dessus ,  de  les  préférer  lorsqu'elles 
appartiennent  à  des  espèces  cultivées  pour  leur  fruit.  Voyez 
Melon. 

Beaucoup  de  graines  de  variétés  jardinières  rendent  la 
même  variété  par  leur  semis.  Beaucoup  de  graines  d'arbres 
ne  les  rendent  jamais.  On  ne  peut  expliquer  ce  fait  dans  l'é- 
tat actuel  de  nos  connoissances. 

Souvent  des  plantes  annuelles  qui  avoient  fourni  pendant 
plusieurs  années  des  graines  susceptibles  de  rendre  leur  va- 
riété ,  cessent  de  le  faire  ,  au  grand  déplaisir  des  jardiniers  , 
qui  les  appellent  plantes  dégénérées;  tantôt  c'est  le  Climat, 
tantôt  le  Sol,  tantôt  les  circonstances  des  saisons  ,  tantôt  le 
mode  de  Culture,  qui  ramènent  ces  plantes  à  leur  type  pri- 
mitif. Le  transport  des  poussières  fécondantes  des  espèces 


s  E  M  555 

analogues  ou  des  variétés  voisines,  soit  par  l'effet  des  Vents, 
soit  par  la  récolte  du  Pollen  et  du  Miel  exécutée  par  les 
abeilles  et  autres  insectes,  en  est  aussi  fréquemment  la  cause. 
V.  Hybride. 

Il  est  des  semences  qui  se  conservent  à  Tair  un  nombre 
d'années  indéterminé,  en  état  de  germer;  d'autres  qui  de- 
mandent à  être  semées  aussitôt  qu'elles  sont  récoltées.  Nous 
ne  connoissons  pas  la  cause  de  ces  variations  qui  sont  in- 
nombrables ,  mais  dont  les  limites  ont  été  observées  par  les 
cultivateurs,  pour  celles  de  ces  semences  qui  sont  l'objet  le 
plus  constant  de  leurs  soins. 

L'expérience  prouve  tous  les  ans  qu'il  est  plus  avantageux 
de  conserver  les  graines  à  capsule,  à  gousse  ou  à  silique , 
dans  leur  enveloppe ,  que  de  les  en  séparer. 

Celles  de  ces  semences  qui  ne  se  conservent  pas  à  l'air,  se 
stratifient  dans  des  fosses  à  une  certaine  profondeur,  c'est-à- 
dire  hors  des  atteintes  de  l'influence  de  l'air,  de  la  chaleur 
et  de  l'eau,  et  se  recouvrent  d'une  bulle  de  terre.  Il  est  des 
exemples  que  des  semences  ainsi  disposées  ont  germé  après 
un  demi  siècle. 

C'est  en  les  stratifiant  également  avec  de  la  terre,  du  bois 
pourri ,  de  la  mousse ,  etc. ,  qu'on  fait  avec  succès  des  en- 
vois de  graines  des  parties  les  plus  éloignées  de  l'Asie  ,  de 
l'Afrique  ,  de  l'Amérique  et  de  l'Australasie. 

La  meilleure  semence  est  généralement  la  plus  grosse,  la 
plus  lourde,  la  plus  colorée;  mais  chacune  ne  peut  être 
comparée  qu'à  elle-même  ,  les  variations  étant  sans  nombre 
entre  les  espèces. 

On  doit  toujours  tendre  à  se  procurer  la  meilleure  graine 
pour  les  semis,  et  on  y  parvient  en  la  prenant  sur  les  pieds 
les  plus  vigoureux,  et  en  repoussant  celle  qui  est  fournie  par 
les  fleurs  écloses  les  dernières. 

L'opinion  qu'il  est  utile  de  changer  de  temps  en  temps  les 
semences  des  Céréales  ,  en  les  tirant  d'un  autre  canton  ,  est 
fondée  sur  une  erreur.  Il  suffit  de  choisir,  comme  je  viens  de 
le  dire,  la  meilleure  de  sa  propre  récolte,  pour  empêcher 
toute  culture  de  dégénérer. 

Toute  semence  altérée  ne  germe  pas ,  mais  elle  peut  être 
utilisée  comme  engrais,  le  carbone  qu'elle  conlient  étant 
très-propre  à  augmenter  la  force  végétative  de  la  terre  où  on 
la  dépose,  (b.) 

SEMENCE  DE  CHAMPIGNON.  Paulct  a  donne  ce 
nom  à  un  petit  Agaric  ,  qui  croît  en  touffes  cxlrêmcment 
grosses.  V.  Tète  bai  et  blanche,   (b.) 

SEMENDA.  F.  Calao  a  casque  rond,  (v.) 


5-'î6  S  E  M 

SEMENTINE  ou  SEMEN  CONTRA.  Espèce  d'Ae- 

Sl^JTHE.  (b.) 

SEMET.  Nom  égyptien  du  Nasiurtium  des  anciens,  (ln.) 
SEMETRO.  Au  temps  de  Belon,  Tes  habitans  du  pays 
Messin  nommoient  ainsi  le  Traquet.  V.ce  mol.,  à  rarlicle 

MOTTEUX    (s.) 

SEMEUR.  On  désigne  ainsi ,  en  Picardie  ,  la  Bergeron- 
nette etla  Lavandière.  F.  ces  aiotsàrariicle  Hocuequele. 

(v.) 

SEMI-FLOSCULEUSES.  Sortes  de  Fleurs.  V.  ce 
mot.  Elles  servoient  à  constituer  une  des  classes  de  Tourne- 
forl;  Linuœus  les  a  comprises  dans  sa  classe  de  la  syngénésle. 
La  plupart  entrent  dans  la  famille  des  ChicoracÉls,  de  Jus- 
sieu.  Aujourd'hui,  H.  Cassini  les  emploie  comme  division 
de  sa  famille  des  synanthérécs.  Leurs  caractères  sont  :  fleurs 
monopétales,  dont  le  tube  se  prolonge,  d'un  seul  côté  ,  vn 
une  lame  en  forme  de  languette  dentelée  à  son  sommet  ;  dont 
les  étamines  sont  réunies  par  leurs  anthères  ,  et  qui  sont 
agrégées  dans  un  calice  commun,  (b.) 

SEMINALÏS,  des  Romains.  F.  Polygonum.  (ln.) 

SEMINULE.  Corps  reproducteurs,  qui  apparlienneni , 
dil-on,  à  des  plantes  agames  et  à  des  plantes  cryptogames, 
ce  que  j'ai  de  la  peine  à  croire  ;  car  les  agames  ne  se  multi- 
plient que  par  des  bourgeons  séminiformes  ,  cl  les  crypto- 
games ont  de  véritables  sen)ences  ,  quoique  pourvues  dtnc 
organisation  fort  simple.  V.  Fruit,  (b.) 

SEMÏ-OPAL.  Les  Anglais  donnent  ce  nom  ,  qui  est  la 
traduction  littérale  de  l'allemand  halù-opal ,   au  SiLEX  RÉ- 

SINITE.  (en.) 

SEMIS.  Beaucoup  de  semences  dont  le  germe  est  accom- 
pagné d'un  corps  corné  ,  comme  les  Rubiacees  ,  perdent 
leur  propriété  germinative  peu  de  temps  après  leur  malu- 
riic  ;  d'autres,  qui  renferment  une  huile  essentielle,  qui,  se 
corrompant  promptemeni  ,  réagit  sur  le  germe  ,  comme 
dans  la  famille  des  Lauriers  et  des  Myrtes,  sont  dans  le 
mê>ne  cas.  Il  en  est  encore  d'autres  qui,  comme  les  Ner- 
PRU!SS,  dont  les  semences  sont  des  osselets  très-durs,  se 
racornissent  en  séchant,  de  manière  que  si  on  attend  au 
printemps  à  les  mettre  en  terre  ,  elles  y  restent  un  an  en- 
tier avant  que  de  lever.  On  remédie  à  tous  ces  inconvénient 
en  semant  ou  stratifiant  ces  sortes  de  graines  immédiate- 
ment après  leur  parfaite  maturité.  P\  Spongiole. 

Plusieurs  des  graines  des  plantes  vivaces  de  la  famille  <les 
Ombeelifères  ,  les  Fraxi^ieeles  ,  les  Rosiers,  etc.  ,  doi- 
vent être  semées  aussitôt  que  leur  maturité  est  complète  ;  si 


on  attend  le  printemps  suivant ,  il  est  rare  qu'elles  lèvent; 
car  elles  sont  ordinairement  mangées  dans  le  cours  de  l'été, 
au  lieu  que  lorsqu'on  les  sème  en  automne ,  elles  lèvent  au 
printemps  suivant. 

C'est  après  la  cessation  des  fortes  gelées  ,  lorsque  la  terre 
devient  maniable  ,  et  dans  la  saison  des  pluies,  qu'on  sème 
la  plus  grande  quantité  de  graines  d'arbres  de  pleine  terre. 
On  y  répand  aussi  les  semences  des  prairies  naturelles, 
quelques  céréales ,  et  les  graines  des  plantes  potagères 
rustiques ,  dont  les  jeunes  plantes  ne  craignent  pas  la 
gelée. 

C'est  encore  à  la  même  époque  qu'on  sème  sous  des 
châssis  ou  sur  des  couches  chaudes  des  graines  de  plantes  des 
pays  chauds ,  dont  on  veut  obtenir  des  fruits  précoces  ou 
liâler  la  végétation  ,  pour  leur  faire  passer  l'hiver  suivant 
avec  plus  de  succès. 

Plus  tard  ,  c'est  à-dire  en  mars ,  on  fait  la  presque  totaliié 
des  autres  semis  ;  cependant,  il  en  est  quelques-uns  qu'on  ue 
complète  que  le  mois  suivant  ;  ce  sont  ceux  dont  les  produits 
craignent  les  plus  foibles  gelées,  tels  que  les  Haricots,  les 
Capucines  ,  etc. 

Les  plantes  qui  se  sèment  en  pleine  terre  presque  toule 
Tannée,  excepté  dans  le  temps  des  gelées,  sont  quelques 
espèces  de  légumes  dont  on  veut  se  procurer  des  produits 
non  interrompus  dans  toutes  les  saisons ,  telles  que  les  Epi- 
NARDS,  les  PETITES  Rav]^  ,  les  Salades  ,  etc.;  et  les  se- 
mences qui  vieillissent  promptement ,  comme  celles  de  cer- 
taines OmbELLIFÈRES  ,  des  RUBIACÉES,  etc. 

On  sème  les  graines  de  différentes  manières  ,  savoir  : 

i.<*  A  la  volée  ,  telles  que  les  Céréales  ,  les  Fourrages, 
les  Oléagineuses,  enfin  la  plupart  de  celles  qui  se  cultivent 
en  grand  daiîs  la  campagne.  Dans  les  jardins,  on  sème  ainsi 
les  carrés  de  gros  légumes,  les  gazons  ,  etc.  Pour  cela  ,  un 
homme  intelligent ,  portant  dans  un  tablier,  serré  autour  de 
ses  reins,  la  graine  qu'il  veut  ,  parcourt,  à  pas  mesuré,  le 
champ  qu'il  doit  ensemencer;  chaque  pas  qu'il  fait,  il  prend 
une  poignée  de  graine  et  la  répand  le  plus  exactement  possible 
dans  une  étendue  déterminée.  Lorsque  \es  semences  sont 
trop  fines  pour  remplir  sa  main  ,  il  les  mêle  avec  une  quan- 
tité de  terre  sèche  ,  de  sable  ou  de  cendre  ,  et  les  répand 
ensemble.  On  a  aussi  imaginé  des  semoirs  ,  c'est-à-dire  des 
machines  qui  ont  l'avantage  de  répandre  la  semence  très- 
également;  mais  on  n'en  fait  pas  usage,  soit  parce  qu'elles  ne 
remplissent  pas  complètement  leur  but ,  soit  parce  qu'elles 
sont  trop  chères,  soit  parce  que  la  routine  y  met  opposi- 
tion. 


358  S  E  M 

2.°  En  planches.  Celte  manière  cle  semer  ne  se  dislingue  de 
la  précédenle,  qu'en  ce  qu'au  lieu  de  semer  une  pièce  en 
plein ,  on  la  sème  en  planches  plus  ou  moins  larges  ,  qui 
sont  divisées  par  des  sentiers. 

On  emploie  avec  succès  celte  sorte  de  semis  pour  les  cul- 
tures rurales  dans  les  cantons  méridionaux  de  la  France  , 
dans  le  Milanais,  la  Romagne  et  autres  parties  de  l'Italie. 
Chaque  planche  est  bordée  d'une  ligne  d'arbres,  sur  lesquels 
s'élèvent  des  vignes.  Cette  méthode  convient  à  des  climats 
très-chauds  ,  où  les  plantes  ont  besoin  d'être  abritées  de  la 
trop  grande  force  du  soleil  ;  mais  elle  ne  réussiroit  pas  dans 
les  pays  septentrionaux. 

Dans  les  jardins  légumiers,  presque  tous  les  semis  se  font 
en  planches  ,  qui  rarement  passent  une  toise  de  large,  pour 
pouvoir  porter  la  main  dans  toutes  leurs  parties. 

3.*^  Par  rayons.  Les  semis  de  cette  sorte  sont  très-usilés 
dans  les  campagnes  pour  les  cultures  de  menus  grains ,  tels 
que  les  pois ,  les  lentilles  ,  les  gesses  et  même  quelques  cé- 
réales, qu'on  établit  sur  des  ados  des  fossés  de  vignes  et  au- 
tres cultures. 

On  les  pratique  ordinairement  dans  les  jardins  pour  là 
culture  des  légumes,  dont  on  borde  les  carrés  ou  les  plan- 
ches. 

Dans  les  pépinières ,  ils  «)nt  très-en  usage  pour  les  graines 
d'arbres. 

Ils  consistent  à  tracer  sur  un  terrain  nouvellement  labouré, 
un  sillon  ,  plus  ou  moins  large  et  plus  ou  moins  profond , 
suivant  la  nature  des  graines  qu'on  se  propose  d'y  semer,  à 
y  répandre  les  graines  le  plus  également  possible ,  et  à  les 
recouvrir  de  terre  fine  de  l'épaisseur  qui  convient  à  leur  na- 
ture. On  affermit  ensuite  la  terre  du  fond  du  sillon  avec  le 
dos  d'un  râteau,  et  on  la  recouvre  d'un  terreau  de  feuilles 
ou  autre  engrais  suivant  l'exigence  des  cas. 

Ce  procédé  offre  un  avantage ,  celui  de  tenir  les  semis 
plus  frais  ,  et  ensuite  de  chausser  les  jeunes  plants  à  mesure 
qu'ils  grandissent  et  qu'ils  en  ont  besoin.  La  terre  des  ados 
des  sillons  ,  étant  en  pente  assez  rapide,  s'cmiette  aisément, 
et  les  pluies  qui  surviennent  la  détrempent  et  la  font  tomber 
successivement  au  fond  du  sillon. 

4..°  Pofe/ufs  ou  pochels.  Les  potclots  ou  pocheis  sont  de  petites 
fosses  circulaires  ou  carrées,  de  six  à  huit  pouces  de  profon- 
deur sur  environ  quinze  de  diamètre,  et  formées  par  lignes 
régulières  à  des  distances  de  dix  à  quinze  pouces  dans  un 
terrain  nouvellement  labouré. 

Ils  sont  destinés  à  recevoir  les  graines  qui  se  sèment  de 


s  E  M  559 

celte  manière  ;  telles  sont  celles  des  diverses  espèces  de  Ua- 
RICQTS  ,  soit  à  la  campagne  ,  soit  dans  les  potagers. 

Dans  les  jardins  de  botanique  on  sème  de  celte  manière 
toutes  les  graines  de  plantes  qui  n'ont  pas  besoin  du  secours 
de  la  couche  pour  lever  et  fournir  leur  végétation  dans  notre 
climat. 

Après  avoir  répandu  les  semences  au  fond  de  la  poche,  le 
plus  également  qu'il  est  possible  ,  on  les  recouvre  de  terre 
plus  fine,  et  mieux  amendée  que  celle  du  sol,  et  on  la  bat 
légèrement  avec  le  dos  de  la  main  pour  l'affermir  sur  les 
graines.  Un  très-léger  lit  de  coifft  fumier  qui  recouvre  le 
fond  du  pochet,  brise  les  rayons  du  soleil,  empêche  la  terre 
d'être  trop  battue  par  les  pluies  ,  et  protège  la  germination 
des  graines. 

Ce  semis  partage  les  avantages  de  celui  par  rayons  pour 
le  chaussage  des  plantes  à  mesure  qu'elles  grandissent ,  et  leur 
procure  une  humidité  plus  constante. 

5."  Seules  à  seules.  On  sème  seules  à  seules,  pai'  lignes,  à 
dislances  déterminées  ,  les  grosses  graines  ,  telles  que  celles 
des  Chênes,  des  Châtaigniers,  des  Noyers,  des  Mar- 
ronniers d'Inde,  des  Amandiers,  des  Pêchers,  des  Abri- 
cotiers, et  d'autres  de  celle  nature  ,  qui  ont  été  stratifiées 
dans  le  sable  à  l'automne  ,  et  qui  sont  en  état  de  germination 
ou  prêles  à  y  entrer.  Lorsqu'on  se  propose  de  laisser  croître 
à  demeure  les  arbres  qui  doivent  provenir  de  ces  semis,  oa 
plante  les  graines  avec  leur  radicule  entière.  Les  arbres  en 
deviennent  plus  beaux  ,  plus  grands,  et  ils  sont  moins  exposés 
à  èire  déracinés  par  les  vents.  Mais  lorsqu'on  destine  les 
jeunesplantesàêlre  transplanlées,ilestconvenable  de  couper, 
avec  l'ongle,  l'extrémité  de  la  radicule;  alors  le  pivot  de  la 
racine,  au  lieu  de  descendre  perpendiculairement, se  fourche, 
se  divise  en  plusieurs  racines  q«lî  s'étendent  à  rez-terre.  La 
reprise  des  sujets  dans  leur  transplantation  est  plus  assurée. 

Ce  moyen  est  pratiqué  dans  les  semis  àts  petits  bois  de  chêne , 
de  hêtre^  de  châlaignier;  dans  les  campagnes  on  l'emploie  dans 
les  potagers  pour  établir  en  place  ,  entre  les  arbres  d'un  es- 
palier qui  commence  à  donner  des  signes  de  dépérisse- 
ment ,  des  sauvageons  robustes ,  qu'on  greffe  ensuite  avec 
les  espèces  qu'on  désire. 

6.°  Dans  des  vases.  Cette  espèce  de  semis  ne  s'emploie 
guère  que  pour  des  graines  ,  dont  le  jeune  plant  a  besoin 
d'être  surveillé  et  placé  à  différentes  expositions  dans  diverses 
saisons  ,  ou  rentré  en  serre  pendant  l'hiver. 

On  en  distingue  de  trois  espèces  : 

En  caisse.  C'est-à-dire  dans  des  parallélogrammes  de  bois. 


56,,  S  E  M 

plus  ou  moins  grands  ,  plus  ou  moins  profonds.  Cette  espèce 
de  semis  est  pratiquée  dans  les  pépinières  d'arbres  étrangers, 
pour  les  arbres  résineux  d'une  culture  exigeante  ,  telles  que 
celles  des  sapinetles  du  Canada  ,  des  cèdres  du  Liban  ^  de  diver- 
ses espèces  de  genèi>ricrs ,  et  d'autres  arbres  et  arbustes  du 
nord  de  l'Amérique. 

On  établit  au  fond  de  la  caisse,  qu'on  se  propose  de  se- 
mer ,  un  lit  de  menus  plâîras  d'environ  deux  pouces  d'épais- 
seur. On  couvre  ce  premier  lit  d'à-peu-près  deux  doigts  de 
terre  franche  qu'on  affermit  avec  le  poing,  et  on  remplit  le 
reste  de  la  caisse,  jusqu'à  ëÊtux  pouces  de  son  bord  supérieur, 
de  terre  préparée  et  convenable  au  semis  qu'on  se  propose 
de  faire. 

La  caisse  ainsi  semée  ,  est  placée  à  l'exposition  qui  con- 
vient à  la  germination  des  graines  ,  et  à  l'automne  elle  est 
couverte  de  litière  ,  placée  au  midi  ou  rentrée  dans  l'oran- 
gerie ,  suivant  la  délicatesse  et  l'état  des  jeunes  plants. 

En  terrines.  Les  semis  en  terrines  ont  plus  particulière- 
ment pour  objet,  dans  les  potagers,  les  sentis  de  légumes  de 
primeur,  tels  que  différentes  variétés  de  Choux-fleurs,  de 
îîROCOLis  ,  de  Frmsiers  des  Alpes  ,  etc.  ;  on  les  sème  à 
l'automne  ou  au  premier  printemps  ,  et  on  les  place  ,  soit 
dans  une  côtière  bien  exposée  au  midi  ,  dans  une  serre 
froide  ,  ou  sous  un  châssis. 

Dans  les  jardins  des  fleuristes  ,  on  sème  en  terrines  sur 
couche  ,  sous  châssis  ou  cloche  ,  des  graines  de  plusieurs  es- 
pèces de  fleurs,  dont  la  germination  a  besoin  d'être  avancée. 

Enfin  ,  dans  les  pépinières  et  les  jardins  d'éducation  de 
plantes  étrangères  ,  on  sème  ,  dans  des  terrines  ,  les  graines 
qu'on  possède  en  trop  grande  quantité  pour  être  semées  en 
pot ,  mais  pas  en  suffisance  pour  occuper  une  caisse. 

Ce  semis  ne  diffère  en  rien  du  précédent. 

En  pots.  Les  semis  en  pois  conviennent  à  de  petites  quan- 
tités de  graines  de  plantes  de  climats  étrangers,  et  d'une  tem- 
pérature plus  chaude  que  celle  du  pays  dans  lequel  on  les  fait. 
C'est  principalemaat  chez  les  cultivateurs  de  plantes  étran- 
gères et  dans  les  jardins  de  botanique  ,  qu'on  pratique  ce 
genre  de  culture.  On  les  exécute  une  grande  partie  de 
l'année,  principalement,  et  en  très -grande  quantité,  au 
printemps.  Le  moment  le  plus  fovorable  est  celui  où  les 
premiers  bourgeons  du  Tilleul  commencent  à  s'ouvrir  ,  et  à 
laisser  voir  leurs  premières  feuilles. 

Cette  opération,  l'une  des  plus  importantes  pour  la  tenue 
et  l'augmentation  des  richesses  végétales  d'un  jardin  de  boia 
nique  ,  mérite  quelques  développemens. 

Un  jardinier  soigneux  et  prévoyant  n'attend  pas  le  mo 


s  E  M  S6i 

iïi>«nt  des  semis,  pour  faire  toutes  les  dispositions  prélimi- 
naires qui  doivent  assurer  la  réussite  de  son  opération.  Filles 
consistent: 

i.*»  A  éplacber  les  graines  ,  les  disposer  en  un  ordre  mé- 
thodique, en  faire  le  catalogue,  etc. 

2.°  A  préparer  les  diverses  terres,  dont  il  prévoit  avoir 
besoin  pour  effectuer  les  semis.  Il  faut  qu'il  se  précautionne 
de  cet  objet  essentiel  long-temps  (  plusieurs  années  nicme  ) 
auparavant ,  parce  que  les  terres  composées  sont  d'autant 
meilleures  qu'elles  sont  préparées  plus  anciennement. 

3.0  A  rassembler  le  nombre ,  Ja  qualité  et  la  grandeur  des 
pots  nécessaires.  ^ 

4.°  A  construire  des  couches  sourdes ,  des  couches  chau- 
des, raviver  son  tan  ,  préparer  des  châssis,  etc. 

Toutes  choses  ainsi  disposées  ,  et  le  moment  favorable 
pour  semer  étant  venu  ,  on  doit  y  procéder  sans  interrup- 
tion. Le  semeur  se  place  dans  un  lieu  renferhié  ,  à  l'abri  du 
vent  et  de  la  pluie.  11  a  autour  de  lui  les  pots  qui  doivent  rece- 
voir ses  semis  ;  sur  une  table  placée  à  hauteur  d'appui  ,  se 
trouvent  amoncelées  les  diverses  sortes  de  terre  qu'il  doit 
employer  à  recouvrir  les  semences  ,  après  les  avoir  répan- 
dues sur  la  surface  de  la  terre  ,  dont  sont  remplis  les  pots.  A 
côté  de  lui  est  le  tiroir  où  sont  rangés  les  sachets  de  graines 
qu'il  doit  semer.  Il  répand  ces  graines  à  la  pincée  ,  le  plus 
également  possible  ;  il  les  recouvre  avec  la  terre  qui  leur 
convient ,  et  de  l'épaisseur  qui  est  nécessaire  à  leur  prompte 
germination.  Il  la  bat  ensuite  légèrement  avec  le  dos  de  la 
main  ,  et  l'opération  est  finie. 

Ces  vases  nouvellement  semés  doivent  être  placés  bien  ho- 
rizontalement les  uns  à  côté  des  autres^  et  arrosés  ou  plutôt 
bassinés  avec  un  arrosoir  à  pomme 'à  trous  très-fins.  On 
passe  rapidement  l'arrosoir  sur  les  pots  ,  de  manière  à  pro- 
duire une  pluie  très-fine  qui  imbibe  la  terre  sans  la  battre  ou 
la  faire  couler  hors  du  pot,  et  on  répète  celte  opération  trois 
ou  quatre  fois  dans  la  journée  des  cinq  ou  des  six  premiers 
jours  qu'ont  été  faits  les  semis. 

Lorsqu'on  a  semé  une  suffisante  quantité  de  pots  pour  gar- 
nir une  couche ,  un  châssis  ou  une  bâche  ,  on  les  y  range 
sans  retard. 

On  distingue  cinq  espèces  de  couches  : 

I."  La  couche  sourde.  Elle  s'établit  dans  une  fosse  de  trois 

Ï>ieds  de  profondeur  ,  et  de  quatre  à  cinq  de  largeur,  sur  une 
ongueur  déterminée  par  le  besoin.  On  la  construit  en  toutes 
sortes  de  matières  fermentescibles  ,  telles  que  des  tontures 
de  buis  ,  d'ifs  ,  du  marc  de  raisin  ,  de  pommes  ou  d'olives  , 
de  tannée  ,•  de  diverses  sortes  de  fumiers ,  ou  tout  simpiemeni; 

XXX.  36 


562  S  K  M 

de  balayures  de  chantier  de  bois  ou  des  rues.  ÎI  convient  de 
mélanger  ces  substances  ,  de  manière  à  ce  que  celte  couche 
ne  produise  qu'une  foible  chaleur,  mais  durable  ,  et  de  l'éle- 
ver au  dessus  du  niveau  du  terrain.  On  la  couvre  d'environ 
sept  pouces  de  terreau.  C'est  dans  ce  lit  de  terreau  qu'on 
enterre  les  pots  de  semis  nouvellement  faits.  On  les  y  place 
bien  horizontalement  les  uns  à  côté  des  autres  ,  et  on  rem- 
plit bien  exactement  avec  du  terreau  les  intervalles  qui  se 
trouvent  entre  eux. 

2.°  La  couche  chaude.  Elle  se  distingue  de  la  précédente  , 
en  ce  qu'elle  est  conslruite^vec  du  fumier  lourd  et  de  la  li- 
tière ,  et  qu'elle  est  établie  shr  la  surface  du  sol ,  et  non  en 
terre. 

On  donne  ordinairement  à  cette  sorte  de  couche  cinq  pieds 
de  large  sur  trois  et  demi  de  hauteur  ,  et  une  longueur  à  vo- 
lonté. Ses  bords  sont  formés  avec  des  bourrelets  de  fumier 
moelleux,  mêlé  avec  les  deux  tiers  environ  de  litière  triturée. 
La  partie  du  milieu  est  formée ,  lits  par  lits  ,  des  mêmes 
substances  ,  auxquelles  on  ajoute  du  fumier  vieux  à  demi- 
consommé.  Chaque  lit ,  auquel  on  donne  de  huit  à  dix 
pouces  d'épaisseur  ,  doit  être  affermi  par  un  piétinement 
répété  à  chaque  lit  que  l'on  forme.  Lorsque  la  couche  est 
arrivée  à  sa  hauteur ,  on  la  règle ,  c'est-à-dire  ,  qu'après 
l'avoir  marchée  à  plusieurs  reprises  dans  toute  son  étendue  , 
on  remplit  avec  du  fumier  lourd  les  endroits  bas  qui  s'y 
trouvent. 

Si  le  fumier  qu'on  a  employé  dans  la  fabrication  de  la 
couche  n'étoit  pas  assez  humide  pour  entrer  prochainement  en 
fermentation,  ou  qu'on  eût  besoin  d'une  plus  vive  chaleur  que 
celle  qu'on  peut  espérerdu  fumier,  on  l'arrose  abondamment; 
un  seau  d'eau  par  pied  carré  sufflt  à  peine  pour  l'imbiber. 
Après  qu'elle  a  été  ainsi  arrosée  ,  on  la  laisse  reposer  pen- 
dant douze  ou  quinze  heures;  alors  elle  entre  en  fermenta- 
tion ,  et  fournit  une  chaleur  très-vive  ,  dont  le  centre  du  foyer 
se  trouve  dans  toute  sa  longueur.  On  marche  de  nouveau  la 
couche  ,  qui  s'affaisse  sensiblement.  On  l'égalise  de  nouveau 
avec  du  fumier  lourd ,  dans  les  endroits  qui  oot  baissé  davan- 
tage ,  et  on  la  tient  un  peu  bombée  dans  son  milieu. 

Cette  opération  faite  ,  on  terreaute  la  couche ,  c'est-à-dire  , 
qu'on  la  couvre  de  terreau  dans  toute  sa  surface.  On  l'y  étend 
sur  une  épaisseur  d'environ  six  pouces,  et  on  la  garnit  sur- 
le-champ  des  pots  de  semis,  dont  elle  doit  protéger  et  activer 
la  germination.  , 

Quelques  personnes  attendent  quelques  jours  après  la  con- 
fection de  cette  sorte  de  couche  ,  pour  y  placer  leurs  pots  de 
serais ,  dans  la  crainte  que  la  trop  vive  chaleur  de  son  pre- 


s  E  M  563 

mier  feu  n'échauffe  leurs  graines ,  et  qu'elles  ne  lèvent  point. 
Cette  crainte  est  puérile,  et  n'aboutit  qu'à  faire  perdre  une 
chaleur  précieuse  ,  qui  ,  dirigée  sur  des  semences  placées  à 
très-peu  de  distance  de  la  surface,  «ne  peut  leur  nuire  ,  e« 
convient,  au  contraire  ,  à  leur  prompte  germination.  La 
preuve  s'en  tire  tout  naturellement  de  la  grande  quantité  de 
graines  de  plantes  adventices  ,  qui  se  trouvent  contenues 
dans  le  terreau  qui  recouvre  la  couche  ,  et  qui  ,  malgré 
qu'elles  soient  beaucoup  plus  exposées  à  la  chaleur  de  la 
couche  que  celles  semées  dans  les  vases ,  ne  lèvent  pas  moins 
abondamment. 

Mais  une  précaution  nécessaire  et  même  indispensable  , 
est  d'arroser  souvent ,  et  en  forme  de  pluie  fine  ,  Içs  pots  de 
semences  nouvellement  placés  sur  la  couche  ;  de  les  tenir  dans 
une  humidité  constante  ,  et  cela  ,  jusqu'à  l'époque  où  les 
germes  sont  sortis  de  terre.  Alors  ,  on  modère  les  arrose- 
mens  ,  et  on  ne  les  administre  que  lorsque  les  plantes  l'exi- 
gent. La  chaleur  et  l'humidité  sont  les  deux  principaux  mo- 
teurs de  la  germination  des  graines. 

On  emploie  avec  succès ,  dans  notre  climat,  la  chaleur  des 
couches  chaudes  ,  pour  faire  lever  les  graines  des  végé- 
taux qui  croissent  naturellement  dans  les  pays  en-deçà  des 
tropiques. 

3."  Sous  châssis.  Les  châssis  propres  à  la  culture  des  semis 
de  plantes  étrangères  ,  sont  placés  sur  des  couches  sembla- 
bles à  celles  qui  viennent  d'être  décrites.  Il  existe  seulement 
quelques  différences  dans  leurs  dimensions.  Les  caisses  des 
châssis  n'ont  ordinairement  que  quatre  pieds  de  large  sur 
dix-huit  de  long.  On  donne  aux  couches  qui  doivent  les  sup- 
porter, six  pouces  de  plus  sur  leur  largeur.  On  les  borde  de 
gros  bourrelets  de  paille  ,  et  on  les  termine  par  un  autre 
bourrelet  isolé  ,  d'environ  quatre  pouces  de  haut ,  que  l'oa 
place  à  l'endroit  où  doit  être  posée  la  caisse  du  châssis.  Le 
derrière  de  la  caisse  étant  plus  haut ,  par  conséquent  plus 
lourd  ,  et  devant  faire  tasser  davantage  la  couche  ,  le  bour- 
relet qu'on  place  dessous  doit  être  plus  élevé  de  deux  pouces 
que  celuiqui  porte  le  devant.  D'ailleurs,  le  reste  de  la  couche 
est  construit  avec  la  même  nature  de  fumier  ,  pratiquée  , 
piétinée,  arrosée  et  lerreaiitée  de  la  même  manière. 

Lorsque  la  couche  est  faite  et  réglée  ,  on  place  dessus  la 
caisse  des  châssis  ,  et  on  enfonce  ,  dans  le;  terreau  qui  la  re- 
couvre, les  pots  de  semis  qu'elle  doit  reccAroir.  Les  panneaux 
de  vitres  ne  se  placent  sur  la  caisse  que  cinr]  à  six  jours  après 
que  la  couche  a  été  plantée  ,  pour  laisser  j^asser  le  premier 
coup  de  feu,  qui,  agissanl  dans  une  atmosphère  circonscrite 


5€4  S  E  M 

et  abritée  à\i  contact  de  l'air  ambiant,  pourroit  écliauder  les 
graines  et  détruire  leur  germe. 

Après  quinze  jours  de  construction  ,  lorsque  la  chaleur  de 
la  couche  commence  à,s'affoiblir ,  on  la  ravive  au  moyen  de 
réchauds  qu'on  pratique  tout  autour.  Ces  réchauds  se  font 
avec  du  fumier  moelleux  mêlé  avec  de  la  litière ,  et  placés 
contre  le  mur  le  long  des  parois  extérieures  de  l'ancienne 
couche  et  dans  toute  sa  circonférence.  On  élève  les  bords 
supérieurs  au  niveau  du  châssis;  et  après  les  avoir  bien  affer- 
mis et  arrosés ,  on  les  couvre  de  quelques  pouces  de  terreau  , 
pour  concentrer  davantage  la  chaleur  qui  pénètre  promple- 
Hient  l'épaisseur  de  l'ancienne  couche  ,  y  rétablir  la  fermen- 
tation, et  développer  en  elle  une  nouvelle  vigueur.  Vient-elle 
à  s'abaisser  au-dessous  du  degré  convenable ,  on  renouvelle 
les  réchauds  autant  de  fois  qu'il  en  est  besoin, pendant  le  cou- 
rant de  l'été  et  de  l'automne  que  les  semis  doivent  rester 
sous  le  châssis. 

On  sème  dans  les  pots ,  sous  une  couche  chaude  et  sous 
châssis,  les  graines  des  plantes. annuelles  dont  on  veut  accé- 
lérer la  végétation  ,  à  l'effet  de  jouir  plus  tôt  de  leurs  produits 
utiles  ou  agréables. 

Dans  les  jardins  potagers  ,  on  fait  lever  sous  châssis  ,  les 
graines  de  laitues ,  de  petites  tûi^m ,  de  pois^  de  haricots,    etc. 

Les  fleuristes  de  Paris  ,  élèvent  sous  châssis  les  plantes  an- 
nuelles destinées  à  l'ornement  des  parterres. 

Chez  les  amateurs  de  plantes,  et  dans  les  jardins  de  bota- 
nique ,  les  châssis  sont  affectés  à  l'éducation  des  graines  de 
plantes  qui  croissent  sous  les  Tropiques  ou  dans  leur  voi- 
sinage. 

4.°  Sous  bâche.  Les  semis  qui  se  font  sous  des  bâches ,  se 
placent  sur  des  couches  chaudes,  construites,  soit  en  fumier 
de  cheval ,  soit  en  tan  qui  sort  de  la  fosse  des  corroyeurs,  ou 
soit  en  sciure  de  bois,  suivant  qu'on  est  plus  à  portée  de  se 
procurer  ces  différentes  matières  ;  mais  la  tannée  est  préfé- 
rable au  fumier ,  parce  qu'elle  fournit  une  chaleur  plus  douce, 
plus  égale,  de  plus  longue  durée,  et  moins  humide.  Lorsque 
ia  tannée  est  trop  sèche  ,  on  peut,  sans  inconvénient,  CQns- 
truire  la  couche  ,  partie  en  fumier  ,  partie  en  sciure  de  bois 
ou  en  tan.  Dans  ce  cas  ,  le  lit  de  fumier  doit  occuper  le  fond 
de  la  fosse  ,  et  remplir  environ  deux  tiers  de  la  profondeur  : 
le  reste  du  vide,  et  même  six  pouces  au-dessus,  peut  être 
comblé  par  les  substances  indiquées. 

C'est  sur  des  couches  ainsi  formées  que  se  plantent ,  dès 
la  fm  de  l'hiver  .,  .les  pots  de  semis  végétaux  de  la  zone 
torride  ,  dont  les  semences  sont  dures  ,  coriaces  ,  et  qui  ont 
besoin  de  rejster  plusieurs  moi^  en  terre  pour  entrer  en  ger- 


s  E  M  565 

raînatlon.  Les  graines  déplantes  annuelles  du  même  climat  J 
qui  lèvent  dans  l'espace  de  quinze  à  vingt  jours,  ne  doivent 
pas  être  semées  en  même  temps  que  les  premières  ,  parce 
qu'il  seroit  à  craindre  ,  dans  cette  saison  hun^ide  ,  et  dans  la- 
quelle le  soleil  se  montre  peu  d'instans  sur  notre  horizon  , 
que  le  jeune  plant  levé  ne  fondît  et  ne  mourût.  On  retarde  les 
semis  de  cette  division  de  végétaux  ,  jusque  vers  la  moitié  de 
mars,  et  on  les  préserve  de  l'humidité,  par  la  chaleur  du  feu. 
5."  A  Vair  libre.  L'exposition  à  l'air  libre  convient  généra- 
kment  à  toutes  les  plantes  rustiques  ,  qui  croissent  dans  les 
climats  de  même  nature  que  celui  sous  lequel  on  les  sème. 
Elle  convient  encore  aux  semis  de  plantes  étrangères  qui  ont 
été  acclimatées  par  une  longue  culture  à  la  température  des 
pays  dans  lesquels  on  en  fait  les  semis.  Enfin  ,  il  est  des 
plantes  annuelles  de  climats  très-chauds,  qui,  étant  semées  en 
plein  air  ,*  aux  approches  de  l'été  ,  dans  un  climat  septentrio- 
nal ,  supportent  fort  bien  ce  plein  air ,  et  fournissent  leur 
végétation  complète  comme  dans  leur  pays  natal. 

Actuellement ,  1t  n'est  plus  question  ,  pour  terminer  les 
considérations  relatives  aux  semis  ,  que  de  parler  de  leur 
exposition. 

On  sème,  à  l'exposition  du  levant ,  beaucoup  de  graines, 
d'arbres  de  l'Amérique  septentrionale ,  qui  croissent  sous  les 
épaisses  forêts ,  et  que  les  rayons  du  midi  pourroient  incom- 
moder et  faire  périr  ;  telles  que  les  différentes  espèces  de 
Gentianes  ,  les  Ronces  ,  les  Spirées  ,  et  autres  de  cette 
nature. 

On  place  aussi  sur  des  couches  exposées  au  levant ,  les 
pots ,  les  terrines ,  les  caisses  de  semis  de  graines  qui  , 
croissant  à  l'ombre  des  arbres  qui  les  ont  produites  dans  les 
pays  plus  chauds  ,  ont  besoin  d'être  préservées  du  grand 
soleil.  En  général  ,  les  graines  très-fines,  comme'celles  des 
LoBÉLiES,  de  plusieurs  espèces  de  Campanules  ,  de  Mille- 
PEaTUis,  etc.  ,  qui  ne  sont  recouvertes  que  de  l'épaisseur 
d'une  ligne  de  terre  très-légère ,  réussissent  infiniment  mieux 
à  cette  exposition  qu'à  toute  autre.  Elle  convient  plus  parti«- 
culièrement  aux  semis  de  graines  des  plantes  des  climats 
chauds,  soit  qu'ils  soient  faits  en  pleine  terre  ou  dans  des. 
po(s.  Mais  il  faut  proportionner  les  arrosemens  ,  les  rendre 
plus  fréquens  et  plus  abondans  à  cette  exposition  qu'à  toute 
aulre. 

Il  est  des  cas ,  cependant ,  où  des  semis  de  plantes  de  la 
zone  torride  ,  placés  sous  des  châssis  ou  des  bâches  ,  ont  be- 
soin d'être  défendus,  dans  leur  jeunesse,  des  rayons  du  soleil 
c«  midi.  On  se  sert ,  pour  cet  effet ,  de  toiles  ,  de  canevas, 
ou  de  paillassons   à  claire  voie.  C'est  surtout    loi-sque  les. 


566  S  E  M 

rayons  du  soleil  passent  entre  des  nuages  groupés  et  disconti- 
nus ,  que  cette  précaution  est  nécessaire. 

L'exposition  du  nord  est  affectée  plus  particulièrement  aux 
semis  de  graines  des  végétaux  des  pays  plus  septentrionaux 
que  celui  où  on  les  fait ,  soit  qu^ils  soient  exécutés  en  pleine 
terre  où  dans  des  vases.  On  en  fait  usage  aussi,  pour  faire 
Ifever  les  graines  des  plantes  des  hautes  montagnes,  et  enfin, 
pour  les  plantes  de  la  zone  torride  qui  croissent  sous  les 
épaisses  forêts  ,  et  dans  les  lieux  très-ombragés.  Mais  ces 
dernières  devant  être  à  une  température  chaude ,  analogue 
à  celle  de  leur  pays  ,  ce  n'est  que  dans  une  serre  chaude, 
ou  sous  une  bâche  ,  qu'on  peut  les  cultiver  à  Tabri  du  soleil , 
et  leur  donner  l'exposition  du  nord. 

Il  est  des  plantes  qui  végètent  plus  particulièrement 
dans  un  air  stagnant,  épais,  et  qui  contient  du  gaz  azote  et 
du  gaz  hydrogène  dans  une  proportion  plus  considérable 
qu'il  ne  s'en  trouve  dans  les  lieux  très-élevés.  Celles-là  doi- 
vent être  cultivées  dans  des  endroits  bas  ,  humides,  circons- 
crits par  des  abris  environnans  ,  et  où  ihse  trouve  des  ma- 
tières en  décomposition  ,  susceptibles  de  fournir  du  gaz.  Si 
elles  sont  originaires  des  climats  chauds,  il  convient  alors  de 
les  tenir  dans  des  serres  chaudes,  où  les  mêmes  gaz  se  trou- 
vent dans  les  proportions  convenables ,  et  où  l'air  atmosphé- 
rique ne  puisse  avoir  de  courant  établi ,  que  quand  il  en  est 
besoin. 

11  n'en  est  pas  de  même  des  plantes  qui  croissent  sur  les 
hautes  montagnes  dans  un  air  pur ,  subtil  et  froid.  Il  est  diffi- 
cile de  les   cultiver   et  de  les  acclimater   dans  les  jardins. 

(THOUIÎjl.) 

SEMI-VULPES.  Quelques  naturalistes  ont  donné  cette 
dénomination  aux  Sarigues  ou  Didelphes.  F.  ce  mot.  (s.) 

SEM-KIAM.  Nom  chinois  du  Gingembre  (  amomum  zin- 
ziher  ,  L.  ).  On  cultive  cette  plante  en  Chine,  (ln.) 

SEMMAQ.  Nom  donné,  au  Caire,  aux  graines  ou  baies 
du  Sumac  des  corroyeurs  (  Rhus  coraria  ,  Linn.).  Elles  sont 
acidulés,  et  les  Egyptiens  les  font  cuire  avec  le  ris,  pour  en 
faire  usage  comme  stomachiques,  (ln.) 

SEMNOS.  Les  mages  donnoient  ce  nom  à  Vagnu s  cas/us, 
espèce  de  (iattilier.  (ln.) 

SEMOULE,  en  italien,  semola.  Pâte  faite  de  la  plus  fine 
farine  ,  comme  le  vermicelle^  mais  divisée  en  petits  grains 
semblables  aux  grains  de  moutarde,  (s.) 

SEMPEUVIVUM  ,  c'est-à-dire,  qui  est  toujours  vivant. 
Ce  nom  est  la  traduction  latine  du  grec  aizoon ,  donné  par 
les  anciens  à  des  plantes  grasses  ,  parmi  lesquelles  se  trouve 
notre  joubarbe  des  toits. 


s  E  M  S67 

«  La  nature  ,  dit  Théophraste  ,  a  donné  cette  propriété  à 
Vaizoon  ,  d'être  toujours  vert.  Sa  feuille  est  charnue  ,  lisse  , 
longue  ;  elle  croît  sur  les  murailles  et  les  toitures  sur  les-^ 
quelles  il  s'est  amassé  de  la  terre». C'est  précisément  ce  qu'on 
observe  pour  notre  joubarbe  des  toits. 

Dioscorlde  a  trois  espèces  à'aizoon  :  un  grand  ,  un  petit  ^ 
et  un  troisième  ,  ïillecebra  des  Romains. 

Le  grand  aizoon ,  ainsi  nommé  de  ce  qu'il  étoit  toujours 
vert ,  avoit  une  tige  haute  d'une  coudée  ou  un  peu  plus  ,  de 
la  grosseur  du  pouce  ,  grasse,  verte,  marquée  de  fentes  ou 
cicatrices  ,  comme  celle  du  cliaracias  (espèce  d'euphorbe  ); 
ses  feuilles  étoient  grasses,  charnues, de  la  longueur  du  pouce; 
les  supérieures  ,  linguiformes  ,  arrangées  de  manière  que 
celles  du  milieu  formoient  un  petit  paquet  circulaire,  en 
forme  d'œil ,  et  que  les  extérieures  étoient  arquées  contre 
terre.  Il  croissoit  sur  lestoils  et  parmi  les  tuiles  et  les  pier- 
res plates  ;  on  le  plantoit  aussi  sur  les  maisons  ;  on  en  fai- 
soit  usage  comme  rafraîchissant  et  astringent.  Cet  aizoon 
est  encore  le  sempetvwum  iectorum  ,  L.  ,  et  non  pas  le  semper- 
owmn  arhoreum  ,  L. ,  qui  a  été  aussi  cité  pour  tel. 

Le  petit  aizoon  croissoit  parmi  les  pierres,  sur  les  murailles, 
les  masures  ,  et  dans  les  fosses  ombragées.  D'une  seule  ra- 
cine parloient  plusieurs  tiges  menues  ,  toutes  couverles  de 
feuilles  petites  ,  rondes  (  cylindriques)  ,  grasses  et  pointues; 
une  tige  principale,  haute  de  huit  à  neuf  pouces,  seterminoit 
par  une  cime  garnie  de  petites  fleurs  vertes.  Cet  aizoon  avoit 
les  mêmes  qualités  que  le  précédent  :  il  paroît  que  c'étoit 
une  espèce  de  sedum  analogue  ad  sedum  a/lissimum  ou  nipes- 
tre  ou  reflexum  ,  etc.  ;  mais  on  ne  sauroit  affirmer  précisé- 
ment l'espèce. 

La  troisième  espèce  à'aizoon  n'est  pas  décrite  de  la  m^me 
manière  dans  les  différens  exemplaires  de  Dioscoride  ;  mais 
ils  s'accordent  en  ce  qu'ils  donnent,  avec  doute,  cette  plante 
pour  Vandrachne  saiioage  ou  Villecebra  des  Bomains  ;  que  les 
feuilles  étoient  petites,  épaisses,  velues,  et  presque  sembla- 
bles à  celles  de  l'andrachne.  Elle  croissoit  parmi  les  rochers; 
elle  élolt  assez  échauffante  et  ulcérative  ;  on  s'en  servoitpour 
résoudre  les  écrouelles.  Il  ne  nous  paroît  pas  douteux  que  ce 
troisième  aizoon  n'ait  été  une  petite  espèce  de  sedum ,  peut- 
être  ,  le  sedum  acre  ou  bien  une  autre  espèce  voisine. 

Pline  mentionne  d'abord  deux  espèces  à'aizoon  ,  et  pui& 
Villecebra.  On  plantoit  la  plus  grande  espèce  à'aizoon^  dans 
des  pois  si^r  les  fenêtres.  Pline  nous  apprend  que  les  Grecs 
l'appeloient  buphthalmon  ,  zoophihalmon  ,  stergethron  (c'est-à- 
dire  ,  propre  à  l'amour),  et  hypogesos ,  parce  qu'elle  croissoit 
sur  les  toits  ou  les  avant-toits.  Ambrosia  et  amerimnos  ,  étoient 


56S  S  E  N 

aussi  cleux  de  ses  noms: c'éiohAescdumwagnum^Voculuseïie 
digilellus  des  Latins.  Celte  plante  est  encore  ,  selon  nous, 
!a  joubarbe  des  toits.  Le  petit  aizoon  est  la  seconde  espèce 
d'aizoon  de  Pline.  Les  Grecs  le  nommoient  erithales  ou  tritlm- 
les ,  parce  qu'il  fieurlssoit  trois  fois  dans  le  cours  de  l'an- 
née. On  le  désignoit  aussi  par  cluysoihales  et  îsoHes. 

L'une  et  l'autre  espèce  à'aizoon,  dit  Pline,  ont  été  appe- 
lées aizoon  par  les  ^recs  ,  parce  qu'elles  sont  vertes  toute 
l'année  ;  de  là  vient  que  les  Latins  leur  ont  imposé  le  nom 
de  sempervivum. 

La  description  que  Pline  donne  de  la  grande  espèce  d'ai- 
zoon, est  conforme  à  celle  que  Dioscoride  fait  de  sa  pre- 
mière espèce  d'aizoon  ;  il  en  est  de  même  de  celle  de  sa 
petite  espèce  d'aizoon  ou  vermir.ularis  des  pharmaciens  du 
temps  de  Pline.  On  doit  donc  croire  qu'il  a  parlé  des  mêmes 
plantes  que  Dioscoride. 

Quant  à  Villecebra  des  Latins  ,  il  est  évident ,  d'après  ce 
qu'en  dit  Pline  ,  que  ce  ne  peut  être  le  troisième  aizoon  de 
Dioscoride  :  c'étoit  ïandrarhne  samnige  des  Grecs.  Il  ressem- 
bloit  à  la  petite  espèce  à'aizoon  ,  mais  avoit  les  feuilles  plus 
petites  et  plus  plates  ;  il  croissoit  parmi  les  rochers  et  dans 
les  lieux  pierreux  :  il  étoit  bon  à  manger.  En  comparant 
cette  description  avec  celle  du  troisième  aizoon  de  Diosco- 
ride ,  il  est  évident  que  cet  auteur  et  Pline  ont  parlé  de  deux 
plantes  différentes:  et  Pline  a  été  conséquent ,  lorsqu'il  dit 
que  toutes  les  espèces  de  sempennmm  ont  les  mêmes  vertus, 
celles  d'être  réfrigérantes  et  astringentes.  Il  ne  nous  paroît 
pas  possible  que  Villecelra  de  Pline  soit  un  sedum,  aucun  n'é- 
tant bon  à  manger;  mais  est-il  bien  sûr  que  ce  soit  le  pour- 
pier  sauvage  présumé  Vandrachne  sauvage  des  Grecs  ?  c'est  ce 
qui  ne  nous  paroît  pas  être.  V.  Portulaca. 

Selon  Galien,  le  grand  et  le  petit  aizoon  éloient  légère- 
ment dessicatifs,  peu  astringens,  et  très-rafraîchissans. 

Chez  les  botanistes  modernes  ,  on  a  désigné  pour  semper- 
i^icum  ,  des.  espèces  de  plantes  grasses  des  genres  saxifraga  , 
sedum,  tillcta  ,  etc. 

Linnœus  a  donné  le  nom  de  semperoivum  au  genre  qui 
contient  la  joubarbe  des  toits.  V.  Joubarbe.  Adanson  le 
comprenoit  dans  celui  qu'il  désignoit  par  sedum. 

Enfin  ,  Linnœus  a  transporté  le  nom  grec  à'aizoon,  à  des 
plantes  inconnues  aux  anciens.  F.  Languette,  (ln.) 

SEMPOU.  Nom  de  la  Zédoaire  à  Java,  (b.) 

SEMPSEN ,  Sempseu  et  Sensera.  Divers  noms  arabes 
du  Sésame,  (lis.) 

SEMSEM.  Nom  arabe  du  Sésame  {Sèsamum  orientale,  L.). 
^YRiG,  c'est  l'huile  qu'on  fait  avec  ses  graines,  (ln.) 


s  Ë  N  S69 

SEMYDA  ou  SEMYDE.  Anciens  noms  grecs  du  Bou- 
leau, (ln.) 

SENA-BELLEDY.  Les  Egyptiens  donnent  ce  nom  a« 
véritable  séné,  cassia  sena  ,  Linn,  V.  Casse  et  SÉîsÉ.  (b.) 

SENACIE,  Senacia.  Genre  de  plantes  établi  par  Anberl 
du  Petit-Thouars,  dans  la  pentandrie  inonogynie,  pour  placer 
le  Célastre  ondulé  de  Lamarck,  qui  s'écarte  des  autres. 
Il  offre  pour  caractères  :  un  calice  très-petit  et  à  cinq  dents; 
une  corolle  de  cinq  pétales;  cinq  étamines;  une  capsule 
sphérique,  pédonculée,  à  deux  valves,  et  à  quatre  semences 
anguleuses  et  unies.  Il  ne  paroît  ne  pas  différer  de  ceux  ap- 
pelés Mayten  et  Schrbber.  (b.) 

SENA,  Nom  que  les  Arabes  donnent  aux  sénés,  espèce  du 
genre  casse.  Ils  nomment,  selon  Delile,  i.°  Sena  SAYDY(séné 
delà  Thébaïde),  et  S  en  A  lesan  el-sour  (  séné  langue  d'oi- 
seau), le  séné  d'Alexandrie  ou  à  feuilles  aiguè's  {cassia  acii' 
iifolia,  Delil.,  AEgypt.,  tab,  27,  fig.  i  ;  2.°  Sena  GEBELY 
(séné  de  montagne  ou  du  désert),  Sena  beledy  ou  Baha- 
RAOUY  (séné  d'Egypte  ou  du  Nil),  et  Sena  mekkeii  ou 
HEGAZY  (séné  de  la  Mecque  ou  de  la  province  de  Hégaz),  le 
séné  de  Tripoli  ou  de  Barbarie  à  feuilles  obtuses  {cassia 
sena^  Limn.).  (LN.) 

SENHiRUEL,  C'est  I'Aristoloche  serpentaire  et  le 
GouET  serpentaire,  (b.) 

SENA  GUEHELY.  Nom  d'une  espèce  de  séné  de  la 
Basse-Egypte,  fort  inférieur  au  véritable.  C'est  le  cassia  lan- 
ceolala  de  Lamarck ,  figuré  pi.  3  du  Voyage  de  Nectoux  dans 
la  Haute-Egypte,  (b.) 

SENA  MECKKI.  Nom  égyptien  de  I'Arguelle  ou  Cy- 
nanque  a  feuilles  d'olivier  ,  dont  les  feuilles  ont  les  mômes 
vertus  que  cel^s  du  Séné  des  boutiques,  et  qu'on  mêle 
frauduleusement  avec  elles,  (b.) 

SENANDI.  Nom  malabare  de  l'améthyste  ,  variété  vio- 
lette du  QuARZ.  (ln.) 

SENAPE  ,  Senapea.  Arbrisseau  grimpant  de  Cayenne  , 
figuré  par  Aublet,  mais  dont  la  fructification  n'est  pait_encore 
complètement  connue,  (b.) 

SENAPOU.  Nom  de  pays  du  Bois  ivrant.  (b.) 

SENATEUR.  Nom  appliqué  par  des  navigateurs  à  la 
Mouette  blanche,  d'après  sa  démarche  grave  sur  les  glaces. 
V.  ce  mot.  (v.) 

SENDERA-CLAUDE.  C'est,  dans  Rhéede,  la  Lise- 

ROLLE  TRIDENTÉE.    (B.) 

SENE.  Plante  du  genre  des  casses,  qui  est  fréquemment 
employée  comme  purgalive.  Il  en  vient  d'Egypie  et  d'Italie. 
Y.  au  mot  Casse. 


070  s  E  N 

Gaeriner  en  a  fait  un  genre  particulier,  auquel  il  a  donné 
pour  caractères  :  un  calice  caduc,  divisé  en  cinq  parties;  une 
corolle  de  cinq  pétales  ,  dont  Tinférieur  est  plus  grand;  dix 
élamines,  dont  trois  plus  grandes  sont  stériles,  et  trois 
autres  courbées  en  arc  ;  un  ovaire  supérieur  oblong,  surmonté 
d'un  style  courbé  à  stigmate  en  tête;  un  légume  membraneux 
à  plusieurs  loges,  renfermant  chacune  une  semence  albumi- 
neuse  à  embryon  droit. 

Le  véritable  séné  (rassia  sena,  Linn.)  se  récolle  au-dessus 
des  Cataractes  du  Nil,  dans  le  pays  des  Barabras,  et  dans 
la  Nubie.  Il  ne  se  cultive  pas.  On  en  fait  deux  récoltes,  dont 
l'abondartce  dépend  de  la  durée  des  pluies  qui  ont  lieu  pé- 
riodiquement. La  préparation  qu'on  lui  donne  se  borne  à 
faire  sécher  les  tiges  coupées  au  soleil.  La  séparation  des 
gousses  {fuUicuks)  et  des  folioles  a  lieu  plus  tard,  c'est-à- 
dire,  s'exécute  par  les  agens  du  fermier  de  cette  dentée  (son 
commerce  est  un  privilège  exclusif  que  vendent,  chaque  an- 
née les  beys  d'Egypte) ,  pour  l'expédier  au  Caire  et  à  Alexan- 
drie ,  d'où  il  passe  en  Europe.  On  le  fraude  très-souvent 
avec  les  feuilles  du  séné  lancéolé  qui  croît  dans  les  mêmes 
contrées,  mais  dont  les  vertus  sont  inférieures,  et  avec  celles 
du  cynanque  à  feuilles  d'olivier ,  qui  les  a  égales  et  même  supé- 
rieures, d^ 

Il  y  a  lieu  de  désirer  que  la  culture  du  véritable  séné  s'éta- 
blisse dans  le  pays  des  Barabras  ou  ailleurs;  caria  quantité 
que  fournit  ce  pays  est  bien  inférieure  aux  besoins  de  la  con- 
sommation ,  même  en  y  compr<.Miant  le  séné  lancéolé  ,  qui 
y  est  appelé  sena  helledy^  et  le  cyn^inque  à  feuilles  d'olivier , 
qui  y  est  nommé  arguel.  Le  premier  l'a  été  avec  succès,  par 
moi ,  en  Caroline,  et  je  ne  doute  pas  qu'il  puisse  l'être  égale- 
ment dans  les  parties  méridionales  de  la  rr|nce;  seulement 
à  raison  de  la  moindre  chaleur,  il  seroit  d'une  qualité  infé- 
rieure, ce  qui  n'auroit  d'autre  inconvénient  que  d'obliger  à 
en  augmenter  la  dose. 

Nectoux  a  publié  une  savante  dissertation,  accompagnée 
de  superbes  figures  coloriées,  sur  les  diverses  espèces  de 
séné,  dans  son  Voyage  dans  la  Haute-Egypte,  (b.) 

SENÉDES  PROVENÇAUX.  C'estla  Globulaire,  (b.) 

SÉNÉ  DES  PRÉS.  Un  des  noms  de  la  Gkatiole.  (b.) 

SENE  SAUVAGEou  BATARD.  Espèce  de  Coronjlle, 
Coronilla  emeras,Linn.).(B.) 

SENE  BIERE ,  tSen^Ajera,  Genre  de  plantes  établi  par 
Decandolle  dans  la  tétradynamie  siliculeuse  ,  et  dans  la  fa- 
mille des  crucifères.  11  olfre  pour  caractères  :  un  calice  de 
quatre  folioles  ;  une  corolle  de  quatre  pétales  à  peine  plus 
longs  que  le  calice  ;  six  étamines ,  dont  deux  plus  courtes  ; 


s  E  N  571 

un  ovair  e  supérieur  didyme ,  surmonté  d'un  slyle  à  stigmate 
obtus;  une  silicule  didyme,  à  valves  globuleuses  ,  attachées 
à  une  cloison  linéaire  plus  courte  qu'elles,  et  contenant  une 
seule  semence  de  chaque  côté. 

Ce  genre  est  intermédiaire  entre  les  Passerages  et  les 
Graissons.  Il  renferme  quatre  espèces;  l'une  d'elles  est  le 
lepidium  didymum  de  Linnseus,  qui  se  trouve  dans  les  parties 
chaudes  des  quatre  parties  du  monde.  Il  est  connu  à  Saint- 
Domingue  sous  le  nom  de  cresson  de  savanes^  et  on  le  mange 
en  salade  comme  le  cresson  de  fontaine.  J'en  ai  fréquem- 
ment fait  usage  en  Caroline,  où  il  croît  également  dans  les 
prairies  sèches  et  dans  les  lieux  cultivas  ;  il  a  le  goût  du 
cresson  alénois  ,  et  il  est  agréable  ,  surtout  lorsqu'il  est 
mêlé  avec  de  la  laitue  ,  qui  corrige  sa  trop  forte  saveur. 

Cette  plante  a  été  plusieurs  fois  cultivée  dans  les  jardins 
de  Paris;  mais  comme  elle  est  annuelle  et  que  ses  graines  se 
dispersent  au  moment  de  la  maturité  ,  elle  ne  s'y  est  pas 
conservée.  En  Caroline ,  elle  est  en  fleur  et  en  fruit  pendant 
toute  l'année,  (b.) 

SENECILLE ,  SenecilUs.  Genre  de  plantes  établi  par 
Gsertner  pour  placer  deux  espèces  qui  ne  conviennent  pas 
complètement  aux  autres  de  leur  genre.  Ce  sont  les  CiisÉ- 
RAiREs  DE  Sibérie  et  purpurescente. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  cylindrique  formé 
par  une  seule  rangée  de  folioles  égales;  un  réceptacle  nu, 
portant  dans  son  disque  des  fleurons  hermaphrodites,  et 
à  la  circonférence  des  demi-fleurons  fertiles  ,  tridentés  ;  des 
semences  à  aigrettes  plumeuses.  (b.) 

SENECIO.  Cette  herbe,  selon  Pline,  ressembloit  au 
chamœdrys,  mais  avoit  ses  tiges  rougeâlres.  Elle  croissoit 
sur  les  murailles  et  sur  les  toits  des  maisons.  Les  Grecs 
l'appeloient  erigeron^  c'est-à-dire  vieillard  du  printemps, 
parce  que  dès  celte  saison  ces  fleurs  se  changcoient  en  une 
bourre  composée  de  floccons  ,  ou  soies  blanches  ,  qui  per- 
çoient  du  sommet  de  la  fleur  ,  comme  cela  avoit  lieu  dans  les 
ieles  de  chardons  ;  aussi  Callimachus  nommoit  il  Verigeron, 
ncanihis ,  et  d'autres  auteurs  le  désignoient-ils  par  pappus 
(  aigrette ^  papillote').  Pline  fait  observer  que  les  Grec?  n'ont 
eu  qu'une  connoissance  vague  de  celle  planJe  ,  c.ir  ils  en  ont 
parlé  diversement;  les  uns  lui  attribuoienî  des  feuilles  sembla- 
bles à  celles  de  r^/zz/;a,  etd'autresdes  feuilles  pareilles  à  celles 
du  chêne,  mais  plus  peiites.  Ces  auteurs  varioient  encore  pins 
sur  les  propriétés  de  Verigeron,  et  Pline,  après  avoir  trans- 
crit ce  qu'ils  en  ont  dit ,  ajoute  :«  Quant  à  moi ,  je  rapporte- 
rai seulement  ce  que  l'on  en  sait,  par  l'expérience  ,  à  Rome, 
11  faut  noter  que  la  bourre  de  srnecio  pilée  avec  un  peu  Je 


5-2  s  E  N 

safran ,  et  une  goulle  d'eau  fraîche ,  est  très-propre  aux 
fluxions  véhéinentes*des  yeux  ,  lorsqu'on  l'applique  dessus. 
Cette  bourre  rôtie  et  appliquée,  avec  du  sel,  sur  les 
ccrouelles,  est  fort  bonne,  etc.  »  Le  naturaliste  romain 
rappelle  aussi  d'autres  usages  ,  de  cette  plante ,  et  qui 
éloient  accompagnés  de  circonstances  ridicules, 

Dioscoride  nous  apprend  que  Vetigeron  poussoil  une  tige 
roussâlre  ,  et  de  la  hauteur  d'une  coudée  ;  que  ses  feuilles 
étaient  décurrentes  et  découpées  sur  les  bords,  comme  celles 
de  Veruca  ,  mais  plus  petites  ;  qu'elles  avoient  des  Heurs 
jaunes  découpées  très  finement ,  et  qui  se  changeoient  en 
aigrettes  ;  qu'elle  aVoit  pris  son  nom  A'engerun  de  ce  que  ses 
fleurs  deviennent  blanches,  dès  le  printemps,  comme  les  che- 
veux d'un  vieillard  ;  qu'elle  croissoit  parmi  les  décombres, 
sur  les  vieux  murs  ,  le  long  des  murailles  des  villes  ,  etc.  ; 
que  sa  racine  étoit  inutile  ,  et  que  ses  fleurs  et  ses  feuilles 
éloient  rafraîchissantes  ,  et  employées  ,  comme  telles  ,  pour 
calmer  les  inflammations,  et  en  décoction  pour  apaiser  les 
douleurs  de  l'estomac.  Galien  ajoute  que  celte  plante  est  un 
peu  résolutive. 

Plusieurs  plantes  ,  de  la  famille  des  composées  pourroient 
se  rapporter  à  l'ancien  erïgeron  ou  senecio ,  surtout  des  es- 
pèces de  séneçon  ,  et  particulièrement  l'espèce  commune  ou 
celle  des  bois,  ou  l'espèce  visqueuse  (  senecio  vulgaris ^  syba- 
ticus  ou  viscosus  ^  L.  ).  Mais  ,  de  ces  trois  plantes  ,  c'est  la 
première  que  l'on  donne  communément  pour  Verigeron  des 
anciens,  et  cependant  elle  ne  s'élève  pas  à  une  coudée  de 
hauteur  ;  il  est  vrai  qu'à  l'exception  de  cette  hauteur,  le  reste 
lui  convient ,  et  surtout  ce  passage  de  Théophraste  ,  lorsqu'il 
fait  observer  que  Verigeron  fleurit  presque  tout  le  long  de  Tan- 
née ,  une  fleur  succédant  à  une  autre.  Toutefois,  on  ne  la 
mange  pas,  et  l'on  sait  que  Verigeron  est  classé,  par  Théo- 
phraste, près  des  herbes  potagères;  que  ce  botaniste  fait 
remarquer  que  c'est  un  aliment  peu  estimé.  Les  Grecs  nom- 
moient  aussi  cette  plante  erech/yles ,  et  les  Latins  ,  herhu- 
lum. 

Jusqu'à  C.  Bauhin,  le  nom  de  senecio  a  été  un  nom  col- 
lectif qui  désignoit  les  trois  espèces  de  senecio  citées  ci- 
dessus  ;  le  crépis  Jœlida,  Linn.,  le  centaiirea  cntpina,  etc.; 
mais  jusqu'à  Linnceus  il  a  été  donné  à  des  plantes  de  genres 
différens,et  dont  quelques-unes  ont  beaucoup  d'affinité  avec 
celui  qui  est  appelé  senecio  par  les  botanistes  ;  ces  genres 
sont  ceux-ci  :  cacalia  ,  erigeron  ,  conyza  ,  cineraria,  ùacchan's  ^ 
inula  ,  senecio  ,  spilanlhus  ,  centanrea ,  spœranthus  et  plusieurs 
des  genres  faits  à  leurs  dépens. 

Le  genre  senecio,  de  Linnaeus,  se  compose  du  senecio  de 


s  E  N  H73 

Tournefort  (  où  rentrent  les  séneçons  flosculeiix  )  ,  et  cVune 
partie  daj'acobœa,  du  même  auteur.  Le  senecio  d'Adanson 
comprend  celui  de  Tournefort  et  le  kleinia  ,  de  Linnseus  , 
depuis  réuni  au  cacalla.  Le  crassocephahim ,  de  Moench  , 
a  pour  type  le  senecio  cernuus. 

Le  genre  erechtldes,  de  Rafinesque  Schmaltz,  ne  diffère  du 
senecio  que  par  son  calice  commun  point  caliculé  ,  et  dont 
les  écailles  ne  sont  point  marcescentes  à  l'extrémité.  Il  com- 
prend une  seule  espèce  ,  assez  semblable  au  Séneçon  jv 
FEU[LLES  d'ÉPERVIÈRE  {senecîo  hieracifolius ^  L.  ),  mais  éle- 
vée de  six  a  huit  pieds.  Elle  croît  à  la  Louisiane, 

Linnseus  a  transporté  le  nom  à'erigeron  à  un  genre  décrit , 
dans  ce  Dictionnaire  ,  à  l'article  Ver-gerette.  (ln.) 

SENECIOIDES.  Plante  annuelle,  des  Indes-Orientales, 
indiquée  sous  ce  nom  d^ns  le  Flora  Zeylanica  de  Limiaeus , 
et  dont  ce  naturaliste  a  fait  ensuite  une  espèce  de  conyze 
(  C.  cinerea  ).  Elle  a  l'aspect  d'un  séneçon,  (ln) 

SENEÇON,  Senecio.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie 
polygamie  superflue  et  de  la  famille  des  corymbifères,  dont 
les  caractères  consistent  :  en  un  calice  polyphylle  sur  une 
simple  rangée  ,  caliculé  à  sa  base  ,  réfléchi  dans  la  maturité, 
à  folioles  inégales,  noirâtres  à  leur  sommet;  un  réceptacle 
nu  ,  supportant  des  fleurons  hermaphrodites,  tubuleux  sur 
son  disque  et  à  sa  circonférence  ,  le  plus  souvent  des  demi- 
fleurons  femelles^ferliles  ;  plusieurs  semences  à  aigrette 
simple  et  sessile. 

Ce  genre,  dont  celui  appelé  Hubertie  par  Bory-Saint- 
Vincent  se  rapproche  beaucoup ,  en  formoit  deux  dans 
Tournefort ,  savoir  :  celui  des  Séneçons  et  celui  des  Jaco- 
bées  ;  le  premier  avoit  les  fleurs  flosculeuses  ,  et  le  second 
des  fleurs  radiées.  11  renferme  des  plantes  à  feuilles  alternes^ 
entières  ou  pinnatifides ,  souvent  un  peu  charnues,  à  fleurs 
disposées  en  corymbes  terminaux  ,  ordinairement  toutes  jau- 
nes, mais  quelquefois  à  demi-fleurons  rouges.  On  en  compte 
cent  trente  espèces  ,  dont  les  plus  communes  et  les  plus  sail- 
lantes sont  : 

i."  Parmi  les  séneçons  dont  les  fleurs  sont  flosculeuses  : 
Le  Séneçon  VULGAIRE,  qui  a  les  feuilles  pionêes,  sinuées  , 
amplexicaules ,  et  les  fleurs  éparses.  11  est  annuel ,  et  se  trouve 
très-communément  en  Europe  ,  dans  les  lieux  cultivés.  Il  se 
reproduit  continuellement ,  et  reste  vert  et  en  fleur  même 
pendant  l'hiver.  On  l'emploie  communément  comme  émol- 
îient,  adoucissant  et  résolutif.  Il  convient  dans  les  crache- 
mens  de  sang  ,  dans  les  lavemens  ,  dans  les  cataplasmes  des- 
tiaés  à  amener  les  tumeurs  en  suppuration  ,  à  dissiper  le  lait 


S74  s  E  N 

gruinelé  dans  les  mamelles  :  on  le  recommande  aussi  contre 
la  goutte  ,  l'épiiepsie,  les  hémorroïdes  et  les  vers. 

Le  Séneçon  fausse  squine,  qui  a  les  tiges  très-longues  et 
presque  nues.  Il  est  vivace  et  se  trouve  dans  l'Inde.  On  re- 
garde sa  racine  comme  sudorifique  ,  et  on  l'emploie  dans  le 
pays  aux  mêmes  usages  que  celle  de  la  véritable  squine  (smilœv 
china^  Linn.).  r^.  au  mot  Salsepareille. 

2.'^  Parmi  les  séneçons  dont  les  fleurs  sont  radiées  : 

Le  Séneçon  visqueux  ,  qui  a  les  feuilles  pinnatifides  , 
gluantes;  les  écailles  du  calice  lâches  ,  et  les  demi-fleurons 
recourbés.  Il  ressemble  beaucoup  au  séneçon  vulgaire  ;  mais 
il  est  visqueux,  beaucoup  plus  élevé,  et  ses  fleurs  ont  souvent 
des  rayons.  11  est  annuel,  et  se  trouve  dans  les  bois  où  le 
terrain  est  sablonneux. 

Le  Séneçon  des  bois,  qui  a  les  feuilles  piiïuatifidcs ,  den- 
tées; la  tige  droite  ;  les  fleurs  en  corymbes,  et  les  rayons 
recourbés.  Il  est  annuel ,  et  se  trouve  dans  les  bois  de  l'Eu- 
rope boréale. 

Le  Séneçon  élégant,  qui  a  les  feuilles  pinnatifides,  égales, 
très-ouvertes  ,  le  bord  très-épais  et  recourbé  ,  les  fleurs  pur- 
purines. 11  est  originaire  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  On  le 
cultive  très-fréquemment  dans  les  jardins  d'ornement  ,  à 
raison  de  l'élégance  de  son  port  et  de  la  belle  couleur  de  ses 
fleurs.  Il  double  très-facilement,  sans  pour  cela  perdre  sa 
faculté  générative.  On  le  multiplie  de  semences  et  de  bou- 
tures. Il  a  besoin  d'être  tenu  dans  une  exposition  chaude, et 
sèche,  et  d'être  rentré  pendant  l'hiver  dans  une  orangerie  ;  au 
moyen  de  ces  précautions, on  peut  en  avoir  en  fleur  pendant 
toute  l'année.  Il  s'élève  à  un  ou  deux  pieds  ,  et  ses  fleurs  sont 
disposées  en  corymbes  peu  garnis. 

Le  Séneçon  a  feuilles  d'aurone  ,  qui  a  les  feuilles  pin- 
nées,  multifides,  à  divisions  linéaires  et  aiguës  ;  les  fleurs  dis- 
posées trois  par  troissur  des  pédoncules  en  corymbes  denses. 
11  est  vivace  ,  et  se  trouve  sur  les  montagnes  schisteuses,  où  il 
produit  un  bel  effet  par  son  élégance  et  son  abondance.  Il 
s'élève  d'un  à  deux  pieds,  et  forme  souvent  de  grosses  touffes. 

Le  Séneçon  jacobé,  qui  a  les  feuilles  pinnées  et  en  lyre  , 
les  découpures  dentelées ,  et  la  tige  droite.  Il  est  vivace,  et  se 
trouve  abondamment  dans  toute  l'Europe  ,  dans  les  champs 
humideset  sur  le  bord  des  rivières.  C'est  une  très-belle  plante, 
qui  s'élève  à  trois  ou  quatre  pieds  ,  et  présente  un  large  co- 
rymbe  de  fleurs  jaunes.  Elle  est  émolliente  ,  vulnéraire  , 
apéritive,  détersive  et  résolutive;  son  suc,pris en  gargarisme, 
guérit  les  inflammations  de  la  gorge  ;  sa  décoction  est  bonne 
contre  la  dyssenterie  et  les  érysipèles  ;  on  la  donvie  aussi  en 
lavement  dans  les  tranchées  du  bas-venlre. 


s  E  N  575 

Le  Séneçon  des  marais,  qui  a  les  feuilles  enslformes,  den- 
tées, un  peu  velues  en  dessous ,  et  la  lige  grêle.  Il  est  vivace , 
et  se  trouve  dans  les  marais,  sur  le  bord  des  rivières.  Il  s'élève 
de  cinq  à  six  pieds. 

Le  Séneçon  doré,  qui  a  les  feuilles  un  peu  décurrentes  , 
lancéolées,  dentelées;  les  supérieures  beaucoup  plus  petites. 
Il  se  trouve  dans  les  bois  humides  des  parties  méridionales 
de  l'Europe.  C'est  une  très-belle  plante  vivace,  que  l'on 
multiplie  dans  quelques  jardins  d'ornement. 

Le  Séneçon  doronique,  qui  a  la  tige  très-souvent  uniflore, 
les  feuilles  entières  et  dentées  ,  les  radicales  ovales  et  velues 
en  dessous.  11  est  vivace,  et  se  trouve  dans  les  Alpes,  dans  les 
Pyrénées  et  autres  montagnes  élevées  de  l'Europe.  (B.) 

SENEÇON  EN  ARBRE.  Ce  nom  s'applique  souvent  à 
la  Bacchante,  (b.) 

SENEDETTE.  M.  Lacépède  donne  le  nom  de  Delphi- 
NAPTÈRE  SENEDETTE  ,  à  un  cétacé  dont  M.  Cuvier  nie  l'exis- 
tence.  V.  le  Règne  animal,  (desm.) 

SENÉES.  Division  proposée  par  CoUadon ,  dans  le 
genre  des  Casses;  elle  renferme  la  Casse  séné  et  la  Casse 
LA^icÉOLÉE  ,  dont  les  semences  sont  unies  ,  presque  en  cœur, 
beaucoup  plus  petites  que  la  gousse  ,  et  dont  les  étamines 
sont  très;inégales  et  pourvues  de  deux  pores,  (b.) 

SÉNÉGALL  Voyez  pour  tous  les  oiseaux  décrits  sous  ce 
nom  et  celui  de  èengali^iV art.  FRiNGiLLE,tom.  12, p.  i55,où  la 
linotte  dite  le  sénégali  chanteur  ,  se  trouve  en  double  emploi  ; 
fait  dont  je  me  suis  assuré  depuis  l'impression  de  cet  article  , 
par  de  nouvelles  observations  ;  en  effet ,  c'est  un  individu  de 
l'espèce  de  la  LiNOTE  vengolitse  ,  Fringilla  angolensis.  Celui 
figuré  dans  les  oiseaux  chanteurs  de  la  zone  torride  ,  est  une 
femelle  ou  un  jeune  mâle ,  qui  diffère  du  mâle  adulte 
en  ce  qu'il  n'a  pas,  comme  celui-ci,  le  croupion  et  les 
couvertures  supérieures  de  la  queue  d'un  beau  jaune.    • 

L'espèce  dont  il  va  être  (gestion  est  nouvellement  décou- 
verte, et  doit  faire  partie  de  la  section  B,  p.  ij/^àes/ringilies. 

Le  SÉNÉGALI  AURORE,  Fringilla  subflava,  V.  11  a  trois  pouces 
sept  lignes  ;  le  bec  rougeâtre  ;  toutes  les  parties  supérieures 
grises  ;  cette  teinte  est  plus  foncée  sur  la  tête  ;  les  couver- 
tures du  dessus  de  la  queue  sont  rouges  ;  la  gorge  et  toutes 
les  parties  postérieures,  d'une  belle  couleur  aurore,  plus 
claire  sur  la  gorge  ,  plus  foncée  sur  la  poitrine  ;  les  flancs 
gris  ,  avec  quelques  lunules  blanches  à  l'extrémité  de  quel- 
ques plumes  ;  les  pennes  alaires  et  caudales,  d'un  gris  rem- 
bruni, et  les  pieds  bruns.  Cette  espèce  se  trouve  au  Sénégal, 
et  fait  partie  de  la  collection  de  M.  le  comte  de  Riocourt. 

Comme  les  se/ze^a/Zi,   bengalis,  vewes ,  moineatta^,  e^r^xx- 


SjS  s  E  N 

sieurs  autres  pelîts  oiseaux  granivores  de  TAfrique  et  des 
Indes  ,  sont  recherchés  en  France,  et  que  l'on  regrette  sou- 
vent de  ne  pouvoir  les  conserver,  j'ai  pensé  que  Ton  verroit 
ici  avec  plaisir  un  détail  succinct  de  la  méthode  que  j'ai  em- 
ployée ,  non-seulement  pour  allonger  leur  vie  ,  qu'abrègent 
les  froids  qu'ils  éprouvent  en  Europe  ,  mais  pour  jouir  de 
l'intéressant  spectacle  de  leurs  amours ,  et  de  l'éducation  de 
leurs  petits.  D'après  cette  miithode  ,  l'on  pourroit  se  procu- 
rer des  générations  acclimatées  qui  finiroient  par  ne  plus 
exiger  que  les  attentions  ordinaires  qu€  demande  l'éducation 
des  serins.  Les  premiers  soins  doivent  se  porter  à  l'époque 
de  leur  arrivée  ,  où  11  en  périt  beaucoup.  Le  peu  de  précau- 
tions que  l'on  prend  dans  le  transport ,  contribue  à  cette 
perle.  Au  lieu  de  les  entasser  dans  de  petites  volières  avec 
d'autres  oiseaux  ,  au  lieu  de  réunir  dans  la  même ,  forts  et 
foibles,  doux  et  méchans,  il  faut  en  avoir  une  d'une  grandeur 
proportionnée  au  nombre  que  l'on  doit  apporter  ;  mettre  les 
gros  et  les  méchans  en  particulier;  se  munir  de  leur  nourri- 
ture naturelle  pour  plus  de  deux  mois  après  leur  arrivée. 
Avec  ces  précautions,  ces  oiseaux  arriveront  bien  emplumés 
et  en  bonne  santé  ,  et  pourront  résister  plus  facilement  à 
l'influence  du  climat ,  subir  leur  première  mue  ,  et  éviter  la 
malignité  d'une  maladie  à  laquelle  tous  sont  sujets  (  la  dyssen- 
ierie  ) ,  et  qui  les  attaque  dans  les  premiers  mois  de  jfeur  ré- 
sidence en  France.  Le  millet  d'Afrique  est  un  remède  effi- 
cace ;  d'abord  on  leur  donne  peu  du  nôtre  ,  qui  doit  par  la 
suite  le  remplacer.  L'on  mélange  l'un  et  l'autre  ,  et  ce  mé- 
lange doit  être  conlinué  jusqu'après  leur  mue.  Comme  ils 
préfèrent  l'alpiste  en  grappe  ,  il  est  essentiel  de  leur  en 
donner.  Ces  précautions  dans  le  choix  des  alimens  ne  sont 
pas  nécessaires  pour  ceux  que  l'on  achète  à  Lisbonne  ,  où 
ils  sont  déjà  aussi  acclimatés  que  les  serins  parmi  nous. 

Le  principal  moyen  de  réussir  à  les  élever  ,  est  de  leur 
procurer  une  température  convenable  ,  et  qui  approche  de 
celle  des  contrées  les  moins  chaudes  de  l'Afrique.  L'on  peut 
m'opposer  que  sans  cela  ils  peuvent  vivre  ,  puisque  les  oise- 
leurs n'usent  pas  de  tant  de  précautions,  et  les  exposent  jour- 
jucllement  à  l'air,  même  dans  l'iiiver;  mais  ces  oiseleurs  ne 
mettent  pas  l'acheteur  dans  la  confidence  des  pertes  qu'ils 
font  ;  ils  savejît  se  dédommager  des  morts  par  le  haut  prix  où 
ils  portent  les  vivans.  Au  reste  ,  les  degrés  de  chaleur  dont 
je  parlerai  ne  sont  de  rigueur  que  pour  les  oiseaux  que  l'on 
veut  faire  nicher  ou  couver.  Quelques  espèces  ne  demandent 
qu'une  température  qui  approche  de  celle  des  contrée^  les 
moins  chaudes  de  l'Afrique,  et  se  contentent  de  celle  des 
îles  Canaries  ;  mais  elle  doit  être  ^lus  forte  pour  les  penoes  , 


s  EN  577 

lès  îgnicohres  ou  carfUnaux.,  les  diorhs.,  etc.,sabs  qu'elle  puisse 
devenir  nuisible  aux  bengalis  e{ se nêgali s,  qui  habitent  lesmêmes 
contrées  que  ceux-ci  ;  et  celte  chaleur  ,  que  refuse  notre. cli- 
mat pendant  plus  de  dix  mois  ,  est  d'autant  pljs  indi;Spensa- 
ble  pour  atteiildre  le  but  que  Ton  se  propose,  que  la  plupart 
de  ces  oiseaux  font  le^ur  ponte  et  entrent  en  mue  pendant 
notre  hiver. 

Une  serre  chaude  est  donc  l'emplacement  qu'on  doit  pré- 
férer, où  l'on  doit  les  tenir,  soit  que  l'on  en  construise  une 
exprès,  soit  que  l'on  se  serve  d'une  partie  de  celle  destinée 
aux  plantes.  Elle  doit  être  d'une  étendue  proportionnée  au 
nombre  d'oiseaux  que  Ton  veut  faire  couver  ,  avec  un  grillage 
en  dedans  du  côté  du  vitrage  ,  et  un  autre  du  côté  de  la 
porte  d'entrée,  afin  de  ne  pas  s'introduire  dans  la  volière 
pendant  le  temps  des  couvées,  et  de  pouvoir  leur  donner  la 
nourriture  qu'on  placera  sur  des  tablettes  posées  le  long  du 
dernier  grillage.  Rien  ne  fatigue  tant  les  oiseaux  en  général, 
et  ne  les  porte  davantage  à  abandonner  leur  nid,  que  d'en- 
trer trop  souvent  dans  les  endroits  où  ils  couvent  ;  J'on  a 
même  vu  des  serins  fatigués  do  fréquentes  visites  ,  quitter 
l'Incubation. 

La  gelée  des  hivers  les  plus  froids  ne  doit  jamais  pénét!;er 
dans  la  serre  ;  l'on  y  mettra  des  caisses  d'arbrisseaux  tou- 
jours verts  ,  comme  des  orangers  ,  des  lauriers  ,  et  d'autres 
qui  peuvent  supporter  une  chaleur  au  moins  de  25  degrés. 
Il  seroit  beaucoup  mieux  de  planter  ces  arbustes  en  pleine 
terre  ,  et  d'y  joindre  d'autres  plantes  ,  surtout  des  plantes 
grimpantes  et  des  lianes,  etc.  ;  plus  ces  petits  bosquets  sont 
épais  et  touffus  ,  plus  ces  oiseaux  s'y  plaisent ,  particulière- 
ment les  sénégalis  et  bengalis,  qui  y  placent  leurs  nids  ,  et  s'y 
retirent  en  tout  temps.  On  ne  laissera  d'espace  entre  les  ar- 
bres et  la  muraille,  que  ce  qu'il  en  faut,  pour  qu'une  per- 
sonne puisse  passer  en  écartant  les  branches  ;  mais  oh  y 
passera  rarement ,  atiii  de  ne  pas  effrayer  la  timide  popula- 
tion de  la  volière. 

Vis-à-vis  du  petit  bois,  et  en  face  de  la  porte  ,  on  laissera 
un  espace  vide  ,  sablé  ,  ou  plutôt  couvert  do  gazon,  au  milieu 
duquel  sera  creusé  un  petit  bassin  rempli  d'eau  ,  (ju  il  faudra 
renouveler  souvent.  Il  seroit  mieux  d'y  faire  passer  un  petit 
ruisseau  ,  qui  rouleroit  sur  du  gravier,  ou  entretenir  le  bas- 
sin par  le  moyen  d'un  jet  d'eau.  Le  bruit  et  le  roulement  de 
l'eau  plaisent  beaucoup  à  ces  petits  oiseaux  ,  et  les  excitent  à 
se  baigner  souvent  ,  ce  qui  leur  est  très-salutaire.  Le  gazon 
toujours  vert  et  la  terre  sont  nécessaires^  parce  que  plusieurs 
y  trouvent  les  insectes  et  les  vermisseaux  dont  ils  nourrissent 
leurs  petits.  On  plantera  dans  la  partie  sablée  un  ou  deux  ^X'. 

XXX.  37 


S78  s  E  N 

brisseaux  morts  ,  aussi  élevés  que  la  serre  ,  et  garnis  de  plu- 
sieurs branches  pour  leur  servir  de  juchoir.  Des  pieux  seront 
placés  le  long  du  massif;  ils  seront  creusés  de  distance  en 
distance  ,  de  sorte  qu'ils  offrent  aux  oiseaux  qui  préfèrent 
des  trous  pour  nicher ,  assez  de  profondeur  pour  y  faire  leur 
nid  et  y  couver.  Indépendamment  de  ces  ouvertures ,  Ton 
mettra  de  distance  en  distance  ,  dans  la  partie  vide  de  la 
serre ,  de  petits  boulins  en  bois ,  larges  en  dedans  comme  ceux 
que  l'on  prépare  pour  les  serins  ,  mais  totalement  fermés  ,  à 
l'exception  d'une  ouverture  d'un  pouce  de  diamètre  sur  le 
devant  du  boulin ,  aux  deux  tiers  de  sa  hauteur  ;  le  dessus 
sera  bombé  ,  et  se  retirera  à  volonté  afin  de  le  nettoyer  plus 
aisément. 

Pendant  la  première  année  ,  la  température  de  la  serre 
doit  être  élevée  à  20  bu  25  degrés  ,  surtout  si  les  oiseaux  arri- 
vent de  leur  pays  natal.  La  plupart  perdent  leurs  plumes 
pendant  la  traversée  ,  soit  par  l'effet  de  leur  mue ,  soit  en  se 
battant  entre  eux,  soit  enfin  par  l'habitude  qu'ils  contractent, 
quand  ils  sont  renfermés  trop  à  l'étroit,  de  se  les  arracher 
mutuellement ,  lorsqu'elles  commencent  à  pousser  ,  pour  en 
sucer  le  bout.  La  chaleur  qu'ils  trouveront  dans  la  serre  ,  leur 
rendra  leur  force  ,  et  hâtera  le  développement  des  plumes. 
Les  sènégalls  ont ,  plus  que  les  autres ,  l'habitude  de  se  plu- 
mer les  uns  les  autres  ;  et  il  est  difficile  de  la  leur  faire  per- 
dre. Pour  y  parvenir ,  l'on  mettra  à  part  ceux  qui  sont  dé- 
pouillés de  leurs  plumes  ,  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  entière- 
ment revenues.  Il  est  nécessaire  d'en  faire  autant  pour  les  in- 
dividus qui ,  à  leur  arrivée  en  France  ,  sont  déplumés  ;  c'est 
un  moyen  certain  pour  les  conserver. 

Une  température  de  18  à  20  degrés  sera  suffisante  pen- 
dant la  seconde  année  ,  pour  ceux  nés  en  France  ,  et  celle 
de  nos  étés  ordinaires  de  la  troisième  année  ;  mais  il  sera 
toujours  prudent  de  l'augmenter  à  l'époque  des  pontes  et  de 
la  mue.  On  les  accoutumera  peu  à  peu  avec  le  froid ,  et 
après  quelques  générations ,  ils  le  supporteront  aussi  bien  que 
les  serins. 

Lorsque  les  bengalis  ont  des  petits  ,  il  est  essentiel  de  leur 
procurer  des  larves ,  des  chenilles  non  velues ,  et  autres  in- 
sectes ,  qui  leur  sont  nécessaires  pour  pouvoir  \qs  élever 
pendant  les  premiers  jours  de  leur  enfance. 

Comme  quelques  espèces,  surtout  les  diochs  et  les  gros-becs 
à  collier  rouge  j  ne  peuvent  vivre  avec  les  autres  au  moment 
de  la  ponte  ,  sans  chercher  à  s'emparer  de  leur  nid  ,  ou 
même  à  le  détruire  ,  il  faut  faire  dans  la  volière  des  conipar- 
fimens  pour  les  y  tenir  séparés  couple  par  couple. 

La  durée  ordîHitireL  de  la  vie  de  ces  oiseaux ,  lorsqu'ils  sont 


s  E  N  S79 

acclimales  ,  est  de  huit  à  dix  ans  ;  mais  ,  suivant  les  procédés 
que  je  viens  d'indiquer,  on  pourroit  la  prolonger  ,  et  l'on 
multiplieroit  certainement  leur  existence,  en  obtenant  cha- 
que année  de  nouvelles  générations.  Quoique  je  n'aie  pas 
inis  tout-à-fait  en  usage  la  méthode  que  je  recommande  ,  je 
suis  parvenu  à  faire  couver  plusieurs  espèces  de  petits  oiseaux 
d'Afrique  ,  et  à  amener  à  bien  le  produit  de  leur  couvée  ;  mais 
ce  succès  n'a  été  que  momentané  ,  et  seroit  complet  d'après 
ces  procédés.  V.  pour  de  plus. grands  détails,  [^Histoire  des 
oiseaux  chanteurs  de  la  zone  iorride. 

Chasse.  • 

Les  bengalis  et  les  s^négalis  ,  d'un  naturel  peu  sauvage  ,' 
donnent  facilement  dans  les  pièges  qu'on  leur  tend.  Celui 
dont  se  servent  les  Sénégalais  est  simple  ;  c'est  une  calebasse 
posée  à  terre  ,  et  un  peu  soulevée  par  un  support  léger  , 
auquel  est  attachée  une  longue  ficelle  ;  quelques  grains  de 
millet  pour  appât  ,  surtout  après  la  récolte  ,  suffisent  pour 
les  attirer  et  les  faire  accourir  en  foule.  L'oiseleur ,  placé  dans 
un  lieu  où  il  voit  tout  sans  être  vu  ,  tire  la  ficelle  à  propos  , 
et  prend  tout  ce  qui  se  trouve  sous  la  calebasse. 

A  l'île  de  Gorée ,  l'on  emploie  avec  succès  le  filet  de  reiz- 
saillant,  et  il  procure  une  chasse  plus  copieuse.  Des  bandes 
nombreuses,  composées  de  jeunes  bengalis,  sénégalis  ,  petits 
moineaux,  comba-sous,  cardinaux,  et  de  quelques  veuoes,  sont 
jetées  par  le  vent  en  pleine  mer.  Quelquefois  ces  bandes  ne 
sont  que  d'individus  d'une  seule  espèce  ;  mais  l'on  a  remar- 
qué que  dans  les  troupes  de  sénégalis  et  de  bengalis  ,  il  n'y 
avoit  souvent  qu'une  seule  veuoe,  que  ceux-ci  suivoient  partout.' 
En  seroit-il  de  ces  petits  volatiles  comme  de  certains  oiseaux 
de  paradis  ?  Auroient-ils  aussi  leur  conducteur  ?  Dans  ces 
coups  de  vent ,  l'île  de  Gorée  est  pour  eux  un  asile  où  ils  se 
réfugient,  afin  d'échapper  â  la  mort.  Mais  cette  île  ,  sans  ver- 
dure ,  sans  herbe  et  sans  arbres  ,  couverte  d'un  sable  aride  , 
ne  leur  offre  aucun  aliment.  Il  suffit  d'en  présenter  à  ces  pe- 
tits affamés ,  pour  les  attirer  où  le  filet  est  préparé.  V.  au  mot 
Chardonneret  ,  la  manière  de  faire  cette  chasse,  (v.) 

SÉNËGRÈ  ou  SINÉGRÉ.  Fenu-grec  ou  Méhlot  du 
Levant  ,  en  Languedoc,  (desm.) 

SÉNÉGA.  Plante  du  genre  des  Polygales.  (b.) 

SÉNELOPS  (i),  Selenops  y  Dufour.  Genre  d'arachnides 
pulmonaires  ,  de  la  famille  des  aranéides  ,  tribu  des  latéri- 
grades,   ayant  pour  caractères  :  la  seconde  paire  de  pattes 

(i)  Lisez  SÉLÉNOPi  ,  (  yeux  en  croissant  ).  —  On  s'est  aperçu  trop 
tard  que  ce  mot  avoit  été  écrit ,  par  erreur  ,  Senelops. 


58o  S  F.  N 

et  la  iroislcmc  cnsuile,  les  plus  longues  de  toutes  ;  la  pre- 
mière la  plus  courte  de  toutes  ;  mâchoires  droites  ,  écar- 
tées, parallèles  ,  presque  de  la  même  largeur,  dans  toute 
leur  étendue  ;  lèvre  courte,  presque  carrée,  avec  l'extrémité 
supérieure  arrondie  ;  huit  yeux  ,  dont  six  de  front ,  et  les 
deux  autres  situés  un  de  chaque  côté  ,  en  arrière  des  deux 
extrêmes  précédens  ,  les  plus  gros  de  tous  ;  corps  très-aplati. 
L'espèce  qui  a  servi  de  type,  le  Sélénops  rayonné  ,  Sele- 
nops  radiatus  ,  a  été  découverte  en  JEspagne  ,  par  mon  ami 
M.  Léon  Dufour.  Son  corps  est  long  d'environ  quatre  lignes, 
d'un  brun-jaun^re  livide  ,  pubescent ,  avec  de  petites  taches 
noirâtres  ;  le  milieu  du  corselet  est  plus  obscur ,  et  a  des  li- 
gnes enfoncées,  disposées  en  rayon  ;  l'abdomen  est  orbi- 
culaire  ;  les  pattes  sont  longues  ,  avec  des  bandes  ou  taches 
transverses,  noirâtres  ,   et  une  brosse  au  bout  des  tarses. 

Je  connois  trois  autres  espèces.  La  première  ,  très-voi- 
sine de  ia  précédente  ,  se  trouve  en  Syrie  et  en  Egypte;  la 
seconde  a  été  observée  à  l'Ile-de-France  ,  par  M.  Cattoire  ; 
la  troisième,  la  plusgrande  de  toutes,  a  été  apportée  du  Séné- 
gal par  M.  Poinsignon,  ofGcier  militaire  distingué,  etqui  m'a 
donné  de  la  manière  la  plus  généreuse  ,  toutes  les  produc- 
tions naturelles  qu'il  y  avoit  recueillies,  (l.) 
SENEMBRI.    Nom  de  pays  de  I'Iguane  commun,  (b.) 
SENESSON.  V.  Séneçon,  (ln.) 
SÊNETIO.  V.  Senecio.  (ln.) 
SÉNEVÉ.  Nom  vulgaire  de  la  Moutarde,  (b.) 
SENGAN.  Nom  d'une  Anguille  de  moyenne  taille  ,  en 
Sibérie,  (b.) 
SENGL\K.  Nom  groënlandais  des  Térébelles.  (desm.) 
SENICLE.  Nom  imposé  au» Serin  d'Italie,  (v.) 
SÉNICLE.  Nom  de  I'Arrociie  puante  ,    en  Langue- 
doc. (DESM.) 
SENIL.  Nom  languedocien  du  Serin,  (desm.) 
SENITES.  Adanson  nomme  ainsi  le  genre   Zeugites. 

(LN.) 

SENN  A.  Les  anciens  (irecs  et  les  Latins,  comme  les  auteurs 
modernes  ,  ont  connu  et  connoissoient  sous  ce  nom ,  le  SÉNÉ. 
V.  ce  mot.  Tournefort  avoit  fait  de  cette  plante,  à  cause  de 
son  légume  membraneux  ,  le  type  d'un  genre  particulier, 
qui  a  été  adopté  et  augmenté  par  quelques  auteurs,  puis  réu- 
ni au  rassi'a,  Linn.  (ln.) 

SENNAL.  Nom  vulgaire  de  I'Anthias  testudiné,  cons- 
tituant aujourd'hui  le  genre  Anabas.  (k.) 

SENNÎNSO.  Au  Japon,  on  donne  ce  nom  à  une  es- 
pèce de  Cléma'iite  confondue  par  Thunberg  et  par  Lou- 
rcii'o  avec  la  clématite  de  ^  irginic  ,  L.  ;   mais  selon  Decan-  ■ 


SE  N  i>8i 

«lolle  ,  c'est  une  espèce  dislincle.  Il  Ta  nommée  dematis  bi  • 

icrnata ,    L.  (l^.) 

SENNINSO  de  Ksempfer.  V.  Sonmouc  (lt^.) 
SENORINA.  En  Galice  ,    on  nomme  ainsi  les  oreilles  tir 

mer  ou  Haliotides.  F.  ce  dernier  mot.  (desm.) 

SENOUBAR.  Nom  arabe  du  Pin  d' Alep  (P/oms  akpcn- 

SÎS  ,   Mill.  ).  (LN.) 

SENOUDELIO.  V.  Serondelio.  (desm.) 

SENOURA.  Nom  portugais  de  la  Carotte.  V.  Ci- 
NOURA.  (b.) 

SENREE  ,  Senrœa.  Plante  d'Arabie  ,  toute  couverte  de 
petits  poils  blancs ,  à  feuilles  alternes  ,  pétiolées  ,  les  unes 
en  cœur  tronqué  et  tridenté  ,  les  autres  entières  ,  et'à  fleurs 
solitaires  et  axillaires ,  qui  forme  un  genre  dans  la  monadel- 
phie  décandrie,  et  dans  la  famille  des  malvacées. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  double  ;  l'extérieur , 
de  trois  folioles  ,  et  l'intérieur  à  cinq  dents  ;  une  corolle  de 
cinq  pétales  -,  dix  éiamines  réunies  par  leur  base  ;  un  ovaire 
supérieur  surmonté  d'un  style  à  cinq  divisions;  une  capsule 
à  cinq  loges,  (b.) 

SENS,  Sensus.  L'animal  resteroit  dans  un  état  continuel 
de  végétation  et  d'immobilité,  s'il  n'avoit  aucun  moyen  de 
communication  avec  les  objets  extérieurs  -,  il  ne  poinroil  ni 
sentir,  ni  agir,  parce  qu'il  ne  fait  de  mouvemens  qu'à  l'oc- 
casion de  quelque  affection.  Plus  un  animal  a  de  sensibilité 
extérieure  ,  plus  ses  mouvemens  sont  vifs  et  répétés.  Y^liuilre  , 
qui  sent  à  peine,  ne  se  remue  presque  jamais;  Toiseau,  dont 
la  sensibilité  est  extrême  ,  est  toujours  en  action,  et  même 
parmi  les  hommes,  ceux  qui  sont  les  plus  sensibles  sont  aussi 
les  plus  vifs  etlesplus  impétueux.  Tous  les  animaux  vertébrés 
ou  les  mammifères, les  oiseaux, les  reptiles  elles  poissons  jouis- 
sent de  cinq  sens  plus  ou  moins  parfaits  comme  l'homme  , 
bien  qu'il  y  ait  des  espèces  aveugles  ,  telles  que  la  taupe,  le 
zenmi  ,  la  cécilie,  la  myxine  ou  gasJrobranche,  et  que  l'o- 
dorat ou  le  goût  soient  plus  ou  moins  obtus  chez  lespoisson3 
et  quelques  oiseaux. 

Chez  les*animaux  sans  vertèbres  ,  il  n'y  a  presque  jamais 
tous  les  sens  à  la  fois,  et  souvent  il  en  manque  deux  ou  trois. 
Parmi  les  céphalopodes  ,  sèclies  ,  calmars,  on  ne  renconire 
plus  d'organe  de  l'odorat,  mais  bien  ceux  de  l'ouïe,  de  la 
vue  ,  du  goût  et  du  tact.  Plusieurs  gastéropodes  manquent 
non-seulement  de  l'ouïe  ,  mais  même  de  la  vue  ,  quoique 
d'autres  aient  encore  des  yeux;  tous  paroissent  sourds.  Les 
moUusques  acéphales,  principalement  ceux  des  coquilles 
bivalves  ,  n'ont  ni  yeux  ,  ni  organe  interne  de  l'oreille  ,  ni 
odorat,  non  plus  que  les  annélides  ou  Uelminihidcs,  Kuhn 


£82  S  E  N 

les  animaux  radiaires  ou  les  zoophytes,  les  échinodermes  ; 
actinies,  méduses,  etc.,  ainsi  que  les  races  plus  inférieures 
encore  ,  sont  bornés  au  sens  du  toucher,  qui  est  fort  délicat 
néanmoins  ,  qui  lient  lieu  ,  sans  doute  ,  de  goût  à  Torifice  de 
leur  bouche,  et  même  d'yeux,  par  sa  sensibilité  à  la  lumière 
chez  les  hydres,  les  polypes  ,  les  actinies,  etc. 

Les  insectes  et  les  crustacés,  les  arachnides,  ou  les  animaux 
articulés  sont  les  mieux  munis  de  sens  parmi  tous  les  inverté- 
brés. Ils  possèdent  non-seulement  des  yeux,  mais  même 
ceux-ci  sont  souvent  composés  de  plusieurs  facettes,  ou  plus 
nombreux  que  jamais  la  fable  n'en  attribua  à  Argus.  L'on 
distingue  encore  des  canaux  pour  l'organe  auditif  chez  les 
crustacés  ,  selon  Scarpa  et  Comparetll  ;  mais  bien  que  l'on 
n'ait  rien  trouvé  de  semblable  parmi  les  arachnides  et  les 
insectes,  il  paroît  que  ces  animaux  entendent,  sinon  des 
sons  ,  du  moins  le  frémissement  de  l'air,  à  la  manière  des 
sourds.  A  Tégard  de  Todorat ,  bien  qu'on  soit  en  suspens  sur 
la  sorte  d'organe  qui  l'exerce  chez  eux  ,  il  e^t  manifeste 
qu'ils  le  possèdent.  Il  réside ,  à  ce  qu'il  paroît ,  soit  dans  les 
antennes  ,  soit  dans  les  palpes  environnant  la  bouche.  De 
même  ,  les  tentacules  de  plusieurs  mollusques  parolssent 
aussi  être  sensibles  aux  odeurs.  Enfin  le  goût  existe  perpé- 
luellement  dans  les  organes  de  la  déglutition,  chez  toutes 
les  races  d'insectes  ,  comme  des  autres  animaux  ,  et  le  tact 
est  plus  ou  moins  délicat  à  la  surface  de  leur  corps. 

D'après  cette  revue  ,  on  observe  que  les  sens  de  l'ouïe 
d'abord  ,  puis  de  l'odorat ,  ensuite  de  la  vue  ,  sont  les  moins 
répandus  dans  tout  le  règne  animal;  tandis  que  le  toucher 
surtout  et  le  goût  (qui  n'en  est  guère  qu'une  modification) 
existent  également  chez  toutes  les  espèces.  Les  autres  sens 
ne  sauroient  exister  sans  le  tact ,  mais  il  peut  exister  sans  eux. 

En  effet  ,  tout  ce  qui  constitue  Tanlmallté  ,  étant  la  sen- 
siMllté,  comme  nous  l'avons  fait  voir  (art.  Animal  )  ,  celle- 
ci  se  manifeste  nécessairement  par  quelque  sens  ;  et  il  n'en 
est  point  de  plus  fixe,  de  plus  universel  que  celui  du  tact.  Sans 
lui,  il  n'existe  donc  pas  d'animal.  La  raison  en  eSt  évidente  ; 
car  pour  exercer  les  fonctions  de  l'animalité,  il  faut  sentir  le 
plaisir  ou  la  peine  ;  et  l'on  ne  peut  être  guidé  dans  la  vie  que 
par  les  impressions  que  le  tact  reçoit.  Otez  ce  sens  primitif 
qui  nous  avertit  de  la  présence  des  objets  extérieurs,  et  l'a- 
nimal ne  peut  plus  se  uiouvolrsans  péril ,  sans  se  choquer  ou 
$e  détruire  ;  il  faudrolt  donc  qu'il  restât  planté  ou  Immobile 
comme  le  végétal.  Aussi  rintermisslon  des  sens  ,  comme  dans 
le  sommeil,  force  à  l'immobilité.  Plus  on  sent,  plus  l'on  voit 
4e  loia  les  obstacles  y  plus  un  anitoal  est  capable  de  grands 


s  E  N  583 

mouvemens  ,  comme  on  l'observe  pour  les  oiseaux,  les  in^ 
sectes  ailés  ,  et  les  poissons  à  nage  rapide. 

Les  sens  sont  toujours  plus  ou  moins  rapprochés  du  cerJ 
veau  ou  de  la  tête,  centre  capital  de  l'animalité.  Ai'ssi  chez 
les  vertébrés  ,  à  l'exception  du  tact  qui  est  constamment  le 
sens  universel  de  la  périphérie  du  corps  ,  les  sens  sont  réunis 
à  la  tête.  Il  en  est  à  peuprèsainsi  chez  les  invertébrés;  etplus 
les  sens  sont  délicats  et  subtils,  comme  la  vue  et  l'ouïe ,  plus 
ils  avoisinent  le  centre  cérébral. 

L'animalité  consiste  donc  dans  la  présence  des  sens,  dans 
la  faculté  d'être  affecté  par  l'impression  des  corps  extérieurs  ; 
la  plante  qui  ne  sent  point ,  n'a  aucun  sens  ,  et  lorsque  nous 
sommes  endormis ,  lorsque  nos  organes  externes  ont  suspendu 
leurs  fonctions  ,  nous  sommes  dans  une  sorte  de  végétation- 
C'est  une  qualité  propre  à  tous  les  sens  des  animaux  d'être 
susceptibles  d'intermittence  dans  leur  activité ,  d'avoir  une 
interruption  ,  un  temps  àe  réparation  lorsqu'ils  ont  été  fati- 
gués ,  tandis  que  les  organes  internes  ont  une  activité  qui  ne 
cesse  qu'à  la  mort.  Il  y  a  donc  deux  genres  de  fonctions  bien 
distinctes  dans  le  corps  des  animaux  :  i.**  celles  qui  sont  in- 
ternes et  qui  s'exercent  constamment  ;  2.°  celles  qui  sont  exté- 
rieures et  qui  ont  des  temps  de  repos. 

Les  parties  extérieures  ,  les  organes  des  sens  sont  tous 
composés  ,  en  général  ,  de  parties  symétriques  ou  doubles. 
Les  yeux ,  les  oreilles  ,  les  membranes  olfactives ,  sont  par 
paires  dans  les  animaux  qui  jouissent  de  ces  parties  ;  le  sens 
du  goût ,  du  toucher,  et  celui  de  l'amour  qui  est  un  sixième 
sens ,  sont  de  deux  moitiés  symétriques  ou  de  deux  organes 
correspondans. 

Toutes  les  parties  que  nous  trouvons  doubles  ou  symétri- 
ques dans  les  animaux  ,  appartiennent  à  la  sensibilité  ou  à  U 
mobilité  de  l'individu.  Le  cerveau  des  animaux  à  double  sys- 
tème nerveux  ou  des  vertébrés,  est  même  composé  de  deux 
hémisphères  ou  moitiés  parallèles.  Or,  tous  ces  organespairs 
ou  symétriques  dorment  et  s'éveillent;  c'est-à-dire  ,  qu'ils  ont 
des  momens  de  sensibilité  et  d'insensibilité. 

Mais  ces  parties  peuvent  être  inégales  en  force  :  par  exem- 
ple, un  œil  peut  être  plus  fort  que  l'autre  ;  une  oreille,  une 
narine  ,  une  moitié  de  la  langue,  une  main  ,  une  moitié  du 
corps  ,  un  hémisphère  du  cerveau,  peuvent  acquérir  plus  ou 
moins  d'activité  que  la  partie  correspondante.  Les  sensa- 
tions, en  ce  cas,  seront  plus  ou  moins  fausses  ,  suivant  l'iné- 
galité plus  ou  moins  grande  des  forces  de  chaque  partie  paire 
ou  symétrique.  Cela  est  fort  remarquable  pour  la  vue,  l'ouïe 
et  même  pour  le  cerveau;  mais  les  autres  sens  participent 
moins  de  ce  désavantage ,  parce  qu'ils  s'exercent  sur  des  objets 


^84-  S  K  N 

plus  grossiers  ^  plus  palpables,  et  qui  prêtent  beaucoup  moins 
«iik  errenrir^ue  les  sons  ,  la  lumière  et  les  couleurs. 

Il  y  a  donc  à  cet  égard  deux  sortes  de  sens  ,  ceux  qui  sont 
tout  physiques,  pour  ainsi  dire  ,  et  ceux  qui  tiennent  plus  à 
Finlelligence.  Les  premiers  sont  :  i."  le  toucher;  2."  le  sens  de 
i'amour,  qui  est  un  vrai  sens  très-distinct  ;  3.  "le  goût  ;  4-°  l'odo- 
rat. Les  seconds  sont  :  1.°  l'ouïe  ;  2.°  la  vue;  et  3."  le  sens  inté- 
rieur de  la  pensée  ou  le  cerveau.  11  y  a,  en  effet,  sept  sens, 
in<3-épendamment  des  affections  ei  des  besoins  du  corps  des 
animaux,  tels  que  la  faim  ,  la  sOif,  les  affections  ,  les  nécessités 
physiques  qui  dépendent  toutes  du  jeu  des  organes  intérieurs, 
mais  qui  ne  sont  pas  de  véritables  sens  ,  quoiqu'elles  fournis- 
sent aussi  au  cerveau  des  idées  particulières  comme  chacun 
des  sept  sens.  Parce  que  les  puissances  vitales  ou  la  sensibi- 
lité ,  chez  les  animaux,  se  rassemblent  vers  le  centre  céré- 
bral, les  sens  seront  d'autani  pins  snTjtils  et  délicats  qu'ils 
seront  plus  rapprochés  de  ce  foyer  de  vie.  La  vue,  Touïe  , 
sont  les  seuls  sens  qui  nous  fournissant  des  idées  trèS'  éten- 
dues. Lav«e  peu+  s'élancer  jusqu'à  la  région  des  astres;  elle 
est  pour  ainsi  dire  un  prolongement  de  la  substance  du  cer- 
ceau dont  la  pulpe  médullaire  vient  par  le  nerf  optique, 
lî'épanouir  gur  la  rétine.  L'oTue  lient  le  second  rang  ,  car 
é'arjl  placée  dans  l'intérieur  du  crâne,  elle  a  pareillement 
ides  relations  irès-inlimés  avec  le  cerveau;  de  là  vient  qu'elle 
étend  sa  sphère  à  une  grande  distance,  et  nous  pouvons  en- 
tendre des  bruits  de  plusieurs  lieiies.  La  puissance  sensitive 
■eslinoindre  d^ns  les  autres  organes  ;  l'odorat  ,  déjà  plus 
textérieur  dans  la  cavité  cérébrale  ,  n'étend  guère  sa  sphère 
.d'activité  qu'à  quelques  toises. déloignemerit.  Le  goût  ,  en- 
core moins  rapproché  du  cerveiui  ,  exige  le  contact  délicat 
-des  molécules  divisées  ou  dissoutes;  enfin  le  tact  ,  étant  le 
jplus  inférieur  des  sens  ,  s'exerce  immédi;itemenlsur  des  corps 
denses  et  résistans.  Ainsi  nos  sens  s'épurenl  à  mesure  qu'ils 
s'eîèvent. 

La  plante  n'ayant  presque  aucune  chaleur  propre  ,  mr.nque 
de  sens;  les  animaux  froids  et  humides  ,  comme  lesannélides 
ou  vers,  les  zoophyles,  les  coquillages  ne  jouissent  guère  que 
du  loucher  et  du  goilt.  Plus  les  animaux  sont  chauds  ,  plus  la 
faculté  sensitive  se  développe  en  eux,  el  les  sens  n'acquièrent 
toute  leur  énergie  que  chez  les  races  à  sang  chaud.  De  même 
que  le  fioid  engourdit  et  assoupit  la  sensibilité;  l'ardeur,  l  in- 
flammation les  avivent  excessivement  ;  el  comme  la  chaleur 
aspire  toujours  à  monter,  lessens  supérieurs  doivent  déployer 
|)lus  de  force  el  de  subtilité  que  les  inférieurs. 

L'cei!  emploie  la  lumière  ou  le  fea,  élément  le  plus  actif,  le 
plus  subtil  de  l'univers,  et  qui  nous  parvient  du  soleil  en  7  ou 8 


s  E  N  585 

minutes.  L'oreille  entend  par  les  vibrations  de  l'air  dont 
la  densité  est  bien  plus  grande  et  l'action  plus  lente  ,  puis- 
que le  son  ne  parcourt  que  mille  à  douze  cents  pieds  par 
seconde.  La  membrane  pituitaire  ou  de  l'odorat  n'admet 
que  les  vapeurs  et  l'arôme  moins  déliés  encore  que  l'air;  la 
langue  ne  savoure  qu'au  moyen  de  l'humidité  et  de  la 
salive  qui  délaie  ou  dissout  les  particules  des  corps  ;  enfin 
la  peau  ne  palpe  que  des  objets  matériels  qui  présen- 
tent quelque  résistance  ,  comme  la  pierre  ,  etc.  Cette  grada- 
tion correspond  à  toute  la  nature.  Certes,  nous  aurions  des 
sens  plus  nombreux  si  notre  globe  renfermoil  une  plus  grande 
diversité  de  substances.  Chaque  genre  de  celles-ci  éveille  en 
nous  uft  mode  de  sensations  ;  mais  s'il  existoit ,  chez  les  ani- 
maux, des  sens  dépourvus  d'objets,  ils  se  perdroient  faute 
d'être  employés.  L'homme  étant  l'être  le  plus  parfait  et  le 

f>lus  sensible  de  la  création  ,  il  rassemble  en  lui  seul  toutes 
es  facultés  qui  distinguent  les  autres  créatures.  Ainsi  nous 
tenons,  par  ces  facultés,  la  chaîne  de  toutes  les  existences 
de  notre  monde. 

Mais  nos  sens  nous  font  connoître  la  nature  ,  non  pas  telle 
qu'elle  peut  être  en  effet,  mais  telle  que  nos  organes  nous 
l'offrent.  La  sensation  ad  mudum  recipientis  recipuur  ;  et  cela 
est  tellement  vrai  ,  que  des  substances  alimentaires  agréa- 
bles pour  un  animal,  deviennent  poisons  ou  des  objets  d'un 
affreux  dégoût  pour  l'homme.  Ce  qui  plaît  aux  uns  déplaît 
souverainement  à  d'autres;  delà  le  proverbe  qn' on  ne  peu/  pas 
disputer  des  goûts  et  des  couleurs.  Les  carnivores,  par  exemple  , 
et  les  herbivores,  ont  des  sensations  de  saveur  toutes  diffé- 
rentes ,  et  sûrement  le  ragoût  des  pourceaux  n'est  pas  recher- 
ché de  beaucoup  d'autres  espèces.  Ainsi  il  nous  est  impossible 
de  connoître  réellement  la  nature,  car  chaque  genre  d'orga- 
nisation établit,  pour  chaque  espèce  d'animal  ,  un  monde 
particulier.  Le  monde  du  poisson  ou  de  loiseau  est  fort  dif- 
férent du  nôtre  ,  sans  doute  ;  et  le  philosophe  ancien,  Pro- 
1  agoras,  qui  a  dit  que  l'homme  éloit  la  mesure  de  toutes 
choses,  se  seroit  exprimé  plus  exactement,  en  disant  que 
Thomme  se  crée  son  univers  d'après  le  mode  de  ses  sensa- 
tions. 

C'estpar-là  que  les  Sceptiques  on  les  Pyrrhoniens  prennent 
occasion  de  douter  de  toutes  choses  ,  en  ruinant  nos  pins 
communes  impressions  des  sens,  par  l'expérience  contradic- 
toire des  animaux,  comme  l'ont  fait  Sexlus  Empiricus,  dans 
ses  hypotyposcs  ,  et  d'autres  métaphysiciens. 

Bien  que  les  organes  de  nos  sens  soient  doubles  ou  formés, 
comme  la  langue,  de  deux  moitiés  symétriques  ,  la  sensation 
est  une,  parce  que  s'opérant  simultanément  avec  une  égale 


586  S  E  N 

force  ,  elle  se  confond  en  mie  seule.  Ainsi  les  nerfs  optiques 
se  croisent  en  sorte  que  le  mouvement  sensitif  se  combine  , 
à  moins  que  l'inégale  activité  de  chaque  œil  n'empêche  que 
leur  impression  ne  soit  uniforme. 

Nos  cinq  sens  sont  compris  entre  l'organe  de  la  pensée  et 
celui  de  la  génération,  placés  aux  deux  pôles  de  l'homme  ou 
du  microcosme.  Dieu,  qui  est  la  cime  ou  la  perfection  de 
l'âme,  et  la  génération  ou  la  Nature  créatrice  qui  est  la  per- 
fection du  corps  ,  président  à  ces  deux  extrêmes  ;  et ,  comme 
le  cerveau  est  le  foyer  de  lintelligence  ,  lorgane  sexuel  est 
le  foyer  du  sentiment  le  plus  vif.  Avec  les  sept  degrés  de  sen- 
sations ,  ces  sept  organes  ,  de  pensée,  de  vue  ,  d'ouilp  ,  d'o- 
dorat, de  goût,  de  toucher  et  de  volupté  vénérienne  ,  sont  , 
pour  ainsi  parler,  les  sept  cordes  do  diapason  ou  de  la  lyre 
du  corps  humain  ;  leur  accord  compose  la  plus  belle  harmo- 
nie ;  Torgane  le  plus  élevé  et  qui  est  le  plus  recueilli,  le  plus 
profond  ,  donne  ,  si  l'on  peut  ainsi  dire ,  le  ton  grave  ;  le  plus 
aigu  est  celui  du  sens  inférieur;  nos  facultés  sont  d'autant 
plus  parfaites  ,  que  tous  nos  sens  conservent  entre  eux  une 
correspondance  mieux  proportionnée. 

Plus  un  sens  est  inférieur  ,  plus  il  produit  des  voluptés 
animales  pour  l'individu  seul  ;  les  seus  supérieurs  donnent  , 
an  contraire  ,  des  plaisirs  moraux,  et  qui  peuvent  se  propa- 
ger à  plusieurs  personnes  à  la  fois.  Ainsi  ,  voir  et  ouïr  don- 
nent seuls  des  voluptés  honnêtes  ou  louables  comme  toutes 
celles  des  beaux  arts,  (^es  deux  sens  analogues  entre  eux  , 
produits  par  des  vibrations  de  la  lumière  et  de  l'air,  peuvent 
être  accrus  dans  leur  action  à  l'aide  d'instrumens.  Les  lunettes 
rassemblent  les  rayons  lumineux  dans  l'œil,  comme  des  cor- 
uels  acoustiques  les  vibrations  sonores  dans  l'oreille  ;  le  mi- 
roir réfléchit  les  images  pour  l'œil,  comme  l'écho  répercute 
les  sons  pour  l'oreille.  L'un  et  l'autre  sont  capables  de  sentir 
Tordre  ,  la  régularité  ,  l'harmonie  ;  lœil  a  ses  Illusions  et  ses 
spectres ,  l'oreille  ses  tintemens  et  ses  bourdonnemens  ;  l'ex- 
cès de  lumière  éblouit  le  premier  comme  l'excès  du  bruit  as- 
sourdit la  seconde.  Le  sourd  a  beaucoup  de  vivacité  dans  la 
vue  qui  supplée  à  l'ouïe  ;  l'aveugle  prêle  une  oreille  plus  at- 
tentive aux  bruits  légers  et  iuiperceptlbles.  Mais  l  aveugle 
peut  recevoir  et  rendre  plus  d'idées  que  le  sourd  qui  est  en 
même  temps  muet,  et  qui  ne  peut  ainsi  profiter  d'aucune 
communication  que  la  parole  établit  dans  la  société  humaine  ; 
de  là  vient  que  ce  dernier  paroît  plus  t  riste  et  moins  spirituel. 

Ainsi  les  sens  les  plus  délicats  sont  les  plus  exposés  aux 
erreurs;  le  toucher  et  le  goût,  cîant  tout  physiques  ,  sont 
plus  assurés ,  mais  ils  ne  connoissent  que  des  plaisirs  sensuels, 
et  leur  abus  fait  même  tomber  dans  les  vices  d'intempérance 


s  E  N  58; 

et  d'incontinence.  Si  l'œil  et  l'oreille  tiennent  plus  à  Tintel- 
ligence  ,  le  toucher  et  le  goût  correspondent  plus  aux  fonc- 
tions du  corps  ,  à  celles  de  nutrition  et  de  génération.  L'o- 
dorat est  comme  l'intermédiaire  des  sens  supérieurs  ou  in- 
tellectuels ,  et  des  inférieurs  ou  matériels;  il  tient  à  ceux-  ci 
parles  odeurs  des  alimens  et  par  celles  qui  excitent  à  l'amour  ; 
mais  il  se  rattache  aussi  aux  sens  supérieurs  par  les  odeurs 
suaves  qui  exaltent  l'imagination  et  l'esprit ,  comme  les  par- 
fums des  temples  ,  les  arômes  excitans,  etc. 

Les  animaux  manifestent  moins  de  prépondérance  dans 
leurs  sens  supérieurs  que  dans  leurs  inférieurs  ;  aussi  leur 
odorat  n'a  plus  de  rapports  qu'avec  leur  nourriture  ou  les 
odeurs  vénériennes;  ainsi  ,  ils  ne  jouissent  pas,  comme 
l'homme  ,  du  parfum  des  fleurs  et  des  aromates.  Le  goût  cor- 
respond à  l'estomac  et  le  tact  reçoit  son  summum  d'énergie 
dans  Torgane  sexuel.  L'acte  de  la  génération  et  la  méditation 
inlellecluelle  étant  opposés  ,  se  nuisent  réciproquement, 

La  division  des  sens  en  matériels  et  en  intellectuels  n'est 
donc  point  arbitraire  ,  mais  fondée  sur  la  nature  des  idées  que 
chacun  d'eux  nous  procure;  caries  animaux  ont  les  sens  ma- 
tériels beaucoup  plus  actifs  que  les  sens  intellectuels.  Chez 
eux,  le  toucher,  le  goût  ,  l'odorat,  l'amour,  sont  tout  physi- 
ques ,  tout  brutaux,  l'âme  n'y  participe  point  ;  c'est  l'appétit 
et  le  besoin  qui  les  dirigent  ;  chez  Ihomme  ,  au  contraire  ,  le 
cerveau ,  l'ouïe  et  la  vue  sont  intellectuels  ,  et  même  nos  sens 
les  plus  matériels  tendent  à  notre  perfection  morale  ;  tels  sont 
le  toucher  ,  le  sens  de  l'amour ,  le  goût  et  l'odorat ,  quoiqu'ils 
ne  soient  qu'en  second  ordre  chez  nous;  mais  dans  l'animal 
c'est  précisémentle  contraire.  Une  autre  différence  non  moins 
essentielle,  c'est  que  les  sens  intellectuels  sont  les  seuls  qui  re- 
çoivent des  sensations  du  beau,  du  sublime.  Une  saveur, 
une  odeur,  une  volupté  du  tact  ou  de  l'amour,  ne  sont  pas 
belles  ;  on  n'y  trouve  ni  laideur ,  ni  beauté  ;  au  contraire  ,  ce 
qu'on  voit,  ce  qu'on  entend  ,  ce  qu'on  pense  a  rapport  à  la 
beauté  ou  à  la  laideur  ,  à  l'abjection  ou  à  la  sublimité  ;  notre 
âme  y  est  plus  intéressée  que  dans  tout  autre  genre  de  sensa- 
tion; il  y  a  plus  de  morale  et  d'abstraction,  le  corpsy  est  moins 
essentiel;  voilà  pourquoi  1  homme  jouit  de  celte  perfection  au 
suprême  degré  ,  et  plus  les  animaux  sont  imparfaits  et  bas  , 
moins  leurs  sens  intellectuels  ont  de  supériorité  sur  leurs 
sens  de  l'appétit  et  de  la  matière. 

Chacun  des  sens  a  sa  vie  propre  et  son  mode  particulier  de 
sensation  ;  dans  tous  ,•  c'est  le  système  nerveux  du  cerveau  qui 
perçoit  les  impressions ,  et  il  est  ridicule  de  supposer  avec 
quelques  métaphysiciens  que  la  vue,  l'ouïe  ,  le  loucher,  le 
goût,  l'odorat  j,  etc.,  ne  s'exécutent  pas  dans  l'organe  même, 


588  S   E   N 

mais  seulement  dans  le  cerveau;  la  sensation  seule  est  pro- 
pagée au  sensorium  commun  par  les  cordons  nerveux  ;  le  son , 
la  luiiiière,  la  saveur,  Todeur,  ne  pénètrent  point  dans  le  cer- 
veau. Les  impressions  subsistent  quelquefois  dans  l'organe  , 
quelque  temps  après  l'action  des  objets;  ainsi  l'ébranlement 
de  l'oreille,  l'irritation  de  la  rétine ,  ont  lieu  après  avoir  été 
frappées  d'une  vive  lumière  ou  d'un  bruit  très-fort  ;  de  même 
les  idées  vives  demeurent  dans  le  cerveau  par  une  suite  de 
l'ébrcinlement  qui  survit  à  l'impression  des  objets.  Descartes 
a  prétendu  que  nous  pen. ions  toujours,  même  en  dormant, 
quoique  nous  ne  nous  en  apercevions  pas  alors.  C'étoit  pré- 
tendre que  nous  voyions  ,  entendions  ,  touchions  ,  goûtions 
sans  cesse,  car  le  principe  est  le  même  ;  notre  cerveau  est  un 
sens  comme  l'ouïe,  la  vue  ,  quoique  plus  parfait  ;  il  a  ses  ins- 
tans  de  repos  connue  elles.  C'est  le  sens  général  des  sens  par- 
ticuliers. Ce  qui  distingue  surtout  le  sens  du  cerveau  ,  c'est 
qu'il  a  non  seulement  le  pouvoir  de  conserveries  sensations 
et  de  les  rappeler  à  volonté  ,  mais  encore  celui  de  les  com- 
biner et  de  les  juger.  H  est  donc  actif  par  lui-même  ,  indé- 
pendamment des  causes  extérieures;  car  il  ne  reçoit  pas  uni- 
quement les  impressions  des  sens  ,  mais  ,  de  plus ,  celles  des 
affections  intérieures  ,  de  la  faim  ,  de  la  soif  et  des  besoins 
du  corps.  C'est  pour  cela  que  notre  esprit  éprouve  de  si 
grandes  modifications  par  la  constitution  physique  des  indi- 
vidus. Nos  sensations  varient  beaucoup  en  force  suivant Tétat 
du  corps  ,.  tantôt  vigoureux  ,  tantôt  foible.  Les  sens  jouissent 
d'ailleuis  de  diiférens  degrés  d'activité  ,  et  il  n'est  peut-être 
pas  deux  hommes  sur  la  terre  qui  soient  parfaitement  égaux 
en  ce  point.  De  là  vient  l'ascendant  de  certaines  impressions 
sur  d'auties  qui  font  qu'avec  l'oreille  sensible  on  devient 
musicien  ,  ou  si  c'est  la  vue  ,  on  a  de  l'aptitude  aux  arts  An 
dessin  ,  etc.  ,  comme  la  prépondérance  du  goût  peut  rendre 
gourmand. 

Celte  activité  des  sens  peut  être  accrue,  soit  par  l'exercice 
ou  l'habitude,  soit  en  y  portant  davantage  une  réflexion  at- 
tentive. On  sait,  en  effet ,  que  l'on  peut  augmenter  la  viva- 
cité d'un  sens  par  l'attention.  Ainsi  on  voit  plus  distinctement 
lorsqu'on  fixe  les  yeux  sur  un  objet  pendant  quelque  temps;  on 
entend  mieux  en  écoutant  avec  silence  ;  lorsqu'on  goûte  avec 
réllexion  ,  les  saveurs  se  font  mieux  sentir ,  etc.  Les  sens  ont 
donc  divers  degrés  d  éveil  ;  leur  attention  s'épuise  à  la  lon- 
gue ,  ils  se  fatiguent,  ils  s'endorment,  ils  s'éblouissent  par 
l'excès  des  sensations  ,  ils  sont  blessés  et  même  détruits  par 
des  impressions  trop  violentes;  ainsi  le  bniii  lu  canon  rend 
souvent  les  canonniers  sourds;  ceux  qui  rc;  ;  lùenl  le  soleil 
eu  soiU  presque  aveuglés.  Après  une  saveijr  l ^rle ,  le^  saveur-. 


s  E  N  0S9. 

douces  ne  peuvent  plus  être  senties.  Ainsi  l'exercice  haLiinel 
du  goût  ,  chez  les  enfans  qiîi  iiwugent  sans  cesse  ,  les  dispose 
à  la  gourmandise;  lorsque  les  organes  sexuels  se  développent 
à  la  puberté  ,  l'amour  succède  à  la  gourmandise  ,  et  les  vo- 
luptés du  tact  à  celles  du  goût.  Ces  deux  sens  corrompent 
surtout  la  vigueur  de  la  pensée  ;  la  vive  sensibilité  du  paîais 
diminue  celle  du  cœur  et  décèle  toujours  des  sentimcns  h -6. 
De  tous  les  sens,  ceux  qui  émeuvent  le  plus  Tàiiie  ,  sont  la 
vue  et  Touïe  ;  par  eux  se  transmettent  surtout  les  passions. 

Tous  les  sens  que  nous  avons  nommés  inatèrieh  ne  ;:ont 
que  des  modifications  du  toucher  .Qu'est-ce  que  le  goût ,  si  ce 
n'est  un  toucher  plus  exalté  ,  plus  intime,  si  ce  n'est  le  toucher 
des  saveurs  ?  Qu'est-ce  que  l'odorat ,  si  ce  n'est  encore  ua 
tact  plus  délicat  qui  s'exerce  sur  les  corpuscules  odorans  l* 
Le  sens  de  la  volupté  n'est  -il  pas  un  tact  qui  apeiçoit  des 
sensations  différentes  de  toutes  les  autres  i"  Touîes  les  sensa- 
tions qui  appartiennent  au  toucher  et  à  ses  modifications 
dans  la  langue,  la  membrane  olfactive  et  les  parties  sexuelles, 
sont  aperçues  par  des  membranes  ,  par  des  surfaces  plus  ou 
moins  planes  ,  tandis  que  les  sensations  de  l'œil ,  de  l'oreille  , 
du  cerveau  sont  reçues  par  des  organes  très-compliqués,  ce 
qui  fait  qu'elles  sont  aussi  plus  délicates,  plus  intellectuelles. 

Plus  un  sens  a  de  force  sur  les  autres  dans  le  même  animal , 
plus  il  indue surtoules  sesactions;  et  comme  les  betes  ont  des 
sens  matériels  supérieurs  à  leurs  sens  intellectuels,  il  s'ensuit 
qu'elles  écoutent  plutôt  leurs  passions  et  leurs  appétits  que  la 
raison  ;  la  prépondérance  du  sens  du  tact  chez  l'homme  ,  la 
flexibilité  des  organes  qui  exercent  ce  sens  ,  les  doigts  et  la 
main  donnent  beaucoup  de  profondeur  et  de  solidité  à  ses 
idées.  Le  toucher  est  un  sens  philosophe  et  réfléchi  qui  con- 
firme et  assure  tous  les  autres.  On  est  plus  sûr  de  ce  qu'on 
touche  que  de  ce  qu'on  entend  ou  qu'on  voit.  Le  toucher 
est  le  sens  de  la  réflexion  ,  l'ouïe  est  celui  de  la  mémoire  ,  la 
vue  est  celui  de  l'esprit ,  l'odorat  celui  de  l'imagination  ,  le 
goût  celui  de  l'appétit,  l'organe  sexuel  relui  de  la  volupté  ,  et 
le  cerveau  celui  du  jugement  ou  de  la  raison.  Nous  avons  dit, 
aux  mots  Oreille,  ŒtL,  Toucher  ,  Goût,  Odorat,  com- 
bien chacun  d'eux  avoit  d'influence  sur  l'Intelligence  des 
hommes.  Mais  ce  ne  sont  pas  les  seules  causes  qui  éclairent 
l'esprit.  Il  y  a  l'instinct  qui  gouverne  toutes  nos  actions  pri- 
mitives et  qui  ouvre  la  première  porte  de  l'entendement  hu- 
main. Les  métaphysiciens  qui  ont  cru  que  nous  n'apprenions 
rien  que  par  le  moyen  des  sens  externes ,  que  l'esprit  étoit 
une  table  rase  en  naissant ,  n'ont  peut-être  pas  assez  fait  at- 
tention aux  mouveineus  que  sollicite  l'instinct  dans  l'cnfanl  à 
la  mamelle ,  dans  l'animal  naissant.  Si  toutes  nos  idées ,  toutes 


5ç)o  s  E  N 

nos  connoissances  nous  viennent  du  dehors  ,  nous  sommes 
donc  tout  passifs  ,  nous  sommes  des  automates ,  des  machines 
qu'on  rendroit  stupides  en  coupant  toutes  les  branches  de 
communication  entre  nous  et  les  objets  extérieurs  ;  en  ce 
cas  ,  plus  nos  sens  seront  parfaits,  plus  nous  aurons  d'intelli- 
gence. Mais  il  s'en  faut  bien  que  l'expérience  prouve  ces 
assertions.  L'enfant  sait  téter  sans  y  être  appris  ,  le  jeune 
taureau  sans  cornes  sait  déjà  frapper  de  la  tête  ,  le  poulet 
sortant  de  l'œuf  court  chercher  le  grain  de  blé  Qui  a  montré 
à  ces  êtres  tout  ce  qu'ils  dévoient  faire  .''  Nous  ne  sommes 
point  passifs  ;  il  y  a  dans  nous  une  âme  ,  un  principe  de  vie , 
d'intelligence  et  d'action  antérieur  à  nos  sensations  ;  nous  ne 
sommes  point  des  marhines  à  sensations  ,  et  notre  cerveau  a 
la  force  de  créerdes  idées  nouvelles  ;  il  est  actif  par  lui-même. 
Pourquoi  pouvons  nous  inventer  ,  imaginer  des  objets  in- 
connus ?  Tout  ne  nous  vient  point  du  dehors ,  et  l'étendue  de 
rintelligence  n'est  pas  en  raison  du  perfectionnement  des 
sens.  Homère  et  JVIilton  étoiènt  aveugles  lorsqu'ils  compo- 
soient  leurs  poëmes  immortels ,  mais  combien  d'imbéciles 
volent  plus  clair  qu'eux.?  F.  les  articles  de  chaque  sens  et  Ins- 
tinct. (VIREY.) 

SENSIBILITÉ,  Sympathie,  Passions.  Tous  ces  actes 
dépendant  des  fonctions  du  système  nerveux  ,  chez  les  ani- 
maux ,  ont  été  traités  avec  des  détails  suffisans,  à  la  suite  de 
l'article  Nerfs,  (virey.) 

SENSIBLES.  Nom  donné  par  Lamarck  à  la  seconde 
division  des  animaux  invertébrés,  (b.) 

SENSITIVE.  Plante  exotique  très-connue  ,  du  genre 
AcACiE  {V.  ce  mot),  qui  présente  des  phénomènes  très- 
singuliers,  et  qui  est  cultivée  pour  cette  raison  dans  tous  les 
jardins  des  curieux.  Celte  plante,  comme  on  sait ,  a  la  pro- 
priété de  se  contracter  et  de  resserrer  certaines  de  ses  parties 
sur  elles-mêmes  ,  quand  on  les  touche.  Par  ce  mouvement, 
dont,  jusqu'à  ce  jour,  les  naturalistes  ont  cherché  en  vain  la 
cause,  elle  paroît  être  sensible  à  l'impression  des  corps  ap- 
pliqués immédiatement  sur  elle,  ou  même  environnans,  car 
la  chaleur,  le  grand  froid,  la  vapeur  de  l'eau  bouillante  , 
celle  du  soufre,  l'odeur  forte  des  liqueurs  volatiles,  un  orage 
même ,  enfin  tout  ce  qui  peut  produire  quelque  effet  sur  les 
organes  nerveux,  des  animaux,  agit  sur  la  sensitive  ;  voilà 
pourquoi  on  lui  a  donné  le  nom  qu'elle  porte.  Les  botanistes 
l'appellent  acacie  pudi(jue  (^mimosa  pudica,  Linn.).  Le  pre- 
mier des  deux  mots  latins  veut  dire  imitatrice^  parce  que  cette 
plante,  dans  ses  mouvemens ,  semble  imiter  un  animal  qu'on 
auroit  incommodé   ou  effrayé  eq  le  touchant  ;  le  second 


s   E   N  5gi 

exprime  l'espèce  de  puJeur  qu'elle  montre  aussitôt  qu'on  la 
touche.  ^ 

Il  y  a  quelques  autres  plantes  du  même  genre  qui  jouissent 
à  peu  près  de  la  même  faculté  ,  mais  à  des  degrés  inférieurs. 
On  les  nomme  aussi  sensilloes  :  telles  sont  la  sensilwe  herbacée 
ou  Vacacie  vive  {mimosa  vh'a,  Linn.),  la  sensithe  à  feuilles  larges 
ou  Vacacie  sensitive  {m.  sensitiva,  Linn.),  la  sensilive  ou  acacie 
chaste  {m.  casta,  Linn.),  la  sensitive  paresseuse  ou  acacie  hérissée 
{m.pigra^  Linn.),  Vacacie  couchée  {m.  ^rostrata  ^  Lara.),  et 
Vacacie  quadrivabe  {m.  quadrivabis -,  Linn.). 

Une  OxALiDE,  une  Nélitte,  la  Smithie  ,  etc.  ,  ont  des 
feuilles  également  sensibles  aux  atlouchemens. 

La  sensitive  commune  est  une  plante  onriginaire  du  Brésil 
et  des  parties  méridionales  de  TAmérique.  Elle  a  une  pe- 
tite racine  et  des  tiges  cylindriques  de  couleur  verdâtrç 
ou  purpurine,  élevées  d'environ  un  pied  et  demi,  et  garnies 
d'épines  ,  les  unes  éparses  ,  les  autres  placées  deux  à  deux  à 
la  base  de  chaque  feuille.  Les  feuilles  ont  un  pétiole  assez 
long,  terminé  par  quatre  digitations  ou  pinnules,  qui  s'insè- 
rent par  paires  fort  près  les  unes  des  autres.  Chaque  piunule 
soutient  quinze  à  vingt  paires  de  folioles  oblongues,  lisses  et 
étroites.  Des  aisselles  des  feuilles  sortent  des  pédoncules 
qui  portent  chacun  un  bouquet  de  fleurs  très-petites,  blan- 
châtres ou  un  peu  couleur  de  chair,  et  dont  les  styles  dé- 
passent de  beaucoup  les  étamines.  Les  gousses  sont  réunies 
par  paquets  de  douze  ou  quinze  ;  leur  longueur  est  de  quatre 
à  cinq  lignes ,  leur  largeur  d'une  ligne  et  demie.  Elles  sont 
bordées  de  petites  épines,  distinguées  par  trois  articulations 
arrondies  et  peu  profondes ,  et  elles  renferment  trois  petites 
semences. 

Hook,  en  Angleterre,  est  le  premier  qui  ait  observé  les 
divers  phénomènes  qu'offre  la  sensitive.  Après  lui ,  Dufay  et 
Duhamel  ont  fait  en  France  un  grand  nombre  d'expériences 
sur  la  même  plante.  D'autres  naturalistes  l'ont  étudiée  avec 
une  égale  attention  dans  tous  les  momens  où  ses  mouvemens 
pouvoient  erre  aperçus.  Le  résultat  des  observations  des  uns 
et  des  autres  a  été  consigné  dans  l'ancienne  Encyclopédie 
par  M,  de  Jaucourt,  à  larticle  Sensitive. 

La  sensitive  est  une  plante  délicate;  elle  exige  donc 
des  soins  particuliers  dans  nos  climats.  Un  phénomène  très- 
remarquable  en  elle,  et  peut-être  aussi  étonnant  que  son 
irritabilité ,  c'est  que  sa  graine  conserve  pendant  plus  d'un 
siècle  la  faculté  de  germer.  Celle  qu'on  sème  au  Jardin  des 
Plantes  de  Paris  ,  et  qui  lève,  est  prise  dans  un  bocal  qui  en 
contient  depuis  plus  de  cent  ans. 

C'est  au  commencement  du  printemps  qu'on  sème  la  graine 


5.92  S   E  N 

de  sensitive,  sur  une  bonne  couche  chaude;  quand  celte  graine 
est  fraîche,  elle  lève  au  bout  de  i^uinze  jours  ou  trois  semaines. 
On  ne  doit  pas  trop  arroser  les  jeunes  plantes ,  ni  les  laisser 
s'affoiblir  en  filant;  il  faut  leur  donner  de  l'air  dans  tous  les 
temps,  quand  la  saison  est  tempérée.  Si  la  couche  dans  la- 
quelle on  les  a  semées  a  été  tenue  à  un  degré  de  chaleur  con- 
venable, on  peut  les  transplanter  quinze  ou  vingt  jours  après 
qu  elles  ont  paru.  On  les  reçoit  alors  dans  une  nouvelle  couche 
chaude,  qui  a  été  préparée  convenablement.  Elles  sont  enle- 
vées avec  leurs  racines  entières  ,  et  plantées  à  trois  ou  quatre 
pouces  de  distance.  On  les  arrose  légèrement  ;  on  les  tient  à 
Tombre  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  poussé  de  nouvelles  fibres  ; 
et  l'on  abaisse  tous  Tes  soirs  les  vitrages  de  la  couche ,  pour  y 
conserver  la  chaleur  pendant  la  nuit.  Les  jeunes  sensitives  une 
fois  enracinées,  demandent  à  être  arrosées  souvent:  mais  on 
doit  leur  donner  peu  d'eau  à  la  fois.  Il  est  surtout  essentiel  de 
les  tenir  constamment  à  un  degré  de  chaleur  modérée,  sans 
quoi  elles  feroient  peu  de  progrès.  Au  bout  de  trente  ou 
quarante  jours,  si  elles  sont  assez  fortes,  on  les  enlève  adroi- 
tement avec  leur  motte ,  et  on  les  met ,  chacune  séparément , 
dans  de  petits  pots  remplis  d'une  bonne  terre  de  jardin  po- 
tager. Ces  pots  sont  plongés  dans  une  couche  de  tan,  et  les 
plantes  qu'ils  contiennent,  traitées  ensuite  comme  toutes  les 
plantes  iendres  des  pays  très-chauds,  (n.) 

SENTIMENT  (vénerie).  Quand  l'odorat  d'un  chien  de 
chasse  commmence  à  lui  faire  distinguer  la  voie  du  gibier, 
on  dit  qu'il  en  a  le  sentiment,  (s.) 

SENTIS.  V.  RuBus.  (LN.) 


FIN    DU   TRENTIÈME    VOI.UML. 


!rïo) 


-i-^iA'-i':. 


\%.% 


•*  -  -'4.  X^^M^--^^  •  *t-i 


'j.-f'^ 


■■W'^'^^A— ^^■•-^■^fi'- 
-^^■;V  .;'^  Vlr.;.  >;•,  iî,^ 


-N 


'^l^-;^ 
",>^' 


:\.^- 


■:::a.-->^^: 


■*v 


''*.'• 


'«'■■'a 


^ 


'^: 


^.  '•<^'